Vous êtes sur la page 1sur 13

5/16/2021 Manuels d’arabe d’hier et d’aujourd’hui - Les manuels de berbère publiés en France et en Algérie (xviiie-xxe siècle) : d’une production

roduction orientaliste à l’a…

OPENEDITION SEARCH Tout OpenEdition

Éditions de la
Bibliothèque
nationale de
France
Manuels d’arabe d’hier et d’aujourd’hui | Sylvette Larzul, Alain Messaoudi

Les manuels de berbère


publiés en France et en
Algérie (XVIIIe-XXe siècle) :
d’une production
orientaliste à l’affirmation
d’une identité postcoloniale
Michèle Sellès
p. 132-144

Texte intégral
1 La découverte de la langue berbère et de ses différents dialectes au Maghreb au XVIIIe siècle
est restée pendant plusieurs décennies l’apanage d’un milieu très restreint, la production
savante seCe sitelimitant d’ailleurs
utilise des à l’élaboration
cookies et collecte depersonnelles
des informations quelquesvous modestes
concernant.ouvrages
Pour plus de précisions, nousCe
lexicographiques. vous invitons
n’est à consulter
qu’après les notre
débutspolitique
de la de confidentialité
colonisation de (mise à jourque
l’Algérie le 25les
juin 2018).
Fermer
En poursuivant votre navigation, vous acceptez l'utilisation des cookies.
premiers manuels d’enseignement ont été élaborés, ouvrant cette connaissance à un plus

https://books.openedition.org/editionsbnf/266 1/13
5/16/2021 Manuels d’arabe d’hier et d’aujourd’hui - Les manuels de berbère publiés en France et en Algérie (xviiie-xxe siècle) : d’une production orientaliste à l’a…

large public. Œuvres de savants, ils étaient mal adaptés aux objectifs pratiques des
instituteurs et des administrateurs, leurs principaux utilisateurs. Le renouvellement des
modes d’enseignement des langues vivantes avec le primat de la méthode directe,
l’institution de primes pour les fonctionnaires berbérophones (1881) et de certifications
universitaires (avec un brevet et un diplôme délivrés par l’école des Lettres d’Alger à
partir de 1885) suscitent la réalisation de nouveaux ouvrages dans le dernier tiers du
e 1
XIX siècle. Dès 1880 , le berbère trouve une place à l’école des Lettres d’Alger puis, en
1913, une chaire de berbère est instituée à Paris à l’École des langues orientales. Les
progrès de la connaissance scientifique du berbère et de ses dialectes locaux sont intégrés
par les auteurs d’une nouvelle génération de manuels. Ce développement, auquel ont
participé des Pères Blancs, pose la question de l’apport des locuteurs berbérophones dans
la réalisation d’ouvrages qui dépendent étroitement d’eux et des informations qu’ils
fournissent aux linguistes, ainsi que celle de leur statut d’auteur.
2 Après le temps de la première découverte, marqué par l’anonymat des chaînes
d’informateurs, et celui des années 1840 à 1880, caractérisé par le recours à des lettrés
nommément désignés et issus de la région du dialecte étudié, un troisième temps, qu’on
peut qualifier de scientifique, a en effet vu la collecte sur le terrain par les linguistes eux-
mêmes de variantes dialectales permettant d’établir des outils fondés sur des descriptions
précises. Les seuls locuteurs indigènes à être reconnus comme des auteurs détenant non
seulement une compétence linguistique dans leur langue maternelle, mais aussi une
véritable autorité scientifique sont les instituteurs berbérophones diplômés de l’école
normale de la Bouzaréa d’Alger. Ils y ont reçu, avec les élèves-maîtres d’origine
européenne, une formation commune et ont souvent été par la suite envoyés au Maroc
dans le sillage de Lyautey. Les manuels de berbère qu’ils ont réalisés se caractérisent à la
fois par le souci de se concentrer sur des parlers régionaux précisément définis,
correspondant à des variantes dialectales bien déterminées (kabyle, chaouïa, rifain,
tamazight, tachelhit…) et par la volonté de considérer la berbérophonie dans son
extension géographique la plus large, en s’intéressant à des espaces lointains comme, par
exemple, l’oasis de Siwa en Égypte. On retrouve cette double polarisation chez les auteurs
actuels qui voudraient à la fois coller à une réalité dialectale extrêmement morcelée et
trouver un berbère moyen (ou des berbères moyens) permettant aux différents groupes
berbérophones de se comprendre et de disposer d’un outil pour défendre une identité.

Généalogie des premières descriptions orientalistes de la


langue berbère
3 Avant la période coloniale, l’intérêt pour le berbère a été partagé par des orientalistes et
des diplomates européens, comme l’a montré Lucette Valensi. Les consuls en poste au
Maghreb avaient recours à des truchements arabophones et berbérophones, souvent par
l’intermédiaire d’interprètes juifs2. Cependant, ce n’est qu’après 1830 que des interprètes,
dotés eux-mêmes d’une solide formation savante, publient des manuscrits de voyageurs
du XVIIIe siècle (journaux, notes, lettres…). Ces derniers avaient donné les premières
descriptions précises de mœurs et de parlers correspondant à des groupes qu’on juge
apparentés aux Berbères. Le récit de voyage de Thomas Shaw (1694-1751), qui fut
chapelain du consulat d’Angleterre, est un des premiers exemples d’identification d’une
langue commune à certains groupes distincts par leur environnement géographique et par
leurs coutumes. Savant en langues orientales, le Dr Shaw avait vécu douze ans à Alger.
Avec l’accord des autorités ottomanes et sous l’escorte de janissaires, il avait pu parcourir
et visiter les régences de Tunis et d’Alger. Son récit, augmenté de notes entre autres
géographiques, a fait l’objet d’une traduction française de Jacques Mac Carthy, publiée au
lendemain de la conquête d’Alger avec une carte des régences d’Alger et de Tunis dressée
Ce site3.utilise
à cette occasion des cookies
Les Kabyles y et collecte
sont des informations
distingués par leurpersonnelles
langue (àvous concernant.
laquelle on attribue le
Pour plus de précisions, nous vous invitons à consulter notre politique de confidentialité (mise à jour le 25 juin 2018).
nom de chaouiah), leur lieu d’habitation, les montagnes où ils vivent sans être soumis aux Fermer
En poursuivant votre navigation, vous acceptez l'utilisation des cookies.
Turcs, et leur habitat sédentaire. Shaw fait l’hypothèse qu’ils sont d’anciens habitants de
https://books.openedition.org/editionsbnf/266 2/13
5/16/2021 Manuels d’arabe d’hier et d’aujourd’hui - Les manuels de berbère publiés en France et en Algérie (xviiie-xxe siècle) : d’une production orientaliste à l’a…

l’Afrique, différents des Arabes et des Bédouins, nomades qui vivent dans les plaines,
aussi bien que des Turcs et des Maures, qui sont présentés comme des citadins. Les lettres
d’un voyageur marseillais du XVIIIe siècle, Jean-André Peyssonnel, publiées en 1838 par
Adolphe Dureau de La Malle, en fournissent un autre exemple4. On doit au Dr Peyssonnel,
correspondant de multiples académies, une des premières descriptions françaises de la
Kabylie5. Voulant faire œuvre de botaniste, il témoigne aussi de son intérêt pour la
physique, l’histoire, les belles lettres et les mœurs. Il a lu Marmol : les « peuples braves
descendants des anciens Chauvies » dont parle ce dernier se seraient réfugiés dans les
montagnes de l’Aurès (l’ancien mons Aurasus) pour ne pas être soumis par les Turcs6.
Peyssonnel donne des spécimens de leur langue, la langue chauvie (il n’est toujours pas
question de langue berbère), qu’il se propose de comparer plus tard avec le punique
ancien. Il témoigne d’un intérêt linguistique qui est concomitant avec le débat sur l’origine
antique d’un peuple différent des Arabes : citant Moreri (qui lui-même cite Marmol), il
considère que les Chauvies se confondent avec les Azouagues ou Bérabères du fait de leur
langue.
4 Les interprètes sont les premiers à s’attacher à un début de formalisation des éléments
lexicaux et grammaticaux de la langue berbère. Jean-Michel Venture de Paradis (1739-
1799), lui aussi marseillais, originaire d’une famille noble de militaires et de consuls, a été
jeune de langue avant de devenir drogman et secrétaire interprète du roi pour les langues
orientales. Son mémoire sur la « nécessité d’encourager en France l’étude des langues
orientales » a servi de référence pour la création de l’École spéciale des langues orientales
vivantes. À sa mort (à Saint-Jean-d’Acre, où il servait comme interprète en chef de l’armée
d’Égypte), Venture a laissé un manuscrit qui est jusqu’à aujourd’hui considéré comme la
plus ancienne observation savante de la langue berbère et par conséquent comme le
premier instrument permettant son apprentissage et son étude. C’est Amédée Jaubert,
successeur de Venture comme interprète en chef de l’armée d’Égypte, qui le publie en
1844, quatorze ans après la conquête d’Alger, sous les auspices de la Société de
géographie7.
5 Dans sa préface, Venture explique comment ce dictionnaire a été composé à partir de
1788, d’abord avec la collaboration de deux Berbères du Sous venus à Paris montrer leurs
acrobaties (ils connaissaient aussi l’arabe), puis au cours de son séjour à Alger de 1788 à
1790. Chargé d’une mission de médiation entre la France et la Régence, Venture y aurait
occupé ses loisirs à apprendre le berbère8 avec l’assistance de deux Kabyles des
montagnes de Félissent (ou Felissat). Il aurait alors constaté la parenté des parlers, y
aurait recherché des traces de l’ancien punique et fait l’observation que le système
grammatical du berbère était proche de celui des langues sémitiques mais que leurs
étymologies étaient différentes. Il se serait alors interrogé : « Quelle est l’origine de cette
langue que l’on parle depuis les montagnes de Sous, qui bordent la mer océane, jusqu’à
celles de Meletis, qui dominent sur la plaine de Kaïrowan, dans le royaume de Tunis9 ? »
Était-ce un idiome dérivé de la langue punique ? Laissant aux savants le soin d’en décider,
Venture s’était contenté de dresser un vocabulaire, composé et vérifié sur les lieux mêmes,
et dont il assurait l’exactitude.
6 Jacques-Denis Delaporte (1777-1861), ancien interprète de l’armée d’Égypte formé à
l’École des langues orientales, collaborateur de la Description de l’Égypte pour laquelle il
a donné un abrégé chronologique de l’histoire des mamelouks tiré des historiens arabes,
est une autre figure majeure de la première génération des interprètes qui se sont
intéressés au berbère. Passé par les postes consulaires de Tripoli d’Afrique et de Tanger,
arrivé à Alger en 1833, il cumule les fonctions d’interprète en chef de l’armée d’Afrique et
de directeur des affaires arabes, à la suite de Lamoricière. Après avoir obtenu son rappel
dans les consulats et avoir été nommé consul à Mogador, il recueille les premiers
manuscritsCe berbères
site utilised’une certaine
des cookies étendue
et collecte et les traduit.
des informations Trois ans
personnelles vousaprès son retour en
concernant.
Pour plus de précisions, nous vous invitons à consulter notre politique de confidentialité (mise à jour le 25des
France, il publie en 1844 un « spécimen lithographique » de langue berbère contenant juin 2018).
Fermer
textes en chelha En en poursuivant
caractèresvotre
arabes, leur transcription
navigation, en caractères
vous acceptez l'utilisation latins et leur double
des cookies.

https://books.openedition.org/editionsbnf/266 3/13
5/16/2021 Manuels d’arabe d’hier et d’aujourd’hui - Les manuels de berbère publiés en France et en Algérie (xviiie-xxe siècle) : d’une production orientaliste à l’a…

traduction en français, la première interlinéaire et la seconde plus libre. Après l’abandon,


au lendemain de 1848, du projet de création d’une chaire de berbère, il consacre les
dernières années de sa vie à l’apprentissage de la langue copte10.
7 La première génération d’interprètes formés à Paris, et dont Delaporte est un
représentant, subit bientôt la concurrence de nouveaux interprètes auxiliaires et
d’officiers ayant suivi les cours des chaires publiques d’arabe d’Alger ou de Constantine11.
Ces chaires, auxquelles aucun enseignement du berbère ne semble jamais avoir été
associé avant la fin du siècle12, favorisent le développement d’une curiosité pour les
langues, l’histoire et la culture des populations locales. Militaires et civils qui désirent
apprendre le berbère le font auprès d’informateurs. Après 1840, des officiers des bureaux
arabes et des interprètes réalisent les premiers outils d’apprentissage, en s’appuyant
toujours sur des informateurs lettrés, maîtrisant à la fois le berbère et l’arabe, et
dorénavant parfois reconnus comme des contributeurs à part entière dans la collecte de
données. Une ancienne inscription épigraphique, découverte en 1631 par Thomas d’Arcos
sur une pierre de Dougga, dans la régence de Tunis, est ainsi rapprochée des caractères
tifinagh, l’écriture moderne des Touaregs, connue depuis 1822 grâce à Oudney13. La
maîtrise du savoir linguistique et l’observation ethnographique permettent bientôt d’avoir
des outils plus fins que de simples lexiques, qu’il s’agisse de dictionnaires ou, ensuite, de
grammaires. Les enquêteurs disposent désormais d’une bibliographie historique et ont la
possibilité de s’appuyer sur des publications. Mais il leur est encore difficile de se passer
de l’aide d’un lettré et d’un connaisseur du pays. Les auteurs sont conscients de l’existence
de différences interdialectales, mais ils continuent de répartir ces dialectes en fonction de
grands groupes qui leur font distinguer Kabyles, Chaouïas, Beni Mzab et, un peu plus
tard, Touaregs. Les parentés qu’ils distinguent entre ces groupes leur font conclure à
l’existence d’une seule langue fondamentale.
8 Alors que la Kabylie est encore insoumise, le ministère de la guerre décide, en 1840, de
financer la réalisation d’un premier dictionnaire concernant le berbère en usage dans les
tribus de la division d’Alger – soit dans les montagnes de Bougie, les Mzita, les Beni-
Abbas, les Zouaoua et dans toute la chaîne de l’Atlas jusqu’à Médéa. La variante dialectale
kabyle n’est alors pas encore restreinte à la Kabylie définie géographiquement par Ernest
Carette dans l’Exploration scientifique de l’Algérie, pourtant contemporaine – les Études
sur la Kabylie proprement dite seront publiées en 1848. Le travail est confié à Charles
Brosselard, qui a l’avantage de connaître l’arabe (l’élaboration du dictionnaire suppose en
effet de pouvoir converser avec des truchements lettrés en arabe) et peut profiter des
compétences d’un collaborateur indigène, Sidi Ahmed ben el Hadj Ali, imam de Bougie14.
Interrompu par la révolution de 1848, le projet reste inachevé. Il était en effet prévu de
recueillir dans leurs particularités les idiomes berbères en usage dans les provinces de
Constantine et d’Oran et d’établir une grammaire énonçant les principes de la langue15.
9 L’entreprise de Brosselard est relayée par le général Hanoteau16 (1814-1897) qui fait
aujourd’hui figure de grand précurseur de la science berbérisante. En 1857, s’y associe
l’interprète principal de l’armée d’Afrique, le baron de Slane, qui vient d’achever une
traduction française d’Ibn Khaldoun sous le titre Histoire des Berbères et des dynasties
musulmanes de l’Afrique septentrionale17 :
Nous avons l’intention de soumettre à un examen minutieux le Chaouïa de la province de
Constantine, le Mozabite et les dialectes du Rif marocain. Cependant nous sommes déjà
arrivés à l’entière conviction que tous ces idiomes et particulièrement le Chelha sont très
proches l’un de l’autre et ne sont que les branches d’un grand tronc linguistique commun18.

10 La même année paraît le premier manuel de kabyle, intitulé Essai de grammaire kabyle
et dialogues français-kabyles pour l’expédition de 1857. Il est dû à un autre interprète
militaire, Laurent-Charles Féraud, qui, arrivé très jeune en Algérie, a participé aux
campagnesCe desite
Kabylie. Encookies
utilise des pleine guerre des
et collecte de informations
conquête, le général Hanoteau
personnelles publie à son
vous concernant.
Pour plus
tourdeun
précisions,
Essai de nous vous invitons
grammaire à consulter
kabyle, notre politique
renfermant de confidentialité
les principes du langage(miseparlé
à jour par
le 25 les
juin 2018).
Fermer
En poursuivant votre navigation, vous acceptez l'utilisation des cookies.
populations du versant nord du Jurjura et spécialement par les Igaouaouen ou

https://books.openedition.org/editionsbnf/266 4/13
5/16/2021 Manuels d’arabe d’hier et d’aujourd’hui - Les manuels de berbère publiés en France et en Algérie (xviiie-xxe siècle) : d’une production orientaliste à l’a…

Zouaoua19… Ces premiers ouvrages didactiques sont assez sommaires. Ils restent fondés
sur le modèle de la grammaire latine : comme les manuels d’arabe de la même période, ils
présentent dans un premier temps les noms, pronoms et adjectifs puis, dans un second
temps, les verbes et leurs dérivés, les particules, la numération et quelques textes.
Hanoteau conserve l’ambition de donner une vue d’ensemble de la langue berbère en
composant sur le même modèle une grammaire du touareg intégrant l’alphabet tifinagh20.
Cette démarche comparatiste lui permet d’être considéré par René Basset, qui devient en
1885 le premier maître de conférences en dialectes berbères à l’école des Lettres d’Alger,
comme le véritable pionnier de la recherche savante sur la langue berbère21 : c’est sous
l’autorité des grammaires de kabyle et de tamasheq de Hanoteau que Basset présente en
1891 à Londres les études berbères françaises au IXe Congrès des orientalistes22.

Des manuels d’enseignement entre orientalisme et colonialisme


11 C’est en effet dans le cadre de l’école des Lettres d’Alger, devenue faculté des Lettres en
1909, que René Basset institutionnalise l’étude de la langue berbère en lui associant, de
manière seconde par rapport à la langue, une dimension ethnographique. Il collecte dans
un premier temps des données linguistiques et s’intéresse à la littérature écrite. Il édite le
poème de Çabi en dialecte chelha (1879) puis publie une traduction française d’une
description du Sous qui avait été commandée en 1834 à un taleb par Hodgson, consul
américain à Tanger23. Basset juge qu’elle contient de précieux renseignements sur
l’histoire, le commerce et l’industrie de la région : ce serait l’un des rares textes originaux
que l’on possède en berbère24. René Basset affirme l’ambition de l’école française d’Alger
dans le domaine des études berbères : il contribue à affermir sa renommée internationale
en publiant régulièrement des rapports à l’occasion des congrès orientalistes, ce qui lui
permet de passer en revue l’actualité des publications et des programmes scientifiques.
Ces congrès constituent un cadre qui témoigne d’une émulation internationale en même
temps que de collaborations25.
12 Les progrès dans la connaissance scientifique de la langue berbère s’appuient sur un
enseignement financé par le ministère de l’Instruction publique. Dispensé sur le modèle
de celui de l’arabe, il a pour objectif de répondre aux besoins de la colonisation. La
préparation aux différents examens est confiée aux professeurs de l’école des Lettres et
aux répétiteurs indigènes, les premiers étant chargés de la recherche savante, les seconds
de l’enseignement pratique. René Basset continue ainsi à enseigner la partie théorique du
cours complémentaire de dialectes berbères jusqu’à sa mort, en 1924, tandis que
Belkassem Ben Sedira, maître de conférences en arabe à l’école des Lettres depuis 1880, a
succédé à partir de 1885 à El Hachemi ben Si Lounis. À la mort de Ben Sedira, un
instituteur, Si Amar ou Saïd Boulifa, a pris le relais jusqu’en 192926. Ben Sedira et Boulifa
assuraient par ailleurs respectivement les cours d’arabe et de kabyle à l’école normale de
la Bouzaréa. Alger n’était pas le seul centre d’enseignement du kabyle. Depuis 1893, la
chaire publique d’arabe de Constantine s’était doublée d’un cours de kabyle confié à
Ernest Gourliau, professeur d’arabe au lycée de Constantine. Il était suivi par une
cinquantaine d’élèves, nombre qui n’est pas négligeable27.
13 René Basset avait l’ambition de dépasser le niveau des études allemandes et anglo-
américaines. Il ne pouvait se satisfaire des dictionnaires élaborés au fur et à mesure des
explorations militaires. Il lui fallait aussi pouvoir s’appuyer sur des recueils de textes et
des grammaires solides pour mener à bien une étude comparative des différents dialectes
berbères. La prime par laquelle l’Académie des inscriptions et belles-lettres avait entendu
encourager en 1883 la rédaction d’une grammaire comparée des langues berbères était le
signe d’une prise de conscience28. Pour répondre au manque drastique de manuels, Basset
demande en 1887 à Ben Sedira de constituer un recueil de textes, qui constituera le Cours
de langue Ce site utilise
kabyle de ce desdernier
cookies et
29 collecte des informations personnelles vous concernant.
, tandis qu’il publie lui-même un Manuel de kabyle30
Pour plus de précisions, nous vous invitons à consulter notre politique de confidentialité (mise à jour le 25 juin 2018).
censé apporter une contribution décisive à l’établissement d’une grammaire comparative. Fermer
En poursuivant votre navigation, vous acceptez l'utilisation des cookies.
Il y fait usage d’une transcription héritée de Hanoteau. Dans un texte qui introduit son

https://books.openedition.org/editionsbnf/266 5/13
5/16/2021 Manuels d’arabe d’hier et d’aujourd’hui - Les manuels de berbère publiés en France et en Algérie (xviiie-xxe siècle) : d’une production orientaliste à l’a…

Cours, Ben Sedira explique qu’il a été chargé par le gouverneur général Tirman de
composer un recueil de textes kabyles pour l’apprentissage du kabyle en vue de
l’obtention de la prime créée six ans plus tôt – prime dont bénéficient une dizaine de
personnes (essentiellement des fonctionnaires qui ont subi avec succès l’examen mis en
place à cet effet). Faute d’avoir trouvé le moyen de publier le manuel pratique de kabyle
qu’il a composé, Ben Sedira dit avoir choisi de donner au public un recueil de textes à
traduire, accompagné d’un résumé grammatical et d’un recueil de traditions et légendes
diverses (avec traduction et transcription en arabe). Il affirme abandonner l’étude
philologique du berbère à René Basset, son « collègue de l’école des Lettres », et n’avoir
d’autre ambition que de continuer par des travaux de vulgarisation l’œuvre commencée
par Hanoteau. Il laisse les questions d’histoire, d’ethnographie, de « science pure » aux
personnes compétentes. Il faut attendre Boulifa pour voir s’affirmer une figure d’auteur
berbérophone de manuels à part entière. Ses manuels scolaires constituent une référence
incontestable pour ses contemporains et les générations ultérieures31. Ils mettent en
œuvre la méthode directe à partir de textes directement puisés auprès de locuteurs
kabyles. D’autres ouvrages ont été publiés avec une diffusion, semble-t-il, confidentielle,
les autorités académiques algéroises n’en recommandant pas nécessairement l’usage,
comme celui, en caractères latins, que Gourliau publie à Miliana, sans doute à destination
de ses élèves32.
14 Ces manuels ont servi à la préparation des examens ouvrant aux fonctionnaires le droit à
primes. À côté du certificat qui atteste une connaissance élémentaire du kabyle sont créés
le brevet de kabyle (1885), qui comporte une épreuve de langue arabe, et le diplôme de
dialectes berbères (1887) qui, beaucoup plus théorique que les deux premiers, suppose la
capacité d’une approche comparée avec d’autres dialectes que le kabyle ainsi que des
notions d’ethnographie. En 1910, l’examen oral du brevet suppose la connaissance du
Manuel de kabyle de René Basset (Paris, Maisonneuve et C. Leclerc, 1887), de son
Loqmân berbère (Paris, Leroux, 1890), du Cours de langue kabyle de Belkassem
Ben Sedira (Alger, Jourdan, 1887), des Légendes et contes merveilleux de la Grande
Kabylie d’Auguste Mouliéras (Paris, Leroux, 1893-1896), du Manuel épistolaire de langue
arabe de Ben Sedira (Alger, Jourdan, 1893), d’Une première année de langue kabyle
(Alger, Jourdan, 1897, 2e éd. 1910) et du Recueil de poésies kabyles de Boulifa (Alger,
Jourdan, 1904) ainsi que des Chansons kabyles de Luciani33. En 1910-1911, on trouve au
programme du diplôme l’Essai de grammaire kabyle de Hanoteau, son Essai de
grammaire de la langue tamachek (Paris, Imprimerie impériale, 1860), ses Poésies
populaires de la Kabylie du Jurjura (Paris, Imprimerie impériale, 1867) et La Kabylie et
les coutumes kabyles (Paris, Challamel, 1872-1873), l’ouvrage de René Basset sur la
lexicographie berbère et les différents dialectes (Paris, Leroux, 1883-1888), La Formation
des cités chez les populations sédentaires de l’Algérie (Kabyles du Djurdjura, Chaouïa de
l’Aourâs, Beni Mezâb) d’Émile Masqueray (Paris, Leroux, 1886) et l’Étude sur le dialecte
berbère de Ouargla de Samuel Biarnay (Paris, Leroux, 1908).
15 Les chargés de cours de berbère font obligatoirement partie du jury du brevet, dont les
épreuves consistent en des exercices de conversation, d’interprétation et de
compréhension, avec vérification des connaissances grammaticales. Celles du diplôme
exigent la capacité d’établir des comparaisons interdialectales en plus de connaissances
concernant l’histoire et les coutumes des Berbères. Les autochtones peuvent y être
candidats s’ils possèdent le certificat d’études primaires (à la place du baccalauréat, un
diplôme dont les interprètes judiciaires sont même dispensés34). Les candidats sont peu
nombreux. Au brevet ne se présentent pratiquement que des instituteurs. L’apprentissage
du kabyle est généralement pensé comme une spécialisation qui complète un premier
apprentissage de l’arabe, dont les programmes du brevet et du diplôme de kabyle
supposent Ce connus les des
site utilise grands
cookiesprincipes. Ben
et collecte des Sedira inscrit
informations dansvous
personnelles sonconcernant.
Cours de langue
Pour plus de précisions, nous vous invitons à consulter notre politique de confidentialité (misedemande
kabyle une transcription en arabe de ses textes kabyles ; Boulifa la 2018).
à jour le 25 juin
35 Fermer
revalorisation de l’épreuve d’arabe au sein du brevet de kabyle .
En poursuivant votre navigation, vous acceptez l'utilisation des cookies.

https://books.openedition.org/editionsbnf/266 6/13
5/16/2021 Manuels d’arabe d’hier et d’aujourd’hui - Les manuels de berbère publiés en France et en Algérie (xviiie-xxe siècle) : d’une production orientaliste à l’a…

16 Moins connus que le kabyle, les autres dialectes sont l’objet d’études grammaticales et
d’outils lexicaux réalisés sur le terrain. Leurs auteurs sont des administrateurs mais aussi
des Pères Blancs. Le chaouïa a été ainsi étudié par Gustave Mercier, en poste dans une
vallée de l’Aurès comme officier des Affaires musulmanes36, et par le père Huyghe37. Le
mozabite a donné lieu à un essai comparatiste de la part d’Émile Gourliau38 et sa
grammaire a fait l’objet d’un ouvrage, produit d’une collaboration entre l’interprète
judiciaire Ameur Nour ben Si Lounis et Moka Messaoud ben Yahia (Alger, 1897). Mais
c’est le touareg qui a fait l’objet de l’intérêt le plus grand. Le travail de Hanoteau a été
poursuivi par Masqueray39. Après avoir reçu la mission d’étudier le tamaheq, Saïd Cid
Kaoui, un interprète militaire né en 1859 à Oued Amizour, près de Bougie, publie en 1894
à Alger, chez Jourdan, deux dictionnaires40. Ils essuient le feu de la critique de René
Basset, pour qui l’auteur « n’a poursuivi aucune étude linguistique et philologique41 ».
Basset juge préférable de s’appuyer sur les compétences de l’interprète Motylinski et de
ses répétiteurs. Pourtant, les ouvrages de Cid Kaoui, qui réédite son dictionnaire
tamaheq-français dans un format réduit42, lui valent une médaille d’argent à l’exposition
universelle de 1900 et la rosette de l’Instruction publique pour l’ensemble de son œuvre.
En 1907, le général Bailloud lui demande un lexique franco-berbère à l’usage des troupes
qui campent à la frontière algéro-marocaine. Cid Kaoui utilise à cet effet la documentation
qu’il a rassemblée quelques années plus tôt auprès d’immigrés marocains à Chellata et
publie un dictionnaire tachelhit et tamazirt chez Leroux43. À partir de 1905 et jusqu’à sa
mort, en 1916, Charles de Foucauld travaille, dans un premier temps en collaboration avec
l’interprète et professeur d’arabe Adolphe Calassanti-Motylinski44, à une œuvre immense
dont René Basset extrait les Notes pour servir à un essai de grammaire touarègue (Alger,
Carbonel, 1920). Ces Notes s’ajoutent à la publication par André Basset, fils de René, du
Dictionnaire touareg-français, dialecte de l’Ahaggar (Paris, Imprimerie nationale, 1951-
1952, 4 vol.).

L’adaptation à la réalité linguistique locale


17 À mesure que l’espace géographique de l’étude des dialectes berbères s’élargit, la distance
entre les manuels pratiques et les instruments linguistiques scientifiques s’accentue. Les
instituteurs indigènes et européens formés à l’école normale d’instituteurs de la Bouzaréa
en arabe et en berbère par la méthode directe et qui suivent aussi les cours de Basset à
l’université d’Alger ont réalisé leurs premiers travaux linguistiques en Algérie, avant de
donner un nouvel essor à leurs études au Maroc : c’est le cas d’Edmond Destaing, d’Émile
Laoust, de Mohammed Nehlil ou de Mohammed Abès. Les manuels de berbère marocain
qu’ils publient parallèlement à leurs savantes études dialectales s’adressent à un public
d’officiers et de fonctionnaires, avec une évolution comparable à celle qu’on a pu voir pour
le berbère kabyle. Avant la conquête du Maroc, la seule grammaire existante, celle de
l’orientaliste allemand Hans Stumme (1864-1936), avait été composée d’après le langage
d’une troupe d’acrobates originaires des Oulad Sidi Ahmed Ou Mousâ du Tazerwalt, en
tournée en Europe. Edmond Doutté, qui avait pu juger de ses qualités lors de son voyage
au Maroc en 1901, l’avait trouvée utile et précise malgré une méthode de composition
sujette à caution45. Elle est cependant bientôt considérée comme trop savante pour
permettre aux officiers de faire l’apprentissage du berbère en usage localement. C’est pour
répondre aux besoins de ces derniers qu’est publiée en 1916 la Première année de langue
berbère due à l’interprète kabyle Mohammed Abès, en poste dans la région de Meknès en
1914-1915. L’ouvrage fait l’objet d’une critique sans concessions de la part de Nehlil, lui
aussi interprète militaire d’origine kabyle, mais par ailleurs ancien élève de l’école
normale de la Bouzaréa et directeur depuis 1914 de l’École supérieure de langue arabe et
de dialectes berbères alors fondée à Rabat46. Ses descriptions de la langue ne
présenteraientCe site utilise
pas lesdes cookies et collectepermettant
caractéristiques des informations
de personnelles vous concernant.
la définir comme un dialecte du
Pour plus de précisions, nous vous invitons à consulter notre politique de confidentialité (mise à jour le 25 juin 2018).
Maroc central. Il aurait en outre le défaut de ne pas s’adresser à des débutants, faute de Fermer
En poursuivant votre navigation, vous acceptez l'utilisation des cookies.
progression graduée, à la différence de la Première année de Boulifa pour le kabyle. Nehlil

https://books.openedition.org/editionsbnf/266 7/13
5/16/2021 Manuels d’arabe d’hier et d’aujourd’hui - Les manuels de berbère publiés en France et en Algérie (xviiie-xxe siècle) : d’une production orientaliste à l’a…

juge meilleur le Manuel de berbère marocain, dialecte chleuh de Léopold Justinard, un


officier des affaires indigènes qui a reçu les encouragements de Samuel Biarnay47. Le
Manuel de berbère marocain, dialecte du Rif qu’élabore le même Justinard pendant la
guerre du Rif et qui est publié chez Geuthner en 1926 reçoit aussi un accueil critique
favorable.
18 Les ouvrages publiés après la Première Guerre mondiale sont toujours appuyés sur des
enquêtes de terrain. C’est le cas des travaux d’Émile Laoust, devenu professeur à l’Institut
des hautes études marocaines (IHEM) de Rabat48, augmentés de textes bruts d’Edmond
Destaing, titulaire de la chaire de berbère à l’École des langues orientales. Le Vocabulaire
français-berbère de ce dernier (Paris, Leroux, 1920, 2e éd. 1937) est l’amorce d’un
ensemble plus important consacré au tachelhit (Anti-Atlas marocain), dont seul le recueil
de textes a paru. Destaing avait déjà consacré de nombreuses études à d’autres parlers,
parmi lesquels on peut citer le Dictionnaire français-berbère, dialecte des Beni-Sous
(Paris, Leroux, 1914). Il y a rompu avec la transcription à l’oreille, approximative, qui était
celle de Hanoteau, pour adopter une transcription phonétique49. Son successeur à la
chaire de l’École des langues orientales, André Basset, en poste entre 1940 et 195650, fait
progresser la dialectologie berbère en publiant des descriptions très précises de certains
parlers ainsi que des études grammaticales comparées qui rendent compte des progrès de
la linguistique. Ils se distinguent des ouvrages publiés à Alger entre 1930 et 1940, lesquels
sont plutôt des manuels pour officiers et médecins, bien qu’ils aient pris en compte les
progrès de la linguistique et l’apport des études de terrain les plus récentes.
19 Dans la bibliothèque arabo-berbère du Service des liaisons nord-africaines (SLNA),
destinée aux élèves officiers, un nouveau manuel de kabyle remplace les anciens manuels
d’initiation, dont celui de René Basset51. Il s’agit du Cours de berbère, parlers de Kabylie,
composé par André Basset et Jean Crouzet (Alger, La Typo-litho/Jules Carbonel, 1937).
Les élèves de 2e année continuent en revanche d’utiliser les anciens dictionnaires ainsi
que les recueils de textes de Boulifa et Les Fourberies de Si Djeh’a recueillies par Auguste
Mouliéras. André Basset publie en collaboration avec l’instituteur André Picard des
Éléments de grammaire berbère, Kabylie-Irdjen (Alger, Éd. La Typo-litho et J. Carbonel
réunies, 1948). L’informateur principal, Mohand Lechani, dûment cité, était un ancien
instituteur indigène, un des fondateurs de La Voix des humbles, revue de l’Association des
instituteurs d’origine indigène d’Algérie (1922-1939). Il avait acquis une formation de
berbérisant auprès de René Basset, de Boulifa et d’Émile Laoust. Il avait aussi entamé une
carrière politique, ayant été élu conseiller général, puis conseiller de l’Union française.
Ould Mohand Ali publie par ailleurs à l’usage des médecins un Essai sur le vocabulaire
médical en Kabylie (Alger, Imprimerie officielle, 1954). Son lexique, qui s’accompagne de
cartes, est précédé d’une monographie, Ould Mohand Ali ayant suivi les conseils d’Henri
Jahier, professeur à la faculté de Médecine d’Alger52.
20 Peu avant l’indépendance de l’Algérie, André Picard, qui a soutenu sa thèse sur le parler
des Irdjen (Kabylie), succède à André Basset à la chaire de berbère de l’université d’Alger
(il ne sera pas remplacé après son départ pour la France, en 1962). Mais c’est en Kabylie,
autour des Pères Blancs, que les études berbères sont alors les plus dynamiques, sans
cesser d’ailleurs après l’indépendance. Le père Jean-Marie Dallet travaille entre 1946 et
1972 au Fichier de documentation berbère (FDB), localisé en Grande Kabylie, à Tizi-
Ouzou, où a été constitué un centre d’enseignement et de recherches linguistiques et
ethnographiques intitulé Centre d’études berbères. En 1976, ce fichier sera placé sous
scellés par le gouvernement algérien. La qualité du travail de Dallet, très proche de ses
informateurs kabyles, sera plus tard reconnue par Salem Chaker53. Dallet a publié avec la
collaboration de sœur Louise de Vincennes une Initiation à la langue berbère (kabyle),
préfacée par André Picard (1960), des lexiques et un Dictionnaire kabyle-français, parler
des At Mangellat (Paris,
Ce site utilise SELAF,
des cookies 1982),des
et collecte quiinformations
reste aujourd’hui une
personnelles référence
vous essentielle
concernant.
pour les études kabyles.
Pour plus de précisions, nous vous invitons à consulter notre politique de confidentialité (mise à jour le 25 juin 2018).
Fermer
En poursuivant votre navigation, vous acceptez l'utilisation des cookies.

https://books.openedition.org/editionsbnf/266 8/13
5/16/2021 Manuels d’arabe d’hier et d’aujourd’hui - Les manuels de berbère publiés en France et en Algérie (xviiie-xxe siècle) : d’une production orientaliste à l’a…

21 Après 1962, la réappropriation par les berbérophones eux-mêmes de la description de la


langue berbère s’accompagne de nouvelles interrogations identitaires. Professeur de
lettres classiques jusqu’en 1957 et porte-flambeau de la transmission littéraire et
culturelle kabyle, Mouloud Mammeri obtient de pouvoir professer entre 1965 et 1972 un
cours de berbère à l’université d’Alger. Il est l’initiateur de la relève kabyle dans des études
berbères qui ont consacré l’unité de la langue à travers un temps et un espace très vastes
et de nombreuses variantes. Il l’oriente vers la standardisation d’un berbère à la fois pur et
moyen, avec pour paradigme le touareg, mis en avant comme le dialecte qui aurait le
moins subi les influences de l’arabe. Mammeri n’en continue pas moins de respecter le
principe des grandes variétés régionales linguistiques. Œuvre du frère du Sacré-Cœur
Jean-Marie Cortade (avec la relecture de Mouloud Mammeri), une sorte d’index du
dictionnaire de Foucauld, le Lexique français-touareg, dialecte de l’Ahaggar (Alger,
IRS/CRAPE, 1967), et un Essai de grammaire touareg, dialecte de l’Ahaggar (Université
d’Alger, Études sahariennes, 1969) paraissent peu d’années avant le Manuel de
grammaire touarègue de K. G. Prasse (Université de Copenhague, 1972-1974, 3 vol.), qui
est, lui, d’une conception tout à fait nouvelle mais d’une lecture difficile54. En France
Kamal Naït-Zerrad, successeur de Salem Chaker à l’INALCO, conjugue recherche
linguistique et édition de manuels pratiques de kabyle destinés à un public averti
d’universitaires, d’auteurs, d’étudiants s’associant au mouvement de reconnaissance
officielle de la langue berbère en Algérie. Il faut citer entre autres sa Grammaire moderne
du kabyle (Paris, Karthala, 2001). En Algérie, la langue berbère est reconnue comme
langue nationale en 2002 et des départements de langue et culture berbères sont
développés dans les universités de Tizi-Ouzou (1990), de Béjaïa (1991) puis de Bouira
(2009). La question de l’élaboration de manuels (terminologie, normalisation
linguistique, pédagogie…) et celle de la formation des enseignants sont encadrées par un
haut-commissariat à l’Amazighité créé dès 1995 avec l’introduction de l’enseignement du
tamazight à l’école en option – enseignement qui, en pratique, s’est depuis en grande
partie concentré en Kabylie.
22 Le choix de la graphie du berbère, question toujours actuelle, illustre l’importance et
l’interdépendance des enjeux linguistiques et politiques. L’alphabet des nouveaux
manuels (latin, arabe ou tifinagh55) peut-il être choisi en fonction de critères strictement
linguistiques ? Ou doit-il prendre en considération des facteurs politiques, en affirmant
une volonté de s’émanciper d’une situation d’oppression passée (du fait de la puissance
coloniale française) et présente (du fait d’une majorité arabophone dans la population
nationale) ? En Algérie, la grammaire kabyle composée en kabyle par Mouloud
Mammeri56 avait consacré la graphie latine. Son Précis de grammaire berbère (kabyle),
d’abord ronéotypé à l’université d’Alger (1967), puis imprimé à Paris (Maison des sciences
de l’homme, 1986), allait dans le même sens. Au Maroc, où le berbère est reconnu comme
langue officielle depuis 2011, l’alphabet tifinagh a été adopté dans l’enseignement. Les
difficultés que pose une graphie inadaptée d’un point de vue phonologique et rompant
avec les usages préexistants dans la recherche scientifique et la littérature ont moins pesé
que la volonté de se démarquer à la fois de l’arabe et du français. En Algérie, cette
solution, objet de débats, est loin de faire l’unanimité57.

Notes
1. Il faut attendre 1928 pour voir l’institution, à l’université d’Alger, d’une chaire spécifiquement consacrée
aux études berbères. Elle est attribuée à André Basset, l’un des fils de René Basset.
2. On peut citer le cas de Mardochée Naggiar, juif arabophone qui a lui-même recours en 1824 à un zouave
kabyle du bey de Tunis, Mohammed el-Kebir, pour recueillir les éléments, transcrits en caractères arabes et
traduits en français, d’un lexique et d’une grammaire berbères, ce travail étant effectué sous la direction
d’Humbert, un ingénieur militaire hollandais, archéologue amateur. Lexique, grammaire ainsi que d’autres
informations Ce
sursite
les utilise des cookies
tribus berbères ontetété
collecte des informations
commandités personnelles
par un professeur vousdeconcernant.
d’arabe l’université de Leyde,
Pour plus
H. A.deHamaker
précisions, nous vous
(Lucette invitons
Valensi, à consulter
Mardochée notre politique
Naggiar. Enquête surdeun
confidentialité
inconnu, Paris, (mise
Stock,à2008,
jour lep.25216-
juin 2018).
Fermer
243). En poursuivant votre navigation, vous acceptez l'utilisation des cookies.

https://books.openedition.org/editionsbnf/266 9/13
5/16/2021 Manuels d’arabe d’hier et d’aujourd’hui - Les manuels de berbère publiés en France et en Algérie (xviiie-xxe siècle) : d’une production orientaliste à l’a…
3. Voyage dans la régence d’Alger ou Description géographique, physique, philologique, etc. de cet État,
Paris, chez Marlin, 1830, 2 vol.
4. Ses Voyages dans les régences de Tunis et d’Alger ont été réédités par Lucette Valensi avec une
introduction et des notes (Paris, La Découverte, 1987 et 2002).
5. Cette description se trouve dans la correspondance qu’il adresse en 1725 à l’abbé Bignon. Il lui relate son
voyage de Bône à Alger dans la suite du bey de Constantine.
6. Captif en Afrique du Nord après y avoir suivi les troupes de Charles-Quint, Luis del Marmol y Carvajal
avait déjà identifié des Chauvies dans sa Descripción general de África, sus guerras y vicisitudes, desde la
fundación del mahometismo hasta el año 1571 (2 vol., Grenade, 1573, puis Malaga, 1599). Traduit en
français en 1667 par Nicolas Perrot, sieur d’Ablancourt, sous le titre L’Afrique de Marmol, ce livre s’est
imposé comme un modèle de la relation de voyage. Bien qu’il n’ait pas connu de réédition dans les années
1830, son contenu n’a pas cessé d’être largement diffusé par l’intermédiaire des auteurs de récits de
voyages, pour qui il restait une référence incontournable.
7. Grammaire et dictionnaire abrégés de la langue berbère, composés par feu Venture de Paradis, revus
par Amédée Jaubert et publiés par la Société de géographie, Paris, Impr. royale, 1844.
8. Mohamed Meouak, « Langues, société et histoire d’Alger au XVIIIe siècle d’après les données de Venture de
Paradis (1739-1799) », dans Jocelyne Dakhlia (dir.), Trames de langues, Paris, Maisonneuve et Larose,
2004, p. 305.
9. Grammaire et dictionnaire abrégés de la langue berbère…, op. cit., p. XVI.
10. Sur Delaporte, voir la notice d’Alain Messaoudi dans François Pouillon (dir.), Dictionnaire des
orientalistes de langue française, Paris, IISMM/Karthala, 2008, p. 275.
11. Sur la formation des interprètes militaires en Algérie, voir Alain Messaoudi, « Entre renseignement et
enseignement. Les interprètes militaires et la constitution d’un premier corpus savant “algérien” », Revue
d’histoire du XIXe siècle, no 41, 2010-2, L’Algérie au XIXe siècle, dossier coordonné par Hélène Blais, Claire
Fredj et Emmanuelle Saada, p. 97-112.
12. Joanny Pharaon, qui enseigne l’arabe à Alger entre 1832 et 1836, publie cependant Les Cabiles et
Boudgie (1835), qui contient un lexique très élémentaire.
13. Cette inscription, qui figure à côté d’une inscription punique sur la pierre de Dougga, a été déchiffrée en
1843 par Saulcy, qui publie six ans plus tard des « Observations sur l’alphabet tifinag », Journal asiatique,
13, p. 247-269 (voir Dominique Casajus, « Déchiffrages. Quelques réflexions sur l’écriture libyco-berbère »,
Afriques, fév. 2010, en ligne <http://afriques.revues.org/688>, page consultée en novembre 2012). On peut
aussi signaler le travail d’Estève Boissonnet (1811-1901), directeur des Affaires arabes de la province de
Constantine et correspondant de la Société asiatique. Arabisant et berbérisant, il fait la découverte d’un
alphabet tifinagh avec l’aide d’un taleb de Constantine originaire du Touat et familier des Touaregs de sa
région. Il le compare avec le vocabulaire de Delaporte et la pierre de Dougga (Auguste C. Judas, « Sur
l’alphabet berbère usité chez les Touaregs et ses rapports avec l’antique alphabet des Libyens », Journal
asiatique, 1847, 4e série, t. IX, p. 455-461).
14. Dictionnaire français-berbère (dialecte écrit et parlé par les Kabaïles de la division d’Alger), ouvrage
composé par ordre de M. le Ministre de la Guerre par MM. le chevalier P.-A.-E.-P. Jaubert, J.-D. Delaporte,
E. de Nully, Ch. Brosselard, Sidi Ahmed ben el Hadj Ali, Paris, Imprimerie royale, 1844.
15. On peut noter que, selon Brosselard, le berbère serait le seul dialecte utilisé dans les corporations
d’ouvriers établis à Alger. Sur Brosselard, voir la notice d’Alain Messaoudi dans François Pouillon, op. cit.,
p. 151-152.
16. Officier des bureaux arabes, Hanoteau a été d’abord en poste au bureau politique des Affaires arabes à
Alger, avant d’être nommé commandant supérieur du cercle de Dra el Mizan puis de Fort Napoléon et de se
consacrer à l’élaboration de La Kabylie et les coutumes kabyles (voir la notice de Michèle Sellès dans
François Pouillon, op. cit., p. 481-482).
17. L’Histoire des Berbères d’Ibn Khaldoun, traduite sur ordre du maréchal Randon, gouverneur de
l’Algérie, comprend à la fin du IVe volume des remarques sur la langue et la littérature berbères.
18. Voir Marius Canard, « À propos de la fondation de la Revue africaine. Une lettre du Baron de Slane »,
Revue africaine, 3e et 4e trim. 1955, p. 419-420. L’article fait état de la présence d’une lettre en allemand du
baron de Slane dans la correspondance du professeur Fleischer, de Leipzig, publiée dans la Zeitschrift der
deutschen morgenlandischen Gesellschaft, 1857, tome XI. Cette lettre est datée du 23 janvier 1857.
19. Alger, Bastide, 1858.
Ce site utilise des cookies et collecte des informations personnelles vous concernant.
20. Essai de grammaire de la langue tamachek, du langage parlé par les Imoucher ou Touareg, Paris,
Pour plus de précisions, nous vous invitons à consulter notre politique de confidentialité (mise à jour le 25 juin 2018).
Imprimerie impériale, 1860. Fermer
En poursuivant votre navigation, vous acceptez l'utilisation des cookies.

https://books.openedition.org/editionsbnf/266 10/13
5/16/2021 Manuels d’arabe d’hier et d’aujourd’hui - Les manuels de berbère publiés en France et en Algérie (xviiie-xxe siècle) : d’une production orientaliste à l’a…
21. René Basset est titulaire depuis 1884 de la chaire de langue et de littérature arabe laissée vacante par
Octave Houdas (voir sa notice par Claude Lefébure dans François Pouillon, op. cit., p. 59-60).
22. Rapport sur les études berbères, éthiopiennes et arabes, 1887-1891, Woking, Oriental University
Institute, 1892.
23. Relation de Sidi Brahim, de Massat, Paris, Leroux, 1882.
24. Une édition de ce texte, transcrit en caractères latins par Francis W. Newman, avait été publiée en 1848,
peu après la traduction en anglais par William B. Hodgson d’une version arabe du texte, due au même taleb
(« The Narrative of Sidi Brahim ben Mohammed el-Susi » et « The narrative of Sidi-Brahim Ben
Mohammed El-Messi El-Susi in the Berber language with interlineary version », Journal of the Royal
Asiatic Society, 1848, t. IV, no 18, p. 115-130, et no 19, p. 215-260).
25. Sur ces congrès, voir Pascale Rabault-Feuerhahn, « “Les grandes assises de l’orientalisme”. La question
interculturelle dans les congrès internationaux des orientalistes (1873-1912) », Revue germanique
internationale, 12, 2010, p. 47-67.
26. Sur Boulifa, voir la notice de Michèle Sellès dans François Pouillon, op. cit., p. 136-138.
27. Voir Léon Antoine, Colonisation, enseignement et éducation, Paris, L’Harmattan, 1991, p. 234.
28. « Notes de lexicographie berbère », Journal asiatique, 1883, p. 281-342.
29. Cours de langue kabyle. Grammaire et versions, Alger, Jourdan, 1887.
30. Manuel de langue kabyle (dialecte zouaoua), grammaire, bibliographie et lexique, Paris, Maisonneuve
& Larose/C. Leclerc, 1887.
31. Une 1re année de langue kabyle, dialecte zouaoua (1897) et Méthode de langue kabyle, cours de
deuxième année (1913). Le premier est un résumé des leçons qu’il fait aux élèves de la section spéciale de
l’école normale et aux débutants de l’école des Lettres : « vade-mecum » qui se veut d’un usage pratique, il
est divisé en 60 leçons comprenant chacune grammaire, vocabulaire et thème ou version. Le recueil de
textes qui constitue le cours de 2e année et qui est une description fine des coutumes kabyles du Djurdjura
reste jusque dans les années 1960 le principal manuel en usage pour l’étude du berbère en France et en
Algérie.
32. La Conversation française-kabyle, dialecte zouaoua en caractères latins contenant trois parties :
grammaire, vocabulaire, dialogues, Miliana, Legendre, 1893, 300 p.
33. Revue africaine, 1899, vol. XLIII, p. 17-33 et XLIV, p. 44-59.
34. Archives nationales de France, F 17/17638-17640.
35. Ibid.
36. Le Chaouïa de l’Aurès (dialecte de l’Ahmar-Khaddo). Étude grammaticale, Paris/Alger,
Leroux/Publications de la faculté des Lettres d’Alger, 1896. Gustave Mercier (1874-1953) est l’aîné des fils
d’Ernest Mercier, ancien interprète militaire devenu maire de Constantine.
37. Dictionnaire français-chaouïa (Qamūs rūmi-caui), Alger, Jourdan, 1906 ; Dictionnaire chaouïa-arabe-
kabyle-français, Alger, Jourdan, 1907.
38. Étude des dialectes berbères : grammaire complète de la langue mzabite, comparée dans ses parties
essentielles aux dialectes kabyle et tamachek’, Miliana, Legendre, 1898.
39. Dictionnaire français-touareg, dialecte des Taïtoq, suivi d’observations grammaticales, Paris,
E. Leroux, 1893.
40. Dictionnaire tamâheq-français, langue des Touareg et Dictionnaire français-tamâheq (langue des
Touaregs), contenant : 1o tous les mots de la langue française traduisibles en tamâheq soit directement,
soit par des phrases ; 2 o la traduction en tamâheq de tous ces mots, avec la prononciation figurée en
caractères français et en caractères tifinar’ ; 3 o les différentes acceptions des mots, avec de nombreux
exemples, dictons, proverbes, traits de mœurs des Imouhar’, etc. etc. ; 4 o l’indication du genre, du nombre
des noms, etc., Alger, Jourdan, 1894.
41. Rapport sur les études berbères et haoussa, 1902-1908, Alger, Jourdan, 1909. Ce rapport a été présenté
au XVe Congrès des orientalistes, à Copenhague.
42. Dictionnaire pratique tamâheq-français, langue des Touareg, Alger, Jourdan, 1900.
43. Dictionnaire français-tachelh’it et tamazir’t (dialectes berbères du Maroc), Paris, E. Leroux, 1907.
44. Grammaire, dialogues et dictionnaire touaregs (publiés par René Basset, revus et complétés par
Charles de Foucauld), Alger,
Ce site utilise Fontana,
des cookies1908.
et collecte des informations personnelles vous concernant.
Pour plus de précisions,
45. Edmond nous
Doutté, vousmission
« Une invitons à consulter
d’études notre»,
au Maroc politique de confidentialité
Renseignements (mise
coloniaux, 1901, no à8,jour le 25 juin 2018).
p. 161-178. Fermer
En poursuivant votre navigation, vous acceptez l'utilisation des cookies.
46. Archives berbères, 1917.

https://books.openedition.org/editionsbnf/266 11/13
5/16/2021 Manuels d’arabe d’hier et d’aujourd’hui - Les manuels de berbère publiés en France et en Algérie (xviiie-xxe siècle) : d’une production orientaliste à l’a…
47. Manuel de berbère marocain, dialecte chleuh, Paris, Guilmoto, 1914.
48. Cours de berbère marocain, dialecte du Sous, du Haut et de l’Anti-Atlas, Paris, Challamel, 1921,
rééd. 1926 ; Cours de berbère marocain, dialecte du Maroc central, Paris, Geuthner, 1924, rééd. 1929 et
1939.
49. Voir Claude Lefébure, « Edmond Destaing », dans François Pouillon, op. cit., p. 298-299.
50. Voir Claude Lefébure, « André Basset », ibid., p. 57-58.
51. Archives nationales d’Outre-Mer (ANOM), 4 i /86.
52. L’ouvrage a pu être réalisé grâce à l’appui d’André Picard, chargé depuis de longues années d’un cours
complémentaire de kabyle à la faculté de Médecine.
53. Notice « Dallet » dans Salem Chaker (dir.), Hommes et Femmes de Kabylie, La Calade, Édisud, 2001.
Salem Chaker a été professeur de linguistique berbère à l’INALCO entre 1989 et 2008.
54. Voir la recension publiée par Salem Chaker dans la ROMM (1976, n° 21, p. 187-190).
55. Les alphabets tifinagh, supposés dérivés de l’alphabet libyque, n’étaient plus usités que chez les
Touaregs (voir Dominique Casajus, « Déchiffrages… », art. cit.). Un alphabet dit néo-tifinagh a été créé par
la militante Académie berbère dans les années 1970 à Paris.
56. Tajerrumt n tmazight (tantala taqbaylit), Paris, Maspero, 1976.
57. Voir les actes du colloque international sur le libyco-berbère ou le tifinagh, qui s’est tenu du 21 au
24 mars 2007 à Alger sous le patronage du haut-commissariat à l’Amazighité et publiés par lui en 2007 à
Alger.

Auteur

Michèle Sellès

Michèle Sellès, chercheur associé au Centre


d’histoire sociale de l’Islam méditerranéen
(EHESS), travaille sur les représentations passées
et présentes de la Kabylie. Elle analyse les
pratiques de l’administration coloniale, l’action des
élites intermédiaires et la construction des savoirs
ethnographiques : « L’enquête et son double ou le
témoignage sans réserves d’Albert Camus, de
“Misère de la Kabylie” au Premier Homme » (dans
Alban Bensa et François Pouillon dir., Terrains
d’écrivains. Littérature et ethnographie,
Forcalquier, Anacharsis, 2012).
© Éditions de la Bibliothèque nationale de France, 2013

Conditions d’utilisation : http://www.openedition.org/6540

Référence électronique du chapitre


SELLÈS, Michèle. Les manuels de berbère publiés en France et en Algérie (XVIIIe-XXe siècle) : d’une
production orientaliste à l’affirmation d’une identité postcoloniale In : Manuels d’arabe d’hier et
d’aujourd’hui : France et Maghreb, XIXe-XXIe siècle [en ligne]. Paris : Éditions de la Bibliothèque nationale
de France,Ce site utilise des
2013 cookies etlecollecte
(généré 16 desmai
informations
2021).personnelles vous concernant.
Disponible sur Internet :
Pour plus de précisions, nous vous invitons à consulter notre politique
<http://books.openedition.org/editionsbnf/266>. ISBN de
: confidentialité (mise à jour
9782717725841. DOIle 25 juin
: 2018). Fermer
En poursuivant votre navigation, vous acceptez l'utilisation des cookies.
https://doi.org/10.4000/books.editionsbnf.266.

https://books.openedition.org/editionsbnf/266 12/13
5/16/2021 Manuels d’arabe d’hier et d’aujourd’hui - Les manuels de berbère publiés en France et en Algérie (xviiie-xxe siècle) : d’une production orientaliste à l’a…
Référence électronique du livre
LARZUL, Sylvette (dir.) ; MESSAOUDI, Alain (dir.). Manuels d’arabe d’hier et d’aujourd’hui : France et
Maghreb, XIXe-XXIe siècle. Nouvelle édition [en ligne]. Paris : Éditions de la Bibliothèque nationale de
France, 2013 (généré le 16 mai 2021). Disponible sur Internet :
<http://books.openedition.org/editionsbnf/233>. ISBN : 9782717725841. DOI :
https://doi.org/10.4000/books.editionsbnf.233.
Compatible avec Zotero

Ce site utilise des cookies et collecte des informations personnelles vous concernant.
Pour plus de précisions, nous vous invitons à consulter notre politique de confidentialité (mise à jour le 25 juin 2018).
Fermer
En poursuivant votre navigation, vous acceptez l'utilisation des cookies.

https://books.openedition.org/editionsbnf/266 13/13

Vous aimerez peut-être aussi