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Manuels d’arabe d’hier et d’aujourd’hui | Sylvette Larzul, Alain Messaoudi
Texte intégral
1 La découverte de la langue berbère et de ses différents dialectes au Maghreb au XVIIIe siècle
est restée pendant plusieurs décennies l’apanage d’un milieu très restreint, la production
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large public. Œuvres de savants, ils étaient mal adaptés aux objectifs pratiques des
instituteurs et des administrateurs, leurs principaux utilisateurs. Le renouvellement des
modes d’enseignement des langues vivantes avec le primat de la méthode directe,
l’institution de primes pour les fonctionnaires berbérophones (1881) et de certifications
universitaires (avec un brevet et un diplôme délivrés par l’école des Lettres d’Alger à
partir de 1885) suscitent la réalisation de nouveaux ouvrages dans le dernier tiers du
e 1
XIX siècle. Dès 1880 , le berbère trouve une place à l’école des Lettres d’Alger puis, en
1913, une chaire de berbère est instituée à Paris à l’École des langues orientales. Les
progrès de la connaissance scientifique du berbère et de ses dialectes locaux sont intégrés
par les auteurs d’une nouvelle génération de manuels. Ce développement, auquel ont
participé des Pères Blancs, pose la question de l’apport des locuteurs berbérophones dans
la réalisation d’ouvrages qui dépendent étroitement d’eux et des informations qu’ils
fournissent aux linguistes, ainsi que celle de leur statut d’auteur.
2 Après le temps de la première découverte, marqué par l’anonymat des chaînes
d’informateurs, et celui des années 1840 à 1880, caractérisé par le recours à des lettrés
nommément désignés et issus de la région du dialecte étudié, un troisième temps, qu’on
peut qualifier de scientifique, a en effet vu la collecte sur le terrain par les linguistes eux-
mêmes de variantes dialectales permettant d’établir des outils fondés sur des descriptions
précises. Les seuls locuteurs indigènes à être reconnus comme des auteurs détenant non
seulement une compétence linguistique dans leur langue maternelle, mais aussi une
véritable autorité scientifique sont les instituteurs berbérophones diplômés de l’école
normale de la Bouzaréa d’Alger. Ils y ont reçu, avec les élèves-maîtres d’origine
européenne, une formation commune et ont souvent été par la suite envoyés au Maroc
dans le sillage de Lyautey. Les manuels de berbère qu’ils ont réalisés se caractérisent à la
fois par le souci de se concentrer sur des parlers régionaux précisément définis,
correspondant à des variantes dialectales bien déterminées (kabyle, chaouïa, rifain,
tamazight, tachelhit…) et par la volonté de considérer la berbérophonie dans son
extension géographique la plus large, en s’intéressant à des espaces lointains comme, par
exemple, l’oasis de Siwa en Égypte. On retrouve cette double polarisation chez les auteurs
actuels qui voudraient à la fois coller à une réalité dialectale extrêmement morcelée et
trouver un berbère moyen (ou des berbères moyens) permettant aux différents groupes
berbérophones de se comprendre et de disposer d’un outil pour défendre une identité.
l’Afrique, différents des Arabes et des Bédouins, nomades qui vivent dans les plaines,
aussi bien que des Turcs et des Maures, qui sont présentés comme des citadins. Les lettres
d’un voyageur marseillais du XVIIIe siècle, Jean-André Peyssonnel, publiées en 1838 par
Adolphe Dureau de La Malle, en fournissent un autre exemple4. On doit au Dr Peyssonnel,
correspondant de multiples académies, une des premières descriptions françaises de la
Kabylie5. Voulant faire œuvre de botaniste, il témoigne aussi de son intérêt pour la
physique, l’histoire, les belles lettres et les mœurs. Il a lu Marmol : les « peuples braves
descendants des anciens Chauvies » dont parle ce dernier se seraient réfugiés dans les
montagnes de l’Aurès (l’ancien mons Aurasus) pour ne pas être soumis par les Turcs6.
Peyssonnel donne des spécimens de leur langue, la langue chauvie (il n’est toujours pas
question de langue berbère), qu’il se propose de comparer plus tard avec le punique
ancien. Il témoigne d’un intérêt linguistique qui est concomitant avec le débat sur l’origine
antique d’un peuple différent des Arabes : citant Moreri (qui lui-même cite Marmol), il
considère que les Chauvies se confondent avec les Azouagues ou Bérabères du fait de leur
langue.
4 Les interprètes sont les premiers à s’attacher à un début de formalisation des éléments
lexicaux et grammaticaux de la langue berbère. Jean-Michel Venture de Paradis (1739-
1799), lui aussi marseillais, originaire d’une famille noble de militaires et de consuls, a été
jeune de langue avant de devenir drogman et secrétaire interprète du roi pour les langues
orientales. Son mémoire sur la « nécessité d’encourager en France l’étude des langues
orientales » a servi de référence pour la création de l’École spéciale des langues orientales
vivantes. À sa mort (à Saint-Jean-d’Acre, où il servait comme interprète en chef de l’armée
d’Égypte), Venture a laissé un manuscrit qui est jusqu’à aujourd’hui considéré comme la
plus ancienne observation savante de la langue berbère et par conséquent comme le
premier instrument permettant son apprentissage et son étude. C’est Amédée Jaubert,
successeur de Venture comme interprète en chef de l’armée d’Égypte, qui le publie en
1844, quatorze ans après la conquête d’Alger, sous les auspices de la Société de
géographie7.
5 Dans sa préface, Venture explique comment ce dictionnaire a été composé à partir de
1788, d’abord avec la collaboration de deux Berbères du Sous venus à Paris montrer leurs
acrobaties (ils connaissaient aussi l’arabe), puis au cours de son séjour à Alger de 1788 à
1790. Chargé d’une mission de médiation entre la France et la Régence, Venture y aurait
occupé ses loisirs à apprendre le berbère8 avec l’assistance de deux Kabyles des
montagnes de Félissent (ou Felissat). Il aurait alors constaté la parenté des parlers, y
aurait recherché des traces de l’ancien punique et fait l’observation que le système
grammatical du berbère était proche de celui des langues sémitiques mais que leurs
étymologies étaient différentes. Il se serait alors interrogé : « Quelle est l’origine de cette
langue que l’on parle depuis les montagnes de Sous, qui bordent la mer océane, jusqu’à
celles de Meletis, qui dominent sur la plaine de Kaïrowan, dans le royaume de Tunis9 ? »
Était-ce un idiome dérivé de la langue punique ? Laissant aux savants le soin d’en décider,
Venture s’était contenté de dresser un vocabulaire, composé et vérifié sur les lieux mêmes,
et dont il assurait l’exactitude.
6 Jacques-Denis Delaporte (1777-1861), ancien interprète de l’armée d’Égypte formé à
l’École des langues orientales, collaborateur de la Description de l’Égypte pour laquelle il
a donné un abrégé chronologique de l’histoire des mamelouks tiré des historiens arabes,
est une autre figure majeure de la première génération des interprètes qui se sont
intéressés au berbère. Passé par les postes consulaires de Tripoli d’Afrique et de Tanger,
arrivé à Alger en 1833, il cumule les fonctions d’interprète en chef de l’armée d’Afrique et
de directeur des affaires arabes, à la suite de Lamoricière. Après avoir obtenu son rappel
dans les consulats et avoir été nommé consul à Mogador, il recueille les premiers
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France, il publie en 1844 un « spécimen lithographique » de langue berbère contenant juin 2018).
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10 La même année paraît le premier manuel de kabyle, intitulé Essai de grammaire kabyle
et dialogues français-kabyles pour l’expédition de 1857. Il est dû à un autre interprète
militaire, Laurent-Charles Féraud, qui, arrivé très jeune en Algérie, a participé aux
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populations du versant nord du Jurjura et spécialement par les Igaouaouen ou
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Zouaoua19… Ces premiers ouvrages didactiques sont assez sommaires. Ils restent fondés
sur le modèle de la grammaire latine : comme les manuels d’arabe de la même période, ils
présentent dans un premier temps les noms, pronoms et adjectifs puis, dans un second
temps, les verbes et leurs dérivés, les particules, la numération et quelques textes.
Hanoteau conserve l’ambition de donner une vue d’ensemble de la langue berbère en
composant sur le même modèle une grammaire du touareg intégrant l’alphabet tifinagh20.
Cette démarche comparatiste lui permet d’être considéré par René Basset, qui devient en
1885 le premier maître de conférences en dialectes berbères à l’école des Lettres d’Alger,
comme le véritable pionnier de la recherche savante sur la langue berbère21 : c’est sous
l’autorité des grammaires de kabyle et de tamasheq de Hanoteau que Basset présente en
1891 à Londres les études berbères françaises au IXe Congrès des orientalistes22.
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Cours, Ben Sedira explique qu’il a été chargé par le gouverneur général Tirman de
composer un recueil de textes kabyles pour l’apprentissage du kabyle en vue de
l’obtention de la prime créée six ans plus tôt – prime dont bénéficient une dizaine de
personnes (essentiellement des fonctionnaires qui ont subi avec succès l’examen mis en
place à cet effet). Faute d’avoir trouvé le moyen de publier le manuel pratique de kabyle
qu’il a composé, Ben Sedira dit avoir choisi de donner au public un recueil de textes à
traduire, accompagné d’un résumé grammatical et d’un recueil de traditions et légendes
diverses (avec traduction et transcription en arabe). Il affirme abandonner l’étude
philologique du berbère à René Basset, son « collègue de l’école des Lettres », et n’avoir
d’autre ambition que de continuer par des travaux de vulgarisation l’œuvre commencée
par Hanoteau. Il laisse les questions d’histoire, d’ethnographie, de « science pure » aux
personnes compétentes. Il faut attendre Boulifa pour voir s’affirmer une figure d’auteur
berbérophone de manuels à part entière. Ses manuels scolaires constituent une référence
incontestable pour ses contemporains et les générations ultérieures31. Ils mettent en
œuvre la méthode directe à partir de textes directement puisés auprès de locuteurs
kabyles. D’autres ouvrages ont été publiés avec une diffusion, semble-t-il, confidentielle,
les autorités académiques algéroises n’en recommandant pas nécessairement l’usage,
comme celui, en caractères latins, que Gourliau publie à Miliana, sans doute à destination
de ses élèves32.
14 Ces manuels ont servi à la préparation des examens ouvrant aux fonctionnaires le droit à
primes. À côté du certificat qui atteste une connaissance élémentaire du kabyle sont créés
le brevet de kabyle (1885), qui comporte une épreuve de langue arabe, et le diplôme de
dialectes berbères (1887) qui, beaucoup plus théorique que les deux premiers, suppose la
capacité d’une approche comparée avec d’autres dialectes que le kabyle ainsi que des
notions d’ethnographie. En 1910, l’examen oral du brevet suppose la connaissance du
Manuel de kabyle de René Basset (Paris, Maisonneuve et C. Leclerc, 1887), de son
Loqmân berbère (Paris, Leroux, 1890), du Cours de langue kabyle de Belkassem
Ben Sedira (Alger, Jourdan, 1887), des Légendes et contes merveilleux de la Grande
Kabylie d’Auguste Mouliéras (Paris, Leroux, 1893-1896), du Manuel épistolaire de langue
arabe de Ben Sedira (Alger, Jourdan, 1893), d’Une première année de langue kabyle
(Alger, Jourdan, 1897, 2e éd. 1910) et du Recueil de poésies kabyles de Boulifa (Alger,
Jourdan, 1904) ainsi que des Chansons kabyles de Luciani33. En 1910-1911, on trouve au
programme du diplôme l’Essai de grammaire kabyle de Hanoteau, son Essai de
grammaire de la langue tamachek (Paris, Imprimerie impériale, 1860), ses Poésies
populaires de la Kabylie du Jurjura (Paris, Imprimerie impériale, 1867) et La Kabylie et
les coutumes kabyles (Paris, Challamel, 1872-1873), l’ouvrage de René Basset sur la
lexicographie berbère et les différents dialectes (Paris, Leroux, 1883-1888), La Formation
des cités chez les populations sédentaires de l’Algérie (Kabyles du Djurdjura, Chaouïa de
l’Aourâs, Beni Mezâb) d’Émile Masqueray (Paris, Leroux, 1886) et l’Étude sur le dialecte
berbère de Ouargla de Samuel Biarnay (Paris, Leroux, 1908).
15 Les chargés de cours de berbère font obligatoirement partie du jury du brevet, dont les
épreuves consistent en des exercices de conversation, d’interprétation et de
compréhension, avec vérification des connaissances grammaticales. Celles du diplôme
exigent la capacité d’établir des comparaisons interdialectales en plus de connaissances
concernant l’histoire et les coutumes des Berbères. Les autochtones peuvent y être
candidats s’ils possèdent le certificat d’études primaires (à la place du baccalauréat, un
diplôme dont les interprètes judiciaires sont même dispensés34). Les candidats sont peu
nombreux. Au brevet ne se présentent pratiquement que des instituteurs. L’apprentissage
du kabyle est généralement pensé comme une spécialisation qui complète un premier
apprentissage de l’arabe, dont les programmes du brevet et du diplôme de kabyle
supposent Ce connus les des
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Cours de langue
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kabyle une transcription en arabe de ses textes kabyles ; Boulifa la 2018).
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revalorisation de l’épreuve d’arabe au sein du brevet de kabyle .
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16 Moins connus que le kabyle, les autres dialectes sont l’objet d’études grammaticales et
d’outils lexicaux réalisés sur le terrain. Leurs auteurs sont des administrateurs mais aussi
des Pères Blancs. Le chaouïa a été ainsi étudié par Gustave Mercier, en poste dans une
vallée de l’Aurès comme officier des Affaires musulmanes36, et par le père Huyghe37. Le
mozabite a donné lieu à un essai comparatiste de la part d’Émile Gourliau38 et sa
grammaire a fait l’objet d’un ouvrage, produit d’une collaboration entre l’interprète
judiciaire Ameur Nour ben Si Lounis et Moka Messaoud ben Yahia (Alger, 1897). Mais
c’est le touareg qui a fait l’objet de l’intérêt le plus grand. Le travail de Hanoteau a été
poursuivi par Masqueray39. Après avoir reçu la mission d’étudier le tamaheq, Saïd Cid
Kaoui, un interprète militaire né en 1859 à Oued Amizour, près de Bougie, publie en 1894
à Alger, chez Jourdan, deux dictionnaires40. Ils essuient le feu de la critique de René
Basset, pour qui l’auteur « n’a poursuivi aucune étude linguistique et philologique41 ».
Basset juge préférable de s’appuyer sur les compétences de l’interprète Motylinski et de
ses répétiteurs. Pourtant, les ouvrages de Cid Kaoui, qui réédite son dictionnaire
tamaheq-français dans un format réduit42, lui valent une médaille d’argent à l’exposition
universelle de 1900 et la rosette de l’Instruction publique pour l’ensemble de son œuvre.
En 1907, le général Bailloud lui demande un lexique franco-berbère à l’usage des troupes
qui campent à la frontière algéro-marocaine. Cid Kaoui utilise à cet effet la documentation
qu’il a rassemblée quelques années plus tôt auprès d’immigrés marocains à Chellata et
publie un dictionnaire tachelhit et tamazirt chez Leroux43. À partir de 1905 et jusqu’à sa
mort, en 1916, Charles de Foucauld travaille, dans un premier temps en collaboration avec
l’interprète et professeur d’arabe Adolphe Calassanti-Motylinski44, à une œuvre immense
dont René Basset extrait les Notes pour servir à un essai de grammaire touarègue (Alger,
Carbonel, 1920). Ces Notes s’ajoutent à la publication par André Basset, fils de René, du
Dictionnaire touareg-français, dialecte de l’Ahaggar (Paris, Imprimerie nationale, 1951-
1952, 4 vol.).
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Notes
1. Il faut attendre 1928 pour voir l’institution, à l’université d’Alger, d’une chaire spécifiquement consacrée
aux études berbères. Elle est attribuée à André Basset, l’un des fils de René Basset.
2. On peut citer le cas de Mardochée Naggiar, juif arabophone qui a lui-même recours en 1824 à un zouave
kabyle du bey de Tunis, Mohammed el-Kebir, pour recueillir les éléments, transcrits en caractères arabes et
traduits en français, d’un lexique et d’une grammaire berbères, ce travail étant effectué sous la direction
d’Humbert, un ingénieur militaire hollandais, archéologue amateur. Lexique, grammaire ainsi que d’autres
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3. Voyage dans la régence d’Alger ou Description géographique, physique, philologique, etc. de cet État,
Paris, chez Marlin, 1830, 2 vol.
4. Ses Voyages dans les régences de Tunis et d’Alger ont été réédités par Lucette Valensi avec une
introduction et des notes (Paris, La Découverte, 1987 et 2002).
5. Cette description se trouve dans la correspondance qu’il adresse en 1725 à l’abbé Bignon. Il lui relate son
voyage de Bône à Alger dans la suite du bey de Constantine.
6. Captif en Afrique du Nord après y avoir suivi les troupes de Charles-Quint, Luis del Marmol y Carvajal
avait déjà identifié des Chauvies dans sa Descripción general de África, sus guerras y vicisitudes, desde la
fundación del mahometismo hasta el año 1571 (2 vol., Grenade, 1573, puis Malaga, 1599). Traduit en
français en 1667 par Nicolas Perrot, sieur d’Ablancourt, sous le titre L’Afrique de Marmol, ce livre s’est
imposé comme un modèle de la relation de voyage. Bien qu’il n’ait pas connu de réédition dans les années
1830, son contenu n’a pas cessé d’être largement diffusé par l’intermédiaire des auteurs de récits de
voyages, pour qui il restait une référence incontournable.
7. Grammaire et dictionnaire abrégés de la langue berbère, composés par feu Venture de Paradis, revus
par Amédée Jaubert et publiés par la Société de géographie, Paris, Impr. royale, 1844.
8. Mohamed Meouak, « Langues, société et histoire d’Alger au XVIIIe siècle d’après les données de Venture de
Paradis (1739-1799) », dans Jocelyne Dakhlia (dir.), Trames de langues, Paris, Maisonneuve et Larose,
2004, p. 305.
9. Grammaire et dictionnaire abrégés de la langue berbère…, op. cit., p. XVI.
10. Sur Delaporte, voir la notice d’Alain Messaoudi dans François Pouillon (dir.), Dictionnaire des
orientalistes de langue française, Paris, IISMM/Karthala, 2008, p. 275.
11. Sur la formation des interprètes militaires en Algérie, voir Alain Messaoudi, « Entre renseignement et
enseignement. Les interprètes militaires et la constitution d’un premier corpus savant “algérien” », Revue
d’histoire du XIXe siècle, no 41, 2010-2, L’Algérie au XIXe siècle, dossier coordonné par Hélène Blais, Claire
Fredj et Emmanuelle Saada, p. 97-112.
12. Joanny Pharaon, qui enseigne l’arabe à Alger entre 1832 et 1836, publie cependant Les Cabiles et
Boudgie (1835), qui contient un lexique très élémentaire.
13. Cette inscription, qui figure à côté d’une inscription punique sur la pierre de Dougga, a été déchiffrée en
1843 par Saulcy, qui publie six ans plus tard des « Observations sur l’alphabet tifinag », Journal asiatique,
13, p. 247-269 (voir Dominique Casajus, « Déchiffrages. Quelques réflexions sur l’écriture libyco-berbère »,
Afriques, fév. 2010, en ligne <http://afriques.revues.org/688>, page consultée en novembre 2012). On peut
aussi signaler le travail d’Estève Boissonnet (1811-1901), directeur des Affaires arabes de la province de
Constantine et correspondant de la Société asiatique. Arabisant et berbérisant, il fait la découverte d’un
alphabet tifinagh avec l’aide d’un taleb de Constantine originaire du Touat et familier des Touaregs de sa
région. Il le compare avec le vocabulaire de Delaporte et la pierre de Dougga (Auguste C. Judas, « Sur
l’alphabet berbère usité chez les Touaregs et ses rapports avec l’antique alphabet des Libyens », Journal
asiatique, 1847, 4e série, t. IX, p. 455-461).
14. Dictionnaire français-berbère (dialecte écrit et parlé par les Kabaïles de la division d’Alger), ouvrage
composé par ordre de M. le Ministre de la Guerre par MM. le chevalier P.-A.-E.-P. Jaubert, J.-D. Delaporte,
E. de Nully, Ch. Brosselard, Sidi Ahmed ben el Hadj Ali, Paris, Imprimerie royale, 1844.
15. On peut noter que, selon Brosselard, le berbère serait le seul dialecte utilisé dans les corporations
d’ouvriers établis à Alger. Sur Brosselard, voir la notice d’Alain Messaoudi dans François Pouillon, op. cit.,
p. 151-152.
16. Officier des bureaux arabes, Hanoteau a été d’abord en poste au bureau politique des Affaires arabes à
Alger, avant d’être nommé commandant supérieur du cercle de Dra el Mizan puis de Fort Napoléon et de se
consacrer à l’élaboration de La Kabylie et les coutumes kabyles (voir la notice de Michèle Sellès dans
François Pouillon, op. cit., p. 481-482).
17. L’Histoire des Berbères d’Ibn Khaldoun, traduite sur ordre du maréchal Randon, gouverneur de
l’Algérie, comprend à la fin du IVe volume des remarques sur la langue et la littérature berbères.
18. Voir Marius Canard, « À propos de la fondation de la Revue africaine. Une lettre du Baron de Slane »,
Revue africaine, 3e et 4e trim. 1955, p. 419-420. L’article fait état de la présence d’une lettre en allemand du
baron de Slane dans la correspondance du professeur Fleischer, de Leipzig, publiée dans la Zeitschrift der
deutschen morgenlandischen Gesellschaft, 1857, tome XI. Cette lettre est datée du 23 janvier 1857.
19. Alger, Bastide, 1858.
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20. Essai de grammaire de la langue tamachek, du langage parlé par les Imoucher ou Touareg, Paris,
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Imprimerie impériale, 1860. Fermer
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21. René Basset est titulaire depuis 1884 de la chaire de langue et de littérature arabe laissée vacante par
Octave Houdas (voir sa notice par Claude Lefébure dans François Pouillon, op. cit., p. 59-60).
22. Rapport sur les études berbères, éthiopiennes et arabes, 1887-1891, Woking, Oriental University
Institute, 1892.
23. Relation de Sidi Brahim, de Massat, Paris, Leroux, 1882.
24. Une édition de ce texte, transcrit en caractères latins par Francis W. Newman, avait été publiée en 1848,
peu après la traduction en anglais par William B. Hodgson d’une version arabe du texte, due au même taleb
(« The Narrative of Sidi Brahim ben Mohammed el-Susi » et « The narrative of Sidi-Brahim Ben
Mohammed El-Messi El-Susi in the Berber language with interlineary version », Journal of the Royal
Asiatic Society, 1848, t. IV, no 18, p. 115-130, et no 19, p. 215-260).
25. Sur ces congrès, voir Pascale Rabault-Feuerhahn, « “Les grandes assises de l’orientalisme”. La question
interculturelle dans les congrès internationaux des orientalistes (1873-1912) », Revue germanique
internationale, 12, 2010, p. 47-67.
26. Sur Boulifa, voir la notice de Michèle Sellès dans François Pouillon, op. cit., p. 136-138.
27. Voir Léon Antoine, Colonisation, enseignement et éducation, Paris, L’Harmattan, 1991, p. 234.
28. « Notes de lexicographie berbère », Journal asiatique, 1883, p. 281-342.
29. Cours de langue kabyle. Grammaire et versions, Alger, Jourdan, 1887.
30. Manuel de langue kabyle (dialecte zouaoua), grammaire, bibliographie et lexique, Paris, Maisonneuve
& Larose/C. Leclerc, 1887.
31. Une 1re année de langue kabyle, dialecte zouaoua (1897) et Méthode de langue kabyle, cours de
deuxième année (1913). Le premier est un résumé des leçons qu’il fait aux élèves de la section spéciale de
l’école normale et aux débutants de l’école des Lettres : « vade-mecum » qui se veut d’un usage pratique, il
est divisé en 60 leçons comprenant chacune grammaire, vocabulaire et thème ou version. Le recueil de
textes qui constitue le cours de 2e année et qui est une description fine des coutumes kabyles du Djurdjura
reste jusque dans les années 1960 le principal manuel en usage pour l’étude du berbère en France et en
Algérie.
32. La Conversation française-kabyle, dialecte zouaoua en caractères latins contenant trois parties :
grammaire, vocabulaire, dialogues, Miliana, Legendre, 1893, 300 p.
33. Revue africaine, 1899, vol. XLIII, p. 17-33 et XLIV, p. 44-59.
34. Archives nationales de France, F 17/17638-17640.
35. Ibid.
36. Le Chaouïa de l’Aurès (dialecte de l’Ahmar-Khaddo). Étude grammaticale, Paris/Alger,
Leroux/Publications de la faculté des Lettres d’Alger, 1896. Gustave Mercier (1874-1953) est l’aîné des fils
d’Ernest Mercier, ancien interprète militaire devenu maire de Constantine.
37. Dictionnaire français-chaouïa (Qamūs rūmi-caui), Alger, Jourdan, 1906 ; Dictionnaire chaouïa-arabe-
kabyle-français, Alger, Jourdan, 1907.
38. Étude des dialectes berbères : grammaire complète de la langue mzabite, comparée dans ses parties
essentielles aux dialectes kabyle et tamachek’, Miliana, Legendre, 1898.
39. Dictionnaire français-touareg, dialecte des Taïtoq, suivi d’observations grammaticales, Paris,
E. Leroux, 1893.
40. Dictionnaire tamâheq-français, langue des Touareg et Dictionnaire français-tamâheq (langue des
Touaregs), contenant : 1o tous les mots de la langue française traduisibles en tamâheq soit directement,
soit par des phrases ; 2 o la traduction en tamâheq de tous ces mots, avec la prononciation figurée en
caractères français et en caractères tifinar’ ; 3 o les différentes acceptions des mots, avec de nombreux
exemples, dictons, proverbes, traits de mœurs des Imouhar’, etc. etc. ; 4 o l’indication du genre, du nombre
des noms, etc., Alger, Jourdan, 1894.
41. Rapport sur les études berbères et haoussa, 1902-1908, Alger, Jourdan, 1909. Ce rapport a été présenté
au XVe Congrès des orientalistes, à Copenhague.
42. Dictionnaire pratique tamâheq-français, langue des Touareg, Alger, Jourdan, 1900.
43. Dictionnaire français-tachelh’it et tamazir’t (dialectes berbères du Maroc), Paris, E. Leroux, 1907.
44. Grammaire, dialogues et dictionnaire touaregs (publiés par René Basset, revus et complétés par
Charles de Foucauld), Alger,
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45. Edmond nous
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coloniaux, 1901, no à8,jour le 25 juin 2018).
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46. Archives berbères, 1917.
https://books.openedition.org/editionsbnf/266 11/13
5/16/2021 Manuels d’arabe d’hier et d’aujourd’hui - Les manuels de berbère publiés en France et en Algérie (xviiie-xxe siècle) : d’une production orientaliste à l’a…
47. Manuel de berbère marocain, dialecte chleuh, Paris, Guilmoto, 1914.
48. Cours de berbère marocain, dialecte du Sous, du Haut et de l’Anti-Atlas, Paris, Challamel, 1921,
rééd. 1926 ; Cours de berbère marocain, dialecte du Maroc central, Paris, Geuthner, 1924, rééd. 1929 et
1939.
49. Voir Claude Lefébure, « Edmond Destaing », dans François Pouillon, op. cit., p. 298-299.
50. Voir Claude Lefébure, « André Basset », ibid., p. 57-58.
51. Archives nationales d’Outre-Mer (ANOM), 4 i /86.
52. L’ouvrage a pu être réalisé grâce à l’appui d’André Picard, chargé depuis de longues années d’un cours
complémentaire de kabyle à la faculté de Médecine.
53. Notice « Dallet » dans Salem Chaker (dir.), Hommes et Femmes de Kabylie, La Calade, Édisud, 2001.
Salem Chaker a été professeur de linguistique berbère à l’INALCO entre 1989 et 2008.
54. Voir la recension publiée par Salem Chaker dans la ROMM (1976, n° 21, p. 187-190).
55. Les alphabets tifinagh, supposés dérivés de l’alphabet libyque, n’étaient plus usités que chez les
Touaregs (voir Dominique Casajus, « Déchiffrages… », art. cit.). Un alphabet dit néo-tifinagh a été créé par
la militante Académie berbère dans les années 1970 à Paris.
56. Tajerrumt n tmazight (tantala taqbaylit), Paris, Maspero, 1976.
57. Voir les actes du colloque international sur le libyco-berbère ou le tifinagh, qui s’est tenu du 21 au
24 mars 2007 à Alger sous le patronage du haut-commissariat à l’Amazighité et publiés par lui en 2007 à
Alger.
Auteur
Michèle Sellès
https://books.openedition.org/editionsbnf/266 12/13
5/16/2021 Manuels d’arabe d’hier et d’aujourd’hui - Les manuels de berbère publiés en France et en Algérie (xviiie-xxe siècle) : d’une production orientaliste à l’a…
Référence électronique du livre
LARZUL, Sylvette (dir.) ; MESSAOUDI, Alain (dir.). Manuels d’arabe d’hier et d’aujourd’hui : France et
Maghreb, XIXe-XXIe siècle. Nouvelle édition [en ligne]. Paris : Éditions de la Bibliothèque nationale de
France, 2013 (généré le 16 mai 2021). Disponible sur Internet :
<http://books.openedition.org/editionsbnf/233>. ISBN : 9782717725841. DOI :
https://doi.org/10.4000/books.editionsbnf.233.
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