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Les années de formation : Radiguet est encore tout jeune quand il manifeste
son indépendance en négligeant ses études au lycée Charlemagne à Paris,
qu’il arrête en 1914 malgré une véritable passion pour la littérature, romans et
poésie.
Ses parents engagent, en 1917, une jeune institutrice de 23 ans, Alice Saunier,
voisine de leur maison à Saint-Maur, pour qu’elle lui donne des cours
particuliers. La liaison d’une année qu’ils entretiennent, alors même que 1) Expliquez le
son fiancé est soldat sur le front, est la source même de son roman, Le Diable
au corps.
titre du roman.
4) Pourquoi avoir
Parcours associé : Un couple "en marge"
choisi de
Les deux héros du roman de Radiguet, le narrateur, François, jeune présenter ce
adolescent de quinze ans, et Marthe, fiancée puis jeune mariée d’un roman ?
soldat combattant sur le front (Jacques), représentent deux formes de
marginalité. François est, en effet, rebelle aux codes que lui impose sa Raymond Radiguet
famille, et sa relation adultérine avec Marthe est d’autant plus
scandaleuse qu’elle brise les valeurs patriotiques. Les conditions de
cette relation, le secret qu’elle exige multiplient donc les épreuves à
traverser et les péripéties, feintes ou mensonges, que met en valeur la
fiction autobiographique. Elle permet aussi de souligner les
revirements psychologiques du narrateur.
Marthe et le narrateur. Film de Claude
Autant-Lara, 1947
L’image du narrateur : Comme dans une autobiographie, le narrateur est aussi le personnage de son
récit. Par l’emploi du « je », tout est donc vu sous son regard, et transmis selon son point de vue. Or, son
jeune âge implique qu’il est à la fois enfant dans une famille, et héros d’une relation qui lui fait découvrir
l’amour. Au début du récit, certains passages évoquent une peur des réactions que sa conduite
pourrait provoquer : être grondé après la découverte de la lettre « d’amour » écrite à une fillette, ou
quand il sèche les cours au lycée Henri IV. Mais cette peur semble plus une façon de se comporter "en
enfant" qu’une peur réelle, car elle s’efface très vite : « Sachant que mon père ne se fâcherait pas, j’étais,
somme toute, ravi qu’il connût ma prouesse ». Dans cette famille, en effet, les parents sont
extrêmement permissifs, beaucoup plus que d’ordinaire en ce début du siècle. Ainsi, sa mère le juge «
trop jeune » pour se rendre de la banlieue en train au lycée Henri IV, et ils n’hésitent pas à décider de le
garder à la maison pour une scolarisation autonome, liberté alors savourée : « j’étais libre plus de la
moitié du jour ». C’est la conscience de cette indulgence qui explique aussi le contraste dans son
comportement alors qu’il s’est longuement absenté du lycée. D’un côté, il souhaite une réaction
parentale, de l’autre, il se comporte en enfant soumis, n’ayant comme seule échappatoire que le
mensonge. Toute aussi indulgente est cette mère qui, sans mettre en doute l’annonce d’une promenade
en forêt avec son ami René, prend soin de préparer à son fils un « panier rempli de provisions », et,
quand la vérité se révèle, elle se contente d’être « moqueuse » : « Mes parents n’ajoutèrent rien d’autre.
Ils eurent le triomphe modeste. » Dans ses conditions, on comprend les doutes qui le saisissent quand il
découvre qu’il va, à son tour, être père : « N’ayant jamais pensé que je pourrais être responsable de
quoi que ce fût, je l’étais du pire . »
Des Grieux et François : Quels parallèles peut-on faire entre les deux héros ?