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BEMPE TI MISAROUSSE

DE LA

PSYCHOLOGIE

Toutes les notions essentielles


Toutes les grandes questions de la vie quotidienne

RARESS'E
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BE PÉRMMEAROUSSE
de la

PSYCHOLOGIE
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Préface du
docteur Sylvie Angel

conseiller scientifique
Corinne Antoine
psychologue clinicienne,
enseignante à l'Institut d'enseignement à distance
de la faculté de Paris-VIll.

SOS SE
Direction éditoriale
MICHEL GUILLEMOT
BETHSABÉE BLUMEL

Direction artistique
HENRI-FRANÇOIS SERRES-COUSINÉ

Conception graphique
OLIVIER CALDÉRON

Mise en pages
DOMINIQUE DuUBoIS ET DIDIER PUJOS

Fabrication
NICOLAS PERRIER
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avec la collaboration de
GILLES BARBIER

L'éditeur tient à remercier pour leur aide :


CAROLE BAT, ANTOINE CARON, ANNIE COTTET, MARC HORWITZ,
ANTOINE DE LA TAILLE, SATTANEH MALEKI.

© Larousse 2013 pour la présente édition


© Larousse 2008 pour la première édition

Toute reproduction ou représentation, intégrale ou partielle,


par quelque procédé que ce soit, du texte et/ou de la nomenclature contenus
dans le présent ouvrage, et qui sont la propriété d'éditeur, est strictement interdite.

ISBN :978-2-03-589087-0
Introduction

Les avancés du XX° et du XXI° siècle nous ont conduit à intégrer de


nouvelles connaissances tant sur le plan médical que sur le plan
psychologique.
Le développement de la psychologie, de la psychanalyse, des
thérapies systémiques,
des thérapies cognitives et comportementales,
enfin des différentes écoles thérapeutiques permet à chacun d’entre
nous de puiser dans ces sciences afin de disposer d'un bagage de
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connaissance plus large.


Au moment où notre durée de vie s’allonge,nous tentons de mieux
cerner les différents paramètres de notre histoire, d'investir des champs
affectifs, professionnels, relationnels et de trouver un sens à notre vie.
Nous essayons, à une période où les paramètres familiaux sont plus
difficiles (difficultés des couples, séparation précoce.….), de vivre mieux.
La montée de l’individualisme interpelle chacun : le culte de la
performance, l’'euphorie du bonheur sont alors mis en avant. Le
développement personnel prévaut au détriment d’autres choix et
parfois au détriment des valeurs familiales. Parallèlement, les gens sont
de plus en plus seuls, isolés.La solidarité, le champ relationnel diminue.
Les thérapeutes de l’âme (psychiatres, psychologues...) sont de plus
en plus sollicités pour aider les individus face à des difficultés
intérieures ou relationnelles.
Au moment où cette demande devient de plus en plus importante,
on est frappé par le paradoxe de la diminution des formations
psychiatriques : cette discipline qui répond à une demande plus
importante de la société a vu le nombre de ses praticiens se restreindre
au fil des années. À côté de la réponse à des troubles psycho-
pathologiques nécessitant une intervention précoce et parfois même
une hospitalisation, se trouve un accompagnement psychologique par
ces «thérapeutes de l'âme » qui permet, soit de façon régulière, soit de
façon ponctuelle, de répondre à des crises individuelles, conjugales
ou familiales.
Ils interviennent dans de nombreux champs de la santé mentale et
aussi dans les champs sociaux (école, travail). Loin de nous l'idée de
penser qu'il soit nécessaire qu'il y ait une « psychologisation » ou une
«psychiatrisation» de la société. Mais néanmoins, il faut se garder
d'intervenir trop tardivement dans des difficultés que l’on peut traiter
de façon précoce et parfois ponctuelle.
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L'image de la psychanalyse du début du XX: siècle donnait aux


individus des notions de contraintes importantes (cure psycha-
nalytique nécessitant 4 à 5 entretiens par semaine et ce, pendant
plusieurs années). Aujourd’hui, grâce à l'intégration des différents
modèles de psychologie et des sciences sociales, des outils existent
permettant des résolutions à différents niveaux et parfois des
interventions extrêmement efficaces et rapides. L'évolution de ce
savoir-faire a permis à de nombreuses personnes de consulter.
La prévention dans le champ de la santé mentale est une donnée
à développer dans les années futures.
Bien comprendre le développement de la personnalité, réparer les
blessures affectives précoces, apprendre à réfléchir et à se connaître
soi-même et prendre le temps de penser, voilà à quoi cet ouvrage est
destiné.

Docteur Sylvie Angel


Présentation

Ce Petit Larousse de la psychologie, qui couvre les domaines de la


psychologie, de la psychiatrie et de la psychanalyse, se veut être
un ouvrage de référence tout à la fois théorique et pratique en
parcourant de la manière la plus large possible ces trois disciplines.

Comme tout dictionnaire encyclopédique, il réunit des


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définitions, des développements encyclopédiques, des dossiers,


des biographies d'auteurs et de théoriciens.

Pour une consultation plus facile, il est organisé en trois parties :


La première est consacrée à l’histoire des disciplines ainsi qu'à
la vie et à l'œuvre des grands théoriciens.Le choix des biographies
retenues répond à plusieurs critères. On trouvera en effet les
« pères fondateurs » des disciplines des xix° et xx° siècles, des
auteurs qui ont innové dans leur domaine mais aussi quelques
auteurs contemporains majeurs.
La deuxième partie présente, à travers un ensemble d'une
soixantaine de dossiers classés alphabétiquement, les grandes
questions de la psychologie et de la psychanalyse appliquées à la
vie quotidienne : l’univers de l'adolescence, l'attachement, les
secrets de famille, le couple et la fidélité, mais aussi les TOC et les
phobies, la dépression, l'estime de soi,les personnalités difficiles.
Le lecteur trouvera également des dossiers sur les principales
psychopathologies : névroses, psychoses, schizophrénie.
La troisième partie rassemble les définitions d'environ 1 500
termes parmi les plus importants de la psychologie, de la
psychiatrie et de la psychanalyse. Certaines de ces définitions sont
prolongées par un développement encyclopédique qui ajoute
une explication théorique ou historique à la définition.

Ces trois parties sont complémentaires et un système de renvois


incite à la circulation du lecteur à travers l'ouvrage. Ces renvois
sont signalés par une flèche ©.
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Collaborateurs
Certains des textes de cet ouvrage sont extraits des ouvrages
suivants : Dictionnaire fondamentaldepsychologie (sous la direc-
tion de Henriette Bloch, Éric Dépret, Alain Gallo, Philippe Garnier,
Marie-Dominique Gineste, Pierre Leconte, Jean-François Le Ny,
Jacques Postel, Maurice Reuchlin et Didier Casalis), Mieux vivre,
mode d'emploi (sous la direction de Sylvie Angel), Grand Dic-
tionnaire de la psychologie (sous la direction de Henriette Bloch,
Roland Chemama, Éric Dépret, Alain Gallo, Pierre Leconte, Jean-
François Le Ny, Jacques Postel, Maurice Reuchlin), Larousse médi-
cal (sous la direction de Yves Morin), auxquels ont collaboré :
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Mélinée Agathon, hôpitaux de Paris, service


ancienne chargée de recherche hospitalo-universitaire de
au CNRS, psychothérapeute santé mentale et thérapie
comportementaliste. comportementale du centre
hospitalier Sainte-Anne.
Éric Albert,
psychiatre à l'Institut français Pierre Angel,
de l'anxiété et du stress (IFAS). professeur des universités, psy-
N'obéissez plus !, Éditions chiatre des hôpitaux, directeur
d'organisation, 2001 ;l’Anxiété général du Centre Monceau
au quotidien (en coll.), Odile (Paris), directeur scientifique
Jacob, 1999 ; Comment devenir de Pluralis. Guérir les souffrances
un bon stressé : le stress au familiales (sous la direction de
travail, Odile Jacob, 1994. P Angel et Ph.Mazet), PUF,
2004 ; Toxicomanies (avec
Isabelle Amado-Boccara, D. Richard et M.Valleur),
interne en psychiatrie des Masson, 2000 ; Comment bien

VII
choisir son psy ? (avec S. Angel), cienne,enseignante à l'Institut
Robert Laffont, 1999. d'enseignement à distance de la
faculté de Paris-VIIl.A collaboré à
Sylvie Angel, Vous et votre grossesse, Larousse,
docteur en psychiatrie, aexercé 2004 ; Guérir les souffrances fami-
ses activités dans les champs liales, PUF, 2004 et Pratiquer la
de la pédopsychiatrie,
du traite- psychologie clinique aujourd'hui,
ment des toxicomanies et de la Dunod, 2004 ; La Révolution in-
thérapie familiale. Créatrice térieure, coll. « L'Univers psycho-
(1980), puis directeur médical logique » Larousse, 2007.
du Centre de thérapie familiale
Monceau, cofondatrice (1993), Françoise Askevis-Leherpeux,
puis vice-présidente (jusqu'en maître de conférences
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1999) de la Société française de à l'université de Paris-V.


thérapie familiale de Paris,
directrice de la collection « Ré- Marie-Frédérique Bacqué,
ponses » aux éditions Robert docteur en psychologie, pro-
Laffont, elle a publié, entre fesseur de psychopathologie à
autres, outre de nombreux ar- l'université Louis-Pasteur de
ticles scientifiques, /a Poudre et Strasbourg, vice-présidente de
la fumée. Les toxicomanes : pré- la Société de thanatologie.Le
venir et soigner (1987,en coll. Deuil à vivre, Odile Jacob),
avec P. Angel et M.Horwitz), Des 1992,; Deuil et santé, Odile Ja-
frères et des sœurs. Les liens com- cob, 1997 ; Mourir aujourd'hui,
plexes de la fraternité (1996) et Odile Jacob, 1997 ;Apprivoiser
Comment bien choisir son psy la mort, Odile Jacob, 2003 ; L'Un
(1999, en coll.avec P. Angel). sans l'autre, « L'Univers psycho-
logique » Larousse, 2007.
Corinne Antoine,
docteur en sciences de la vie et Gabriel Balbo,
de la santé, psychologue clini- psychanalyste, membre

VI
de l'Association freudienne Henriette Bloch,
internationale. directeur honoraire à l'École
pratique des hautes études,
Laurence Bardin, CNRS, laboratoire de psycho-
maître de conférences à Paris- biologie du développement.
V.

Mireille Bonnard,
Jean-Léon Beauvois, chargée de recherche au CNRS.
ancien professeur de psycholo-
gie sociale, université de Claude Bonnet,
Nice-Sophia-Antipolis. professeur de psychologie à
l'université Louis-Pasteur de
Jean-Paul Bertrand, Strasbourg.
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formateur en relations hu-


maines, intervenant en entre- Marie-Claire Botte,
prises, Paris. directeur de recherche au CNRS.

Odile de Bethman, Richard Bourhis,


docteur en médecine, service Ph.D, professeur à l’université
de néonatalogjie, clinique de du Québec, Montréal, départe-
Port-Royal (Paris). ment de psychologie.

Guy Beugnon, Bénédicte


directeur de recherche au de Boysson-Bardies,
CNRS, laboratoire d'éthologie ancien directeur de recherche
et de cognition animale, univer- au CNRS.
sité de Toulouse-lil.
Alain Braconnier,
Chantal Blain-Lacau, psychanalyste, psychiatre des
orthoptiste, docteur en psy- hôpitaux, Paris. Mère et fils, Odile
chologie. Jacob, 2005 ; Adolescence et

IX
psychopathologie (en coll.avec (psychologie expérimentale et
D. Marcelli), Masson, 1999 ; développementale).
Guide de l'adolescence, Odile
acob, 1999 ;Abrégé de psycholo- Felice Carugati,
gie dynamique et psychanalyse, professeur de psychologie so-
Masson, 1998. ciale à l’université de Bologne
(Italie).
Jean-Claude Cadieu,
enseignant agrégé en sciences Séverine Casalis,
naturelles, collège Émile-Zola, maître de conférences de
Toulouse. psychologie à l’université
Charles-de-Gaulle, Lille-ll.
Nicole Cadieu,
Jean-Paul Caverni,
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chargée de recherche au CNRS,


détachée, laboratoire d'étholo- directeur de recherche au
gie et de cognition animale, CNRS, professeur à l'université
université de Toulouse-lll. d'Aix-Marseille-I.

Mireille Campan, Raphaël Chalmeau,


directeur de recherche au CNRS, docteur de l'université
laboratoire d'éthologie et de Paul-Sabatier, laboratoire
cognition animale, université de neurobiologie
de Toulouse-Ill, et comportement, université
de Toulouse-|l.
Raymond Campan,
ancien professeur, laboratoire Georges Chapouthier,
d'éthologie et de cognition ani- directeur de recherche au
male, université de Toulouse-il. CNRS, laboratoire
Vulnérabilité, adaptation
Isabelle Carchon, et psychopathologie,
docteur en psychologie hôpital de la Salpétrière.

X
Michel Charolles, Véronique Cohier-Rahban,
professeur de linguistique, psychologue clinicienne dans
université de Paris. la thérapie parents-enfants
et la thérapie de couple, centre
Sylvie Chokron, Pluralis, Paris.
chargée de recherche au CNRS,
laboratoire de psychologie et Claire Colombier,
neurocognition, Grenoble, psychanalyste.
service de neurologie,
Fondation Rotschild, Paris. Jean-Marie Coquery,
professeur de psycho-
Richard Clément, physiologie à l'université
Ph.D, professeur titulaire, des sciences et techniques de
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directeur et doyen associé, Flandres-Artois (Lille-l).


École de psychologie,
université d'Ottawa (Canada). Jean-Michel Cruanes,
psychiatre à la clinique
Stéphane Clerget, Yveline, Vieille-Église-en-
pédopsychiatre, praticien Yvelines.
hospitalier, Paris. Se séparer
sans que les enfants trinquent, Boris Cyrulnik,
Albin Michel, 2004 ; psychiatre, éthologue,
Nos enfants aussi ont un sexe, directeur d'enseignement à
Robert Laffont, 2001 ; l’université de Toulon-Var.
Adolescents, la crise nécessaire, Parler d'amour au bord
Fayard, 2000 ; Ne sois pas triste du gouffre, Odile Jacob, 2004 ;
mon enfant. Comprendre les Vilains Petits Canards, Odile
et soigner la dépression Jacob, 2001 ; Un merveilleux
au cours des premières maïheur, Odile Jacob, 1999 ;
années de la vie, Robert Laffont, les Nourritures affectives, Odile
119927 Jacob, 1993.

XI
Jean-Pierre Deconchy, Éric Dépret,
ancien professeur à l'université Ph.D. de l'université de Massa-
de Paris-X, directeur du labora- chussetts, maître de confé-
toire de psychologie sociale rences en psychologie sociale à
de Paris-X. l’université de Grenoble-Il.

Anne-Marie de La Haye, Jean-Claude Deschamps,


chargée de recherche au CNRS docteur en psychologie sociale,
(université de Paris-V). professeur à l'Institut des sciences
sociales et pédagogiques de
Geneviève l’université de Lausanne.
Delaisi de Parseval,
psychanalyste, ex-attachée Jean-Pierre Di Giacomo,
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à la maternité de l'hôpital professeur de psychologie


Saint-Antoine, Paris. sociale à l'université de
L'Art d'accommoder les bébés, Charles-de-Gaulle, Lille-lil.
Odile Jacob, 2000 ;
la Part du père, Seuil, 1998 ; /a Willem Doise,
Part de la mère, Odile Jacob), professeur de psychologie
1997. sociale à l'université
de Genève (Suisse).
Florian Delmas,
maître de conférences en psy- Lise Dubé,
chologie sociale, université Ph.D, professeur titulaire de
Pierre-Mendès-France, psychologie sociale, université
Grenoble-Il. de Montréal (Canada).

Michel Denis, Nicole Dubois,


directeur de recherche au CNRS, docteur ès lettres et sciences hur-
LIMSI, université de Paris-Sud, maines, professeur de psycholo-
Orsay. gie à l’université de Nancy-I.

XII
Eugène Enriquez, médecin chef de la Fondation
professeur de sociologie Vallée (Gentilly).
et directeur de la formation
doctorale de sociologie à l'UFR Cécile Fiette,
des sciences sociales psychologue clinicienne, psy-
à l’université de Paris-Vil. chanalyste.

Pierre Eyguesier, Tristan Fouilliaron,


psychanalyste. psychanalyste.

Jacqueline Fagard, Alain Gallo,


directeur de recherche au ancien maître de conférences,
CNRS, unité UMR, laboratoire laboratoire de neurobiologie
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cognition et développement, du comportement, CNRS, uni-


Boulogne-Billancourt. versité de Toulouse-lll.

Florent Farges, Philippe Garnier,


docteur en psychologie, psychiatre, psychanalyste.
psychiatre, chargé de cours à
l’université de Paris-VIII. Fabienne de Gaulejac,
Approche communautaire des allocataire MRT, chargée de cours,
toxicomanies, PUF, 1998. laboratoire d'éthologie et de co-
gnition animale de Toulouse-lil.
Michel Fayol,
professeur de psychologie Jean-Yves Gautier,
à l’université Blaise-Pascal- professeur, laboratoire d'étho-
Clermont-Il. logie de l’université de Rennes.

Pierre Ferrari, Christian George,


professeur de psychiatrie infan= h professeur de psychologie gé-
tile à l'université de Paris-Sudl, nérale à l’université de Paris-VIII.

XIII
Bernard Geberowicz, Josiane Hamers,
ancien psychiatre des hôpi- professeur au département
taux, corédacteur en chef de la de langues et linguistique,
revue Générations. Heurs et université Laval (Canada).

malheurs de la vie familiale,


Syros, 1994. Yvette Hatwell,
professeur émérite de psycho-
Jacques Gervet, logie expérimentale, université
ancien directeur de recherche, de sciences sociales de Pierre-
CNRS, laboratoire d'éthologie Mendès-France, Grenoble-Il.
et de cognition animale de
Toulouse-l|l. André Holley,
professeur à l'université
Rodolphe Ghiglione,
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Claude-Bernard, Lyon.
professeur de psychologie
sociale à l’université de Paris- Marc Horwitz,
VII. journaliste en santé publique,
conseiller de la rédaction du
Marie-Dominique Gineste Journal du sida et de la démocra-
maître de conférences HDR tie sanitaire, chargé d'enseigne-
à l'université de Paris-Nord ment à Paris-VI.« Voyage au
(Villetaneuse). bout de la vie», série documen-
taire, TF1, 1986. Auteur de Cou-
Emmanuel Guiliano, rants et pratiques psy, «Univers
psychologue en gérontologie, psychologique », Larousse, 2007.
hôpital Bretonneau (AP-HP),
chargé d'enseignement à l’uni- Pascal Huguet,
versité de Paris-V. chargé de recherche au CNRS
(laboratoire de psychologie
Jacqueline Guy-Heinemann, sociale de la cognition),à l’uni-
psychanalyste. versité Blaise-Pascal-Clermont II.

XIV
Marie-Claude Hurtig, Éric Lainey,
ancienne chargée de recherche psychiatre, spécialiste des
au CNRS, université troubles du sommeil, médecin
de Provence, Aix-en-Provence. consultant à l'hôpital européen
Georges-Pompidou, Paris.
Tomas Ibañez,
professeur de psychologie Claire Lambert,
sociale à l'université autonome docteur en psychologie.
de Barcelone (Espagne).
Alain Lancry,
Zorica Jeremic, docteur en psychologie, profes-
psychologue thérapeute seur de psychologie du travail à
familiale, Centre Monceau l'université de Picardie, Amiens.
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(Paris), Malakoff. Auteur de Ja


Famille en héritage, « Univers Anne-Solenn Le Bihan,
psy», Larousse, 2008. psychologue clinicienne
et thérapeute familiale au
François Jouen, Centre Monceau et à l'hôpital
directeur à l'École pratique Albert-Chenevier (AP-HP).
des hautes études, laboratoire
de psychobiologie Jean-Pierre Lecanuet,
du développement. directeur de recherche au
CNRS, unité UMR, et développe-
Robert-Vincent Joule, ment, Boulogne-Billancourt.
docteur ès lettres et sciences
humaines, professeur de Maryvonne Leclère,
psychologie sociale à l'université membre de l'Association
de Provence, Aix-en-Provence. française de thérapies
cognitives et
Michèle Kail, comportementales, enseigne à
directeur de recherche au CNRS. l'Institut d'enseignement à

XV
distance de l’université Paris-VIll, Jean-François Le Ny,
attachée aux hôpitaux de Paris, professeur émérite à l’univer-
auteur des Rituels de l'angoisse, « sité de Paris-Sud, Orsay.
L'Univers psychologique »,
Larousse, 2008. Gilles Le Pape,
maître de conférences,
Pierre Lecocq, laboratoire d'éthologie de
ancien professeur de psycho- l’université de Tours.
logie cognitive, université de
Lille-li. Jean-Claude Lepecq,
chargé de recherche au CNRS,
Pierre Leconte, unité de psychophysiologie
professeur de psychologie cognitive, la Salpêtrière, LENA.
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à l'université de Toulouse-Il.
Marie-Louise Le Rouzo,
Roger Lécuyer, maître de conférences de
professeur à l'université psychologie à l'université de
de Paris-V, laboratoire de Paris-X, Nanterre.
cognition et de psychologie
du développement,
CNRS. Dominique Le Vaguerèse,
psychanalyste.
Rozenn Le Duault
psychanalyste, membre de Jacques-Philippe Leyens,
l'Association freudienne inter- professeur de psychologie so-
nationale. ciale à l'université catholique
de Louvain, Louvain-la-Neuve,
Jacques Léna, Belgique.
ancien interne des hôpitaux de
Paris, attaché aux hôpitaux Caroline Louart-Devernay,
Necker-enfants malades et psychologue et conseillère
Sainte-Anne, Paris. d'orientation.

XVI
Fabio Lorenzi-Cioldi, Jean Médioni,
maître d'enseignement et de re- professeur, CNRS, laboratoire
cherche à la faculté des sciences d'éthologie et de psychologie
économiques et sociales, uni- animale de Toulouse-lil.
versité de Genève, Suisse.
Philippe Meirieu,
Pierre Marcie, professeur des universités en
chargé de recherche à l'INSERM. sciences de l'éducation, direc-
teur de l'IUFM de l'Académie
José Marques, de Lyon. La Machine-école,
professeur à l’université de Porto. Gallimard, 2001 ; Des enfants
et des hommes, ESF Éditeur,
Daniel Martins, 1999 ;l'École ou la guerre civile,
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professeur de psychologie à Plon, 1998.


l'université de Paris-X, Nanterre.
Daniel Mellier,
Benjamin Matalon, directeur du laboratoire de psy-
ancien professeur à l’université chologie et neurosciences de la
de Paris-VIIl. cognition, université de Rouen.

Arnaud Marty-Lavauzelle (+), Patrick Mollaret,


psychiatre, thérapeute familial, maître de conférences en
médiateur de Santé psychologie, université de
internationale. Les Salons Reims.

de Marie, Anne Carrière, 1985.


Jean-Marc Monteil,
Laurence Massé, ancien professeur de
maître de conférences en psy- psychologie sociale à l'univer-
chologie clinique et patholo- sité Blaise-Pascal-Clermont Il,
gique à l’université de Paris- recteur de l'académie
VIIL. | de Provence.

XVII
Françoise Morange, chologie sociale à l'université
docteur en biologie, maître de Paris-X, Nanterre.

de conférence à l’université
de Paris- VIII, École pratique Jean Pailhous,
des hautes études, laboratoire directeur de recherche au
de psychobiologie CNRS (Marseille).
du développement.
Luc Passera,
Gabriel Mugny, professeur émérite, laboratoire
professeur ordinaire à l'univer- d'éthologie et de cognition
sité de Genève, coéditeur du animale, CNRS, université
Swiss Journal of Psychologie de Toulouse-lll.
(Suisse).
Marie-Germaine Pêcheux,
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Catherine Musa, directeur de recherche


enseignante à l'université René- au CNRS, laboratoire cognition
Descartes, Paris-V, consultante et développement, Boulogne-
en psychothérapie comporte- Billancourt.
mentale et cognitive (hôpital
Sainte-Anne, Paris). Guido Peeters,
maître de recherche du
Jacqueline Nadel, Fonds de la recherche scienti-
docteur d'État ès lettres et fique (FWO-Vlaanderen)
sciences humaines, directeur de [Belgique] et professeur à l'uni-
recherche au CNRS, laboratoire versité de Louvain
vulnérabilité, adaptation et psy- (K.U. Leuwen).
chopathologie, hôpital de la
Salpêtrière. Juan Antonio Pérez,
professeur de psychologie
Dominique Oberlé, sociale à l’université de Valencia
maître de conférences de psy- (Espagne).

XVIII
Anne-Nelly Perret-Clermont, Joëlle Provasi,
professeur à l'université de maître de conférences à l'EPHE,
Neuchâtel (Suisse), directeur du laboratoire de psychobiologie
séminaire de psychologie. du développement.

Gilberte Piéraut-Le Bonniec, Jacques Py,


ancien directeur de recherche professeur de psychologie so-
au CNRS, laboratoire de ciale à l’université de Paris-VIII.
psychobiologie du développe-
ment, EPHE-CNRS, Paris. Yvon Queinnec,
professeur, directeur du labora-
Michel Piolat, toire travail et cognition, univer-
maître de conférences à l’univer- sité de Toulouse-Le Mirail.
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sité de Provence, Aix-en-Provence.


François Rastier,
Marie-France Poirier-Littré, directeur de recherche au
CRI-INSERM, hôpital Sainte- CNRS (Institut de langue fran-
Anne. çaise).

Jacques Postel, Stephen David Reicher,


ancien médecin chef du professeur à l'université Saint
centre hospitalier Sainte-Anne, Andrews (Écosse).
ancien professeur associé de
psychologie clinique à l'uni- Maurice Reuchlin,
versité de Paris-VIl. professeur honoraire de psy-
chologie différentielle de l'uni-
Viviane Pouthas, versité de Paris-V.
directeur de recherche au
CNRS, unité de psychophysio- Jean-François Richard,
logie cognitive, la Salpé- professeur émérite de psycho-
trière. logie à l’université de Paris-Vill.

XIX
John Rijsman, Jacques Salomé,
professeur de psychologie so- diplômé en psychiatrie sociale
ciale à l'université de Tilburg de l'EHESS, psychosociologue,
(Pays-Bas). formateur en relations hu-
maines, écrivain.Le Courage
Bernard Rimé, d'être soi, Pocket, 2001 ; Pour ne
professeur de psychologie plus vivre sur la planète TAIRE,
expérimentale à l'université Albin Michel, 1999 ;Jamais seul
de Louvain, Louvain-la-Neuve ensemble, Éditions
(Belgique). de l'Homme, 1995.

Hector Rodriguez-Tomé, Patrick Salvain,


directeur de recherche au CNRS. psychanalyste.
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Michel-Louis Rouquette, Alain Savoyant,


professeur à l’université chargé de recherche au CNRS.
de Paris-VIIl.
Benoît Schaal,
Jean-Claude Roy, docteur en neurosciences, di-
professeur de psychophysiolo- recteur de recherche au CNRS,
gie à l’université de Lille-l. Institut du Goût de Dijon.

Gérard Salem, Georges Schadron,


maître d'enseignement et de maître de conférences au dé-
recherche, FMH psychiatrie et partement de psychologie de
psychothérapie, Lausanne, l'université catholique de Lille,
Suisse. professeur associé à l’université.
L'Approche thérapeutique de la
famille, Masson, 2001 ; Gérard Schmaltz
Soigner
par l'hypnose, Masson, maître de conférences de psycho-
2001. physiologie, université de Lille-I.

XX
Scania de Schonen, CNRS, Centre de recherche en
directeur de recherche au biologie du comportement,
CNRS, docteur ès lettres et université de Toulouse-Ill.
sciences humaines.

Serge Tisseron,
Xavier Seron, psychiatre et psychanalyste,
professeur à l’université catho- Paris. La Télé en famille, oui !,
lique de Louvain, faculté de psy- Bayard, 2004 ; Nos secrets de
chologie, unité de neuropsy- famille, histoire et mode d'em-
chologie cognitive (Belgique). ploi, Ramsay, 1999 ; La Honte,
psychanalyse d'un lien social,
Victor Simon, Dunod, 1992 ; Tintin et les
médecin spécialiste des mala- secrets de famille, Aubier, 1990.
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dies de l'appareil digestif et de


la nutrition et des maladies psy- Stanislaw Tomkiewicz(t),
chosomatiques ; traitement des pédiatre et psychiatre, ancien
maladies psychosomatiques directeur de l'INSERM.
par hypnose ericksonienne et L'Adolescence volée, Calmann-
thérapie brève stratégique, Pa- Lévy, 1999.
ris et Lille. Du bon usage de
l'hypnose, Robert Laffont, 2000. Gilles-Marie Valet,
pédopsychiatre, praticien
Liliane Sprenger-Charolles, hospitalier, Pontoise. Auteur
directeur de recherche au CNRS. de l’Âge de raison, « L'Univers
psychologique », Larousse,
Jean-Pierre Suzzoni, 2007.
professeur d'écologie terrestre
de Toulouse. Denis Vallée,
psychiatre, thérapeute familial
Bernard Thon, au Centre Monceau
chargé de recherche (CR1), et à Montrouge.

XXI
Serge Vallon, à l'université René-Descartes,
directeur en psychologie, chargé Paris-V, ancien directeur de

de cours à l’université de Tou- recherche en psychologie


louse-Le Mirail, psychanalyste. du développement.

Michel Vancassel, Régine Waintrater,


directeur de recherche,CNRS, psychanalyste, thérapeute
laboratoire d'éthologie, Rennes. familiale, maître de conférences
à l'université de Poitiers.

Françoise Van Duüren,


maître de conférences à l'uni- Dominique Weil,
versité de Lille-Il. docteur ès lettres, maître de
conférences à l’université de
Jacques Vauclair,
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Strasbourg-l.
directeur de recherche au
CNRS, professeur à l'université Vincent Yzerbt,
d’Aix-Marseille-. professeur à l'université
catholique de Louvain, unité
Pierre Vermersch, de psychologie sociale,
psychologue, chercheur au Louvain-la-Neuve (Belgique).
CNRS.
Tania Zittoun,
Éliane Vurpillot, chercheur en psychologie à
docteur d'État, professeur ho- l'université de Neuchâtel
noraire de psychologie (Suisse).

XXII
Sommaire

! INTRODUCTION : HISTOIRES ET THÉORICIENS

rs toire Hé DS VOIES ee a NAME tt 2. À


Histoire de la psychologigagt.ns lea (fr anses 16
Histoire dé la psychanalyse... 14144 date Pi te: 2h ans. 26
ES grands théoriciens, | tale
As briéts 33

‘1 LES GRANDES QUESTIONS DE LA VIE QUOTIDIENNE,


LES PRINCIPALES PSYCHOPATHOLOGIES
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Auditions (les) Florent ages RE ds


cu en A 90
Adolescence M} en RE A nt stncinenatétsc 93
Adolescents (les conduites à risque des) Pierre Angel ...... …. 101
Adopter un enfant Stéphane Clerget ..............,:.,,,44, 106
Adulte (Fâgel Zoricaléremie LARMES NS tal-anis 114
AoressNite(t re RE NE ER ot lb alenibhen son 121
Afrhéimer(lafmaladie d) 20... 314 aroucce-Llette 127
Amitié (ll) Jean-Paul BelONG . sense onee eme eres UE I0D 135
Arnour (1) BOrIS CYrGINIR Us. LRO ROUE Msn 142
Anorexie et boulimie Corinne Antoine........................ 149
Attachement(l}BOrNSICyTUInIER 20,
0 0e se A Praha 158
AU Tie te Le CL A A RL. 168
Couple (le Den Ole a 470
Couple homo (le) Arnaud Marty-Lavauzelle .....,...,...,...., 189
Dépendance aux « drogues » (la) Florent Farges................ 193
Dépresbniale rer Rats RE ER 203
Dessin d'enfant RME dE | 21210
Deuil (le) Marie-Frédérique Bacqué. .:...........,..,,.....4.. 226
Éducation et rôle des parents Philippe Mérieu ................. 233
Emotions féminines, émotions masculines A/ain Braconnier. …. 243
Enfant 11) CORBNE ANTOINE 251
Enfant (l'arrivée du premier) Véronique Cohier-Rahban . …...….. 263
Enfant (désir et non-désir d’) Geneviève Delaisi de Parseval...…. 275
Enfant différent (avoir un) Jacques Léna....................... 282
Enfant en difficulté
d'apprentissage (|) Caroline Louart-Devernay................. 239
Estime de soi (|) Catherine Musa. : ANIOMRENNNPRRNNE 291
Fidélité et infidélité Sylvie Angel..........................,.. 306
Fin de vie, accompagnement
et soins palliatifs Marc Horwitz.5:.....:,.2.:2.44,442.48 311
Frères et sœurs (entre) Sylvie Angel.....:.................4..., 320
Générations précédentes
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(les liens avec les) Marc Horwitz...................,.......,. 327


Grands-parents
et petits-enfants Anne-Solenn Le Bihan ..............,...,.... 333
Graphologie’ la sun sb supitéantha aan 341
Grossesse (la) Véronique Cohier-Rahban ..........,.......... 345
Haine (la) Bernard Geberowiez.….…. WeOR nl 356
Hypnose médicale (1) Victor Simon .......,...,,.,,..,...,.... 363
Hystérie (l'hissunesrinnnasuninnnnsns CORRE 373
Juger l'autre,
comment, sur quels critères ? ............. no bb: Ps ti da 378
Maladie psychique d'un proche
(facenla) Régine a intYatert.. . INTNEOME
PR Re 388
Malheur.. (quand on fait
SON DIODES MIN NRA 400
NEVTOSSUAIER, LU La ee RE 407
Nouveau-né (interactions avec le) Boris Cyrulnik.….............. 415
Paranoïa (als
en Baht
Lorna nt agence 424
Parent (devenir) Véronique Cohier-Rahban.................... 430
Personnalités difficiles (les) Catherine Musa ................... 443

æ

XXIV
Psychanalytique
(le courant) Pierre Angel, Laurence Massé ...................... 450
PSYENOSE (la RE ue du ne 457
Psychose maniaco-dépressive (la) 465
Psychothérapie
(suivre une) Pierre Angel, Laurence Massé..........,..,,....... 478
Résilience et aptitude
au bonheur Stanislas Tomkiewicz, Sylvie Angel................. 496
Schizophrénie (al PARLE
NT DA OR rer 504
Secrets de famille Serge Tisseron ...............,.............. 520
Sexualité (la) CormneAntomes. at EEE 528
Sexualité (les troubles de la) Corinne Antoine. ................. 535
Sohtode (ln) AC OUE SAONMENE RE RENE NE NE 543
Sommet (let ÉTÉ He SR TE A ART R te use: 558
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Sommeil (les troubles du) Éric Lainey.................,........ 566


Stérilité et
ses palliatifs (la) Geneviève Delaisi de Parseval .........,.,..... 573
Stresvet arniété A IDer UN AN ANSE. 580
Suicide lle) lorentiaes MR Len ittroee 588
Systémique (le courant) Pierre il Laurence Massé.......... 595
Thérapies brèves lles)VGror Simon. 2.4.4 nn he DER 602
Thérapies cognitives
et comportementales (les) Maryvonne Leclère......... …. 611
TOC'et phobies Maryvonne Leclèré......,2.,0.., 4880 622
Troubles ancrés dans l'enfance ?
(desole Marie lol Re RME Mer D Re ee 630
Vieillesse (la) Marc Horwitz, Emmanuel Guiliano............... 637

111 GLOSSAIRE DES TERMES ESSENTIELS... 647


EN PSYCHOLOGIE, PSYCHIATRIE, PSYCHANALYSE

BIBLIOGRAPHIE GÉNÉRALE 929

XXV
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1
Den
se
PEN
“sons
dos
PARTIE 1

Histoires
et
théoriciens
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Histoire de la

Psychiatrie 22,2
Histoire de la

Psychologie ....... 16
Histoire de la

Psychanalyse . . ... pa
Les grands
Théoriciens . ...... 223
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a psychiatrie, la psychologie et la psychanalyse
permettent une meilleure compréhension
des troubles psychiques de l'être humain.
Depuis quelques années, les professionnels
de ces trois disciplines expriment le souhait
que tous les nouveaux domaines soient explorés
de façon conjointe.

Il y a, par exemple, aujourd'hui une ouverture


de la psychiatrie à la psychanalyse,à la psychologie,
aux sciences cognitives et comportementales ainsi
qu'à la dimension biologique de l'être humain.

De plus en plus de praticiens insistent sur la nécessaire


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dimension pluridisciplinaire. Restant dans cette tradition


et s'inspirant de cette ouverture d'esprit, ce dictionnaire
apporte une réflexion commune en considérant de façon
globale ces trois approches différentes.

L'évolution des pensées et prises en charge autour


de la souffrance humaine permet le développement
d’un travail en réseau qui amène la confrontation
des points de vue des différentes disciplines.

Ainsi, à travers cet ouvrage collectif, il sera possible


d'accéder à différents modes d'approches de la souffrance
psychique et d'élargir ainsi la vision souvent réductrice
de la maladie et de sa prise en charge.
Histoire de la psychiatrie
La psychiatrie a accompli des progrès
considérables grâce à une meilleure
connaissance du fonctionnement
neurologique et psychique.Mais ce serait
une illusion de croire que son efficacité
thérapeutique ne relève désormais
que de la valorisation automatique
des avancées des neurosciences
et de la psychopharmacologie. Confrontée
à certaines des formes les plus complexes
de la réalité humaine, la psychiatrie
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doit en effet s'interdire tout point de vue


réducteur, préserver sa capacité à intégrer
les apports d'autres approches
de cette réalité, et surtout s'imposer
une éthique sans faille. Et ce d'autant plus
que son rôle social va s’affermissant ;
plus la société est éclairée, plus elle s'estime
tenue d'assurer aux « malades mentaux »
une chance de guérison et de réintégration,
plus aussi elle risque, éventuellement,
de composer trop aisément avec ce qu'elle
peut avoir en elle-même de pathogène
et de se défausser de ses propres
responsabilités sur la compétence reconnue
aux spécialistes.
La naissance
de la psychiatrie
La psychiatrie se constitue comme pratique et
institution spécifiques à la fin du xvui° siècle, en
Grande-Bretagne, en Italie, en France surtout, avec
P. Pinel à Paris (hôpital Bicêtre puis hôpital de la Sal-
pêtrière). Homme de progrès, imprégné de l'idéal
nouveau de respect des droits de l’homme, sou-
cieux, selon les conceptions du groupe des idéo-
logues auquel il se rattache, d'écarter tout préjugé
de l'analyse de l'esprit humain à laquelle il
s'’adonne, Pinel définit et impose une attitude ra-
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dicalement nouvelle à l'égard des «insensés », à


qui antérieurement étaient refusés tout statut per-
sonnel et toute communication. L'hôpital n'est plus
un lieu de renfermement et d'exclusion, mais un
lieu d'isolement du monde extérieur et de ren-
contre entre le « déraisonnable » et le médecin.
Celui-ci pourra instituer entre lui et le malade un
rapport soignant, appelé le «traitement moral ». Il
s'agit d'une psychothérapie rationnelle de la folie,
fondée sur la bienveillance, la douceur et la per-
suasion, préconisée et appliquée également par
W.Tuke en Grande-Bretagne. Cette attitude repose
sur l’idée que la folie n'est pas une perte de la rai-
son, mais un dérangement de l'esprit,
qui laisse sub-
sister la raison, bien que vacillante. Plus tard, après
1830, sous la pression sociale, l'isolement se trans-
forme en retrait imposé au malade et en enferme-
ment destiné à « protéger » la société.
= La psychiatrie
au xx siècle
e La psychiatrie dévie du projet de Pinel et se construit
sur le modèle de la médecine de l'époque. Elle se
met à la recherche d'entités anatomo-cliniques
@ pour « définir » le malade, qu'on appelle «aliéné »,
c'est-à-dire étranger à lui-même et aux autres. Des
notions comme celles d'hérédité, de dégénéres-
cence, de constitution sont utilisées, à défaut de
mise en évidence de lésions indiscutables. Les
principales rubriques de la nosographie psychia-
trique actuelle se sont constituées à partir de ces a
priori. Cette médicalisation de la folie a aussi des
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conséquences pratiques sur la vie même du


malade: mesures d'assistance et de protection,
définition de l'incapacité civile,
de l'irresponsabilité
pénale, placement d'office, dans les asiles créés à
cet effet, des individus jugés dangereux pour
eux-mêmes ou pour autrui, placement volontaire
sur demande de l'entourage du malade ou de sa
famille (loi du 30juin 1838).

La révolution
psychanalytique
En découvrant l'inconscient et en affirmant que
tout symptôme a un sens, S. Freud révolutionne la
psychiatrie classique, et le point de vue organiciste
perd de son importance au profit de conceptions
psychogénétiques. Cependant, la psychanalyse
reste en marge des pratiques psychiatriques, qui,
centrées sur l'asile, disposent de très peu de moyens
thérapeutiques : isolement, bains et douches,
quelques sédatifs non spécifiques. Les principales
thérapeutiques de choc (électrochocs, insulino-
thérapie) font leur apparition vers 1930. Ce n'est
qu'avec la psychothérapie institutionnelle,
dans les
années 1950, que la psychanalyse fait son entrée
dans l'hôpital. Mais l'impact freudien, puis lacanien
en France, marquera profondément la psychiatrie ;et
la théorie psychanalytique garde une place prépon-
dérante dans l'étude psychopathologique des mala-
dies mentales, même si on croit moins qu'autrefois
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à l'efficacité thérapeutique de la psychanalyse.

La classification
des troubles mentaux
C'est en 1952 que paraît pour la première fois le
DSM (Diagnostic and Statistical Manuel of Mental
Disorders), Manuel diagnostique et statistique des
troubles mentaux, édité par l'Association améri-
caine de psychiatrie. Des refontes successives sont
parues en 1968 (DMS 11), 1980 (DMS I), 1987 (DMS
IITR,) et en 1994 (DSM IV). La visée permanente de
l'ouvrage est d'unifier les voies de recherche et de
traitement à partir d'un langage mondial commun ;
si l'on peut en attendre d'évidents gains de sécu-
rité dans l'établissement des diagnostics, un tel
projet, dont les enjeux institutionnels sont consi-
dérables, ne peut manquer de se ressentir des pré-
férences scientifiques, voire idéologiques et poli-

7
tiques, de ceux qui en assurent la réalisation. Face
aux critiques qui reprochaient à la classification de
1952 de faire référence à des entités morbides et à
des pathologies prédéfinies, le parti a certes été
adopté par la suite d'être «athéorique » et de ne
pas s'en tenir aux seuls critères américains. Reste
(7 que les progrès des neurosciences paraissent
devoir encourager un point de vue essentielle-
ment biomédical.

Les progrès de la
psychopharmacologie
Avec les traitements biologiques qui font leur appari-
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tion après 1930, l'organogenèse retrouve un certain


intérêt : la cure de Sakel (technique de choc relevant
de la convulsivothérapie utilisée dans le traitement
des psychoses), la psychochirurgie, l'électrochoc
connaissent des succès réels même s'ils sont discu-
tables. Mais seul le dernier continuera d'être utilisé
après la découverte de médicaments actifs dans les
psychoses, les neuroleptiques,en 1952, et des antidé-
presseurs en 1957, qui, en introduisant une psycho-
pharmacologie réellement scientifique, va redonner
des espoirs sérieux aux chercheurs défendant l'origine
organique des maladies mentales. D'autres médica-
ments voient le jour, notamment les thymorégulateurs
(régulateurs de l'humeur), dont le lithium,une première
fois abandonné, qui est réintroduit en clinique en
1966. Une classification des psychotropes est établie
par les psychiatres J. Delay puis par P. Deniker (1977).
Sans doute les antipsychiatries anglaise et ita-
lienne des années 1960 vont-elles battre en brèche
de telles conceptions appliquant un modèle médi-
cal neurobiologique très réductionniste. Elles vont
aussi entraîner tout un mouvement vers la socioge-
nèse des psychoses avec l'apparition des thérapies
familiales d'inspirations les plus diverses.

Les trois grands modèles


de la psychiatrie
aujourd'hui
Actuellement, la psychiatrie se partage entre trois
grands modèles explicatifs des maladies mentales :
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le modèle psychanalytique, le modèle neurochi-


mique biomédical et le modèle psychosociologique.

Le modèle psychanalytique
Il est sous-tendu par la révolution psychanalytique
qui permet d'expliquer d'une manière cohérente la
plupart des données psychopathologiques.Mais il a
échoué «sur le plan pratique du traitement des mala-
dies mentales » (A. Bourguignon), n'apportant qu'une
aide psychothérapique à la prise en charge des
malades psychotiques sans pouvoir réellement les
guérir (É.Zarifian).

Le modèle neurochimique d'inspiration biomédicale


Il reste le modèle dominant de la médecine contem-
poraine, se basant surtout sur la biologie molécu-
laire, devenue sa véritable science fondamentale.

2
Les découvertes neurochimiques de la psycho-
pharmacologie ont véritablement transformé la vie
des malades mentaux les plus graves ainsi que les
conditions de travail des soignants.Mais ce modèle
neurochimique reste un échec sur le plan théo-
rique, dans la mesure où il n'a pas réussi à expliquer
la cause des maladies mentales, puisqu'il s'est stric-
tement limité à l'étude de certains effets sur les
synapses des médicaments psychotropes utilisés.
L'éclairage qu'il a donné n'a pas permis de créer
d'autres médicaments vraiment nouveaux puisque
tous les produits utilisés l'ont été au départ d'une
manière purement empirique, les nouveaux n'étant
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que la conséquence de synthèses systématiques


de molécules nouvelles à partir des premiers neu-
roleptiques ou antidépresseurs découverts en
quelque sorte par hasard (J. Cade pour le lithium
en 1949, J, Delay pour la chlorpromazine en 1952
et R.Kuhn pour l'imipramine en 1957).

Le modèle psychosociologique
Il a permis de modifier profondément les attitudes
des soignants à l'égard des malades,comme on le
voit dans l'histoire de la thérapie institutionnelle.
Il a également montré que la maladie mentale
n'était pas toujours l'atteinte psychique d'un seul
individu mais souvent le symptôme du malaise de
tout un groupe familial ou social, permettant ainsi
d'accompagner les traitements individuels d'une
action thérapeutique familiale ou institutionnelle.

10
Mais il se heurte, malgré tout, «à l'irréductibilité de
certains états dits pathologiques » (A. Bourgui-
gnon).

Le modèle
psychobiosocial
Il faudrait pouvoir dépasser ces trois principaux
modèles pour utiliser un modèle plus global de type
psychobiosocial. Il faut reconnaître l'extrême com-
plexité de l'activité psychique humaine, qui se situe
à la fois dans un organisme biologique dynamique
et dans un réseau d'interactions psychosociales
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multiples avec le milieu sans qu'on puisse toujours


préciser ce qui est du domaine de la santé et de celui
de la maladie, la distinction entre normal et patho-
logique étant généralement arbitraire, conven-
tionnelle et non fondée scientifiquement. Dans ce
système complexe, il est, de plus, certain que les
conceptions étiologiques, basées sur des relations
linéaires entre cause et effet, sont tout à fait insuffi-
santes pour rendre compte de l'apparition de mala-
dies ou de troubles mentaux. Et toute tentative
réductionniste, visant à privilégier un seul détermi-
nant dans cette apparition, est inéluctablement
vouée à l'échec.
La psychiatrie doit s'orienter vers une pratique à
la fois pragmatique (sachant utiliser tous les moyens
d'action à sa disposition) et respectueuse du sujet et
de sa souffrance psychique tout en s'efforçant de le
soulager de celle-ci. Car la folie n'est pas seulement
une maladie : elle est aussi l’une des conditions
anthropologiques et existentielles fondamentales de
la vie de tout être humain.

L'évolution
des institutions
Dès les lendemains de la Seconde Guerre mondiale,
une réflexion s'engage en France sur la psychiatrie,et
des réformes interviennent. L'autonomie du champ
de la psychiatrie s'affirme puisque le décret du 30
décembre 1968 institue au niveau de l'enseignement
des spécialités médicales, un certificat de psychiatrie
différent de celui de neurologie avec lequel il a été
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confondu jusqu'alors. Est créé également une psy-


chiatrie de secteur tandis que le secteur infantile est
autonomisé.

La psychiatrie de secteur
Elle est fondée sur le principe d'une unité de la pré-
vention, de la cure et de la postcure ainsi que de la
continuité de la prise en charge du malade par la
même équipe médico-sociale. Le découpage a été
fait pour que les secteurs « couvrent » 70 000 à
100 000 habitants, dont la santé mentale est prise en
charge par l'équipe placée sous la direction d'un
médecin chef.En principe, chaque secteur est équipé
d'un service hospitalier et de diverses institutions
extra-hospitalières (dispensaires d'hygiène mentale,
hôpitaux de jour, foyers de postcure) qui assurent
une prise en charge plus souple du malade.On

12
estime que ce sont aujourd'hui plus d’un million et
demi d'adultes qui sont suivis par les secteurs de psy-
chiatrie générale. Les disparités départementales de
l'offre des soins conduisent à une prise en charge
inégalitaire des patients ce qui remet en cause l’ou-
verture «sociale » de la psychiatrie.
La réforme de l'hôpital et, plus largement,
de l'or-
ganisation du système de distribution des soins pré-
vue par l'ordonnance du 4 septembre 2003,envisage
la création de «territoires de santé» et, de fait, la sup-
pression des secteurs psychiatriques puisque la psy-
chiatrie et la santé mentale sont intégrées dans la
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nouvelle organisation. Déterminée par l'Agence


régionale de l'hospitalisation (ARH), les tailles envi-
sagées pour un territoire tournent entre 200 000 et
400 000 habitants. Cette réforme devrait être effec-
tive en 2007.

La psychiatrie infantile
À partir des années 1950, le champ de l'enfance
inadaptée (déficients intellectuels, caractériels, psy-
chotiques) s'autonomise par rapport à la psychiatrie
générale, d’une part, et à l'Éducation nationale,
d'autre part. Les externats (E M P) ou les internats
médico-pédagogiques (I M P) sont habilités à rece-
voir des enfants classés « débiles » en échec scolaire.
Les centres médico-psychopédagogiques (C M P P)
offrent des consultations
à des enfants qui connais-
sent un échec scolaire partiel mais restent scolarisés
en milieu normal.Ce sont les hôpitaux de jour et les

13
Histoire de la DSVCNIAITIE

services hospitaliers qui sont habilités pour accueillir


les enfants présentant une pathologie psychotique
massive. L'organisation de la psychiatrie publique
infanto-juvénile est calquée sur le modèle de celle
des adultes, un «intersecteur » correspondant
géographiquement à plusieurs secteurs en psychia-
trie d'adulte. Chaque intersecteur est placé sous la
responsabilité d'un médecin chef et dispose d'équi-
pements analogues à ceux des secteurs de psychia-
trie des adultes. Les secteurs de psychiatrie infanto-
juvénile prennent en charge près de 600 000 enfants
et adolescents.
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La psychiatrie
française en crise
Aujourd'hui, la demande de soins en santé mentale
ne cesse de s'élargir, de l'adulte à la personne âgée,
en passant par l'adolescent et le jeune enfant.
Depuis, le début des années 1990, cette demande
s'est même accélérée. Le nombre de patients suivis
dans le secteur public est passé de 700 000 à plus de
2 millions en quinze ans. Dans le secteur privé, les
consultations sont à la hausse :14,5 millions en 1998
à 16,5 millions en 2008. Maltraitances, violences
familiales, harcèlement au travail, mais aussi dépres-
sions, crises d'anxiété et tentatives de suicide, tels
sont les maux auxquels sont confrontés les psy-
chiatres au quotidien.
Or, si la France présente encore
un des taux de psychiatres les plus élevés au monde
(entre 21 et 23 pour 100 000 habitants environ -
EN

14
après la Suisse), l'évolution de la démographie médi-
cale laisse prévoir une diminution de 13 000 à 8 000
du nombre des psychiatres d'ici à 2020. Près de 800
postes de psychiatres hospitaliers n'auraient pas été
pourvus en 2011.La répartition des infirmiers psy-
chiatriques dans les établissements de santé publics
et privés reflète des capacités d'hospitalisation
réduites : 55 500 infirmiers pour un peu plus de 57
000 lits en 2009 (contre 60 000 cinq ans plus tôt).
Face à la demande pressante de soins, la psychiatrie
française, qui manque de moyens en termes
d'hommes et de structures, est en crise. ®
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15
Histoire de la psychologie
Si l'homme s’est depuis toujours efforcé
de sonder les mystères de son âme,
ce n’est qu'au xix° siècle, sur un terrain
déblayé par l’évolution des idées
philosophiques à partir de Descartes
et par les progrès rapides de la physiologie,
que la psychologie s'est constituée comme
un discours et un savoir autonomes. Depuis,
diversifiant progressivement ses domaines
et multipliant ses applications concrètes
(dans l’enseignement, la formation, le monde
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du travail, etc.), elle a conquis un plein droit


de cité. Et l'essor de la psychologie cognitive
accroît encore la portée de ses ambitions.

Origines
et développement
de la psychologie
La conversion de la physiologie à la méthode expé-
rimentale et la construction d'instruments de mesure
perfectionnés débouchent en Allemagne sur de pre-
miers progrès en matière de physiologie des sensa-
tions (mesure des seuils sensoriels par E. Weber
[1795-1878]) et de physiologie du système nerveux
(découverte des cellules du système nerveux), et sur
l'établissement de premiers paradigmes psycho-
$

16
physiques et psychophysiologiques. G.T.Fechner
(1801-1887) quantifie les phénomènes psychiques et
H.von Helmholtz (1827-1894) étudie les mécanismes
de la perception ;W.Wundt (1832-1920) fonde à Leip-
zig en 1879 le premier laboratoire de psychologie
expérimentale et assoit l'expérimentation sur l'in-
trospection.F. Brentano (1838- 1917), H.Ebbinghaus
(1850-1909), 0. Külpe (1862-1915) apportent chacun
une contribution majeure au développement de la
psychologie en Allemagne ; parallèlement,
avec dans
chaque cas une orientation originale, la psychologie
est fondée par F. Galton (1822-1911) en
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Grande-Bretagne, T.Ribot (1839-1916) et A. Binet


(1857-1911) en France,l.P.Pavlov (1849-1936) en Rus-
sie,
W. James (1842-1910) et J.Dewey (1859-1952) aux
États-Unis.

Courants et théories
Par la suite, plusieurs courants et théories fécondes
se développent.

Le béhaviorisme
Avec le béhaviorisme, dont Watson est l'initiateur, la
psychologie, rejetant l'introspection, se détourne de
l'étude de la conscience et devient science du com-
portement.
En 1913,J. Watson (1878-1958) écrit un article
qui fait date :« Psychology as the Behaviorist views it ».
I nie que la conscience puisse être un objet d'étude,
un principe explicatif. L'analyse du comportement,

17
que certains pratiquaient déjà,est érigée par Watson
en doctrine. L'observation extérieure du comporte-
ment suffit à établir des lois qui permettent de pré-
voir les réactions à des variations de milieu. L'obser-
vation objective s'applique sur les variables de la
situation (stimulus) et les variables comportemen-
tales (réactions, réponses).La psychologie devient net-
tement la science du comportement. Dans les
années 1920, presque tous les Américains sont béha-
vioristes, et ils ont eu une influence considérable.
Dans le domaine de l'apprentissage, le béha-
viorisme est fécond :E.C.Tolman (1886-1959) effec-
tue d'importants travaux chez le rat. C. Hull (1884-
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1952) développe la méthode hypothéticodéductive


et procède à des formalisations mathématiques.
B.F. Skinner (1904-1990) développe le conditionne-
ment opérant.

Le gestaltisme
Le gestaltisme fondé par le psychologue allemand
M.Wertheimer (1880-1943) étudie la perception et
notamment l'organisation des formes, les principes
de relativité et de transposition, l'isomorphisme des
formes physiques et physiologiques. Dans le champ
de la psychologie sociale,K.Lewin (1890-1947) ouvre
des perspectives importantes dans la dynamique
des groupes.

La psychologie clinique et la psychanalyse


P. Janet (1859-1947) et S. Freud (1856-1939), fonda-

18
teur de la psychanalyse, sont à l'origine d'une pra-
tique psychologique dite « psychologie clinique »,
basée sur l'entretien et l'examen approfondi de cas
par contact individuel. En France, en particulier, des
limites institutionnelles entre psychologie et psy-
chanalyse s'instaurent,à la différence des États-Unis,
où les deux domaines s'interpénètrent.

La psychologie de l'enfant
et l’'épistémologie génétique
H.Wallon (1879-1962) puis J. Piaget (1896-1980), créa-
teur de l'épistémologie génétique, se consacrent à la
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psychologie de l'enfant.
Wallon est l’une des grandes figures de la psy-
chologie de l'enfant.Il élabore une théorie de
développement de l'enfant en stades. Aussi envi-
sage-t-il la psychogenèse de l'enfant dans ses
aspects affectif, cognitif, biologique et social. Pro-
posant également une conception du développe-
ment intellectuel en stades, la démarche de Piaget
est épistémologique. Piaget montre que le déve-
loppement de l'enfant s'effectue de manière gra-
duelle et continue jusqu'à l'acquisition d'une pen-
sée adulte, avec une conceptualisation de plus en
plus abstraite.
Les travaux de Piaget, bien qu'aujourd'hui dis-
cutés, ont eu une influénce considérable et trouvent
des prolongements avec les néopiagétiens
(J. Pascual-Leone), qui proposent une synthèse entre
les thèses piagétiennes et la conceptualisation des

19
opérations en termes de traitement de l'information.

Les domaines
de la psychologie
ds On peut distinguer plusieurs champs d'application
S de la psychologie ; mais les champs et les méthodes
interfèrent. La psychologie animale et l’éthologie
s'intéressent aux comportements animaux en ce
= qu'ils ont de spécifique (comportements rituels,com-
ee munication, etc.). La psychologie de l'enfant et du
développement étudie les évolutions de l'enfant
depuis sa naissance.
La psychologie sociale prend en compte les interac-
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tions de l'individu avec le groupe social auquel il


appartient et avec la société. Elle s'intéresse, par
exemple, à la formation des jugements sociaux de
chacun, à la communication, aux milieux du travail
(psychologie des organisations), à la santé (rôle des
experts, relations entre professionnels et leurs clients),
à l'environnement (cadre de vie, industrialisation,
urbanisation ; processus cognitifs de ces données).
La psychologie différentielle étudie les différences
observées dans les conduites des individus et des
groupes placés dans des situations préalablement
répertoriées. Ses méthodes reposent sur l'utilisa-
tion des tests et des questionnaires, sur les statis-
tiques (notamment : analyse factorielle, de la
variance et de la covariance).Les applications peu-
vent prêter à certains abus (dans le recrutement,
l'orientation) ; mais l'objectif des chercheurs est

20
plutôt de cerner l'origine des différences indivi-
duelles. De ce point de vue,la détermination des QI
chez les jumeaux dizygotes et monozygotes fait
l'objet de travaux importants en France et aux
États-Unis.
La psychologie expérimentale n'est pas à propre-
ment parler une branche de la psychologie : elle
cherche à appliquer en psychologie la méthode
expérimentale, qui est constituée par une série
d'étapes méthodologiques dont les principales
sont la formation d'hypothèses, la mise à l'épreuve
de ces hypothèses, les conditions de la vérification
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et les applications.
La psychologie clinique est une branche parti-
culière qui met en œuvre des méthodes et des
concepts extérieurs à la psychologie, par exemple
certaines notions issues de la psychanalyse. Son
objectif est d'étudier l'individu, malade ou bien
portant, dans ce qu'il a de spécifique, irréductible
à n'importe quel autre individu.
La psychophysiologie se situe au carrefour de la
psychologie et de la physiologie. Ses recherches
vont par exemple de la simple recherche de cor-
rélations entre des comportements et des indices
physiologiques à la mise en évidence de liens de
cause entre le fonctionnement d'une structure
nerveuse et un comportement. Ses méthodes
sont pharmacologiques;, électrophysiologiques,
biochimiques notamment.
La neuropsychologie vise à établir un rapportintel-

21
Histoire de la psychologie

ligible entre les processus psychologiques supé-


rieurs et le fonctionnement cérébral. Elle est ainsi
placée à la limite des neurosciences.Elle s'intéresse
en particulier aux phénomènes de maturation et
de sénescence ; elle a également pour projet
d'analyser les déficits comportementaux parallèle-
ment aux atteintes cérébrales.

L'essor
de la psychologie
cognitive
L'ascension de la psychologie cognitive vers le
milieu des années 1950 est liée au développement
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de l'informatique, qui a une double origine, l'appa-


rition des machines de Turing et la théorie de l'in-
formation de C. Shannon et W.Weaver (1948).Cette
théorie propose une modélisation mathématique
de la communication.Les progrès techniques dans
le traitement automatique de l'information (ordi-
nateurs), ainsi que la création et le développement
de la psycholinguistique ont contribué à forger la
psychologie cognitive. Les progrès de la neurolo-
gie, tant au niveau molaire (le cerveau considéré
dans son ensemble) qu'au niveau cellulaire (la trans-
mission de l'information au niveau neuronique)
sont également déterminants. L'esprit comme sys-
tème de traitement de l'information est une méta-
phore, mais également un modèle de fonctionne-
ment.
Les travaux portent sur la façon dont l'informa-

22
tion est codée, traitée, stockée et récupérée sur la for-
mation et l'organisation des représentations, sur la
compréhension du langage, les raisonnements, la
prise de décisions, la résolution de problèmes, etc.
Une autre approche de la cognition, inspirée par
la physiologie, consiste à considérer la structure
cognitive comme un réseau d'éléments intercon-
nectés :il s'agit du néoconnexionisme,
qui s'intéresse
essentiellement à la microstructure de la cognition.
La psychologie cognitive, qui représente
actuellement un des courants les plus féconds de
la psychologie, entretient des échanges avec
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d'autres domaines, tels que l'informatique, l'intelli-


gence artificielle, la linguistique, la neurologie, la
logique, une partie de la philosophie, qui,ensemble,
constituent les «sciences cognitives ».

Situation actuelle
en France
En France, l'enseignement universitaire de la psy-
chologie comprend le DEUG, la licence,la maîtrise, le
DESS, le DEA, et le doctorat.Les appellations maîtrise
et DESS sont progressivement remplacées par l'ap-
pellation masters.La loi de 1985 réglemente et pro-
tège le statut des psychologues, sanctionné par
cinq années d’études supérieures. Les différents
domaines enseignés concernent la psychologie
expérimentale, la psychologie développementale,la
psychologie animale, la psychologie différentielle, la
psychologie sociale, la psychologie physiologique,

23
la psychopathologie, la psychologie clinique et la
psychologie du travail.
Les principales applications de la psychologie
concernent le monde du travail (sélection et orien-
tation professionnelles, adaptation de la machine à
l'homme), l'enseignement et l'éducation (orienta-
tion scolaire, animation, aide aux enseignants), la
rééducation, la santé (prévention, toxicomanie), la
formation et la justice (expertise, médiation, aide aux
victimes).
Les psychologues sont estimés à près de
36 000 personnes salariées ou libérales, sachant qu'il
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est difficile de recenser la totalité du nombre de psy-


chologues libéraux. *

Repères historiques
1874 :W.Wundt : Grundzüge der physiologischen
Psychologie (Fondements de la psychologie
physiologique).
1885 :H.Ebbinghaus : Über das Gedächtnis (De la
mémoire).
1903 : conférence de Pavlov au congrès
de médecine de Madrid sur le réflexe conditionné.
1905
: création du test d'intelligence par A.Binet.
1913 :J.Watson : Psychology as the Behaviorist Views
It. Début de la doctrine du comportementalisme,
ou « béhaviorisme ».
1895-1920
: constitution de la psychanalyse
par S.Freudl.
1920-1930 : élaboration de la théorie de la forme,

24
ou « gestaltisme », par M.Wertheimer, K. Koffka et
W.KGhler.
1936 : J. Piaget : la Naissance de l'intelligence.
Construction de la théorie de Piaget
sur le développement cognitif de l'enfant
et l'épistémologie génétique.
1948 : théorie de l'information de C. Shannon
et W.Weaver.
1960 et suiv. : début des sciences cognitives
et recherches au sein des neurosciences.
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25
Histoire de la psychanalyse
Constituée à la fin du xix° siècle par S.Freud,
la psychanalyse reprend certaines questions
que posait la médecine à cette époque.
Mais elle renouvelle totalement, à partir
de là, la conception que l’on peut se faire
du sujet humain.

Hystérie
et hypnose
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La psychanalyse se constitue à partir d'un travail cli-


nique, qui concerne principalement l'hystérie. Les
hystériques souffrant de symptômes physiques inva-
lidants (paralysies, parésies,anesthésies, etc.) n'ayant
pas de causes organiques repérables, on tentait par-
fois, vers la fin du xix° siècle, de faire disparaître leurs
symptômes par la suggestion, en les mettant dans
un état d'hypnose. C'est aussi l'hypnose qu'employa
J.Breuer,à qui Freud attribue, curieusement, la pater-
nité de la psychanalyse. Mais Breuer se servit de l'hyp-
nose pour faire verbaliser des souvenirs inaccessibles
à sa patiente (Anna O, autrement dit Bertha Pappen-
heim) de juillet 1880 à juin 1882. Dès lors, à travers
quelques modifications dans la technique et l'intro-
duction du concept de refoulement, les bases de la
psychanalyse pouvaient être constituées entre la fin
du xix° siècle et le début du xx° siècle.

26
Les principes
de la psychanalyse
La psychanalyse part d'un postulat selon lequel tout
ce qui survient dans les rêves et les actes manqués
comporte une dimension qui n'apparaît pas. C'est
l'inconscient, produit d'une série d'événements sur-
venus dans la plus petite enfance, peut-être même
avant et touchant au développement de la sexualité
au sens large, d'abord non génitale (le plaisir de la
bouche, de l'excrétion).Ces événements sont censu-
rés. Vers 3 ans, l'enfant découvre la différence entre
les sexes.Il vit donc dans ses premières années des
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événements fondamentaux, qui n'ont peut-être


jamais eu lieu effectivement, mais qui affleurent sa
conscience : le spectacle du coït de ses parents
(scène fantasmée en général),
et la castration.Pour le
petit garçon, il s'agit de la menace d'avoir le sexe
coupé en raison de sa masturbation,
qui est pour lui
la décharge normale des désirs œdipiens. Pour la
petite fille, la vue de «ce qui lui manque » l'amène à
l'envie de pénis, qui la conduit de la sexualité au désir
d'avoir un enfant de son père, ce qui la fait entrer
dans l’évolution normale de l'hétérosexualité.
Selon
J. Lacan, la castration est un événement imaginaire
qui entraîne la soumission du sujet au symbolique,
c'est-à-dire au langage. C'est à travers le langage que
se nouent les dénominations de la parenté et des
interdits. Pour le petit enfant, les interdits sociaux,
même non formulés, sont à l'origine du refoulement
des représentations liées à la sexualité vers l'in-

27
conscient, qui va se charger d'énergies potentielles.
Ce qui a été refoulé tend toujours à faire retour sous
forme de symptômes, d'actes manqués,de lapsus,
de
rêves, etc. C'est l'ensemble de ces conflits qui crée la
personne humaine. Le complexe d'Œdipe est la
découverte d’un processus fondamental, la jalousie
que l'enfant éprouve à l'égard du parent du même
sexe que lui et le désir inavoué de l'éliminer puis de
le remplacer. Ce conflit est à l'origine des névroses
lorsque l'Œdipe ne trouve pas une issue favorable et
disparaît quand le sujet se trouve d'autres objets.
Freud a élaboré deux modèles de l'appareil psy-
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chique (topiques). Le premier présente la personne


humaine comme formée de trois instances : le pré-
conscient, l'inconscient et le conscient. Mais cette pre-
mière topique a plutôt une valeur descriptive, dans
la mesure où elle ne distingue pas les forces qui, s'af-
frontant dans le conflit psychique, produisent le
refoulement. En 1923, Freud élabore sa seconde
topique. Le sujet est structuré par trois instances : le
ça, réservoir des pulsions, le moi et le surmoi,
ensemble de règles morales, intériorisation de l'in-
terdit parental.
Il faut par ailleurs, dans l'histoire de la psycha-
nalyse, accorder une importance particulière au
virage de 1920, c'est-à-dire à la théorie de la pulsion
de mort, liée à l'observation de la force de la répéti-
tion chez l'être humain, répétition qui fait régulière-
ment revenir dans sa vie même le plus pénible ou le
plus traumatique.

28
La séance analytique
et ses règles
fondamentales
Les névroses, mais aussi quelques autres tensions
psychiques qui traduisent le mal-être du sujet adulte
peuvent amener celui-ci à consulter un psychana-
lyste - personne qui a elle-même suivi une analyse
et qui, par là, est en principe apte à l'écoute de celui
qui souffre.
Au cours de la séance analytique, les asso-
ciations de l'analysant permettent de remonter le
cours de ce processus de refoulement et de mettre
au jour les désirs inconscients.La première règle fon-
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damentale de la psychanalyse est donc l'association


libre :il est demandé à l’analysant de se laisser aller à
dire tout ce qui lui traverse l'esprit,même s'il le trouve
inutile, inadéquat ou stupide.ll lui est absolument
exigé de n'omettre aucune pensée, füt-elle honteuse
ou pénible. Cette règle fondamentale structure la
relation entre l'analyste et l’analysant. La reconstitu-
tion de l’histoire du sujet devrait pouvoir entraîner la
disparition du symptôme.Toutefois, même après cer-
tains succès, cette démarche rencontre dans la
méthode analytique deux problèmes, la résistance et
le transfert. Rapidement, l'analysant n'est plus en
mesure de faire part librement de ses pensées :elles
résistent et lui-même résiste à leur aveu. En même
temps s'opère un transfert des sentiments d'amour
ou de haine à l'égard de là pratique même de l'ana-
lyse et de la personne de l'analyste. Résistance et
transfert conditionnent le fait de revivre des situa-

29
Histoire de la DSVChAaNnalvse

tions conflictuelles anciennes ou des souvenirs trau-


matiques refoulés, et la situation de reviviscence
peut faire obstacle au travail de la cure. Pour dépas-
ser cette situation bloquée, il est nécessaire que tout
ce qui résulte de l'analyse - les événements qui s'y
produisent, les images, les pensées secrètes, les
silences, etc.- soit également analysé parce que tout
cela fait partie du symptôme que l'analysant doit tra-
vailler pour s'en acquitter dans la remémoration (per-
laboration). Il incombe de plus à l'analyste de savoir
dans quelles situations il est en mesure de soutenir
le transfert,en fonction de sa propre expérience pas-
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sée et de son intuition de ses propres processus


inconscients.

La psychanalyse :
un savoir, une pratique
Quels peuvent être, pour résumer, les principes fon-
dateurs de la psychanalyse ? En 1922, dans «Deux
articles pour l'encyclopédie », Freud écrit : « L'affir-
mation relative à l'existence de processus mentaux
inconscients, le ralliement à la théorie de la résistance
et du refoulement, l'importance accordée à la sexua-
lité et au complexe d'Œdipe : tels sont les points
essentiels dont traite la psychanalyse et aussi les fon-
dements de sa théorie. Qui ne les accepte pas ne sau-
rait se compter au nombre des psychanalystes. » La
psychanalyse n'est pas une science, par exemple,
parce qu'elle est faite à l'aide d'énoncés qui échap-
pent au critère de la vérification : mais cette critique

30
est restée sans effet notable. C'est en tout cas un
savoir constitué et surtout une pratique qui implique
une relation de type personnel à l'expérience freu-
dienne. Devenir psychanalyste, avoir une pratique
psychanalytique réelle et efficace supposent d'avoir
été soi-même un analysant auprès d’un psychana-
lyste.

L'histoire du mouvement
Le développement de la psychanalyse est allé de pair
avec sa structuration institutionnelle (création de l'In-
ternational Psychoanalytical Association en 1910),et
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s'est accompagné de prises de distance ou de mises


à l'écart (A. Adler, C. G. Jung, O. Rank, S.Ferenczi,
W. Reich). Vienne, ville de Freud, a longtemps été au
centre du mouvement psychanalytique jusqu'à ce
que le nazisme contraigne une grande partie des
psychanalystes à émigrer vers les États-Unis. C'est
dans ce pays que la psychanalyse s'implantera le plus
aisément, devenant l'ego-psychology.
Dans les pays communistes, la psychanalyse à
été totalement exclue comme science bourgeoise et
réactionnaire. En Grande-Bretagne, où s'est réfugié
Freud en 1938, elle connaîtra un regain théorique
important grâce aux travaux de M.Klein, puis ceux de
D.W.Winnicott.
En France, il faudra attendre 1923 pour que les
ouvrages de Freud soient traduits et 1926 pour que
soit fondée la Société psychanalytique de Paris. Le
mouvement psychanalytique français a été fertile en

31
OIre dE 14 DSVCNANAIVSE

scissions depuis 1933 et principalement jusqu'à


J. Lacan, figure-clé du mouvement, dès 1953 et au-
delà de sa disparition,
en 1981.
Il n'existe actuellement, en France aucune régle-
mentation de la profession de psychanalyste, mais
les psychanalystes sont «formellement» considérés
comme des psychothérapeutes et à ce titre doivent,
= F3
teSse
ET pour exercer, être inscrits au registre national des
psychothérapeutes.
Cette inscription est cependant
de droit pour les docteurs en médecine, les psycho-
logues et les psychanalystes régulièrement enregis-
trés dans les annuaires de leurs associations.*
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© Les grands théoriciens, Freud (Sigmund), p:48:


© Dossier, Psychanalytique (le courant), p.450;
© Dossier, Psychothérapie (suivre une), p.478.

32
Les grands théoriciens

Abraham (Karl)
Médecin et psychanalyste allemand
(Brême 1877 - Berlin 1925).
À partir de 1904,K. Abraham travaille au Burghôlzli,
l'hôpital psychiatrique de Zurich, avec E. Bleuler,
dont il devient,
en 1906, le premier assistant. C'est
théoriciens
Histoires
et
là qu'il rencontre C. G. Jung, qui lui fait prendre
contact avec les idées de S.Freud;il fait la connais-
sance de ce dernier en 1907.En 1910, il fonde l’As-
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sociation psychanalytique de Berlin, première


branche de l'Association psychanalytique inter-
nationale, dont il deviendra président en 1924,
K. Abraham est un de ceux qui ont le plus contri-
bué à l'extension du courant psychanalytique
hors de Vienne et à sa cohésion. Sa contribution
personnelle à la théorie est riche et diversifiée :
introduction de la notion d'objet partiel, défini-
tion des processus d'introjection et d'incorpora-
tion, étude des stades prégénitaux. Il eut une
grande influence sur M. Klein. Son œuvre com-
porte, outre une importante correspondance avec
Freud (1907-1926), de nombreux ouvrages et
articles, Rêve et Mythe (1909), Examen de l'étape la
plus précoce du développement de la libido (1916),
ainsi que des études psychanalytiques sur la for-
mation du caractère (1925).

33
Adler (Alfred)
Médecin et psychologue autrichien
(Vienne 1870
- Aberdeen 1937).
Élève de S.Freud dès 1902, il participe au premier
congrès de psychanalyse de Salzbourg (1908). II se
sépare rapidement (1910) du mouvement psycha-
nalytique, car il ne partage pas l'opinion de Freud sur
le rôle de la pulsion sexuelle et développe une théo-
rie du fonctionnement psychique centrée sur le sen-
timent d'infériorité (Théorie et pratique de la psycho-
logie individuelle, 1918).

Balint (Michael)
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Psychiatre et psychanalyste britannique d'origine


hongroise (Budapest 1896 - Londres 1970)
Il est l'auteur d'une méthode consistant à réunir
régulièrement des médecins pour qu'ils analysent en
commun leur comportement vis-à-vis des malades
(groupe Balint). &

Bateson (Gregory)
Anthropologue et ethnologue américain d'origine
britannique (Cambridge, Grande-Bretagne, 1904 -
San Francisco 1980).
G. Bateson a montré que l’on peut décrire les
interactions entre individus en termes soit de
symétrie, soit de complémentarité. Dans le pre-
mier cas, les partenaires adoptent un comporte-
ment en miroir, et, dans le second, le comporte-
ment de l'un complète celui de l’autre. ll a aussi

34
élaboré la théorie de la double contrainte.ll a écrit
Communication (1950) et Vers une écologie de l'es-
prit (1971). &
© Double contrainte (la), encadrés, p.510 et p.609.

Bettelheim (Bruno)
Psychanalyste américain d'origine autrichienne
(Vienne 1903 - Silver Spring, Maryland, 1990).
Après des études de psychologie, il acquiert une
formation psychanalytique.ll est déporté en raison
de ses origines juives à Dachau et à Buchenwald,
d'où il est libéré grâce à l'intervention de la com-
munauté internationale. De cette expérience, il
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retire un rapport intitulé /ndividual and Mass Beha-


vior in Extreme Situation (1943), que le général Eisen-
hower donna à lire à tous les officiers de l'armée
américaine.ll retira également de cette expérience
le Cœur conscient (1960) et Survivre (1979), où il ana-
lyse les attitudes humaines dans les situations
extrêmes et hiérarchise les comportements qui
paraissent les plus efficaces pour sauvegarder l'in-
tégrité fonctionnelle du moi.
Il se rend après sa libération aux États-Unis,
où il devient professeur d'éducation (1944) puis
de psychiatrie (1963) à l'université de Chicago.ll
prend également la direction, en 1944, d'un insti-
tut destiné aux enfants en difficulté, qu'il réforme
en 1947 sous le nom d'institut orthogénique de
Chicago. Il organise cet institut, qu'il décrit dans
Un lieu pour renaître (1974), comme un milieu isolé

35
ttelheim (Bruno)

des pressions extérieures, notamment des


parents, et dans lequel il prend en charge les
enfants autistes.Il remet en cause par sa pratique
et par ses observations les conceptions de l'au-
tisme en avançant que la cause première de cette
maladie est un incident survenu dans la toute
petite enfance, en particulier dans une relation
mal établie entre l'enfant et sa mère.ll tente de
démontrer cette thèse à partir de plusieurs cas
dans /a Forteresse vide (1967). Dans son Institut
orthogénique, il ne laisse aucun détail au hasard:
environnement à tout instant favorable à l'enfant,
répartition des pensionnaires en six groupes de
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huit, respect absolu de ce que veut l'enfant, sans


intervention d'aucune hiérarchie car, selon ses
dires, «le pouvoir corrompt ». Ses méthodes se
réfèrent à S. Freud, à A. Aichhorn et surtout à
E. Erikson, promoteur du « principe de la sécurité
fondamentale ». Bettelheim se rattache aussi au
courant de l'ego-psychologie. Après avoir écrit
Dialogue avec les mères (1962) et s'être intéressé
aux mythes et aux contes de fées (Psychanalyse
des contes de fées, 1976), il publie les Blessures sym-
boliques (1976). L'importance de Bettelheim, bien
que parfois contestée, se marque notamment par
la volonté de laisser à l'enfant toute la faculté
d'autonomie possible, y compris dans ses ten-
dances au repliement, pour que de lui-même il
accède à l'autre, au monde, de façon personnelle
et authentique.

36
Binet (Alfred)
Psychologue français (Nice 1857 - Paris 1911).
A. Binet s'intéresse à la psychologie pathologique
telle que J.M. Charcot la pratiquait à la Salpétrière.ll
devient en 1894 directeur du Laboratoire de psy-
chologie physiologique qui fonctionnait à la Sor-
bonne depuis 1889. C'est aussi en 1894 qu'il fonde
l'Année psychologique.En 1896,il publie dans l'Année
psychologique, avec V. Henri, un article sur «La psy-
chologie individuelle » dans lequel il souligne que les
différences individuelles sont bien plus marquées
dans les processus supérieurs (comme l'intelligence)
que dans les processus élémentaires (comme la sen-
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sation).
Chargé de chercher un moyen de dépister les
enfants retardés afin d'améliorer l'enseignement qui
leur est donné ou de les orienter vers un enseigne-
ment spécialisé, il a l’idée d'élaborer une série
d'épreuves et d'examiner à quel âge elles sont réus-
sies par des enfants normaux. Il crée ainsi l'Échelle
métrique de l'intelligence (1905 puis 1908 et 1911)
avec la collaboration de T. Simon.

Bowlby (John)
Médecin et psychiatre britannique
(Londres 1907 - île de Skye, Écosse, 1990).
Clinicien et chercheur en psychiatrie de l'enfant et
de la famille, J.Bowlby a développé la théorie de l'at-
tachement.Il fait ses études de médecine et de psy-
chologie à Cambridge et à Londres. En 1946, il entre

37
attell James McKeer

à la Tavistock Clinic et au Tavistock Institute of Human


Relations, où il exerce et enseigne jusqu'en 1972.Il a
notamment écrit : Attachement et perte (1969), Sépa-
ration : anxiété et colère (1973), Perte : tristesse et
dépression (1980). &
@ Dossier; Attachement (|) p.158,
Encadré, les théories de l'attachement p.436.

Cattell (James McKeen)


Psychologue américain (Easton, Californie, 1860 -
Lancaster, Pennsylvanie, 1944).
J.Cattell est l'assistant de W.Wundt à Leipzig.ll intro-
duit l'usage de la statistique dans le traitement des
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données expérimentales en psychologie.ll témoigne


d'un grand intérêt à l'égard de l'étude des diffé-
rences individuelles. &

Charcot (Jean Martin)


Neurologue français
(Paris 1825 - près du lac des Settons Nièvre, 1893).
Professeur de neurologie à la faculté de médecine
de Paris, membre de l'Académie des sciences
(1883),il est le fondateur de la célèbre École de neur-
rologie de la Salpêtrière, hôpital où il devient chef
de service en 1862 et où il enseigne pendant vingt
ans.ll s'entoure de collaborateurs dont la contribu-
tion à la neurologie est importante : J. Babinski,J.
Déjerine, P. Marie, F. Raymond, le sculpteur S.Richer,
qui s'occupe du laboratoire d'anatomie artistique,
H. Parinaud, qui dirige la section d'ophtalmologie,
#“1

38
et P. Janet, celle de psychologie clinique. Les cours
de Charcot comportent des présentations de
malades et des projections de coupes microsco-
piques, et ses « leçons du mardi » sont restées
célèbres.Y assistent des visiteurs étrangers, parmi
lesquels on peut citer S.Freudl.
L'apport de Charcot à la connaissance de la
neurologie est très important, avec ses études sur
la sclérose en plaques, la maladie de Parkinson, le
tabès, la poliomyélite, le tremblement, la description
de la sclérose latérale amyotrophique (maladie de
Charcot) et de l'amyotrophie distale progressive
(amyotrophie de Charcot-Marie). II s'attache à dis-
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tinguer les convulsions hystériques des crises d'épi-


lepsie, faisant paraître de 1877 à 1880 de nom-
breuses photographies dans l'iconographie
photographique de la Saipétrière.
On lui doit de nombreux articles illustrés parus
dans la Nouvelle iconographie de la Salpétrière et plu-
sieurs recueils de leçons publiés grâce à ses élèves,
en particulier les Leçons sur les maladies du système
nerveux (1873-1884), les Leçons sur les localisations
dans les maladies du cerveau et de la moelle épinière
(1880), les Leçons du mardi à la Salpétrière (1890-
1893). +

Claparède (Édouard)
Psychologue suisse (Genève 1873-id. 1940).
É. Claparède fait des études de médecine puis s'in-
téresse à la psychologie.
Tout en exerçant son

39
laparède (Edouard)
#

métier de médecin, il entre dans le laboratoire de


psychologie qu'avait créé, en 1892, à la faculté des
oriciens sciences, son cousin T.Flournoy.En 1901, il crée avec
ce dernier la revue Archives de psychologie et, en
1904, il est chargé de la chaire de psychologie à la
faculté des sciences de l'université de Genève,
chaire qu'il occupera jusqu'à sa mort.En 1912,il crée
l'École des sciences de l'éducation,
ou Institut Jean-
. Jacques Rousseau.
Son but fut toujours de détourner la psycholo-
x] gie des a priori métaphysiques et de lui donner une
base empirique,
en particulier biologique : or, le pro-
blème biologique par excellence, dit-il,est celui de la
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fonction. Par exemple, s'intéressant au sommeil, il


considère celui-ci comme le résultat d'une fonction
active, comme un mécanisme inhibiteur destiné à
prévenir la fatigue, et non comme un phénomène
passif. Cette conception fonctionnelle de la vie men-
tale l'a amené à aborder des domaines où psycholo-
gie animale et psychologie humaine se rejoignent.
Contre les théories associationnistes, il veut montrer
que l'intelligence est une fonction active d'adapta-
tion aux situations nouvelles, par opposition à l'ins-
tinct, adaptation innée, et à l'habitude, adaptation
acquise.
Il a notamment écrit : /a Question du sommeil,
1912 ; Comment diagnostiquer les aptitudes chez les
écoliers, 1924 ; l'Éducation fonctionnelle, 1931 ; la
Genèse de l'hypothèse, 1933 ; Morale et politique ou
les Vacances de la probité, 1940. &

40
Darwin (Chares Robert)

Darwin (Charles Robert)


Naturaliste britannique
(Shrewbury, Shropshire, 1809 -Down 1882).
Issu d'une famille comprenant de nombreux scienti-
fiques éminents, Ch.R. Darwin entreprend des études
de théologie mais n'entre pas dans les ordres.
Engagé comme naturaliste en 1831 à bord d'un
navire scientifique, le Beagle, il aurait été frappé au
cours d'un périple autour du monde par l'extrême
variabilité des espèces, par l'existence d'animaux
endémiques
et de variations adaptatives.
Après plusieurs années de réflexions et divers
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travaux scientifiques,
il publie en 1859 son ouvrage
fondamental, The Origin of Species (trad. fr. De l'ori-
gine des espèces par voie de sélection naturelle), dans
lequel il expose ses idées transformistes, rompant
avec la tradition fixiste ou créationniste en vigueur
à cette époque. il donne une explication causale à
l'évolution. Darwin, reprenant les idées de Malthus
sur le taux élevé de croissance des populations
comparé aux ressources disponibles, postule que
seuls les plus aptes survivent au cours de la lutte
pour l'existence et se reproduisent (théorie de la
sélection naturelle). De plus, selon lui, les mâles sor-
tant le plus souvent vainqueurs de la compétition
pour la possession des femelles transmettent leurs
attributs à une descendance plus nombreuse que
celle de leurs rivaux (sélection sexuelle). Darwin ne
rejette pas toute idée d'hérédité des caractères
acquis.

41
Dans des ouvrages ultérieurs, The Descent of
Man, and Selection in Relation to Sex (1871) et The
Expression ofthe Emotions in Man and Animals
(1872), Darwin, admettant l’origine animale de
l'homme, soutient que la société et les valeurs
morales sur lesquelles elle est fondée, les émotions
et même l'esprit humain sont le fruit de l'évolution
et de la sélection naturelle. Selon lui,les différences
entre le comportement des animaux supérieurs et
les conduites humaines ne sont que quantitatives
et non qualitatives. ll établit des comparaisons
entre les expressions et mimiques de l'homme et
des animaux ainsi qu'entre celles d'hommes de
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diverses cultures, où il retrouve des points com-


muns. il fonde également l'étude du comporte-
ment des plantes, qu'il décrit dans plusieurs
ouvrages, tel The Power of Movement in Plants
(1880). &

Delay (Jean)
Psychiatre et écrivain français
(Bayonne 1907 - Paris 1987).
Fils d'un chirurgien de Bayonne, J. Delay fait des
études de médecine puis de neurologie à Paris, à
la Salpêtrière, qu'il termine avec sa thèse sur les
astéréognosies en 1935.1II poursuit ensuite des
études de philosophie à la Sorbonne avec une
thèse de lettres sur les maladies de la mémoire,en
1942, et une formation psychiatrique clinique avec
H. Ey à l'hôpital Sainte-Anne. C'est dans cet éta-

42
blissement qu'il devient titulaire de la chaire de
la clinique des maladies mentales en 1946. II y
poursuit de nombreuses études cliniques et psy-
chopharmacologiques,
en particulier sur la chlor-
promazine, chef de file des futurs neuroleptiques,
dont il étudie les effets sédatifs sur les états d'agi-
tation dès 1952 avec J.M. Harl et P. Deniker.
Brillant écrivain, il est élu à l’Académie française
en 1959. +

Devereux (Georges)
Anthropologue et psychiatre américain d'origine hongroise
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(Lugos 1908 - Paris 1985).


Après avoir étudié la physique, notamment avec
M. Curie et J. Perrin, G. Devereux s'oriente en 1926
vers les sciences humaines,à l'Institut d'ethnologie,
où il est l'élève de M. Mauss, L. Lévy-Bruhl et P.Rivet.
Il s'établit ensuite aux États-Unis (notamment à l'uni-
versité de Californie à Berkeley, àTopeka,où il s'initie
à la psychanalyse). Il enseigne à partir de 1963 à
l'École des hautes études en sciences sociales. Fon-
dateur de l'ethnopsychiatrie, il est au carrefour de
trois disciplines : la culture grecque (Tragédie et poé-
sie grecques, 1975 ; Dreams in Greek Tragedy, 1976), la
psychanalyse et l'anthropologie (Essai d'ethnopsychia-
trie générale, 1970; Ethnopsychanalyse complémenta-
riste, 1972).Il a effectué des séjours ethnographiques,
notamment chez les Moiï-(Viêt Nam), les Hopi et les
Mohave (Californie).
On lui doit aussi De l'angoisse à
la méthode (1967). *

43
|
É Dolto (Françoise)
Psychiatre et psychanalyste française
(Paris 1908- id. 1988).
Françoise Dolto s'est sentie depuis l'enfance une
vocation : devenir «médecin d'éducation », et avait
entrepris pour cela, malgré sa famille,
des études de
médecine qui lui permettent d'entrer dans la car-
rière en juillet 1939. Dès l’année 1938, elle prépare
l'internat des asiles. Elle rencontre J. Lacan à
Sainte-Anne où lui-même donne déjà à cette
époque un enseignement. Cette rencontre se révé-
lera importante, créant entre eux des liens d'amitié.
Dès sa thèse, en 1939, parue sous le titre Psychana-
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lyse et Pédiatrie, Dolto résume à la fois la théorie de


S. Freud et les applications qu'elle en conçoit. Elle
s'attache ainsi à faire connaître, sous une forme
simple, l'apport théorique de la psychanalyse et à en
démontrer l'intérêt thérapeutique par des observa-
tions d'enfants traités par une psychothérapie ana-
lytique. Dans le même temps, elle mène son analyse
avec R. Laforgue.
Membre de l'École freudienne de Paris, elle
publie en 1971 le Cas Dominique, récit complet de
l'analyse d'un adolescent apragmatique depuis
l'enfance,
où elle rend compte de sa technique.Elle
participe également à l'information du public par
des articles et des émissions radiophoniques.Dolto
élargit son champ, en commentant les Évangiles à
la lumière du désir inconscient, dans deux volumes
intitulés l'Évangile au risque de la psychanalyse (1977,

44
1978), écrits en collaboration avec G. Séverin.On lui
doit aussi Au jeu du désir (1981), Inconscient et désirs
(1988), en collaboration avec J.-F. de Sauverzac. &

Esquirol (Jean Étienne Dominique)


Médecin français (Toulouse 1772 - Paris 1840).
Disciple de P. Pinel, il poursuit le travail nosogra-
phique de celui-ci.ll délimite idiotie et démence, hal-
lucinations et illusions, et crée la classe des mono-
manies. ll considère l'aliénation mentale comme
résultant de causes physiques ou morales, mais
accorde à ces dernières un rôle prépondérant.ll
joue,
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ainsi que ses élèves, un rôle fondamental dans la


mise en place en France des institutions psychia-
triques, dont l'aboutissement est l'adoption de la loi
du 30 juin 1838 sur les aliénés. Il pense que l'isole-
ment des aliénés dans des établissements spéciaux
est thérapeutique (élément du traitement moral).
Son ouvrage principal reste Des maladies mentales
considérées sous le rapport médical, hygiénique et
médico-légal (1838). &

Ey (Henri)
Psychiatre français (Banyuls-dels-Aspres 1900 - id. 1977).
Ilest médecin chefà l'hôpital de Bonneval de 1933 à
1970. Son enseignement à l'hôpital Sainte-Anne à
Paris et la revue l'Évolution psychiatrique, qu'il a fon-
dée en 1927,ont contribué largement à la formation
des psychiatres français. Dans ses nombreux écrits, il
entreprend une mise en forme de l'appareil théo-

45
rique de la psychiatrie, en proposant un modèle
organo-dynamique élaboré à partir des idées de
J.H. Jackson, et dans lequel les maladies mentales
sont des modalités de désorganisation de la
conscience. Ce modèle, qui fait de la conscience le
centre de la vie psychique, entend dépasser la psy-
chanalyse sans revenir au mécanisme réductionniste
du xix° siècle. &

Eysenck (Hans Jürgen)


Psychologue britannique d'origine allemande
(Berlin 1916 - Londres 1997).
H.J.Eysenck émigre en France en 1934, puis en
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Grande-Bretagne, où il se fixe. Il a été directeur du


département de psychologie à l'Institut de psychia-
trie de l'université de Londres.ll s'est intéressé à la
pathologie de la personnalité et aux névroses. il a
écrit notamment À Model of Personality (1960) et The
Biological Basis of Personality (1967). &

Ferenczi (Sandor)
Médecin et psychanalyste hongrois
(Miskolc 1873 - Budapest 1933).
Lié dès 1906 à S.Freud,S.Ferenczi est un de ceux qui
ont le plus contribué au développement de la psy-
chanalyse. Le succès des idées freudiennes en Hon-
grie permet à Ferenczi d'ouvrir une clinique et même,
pendant la brève durée du gouvernement révolu-
tionnaire de Béla Kun, d'enseigner la psychanalyse à
l'université. Mais, à partir de 1923, les divergences

46
commencent à apparaître entre Freud et Ferenczi,ali-
mentées par la complexité des liens affectifs qui exis-
tent entre eux. C'est surtout sur la technique de la
cure que Ferenczi Va s'opposer à Freud. Partant des
mêmes observations que le psychanalyste autrichien
O.Rank (1884-1939) [avec qui il écrit,en 1923,/e Déve-
loppement de la psychanalyse] sur la tendance des
analysés à vivre dans le présent de la cure les pulsions
inconscientes, Ferenczi propose une nouvelle théra-
peutique. Sur le plan théorique, les recherches de
Ferenczi visent la constitution d'une nouvelle science,
la «bioanalyse », qui est l'extension de la théorie psy-
chanalytique au domaine de la biologie, ou psycha-
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nalyse des origines. Dans Thalassa, Psychanalyse des


origines de la vie sexuelle (1924),il élabore l'hypothèse,
étayée sur les théories évolutionnistes de E. Haeckel
et de Lamarck, selon laquelle l'existence intra-utérine
serait la répétition des formes antérieures de la vie,
dont l'origine est marine. La naissance serait la perte
de l’état originaire, auquel tous les êtres vivants aspi-
rent à retourner. Outre une importante contribution
à l'analyse symbolique, Ferenczi a ouvert la voie à une
approche plus attentive des relations primaires de la
mère et de l'enfant. &

Fraisse (Paul)
Psychologue français
(Saint-Étienne 1911 - Châtenay-Malabry 1996).
Directeur adjoint (1943-1952), puis directeur à l'École
des hautes études, professeur de psychologie expé-

47
Freud (Sigmur
3%
“A!
ire
16,

rimentale (1957-1980) à la Sorbonne, P. Fraisse a


dirigé l'Institut de psychologie de l'université de
Paris. Directeur de l'Année psychologique jusqu'en
1994, président de l'Union internationale de psy-
chologie scientifique, il est l'auteur de nombreux
articles et livres, notamment les Structures rythmiques
(1956), Psychologie du temps (1957), Des choses et des
mots (1992). Avec J. Piaget, il a assuré la direction du
Traité de psychologie expérimentale (1963-1966). 1I a
tenu une grande place dans le développement de la
psychologie française après 1945. +

Freud (Sigmund)
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Médecin neurologue autrichien,


inventeur de la psychanalyse
(Freiberg, auj. Pribor, Moravie, 1856 - Londres 1939).
À partir de Freud, la conscience ne constitue plus
qu'une partie de la vie psychique, dont l'autre déter-
minante est dans l'inconscient. Freud fonde une nou-
velle discipline, la psychanalyse, et élabore une nou-
velle conception de l'homme.

La formation d'un jeune neurologue entre Paris,


Berlin et Vienne
Freud est issu d'une famille juive de la petite-
bourgeoisie.Il n'a que 4 ans quand la famille s’ins-
talle à Vienne.Il y résidera jusqu'en 1938, date de
l'Anschluss. Après une scolarité brillante, il s'oriente
vers des études de médecine en 1873. À l'université,
il retrouve l'antisémitisme omniprésent : il se fami-

48
liarise avec la condition de vivre dans l'opposition et
de subir l'interdit d'une majorité. Il entre en 1876
dans le laboratoire de physiologie de E. von Brücke,
où il fait des recherches portant sur la physiologie et
la pathologie du système nerveux. Il se lie d'amitié
avec J.Breuer.Il termine ses études de médecine en
1881, mais ses moyens ne lui permettent pas de
continuer une carrière de chercheur.
En 1883,il entre dans le service de psychiatrie de
T. Meynert, où il reste jusqu'en 1886. Chargé d'une
étude sur la cocaïne, il découvre, en 1884, ses pro-
priétés analgésiques. Une bourse lui permet d'aller à
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Paris,en 1885, faire un stage chez J.M.Charcot à la Sal-


pêtrière. Là, il observe les manifestations de l'hysté-
rie et les effets de l'hypnotisme et de la suggestion.
Charcot fait sur lui une vive impression et Freud se
propose pour traduire ses conférences. En 1886, il
quitte Paris pour Berlin, où il s'intéresse à la neuro-
pathologie infantile.
De retour à Vienne, il ouvre un cabinet privé. La
même année, il épouse Martha Bernays, avec laquelle
il est fiancé depuis 1882. Freud se fait une clientèle
parmi les «nerveux », pour la plupart hystériques,
qu'il
traite, comme on le fait à cette époque, par électro-
thérapie et hypnose.Sa première fille, Mathilde, naît en
1887. En 1888, il publie la traduction du livre de
H. Bernheim, De la suggestion et de ses applications à
la thérapeutique, et revient en 1889 pour quelques
mois en France afin d'étudier les méthodes de Bern-
heim à Nancy. Son premier fils, Jean Martin, prénommé

49
ainsi en hommage à Charcot, naît, bientôt suivi d'Oli-
ver (1891), Ernst (1892), Sofie (1893) et Anna (1895), la
seule de ses enfants qui deviendra psychanalyste.

La naissance de l'inconscient et de la psychanalyse


Une patiente, Elizabeth von R. lui ayant imposé la
méthode des libres associations, Freud renonce à
l'hypnose pour y substituer l'état de simple relaxa-
tion du patient. De 1892 à 1895, il publie des tra-
ductions de Charcot (Leçons du mardi), des articles
«Psychonévroses de défense » et «Obsessions et
phobies » puis, en collaboration avec Breuer, les
Études surl'hystérie (1895), ouvrage mal accueilli
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dans les milieux médicaux.


On y trouve déjà les principes fondamentaux de
la psychanalyse, les notions d'inconscient, de dépla-
cement, d'abréaction, de refoulement. En 1896,
Freud rompt violemment avec Breuer. Une confé-
rence sur l'étiologie sexuelle de l'hystérie donne
matière à scandale. Après la rupture avec Breuer,
Freud poursuit seul sa route. Sa correspondance
avec W.Fliess joue un rôle fondamental dans le pro-
cessus d'autoanalyse qu'il entreprend à cette
époque.Pendant dix ans, il n'aura ni disciples ni col-
laborateurs, consacrant son activité au traitement
des malades et créant la psychanalyse. ll découvre
l'Œdipe en octobre 1897.En 1899 paraissent les Sou-
venirs écran et, en 1900, l'Interprétation des rêves,
ouvrage fondamental. Pour la première fois, le rêve
est l'objet d'une étude scientifique. Grâce à la

50
méthode de l'interprétation des associations libres,
on peut découvrir, à travers le contenu manifeste
du rêve, un contenu latent dont le sens général
représente la réalisation d’un désir. En 1900, Freud
commence l'analyse d'une jeune femme hystérique,
qu'il nommera Dora dans ses écrits.
En 1901, il publie
le Rêve et son interprétation, écrit Fragment d'une
analyse d'hystérie (analyse de Dora ; publiée en
1905), qui analyse la fonction traumatique de la
sexualité dans l'hystérie, et le rôle de l'homosexua-
lité. Il fait un voyage à Rome et fait paraître Psycho-
pathologie de la vie quotidienne. En 1905 sont édités
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ses Trois Essais sur la théorie de la sexualité, qui est


son deuxième ouvrage capital, ainsi que le Mot
d'esprit dans ses rapports avec l'inconscient.

L'institution analytique
À cette date, la psychanalyse est devenue la théorie
du fonctionnement de l'appareil psychique.C'est en
1908 qu'est fondée la Société psychanalytique de
Vienne ; mais, dès avant cette date, s'est constituée
progressivement autour de Freud l'institution analy-
tique.À partir de 1902, la Société psychologique du
mercredi a regroupé ses premiers disciples, Federn,
O.Rank,W. Stekel, A. Adler, notamment.Freud corres-
pond avec le psychiatre Bleuler à partir de 1904 et
reçoit en 1907 la visite de l'assistant de celui-ci,
C.Jung, lequel fonde à Zurich la même année la
Société Freud :c'est pour Freud une victoire,car Jung,
fils de pasteur, psychiatre suisse, fait, aux dires de

51
Freud lui-même, sortir la psychanalyse de ses limites
viennoises et juives. Jung participe au premier
congrès de psychanalyse à Salzbourg (1908) et
accompagne Freud aux États-Unis pour une série de
conférences sur la psychanalyse (1909). En 1910, à
Nuremberg, se réunit le deuxième congrès de psy-
chanalyse, qui fonde l'Association psychanalytique
internationale,
dont la présidence est confiée à Jung.
Cependant, des ruptures et des scissions inter-
viennent entre Freud et les plus proches de ses dis-
ciples. De 1911 à 1913, le fondateur de la psychana-
lyse se sépare successivement d'Adler, de Stekel et,
surtout,
de Jung.Il rompra plus tard avec Rank (1924)
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et Ferenczi (1929). Dès 1912, Freud traite de la ques-


tion du père, question sur laquelle il reviendra dans
Moïse et le monothéisme en 1939.1l produit de nom-
breux textes d'une importance décisive : Un souvenir
d'enfance de Léonard de Vinci (1910), Remarques psy-
chanalytiques sur l’autobiographie d'un cas de para-
noïa (le président Schreber) [1911], Totem et tabou
(1912-13), où il entreprend de retracer l'histoire des
origines de l'humanité, Pour introduire le narcissisme
(1914), Deuil et mélancolie (1917), Introduction à la psy-
chanalyse (1916-17), l’Inquiétante étrangeté (1919).

Pulsions de vie, pulsions de mort


Dans Au-delà du principe de plaisir (1920),Freud intro-
duit les notions de pulsion de vie (Éros) et de pulsion
de mort (Thanatos), principe de réalité et principe de
plaisir, et propose un nouveau modèle de l'appareil

52
- Fe

psychique qui fait intervenir le moi, le ça et le surmoi


(le Moi et le Ça, 1923). La théorie du moi et de l’iden-
tification sera un des thèmes essentiels de Psycholo-
gie collective et analyse du moi (1921). Dans /a Déné-
gation (1925), il souligne l'importance du langage et
de la parole dans la cure analytique.À partir de cette
période, il se consacre davantage aux grands pro-
blèmes de la civilisation (/’Avenir d'une illusion, 1927 ;
Malaise dans la civilisation, 1930). Dans ce dernier
ouvrage,il développe sa conception du monde, sou-
lignant la soumission de la civilisation aux nécessités
économiques,
qui imposent un lourd tribut non seu-
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lement à la sexualité, mais aussi à l'agressivité en


échange d'un peu de sécurité.
En 1923, Freud subit une première intervention
chirurgicale pour un cancer à la mâchoire.ll reçoit le
prix Goethe en 1930 ; en 1934, les nazis brûlent ses
œuvres à Berlin. Il peut quitter Vienne en 1938 et il
s'installe à Londres. Moïse etlemonothéisme paraît en
1939.Freud continuera à traiter des patients presque
jusqu'à sa mort, le 23 septembre 1939. &
@ Histoire de la psychanalyse, p.26;
© Dossier, Psychanalytique (le courant) p.450.

Freud (Anna)
Psychanalyste britannique d'origine autrichienne
(Vienne 1895 - Londres 1982).
Elle est la dernière-née des six enfants de S. Freud,
celle qui resta auprès de lui jusqu'à la fin de sa vie.On
a pu s'étonner d'un lien si fort qu'il paraissait exclu-

53
sif, au point que Freud semble avoir découragé des
attachements qu'elle aurait pu avoir avec tel ou tel
homme, au premier rang desquels il faut compter
E. Jones. À cet égard, le fait qu'Anna fit son analyse
avec son propre père n'était sans doute pas de
nature à dénouer cette situation.
Anna fut également la seule des enfants de
Freud à devenir psychanalyste, et elle joua même un
rôle important dans le mouvement psychanalytique
international. Présidente de l'Institut de formation
psychanalytique de Vienne de 1925 à 1938, elle se
réfugie à Londres en 1938 avec son père et y fonde,
en 1951,la Hampstead Clinic, centre de soins, de for-
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mation et de recherches en psychothérapie infantile.


Elle a d'abord été institutrice et c'est avec des enfants
qu'elle à commencé à pratiquer la psychanalyse. Elle
est d'ailleurs une des premières à entreprendre des
psychanalyses d'enfants.
À ses conceptions s'opposeront celles de
M. Klein, en particulier du côté de l'exploration du
complexe d'Œdipe, A. Freud redoutant la détério-
ration des relations de l'enfant avec ses parents si l'on
analyse ses sentiments négatifs à leur égard. Elle
prône une psychanalyse renforçant le moi et mettant
le thérapeute d'enfants dans une position de péda-
gogue. Elle a publié /e Moi et les mécanismes de
défense (1937), le Normal et le pathologique chez l'en-
fant (1965).Elle veilla par ailleurs, avec un soin jaloux,
à l'édition des œuvres de son père et à la conserva-
tion de ses archives. &

54
Galton (sir Francis)
Homme de science britannique
(Sparkbrook, Birmingham, 1822 - près de Londres 1911).
F. Galton est l’un des plus importants fondateurs de
la psychologie différentielle. Cousin de C. Darwin , il
consacre une large part de son activité à la défense
de la théorie de l’évolution en se proposant de mon-
trer que les prévisions qu'elle permet se vérifient.Les
travaux sur la psychologie différentielle sont inclus
dans cette perspective.La quantification des obser-
vations biologiques est considérée par Galton
comme une condition nécessaire à leur étude.ll
applique ce principe général à l'étude des capacités
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humaines et utilise avec J. McKeen Cattell les pre-


miers tests. Ces tests sont des épreuves portant sur
des processus élémentaires, sensoriels et moteurs ;
leur validité à l'égard de critères complexes se révé-
lera très faible. Galton est l'inventeur de nombreuses
méthodes statistiques couramment employées
depuis, notamment en psychologie : étalonnage,
régression, corrélation. Il esquisse les principes de
l'analyse factorielle.C. Spearman et C. Burt ont mon-
tré que son intuition relative à la prééminence d'un
facteur général d'intelligence sur des facteurs spé-
cifiques peut constituer une manière heuristique de
décrire les différences individuelles dans ce
domaine.Galton est persuadé que les facteurs héré-
ditaires jouent un rôle dominant dans la détermi-
nation des différences individuelles.ll ébauche dans
ce domaine des méthodes d'étude du problème

55
hérédité-milieu qui seront perfectionnées par la
suite : méthode des jumeaux, étude de pedigrees.
Mais il sous-estime dans ses travaux l'importance
des facteurs de milieu. Cette orientation le conduit
à défendre des principes eugéniques qui ne sont
pas compatibles avec les valeurs attachées aux
droits de l’homme dans les démocraties modernes.
Parmi les ouvrages publiés par Galton, on peut citer:
Hereditary Genius (1869), Inquiries into Human Faculty
and its Development (1883), Natural Inheritance
(1889). &

Gesell (Arnold Lucius)


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Psychologue et pédiatre américain


(Alma, Wisconsin, 1880 - New Haven, Connecticut, 1961).
A.L.Gesell devient d'abord instituteur, puis directeur
d'école, avant d'entreprendre des études universi-
taires de psychologie, de philosophie et de méde-
cine. Nommé dans la chaire d'hygiène de l'enfant, à
l'université Yale où se déroule toute sa carrière pro-
fessionnelle, il y fonde la «clinique du développe-
ment de l'enfant »
Dès le début de ses recherches, Gesell se refuse
à séparer le développement psychique de la crois-
sance organique. Ce processus commun de déve-
loppement consiste en une morphogenèse : de l’em-
bryon à l'adolescent, la création de formes dans les
molécules, dans l'anatomie des organes, dans les
réactions de tout l'organisme est continue. L'ap-
proche de cette continuité demande une coopéra-

56
tion pluridisciplinaire. Parce que l'enfant ne repré-
sente pas seulement l'avenir, mais qu'il est aussi «le
terme d'un long passé », l'étude des animaux
importe à la connaissance du développement
humain. On trouve là la trace des théories darwi-
nistes, l'influence de G.Coghill qui fut un des maîtres
de Gesell.
S'intéresser au comportement signifie d'abord
étudier le mouvement.lIl n'existe pas, pour Gesell,
d'état psychique qui ne s'exprime à travers une ten-
sion du corps, des ajustements ou réajustements
posturaux. Cela justifie une méthode d'observation
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filmique, permettant de saisir un dynamisme et de


fixer les changements, méthode dont Gesell sera le
promoteur.
C'est à Gesell qu'on doit d'avoir étendu l'étude
du développement à la période fœtale : avec des
moyens d'investigation fort limités, il s'attache à
montrer que les mouvements du fœtus (rythmes car-
diaque, respiratoire, postures) ressemblent à ceux du
nouveau-né,
qu'il décrit comme un «fœtus externe ».
Toutes les réactions qui se construisent ensuite chez
le nourrisson et l'enfant viennent de ces «actes créa-
teurs de croissance », auxquels elles sont unies par
un principe de continuité hiérarchique.
Ce principe ressortit à une théorie électrodyna-
mique de la vie, qui explique l'interaction réciproque
des champs de forces environnants et de la fonction
créatrice du système nerveux, et compose les rela-
tions comportementales évolutives d'organisation.
7

57
La théorie de Gesell, en dépit de cette interaction,
sera dite maturationniste parce qu'il s'attache plus à
décrire les structurations de la croissance qu'à explo-
rer les effets de champs particuliers auxquels l'enfant
est soumis. Pourtant, ses derniers ouvrages accorde-
ront une grande place au milieu façonné par
l'homme (Gesell en collaboration avec F. L.lIg : le
Jeune Enfant dans la civilisation moderne, trad. fr.
1949), mais pour y retrouver l'histoire naturelle du
développement. Toutefois, Gesell conviendra tou-
jours que la nature «abhorre l'identité » et que le
développement individuel représente une variation
distincte, mais dépendante du type de l'espèce.
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Janet (Pierre)
Psychologue et psychiatre français, fondateur
de la psychologie clinique (Paris 1859 - id. 1947).
Agrégé de philosophie, P. Janet soutient en 1889 sa
thèse de doctorat : «L'automatisme psycholo-
gique ». Afin de poursuivre ses recherches psycho-
pathologiques, il entreprend des études de méde-
cine, et soutient en 1893 une thèse sur « Les
accidents mentaux des hystériques ». Parallèlement
à ses activités de clinicien, il poursuit une carrière
universitaire qui le mène au Collège de France, où
il succède à T.Ribot en 1902.C'est dans le service de
Charcot à la Salpêtrière que sa doctrine va se nour-
rir de données cliniques abondantes, d'où sortiront
ses travaux sur l'hystérie.ll tente, avant Freud, d'ex-
pliquer les troubles psychiques par des méca-

58
nismes psychologiques Pour Janet, l'hystérie et la
psychasthénie résultent d'une faiblesse de la force
psychologique, qui, entravant une activité supé-
rieure de synthèse, rétrécit le champ de la
conscience et entraîne, d’une part, des symptômes
déficitaires et, d'autre part, le développement
d'idées fixes subconscientes. Un malade est un
bilan d'énergie pour Janet.ll ne suffit pas d'amener
les idées subconscientes à la conscience pour gué-
rir le patient, mais il faut les détruire en les disso-
ciant ou en les transformant. L'acte achevé et com-
plet élève la tension psychologique.
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Les principaux ouvrages de Janet sont : Névroses


et Idées fixes (1898) ; les Obsessions et la Psychasthé-
nie (1903) ; l'État mental des hystériques (1911) ; la
Médecine psychologique, (1923). De l'angoisse à l'ex-
tase (2 vol. 1927-1928). &

Jung (Carl Gustav)


Psychologue et psychiatre suisse
(Kesswil, Turgovie, 1875 - Küssnacht, près de Zurich, 1961).
À la fin de ses études de médecine (1900),C.G.Jung
est l'assistant de E. Bleuler au Burghôlzli, clinique
psychiatrique de l'université de Zurich. Bleuler lui fait
connaître les travaux de S. Freud, avec lequel Jung
établit des relations étroites après leur rencontre à
Vienne en 1907.II participe au premier congrès de
psychanalyse à Salzbourg-(1 908). Jung est considéré
à cette époque comme le dauphin de Freud. La
publication de Métamorphoses et symboles de la

59
libido (1912) fait apparaître les premières diver-
gences avec les thèses freudiennes, concernant no-
tamment la nature de la libido, qui devient chez
Jung l'expression psychique d'une «énergie vitale »
et qui n'est pas uniquement d'origine sexuelle.
En 1913, la rupture avec Freud est consommée
et Jung donne à sa méthode le nom de « psycholo-
gie analytique ». Au-delà de l'inconscient individuel,
Jung introduit un inconscient collectif, notion qu'il
approfondit dans les Types psychologiques (1920).
L'inconscient collectif,
qui représente l'accumulation
des expériences millénaires de l'humanité, s'exprime
à travers des archétypes :thèmes privilégiés que l'on
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rencontre inchangés aussi bien dans les rêves que


dans les mythes, contes ou cosmogonies. Parmi les
archétypes, Jung accorde une importance particu-
lière à l'anima (principe féminin que l'on rencontre
dans tout homme), à l'animus (principe masculin
que l'on rencontre dans toute femme) et à l'ombre,
image onirique caractérisée par un attribut noir qui
exprime l'inconscient individuel.
Le but de la thérapie jungienne, beaucoup
moins codifiée que la méthode freudienne, et où le
thérapeute est directif, est de permettre à la per-
sonne de renouer avec ses racines : d'accéder au soi,
c'est-à-dire de prendre conscience des exigences
des archétypes, exigences révélées par les rêves.
Contrairement à Freud, Jung ne reconnaît pas à l’en-
fance un rôle déterminant dans l’éclosion des
troubles psychiques de l'âge adulte, qu'il définit

60
selon une dialectique de la personne avec le monde
extérieur. La publication, en 1944, de Psychologie et
Alchimie marque la seconde époque de la vie de
Jung, où, délaissant la clinique, il s'intéresse à l'eth-
nologie, à la philosophie des religions et à l'alchimie.
En 1958 est fondée la Société internationale de psy-
chologie analytique, qui regroupe les praticiens de
la méthode de Jung. &

Klein (Melanie)
Psychanalyste britannique d'origine autrichienne
(Vienne 1882 - Londres 1960).
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Melanie naît sans être désirée dans une famille juive,


les Reizes. Sa mère, brillante, tient pour les besoins
familiaux un négoce de plantes et de reptiles, son
père est médecin odontologiste.ll meurt quand
Melanie est adolescente. En 1903, elle épouse
A. Klein. À ce nom, elle attribuera toute son œuvre,
alors qu'ils divorcent en 1926. Auparavant naissent
une fille puis deux garçons. L'un d'eux, quand il est
petit, est analysé par sa mère, qui tire de cette ana-
lyse, entre 1919 et 1926, plusieurs conférences et
articles qui font son renom.
Établie à Budapest depuis 1910,elle commence
en 1914, année de la naissance d'un de ses fils et de
la mort de sa mère, une analyse avec S.Ferenczi. En
raison de la guerre, cette analyse est suspendue ;elle
est reprise en 1924, mais-à Berlin, avec K. Abraham,
qui meurt l'année suivante ;elle se conclut à Londres
avec S. Payne. M.Klein s'y installe en 1927 sur les ins-

61
tances de E. Jones, créateur et organisateur de la
Société britannique de psychanalyse.Elle y enseigne
sa théorie et y fonde une école. Pionnière de la psy-
chanalyse des enfants, elle recourt pour cela à la
technique du jeu et du dessin, M. Klein est aussi la
première psychanalyste à avoir réfléchi à l'organisa-
tion psychique du nourrisson et aux relations mère/
nouveau-né. Grâce à son expérience de clinicienne,
elle souligne l'importance de la vie intérieure du
nourrisson et décrypte ses fantasmes. M. Klein sup-
pose qu'il existe dès la naissance un psychisme beau-
coup plus élaboré que ne l'estimait S. Freud, le com-
plexe d'Œdipe se nouant beaucoup plus tôt que ce
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dernier ne l'avait pensé. Pour elle, les pulsions du


nouveau-né (pulsion de vie, pulsion de mort) sont
très précoces. Dès 1938, ses idées lui valent de très
violents conflits avec A.Freud.
En théorie, cette dernière lui reproche, entre
autres, ses conceptions de l'objet, du surmoi, de
l'Œdipe et des fantasmes originaires. En clinique,
A. Freud lui fait grief de soutenir qu'avec un enfant
en cure,un transfert est possible,
qui rend inutile tout
travail avec les parents. M. Klein réfute ces critiques
et reproche à sa rivale de n'être pas freudienne.En
1946, deux groupes différents de formation des
psychanalystes sont créés à Londres et,en 1955,le
Melanie Klein Trust est fondé.
M. Klein a notamment écrit la Psychanalyse des
enfants (1932) ; Essais de Psychanalyse (1947) et Envie
et gratitude (1947). &

62
Kôhler (Wolfgang)
Psychologue américain d'origine allemande
(Reval, auj. Tallin, 1887 - Enfield, New Hampshire, 1967).
W.Kôhler est l’un des principaux représentants de la
gestaltthéorie. Professeur à Berlin, puis à Princeton,il
a observé la discrimination visuelle chez les poulets
et, surtout, l'utilisation d'outils par le chimpanzé.lil a
développé l'idée de la possibilité d'apprentissages
soudains (ultérieurement dénommés «insights ») par
opposition au rôle de la répétition et des essais et
erreurs ; cet apprentissage soudain est, dans sa
conception,de même nature que les réorganisations
observables dans la perception ou dans certaines
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résolutions de problèmes. Ses ouvrages principaux


sont l'Intelligence chez les singes supérieurs (1917),
Problèmes psychologiques (1933). *

Lacan (Jacques Marie)


Médecin et psychanalyste français
(Paris 1901 - id. 1981).
Jacques-Marie Lacan est né d'une mère appartenant
à une riche famille de vinaigriers orléanais et d'un
père qui s'employa au titre de représentant de com-
merce de l'entreprise. En 1918, le jeune homme ne
retrouva pas dans celui qui revenait de la guerre le
père complice de son enfance. Ce fut une tante
maternelle qui distingua la précocité de l'enfant et
lui permit de faire des études au collège Stanislas, à
Paris. Le provincial fut introduit à la vie mondaine de
la capitale et séduit par elle ; cette dissipation ne

63
l'empêcha pas d'associer à de solides études médi-
cales un intérêt pour les lettres, la philosophie, l'an-
thropologie, l'histoire, la linguistique, les sciences
exactes. Les études de psychiatrie se mêlèrent à la
fréquentation des surréalistes d'une façon qui le mit
en marge des deux milieux.
J. Lacan passe sa thèse de psychiatrie en 1932 (De
la psychose paranoïaque dans ses rapports avec la per-
sonnalité) et, la même année, suit une psychanalyse
avec R. Lœwenstein (dont il critiquera les thèses sur
l'égo-psychologie). Son rattachement aux thèses freu-
diennes est total, selon ses termes : «retour à Freud»
est son mot de ralliement du jour où il décide de l'en-
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seigner (1950). Sa contribution à la psychanalyse est


notable dès 1936, au Congrès international de psy-
chanalyse de Marienbad, où il introduit le concept de
«stade du miroir ». Après dix ans d'enseignement à
Sainte-Anne ,ilest chargé de conférences à l'École pra-
tique des hautes études (1963).II trace les voies d'une
formation du psychanalyste qui l'amènent à quitter les
sociétés internationales de la psychanalyse officielle et
le conduisent à fonder en 1964 sa propre école, l'École
freudienne de Paris, qu'il dissoudra en 1980.
J. Lacan à marqué ses disciples grâce à son ensei-
gnement oral (dont une partie fut éditée en 1966
[Écrits],et dont l'autre [Séminaire] est en cours de paru-
tion depuis 1975 dans une rédaction proposée par
son gendre J.-A. Miller). L'essentiel de son apport
théorique a consisté à poser ces deux énoncés cor-
rélatifs : «l'inconscient est le discours de l'Autre » et

64
Lewin (Kurt)

«l'inconscient est structuré comme un langage ».Il a


été amené à mettre en avant trois termes qui scan-
dent sa pensée :
1.«le désir est désir de l'Autre » : l'être humain ne se
constitue que dans l'Autre et l’objet de son désir est
d'abord celui qu'il aperçoit dans l'Autre;
2.le symbolique, c'est-à-dire l’ordre propre où existe
l'être humain,
est le registre de la parole;
3.le désir est la pierre angulaire de l'inconscient,en ceci
qu'il est désir d'autre chose :la cause du désir manque
et l'objet du désir est, dès l'origine, perdu ;donc le sujet
n'existe que grâce à la castration, qui réarticule le
manque et permet d'exister grâce à ce manque. #
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© Stade du miroir p.796.

Lewin (Kurt)
Psychosociologue américain d'origine allemande
(Mogilno, Pologne, 1890 - Newtonville, Massachusetts, 1947).
À l’université de Berlin,
où ilenseigne,K.Lewin rencontre
le gestaltisme.Il s'attache dès lors, ainsi qu'au début de
son émigration aux États-Unis (1932), à développer la
théorie du champ de la personnalité et de la motivation.
Il se tourne plus tard vers l'étude expérimentale de la
dynamique de groupe. Lewin emprunte la notion de
champ à la physique et pense que ce qui se produit dans
un individu, dans un groupe dépend de la distribution
des forces qui s'y exercent. Il étudie aussi les préjugés
raciaux, les conflits entre groupes sociaux, le travail dans
les usines (notamment la résistance des ouvriers au
changement). En 1944, il ouvre le MIT Research Center

65
for Group Dynamics,
qui attirera des chercheurs comme
L. Festinger ou R. Lippitt. Ses principaux ouvrages sont
A Dynamic Theory of Personality (1935), Principles of
Topological Psychology (1936), The Conceptual Repre-
sentation and Measurement of Psychological Forces
(1938), Resolving Social Conflicts (1948).

Lorenz (Karl)
Éthologiste autrichien
(Vienne 1903 - Altenberg, Basse-Autriche, 1989).
K. Lorenz est avec N.Tinbergen le cofondateur de
l'éthologie classique objectiviste. Ses travaux sur
l'instinct chez les oiseaux et les poissons ainsi que ses
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livres de vulgarisation lui ont valu le prix Nobel de


médecine en 1973,avec K.von Frisch et Tinbergen.ll
a étudié en particulier les phénomènes d'empreinte
filiale et maternelle.Il a écrit notamment. Essais sur le
comportement animal et humain (1965), reprenant
ses principaux écrits entre 1935 et 1954, et les Fon-
dements de l'éthologie (1978). *

Montessori (Maria)
Médecin et pédagogue italien
(Chiaravalle, près d'Ancône, 1870 - Noordwijk, Pays-Bas, 1952).
M.Montessori conçoit une méthode qu'elle applique,
à Rome, dès 1906, dans les Case dei bambini, garderies
populaires pour les enfants de femmes au travail. Cette
méthode est inspirée à la fois des jardins d'enfants de
F.Frôbel (1837) et de la psychologie des sensations de
J.Itard et É. Seguin. L'enfant, laissé libre de son travail,

66
est confronté à une éducation des cinq sens qui doit
progressivement l'äamener à apprendre sans
contrainte proprement scolaire. Bains d'eau plus ou
moins chaude ; utilisation en classe de chiffons, balais,
pelles ;tables individuelles adaptées à chacun ; mani-
pulations de pelotes de laine, de cartes de soie pour
l'apprentissage des couleurs ; utilisation de tablettes
d'encastrement et d'emboîtement,
de corps de gran-
deurs différentes classés, de plaques de poids pro-
gressifs pour les sériations, la mesure et les nombres,
de lettres rugueuses et mobiles pour l'écriture et la lec-
ture, de cadres de laçage, de boutonnage, etc. La
«directrice » (l'institutrice) est tenue de ne jamais éle-
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ver la voix. Une «leçon de silence » est imposée pour


que l'enfant se maîtrise mieux. Des jeux et des exer-
cices physiques, toujours didactiques, sont organisés.
La méthode Montessori a été parfois critiquée pour la
rigidité et l'omniprésence de la maîtresse, ainsi que
pour le caractère contraignant et complexe de son
matériel pédagogique.Néanmoins,de nombreux éta-
blissements d'enseignements maternel et primaire
s'en inspirent.M.Montessori a publié notamment une
Pédagogie scientifique (1909 ; trad. fr. 1919). &

Moreno (Jacob Levy)


Psychosociologue américain d'origine roumaine
(Bucarest 1892 - Beacon, New York, 1974).
Psychiatre à Vienne, J. L. Moreno est influencé par
S. Freud et par K.Marx. Il refuse néanmoins la
recherche freudienne de l'enfance et l'idéologie

67
théorique et abstraite du marxisme qui ne tient pas
compte de la réalité structurale socio-affective des
groupes. Épris de théâtre, il crée le «théâtre
impromptu » (Stegreiftheater), où chaque acteur
doit improviser son rôle. En 1925, il se rend aux
États-Unis, où il établit ses théories sur la sociomé-
trie et la dynamique de groupe. En 1934,il publie
son principal ouvrage : Who Shall Survive ? (trad. fr.
Fondements de la sociométrie, 1954). II a développé
ses idées et rapporté ses expériences dans une série
d'articles, « Psychodrama Monographs »,entre 1944
et 1954.
Pour lui, il s'agit de libérer la sociabilité des gens,
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souvent entravée par des routines ou des modèles,


et de mesurer leurs rapports à l'aide d'indices numé-
riques. Il fonde ainsi les enquêtes sociométriques, et
cherche à mettre en œuvre diverses pratiques théâ-
trales (sociodrames, jeux de rôle),
ce qui implique une
certaine forme d'intervention ayant pour but de
favoriser l'expression personnelle : ces pratiques
visent, aux yeux de Moreno, à un vaste effort de
restructuration sociale. &

Palo Alto (école de)


Mouvement d'idées qui s’est développé à Palo Alto,
banlieue de San Francisco, en Californie.
Sous l'impulsion de G. Bateson, des psychiatres de
l'hôpital de Palo Alto se sont intéressés aux pro-
blèmes du comportement social et de la communi-
cation chez le schizophrène.

68
Les idées induites par Bateson ont eu le mérite
d'introduire une véritable révolution épistémolo-
gique dans la description de la maladie mentale en
adoptant un point de vue contextuel sur le système
constitué par le patient et son environnement.
C'est
autour de ces travaux que s'est développé le mour-
vement des thérapies familiales. ©
© Systémique (le courant) p.595.

Pavlov (Ivan Petrovitch)


Physiologiste et médecin russe
(Riazan 1849 - Leningrad 1936).
Reçu médecin en 1879 à l'Académie de chirurgie
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et de médecine de Saint-Pétersbourg, I. P. Pavlov


s'engage rapidement dans une activité de
recherche en physiologie ; en 1883,il soutient sa
thèse de doctorat sur les nerfs centrifuges du
cœur et poursuit jusqu'en 1889 des travaux sur la
circulation. Durant cette période, il fait un séjour
de deux ans en Allemagne chez les physiolo-
gistes R. Heidenhain et C. Ludwig. À partir de
1889, il entreprend des travaux sur la digestion,
qui, au travers du phénomène de sécrétion psy-
chique, le conduisent à la découverte du réflexe
conditionnel, de tout un ensemble de phéno-
mènes connexes et à sa conception générale de
l’activité nerveuse supérieure. C'est de 1903 que
date sa célèbre conférence au Congrès médical
international de Madrid sur la psychologie et la
psychopathologie expérimentales des animaux,

69
ù

dans laquelle il présente pour la première fois la


notion de réflexe conditionnel et les travaux
expérimentaux qui y ont conduit. Le réflexe
conditionnel lui servira dès lors de moyen métho-
dologique pour étudier le fonctionnement du
cerveau (Discours sur les sciences naturelles et le
cerveau, 1909). Puis il s'intéresse au sommeil et
publie en 1915 les Données sur la physiologie du
sommeil. En 1904 lui a été attribué le prix Nobel
de physiologie et de médecine. Après la révolu-
tion d'Octobre, et dans les conditions difficiles
qui prévalent alors, un décret spécial de Lénine,
pris en 1921, assure les conditions de vie et de
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travail de Pavlov et crée pour lui la station biolo-


gique de Koltouchi.Dans la dernière partie de sa
vie, Pavlov s'intéresse de près aux problèmes de
pathologie nerveuse ; il élabore la notion de
névrose expérimentale ; il aborde de très nom-
breuses questions dans ses rencontres hebdo-
madaires avec ses collaborateurs et ses élèves,
publiées ensuite comme les Mercredis de Pavlov.
Son dernier travail important est l’article « Réflexe
conditionnel » pour la Grande Encyclopédie médi-
cale soviétique.
La théorie du conditionnement pavlovien a
très bien résisté à plusieurs décennies d'approfon-
dissement ; elle constitue encore un chapitre
important de ce que nous savons aujourd'hui en
matière de psychologie scientifique et de psycho-
physiologie.*

70
Piaget (Jean)
Psychologue et épistémologue suisse
(Neuchâtel 1896 - Genève 1980).
Fondateur de l'épistémologie génétique, il s'est atta-
ché à rendre compte des mécanismes de formation
des connaissances. |l a particulièrement étudié le
développement de l'intelligence chez l'enfant.

Sa vie
Né dans une famille universitaire,J.Piaget s'intéresse
dès l'enfance aux sciences naturelles. En 1921,il sou-
tient une thèse de doctorat ès sciences. Mais, entre-
temps, il s'oriente vers la philosophie, la logique et
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l'épistémologie:il lit beaucoup,notamment Aristote,


Kant, Spencer, Bergson et James, et il décide, sans
pour autant cesser de s'intéresser aux sciences natu-
relles et à la biologie,
de se consacrer à la philosophie.
Très vite, il concentre son attention sur le pro-
blème de la connaissance : à la recherche des instru-
ments qui pourraient lui permettre de se donner une
théorie scientifique de la connaissance, il est amené
à la psychologie et, plus particulièrement, à la psy-
chologie de l'enfant.
Ainsi s'élabore un projet qui sera celui de toute
sa vie : reconstituer, à travers l'histoire des sciences
(ou l’ontogenèse des notions), l'aventure de la
connaissance humaine, et chercher les lois de ses
progrès Son approche de la connaissance se fait de
façon profondément originale, au travers de sa
«genèse », de son développement chez l'individu

71
humain (psychologie génétique). Parallèlement, Pia-
get cherchera,
avec l'épistémologie génétique, àana-
lyser les structures successives du savoir et à déga-
ger, par-delà l'accident événementiel, les principes
d'une construction dont il restera convaincu qu'elle
est orientée dans le sens d'une conceptualisation
toujours plus abstraite et plus générale.
Il va tout d'abord à Zurich pour suivre des cours
de psychologie et de psychiatrie,
en particulier ceux
de E. Bleuler ; puis il vient à Paris, où il suit les ensei-
gnements de L. Brunschvicg, de A. Lalande et de
P. Janet. Th. Simon, qui travaille sur l'intelligence de
l'enfant, lui ouvre le laboratoire de A. Binet et le
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charge de la mise au point de certaines épreuves du


test de Binet-Simon. Piaget commence ainsi à faire
des observations,
dans une école de garçons,en par-
ticulier sur la logique des classes et des relations, et,
dès 1921, il publie dans le Journal de psychologie un
«Essai sur quelques aspects du développement de
la notion de partie ».
En 1921, il rentre en Suisse et devient le colla-
borateur de É. Claparède à l'Institut Jean-Jacques
Rousseau de Genève.Il se marie et la naissance de
ses trois enfants lui donne la possibilité d'observer
quotidiennement de jeunes bébés dès leur nais-
sance ; les observations minutieuses auxquelles il
procède, avec la collaboration de sa femme, Valen-
tine, fournissent la matière de trois ouvrages : /a Nais-
sance de l'intelligence (1936), la Construction du réel
(1937) et la Formation du symbole (1946).À partir de

72
1933, il assume la direction de l'Institut Jean-Jacques
Rousseau,
où non seulement il trouve d'importants
moyens de travail, mais où il rencontre des cher-
cheurs remarquables : notamment B. Inhelder, avec
laquelle s'établit une exceptionnelle collaboration
de plus de quarante ans :bon nombre des ouvrages,
les plus importants sur le développement cognitif
de l'enfant, sont le fruit de cette collaboration,
comme en témoigne la double signature.En 1925,il
avait succédé à A.Reymond dans la chaire de philo-
sophie de l’université de Neuchâtel. Sa carrière uni-
versitaire se déroule ensuite entre Lausanne (1938 à
1951) et Genève (1939-1971), où il enseigne la psy-
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chologie expérimentale, la psychologie génétique


ainsi que l'épistémologie. En outre,
de 1952 à 1963,
il occupe la chaire de psychologie de l'enfant à la
Sorbonne et il vient chaque semaine à Paris pour
assurer cours et directions de travaux. Si sa carrière
universitaire se termine en 1971,son œuvre scienti-
fique devait se poursuivre jusqu'à sa mort,à la direc-
tion du Centre international d'épistémologie géné-
tique (CIEG).
Piaget assura,en outre, pendant de nombreuses
années, des charges importantes au Bureau interna-
tional de l'éducation et à l'Unesco, institutions pour
lesquelles il a rédigé de nombreux rapports relatifs à
l'enfance et à l'éducation.
_ Mondialement connu, il était membre de nom-
breuses académieset fut lauréat de nombreuses dis-
tinctions scientifiques, dont le prix Érasme, en 1972.

73
Son œuvre
De l’œuvre considérable de J. Piaget (plus de
50 livres, près de 500 articles, on peut citer outre Ja
Naissance de l'intelligence (1936), déjà mentionnée,
Introduction à l'épistémologie génétique (1950) et l'É-
quilibration des structures cognitives (1975).
Il a également dirigé une collection, les « Études
d'épistémologie génétique », qui a comporté près de
40 volumes, auxquels il a lui-même contribué de
façon variable, mais qui,tous,rendent compte de l'ac-
tivité du Centre international d'épistémologie géné-
tique, fondé en 1955 et qu'il dirigeait à Genève.Il a,
en outre, dirigé avec P.Fraisse un important Traité de
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psychologie expérimentale en 9 volumes. Une de ses


dernières importantes contributions est le débat
qu'il a eu avec le linguiste N. Chomsky sur les pro-
blèmes de langage et d'apprentissage.

Ses conceptions
La psychologie de l'enfant n'était pour Piaget qu'un
instrument au service de l'épistémologie ; il n'en est
pas moins connu avant tout pour ses travaux sur la
théorie des stades du développement intellectuel de
l'enfant. L'une des idées motrices en est que l'adap-
tation de la connaissance du monde se fait chez l'en-
fant par l'action :un équilibre tend constamment à
se reformer entre ce que l'enfant assimile et ce à quoi
il s'adapte.La psychologie est pour Piaget l'étude des
opérations cognitives propres aux différents stades
ou niveaux de développement.

74
Ce que Piaget cherche à comprendre, ce sont
les sources et les mécanismes du progrès, qu'il
s'agisse de l'adaptation biologique ou de la
connaissance. En ce qui concerne la connaissance,
la source doit en être recherchée dans l’action que
le sujet exerce sur le monde : un processus dit
d'équilibration assure à la fois le progrès et la stabi-
lité - tous deux également nécessaires à l'être
vivant - grâce à une dialectique entre schèmes d'as-
similation (le sujet s'incorpore des éléments exté-
rieurs compatibles avec sa nature) et schèmes d'ac-
commodation (le sujet se modifie en fonction des
particularités des éléments assimilés sans pour
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autant perdre sa continuité et son indépendance)


(l'Équilibration des structures cognitives, problème
central du développement, 1975].
L'influence de Piaget a été et reste considérable
même si elle suscite des débats. +
© Stade, p.898.

Piéron (Henri)
Psychologue et psychophysiologiste français
(Paris 1881 - id. 1964).
H.Piéron est le principal fondateur de la psychologie
scientifique en France.
D'abord agrégé de philosophie, il étudie la bio-
logie et la physiologie et soutient une thèse de doc-
torat ès sciences naturelles sur le problème physio-
logique du sommeil. Tout au long de sa carrière, ses
intérêts ont été très variés.

75
Initié à la psychologie expérimentale par
A. Binet, il travaille ensuite avec É. Toulouse à l'asile
de Villejuif, où il met au point de nombreuses
méthodes pour analyser la diversité des aptitudes
physiques et intellectuelles. Son intérêt pour la psy-
chologie appliquée le conduira à créer en 1928 l'Ins-
titut national d'orientation professionnelle, à déve-
lopper la docimologie et plus tard à entamer la
publication d'un traité de psychologie appliquée.
Avant J.Watson,il a proposé en 1907 que la psy-
chologie scientifique ait pour objet l'étude du com-
portement et, contrairement à Watson ,il n'y néglige
ni la physiologie ni le langage. Avec lui, la psycho-
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logie scientifique fondée par W. Wundt et T. Ribot


cesse d'être la science des phénomènes de
conscience. ll la rattache à la physique et lui attri-
bue comme fondateur H. Helmholtz. Tant ses
recherches que ses conceptions théoriques le por-
tent vers des études comparatives chez les animaux
et chez l'homme et sur l'analyse des mécanismes
physiologiques sous-jacents aux conduites obser-
vées. Certains de ses très nombreux articles sont
réunis dans un ouvrage paru en 1958 : De l'actinie à
l'homme. En 1912, il succède à Binet à la direction
du laboratoire de l'École pratique des hautes
études et crée en 1928 l'Institut de psychologie de
l'université de Paris. En 1923,il est élu au Collège de
France dans une chaire de physiologie des sensa-
tions. Les cours qu'il y a professés sont condensés
dans son ouvrage /a Sensation, guide de vie. €

76
Pinel (Philippe)
Médecin français (Tarn, 1745 - Paris 1826).
Il s'engagea sur la voie du «traitement moral » des
troubles mentaux, considérant que ceux-ci sont des
maladies au même titre que les maladies organiques.
Il préconisa d'isoler l’aliéné de son milieu de vie et de le
traiter dans des institutions spécialisées.ll est considéré
comme le fondateur de la psychiatrie moderne. €

Ribot (Théodule)
Philosophe et psychologue français
(Guingamp 1839 - Paris 1916).
Professeur à la Sorbonne (1885), puis au Collège de
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France (1888), directeur de Ja Revue psychologique,


T.Ribot a été le principal promoteur en France de la
psychologie expérimentale, sans toutefois avoir
expérimenté lui-même.

Rogers (Carl)
Psychopédagogue américain
(Oak Park, Illinois, 1902 - La Jolla, Californie, 1987).
En 1939, C. Rogers fonde un centre indépendant de
psychopédagogie à Rochester (État de New York).Il
écrit alors The Clinical Treatment ofthe Problem Child
puis devient professeur à l'université de l'Ohio
(1940). Son approche (qu'il qualifiera plus tard et très
ponctuellement de «non directive », parlant plus
volontiers d'approche centrée sur le client), mar-
quée à la fois par S: Freud et par J. Dewey, est pro-
fondément originale. Sa conception de la thérapie,

77
expérimentée avec des schizophrènes et conduite
dans l'implication directe thérapeute-malade, sans
la distanciation médicale et/ou psychanalytique,
sera le modèle des reprises non directives ulté-
rieures, essentiellement françaises.Sa méthode a été
appliquée à l'enseignement malgré ses réticences.
Ses principaux ouvrages sont Psychothérapie et rela-
tions humaines (1942), Client-Centered Therapy
(1951), /e Développement de la personne (1961).

Skinner (Burrhus Frederic)


Psychologue américain (Susquehanna, Pennsylvanie, 1904 -
Cambridge, Massachusetts, 1990).
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B.F. Skinner se consacre à la recherche et à l'ensei-


gnement
:université du Minnesota (1937-1945), d'In-
diana (1945-1948), Harvard (1948-1957).Il analyse,
d'abord chez le rat et le pigeon, puis chez l'homme,
une classe particulière d'apprentissages,
qu'il appelle
conditionnement opérant. La situation la plus connue
est la boîte de Skinner, dans laquelle, dans le cas le
plus simple, un rat reçoit une boulette de nourriture
s'il appuie sur le levier qui s'y trouve. À partir de là,
Skinner développe, au sein de l'école béhavioriste,
mais de façon autonome, un courant qui se
dénomme celui de l'analyse expérimentale du com-
portement, et dont la base philosophique est un
béhaviorisme radical. L'idée principale en est que tout
le comportement des individus s'explique par les
régularités dans les renforcements («contingences de
renforcement ») auxquels ces individus ont été sou-

78
mis de la part de leur environnement au cours de leur
existence. Cette conception a suscité des adhésions
ou des hostilités beaucoup plus fortes que beaucoup
d'autres théories, surtout à cause de ses implications
philosophiques, morales ou politiques. &

Spearman (Charles Edward)


Psychologue britannique (Londres 1863 - id. 1945).
Ch.E. Spearman est l'auteur d'une théorie de l'intelli-
gence et de la première méthode d'analyse factorielle,
qui met en évidence, dans les conditions où Spearman
l'emploie, l'existence d'un facteur général. Son princi-
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pal ouvrage est The Abilities of Man (1927). *

Spitz (René Arpad)


Psychanalyste américain d'origine hongroise
(Vienne, Autriche, 1887 - Denver, Colorado, 1974).
Spitz fait partie des élèves de Freud qui fuient l'AI-
lemagne avant la Seconde Guerre mondiale, et après
un passage à Paris, il s'établit aux États-Unis. Profes-
seur de psychologie psychanalytique à New York,
puis professeur de psychiatrie à Denver (Colorado),
il oriente d'emblée ses recherches sur les origines
du psychisme humain dans la petite enfance. Bien
qu'utilisant des données tirées de «l'observation
minutieuse des comportements les plus archaïques
de l'enfant» ou de méthodes issues de la psycholo-
gie expérimentale, il ne cesse tout au long de ses tra-
vaux de se référer à l'œuvre de Freud, en particulier
aux Trois Essais sur la théorie de la sexualité.

79
De ses travaux, on retient aujourd'hui la décou-
verte de la dépression anaclitique, syndrome de
carence affective précoce des enfants privés de soins
maternels et placés en institution dans les premiers
mois de la vie. Ce syndrome à dominance de retrait
et ralentissement psychomoteur peut en cas de pla-
cement prolongé aller jusqu'à un tableau d'hospita-
lisme : indifférence, inertie, anorexie, arrêt du déve-
loppement et détérioration de l'état physique parfois
irréversible. Le petit enfant, séparé de sa mère ou du
substitut habituel, est livré aux soins mécaniques et
anonymes d'une institution hospitalière.
On doit aussi à Spitz la découverte sensation-
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nelle de ce qu'il appelle les trois organisateurs de


la vie psychique du petit enfant : le sourire, en
réponse à la perception du visage humain vu de
face et fonctionnant comme un signal, qui appa-
raît vers 3 mois ; l'angoisse du 8° mois devant un
visage étranger ; enfin, l'acquisition du « non » aux
alentours de 18 mois, qui signe pour lui l'entrée
dans le langage.Ces éléments sont désormais des
repères essentiels en psychologie de l'enfant &
© Angoisse du 8° mois p.661.

Vygotski (Lev Semenovitch)


Psychologue soviétique
(Orcha, Biélorussie, 1896 - Moscou 1934).
Il défend la thèse d'une genèse sociale du psychisme,
structurée par des systèmes de signes (Pensée et Lan-
gage, 1934). +

80
Wallon (Henri)
Philosophe, médecin et homme politique français
(Paris 1879 - id. 1962).
Médecin et agrégé de philosophie, puis docteur ès
lettres, il se spécialise dans la psychologie de l'en-
fant et enseigne à la Sorbonne, puis au Collège de
France. ll crée en 1921 un centre de consultation
médico-pédagogique, s'occupe d'orientation pro-
fessionnelle et de pédagogie et dirige le labora-
toire de psychologie de l'enfant ;il est le fondateur
du groupe français d'Éducation nouvelle. Avant la
guerre, il joue un rêle important parmi les intellec-
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tuels antifascistes et est un défenseur du rationa-


lisme ; il participe à la Résistance et est, après la
Libération, membre de l'Assemblée consultative
provisoire, secrétaire général à l'Éducation natio-
nale, puis député communiste pendant un an.ll a
attaché son nom, avec celui de Paul Langevin,à un
projet de réforme de l'enseignement. On lui doit
la création de la psychologie scolaire. Son œuvre
scientifique est centrée autour de la notion de
développement psychologique en fonction de
l’âge, avec un accent mis sur les développements
moteurs et affectifs autant qu'intellectuels. Selon
lui, les premiers signes observables de vie psy-
chique chez le bébé sont émotionnels. Ses princi-
paux ouvrages sont l'Évolution psychologique de
l'enfant (1941), De l'acte-à la pensée (1942), les Ori-
gines de la pensée chez l'enfant (1945).
© Stade p.898.

81
Watzlawick (Paul)
Philosophe et psychothérapeute autrichien
(Villach, Autriche, 1921 - Palo Alto, Californie, 2007).
Docteur en philosophie de l’université de Venise,
P. Watzlawick acquiert ultérieurement une for-
mation psychanalytique et psychothérapique.ll
est engagé en 1962 au Mental Research Institute
de Palo Alto, en Californie. ll s'est rendu célèbre
par la publication de nombreux ouvrages trai-
tant de la communication humaine normale et
pathologique, des relations pathologiques, de
thérapies familiales non psychanalytiques. Son
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livre le plus connu en France a été traduit sous


le titre Une logique de la communication (1967 ;
trad. fr. 1972). &

Wechsler (David)
Psychologue américain d'origine roumaine
(Lespedi, Roumanie, 1896 - New York 1981).
D.Wechsler est directeur de l'hôpital psychiatrique
Bellevue à New York de 1932 à 1967.
Son apport théorique essentiel est marqué par
le rejet d'une conception idéale de l'intelligence au
profit d'une conception statistique. L'intelligence dite
«normale » est définie pour lui comme la valeur cen-
trale d'une courbe statistique (Laplace-Gauss), for-
mée par les sommes des points obtenus par les
membres d'un groupe de personnes d'un âge défini
lors de la passation d'une série de tests de niveau,ou
échelle.

82
Il a publié une des plus importantes batteries de
tests, le Wechsler-Bellevue Intelligence Scale (1939),
dont il a tiré d'autres échelles, notamment le Wechs-
ler Intelligence Scale for Children (1949), puis le Wechs-
ler Adult Intelligence Scale (1955).1l a écrit également
The Range of Human Capacities (1955).

Winnicott (Donald Woods)


Pédiatre et psychanalyste britannique
(Plymouth 1896 - Londres 1971).
D. W. Winnicott exerce la pédiatrie pendant plus de
quarante ans et est président de la Société britan-
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nique de psychanalyse de 1956 à 1959 puis de 1965


à 1968. Ses travaux sont essentiellement centrés sur
les relations mère-nourrisson les plus précoces. L'ori-
ginalité de Winnicott est d'avoir considéré ces rela-
tions non plus seulement sous l'angle des processus
psychiques internes du jeune enfant, mais sous celui
d'une unité indissociable («il n'existe pas de bébé
sans mère ») pendant les trois premiers mois de la vie.
Winnicott postule chez le nouveau-né une tendance
innée au développement spontané d'un processus
de maturation vers l'individualisation, mais qui ne
peut devenir effectif que si l'environnement le favo-
rise. Ce développement psychique est intimement
lié au vécu corporel, dont les besoins doivent être
satisfaits de manière « presque parfaite » par une
«mère-suffisamment-bonne » pour procurer au
bébé, au-delà des satisfactions instinctuelles, un sen-
timent de sécurité.

83
Un des apports théoriques les plus originaux de
Winnicott réside dans sa conception du passage de la
fusion primitive à la perception par l'enfant de l'exis-
tence différenciée d'un objet séparé de sa person-
qui, selon lui,s'élabore progressivement
nalité (/e self),
à travers des phénomènes et objets transitionnels. Win-
nicott accorde une importance étiologique primor-
diale aux défaillances de l'environnement au cours
de cette phase de maturation, en fonction du degré
de dépendance où elles ont eu lieu. Ainsi, c'est au
stade le plus archaïque de dépendance absolue et
fusionnelle qu'il rattache les psychoses, ou bien les
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distorsions du moi.ll a écrit notamment De la pédia-


trie à la psychanalyse (1957, trad.fr. 1969), Processus de
maturation chez l'enfant (1965 ;trad. fr. 1975), Jeu et
réalité : l'espace potentiel (1971 ; trad. fr. 1975). &
© Objet transitionnel (|), encadré p.918.

Za7z0 (René)
Psychologue français (Paris, 1910 - id. 1995).
Après une licence de philosophie à la Sorbonne, en
1931,un diplôme d'études supérieures de philosophie
en 1932,et un certificat de physique en 1933,R.Zazzo
effectue un stage à l’université Columbia en 1933, puis
obtient une bourse qui lui permet un séjour de plu-
sieurs mois à l'université Yale, sous la direction de
A. Gesell à la Clinique du développement de l'enfant.
Son passage à Yale est une expérience déterminante
pour lui, car, ainsi qu'il le dit dans son autobiographie,
il a appris de Gesell «le goût du fait précis», comme

84
de H.Wallon «le sens de la complexité du réel».
Il devient en 1936 son collaborateur technique,
puis en 1947 le directeur adjoint du Laboratoire de
psychobiologie de l'enfant, fondé et dirigé par H.Wal-
lon, enfin le directeur de ce même laboratoire en
1950.À la même époque, il est professeur à l'Institut
de psychologie et contribue à fonder la psychologie
scolaire en France. Spécialiste de la psychologie de
l'enfant, il mène alors une double carrière d'homme
de laboratoire et d'homme de terrain, tout à la fois
enseignant-chercheur et clinicien, dirigeant le labo-
ratoire de psychopathologie de l'hôpital Henri-Rous-
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selle. En 1958, il soutient sa thèse de doctorat d'État,


dirigée par J. Piaget sur « Les jumeaux, le couple et la
personne ».

Courageux (encore étudiant il dénonce les


conditions d'internat de jeunes orphelins et « pré-
délinquants » dans des cages pour enfants), sans a
priori, parfois même iconoclaste («Je tenais de Wal-
lon qui le tenait de Preyer qui le tenait de Darwin que
l'enfant s'identifiait devant le miroir aux alentours de
9 mois » ; «Ne laissons pas les mots penser à notre
place » ;« Entre autres choses, il en est une queje par-
tage avec Wallon : je ne suis pas wallonien »), il se
montre capable d'anticiper les grands courants
modernes de la psychologie,
d'en prendre la mesure
et d'en rendre compte.
Anticiper,il sait le faire tout d'abord en décelant,
dès 1942, dans son premier ouvrage intitulé Psycho-
logues et psychologies d'Amérique, les prémisses du

85
grand courant d'études américaines sur le dévelop-
pement qui se prépare effectivement, tandis que
chacun considère encore que les théories de l'ap-
prentissage dominent la scène aux États-Unis.
Anticiper, il le fait ensuite, au niveau de ses
recherches sur l’imitation néonatale, dont il découvre
le fait en 1945.Il ne publie ses études qu'en 1957,en
raison du scepticisme conjugué de Piaget et de Wal-
lon :on sait la place éminente que tient, dans le bilan
de compétences du nouveau-né, cette décou-
verte re »-découverte par les Américains A.Meltzoff
et M. Moore près de vingt ans plus tard. Anticiper, il
le réalise encore en comprenant l'importance de la
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découverte de Gallup, utilisant une tache rouge sur


le nez du petit de chimpanzé pour montrer que
celui-ci, mis devant un miroir, essuie son nez, donc
reconnaît son image. Avec le même critère pour de
jeunes enfants humains, Zazzo montre l'antériorité
de la connaissance sociale sur la reconnaissance de
soi-même : les autres sont indispensables pour se
repérer comme personne (Reflets de miroir et autres
doubles, 1993)
Enfin, il sait traiter du thème de la gémellité de
façon très originale, en soutenant la thèse selon
laquelle plus les jumeaux se ressemblent physi-
quement, plus il leur est nécessaire de se distinguer
dans leur personnalité, de façon à exister en tant
que personnes, à manifester une identité - ce qui
est résumé sous le titre évocateur /e Paradoxe des
jumeaux (1984).

86
Prendre la mesure et rendre compte : le plus
spectaculaire exemple en est sans doute son idée
d'un colloque imaginaire sur l’Attachement (1974),
regroupant les spécialistes mondiaux du domaine
pour une entrée du concept, très utilisé aux États-
Unis, mais alors ignoré en Europe francophone. Une
deuxième manifestation de cette grande lucidité
scientifique s'exprime dans ses analyses de la moder-
nité de l'œuvre d'H.Wallon (Psychologie et marxisme :
la vie et l'œuvre d'Henri Wallon, 1975), et dans l'intro-
duction qu'il en fait dans les pays anglophones et au
Japon.
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Sa carrière d'homme de terrain le mène à pré-


ciser les avancées de A. Binet avec ses collabo-
rateurs du laboratoire d'Henri-Rousselle et du
Laboratoire de psychobiologie de l'enfant,non seu-
lement dans une révision du test (Nouvelle Échelle
métrique de l'intelligence, 1966 où NEMI), mais encore
avec la présentation d'un ensemble de techniques
permettant l'application du « diagnostic progressif »
qu'il prône (Manuel pour l'examen psychologique de
l'enfant, 1960) et avec une analyse de la débilité (les
Débilités mentales, 1979).II dirige la revue Enfance de
1962, date à laquelle il succède à Wallon, jusqu'à sa
mort. &

87
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FRANS
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|
PARTIE 2

Les grandes
questions
de la
vie quotidienne,
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les
principales
psychopathologies
Addictions (les)
D'un joueur invétéré, d’un fumeur
incorrigible, d’une dépensière incontrôlable,
d’un buveur impénitent, on disait autrefois
qu'ils avaient un « vice ».
On parle désormais de conduite d’addiction.
Excluant toute notion de morale, ce concept
replace ces troubles dans leur juste cadre :
celui d’une pathologie psychique.
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L'addiction peut se définir comme une relation plus


ou moins aliénante d’un individu envers une sub-
stance (drogue, tabac, alcool, médicaments),une pra-
tique (jeu, achat) ou une situation (relation amou-
reuse, secte). Elle permet de regrouper des troubles
pathologiques isolés antérieurement et parfois très
différents entre eux :alcoolisme,toxicomanie,dépen-
dance médicamenteuse, anorexie mentale,boulimie,
achats compulsifs, dépendance sexuelle,
jeu patho-
logique, tabagisme, dépendance au travail, à une
secte,
au sport (jogging), kleptoma- La cyberaddiction
nie, pyromanie, cyberaddiction, etc. commence à faire
des ravages.
Toxicomane ou joueur, Elle s'applique
même aliénation RCE
de l'internet qui
Le concept d'addiction a le mérite finissent par ne plu
de centrer la problématique non sur pouvoir décoller
le produit ou sur l'acte, mais sur la de leur écran.

90
psychologie du sujet.ll souligne ainsi l'analogie entre
le fonctionnement psychique d'un individu dépen-
dant d'un toxique, et d'un autre dépendant d'un
comportement. || permet de relier les différentes
conduites pathologiques de dépendance et invite à
dégager les bases d'une compréhension commune
de ce qui peut conduire une personne à s'adonner à
des pratiques qui aliènent sa liberté d'être et de vivre.
Le regroupement de différents troubles au sein
des conduites addictives traduit des parentés simi-
laires : ainsi,
on retrouve chez le toxicomane,comme
chez le joueur pathologique, le même besoin irré-
pressible et sa poursuite malgré des conséquences
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négatives de plus en plus sévères.


En excluant les addictions aux drogues et l’ano-
rexie-boulimie, traitées dans d’autres chapitres de cet
ouvrage, différents exemples d'addiction peuvent
être ici évoqués.
La kleptomanie correspond à l'impossibilité répé-
tée de résister à l'impulsion de voler des objets quine
sont dérobés ni pour un usage personnel ni pour leur
valeur commerciale. Souvent, le larcin accompli, le
kleptomane les donne, les abandonne ou même les
rend à leur propriétaire. De la même manière, dans les
conduites addictives d'achat, les objets achetés sont
généralement négligés sitôt l'achat effectué.
La littérature a donné bien des exemples de
joueur pathologique, notamment avec le Joueur de
Dostoïevski, et l'on sait que quelques personnalités
en vue du monde du show-biz ou de la littérature se

91
sont de leur plein gré fait interdire la porte des casi-
nos. Le sujet a l'esprit accaparé par le jeu. La plupart
des joueurs disent qu'ils recherchent un état d'exci-
tation euphorique plus que l'argent. Malgré leurs
efforts répétés, ils ne peuvent arrêter leur conduite,
au point de mettre en danger leur situation familiale,
professionnelle et, bien sûr, financière.
Le jogging, enfin, peut entrer dans la catégorie
des conduites addictives : le goût de la course de
fond devient besoin, prenant une telle importance
chez certains qu'ils vont faire passer leur passion
avant toute chose et, en cas d'interruption forcée,
souffrent véritablement.
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Entre ces différentes conduites et la toxicomanie


ou la boulimie, par exemple, certaines analogies sont
frappantes : impossibilité de résister aux impulsions
à accomplir l'acte, sensation croissante de tension le
précédant immédiatement, plaisir ou soulagement
d'un malaise intérieur pendant son accombplisse-
ment, persistance en dépit des conséquences néga-
tives.
l'est difficile de choisir un traitement adapté
dans la mesure où rien n'est encore codifié dans ce
domaine.La prise en charge d'un alcoolique ne sau-
rait être identique à celle d'un kleptomane.La nature
de la réponse thérapeutique est commandée par l'or-
ganisation psychique du sujet. &

> Adolescents (les conduites à risque des) p. 101;


> Dépendance aux « drogues » (la) p.193.

92
Adolescence (|)
L'adolescence représente un passage entre
deux états : de l'enfance à l’âge adulte.
C'est une période de grande fragilité
où se rejouent différents stades déjà vécus
dans la petite enfance, mais également
un mouvement de désidéalisation
des parents qui plonge l'adolescent
Grandes
questions.
dans une perte de repères.Ces changements
physiques et psychiques entraînent le jeune
dans une désorganisation passagère.
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Le début de l'adolescence, chronologiquement asso-


cié au démarrage de la maturation pubertaire,se situe
vers l’âge de 11-12 ans et son achèvement vers l'âge
de 18 ans,terme qu'il convient de retenir même si les
limites sont floues entre la fin de l'adolescence et le sta-
tut de jeune adulte. En effet, les transformations bio-
logiques, psychologiques et psychosociales propres à
l'adolescence sont accomplies vers l'âge de 18 ans,
bien que le développement se poursuive au-delà dans
d'autres domaines et selon d'autres modalités.

Caractérisation
de l'adolescence
La période de l'adolescence est marquée par la
convergence de trois faits fondamentaux, à partir
desquels on peut dresser un tableau compréhensif

93
des événements qui caractérisent le passage de l'en-
fance à l'âge adulte :
- vive accélération de la croissance, dont la poussée
staturale est l’un des signes les plus frappants ;
- importance des changements qui se produisent et
qui intéressent l'ensemble de l'organisme et de la
personne;
- grande variabilité interindividuelle : la vitesse de
ces changements et le moment (âge) de leur sur-
venue varient largement d'un enfant à l'autre ; et
grande variabilité intra-individuelle : chez un
même individu, les changements ne se font pas
tous au même moment, ni suivant le même
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rythme, dans tous les secteurs du développement:


physique, intellectuel, socio-affectif. Ces deux
formes de variabilité sont inhérentes au dévelop-
pement normal.

La puberté
et ses répercussions
Centrale à l'adolescence, la question de l'identité ne
saurait être élucidée par le sujet sans en référer au
corps, même si le sens de l'identité ne s'épuise pas là.
Au cours de la puberté, le corps de l'enfant se modi-
fie dans sa morphologie, dans son fonctionnement
et dans son apparence ; en peu de temps - en
moyenne quatre ans —,il devient un corps d’adulte,
sexualisé. L'adolescent doit s'adapter à ces change-
ments, intégrer dans les images de soi ce corps en
transformation, assumer son identité de genre, mas-

94
culine ou féminine, et s'avancer sur le chemin menant
à la sexualité génitale adulte.
La majorité des adolescents y parvient sans
connaître de perturbations psychologiques majeures;
la tâche n'est pourtant pas aisée et comporte bien
des inquiétudes, des doutes, des angoisses.D'autant
que,si la maturation pubertaire touche l'adolescent
dans son intimité corporelle, elle entraîne également
des changements dans la manière dont il est perçu
et considéré par son entourage :parents,camarades,
enseignants, etc.De sorte que l'adaptation aux chan-
gements corporels se joue aussi dans le contexte des
relations avec autrui, souvent influencées par des
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représentations collectives et des croyances portant


sur l'avènement précoce ou tardif de la puberté, sur
la nature et le sens des signes qui annoncent la matu-
ration sexuelle (comme l'apparition des premières
règles chez la fille), ainsi que par les standards cultu-
rels de beauté et de séduction associés aux formes
de l'homme et de la femme.

Comment pensent
les adolescents ?
Des changements importants dans le mode de fonc-
tionnement de la pensée s'observent au cours de
l'adolescence. Selon la théorie opératoire de J. Pia-
get, ces changements correspondent à l'acquisition
des structures de la pensée formelle, qui caractéri-
sent le stade d'achèvement du développement intel-
lectuel. D'après B. Inhelder et Piaget, avec l'avène-

95
ment de la pensée formelle - entre 11-12 et 14-
15 ans -, l'adolescent devient apte à raisonner, abs-
traitement, en termes d'hypothèses, énoncées ver-
balement,et non plus seulement en se référant à des
objets concrets et à leurs manipulations ; il accède
donc à la pensée hypothético-déductive.
Cependant,
de nombreuses recherches,utilisant
des épreuves dérivées des travaux d'Inhelder et Pia-
get, ont fait apparaître que de forts pourcentages
d'adolescents,et même d'adultes,ne les réussissaient
pas. Ces résultats mettent en cause la généralité des
théories piagétiennes et suggèrent que l'acquisition
et le maniement de la logique formelle ne seraient
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que l’une des réalisations possibles du développe-


ment cognitif à l'adolescence. L'influence positive
dans ce sens des stimulations offertes par l'environ-
nement familier des enfants est évidente.Mais il faut
également prendre en compte la différenciation des
aptitudes - littéraires, artistiques, scientifiques, pra-
tiques -— qui s'accroît fortement à l'adolescence, et le
fait que toutes n'impliquent pas, ni au même degré,
la contribution de la logique formelle à l'élaboration
des conduites adaptatives.ll en va de même pour ce
qui est des différents domaines d'exercice de l'intel-
ligence (par exemple, le domaine professionnel).
Comme Piaget lui-même le rappelle, la logique
n'est pas tout dans la pensée. Aussi, pour mieux com-
prendre la pensée de l'adolescent, doit-on se référer
à d'autres modalités de fonctionnement non néces-
sairement dépendantes de l'acquisition de la logique

96
formelle, ou du moins ne s'y réduisant pas. Des pro-
grès sensibles par rapport à l'enfant apparaissent
notamment en ce qui concerne la métacognition
(connaissance que chacun peut avoir de ses propres
processus mentaux) et la pensée récursive (penser à
la pensée, de soi ou d'autrui : « je pense qu'il pense
que tu penses que... »). Ces deux aspects de la pen-
sée réfléchie se retrouvent dans le penchant de l’ado-
lescent pour l'introspection,la rumination, la rêverie,
et se traduisent dans la construction de formes plus
élaborées de la connaissance de soi et d'autrui en
tant que personnes bien différenciées par leurs idées,
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leurs traits de personnalité, leurs émotions, leurs


ambiguités, leurs contradictions.Cette évolution des
conceptions de soi et d'autrui apporte des argu-
ments (sans en être pour autant le moteur) aux
revendications d'autonomie, d'égalité et de récipro-
cité qui alimentent tant de conflits de l'adolescent
avec son entourage.
La pensée de l'adolescent se distingue encore
de celle de l'enfant par les tentatives qu'il fait de don-
ner, ou de trouver, un sens à tous les aspects de son
expérience concrète du monde, enrichie des
contacts avec de nouveaux groupes et institutions.
L'interrogation sur soi s'étend alors à des questions
plus vastes, émotionnellement investies, comme
l'amour et l'amitié, la société, la justice, la religion, la
moralité. Bien sûr, tous les adolescents ne construi-
sent pas des théories originales ; la plupart acquies-
cent à des croyances et à des idéologies disponibles

97
dans leur environnement ; mais ce faisant, ils se don-
nent tout de même les moyens d'insérer le quoti-
dien vécu dans un cadre interprétatif
qui le dépasse.
C'est un fait de l'adolescence que de saisir et de
poser pour la première fois, sous une forme achevée
et compréhensible, la question du sens de la vie et
de la mort.

Socialisation
de l'adolescent
La transition de l'état de dépendance infantile à
l'état d'autonomie affective et sociale de l'adulte se
négocie d'abord dans le milieu familial. C'est dans ce
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contexte que la psychanalyse, à partir d'A. Freud,


situe la crise d'adolescence, déclenchée par le réveil
des pulsions que provoque la maturation sexuelle.
Selon cette approche, au moment de la puberté,
dans une répétition de la période sexuelle enfan-
tine, se réactive la situation œdipienne. Les pertur-
bations et inadaptations transitoires de l'adolescent
résultant du conflit entre un ça relativement fort et
un moi relativement faible, sont conçues comme
normales et même nécessaires pour un développe-
ment ultérieur plus équilibré. L'issue de la crise est
marquée par l'abandon des anciennes identifica-
tions parentales (l'adolescent doit en faire son
deuil), l'élaboration de nouveaux mécanismes de
défense (comme un surinvestissement intellectuel,
sorte de tentative pour protéger la toute-puissance
infantile appliquée au domaine des idées) et le ren-
&

98
forcement des activités autonomes du moi qui
mènent, entre autres, à une diversification des rela-
tions avec autrui.
Quelle que soit l'approche que l'on prenne,il est
clair qu'à l'adolescence l'enfant doit abandonner le
mode de rapport qu'il avait jusqu'ici avec ses parents,
et en construire un autre dans lequel l'autonomie et
l'identité des partenaires seront pleinement recon-
nues. La conduite des parents doit se modifier en
conséquence, aussi bien du point de vue de l'ex-
pression des affects que pour ce qui tient à leur rôle
en tant qu'agents de socialisation.Cette transition ne
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va pas sans conflits. Mais ceux-ci ne prennent pas tou-


jours l'allure dramatique que peut suggérer une
généralisation des observations faites par les clini-
ciens dans leur pratique.
En même temps que ses relations avec la famille
changent, l'adolescent s'ouvre à un monde beau-
coup plus large dans lequel les camarades vont
prendre une place très importante. Les groupes de
camarades de même âge constituent dans cette
période de puissants agents de socialisation dont les
fonctions sont plutôt complémentaires qu'opposées
à celles du groupe familial. Ils facilitent, en effet, le
développement des relations amicales,très investies
à l'adolescence, et l'expérience de l'intimité ; ils sti-
mulent les identifications réciproques et contribuent
ainsi au remaniement de l'identité personnelle et
sociale ; ils donnent enfin aux adolescents la pos-
sibilité d'expérimenter des rôles et des situations

99
sociales qui s'inscrivent dans une dialectique du
«faire » et de l'«interdit » relativement autonome par
rapport à l'ordre institutionnel.
Autre agent de socialisation : l'école, d'une part,
crée des conditions propices à la constitution et au
fonctionnement des groupes de camarades, et
d'autre part stimule, ou devrait stimuler, la confron-
tation avec les statuts professionnels adultes.

La question de l'identité
Le remaniement de l'identité représente un enjeu
majeur de cette période : l'adolescent doit assimiler
et intégrer dans les représentations de soi l'en-
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semble des changements physiques, psycholo-


giques et relationnels dont il fait l'objet ; il doit, de
plus, s'insérer dans une perspective temporelle per-
sonnalisée : se reconnaître dans un passé qui est le
sien et qui fonde la certitude de la continuité de soi,
et, en ayant conscience du caractère transitoire du
présent, se rapporter à un avenir qu'il peut essayer
de construire. &

> Amour (l') p.142;


> Sexualité (la) p.528.

100
Adolescents
(les conduites à risque des)

Entre 10 % et 20 % des jeunes ont recours


à des conduites à risque pour exprimer
leur souffrance. Celles-ci sont de plusieurs
ordres : de la prise inconsidérée de risques
Grandes
questions...
physiques à la toxicomanie ou aux tentatives
de suicide, en passant par les fréquentations
douteuses, les fugues, etc. Mais elles ont un point
commun : généralement autodestructrices,
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elles altèrent les potentialités évolutives.

Les limites de l'adolescence et de la postadolescence


sont floues et varient selon les sociétés. Le début de
l'adolescence est caractérisé par la transformation
pubertaire,
qui entraîne de multiples modifications à
la fois physiologiques, psychologiques et sociales.
Avec le prolongement de la scolarité,
des difficultés
accrues pour entrer dans la vie professionnelle, mais
aussi une tendance à retarder l'établissement d'un
lien conjugal, l'évolution sociale actuelle conduit à
différer la fin de l'adolescence. Certains appellent
«postadolescence » cette période marquée par une
définition progressive des caractéristiques qui
constitueront l'adulte.
Lors de l'adolescence,
on constate que l'«agir» est
une façon privilégiée de témoigner, d'exprimer ses

TRE

\dolescents
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(les conduites
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à risque des)
“ # € s Te € À

angoisses et ses conflits internes.Lorsque l'on évoque


les conduites à risque, qui ne concernent pourtant
IONS., qu'un petit pourcentage de cette catégorie d'âge, on
désigne également une tendance au passage à l'acte,
celui-ci étant le plus souvent violent, impulsif et par-
fois délictueux : vol, agression, abus d'alcool ou de
drogue, fugue, acte impulsif automutilateur.
Approchées sous cet angle, les conduites à
risque se déclinent sur le mode de l'affrontement,
qu'il soit intime, familial, ou même qu'il engage l'in-
dividu dans un rapport déviant vis-à-vis de la société.
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L'affrontement intime
L'adolescent en situation de crise intime et donc de
souffrance morale retourne souvent d'abord contre
lui-même sa détresse,au : vèoe +
L'ordalie désigne le jugement
cours d'un processus de Dieu. Face à un supposé
pour partie inconscient, coupable, on laisse aux éléments
que l'on peut rappro- surnaturels le soin d'indiquer
cher de l'ordalie. Cette sa culpabilité ou son innocence.
En Europe occidentale, elle
mise en danger volon-
se faisait généralement par
taire de soi-même doit le feu ou l’eau : si la personne
être comprise comme jugée échappait à la mort par
un «affrontement sym- brûlure ou par noyade, elle était
bolique à la mort». déclarée innocente.

C'est ainsi sur le mode de l'ordalie individuelle


que l'on peut donner un sens à la prise de risques.
Nombre d'exemples, dans les conduites possibles
des adolescents, illustrent ce propos. Ici on lancera
son automobile à une allure suffisamment vive pour

102
qu'un réel danger de mort apparaisse
;là on poussera
le voyage de la drogue plus loin qu'auparavant,
dans
ces contrées où l'on ne sait pas «exactement » si l'or-
ganisme survivra où non à ce nouveau trajet.
Réponse individuelle à une souffrance individuelle,
l'ordalie intervient, chez l'adolescent, quand aucune
autre issue ne semble se profiler à l'horizon.

QUAND L'ADOLESCENT
S’ATTAQUE À LUI-MÊME
Certains adolescents s’attaquent à leur propre corps de façon
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apparemment absurde, mais c’est une manière de s’attaquer,


et en même temps de se confronter, au sentiment de rester
vivant, c’est-à-dire de voir si on est encore vivant.
Ces attaques peuvent aussi être exprimées sous la forme
de troubles alimentaires graves ; ainsi, actuellement, on voit
dans les consultations une augmentation importante d’anorexie
mentale ou de boulimie dans des modalités addictives assez
comparables à celles qu’on rencontre dans d’autres types
d’addiction, en particulier la toxicomanie, jusqu'aux
comportements toxicomaniaques graves.

L'affrontement avec
la famille et l'entourage
Certains contextes favorisent les conduites à risque.
Un environnement trop brutalement permissif
accordant une indépendance, une autonomie sans
contrôle, sans accompagnement, favorise les pas-

103
sages à l'acte. Un des modes d'expression de la rup-
ture chez l'adolescent, au-delà des traditionnels
_. conflits parents-enfant, est la fugue. Il s'agit d'un
f départ impulsif, le plus souvent isolé,sans but précis.
Il survient en point d'orgue d'une crise sévère entre
le sujet et son entourage familial.
— Toute démarche, plus ou moins consciente, visant
= à s'écarter de ses repères, est une manière de fugue.ll
C en Va ainsi de l'école, dans la mesure où elle représente
pour l'adolescent une microsociété. Le désinvestisse-
ment scolaire revêt indéniablement une dimension
ordalique, par conséquent psychologique,ce quirend
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si difficilement applicables les solutions collectives


mises en œuvre par les éducateurs et les pédagogues.
De l'école buissonnière au passage à l'acte violent
contre un professeur se décline pour l'élève une
gamme de risques calculés qui le placent à un point
d'équilibre dangereux : d'un côté, le possible retour
en arrière, vers l'univers propre à l'adolescent consti-
tuant la normalité ; de l'autre, l'exclusion.

L'affrontement
avec la société
Une composante anxieuse forte,un décalage entre les
transformations corporelles et les acquisitions langa-
gières poussent parfois l'adolescent à exprimer par le
geste ce qu'il ne peut pas dire par les mots. La fré-
quentation de certains jeunes marginaux ou de
groupes de jeunes délinquants peut amplifier les
risques de déviance.Dans la visée autodestructrice qui
Fe

104
nous intéresse, c'est la prise de marques par rapport à
la loi qui permet de forger une part de l'identité de l’ado-
lescent. Il s’agit d'un simple test : d'après D. Le Breton,
« après un premier contact avec la police, l'immense
majorité des jeunes n'a plus affaire à la justice ».
Recherche de limite, de plaisir, de dépassement
personnel, recherche qui, en apparence, n'a d'autre
visée qu'elle-même,élément indissociable de l'adoles-
cence,riteinitiatique… les conduites à risque sont tout
cela à la fois.Il apparaît cependant une césure signifi-
cative entre garçons et filles pour ce qui touche à la
manifestation du mal-être comme au passage à l'acte.
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Ainsi, si la délinquance est majoritairement un mode


d'expression masculin, l'anorexie mentale demeure
une pathologie presque exclusivement féminine.
Dans une perspective de prévention, il convient
d'attirer l'attention sur le fait que des conduites à
risque se banalisant,elles appellent des réponses (psy-
cho-)thérapeutiques appropriées, telles qu'elles se
conçoivent facilement aujourd'hui pour les compor-
tements addictifs. Mais il importe aussi de souligner
que c'est la répétition qui inquiète le soignant.
Nombre de ces conduites, lorsqu'elles ne sont pas
répétitives, lorsque leur potentiel destructeur est atté-
nué, peuvent éclairer le développement de l'adoles-
cent et représenter l'induction d'un changement. €

> Addictions (les) p.90;


b- Anorexie et boulimie p.149;
» Suicide (le) p.588.

105
Adopter un enfant
Il y a de plus en plus de candidats à
l'adoption et de moins en moins d'enfants
adoptables en France. Au droit de l'enfant
d’avoir une famille s'ajoute la revendication
de chacun au droit d'être parent. Mais
devenir parent d’un enfant adopté ne va pas
toujours de soi.
Aux enfants adoptés, leur statut comme leur
devenir posent question et eux-mêmes se
questionnent sur leur origine. Des repères
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psychologiques s'avèrent indispensables


aux uns et aux autres.

Longtemps, l'adoption a été perçue socialement


comme un acte de bienfaisance. De nos jours, le
nombre important des demandes par rapport à celui
des enfants adoptables modifie les enjeux.
Si la stérilité reste la principale raison du recours
à l'adoption, d'autres motivations peuvent interve-
nir : par exemple, pour les femmes, la crainte de la
grossesse et, chez les hommes, le sentiment qu'il
existe suffisamment d'enfants malheureux pour ne
pas prendre la responsabilité d'en faire d'autres. En
fait, cette dernière motivation masque parfois la
crainte inconsciente d'une parentalité biologique.
Adopter est alors un compromis entre le désir et l'an-
goisse d'être parent.

106
LE PARCOURS DU CANDIDAT À L'ADOPTION
L'agrément est délivré par l'Aide sociale à l'enfance, après
entretien avec assistant social, psychologue, psychiatre et
médecin généraliste.
Il'est valable cinq ans et définit le nombre et les caractéristiques
(âge, santé, origine) des enfants qu’on souhaite adopter. En cas
de refus, un recours est possible. Il faut savoir que l’obtention
de l’agrément peut demander des mois et ne garantit en rien
qu'on aura un petit enfant dans les bras au bout du parcours.
Dans la loi actuelle, toute personne de plus de 30 ans et tout
couple marié depuis cinq ans peuvent adopter un enfant. Dans
le cas de l'adoption plénière, la plus usuelle, l’enfant prend les
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noms des parents adoptants et son prénom peut être changé. Il


a les mêmes droits et devoirs que les enfants légitimes. Dans le
cas moins fréquent de l’adoption simple, les liens avec la famille
d’origine ne sont pas rompus. L’adopté conserve son nom et y
ajoute celui de l’adoptant, qui a l'autorité parentale. Il cumule les
droits dans ses deux familles. 8

L'adoption d'un enfant étranger se fait fré-


quemment par défaut, étant donné la difficulté
d'adopter un enfant français, mais il peut s'agir d'un
choix humanitaire. Quant à l'adoption d'enfants han-
dicapés, elle résulte souvent d'une réussite familiale
qui justifie d'entreprendre ce projet généreux. Mais
c'est aussi, rarement, le fait de couples qui ont déjà
des enfants bien portants, et se reposent sur l'assu-
rance (inconsciente) d'avoir un enfant qui dépendra
toujours de ses parents.

107
Côté parents,
un apprentissage
qui ne va pas de soi
L'accession à la parentalité, qui ne va pas de soi pour
les parents biologiques, est un cap encore plus déli-
cat à passer pour des parents adoptifs.La mère adop-
tante n'a pas connu les modifications liées à la gros-
sesse ni bénéficié des réactions de l'entourage la pré-
parant à son futur statut. La date non prévisible de
l'arrivée de l'enfant, son âge parfois avancé, des capa-
cités d'attachement éventuellement limitées en rai-
son des carences qu'il a subies, sont autant de nou-
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veaux facteurs jouant contre l'épanouissement du


sentiment de parentalité. Une stérilité préalablement
vécue peut provoquer chez ces parents un manque
de confiance en soi, ou encore un sentiment de cul-
pabilité à l'idée de
l'avoirtransgressée Certaines femmes célibataires
choisissent d'adopter
en adoptant. Une
un enfant sans avoir de
fois l'enfant pré- compagnon : elles ne peuvent
sent, il arrive qu'ils ou ne souhaitent pas vivre en
dépriment ou qu'ils couple et préfèrent cette
démarche à la procréation
se conduisent de
d’un enfant avec un homme
manière trop per-
de passage.
fectionniste.
Lorsque l'enfant grandit, son statut d'adopté
peut venir colorer des mouvements affectifs com-
muns à tous les enfants.Ainsi,
des périodes de méses-
time de soi à l'occasion de déceptions ou d'échecs
seront parfois reliées par l’adopté à sa situation :«Je
ss

108
ne vaux rien, d’ailleurs mes parents se sont débar-
rassés de moi.» Des moments naturels d'opposition,
le besoin de s'individualiser vis-à-vis de ses parents,
pourront s'exprimer sur le modèle suivant : «Je n'ai
pas à vous obéir, vous n'êtes pas mes parents ! » L'er-
reur serait alors de lire tous ces comportements à la
lumière de l'adoption et de quitter sa place et son
bon sens de parents.Il ne faut pas craindre de pro-
poser une séparation provisoire, si nécessaire, par
exemple chez des grands-parents, qui rappellera à
l'adolescent qu'il n'a pas été seulement adopté par
un couple, mais par toute une famille
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Plus tard, l'accession à la sexualité des adoles-


cents peut remuer certains parents qui ne tardent
pas à se faire des idées et qui imaginent, par exemple,
que leurfille,
dès son premier flirt, va suivre ie chemin
de sa mère biologique connue pour sa vie dissolue.

LA QUÊTE DES ORIGINES


Tout un mouvement se dessine en faveur de la possibilité pour
un adopté de retrouver ses origines. Il conviendrait que les
informations sur les parents biologiques soient notifiées dans
un dossier disponible quand l'enfant souhaitera le lire, mais ce
n’est pas le rôle des parents adoptants de les transmettre. li faut
éviter que l'enfant puisse croire à un pouvoir des parents
adoptants sur les parents d’origine. Il faut protéger les parents
adoptants, dont le regard sur l’enfant serait parasité par un
supposé savoir, forcément parcellaire. La vérité ne se contente
pas d’un résumé lapidaire. Si l’enfant devenu adolescent |

109
demande à rencontrer sa famille d’origine, les parents
adoptants ne doivent ni s'opposer ni s'engager trop avant dans
cette quête. Le mieux est de laisser l'adolescent gérer cela seul,
tout en se montrant neutre et bienveillant. 8

Une crainte fréquente des parents adoptants est


l'influence d'une hérédité familiale présumée.lls ris-
quent de la voir partout où leur enfant adopte un
comportement déréglé. À l'inverse, ils peuvent se
retrancher derrière l'hypothèse de l'hérédité pour se
protéger d'une éventuelle culpabilité au cas où appa-
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raissent des troubles graves de la personnalité.

Côté enfant, une double


filiation à négocier
La notion de roman familial, élaborée par S.Freud,ren-
voie à la tendance du jeune enfant, concernant ses
origines, à élaborer un scénario imaginaire différent
de la réalité qui lui a été transmise. Ainsi, il va s'inven-
ter une histoire familiale où il serait, par exemple, un
enfant trouvé. Habituellement, l'enfant se crée un ou
des parents plus valorisés à ses yeux que ses parents
réels.Il s'agit de rêveries diurnes qu'on oublie une fois
devenu adulte. C'est un bon moyen pour l'enfant de
se dédouaner des règles intrafamiliales qui l'empé-
chent de se «marier » avec ses parents ou sa fratrie.
S'imaginant d'une autre lignée, il ne se sent pas
concerné par ces interdits. Par ailleurs, pour lui qui se
sent tout petit face à ses parents, c'est un moyen de

ot
s'imaginer plus puissant en s'octroyant une origine
«titrée » (par exemple, il s'imagine fils de vedette).
L'enfant adopté est concerné au même chef
qu'un enfant naturel par cette élaboration nécessaire
à la construction de son identité.La particularité,
chez
lui, est qu'il va pouvoir utiliser ses parents naturels
comme support à son roman familial et, en consé-
quence, les idéaliser, ce qui risque de déstabiliser les
parents adoptants.
Il semblerait qu'il n'existe pas de troubles patho-
logiques spécifiques chez l'enfant adopté. Statisti-
quement, son devenir est le même qu'un autre, s'il a
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été adopté jeune et s’il n’a pas subi de traumatismes.


Dans le cas contraire, ses possibilités de restauration
grâce à l'adoption seront moindres.Troubles du com-
portement, émotionnels et scolaires risquent alors
d'être fréquents.

L'ADOPTION TRANSNATIONALE
Les études concernant le devenir des enfants adoptés
à l'étranger sont contradictoires mais semblent montrer qu'ils
ne s'adaptent pas plus mal que les autres. Les difficultés
éventuelles sont surtout liées aux carences affectives et
alimentaires (durant et après la grossesse) et aux traumatismes
qu'ils ont pu subir avant l'adoption.
La couleur de peau différente de celle des parents adoptants
permet une reconnaissance plus aisée d’une autre origine
biologique. Vis-à-vis de ces enfants, l'information est souvent
plus facile à communiquer par les parents. Certains parents

ET
cherchent à créer autour de l’enfant une atmosphère
susceptible de maintenir un lien avec son pays d'origine
(musique, décoration, langue, etc. ). Rien ne prouve que cela
soit utile. Les enfants adoptés souhaitent généralement adhérer
le plus possible à la culture d'accueil.

Le Q! à l'adolescence des enfants adoptés est


similaire à celui des enfants élevés par leur famille |
biologique de même milieu culturel.
Quelques particularités sont possibles. Il arrive
que l'adolescent oppose les parents adoptants et les
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parents de naissance.ll y aurait les bons et les mau-


vais parents, les rôles étant interchangeables. Ainsi,il
les unit en les rendant complémentaires. C'est une
façon aisée mais sommaire de négocier le sentiment
incommode de double filiation.
Les angoisses liées à l'interdit de l'inceste
sont parfois plus vives, car la compréhension de
cet interdit est rendue plus difficile par le statut
d'adopté. Elles expliquent quelquefois les pro-
blèmes de distanciation (fugues ou, au contraire,
refus scolaire).
La mésestime de soi, fréquente chez l'adoles-
cent, est renforcée par le besoin de savoir s'il a été
abandonné.ll arrive qu'il remette en scène cet aban-
don par des conduites aboutissant à son rejet parles
autres. À l'inverse, il peut vivre une adolescence
stable avec le sentiment d'avoir été choisi par ses
nouveaux parents.

re
La meilleure volonté possible des parents adop-
tants ne produit pas nécessairement l'effet attendu.
Tout enfant a sa propre sensibilité, et une éducation
s'évalue à la fin d'une vie. Vouloir faire de l'enfant
adopté un enfant conforme à tous ses désirs est illu-
soire, et néfaste pour son devenir. Si l'adoption ne
doit pas être cachée, on ne doit pas non plus consi-
dérer que tout ce qui caractérise cet enfant est la
conséquence de cette adoption. Enfin, ce n'est pas
parce qu'un enfant adopté devenu adolescent va tra-
verser une crise, qu'il faut parler d'«échec à l'adop-
tion». Les meilleurs parents, biologiques comme
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adoptifs, ne se trouvent pas à l'abri de crises, parfois


nécessaires.

> Parent (devenir) p.430.

TETE
Adulte (l’âge)
Devenir adulte, c'est pouvoir décider par
soi-même, s'assumer et être responsable
de ses choix envers soi-même et envers
la société. L'accession à l'autonomie
affranchit des limites imposées par
les parents, mais, en même temps, fait tomber
le rempart de sécurité qu'ils constituaient.
I! faut composer avec ces deux aspects
de façon subtile pour conserver un espace
d'épanouissement, apprendre à doser
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les contraintes sociales et les choix


personnels et ne pas stagner dans un état
d'adolescence prolongée.

L'état d'adulte correspond, d'une part, à un statut


défini par des critères extérieurs d'ordre biolo-
gique, sociologique, économique, culturel, légal,
etc. et, d'autre part, à un sentiment personnel qui
suppose que chacun le définisse de sa propre
place. Les critères extérieurs ne suffisent pas à faire
d'un être un adulte, encore faut-il qu'il en ait lui-
même le sentiment.
Le plus souvent, l'accession à l'état adulte se réa-
lise le plus simplement du monde.Passer d'un statut
d'enfant dépendant de ses parents sur les plans éco-
nomique, social et affectif àcelui de jeune adulte s'ef-
fectue à plusieurs niveaux de manière concomitante.

DT
La fin des études, qui se poursuit par un premier
emploi, puis avec un logement indépendant,conduit
habituellement à la constitution d'un couple fondant
sa propre famille. La naissance des enfants apporte
un sentiment nouveau de responsabilité, dans la
mesure où d'autres êtres dépendent maintenant de
ces jeunes adultes. Ils ont changé de statut sans
même y réfléchir.

Entre l'adolescent
et l'adulte
Souvent, l'adolescent et l'adulte s'opposent.L'adulte
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pose un regard condescendant sur l'adolescent et


semble lui dire :« Je suis aussi passé par là etj'en suis
revenu.Tu y viendras aussi. » L'adolescent, quant à lui,
part en guerre contre cette idée prédictive l'enfer-
mant dans une fatalité qu'il récuse.Mais ce regard ne
pourrait-il pas contenir autre chose ? Le regret ou la
tristesse, la rage ou le soulagement de ne plus en être
là ? Chaque adulte emporte avec lui une part d'ado-
lescence qui continue à se révolter contre la fatalité.
Certains l’utiliseront pour donner un sens à leur vie,
d'autres la subiront comme une entrave à leur épa-
nouissement.

LES DANGERS DU «JEUNISME »


Les valeurs de notre société tendent vers une culture de la
jeunesse.et les progrès de la chirurgie esthétique peuvent
conforter le fantasme du « toujours jeune ». Le contexte
culturel modifie les relations entre les générations, et on peut

RS
observer une inversion des modèles : les adultes s’identifient
aux adolescents, et non plus l'inverse. La limite
générationnelle s’estompe, et il est devenu fréquent de voir
des parents soutenir par un sentiment de fierté les frasques
de leurs enfants adolescents qui défient la loi et les
conventions. Ce qui est une étape nécessaire pour un
adolescent devient pour ces adultes un moyen de vivre par
procuration leur propre adolescence à laquelle ils semblent
avoir du mal à tourner le dos. M

L'état d'adulte qui recouvre la plus grande par-


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tie de la vie se révèle être une constante oscillation


entre ce qui est possible et ce dont on rêve.
De ce point de vue, l'adolescent et l'adulte sem-
blent s'exclure mutuellement, comme si l'existence
de l’un signifiait forcément la mort de l'autre.En fait,
tout est une question de dosage et de fine combi-
naison entre le rêve qui porte le désir, crée des envies,
maintient un certain niveau d'aspirations et la réalité
avec son cortège de contraintes. Un processus
d'«adultisation », comme le nomme le psychanalyste
S. Lebovici, pour être réussi, doit permettre ce jeu
entre le rêve et la réalité.
L'adulte est un équilibriste capable d'une alchi-
mie subtile entre des mouvements parfois contra-
dictoires qui font irruption dans la vie et qui désta-
bilisent les acquis.Il se touve dans l'obligation d'une
recherche permanente d'équilibre pour la survie de
lui-même et de ceux dont il a la charge. Pourtant,

Re
contrairement aux idées reçues, l'équilibre n'est pas
immobilité, mais tension,
et celle-ci peut entraîner un
sentiment de fatigue, voire d'épuisement.

Le crescendo
et le decrescendo
Deux périodes essentielles et d'intensité différentes
constituent l’état d'adulte. Une période d'activité
intense, de construction, de développement sur les
plans familial, professionnel et social, la «force de
l'âge ». C'est l'époque du plein épanouissement
sexuel. Sorti de la période narcissique de l’adoles-
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cent, centré essentiellement sur lui-même afin de


construire sa personnalité et ses rapports au monde,
l'adulte s'ouvre à l’autre et devient capable de le voir
et de l'accepter comme différent de soi. La sexualité
devient le support d'une intimité partagée et la com-
plicité qui en découle un soutien mutuel.

LES SITUATIONS DE CRISE


Parmi tous les rôles qu’une personne doit endosser au cours
de sa vie adulte, certains seront tenus avec plus ou moins
de conviction et d’aisance.
Le rôle de conjoint est le plus exposé lors des remaniements
dus à l’évolution de la vie, comme l’arrivée des enfants. Laisser
la place pour être parent réduit l’espace du couple.
L’'autonomisation des enfants et leur départ de la maison sont
un autre moment susceptible de déclencher une crise et,
notamment, une crise de couple. Quelquefois, ce moment

FRE
correspond à une difficulté professionnelle. Deux domaines
essentiels de la vie d’un individu sont alors malmenés, et il faut
beaucoup de ressources personnelles et familiales pour faire
face à tous les remaniements pouvant intervenir.
La dépendance physique ou psychologique des parents avec
leur décès en perspective et sa tonalité dépressive exige une
réflexion sur son rôle d'enfant « parent de ses parents », afin
d'accepter d'entendre leur plainte et de percevoir leur détresse.
Les difficultés liées aux enfants et à leur évolution tiennent une
place à part dans la vie familiale. C’est la préoccupation majeure
des parents tout au long de leur vie, avec des moments plus
propices à l'apparition des crises et des domaines
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particulièrement sensibles : santé, difficuités scolaires, mœurs


et comportements des adolescents.
Un état de crise peut en engendrer un autre faisant boule de
neige et consumant les ressources familiales. 5

Parallèlement, légalement et moralement, les parents


sont responsables du développement physique, psy-
chique et social de leurs enfants,et ont pour mission de
leur permettre d'accéder à leur tour à l'état adulte. Puis
l'intensité de l'engagement envers les enfants diminue
et laisse un espace libre qu'il s'agira de meubler d'une
autre façon. C'est le moment où le couple revient au
premier plan,
où les engagements sociaux peuvent se
déployer différemment et donner un autre sens à sa vie
qui s'oriente alors davantage vers soi-même.
Le départ des enfants coïncide parfois avec le
moment de la maladie ou de la dépendance de ses
propres parents, repoussant à plus tard le répit

RS
attendu, obligeant une nouvelle fois la redéfinition
des rôles. Accepter cette inversion des rôles suppose
que le chemin de sa propre indépendance psy-
chique a été parcouru,et qu'un changement de sta-
tut s'est produit.

LA DIFFÉRENCE DES SEXES


Du point de vue biologique, il est acquis que les femmes
accèdent plus tôt à la maturité que les hommes. Leur corps est
formé avec quelques années d’avance. Il est fréquent de lier
maturité et maternité, mais c’est confondre maturité et
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responsabilité. Être mère et avoir la responsabilité de la vie d’un


autre être ne rend pas forcément adulte. Les exemples de mères
immatures sont nombreux. #

Quand tout coexiste


Le privilège de l'état adulte est d'avoir traversé les
expériences d'enfant et d'adolescent.Ill connaît ainsi
les forces et les faiblesses de toutes les étapes.Il peut
aussi faire appel à tel ou tel aspect infantile de lui-
même pour puiser dans la créativité de l'enfant afin
de rendre sa vie comme un jeu, rappeler à la mémoire
l'insouciance quand il lui est possible de s'en servir,
utiliser la naïveté pour apprendre. L'adolescent qu'il
était lui rappelle sans cesse ses luttes et ses espoirs,
son désir de changer les choses et sa foi dans sa capa-
cité à le faire. L'adulte veille à ce que chaque aspect
de lui-même puisse continuer à exister, qu'aucun

7119
d'eux n’en efface ou n'en détruise un autre.Ce mou-
vement intérieur, souvent à peine visible, se déroule
comme une respiration, tout simplement.

L'accession à l’état adulte peut survenir à la mort des parents.


Un homme d’une cinquantaine d'années dont les parents
viennent de décéder dit avoir, pour la première fois de sa vie,
le sentiment d’être adulte : «Il n’y a plus rien devant moi pour
me protéger de la mort. » ll

Il est possible d'observer ce mouvement égale-


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ment à l'extérieur de l'individu, dans ses échanges


avec les autres, à travers une certaine souplesse rela-
tionnelle, une tranquillité émotionnelle. Si tel n'est
pas le cas, il est permis de penser que l'état adulte
n'est pas tout à fait atteint. &

Adolescence (l') p.93;


> Couple (le) p.178;
> Parent (devenir) p.430;
> Vieillesse (la) p.637.

120
Agressivité (1°)
On peut rencontrer de l'agressivité (qu'elle
soit auto- ou hétéro-agressive) au cours du
développement normal de l’enfant et, pour
certains auteurs, elle a un rôle primordial
dans la maturation de la personnalité.
C'est la psychanalyse qui en donnera une
Grandes
questions.
approche la plus complète, elle soulignera
surtout le lien important avec la sexualité.
Cependant, à partir de l’âge de 4 ans, l'enfant
exprimera son agressivité verbalement, mais
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non plus par des gestes.

L'agressivité est une tendance à nuire, à attaquer


autrui ou tout objet susceptible de faire obstacle à
une satisfaction immédiate. L'agressivité,
qui n'est pas
synonyme de violence, peut se manifester par de
nombreux comportements différents. Les actes
agressifs sont ceux qui retiennent le plus souvent l'at-
tention en raison de leur caractère spectaculaire et
potentiellement dangereux. Ils vont des gestes
menaçants au meurtre, utilisent la force de l'agres-
seur ou un médiateur (arme) et peuvent s'exercer
indirectement (envers des objets).
De la tolérance plus ou moins grande de la
société à leur égard dépend le seuil à partir
duquel ils sont considérés comme des délits,
voire des crimes.Les attitudes agressives (regards,

121
mimiques, etc.) ont un caractère très provocateur
et peuvent déclencher une agressivité plus active
en retour. Les paroles agressives peuvent l'être
ouvertement (menaces, insultes, critiques) ou de
façon plus insidieuse (médisance, ironie, causti-
cité). Enfin, les fantasmes et les formations de l'in-
conscient à valeur agressive sont extrêmement
fréquents et d’ailleurs utilisés par le thérapeute
dans la cure analytique.
Chez l'enfant et l'adolescent, de nombreux
troubles du comportement peuvent avoir une
connotation agressive latente :mensonges,troubles
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alimentaires, fugues, mauvais résultats scolaires,


conduites marginales, etc.

Comment évaluer
l'agressivité ?
Que ce soit pour le psychiatre, le psychologue ou le
criminologue, l'évaluation de l'agressivité d'un indi-
vidu est un problème fréquent, essentiel et particu-
lièrement difficile.

Sur le plan psychopathologique


Quelques éléments peuvent toutefois être dégagés
comme étant des facteurs prédisposant à une plus
grande potentialité agressive : l'existence de vio-
lences subies dans l'enfance, des antécédents per-
sonnels d'agressivité envers les autres mais aussi
envers soi-même, un alcoolisme ou une toxicoma-
nie et certains traits de personnalité comme l'im-

122
pulsivité, la labilité émotionnelle, la rigidité, l'intolé-
rance aux frustrations.
À ces données parcellaires peuvent s'ajouter les
apports des tests psychologiques. Le MMPI, s'il ne
retrouve pas de profil type d'une personnalité agres-
sive,montre souvent une élévation des échelles psy-
chopathie, paranoïa, manie. Les tests projectifs per-
mettent une approche globale de l'agressivité.

Sur le plan biologique


Aucun élément n'a été retrouvé comme étant lié de
façon spécifique et indiscutable à l'agressivité.
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Sur le plan hormonal


Il apparaît tout aussi simplificateur de faire de la tes-
tostérone l'hormone de l'agression, même si elle
semble effectivement jouer un rôle dans la sensibi-
lité à la menace et à la frustration.

Approches
psychanalytiques :
de la pulsion de mort
à la carence affective
Différents courants psychanalytiques ont donné des
interprétations théoriques de l'agressivité.
Le concept d'une « pulsion d'agression » est
apporté par Alfred Adler.ll associe la pulsion d'agres-
sion et le sadisme. S. Freud refuse l'idée d'une pul-
sion d'agression spécifique et soutient l'hypothèse
d'une pulsion de mort mise au service de la pulsion

123
sexuelle. En 1924, il expose ce concept en dévelop-
pant sa théorie du sadisme et du masochisme.
À partir de Malaise dans la civilisation (1929),
Freud affirme que l'agressivité est l'expression des
pulsions que la civilisation n'a pu domestiquer. Au
fur et à mesure de son œuvre, il accentuera davan-
tage l'importance de la pulsion de mort et sera
amené à considérer cette dernière en référence
directe à l'autodestruction.
Cependant, c'est au sein du complexe d'Œdipe
que Freud développera pleinement la notion
d'agressivité. En effet, c'est l'Œdipe qui fixe le des-
tin de la pulsion : « Une agressivité considérable a
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dû se développer chez l'enfant contre l'autorité qui


lui défendait les premières mais aussi les plus
importantes satisfactions » (le Problème économique
du masochisme, 1924).
Pour M. Klein, l'agressivité,
très importante dans
la première enfance, apparaît dès les premiers mois
(fantasmes de destruction et de dévoration) et joue
un rôle fondamental dans la maturation de la per-
sonnalité, en particulier par la structuration progres-
sive du sujet par rapport à l'objet. Pour D. Lagache,
aucun comportement humain n'est sans rapport avec
l'agressivité. En ce qui concerne les comportements
agressifs pathologiques, la clinique psychanalytique
insiste sur le rôle des carences affectives précoces et
des violences exercées très tôt par le père, aboutis-
sant à un trouble de l'identification et à un défaut
d'élaboration symbolique : l'agressivité ne peut trou-

124
ver son sens positif. «Enfants privés d'amour, ils
deviendront des adultes pleins de haine » (R. Spitz).

L'approche biologique
de la conduite aggressive
L'approche biologique est dominée par les travaux
des neurophysiologistes,en particulier ceux de P.Karli.
Pour cet auteur, tout comportement agressif est un
comportement instrumental s'inscrivant dans une
stratégie dont les buts sont soit l'affirmation de soi et
la satisfaction de besoins ou de désirs, soit la défense
contre ce qui menace l'intégrité physique ou l'équi-
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libre relationnel. L'élaboration de cette stratégie com-


prendrait schématiquement trois niveaux possibles :
un niveau de comportement « réflexe » en grande
partie préprogrammé génétiquement ; un niveau où
est associée au stimulus une connotation affective,
en fonction du vécu individuel; enfin un niveau d'éla-
boration cognitive où sont pris en compte les expé-
riences personnelles et le contexte socioculturel. Sur
le plan physiologique, la notion d'un centre de l’agres-
sivité est totalement réfutée, mais on a pu montrer le
rôle essentiel de certaines structures cérébrales.

Pathologies psychiatriques
et agressivité
Dans les états névrotiques, l'agressivité est d'autant
moins apparente que les mécanismes de défense,
qui lui permettent des'exprimer de façon codée, sont
plus efficaces.

125
C'est dans la névrose obsessionnelle que l'agres-
sivité est la plus intense, mais aussi la plus masquée
par des formations réactionnelles extrêmement
organisées. Dans l'hystérie, l'agressivité s'inscrit plus
ouvertement dans la mise en échec et la culpabilisa-
tion de l’autre.
Les états psychotiques voient survenir des com-
portements agressifs de mécanismes divers : agres-
sivité en relation directe avec l'angoisse psychotique,
la déstructuration de la conscience et le vécu déli-
rant dans les psychoses délirantes aiguës ; agressi-
vité immotivée, discordante des schizophrènes ;
agressivité en réaction aux persécutions dans les
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délires paranoïaques.
Les états dépressifs représentent un modèle de
l'intrication entre auto- et hétéro-agressivité, comme
l'illustre le suicide altruiste des mélancoliques. €

Haine (la) p.356;


> Personnalités difficiles (les) p.443.

126
Alzheimer (la maladie d’)
La maladie d'Alzheimer se caractérise par
un déficit mental général : perte progressive
de la mémoire, activité psychomotrice réduite,
troubles de l'orientation spatio-temporelle.
Elle se traduit par une dégénérescence
nerveuse d'évolution inéluctable, causée
Grandes
questions.
par une diminution du nombre de neurones
avec atrophie cérébrale.
Véritable fléau sanitaire et économique,
la maladie d'Alzheimer dont la fréquence dans
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la population augmente avec l’âge, est devenue


la démence sénile la plus courante des pays
développés où l'espérance de vie a augmenté
de vingt-cinq ans en un siècle. En France,on
estime à 700 000 environ le nombre
de personnes atteintes par cette maladie
qui fait peur et qui est encore sous-estimée :
un patient sur deux ou sur trois n'est pas
reconnu, et le diagnostic, lorsqu'il est établi,
intervient souvent trop tard.Les premiers
symptômes d'atteinte intellectuelle étant
encore largement considérés comme
des signes de vieillissement normal.

En 1906, le neuropathologiste allemand A.Alzheimer


décrivit les altérations anatomiques observées sur
le cerveau d’une patiente de 51 ans atteinte de

127
démence, d’hallucinations et de troubles de l'orien-
tation. Depuis, on définit la maladie d'Alzheimer
comme une démence présénile (pouvant apparaître
avant 65 ans). La communauté scientifique réunit
aujourd'hui sous l'appellation « démence de type
Alzheimer» la maladie d'Alzheimer stricto sensu et
les démences séniles dégénératives plus tardives.On
parle alors de «démence sénile type Alzheimer »
(SDAT), la différence entre les deux affections n'étant
pius représentée que par l’âge auquel elles appa-
raissent.

Symptômes et signes
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Parfois, la maladie débute par un état confusionnel


spontané ou déclenché par une prise de médica-
ments, une maladie ou un choc affectif (disparition
d'un proche, déménagement, etc.)
Le début de la maladie est généralement dis-
cret, marqué par des symptômes banals. Leur
expression varie beaucoup d'une personne à une
autre.Leur importance s'aggrave généralement avec
le temps.
Les troubles de la mémoire constituent le premier
symptôme de la maladie. Ils peuvent être isolés et
durer plusieurs mois ou plusieurs années.Les malades
n'arrivent plus à retrouver le nom d'une personne ou
d'un lieu pourtant bien connus.On peut aussi consta-
ter des troubles de l'orientation dans le temps et dans
l'espace. C'est plus tardivement que les troubles de
mémoire touchent les faits anciens (incapacité du

128
malade à évoquer les faits marquants de sa vie), les
connaissances acquises lors de la scolarité ou de la
vie professionnelle et le bagage culturel.
Les troubles du comportement sont eux aussi rela-
tivement précoces mais peuvent n'être remarqués
que tardivement.Une indifférence,une réduction de
l'activité sont souvent constatées, émaillée parfois
de bouffées de colère ou d'anxiété ; elles représen-
tent une réaction du malade à ses troubles de
mémoire, mais témoignent parfois aussi d'un syn-
drome dépressif.
Des troubles du caractère (irritabilité, hallucinations
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diverses, idées de persécution ou idées délirantes


peu structurées à thèmes de préjudice ou de jalou-
sie) peuvent également apparaître.
Les troubles du langage (aphasie) passent parfois
inaperçus au début: le malade cherche ses mots,
utilisant fréquemment périphrases et mots passe-
partout. Plus tardivement, l'aphasie ne fait plus de
doute : discours peu informatifou incohérent,inver-
sion ou substitution de syllabes ou de mots.
Des troubles sévères de la compréhension du
langage s'installent.
On note l'écholalie,
qui n'est que
la réponse formelle «en écho» à la question posée,
et la palilalie, répétition itérative de syllabes,
de mots
ou de courtes phrases par association purement for-
melle, l'émission du mot entraînant immédiatement
son «écho ».Ces troubles s'accompagnent dejargo-
naphasie incompréhensible. La lecture et l'écriture
restent parfois possibles, mais sur un plan purement
ee

12
formel et automatique, lecture épelée, écriture de
copiage sans compréhension du sens.
Les troubles du comportement moteur (apraxie) se
manifestent par une difficulté à effectuer des gestes
pourtant très quotidiens (s'habiller, tenir une four-
chette) alors qu'il n'y a pas de paralysie même si cer-
tains gestes automatiques sont conservés (l'allu-
mette est frottée sur la boîte, mais, sauf par hasard,
non sur le frottoir). Sur le plan du comportement, le
ralentissement psychomoteur aboutit à l'incapacité
de plus en plus complète à réaliser une action (aprag-
matisme) avec l'apparition, surtout nocturne, de
crises d'agitation intense.
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Des troubles de la reconnaissance des visages


(agnosie) ne permettent plus au patient de recon-
naître ses proches, voire de se reconnaître lui-
même dans une glace. L'agressivité vis-à-vis de l’en-
tourage ou de sa propre image est souvent due à
ces fausses reconnaissances où à cette mécon-
naissance des physionomies familières, le sujet
ayant l'impression d'être plongé dans un milieu
étranger et hostile.
Les psychiatres J. Delay et S. Brion notent que
«la conscience du trouble morbide est paradoxa-
lement assez longtemps conservée malgré la
démence et a pu entraîner des bouffées dépres-
sives réactionnelles ». Ces réactions «catastro-
phiques » sont très significatives et s'opposent à
l'indifférence foncière des sujets atteints de la
maladie de Pick.

130
DU BANAL AU PATHOLOGIQUE
Ce qui est banal Ce qui doit alerter
Difficultés pour se rappeler Difficultés pour se rappeler du
du nom propre nom de personnes proches
d’une personne peu connue (petits-enfants, amis)
(acteur, relation lointaine)

Ne plus savoir où l’on a posé Ne plus savoir où sont rangées


un objet courant (lunettes, les affaires courantes
clés, télécommande) (vêtements, vaisselle)

Avoir du mal à retenir Oublier des événements


des choses entièrement familiaux importants (fêtes
nouvelles (conférences, de famille, mariages,
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visites, voyages) naissances)


Avoir du mal à suivre une Avoir du mal avec ses activités
activité que l’on n'aime pas préférées (bricolage, jeux
(mots croisés, bridge, de société)
visite de musée)

Partir pour un endroit et, Se retrouver complètement


plongé dans ses pensées, perdu, alors que l’on allait
se retrouver ailleurs vers un endroit connu

Diminuer les activités Abandonner ses activités


fatigantes physiquement préférées #

«Enfin, un autre élément propre à la maladie


d'Alzheimer est une certaine variabilité des troubles
avec exagération ou atténuation pendant quelques
jours ou semaines, variabilité transitoire qui ne
modifie en rien la progression inexorable de l'af-
fection.» (J.Delay et S: Brion).

13
L'évolution de la maladie d'Alzheimer est très pro-
gressive. Dans la phase la plus avancée, le malade a
perdu toute autonomie et doit être assisté dans tous
les actes de la vie quotidienne tels que marcher, se
lever, manger ou faire sa toilette. Une incontinence
totale est souvent inévitable.

Diagnostic
C'est souvent à un stade avancé de la maladie d'Alz-
heimer que les patients consultent pour la première
fois leur médecin et que leur entourage commence
réellement à s'inquiéter. À l'examen, le médecin
détecte d'importants troubles de la mémoire avec,
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notamment, l'oubli quasi immédiat d'une consigne


ou de l'idée que le patient voulait exprimer s’il inter-
rompt sa phrase.Des tests psychologiques font appa-
raître une diminution des capacités intellectuelles.
En l'absence de marqueur biologique ou radio-
logique de la maladie d'Alzheimer, le diagnostic
repose sur un faisceau d'arguments. || faut avant
tout s'assurer que le patient n'est pas atteint d'une
affection donnant des symptômes proches de ceux
de la maladie d'Alzheimer : hypothyroïdie, syphilis,
anémie de Biermer, déficit en vitamine B12 ou en
folates, tumeur cérébrale, hématome ou lésions vas-
culaires cérébrales. Le scanner et l'imagerie par
résonance magnétique (IRM) montrent une atro-
phie cérébrale. Si celle-ci n'est pas spécifique de la
maladie d'Alzheimer (elle s'observe chez nombre
de sujets normaux), son aggravation entre deux

132
scanners successifs et sa prédominance dans la
zone pariéto-occipitale ont une certaine valeur dia-
gnostique. Mais seule l'étude au microscope d'un
fragment de cortex cérébral prélevé chirurgicale-
ment peut apporter une certitude. De telles biop-
sies ne sont pratiquées que très exceptionnelle-
ment. L'IRM fonctionnelle aide à mieux localiser les
zones cérébrales atteintes, et à en suivre l’évolution,
notamment en réponse aux traitements.

Les causes encore


inconnues d’une maladie
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de plus en plus fréquente


L'étiologie de ces démences dégénératives primaires
reste encore mal connue : l'hypothèse neurochi-
mique repose sur une diminution des taux d’une
enzyme dans différentes zones du cerveau, mais elle
n'explique pas la dégénérescence nerveuse. On a pu
parler de prédisposition héréditaire, de facteurs
congénitaux (un rapprochement avec la trisomie 21
s'est avéré d'abord prometteur, mais n'a pu être
confirmé), de troubles métaboliques divers, intoxi-
cations, infection à virus lent, etc. Toutes ces causes
restent encore des hypothèses de recherche, tout
comme la piste des radicaux libres, qui repose sur le
fait que le vieillissement est dû, en partie, aux effets
destructeurs de ceux-ci.
Le vieillissement progressif des populations
occidentales a rendu
de plus en plus fréquente cette
affection redoutable pour laquelle il n'existe donc

133
pas de prévention possible. La maladie d'Alzheimer,
frappe, d'après les estimations actuelles,5 % des per-
OfS..
sonnes de plus de 65 ans et 20 % des plus de 80 ans.
En France, des estimations récentes donne le chiffre
de 700 000 personnes atteintes de maladies d'AI-
zheimer et apparentées. On constate une augmen-
tation de 30 % du nombre de malades en dix ans.On
diagnostique, enfin, 135 000 nouveaux cas par an en
France.

Le traitement
Il faut toujours envisager des soins palliatifs dimi-
nuant l'intensité des symptômes. Certains antidé-
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presseurs peuvent être prescrits pour améliorer l'hu-


meur du malade et diminuer son anxiété.En fait, l'es-
sentiel du traitement repose sur la prise en charge du
malade par ses proches dans un premier temps, si
cela est possible, ou par une aide à domicile. Dans
tous les cas, l'autonomie du patient et son maintien
à domicile doivent être préservés le plus longtemps
possible. L'hospitalisation ne doit être envisagée qu'à
la phase ultime de la maladie. Différents médica-
ments peuvent permettre une amélioration des
symptômes et ralentir l'évolution de la maladie. €

134
ses
Amitié (1)
Est-ce que l’on peut vivre sans amis ?
L'amitié a-t-elle un rôle social ? Pourquoi
l'amitié peut-elle mourir ? Qu'est-ce qui fait
que je suis l'ami de quelqu'un ?.. Telles sont
quelques-unes des questions qu'on est
en droit de se poser sur cette relation très
Grandes
question
particulière que nous entretenons avec
un nombre restreint de personnes.
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Amis ou relations ? D'emblée une distinction s'im-


pose.Les gens qui constituent l'essentiel de nos rela-
tions ne nous sont pas indifférents ; nous avons avec
eux des points communs, des affinités ; nous appré-
cions leur compagnie sans la rechercher particulière-
ment. La teneur de nos échanges avec nos relations
va de la simple courtoisie à la camaraderie. C'est le
degré de familiarité que nous entretenons avec l'autre
qui caractérise la nature du lien qui nous unit à lui et
qui détermine ce que nous pouvons en attendre.
Dans le langage courant, nous employons le mot
«ami» à propos d’un grand nombre de personnes
avec qui nous partageons des activités ordinaires et
pour qui nous éprouvons, à des degrés divers, de la
sympathie. ll ne s'agit, en réalité, que de simples rela-
tions. Il est primordial d'éviter l'«erreur de casting»,
cette méprise qui nous conduit à considérer,souvent
de manière hâtive,une personne comme notre amie.

135
Ces personnes ne nous sont pas étrangères, mais
nous ne pénétrons guère dans leur intimité.Le « fami-
lier », au contraire, est celui qui s'autorise, et que, réci-
proquement, nous invitons, à partager ponctuelle-
ment des moments, sans que cela nécessite de notre
part une période d'adaptation ni diverses conces-
sions susceptibles de modifier notre naturel.

Avant tout, un partage


Il est clair que l'amitié joue un rêle dans notre éco-
nomie affective. Cette transaction, au vrai sens du
terme, nous est utile, voire indispensable.
Avec des amis, il nous est facile d'aborder des
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sujets que nous n'oserions pas évoquer avec qui que


ce soit d'autre. On partage, la plupart du temps, le
même point de vue sur les choses. On a la même
vision d'ensemble, aussi bien en ce qui concerne la
société, le travail, l'éducation que les loisirs. On par-
tage les mêmes valeurs. L'amitié, c'est avant tout le
partage, le plaisir de vivre ensemble un événement,
d'échanger des impressions et d'éprouver des émo-
tions. Nous avons tout de suite en tête l'historique
du parcours que nous avons réalisé ensemble, et
nous avons envie d'enrichir notre expérience com-
mune. Les absences ne coupent pas le fil de cette
longue conversation intime qui nous unit. Bien sûr,
nous aimons voir nos amis et, si leur absence n'est
pas ressentie comme un abandon, une défection de
leur part sera éprouvée comme une trahison. Si l'es-
sentiel de notre relation amicale est forgé par les

136
moments passés ensemble dans la complicité du
partage, le regret de l'absence de l'ami à différents
moments forts nous donne une occasion supplé-
mentaire de penser à lui.

Les amis de toujours


«Parce que c'était lui, parce que c'était moi», écrit
Montaigne pour caractériser son amitié avec La Boé-
tie, transcendant par cette formule lapidaire toute
description réductrice, voire ordinaire. C'est le prin-
cipe de préférence individuelle. C'est la rencontre
intime de deux singularités. Elle se fait parfois dans
l'enfance,
au cours de l'exploration du monde,et l’on
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parle alors d'«amis de toujours ». Partant à l'assaut


de la vie et de ses mystères, en quête de sensations
d'autant plus exceptionnelles qu'elles sont uniques,
les enfants, à terme, tissent entre eux des relations
tout à fait privilégiées. C'est pourquoi les amitiés de
l'enfance,si elles survivent aux crises de la vie,se révè-
lent d'une qualité rare. Quoi de plus attrayant et de
plus réjouissant que de poursuivre ce voyage initia-
tique qu'est l'existence, avec quelqu'un pour qui
nous avons une profonde affection et avec qui nous
partageons des références depuis toujours, ?
La plupart du temps, dans les relations amicales,
la symétrie est de rigueur.1l s'agit d'échanges égali-
taires caractérisés par une absence de préséance.
Marx et Engels sont l'exemple d'une grande amitié
moderne et spirituelle. Entre eux existait un enri-
chissement réciproque et complémentaire. C'est

13
dans cette complémentarité que les deux plateaux
de la balance trouvent leur point d'équilibre.
L'amitié peut cependant réunir deux êtres dont
l'un est, apparemment, «tout le contraire de l'autre ».
Des «couples » comme Dom Juan et Sganarelle chez
Molière, Maître Puntila et son valet Matti chez Brecht,
Don Quichotte et Sancho Pança chez Cervantès, tels
que nous les ont dépeints le théâtre, l'opéra et, plus
tard, le cinéma, avec des films comme Julia de Fred
Zinnemann, la littérature en est pleine. Ces amitiés
apparemment bancales, au sein desquelles coexis-
tent un soi-disant dominant et un soi-disant dominé,
un très beau et un laid, se révèlent, contre toute
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attente, être faites du bois le plus solide,le plus noble


et le plus précieux. Il ne faut pas se fier aux seules
apparences.Si on reste ami avec des personnes, alors
qu'il semble y avoir un fort déséquilibre, c'est que l'on
y trouve son compte. La balance qui régit nos
échanges rétablit les choses dans une dimension
plus secrète de notre relation.

Au-delà de l'absence
et de l'apparence
Si elle naît presque instantanément lors de la ren-
contre entre deux personnes, l'amitié n'implique ni la
régularité ni la fréquence, elle se construit au fur et à
mesure et se renforce au fil du temps. Elle est exi-
geante sur la qualité, pas sur la quantité. Lorsque
nous retrouvons un ami après de longs mois de sépa-
ration, il nous semble l'avoir quitté quelques minutes

138
auparavant,et nous pouvons entrer dans une conver-
sation de plain-pied, aller à l'essentiel, sans préam-
bules ni préalables superflus. L'expérience d'un ami
est la seule que nous puissions partager.
La présence physique,
qui n'est pas une compo-
sante essentielle dans le bon «entretien » de la rela-
tion amicale, ne s'avère pas indispensable non plus,
parfois,à la naissance de cette relation.Les «amis spi-
rituels » ne sont-ils pas des étrangers qui de manière
épistolaire, au fil des courriers, apprennent à se
connaître, à s'apprécier, à s'aimer sans s'être jamais
vus. L'amitié ne s'arrête pas non plus aux frontières
des apparences. Ainsi, il nous est possible d'être
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ami(e) avec une personne beaucoup plus âgée, d'une


autre culture, d'une autre religion où d'un autre pays.
Cependant,nositinéraires de vie et nos parcours res-
pectifs comptent pour beaucoup ;c'est pourquoi la
majorité d'entre nous portera son attention sur une
ou des personnes du même milieu social et des
mêmes origines culturelles.
L'amitié, c'est un choix opéré d'avance qui
ignore la compétition et nous conduit à soutenir
quelqu'un, même dans son erreur, pour l'amener de
manière bienveillante à s'en rendre compte. On se
doit de prendre la défense d'un ami même s'il a tort,
non pas pour se ranger du «mauvais » côté, mais
pour ne pas le laisser seul sur l'autre rive afin d'oc-
cuper ensuite la meilleure position pour lui faire
entendre raison.La déception est également incom-
patible avec l'idée égalitaire de l'amitié, si nos amis

139
(-es) nous déçoivent, c'est un peu comme si nous
nous décevions nous-même. Nous ne pouvons pas
le supporter, et nous rompons.

Savoir nourrir l'amitié


Les études portant sur le bien-être nous permettent
de dire que nos chances de nous épanouir seront
meilleures si nous avons un tissu relationnel riche.Les
amis comptent parmi les éléments les plus impor-
tants du réseau social de soutien auquel nous avons
recours pour conforter et solidifier notre estime de
nous-même ou pour trouver les ressources néces-
saires à faire baisser l'intensité de notre stress. On
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pourrait dire que l'amitié est une espèce de protec-


tion,un vaccin contre les conséquences trop pénibles
du stress. Chacun en a plus ou moins conscience :
trouver de nouveaux amis fait partie des souhaits le
plus largement exprimés lors des sondages.

LES « BONNES RELATIONS »


Le terme de «relations » est une des définitions données à un
type particulier de rapport à autrui, qui consiste à fréquenter
une majorité de personnes influentes dans le dessein de
bénéficier de leur pouvoir ou bien de divers avantages par leur
intermédiaire. Plus souvent, il s’agit de personnes avec qui nous
partageons des intérêts et qui sont en mesure de nous rendre
des services, tout en sachant qu’en échange elles en attendent
autant de nous. #

140
Mais l'amitié doit être nourrie, enrichie par de
nouvelles aventures communes sous peine de tour-
ner en boucle, de se rabâcher pour finir par être
inutile. Elle n'est pas immortelle, mais soluble dans
l'ennui. En outre, le temps et les vraies attentions
contribuent à l'entretenir.
« Commeje suis content de vous voir ;au fait,vous
repartez quand ? »J'ai adopté cette formule choquante
a priori parce qu'elle recèle un des trésors qui font de
l'amitié ce qu'elle doit être, c'est-à-dire un espace pri-
vilégié d'actes et de paroles gratifiants. En effet, si la
spontanéité est une composante majeure de l'amitié,
pouvoir protéger les moments que l'on désire vivre
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ensemble est capital.


Se préparer à recevoir un ou des
amis, c'est comme offrir un cadeauil faut se rendre dis-
ponible.Avoir le temps est bien le moins que l'on puisse
faire pour quelqu'un que l'on aime et qui compte pour
soi. Aménager son emploi du temps en fonction de la
présence de l'ami constitue une preuve très concrète
de l'affection que nous lui portons.
L'amitié est une des valeurs sûres de la vie : la
famille proche et les amis sont les êtres avec lesquels
nous échangeons le plus et surtout le mieux, c'est
avec eux que nous allons partager les grands bon-
heurs et les peines aussi.Elle peut durer toute une vie
et résister aux pires contraintes ; sachons la cajoler,
comme elle sait le faire.

Re
PTT
Amour (|)
Sans amour, la vie serait paisible, comme
dans les cimetières. Par bonheur la pulsion
vient mettre le feu à notre mondeintime,
et le brasier nous pousse alors à réorganiser
le style de nos relations. Si l’on veut coexister,
il faut bien donner forme à nos pulsions,
sinon la violence régnerait. Et puisqu'il y a
deux sexes dans un monde humain,on peut
se demander à quoi ça sert et ce que ça fait.
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S'il n'y avait qu'un seul sexe, l'ordre régnerait et la


reproduction du même, à chaque génération (ce sexe
devrait donc être féminin), entraînerait un paisible
engourdissement du psychisme, puisque le même
dérivé du même ne pourrait produire que du même.
La prise de conscience ne peut naître que de la
différence de deux perceptions, sinon ce serait une
habituation. Alors, vers l'âge de 3 ans, la découverte
de la différence des sexes pose un problème dont
on ne se remet jamais. Cette découverte nous invite
à l'exploration de la différence dont les débats
enflamment les cultures et dont les discours édictent
certains comportements sexuels.
La découverte des sexes, vers l'âge de 3 ans,ne
provoque pas du tout la même ambiance émotion-
nelle qu'à l'âge de 14 ans : à l'intrigue exploratoire
des petits scientifiques de 3 ans s'ajoute la fièvre du
e

142
désir de la passion amoureuse, qui bouleverse la
charpente de la personnalité. Le moment amoureux
de l'adolescence permet au jeune de s'arracher du
clan de ses origines et de se jeter dans la volupté
angoissante du risque sexuel.

LA SEXUALITÉ
ET LES MODÈLES D’ATTACHEMENT
Alors que les bébés filles s’orientent préférentiellement vers
d’autres bébés filles dès la fin de la 2° année, les garçons
attendront la fin de la 4° année pour se rencontrer entre hommes.
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À l'adolescence, en revanche, presque tout le monde est


d'accord : c’est l’autre sexe (en général) qui est intéressant.
Le partenaire choisi n’aura pas la partie facile, puisqu'il devra
assumer le double rôle de partenaire sexuel et, si le couple
dure, de figure d’attachement.
Le choix du partenaire se fait donc sur le sexe et sur la manière
d'aimer. L'amour, en nous arrachant à nos premiers liens, nous
permet de poursuivre d’autres stratégies affectives.
Notre nouveau partenaire, outre la sexualité et l’enfantement,
devra nous sécuriser, nous séduire chaque jour et satisfaire nos
fantasmes : si nous désirons assumer le rôle de celle qui sauve
un homme, notre partenaire devra s'arranger de façon
à être toujours sauvé. Si nous voulons devenir celui par
qui le bonheur arrive, notre conjointe aura intérêt à être
toujours heureuse.
Ces emboîtements d’inconscients expliquent l’étonnante
«personnalité » des couples
et leurs évolutions si différentes. ll

143
Avant le premier amour, les enfants se dévelop-
pent dans l'émotion de l'attachement. Les nourris-
sons, véritables éponges affectives, recherchent sur
le corps de leur mère les préférences sensorielles qui,
en charpentant leur monde, leur donnent une sen-
sation de stabilité. La mère se trouve ainsi transfor-
mée en base de sécurité, à partir de laquelle l'enfant
explore son monde.Tant que cela dure,les catégories
sont claires :le monde est divisé en objets connus, qui
sécurisent l'enfant, qui le ressourcent après le stress
de ses explorations ; et en objets inconnus, qui sidè-
rent le petit et qui bloquent ses développements.
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À l'adolescence, un
nouvel ordre amoureux
À l'adolescence,
avec l'irruption du désir sexuel,on assiste
à un renversement des stratégies affectives : la base de
sécurité devient un mornelien,tandis que la belle incon-
nue crée une sensation d'événement érotique.
Le premier amour aurait ainsi pour fonction de
relativiser l'attachement des petites années et
d'orienter vers un nouveau projet d'existence.Grâce
au premier amour, l'enfant cesse d'être le «petit » et
poursuit ses acquisitions comportementales. Le
simple fait d'aimer attachait l'enfant qui découvrait
les sexes mais n'éprouvait pas le désir, alors qu'à
l'adolescence on désire un (une) inconnu(e) auquel
on s'attachera plus tard, en le familiarisant. Le petit
enfant s'attache avant de découvrir le sexe,alors que
l'amoureux fait souvent le contraire.

144
La période sensible des petites années impré-
gnait dans la mémoire de l'enfant une sécurisante
manière d'aimer. Une seconde période, parfois cri-
tique à l'adolescence, provoque un remaniement
de l’ancienne mémoire d'aimer et l'apparition d'un
nouvel ordre amoureux. Mais, alors que le lien de
l'attachement est durablement imprégné dans la
mémoire de l'enfant, la force du désir est intense et
labile quand elle n'est pas suivie d’un nouvel atta-
chement.
Le moment amoureux crée une nouvelle
période sensible où notre conscience, délicieuse-
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ment remplie par l'image de l’autre, s'imprègne en


nous à l'occasion des rêves éveillés et nocturnes. Il
ne nous reste qu'à faire la lente connaissance de cet
autre, facilitée par l'hyperattention de ce moment pri-
vilégié. L'intensité de l'émotion crée le sentiment de
«toujours », qui ne dure parfois que ce que durent
les désirs. Puisque la mémoire n'a pas la même récep-
tivité chez les nourrissons et chez les adolescents,
puisque les personnalités sont à des niveaux très dif-
férents de leur construction, l'empreinte n'est pas la
même : elle est plus durable chez le nourrisson, plus
violente chez l'adolescent.

Le coup de foudre
n’est pas le lien
La flambée amoureuse, cependant, ne mène au lien
fort de l'attachement que dans la mesure où les par-
tenaires partagent un projet. Sinon, quand l'embra-

145
sement s'éteint et que les corps sont calmés,les par-
tenaires étonnés regardent d'un œil neutre celui ou
celle qui a provoqué l'embrasement. Car la foudre
n'est qu'un coup, sinon ce serait un amour, une forte
émotion ou un attachement.
Pourtant, le feu du ciel ne frappe pas au hasard,
iltombe de préférence sur les paratonnerres.Presque
tous ceux qui déclarent avoir reçu la foudre ne savent
pas qu'ils la cherchaient. À ce moment de leur vie, ils
connaissaient une période de flottement, une incer-
titude, un engourdissement, ils aspiraient au réveil.
Alors s'est présenté celui ou celle qui allait frapper et
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stimuler leurs sens et leur existence endormie. C'est


pourquoi la foudre frappe souvent lors des vacances.
Quand un projet nous possède,nous sommes moins
sensibles à ce bel événement. Mais le retour à la luci-
dité en fait souvent une rencontre sans lendemain.
Les amants se séparent avec un sourire étonné et,
s'ils restent ensemble, c'est qu'un lien commence
à se tisser, mais dans ce cas ils vivent une forte émo-
tion amoureuse,et ce n'est
La rencontre est facilitée par
plus un coup.
une émission sensorielle que
l'organisme est apte à saisir. Ell
Le couple, est justifiée par la création d’un
étrange alchimie milieu sensoriel intersubjectif,
Pour faire un vrai couple, riche en informations
biologiques et émotionnelles,
et pas seulement une ren-
échangées d’un organisme à
contre, il faut que les par- l’autre et stimulantes pour
tenaires réalisent un petit chacun d’eux. Chaque individu
mouvement collectif. se lie ainsi à l’autre.

146
Deux personnes dont les histoires et les tempéra-
ments sont différents décident de mélanger leurs
mondes physique et psychique, et cette alchimie pro-
voque curieusement une vraie personnalité de couple.

COMMENT SE SITUER
EN SALUANT
Lors d’une rencontre, il est urgent de connaître le sexe
de l’autre sous peine de maladresse relationnelle, c’est donc
le sexe que l’on présente en premier. Mais, comme
ils ne peuvent ni n’osent présenter leur sexe anatomique,
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les humains présentent seulement les mots qui le désignent :


«Monsieur» ou «Madame ». Parfois ils présentent même l’état
de fonctionnement de ce sexe : «Mademoiselle ».
Les rituels d'interaction diffèrent beaucoup selon ce sexe. On
utilise son corps de manière différente. On ne dit pas bonjour
à une femme de la même manière qu’à un homme.
Les ethnologues ont remarqué que cette différence se trouve
dans toutes les cultures, mais que chaque culture exprime
à sa façon ce rituel de présentation. 5

Le mystère s'explique par l'emboîtement des


deux styles d'attachement. Lorsqu'un attachement
sécure s'articule avec un autre attachement sécure,
on observe comment deux personnes différentes
s'entraident et tissent paradoxalement un lien léger
où chacun respecte l'autonomie relative de l'autre.
Parfois les couples sont collusifs, ils entrent en com-
pétition, et, malgré leurs déclarations d'amour, cha-

147
cun cherche à affaiblir l'autre.ll peut y avoir aussi des
couples complémentaires où l'association des vul-
nérabilités renforce les partenaires, comme parfois
dans les carences affectives.Les couples pansements
- quand on épouse le deuxième pour moins souffrir
du départ du premier - sont résignés. Les couples
platoniques ne sont pas rares, les couples stressés
s'épuisent et les couples pervers enchantent les
témoins tant leur apparence est stable et sans orage.
En fait, la fonction essentielle du couple, c'est de
nous arracher à la prison affective à laquelle nous
devons pourtant notre force, de façon à rencontrer
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un partenaire qui nous aidera à poursuivre notre évo-


lution personnelle. &

> Adolescence (l') p.93;


Attachement (!’) p.158;
> Couple (le) p.178;
> Sexualité (la) p.528.

148
Anorexie et boulimie
L'une ne mange rien. On la dit «anorexique ».
L'autre ne cesse de se nourrir. On parle de
«boulimie ». Anorexie et boulimie, parfois
conjuguées, sont les deux faces d’un même
mal-être psychique se traduisant par des
troubles physiques qu'il ne faut, en aucun cas,
Grandes
questions.
minimiser. Ils peuvent, l’anorexie surtout, être
très graves et détériorer sérieusement la santé.
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L'anorexie et la boulimie sont des troubles du com-


portement alimentaire qui ont des effets désastreux
sur la santé et mettent en danger la vie des per-
sonnes qui en souffrent. La médiatisation de ces
affections, depuis quelques années, fait que la plu-
part d'entre nous en connaissent l'existence, mais
elles sont souvent banalisées par la société, mal com-
prises par l'entourage, déniées ou justifiées par celles,
et plus rarement par ceux, qui en souffrent. Leur dis-
tribution est très majoritairement féminine, même si
l'on signale aujourd'hui une fréquence croissante
d'anorexie chez les garçons (1 cas sur 10).
Ces troubles sont-ils dus à une mauvaise éduca-
tion alimentaire ? À un mode de repas différent, tel
que le grignotage permanent,ou
junk food, à la mode
des jeunes Américains, et de plus en plus répandu ?
À une absence de diététique ? À un mal-être phy-
sique et psychologique ?

149
Actuellement,
tout semble démontrer que l'ano-
rexie est un «trouble psychique » et n'a aucune ori-
gine organique, métabolique ou génétique. On la
rapproche généralement de la boulimie, car elles
sont de plus en plus souvent associées. Certains
médecins pensent d’ailleurs qu'il s'agit des deux
extrêmes d'un même mal, exprimant une perturba-
tion de la personnalité. De plus,un consensus semble
s'être établi pour reconnaître que ces troubles ont
un lien à la fois avec le passé de l'individu, son
contexte familial, mais également avec les nom-
breuses pressions culturelles et sociales pesant sur
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les femmes des pays occidentalisés.

L'anorexie des
adolescentes
L'un des cas les plus fréquents de refus de la nourriture
est baptisé «anorexie mentale » et concerne essen-
tiellement les jeunes filles. Il se repère lorsque l'on
constate un amaigrissement supérieur à 10 % du poids
et une absence de règles remontant à plus de six mois.

LES « TROIS A » DU DIAGNOSTIC


Le diagnostic d’anorexie s’établit sur la présence de trois
symptômes dits « des trois A » :
Anorexie, ou conduite de restriction volontaire de nourriture.
Fréquemment, les débuts de l’anorexie coïncident avec le
commencement d’un régime alimentaire, qui devient de plus en
plus restrictif, et aura rapidement recours aux vomissements si

150
l'anorexique pense avoir trop mangé, ou bien si elle y a été obligée.
Amaigrissement, conséquence directe de la conduite
de restriction volontaire de nourriture, avec une perte de poids
d’au moins 10 % par rapport au poids antérieur, en référence
à la croissance normale (on ajoute une phobie
du grossissement et une déformation de l’image corporelle).
Aménorrhée (primaire ou secondaire), témoignage
d’un syndrome endocrinien complexe imputable à une sorte
de mise en repos de l’hypophyse, qui peut précéder
l’'amaigrissement et ne saurait par conséquent être considérée
comme sa conséquence directe, même s’il en est le facteur. #
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À ce tableau, il faut ajouter le contexte psycho-


logique bien spécifique de ces jeunes filles. Il peut
exister une situation de conflit relationnel avec l'en-
tourage et,notamment, avec les parents,mouvement
très ambivalent, à la fois recherche d'affection et
combat pour une identité autonome. On peut éga-
lement relever un désintérêt pour toute forme de
sexualité génitale ; des troubles de l’image du corps
et de ses besoins ; une hyperactivité intellectuelle et
motrice ; des difficultés du registre affectif et de
l'identité ; les sentiments de vide, d'impuissance des
doutes innombrables conduisant,
dans les formes les
plus évoluées, à un repli progressif. Enfin, une atti-
tude distordue vis-à-vis de la nourriture.

Le tableau de la boulimie
En quelque sorte symétrique de l’anorexie, la bouli-
mie, caractérisée par une consommation irrépres-

SE.
sible de nourritures, intervient par épisodes assez sté-
réotypés, qui se différencient de l'hyperphagie, où
l'on mange simplement...
trop, et du grignotage fré-
quent chez les obèses. Parfois planifiée à l'avance,
ailleurs submergeant brusquement la personne, la
crise se déroule le plus souvent en cachette, le soir.
On entend souvent des femmes se définir
comme boulimiques, alors qu'elles ont un ou deux
kilos en trop,ou bien qu'elles ont mangé un peu trop
de chocolat.Cela n'a rien à voir avec la véritable bou-
limie.
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UN MAL GALOPANT
On compte aujourd’hui 1 % à 2 % de la population féminine,
âgée de 15 à 30 ans, souffrant d’anorexie, et 1 % à 2 % de la
population générale, âgée de 15 à 45 ans, souffrant de boulimie.
Ces chiffres étaient quatre fois moindres, il y a vingt ans.

Cette dernière démarre en général vers 17-


20 ans et se rencontre ensuite plus souvent que
l'anorexie. On peut la retrouver chez des femmes
adultes. Elles ont parfois recours à ces conduites
lorsque l'angoisse ou le stress s'avèrent trop impor-
tants à gérer. Chez les hommes, la boulimie existe,
mais elle est encore plus rare que l’anorexie.
Un diagnostic d'authentique boulimie s'appuie
sur l'existence d'épisodes répétés d'absorption
rapide et incontrôlée de grandes quantités de nour-
riture (plusieurs milliers de calories), sous l'effet d’une

152
contrainte ressentie comme plus ou moins irrépres-
sible,avec une fréquence de deux accès boulimiques
en moyenne par semaine, sur une période de trois
mois. Signent encore ce tableau une sensation de
perte de contrôle du comportement alimentaire
durant les crises ; un recours à des conduites de
vomissements, avec prise de laxatifs ou de diuré-
tiques,exercices physiques et restriction alimentaire;
enfin, une préoccupation excessive du poids et des
formes corporelles.
Afin de mieux discerner encore la «véritable crise
de boulimie» d'un autre comportement qui serait
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moins perturbant et surtout moins grave,on peut éga-


lement souligner le trajet de la crise :la précrise, mar-
quée par un état de tension, d'angoisse et de manque
induisant une envie irrésis-
tible de trouver et d'absor- La culpabilité pèse sur
Véronique, 30 ans, qui décrit
ber de la nourriture.La crise,
sa vie depuis une dizaine
avec une perte totale de d'années comme un cycle
contrôle sur la nourriture.La infernal. Elle alterne crises
fin de la crise qui survient de boulimie, puis de
vomissements et prises
tantôt faute de nourriture,
de diurétiques. Sa capacité
tantôt lorsqu'un sentiment
à engloutir de la nourriture
de plénitude est obtenu. l’horrifie et la plonge dans
Celui-ci est toujours mêlé une culpabilité intense. Elle a
d'une sensation de ma- fini par chercher de l’aide
lorsqu'elle a pris conscience
laise corporel, souvent de
que ses symptômes
conduites d’annulationet, correspondaient à une rupture
dans de nombreux
cas, d'un dans sa vie familiale, dont
endormissement. Enfin, la le deuil ne pouvait s'effectuer.

153
postcrise, où émergent des sentiments de regret, de
honte et de culpabilité,de dégoût et d’affects dépres-
sifs qui n'empêchent pourtant pas les rechutes.

Les sources du mal


Comment expliquer qu'on en arrive à ces conduites
extrêmes ? Cela implique de réfléchir sur les liens de
la personne avec son passé, son contexte familial et
socioculturel.
L'influence du passé peut être éclairée par les expli-
cations qu'en donnent les psychanalystes. Les
troubles apparaîtraient à la puberté, lorsque l'enfant
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devient jeune fille et doit assumer les attributs et le


rôle de femme.S'en révélant incapable, elle se tourne
alors vers l'érotisme des stades de développement
précédents : ceux des stades oral et anal. Les jeunes
filles boulimiques succombent à leurs pulsions orales
(stade du nourrisson) dévoratrices, alors que l'ano-
rexique s'oppose à leur émergence.
Le contexte familial, selon certains auteurs qui se
sont penchés sur les modèles familiaux, l'entourage
pourrait générer de tels troubles. L'explication serait
que, lorsqu'ils étaient enfants, ces patients avaient
des désirs peu reconnus, peu entendus et peu pris en
considération, la mère ne répondant aux appels et
aux pleurs de l'enfant que sous forme de nourriture.
Le sujet mangerait au lieu de ressentir et d'exprimer
des sentiments, qu'ils soient négatifs ou positifs. Il y
aurait donc chezles boulimiques, mais aussi chezles
obèses, des confusions entre la faim et d'autres émo-

154
tions et sensations.Dans la Le contexte familial est sans
même perspective, l'ano- doute à prendre en compte
pour Sylvia, 15 ans, qui
rexie mentale constituerait
souffre d’une anorexie
une tentative d'autonomi- entrecoupée de crises de
sation et de contrôle d'un boulimie avec vomissements
corps qui échappe. La provoqués. Elle pratique la
maîtrise du corpset de ses danse depuis l’âge de 5 ans et
veut en faire son métier. D'une
besoins permet ainsi à
rigueur sans faille depuis des
l'anorexique d'affirmer son années, elle conjugue études
existence aux yeux des et entraînements. D’éducation
autres ainsi qu'à ses propres particulièrement rigide, elle

yeux. n’a droit «à l'erreur » ni sur le


plan scolaire ni sur le plan
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Le contexte social, enfin,


sportif. Elle ressent de très
peut jouer un rôle non fortes pressions, et son mal-
négligeable. Le surpoids être est accentué par les
dans le monde occidental remaniements psychiques et
physiques de l'adolescence.
est synonyme de «laideur ».
Tous les jours, nous sommes inondés d'images de
corps féminins élancés, à l'exclusion de tout autre.
Parmi toute la gamme des tailles et des silhouettes
féminines possibles, celle de la femme jeune et svelte
est la seule associée aux modes de vie valorisants.
Il semble bel et bien que la beauté et la minceur
sont les aspects incontournables de la féminité. Les
chiffres parlent d'eux-mêmes puisque plus de 5 %
des mannequins souffrent de troubles du compor-
tement alimentaire,et pourtant avec les mannequins,
des anorexiques sont proposées à des millions d'ado-
lescentes comme la référence idéale à atteindre. Par
conséquent, la recherche de la minceur apparaît alors

155
pour une femme comme Le contexte social a pu jouer dans
un moyen de s'affirmer, le cas de Sophie, 24 ans.
Célibataire, elle travaille dans la
de développer son iden-
mode, métier qu’elle a choisi en
tité. Ces pressions sont s’opposant violemment à ses
donc à prendre réelle- parents, et qui impose une image
ment au sérieux. particulière. Pour garder son
emploi et montrer qu'elle est
«capable de réussir »dans cette
Les voies de la guérison
voie, elle est obligée de faire des
La prise en charge tradli- efforts considérables et de
tionnelle de l'anorexie supporter un stress trop
mentale est l'hospitalisa- important. Lorsqu'elle rentre le
tion avec isolement de la soir chez elle, elle se jette sur la
nourriture et se fait vomir
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famille et réalimentation
instantanément.
forcée. Cependant, cette
dernière est fortement contestée aujourd'hui. Le mal
étant d'origine psychique, les psychothérapies psy-
chanalytiques individuelles, le psychodrame psycha-
nalytique, ainsi que la prise en charge familiale, forte-
ment développée depuis quelques années, jouent un
rôle considérable. Pour la boulimie, l'hospitalisation
n'est pas indiquée. En revanche, un bilan médical est
obligatoire ainsi qu'une prise en charge psychologique
qui pourra être individuelle (psychothérapie,thérapies
comportementales et cognitives) ou bien en groupes
(groupes de parole, réunions en association).

UNE AMÉLIORATION LENTE


L'évolution de l’anorexie mentale sous traitement est souvent
longue et émaillée de rechutes. Des études soulignent

156
qu'environ un tiers des anorexiques peut être considéré comme
totalement guéri, qu’un autre tiers connaît une évolution
intermédiaire, marquée par la persistance de difficultés sur
les plans existentiel et alimentaire (boulimie et restriction).
Pour le dernier tiers, l’évolution est franchement défavorable
et se fait vers la chronicisation à l’âge adulte.

De plus en plus fréquents, les troubles du com-


portement alimentaire, et surtout l'anorexie, aux
sources psychiques complexes, peuvent mener à
un grave délabrement de la santé.lls doivent impé-
rativement être soignés. S'ils ont, à l'évidence, un
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rapport avec la personnalité et le contexte familial,


on note aussi qu'essentiellement féminins ils ne
sont observables que dans les pays occidentalisés.
Leur fréquence d'apparition chez les adolescentes
contemporaines est alarmante au point qu'il peut y
avoir là un problème de santé publique appelant,
avec une réflexion sur les critères de beauté véhi-
culés par les médias, des mesures de prévention,de
dépistage et de traitement. ©

> Adolescence (|’) p.53;


> Adolescents (les conduites à risque des) p.101;
> Sexualité (la) p.528.

157
Attachement (|)
L'attachement est un bon mot : il désigne
autant l'aspect positif du lien qui nous
construit que l'aspect négatif de la liaison
qui nous retient, et, paradoxalement,
c'est dans la sécurité qu'il nous donne
que nous trouvons la force d'avancer
et de nous en éloigner.

Quand il s'est bien tissé, le lien nous attache à une


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autre personne, un animal, un site ou un objet. Dès


que cet autre est imprégné dans notre mémoire,
nous ne l'éprouvons plus de la même manière. À
peine devenu familier, il nous sécurise délicieuse-
ment, jusqu'à l'engourdissement. Tandis que l'in-
connu, non imprégné dans notre mémoire, nous
effraye et nous éveille en créant un sentiment d'évé-
nement.
L'attachement n'établit pas de rapport de domi-
nation ou d'assujettissement, comme lors de la
dépendance.C'est un lien qui nous renforce et nous
entrave, comme un tuteur de pied de vigne qui aide
au développement en imposant une direction. L'en-
fant, qui a besoin d’un autre pour devenir lui-même,
acquiert, grâce à ce lien, une manière d'aimer qui
caractérise son style développemental.Le sentiment
ainsi tissé est une émotion provoquée par une repré-
sentation, comme si cet enfant disait :« Le sentiment
#3

158
que j'éprouve en pensant à moi dépend du regard
que mes figures d'attachement portent sur moi. S'ils
m'aiment, j'éprouve le sentiment d'être aimable, mais
si j'observe sur leur visage des mimiques de dégoût,
je ressens au fond de moi le désespoir d'être celui
qui dégoûte.»
Les comportements quotidiens de l'enfant, ainsi
façonné par un lien interactif, répondent à cette
représentation qui provoque une émotion. Ce
modèle opératoire interne (MOI) crée un style, une
manière d'aimer qui caractérise ces petites per-
sonnes. L'absence ou la rupture du lien sécurisant
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d'attachement entraîne des troubles graves. On le


note aussi bien dans l'observation naturaliste, sur le
terrain en quelque sorte, que dans les situations
expérimentales. Ainsi, la perte des parents ou leur
dépression réalisent des équivalents spontanés de
l'expérimentation. Les psychanalystes A. Freud, fille
de Sigmund, et R.Spitz ont décrit pendant la Seconde
Guerre mondiale des troubles comportementaux
provoqués par ces pertes affectives.Puis,en 1959,un
psychanalyste anglais, J. Bowlby, mort en 1990, a
donné à l'attachement un statut scientifique. Rom-
pant avec toutes les théories antérieures sur les pre-
miers liens sociaux et affectifs de l'enfant humain, sa
théorie posait que la tendance à rechercher le
contact avec un congénère n'est pas dérivée, mais
primaire et permanente:Elle s'opposait donc aussi
bien à toutes les théories de l'apprentissage social,
selon lesquelles les liens affectifs se construisent avec

159
des individus intervenant dans la réduction des
besoins primaires, qu'à celles de la psychanalyse pour
laquelle le lien à la mère s'étaie sur la satisfaction du
besoin de nourriture. Ainsi, l'observation naturaliste
permet une manipulation expérimentale en labora-
toire ou sur le terrain, mais cela n'empêche pas de favo-
riser, par ailleurs, le lent travail affectif de la parole.

DES EMPREINTES À LA PAROLE


En éthologie, l'empreinte est un processus d'acquisition précoce
et relativement rapide qui se distingue des autres processus
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d'apprentissage par une période sensible où l'organisme


possède une aptitude biologique à la mémoire durable.
Cet organisme hypersensible doit donc, à ce moment précis,
rencontrer un objet qui, en se marquant dans la mémoire,
deviendra un repère saillant de son monde.
L'empreinte olfactive ou vocale, l’image d’un visage ou d’un site
deviennent alors les repères sensoriels qui étayent le
développement des constructions mentales du petit.
Un enfant isolé, privé de telles empreintes, vit dans un monde sans
repère où la confusion des informations altère son développement.
Mais, paradoxalement, un excès d’information crée une confusion
analogue puisque aucun objet n'y est mis en lumière.
Ce moment d’hypermémoire est précis chez les oiseaux,
où il dure quelques heures. Il s'allonge chez les mammifères,
où l'organisme « apprend » quelques objets qu'il familiarise
mieux que d’autres en quelques semaines. Chez les grands
singes, ce processus dure quelques mois et, chez l’homme,
il est vif lors des petites années, mais dure toute la vie.

160
Cette lenteur du développement humain dilue la période
de l'empreinte. L'apparition du monde parolier change la nature
des empreintes qui non seulement sont sensorielles, mais
s’enracinent désormais dans les représentations verbales. M

Quand la mère rassure,


l'enfant ose
Les observations d'étholo- L'éthologie est l'étude des
gie animale et humaine comportements. D'abord
font apparaître que, lors- appliquée aux animaux, elle
s’est étendue aux humains.
qu'un petit mammifère
Aujourd’hui, la distinction
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acquiert les comporte- entre éthologie animale et


ments d'attachement qui éthologie humaine n’a plus
lui permettent de se sentir grand sens. On pourrait plutôt
parler de l'ouverture
en sécurité en présence de
éthologique sur une discipline
sa mère, c'est alors qu'il
déjà constituée, par exemple
trouve la force de s'en l’étho-anthropologie, l’étho-
séparer. Se sentant pro- urbanisme, l’étholinguistique
tégé, il ose explorer son ou l’éthopsychanalyse.
milieu. La possibilité de se
ressourcer au contact du corps, des cris, des sourires
et des mots de sa figure familière, lui permet d'af-
fronter les figures non familières et de lentement les
apprivoiser pour ne plus en avoir peur.
Si bien que, dès l'âge de 12 à 18 mois, chaque
enfant a acquis une manière d'aimer qui le caracté-
rise. Quelle que soit la-culture, 65 % de tous les
enfants ont acquis Un attachement sécure : quand la
mère s'éloigne (en situation expérimentale ou spon-

FRET
tanée), le petit a appris à surmonter l'inévitable
épreuve de son départ. Il attribue à un objet familier
(nounours ou chiffon) le pouvoir de la sécuriser en la
représentant.Et, quand une figure étrangère apparaît,
l'enfant parvient, geste après geste, à la familiariser.
Lorsque la mère revient, il manifeste sa joie et renoue
la proximité par ses babils,ses sourires ou ses caresses.

L'OBJET TRANSITIONNEL :
LE « DOUDOU », LE CHIFFON, LE NOUNOURS...
Selon D. W. Winnicott, l’objet transitionnel (un ours en peluche,
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un bout de tissu, bref tout objet ayant valeur de « doudou ») est


le premier objet familier et matériel possédé en propre par
le nourrisson, que celui-ci ne reconnaît pourtant pas comme
appartenant à la réalité extérieure, bien qu’il ne fasse pas partie
de son corps propre.
Pour limiter les malentendus créés par la vogue, dans les
milieux psychanalytiques puis dans un large public, du terme
d’« objet transitionnel » Winnicott a estimé nécessaire de faire
une mise au point sur ce qu'il entendait par là. Dans Jeu et réalité
(1971), il élargit la notion d’objet transitionnel à celle d’un
«espace transitionnel » constitué par l’ensemble de ce qu’un
enfant peut trouver, avec le soutien de ses parents, pour ne pas
être englouti dans le gouffre creusé par les absences de sa
mère. Gazouillis, exercices de maîtrise kinesthésique, curiosité
pour ce qui l'entoure, etc., suspendent l'anxiété et préfigurent
ces « objets causes du désir » dont le psychanalyste J. Lacan
a reconnu la filiation avec l’objet transitionnel de Winnicott. M

162
Cependant, 20 % de tous les enfants ont acquis,
à ce stade de leur développement, un attachement
ambivalent : quand la mère revient après avoir laissé
son petit seul ou au contact d’une étrangère, l'enfant,
au lieu de s'y ressourcer, l'agresse, la frappe ou la
mord.
Enfin, 15 % de toute la population enfantine ont
acquis un attachement évitant où le petit recherche
l'indifférence, comme s'il avait appris à ne compter
que sur lui tandis que 5 % de cette population mani-
festent un attachement confus où aucun comporte-
ment n'est suffisamment efficace pour provoquer un
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effet de sécurisation, d'agression ou de fuite.Le total


de ces styles d'attachement dépasse 100 % car ils
sont durables, mais non définitifs. Ils peuvent chan-
ger selon le style interactionnel de l'adulte ou le
moment de développement de l'enfant.

L'ANGOISSE DU 8° MOIS
L'angoisse du 8° mois est une réaction négative aux personnes
étrangères, qui marque une étape cruciale dans le développement
psychique du très jeune enfant. Aux alentours du 8° mois,
le nourrisson devient capable de distinguer entre visages connus
et visages inconnus, et la présence d’une personne étrangère
réactive le désir de la mère absente. Auparavant, le bébé, à partir
du 3° mois, sourit indifféremment à tout visage humain
et manifeste du déplaisir quand ce visage disparaît.
Le sourire est le premier organisateur en ceci qu’il marque
le passage entre la réception des expériences internes, seules

163
prises en compte pendant les premières semaines de vie, et
la perception des stimulus externes. Mais si à ce stade le bébé
peut manifester de la peur en présence de stimulus associés
à des expériences déplaisantes, l'angoisse proprement dite
ne survient qu'aux alentours du 8° mois, lorsqu'une relation
à un objet libidinal a été construite. Le psychanalyste R. Spitz
souligne deux aspects importants de ce second organisateur
que constitue l’angoisse du 8° mois. D'une part, ses
manifestations sont extrêmement variables selon les enfants,
allant de la nan-réponse aux avances et de la méfiance
aux hurlements irréductibles. D'autre part, cette étape est
absolument nécessaire à la construction de relations :
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la frustration joue un rôle décisif dans la constitution du moi.


Différentes observations ont mis en question la théorie de Spitz.
Tout d’abord, les nouveau-nés discriminent l'odeur maternelle
d’une odeur étrangère, et la voix maternelle de voix étrangères.
Par ailleurs, cette période de réactions négatives à l'étranger
apparaît dans une marge d'âge très large (entre 6 et 15 mois),
en liaison avec le type d’attachement à sa mère que l'enfant a.
Enfin, cette réaction peut survenir en présence de la mère
et, en l'absence de celle-ci, peut alterner avec des tentatives
d'approche de l'adulte ; elle pourrait alors être interprétée
comme une réaction ambivalente à la nouveauté, sans
spécificité de l’image maternelle. Ml

Pourtant un couple de forces opposées se met


en place. Dans le système nerveux, une stimulation
excessive de la zone périthalamique du plaisir finit
par provoquer une réaction douloureuse, comme
dans l'orgasme douloureux.À l'inverse, une stimula-

164
tion prolongée de la bandelette frontale inférieure,
zone de la douleur, finit par stimuler la réaction de la
zone de la recherche de plaisir. Il en est de même
pour l'attachement : sans le bien-être provoqué par
la simple présence de la figure familière, l'enfant per-
çoit tout événement comme une peur. Mais, quand
le bien-être est trop durable, il engourdit l'attache-
ment, alors qu'un petit chagrin,une fatigue qui invite
au blotissement,un départ momentané stimulent le
désir des retrouvailles et le renforcent.

S'attacher pour pouvoir


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se détacher
Le petit dont la mémoire n'a pas acquis l'empreinte
d'une figure d'attachement base de sécurité n'ose rien
explorer. Quand il parvient à tisser un lien, il manifeste
un hyperattachement anxieux,il s'y agrippe et ne peut
s'en éloigner. Mais, à l'inverse, quand la figure d'atta-
chement a toujours été présente, le petit n'a jamais eu
l'occasion d'apprendre à inventer son propre tran-
quillisant, tel que le nounours ou la mentalisation,
qui
lui permet de se représenter sa mère alors qu'elle n'est
pas là.Ces enfants exagérément entourés sont écœur-
rés par la figure d'attachement trop familière autant
qu'ils sont effrayés par les figures non familières.
Vers l’âge de 6 ans, ceux qui ont acquis un atta-
chement sécure s'amusent à l'école,
où ils apprennent
d'autres influences, alors que ceux qui n'ont pas eu l'oc-
casion de triompher de petites épreuves sont effrayés
par ce nouveau monde social et écœurés par l'ancien.

165
QUAND LE LIEN
SE DISTEND OU SE ROMPT
Il arrive que le lien fondamental unissant la mère à l'enfant soit
distendu ou rompu par la séparation. Dans le monde animal, la
rupture du lien a des conséquences immédiates. Par exemple,
un agneau déclenche le comportement maternel de sa mère,
qui, en le léchant, le marque à son odeur. Ainsi s’amorce, entre
la brebis et l'agneau, la spirale relationnelle de l'attachement.
Si cette spirale et interrompue, la communication olfactive (qui
peut être aussi auditive ou tactile) ne passe plus, l’attachement
peut être défnitivement rompu avec des conséquences fatales
pour le petit animal.
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À la différence de la brebis, la mère humaine se pense en tant


que mère. Cela lui permet après une séparation de renouer,
en tâtonnant, le lien sensoriel qu’elle aura ainsi « pensé ».
Fréquemment, les retrouvailles sont maladroites. La mère est
souvent intrusive ou, au contraire, retenue, comme gênée.
Le bébé est avide d'affection ou bien indifférent. Généralement,
il suffit de quelques heures, de quelques jours, au pire de
quelques semaines pour que se tisse de nouveau un lien
harmonieux. Il n'empêche que cette séparation a réalisé une
période sensible et vulnérable où toute faille a pu se révéler :
on retrouve souvent, dans la population des enfants martyrs,
un antécédent de longue séparation. La plupart des enfants
assument les traumatismes de la séparation en quelques jours,
mais quand celle-ci perturbe le sommeil ou provoque des
troubles alimentaires, ils sont interprétés par la mère, et
risquent, en révélant une faille de son inconscient, d’engendrer
une spirale de troubles relationnels durables.

16
L'adolescence,avec l'intensité émotionnelle pro-
voquée par l'apparition du désir sexuel,remet en jeu
l'apprentissage de toutes les manières d'aimer. Mais
cette fois-ci le désir va orienter les adolescents vers
une figure non familière, la belle inconnue à laquelle,
plus tard, ils devront s'attacher, alors que dans les
petites années c'est l'attachement qui les orientait
vers une figure ne provoquant pas le désir.
L'équilibre affectif et même la stabilité des repré-
sentations mentales («j'aime les femmes sportives »,
«j'aime les hommes doux ») résultent probablement
du gouvernement de ce couple d'opposés où l'on a
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besoin de s'attacher pour trouver la force de se déta-


cher, puis de désirs pour s'attacher ailleurs, à une
figure inconnue qu'il faudra familiariser : «Je m'en
vais parce que je t'aime... », ou «.. parce que tu as
su m'aimer». &

> Amour (l’) p.142;


> Enfant (l’arrivée du premier) p. 263 ;
> Nouveau-né (interactions avec le) p.415 ;
> Parent (devenir) p.430.

167
! Autisme (|)
L'autisme est un grave trouble du
développement précoce de l'enfant.
L’autisme a fait couler beaucoup d'encre
puisque la cause des psychoses autistiques a
donné lieu à de multiples controverses.
Cependant, aujourd'hui, un consensus
semble établi pour reconnaître qu'il existe
une large variété de manifestations
cliniques ; on note également un accord sur
certains critères cliniques même si ceux-ci
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sont évolutifs. Cependant, la nature de ces


anomalies et leur lien avec les
caractéristiques comportementales qui
définissent l'autisme restent énigmatiques.

Le terme d'«autisme » est dérivé du grec auto, qui


signifie «soi-même ». Il a été introduit pour la pre-
mière fois en psychiatrie en 1911 par E.Bleuler, dans
son ouvrage Dementia praecox où groupe des schi-
zophrénies, pour désigner, chez les malades schizo-
phrènes adultes, la perte du contact avec la réalité,
entraînant comme conséquence une grande diffi-
culté à communiquer avec autrui, la vie intérieure
acquérant une prédominance morbide aux dépens
du rapport avec la réalité. Plus tard, d'autres auteurs
décriront, de façon analogue, l'autisme comme un
symptôme important bien que non spécifique de la

168
schizophrénie infantile. Mais c'est en 1943, dans son
article original « Autistic Disturbance of Affective
Contact», que le psychiatre américain L. Kanner
décrira, sous l'expression d'«autisme infantile pré-
coce », un tableau clinique différent de la schizo-
phrénie infantile et caractérisé selon lui par une inca-
pacité du petit enfant dès sa naissance à établir des
contacts affectifs avec son environnement.

Les descriptions
de l’autisme
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La description de Kanner
Kanner, dans sa description,a isolé un certain nombre
de signes cliniques caractéristiques de la psychose
autistique une fois constituée :
le début précoce des troubles ; généralement dans
les deux premières années de la vie;
l'isolement extrême: l'attitude de l'enfant frappe par
son indifférence et son désintérêt total vis-à-vis des
personnes comme des objets qui l'entourent;
le besoin d'immuabilité : il s'agit du besoin impé-
rieux de l'enfant de maintenir stable son environne-
ment matériel habituel, la permanence et la stabilité
des repères faisant l'objet de la part de celui-ci de fré-
quentes vérifications plus ou moins ritualisées;
les stéréotypies gestuelles : il s'agit de gestes répé-
tés inlassablement et dont certains frappent par leur
étrangeté - remuer les doigts devant le visage, mar-
cher sur la pointe des pieds de façon mécanique,

169
tournoyer sur soi-même par accès, se balancer ryth-
miquement d'avant en arrière ;
les troubles du langage :ils sont constants ; soit l'en-
fant ne possède aucun langage, soit il émet un jargon
qui a la mélodie du langage mais sans en avoir la
signification,
ou bien, enfin, l'enfant possède un lan-
gage mais qui n’a que peu ou pas de valeur com-
municative, marqué par l'écholalie (répétition en
écho de mots ou de phrases prononcés par autrui),
par l'incapacité de manier les pronoms personnels
(utilisation du «tu » à la place du «je ») et par l'emploi
de mots déformés avec invention de néologismes.
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Dans sa description de l'autisme,Kannerinsistait


en outre sur la mémoire remarquable de certains de
ces enfants et leur aspect intelligent, caractère diffé-
rentiel d'avec les états d'arriération décrits antérieu-
rement par les psychiatres classiques, tel Esquirol.
Progressivement, d'autres affections proches de
l'autisme décrit par Kanner sont regroupées sous le
terme générique de « psychoses infantiles précoces ».
Elles ont en commun avec l'autisme de débuter pré-
cocement, durant les deux premières années de la
vie, et d'être marquées par un trouble profond du
contact avec le monde extérieur. Mais elles s'en dif-
férencient par certaines particularités cliniques.
Ainsi, en 1957, M. Mahler a décrit la psychose
symbiotique,dont elle s'efforce de préciser les parti-
cularités :
- le début dans le courant de la 2° année de la vie, pré-
cédée d'une phase normale du développement,
tout

170
au plus marquée par une hypersensibilité aux sti-
mulus sensoriels et par quelques troubles du som-
meil ;
— Son apparition à certains moments clés du déve-
loppement, impliquant l'abandon de la fusion sym-
biotique d'avec la mère et l'épanouissement du sen-
timent d'individuation.
La psychose symbiotique est ainsi cliniquement
marquée par une angoisse massive d'annihilation en
réponse à des expériences de séparation aussi cou-
rantes que l'entrée en maternelle ou une hospitalisa-
tion. Elle s'inaugure par l'apparition d'une brusque
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désorganisation de la personnalité, avec une perte


marquée de certaines fonctions,une détérioration du
langage, l'apparition de symptômes psychotiques.
Plus tard, Mahler reconnaît l'existence de combinai-
sons et de formes de passages possibles entre les
deux types d'organisation,autistique et symbiotique.

La description de Tustin
Ultérieurement, en 1977, la psychanalyste anglaise
F.Tustin, dans son ouvrage Autisme et Psychose de l'en-
fant, a proposé de classer l'autisme en trois groupes.
L'autisme primaire anormal. || serait une sorte de
prolongation anormale d'un autisme primaire nor-
mal. Cette forme, qualifiée d'«amibienne » par l'au-
teur, serait caractérisée par le fait qu'il n'existerait pas
chez le bébé de véritablé différenciation entre son
corps et celui de sa mère, ni de véritable délimitation
de sa surface corporelle.

re
Le fonctionnement mental s'organiserait autour
de sensations très primitives. Cette forme serait le
résultat d’une carence et d'une défaillance dans le
domaine des nourrissages essentiels.
L'autisme secondaire à carapace. Cette forme
semble correspondre à l'autisme tel qu'il avait été
décrit par Kanner. Dans celle-ci, il n'y aurait plus,
comme dans la forme précédente, indistinction du
moi et du non-moi, mais au contraire surévaluation
de cette différence.
Il y aurait là création d'une véritable barrière
autistique formant carapace, destinée à interdire l'ac-
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cès au «non-moi» terrifiant. Le corps de l'enfant


apparaîtrait ici raide, insensible, fuyant le contact phy-
sique. L'activité fantasmatique serait pauvre, centrée
autour de certains processus corporels, et l'acte de
pensée inhibé.Tustin qualifie cette forme de « crus-
tacé » et y fait jouer un rôle important à l'hypersen-
sibilité de l'enfant aux stimulus sensoriels et à la
dépression de la mère.
L'autisme secondaire régressif. Enfin, Tustin décrit
l'autisme secondaire régressif, qui recouvre en fait la
schizophrénie infantile. Dans cette forme, après une
évolution apparemment normale,apparaîtraient des
manifestations régressives, avec retrait de l'enfant
dans une vie fantasmatique assez riche centrée sur
les sensations corporelles.il y aurait ici pour l'enfant
confusion entre lui et sa mère.
Des auteurs français (M.Soulé, D.Houzel) se sont
efforcés de repérer les signes très précoces d'évolu-

172
tion psychotique au sein de la dyade interactionnelle
mère-enfant, premiers signes qui se traduisent par
une difficulté d'établissement de la relation, première
amorce de l'instauration du processus psychotique.
On conçoit l'importance de ces signes, qui permet-
tent un diagnostic précoce de l'affection : refus du
biberon,insomnies agitées avec mouvements autoa-
gressifs où, au contraire, calme, absence d'attitudes
anticipatrices de l'enfant et d'ajustement postural de
celui-ci, non-apparition du sourire du 3° mois et de
l'angoisse du 8° mois, inintérêt pour les jouets ou
intérêt trop exclusif pour les jeux de mains devant
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les yeux, existence d'angoisses phobiques massives.

Génèse
de l'autisme
La genèse de ces affections est très vraisemblable-
ment multifactorielle,et il n'est pas possible de sépa-
rer de façon simpliste facteurs organiques et facteurs
psychologiques,les uns et les autres entrant eninter-
action permanente dans le processus de structura-
tion psychologique de l'enfant.

Domaine génétique
Les recherches dans ce domaine montrent que le
risque d’autisme est accru dans la parenté d'un
sujet autistique par rapport à la population géné-
rale. La méthode des jumeaux montre que la
concordance du diagnostic est plus élevée chez
les jumeaux monozygotes que chez les jumeaux

173
dizygotes, ce qui est en faveur de l'intervention
possible de facteurs génétiques dans certains cas
d'autisme.Cependant, cette influence de certains
facteurs génétiques n'est jamais exclusive et laisse
une large place aux influences environnementales,
quelle qu'en soit la nature.ll convient par ailleurs
de souligner que l'autisme apparaît trois ou quatre
fois plus fréquemment chez le garçon que chezla
fille.
De nombreuses recherches dans le domaine de
la neurochimie ont été effectuées. Ces études ont
permis de mettre en évidence certaines modifica-
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tions biochimiques, mais dont aucune n'apparaît spé-


cifique de l'autisme. Notamment, l'anomalie le plus
fréquemment retrouvée est sans doute l'élévation
de la sérotonine sanguine et plaquettaire, mais cer-
tains auteurs pensent que cette élévation est plus
liée au retard du développement intellectuel qu'au
processus psychotique lui-même.
De cet ensemble de recherches,
qui demandent,
pour certaines, confirmation, il n'est pas possible
actuellement de dégager une explication biochi-
mique univoque applicable à l'autisme et aux psy-
choses précoces.
Les études dans le domaine neurophysiolo-
gique ont montré, par ailleurs, que les amplitudes
des composantes tardives des potentiels évoqués
auditifs et visuels sont plus faibles, et les temps de
latence plus courts. Ces résultats peuvent être inter-
prétés comme les témoins d'une défaillance de la

174
fonction de filtre sensoriel et pourraient expliquer
la tendance de l'organisme à rejeter les influx sen-
soriels.
Les études sur le sommeil de l'enfant autiste ont
montré enfin qu'il existait des modifications qualita-
tives de celui-ci avec une importante diminution des
mouvements oculaires rapides qui accompagnent
les activités de rêve.
Certains auteurs insistent sur la fréquence de l’as-
sociation au syndrome autistique d'une affection
organique cliniquement repérable (encéphalopathie,
anomalie génétique, déficit sensoriel, épilepsie, souf-
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france néonatale). Il n'est pas possible actuellement


de préciser la nature du lien qui unit les deux affec-
tions, mais il paraît douteux qu'il puisse s'agir d'un lien
causal simple et univoque. Enfin, certains auteurs
auraient mis en évidence une anomalie de dévelop-
pement cérébral chez certains enfants autistes.
On discute actuellement l'hypothèse selon
laquelle l'autisme s'accompagnerait d'incapacité par-
tielle ou totale à imiter, ce qui renforce l'hypothèse du
rôle capital de l'imitation dans le développement
social de l'enfant.

Domaines psychanalytiques
De nombreuses recherches psychanalytiques ont
tenté d'élucider les mécanismes psychopatholo-
giques à l'œuvre dans les psychoses précoces.La plu-
part introduisent les notions de narcissisme primaire,
d'autoérotisme.

175
M.Mahler insiste sur le rôle, dans les états autis-
tiques, des conduites hallucinatoires négatives, et sur
celui, dans les états symbiotiques,
du maintien d'une
relation symbiotique avec la mère.
B.Bettelheim, dans son ouvrage Ja Forteresse vide,
pense que l'enfant autiste serait la proie d'une véri-
table angoisse de mort en raison du fait qu'il serait
confronté trop tôt à une situation vécue par lui
comme extrêmement menaçante. Parallèlement à
cette perception d'une menace mortelle s'effectue-
raient un retrait du monde extérieur et un désinves-
tissement du monde intérieur visant à l'effacement
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de tous les affects.


S'inspirant de la pensée de M. Klein, certains
auteurs ont développé de nouveaux concepts
concernant la psychopathologie de l'autisme. Ainsi,
Tustin a introduit la notion de « dépression psycho-
tique »,reprise également par D.W.Winnicott.ll s'agit
d'un vécu de rupture dans la continuité corporelle,
sorte de trou noir persécuteur venant rompre bru-
talement l'illusion de la continuité corporelle.

La prise en charge
de l'enfant autiste
Dans les pays européens, les enfants autistes sont
généralement soignés dans le cadre des hôpitaux
de jour. Dans ce type d'institution, qui permet le
maintien du lien familial, la prise en charge théra-
peutique de l'enfant s'effectue dans un esprit pluri-
disciplinaire :activité éducative visant à amener l’en-

176
fant à se reconnaître comme individu et à recon-
naître en tant qu'individus les autres membres du
groupe ; activité pédagogique et scolaire adaptée à
l'état de l'enfant ; travail rééducatif
de type psycho-
moteur ou travail de rééducation du langage, pre-
nant en compte les caractères particuliers du trouble
instrumental ; psychothérapie individuelle de l'en-
fant, surveillance et soins pédiatriques. Une intégra-
tion à temps partiel en milieu scolaire normal est
généralement tentée lorsque l'état de l'enfant le per-
met. Enfin, l'hôpital de jour permet, si cela paraît
nécessaire, d'apporter aux parents, durement éprou-
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vés,une aide psychologique.La prise en charge édu-


cative de l'enfant autiste centrée sur la simple obten-
tion de modifications du comportement de l'enfant,
dans une perspective béhavioriste et par des
méthodes de conditionnement, est pratiquée mais
paraît moins souhaitable.
Le pronostic à long terme a été amélioré par les
thérapeutiques actuelles, mais il reste encore parfois
réservé. L'évolution déficitaire, qu'elle soit globale ou
en secteur, est sans aucun doute le risque évolutif
majeur. Parfois, l'évolution se fait vers une persistance
du processus psychotique avec possibilité d'évolu-
tion schizophrénique à l'adolescence. La névrotisa-
tion, enfin, apparaît comme une forme plus favorable
d'évolution lorsqu'elle permet l'établissement d'un
lien relationnel satisfaisant avec autrui. &

B Enfant différent (élever un) p. 282.

177
Couple (le)
Deux êtres vont former un couple. Mais
chacun apporte dans cette nouvelle relation
le poids de ce qui l’a façonné :sa famille, avec
sa culture propre, ses valeurs, ses codes.
La partie se joue à quatre : un homme,une
femme (en général), les « clans » de l’un et
de l’autre.il peut y avoir combat et, derrière
cela, des personnes qui tentent de trouver
leur voie pour acquérir une identité,
une personnalité et un destin.
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Le couple est l'espace de la fidélité à un engagement,


à la croyance en sa relation, à un projet de vie qui
n'engage que les deux partenaires.La famille est l'es-
pace de la loyauté, c'est-à-dire du respect, voire de
l'obéissance à des règles qui se transmettent de
génération en génération.Il peut y avoir incompati-
bilité entre les deux, la voix du sang contre un choix
fondé sur un sentiment partagé.Ce qui est bon pour
la famille d'origine serait mauvais pour le couple et,
inversement, ce qui serait bon pour le couple serait
mauvais pour la famille d'origine ou pour la famille
actuelle. Tout cela mérite réflexion.

Entre loyauté et fidélité


La loyauté est l'obéissance aux règles en vigueur
dans sa famille d'origine, avec le sentiment d'appar-

178
tenir à une filiation, d'adhérer aux mythes familiaux
transmis de génération en génération. Elle donne le
sentiment d'exister dans le cercle de notre famille
d'origine. Elle définit l'appartenance et permet les
premières étapes de l'individuation et de la diffé-
renciation.
La fidélité est simplement la foi dans la relation
entre deux personnes qui se sont choisies et qui sont
issues de familles différentes.C'est la croyance selon
laquelle cette relation va être la plus importante pour
elles et qu'elle conditionne leur vie d'adulte dans sa
totalité ou en partie.
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S’affranchir des codes familiaux est souvent s’exposer, sinon


à la rupture d’avec ses proches, du moins à leur réprobation.
Ainsi, les couples qui ont décidé de ne pas procréer pour
se consacrer entièrement à leur histoire à deux sont souvent
mal compris et plus ou moins critiqués. De la même
manière, il existe encore nombre de milieux où les familles
combattent de toutes leurs forces les mariages
interethniques ou entre deux personnes d'appartenance
religieuse différente. M

La loyauté est, dans une certaine mesure, le


contraire de la fidélité. Il y aurait donc une incompa-
tibilité fondamentale entre ces deux forces, comme
deux ingrédients qui n'iraient pas ensemble : d'une
part, une force qui pousse chaque enfant à rester le
fils (la fille) de ses parents et, d'autre part, le désir de

179
devenir l'homme (la femme) d'une étrangère (d'un
étranger) qu'il a choisie dans le monde extérieur, hors
du cercle de famille. Montrer sa capacité à sortir hors
des limites de sa famille d'origine et à se lier à une
personne étrangère au groupe dont on est issu, cela
représente un stade supplémentaire des processus
d'individuation et de différenciation qui fondent la
condition humaine.

ou choisir
L'alternative qu'impose la création de la relation de
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couple semble imposer d'obéir aux codes familiaux,


ou de choisir de s'en affranchir, pour inventer ses
propres lois. Obéir éternellement aux règles qui régis-
sent le fonctionnement de sa famille d'origine serait
obligatoirement renoncer à une vie intime, ce serait
là un sacrifice effectué sur l'autel de l'unité familiale
au détriment d'un développement plus personnel.
Certains croient qu'un départ hors de leur famille
d'origine déclencherait des catastrophes irrémé-
diables ;ils craignent, par exemple que cela provoque
un conflit majeur.Une colère telle que jamais plus les
membres de la famille ne resteraient en contact les
uns avec les autres. Obéir devient ainsi une solution
pour éviter qu'advienne ce qu'on croit être le pire.Le
couple ne demeure alors qu'à l'état d'idée ou de rêve
que l'on caresse de temps à autre pour supporter le
quotidien de la loyauté comme durant l'enfance et
l'adolescence.

180
Vivre l'aventure de l’autonomie dans le couple, en rompant
les liens du sang, a longtemps été une expérience douloureuse.
La littérature fourmille d’histoires où le refus familial
d’une mésalliance est central. Et, sans même remonter
au mythe de Roméo etJuliette, on peut se souvenir, plus près
de nous, de l'attitude de la famille Claudel face à la liaison
de Camille avec Rodin. #

À l'inverse, choisir de vivre sa vie et partir hors du


cercle familial, c'est prendre le risque d'être désavoué
ou, tout au moins, de ne plus être soutenu par les
siens dans tous ses choix personnels.Les orientations
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sociale et professionnelle, les choix affectifs et plus


simplement les choix de vie mesurent l'écart qui
sépare la trajectoire réelle empruntée par la per-
sonne et la trajectoire «idéale », imaginée pour elle
par les siens telle qu'elle s'inscrit dans le cadre de la
loyauté. Cette fille ou ce fils prend alors une place
d'extériorité, et la vie familiale, d'une certaine
manière, se déroule maintenant en dehors d'elle ou
de lui. Dans ce contexte, le couple représente parfois
une alternative pour supporter la solitude. Les res-
sources individuelles ne peuvent se trouver que dans
les relations exogames (avec des personnes qui ne
sont pas du même sang) et en particulier dans la rela-
tion au conjoint ; il faut pouvoir vivre sans l'assenti-
ment des siens, et en dehors de toute culpabilité car,
bien souvent, un frère ou une sœur qui reste proche
des parents comble ainsi l'éloignement ou l'absence
de celui ou de celle qui est partie.
PTE
Tout se prépare
avec l'enfance
Dans leurs propres familles d'origine et dans leur
couple, les futurs parents puisent les ingrédients
nécessaires à la conception de leurs enfants. Ils y
acquièrent tout ce dont ils ont besoin pour vivre.Les
enfants, aux différentes étapes de leur développe-
ment, élaborent certaines procédures pour tester la
perméabilité des frontières familiales qui les sépa-
rent du monde extérieur.Sortir,
puis revenir, pour sor-
tir et rentrer à nouveau, autant de fois qu'il est néces-
saire pour qu'ils surmontent leurs propres craintes
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de l'extérieur et pour permettre également au sys-


tème familial de «supporter » ces allées et venues le
mettant à chaque fois à l'épreuve. L'enfance puis
l'adolescence offrent à l'enfant qui grandit des occa-
sions d'abord rares, et de plus en plus fréquentes,
d'expérimenter la «tolérance » du système familial et
de préparer ses parents à son départ de la maison.
L'enfant partira pour aller à l'extérieur choisir une
étrangère (un étranger) avec qui se lier et fonder un
couple, puis une famille.
Dans sa famille d'origine, chaque enfant prend
très progressivement conscience qu'il est un individu
à part entière différent de tous les autres,ycompris
des plus proches : ses parents, ses frères et sœurs.
Certes, il leur demeure lié de façon indéfectible et,
pourtant, malgré l'appartenance à son groupe fami-
lial d'origine, il se sent différent. Ses aspirations font
de lui un être unique dont les choix personnels le

182
démarqueront plus ou moins de la loyauté aux siens.
Certains préféreront rester indéfiniment des enfants,
liés aux membres de leur famille par les liens du sang,
plutôt que de vivre l'aventure à l'extérieur de leur
milieu d'origine.Ces enfants-là feront alors le sacrifice
d'une vie personnelle pour demeurer près des
parents et les accompagner durant leur vieillesse.
D'autres encore souhaiteront allier la loyauté,
c'est-à-dire continuer d'être comme un fils (une
fille) et comme un frère (une sœur), tout en vivant
quelques expériences dans le monde environnant.
Ces enfants-là mèneront leur vie de couple sans
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se séparer de leur famille d'origine.Tout le monde


restera très proche les uns des autres aussi bien
géographiquement que psychologiquement. Les
espaces conjugaux ne seront alors guère imper-
méables aux relations intrafamiliales, les parents
interférant plus ou moins directement dans la vie
du couple et inversement.
D'autres, enfin, voudront se démarquer plus fer-
mement de l'espace familial. Pensant que l'autono-
mie passe par une telle «rupture » des liens familiaux,
ils s'en iront loin, parfois très loin, pour tenter leur
chance,ne comptant que sur eux-mêmes,se passant
de toute aide et de tout soutien.

ENDOGAME OÙ EXOGAME
On appelle «endogamie » l'obligation, pour les membres d’un clan
ou d’une tribu, de ne former un couple qu'avec un membre

183
du même clan. L'exogamie impose, au contraire, de ne célébrer
une union qu'entre membres de tribus différentes. Elle était très
courante dans nombre d’ethnies indiennes d'Amérique du Sud.
Les sentiments n’entrent pas en jeu dans ces coutumes qui visent,
dans le premier cas, à préserver le groupe des influences
extérieures et, dans le second, à nouer des alliances qui ont surtout
pour but d’éviter les affrontements interethniques. Bi

Aucune de ces trois situations n'exclut les deux


autres. La même personne peut tout à fait vivre ces
trois états à des moments différents de son cycle évo-
lutif personnel. Et une même famille peut avoir des
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enfants qui, chacun à leur manière, empruntent une


de ces trois voies. Tout dépend de la structure de la
famille à des moments donnés, dans certaines cir-
constances, souvent les plus dramatiques. Ainsi, à
l'occasion d'un décès, d'un accident,
de la naissance
non prévue d'un enfant, tout le monde va se ressou-
der autour du noyau familial ou, au contraire, profi-
ter de l'occasion pour partir. Il n'y a pas vraiment de
règles, tout peut arriver, et chaque famille emprunte
ses voies propres pour permettre l'individuation et
l'autonomie de chacun de ses membres. Mais il y a
une nécessité fondamentale, à un moment donné de
toute existence, de sortir de la famille pour pour-
suivre ce processus mis en œuvre dès les premiers
instants de la vie : au sein de sa famille, on ne peut
jamais évoluer au-delà d'une certaine limite, et cela
se comprend le mieux au travers des choix amou-
reux des enfants devenus adultes.

184
Devenir adulte,
un enjeu de couple
Le couple permet une étape supplémentaire des
processus d'individuation et de différenciation, dont
on a vu qu'ils étaient déjà initiés dans les familles
d'origine.On ne devient jamais adulte tout seul.C'est
dans les relations avec des étrangers au cercle de
famille, et particulièrement avec un conjoint,
que se
parachève ce qui avait débuté dès la naissance.
Se forme ainsi un véritable paradoxe culturel
lorsque l'éducation des familles vise à rendre libres
les enfants qu'elles élèvent, libres de toute entrave,
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libres de toute dépendance tout en les maintenant


sous contrôle au travers de la loyauté. Pourtant, cha-
cun d'eux doit,avec ses moyens et dans son contexte
familial propre, être capable de tracer sa route per-
sonnelle soit en suivant des chemins préexistants,
ceux qui ont été tracés par les ascendants, soit en
créant ses propres voies d'accès à la réussite et au
bonheur.
Le couple permet d'envisager cette évolution
par le biais de la multi-appartenance. être adulte,
c'est-à-dire accéderà l'autonomie,à l'indépendance
et à l'individuation, c'est, d'une certaine façon,accep-
ter tous les liens qui nous relient les uns aux autres.
Les liens du sang, indéfectibles, qui nous relient aux
membres de notre famille et les relations fondées
sur des choix (et,notamment,
sur des choix affectifs),
qui nous connectent à des étrangers et à des étran-
gères.

185
Le mythe fondateur
du couple
Comme toute croyance, le couple se fonde sur une
base totalement irrationnelle, et personne ne peut
expliquer pour quelle raison cette femme-ci a choisi
cet homme-là, personne ne peut expliquer,non plus,
comment ils arrivent à s'entendre, etc.
Mais, pour se choisir, il a fallu sortir de sa propre
famille d'origine, aller à l'extérieur et faire des ren-
contres. Certaines aboutissent à des séparations ou
à des ruptures.Ce sont des expériences relationnelles
qui préfigurent la nature de la relation de couple car
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chacun a, ancré au plus profond de soi, un rêve de


couple idéal qu'il souhaite faire vivre dans la réalité.
Cette représentation sert de modèle à toute relation
durable future. Elle se forge à partir des relations en
vigueur dans les familles d'origine, des images véhi-
culées par la culture, les fantasmes,
les rêves,etc.Pour
créer un couple, il faut donc se montrer capable de
surmonter ses peurs de l'inconnu (qui ne se révèlent
qu'à l'extérieur) et oser confronter son rêve de couple
à la réalité des relations.

EXOGAMES PAR IDÉALISME


La religion Baha'ie, apparue en Iran à la fin du xix° siècle,
dut vite se dissocier du chiisme, dont elle était issue, à cause de
la tolérance et de la modernité de ses adeptes. De fait, ceux-ci
prônent le mariage entre gens de peuple et de race différents.
Ils voient là une arme particulièrement efficace contre toutes

186
les formes de racisme et de xénophobie. Dans cette même
religion, lorsque deux adolescents sont amoureux, on préconise
de les marier très tôt, de telle sorte qu’ils deviennent adultes
ensemble avec déjà le ciment d’une histoire commune. Mais,
dans ce cas, peuvent-ils vraiment trouver leur autonomie par
rapport à leurs familles d’origine ? Cela est une autre affaire. I

Pour que le couple se fonde, les deux personnes


doivent se mettre tacitement d'accord sur quelques
points de leur histoire en commun ;cela va leur per-
mettre d’asseoir leur croyance.C'est en cela que l'his-
toire de la création du couple forme un mythe qui
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représente une interface entre le milieu intrafamilial


et le monde extérieur. Le mythe n'est donc pas seu-
lement une «invention », une sorte de délire à deux,
mais il remplit une fonction très importante pour per-
mettre de se démarquer des familles d'origine.Cette
histoire en commun qui se construit, réelle ou non,
constitue le ciment des relations futures.
Grâce au mythe,le couple accède à une certaine
forme de conscience de la réalité du monde exté-
rieur, et il instaure déjà les premières règles de son
fonctionnement relationnel que le premier enfant va
bientôt incarner. Lequel enfant devra, à son tour, un
jour, choisir entre l'obéissance et la fidélité, ou tenter
de les concilier. &

> Adulte (l’âge) p.114;


> Fidélité et infidélité p.306;
> Sexualité (la) p.528.

187
Couple homo (le)
Deux femmes ou deux hommes décident
parfois d’un projet de vie commun
homosexuel qui réponde du mieux possible
à l'ensemble de leurs aspirations.
Malgré la légitimité de ce choix,
un certain nombre d'embüûches spécifiques
menacent ce couple, souvent liées au regard
normatif de la société et au manque
de modèles.
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Issu du désir qui allie la réalisation amoureuse et la


matérialisation d'un certain nombre de souhaits, le
couple homosexuel se construit par des étapes qui
le fortifient et, au départ, ne se différencient guère
du cheminement hétérosexuel.
Avant le couple survient l'état amoureux.Le pro-
jet de vie émerge après un certain temps qui permet
d'éprouver cette période de lune de miel et de dis-
tinguer dans cette intensité les éléments concrets
d'une vie possible à deux. Renoncement à la liberté
individualiste et à son cortège de séductions pos-
sibles, affirmation d'une identité homosexuelle dans
le regard des autres figurent parmi les éléments qui
parfois font peur. Mais, d'un autre côté, la perspec-
tive d'une relation continue augure d'une installa-
tion qui Va permettre une relation d'échanges
stables.

188
La définition
du projet
Vivre en couple nécessite la prise en compte de dif-
férents éléments : l'intensité des sentiments, qui fait
revivre des situations d'attachement avec ses réso-
nances sur le plaisir sexuel ; mais aussi le projet maté-
riel, qui nécessite une habileté particulière ainsi qu'un
sens de l'organisation.Il convient de lutter contre un
environnement souvent moqueur ou hostile.Vivre à
deux, c'est prendre le risque de devenir un(e) homo-
sexuel(le) visible, avec son cortège d'opprobre.
C'est donc pas à pas, et avec l’aide d'alliés, que
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le couple se consolide. Les amis forment depuis


longtemps une famille choisie, et leur soutien est
indispensable pour un premier niveau de recon-
naissance sociale de proximité. Avec les familles de
sang, on se heurte aux secrets, aux conflits, parfois
aux rejets. Nombreuses sont les situations où seule-
ment un des parents, un frère où une sœur sont au
courant. L'orientation sexuelle différente d'un enfant
déclenche souvent des sentiments de gêne ou de
honte.
À l'inverse, d'autres se portent en soutien et
aident à l'installation comme pour n'importe quel
autre enfant. AU carrefour d'un projet émotionnel,
matériel, intellectuel commun s'ajoutent, pour que
le bonheur soit complet, ces éléments de reconnais-
sance familiale. Quant au monde du travail, il concré-
tise un des aspects de la réussite et de la reconnais-
sance sociale indispensables. Malheureusement, la

189
discrimination reste encore forte, et certains rejets
sur le lieu de travail rendent à nombre d'homo-
sexuel(le)s la vie professionnelle particulièrement
stressante.

Des obstacles
de natures diverses
Les différentes productions d'un couple homosexuel
dépendent de la personnalité, de la culture, des
envies des partenaires, et ne les différencient pas du
couple hétérosexuel.
En revanche, certains obstacles sont spécifiques.
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Les uns sont liés au contexte d'homophobie, qui s'ap-


parente à une forme de racisme.De la moquerie quo-
tidienne à la caricature, un climat hostile pousse les
personnes homosexuelles à se dissimuler pour évi-
ter ces attaques ou, à l'inverse, les oblige à rester sur
un qui-vive perpétuel pour faire face ! Si la société
évolue, il reste des représentations amalgamant tra-
vestis,transsexuels des deux sexes, « folles »,etc. dans
le même jugement d'anormalité. Les anathèmes
médicaux ou religieux aggravent ce rejet.

DU PACS AU MARIAGE HOMOSEXUEL


Né le 13 octobre 1999, le PACS (pacte civil de solidarité)
confère un statut légal aux couples non mariés sans toutefois
bouleverser les valeurs traditionnelles. Il fait ainsi bénéficier un
couple homosexuel ou non de certaines protections sociales.
En cas de décès, il permet au survivant de conserver le droit au

190
bail et d’hériter en payant des droits de succession moins
élevés, s’il y a eu un testament.
S’il marque une certaine reconnaissance symbolique de
l'homosexualité et du couple homosexuel, être « pacsé » ne
donne pas pour autant aux homosexuels le droit de fonder une
famille. Dans la loi française, en effet, c’est l'enfant qui crée la
famille. Le Pacs n'apporte donc nullement aux couples
homosexuels la possibilité d'en adopter ou de recourir à
l’insémination. Si une personne homosexuelle souhaite adopter
un enfant, elle ne peut le faire qu’en tant que célibataire. C’est
l’une des raisons à l’origine des revendications en faveur du
mariage homosexuel, promesse du candidat François Hollande à
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la présidence en 2012. Le projet de loi ouvrant le mariage et


l'adoption aux couples du même sexe ne prévoirait toutefois pas
d'inclure l'ouverture de la procréation médicalement assistée
(PMA) aux couples de femmes ou les questions de filiation.
L'insémination resterait donc, en France, exclusivement réservée
aux couples hétérosexuels ayant des problèmes de fertilité,
contrairement à la Belgique, où une personne homosexuelle
peut la demander et l'obtenir. 5

D'autres difficultés tiennent plus à une fragilité


possible des personnes homosexuelles qui ont eu à se
développer dans une dimension de conflit intime pour
intérioriser et pour réaliser leur orientation différente.
Le manque d'estime de soi, la dépression, la jalousie
peuvent venir interférer dans la relation de couple en
la compliquant. Aucun couple n'est à l'abri de conflits,
qui, parfois, s'enveniment par manque de modèles. Un
soutien psychologique serait alors indispensable.

STE
La question
des enfants
Chez les gays et les lesbiennes, comme dans une
autre forme de couple, le désir d'enfant vient, pour
certains, éclairer une évolution et un avenir. Les
changements de la famille traditionnelle ouvrent
toutes les questions sur ce thème, que l'enfant pro-
vienne d'une union antérieure, d'une fécondation
artificielle ou d’une adoption. Les plus récents tra-
vaux de recherche ne montrent ni influence néfaste
sur une éducation par des parents de même sexe, ni
incidence sur la sexualité de l'enfant.La dimension de
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prosélytisme n'existe pas au quotidien. Nous avons


beaucoup à apprendre de l'expérience de pays où
ces liens sont reconnus pour combattre les préjugés
sans nier les difficultés.
Du fait d'un cadre légal récent, le couple homo-
sexuel a acquis une image et une dynamique nou-
velles, qui doivent s'intégrer aux différentes avancées
de la société pour améliorer la qualité de vie globale
en luttant contre les discriminations. &

æ Amour (|) p.142.

192
Dépendance aux « drogues » (la)
Le phénomène de la toxicomanie s'inscrit
dans un ensemble de consommation excessive
d'alcool, de tabac, de médicaments,
en particulier de psychotropes (hypnotiques,
anxiolytiques) aux effets plus ou moins
pathologiques.
Les facteurs intervenant dans la genèse
Grandes
questions.
de ces conduites sont multiples, et la dépendance
est davantage liée au fonctionnement du sujet
qu'au produit en lui-même.
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La majorité des chercheurs s'accorde pour recon-


naître aux conduites de dépendance une triple ori-
gine : biologique, psychologique et sociale. Ainsi,
plutôt que de rester limité aux drogues illicites, le
concept de pharmacodépendance intègre toute
substance dont le sujet ne peut se passer. Il permet
de désigner le noyau commun aux différents pro-
duits, interdits ou autorisés : héroïne, cannabis, mais
aussi alcool, tabac, médicaments.
Dans cette perspective, le potentiel pharmacolo-
gique d’une substance ne suffit pas à expliquer la
dépendance : la dépendance physique, bien qu'au
premier plan,ne constitue pas le problème principal
et.se traite assez facilement. En revanche, la dépen-
dance psychologique est si forte qu'un traitement
limité au sevrage est souvent voué à l'échec.

193
Drogues : un danger
à relativiser
L'usage de drogue est par nature difficilement repé-
rable : il est légalement répréhensible et, par là
même, caché. Le premier contact souvent ludique
avec la drogue est-il cette première marche qui
mène tout droit à la toxicomanie ? Sans doute pas.
La première prise est parfois suivie d'une deuxième,
et de quantité d’autres. Cette «escalade» n'est
cependant que le fait d'une minorité, comme en
attestent de nombreuses études. La plupart des
jeunes, une fois leur curiosité satisfaite, renoncent à
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la drogue. Certains resteront cependant des usa-


gers épisodiques.Du phénomène de mode,
de l'épi-
démie d'ecstasy par exemple, à la dépendance, il y
a un fossé que peu d'entre eux franchissent. Cer-
tains vont même jusqu'à contrôler leur consom-
mation de drogues pendant des années, puis l'in-
terrompre subitement, ou au contraire entrer dans
la dépendance. L'évolution est alors, en général,
chronique, avec des périodes d'exacerbation et de
rémission partielle ou complète. Des périodes de
prise massive avec des problèmes graves alternent
avec des périodes d'abstinence totale et des pé-
riodes d'usage sans problème.La dépendance n'est
pas seulement physique ; elle peut être aussi sociale,
synonyme parfois de délinquance. Les modifica-
tions psychologiques observées chez les usagers
dépendent largement du produit, de la personna-
lité et des conditions de consommation.

194
UNE DOUBLE DÉPENDANCE
La dépendance psychique est l’état mental caractérisé par
une impulsion qui requiert l’usage périodique ou continu
d’une drogue dans le dessein de créer un plaisir ou d'annuler
une tension. La dépendance physique correspond
à une exigence de l'organisme nécessitant, pour conserver son
équilibre, l'apport régulier d’une substance chimique exogène.

Contrairement à une opinion répandue, on


«sort» de cette dépendance.Les connaissances épi-
démiologiques sur l'incidence de l’héroïnomanie, par
exemple, montrent que, au-delà de 25 ans,il est rare
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qu'un sujet devienne toxicomane et que ceux qui


l'ont été à l'adolescence ou au début de l’âge adulte
ne le restent que très rarement au-delà de 35-40 ans.
La mortalité (surdose, maladie infectieuse, suicide),
même si elle est élevée, ne peut, à elle seule, rendre
compte de cette évolution.Il existe donc un impor-
tant mouvement de sortie de la toxicomanie.
Le cannabis (marijuana, haschich, huile) pose
un problème particulier. Ses effets psychotropes
sont fonction de la teneur en principes actifs qui
varie considérablement et a augmenté significati-
vement depuis une vingtaine d'années, accroissant
son action psychoactive et favorisant les compli-
cations psychiatriques. Mais le sevrage se fait sans
difficulté. L'immense majorité des adolescents en
font un usage récréatif,et non pas toxicomanogène :
au-delà de la simple curiosité ou du désir de trans-
gression, cela témoigne fréquemment de difficul-

195
Dépendance aux « drogues » (la) _

tés d'insertion dans le milieu familial ou scolaire.


Les cas de dépendance correspondent aux sujets
qui l'utilisent quotidiennement et passent plusieurs
heures par jour à se le procurer et à le consommer
au détriment de leurs autres activités.

LE TRAITEMENT
DES TOXICOMANIES
Le suivi des toxicomanes s'effectue le plus souvent à travers
un réseau d'institutions spécialisées. Parmi les modèles
proposés, il est très schématiquement possible de différencier
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deux systèmes : la prise en charge globale et le modèle français.


La prise en charge globale du toxicomane, visant à la disparition
de la toxicomanie, s’est traduite par deux grandes approches :
1. Les traitements d'entretien. Proposée dans les années 1960
par les Américains, la maintenance à la méthadone consiste en
l'attribution quotidienne d’une dose de cet opiacé d'action longue.
Il s'agit donc d'admettre l'impossibilité du sevrage et de fournir
au sujet une drogue légale dans l'espoir de le voir se réinsérer
et se stabiliser sur les plans social et affectif : cette approche
est très contraignante pour le patient (obligation de prise
quotidienne dans un centre après analyse d’urine, etc.).
2. Les traitements basés sur l’isolement du sujet par rapport
au reste de la société. Le premier modèle en fut, dans le cadre
de la criminalisation des toxicomanies, la création de grands
«hôpitaux-prisons » aux États-Unis (Fort Worth au Texas,
Lexington dans le Kentucky). L'idée de fortes peines de prison
pour « soigner » les toxicomanes est régulièrement
redécouverte par certains hommes politiques.

196
Les communautés thérapeutiques, générées par d'anciens
toxicomanes, participent souvent du même modèle : il s’agit
de «briser » la personnalité des nouveaux, de les intégrer pour
un temps indéterminé à un groupe, à une institution coupée
du reste de la société. La difficulté de contrôles extérieurs
et le développement de certaines de ces structures entraînent
de nombreuses polémiques. Une question centrale est
l’assimilation de ces structures à des sectes. Certaines
communautés incluent dans leur action un travail avec d’autres
institutions, les familles, etc.
À l’opposé se trouvent des modèles complexes, tentant de
prendre en compte l’infinie diversité du vécu des toxicomanes.
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Le modèle français, quelque anarchique qu’il puisse paraître, est


un exemple en la matière. Il consiste en un réseau évolutif
de structures d’accueil, d'hébergement, d'accompagnement,
d'écoute, de cure, de postcure et de réinsertion. Tout en
gardant la possibilité d’un thérapeute référent, dans une relation
où l’écoute psychanalytique peut avoir sa place, le sujet doit
trouver des réponses à ses questions immédiates : lieu pour
un sevrage, éloignement du milieu habituel par un séjour
de quelques semaines ou mois dans un centre de postcure ou
une famille d'accueil, etc. Considérant le toxicomane comme
une personne responsable, les tenants de ce modèle insistent
sur l'importance d’un choix volontaire du sujet à chaque étape
de sa prise en charge et sur l’échec de tout traitement imposé.
Cette conception implique une certaine fonction « positive »
de la drogue : le traitement ne passe pas par l’abstinence à tout
prix, mais par l'accession par le sujet à la capacité de choisir
(C. Olivenstein parle d’accession à la « démocratie psychique »).

1927
Les médicaments :
une dépendance
très française
Les benzodiazépines (BZD), qui ont vu le jouril ya
une quarantaine d'années, sont les psychotropes les
plus prescrits,en raison de leurs effets tranquillisants
(anxiolytiques) et hypnotiques (somnifères).
La France bat le record du monde de consom-
mation de BZD. Une des raisons de leur vaste suc-
cès est probablement le flou entourant leurs indli-
cations thérapeutiques, l'anxiété et l'angoisse étant
des concepts particulièrement extensibles. Il faut
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souligner que, lorsqu'ils sont administrés à long


terme, les études ne relèvent dans les troubles
anxieux aucune preuve décisive de leur efficacité.
Pour les troubles du sommeil, on mentionne
l'épuisement de l'effet objectif de ces produits
en quelques semaines. La dépendance se mani-
feste par l'impossibilité d'arrêter le traitement,
par la tendance à augmenter les posologies -— la
tolérance - et par un comportement d'automédi-
cation. Ce risque a conduit à recommander aux
médecins de limiter la durée des traitements.
Cette dépendance peut aussi bien être psy-
chique que physique.L'intensité varie d'un sujet
à l'autre, allant de signes peu marqués à des
crises convulsives ou à un syndrome confusion-
nel lors d'usages massifs durant des années. Le
sevrage médicalisé se fait par réduction pro-
gressive des doses.

198
L'alcool :
des débuts insidieux
La dépendance à l'alcool, selon la définition la plus
habituelle, est la perte de la liberté de s'abstenir de
l'alcool. Les travaux sur la trajectoire de l'alcoolique
ont permis de distinguer trois phases successives.
- Une phase asymptomatique de plusieurs années,
marquée par un début insidieux. Certains sujets
entrent dans l'alcoolisme par des expériences récur-
rentes d'ivresse, alors que d’autres augmentent pro-
gressivement leur consommation d'alcool dans un
contexte où l'ivresse demeure rare ou absente. Les
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activités professionnelles, sociales et familiales sont


conservées, et les troubles du caractère sont géné-
ralement absents.
- Puis survient une phase relativement brève où se
développe la perte du contrôle de l'ingestion d’al-
cool. Le sujet en abuse régulièrement, mais n'en est
pas encore dépendant.
- Enfin arrive la phase d'alcoolisme au sens strict, où
apparaissent les signes de l’alcoolisation chronique
(tremblements des mains, crampes, perte d'appétit,
etc.), ainsi que les troubles du comportement et du
caractère (agressivité, jalousie, troubles sexuels,
anxiété, dépression, etc.). Les troubles intellectuels
s'aggravent avec une marginalisation professionnelle
et affective. Les complications deviennent fréquentes
(cirrhose, polynévrite, cancer, etc..).
Le sevrage physique peut se réaliser en milieu
hospitalier ou à domicile.ll est rapide (une semaine),

199
mais en raison des risques de convulsion et de
confusion, il est préférable de le réaliser à l'hôpital.
Il constitue un moyen, celui de l'abstinence
conquise. Le travail qui suit se prolonge souvent
pendant plusieurs années.
L'évolution au long cours est émaillée d'inci-
dents ou d'accidents imprévisibles et qui échappent
à toute description. La ou les rechutes ne sont qu'un
des éléments de la trajectoire. L'apparition d'élé-
ments dépressifs avec risque suicidaire mérite d'être
mentionnée en raison de sa relative fréquence. L'évo-
lution de l'alcoolisme est souvent imprévisible ; des
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rémissions sont possibles, même dans le cas les plus


défavorables. Comme dans toutes les autres formes
de pharmacodépendance, imprévisibilités et incer-
titudes ne doivent conduire les équipes thérapeu-
tiques ni au découragement ni à l'abandon.

Le tabac:
des pathologies lourdes
Soixante mille décès par an sont imputés au taba-
gisme, ce qui constitue la première cause de décès
prématurés.Bien que les quantités de tabac consom-
mées aient diminué de façon notable depuis le début
des années 1990, la part de fumeurs, notamment de
cigarettes légères,chezles adolescents et les femmes
ne cesse d'augmenter.
Le tabac contient une substance, la nicotine, qui,
bien que faiblement psychoactive, procure des effets
agréables, diminue temporairement l'anxiété et sert

200
de coupe-faim.Mais la nicotine est la responsable de
la dépendance, dont on distingue trois caractéris-
tiques. L'une est comportementale, résultant de la
pression sociale.La deuxième, psychique,
est liée aux
effets positifs de la nicotine. La troisième, physique,
se traduit par la nécessité de quantités croissantes
pour obtenir le même effet et par le syndrome de
manque lors du sevrage.

Les cigarettes légères ont un rendement moindre


en nicotine et en cancérogènes, mais contrairement à ce
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qu'on espérait, elles sont tout aussi toxiques car les fumeurs
compensent par une inhalation plus profonde de la fumée.

Les maladies provoquées par le tabagisme sont


aujourd'hui bien répertoriées : il est à lui seul res-
ponsable de 30 % de l'ensemble des cancers, de
nombreuses pathologies cardio-vasculaires (infarc-
tus, artérite, etc.) respiratoires (bronchite chronique)
et digestives. Les effets nocifs pendant la grossesse
sont nombreux.
Comment arrêter ? Un préalable indispensable :
la motivation.Sans une réelle volonté, il n'y a pas d'ar-
rêt possible. Parvenir à s'arrêter dès la première ten-
tative est une belle performance. Souvent le fumeur
doit s'y reprendre à plusieurs reprises.Mais tout arrêt,
même transitoire, est un pas vers le succès final. On
peut être aidé par un médecin de ville, ou bénéficier
d'une consultation spécialisée de tabacologie pour

201
les cas plus complexes.Les stratégies proposées sont
très diverses.Les substituts nicotiniques permettent
un sevrage progressif et réduisent les effets du
manque. L'hypnose, l'acupuncture, l'homéopathie
peuvent apporter une aide efficace pour certains
fumeurs. Il n'est jamais trop tard pour arrêter de
fumer. Les risques sont partiellement réversibles,
quelles que soient la durée et l'intensité de la
consommation.&

Addictions (les) p.90;


Adolescents (les conduites à risque des) p.101.
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202
Dépression (la)
La dépression fait partie des maladies
mentales les plus rencontrées dans
la population et à tous les âges. Elle peut
donc toucher l'enfant en bas âge comme
la personne âgée. Les symptômes peuvent
être parfois très francs ou bien masqués
ce qui complique souvent la prise en charge.
La dépression est caractérisée
par une modification profonde
de l'humeur dans le sens de la tristesse,
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de la souffrance morale et du ralentissement


psychomoteur.

S'accompagnant généralement d'anxiété, la dépres-


sion entretient chez le patient une impression dou-
loureuse d'impuissance globale,
de fatalité désespé-
rante et parfois l'entraîne à des ruminations déli-
rantes à thèmes de culpabilité, d'indignité, d'auto-
dépréciation, pouvant le conduire à envisager le sui-
cide et parfois à le réaliser.

Les deux formes


classiques
de la dépression
C'est surtout dans la forme dite «mélancolique »
ou «endogène » que cette douleur morale est par-
ticulièrement intense. La perte de l'estime de soi

203
et le désir de disparaître peuvent entraîner des
idées suicidaires que seule l'inhibition empêche
alors de mettre en acte (d'où le danger de certains
traitements antidépresseurs levant cette inhibition
avant d'agir sur l’état de l'humeur). Cette forme,
qui représente un des versants de la psychose
maniaco-dépressive, peut s'accompagner de troubles
neurovégétatifs et somatiques : l'’anorexie, assez
fréquente, va entraîner un amaigrissement parfois
considérable ; les troubles du sommeil peuvent
aller jusqu'à une insomnie complète (encore que
celle-ci puisse être provoquée parfois dans un but
thérapeutique).
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L'autre grande forme, dite «psychogène »,


recouvre en fait toutes les dépressions réactionnelles
et névrotiques, revêtant des aspects cliniques très
variés quant à leurs symptômes et à leur gravité, leur
intensité étant généralement moins grande que
dans la forme mélancolique. Les idées de suicide y
sont cependant fréquentes, revêtant plutôt l'aspect
d'une quête affective ou d'un sentiment d'échec, qu'il
faut savoir reconnaître et soulager. L'anxiété, la fati-
gue générale, l'asthénie en sont parfois la seule mani-
festation et ne doivent pas être seulement traitées
par des médications symptomatiques.
On distingue également des dépressions secon-
daires ou symptomatiques d'affections somatiques
diverses. Elles sont assez nombreuses, et pendant
longtemps certains médecins ont sous-estimé cette
fréquence.

204
On décrit enfin d'autres formes secondaires à
des affections mentales primitives comme la schizo-
phrénie et certains délires chroniques. Paradoxa-
lement, c'est souvent lorsque le délire s'estompe à la
suite d'un traitement neuroleptique intensif qu'ap-
paraît une dépression très intense nécessitant la
prescription d'antidépresseurs (avec le danger très
réel que ces derniers réactivent l'activité délirante).

Causes biologiques,
causes psychologiques
Il faut dire que l’ancienne séparation entre les deux
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grands types de dépression, l'un endogène, à causa-


lité biologique, l'autre psychogène, à causalité psy-
chique, tenait à un conflit idéologique quant à son
étiologie. Celui-ci séparait radicalement ceux qui
retenaient une cause organique, qu'était venue
confirmer la découverte du rêle de régulateur thy-
mique de certaines substances biochimiques céré-
brales et en particulier de la noradrénaline (dont le
déficit chez les dépressifs pouvait être de nature
héréditaire), de ceux qui défendaient, à la suite de
S. Freud et des progrès de la psychanalyse, un point
de vue strictement psychogénétique.

Repères psychanalytiques et cognitivistes


Pour les psychanalystes, la mélancolie peut se com-
parer à un travail du deuil qui n'arrive pas à s'accom-
plir. Et, dans la dépression, le moi va s'identifier à
l'objet perdu», prenant à son propre compte les

205
sentiments ambivalents d'amour et surtout de haine
vis-à-vis de cet objet. Ainsi, dans la dépression, le
malade doit affronter une perte imaginaire en
s'adressant à lui-même les reproches et l'agressivité
destinés normalement à l’objet perdu.
Un autre courant, venant de la psychologie
cognitive, a voulu faire de la dépression une pertur-
bation des processus intellectuels. Selon G.A.Kelly et
AJT.Beck,les «structures cognitives stables » y seraient
inadéquates dans trois domaines : le moi, le monde
extérieur et le futur. Cette «triade cognitive dépres-
sive » affecte d'une coloration négative les représen-
tations liées à ces trois domaines.Ces contenus inadé-
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quats sont engendrés par des processus inadéquats


de types logique, stylistique et sémantique. Ce sont
eux qui «fabriquent » les cognitions incorrectes dont
le contenu concret s'exprime de façon verbale dans
le discours des déprimés et aussi dans l'imagerie, les
rêveries et les rêves. « À ces trois types de processus
correspondent des erreurs particulières : des infé-
rences arbitraires qui éliminent dans l'interprétation
d'un événement des explications plus plausibles,des
abstractions sélectives qui concentrent l'attention sur
un détail pris hors de son contexte en laissant de côté
des caractéristiques plus évidentes de la situation, des
généralisations abusives,
des sur- ou sous-estimations
et des dénominations inadéquates ».
La thérapie cognitive consiste donc à corriger
en collaboration avec le patient les conceptions erro-
nées, les distorsions et les hypothèses désadaptatives
É.

206
afin de rectifier cette vision incorrecte des événe-
ments et du moi qui caractérise le déprimé. Il s'agit
d'amener le malade à évaluer son comportement de
façon plus réaliste, ce qui produit une nette amélio-
ration de son état dépressif et parfois une guérison
complète.

Complémentarité des approches


Ces diverses approches sont finalement plus com-
plémentaires qu'opposées. Comme l’a bien montré
le psychiatre et psychanalyste D. Widlôcher, il faut
sortir de ce dualisme stérile envisageant la cause de
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la dépression sous un angle purement organogé-


nétique ou purement psychogénétique.ll faut com-
prendre les diverses «logiques de la dépression » et
l'interaction constante entre les contraintes d'ordre
psychosocial et celles qui relèvent de la neurophy-
siologie et de la biochimie cérébrale. Ainsi, la dépres-
sion peut être envisagée comme «un dispositif com-
portemental inné qui s'impose à certains sujets
lorsque les circonstances l’appellent ou lorsqu'une
prédisposition neurobiologique s'y prête ». Bref, la
dépression serait une «réponse », «un état cérébral
lié à l'impossibilité d'échapper à une situation
pénible, à l'incapacité de pouvoir changer cette
situation ».
Si cet «état cérébral pathologique » cède la plu-
part du temps aux médicaments modernes, la psy-
chothérapie permettra aux déprimés de prendre
conscience des mécanismes psychiques qui provo-

207
quent ou entretiennent la souffrance mentale, puis
d'en prévenir la récidive «en maîtrisant le jeu per-
manent des pensées dépressiogènes, de l'anxiété,
de l'agressivité, des blessures narcissiques ou des
épreuves de perte » (D.Widlôcher).

La dépression
de la jeune mère
La maternité est un moment extraordinaire dans la
vie d'une femme, mais peut être également l'occa-
sion de déclenchement ou d'augmentation de
troubles psychiques.
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Ce fait est connu depuis Hippocrate, cependant


ce n'est qu'à partir des années 1970 qu'il commence
à y avoir des collaborations possibles entre les obs-
tétriciens et les psychiatres ou psychologues. Des
études, des recherches et des observations vont se
mettre en place, ce qui permettra une description
plus fine des troubles de la femme qui vient d'accou-
cher (post-partum), ainsi qu'une discrimination entre
le post-partum blues, les dépressions du post-partum
mais également les psychoses puerpérales (elles sont
rares : 2 pour 5 000 accouchements, se déclenchent
dans les 2-3 premières semaines) et les névroses trau-
matiques post-obstétricales.

Le baby blues
ne faut pas confondre effectivement baby blues, ou
blues du post-partum,
qui touche plus de la moitié des
parturientes et se résoud rapidement et spontané-

208
ment avec la dépression du post-partum proprement
dite.Le baby blues désigne un changement d'humeur
transitoire avec une durée de quelques heures à
quelques jours avec un pic de prévalence dans les
trois jours qui suivent l'accouchement.Il se caractérise
par des crises de larmes,une sensation de fatigue, des
craintes obsédantes de ne pouvoir s'occuper de son
nouveau-né. Le baby blues serait une réaction phy-
siologie dû à une perturbation hormonale, mais mar-
quant également une régression chez la femme; à ce
moment précis, sa résolution spontanée se fait entre
un à dix jours.
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La dépression du post-partum
La dépression du post-partum ou postnatale peut
débuter par un baby blues qui se prolonge. Elle
touche 10 % à 15 % des accouchées et elle com-
mence de six à huit semaines après la naissance.Les
symptômes éprouvés par les femmes sont mul-
tiples - anxiété, tristesse, pleurs, désintérêt - et sont
généralement attribués à la surcharge habituelle du
travail. Mais les symptômes révélateurs d'une
dépression seront l'inadéquation dans les interac-
tions avec le nouveau-né ainsi qu'un sentiment de
dévalorisation et d'inefficacité de la jeune maman
face à son bébé.
La dépression du post-partum reste trop sou-
vent méconnue et mal traitée.Elle est préjudiciable
pour le bébé aussi bien que pour la mère,car elle per-
turbe l'établissement des relations précoces.

209
En fait, cette dépression va interférer avec la
capacité précoce d'attachement mutuel. L'attache-
ment mère-enfant conditionne la capacité de sécu-
rité de l'enfant. Les troubles de l'attachement s'ex-
priment très précocement dès la naissance, et par
conséquent l'inadéquation entre les besoins du
nourrisson et les réponses de la mère amènent une
dysharmonie qui ne fera que s'accentuer si la situa-
tion n'est pas prise en charge.
Par contre, les cliniciens remarquent une amélio-
ration rapide des interactions si la mère et son enfant
sont suivis conjointement par un thérapeute. Un trai-
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tement antidépresseur est utile dans bien des cas.

Des causes multiples


Son origine n'a pas été clairement définie : facteurs
génétiques,psychologiques,environnementaux,trans-
générationnels, antécédents de fausses couches ou
d'IVG,chute brutale des taux hormonaux.On constate
toutefois que la dépression du post-partum survient
chez des femmes très jeunes ou, au contraire, ayant
dépassé la trentaine, qui ont vécu des difficultés
familiales durant leur enfance (séparation d'avecles
parents, carences affectives) et qui présentent des
antécédents psychiatriques.En particulier, l'attitude
négative devant la grossesse, des tensions à l'inté-
rieur du couple, ainsi qu'une mauvaise tolérance aux
changements occasionnés par la présence du bébé
dans la vie de la mère sont des facteurs favorisant
ces dépressions.

210
Dépression
de la personne âgée
La dépression chez la personne âgée est fréquente
(entre 10 % à 45 %) et le diagnostic difficile, ce qui
explique qu'elle soit insuffisamment traitée. Avec
l'allongement de la longévité, la proportion des
sujets âgés croît fortement dans la population, et,
par conséquent, de nouveaux troubles psychiques
liés à l'âge peuvent apparaître ou augmenter.

Un environnement déprimant
La personne âgée est confrontée à de multiples fac-
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teurs de vie qui peuvent agir de façon négative sur


son équilibre psychique.
Parmi eux, on retrouve des maladies, qu'elles
soient psychiques comme les démences ou phy-
siques, comme le cancer et les maladies cardiovas-
culaires.En effet, dans les deux cas, la personne âgée
face à ces diminutions et à ces fragilités dues à la
maladie n’a plus la force de combattre et se laisse
généralement aller au gré des traitements, voyant la
fin de sa vie approcher «à quoi bon... ».
De plus, le processus normal du vieillissement
entraîne naturellement une prédisposition à la
dépression. La personne âgée a du mal à projeter
dans le futur, car il est non sécurisant, il marque une
fin. La peur de la mort peut la plonger dans un
monde figé ou bien dans un monde tourné vers le
passé. Les modifications physiques entraînent éga-
lement beaucoup de difficultés à accepter ce fait, et

une
les activités qui auparavant apportaient du plaisir
s'amenuisent avec le temps. Souvent la personne
âgée a dû ou doit faire face à des événements éprou-
vants, douloureux, voire traumatisants ce qui la fra-
gilise et accroît le risque de dépression.

L'insuffisance de la prise en charge


D'une façon générale, les troubles dépressifs sont mal
évalués chez la personne âgée et rarement pris en
charge avec le sérieux nécessaire, le traitement étant
trop léger ou trop court. On remarque, que ce soit
chez la personne âgée ou bien dans son entourage
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proche, la recherche de causes physiques à ses ennuis


de santé, ce qui est bien plus facilement accepté,que
de parler de troubles psychiques, telle la dépression.
Pourtant on retrouve les mêmes symptômes qui
caractérisent la dépression, mais lorsqu'il s'agit de la
personne âgée on parlera plus volontiers d'un pro-
cessus normal, d'un mauvais moral, etc.Et il y a sou-
vent confusion entre le vieillissement et la dépres-
sion. Cela devient un réel problème de prise en
charge pour notre société et il serait nécessaire
aujourd'hui de réfléchir à une prise en charge effi-
cace de ces personnes qui représenteront bientôt un
tiers de notre population.

Les traitements
Sur le plan somatique, les traitements antidépres-
seurs sont essentiellement médicamenteux. L'élec-
trochoc, beaucoup utilisé autrefois, n'est maintenant

212
employé que dans le cas de dépressions particuliè-
rement graves, résistant aux antidépresseurs (de 10%
à 15 %). Ces derniers sont représentés par deux
grands groupes de médicaments : les inhibiteurs de
la monoamino-oxydase et les dérivés tricycliques.

LES ANTIDÉPRESSEURS
On classe les antidépresseurs selon leur formule chimique
en trois groupes : les antidépresseurs tricycliques (ATC),
les inhibiteurs de la monoamine-oxydase (IMAO) et les
antidépresseurs non tricycliques non IMAO, comme les
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inhibiteurs sérotoninergiques (ISRS et IRSNA). Quel que soit


leur type, les antidépresseurs ont en commun, à des degrés
divers, certains effets caractéristiques :
Action sur l’humeur. Les antidépresseurs redressent l'humeur
dépressive. Dépassant leur but, ils peuvent entraîner une
inversion de l'humeur, qui devient euphorique. Cette capacité
à induire des « virages » thymiques les distingue d’autres
psychotropes pouvant soulager le déprimé sans être de vrais
antidépresseurs (tranquillisants, par exemple). L'inversion
de l’humeur se produit après un délai de dix à quinze jours,
parfois davantage, et cela quel que soit le type de composé
ou de traitement (électronarcose, par exemple).
Action neurologique. C’est l’inversion de l'effet
d’un neuroleptique, la réserpine, qui constitue le modèle le plus
classique d'effet antidépresseur chez l'animal. Chez l’homme,
les antidépresseurs réduisent l’akinésie induite par
les neuroleptiques ou causée par la maladie de Parkinson.
Les antidépresseurs peuvent entraîner un tremblement

215
es cerner cn VA
| )E D CSSION {19}

et une difficulté à parler, généralement discrets.


Ils agissent sur le système neurovégétatif, entraînant une chute
de la pression artérielle lorsque le sujet se lève, plus rarement
des bouffées de chaleur et des sueurs. Très caractéristiques
des antidépresseurs tricycliques sont les effets comme la
sécheresse de la bouche, la constipation, la vision floue et
surtout un risque de glaucome ou de rétention urinaire chez les
sujets prédisposés, qu'on ne doit pas traiter par les
imipraminiques.
Action biochimique. Les antidépresseurs ont en commun
la propriété d'augmenter le taux de certaines substances
cérébrales : les IMAO, en inhibant le processus oxydatif de
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dégradation ; la majorité des autres antidépresseurs permettrait


au cerveau du déprimé de disposer d’un stock plus important,
et jusqu'alors insuffisant, de neuromédiateurs.

Deuil (le) p.226;


> Grossesse (la) p.345;
> Maladie psychique d’un proche (face à la) p.388;
> Psychose maniaco-dépressive (la) p.465 ;
> Suicide (le) p.588.

214
Dessin d’enfant (le)
Le dessin et le jeu sont les équivalents
chez l'enfant du langage verbal de l'adulte.
Depuis M. Klein, le dessin est une modalité
privilégiée dans la thérapie pour enfants.
Le dessin fait par l'enfant suit
son développement psychomoteur
et son évolution, même si elle n’est pas
régulière et procède par paliers. Le dessin est
un précieux outil non seulement dans
la rencontre avec l'enfant, mais également
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dans la compréhension de son imaginaire.

La fréquence et la qualité des dessins enfantins


sont tributaires de facteurs culturels et écono-
miques. L'existence du dessin chez l'enfant n'est pas
mentionnée avant le xIx° siècle. Certaines cultures
condamnent les représentations figuratives du monde,
surtout quand il s'agit de personnages humains. En
revanche, la culture occidentale y est particulièrement
favorable, dessin et peinture sont pratiqués dans les
écoles maternelles.
De nombreux parents prodiguent l'équipement
nécessaire,
papier, crayons, pinceaux, feutres, gouache,
encouragent leurs enfants à exercer une activité
aussi saine et exposent ensuite les meilleures œuvres.
D'autres parents n'ont ni le même intérêt ni les
mêmes moyens financiers. Si le nombre et la qualité

215
des productions dépendent de la disponibilité et de
la nature des divers instruments d'exécution, il n'en
demeure pas moins que, dans notre culture, tous les
enfants dessinent peu ou prou.

Les fonctions du dessin


Le dessin a pour les enfants plusieurs fonctions.
C'est d'abord une activité motrice, donc une des
Grandes joies du jeune enfant, et une activité particulière-
ment gratifiante puisqu'elle laisse une trace
durable. Dessiner est aussi un moyen d'exprimer ses
émotions en les extériorisant. C'est aussi un mode
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privilégié pour représenter ce que l'enfant voit


autour de lui le plus fidèlement possible. Enfin, la
fonction essentielle du dessin pourrait bien être
narrative et signifiante. Le dessin serait un système
de signes, ou plus exactement de symboles, per-
mettant à l'enfant de communiquer aux autres le
contenu de ses représentations.

L'évolution
du dessin d'enfant
L'évolution avec l'âge suit des étapes que l'on
retrouve chez tous, mais l’âge auquel s'observe le
passage de l’une à l’autre varie beaucoup selon les
enfants.Entre 1 et 3 ans, l'enfant gribouille sans vrai-
ment dessiner ; il développe à la fois la coordination
des gestes et la représentation figurale, instruments
indispensables à la conception et à l'exécution de
véritables dessins. Vers 2 ans et demi, il est en pos-

216
session de deux répertoires, l'un constitué de
schèmes (canevas) figuratifs, ou modèles internes,
l’autre de formes graphiques de base, le rond et le
trait, qu'il est capable de produire,
de répéter à volonté
et d'articuler en formes complexes. Disposant alors
conjointement d'une capacité de déchiffrage sym-
bolique qui lui permet d'identifier un objet ou une
scène sur une image et d'un contrôle suffisant de son
activité graphique, il peut passer du gribouillage au
dessin. Le schématisme et l'intention représentative
caractérisent le dessin enfantin entre 3 et 12 ans. Au
cours de cette longue période, les changements
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observés vont dans le sens d'une ressemblance crois-


sante entre un dessin et ce qu'il représente.

THÉORIE DU GRIBOUILLAGE
Entre 1 et 2 ans et demi, la forme des tracés évolue en fonction
de celle du geste moteur et de son contrôle progressif
par l'enfant. Le premier tracé résulte d’une rencontre fortuite
entre un stylo ou un crayon et un plan, la difficulté étant de
maintenir le contact avec le plan. Le geste est d’abord un simple
mouvement oscillant et tournant obtenu par rotation du bras
autour de l’épaule, accompagné de flexions suivies d'extensions
de l’avant-bras. Ce geste produit des tracés amples plus
ou moins incurvés qui s’enchaînent peu à peu pour constituer
des balayages en va-et-vient. La coordination des rotations
du coude et de l’épaule entraîne ensuite la production
de gribouillages circulaires. Intervenant à son tour, la rotation
du poignet permet l’exécution de boucles et de tracés cycloïdes.

217
À partir de 18 mois se développe le contrôle moteur
de l'amplitude, de la vitesse et de la direction du geste, ainsi que
le contrôle visuel. Quelques étapes décisives ont été observées
dans le progrès des coordinations perceptivo-motrices. Un
premier contrôle consiste à ramener la main à un tracé produit
antérieurement. Cela permet de fermer une boucle et donc
de dessiner une forme fermée et de faire rayonner plusieurs
segments à partir d’une forme initiale. Le contrôle double
apparaît au cours de la troisième année, avec la maîtrise
des points de départ et d'arrivée. Désormais, l’enfant est
capable de produire des traits discontinus, de longueur variable,
selon plusieurs directions, courbes ou rectilignes, qu'il peut
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enchaîner et répéter, et il peut enclore un espace : il dispose


des instruments graphiques nécessaires pour dessiner
et pour apprendre à écrire. M

Cette évolution n'est pas régulière mais procède


par paliers, décrits par G.Luquet comme des stades
du réalisme. Celui-ci est fortuit lorsque, découvrant
une ressemblance entre un objet connu et un de ses
gribouillages, l'enfant donne une signification à celui-
ci.Le réalisme est dit «manqué » lorsque l'enfant pro-
duit un gribouillage avec l'intention de représenter
quelque chose de précis mais échoue dans l’entre-
prise. Cet échec peut résulter du contrôle imparfait
du geste ou de la pauvreté de ses représentations.La
maîtrise du geste graphique continue à progresser
mais ne joue plus qu'un rôle d'instrument au niveau
de l'expression. L'enfant a atteint le stade du réalisme
intellectuel, dominé par la schématisation et l’inten-

218
tion représentative. Entre 4 et 10 ans, l'enfant ne se
soucie pas de fixer sur le papier la fidèle reproduction
d'un état du réel à un instant précis, sous un point de
vue unique. ll raconte aux autres ce qu'il sait de son
environnement grâce à un vocabulaire de gra-
phismes dont chaque élément correspond à un
schème figuratif. || ne copie pas la nature, mais des
modèles internes. Vers 10 ans, l'enfant abandonne
le schématisme.Il choisit un point de vue unique et
s'efforce d'appliquer les lois de la perspective. C'est
la période dite « de réalisme visuel » ou «conven-
tionnel ». Enfin, avec la puberté et l'adolescence,
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l'activité graphique de dessin se tarit complètement


ou évolue vers une production professionnelle.

Orientation
des recherches
L'importance de l'activité graphique de l'enfant a sus-
cité depuis la fin du xix° siècle de très nombreuses
recherches selon trois principales orientations.

L'orientation descriptive
La première, descriptive, a permis d'analyser les par-
ticularités du dessin de l'enfant et d'opérer des com-
paraisons entre productions enfantines, graphismes
des peuples primitifs et œuvres artistiques. L'école
allemande notamment a relevé de nombreuses ana-
logies entre les procédures de représentation des
enfants de 4 à 10anset celles des primitifs du xie siècle
et vu en cela une vérification de l'hypothèse de réca-

249
pitulation héréditaire selon laquelle le développe-
ment de l'enfant obéirait aux mêmes lois que celui de
l'espèce.Après un grand succès, cette thèse n'est plus
défendue, le dessin enfantin présentant des carac-
tères spécifiques liés à l’âge et au milieu culturel.

L'orientation psychométrique
Une deuxième orientation, plus récente, est psycho-
métrique.Plusieurs recherches, parmi lesquelles celles
de G. Luquet (1927) tiennent la première place. On
appelle réalisme intellectuel, selon Luquet, l'ensemble
des caractéristiques spécifiques de la production gra-
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phique des enfants entre 4 et 10 ans. En dessinant,


l'enfant ne se soucie pas de copier servilement un
objet tel qu'il peut être perçu sous un point de vue
précis, mais de le rendre le plus aisément identifiable.
Le dessin est pour lui un moyen privilégié de com-
muniquer sa vision du monde ;il l'utilise comme un
équivalent du récit. Pour raconter il fait appel à un
répertoire de formes graphiques qu'il se construit,en
l'enrichissant progressivement grâce à ses expé-
riences -— et aussi par quelques emprunts à ses aînés
immédiats -, et qu'il utilise comme un vocabulaire.
Ces formes graphiques se réfèrent à la représentation
mentale que l'enfant se fait des objets.
Les formes graphiques du répertoire présentent
un certain nombre de caractéristiques dont la pre-
mière est l'exemplarité. Chaque terme est le fruit
d'une genèse plus ou moins longue pendant laquelle
l'enfant refait le même dessin de multiples fois jus-

220
qu'à une maîtrise parfaite de la conception et de
l'exécution.C'est ainsi qu'il produit de longues séries
de soleils, de bonshommes, etc. La forme graphique
en question devient alors le prototype de toute une
classe d'objets : les bonshommes, les maisons, les
chapeaux, les chats. L'exemplarité peut aussi porter
sur un détail : le même schéma du visage humain
convient pour figurer la tête de n'importe quel
humain, mais aussi celle des animaux. Sélection et
hiérarchie des éléments sont deux autres règles de
constitution du prototype.Seuls sont retenus dans la
représentation les détails nécessaires à son identifi-
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cation et, parmi ceux-ci, les plus importants sont


accentués. Ainsi, à partir du schéma générique du
quadrupède, l'adjonction d'une crinière, de longues
oreilles ou d'un cou démesuré suffit à spécifier qu'il
s'agit d’un lion, d'un lapin ou d'une girafe.
Objets et personnes sont dessinés dans une
orientation privilégiée qui change avec l'âge :le bon-
homme et la maison sont d'abord dessinés de face
puis de profil et de trois quarts.Les assiettes sont tou-
jours des ronds, non des ellipses, même lorsqu'elles
sont posées sur une table, apparaissant ainsi comme
debout sur la tranche. Afin de fournir le maximum
d'information tout en évitant toute ambiguïté, les
éléments ou parties d'éléments masqués par
d'autres dans la réalité sont représentés intégrale-
ment grâce à l'usage de procédés graphiques tels
que la transparence et le rabattement. Pour les
mêmes raisons, différents points de vue inconci-

221
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Dessins d’un enfant


de 8 ans.
1. L'enfant est inca-
pable de se protéger
devant cet animal.
L'image du corps est
défaillante : un bras
manque ; l’autre bras et
la partie basse du corps
ne sont pas fermés.
Il s'agit d'un enfant
traumatisé par
la morsure d'un animal.
2. Ce qui domine
dans son dessin,ce
sont les dents féroces
(il a été mordu à l'âge
de 2 ans).
Dessin d’un enfant de 6 ans.
Il représente une maison grise avec un fond noir.À l'extérieur, il y a
des couleurs mais en ce qui concerne l'intérieur, c'est dépressif, impré-
gné d'une grande tristesse. Il s'agit d’un enfant très inhibé et triste,
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habité par une angoisse de perte d'amour de la part de la mère.

Dessin d’un enfant de 7 ans.


Dans ce dessin, l'enfant raconte à quel point il est vigilant et à
l'écoute de tout ce qui se passe chez son père et chez sa mère
(importance des oreilles). C'est un enfant tiraillé dans un divorce
conflictuel ; ses deux parents lui demandent de choisir entre
les deux, ce qui est impensable et impossible pour lui.

223
liables dans la perception visuelle sont juxtaposés
afin que chaque élément du dessin apparaisse dans
la meilleure orientation. Ainsi, le corps d'un animal
est reproduit de profil avec la tête de face, une piste
de cirque est figurée en plan alors que personnages
et animaux le sont en élévation.Enfin, le volume gra-
phique (hauteur, largeur) des personnages repré-
sentés rend compte de leur importance relative, non
de leur taille réelle ni de leur éloignement. Ainsi,
ayant fait apparaître une évolution caractéristique
du dessin avec l'âge, de nombreux auteurs ont
postulé l'existence d’une relation entre le niveau
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d'un dessin et le niveau de développement cogni-


tif de son auteur. Plusieurs épreuves de dessin sont
couramment utilisées, par exemple, pour mesurer le
développement mental jusqu'à 12 ans. Parmi les
plus connues,on peut citer le dessin du bonhomme,
de l'arbre ou l'échelle de Goodenough.

LE TEST DU BONHOMME
Le dessin du bonhomme est un test de développement
intellectuel décrit et étalonné par F. Goodenough, qui consiste à
demander à un enfant de dessiner en temps libre un bonhomme
sans gommer.
Le dessin est ensuite coté en tenant compte de la présence
de toute une série de détails. Vers 5 ans, l'enfant donne une
représentation sexuée du corps ; le profil n'apparaît que vers
12 ans, etc. La note est transformée à l’aide d’une table en âge
mental, lequel peut être transformé en quotient

224
de développement. Le test du bonhomme, du fait de son
indépendance des facteurs socioculturels et de sa grande facilité
d'emploi (on peut également l’utiliser en passation collective)
et de cotation, est très largement employé. Il peut donner des
renseignements non seulement sur le développement intellectuel
de l'enfant, mais aussi sur sa personnalité.
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Résultat du test de Goodenough : de gauche à droite,


dessin d’un enfant de 7 ans et 9 mois,d'’intelligence supérieure,
d’un enfant de 8 ans d'intelligence médiocre,
d’un enfant de 9 ans et demi atteint de débilité mentale. EE

L'orientation interprétative
La troisième orientation est interprétative. D'inspi-
ration psychanalytique, elle considère le dessin
comme un champ d'expression privilégié de l'in-
conscient. Les techniques d'interprétation sont ins-
pirées de celles du rêve. Dans ce cadre, le dessin est
utilisé comme instrument de diagnostic et de théra-
pie,
en association avec l'examen clinique. €

> Enfant (l’) p.251.

225
Deuil (le)
L'allongement de la durée de vie fait souvent
coïncider la confrontation à la mort
et la période du grand âge. Aujourd'hui,
en Occident, une personne,en moyenne,
ne perd ses deux parents que lorsqu'elle
parvient à la retraite.Ill est fréquent
de n'avoir jamais rencontré un mort avant
la quarantaine, et la réalité de la mort effraie,
voire panique.
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Le deuil est un phénomène essentiellement humain.


Seule l'espèce humaine a développé des rites funé-
raires témoignant d'une croyance symbolique en un
au-delà de la mort. Des vestiges de «traitement des
morts » datant de cent mille ans environ expriment
déjà l'idée de manifester la puissance du mort, de lui
donner les moyens de «survivre» ailleurs. Jusqu'à
notre époque, des rituels précis ont eu pour fonction
principale de canaliser le chagrin des survivants et,sur-
tout, de compenser la rupture du groupe (familial et
social) par une reconnaissance commune de la perte.

Des rituels pour


transcender la mort
Dans la plupart des cultures, le mourant était sour-
vent honoré jusqu'au bout, et son corps faisait l'ob-
jet d'une préparation qui permettait la visite de tous

226
ses proches. Puis venait la séparation. La dernière
image du défunt disparaissait définitivement à l'in-
térieur du cercueil,une seconde séparation était sym-
boliquement accompagnée lors de la mise en terre.
Face à la difficulté de ces deux séparations, les ges-
tuelles et les mots consacrés traduisaient une forme
de transcendance de la situation.Plus petit dénomi-
nateur commun de toute l'humanité, la mort s'avé-
rait la conclusion de toute chose, dans l'espoir d'un
renouveau ailleurs (en fonction des religions). La
commémoration, en rappelant la douleur passée
de la séparation, en constituait souvent le terme et
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admettait le retour des activités, voire de nouveaux


attachements. Ainsi codifié, le déroulement du deuil
tombait sous le sens social.
Un survol des différentes pratiques funéraires
planétaires permet de reconnaître de nombreux
invariants quijustifient l'interprétation du deuil sui-
vante :si le groupe familial est démuni à la suite de
la perte d'un de ses membres, un temps de recons-
titution est admis et une limite est fixée dans le
temps. Cette vision anthropologique recoupe, en
fait, une interprétation psychologique développée
sous l'égide de K. Abraham puis de S.Freud:le «tra-
vail de deuil », indispensable à l'acceptation de la
perte,à la diminution de la souffrance, puis au réin-
vestissement de la vie, s'insère finalement au sein
même de cette codification sociale marquée par les
rites funéraires et les codifications du temps de
deuil.

221
DEUIL NORMAL, DEUIL COMPLIQUÉ,
DEUIL PATHOLOGIQUE
Le deuil normal se liquide assez rapidement en passant
successivement par les trois phases de détresse, de dépression
et d'adaptation grâce aux processus de désinvestissement,
d’intériorisation et d'identification à l’objet disparu,
de culpabilité puis de détachement final.
Le deuil compliqué se caractérise par un blocage du travail
avec prolongation de la phase dépressive, réactions de stress
(avec possibilité de manifestations psychosomatiques graves)
et passages à l’acte suicidaires particulièrement fréquents.
Le deuil pathologique débouche sur la maladie mentale.
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Ses critères sont un retard dans l'apparition de l’affliction puis


une prolongation de son évolution au-delà de deux ans
et une menace réelle sur la santé psychique. Il peut s'agir
d’une véritable psychose mélancolique ou maniaque (manie
de deuil avec négation de la perte) ou d’un deuil obsessionnel,
ou encore d’une hystérie de deuil.

Du social au
psychologique
Freud n'aurait sans doute pas imaginé le délite-
ment des rites funéraires au xxi° siècle.Effacement
des coutumes ancestrales, perte du sens des
anciennes contraintes ont conduit, surtout en
zone urbaine, à un désinvestissement de l'accom-
pagnement du défunt et de celui des endeuillés.
La « psychologisation» de la mort est, en fait,
l'aboutissement d'une désocialisation qui laisse

228
ces endeuillés sans explications, sans limites et
sans aide face à la perte.
Le xx° siècle est à l'origine de ce changement.
Période de guerres mondiales, de génocides, mais
aussi prise de conscience de l'humanité et montée
de l'individualisation, il s'est terminé sur un désin-
vestissement des idéologies et des grandes religions.
Du terrain social, le deuil passe dans le domaine du
psychologique.Le travail de deuil consiste en un lent
rappel de tous les souvenirs liés au défunt,souvenirs,
mais aussi émotions inconscientes, projets, fan-
tasmes.
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DES LIEUX INADAPTÉS


L'hôpital et les institutions sanitaires qui recueillent le dernier
souffle de 70 % de la population française constituent un lieu
du « mourir » souvent inadapté. En revanche, le développement
des soins palliatifs a renouvelé l'intérêt pour la fin de vie avec
la préoccupation principale d'améliorer le confort du mourant,
facilitant ainsi le deuil des familles. B

La période du deuil aboutit, dans le meilleur des


cas, à l'intériorisation de la personne perdue. Le tra-
vail de deuil est donc une série d'oscillations entre un
accrochage au passé et une timide constitution de
projets autour de l'absence, acceptée comme un
renoncement définitifà l'être chéri.Il est aussi carac-
térisé par la tristesse, l'angoisse de la solitude et la
perte des plaisirs d'antan.

229
Sur le plan compor- L'inadéquation
temental, les signes de de l'accompagnement trouve son
palliatif dans le développement
la dépression, comme le
d'associations avec des groupes
ralentissement de la pa- de paroles d’endeuillés qui
role et des gestes, la fa- permettent le rétablissement des
tigue alternant avec des liens sociaux et l'accompagnement
moments d'intense agi-
tation, sont fréquents. L'absence de communauté
sociale ou religieuse renforce les sentiments d'in-
compréhension, de folie et la tendance suicidaire.
Les plaintes physiques des endeuillés les conduisent
plutôt chez le médecin,
qui traduit en arrêt de travail
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un phénomène normal consécutif à un événement


de vie majeur. Ces manifestations révèlent l'absence
de place pour les endeuillés et l'inadéquation de
réponses normées à cette période difficile.

PARFOIS, LE CŒUR SE BRISE


Le psychiatre anglais C. Murray Parkes a mis en évidence
le «syndrome du cœur brisé », qui, métaphoriquement
et concrètement, se traduit par une élévation de la mortalité
cardio-vasculaire chez les veufs et les veuves. Les veufs
présentent une augmentation particulière des risques pour
des raisons biologiques certes (hormones différentes de celles
des femmes), mais aussi multiculturelles : ils présentent
difficilement une image affaiblie, s'expriment beaucoup moins
auprès de leurs proches que les femmes et vont moins
consulter un médecin ou une association.

230
Les complications
du deuil
Ainsi, l'absence d'accompagnement du deuil, mais
aussi des difficultés précoces à se séparer des pre-
miers objets d'amour se traduisent par des compli-
cations au niveau du temps, de la personnalité, du
groupe. Le chagrin peut être refusé pendant long-
temps : absence d'acceptation de la perte, déni des
émotions et sentiments qui en découlent. Le deuil
peut,au contraire être prolongé très longtemps, voire
toute la vie.Enfin, des personnes qui,au cours de leur
enfance, n'ont pas intégré les séparations successives
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de la vie éprouvent souvent d'importantes difficultés


à supporter les ruptures et les pertes courantes.

LE TRAVAIL DU DEUIL
L'expression «travail du deuil » a été introduite par S. Freud en
1915. K. Abraham en 1912 et Freud en 1916 ont démontré
l’analogie du deuil avec la mélancolie. Si le deuil lié à la perte d’un
être dans la réalité, le travail du deuil se fait en plusieurs temps :
1. phase d’idéalisation de l’être, souvent accompagnée de
culpabilité (autoreproches du sujet) ;
2. perte d'intérêt pour le monde extérieur sauf pour ce qui
touche ce qui peut rappeler la personne disparue. Recul devant
toute activité qui éloignerait le souvenir de l’être aimé ;
3. détachement progressif de la libido à l’égard de l’être qui
permet le retour vers de nouveaux investissements.
Ce travail du deuil est «normal» et c’est l'épreuve de la réalité qui
permet au sujet de se détacher progressivement de sa souffrance.

231
Le rapprochement fréquent entre le deuil et la mélancolie a
permis de différencier la dépression dite « normale » et la
dépression « pathologique».Cependant, la douleur du deuil
dans les deux cas s'apparente à l’angoisse de séparation. Dans
la mélancolie, la perte de l’objet ou de l’être est souvent
inconsciente ; elle s'associe à une perte d’estime de soi et à une
auto-accusation. La troisième phase ne se résout pas comme
dans le deuil par un détachement de l’objet d'amour ; le sujet
#
Vous
mélancolique est atteint par la perte du sens dont la disparition
de l’objei n’est que le prétexte. Pleurer la disparition d’un être
cher n’est pas du même ordre que le rappel de la douleur
de la perte de l’objet d'amour. Dans le premier cas il y a
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un travail du deuil qui se fait au fil du temps ; dans le second


il s’agit plutôt d’un évitement de la perte.
J. Lacan, en mettant l'accent sur la « douleur d'exister », affirme
le manque comme fondateur du désir.

Les circonstances du deuil sont aussi à l'origine


de grands troubles : perte catastrophique,anormale
(jeune âge, femme enceinte), situation de guerre ou
de mort collective. Aujourd'hui, une certaine recon-
naissance de ces facteurs conduit à anticiper les
effets de ces pertes majeures. Le soutien psycholo-
gique apporté dans l'urgence et dans les grands
bouleversements environnementaux où humains
témoigne de cette prise de conscience. #&

> Dépression (la) p.203 ;


> Générations précédentes (les liens avec les) p. 327.

232
Éducation et rôle des parents
Les enfants d'aujourd'hui semblent fascinés
par la télévision et, alors que nous aimerions
tant qu'ils découvrent les œuvres culturelles
où nous autres, adultes, avons beaucoup
puisé, ils succombent souvent à la facilité.
Nos injonctions semblent, à cet égard,
sans effet. Pourtant, nous ne pouvons
questions.
_Grandes
quand même pas abandonner toute
ambition éducative pour eux ! Nous nous
sentons responsables.
À juste raison.
Mais la transmission culturelle ne se résout
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pas à une «transmission mécanique » et


elle nous plonge au cœur des contradictions
vives de l'acte éducatif : nous ne devons pas
renoncer à transmettre, mais il n’est pas
possible de le faire au «forceps ».

Il n'est pas d'exemple d'un enfant qui ait pu accéder


au monde adulte sans l'aide, précisément, des
adultes. Les «enfants sauvages », trouvés ici ou là et
élevés par des animaux, ne sont jamais parvenus,
malgré l’acharnement de leurs éducateurs, au lan-
gage articulé, à la communication avec leurs sem-
blables ni à une vie normale parmi leurs pairs.
C'est qu'un enfant vient au monde infiniment
démuni. Riche d'une infinité de potentialités, mais
incapable de survivre seul ni même de retrouver les

233
gestes élémentaires de la famille humaine. Un petit
chat que l’on sépare de sa mère à sa naissance saura
vite faire sa toilette. Un enfant sans environnement
éducatif, s'il survit grâce à une aide matérielle, ne
saura rien de ce qui fait un homme.Ainsi, si l'homme
se caractérise par le fait qu'il peut apprendre,le revers
de la médaille, c'est qu'il doit tout apprendre. Son
héritage génétique est fabuleux mais non stabilisé.
C'est ce qui lui confère son éducabilité : l'enfant n'est
rien, il est simplement éducable. Seules quelques
caractéristiques physiques élémentaires sont fixées
à sa naissanc e le reste, tout dépendra de l'édu-
;pour
cation qu'il va recevoir et, plus tard, des décisions qu'il
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va prendre librement. Ainsi, personne n'a jamais vu


une abeille républicaine : l'abeille est constitutive-
ment royaliste et nul ne peut y faire quoi que ce soit.
En revanche,aucun enfant,quandil naît, n'est ni répu-
blicain ni royaliste : ce qu'il deviendra dépend de
de la manière dont nous l’armerons pour la vie
nous,
et, finalement, de sa liberté propre.
De cela vient notre double responsabilité :nous
devons transmettre à l'enfant les éléments qui pour-
ront lui permettre d'entrer dans «la maison » qui l’ac-
cueille et,en même temps, l'aider à trouver la volonté
et le courage nécessaires pour réussir à se faire,
comme le disait le grand pédagogue suisse J.Pesta-
lozzi,« œuvre de lui-même ».Cette double responsa-
bilité est en soi une contradiction, puisqu'il nous faut
tout à la fois inculquer et libérer, domestiquer et
affranchir, inscrire dans un contexte social donné et

234
permettre de le subvertir. C'est sans doute la raison
pour laquelle Freud disait de l'éducation qu'elle est
un «métier impossible ». Il lui faut, en effet, viser en
même temps deux objectifs apparemment contra-
dictoires : mais la tâche des hommes, c'est précisé-
ment de dépasser par la pratique cette impossibilité
théorique et d'«éduquer quand même»... en
sachant que ce n'est ni facile ni de tout repos!

Transmettre, un impératif;
ne pas transmettre,
une démission
Quand l'enfant arrive, le monde est déjà là et il revient
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à l'adulte de «faire les présentations », d'accompa-


gner ce nouveau venu dans un univers déjà ancien
qui a ses règles, ses coutumes et ses expériences
accumulées. Nous avons là une tâche d'intégration
dans la domus («maison »), qui est toujours, plus ou
moins, une opération de « domestication » : l'enfant
devra se soumettre aux règles de ceux qui l'ac-
cueillent,respecter les rites et les horaires, acquérir les
codes, apprendre la langue. En ce sens, celui qui est
éduqué ne peut pas, par définition, choisir ce à quoi
il est éduqué... Sinon, c'est que l'éducation serait
déjà faite ! Nous commençons toujours à imposer à
nos enfants une multitude de choses et nous leur
demandons de les accepter ; nous faisons en sorte
qu'ils les acceptent en utilisant des méthodes qui
vont de la séduction à là contrainte en passant par le
conditionnement. Il n'y a pas à en nourrir, d'ailleurs,

235
la moindre culpabilité :c'est notre responsabilité que
de faire de notre enfant un «être social » qui ne man-
gera pas n'importe quand et n'importe comment,
qui
saura s'exprimer correctement, saluer les autres et les
respecter. Certes, tout n'est pas permis dans cette
éducation et,en particulier,ilconvient d'éviter ce qui
présenterait des dangers pour l'intégrité physique
ou psychologique de la personne en train d'émer-
ger : traumatiser un enfant n'est jamais une bonne
chose.Mais on peut, on doit lui apprendre à s'inscrire
dans une collectivité en respectant les règles de
celle-ci. Il découvrira ainsi progressivement que ce
respect est fondateur de réciprocité et qu'il en est, lui
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aussi, bénéficiaire.

Une histoire
où s’enraciner
Mais, au-delà de cette transmission des codes
sociaux, il est une seconde transmission tout aussi
importante et qui, d'ailleurs, est seule capable de
donner sens à la première : c'est la transmission de
notre histoire. Pour grandir, il faut pouvoir « prendre
racine », savoir d'où l'on vient, qui étaient ceux qui
nous ont précédés, comment ils ont vécu, quels ont
été leurs problèmes et quelles ont été leurs valeurs.
C'est ainsi que nous comprendrons progressivement
pourquoi ils ont cru bon de nous imposer telle ou
telle manière de nous comporter. En réalité, nous ne
pouvons vivre, penser et créer quelque chose de neuf
que si nous avons intégré l'histoire de nos parents et

236
de nos ancêtres, si elle nous a fourni les clés néces-
saires à la lecture de notre environnement, à la com-
préhension des comportements de nos proches, à
l'interprétation des événements de la société dans
laquelle nous vivons. Nous ne pouvons affronter le
monde que si nous nous appuyons sur des « pro-
ductions culturelles » qui
Exemple de production culturelle
nous permettent de ren- chargée de sens : le Livre de la
contrer et d'apprivoiser jungle. R. Kipling y met en scène,
les espoirs et les peurs, sous l'apparence d'animaux, des
les emballements et les modèles humains qui entourent
Mowgli et qui lui permettent
inquiétudes de ceux
d'acquérir, à la fois les habitudes
qui nous ont précédés.
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nécessaires à sa survie et la
toutes ces traces lais- volonté grâce à laquelle il va
sées par nos prédéces- émerger comme personnalité
autonome. La panthère, l'ours
seurs et grâce auxquelles
ou le serpent sont bien plus
nous nous sentons un « humains » et attentionnés
peu moins seuls, un peu que beaucoup d’humains chargés
mieux armés pour faire aujourd’hui de l’éducation
face aux angoisses et des enfants. Et Mowgli grandit
grâce à ces modèles
aux difficultés que nous
et à ce qu’ils lui transmettent.
rencontrons.
Pour grandir, nous avons besoin de «médiations »
culturelles, de ces œuvres qui vont au plus profond
de nous-mêmes, touchent aux questions qui nous
hantent : comment peut-on aimer et haïr quelqu'un
en même temps ? D'où venons-nous ? Si nous allons
tout droit,
où arriverons-nous? Pourquoi avons-nous
peur de mourir ? Pourquoi voulons-nous laisser des
traces sur les murs de nos cavernes,à Lascaux comme

237
sur les blocs de béton des cités de banlieue ? Qu'est-
ce qui peut nous enthousiasmer et nous permettre
de sortir de la routine quotidienne ? Qu'est-ce qui est
interdit et pourquoi ? Quelles sont les grandes trans-
gressions qui nous fascinent et auxquelles, pourtant,
nous devons échapper ?

CE QUE DIT LE PETIT POUCET


Regardons ces enfants à qui la maîtresse lit l’histoire du Petit
Poucet :on pourrait imaginer qu'ils sont blasés et que, après
tout ce qu’ils voient à la télévision, ce vieux conte ne peut plus
guère les intéresser. C’est tout le contraire : ils sont là, bouche
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bée, à attendre la suite avec impatience. Pourtant le Petit Poucet


n’est pas une histoire très gaie : il y est question de parents qui
abandonnent un de leurs enfants ; il y est question
d’anthropophagie et de bien d’autres choses effrayantes. Mais,
précisément, ces choses-là sont familières à l'enfant : tout petit,
il craint d’être abandonné de ses parents et il voudrait être
absolument certain de leur affection. Mais, tout petit aussi,
il sait que l'affection peut devenir oppressante et qu’à force
de serrer l’autre sur son cœur on peut l’étouffer, qu’à force
de l'aimer on peut finir par le «manger»... En écoutant le Petit
Poucet, il se retrouve dans l’histoire, il entend des choses qui
font écho à ses angoisses les plus profondes et il se dit : «Je ne
suis donc pas tout seul à craindre cela. D’autres avant moi ont
éprouvé les mêmes inquiétudes. Les autres enfants de la classe
les éprouvent aussi. » Il s'inscrit ainsi dans la longue chaîne
généalogique des hommes et devient un homme à son tour.
C’est là le grand mérite de l’œuvre d'art et de toute production

238
culturelle : elles me parlent, me permettent de me reconnaître,
de me comprendre, de me dépasser. mais sans me violer
dans mon intimité, sans venir fouiller de manière impudique
dans ma vie personnelle. 8

Or, malheureusement, faute d'avoir rencontré


ces questions dans des œuvres culturelles de qua-
lité, où la perfection et la force de l'expression per-
mettent de prendre de la distance, nos enfants vont
à leur rencontre dans des productions médiocres et
purement commerciales qui traitent des questions
de la transgression et qui le font avec «obscénité » :
tout est montré, dans les moindres détails ; il n'y a
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plus de place pour l'imagination et la réflexion; c'est


le triomphe de la sidération, c'est-à-dire, au sens lit-
téral,de l’anéantissement,
sous le choc,de toute fonc-
tion psychique et de tout sens critique.
Notre responsabilité éducative est donc grande
en matière de transmission culturelle. D'autant plus
grande que notre monde va aujourd'hui très vite et
que nos enfants vivent dans un univers très différent
du nôtre : entre les générations qui, jadis, se super-
posaient presque complètement, il y a maintenant
une grande distance, et le risque est réel que nos
enfants « décrochent» de notre histoire pour errer
en apesanteur, victimes potentielles de n'importe
quel joueur de flûte qui saura les séduire et les
emporter dans son univers de facilité : drogue,sectes,
groupes fusionnels où l’on va «s'oublier», se perdre
soi-même et engloutir sa liberté.

239
Au-delà
de la simple transmission
Mais doit-on, pour autant, transmettre à n'importe
quel prix ? Doit-on transmettre au forceps ? Doit-on
imposer, sans aucun respect de l'autre, des savoirs,
des convictions et des manières de se conduire ? Évi-
demment non. Car on aboutirait alors à l'inverse du
résultat recherché. Chacun sait que l'on ne peut pas
soigner l’anorexie par le gavage : en forçant à man-
ger quelqu'un qui a décidé de ne plus manger, on
renforce sa détermination. Il en est de même en
matière culturelle et scolaire. 1| y a des anorexies
scolaires commeil y a des anorexies mentales.Et,face
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aux unes et aux autres, nous devons faire en sorte


que l'autre découvre ou redécouvre lui-même le
désir de manger, d'apprendre,de se cultiver.Car c'est
ce désir-là qui opère. C'est lui qui fait vraiment gran-
dir en permettant une réelle assimilation.

Proposer sans imposer


Or, trop souvent, devant des difficultés ou des refus en
matière de transmission culturelle, nous sommes ten-
tés de « passer en force ». C'est alors le début d'une
partie de bras de fer que nous gagnons parfois (il arrive
bien que, sur notre conseil, notre fils ou notre fille aban-
donne un feuilleton télévisé pour se plonger dans
J.Verne où Maupassant), mais qui, le plus souvent, ne
produit qu'une soumission de façade : l'enfant ou
l'adolescent cède pour nous faire plaisir ou parce qu'il
ne peut pas faire autrement, mais «il n'en pense pas

240
moins » et, dès que nous avons le dos tourné, revient
à ses attitudes antérieures, retourne à la facilité. Quand
nous pensons avoir gagné, nous avons, en réalité,
perdu... perdu notre temps, perdu notre prestige et
notre crédit et, finalement, perdu la face.

LE CONTRE-EXEMPLE
DE FRANKENSTEIN
Éduquer un homme n’est pas fabriquer un objet et le docteur
Frankenstein a fait la dure expérience des effets dévastateurs de
cette confusion. Confondant le corps humain avec de la viande,
il a cru pouvoir « fabriquer un homme » en cousant
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des morceaux de chair et en envoyant une décharge électrique


dans «le paquet » ainsi constitué. Il a ainsi poussé à bout
une conception trop répandue de l’éducation : éduquer serait
accumuler des savoirs, juxtaposer des connaissances
et des habitudes et donner une bonne impulsion (un bon coup
de pied au derrière ?) pour que l’autre se mette en route avec
tout ça ! Mais, on le voit bien dans l’aventure de Frankenstein :
cela ne produit que de la violence et conduit à la mort.
Mort réelle ou symbolique de celui qui n’a pas d'autre moyen
de prouver son existence que la violence. #

C'est que l'éducation suppose bien une adhé-


sion progressive de celui qui est éduqué. Une adhé-
sion ou un refus délibéré. Mais, de toute façon, la
manifestation d'une liberté.La transmission cultu-
relle suppose donc, poûr être authentique, que les
savoirs et les œuvres soient, au fur et à mesure que

241
l'enfant grandit, proposées et non imposées. Propo-
sées et inscrites dans son développement : là est le
génie du véritable éducateur. Il sait que la culture
n'est assimilée que dans l'acte libre de l'éduqué qui
reconnaît là une manière de répondre aux questions
qu'il se pose.Transmettre,
c'est donc être attentif aux
questions de l'enfant et de l'adolescent et savoir
«faire des ponts » entre ces questions et les œuvres
culturelles de notre patrimoine. Ce n'est pas facile
car, finalement, c'est l'éduqué qui décide d'accepter
ou non de franchir le pont.C'est lui qui prend la déci-
sion. Mais cette décision, justement, est le signe de
notre réussite éducative. &
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b Enfant en difficulté d'apprentissage (l’) p.289.

242
Emotions féminines,
émotions masculines

Chaque sexe possède-t-il son propre langage


affectif ? Hommes et femmes ne parleraient-
ils pas exactement la même langue ? Chacun
est pourtant capable de se mettre à la place
de l’autre, d'être empathique et de percevoir
Grandes
questions.
ses propres émotions et ses réactions.
La différence affective entre les sexes serait-
elle, pour l'essentiel, liée au biologique
ou à une différence d'expression ?
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Pour les deux sexes, les émotions dejoie ou le rire se


manifestent de la même manière et suscitent des
réactions identiques.ll n'en est pas de même pour la
colère, le chagrin, la culpabilité et, surtout, l'angoisse.
Deux fois plus de femmes que d'hommes laissent
apparaître ouvertement leur anxiété ;trois fois plus
d'hommes que de femmes se montrent coléreux.
Pourquoi ? L'un des facteurs de différenciation
des sexes est biologique, et on est loin d'en avoir
éclairci tous les mystères. Les femmes ont plus de
matière grise que les hommes dans les deux aires
cérébrales associées à la facilité de la parole ; dans
certaines situations, leur cerveau s'active plus et de
façon plus étendue que celui des hommes. Par
ailleurs, si les hommes versent moins de larmes, ce

243
n'est pas seulement par orgueil, mais parce que la
testostérone, l'hormone mâle, émousse l'expression
émotionnelle et inhibe les pleurs.
Un autre facteur essentiel est lié à l'éducation et
à l'environnement social : les adultes attribuent aux
fillettes et aux garçons,à peine sont-ils nés, des carac-
tères émotionnels différents et, du coup, modèlent
leurs comportements.
En fait, tous les enfants naissent avec la capacité
d'exprimer la joie, la peur, la colère, la tristesse, le
dégoût ou la surprise.Progressivement, l'émergence
de ces différentes émotions s'effectuera.Chacun sait
que les premiers signes d'émotivité ou de détresse
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chez le bébé se manifestent par des cris et des pleurs.


Dès cette phase initiale du développement, les filles
devraient manifester plus souvent ce type de com-
portements. Or, la plupart des études menées sur le
sujet ont montré qu'au cours de la première année
les bébés des deux sexes crient et pleurent avec la
même fréquence. De même, les réactions à la sépa-
ration et les différents comportements d'attache-
ment sont parfaitement identiques.li faut cependant
noter que les garçons sont, dès les premiers mois,
d'humeur changeante,et plus difficiles à consoler,les
filles émotionnellement plus stables. Elles sourient
et vocalisent avant et plus souvent que les garçons.
Elles disposent, pour exprimer leurs émotions et pour
se faire comprendre, d'une gamme plus large de
mimiques.Elles expriment davantage leurs émotions.
Apparemment plus aptes à la communication affec-

244
tive interhumaine, elles parleront plus tôt et mieux.
Les bébés garçons sont plus intensément - ce quine
signifie pas plus fréquemment - expressifs que les
bébés filles. Pour se faire entendre, les petites filles
seraient-elles, en grandissant, obligées d'amplifier
leurs expressions émotionnelles ? Cela pourrait en
partie expliquer pourquoi les filles, puis les adoles-
centes et les femmes sauront mieux, plus tard, expri-
mer leurs émotions ou reconnaître celles d'autrui.

Des différences
qui s’accentuent
Les différences entre sexes dans le ressenti et l'ex-
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pression des émotions continuent de s'affirmer au


long des années.Beaucoup d'observations ont porté
sur l'anxiété enfantine, surtout à partir de l’âge sco-
laire.Les manifestations physiologiques, l'inquiétude
et l’hypersensibilité, la peur et l'inattention sont plus
importantes chez les filles que chez les garçons, et
cet écart s'accroît avec l’âge, notamment à partir de
l'adolescence : les tests démontrent incontestable-
ment un potentiel d'anxiété supérieur chez elles.
Une autre émotion spécifique est la colère.Chez
le nourrisson, elle se manifeste en particulier lors-
qu'un adulte ou un autre enfant l'empêche de se
mouvoir comme il le souhaite. La réponse faciale et
motrice caractéristique correspond alors générale-
ment au besoin de surmonter l'obstacle. La colère
serait donc un comportement adaptatif, permettant
de vaincre ce qui empêche d'atteindre le but choisi.

245
Filles et garçons la découvrent approximativement
au même âge, entre 2 et 4 mois, mais très tôt l'ex-
pression de cet affect différencie clairement les deux
sexes. Entre 2 ans et demi et 5 ans, les garçons
deviennent progressivement deux fois plus coléreux
que les filles ! Les explications de ces faits sont pro-
bablement complexes. S'agirait-il simplement
d'une différence de tonus
physique ? Lesfilles seraient- ROUOLERERGTE
hormonaux est démontré par
elle donc moins robustes, l’hyperplasie surrénalienne,
ce qui expliquerait
leur moins malformation affectant la
grande agressivité ? Rien glande surrénale, productrice
n'est moins sûr. Le psycho- d’une bonne partie des
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hormones androgènes, qui


logue français R. Zazzo a
se rencontre dans les deux
montré que, dans le cas de sexes. Les petites filles qui
«faux
» jumeaux fille et gar- en souffrent se montrent plus
çon, la première est plus agressives que les autres
tonique que son frère et dans les premières années
de leur vie et ont un
marche plus tôt.Il faut donc
comportement plus
ici faire entrer en lice les «masculin » dans leur
facteurs hormonaux. quotidien.

Le rôle
de l'éducation
Dès les premières semaines de la vie de l'enfant, les
parents adoptent un comportement différent, lar-
gement dicté par le sexe du bébé.Pères et mères pri-
vilégient ainsi les face-à-face et les interactions affec-
tives vocales avec leurs petites filles. Ils manifestent
en leur présence des émotions plus fréquentes et

246
plus variées, gardant la colère ou la violence pour leur
fils. Le comportement des deux parents n'est pas
semblable en tout point. Les pères questionnent ou
menacent davantage, surtout leur garçon. Ils inter-
rompent plus fréquemment leurs enfants, leur par-
lent de façon plus abstraite,emploient davantage de
termes péjoratifs. En retour, les enfants, garçons et
filles, une fois en âge de parler, avouent qu'ils confie-
raient probablement plus volontiers leur tristesse et
leur colère à leur mère qu'à leur père.
Du côté des mères,on a remarqué qu'elles mani-
festent, lorsqu'elles jouent avec leurs petites filles,
davantage d'émotions et, en particulier, d'émotions
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positives. De même, on s'est aperçu qu'elles répon-


dent «en miroir » aux expressions émotionnelles de
leur fils, alors qu'elles adoptent plus facilement pour
leur fille une expression émotionnelle autre que
celle qui est manifestée par l'enfant.Elles lui sourient
davantage et sont globalement plus expressives
avec elle. Du coup on comprend mieux que les filles
acquièrent vite une palette d'expressions émotion-
nelles plus large et plus variée que celle des garçons.
Très tôt les parents favorisent les différences
d'expressions émotionnelles chez leurs enfants. Ainsi,
les parents des tout-petits trouvent déjà spontané-
ment que leurs filles sont plus douces, plus jolies, plus
délicates et leurs garçons plus alertes, plus robustes.
Plus tard, lorsque leurs enfants grandissent, ils les
poussent à mener des activités différentes, selon
qu'ils appartiennent à l’un ou l’autre sexe.

247
LA FORCE
DES STÉREOTYPES
À propos des larmes, il existe une expérience très intéressante.
On projette l’image d’un bébé de 9 mois en pleurs et l'on
interroge un groupe d'adultes des deux sexes : « Pourquoi ce
petit garçon pleure-t-il ? » «Parce qu’il est en colère »,
répondent généralement ces hommes et ces femmes. On
reprend la même photographie, on la présente à un groupe
identique. « Pourquoi cette petite fille pleure-t-elle ? » demande-
t-on alors. «Parce qu’elle a du chagrin » ! L'interprétation d’une
même image a donc varié avec le sexe prêté au bébé. La force
des stéréotypes culturels renforce les différences biologiques
dues au sexe.
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Ce sont les pères qui généralement encouragent


les manifestations d'affection de leurs petites filles —
le contre-œdipe des pères est plus précoce qu'on
l'imagine - et s'opposent à ce que leurs garçons
jouent à la poupée - peur de leur bisexualité refou-
lée ? Ce sont les mères qui insistent surtout pour que
leurs filles aident les autres enfants. Les pères utili-
sent davantage de termes émotionnels quand ils
s'adressent à leur fille, évitant seulement le mot
«dégoût ». Les mères font de même, mais éviteront
notamment tout terme évoquant un sentiment
d'agressivité ou de colère.Confortant les différences
au sein de la famille, l'étude des interactions ensei-
gnants-enfants montre que les éducateurs sourient
davantage et manifestent plus d'affection envers
les petites filles qu'envers les petits garçons. L'ob-

248
servation des bébés, filles et garçons, montre donc
une vie émotionnelle initialement comparable, se
développant et se différenciant progressivement
sous l'influence des « projections parentales » sur
l'attribution féminine ou masculine des émotions. Si,
consciemment, nous pensons ne pas faire de diffé-
rence entre les bébés filles et les bébés garçons,
inconsciemment nous nous comportons différem-
ment selon le sexe de l'enfant. Ainsi nous ont traités
nos parents, et nous procédons de même.
Notre devoir d'adultes est surtout de veiller à ne
pas être dupes de nos propres schémas inconscients,
et de modérer tout excès pouvant insuffisamment pré-
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parer l'enfant à la société de demain, plus exigeante


sur la question de l'égalité des sexes. Dès le plus jeune
âge, le partage des émotions, quelles qu'elles soient et
qui que l’on soit, facilite la vie future, et la communica-
tion «inter-sexe » n'en est qu'améliorée.

LA COMMUNICATION AFFECTIVE
ENTRE ADULTES
Une enseignante du département de psychologie de l’université
de Boston a montré que les hommes sont plus chaleureux
lorsque leurs sentiments d'amitié vont à une femme, et que les
femmes se mettent davantage en colère face à un homme. Pour
cet auteur, ces différences d'expression d'amitié ou de colère
sont attribuables aux interactions entre les deux sexes.
Entre deux personnes du même sexe, les tendances naturelles
se renforceraient, alors qu’elles s’inverseraient entre

249
deux personnes de sexe opposé. Les femmes qui passent plus
de temps en compagnie d’autres femmes consolideraient
positivement leur affectivité et négativement leur manque
d’agressivité. Les hommes en compagnie d’autres hommes
feraient le contraire. Ils seraient donc moins habitués
à exprimer leur agressivité à une femme ou à marquer
leur affection à un autre homme. 5

> Éducation et rôle des parents p.233;


> Nouveau-né (interactions avec le) p. 415.
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250
Enfant (|)
C'est toujours une grande aventure de voir
évoluer les enfants dans leur singularité.
De la naissance à l'adolescence, le petit
d'homme va se construire jour après jour
en suivant simultanément des stades
de développement mais également selon
sa propre nature et sa différence. Les processus
Grandes
questions.
de développement vont inclure l’ensemble
des interactions entre l'enfant en devenir
et son environnement, car les facteurs
externes peuvent jouer un rôle important
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dans la croissance de l'enfant. L'enfance


est cette riche et fragile période où
la personnalité se fabrique et s'épanouit
en interaction avec son environnement social
et affectif. Quelles sont les grandes étapes
du développement cognitif et affectif
de l'enfant ? Évoluent-ils tous de la même
façon ? Tout est-il joué avant 6 ans ?

Nous sommes toujours étonnés de constater que la


notion d'enfance n'existe que depuis la Renaissance
et que la reconnaissance de l'enfant à proprement
parler avec ses besoins et ses fragilités n'est apparue
qu'au xxe siècle. Ce n'est qu'en 1959 que les droits
de l'enfant seront votés et adoptés. Depuis, l'enfant
a pris une place nouvelle dans les familles et dans la

2511
société, et nous observons aujourd'hui dans nos
pays la notion d'«enfant roi » qui peut poser des pro-
blèmes spécifiques dans l'éducation.
Même si nous savons que le développement de
l'enfant démarre dès sa conception, il faut tenter
néanmoins de souligner les grandes étapes du déve-
loppement de l'enfant ou, comme le disait si bien
Françoise Dolto, «les étapes majeures de l'enfance ».

Première étape :
de la naissance
à la 3° année
Dès la naissance, le bébé va acquérir de nombreuses
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facultés qui seront,au début,essentiellement motrices


et sensorielles pour évoluer vers l'âge de 11-12 mois,
à des comportements que l'on appelle «intelli-
gents », c'est-à-dire faisant intervenir certaines fonc-
tions cognitives. Tout au long de la croissance de
l'enfant, les fonctions sensorielles et motrices vont
évoluer avec les fonctions cognitives (la perception,
l'attention, la mémoire, le jugement, la pensée) qui
seront de plus en plus performantes. Dans les pre-
miers temps, le bébé va s'exprimer par des gazouillis,
des cris, des pleurs qui ne sont pas représentatifs
d'une tristesse mais d'une revendication. L'enfant
au début n'a que ses sens et sa motricité pour gérer
ses émotions et ses tensions, ses réactions peuvent
parfois paraître incompréhensibles aux adultes qui,
eux, croient utiliser leur raisonnement pour canali-
ser leurs émotions. Pourtant, un premier langage

252
symbolique s'installe rapidement entre la mère et le
bébé en utilisant tout un panel de mimiques.Le lan-
gage articulé va apparaître à partir de 16-18 mois
ainsi que les premiers pas vers l'autonomie avec la
maturation du système nerveux (dans la 2° année),
ce qui va entraîner la marche, mais également le
début de la propreté.
F. Dolto était hostile à un «dressage » à la pro-
preté intervenant trop précocement. Elle écrivait
que «le dressage à la propreté est inutile sinon nui-
sible pour l'avenir de l'enfant. » En effet, tant que l’en-
fant n'est pas prêt à cette étape, que se soit phy-
siologiquement ou psychologiquement, Françoise
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Dolto conseillait la patience aux parents. D'ailleurs,


nous avons tous des exemples sur ce stade (Caroline,
mère de Thomas, 3 ans : «Il n’a jamais voulu aller sur
le pot, ni aux toilettes, la veille de la rentrée à la mater-
nelle, il a refusé la couche tout seul.ll y a eu quelques
petits accidents, mais en quinze jours c'était réglé. »
Cet exemple parmi tant d'autres nous rappelle
l'importance du pouvoir de décision de l'enfant
sur lui-même.D'ailleurs, peut-on dire qu'un enfant
est «sale » parce qu'il a encore des couches à 2 ans
et demi-3 ans ? L'expression n'est-elle pas abusive ?
À cette période, le stade oral (où la source de
plaisir est la bouche) va être supplanté par le stade
de la maîtrise musculaire et de l'expulsion des excré-
ments : le stade anal (où la source pulsionnelle est
l'anus). C'est une période importante car l'enfant vit
cette nouvelle autonomie comme une possession
o

253
de son monde environnant, comme la possibilité
d'accéder rapidement à ses envies, et se heurtant
dans le même mouvement aux désirs des parents et
aux premiers interdits. La période d'opposition
débute... Cette phase oscille entre la soumission et
l'opposition, moment éprouvant pour l'entourage
qui doit régulièrement faire preuve de patience, ainsi
que de stratégies et d'imagination face à l'enfant.Les
interactions sont fortes entre les parents et l'enfant,
et passent souvent d'une extrême à l'autre.Les règles
du système familial sont ainsi constamment éprou-
vées (ce qui n'est pas sans rappeler une autre
période. l'adolescence !)
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Marie, mère de quatre enfants, témoigne :« Mon


aînée à 14 ans et ma dernière a 4 ans, parfois j'ai l'im-
pression qu'elles ont une façon similaire de revendi-
quer les choses, de tenter de dépasser les limites
posées.» Lorsque l'enfant a passé toutes ses étapes
vient alors le moment de l'entrée à l'école maternelle,
une nouvelle grande étape.

COMMENT LE JEUNE ENFANT


PREND-IL CONSCIENCE DE LUI
ET DE SON CORPS ?
L'évolution de la prise de conscience de soi a été
particulièrement étudiée par le psychologue H. Wallon, qui voit
dans la genèse du moi l'effet d’une différenciation réciproque,
progressive, d’avec l’autre à partir d’une symbiose affective
initiale.

254
L’'amorce de cette différenciation apparaît sous la forme
de jalousie vers 9 mois - donc à peu près en même temps
que se manifeste la « peur de l'étranger ». Cette dernière
témoigne encore d’une certaine confusion entre soi et autrui
car l'enfant réagit à ce qui atteint l’autre comme s’il était
lui-même en jeu. Puis des jeux d’alternance et de réciprocité
entre deux partenaires vont se poursuivre pendant une assez
longue période. Chaque enfant est alternativement actif et passif.
Et c’est par la répétition que l’enfant va parvenir progressivement
à prendre conscience de lui. Et c’est vers 7 ans, que l'enfant va
pouvoir identifier sa personnalité et celle des autres.
H. Wallon s’est également particulièrement intéressé à la genèse
de l’intégration de l’unité de la personne, ou corps propre, et en
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a observé les étapes chez le jeune enfant. Dès la fin du 2° mois


apparaît un intérêt net pour la main, que le bébé regarde et suit
des yeux lorsqu'elle traverse fortuitement son champ visuel.
Au cours des mois suivants, l'enfant joue avec différentes
parties de son corps et observe les conséquences. L'exploration
systématique débute à la fin de la 1° année mais les parties
du corps ainsi découvertes, identifiées, sont, jusqu’à 2 ans,
traitées comme des objets extérieurs à lui, au même titre
que des jouets. La délimitation entre son corps et le monde
extérieur demeure longtemps vague et indécise. M

Deuxième étape:
de 3 à6 ans.
À partir de 3 ans, l'enfant entrera dans le stade phal-
lique (où la source de là pulsion se déplace vers les
organes génitaux) où sa curiosité sexuelle liée à la

255
découverte des sexes apparaîtra (c'est dans cette
période que le complexe d'Œdipe surgit et dure jus-
qu'à l'âge de 6 ans environ). Toute cette période va
être caractérisée par des interactions tournées vers
la séduction. L'enfant va tenter de séduire ses parents
en déployant des trésors d'imagination pour se faire
remarquer.S'il doit partager ses parents avec d'autres
frères et sœurs, les rivalités et jalousies apparaîtront.
Le but est de capter, de captiver le parent. L'entrée à
l'école maternelle fait partie de cette grande étape
pour l'enfant à partir de 3 ans.
Où en est-il de son développement cognitif ?
C'est une période où il peut, par exemple, évoquer
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des situations non perçues sur le moment. Il peut


avoir également une imitation différée qui marque
bien l'avènement d'un nouveau stade entre le stade
sensori-moteur du bébé et ce stade de la représen-
tation : chaque objet est représenté, il correspond à
une image mentale qui permet d'évoquer l'objet en
son absence (bien utile pour penser à papa et maman
en leur absence). L'enfant va énormément progres-
ser au contact des autres enfants, le langage va se
développer pour arriver à une maîtrise de 1 500 mots
à l'âge de 5 ans.On observe durant cette période un
enrichissement qualitatif et quantitatif, même s'il ne
comprend pas toujours justement la signification des
mots qu'il emploie. Il y a l'apparition du «je », et la
conscience de soi va se jouer dans l'échange cognitif
et affectif entre l'enfant et autrui. L'entourage de l'en-
fant joue un rôle très important dans ses acquisitions,

256
on peut même dire aujourd'hui qu'il existe des inter-
actions entre l'évolution des acquisitions en matière
de langage de l'enfant et les stimulations de son
entourage. Le langage continue à progresser, lui per-
mettant l'expression de ses besoins mais également
de se libérer de l'immédiateté des situations et de ses
propres besoins immédiats; ce qui lui permet de
mieux supporter la frustration.C'est à partir de 5/6 ans
que le raisonnement de l'enfant se modifie et peut
envisager différents points de vue,commencer à éta-
blir des relations aux choses, même si la pensée
repose principalement sur l'intuition directe.
Mais tout n'est pas joué avant 6 ans, car l'enfant
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est un être en devenir,et sa caractéristique première


justement est qu'il ne soit pas «achevé ».Le cerveau
a effectivement des capacités de réorganisation qui
rend par exemple possible une acquisition tardive
du langage jusqu'à l’âge de 9 ans, au moins dans la
mesure où le langage se développe parallèlement à
d'autres facultés cognitives. Évidemment, de nom-
breuses différences d'acquisitions existent entre les
enfants, mais ne présagent en rien des futures capa-
cités de l'enfant à se développer.
«Emma n'a pas parlé jusqu'à l'âge de 4 ans; par
contre,elle comprenait tout, avait un développement
cognitif et affectif tout à fait normal, nous expliquait
Sylvie sa maman, et un jour, à l'occasion de l'anni-
versaire d’une cousine, elle a commencé à parler
comme si de rien n'était et sans difficulté de pro-
nonciation.… »

251
LE COMPLEXE D’ŒDIPE
Le complexe d'Œdipe est l'aboutissement de la sexualité
infantile. Sa traversée est le moteur de l'acceptation par l’enfant
de son identité sexuée et de sa place dans une filiation
structurée par des interdits. Son abandon est le pivot de son
accès à sa particularité de sujet et d’être social.
L'Œdipe se situe entre 3 et 6 ans environ et se manifeste chez
l'enfant par une attitude de séduction à l'égard du parent
du sexe opposé, assortie de conduites masturbatoires. Dans
le même temps, l'enfant manifeste une attitude d’hostilité
jalouse à l'égard du parent du même sexe, son rival. Ces deux
attitudes coexistent avec leur contraire, du fait de l’ambivalence
constitutionnelle de la vie psychique. S. Freud associe toujours
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à l'Œdipe le complexe de castration, sur lequel repose la


dynamique œdipienne.
Freud 3, pour les deux sexes, référé l’Œdipe à la phase phallique
du développement libidinal et à la primauté du phallus. La
différence des sexes face à l'Œdipe tient à celle de leur position
face à la castration : menace imaginaire à redouter du père en
punition des désirs incestueux chez le garçon, castration
réalisée attribuée à une mère insuffisante chez la fille.
Les menaces de castration proférées par les parents (et plus
souvent par la mère) à l’occasion de la masturbation, et l’appel au
père dans sa fonction d'interdiction du désir prennent leur
efficacité chez le garçon. L'intérêt narcissique qu’il porte à son
pénis l'emporte sur son désir sexuel envers sa mère. L'enfant
abandonne ses investissements libidinaux œdipiens et les
remplace par une identification au père, qui sera la base du
surmoi, instance morale source d'interdiction interne. Dans
l'idéal, pour Freud, il n’y a pas refoulement mais liquidation totale

258
du complexe sous l'influence de l'angoisse de castration. Il ne
subsiste même pas dans l'inconscient. Pour la fille, la castration,
effective, ne peut jouer comme menace. Au lieu de signer sa
sortie de l'Œdipe, la perception de l'absence de pénis signe son
entrée dans le complexe, sur la base de l'envie du pénis. La
rancune à l'égard d’une mère qui l’a si mal dotée et l’humiliation
narcissique provoquée par l'insuffisance de son sexe provoquent
un relâchement du lien pré-ædipien à la mère. La fille prend le
père comme objet d'amour. La disparition du complexe d'Œdipe
chez elle est autre. Il n’y a pas éclatement du complexe, mais lent
abandon de celui-ci devant la déception renouvelée face au père.
Chez les deux sexes, le complexe d'Œdipe structure les modes
que prendra la sexualité adulte du sujet, y compris et surtout s’il
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a été mal surmonté. Il occupe dans ce cas la place de « noyau


central des névroses » (Freud). #

7 ans, l’âge de raison ?


Freud n'avait pas beaucoup étudié cette période qu'il
avait nommé «période de latence », période débu-
tant après le déclin du conflit œdipien et allant jus-
qu'à l'adolescence,
où l’on peut dire qu'il y a une revi-
viscence du même conflit, mais marqué cette fois-ci
par l'accession à la génitalité. Freud caractérisait la
période de latence comme une période de réorga-
nisation des conflits et des processus défensifs, par la
désexualisation des relations d'objets
À à Relation d'objet:
et donc la baisse des instances pul- Mo lation
sionnelles. En résumé, il voulait mon- affective de
trer que c'était une période relative- l'individu

259
ment calme au niveau pulsionnel, mais par contre
que l'enfant investissait d'autres domaines tels que
le domaine intellectuel.Cela ne veut pour autant pas
dire que l'enfant ne vit rien au niveau affectif. Bien au
contraire, il est dans une longue période où il va
rechercher une sorte d'harmonie affective avec son
entourage et particulièrement avec ses parents. Un
peu comme «l'accordage affectif du nouveau-né
avec sa mère », l'enfant va tendre à des interactions
de cet ordre-là.
Il y aura un grand bond dans son développement
cognitif durant cette période. Ayant acquis son auto-
nomie,et la capacité à être seul et à être avecles autres,
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il multiplie ses expériences sociales, il fait des choix.


L'enseignement change également et devient
plus sérieux, dans le sens où les jeux laissent petit à
petit leur place à un enseignement plus classique
(français, mathématiques, histoire-géographie).
L'entrée de l'enfant au CP va correspondre au
début d'une période (de 6 à 12 ans) où il va quitter la
phase narcissique pour entrer dans le monde de la
connaissance.ll va en conséquence pouvoir se décen-
trer de lui-même et envisager plusieurs points de vue,
notamment celui des autres. À 9 ans, il aura la capa-
cité d'analyser des situations et d'y réagir suivant ses
propres réflexions même, si elles restent influencées
par les parents. Les investissements plus importants
demandés en milieu scolaire vont correspondre donc
à une période tournée principalement vers la
connaissance et l'investissement intellectuel.

260
JEUX D'ENFANT
L'activité ludique 3 une importance vitale dans le
développement de l'enfant. C’est une activité générale qui
peut avoir lieu n'importe où et n'importe quand. Les jeux vont
demander à l’enfant de déployer toutes ses capacités au fur
et à mesure de sa maturation. Comme le dessin, ils serviront
aux enfants à se représenter ce qu'ils vivent et à mettre
en scène leur difficulté.
Très nombreux, les jeux peuvent être répartis en quelques
catégories qui sont tour à tour prédominantes au cours
du développement. Les jeux d'exercice apparaissent
les premiers : seuls à exister chez le bébé, ils persistent
à des degrés divers à tous les âges. Ils procurent un plaisir
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fonctionnel, celui de se savoir la cause d’un événement


(particulièrement net chez le bébé), d'affirmer et de parfaire
un savoir nouvellement acquis. Dans le jeu symbolique,
ou jeu de faire semblant, ou jeu de fiction (H. Wallon), le réel
et l'imaginaire se mêlent sans cesse : des jouets (poupées,
autos) sont utilisés comme support, mais aussi des cailloux,
ficelles, boîtes, etc. Le jeu symbolique atteint son apogée
entre 2 et 6 ans. Au primat des jeux symboliques se substitue,
à partir de 6 ans, celui des jeux de construction, fondés sur
la découverte et la prise en compte des strictes relations avec
le réel, et celui des jeux de règles, dans lesquels
la transmission sociale et la coopération avec d’autres sont
essentielles. Les jeux de construction et de résolution
de problèmes de plus en plus complexes sont plutôt des jeux
individuels, alors que les jeux de règles sont collectifs, depuis
le « donne et prends » qu'’affectionnent les bébés de 1 à 2 ans
jusqu'aux jeux de société (sept familles, bataille navale,

261
échecs et jeux de cartes variés) et aux jeux d'action
et d'adresse (marelle, football). Les jeux d'invention
sont source d'apprentissage et d'évolution. 5

L'enfant va évoluer sur tous les plans, mais pas


forcément à la même vitesse.ll faut lui laisser le temps
de s'épanouir tout en l’accompagnant à la dernière
étape de modifications et d'ajustements qui est l'en-
trée dans la puberté et l'adolescence, période de
remaniements psychiques et physiques avant l'âge
adulte. C'est une évolution qui se fera dans plusieurs
domaines, psychomoteur, intellectuel, affectif et
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social. Pour conclure, nous porrions dire que pour


comprendre, le développement de l'enfant, il faut
adopter une position souple s'écartant d'une concep-
tion trop rigide et dépassée qui envisagerait l'enfant
comme un être programmé génétiquement. L'enfant
et son développement restent très liés aux interac-
tions avec son environnement proche.Comme disait
D.W.Winnicott:«Un bébé sans sa mère cela n'existe
pas.» +

»> Éducation et rôle des parents p. 233 ;


> Nouveau-né (interactions avec le) p.415;
> Sexualité (la) p.528.

262
Enfant (l’arrivée du premier)
Ses parents l’attendaient, l’imaginaient,
le rêvaient, et le voilà, leur premier-né. Joie.
inquiétude aussi. Quelle est donc cette
responsabilité, si neuve et si totale,
qu'ils vont devoir assumer ? Qu'est-ce qu'un
bébé ? Ils ne le savent pas vraiment. Qui est là
désormais
Grandes
nrectinne ? Encore un petit inconnu. Comment
devient-on parents ? Ils ne le découvriront que
pas à pas. Commence une magnifique et
difficile histoire à trois, où l’on s’apprend et où
l'on défriche ensemble le chemin.
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Vaut-il mieux être l'aîné ou le cadet d'une famille ?


Voilà qui se discute. L'aîné dispose d'une attention
décuplée, d'un souci de répondre au moindre de ses
désirs, d'une vigilance de tous les instants. Le cadet
n'est pas porteur d'autant d'attentes et d'images pré-
conçues que son aîné.Et, surtout, il ne subit pas autant
le poids du «trop vouloir bien faire » et de l'anxiété.
Le premier écueil qui se dresse sur le chemin d'un
aîné souhaité et normalement accueilli n'est pas, en
effet, l'inexpérience de ses parents - elle sera rapide-
ment surmontée, d'ailleurs avec sa coopération - mais
le «trop» : trop d'imaginaire, trop d'investissement,
trop d'attente, trop d'inquiétude,
qui risque de le per-
turber.Bref,un «trop » qu'il va falloir progressivement
modérer de manière à ce que la situation soit confor-

263
table pour tous les trois. Autant il est normal et indis-
pensable que les soins des parents assurent la vie et
le développement du nouveau-né dans de bonnes
conditions autant les angoisses et l'anxiété excessives
qui peuvent s'installer risquent d'envahir leur relation.
Au pire, ce peut être incompatible avec un dévelop-
pement harmonieux de l'enfant et du lien avec
l'homme et la femme dontil est né.Et, tout d'abordi,il
importe que ces derniers s'adaptent à l'inconnu qui
leur est né et ouvrent une immense brèche dans une
vie jusqu'alors prévisible. Puis ils franchiront les pre-
mières étapes de ce début d'histoire commune.
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TROIS ÉTAPES EN SIX JOURS


La psychanalyste E. Darchis a observé un processus en trois
étapes chez la mère :
1. Premier jour : elle adopte son bébé et se reconnaît mère.
2. Du deuxième au quatrième jour : elle s'adapte au bébé
en passant par une étape de tâtonnement et de baby blues.
Elle fait le deuil de la mère parfaite et du bébé idéal.
3. Le cinquième et le sixième jour : elle se dégage
du tâtonnement et dispense des soins de manière relativement
adéquate à ce bébé unique. M

L'accouchement,
première rencontre
L'accouchement est à la fois un événement attendu
et appréhendé avec inquiétude. Les parents vivent
une transition d'une très grande intensité émotion-

264
nelle, troublante, voire désorganisatrice, en particu-
lier pour la mère. De pleine elle se retrouve vide.D'un
bébé imaginaire elle se retrouve avec un bébé bien
réel dont il lui faudra décoder tous les signes. Cer-
taines parlent même de télépathie. De deux, avec le
père, ils se retrouvent à trois. Le moment est unique,
plus délicat qu'il n'y paraît, et il contraint à un mou-
vement psychique d'adaptation extraordinaire.
Ce temps signe pour la mère et l'enfant la pre-
mière séparation. Les femmes regardent longuement
ce bébé.Elles l’attendaient,en rêvaient, mais le contem-
pler provoque une sorte de sidération. Quelques
heures, voire quelques jours sont nécessaires pour
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sortir de cet état où le temps


semble s'immobiliser. On peut La télépathie existe-t-elle
y voir une réaction de choc, entre une mère et son
d'admiration, de fascination, enfant ? Christine, sourde
de naissance, mariée
mais aussi, parfois, de rejet. En
à un homme qui souffre
même temps, devant l'appa- d’un handicap similaire est
rente fragilité du nouveau-né, mère de deux petites filles
sa vulnérabilité et son indé- parfaitement normales.
Question : «Que se passe-t-
niable dépendance se déclen-
il si elles pleurent la nuit,
che, pour le couple, un fort sen-
puisque tu n’entends pas ? »
timent de responsabilité. Réponse de Christine,
parfaitement sereine :
Que perçoit-il ? «Je n’entends pas, mais
je sais. » l'entourage
Que peut-il ?
de Christine confirme que
Nous voit-il ? Nous entend-il ? jamais ses filles n’ont
Nous reconnaît-il ? Longtemps pleuré la nuit sans qu’elle
on n'a pas su grand-chose du bondisse à leur chevet.

265
développement sensoriel du nouveau-né. Aujou-
d'hui, grâce à la recherche, on est beaucoup plus
informé sur ses capacités, et on sait aussi qu'elles
vont «dialoguer » avec celles de ses parents pour
construire leur relation.
Le regard si particulier du nouveau-né est immé-
diatement interprété par les parents :il a l'air sérieux,
il observe, il réfléchit, il nous regarde, il à le même
regard que... Quant à celui que les parents posent sur
lui dès les premières minutes, il a un impact consi-
dérable, comme l'exprime merveilleusement une
mère, C.Haussaire-Niquet :« Tu venais de naître sous
mes yeux.Je venais de te mettre au monde par mon
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regard posé sur toi.» La capacité du nouveau-né à


voir et à entendre a un effet aussi important dans le
processus d'attachement que le fait de le mettre au
sein pour qu'il tète. Les échanges visuels, en particu-
lier dans les face-à-face, renforcent l'intérêt et l'atta-
chement des parents envers leur bébé et sont, pour
eux, très gratifiants.

COMMENT BÉBÉ
RECONNAÎT-IL LES VISAGES ?
La reconnaissance des visages et de l'information qu’ils portent
concernant les émotions, la parole, l’âge, le sexe, etc., est chez
les êtres humains une compétence très complexe dont aucune
machine ne peut égaler les performances. Un nouveau-né âgé
d'environ 9 minutes oriente son regard plus longtemps vers un
dessin représentant schématiquement un faciès humain que

266
vers un dessin quelconque constitué des mêmes traits : ce fait
suggère qu'il existe probablement un mécanisme élémentaire
inné permettant au nouveau-né d'augmenter légèrement
la probabilité que son regard se centre sur un visage plutôt
que sur un autre objet. Mais ce n’est que vers l’âge de 3 mois
qu’un enfant reconnaît un visage individuel sous différents
points de vue.
Comme chez l'adulte, cette compétence semble mieux assurée
par l'hémisphère cérébral droit que par le gauche. Le fait que
cette compétence apparaisse très précocement n'empêche pas
l'expertise dans ce domaine de s'améliorer avec l’âge jusqu’à la
fin de l’adolescence. #
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L'ouïe est déjà parfaitement développée. On a


même pu démontrer, dès la naissance, une préfé-
rence majeure pour les sons humains et, en particu-
lier, pour les voix féminines.Les bébés synchronisent
leurs mouvements au rythme de la voix de leur mère.
De son côté, la mère est capable de distinguer les
pleurs de son bébé parmi d'autres dès le 3° jour de
l'existence de celui-ci.
L'odorat, très développé, permet au nouveaur-
né, dès l’âge de 7 jours, de reconnaître la mère, et il
ne s'y trompe pas.
Le goût est différencié :le nourrisson réagit très
spécifiquement au lait maternel comparé à la prise
d'un autre lait.
Enfin, il est sensible au toucher, qui le calme,
l'éveille ou l’énerve selon la zone du corps et le type
de caresse qui lui sera prodiguée.

267
Les parents découvrent toutes ces aptitudes au
fil de véritables échanges. Mais ces découvertes
seront d'autant plus compliquées que l'enfant a des
périodes où il y est plus ou moins disponible. Leur
première difficulté va donc être à la fois de repérer les
moments où l'enfant est disponible aux interactions,
et de saisir la signification des signes qui leur sont
adressés. Des parents normalement attentifs y par-
viennent vite.
On a observé que les nouveau-nés traversent
des état différents,
qui vont du sommeil à la colère en
passant par la somnolence, etc.Les périodes d'inter-
action les plus favorables sont celles du réveil alerte.
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Celui qui le précède, la somnolence, et celui qui le


suit, le réveil alerte mais furieux, sont également pro-
pices à des échanges, mais risqués pour un parent
inexpérimenté.En effet, autant les réponses positives
de la part de l'enfant renforcent la confiance que les
parents acquièrent progressivement, autant une
réponse négative, en particulier les pleurs déclen-
chés par une tentative d'interaction,
sera déroutante.

LES SIX ÉTATS DE CONSCIENCE DU BÉBÉ


L'observation des nouveau-nés 3 permis de distinguer chez eux
six états de conscience.
Les connaître peut aider les nouveaux parents à savoir quels sont
les bons moments pour communiquer avec leur bébé. Ce sont :
le sommeil profond durant lequel le bébé n’est pas disponible
aux stimuli extérieurs ;

268
le sommeil rapide ou paradoxal, où le bébé est plus vulnérable
aux stimuli extérieurs ;
l’état intermédiaire, somnolent. Une stimulation éveillera
le bébé et le rendra plus réactif ;
l’état de réveil alerte durant lequel on peut engager des
interactions prévisibles ;
l’état d’alerte mais furieux : état de transition soit à l’état
suivant, soit au précédent, puisque le bébé est encore
disponible aux stimulations et peut être calmé ;
les pleurs, qui ont pour fonction d'attirer l'attention de l'adulte.
La mère apprendra à reconnaître s'ils sont liés à la faim, à la
douleur, à l’inconfort, à l’ennui ou au besoin de câlins. 8
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Au-delà des capacités sensorielles des uns et des


autres, et des uns envers les autres, les parents inter-
prètent ce qu'ils perçoivent. Ils donnent un sens et
attribuent des intentions au bébé en observant son
comportement.Les mères auraient même tendance
à surestimer cet élément intentionnel. Du coup, une
mauvaise interprétation du comportement de l'en-
fant peut être préjudiciable autant à son dévelop-
pement global qu'à la qualité de l'attachement
parents-enfant.Or, celui-ci constitue la base de sécu-
rité à partir de laquelle l'enfant pourra plus tard,avec
plus ou moins de confiance, prendre de la distance
pour explorer son environnement.

S'adapter et s'adopter
Dès l'arrivée du nouveauné, les parents vont devoir
s'adapter à lui et l'adopter. Le bébé demande une

269
|
Enfant (l'arrivée du premie

attention extrême. L'empathie, c'est-à-dire l'aptitude


à s'identifier au bébé, développée progressivement
ions
par les parents est particulière chez la mère. Le
pédiatre et psychanalyste D. W. Winnicott a créé le
concept de «préoccupation maternelle primaire »
«pr pour décrire cette disposition. Il a proposé une ana-
logie avec une maladie qualifiée de «normale », une
Le sorte de «folie amoureuse » envers son petit.La mère,
au travers des mouvements et préinteractions avec
son enfant, durant sa grossesse, s'est préparée depuis
le dernier trimestre à être attentive et à interpréter
ces mouvements. Dès la naissance, elle atteint un
stade d'hypersensibilité dont elle sortira au fur et à
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mesure que l'enfant grandira et l'en délivrera.Cet état


naturel lui permet de répondre aux besoins de son
bébé, sur les plans corporel, affectif et psychique. Elle
peut connaître aussi, durant la traversée de ce que
l'on a baptisé le «baby-blues », cette brève période
de vacuité un peu mélancolique survenant après l'ac-
couchement - ce que l'on nomme la « préoccupation
maternelle anxieuse ».Il s'agit,
en fait, d'un travail psy-
chique d'adaptation au bébé tel qu'il est, non tel qu'il
était rêvé, et qui permet en quelque sorte le deuil
des représentations idéales de l'enfant et du parent.
Cette étape est particulièrement difficile pour la mère.
Elle varie en intensité selon le soutien qu'elle reçoit
de son environnement proche,en particulier du père,
sa sécurité interne, son histoire, mais aussi les carac-
téristiques et donc les réponses du bébé. Ce stade
impose une réelle vigilance,et même une prévention.

270
Si la dépression persiste, et si ces difficultés ne sont
pas surmontées, un état anxieux et dépressif peut
s'installer et s'aggraver, la mère peut se vivre comme
mauvaise mère, et vivre le bébé comme mauvais
bébé. Maltraitance et rejet peuvent s'installer. D'où
la nécessité d'une aide psychothérapeutique.

LE BÉBÉ EST INTELLIGENT


Grâce à de nouvelles méthodes, des capacités très précoces des
bébés ont été mises en évidence au cours de ces vingt dernières
années. Les capacités de discrimination, de catégorisation,
d'imitation, de perception de la causalité, de mise en relation
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d'informations d’origine sensorielle différente ont conduit


à attribuer au bébé des capacités intellectuelles (représentation,
permanence de l’objet...) beaucoup plus précoces qu'on
ne le supposait antérieurement. De fait, ces capacités ne sont
pas toutes présentes à la naissance, celles qui le sont
progressent rapidement dans les premiers mois ou disparaissent
avant de se réorganiser sur une base plus stable. L'intelligence,
source des premières connaissances, serait d’abord perceptive.
L'importance des relations du bébé avec son environnement
familial dans les premiers mois et le rôle stimulant
de celui-ci amènent à penser que cette intelligence, plus encore
que celle de l’enfant d'âge scolaire, est aussi sociale. #

Apprendre à se connaître
Chaque bébé a ses propres caractéristiques. Dès
la naissance, certains vont affirmer leur présence
bruyamment et souvent. D'autres, au contraire sem-

211
Enfant (l'arrivée du premie
187 12 ee 4 ; :

blent paisibles et ne se manifestent que lors des


= repas, à l’occasion d'une gêne ou d’un besoin qui
4 paraîtra facile à combler. De leur côté, à la naissance,
| les parents nourrissent un idéal bien personnel,
= par exemple,un bébé qui pourrait apparaître comme
difficile à certains va en combler d'autres qu'au
contraire la tranquillité d’un petit paisible inquié-
terait. Tout se joue, en fait, au niveau des représen-
tations des parents. Si le bébé ne se manifeste pas
assez bruyamment, la mère peut s'inquiéter de ne
pas l'entendre, craindre qu'il soit trop faible pour
appeler.
Au contraire, un enfant qui a de la voix, qui
pleure dès qu'il est dérangé, peut rassurer par ses
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capacités à réagir et à appeler.


C'est donc la rencontre entre l'histoire singulière
de chacun des parents et le comportement effectif
du bébé qui va apaiser les parents ou, au contraire,
amplifier leurs inquiétudes et leurs angoisses. Les
réponses du bébé les confirmeront dans leur senti-
ment d'être compétents ou insuffisants.

À CHACUN SON TEMPÉRAMENT


Chaque bébé qui naît est unique, mais quelques grands traits
ont permis d'établir trois catégories en fonction du
tempérament qu’ils manifestent. Selon des recherches menées
en 1984 par Chess et Thomas, on distingue les enfants faciles,
difficiles et lents à se mettre en train et à se réchauffer. Dès
la naissance, on peut repérer le style du bébé. Ces descriptions
indiquent comment l’enfant réagit, mais n’expliquent pas

272
pourquoi. Elles peuvent cependant aider les parents
à comprendre, sans inquiétude injustifiée, les comportements
de leur nouveau-né. #

Les parents se doivent d'apporter réconfort et


soutien à leur enfant. Si celui-ci est difficilement
consolable, si après de nombreux soins de base, il
continue à montrer un malaise que les parents n'arri-
vent plus à qualifier - physique ou psychique? besoin
de lait ou d'un câlin ? et si rien ne le calme ? -, cela
remet sérieusement en question leur croyance en leur
capacité à remplir leur rôle. Les enfants au tempéra-
ment dit «difficile » (4 % des bébés) amènent régu-
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lièrement les parents à douter de leurs compétences.


Mais tout ne dépend pas des seuls parents, l'enfant est
actif dans le type de lien qu'ils construisent ensemble.
Faire ses premiers pas dans l'état de parent pour-
rait, au fond, apparaître comme une expérience à
haut risque. Ce serait le cas si le bébé, de quelque
façon, ne guidait les pas de ses parents encore inex-
périmentés. Habituellement, on pense que l'enfant
apprend tout de ses parents, or les parents appren-
nent beaucoup de leur aîné. L'enfant fabrique cet
homme et cette femme comme parents pour la pre-
mière fois.Il est à la source de l'élaboration psychique
du droit à être imparfait, à la fois pour les parents et
pour les enfants.
De bons parents sont peut-être tout simplement
de bons observateurs. S'adapter reste le maître mot
du processus de parentalité. Winnicott nous a appris

273
qu'il suffit d'être «suffisamment bons » pour soute-
nir son enfant dans sa croissance. Permettons à ce
grand créateur qu'est un premier-né d'être suffi-
samment lui-même. &

> Attachement (l’) p.158;


> Grossesse (la) p.345;
> Nouveau-né (interactions avec le) p.415;
Parent (devenir) p.430.
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274

Enfant (désir et non-désir d’)
Avec la contraception, le slogan des années
1960 « un enfant si je veux quand je veux » est
devenu une norme. Le « si je veux » est avéré.
Le « quand je veux » connaît parfois des revers
lorsque l'enfant souhaité ne vient pas.
Alors il arrive qu'on le désire à tout prix.
Grandes
questions:
Et cela ne va pas sans risque.

« Pas d'enfant si je n'en veux pas ou si je n'en veux pas


maintenant » ; ou encore :« Pas d'enfant si je n'en veux
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pas avec ce procréateur-là », bref : «Pas d'enfant par


hasard »: la mise au point et la légalisation de la contra-
ception ont été une grande victoire sur le hasard et la
fatalité, étant donné les drames qu'ils engendraient.Un
piège pourtant s'y tendait : les futurs parents en sont
venus à penser, de manière presque banale, que pour
avoir un enfant il suffisait d'être au clair, de manière
rationnelle, avec son désir d'enfant et qu'il n'y avait
donc qu'à programmer sa conception ; ou bien, à l'in-
verse,que si l'on ne voulait pas d'enfant,on n'avait qu'à
en faire son deuil ;ou encore qu'il était possible de sur-
seoir toujours plus à sa venue, quitte à garder le rêve
d'en avoir plus tard, au bon moment, avec le «bon »
partenaire. Mais lorsque,au moment où on l'a décidé,
la nature refuse d'obéir à la volonté humaine, c'est l'in-
compréhension, presque l'indignation. Il est devenu
habituel dans les cas où une aide médicale s'avère

275
nécessaire, de
ou encore dans les histoires d'adoption,
parler désormais de «demande parentale » ou de « pro-
jet parental ». L'expression est significative de l'aspect
volontariste du désir d'enfant à l'heure actuelle. Mais
qui ouvre sur un risque, celui de penser qu'il y aurait —
pour chacun - une sorte de droit à l'enfant. Dans le
contexte où désirer un enfant devient un acte délibéré,
tout obstacle à ce désir risque, en effet, d'être vécu
comme une atteinte au droit de procréer. Un «désir-
projet d'enfant » qui se trouve contrarié par une raison
quelconque flambe vite et a vite fait de se transformer
en désir d'enfant à tout prix. Le désir est exacerbé par
l'échec de la maîtrise dans un domaine qui paraît
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simple, auquel répond une offre médicale immédiate.


Ensemble, les deux - demande et offre en synergie -
aboutissent à des comportements d'acharnement pro-
créatif qui culminent notamment dans la fécondation
in vitro et ses différentes applications.Les diverses tech-
niques de procréation assistée constituent la clé de
voûte de ce changement,et nous sommes entrés sans
nous en rendre compte dans cette nouvelle ère.

Le désir
dans sa complexité
La réalité du désir et du refus d'enfant est (malheu-
reusement où, on va le voir, plutôt heureusement...)
moins simple qu'il y paraît. Pourquoi ? Pour plusieurs
raisons. La première : les corps et les esprits humains
ne fonctionnent pas comme des machines:le fait d’ar-
rêter une contraception quelle qu'elle soit - pilule, sté-

276
rilet ou encore absence de relations sexuelles - et de
se mettre en situation de concevoir ne veut pas dire
que « ça » va forcément marcher ou que «ça » va mar-
cher tout de suite.
Deuxième raison : un désir d'enfant passe par
deux personnes, le futur père et la future mère. Un
enfant, comme le disait joliment et justement le
poète R.Char,« chante toujours dans les branches de
son arbre généalogique ». Ce qui veut dire que le
désir passe aussi par deux histoires familiales, qu'il
vienne ou qu'il ne vienne pas, soit parce que le couple
a opté pour la contraception,
soit parce que cela pose
un problème d'infertilité.
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UN SINGULIER BESOIN
DE SE RASSURER
La maîtrise de la procréation s’est si bien banalisée qu'elle
occulte un phénomène significatif. Les couples nés après
les années 1960-1970 font précéder toute expérience de fertilité
d’une période de stérilité volontaire. Par conséquent,
ni la femme ni l’homme ne savent s’ils sont féconds. Cela amène
chez les femmes un certain nombre d’actes manqués aboutissant
à des grossesses accidentelles interrompues par IVG. La même
crainte peut pousser des hommes, rares il est vrai, à être
donneurs de sperme, ce don leur permettant de le vérifier, grâce
à leur spermogramme et au fait qu'ils sont retenus par le Centre
de conservation des œufs et des spermes humains (Cecos).
Dans les deux cas, il s’agit de se rassurer sur sa fertilité. 8
n

211
Dernière raison, enfin : il n'est pas prouvé scien-
tifiquement qu'un enfant doive obligatoirement être
de désiré pour bien «partir dans la
< vie». À l'inverse, personne ne La méthode Ogino a été
_ peut dire à l'avance lorsqu'une l’un des premiers
ji moyens de
grossesse s'annonce, alors qu'elle
> contraception. Mise au
Le n'est pas vraiment désirée, si l'en- point par un médecin
a
CC fant tombe mal,il vaudrait mieux japonais, elle se fondait
ne pas le garder.
On sait que cer- sur un calcul des
tains enfants non désirés peu- périodes fécondes du
vent, par la suite, être aimés cycle feu pendant
ce, lesquelles il fallait
autant, voire plus, que les autres. s'abstenir de rapports
Les «enfants Ogino», né de la sexuels.
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méthode Ogino (enfants «acci- Malheureusement,


dents » des débuts de l'ère contra- le calcul était aléatoire,
et on appela « enfants
ceptive) ne sont pas tous devenus
Ogino » tous ceux qui lu
— heureusement - des adultes
devaient leur naissance.
particulièrement malheureux!
Les psychanalystes savent, en tout cas, de ma-
nière certaine que c'est dans l'après-coup seulement
qu'on a une connaissance de son propre désir. Cela
veut dire qu'on n'est jamais sûr à l'avance, dans ce
domaine complexe, de savoir exactement ce qu'on
veut. Les démographes ont aussi montré, à partir de
longues enquêtes, qu'on ne peut pas gérer son désir
d'enfant comme un portefeuille d'assurances !Telle
mère, par exemple, qui, dans un premier temps,
déclarait ne pas vouloir d'enfant, en avait un «sup-
plémentaire» trois ans plus tard. Et cela ne voulait
pas dire qu'elle était incohérente, mais c'était le résul-

278
tat de circonstances propres à l’histoire de chacun
(comme un deuil survenu dansla famille,un exemple
parmi d’autres) qui l'avaient - elle ou son compa-
gnon - fait évoluer.

Le désir rencontre
le devoir
Le terme même de « désir d'enfant », lié,on l'a vu,à l'in-
vention de la contraception est récent. Dans les géné-
rations précédentes, le fait d'avoir un enfant était natu-
rel,on n'avait pas besoin de le déclarer publiquement,
c'était évident. Et, en général, nos ancêtres se plai-
gnaient d'en avoir trop... sans avoir le temps de les
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désirer. Et ceux qui n’en avaient pas, c'était presque


toujours qu'ils n'avaient pas pu en avoir. Mais, de toutes
façons,et là encore la psychanalyse à beaucoup à nous
apprendre, avoir un enfant était non pas tant un désir
qu'en général un devoir. Devoir de donner des petits-
enfants à ses parents, de les faire grands-parents.
Devoir aussi de perpétuer la lignée familiale (ce qui
renvoie à tout ce qui tourne autour de la transmission
du nom du père, désormais aussi de celui de la mère!).
Devoir,enfin, vis-à-vis de l'espèce, c'est-à-dire du genre
humain : mettre des enfants au monde, c'est, en
somme,
un peu s'acquitter de la dette qu'on a contrac-
tée en naissant (on a reçu la vie, il faut la donner à son
tour). Or, et c'est essentiel pour bien comprendre le
désir d'enfant, toutes ces raisons (désir mais aussi
devoir) sont très vraies, aujourd'hui comme hier, en
dépit du cliché qu'ôn lit et qu'on répète un peu par-

279
tout, selon lequel on «fabrique » un enfant de manière
délibérée, après avoir bien réfléchi, pesé le pour et le
contre, etc. L'expérience de la psychanalyse, là encore,
est précieuse : elle montre qu'un enfant vient, en
grande partie, d'un désir inconscient de ses parents.De
même qu'on ne fait pas un enfant uniquement pour
- se faire plaisir (comme on achèterait une voiture ou un
: appartement),on ne possède jamais un enfant.ll nous
dépasse, va plus loin que nous. C'est une autre per-
sonne que soi (ou que la duplication de soi) qu'on
lance dans la vie.
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LE SENTIMENT D’UNE DETTE


Les procréations assistées accentuent un fait de société très
général en posant la question centrale de la succession des
générations. On «se doit » d’avoir un enfant pour s'acquitter d’une
dette transgénérationnelle. On «doit» un petit-enfant à ses parents.
Cela reste la souffrance majeure des couples qui n'arrivent pas
à procréer et, plus que d’une blessure narcissique personnelle,
il s’agit d’une souffrance de ne pouvoir s'acquitter d’une dette. 8:

Le désir d'enfant est compliqué et contradictoire


chez les humains. Il ne faut pas hésiter à le «désemn-
brouiller » en demandant une ou deux consultations
à un professionnel.
Ainsi, l'on sait que ce qui est désiré,
ce n'est pas simplement un enfant, mais un enfant
imaginaire, parfois difficilement comblé par l'enfant
réel. D'où il peut résulter une difficile adaptation.
qu'il vaut mieux prévenir que guérir ! Cet engage-

280
ment exceptionnel dans une vie peut ainsi utilement
être éclairé par quelques entretiens pour situer les
enjeux du désir d'enfant pour les deux parents.
Il vaut mieux essayer de ne pas se mettre dans
une situation d'urgence quand on désire concevoir:
l'épée de Damoclès », avec la pression de l'horloge
biologique qui tourne (surtout pour les femmes),
ajoute un stress supplémentaire à l'inquiétude nor-
male éprouvée quand «ça» ne marche pas rapide-
ment. Ce qui veut dire qu'il faut envisager ce projet
de vie longtemps à l'avance, en parler à différents
moments avec le futur père et ne pas attendre les
«conditions idéales » pour s'y mettre. Il n'y a pas de
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moment parfait, et il est naïf de croire qu'un enfant a


intérêt à être conçu et à naître uniquement parce
qu'il est très désiré.
Enfin, on a le droit de ne pas vouloir d'enfant.
Nombreux sont les individus équilibrés et mûrs ayant
construit leur vie sans enfant. La seule question est
de se donner le droit de choisir librement et sans
pression. Et de se souvenir qu'un enfant vivra d'au-
tant mieux qu'il est arrivé «bien désiré» par ses
parents; c'est-à-dire, comme disait C.Brétécher dans
une célèbre bande dessinée, qu'il a été conçu un tout
petit peu par hasard... +

> Adopter un enfant p.106;


> Parent (devenir) p.430;
> Stérilité et ses palliatifs (la) p.573.

281
Enfant différent (avoir un)
La découverte de la «différence » d'un enfant :
maladie, retard, handicap, étrangeté, est le
début d’un parcours difficile et bouleversant.
L'enfant, maillon de la chaîne des générations,
porteur de notre espoir de nous survivre dans
le meilleur de nous-même se nourrit de nos
rêves. Qu'une alarme soit tirée, que le rêve
tourne au cauchemar, et la famille en un instant
se découvre blessée, désemparée, parfois
isolée. L'enfant est d'abord différent de ses
parents : comment s'y reconnaître ? Au-delà de
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sa filiation, de son acceptation, il appelle un


diagnostic, une compréhension et des aides.

Autrefois rejeté jusqu'au sacrifice, l'enfant différent,


«bouche inutile» ou «instrument du mal», le plus
souvent marginalisé, parfois sanctifié, a vu sa condi-
tion grandement évoluer. Jamais la société n'a autant
fait pour lui, aussi imparfait que soit cet effort. Com-
préhension nouvelle des liens
s NEA RES Les avancées médicales
précoces, institutionnalisation
diagnostic prénatal, loi:
de sa prise en charge, technicité de bioéthique et
éducative et pédagogique, tout techniques génétiques
va de l'avant. Et, dans le même ont ouvertàla réflexio
, , blique la question
temps, c'est son existence elle- Be
de l'enfant différent
même qui se trouve question- dans des termes
née par les avancées médicales. entièrement nouveaux.
5

282
Là où la question de l'avenir dominait par l'an-
ticipation d'une perpétuelle dépendance, la mise
en place de dispositifs sociaux de soins, d'assis-
tance et de solidarité, en particulier financiers et
institutionnels, a profondément modifié la repré-
sentation de sa place dans la famille et de son deve-
nir avec les projets éducatifs dont il peut faire l'ob-
jet.À ce titre, il constitue un moindre souci pour ses
parents et la charge d'inquiétude, de responsabi-
lité, de culpabilité parfois pour sa fratrie, s'en trouve
allégée.
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AUTISME : LA FIN DES CONFLITS


Après des années de guerre idéologique, des positions plus
pragmatiques et respectueuses de l’enfant autiste (ou
présentant des troubles du développement de la personnalité)
et de sa famille se développent. Son corps est mieux pris en
compte, mieux soigné. La reconnaissance de sa vie psychique,
si originale et déroutante, est aussi mieux acceptée ; sa capacité
à penser, magnifiquement mise en lumière par les traitements
psychanalytiques, doit être partout reconnue. L'intervention
d’interlocuteurs qualifiés permet des soins qui doivent être
le plus précoces possible. 5

La terrible ambivalence qui, des pratiques d'in-


fanticide et du questionnement eugénique au sacri-
fice idéalisé de l'entourage familial, pesait si lourd se
transforme : confrontéà celle-ci dans des termes
moins abrupts, l'enfant trouve des possibilités nou-

283
velles de représentation de lui-même.ll y gagne une
liberté de penser, de se penser, qui n'en finit pas de
surprendre et de justifier ceux qui l'aident.

Sécuriser
sans surprotéger
I y a dans le fait d'être parents d'un enfant différent
quelque chose de particulier, nul ne le conteste, ne
füt-ce que par le regard que le monde porte sur eux.
Responsabilité précieuse et culpabilité non fondée
mais réelle vont le plus souvent de pair.L'entourage
le laisse rarement oublier, les parents le vivent inti-
mement et douloureusement. Il leur faut rester
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sereins, aider l'enfant à se percevoir comme le plus


normal possible à travers ses richesses et ses possi-
bilités, tout en l'aidant à prendre la juste mesure de
ses limitations. Ne pas trop faire peser sur lui le
poids de l'inquiétude et des a priori, le protéger sans
l'enfermer dans la sollicitude abusive et la surpro-
tection.

LE HANDICAP, QUELLES MESURES


MÉDICALES ET ÉDUCATIVES ?
Le handicap doit être détecté le plus tôt possible chez l'enfant
car les mesures médicales et éducatives propres à atténuer
ses effets sont d'autant plus efficaces qu’elles sont appliquées
précocement. Ce dépistage est relativement aisé pour
les troubles moteurs, mais il est plus délicat pour la cécité
ou la surdité et pour les handicaps mentaux.

234
Sur le plan médical et technique, deux questions sont
importantes : l’évolution possible du trouble (état stabilisé,
aggravation ou amélioration prévisibles) et la possibilité ou non
d’un appareillage (pour les handicaps sensoriels et moteurs) :
prothèse des membres, prothèse auditive, prothèse visuelle, etc.
Les mesures éducatives consistent d’abord, pour les très jeunes
enfants, en une guidance parentale très suivie par laquelle la
famille est soutenue psychologiquement et reçoit des conseils
quant aux attitudes éducatives à adopter (éviter la surprotection
de l’enfant, encourager sa prise d'autonomie et son activité, etc.).
Ensuite, une scolarisation appropriée de l’enfant sera
recherchée et variera selon le handicap. Il existe des écoles
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spécialisées pour les aveugles et déficients visuels, les sourds et


malentendants, les infirmes moteurs, les retardés mentaux, etc.
Cependant, cette scolarisation pose de nombreux problèmes.
D'abord, il est rare de trouver une telle école à proximité de son
domicile (moins pour les retards mentaux). Souvent, l'enfant
handicapé doit être séparé de sa famille pour être placé en
institution, ce qui a des inconvénients certains. Par ailleurs,
le regroupement des handicapés dans un même établissement
accentue chez eux le sentiment de leur différence et rend plus
difficile leur intégration ultérieure au monde dit « normal ».
C'est pourquoi on essaie souvent aujourd’hui de scolariser ces
enfants dans des classes ordinaires en leur donnant par ailleurs
un soutien pédagogique par des maîtres spécialisés qui les
initient aux techniques propres à leur handicap, ce qui n'est
pas sans poser de problème d’ailleurs (voir, plus loin, l’encadré
sur l’intégration scolaire, positive ou problématique).
Enfin, il y a le problème des handicapés multiples (sourds
et aveugles, aveugles et infirmes moteurs, etc.), dont le nombre

285
afant GIFéreEnt (9VOIr UN)

connu augmente en raison des progrès de la médecine (qui


les dépiste plus tôt) et dont la prise en charge scolaire et sociale
est souvent difficile. 8

Savoir parler d'amour


à
L'une des questions les plus complexes est certaine-
ment celle du droit de l'enfant à l'amour : si celui de
ses parents lui est acquis,
s'ils'en nourrit comme tout
un chacun, il n'en reste pas moins que le fait d'être
aimé de ses parents est une composante essentielle
de cet amour. Discrètement, dès l’âge le plus tendre,
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l'enfant a affaire avec l'existence de la sexualité de


ceux dont il est issu, et à leur attente, formulée ou
non, quant à la nécessité pour lui d'être aimé par
d'autres, d'accéder à une vie amoureuse,
de procréer.
Il le vit souvent secrètement, mais bien réellement :
c'est là, pour les psychologues, un des éléments
majeurs de la constitution de sa personnalité. La
question va être brutalement soulevée lors de la
puberté et de l'émergence de la sexualité. L'antici-
pation apparaît alors essentielle :quelle réflexion a pu
être menée ? Quelles informations lui ont été don-
nées ? Que savent ses parents de leurs propres choix,
ceux qu'ils pourraient imposer, ceux qu'ils voudraient
suggérer, ceux qu'ils peuvent accepter ? Se poser la
question est souvent déjà y répondre, encore faut-il
accepter de le faire. Tâche difficile : le rôle des méde-
cins et des psy est essentiel. L'avancée scientifique
apporte ici une base de réflexion et d’information

286
importante : nous ne sommes plus au temps où une
conception sommaire de l'hérédité faisait apparaître
une différence,un handicap,comme nécessairement
incurable et fatalement retransmis. La possibilité
d'une prise de responsabilité en face de choix éclai-
rés a transformé radicalement cette question. À par-
tir de celle-ci, bien d'autres difficultés sont mises au
jour : comment gérer sa socialité, comment lui mon-
trer et lui faire partager la beauté de ce qu'il vit,de ce
qu'il éprouve, la validité de son monde intérieur ?

L'INTÉGRATION SCOLAIRE,
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POSITIVE OU PROBLÉMATIQUE
La loi de 1975 en faveur des personnes handicapées puis la loi
du 11 février 2005 instituent l'obligation éducative pour les
enfants et adolescents handicapés, avec, pour objectif prioritaire,
leur intégration en milieu scolaire ordinaire. Si le principe et
l'intention sont excellents, leur application et leur systématisation
restent parfois problématiques : certains enfants présentent des
difficultés justifiant temporairement soit une abstention scolaire,
soit une forme de technique ou de cadre pédagogique beaucoup
plus spécifique que dans l’institution scolaire même spécialisée.
La gratification pour les familles de savoir l'enfant en « milieu
ordinaire » ne doit en aucun cas faire oublier à celles-ci que
l'enfant peut y souffrir parfois au-delà du bénéfice par ailleurs
attendu. L'intégration scolaire doit être constituée autour
d’un projet individuel, élaboré en commun par la famille,
les enseignants et les autres intervenants concernés. ll

287
Cet «être à part » peut tenir dans la vie familiale,
modèle d'une future vie sociale, une place considé-
rable. Les réactions des frères et sœurs, ici tenus à
l'écart, ailleurs excessivement responsabilisés, parfois
abusivement valorisés, sont essentielles. Comme
celles des grands-parents, pas toujours bien infor-
més. La différence ne peut rester le douloureux
secret partagé, même avec les mots qui vont avec,
des parents et de l'enfant. Celui-ci appartient à un
groupe humain. &

> Autisme (l’) p.168.


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288
Enfant en difficulté
d'apprentissage (|)
Dans une société compétitive où
l'exigence de réussite et d'intégration
sociale fait régner un climat d'anxiété, la
scolarité, passage obligé pour l'acquisition
de compétences intellectuelles, culturelles
Grandes
questions.
et sociales, occupe une place primordiale.
Très vite considérée comme vecteur
principal de succès dans la future vie
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d’adulte, l'école cristallise donc beaucoup


d'inquiétudes.

Pas moins de 70 % des motifs invoqués en consulta-


tion de psychologie de l'enfant et de l'adolescent ont
trait à la scolarité. L'école est le lieu où l'enfant vit huit
heures par jour pendant une moyenne de quinze
ans, donc un lieu d’enjeux, et l'on comprend alors
que c'est par le biais privilégié des apprentissages
que s’exprimeront certaines difficultés, qu'elles
soient directement liées au processus même d'ap-
prentissage ou intriquées avec des facteurs émo-
tionnels et motivationnels.
Mais comment faire la part entre une difficulté
d'apprentissage et un simple retard d'acquisition ?
Comment savoir où se situe le problème et, par
conséquent, comment y remédier ?

289
nr pepe d’ DDren : (TO
Aian QGHITICU 4 G

Analyser
sans s’affoler

Face à un enfant en difficulté, il faut d'abord prendre
le temps d'analyser la situation.
Qu'il s'agisse d'un simple fléchissement ou d'in-
capacités avérées, plus ou moins étendues, cela laisse
souvent perplexes parents et enseignants : si le
constat d'une difficulté est relativement aisé à éta-
[anges
blir, les causes potentielles sont multiples et peuvent
appartenir à des registres variés.Les signaux d'alarme
souvent lancés par l'école (mauvaise lecture, ortho-
graphe chaotique, blocages dans certaines matières,
paresse, passivité ou encore agitation, difficulté à se
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concentrer, distraction, lenteur...) constituent autant


d'indices d'une difficulté face aux apprentissages.
Mais ils désemparent et inquiètent plus qu'ils n'ai-
dent à réagir et à aider concrètement l'enfant, en
trouvant, sans tâtonner longtemps, la solution qui
résoudra le problème.

DES NOMS
SUR DES MAUX
Dyslexie : trouble durable de l'apprentissage du langage écrit,
au niveau de la lecture, autant que de l'écriture.
Elle n’est consécutive ni d’un retard mental ni d’un trouble
sensoriel (voir l’encadré sur la dyslexie, plus loin).
Dysorthographie : souvent associé à la dyslexie, ce trouble
de l'acquisition de l'orthographe peut aussi se rencontrer
de façon isolée.

290
Dysgraphie : trouble affectant l'écriture au niveau du graphisme
au détriment d’une bonne lisibilité.
Dyscalculie : difficulté dans l'acquisition des structures
logico-mathématiques, affectant l'assimilation des concepts
fondamentaux du calcul, l'acquisition correcte de la numération,
l’effectuation des opérations ou la résolution des problèmes
et leur mise en forme. 8

Cours particuliers ? Réajustements éducatifs ?


Consultation spécialisée ? Il s'agit avant tout,
de ne pas
céder à l'affolement, d'analyser sans précipitation tous
les paramètres de la situation. L'école est un vecteur
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privilégié de réussite pour l'enfant, et il peut éprouver


le sentiment de décevoir son entourage si des inter-
ventions mal ciblées lui renvoient ses difficultés sans
l'aider à les résoudre. Le risque est qu'il s'enferme peu
à peu dans cet échec en développant de réels blocages
ou en se distanciant d'une scolarité devenue ingrate.
Pour autant, il ne s'agit pas de nier ni de banaliser
ses difficultés. Trop de jeunes «traînent» avec eux des
difficultés de moins en moins réversibles dès lors qu'elles
ont engendré des lacunes. Le piège consiste à tenir ces
lacunes pour le problème lui-même, alors qu'elles ne
sont que le produit d'un défaut dans les apprentissages.

Difficultés spécifiques
et facteurs affectifs
On peut isoler schématiquement deux grandes caté-
gories de blocages-:les «difficultés spécifiques d'ap-
prentissage » et les facteurs affectifs et émotionnels

291
Enfant en difficulté d'apprentissage |
{ loflr CR te RP }

s'exprimant par ces difficultés. Les difficultés qualifiées


de «spécifiques » se localisent sur un type précis d'ap-
1OfIS.. prentissage : lecture, écriture, calcul. En théorie déli-
mitées, elles n'empiètent pas sur les autres domaines,
mais peuvent retentir sur l'ensemble de la scolarité.
Q
"
Ce
-
+
Les plus répandues sont la dyslexie, la dysor-
thographie, la dysgraphie et la dyscalculie.

randes
LA DYSLEXIE,
CAUSES, SYMPTÔMES, PRISE EN CHARGE
La dyslexie touche environ 8 % à 10 % des enfants, les garçons
étant trois fois plus souvent atteints que les filles. Les causes
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actuellement reconnues de la dyslexie sont soit génétiques


(fréquence significativement élevée, de troubles du langage oral
et écrit dans certaines familles), soit acquises (maladies
atteignant le développement cérébral durant la grossesse).
Après une période allant de plusieurs mois à un an
d'apprentissage de la lecture, l'enfant dyslexique 3 une lecture
encore trop lente, difficile, laborieuse, non automatisée : fautes
phonétiques, lettres ou syllabes inversées, omises, remplacées,
confondues, mots changés, etc. Les mêmes difficultés existent
dans l'orthographe. Le texte lu est souvent mal compris.
L'enfant aime aller à l’école ; le plus souvent, il est bon en calcul,
mais il évite l'écriture et les lectures prolongées dans toutes
les matières, même les énoncés de mathématiques.
Une évaluation médicopsychologique montre que
les compétences intellectuelles et la motivation de l'enfant sont
normales. Dans 30 % à 50 % des cas, celui-ci a présenté
des troubles du langage avant 4 ans.

292
Souvent, la dyslexie est encore non dépistée et mal reconnue.
Parents, enseignants et médecins doivent donc être vigilants.
Des tests de langage, de lecture et d'orthographe, effectués
par un orthophoniste, permettent de confirmer le diagnostic.
Les séances de rééducation orthophonique, prescrites
par le médecin traitant, suivies une ou -— plus souvent -
deux fois par semaine pendant plusieurs mois, permettent
de compenser le trouble plutôt que de le guérir. Les capacités
de l'enfant dyslexique (intelligence, don pour
les mathématiques, le sport, etc.) doivent être reconnues
durant sa scolarité. Lorsqu'elle est diagnostiquée et traitée
suffisamment tôt, une dyslexie légère ou moyenne permet
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une scolarité normale, bien que souvent difficile. À l'inverse,


une dyslexie sévère ou tardivement reconnue peut être
à l’origine de difficultés scolaires importantes et de grands
problèmes d'intégration sociale.

Certaines autres dif-


instabilité psychomotrice
ficultés spécifiques peu- et hyperactivité sont
vent atteindre les facultés plus répandues chez
de concentration et d'at- les garçons (60 % à 80 %
tention : il s'agit principa - des cas) : «Il nous épuise »,
«Il pourrait bien faire s’il
lement de l'instabilité psy-
était plus attentif».
chomotrice et de l'hyper- L'enfant est aux prises avec
activité. Mais souvent les une difficulté à rester
causes sont d'un tout physiquement en place
et à se concentrer.
autre registre : on est face
Il a du mal à s'organiser,
à uneincidence de difficul-
est très sensible aux
tés affectives et émotion- distractions et montre une
nelles. grande impulsivité.

293
For PR Le ;
Nan 0 OHHTICI 1918 û sr

L'interférence
de l’affectif
Une notion clé doit demeurer à l'esprit : raisonne-
a ment intellectuel et contexte affectif sont étroite-
= ment liés. Le réservoir d'énergie dont chacun dis-
un) pose pour alimenter sa vie intellectuelle, relation-
_ nelle, affective est unique.Lorsque tout va au mieux,
= cette énergie se distribue de façon harmonieuse
entre vie intellectuelle et vie affective. Mais lors-
qu'une difficulté surgit dans un domaine, les res-
sources peuvent s'y trouver absorbées de manière
prioritaire, au détriment d'autres pôles d'activité
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psychique.
Dresser un «répertoire » de ces difficultés serait
vain car elles varient d'un jeune à l’autre,en fonction
de sa sensibilité,
de sa personnalité et de son histoire.
Toutefois, de grandes constellations peuvent classi-
quement se démarquer.
D'abord vient l'anxiété. Peur de se tromper, de
mal faire : la peur de l'échec poussera l'enfant à évi-
ter les situations face auxquelles il ne se sent pas à la
hauteur. Cela peut prendre des allures trompeuses
de provocation et d'opposition.
L'incapacité à se concentrer et à raisonner peut
aussi trouver sa source dans une dynamique dépres-
sive qui entrave la mobilisation intellectuelle au sens
large, et scolaire en particulier. Chez certains adoles-
cents surtout, un brusque désintérêt pour l'école,un
manque d'appétit pour les connaissances, une ten-
dance marquée à la passivité doivent alerter.

294
Les préoccupations affectives de l'adolescence
sont d’ailleurs un facteur fréquent de fléchissement
scolaire.À cet âge, l'énergie psychique est mobilisée
par la recherche d'une nouvelle identité, par de nour-
veaux rapports à établir avec la famille, par une quête
d'indépendance et d'autonomie obscurcie par une
peur diffuse de grandir et tout le cortège des modi-
fications physiques et affectives pas toujours faciles
à accepter. Cette «crise d'adolescence » désormais
admise comme passage quasi obligé peut masquer
des difficultés plus profondes et plus durables.
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OÙ TROUVER DES RÉPONSES ?


Une difficulté durable, qui perturbe la scolarité de l'enfant,
ou entrave son bien-être, doit faire l’objet d’une exploration
qui permettra d’en déceler l’origine et donc de cibler les aides
à mettre en place.
Mais comment savoir à qui s'adresser, étant donné
que la difficulté constatée et son origine peuvent se situer
à des niveaux parfois éloignés ?
Une bonne solution, semble-t-il, consiste à se diriger vers
une consultation pluridisciplinaire. Des consultations en hôpital,
mais aussi dans les centres médico-psychopédagogiques
(CMPP), ainsi que dans certains cabinets, mettent
à la disposition des familles des équipes de professionnels
complémentaires afin d'effectuer dans un même lieu
une évaluation des difficultés et leur prise en charge.
L'avantage est d'éviter la multiplication des démarches qui, outre
les soucis matériels que cela occasionne, peut cristalliser

295
l'enfant dans ses difficultés. En général, un référent - souvent
médecin — fait le point sur la situation, écoute les questions
qui se posent, et oriente au sein de son équipe vers
le(s) professionnel(s) compétent(s) : psychologue,
psychothérapeute, orthophoniste, etc.
L'orthophoniste pourra mesurer d'éventuelles difficultés
spécifiques d'apprentissage (dyslexie, etc.) et proposer ensuite
des séances de rééducation ; le psychologue pourra procéder
à une évaluation des aptitudes intellectuelles et de la dynamique
affective. Si le problème réside au niveau affectif,
le psychothérapeute aidera à passer à une dynamique
émotionnelle plus à même de permettre une mobilisation
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intellectuelle et scolaire. Bi

Enfin, certains facteurs plus identifiables, comme


les difficultés et les événements familiaux (divorce des
parents, naissance d'un enfant, décès d'un proche,
propres difficultés psychologiques et affectives d'un
parent), ainsi que les perturbations dans la stabilité de
l'environnement peuvent jouer un rôle déterminant.
Difficultés face à un apprentissage spécifique ou
blocages liés à l'affectif, il est essentiel de ne pas lais-
ser s'enkyster des situations qui pourraient amener
le jeune à s'installer dans un vécu d'échec et d'inca-
pacité. Si l'origine du problème est bien identifiée, et
l'aide mise en place adéquate, l'immense majorité
des difficultés de concentration et d'apprentissage
est au moins partiellement réversible.&

»> Éducation et rôle des parents p.233.

296
Estime de soi (|)
Chacun de nous sait combien il est
important d’avoir confiance en soi.
Mais ce n’est pas si facile. Nous faisons bien
souvent le grand écart entre les doutes
persistants que nous avons sur nous-même
et l'obligation d'afficher, face aux autres,
une façade lisse et plus ou moins triomphante.

___ En fait, rien


Grandes
questions... ne va de soi, et nous devons
apprendre à construire où à reconstruire
une image à la fois positive et authentique,
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qui nous permette de progresser.

L'attitude plus ou moins favorable envers soi-même, la


manière dont on se considère, le respect que l'on se
porte, l'appréciation de sa propre valeur dans tel ou tel
domaine :voilà ce que désigne l'estime de soi.Croire en
sa réussite personnelle, se mobiliser en fonction d'un
but à atteindre, ressentir plus ou moins profondément
un échec, améliorer ses performances en mettant à
profit les expériences en dépendent directement. Le
besoin de préserver ou de rehausser le sentiment de sa
propre valeur se construit tout au long de l'enfance et
de l'adolescence. Il paraît être fondamental chez
l'homme auquel il assure un équilibre psychique.
Notre compréhension de l'estime de soi et de
ses mécanismes doit beaucoup aux travaux d'un des
fondateurs de la psychologie scientifique moderne,
É>

297
W. James. Selon lui, l'estime de soi d'une personne
dépend, d'une part, de ses échecs et de ses réussites
et, d'autre part, de ses aspirations. Un individu aura
une haute estime de lui-même dans la mesure où ses
succès seront égaux ou même supérieurs à ses aspi-
rations dans le domaine qui le concerne : par
exemple, de faibles compétences sportives n'affec-
teront pas l'estime de soi d'une personne ayant des
aspirations essentiellement intellectuelles. Si, à l'in-
verse, les aspirations dépassent les réussites effec-
tives, l'estime de soi sera faible.
Un autre psychologue,C.H.Cooley, propose une
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théorie différente et cependant complémentaire.


L'estime de soi,selon lui,est une construction sociale.
L'évaluation que l'on fait de
soi-même est déterminée Le lien parental est essentit
par les autres. Ils constitue- dans la construction
de l'estime de soi. Le
raient des «miroirs sociaux »
psychanalyste D. W. Winnic
dans lesquels l'individu se insiste sur l'importance de
regarderait pour se faire une interactions mère-enfant.
idée de l'opinion qu'ils ont Une mère « suffisamment
de lui. Ainsi, un compliment bonne » pourrait favoriser
un développement
aurait tendance à renforcer
de soi positif. En répondan
notre estime de nous-même, rapidement et de façon
alors qu'une critique l'abais- appropriée aux demandes
serait. Ce modèle insiste sur de l’enfant,
l'importance d'un regard elle encouragerait chez lui
des sentiments de toute-
positif des parents à l'égard
puissance qui semblent
de leur enfant :le lien paren- favoriser une haute estime
tal va intégrer au cours de de soi.

298
son développement leur opinion positive et déve-
loppera une estime de soi stable, moins dépendante
des critiques et des approbations des autres.

De l'enfance
à l’âge adulte
L'estime de soi se construit sur deux grands besoins:
le sentiment d'être aimé et celui d'être compétent.À
la lumière de nombreuses études en psychologie
développementale, il est possible d'affirmer qu'un
enfant de parents disponibles,aimants et qui encou-
ragent ses efforts de maîtrise, va construire un bon
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modèle interne de soi,c'est-à-dire une bonne estime


de soi. Un lien fort a été démontré entre le soutien
parental tel qu'il est perçu par un jeune et l'estime
qu'il a pour lui-même:le désintérêt perçu des parents
est significativement associé à la faible estime de soi
de l'enfant. Par ailleurs, des études montrent égale-
ment qu'un soutien parental inconditionnel - «quoi
que tu fasses, nous t'aimons » -,s'il permet une estime
de soi solide, ne prépare pas l'enfant à savoir susci-
ter l'amour des autres. L'éducation doit alors le pré-
parer à la vie en société afin qu'il se sente à l'aise dans
les groupes y trouve sa place sans agressivité, en
sachant susciter l'affection des autres.
Une étude a montré qu'il existe cinq domaines
essentiels pour la constitution de l'estime de soi des
enfants et des adolescents :l'aspect physique, les
compétences sportives, la popularité auprès des
pairs, la réussite scolaire et un comportement cor-
>

299
respondant aux normes de son La haute estime de soi
groupe. L'importance que l'en- est valorisée par notre
société : il faut avoir une
fant accorde à la réussite dans
ambition élevée, être
tel ou tel domaine aura une obstiné malgré les
influence sur sa propre estime. obstacles, savoir prendre
Tout comme le jugement des des risques, avoir un
personnes importantes à ses pouvoir de persuasion.
Les sujets ayant une
eux : ses parents, ses ensei- d
Y ü haute estime d’eux-
gnants, ses pairs et ses amis mêmes répondent à ces
proches. L'influence respective critères. Cependant il ne
de ces différentes sources de suffit pas d’avoir une
renforcement de l'estime de soi haute estime de soi pour
se sentir bien avec soi-
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varie avec l'âge. Chez les très


même. Il faudrait
jeunes enfants,
le jugement des également qu’elle soit
parents est celui qui exerce le stable et ne fluctue pas
plus d'influence mais, à partir en fonction des
de l’âge de 3 ans, il en perd au xements
profit du jugement des pairs.
Bien que les bases d'estime de soi soient
construites pendant l'enfance, l'évolution se pour-
suit pendant l'adolescence et à l'âge adulte. Ainsi, la
vie sentimentale, ponctuée de réussites et d'échecs
est directement liée à l'estime de soi;S.Freud disait:
« Dans la vie amoureuse, ne pas être aimé rabaisse le
sentiment d'estime de soi, être aimé l'élève. » Réussir
sa vie de couple ou avoir un enfant peut l'améliorer;
d'ailleurs, selon plusieurs études, la majorité des
parents s'attendent que l'enfant réussisse là où ils ont
eux-mêmes échoué, afin qu'il répare leur propre
estime de soi.

300
QUAND L'ESTIME DE SOI
EST TROP HAUTE
Ilexiste aussi des pathologies liées à une trop haute estime
de soi. Il s’agit des états dits «maniaques » et des personnalités
narcissiques. Les états maniaques sont rencontrés dans
les dépressions dites bipolaires, où les personnes souffrant
de ce trouble passent d’un pôle à l’autre, d’un état dépressif
de tristesse, de basse estime de soi et de fatigue à un état
maniaque caractérisé par une très haute estime de soi, voire
par des idées de grandeur accompagnées d’une grande énergie
et d’une hyperactivité ayant souvent des conséquences
dommageables (achats inconsidérés, aventures sexuelles
inconséquentes, etc.). De leur côté, des personnes narcissiques
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ont souvent un sens grandiose de leur propre importance :


elles surestiment leurs réalisations et leurs capacités, ont
des fantasmes de pouvoir et de splendeur ainsi que
des comportements arrogants et hautains. Bi

L'estime de soi dépend également de l'image


que l'on a de son corps. La pression sociale sur l'ap-
parence physique est devenue très grande. La
beauté, la minceur et la jeunesse sont de plus en plus
ouvertement valorisées au détriment d'autres qua-
lités personnelles.
Sur les panneaux d'affichage, dans
les magazines, les publicités télévisées, nous
sommes assaillis plusieurs fois par jour par des
images de personnes « parfaites ».Le décalage entre
ces images idéales et nous, c'est-à-dire entre ce que
nous pensons devoir être et ce que nous pensons
être, s'avère trop important et affaiblit notre estime

301
de nous-même. Cela est surtout vrai pour les
femmes, sur lesquelles la pression des médias est
très forte.
Cependant,
de plus en plus,les hommes,tout en
refusant de le reconnaître, commencent également
à subir ces diktats de l'apparence physique.

DES DIFFÉRENCES
SELON LE SEXE
Toutes les études montrent que les filles ont une plus basse
estime de soi que les garçons. L'environnement social y joue
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certainement un rôle important : notre société a tendance


à valoriser des traits et des comportements typiquement
masculins et à encourager plus les garçons que les filles
à s'affirmer et à agir. Ces dernières sont trop souvent
valorisées à travers leur apparence physique, ce qui les pousse
à lui accorder une importance excessive : 60 % des
adolescentes se trouvent trop grosses, et seules 20 % d’entre
elles se disent satisfaites de leur corps.

Des conseils
pour progresser
Il n'existe pas, bien évidemment, de recette miracle
pour modifier rapidement son estime de soi.Cepen-
dant, quelques conseils de C. André et F. Lelord, psy-
chiatres et psychothérapeutes, peuvent trouver ici
une application. Ils proposent de fournir des efforts
dans trois domaines : le rapport à soi-même, le rap-
port à l'action et le rapport aux autres.

302
Dans le premier cas,ilfau- La basse estime de soi
drait d'abord se connaître, affecte des sujets qui ont
prendre conscience de ses souvent le sentiment de mal
se connaître, parlent d’eux-
capacités, de ses limites et
mêmes d’une façon très
accepter celles-ci. Selon les neutre et peinent à prendre
auteurs, il existe deux réac- des décisions. Motivés par
tions typiques de déni à la peur de l'échec, très

l'égard des événements qui exigeants à l’égard d’eux-


mêmes, perfectionnistes,
menacent notre estime de
ils font souvent
soi : l'autodéfense -« mais pas des collaborateurs précieux
du tout» - et la soumission et recherchés. En cas
aux événements - «c'est de réussite, ils développent
fréquemment le « syndrome
comme Ça ».Par l'autodéfense,
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de l’imposteur » : avec
la personne a tendance à nier l'impression de ne pas avoir
systématiquement ses émo- mérité leur succès, d’avoir
tions, car cela révélerait son dupé les autres, ils vivent
engagement dans des objec- dans la crainte d’être
démasqués.
tifs, mettrait au jour certains
«défauts » ou certaines exigences qu'elle pourrait avoir
à l'égard des autres. S'avouer une phobie, reconnaître
que l'on est déçu d'avoir raté un entretien d'embauche,
que l'on est en colère, voilà qui pourrait fragiliser notre
estime de soi. On préfère alors nier tout cela et se le
cacher. Se soumettre aux événements est une autre
façon de se ménager en cas d'un échec :je ne m'im-
plique pas car «de toute façon c'est impossible » ou
« de toute façon cela n'a pas d'importance ».
L'action est une autre manière d'augmenter son
estime de soi,et menerà bien de petits projets peut
y contribuer. Parvenir à mettre à jour sa comptabi-

303
lité, à faire du ménage, appeler des administrations,
tout cela peut donner une satisfaction et ainsi exer-
cer une influence bénéfique sur notre autojugement.
Devenir expert dans un domaine pointu améliorera
également à la fois le sentiment de compétence per-
sonnelle et la reconnaissance des autres,rehaussant
du même coup l'estime de soi. Mais, pour pouvoir
agir et tirer des bénéfices de notre action,il faut pou-
voir aussi faire taire le «critique intérieur », cette voix
en nous qui trouve des défauts dans toute action et
dans tout projet d'action :en fait,il s'agit souvent d'un
discours parental intériorisé. Pour pouvoir agir,ilfaut
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surtout accepter l'idée d'échouer. Se rappeler que


cela peut arriver à tout le monde, que des enseigne-
ments se tirent des insuccès,et ne pas voir les choses
en noir ou en blanc :ce qui n'est pas une réussite écla-
tante ne constitue pas forcément un échec.

QUAND L'ESTIME DE SOI


EST BASSE
La basse estime de soi est à la fois un facteur de risque
de dépression et, pour un déprimé, un critère de gravité
et de mauvais pronostic. Plus l'estime de soi est basse, plus les
dangers de développer une dépression existent. Parallèlement,
des personnes ayant une basse estime de soi après un premier
épisode dépressif auront une plus grande tendance à rechuter.
Par ailleurs, plusieurs études montrent un lien entre l'alcoolisme
et une basse estime de soi qui en est souvent la conséquence.
Cette maladie est vécue dans la honte. Et c’est en buvant

304
que le malade va tenter d'y échapper, se trouvant alors
dans un cercle vicieux.
Enfin, les personnes souffrant de timidité excessive ou
de phobie sociale, celles qui présentent des conduites
de boulimie ou ont une personnalité très fragile ressentent
une basse estime de soi. Ces dernières sont hypersensibles
à toute critique ou désapprobation, vécue à chaque fois comme
un rejet, et se précipitent alors dans des comportements
impulsifs souvent dirigés contre elles-mêmes (tentatives
de suicide, automutilations). M

Le dernier domaine dans lequel on peut tenter


d'améliorer l'estime de soi s'applique dans les rap-
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ports aux autres : savoir d'abord s'affirmer, c'est-à-


dire exprimer ce que l'on pense et ce que l'on res-
sent, chercher à se mettre à la place des autres et,
enfin, s'appuyer sur le soutien social des amis ;
comme le rappellent C. André et F. Lelord, le senti-
ment d'être aimé, d’être aidé, la nourrit directe-
ment.
Enfin,changer,améliorer son estime de soi passe
parfois par une psychothérapie.ll ne faut pas hésiter
à consulter un spécialiste, psychiatre ou psycho-
logue, lorsqu'on a l'impression de ne pas pouvoir s'en
sortir tout seul : l'équilibre psychique en dépend. &

Attachement (l’) p.158;


> Psychanalytique (le courant) p.450;
> Systémique (le courant) p.535;
» Thérapies cognitives et comportementales (les) p.611.
ee

305
Fidélité et infidélité
Le mariage ne signifie plus la même chose
aujourd’hui qu'il y a un siècle ou deux. Hier
véritable engagement entre deux familles,
il réunit désormais deux êtres qui se sont
librement choisis et, souvent, ont cohabité
avant de se marier. Les notions de fidélité et
d’'infidélité dans le couple s'accompagnent
nécessairement aujourd'hui de quelques
réflexions concernant l’évolution de la
famille et de la société.
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Le sentiment amoureux est à la base du choix du


conjoint, et l'exigence aujourd'hui est très différente
des années passées : le bien-être, la qualité de la vie
affective et sexuelle comptent bien plus que la trans-
mission du patrimoine,comme c'était le cas auparavant.
Le projet de fonder une famille reste la préoc-
cupation première de la plupart des gens, mais à
condition de garder la qualité relationnelle des
conjoints, exigée comme préalable. La possibilité,
aujourd'hui, de divorcer sans tomber dans une stig-
matisation sociale comporte nombre de ruptures :
l'accession des femmes au monde du travail leur a
permis d'assumer des séparations en ayant la possi-
bilité de subvenir aux besoins de leurs enfants, même
si la pension alimentaire tarde. L'évolution de la juri-
diction tend à clarifier les rôles et les devoirs de cha-

306
cun des parents lorsque le divorce est prononcé.Mais
le point le plus important de l'évolution de la rela-
tion conjugale est certainement l'allongement de la
durée de la vie et, par conséquent, l'allongement de
la durée de la vie du couple :alors que l'on se mariait
« pour le meilleur et pour le pire » avec une vingtaine
d'années devant soi, aujourd'hui ce peut être pour
cinquante à soixante ans... Comment gérer les exi-
gences du couple aussi longtemps ?

Fidélité sexuelle d’abord


Auparavant, l'infidélité conjugale était liée en partie à
l'interdiction de divorcer : l'indissolubilité des liens, à
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laquelle s'ajoutaient le manque d'amour et des rap-


ports sexuels forcés, favorisait les romances exté-
rieures. La littérature du xIx° siècle regorge d'exemples
de ce genre (Flaubert, Stendhal, Maupassant...). Sans
parler des amours royales extraconjugales...

QUELQUES DATES IMPORTANTES


De la Révolution à nos jours, des législations successives ont
régi les vies privées. À retenir :
1792 : le 20 septembre, introduction du divorce en France.
1804 : avec le Code Napoléon, l’adultère est une des trois
causes de divorce reconnues si c’est la femme la coupable. Si
l’homme est infidèle, il n’y a pas vraiment de délit.
1816 : abolition du divorce.
1884 : le 27 juillet, rétablissement du divorce.
1967 : loi Neuwirth sur la contraception.

307
1972 : reconnaissance des enfants adultérins.
1975 : loi Weil relative à la législation de l'avortement.
1975 : le 11 juillet, complément de la loi du 27 juillet 1884,
établissant le divorce par consentement mutuel. Bs

La fidélité dans le couple (et aujourd'hui nous par-


lons de couple et non de mariage car le contrat moral
est aussi important que le contrat social) est entendue
comme sexuelle : la fidélité des corps est considérée
comme règle de base dans la plupart des castantilest
bien difficile d'exiger la fidélité des esprits. Nous savons
pourtant que des relations de désir, des liens affectifs
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intenses peuvent se nouer sans contact sexuel. Com-


ment établir une limite ? Tout dépend de la définition
des deux partenaires, et celle-ci n'est pas toujours
claire et équivalente :les valeurs de chacun renvoient
à leur histoire personnelle, à leur éducation et à leurs
références socioculturelles.
Certains vont tolérer un « coup de canif » dans
le contrat, alors que d'autres, suspicieux de nature,
auront une conduite soupçonneuse envers leur com-
pagnon et montreront une jalousie pathologique
envers le (la) voisin(e) venu(e) rapporter un livre.

Le temps joue son rôle


L'infidélité n'a pas la même résonance selon l’ancien-
neté de la construction de la relation : plus cette rela-
tion est durable, plus elle est sécurisante. La relation
extraconjugale est vécue différemment selon qu'elle
a lieu quelques mois de vie commune ou après vingt-

308
cinq ans de mariage. Les réactions sont variables et
contrastées : remise en question totale après de
longues années de vie de couple ou, au contraire,
«accident de passage » plus ou moins toléré.
De même, l'infidélité retentit différemment
selon l'étape du cycle de vie : être trompé(e) lors-
qu'on attend un enfant n'a pas la même signification
que lorsqu'on est installé dans sa vie quotidienne et
que son conjoint fait un déplacement à l'étranger.
Chacun pose ses limites en fonction de sa propre his-
toire : ces limites concernent la durée de l'infidélité,
sa répétition, sa discrétion ou, au contraire, son exhi-
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bition, qui souvent ajoute l'humiliation au chagrin.


Le caractère secret ajoute, en général, au plaisir de
cette relation (bien des romans, des films, des chan-
sons le soulignent) ou, sinon il accroît la culpabilité,
surtout du fait des mensonges utilisés.

Des périodes à risque


Des périodes « à risque » sont propices aux relations
extraconjugales, àdes moments où le couple est fra-
gilisé dans son histoire. Ainsi, la grossesse, l'arrivée
d'un enfant réaménagent les relations conjugales,
centrant autour de son bébé une mère, du même
coup moins disponible.
La crise du milieu de vie constitue un autre de
ces passages difficiles :l'approche de la cinquantaine,
les premiers cheveux blancs, les premières rides font
s'interroger les uns et les autres sur leur pouvoir de
séduction.

309
L'adolescence de ses enfants n'est pas neutre :elle
réactive les souvenirs de ses premières amours et cette
période interpelle au plus profond de soi-même.
Enfin, le départ des enfants oblige le couple à
redéfinir son fonctionnement :vivre de nouveau à
deux n'est pas toujours simple. Ces étapes de la vie
remettent en question la relation de couple et une
infidélité révélée ou découverte à ces moments per-
turbants le mettra davantage en péril. L'infidélité
peut être alors le prélude à la séparation, alors qu'à
un autre moment elle aurait eu moins de consé-
quence. Hier, un code social régissait le mariage. Les
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«coups de canif dans le contrat » relèvent sans doute


d'une nouvelle éthique. &

B Amour (|) p.142;


> Couple (le) p.178;
Enfant (l’arrivée du premier) p. 263 ;
Sexualité (la) p.528.

310
Fin de vie, accompagnement
et soins palliatifs
Nos aïeux vivaient dans la familiarité constante
de la mort.lls y songeaient bien avant
l'échéance et, pour le grand voyage, partaient
de chez eux entourés des leurs. Ce n’est plus
Grandes
questions.
le cas aujourd’hui, en ville surtout, où l'on a
désappris à regarder en face la fin de la vie.

Les personnes qui s'approchent de la fin de leur vie


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n'y sont généralement pas préparées. Leurs proches


ne savent pas toujours comment les aider. Dans ces
moments ultimes, les uns et les autres ont souvent
besoin d'être accompagnés. C'est là une démarche
nouvelle qui mérite d'être encouragée pour que cha-
cun puisse mourir dans la dignité.
Dans un monde médicalisé à l'extrême, la limite
entre soins palliatifs et acharnement thérapeutique
est parfois ténue. Le concept - et plus encore Île
champ - des soins palliatifs sont mal connus et, sour-
vent aussi, mal compris non seulement du grand
public mais également des professionnels de santé.
En perpétuelle évolution depuis quelques années, la
législation qui fixe un cadre juridique à ces pratiques
est, par conséquent, mal appliquée. C'est le cas, en
particulier, de la loi relative aux droits des malades et
à la fin de vie du 22 avril 2005, dite «loi Léonetti ».

311
s

age "
esàA, vie, accompagnement
> En_à SE. et SOINS palla

Il est donc désormais impératif d'intégrer ces pra-


tiques dans une démarche d'«accompagnement et de
soins continus ».I|ne s'agit pas de préparer la mort,mais
bien d'accompagner humainement la personne jus-
qu'au bout de la vie sur le plan social tout autant que
sur le plan médical. Certes, il faut traiter en priorité et
D sans a priori, la douleur qui,à cet instant,est tout autant
= physique que psychologique mais, dans le même
n) temps,il faut donner aux proches de la personne en fin
de vie les possibilités d'être à ses côtés en finançant,en
particulier, des «congés d'accompagnement ».
Les soins palliatifs peuvent être dispensés soit
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dans des services - voire des établissements — à part


entière, soit par des «équipes mobiles » intervenant
«à la demande» des soignants, du patient ou de ses
proches, dans les établissements de santé, ou à domi-
cile, dans le cadre des réseaux ville-hôpital. ll s'agit de
venir en aide aux patients, mais également de pallier
l'épuisement des familles, le manque de disponibilité
- et parfois de formation - des médecins traitants,
qu'ils soient généralistes ou spécialistes. Les difficul-
tés de coordonner les actions des multiples interve-
nants :médecin, infirmière, masseur-kinésithérapeute,
garde-malade,
aide ménagère, etc.À domicile comme
à l'hôpital, la démarche palliative,
qui se doit d'être tout
autant technique qu'éthique,assure une continuité et
une qualité de la prise en charge qui restent essen-
tielles pour répondre aux besoins du malade.
Il n'y a pas de véritable frontière entre les soins
curatifs et les soins palliatifs.Ils s'interpénètrent et se

312
complètent. En réalité, il s'agit bien d'accompagner
le malade en fin de vie et, quels que soient le dia-
gnostic et le pronostic, de lui assurer une qualité de
vie — ou de survie.Les équipes soignantes parlent de
«confort» du malade et agissent pour qu'il se sente
le mieux possible. Elles le prennent en charge dans
sa globalité dans ces moments où,sans aucun doute,
on ne peut plus arrêter la maladie,où la douleur n'est
plus seulement physique, mais aussi psychologique
ou psychique, où cette avancée inéluctable est par-
fois source d'interrogations morales, voire spiri-
tuelles, d'angoisse, de peur, de dépression. La
démarche de soins qui doit avoir pour premier objec-
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tif de maîtriser la douleur ne suffit pas.ll faut, dans ce


contexte si particulier, aider la personne concernée
à surmonter l'insurmontable.ll ne s’agit ni de repous-
ser le moment de la mort ni de la préparer, mais de
la prendre en compte dans toute sa dimension en
apportant un «soin différent ».

Des millions de personnes concernées


Le «soin palliatif» implique trois compétences com-
plémentaires :technique,psychosociale, relationnelle.
C'est un soin technique:il faut traiter la douleur
physique ce qui exige un véritable savoir-faire.ll est,
de plus, fondamental de bien connaître la maladie et
ses symptômes pour tenter d'en juguler les effets.
C'est un soin psychosocial: il s'adresse à l'en-
tourage tout autant qu'à la personne en fin de vie
qui, souvent, n'est pas seule.ll s’agit d'être attentifau
&

313
e

vécu de ses proches et aux problèmes de tous ordres


qu'ils peuvent rencontrer.
C'est, enfin, un soin relationnel:il implique de
savoir informer, écouter, négocier, bref de se rendre
disponible à l’autre, de s'engager à ses côtés dans
une relation de confiance pour que le patient et ceux
qui l'entourent bénéficient de cette chaleur humaine
qui fait la différence.
C'est en ce sens que les soins palliatifs sont,avant
tout, des soins d'accompagnement qui, en France,
concernent plusieurs millions de personnes, notam-
ment des personnes âgées, des personnes invalides
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ou handicapées, et, surtout,


des personnes isolées,se
sentant exclues, abandonnées, ainsi que les malades
atteints de cancers, d'affections neurologiques ou
neuromusculaires évolutives (sclérose en plaques,
sclérose latérale amyotrophique...).

Des équipes interdisciplinaires


Dans les services hospitaliers, les équipes de soins peu-
vent demander l'intervention de l'équipe mobile de
soins palliatifs (EMSP) à condition qu'il en existe une
dans l'établissement.Une équipe interdisciplinaire est
composée, par exemple, d'un médecin spécialiste de
la douleur, d'un psychiatre et/ou d'un psychologue,
d'infirmières qui ont une compétence reconnue dans
ce domaine.Elle a pour mission de donner un avis thé-
rapeutique, d'aider à la gestion d’une crise doulou-
reuse et d'aider l'équipe en place à accompagner le
malade et sa famille. Elle travaille aussi en liaison étroite

314
avec le service social de l'hôpital. L'unité mobile peut,
pour les malades maintenus à domicile, assurer les
«relations extérieures » avec le médecin traitant, le ser-
vice d'hospitalisation à domicile, les services d'infir-
mières. Elle est souvent le pivot des réseaux hôpital-
hôpital ou ville-hôpital; l'objectif étant d'éviter toute
rupture de prise en charge du patient.

UNE PERSONNE DE CONFIANCE


La loi du 4 mars 2002 sur les droits des malades est plus connue
sous le nom de «loi Kouchner ». Elle prévoit que l’on peut désigner,
sous forme écrite, un membre de son entourage, un parent ou un
ami proche, en qualité de « personne de confiance » (art. L 1111-6
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du Code de santé publique). Cette personne est habilitée à accompa-


gner le malade dans tous ses entretiens médicaux, à l'aider dans les
décisions médicales qu’il a à prendre en partenariat avec les équipes
soignantes, mais aussi à faire valoir ses volontés en matière de santé
s’il n’est plus capable de s'exprimer. Fort naturellement, la désigna-
tion de la personne de confiance est révocable à tout moment.
La «loi Léonetti» adoptée en avril 2005 par le Parlement, qui
énonce les grands principes régissant les pratiques palliatives,
renforce les droits des malades. Elle impose des obligations
aux établissements de santé en matière d'organisation de soins
palliatifs. Ce texte institue un droit au refus de « l’obstination
déraisonnable » (l’'acharnement thérapeutique) et définit des
procédures d'arrêt de traitement ou de limitation de traitement
du malade en fin de vie. Il impose aux praticiens la collégialité
. de la décision de l'arrêt de traitement du malade inconscient.
Il leur rappelle leur obligation de «transparence » sous peine
d’être « pénalement responsable » de leur acte.

315
Après la loi Kouchner, la loi Léonetti reconnaît ainsi des droits
spécifiques aux malades en fin de vie. Elle fait du respect par
le médecin de la volonté de ces malades une exigence éthique.
Les soignants doivent prendre en compte leurs souhaits et,
notamment, leur «refus de traitement ». Ces souhaits peuvent être
exprimés par le malade lui-même, lorsqu'il est conscient. Ils
peuvent l'être aussi par la «personne de confiance » à laquelle
le malade, avant de devenir incapable de s'exprimer, a confié des
directives précises. À condition que ces «directives anticipées »
soient établies moins de trois ans avant l’état d’inconscience
du patient, elles constituent un élément de la manifestation de sa
volonté. Elles peuvent permettre au médecin de limiter ou d'arrêter
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un traitement inutile, impuissant à améliorer l’état du malade,


dans le cadre d’une procédure collégiale, et en toute transparence.
Le développement des soins palliatifs depuis les années 1990,
la reconnaissance de nouveaux droits aux malades, la définition du
rôle de la «personne de confiance » doivent permettre à toute per-
sonne de mieux assumer sa fin de vie et de mieux préparer sa mort.
Le respect de «bonnes pratiques » par les équipes soignantes doit
les aider à établir un dialogue confiant avec le mourant et sa famille.
Notre conseil : mettre dans son répertoire, papier ou électronique,
sous la dénomination « Personne de confiance », les nom, prénom,
adresse postale et adresse électronique, les numéros de téléphone
privé, portable et professionnel de la personne désignée. 8

Dans les unités de soins palliatifs (USP), priorité


est donnée aux malades en phase terminale.La durée
moyenne de séjour est de moins d'un mois.La notion
d'équipe interprofessionnelle - elle se réunit souvent
plusieurs fois par jour - est très importante, car elle

316
permet une homogénéité de la prise en charge médi-
cale, psychologique, sociale du patient et de son
entourage. L'architecture et le mode de fonctionne-
ment des USP sont conçus (droit de visite permanent,
possibilité de passer la nuit, de cuisiner...) pour que
les familles aient la possibilité de ne pas quitter celui
ou celle qui va partir. Elles peuvent, du même coup,
être accompagnées dans les premiers pas de leur tra-
vail de deuil. USP et équipes mobiles jouent ainsi un
rôle essentiel dans nos sociétés.
Les soins palliatifs ne se sont vraiment dévelop-
pés en France que depuis le début des années 1990.Le
pays, grâce à une politique volontariste des pouvoirs
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publics, est désormais en mesure de combler son


retard en matière d'équipement. Les objectifs fixés
pour la fin 2007 étaient de pouvoir disposer d'au moins
un réseau de soins palliatifs pour 400 000 habitants et
d'un réseau par département, soit 158 — il en existait
tout juste une centaine -, d'une équipe mobile pour
200 000 habitants, soit 315 — on en comptait près de
400, mais leur répartition géographique n'assurait pas
l'égalité de tous devant les soins -, de cinq lits identi-
fiés de soins palliatifs pour des malades pris en charge
hors USP au sein d'un service d'hospitalisation pour
100 000 habitants soit 3 150 - on les estimait à 2000 -
et d'au moins une unité de soins palliatifs par pôle
régional de cancérologie et centres hospitalo-univer-
sitaires. Les efforts doivent porter sur le développe-
ment des USP, publiques et privées, dont le nombre
reste insuffisant et qui n'offrent qu'un millier de lits.

317
Le rôle essentiel des bénévoles
c L'accompagnement et les soins palliatifs «réhuma-
= nisent » la fin de vie. Cela ne serait sans doute pas
»É possible si les soignants - ou plus généralement ceux
+ que l'on appelle les « acteurs de santé » - étaient seuls
pour accomplir cette tâche immense et tellement
nécessaire. Le recours aux bénévoles, courant dans
les pays anglo-saxons et au Québec, par exemple,ne
fait pas partie de la culture hospitalière française. Et
pourtant... Les équipes de bénévoles, à condition
qu'elles soient bien encadrées, bien formées et très
organisées, jouent un rôle essentiel auprès des
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malades en phase terminale. Ces femmes et ces


hommes qui se mobilisent pour apporter bien plus
que du réconfort,une présence, sont un complément
indispensable à la démarche de soins d'accompa-
gnement. Ni soignants, ni parents, ni amis, ils sont la
«vie extérieure »,une fenêtre ouverte sur une société
devenue inaccessible. Ils sont là, et l'on a envie
d'écrire : un point, c'est tout. Mais, en fait, c'est beau-
coup car, au bénévole,on peut tout confier :ses inter-
rogations,ses angoisses...|l n'y a pas ici de complicité
mais bel et bien une écoute.
Les soins palliatifs sont des soins actifs. Ils ont
pour premier objectif d'assurer aux personnes
proches de leur fin un confort, une qualité de vie.lls
visent d'abord à soulager les douleurs physiques et
la souffrance psychologique, morale ou spirituelle
qui accompagnent, généralement, les derniers temps
de la vie.ll y a dans les soins palliatifs une dimension

318
éthique unique.Leur mise en œuvre relève de la soli-
darité entre les hommes, que l'action des bénévoles
met parfaitement en exergue.

ÊTRE BÉNÉVOLE
Pour être bénévole, il faut d’abord se poser quelques questions
simples : quelles sont mes disponibilités ? Quelles sont les
motivations qui sous-tendent ma démarche ? Il faut ensuite
prendre contact avec l’une des associations intervenant dans
le domaine des soins palliatifs pour un premier entretien.
La décision d'accepter ou de refuser un postulant appartient
en dernier ressort aux responsables de l'association.
Le bénévolat est un engagement mutuel. Il est concrétisé par la
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signature d’un «contrat moral » qui précise le cadre de l’activité


du bénévole et les exigences de l’association. Quelles que soient
les circonstances, le bénévole ne sera jamais «lâché » sans un
minimum de formation. Écouter, accompagner, ce n’est pas
seulement être en relation avec l’autre, c’est aussi être « soi »
dans cette relation. Autrement dit, c'est se connaître soi-même
pour pouvoir mieux aider l’autre.
Le bénévole est appelé à participer régulièrement à des groupes
de parole pour, tout à la fois, surmonter les difficultés
auxquelles il a pu être confronté, et s'enrichir de la pratique des
autres bénévoles. En réalité, il n’y a de «bon » bénévole que
celui qui tire de son expérience un profit pour lui-même. Bt

> Deuil (le) p.226;


> Générations précédentes (les liens avec les) p.327 ;
> Vieillesse (la) p.637.

sf)
Frères et sœurs (entre)
Avant ces dix dernières années, les relations
fraternelles avaient fait l’objet de peu
de travaux, tant la psychologie s'était
essentiellement intéressée au
développement individuel. Aujourd'hui,
nous cernons mieux l'importance des liens
frères-sœurs au sein de la famille. Liberté,
égalité, fraternité retentissent comme les
symboles de la République, mais, en fait,
l'observation des frères et des sœurs montre
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que, malgré un patrimoine génétique, social


et culturel commun, il existe plus de
différences que de ressemblances.

Différents éléments caractérisent chacun des


membres d'une même fratrie. Cinq d'entre eux les
différencient en premier lieu. Pour basiques qu'ils
paraissent, ils sont cependant porteurs de significa-
tions spécifiques. Ainsi sont répertoriés :
Le sexe (appelé également « genre ») : naître garçon
ou fille n'est certes pas la même chose.
Le rang: être l'aîné ou le cadet n'implique pas lamême
position dans la famille.Si les privilèges de l'aîné (mâle)
ont été abolis après la Révolution française, c'est lui
qui fait découvrir aux parents la parentalité. De nom-
breux travaux ont tenté de définir des caractéristiques
précises selon le rang.Aujourd'hui,la plupart insistent

320
sur l'importance de l'ensemble Être l'enfant unique :
des paramètres plutôt que de le fantasme de nombreux
tendre vers une simplification enfants qui rêvent d’être
l’objet d'amour exclusif
excessive. Aucune place n'est
de leurs parents. Mais ils
meilleure qu'une autre, mais on rêvent aussi de « grand
envie toujours l'autre en rêvant frère » ou de « grande
d'être l'enfant unique. sœur » et s’inventent
une fratrie idéalisée.
L'écart d'âge :avoir deux ou dix
En général, ils sont
ans de différence modifie consi- précoces et préfèrent
dérablement les liens. L'écart la compagnie des adultes.
d'âge fait écho aux rivalités fra- Il leur manquerait
ternelles : une différence d'âge l'expérience de la jalousie
liée à l’arrivée d’un autre
importante diminue la rivalité.
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enfant. Aujourd’hui, ils


La succession des genres, leur sont de plus en plus
écart et le nombre d'enfants : nombreux, et les parents
être l'aînée fille de cinq gar- se soucient de les
çons n'a rien à voir avec le fait «socialiser » en leur
faisant rencontrer
d'être un garçon, benjamin
d’autres enfants.
d'une fratrie de trois autres
garçons. Les parents de fratries unisexuées mon-
trent souvent leur déception de ne pas avoir un
enfant de l’autre sexe.
L'histoire du couple : le moment de l'arrivée de l'en-
fant dans la vie de la famille modifie les désirs et les
attentes : être désiré ou conçu par «accident », être
l'enfant de l'amour ou celui qui arrive pour réparer les
failles d'un couple en difficulté,
ou encore naître alors
que les parents sont déjà séparés retentit sur le bébé.
De même, avoir des parents jeunes ou âgés modifie
la situation : Clara est née alors que ses frères avaient

321
16 et 19 ans, son père et sa mère expliquent volon-
tiers leur nouvelle approche dans leur rôle de parents
d'une petite fille désirée arrivée tardivement.
Ainsi apparaît la complexité des situations frater-
nelles auxquelles s'ajoutent les séparations, les
recompositions familiales créant des demi-frères et
demi-sœurs ou induisant des liens affectifs alors qu'il
n'existe pas de lien de parenté biologique ou juri-
dique, lorsque, par exemple, deux enfants sont élevés
ensemble.

Des complexités
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particulières
L'histoire est là aussi pour ajouter des difficultés :les
maladies, les handicaps, parfois un décès précoce
vont marquer la fratrie, comme la notion d'enfant de
remplacement, concept illustré par la biographie de
génies tels Beethoven,
Van Gogh ou Dali. En fait, il
s'agit, pour un enfant conçu peu de temps après le
décès de son aîné, d'en effacer l'ombre. Si ces per-
sonnages illustres, portant tous trois le prénom de
leur frère décédé, sont devenus célèbres, leurs souf-
frances étant reconnues, le destin d'autres enfants
ayant vécu des situations analogues ne les a pas pour
autant conduits à une telle réussite.
L'importance de la répercussion du traumatisme
dépend de l'âge de l'enfant lorsque le drame arrive,
de sa personnalité et de la capacité des parents à
faire face. Il importe encore de souligner qu'un frère
ou une sœur handicapé reste à la charge de sa fratrie

322
après le décès des parents : les enfants en sont
conscients dès leur plus jeune âge, et ces situations
contribuent à accélérer leur maturation.

Toute une gamme


de sentiments
Les sentiments fraternels sont modulables et leur
gamme varie de l'amour à la haine en passant par la
jalousie et la rivalité.
La rivalité fraternelle est illustrée par de nom-
breux mythes fondateurs (Caïn et Abel, Jacob et
Esaü, Joseph et ses frères, Remus et Romulus, Seth et
Osiris.….), comme si la lutte fratricide était à l'origine
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du monde. Cette rivalité se bâtit grâce à la mise en


place de systèmes défensifs structurants.La relation
qui s'organise autour du partage des parents a un
rôle fondamental dans le développement de la per-
sonnalité, puis s'estompe et se dépasse lorsque l'en-
fant grandit.

JUMEAUX, TRI PLÉS ET AUTRES...


Les jumeaux monozygotes, ou vrais jumeaux, proviennent
d’un seul ovocyte fécondé par un seul spermatozoïde. Cet œuf
se scinde par accident en deux embryons de même patrimoine
génétique.
Les jumeaux dizygotes, ou faux jumeaux, sont issus
de deux ovocytes différents. Les faux jumeaux ne
se ressemblent pas plus que des frères et sœurs, et c'est parmi
eux que l’on retrouve les couples fille-garçon.

323
Les enfants nés de grossesses multiples peuvent provenir d’une
polyovulation ou de la scission d’un œuf, et sont vrais ou faux
triplés, quadruplés… Les relations des jumeaux sont
caractérisées par l’effet miroir, la fascination pour le semblable,
leurs relations fusionnelles. Ils forment un couple et utilisent
souvent un langage codé pour se parler (cryptophasie). Le livre
de M. Tournier les Météores constitue un remarquable exemple
de gémellité. Tournier s’est inspiré, pour l'écrire, des travaux de
R. Zazzo, spécialiste en gémellologie. 5

Généralement la rivalité est plus importante


lorsque l'écart d'âge se situe entre 2 et 4 ans.Lorsque
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les enfants ont moins de deux ans d'écart, leur rela-


tion s'apparente plus à une relation gémellaire, c'est-
à-dire à une notion de couple.Au-delà de quatre ans
de différence, la rivalité fraternelle s'estompe : les
enfants ont acquis la socialisation et des investisse-
ments extérieurs à la famille. La rivalité est plus
importante entre les enfants du même sexe :la com-
paraison est souvent inévitable et renforcée par les
attitudes des parents. Ces derniers jouent un rôle
important en majorant cette rivalité s'ils montrent
une préférence par rapport à l’un de leurs enfants.
Les parents influencent considérablement la qualité
du lien fraternel et doivent aider leurs enfants à trou-
ver la bonne distance émotionnelle,
en évitant éga-
lement des relations trop passionnelles et destruc-
turantes. Les relations entretenues au sein de leurs
propres fratries y contribuent. Leurs attitudes sou-
vent inconscientes de protection ou de rejet ren-

324
voient à leur vécu d'enfant au sein de leur famille.
Une mère, aînée de sa fratrie,s'identifiera plus faci-
lement à sa fille aînée qu'à son fils cadet. De la même
façon, un père défendra aisément le fils placé dans
la même position que lui.

L'ESPRIT DES LOIS


1789 : la Révolution française abolit les privilèges de rang et de
sexe. Auparavant le fils aîné héritait au détriment des autres
enfants. Désormais tous les frères et sœurs sont considérés
comme égaux quels que soient leur genre et leur rang. L'enfant
naturel obtient les mêmes droits que l'enfant légitime mais, en
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1804, le Code Napoléon les lui retire.


1896 : une nouvelle loi accorde à l'enfant naturel la moitié de ce
qu'il aurait eu s’il avait été légitime.
1972 : une loi donne à l’enfant naturel les mêmes droits que
l'enfant légitime.
1996 : il est interdit de séparer les fratries dans les divorces et
dans les placements temporaires. #

Les relations fraternelles nous accompagnent


tout au long de notre vie,et nous restons liés à notre
fratrie plus longtemps qu'à nos parents ou à nos
enfants. Au moment où les liens conjugaux se dis-
tendent, les solidarités fraternelles se renforcent par-
fois et donnent une alternative de solidarité fami-
liale:il n'est pas rare aujourd'hui de rencontrer des
frères et sœurs divorcés.ou veufs vivant à proximité
ou ensemble.
Les nouvelles lois (le Pacs) ont failli légi-

325
Crorec ep! cœurs li +eL 4

férer pour donner un lien juridique aux frères et


sœurs vivant sous le même toit... Alors, l'avenir est
peut-être à la fraternité. *
g

> Haine (la) p.356.


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326
Générations précédentes
(les liens avec les)
Dans la vie, il est aussi un temps pour
la mort, pour les morts. Dans beaucoup de
familles, même si on a perdu l'habitude de
se rendre au cimetière, il n’est pas rare que
lors des vacances (scolaires) de la Toussaint,
Grandes
questions.
on se retrouve autour des tombes de ses
«chers disparus ». Un bouquet ou un pot de
chrysanthèmes à la main, le 2 novembre, au
lendemain de la fête (catholique) de «tous
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les saints », on rend ainsi hommage aux


défunts. Au-delà de ce qui est aujourd'hui
plus une tradition qu'un acte de vénération,
comment ne pas voir aussi la recherche
d'un lien avec les générations précédentes ?

Il est sans doute essentiel pour nous tous de vivre


dans le présent.Il paraît tout aussi important d'avoir
des liens avec le passé, son passé.Qu'on le veuille ou
non, chacun d’entre nous fait partie d'une lignée, et,
si l'on voulait une preuve manifeste de ce que cela
représente, il suffirait de rappeler le combat - aujour-
d’'hui enfin gagné - des personnes nées sous X pour
avoir le droit de rechercher et de rencontrer leur
mère naturelle.
On comprend dès lors que les géné-
rations d'hier pèsent sur le quotidien de nos vies et

327
tions précédentesi(les liens avec le

qu'il n'est pas vain d'essayer, autant que faire se peut,


(os de chercher à savoir ce que nos ancêtres nous ont
= légué. Un mot, une lettre, une photo, un nom gravé
dans la pierre sont souvent les seuls repères qui per-
mettent de remonter le temps et de tisser un lien
avec son histoire, l'histoire de sa famille, sa culture
originelle. Le «retour aux sources », l'envie d'en savoir
plus sur ceux qui nous ont précédé est souvent bien
de plus qu'une façon de se souvenir.

DE LA FAMILLE AU CLAN
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Paradoxalement, ce sont souvent les « disparus » qui permettent


aux vivants de mettre en exergue ces sentiments d'appartenance
et de provenance qui donnent à la famille, en partie du moins,
sa cohésion. Ce regard sur les anciens prend de plus en plus
d'importance dans nos sociétés, qui voient le nombre de
familles recomposées augmenter sans cesse. Sur les valeurs
(sûres) du passé, il devient possible de reconstruire un clan
au sens anthropologique de ce mot que le Petit Larousse définit
de la façon suivante : «Unité sociale exogame, de filiation
unilinéaire, se reconnaissant en un ancêtre commun. »

Mémoire familiale
et développement
psychique
C'est en ayant conscience de ce que les générations
précédentes ont pu être que nous arrivons à nous
construire. C'est en leur rendant hommage - ou, plus
simplement, en pensant parfois à eux - que nous

328
continuons à participer à la création d'une mémoire
familiale collective, indispensable au développement
psychique de chacun.C'est ainsi que, dans les familles
juives victimes expiatoires de la Shoah, rien n'est plus
important que le travail de mémoire, différent au fond
de ce que le philosophe P.Ricœur appelle le «devoir
de mémoire » et qui revient à la société tout entière.

LA PSYCHOGÉNÉAOLOGIE
La psychogénéalogie est née il y a une vingtaine d’années.
Elle s'intéresse aux transmissions inconscientes et plus
particulièrement à la transmission des problèmes
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psychologiques, entre les générations. Elle part de l’arbre


généalogique du sujet et passe en revue tous les événements
qui peuvent être intervenus une naissance cachée, un inceste,
des filiations incertaines, une mort violente ou prématurée,
un suicide. Tout ce qui peut s’apparenter à un «secret de famille »,
y compris une faillite, une condamnation en justice, peut avoir
une influence sur les « problèmes existentiels » du patient même
si les faits remontent à quatre, cinq ou six générations.
La psychogénéalogie pourtant ne se résume pas à cette
recherche dans l’histoire familiale. La personne qui veut tenter
de comprendre pourquoi et comment le « fait générateur» est
à l'origine de ses angoisses, de ses problèmes relationnels, doit
faire un travail sur elle-même. Une thérapie individuelle ou
de groupe, une psychanalyse, bien conduites, pourront donner
des clés pour répondre aux questions qui se posent.
Elles permettent de «fouiller dans l'inconscient » et de mettre
en évidence ce qui, dans la’ « constellation familiale » pour

329
reprendre l'expression du psychothérapeute allemand
B. Hellinger, conditionne nos comportements.
La psychogénéalogie, dans son double aspect, recherche sur
l'arbre généalogique d’une part, travail sur soi d'autre part,
va ainsi donner la possibilité à une personne de retrouver
un « moi» véritable, un « moi » débarrassé des « scories »
qu’engendre une filiation si pesante qu’elle contrarie toute
«construction identitaire ».
C'est en tout cas la théorie mise en avant par la
psychothérapeute A. Ancelin-Schutzenberger, qui a été l’une
des premières à se consacrer à la psychogénéalogie. Son livre
Aïe mes aïeux est le résultat d’une vingtaine d'années
de recherche et de pratique sur ce « maillon que chacun d’entre
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nous constitue dans la chaîne des générations passées ».

Rien en ce domaine n'est évident ni facile.ll faut


parfois même composer avec son passé. Pourtant, il
y a là quelque chose de vital au sens où cela donne
à une personnalité les moyens de s'épanouir. La
parole se fonde dans cette réalité d'hier pour être
plus présente, plus vivante aujourd'hui.En marchant,
virtuellement, dans les pas de ceux qui ont disparu,
mais qui ont laissé une trace souvent indélébile, il
devient possible de progresser, de s'ouvrir à l'autre,
aux autres. Dans une société du «chacun pour soi»,
on peut, au travers des « gens d'hier »,recréer du lien
social, combattre le développement de l'individua-
lisme. La généalogie, qui consiste à rechercher ses
ancêtres, ses racines et à mieux comprendre ainsi ce
que nous sommes aujourd'hui, peut y aider.Elle per-

330
met en effet de remonter le «temps familial » et d'ins-
crire l’'ancestralité dans les faits. || peut être intéres-
sant de connaître ses origines, même si la réalité de
l'histoire familiale est parfois bien différente de celle
que l’on entrevoit au travers des confidences échan-
gées de génération en génération.

L'Occident
et le culte des ancêtres
Les arrière-grands-parents, les grands-parents et, plus
encore, tous ceux qui, aux yeux de leurs descendants
directs et indirects, sont des «héros » (pas forcément
parce qu'ils ont eu une conduite exemplaire, mais bien
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plus simplement parce qu'ils ont marqué les esprits


par leur gentillesse, leur dévouement...) n'incarnent
rien d'autre, même morts, que l'idée vivante de famille.
Il devient, en conséquence, tout à fait normal de s'y
référer,
de les donner en exemples pour renforcer, pour
mobiliser ses propres capacités à appréhender les rela-
tions familiales dans leur verticalité.

UNE PRÉOCCUPATION UNIVERSELLE


Les morts ont toujours occupé une place importante dans
l’existence des vivants. Que ce soit à des millénaires de notre
xx siècle, ou à des milliers de kilomètres du lieu où nous
vivons, on aurait sans doute bien du mal à trouver une ethnie,
une culture « première » ou une civilisation aussi sophistiquée
que la nôtre, une religion qui ne fasse pas le plus grand cas de
ses disparus. Ce culte des morts semble avoir toujours le même

331
Générations précédentes(les liens avec le
» # #

sens : faire des trépassés les médiateurs entre les vivants et les
divinités, rapprocher les uns et les autres comme s’il n’y avait
entre la vie et la mort aucune rupture, une sorte de continuité
que l’on pourrait appeler «humanité ». C’est ainsi qu’un culte
très émouvant se perpétue aujourd’hui encore à Madagascar :
le retournement des morts. Un peu à l’écart du village, chaque
famille a son tombeau.
Les ancêtres y reposent en paix. Pourtant, pour aider les
vivants, ils doivent se sentir aimés, être réchauffés. Alors,
périodiquement, on leur offre une fête. Tout le village est invité
à y participer. On sort les morts des tombes, on les débarrasse
de leurs vieux suaires pour les « draper de neuf». On danse
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avec eux, on festoie en musique, on chante aussi, on leur fait


partager ce bonheur et cette joie d’être bien vivants avant
de les remettre respectueusement dans leur tombe. Assurés
d’être toujours aimés et respectés, les morts restent ainsi
présents et bienveillants car, disent les Malgaches, «les os sont
dans le tombeau, mais l'esprit reste vivant ».

Dans notre société occidentale, il n'est pas fré-


quent d'évoquer le «culte des ancêtres »,si important
dans les sociétés primitives.Pourtant,il recouvre une
certaine réalité, et l'on aurait tort de s'en défendre.Les
anciens,
en effet, régissent une part non négligeable
de nos actes. Ils peuvent inspirer certaines de nos
décisions et avoir, consciemment ou inconsciem-
ment, une certaine influence sur nos comporte-
ments. &

> Secrets de famille p.520.

332
Grands-parents et petits-enfants
Les relations grands-parents/petits-enfants
sont uniques : faites d'amour, de complicité,
de souvenirs. Elles sont comme un repère
pour l'enfant. Si traditionnellement les
grands-parents assument une mission de
transmission de l'histoire familiale, ils
Grandes
questions...
__ assurent aujourd'hui une mission de
réconfort, de stabilité, dans les familles
éprouvées par le divorce, le deuil, le
chômage. De nouveaux rôles qui ne sont pas
toujours faciles à endosser dans une relation
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en mutation.

Les grands-parents sont la mémoire de la famille.


«Chroniqueurs » de son passé, ils peuvent parler de
«comment maman était quand elle était petite » ou,
plus intéressant encore,« quelles sont les bêtises que
papa a faites »! Ils racontent les événements heureux,
les naissances, les mariages, les anecdotes. Dans leur
mémoire, les enfants viennent puiser de l'informa-
tion. Mais leur rôle de transmission prend toute son
importance lorsqu'il s'agit pour eux de relater une
histoire familiale plus douloureuse. La transmission
prend alors des allures de mission. Ce sont eux qui
peuvent parler d'un papa décédé, par exemple.C'est
à eux que les petits-enfants pourront poser des ques-
tions sur un petit frère ou une petite sœur gravement

333
andsS-Dafents et DEULS-ENIAaN

malade, la douleur des parents étant souvent trop


vive pour qu'ils puissent leur en parler. Ils occupent
une place essentielle pour « mettre en mots » les évé-
nements malheureux afin que le passé familial cesse
de dévorer le présent.

fx
Transmettre,
Cul
. c'est recréer
La transmission n'est jamais une simple reproduc-
tion, elle est «re-création », où ceux qui écoutent, les
petits-enfants, jouent un rôle majeur. En racontant
l'histoire de la famille, les grands-parents la recréent,
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la rendent accessible : ils permettent à leurs petits-


enfants de se l'approprier. Par un juste retour des
choses, les petits-enfants leur offrent aussi quelque
chose d'unique.M.Natanson le dit fort joliment :«La
mémoire restituée aux petits-enfants est un don que
l'on reçoit d'eux pour la parole permise. »
Grâce à cette transmission se tisse la trame du
mythe familial propre à chaque famille.En expliquant
l'histoire des pierres qui bâtissent l'édifice familial, les
grands-parents autorisent leurs petits-enfants à
continuer de le construire.

À CHAQUE ÂGE SA VISION


Entre 5 et 8 ans, les petits-enfants voient leurs grands-parents
comme des superparents. Ils ne grondent pas, sont gentils
et font des cadeaux. De 8 à 12 ans, c’est le moment où
une relation plus personnalisée se met en place. Ils deviennent

334
confidents, grands copains, ou bien ils sont ceux qui savent,
qu’il s’agisse de l’histoire familiale ou des choses de la vie.
La plupart des adolescents les voient comme des complices.
Il'est plus facile de parler avec eux qu'avec les parents.
Ils peuvent leur assigner un rôle bien particulier : celui
de les aider à donner du sens à ce qu'ils vivent, à faire le deuil
de leur enfance, etc. Mais ces mêmes grands-parents peuvent
aussi être vus comme vieux jeu et ennuyeux. M

Outre la transmission de l'histoire familiale, les


grands-parents transmettent souvent des valeurs
importantes telles que les bonnes manières, le goût
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de l'effort ou l'honnêteté. Autant de points de


repères qui aideront les jeunes à trouver leur iden-
tité. Parce que les relations parents-enfants sont
complexes, les enfants ne peuvent pas toujours
accepter l'enseignement de ces valeurs par leurs
parents.Il peut être insupportable pour un jeune de
se faire rappeler l'importance de la ponctualité,
même gentiment, par des parents, alors que la
même remarque sera acceptée si elle vient des
grands-parents avec lesquels les relations sont
moins vives.
Enfin, les grands-parents assument encore une
autre mission, et pas des moindres :ils sont garants
des traditions, de ces rituels familiaux propres à
chaque famille que sont le déjeuner de Pâques, le
restaurant de Noël ou la fête des Mères, qui donnent
à chacun l'impression d'appartenir à une famille
unique et unie.

335
Un élément de stabilité
Dans les familles recomposées, faites de demi-frères,
de beaux-pères et de sœurs par alliance, etc. les
enfants finissent parfois par se perdre. Les grands-
parents sont souvent vus comme un élément de sta-
bilité. Ils sont comme «le maillon principal de l'ar-
mature familiale, c'est-à-dire celui qui assure la cohé-
sion du système et dont une des missions principales
est l'apaisement des tensions et conflits », explique
S. Royal dans le Printemps des grands-parents.
Siles parents divorcent,les enfants,eux, ne divor-
cent ni de leurs parents ni de leurs grands-parents !
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Dans ces familles décomposées et recomposées, le


lien le plus indissoluble est le lien parents-enfant, lien
originel qui perdure au-delà des séparations. Le rôle
des grands-parents est de rassurer l'enfant, d'écarter
de lui des idées de faute et de lui rappeler qu'il restera
toujours l'enfant de sa mère et de son père, même si
ceux-ci se séparent. Pour ce faire, les grands-parents
se doivent de reconnaître le couple parental que for-
ment les parents, même si ceux-ci ne forment plus un
couple conjugal.Par là même,ils deviennent témoins
de la filiation fondatrice.

LES DROITS DES GRANDS-PARENTS


L'article 371-4 du Code civil accorde un droit de visite
des petits-enfants aux grands-parents : «Les pères et mères
ne peuvent, sauf motifs graves, faire obstacle aux relations
personnelles de l’enfant avec ses grands-parents. À défaut

336
d'accord entre les parties, les modalités de ces relations sont
réglées par le juge aux affaires familiales. » Il arrive qu’un parent
divorcé se brouille avec ses ex-beaux-parents, et refuse que ces
derniers voient leurs petits-enfants. Les grands-parents
en question peuvent alors avoir recours à la justice. Il convient
de bien réfléchir avant de prendre une telle décision
qui envenime immédiatement toutes les relations familiales. 8

Les choses se corsent lors des remariages,quand


les grands-parents deviennent beaux-grands-parents
des enfants de la première union du nouveau gendre
ou de la nouvelle bru ! Ils peuvent, là encore, contri-
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buer à faire le lien, à aider, par exemple, une nouvelle


belle-fille à devenir une belle-mère pour les enfants
du couple divorcé.La plupart des enfants ressentent
le remariage d'un de leurs parents comme une intru-
sion, en particulier s'ils ont entretenu l'espoir, envers
et contre tout, que leurs parents se remettraient
ensemble. Pas facile pour eux d'aborder ces ques-
tions avec leur père ou leur mère.Les grands-parents
peuvent devenir des confidents importants. Les
petits-enfants ont besoin d'être rassurés sur le fait
que le remariage d'un de leurs parents ne constitue
ni une trahison envers l’autre ni une menace pour
leur propre position dans la famille nouvellement
créée. C'est ainsi que,en accueillant la personne nou-
velle venue, les grands-parents procurent à leurs
petits-enfants un modèle auquel ils pourront se réfé-
rerà leur tour pour s'inscrire harmonieusement dans
leur nouvelle famille.

337
Dernier rebondissement possible dans les his-
toires de famille : l'adoption. Par l'adoption, l'enfant
01
=
reçoit non seulement des parents, mais aussi les
parents de ceux-ci. En devenant grands-parents de
cet enfant adopté, ils devront soutenir l'entrée en
parentalité des parents et une entrée en filiation de
l'enfant.Ils seraient ainsi les capitaines qui proposent
un ancrage dans une histoire à adopter ensemble,
comme un enrichissement à partager.

Des débuts
parfois difficiles
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Si l'on choisit généralement le moment de se marier


ou de fondre une famille,on ne choisit pas le moment
de devenir grands-parents. Soit
les petits-enfants surviennent «Tatie Danièle »,
sans crier gare, soit ils n'arrivent l'exécrable et finalement
touchante vieille dame de
qu'après plusieurs années d’at-
ce qui est devenu un film
tente déçue ! Il faut laisser du «culte » peut exister dans
temps aux parents de devenir la réalité. Tatie Danièle,
grands-parents.Les débuts sont comme certains grands-
parfois difficiles, et cette diffi- pères, dément l'image
d'Épinal. Lorsque l’on a
culté parfois demeure, hélas ! 1]
affaire à un patriarche
y a les grands-parents gâteaux, enfermé dans ses
mais il y a aussi les grandbs- dogmatismes rigides,
parents pingres,acariâtres, pos- rétif à toute marque
sessifs, culpabilisants, etc. Il y a d'affection, les préalables
à une bonne relation ne
aussi des « Tatie Danièle » grand-
sont pas là, et ce n’est
mères ! La vieillesse ne bonifie pas aux petits-enfants
pas tout le monde ; certains gar- d’en faire les frais.

338
dent des rancunes, des remords, des déceptions qui
les empêchent d'entrer en relation avec leurs petits-
enfants.Il est important de ne pas obliger les petits-
enfants à aimer leurs grands-parents quand ceux-ci
sont insupportables et tyrannisent leur entourage.
Par ailleurs,
on ne peut plus aujourd'hui associer
systématiquement vieillesse et grands-parents. L'évé-
nement qui fait des parents des grands-parents sur-
vient généralement autour de la cinquantaine, à un
âge où l'on peut imaginer d'autres projets, voire réa-
liser ceux que l'on a longtemps remis à plus tard.Les
petits-enfants peuvent alors apparaître comme des
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intrus qui viennent brutalement rappeler le vieillis-


sement. On voit alors des grands-parents pris dans
une course effrénée contre la montre. Croisières,
bridge, marche à pied et cours de yoga ne leur lais-
sent guère le loisir d'être à l'écoute des autres,y com-
pris de leurs petits-enfants.
Enfin, tous les parents n'ont pas de relations har-
monieuses avec leurs propres parents. Certains
parents ont du mal à tout assumer à la fois : être
parents de leurs enfants, mais aussi enfants de leurs
parents, et parfois même grands-parents de leurs
propres petits-enfants !
Dans la plupart des cas, cependant, les grands-
parents demeurent le pilier fondamental de la
famille, avec un rôle aujourd'hui renouvelé.lls ont dû
s'adapter aux divers événements de la vie de famille
afin de devenir un élément de réconfort et de stabi-
lité pour leurs petits-enfants. Nouveaux rôles, nou-

339
rands-parents et petlits-ENnTan

velles missions qui ne sont pas faciles à endosser.Le


jeu en vaut pourtant la chandelle : si la transmission
ons d'une génération à l'autre a été bonne, elle pourra se
perpétuer avec la génération suivante. &

Adulte (l’âge) p.114;


> Éducation et rôle des parents p.233;
> Générations précédentes (les liens avec les) p.327;
> Secrets de famille p.520.
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340
Graphologie (la)
La graphologie vise une approche, voire
une compréhension de la personnalité à ses
différents niveaux, à travers un tracé dont
la singularité s'inscrit parallèlement au
développement psychomoteur, intellectuel
et affectif comme une sorte de témoin fidèle
de l’évolution du sujet. Dans les premières
questions...
Grandes
_ années d'apprentissage jusqu'à
l'adolescence, l'écriture montre une vive
sensibilité aux influences éducatives.
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Plus tard, en devenant automatique, elle


se personnalise : les diverses tendances de
la personnalité rendent compte du décalage
entre le modèle d'écriture imposé, le même
pour tous, et l'écriture de chacun.

L'écriture est un acte à travers lequel nous nous pro-


jetons. C'est un moyen de communication.Au même
titre que le langage, elle permet d'entrer en relation
avec autrui. Selon la personne à laquelle elle s'adresse
(ami, parent, employeur, etc.), selon le contenu qu'elle
véhicule (bonne ou mauvaise nouvelle, information
administrative ou sentiments), selon l'état du scripteur
(fatigue, énervement, détente), elle peut revêtir des
aspects différents. Cependant, on retrouve toujours
cértaines caractéristiques constantes et immuables ;
c'est sur elles que travaille la graphologie.

341
teAaek, , AS TSH
ecriture 4cofaire

Le «moi » statique original, les diverses


tendances ne s'y manifestent pas encore. Vanité.

? # é

no. ; AE /: Ir PF =
Huikbe Hiconaie , rigidité
Automatisation faite, intervention vu Arabie
de l'idéal,durêve,de l’exaltation, re
au détriment de la solidité, du réalisme. Rigidité.

Intervention massive du réalisme, Relâchement. |


des instincts : alourdissement de l'écriture
au détriment de l'esprit, de l'idéal, mais
aussi du contact social, de l’action. Uéshne jruntà nipux
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Inhibition.
RCE Re era
Cieus
gen s CR rt
pr
LS:

Ambivalence, conflit de tendances :


TT
cette écriture
écri hésite
ési entre les deux L nr AIRsvAT Rè—
modèles précédents, mais aussi entre An MR RAA
la droite et la gauche. Insuffisance de contrôle.

Le sens des lettres


L'écriture telle que nous l’'employons est faite de
lettres accrochées les unes aux autres, qui consti-
tuent des mots, des lignes, des pages. Ces éléments
sont régis par la loi de l'orientation spatiale. Tout ce
qui attire la lettre vers le haut se rapporte à la pen-
sée, à l'imagination, à l'esprit et à la poésie ; tout ce
qui se prolonge vers le bas va vers la matière, la terre,
la sensualité ; ce qui va vers la gauche témoigne de
l'attachement au passé, de l'introversion et du goût
pour l'introspection ; ce qui va vers la droite se dirige

342
vers autrui, le devenir, témoigne de la facilité à s'ex-
térioriser et des contacts avec le monde extérieur.
Les principaux éléments de la lettre sont le corps, la
hampe et le jambage. Le corps représente le moi du
sujet, la vie et le contact avec l'existence, le présent ;
petit, il témoigne du repli sur soi ; grand, il témoigne
d'un besoin d'expansivité, d'exaltation.L'espacement
des mots est étudié par les graphologues en tant qu'il
correspond au rythme de la pensée. L'espacement
considéré comme normal est de deux corps de
lettres.
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Quatre types d'écriture


On distingue de ce point de vue quatre types d'écri-
ture. On appelle écriture aérée celle qui offre une
bonne répartition des blancs entre les mots et les
lignes. On la considère comme un signe d'intelli-
gence, de clarté d'esprit, d'objectivité, d'indépen-
dance de jugement, d'esprit de synthèse. L'écriture
condensée est celle dans laquelle les mots et les lignes
sont tassés les uns contre les autres. Elle témoigne
d'un niveau médiocre d'intelligence et d'un besoin
insistant d'expression par l'esprit ou par la parole.
L'écriture espacée laisse de grandes plages de blanc
entre les mots et les lignes.Elle témoigne de timidité,
de manque de spontanéité et d'esprit critique. Les
espaces très inégaux témoignent d'instabilité de la
pensée,
de difficulté de concentration.Des mots nor-
malement espacés et des lignes serrées les unes
contre les autres montrent une bonne domination

343
du travail quotidien, mais un manque de hauteur de
vue. Les lignes descendantes témoignent de la fati-
gabilité,du pessimisme, voire des tendances dépres-
sives du scripteur, alors qu'une écriture montante
témoigne du dynamisme et de l'optimisme de celui-
ci. Face à une feuille de papier, comment le scripteur
va-t-il entrer en possession de cet univers qui est
pour un instant son domaine? C'est dans ce contexte
qu'interviennent les notions comme celle d'ordon-
nance du texte, de cadrage : position que présente
l'ensemble graphique par rapport à la page et qui
fait apparaître la marge comme structure essen-
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tielle. &

344
Grossesse (la)
Un enfant s'annonce. Généralement,
c'est avant tout une belle nouvelle,
la concrétisation d’un désir. En même
temps, une aventure commence, pas
si facile que l’on pourrait croire.
La grossesse contraint autant qu'elle
comble. Elle implique tout un travail
psychique d'adaptation, non seulement
Grandes
questions.
____ de la future mère, mais aussi du couple,
à cette situation neuve qui peut être
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génératrice d'angoisse ou même


de sentiment de culpabilité.

La grossesse est un moment qui prend une impor-


tance particulière dans la vie de chaque couple.Avoir
un enfant n'est plus une fatalité. On décide, on pré-
voit, on anticipe ce moment. Et, dès l'annonce de sa
venue,
on attend d'autant plus de lui qu'il n'aura vrai-
semblablement pas une ribambelle de frères et
sœurs. Il est devenu une personne intéressante : la
psychologie, la psychanalyse, la publicité, le cinéma,
la littérature s'y intéressent.Il est mis en avant de plus
en plus tôt. Les tenues des futures mères reflètent
cette nouvelle fierté d'être porteuse de vie.Des vête-
ments très près du corps affichent l'idée d'un bébé
désiré et d’un couple heureux face à cet événement
de vie. |

345
Pourtant, alors que l'on Le repli sur soi : la future
s'attendrait à une période de mère devient très attentive
à son corps, ses
vie synonyme de temps de
perceptions et ses
préparation paisible, qualifié sensations. Elle semble

nitude » pour la mère, cela n'a de l'enfant. Malgré lui,


rien d'un parcours tranquille. le fœtus-enfant devient
actif puisque c’est
La femme, dans un certain
un mouvement de sa part
repli sur soi, va devoir affron- qui rassurera la mère sur
ter les transformations de son sa présence vivante.
corps,réfléchir sur sa féminité, C'est comme une période
se préparer, tout comme le de préparation
à l'attachement et
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père, à de nouvelles respon-


à l'investissement affectif
sabilités. Le couple en sera qui devraient suivre.
modifié, la sexualité aussi, au
moins d'un point de vue subjectif. Pour les futurs
parents, enfin, il s'agit de s'ouvrir sur autrui. Cela ne
va pas forcément de soi.

Un travail en trois temps


La réalité amène très rapidement quelques difficul-
tés à surmonter. Pour les futurs parents, la grossesse
va être une période de préparation propice à une
réflexion sur ce qui est et ce qui pourra advenir.
Ilexiste de nombreux écrits sur cette période,en
particulier d'orientation psychanalytique. Le travail
deT. Brazelton et B.Cramer, l'un pédiatre, l’autre psy-
chiatre, allie ce type de réflexion à l'observation et à
la prise en compte de la réalité. Ils ont repéré trois
stades dans le déroulement de la grossesse, corres-

346
pondant chacun à un travail d'élaboration psychique
qui s'effectue en parallèle du déroulement chrono-
logique. Ils parlent de «tâches à accomplir», rappe-
lant que même une grossesse désirée n'est pas une
période dénuée d'efforts.

Première étape :
accepter la nouvelle
La première tâche repérée au cours de la grossesse
est d'« accepter la nouvelle »,ce qui peut paraître évi-
dent, mais ne l'est pas.
Le début de la grossesse met les mères dans
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un état de repli sur soi. L'intériorisation de cette


transformation physique favorise une maturation
psychique, parallèlement à la place de plus en plus
importante que l'enfant prend dans la réalité.
Au commencement, sa réalité peut sembler
floue. Les futurs parents savent qu'un bébé est là,
mais aucun signe réel de sa part ne vient conforter
cette information. Une prise de sang, un test, un
retard dans le cycle, des nausées, des sensations cor-
porelles pour la femme, mais rien de visible exté-
rieurement. Grossir, prendre du ventre sont les pre-
miers signes qui rassurent. La femme est reconnue en
tant que femme, future mère. Ses relations sociales se
modifient, comme son corps. Elle apparaît et elle se
sent devenir une autre.
Cette période est propice aux angoisses diverses
de la part des parents.En effet, passé un certain délai,
la grossesse devient un processus auquel on ne peut

347
échapper. Ce qui a été désiré, puis agi, devient alors
hors de contrôle.Cette prise de conscience n'est pas
toujours facile à accepter.
Pour la future mère, les désagréments physiolo-
giques du début (fatigue, nausées) peuvent être
source d'ambivalence vis-à-vis du désir même d'en-
fant, du père coresponsable de cet état ou du futur
enfant à l'origine des difficultés ressenties.
Enfin, concernant le fœtus, la question la plus
générale peut se résumer ainsi :« Mon bébé sera-t-il
normal ? » Même s'il existe de nombreuses réponses
sur le plan médical,la mère porte ce questionnement
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et le sentiment d'être responsable - exagéré quand


la communication avec son conjoint est restreinte -,
puisque c'est bien elle qui porte ce bébé dans son
ventre. Ce contexte d'ambivalence favorise l'émer-
gence d'une culpabilité.
Ces éléments surgissent nor-
malement mais ne doivent pas être si intenses parce
qu'ils limiteraient une réflexion nécessaire face à tant
de nouveautés.

INTÉRÊT ET LIMITES DE L'ÉCHOGRAPHIE


Très largement utilisée, l'échographie a des effets complexes
sur les parents. D'un côté, elle les rassure sur la bonne
conformation de l'enfant, mais, de l’autre, elle les confronte
à sa réalité d’une manière trop froide, trop précoce, qui risque
d'interrompre le travail nécessaire de leur imaginaire. Des
études ont montré que les parents avertis avant la naissance du
sexe de leur enfant mettent souvent plus de temps à s'attacher

348
à leur bébé et ont plus de difficulté à le reconnaître comme
une personne séparée. On comprend mieux le choix des futurs
parents (près de 40 %) qui refusent de procéder à cette
«interruption volontaire de fantasme » (expression de M. Soule)
et qui préfèrent ignorer le sexe de l'enfant jusqu’à sa naissance.

Sur le plan psychique, il L'idéalisation de l’enfant


faut trouver un moyen de se à naître devra faire place
défendre contre toutes ces à son image réelle.
Durant la grossesse,
angoisses, ces cauchemars ou
la mère s'attache à un
autres pensées négatives. La bébé qu’elle imagine.
parade disponible est à la fois Ce préattachement
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simple et imparfaite. Simple, se construit à partir de


ce qu’elle a vécu durant
parce que l'idéalisation est
son enfance et de ce
immédiate. Le bébé sera mer- qu’elle souhaiterait vivre
veilleux, sans défaut, exacte- en tant que parent. Cette
ment comme on l'aura désiré. construction influencera
On se promet aussi d'être de la relation à venir, qui
sera modulée par
très bons parents, bien meilleurs
une réalité plus ou moins
que ceux que l'on a connus. décevante, a fortiori
Mais méthode imparfaite aussi, différente des
puisque dès la naissance le pre- représentations issues de
mier travail consistera à élabo- la période de grossesse.
rer la déception apportée par l'enfant lui-même,
lequel ne saurait entrer en pure conformité avec notre
idéal. Quant à nos capacités effectives,elles sont mises
en doute dès les premiers pleurs difficiles à calmer.
Notre système psychique est donc sérieuse-
ment ballotté par cet enfant, alors même qu'on ne
le connaît pas encore.

349
Deuxième étape :
reconnaître l'enfant
à venir comme « autre »
Pour les parents, la deuxième tâche du travail de la gros-
sesse au fil des mois sera de reconnaître l'enfant à naître
«comme un futur individu qui sera séparé de sa mère »,
disent Brazelton et Cramer. Très tôt, le père soutient la
mère dans ce sens.Une future mère disait en ces termes:
«Nous,
on porte le bébé dans notre corps alors on l'a à
moitié dans notre corps, et à moitié dans notre tête.
Tandis que le père ne l’a que dans sa tête, alors c'est à
200 %. » Le père a une distance réelle avec cet enfant.
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L'enfant est hors de lui. L'effort pour le penser, l'imagi-


ner est plus important,maisil est immédiatement pensé
en tant qu'autre. Cet exercice est plus compliqué pour
la femme, qui, de fait, porte un bébé faisant encore
partie de son corps.Cette période est donc marquée
par la symbiose étroite qui
e : Le père se construit également
unit la mère et son enfant une représentation de ce
en gestation. Au-delà des que pourra être son enfant.
données purement biolo- Les bases s’en trouvent aussi
giques, la vie émotionnelle dans son enfance et sont,
en conséquence, différentes di
de la mère a des répercus-
celles de la mère. Cependant,
sions sur le fœtus, lequel ne portant pas l’enfant, il est
pourra réagir par une aug- influencé par les dires de sa
mentation de son activité femme sur ses sensations, ou
motrice au stress que sa par ce qu’il peut voir lorsque
l'enfant bouge. Tout cela va
mère peut éprouver, à l'an-
provoquer des sentiments
nonce d'une mauvaise nou- positifs ou inquiets, voire
velle par exemple. hostiles envers l’enfant à veni:

350
Le bébé, pour sa part, se révèle déjà actif dans
cette prise de conscience. Alors qu'il s'accorde sour-
vent aux rythmes de sa mère, il s'individualise pro-
gressivement en adoptant ses rythmes et ses niveaux
d'activité distincts qui deviendront peu à peu per-
ceptibles.
Le fait que la mère sente son enfant bouger en elle
favorise une régression plus importante et une identi-
fication inconsciente à lui. Cet état particulier prend
appui sur les relations fusionnelles qu'elle-même aura
connues au début de sa vie. Ce qui ne manque pas
d'activer des conflits restés latents.La vie imaginaire de
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la mère - représentation consciente concernant son


enfant - comme sa vie fantasmatique, inconsciente
modèlent sa relation avec son bébé in utero et consti-
tuent la base de ses relations ultérieures avec lui.
Les questions concernant l'identité et la sépa-
ration sont remises à l’ordre du jour. Sentir un être
étrange(r) grandir en soi et simultanément être
en fusion extrême avec lui peut déclencher des an-
goisses importantes, des sentiments de rejet autant
envers l'enfant qu'envers le père. Ces questions
d'identité, de séparation et d'individuation ont déjà
fait l'objet d'un travail psychique au cours de plu-
sieurs étapes de développement dans la vie de cha-
cun. Le stade de l'adolescence a dû permettre leur
relative résolution. Si ce travail n'est pas effectué au
préalable, cette période peut déclencher des réac-
tions pathologiques s'opposant aux premières capa-
cités d'empathie pour le bébé.

351
Troisième étape :
la découverte
du futur bébé
Le couple est « parentalisé », c'est-à-dire institué dans
son état de parents à la naissance, par la présence
même et le comportement de son enfant. Mais, dès
les relations intra-utérine, la dyade mère-bébé est
prise dans un système interactif. Le fœtus agjit.Il déve-
loppe son propre rythme, que la mère ne manque
pas de repérer. En fonction de l'intensité et de la fré-
quence de son activité, la mère va commencer à lui
donner une signification, à l'interpréter, à le compa-
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rer aux autres. Le bébé acquiert dans le psychisme


de sa mère un tempérament, une personnalité. Il
pourra même déjà faire penser à un membre de la
famille. Il va, malgré lui, déclencher des sentiments
aussi bien positifs que négatifs.

EN CAS DE PROBLÈME
Les progrès en génétique offrent la possibilité du diagnostic
prénatal.
Dans le cas de familles touchées par des maladies génétiques,
on peut, préventivement, faire les recherches de certaines
de ces maladies sur le bébé à venir. Ces examens et leurs
conséquences sont encadrés par des lois. La maladie
diagnostiquée par le médecin, maladie objective, n’est pas
la même que celle de la personne ou la famille dont la
représentation est teintée par de nombreux éléments subjectifs
et affectifs. Des consultations sont prévues en binôme, médecin

352
généticien et psychologue, de manière à ce que soit entendu
le discours parental. Lorsque le diagnostic est défavorable,
le rêve de bébé idéal se trouve alors anéanti. Les questions
de la vie à venir ou de la mort à décider doivent être pensées
dans un contexte où le temps devient paradoxal. Il s’immobilise
dans le choc de l’annonce tandis que la réflexion nécessaire
à une prise de décision renforce la réalité de la vie de cet enfant
dans l’histoire familiale. 5

Dès le 5° mois, les fonctions auditives se déve-


loppent, après les fonctions gustatives, plus précoces.
Le fœtus commence à réagir aux changements chez
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la mère,à avoir des mouvements individuels souvent


décrits comme des coups de pied. Ces gestes sont
visibles et peuvent être provoqués par des caresses
sur le ventre de la mère.Ce sont là les premières inter-
actions prévisibles.
À propos du dernier trimestre, des recherches
ont montré avec certitude que l'enfant réagit alors
aux stimulations extérieures, qu'elles soient visuelles
(lumière vive sur l'abdomen de la femme), auditives
ou kinesthésiques.Les mères sont très sensibles aux
capacités de réaction du fœtus. Au fur et à mesure
que l’on se rapproche de l'accouchement, ces réac-
tions du fœtus vont rassurer la mère sur la résistance
possible de l'enfant au travail de l'accouchement qui
s'annonce. C'est par conséquent le bébé lui-même,
par son comportement intra-utérin en réaction aux
stimuli externes, qui va rassurer ses parents sur ses
capacités à se confronter au monde.

353
DÉPRESSIONS
D'AVANT ET D'APRÈS
Un syndrome de dépression avant l'accouchement survient chez
près de 20 % des femmes enceintes. On le nomme «syndrome
de dépression du prépartum ». Ce même syndrome se retrouve
dans 65 % des cas de femmes présentant ce qui est plus
connu : la dépression d’après la naissance, ou postpartum.
Il serait donc intéressant de détecter et de prendre en charge
précocement ce type de syndrome, puisque les interactions
précoces mère-enfant en sont affectées. Les signes cliniques
caractéristiques de la dépression du prépartum
sont un sentiment de solitude, des autoreproches,
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une autodévalorisation, de l'anxiété, des troubles du sommeil


et des problèmes somatiques. La grossesse est ressentie
comme difficile. Des facteurs de stress accompagnent
ce tableau, en particulier des problèmes familiaux
ou économiques. On observe cependant que près de 70 %
des femmes qui ont connu un syndrome de dépression pendant
la grossesse sortent de cet état dépressif avec la naissance
de l'enfant. Pour la majorité d’entre elles, la fin de la grossesse,
la délivrance et le fait d’être mère agissent comme
des antidépresseurs.

La mère rêve, imagine ce que sera cet enfant.Le


fœtus devient un bébé qu'elle peut se représenter.
Cette représentation est influencée par sa propre his-
toire, tant par ses relations à ses parents et autres
adultes, que par celles au sein de sa fratrie et des
enfants de son entourage ayant eu une importance
particulière durant son enfance. Elle en parle avec

354
son partenaire. Cette troisième période prépare la
naissance. Le bébé à venir n'est plus totalement un
étranger. Dès son apparition, il sera déjà pourvu de
caractéristiques éventuellement reconnaissables.
Des bouleversements physiques et, consécuti-
vement, psychiques accompagnent la grossesse et
peuvent être difficilement partageables. La future
mère peut se sentir très vulnérable. La prise en charge
médicale centrée sur les corps de la femme et du
bébé ne doit pas faire oublier une éventuelle prise en
charge psychologique. Une attention particulière
soutiendra préventivement la mère si des difficultés
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apparaissent.En sachant que,comme chaque enfant,


chaque grossesse est unique. #

> Dépression (la) p.203;


> Enfant (l’arrivée du premier ) p.263 ;
> Enfant (désir et non-désir) p.275;
Parent (devenir) p.430.

355
Haine (la)
C'est un fait inexorable, nous sommes
condamnés à aimer. Enfants, parents, frères,
sœurs, conjoints. Et, parfois, à haïr : il n'est
guère possible de faire l'économie de l'intensité
du sentiment qui nous lie à nos proches.

Depuis le premier sourire du bébé à sa mère, les |


injonctions faites au nom de l'amour ne manquent
pas ; manger pour grandir, bien se couvrir faire atten-
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tion, puis poursuivre les études qui conviennent ; plus


tard, choisir le conjoint satisfaisant, tout se dire, être
proches.Au nom de l'amour, pour le bien de l’autre,
nous sommes parfois amené à le blesser, à le
contraindre, à l'empêcher, à lui faire du mal, sans
intention de nuire.
C'est souvent après coup que l'on peut se rendre
compte que l'on a fait souffrir un proche en croyant
bien faire. Le rôle de parents nécessite de prendre
souvent des décisions qui ne plaisent pas aux enfants
et dont certaines s'avèrent, par la suite, domma-
geables. Certains parents n'arrivent pas à évoluer
avec leur enfant et continuent à le juger immature et
irresponsable.À qui incombe le choix des habits, des
activités, des amis ?...
Ilest important de pouvoir évaluer une situation
et d'anticiper les soucis afin d'essayer d'éviter les
catastrophes. Mais il convient de ne pas penser à la
EN

356
place de l’autre,de ne pas croire qu'on sait mieux que
lui ce qu'il a dans la tête. L'emprise psychologique
empêche de penser, de prendre ses responsabilités
et maintient dans une dépendance affective parfois
terrorisante.C'est l'une des principales causes de vio-
lence morale envers les siens.Elle emprisonne les par-
tenaires, elle est difficile à repérer car elle s'installe
insidieusement et peut persister longtemps, que ce
soit entre parents et enfants ou entre conjoints.

La haine dans la famille


Il arrive aussi que la haine s'empare des cœurs et
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prenne place dans les relations. La haine dans la


famille constitue une arme redoutable, et, là, l’inten-
tion de nuire à l'autre est patente.
Si, parmi les six passions recensées par Descartes
au xvi siècle, on trouve côte à côte l'amour et la
haine, il serait inexact de se contenter d'affirmer que
l'une est l'envers de l'autre. Certes, ces deux senti-
ments sont liés, et l’on trouve souvent de l'un dans
l’autre, dans des proportions variables.Mais la haine,
passion obscure, a sa propre dynamique, absolue et
souvent tyrannique.
La psychanalyste J. Rivière remarque que, d'une
façon générale, la haine est une force de destruction,
de désintégration qui va dans le sens de la privation
et de la mort, alors que l'amour est une force d'har-
monisation, d'unification,qui tend vers la vie et le plai-
sir. Pourtant, l'agressivité associée à la haine n'est pas
seulement destructrice ou douloureuse, mais peut

357
être source d'énergie,tout comme l'amour peut deve-
nir ravageur et source de souffrance.Liée à l'amour, la
haine n'est pas son contraire. Elle est une passion dif-
férente de l'état d'esprit qui accompagne le fait de
détester quelqu'un.
Car il y a quelque chose d'impla-
cable, d'irrévocable dans la haine, quelque chose qui
se situe au-delà des mots. Il est souvent impossible
d'expliquer la haine, de la comprendre pour quel-
qu'un d'extérieur. Et, bien sûr, pour les protagonistes,
aucune négociation n'est possible, parfois même
aucune médiation. La haine est une passion dans la
mesure où elle se renforce, s'auto-entretient et
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devient une préoccupation unique et permanente.


Tout peut alors être interprété,et chaque élément de
la vie quotidienne devient un signe indiquant dans
quel camp on se situe. Toute tentative de rappro-
chement est vécue comme une manœuvre, et il est
donc impossible de parler des
2h . Pour exprimer un sentiment
origines de la haine ou des d'injustice, les adol
moyens d'y mettre un terme. et les jeunes adultes
Elle naît le plus souvent du d'aujourd'hui disent :«J'ai la
sentiment d'injustice, lié à haine»,chaque fois qu’ils
ont le sentiment d’en subir
l'amour indéfectible qui est
une, venant de la famille, de
porté à la personne estimée l’école, de la police ou de la
injuste. Caïn tue son frère, Abel, société. Et beaucoup ont fait
caril est jaloux de la préférence de la Haine, de M. Kassovitz
que Dieu montre à l'égard de un film culte. Mais dans ce
«j'ai la haine »-là, peut-être
ce dernier. Et personne n'a pu,
faut-il entendre : «J'ai la
ou su, s'interposer et leur per- haine de n’être ni entendu
mettre de s'expliquer. ni compris. »

358
La haine dans le couple
Empédocle, un philosophe grec, disait déjà que «tan-
tôt l'amour réunit tout en un, tantôt la haine divise tout
en deux ». À l'intérieur du couple, la haine, lorsqu'elle
survient,apparaît soit sous sa forme violente,soit sous
sa forme froide.La première suppose une symétrie :les
deux protagonistes se haïssent,se le disent et se l'en-
voient à la figure. Les scènes violentes se multiplient
sans qu'il y ait jamais de vainqueur. Si aucun ne cède,
si aucune médiation n'est efficace et si aucune sépa-
ration n'arrive, la haine devient une sorte de jeu per-
vers. Elle est alors la seule source de vitalité dans une
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relation sans plaisir. C'est la passion de détruire l’autre


et la relation qui prend le pas sur toute motivation.

LES THÉÂTRES OÙ SE JOUE LA HAINE


Pour se développer, pour prospérer, la haine a besoin
de décors, de rites. Elle s’épanouit lors des réunions de famille,
les mariages, les enterrements et les repas de fête. Le bureau
du notaire, au moment de la lecture du testament, est un lieu
fréquent de déchaînement haineux, car chacun peut croire que
l'amour se mesure en termes de petites cuillères ; les rancœurs
et les déceptions de ne pas être le préféré peuvent s'exprimer.
Les protagonistes sont alors réunis dans un huis clos qui
favorise un climat de clan où les liens affectifs sont amplifiés. 5

La seconde se construit jour après jour, autour de


rancunes, de rancœurs, de renoncements non digé-
rés. Chacun se sent victime des choix du couple, lésé

359
par la vie, le destin.Plus rien de chaleureux,
de vivant
n'est partagé, mais chacun veut prendre l'autre à
témoin de sa souffrance comme s'il était le seul inter-
locuteur possible. Le couple de G. Simenon dans le
Chat, incarné au cinéma par S.Signoret et J.Gabin,en
fournit un terrible exemple. Comme il est difficile de
parler de leur vie brisée en raison de l'absence d'en-
fant et de la perte du désir, tout devient prétexte à
escarmouches,en particulier l'argent, l'isolement pro-
gressif et, bien sûr, le fameux chat.Et, quand l'homme
jette à la face de la femme avec qui il vient de parta-
ger quarante ans :« Ton ventre est un cimetière », la
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haine atteint son comble, et il n'y a plus guère de


réparation possible.

La haine en héritage
Ici jouent la transmission et la loyauté. La haine naît
de l'injustice et prolifère dans un contexte de crise.
À l'intérieur d'une famille, elle naît à certains mo-
ments du cycle de vie où l'existence de cette famille,
la pérennité de ses règles se trouvent mises en cause.
l'est difficile de modéliser la naissance d'une haine
qui va croître et embellir, puis se transmettre sur plu-
sieurs générations. Plusieurs éléments doivent être
associés pour qu'une dispute, une rancœur, une
jalousie prenne une ampleur telle que la vengeance
ou le silence s'impose à tous.
Les haines ne se transmettent pas toujours d'une
génération à une autre. Mais lorsqu'elles sont trans-
mises se pose alors la question de la loyauté : dois-je

360
haïr une partie de ma famille car elle est haïssable,ou
parce que je suis fidèle à une mission que mes
parents m'ont confiée ? Plus tard, cette haine devient
«essentielle » car son objet est difficile à percevoir ;
elle n'est plus rattachée à quoi que ce soit, si ce n'est
à l'obligation de haïr. Il est donc dur d'en discuter
avec les protagonistes, car rien ne la justifie, sinon
qu'elle s'impose.

DEPUIS L'ANTIQUITÉ, UN THÈME INÉPUISABLE


La description de la haine qui s’exerce à l’intérieur d’une famille
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et de son évolution constitue le sujet préféré des dramaturges


depuis les tragédies grecques ; les personnages, mus par
leur passion, par leur destin et par les dieux sont devenus
nos mythes. Œdipe, Médée, les Atrides continuent
de représenter des références.
Par la suite Shakespeare, Verdi, Mauriac ou Kazan, par exemple,
et chacun dans son domaine, développèrent ces sources
d'inspiration.
La haine liée à des « mésalliances » est attisée par les belles-
familles : le suicide du père et du fils dans le Sagouin,
de F. Mauriac (1951), est un exemple typique : le père n’a
pu protéger son fils de la haine maternelle et grand-maternelle.
Tous deux, insultés, humiliés et rejetés n’ont qu’une issue
pour ne plus souffrir.
C'est dans ce livre que la mère prononce cette fameuse formule :
«Comme on dit faire l'amour, il faudrait pouvoir dire faire
la haine. C’est bon de faire la haine, ça soulage, ça repose. »

361
Dans tous les cas, force est cependant de remar-
quer que la véritable haine n'est pas seulement des-
tructrice. Nous ne voulons pas perdre l'objet de notre
haine : elle a un effet réunificateur, puisque la ou les
personnes haïes sont en permanence présentes dans
l'esprit de celui qui hait.Il n’y a pas de deuil possible
tant que la passion persiste. &

> Agressivité (1’) p.121;


> Frères et sœurs (entre) p.320;
> Générations précédentes(les liens avec les) p.327 ;
> Secrets de famille p.520.
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362
Hypnose médicale (|)
Une aura de mystère, de sorcellerie même.
De l'inquiétude et de la fascination.
Phénomène à la fois psychique et physique,
l'hypnose trouble d'autant que, la plupart
du temps, on ne sait clairement ni comment
elle est provoquée ni où elle mène.
Pourtant, on peut en appréhender le
_Grandes
questions.
fonctionnement. Alors compréhensible,
médicalement mise en œuvre, elle peut
contribuer au mieux-être et à la guérison.
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«Dormez,je le veux.» Voilà la vieille injonction qui


vient à l'esprit,avec un sourire cependant aux lèvres,
lorsqu'on évoque l'hypnose.Et, avec elle, un cortège
de clichés attachés à l'image du magnétiseur de foire
ou de music-hall.
Tout cela n'a aucune espèce de rap-
port avec l'outil véritablement thérapeutique que
peut être l'hypnose, lorsqu'elle est entre de bonnes
mains.Mais qu'est-ce véritablement que l'hypnose ?
On peine encore à caractériser clairement ce phé-
nomène qui touche à la fois le psychisme et le corps.
On s'accorde, cependant, généralement à le défi-
nir comme un état passager de conscience modifiée.
Et c'est cette modification de l'attention qui se révèle
bénéfique.Qu'elle soit spontanée ou,en thérapie,obte-
nue par un sujet, elle utilise cette capacité que pos-
sède chacun d'entre nous de se détacher du milieu

363
qui l’environne et de fonctionner à un autre niveau.
Consciemment nous sommes toujours là,inconsciem-
ment nous sommes «ailleurs », dans cet état particu-
lier où tout est différent car des «filtres » apparaissent.
En fait, nous nous dissocions de tous les phénomènes
conscients qui nous environnent pour fonctionner à
un niveau inconscient : celui de l'état hypnotique.

Les décrochages
spontanés
Si l'on vous dit que, chaque jour, vous décrochez plu-
sieurs fois de l'instant présent pour entrer dans un
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état hypnotique, vous aurez du mal à le croire.Et pour-


tant, c'est un phénomène banal et ordinaire que nous
utilisons spontanément et inconsciemment. Vous
souvenez-vous de ce trajet fait en voiture à la sortie
du travail et de cette impression d'avoir conduit
comme un automate sans y penser un seul instant ?
«Tiens,je suis déjà arrivé, cela m'a paru court aujour-
d'hui !» Vous avez conduit dans un état hypnotique
qui vous a permis de vous régénérer en énergie.

AILLEURS TOUTES LES 90 MINUTES


Des travaux réalisés dans les laboratoires de psychologie
aux États-Unis ont montré que nous entrons dans un état
hypnotique toutes les quatre-vingt-dix minutes, le temps de
régénérer notre énergie et d’être plus performant après. Tout
notre cycle de vie est basé sur cette heure et demie : l’école
commence à 8 h 30, la récréation à 10 heures, la sortie à

364
11 h 30, reprise à 13 h 30 et ainsi de suite. Ce cycle ultradien
décrit en 1991 par E. Rossi caractérise le processus d’hypnose
naturelle et spontanée que nous utilisons inconsciemment. #

La distorsion du temps occasionnée par l'hypnose


vous a donné cette impression étrange et agréable à
la fois d'un trajet écourté. Nous entrons ainsi plusieurs
fois par jour en hypnose dans des circonstances
diverses :en classe, les enfants s'évadent de l'ennui en
bayant aux corneilles;ils entendent ce que dit le maître
sans écouter vraiment ;ils sont dans la lune et se repo-
sent juste un instant. Tout comme les adultes qui, dans
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des réunions un peu longues, décrochent. L'esprit est


ailleurs : hypnose naturelle et spontanée !

L'hypnose traditionnelle
Aux côtés de l'état hypnotique spontané, l'hypnose
peut être volontairement déclenchée. il faut alors
qu'il y ait, en quelque sorte, partenariat entre l'hyp-
notiseur, qui, s'aidant de la voix, du regard ou sim-
plement des mots, parfois d'un objet, conduit un (ou
des) sujet(s) consentant(s) à entrer dans un état hyp-
notique et procède par suggestion.
Tous les travaux
prouvent que 50 % des personnes, parfois plus dans
certaines circonstances graves, sont suggestibles et
répondent donc à une suggestion donnée. L'hyp-
nose traditionnelle, utilisée depuis plusieurs siècles,
est fondée sur ce phénomène de suggestion et de
suggestibilité humaine. Socialement, elle a pu être
utilisée par des systèmes de pouvoir politiques ou

365
religieux ; de nos jours, la publicité l'utilise à des
niveaux global et individuel, les sectes aussi. Sur le
plan individuel, pratiquée par des personnes non for-
mées à la médecine, elle est dangereuse, car s'ap-
puyant sur l'hypothèse que l'effet de la suggestion
«écrasera » le symptôme ou la maladie.C'est un leurre:
le symptôme réapparaîtra dans les semaines qui sui-
vront.Cependant, pratiquée depuis l'aube des temps
par des chamans, des prêtres, des médecins, et jus-
qu'au début du xx° siècle, ce fut aussi bien souvent la
seule façon de venir en aide à des êtres souffrant sans
cause apparente de maladies,au point que l'on peut
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y voir le début empirique de la psychothérapie.

La nouvelle hypnose Les troubles |


et l'inconscient psychiques entraînant
Quels que soient ses risques et son une somatisation ont
marqué les grands |
empirisme, l'hypnose traditionnelle
débuts de S. Freud. C'est
pouvait avoir des effets bénéfiques. notamment en étudiant
On le savait sans bien comprendre le cas d’une jeune
les mécanismes en jeu. À la fin du femme diagnostiquée
xIXe siècle et au début du xx siècle, «hystérique » et traitée
sous hypnose par son
quelques psychiatres commencè-
maître, le psychiatre
rent à lier son action aux contenus viennois J. Breuer, qu’il
de l'inconscient en observant des jeta les fondements
cas de pathologies dues à des du rapport entre les
troubles psychiques. Mais elle contenus inconscients
et la maladie, donnant
tomba en désuétude jusqu'à ce
ainsi naissance
qu'un psychiatre américain, M. à la médecine
Erickson,amène le concept de nou- psychosomatique.

366
velle hypnose.Constatant que l’état d'hypnose naturelle
apparaît spontanément et permet au sujet d'accéder
inconsciemment à des ressources personnelles,ildéve-
loppe la notion d'inconscient, «réservoir à ressources »
dans lequel chaque sujet va en permanence trouver une
solution. Quand nous utilisons nos ressources, l'incons-
cient nous envoie les réponses.

LES PSYCHIATRES ET L'HYPNOSE


À la fin du xx° siècle et surtout au début du xx siècle,
H. Bernheim à la faculté de médecine de Nancy, puis J. Charcot
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et P. Janet à Paris, S. Freud et ses congénères à Vienne,


utilisaient l'hypnose pour traiter des cas dits d’hystérie. Il faut
cependant savoir que cette « hystérie » concernant aussi bien
les hommes que les femmes, désignait, assez sommairement,
nombre de troubles physiques ou psychiques dont l’origine
ne pouvait être imputée à une pathologie physiologique. De son
côté, un chirurgien anglais, Braid, pratiquait des amputations
sur les champs de bataille en utilisant l'hypnose comme
analgésie opératoire. Après la découverte de l’inconscient par
Freud, le développement de la psychanalyse, l’apparition
de médicaments antidépresseurs, anxiolytiques, et des
neuroleptiques, l'hypnose traditionnelle, qui était alors la seule
psychothérapie existante, subit un certain recul. M. Erickson, en
développant le concept de nouvelle hypnose, sut la moderniser
et lui redonner ses lettres de noblesse. De nos jours, des
milliers de médecins l’utilisent en Europe, en Amérique du Nord
et du Sud, en Australie, et l'Asie s’y intéresse désormais.

367
Le symptôme et la maladie apparaissent quand
nous n'avons plus accès à ces ressources incons-
cientes. Si une maladie survient, elle constitue, en
quelque sorte, le signal indiquant que quelque chose
ne peut être résolu :il faut donc agir et demander de
l'aide. L'état hypnotique, en ouvrant l'accès à l'in-
conscient, permettra ce travail de restauration. Sur
cette base, l'hypnose moderne à fait sa renaissance.

Faux et vrai pouvoir


L'hypnotiseur (de spectacle, le plus souvent,
ou celui
qui utilise l'hypnose sans être médecin ou psycho-
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logue) adopte un langage fortement suggestif, une


voix et un débit particuliers pour saturer l'esprit du
sujet à qui il est suggéré de façon autoritaire de fer-
mer les paupières qui sont lourdes, très lourdes !
Devant un tel bombardement de suggestions, le
sujet ne peut que fermer les yeux pour s'isoler.En fait,
il a laissé passer la suggestion :l'hypnotiseur va désor-
mais enchaîner suggestion sur suggestion pour
obtenir le résultat souhaité. Faux pouvoir :en réalité,
le sujet n'accomplit que ce qu'il veut bien ! Il est
prouvé qu'un sujet en hypnose ne perd jamais le
contrôle de la situation, n'obéit à aucune injonction
qui ne respecte pas ses valeurs propres, ses convic-
tions et ses croyances personnelles. Démystifiée, la
toute-puissance de l'hypnotiseur,et c'est tant mieux!
Le vrai pouvoir, en revanche, le patient le détient.
Et plus encore dans l'hypnose moderne. L'état hypno-
tique apparaît au cours d'une conversation banale

368
entre lui et son médecin.Il peut accéder par un travail d
simple à des réponses inconscientes :elles lui permet-
(
tent de résoudre le problème ou le symptôme qui le # i
fait souffrir.ll choisit la façon dont il entrera en hypnose,
le niveau de profondeur qui lui suffit pour ce travail
thérapeutique, la solution personnelle qui lui convient
le mieux.Il concentre en lui pendant l'état hypnotique,
tout son pouvoir de guérison. C'est en cela qu'il est
libre, libre de guérir à son rythme, par lui-même, quand
il est prêt à utiliser ses propres ressources.En hypnose
éricksonienne, le médecin ne fait que stimuler la capa-
cité du patient à répondre et à guérir, jamais il ne sug-
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gère une guérison ou l'abandon du symptôme.La gué-


rison, n'est-ce pas la liberté du corps et de l'esprit ?

| mu
LA RÉGRESSION EN ÂGE fs oh
La régression en âge est une technique avancée d nose
éricksonienne. Elle permet de retrouver, à des périodes de lavie d
où un sujet avait un problème ou une situation à résoudre, les

#.
ressources personnelles qu’il a pu ou su utiliser inconsciéèmment.-
Il retrouve alors une foule de détails, de comportements adaptés +

æ *
qui sont réactualisés et qu’il peut alors utiliser au présent. 2.
Cette approche thérapeutique doit être conduite avec beaucoup
d'attention car elle peut, menée de façon sauvage et inconsidérée,
générer de faux souvenirs. Elle se différencie, en outre, des
régressions dans des « vies antérieures » qui n’ont rien de médical
ou de thérapeutique et sont davantage une approche mystique et
délirante incompatibles avec-une éthique médicale. 8

369
Un champ très vaste
d'indications
À quoi sert l'hypnose ? À être mieux dans sa tête,
voire dans son corps, à guérir de bon nombre de
troubles, à juguler la douleur. L'état hypnotique
entraîne toute un gamme de réponses : régulation,
cicatrisation, guérison biologique et physique. De
nombreux travaux scientifiques publiés dans des
revues médicales internationales le prouvent régu-
lièrement.
L'action la plus spectaculaire s'exerce sur la dou-
leur : les centres de brülés utilisent l'hypnose dans
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les soins quotidiens. Douleur aiguë, douleur chro-


nique, douleur cancéreuse, le patient apprend l'hyp-
nose, l'auto-hypnose,et maîtrise ses souffrances.
Les interventions dentaires ou stomatologiques,
: la petite chirurgie dermatologique ou gynécolo-
:gique, la chirurgie digestive ou thyroïdienne peuvent
être effectuées en hypnose. Le problème est de
convaincre l'anesthésiste et le chirurgien :il en existe
quelques-uns !
Toutes les maladies psychosomatiques sont sen-
sibles à l'hypnose :asthme,eczéma, psoriasis, verrues,
lichen cutané, intestin irritable, ulcères gastro-duo-
dénaux, hypertension artérielle, et bien d'autres
encore dont l'énumération deviendrait fastidieuse.
On peut y ajouter la spasmophilie, la tétanie, la fibro-
myalgie, les douleurs ostéo-articulaires, l'algodystro-
phie, dont la composante mixte est établie, et qui
répondent à cette approche.

370
Les vertiges acouphènes (bourdonnements
chroniques de l'oreille), les névralgies cervico-faciales,
les migraines et céphalées de tension psychique éga-
lement.
Les troubles du comportement : scolaire, per-
sonnel, alimentaire (anorexie, boulimie), les dépen-
dances (alcoolisme, tabagisme, toxicomanie), manque
de confiance, la préparation aux épreuves sportives
ou artistiques figurent également au tableau.
En gynécologie et en sexologjie, l'hypnose, puis
l'auto-hypnose permettent une rapide résolution des
symptômes.
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En pathologie psychique, stress, anxiété, cer-


taines dépressions, les troubles obsessionnels com-
pulsifs, les peurs,les paniques,les phobies répondent
également à l'hypnose.

Les techniques Fr
de l'hypnose médicale
Les techniques de l'hypnose médicale utilisent
toutes les capacités disponibles en permanence chez
chaque sujet. La simple évocation d'un souvenir
agréable permet à celui-ci de revivre intensément,
pendant l'état hypnotique, toute une série de sen-
sations, de perceptions et d'émotions. L'hypnose
déclenche souvent une hypermnésie (augmentation
de la capacité de se souvenir de détails oubliés d'une
situation), mais aussi une amnésie (oubli) qui est utile
quand on travaille-sur un traumatisme grave. L'anal-
gésie ou l'anesthésie provoquées, la dissociation

371
(sensation qu'une partie de soi Dans une anesthésie sous
est présente, l’autre absente hypnose, l’anesthésiste
permet au patient d'éviter
ou fonctionnant indépendam-
l’anesthésie générale en
ment du conscient) sont utiles faisant une induction très
chez le patient qui doit être simple. Le sujet participe
opéré, qui ressent des douleurs à cette anesthésie en
évoquant des lieux
chroniques ou des souffrances
agréables. Il collabore
morales intenses.La régression
activement avec son
en âge,enfin, permet de retrou- chirurgien, qui peut alors
ver toutes les ressources qu'un intervenir dans des
sujet a su utiliser à un moment, conditions de confort et
même très lointain, de sa vie. de sécurité maximales.
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L'hypnose par le corps, approche personnelle


développée dans le livre Du bon usage de l'hypnose,
permet dans le même temps d'accéder au trauma-
tisme initial et d'effectuer un travail de résolution.
La base thérapeutique consiste à rechercher les
émotions et les sentiments liés à des événements de
la vie et à en défaire le lien, s'il engendre une souf-
france. Les ordinateurs ont de la chance, ils n'ont que
de la mémoire ;nous autres, humains, avons des sou-
venirs.Ce qui nous fait vivre dans la joie, mais dans la
souffrance aussi quelquefois !
Pour les médecins, l'hypnose est un excellent
moyen d'être rapidement utile au patient.Elle apprend
cette prise en charge personnelle qui conduira vers le
mieux-être et vers la guérison. Elle permet d'accéder
à la prise de pouvoir sur le symptôme et la maladie,de
découvrir l'autonomie et la liberté des sens, et d'accé-
der à une meilleure conscience de soi.

372
Hystérie (|°)
La notion d'hystérie a beaucoup évolué depuis
les descriptions de J. Charcot et de S.Freud,
elle laisse la place peu à peu à une névrose
dont les manifestations cliniques, très variées,
sont des symptômes corporels, qui ne peuvent
être rattachés à aucune cause organique.
Pourtant, la psychanalyse aujourd’hui
_Grandes
questions.
s'oppose à la conception contemporaine de
l'hystérie et au démantèlement de cette notion
qui a été au début du siècle un concept clé
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de la psychanalyse.
On notera néanmoins
que cette dénomination n'est plus retenue
aujourd'hui dans le DSM IV (Diagnostical and
Statistical Manuel of Mental Disorders); aussi
assiste-t-on à un découpage de l'hystérie entre
des troubles somatoformes, des troubles
dissociatifs et la personnalité histrionique.

Les crises hystériques, qui surviennent souvent en


public, peuvent revêtir des formes très diverses : crise
de nerfs, perte de connaissance, paralysie, convul-
sions, œdèmes, troubles circulatoires, etc. Elles sont
sans trouble «organique», c'est un «langage cor-
porel » par lequel l'hystérique exprime ses conflits
inconscients. La personnalité sous-jacente se mani-
feste par la suggestibilité, le théâtralisme et les
troubles sexuels.

373
Aux origines de l’hystérie
Dans des textes de l'Égypte ancienne, certains états
pathologiques sont attribués à la migration de l'uté-
rus,organe qu'on retrouve dans l'étymologie grecque
du mot «hystérie ». Jusqu'au xvir siècle, l'origine pre-
mière des troubles est attribuée à la continence
sexuelle et au désordre répandu dans le corps par le
débordement de substances dont l'accumulation est
nocive. L'apparition des nouveaux concepts de sensi-
bilité et d'irritabilité des fibres nerveuses fait entrer
l'hystérie dans les maladies mentales dont le traite-
ment moral a été proposé par P. Pinel. À la fin du
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xIxe siècle, Charcot tente de rattacher l'hystérie à la neu-


rologie,maisil lui est impossible de localiser une lésion.
I contribue à la compréhension du mécanisme de for-
mation du symptôme hystérique en découvrant la
possibilité de reproduire sous hypnose un symptôme
(une paralysie) en tout point comparable. L'utilisation
par J. Breuer de la méthode cathartique pour traiter
une patiente hystérique en la faisant parler sous hyp-
nose incite Freud à reprendre les recherches sur l'étio-
logie de l'hystérie. Il découvre l'existence d'un trau-
matisme psychique de nature sexuelle, survenu pen-
dant l'enfance et dont les réminiscences inconscientes
sont à l'origine du symptôme.ll introduit la notion de
conversion, «saut du psychique dans l'innervation
somatique », impliquant une correspondance entre la
parole et le symptôme et qu'il appelle «hystérie de
conversion ».Les représentations refoulées parlent par
l'entremise des symptômes de conversion, qui appa-

374
raissent comme l'expression symbolique des com-
promis entre la réalisation des désirs inconscients et
les processus de défense qui s'y opposent. La conver-
sion est une «transposition d'un conflit psychique et
une tentative de résolution de celui-ci dans ses symp-
tômes somatiques (paralysie,
par exemple) ou sensitifs
(anesthésies ou douleurs localisées, par exemple) »
[. Laplanche et J.-B. Pontalis, 1968].
Sur le plan de la clinique psychiatrique, on dis-
tingue deux aspects majeurs.

La personnalité
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hystérique
Les troubles de la sexualité sont caractérisés par la fri-
gidité classique, dont la femme hystérique se plaint
moins que son partenaire.Elle contraste avec les atti-
tudes de séduction, d'hyperexpressivité érotique, qui
peuvent effrayer le partenaire. Souvent, la femme
hystérique qui vit en couple évite les relations
sexuelles sous différents prétextes (migraines,règles
prolongées ou difficultés de contraception).Elle pré-
fère les activités de rêverie avec un partenaire idéa-
lisé. L'homme hystérique cultive souvent des amitiés
féminines ; dans sa crainte de la jouissance féminine,
il anticipe souvent par l'éjaculation précoce.Lui aussi
recourt à la masturbation et à la rêverie.Sa quête de
virilité et ses amitiés masculines passionnelles témoi-
gnent de ses troubles d'identité sexuelle, voire d'une
homosexualité. Les-relations sociales sont altérées
par la tendance au théâtralisme, la dramatisation et

375
parfois la mythomanie. L'hystérique recherche un
modèle, parfois chez les personnalités célèbres.Cette
suggestibilité, ce manque de naturel,
ce besoin d'at-
tirer l'attention vont susciter le rejet, en particulier
des médecins, d'autant qu'ils masquent mal l'agres-
quesÊs

sivité inconsciente de l’hystérique, habile à dévoiler


des les défauts et les désirs cachés de chacun.

G L'hystérie de conversion
Le passage du conflit inconscient dans le corps se
manifeste par des troubles ressemblant aux maladies
organiques. Il peut s'agir de troubles paroxystiques,
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comme la classique grande crise à la Charcot, débutant


par une «boule dans la gorge », des troubles visuels ;
puis survient la perte de connaissance,avec raideur et
mouvements convulsifs, de type épileptique. La récu-
pération est marquée par des attitudes théâtrales, pas-
sionnelles. Souvent, il ne s'agit que d'une crise convul-
sive, proche de la spasmophilie.À l'inverse, la syncope
isolée est fréquente, survenant en présence d'une per-
sonne significative pour le malade. Ces troubles
miment des fantasmes, ou même des attitudes orgas-
tiques.lls sont parfois contagieux et cèdent avec l'iso-
lement.Les anesthésies et paralysies hystériques sont
des conversions plus durables.Elles ne respectent pas
l'organisation anatomique, sont variables et sensibles
aux événements. Des contractures, spasmes et trem-
blements surviennent, mais surtout des troubles sen-
soriels (visuels et auditifs). Les manifestations viscé-
rales constituent des pièges pour les médecins, puis-

376
qu'il peut s'agir de troubles gynécologiques (grossesse
nerveuse), de vomissements, associés ou non à des
comportements alimentaires anarchiques.
Chez l'homme hystérique, une forme fréquente
de conversion est la névrose post-traumatique, décrite
après la Première Guerre mondiale et pouvant surve-
nir de nos jours après un accident de la voie publique
ou du travail. L'existence de troubles locaux comme un
œdème, de troubles circulatoires résistant au traite-
ment peut enfermer le malade et son médecin dans
une escalade d'examens et d'hospitalisations, débou-
chant sur la revendication et parfois la paranoïa.
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La dépression chez l'hystérique peut aboutir à


des tentatives de suicide, parfois réussies.Les mesures
thérapeutiques entreprises peuvent avoir pour but
d'aider le névrosé à renoncer aux bénéfices apparents
de sa maladie, qui en fait restreignent sa liberté et le
privent de réelles satisfactions. Les psychothérapies
analytiques vont dans ce sens.La psychanalyse a pour
ambition d'atteindre une partie de la vérité du sujet
et nécessite un engagement du patient et de son psy-
chanalyste dans un processus long et parfois dou-
loureux. D'autres méthodes sont utilisées, comme le
psychodrame, la relaxation.La prévention de la consti-
tution de la maladie hystérique passe pour certains
par les thérapies d'enfants chez lesquels des symp-
tômes de la lignée hystérique ont été décrits. &

> Névrose (la) p.407;


> Psychanalytique (le courant) p.450.

371
Juger l’autre,
comment, sur quelles bases ?
Le jugement n'est pas social que par son
objet, il l’est aussi de par les facteurs qui
l’influencent, tels que le contexte social dans
lequel il est émis ou les rôles et les statuts
des personnes qui jugent et de celles qui
sont jugées. Poser un jugement sur autrui est
un acte hautement social.
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Le contenu d'un jugement ne dépend pas seulement


des informations dont l'observateur dispose sur autrui.
D'une part, ce dernier est soumis à un ensemble de
contraintes d'ordre normatif, de règles sur la façon
dont un jugement peut être émis. D'autre part, sa
propre identité peut être affectée par le jugement
qu'il rendra.
Le jugement social est donc à envisager comme
expression d'une vision du monde et des préoccu-
pations de l'observateur.

Juger un membre
d’un groupe
Le type de jugement le plus évidemment social est
celui où le juge et la personne à juger appartiennent
à des groupes différents.Leurs insertions sociales res-
pectives ont, en effet, un impact déterminant sur le

378
jugement. Particulièrement importantes à cet égard
sont les relations qu'entretiennent les deux groupes.
Une série de recherches initiées par les travaux de
M. Sherif ont montré qu'il suffit que deux groupes
soient en situation de compétition pour que leurs
membres respectifs construisent,
au sujet des mem-
bres de l'autre groupe, des jugements extrêmement
négatifs, jugements qui permettent de justifier les
comportements hostiles rendus nécessaires par la
compétition. Mais, même en l'absence de compéti-
tion, les jugements portés à l'égard d'un membre de
son propre groupe tendent à être plus favorables que
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ceux portés envers les membres des autres groupes.


Ainsi que H.Tajfel et ses collaborateurs l'ont montré,
un tel biais permet aux juges de renforcer leur iden-
tité sociale,
de se conforter dans l'idée qu'ils sont des
personnes bien, puisque leur groupe se distingue
positivement des autres.Cette tendance à surévaluer
son propre groupe est particulièrement vive chez des
sujets qui viennent de subir un échec personnel,
même léger.
Toutefois l'appartenance à un autre groupe n'en-
traîne pas toujours un jugement plus négatif. Si un
membre de notre groupe et un membre d'un autre
groupe réalisent tous deux un comportement clai-
rement positif, une performance manifestement
brillante, nous aurons tendance à surévaluer la per-
formance de l'étranger. Inversement, si la perfor-
mance de ces deux personnes est également
médiocre, c'est celle de l'étranger que nous trouve-

379
luger l’autre, comment. sur quelles bases ?

rons la plus mauvaise. Autrement dit,ilse produit une


extrémisation des jugements portés envers les
. membres des groupes auxquels nous n'appartenons
pas. Diverses raisons ont été avancées. Pour certains
= auteurs, cet effet est une conséquence du fait que
nous connaissons peu de choses des autres groupes;
la représentation que nous en avons est plus homo-
gène que celle que nous avons de notre propre
groupe, ce qui entraînerait des jugements moins
nuancés. Pour Katz et Hass, qui ont travaillé sur la per-
ception que les Blancs ont des Noirs, cet effet serait
dû à l'ambivalence des Blancs envers les Noirs. D'une
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part, les premiers ont des préjugés négatifs envers


les seconds. D'autre part, ils savent que les Noirs
constituent une minorité défavorisée, en butte à
diverses injustices, ce qui tend à encourager l'émis-
sion d'un jugement favorable. Un élément de juge-
ment positifou négatif ferait basculer la perception
soit d'un côté, soit de l’autre. D'autres auteurs pen-
sent que cet effet est dû au souhait des juges de
pouvoir prédire facilement le comportement des
membres des autres groupes, alors que les membres
de leur propre groupe - et donc eux-mêmes - restent
imprévisibles, difficiles à juger.

« Mieux vaut être beau


et mince.
pour être bien jugé »
Outre l'appartenance groupale,les performances ou
les comportements de la personne jugée, une mul-

380
titude d'indications sont utilisées par les observa-
teurs pour constituer leur jugement.
«Mieux vaut être beau... » || semble exister une
croyance associant la beauté à des attributs sociale-
ment désirables. Diverses études ont montré que la
beauté entraîne des jugements positifs tant sur le
plan psychologique que sur les chances de réussite
dans divers secteurs de la vie. On a de même trouvé,
chez des enseignants,une surestimation du quotient
intellectuel des beaux enfants, ainsi que de leurs pro-
babilités de succès. Des personnes devant évaluer
un texte sur la première page duquel figure la photo
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de l'étudiante censée l'avoir écrit émettent un juge-


ment d'autant plus favorable que l'apparence phy-
sique de l’étudiante est plus attirante.
«.… et mince... » Contrairement à ce que peut suggé-
rer la formule du «bon gros »,il semble que les obèses
soient l'objet d'une discrimination perceptive,au point
que des chercheurs américains parlent de fatism
comme on parle de racisme, de sexisme ou d'âgisme.
«sourire et avoir une belle voix... » Des personnes
souriantes sont jugées plus sincères, plus sociables,
plus compétentes, mais moins indépendantes et
moins masculines. Même la voix peut facilement
être utilisée pour réaliser des jugements de per-
sonnalité.
«.… et apporter de bonnes nouvelles.» Une per-
sonne qui transmet une information appréciée par le
récepteur est elle-même plus appréciée par celui-ci
qu'une personne qui transmet une information qu'il

381
n'apprécie pas,et cela même s'il est clair qu'ilne s'agit
que d’une transmission, que le transmetteur n'est
pour rien dans le contenu du message.

On ne prête qu'aux riches


Il vaut mieux être dans une situation favorable si on
espère recueillir un jugement positif. C'est ce qu'ont
montré les célèbres travaux de M. Lerner (1980).
rance
Dans une série d'expériences, cet auteur et ses col-
laborateurs ont montré que les jugements d'obser-
vateurs sont lourdement affectés par le sort de la
personne jugée. Un sort favorable entraîne un juge-
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ment positif. Un sort malheureux suscite un juge-


ment négatif, et cela même - et surtout -— si la per-
sonne qui le subit le fait au profit de l'observateur,
parce qu'elle veut lui rendre service. La raison de ce
biais de jugement résiderait dans le fait que les
observateurs souhaitent inconsciemment croire
qu'ils vivent dans un monde juste, où coups durs et
récompenses arrivent à ceux qui les méritent, et où
ils peuvent donc contrôler ce qui leur arrivera.
Un phénomène assez proche de celui mis en évi-
dence par Lerner est l'effet de «simple position ».Des
auteurs ont montré que le simple fait de savoir
qu'une personne occuperait par la suite une position
d'autorité — attribuée de façon purement aléatoire -
mène à estimer que cette personne possède une per-
sonnalité correspondant à l'exercice de l'autorité.
Dans une expérience de Humphrey (1985), des per-
sonnes étaient aléatoirement assignées au rôle de

382
cadre ou d'employé, sous prétexte d'étudier la
manière dont les gens travaillent ensemble dans une
entreprise. À l'issue de l'expérience, les participants
devaient s'évaluer sur une série de traits tels qu'in-
telligence, motivation au travail intensif, assurance,
leadership et considération.Aussi surprenant que ce
soit, les sujets, qu'ils aient été cadres ou employés,
jugent les cadres plus favorablement que les
employés sur la majorité de ces traits !
D'autres recherches ont montré que des carac-
téristiques différentes sont attribuées aux pauvres et
aux riches, et ces différences font déjà l’objet d’un
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consensus chez des enfants de 8 à 12 ans d'origines


sociales diverses. Ces derniers voient les pauvres
comme paresseux, portés sur la boisson, irrespon-
sables, grossiers, brutaux, etc. tandis qu'ils voient les
riches comme polis, gentils, intelligents, heureux,etc.
Toutefois, les riches sont vus d'une façon un peu
ambivalente : ils sont aussi considérés comme
cupides et autoritaires. D'autres études ont confirmé
que de telles représentations sont partagées au sein
des différents groupes sociaux.Les enfants et les ado-
lescents réagissent à des photos de maisons et de
voitures non seulement en termes d'inférence de sta-
tut, mais fournissent aussi des évaluations person-
nelles du propriétaire. Ces impressions ne diffèrent
pas selon la classe sociale des juges eux-mêmes. Le
contenu d'un bagage prétendument perdu mène à
des inférences qui concernent autant la personna-
lité du propriétaire que son statut : par comparaison

383
un contenu plus luxueux ne mène pas seulement à
des estimations de statut supérieur, de plus grande
richesse, mais aussi à l'impression que ce propriétaire
est plus sympathique, plus agressif, plus responsable,
et qu'il réussit mieux.

Les règles du jugement


Les phénomènes décrits ci-dessus sont heureuse-
ment contrôlés, du moins en partie, par l'existence
de règles sur le jugement.Il existe notamment dans
la culture occidentale une règle qui stipule qu'on ne
peut juger une personne d'après sa seule apparte-
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nance à un groupe ou à une classe sociale.Mais pour-


quoi cette règle n'est-elle pas toujours respectée ?
Une première réponse peut être trouvée dans le
modèle de l'épistémologie naïve de A.W. Kruglanski.
Selon cet auteur,nous mettons à l'épreuve nos hypo-
thèses, nos connaissances ; nous les remettons en
question jusqu'au moment où elles nous paraissent
suffisamment fondées.À ce moment, nous les figeons.
D'hypothèses, elles deviennent des certitudes. C'est
le «gel épistémique ». Celui-ci surviendra plus ou
moins tôt, et donc la mise à l'épreuve, la vérification
sera plus où moins longue et systématique, en fonc-
tion de divers facteurs sociaux.Par exemple, dans une
recherche de Kruglanski et T.Freund (1983),des sujets
recourent effectivement davantage à leurs préjugés
lorsqu'ils ont peu de temps pour réaliser leur juge-
ment et y recourent moins lorsqu'ils s'attendent à
devoir justifier leur jugement.

384
Une autre réponse est fournie par une étude de
J.M.Darley et P.H. Gross (1983). Ces auteurs deman-
dent à des personnes d'évaluer les capacités scolaires
d'une fillette de 10 ans d’après un bref film qui la
montre dans son milieu social, riche ou pauvre. Ces
personnes s'estiment dans l'incapacité de juger. Ils
demandent le même jugement à d'autres personnes
qui ont vu un film où la fillette réalise une tâche de
performance ambiguë et obtiennent la même
absence de jugement. Par contre, des personnes qui
voient d'abord un film présentant le milieu social et
ensuite le film sur la tâche jugent la fillette plus douée
lorsque le milieu était aisé que lorsqu'il était défavo-
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risé. Pourquoi ? Parce que ces sujets,en voyant le pre-


mier film, se sont constitué une hypothèse sur la
fillette. Cette hypothèse,ils l'ont mise à l'épreuve des
faits lorsqu'ils visionnaient le second film. Le pro-
blème est que leur hypothèse a déformé à leur insu
ce qu'ils voyaient. La petite fille riche, ils la «voient »
réussir une tâche difficile. La fillette pauvre, ils la
« voient » peiner dans une tâche assez facile.

Nos jugements sont-ils


justes ?
On le voit, un problème majeur dans le domaine du
jugement social est qu'un observateur peut ne pas
être conscient de ce qui a déterminé son jugement.
Cela va à l'encontre des croyances des gens sur leurs
propres processus
de jugement. Même s'ils recon-
naissent que des influences diverses peuvent affec-

385
ter leur jugement, la plupart des gens estiment qu'ils
peuvent échapper à cette «contamination mentale »
assez facilement.En cela, ils se trompent.Par exemple,
des personnes chargées d'évaluer les compétences
d'une candidate à un emploi seront persuadées que
leur jugement est basé sur les capacités intellec-
tuelles, le parcours académique de celle-ci, mais pas
du tout sur le fait qu'ils savent qu'elle a renversé sa
tasse de café pendant un précédent entretien.En fait,
l'anecdote de la tasse de café a un impact significa-
tif sur leur estimation. Dès 1977, Nisbett et Wilson ont
établi une longue liste d'études montrant que de tels
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déterminants agissent souvent à notre insu sur nos


jugements. La présence de la pin-up auprès d'un
nouveau modèle de voiture exposé dans une publi-
cité ou un salon de l'auto constitue une application
de cet effet.
Sommes-nous donc condamnés à l'injustice dans
nos jugements sociaux ? Cette non-conscience des
déterminants de nos jugements nous empêche-t-elle
toujours de savoir si nous respectons les règles d'un
jugement équitable ? Pas forcément. D'une part, il est
possible d'échapper à de tels pièges si les observateurs
sont soucieux de rendre un jugement exact. Un tel
souci existe souvent spontanément et mène les obser-
vateurs à remarquer certaines influences indésirables
sur leur jugement et à corriger celui-ci, même si leur
correction n'est pas toujours parfaitement calibrée.
D'autre part, dans de nombreux cas, ce fonctionne-
ment inconscient mène à des décisions plus adéquates

386
qu'un traitement exhaustif et délibéré des informa-
tions. Des sujets parviennent à des conclusions plus
proches de celles d'experts lorsqu'ils n’analysent pas
trop en détail les raisons de leurs préférences.Enfin,les
études menées dans le cadre du modèle de la «jugea-
bilité » sociale montrent que les juges analysent les
caractéristiques de la situation de jugement un peu
comme le ferait un observateur extérieur. Après cette
analyse, ils sont tout à fait susceptibles de suspendre
leur jugement aussitôt qu'ils estiment qu'il y a un risque
pour que leur jugement ait été fondé sur des éléments
qu'ils ne voudraient pas prendre en considération.
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Dans de nombreuses situations quotidiennes, moins


piégées que celles où les chercheurs placent les sujets
de leurs expériences, il est probable que telles précau-
tions sont souvent efficaces.
Néanmoins, les études sur le jugement social
incitent à la prudence, surtout dans les cas où un
jugement de personnes risque d'être affecté par la
motivation inconsciente de justifier le sort, la situa-
tion sociale de celles-ci. &

387
Maladie psychique d’un proche
(face à la)
Quand un proche devient malade
psychiquement, toute sa famille - enfant,
conjoint, frère, sœur ou parent - s'interroge,
souffre avec lui et voit sa vie changer. Celle-ci
passe alors par des moments clés, des étapes
qui sont autant de jalons sur la route
douloureuse, mais inévitable, de l'adaptation
à une nouvelle réalité.
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«Rien ne prépare une famille à la maladie mentale.»


Cette constatation de la journaliste C. Tobin, auteur
d'un livre clair, juste et sensible sur la schizophrénie,
est constamment vérifiée. Certes,chaque histoire est
singulière, chaque affection a son déroulement par-
ticulier.Pourtant,au-delà des différences,on retrouve
les mêmes thèmes, interrogations ou affirmations
douloureuses qui semblent être le lot commun de
tous ceux dont un proche a,un jour,été atteint par la
maladie mentale.

Les débuts : tolérance


ou aveuglement ?
L'histoire commence souvent ainsi : pendant des
mois, voire des années, une personne vit repliée sur
elle-même, cessant progressivement toute activité

388
et tout contact avec l'extérieur, où, au contraire,
s'ancre dans un mode d'existence qui lui est propre,
imposant à son entourage un véritable régime de
terreur avec horaires impossibles, tapage nocturne,
repas décalés, etc.Plus tard, quand le diagnostic sera
posé, les proches se remémoreront ces années où la
vie quotidienne semblait baigner dans une atmo-
sphère étrange de tristesse, de colère et de peur.

LA SCHIZOPHRÉNIE
ET SES SYMPTÔMES
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La schizophrénie doit son nom au terme grec schize, « coupure »,


qui décrit ainsi le symptôme majeur de cette maladie, la
dissociation. Il y a plusieurs formes de schizophrénie, mais elle
apparaît en général chez des sujets jeunes (15-35 ans), et
touche à la fois la sphère intellectuelle, affective et relationnelle.
Le schizophrène exprime souvent des idées bizarres dans une
langue pleine de néologismes et apparaît à la fois détaché,
impénétrable ou incohérent. Dans son univers, la réalité interne
a pris le pas sur la réalité externe. Il risque de s’enfermer dans
un monde devenu inaccessible, dont seule l'attention
affectueuse et constante des proches le sort un peu, en dépit
des difficultés.
Plus que toute autre, cette maladie nécessite le recours
à plusieurs types de thérapies associant médicaments
(neuroleptiques), traitement psychothérapeutique individuel,
psychothérapies diverses - notamment, la thérapie de groupe,
utile pour maintenir du lien social, et la thérapie familiale.

389
Maladie psychique d’un proche (face à la)

Le plus souvent, la personne en question est


un(e) jeune - adolescent(e) ou adulte - dont les
DES
parents et la fratrie subissent,impuissants, les chan-
gements. Ce premier cas de figure décrit, dans ses
grandes lignes, l'entrée dans la schizophrénie sous
sa forme progressive et insidieuse. Chez un sujet
jeune, elle peut se confondre à ses débuts avec la
ahoes crise d'adolescence. Mais elle surgit parfois aussi
de façon plus brutale. C'est alors la bouffée déli-
rante, ce «coup de tonnerre dans un ciel serein»,
selon l'expression du grand aliéniste J. Magnan
(1866).
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Deux issues sont possibles. Soit les symptômes


disparaissent, demeurant une énigme, soit le sujet
bascule progressivement vers la forme chronique de
la maladie.
Autre scénario : un proche - enfant, conjoint,
parent vieillissant - semble triste ouirritable,se plaint
d'être constamment fatigué et souffre souvent d'une
douleur physique chronique qui résiste aux antal-
giques. En outre, il n'est pas rare de l'entendre évo-
quer des troubles du sommeil et de l'appétit. Surtout,
la fréquence des idées autour de la mort inquiète :
idées précises de suicide ou, plus vagues, d'en finir
avec une vie qui semble devenue un fardeau. Sou-
vent, en dépit d'un ralentissement général et d'une
baisse de l'énergie vitale, cette personne continue
encore à « fonctionner » pendant un certain temps.
On reconnaîtra aisément à ces signes le tableau ini-
tial d'une dépression.

390
D'autres troubles
psychiques
Aux plus connus des troubles Les psychoses, ensemble
psychiques, schizophrénie et d'affections mentales
dépression, il faut ajouter les d'intensité différente,
se caractérisent, pour
troubles de l'humeur, ou psy-
la plupart, par une
chose maniaco-dépressive, et transformation profonde
les névroses obsessionnelles. de la personnalité et du
a psychose maniaco- rapport à la réalité. Elles

nécessitent généralement
dépressive se caractérise par
une prise en charge
une alternance régulière d'états
intensive et, souvent,
opposés d'excitation (manie) et l’hospitalisation.
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de dépression.ll en existe deux


formes distinctes : la forme bipolaire, qui combine
les aspects maniaques et dépressifs ;et la forme uni-
polaire, qui ne présente qu'un seul aspect de la mala-
die, généralement le versant dépressif.
La psychose maniaco-dépressive est considérée
comme la moins grave des psychoses, car, malgré son
côté spectaculaire et la souffrance morale qui l'ac-
compagne,elle ne crée pas de déficits. Son traitement
associe avec efficacité médicaments et psychothéra-
pie.Davantage encore que dans d'autres cas, l'élément
le plus important est la participation du patient à son
propre traitement, et le fait que, avec le temps et les
accès renouvelés,il apprend à les prévoir et à chercher
de l’aide dès l'apparition des signes avant-coureurs.
Parmi les névroses,la plus spectaculaire et la plus
aisément décelable pour l'entourage est la névrose
obsessionnelle, désormais appelée TOC, c'est-à-dire

391
trouble obsessionnel compul- Dans la psychose maniaco-
sif. Ses symptômes touchent dépressive, le sujet soudain
surexcité a « mille idées à
trois domaines essentiels : la
la seconde », cesse souvent
pensée, les actes et la pensée de dormir ou de
magique ou les rituels.Le sujet s’alimenter. Il est
se sent contraint à penser à euphorique, tout lui semble
certaines idées ou images,ou possible. Certains font des
achats extravagants,
à accomplir certains actes
d’autres tiennent des
dont l'aspect parfois absurde propos extrêmes ou ont un
ne lui échappe pas, mais comportement grossier,
auquelilne peut se soustraire. voire obscène, inhabituel.
Les symptômes obsession- Vient ensuite la dépression,
lus progressive.
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nels ne sont pas tous patho- Pr PSE


logiques :c'est leur fréquence et leur intensité qui en
déterminent la gravité. Sous sa forme aiguë, la
névrose obsessionnelle s'apparente à la psychose
par la tyrannie qu'elle exerce sur tous les domaines
de la vie du sujet et de son entourage.
Pour cette pathologie, la cure analytique est sou-
vent décevante.Dans certains cas aux indications très
précises, on aura recours avec succès aux thérapies
comportementales.En raison de leur aptitude à faire
parfois disparaître des symptômes invalidants, elles
risquent d'apparaître comme la panacée. Pour les
formes graves, le recours à une thérapeutique médi-
camenteuse s'impose.
Quoi qu'il en soit, dans tous les cas de maladie
mentale, changement progressif ou irruption bru-
tale du trouble, la famille et l'entourage vont mettre
en place des stratégies de défense et d'adaptation

392
à cette nouvelle réalité qui amène une perturba-
tion lourde et durable.

La confusion
des sentiments
Face à la maladie mentale d'un proche,chacun réagit
selon son tempérament, son histoire personnelle et
son degré de proximité à la personne atteinte : ce
n'est pas la même chose que d’avoir affaire à un
parent âgé,à son enfant adolescent ou à un conjoint,
pour ne citer que ces trois cas de figure.
Dans tous les cas, la position ; k
La dépression,
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vis-à-vis du malade peut faciliter maladie de l’époque


ou, au contraire, compliquer le moderne. En France,
repérage de la maladie, puis l'adap- près d’un Français
tation et la recherche de solutions. sur cinq a fait ou fera
une dépression. Trop
Ainsi, le conjoint d'une personne
souvent, elle n’est pas
en dépression peut être à la fois le considérée comme
mieux placé pour repérer les pre- un vrai trouble, tant
miers signes de la maladie et pour elle se manifeste sous
des formes diverses,
faire le lien entre le patient, le
parfois difficiles
monde extérieur et celui des soi- à diagnostiquer.
gnants, mais il peut s'avérer, dans
le même temps, celui qui, à force de tout prendre sur
lui, bloque - parfois à son insu - toute solution nou-
velle qui pourrait se faire jour.
De même, les parents d'un jeune montrant les
premiers signes de ce qui n'est pas encore repéré
comme une schizophrénie, peuvent attendre long-
temps avant de consulter, refusant ce diagnostic qui

393
i fe _— ® nr 6 #

aqle DSVCNIQUE O UN DrOCn ace à 19

résonne trop souvent comme une condamnation à


mort psychique,
en dépit de l'arsenal thérapeutique
dont on dispose actuellement.
Dans quelque cas que ce soit, l'entourage du
malade passe par des sentiments extrêmes et sou-
vent contradictoires qui peuvent se résumer à une
trilogie : colère, culpabilité, tristesse.
C'est la colère des proches devant les ravages
randes
de la maladie, à la vue de l'être cher qui semble se
désagréger. C'est aussi la colère contre les pouvoirs
publics - institutions soignantes ou sociales - sou-
vent incapables de soulager la peur, l'isolement et les
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situations sans issue auxquelles le patient et son


entourage sont souvent confrontés. C'est parfois
également la colère contre le patient lui-même, celui
qui fait de la vie de ses proches un enfer quotidien
où chacun à son tour se sent exploité et poussé à
bout jusque dans ses derniers retranchements.
L'envers de la colère est, sans nul doute, la cul-
pabilité. Elle ronge le cœur des proches - parents,
conjoints - et amène, avec elle, l'inévitable cortège
des questions, lancinantes à force de rester sans
réponse : pourquoi lui, que s'est-il passé, quelle a
été l'erreur,à qui la faute ? Et comme en écho reten-
tissent souvent les propos du malade lui-même,
« C'est à cause de toi que j'en suis là !», qui hante-
ront longtemps encore l'esprit de la personne ainsi
accusée. On ressasse jusqu'à n'en plus pouvoir les
événements du passé proche ou lointain pour cher-
cher une explication,un début de sens à toute cette

394
souffrance, et souvent on se déchire entre parents
ou entre conjoints, en s'accusant mutuellement
d'une responsabilité que personne ne peut vrai-
ment situer.
La psychiatrie et, particulièrement, l'antipsy-
chiatrie ont largement contribué à cette culpabilisa-
tion,avec des termes comme « mère surprotectrice »
ou « mère schizophrénogène » et des traitements tels
que la parentectomie, lequel consiste à séparer le
malade de son milieu familial, désigné comme res-
ponsable de tous les maux qui l'accablent.
Depuis,ces désignations culpabilisatrices ont fait
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place à des théories moins manichéistes, grâce


notamment au développement des thérapies fami-
liales nées précisément de ce manque éprouvé à la
fois par les familles en souffrance et par les soignants.
Ces derniers, en effet, ont dû se rendre à l'évidence
que la famille constitue un élément incontournable
dans le déroulement et dans le pronostic de toute
affection mentale.
Enfin, et ce n'est pas le moindre, la tristesse
s'installe dans le cœur de toutes les familles dont
l'un des membres est malade. Elle pourra être
réversible ou marquera de son sceau définitif la vie
du groupe familial. Dans le cas d'une affection chro-
nique, comme la schizophrénie, cette tristesse cède
la place, au fil du temps, à la résignation, dans un
mouvement de cassure entre un «avant» et un
«après », dominés désormais par les péripéties d'une
maladie tyrannique et totalitaire.

395
Maladie psychique d un proche (ace à 1

Maladie chronique
et guérison
Comme pour toute maladie, le malade et ses proches
veulent légitimement connaître les chances de gué-
rison. Mais, en psychiatrie, la guérison n'est pas un
concept simple à définir s'agit-il de la disparition des
symptômes,ou plutôt de l'intégration de la maladie
au cours habituel de la vie, quand le patient et son
entourage ont appris à en gérer les manifestations ?
C'est là que réside la grande interrogation, à la
fois pour le patient et ses proches, mais aussi,dans un
premier temps, pour les soignants :qu'il s'agisse d'un
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premier accès dépressifou maniaque, d'une bouffée


délirante ou d'un changement plus progressif dans
l'humeur et les habitudes, il est, en effet, souvent dif-
ficile,
au début,
de poser un diagnostic et plus encore,
un pronostic. |

RECONNAÎTRE
LA DÉPRESSION
On distingue deux formes principales : l'accès franc et aigu
et les formes plus chroniques et rampantes.
Deux symptômes principaux caractérisent la maladie :
la tristesse pathologique et le ralentissement psychomoteur.
Le déprimé a des pensées pessimistes, souffre de sentiments
de culpabilité, d’une baisse de l'estime de soi et éprouve
des difficultés à penser et à se concentrer. Il se plaint d’être
constamment fatigué, ce qui va souvent de pair avec
des troubles du sommeil, et se montre généralement irritable

396
et anxieux. Le danger majeur est le risque suicidaire,
ce qui fait qu'aucune dépression ne doit être banalisée.
Là aussi, on associera avantageusement traitement
médicamenteux et psychothérapie. 5

Tout le monde veut croire à l'accès unique, qui


restera comme un mauvais souvenir que l'on s'effor-
cera d'oublier. Mais, après plusieurs rechutes, quand
s'impose l'évidence d'une affection plus chronique,
les questions se font pressantes.Quelle va être l'évo-
lution de la maladie ? Le patient va-t-il inexorable-
ment se dégrader, comme on le croit encore trop
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souvent, notamment en ce qui concerne la schizo-


phrénie ? At-il des chances d'aller mieux, et même
de redevenir comme avant ? Comment s'organiser
pour anticiper les rechutes,
en limiter la portée, pro-
fiter efficacement des rémissions ? En un mot, com-
ment s’habituer à vivre avec une maladie dont sou-
vent on ne connaît pas le nom ?
Il serait injuste de taire ici les efforts croissants
des soignants pour associer les patients et leurs
proches à la gestion de la maladie,que ce soit en par-
tageant avec eux le diagnostic, les doutes ou les
avancées thérapeutiques.

Vivre
avec la maladie
L'expression « vivre avec la maladie » a de quoi heur-
ter.Mais,
de fait, cette dernière s'impose en tiers omni-
présent dans la vie relationnelle et affective du

397
ô je + LS En 4 ,
Maladie PSVCNIQUE G UN Procne \I9ce g la

malade et de son entourage. Désormais, il va falloir


compter avec elle, l’accepter et l'intégrer dans la vie
OS
quotidienne, sans pour autant tomber dans le renon-
cement et le sacrifice total.Lassitude et usure aidant,
la tentation est grande pour la famille d'abdiquer
devant cette maladie, après en avoir combattu jus-
qu'à l'idée.
Au fil des années,
on voit ainsi des parents
et des conjoints, passés du déni à la résignation, ne
randes
vivre plus désormais qu'au rythme de cette patho-
logie, après avoir renoncé peu à peu à toute vie per-
sonnelle : vacances, loisirs et, parfois même, travail,
tout est bloqué.Une pesanteur morne s'installe avec
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son corollaire, la fuite des relations sociales, qui ne


concerne pas seulement les parents ou le conjoint
mais tous les proches. Or, ce sacrifice consenti par
amour est souvent extrêmement nocif pour l'inté-
ressé lui-même. En effet, en le désignant comme
l'éternel malade et l'éternel assisté,
on risque de dimi-
nuer considérablement ses chances de s'assumer
davantage avec sa maladie, et de supprimer alors
toute possibilité de changement dans le système
familial.
Les thérapies familiales s'efforcent de prévenir
ou d'atténuer cette dérive et d'autres, inévitables,en
réunissant dans une même séance les divers prota-
gonistes du drame familial et relationnel qui se joue
autour de la maladie.
Que l'on ne s'y trompe pas :il
s'agit là d'une découverte majeure en matière de thé-
rapeutique pour la maladie mentale (et physique),
qui consiste à revivifier un système mortifié par la

398
souffrance, les espoirs déçus et les erreurs,
en faisant
retrouver à chacune des personnes concernées le
chemin de ressources dont elle avait oublié jusqu'à
l'existence. &

> Dépression (la) p.203;


> Névrose (la) p.407;
> Psychose (la) p.457;
> Psychose maniaco-dépressive (la) p.465 ;
> Psychothérapie (suivre une) p.478;
Schizophrénie (la) p.504;
> Systémique (le courant) p. 595;
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> Thérapies cognitives et comportementales (les) p.611;


> TOC et phobies p.622.

399
Malheur …
(quand on fait son propre )
Le malheur est-il une question de malchance,
une distribution aveugle du destin, ou bien
une pseudo-fatalité à laquelle certaines
formes de personnalités seraient
prédisposées ? Comment expliquer qu'il
épargne les uns et accable sans merci les
autres ? La psychologie ou la psychiatrie
sont-elles qualifiées pour rendre un tel
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problème intelligible, ou faut-il laisser cette


question aux philosophes et aux
théologiens ?

Nombre de cliniciens sont confrontés avec effare-


ment à une catégorie particulière de patients, dont
l'approche thérapeutique est rendue difficile par le
simple fait qu'ils s'ingénient à ne pas guérir, et ce en
dépit de leur demande apparemment sincère d'une
thérapie destinée à les aider à mieux vivre. Ces
experts de l'échec et du désenchantement, sans dis-
tinction liée au sexe ou à l'âge, se singularisent par
leur haute résistance aux interventions thérapeu-
tiques, une espèce de propension passionnelle à la
délectation morose. Ils se plaignent en tout temps
de sentiments d'impuissance, de manque de
confiance en eux-mêmes comme dans la vie,

400
d'anxiété face au moindre changement, etc. et ces
plaintes se compliquent parfois de symptômes
divers, allant de la dépression aux troubles du com-
portement, en passant par des profils de «per-
sonnalités pathologiques » : névrose de caractère,
troubles narcissiques, psychosomatiques.… Il y aurait
donc certaines raisons relevant de la psychologie
humaine pour expliquer, du moins partiellement,
cette répartition du malheur, à première vue aléa-
toire, par l'art de faire son propre malheur.

Le retentissement
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lointain d’une expérience


précoce
Maintes formes de blessures affectives précoces
jouent un rôle déterminant sur le développement de
la personnalité. L'enfant abandonné, maitraité ou
mal-aimé apprend de bonne heure à ne pas s'aimer
lui-même, quand il ne s'initie pas carrément au
mépris ou au dégoût de soi, souvent accompagnés
de la honte ou de la culpabilité d'être au monde.Cet
apprentissage douloureux et précoce est d'autant
plus dramatique à vivre qu'il se passe à un âge où
l'enfant n'a aucun recul critique envers ses parents,
en qui il place naturellement toute sa confiance, Le
raisonnement de l'enfant exposé à ce type de bles-
sures pourrait se résumer en une sentence un peu
lapidaire : «Si mes parents ne m'aiment pas, c'est
parce queje ne suis pas aimable ou parce queje ne
mérite pas d'être aimé, et je n'ai par conséquent

401
lalheur … (quand on fait son propre

aucune raison de m'aimer moi-même.» Ce genre de


sentence prend aisément la force d'un «cliché per-
sonnel», pour ne pas dire d'un «slogan intime », qui
restera durablement gravé dans la mémoire et dans
l'inconscient de l'enfant, surtout s'il ne lui est pas
donné de faire l'expérience, au cours de sa crois-
sance, d'une relation affective différente et compen-
satrice, c'est-à-dire aimante, chaleureuse, sincère et
FanGes
respectueuse de sa personne. De la sorte, le «non-
amour» et son cortège de désenchantements suc-
cessifs deviendra synonyme de la «réalité du
monde ».Tout semble démontrer à l'évidence qu'une
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personne victime de carences ou de maltraitances


précoces a tendance à répéter,
de façon compulsive
et obsédante, le scénario initial de son enfance,
comme si le même malheur devait fatalement se
reproduire, soit exactement de la même manière, soit
sous la forme de conduites symboliques, en restant
convaincue que tout cela est de sa faute.

Le grand livre familial et


la légitimité destructive
Aux carences où aux maltraitances initiales s'ajou-
tent d'autres contraintes,essentiellement alimentées
par une autre logique liée au climat dejustice imma-
nente se dégageant des pourparlers invisibles du tri-
bunal intime de chaque famille. Les recherches et les
expériences cliniques des thérapeutes de famille
montrent bien, depuis une cinquantaine d'années,
combien la famille continue à exercer une influence

402
déterminante dans la vie de chaque personne - et
ceci pas seulement au cours de l'enfance, mais bel et
bien lors de chaque étape du cycle de vie.
Déjà à un premier degré, la façon de communi-
quer en famille imprègne en profondeur le fonc-
tionnement psychique de chacun des membres et
constitue un type spécifique d'apprentissage, prési-
dant à la façon de penser ou de se parler à soi-même,
comme de communiquer avec autrui. La force de
pénétration du style familial et de ses règles propres,
dans la vie de chaque membre,en particulier des des-
cendants, s'explique par la tendance à se soumettre
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au script narratif découlant du patrimoine commun


et distribuant les rôles à tous les membres.La loyauté
de chaque membre envers les expectatives de son
clan familial le met à la merci, sous peine de se sen-
tir coupable, ou même carrément d'être coupable,
des injonctions et attributions édictées par ses
parents et par ses grands-parents, prescriptions pre-
nant parfois l'allure de véritables missions.

DES RÔLES DISTRIBUÉS


PAR LA FAMILLE
Dans certaines familles pathogènes, les rôles semblent
s'imposer. L'un aura pour script d’être le «malchanceux », un
autre le «méchant égoïste » qui n’en fera jamais qu’à sa tête
(mais que le destin punira jour), une autre sera la « gentille
raisonnable » au cœur fidèle, sur laquelle on peut toujours
compter mais qui s’oublie toujours elle-même alors qu’elle

403
lheur …… (quand on fait son prop

souffre mille morts, et ainsi de suite. Le casting distribuant


ce genre de rôles ou de statuts est très varié, il s'inscrit dans
IONS ce que I. Boszormenyi-Nagy, pionnier de l'approche éthique
en thérapie de famille, a appelé le « patrimoine familial ». 8

Dans chaque famille, la distribution des dettes


et des mérites entre les membres est inscrite dans le
grand livre invisible qui définit la position de rede-
vance ou d’exigence de chacun par rapport aux
autres. Selon qu'un enfant doit «éponger la dette » de
son père où de sa mère envers la génération précé-
dente, son destin pourra être jalonné de maux, mal-
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heurs, accidents en chaîne, altérations répétées de la


santé mentale ou physique, et cela parce que sa vie
entière est dictée par les attentes claires ou cachées
de ses ascendants. L'un aura pour mandat de rater sa
vie amoureuse, familiale ou affective au sens large,
alors que sa vie professionnelle sera sauvegardée.Un
autre devra cumuler toutes les maladies graves, ou
subir des rechutes indéfinies de la même maladie,
parce que son père est devenu un assisté précoce de
la société, et parce qu'il est hors de question de lui
infliger le spectacle d'un fils qui, lui, réussit.
On le voit,
cette forme d'habilitation ou de légitimation du des-
cendant par le clan a ici un caractère franchement
destructeur et l'expérience clinique montre que cette
légitimié destructive est souvent à l'œuvre dans
l'obstination à ne pas guérir, à résister à toute occa-
sion de changer les choses, à se complaire dans le
malheur en s'en plaignant bruyamment au besoin.

404
Perspectives
thérapeutiques
Il existe maintes façons d'affronter ce type de pro-
blème en psychothérapie. Au stade le plus élémen-
taire, le thérapeute qui travaille individuellement avec
le patient peut s'efforcer de lui offrir, avec constance
et patience,un autre regard sur lui-même.Cette forme
de reconstruction de son image dépend beaucoup
de la qualité de la relation thérapeutique, de son cli-
mat affectif et éthique,
de la confiance qui règne entre
les deux protagonistes, en vue de permettre l’expé-
rience suffisamment prolongée d'une relation affec-
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tive novatrice et heuristique.Elle peut être complétée


par des procédés techniques modernes, tels que
l'usage du jeu de rôle et de la vidéo, Lo 2
Heuristique : se dit
qui incitent le patient à explorer de ce qui favorise
d'autres modalités de sa relation à lui- la découverte
même, mettent au jour ses ressources d’une autre façon
et lui permettent d'inventer un nou- de se percevoir
veau dialogue avec lui-même. anond
Un autre niveau d'action thérapeutique est la
thérapie de famille, qui consiste à confronter le
patient à ses proches parents, dans des séances au
cours desquelles le thérapeute agit directement sur
les interactions affectives et sur le style de commu-
nication, tout en incitant chacun à reconnaître le
mérite ouvert ou caché des autres membres (en par-
ticulier du patient).
Un troisième levier d'action utile est la thérapie
de groupe entre patients souffrant du même type de

405
à

Malheur … (auand on fait Son DfOpre

problème.Il s'agit ici de partager l'expérience vécue


avec d'autres artisans de leur propre malheur, de
Te
Jf
façon réparatrice.
À ces divers procédés s'ajoutent des outils thé-
rapeutiques originaux, tels que l'hypnose,ou les thé-
rapies brèves dans la ligne du groupe de Palo Alto,
en Californie.
Quelles que soient les techniques thérapeu-
tiques suivies pour résoudre ce genre de problèmes,
l'esprit commun qui les inspire pourrait être illustré
par un antique adage chinois : «Vous ne pouvez
empêcher les oiseaux de malheur de voler.Vous pou-
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vez seulement les empêcher de faire leur nid dans


vos cheveux.» ®&

Générations précédentes (les liens avec les ) p.327;


> Résilience et aptitude au bonheur p.496 ;
> Thérapies brèves (les) p.602 ;
> Thérapies cognitives et comportementales (les) p.611 ;
Troubles ancrés dans l'enfance ? (des) p.630.

406
Névrose (la)
Les troubles névrotiques sont extrêmement
fréquents (près de 12 % de la population
en seraient atteints) et se répartissent
en cinq catégories :
- les troubles anxieux, paniques et phobiques,
- les troubles obsessifs compulsifs (TOC),
- les troubles
Grandes
questions. hystériques avec conversions
somatiques,
- les troubles somatoformes et hypocondrie,
- les troubles dépressifs et réactionnels au stress.
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Ce sont des maladies de la personnalité liés


à des conflits intrapsychiques (H.Ey), qui
n'entraînent généralement pas de troubles
graves du comportement et ne nécessitent pas
d'hospitalisation. Le malade est conscient de
son trouble et peut demander des soins.On
note des symptômes qui expriment de façon
symbolique les conflits psychiques dont
l'origine se trouve dans la petite enfance.
L'évolution des connaissances en psychiatrie
et en psychologie permet un diagnostic
précoce ainsi qu'une plus grande efficacité
et précision dans la prise en charge.

Le terme de « névrose » va être progressivement


détourné de son sens primitif au cours de son évo-
lution historique. Créé par un professeur de méde-

407
cine d'Édimbourg, W. Cullen, en 1769, pour définir
l'ensemble des maladies nerveuses en affirmant leur
origine organique et pour donner un cadre nosolo-
gique spécifique à la neurologie naissante, il va pro-
gressivement recouvrir le champ d'affections men-
tales dont la causalité psychogénétique est de plus
en plus évidente : d’abord les vésanies, c'est-à-dire
tout le domaine de la folie, des psychoses ; puis les
psychonévroses, d'où émergent,comme des figures
dominantes, d'une part l'hystérie et d'autre part la
névrose obsessionnelle, auxquelles S.Freud donnera
son statut définitif.
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Naissance du concept
de névrose
et premières évolutions
C'est d'abord avec P.Pinel, grand lecteur de Cullen (il
traduit en particulier ses Éléments de médecine pra-
tique en 1785),que la classe des névroses de sa Noso-
graphie philosophique (1797) regroupe à la fois des
maladies neurologiques organiques, comme les
affections comateuses ou l'apoplexie cérébrale, et
des maladies qui tiennent pour lui à des causes
morales,comme «les affections hypocondriaques et
mélancoliques et même la manie », ainsi que l'hysté-
rie et le somnambulisme.Mais c'est surtout au milieu
du xIx° siècle, avec les progrès de la médecine ana-
tomo-pathologique, que seront écartées des
névroses toutes les affections neurologiques spéci-
fiques,comme la paralysie agitante, devenue la mala-

408
die de Parkinson, ou la sclérose latérale amyotro-
phique.
Mais ces découvertes resteront limitées et n’ap-
pauvriront guère le grand chapitre des névroses,
fourre-tout plus ou moins hétéroclite, qui termine
généralement tout traité de médecine paraissant au
xIX® siècle. Car c'est bien selon leurs caractères néga-
tifs que se définissent alors les névroses : états mor-
bides, mais généralement sans fièvre (apyrétiques),
sans lésion précise, n'entraînant pas de changements
profonds et définitifs, ayant une évolution mal pré-
visible pour ne pas dire imprévisible. L'atteinte de l'in-
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telligence, de la sensibilité, de la motilité y est tou-


jours incomplète, parcellaire, fugace.

L'apport
de la psychanalyse
La psychanalyse apparaît d'emblée comme une psy-
chologie dynamique qui privilégie la notion de conflit
psychique : tout comportement est finalement l'ex-
pression d'un conflit, soit entre l'individu et le milieu
extérieur, soit à l’intérieur de lui-même (conflit intra-
psychique).Et le développement affectif portera ainsi
la marque de tous les conflits que l'individu a pu sur-
monter ; car la solution de ceux-ci, aux différents
stades de ce développement, permet chaque fois une
réorganisation qui oriente plus ou moins définitive-
ment la relation ultérieure avec les objets.
Ces conflits se résument dans l'opposition entre
les deux grands principes freudiens : principe de plai-

409
sir et principe de réalité. Le premier régit la vie du
nourrisson dans la période néonatale. En l'absence
de l’objet qui peut satisfaire l'enfant (la mère),ce der-
nier dispose, par l'hallucination qui supprime le
monde réel,
de la satisfaction hallucinatoire du désir.
Mais, peu à peu, le principe de réalité oblige l'enfant
à admettre la réalité avec ses frustrations et ses inter-
dits. Ainsi, le principe de réalité s'affronte constam-
ment au principe de plaisir dans le fonctionnement
de l'appareil psychique. Ce dernier fonctionne donc
selon un modèle topologique qui,au début, séparait
l'appareil psychique en «inconscient », obéissant au
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principe de plaisir,et «conscient »,obéissant au prin-


cipe de réalité.
À partir de 1920, Freud modifie cette topique
en y décrivant trois systèmes : le ça (partie de l'an-
cien inconscient, système des instincts sous la
dépendance du principe de plaisir), le moi (le
conscient, principe de réalité) et le surmoi (incons-
cient quoique issu du moi, système contenant des
éléments refoulés par le moi sous la pression de la
réalité). La notion de refoulement y reste essentielle.
Et c'est dans cette perspective que Freud situe les
névroses, en les reliant en particulier à une fixation
à un stade libidinal : névrose obsessionnelle au
stade anal, névrose phobique et hystérie pendant
la période œdipienne. Avec les névroses dites « de
caractère » (organisation sur un mode névrotique
du caractère avec un fort déséquilibre instinctivo-
affectif) et les névroses traumatiques réactionnelles

410
à un événement traumatique physique ou psy-
chique (qui ne fait bien souvent que réactiver une
structure névrotique sous-jacente jusque-là latente),
celles-là constituent toujours le cadre nosologique
de référence.Pour ce dernier, le champ clinique des
névroses se définit,comme l'indique Ch.Brisset, par
« des symptômes névrotiques » et par «le caractère
névrotique du moi ».Les premiers sont «les troubles
des conduites,
des sentiments ou des idées qui mani-
festent une défense contre l'angoisse et constituent
à l'égard de ce conflit interne un compromis dont le
sujet tire dans sa position névrotique un certain pro-
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fit (bénéfices secondaires de la névrose) ».Le second


est caractérisé par le fait que le moi «ne peut pas
trouver dans l'identification de son propre person-
nage de bonnes relations avec autrui et un équilibre
intérieur satisfaisant», ce qui ne l'empêche pas de
maintenir avec la réalité un contact presque normal,
à l'inverse de ce qui se passe dans la psychose, où le
délire est pris pour le réel.

La névrose
expérimentale
Si les cliniciens semblent encore suivre d'assez près
la perspective freudienne en France, il faut recon-
naître que la notion de «névrose expérimentale »,
d'abord introduite par I. P. Pavlov en Russie dès le
début du xx° siècle, puis par J.Massermann aux États-
Unis et par H.Eysencken Grande-Bretagne, a pris une
grande importance avec l'utilisation de plus en plus

411
répandue des thérapies comportementales. Le pre-
mier, Pavlov avait montré qu'on pouvait créer des
névroses expérimentales chez l'animal par des condi-
tionnements avec des signaux contradictoires ou
mal différenciés.
C'est à partir des troubles de l'apprentissage
qu'Eysenck, Massermann et J. Wolpe ont pu définir
la névrose comme résultant d'une séquence entre
des stimulus et des réponses qui leur sont mal adap-
tées. J. Caïn a décrit de son côté la genèse de cer-
tains «fragments de névrose » par conditionnement
défectueux et leur disparition à la suite d'un décon-
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ditionnement bien conduit. Les thérapies compor-


tementales actuelles sont de plus en plus prati-
quées dans les pays anglo-saxons pour traiter de
nombreux troubles névrotiques qui relevaient
jusque-là de psychothérapies d'inspiration psycha-
nalytique. Non seulement les troubles sexuels, les
appétences aux drogues et à l'alcool, mais aussi les
phobies, les comportements antisociaux sont ainsi
traités par des techniques de déconditionnement
parfois fort agressives, comme on peut le voir dans
le film de S. Kubrick Orange mécanique (1971). Du
coup, les névroses classiques ont pu être considé-
rées comme de simples troubles de l'apprentissage
relevant de véritables rééducations thérapeutiques.

L'école culturaliste
Dans une perspective bien différente, l'école cultu-
raliste, avec G. Réheim, R. Benedict, K. Horney, a vu

412
dans les pressions sociales des facteurs déclenchants
des névroses, dont certains types cliniques ont pu
leur paraître plus spécifiques d'une culture particu-
lière que de névrosés individuels.

Destin de la névrose
Enfin, il faut se demander si le terme même de
«névrose » ne Va pas disparaître.On a assisté en effet,
avec le DSM III (Manuel diagnostique et statistique des
troubles mentaux) de l'Association psychiatrique
américaine, paru en 1980, à son exclusion de cette
classification.
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Remplacées par une série de «troubles affec-


tifs », de «troubles anxieux», de «troubles somato-
formes »,etc. les névroses disparaissent donc du dia-
gnostic américain.Est-ce leur mort nosologique ? Pas
encore, semble-t-il. Beaucoup de psychiatres améri-
cains,en particulier ceux qui ont une formation psy-
chanalytique, ont vivement protesté.Un compromis
a été proposé par J. Talbott réintroduisant, entre
parenthèses seulement,les différentes névroses.Gar-
deront-elles encore longtemps cette place nosogra-
phique bien mesurée ? Du grand canapé écossais de
Cullen au strapontin américain de Talbott, les
névroses auront suivi le destin de la psychiatrie.
Annexées par des doctrines à la fois successives et
antagonistes, elles n'ont pas résisté aux luttes idéo-
logiques et à un pragmatisme
de plus en plus réduc-
teur et impérialiste. Faut-il s'en féliciter ou craindre
que, avec elles, ce soit l'homme malade qu'on éva-

413
cue en ne voulant plus voir et traiter que ses troubles
du comportement et ses symptômes ? %

> Hystérie (l’) p.373;


> Psychanalytique (le courant) p.450;
Thérapies cognitives et comportementales p.611;
> TOC et phobies p.622.
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414
Nouveau-né
(interactions avec le)
Ni le nouveau-né, ni l'enfant, ni l'adulte
ne vivent normalement dans la solitude.
Dès la naissance, l'interaction avec l’autre,
les autres, est permanente.
L'échange de signes, puis l'échange de mots
Grandes
questions...
posent la question de leur signification :
« Que me veut-on, qu'est-il attendu de
moi ? »,et cette question organise alors
les communications entre tous nos mondes
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intimes.

Supposons qu'un bébé sain arrive au monde. Ses


chromosomes possèdent, bien sûr, quelques ano-
malies génétiques dont les gènes voisins empé-
chent l'expression. Il est donc, comme tout le
monde, suffisamment sain. Son cerveau et sa bio-
logie se mettent en place, avec la santé que possè-
dent presque tous les bébés à la naissance.
Il arrive que les accidents de la vie et, surtout, les
fracas sociaux le privent de la présence d'adultes
pour s'occuper de lui.On peut,alors, clairement affir-
mer qu'il n'a aucune chance de se développer, mal-
gré sa saine constitution. La distinction classique
qu'établissent nos philosophes entre l'inné et l'ac-
quis n'a aucune pertinence, puisque, si une seule

115
catégorie vient à manquer, L'inné et l’acquis semblent
former un couple d’opposés.
rien ne se développera.
L'un désigne une
Pour qu'un enfant
caractéristique individuelle
devienne lui-même, il faut présente à la naissance sous
que les deux se rencon- une forme manifeste ou
trent. L'articulation entre latente. L'autre s'applique à un
accroissement des
l'équipement biologique
connaissances ou à une
d'un enfant et les repré- modification du comportement
sentations psychiques des intervenant au cours du
donneurs de soins est ren- développement. Mais le
due possible parce que patrimoine héréditaire impose
forcément des contraintes à |
chacun des partenaires de |
k À di : l'acquisition. Et il faut prendre |
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l'interaction perçoit et en compte l'importance de


traite les signaux émis par l'expérience individuelle sur le
le corps de l’autre. flux de l’évolution génétique.

D'abord,
un message sensoriel
Un nouveau-né ne vit pas dans un désert.Dans l'heure
qui suit sa naissance,il perçoit des éléments sensoriels
qui émanent du corps de sa mère.La brillance des yeux
à 30cmet le dessin de la lèvre,des sourcils composent
une image géométrique qui capture l'attention du
nourrisson. Les basses fréquences de la voix mater-
nelle caractérisent l'architecture de sa voix et viennent
caresser le bébé, qui perçoit cette signature vocale
mieux que toute autre sonorité. || reconnaît très vite
l'odeur du cou de sa mère et se familiarise à sa manière
de le manipuler. Son monde sensoriel est donc orga-
nisé par des sensorialités repérables et reconnues

416
dont la stabilité compose des tuteurs affectifs, sonores
et gestuels le long desquels le nouveau-né pourra
développer ses promesses génétiques.
Pourtant, il y a une très nette asymétrie entre les
partenaires de cette rencontre. Le petit partenaire
se développe à toute allure, puisqu'il fabrique
20 000 neurones chaque jour et reçoit de son milieu
des empreintes qu'il gardera dans sa mémoire bio-
logique pendant toute sa vie. Alors que le grand par-
tenaire se développe lentement, maintient sa struc-
ture :il est historisé, lui.
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LES INTERACTIONS
SONT PRÉCOCES
Il n’y a pas si longtemps, un grand nombre de praticiens
pensaient que les nourrissons ne voyaient rien, n’entendaient
rien et, surtout, ne comprenaient rien. Cette attitude qui chosifie
l’autre est avantageuse, puisqu’en cas de malheur la tristesse est
moins grande, et la culpabilité aussi.
L'excès inverse a consisté à croire que le monde mental d’un
nourrisson était analogue à celui d’un adulte et qu’il suffirait
donc de lui expliquer les événements qui survenaient autour
de lui pour que tout s'arrange.
Les études éthologiques montrent que ces deux attitudes ne
sont pas pertinentes. Le monde mental d’un nourrisson se
construit lentement à partir du biologique, pour partir du
biologique, et pour lui échapper grâce à la parole et au signe.
Il'est d’abord composé de perceptions sensorielles qui,
graduellement, évoluent vers les représentations sensorielles

417
d’odeurs, d'images et de musiques verbales. Bien avant
de maîtriser la parole, le monde d’un bébé est sensé grâce
à l’histoire de ses parents, qui attribuent à tout comportement
de l’enfant une signification venant de leur propre histoire
et structurant les conduites dont ils entourent leur enfant.
La question : « Qu'est qu’ils me veulent ? » entraîne la réponse :
«Il faut que je m’aventure dans leur monde pour le savoir »,
et cet échange mène à la création d’un monde intersubjectif
randes qui, plus tard, vers l’âge de 2 ans, invitera à la parole.

L'articulation entre ces deux domaines de nature


différente se fait encore par la sensorialité, mais elle
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sera sensée dès les premières interactions.

La communication
par l'émotion
Lorsque à l'échographie on voit sourire un fœtus,on
est en droit de se demander ce qui peut bien l'amu-
ser. En fait, le mot «sourire » attribué à un comporte-
ment provoqué par la contraction de l'’orbiculaire des
lèvres est abusif. Cette réponse musculaire de la
bouche est due à une stimulation bioélectrique qui
envoie des influx au cortex, aux muscles des yeux et
des lèvres. Au moment où le cerveau est en alerte,
comme lors des rêves, le bébé manifeste des sac-
cades oculaires, des sursauts des doigts et un rictus
que nous appelons « sourire ».
Mais, quand une mère perçoit le «sourire »
déclenché par l'impulsion électrique de la base du
cerveau, elle ne dit jamais :« Tiens, Mathieu vient de

418
sécréter le neuropeptide qui provoque le sommeil
paradoxal et la contracture de l’orbiculaire des
lèvres.» Elle dit :« Mathieu est mignon quand il sou-
rit.
On dirait son père. » Cette interprétation enjouée
vient de sa propre histoire et de la relation avec son
mari, puisqu'elle ne dit pas ça quand elle déteste le
père ou quand elle refuse l'enfant.

À QUI APPARTIENT
L'ENFANT ?
Dans notre culture de la personnalisation, la réponse à cette
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question serait : «Il appartient à lui-même. » Mais elle n’aurait


pas de sens. L'enfant qui n'appartient pas est condamné à mourir
ou à mal se développer. L'enfant qui appartient est condamné
à se laisser façonner par ceux à qui il appartient. Le plaisir
de devenir soi-même passe par le lien tissé avec les autres. M

Or, l'expression de cette émotion va désormais


organiser l’alentour sensoriel du nourrisson. Si la
mère est heureuse, elle va jouer avec l'enfant ou
éprouver un sentiment de tendresse.Alors que,si elle
souffre, elle pourra ne jamais répondre au sourire ou
même détester le nourrisson, qui lui rappelle
l'homme qu'elle déteste. C'est dans un tel univers
sensoriel, modifié par l'histoire et la relation mater-
nelle, que l'enfant aura à se développer.Chacun per-
çoit sur l'autre ce qu'il y a mis.La mère perçoit sur son
bébé ce qu'il évoque de sa propre histoire.Et le bébé
perçoit sur sa mère la colère ou la gaieté qu'il a

419
déclenchée par son petit comportement. La média-
tion entre ces deux psychismes, l'un qui démarre et
l’autre historisé, se fait par la sensorialité.

La communication
par l'expression
Très tôt, bien avant qu'il soit capable de maîtriser sa
propre parole,le bébé tente d'agir sur le monde men-
randes
tal de ses figures d'attachement. Vers le 3° mois, il
répond aux mimiques souriantes ou sévères de ses
parents par des éclats de rire ou par un retrait com-
portemental.
Mais, à partir des 8° ou 10° mois, c'est lui
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qui pilote l'attention de ses proches avec le petit gou-


vernail de son index pour désigner l'objet convoité
qui n'est pas n'importe quel objet :ce sera de manière
préférentielle le stylo, le chapeau ou la fleur qui ont
été mis en lumière par le comportement de ses
parents. Ce sont donc les mimiques, les gestes et la
musique de la voix fâchée, gaie ou douce qui font
comprendre à l'enfant que l'adulte exprime ainsi son
monde intime. Il tente d'y répondre par des com-
portements de charme, de colère ou d'indifférence.
Les deux partenaires de l'interaction mettent en
scène leurs mondes intimes et organisent ainsi un
style relationnel.
Tous nos canaux de communication deviennent
sensoriels et sensés, intelligents bien avant la parole.
À partir du 15° mois, un enfant sera capable de se
représenter les représentations d'un adulte et de lui
attribuer des émotions et des intentions.Il peut alors

420
essayer de gouverner le mondeintérieur invisible de
l'adulte,
en faisant semblant de pleurer ou d'être gai,
en désignant de l'index un objet signifiant qui pourra
médiatiser les relations et en soutenant le regard de
l'adulte de façon à bien vérifier si la communication
est passée correctement entre les deux mondes
intimes.
Mais les adultes ne sont pas les seuls à façonner
le psychisme des petits. Les enfants entre eux s'in-
fluencent beaucoup. Dès les premières semaines,un
bébé face au miroir jubile intensément tant la simple
perception d'une image de bébé provoque en lui
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une heureuse et forte émotion. Si bien que, s'il arrive


que la mère défaille parce qu'elle est malade ou
qu'on l'a rendue malheureuse, d'autres tuteurs de
développement pourront se mettre en place.Le père
en tant que mâle manifeste une forme sensorielle
différente de celle de la femme, mais tout aussi effi-
cace. Quant aux enfants entre eux, ils possèdent un
effet stimulant et sécurisant très actif que nos études
récentes sous-estiment encore.
Extrêmement tôt, le nourrisson ressent une
émotion qui pourrait correspondre à la forme ver-
bale de cette question : «Qu'est-ce qu'ils me veu-
lent ? » Il comprend de manière sensorielle et répond
à cette « question » par un profil comportemental qui
le caractérise. Mais les adultes aussi et les autres
enfants se posent la même question, qui organise
alors les communications entre tous ces mondes
intimes.

421
LORSQUE
L'ENFANT SOURIT
Pendant la 1° semaine de la vie du bébé, le sourire se réduit
au relèvement des commissures de la bouche ; il apparaît
comme une décharge spontanée au cours de la somnolence
qui suit la prise de nourriture. Pendant les 2° et 3° semaines,
la morphologie du sourire s'enrichit ; l’étirement de la bouche
s'accompagne de rides au coin des yeux et d’un regard vif.
rangé
La voix humaine est alors le stimulus spécifique.
Dès la 4° semaine, le contact visuel provoque un large sourire.
Enfin, vers 6 semaines, le visage humain devient le stimulus
privilégié pour obtenir le sourire.
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Il constitue un mode de communication entre un bébé


et un de ses congénères : R. Spitz voit dans le sourire social
une réaction innée dont le déclencheur serait la configuration
que constituent les deux yeux, le front et le nez d’un visage
humain vu de face. Pour le bébé de 3 mois, un masque
est aussi efficace qu’un visage réel, l'absence de bouche
est sans importance, mais la présentation de profil n’entraîne
pas le sourire. Cette configuration constitue pour Spitz
l'équivalent des déclencheurs de comportement inné
des éthologistes. Le fait que le sourire au congénère
soit la première réponse intentionnelle et dirigée
et qu’elle apparaisse chez les prématurés au même âge
conceptionnel (46 semaines) que chez les enfants nés à terme
est en faveur du caractère inné de la réaction.
D'abord non sélectif, le sourire social devient vers 5 à 6 mois
réservé aux familiers et spécialement à la mère.
Le visage humain n’est pas le seul stimulus capable
de provoquer un sourire chez le bébé. Bien d’autres stimulus
|

422
sont efficaces : par exemple un disque divisé en secteurs
alternativement noirs et blancs, agité devant un bébé de
quelques semaines. Le chercheur C. Bower fait l'hypothèse que
le bébé dispose de plusieurs sourires, chacun étant spécifique
d’un type de situation : un sourire social destiné aux humains,
un sourire d’étonnement en face d’un événement inattendu,
un sourire de triomphe lié à une maîtrise cognitive, etc.

> Émotions féminines, émotions masculines p. 243 ;


> Enfant (l’) p.251;
> Enfant (l’arrivée du premier) p. 263 ;
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> Parent (devenir) p.430.

423
Paranoïa (la)
On a tout d’abord parlé de « délire de
persécution » (C.Lasèque, 1852) pour ensuite
parler de « délire d'interprétation » ou de « folie
raisonnante » (1909). Certains auteurs comme
K.Kahlbaum (1863) utilisera le terme
de « paranoïa » pour décrire les troubles
de l’entendement. Mais c'est avec H. Ey que l'on
classera la paranoïa dans les délires passionnels,
les délires d'interprétation et certains délires
d'influences. Le terme de paranoïa veut dire
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« folie, dérèglement de l'esprit » en grec.


La paranoïa est une psychose caractérisée par
un délire systématisé et un rejet du monde
environnant chez des sujets se surestimant,
avec un orgueil anormalement développé.
Son apparition est tardive, vers l'âge
de 35-45 ans, principalement chez les hommes.

La psychiatrie distingue classiquement les délires


passionnels et les délires d'interprétation.

Les délires passionnels


L'érotomanie, le délire de jalousie et celui de reven-
dication font partie des délires passionnels.
L'érotomanie, décrite par G. G. de Clérambault, est
l'illusion délirante d'être aimé par un objet le plus sou-
vent inaccessible (Vedette, homme politique en vue,

424
médecin, prêtre, avocat, ces trois dernières professions
étant spécialement prédisposées à servir d'objet à
l'érotomane,
qui, huit fois sur dix,est une femme). L'af-
fection évolue selon trois stades : après une phase
d'espoir souvent prolongée arrive la phase de décep-
tion, durant laquelle les sollicitations sont de plus en
plus inopportunes pour l'objet, puis la phase de ran-
cune, qui peut s'accompagner de manifestations
médico-légales graves (chantage, conduites agres-
sives et parfois tentatives de meurtre).
Le délire de jalousie est une jalousie amoureuse
morbide qu'il faut bien distinguer des délires de
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jalousie secondaire de l'alcoolique. Elle est souvent


l'expression d'une passion homosexuelle incons-
ciente pour le rival (D. Lagache).
Le délire de revendication est caractérisé par le
besoin prévalent et la volonté irréductible de faire
triompher une demande que la société se refuse à
satisfaire. Le patient a la conviction inébranlable de
détenir la vérité et d'être d'une entière bonne foi.S'en
rapprochent les délires de filiation et de parenté
célèbre méconnue (dans le genre faux «Louis XVII»,
«fille du tsar rescapée du massacre » notamment),les
délires mystico-religieux et politiques (dont sont
atteints certains assassins de chefs d'État, régicides
décrits par E. Régis), les délires d'invention («inven-
teurs méconnus » du traitement du cancer, du mou-
vement perpétuel, par exemple ;il n'est pas toujours
aussi facile qu'on l'a dit de les distinguer
des inventeurs authentiques). Enfin, les «idéalistes

425
passionnés » décrits par M. Dide et P. Guiraud, sou-
vent réformateurs ou mystiques, peuvent entrer dans
cette catégorie, encore qu'il s'agisse moins de véri-
tables délirants que de personnalités psychopa-
thiques.

Les délires
d'interprétation
Quant aux délires d'interprétation, leur forme la plus
fréquente est le délire de persécution à interpréta-
tions multiples,
qui s'étend en réseau et envahit peu
à peu toutes les activités du patient.ll s'accompagne
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parfois d'hallucinations. Les conduites agressives y


sont très fréquentes :dénonciations, plaintes non jus-
tifiées à la police et au procureur, coups, blessures et
parfois meurtre du ou des « persécuteurs ». S'en rap-
proche une forme individualisée par E.Kretschmer,le
délire de relation, ou paranoïa sensitive, survenant
chez des sujets sensibles et timides,capables de rete-
nir des expériences vécues pénibles jusqu'à la réac-
tion brutale délirante qui envahit sur le mode persé-
cutoire tout le système relationnel du patient.

Le paranoïaque
et son milieu
La paranoïa n'est pas un simple trouble du jugement.
Elle a ses racines dans une atteinte profonde du psy-
chisme, d'ordre instinctivo-affectif, que S.Freud et ses
élèves ont bien mis en évidence. Mais il faut savoir
aussi que l'influence du milieu va jouer un rêle consi-

426
dérable dans le devenir des paranoïaques délirants.
Si l'amélioration de la prise en charge médicamen-
teuse et psychothérapique a permis une transfor-
mation de leur sort dans un sens assez favorable à la
majorité d'entre eux, la société, dans ses tolérances
et son intolérance, a aussi une influence importante
sur leur destin.L'Américain E.Lembert a bien montré
que, dans certains cas, le processus pathologique de
là paranoïa n'est pas seulement celui de la person-
nalité du paranoïaque, mais aussi celui de l'ensemble
des interactions et des relations sociales du patient.
En quelque sorte, «les paranoïaques aussi ont leurs
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ennemis ». Le futur paranoïaque est peu à peu exclu


et littéralement « persécuté » par son entourage, qui
adopte vis-à-vis de lui une attitude policière et
« conspiratrice ». On peut donc parler de «la nature
conspiratrice » de cette exclusion. De plus en plus
« indésirable », le futur paranoïaque est isolé du
groupe, mis en quarantaine, dans le «secret ». Les
manifestations originales de son comportement sont
«amplifiées » et «interprétées » dans le sens le plus
péjoratif et pathologique. Ainsi se crée autour de lui
cette « spirale de mensonges » bien décrite par E.Gof-
man, conduisant peu à peu le sujet à véritablement
délirer. Cette sociogenèse de la paranoïa est impor-
tante. Elle pourrait nous faire mieux comprendre
comment une société totalitaire peut faire d'un
opposant jusque-là sain d'esprit un authentique
paranoïaque. Mais que dire de ces gens qui rendent
les autres paranoïaques ? Ne seraient-ils pas les vrais
&

427
paranoïaques ?

L'angle
de la psychanalyse
Freud a repris la distinction de E. Kraepelin entre la
paranoïa et les autres psychoses correspondant au
champ de la schizophrénie. Mais, plus qu'à la nomi-
nation d'un tableau clinique, il s'est intéressé au
mécanisme psychique de cette maladie et en a posé
comme critère diagnostique non le caractère systé-
matisé du délire, mais une défense contre une atti-
rance homosexuelle que le sujet tente de rejeter.
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À partir de l'analyse de l'œuvre écrite du prési-


dent Schreber (Mémoire d'un névropathe 1903),Freud
(1911) tente d'interpréter le délire paranoïaque du
président Schreber. Il souligne notamment que si
Schreber a l'impression d'être persécuté par son
médecin, c'est parce que cela renvoie à l'amour que
Schreber lui porte inconsciemment.« Nous considé-
rons [écrit Freud] que ce fantasme de désir homo-
sexuel constitue le centre de conflit dans la paranoïa
de l'homme. » Ainsi, dans les délires à thème de per-
sécution, l'énoncé homosexuel «je l'aime, lui » serait
dénié en «je ne l'aime pas,
je le hais » puis projeté en
«ilme haïit», tandis que le thème du délire de gran-
deur, qui est une surestimation du moi, représente-
rait une autre dénégation possible du même
énoncé : «je ne l'aime pas,je n'aime personne, je
n'aime que moi».
J.Lacan met l'accent sur le fait que la paranoïa est

428
un phénomène de la personnalité tout entière,
essentiellement en réaction aux évènements de
l'existence.ll insiste également sur le sens autopuni-
tif de la paranoïa, qui enferme le sujet dans un sys-
tème de persécution imaginaire ayant la valeur d'un
châtiment inconsciemment désiré.

> Maladie psychique d’un proche (face à la) p.388;


> Psychanalytique (le courant) p.450;
> Psychose (la) p.457.
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429
Parent (devenir)
Avoir un enfant est une chose, devenir
parent en est une autre. Cela passe par une
crise d'identité, une transformation. Une
période de mue qui fragilise. La naissance
du nouveau-né serait-elle créatrice d'autres
naissances ? Ces constatations obligent
à s'interroger sur l’origine et sur la
construction des sentiments paternel
et maternel.
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Nous ne sommes pas le même père ou la même


mère ; nous n'avons pas les mêmes sentiments, le
même comportement, voire les mêmes tolérances et
intolérances vis-à-vis de chacun de nos enfants. Il
s'agirait donc d'une naissance collective - de l’en-
fant, du père et de la mère - qui se renouvellerait à
chaque «heureux événement ».

La mère,
le père et le bébé
L'enfant, dès sa naissance, oblige à un réaménage-
ment de l'espace psychique ouvert durant la gros-
sesse. À ce moment, les relations - réelles et fantas-
matiques - que la mère a entretenues avec ses
propres parents vont peser de tout leur poids.
Comme l'expliquent très bien T.B.Brazelton et B.Cra-
mer, l'un pédiatre et l'autre psychanalyste, le désir

430
d'avoir un enfant passe par le désir d'être mère. Ce
désir est imprégné positivement par l'image de sa
propre mère,mais éventuellement perturbé par l'an-
goisse d'être comme elle : une ambivalence à la fois
fréquente et normale.
La position du père n'est pas,comme on pourrait
se l'imaginer, symétrique de celle de la mère. Généra-
lement, le garçon a été élevé par une femme. Sa rela-
tion avec sa mère a constitué son premier modèle de
lien et d'identification précoce.Le désir d'enfant,chez
le garçon, s'étaie sur cette première identification.
C'est ce qui fait dire à Cramer et Brazelton que, dans
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la relation à son enfant nouveau-né, «le père est


d'abord une mère ».Il doit inté-
grer cette féminité primaire, Le père est d’abord une
mère : c’est effectivement
c'est-à-dire reconnaître et
la première identification
accepter la place de cette mère du petit garçon. Les règles
en lui pour pouvoir remplir sociales et ses parents lui
cette fonction maternante.Pre- apprendront à ne pas se
mière personne extérieure au comporter comme elle.
Être un homme, c'est
monde du nouveau-né (quand
«ne pas être et ne pas
celui-ci se vit encore comme faire ce que fait
non séparé de sa mère), il est la femme ». Il reste au père
un modèle dans les identifica- des traces de ces premiers
temps qu’il peut utiliser
tions précoces, pourvu que la
au contact de son
mère l'accepte et lui concède nouveau-né.
cette possibilité.
On ne s'étonnera pas de noter que, durant le pro-
cessus d'acquisition
de la fonction paternelle, les
pères deviennent plus vulnérables et peuvent pré-

431
senter des crises psychologiques. Moins attendue
peut-être est la constatation faite par R.Kano etT.Shi-
busawa (un psychiatre et un psychothérapeute) :lors
d'une naissance prématurée de l'enfant,on «s'attend
qu'ils [les pères] soient forts et qu'ils soient aussi en
mesure de réparer la situation en garantissant la sur-
vie de l’enfant.Les pères en viennent ainsi à être plus
impliqués ».

Des interactions précoces


Dès sa naissance, l'enfant est actif dans la relation
parents-enfant.Non seulement il est capable d'émet-
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tre des réponses aux stimulations extérieures, mais


il peut déjà stimuler ses parents. Ses pleurs, ses
regards, ses expressions sont source de réponses
affectives et comportementales. Ses réflexes eux-
mêmes jouent un rôle dans ses premières interac-
tions,en particulier celui de grasping (réflexe d'agrip-
pement). Les parents se sentent reconnus par leur
bébé, ce qui les renforce dans leurs capacités à être
parents.Les interactions deviennent de plus en plus
complexes au fur et à mesure du développement de
l'enfant. Les parents interprètent les signaux qu'il
émet. Leur vécu infantile resurgit et modèle cette
interprétation. À travers leurs réactions, tant psy-
chiques que comportementales, c'est leur histoire
familiale qui se trouve réactualisée avec tous ses ava-
tars. L'histoire transgénérationnelle influence acti-
vement la relation parents-enfant, pour le meilleur
et parfois pour le pire.

432
L'INTÉRÊT DU PATERNAGE
Lorsque le père prend soin de son bébé, celui-ci a la possibilité
d’interagir au sein de deux systèmes dyadiques (mère-enfant
et père-enfant). Des observations ont démontré la capacité des
bébés à interagir très tôt dans ces triades père-mère-bébé.
Les rôles du père et de la mère restent fondamentalement
complémentaires. Même si de plus en plus de pères donnent
le biberon, changent leur bébé, bref assurent les soins dévolus
traditionnellement à la mère, ils ne le font pas de la même
manière, ils le font au masculin. Selon P. Mazet, professeur
à l’université de Paris-Nord, et S. Stoleru, chargé de recherches
à l'INSERM, ces interactions « sont plus physiques, plus
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stimulantes, et amènent l'enfant à un état d'éveil et d'attention


intenses ». Il semble que ces différences de rythme constituent un
indice supplémentaire qui aide le bébé à distinguer ses parents. M

On comprend les écueils de tels mouvements


psychiques parentaux, la plupart du temps incons-
cients. Il n'est pas rare en consultation de retrouver
derrière le « bébé-qui-pose-problème » un lien à une
personne passée (parent, frère ou sœur...) avec
laquelle de nombreux conflits ou relations idéalisées
ont existé sans être élaborés. L'enfant se retrouve
malgré lui acteur dans un théâtre qui déborde le
temps et l'espace du noyau familial dans lequel il vit.

Toute une élaboration


psychique
Dès la naissance s'opère chez les parents un double
mouvement qui peut sémbler contradictoire.

433
D'une part, un travail d'élaboration psychique
visant à réduire l'écart entre l'enfant imaginaire et
l'enfant réel est nécessaire pour que ce dernier puisse
exister en propre, avec ce qui plaît à ses parents,mais
aussi avec ce qui les déçoit.
D'autre part, et simultanément, les parents doi-
vent continuer d'imaginer l'avenir de leur enfant, ce
qu'il sera et fera. Ces représentations contribuent à
alimenter leur capacité à l'élever et à l'aimer. Rêver à
propos de son enfant est nécessaire et structurant
pour l'enfant, mais aussi pour cet homme et cette
femme, et contribue à les rendre parents.
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Le travail psychique néces-


Les constructions
saire à la reconnaissance de imaginaires et le rapport
l'enfant réel peut être contrarié à sa propre mère pèsent
par des constructions imagji- fort sur la relation mère-
naires et fantasmatiques enva- enfant. Pour être mère
de cet enfant-là, la mère
hissantes. Quand un des pa-
devra se décoller de ce qui
rents (ou les deux) s'obstine à lui aura servi à construire
communiquer avec un enfant des représentations
«qui n'existe pas », l'enfant réel concernant son futur
risque d'avoir recours à un enfant.
De cette manière, ils
fonctionnement pathologique
existeront chacun dans
pour se sentir exister a minima. la continuité de l’histoire
De même,se retrouver pa- familiale, et non dans le
rent dans la réalité oblige à fantasme de la réécrire.
revoir ce que l'on s'imaginait
être. Rester attaché à des rêves ou ne pas pouvoir se
dégager de fantasmes liés à l'exercice du rôle paren-
tal risque d'entraîner des conduites incompatibles

434
avec la nécessité d'évoluer quotidiennement avec le
nourrisson, l'enfant, puis l'adolescent.
Autrement dit, les parents doivent, pour une
large part dans l'improvisation,
faire à la fois le deuil
du bébé idéal et celui du parent idéal. C'est à cette
condition que chacun aura la possibilité de prendre
vie et corps dans cette existence partagée.

Des interactions
complexes
Il est intéressant d'étudier et d'évaluer l'interaction
parents-enfant sous l'angle de la réciprocité des
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réponses de chacun des partenaires.


En effet, un enfant peut manifester par son com-
portement une certaine demande et le parent peut
y répondre soit dans un sens cohérent avec la
demande (par exemple, un enfant de 12 mois veut
descendre des genoux de sa mère, celle-ci l'accom-
pagne dans sa demande), soit d'une manière qui
s'oppose (la mère remet l'enfant sur ses genoux et l'y
maintient fermement). Dans ces deux cas, la mère a
perçu la volonté de l'enfant. Elle peut également
répondre d'une manière non reliée (par exemple, lui
proposer de la nourriture).Face à ces possibilités, l'en-
fant réagit à son tour.
Les interactions deviennent de plus en plus
complexes au fur et à mesure du développement de
l'enfant.Si les adultes s'identifient à celui qu'ils ont été
eux-mêmes, et donc à leurs propres besoins, désirs
ou angoisses pour réagir, ce dernier n'est pas reconnu

435
comme autre avec ses propres désirs. L'enfant apprend
très tôt les règles relationnelles qu'il doit respecter.
Même celles qui peuvent apparaître comme inatten-
dues ou incohérentes prendront sens chez chacun des
partenaires. Ce type de relation première aura des
répercussions qui vont s'étendre bien au-delà de la vie
familiale :il aura valeur de modèle à partir duquel l'en-
fant va apprendre à interagir avec son environnement.
Dans certains cas, des symptômes, par exemple,
somatiques ou comportementaux,
sont le signe d'un
problème inconscient.S.Lebovici, professeur de psy-
chiatrie de l'enfant et de l'adolescent, a décrit les
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«interactions fantasmatiques »,repérées et analysées


au cours de consultations psychothérapeutiques,
dont l'interprétation, quoique très variable, est tou-
jours en lien avec l'histoire des parents.

LES THÉORIES DE L'ATTACHEMENT


La théorie de l’attachement, formulée parJ.Bowlby en 1959,
rompt avec toutes les théories antérieures des premiers liens
sociaux et affectifs de l'enfant humain. Deux lignes de recherche
ont fourni à ce chercheur matière à réflexion. D’une part, les
travaux du psychanalyste R. Spitz sur les effets de la carence
maternelle précoce montrent que, même si les besoins
physiques sont pris en charge par l’environnement,
la satisfaction alimentaire ne suffit pas pour la construction
de relations objectales. D'autre part, la perspective éthologique
a établi chez l'animal l'existence de systèmes innés
de comportements, qui permettent l'établissement immédiat

436
de relations avec un congénère : recherche de contact
physique, succion des mamelons, cris.
La notion d’attachement 3 suscité un grand nombre de
recherches qui ont mis en évidence plusieurs aspects
importants.
1. De même que le nouveau-né dispose de moyens tout prêts
pour attirer l'attention du congénère, l'adulte n’a pas à
constituer un répertoire de réponses à ces signaux ou de
moyens efficaces de stimulation : ceux-ci sont intuitifs, voire
innés. Les liens d’attachement sont donc à concevoir comme
le fonctionnement d’un système et non pas d’un individu.
2. Si l'attachement à un congénère, en général la mère, est
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crucial, des liens d’attachement sont tissés avec plusieurs


figures stables de l’environnement de l’enfant : père, fratrie,
nourrice, etc.
3. S'appuyant sur les théories de Bowlby, un autre chercheur
M.D.S. Ainsworth, met en évidence trois types d’attachement :
l'attachement sécurisant, l’attachement ambivalent et l'attachement
esquivé, où la mère constitue une base de sécurité plus ou
moins efficace qui correspondraient à trois types de relation
mère-enfant : l'enfant tranquille a une mère attentive,
disponible, capable de répondre aux besoins de son enfant ;
l'enfant évitant a une mère qui semble le rejeter, qui repousse
les gestes de l'enfant pour être près d’elle et particulièrement
ses désirs de contacts physiques. Cet enfant en vient à éviter
sa mère, même dans des situations où elle pourrait
lui être utile ; l'enfant anxieux-ambivalent a une mère qui est
lente à répondre aux besoins de son enfant ou imprévisible
dans sa réponse. La mère imprévisible peut quelquefois être
inattentive ou inaccessible et, d’autres fois, interférer et

437
s’introduire dans le champ de l'enfant afin de forcer son
attention et de l'empêcher de continuer une activité qui
l’intéresse. L'enfant pleure plus que les autres, exprime sa colère
dans certains comportements et souffre généralement d’anxiété.
Cet enfant, préoccupé par la disponibilité de sa mère, ne peut
se permettre d'aller explorer l’environnement. Ces modes
d’attachement sont stables mais ils peuvent évoluer en fonction
des conditions de vie.
4. Les relations d’attachement ne sont pas des relations de
dépendance - une base de sécurité fiable permet et favorise
l'autonomie -— et elles sont importantes pendant toute la vie.
5. Bowlby fait l'hypothèse que la construction de liens
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d’attachement est utilisée comme prototype de toutes


les relations ultérieures et devient une composante centrale
de la personnalité de l'adulte.
6. Les comportements des mères en direction de leur bébé
s’ancrent sur les représentations qu'elles ont de leurs
expériences d’attachement pendant leur propre enfance.
Ces représentations influencent profondément la qualité
de l'attachement des bébés, d’où une certaine stabilité
transgénérationnelle. Dans cette perspective, l’étude
des événements susceptibles de modifier ces représentations
est actuellement en plein essor. M

Des psychothérapies
constructives
Chaque parent rencontre des difficultés diverses
. dans sa vie et ne peut pas prétendre être toujours
disponible et heureux de s'occuper de son enfant.
Ce qui pose problème n'est pas un état transitoire

438
du parent moins réceptif ou moins disponible pour
son enfant, mais plutôt un état négatif vis-à-vis de
cette nouvelle situation globale ou de l'enfant lui-
même, qui va s'installer dans la durée.
Il existe des psychothérapies parent(s)-enfant
qui permettent au(x) parent(s) d'exprimer des décep-
tions, des fatigues ou des angoisses.Celles-ci ne peu-
vent surgir et être travaillées qu'après un temps pen-
dant lequel s'instaure une relation de confiance avec
un psychologue spécialisé. Elles peuvent avoir lieu
à tout âge de l'enfant. Même une intervention pré-
coce, peu après la naissance ou durant la grossesse,
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est possible, compte tenu des remaniements psy-


chiques naturellement induits par ces événements.

ON DOIT DIFFÉRENCIER
LA PARENTALITÉ
DE L’'ATTACHEMENT
Des parents peuvent être à la fois défaillants dans leur fonction
parentale et attachés à leur enfant. Ils seront éventuellement
soulagés par une décision de séparation s’ils ne peuvent
subvenir à ses besoins, mais, en même temps, si le lien
d’attachement est trop étiré par cette séparation, ils ressentiront,
de même que leur enfant, une grande souffrance. 5

Sur un plan pratique, ces interventions utilisent


les propos du (des) parent(s), l'observation du com-
portement de l'enfant, ce qu'il dit lorsqu'il est plus
âgé, ses productions (jeux, dessins...), mais aussi le

439
comportement de la mère, du père, leur attitude,
leurs gestes, leurs regards, vis-à-vis de leur enfant,etc.
Le lien parent(s)-enfant est travaillé au travers du lien
entre ces divers éléments.
Alors qu'il n'y a apparemment que le(s) parent(s),
l'enfant et le thérapeute dans le cabinet de consulta-
tion, le cadre mis en place convoque de nombreuses
autres personnes :les ascendants, les fratries, l'entou-
rage proche... Rapidement, la famille, les parents et
les enfants rêvés ou fantasmés vont apparaître.
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QUELQUES INDICATIONS
DE THÉRAPIES PARENT(S)-ENFANT
Les psychothérapies parent(s)-enfant sont indiquées pour
favoriser la mise en place du lien entre le(s) parent(s) et l’enfant,
l'améliorer ou le rétablir. Les thérapies mère-enfant sont les plus
courantes, la mère restant majoritairement le partenaire
préférentiel dans la première période de cette relation.
On peut y recourir dans des situations qui dépassent ce cadre :
— Pour soutenir les parents dans leurs nouveaux rôles face à un
enfant vécu comme difficile;
- Lors d’une prématurité de l'enfant, d’un développement
compliqué par des réalités somatiques, de la découverte
d’un handicap;
- Lorsque les professionnels de la santé soupçonnent qu’une
influence psychologique est à l’origine de malaises somatiques
de l'enfant (souvent répétitifs) ou de plaintes exprimées
(troubles du comportement, du sommeil, de l'alimentation,
difficultés scolaires.) et rapportées par le(s) parent(s) ;

440
— Lorsqu'une mère 3 dû subir une interruption volontaire ou
thérapeutique de grossesse, dans le cas d’un parent, d’un frère ou
d’une sœur gravement malade, d’un deuil dans la famille, etc. #

Différents niveaux de travail sont disponibles


ne pouvant se circonscrire sur le seul plan incons-
cient de la relation.Toutes les représentations liées
à l'enfant sont aussi influencées par la culture dans
laquelle chacun est inscrit. Les interventions théra-
peutiques considérées comme nécessaires doivent
également tenir compte de la culture de chaque
protagoniste.
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Les parents arrivent avec la formulation de sou-


cis et de souffrances qui semblent ne s'inscrire que
dans le présent et l'immédiat, alors qu'ils sont char-
gés d'une histoire passée et à venir.lls vont construire
un récit et lui donneront progressivement un sens
personnel aboutissant à un lien plus harmonieux
avec leur enfant.
Si, face aux difficultés, il convient de savoir qu'en
cas de malaise durable on peut recourir à une aide
psychologique, il n'en faut pas moins garder à l'esprit
que la fonction parentale doit se mettre en place
avec le plus de simplicité possible. Le meilleur guide
reste,àmaints égards, l'enfant lui-même,
qui réclame
d'abord «à corps et à cris », comme l'écrit la psycha-
nalyste C.Eliacheff, d'être porté, contenu et protégé
de très près - une distance qui évoluera au cours des
développements simultanés de l'enfant et de ses
parents. Chaque partenaire de la relation devra s'y

441
adapter. C'est une des conditions qui permettront à
l'enfant d'exister, puis de devenir un adulte auto-
nome et libre.

DES CAS PARTICULIERS


Les enfants issus des techniques de procréation médicale
assistée sont de plus en plus nombreux. Différents types de
problèmes (d'identité, de secrets autour de la conception de
l’enfant...), au niveau autant des parents que des enfants sont
susceptibles de s’immiscer dans la relation précoce. Ils peuvent
nécessiter un soutien psychologique, au même titre que des cas
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d'adoption. Bi

Même si certaines fonctions parentales évoluent


avec la société, certains gestes simples apparaissent
naturellement en écoutant et en observant son bébé.
Ce sont justement ces premiers gestes de réconfort
et d'affection qui signent le type d'attachement liant
les parents et cet enfant-là. &

Attachement (l’) p.158;


> Enfant (l’) p.251;
> Enfant (l’arrivée du premier) p. 263 ;
> Grossesse (la) p.345;
Nouveau-né (interactions avec le) p.415.

442
Personnalités difficiles (les)
Pourquoi gérer et accepter les personnalités
difficiles, alors qu'on peut tout simplement
les rejeter ? Tout d’abord, parce qu'elles ont
toujours existé et existeront toujours, sans
que nous puissions indéfiniment les éviter.
Et aussi parce que, en général, une personne
ayant une personnalité difficile ne se
comporte pas de façon problématique par
Grandes
questions.
plaisir, mais par appréhension ou par peur.
Cependant, accepter ne veut pas dire subir.
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On parle de « personnalité diffi- Certaines personnalités


cile » ou « pathologique » quand sont ingérables :
certains traits de caractère trop personnalités
« antisociales » qui ne
marqués, trop figés, inadaptés
respectent pas les lois
aux situations, entraînent une et les règles de la vie
souffrance pour la personne en société ; personnalités
« difficile » et pour son entou- dites «états limites »
très impulsives, instables
rage. Les accepter suppose de
et autodestructrices ;
mieux les prévoir et de faire
personnalités sadiques
face aux problèmes qu'elles recherchant la souffrance
vous posent. Encore faut-il de et la soumission de
prime abord les identifier. Nous l’autre. À éviter dans
la mesure du possible.
présentons ici huit des types
auxquels nous sommes le plus souvent confrontés
dans notre vie quotidienne,en les complétant notam-
ment par des conseils que donnent un psychiatre et

443
EE
un psychothérapeute, C. André et F. Lelord. Il est
cependant évident que nous rencontrons le plus sou-
vent des formes intermédiaires montrant quelques
traits d'une personnalité sans afficher totalement le
profil type.ll n'est pas rare non plus de rencontrer des
personnalités qui présentent des traits «mixtes ».

LES CLASSIFICATIONS
ET LEUR UTILITÉ
Hippocrate (iv siècle avant J.-C.) fut le premier à tenter de
classer ses semblables par leurs traits de caractère. Il distingua
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ces personnalités : les sanguines, vives et émotives ; les


lymphatiques, lentes et froides ; les bilieuses, coléreuses et
amères ; et les mélancoliques, sombres et pessimistes. Depuis,
de nombreuses classifications par catégories (par types) ou par
dimensions (selon certains traits ou caractéristiques), se sont
succédé. Le but de ces classifications en psychiatrie et en
psychologie a toujours consisté à mieux comprendre ies
réactions des personnes dans différentes situations, et donc
à mieux les aider.

Les anxieux
et les paranoïaques
Les personnalités anxieuses croient que le monde
est plein de dangers et qu'on n'est jamais assez
inquiet ou prévoyant. Elles ont tendance à anticiper
tous les risques pour pouvoir mieux les contrôler, ce
qui les met dans un état de tension permanent.Dans
le monde du travail, ce sont des collaborateurs très

444
consciencieux, mais qui peuvent parfois stresser leur
collègues.Dans la vie familiale, leurs inquiétudes peu-
vent être pesantes, ce sont souvent des mamans et
des papas « poules ». Collaborateur d'une personna-
lité anxieuse, montrez-lui que vous êtes fiable :arri-
vez à l'heure, préparez les réunions, répondez à son
courrier sans délais. Elle apprendra à vous faire
confiance et vous harcèlera moins avec ses inquié-
tudes.Aidez-la aussi à relativiser, pratiquez l'humour
pour l'inciter à prendre du recul, voire pour rire de
ses inquiétudes. Essayez de ne pas la surprendre en
lui annonçant des nouvelles trop brusquement, ne
partagez pas avec elle vos propres inquiétudes et
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évitez d'aborder les sujets pénibles.


Les personnalités paranoïaques souffrent d'une
trop grande méfiance.Elles restent toujours sur leurs
gardes, suspectant les autres de mauvaises inten-
tions à leur égard. Souvent jalouses, susceptibles et
préoccupées par leurs «droits »,elles sont, par ailleurs,
d'une grande rigidité. Elles ont aussi du mal à mon-
trer de la tendresse ou des émotions positives et ont
un sens de l'humour peu développé. Avec un para-
noïaque, communiquez le plus clairement possible,
respectez les formes (ne l'appelez pas par son pré-
nom si c'est un supérieur hiérarchique, ne le faites
pas attendre).Essayez de maintenir un contact régu-
lier avec lui : moins il vous voit, plus il risque de vous
soupçonner. Ne renoncez jamais à éclaircir les mal-
entendus,même si cela vous paraît vain et n'attaquez
pasl’image qu'il se fait de lui-même,
car en l'humiliant

445
vous risquez de devenir l'objet de sa haine. Un der-
nier conseil :évitez de discuter politique avec lui ,il a
souvent des convictions extrêmes.

Les histrioniques
et les obsessionnels
Les personnalités histrioniques cherchent en perma-
nence à attirer l'attention sur elles. Tous les moyens
sont bons :jouer sur l’attirance sexuelle, parler de ses
problèmes de santé, se plaindre de ses proches. Ces
personnes séductrices sont souvent théâtrales dans
l'expression de leurs sentiments et changent d'atti-
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tude très souvent, passant du «rire aux larmes ».


Sachez-le et prenez du recul. Laissez une scène de
temps en temps à cette personne.Renforcez son com-
portement normal en montrant de l'intérêt, et igno-
rez, dans la mesure du possible, le comportement
inadapté. Mais ne vous moquez pas d'elle : sa sensi-
bilité exacerbée peut la conduire à faire une scène,
au pire une tentative de suicide. Ne vous laissez pas
séduire ni manipuler.N'oubliez pas que vous êtes son
public, et un public acquis perd vite son intérêt.
Les personnalités obsessionnelles sont perfec-
tionnistes, obstinées, consciencieuses et scrupu-
leuses, souvent froides. Doutant beaucoup, elles
ont du mal à prendre des décisions. Manifestez à
l'« obsessionnel » que vous appréciez son sens de
l'ordre et de la rigueur, respectez son besoin de pré-
voir et d'organiser, mais faites-lui aussi découvrir la
joie de la détente. Si c'est votre supérieur, montrez

446
que vous êtes fiable et prévisible ; si c'est un colla-
borateur, donnez-lui des tâches à sa mesure, où sa
méticulosité et son besoin de planifier se révéleront
des qualités.

Les narcissiques
et les passifs-agressifs
La personnalité narcissique, comme son nom l'in-
dique, a une haute opinion d'elle-même et pense
qu'elle mérite un traitement exceptionnel.Elle est très
ambitieuse. Manipulatrice, la personne narcissique a
peu d'égards pour les autres qu'elle utilise pour
atteindre ses buts.Pour maintenir de bonnes relations
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avec une personne narcissique, n'hésitez pas à la com-


plimenter quand vous pouvezle faire sincèrement.Si
VOUS arrivez à gagner une part de sa confiance, elle
vous fera part souvent de sa colère contre les per-
sonnes qui ne lui auront pas accordé les égards
qu'elle pense mériter.Vous pourrez l'aider en lui expli-
quant le point de vue des autres tels que vous les per-
cevez. Ne vous mettez pas trop en avant pour ne pas
susciter sa jalousie,
et limitez-vous aux critiques indis-
pensables. Les narcissiques étant de grands séduc-
teurs et manipulateurs, méfiez-vous de leur flatterie
ou de leurs tentatives pour vous culpabiliser.
Les personnalités passives-agressives peuvent
être hautement exaspérantes ;elles s'opposent à tout,
soit d'une manière active en contestant toute déci-
sion venant des autres, soit d'une manière passive en
faisant, par exemple, traîner délibérément leur travail.
#e

447
ren

Un bon nombre d'adolescents passent par cette


phase.ll existe cependant des personnes qui n'en sor-
tent jamais. Avec elles, soyez aimable : plus on est
autoritaire ou sec, plus elles vont se « braquer ».Mon-
trez-leur de l'empathie, demandez leur avis. Sachant
que le comportement passif-agressif est une manière
indirecte d'exprimer de l'agressivité, invitez la per-
sonne à s'exprimer directement : cela permettrait de
résoudre le conflit. Dans tous les cas,ne critiquez pas,
n'ayez pas recours aux représailles, car cela enveni-
mera encore plus la situation, mais ne faites pas non
plus semblant de ne pas remarquer l'opposition.
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Les dépendants
et les évitants
La personnalité dépendante a un besoin excessif
d'être rassurée et soutenue par les autres.Elle a du mal
à prendre des décisions toute seule, à initier des pro-
jets ;elle suit. Ayant très peur des ruptures, elle va ten-
ter de garder l'affection des autres en acceptant tout,
y compris les tâches peu gratifiantes. Avec elle, soyez
encourageant, renforcez ses réussites et banalisez ses
échecs. Avant de lui donner un conseil, demandez-lui
toujours son point de vue. Sollicitez également ses
avis.Ne la critiquez pas.
Ne cherchez pas de méthodes
radicales telles que l'abandonner à son sort dans une
ville inconnue : apprenez-lui à devenir autonome.
Les personnalités évitantes craignent,avant tout,
d'être critiquées ou moquées ; elles sont «timides »,
se dévalorisent et sont souvent handicapées par la

448
peur de l'échec. Si c'est votre collaborateur ou votre
enfant, proposez-lui toujours des objectifs de diffi-
culté progressive, donnez de l'importance à ses opi-
nions, ne vous moquez surtout pas, même genti-
ment, de ses défauts.
Pour gérer des personnalités difficiles essayez de
changer les comportements plutôt que la vision du
monde.Comprenez les craintes derrière les attitudes
et acceptez un changement progressifet incomplet &.

PEUT-ON CHANGER
SA PERSONNALITÉ ?
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Changer volontairement sa manière d’être est très difficile, et


cela même une fois que nous avons pris conscience de notre
problème. À ce propos, Freud a décrit la compulsion
de répétition, la tendance qui nous conduit à répéter
systématiquement d’une manière irrépressible les mêmes
erreurs, les mêmes comportements inadaptés. Malgré toutes
nos bonnes résolutions, nos traits de caractère ont une grande
tendance à persévérer. D'ailleurs, un proverbe le dit : « Chassez
le naturel, il revient au galop. » Le recours à une psychothérapie
peut alors être une solution. 8

> Agressivité (1l’) p.121;


> Estime de soi (l’) p.297;
> Hystérie (1°) p.313;
Paranoïa (la) p.424.

449
Psychanalytique (le courant )
Inconscient, refoulement, transfert, moi,
surmoi, etc. : des mots entrés dans le
vocabulaire courant. Avec quelques autres,
ils sont issus de la psycho-analyse, devenue
psychanalyse, dont on parle beaucoup,
parfois sans trop savoir précisément
ce qu'elle recouvre.

La psychanalyse est une discipline comprenant plu-


sieurs niveaux et dont les principes s'organisent à la
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fois autour d'une technique thérapeutique fondée


sur l'interprétation contrôlée de la résistance, du |
transfert et du désir, d'une méthode d'investigation
des processus inconscients par libre association et
d'une théorie de la vie psychique articulée autour
d'un ensemble d'hypothèses énoncées par S.Freud
entre 1882 et 1935.
La résistance concerne tous les
L Le transfert peut
processus qui font obstacle à la s’illustrer par la
découverte de soi au cours de la formulation suivante
cure. Le transfert désigne un adressée au psy:
ensemble de sentiments que le « Vous êtes bien
comme mon père,
patient a éprouvés autrefois pour
vous ne dites rien
des membres de sa famille et qu'il quand je pleure »,
réactualise, dans la cure, en les pro- manifestation
jetant sur la personne de son psy- explicite d’un contenu
chanalyste. La libre association est dit «transférentiel ».

450
une méthode par laquelle le patient est incité à dire
tout ce qui lui vient à l'esprit, sans discrimination
aucune.

Freud et la vie psychique


Parmi les concepts fondamentaux de la vie psychique
élaborés par Freud, certains ont une importance
considérable. On peut tout particulièrement citer :
- L'existence de processus psychiques inconscients :
l'application de la méthode psychanalytique aux
rêves, aux actes manqués et aux symptômes révèle
un sens caché et des motifs inconnus dont le sujet n'a
pas conscience lorsqu'il les vit.
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- La théorie du refoulement, concernant tous les pro-


cessus qui permettent d'écarter des pulsions prove-
nant de diverses sources de satisfaction ou dejouis-
sance que le sujet a dû sacrifier aux impératifs
moraux et normatifs de son histoire et de son déve-
loppement psychosexuel. Des pulsions condam-
nables se voient refuser l'accès à la conscience et
sont donc refoulées.
- L'importance du rêle de la sexualité et du complexe
d'Œdipe : la description des diffé-
Le stade phallique est
rents stades de la sexualité infan- celui qui succède au
tile permet de révéler son rôle stade oral dans le
dans la formation des névroses, développement de la
sexualité infantile, et
avec la notion d'organisation pro-
concerne la période
gressive de la libido (désirs, aspira- où l'intérêt du petit
tions amoureuses) qui lui est asso- garçon se concentre
ciée. Par complexe d'Œdipe, on sur son pénis.

451
entend généralement l'investisse- Les instincts de vie
on ment à la fois amoureux et hostile érotiques et sexuels
sl== opposés aux instincts
des enfants su r le p parent de sexe mon ou de
opposé, lors du stade phallique. escucion con
- La théorie des pulsions, c'est-à-dire souvent évoqués
7 la manière dont tout individu se sous les noms de
_ situe par rapport aux objets en géné- deux dieux grecs,
Éros, celui de
= ral, et amoureux en particulier, pour
l'Amour, et Thanatos,
Pr
obtenir satisfaction. Parmi ces pul- celui de la Mort.
sions, l'opposition classique réunit
des instincts de vie érotiques et sexuels contre des ins-
tincts de mort ou de destruction (pulsion de mort).
- Le narcissisme, investissement et relation d'amour
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entre un individu et sa propre image, pouvant aller


jusqu'à une captation de soi par cette image.
- L'existence, enfin, d'un appareil psychique qui
relève d'une topique, c'est-à-dire qu'il s'organise dans
des «lieux» métaphoriques : sa localisation, tout
d'abord, en un système conscient, préconscient et
inconscient devient, par la suite, un jeu de forces
conflictuelles émanant du «moi», du «ça » et du
« surmoi». La personnalité, soit la structure psy-
chique, se divise donc en trois instances aux visées
antagonistes : le «moi» est tiraillé entre les impéra-
tifs moraux et culturels du « surmoi » et des pulsions
« débridées » relevant du principe de plaisir défendu
par le «ça».
Parallèlement, Freud a fait évoluer sa méthode
d'investigation en passant de l'hypnose à la sugges-
tion et à l'état de veille. Par psychanalyse, on entend

452
donc aussi une technique d'investigation originale
des processus mentaux et de leur traitement. En
généralisant, cette méthode consiste à rendre l'in-
conscient accessible à la conscience.

Des principes
et des règles
Non content d'avoir élaboré ses théories de l'in-
conscient, Freud a également édicté un ensemble de
principes et de règles qui sont encore les fonde-
ments de la cure analytique pratiquée de nos jours.
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POURQUOI LE DIVAN ?
La cure type, c'est-à-dire la prise en charge psychanalytique
classique telle qu’elle est pratiquée par Freud, impose
un arrangement spatial particulier : le patient est allongé
sur un divan alors que son thérapeute se tient derrière lui,
assis sur un fauteuil. Ce choix du cadre spatial n’est pas le fruit
du hasard car il permet un relâchement physique du patient,
et en même temps un apaisement psychologique : n'étant pas
regardé par son psy, il se sent potentiellement moins jugé
et moins envahi par lui. Le psy est également libre de réagir
aux propos tenus, sans que ses éventuelles mimiques ou réactions
n’interfèrent et n’influencent le patient.

Ainsi s'imposent au thérapeute le renoncement


à la réserve restrictive de la communication des pen-
sées (règle fondamentale}liée à la méthode dite «de
libre association » ; l'absence de réponse aux sollici-

453
tations dontil est l’objet (règle d'abstinence);le type
d'écoute, la «neutralité bienveillante », la réponse
interprétative.
La personne en analyse doit,
de son côté,se plier
aux règles édictées par Freud : la limitation de la
durée des séances ; le respect des horaires et du
nombre de séances (trois ou quatre par semaine chez
les psy orthodoxes et un rythme un peu moins sou-
tenu chezles disciples de Lacan).Enfin, dans le cas de
la cure type, le paiement des séances en liquide,
même si elles ont été manquées.

Du côté du patient
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Selon la «règle fondamentale», le psychanalyste


demande à son patient de lui faire part de tout ce
qui lui vient à l'esprit, d'exprimer verbalement ce qu'il
pense et ce qu'il ressent, même si certaines de ses
pensées ou émotions lui paraissent triviales, imper-
tinentes, incohérentes, impudiques ou dépourvues
d'intérêt. Par ce biais, le thérapeute tente de lui faire
produire un discours autorisant une connaissance le
plus exhaustive possible de l’ensemble de ses repré-
sentations, croyances, désirs, etc.

DISCIPLES ET DISSIDENTS
Du côté des disciples de Freud, on trouve K. Abraham, E. Jones,
S. Ferenczi (dont la technique sera reprise en gestalt-thérapie)
qui, malgré quelques légers désaccords, prolongent son œuvre.
Parmi ses détracteurs, O. Rank remet en question le rôle du

454
complexe d'Œdipe dans la formation des névroses et, avec la
notion d’angoisse primitive, la lie au traumatisme de la naissance
(naîtra ainsi la psychothérapie du cri primal développée par
A. Janov). A. Adler insiste, quant à lui, sur le rôle des relations
interpersonnelles et est à l’origine de la psychosociologie
du caractère. C. Jung développe la notion d’archétypes, qui
désignent des images présentes dans l’inconscient collectif.
Après Freud, M. Klein va s'intéresser aux relations précoces
de l’enfant avec sa mère et, plus particulièrement, aux premières
perceptions du bébé. Elle ajoute un ensemble de concepts
comme ceux de «bon et mauvais objet », de « projection »
ou d’«introjection », qui aideront à la compréhension des
psychoses. Elle met également au point un ensemble de
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techniques thérapeutiques, fondées sur le dessin et sur le jeu


afin que les jeunes enfants puissent s'exprimer en séance.
A. Freud, fille de son père, étendra son œuvre en s'intéressant
aux enfants et en s’opposant farouchement aux thèses de Klein.
D. Winnicott, médecin britannique, va aussi s'intéresser aux
thérapies d'enfant en forgeant la notion d’« objet transitionnel »
(un nounours, un vieux chiffon) qu’il décrit comme capable de
combler le vide ressenti par l'enfant pendant l'absence de ses
parents. J. Lacan marquera considérablement le mouvement
psychanalytique français en proposant une refonte de la théorie
freudienne par le biais de différentes disciplines, comme la
linguistique, la phénoménologie et l'anthropologie. On lui doit
les concepts connus de stade du miroir, de forclusion du nom-
du-père. F. Dolto, enfin, a beaucoup fait pour la vulgarisation
des concepts psychanalytiques dans le domaine des relations
parentales et de la thérapie pour enfant. 8

455
La règle d'abstinence prévoit, quant à elle,
de frus-
trer le patient, c'est-à-dire de ne pas lui offrir de grati-
fications verbales ou gestuelles (mimiques, approba-
tions, sourires) susceptibles de répondre aux senti-
ments du patient envers son psy (transfert) :cela a pour
but d'éviter toute dérive de séduction, voire des rap-
prochements sexuels interdits,
car ils grèveraient tota-
lement les chances de succès de la thérapie.

Du côté du psychanalyste
Le psychanalyste suit l'expression des pensées et sen-
timents du sujet par une attitude dite «neutre » et
d'«attention flottante » sans qu'interfèrent de juge-
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ments, d'interventions intrusives ou de remarques


personnelles.Dans les premières sessions,les relances
consisteront en des questions exploratoires ou des
demandes de clarification. Plus tard, les interpréta-
tions des motivations, des défenses ou de la résis-
tance pourront être plus fréquentes et plus impor-
tantes afin d'aboutir à une reconstruction.ll revient,
en effet,à Freud d'avoir montré que les patients,tout
en cherchant les clés de leurs problèmes, peuvent
aussi tenter de résister aux propositions de change-
ment. De là, l'insistance particulière à mettre au jour
de nombreux mécanismes de défense capables
d'éclairer cette mise en abyme des représentations
signifiantes. &

> Histoire de la psychanalyse p. 26;


> Psychothérapie (suivre une) p.478.

456
Psychose (la)
Le terme de « psychose » représente la pathologie
mentale la plus sévère en raison de la gravité
des troubles qu'elle suscite. Elle est caractérisée
par une désorganisation de la personnalité,
la perte du sens du réel et la transformation
en délire de l'expérience vécue.
Le langage médical courant réserve le terme
de psychose aux maladies mentales non
"Grandes
questions...
lésionnelles, se caractérisant par des
symptômes essentiellement psychologiques,
que sont les psychoses aiguës (bouffée
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délirante [accès délirant survenant et


dispairassant de façon brusquel]), la
schizophrénie, les délires chroniques
(paranoïa, paraphrénie) et la psychose
maniaco-dépressive.

La psychose plonge souvent l'individu dans une


extrême dépendance de l'entourage. Il y a eu de
nombreux modèles explicatifs de la psychose, cer-
tains pensent qu'elle provient de facteurs géné-
tiques, ou bien de facteurs psychologiques et
d'autres,
de facteurs interactionnels.Cependant,tous
s'accordent pour souligner la sévérité de cette patho-
logie et la difficulté de sa prise en charge.
Le terme « psychose » reste général et s'accom-
pagne le plus souvent d'un qualificatif précisant l'évo-

457
lution (aiguë ou chronique), L'étiologie est
l'étiologie (organique, affec- la discipline qui étudie
les causes d’une maladie.
tive, etc.) ou la nature (schizo-
phrénique, dépressive, etc.). Il a été créé par le psy-
chiatre autrichien E.Feuchtersleben,
qui l'utilisa pour
la première fois dans son cours de pathologie men-
tale, inauguré à Vienne en 1844. Mais il ne se dis-
tingue pas alors de celui de « névrose » ou de « vésa-
nie »,signifiant seulement « maladie de l'esprit ».C'est
progressivement qu'il va définir les affections men-
tales les plus graves, laissant au terme « névrose » tout
le domaine des affections plus légères et dont le
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patient garde conscience des caractère morbide, ce


qui permet de les traiter avec l'accord du sujet, alors
que les premières nécessitent souvent d'être traitées
contre la volonté de ce dernier.
C'est d’ailleurs par rapport à la névrose que la
psychose va se caractériser, selon des oppositions
dont on a tellement abusé que la frontière entre les
deux s'est exagérément creusée.
Par la suite, on a dû créer des entités morbides
nouvelles se situant à cheval sur cette frontière : cas
border-line ou états limites qui ont bien montré le
caractère souvent arbitraire et conventionnel de
celle-ci.

Critères spécifiques
de la psychose
On peut cependant reconnaître à toute psychose les
critères distinctifs suivants :

458
- d'abord, la gravité des troubles, qui vont souvent
entraîner des déficiences importantes, conduisant,
quand elles sont définitives, à un véritable handicap;
- ensuite, l'absence de la conscience de la morbidité
des troubles ; c'est ainsi qu'un délirant croit à la réa-
lité de son délire et n'admet pas qu'il s'agisse d'une
maladie nécessitant un traitement ;
— puis l'étrangeté, la bizarrerie des troubles, ressen-
ties par l'entourage avec un sentiment de malaise,
dans la mesure où il n'est pas possible de leur don-
ner une explication ou d'en discuter véritablement
avec le psychotique;
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- d'autant plus que le quatrième critère est celui de


la difficulté de la communication et, quelquefois
même, de l'incommunicabilité totale du psycho-
tique ; celui-ci fuit souvent le contact, s'enfermant
dans son silence et ses réticences et utilisant par-
fois, quand il accepte de parler, un langage incom-
préhensible, bourré de néologismes devenant, dans
certains cas, une véritable schizophasie ;
- enfin,
ce repli sur soi-même, pouvant confiner à l'au-
tisme, s'accompagne d'une véritable rupture avec la
réalité extérieure.
C'est la perturbation pro- La forclusion : terme forgé
fonde de la relation du sujet à parJ.Lacan, emprunté au
la réalité qui va rester le critère vocabulaire juridique,
essentiel de la psychose, en signifiant la double notion
SR | h de rejet et de déchéance
particulier pour les psycl 2% 1 G'un droit qui n'a pas été
nalystes, qui vont repérer, à la exercé dans les délais
suite de S. Freud, des méca- admis.

459
nismes psychotiques spécifiques pour l'expliquer :
c'est d'abord la projection du délire qui fait suite au
refoulement et par laquelle le malade va projeter à
l'extérieur de lui-même ce qu'il se refuse à recon-
naître comme sa propre réalité psychique. C'est le
cas, en particulier, de l’attirance homosexuelle pour
un objet transformé en persécuteur haï dans la para-
noïa. C'est ensuite,avec J.Lacan,
la forclusion du Nom-du-Père. Le Nom-du-Père.
métaphore de la loi qui,
Le psychotique rejette la fonc-
selon J. Lacan, sépare
tion du père dont le rôle est
l'enfant de la relation
d'empêcher le désir de l'enfant fusionnelle qu’il
pour la mère. entretient avec la mère.
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Les causes de la psychose


Ce point de vue très général sur les psychoses ne pré-
juge pas de leurs causes, qui relèvent le plus souvent
à la fois de l'organogenèse et de la psychogenèse.

Du côté de l’organogenèse
On trouvera des facteurs génétiques, surtout au
niveau de la prédisposition, des facteurs chronobio-
logiques,mis en évidence en particulier dans le cas de
certaines psychoses maniaco-dépressives, des fac-
teurs immunologiques, et, d'une manière plus hypo-
thétique, des facteurs neuropsychophysiologiques
(avec des variations fines du volume cérébral, plus
ou moins spécifiques au scanner et à la résonance
magnétique nucléaire),
des facteurs endocriniens (en
particulier des atteintes thyroïdiennes), des carences

460
vitaminiques (en vitamines B6 Le neuromédiateur est
et PP chez certains schizo- un médiateur chimique
phrènes), une infection pos- synthétisé et libéré par
un neurone, permettant
sible par certains virus, des
à celui-ci de transmettre
intoxications, en particulier des messages en se
avec des drogues comme le fixant sur d’autres
LSD,la mescaline,les amphéta- neurones.
mines. Mais ce sont surtout les
hypothèses biochimiques qui retiennent actuelle-
ment l'intérêt des chercheurs notamment le rôle des
neuromédiateurs.

Du côté de la psychogenèse
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On a vu l'éclairage explicatif donné par la psychana-


lyse sur certaines opérations
mentales dans la psychose :la Pour la psychanalyste
projection délirante (Freud), M. Klein, un objet
comme, par exemple,
la forclusion du Nom-du-Père
le sein maternel peut
(Lacan).Si Freud et Lacan insis- être, de façon
tent sur la question du père, fantasmatique, scindé
M. Klein et D.W. Winnicott ont (« clivé ») en deux
une tout autre approche de parties, à la fois bon
objet : objet du désir
la psychose. Ces deux autres
de l'enfant et mauvais
auteurs vont donner le rôle objet : objet de frayeur
essentiel à la mère. Cette der- et de haine. Cet objet
nière étant détentrice des scindé auquel sont
confrontés tous les
bons et des mauvais objets,
enfants au cours de leur
c'est l'introjection de ceux-ci. développement peut être
qui sera génératrice de tous de nature à engendrer
les maux comme de tous les une psychose.

461
bienfaits dans les différents stades du développe-
ment menant au conflit œdipien.M.Klein apporte la
notion d'un clivage qui oscille entre l'agressivité et
l'angoisse et fait advenir les objets de désir à la fois à
l'extérieur et à l'intérieur du corps.Plus précisément,
Winnicott démontre que le procès psychotique est
la marque de la faillite de l'environnement, le désin-
vestissement prématuré de la mère ne permettant
pas la substitution de bons objets.
Mais ces explications à la fois génétiques et
structurales ne peuvent,à elles seules,rendre compte
de l'apparition et du développement d'une psy-
chose,même si elles peuvent justifier et conduire une
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psychothérapie des psychotiques.


On a fait appel également à des facteurs socio-
familiaux. Il faut seulement rappeler l'intérêt de plu-
sieurs approches dans ce domaine :d'abord celle qui
s'inspire de la psychanalyse; puis l'approche systé-
mique faisant de la famille un véritable système auto-
régulé avec ses deux fonctions un peu contradic-
toires - tendance à l'immobilisme d'une part, capa-
cité de se transformer de l'autre ; s'en rapprochent
l'école de Palo Alto - qui,à la suite de l'anthropologue
G. Bateson, centre l'étiologie de la schizophrénie
sur un trouble de la communication : la double
contrainte (angl.double bind) -et,enfin, pour ne citer
que l'une des plus importantes, l'école de L.Wynne,
qui a mis l'accent sur les concepts de pseudo-mutua-
lité et de pseudo-hostilité comme générateurs de
dissociation et de psychose à l'intérieur d'une famille.
#
462
Comme on le voit,la psy- La double contrainte a été
chose reste multiple à la fois mis en évidence pour la
dans son étiologie, dans sa première fois par G.
Bateson et son équipe de
structure psychopatholo-
Palo Alto. Selon eux, le
gique et dans ses formes sujet est soumis à une
nosologiques. Il vaut mieux manœuvre familiale qui
parler de «psychoses» et l'empêche de distinguer
admettre un faisceau de fac- nettement quelle sorte de
message lui est
teurs prédisposants et
communiqué (“ Sois le
déclenchants pour expliquer premier en classe ! Les
l'apparition et le développe- études ne servent à
ment d'une psychose chez un rien ! ”). Dans l'incapacité
de commenter et de
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sujet.Il faut aussi savoir éviter


comprendre les messages
des préjugés qui conduiraient émis, il ne peut dés lors
à n'utiliser qu'un seul type de fournir qu’une réponse
traitement dans la prise en psychotique à une situation
charge thérapeutique. sans issue.

Prise en charge
et pronostic
Dans l'ensemble, les thérapeutiques modernes ont
beaucoup amélioré le pronostic des psychoses,autre-
fois pessimiste.Elles associent un traitement médica-
menteux (neuroleptiques, lithium) à une psychothé-
rapie individuelle ou collective dont les modalités
sont très variées. Lors de l'entretien, le médecin doit
rechercher la bonne distance relationnelle, ni trop
proche ni trop lointame. Dès que le patient admet
que ses idées délirantes sont pathologiques,on peut
entrevoir la guérison ou, du moins, une amélioration

463
proche. Quant à l'hospitalisation, lorsqu'elle se révèle
nécessaire, il est préférable qu'elle se fasse en accord
avec le patient et sa famille.À côté de l'hospitalisation
à temps complet, il existe aujourd'hui des structures
de soins plus souples: hôpital dejour, hôpital de nuit.
Dans tous les cas,une relation thérapeutique sui-
Vieest indispensable :entretiens réguliers avec le thé-
rapeute, existence d'un lieu d'accueil où le patient
peut passer certains caps difficiles, dépistage et pré-
vention des rechutes. Le concours de la famille est
toujours souhaitable dans la mesure où l'éclosion
d'une psychose (surtout chez l'adolescent) est sou-
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vent la résultante d'un conflit interne au groupe fami-


lial. L'entourage doit s'efforcer de ne pas paraître
effrayé et de ne pas raisonner à tout prix le malade.Il
s'agit, avant tout, de lui faire comprendre qu'on a res-
senti sa souffrance, en sachant respecter ses convic-
tions délirantes sans y adhérer par complaisance niles
contredire brutalement. Aujourd'hui, la majorité des
psychotiques peuvent mener une vie professionnelle
et familiale satisfaisante, même si la guérison
demande encore du temps et de la persévérance. &

> Maladie psychique d’un proche (face à la) p.388 ;


> Névrose (la) p.407;
> Paranoïa (la) p.424;
> Schizophrénie (la) p. 504 ;
> Systémique (le courant) p.595

464
Psychose maniaco-dépressive
(E
La prévalence des troubles de l'humeur
bipolaires est identique chez les hommes
et chez les femmes. Le caractère familial de
la psychose maniaco-dépressive est connu
Grandes
questions.
depuis longtemps. La psychose maniaco-
dépressive est très invalidante car l'individu va
passer d’un état maniaque, donc d'extrême
excitation avec difficulté au sommeil à un état
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apathique, humeur triste et dépressive. Parfois


les épisodes maniaques ne sont pas reconnus
et vécus comme douloureux sur le moment
mais ce sont les retombées familiales, affectives
ou socioprofessionnelles qui engendrent
de la souffrance morale. La prise en charge
est plus performante aujourd'hui et la
chimiothérapie doit s'accompagner d’une aide
psychothérapeutique

C'est en 1907 que le terme de « psychose maniaco-


dépressive » est introduit par Deny et Camus en
France.Reprenant l'ensemble des travaux de E.Krae-
pelin, ils définissent ainsi cette maladie : «C'est une
psychose constitutionnelle,essentiellement hérédi-
taire,caractérisée par la répétition, l'alternance, la jux-
taposition ou la coexistence d'états d'excitation et

465
de dépression.» Ils ajoutent qu'«elle comporte seu-
lement trois groupes d'états différents, reliés, il est
vrai, entre eux par de nombreuses formes intermé-
diaires, des états maniaques, des états dépressifs et
des états mixtes ». Les liens unissant mélancolie et
manie furent entrevus dès l'Antiquité par Hippocrate.

= L'alternance de la manie
et de la mélancolie
C'est seulement au milieu du xix® siècle, avec Baillar-
ger et Falret, que l'alternance de la manie et de la
mélancolie fut rattachée à une même affection. Le
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«spectre de la maladie maniaco-dépressive »,tel que


le décrit Kraepelin en 1889, inclut aussi les patients
qui n'ont présenté que des épisodes dépressifs.Cette
forme est appelée « psychose maniaco-dépressive
unipolaire ». La psychose maniaco-dépressive bipo-
laire comporte la succession d'accès dépressifs et
d'accès d'excitation. Dans ces deux formes de psy-
chose maniaco-dépressive, la séquence et la durée
des cycles comme la durée et la place de l'intervalle
libre sont variables, mais ne modifient pas le dia-
gnostic.Ces deux formes diffèrent au niveau de l'hé-
rédité,
de l'âge de survenue des premiers troubles,
de
la symptomatologie des accès, de la personnalité
entre les crises, de la réponse au traitement.
La psychose maniaco-dépressive est considérée
comme une psychose endogène constitutionnelle
dont l'évolution serait peu influencée parles facteurs
psychologiques et environnementaux.

466
L'accès maniaque
Le terme « manie » est utilisé depuis l'Antiquité pour
désigner un état d'excitation. Le début en est sou-
vent brusque,le malade devenant exubérant, hyper-
actif et insomniaque. L'accès maniaque est parfois
précédé d'un signe prémonitoire.

Un état d'excitation
Lorsque la crise est installée,on est en présence d'un
malade déambulant sans cesse, négligé dans sa
tenue, tantôt hargneux et tantôt jovial. Dans cet état
d'excitation, le malade ne peut se fixer à une tâche,
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même routinière ; les activités se succèdent rapide-


ment, parfois ponctuées par des crises d'agressivité
et de colère. Sur le plan des idées, cette excitation se
manifeste par une logorrhée sans fin, marquée de
jeux de mots, d'ellipses et d'onomatopées.Le jeu est
une expression essentielle de cette agitation.Ces élé-
ments sont toujours empruntés au monde extérieur:
le malade fait entrer les personnes de son entourage
et les événements actuels dans son jeu. Les idées
s'enchaînent à grande vitesse, changeant à la vue
d'un objet ou d’une consonance particulière. L'at-
tention ne peut se fixer, le malade est distrait par la
moindre sollicitation.L'humeur est faite de joie, d'op-
timisme et de confiance, elle est cependant très
labile, l'euphorie laissant parfois la place à la colère,
voire à la dépression. Les signes physiques rendent
compte du degré d’agitation : tendance à la déshy-
dratation, tachycardie, fièvre.

467
Dans cette agitation, les comportements ins-
tinctuels sont souvent perturbés :alcoolisation mas-
sive, hypersexualité avec exhibitionnisme, notam-
ment contemporains de l'accès maniaque. L'insom-
nie est de règle,elle n'entraîne aucun épuisement.Le
malade perçoit une accélération du temps,qui paraît
se dérouler à vitesse surmultipliée.
Dans ce contexte d'expansivité, les initiatives
exubérantes sont nombreuses : changer d'activité
professionnelle pour une autre immédiatement,
changer de résidence, partir en voyage, faire des
achats inconsidérés.
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Évolution de l'accès maniaque


Depuis l'introduction de la chimiothérapie neuro-
leptique, l'agitation motrice et l'excitation psychique
se réduisent en deux ou trois semaines avec restau-
ration du sommeil et régularisation de l'appétit. Un
accès dépressif de plus ou moins forte intensité suc-
cède souvent à un accès maniaque.

mélancolique
Généralement,
c'est en quelques jours ou quelques
semaines que se constitue l'accès mélancolique. L'in-
térêt porté au travail, aux loisirs, à la vie familiale et
sociale ainsi que le sommeil se dégradent,le patient
se plaint de fatigue que le repos ne répare pas ;une
inquiétude, une irritabilité, une difficulté à vivre
apparaissent. Le découragement, l'indécision, l'ap-

468
préhension anxieuse de l'avenir imprègnent pro-
gressivement le déroulement de la vie quotidienne.
Lorsque l'accès est constitué, le malade est
envahi d'un sentiment pénible de tristesse constante,
d'un pessimisme pathologique dominé par le senti-
ment d'impuissance, d'incapacité et de dégoût de la
vie. Il est abattu, sans réaction ou présente parfois
une intolérance au bruit, des récriminations.
Le sentiment d'inutilité et de mésestime de
soi provoque une angoisse vive. Le temps donne
l'étrange impression d'être immuable. L'anesthésie
affective, indifférence pour ce qui peut survenir
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d'heureux ou de malheureux, alterne avec des mo-


ments d'hypersensibilité douloureuse. L'anhédonie,
ou incapacité d'éprouver du plaisir, caractérise les
instincts du déprimé. Sur le plan intellectuel, tout
effort de concentration, d'attention ne peut être tenu
et entraîne une absence totale d'initiative.
Sur le plan
moteur, l'accès mélancolique est marqué par le ralen-
tissement.
Tous les actes de la vie quotidienne sont
pénibles pour le mélancolique et sont assurés avec
effort :se lever, faire sa toilette, se préparer à manger.
Cependant, lorsque l'angoisse et l'appréhension sub-
mergent le déprimé, l'agitation domine le tableau.
Les sentiments d'indignité et d'autoaccusation
peuvent alors être responsables d'impulsions auto-
agressives particulièrement redoutables.
Les dérèglements somatiques sont constants
dans la mélancolie,
les troubles du sommeil sont fré-
quents avec un réveil matinal précoce, l'anorexie

469
nOSE MAan1aCO-CED IVE (iQ

conduit parfois à un amaigrissement important.Une


fatigue de plus en plus intense imprègne chaque ins-
IOQNS tant de la journée.
Le risque de suicide doit toujours être redouté.
Dans son désespoir, et persuadé de faire souffrir les
autres, le déprimé devient convaincu que seule la
mort peut être une délivrance.
L'accès mélancolique, dont l'évolution sponta-
née était évaluée à six mois, régresse actuellement
sous antidépresseur en six semaines, mais il est des
accès très courts et d’autres beaucoup plus longs.Il
existe aussi des mélancolies partiellement ou totale-
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ment résistantes aux médicaments. Un accès mélan-


colique occasionne au moins une réduction d'acti-
vités sociales de quatre mois en moyenne.

Différentes formes
de l’accès
mélancolique
L'accès mélancolique typique que l'on vient de
décrire peut parfois prendre des particularités symp-
tomatiques.
Dans la mélancolie délirante, le sentiment d'in-
capacité peut conduire à des élaborations délirantes
plus riches.Certaines,en liaison avec l'humeur dépres-
sive, les idées de culpabilité, d'indignité, d'incurabi-
lité, de ruine, entraînent l'attente d’un châtiment.
Parfois le malade est convaincu d'avoir une
maladie grave, allant même jusqu'à l'élaboration
d'idées de négation d'organe.Des idées de persécu-

470
tion sont parfois au premier plan dans certaines
populations, dans certaines cultures.
Les dépressions masquées occupent une place
à part. Elles sont marquées par une fatigue intense,
des troubles du sommeil résistant aux hypnotiques,
des douleurs de sièges et d'intensités variables, un
mal de tête. Les lombalgies sont les plus fréquentes
; parfois,
ce sont des troubles digestifs ou des troubles
sexuels. Tous ces symptômes ont une évolution
périodique alternant avec des troubles de l'humeur
manifestes aidant au diagnostic.
L'évolution de cette dépression masquée est
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longue, entachée de risque de suicide.

Les états mixtes


Au cours de ces états, des éléments dépressifs et des
éléments d'excitation sont mêlés.Chez ces patients, l'hu-
meur est changeante, labile, oscillant de la joie à l'abat-
tement profond.L'agitation motrice et l'excitation intel-
lectuelle sont de règle. Ces états sont des moments
intermédiaires lorsque l'humeur s'inverse après un
accès mélancolique ou après un accès maniaque.

Le trouble
affectif saisonnier
On a décrit récemment un trouble affectif saisonnier
touchant plus fréquemment les femmes jeunes.
Dans l'hémisphère Nord, l'accès dépressif sur-
vient entre octobre
et décembre et guérit au début
du printemps. Sa symptomatologie est caractérisée

471
par une hypersomnie et une hyperphagie fréquente
avec prédilection pour les sucres. Durant l'été, on
observe un état proche de l'hypomanie. L'im-
portance de l'ensoleillement a été reconnue par ces
patients, dont certains choisissent de vivre dans le
Sud en hiver.Une thérapeutique par la lumière serait
efficace.

La psychose
maniaco-dépressive
chez l'enfant
La succession d'accès dépressifs et d'accès
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maniaques chez l'enfant et chez l'adolescent est


maintenant reconnue. Les symptômes de l'accès
dépressif peuvent être classiques mais, plus sou-
vent, ils peuvent être masqués par des troubles du
comportement avecirritabilité ou agressivité et par
des attitudes de repli.Les manifestations délirantes
ne sont pas rares, à type d'incurabilité, de culpabi-
lité, de mégalomanie. Les hallucinations auditives
et visuelles sont particulières dans cette forme chez
l'enfant.
L'épisode maniaque chez l'enfant et chez l'ado-
lescent est marqué par une grande distractibilité,
une fuite des idées, des symptômes délirants avec
parfois des hallucinations auditives.Il est important
de pouvoir reconnaître la cyclicité des troubles
de l'humeur chez l'enfant car ces sujets peuvent
bénéficier d'un traitement préventif efficace contre
les rechutes par le lithium.

472
Épidémiologie
La prévalence des troubles de l'humeur bipolaires
est identique chez les hommes et chez les femmes.
L'âge de début des troubles est plus précoce pour
les troubles bipolaires (25 à 30 ans) que pour les
troubles unipolaires (30 à 35 ans). À l'heure actuelle,
on estime le rapport unipolaire sur bipolaire proche
de 2 pour 1 ; l'incidence annuelle de la psychose
maniaco-dépressive bipolaire est comprise entre 9
et 15 pour 100 000 hommes et entre 7 et 32 pour
100 000 femmes. Une augmentation du taux de la
morbidité pour l'ensemble des dépressions parmi les
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générations nées depuis 1940 a été mise en évi-


dence. Les tentatives de suicide, les accidents ren-
dent compte d'une surmortalité dans les troubles
dépressifs par rapport à la population générale (10%
à 20 % des déprimés meurent par suicide). Un sur-
croît de mortalité pourrait aussi être lié aux patholo-
gies cardio-vasculaires.

Quels sont les facteur


de risque ?
Un certain nombre de conditions semblent rendre
l'individu vulnérable et le prédisposer à présenter
cette maladie.
Le caractère familial de la psychose maniaco-
dépressive est connu depuis longtemps mais il est
davantage question de vulnérabilité génétique avec
l'existence d'interactions possibles entre gènes et
environnement. Le risque de maladie est accru à l'in-

473
térieur d'une famille; il serait de 20 % dans les familles
de bipolaires, comparé au taux de 1 % dans la popu-
IONS.. lation générale.ll serait moindre, 1 %,dans les familles
Fs
La de patients unipolaires. La concordance du trouble
que maniaco-dépressif entre jumeaux monozygotes est
plus importante que chezles dizygotes.
Les premiers résultats des études des marqueurs
génétiques montrent la multiplicité des gènes en
randes
cause dans la maladie maniaco-dépressive.
En dehors des facteurs de risques physiolo-
giques (âge, sexe) et génétiques, un certain nombre
de conditions biologiques accompagnent parfois
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une psychose maniaco-dépressive.Certaines mala-


dies somatiques, notamment, coïincident avec des
troubles de l'humeur à rechute, voire les déclen-
chent. La maladie de Parkinson, la sclérose en
plaques, certaines tumeurs cérébrales ou certaines
lésions vasculaires du système nerveux central
peuvent être révélées par des troubles de l'humeur.
Des épisodes maniaques ou dépressifs accompa-
gnent certaines atteintes de la glande thyroïde, de
la parathyroïde ou encore certaines atteintes de la
glande surrénale.L'hypertension artérielle, l'alcoo-
lisme ont un lien avec la répétition d'épisodes
dépressifs.
Certains médicaments peuvent révéler d'au-
thentiques psychoses maniaco-dépressives.Ce sont
les anti-hypertenseurs à action centrale, les corti-
coïdes, les amphétamines.Le rôle des œstro-proges-
tatifs reste très discuté.

474
De même, le rôle de certaines anomalies bio-
chimiques a été évoqué dans la survenue d'une psy-
chose maniaco-dépressive. En effet, certains médi-
caments ayant une action biochimique sur les
monoamines cérébrales se sont montrés très effi-
caces dans le traitement et la prévention de cette
maladie. Puisqu'un effet biochimique accompagne
l'action thérapeutique de ces médicaments, on a
pensé qu'ils pouvaient corriger une éventuelle ano-
malie biologique. Ces anomalies ont été recher-
chées au niveau de la biochimie du système ner-
veux central, notamment au niveau des substances
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médiatrices assurant la transmission entre les diffé-


rents neurones. Les substances qui ont été le plus
souvent impliquées et explorées dans la psychose
maniaco-dépressive sont la sérotonine, la noradré-
naline et la dopamine.
Ces hypothèses, non vérifiées à l'heure actuelle,
supposent un excès de noradrénaline et/ou de
dopamine dans le système nerveux central au cours
de la manie et un déficit dans l'accès mélancolique.
Un déficit en sérotonine est parfois retrouvé dans
la manie et dans la mélancolie et cette substance
médiatrice du système nerveux central serait parti-
culièrement réduite chez les patients suicidaires ou
impulsifs et agressifs. D'autres hypothèses s'appuient
sur la chronobiologie. L'évolution cyclique de la
psychose maniaco-dépressive
est un argument en
faveur d'une altération temporelle des cycles bio-
logiques. Ces rythmes biologiques seraient désyn-

475
chronisés dans cette maladie.Cela a été constaté au
niveau de la température, au niveau de sécrétions
hormonales,au niveau du sommeil.Au total, des per-
turbations ont été retrouvées chez certains malades
mais elles sont inconstantes et ne permettent pas
d'établir un diagnostic.
En dehors d'une vulnérabilité génétique et bio-
logique évoquée dans la psychose maniaco-dépres-
sive, il faut citer les facteurs de risques psycholo-
giques, pouvant déclencher un épisode maniaque
ou mélancolique.ll s'agit d'événements de la vie tels
que la mort d'une personne aimée, la perte d'un tra-
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vail, d'un logement, un préjudice, une humiliation,


mais aussi une franche réussite ou une promotion.
Ces événements ne constituent pas une condition
suffisante au déclenchement d'une psychose
maniaco-dépressive.

Comment prendre en
charge la psychose
maniaco-dépréssive ?
Les neuroleptiques et les sels de lithium restent le
traitement de choix de la crise maniaque.Les dépres-
sions mélancoliques répondent favorablement aux
antidépresseurs en trois à quatre semaines. Les
dépressions d'origine psychologique répondent
mieux aux psychothérapies. À l'heure actuelle, les
thérapies comportementales ou cognitives mon-
trent une certaine supériorité par rapport aux autres
psychothérapies dans cette indication. Les troubles

476
de l'humeur saisonniers ont la caractéristique de bien
répondre au traitement par la lumière. Une efficacité
transitoire de la privation de sommeil est observée
dans la dépression de la maladie.
Le second temps thérapeutique de la psychose
maniaco-dépressive repose sur le traitement pré-
ventif des rechutes. Ce traitement est justifié après
la survenue de deux ou trois épisodes aigus. C'est
un traitement mis en route pour plusieurs années,
reposant essentiellement sur l’utilisation des sels de
lithium, qui a transformé la vie de ces malades.
D'autres médicaments anticonvulsivants sont utili-
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sés à l'heure actuelle, seuls où en association au


lithium dans cette indication. *

> Dépression (la) p.203;


> Maladie psychique d’un proche (face à la) p.388;
> Psychose (la) p.457.

477
Psychothérapie
(suivre une)
Les psychothérapies occupent assurément
une position paradoxale : on n'a jamais
autant entendu parler d'elles dans les
médias et, pourtant, l'image distillée auprès
du grand public demeure souvent inexacte
et trompeuse. Pourquoi, comment, dans
quelle attente consulte-t-on un psy ? Autant
de questions dont on ne connaît pas
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forcément les réponses de manière claire.

Nombreuses sont les publicités qui caricaturent le


dispositif thérapeutique où le psy, sorte de «doux
dingue », s'endort derrière un patient, alors décrit
comme la victime passive d'un supposé charlata-
nisme des temps modernes.Au-delà du comique de
situation, c'est aussi toute une palette de vieux sté-
réotypes que l'on exhibe de la sorte : comme si ce
patient était pris en faute, qu'il était coupable et ridi-
cule d'aller confier ses secrets les plus intimes à quel-
qu'un qui,
de surcroît, ne l'écoute pas! En exploitant
de manière triviale les craintes ressenties envers le
psy, ces parodies publicitaires n'aident en rien les
personnes qui s'interrogent sur elles-mêmes et se
sentent parfois coupables de ne pas aller bien dans
un monde où règnent compétitivité et performance.

478
En revanche, si l’on souhaite aborder sérieusement
ce domaine, une multitude de questions et de
réponses surgit.

Pourquoi consulter ?
Comme en publicité, les déboires de l'existence
dans la vie réelle font souvent rire de la personne
qui dégringole ou qui chute. Cette malveillance à
l'égard de quelqu'un qui ose se livrer contribue à
maintenir les résistances de certains pour qui
consulter un psy, c'est être faible, fou. ou le deve-
nir. Ceux qui fréquentent les cabinets de psy savent
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pourtant quel courage et quelle ténacité il faut


pour affronter et pour épier les moindres mouve-
ments de l'«âme ».
Les réticences à consulter un psy se révèlent
donc multiples. Parmi les plus courantes, on peut
relever des motifs tels que l'image erronée de ce qui
s'y joue; l’appréhension face au type de relation que
cela engage ; la réaction négative face à un ordre
intimé par un proche - le fameux « va te faire soigner »
qui a de quoi agacer.…. Et aussi la crainte de s'éterni-
ser dans un processus thérapeutique sans fin, le souci
du coût financier, etc.

Les raisons de consulter


Nous connaissons tous, avec des degrés d'intensité
variable,
des événements de vié qui nous affligent et
devant lesquels nous n'avons pas toujours les res-
sources physiques, psychologiques et morales per-

479
mettant de faire face : divorce des parents, difficultés
relationnelles à l'école, avec des membres de la
famille et, plus tard, dans le milieu professionnel, déra-
cinement géographique, perte d'emploi, rupture
amoureuse, deuil, etc. À la suite de ce type d'événe-
ments ou longtemps après peuvent apparaître des
symptômes divers et variés.

DES DIFFICULTÉS
SUPPLÉMENTAIRES
Aux troubles le plus fréquemment évoqués par les personnes
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qui consultent s'ajoutent souvent d’autres difficultés. Ce sont,


par exemple :
- La perte de l'estime de soi et une impression de dévalorisation.
- Un sentiment d'échec et d’atermoiement dans les prises de
décision.
— Des états d'angoisse et des insomnies tenaces.
- Une perte de vitalité et des idées noires pouvant aller jusqu’à
des envies de suicide. 8

Ces symptômes pouvant amener à consulter


sont les suivants : agitation interne, comportement
de dépendance, humeur dépressive, sentiment de
fatigue et d'épuisement, anxiété, maux de tête et
migraine, troubles de la concentration et de la per-
formance, pensées fixes (obsessionnelles), troubles
du sommeil. Nous mettons de côté ici des propos
incohérents ou des hallucinations qui nécessitent,
quant à eux, une intervention d'urgence.

480
Une démarche Les difficultés
comme une autre psychologiques qui
mènent à une thérapie ne
Pour des problèmes d'ordre
sont pas forcément liées à
physique,
on consulte un mé-
des perturbations lourdes.
decin qu'on écoute sans peine. Certains en attendent
Dès lors que l'on parle des l’occasion d'augmenter
nombreuses difficultés psy- leur efficacité personnelle
dans différents domaines,
chologiques qui jalonnent la
une meilleure maîtrise de
vie de tout homme, il semble breton où
que les choses soient très dif- recherche d’un autre
férentes. Dans ce domaine, mode de vie.
chacun semble avoir son mot
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à dire. Alors que nul ne songerait à se substituer à


l'architecte ou au chirurgien dans leur champ de
spécialité, on se réserve fréquemment le droit de
réfuter les propositions du psychothérapeute,
qu'elles soient d'ordre théorique ou pratique.Tout
le monde se croit ainsi psychologue, et l'est d'une
certaine manière en ce qu'il pratique au quotidien
une certaine forme d'écoute, d'aide ou de conseil à
autrui. Si les proches et les amis offrent un soutien
moral et psychologique souvent efficace, il arrive
pourtant que la personne soit débordée par l'am-
pleur des problèmes auxquels elle est confrontée.
Ces difficultés peuvent être passagères et ne néces-
sitent pas toujours une consultation. Nous sur-
montons, pour la plupart, les crises de l'existence
sans avoir besoin d’une aide extérieure.ll arrive tou-
tefois que ces symptômes persistent et que l'en-
tourage s'en alarme et le signale au psy. En face, la

481
personne souffre d'autant plus qu'elle comprend
elle-même très mal les raisons de sa souffrance.

POURQUOI
SONT-ILS EN PSYCHOTHÉRAPIE ?
Parmi les motivations des personnes entamant une thérapie, on
trouve notamment :
ranades
- L'attente d’être aidée par un professionnel compatissant.
- La recherche d’un soutien permettant de traverser une
situation de crise.
- La possibilité d'affronter des émotions jusqu'alors inavouées.
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- La libération cathartique (du grec catharsis, « purification de


l’âme ») à mesure que l’on discute de son problème dans
l'atmosphère rassurante de la thérapie.
- L'acquisition d’une explication à l'égard de ses difficultés.
- La confirmation qu'on n’est pas fou.
- La découverte des ressources pour affronter des situations
problématiques. M

À partir de là, pourquoi avoir recours à un psy-


chothérapeute dont la démarche pourrait sembler
a priori très proche d'une relation de type amical ?
Car formé à l'écoute, c'est une personne extérieure
au problème et qui n'est pas affectivement enga-
gée. Expert de la relation, il possède les moyens de
déchiffrer avec vous le fondement de vos interro-
gations et peut vous proposer des solutions nou-
velles et différentes de celles que vous avez l'habi-
tude d'entendre.

482
Trouver le bon
psychothérapeute
Une fois la décision de consulter prise, il reste à trou-
ver un professionnel compétent. Comment se repé-
rer dans une jungle d'appellations « psy » renvoyant à
des trajectoires professionnelles différentes et rendant
parfois leur identification professionnelle difficile ?
Des psychologues,
des psychanalystes,
des psy-
chiatres, des psychothérapeutes,
des psychiatres-psy-
chanalystes,
des psychologues pratiquant l'hypnose
ou la relaxation, etc.:la liste des « psy » est longue et
peut laisser perplexe.
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Dans l'idéal, un thérapeute devra à la fois pos-


séder une formation de base en psychologie et avoir
effectué une démarche complémentaire dans l’un
des établissements formant aux différentes formes
de thérapie : psychanalyse, thérapie familiale, théra-
pie cognitivo-comportementale, etc.

Que disent les diplômes ?


Pour la formation de base et les diplômes reconnus
par l'État qui garantissent, en partie au moins, le
sérieux de la démarche effectuée par le psy, trois pro-
fils peuvent se présenter.
Il (ou elle) possède un diplôme de psychiatrie :il
est médecin et a effectué une spécialité de quatre
ans en psychiatrie, comportant notamment un ensei-
gnement poussé en psychopharmacologie. Les psy-
chiatres peuvent donc prescrire des traitements
médicamenteux.

483
Il a obtenu un diplôme de psychologie clinique
(DESS :diplôme d'études supérieures spécialisées)
ions. consacrant une formation en cinq ans composée
d'un enseignement théorique et de nombreux
stages sur le terrain.
La formation de
Enfin, il peut se défi- psychothérapeute est proposée
nir comme psychothéra- par un ensemble d'écoles ou
peute, titre non reconnu d’instituts privés à des personne:
souhaitant acquérir un bagage
par l'État.
spécialisé dans le domaine de la
L'obtention d'un di-
relation d’aide et thérapeutique.
plôme universitaire de psy- Des formations universitaires
chologue ou de psychiatre du troisième cycle accueillent
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ne fait pas un thérapeute également des personnes


possédant un niveau de maîtrise
pour autant.Les enseigne-
ments dispensés offrent des connaissances théoriques
indispensables à la compréhension du fonctionne-
ment psychique humain,mais le cursus s'accompagne,
dans les deux cas, d'une pratique dans des centres hos-
pitaliers ou dans des établissements de soin.
Le troisième cas de figure est représenté par un
ensemble de professions paramédicales,
voire par des
métiers qui possèdent un lien plus ténu avec l'ensei-
gnement de la psychologie : la personne possédera
alors un diplôme plus indirectement relié au domaine
psychologique et pourra être philosophe,éducateur,
orthophoniste, infirmier, kinésithérapeute, etc.

Quelles trajectoires professionnelles ?


Ilne faut pas hésiter à poser des questions sur la for-
mation du psy que vous rencontrez, d'autant plus

484
qu'en l'état actuel des choses n'importe qui peut
poser sur sa porte la plaque de « psychothérapeute »
où de «psychanalyste », alors qu'il n'aura effectué
aucune des démarches de formation indispensables.
Outre des cours et des séminaires réguliers pen-
dant plusieurs années, les formations dispensées par
les différentes écoles de thérapie exigent souvent
que le candidat effectue une démarche personnelle
approfondie, c'est-à-dire qu'il ait entrepris lui-même
une thérapie. À l'issue de cette expérience person-
nelle, il prend en charge un ou plusieurs patients,
mais sous le contrôle étroit d'un collègue expéri-
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menté. C'est seulement après une formation théo-


rique et clinique de plusieurs années que ses pairs le
reconnaissent apte à l'exercice de la psychothérapie.

Les qualités du «bon » psychothérapeute


Les diplômes et une solide expérience sont des don-
nées fondamentales, mais ne suffisent pas. Il faut
encore que le psychothérapeute digne de ce nom
possède des qualités humaines et d'écoute particu-
lières. Le long apprentissage du savoir-faire théra-
peutique acquis au fils du temps consiste, par
exemple,à être capable de contrôler ses émotions et
ses réactions, de gérer ses émois personnels pour
qu'ils interfèrent le moins possible avec ceux du
patient, de créer un climat de confiance et d'épa-
nouissement,
de tenir la bonne distance face aux pro-
blèmes des autres, de ne pas utiliser sa position de
pouvoir pour manipuler la personne en face de soi

485
et, enfin, de démêler avec patience et pertinence le
fil de l'histoire personnelle du patient.
Cette description des aptitudes thérapeu-
tiques pourrait laisser entendre qu'il s'agit d'un être
exceptionnel.ll n'en est pourtant rien :le psy est un
«M.Tout-le-monde », traverse les mêmes crises et les
mêmes difficultés que les patients qu'il rencontre.ll
a, en revanche, acquis les outils psychologiques
nécessaires pour gérer ce type de difficultés grâce à
la psychothérapie qu'il a effectuée.
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COMMENT TROUVER
UN PSYCHOTHÉRAPEUTE ?
Lorsqu'’est prise la décision d'entreprendre une thérapie, il reste
encore à trouver le thérapeute. À quelle porte frapper ?
Après s'être bien informé sur les tenants et les aboutissants
des différentes formes de thérapie, on peut consulter les
associations professionnelles et les instituts : ils disposent
d'annuaires de leurs membres et titulaires affiliés, ce qui
constitue a priori une garantie de compétence.
interroger son médecin généraliste demeure un excellent moyen.
Le bouche-à-oreille peut fonctionner, à condition que les liens
avec la personne qui vous recommande son psy ne soient pas
trop proches. Par souci de professionnalisme, le psy ne reçoit
pas des personnes qui se connaissent très bien. La
recommandation par un ami de confiance est également possible.
La pioche au hasard dans un annuaire ou par Minitel n’est sans
doute pas le meilleur moyen, et encore moins les annonces
parues dans les journaux.

486
Si vous vous sentez suffisamment en confiance lors des
premiers entretiens, il n’est pas utile de vérifier que vous tenez
«le bon psy» en allant en voir un autre. Si tel n’est pas le cas,
en règle générale, le recueil de deux ou trois adresses peut
paraître suffisant. Au-delà, c’est votre propre désir qu’il faut
interroger. S’il vous semble plus facile de parler à un homme ou
à une femme, vous devez vous écouter, mais cela a moins
d'importance que vous l’imaginez.

La personnalité et la disponibilité du praticien


sont des facteurs importants dans le choix à opérer.
Le psychothérapeute efficace, quelle que soit son
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approche,
est avant tout capable de communiquer à
son patient le respect qu'il lui porte, son désir de l'ai-
der et, finalement, sa capacité de le comprendre.

La première séance
Le psy est trouvé. Le processus se met en marche.
Mais,entre le premier contact par téléphone et le pre-
mier rendez-vous, des inquiétudes tout à fait nor-
males peuvent surgir : «Que va-t-il penser de moi ?
Vais-je pouvoir lui parler ? Que vais-je lui dire ?, etc.»
Il est inutile d'établir à l'avance le «récit de sa vie»,
cela ne se déroule jamais comme on l'a prévu. Ce
manque de spontanéité serait d'ailleurs perçu par
votre interlocuteur, qui n'attend pas de vous un
exposé construit et littéraire des événements
importants de votre existence.Si de réelles raisons
vous motivent, vous n'aurez aucun mal à expliquer
pourquoi vous êtes venu. Votre demande pourra,

487
d'ailleurs, évoluer au fil des séances, ce qui fait tout
l'intérêt de ce dispositif ouvert et souple.Le principal
consiste à vouloir changer quelque chose à sa vie,
c'est-à-dire à accepter aussi de se remettre en ques-
tion, opération éminemment difficile.

SAGES PRÉCAUTIONS
Avant de partir pour votre rendez-vous, surtout si Vous vous
sentez quelque peu troublé, vérifiez bien l'heure, l’adresse et
ayez le numéro de téléphone sur vous pour pouvoir joindre le
psy en cas de problème. La plupart du temps, il n'existe pas de
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plaque à l'entrée, hormis pour certains psychiatres regroupés


en cabinet. Cette absence de visibilité tient du respect de
confidentialité et d’anonymat des patients : certaines personnes
ne souhaitent pas que l’on sache qu’elles vont consulter un psy.
En dehors des salles d'attente communes à plusieurs
thérapeutes, vous patienterez généralement seul, puisque les
patients ne sont pas censés se croiser. Certains psy n'ayant pas
de salle d'attente peuvent même vous donner rendez-vous au
coin de la rue, dans un café où ils viennent vous chercher. 5

Le premier contact
Lors du premier contact, la voix du psy au téléphone
à pu vous paraître un peu sèche ou l'échange télé-
phonique trop court : c'est tout simplement que
beaucoup de psy gèrent eux-mêmes leurs rendez-
vous et qu'étant en consultation ils ne peuvent se
permettre de vous garder trop longtemps au télé-
phone.Même les modalités pratiques de la thérapie

488
envisagée pourront être discutées lors de la première
rencontre.ll vaut donc mieux être concis et vous limi-
ter à détailler clairement vos disponibilités de ren-
dez-vous.Vous aurez tout le temps d'être écouté pen-
dant les séances à venir. Si vous travaillez, certains
psy peuvent d'ailleurs vous proposer des créneaux
horaires très tôt le matin (vers 6 où 7 heures) ou
très tard le soir (21 heures ou plus). Vous pourrez
également essuyer un refus, non parce que vous
n'êtes pas digne d'intérêt, mais certains psy ayant
déjà une clientèle fournie se doivent de décliner votre
demande pour pouvoir assurer un travail sérieux
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avec leurs patients.En général, le psy en question ou


parfois sa secrétaire vous indique alors le nom d'un
confrère.Vous pouvez encore tomber sur un répon-
deur qui vous indique des horaires ou vous demande
de laisser vos coordonnées téléphoniques.

LES MODALITÉS
PRATIQUES
Les premiers entretiens sont souvent l’occasion de négocier
les modalités pratiques : la fréquence et le coût des séances.
Ces aspects matériels de la thérapie requièrent une attention
particulière : ils constituent la base du travail à venir. ll

Les premiers échanges


Vous voilà chez le psy. À la différence d'autres ren-
contres, par exemple amicales, l'entretien thérapeu-
tique s'écarte de la scène de conversation ordinaire.

489
Psychothérapie (suivre une)

Si vos amis parlent autant que vous dans un échange,


= le psy, lui,est là pour vous écouter et pour prendre la
= mesure de vos difficultés. Lors des premières séances,
< il se peut qu'il ne parle pas beaucoup, ce qui ne doit
= pas vous inquiéter :il ne va pas vous donner en cinq
minutes les solutions à des « dysfonctionnements »
_ dont vous souffrez depuis de nombreuses années.
En
Cependant, pénétrant pour la première fois dans
le cabinet d'un psychothérapeute et avant même
qu'une parole n'ait été échangée, le sujet sent bien
qu'il s'engage dans un processus très particulier, dont
l'objet est sa propre personne, et où il ne sera ques-
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tion que de lui. Avant même que s'instaure la relation


thérapeutique, puis tout au long de son déroulement,
thérapeute et patient entretiennent ainsi un certain
nombre de croyances et de sentiments réciproques
qui jouent un rôle essentiel à l'établissement,
au déve-
loppement et à l'évolution de cette relation. Les pre-
mières impressions représentent donc le socle de la
relation, et vous devez privilégier votre ressenti, qu'il
soit positif ou négatif. Les questions à se poser sont
du type: «Ai-je le sentiment d'être bien entendu et
bien compris ? »,« Me renvoie-t-il des interprétations
pertinentes au regard de mes difficultés ? »

SÉANCES MANQUÉES,
SÉANCES PAYÉES ?
Les séances manquées ne sont pas dues si l’on a prévenu
suffisamment à l'avance et en cas de force majeure.

490
Par contre, si l’on manque un rendez-vous sans raison valable,
il faudra régler le coût de la séance, et s'interroger sur
la raison de ce comportement. 5

Une ou deux rencontres se révèlent parfois


insuffisantes pour se faire une idée.Il peut être impor-
tant de persévérer pendant plusieurs séances, dans
la mesure où, comme dans toute relation, l'intérêt
mutuel n'est pas systématiquement immédiat. En
revanche, si les sentiments négatifs persistent après
de nombreuses rencontres,il est inutile de continuer.
Dans le cas où ces sentiments ne disparaîtraient pas
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avec tous les psy rencontrés, il vous faudrait alors


vous interroger sur votre désir de suivre une psy-
chothérapie ou une psychanalyse. Il est également
possible d'en parler avec eux, qui sont les mieux pla-
cés pour comprendre vos réticences et examiner ce
qui se joue là pour vous.

La tentation d'abandonner
Le tout-début du traitement est plus particulière-
ment marqué chez le patient par l'espoir d'être
aidé.La mobilisation des attentes et l'établissement
de la relation thérapeutique rendent possible un
effet de soulagement émotionnel visible dès les
premiers contacts avec le thérapeute. Cette fonc-
tion préalablement « suggestive » de la relation thé-
rapeutique peut être trompeuse,au point que cer-
tains patients abandonnent le processus théra-
peutique plus tôt qu'il le faudrait. La fin d'une thé-

491
rapie, comme pour le reste, est une affaire à régler
à deux et dont il convient de discuter ensemble.

L'évaluation des bénéfices


Face à la diversité des méthodes thérapeutiques,on
est en droit de se demander, d'une part, si ces tech-
niques et ces méthodes s'équivalent en termes
d'efficacité et, d'autre part, si les effets obtenus sont
les mêmes, compte tenu de la personnalité et des
besoins spécifiques de chaque patient.Autrement dit,
pour un trouble donné, certaines thérapies seraient-
elles plus recommandables que d'autres ?
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On se pose souvent la question de savoir si la


trajectoire thérapeutique d'un patient présentant un
type particulier de difficultés s'est révélé efficace et,
en cas d'échec, s’il n'en aurait pas été différemment
avec une autre thérapie.
Malgré une apparente simplicité, la comparai-
son de l'efficacité des différentes thérapies pose en
réalité de nombreux problèmes, parmi lesquels on
compte :la multiplicité des modèles thérapeutiques
qui n'ont pas la même façon d'envisager les pro-
blèmes et, donc, ne recourent pas aux mêmes tech-
niques pour traiter ces problèmes ; les temps d'in-
tervention, qui sont variables - certaines thérapies
durant, en effet, plus longtemps que d'autres ; la
diversité des troubles et pathologies qui rendent les
comparaisons entre thérapies difficilement maîtri-
sables ;la subjectivité de la notion de « réussite » psy-
chothérapeutique. Et, enfin, les problèmes éthiques

492
liés aux dispositifs d'observation des thérapies et qui
ne doivent en rien perturber leur cours habituel.

Des méthodes d'analyse


Malgré les difficultés,
des méthodes dites «méta-ana-
lytiques » ont cherché à évaluer l'efficacité des diffé-
rents traitements grâce à un large ensemble de cri-
tères permettant de les différencier : durée de la psy-
chothérapie, années d'expérience des thérapeutes,
données socio-économiques sur les thérapeutes et
les patients, diagnostic des patients, pronostic établi,
techniques utilisées,types de troubles présentés par
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les sujets, conditions spatio-temporelles des séances,


évaluation des séances par les thérapeutes et parles
patients... Par compilation d'un vaste ensemble de
recherches, les méta-analyses cherchent ainsi à exa-
miner l'effet des traitements en relation avec les
caractéristiques du patient, du thérapeute ainsi que
des méthodes et des techniques employées.

Un constat d'équivalence
Les résultats des méta-analyses mènent à un
constat d'équivalence entre les principales méthodes
psychothérapeutiques. Dans leur ensemble, les re-
cherches montrent que la psychothérapie s'avère
plus efficace qu'un traitement placebo médicamen-
teux ou qu'une absence de traitement. On a donc
plus de chance de «se sortir» de ses difficultés en
suivant une thérapie-qu'en prenant seulement des
médicaments ou en ne faisant rien du tout.

493
Si un consensus est loin d'être atteint en ce qui
concerne l'efficacité de thérapies marginales,le constat
tend vers l'équivalence des principales méthodes
thérapeutiques.
Tout porte ainsi à croire qu'aucune
psychothérapie n'est supérieure à une autre si on
compare des thérapies comportementales à des thé-
rapies de soutien ou à des thérapies cognitives, des
thérapies psychodynamiques à des thérapies com-
portementales chez les enfants, des psychanalyses
(cure type) à des psychothérapies d'inspiration psy-
chanalytique.
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L'importance du thérapeute
Le niveau de compétence des thérapeutes apparaît
comme un facteur non négligeable de l'efficacité
thérapeutique.Il a été montré qu'un degré d'exper-
tise important permet une amélioration notable
de patients aux pronostics défavorables. Avec des
novices, les patients tirent un meilleur bénéfice du
traitement lorsqu'il est mené par un candidat à l'ana-
lyse encore sous le contrôle d'un confrère expéri-
menté. Ce dernier point montre l'importance des
procédures de contrôle garantissant la maîtrise et la
qualité des techniques relationnelles mises en œuvre
par les débutants pendant leur temps de formation.

Une efficacité démontrée


Les études évaluatives en psychothérapie montrent
l'efficacité des thérapies et l'équivalence des princi-
paux courants de psychothérapie. Cet étonnant

494
constat a conduit certains chercheurs à penser qu'il
pouvait exister des «facteurs communs » partagés
par les différentes psychothérapies. Deux types d'ex-
plication non exclusifs l’un de l'autre peuvent être
évoqués pour expliquer ces phénomènes d'équiva-
lence entre thérapies.D'une part,les attitudes réelles
et les réactions concrètes des thérapeutes ne
seraient pas toujours conformes au rôle prescrit par
leur école d'appartenance : les thérapeutes utilise-
raient ainsi des techniques au moins partiellement
communes. D'autre part, l'«alliance thérapeutique »
(ou les aspects relationnels) tissée entre le patient et
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son thérapeute serait plus déterminante que les


techniques mises en œuvre. *

> Psychanaytique (le courant) p.450.

495
Résilience
et aptitude au bonheur
D'eux, on dit,
en langage familier, «il (ou elle)
s’en est bien sorti(e) ». Et nous avons tous des
exemples autour de nous de ces enfants nés
sous la pire des étoiles, de ces hommes, de ces
femmes, de ces communautés aussi qui, après
avoir connu une terrible adversité, ont
retrouvé une plénitude de vie. Un nouveau
mot désigne aujourd'hui leur capacité à
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surmonter le malheur : la « résilience ». C'est un


bon mot pour dire : «Il n'y a pas de fatalité. »

Pendant longtemps, on a pensé que les premières


années de vie instauraient définitivement le devenir
des individus. « Tout se joue avant 6, voire avant
3 ans »était la phrase clé, figeant les comportements
et les attitudes dans ces premières années de vie.
Aujourd'hui, on peut dire que «tout ne se joue pas
avant 6 ans », et les perspectives développées par le
nouveau concept de résilience ouvrent des portes
très intéressantes.
Ce terme de « résilience », emprunté à la phy-
sique, définit la capacité d'un matériau à résister aux
chocs. La résilience est utilisée en psychologie sous
forme de métaphore, pour expliquer à quel point les
enfants qui ont vécu des traumatismes majeurs peu-

496
vent néanmoins devenir des adultes à part entière,
se développer et construire, à partir de leurs expé-
riences traumatiques, une vie pleine de sens,riche et
positive.
Beaucoup d'enfants ont pu ainsi rebondir, mal-
gré une enfance difficile, et se bagarrent dans leur
parcours existentiel. À côté de cette résilience aux
souffrances d'origine familiale ou privée, on a décrit
celle qui est liée aux traumatismes et aux situations
extrêmes, de nature historique comme les guerres,
les déportations,les exodes,les génocides ou comme
les grands cataclysmes naturels, tremblements de
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terre,inondations,etc.La résilience a notamment été


décrite chez des enfants des rues, dans des situations
de maltraitance,
de violence, d'alcoolisme,de toxico-
manie, de pauvreté, de deuil, de séparation, de han-
dicap ou de maladie grave. Les uns directement
affectés, les autres malmenés du fait de la pathologie,
des difficultés sociales,mentales dont souffrent leurs
parents.

QUAND LA PSYCHANALYSE
EMPRUNTE À LA PHYSIQUE
Le concept de résilience est emprunté à la physique : il est
défini par le Petit Larousse comme « caractéristique mécanique
qui définit la résistance aux chocs d’un matériau ». Est considéré
comme résilient ce qui présente une résistance aux chocs.
Nombreux sont les objets actuels dits « résilients » (comme
les matelas, les barres d'appui). Cette métaphore s'applique

497
parfaitement aux situations extrêmes vécues par les individus
ayant traversé des épreuves dramatiques de la vie.
On doit son introduction en France à S. Vanistendael,
B. Cyrulnik et S. Tomkiewicz. 5

Ce terme de « résilience » a été utilisé, pour la


première fois par une psychologue américaine, E.
Werner (1984), et s'est développé progressivement
grâce à de nombreux auteurs. D'autres psychiatres
avaient pressenti cela, en particulier Anthony
(Anthony and All, 1982), qui a décrit, avec C. Kouper-
nic, l'Enfant vulnérable (PUF, 1980), qu'il compare à
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une poupée d'acier qui ne se casse pas,même si elle


tombe de très haut et sur un terrain dur. Un autre
auteur, S.Vanistendael, précise encore :«La résilience,
c'est à la fois la résistance à la destruction et la capa-
cité à se construire une vie en dépit des circonstances
difficiles, d'un environnement défavorable, voire hos-
tile. C'est la capacité d'une personne, qu'elle soit
enfant, parent ou même vieillard, ou d'un système
social, famille, communauté, à se développer bien,
malgré les conditions difficiles. »

Les critères
de la résilience
Tous les cliniciens qui ont tenté de réfléchir sur cette
notion de développement personnel et d'aptitude
au bonheur, malgré des traumatismes majeurs, sont
d'accord pour étudier des facteurs qui permettent
de mieux cerner le devenir d'un sujet. Qu'est-ce qui

498
permet à un enfant ayant vécu une très grande dif-
ficulté de s'en sortir ? L'observation fait émerger
quatre éléments qui paraissent fondamentaux.
Premièrement, plus un enfant est sympathique,
ou attire la sympathie des adultes, plus il aura une
chance d'être repéré et de sortir du groupe.
Deuxièmement, l'humour est fondamental : on
s'occupe beaucoup plus facilement d'un enfant qui
sourit, fait le clown, que d'un enfant triste, grognon,
et qui reste dans son coin.
Troisièmement, c'est la possibilité de construire
un projet de vie : avoir défini très tôt une vocation,
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avoir des perspectives.Cela permet d'instaurer un fil


directeur dans sa vie.
Autre point fondamental : ne pas se considérer
comme victime. Plus on se considère soi-même
comme victime,moins on devient résistant aux trau-
matismes et aux vicissitudes de la vie ; cette com-
plaisance, d'une certaine façon, empêche de pro-
gresser.

DIX CARACTÉRISTIQUES
FAVORABLES À LA RÉSILIENCE
Les auteurs anglo-saxons décrivent, parmi les caractéristiques
des individus résilients :
— la bonne santé et le tempérament facile ;
- l'attachement solide et la sécurité de base créés par une
relation positive instaurée très-précocement dans la vie ;
- la compétence relationnelle, c’est-à-dire la capacité de nouer

499
des relations avec les autres ;
- les compétences cognitives, par exemple l'acquisition précoce
du langage, l'appréciation correcte de ses propres compétences
et de ses difficultés, qui rejoint la notion d’insight ;
- la compétence émotionnelle avec la régulation émotionnelle ;
- la capacité à différer la satisfaction ;
- l'estime de soi ;
- la créativité et le sens de l’humour ;
- l'engagement et la capacité d’aider les autres, qu'on retrouve
chez beaucoup de thérapeutes. 5

Analyser comment et pourquoi on possède ou


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non ces qualités qui permettront la résilience est un


peu plus ardu.ll est très difficile de définir la capacité
de gérer les traumatismes et, là encore, il faut faire
acte d'humilité et aborder ce problème d'une
manière pluridimensionnelle, à partir de facteurs
intriqués : génétiques, psychologiques et sociaux. Il
est évident que l'enfant est fonction de son bagage
génétique et de son environnement. Cette double
origine doit être toujours présente à l'esprit.
On pourrait de la même manière diviser les fac-
teurs favorisant où entravant la résilience en trois
catégories. On aurait ainsi le vécu intra-utérin et les
facteurs innés comprenant l'évolution. Puis les fac-
teurs relationnels, par exemple l'ambiance familiale,
la place dans la fratrie, les relations privilégiées liées
avec une personne adulte, intra- ou extrafamiliale,
telles que les définit B. Cyrulnik, par la notion de
tuteur. Enfin, les facteurs sociaux avant, pendant et

500
après le traumatisme, par exemple le niveau de
déstructuration ou du maintien de la communauté ;
l'état économique du pays et l'ambiance psychoso-
ciale ou la place du sujet dans sa société.
On sait également que cette capacité à suppor-
ter l'adversité est variable : on peut s'avérer très rési-
lient à une certaine époque de sa vie et plus fragile
à un autre moment, à une autre époque.On peut être
résilient à certains stress (par exemple,abus sexuels),
et s'effondrer à la suite d'autres (comme un deuil bru-
tal) ou l'inverse.
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L'individu
et l’environnement
Ainsi le philosophe P. Levi, ancien déporté, le psy-
chanalyste B. Bettelheim et J. Renard, l'auteur de la
fameuse phrase : « Tout le monde n'a pas la chance
d'être orphelin», sont souvent cités comme des
exemples phares de la résilience à la maltraitance
familiale ou «historique » et se sont suicidés de
longues années après avoir «surmonté » les adversi-
tés dont ils ont été victimes. L'aptitude à forger un
devenir positif ne recouvre pas toujours tous les
domaines de la vie :on peut être résilient à l'école et
vulnérable à la maison ou dans la rue, ou l'inverse.
D'autres facteurs sont importants pour com-
prendre cette résilience, et font appel à la capacité de
l'individu à élaborer, à penser, à verbaliser son his-
toire : en psychanalyse, cette capacité à mentaliser
est définie par la notion d'insight, qu'on pourrait tra-

501
duire par la « profonde connaissance de soi-même ».
Tous ces traits apparemment intrinsèques à l'in-
dividu ne doivent pas cacher l'importance extrême
des facteurs environnementaux, qu'ils soient per-
manents ou ponctuels et dus aux hasards de la vie.
La résilience ne résulte pas d'une somm(ation)e
mécanique ou arithmétique de ces facteurs ; elle se
construit progressivement,
elle se «tricote », comme
le dit B. Cyrulnik, par leur intrication tout au long de
la vie.

NOUS SOMMES TOUS CONCERNÉS


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À la question posée par le magazine Psychologies (mars 2001) :


«Il semblerait que le terme de résilience ne s’applique qu'aux
traumatisés profonds, mais ne concerne:t-il pas chacun d’entre
nous ? », B. Cyrulnik répondait : «Je pense que l’on ne peut
parler de traumatisme - et d'évolution résiliente — que si l’on a
côtoyé la mort, si l’on a été agressé par la vie ou par les autres
[...]. Mais les processus qui permettent de reprendre
son développement après un coup du sort nous concernent
tous car ils obligent à penser la vie en termes de devenir,
d'évolution. D'ailleurs, une personne sur deux subit
un traumatisme au cours de son existence, qu’il s'agisse
d’un inceste, d’un viol, d’une maladie grave, d’une guerre
ou de la perte d’un être cher. »

l'est abusifde parler de la résilience avant la sur-


venue du traumatisme (qu'il soit chronique ou brutal)
et vain de vouloir la prévoir chez un individu donné.

502
Le concept de résilience s'est développé en
France grâce à B.Cyrulnik dans ses ouvrages, Un mer-
veilleux malheur et les Vilains Petits Canards, et à
S.Tomkiewicz, dans l’Adolescence volée.C'est un chan-
gement épistémologique considérable qui permet
de mieux comprendre que, malgré les trauma-
tismes majeurs, chacun de nous a des chances de
les surmonter et d'arriver à des perspectives d'in-
tégration et de développe-
Le changement
ment psychoaffectif. Tra- épistémologique induit par
vailler sur les aspects posi- le concept de résilience a
tifs des individus est une permis, dans la pratique
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nouvelle façon de rendre psychothérapique et, plus


encore, médico-sociale, de
compte de la clinique, et
changer le regard des
nous savions depuis fort professionnels sur les
longtemps, par des usagers, qui trop souvent
exemples de devenir de confond vulnérabilité et
nombreux patients, que, fatalité d’une évolution
pathologique négative.
malgré les histoires tra-
Cependant, l'abus et le
giques et douloureuses, mésusage de ce concept
ils pouvaient tout à fait risquent (A. Miller)
devenir des adultes à part d’«endormir travailleurs
sociaux, décideurs et bailleurs
entière, heureux, et capa-
de fonds » et de justifier à
bles d'investir dans les do- tort le démantèlement des
maines cognitifs, affectifs politiques de solidarité et de
et relationnels. & bien-être social.

> Estime de soi (l’) p.297; |


> Malheur (quand on fait son propre) p.400;
> Troubles psychologiques ancrés dans l’enfance ? (des) p.630

503
Schizophrénie (la)
La schizophrénie touche généralement
des adolescents ou jeunes adultes (filles
et garçons de 1 % à 2 % de la population).
Même si les psychiatres ont parfois
des difficultés à se mettre d'accord sur
le concept clinique, tous reconnaissent que
la schizophrénie aurait une causalité
multifactorielle. Cette maladie se manifeste par
une modification de la personnalité et surtout
par une perte du contact avec la réalité, ce qui
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entraîne parfois des manifestations délirantes


(hallucinations auditives). C'est une maladie
inquiétante qui fait l'objet de nombreuses
hypothèses cliniques.

C'est à partir de la démence précoce définie par


E. Kraepelin comme une psychose chronique endo-
gène survenant à la fin de l'adolescence et évoluant
sur un mode progressivement déficitaire que le psy-
chiatre E. Bleuler va, en 1908, créer le concept noso-
logique de «schizophrénie » (du grec schizein,«fendre
», et phrên, «esprit ») et le répandre en 1911.En utili-
sant l'enseignement freudien que lui a transmis son
assistant C.Jung,le maître de la psychiatrie zurichoise
publie, dans le grand Traité de psychiatrie d'Aschaffen-
burg, son célèbre travail sur la schizophrénie (1911) :
«Je nomme démence précoce, schizophrénie, parce

504
que, comme j'espère le démontrer, la dislocation des
diverses fonctions psychiques est un de ses caractères
les plus importants. Pour la commodité, j'emploie le
mot au singulier bien que le groupe comprenne vrai-
semblablement plusieurs maladies. »

La dislocation
des fonctions psychiques
Contestant la notion d'évolution démentielle soute-
nue par ses prédécesseurs, Bleuler définit le groupe
des schizophrénies comme un groupe de psychoses,
puis par des troubles des associations d'idées, enfin,
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par des troubles affectifs s'accompagnant de discor-


dance et d'ambivalence.
Puis, Bleuler va, dans ce groupe des schizophré-
nies, tracer une division en 4 catégories :
1. la forme paranoïde, essentiellement marquée par
des délires flous et incohérents, des peurs insolites
s'organisant autour de certains thèmes : peur d'ef-
fectuer certains gestes, peur de certaines couleurs-,
le malade ayant en outre l'impression que sa pensée
est manœuvrée de l'extérieur ;
2. la catatonie à expression psychomotrice, associant
notamment le négativisme, l'opposition, la catalepsie
(perte momentanée de l'initiative motrice avec conser-
vation des attitudes) et les stéréotypies gestuelles ;
3. l'hébéphrénie, où domine l'affaiblissement intel-
lectuel,le négativisme,les troubles de l'humeur et du
comportement, des accès agressifs ou autoagressifs
impulsifs parfois dramatiques ;

505
4. la forme simple, où n'existent que des signes fon-
damentaux évoluant sur un mode mineur (inhibition,
bizarrerie, marginalité).
C'est la division en formes cliniques qui sera généra-
lement reprise par ses successeurs.
Il faut reconnaître cependant que bien des diver-
gences apparentes persistent dans la définition cli-
nique de la schizophrénie.Celles-ci tiennent souvent
à des conceptions différentes que les diverses écoles
psychiatriques ont défendues pour expliquer les
causes de l'affection. Elles peuvent se regrouper
selon les trois grandes théories organogénétique,
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psychogénétique et sociogénétique de l'apparition


des troubles mentaux.
Avec la première, on attribue une cause orga-
nique à la schizophrénie, en la considérant comme
une maladie somatique et particulièrement cérébrale.
Il existe maintenant un certain consensus sur l'exis-
tence d'un trouble biochimique, en particulier au
niveau des neuromédiateurs synaptiques. Le pro-
blème est plutôt de savoir si le facteur biologique est
le seul déterminant de la maladie, ou si son rôle est
uniquement de provoquer une vulnérabilité anor-
male à d’autres facteurs déclenchants d'ordre biolo-
gique ou psychogénétique.
La problématique est identique quant à l'éven-
tuelle «hérédité» de la schizophrénie. Dans l'en-
semble, les études menées conduisent à écarter l'ori-
gine purement héréditaire du processus morbide lui-
même,en retenant seulement la notion de transmis-

506
sion génétique d'une prédisposition,
d'une « fragilité
nerveuse » (Ey) facilitant l'éclosion de la maladie.

Psychogenèse
de la schizophrénie
Du côté de la psychogenèse, les données sont éga-
lement très nombreuses et se répartissent selon trois
grands courants : celui de la psychanalyse, celui de la
phénoménologie et celui de la pathologie familiale
et des troubles de la communication.

La voie de la psychanalyse
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Pour le premier,
on sait que S.Freud,en analysant les
écrits autobiographiques du président Schreber
atteint d'une « démence paranoïde », a ouvert la voie
à une connaissance psychanalytique de la psychose.
Ila montré que la schizophrénie correspondait à une
grave «régression narcissique », ce que confirmait à
l'époque celui qui était encore son disciple et ami,
C. G. Jung. Ce dernier insiste en particulier sur la
notion d’une psychose latente, qui deviendrait une
psychose réelle, la schizophrénie, sous l'influence de
facteurs inconscients. On trouve déjà dans l'intro-
version le refuge dans la solitude, les attitudes
rituelles, les conduites anorexiques et de jeûne, le
conflit entre l'inconscient et le monde extérieur qui
va expliquer le retrait narcissique, avec perte de la
communication interpersonnelle, relâchement de
l'intérêt et exagération de l'imagination. ll y a une
régression, une disparition de la fonction du réel avec

507
le caractère onirique de la pensée qui s'égare dans
l'irrationnel et le subjectif.« La schizophrénie est ainsi
une perte de l'élan vital, une perte de la volonté»,
d'où ce refoulement de la réalité, cette dissociation
du réel. Quant au délire, il serait «une tentative de
guérison, une reconstruction». || faut seulement
noter que son éclosion n'est que secondaire et n'est
pas l'essentiel de la maladie.

Le courant phénoménologique
Le courant phénoménologique a produit, lui aussi,
de nombreuses études sur la schizophrénie. En
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France, c'est surtout E.Minkowski qui va s'inspirer de


cette philosophie dans son approche du schizo-
phrène.Derrière tout symptôme, il y aurait ainsi l'ex-
pression d'une modification profonde et caracté-
ristique de la personnalité humaine tout entière.
Pour Minkowski, il y aurait chez le schizophrène une
perte de contact vital avec la réalité et une altéra-
tion de sa «structure existentielle », en particulier
sur le plan temporel, le temps devenant pour lui
complètement « figé ».

La pathologie familiale
Dans le troisième courant, le souci de repérer une
certaine causalité est en revanche évident.Il s’agit de
toutes les études qui portent sur le rôle de la famille
dans l'éclosion, le développement et l'entretien de
la maladie schizophrénique,
chez un ou plusieurs de
ses membres. Déjà certains psychanalystes s'étaient

508
intéressés à la question.
Th. Lidz avait bien montré,
dès 1956, le rôle du « père pathogène » (il en distin-
guait cinq grands types) et d'une mauvaise organi-
sation familiale dans les déviations et dysharmonies
de la personnalité des enfants.Il remarquait aussi que
certaines anomalies de la communication intrafami-
liale pouvaient provoquer des troubles mentaux
assez graves pour entraîner une psychose.
Mais c'est surtout la notion de double lien intro-
duite par l'anthropologue G.Bateson qui devait ame-
ner J. Weakland et D. Jackson, dès 1960, à porter la
recherche sur l'atteinte de la
L'école de Palo Alto est
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communication au sein de la un mouvement d'idées né


famille, et ses conséquences dans les années 1950 à
psychopathologiques sur les l’hôpital psychiatrique de
divers individus du groupe Palo Alto (Californie), sous
les auspices de G. Bateson.
familial. Réunis dans ce qu'on
Elle a contribué à
a appelé l'école de Palo Alto, promouvoir l’étude
ces derniers,auxquels devaient des rites d’interaction
se joindre J. Haley, V. Satir et et de la communication
P.Watzlawick, développent une au sein des groupes
(la famille notamment).
théorie d'inspiration systé-
mique, faisant de la famille un «système» et des
troubles de la communication le facteur essentiel de
la « pathologie » de ce système, susceptible d'être à
l'origine de la schizophrénie d'un des éléments, c'est-
à-dire un des membres, de ce système familial. Ces
derniers cherchent donc moins à traiter la schizo-
phrénie d'un patient que la pathologie de sa famille,
qui serait à l'origine de sa maladie mentale.

509
QU'EST-CE QUE LE DOUBLE LIEN ?
Le concept de double lien ou de double contrainte a été dégagé
en 1956 par l’étude systématique des familles de schizophrènes
menée par le groupe de recherche de Palo Alto, réuni autour de
G. Bateson. Il sert à définir le réseau anormal de communication
qui caractérise ces familles et auquel Bateson reconnaît un rôle
éminemment pathogène.
Les caractéristiques générales de la situation de double lien sont
les suivantes :
- importance vitale de la situation pour l’un des partenaires,
nécessitant pour lui d'y répondre de façon adéquate, donc
de déchiffrer avec précision le message qui lui est adressé ;
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- émission pour l’autre partenaire de deux messages


contradictoires ; par exemple, une mère évite les contacts
physiques avec son enfant, a des gestes brusques ou se
contracte lorsqu'elle s'occupe de lui, ce qui, habituellement,
signifie l’hostilité ; extrêmement culpabilisée, elle lui témoigne
ostensiblement une grande affection : dévouement extrême,
hyperactivité éducative, qui nient explicitement cette agressivité ;
— incapacité pour le récepteur de discerner auquel des deux
messages il doit répondre et absence d’un tiers qui permettrait
de clarifier la situation. Ainsi, dans l'exemple choisi, si l'enfant
déchiffre dans le sens «affection », il répond en se rapprochant
physiquement de sa mère — ce qui est dangereux pour elle ;
donc elle le punit. Si, au contraire, il interprète le message dans
le sens «hostilité », il s’écarte d’elle, ce qui la culpabilise, et elle
le punit. L'enfant est donc pris dans une situation de double
contrainte.
Le groupe de chercheurs de Palo Alto propose une théorie de la
schizophrénie dans laquelle le schizophrène est décrit comme

510
incapable d’assigner le niveau de communication adéquat à ses
propres messages ainsi qu’à ceux des autres. La schizophrénie
ne serait alors que la conséquence de ce type d’interactions
familiales dysfonctionnelles. 8

Le schizophréne,
sa famille et la société
Les antipsychiatres anglais élargissent d'ailleurs la
famille à tout le milieu social proche,nous conduisant
inévitablement à mettre en cause la société.lls nous
amènent ainsi à une véritable sociogenèse de la
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schizophrénie,autre grand courant des théories étio-


logiques de cette maladie mentale. Dans cette pers-
pective en effet, ce serait la
société elle-même qui créerait Les antipsychiatres
la schizophrénie. C'est ce qu'a appartiennent à un
mouvement apparu aux
soutenu en particulier Th.Szasz,
États-Unis et surtout en
qui considère que «toute so- Grande-Bretagne au
ciété, pour assurer sa survie, a début des années 1960.
besoin de se fabriquer ses Ils remettaient en cause la
boucs émissaires. Et dans un psychiatrie traditionnelle
et la notion de maladie
tel contexte, la schizophrénie
mentale, sur laquelle
apparaît à Szasz comme une celle-ci s'appuyait depuis
simple «étiquette commode le milieu du xix° siècle.
créée par les psychiatres pour Pour l’antipsychiatrie,
c'est la société qui
justifier la poursuite de leurs
provoque les troubles
pratiques et le contrôle le plus psychiatriques et elle
rigoureux des malades men- se sert des psychiatres
taux ». pour les contrôler.

ne
Des causes multiples
Il faut donc tenir compte de tous ces facteurs si divers,
et reconnaître à la schizophrénie une causalité multi-
factorielle. Avec D. Widlôcher, on peut conclure en
pensant que différents facteurs tenant à l'organisme
et au milieu créeraient très tôt chez des enfants une
fragilité particulière (personnalités prépsychotiques,
ou à haut risque psychotique) et que les conditions
de la survenue d'une schizophrénie et de son évolu-
tion tiendraient à un autre ensemble de facteurs.
Cette théorie bi- ou même tripolaire des origines de
la schizophrénie est compatible avec des explications
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biologiques, psychologiques et psychosociologiques.

Le diagnostic du DSM (Manuel diagnostique


et statistique des troubles mentaux)
Sile diagnostic clinique de la schizophrénie est long-
temps resté basé sur les conceptions bleulériennes,
il a cependant, évolué dans le sens d'une prise en
compte des troubles délirants et hallucinatoires,
considérés selon le DSM comme des «symptômes
de premier rang » ayant une grande importance pour
ce diagnostic. Il s'agit, successivement, de la percep-
tion auditive de la pensée, des hallucinations audi-
tives avec «conversation de voix entre elles » ou avec
«commentaires des actes » du patient,
de sensations
corporelles imposées, du vol de la pensée, de l’im-
position de la pensée ou de sa divulgation, de senti-
ments imposés ou contrôlés,
de perception délirante,
d'impulsions et de volontés imposées ou contrôlées.

512
De même, certains autres symptômes sont à retenir :
— l'isolement social;
-— l'inadaptation marquée dans les domaines du tra-
vail, des études, de la maison;
- l'inadaptation quant aux soins personnels;
- les bizarreries du comportement;
— l'affectivité émoussée ou inappropriée;
- le discours vague, hermétique ou métaphysique;
- et les bizarreries de l'idéation (superstitions, idées
de télépathie, de référence, de «sixième sens », etc.).
L'ensemble est donc extrêmement varié, et ne
simplifie pas un diagnostic rendu encore plus difficile
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par les nombreuses formes cliniques que peut revé-


tir la maladie. Sans revenir sur les trois grandes formes
initiales décrites par E. Kraepelin (hébéphrénique,
catatonique, et paranoïde ou délirante), il faut savoir
qu'elles persistent dans les classifications les plus
récentes, comme celle que propose justement le
DSM. Par ce manuel nord-américain, on peut recon-
naître une forme principale, désorganisée marquée
par l’incohérence, l'importance des troubles affectifs
(discordance et ambivalence) et l'absence de délire
organisé, «structuré » ; une forme psychomotrice,
«catatonique »,avec nombreuses impulsions et inaf-
fectivité ; une forme délirante « paranoïde » avec
délire incohérent et parfois richement hallucinatoire;
une forme indifférenciée, non classable parmi les
trois formes caractéristiques précédentes ; et une
forme dite résiduelle définie par l'existence au moins
d'uné phase processuelle, l'absence actuelle de

513
symptômes caractéristiques et la persistance de
troubles assez mineurs de l'idéation, du comporte-
ment et de l’affectivité.
Sur le plan évolutif, le DSM distingue quatre types
d'évolution :subchronique (six mois à deux ans) ;chro-
nique (plus de deux ans) ;avec poussées aiguës (bouf-
fées paranoïdes et «en rémission complète » (parfois
sans aucun trouble, forme évolutive correspondant à
une schizophrénie résiduelle asymptomatique. C'est
dans le cadre de cette forme totalement latente, «
blanche »,que certains psychiatres manipulés par leurs
administrations ont voulu faire rentrer des «dissidents
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» qui n'avaient en fait jamais présenté de phases pro-


cessuelles initiales caractérisant le début de la maladie.
Cette utilisation politique de la psychiatrie a été large-
ment pratiquée à une certaine époque dans certains
pays de l'Est.

Des symptomes négatifs et positifs


Depuis une dizaine d'années,une autre classification
clinique a été proposée dans la description de la schi-
zophrénie, en étudiant son implication dans la phy-
siopathologie des troubles et dans leur réponse
pharmacologique. C'est ainsi que le chercheur
T. Crow a proposé en 1980 une hypothèse distin-
guant dans le cadre de la schizophrénie un type posi-
tif et un type négatif à partir de l'imagerie cérébrale
(IRM), d'études sur le fonctionnement des récepteurs
cérébraux, et de recueils de données psychophar-
macologiques. Crow a pensé que les symptômes

514
positifs traduisent une perturbation des circuits et
médiateurs cérébraux ; les symptômes négatifs, une
perte de cellules entraînant des modifications struc-
turales au niveau du cerveau.
Il est certain que cette nouvelle classification,
même si elle reste discutée,a une grande importance,
non seulement sur le pronostic de la maladie, mais
aussi sur sa thérapeutique. La schizophrénie de type
positif est mieux traitée par les neuroleptiques que la
schizophrénie de type négatif qui nécessite des neur-
roleptiques faiblement dosés.
Le traitement de la schizophrénie permet de
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retrouver les trois dimensions de l'organogenèse,de


la psychogenèse et de la sociogenèse de la maladie.
Car l'approche thérapeutique doit rester ouverte à
toutes les méthodes et aux diverses techniques sus-
ceptibles de traiter cette grave affection mentale.

Le traitement

Les cures de choc


Sur le plan biologique,les méthodes de choc ne sont
pratiquement plus utilisées, même si le choc au car-
diazol et l'électrochoc ont été pratiqués avec un cer-
tain succès. C'est la cure d'insuline systématisée par
M.Sakel dès 1932 qui a été la plus employée.Son indi-
cation majeure était représentée indiscutablement
par la schizophrénie dont elle a permis de nom-
breuses rémissions.Si-on a peu d'explications biolo-
giques sur son mécanisme d'action,il est certain que,

515
sur le plan psychopathologique,le coma insulinique,
interprété comme une plongée à travers les niveaux
décroissants de conscience, suivie d'une réémer-
gence, le climat particulier qui entoure le réveil,
créaient des conditions favorables à la psychothéra-
pie qui complétait le plus souvent la cure.

La psychochirurgie
La psychochirurgie, introduite par E.Moniz en 1936 (et
qui lui valut le prix Nobel en 1947),sur une conception
pathogénique de la schizophrénie totalement erro-
née, devait connaître un certain succès pendant près
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de vingt ans.Sous forme de lobotomie préfrontale,elle


allait être pratiquée sur une très large échelle aux État-
Unis. Une voie d'abord très rapide, mais dangereuse,
allait être proposée qui permettait d'intervenir dans la
période comateuse postcritique de l'électrochoc,sans
précaution chirurgicale particulière et donc dans un
service psychiatrique ordinaire. Plus de deux mille
interventions avant que la psychochirurgie ne tombe
en désuétude et soit devenue illégale dans certains
pays comme la Russie ou dans l'État de Californie. Les
séquelles postopératoires démentielles étaient assez
fréquentes, obérant complètement les résultats favo-
rables qu'on pouvait escompter sur l'angoisse, la dis-
cordance affective et certains troubles délirants.

Les neuroleptiques
Mais surtout la découverte empirique en 1952 par
J. Harl,J.Delay et P. Deniker des effets sur l'agitation

516
délirante des états psychotiques d'un nouvel antihis-
taminique allait apporter une véritable révolution
dans le traitement de la schizophrénie. C'est à partir
de ce premier médicament que toute une série de
neuroleptiques sont synthétisés et prescrits avec suc-
cès,même s'il a été prouvé qu'ils restaient incapables
de guérir définitivement les schizophrènes.

Les psychothérapies
Les diverses psychothérapies qui peuvent s'utiliser se
répartissent en trois catégories : psychanalytiques,
familiales et comportementales.ll faut savoir s’adap-
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ter aux conditions particulières de la cure en appli-


quant certaines règles bien différentes de celles qui
sont réservées aux malades névrosés :ne pas coucher
le malade sur un divan ; lui apporter un soutien plu-
tôt que chercher à découvrir son inconscient ;ne pas
pousser les investigations en profondeur
; chercher à
renforcer les défenses ; éviter les silences ; ne pas ré-
pondre par le silence aux questions ;ne pas chercher
à élucider des amnésies, ne pas confirmer ni nier les
idées délirantes, discuter la peur de la folie,
du suicide
ou de l'homicide, donner des conseils pratiques ;aider
le patient à résoudre ses difficultés interpersonnelles.
Ainsi pourra-t-on obtenir la confiance du malade
pour l'aider à accepter ces explications. La psycho-
thérapie doit être arrêtée si le psychothérapeute est
intégré par le malade dans un délire de persécution.
Dans certains cas, il peut s'avérer souhaitable de sépa-
rer les rôles du psychothérapeute et du médecin pres-

517
cripteur de médicaments. L'asilisme est une atteinte
Certains préconisent cette psychique pseudo-
démentielle liée à une
sorte de «cothérapie » afin
hospitalisation prolongée
de préserver le maximum dans un milieu asilaire ou
de neutralité du côté du hospitalier. Une forme

premier, laissant au second mineure mais très fréquente


le soin de pourvoir aux de l’asilisme est la névrose
institutionnelle chez des
éventuelles décisions qui
schizophrènes hospitalisés
s'imposeraient contre l'avis depuis plus de deux ans.
du malade : modification de L'isolement, la perte

la chimiothérapie, mise sous de contact avec le monde


tutelle, hospitalisation. extérieur, la prise en charge
par des tiers de tous
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Quant aux thérapies


les problèmes, l'atmosphère
familiales d'inspiration de l’hôpital peuvent produire
systémique, elles ont aussi un état d’indifférence
leur place pour éviter une ou d’apathie plus grave
rechute immédiate. C'est le que la maladie elle-même.
De telles constatations,
cas en particulier dans des
partagées par beaucoup
familles comprenant un d’observateurs, sont à
schizophrène à haut risque, l’origine de la psychothérapie
pour diminuer l'émotion institutionnelle
exprimée,comme un fac- et des mouvements
antipsychiatriques qui ont
teur fréquent de rechute.
conduit au dépérissement
Les traitements d'inspira- ou même à la suppression
tion comportementale se des asiles dans certains pays.
situeraient, eux, davantage
dans les programmes de réacquisition des compé-
tences sociales, parfois indispensable, pour la réin-
sertion d'un schizophrène et lutter contre l’asilisme
provoqué par sa longue hospitalisation.

518
Sociothérapie
Enfin, s'il convient actuellement de toujours associer la
chimiothérapie à une psychothérapie dans la prise en
charge d'un schizophrène, il faut savoir les compléter
par une sociothérapie qui va accompagner de très près
la réadaptation du malade. C'est en fait tout le travail
de réhabilitation que va réaliser la sociothérapie même
si elle est parfois considérée comme secondaire par
rapport aux deux autres volets de la prise en charge.
C'est dans le cadre de multiples structures dites «de
réadaptation » qu'elle va se réaliser :foyer de postcure,
appartements et ateliers thérapeutiques, centres d'aide
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par le travail, etc. se retrouvant au complet (dans les


meilleurs cas) au sein d'un dispositif de secteur psy-
chiatrique.Parfois,elle autorisera une réinsertion socio-
professionnelle complète. Dans d'autres cas, il faudra
maintenir un milieu protégé,
où le schizophrène pourra
se recréer «un ensemble de références et de repères
affectifs et temporo-spatiaux » (L. Singer) lui permet-
tant d'exploiter ses possibilités psychiques restantes.
Un tel milieu constituera pour lui le monde proche où
il pourra travailler, améliorer la qualité de sa vie et
retrouver une certaine autonomie. &

> Maladie psychique d’un proche (face à la) p 388;


> Psychose (la) p.457;
> Systémique (le courant) p.595 ;
> Thérapies cognitives et comportementales (les) p.611.

519
Secrets de famille
Beaucoup d'entre nous portent un secret.
Anciens secrets remontant parfois à
plusieurs générations, dont les effets
perturbateurs se perpétuent dans
l'inconscient familial ; secret personnel,
en quelque sorte actuel, de l’un ou l'autre ;
secret connu ou seulement pressenti :
de quel poids pèsent-ils sur nous ? Et ne
risquent-ils pas de passer de nos épaules
sur celles de nos enfants ? Faut-il les taire
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ou lever le voile et, dans ce cas, quand


et comment ? De telles questions méritent
d'être posées. En sachant que précisément,
quand les parents se murent dans le non-dit,
ce sont souvent les enfants qui en souffrent.

Il importe avant tout d'établir la différence entre les


«bons » secrets, qui protègent notre intimité et aux-
quels nous avons droit, et les «mauvais » secrets, qui
peuvent troubler une famille sur plusieurs généra-
tions. Nos «bons » secrets ne nous perturbent pas :
nous ne sommes jamais préoccupé par l'idée de les
partager où non avec d’autres. Nous vivons en paix
avec eux, et nous les cultivons pour notre bonheur.
En revanche, toutes les fois où un secret déchire, il a
toutes les chances d'être néfaste. C'est, par exemple,
lorsque noûs nous disons :« Peut-être devrais-je par-

520
ler de cette chose, mais peut- Une maladie
être ne le dois-je pas», ou psychosomatique peut
naître d’un secret trop
bien : «J'ai envie d'en parler,
lourd. À la fin du
mais j'ai peur de faire du mal,
x siècle, en pleine
ou d'attenter à la mémoire de vogue du magnétisme,
quelqu'un »,etc.Toutes les fois le marquis de Puységur
où nous sommes ainsi partagé entreprit de soigner
les gens de son village par
par un secret, il y a souffrance
le sommeil hypnotique.
non seulement pour nous- Il constata que des malades
même, au point parfois de assez bénins se délivraient,
générer une maladie psycho- sous hypnose, de secrets
somatique, mais pour notre qui les empoisonnaient
littéralement, et se
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entourage et, spécialement,


réveillaient guéris. S. Freud
pour nos enfants.En effet,nous connaissait ses travaux
ne pouvons pas nous empé- et sut en faire usage.
cher de le trahir à travers des
intonations, des mimiques ou des attitudes. Ils imagi-
nent alors que nous leur cachons un acte abominable
et honteux, et ils sont bien plus perturbés par leurs
pensées que par la vérité si nous la leur disions, parce
que, au moins, ils pourraient en parler avec nous.

Mais qu'est-ce au juste


qu'un secret ?
Si l'on demandait à plusieurs personnes de définir
le mot «secret», il est probable que la plupart
répondraient :« C'est quelque chose queje choisis
de dire à quelques-uns et pas à d'autres.» Mais un
secret n’est pas seulement «quelque chose qui
n'est pas dit ». Nous ne disons évidemment pas tout

521
à tous et à tout moment. Ce qui définit le secret,
c'est à la fois que quelque chose d'important n'est
pas dit et qu'il est interdit de comprendre que ce
n'est pas dit.

SECRET PRIVÉ
ET SECRET SOCIAL
Tous les traumatismes n’engendrent pas forcément un secret.
Il est, en effet, toujours possible d'élaborer et de surmonter
un traumatisme. Mais la plupart des secrets sont liés à un
traumatisme non surmonté. Il peut s’agir d’un traumatisme
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individuel comme un deuil ou une fausse couche, mais aussi de


situations collectives : les catastrophes naturelles, les attentats
et les guerres sont des sources importantes de secrets dans
lesquelles le silence familial est redoublé par le silence social.
On peut songer aussi aux secrets traditionnellement cultivés par
des clans : l’omerta sicilienne par exemple, ou le voile jeté par
tout un village sur un événement grave qui a pu s’y produire. 5

En fait, dans le secret de famille, ce n'est pas l'in-


tention de garder un secret qui importe, mais le fait
que l'on pressente quelque chose qu'il est interdit
de comprendre et de connaître. Et ce n'est pas for-
cément un acte coupable et volontairement dissi-
mulé.ll peut s'agir aussi d'un événement qu'une per-
sonne a vécu, mais dont elle ne veut pas se souvenir
et qu'elle essaie de fuir par tous les moyens parce
qu'il est trop douloureux pour elle de se le rappeler.
Tel est le cas, parfois,
de survivants d'un séisme meur-

522
trier,
ou d'anciens déportés qui ne peuvent faire res-
surgir l'horreur. Quant à ce qu'on appelle le non-dit,
ce n'est qu'une autre façon de désigner le même
drame. Mais dans tous les cas, l'enfant confronté au
mur du silence grandit avec l'impression qu'il est
tenu à l'écart de quelque chose d'important, pour
son parent ou pour lui-même, et qu'il est condamné
à essayer de le deviner en devant faire, en plus,
comme s'il n'avait rien vu!

À l’origine des secrets


de famille
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Dans les circonstances les moins graves, le parent


porteur d’un secret douloureux peut en parler à
quelques proches et à lui-même. Mais, dans les cas
les plus sérieux,ilne peut même pas l'évoquer pour
lui-même. Ces situations provoquent alors des
troubles dans la communication familiale qui peu-
vent perturber plusieurs générations. La personne
qui a vécu une expérience importante et pénible -
et qu'on peut qualifier, pour cela, de «traumatique »
- s'en est toujours donné certaines représentations,
le plus souvent émotives,trahies par des gestes,des
expressions qui lui échappent : preuve en est que
cette personne s'émeut quand elle y pense, pleure
ou se met en colère. Mais, d'un autre côté, elle est
incapable de raconter cet événement :elle manque
de mots pour le dire. Or, si cette personne a un
enfant, il va se trouver, de ce fait, confronté à de
grandes difficultés : elle manifeste des émotions,

523
des sensations et des états du corps en relation avec
une expérience forte, mais sans pouvoir lui confir-
mer la nature de ce qu'elle éprouve et encore moins
lui en expliquer la raison. Ses attitudes et ses gestes
peuvent notamment entrer en contradiction avec
les mots qu'elle prononce, mais aussi entre eux, et
être même parfois totalement déplacés par rapport
à la situation. Une mère qui regarde son enfant en
souriant cesse soudain de sourire et s'assombrit,ou
bien un père qui tient son fils sur ses genoux en
regardant la télévision se raidit soudain et l'écarte
de lui. De tels changements brutaux d'attitude, de
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mimique, de comportement ou d'intonation ont


toujours une cause précise.Par exemple,cette mère
a cru soudain voir dans le regard de son enfant,
ou
même dans la seule forme de son visage, quelque
chose qui lui a rappelé le visage de son propre frère
à un moment où elle a eu très peur de lui.Et ce père
qui regardait tranquillement la télévision avec son
fils a soudain été bouleversé parce qu'un mot ou
une image a réveillé un souvenir désagréable de
son histoire passée.À travers ces « suintements » du
secret qui peuvent être aussi bien des mots répétés,
des lapsus où des comportements, l'enfant pressent
une souffrance de son parent qu'il ne peut s'expli-
quer. Mais le drame est que, prisonnier de sa vision
du monde de l'enfance - et notamment de son sen-
timent de toute-puissance -, il a tendance aussi à
s'en imaginer le responsable. L'inquiétude, la cul-
pabilité même,se substituent à l'incompréhension.

524
Le drame de l'enfant
qui pressent un secret
Sous l'effet du secret qu'il pressent, celui de sa nais-
sance par exemple, l'enfant est amené à couper en
deux sa personnalité. D'un côté, il est obligé d'ap-
prendre à repérer l'existence du secret douloureux à
de multiples indices, de manière à ne pas courir le
risque de confronter trop brutalement son parent à
cette zone douloureuse de sa personnalité.
Mais, d'un
autre côté, il est obligé de faire comme si ce secret
n'existait pas. Un tel partage de sa personnalité a des
effets immédiats.ll apprend à cacher ses sentiments,
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ses pensées et se replie souvent sur lui-même. Les


parents qui cachent quelque chose d'important
à leur enfant, qu'ils puissent ou non s'en parler à
eux-mêmes, ne présentent pas en général de
troubles psychiques. Ils arri-
; : è ; Les circonstances
vent à faire comme si ce qui
particulières d’une
les dérange n'existe pas.Leurs naissance ont longtemps
enfants, en revanche, qui constitué l’une des causes
pressentent qu'on leur cache majeures de silence. On
quelque chose d'important, dissimulait à un enfant
une naissance « naturelle ».
souffrent souvent d'une perte
On renâclait- on sait
de confiance en eux-mêmes et aujourd’hui combien cela
dans les adultes qui les entou- était dangereux -— à
rent, de crises d'angoisse et de révéler à un autre qu’il
était adopté. Aujourd’hui,
troubles de l'apprentissage. À
les parents d’un bébé né
la génération suivante, leur per- par fécondation artificielle
sonnalité perturbée trouble à hésitent, à leur tour, entre
leur tour leurs propres enfants. vérité et silence.

525
Ceux-ci ne peuvent pas imaginer que les bizarreries
de leurs parents sont liées à un secret,etils en conçoi-
vent une conception du monde désespérée sur
laquelle peuvent se développer des troubles appa-
remment dénués de tout sens, comme la toxicoma-
nie ou la délinquance. Enfin, chaque génération
confrontée à un secret qu'elle ne maîtrise pas a ten-
dance à construire ses propres secrets en réaction.
Après la troisième génération, le souvenir du secret
initial est effacé, mais de nouveaux secrets sont appa-
rus. Les enfants qui grandissent dans une famille à
secret deviennent souvent à leur tour des adultes qui
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créent...
de nouvelles situations de secret! Commeils
ne peuvent pas maîtriser les secrets dont ils sont vic-
times, ils tentent d'en créer d'autres qu'ils puissent
contrôler ! Ainsi existe-t-il de véritables «familles à
secrets » dans lesquelles l'origine du secretinitial s'est
perdu, mais où la règle du secret perdure. Ainsi, un
secret de famille anodin - ou que tout le monde
connaît et fait semblant d'ignorer - en cache bien
souvent un autre, qui a pu être très grave, dans les
générations précédentes. De telles familles engen-
drent parfois un créateur dont la force est de nous
faire croire aux histoires qu'il raconte...et aussi, éven-
tuellement, de grands dissimulateurs qui peuvent
mettre leur maîtrise du non-dit au service d’une car-
rière, d'une cause ou d'un parti.
Lourds ou véniels, tus de volonté délibérée ou
inexprimés faute de recul, de maturité suffisante ou
de mots pour les dire, bons ou mauvais, les secrets

526
sont chose courante.lls peuvent être pernicieux, mais
il faut aussi savoir qu'ils ne s'inscrivent pas dans une
fatalité :leurs effets sont transmis un peu tous lesjours
à travers les diverses communications familiales, ver-
bales et non verbales. Parler de ce que l'on sait - et
savoir dire que l'on ignore ce que l'on ne sait pas -est
le meilleur moyen d'en protéger nos enfants. &

> Générations précédentes (les lien avec les) p.327;


> Psychanalytique (le courant) p.450;
> Troubles ancrés dans l'enfance ? (des) p.630.
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527
Sexualité (la)
Plus qu'autrefois, la sexualité est vécue
comme une voie possible pour se trouver
soi-même, pour mieux explorer les arcanes
de la relation aux autres et pour développer
le sens de la personne humaine.ll ne suffit
pas d’avoir une sexualité, encore faut-il qu'elle
nous apporte un vrai bonheur ou, du moins,
d'authentiques satisfactions. Alors que faut-il
faire, ou ne pas faire, pour qu'elle soit source
de mieux-être et d’accomplissement ?
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Notre vie sexuelle suit certaines étapes qui sont ins-


crites dans notre patrimoine génétique. Ainsi, nos
réponses sexuelles primordiales commencent à
fonctionner dès la période fœtale, et toutes les
variances de comportements sexuels reposent sur
cette structure primaire. Elle est un des fondements
de la nature humaine, elle structure la personnalité,
elle est le garant de l'épanouissement individuel et
à deux.
La sexualité ne s'éveille pas brutalement à par-
tir de rien, comme le pensait Rousseau, entre la 13°
et 15° année. Présente déjà chez l'embryon, puis
chez l'enfant, elle implique toute une série d'excita-
tions et d'activités, procurant un plaisir de nature
sexuelle à partir de zones érogènes non génitales.
Avant de se conjuguer au pluriel, c'est-à-dire avec

528
l'autre «objet » de notre amour, elle se conjugue
donc au singulier depuis la petite enfance, et passe
par diverses étapes de développement.

De l'enfance
à l'adolescence
Le développement libidinal de l'enfant connaît dif-
férents stades tels que le stade oral, le stade anal, le
stade phallique,où la source de la pulsion se déplace
de la bouche vers les organes génitaux, et la satis-
faction provient alors de la masturbation.
Tous ces
stades vont déjà constituer des éléments dans la
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sexualité de l'individu. L'accession à la sexualité géni-


tale se réalise lorsque les pulsions sexuelles inves-
tissent les organes génitaux. Elle exige le dépasse-
ment du complexe d'Œdipe, dont S. Freud s'est
servi pour expliquer les comportements et les désirs
des enfants pour le parent opposé.
L'adolescent expérimente un nouveau corps et
ses nouvelles possibilités sexuelles C'est également
à cette période que, curieux par nature,il tentera les
premières expériences avec le même sexe ou le
sexe opposé :il faut un certain 7
Les premières
nombre d'expériences sexuelles expériences ont
afin d'arriver à la maturation généralement lieu
sexuelle et d'accéder au plai- au: début ou à la fin de à
sir. Quand ce développement l'adolescence, HAUTS
rapport est vécu
psychosexuel s'est sien BeSSe aujourd'hui vers l’âge
l'adulte a une sexualité géni- de 17 ans et, dans 30 %
tale satisfaisante. des cas, avant 15 ans.

529
Quand vient
l'âge adulte
L'adulte à son tour connaît différentes transitions,
des
crises, des changements dus à son vieillissement. À
travers tous ces éléments, comment avoir une sexua-
lité heureuse, s'épanouir personnellement et en
couple ? Comment parvenir à garder un équilibre au
fil du temps ? La question se pose généralement pour
un couple hétérosexuel, mais aujourd'hui nous
devrions élargir le champ et inclure les couples
homosexuels ou bisexuels.
La relation sexuelle implique un climat de
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confiance et de sécurité que seule une connais-


sance de soi-même et de l’autre peut apporter.L'ac-
complissement sexuel tend à représenter, pour la
femme comme pour l'homme, un facteur décisif
dans l'élaboration de l'iden-
Un climat de confiance
tité personnelle. La sexualité
et de sécurité est
n'est plus le fruit défendu important pour
que l'on devait sauvegarder les femmes. Leur
pourle mariage, mais de plus satisfaction sexuelle est
en plus un comportement en relation, bien sûr, avec
le savoir-faire sexuel
privilégié qu'il convient de
du mari, mais surtout
célébrer comme le signe avec le bonheur et
d'entrée dans l'âge adulte et l'équilibre conjugal. Selon
dans la vie pleine et active. une enquête récente, plus
Elle connaît un perpétuel de 60 % des femmes ont
des orgasmes fréquents,
remaniement à travers le
si le mariage est heureux,
cycle de notre vie et de notre et moins de 35 % dans
couple. des mariages malheureux.

530
Les grandes étapes
du couple
Après la période d'intimité fusionnelle de la ren-
contre, les premières années de vie commune sont
souvent l'occasion du développement de l'intimité,
mais également de luttes de pouvoir dans le couple
où l'on voit alterner des périodes d'intimité et de
retrait. La grossesse et la naissance d'un enfant met-
tent souvent à rude épreuve le concept d'intimité :
la femme, tout à son dialogue avec son futur enfant,
peut vivre les demandes émotionnelles de son
époux comme une véritable effraction. L'introduc-
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tion de ce tiers risque également d'être à l'origine


d'insatisfaction et de frustration.On parle ensuite de
la fameuse crise des sept ans, où les partenaires sont
pris d'un doute concernant le choix de leur conjoint
et peuvent,à ce moment-là, se retirer en eux-mêmes
pour mieux le réévaluer. Des difficultés sexuelles ris-
quent de surgir alors.Enfin,à l'âge de la retraite et de
la ménopause, l'intimité conjugale est essentielle-
ment menacée par l'ennui et la monotonie. Cepen-
dant nombre de couples, après le départ des enfants,
retrouvent une véritable intimité et le plaisir de se
redécouvrir. Aujourd'hui, le troisième âge n'est pas
une limite à la sexualité : l'allongement de la durée
moyenne de vie, les meilleures conditions permet-
tent de prolonger l’activité sexuelle à un âge de plus
en plus avancé. Cependant, les modifications hor-
monales entraîneront plus de difficulté dans la réali-
sation de l'acte.

531
SUIVRE
SA PERSONNALITE
En aucun cas l’épanouissement sexuel ne peut suivre une
recette miracle qui serait «fléchée » par certains points
incontournables. La sexualité est tout à fait personnelle et
doit suivre sa vraie nature en équilibre avec ses croyances et
son vécu. M

Le chemin sexuel est ainsi parsemé d'obstacles,


et protéger l'amour nécessite une compréhension et
un apprentissage.
C'est pourquoi l'épanouissement
sexuel se mesure souvent en années.ll est difficile de
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déterminer les caractéristiques qui permettent à cer-


tains couples une expérience positive, quand
d'autres sont confrontés à un processus de stagna-
tion conjugale. Un tel processus résulte le plus sour-
vent de l'usure du quotidien et d'une insuffisance de
créativité de l'imaginaire. Il faut accepter que la
sexualité ne soit pas un long fleuve tranquille, qu'elle
intègre une part d'angoisse et de trouble, qu'elle joue
avec les interdits, tout en étant conscient des limites
à ne pas franchir.

Les conditions
de l'épanouissement
I convient d'être vigilant sur les éléments qui figent
les couples dans un réseau de malentendus, de
déceptions, de menues rancunes, où l'élan sexuel
s'étiole et ne suffit plus à combler les vides, tant l’en-
nuiest incompatible avec l'érotisme! Mais ilimporte

532
aussi de préserver son intimité, et donc d'éviter les
écueils que l’on peut observer aujourd'hui, comme
parler de sa sexualité sans retenue, parfois même
l'étaler au grand jour. La sexualité est une affaire pri-
vée, et le but n'est pas qu'autrui vous pense accom-
pli mais que vous soyez bel et bien authentique avec
vous-même.

SEPT CONSEILS
POUR MIEUX S’AIMER
— Apprendre à communiquer et à écouter son partenaire. Plus
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le dialogue est facile dans un couple, moins il aura de difficultés


à résoudre ses problèmes passagers.
— Éviter les habitudes et routines : elles «tuent » l'amour.
Lorsqu'il n’y a plus de place pour l’imprévu, que tout est balisé,
on s’ennuie. Un couple qui s'ennuie abaisse considérablement
sa capacité d’épanouissement sexuel.
— Garder un sentiment amoureux, en faisant attention au
partenaire mais également en le surprenant. La surprise est l’un
des meilleurs aphrodisiaques.
- Conserver un jardin secret.
- Rester tendre et cultiver la séduction. Penser que rien n’est
acquis ni pour vous ni pour l’autre.
— Développer ses capacités psychocorporelles et émotionnelles.
— Ne pas hésiter à consulter un professionnel en cas de difficulté. Bi

Vivre heureux à deux est une des aventures


les plus importantes de notre existence. L'aspi-
ration légitime de chacun à l'épanouissement

533
affectif et sexuel doit trouver sa réalisation au plus
proche de l'idéal, mais dans la réalité de la vie quo-
tidienne. &

> Adolescence ([') p.93;


> Adulte (l’âge) p.114;
> Couple (le) p.178;
> Enfant (l’) p.251;
> Enfant (l’arrivée du premier) p. 263 ;
Fidélité et infidélité p. 306;
> Sexualité (les troubles de la) p.535.
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534
Sexualité (les troubles de la)
L'homme est le seul animal capable de
transformer sa sexualité, de la détourner de
son but procréatif originel pour en tirer du
plaisir. La sexualité est l’un des fondements
de la nature humaine, elle structure
la personnalité. Depuis les années 1970, elle
Grandes
questions.
a beaucoup changé, notamment pour
les femmes, qui, libérées des contingences
procréatrices, ont revendiqué le plaisir
sexuel qui leur avait été de tout temps
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interdit. Chacun d'entre nous est conscient


que la sexualité ne se vit plus comme
au temps de nos parents. Mais si elle est
aujourd'hui mise en avant, de nombreuses
souffrances s’articulent toujours autour
d'elle. Comment réagir quand on ne sent pas
de désir et que l’on n'éprouve pas de plaisir ?

Sexualité ne rime pas avec simplicité. La sexualité fut


naguère occultée et chargée de tabous. Paradoxale-
ment, si les difficultés sexuelles semblent si impor-
tantes de nos jours, c'est que le tabou esttombé,que
l'on ose en parler mais également que l'on impose
comme référence toute-puissante le mythe d'une
sexualité idéale. En effet, la publicité, les magazines
mettent en valeur des impératifs de performance
sexuelle et font un lien direct entre la beauté, la
Le

535
forme, la santé et la sexualité épanouie. Cette omni-
présence du sexuel dans l'univers de la consomma-
tion entraîne, de près ou de loin, de massives inhibi-
tions ainsi qu'un biais dans la construction d'un rap-
port authentique à sa sexualité.

UNE SOUFFRANCE TRÈS RÉPANDUE


Attachement œdipien non résolu, phobie sexuelle, inceste,
angoisse de performance, tensions professionnelles
importantes, stress divers, mésentente conjugale,
inexpérimentation, routine, rancunes, douleurs, dépression,
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adultère. On note que plus de 45 % des consultations


concernent la prise en charge d’une baisse, voire d’une absence
totale d'envie sexuelle (les femmes sont plus touchées par ce
phénomène que les hommes, environ 50 %). Ces échecs
répétés deviennent vite insupportables et entraînent une
souffrance intense chez l'individu ainsi que dans le couple.

Les dysfonctions sexuelles sont liées à diverses


tensions internes et externes, peut-être, d'ailleurs,
tout autant que les névroses infantiles qui habitent
au plus profond de nous-mêmes. Nous avons certai-
nement tous expérimenté,un jour ou l'autre,une dif-
ficulté sexuelle, et nous savons combien l'équilibre
sexuel peut s'avérer fragile à certaines périodes de
notre vie. Mais alors qu'est-ce que ce désir sexuel, qui
semble se poser comme l'une de nos plus grandes
forces motrices, un des marqueurs les plus authen-
tiques de notre personnalité ?

536
Ne pas confondre
désir et plaisir
Nous pouvons considérer le désir sexuel comme une
pulsion qui s'alimente principalement par le fantasme,
mais également par la personne susceptible d'éveiller
en nous des stimulations sensorielles. Pour qu'il y ait
désir, il faut qu'il y ait quelque chose à désirer!

LE POINT «G »
Le point «g» n’est pas un point mais une zone qui se situe
dans le premier tiers du vagin, à sa partie antérieure. Sous
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l’effet d’une stimulation, elle augmente de volume et se


congestionne par afflux de sang. Toutes les femmes ont cette
zone, mais parfois sous l'influence de différents facteurs
(éducation, tabous), certaines d’entre elles développeront
une peur et bloqueront leur accession au plaisir dans la
mesure où l’orgasme entraîne pour quelques instants une
perte de la réalité. Bi

La définition du désir se retrouve à travers un cer-


tain nombre de synonymes, comme excitation, pul-
sion, intérêt, libido, appétit. Il existe également des
synonymes pour exprimer le non-désir, comme indif-
férence, dégoût, aversion. Dans le langage courant, le
désir érotique est souvent appréhendé comme une
pulsion plus ou moins urgente visant à décharger une
tension sexuelle. Le désir de l'homme est souvent bien
plus marqué que celui de la femme, tout simplement
parce que son taux hormonal (testostérone) est bien

537
plus important chez lui que chez elle. Alors que
l'homme pense au «sexe », la femme rêve d'amour.
Quant au plaisir sexuel, c'est une expérience per-
sonnelle ayant comme caractéristiques une montée,
une phase paroxystique, une phase de résolution et
une phase de détente. Il crée un état de tension
engendrant une envie de faire l'amour dont la réali-
sation procurera du plaisir. Lors du rapport, les
caresses et les baisers des préliminaires procurent du
plaisir et amène à ce que nous appelons l'«orgasme »
(ou l'extase ou le coït), qui représente la phase
paroxystique dans l'acte sexuel. Il s'agit d'une expé-
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rience avant tout psychique et involontaire : vouloir


le provoquer entraîne l'échec.
L'inhibition du désir sexuel est une absence,une
perte d'envie de rapports sexuels, ne s'accompa-
gnant pas toujours d'anorgasmie (absence d'or-
gasme). Il existe des inhibitions sévères, perma-
nentes, source de détresse, et d'autres moins impor-
tantes, passagères.

LE POINT DE VUE DU PSYCHANALYSTE


Les psychanalystes parlent de l’anticipation dans l’imaginaire
d’un plaisir que nous escomptons dans la réalité. L'histoire du
nourrisson qui hallucine son prochain biberon avant l'heure du
repas est connue. Mais cette définition est réductrice lorsqu'on
parle de la sexualité, dans la mesure où elle tend à confondre
désir et fantasme. Le désir sexuel est certes une force
propulsive, une énergie, une pulsion qui incite à la recherche

538
du plaisir, mais cette pulsion s’alimente à deux sources :
une source interne, le fantasme, comme l’assurent
les psychanalystes — et la perception hallucinée du biberon chez
le nourrisson en est une bonne illustration ; mais également
une source extérieure, représentée par un objet réel susceptible
de stimulations sensorielles — la vision, la voix, le contact,
le parfum, tous les facteurs capables d’éveiller en nous
des réactions génitales périphériques. M

Il ne faut pas confondre absence totale de plaisir


tout au long du rapport sexuel et absence d'orgasme,
c'est-à-dire anorgasmie de la femme (l'homme est très
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peu touché par cette difficulté à l'orgasme, l'éjacula-


tion lui permettant,en effet,
de se soulager de ses ten-
sions). Si l'individu n'arrive pas à l'orgasme, l'état de
tension va persister, devenir pénible, il va se sentir frus-
tré et «mal dans sa peau». Mais 60 % à 70 % des
femmes qui sont satisfaites de leurs relations sexuelles
n'atteignent pas l'orgasme au cours de la pénétration.
Cela ne signifie donc pas l'absence de plaisir lors des
rapports sexuels, mais l'incapacité à atteindre l'or-
gasme. L'homme est souvent responsable de l'anor-
gasmie de sa partenaire, soit par manque de commur-
nication, soit parce qu'il ne sait pas s'y prendre.

Des symptômes
et des causes
La perturbation du désir se manifeste par des symp-
tômes sexuels : impuissance érectile, impossibilité
d'éjaculation, impossibilité d'atteindre l'orgasme,

539
vaginisme (contraction douloureuse du vagin), dys-
pareunie (douleurs de la femme pendant le rap-
port). Cependant, des symptômes plus généraux
peuvent en cacher l'inhibition, tels que fatigue,
migraine, maux divers, douleurs lombaires.La cause
est souvent psychologique, mais cependant 20 %
des dysfonctions sexuelles sont dues à des causes
organiques.
Parmi les causes de l'absence de désir et de plai-
sir sexuel, on note que certaines personnalités déve-
loppent, à partir de leur vécu infantile et de leurs
aménagements éducatifs,un blocage de l'imaginaire
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érotique où une non-acceptation de leur image cor-


porelle. Un fort sentiment de culpabilité peut être
présent lorsque le contexte familial d'origine prohi-
bait la sexualité, le plaisir et le désir. Le dégoût
remonte également souvent à l'enfance, et ses
causes sont liées à des éléments tels qu'une éduca-
tion trop stricte, trop rigide, véhiculant trop d'inter-
dits :la sexualité est assimilée à la dépravation,la por-
nographie, la vulgarité. Mais il y a également des
causes plus importantes telles qu'une tentative de
viol, d'inceste, d'attouchements, de séduction.Il faut
savoir, en reprenant les chiffres d'une étude menée
par les médecins sexologues E.Dietrich et P.Cudicio,
qu'une patiente sur trois venant consulter pour
troubles sexuels a été abusée sexuellement.
En excluant les maladies chroniques ou gy-
nécologiques, qui entraînent de facto une absence
de désir sexuel, on recense, dans les causes ré-

540
centes les plus fréquentes : Le stress professionnel est
les premières expériences à la source des difficultés
sexuelles non satisfaisantes; d’Éric, âgé de 40 ans. À
cause de ce stress, il a perdu
une répétition d'échecs
tout désir sexuel. Sa prise en
dans le couple, qui crée un charge a révélé une grande
climat d'insatisfaction et de difficulté à se positionner
frustration permanentes où dans son milieu
professionnel, mais
le rapport sexuel n'apporte
également familial. Son
plus rien ; des peurs,comme changement de situation
la peur de la pénétration a provoqué un choc
occasionnant des douleurs émotionnel mettant en
à la suite d'une infection lumière toutes ses difficultés
personnelles et
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gynécologique,
d'un accour-
relationnelles dans sa
chement ; une mésentente famille. «je me suis toujours
conjugale qui entraîne une senti inférieur à ma femme,
dysharmonie sexuelle avec mais j'arrivais à ne pas le
baisse, voire absence de montrer, à le gérer assez
bien. Le problème
désir. À l'inverse, un désir
professionnel m'a
trop envahissant d'un des complètement remis en
partenaires (l'homme parti- question, et je me sentais
culièrement),
des demandes moins que rien devant ma
femme, j'avais peur qu’elle
trop fréquentes provoquent
me quitte. »
chez le partenaire, principa-
lement la femme,le sentiment d'être submergé et de
ne plus jamais pouvoir exprimer son envie. Enfin, le
stress professionnel, la dépression, un climat man-
quant de tendresse et de sécurité, une routine, un
manque d'imaginaire érotique et de fantaisie jouent
en défaveur de l'épanouissement et entraînent un
désinvestissement massif de la sexualité.

541
sans tarder
Il est important de consulter dès que les premiers
symptômes apparaissent plutôt que de laisser les dif-
ficultés envahir progressivement votre vie. Des méde-
cins, sexologues et psychologues sont là pour vous
éclairer et pour vous orienter vers le traitement adé-
quat.Il en existe de plusieurs sortes. Ce sont, sauf cas
particulier,
des thérapies brèves qui s'adressent à l'in-
dividu ou au couple, et donnent de bons résultats.
L'enjeu est important : une sexualité heureuse
est à la fois un facteur d'épanouissement personnel
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et une composante importante de la vie à deux.Sou-


vent l'équilibre du couple,sinon sa durée,en dépend
pour une bonne part. &

> Émotions féminines, émotions masculines p. 243 ;


b Fidélité et infidélité p. 306 ;
Sexualité (la) p.528;
> TOC et phobies p.622
> Troubles ancrés dans l'enfance ? (des) p.630.

542
Solitude (13)
Nous croyons parfois vivre seul, alors que nous
abritons des occupants ou des envahisseurs
installés à demeure, qui nous exilent en
quelque sorte nous-même. Ainsi certaines
personnes restent habitées de fantômes,
blessées par des pertes, des séparations,
des abandons.. ou fascinées par des illusions
et des leurres non viables, telle la recherche
"Grandes
questions.
TT"exigeante de l’âme-sœur, de la femme
ou de l’homme de sa vie, de la perle rare.
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obnubilées par des espoirs si irrationnels


ou rigides qu'ils ne laissent plus guère
d'ouverture et d'espace à des rencontres
nouvelles ou à la découverte de l'inattendu.

Pour pouvoir faire alliance avec un être proche et


s'engager vers une relation intime dans la durée, il
convient tout d'abord de se délier ou de pouvoir se
désengager des relations antérieures trop prégnantes.
Se délier ou se désengager, c'est-à-dire non seur-
lement s'être séparé physiquement mais être séparé
en profondeur des dépendances inscrites en amont
de notre vie, ou libéré du système relationnel par
lequel nous étions attachés à telle ou telle personne.
Pouvoir se délier et se désengager ainsi de relations
anciennes, de personnes significatives, d'images
idéalisées ou de croyances qui autrement nous

543
squattent de l'intérieur, et nous empêchent d'aller
vers l'autre qui parasitent l'ouverture et la recherche
vers autrui et ne permettent pas de trouver un
espace de disponibilité vers une nouvelle relation
envisagée et choisie.

Pourquoi nous souffrons


de solitude
Vivre seul au présent peut se révéler source de souf-
france et de malaise dans diverses circonstances.Par
exemple, quand nous laissons le passé nous encom-
brer avec des inquiétudes et des peurs venues de
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notre histoire ou de nos expériences antérieures.Ou


bien quand nous avons été enfermé dans des pro-
messes, des fidélités ou des loyautés trop aliénantes
pour oser les transgresser. Ou encore quand nous
restons emprisonné par des engagements ou des
contrats intimes qui ne sont toujours pas résiliés.
Contrats passés avec nous-même ou avec d'autres
et qui agissent comme des impératifs prioritaires sur
tous les choix existentiels vécus au présent ou à venir.
Vivre seul au présent est aussi source de souf-
frances quand la ligne du futur reste barrée par des
injonctions de normalité ou des prescriptions de
conformité qui défigurent ou clôturent l'horizon des
possibles.
Ainsi, la solitude peut être perçue comme invi-
vable quand elle désigne le modèle du couple
comme un standard et la seule voie de recours vers
le bonheur, la créativité ou l'épanouissement de soi.

544
Ces souffrances sont comme des langages ou
même des cris, pour tenter de traduire l'impuissance,
le désespoir, la détresse de celui qui se noie dans sa
propre solitude.

Être aimé
pour exister ?
Une exploration sur l'origine de ces douleurs et de
ces peines de cœur nous permet de regarder et d'en-
tendre ce qu'elles peuvent nous révéler des manques
et des trop-pleins qui font que, faute de nous aimer
nous-même, nous investissons toutes nos énergies
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d'aimance autour du seul besoin d'être aimé.Quand


nous sommes prisonnier de l'exigence,
qui s'impose
à nous-même comme une loi inéluctable, d'être
choisi par quelqu'un, pour que nous puissions faire
la preuve aux yeux des autres, mais d'abord à nos
propre yeux, que nous existons.
Le besoin impérieux et inassouvi d'être aimé
constitue alors une dépendance et fait obstacle para-
doxalement à la possibilité d'être aimant (dans le
double sens d'aimanter et d'aimer) et de nous affir-
mer tel que nous sommes, avec des ressources et
aussi des limites.
L'enjeu aujourd'hui pourrait être pour chacun,
non pas de répondre au précepte socratique du
«connais-toi toi même» mais plutôt d'accepter,
d'oser aller vers une dimension plus hédoniste, vers
le meilleur de soi pour pouvoir se rencontrer, s'ap-
précier et s'aimer.

545
La connaissance de soi est à considérer dans la
trajectoire et l'écoulement du temps, à travers le
renouvellement que constituent les multiples nais-
sances qui jalonnent une existence. En découvrant
que la vie n'est faite que de rencontres et de sépara-
tions,avec lesquelles nous pouvons nous construire,
nous développer ou encore nous détruire ou engran-
ger un cycle de répétitions mortifères.
En acceptant quelques-uns des repères proposés
dans un ouvrage récent (le Courage d'être soi), nous
pouvons apprendre à être un meilleur compagnon
pour nous-même. Afin de devenir celle ou celui que
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nous sommes,
en agrandissant le meilleur de nous.
en nous. Car la pire des solitudes n'est pas d'être seul,
c'est de s'ennuyer en sa propre compagnie.

Une solitude
qui vient de loin
La solitude est au cœur de l'humanité de tout être
humain. C'est elle qui nous rend vulnérable et dyna-
mique pour partir à la recherche des ancrages néces-
saires à notre existence.
Solitaire dès la naissance, c'est notre lot à cha-
cun. La solitude ni douce ni amère, toujours à l'affût
en nous,commence tôt, dès la naissance au moment
de la séparation d'avec celle qu nous a porté dans
son ventre et parfois même avant, au moment de la
conception durant toute la gestation.
Nous savons aujourd'hui qu'il y a beaucoup de
conceptions de type gémellaire où deux ovules

546
seront fécondés, mais dont un seul, le plus souvent,
sera viable. Le survivant de cette aventure, inscrit
dans son corps l'abandon dont il a été l'objet,et une
importante partie de son existence se construira
dans une grande solitude, parfois même autour de la
recherche vaine, et le plus souvent vouée à l'échec,
de l'âme sœur.
Mais la solitude la plus forte et la plus banale com-
mence à la naissance, dés la sortie du ventre. Sépara-
tion, différenciation, perte d'un milieu bienveillant tant
par la qualité de ses réponses (on n'a pas besoin de
faire des demandes pour être comblé) que par la glo-
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balité, la totalité, la densité de la prise en charge de


tous ses besoins, tant qu'on est à l'intérieur.
Sortir du ventre, quitter un
q L'irrémédiable solitude
univers clos,totalement adapté de l'existence, S. Freud
au bébé qu'il a accueilli durant la découvre quand, à
neuf mois (dans le meilleur des 5 ans, assis sur le
cas), c'est tomber brutalement carrelage de la cuisine
familiale, il constate qu'il
dans l'immensité de l'Univers.
est seul, totalement seul.
Naître, c'est découvrir à la fois Il le racontera à sa façon.
la force et la violence d'une soli-
tude qui semble irrémédiable et la qualité (approxi-
mative et tâtonnante) d'un accueil, d'une prise en
charge qui ne sera qu'une ébauche de réparation,
une maigre compensation vis-à-vis de l'avant-nais-
sance. |
Je crois que tout bébé, tout enfant va progressi-
vement conscientiser et tenter de s'adapter à l'im-
mense solitude dans laquelle il entre et développer

547
par la suite soit une accommodation,une intégration
pour pouvoir l'accepter, soit l'enfermement dans une
résistance acharnée pour en nier l'évidence et l'im-
pact.
Chacun d'entre nous,à l'aide de son imaginaire
va occuper, meubler sa solitude de constructions
diverses et la peupler,l'animer de scénarios inventés,
reinventés, visités et revisités sans fin.

LE CAS
DE L'ENFANT UNIQUE
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C’est une solitude à deux visages. D’un côté un enfant qui sera
entouré, choyé, objet d’une attention soutenue et quelquefois
envahissante de la part de ses parents ; de l’autre côté, ce même
enfant qui éprouve un manque, une absence, un vide lié
à des non-stimulations et qui va se réfugier dans des jeux,
dans un imaginaire avide de partages.
L'enfant unique est rarement seul dans sa tête, il est
accompagné de héros, soutenu par des personnages
fantastiques, magnifiques et vulnérables comme lui, qui vont le
guider, l'accompagner dans les méandres de sa vie d’enfant.
Même s’il ne réclame par toujours un frère ou une sœur,
l'enfant unique peut s’en attribuer un, l’inventer, le faire vivre
près de lui et partager beaucoup avec lui pour nier sa solitude.

Puis l'inscription en nous de rencontres significa-


tives, structurantes va nous faire oublier progressive-
ment ce sentiment d'être seul et pour la plupart nous
réussissons à repousser les frontières de la solitude.

548
La socialisation en marche nous intègre,et nous
avons de nouveau le sentiment de faire partie inté-
grante d'un tout.
Cette intégration, favorisée par la demande tout
aussi insistante de toutes les autres solitudes qui
nous entourent va être couronnée de succès pour la
majorité d'entre nous. Cet agglomérat de solitudes
niées, rejetées ou assumées se trouvera cimenté, lié
par l'éducation, l'école, les loisirs et plus tard par le
monde du travail, les rencontres amoureuses, la
construction d'un couple ou d'une famille.
La solitude, à tout moment de l'existence, n'est
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jamais absente. Elle va se manifester aux différentes


étapes de notre évolution, avec des impacts parfois
stimulants et d’autres fois plus inhibants. Elle peut
aussi s'enkyster et occuper des espaces importants
de notre imaginaire et de nos potentialités relation-
nelles. Elle peut aussi réapparaître à partir des mes-
sages négatifs ou d'injonctions toxiques et dévalori-
santes reçues dans la petite enfance : «Oh celui-là
avec son caractère,il aura du mal à trouver quelqu'un
qui l’'aimera ! » «C'est un véritable cactus, qui s'y frotte
s'y pique. Celle-là, sitôt qu'on la dérange, elle sort ses
griffes. »
La solitude peut aussi se construire à partir d'in-
cidents liés à des privations, à des agressions quand
l'environnement proche paraît menaçant ou dévita-
lisant et qu'il ne reste à un enfant (ou un ex-enfant)
que le repli sur soi, la fuite, le refus des échanges pour
survivre.

549
Solitudes choisies
et solitudes imposées
Il y a plusieurs sortes de solitude : solitude choisie,
imposée ou apprivoisée.
Solitude choisie, feutrée, qui peut se remplir d'at-
tentions,
de soins et parfois d'amour pour plus néces-
siteux que soi-même.Solitude oblative pour se rendre
disponible, utile à ceux qui sont plus mal lotis,qui n'ont
pas eu la chance, eux, d'avoir des réponses à leurs
besoins essentiels, qui sont plutôt dans la survie que
dans la vie et pour lesquels il convient de se dévouer
en renonçant à une vie sociale, familiale ou intime. Soli-
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tude parfois construite à partir d'injonctions reçues,


de fidélités ou de loyautés invisibles qui vont condi-
tionner et parfois aliéner toute une existence.
Solitude plus ou moins choisie à partir de la peur
d'être envahi, d'être obligé de partager ou de se révé-
ler dans des aspects de soi perçus comme inaccep-
tables.
Solitude choisie, revendiquée donc à partir
d'une image négative de soi.
« Dès l’âge de 14 ans, j'ai pensé que personne ne
pourrait m'aimer avec mes dents de lapin, mes
épaules pointues et mes jambes de sauterelle, alors
j'ai décidé de ne jamais me marier.»
Solitude réactionnelle avec la mise en place de pro-
tections, de refus, de silences ou de non-dits pour pro-
téger un secret, une honte, une blessure. «J'ai décou-
vert très tôt que j'avais été conçu à partir d'un viol etj'ai
cru longtemps que je devais être mauvais et malsain

550
pour les autres. Alors je les tenais à distance pour les
protéger de ce que je croyais être ma méchanceté.»

LA SOLITUDE
DE L'ENFANT NON DÉSIRÉ
Celui ou celle qui s’est senti non désiré ou attendu comme
garçon alors qu’il arrive comme fille (ou l'inverse) éprouve
souvent une sensation de solitude qui va peser comme une
chape très lourde sur la plupart de ses actes et relations.
Un sentiment de non-appartenance, qui lui donne l'impression
de ne pas avoir de place, de ne pas trouver un espace d'accueil.
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Cette solitude s’autonourrit d’une demande implicite à la mère


(souvent) au père (parfois), demande paradoxale, vouée à l'échec
qui pourrait s’énoncer ainsi : «Je voudrais avoir été désiré,
attendu, reconnu par celle (ou celui) que tu ne peux être. »

La solitude choisie, quelles qu'en soient les moti-


vations de départ, est une activité à plein temps, qui
s'appuie et se fortifie autour de nombreux alibis, avec
une motivation forte et une construction défensive
réactionnelle bien établie :« Ou les autres ne sont pas
bons, ou ils sont dangereux, ou ils ne sont pas faits
(trop imparfaits ou trop parfaits) pour quelqu'un
comme moi...»
Même si elle est parfois une fuite de la réalité, la
solitude peut se trouver valorisée par un choix profes-
sionnel :« J'ai été gardien de phare pendant quinze ans,
là au moins personne ne venait me contrarier ou me
donner des ordres. » «Comme médecin chef dans ce

551
sanatorium d'altitude, j'étais plus seul que sur une île
déserte. Avec une équipe composée de huit assistants
qui avaient chacun sa propre vie, j'avais la paix... »
La solitude choisie est souvent défensive, elle
vise à protéger non seulement des malheurs à venir,
mais aussi une image de soi :« Très tôt j'ai voulu leur
montrer que je n'avais besoin de personne, que je
pouvais m'en sortir tout seul. »
«J'ai appris à ne rien demander, car après il faut
rendre,sinon on se sent en dette et redevable envers
tout le monde... ».
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La solitude protectrice
«Ma mère me l'avait bien dit, qu'il ne faut jamais faire
confiance à une femme. Oh elle! ce n'était pas une
femme, c'était ma mère. Quand je suis tombé amou-
reux de ma collègue de travail, elle a tenté de me
mettre en garde.
Je n'ai pas voulu l'écouter. Deux ans
après mon mariage, ma femme me trompait avec un
autre collègue.
J'ai décidé qu'on ne m'y reprendrait
plus.» Après un échec amoureux,une déception sen-
timentale, une perte ou un abandon, des conduites
d'autoprivation peuvent se mettre en place et mener
à une solitude férocement et tenacement défendue.
Ainsi, tel homme choisit la solitude pour ne plus
être confronté à la souffrance de la trahison ou de
l'abandon.En pensant qu'il ne peut se permettre de
traverser une nouvelle fois cette épreuve, il va se
construire un cocon, blockhaus relationnel, dans
lequel il ne laissera pénétrer personne.Sa solitude ne

552
lui pèsera pas, chaque jour sera un combat gagné
contre le malheur possible d'être aimé, choisi et trahi.
«Je n'avais pas choisi de vivre seul, mais quand
j'ai accepté ce poste à l'étranger,
j'aicompris que ce
choix allait m'imposer un isolement qui allait condi-
tionner toute mon existence... »
«Si j'avais seulement imaginé toute la solitude
que supposait une détention dans une prison aussi
déshumanisée que celle qui m'a accueillije crois que
je n'aurais jamais commis de délits ! »

La solitude recherchée.
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I nous arrive de rechercher, voire de revendiquer des


temps et des espaces de solitude.C'est-à-dire d'avoir
la possibilité de se retrouver, de se recentrer ou de
s'engager dans une activité ou une recherche plus
personnelle.
Dans l'évolution d'un couple par exemple,après
le dépassement d'un «nous » trop fusionnel, il n'est
pas rare que l’un ou l’autre membre du couple ait
besoin d'un espace et d'un temps plus personnel.Ce
sera d’ailleurs la cohabitation harmonieuse d'une vie
commune et partagée avec une vie personnelle plus
réservée, qui créera une dynamique plus ouverte et
porteuse de respect. « J'ai commencé à sortir d'un
«Nous » trop étouffant, à prendre de la distance,
quand j'ai découvert queje n'avais plus d'espace de
temps et d'espace tout court dans mon couple. J'ai
commencé à rechercher et à apprécier des temps
pour moi seule, des temps de solitude quejem'offrais

553
comme des cadeaux.» La solitude sera également
recherchée au moment d'une crise, d'un change-
ment d'état affectif.
«Après la mort de ma mère, comme pour pan-
ser la blessure de n'avoir jamais pu la rencontrer
comme maman,
j'ai eu besoin d'être seul. Je ne sup-
portais pas la présence, même attentionnée d'un
proche.
Tel un animal blessé,je devais lécher mes
plaies avant de pouvoir revenir dans le monde. »
La solitude ainsi choisie permet une meilleure
rencontre avec soi-même, sans parasitage extérieur.
Pour certains, il y a aussi la nécessité de prendre
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du recul après un événement traumatisant.« Après le


départ de ma femme qui a demandé le divorce au
bout de six ans de vie commune, j'ai éprouvé le
besoin d'apprendre à vivre seul.Je n'ai pas voulu me
lancer dans une nouvelle relation.Ce retour sur moi-
même m'a appris à prendre soin de mes besoins au
lieu d'attendre la réponse des autres. »
« Cet accident m'a réveillé.Je menais jusqu'alors
une vie de patachon, toujours dehors,entouré d'amis
et de fausses connaissances, j'étais sans cesse à l'ex-
térieur de moi-même.Pour pouvoir me rencontrer et
me découvrir,
j'ai dû entrer en solitude, comme on
entre dans un ordre religieux... »

La pire des solitudes :


la solitude à deux
La solitude à deux est peut-être la pire des solitudes.
C'est celle qui laisse croire aux autres, à l'entourage,

554
que nous ne sommes pas seul puisque nous vivons
et partageons un territoire, des projets de vie avec
un compagnon ou une compagne
; alors justement
cette relation est parfois dévitalisée, il n'y a plus
d'échanges sinon une cohabitation de fait imposée,
subie et parfois haïe.
La solitude à deux, faite de silences, de tensions,
de non-dits est éprouvante et souvent stérilisante.
Elle mine avec des frustrations rentrées, indicibles,
elle est chargée de ressentiments, de pensées mal-
saines qui empoisonnent le quotidien.
«Mon mari pense que j'ai tout pour être heureuse,
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un confort matériel de haut niveau, deux enfants qui


sont établis et moi qui passe ma vie à l’attendre,à espé-
rer un peu d'imprévisible, une surprise, une disponi-
bilité soudaine. Ses enfants l’'appellent “Monsieur
90 % ; car la quasi-totalité de sa vie est investie dans
son travail, le reste pour lui-même. Je ne peux même
pas imaginer ce qui reste pour sa famille, pour moi!»
La solitude à deux, nous la reconnaissons au res-
taurant, chez ces couples qui mangent, silencieux,
absents l’un à l'autre à cent mille années-lumière de celui,
de celle qui est là tout proche,à portée de main et qui
ne voit même pas le (la)partenaire assis(e) devant lui !
Cette solitude est semblable à une présence
toxique dans une intimité où l'indifférence domine,
que ce soit à table, dans la voiture qui descend vers
les vacances,
dans le lit conjugal, dans l'acte d'amour
qui se vit en silence, avec des gestes stéréotypés,des
sensations en conserve, des sentiments fossilisés.
F2

555
Dans certains couples la solitude se nourrit de
l'incompréhension, des malentendus de l'incom-
munication, des frustrations et des ressentiments
qui alimentent des forces d'éclatement qui vont
détruire toute velléité de rapprochement.Elle sera
chez certains pathétiquement combattue quand
ils vont tenter de susciter des relations fictives
autour d'échanges vides, plats ou de conflits sans
contenus qui n'ont de signification que de remplir
un vide, de combler un néant de silence et de non-
dits.
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Et, enfin,
le solitaire heureux
Le solitaire heureux reste une espèce moins rare
qu'on le croit, même si on ne le croise pas dans les
salons, qu'on a peu de chance de le rencontrer dans
le métro ou dans les rues remplies d'anonymes des
grandes métropoles.Il est plutôt de type bucolique
et secret, aimant la campagne et la nature, fréquen-
tant les bibliothèques et les musées.
Pour l'écrivain C.Bobin, la solitude se situe entre
grâce et malédiction. Le solitaire heureux est une
espèce qui se protége des innombrables pollutions
relationnelles qui pourraient lui gâcher le bonheur
d'être un bon compagnon pour soi.La solitude habi-
tée par la présence d'objets aimés, par des souvenirs
dépouillés de regrets et de nostalgies, par des rêves
et des projets en devenir. La solitude ainsi irriguée
est une ferveur envers la vie.

556
Pour beaucoup l'antisolitude serait l'amour.Non
pas un amour de remplissage pour combler un vide,
une carence ou une insuffisance à se relier aux autres,
mais un amour donné et reçu qui refermerait les
bords d'une plaie appelée «esseulement », qui dyna-
miserait un présent en expansion.
Ainsi, la solitude heureuse tel un navire libre navi-
guerait sur les flots de l'attente ouverte à l'inconnu,
accueillante ou plus réservée à l'imprévisible.Cette soli-
tude ouverte deviendrait la matrice nourricière d'une
rencontre possible avec le meilleur de soi-même.
La solitude sera aussi recherchée par tous ceux
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qui sont en quête d'eux-mêmes, que ce soit au tra-


vers d'un isolement provisoire, d'une méditation ou
d'un travail sur soi.
La solitude acceptée suppose une autonomie
affective émotionnelle,relationnelle qui ne peut s'ap-
puyer que sur une expérience de sécurisation intime
suffisamment forte pour lui servir de support. En ce
sens, elle est comme un miroir susceptible de nous
renvoyer le précieux et le meilleur de nous.
Qu'il soit dans l'action ou la rêverie, le solitaire
est quelqu'un qui s'accepte avec ses ressources et
ses limites. Il s'accorde avec lui-même sans avoir
besoin de la confirmation ou de l'encouragement
d'autrui. &

> Amour (|’) p.142;


> Couple (le) p.178.

557
Sommeil (le)
La question fait bien souvent partie des rites
de salutation matinale : « Bonjour, as-tu bien
dormi ? » Si la réponse est «oui»,
le partenaire affiche une mine intensément
satisfaite. Si c'est «non », il y a de fortes
chances pour qu'il soit grognon
ou apathique. Le sommeil joue un rôle
fondamental dans notre équilibre et notre
santé. Mais c'est seulement depuis
les années 1950 qu'on a commencé à élucider
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peu à peu les mécanismes d’un phénomène


qui occupe un tiers de notre vie.

Comment définir le sommeil ? Réponse proposée : un


état physiologique périodique, caractérisé par la sup-
pression de toute relation volontaire et consciente avec
l'environnement.Voilà qui décrit bien la situation de l'être
qui dort, mais ne précise ni où se trouve le centre de ce
phénomène, ni la manière dont ilse déroule, ni les agents
qui le régulent ou le troublent.
Très schématiquement, on peut dire que le
«centre » du sommeil se localise dans le cerveau.Des
chercheurs ont montré que le tronc cérébral conte-
nait une structure responsable de l'éveil,c'est-à-dire,
en quelque sorte,
de l'envers du sommeil. Cette struc-
ture,nommée «système réticulaire ascendant » (SRA),
stimule en permanence le cortex, et est elle-même

558
influencée par les stimuli venus du monde extérieur.
Cependant des éléments également présents dans
le cerveau inhibent cette activité ; le sommeil suc-
cède donc à l'éveil, tandis que des agents neuro-
transmetteurs, comme la sérotonine ou la noradré-
line, influent sur sa qualité.
Le déroulement du sommeil est aujourd'hui
mieux connu, grâce à un système d'investigation très
pointu, nommé «enregistrement polygraphique du
sommeil ».1| permet d'enregistrer simultanément plu-
sieurs paramètres physiologiques qui se modifient
pendant le sommeil.ll s'agit notamment de l’électro-
encéphalogramme, qui mesure l'activité électrique
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du cerveau, de l'électromyogramme, qui mesure le


tonus musculaire, de l'électro-oculogramme, qui
détecte la survenue des mouvements oculaires,et de
l'électrodermogramme, qui concerne l'activité élec-
trique à la surface de la peau. Ces paramètres phy-
siologiques permettent d'identifier différents stades
de sommeil au cours de la nuit, et leurs données
objectives ont permis une avancée considérable.

DE L’'IMPORTANCE
DE LA CHRONOBIOLOGIE
Le rythme du sommeil est habituellement circadien, c'est-à-dire
qu’il s'intègre dans un cycle de vingt-quatre heures incluant
de nombreux synchroniseurs physiologiques - comme le jour
et la nuit, les variations de température — ou bien sociaux —
comme l'alternance travail-repos. Une horloge biologique,

559
structure anatomique située au niveau du noyau cérébral
suprachiasmatique, semble responsable de l'alternance veille-
repos. Lors d'expériences d'isolement temporel, par exemple
dans une grotte, dans le noir et sans repères de temps, on
observe très souvent une modification du rythme veille-sommeil
qui dépasse vingt-quatre heures, tandis que la phase d'éveil
s’allonge. Les chronobiologistes, qui étudient le rythme
des grandes fonctions de l'organisme, s'intéressent de très près
à ces expériences. M

Le grand calme
du sommeil lent Bien que le sommeil
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Tous les êtres vivants dor- paradoxal ne soit le propre


ment : les reptiles, les pois- que des mammifères,
certaines espèces animales,
sons, les oiseaux, les batra-
les oiseaux par exemple,
ciens, les serpents et les ont des fonctionnements
mammifères. Mais, comme proches. Cependant, chez
ils n'ont pas tous le même les animaux soumis aux
prédateurs, le sommeil
système nerveux,ils ne dor-
paradoxal serait moins
ment pas tous de la même
abondant ou fragmenté,
manière. Cependant les comme si la nature
mammifères, humains com- minimisait les risques liés a
pris, ont en commun un seuil de réveil qui, au cours
sommeil se déroulant en de cette phase, est élevé.

deux phases alternatives, l’une dite de «sommeil


lent », et l'autre de «sommeil paradoxal », qui se suc-
cèdent par cycles de quatre-vingt-dix à cent vingt
minutes, quatre ou cinq fois pendant la nuit.
La plongée espérée dans l'oubli momentané
démarre par une phase de sommeil lent. Elle est

560
caractérisée par un ralentissement de l’activité élec-
trique cérébrale, par l'absence de mouvements ocu-
laires rapides, et se subdivise en quatre stades selon
le degré de ralentissement, entre le sommeil lent
léger (stades 1 et 2) et le sommeil lent profond
(stades 3 et 4), qui vont de l’'endormissement au som-
meil profond. Le stade 1 (l'endormissement) corres-
pond, en fait, à une période de transition extrême-
ment courte entre l'éveil et le sommeil proprement
dit, au cours de laquelle on peut observer de lents
mouvements des yeux (des hallucinations peuvent
se produire).Les stades suivants mènent vers un som-
meil plus profond. L'activité mentale est alors dimi-
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nuée. Le dormeur est calme, sa tension artérielle


s'abaisse et sa fréquence cardiaque diminue. Lors-
qu'on le réveille au cours de cette phase, il a besoin
d'un certain temps de latence pour retrouver la réa-
lité, et, interrogé sur les pensées qui ont précédé ce
réveil, il ne rapporte que des éléments vagues, peu
chargés d'affects.
Cette phase de sommeil lent (qui prédomine
en début de nuit) représente les trois quarts du
temps de sommeil. Elle jouerait un rôle dans le
maintien de l'intégrité physique de l'organisme.Ce
sommeil lent est augmenté par l'activité physique.
C'est pourquoi on recommande aux personnes qui
souffrent d'insomnie de faire régulièrement de
l'exercice physique : une-dépense d'énergie sup-
plémentaire en accroît le besoin. Ce sommeil lent
joue un rôle anabolisant, c'est-à-dire qu'il favorise

561
l'ensemble des phénomènes d’'assimilation. Par
exemple, il survient au moment du pic d'hormone
de croissance.

L'activité
du sommeil paradoxal
La phase de sommeil lent est indispensable à la sur-
venue de celle qui lui succède :le sommeil paradoxal
n'occupe que 20 % du temps de sommeil en fin de
nuit. On pourrait même dire qu'elle prépare l'orga-
nisme à son intense activité.
Chez l'adulte,le sommeil paradoxal représente un
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quart du temps de sommeil. ll se caractérise par une


activité électrique cérébrale intense, y compris des
neurones qui commandent la motricité, alors que le
corps reste totalement immobile, comme paralysé,
d'où ce terme de «paradoxal » proposé en 1952 par
M. Jouvet, un chercheur français qui a été le premier à
décrire cet état chez l'animal. En effet, il a, par la suite,
été également décrit chez l'homme par des cher-
cheurs américains qui, depuis, parlent plus volontiers
de REM sleep («sommeil à mouvements oculaires
rapides»), parce qu'ils ont observé, pendant cette
phase, la survenue de mouvements des yeux, de la
face et des extrémités et, souvent, pour les hommes,
d'une érection. C'est celle du rêve et, souvent, lorsqu'il
est réveillé, le dormeur peut en décrire un.
Cette phase de sommeil paradoxal est très
importante chez le nouveau-né,
chez qui le sommeil
paradoxal représente la moitié du temps de sommeil,

562
soit environ huit heures par jour, puisque le nouveau-
né dort presque seize heures par jour, et elle occupe
à la naissance la moitié du sommeil total. Cette rela-
tion entre l'âge et la quantité de sommeil paradoxal
permet de bâtir l'hypothèse que ce dernier est lié à
la maturation postnatale du système nerveux cen-
tral ainsi qu'à la nécessité de mémoriser les acquisi-
tions nouvelles.
D'une façon générale, la privation de sommeil
paradoxal entraîne, au bout de quelques jours, l'ap-
parition d'anxiété, d'irritabilité, de troubles de l'atten-
tion et de la coordination motrice. Dans le dévelop-
pement des espèces, son apparition correspond à un
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certain niveau de complexité du système nerveux cen-


tral. Enfin, il pourrait jouer un rêle dans les processus
d'apprentissage par son rôle dans la mémorisation.

DES MALHEURS DE PETITS CHATS


Un chercheur, M. Ohayon, a démontré, en 1989, que des
chatons nouveau-nés auxquels on avait administré des
antidépresseurs supprimant le sommeil paradoxal manifestaient,
par rapport à un groupe témoin indemne de ces
antidépresseurs, des troubles de la stratégie d'apprentissage,
une exploration stérile de l’environnement et un éloignement
important par rapport à la mère, alors même que le lien
d’attachement à cette dernière, toutes les études éthologiques
le démontrent, joue un rôle essentiel dans cette période
fondamentale du développement. #

563
Les hypothèses sur les fonctions du sommeil
paradoxal sont donc nombreuses. Elles portent
essentiellement sur sa fonction réparatrice de la
machine neuronale ; sur son rôle dans la maturation
du système nerveux et la mise en place, puis l'acti-
vation régulière des programmes de comportement
propres à une espèce ;sur son rôle privilégié dans le
traitement des informations acquises à l'état de veille.
Et, enfin, dans le déchargement des pulsions, l'inhi-
bition des souvenirs gênants et la production des
rêves dont on sait quelle place ils occupent, depuis
S. Freud, dans l'exploration de l'inconscient.
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À chacun
ses propres besoins
Les uns dorment peu, les autres beaucoup ; cela varie
selon des caractéristiques génétiques, le mode de
vie et l’âge, alors que la géographie, le climat, les
heures choisies pour le repos semblent sans
influence. L'adulte jeune dort de sept à huit heures
par nuit. Mais un «petit» dor-
meur peut se contenter de six Les capacités
intellectuelles ne
heures, alors qu'un «grand »
semblent nullement liées
dormeur devra passer plus de aux besoins de sommeil
neuf heures aux abonnés des uns et des autres.
absents pour se sentir bien le La preuve : Pline le Jeune,
lendemain. || n'y a nulle Napoléon, Victor Hugo
à : ne dormaient que de troi
conclusion à en tirer sur les "ns q : k
à cinq heures par nuit.
capacités intellectuelles des Mais il fallait dix heures
uns ou des autres. ou plus à Einstein !

564
Alors que l'importance du sommeil paradoxal du
début de la vie correspond à la maturation du sys-
tème nerveux central du nouveau-né, l'organisation
ultérieure du sommeil subit l'influence des rythmes
sociaux, de la nuit et du jour, des heures de travail et
de repos. Avec le vieillissement s'observe une dimi-
nution du sommeil lent profond. La capacité à rester
endormi diminue,les éveils en cours de nuit sont plus
fréquents, et, si on passe autant de temps au lit, on y
dort moins,et l'efficacité du sommeil diminue.Cepen-
dant, les différences entre individus persistent. Des
mesures effectuées chez des volontaires âgés en
moyenne de 60 ans montrent que, si le temps moyen
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de sommeil est de huit heures,il varie de cinq heures


quinze pour les uns à neuf heures pour les autres. L'en-
dormissement est plus rapide que chez les sujets
jeunes.En même temps, l'organisation du cycle veille-
sommeil se modifie :les couchers sont plus précoces
et les réveils plus matinaux. Enfin, la sieste augmente
en fréquence, chez les hommes surtout. Une étude a
montré que 33 % des hommes (mais seulement 5 %
des femmes) font au moins sept siestes en quinze
jours.On peut l'expliquer par une plus grande facilité
à s'endormir le jour. Ou bien par la plus grande faci-
lité à le faire en toute bonne conscience, lorsque on
est dégagé des obligations professionnelles ou fami-
liales,alors que bien des adultes dans la force de l'âge
en rêveraient. &

565
Sommeil (les troubles du)
Le sommeil est un besoin élémentaire, aussi
important pour la santé et le bien-être que
l’air, l'eau ou la nourriture. Voilà pourquoi ne
pas ou mal dormir nous perturbe tellement.
Certaines insomnies sont ponctuelles.
Mais, lorsque l’insomnie chronique s'installe,
elle doit être traitée sérieusement.

La médecine du sommeil, nouvelle spécialité, se


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situant à un carrefour entre différentes autres spécia-


lités médicales, comme la neurologie, la psychiatrie, la
pneumologie, vient au secours des insomniaques.
Parfois, il est facile de cerner les raisons de leurs
insomnies : excitation avant un départ en voyage,
inquiétude à la veille d'un examen, consommation
excessive de café, environnement bruyant, douleurs
tenaces, fatigue excessive où accompagnée de ten-
sion musculaire, etc. Ces insomnies sont le plus sou-
vent transitoires.Mais il arrive que les troubles du som-
meil soient tenaces, persistants : plus d'une personne
sur dix se plaint d'insomnies d'évolution chronique.
La première réponse d'un médecin face à une
insomnie est souvent médicamenteuse. Les hypno-
tiques font effectivement partie des médicaments
les plus prescrits. Pourtant, leur efficacité n'est pas
constante.Certains de ces médicaments ne sont pas
dénués d'effets indésirables. Surtout, leur utilisation

566
sur une durée prolongée est actuellement décon-
seillée, notamment à cause des risques d’accoutu-
mance ou de dépendance. Et l’on peut penser à
d'autres moyens thérapeutiques.

D’AUTRES TROUBLES DU SOMMEIL


L'insomnie n’est pas le seul trouble du sommeil. Lorsqu'il
est excessif, parfois accompagné de somnolence
dans la journée, on parle d’hypersomnie. Dans d’autres cas,
le sommeil est normal, mais dans son cours surviennent
des phénomènes inhabituels ou anormaux. On parle
de « parasomnie ».
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C’est le cas du somnambulisme, des cauchemars ou


des terreurs nocturnes.
Somnambulisme. Le patient se lève la nuit, exécute parfois
quelques gestes stéréotypés, puis se met à marcher en évitant
les objets situés dans son champ visuel. S'il s’éveille,
il ne comprend pas ce qui est arrivé. Ce comportement
se produit dans un état d’éveil partiel, et les accidents
ne seraient pas rares, contrairement à l’idée répandue attribuant
des pouvoirs extraordinaires au somnambule.
Le somnambulisme commence généralement dans l'enfance.
Se manifestant pour la première fois chez l'adulte, il pourrait
révéler la présence d’une pathologie psychiatrique.
Cauchemars. Le dormeur se réveille généralement dans
la seconde moitié de la nuit et rapporte un rêve angoissant.
Des facteurs extérieurs favorisent les cauchemars : période
de stress, sevrage de certaines substances (alcools,
psychostimulants ou médicaments hypnotiques). Le traitement

567
vise à réduire ces facteurs favorisants.
Terreurs nocturnes. Le dormeur se réveille dans un état
de frayeur au cours du premier tiers de la nuit. Des signes
neurovégétatifs accompagnent l'accès (transpiration, rythme
respiratoire et pouls accélérés). La prévalence des terreurs
nocturnes serait de 1 % à 4% chez les enfants de moins
de 12 ans. Elles sont rares chez l'adulte. (Voir encadré ci-contre)
Autres parasomnies : somniloquie (parler pendant le sommeil),
énurésie (uriner pendant le sommeil), bruxisme (grincer
des dents), mouvements rythmiques à l’endormissement.

Pourquoi on dort
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si peu ou si mal
Un des modèles théoriques de l'insomnie chronique
identifie trois ensembles de facteurs:les facteurs pré-
disposants, les facteurs déclenchants et les facteurs
d'entretien ou perpétuants.
Les facteurs prédisposants sont ceux qui ren-
dent certaines personnes plus vulnérables que
d'autres vis-à-vis de l’insomnie.lls existeraient avant
même que le patient ne commence à avoir des pro-
blèmes avec son sommeil. Des traits de personnalité,
une tendance à l'anxiété et à l'hypervigilance, un
émoussement des processus homéostatiques du
sommeil, un dysfonctionnement de l'horloge biolo-
gique interne, éventuellement lié à des facteurs
génétiques, sont considérés comme des facteurs
prédisposants.
Le stress lié à certaines situations, des change-
ments au niveau des rythmes biologiques et/ou de

568
l'environnement, la survenue d'une maladie, l’ac-
centuation de troubles psychiques, ou encore cer-
tains médicaments sont considérés comme des fac-
teurs déclenchants.
Parmi les facteurs perpétuants, on trouve la
consommation de caféine et d'alcool, les siestes en
cours de journée, le conditionnement, l'augmenta-
tion du temps passé au lit, l'anxiété de performance
et une surestimation des conséquences de l’insom-
nie. L'ensemble des facteurs qui précèdent peut favo-
riser l'évolution d'une insomnie aiguë vers une
insomnie chronique.
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L'ENFANT FACE AUX TERREURS NOCTURNES


L'enfant est assis dans son lit, se débat contre des visions
hallucinatoires. Il n’est pas accessible au contact verbal
et semble vivre avec une totale adhésion l'épisode terrifiant.
Comme dans la confusion mentale, il inclut les objets
et les personnes présents autour de lui dans son onirisme.
On constate simultanément des phénomènes physiologiques
d'angoisse associant pouls rapide, respiration haletante
et sueurs. La durée de ces terreurs est habituellement
de quelques minutes, après lesquelles l’enfant s'endort.
Le lendemain, il existe une amnésie complète de l’épisode,
qui peut être isolé ou se répéter pendant une période plus ou
moins prolongée. Parfois, on peut retrouver des circonstances
déclenchantes. Les terreurs nocturnès peuvent être associées
à d’autres troubles perturbant le sommeil comme l’énurésie,
la somniloquie (ou parler nocturne) et le somnambulisme.

569
Les mesures préventives passent par une hygiène du sommeil
(ne pas laisser les enfants dormir dans la chambre des parents
après le 6e mois, respecter les horaires de coucher, le calme,
aider l’enfant à s'endormir par une présence rassurante et
calme, au besoin en racontant une histoire). Parfois, la
psychothérapie est indispensable. B

Les thérapies
comportementales
Les thérapies comportementales visent essentielle-
ment à corriger les réponses inadaptées dévelop-
pées par l'insomniaque face à ses problèmes de som-
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meil,ainsi qu'à diminuer son niveau de vigilance.Elles


sont actuellement considérées comme les plus effi-
caces face à l'insomnie chronique.
Le contrôle des stimuli est l'une des techniques
thérapeutiques. L'hypothèse de base du traitement
est que les insomniaques ont développé une asso-
ciation négative entre l'environnement et des situa-
tions de sommeil, d'une part, une difficulté à dormir,
d'autre part. Dans ces conditions, la chambre à cou-
cher devient un stimulus contribuant à maintenir le
sujet éveillé. Le but du traitement est de rétablir le
lien habituel et positif entre la chambre à coucher, le
coucher et un endormissement rapide. Cette théra-
pie est plus particulièrement indiquée chez les per-
sonnes présentant une insomnie d'endormissement.
Certains cliniciens ont affirmé qu'elle est particu-
lièrement efficace pour les sujets dormant mieux
quand ils sont loin de chez eux.

570
Un autre traitement, par restriction de sommeil,
repose sur la constatation que,
du fait de leur insom-
nie et pour compenser leur manque de sommeil,
certains insomniaques augmentent le temps passé
dans leur lit, qui devient ainsi supérieur à leur besoin
réel de sommeil. Pour un patient donné, cela se tra-
duit par une incohérence entre le temps que le
patient indique passer au lit et la durée du sommeil.
On lui donne alors pour consigne de limiter le
temps qu'il passe au lit avec deux réserves : d'abord,
le temps passé au lit ne doit jamais être inférieur à
cinq heures ;ensuite,la diminution de ce temps doit
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être réalisée en allant se coucher plus tard.Cela fait


alors l'objet d'un contrôle par un agenda du som-
meil. Dès qu'il commence à dormir plus de 85 % du
temps qu'il passe au lit, la durée au lit est augmen-
tée de quinze à trente minutes. Lorsqu'il n'y a plus
d'augmentation de l'efficacité du sommeil, la durée
au lit est figée. L'efficacité maximale de cette théra-
pie est trouvée chezles patients souffrant d'un som-
meil fragmenté.

Les thérapies
cognitives
Différent des thérapies comportementales, le traite-
ment cognitif repose sur l'existence, chez l'insom-
niaque chronique,
de croyances inadaptées à propos
du sommeil. La restructuration cognitive est une
technique dans laquelle il est demandé aux insom-
niaques d'identifier leurs croyances personnelles au

"571
sujet de l'insomnie ; on leur apprend alors à prendre
en considération d'autres croyances plus ration-
nelles. Les thérapies cognitives combattent l'hyper-
vigilance et les facteurs de personnalité qui prédis-
posent certains sujets à l'insomnie.

Un autre outil,
la relaxation
L'objectif des thérapies de Le biofeedback est une
relaxation consiste à réduire technique comportementale
visant, dans un dessein
la tension et l'anxiété liées
thérapeutique, à établir un
au sommeil. Sont incluses
autocontrôle sur certaines
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dans cette catégorie de trai- fonctions physiologiques. |


tement les techniques de Rendu plus conscient |
relaxation autant physiques de son fonctionnement
que mentales et la forma- RES RDEU
apprendre à exercer
tion au biofeedback. On Pr Conc oi eur
pense qu'elles sont utiles lui-même.
pour l'endormissement et le
maintien du sommeil. Les bénéfices de ces formes
de thérapie exigent du temps avant d'atteindre
leur effet maximal. Mais, chez les patients qui pré-
sentent une réponse positive, elles apportent un
bénéfice de longue durée. &

> Sommeil (le) p.558;


> Thérapies cognitives et comportementales (les) p.611

572
Stérilité et ses palliatifs (la)
Il est devenu habituel de rencontrer des couples
qui se heurtent à une stérilité involontaire après
avoir vécu pendant une quinzaine d'années une
période de stérilité volontaire. Situation très
paradoxale et particulièrement difficile à vivre.

randesOn le comprend
questions... d'autant plus qu’au contexte
Gran
__ médical s'ajoutent les dimensions sociologique
et psychologique de l'infertilité.
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La grande majorité des couples veulent, à l'heure


actuelle, fonder une famille. Afin de bien poser les
questions sur les difficultés que ces parents poten-
tiels peuvent rencontrer pour mener à bien leur pro-
jet d'enfant, il est important de remarquer que, dans
le contexte contraceptif de notre époque, la non-
venue d’un enfant après des années de contracep-
tion est d'autant plus douloureuse, et vécue de
manière d'autant plus injuste, que la contraception
a fait penser aux futurs parents qu'ils auraient facile-
ment la maîtrise de la conception d'un enfant. C'est
d'ailleurs pour cela qu'on retrouve tant de patientes
âgées d'environ 35 ans dans les programmes de
fécondation in vitro, avec un diagnostic de stérilité
ou d'infertilité. La prise de moyens contraceptifs a pu
masquer l'infertilité de l’un des membres du couple.
Mais, quand aucune cause objective ne peut être
décelée, cela renvoie principalement au fait que le

573
temps a passé, et qu'une femme, ou qu'un couple,
est moins fertile à 35 ans qu'à 25...

DES INITIALES À DÉCODER


CECOS : Centre d’étude et de conservation des œufs
et du sperme humain.
CCNE : Comité consultatif national d'éthique.
DPI : Diagnostic pré-implantatoire.
FIV : Fécondation in vitro.
FIVETE : Fécondation in vitro et transfert d'embryon.
FIV-D : Fécondation in vitro avec donneur de sperme.
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IA : Insémination artificielle.
IAC : Insémination artificielle avec sperme du conjoint.
IAD : Insémination artificielle avec sperme de donneur.
PMA : Procréation médicalement assistée. Æ

Ces enfants
qui ne peuvent pas venir
Pour mieux comprendre les enjeux psychologiques
des diagnostics médicaux de stérilité, il est intéres-
sant de comprendre le problème non seulement à
partir de la cause de l'infertilité du couple, mais aussi
à travers le problème de l'absence d'enfant. La souf-
france du couple, c'est bien, en effet, celle du manque
de ces «enfants qui ne peuvent pas venir », soit parce
que l’un ou l'autre de leurs parents potentiels (ou les
deux ensemble) ont un problème physiologique, soit
parce que ces enfants sont arrivés ou ont été désirés
trop tard dans l'histoire de leurs parents.

574
Les problèmes de stérilité sont,
de nos jours, très
vite (parfois même un peu trop vite...) pris en charge
par la médecine.Ce qui constitue, il faut le souligner,
un immense progrès par rapport à la situation des
générations précédentes,
où les couples qui ne pou-
vaient pas avoir d'enfants devaient soit adopter dans
les bons cas, soit faire leur deuil définitif d'enfant.

Face à la stérilité
masculine
Dans les cas où la stérilité est d'origine masculine, il
existe deux palliatifs. L'un est simple techniquement
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et plus complexe sur le plan psychologique :c'est l'in-


sémination artificielle avec don de sperme anonyme
(IAD). L'autre est plus lourd sur le plan médical, sur-
tout pour la mère, car il faut passer par une féconda-
tion in vitro, au cours de laquelle son ovocyte sera
fécondé grâce une micro-injection d'un spermato-
zoïde du futur père (cela s'il n'est pas totalement sté-
rile, mais seulement très peu fertile). Dans le premier
cas, l'enfant sera conçu avec les gamètes d'un
homme inconnu,et le père aura donc à faire le deuil
de sa fertilité. Les parents devront aussi se mettre au
clair avec ce qu'ils diront à l'enfant au sujet de sa
conception. Taire ou choisir la vérité ? En mettant
en avant la question «faut-il lui dire ? » ou « à quoi
lui servira-t-il de savoir ? », on fait comme si l'his-
toire de l'enfance ne marquait pas le sujet en
dehors d’une connaissance consciente. Comme si
tous nos échanges tenaient dans les verbalisations
À

575
clairement formulées telles que «c'est ton père
puisque ton acte de naissance le dit». Or, la psycha-
nalyse, depuis près de cent ans, apprend que l'his-
toire du début de notre vie et les circonstances de
nos origines s'impriment et font effet, parfois dou-
loureusement et dans le corps même, à l'insu du
savoir immédiat.

LES GRANDES ÉTAPES


DE LA PROCRÉATION MÉDICALEMENT ASSISTÉE
La décennie 1960-1970 3 été celle de la conservation
du sperme par congélation. Elle s’appliquait essentiellement
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à des hommes jeunes avant une chimiothérapie qui risquait


de les rendre stériles, ou une vasectomie (résection partielle
du canal excréteur des testicules). Elle a éventuellement donné
lieu, par la suite, à des inséminations avec le sperme du conjoint
qui furent les premiers cas de procréation assistée.
La décennie 1970-1980 3 été celle de l’insémination artificielle
avec le sperme d’un donneur anonyme, selon la technique
précédente.
Entre 1980 et 1990 se sont mises en place la fécondation
in vitro et les techniques connexes, comme les dons d'ovocytes,
la FIV avec donneur de sperme, etc. M

Se pose aussi, dans le cas du «donneur ano-


nyme », non seulement le problème de l'identité du
père biologique, mais aussi celui de la position du
père légal.Pourle droit français, pas d'ambiguïté :IAD
ou non,ce dernier est le seul. Aux yeux de nombre de
psychanalystes, de pédopsychiatres et de juristes, il

576
s'agit là d'un «faux légal ».Par l'affirmation d'une filia-
tion identique entre un enfant de filiation classique et
un enfant né par IAD,on gomme à la fois la dimension
existentielle de la stérilité du père légal, la réalité des
inséminations de la mère et l’historicité de la partici-
pation du donneur. Du même coup, la paternité du
père via lAD est fragile,de même que le statut de l’en-
fant vis-à-vis de ce père, dans la mesure où il peut faci-
lement contester cette fausse filiation ne correspon-
dant pas à la vérité.
On s'enferme alors dans un réseau
de secrets de filiation qui deviendront secrets de
famille, ouvrant la voie à des transmissions psychiques
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transgénérationnelles pathologiques. La solution


pourrait consister à envisager plutôt qu'un secret une
adoption de l'enfant par le père légal. Dans le second
palliatif
de l'infertilité masculine (appelé ICSI) l'enfant
est conçu avec les gamètes de ses parents, et il sera
ainsi porteur de la totalité de l'histoire familiale.

Face à la stérilité féminine


Les questions psychologiques sont un peu différentes
quand la stérilité est d'origine uniquement féminine.
La FIV est devenue, depuis plus de quinze ans, un
recours possible dans de nombreuses difficultés phy-
siologiques féminines.Plus nouveau encore,la FIV per-
met de recourir à un ovocyte donné par une autre
mère (de manière anonyme en France,comme c'est le
cas pour l'IAD). Sur le plan relationnel, la différence
avec l'IAD est cependant considérable : la mère qui
reçoit l'ovocyte inconnu sera, en effet, la «vraie mère »

577
(sur le plan légal comme sur le plan du lien affectif) de
l'enfant procréé artificiellement, dans la mesure où elle
vivra la grossesse et l'accouchement à l'instar de n'im-
porte quelle autre mère. Ce qui ne veut assurément
as direque recevoir un ovocyte 2
à à 7 L'enfant procréé
étranger est anodin, loin de là.Mais, artificiellement, selon
en l'absence d'un recul suffisant le pédopsychiatre
(une centaine d'enfants seulement L. Roegiers, « porte à
ont été conçus de cette manière), son paroxysme
l’'ambivalence du
on constate que les questions liées
statut de l'enfant
au secret et à l'anonymat pèsent actuel : très désiré et
moins lourd que dans les concep- vraisemblablement
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tions avec dons de sperme. très aimé mais


La loi bioéthique qui régit, en tellement bien
entouré qu’il pourrait
France, les procréations artificielles
avoir du mal à se
avec don de gamètes (elle a été détacher de toute
votée en 1994, et révisée en 2009) dette implicite héritée
a prévu un autre palliatif de la de sa procréation
stérilité : le don anonyme d'un laborieuse».
embryon d'un couple à un autre (il s'agit d'embryons
que le premier couple de parents ne peut plus utiliser
car ils en ont trop).On touche là à un domaine très com-
plexe, dans la mesure où on peut se demander pour-
quoi les parents infertiles ne se tournent pas vers une
«vraie» adoption d'un enfant abandonné, plutôt que
se préparer à vivre avec un enfant une histoire exces-
sivement compliquée. Ces cas sont rarissimes, mais il
faut les connaître car ils permettent de mieux com-
prendre ce qui se joue dans la blessure narcissique de
la stérilité, comme l'appellent les psychanalystes.

578
UN BILAN RELATIVEMENT MODESTE
Le bilan de la procréation médicalement assistée (PMA) reste
relativement modeste. Selon des statistiques récentes, un couple
sur dix suit des traitements pour des problèmes de fertilité.
En France, sur 800 000 naissances par an, 12 000 enfants
naissent grâce aux techniques de PMA, soit 1,5% des naissances.
On constate 100 000 tentatives de PMA par an. 50 000 par le
biais de l’insémination artificielle, et dont le taux de réussite est
de 8% ; 50 000 par des actes de fécondation in vitro. 20 000
naissances sont dues à des FIV simples (taux de réussite : 15 à
20 %) ; les FIV avec micromanipulation connaissent un taux de
réussite de 30 à 35 %. &
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Vivre une stérilité est une des expériences les


plus difficiles de la vie,caril s'agit d'un véritable deuil.
Deuil d'un enfant qui porte l'histoire familiale de
chaque membre du couple, mais aussi deuil d'un
enfant conçu à deux par des parents qui auraient
voulu se donner un enfant l’un à l'autre. ll convient
donc d'utiliser à bon escient et sans acharnement les
différents palliatifs proposés par la médecine et par
la loi. Faire son deuil demande un travail de réflexion
et d'élaboration mentale ; cela demande aussi du
temps comme tout un chacun le sait à travers l'ex-
périence personnelle qu'on a du deuil (d'un proche,
par exemple). De nombreux couples sortent grandis
de cette épreuve, avec ou sans enfant. &
> Adopter un enfant p. 106;
> Enfant (désir et non-désir d’) p.275 ;
> Secrets de famille p.520.

579
Stress et anxiété
Êtes-vous stressé ou anxieux ? Selon les
épidémiologistes, un tiers de la population
présentera au moins une fois dans sa vie un
trouble anxieux, tandis que, semblerait-il,
60 % des salariés se considèrent comme
stressés. Pour la plupart des gens, d'ailleurs, c'est
la même chose ou, du moins, il n'est pas simple
de différencier ces deux troubles. Pourtant, bien
en comprendre les mécanismes permet souvent
d'en atténuer les effets négatifs.
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Le concept du stress nous vient de l'expérimentation


animale.Un chercheur autrichien, H.Selye,émigré au
Canada, s'aperçut que, lorsqu'il mettait ses rats sous
contraintes (décharges électriques, douleurs ou,
même, simplement, bruits ou brusques change-
ments de température...) ceux-ci avaient toujours la
même réaction physiologique, qu'il appela le « syn-
drome général d'adaptation ». Lorsqu'il continuait à
les stresser, il finissait par les rendre malades, voire à
les faire mourir. Très vite, il passa du rat à l'homme :
les facteurs de stress étaient certes différents, mais le
mécanisme restait le même : une réaction physiolo-
gique induite par ces facteurs.
L'important à comprendre, dans le modèle de
Selye, est ce lien quasi automatique entre le stress et
les symptômes qu'il déclenche.Mais il nous place en

580
position de victime :si les facteurs de stress produi-
sent des symptômes, il ne nous reste plus qu'à ten-
ter de les éviter et à nous en protéger.
Heureusement, les choses ne sont pas si simples.
D'ailleurs, dans la vie de chaque jour,nous voyons que
cela ne fonctionne pas de cette façon : le même fac-
teur de stress ne produit pas toujours les mêmes effets.
Prenons, par exemple, deux secrétaires.Elles reçoivent
la même quantité de travail ; eh bien l’une est stimu-
lée, alors que l’autre est, d'emblée, submergée.

Face austress,
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des marges
de manœuvre
Il est donc apparu aux cher- Le coping englobe
cheurs ayant travaillé sur le la manière dont nous
appréhendons le facteur
stress après Selye qu'il n'y a pas
de stress, l'émotion que
de lien direct entre les facteurs cela produit en nous
de stress (stresseurs) et leurs et le plan d’action que
conséquences : les symptômes nous mettons en place
de stress. C'est ainsi qu'a été pour nous y adapter.
introduit le concept de coping.
Pour faire face au stress, chacun d'entre nous
développe une stratégie que l’on appelle le coping.
Sa mise en évidence a deux conséquences essen-
tielles : elle nous sort d’un positionnement dans
lequel nous sommes victimes des facteurs de stress
que nous ne pouvons que subir et nous fait com-
prendre que, quel qu'en soit le facteur, nous avons
une marge de manœuvre pour nous y adapter.
2

581
Dès lors, la question qui se pose est de définir le
bon mode de coping, celui qui ne nous coûte pas trop
cher en symptômes. Les techniques de gestion du
stress visent donc, notamment, à modifier les straté-
gies de coping de notre vie quotidienne trop coùû-
teuses, en sachant que la quantité de facteurs de
stress auxquels nous sommes confrontés est un para-
mètre important à prendre en compte. Lorsqu'ils se
multiplient, la perception d'être débordés dans nos
capacités d'adaptation est fréquente et la sensation
d'être stressés augmente d'autant.
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LE STRESS PEUT
AVOIR DES EFFETS POSITIFS
Si l’on a proposé des thérapeutiques préventives ou curatives
du stress (médicaments, psychothérapie, méthode cognitivo-
comportementale, relaxation, narcoanalyse), le traitement vise
généralement l'effet spécifique de l'agent stresseur. En réalité,
le stress n’est pas toujours pathologique. indissociable
des processus d'adaptation, il n’est pas sans parenté, sur le plan
du développement psychologique tout au moins, avec la notion
d’accommodation de J. Piaget.

L'anxiété,
émotion particulière
L'anxiété est différente du stress. S. Freud a déve-
loppé à son propos deux théories successives.Elles
sont, a priori, très différentes : dans la première,
l'anxiété est une tension physique résultant d'une

582
énergie pulsionnelle qui n'a pas trouvé d'issue ;
dans la seconde, l'angoisse correspond à une situa-
tion de danger réel ou névrotique (inconscient).
Mais aucune des deux n'a complètement emporté
sa propre conviction au point qu'il abandonne l’une
pour l'autre. Il ne les a pas non plus articulées
ensemble.
En réalité, ces théories successives portent sur
des objets différents : dans le premier cas, cela
concerne le mécanisme de production de l'anxiété;
dans le second, le mécanisme d'activation. Or, la
seconde théorie peut être rapprochée de la peur et
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des thèses comportementalistes fondées sur le


conditionnement. La situation première d'angoisse
pour Freud serait un équivalent des peurs innées ;
elle jouerait ensuite un rôle comparable à ces peurs.
Mais Freud a lui-même souligné que les affects
constituent un ensemble d'opérations mentales, de
processus comportementaux et de modifications
physiologiques.Ces opérations sont faites d'enchaïî-
nements séquentiels capables d'être reconstruits.
Ainsi, il est possible de proposer un modèle qui
prenne en considération les aspects cognitifs et psy-
chodynamiques, tout en étudiant en parallèle les
mécanismes neurophysiologiques.
Cela permet de distinguer composante étiolo-
gique et facteur déclenchant. Par exemple, l'origine
sexuelle de l'anxiété est plutôt à classer dans les fac-
teurs étiologiques.llen est de même de l'interruption
de plan (interruption de l’activité intellectuelle, phy-

183
sique ou sociale dans laquelle est engagé le sujet).En
revanche, l'activation liée aux agents chimiques, qui
s'opère soit par le système nerveux central, soit par
le système nerveux autonome, relèverait de la
seconde catégorie.

Anxiété normale et
anxiété pathologique
Alors que toute réponse émotionnelle comprendrait
trois composantes : une inhibition de l'activité en
cours, une orientation en direction d'informations à
venir susceptibles de réduire le degré d'incertitude
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et une tentative d'élaboration de réponses nouvelles


et spécifiques, l'anxiété est,elle, particulière :elle offre
la double singularité, par rapport aux autres émo-
tions,
de ne pas pouvoir être traitée sur le plan cogni-
tif de manière pertinente (incongruence cognitive) et
de ne pas présenter d'issue pragmatique possible
(incongruence pragmatique).

LES DEUX INCONGRUENCES


L'incongruence cognitive est l'impossibilité de trouver un sens
à la situation. Ce qui domine est une perception de danger.
L'incongruence pragmatique signifie l'incapacité de développer
une réponse à la situation. Selon le psychanalyste D. Wildôcher,
«ne rien pouvoir faire et ne rien pouvoir faire que ce rien »
constitue la spécificité de l'anxiété par rapport aux autres
émotions.

584
Est-il normal d'être anxieux ? Oui, évidemment.
L'anxiété est une émotion normale et indispensable
à notre équilibre. Elle nous met en alerte face aux
événements que nous rencontrons. Elle peut aussi
être pathologique. Mais savoir qu'il s'agit d'une
anxiété pathologique ne suffit pas. Encore faut-il
identifier son type et le traitement dépend de ce dia-
gnostic différentiel.
La classification des maladies mentales la plus
utilisée définit clairement certaines formes cliniques
d'anxiété qui sont faciles à identifier, voire à traiter.
C'est le cas des phobies,
de l'anxiété de performance
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(comme pour les examens), des troubles paniques


au cours desquels le sujet présente des crises d’an-
goisse paroxystiques associées à toute une série de
symptômes somatiques (palpitations,tremblements,
sueurs.…..), des troubles obsessionnels et compulsifs,
On peut y ajouter l'état de stress post-traumatique
faisant suite à un événement de vie particulièrement
traumatisant, caractérisé par des symptômes anxio-
dépressifs, capables de perdurer des années après
leur déclenchement.

COMMENT RECONNAÎTRE
UNE ANXIÉTÉ PATHOLOGIQUE ?
Trois critères sont à prendre en compte :
La durée : si l'anxiété est présente tous les jours pendant
plusieurs semaines (trois ou quatre semaines), c’est un signe
d'alarme.

585
La souffrance : l’anxiété n’est jamais une émotion agréable, mais
lorsqu'elle devient pathologique, elle induit une souffrance
importante
La gêne fonctionnelle : l'anxiété pathologique empêche d’avoir
un fonctionnement normal dans la vie quotidienne.
Ces critères peuvent être évalués par chacun pour soi-même.
Lorsqu'ils sont réunis, il faut aller consulter. 5

En revanche, l'anxiété généralisée (sorte de


trouble anxieux diffus et touchant tous les domaines
de vie) reste plus difficile à délimiter.Et le traitement
pose plus de difficultés.
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Prenons un exemple au travail.


Le stress de la sur-
charge est constitué de l'ensemble des stimuli aux-
quels sont soumis les individus.il a pour conséquence
d'interrompre les plans d'action. À chaque nouveau
stimulus, l'activité du sujet est arrêtée. Il lui faut inté-
grer la nouvelle information dans son schéma géné-
ral, dans sa représentation du monde,et qu'il y trouve
un sens (congruence cognitive). Puis il doit modifier
ses plans d'action en fonction de cette nouvelle infor-
mation. Il y a une compétition entre les nouvelles
actions potentielles, liées à cette dernière information
reçue, et l'action en cours. La répétition trop fréquente
de cette interruption risque de déborder les capaci-
tés du sujet. L'organisation des plans d'action n'est
plus en mesure de s'opérer.Cette incongruence prag-
matique est alors à l'origine de l'anxiété.
Mais il faut savoir qu'il y a parfois de l'anxiété
sans stress, par exemple ces ondes d'angoisse qui

586
gagnent, alors que tout semble aller pour le mieux,
et du stress sans anxiété, notamment dans les com-
pétitions sportives.Le stress est un phénomène indlis-
pensable de la vie quotidienne, ne le prenons pas
systématiquement pour de l'anxiété. De même, ne
rendons pas toute anxiété pathologique. &

> Thérapies cognitives et comportementales (les) p.611 ;


> TOC et phobies p.622.
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LQ7
Suicide (le)
Chaque année, 12 000 personnes se
donnent la mort en France.
On estime à
150 000 celles qui le tentent, et de
600 000 à 1 million celles qui risquent de
le faire. Avec une augmentation très
significative depuis le milieu des années
1970 et un nombre de décès supérieur
à celui des accidents de la route,
le suicide, drame humain, est aussi
devenu un véritable problème
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de la société contemporaine.

Autrefois condamnés par la société, par la religion,


par la justice, le suicide et la tentative de suicide sont
entrés, au xx° siècle, dans l'ère de la médicalisation :
ne faut-il pas être malade pour avoir envie de se tuer?
Il existe ainsi un dogme de l'intervention médicale
systématique devant tout geste suicidaire. Or, le sui-
cide n'est pas nécessairement synonyme d'état
dépressif ou de maladies mentales (schizophrénie,
psychopathie, etc.). Il existe des suicides rationnels
où l'on ne retrouve aucune cause psychiatrique et
que l’on peut comprendre comme la conclusion d'un
raisonnement. Cependant, les difficultés psycholo-
giques, les crises graves de l'existence ou des condi-
tions de vie particulièrement douloureuses, chez les
gens âgés et solitaires, par exemple, apparaissent le

588
plus souvent comme les éléments qui peuvent pous-
ser un être en détresse à souhaiter mourir et à pas-
ser à l'acte.

La dépression,
risque majeur
Bien que toute conduite suicidaire ne soit pas symp-
tomatique d'un état dépressif authentique, il s'avère
néanmoins que de 60 % à 70 % des sujets qui se sont
suicidés souffraient d'une dépression au moment de
leur décès.
Un état dépressif se caractérise par différents
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signes, évoluant au moins une quinzaine de jours :


sentiment de tristesse, de vide, perte d'intérêt et de
plaisir qui se traduisent par un retrait social ou une
désaffection pour les distractions agréables,troubles
du sommeil avec insomnie ou, plus rarement, hyper-
somnie, un appétit habituellement diminué, une
fatigue, un ralentissement de la pensée et des mou-
vements (ou, parfois, son contraire, une agitation avec
déambulation), des difficultés à se concentrer, à
prendre des décisions. La dévalorisation ou la culpa-
bilité peuvent même atteindre une dimension déli-
rante : un individu peut se sentir responsable de la
pauvreté dans le monde.
Chez le déprimé, les idées de mort, les pensées
suicidaires ou les tentatives de passer à l'acte sont
fréquentes.
Ces idées vont du sentiment selon lequel
les autres seraient mieux si l'on était mort à de véri-
tables plans spécifiques sur la façon de réaliser son

589
suicide. La fréquence, l'intensité, l'issue mortelle
potentielle de ces pensées sont très variables. Les
sujets moins gravement suicidaires peuvent ressen-
tir des idées transitoires (une à deux minutes) et
récurrentes (une ou deux fois par semaine).Les sujets
plus gravement décidés peuvent s'être procuré l'ins-
trument de l'acte fatal (une corde ou une arme) et
même avoir identifié le lieu et le moment oùils seront
isolés des autres afin de passer à l'acte. Néanmoins,
il apparaît qu'il n'est pas possible de prédire avec pré-
cision si une tentative de suicide risque d'être accom-
plie par un sujet déprimé ni à quel moment.Les moti-
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vations pour se suicider peuvent comprendre le désir


de «laisser tomber » devant des obstacles considérés
comme insurmontables, ou une envie de mettre fin
à un état émotionnel vécu comme trop douloureux.
Plus les suicidés sont âgés, plus la surreprésen-
tation de la dépression est importante.La probabilité
suicidaire peut s'évaluer par la sévérité de la dépres-
sion et, notamment, par la présence d'idées déli-
rantes de culpabilité,de persécution ou d'indignité,
et par le sentiment de désespoir, considéré comme
la perspective négative du futur et l'impossibilité de
trouver une solution aux problèmes.

D'autres facteurs
de risque
Les maladies mentales sont assurément,
dans 90 % à
95 % des cas, les principaux états favorisant les sui-
cides. Aux troubles dépressifs, où la première année

590
d'évolution comporte le risque suicidaire maximal, il
faut ajouter les troubles anxieux, la toxicomanie, l'al-
coolisme, la schizophrénie, etc.

UN APPEL
AU SECOURS
La tentative de suicide n’est plus considérée aujourd’hui comme
un suicide raté : beaucoup de suicidants sont loin de mettre
dans leur geste une intention destructrice réelle, la finalité
mortelle de ce type d’acte étant bien souvent loin d’être
évidente. Elle a fréquemment le sens d’une demande d’écoute,
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d’une dimension d’appel auprès de l'entourage. Chez les


adolescents, elle correspond le plus souvent à une solution
pour accéder à un changement.
La violence du geste suicidaire est un bon indice, souvent le
seul phénomène objectif pour distinguer le désir de mort des
appels au secours, bien que le risque mortel soit très mal
apprécié par les suicidants. #

D'autres facteurs de risque ont pu être identifiés,


particulièrement la solitude :en dehors même d'une
pathologie psychiatrique avérée, elle apparaît dans
les différentes études statistiques comme l'un des
plus importants.Les suicides augmenteraient en fonc-
tion du relâchement des liens familiaux et de l'isole-
ment social ; ainsi, le divorce ou le veuvage amène-
raient un risque accru par rapport au célibat.Plus une
société intègre ses membres, moins le suicide se
développe. La misère apparaît comme un facteur

591
aggravant, tout comme les antécédents de suicides
familiaux. Logiquement, l'existence de soutiens
sociaux, la grossesse, le mariage jouent un rôle pro-
tecteur.

La vérité
des statistiques
Les tentatives de suicide sont très majoritairement
le fait des femmes. Mais les hommes y trouvent la
mort deux, trois fois plus souvent. Le risque dépend
de l’âge.ll augmente chezles adolescents et chezles
jeunes adultes.À l'âge de 30 ans, le suicide est la pre-
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mière cause de mortalité, avec 20 % des décès mas-


culins et 15 % des féminins. Il croît également chez
les personnes âgées, qui réussissent souvent leur sui-
cide, tandis que les tentatives non abouties sont très
fréquentes chez les jeunes.
L'habitat, rural ou urbain, intervient dans les fac-
teurs de risque :le suicide abouti est moins fréquent
en zone urbaine,comme l'Ile-de-France,comparé aux
contrées rurales, mais les tentatives sont plus cou-
rantes. Enfin, il est intéressant de noter que, si la
France connaît, parmi les pays développés, l'un des
taux de mortalité par suicide les plus élevés, le taux
maximal est atteint par la Hongrie, tandis que les
chiffres des pays latins,çcomme l'Espagne ou la Grèce,
restent très faibles.
Ainsi, les données sociodémographiques font
apparaître des différences significatives entre ceux
qui tentent de se suicider et ceux qui réussissent leur

592
suicide : ces derniers sont, en règle générale, des
hommes, plus âgés, célibataires, sans travail, habitant
en milieu rural.

Parler pour prévenir


La majorité des suicidés auraient fait part de leur pro-
jet, à un moment ou à un autre de l’évolution de la
dépression. Parler de suicide n'a jamais incité per-
sonne à se suicider ; au contraire, la verbalisation
confirme au sujet qu'il peut être entendu. Ainsi, au
moindre doute, les médecins doivent parler de
l'éventualité du suicide avec leur patient.
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UNE CROISADE EXEMPLAIRE


En Angleterre s’est créée, dans les années 1950, l'association
des Samaritans, engagée dans la prévention du suicide.
Actuellement, 22 000 bénévoles répartis dans 200 centres sont
à l'écoute de toutes les détresses, sur place, par téléphone ou
par Internet. Ils reçoivent, en une année, plus de 4 millions
d'appels, avec une hausse de 24 % lors de fêtes comme Noël
ou la Saint-Valentin. On considère que, grâce à leur action, le
taux de suicides en Angleterre est aujourd’hui l’un des plus bas
du monde. *

Tout mouvement suicidaire, exprimé en parole


ou mis en acte, doit être considéré, évidemment par
les thérapeutes éventuels, mais aussi et surtout par
le sujet et son entourage qui ont tendance, trop sou-
vent, à le banaliser après coup. La famille ne saurait

593
s'exonérer d’une implication active quand l'un de ses
membres évoque le suicide. Une orientation vers le
médecin de famille ou vers un réseau d'écoute télé-
phonique est utile avant que les choses s'aggravent.
La solidité de la relation thérapeutique avec le méde-
cin, le diagnostic précoce et le traitement adapté de
la dépression sont les éléments principaux de la pré-
vention du suicide.
La restriction de l'accès aux moyens de suicide
(armes à feu, médicaments toxiques) apparaît égale-
ment comme une méthode de prévention :la dimen-
sion d'impulsivité étant très fréquente dans les sui-
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cides, la facilité d'accès à un moyen suicidogène


grave a des conséquences importantes. || apparaît
qu'une récidive suicidaire utilise souvent des
méthodes plus dangereuses que dans la tentative
précédente : plus de 10 % des sujets ayant tenté de
se suicider accompliront effectivement leur suicide
plus tard.
Ilne faut jamais banaliser l’allégation d'idées sui-
cidaires. Toute idée ou tentative de suicide est un
appel à l'aide authentique, qui doit être reconnu
comme tel. &

> Adolescents (les conduites à risque des) p. 101 ;


Dépression (la) p.203;
> Deuil (le) p.226;
b Stress et anxiété p. 580.

594
Systémique (le courant)
Si, dans le cadre d’une cure psychanalytique,
ns il est toujours question de S. Freud, de C.G. Jung,
LoLIUIIS

LIT
son disciple, bientôt dissident, ou de J.Lacan,
d’autres voies de psychothérapie se sont
ouvertes. Ainsi l'important courant systémique,
qui met en avant la thérapie familiale.
OS
GiiUC
Ji

La thérapie familiale systé- Les théories qui ont


mique est née de la confluence largement contribué
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d'un ensemble de disciplines, à l'élaboration


l : du courant systémique
So: ses Ho docs“ to ic sont essentiellement les
chanalyse, la sociologie, la bio- théories de l'information,
logie et, plus particulièrement, la théorie des systèmes
de la rencontre avec les théo- et la cybernétique.
ries permettant de rendre
compte des systèmes de commande, de régulation,
d'interaction et de communication dans les
machines et chez les êtres vivants. Les pères fonda-
teurs de ce courant comprennent un ensemble de
membres regroupés dans la célèbre école de Palo
Alto,en Californie :G.Bateson, D.Jackson,J.Weakland,
V. Satir, P. Watzlawick, J. Beavin, R. Fisch. Sur le terrain,
de nombreux psychothérapeutes, comme N. Acker-
man, puis |. Boszormenyi-Nagy, Whitaker, etc. vont
reprendre et modifier les concepts de la psychana-
lyse en prenant davantage en compte l'homme
«dans son milieu » et, plus particulièrement,eninter-

595
action avec les membres de sa famille. Ils exercent
donc un déplacement de l'intérêt pour l'individu et
son psychisme vers celui, plus large,
de l'individu pris
dans un système, c'est-à-dire son contexte familial.

De nouveaux concepts
Parmi les concepts fondamentaux défendus par
cette approche, on trouve :
- L'importance du contexte en général et du système
familial en particulier,
dans la mesure où un problème
ne peut être compris qu'en référence au milieu
ambiant dans lequel il émerge et se développe. La
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famille est conçue comme un système «autorégulé »,


qui définit des règles de fonctionnement et où cha-
cun s'attribue, autant qu'on lui attribue, une place et
un rôle à jouer.Il arrive ainsi qu'une personne trouve
une place etjoue le rêle de « patient désigné », c'est-
à-dire qu'il porte des symptômes traduisant la souf-
france du groupe familial.
- La prise en compte des notions de hasard, d'im-
prévisibilité, d'aléatoire et de fortuit permet de mieux
rendre compte du fonctionnement humain et de sa
complexité.À partir de là,la notion de déterminisme
historique (un événement À est la cause de B, parce
que A précède B), régnant dans bon nombre de thé-
rapies, doit être questionnée.Ainsi, P.Watzlawick, l'un
des « pères fondateurs » critique l’«historicisme psy-
chanalytique ambiant » qui permet d'affirmer que le
passé en général dispose d'un « degré de réalité »
supérieur à celui du futur. En effet, si le passé déter-

596
mine le présent, il nous faut alors accepter ce dernier,
en renonçant à tout espoir de changement. L'histo-
ricisme naïf conduit, de ce point de vue, à la néga-
tion de toute idée de psychothérapie.
- L'importance de la communication et le fait qu'on
ne puisse pas ne pas communiquer : un comporte-
ment silencieux ou un refus de contact possèdent
donc une valeur communicante. De là, l'intérêt de
ce courant pour les manifestations verbales et non
verbales (gestes, postures, intonations de la voix,
mimiques, etc.) ; par exemple, dans les échanges
mère-enfant, qui peuvent être symétriques ou, au
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contraire, discordants.
- La notion de « double contrainte » ou de «double
lien »,qui tire son origine d'une communication para-
doxale. Des personnes engagées dans une relation
affective, comme c'est le cas dans la famille, peuvent
être amenées à livrer un message double ou ambigu,
comprenant deux ordres contradictoires en même
temps : c'est le fameux « soyez spontané !» quiintime
l'ordre d'adopter un état qu'on ne peut précisément
pas ressentir au moment où ce comportement est
dicté. La personne à qui s'adresse ce message est
donc prisonnière de l'«illusion du choix» qu'on lui
impose.Elle n'a aucun moyen de réagjir,sinon parfois,
lorsque ce type de message perdure,de devenir folle.
La double contrainte ne provoque pas la schizo-
phrénie, mais les troubles schizophréniques appa-
raissent souvent dans les familles où règne ce type
de communication.

597
TRAVAIL EN DUO
Les thérapeutes familiaux travaillent généralement en cothérapie.
Deux thérapeutes participent à la séance, l’un dans la salle
et l’autre derrière un miroir sans tain. Ce dispositif permet
d'élaborer à deux l’histoire de la famille : alors que l’un peut être
pris à témoin dans les mouvements émotionnels de la famille,
l'autre peut conserver ses distances et demeurer plus «objectif». I

Le cadre et les règles


Le dispositif systémique est particulièrement atten-
tif aux manifestations verbales et non verbales des
participants, c'est-à-dire les membres de la famille
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qui viennent consulter. Pour améliorer la qualité de


l'observation et le travail thérapeutique, les séances
sont souvent filmées en vidéo et la salle dispose habi-
tuellement d'une glace sans tain.En fonction des dif-
ficultés familiales en présence, les thérapeutes pro-
posent un contrat à durée déterminée (10 séances,
par exemple) ou indéterminée. Les séances ont lieu,
en général, toutes les trois ou quatre semaines pour
une durée d'une heure à une heure et demi. La thé-
rapie est achevée lorsqu'un nouvel équilibre entre
les différents membres de la famille est restauré et
que chacun a pu retrouver son potentiel personnel
(affectif, cognitif, professionnel, etc.).

Des techniques spécifiques


Les thérapeutes utilisent, pour dynamiser l'issue thé-
rapeutique, diverses techniques dont les noms nous
sont encore peu familiers.

598
Le génogramme représente l'arbre généalogique de
la famille actuelle et permet d'interroger l'histoire des
générations précédentes :le rappel des événements
familiaux significatifs déclenche parfois de vives
prises de conscience du caractère répétitif de l'his-
toire familiale.
La sculpturation est une mise en scène non verbale
(par des sculptures) des liens existant au sein de la
famille :distances, relations de pouvoir,conflits et coa-
litions entre les membres sont ainsi décrits.
Les tâches thérapeutiques sont des consignes propo-
sées par les thérapeutes et exécutées soit en dehors,
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soit pendant les séances.Le thérapeute peut alors effec-


tuer des propositions visant à faire émerger des solu-
tions nouvelles fondées sur les principes suivants :
- le patient est l'expert de sa thérapie :le thérapeute
s'interdit de formuler des objectifs à la place de son
patient ;
- le thérapeute s'abstient de changer quoi que ce
soit dans ce qui convient au patient ou à entourage;
- le thérapeute favorise tout ce qui marche etilinter-
vient pour aider le patient à accomplir ce qui a déjà
bien fonctionné pour lui. ll ne modifie donc que ce
qui ne permet pas d'accéder au but visé.

QUELQUES AUTRES MÉTHODES


Les avancées freudiennes, mettant en avant l'importance de
la vie affective, le rôle de la sexualité dans la genèse de certains
troubles névrotiques et l'existence de processus psychiques

599
inconscients, ont généré de nombreuses controverses. Débats
d'idées et polémiques battaient déjà leur plein du vivant
de Freud, avec un ensemble de dissidents comme ©. Rank,
A. Adler, C. G.Jung, qui remettent en cause aussi bien
les concepts clés de la théorie freudienne que les modalités
de sa technique thérapeutique. L'intérêt porté aux enfants
(avec M. Klein, A. Freud, D.W. Winnicott, F. Dolto), aux groupes
et à la famille ou encore à des populations psychotiques ou
en états limites, a ainsi conduit certains psy à revoir
leurs méthodes thérapeutiques et à prendre des distances
avec les aménagements rigoristes du cadre psychanalytique
orthodoxe.
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Des pratiques dérivées de la psychanalyse sont donc nées, avec


des appellations qui varient de «psychothérapie de soutien » (PS)
à «psychothérapie d'inspiration psychanalytique » (PIP) en passant
par des «thérapies brèves d'inspiration psychanalytique » initiées
par P. Sifneos puis E. Gilliéron, dont la «thérapie focale »
de D. Malan est une variante. On trouve encore le «rêve éveillé
dirigé » (RED) créé par R. Desoille ou encore
des «psychothérapies d'orientation psychanalytique de soutien
et d'expression», avec R. Wallerstein ou ©. Kernberg.
Le «psychodrame » créé parJ. L. Moreno, la « psychanalyse
de groupe » défendue par W. R. Bion, D. Anzieu et R. Kaes,
les groupes Balint destinés aux médecins, les «thérapies familiales
psychanalytiques » sont autant de formes évolutives
de l'application des concepts psychanalytiques à la famille
ou aux groupes.
Ces thérapies se définissent, en général, par un dispositif
en face-à-face et une durée de prise en charge plus réduite,
de deux à trois ans en moyenne dans les consultations privées

600
pour la PIP. Ces ingrédients traduisent plus largement
une remise en question de la « neutralité » du psychanalyste
classique. La pratique du face-à-face s'accompagne souvent
d’une perception plus symétrique des relations, des modes
d'intervention plus nombreux, plus transparents, voire parfois
plus directifs de la part du psy. La souplesse
de ces psychothérapies d'orientation psychanalytique rend
a priori possible l'expression de sentiments de sympathie ou
d’attitudes de soutien et au psychothérapeute le choix de
donner des instructions, d’indiquer les efforts à poursuivre et
dans quelles directions, afin d'aboutir au changement désiré. 5
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En conséquence, la thérapie systémique est prin-


cipalement axée sur la recherche de choix et de solu-
tions auxquels le patient n'avait pas pensé jus-
qu'alors.

> Psychanalytique (le courant) p.450;


> Schizophrénie (la) p.504.

601
Thérapies brèves (les)
Accepter qu'une souffrance ou qu'une maladie,
quelle qu'en soit l’origine, soit explorée par une
démarche psychanalytique qui peut durer au
mieux cinq ans, sinon dix ou quinze ans, voire
plus, tout en sachant que la guérison n'est pas
forcément au bout du chemin, ne va pas de soi.
Les thérapies brèves, approche révolutionnaire
des conceptions de la thérapie, offrent une
solution alternative.
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Étrange et surprenant qualificatif que cet adjectif de


«brève » pour une thérapie !Brève et fière de l'être, pour-
rait-on ajouter. Presque insolente face à cette vieille
dame centenaire qu'est l'analyse freudienne.Étonnante
démarche aussi que celle du sujet qui consulte un thé-
rapeute « bref» et lui demande de trouver une solution
rapide et une guérison définitive de son symptôme ou
de son problème. Défi à l'entendement ? Non, simple-
ment une autre approche où il ne s'agit plus de remon-
ter à l'origine d'un symptôme perturbant, mais de tra-
vailler au présent en s'attachant à le neutraliser.

PEU DE SÉANCES MAIS DES EXPÉRIENCES


En général, dans une thérapie brève, le sujet et le thérapeute
établissent un contrat de 10 séances espacées de une ou deux
semaines. Il est parfois demandé au patient de réaliser des

602
expériences nouvelles afin de rapporter au thérapeute ce qu’il
a fait, ressenti, découvert, exploré, et ce que ces expériences
au contact des autres ont généré dans sa compréhension
du monde environnant. 8

La communication
et ses interactions
Qui dit communication dit interaction. L'interaction
peut être explorée de façon linéaire ou circulaire.
Dans la linéarité,on explore la cause des interactions.
A entraîne B qui entraîne C de façon inéluctable,etc.
ce qui explique de façon définitive la souffrance du
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présent.Rechercher la cause d'un problème est long,


souvent douloureux et ne donne pas la solution.
Combien de nos patients passés par l'analyse nous
le confirment : «Je sais pourquoi je souffre, mais je
souffre toujours. » G.Bateson, D.Jackson, D.Fish,à Palo
Alto, en Californie, et P. Watzlawick, figure de proue
par son approche stratégique et constructiviste,
furent les initiateurs de l'école de pensée fondée sur
l'étude de la communication dans l'approche psy-
chothérapique moderne et, partant,
de la circularité.
Dans l’«exploration circulaire», quand A envoie un
message à B,celui-ci lui répond et lui renvoie un mes-
sage qui a un effet sur A. A réagit et entretient l'in-
teraction par un nouveau message.Cette communi-
cation verbale à la base de la relation humaine se
complique d'une communication non verbale : la
mimique, la gestuelle, la position du corps, l'intona-
tion et d’autres signes qui sont autant d'informations

603
que le receveur doit prendre Le silence est une
en compte, car ces messages communication qui va
parfois au-delà de la
non verbaux peuvent quel-
violence. Gardez le silence
quefois exprimer le contraire pendant que votre conjoint

«Mais oui, ce que tu dis m'in- journée a été fructueuse,


téresse au plus haut point !» si tout s’est bien passé,
si vous n'êtes pas trop
est la phrase même qui peut
fatigué, etc. Il est à parier
déclencher la plus grande joie qu’à la sixième question
mais aussi la plus grande exas- restée sans réponse
pération selon l'intonation et un orage éclatera.
la mimique qui seront expri-
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mées en même temps. En ce sens, on peut considé-


rer que tout est communication, même le silence !
C'est cela le principe de circularité de la com-
munication et de ses effets sur l'écosystème du sujet.

Les constructions
de la réalité
AU cours de notre vie, nous prenons contact avec le
monde qui nous entoure, par le biais de nos parents,
de notre famille, de l'environnement proche. Les dif-
férentes expériences et découvertes que nous faisons,
auxquelles s'ajoutent les valeurs et les croyances qui
nous sont transmises par nos parents et notre famille,
nous aident à construire notre monde intérieur.Nous
bâtissons de la sorte notre réalité.Si nous avons bien
interprété nos expériences et nos apprentissages,
nous tirons des conclusions qui nous permettent de
nous adapter au monde en utilisant notre savoir et

604
notre savoir-faire.Si les apprentissages et les conclu-
sions que nous en avons tirés sont différents, ils
entraînent une désadaptation au système environ-
nant, génèrent une souffrance et entraînent des com-
portements sinon destructeurs au moins répétitifs
pour le sujet et sa famille.Le principe premier du sys-
tème familial étant d'être uni et heureux, à n'importe
quel prix quelquefois, tout sera fait pour que le sys-
tème n'explose pas : on se comporte comme si tout
va bien, comme si tout le monde s'aime, comme si
papa ne boit pas, comme si le fils ne fume pas de
pétards, etc.Cela s'appelle l'«homéostasie » : principe
d'équilibre d'un système pour qu'il survive, quel-
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quefois au prix de symptômes graves,de maladies,


de
comportement dangereux aussi.

Des mots rayés


Prophétie autoréalisante :
du vocabulaire
la phrase assassine «tu es nul
Symptômes graves, mala- en maths, tu ne feras jamais
die ? Avec la révolution d’études ». L'enfant va le croire,
thérapeutique issue de surtout si ses professeurs lui
l'école de Palo Alto, ces tiennent le même langage.
Conséquence : « Comme je
mots n'ont plus cours : pas
suis déclaré nul, pourquoi me
de pathologie, pas de torturer les méninges sur ce
diagnostic. On définit le problème de maths ? De toute
problème du sujet, mais façon je n’y arriverai pas, je
laisse tomber ! » La prophétie
parler d'obsession, d'hys-
est réalisée. On a appris à
térie de conversion, de l'enfant quelque chose de
personnalité schizoïde est primordial pour sa vie future :
inutile.Si l’on peut se réfé- comment réussir à échouer.

605
rer à ces diagnostics, on ne s'y laisse plus enfermer.
En effet, poser une étiquette précise entraînera
chez le thérapeute un comportement qui cher-
chera en permanence à valider le diagnostic ini-
tialement posé. Et se réalisera cette « prophétie
autoréalisante » : à force de considérer quelqu'un
comme un nul, un incapable, un pervers, etc. et de
lui envoyer ce type de messages verbaux et non
verbaux, celui-ci réalise ce qu'on lui demande
inconsciemment d'être.

Mettre le contexte
en évidence
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Tout symptôme apparaît dans un contexte particu-


lier.ll est la réponse à un environnement que le sujet
peut percevoir comme menaçant alors qu'il ne l'est
pas réellement.Il faut donc s'attacher à mettre en évi-
dence dans quel contexte le symptôme apparaît, ce
qui l'aggrave, le perpétue, le diminue aussi. Une atti-
tude peut être inacceptable dans une culture, alors
qu'elle fait partie intégrante d'une autre. L'exemple
des hommes qui se tiennent par la main en se pro-
menant soit dans les pays du Bassin méditerranéen,
soit en Occident, ne peut être interprété que dans
un contexte culturel où l'homosexualité est déter-
minée selon des critères particuliers à chaque cul-
ture. Symptôme ou comportement normal ? Il n'y a
pas que la normalité ou l’anormalité : on définit le
problème,
en quoi est-ce un problème, pour qui est-
ce un problème ?

606
L'angoisse
et le désir de changer
Nous vivons aujourd'hui sous cet impératif : chan-
gez! Tout nous dit de changer : le monde, la vie, les
relations, le travail, la communication, le langage, l'en-
treprise qui nous impose l'éxcellence. Quelle diffé-
rence existe-t-il entre un très bon et un excellent
employé ? Aucune.En revanche, ce qualificatif
en fera
souffrir plus d'un, qui se sentira déclassé par cette
excellence mythique imposée.lIl devra changer...
Drame de l'homme : je souffre, il faut que ça
change,je veux que ça change et, par la volonté,
j'y
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arriverai. Hélas,on ne change pas par volonté ;on ne


change heureusement que par désir. La volonté
nécessite une telle énergie disponible à chaque ins-
tant que bien souvent le sujet s'épuise et revient à ses
comportements habituels. Le désir de changer est
plus facile à vivre,il est du domaine des choix incons-
cients, ceux qui ne font pas intervenir la volonté. Le
désir conduit plus agréablement au plaisir du chan-
gement, plus facilement aussi.ll faut donc étudier la
réelle motivation au changement et les choix les plus
faciles, les plus simples qui permettront au sujet de
s'engager sur cette voie.

Le paradoxe,
outil thérapeutique
Une des caractéristiques des comportements
hümains, par l'intelligence innée et acquise dont
nous disposons, devrait être celle d'être adaptables

607
et mobiles dans toutes les situations de la vie. L'ex-
périence est différente : nous nous figeons dans une
réalité et avons du mal à voir autrement ces situa-
tions difficiles auxquelles nous restons «collés ». Et
que faisons-nous alors ? De façon étonnante, nous
en faisons deux ou trois fois plus, toujours la même
chose, même si cela ne marche pas : mettons un peu
plus d'énergie, un peu plus de pression, cela finira
bien par marcher!
En fait, le changement n'apparaît jamais dans ces
conditions, il contraint l’autre et fait souffrir celui qui
exerce cette tentative.Il est plus utile - et plus malin
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- de changer un des éléments de ce système qui


bloque et fait souffrir. Exemple :« Tu ne veux pas dîner,
tu as parfaitement raison.Les portions de la tarte aux
fraises prévue au dessert n'en seront que plus géné-
reuses.Quel régal pour nous.Merci de ta générosité !»
Donner deux gifles et priver de télévision un enfant
qui ne veut pas dîner (dans quel contexte ?) n'a jamais
permis de prendre un repas dans des conditions
d'harmonie pour tous. Si le repas devient un pugilat,
que restera-t-il comme lieu d'échange et de parole?
Féliciter et encourager le symptôme est destructeur
et induit un changement puisqu'un élément nouveau
est apparu :le symptôme est respecté, validé,connoté
positivement de façon stratégique.En lui donnant un
éclairage différent, le système en éprouve du plaisir.
Connaissez-vous un symptôme qui engendre du plai-
sir chez un sujet ou au sein de sa famille ? || ne peut
perdurer et disparaît.

608
LES DANGERS
DE LA DOUBLE CONTRAINTE
À partir des travaux de G. Bateson, anthroplogue britannique
qui a étudié les modes de communication dans les tribus isolées
du monde, s’élabore une théorie de la communication qui
étudie les réactions des individus face aux autres et comment
les réactions de l’un affectent le comportement de l’autre.
Elle met en évidence la « double contrainte », processus de
communication entraînant chez le receveur un comportement
schizophrénique. Le message exprimé contient en même temps
une information et son contraire : celui qui le reçoit ne peut
le comprendre et, quelle que soit sa réponse, elle n’est pas celui
que l’autre attend.
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L'histoire la plus connue est celle de la mère qui offre


deux cravates — une bleue et une rouge -— à son fils. Il arbore
la rouge : « Ah, je vois que la bleue ne te plaît pas »…
Le lendemain, il met la bleue : « Oui, bien sûr, c’est parce que
je t'ai fait la remarque hier. » Il met les deux cravates : « Mais tu
es complètement fou, on ne met pas deux cravates !» La double
contrainte, c'est quand on 3 toujours faux, quoi qu’on fasse.
Faute de messages clairs débouchant sur une solution possible
pour le sujet qui les reçoit, la « folie » est la seule issue !

La thérapie brève utilise ainsi toutes les gammes


de comportements humains allant jusqu'au paradoxe.
Encourager un symptôme, le prescrire de façon pré-
cise à des heures ou à des moments inhabituels, dans
des contextes dérangeants quelquefois, le rendent
insupportable dans la façon dont il sera vécu.Rendre
conscients des comportements inadaptés effectués
LA

609
inconsciemment les déstructure. Le contexte est
modifié, le comportement est validé et encouragé,
prescrit parfois plusieurs fois par jour, compliqué de
tâches contraignantes à la demande du thérapeute.En
fait, cela rend insupportable ce comportement que le
sujet supporte plus ou moins bien.

Une relation chaleureuse


Dans une thérapie brève,
on est loin de l’insoutenable
froideur du psy classique. Bien au contraire, tout se
fait dans la bienveillance, dans la relation proche et
respectueuse, le sourire intérieur et, parfois, le rire à
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deux ! Le thérapeute entre dans le monde intérieur du


sujet pour comprendre toutes ses croyances et les
valeurs sur lesquelles il s'est construit.ll détecte et per-
çoit les zones de rigidité qui le font souffrir et l'em-
pêchent de vivre comme il le souhaite.
Le travail thérapeutique consiste alors à introduire
plus de souplesse là où c'est rigide,àdonner un autre
sens où du sens à certaines situations traversées dans
la vie, parfois au prix de la douleur;à laisser le patient
trouver les solutions qui lui conviennent le mieux pour
sortir de cette prison qu'est le symptôme, dont il pos-
sède la clé, mais il est dur de changer l'idée que l'on
peut ouvrir une porte de prison tout seul! &

> Hypnose médicale (l') p.363 ;


> Psychanalytique (le courant) p.450;
> Systémique (le courant) p.595 ;
> Thérapies cognitives et comportementales (les) p.611.

610
Thérapies cognitives
et comportementales (les)
Anxiété et dépression sont devenues
monnaie courante dans les sociétés
développées. Elles naissent souvent
d'un mode de pensée inadapté à la situation
Grandes
questions.
réellement vécue par une personne
en souffrance. Un travail sur son psychisme,
modifiant ce mode de pensée, amène
à une bonne adéquation et peut amender
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ses troubles.
Tel est l’objet de ce que l’on
nomme les «thérapies cognitives et
comportementales », qui connaissent depuis
une quinzaine d'années un essor important.

Vivre, c'est changer en permanence.Pour réagir avec


pertinence à chaque situation nouvelle de l'exis-
tence, nous devons acquérir un nouveau savoir, un
nouveau comportement,de nouvelles pensées.Nous
apprenons en continu par observation, imitation,
acquisition, volontaire ou sous la contrainte, d'un
savoir. Cet apprentissage suppose une capacité
d'adaptation dont les normes répondent à celles de
la société ou de la culture. Elle dépend à la fois des
processus de maturation organique et psychique, et
des opportunités offertes par le milieu. L'inadéqua-
tion entre le système de pensée, les émotions qui en

611
apies COSNIUVESs
7,
Et COMPOrTIEMENTAIE

découlent, le comportement d'un individu et une


situation qu'il est amené à vivre entraîne des troubles
ÉCIIR tels que l'anxiété, le stress, la dépression, parfois des
tics ou des phobies.Les thérapies cognitives et com-
portementales, qui analysent cette interaction et
cette inadéquation, permettent de rétablir ou de
mettre en place une bonne adéquation, donc un
nouvel équilibre.

L'apprentissage
et la répétition
Les théories de l'apprentissage servent de cadre de
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référence à l'approche thérapeutique qui utilise les


principes de la psychologie scientifique pour
résoudre des problèmes cliniques. Les actes d'ap-
prentissage,en effet, modifient la connaissance que
l'on a du monde par un nouvel apport d'informa-
tions.La mémoire s'applique alors à la conservation
et au rappel de cette information. En dépit de sa
complexité, le comportement d'un organisme vis-
à-vis d'une situation particulière revêt cependant
un caractère répétitif évident, dans les limites de
certaines conditions physiologiques. Cette répéti-
tion, constatée empiriquement,
entre le stimulus et
sa réponse, est ce que nous appelons une «habi-
tude ». Par ailleurs, tous les comportements, même
les plus complexes, peuvent s'expliquer par la com-
binaison de réponses élémentaires apprises par
simple conditionnement sans même que l'on en ait
conscience.

612
Les travaux du physiologiste russe |.Pavlov décri-
vent la «réaction conditionnelle de salivation » chez
un chien.Cette expérimentation met en évidenceles
processus de «conditionnement opérant» et
d'«extinction de la réponse », mais elle prouve éga-
lement que la réaction conditionnelle acquise est
temporaire : l'individu reste capable d'adaptation
face à son environnement.
Cependant, le com- Pavlov, le savant russe,
portement conditionné a pu faire la démonstration
appris peut se figer malgré suivante : un chien affamé
salive lorsqu'on lui présente
les changements impor-
de la nourriture. C’est une
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tants du milieu et risque de réaction physiologique innée.


devenir inadapté, voire Si on fait précéder l'apport
franchement pathologique, de nourriture du son d’une
cloche, au bout d’un certain
comme c'est le cas dans les
temps le chien associera
phobies. le son à la nourriture
Parfois encore, les et salivera dès qu’il entendra
liaisons entre stimuli et la cloche. On dit alors que
réponses persistent et la salivation est devenue
une réaction conditionnelle. Si
apparaissent aussi dans
l’on continue de faire entendre
de nouvelles conditions la cloche mais sans donner
plus ou moins similaires de nourriture, au bout
à la situation d'origine. d’un certain temps la salivation
C'est le phénomène de disparaît à l’émission du son.
C’est l'extinction de la réponse.
généralisation.

D'abord comprendre
Tiré du latin cognitie; qui signifie « juger » ou « com-
prendre », le cognitif met l'accent sur les systèmes

613
pies cognitives et comportementale

de traitement de l'information et sur leurs produits


dans la mesure où ils génèrent des comporte-
e
ments.
Dans cette conception, la pensée est un fonc-
tionnement intégrant des messages, des com-
mandes, des transmissions au travers de filtres qui
organisent les attitudes du sujet et qui s'appuient
sur la base physico-chimique constituée par les
neurones.
Les thérapies cognitives se fondent donc sur la
notion de schémas,
de structures imprimés par l'ex-
périence sur l'organisme et stockés dans la mémoire,
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lesquels traitent l'information de manière incons-


ciente, c'est-à-dire automatique. Ils rendent compte
du vécu personnel de la personne concernée,
de ses
croyances, de la thématique régulière de ses pen-
sées,
de sa logique,
de ses interprétations,
du contenu
de son imagerie mentale.Les schémas représentent
ainsi des interprétations personnelles de la réalité qui
influencent les stratégies individuelles d'adaptation,
dans la mesure où ils traduisent une attention sélec-
tive à des événements.

INDICATIONS
Selon de nombreuses recherches, les thérapies cognitives
et comportementales sont indiquées pour les dépressions
d'intensité légère ou modérée, les syndromes post-
traumatiques, les états anxieux (phobies, attaques de panique,
troubles obsessionnels compulsifs, anxiété généralisée),

614
la gestion du stress, les difficultés sexuelles, certains problèmes
psychosomatiques, les conduites addictives, c’est-à-dire
de dépendance, comme l'alcoolisme, la toxicomanie. M

La pathologie est alors perçue comme une


conséquence d'erreurs dans la logique formelle des
traitements de l'information à différents niveaux.

Une cure brève


par étapes successives
Les thérapies cognitives sont brèves :une vingtaine
de séances, de trente à quarante-cinq minutes cha-
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cune, à raison d'une fois par semaine pour un


symptôme unique. Il peut être nécessaire d’aug-
menter le nombre de séance dans certains cas.Elles
s'effectuent selon une succession d'étapes dont
l'analyse fonctionnelle, le questionnement, consti-
tue les prémices.Elles ont pour but de recueillir des
informations mettant en relation des comporte-
ments inadaptés, des pensées, des émotions, avec
un environnement social, et de repérer les condi-
tions d'apparition et de maintien des dysfonction-
nements.Elles visent à identifier les demandes pré-
cises du patient et à définir avec lui les objectifs de
la thérapie.
Le thérapeute expose au patient les principes
qui fondent les thérapies cognitives et comporte-
mentales.Il explique les techniques utilisées :ce rôle
pédagogique important permet de réduire l'anxiété
face à des troubles qui angoissent.Il amène à déve-
&

615
Ë e G ®: Co if 14 Je C et CO! n » O Fee De mn on: fs

lopper les capacités à gérer son trouble dans le


cadre d'une «collaboration thérapeutique ». Il est
directif, didactique, et son rôle facilite la définition
et la résolution des problèmes par des questions
inductives. Il aide le patient à raisonner d'une
manière empirique et logique et ainsi à résoudre les
difficultés dues à de mauvaises évaluations des
situations, à des raisonnements fondés sur de
q
7ran
CS fausses prémisses et à des conclusions erronées
et/ou irrationnelles.
La thérapie est centrée sur «ici et maintenant »:
le travail s'effectue sur les problèmes actuels, mais
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le passé peut évidemment être pris en compte pour


mieux comprendre l'évolution d'une attitude ou
pour illustrer le comportement habituel du patient
devant tel ou tel type de situation.

UN EXEMPLE
DE THERAPIE COGNITIVE
Une patiente de 38 ans vient consulter pour un épisode
dépressif qui dure depuis un an. Elle est mère de deux filles,
de 2 ans et de 1 an. Son mari, avec lequel elle a dû s'installer
à Paris pour des raisons professionnelles, alors que leurs
deux familles vivent en province, est souvent en déplacement.
Elle-même travaille à La Poste avec des horaires décalés.
Sous traitement antidépresseur depuis six mois, elle avait
des idées suicidaires qui l’inquiétaient terriblement.
Première et deuxième séances : recueil de données
sur l’histoire de la patiente, son comportement, ses pensées,

616
ses émotions, la qualité de son réseau de soutien, son traitement
(analyse fonctionnelle) ; définition des objectifs de la thérapie ;
proposition et présentation des techniques thérapeutiques.
Séances suivantes : repérage des situations qui provoquent
des émotions pénibles.
La patiente : «Je me dis que je suis une mauvaise mère
et que je n'aime pas mes enfants. »
Examen de l'évidence et procédure de résolution du problème
de la situation.
La patiente : «Je suis fatiguée, je suis debout toute la journée.
Mon mari n’est pas souvent là. Quand les filles prennent leur bain,
la plus grande met de l’eau partout. Je suis pressée d'en finir avec
cette journée, surtout que, lorsque j'ai ces horaires de travail,
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il y a une collègue avec laquelle je ne m'entends pas du tout. »


Le thérapeute : « C’est dans cette situation, le soir, en rentrant,
alors que vous devez donner le bain aux deux enfants que vous
vous dites que vous êtes une mauvaise mère ? »
La patiente : « Oui et je culpabilise de ne pas vouloir m'en
occuper, alors que je ne les ai pas vues de la journée. »
Le thérapeute, insistant par réitération : «Comment pouvez-
vous encore percevoir cette situation-là ? »
La patiente «Eh bien, je suis fatiguée ! Et les deux en même
temps, ce n’est pas facile parce que je suis toute seule tous
les soirs et je suis inquiète car je dois laisser la plus grande
dans le bain pour habiller la petite dans la chambre à côté,
même si je fais vite. J'aimerais pouvoir me mettre dans
un fauteuil à ce moment-là. Alors je pense queje ne les aime
pas, que je suis égoïste, mais peut-être.
que je ne supporte pas
cette situation et ça n’a rien à voir avec l'amour que je porte
à mes filles. » Examen de l’évidence.

617
SÉ Fe RE RER nets ;
|néral ec rogniives ei CO hnpoftie! nentiaies

«.… Je pourrais peut-être demander à la nourrice de le faire ?


Je pourrais peut-être donner le bain de l’une après l’autre, mais
sé je trouve que cela va plus vite les deux ensemble. Je pourrais
peut-être leur donner le matin, quand je suis plus tranquille et moins
fatiguée
?» La procédure de résolution du problème se met en place.
Cet exemple peut paraître naïf, cependant il démontre que,
1€
es
lorsqu'une émotion devient trop envahissante, la personne est
bloquée dans son raisonnement. Ici la technique cognitive

Gra! et comportementale permet de favoriser la récupération


de la capacité de discernement par la mise en évidence
de certains paramètres indépendants de l’amour maternel.
Vingt-deux séances à raison d’une par semaine, puis une séance
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par mois pendant six mois furent nécessaires pour que cette
femme ne soit plus envahie par un sentiment de culpabilité,
reprenne confiance dans ses sentiments maternels et dans
sa capacité à organiser sa vie. Le traitement pharmacologique
a été réduit progressivement avec l'avis de son psychiatre, pour
disparaître totalement six mois après la première séance. Bi

Le premier objectif de la thérapie consistera à aider


à repérer, puis à modifier les pensées irrationnelles
négatives qui entraînent des émotions pénibles :on est
souvent plus ému par la façon dont on interprète les
situations que par les situations elles-mêmes.
Le patient exprime la première pensée qui lui
vient à l'esprit lorsqu'il vit une émotion pénible, puis
il apprend à examiner la situation sous des angles
différents : c'est la recherche de pensées alternatives.
Il se décentre de son idée première, et l'émotion
pénible baisse ainsi d'intensité.

618
Le second objectif de la thérapie cognitive est de
mettre en évidence un schéma élaboré à partir de
croyances dysfonctionnelles construites au travers
d'expériences personnelles qui, lorsqu'elles sont
réactivées, engendrent des représentations source
d'émotions désagréables.

Les techniques
comportementales
Les techniques comportementales visent la désen-
sibilisation à un stimulus répétitif
qui perturbe ou qui
stresse.
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En 1958, le psychologue J. Wolpe met en évi-


dence le modèle de l'«inhibition réciproque» : un
conditionnement peut en neutraliser un autre.ll s'ap-
puie sur une idée apparemment simple : les symp-
tômes névrotiques sont des réponses apprises qui
peuvent être désapprises. Cette orientation de
recherches a abouti à la technique de la « désensibi-
lisation systématique» dans les thérapies compor-
tementales.

De la relaxation à l'immersion
La relaxation est l'un des principaux outils de la
désensibilisation. Elle permet à la personne en
difficulté de réduire ses réponses neurovégéta-
tives et constitue ainsi une réaction antagoniste
à l’état de panique et/ou d'angoisse. Différentes
méthodes de relaxation sont proposées selon le
patient.

619
rapies cognitives et comportementale

La désensibilisation systématique en imagination


fait également appel à la relaxation, mais selon un
processus très construit. Le thérapeute établit avec le
patient une «liste hiérarchique » des situations anxio-
gènes et des facteurs qui diminuent ou qui aug-
mentent l'anxiété devant une situation précise. Ce
patient apprend une des techniques de relaxation.
Lorsqu'il est relaxé, on lui demande de se représen-
ter en imagination dans une des situations anxio-
gènes de la liste préalablement établie. Si cette évo-
cation s'effectue sans anxiété, on lui demande de
vivre réellement cette situation dans l'intervalle des
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séances. Le but est de réduire l'angoisse d'anticipa-


tion et de permettre ensuite de mieux affronter les
situations redoutées.
La désensibilisation systématique in vivo, c'est-à-
dire dans des situations réelles, s'applique à une per-
sonne qui, pour des raisons particulières, n'a pas
accès à l'apprentissage de la relaxation.
Deux processus rendent alors possible la confron-
tation aux situations anxiogènes.
Soit on procède graduellement :après la consti-
tution d'une liste hiérarchique,on accompagne pas
à pas le patient dans une situation anxiogène réelle
pour lui,en l'obligeant à formuler son émotionetses
pensées afin de trouver une stratégie comporte-
mentale et cognitive pour affronter son problème.
Soit on opte pour l'immersion :on accompagne
toujours le patient, mais on aborde d'emblée la situa-
tion la plus anxiogène pour lui. L'épreuve sera suffi-

620
samment longue pour permettre à l'angoisse de
décroître spontanément afin d'obtenir l'extinction
de cette émotion.
Selon les troubles dont le patient souhaite
s'amender, une ou plusieurs de ces techniques lui
seront proposées et expliquées, successivement ou
simultanément par le thérapeute.
Associées ou non à un traitement médicamen-
teux ou à d’autres modes de thérapie,les techniques
cognitives et comportementales apportent, en un
temps relativement bref, une aide considérable aux
troubles engendrés par le mal-être. &
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> Dépression (la) p.203;


> Sommeil (les troubles du) p.566;
> Stress et anxiété p. 580;
> Thérapies brèves (les) p.602;
> TOC et phobies p.622.

621
TOC (trouble
obsessif compulsif)
et phobies
Chacun de nous a ses petites manies,
ses rituels secrets, ses craintes plus ou moins
superstitieuses.1l n'y a pas là de quoi
s'inquiéter. Mais il arrive que ces détails
prennent une telle importance qu'ils
échappent à notre contrôle et peuvent
transformer notre vie en calvaire.
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Heureusement, ils se soignent.

Un grand nombre des habitants de notre pays ont


la vie empoisonnée par des troubles obsessifs com-
pulsifs (TOC) ou souffrent de phobies.Longtemps,
ils ont dû vivre avec,en proie aux moqueries de leur
entourage et honteux de ne pouvoir se contrôler.
Aujourd'hui, les thérapies cognitives et comporte-
mentales ont vraiment pris ces handicaps en
compte. Elles ont changé la donne à un moment
où, simultanément, peut-être sous l'effet du stress
engendré par la société actuelle, on voyait aug-
menter en nombre ces comportements perturbés,
notamment la phobie sociale, tandis que la reven-
dication légitime de bien-être personnel amenait
de nombreuses personnes à ne plus vouloir subir
ce qu'elles avaient si douloureusement supporté.

622
QUELQUES PRÉCISIONS
SUR LA TERMINOLOGIE
Les obsessions sont des idées, pensées ou représentations
persistantes, récurrentes, qui envahissent la conscience
du sujet. Elles sont vécues comme intrusives, absurdes
et ressenties comme étrangères à la volonté du sujet.
Les compulsions sont des comportements prémédités qui
perdent leur pertinence d'adaptation par de nombreuses
répétitions. Le sujet les exécute selon des règles strictes
qu’il s’est données tout en sachant leur incongruité.
Le comportement n’a pas de but en soi, il est destiné à produire
ou à empêcher un événement, un désagrément ou une situation
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imaginée épouvantable. Les actes sont accomplis avec


un sentiment de contrainte subjective allant de pair avec le désir
de leur résister sans réussir à le faire.
La phobie est une crainte angoissante déclenchée par
la présence d’un objet ou d’une situation déterminée, n'ayant
pas en soi de caractère objectivement dangereux. Le phobique
reconnaît le caractère absurde de la crainte qu’il ne peut
contenir. Elle apparaît uniquement lorsqu'il se trouve confronté
à l’objet ou à la situation qui le perturbe (ce qui différencie
de l’obsession). En son absence, l'angoisse disparaît ;
c'est pourquoi il adopte des conduites d’évitement. Bi

Derrière le TOC,
le doute et la culpabilité
Les troubles obsessifs compulsifs et les phobies sont
classés,en psychiatrie,
dans la catégorie des troubles
anxieux.Mais tous les anxieux ne sont pas phobiques

623
et ne présentent pas de TOC Par ailleurs, ces deux
catégories de troubles génèrent des comportements
différents.
Vérifier en restant immobile pendant dix
minutes que la lumière de la salle de bains est
éteinte ;remonter trois fois l'escalier pour s'assurer
que la porte est bien fermée en tapant dessus ; se
laver les mains chaque fois que l'on met un vête-
ment ; taper trois fois contre un mur pour annuler
une pensée négative dans un mouvement conjura-
toire, cela paraît « fou », mais le patient ne peut s'em-
pêcher d'accomplir ces actes de la vie quotidienne
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sans un rituel d'accompagnement. L'habitude


devient une obligation, et on peut parler de trouble
obsessif compulsif.

LES PEURS CACHÉES


SOUS QUELQUES TOC
Un trouble obsessif compulsif correspond toujours à une peur
pour soi-même ou pour les autres. Par exemple : les laveurs
(peur de contamination), les vérificateurs (peur d’avoir mal fait),
les ruminateurs (peur d'oublier, regret d’avoir fait ceci plutôt
que cela), les obsessifs de la procrastination (le doute),
les collectionneurs (peur de perdre), les obsessifs du cancer,
du sida (peur de contaminer ou d’être contaminé),
les onomatomanes (peur d'écrire certains mots à caractère
obscène ou sacrilège), les ritualistes de l’habillement et
de la toilette (souvent en lien avec la peur de la contamination).#

624
Les deux types de symptômes, obsessions et
compulsions, peuvent coexister chez un même sujet.
Il'existe des obsessions pures et des obsessions qui
appellent un rituel observable.Les schémas chezles
anxieux qui souffrent de TOC sont sous-tendus par
des pensées de danger se présentant sous une forme
impérative : «Si je ne vérifie pas trois fois la ferme-
ture du robinet d’eau et le bouchon d'obstruction,
alors l'eau va s'écouler, déborder du lavabo et inon-
der les voisins.» Le thème central tourne autour de
la peur d'un désastre,
qui conduit à être hypervigilant
sur les événements qu'il peut provoquer.
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Derrière la phobie,
la peur
Impossibilité de prendre l'avion, puis peur de prendre
le métro, le RER, le train, la voiture sur l'autoroute, la
voiture même en temps que passager... Dans les
phobies, les situations que le sujet évite deviennent
de plus en plus étendues. Peu à peu il a «appris » à
redouter des situations similaires,
qui l'éloignent pro-
gressivement de la situation initiale. Moins il se
confronte à la situation anxiogène, moins il le peut.
Il apprend à «avoir peur d'avoir peur ».
Le trouble de panique avec où sans agorapho-
bie correspond à des crises d'anxiété paroxystique
de survenue brutale et d'évolution brève. S'y asso-
cient de façon variable des manifestations psy-
chiques - sentiment de peur, d'irréalité ou de déper-
sonnalisation : des manifestations comportemen-

625
tales - agitation, sidération L'agoraphobie se définit
c'est-à-dire « paralysie » des comme une crainte de se
retrouver dans des endroits
réactions ; et des manifesta-
ou des situations d’où il est
tions somatiques - symp-
difficile ou gênant
tômes respiratoires, tachy- de s'échapper, ou dans
cardie, palpitations, bouffées lesquelles on ne peut pas
de chaleur ou de froid, etc. À trouver de secours en cas
d'attaque de panique.
quoi s'ajoutent encore les
Cette crainte limite les
symptômes neurologiques déplacements ou impose le
(vertiges, étourdissements, besoin d’être accompagné
fourmillement des extrémi- hors du domicile.
tés), et les symptômes mus- Elle resurgit dans une foule,
dans une file d'attente,
culaires où urinaires. Leur
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sur un pont, dans un bus.


durée
est variable de quelques
minutes à quelques heures. La crise peut être d'in-
tensité réduite et se résumer à quelques symptômes,
voire à un seul. Elle se répète à un rythme variable.
Les anxieux possèdent trois caractéristiques :
une vision menaçante du monde extérieur ; une
vision défaillante de leur monde intérieur ;une vision
péjorative du futur. Ils éprouvent des images et des
pensées menaçantes,qui précèdent l'apparition des
phénomènes d'anxiété. Ils possèdent, dans leurs
schémas centraux,un catalogue de règles inflexibles.
Leur schéma équivaut à une nécessité absolue et per-
manente de contrôle.
On peut citer dans les phobies simples :celle des
animaux, la zoophobie ;la nosophobie,crainte d’être
atteint d'une maladie ; la dysmorphophobie, préoc-
cupation anormale concernant l'aspect du corps; la

626
phobie d'impulsion, caractérisée par la peur irra-
tionnelle de se défenestrer, de se jeter d'une hauteur,
d'utiliser des objets contondants pour accomplir un
acte criminel.La crainte disparaît lorsque l'objet n'est
plus visible. La phobie du sang et des blessures s'ac-
compagne d'une symptomatologie spécifique asso-
ciant une tachycardie et une augmentation de la
pression artérielle suivie, quelques secondes plus
tard, d'une chute brutale de la pression artérielle
entraînant un malaise.

AU PALMARÈS
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DES PHOBIES
Il existe des centaines de phobies. Parmi les plus répandues,
celles des animaux, des hauteurs, du sang, des piqûres,
de l'avion, de l’eau, des orages, des lieux clos. La phobie sociale
est en augmentation, de même que celle des voitures,
des encombrements et du métro, notamment dans
les mégapoles, en particulier à Paris. 8

On sait que tel comportement n'a aucune raison


d'être, mais on ne peut y échapper, voilà qui apparaît
comme dépourvu de sens.Sürement, pourtant, il y a
un sens, enfoui au fond de la mémoire. Il ne peut
émerger pour quantité de raisons et il empêche la
personne de vivre sa vie ordinaire.Elle n'en parle pas,
se sent honteuse, et le trouble s'amplifie. Les causes
du trouble sont plurielles,neurologiques,comporte-
mentales, cognitives, environnementales, issues d'un

627
conflit psychique, etc. Mais il La phobie sociale doit être
s'autorenforce, car c'est un distinguée de la timidité,
conduite non pathologique,
trouble anxieux. Accomplir le
particulièrement
rituel, la compulsion soulage fréquente lors de
brièvement le patient. Pour- l'adolescence.
tant, sitôt le rituel accompli, il
faut le recommencer. L'objet ritualisé focalise l'an-
goisse, puis,
au fil du temps, l'angoisse n'y paraît plus,
masquée par l'habitude. « Mais si on ne l'accomplit
pas, elle pourrait revenir !» disent les patients.

Des stratégies
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d'amélioration
Quelles que soient les causes,il reste les effets et les
voies de la guérison. Si chaque catégorie de TOC
ou de phobie a ses thérapies plus ou moins spéci-
fiques, ce sont, pour l'essentiel, les thérapies cogni-
tives et comportementales, avec désensibilisation
systématique par l'exposition en imagination ouin
vivo, restructuration cognitive, apprentissage de la
relaxation, hypnose.Parfois, un traitement médica-
menteux pourra être associé. Dans le cas des pho-
bies sociales, on visera à l'apprentissage aux habi-
letés sociales, à l'affirmation de soi par la pratique
de jeux de rôle.
L'approche cognitive des troubles anxieux vise
les points suivants : identification des émotions et
liaison avec des pensées anticipatoires anxieuses sys-
tématiques pour appréhender le futur ; analyse des
signaux physiologiques d'angoisse et réattribution.

628
La souffrance ressentie par les personnes
atteintes de TOC ou de phobies ne se voit pas, mais
n'en est pas moins réelle et intense. Un épisode
dépressif peut être consécutif à ce type de troubles
qui doivent être pris en charge rapidement afin de
disparaître. &

> Hypnose médicale (1) p.363 ;


> Névrose (la) p.407;
> Stress et anxiété p. 580;
> Thérapies brèves (les) p.602 ;
> Thérapies cognitives et comportementales (les) p.611.
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629
LCL
il 1

Troubles ancrés
dans l’enfance (des) ?
Une découverte majeure de la
psychanalyse est la mise en évidence d'un
lien possible entre l'existence de certains
troubles psychologiques perturbant plus
ou moins massivement notre vie d'adulte
et des éléments particuliers de notre
enfance. Si toutes les pathologies
mentales ne sont pas systématiquement
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concernées, cela couvre cependant tout


un éventail de troubles plus ou moins
spécifiques. Mais quel est le lien véritable
entre l’origine supposée et le trouble
observé ? Et, surtout, suffit-il simplement
de retisser le fil menant de l’un à l'autre
pour aller mieux ?

Il serait difficile de dresser une liste exhaustive des


troubles concernés, d'autant qu'ils peuvent être très
différents les uns des autres : par leur gravité, qui peut
les rendre plus ou moins supportables au quotidien;
par leur spécificité, selon qu'ils perturbent un
domaine particulier de notre existence ou, au
contraire, l'individu dans sa globalité ; ou encore par
leur ancienneté et par leur mode d'installation, pro-
gressive ou subite.

630
Il peut s'agir, par exemple, de troubles de l'estime
de soi, affectant dans sa totalité la personnalité d’un
individu,
ou d'une angoisse généralisée, perturbant le
quotidien d’un sujet que la moindre chose tourmente.
Il peut s'agir de troubles plus spécifiques : attaque de
panique survenant dans des conditions particulières
(dans des espaces oppressants,clos,comme un ascen-
seur où, au contraire, immenses et agités, comme une
foule animée ; au cours d’un acte impliquant une res-
ponsabilité ou demandant une participation physique
importante) avec des manifestations somatiques mas-
sives (boule dans la gorge, manque d'air, palpitations,
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sueurs froides...) voire un sentiment de mort immi-


nente ;troubles obsessionnels,compulsions, phobies.
Il en va de même de certains syndromes dépressifs,
qu'ils soient chroniques ou réactionnels.
Enfin, les troubles sexuels peuvent aussi avoir un
ancrage dans l'enfance, qu'il s'agisse de déviations de
l'instinct sexuel, comme dans le cas des perversions
où l'érotisation privilégiée d'une fonction (le regard
chez le voyeur, par exemple), d'un objet précis ou
d'une partie du corps (chez le fétichiste) est l'essen-
tielle source d'excitation et de plaisir, ou qu'il s'agisse
de perturbations dans la réalisation de l'acte sexuel.

Une blessure enfouie


ne peut cicatriser
L'enfance,
que l’on décrit volontiers comme un éden
d'insouciance et de félicité, est aussi traversée de
périodes plus tourmentées.Il peut s'agir de moments

631
correspondant à des événements bien circonscrits
dans l'histoire de l'enfant ou, au contraire, de pas-
sages dont les limites temporelles sont plus floues.
On parle de traumatisme lorsqu'un événement
douloureux va laisser dans le psychisme de l'individu
en devenir une blessure difficilement cicatrisable.Le
plus souvent, il relève de circonstances de vie habi-
tuelles. Son caractère traumatisant a été perçu, que
ce soit sur l'instant ou a posteriori, d'une part en rai-
son de sa survenue à un moment où l'on ne s'y était
pas préparé (soit que l’on ne s'y attendait pas, soit
que nos capacités d'anticipation aient été débor-
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dées) et, d'autre part,


du fait qu'il a introduit une rup-
ture dans le mode de fonctionnement auquel on
était habitué.Le remaniement qu'il génère, tant dans
notre quotidien que dans notre vie psychique, a du
mal à être intégré.Cela peut être le cas, par exemple,
à la mort du grand-père préféré ou concerner le sen-
timent d'abandon lié à une rupture ou au départ de
la nourrice qui nous a élevé.

LE REFOULÉ
EST TOUJOURS PRÉSENT
Pour les psychanalystes, tout sujet va tenter (à son insu,
bien sûr) d’occulter de sa conscience les fantasmes,
les pulsions ou les souvenirs trop chargés affectivement
et les refouler dans cette partie de son esprit dont il n’a pas
conscience : l'inconscient. Le problème est que
ces éléments refoulés sont cependant toujours présents

632
et se manifestent au mieux sous forme de rêves, de lapsus,
d'actes manqués, au pire sous forme de symptômes plus
ou moins graves. M

Parfois il s'agit de circonstances de vie inhabi-


tuelles, car particulièrement dramatiques : maltrai-
tance, inceste, viol, accident... Leur caractère trau-
matisant est alors évident, mais paradoxalement
nous ne faisons pas toujours le lien avec les troubles
dont nous souffrons une fois adulte :si le souvenir
douloureux est bien présent, nous avons parfois l'im-
pression d'en avoir suffisamment conscience et d'en
avoir assez fait le tour pour en être libéré.
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Cette perception se rapproche de celle que nous


pouvons avoir de ces moments difficiles de notre
enfance (décès, abandon, rupture...), dont le carac-
tère traumatisant n'a pas vraiment été perçu, ou a été
minoré, et que nous croyons très souvent oubliés.
Mais la blessure est bien là, qui, à défaut d'être prise
en compte, ne pourra cicatriser.
Ainsi est évoqué parfois le phénomène de refou-
lement lorsque le traumatisme est littéralement
effacé de notre conscience. Mais il peut aussi être
simplement masqué par ce qu'on appelle des « sou-
venirs écrans ».
Il y a enfin des situations où il n'existe pas à pro-
prement parler de traumatisme, mais des conditions
de vie particulières qui peuvent laisser une blessure
psychologique. Cela peut être le cas d'un enfant vic-
time d’une éducation abusivement stricte, d'interdits

633
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trop pesants autour de la sexualité ou, à l'inverse,


d'une ambiance familiale trop incestueuse (sans qu'il
y ait nécessairement de véritables actes sexuels).Cela
peut contribuer à façonner une personnalité adulte
sujette à un tempérament anxieux (en lien, par
exemple, avec la peur de ne jamais suffisamment
bien faire) ou à une sexualité difficile (rattachée aux
sentiments que génèrent les individus du sexe
opposé ou à l'acte sexuel en lui-même : dégoût,
appréhension, révolte), qui pourra faire le lit de
pathologies plus envahissantes : phobies, anxiété
généralisée, troubles sexuels, etc.
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Comme
un corps étranger
dans l'esprit
Qu'il s'agisse d'un seul événement très violent ou
d'une accumulation d'incidents (dont chacun pris
isolément serait tolérable), l'expérience traumati-
sante est à l'origine d'un afflux d'émotions si impor-
tant que les capacités de tolérance psychique et
d'adaptation de l'enfant sont débordées.L'absence
de réaction face à l'événement difficile (absence de
réaction affective de la part de On appelle «souvenirs
la victime, ignorance ou indiffé- écrans » des souvenirs
rence de l'entourage) contribue bien présents à notre
aussi à le rendre inassimilable. esprit mais qui
dissimulent, comme
Les conditions psychologiques
un nuage de fumée, le
particulières dans lesquelles se véritable traumatisme à
trouve l'enfant, son âge, une l'origine d’un mal-être.

634
période cruciale de son développement,comme les
circonstances spécifiques qui entourent l'événe-
ment, jouent aussi un rôle important.
Le traumatisme demeure alors dans l'esprit
comme un « corps étranger » qui va favoriser le déve-
loppement d'une personnalité fragile ou perturbée.
Après la puberté, un second événement, souvent
d'apparence anodine, peut venir rappeler le premier.
Sans que le souvenir de ce dernier soit nécessaire-
ment présent à l'esprit du sujet, l'écho de celui-ci
déclenche un afflux d'émotions qui perturbe de nou-
veau son fonctionnement mental et génère des
symptômes,souvent sans lien direct (apparemment,
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en tout cas) avec l'événement initial.

L'HYPNOSE, EFFICACE AVEC DES NUANCES


Utilisée au début du siècle par S.Freud, entre autres, pour faire
ressurgir des souvenirs refoulés, l'hypnose tient peut-être
une place particulière dans le traitement des troubles remontant
à l'enfance. Son efficacité est bien reconnue à l’heure actuelle,
mais le rôle qu’elle peut jouer dans la révélation
de traumatismes refoulés est cependant nuancé par les études
menées sur la mémoire. Celles-ci mettent en évidence une
grande plasticité de cette dernière qui peut ainsi être influencée
par les émotions, les impressions ou les suggestions
engendrées par le contexte ou l'entourage : la mémoire n'est
pas une plaque photographique à souvenirs dont il suffirait
de souffler la poussière pour retrouver les images oubliées. 5

635
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Certaines caractéristiques des troubles plaident


parfois en faveur de leur origine infantile.C'est le cas,
notamment, de troubles à caractère récurrent,
comme certaines dépressions, qualifiées de «sai-
sonnières », car survenant de façon chronique tou-
jours à la même période de l'année. Elles peuvent
être liées à un deuil n'ayant pu se résoudre dans l'en-
fance et qu'un nouvel événement douloureux va
randes
raviver. Le sentiment de vide ou d'absence (a priori
irréparable, car lié à l'absence d'un objet oublié, par-
fois bien réel, parfois symbolique) se manifeste alors
de façon plus intense à des périodes clés (dates anni-
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versaires de disparition, mais aussi de naissance ou


de rencontre).
Dans tous les cas, la mise au jour d'un trauma-
tisme infantile, dans le travail psychothérapique, en
permet une meilleure assimilation, comparable à un
travail de deuil effectué a posteriori. &

> Hypnose médicale (l’) p.363 ;


> Psychanalytique (le courant) p.450;
> Résilience et aptitude au bonheur p.496;
> Sexualité (les troubles de la) p.535;
TOC et phobies p.622.

636
Vieillesse (la)
Meilleure hygiène de vie, meilleure
alimentation, meilleure prévention, meilleur
suivi médical : l'espérance de vie dans
les sociétés développées ne cesse
de s'améliorer. L'âge des patriarches nous est
promis, et déjà nombreux sont ceux qui l'ont
Grandes
questions...
atteint. Comment aborder ce quatrième
temps de la vie et faire en sorte qu'il se
déroule dans les meilleures conditions
possibles, physiques et, plus encore,
psychiques ? Voilà qui nous concerne tous,
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nos aînés, comme nous demain. Et il existe


déjà des réponses.

Le vieillissement est un phénomène inéluctable et


c'est tout au long de sa vie que l'on doit se prépa-
rer une «belle vieillesse ». Quelques règles de vie
sont - toutes les recherches le prouvent - suscep-
tibles de ralentir le vieillissement :surveiller son ali-
mentation, maintenir une activité physique, ne pas
se laisser déborder par le stress, corriger les défi-
cits hormonaux (on connaît les «miracles» de la
déhydroépiandrostérone ou DHEA).Cela,sans doute,
permet d'affronter le grand âge dans les meilleures
conditions. Au-delà cependant de cette conduite
personnelle, il est des facteurs sur lesquels nul ne
peut agir :le raccourcissement du temps et l'angoisse

637
qu'il engendre, la perte des êtres aimés, la maladie
qui peut survenir et, du même coup, faire prendre
conscience de la réalité des atteintes du temps et,
souvent, d'un certain isolement.

À QUEL ÂGE LE « GRAND ÂGE » ?


À Pour l'Organisation mondiale de la santé, qui prend en compte
— il est vrai — des statistiques mondiales, la vieillesse commence
à 65 ans. Cependant à cet âge-là, du moins dans les pays
industrialisés, on n’est pas, on ne se sent généralement pas
vieux. La perception de la vieillesse étant bien subjective,
il est impossible de savoir à quel moment on entre dans
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le « grand âge » mais, arbitrairement, on peut décider que c’est


lorsque l’on relève de l'institution gériatrique, c’est-à-dire pour
la France en moyenne vers 85 ans.
C’est en effet l’âge où les «ennuis de santé », même s'ils sont
dus au vieillissement, un processus naturel, fort complexe et
multifactoriel, sont les plus lourds de conséquences. Certaines
maladies deviennent de plus en plus fréquentes.
C'est le cas des démences qui ont pour principale étiologie
les maladies neurologiques dégénératives, en particulier
la maladie d'Alzheimer, de l’insuffisance cardiaque,
de l’athérosclérose ou encore de l’incontinence. Quant à la
dépendance, elle croît, elle aussi, très rapidement avec l’âge. 8

Nous ne sommes pas tous égaux devant la


vieillesse : beaucoup conservent, fort longtemps,
bon pied bon œil. D'autres non. Mais rares sont les
septuagénaires, octogénaires ou nonagénaires qui
échappent à l'image de la mort installée en toile de

638
fond de leur vie et au sentiment désespérant qu'ils
n'ont plus aucun avenir à bâtir. Les remèdes à cette
angoisse existentielle, plus lourde peut-être à subir
que les maux du corps, sont essentiellement psy-
chologiques. L'important est de préserver des liens
étroits avec l'extérieur, d'aménager le temps et l’es-
pace, de les inventer - ou de les réinventer - avec les
moyens encore disponibles. Et de donner encore
un sens à la vie, puisque, s'il n'y a plus d'avenir à
bâtir, il y en a un à assurer pour les générations sui-
vantes.
D'où l'importance de la parole, celle qui trans-
met et qui renvoie à la personne très âgée une image
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positive d'elle-même.

Célébrer
la force de la parole
Il n'est pas possible de « positiver » sans avoir pris
conscience de sa propre finitude.Le temps n'est pas
illimité et, quand le futur se rétrécit, on s'en
détourne. ll est plus facile de vivre dans le présent
et de réinvestir le passé. C'est là aussi une façon de
ne pas se laisser submerger par la douleur des
deuils quand disparaissent les proches : conjoint ou
compagnon, frères et sœurs, amis et même parfois
enfants laissent derrière eux des failles béantes.
Cette « désertification » est douloureuse et provoque
un sentiment d'isolement contre lequel il faut lutter.
En fait, le manque de perspectives à terme est
souvent paralysant et il est fondamental de créer des

639
ouvertures sur l'«après». Par spiritualité, il faut
La spiritualité - peut-être entendre ce chemin
même plus que la religion — essentiel sur lequel chaque
homme doit s'engager
peut apporter une aide,
pour satisfaire ses
un soutien. Les proches «besoins d'âme » (pour
auraient tort de négliger reprendre l'expression de
l'impact d'un sourire, d'une la philosophe Simone Weil)
caresse, de ces échanges et vivre pleinement son
moi identitaire dans «une
qui ne passent pas par
relation à l’autre égalitaire,
les mots, mais qui, manifes- responsable, éthique »
tations d'une certaine (Emmanuel Lévinas).
tendresse, d'une simple
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«humanité », prennent de l'importance.


Il y a aussi une force insoupçonnée dans le dia-
logue intergénérationnel. À condition qu'elle soit
accueillie pour ce qu'elle est, un don, la transmission
aux enfants — et de plus en plus souvent aux petits-
enfants, voire aux arrière-petits-enfants - peut être
vécue comme un véritable projet.Il s'agit bien de lais-
ser une trace de soi par un acte qui symbolise la
continuité. Tout le monde y trouve son compte : la
personne âgée, qui, au travers de ses souvenirs, de
ses discours, même répétitifs ou décousus,se raconte
et peut ainsi « ré-élaborer » sa vie ; un auditoire qui,se
nourrissant de cette histoire unique, peut faire le lien
avec le passé afin de mieux construire l'avenir.
La parole, celle qui va évoquer, celle qui va ras-
sembler, celle qui va être - enfin, pour la première fois
peut-être - partagée, prend une autre dimension.
Mettre des mots sur ce qui était jusque-là non dit,

640
voire «indicible », crée de nouveaux liens et permet
à la personne très âgée de vaincre ses peurs, de ne
pas tomber dans une dépression inextricable.Encore
faut-il qu'elle soit accompagnée dans cet échange et
que l'autre lui renvoie une image positive d'elle-
même. Cela va lui permettre de pallier - en partie du
moins — les «maux» les plus douloureux de la
vieillesse.

Faire face
à des pertes multiples
Perdre son intégrité corporelle, perdre la tête, perdre
la santé, perdre son autonomie: la dernière partie
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de la vie s'accompagne d'une succession de pertes,


de séparations.L'apparence physique se transforme.
Le corps, qui a pu être lieu de plaisir et d'échange,
s'avère fragile, douloureux. Il devient l'objet de
toutes les préoccupations : cet «investissement »
masque mal la difficulté ressentie devant une dégra-
dation corporelle qui progresse avec l'avancée en
àge.ll faut alors tout faire pour que la personne très
âgée ne se «referme » pas sur elle-même, ne s'isole
pas. Le «relationnel», l'«affectif» sont les premiers
moteurs d’un bon fonctionnement cérébral.lls sont
essentiels à la qualité de vie et représentent sans
doute la meilleure prévention contre les démences,
dont la fréquence et l'incidence sont de plus en plus
importantes avec l'allongement de la durée de vie.
Ces dernières ayant des conséquences directes sur
la perception du monde environnant nécessitent

641
toujours une prise en charge médicale, psycholo-
gique et sociale du malade et, parfois, un accompa-
gnement des proches.

Donner
du sens au présent
Le grand âge, c'est aussi l'apparition de handicaps
sensoriels,une mobilité qui se réduit jusqu'à la perte
complète d'autonomie. Au fil du temps, cette
dépendance s'accentue jusqu'à ne plus permettre
à l'entourage familial de l'assumer. La personne très
âgée est dans l'incapacité de se lever seule, de faire
sa toilette, de se nourrir. Elle est souvent inconti-
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nente et a,à tout instant, besoin d'aide pour accom-


plir chacun des «petits » et «grands » gestes de la
vie quotidienne. De cette dépendance concrète
peut naître - ou parfois se nourrir - une dépen-
dance affective à l'égard de l'un ou l'autre des
membres de l'équipe soignante. Des relations
d'échange, de plaisir, de frustration et d'insatisfac-
tion, de positionnement et de sujétion, selon la per-
sonnalité de chaque protagoniste, vont se mettre
en place. Faire entrer un autre dans une si contrai-
gnante intimité n'est sans doute pas chose facile.Et
pourtant, à condition que chacun trouve la bonne
distance dans cette relation, les barrières de la
pudeur tombant, cette aide - qui n'est pas sans rap-
peler les soins maternels - va prolonger la vie
sociale et sensorielle de la personne très âgée et
donner du sens à son présent.

642
DES CHIFFRES QUI RÉCONFORTENT
Depuis 1994, l'espérance de vie s’est accrue de deux mois
par an pour les femmes, trois mois par an pour les hommes.
Elle est de 84,8 ans pour les premières, de 78,2 ans pour
les seconds. À partir de 2020, les effets du baby-boom -
l'accroissement sensible des naissances après Seconde Guerre
mondiale — vont se faire sentir : les plus de 75 ans devraient
représenter 10 % de la population, les plus de 85 ans
un peu plus de 3 %.
Contrairement à une idée répandue, 87 % des personnes
de 75 ans et 73 % de celles de 85 ans vivent chez elles ou
dans leur famille même si elles font, de temps à autre,
des séjours à l'hôpital. 6 000 personnes âgées sont hébergées
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dans une famille d'accueil. 9 % des 75 ans et plus et 19 %


des 85 ans et plus résident en maison de retraite, tandis que
les services de soins de longue durée des établissements
hospitaliers accueillent 3 % environ des plus de 85 ans.
Ce sont les femmes qui, vivant en moyenne sept ans de plus
que leur compagnon, sont les plus nombreuses à vivre en
institution à partir de 75 ans. Æ

Envisager « l'après »
Le grand âge est aussi le moment des décisions dif-
ficiles.C'est dans l'intimité des relations familiales que
l'on peut préparer au mieux les funérailles, choisir le
cimetière où l'on reposera et régler les problèmes de
concession, demander que la mise en terre ou l'inci-
nération soit précédée d’un office religieux, décider
de donner son corps à la science, etc.
&

643
Prévoir en toute sérénité. Matériellement, il
existe bon nombre de contrats «décès en prévision
des obsèques », et certaines assurances vie propo-
sent une prise en charge totale ou partielle des frais
d'obsèques et de marbrerie funéraire. Le mieux
cependant est encore d'approvisionner un livret
d'épargne spécialement consacré à cet effet. Les
sommes qui y sont déposées sont aussitôt dispo-
nibles dans la limite de 3050 euros. Cette épargne
destinée au règlement des obsèques ne peut pas
être bloquée par les établissements financiers jus-
qu'à la succession notariale.Cette solution, simple et
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économique, laisse à la famille le choix de l'organi-


sation des obsèques.
Certains aînés voient loin avec le sourire. Ainsi
cet homme qui a laissé à ses enfants un compte en
banque spécial où il les a engagés à puiser, après son
décès, pour se réunir et faire des fêtes à sa mémoire.

Faire son testament. L'entrée dans le grand âge


est sans doute le moment ultime pour rédiger, si on
le souhaite, un testament. La formule la plus simple
consiste à écrire ses dernières volontés de sa main,
sans rature, ni collage ou surcharge. Cet écrit peut
avoir plusieurs pages que l'on prendra alors bien soin
de numéroter.
Ce testament, dit «olographe », doit être daté
avec exactitude (lieu, jour, mois, année, et signé par
le testamentaire.ll peut être remis aux légataires uni-
versels, aux héritiers ou à un notaire pour une ins-

644
cription au fichier central des testaments. || peut
aussi... dormir dans un tiroir.
Dans un testament, il est possible, dans les
limites de ce qu'autorise la loi, de faire un legs uni-
versel entre époux, de transmettre une partie de ses
biens à une personne nommément désignée, une
association ou une fondation, de désigner un exé-
cuteur testamentaire ou de priver de ses droits un
héritier.
On peut également indiquer - ce que l'on ne
manquera pas d'affirmer et de réaffirmer oralement
- son opposition à tout acharnement thérapeutique,
son désir d'être aidé médicalement à mourir si la
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souffrance est trop grande ou la déchéance trop


importante, sa volonté d'être incinéré.

> Générations précédentes (les liens avec les) p.327;


> Grands-parents et petits-enfants p.333.

645
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Abréviations
BIOL.: Biologie ;DÉVELOP. :Psychologie de l'enfant et du
développement ;ÉTHOL.: Éthologie ;LING.: Linguistique;
PHILOS. : Philosophie ; PSYCHAN. : Psychanalyse ; PSYCHIATR. :
Psychiatrie ;PSYCHOL. : Psychologie ;PSYCHOPHYSIOL. : Psycho-
physiologie ; PSYCHosoCIoL. : Psychosociologie.

646
Glossaire
des
termes essentiels
en

psychologie,
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psychiatrie,
psychanalyse

647
A
de la théorie de J. Piaget.
Elle sert à expliquer
les mécanismes d'adaptation
Abandonnisme chez l'individu (notamment
Sentiment et état chez l'enfant) à son environ-
psychoaffectif d'insécurité nement et le développement
permanente, liés à la crainte de son intelligence.
irrationnelle d'être abandonné Par exemple, l'enfant qui doit en-
par ses parents ou ses proches, trer à l'école pour la première fois,
sans rapport avec une modifie sa structure d’assimilation
situation réelle d'abandon. antérieure (schème) et en élabore
une nouvelle plus appropriée pour
Aboulie s'adapter à cette situation nouvelle.
@ Adaptation p.652;
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Diminution de la volonté
entraînant indécision Assimilation p.666.
et impuissance à agir.
Accomplissement
Abréaction (besoin d’)
Décharge émotionnelle Aspiration généralement
par laquelle un sujet se libère stable de l'individu à atteindre
d'un événement oublié dans une compétition un but
qui l'avait traumatisé. conforme à des normes
d'excellence ou simplement à
Accommodation réaliser une tâche en fonction
BIOL. Processus selon lequel d'un critère d'excellence.
l'organisme se modifie En psychologie, les termes d’ac-
pour s'adapter aux nouvelles complissement, de réussite se re-
données de son expérience trouvent associés soit au concept
ou de son milieu. de besoin, soit au concept de mo-
PSYCHOL. L'accommodation tif et à celui de motivation. H.A.Mur-
est avec l'assimilation ray définit ce besoin comme un be-
une notion fondamentale soin qui porte l'individu à accom-
plir quelque chose de difficile,àdo- Acquisition (processus d’)
miner, manipuler et organiser des Accroissement
objets physiques, personnes et des connaissances et
idées,àsurmonter les obstacles et à modifications du compor-
atteindre un niveau élevé,à exceller. tement intervenant au cours
Par la suite, le besoin d'accomplis- du développement.
sement a été étudié par une équipe Le processus d'acquisition s'ap-
de psychologues ; en employant le plique de manière très générale à
Thematic Apperception Test, du psy- des compétences, des connais-
chologue McClelland,ils ont élaboré sances, des habiletés qu'un indi-
un système pour mesurer l'intensité vidu se procure au cours de son
du besoin d'accomplissement. De existence.Cette expression est sou-
nombreuses expériences ont été vent associée à l'apprentissage :
conduites. Les résultats de ces re- dans les deux cas, le sujet modifie
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cherches ont contribué à mieux dé- son comportement grâce à l'expé-


finir la théorie de la motivation à rience et, de plus, le résultat est
l'accomplissement. On a analysé, toujours une amélioration de la
parmi d'autres, deux aspects du performance.Cependant, l'acquisi-
besoin d'accomplissement, c'est- tion a une connotation beaucoup
à-dire l'espoir du succès et la peur plus générale, plus informelle et
de l'échec. Le premier est défini plus « naturelle » que le terme
comme un motif d'approche qui apprentissage, qui, lui, renvoie à des
implique la perspective d'une ré- conditions spécifiques de contrôle,
compense, et le deuxième comme à des théories et à des modèles.Le
un motif d'éloignement qui im- processus d'acquisition est dû
plique la crainte d'une punition. aussi bien à des facteurs de matu-
McClelland (1961) à essayé de ration et de développement qu'à
montrer qu'il existe une relation la répétition d'actes moteurs fins,
entre besoin d'accomplissement de réactions conditionnées ou de
et développement économique comportements obtenus après
des sociétés. de nombreuses séances d'ap-
© Coaching p.683. prentissage.

649
On rend compte du processus Exemple : égarer ses clefs, oublier
d'acquisition par l'amélioration un rendez-vous important, échouer
ponctuelle d'une performance, à un examen bien préparé, etc. Il
mais également par le fait que constitue un symptôme - le plus
l'on « apprend à apprendre ». En souvent bénin - assurant un com-
effet, ce processus met en jeu promis entre le moi conscient et un
des intégrations cognitives et désir inconscient imparfaitement
des stratégies qui sont transpo- refoulé. Pour ce désir refoulé, c'est
sables et peuvent donc interve- un acte réussi.
nir dans d’autres situations d'ac- L'usage trop extensif de cette
quisition. notion risque de faire apparaître
tout acte comme pathologique,
Acte puisque échappant peu ou prou à
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Conduite humaine impliquant l'intention consciente. || convient


l'existence d’un sujet dans de réserver ce terme aux situations
un comportement mettant en échec la satisfaction
de satisfaction d’un besoin consciente du but.
biologique, psychologique
ou social. La psychanalyse Acte psychanalytique
vise à permettre à un sujet Démarche de l'analyste.
d'endosser les aspects L'éthique de la psychanalyse
conscients et inconscients impose à l'analyste d'assurer la
de ses actes. responsabilité de ses actes, par
exemple de ses interprétations et
Acte manqué interventions dans le traitement,de
Acte ou conduite socialement ses défaillances participant à la pro-
inadapté qui réalise un désir duction d'acting-out du patient.
inconscient. L'analyste doit conduire l'analysant
Pour S. Freud (Psychopathologie de à la fin de l'analyse, ce qui suppose
la vie quotidienne, 1901), l'acte man- une formation adéquate de l’ana-
qué fait partie des ratés du contrôle lyste, dans sa propre expérience de
conscient,
avec le rêve et le lapsus. cette terminaison. Divers dispositifs

650
interrogent cet aboutissement Activités intellectuelles
(cure didactique, contrôles, passe, Activités de traitement
procédure d'habilitation, etc..). de l'information, utilisant
des connaissances explicites,
Acting-out intervenant dans
Expression soudaine la compréhension,
de sentiments refoulés. le raisonnement, l'acquisition
Transgressif ou incongru (de l'ob- de connaissances et
jet chapardé au geste séducteur la résolution de problèmes.
inopiné), l'acting-out donne à voir Les activités intellectuelles consti-
et met en scène ce qui n'a pu être tuent le domaine de l'intelligence
dit — articulé en mots - pour l'émet- abstraite qu'on oppose souvent à
teur, comme ce qui n'a pu être l'intelligence pratique.Cette oppo-
entendu du côté du destinataire. sition s'appuie principalement sur
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Dans la cure psychanalytique, la psychométrie (ensemble de


l’acting-out est considéré comme méthodes de mesure des phéno-
un avatar du transfert inconscient. mènes psychologiques) qui, dans la
Il signale un moment d'impasse mesure de l'intelligence, distingue
imputable à l'analysant ou à l'ana- des tests d'intelligence théorique
lyste J. Lacan (1962) a pu relire et des tests d'intelligence pratique.
dans le cas Dora de S.Freud (Frag- On peut distinguer quatre types
ment d'une analyse d'hystérie, d'activités relevant du traitement
1905) un exemple d'acting-out de l'information :
dans le manège séducteur de Dora © les activités de compréhen-
auprès de M.K., manège destiné sion. Elles incluent à la fois la com-
véritablement à son père et à préhension du langage et la com-
Mme K. préhension de situations phy-
Forme sauvage du transfert, il en siques, dans la mesure où celle-ci
appelle à l'interprétation et à la met en jeu des connaissances ;
symbolisation, ce qui reste pos- @ les activités de raisonnement.
sible à l'intérieur de la cure psy- Elles consistent à produire des opé-
| chanalytique. rations, les unes de nature inductive,

651
les autres de nature déductive et vie biologique. Des processus
visant la compréhension, la commu- d'adaptation sont mis en œuvre
nication, l'acquisition de connais- chaque fois qu'une situation com-
sances ou l'élaboration de décisions ; porte un ou plusieurs éléments nou-
€) l'acquisition de connais- veaux, inconnus ou simplement non
sances. Elle se produit soit par l'en- familiers. J. Piaget parle d'assimila-
seignement ou les textes, soit par tion quand le sujet intègre des don-
une expérience de découverte nées nouvelles à des modèles com-
dans la résolution des problèmes ; portementaux antérieurement
€ l'élaboration de décisions constitués, et parle d'accommoda-
d'action. C'est notamment la pla- tion quand ces données nouvelles
nification de tâches complexes, transforment la structure mentale
telles que celles qui sont réalisées du sujet pour la rendre compatible
quotidiennement dans l'activité avec les exigences de la situation
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professionnelle. nouvelle. Entre les premiers exer-


cices de réflexes de succion du nou-
Adaptation veau-né et ses manifestations ap-
BIOL. Ensemble pliquées à divers objets (prise du
des ajustements réalisés par pouce, du hochet, de la tétine, etc.),
un organisme pour survivre il y a extension progressive de la ré-
et perpétuer son espèce dans action, mais aussi changement de
un environnement donné. forme par ajustement à la forme du
PSYCHOL. Ensemble des nouvel objet. Assimilation et ac-
modifications des conduites commodation sont considérées par
qui visent à assurer l'équilibre Piaget comme des activités essen-
des relations entre tielles pour le développement de
l'organisme et ses milieux de l'individu, dont elles expriment en-
vie et, en même temps, des semble le dynamisme. Le dévelop-
mécanismes et processus qui pement de l'intelligence représente
sous-tendent ce phénomène. l'adaptation la plus élevée et la plus
PourJ.Piaget, la vie psychique obéit complète ; elle prolonge l'adapta-
aux mêmes lois structurantes que la tion biologique en procédant

652
comme elle à des régulations suc- Émotion, charge émotive
cessives à des fins de connaissance liée à la satisfaction
et non plus simplement de survie. d'une pulsion qui,
lorsqu'elle est refoulée,
Addiction se convertit en angoisse
Relation de dépendance ou détermine un symptôme
aliénante.On parle aussi de névrotique.
pharmacodépendance,
d'assuétude ou de Affectivité
toxicomanie. Ensemble des réactions
© Dossiers, Addictions (les) p.90; psychiques de l'individu face
Dépendance aux «drogues» au monde extérieur.
(la) p.193. Les psychologues et les physiologues
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distinguent l'affectivité de base, ou


Adolescence holothymie, qui recouvre les senti-
© Dossier, p. 93. ments vitaux, l'humeur et les émo-
tions, de l’affectivité organisée et
Adolescents différenciée, ou catathymie, qui
(les conduite à risque des) recouvre des manifestations plus
© Dossier, p.101. complexes telles que les passions
et les sentiments sociaux.
Adopter un enfant
© Dossier, p.106. Âge mental
Niveau de développement
Adulte (l’âge) intellectuel défini, dans
@ Dossier, p.114. un test comportant une série
d'épreuves de difficulté
Affect croissante (« échelle »),
Impression élémentaire par les réponses observées
d'attraction ou de répulsion en moyenne dans la popu-
qui est à la base lation des enfants d'un âge
de l’affectivité. chronologique déterminé.
Agitation l'impossibilité de traverser,
Comportement à base seul, des places, des ponts,
d'excitation psychomotrice, des rues, de passer
où peuvent se manifester dans un tunnel
l'agressivité, la colère, ou de se trouver
la turbulence, le théâtralisme, dans un espace découvert.
l'érotisme, la violence, © Phobie p.840;
l'anxiété et plus généralement dossier, TOC et phobies, p.622.
tous les phénomènes
à expression émotionnelle Agrammatisme
et motrice d’un état Trouble neurologique,
d'inadaptation grave observé dans les aphasies, au
et actuelle dépendant à la fois cours duquel le malade utilise
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d'une structure psycho- un langage de style


pathologique particulière et télégraphique.
de conditions environ-
nementales défavorables. Agression
© Hyperactivité p.751. Comportement adopté avec
l'intention de faire mal
Agnosie à autrui, physiquement ou
Affection neurologique, psychologiquement.
due à une lésion du cortex L'intention de faire mal distingue
cérébral, caractérisée l'agression proprement dite d’une
par une incapacité d'identifier violation de normes, ou d'un acci-
certains objets et formes. dent.Dans cette définition commu-
On distingue, selon la modalité nément admise, les termes « inten-
sensorielle concernée, des agno- tion » et « mal » sont relativement
sies tactiles, auditives et visuelles. subjectifs. Cette subjectivité fait
en sorte que victime, agresseur et
Agoraphobie observateur ne s'entendront pas
Peur immotivée se traduisant nécessairement sur le fait qu'un acte
par l’'appréhension et parfois particulier constitue une agression.

654
On distingue généralement deux Agrippement
types d'agression. L'agression ins- Réaction primitive réflexe
trumentale n'a pas pour but pre- de la main à des stimulations
mier de faire mal, mais de mainte- tactiles, par laquelle un bébé
nir ou de préserver, par exemple, saisit un objet.
son statut où son pouvoir. L'agres- CM. Twitchell, qui les a particuliè-
sion impulsive, appelée aussi hos- rement étudiées, distingue les réac-
tile ou émotionnelle, a pour but tions d'agrippement des réactions
essentiel de nuire à autrui. C'est d'évitement. Toutes apparaissent
donc cette dernière qui sera envi- très précocement, évoluent avec
sagée ici. l’âge puis disparaissent. Leur inter-
On parle parfois indistinctement action joue un rôle décisif dans la
d'agression,
de violence,
de colère, genèse de la préhension volon-
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d'hostilité et d'agressivité. Les taire. Twitchell subdivise les réac-


chercheurs préfèrent distinguer tions d’agrippement en deux :
ces termes pour obtenir davantage €) la réponse traction, obser-
de précision. La violence se limite vable jusqu'à environ 7 semaines.
à l'agression physique. La colère Une traction passive du bras et de
implique surtout une tonalité l'épaule entraîne la fermeture de la
émotionnelle qui peut mener à un main et une flexion de toutes les
comportement d'agression. L'hos- articulations du membre intéressé ;
tilité correspond plutôt à la com- €» le réflexe d’agrippement
posante attitudinale de l'agression proprement dit, qui débute vers
(telle personne n'est pas accep- 2 semaines.Une légère pression de
table,je ne l'aime pas, et je suis prêt la paume de la main facilite sim-
à lui faire un sort). L'agressivité, plement la réponse traction. Puis,
quant à elle, désigne la personna- vers 4 semaines, une pression plus
lité d'une personne qui a l'habi- locale, entre le pouce et l'index,
tude de se comporter de manière déclenche la flexion de ces deux
agressive. doigts, suivie de celle de toutes les
© Dossiers, Agressivité (|) p.121; articulations de la main. Un peu
Personnalités difficiles (les) p.443. - plus tard, la pression de n'importe

655
quelle partie de la paume est effi- on situe l'alcoolisme dans
cace, la main serre l'objet touché les conduites d’addiction
(par exemple, l'index d'un adulte), pour souligner que
et la prise est assez vigoureuse la problématique est centrée
pour permettre de soulever le non plus sur le produit
bébé. Un fractionnement du ré- mais sur l'individu.
flexe se développe à partir de la L'alcoolisme chronique commence
16° semaine, marqué par une indé- par un stade où le malade est appelé
pendance progressive des doigts, buveur excessif, avant que s'installe la
chacun d'eux pouvant se plier iso- dépendance, similaire à une toxico-
lément en réponse à une stimula- manie. Le malade peut boire quoti-
tion localisée sur sa face interne.Le diennement, sans ivresse,
ou bien par
réflexe d'agrippement persiste jus- crises menant à l'ivresse. En cas d'in-
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qu'à la fin de la première année. terruption brusque de la consom-


© Grasping reflex p.744. mation, il se produit parfois un syn-
drome de sevrage, voire un delirium
Akinésie ou acinésie tremens. La cirrhose, la polynévrite,
PSYCHOL. incapacité partielle les troubles psychiques sont autant
ou totale d'exécuter de complications. Le traitement
un mouvement. consiste en un sevrage, aidé par les
PSYCHIATR. Signe majeur médicaments et la psychothérapie.
du syndrome parkinsonien © Dossiers, Addictions (les) p.90;
qui se traduit par la rareté Dépendance aux
du geste, la difficulté «drogues» (la) p.193.
de la mise en route, la perte
du balancement du bras Alexithimie
au cours de la marche. incapacité de pouvoir
exprimer ses émotions.
Alcoolisme
On parle d'alcoolisme lorsque Aliénation mentale
l'individu est dépendant à Trouble grave et prolongé
l'égard de l'alcool. Aujourd’hui de l’activité psychique,
proche des notions de folie taire antérieure. Le système inté-
et de maladie mentale, grateur principal se situe au niveau
signifiant à la fois une perte de l'hypothalamus.
du contact normal à la réalité © Dossier, Anorexie
a

et avec autrui et et boulimie p.149.


une profonde atteinte
de la liberté morale. Alzheimer (maladie d’)
P. Pinel préconise l'expression Maladie neurologique
d'aliénation mentale dès 1797 dégénérative de cause
pour remplacer le terme de folie, inconnue, présénile,
qui n'est pas, pour lui, assez médi- caractérisée par une atrophie
cal, renvoyant à des perspectives diffuse du cortex cérébral,
existentielles et anthropologiques provoquant une démence
trop générales.Trop employée par progressive.
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les élèves de Pinel, É. Esquirol en © Dossier, p.127.


tête,et par certains législateurs et
administrateurs, l'expression alié- Ambivalence
nation mentale est devenue péjo- État dans lequel un sujet
rative, comme le mot asile, son se trouve confronté
corollaire. simultanément à
des sentiments opposés.
Alimentaire (Par exemple, l'amour et
(comportement) la haine, le désir et la crainte.)
Ensemble des activités introduite par le psychiatre suisse
de recherche et de prise E. Bleuler (1857-1939) à propos de
de nourriture. la schizophrénie, la notion d'ambi-
Le comportement alimentaire est valence est manifeste dans diverses
régulé par le système nerveux cen- situations : affirmation et négation
tral, qui intègre des informations de la demande, affirmation et
concernant les aliments, l'état de négation des sentiments du sujet.
l'organisme et de ses fonctions mé- K. Abraham fait de l'ambivalence
taboliques, l'expérience alimen- une notion essentielle permettant
de spécifier la relation propre du en recherche l'évocation.
sujet à chaque stade. L'élaboration On distingue des amnésies par-
du concept d'ambivalence a été tielles et des amnésies totales, ou
développée par S.Freud à partir de extensives. Parmi les amnésies par-
l'aspect dualiste des pulsions.Dans tielles, on trouve l'amnésie post-
Pulsions et destins des pulsions traumatique qui survient après un
(1915), Freud introduit l'idée traumatisme crânien. Les amnésies
d'une ambivalence dans les divers totales sont beaucoup plus fré-
conflits intrapsychiques et au cœur quentes.On les sépare en deux
même de l'organisation libidinale grands types. L'amnésie rétrograde
du sujet. Les premières relations se caractérise par l'impossibilité de
établies par l'enfant, à un moment plus en plus prononcée d'évoquer
où les apports parentaux sont res- tout ou partie d'un passé correc-
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sentis sur le mode plai- tement organisé. Elle touche


sir/frustration, marquent, sous donc la mémoire d'évocation, en
forme d'empreintes, le vécu ulté- suivant une marche généralement
rieur du sujet. Les tendances oppo- régressive, préservant longtemps
sées vis-à-vis d'un même objet les souvenirs les plus anciens et
fonctionnent parallèlement au les plus chargés affectivement.
développement des pulsions au L'amnésie antérograde, ou de mé-
cours des différents stades de l’évo- moration, se manifeste par l'impos-
lution de l'enfant. L'importance de sibilité de fixer de nouveaux sou-
l'ambivalence se révèle tout parti- venirs. C'est une atteinte de la
culièrement dans la résolution du mémoire de fixation, liée de façon
conflit œdipien. quasi constante à un trouble géné-
ral de la conscience.
Amnésie Ces deux types d'amnésie s'asso-
Perte de la mémoire cient souvent : c'est l'amnésie
qui se marque notamment rétroantérograde de la démence
par l'impossibilité avancée.
de se rappeler des expériences
passées, alors qu'on Amitié (|)
© Dossier, p.135. dernier situe entre les stades
oral et phallique (entre 2 et 4 ans).
Amour (|) Le stade anal est caractérisé par la
© Dossier, p. 142. prédominance des pulsions sadique
et érotico-anales dont la source est
Anaclitique la zone anale érogène. Dans l'in-
(dépression) conscient, écrit Freud (1917) « les
Syndrome dépressif concepts d'excrément (argent, ca-
de la première enfance. deau), d'enfant et de pénis se sépa-
Dès 1945, R. Spitz décrivait sous le rent mal et s'échangent facilement
nom de dépression anacdlitique un entre eux ». Parlant du premier ca-
syndrome survenant au cours de la deau (l’excrément) du nourrisson à
première année de l'enfant, consé- la personne aimée, Freud note (1917)
cutif à l'éloignement brutal et plus que l'enfant se trouve pour la pre-
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ou moins prolongé de la mère mière fois devant le choix suivant :


après que l'enfant a eu une relation ou bien, il cède l'excrément et le
normale avec elle. Son tableau cli- «sacrifie à l'amour »,ou,bienil le re-
nique est le suivant : perte de l'ex- tient « pour la satisfaction autoéro-
pression mimique, du sourire ; tique et, plus tard, pour l'affirmation
mutisme, anorexie ; insomnie ; de sa propre volonté ». Ce dernier
perte de poids ; retard psychomo- choix préfigurant l'un des aspects
teur global. La dépression anacli- du caractère anal: l'obstination.
tique, qui résulte d'une carence © Stade p.899;
affective partielle, est réversible. Elle dossier, Sexualité (la) p.528.
cesse souvent très rapidement dès
que la mère (ou le substitut mater- Analyse didactique
nel) est restituée à l'enfant. Elle Analyse à laquelle
s'oppose à l'hospitalisme. doit se soumettre tout futur
psychanalyste auprès
Anal (stade) d'un autre psychanalyste.
Second stade d'organisation C'est seulement en 1922 qu'est
libidinale selon S.Freud que ce -posée l'exigence d'une analyse

659
«didactique » pour tout futur ana- constitué et repérable, lui-même très
lyste auprès d'un de ses pairs et problématique.
S.Ferenczi,en 1928, précisera que La question est si difficile que Lacan
«l'analyste lui-même, dont dépend a pu instituer ce qu'il a appelé la
le sort de tant d’autres personnes, «passe» pour tenter de repérer et de
doit connaître et contrôler jus- théoriser le moment «didactique»
qu'aux faiblesses les plus secrètes où un analysant se pose comme ana-
de son propre caractère». Même lyste. Il faut insister sur la nécessaire
si cette dernière proposition peut inventivité de l'analyste,àmoins qu'il
paraître utopique, il n'en reste pas ne se fige dans des positions de maî-
moins qu'il n'est plus concevable trise où de savoir universitaire.
d'exercer en tant que psychana- © Dossiers, Psychanalytique
lyste sans «être passé sur un di- (le courant) p.450;
van». Psychothérapie (suivre une) p.478.
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Les diverses modalités institution-


nelles pour la formation et la recon- Anamnèse
naissance des analystes sont à l'ori- Ensemble des renseignements
gine de la plupart des conflits que le médecin peut recueillir
d'écoles. Ainsi, pour J. Lacan, l’ana- auprès du patient et de son
lyste « s'autorise de lui-même ».… et entourage pour connaître
de quelques autres ; toute analyse l'histoire de sa maladie.
est, d'une certaine façon, didactique.
I n'y a pas véritablement une «for- Angoisse
mation du psychanalyste» mais seu- Ensemble de sentiments
lement des formations de l'incons- et de phénomènes affectifs
cient - dans la mesure où il ne s'agit caractérisé par une sensation
ni d'un cursus ni d'une habilitation interne d'oppression
professionnelle. et de resserrement et par
D'autres écoles proposent un par- la crainte réelle ou imaginaire
cours très codifié et contrôlé par des d'un malheur grave ou
analystes plus anciens et sélection- d'une grande souffrance
nés — ce qui supposerait un savoir devant lesquels on se sent
à la fois démuni et totalement avec des manifestations
impuissant à se défendre. somatiques
La distinction entre angoisse et et neurovégétatives,
anxiété est difficile à faire. L'anglais et par des phobies.
ne connaît que le terme anxiety, et
l'allemand, celui de Angst. En fran- Angoisse du 8° mois
çais, il est classique de réserver à Réaction négative
l'angoisse les formes les plus graves aux personnes étrangères,
de l'anxiété. C'est pourquoi on qui marque une étape cruciale
décrit une angoisse psychotique, dans le développement
une angoisse de morcellement, psychique du très jeune
une angoisse de castration, une enfant (R. Spitz).
angoisse de mort, une angoisse de © Encadré p.163.
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destruction,
etc. Alors que l'anxiété
reste ressentie le plus souvent à un Anorexie
niveau essentiellement psychique, Trouble de la conduite
l'angoisse, par définition, s'accom- alimentaire caractérisé par
pagne de manifestations soma- un refus plus ou moins
tiques et neurovégétatives mul- systématisé de s’alimenter,
tiples : dyspnée, tachycardie,trem- intervenant comme mode
blements, hypersudation (à type de de réponse à des conflits
sueurs froides, non liées à l'effort ni à psychiques. Cette conduite
la température extérieure), spasmes de restriction alimentaire
intestinaux avec parfois diarrhée. méthodique, avec amai-
© Dossier, Stress et anxiété p.580. grissement, survient le plus
souvent chez l'adolescente.
Angoisse (névrose d’) © Dossier, Anorexie et boulimie
Névrose caractérisée p.149.
cliniquement par un état
d'excitabilité générale Antidépresseur
et d'attente anxieuse, Substance qui a la capacité
par des accès d'angoisse, d'inverser l'humeur
du déprimé. faire de degré. On appelle plutôt
€ Encadré p.213. peur un état dont l'objet est bien
connu du sujet.
Antipsychiatrie Au lieu de parler d'objet, les
Mouvement, apparu conceptions béhavioristes parlent
aux États-Unis et du déclencheur ou du stimulus
surtout en Grande-Bretagne de la peur.
au début des années 1960, On peut aussi parler d'intention,
d'interrogation critique ce qui correspond dans le langage
remettant en cause au complément de nom du mot
la psychiatrie traditionnelle peur, où au complément du verbe
et la notion de maladie craindre : «Il a peur de X » ou «Il
mentale, sur laquelle celle-ci craint X.» Par contraste avec ces
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s'appuyait depuis le milieu situations, on réserve souvent le


du xixe siècle. mot anxiété aux cas où l'objet est
mal différencié. Mais on peut aussi
Anxiété l'appliquer à des peurs intenses
PSYCHOL. On définit l'anxiété ou à celles qui sont répétitives,
comme un état émotionnel chroniques et, finalement, patho-
de tension nerveuse, de peur, logiques.
fort et souvent chronique @ Prédisposition aux états
(anxiété-état).Prédisposition anxieux.|l faut en toute rigueur
d'une personne aux états bien distinguer entre ce qui est
anxieux (anxiété-trait). parfois appelé anxiété-état et
PSYCHIATR. État psychique anxiété-trait. La notion d'état émo-
caractérisé par l'attente tionnel correspond à un état pas-
d'un danger imminent sager, qui peut survenir chez tout
indéterminé, accompagné individu.
de malaise, de peur et L'anxiété-trait est une caractéristique
de sentiment d'impuissance. individuelle, que certains auteurs
État émotionnel. La diffé- considèrent comme innée, qui se
rence entre peur et anxiété est af- manifeste à son tour de deux façons:

662
la prédisposition à éprouver des cherches biochimiques, d'une part,
états de peur en présence de stimu- montrant l'utilisation possible
lus qui, pour d'autres individus, sont d'anxiolytiques et de bétablo-
moins fortement anxiogènes, voire quants sur la sédation de l'anxiété,
pas anxiogènes du tout (dans cer- les traitements comportementaux
tains cas, ilsemble y avoir absence de ayant recours aux techniques de
tout stimulus ou objet) ;la prédispo- relaxation, d'autre part, permettent
sition à développer des peurs condi- d'aborder ces troubles dans une
tionnelles à l'égard de stimulus qui optique plus biologique.
ne sont pas par eux-mêmes directe- © Dossiers, Névrose (la) p.407;
ment anxiogènes. Un niveau élevé Stress et anxiété p.580.
d'anxiété-trait est réputé avoir un
caractère pathologique. Anxiogène
@ Sur le plan psychiatrique. Qui suscite l'anxiété
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Outre l'attente inquiète anticipant ou l'angoisse chez un individu.


la possibilité de survenue d'événe-
ments malheureux, l'anxiété peut Anxiolytique
s'accompagner de tension muscu- Se dit de tout agent
laire, d'inhibition motrice et surtout médicamenteux qui apaise
de manifestations neurovégéta- l'anxiété.
tives (palpitations, tachycardie). L'anxiété est un syndrome retrouvé
De nombreuses réactions anxieuses dans différentes pathologies et
occasionnées par des facteurs de sensible à de nombreux composés.
stress (par exemple, la présence En pratique, il s'avère difficile de
d'un danger imminent et réel, une séparer l'anxiolyse de la sédation,
situation d'examen, un deuil ou la ou réduction de l'activité de cer-
maladie d'un proche) restent nor- taines fonctions physiologiques,
males.Elles pourraient même avoir dont la vigilance.
un rôle protecteur en inhibant une La majorité des anxiolytiques
action intempestive du sujet. appartiennent à la vaste catégorie
Les troubles anxieux restent au pre- des psycholeptiques, ou sédatifs
mier plan des névroses. Les re- (J. Delay et P. Deniker, 1957). On

663
les situe dans le sous-groupe des formes d’aphasie selon le type d'al-
tranquillisants mineurs et sédatifs tération du débit verbal (rapide
classiques. pour les aphasies fluentes, ralenti
Les tranquillisants se définissent pour les non-fluentes) et selon la
par comparaison avec les autres prédominance des troubles dans
composés de la famille des psy- les diverses activités verbales que
choleptiques : sur le plan pharma- constituent la dénomination, la
cologique, ils ne sont ni des hypno- répétition orale et la compréhen-
tiques, ni des neuroleptiques, ni des sion auditive.
régulateurs de l'humeur. Histori- Cette classification est aujourd'hui
quement, la découverte de sub- contestée en raison de l'hétérogé-
stances neuroleptiques douées de néité des troubles et des patients
propriétés sédatives sans effet hyp- regroupés au sein des mêmes syn-
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notique prédominant, comme la dromes et parce qu'elle est établie


chlorpromazine (1952), a fondé la sans relation avec les modèles
classe des tranquillisants. actuels du fonctionnement lin-
© Tranquillisant p.914. guistique. Enfin, ses fondements
neuroanatomiques ne font pas
Apathie l'unanimité. La classification des
État caractérisé par aphasies reste cependant une
une relative insensibilité base pour la communication entre
affective, une indolence, les chercheurs en leur fournissant
une inertie ainsi qu’un un premier descriptif général des
manque de volonté, d'énergie troubles. Le terme d'alexie,
ou dys-
pour agir. lexie renvoie à des troubles du lan-
gage au niveau de la lecture, celui
Aphasie d'agraphie ou dysgraphie à des
Ensemble des troubles troubles au niveau de l'écriture.
du langage consécutifs Les travaux sur l’aphasie ont pour
à une atteinte cérébrale. objet la description des troubles
On a coutume, sur le plan neurolo- du langage, la détermination des
gique, de distinguer plusieurs aires cérébrales et des mécanismes

664
À rbre (test de l’)

neurophysiologiques sous-jacents ordinatrice) et qui possède la pleine


aux activités langagières et la com- connaissance de l'acte à accomplir
préhension des processus psycho- (sans déficit intellectuel).
logiques responsables de l'altéra-
tion des différents niveaux linguis- Arbre (test de l’)
tiques de l’activité verbale. Test projectif par lequel
on demande au sujet
Apprentissage de dessiner un arbre.
PSYCHOL. Modification de la L'interprétation du test de l'arbre
capacité d’un individu à est fondée sur l'hypothèse sui-
réaliser une activité sous vante : l'arbre est la représen-
l'effet des interactions avec tation symbolique du corps
son environnement. humain. Pour Koch, le dessin de
Il est généralement entendu que l'arbre est préférable au dessin
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la modification consiste en un d'un personnage, car le sujet,


progrès. ignorant la signification symbo-
DÉVELOP. Dans les sciences lique, ne mobilise pas ses résis-
de l'éducation, modalité tances contre le test. Les diffé-
d'acquisition des rents éléments de l'arbre ont des
connaissances, des compé- significations particulières:les
tences ou des aptitudes. racines et la cime, qui permettent
l'échange permanent avec la
Apraxie terre et l'air, représentent le sujet
Incapacité d'exécuter dans ses échanges avec son
des mouvements coordonnés milieu ; toute mutilation de
(écriture, marche), sans qu'il l'arbre est l'indication d'une zone
y ait atteinte de la motricité traumatique chez le dessinateur.
ni de la sensibilité. Les racines représentent les pul-
Ce trouble de l’activité gestuelle ap- sions fondamentales. De plus, les
paraît chez un sujet dont les organes formes de ces éléments révèlent
d'exécution sont intacts (n'ayant pas les stades d'évolution de la per-
d'atteinte paralytique motrice ni co- sonnalité, leurs perturbations.

665
Les observations, considérées ou précocement acquise,
comme caractéristiques d'un trait qui se caractérise
de personnalité, mettent en rap- par un fonctionnement
port tel détail (par exemple, l'affi- intellectuel global
nement des branches, les ramifi- significativement inférieur
cations fines de la cime) avec tel à la moyenne générale
trait de la personnalité (hyper- de la population, associé
sensibilité). à des déficiences
des conduites adaptatives
Archétype entraînant une incompétence
Structure de l'imaginaire sociale, ou une incapacité
collectif décrite par de s'adapter correctement
le psychiatre C. Jung en 1912. aux exigences du milieu.
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L'archétype appartient, pour la psy-


chologie de Jung, à un inconscient Art-thérapie
collectif
qui modèle l'énergie psy- Toute entreprise à visée
chique de tout être humain. Ainsi, thérapeutique utilisant
les archétypes parentaux (animus la médiation d'une conduite
et anima) qui correspondent à des ainsi que de son objet
figures masculines et féminines, et se référant explicitement
tour à tour bénéfiques ou malé- aux catégories de l'art.
fiques, réapparaissent dans tous les L'art-thérapie concerne l’utilisation
mythes comme autant de pro- à des fins thérapeutiques de tech-
ductions imaginaires du sujet sain niques relevant des arts plastiques:
ou du sujet névrosé. L'archétype peinture, dessin, modelage, sculp-
met ainsi en correspondance le ture, mais englobe parfois les thé-
psychisme avec la totalité de l'es- rapies musicales, celles qui utilisent
pace-temps. la danse, le mime ou le théâtre.

Arriération mentale Assimilation


(Terme vieilli.) Carence BIOL. Propriété caractéristique
d'intelligence congénitale de tout être vivant qui consiste

666
à intégrer à ses propres Association libre
structures des structures Règle fondamentale en
étrangères différentes, de psychanalyse selon laquelle
façon à assurer sa croissance le patient, de manière libre et
PSYCHOL. Selon J. Piaget, spontanée, exprime dans
processus par lequel l'individu la cure ce qui lui vient à l'esprit
modifie son environnement sans censurer quoi que ce soit
au moyen de sa structure de ses diverses pensées, de ses
mentale (schème). images ou de ses émotions.
L'assimilation est liée Le patient doit formuler ses repré-
à l'accommodation et permet sentations sans avoir le souci d'une
l'adaptation. L'individu pour organisation hiérarchisée, hors de
s'assimiler modifie toute volonté consciente.
son environnement par Ce dispositif aété mis en place par
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la motricité ou la perception. S.Freud en 1892 lorsque sa patiente


Piaget distingue trois types d'assi- Emmy von N.lui demande de la laisser
milation chez le nourrisson. L'assi- parler sans intervenir (Breuer et Freud,
milation reproductrice, ou répétitive, Études sur l'hystérie, 1895). La voie
fixe dans sa forme une action ou des libres associations conduitàla re-
une suite d'actions par simple cherche des représentations dans l'or-
reproduction. L'assimilation géné- ganisation psychique. Elle se révèle
ralisatrice incorpore des objets tout particulièrement dans les rêves,
nouveaux et variés dans un même dans les commentaires qui les ac-
schème ; ces objets prennent par là compagnent,
dans les lapsus, dans le
une même signification. L'assimila- «contact des sons » et dans l'organi-
tion recognitive discrimine entre sation des phrases.Si l'association libre
objets susceptibles et objets non fait partie de la règle énoncée par le
susceptibles d'entrer dans une psychanalyste au commencement
structure particulière. de la cure, elle est loin d'être suivie.
Accommodation, p.648; On peut dire qu'elle surgit quel-
Adaptation p.652. quefois «malgré» le patient. En effet,
un certain nombre de personnes

667
n'arrivent pas à « se» laisser parler avec une autre, d’un animal
suffisamment pour quitter une pa- avec un congénère.
role informative ou un récit très maïi- © Dossier, p.158;
trisé qui évite l'association libre. encadré p.436.
L'association libre ne viendra ou ne
peut venir que chez celui qui a déjà Attention flottante
pris place dans son discours. De Règle technique à laquelle
même, l'association libre chez cer- tente de se conformer
tains névrosés, dans un excès d'as- le psychanalyste
sociation, peut être le moyen d'évi- en ne privilégiant, dans
ter la relation à l'analyste tout en son écoute, aucun
pensant le satisfaire. La parole peut des éléments particuliers
ainsi devenir une parole fermée et du discours de l’analysant.
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totalement solitaire. L'attention flottante est la contrepar-


L'intervention de l'analyste est-elle tie, pour l'analyste,
de la règle fonda-
sans influence sur les associations mentale de libre association pour
de son patient ? La non-interven- l'analysant. Si ce dernier est invité à
tion de l'analyste qui laisse quel- communiquer tout ce qui lui vient à
quefois son patient «associer» dans l'esprit sans exercer ni censure ni tri,
un silence de «mort» ne risque-t- cela ne peut avoir lieu qu'à la condi-
elle pas d'entretenir le schéma ré- tion que l'analyste ne focalise pas son
pétitif d'une parole qui devient attention sur tel aspect de sa parole
vide et dans laquelle l'association, plutôt que sur tel autre, cela relative-
elle-même, n'a, de fait, plus de ment à ses préjugés, ses préoccupa-
place ? tions et ses options théoriques.
© Histoire de la psychanalyse p.26; Cette attention flottante peut s'ap-
Dossiers, Psychanalytique parenter à «l'état psychique qui pré-
(le courant) p.450 ; Psychothérapie sente une certaine analogie avec
(suivre une) p.478. l'état intermédiaire entre la veille et
le sommeil et sans doute aussi avec
Attachement l'état hypnotique, au point de vue
Lien affectif d'une personne de la répartition de l'énergie psy-

668
chique (de l'attention mobile)», Autoaccusation
dont S. Freud dit, dans /'Interpréta- Action de s'accuser soi-même
tion des rêves (1900), qu'elle est la de fautes imaginaires
condition de possibilité de l'analyse ou très exagérées par rapport
des rêves. Loin d'équivaloir à un état à leur réalité.
de distraction, l'attention flottante Liée au sentiment de culpabilité et
est donc un état de concentration à la perte de soi, elle est un des
sans critique mettant l'analyste en symptômes habituels de la dépres-
phase avec les formations de l'in- sion mélancolique.
conscient affleurant dans la parole
de l’analysant. Dans le Psychologue Autoanalyse
surpris, Theodor Reik (1888-1969) Analyse du sujet
attribue un rôle analytique majeur par lui-même, empruntant à
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à la communication par l'analyste la psychanalyse les techniques


des pensées qui lui viennent dans de l'association libre et
cet état d'attention flottante, rôle de l'interprétation des rêves.
réduit à néant dans les pratiques S.Freud a entrepris en 1896 son au-
analytiques érigeant le silence de toanalyse dans le cadre de sa rela-
l'analyste en impératif catégorique. tion épistolaire avec W. Fleiss.
© Association libre, p.667;
dossiers, Psychanalytique (le Autodépréciation
courant) p.450; Psychothérapie Profonde atteinte de l'estime
(suivre une) p.478. de soi, conduisant un sujet à
émettre sur lui des jugements
Autisme défavorables et péjoratifs.
Trouble psychiatrique C'est un des symptômes fréquents
caractérisé par un repli de la dépression mélancolique.
pathologique sur soi accom-
pagné de la perte du contact Autopunition
avec le monde extérieur. Punition qu'un sujet s'inflige à lui-
@ Dossier, p. 168. _même en réponse à un sentiment
de culpabilité imaginaire.
Autre (|) avec une pseudomélodie.Au point
Chez J. Lacan, l'Autre est de vue de l'audition,on a remarqué
un lieu qui préexiste au sujet sa préférence très précoce pour les
et le détermine. paroles par rapport aux bruits. Des
recherches américaines (1983 et
suiv.) ont montré que la reconnais-
sance de la voix maternelle appa-
Babillage ou babil raît rapidement, quelques jours
Vocalisations spontanées après la naissance. La transition
émises par les nourrissons. entre le babil et le langage passe
Entre 2 et 12 mois approximative- par diverses étapes. La capacité du
ment, le bébé traverse une période nourrisson de sélectionner,
très tôt
prélinguistique pendant laquelle dans la vie, les phonèmes spéci-
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les phonèmes qu'il produit n'ap- fiques de la langue maternelle -


partiennent pas spécifiquement à plus particulièrement les « mono-
la langue de son entourage ;ceux- syllabes » (et, progressivement,
ci peuvent pratiquement apparte- d'éliminer les autres phonèmes
nir à des langues géographique- monosyllabiques de ses produc-
ment et linguistiquement très éloi- tions) - appuie l'hypothèse géné-
gnées. Ces productions commen- ralement admise selon laquelle la
cent par être de nature vocalique conscience phonologique est l'une
/a/,/e/, puis constituent rapi- des premières étapes franchies
dement des groupes simples avant l'apparition des premiers
consonne + voyelle, puis l'inverse ; éléments proprement langagiers.
ensuite apparaissent diverses © Nouveau-né (interactions
combinaisons de type monosylla- avec le), p.415.
bique, enfin de type polysylla-
bique. Cette activité indifférenciée Baby-test
revêt diverses fonctions : ludique, Pour les bébés, équivalent
relationnelle et intentionnelle. Très des tests d'intelligence
souvent, dans un état d'euphorie, des enfants d'âge scolaire.
le bébé combine ces phonèmes Les premiers baby-tests, mis au

670
Bégsaiement

point à la fin des années 1920, ont de médecins, praticiens


été développés surtout aux États- de médecine générale le plus
Unis. Le pionnier des baby-tests souvent, sous la conduite
est À. Gesell. Son test, repris et d'un psychanalyste, afin que
adapté en France par ©. Brunet et chaque participant prenne
I. Lézine, comporte quatre sous- conscience, grâce au travail
échelles : posturale, de coordina- du groupe, des processus
tion, de langage et sociale-per- psychiques qui interviennent
sonnelle. dans sa relation
Mais certains chercheurs ont mon- avec ses propres patients.
tré que les baby-tests n'étaient ab- Il a été mis au point par le psy-
solument pas prédicteurs de l'intel- chiatre et psychanalyste anglais
ligence ultérieure. Comme tous les Michael Balint (1896-1970).
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tests, ceux destinés aux bébés sem-


blent donc actuellement en déclin, Barbiturique
mais une troisième génération est Se dit d’un dérivé de l'acide
peut-être en train de voir le jour, fon- barbiturique, ou malonylurée,
dée sur la vitesse d’habituation vi- utilisé comme anesthésique,
suelle (diminution des durées d'ex- antiépileptique, sédatif et
ploration) considérée comme vi- surtout hypnotique.
tesse de traitement de l'information.
Des corrélations significatives avec Batterie de tests
le Ql ultérieur auraient été montrées. Ensemble de tests utilisés
Il convient toutefois de rester pru- conjointement afin de tenir
dent sur ce point. compte de plusieurs aspects
© Dossiers, Enfant (l'arrivée des aptitudes ou de la person-
du premier) p.263 ; Nouveau-né nalité des sujets dans
(interactions avec le) p.415. un diagnostic ou dans
un pronostic de réussite.
Balint (groupe)
Groupe de discussion Bégaiement
réunissant une dizaine Difficulté du langage parlé
caractérisée par la perte riques et on considère générale-
de la fluidité de la parole, avec ment que l'acte de naissance du
hésitations, troubles béhaviorisme se trouve dans l'ar-
du rythme, interruptions ticle-manifeste publié par lui en
répétées du flux verbal, 1913 dans la revue qu'il dirigeait,
voire spasmes des muscles la Psychological Review ; cet article
respiratoires ou phonatoires. avait pour titre « La psychologie
Le bégaiement s'intègre dans les telle qu'un béhavioriste la voit ».
troubles de l'apprentissage du Ces conceptions furent reprises et
langage, liés à la fois à des facteurs développées par Watson.
somatiques et à des facteurs psy- Watson juge qu'il faut s'en tenir à
chologiques et socioculturels. On la seule considération des com-
pense actuellement qu'il dépend portements et des stimulus qui les
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de l'hérédité, d'altérations de la font apparaître. ll défend ces idées


dominance cérébrale et des pro- avec constance, sans apporter lui-
cessus d'intégration sensori- même de contribution expéri-
motrice, et souvent de troubles mentale majeure, si l'on excepte
psychoaffectifs névrotiques. les expériences risquées qu'il réa-
lise avec Rayner sur les condition-
Béhaviorisme nements émotionnels chez les
Conception selon laquelle jeunes enfants.
la psychologie se réduit Mais il comprend très tôt l’impor-
à la science du comportement tance des découvertes que fait
et repose sur l'observation, I. P. Pavlov sous la dénomination de
à l'exclusion des données physiologie de l'activité nerveuse
de l’introspection. supérieure. Watson incorpore expli-
Le béhaviorisme est né aux États- citement ces travaux et leurs résul-
Unis vers le début du xx° siècle. Il tats à la psychologie objective nais-
prit tout d'abord une forme peu sante ; il tente de leur apporter sa
doctrinale dans les travaux de contribution personnelle dans le
E.L.Thorndike. C'est J.B.Watson qui domaine des émotions humaines,
en a exprimé ensuite les vues théo- considérées elles-mêmes comme

672
des comportements. s'exprime, quant à lui, dans la règle
Le béhaviorisme à permis à la psy- positiviste suivante : ne parler que
chologie, élevée au rang de science des phénomènes observables ou
objective, de s'institutionnaliser de leurs relations directes. Le béha-
comme discipline universitaire viorisme théorique a été aban-
autonome, grâce notamment à donné au profit de théories d'ins-
C. Hull, E.Tollmann et B. Skinner, et piration cognitive.
a influencé toute la psychologie © Histoire de la psychologie p.16.
mondiale.
Le béhaviorisme a connu un très Benzodiazépine
grand développement aux États- Médicament utilisé contre
Unis. Le béhaviorisme a permis à la l'anxiété, l’insomnie,
psychologie, élevée au rang de l’épilepsie et les convulsions.
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science objective, de s'institution- © Antidépresseur p.661 ;


naliser comme discipline universi- Tranquilllisant p.914.
taire autonome et a influencé toute
la psychologie mondiale jusque Binet-Simon (échelle)
vers les années 1950. Pour en juger Échelle de développement
correctement aujourd'hui, il faut de l'intelligence constituée
bien distinguer sa face méthodolo- par une série de petites
gique et sa face théorique. épreuves concrètes proches
-) Le béhaviorisme méthodo- de la vie courante, brèves
logique s'exprime par le souci de et variées, faisant appel au
construire la psychologie sur la jugement, à la compréhension
seule base de faits observables et au raisonnement.
par tous, à l'exclusion des expé- Cette échelle a été publiée par
riences subjectives privées de l'in- A. Binet et T. Simon dans l'Année
dividu psychologue ; sur ce point psychologique en 1905, 1908 et
s'accordent, aujourd'hui encore, 1911. Les modalités d'application
tous les psychologues à visée de chaque épreuve et d'évaluation
scientifique. des réponses sont précisées. Les
Le béhaviorisme théorique épreuves et les types de réponses

673
qu'elles suscitent sont gradués et un autocontrôle sur
correspondent en principe à des certaines fonctions
âges allant de 3 à 13 ans. L'échelle physiologiques.
fournit une évaluation de l'« âge (SYN. rétroaction biologique.)
mental » d’un sujet, c'est-à-dire de Pour cela, certains rythmes ou cer-
l'âge qu'ont les enfants normaux taines réactions physiologiques
faisant habituellement les réponses sont recueillis et amplifiés, puis tra-
que ce sujet a fournies. L'épreuve duits en un signal sensoriel, immé-
était à l'origine conçue pour éva- diatement retransmis au sujet.
luer les retards de développement Grâce à l'information que lui
d'enfants susceptibles de bénéfi- apporte le biofeedback, le sujet est
cier d'un enseignement spécial. rendu plus conscient de son fonc-
L'échelle de Binet-Simon a connu tionnement biologique et peut
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une notoriété mondiale et a fait apprendre à exercer graduellement


l'objet de nombreuses adapta- un certain contrôle sur lui-même,
tions, notamment aux États-Unis, en réalisant un renforcement par
grâce aux travaux de psycho- conditionnement opérant.
logues comme L. M.Terman. Les
échelles de D. Wechsler en déri- Bisexualité
vent aussi. En France, R. Zazzo et Coexistence dans le psychisme
son groupe ont publié en 1966 de tout sujet de deux
une révision intitulée « Nouvelle potentialités sexuelles, l’une
Échelle métrique de l'intelligence » féminine, l’autre masculine.
ou NEMI. L'hypothèse selon laquelle le sexe
@ Développement (retard de) n'est pas un mais deux, à la fois
p.706 ;NEMI test (Nouvelle Échelle homme et femme, a trouvé ses
métrique de l'intelligence) p.805. premières lettres de crédit pour la
psychanalyse dans l'œuvre de
Biofeedback W. Fliess, oto-rhino-laryngologiste
Technique comportementale berlinois, ami de S.Freud et auteur
visant, dans un but de théories biologiques, aujour-
thérapeutique, à établir d'hui considérées comme fantai-

674
_
Bouffée délirante
sistes, reposant sur le postulat Borderline
d'une bisexualité et donc d’une (SYN. état limite)
périodicité pour les deux sexes. La © État limite p.727.
théorie de Fliess de la bisexualité
aura une influence durable sur la Bouc émissaire
doctrine de Freud, qui conférera à En psychologie des groupes,
la bisexualité la dimension d'un personne rendue
principe pouvant rendre compte responsable par le groupe
du caractère non tranché de la dif- d'un dysfonctionnement
férence sexuelle : la passivité (pôle et jouant aux yeux
féminin) et l’activité (pôle mas- de l'observateur
culin) pouvant se trouver à des un rôle d'informateur
degrés variables chez les deux ou d'indicateur
sexes. Des auteurs anglo-saxons de ces dysfonctionnements.
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ont fait un pas de plus en ratta- Pour les thérapeutes familiaux, le


chant la bisexualité aux traces bouc émissaire a une fonction de
laissées chez le sujet par l'amour neutralisation des forces antago-
du parent de l’autre sexe. Cette nistes à l'intérieur de la famille.
bisexualité psychique n'a rien à
voir avec l'acception, courante Bouffée délirante
aujourd'hui, qualifiant de bisexuel Apparition soudaine
un comportement sexuel indiffé- d'un délire, pouvant faire suite
remment homo- ou hétérosexuel. à un épisode traumatisant
(deuil, situation d'échec, etc.).
Blocage La bouffée délirante
Impossibilité d'agir ou de est souvent accompagnée
réagir intellectuellement sous de troubles hallucinatoires
le coup d’un choc émotionnel. multiples, survenant
brusquement chez un sujet
Bonhomme (test du) jusque-là indemne de troubles
@ Dossier, Dessin d'enfant (le) psychiques graves
p.215; encadré p.224. et rétrocédant spontanément
au bout de deux à trois Break-down
semaines en guérissant Effondrement de l’activité
la plupart du temps sans mentale, en rapport avec
Formes
laisser de séquelles. un état dépressif,
x
des pratiquement équivalent
Boulimie de la dépression nerveuse.
Trouble du comportement
caractérisé par des accès But
incoercibies de fringale, avec En psychologie cognitive,
absorption massive dans une activité
et ininterrompue de grandes intentionnelle ou volontaire,
quantités de nourriture, suivis état de choses que le sujet
de vomissements provoqués veut atteindre.
ou d'endormissement.
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© Dossier, Anorexie

C
et boulimie p.149.

Bradykinésie
Ralentissement global Ça
des mouvements et des Instance psychique
activités psychomotrices sans constituant le pôle pulsionnel
atteinte neurologique. de la personnalité.
(Dans la seconde topique
Brainstorming proposée par S.Freud,
Technique de recherche le ça, dont les contenus
d'idées originales pour sont inconscients,
la résolution de problèmes est le réservoir premier
qui consiste en la mise de l'énergie psychique;
en commun, dans un groupe, il entre en conflit avec le moi
des libres associations d'idées et le surmoi.)
de ses membres à partir Lieu psychique primordial, plus dif-
d'un thème donné. ficile d'accès que le moi, le ça dé-
signe la part héritée de l'inconscient, quel qu'il soit. Lui succède, vers
le principal réservoir de l'énergie 12 mois, la période du « syncré-
pulsionnelle et la « terre étrangère tisme différencié », où apparaissent
interne » que constitue le refoulé. le mimétisme affectif, la jalousie,
Là, les pulsions tracent chacune leur la sympathie,
qui marquent des dis-
chemin et s'imposent indépen- tinctions et des préférences. Cette
damment de toute cohérence. C'est période se résoudrait dans un état
le réel de l'inconscient qui échappe transitoire, dit « de la personnalité
à la saisie, mais où « ça » pense à interchangeable », autour de 30
l'insu du sujet. mois, qui prendrait fin avec la crise
© Moi p.799; Surmoi p.905. d'opposition et l'affirmation du
moi, vers 3 ans.
Caractère © Stade p.898.
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Ensemble des habitudes,


sentiments et idéaux Caractériel, -elle
qui rendent les réactions Se dit le plus souvent
d’un individu relativement d'un enfant dont
stables et prédictibles. le comportement est perturbé
En psychologie du développe- et l'adaptation au milieu
ment, on a plutôt considéré le ca- difficile et instable sans
ractère comme un tout, soumis à qu'il présente une véritable
des influences biologiques et maladie mentale.
sociales. Ainsi, H. Wallon (1947) à L'origine des troubles caractériels
insisté sur le rôle du tonus, de l'ex- est parfois constitutionnelle. Elle
pression des émotions, des réac- est le plus souvent liée à des pro-
tions de prestance. Pour lui, le blèmes affectifs et relationnels en
caractère se forme par étapes, de rapport avec une organisation
la naissance à 3 ans. La première névrotique de la personnalité du
étape, celle de la «sociabilité syn- sujet. Ces problèmes vont se tra-
crétique », débute à 6 mois et se duire par des désordres de l'activité
caractérise par une fréquence et des conduites agressives. Les
maximale des relations à autrui, premiers se caractérisent par une

677
instabilité psychomotrice avec tur- quelle qu'elle soit, ne sont drama-
bulence, agitation, grimaces, ter- tiques que lorsque celle-ci se pro-
reurs nocturnes et surtout disper- duit au cours de périodes critiques
sion continuelle de l'attention, du développement.
conditionnant l'insuffisance du ren- @ Carence alimentaire, ou
dement scolaire. La coexistence de malnutrition. Elle a, sur la crois-
certaines stéréotypies gestuelles sance du système nerveux central,
(tics, onychophagie) n'est pas rare. un effet direct d'autant plus
Quant aux secondes, elles se tra- désastreux qu'elle survient plus
duisent tantôt par des réactions précocement. Pendant la période
franchement opposantes, des prénatale, la malnutrition gêne la
explosions de colère pouvant aller division cellulaire. Pendant la pre-
jusqu'à des actes violents,
des crises mière année de vie, elle freine la
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d'impulsivité, tantôt par une oppo- multiplication des cellules et


sition plus camouflée :force d'iner- empêche leur croissance normale.
tie ou lenteur de l'exécution des Dans un cas comme dans l'autre,
ordres, bouderie anormale par sa le dommage causé est irréversible
répétition et sa durée, hostilité plus et, si un bébé a été mal nourri à la
ou moins latente. fois avant sa naissance et pendant
2Dossier, Enfanten difficulté sa première année, son cerveau
d'apprentissage (l'), p.289. risque de ne présenter que 80 %
d'un cerveau normal. Survenant
Carence après la première année, la mal-
Absence ou insuffisance nutrition peut empêcher tempo-
d'aliments biologiques rairement les cellules nerveuses
ou psychologiques d'atteindre une taille normale,
indispensables mais une alimentation correcte
au développement suffit alors pour tout remettre en
harmonieux de l'être humain ordre.
ou animal. © Carence affective. La ca-
Il y a plusieurs sortes de carence. rence affective est une privation
Les conséquences d'une carence, de la présence de la mère ou d'un

678
a «

substitut maternel satisfaisant Castrateur, castratrice


pendant plusieurs mois. Lorsque Qui provoque un complexe
cette carence survient au cours du de castration.
deuxième semestre de la pre-
mière année, chez un nourrisson Castration
qui avait jusqu'alors entretenu de Fantasme permettant
bonnes relations avec sa mère, à l'enfant d'entrevoir
une véritable maladie s'installe. la différence des sexes à partir
Une privation d'une durée in- de la présence ou de l'absence
férieure à 3 mois entraîne une de pénis.
dépression anaclitique, une pri- Le concept de castration ou
vation plus longue entraîne l'hos- le fantasme de castration
pitalisme. est une notion clé dans
© Carence informationnelle. La la théorie psychanalytique;
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carence informationnelle est une son sens et son fondement


restriction plus ou moins durable et varient selon les auteurs
importante de l'usage d'une moda- (O.Rank, S. Freud,J. Lacan).
lité sensorielle ou d'une activité La castration est le manque
motrice. Les conséquences d'une comme opération. Dans les Théo-
privation sélective d'informations ries sexuelles infantiles (1908),
ont été étudiées chez l'animal, S. Freud soutient la théorie de la
singe ou chat, pendant sa période possession imaginaire du pénis
de croissance. pour les deux sexes.Il parle essen-
La privation de vision pendant tiellement du complexe de cas-
quelques jours, à la fin de la troi- tration et de l'angoisse de castra-
sième semaine de vie d'un chaton, tion quand l'enfant se sent me-
a des effets dramatiques et dura- nacé du fait de la masturbation.
bles sur le développement des cel- C'est à partir du primat du phal-
lules réceptrices visuelles et sur la lus pour l'un comme pour l'autre
perception des formes. que va se définir la sexualité de
© Anaclitique (dépression) p.659 ; chacun.
| Hospitalisme p.750. Le complexe de castration est la
réponse fantasmatique aux ques- l'enfant de sa position de phallus
tions que suscite chez le jeune de la mère. C'est là qu'intervient
enfant la différence anatomique le père symbolique. La castration
des sexes. implique le renoncement à « être »
Le complexe de castration par le le phallus, mais elle comprend aussi
renoncement du désir de l'enfant à le renoncement à l'avoir. Le fait
l'égard de sa mère met fin au com- d'assumer la castration crée un
plexe d'Œdipe, indique Freud dans «manque qui crée le désir, un désir
la Disparition du complexe d'Œdipe qui cesse d'être soumis à l'idéal
(1924). La castration,
dans ce qu'elle paternel ».
comporte d'interdit au corps de la La castration, la privation et la frus-
mère, concerne l'enfant des deux tration sont trois modalités du
sexes. manque. On en trouve des défini-
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Pour Freud, le complexe de cas- tions très précises dans le Sémi-


tration est au centre de la situa- naire IV (« La relation d'objet et les
tion œdipienne comme l'élément structures freudiennes », 1956-
d'articulation essentiel de toute 1957) de J.Lacan.
évolution de la sexualité. En cela, Freud et Lacan introduisent donc
il se démarque de la thèse de O. la notion de castration symbolique.
Rank qui soutient que seuls le Pour l'un comme pour l'autre, la
traumatisme de la naissance et la castration symbolique permet le
séparation qui s'ensuit provo- passage d'une relation duelle à
quent l'angoisse tout au long des une relation triangulaire, la recon-
expériences traumatisantes du naissance de la différence sexuelle
sujet. et de la différence des généra-
J.Lacan définit la castration comme tions. Lacan ajoute que l'accepta-
étant une amputation symbolique tion de la castration se fait par la
déterminant une structure. C'est le reconnaissance de la Loi pater-
manque comme opération. La cas- nelle tant du côté de l'enfant que
tration porte sur le phallus en tant de celui de la mère.
qu'il est objet imaginaire. L'inter- © Encadré, Complexe d'Œdipe (le),
diction de l'inceste doit déloger p.258; Nom-du-père p.811.

680
CAT bres ou du tronc. La cataplexie fait
© Children's Apperception Test ou partie du tableau clinique d'un
CAT p.682. trouble du sommeil : la narcolep-
sie essentielle,ou maladie de Géli-
Catalepsie neau. Elle est déclenchée par des
Perte momentanée émotions intenses (surprise, rire,
de l'initiative motrice avec pleurs).
conservation des attitudes,
le corps restant figé dans Catatonie
son attitude d’origine. Syndrome psychomoteur
Le sujet cataleptique, spontané- de certaines formes
ment immobile, résiste à la mobili- de schizophrénie, associant
sation passive comme de la « cire notamment le négativisme,
molle ». l'opposition, la catalepsie
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La catalepsie est essentiellement et les stéréotypies gestuelles.


observée en psychiatrie : schizo-
phrénie, hystérie de conversion, Catharsis
catalepsie induite par l'hypnose.En Méthode thérapeutique
pharmacologie animale, la capacité qui vise à créer chez le patient
de provoquer une catalepsie carac- une situation émotionnelle et
térise les neuroleptiques et les dis- à lui permettre par là de trouver
tingue des autres psycholeptiques, une issue à sa souffrance.
notamment des tranquillisants. En empruntant à Aristote ce
concept, le médecin autrichien
Cataplexie J. Breuer (1842-1925) cherchait à
Perte soudaine du tonus signifier la « purge des affects »
musculaire, généralement constatée lors des séances d'hyp-
accompagnée nose. De même que les specta-
d’une diminution de la force teurs des tragédies grecques sor-
musculaire et d’un incoercible taient purifiés de leurs passions,
besoin de dormir. de même les patientes hysté-
Elle touche les muscles des mem- -riques, en revivant de façon quasi
hallucinatoire les scènes à l'origine mettant en scène
de leurs souffrances, libéraient les des animaux et destiné
affects qu'il leur avait été impos- aux enfants de moins
sible d'exprimer la première fois. de 8 ans.
Malgré la relégation de la méthode
cathartique et son remplacement Choc psychique
par la méthode de l'association État de sidération affective
libre, certains psychanalystes et émotionnelle avec
contemporains pensent que la incapacité de réponse
catharsis n'a pas cessé de faire adaptée à la suite
partie des ingrédients de la cure de l'apparition brutale
analytique, celle-ci étant toujours, et inattendue d’un événement
à l'occasion, un exutoire pour des créant un traumatisme
manifestations passionnelles (co- psychologique majeur.
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lère, amour, haine, etc..).


Claustrophobie
Censure Peur de se trouver enfermé
Fonction psychique consistant dans un endroit clos
à interdire l'accès des désirs (plus particulièrement dans
inconscients au système un ascenseur ou un véhicule).
préconscient-conscient. La claustrophobie est un trouble
La censure serait à l'origine du anxieux avec un sentiment de
refoulement, et elle peut se relà- danger ou d'étouffement qui,
cher dans les rêves. Elle a partie liée dans sa forme bénigne, se ren-
avec le surmoi, « censeur du moi ». contre fréquemment chez des
Elle sera plus tard englobée dans sujets de tous âges.
les mécanismes de défense. © Phobie p.840.

Children's Apperception Cleptomanie


Test ou CAT Impulsion obsédante à voler,
Test projectif dérivé du TAT en l'absence de toute
(Thematic Apperception Test) nécessité économique et
même de tout désir conscient Mécanisme intrapsychique
de l'objet. qui conduit à l'existence
chez un même sujet
Clinique (psychologie) de deux attitudes psychiques
Branche de la psychologie différentes, opposées
qui se fixe comme but et indépendantes l’une
l'investigation en profondeur de l’autre, maintenues
de la personnalité considérée simultanément
comme une singularité. sans lien entre elles.
Née de la psychologie patholo- S. Freud à proposé ce terme (/e Cli-
gique, la psychologie clinique a vage du moi dans les processus de
élargi le champ de cette dernière, défense, 1938) à propos du féti-
puisqu'elle ne s'intéresse pas uni- chisme et des psychoses, mais on
quement à l'homme réputé malade. le retrouve dans bien des tableaux
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Elle se distingue également de la cliniques : une partie du sujet tient


psychologie expérimentale,
dont le compte de la réalité, une autre la
but est la découverte des lois géné- dénie - ou encore une part du sujet
rales.Les techniques dont dispose la agit d'une certaine façon tandis
psychologie clinique sont essentiel- qu'une autre part agit d’une autre
lement l'entretien non directif, l'ob- sans aucun lien.
servation de la conduite de l'indi- Le fait qu'on s'intéresse de nouveau
vidu en situation et,accessoirement, de nos jours à la pathologie dite
les tests. L'intuition du psychologue «des personnalités multiples»,
y joue donc un grand rôle, et, le plus même s'il semble s'agir plutôt
souvent, il s'appuie sur les concepts d'une forme d'hystérie, redonne
psychanalytiques, même si sa fonc- de l'actualité à la question.
tion et les situations dans lesquelles
il intervient sont différentes de Coaching
celles d’un psychanalyste. Démarche de conseil, de
© Histoire de la psychologie p.16. soutien et d'accompagnement
qui peut porter à la fois
Clivage du « je » sur la vie professionnelle ou
la sphère privée. à l'organisme d'interagir avec
Le coaching vise à développer les le milieu (perception,
performances d’un individu ou d'un mémoire, intelligence).
salarié et à l'aider dans l'accomplis- Science de la vie mentale
sement de son projet personnel ou ou de l'esprit.
professionnel. Le coaching est fondé
sur des critères mesurables. Ainsi Cognitive (psychologie)
toute démarche de coaching est Partie de la psychologie
précédée d’un contrat qui indique qui concerne l'étude
l'objectif de changement. des processus et
Les outils de diagnostic de coa- des structures de la cognition.
ching sont inspirés en grande par- © Histoire de la psychologie p.16.
tie des théories de C. Jung.Ils for-
ment une psychologie différentielle Cognitive[s] (science[s])
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qui sert à créer une typologie de Sciences qui ont pour objet
personnalité, permettant un pro- de décrire, d'expliquer,
nostic de comportement et de po- voire de stimuler les processus
sitionnement dans la vie profes- de la connaissance.
sionnelle ou privée. Les sciences cognitives forment
Les outils de soutien sont variés et une discipline qui associent princi-
dépendent du coach qui peut uti- palement la psychologie, la lin-
liser les théories du changement et guistique, l'intelligence artificielle
de la communication de l'école de et les neurosciences. L'anthropolo-
Palo Alto comme le modèle de pro- gie, la sociologie et la psychologie
grammation neurolinguistique (PNL) sociale tendent à lui être intégrées,
inspiré des thérapies comporte- de même que la neuropsychologie,
mentales la psycholinguistique et la psycho-
physique. La perception, le raison-
Cognition nement, le langage, l'action sont
Ensemble des activités parmi ses objets d'étude, qui peu-
intellectuelles vent être abordés sous différents
et des processus permettant aspects (mathématique, psycholo-

684
gique, biologique). (en particulier, le regard
et la gestualité)
Cognitive (thérapie) et les variables
Thérapie reposant sur la prise psychologiques et sociales
de conscience par le patient impliquées dans
de la distorsion existant entre le processus communicatif.
les événements malheureux
subis et leur substitution Compétence
par des pensées positives. Ensemble des possibilités
© Dossier, Thérapies cognitives de réponses les plus
et comportementales (les) p.611. précoces à l'égard
de l’environnement.
Cognitivisme
Doctrine ou courant Complexe
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de pensée de la psychologie Ensemble de sentiments


contemporaine qui met et de représentations
l'accent sur la modélisation partiellement ou totalement
des processus d'acquisition inconscients, pourvus d’une
des connaissances, puissance affective qui
de recherche organise la personnalité de
et de traitement de chacun et le mode de relation
l'information. à autrui. Les complexes
renvoient aux désirs sexuels
Communication verbale infantiles en rapport avec
et non verbale les personnages parentaux.
Domaine d'investigation S. Freud a réservé l'usage de ce
qui aborde par la méthode terme à deux complexes : le com-
expérimentale les relations plexe d'Œdipe et le complexe de
s'établissant entre castration, organisateurs de la sexua-
les aspects verbaux lité infantile.
de la communication, Le complexe d'Œdipe rassemble la
ses aspects non verbaux somme des émois sexuels et agres-
sifs et des fantasmes rencontrés par du-Père le passage par le complexe
l'enfant lors de l'épanouissement d'Œdipe et les liens que cette mé-
de son désir sexuel pour le parent taphore organise entre le sujet, la
de l’autre sexe,entre 3 et 5 ans.ll se loi, le manque, le désir.
complique de l’ambivalence et de © Encadré, Œdipe (complexe d')
la bisexualité caractéristiques de p.258; Castration p.679 ;
l'être humain, l'enfant conservant le Nom-du-père p.811.
désir d'être aimé du parent du
même sexe.Le complexe de castra- Complexe d'Œdipe
tion naît de la constatation par l'en- © Œdipe (complexe d') p.818.
fant de la différence des sexes et du
bouleversement psychique que l'ab- Comportement
sence fantasmée de l'organe mâle Manière d'être et d'agir
provoque chez lui. des animaux et des hommes,
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Freud pose un ordre inverse d'ap- manifestations objectives


parition de ces deux complexes de leur activité globale.
chez le garçon et chez la fille, mais il Cette définition du comportement
réfère les deux sexes au primat du est reprise de H. Piéron, qui a réin-
phallus. troduit le mot dans le langage psy-
Ces deux complexes installent la loi chologique français en 1907. La
de l'interdit de l'inceste dont le père notion correspondante se déve-
est le représentant et rendent loppait déjà aussi depuis une ou
compte du passage de l'enfant au deux décennies chez les psycho-
statut de sujet social, par le biais d'un logues américains et allemands.En
renoncement à la mère, d'une iden- outre, des idées semblables avaient
tification sexuelle,
de la constitution été développées en Russie par
de l'idéal du moi et du surmoi. 1.Setchenov et reprises par |.Pavlov.
J. Lacan insiste sur la prévalence du La notion de comportement
père symbolique et le déplacement contient pour la psychologie deux
du phallus dans la dialectique œdi- aspects. Un organisme animal
pienne.ll formalise sous la forme lin- entretient des relations spécifiques
guistique de la métaphore du Nom- avec son environnement ; ces rela-

686
tions diffèrent profondément de (tirer la langue, ouvrir la bouche,
celles des organismes végétaux.En allonger un doigt).
second lieu, le comportement est La disparition des comportements
un ensemble de phénomènes précoces, vers 2 mois, n'est pas
observables de façon externe.Le facile à expliquer. On peut penser
comportement est un objet de qu'elle est liée à l'apparition du
perception ordinaire. contrôle volontaire des activités
© Béhaviorisme, p.672. de l'enfant et au conflit que cela
crée entre programmes d'actions
Comportementalisme rigides, déclenchés par un stimu-
(SYN. Béhaviorisme) lus, et actions volontaires orien-
© Béhaviorisme, p.672. tées vers un but. Les premiers ne
sont plus assez performants, les
Comportements précoces secondes ne le sont pas encore.
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Procédures sensori-motrices Aucun ne fonctionne convenable-


d'échange entre un nouveau- ment. C'est la période au cours de
né et son environnement laquelle l'attention visuelle est
physique. particulièrement importante.
Parmi les comportements pré- © Dossier, Nouveau-né
coces, c'est-à-dire les premiers (interactions avec le) p.415.
comportements observés chez le
nouveau-né les plus étudiés sont : Compulsion
@ la préhension précoce, ou Tendance intérieure
geste d'extension du bras vers un impérative poussant un sujet
stimulus visuel ; à accomplir une certaine
@ l'orientation des yeux vers un action ou à penser
stimulus auditif; à une certaine idée alors qu'il
@ le looming (recul de la tête ac- la réprouve et se l’interdit
compagné du lever des bras de- sur un plan conscient.
vant l'expansion d'un stimulus vi- Malgré son caractère irrésistible,
suel) ; le sujet peut lutter contre cette
€ l'imitation précoce de gestes tendance, dont la non-exécution

687
est pour lui génératrice d'an- réversibilité de la pensée ne se ma-
goisse. ll arrive parfois à ne pas nifestent que si l’action porte sur le
passer à l'acte,
ou à le transformer réel directement. L'enfant de 7 ans,
en des rituels répétitifs inoffensifs. arrivé au stade des opérations
Ce qui n'est pas le cas de l'impul- concrète manipule avec succès la
sion, où l’agir l'emporte presque classification, ce qui se traduit au
immédiatement sur cette lutte niveau du langage par la distinc-
anxieuse. tion entre les expressions «tous»
© Dossier, TOC et phobies p.622. et «quelques-uns». Les opérations
concrètes affectent également la re-
Concrètes (opérations) présentation de l'univers de l'enfant
Dans la terminologie de dans le domaine de la causalité et
J. Piaget, les opérations du hasard. L'enfant lors de cette pé-
concrètes de la pensée riode peut, aussi comprendre diffé-
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apparaissent spontanément rents points de vue qui ne sont pas


vers 7 ou 8 ans, dans tous forcément les siens.
les domaines de la pensée © Opératoire (théorie) p.820;
(cognitif, affectif, social Préopératoire (période) p.846;
et moral). Entre 7 ans et Dossier, Enfant (|) p.251.
11 ans, l'enfant devient
capable de dépasser Condensation
l'intuition, grâce Mécanisme par lequel
à des opérations de une représentation
classification, de sériation inconsciente concentre
et de mise en correspondance. les éléments d'une série
Comme toutes les opérations de la d'autres représentations.
pensée, les opérations concrètes Repérable dans toutes les formations
sont caractérisées par leur réversi- de l'inconscient (rêves, lapsus,symp-
bilité (capacité d'exécuter une ac- tômes), le mécanisme de condensa-
tion dans les deux sens en ayant tion a d'abord été isolé par S. Freud
conscience qu'il s'agit de la même dans le travail du rêve.
action). Cependant, la mobilité et la êve p.875;

688
E | f|,

Conditionnement ractère appétitif ou aversif de l'évé-


Procédure par laquelle nement qui lui succède.
on établit un comportement Outre leurs apports dans la connais-
nouveau chez un être vivant, sance des mécanismes d'appren-
en créant un ensemble plus tissage, les travaux menés sur les
ou moins systématique conditionnements pavlovien et
de réflexes conditionnés. opérant ont eu d'importantes
l.Pavlov a décrit un premier type de répercussions pratiques, en psy-
conditionnement, appelé pavlo- chothérapie et en éducation.
vien, classique ou de typel, dans des © Dossier, Thérapies cognitives
expériences menées sur le chien.La et comportementales (les) p.611.
procédure du conditionnement
pavlovien consiste à faire précéder Conduite
de façon répétée un stimulus © Comportement p.672.
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déclenchant, de manière réflexe,


une réponse mesurable, par un sti- Conflit
mulus « neutre » vis-à-vis de cette ou conflit de tendances
réponse ; après un certain nombre Situation d'un sujet, animal
de présentations de ces deux sti- ou humain, dans laquelle
mulus, le stimulus initialement celui-ci se trouve soumis
neutre devient capable d'engen- à des tendances
drer la réponse. de sens contraire.
E.L.Thorndike et surtout B.F.Skinner Lorsque deux tendances compor-
ont décrit un second type de condi- tementales incompatibles sont
tionnement, appelé opérant, instru- simultanément présentes, par
mental ou de type II, pour lequel exemple celle qui pousse un ani-
l'acquisition d'un comportement mal à rechercher sa nourriture en
(appelé réponse) dépend de la re- terrain découvert, alors qu'un pré-
lation temporelle existant entre ce dateur à éviter est présent, on dit
comportement et un événement qu'il y a conflit de tendances.
du milieu : la fréquence d'émission Les conflits peuvent opposer deux
de la réponse va dépendre du ca- -tendances à s'approcher (conflit-

689
approche), à éviter (évitement- ou de certains états infectieux.
évitement) ou à s'approcher et à
éviter (approche-évitement). L'ani- Conscience
mal peut alors prendre la décision PSYCHOL. ET PHILOS. Propriété
de répondre préférentiellement de réflexivité de l'être humain
d’abord à une tendance, puis à qui lui permet d’avoir
l'autre, ou bien de rediriger son des expériences subjectives,
comportement ou de réaliser une ce qui fait que le sujet peut
autre activité. dire des choses à propos
de ses propres actes mentaux,
Confusion mentale de ses états émotionnels,
Trouble psychique, caractérisé de ses perceptions
par une désorganisation sensorielles, de ses croyances.
dans le temps et l’espace, PSYCHAN. Capacité
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des troubles de la mémoire, de reconnaître


de l'anxiété et fréquemment des phénomènes et de
un délire onirique se former des représentations,
hallucinatoire. L'origine peut mais aussi de les rejeter
être traumatique, épileptique, ou de les censurer.
toxique, psychiatrique,
démentielle. Conscience de soi
Prise de connaissance
Confuso-onirique (état) de soi-même en tant qu'être
Se dit d'un état psychique distinct d'autrui.
morbide associant © Dossier, Enfant (l') p.251.
une confusion mentale
avec baisse du niveau Consigne
de vigilance et trouble grave €) Explication par laquelle
de la conscience à un délire un expérimentateur décrit
qui rappelle le rêve. verbalement à un sujet
L'état confusio-onirique peut-être la les buts et les conditions
manifestation aigüe de l'alcoolisme de l'expérience à laquelle
il est appelé à participer. d'équilibration.
La consigne comporte généra-
lement une triple description de Contenu (analyse de)
la situation, du comportement Méthode de traitement
attendu du sujet et des objectifs des communications utilisant
qui lui sont assignés ; le terme de des techniques rigoureuses
tâche recouvre cet ensemble. L'ex- et systématiques dans
périmentateur présuppose qu'une un but d'interprétation
motivation de base convenable est psychologique
présente chez le sujet. ou sociologique.
© Instruction donnée
aux sujets sur la façon Contexte
d'accomplir la tâche qui PSYCHOL. Situation au sein de
leur est proposée laquelle se trouve un stimulus.
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dans un test. PSYCHIATR. Milieu humain


dans lequel apparaissent
Constructivisme et évoluent des troubles
En matière d'ontogenèse, mentaux.
position théorique qui
considère le développement, Contre-transfert
qu'il soit biologique, Ensemble des réactions
psychologique ou social, affectives conscientes
comme la construction ou inconscientes de l'analyste
d'organisations données envers son patient.
d’une relative stabilité qui
se succèdent dans le temps. Conversion
Les théories constructivistes sont Traduction d’un conflit
des théories du développement psychique en symptômes
structural. La plus célèbre est celle somatiques, en maux
deJ.Piaget,
qui explique la stabilité du corps, en particulier,
des structures qui se succèdent au au cours de certaines hystéries
cours de l'enfance par un processus sans lien avec une atteinte
physiologique réelle. symptôme fonctionnel dans lequel
La symptomatique de la conversion le médecin rencontre, comme unité
consiste en ce que brutalement une pathologique, à la fois une expres-
personne se retrouve en situation sion physiologique et une expres-
de paralysie, d'anesthésie ou de sion psychologique confondues.
chocs physiologiques. ll ne s'agit © Dossier, Hystérie (l') p.373.
pas de confondre conversion et
somatisation.La psychanalyse a sur- Coping
tout développé la notion de conver- Processus actif par lequel
sion en référence à l'hystérie. En l'individu, par l’auto-
effet, le retour du refoulé sous appréciation de ses propres
forme de symptôme était au départ capacités, de ses motivations,
uniquement associé à l'hystérie. fait face à la vie et notamment
S. Freud, après J. Breuer, a nommé à une situation stressante et
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cette transposition de « mots » réussit à la maîtriser.


« hystérie de conversion ».1| sou- La réponse à un stresseur dépend
tient que, dans cette névrose, l'exci- de chacun : les expériences anté-
tation issue de la représentation rieures, l'autoappréciation de ses
affective insupportable «se conver- propres capacités, la motivation in-
tit » en phénomène somatique. fluencent ce processus actif d'adap-
Ilest à remarquer cependant la bru- tation. Le terme coping désigne cette
talité du syndrome de conversion, manière de faire face à une situation
qui ressemble davantage à une stressante et de la maîtriser. Le co-
sorte de « passage à l'acte » suici- ping peut consister en une réponse
daire du sujet, le laissant paralysé, directe :élimination de la source de
absent ou sans voix. Dans ce cas, danger, mais également en une ré-
aucune manifestation d'ordre phy- ponse palliative : simple réduction
siologique n'est repérable, contrai- de la perception du danger (déni,
rement aux somatisations. recours à des médicaments anxio-
Aujourd'hui, ces dernières sont lar- lytiques, etc.).
gement associées aux maladies les Le coping est un mécanisme avant
plus variées.Elles s'appliquent à tout tout d'ordre psychologique qui in-

692
Pas

fluence les réponses du système © Dossier, p.178.


nerveux et du système endocri-
nien.Il peut se perfectionner avec Couple homo (le)
l'apprentissage. Parallèlement à © Dossier, p.189.
cet apprentissage, la répétition de
stimulus stressants identiques Couvade
conduit à l'habituation : l'intensité Comportement du père
des réponses hormonales dimi- prenant la place et le rôle
nue. de la mère autour
© Dossier, Stress et anxiété de la naissance de son enfant.
p. 580. Il s'agit le plus souvent de simples
manifestations anxio-dépressives,
Coprophagie avec en particulier des atteintes
Ingestion de matières fécales. psychosomatiques dont certaines
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La coprophagie se rencontre dans paraissent bien liées à une sym-


les démences et dans certaines bolique puerpérale : alternance
arriérations mentales. d'anorexie et de boulimie, nau-
sées et vomissements, douleurs
Coprophilie et ballonnements abdominaux,
Plaisir de manipuler, de coliques intestinales, mictions
toucher, de sentir les produits fréquentes.
excrémentiels.
Cri primal
Corps propre © primal (cri) p.849
Perception par le sujet
des différents aspects et Crise
parties de son corps, qui sont Rupture violente du processus
progressivement intégrés évolutif, dont la direction
à l'unité de sa personne. se voit soudain masquée,
@ Dossier, Enfant (1), p.251. modifiée ou inversée.
La crise marque une discontinuité
Couple (le) profonde. La notion englobe aussi
les impressions éprouvées par l'in- «désordre émotif ».
dividu qui ne parvient pas à sur- Aussi abrupte que paraisse une
monter un conflit : la crise repré- crise, son déroulement compren-
sente alors l'aspect aigu d'une drait, en réalité, trois phases suc-
ambivalence. La crise d'adolescence cessives : une phase d'installation,
offre un exemple type de ce double marquée par une anxiété déstabili-
sens, objectif et subjectif. Certaines sante ; une phase de maximum
théories font de la crise un proces- (l'acmé), dont le désordre global ne
sus normal de développement. peut échapper à l'observation,
Ainsi,la théorie freudienne affirme même profane ; enfin, une phase
que le passage d'un stade à l’autre, de liquidation qui voit progressive-
dans la construction de la person- ment se résoudre la bipolarité.
nalité, ne peut s'accomplir qu'au Dans l'exemple ci-dessus, au-delà
prix d'une crise caractérisée par de 4 ans, l'affirmation de soine
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l'apparition d'un complexe : par s'accompagne plus d'une oppo-


exemple, la crise d'opposition, qui sition systématique au modèle
se situe à 3 ans, serait liée à l’ap- parental.
parition du complexe d'Œdipe. Tous les tenants d'une disconti-
Les conduites de l'enfant, à cet nuité développementale n'accep-
age, oscillent simultanément tent pas, tant s'en faut, d'y inscrire
d'une part, entre des tendances la crise comme modalité nécessaire
revendicatrices d'autonomie de passage d'une étape à la sui-
(c'est le moment où prédomi- vante : H.Wallon et J. Piaget ont
nent dans le discours le « moi je » tous deux récusé le modèle de rup-
et les attributs possessifs) et, ture de pente. Beaucoup, en quali-
d'autre part, des tendances cap- fiant de « critiques » certains chan-
tatives (notamment à l'égard du gements, n'ont voulu en retenir
parent de sexe opposé) présentant que la date et la limitation tempo-
un aspect régressif. La description relle précises. S. Freud avait lui-
des conduites critiques, polarisées: même insisté sur cette dimension,
en sens contraires, insiste sur leur qui différencie le normal du patho-
aspect irrationnel et sur leur logique : une crise « normale » a

694
une datation commune pour tous alors que, pour Freud,elle prend son
(au moins pour tous les individus origine dans le complexe d'Œdipe.
d'une société) et c'est la persis- La culpabilité serait une sorte de
tance des conduites ambivalentes chaîne liant le sujet à la chose.À
ou régressives qui est signe de chaque essai de séparation, la
trouble. À l'inverse, l'absence de chaîne, tel un élastique, ramène le
crise à une période donnée peut sujet vers la chose ; c'est une sorte
avoir des répercussions difficile- de boomerang d'où naît une très
ment surmontables. forte angoisse et qui cache l'évite-
© Dossiers, Adolescence (l) p.93; ment de la castration.
Adolescents (les conduites à risque Dans la mélancolie, la culpabilité
des) p.101; Enfant (|) p.251. tient également une grande place.
Les sentiments d'indignité et de
Culpabilité dévalorisation permettent au sujet
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Sentiment conscient de retourner contre lui les reproches


ou inconscient de faute qu'il ne peut faire à l'autre. La culpa-
ou d’imperfection. bilité est davantage liée à une
La culpabilité est associée à la extinction du désir et à un narcis-
dette.« Nous connaissons deux ori- sisme négatif très haineux qui ne
gines au sentiment de culpabilité : peut se dire autrement que par une
l’un est l'angoisse devant l'autorité; autoaccusation. À ce sujet, Freud
l’autre, postérieure, est l'angoisse préfère parler de rupture du narcis-
devant le surmoi. La première sisme causée par la perte du moi.
contraint l'homme à renoncer à © Dossiers, Dépression (la) p.203;
satisfaire ses pulsions. La seconde, Maladie psychique d'un proche
étant donné l'impossibilité de (faceà la) p.388.
cacher au surmoi la persistance des
désirs défendus, pousse en outre le Cure
sujet à se punir » (S. Freud, Malaise Traitement conduit selon les
dans la civilisation, 1929). principes de la psychanalyse
Chez M. Klein, la culpabilité surgit et qui vise à amener le patient
du fait d’avoir détruit l'objet aimé à découvrir le sens inconscient

695
de ses symptômes. manière d'une scansion.
La cure est une entreprise de vérité: A FIN DE LA CURE
c'est la méconnaissance qui est à La cure se termine en distinguant
l'origine de la souffrance du sujet. l'arrêt des séances et l'aboutisse-
S. Freud pose deux règles fonda- ment de l’état du patient.À la fin de
mentales :la règle des associations sa vie, Freud s'est posé la question
libres du côté du patient ; la règle de de savoir si une analyse peut être
la neutralité du côté de l'analyste.Le complète et réussie (Analyse termi-
moteur de la cure est le transfert et née, analyse interminable, 1937). En
son interprétation. J. Lacan définit la effet, on peut penser que :
direction de la cure et l'acte de l'ana- @ les critères thérapeutiques
lyste en cohérence avec la place qu'il (disparition du symptôme, adap-
donne au langage comme lieu de tation à la réalité extérieure, bon-
l'inconscient. La direction de la cure heur ou santé) sont relatifs et non
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incombe à l'analyste. C'est à lui de spécifiques ;


faire respecter la règle fondamentale © les critères de renforcement
et, en évitant de répondre à la de- du moi, d'identification à l'analyste
mande, d'induire une régression des comme modèle, de liquidation de
demandes jusqu'à ce que soit re- transfert sont suspects de normali-
trouvé le désir qu'elles exprimaient. sation superficielle ou illusoire.
C'est à lui aussi de décider de la ré- Ilreste la nécessité d'une modifica-
sonance qu'il donne, par son silence tion subjective profonde, qui peut
ou par l'interprétation,àtel ou tel élé- passer pour Lacan par un état de dé-
ment du matériel verbal du patient. tresse comparable à celui de l'en-
Lacan a centré l'intervention de fant. La psychanalyse est plutôt ici
l'analyste sur le discours de l’analy- recherche de vérités intimes, mêmes
sant :répéter tel mot, faire entendre pénibles, et «l'art de vivre avec».Le
une homophonie, une équivoque psychanalyste est supposé avoir
est un acte qui dévoile l'espace du éprouvé pour lui-même cette fin
désir. Il s'agit d'une scansion signi- de l'analyse et chaque école de
fiante. La pratique des séances de formation voudra s'en assurer (par
durée variable intervient ainsi à la exemple la procédure de la « passe»

696
à l'École freudienne de Lacan, dont chose maniaco-dépressive.
le résultat reste controversé). © Dossier, Psychose maniaco-
À défaut d'une fin idéale, on peut dépressive p.465 ;
proposer la réitération de «tranche»
d'analyse aux moments critiques de

D
la vie (S. Ferenczi). Dans la singula-
rité de chaque cure, chaque fin peut
être différente, mais le problème de
leur généralisation subsiste : il est D 48 (test)
d'ordre technique, éthique, institu- Test non verbal d'intelligence
tionnel. Sous cet angle, la psycha- destiné aux enfants de 12 ans
nalyse est un art et non une science. et plus, et aux adultes
© Histoire de la psychanalyse p.26; © Dominos (test de) p.709.
Dossiers, Psychanalytique
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(le courant) p.450 ; Psychothérapie Dame de Fay


(suivre une) p.478. Test de dessin destiné
à mesurer le développement
Cyclothymie des représentations spatiales,
Alternance de l'humeur étalonné pour l'enfant
passant de la tristesse de 5 à 12 ans.
à l'euphorie, ou vice versa, La consigne demande textuelle-
d'une manière répétée et avec ment de dessiner « une dame se
une fréquence variable, selon promène et il pleut ». Cette formu-
une évolution plus ou moins lation délibérément maladroite
régulière dite «cyclique». vise à éviter toute induction de
Lorsque cette alternance prend une relation spatiale.
allure morbide, la tristesse devenant
une dépression et l'euphorie s'ac- Déconditionnement
compagnant d'excitation, il s'agit Processus au terme duquel
d'une maladie que l’on nomme une réaction acquise cesse
cyclique, où bipolaire et que, le psy- de se manifester.
chiatre E. Kraepelin appelait psy-
Dédoublement La déficience a été redéfinie par
de la personnalité l'Organisation mondiale de la santé
Trouble dans lequel coexistent en 1980 comme une des compo-
deux types de conduite, santes du processus conduisant
les unes conscientes et bien au handicap.
adaptées socialement, les La déficience atteint le fonctionne-
autres pathologiques, ment des systèmes biologiques ou
incoercibles et liées à psychologiques sans directement
l'inconscient. préjuger des incapacités qui en
Dans cette atteinte de l'unité de résultent au plan de l’activité de la
sa personnalité, le patient est personne.Elle est produite par une
convaincu qu'il existe en lui plu- malformation, une anomalie, une
sieurs personnages différents insuffisance de l'efficience. La défi-
vivant à tour de rôle ou simultané- cience est à distinguer du handicap
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ment, chacun pour soi-même, une qui, autrefois situé dans une rela-
vie totalement différente. tion de causalité directe du déficit,
@ Dissociation p.709; dossier, suppose aujourd'hui qu'on intègre
Schizophrénie (la) p.504. à la fois l'étendue des incapacités et
leur incidence sociale, c'est-à-dire
Défaillance psychique le rapport entretenu par la per-
Épisode anxieux sonne avec son entourage, y com-
et confusionnel aigu pris son adaptation à celui-ci.
survenant chez le vieillard
à la suite d'un échec Déficit intellectuel
d'adaptation à une situation Insuffisance de l'intelligence,
nouvelle. causée par une déficience
mentale ou une démence,
Déficience rendant un sujet incapable de
Anomalie de la structure répondre d'une manière
et du fonctionnement adaptée aux exigences
d'un organe ou d'un système, du milieu.
quelle qu'en soit la cause.
Dégoût pondérant :délire d'interprétation
Répugnance ou inappétence de P. Sérieux et J.Capgras, psychose
(par exemple, devant hallucinatoire de G. Ballet, délires
des aliments), s'accompagnant passionnels de G.G. de Clérambault
d'une sensation de malaise (comme l'érotomanie), délires d'ima-
proche d’un état nauséeux. gination d'E. Dupré, délire sensitif
L'éthylisme est parfois traité par une de relation d'E. Kretschmer, etc. en
méthode aversive de conditionne- les distinguant bien des délires pa-
ment, appelée « cure de dégoût ». ranoïdes schizophréniques.
@ CLASSIFICATION DES DÉLIRES.
Délire Classiquement,
on les divise comme
Trouble psychique caractérisé nous l'avons vu, en fonction de
par des idées sans rapport leur mécanisme principal,
en trois
manifeste avec la réalité grands groupes :
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ou le bon sens et entraînant @ la psychose hallucinatoire


la conviction du sujet. chronique, où les hallucinations
Le délire chronique étudié ici doit dominent le tableau clinique ;
être bien distingué du délire aigu, € la paraphrénie,où l'imagination
ou delirium tremens, et de la bouf- entretient la construction délirante;
fée délirante. elle reste distincte de la schizophré-
@ HISTORIQUE. Décrit par É.Esqui- nie parce qu'elle ne s'accompagne
rol dans le cadre des monomanies, ni de dissociation mentale ni de dis-
son modèle devient avec Ch. La- cordance affective et qu'elle n'em-
sègue, J. Falret et V. Magnan le dé- pêche pas le patient de garder un
lire systématisé chronique de per- assez bon contact avec son milieu ;
sécution avec ses quatre phases €} la paranoïa, qui se caractérise
évolutives (inquiétude anxieuse, par une construction délirante très
persécution, mégalomanie et dé- cohérente, particulièrement bien
mence vésanique terminale). Au systématisée, et qui se développe
début du xx siècle,
on essaiera d'y souvent sur une personnalité ca-
repérer des formes cliniques en ractérisée par l'hypertrophie du
rapport avec le mécanisme pré- moi,la psychorigidité, l'entêtement

699
et la fausseté du jugement. phique, vasculaire, infectieuse, trau-
@ Interprétation (délire d') matique, toxique ou tumorale. Les
p.775; Dossiers, Paranoïa (la) formes de démence abiotrophique
p.424; Psychose (la) p.457; les plus fréquentes sont la maladie
Schizophrénie (la) p.504. d'Alzheimer et la maladie de Pick.
© Dossier, Alzheimer
Delirium tremens (la maladie d') p.127.
Délire alcoolique aigu caract-
érisé par un état de confusion Dénégation
avec des hallucinations Processus par lequel le sujet
terrifiantes, de l'agitation, nie un désir qu'il vient
du tremblement et de formuler.
des troubles neurovégétatifs Il s'agit d'un mécanisme de défense
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parfois très graves. face à la vérité du désir. Par exemple,


un patient rêve qu'il tue son père.ll
Demande l'exprime au cours de la cure analy-
© Désir/demande/besoin, p.703. tique mais se justifie en disant qu'il
s'agit d'un rêve banal, dépourvu de
Démence sens, et que d'ailleurs, tout le monde
Trouble mental grave fait ce type de rêve.
caractérisé par un
affaiblissement des fonctions Déni
intellectuelles et altérant Mécanisme de défense qui
progressivement, avec consiste à nier une perception
l'affectivité et l'activité traumatisante de la réalité
volontaire du patient, extérieure.
ses conduites sociales. Pour S. Freud, le jeune enfant (gar-
Caractérisée par une évolution irré- çon ou fille) refuse de se soumettre
médiablement progressive, la dé- à l'évidence :il dénie l'absence de
mence est généralement due à une pénis chez la fille, la femme, la mère
atteinte cérébrale organique plus et croit pour un temps à l'existence
ou moins diffuse,
de nature abiotro- du phallus maternel. Freud note

700
alors «le déni ne paraît ni rare, ni très aux «drogues» (la) p.193.
dangereux pour la vie mentale de
l'enfant, mais, chez l'adulte, il intro- Dépersonnalisation
duirait une psychose.» Altération de la conscience
Ainsi, pendant le stade «phallique» caractérisée par le sentiment
où pour les deux sexes, seul l'organe de ne plus se reconnaître soi-
mâle est pris en compte, et où règne même et où le sujet ressent
une ignorance par rapport aux or- son corps comme irréel.
ganes génitaux féminins, le déni est Cet état s'accompagne souvent
normal pour l'enfant. En revanche,si d'anxiété, d'impression d'étrangeté
l'enfant persiste dans sa croyance au du monde extérieur.
pénis chez la femme, au-delà de la
période phallique, il existe un risque Déplacement
de fétichisme. Que peut faire l'en- PSYCHOL. Phénomène
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fant? ||va choisir une partie du corps, dans lequel une motivation,
un objet, auquel il attribue le rôle une valeur effective
de pénis, dont il ne peut se passer. ou le choix d'un but
© Dénégation p.700; Fétichisme sont déplacés de leur objet
p.733; Négation p.804. originel vers un objet
substitutif.
Dépendance PSYCHAN. Report de l'énergie
ou pharmacodépendance psychique liée à un désir
Besoin compulsif d'absorber inconscient sur un objet
une substance (drogue, alcool, substitutif.
tabac, etc.) pour faire cesser Sous l'influence de la censure, le
le malaise psychique refoulé se dissimule et se déforme
(dépendance psychique) pour pouvoir être représenté. De
ou les troubles physiques même qu'un affect réprimé est sus-
(dépendance physique) ceptible de réapparaître lors d'une
dus au sevrage. occasion insignifiante en elle-
© Dossiers, Addictions (les), même, une pensée est capable de
p.90 ; Dépendance faire passer son intensité à une
autre, même si celle-ci est en soi melles sans support objectif ou de
indifférente et ne lui est associée représentations fantasmatiques
que superficiellement, par un trait incompréhensibles sans contact
quelconque ou par un jeu de mots. avec le milieu social où se trouve le
Ce déplacement de l'accent psy- sujet.
chique permet l’allusion, corres-
pond à une métonymie et consti- Désensibilisation
tue un détour du désir par les voies Méthode thérapeutique ayant
de l'expression indirecte. Ainsi, un pour but de faire disparaître
conflit ancien peut se manifester une sensibilité anormale
par l'intermédiaire d'un élément et cause de gêne à certains
actuel et un souhait récent se tra- agents, qui, en eux-mêmes,
duire par l'évocation du passé ou sont bien supportés
par l'anticipation d'autre chose. par la majorité des sujets.
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€ Rêve p.875. C'est ainsi que les allergies et


certaines formes d'asthme sont
Dépression (la) traitées par désensibilisation. La
État pathologique marqué thérapie comportementale,
dans
par une tristesse avec douleur de nombreuses manifestations
morale, une perte de l'estime anxieuses ou phobiques, a recours
de soi, un ralentissement à ce processus.
psychomoteur.
Dossiers, Dépression (la) Déséquilibre
p.203; Maladie psychique Exagération pathologique
d'un proche (face à la) p.388. des réactions d’un sujet
à son environnement
Déréel, -elle sur un fond de dysharmonie
Se dit d’une pensée de ses tendances
détournée du réel et de ses traits de caractère.
et des nécessités logiques. L'enfant « déséquilibré » est géné-
Cette pensée s'enferme alors dans ralement instable, agressif, intolé-
une succession d'abstractions for- rant aux contraintes et aux frus-

702
trations. || réagit sur un mode sou- tant dans l'esprit du grand public
vent violent, clastique, antisocial. que chez les toxicomanes. On doit
Il contrôle mal ses appétits,ses donc regrouper sous ce terme
besoins et son comportement. toutes les approches thérapeu-
tiques des toxicomanies.
Désinhibiteur © Dossiers, Addictions (les)
Psychotrope ou méthode p.90 ; Dépendance aux
thérapeutique capables «drogues» (la), p.193.
de provoquer
une désinhibition. Désir/demande/besoin
Les anxiolytiques, les antidépres- Groupe conceptuel dont
seurs et autres psychoanalep- les trois termes articulent
tiques, ainsi que les psychodys- la dynamique de l'intrication
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leptiques en général et les neuro- du désir, du langage et


leptiques, sont susceptibles de de l'inconscient.
provoquer une désinhibition. J. Lacan en reprenant l'opposition
de S. Freud entre désir et besoin a
Désintoxication (cure de) ajouté la notion de demande. Du
Traitement ayant pour but fait de sa prématurité radicale, l'en-
de guérir une intoxication fant dépend pour la satisfaction de
chronique
; au sens restreint, ses besoins vitaux d'un Autre (géné-
traitement du syndrome ralement la mère). Pris par la tension
de sevrage (cure de sevrage) ; du besoin, l'enfant pleure, crie,
par extension, traitement s'agite. La mère décide du sens de
des toxicomanies. ces manifestations. Cet Autre, qui
Pour désigner les traitements visant nourrit l'enfant, l'enveloppe aussi de
à diminuer les symptômes du sa présence et des mots qu'il pro-
manque, lorsqu'un toxicomane nonce. Cette situation conduit l'en-
cesse de prendre sa drogue, les spé- fant à éprouver une jouissance en
cialistes parlent aujourd'hui de cure plus de la satisfaction du mieux-être
de sevrage. La désintoxication reste organique. Elle l'amène à entrer dans
| cependant un concept mythique, le circuit du désir et de la demande.

703
Ce que l'enfant désire, c'est retrouver à l’âge ou au début
la jouissance éprouvée sans qu'il ait d'un processus démentiel,
eu à la demander. Mais pour cela il généralement irréversible.
est désormais obligé de demander, Le sujet mentalement détérioré
à sa manière, le retour de sa mère garde dans certains domaines de
auprès de lui et tenu d'utiliser les sa vie intellectuelle (expression ver-
signifiants maternels, les comporte- bale, automatismes sociaux et pro-
ments et les sons qui pour cet Autre fessionnels en particulier) un
«veulent dire » quelque chose. niveau de réalisation assez bon,
L'enfant adresse à l'Autre une mais les tâches mettant en œuvre
demande double : une demande une adaptabilité à des situations
de satisfaction certes, mais,au-delà, sortant de la vie habituelle ou la
une demande d'amour. Quant au possibilité de faire des acquisitions
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désir, il est pris irrémédiablement nouvelles sont touchées.Il s'agit


dans un écart vis-à-vis de son objet: donc plus d'une atteinte de l'intel-
jamais plus l'enfant ne retrouvera ligence dite « de performance »
cette jouissance venue par surprise. que de l'intelligence verbale.
Le sujet ne pourra qu'exprimer
son désir de façon métonymique Détresse
par la parole, en (se) le déguisant Sentiment de délaissement,
sous des demandes successives. d'abandon, ressenti dans une
Mais son désir originel lui reste situation critique, nécessitant
inconscient tout comme le fan- une aide extérieure et/ou
tasme qu'il s'est fabriqué autour amenant un sujet à demander
de l'objet perdu. de l’aide, un secours social
ou psychologique.
Dessin d'enfant Il s'agit souvent d'une désinsertion
@ Dossier, p.215. sociale, d'une perte du cadre de vie
habituel, d'une misère économique,
Détérioration mentale s'accompagnant de troubles psy-
Atteinte des fonctions choaffectifs pouvant aller d'une
intellectuelles et mentales liée simple crise dépressive réactionnelle
jusqu'à un état confusionnel aigu. comme pour D. W. Winnicott, la
Le sujet en détresse souffre d'une souffrance somatique est en lien
disparition de ses investissements étroit avec les facteurs organiques,
affectifs et d'une sidération de ses psychologiques ou relationnels
mécanismes de défense, pouvant le du nourrisson. Dans le cadre d'une
conduire, surtout dans la vieillesse, théorie de l'angoisse, l'état de
à une grave défaillance psychique. détresse submerge le sujet en le
Chez l'enfant, qu'elle désigne un état ramenant à une situation trauma-
physique ou un sentiment, la tique. En 1926, S. Freud (/nhibition,
détresse est évaluée proportionnel- symptôme et angoisse) reconnaît un
lement aux efforts déployés par le caractère commun aux dangers
sujet pour combattre la situation internes : perte où séparation
actuelle. C'est donc la force de la entraînent une augmentation pro-
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réponse spontanée ou, dans les situa- gressive de la tension interne au


tions les plus sévères,laquantité et la point que le sujet ne peut maîtriser
durée des manœuvres d'assistance les excitations ou la panique qui
apportées qui servent d'indice pour l'envahissent et qui le mettent dans
évaluer la gravité de l'état du sujet. cet état de détresse.
La détresse respiratoire néonatale J. Lacan mettra davantage l'accent
représente la partie la plus impor- sur la dépendance. Dans sa théorie
tante de la pathologie de l’adapta- de l'imaginaire et du stade du miroir,
tion du nouveau-né. La détresse il soutient que le fond de la détresse
affective manifestée en réponse au du sujet est lié à son état de dépen-
départ de la mère ou à la présence dance au désir de l'Autre, désir face
d'une personne non familière sert auquel il se trouve sans recours.
d'indicateur du niveau de dévelop- Il semble que ce sont ces deux élé-
pement socio-affectif de l'enfant. ments associés, dépendance au
La situation de détresse du nourris- désir de l'Autre et incapacité à se
son laisse des traces inconscientes reconnaître comme sujet désirant,
qui, dans les séparations ultérieures, qui créent cet état de détresse.
peuvent entraîner
une symptoma- _@ Dossiers, Attachement (')
tologie dépressive.Pour M. Klein, p.158; Parent (devenir) p.430.

705
Deuil individus du même âge.
État de perte d’un être cher Un bébé qui, à 8 mois, ne se tient
s'accompagnant de détresse pas assis où qui,à 2 ans,ne marche
et de douleur morale, pouvant pas seul souffre d'un retard moteur
entraîner une véritable réaction par rapport aux âges « normaux »
dépressive et nécessitant d'accession à la station assise ou à
un travail intrapsychique, dit la marche autonome.
«travail de deuil » (S.Freud), Un retard de développement peut
pour être surmonté. être général, c'est-à-dire affecter
© Dossier, Deuil (le) p.226. l'ensemble des fonctions bio-
psychiques :tel est le rachitisme,
Deuil (travail du) qui, au sens strict, est un retard de
© Travail du deuil p.920. croissance, et s'accompagne d'un
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retard mental. Il sévissait encore


Développement dans les pays occidentaux dits «dé-
Ensemble des processus veloppés » dans les premières dé-
successifs qui, dans un ordre cennies du xx° siècle, et ses effets
déterminé, conduisent sur le développement psychique
un organisme à sa maturité. ont été mesurés à l'aide de mé-
thodes psychométriques,en parti-
Développement culier de tests d'intelligence,
qui en-
(quotient de) tendent mesurer un ensemble
© Quotient de développement large de fonctions. Le retard peut
p.866. aussi être circonscrit à une fonction
ou à une activité particulière, et il
Développement est alors qualifié par le domaine sur:
(retard de) lequel il porte :retard moteur, psy-
Décalage temporel chomoteur, perceptif, scolaire, etc.
d'une fonction ou d’une Certains retards sont compen-
activité qui apparaît, chez un sables et certains sont jugés irré-
individu, après le moment où pressibles.En principe, seule l'ana-
elle est apparue chez d’autres lyse du cas autorise un diagnostic

706
et préside à l'adoption d'une dont la vitesse de progression
méthode de rééducation. Ainsi, varie selon les individus.
les retards posturaux observés au
cours de la première année, chez Développement
le bébé, peuvent être résorbés psychomoteur
ou réduits par des rééducations Changements structuraux
psychomotrices. On a cherché de qui permettent à l'organisme
même à traiter et compenser les d'augmenter ses capacités
retards scolaires par la création de biologiques et psycho-
classes d'adaptation, de groupes motrices pour s'adapter
de niveau et par une évaluation à un milieu donné.
individuelle des progrès.
Il n'en va pas de même pour le Développement personnel
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retard mental général, considéré le Travail sur soi dont le but


plus souvent comme insurmon- est de se mieux connaître
table et pour lequel persiste la réfé- et de mieux mettre en valeur
rence à la valeur « normale » du Q], ses propres ressources.
qui est en réalité un quotient d'âge. Cette notion, en vogue et relative-
Cette référence conduit souvent à ment récente, s'inspire des théories
un diagnostic ou,à tout le moins,une de C.Jung.Ce dernier affirme, en ef-
présomption de débilité mentale. fet, qu'à côté des grands instincts
postulés par S. Freud, comme la
Développement moteur sexualité ou l'agressivité, ilexiste un
Transformation de l'organi- autre moteur du comportement hu-
sation des habiletés motrices main qui est la pulsion de devenir
telles qu'elles se révèlent dans soi-même, le besoin de se réaliser.
la motilité, les postures, La notion de développement per-
les actes moteurs dirigés, sonnel s'applique à tout ce qui peut
les capacités locomotrices. être mis en œuvre, soit spontané-
L'évolution peut être décrite par ment, soit par divers moyens, pour
une succession hiérarchisée de reprendre possession de son exis-
| niveaux, de phases, d'étapes,
|
tence, redevenir soi-même, libérer

707
sa personnalité des complexes et savoir une perception souvent
des conditionnements, résister à ses implicite concernant la manière
blocages. Cette volonté de parvenir socialement « correcte » de penser
à une maturité psychique passe au- et d'agir. Dans ce dernier cas, la défi-
tant par un travail sur le corps que nition de ce qui est déviant est fonc-
par un travail sur l'esprit et vise à tion du contexte culturel et de son
terme à leur réunification. évolution. La frontière entre norme
Le développement personnel per- et déviance peut donc être ténue et
met à l'épanouissement personnel temporaire.
(se fixer des objectifs, savoir s'esti- © Norme sociale p.813.
mer), l'épanouissement corporel (ali-
mentation, sommeil), l'épanouisse- Didactique (analyse)
ment affectif (exprimer ses émotions, Analyse didactique p.659.
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une sexualité heureuse) l'épanouis-


sement professionnel (le coaching), Différenciation
culturel et humain (se tourner vers Comportement
les autres, l'art du Feng shui, etc.). ou apprentissage dans
lesquels un stimulus produit
Déviance une réaction, et un autre
Manière d'être ou stimulus ne la produit pas.
de se conduire qui s'écarte Ce mot a été utilisé dans les tra-
des normes sociales et/ou ductions de |.P. Pavlov.On emploie
culturelles ayant cours au sein plutôt aujourd'hui discrimination.
d'un groupe social. Les processus qui conduisent un
Qui dit déviance dit norme. Ce enfant à modifier sa réponse ne
terme peut s'entendre dans deux sont les mêmes ni à tous les âges ni
sens.Le premier renvoie à ce qui est dans toutes les situations ; aussi
moyen, courant ; dans ce cas, la doit-on parler de niveaux de diffé-
déviance peut être positive (les sur- renciation.
doués) ou négative (les handicapés).
Le second sens réfère à des phéno- Différentielle
mènes davantage psychosociaux, à (psychologie)

708
Étude des différences dénombrable.
que l’on observe dans © Histoire de la psychologie,
les conduites d'individus p 16.
différents ou de groupes
différents d'individus placés Dipsomanie
dans la même situation. impulsion très forte,
Il se distingue de celui des psycho- quasi irrésistible, à boire,
logies générales et de celui des se manifestant par accès
psychologies cliniques. La psycho- et s'exerçant surtout
logie différentielle rejoint cepen- sur les boissons alcoolisées.
dant, dans son domaine et par ses
méthodes, les visées universalistes Discordance
des psychologies générales. Si la Défaut d'harmonie entre
procédure permettant de résoudre la pensée ou les sentiments
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plus ou moins bien un problème et leur expression, entraînant


adaptatif peut varier d'un individu une incohérence
à un autre, la variété des procé- des symptômes de la maladie
dures utilisables n'est pas pour mentale.
autant considérée comme infinie. La discordance, ou dissociation,
La psychologie différentielle peut est le trouble fondamental
s'assigner pour objet d'établir l'in- de la schizophrénie.
ventaire de ces procédures pour © Dossier, Schizophrénie (la)
une espèce et un type de situations p.504. |
donnés, et cet inventaire caracté-
rise bien l'espèce dans son en- Dissociation
semble. ll en est de même pour Rupture de l'unité psychique,
l'existence de voies de développe- typique de la schizophrénie,
ment pouvant être différentes d'un se traduisant notamment
enfant à un autre (dans les progrès par une discordance entre
du langage ou de l'intelligence par les idées et les sentiments
exemple), mais ne présentant pour d’uné part, et la façon dont
l'espèce qu'une diversité limitée et ils s'expriment d'autre part
(rire sans motif, par exemple). se trouve placé le sujet lorsqu'il
ne peut fournir de réponse
Dominos (test des) appropriée à deux messages
Test conçu par Anstey contradictoires émis par
en 1948 pour mesurer un ou plusieurs membres
le niveau intellectuel. de sa famille.
Le test des dominos comprend une La double contrainte a été mis en
série de 44 problèmes, constitués évidence pour la première fois par
chacun par un groupe de dominos G. Bateson et son équipe de Palo
disposés suivant une certaine loi.Le Alto. Selon eux, le sujet est sou-
problème consiste à trouver la loi et mis à une manœuvre familiale qui
à compléter la série. Chaque bonne l'empêche de distinguer nettement
réponse crédite d'un point. La note quelle sorte de message lui est com-
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brute ainsi obtenue dépend beau- muniqué. («Sois le premier en classe!


coup du niveau culturel du sujet; Les études ne servent à rien !» Dans
elle est très sensible à la détériora- l'incapacité de commenter et de
tion mentale normale (due à l'âge) comprendre les messages émis, il
ou pathologique. On l'emploie ne peut dés lors fournir qu'une ré-
sous sa forme française, le test D 48, ponse psychotique à une situation
en psychopathologie ou même sans issue.
dans le recrutement de cadres d'en- © Palo Alto (école de) p.824;
treprise. Encadrés p.510 et p.609.
© D48 p.697.
Doubles (illusion des)
Donjuanisme ou syndrome de Capgras
Recherche de satisfactions Trouble grave
narcissiques par de nombreuses de l'identification
conquêtes amoureuses. de personnes familières,
caractérisé par la négation
Double contrainte de leur identité et la croyance
ou double lien délirante qu'elles ont été
Dilemme dans lequel remplacées par un double.
ee

Douleur © Dossiers, Dépression (la)


Expérience sensorielle et p.203 ; Deuil (le) p.226;
affective pénible provoquant Maladie psychique d'un proche
des comportements (face à la) p.388;
d'évitement et de suppression Stress et anxiété p.580.
des conditions qui lui ont
donné naissance. Drogue
€ Substance psychotrope
Douleur morale généralement nuisible pour
Sentiment prolongé de peine la santé, susceptible
et de souffrance mentale, de provoquer une
accompagné d’auto- toxicomanie, et consommée
accusations injustifiées, en dehors d’une prescription
symptôme d'un état dépressif. médicale.
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Par opposition à la douleur d'ori- (SYN. stupéfiant).


gine physique, ou somatique, la (Drogue dure : drogue qui
douleur morale reste uniquement engendre rapidement un état
psychique, ne s'accompagne pas de de dépendance physique.
sensations graves de malaise phy- Drogue douce : drogue
sique et se rattache généralement réputée n'avoir que des effets
aux états d'anxiété et à la dépres- mineurs sur l'organisme.)
sion.À l'occasion d’un deuil, d'une €3 PAR EXTENSION.
rupture, d'une séparation, chacun Médicament pouvant
peut ressentir une telle souffrance. provoquer une
Mais, chez le sujet normal, cette pharmacodépendance
douleur morale s'atténue au bout (benzodiazépine). Substance
de quelques semaines, quelques dont la consommation
mois, quand le travail de deuil s'est chronique excessive est nocive
normalement terminé. Seuls cer- (tabac, alcool).
tains sujets prédisposés tombent © Dossiers, Addictions (les) p.90;
dans une véritable dépression Dépendance aux
| mélancolique. «drogues» (la) p.193.

ETES
DSM ou Manuel une expérience groupale
diagnostique et statistique intensive une sensibilisation
des troubles mentaux aux phénomènes de groupe.
Manuel proposé
aux États-Unis par Dyscalculie
l'Association américaine Difficulté d'apprentissage
de psychiatrie pour établir du calcul, liée à une difficulté
un diagnostique psychiatrique d'utilisation du système
après l'examen d'un malade symbolique.
mental, se référant à une
classification des syndromes Dysharmonie cognitive
et des maladies qui a évolué Syndrome cognitif complexe
profondément depuis 1952, chez l'enfant, qui englobe
année où apparaît le DSM I, à la fois des décalages dans
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jusqu'en 1996, année le développement de certaines


de naissance du DSM IV. fonctions et acquisitions
cognitives (troubles sévères
Dynamique de groupe des apprentissages,
@ Au sens originel, courant retard d'organisation du
de recherche inauguré par raisonnement), des troubles
K.Lewin en 1944 qui a pour dyspraxiques, dysgnosiques
objet l'étude du groupe et dyschroniques.
considéré comme un système À ces troubles est associée une
de forces et pour finalité attitude de déni des difficultés de
le changement social. compréhension.
© Au sens large, ensemble
des études et de leurs Dysharmonie évolutive
applications concernant Perturbation évolutive
les composantes complexe du développement
et les processus de groupe. de l'enfant, de mécanismes
€) Au sens restreint, dispositif de niveaux diversifiés
de formation permettant par (psychotique, névrotique,

712
psychopathique), qui écrite, apparaissant au début
se manifeste par de la scolarité chez des enfants
une symptomatologie en normalement intelligents,
mosaique. indemnes de toute atteinte
sensorielle ou motrice.
Dyskinésie La dysorthographie accompagne
Trouble de l’activité motrice. la dyslexie mais elle peut être aussi
indépendante de tout trouble de la
Dyslexie lecture.
Difficulté d'apprentissage plus L'apprentissage de l'orthographe
ou moins importante nécessite une certaine maîtrise du
de la lecture sans déficit langage et de la lecture, mais aussi
sensoriel ou intellectuel. d'autres aptitudes. L'enfant doit
(Elle se caractérise par pouvoir mémoriser la forme des
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la confusion des lettres, mots et en avoir perçu les éléments


des sons et par des difficultés phonétiques pour s'en faire une
de mémorisation.) représentation mentale exacte. ll
© Dossier, Enfant en difficulté utilise l'épellation à voix basse, qui
d'apprentissage (|') p.289; est souvent à l’origine de fautes par
encadré p.292. confusion de sons [/e chéchoir],
éli-
sions et interversions de sons
Dysmorphophobie [aréoport]. Il transcrit parfois la tra-
Préoccupation exagérée duction de la phrase dictée en des
et même crainte obsédante termes proches de son parler habi-
d'être difforme ou d’avoir tuel [ça métégal qui s'en va seul] au
un aspect disgracieux lieu de [ça m'est égal qu'il s'en aille
de la totalité ou d’une partie seul]. Certaines fautes sont dues
de son corps. à un mauvais apprentissage de la
lecture, d'autres commises par
Dysorthographie erreur d'interprétation, le sens de
Difficulté spécifique portant sur la phrase n'étant pas compris. Par
l'apprentissage de la langue “exemple [c'est Jean qui emmène leur

713
cheval] au lieu de [ces gens qui d'apprentissage (l') p.289;
emmènent leur cheval. encadré, Dyslexie (la) p.292.
Il s'agit souvent d'un retard d'acqui-
sition du langage oral. L'enfant ne Dyspareunie
peut se détacher d'un contenu glo- Douleur provoquée
bal du message et en analyser les par les rapports sexuels chez
éléments. Il ne peut donc les resti- la femme.
tuer dans la langue écrite.Il a des dif- À côté des causes organiques assez
ficultés à intégrer la morphologie rares, la dyspareunie est souvent
complexe des verbes, même quand d'origine affective, qu'elle soit pri-
ilconnaît ses conjugaisons.Il cherche maire, apparaissant dès les pre-
à compenser ses troubles de com- mières relations sexuelles,ou secon-
préhension et ses difficultés à appli- daire, après, par exemple, un accou-
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quer les règles de grammaire par un chement.Elle masque souvent,chez


raisonnement compliqué et erroné la patiente,une frigidité névrotique,
[une tasse de café, il faut un e au bout servant en quelque sorte d’alibi
parce que c'est dans une tasse]. pour se refuser au partenaire.
Enfin, beaucoup d'enfants dysor- C'est pourquoi, pour tous ces cas,
thographiques sont dysgraphiques, l'abord psychothérapique est
masquant par un tracé confus des indispensable. Il fera apparaître
ignorances d'orthographe ou une la cause originaire de la dyspa-
opposition caractérielle. reunie: deuil, crainte d'une nou-
Les auteurs s'accordent sur la né- velle grossesse, avortement avec
cessité de la prévention pédago- sentiments de culpabilité. La dou-
gique et du dépistage, chez les leur sexuelle s'y manifeste comme
enfants en maternelle, des difficul- un refus de plaisir, une conduite
tés d'apprentissage. L'intervention d'autopunition ou un dégoût du
d'un orthophoniste et éventuelle- partenaire.
ment d'autres spécialistes pour © Dossier, Sexualité (les troubles
rééduquer et prendre en charge ces de la), p.535.
enfants ne doit pas être différée.
© Dossier, Enfant en difficulté Dysphasie
Altération et retard Psychose caractérisée
importants du langage par des symptômes de type
chez l'enfant. schizophrénique
La dysphasie est marquée par une mais évoluant par accès
insuffisance de l'articulation et de périodiques sur un mode
la différenciation perceptive des d’allure maniaco-dépressive.
sons ainsi que par une mauvaise
intégration des structures gram-

E
maticales et sémantiques de la
langue.

Dyspraxie Échelle
Trouble des coordinations Notion concernant la mesure
motrices entraînant en psychologie et utilisée
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une maladresse et lorsque ce qui est mesuré


une dysharmonie est ordonnable en une suite
gestuelle. de niveaux se succédant
progressivement.
Dysthymie
Forme de dépression Écho de la pensée
chronique caractérisée Trouble psychosensoriel
par un trouble de la régulation acousticoverbal produisant
de l'humeur présent pendant l'impression d'entendre
la plus grande partie sa propre pensée avant,
de la journée et se pendant ou après l'avoir
poursuivant pendant formulée.
au moins deux ans Ce phénomène hallucinatoire s'ac-
(un an chez les enfants compagne souvent du sentiment
et les adolescents). de ne plus être maître de son acti-
vité psychique, et d'avoir sa pensée
Dysthymique devinée par autrui.
(psychose)
Écholalie Épreuve collective d'intelligence
Répétition involontaire pour enfants de 6 à 14 ans
et dénuée de sens, par composée de quatre cahiers
un malade, des derniers mots adaptés respectivement au
qu'il vient d'entendre. cours préparatoire, aux cours
élémentaires, aux cours moyens
Échopraxie et aux deux premières années
Reproduction automatique de l’enseignement secondaire.
(en écho) d'un geste effectué Les trois derniers cahiers de l'ECNI
par autrui, sans but précis. comprennent des items verbaux et
Ce comportement est retrouvé des items non verbaux.Les résultats
chez l'enfant, chez les sujets souf- s'expriment en termes de quotients
frant d'un trouble psychiatrique d'intelligence : QI global, verbal et
ou d'un syndrome frontal.Ce com- non verbal. Cette épreuve a été
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portement d'imitation n'a aucune notamment utilisée dans une en-


valeur communicative quête sur le niveau intellectuel des
ou ludique. C'est un acte qui ne enfants français d'âge scolaire qui
semble pas pouvoir être refréné,
et a porté en 1965 sur un échantillon
qui équivaut pour certains à la représentatif de 120 000 enfants.
libération d'un réflexe archaïque
n'obéissant à aucun contrôle auto- Écosystème
régulateur. Notion élaborée initialement
par l'éthologie et représentant,
Ecmnésie au sens large, l'environnement
Trouble psychiatrique au cours naturel (physique et social)
duquel un sujet revit d'un organisme, par
des scènes de son passé opposition au milieu artificiel
comme si elles étaient que constituent les conditions
présentes. de vie en laboratoire.

ECNI (échelle collective Écriture


de niveau intellectuel) (apprentissage de |’)
Acquisition du geste L'environnement ne fournit pas en-
graphique considéré comme core de modèles visuels.
une habilité sensori-motrice La copie est une tâche plus com-
afin de s'exprimer plexe que la production de dessins
et de communiquer par écrit. spontanés. Elle implique une ana-
De façon générale, l'’appren- lyse de la forme visuelle, initialement
tissage de l'écriture est perçue comme un tout,en segments
l'acquisition du langage écrit élémentaires et la reconstruction du
comme moyen d'expression modèle à partir de ces segments. Il
et de communication. semble à cet égard que le jeune
À ce niveau, plus qu’à l'apprentis- enfant ait moins de difficultés à ana-
sage de l'écriture proprement dite, lyser qu'à reconstruire les formes, ce
on s'intéresse à la mise en place des qui témoigne d'une certaine indé-
conditions préalables nécessaires à pendance des schémas moteurs et
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cet apprentissage. Dès 18 mois, l'en- visuels et du fait qu'il n'y a sans doute
fant produit spontanément des gri- pas un schéma unique permettantà
bouillages et commence à tracer la fois la lecture et l'écriture. S'agis-
des traits définis. Vers 30 mois, son sant de la copie de modèles géomé-
répertoire de traits s'étend avec la triques, la plupart des auteurs s'ac-
capacité d'imiter les mouvements cordent à dégager une séquence
d'écriture ; la vision commence à développementale spécifique : les
guider la main au lieu de simple- cercles à 3 ans, les carrés à 4 ans, les
ment la suivre. Vers 3 ans, les traits triangles à 5 ans et les losanges à 7
sont mieux contrôlés, plus variés ans, la précision de la copie s'ac-
(vagues, zigzags, cercles, boucles), croissant fortement entre 5 et 6 ans.
moins répétitifs et plus petits. Ce- À partir de ce moment, le dessin en
pendant, jusqu'à environ 4 ans, ces l'absence de modèle peut être guidé
traces graphiques paraissent plus par une image visuelle, l'activité gra-
produites pour elles-mêmes que phique pouvant être considérée
comme visant à représenter des ob- comme le mouvement du crayon le
jets, même si les résultats sont quel- long des contours projetés d'un
quefois semblables à des objets. objet imaginé.

717
Parallèlement à ce développe- de contradictions et visant des buts
ment des traces graphiques, et le inséparables et inconciliables.
conditionnant en partie, on peut Au «siècle de l'enfant »,on a mis en
suivre le développement de la prise opposition deux manières de voir
manuelle du crayon. D'une prise l'éducation : une conception
palmaire (le crayon est saisi ferme- ancienne de l'éducation, envisagée
ment dans la paume de la main) dès comme un art de conduire les
l'âge de 12-18 mois, l'enfant passe enfants à l'intériorisation des
rapidement à une prise plus digitale normes de leur classe sociale, dans
(le pouce sur le côté gauche du un souci de reproduction du sys-
crayon et les autres doigts sur le tème socioculturel, et une concep-
côté droit) vers 2 ans. Dès l'âge de tion moderne de l'éducation, qui
3 ans, la prise adulte commence à tiendrait compte des acquis de la
être approchée (opposition pouce- psychologie de l'enfant et viseraïit
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index et extension du majeur). À l'épanouissement de toutes les


6 ans, la prise adulte est quasiment qualités en germe chezles enfants.
atteinte et ce sont des mouvements En fait, si le discours dominant sur
des doigts et du poignet qui pro- l'éducation exprime la conception
duisent le graphisme. moderne, les pratiques éducatives
© Dessin d'enfant p.215. ne peuvent pas ne pas tenir
compte de la conception ancienne.
Éducation En effet, toutes les potentialités
Action qui vise à développer ne sont pas également dévelop-
les potentialités d’un individu pées par les éducateurs.Certaines
qui sont valorisées aptitudes sont identifiées, exer-
par le groupe social auquel cées et soutenues, cependant que
il participe. d'autres sont oubliées, voire
En tant que telle, l'éducation consti- découragées, en fonction de ce
tue, pour S. Freud, l’un des trois qui, de manière plus ou moins
domaines impossibles, avec la psy- implicite,est considéré comme «le
chanalyse et la politique ‘impossible meilleur pour l'enfant » et permet
parce qu'essentiellement constituée d'assurer un certain équilibre

718
social. Par exemple, l'esprit d'en- Éducation nouvelle
treprise sera très diversement Mouvement pédagogique
exercé selon qu'il s'agit d'un gar- centré sur l'enfant, privilégiant
çon ou d'une fille. Simultanément, les méthodes actives qui
l'éducation tient effectivement impliquent la participation
compte de ce qu'est l'enfant, de ce active de l'enfant à sa propre
qu'il est capable de comprendre, formation.
d'intérioriser, de prendre plaisir à La spécificité de l'éducation nou-
faire ou ne pas faire.
Ce que la psy- velle se marque par quelques prin-
chologie a établi concernant le cipes simples : en refusant de
développement des mécanismes mettre l'accent sur le contenu et en
d'apprentissage permet d'agir sur écartant tout autoritarisme de
ce développement, en évitant au l'adulte, elle a pour objectif:
maximum les conflits. Tout sys- © de partir des centres d'inté-
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tème éducatif ouvre certaines rêt de l'enfant lui-même ;


portes et en ferme d'autres. Que € de susciter la coopération
ce soit dans la famille, à l'école, entre les apprenants en refusant la
dans toutes les institutions à visées compétition ;
éducatives que fréquentent les €» surtout de favoriser la dé-
enfants, les pratiques éducatives couverte par l'enfant lui-même
résultent de conflits d'intérêts, de en écartant tout exposé dogma-
conflits de valeurs et de compro- tique. Il faut pour cela que les édu-
mis, elles mènent toujours, simul- cateurs prennent en compte les
tanément, à des acquis et à des étapes du développement de l'en-
frustrations. La richesse d'une fant. L'éducation nouvelle est en
espèce, pourtant — en l'occurrence fait une hygiène personnelle et
l'espèce humaine -, naît des diver- formatrice: elle refuse l'accumu-
sités issues de ces contradictions. lation de connaissances pour elles-
© Dossiers, Éducation et rôle mêmes. Le mouvement éducatif
des parents p.233; Émotions de l'école nouvelle est apparu en
féminines, émotions masculines Allemagne avec F. Frôbel (1782-
p.243. 1852), puis le mouvement s'est

719
doté de structures internationales du comportement les conduisant à
grâce au Suisse A. Ferrière (1879- l'échec scolaire. Les sections d'édu-
1960). L'Italienne M. Montessori cation spécialisée, annexées aux
(1870-1952) en a été une des plus collèges d'enseignement secon-
importantes praticiennes. daire, accueillent les débiles légers
âgés de 12 à 17 ans. Les classes de
Éducation spéciale perfectionnement, annexées aux
Éducation destinée aux écoles élémentaires, reçoivent des
personnes qui ne réussissent enfants âgés de 6 à 13 ans pré-
pas ou ne réussiront vraisem- sentant un déficit intellectuel. Les
blablement pas à atteindre, instituts médico-pédagogiques
dans le cadre de l’ensei- reçoivent des enfants âgés de 3 à
gnement ordinaire, les niveaux 16 ans;ils leur procurent un ensei-
éducatif, social et autres qui gnement général ainsi qu'une for-
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correspondent à leur âge. mation gestuelle. Les instituts


Les centres d'action médico-sociale médico-professionnels doivent être
précoce ont pour but le dépistage considérés comme des établisse-
et le traitement, en ambulatoire, ments de suite des structures pré-
des enfants âgés de moins de 6 ans. cédentes;les intéressés y reçoivent
Les centres médico-psycho-péda- une formation professionnelle
gogiques effectuent des consul- adaptée à leur handicap. Les deux
tations à visées diagnostique et dernières catégories d'établisse-
thérapeutique, pour les enfants ments sont appelées des instituts
inadaptés mentalement ; dans ces médico-éducatifs ; ils fonctionnent
structures, comme dans les précé- sous le régime de l'externat ou de
dentes, les équipes sont pluridisci- l'internat.
plinaires (psychiatres, psycho- © Dossier, Enfant différent
logues, orthophonistes, psycho- (avoir un) p.282.
motriciens, assistantes sociales). Les
classes d'adaptation accueillent en Ego
milieu scolaire ordinaire les enfants Traduction usuelle en anglais
non débiles présentant des troubles et en américain du terme
pé « # #
Em OfI\ té

freudien /ch, qui signifie vue avec ses camarades. Ils expri-
en français aussi bien « moi » ment des sortes de «monologues
que « je ». collectifs».
© Préopératoire (période) p.846:
Égocentrisme Stade p.898; dossier, Enfant (|)
Situation d’un sujet qui p.251.
considère le monde de son
seul point de vue et de son Égopsychologie
propre intérêt. Courant théorique
Le concept d'égocentrisme trouve de la psychanalyse américaine
son origine dans la psychologie ana- s'appuyant sur une lecture
lytique de C. Jung et son actualité partielle de S.Freud (/e Moi
dans la théorie piagétienne du dé- et le Ça, 1923) et d'A.Freud
veloppement de l'enfant. (le Moi et les mécanismes
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Pour J.Piaget, l'égocentrisme se ma- de défense, 1936) et qui


nifeste particulièrement lors de la concentre la dynamique
période dite «préopératoire» entre psychique sur des relations du
2 à 7 ans. L'égocentrisme enfantin moi avec les autres instances
caractérise un stade de développe- et sur l'adaptation à la réalité
ment donné.lIl a trois aspects : externe.
@ L'égocentrisme moral : l'en-
fant éprouve de la jalousie lors de Électrochoc
la naissance d'un petit frère ou Méthode de traitement
d'une petite sœur. des dépressions graves
@ L'égocentrisme social : lors et de certaines psychoses, qui
d'un spectacle de fin d'année, l'en- consiste à provoquer
fant de l'école maternelle peut des convulsions épileptiques
abandonner sa danse et ses parte- par le passage bref
naires pour observer le public ou de courant électrique
chercher ses parents du regard. à travers le cerveau.
€) L'égocentrisme intellectuel, Ce termé, de connotation très
| l'enfant n'échange pas de points de négative, tend à être remplacé par
ceux de sismothérapie ou d'élec- se présente à lui comme objet d'un
troconvulsivothérapie (ECT). besoin instinctuel.
© Dossier, Attachement (|!)
Émotion p.158.
Trouble subit, agitation
passagère, causé par Encastrement
un sentiment vif de peur, Action qui consiste à placer
de surprise, de joie, un objet dans un moule
de colère, etc. correspondant à sa forme.
© Dossier, Émotions féminines Pour étudier cette action, on utilise
émotions masculines p.243. en psychologie des planches à
encastrement, faites de cases de
Émotivité formes et formats variés. Les objets
Disposition à être affecté
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à encastrer sont présentés en vrac.


par des événements souvent Les épreuves d'encastrement sont
insignifiants. des tâches de rapidité-précision,
L'émotivité,
qui s'oppose à la non- réussies quand le sujet a placé aussi
émotivité, constitue, avec l’activité vite que possible tous les objets
et le retentissement, les trois dans les cases adéquates. Les pre-
dimensions de la caractérologie mières planches à encastrement ont
de G.Heymans et E.Wiersma. été inventées par J.-M. G.Itard pour
tester la discrimination de formes et
Empathie la détection des similitudes en dépit
Faculté intuitive de se mettre d'orientations spatiales différentes.
à la place d'autrui, qui repose Des jeux éducatifs, construits à par-
sur la capacité de partager tir de ce prototype, peuvent être pro-
et même d’'éprouver posés à de jeunes enfants à partir
les sentiments de l’autre. de 15 mois. Il n'est pas rare que la
performance, après avoir atteint
Empreinte son maximum, régresse quand l'en-
Fixation irréversible de l'animal fant, après avoir maîtrisé la tâche,
nouveau-né au premier objet qui cherche à introduire les objets dans

722
des moules d'autres formes que les Ces substances sont également
leurs. De telles conduites ludiques impliquées dans de nombreux
sont indicatives des propriétés attri- comportements tels que la mé-
buées aux objets. moire, l’activité motrice, l’alimenta-
tion ou le sommeil.
Encoprésie
Trouble du développement Enfant (1)
du jeune enfant se mani- ODossier, p.251.
festant parla défécation dans
sa culotte à un âge (après 2 ans) Enfant
où l'acquisition de la propreté (l’arrivée du premier)
est normalement achevée. © Dossier, p.263.

Endorphine Enfant (désir et non désir d’)


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ou endomorphine © Dossier, p.275.


Substance naturelle,
synthétisée dans le système Enfant différent (avoir un)
nerveux central mais aussi © Dossier, p. 282.
dans certains organes
périphériques, qui produit Enfant en difficulté
des effets antalgiques d'apprentissage (|)
comparables à la morphine. © Dossier, p.289.
Les endorphines participent à de
très nombreuses fonctions. La per- Enfant (psychologie de l”)
ception de la douleur, certes, mais Étude de l'enfant comme
aussi le stress, au cours duquel les être spécifique, différent
endorphines sont libérées au ni- de l'adolescent et de l'adulte.
veau central et périphérique. Ainsi, L'objectif
de la psychologie de l'en-
la b-endorphine mesurée dans le fant est de mettre en évidence les
sang est augmentée lors de l'exer- spécificités de l'enfance, voire de
cice physique, l'accouchement, la l'adolescence. Pour y parvenir, elle
chirurgie ou le stress des examens. entend étudier l'enfant pour lui-

723
même, sans référence à l'adulte qu'il cation de l'animisme enfantin.Ces
deviendra.Elle s'intéresse donc aux positions résument ce qui la dis-
répertoires particuliers à un âge tingue de la psychologie géné-
donné et cherche l'explication des tique : le refus d'utiliser l'enfant
comportements isolés dans les sys- comme un modèle explicatif des
tèmes auxquels ils appartiennent conduites,comme un sujet épisté-
au moment où ils se manifestent. mique, c'est-à-dire la base, fût-elle
Ainsi, elle peut décrire l'enfant de fondamentale, d'un savoir orga-
3 ans, ou l'enfant de 7 ans,à partir de nisé. La conclusion extrême d'une
comportements où de configura- psychologie de l'enfant consiste-
tions comportementales typiques : rait, comme l'a indiqué R. Zazzo, «
l'opposition à 3 ans, l'argumentation à opposer [.…]la mentalité de l'en-
objectiviste à 7 ans,etc. sans regard fant à la mentalité de l'adulte ».
en arrière, par souci d'en expliciter Mais le rythme, l'ampleur et
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les origines, ni prévision. l'orientation des changements


Elle peut décrire une succession de observables de la naissance à l'âge
changements sans s'interroger sur adulte s'y opposent et la psycho-
leur sens et énoncer des pronostics logie de l'enfant n'a d'autre
sans leur accorder une valeur géné- recours que de considérer l'en-
rale mais en insistant sur les condi- fance comme une multiplicité
tions de leur réalisation. discontinue.
Dans cette perspective, la psycho- © Histoire de la psychologie
logie de l'enfant a longtemps p.16; Dossier, Enfant (l') p.251.
refusé les explications causales,
suspectes de simplification abu- Enfant unique
sive ou de réductionnisme,au pro- (solitude de l’)
fit d'analogies qui reposaient sur OEncadré, p.548.
l'hypothèse de finalités com-
munes. Ainsi, elle a par exemple Énurésie
emprunté aux explications de Émission d'urine
l'animisme observé dans des dont le déclenchement est
sociétés non industrielles l'expli- involontaire et inconscient,
le plus souvent pendant tieuses, même si les manifestations
le sommeil. de masse de certaines de ces mala-
On distingue l'énurésie primaire, dies (comme la peste ou le choléra)
lorsque le contrôle sphinctérien n'a ont été les premières à intéresser
jamais été acquis, la plus fréquente, les observateurs médicaux. C'est
de l'énurésie secondaire, qui survient ainsi que l'épidémiologie a pris une
après un intervalle plus ou moins place importante en psychiatrie
long de propreté complète. C'est dans l'étude des facteurs étiolo-
entre 18 et 24 mois que l'éducation giques et évolutifs des maladies
du contrôle sphinctérien est pos- mentales.
sible. Hors pathologie urologique ou
endocrinienne, les causes de l'énu- Épilepsie
résie doivent être analysées avec Nom donné à un groupe
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l'aide de la famille. de maladies nerveuses


essentiellement caractérisées
Épidémiologie par des manifestations
Science des phénomènes convulsives.
de masse des maladies Pour le Dictionnaire de l'épilepsie
qui s'attache à l'étude de leur (OMS,1973), c'est plus précisément
fréquence et de leur «une affection chronique d'étiolo-
distribution en fonction de gies diverses, caractérisée par la
multiples facteurs tenant aux répétition de crises résultant d'une
patients, comme l'âge, le sexe, décharge excessive de neurones
les caractéristiques physiques, cérébraux (crises épileptiques),
comportementales, quels que soient les symptômes
culturelles, professionnelles cliniques ou paracliniques éven-
ou sociales et aux milieux tuellement associés ». En accord
géographique, climatique, avec la classification de l'OMS, on
démographique ainsi qu'aux distingue deux grandes formes
conditions de vie et d'habitat. d'épilepsie : les épilepsies générali-
L'épidémiologie n'est pas réservée _sées et les épilepsies partielles.
aux maladies contagieuses et infec-

725
Équilibration Adaptation p.652;
Concept clé de la théorie de Assimilation p.666.
J.Piaget (1975). L'équilibration
correspond à une tendance Équilibre des structures
innée de l'organisme à Selon J. Piaget, mode
intégrer les données de d'organisation des systèmes
l'environnement à ses propres cognitifs successifs de l'enfant
structures et à ajuster au cours de sa maturation.
ces dernières aux impératifs
du milieu. Le fonctionnement Éreuthophobie ou
cognitif consiste donc en une érythrophobie
adaptation résultant d'un Peur obsédante de rougir.
équilibre (ou équilibration) Dans la plupart des cas, l'éreutho-
entre assimilation phobie s'accompagne effective-
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et accommodation. ment de rougeur du visage ou de


Les structures cognitives ne sont sudation, ce qui augmente l’incon-
jamais en état d'équilibre total et fort du sujet, notamment lorsqu'il
permanent (équilibre entre l'assi- est en présence d'autres per-
milation et l'accommodation) et ne sonnes.
connaissent qu'un équilibre pré-
caire pouvant être perturbé par un Ergonomie
événement que la structure ne Discipline ayant pour objet
peut assimiler. L'équilibration est d'étude l'environnement
donc le processus par lequel cette et les processus physiques
structure déséquilibrée retrouve un et mentaux du travail pour
équilibre. en améliorer les conditions
Cet équilibre retrouvé signifie rare- d'exécution.
ment un retour pur et simple à l'état Selon l'étymologie du mot, l'ergo-
antérieur. Le plus souvent, l'équili- nomie serait la discipline qui éla-
bration aboutit à un palier d'équi- bore les normes relatives aux
libre meilleur que le précédent. conditions physiques (chaleur,
€ Accomodation p.648 ; froid, bruit, lumière, etc.) et physio-

726
logiques (normes anthropomé- son objet illustrent son caractère
triques) de l'exécution d'une tâche. pluridisciplinaire.
Cette conception réductionniste de Le domaine d'étude de l'ergono-
l'ergonomie, limitée à l'étude des mie s'est élargi récemment à celui
astreintes dans le système homme- de l'école, considérant l'élève
machine pour mieux adapter l'ins- comme un travailleur au même
trument à son utilisateur (ergono- titre que l'adulte.
mie de conception)
est aujourd'hui
intégrée dans une trilogie interac- Ergothérapie
tive plus large, englobant à la fois Méthode de traitement
l'étude des conditions physiques du et de réadaptation
travail et des aménagements tech- d'handicapés moteurs
niques et l'analyse des processus ou de malades mentaux par
d'échanges physiologiques, psy- l'apprentissage et la pratique
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chologiques et sociaux. de techniques artisanales


L'ergonomie moderne,
qui s'exerce ou de travaux manuels
sur le terrain et en laboratoire, adaptés à leurs capacités,
intègre dans son analyse les carac- en vue de leur réinsertion
téristiques humaines individuelles, socioprofessionnelle.
les contextes physiques et sociaux
d'exercice du travail ainsi que la di- Érogène
mension temporelle de ce dernier Se dit de toute partie du corps
(durée et rythmes de travail, vieillis- susceptible de manifester
sement). Les méthodes variées une excitation de type sexuel.
(observation directe ou indirecte, Pour la psychanalyse, la notion de
techniques d'analyse des condi- zone érogène traduit le fait que des
tions et des postes de travail et de pulsions partielles peuvent investir
l'activité de l'opérateur,expérimen- tout lieu du corps.
tation) empruntées à d'autres
sciences, comme la physique, la Érotomanie
physiologie, la médecine, la sociolo- _Illusion délirante d'être aimé
gie et la psychologie, et adaptées à par une personne, le plus

721
souvent inaccessible. des difficultés pour mener une cure
analytique chez certains patients,
Étalonnage présentant une grande insécurité
Établissement, dans intérieure, une intolérance à la
une épreuve psychologique, frustration et une hypersensibilité
d'une échelle permettant aux remarques, souvent ressenties
de situer le résultat obtenu comme un jugement. Clinique-
par un sujet par rapport aux ment, les patients qui présentent
résultats qui ont été observés ce type de personnalité sont sou-
antérieurement dans vent bien adaptés socialement,
une population de référence mais leurs relations affectives sont
suffisamment nombreuse instables, marquées par la dépen-
et homogène de sujets dance dite « anaclitique » et la ma-
comparables à celui nipulation agressive. Ils se défen-
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qui a été examiné. dent contre la dépression, faite


surtout d'un sentiment de soli-
État limite tude, de vacuité et d'ennui, sans la
Trouble psychiatrique culpabilité ni le ralentissement psy-
intermédiaire entre chomoteur habituel. Le règlement
la psychose et la névrose. des tensions conflictuelles utilise
(SYN. borderline.) préférentiellement des passages à
Il s'agit donc de troubles mentaux l'acte, entraînant une instabilité
dont la position nosographique socioprofessionnelle et affective,
reste assez ambiguë :les termes de mais aussi des conduites d’auto-
psychonévroses graves d'un côté, destruction par impulsions suici-
de schizophrénies pseudonévro- daires, accidents ou abus toxiques.
tiques de l’autre, ont pu, à une cer- © Dossiers, Psychose (la) p.457 ;
taine époque, les situer sur le plan Schizophrénie (la) p.504.
du diagnostic. Mais c'est plus au
niveau de ia structure de la per- Ethnopsychiatrie
sonnalité que la notion s'est préci- Domaine de la psychiatrie
sée. Des chercheurs ont constaté consacré à l'étude des

728
troubles mentaux en fonction versaux du comportement de
des groupes culturels l'homme. Elle s'est ensuite consacrée
et ethniques auxquels à l'étude du comportement social de
appartiennent les sujets l'enfant en période préverbale, puis
qui en seraient atteints. de l'homme dans la dimension non
L'ethnopsychiatrie tient à la fois verbale de sa communication. Elle
d'une pratique thérapeutique s'at- s'adresse aujourd'hui à l'étude du
tachant à traiter les divers malades comportement humain dans toutes
mentaux en tenant compte de leur les situations de sa vie normale et
insertion et appartenance à un pathologique, ouvrant ainsi un large
groupe socioculturel ou ethnique champ d'application.
déterminé et d'une science cher- © Dossier, Attachement ([) p.158.
chant à repérer et à comparer des
modalités et des formes de patho- Étrangeté (sentiment d’)
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logie mentale spécifiques à tel ou Sentiment de malaise


tel milieu social particulier. et de bizarrerie devant un être
ou un objet pourtant familier
Éthologie humaine et parfaitement reconnu.
Branche de l’éthologie
consacrée à l'étude de Euphorie
l'homme dans ses diverses État général de l'humeur
conditions de vie et d'activité. correspondant à un intense
Dans un premier temps, sous l'impul- sentiment de satisfaction,
sion du courant classique, l'éthologie de bien-être et d'optimisme.
humaine s'est attachée à rechercher,
dans des conditions de privation au Évitement
cours de l'ontogenèse (ensemble ÉTHOL. PSYCHOL.
des processus intervenant dans la Comportement dans lequel
mise en place des comportements l'homme ou l'animal émet
au cours de l’organogenèse de l'in- une réaction avant
dividu), puis à travers une approche _ qu’un stimulus nocif
comparative transculturelle, les uni- ne l’atteigne.

729
mi e pire
RAS PRES AR LS àIP or

LI ;

DÉVELOP. Réaction primitive champ perceptif), une pertur-


réflexe à des stimulations bation profonde de l'humeur
tactiles par laquelle un bébé (angoisse ou plus rarement
fuit un objet. euphorie), un envahissement
Les réactions d'évitement, que hallucinatoire et délirant de
C.M.Twitchell oppose aux réac- tout le vécu du sujet et, pour
tions d’agrippement, sont pro- celui-ci, l'impression qu'il ne
voquées par une stimulation peut plus contrôler ces
très légère du dos de la main. À phénomènes (dans leur fixité
peine ébauchée à la naissance, la ou leur rapidité excessives)
flexion du bras, en vue d'écarter comme s'il les subissait
la main du stimulus, devient nette d'une manière automatique
à partir de quelques semaines. ou étrangère à lui-même.
Entre 12 et 20 semaines, c'est la
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stimulation du bord cubital de la Expérimentale


main qui devient la plus efficace, (psychologie)
mais un véritable geste d'évite- Ensemble des connaissances
ment, avec flexion, extension, qui, en psychologie, ont été
rotation et abduction, apparaît élaborées au moyen
seulement entre 20 et 40 semaines. de la méthode expérimentale.
Twitchell voit dans les réponses Pendant une assez longue période,
d'évitement un facteur aussi im- que l'on peut faire partir des années
portant que le guidage visuel du 1880 - en considérant comme des
geste dans la genèse de la pré- précurseurs les pionniers de la psy-
hension. chophysique, qui sont antérieurs à
cette décennie -,il a existé un vaste
Expérience délirante domaine de recherche dénommé
État de conscience patholo- psychologie expérimentale.
gique transitoire caractérisé par Peu à peu, la situation a changé.
une atteinte des perceptions L'utilisation de la méthode expéri-
externes et internes (troubles mentale, au sens étroit (au labora-
de la clarté et de la lucidité du toire) ou au sens large (sur le ter-

730
rain), s'est répandue largement et Exploration (conduite d’)
elle est devenue la méthode domi- Ensemble des parcours
nante de recherche dans plusieurs effectués à des fins de
sous-domaines. En outre, en psy- connaissance, pendant
chologie générale, elle est de- lesquels un organisme vivant
venue capable d'aborder des pro- applique ses capacités
blèmes difficiles, qui jusque-là lui d'observation au milieu.
échappaient,comme les processus
intellectuels, au lieu de se confiner Expression émotionnelle
à des questions limitées. Ensemble des traits comporte-
Simultanément la modélisation mentaux par lesquels se révèle
s'est largement développée. l'émotion, tels que le sourire,
Il'est dès lors devenu de moins en les pleurs, les mimiques
moins significatif de caractériser un faciales, les attitudes.
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ensemble de connaissances de la On lui reconnaît deux fonctions :


psychologie par la méthode qui les celle d'aider à la régulation des ten-
a produites.
On préfère générale- sions émotives elles-mêmes, donc
ment classifier ces connaissances à la restauration d'un état d'équi-
par leur objet ou leur contenu. Le libre ; celle de composer une sorte
développement de la psychologie de langage décodable par les
cognitive, qui constitue par elle- congénères, voire universel.
même un domaine, s'est réalisé C'est C. Darwin qui, le premier, a in-
pour l'essentiel au moyen de la sisté sur l'importance de ces expres-
méthode expérimentale. sions chez l'animal et décrit leurs
© Histoire de la psychologie p.16; ressemblances physiques entre
Cognitives (sciences) p.684. les espèces, y compris l'espèce
humaine.Les expressions émotion-
Exploration nelles sont observables dès les pre-
Comportement par lequel miers âges de la vie ; elles évoluent
le jeune enfant se déplace au cours du temps ;elles sont, dans
et observe le milieu de nombreuses espèces animales,
où il se trouve. l'objet d'une socialisation et, chez

731
l'homme. elles sont modelées diffé- peuvent être utilisées dans des jeux
remment, suivant les cultures. sociaux.
© Dossiers, Émotions féminines
termesAu cours du développement, l'ex-
pression émotionnelle apparaît émotions masculines p.243;
comme une conduite sociale privi- Nouveau-né (interactions
légiée autour de deux ans. C'est avec le) p.415.
l'âge dit « du cabotin affectueux »,
où toute appréhension d'un évé- Eysenck (questionnaire
nement, d'un objet ou d'une per- de personnalité d’) ou EPI
sonne s'accompagne de mimiques Test construit par H.J.Eysenck
et d’attitudes manifestant l'affecti- permettant d'évaluer
vité :le retrait d'un jouet ou le refus deux traits qu'il considère
d'accéder à un désir de l'enfant comme fondamentaux
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provoquent la colère, avec cris dans la personnalité.


aigus, trépignements et pleurs. Le questionnaire d'Eysenck est
L'agrément se manifeste par le rire, composé de 57 items portant sur
les câlineries, l'excitation joyeuse. les conduites habituelles du sujet
Ces réactions apparaissent, aux dans la vie quotidienne. ll fournit
yeux de l'adulte exagérées.Elles ne une évaluation des deux traits
paraissent pas mesurées à l'aune fondamentaux de la personnalité
de l'émotion qui les provoque. (extraversion-introversion et névro-
La psychologie contemporaine sisme) et accessoirement une éva-
s'est attachée à montrer, par des luation de la tendance du sujet à
procédures d'habituation ou de falsifier ses réponses (échelle L
préférence, que la sensibilité aux comme lie, « mensonge »). Il existe
expressions émotionnelles autorise deux formes parallèles de l'EPI.

F
des discriminations très précoces :
le bébé de 1 mois différencie un
visage souriant (les coins de la
bouche sont relevés) d'un visage Fading
triste (les coins de la bouche sont Forme discrète de barrage
tombants). Ces discriminations constituée par l'arrêt

732
progressif du cours ne pas entraîner d'habituation.
de la pensée (fading mental)
ou d’une séquence motrice Fantasme
(fading moteur). Scénario imaginaire conscient
Ce phénomène est caractéristique ou inconscient impliquant
de la schizophrénie. le sujet et qui met en scène
de façon plus ou moins
Familiarisation déguisée son désir.
Prise de connaissance Il existe des fantasmes conscients
d’un objet ou d'un événement assimilés aux rêveries diurnes et
nouveau au cours des fantasmes inconscients à l'ori-
de rencontres plus ou moins gine des rêves, des lapsus, des actes
durables et nombreuses. manqués. Certains fantasmes in-
La familiarisation permet d'ac- conscients ne deviennent acces-
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quérir et de mettre en mémoire sibles au sujet que par la cure ana-


les multiples informations que lytique tandis que d’autres restent
fournit la vie quotidienne. L'étude à tout jamais refoulés. Pour S.Freudl,
des capacités cognitives (diffé- le désir inconscient du sujet peut
renciation, identification, mé- être représenté par divers person-
morisation) du bébé humain fait nages qui peuvent figurer dans le
largement appel à des procé- fantasme. La mise en scène du dé-
dures de familiarisation systéma- sir dans le fantasme est fortement
tique: présentations répétées liée à la présence de l'interdit. En-
d'un même stimulus ou présenta- fin, des fantasmes inconscients
tion unique pendant une assez peuvent être à l'origine de cer-
longue durée. taines névroses.
Familiarisation et habituation ont
fréquemment été considérées Fantôme
comme synonymes. C'est une Représentation traumatique
erreur, car, si l'habituation résulte isolée selon un mécanisme
forcément d'une familiarisation, spécifique de forclusion non
une familiarisation peut fort bien | psychotique.
Des secrets généalogiques pour- tuellement source d'une avancée
raient ainsi se transmettre à des dans la dialectique œdipienne,
enfants et produire des effets devient dans le fétichisme un trau-
pathogènes à l'insu des parents. matisme indépassable. Sous la pres-
© Dossiers, Générations sion de l'angoisse d'une castration
précédentes (les liens avec les) que le sujet redoute pour lui-même,
p.327 ; Secrets de famille (les) le fétiche est instauré comme un
p.520. substitut du pénis maternel, une
garantie prise contre sa disparition.
Feed-back Le choix du fétiche en lui-même ne
Rétroaction. vise pas une ressemblance formelle
avec le pénis. Il est généralement lié
Fétichisme à des souvenirs perceptifs précédant
Activité sexuelle spécifique la vision de la zone génitale de la
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nécessitant la présence mère, sur le trajet de bas en haut


et l’usage d’un objet précis : suivi par le regard de l'enfant (ainsi
le fétiche, sans lequel seront élus une bottine, un élément
la satisfaction ne saurait de vêtement), et suit également
être atteinte. Le fétiche peut la voie des associations d'idées.
être une chaussure, © Déni p.734.
un sous-vêtement ou une
partie du corps (le pied, Fidèlité et infidèlité
la main, les cheveux). © Dossier, p. 306.
Le fétichisme fait partie des perver-
sions et manifeste une position sub- Figuratif, -ive
jective particulière, presque exclusi- © Qui se rapporte à la percep-
vement masculine, vis-à-vis de la cas- tion ou à l'imagerie mentale.
tration maternelle.S.Freud relie l'ori- €) Qui imite ou qui évoque
gine du fétiche et sa fonction à la l'objet signifié.
découverte par l'enfant mâle de l'ab- On distingue généralement deux
sence de pénis chez sa mère. Cette sortes d'information ou de repré-
perception incontournable, habi- sentation. D'une part, celle qui se

734
caractérise par ses ressemblances souvenirs.
avec la perception, et qui est appe- © Amnésie p.658.
lée figurative, d'autre part, celle
pour laquelle les ressemblances Fœtal (développement)
avec la perception sont lointaines, Développement prénatal
et qui est appelée, selon le cas, à partir du moment
opérative (J. Piaget), proposition- où un embryon présente
nelle, symbolique, conceptuelle, etc. les caractères
L'image mentale est l'exemple morphologiques
typique de la représentation figu- de son espèce (mammifères).
rative. La biologie considère
que l'embryon est devenu
Filiation un fœtus lorsqu'il possède
GÉNÉR. Relation de parenté les principales caractéristiques
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la plus directe dans de son espèce. Cette


la succession des générations. distinction est difficile à établir
DÉVELOP. Dans plusieurs dans l'espèce humaine dont
théories, notamment dans le développement est exempt
la théorie piagétienne, mode de métamorphose ; toutefois
de production des structures on la situe habituellement
mentales qui se succèdent vers la 12° semaine
au cours du développement. de gestation. Le Comité national
d'éthique a recommandé (1988)
Fin de vie l’utilisation préférentielle
Dossier, Fin de vie du mot fœtus pendant la durée
accompagnement complète de la gestation.
et soins palliatifs p.311. En psychologie, le développe-
ment fœtal couvre les périodes de
Fixation (amnésie de) mise en place des supports orga-
Forme d’amnésie caractérisée niques, en particulier nerveux, et
par l'impossibilité des compétences fonctionnelles
de mémoriser de nouveaux “ qui sont le lieu des interactions
Of[MALIONS GE ÿ ere

avec l'environnement. explication du déclenchement


de la psychose.
Folie Dans les psychoses, un signifiant par-
Maladie de l'esprit. ticulier, le «Nom-du-Père» serait for-
æ
Déraison ou absence clos, il n'aurait pas du tout été admis
de raison ; caractère de ce qui dans le psychisme du sujet. Le psy-
échappe au contrôle de celle-ci. chotique serait dés lors sans cesse
C'est un terme vieilli qui désigne en quête de formations substitutives
d'une manière générale l'aliénation (délires, hallucinations) de cette fonc-
mentale, en particulier dans ses tion paternelle qui doit priver l'en-
formes psychotiques. On le trouve fant du désir de la mère et lui assu-
encore utilisé quoique de plus en rer, par ce fait, une identité.
plus rarement dans le vocabulaire © Castration p.679;
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psychiatrique,
allié à un adjectif
qui Nom-du-Père p.811;
le précise :folie circulaire (psychose dossier Psychose (la) p.457.
maniaco-dépressive), folie raison-
nante (délire d'interprétation) ou Formations
folie du doute (psychonévrose de l'inconscient
obsessionnelle). Phénomènes psychiques très
Mais le terme de folie, est surtout divers dont le caractère
employé dans les approches socio- commun est d’avoir un tout
logique et anthropologique (chez autre sens que leur sens
M.Foucault, par exemple). immédiat.
S.Freud a repéré leur présence dans
Forclusion la vie psychique la plus commune
Terme forgé par J. Lacan, inspiré en systématisant la règle des asso-
du vocabulaire juridique, qui ciations libres qu'il avait mise en
exprime à la fois la double place pour le traitement des
notion de « rejet » et d'xirréver- névroses. Le même mécanisme
sibilité». En l’associant au est à l'œuvre dans toutes les for-
concept de «Nom-du-Père», mations de l'inconscient : un com-
J. Lacan propose une promis entre des représentations

736
refoulées (parce que liées à la sexua- Formelles (opérations)
lité) qui cherchent à entrer dans la Système de pensée qui se
conscience et la résistance qui s'y construit chez l'enfant entre
oppose.Freud a établi un répertoire 12 et 14-15 ans et représente
étendu de ces formations de l'in- dans la théorie piagétienne
conscient :elles surviennent dans la le stade ultime du
névrose sous la forme des symp- développement intellectuel.
tômes mais aussi dans la vie quoti- L'adolescent devient capable de rai-
dienne sous la forme des lapsus, sonner sur des hypothèses et non
oublis de noms ou de dates, actes plus sur des constats de faits im-
manqués.….. et dans la vie culturelle médiatement représentables, des
grâce au mot d'esprit. Quant au énoncés verbaux exprimant une
rêve, il est à lui seul un exemple par- possibilité.
ticulièrement élaboré des créations
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de sens et du traitement particulier Fratrie


des représentations induits par l'ex- Ensemble des frères et sœurs
pression déguisée des désirs incons- appartenant à une même
cients. Les formations de l'incons- famille.
cient, travaillent par condensation
(association avec d'autres éléments Frigidité
extérieurs) et par déplacement des impossibilité pour une femme
représentations. d'éprouver une jouissance
normale au cours des rapports
Formelle (pensée) sexuels.
Pensée abstraite, Dans certains cas,lafrigidité est totale,
indépendante de l’action, se caractérisant par l'absence de désir
se fiant à la nécessité et de plaisir sexuels. C'est l'anaphro-
du raisonnement logique. disie, le trouble à la fois le plus profond
La construction de la pensée for- et le mieux accepté par la femme, qui
melle achève la genèse de l'intelli- consulte rarement pour cette insuffi-
gence, selon J. Piaget. sance complète. En revanche, elle le
© Dossier Adolescence (|) p.93. ” fera souvent pour les frigidités par-
tielles, où le plaisir sexuel existe, mais qui se trouve dans l'incapacité
reste incomplet.ll s'agit alors de de réaliser un désir
rareté ou d'absence d'orgasme dans ou d'obtenir l’objet
les relations sexuelles qui restent de satisfaction qu'il convoite.
satisfaisantes dans la période précé- La notion de frustration occupe
dant cette jouissance terminale. Elle le une position centrale car elle se
fera également dans les cas de frigi- rapporte au premier âge de la vie.
dité douloureuse, ou dyspareunie, Elle est liée à l'absence d'un objet
dont une forme fréquente est repré- susceptible de satisfaire la pulsion.
sentée par le vaginisme (contractions Les pulsions sexuelles qui sont du
involontaires et spasmodiques de la domaine de l'autosatisfaction
partie inférieure du vagin). sont les seules concernées par la
© Dossier Sexualité (les troubles frustration. En effet, c'est moins le
de la) p.535. manque d'un objet réel qui est en
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cause dans la frustration que la


Frotteurisme réponse donnée à l'exigence de
Anomalie sexuelle cette satisfaction.
caractérisée par la recherche Dans les Modes d'entrée dans la
d'un plaisir dans l'acte névrose (1912),S. Freud souligne
de toucher et de se frotter l'origine de la frustration du fait de
contre une personne la culture et indique les manières
non consentante. de façonner une névrose par l'abs-
tinence, l'échec de la réalité, l'inhi-
Frustration bition du développement,le retrait
PSYCHOL. ET ÉTHOL. État de la libido.
hypothétique d'un individu, Pour J.Lacan, la frustration est par
animal ou humain, qui, essence du domaine de la reven-
au cours de la poursuite dication, et elle se situe sur le plan
d'un but avec une motivation imaginaire.
déterminée, se trouve Dans la technique de la cure, Freud
empêché d'atteindre son but. insiste pour que « l'analyste refuse
PSYCHAN. État d'un sujet au patient les satisfactions substi-

738
tutives qui pourraient apaiser son Chez l'adolescent, il peut s'agir
exigence libidinale ». En d'autres d'une fuite solitaire face à un conflit
termes, l'analyste doit travailler familial aigu, mais aussi d'une fuite
avec la frustration, ce que Lacan a de soi-même, révélant des difficul-
repris très largement. tés intérieures (troubles de l’iden-
tité, recherche d'un groupe d'ac-
Fugue cueil, refuge dans la marginalité),
Comportement inhabituel parfois même d'un état dépressif
et imprévu de fuite du lieu grave ou d'une schizophrénie
ordinaire de résidence. débutante.À l'autre extrémité de la
Le caractère insolite ou déraison- vie, le vieillard fugueur est parfois
nable de la fugue, dont il faut intellectuellement affaibli ; mais la
expliciter les motivations, révèle fugue peut aussi révéler la révolte
souvent l'existence de troubles contre des conditions de vie insup-
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psychologiques. Chez l'enfant portables.


jeune, il faut attendre 6 ou 7 ans
pour parler de fugues. Celles-ci Fuite des idées
sont généralement courtes, l'éloi- Succession rapide des idées
gnant du milieu familial (souvent et de leur expression verbale,
dissocié, où facteur d'insécurité entraînant volubilité
affective) où de l'école (école et accélération du débit verbal.
buissonnière). La phobie scolaire Elle correspond à l'incapacité
est fréquente dès le primaire chez d'avoir une relation sérieuse avec
des enfants angoissés par toute une personne et l'impossibilité de
séparation d'avec leur mère, ou, maintenir son attention sur un
plus tard, chez les adolescents ; il objet. Elle est symptomatique de
s'agit alors de symptôme névro- l'excitation maniaque.
tique. Les enfants psychotiques
peuvent fuguer sans raison appa- G
rente (autistes déambulants) ou,
chez les mêmes enfants, la fugue Gazouillement, gazouillis
peut révéler la psychose. “Activité vocale du nourrisson

739
> {IEC LENS : es.

caractérisée par férera le plus souvent sortir de la


des productions spontanées psychologie générale et se placer
qui se reproduisent dans le cadre de la psychologie du
et s'entretiennent sans développement, en distinguant
que le milieu langagier paraisse des catégories d'individus, généra-
intervenir. lement classés par âges. De même,
si l'on s'intéresse à la psychopa-
Générale (psychologie) thologie, on définira, le mieux que
Partie de la psychologie qui l'on pourra, les catégories d'indivi-
vise à élaborer dus à propos desquels on a ou on
des connaissances générales, recherche des connaissances. La
c'est-à-dire susceptibles détermination de ces catégories
de s'appliquer à tout individu. nosographiques est aussi, bien
L'objectif de la psychologie d'orien- entendu, un aspect de cette
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tation scientifique est d'élaborer recherche.


des connaissances qui aient un © Histoire de la psychologie
degré suffisant de généralité pour p.16.
pouvoir être ensuite appliquées.
La psychologie générale est celle Générations précédentes
qui vise des connaissances concer- (les liens avec les)
nant au moins tous les humains,ou @ Dossier p.327.
même, si on y inclut une large part
de la psychologie animale, tous les Génétique (psychologie)
animaux supérieurs. Dans l'étude Psychologie qui étudie
du conditionnement, par exemple, la genèse des conduites
les catégories sont ainsi, pratique- et des systèmes
ment, tous les mammifères ;dans la qui les structurent.
psycholinguistique, ce seront, en La psychologie génétique doit être
principe, tous les êtres humains comprise comme une psychologie
adultes.Si on veut maintenant faire du développement et elle ne spé-
porter cette étude sur les activités cifie pas son objet d'étude dans
intellectuelles des enfants, on pré- l'influence du génome, bien que

740
l'hérédité des conduites fasse natu- reproche d'insister sur des discon-
rellement partie de ses domaines tinuités plutôt que de rendre
d'exploration. compte d'un processus que l'in-
Ayant à suivre et à expliquer une tuition du sens commun voit né-
évolution au cours du temps, la cessairement continu. Les mo-
psychologie génétique se repré- dèles continus admettent,en effet,
sente la succession des change- des conceptions diverses de la
ments qui affectent l'individu continuité, soit selon les domaines
comme un ordre logique, reflétant de comportement, soit selon les
un processus d'ontogenèse, c'est- âges.
à-dire comme la construction pro- © Histoire de la psychologie
gressive d'un état stable. Elle p.16.
fonde ses recherches sur le choix
de l'âge comme variable indé- Génétisme
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pendante, composite certes, mais Conception selon laquelle


irréductible à toute autre. L'âge une capacité ou une structure
peut être diversement compté et psychologique se développe
caractérisé :on utilise des échelles avec l’âge et n’est donc
différentes selon qu'il s'agit pas innée.
d'âge gestationnel, maturation- CONT. : nativisme.
nel, postural, mental, etc. mais
ces échelles ont toutes une cor- Génital (stade)
respondance avec l'échelle des Stade de l'évolution
âges chronologiques, qui forme libidinale caractérisé par
une référence commune. la subordination des pulsions
La psychologie génétique offre plu- à la zone génitale,
sieurs modèles d'ontogenèse : les commençant à la puberté.
modèles longtemps dominants La pulsion sexuelle autoérotique
sont ceux d'une suite d'étapes hié- qui caractérise les stades ultérieurs
rarchisées, proposés notamment de l'organisation libidinale, provient
par J. M. Baldwin, S. Freud, H. Wal- de diverses pulsions partielles et de
lon et J. Piaget. Ils ont encouru le “diverses zones érogènes tendant

741
chacune à la satisfaction. À la pu- mentale à manger de la terre.
berté, ces pulsions coopèrent et un
but sexuel nouveau apparaît ; les Gérontologie
zones érogènes se subordonnent Étude de la vieillesse
au «primat de la zone génitale». Dès et du vieillissement sous
lors, il semblerait que puissent se leurs divers aspects (médical,
joindre dans la vie sexuelle, le cou- psychologique, social, etc.)
rant de la tendresse et celui de la
sensualité. Gesell
© Stade p.899; (inventaire ou échelle
dossier, Sexualité (la) p.528. de développement de)
Inventaire de développement
Génogramme mis au point par A. L. Gesell,
Représentation graphique qui s'applique aux enfants
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d'une constellation familiale de 4 semaines à 60 mois


sur plusieurs niveaux et qui concerne
de générations. les domaines moteur,
Le génogramme est un bon verbal, d'adaptation
moyen pour le thérapeute familial et personnel-social.
de rassembler dans un graphique Son application et sa notation
tous les éléments recueillis durant sont en partie cliniques. Il permet
les premiers entretiens familiaux, cependant de calculer un quotient
et de repérer les schémas trans- de développement (QD) pour cha-
générationnels de fonctionne- cun des domaines qu'il explore.
ment de la famille.
© Dossier, Systémique Gestalt
(le courant) p.595. Forme perçue comme
constituant un tout.
Géophagie En allemand, Gestalt signifie «for-
Trouble conduisant un sujet me». Le retentissement de la théo-
généralement psychotique rie de la forme (gestalt-théorie) a
ou atteint de déficience fait passer le mot gestalt dans le
vocabulaire international. thérapie, F. Perls) à des moments de
vie « gestalts » inachevés. Pour se
Gestalt-théorie guérir, le patient doit vivre les
Théorie qui refuse d'isoler conflits qu'il éprouve dans une sorte
les phénomènes les uns de psychodrame qu'il joue seul en
des autres pour les expliquer mimant successivement les diffé-
et qui les considère rents rôles de sa situation conflic-
comme des ensembles tuelle. Le groupe thérapeutique
indissociables structurés dans lequel il se trouve est à la fois
(formes).Cette théorie le témoin et le public amplificateur
a notamment permis de la décharge émotionnelle qui ter-
de découvrir certaines lois mine la séance. Celle-ci aura ainsi
de la perception. permis au patient de recompléter
La gestalt-théorie est née en Alle- les gestalts inachevées dans son his-
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magne au début du xx® siècle, en toire personnelle, et d'en prendre


réaction contre l'associationnisme conscience à travers ses émotions et
du xx siècle. Les théoriciens les plus ses expressions corporelles.
connus de la forme sont
M. Wertheimer, W. Kôhler et Gigotement
K.Koffka. Mot surtout utilisé pour
qualifier des formes motrices
Gestalt-thérapie observées chez le jeune
Thérapie ayant pour objet enfant.
de mobiliser les ressources Le gigotement met en jeu les
de l'individu, de manière membres supérieurs et/ou infé-
à rendre conscientes toutes rieurs de manière rythmique (2 à
ses contradictions 3 hertz chez les bébés âgés de
et à lui permettre 3 mois). Les rythmes peuvent être
de les réduire lui-même. synchronisés pour donner lieu à des
Les troubles psychoaffectifs dont extensions simultanées (ruades)
souffre l'individu seraient dus ou alternatives (pédalages). Les
(d'après le créateur de cette psycho- gigotements apparaissent préfé-

Fi

743
rentiellement dans les situations l'écriture considérée comme une
routinières de soins (à l'approche expression de la personnalité.
visible du biberon, par exemple). © Dossier, p.341.

Glossolalie Grasping reflex


PSYCHOL. Productions langa- Réflexe archaïque, existant en
gières incompréhensibles particulier chez le nouveau-né,
n'obéissant pas aux règles caractérisé par une flexion
de production du langage permanente et solide des doigts
environnant, constituées sur un objet qui a touché la
par des néologismes et où paume de la main (préhension
l'on repère quelques règles forcée), et pouvant
syntaxiques sommaires. réapparaître au cours de
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PSYCHIATR. Langue certaines lésions cérébrales.


d'apparence nouvelle créée (SYN. réflexe d'agrippement.)
volontairement par un malade © Agrippement p.655.
hystérique ou délirant, en vue
de la limiter à son usage Gribouillage
et à celui de quelques rares Activité graphique sans
intimes. intention représentative,
observable dès la fin
Gnosie de la première année.
Connaissance du monde © Encadré, p.217.
construite à partir
des expériences sensorielles. Grossesse
© Dossier p.345.
Grands-Parents
et petits-enfants Groupe
© Dossier p.333. Rassembiement d'individus
de la même espèce, fondé sur
Graphologie une interaction mutuelle
Technique de l'interprétation de et au sein duquel s'établissent

744
Habileté

des relations conduisant des problèmes affectifs


aune intégration. et à leur entourage.
Il peut être anonyme lorsqu'il n'y a Ce concept d'origine américaine a
pas de reconnaissance individuelle été utilisé en France après la
ou individualisé dans le cas contraire. Seconde Guerre mondiale pour
définir une nouvelle orientation
Guidage médico-psycho-sociale des dis-
© En anglais, assistance pluri- pensaires publics de psychiatrie
disciplinaire (psychologique, infantile.
éducative, médicale) donnée
aux enfants dits « à problème » ; Guilford-Zimmerman
orientation scolaire (inventaire de
ou professionnelle au moyen personnalité de)
de procédures multiples. Inventaire de personnalité
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Celles-ci regroupent tests, résultats s'appliquant aux adultes


et jugements scolaires, observa- et destiné à évaluer dix traits
tions et entretiens. de personnalité.
© Dans les études Le psychologue américain J. P. Guil-
de comportement, activité ford a pratiqué de nombreuses
de contrôle qu'exerce analyses factorielles de corrélations
un système perceptif sur entre les réponses aux items de
un acte moteur au cours plusieurs questionnaires de per-
de son exécution. sonnalité en usage. À partir des
résultats de ces analyses, il a
Guidance infantile construit plusieurs épreuves nou-
(centre de) velles dans ce domaine. La plus
Structure de soins générale est un inventaire publié
pluridisciplinaire, avec W.S.Zimmerman en 1947.Cet
fonctionnant sur le modèle instrument compte 300 items, 30
de la consultation médicale, pour chacun des 10 traits qu'il éva-
qui a pour objectif de venir lue : activité générale, retenue,
en aide aux enfants qui ont “ascendance, sociabilité, stabilité

745
émotionnelle, objectivité, bien- voir ce qui, dans leur organisation,
veillance, tendance à la réflexion, constitue des bases à la formation
relations personnelles, masculinité. ultérieure d'habiletés. Ce qu'on a
L'épreuve s'adresse à des adultes. pu faire, par exemple, en analysant
les relations entre la marche auto-
matique du nouveau-né et la mar-

H
che autonome, qui apparaît envi-
ron un an plus tard.

Habileté Haine (la)


Savoir-faire acquis, conduisant © Dossier, p.356.
à des niveaux de performance
élevés dans une tâche Hallucination
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ou une catégorie de tâches. Trouble psychique dans lequel


DÉVELOP. L'acquisition des habile- le sujet a la conviction
tés motrices retient l'attention des de percevoir, par la vue, l'’ouïe
spécialistes du développement ou l'odorat, un objet qui
pour les raisons suivantes : n'existe pas.
: ) l'immaturité motrice du bébé, Généralement pathologique, cette
évidente, incite à déterminer des ni- expérience hallucinatoire est donc
veaux moteurs suivant l'âge à partir une « perception sans objet à per-
desquels on peut envisager la pos- cevoir » (H.Ey) ; pour ce psychiatre,
sibilité d'apprentissages. Par exem- il s'agirait d'une réalité interne pro-
ple, l'apparition de la pince, par op- jetée hors de soi à l'occasion d'une
position du pouce et de l'index, est déstructuration de la conscience. Il
indicatrice d'un niveau qui permet faut, pour caractériser ce trouble
la préhension fine, mais qui, aussi, psychosensoriel, deux modalités
conditionne la tenue d'un crayon principales : la sensorialité, comme
et constitue donc un des préa- dans une perception vraie, et la pro-
lables à tout exercice graphique ; jection spatiale.
On classe les hallu-
l'étude d'exercices moteurs cinations selon les divers organes
précoces, spontanés, permet de sa- des sens : tactiles (kinesthésiques

746
ou cénesthésiques), olfactives, gus- selon les méthodes de mesure.
tatives, visuelles et auditives. Les Cependant, quelles que soient ces
deux dernières catégories sont, de mesures,un écart trop important par
loin, les plus importantes. rapport à la moyenne du groupe
constitue un handicap,
car ilse réper-
Handicap cute sur les acquisitions scolaires,
Situation d'une personne professionnelles et sociales toujours
qui se trouve désavantagée, organisées selon certaines normes
d'une manière ou d’une autre, de développement.
par rapport à d’autres L'intégration professionnelle des
personnes. handicapés dépend de la gravité
Ainsi, un déficit sensoriel visuel ou du handicap et de la réussite de la
auditif est un handicap car l'enfant formation scolaire, professionnelle
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qui en est atteint vit et se déve- et sociale. La législation française


loppe dans un monde organisé ma- incite à l'embauche des handica-
tériellement et socialement par et pés, mais elle n'est pas toujours
pour des voyants et des enten- appliquée.
dants.Il en est de même des handi- Les handicapés qui parviennent à
caps moteurs (paralysies d'origines avoir une activité régulière, quelle
diverses, infirmité motrice céré- qu'elle soit, sont évidemment ceux
brale, malformations ou amputa- qui parviennent le mieux à s'inté-
tions des membres, etc.) qui restrei- grer à la société.
gnent la locomotion et l'accomplis- © Dossier, Enfant différent
sement des activités quotidiennes (avoir un) p.282.
dans un monde organisé pour des
personnes mobiles et autonomes. Handicap mental
Le handicap créé par un déficit men- Désavantage, ou infériorité
tal (intelligence, par exemple) est sociale et professionnelle,
plus difficile à définir et à identifier, résultant d’une maladie
car la norme varie selon les défini- mentale.
tions données à l'intelligence et aux
autres fonctions psychologiques, et Handling
Selon la terminologie suivantes : 1.on ne peut déplacer
du pédiatre et psychanalyste qu'un disque à la fois ; 2.si deux
D.W.Winnicott, façon disques sont superposés au même
adéquate de manipuler emplacement,on ne peut déplacer
et de soigner corporellement que le plus petit d'entre eux ;3.on
un bébé, qui favorise ne peut mettre un disque à un
plus particulièrement, emplacement dans lequel il y en.a
dans son développement déjà un plus petit. Certains expé-
spontané, le processus rimentateurs ont augmenté le
de personnalisation. nombre de disques pour affiner
Cette fonction naît,comme le hol- l'analyse des stratégies adoptées
ding, de l'identification de la mère par les sujets.
à son nouveau-né, qui la rend
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capable de s'adapter à ses tout Haptonomie


premiers besoins de manière Science de la vie affective
presque parfaite. qui étudie les phénomènes
Holding p.749. propres aux contacts,
essentiellement tactiles,
Hanoi (tour de) dans les relations humaines.
Jeu utilisé par L'haptonomie a été inventée en
les psychologues 1946 par le Néerlandais F. Veldman
et les cogniticiens pour tester et signifie étymologiquement «tou-
et formaliser certaines cher pour rendre sain ».
opérations mentales. Le contact haptonomique, psycho-
Il'est formé de trois bâtons verti- tactile, affectif, demande une proxi-
caux (situés selon la tradition dans mité intime, individuelle. Le champ
une tour à Hanoi) sur l'un desquels d'action est large : périnatal pour
sont empilés trois disques de cir- permettre aux parents et à l'enfant
conférences décroissant de ia base de nouer des liens affectifs pré-
au sommet. Il s'agit de transférer coces, par exemple. Mais il faut
cet empilement d'un bâton à un noter que l'haptonomie s'adresse
autre. Les règles de ce jeu sont les également à des adultes (handica-

748
pés, autistes, mourants, etc.). Hédonisme
© Recherche perverse
Harcèlement moral de plaisir.
Agissements répétés et mal- © Toute recherche active
veillants à l'égard d’un subor- de plaisir non pathologique.
donné ou d’un collègue, en vue
de dégrader ses conditions Hérédité
de travail et de le déstabiliser. Transmission de certains
caractères des géniteurs
Hébéphrénie à leurs descendants.
Forme de schizophrénie, L'hérédité s'observe à l'échelle de
touchant principalement l'espèce (chaque organisme donne
les adolescents, où prédomine naissance à un organisme apparte-
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la dissociation. nant à la même espèce). Elle s'ob-


Ce qui signe sa spécificité, ce sont serve aussi à l'échelle des individus
ses aspects déficitaires intellectuels d'une même espèce et contribue
avec inhibition psychomotrice et ainsi à expliquer les différences
négativisme ; son évolution est individuelles.
souvent marquée par des troubles La transmission héréditaire s'ex-
d'humeurs atypiques et des accès plique par les propriétés propres à
d'agressivité ou d'autodestruction chacun des gènes transmis par les
impulsifs parfois dramatiques. géniteurs à leurs descendants.Mais
© Dossier, Schizophrénie p. 504. tous les caractères déterminés par
le génome (l'ensemble du patri-
Hébétude moine génétique d’un individu) ne
État d'inhibition confinant sont pas transmissibles.
à un véritable effondrement On doit donc distinguer l'héritabi-
de l’activité psychique pendant lité envisagée au sens strict et ce
un temps plus ou moins long. qu'on appelle la détermination
L'hébétude est caractéristique no- génétique. Les caractères obser-
tamment de certaines démences. vables dépendent de leur héritabi-
lité au sens strict,
de l'ensemble plus

749
large constitué par la détermination nismes physiologiques qui permet-
génétique et des facteurs de milieu. tent de maintenir le milieu interne
dans un état d'équilibre. Le principe
Histrionisme d'homéostasie repose sur l'idée que
Attitude caractérisée par les interactions entre l'environne-
le besoin d'attirer l'attention sur ment et l'organisme modifient l'état
soi et de séduire l'entourage. de ce dernier ;or, la survie de l'orga-
nisme nécessite le maintien des pro-
Holding priétés physiologiques de ses diffé-
Façon qu'a la mère de porter rents éléments entre des limites
et de maintenir, physiquement relativement précises. Tout risque
et psychologiquement, de dépassement de ces limites dé-
son nourrisson en état clenche des rétroactions qui vont
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de dépendance absolue. mettre en jeu les mécanismes


(On dit parfois maintien.) propres à rétablir l'équilibre rompu.
La mère assure ainsi une cohésion À la base de l'ensemble des phé-
à ses différents états sensorimo- nomènes adaptatifs et des proces-
teurs et une protection suffisante sus d'autorégulation, le concept
contre les angoisses d'annihilation d'homéostasie a été étendu à la
du self.Elle lui procure ainsi un sen- psychologie par C. P. Richter et à
timent de sécurité fondamental, l'éthologie par K.Lorenz.
base pour D.W. Winnicott de la
force du moi. Homosexualité
© Handling p.747. Relation érotique de deux
personnes du même sexe,
Homéostasie soit effective, soit sous forme
Tendance des organismes de tendance cachée
vivants à maintenir constantes se manifestant par
les conditions de vie. des conduites substitutives.
On doit à W. B. Cannon (1926) ce L'homosexualité non rejetée par le
concept d'homéostasie, qu'il créa sujet se manifeste vers l'âge de la
pour désigner l'ensemble des méca- puberté. On la distingue de l'homo-

750
sexualité culpabilisée et compulsive jusqu'au marasme et éventuelle-
des sujets qui en refusent consciem- ment à la mort. Les études sur l'hos-
ment les pratiques et de l’homo- pitalisme ont mené à de profondes
sexualité mixte, allant de pair avec réformes dans les conditions d'hos-
une activité hétérosexuelle satisfai- pitalisation des tout-petits.
sante. Pour Freud, l'homosexualité © Anaclinique (dépression)
demeure avant tout une affaire de p.659; Carence p.678;
choix d'objet ; c'est un trait que l'on dossier, Attachement (|) p.158.
peut retrouver dans n'importe
quelle structure. Humeur
© Dossier, Couple homo (le) État thymique fondamental
p.189. dominant la vie affective
et les réactions émotionnelles
Hospitalisme d'un individu.
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Selon le psychanalyste R. Spitz, Si le langage populaire parle sur-


état d’altération physique tout de bonne ou de mauvaise
profonde qui s'installe humeur pour décrire une disposi-
progressivement chez de très tion de l’affectivité et du caractère,
jeunes enfants placés les psychiatres ont réservé le terme
en institution et subissant pour définir une tonalité thymique
une carence affective grave. de base qui peut être perturbée
Si la séparation d'avec la mère sur- soit dans le sens de l'euphorie, de
vient après 6 mois, quand une cer- l'expansivité et de l'excitation, dans
taine forme de relation mère-enfant les états maniaques, soit dans le
est déjà établie, mais sans que l'iden- sens d’une diminution, d'une rétro-
tification à une image stable soit action et d'une dépression,
dans les
encore possible l'inhibition anxieuse, états dépressifs ou mélancoliques.
avec désintérêt pour le monde exté-
rieur (dépression anaclitique), peut Hyperactivité
disparaître quand l'enfant retrouve sa État d'activité constante et
mère. En cas de carence affective d'instabilité de comportement,
| totale et précoce, les troubles vont s'accompagnant de difficultés

751
d'attention, observé Hyperesthésie
notamment en cas d'anxiété Exagération de la sensibilité,
ou chez l'enfant. tendant à transformer
Ce syndrome a été particulièrement les sensations ordinaires
étudié chez l'enfant notamment par en sensations douloureuses.
J.Kagan, qui en a donné une des-
cription détaillée. L'enfant hyperac- Hypermnésie
tif parvient rarement à s'investir Exaltation et acuité particu-
entièrement dans une tâche ;il est à lièrement vives de la mémoire.
la fois là et ailleurs, son attention est Elle apparaît dans certaines situa-
dispersée ; les situations d'attente tions émotionnelles de danger
provoquent chez lui réactions émo- (vision panoramique de toute sa
tionnelles fortes (trépignements, vie) et au cours d'accès maniaques.
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cris) ou stress. Sa soumission à des C'est aussi une aptitude très spec-
consignes ou des contraintes est taculaire chez certains débiles
limitée ;elle est source de difficultés mentaux, calculateurs prodiges.
dans la vie scolaire, les activités de
groupe et les jeux collectifs, et peut Hyperphagie
entraîner l'exclusion. Comportement alimentaire
Les corrélations entre hyperacti- consistant à ingérer
vité et niveau intellectuel - on a une quantité de nourriture
parfois supposé que les hyperactifs disproportionnée
se rencontrent plus fréquemment avec ses besoins.
parmi les enfants dits « surdoués » Il s'agit d'un appétit exagéré plu-
- sont insuffisantes pour valider tôt que d'un véritable trouble ali-
l'hypothèse d'une relation causale. mentaire, tel qu'on le voit dans la
© Agitation p.654. boulimie.

Hyperémotivité Hypnogramme
Disposition à réagir de façon Représentation graphique
excessive aux événements de l’organisation d'une nuit
dans le domaine émotionnel. de sommeil.
L'hypnogramme renseigne sur par une susceptibilité accrue
les anomalies de l'architecture à l'influence de ce dernier,
du sommeil et permet d'orienter et par un amoindrissement
le diagnostic. Par exemple, des de la réceptivité aux autres
plaintes d'insomnie peuvent être influences.
confirmées ou infirmées par la lec- Ce changement dans la conscience
ture d'un hypnogramme. Ce type et la mémoire s'accompagne
de représentation permet de d'idées et de réactions qui ne sont
visualiser rapidement les éven- pas coutumières au sujet, étant en
tuelles anomalies de la structure partie suggérées par l'hypnotiseur.
du sommeil. Des phénomènes comme la léthar-
L'hypnogramme permet aussi gie, l'anesthésie, la paralysie, la rigi-
d'étudier les troubles induits par dité musculaire et des modifica-
l'utilisation de certaines substances tions vasomotrices à localisation
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pharmacologiques. parfois très précise peuvent être


© Dossiers, Sommeil (le) p.558 ; provoqués dans cet état, entrete-
Sommeil (les troubles du) p.566. nus où supprimés, indépendam-
ment de la libre volonté du sujet.
Hypnoïde C'est à un disciple de F. A. Mesmer,
Se dit d'un état A. M.J. de Chastenet, que revient
d'obscurcissement de le mérite d'avoir décrit le premier
la conscience et de diminution cet état de « somnambulisme pro-
des perceptions sensorielles voqué » en 1784. Et c'est un den-
survenant en dehors tiste de Manchester,J. Braid, qui
du véritable sommeil. l'utilisa comme méthode pour
anesthésier ses patients et élabora
Hypnose une première théorie de l'hypno-
État de conscience particulier, tisme. Celle-ci allait être approfon-
entre la veille et le sommeil, die notamment par J. M. Charcot.
induit par la suggestion S. Freud allait montrer, le premier,
d’une autre personne, dite que l'hypnose permettait des ma-
| « hypnotiseur », caractérisé nifestations de l’activité de l’in-

753
conscient, et c'est à partir de sa pra- au médecin, qui est à la fois
tique qu'il allait découvrir la psy- investi d’un grand pouvoir
chanalyse. et condamné à l'échec
© Dossier, Hypnose médicale thérapeutique par le patient.
(1!) p.363.
Hypothèse
Hypnotique En psychologie cognitive,
Se dit de médicaments qui entité hypothétique qui est
provoquent et maintiennent supposée exister chez
le sommeil et qui sont un animal ou un homme
prescrits contre l’insomnie. et gouverner son mode
Après les anxiolytiques, les hypno- de traitement de l'information
tiques constituent les psycho- et son comportement.
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tropes les plus utilisés.


Hypotonie
Hypnotisme Diminution du tonus muscu-
Ensemble des processus laire, se manifestant par une
de l'hypnose et des techniques moindre résistance du muscle
qui permettent à son allongement passif.
de la provoquer. L'hypotonie du nouveau-né est due
essentiellement à la malnutrition,à
Hypocondrie des maladies chroniques à retentis-
Préoccupation exagérée sement général telles que les car-
d'un sujet sur sa santé, l'état diopathies, les encéphalopathies,
et le fonctionnement etc.
de ses organes, se traduisant
par des croyances et attitudes Hystérie
irrationnelles vis-à-vis Névrose caractérisée
de son corps, la crainte d'avoir par un type de personnalité
une maladie grave. Cette pathologique (théâtralisme,
inquiétude permanente se besoin de séduire,
double d'une relation de défi par exemple) ou par

754
une conversion des troubles €) Une deuxième identification
psychiques en symptômes partielle, car «le moi se borne à em-
physiques (fausse paralysie, prunter à l'objet un seul de ses traits ».
malaises, par exemple). €) La troisième identification
© Dossier, Hystérie (l') p.373. est manifeste quand une per-
sonne découvre un trait qui lui
est commun avec une autre
personne, sans que celle-ci soit
pour elle un objet de désir.
C'est à partir de l'examen clinique de
Idéation l'hystérique que le modèle freudien
Formation et enchaînement de la troisième identification est le
des idées. plus expressif :« Dora imite la toux de
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son père »,écrit Freud en 1921 («Psy-


Idées (fuite des) chologie collective et analyse du
@ Fuite des idées p.739. moi», in Essais de psychanalyse).
ajoute qu'elle soutient son désir en
Identification adoptant un des traits de son père.
Assimilation d'un aspect du L'identification constitue la forme la
moi étranger que le sujet plus primitive de l'attachement
prend à son insu comme affectif à un objet. À la suite d’une
modèle dans la constitution transformation régressive, par une
de sa personnalité (cette sorte d'incorporation de l'objet, le
dernière se construit à travers sujet investit ce dernier et le trans-
de nombreuses identifications). pose en attachement amoureux.
S. Freud distingue trois types L'identification a pris la place du
d'identification : penchant érotique qui s'est converti,
:» Une identification primaire, par régression, en identification. Le
qui désigne une identification « au moi copie tantôt la situation de
père de la préhistoire personnelle » l'être aimé, tantôt la situation de
antérieure à tout investissement l'être non aimé, mais, dans les deux
d'objet.Elle est directe et immédiate. cas,cette identification est partielle.

755
Au début de son enseignement, vation en toutes circonstances de
J. Lacan a mis l’accent sur les diffé- l'identité individuelle ne sont maî-
rents registres de l'identification. La trisés par l'enfant que vers 7 à 8 ans.
première identification est celle qui Auparavant, le terme d'identité est
a lieu au moment du stade du pour lui dépourvu de sens et il
miroir (Écrits, 1966). La captation de compare ou rassemble des objets
l'image détermine l'assujettisse- en fonction de leur degré de simili-
ment du sujet au regard de l'autre : tude sans employer des critères de
c'est l'identification imaginaire jugement fermes et stables.
constitutive du moi. L'identification > Identité individuelle d’un
secondaire au parent du même objet non familier. Les compor-
sexe engage par la suite l'enfant tements observés dans les nom-
dans la quête d’un idéal conforme breuses recherches consacrées à la
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à la moralité, aux valeurs sociales, permanence de l'objet ont fait ap-


au désir que le sujet pressent chez paraître que, pour un jeune bébé,
l'autre : c'est l'identification sym- un objet ne conserve pas son iden-
bolique fondatrice du sujet. tité quand il subit un déplacement
[2 Miroir (stade du) p.796. ou une disparition temporaire, bien
que ses propriétés intrinsèques
Identité soient restées invariantes. Même
Caractère permanent à l'âge préscolaire, l'identité d'un
et fondamental de quelqu'un objet particulier demeure fragile.
ou d’un groupe. Des enfants de 3 ans jugent qu'un
€) L'identité chez l'enfant bout de fil de fer rectiligne demeure
Bien que, dès le milieu de sa pre- le même bout de fil quand on le
mière année, le bébé soit capable courbe sous leurs yeux. Dans les
de rassembler en catégories des mêmes conditions, des enfants de
objets qu'il perçoit différents et 4 à 5 ans le nient.Cette évolution in-
d'identifier des êtres et objets fami- attendue de réponses peut signifier
liers, l'usage de la relation logique qu'à 5 comme à 3 ans les enfants ju-
d'identité, le maniement des classes gent en termes d'identité catégo-
d'équivalence logique et la conser- rielle, non individuelle : pour les pe-
tits, tous les bouts de fil se valent le porte à adopter certains
(catégorie large) ; les grands sont comportements spécifiques.
plus discriminatifs : n'ayant pas la Cette notion réfère aux aspects tant
même forme, les bouts de fil recti- cognitifs qu'émotionnels liés à ces
lignes et les bouts de fil courbés appartenances. Elle s'enracine
forment deux catégories distinctes. intellectuellement dans deux cou-
Il faut ajouter qu'à ces âges les rants de pensée. Le premier est
réponses verbales sont toujours d'origine philosophique et psycho-
ambiguës, car le sens donné à «le logique, le second est d'origine psy-
même », à « un autre » n'est pas chanalytique.
forcément identique pour l'adulte © Dossier, Juger l'autre,
et pour les enfants. comment, sur quels critères? p.378.

Identité (troubles de |’) Idiosyncrasie


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Troubles de la conscience Manière d’être particulière


de soi, caractérisés par à chaque individu,
qui l'amène
l'atteinte ou même la perte à avoir des réactions,
du sentiment « d'être des comportements qui lui
identiquement le même dans sont propres.
le temps » (K.Jaspers). Les rythmies observées dans les
Les troubles de l'identité font par- situations d'attente (s'appuyer
tie du syndrome de dépersonnali- alternativement sur un pied et
sation et peuvent s'accompagner l’autre, battre la semelle, etc.), les
de la perte des sentiments d'auto- mimiques faciales et les gestes
nomie, de spontanéité et même rituels (froncer le nez quand on est
d'unité du moi (avec impression de étonné, porter un doigt sous son
dédoublement). nez quand on est perplexe, etc.),
les tics de langage, les déforma-
Identité sociale tions verbales font partie de ces ré-
Sentiment ressenti ponses qui persistent au long de
par un individu d'appartenir la vie’et constituent des indices
|_ à tel groupe social et qui stables de différenciation interindi-

757
viduelle. Les aspects idiosyncra- @ Illusion d'optique :
siques de nos conduites échappent erreur relative à la forme, aux di-
à notre contrôle conscient. Ils peu- mensions, à la couleur des objets.
vent être innés et présenter des @ Illusion optico-géométrique:
similarités familiales, ou avoir été erreur de la perception visuelle de
acquis sous l'emprise d'une situa- figures géométriques se manifes-
tion, le plus souvent probléma- tant chez tous les individus par une
tique, répétée. Nombre des idio- surestimation ou une sous-estima-
syncrasies remarquées à l'âge tion systématiques de longueur,de
adulte se sont formées ou ont été surface, de direction ou d'incurva-
consolidées au cours de l'enfance. tion (illusions de Delbœuf, d'Oppel-
Kundt, du trapèze, de Müller-Lyer,
Illettrisme etc.), des angles, etc.
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État d’une personne,


qui, bien qu'ayant été image du corps,
scolarisée, ne sait plus lire image inconsciente
ou bien lit avec de grandes du corps
difficultés. Représentation que l'individu
a de son propre corps.
Illocutoire, illocutionnaire Cette expression a été introduite
Se dit d'un acte de parole qui par F. Dolto (/mage inconsciente
réalise ou tend à réaliser du corps, 1984). L'image du corps
l'action dénommée. se différencie du schéma corporel
« Je promets de ne plus et de l'image que l'on se fait de
fumer » réalise l'acte soi. Elle est constituée de l'articu-
de promettre et indique lation dynamique (image dyna-
en même temps la nature mique) :
de la promesse. © d'une image de base, liée au
narcissisme dit « primordial » par
Illusion F. Dolto, dont le dysfonctionne-
Interprétation erronée ment est responsable de troubles
d'une donnée sensorielle. graves (maladies psychosoma-
tiques, phobies invalidantes). Cette Imago
notion rejoint ce que la théorie de Représentation des personnes
l'haptonomie appelle la « sécurité de l'entourage premier
de base »; du sujet (père, mère, etc.), qui
@ d'une image fonctionnelle : se fixe dans son inconscient
celle d'un sujet qui vise l'accom- et oriente son mode
plissement d'un désir; d'appréhension d'autrui.
© d’une image des zones éro- Ce terme a été introduit par C.Jung
gènes où s'exprime la tension des dès 1911. Plutôt que d'une repré-
pulsions. sentation inconsciente, il s’agit d'un
schème imaginaire qui n'en oriente
Imagerie cérébrale pas moins la façon dont un sujet
Ensemble de moyens appréhende autrui.
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d'investigation à l'aide
de techniques reposant IMAO
sur l'émission de différents Famille d'antidépresseurs
types de rayonnement. qui ont tous en commun
Personne ne pourrait actuelle- la capacité d'inhiber l'activité
ment affirmer un diagnostic de d’une enzyme, la mono-
dégénérescence cérébrale, d'acci- amine-oxydase (MAO).
dent vasculaire où hémorragique,
sans confirmer et compléter le Imitation
recueil de signes cliniques par Reproduction du compor-
l’une des techniques de l'imagerie tement d’un modèle observé.
cérébrale, qui constitue une aide L'étude de l'imitation durant la
indispensable au diagnostic. prime enfance fait actuellement
l'objet de débats cruciaux concer-
Imaginaire nant les capacités initiales du nou-
Chez J. Lacan, catégorie qui veau-né. Plusieurs chercheurs, en
fait le lien entre le symbolique 1977, vingt ans après R. Zazzo, ont
(assimilé à l'inconscient) _-montré que le nouveau-né tire la
et le réel. langue si vous la lui tirez et ouvre la
bouche quand vous ouvrez la l'imitation, déjà notée dans la
vôtre. On devrait en conclure qu'il période néonatale. Le bébé se
imite. Or, cela suppose qu'il peut montre sensible à la reproduction
«traduire », à peine né, ce qu'il voit de ses comportements par l'adulte :
sur le visage d'un autre en mouve- il y réagit par l'attention et le sou-
ments de son propre visage. rire. Peu après s'instaurent avec
Certains émettent l'hypothèse que l'adulte des séquences imitatives
ces capacités précoces pourraient réciproques à valeur de communi-
être réflexes et disparaître, comme cation, décrites par plusieurs
la marche et la nage automatiques, auteurs. Ces séquences culminent
au cours du 3° mois. D'autres pen- vers 15-18 mois, alors qu'elles ne
sent que l'imitation néonatale se manifestent que vers 2 ans
entre dans la catégorie des méca- lorsque le partenaire est un enfant
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nismes innés de déclenchement in- de même âge. On peut montrer


duits par la présence de certains alors l'importance de l'alternance
stimulus (mouvements rythmiques, imiter/être imité comme la mise
par exemple). Mais de nombreux en place de tours de parole com-
constats récents vont dans un sens plexes à l'initiative de l'enfant.
contraire. Ainsi, l'imitation du nou- © Dossier, Nouveau-né
veau-né est tout d'abord hésitante (interactions avec le) p.415.
et malhabile, comme si le bébé cher-
chait comment sortir sa langue:cette Immaturité
description ne s'apparente pas à un État d’un organisme vivant qui
réflexe, immédiatement adapté.En n'a pas achevé sa maturation.
outre, des études récentes auprès (On dit aussi dans le même
de nourrissons âgés de 3 jours à sens immaturation.)
3 mois,et de15 jours à 5 mois, mon- On évalue donc l'immaturité rela-
trent qu'il n'y a pas disparition de tivement à un état mature, stable
limitation au cours du 3° mois. ou achevé. L'immaturité biolo-
C'est à partir de 5-6 mois que l'on gique est attestée par des incom-
peut rendre compte plus complè- plétudes anatomiques et des limi-
tement de la fonction sociale de tations fonctionnelles. Les carac-

760
tères de l'immaturité nerveuse ne cément un fonctionnement et des
sont pas tous connus avec préci- conduites plus élémentaires que
sion. L'immaturité psychique, ceux de la maturité.
concept du langage courant, peut
être définie suivant plusieurs Immersion
sortes de critères qui, tous, appa- Méthode, parfois utilisée
raissent pluridimensionnels et en thérapie comportementale
diffèrent selon les modes d'ap- dans le traitement de troubles
proche choisis : l'absence d'auto- phobiques ou phobo-
nomie du jeune par rapport à obsessionnels, qui consiste
l'adulte, l'impossibilité d'assurer la à confronter directement
satisfaction de ses besoins vitaux, le patient au stimulus
de contrôler ses mouvements et ou à la situation redoutés
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ses émotions apparaissent à l'ob- en laissant son angoisse


servation la moins armée. Les atteindre un paroxysme.
approches expérimentales ont
permis d'adopter d’autres critères, Imprégnation
qui ajoutent et parfois substi- Comportement d’attachement
tuent, aux manques observés,
des filial présenté par l'individu
différences qualitatives. Ainsi, la jeune à l'égard de personnes
plasticité du système nerveux ou d'objets avec lesquels
immature, l'organisation des com- il a été mis en contact dans
portements chez le nourrisson les premières années de sa vie.
des premiers mois ne seraient pas © Dossier, Attachement (|) p.158.
de même forme que la plasticité
et l'organisation comportemen- Impuissance
tale de l'adulte. Dans les espèces Dysfonctionnement sexuel se
les plus évoluées, où l'immaturité traduisant par l'incapacité de
n'est pas résorbée à la naissance pratiquer de façon normale et
et qui se caractérisent par la durée complète l'acte sexuel.
de leur développement, les états Elle se traduit, chez l'homme, par
immatures n'impliquent pas for- la diminution de la fréquence et
de l'intensité des érections. Dans tionnels concernant deux grands
l'impuissance primaire, l'individu besoins principaux du jeune enfant :
n'est jamais parvenu au coït alors ses besoins alimentaires et ses
que l'impuissance secondaire sur- besoins posturaux. Le caractère
vient après une période d'activité expressif que prennent ses réac-
sexuelle satisfaisante. Elle est sou- tions préfigure le stade où devien-
vent en liaison avec des événe- nent prépondérantes les relations
ments où des problèmes affectifs à émotionnelles avec l'entourage. Le
composante anxieuse. lien fondamental, dans la théorie
© Dossier Sexualité (les troubles des émotions de Wallon, entre pos-
de la) p.535. ture et langage émotionnel s'établit
sur la base de ce premier équilibre
Impulsif (stade) entre besoins et moyens fonction-
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Stade décrit par nels où prime l’expressivité.


le psychologue H.Wallon pour © Stade p.898.
désigner la période néonatale
et jusqu'à 3 mois environ. impulsion
Dans la description de Wallon, ce Tendance irrésistible
stade correspond à une « nouvelle et spontanée à l'accomplis-
étape » : le nouveau-né en effet sement d'un acte.
accède à l'autonomie respiratoire, Les impulsions peuvent être diri-
tout en exigeant l'assistance de ses gées contre les choses (par exemple,
proches pour tous les autres actes pyromanie) ou contre les personnes
adaptatifs. Mais la satisfaction de (agression, homicide). Elles se pro-
ses besoins n'est plus automatique, duisent d'une manière inattendue
et sa recherche se traduit par des chezles schizophrènes et sont habi-
spasmes, des décharges muscu- tuelles dans le comportement des
laires et des cris. Au cours de cette psychopathes, des alcooliques, des
période, les progrès consisteraient épileptiques, des hypomanes et de .
en une répartition moins capri- certains paranoïaques. Elles se dis-
cieuse du tonus musculaire et dans tinguent nettement des compul-
la formation de réflexes condi- sions en ce qu'elles se produisent

762
|n ro octe

spontanément, sans qu'aucune riel, déficience intellectuelle,


lutte anxieuse intérieure ne les troubles affectifs) ou à son milieu
précède. social (cas dits «sociaux », mineurs
en danger, etc.).
Impulsivité
Tendance aux actes soudains Inceste
et incoercibles, échappant Relation sexuelle prohibée
au contrôle de la volonté entre un homme
et se déroulant quasi et une femme liés par
automatiquement un degré de parenté entraînant
et inéluctablement lorsqu'ils la prohibition du mariage.
ont été commencés. Il est nécessaire de distinguer trois
niveaux d'inceste:
Inadaptation
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@ L'inceste imaginaire. Il corres-


Absence de bonne intégration pond à tous les actes, attitudes,
et de relations adaptées signes, propos émis par l'enfant qui
et harmonieuses avec le milieu peuvent rappelerà l'adulte le mode
où vit un sujet. de la séduction adulte. Mais tout
On parle d'inadaptation familiale, aussi bien les jeux de l'adulte quand
scolaire, sociale ou professionnelle, il se met au sein de la famille à jouer
dont l'origine peut être aussi bien à l'enfant en obligeant celui-ci à se
une maladie ou un handicap mettre à sa place (le garçon à la
qu'une exclusion sociale ou une place imaginaire du père, la fille à
mauvaise orientation profession- la place imaginaire de la mère).
nelle, par exemple. L'inceste symbolique. La pro-
hibition de l'inceste est soulignée
Inadaptée (enfance) par S. Freud comme une loi sociale
Ensemble des enfants qui répond à une structure psy-
qui justifient des mesures chique. Elle est instituée comme
éducatives particulières. tabou parce qu'elle est fondamen-
L'inadaptation peut tenir à l’en- _talement désirée. La loi de l'interdit
fant (handicap moteur ou senso- de l'inceste vient donc arrêter avec

763
puissance les poussées pulsion- L'inceste n'est pas un accident sur-
nelles présentes chez tous les sujets venu par hasard, mais il se produit
et de nature incestueuse. dans une famille « incestueuse » ou
Cette loi a deux aspects : séparer à tendance incestueuse, de tout
l'enfant de sa mère et le différencier, milieu social, dans laquelle il est
interdire la non-séparation.L'Œdipe difficile de savoir qui fait quoi, qui
serait pour Freud la mise en scène dit quoi.On repère des confusions
de cette prohibition en séparant de rôles, de places, de corps et de
chacun des membres de la famille sexe. Les enfants victimes d'inceste
et en empêchant toute fusion duelle doivent recourir à des mécanismes
pour passer à la triangulation sym- de survie qui reposent souvent sur
bolique, c'est-à-dire à la castration. une transformation de la réalité
©) L'inceste réel. Il désigne le/les pour isoler l'inceste, l'occulter, ce
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passages à l'acte sexuel qui peu- qui provoque des ravages très pro-
vent se présenter sous des formes fonds de la personnalité.
multiples (attouchements, viols, © Dossiers, Résilience
etc.). et aptitude au bonheur p.496;
L'inceste n'a pas seulement pour Troubles ancrés dans l'enfance ?
objet le sexe mais le sujet. Ainsi le (des) p.630.
père incestueux se détruit en tant
que père et détruit par là même Inconscient
l'enfant en tant que fils/fille et en Processus et activité
tant qu'enfant. psychiques non conscients.
L'inceste détruit le sexe psychique Les phénomènes de transe, le som-
sinon le sexe physique.En cela l'in- nambulisme, l'effet des suggestions
ceste n'a pas de nomination pos- dans l'hypnose, les troubles hysté-
sible et il provoque des failles pro- riques mais aussi les délires et hallu-
fondes dans le sujet qui se tradui- cinations constituent autant de
sent par des troubles de l'humeur, symptômes de l'existence d'une
de l'idéation, de la mémoire, du activité psychique échappant à la
corps, de l'affect, du comporte- saisie consciente par le sujet.Plus lar-
ment et du lien social. gement,
les rêves, les lapsus, les actes

764
révélateurs, les retrouvailles avec des un symptôme ou en se déguisant
souvenirs oubliés ou des émotions pour passer la barrière de la censure.
perdues, ainsi que les mythes, etc. De là le trauma risque de resurgir,
témoignent de la présence d'une mais aussi les désirs qui tentent de
mémoire latente et d'une imagina- s'accomplir et d'obtenir une satis-
tion créatrice de formes dont le moi faction se substituant à la jouissance
n'est pas maître. Enfin le surgisse- manquante. Ainsi en va-t-il avec l'éla-
ment d'idées non voulues, de désirs boration des pensées articulées
méconnus ou d'affects imprévisibles dans les fantasmes ou figurées par
laisse deviner que ce qui vient à la les rêves,
ce travail de transformation
conscience n'est que la partie émer- permettant de les amener à l'actua-
gée des formations de la pensée.
On lité de la perception.
peut dès lors reconnaître que le psy- Multiples sont dès lors les concep-
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chique en soi est essentiellement tions de l'inconscient : lieu du plai-


inconscient, même si une part de sir interdit, souligne Freud ; source
celui-ci, le préconscient, est suscep- du religieux, d'après C.G.Jung ;dis-
tible de devenir consciente. cours de l'Autre,
au dire de J.Lacan.
Selon S.Freud, l'inconscient ne relève © Histoire de la psychanalyse
pas d'un déficit de la volonté per- p.16; Dossier, Psychanalytique
sonnelle ou de l'immersion dans une (le courant) p. 450.
obscure âme du monde.ll est plutôt
un lieu où s'inscrit ce dont hérite Incorporation
l'humain, où se représentent et se Processus tendant à faire
transposent les pulsions corporelles, pénétrer et à conserver en soi
où se répètent les expériences pri- un objet, au moins sur le mode
mordiales de plaisir comme de souf- du fantasme.
france et où les traces mnésiques des L'incorporation constitue un mode
perceptions sensorielles sont asso- de relation d'objet caractéristique
ciées dans les processus de pensée. du stade oral, même si elle peut
C'est en particulier le lieu d'où le s'appliquer à d'autres zones éro-
refoulé, mis à l'écart du conscient, _gènes et à d'autres fonctions (res-
peut faire retour en se traduisant par piration, vision, toucher, etc.).

765
ER RTA
+19
Ë #?

Individuation Le sentiment d'infériorité est lié au


Processus par lequel un sentiment de culpabilité. Pour le
organisme se singularise par psychanalyste A. Adler, les défi-
rapport aux organismes qui lui ciences de nature physiologique,
sont le plus proches généti- familiale et sociale engendrent un
quement ou socialement. sentiment d'infériorité que le sujet
La filiation naturelle inclut une indi- essaie de compenser en surmon-
viduation du rejeton par rapport à tant quelquefois ces difficultés par
ses parents et est donc,en soi,source le développement d'un complexe
de variabilité entre les générations. de supériorité. S. Freud s'oppose à
cette thèse et ne repère dans ce
Infantilisme sentiment qu'un symptôme névro-
État d’une personne tique.
© Dossier, Estime de soi (|')
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caractérisé par la persistance à


l'âge adulte de caractères p.297:
propres à l'enfance.
Il peut s'agir de caractères phy- Inhibition
siologiques (retard de dévelop- PSYCHOPHYSIOL.Phénomène
pement de croissance et de la d'arrêt, de blocage
puberté) ou psychiques.Les causes ou de ralentissement
en sont très variées : génétiques, d'un processus chimique,
endocriniennes, etc. L'infantilisme physiologique
doit être distingué du puérilisme, ou psychologique.
forme régressive ou réactionnelle En psychologie, l'inhibition est un
du comportement. concept hypothétique employé
pour expliquer certains phéno-
Infériorité (complexe d’) mènes tels que l'extinction d'une
Sentiment morbide qui réponse conditionnée ou l'acquisi-
pousse le sujet, ayant tion d'une réaction différentielle à
la conviction intime d'être deux stimulus voisins.
inférieur à ceux qui PSYCHIATR. Blocage
l'entourent, à se sous-estimer. de l'activation émotionnelle

766
chez un sujet qui reste, Inné, -e
malgré lui, incapable Caractéristique qui existe
de réactions ou d'initiatives dès la naissance sous
et qui peut parfois en souffrir. une forme manifeste
PSYCHAN. Limitation ou ou latente.
refoulement d'une fonction, Les caractéristiques innées dé-
qui peut être provoquée pendent de l’hérédité, de la déter-
par une peur. mination génétique non hérédi-
Cette notion est issue de la biolo- taire, des conditions intra-utérines
gie. Elle à pris une grande impor- et prénatales.
tance lorsque S. Freud remania ses © Génétique (psychologie)
théories (/nhibition, symptôme et p.740.
angoisse, 1926). À la différence du
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symptôme,
qui suppose l’altération Innéisme
ou le trouble d'une fonction, l'inhi- Conception philosophique
bition n'en désigne que l'affaiblis- et psychologique qui affirme
sement ou la perte : sous l'effet du que la nature d’un être vivant
surmoi, le sujet renonce à son exer- est entièrement déterminée
cice, et ce d'autant plus que s'ac- avant sa naissance
croît sa signification sexuelle. et ne dépend ni
de ses conditions d'existence
Injonction paradoxale ni de ses expériences.
Ordre donné à une personne dans (SYN. nativisme.)
des termes tels qu'il contient en lui-
même une contradiction (« sois Input
spontané ») ou qu'il place le sujet SYN. entrée.
dans une situation angoissante et
absurde («si tu fais ceci je te frappe Insight
et situ ne le fais pas je te frappe Découverte soudaine
également »). de la solution d’un problème,
@ Double contrainte (la) de la structure d’une figure
D#7110; ou d’un objet perçu.
Insomnie PSYCHOL. Lorsqu'on la rapporte
Trouble de l'installation et/ou à un concept, à une catégorie,
du maintien du sommeil. etc. synonyme d'exemplaire.
© Dossiers, Sommeil (le) p.558 ; © Topique p.913.
Sommeil (les troubles du ) p.566.
Instinct
instabilité ÉTHOL. Ensemble
€ Tendance à changer des comportements animaux
rapidement d'état émotionnel ou humains, caractéristiques
ou d'humeur. d'une espèce, transmis
© Difficulté à fixer par voie génétique
son attention et à poursuivre et qui s'exprime en l'absence
une tâche au-delà d'un temps d'apprentissage.
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très court. Pour les éthologistes (K. Lorenz),


l'instinct se définit donc comme
Instance une connaissance qui n'a pas
PSYCHAN. Toute structure besoin d'être acquise individuelle-
de l'appareil psychique dans ment. Cette connaissance se mani-
les différentes topiques. feste sans apprentissage parce
Le ça, le moi, le surmoi, qu'elle est inscrite dans le patri-
la censure, etc. sont autant moine génétique de l'espèce : par
d'instances différentes. exemple, la direction des déplace-
Si les premiers textes de S. Freud ments vers la mer de certains ani-
proposent surtout une tentative de maux des rivages, dès leur nais-
description de divers systèmes psy- sance, ou bien l’activité de vol chez
chiques séparés (inconscient, per- l'oiseau.
ception-conscience) et une tenta- Actuellement, les éthologistes
tive de repérage de leur situation considèrent l'acte instinctif comme
«topique », le terme d'instance met une activité motrice à deux com-
l'accent non plus sur le point de posantes non isolables l’une géné-
vue topique mais sur le point de tique et l'autre environnementale.
vue dynamique. La probabilité de sa manifestation

768
est fonction de la façon dont s'est structures, son organisation
déroulée l'ontogenèse de l'indi- pour éliminer les effets
vidu, c'est-à-dire des conditions de pathogènes de l'institution
maturation en conjugaison avec et permettre une meilleure
l'expérience vécue. Le déroulement communication entre
concret des activités instinctives les membres qui
n'est pas aussi stéréotypé qu'on la composent.
l'avait cru: c'est le plan d'ensemble
de telle ou telle activité qui serait institutionnelle
programmé et non les détails plus (thérapie ou
plastiques de sa réalisation. psychothérapie)
PSYCHAN. Tendance, impulsion Méthode thérapeutique
souvent irraisonnée cherchant à traiter
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qui détermine l’homme dans et à réadapter les malades


ses actes, ses comportements. mentaux en agissant
Même si S. Freud a pu rapprocher sur la structure sociale
de l'instinct des structures qui peu- de l'institution psychiatrique
vent sembler héréditaires, comme où ils sont soignés.
les fantasmes originaires, et même La première expérience de thérapie
si J. Lacan a pu parler d'instinct institutionnelle, dans notre pays,
de vie, la spécificité du langage s'est située à Saint-Alban (Lozère),
humain bouleverse cette notion et en pleine occupation allemande,
la rend inappropriée: Freud a donc animée par le psychiatre républi-
introduit la notion de pulsion. cain espagnol réfugié en France
F. Tosquelles, assisté de P. Balvet et
institutionnelle (analyse) L.Bonnafé.
Ensemble des opérations Dans cet hôpital psychiatrique très
intellectuelles et matérielles isolé, ce dernier avait mis en pra-
que pratique une collectivité tique la « thérapie active » (préco-
sur elle-même, grâce nisée dès 1929 par le psychiatre
à un ou plusieurs analyseurs, allemand H. Simon), méthode de
en vue de modifier ses soin des malades par l'activité et
le travail en agissant sur toute la liques et de médiations. Le tout a
vie du pavillon d'hospitalisation été repris dans une analyse où les
pour éviter que ce dernierne grands concepts lacaniens sur le
sécrète la chronicisation et l'ag- langage et la psychose ont été lar-
gravation de la maladie mentale. gement utilisés.
Il s'agissait pour lui de «traiter la © Histoire de la psychiatrie
maladie du pavillon » en réta- p.4.
blissant la communication et des
relations authentiques entre soi- Intellect
gnants et soignés, dans des lieux Faculté de forger
d'activité privilégiés où était pos- et de comprendre des concepts.
sible une certaine « intervention Le terme d'intellect est parfois
interprétative». C'est vers 1965 utilisé en psychologie pour
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qu'elle va prendre une autre direc- désigner le support


tion en s'inspirant de la psychana- de la cognition.
lyse lacanienne,
dans le cadre de la J.P. Guilford a proposé en 1967 un
Société de psychothérapie institu- modèle d'organisation et de fonc-
tionnelle.Le « collectif » soignant va tionnement des aptitudes men-
centrer son analyse institutionnelle tales vérifiable par l'analyse facto-
autour de réunions, de clubs d’er- rielle. Guilford (en 1985) propose de
gothérapie, de groupes de discus- distinguer cinq contenus (visuel,
sion.
Le rôle des infirmiers y est cen- auditif, symbolique, sémantique,
tral et donc leur formation devient comportemental), cinq opérations
encore plus importante. F. Guattari (cognition, mémoire, production
et J. Oury rappelaient alors la né- divergente, production conver-
cessité de quelques principes gente, évaluation) et six produits
essentiels : liberté de circulation ; (unités, classes, relations, systèmes,
existence de lieux concrets bien transformations, implications).
structurés ;tenue de contrats avec
les patients, révisables, à l'entrée intellectuelles
comme à la sortie ; accueil perma- (activités)
nent disposant de grilles symbo- © Activités intellectuelles p.651.

770
Intelligence termes employés par eux pour
L'intelligence a fait l’objet désigner les degrés d'arriération.
de nombreuses définitions L'échelle de Binet et Simon fut à l'ori-
différentes. La plupart gine de plusieurs épreuves de même
évoquent une capacité type, les techniques pouvant évoluer
générale d'adaptation au cours du temps. Aux États-Unis,ce
à des situations nouvelles par sont surtout les échelles de D.Wech-
des procédures intellectuelles. sler qui définissent autrement le
L'étude des différences quotient d'intelligence (Q]) et fournis-
individuelles dans sent non seulement un QI global
le développement mais aussi un Q] verbal et un Q] per-
de l'intelligence a constitué l’un formance (c'est-à-dire non verbal).
des premiers centres d'intérêt L'une des échelles de Wechsler est
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de la psychologie et n’a pas applicable aux adultes. En France,


cessé d’être un thème R. Zazzo, M. Gilly et M. Verba-Rad
de recherches et d'applications. ont élaboré une nouvelle échelle
Les travaux effectués métrique de l'intelligence (NEMI)
sur ce thème ont adopté plus proche de l'esprit du Binet-
des perspectives successives Simon. Des échelles de développe-
sans que les plus récentes ment applicables aussi à l'observa-
fassent disparaître l’utilisation tion et à l'examen de tout jeunes
des plus anciennes. enfants ont été établies aux États-
© Mesurer l'intelligence Unis et en France.
Au début du xx siècle (entre 1905 @ L'intelligence en débat
et 1911), le psychologue A. Binet Les divers tests d'intelligence
a apporté une contribution ma- (Binet-Simon, NEMI, etc.) corres-
jeure dans ce domaine.Il avait pris pondent à des situations standar-
conscience du caractère subjectif disées, et les interprétations qu'ils
des diagnostics portés par les psy- permettent, notamment en termes
chiatres sur le niveau d'intelligence de quotient d'intelligence (QI), res-
de leurs sujets, de l'absence de dé- tent toujours guidées par la théorie
finition objective commune des de l'intelligence qui a présidé, en

771
psychologie, à leur conception. des machines dont
À côté des conceptions empiriques le fonctionnement s'apparente
axées sur la vie courante (Binet- à celui du cerveau humain.
Simon, par exemple), les théories
structurales avancent des stades de Intelligibilité
développement (J. Piaget) remis en Conditions de réception d’un
cause aujourd'hui ou des facteurs message qui en permettent
généraux (facteur g” de la compréhension.
C. Spearman), les théories hiérar- La compréhension est définie
chiques proposent une échelle des par la précision avec laquelle un
aptitudes et des savoir-faire, et mot peut être rapporté par un
d’autres théories décomposent l'in- sujet à qui il a été présenté. Les
telligence en capacités ou opéra- relations entre intensité et per-
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tions intellectuelles distinctes (L.L. ception de la parole ont été bien


Thurstone). Les deux questions de explorées.
l'unicité de l'intelligence (avec l'op- On sait par exemple qu'un mes-
position fréquente de l'intelligence sage n'est pas intelligible s'il est
pratique à l'intelligence abstraite) et prononcé avec une intensité infé-
des parts respectives de l'hérédité rieure à 20 dB. Depuis une ving-
et du milieu sont toujours en débat. taine d'années, on s'intéresse éga-
© Binet-Simon (échelle) p.673 ; lement au rôle de la rapidité de la
NEMI (nouvelle échelle métrique parole dans l'intelligibilité. Pour
de l'intelligence) p.805. cela, on utilise des techniques de
compression de parole, qui consis-
Intelligence (quotient d’) tent à éliminer régulièrement des
Fa
2 Quotient d'intelligence p.867. portions très courtes du message.

Intelligence artificielle Intentionnalité


Intelligence artificielle : @Prédétermination d’un but
ensemble des théories qui préside à l’organisation de
et des techniques mises l'acte ou des actes permettant
en œuvre pour réaliser de l’atteindre.

1172
@ Ce qui concerne de valider la notion d'intention.
le contenu des pensées, L'intentionnalité reste une géné-
des croyances, des désirs. ralisation spéculative.
L'intentionnalité serait la qualité
de toutes les conduites dirigées Interaction
vers un but, qu'on appelle aussi ou interaction sociale
conduites finalisées. Elle en précé- ÉTHOL. Ensemble
derait et en gouvernerait l'accom- des influences réciproques
plissement. résultant de l’activité
Le béhaviorisme strict rejetait la des divers membres
notion d'intentionnalité et lui du groupe social.
déniait toute valeur d'explication SOCIOL. Relation
causale. interpersonnelle entre
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L'intentionnalité a refait surface deux individus induisant


dans la psychologie contempo- une influence réciproque
raine. Elle est notamment invo- des comportements, chaque
quée pour rendre compte d’'ac- individu modifiant son
tions de la prime enfance, telles comportement en fonction
que, par exemple, l'approche des réactions de l’autre.
manuelle d'un objet, l'exploration
sensorielle ou la recherche, füt- Intérêt
elle seulement ébauchée, d'un Variable hypothétique
objet disparu. Dans les situations rendant compte
sociales, les imitations précoces, de la disposition positive
les gestes ou postures d'offrande, plus ou moins intense des
les désignations manuelles pa- individus à l'égard des divers
raissent indiquer l'intention de objets de l’environnement,
communiquer. Seule la méthode ainsi que de leurs dispositions
expérimentale, par le contrôle des à l'égard d'activités,
variables et par l'analyse séquen- de professions et de domaines
tielle du comportement depuis _de connaissance divers.
son initiation, semble en mesure La notion d'intérêt est proche
des notions d'attitude relativement indépendants de
et de motivation intrinsèque. leurs aptitudes et de leurs connais-
La psychologie générale étudie les sances dans un domaine. Les inté-
conditions qui permettent l'éclosion rêts sont des dispositions relative-
de l'intérêt lors du traitement de l'in- ment stables ; ils ont de multiples
formation.Le mot intérêt, appliqué à causes individuelles et sociales.
l'information, a deux sens : la préfé- Les exemples les plus évidents des
rence et l'intérêt cognitif. La préfé- intérêts concernent les choix entre
rence renvoie aux aspects agréables activités de loisir, entre disciplines
ou désagréables qui sont associés, scolaires où entre professions. On
dans la mémoire, à cette informa- peut encore employer le mot pour
tion. L'intérêt cognitif (curiosité) désigner des orientations privilé-
dépend du degré de nouveauté giées vers des objets plus généraux:
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de l'information à traiter par rap- l'argent, la notoriété, le pouvoir etc.


port aux connaissances et aux bien qu'on invoque plus souvent
schémas stockés en mémoire. L'in- alors des traits de personnalité,
térêt est maximal lorsque le degré considérés comme plus généraux
de nouveauté du matériel à traiter que les intérêts. Les termes attitude
est moyen ; ce cas correspond à un ou valeur sont souvent employés
niveau d'éveil moyen, chez le sujet. avec des significations très voisines.
L'intérêt est étudié au moyen d'in- Les instruments utilisés le plus sou-
dicateurs variés : réponses verbales vent pour diagnostiquer les intérêts
à des tests et à des questionnaires, d'un individu sont des question-
décision de choix entre plusieurs naires (ou inventaires).
objets ou situations, temps d'explo-
ration et de traitement, enfin indica- Intériorisation
teurs psychophysiologiques de Transposition d’une action
l'éveil (réponse électrodermale, en un fait psychologique.
électroencéphalogramme). L'intériorisation constituerait le lien
La psychologie différentielle entre le comportement et la pensée.
montre que les intérêts varient Elle participerait au processus géné-
selon les individus et qu'ils sont ral de développement en permet-

774
tant l'économie d'action par le jeu de L'intervention de l'analyste dé-
mécanismes qui, suivant les théories, place le sujet vers des significa-
sont présumés liés aux effets des tions nouvelles, mais n'est pas tou-
actions produites où à une activité jours interprétative. Temps privilé-
propre du sujet, voire endogène.Elle gié de l'analyse, cette interpréta-
est liée au fait que l’activité nerveuse tion fait lien entre l'analyste et son
perdure au-delà de l'excitation qui patient comme lieu de vérité.
l'a engendrée et à la mémorisation. © Dossiers, Psychanalytique (le
Elle peut être source de déviance. courant) p.450 ; Psychothérapie
(suivre une) p.478.
Interprétation
PSYCHOL. Ensemble des Interprétation (délire d’)
processus correspondant à la Forme clinique de délire
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compréhension du langage, chronique systématisé, géné-


l'accent étant mis alors sur le ralement à thème persécutif,
fait que chaque sujet élabore ayant une construction
sa propre version délirante caractérisée par
de ce qu'il entend ou lit. la prépondérance
PSYCHAN. Travail effectué du mécanisme interprétatif.
par le patient, aidé par son C'est la folie raisonnante de P.Sérieux
analyste, pour dégager le désir et J. Capgras (1909).
inconscient qui anime certains © Délire p.698.
de ses comportements
et de ses paroles. Introjection
Ce terme est utilisé par S.Freud Processus qui consiste à
dans l'interprétation des rêves (1900). transposer sur un mode
Il implique un champ très large fantasmatique les objets
contenant les lapsus, les actes man- extérieurs et leurs qualités
qués, les oublis et tout ce qui surgit inhérentes dans les différentes
- toutes choses qui révèlent un ou instances de l'appareil
plusieurs autres sens que la signifi- _psychique. (L'introjection peut
cation première. être opposée à la projection.)
Ce terme a été introduit par autre moyen convenu (appuyer sur
S.Ferenczi dès 1909. L'introjection un bouton, par exemple) ;
se distingue de l'incorporation, en @ l'observateur extérieur traite
ce que celle-ci suppose une limite ce témoignage, généralement avec
corporelle, et de l'intériorisation, qui beaucoup d'autres, recueillis chez
porte éventuellement sur des rela- d'autres sujets, comme une don-
tions interpersonnelles. née de fait,au même titre que n'im-
Elle a renouvelé la théorie freu- porte quel comportement ou ob-
dienne de l'identification, avant servation objective. À partir de ces
d'être reprise par M.Klein à propos données, il essaie, selon les mé-
des bons objets (introjectés) et des thodes scientifiques habituelles,de
mauvais objets (projetés). mettre à l'épreuve un modèle du
fonctionnement interne des sujets
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Introspection considérés à la troisième per-


Observation méthodique, sonne, mais jamais à la première
par le sujet lui-même, personne.
de ses états de conscience La méthode introspective procède,
et de sa vie intérieure. au contraire, entièrement à la pre-
La psychologie scientifique mo- mière personne du singulier.Elle ne
derne argue que ce type d'infor- dispose pas de moyen spécifique
mation n'est pas suffisamment pour généraliser ses observations.
fiable pour qu'une tentative systé-
matique de connaissance psycho- Introversion
logique fondée sur elle puisse être PSYCHOL. Tendance à se replier
considérée comme valide. sur soi-même.
Cela ne signifie pas qu'on ne puisse PSYCHAN. Chez un sujet, retrait
pas utiliser cette information. Mais des investissements libidinaux
on doit alors le faire en deux temps : des objets du monde extérieur
@ l'information recueillie sur au bénéfice de son monde
lui-même par un sujet est trans- intérieur.
mise par lui à un observateur exté- DIFFÉR. L'un des pôles d'une
rieur, verbalement ou par tout dimension de la personnalité

776
étudiée notamment par la plume de J. Piaget pour caractéri-
H.J. Eysenck, l'extraversion- ser une forme mentale transitoire
introversion, caractérisé par entre les organisations sensori-
la tendance à la dominance de motrices et l’opérativité, qui se
la réflexion intérieure et soli- constitue entre les âges de 4et6 ans
taire, le repliement sur soi, etc. (pendant la période préopératoire).
À cette période, la pensée consiste à
Introverti, -e établir des relations par analogie
© Se dit d’une personne immédiate. Par exemple, devant
dont l’affectivité, les centres trois poids gradués, A,B,C (A étant le
d'intérêts sont dirigés plus léger, C le plus lourd), l'enfant
préférentiellement sur elle- de 4-5 ans comparant À à Bet à C
même. (CONTR. extraverti.) parvient bien à conclure que À est
© Dans la typologie
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léger, mais il en conclut aussi que B


de H.Rorschach, se dit et C sont tous deux également
d'un individu tourné vers lourds et en reste là. Si on le
lui-même, qui se nourrit contraint à comparer B et C, alors il
de rêveries et qui a tendance ne tient plus compte de A.
à se désintéresser des autres. Cette pensée parvient à des distinc-
(On dit parfois introversif, -ve.) tions importantes, par exemple
entre « tous » et « quelques-uns »,
intuitive (pensée) mais n'est pas encore capable d'éta-
Pensée qui investit directement blir des relations d'emboîtement.
son objet, qui est à la fois Ainsi,un enfant de 4 ans devant une
contact et compréhension, corbeille de fruits comprenant, en
connaissance immédiate nombre différent, des pommes, des
sans interposition de signes bananes et des oranges saisira bien
ni de procédés expérimentaux que tous les fruits ne sont pas des
ou déductifs. oranges mais sera incapable de
En psychologie du développement, décider s’il ya plus d'oranges que de
on trouve les expressions pensée fruits ou que de bananes. Dans un
intuitive et raisonnement intuitif sous enchaînement d'événements ou

FE#l
dans une configuration,ce qui relie, Ce terme, fréquemment utilisé par
pour l'enfant de 4 à 6 ans, les élé- S.Freud et d'usage courant chez les
ments entre eux, c'est sa propre psychanalystes, peut renvoyer à
action. De sorte que la pensée intui- des sens différents - d'autant que
tive demeure irréversible,
tout établis- Freud lui-même l'emploie dans des
sement d’une relation pouvant abolir acceptions différentes selon le
la relation établie précédemment. contexte théorique.Actuellement,
C'est une pensée à sens unique. c'est son sens courant, le sens éco-
© Dossier, Préopératoire nomique, qui prévaut (on «inves-
(période) p.846. tit»dans une affaire). Une repré-
sentation, par exemple, est char-
Inventaire gée d'énergie psychique. Le désin-
de personnalité vestissement désigne le processus
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Ensemble d'items regroupés inverse.


sous forme d'échelle, destiné
à mesurer la personnalité Involution
d'un sujet. PSYCHOL. Évolution
(SYN. questionnaire.) à rebours.
Il'existe de nombreux inventaires En psychologie, l'évolution désigne
de personnalité, comme celui de une série de transformations de
Guilford-Zimmerman ; ils dépen- même sens se produisant au cours
dent de la conception que se font du temps. Ce terme a, en général,
leurs auteurs des traits dominants une connotation positive et s'ap-
de la personnalité tels qu'ils les ont plique à des transformations irré-
établis en fonction de la perspec- versibles représentant des gains.
tive qu'ils se sont donnée. Au contraire, le terme d'involution
désigne des transformations dégé-
Investissement nératives, également irréversibles.
Mobilisation de l'énergie Il a été utilisé pour rendre compte
pulsionnelle dans du processus de vieillissement nor-
une représentation, une partie mal et pathologique et de cer-
du corps, un objet. taines détériorations mentales.

778
PSYCHIATR. Processus
de vieillissement d'un organe
en général et, plus particu-
lièrement, du cerveau. Jalousie
Sentiment d'inquiétude
Irritabilité douloureuse provoqué
Hypersensibilité aux par la crainte d’être trompé
stimulations extérieures par l'être aimé et parfois
accompagnant généraiement par la croyance que ce dernier
un état affectif pénible. préfère déjà une autre
L'irritabilité se rencontre dans la personne.
manie et dans certaines dépres- On a constaté dans les cas dejalou-
sions chroniques. sie morbide que près d'un tiers des
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patients présentaient des troubles


Isolement thérapeutique psychotiques (délire paranoïaque
Mesure à visée thérapeutique ou, parfois, schizophrénique) ;la moi-
dont le but est de soustraire tié, des troubles névrotiques et de la
l'individu à son milieu de vie personnalité ; le reste, des troubles
habituel. organiques (séquelles traumatiques
L'isolement fait partie des mesures en particulier) ou une alcoolomanie.
thérapeutiques utilisées dans la L'alcool peut jouer un rôle favorisant
prise en charge des malades men- sur les passages à l'acte agressifs di-
taux. Mais il a été souvent perverti rigés contre la personne aimée ou
et transformé, sous la pression de contre le rival supposé. Celui-ci est
nécessités sociales ou adminis- souvent l'objet d'un intérêt tout par-
tratives, en une véritable exclusion ticulier de la part du jaloux délirant
ou en un simple enfermement. en raison d'une homosexualité la-
Son abus sera la règle de toute la tente que ce dernier ne reconnaît
seconde moitié du xix° siècle pour pas (D.Lagache)
tous les malades dits « dangereux», Là Dossiers, Agressivité ([°) p.121;
dès qu'ils apparaissent agités, Fidélité et l'infidélité (la) p.306 ;
impulsifs ou violents. Paranoïa (la) p.424.
Jargonaphasie chanalyste britannique M. Klein
Trouble du langage (1882-1960),à sa suite,en 1919,éla-
caractérisé par la déformation bore la technique psychanalytique
des mots et par une grande du jeu pour les jeunes enfants en
volubilité, notamment au découvrant que ceux-ci expriment
cours des aphasies. leurs fantasmes et leurs angoisses
essentiellement à travers le jeu.
Je Cette psychanalyste utilisait des
© Sujet p.503. jouets et une salle de thérapie équi-
pée d’un lavabo,
de petits meubles,
jeu représentatifs du monde réel, qui
Mode d'activité auquel permettent à l'enfant d'exprimer
on s'adonne pour se divertir un large éventail de fantasmes et
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ou tirer un plaisir observable d'expériences vécues. L'enfant qui


avec une fréquence d'autant souffre éprouve donc un soulage-
plus grande qu'on s'élève ment considérable, par exemple,
dans l'échelle animale en faisant subir à un jouet les ten-
et tenant d'autant plus de dances destructrices qu'il éprouve
place dans la vie d'un individu à l'égard d'un membre de sa
que celui-ci est jeune. famille. C'est l'interprétation de
@ La signification du jeu d’en- l'analyste qui donne sens à ce
fant.S. Freud analyse la significa- comportement dans la thérapie.
tion du jeu de la bobine chez son Cette technique de jeu en thérapie
petit-fils de 18 mois qui vivait sous (angl. Play-Therapy) a suscité des
le même toit que lui.il perçoit la di- controverses parmi les analystes,en
mension symbolique du jeu de l'en- particulier A. Freud (1895-1982), qui
fant, qui reproduit, avec l'objet qu'il a refusé de reconnaître les activités
a sous la main, la scène de la dispa- ludiques comme équivalents des
rition et de la réapparition de sa associations libres chez l'adulte.
mère, assumant ainsi un rôle actif Le jeu et la thérapie pour en-
qui lui permet de maîtriser ces évé- fant. Actuellement, en psychiatrie
nements jusque-là subis. La psy- d'enfant, le jeu est utilisé dans de

780
nombreuses formes de thérapie, Jouissance
que ce soit en thérapie individuelle Réalisation des pulsions
d'inspiration psychanalytique chez sexuelles. Plaisir sexuel.
de jeunes enfants ou dans un La jouissance du corps outrepasse
grand nombre de rééducations au plaisir lié au bien-être du moi.
comme l'orthophonie, la psycho- Impossible ou interdite, en parti-
motricité ou d'autres modes d'ex- culier lorsque ses sources inces-
pression corporelle. Le psycho- tueuses sont en cause, la jouissance
drame utilise une autre forme de est pour une part refoulée et trans-
jeu, le jeu dramatique qui a pour férée à l'inconscient où la langue et
but la compréhension de certaines les fantasmes prennent le relais de
aspirations du patient, lesquelles la réalité sexuelle. Sa survenue est
apparaissent dans l'énoncé du dès lors conditionnée par la relance
thème, son élaboration et le choix
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du désir, ce qui permet d'aboutir à


des rôles, ainsi que des méca- la satisfaction mais peut aussi en
nismes de défense, de l'angoisse détourner, selon que l'angoisse est
et de la culpabilité. Le jeu est uni- surmontée ou non.
versel et correspond à la santé ; ce Ainsi, la jouissance met en joie ou
qui est naturel, c'est le jeu. « C'est bien suscite l’effroi et est marqué
une thérapie en soi » (Winnicott). par la culpabilité. Mais, quand elle
@ Encadré p.261. manque au corps, s'y substituent la
parole, la pensée, les objets imagji-
Jeu de rôle naires mis à la place du partenaire
Mise en situation imaginaire sexué, ainsi que des symptômes té-
autour d’un thème de la vie moignant des égarements ou des
courante ou professionnelle ratages du rapport sexuel.
visant à la prise de conscience
des attitudes et des rôles pour Jugement social
permettre une évolution Ensemble des évaluations
positive des personnes et/ou réalisées à propos d'autrui,
des groupes et développer leur _qu'il s'agisse d'individus ou de
créativité. (SYN. jeu dramatique.) groupes.

781
© Dossier, juger l'autre, Lalangue
comment, sur quels critères ? p.378. Concept inventé par J. Lacan
pour désigner les spécificités
du langage utilisé par un sujet

K
pour parler et se parler.
Cette « lalangue » est constituée
par les signifiants, les locutions, les
Kinesthésie traits grammaticaux, la prononcia-
Sensibilité nerveuse tion, toutes choses particulières à
consciente de la position ou un sujet mais qui proviennent pour
des mouvements des muscles une grande part de sa famille.
des différentes parties du corps.
Lallation
Kohs (test des cubes de)
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PHYSIOL. Défaut de pronon-


Test dans lequel le sujet doit ciation de la consonne |.
reproduire le dessin d'un carré DÉVELOP. Ensemble des pro-
subdivisé en cases diversement ductions non articulées
colorées en utilisant des cubes des tout premiers mois
dont les faces elles-mêmes du bébé, proches du babillage.
sont de couleurs différentes.
Ilest utilisé dans certains cas comme Langage
épreuve d'intelligence non verbale. © Comportement manifestant
une intention communicative.
L'information transmise doit être

L
accessible par ceux à qui elle est
destinée en raison de leur capacité
à déchiffrer le code plus où moins
Labilité symbolique utilisé pour communi-
Caractère d'une humeur quer cette information. Dans ce
instable et changeante. sens, il est possible de dire que cer-
La labilité se rencontre dans les tains animaux (abeilles, chimpanzés,
accès hystériques et maniaques. dauphins, etc.) utilisent un langage.
@ Capacité spécifiquement nauté linguistique. Les recueils de
humaine consistant productions spontanées révèlent
à exprimer et à communiquer une régularité du développement
sa pensée à l’aide pour une même langue et dans
d'un système de signes une variété de langues.En moyenne,
vocaux (et subsidiairement vers 12 ou 13 mois, l'enfant produit
écrits) appelés langues, ses premières formes reconnues
et supposant l'existence comme des « mots » par les adultes
d'une fonction symbolique, de l'entourage.Les premières com-
d'un appareil phonatoire et binaisons de deux mots apparais-
de centres nerveux spécialisés. sent autour de 18 mois. La troi-
La maîtrise et l'acquisition de la sième année se caractérise par un
grammaire d'une langue naturelle développement morphologique ;
est un processus progressif dans des éléments fonctionnels (pro-
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lequel interviennent des stimula- noms, articles, prépositions, etc.)


tions du milieu. et des flexions (marques de temps,
de personne, de nombre, etc.)
Langage (acquisition du) viennent cimenter les compo-
Les enfants apprennent leur sants lexicaux de l'énoncé ou les
langue maternelle au même énoncés entre eux. La rapidité et
âge,à la même vitesse l'homogénéité de l'acquisition
et progressent selon ont été d'abord expliquées par
des étapes analogues, quels l'influence de contraintes géné-
que soient l'individu tiques ou sociales. Aujourd'hui,on
particulier qui apprend, admet qu'elles sont le fruit d'une
le milieu qui l'élève, la langue interaction complexe de facteurs :
à acquérir. organisation cérébrale propre à
Aux environs de 4 ans, la maîtrise l'espèce ;capacités de structuration
de la langue est suffisante pour de l'information symbolique ; et
qu'une intercompréhension s'éta- présence de personnes environ-
blisse avec un adulte non familier nantes quifournissent des stimula-
appartenant à la même commu- tions linguistiques et, par le biais

783
d'interactions sociales, un modèle forme de répétition de la pensée,
culturel d'utilisation de la langue. d'imposition et de commentaire des
@ Dossier, Enfant (|) p.251. actes. Ils se traduisent au niveau du
comportement du malade par des
Langage (troubles du) attitudes d'écoute des voix, ou de
Ensemble conversation avec elles, des mouve-
des dysfonctionnements ments des lèvres, des monologues
du comportement et des mimiques expressives.
linguistique. Chez l'enfant, la notion de trouble
Certains troubles du langage sont du langage recouvre celle de
d'origine organique, comme l'apha- troubles de l'articulation (anoma-
sie, et d’autres apparaissent au cours lies fixes dans la prononciation de
de nombreuses maladies mentales. certains phonèmes, par exemple
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Parmi ces derniers, on distingue : sigmatismes),


de retards de parole,
@ les troubles du langage oral, où c'est l'organisation même de la
qui peuvent revêtir l'aspect de séquence phonétique qui est tou-
troubles de l’activité de communi- chée (le mot reproduit n'étant
cation (logorrhée, verbigération, qu'une approximation de la pro-
mutisme), de troubles de la réali- nonciation correcte, par inversion,
sation du langage (troubles du contamination ou simplification),
débit verbal : bégaiement, bar- de retards de langage, où il s'agit
rages, bradyphémie, tachyphé- d'un retard de l'organisation même
mie) et de troubles sémantiques du discours, superposé ou non à
(schizophasie, par exemple) ; des troubles phonétiques (dys-
€) les troubles du langage écrit, phasie, audimutité), en l'absence
souvent parallèles à ceux du langage de déficit intellectuel patent ou de
oral et qui peuvent atteindre les as- trouble grave de la personnalité
pects graphique et sémantique ainsi (psychoses infantiles). Chez l'enfant
que la rapidité de l'écriture ; sont fréquents, en outre, les troubles
€ les troubles du langage inté- de l'apprentissage du langage écrit
rieur, qui apparaissent dans le syn- (dyslexie, dysorthographie) ainsi
drome d'automatisme mental sous que le bégaiement. Les troubles

784
du langage sont particulièrement poursuit :« L'explication la plus plau-
graves dans les psychoses infantiles, sible dans ce cas serait la suivante :
où ils traduisent une profonde per- dans son for intérieur, le président
turbation. souhaitait pouvoir enfin clore cette
© Dossier, Enfant en difficulté séance dont il n'attendait rien de
d'apprentissage (|) p. 289. bon ;aussi l’idée correspondant à ce
souhait a-t-elle trouvé, cela arrive
Lapsus fréquemment, une expression [...],
Faute que l’on fait en lui faisant dire close au lieu de
par inadvertance en parlant ouverte, c'est-à-dire exactement le
ou en écrivant et qui consiste contraire de ce qui était dans ses
à substituer un mot à celui intentions ».
que l’on voulait dire.
Latence (période de)
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Un mot vient à la place d’un autre


dans le cours d’une phrase :ce Période qui va du déclin
pourrait être une simple erreur, de la sexualité infantile
mais S.Freud à montré qu'il pouvait jusqu'à l'entrée dans
s'agir d'une intentionnalité liée à l'adolescence et à la puberté.
l'activité inconsciente. La censure est On y observe:
ainsi court-circuitée, ce qui permet à €b une désexualisation des rela-
des pensées refusées de venir au tions et des sentiments (préva-
jour. L'acte apparemment manqué lence de la tendresse, apparition de
est en fait réussi si l’on se place du la pudeur, etc.) ;
point de vue du désir inconscient. € les processus de sublimation
S.Freud cite dans Psychopathologie (intérêts pour des créations artis-
de la vie quotidienne (1901), un tiques, positions morales, etc.). La
lapsus célèbre. Le président de la période de latence traduit une in-
Chambre des députés autrichienne tensification du refoulement qui
ouvrit la séance en disant : « Mes- conduit à une amnésie infantile,
sieurs, [.…..],jeconstate la présence tandis que se renforcent les identi-
de tant de députés et déclare, par fications aux parents. Enfin, elle est
conséquent, la séance close. » Freud - liée au déclin du complexe d'Œdipe

785
et à ses modes de résolution. C'est Lecture
l'âge des grands apprentissages (apprentissage de la)
scolaires. Acquisition des activités
Dossiers, Enfant (l') p.251; constitutives de la lecture.
Sexualité (la) p.528. Cette acquisition renvoie aux
conditions dans lesquelles une
Learning set société donnée place l'enfant,
Facilitation à partir d'un certain âge,
d'un apprentissage pour lui inculquer le code
par une série d'apprentissages que représente l'écriture
qui l'ont précédé. et lui permettre ainsi
« Learning set » est parfois traduit d'accéder au sens des textes.
par «attitude d'apprentissage » ou,
Léthargie
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plus souvent, par « apprendre à ap-


prendre ».Ce phénomène a d'abord État de sommeil profond
été mis en évidence par H.P.Harlow et prolongé.
(1949) : si l'on met un sujet, animal C'est parfois un trouble de la vigi-
ou humain, dans une longue série lance ou de la régulation veille-
de situations d'apprentissages suc- sommeil. C'est plus souvent un état
cessifs, on observe une facilitation provoqué par l'hypnose ou par des
progressive pour ceux qui viennent produits anesthésiants.
postérieurement.
On considère aujourd'hui que ce Libido
résultat est dû à ce qu'un certain Énergie psychique du désir, de
nombre de sous-apprentissages l'envie, des pulsions sexuelles.
cognitifs (s'accoutumer à la situa- Issue des sources érogènes du
tion, savoir de quels stimulus ou corps, la libido participe de toute
de quels aspects de la situation il activité sexuelle, dans la réalité ou
faut tenir compte, etc.) sont ac- dans l'imaginaire. Les objets aux-
quis d'une fois sur l’autre, et réuti- quels elle s'attache varient selon les
lisés dans les apprentissages suc- expériences et les fantasmes : il
cessifs. peut s'agir du moi narcissique ou

786
de l’autre, du sexe lui-même ou de La logorrhée s'observe surtout
différentes parties corporelles, de dans les états maniaques.
situations fixes ou au contraire mo-
biles, etc. Aussi les liens libidinaux Loi
- amoureux et sociaux — rappro- Prescription symbolique
chent-ils les humains sans garantir réglant, par ses effets
que leurs rapports avec la jouis- sur la jouissance et le désir,
sance fassent un tout unifié. l'existence même d'un ordre
© Dossier, Sexualité (la) p.528 humain et d’une subjectivité.
La loi au sens psychanalytique du
Lobotomie terme ne se confond pas avec les
Section chirurgicale des fibres lois concrètes, diverses et révi-
nerveuses qui unissent un sables.S.Freud réfère la loi à l'inter-
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lobe du cerveau aux autres dit de l'inceste, dont il souligne le


régions pour traiter des caractère universel. Indissociable
troubles psychiatriques. du complexe d'Œdipe, la loi au sens
(Elle n’est plus guère freudien fonde l'ordre de la culture
employée.) et la possibilité de la filiation.
Pour en rendre compte, il a proposé
Locomotion une théorie de l'instauration de la loi
Activité motrice rythmique qui avec le mythe de la «horde primitive
assure le transport du corps » (Totem et tabou, 1912-1913) : aux
à une certaine vitesse dans premiers temps de l'humanité, un
une direction particulière père tyrannique etjouisseur possède
de l’espace par la répétition toutes les femmes et les interdit à ses
d'une série de contractions fils. Ceux-ci le tuent et le mangent,
musculaires agonistes pour jouir à leur tour des femmes du
et antagonistes. père.De ce meurtre cannibalique par
lequel les frères assouvissent leur
Logorrhée haine naît la culpabilité. Les fils s'in-
Flux verbal intarissable terdisent alors eux-mêmes le
et désordonné. meurtre et les femmes du père :ainsi

787
s'installe l'interdit de l'inceste sous les mêmes enfants à des dates
l'empire d'un père plus puissant différentes, c'est-à-dire
mort que vivant. Chaque enfant re- à des âges successifs.
joue ce schéma lors de l'Œdipe.
J. Lacan a insisté sur la dimension
du père symbolique, tout autre que
le père imaginaire (le rival) ou le
père de la réalité, et fait de la loi
une logique de déplacement du Magique (pensée)
phallus, et du réglage de la jouis- Forme de pensée chez l'enfant
sance. La loi du père, dont le père entre 2 et 7 ans (période
réel est l'agent, consiste à signifier préopératoire) caractérisée
à l'enfant l'interdiction de prendre par une confusion entre
l'univers subjectif et l'univers
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sa mère pour objet de jouissance,


le confrontant ainsi à la castration objectif et qui se manifeste par
symbolique qui lui fait abandonner l'animisme et l’artificialisme.
le désir d'être le phallus de la mère © Préopératoire (période), p.846.
et passer du registre de la jouis-
sance à celui du désir. Cette loi Maladie psychique d’un
n'a d'efficacité que si la mère elle- proche (face à la)
même reconnaît au père dans sa © Dossier, p.388.
parole la place de celui qui lui fait la
loi. Dans le cas contraire s'installe la Malheur (faire son )
psychose pour l'enfant. Lacan réfère © Dossier, p.400.
la symbolisation primordiale de la
loi à la métaphore du Nom-du-Père. Maintien
© Nom-du-Père p.811. © Holding p.747.

Longitudinale (méthode) Manie


Méthode d'étude État d’excitation pathologique
du développement consistant observé notamment
à examiner plusieurs fois au cours de la psychose
maniaco-dépressive, Manipulation
caractérisé par l'agitation, Ensemble de techniques
l'exaltation ludique permettant de modifier
de l'humeur, l'accélération les attitudes ou les compor-
désordonnée de la pensée. tements d’une personne indé-
La manie représente la phase pendamment de sa volonté.
hyperthymique de la psychose La manipulation recouvre des pra-
maniaco-dépressive. Certains tiques variées. Toutes celles-ci se
accès maniaques vont précéder basent sur des phénomènes géné-
un état dépressif
qui leur succède raux décrits par la psychologie so-
sans transition. C'est la véritable ciale.Le terme « manipulation » ne
«folie circulaire » de Falret. Dans renvoie donc pas à des recettes
d'autres cas, lorsque les deux accès élaborées indépendamment des
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(dépressif et maniaque) sont cou- théories. Il rend compte de l'utili-


plés dans la même phase, mais sation de ces théories dans des
avec un intervalle entre les deux, contextes sociaux particuliers. Sur
on parle de «folie à double forme». de telles bases, il est possible de
Et, lorsque les deux accès alter- distinguer deux grands types de
nent avec un intervalle libre plus techniques : les techniques basées
prolongé, toujours dans la même sur la persuasion,
qui s'exercent di-
succession, on parle de «folie al- rectement sur les attitudes ou la
terne », le terme de « psychose personnalité des gens; et les tech-
périodique » étant réservé fina- nologies comportementales; qui
lement aux autres formes, qui se permettent d'extorquer des com-
manifestent toujours par des portements que les gens n'auraient
accès dépressifs ou maniaques pas émis spontanément.
(formes unipolaires) ou par des
accès des deux types, mais sans Manque
succession régulière (formes bi- PSYCHAN. Défaut de
polaires). satisfaction du désir.
Dossier, Psychose maniaco- Le manque est structurellement lié
dépressive (la) p.465. “au désir du fait de l'inscription de

789
l'être humain dans l'ordre du lan- de flexion et d'extension
gage.ll marque la relation du sujet au des jambes. La marche
monde et est le ressort de sa quête. automatique disparaît
L'élaboration de la notion de normalement entre 2 et
manque de l'objet et l'étude de 3 mois. Une pratique régulière
ses trois formes, frustration, castra- évite sa disparition et avance
tion, privation, sont dues à J.Lacan l’âge de la marche.
(Séminaire IV,«La relation d'objet»,
1956-1957). Masochisme
Lacan voit le manque comme la di- Perversion sexuelle dans
mension véritablement créatrice laquelle le sujet ne trouve le
de la relation du sujet au monde. plaisir que par le biais d’une
PSYCHIATR. Syndrome de douleur physique ou morale
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sevrage chez un toxicomane. (humiliation).


Dans la première théorie des pul-
Marche automatique sions élaborée avant 1920, S. Freud
Mouvement, analogue à celui fait du masochisme la conséquence
de la marche, provoqué chez du retournement sur la personne
le nouveau-né lorsqu'on propre d'un sadisme qui est pre-
maintient le bébé debout, mier (Trois Essais sur la théorie de la
les pieds à plat sur le sol, sexualité, 1905 ; les Pulsions et leurs
le corps légèrement incliné destins, 1915). Il n'y a pas pour lui à
en avant et que l'on cette époque de masochisme qui
accompagne ses mouvements ne soit pas issu du sadisme.Toute-
d'un déplacement d'ensemble fois, le masochisme intervient en
de son corps, ce qui produit premier dans l'association entre
une analogie frappante douleur et plaisir sexuel, déléguant
avec la marche. ensuite au sadisme la charge de re-
Les divers segments trouver par le biais du fantasme
des membres inférieurs (identification à l'objet souffrant) la
se redressent et l’on observe jouissance sexuelle éprouvée de
une alternance automatique façon masochiste.

790
Dans la seconde théorie des pulsions Médico-pédagogique
introduite en 1920 (Au-delà du prin- Se dit d'une institution
cipe de plaisir), Freud développe les pédagogique placée sous
liens entre masochisme et pulsion de contrôle médical et accueillant
mort, masochisme et libido, et spéci- des adolescents ayant des
fie le concept de masochisme en dis- troubles psychologiques, pour
tinguant un masochisme érogène et les initier à la vie
un masochisme moral. professionnelle.

Maternage Mégalomanie
Ensemble de techniques Surestimation par un sujet de
de soin visant à entretenir ses capacités intellectuelles,
avec le patient une relation physiques, sexuelles ou
mère-nourrisson. sociales.
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Cette attitude psychothérapique Cette disposition peut aller d'une


facilite la régression à un stade in- simple surestimation de soi-même
fantile précoce de certains malades jusqu'au délire de grandeur.
psychotiques lors des traitements
neuroleptiques intensifs, de cures Mélancolie
de sommeil. État dépressif
particulièrement sévère,
Maturation caractérisé par une douleur
BIOL. Évolution de l'organisme morale intense, avec
humain par étapes vers son sentiments de culpabilité et
état adulte, par opposition à d'autodépréciation, une
croissance, qui désigne grande tristesse, un
l'évolution des mensurations. ralentissement psychomoteur
PSYCHOL. Processus qui allant parfois jusqu’à la
conduit à l’image ordonnée de stupeur et une anxiété
soi caractérisée par l’ordre majeure s'accompagnant
intellectuel, affectif, émotif et souvent d’insomnie et de
psychomoteur. “troubles digestifs.
On distingue, depuis l'Antiquité, d'emmagasiner, de conserver
deux formes de mélancolie : et de restituer des
celle où le ralentissement de l’acti- informations. Capacité d'un
vité psychique et physique prédo- système de traitement naturel
mine, conduisant à l'inertie et au ou artificiel à encoder
mutisme complets, à un véritable l'information extraite de son
état de stupidité ; c'est la mélan- expérience avec l’'environ-
colie stuporeuse, où asinine (qui nement, à la stocker dans
pour les Anciens était due à un un format approprié puis
excès de bile noire froide) ; à la récupérer et à l'utiliser
celle où l'anxiété et l'agitation l'em- dans les actions ou
portent avec expression très vive les opérations qu'il effectue.
d'idées d'autoaccusation, de dé- @ À l'origine du comporte-
sespoir, de suicide, allant parfois ment humain.
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jusqu'à la mélancolie délirante Tout comportement humain est


lorsque l'autoaccusation devient inexorablement lié à son passé.
persécution par l'amorce d'une pro- Le simple fait par exemple de n'avoir
jection vers l'extérieur ou lorsque la plus la possibilité de reconnaître
perte de l'estime de soi conduit à les visages familiers ou les lieux
un délire d'indignité ou de néga- que l’on fréquente pourtant quoti-
tion du corps ;c'est la mélancolie diennement constitue un handicap
anxieuse, ou affective (la mélanco- considérable pour les personnes
lie vagabonde ou le kutubuth des qui vivent cette pathologie. Les
anciens médecins arabes, qui, à la effets cumulatifs de l'expérience
suite d'Hippocrate et de Galien, y passée sont à l'origine de nos
voyaient la conséquence d'un excès connaissances, de nos capacités
de bile noire chaude). de communication par le langage,
© Dossier, Dépression (la) p.203. de nos modes de relations sociales,
de notre individualité et enfin de
Mémoire notre compétence à agir ou à opé-
Activité biologique rer sans que notre attention soit
et psychique qui permet constamment sollicitée. C'est la rai-
son pour laquelle la notion de mé- Mental, -e, -aux
moire a éveillé l'intérêt des pen- Qui concerne les activités ou
seurs et des psychologues. entités de l'esprit.
@ La mémoire humaine est Cet adjectif peut être appliqué à
multiforme. des activités ou à des entités expli-
Les différences de capacité de ré- cites ou implicites. Il est souvent
tention des individus, selon que les utilisé comme un synonyme de
informations à mémoriser concer- «psychologique » ou de «cognitif».
nent le cours de l’action où des
événements passés, conduisent à Mérycisme
distinguer la mémoire immédiate, Symptôme digestif caractérisé
dont la capacité est limitée (appe- par la régurgitation
lée aussi mémoire à court terme où des aliments dans la bouche,
suivie d’une nouvelle
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mémoire de travail, quand elle est


étudiée en situation de résolution mastication totale ou partielle.
de problème), et la mémoire à Il survient le plus souvent chez le
long terme, dont la capacité est en garçon après le 6° mois de la vie
principe illimitée. Afin de rendre et, plus rarement, chez l'enfant
compte de déficits spécifiques dus plus grand ou chez l'adulte. Cette
à l'âge, à des maladies ou à des conduite aberrante, dont la signifi-
traumatismes affectant de manière cation est controversée, peut en-
différenciée divers aspects de la traîner dénutrition et déshydrata-
mémoire, on distingue aussi la mé- tion chez le nourrisson.
moire épisodique (qui concerne les
événements ponctuels) et la mé- Métacognition
moire sémantique (relative à des Ensemble des activités
faits, à des connaissances géné- cognitives par lesquelles
rales), ainsi que la mémoire déclara- le sujet acquiert
tive et la mémoire procédurale, op- une connaissance de
position qui reprend la distinction ses propres instruments
classique entre savoir et savoir- de connaissance ou gère le bon
faire. “fonctionnement de ceux-ci.
La capacité de réflexivité de la pen- règles. On a essayé d'identifier des
sée sur elle-même nous permet connaissances particulières de ce
d'avoir une connaissance de ce que type chez l'homme, mais elles sont
sont la perception, l'apprentissage, difficiles à distinguer des connais-
la mémoire, etc. Cette capacité im- sances communes.
plique un dépassement du stade
des opérations concrètes. Métalangage
Mais on parle aussi de métacogni- Tout langage permettant
tion à propos de la capacité du de parler d'un autre langage.
sujet à gérer son activité cognitive,
face à un problème à résoudre : Métaphore
identifier ie but à atteindre, choisir LING. Procédé stylistique qui
une stratégie, planifier l'action, consiste à utiliser un mot
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contrôler le déroulement de l'acti- concret pour exprimer une


vité et reconnaître l'atteinte du but. notion abstraite, en l'absence
On parle alors parfois de monito- de tout élément introduisant
ring. Une gestion correcte de l'acti- formellement une
vité cognitive n'implique pas né- comparaison ; plus
cessairement une connaissance généralement, substitution
réflexive de celle-ci. d'un terme à un autre après
suppression des mots
Métaconnaissance introduisant la comparaison.
Connaissance qui porte (ex.: Ja fleur de l'âge, brûler de
sur d’autres connaissances. désir, l'hiver de la vie.)
Cette notion est commune à la psy- PSYCHAN. Selon
chologie et à l'intelligence artifi- la terminologie de J.Lacan,
cielle. Dans les systèmes experts, la processus qui consiste
gestion des connaissances exige à substituer un signifiant
en général l'utilisation d'autres à un autre qui est refoulé
connaissances de plus haut niveau. «Un mot pour un autre, telle est
Par exemple, dans les systèmes à la formule de la métaphore»
base de règles, on utilise des méta- écrit-il. (C'est l'équivalent

794
de la condensation décrite théorie du refoulement, de la pul-
par S.Freud pour le rêve qui sion et du destin des pulsions, etc.
a pour fonction de symboliser © Histoire de la psychanalyse
le désir en déjouant la censure.) p.26; Psychanalytique (le
J. Lacan applique le processus mé- courant) p.450.
taphorique au complexe d'Œdipe.
La fonction paternelle devient la Méthode
métaphore paternelle qui va empé- Ensemble de démarches que
cher le désir de l'enfant pour la met en œuvre un chercheur,
mère. Dans sa relation avec la mère, pour découvrir et vérifier des
l'enfant prend conscience que la connaissances, ou un praticien
mère désire un autre que lui :le père, pour résoudre un problème
et repère donc celui qui fait la loi. concret à partir des
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Mais c'est par la parole de la mère connaissances existantes.


que l'enfant accède à cette prise de
conscience.La métaphore du «Nom- Mimétisme
du-Père» se substitue, pour l'enfant, ÉTHOL. Stratégie agressive ou
au «désir de la mère». défensive de camouflage
© Condensation p.688; développée par certains
Nom-du-Père p.811. animaux.
PSYCHOL. Reproduction
Métapsychologie machinale, des gestes, des
Partie la plus théorique de attitudes d'autrui.
la psychanalyse, selon S. Freud.
La métapsychologie « s'applique à Mimique
clarifier et à approfondir les hypo- Expression de la pensée par
thèses théoriques sur lesquelles un le jeu de la physionomie ou
système psychanalytique pourrait par le geste, accompagnant
être fondé » (S. Freud, « Éléments ou remplaçant le langage parlé.
pour une métapsychologie », 1915): Il'est probable que l'organisme
existence de l'inconscient, division humain est biologiquement pro-
de l'appareil psychique en instances, _ grammé pour manifester des ex-
pressions faciales cohérentes avec Cette différenciation des mimiques
des expériences émotives particu- se construit au cours de la 1° année
lières (C. Saarni). Dès la naissance, lors des interactions du nourrisson
on peut observer chez l'enfant hu- avec les adultes : dans des situa-
main des configurations stables de tions de face-à-face, on a mis en
mouvements ou de positions des évidence des corrélations entre mi-
traits du visage ; même s’il s'agit de miques maternelles et mimiques de
réactions réflexes, les parents les l'enfant, imitation réciproque, avec
interprètent comme des expres- exagération maternelle. Les mères
sions d'émotions : les diverses modifient très rapidement leurs ex-
formes du réflexe gusto-facial, dif- pressions faciales en contingence
férenciées selon les saveurs (sucré, avec celles de leur bébé et façon-
salé, acide, amer), signifieraient que nent l'utilisation que les bébés font
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l'enfant «aime » ou « n'aime pas » des mimiques.


le goût proposé. Le sourire produit Cela implique que les bébés ap-
par le bébé éveillé en face à face prennent très rapidement à iden-
avec un adulte souriant est à l'évi- tifier les mimiques qui leur sont
dence une acquisition cruciale dans adressées par l'adulte. À partir de
l'établissement des relations so- 4 mois, les bébés distinguent entre
ciales du bébé avec autrui. Sur photographies de visages joyeux
des photos de bébés de 1 mois à et de visages tristes. Bien plus pré-
1 an, mis dans des situations émo- cocement encore, ils manifestent
tionnelles déterminées,
des adultes de la détresse devant un visage im-
identifient correctement l'émotion mobile. Ces distinctions sont d'au-
sous-jacente (plaisir, peur, intérêt, tant plus précoces qu'il s'agit de vi-
colère, tristesse et détresse), ce qui sages connus de l'enfant. À partir
implique de la part des bébés des de 6 mois,ies bébés réagissent aux
réactions mimiques différenciées. mimiques exprimées par des pairs
Toutefois la capacité de produire d'âge. Enfin, ils savent utiliser les si-
volontairement ces mimiques n'ap- gnaux véhiculés par des mi-
paraît qu'au cours de la 2° année, miques: dans une situation de fa-
avec la fonction symbolique. laise visuelle, les bébés traversent

796
la partie profonde pour rejoindre Le stade du miroir introduit l'en-
leur mère souriante mais ne le font fant à son identité d'humain, à
pas si elle produit une mimique l'ébauche de son moi et amorce
d'inquiétude. son décollement par rapport à la
© Dossier, Enfant (l'arrivée relation fusionnelle avec la mère. La
du premier) p.263; Nouveau-né reconnaissance par l'enfant de son
(interactions avec le) p.415. image y prend sa force de l'au-
thentification par le regard et la pa-
Miroir (stade du) role de l’autre qui le tient.
Concept introduit par J. Lacan
pour décrire l'expérience MMPI
fondatrice de la (Abréviation de l’angl.
reconnaissance par l'enfant Minnesota Multiphasic
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de son image dans le miroir Personality Inventory,


et ses effets sur la constitution signifiant inventaire
de la subjectivité. multiphasique de
Situé entre 6 et 18 mois, le stade du personnalité du Minnesota)
miroir se déroule ainsi : porté par un Questionnaire destiné
autre (généralement sa mère), l'en- à explorer plusieurs traits
fant rencontre son image dans le de personnalité.
miroir, la perçoit comme différente Le MMPI a été construit par S.R.Ha-
de la réalité (il se retourne vers celui thaway et J. C. McKinley. Il com-
qui le tient) et comprend que cette prend 550 items inspirés des ré-
image est la sienne.Cette rencontre ponses pouvant être faites aux
est assortie d'une intense jubilation. questions posées lors d’un entre-
Cela survient à un moment où l'en- tien psychiatrique. Chaque item fi-
fant, totalement dépendant de gure sur un carton que le sujet doit
l’autre du fait de la prématurité ty- classer dans l'une des trois piles
pique de l'être humain, vit encore «vrai », « faux », « je ne sais pas ».
son corps comme morcelé, indis- Outre trois évaluations portant sur
tinct du corps de sa mère, confondu les attitudes adoptées par le sujet
avec l'environnement. - dans le choix de ses réponses, le

797
test fournit dix notes correspon- que les enfants peuvent apprendre
dant à des dimensions de la noso- de nouveaux comportements par la
logie psychiatrique (hypocondrie, simple observation, sans que ceux-
dépression, hystérie, etc.). Cette ci soient renforcés par une récom-
épreuve a donné naissance à plu- pense ou par le constat que ce
sieurs autres échelles s'adressant comportement est encouragé. Ils
chacune à un trait de personnalité apprennent même dans le cas où le
particulier. comportement est blämé ou puni.
Ce n'est donc pas la récompense qui
Modelage rend compte de l'apprentissage des
ÉTHOL. Élaboration progressive conduites. Par contre, l'influence du
par conditionnement, grâce renforcement joue sur la reproduc-
à l’utilisation d'une séquence tion de la conduite apprise : l'enfant
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adéquate de renforcements utilisera ou non son nouvel acquis


positifs, d’une habileté suivant la conséquence probable.
complexe. Ainsi se trouvent distinguées l'ac-
Cette technique, découverte par quisition et la réalisation d'un com-
B. F. Skinner, s'apparente au dres- portement.
sage. Bandura distingue ainsi nettement
PSYCHOL. Processus d’acqui le modelage de limitation, qu'il dé-
sition d'un comportement finit comme l'exacte reproduction
par observation d'un modèle ; d'un comportement modèle. Au
apprentissage contraire, dans le cas du modelage,
par observation. on extrait des règles générales sur
C'est à A. Bandura que revient la pa- la façon d'agir sur l'environnement
ternité d'un terme pour désigner et on met le comportement ob-
une forme particulière d'apprentis- servé en pratique quand on veut
sage qu'il considère comme centrale obtenir un certain type d'effet.
dans le développement humain : Ainsi, le modelage offre une expli-
l'apprentissage par observation. cation au développement de divers
Dans ses expériences avec Walters types de rôles durant l'enfance,
et d'autres collaborateurs, il montre parmi lesquels les rôles sexués.

798
Moi

Le modelage peut être induit par le agressif a été suggérée,


ou facilitée,
modèle (situation pédagogique, par l'observation préalable de ce
thérapeutique) ou se produire sans type de comportement. On peut
incitation, comme on l'a dit plus décrire sur cette base de nombreux
haut. Certains praticiens l'utilisent phénomènes d'influence sociale.
dans le traitement de l'anxiété et Dans ces cas, le modèle est géné-
des phobies : observer quelqu'un ralement prestigieux pour celui
produire des comportements dif- qu'il influence (adulte privilégié,
férents des siens dans des condi- supérieur par le statut social, «do-
tions analogues devrait permettre, minant» selon la terminologie de
dans le cadre de la théorie du mo- l'éthologie humaine, etc.). Enfin,
delage,
de réduire des symptômes. prendre quelqu'un pour modèle
peut créer un lien social par l'effet
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Modèle positif qu'exerce ce choix sur le mo-


Référence comportementale dèle.
de l'enfant ou de l'adulte.
Le modèle ne se définit pas exclusi- Modélisation
vement comme source de mode- Activité de construction
lage. Il désigne aussi celui qui est de modèles, c'est-à-dire
imité. Et il s'applique également à de transcription des données
celui dont le comportement in- d'observations et
fluence le comportement d'autres de description des processus
personnes en dehors de toute ac- dans un langage approprié
quisition : un exemple en est et formalisé.
l'agressivité engendrée par le spec-
tacle de scènes agressives. Il n'y à Moi
dans ce cas ni modelage (puisqu'on Lieu de l'identité personnelle.
n'a rien appris de nouveau)(parce Consciemment accessible mais pre-
que les deux comportements ne nant racine dans l'inconscient, le
sont pas strictement identiques), moi émerge à partir des sensations
mais facilitation.sociale, puisque éprouvées et s'affirme avec l'usage
la production d'un comportement _ duje dans la parole.En fonction de

799
son rapport aux autres, il se consti- sent à son histoire et averti de l'in-
tue à travers une série d'identifica- conscient, peut en venir à s'articu-
tions - compatibles ou non entre ler autrement.
elles — à l'image du corps, au sexe, © Ça p.676; Surmoi p.905.
au nom propre, à divers traits em-
pruntés aux êtres et aux objets de Moro (réflexe de)
son entourage. Réaction à un soudain et
Tendant à s'unifier pour éviter le intense changement de
morcellement,le moi est confronté stimulation auditive (bruit
aux exigences, dangers et re- fort), proprioceptive ou
proches issus de la réalité exté- labyrinthique (perte de
rieure, des pulsions internes et des support de la tête).
idéaux normatifs ou des comman- Ce réflexe se décompose en deux
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dements du surmoi. Lorsqu'il ne lui phases : tout d'abord, les bras


est possible ni de les concilier ni de s'écartent du corps, le dos s'arque
répondre par l'action, il se soumet et la tête est rejetée en arrière; puis
à des limitations inhibantes, se dé- les membres supérieurs reviennent
fend par le refoulement ou bien se en flexion et adduction.
clive (divise) en parties séparées. Une des meilleures façons d'obte-
La mise à l'écart de la vérité dé- nir le réflexe de Moro consiste à im-
plaisante le fait alors apparaître primer au bébé un mouvement
comme instance de censure et brusque d'ascension ou de des-
foyer de méconnaissance. cente ou bien à soulever, sans dé-
Pris comme objet d'amour dans le placer son point d'appui occipital,
narcissisme, le moi risque de se la tête du nourrisson couché sur le
croire le maître ou d'être captivé dos et à la laisser retomber sur le
par une image souveraine. À l'in- plan du lit. Le réflexe de Moro,
verse, traité comme un objet perdu normalement présent à la nais-
ou rejeté, il est menacé de déper- sance, disparaît entre 3 et 6 mois.
sonnalisation,de réduction à l'ano- Sa persistance au-delà de 6 mois
nymat. C'est donc en se déprenant est considérée comme un signe pa-
de ces aliénations que le sujet, pré- thologique.

800
Mort subite du nourrisson Motivation
© nourrisson (mort subite du) Processus physiologiques et
p.814. psychologiques responsables
du déclenchement, de
Mot d'esprit l'entretien et de la cessation
La parole spirituelle est un jeu d'un comportement.
de langage permettant de
déjouer la censure. Motricité
Comme une plaisanterie, un mot Fonction qui assure
d'esprit relève du libre emploi des le maintien de la posture
mots et des pensées. Réussi, il pro- et la production
voque par surprise une levée tem- des mouvements chez
poraire des contraintes inhibitrices les êtres vivants.
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ou du refoulement. Invention lan- De façon plus restrictive, la motricité


gagière jouant entre sens et non- désigne une fonction qui organise
sens, il permet de communiquer les relations avec l'environnement
des désirs frappés d'interdit,ce qui et qui a comme support périphé-
l’'apparente à une production de rique la musculature striée. Actuel-
l'inconscient. Cela en fait l'équiva- lement, on préfère utiliser le terme
lent d'une idée émergente où du de sensorimotricité pour souligner le
refoulé se manifeste par allusion. rôle des informations sensorielles
S. Freud dans /e Mot d'esprit et ses dans le déclenchement, l'entretien
rapports avec l'inconscient (1905) et l'adaptation des mouvements.
cite un exemple célèbre : comme Dans l'analyse du mouvement,
deux
un des premiers actes de Napo- axes théoriques sont à l'œuvre et né-
léon Ill, qui prit le pouvoir en fai- cessitent d'être coordonnés. Le pre-
sant un coup d'État, fut de confis- mier conçoit le mouvement comme
quer les biens de l’ancienne famille une réponse aux sollicitations du mi-
régnante d'Orléans, un jeu de mots lieu extérieur (les réflexes au niveau
se répandlit : « C'est le premier vol lé plus élémentaire) ; le second le
de l'aigle », jeu de mot spirituel conçoit comme une production au-
déjouant la censure politique. | tonome ayant pour but de maîtriser,

801
voire de transformer l'environne- Mutisme
ment. Historiquement, ces deux Absence de parole soit
courants ont été séparés mais ils par défaut de développement
sont actuellement en train de se co- du langage, soit par inhibition
ordonner du fait du développe- volontaire ou involontaire,
ment des perspectives intégratives ou encore par refus délibéré,
dans la motricité ;de toute évidence, comme dans la réticence.
les mouvements « réaction » et On décrit chez l'enfant un mutisme
«action» sont étroitement articulés complet, dans certaines formes de
dans les comportements adaptatifs psychose infantile, et un mutisme
électif, en particulier extra-familial
Münchhausen (par exemple, lorsque l'enfant rentre
(syndrome de) à l'école et refuse totalement d'y
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Syndrome caractérisé parler), d'origine névrotique ou


par la tendance à demander réactionnelle.
sans cesse des opérations
chirurgicales en se plaignant Myopathie
de troubles organiques divers Affection dégénérative,
justifiant ces opérations génétiquement transmissible,
auprès de chirurgiens naïfs qui se caractérise par
ou intéressés acceptant une diminution de la force
d'intervenir. (Dans le des muscles qui en sont
syndrome de Münchhausen atteints, puis par une atrophie
par procuration, et une abolition des réflexes
les symptômes sont créés par tendineux et d'étirement.
une mère chez son enfant).
Mythomanie
Musicothérapie «Tendance constitutionnelle
Toute forme de psycho- à l’altération de la vérité,
thérapie utilisant l’art à la fabulation, au mensonge
musical comme technique et à la création de fables
d'expression. imaginaires. »
(Selon É. Dupré, créateur, la création d'une relation nouvelle
en 1905, de ce terme.) à la mère ; relation, dite « d'atta-
Cette tendance constitue une véri- chement », qui s'établirait progres-
table constitution, un type de désé- sivement chez l'homme au cours
quilibre entraînant certains débiles, de la première année.
certains psychopathes à élaborer Les traumatismes liés à des diffi-
constamment des récits d'événe- cultés obstétricales particulières
ments et d'actes qui n'ont pas eu (compression de la boîte crânienne,
lieu mais dont ils font croire à autrui anoxie, etc.) ne font pas partie de
qu'ils ont été les témoins et les ac- ce tableau, qui s'applique à la nais-
teurs en s'y décrivant généralement sance « normale ».
dans une position avantageuse. Les observations faites sur le bébé
humain et les expérimentations ani-
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males récentes, dans ce domaine,

h)
contestent la position psychanaly-
tique en montrant que les relations
avec la mère témoignent d'une cer-
naissance taine continuité transnatale et que
(traumatisme de la) bon nombre de réponses compor-
Trouble physique ou tementales préformées avant la
psychique dû à la naissance. naissance ne sont pas altérées par la
Les risques divers qui, au cours de différence des milieux.
l'accouchement, rendent périlleux
le passage d'un milieu liquide et Naissances multiples
confiné - la cavité utérine - à un Dans l'espèce humaine,
milieu aérien ouvert ont été consi- la reproduction se fait
dérés comme cause de troubles majoritairement par la
physiques et psychiques. naissance d’un individu
La théorie psychanalytique voit à la fois. La gémellité vraie
dans l'arrachement à l'organisme (jumeaux monozygotes)
maternel la source d'une crise ini- ou fausse (dizygotes) est peu
tiale qui ne serait résolue que par fréquente (environ 1,2 %)
et la naissance de triplés, @ Le narcissisme secondaire
de quadruplés, de quintuplés est un concept avancé par Freud
est demeurée très rare jusqu'à dans son article « Pour introduire
ces dernières années. le narcissisme » (1914). La sexuali-
Depuis une quinzaine d'années, la sation du moi a pour effet de dévier
fréquence de ces naissances mul- le désir pour autrui vers le moi qui
tiples a augmenté. Deux facteurs trouve dans l'amour qu'il se porte
ont été mis en cause : l'arrêt d'un une compensation à la perte de
usage prolongé de la pilule contra- l'amour fusionnel. Freud utilise le
ceptive; l'adoption de méthodes de concept de narcissisme secondaire
fécondation artificielle. La méde- pour rendre compte de certains
cine n'offre pas encore d'explica- états régressifs comme la schizo-
tion satisfaisante à ce phénomène. phrénie ou l'hypocondrie.
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Narcissisme Narcolepsie
Concept créé par S.Freud Tendance excessive
à partir du mythe de Narcisse à s'endormir, se manifestant
indiquant la relation d'amour par des accès périodiques
entre un sujet et sa propre de sommeil incoercible.
image.
Une distinction s'impose entre le Narcothérapie
narcissisme primaire et secondaire. Moyen thérapeutique utilisé
@ Le narcissisme primaire sur- en psychiatrie et qui consiste à
vient aux premiers stades de la obtenir un sommeil discontinu
conscience et peut avoir un sens po- et prolongé grâce à l’adminis-
sitif d'estime de soi. C'est le temps tration de psychotropes
où l'enfant investit ses centres d'in- sédatifs et à l'isolement.
térêt sur sa propre image ; c'est la (SYN. cure de sommeil.)
croyance en la toute-puissance de sa
pensée. L'organisation des pulsions Négation
partielles du moi se transforme en Affirmation du sujet
investissement unitaire du moi. qu'il énonce par la négation,
mais qui se révèle toujours Négativisme
être une vérité. Comportement de refus et
La négation rend possible une énon- d'opposition aux suggestions
ciation de la prise de conscience et sollicitations d'autrui.
du refoulement sans que le sujet Opposition (crise d’) p.821.
admette son contenu.
Dans « La négation »,(1925) S.Freud NEMI ou nouvelle échelle
cite ainsi l'exemple d'une patiente métrique de l'intelligence
au cours d'une cure analytique qui Épreuve établie par R.Zazzo,
déclare :«“Vous demandez qui peut M.Gilly et M.Verba-Rad,
être cette personne dans le rêve. Ma destinée à mesurer l’âge
mère, ce n'est pas elle.” Nous recti- mental des enfants
fions, donc, c'est sa mère [...] C'est de 3 à 12 ans.
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comme si le patient avait dit :“Certes Les auteurs ont repris les épreuves
c'est bien ma mère dont l'idée m'est du Binet-Simon qui se sont révé-
venue à propos de cette personne, lées satisfaisantes à l'expérience.
maisje n'ai aucun plaisir à donner Ils ont amélioré la standardisation
crédit à cette idée” » de certaines d'entre elles, en ont
La formulation négative sert ainsi à écarté d’autres et ont ajouté, aux
la reconnaissance d'une pensée in- âges supérieurs, des épreuves em-
consciente. pruntées à d’autres tests d'intelli-
Dans le Séminaire IX (« L'identifi- gence. L'étalonnage a été réalisé
cation », 1961-1962),J. Lacan sou- sur des enfants français de 3,4,5,6,
ligne qu'à partir d'une phrase abor- 7,8,9,10, 12 et 14 ans. L'échelle
dée par la négation («je crains qu'il compte au total 74 items couvrant
ne vienne »), ce qui est dit incons- cette marge d'âge. Les réussites
ciemment c'est : « j'espère sa ve- donnent lieu à l'attribution de
nue ». Pour lui, la négation est liée points (1 point par item).Le nombre
à la structure, elle s'inscrit dans l'af- moyen de points obtenus par un
firmation et assure ainsi la division groupe d'âge donné définit l'âge
du sujet. mental correspondant. Par exemple,
© Dénégation p 700; Déni p.700. les enfants de 8 ans examinés pour

805
l'étalonnage de l'épreuve ont ob- unités de soins thérapeutiques
tenu en moyenne 32 points.
Un en- intensifs, dans lesquelles les pré-
fant examiné ultérieurement qui maturés sont gardés jusqu'à ce
obtiendra 32 points sera considéré qu'ils atteignent un poids proche
comme ayant 8 ans d'âge mental, du poids moyen des nouveau-nés
quel que soit son âge réel. Le nom- à terme et jusqu'à liquidation des
bre de points correspondant aux troubles périnataux.
âges mentaux se situant entre deux
groupes d'âge examinés pour l'éta- Néophobie
lonnage est défini par interpola- Crainte de ce qui est nouveau,
tion. ou inconnu d’un sujet.
+ Intelligence p.771.
Neurasthénie
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Néologisme VIEUX. Névrose dont l'existence


Mot nouveau et bizarre n'est plus réellement
créé par un malade mental reconnue, et qui était dominée
délirant ou schizophrène par la fatigue, la tristesse,
par déformation, substitution, l'indécision et divers troubles
inversion ou création somatiques.
de phonèmes.
Neuroleptique
Néonatologie Substance psychotrope utilisée
Discipline, principalement dans le traitement des psychoses
médicale, qui étudie et dans celui de l'agitation
les problèmes du nouveau-né d'origine psychiatrique.
à sa naissance et dans L'efficacité des neuroleptiques est
les premiers jours de la vie. à l'origine d'un profond change-
La néonatologie est une partie de la ment dans l’abord des psychoses
pédiatrie. Les services de néonato- chroniques,
en particulier de la schi-
logie sont consacrés au traitement zophrénie. Le recours aux neuro-
des nouveau-nés,en particulier des leptiques a permis de faire sortir
prématurés. Ils comprennent les des institutions psychiatriques de

806
nombreux patients condamnés à La neuropharmacologie a pour
rester hospitalisés pendant toute objet, entre autres, l'étude des ef-
leur existence. Il à rendu possible fets des drogues neurotropes sur la
le développement de traitements propagation de l'influx nerveux et
complémentaires axés sur les as- sur la transmission synaptique. Elle
pects psychothérapiques et so- étudie également l'impact des mé-
ciaux de la psychiatrie. dicaments sur le système nerveux.
© Psychotrope p.863.
Neurophysiologie
Neurolinguistique Science des mécanismes
Étude des rapports entre et des fonctions du système
le langage et les structures nerveux.
cérébrales. La neurophysiologie est une
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science pluridisciplinaire en rai-


Neuromédiateur son de la complexité de son objet
Molécule synthétisée d'étude : on peut y distinguer une
et libérée par les neurones neuroanatomie, une neuro-endo-
et qui assure la transmission crinologie, une neurochimie, une
chimique de l'influx nerveux. neuropharmacologie. La neuro-
(SYN. neurotransmetteur.) physiologie a des rapports étroits
avec la psychologie à travers la
Neurone psychophysiologie et la neuro-
Cellule de base du tissus psychologie.
nerveux capable de recevoir, © Neuropsychologie p.808;
d'analyser et de produire Psychophysiologie p.859.
des informations.
Neuropsychiatrie
Neuropharmacologie Psychiatrie en tant qu'elle
Chapitre de la pharmacologie est considérée comme
qui s'intéresse à l’action des une pathologie du système
drogues agissant préférentiel- nerveux central, indissociable
lement sur le système nerveux. “ de la neurologie.
Le terme de neuropsychiatrie a long- s'est éloignée de la neurologie. L'in-
temps été utilisé pour qualifier la térêt s'est déplacé sur l'étude de la
psychiatrie ; jusqu'en 1968, neuro- transmission neuronale et des ré-
logues et psychiatres étaient réunis cepteurs à un niveau fondamental,
en France dans une même spécia- au-delà même des modèles de
lité. Troubles neurologiques et psy- comportement animal nécessaires
chiatriques sont parfois intriqués : à l'étude des psychotropes. Aussi
les parkinsoniens, par exemple, la neurobiologie risque-t-elle de
souffrent souvent de troubles perdre le contact avec la réalité de
dépressifs. On peut aussi se la maladie mentale, et nombre de
représenter la neuropsychiatrie psychiatres sont tentés par un re-
comme une branche de ce que les tour à la clinique tout en respec-
Anglo-Saxons appellent psychiatrie tant les règles de rigueur métho-
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organique, quand les troubles psy- dologique dont les neurosciences


chiatriques sont associés à une pa- ont montré la nécessité.
thologie somatique précise. © Histoire de la psychiatrie
La neuropsychiatrie se distingue p.4.
de courants de pensée comme la
psychanalyse, où le système ner- Neuropsycho-
veux central,même si sa place n'est immunologie
pas niée, ne joue pas un rôle fon- Étude des relations entre
damental dans l'articulation des le système immunitaire
connaissances. et le système nerveux central
La psychiatrie biologique est-elle (SNO) dans divers états
aujourd'hui l'héritière de la neuro- psychologiques
psychiatrie ? Si certains auteurs et psychopathologiques.
défendent encore les hypothèses Jusqu'à une date récente, le sys-
neuroanatomiques, en particulier tème immunitaire était considéré
pour la schizophrénie, à partir des comme autorégulé. Diverses ob-
résultats de l'imagerie cérébrale servations ont amené à envisager
(caméra à positons, résonance ma- des processus d'interaction entre,
gnétique nucléaire), la psychiatrie d'une part, le SNC, et, d'autre part,

808
le système immunitaire :on parle de cider les logiques du fonctionne-
neuro-immunomodulation. Les lym- ment cérébral ainsi que les struc-
phocytes possèdent des récepteurs tures physiques et les mécanismes
spécifiques de neurotransmetteurs, biologiques qui les réalisent de
d'hormones et de neuropeptides. l'autre, la psychologie, qui s'efforce
Ils sont capables de produire des de comprendre la logique et l’orga-
hormones intervenant dans les nisation des opérations mentales
phénomènes dépressifs et anxieux. et du comportement. Dans sa dé-
La psychiatrie dispose ainsi d'outils marche interprétative et ses mé-
nouveaux permettant d'explorer thodes de recherche, la neuropsy-
plusieurs types de pathologie sous chologie est, aujourd'hui, largement
un angjle original, en particulier en influencée par la psychologie co-
ce qui concerne la dépression, le gnitive, la psycholinguistique et
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stress et la schizophrénie. l'intelligence artificielle.

Neuropsychologie Neurotransmetteur
Étude des relations entre les SYN. neuromédiateur.
phénomènes psychologiques,
cognitifs, émotionnels Neutralité
et la physiologie du cerveau. Attitude de l'analyste durant
La neuropsychologie humaine se la cure, qui consiste le plus
fonde principalement sur l'étude souvent à « ne pas prendre
des désordres psychologiques sur- parti », qui doit s’efforcer
venant après une lésion cérébrale ; de ne pas privilégier
la neuropsychologie animale a re- ses valeurs et s'abstenir
cours à l'expérimentation (ablations, de tout conseil.
stimulations électriques, modifica- La neutralité n'est pas en rapport
tions pharmacologiques, etc..). avec la personne propre de l'ana-
La neuropsychologie se trouve de lyste mais avec sa fonction en tant
la sorte à la croisée de deux grands qu'elle est le support du transfert.
groupes de disciplines : d'un côté, _ S'il tait ses propres sentiments, ses
les neurosciences,
qui tentent d'élu- souhaits éventuels à l'encontre du

809
patient, c'est pour ne retenir que ce Névrose
qu'il entend du désir de l’analysant. Maladie mentale dont le sujet
En 1913, S. Freud soutient l'idée reste douloureusement
que l'attitude de neutralité est ce conscient et qui, malgré
qui permet au transfert d'éclore. les troubles permanents
Plus tard, en 1918, il reviendra sur de la personnalité qu'elle peut
cette affirmation en reconnaissant entraîner, n'en affecte
que de toute façon le transfert pas profondément les
s'installe spontanément.Il écrit à ce fonctions essentielles
sujet : « Nous avons catégorique- La cause des névroses est psycholo-
ment refusé de considérer comme gique ou, parfois, biochimique. La li-
notre bien propre le patient qui mite avec l'état normal n'est pas
requiert notre aide et se remet nette, le sujet n'ayant pas, en géné-
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entre nos mains. Nous ne cher- ral, un caractère (ou une personna-
chons ni à former pour lui son des- lité) pathologique et restant conscient
tin, ni à lui inculquer nos idéaux, de son trouble.Les symptômes men-
ni à le modeler à notre image avec taux (anxiété, par exemple) peuvent
l'orgueil d'un créateur - ce qui s'associer à des signes somatiques
nous serait fort agréable.» (spasmes, par exemple) et à des trou-
© Cure p.695 ;dossiers, Psychana- bles du comportement (agitation, par
lytique (le courant), p.450 ;Psycho- exemple). On distingue classique-
thérapie (suivre une) p.478. ment les névroses d'angoisse, ob-
sessionnelle, phobique et hystérique.
Névropathie © Dossiers, Névrose (la) p.407 :
VIEILLI. Ensemble variable TOC et phobies p.622.
de troubles relativement
mineurs de la personnalité, Névrose d'angoisse
pouvant appartenir angoisse (névrose d') p.661.
à la symptomatologie
des névroses ou même parfois Névrose expérimentale
des psychoses, n'entraînant pas Troubles comportementaux
de véritable maladie mentale. durables, mais, dans la plupart

810
des cas, réversibles, hospitalisé dans
observables chez l'animal une institution psychiatrique
placé dans certaines depuis plus de deux ans,
conditions d'apprentissage. du fait de cette hospitalisation.
C'est I. Pavlov qui donna le nom de
névrose expérimentale aux pertur- Névrose obsessionnelle
bations comportementales pou- Entité clinique isolée
vant survenir au cours d'un appren- par S.Freud grâce
tissage discriminatif chez l'animal. à sa conception de l'appareil
Les manifestations comportemen- psychique : l'interprétation
tales de la névrose expérimentale qui faisait des idées obsédantes
présentent sans doute des simili- l'expression de désirs refoulés
tudes avec les comportements né- a permis à Freud d'identifier
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vrotiques humains, à tel point que comme névrose ce qui


de nombreuses tentatives ont été jusque-là figurait comme
faites pour traiter les névroses par «folie du doute », «phobie
des procédures de conditionne- du toucher », « obsession »,
ment, celui-ci étant supposé à la «compulsion », etc.
base de leur développement.Toute- © Dossiers, Névrose (la) p.407 ;
fois, la nature hautement symbo- TOC et phobies p.622.
lique des conduites névrotiques hu-
maines rend difficile leur réduction Nom-du-père
pure et simple au schéma des né- Concept créé par J.Lacan
vroses expérimentales de l'animal. en 1953.Métaphore
© Dossiers, Névrose (la) p.407; de la Loi qui sépare l'enfant
Théories cognitives et de la relation fusionnelle
comportementales (les) p.611. qu'il entretient avec la mère.
C'est par la parole de la mère que
Névrose institutionnelle l'enfant prend conscience que la
Ensemble de troubles mère désire un autre que lui:le père.
névrotiques (et psychotiques) Le « Nom-du-Père » impose ainsi à
acquis par un patient l'enfant une castration symbolique
CE SV LNTIM/IT LS
-CMOTVI

qui le prive du désir de la mère et «centrée sur la personne »,tendant


le constitue ainsi comme sujet. à généraliser cette orientation, no-
> Forclusion p.735; tamment, à l'enseignement. C'est
Métaphore p.794. ainsi que Rogers parle d'enseigne-
ment « centré sur l'étudiant », qu'il
Non directif, -ive définit comme une expérience
Se dit d’une méthode menée par l'étudiant lui-même,
ac-
pédagogique qui consiste tivement accompagné par un en-
à ne faire aucune pression seignant qui, lui aussi, apprend et
sur l'interlocuteur, à n'imposer n'est pas uniquement le rapporteur
aucune directive stricte. du savoir.
Un entretien non directif (angl. Non- Dans les années 1960, la non-direc-
directive Interview) est une tech- tivité suscita expériences et en-
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nique d'entretien personnel, et thousiasme dans certaines expé-


parfois collectif, portant sur une riences pédagogiques.Aujourd'hui,
question générale ou sur un objet elle est essentiellement une tech-
précis, comme un produit com- nique d'animation incitant à la pa-
mercial, par laquelle l'interviewer, role et à la communication dans un
au moyen d'une attitude volontai- groupe en formation.
rement neutre, cherche à découvrir
non pas ce que pense immédia- Non-émotivité
tement la personne interrogée, ni Dans la caractérologie
ses besoins immédiats en matière de G.Heymans et E.Wiersma,
commerciale, mais ses désirs per- trait de caractère, opposé
sonnels profonds et les résistances à l'émotivité, qui se traduit
qui influent sur son comportement. par la maîtrise de soi.
C. Rogers employa d'abord l'ex-
pression « non-directive » pour ca- Non verbal (test),
ractériser en psychothérapie une non verbale (échelle)
technique interactionnelle non éva- Épreuve dans laquelle l’usage
luative de facilitation et d'écoute. Il du langage est minimisé
lui substitua rapidement celle de dans la présentation

812
de la tâche à accomplir, comme « normales » au sens de
son accomplissement et « habituelles » (par exemple la
la formulation des réponses. moyenne plus ou moins deux
Les tests de séries de dessins (par écarts types). Mais une telle déli-
exemple test des matrices progres- mitation reste purement conven-
sives) constituent des épreuves non tionnelle au niveau de la mesure.
verbales d'intelligence. De telles La définition du caractère anormal
épreuves peuvent être considérées d'une conduite fait en général
comme relativement « indépen- appel à d'autres critères : cette
dantes de la culture ». Les échelles conduite peut mettre en danger
d'intelligence de Wechsler compor- l'individu qui la manifeste ; des
tent des épreuves non verbales qui sanctions sociales peuvent s'appli-
servent de base à l'évaluation d'un quer à une conduite en fonction
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QI « performance ». d'un jugement de valeur.


© Déviance p.708.
Normalité
Caractère de données qui Norme
sont conformes à celles que Ensemble de données
l'on rencontre habituellement, caractéristiques d’une
ou qui sont conformes population, pour une tâche
à une norme. et un matériel déterminés,
Il est très rare en psychologie dif- et que l’on utilise en général
férentielle que l'on observe dans la lors de la construction
distribution d'une mesure une dis- d'un matériel expérimental.
continuité que l’on pourrait consi- Les normes correspondent, en
dérer comme marquant une limite psychologie générale, à la même
entre une façon habituelle et une démarche que les étalonnages en
façon inhabituelle de répondre psychologie différentielle. Elles
à l'épreuve considérée. On peut tiennent une place particulière-
convenir de délimiter autour de ment importante en psycholin-
la moyenne une zone regroupant _guistique ou en psychologie co-
les réponses que l'on considère gnitive.

813
Norme sociale approches des normes, on fait la
Ensemble des comportements distinction entre la composante
et des réactions qu'un groupe descriptive des normes (ce que les
social approuve ou gens font pour la plupart dans une
désapprouve, et dont il attend situation donnée sert de cadre de
qu'il soit régulièrement adopté référence partagé), les processus
ou évité par ses membres injonctifs (ce que les gens approu-
en toute situation pertinente. vent et désapprouvent dans une
Le concept de norme est devenu culture donnée, les pressions, les
classique en psychologie sociale, sanctions, les obligations ressen-
servant de point de convergence ties) et les fonctions sociales des
pour les perspectives psycholo- normes (assurer l'atteinte des buts
gique et sociologique dans l'étude du groupe, générer la cohésion so-
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des phénomènes de groupe.Dans ciale, orienter les individus).


son acception psychosociale, une © Dossier, Juger l'autre,
norme renvoie à une régularité comment, sur quels critères? p.378.
dans la conduite adoptée par un
ensemble de personnes dans Nourrisson
une situation donnée. La non- Au sens premier, petit
occurrence systématique d'un qui n'est pas sevré ; bébé.
comportement peut également L'évolution des modes et conduites
être considérée comme une norme. alimentaires a affaibli l'acception
La composante sociale de base première, et « nourrisson » est em-
d'une norme est de constituer une ployé comme synonyme de «bébé»,
attente partagée et réciproque c'est-à-dire « enfant de moins de
entre plusieurs personnes. Une 1 an encore incapable de déplace-
personne se comporte comme le ment autonome ».
dicte une norme déterminée, sait
que les autres attendent d'elle Nourrisson
cette conduite et attend à son tour (mort subite du)
que les autres se comportent de la Ilarrive que des nourrissons
même manière. Dans les diverses sains meurent par apnée,

814
c'est-à-dire par arrêt prolongé La surveillance prolongée des
de la ventilation pulmonaire. rythmes cardio-respiratoires (par mo-
Cet accident, imprévisible, survient nitoring) permet, quand un risque
le plus souvent pendant un état de d'apnée ou une condition de pré-
sommeil. || frappe en moyenne 1,2 morbidité ont été repérés, de pré-
enfant sur 1 000 entre 1 et 12 mois, venir cet accident en facilitant l'in-
avec un maximum entre la 6° et la tervention immédiate des parents.
12° semaine. Ses causes demeurent
encore obscures :reflux gastro-œso- Nouveau-né
phagien, laryngospasme, carence Littéralement, enfant qui vient
rachitique ou trouble respiratoire de naître.
non décelés. L'influence de facteurs Couramment, bébé durant
génétiques n'est pas exclue: l'ex- les deux premiers mois
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amen des antécédents familiaux a de sa vie, jusqu'à l’âge moyen


révélé des familles prédisposées à ce d'extinction des principaux
risque. Néanmoins, la récence des réflexes dits « archaïques ».
statistiques médicales rend l'éva- La naissance à terme se situe, dans
luation de ce facteur difficile. Lipsitt l'espèce humaine, entre la 39° et la
(1979) a avancé l'hypothèse d'un 41° semaine de gestation. Le poids
trouble d'apprentissage qui affecte- moyen du bébé est de 3 kg, sa taille
rait le contrôle volontaire des mou- de 51 cm. Taille et poids accusent
vements au cours d’une période quelques variations en fonction du
critique qui s'étend de la naissance développement économique de la
à 2 mois et se caractériserait par société dans laquelle naît un enfant.
une diminution rapide des réponses Les rythmes physiologiques de
innées et la mise en place de ré- base du nouveau-né humain diffè-
ponses adaptées à l'environnement. rent de ceux de l'adulte : rythmes
Ia montré que les mouvements par cardiaque et respiratoire plus ra-
lesquels un bébé libère ses voies res- pides en état de veille ; variabilité
piratoires en cas d'occlusion ne sont plus grande d'un état comporte-
pas toujours déclenchés spontané- mental à un autre. Les rythmes cir-
ment, mais grâce à l'aide maternelle. cadiens ne sont pas constitués.

815
Le bébé humain naît immature.Tou- coordonner et s'intégrer à une ac-
tefois ses systèmes sensoriels sont tion dirigée, telle que suivre un mo-
tous fonctionnels à la naissance, bien bile, approcher la main d'un objet.
qu'ils n'aient pas tous atteint le Dès les premiers jours, on peut
même niveau de développement. obtenir que, par apprentissage, le
Les compétences perceptives du nouveau-né modifie ses réponses
nouveau-né sont loin d'être né- à des stimulations de l'environne-
gligeables, mais ses réponses à des ment (habituation, ajustement à
stimulations externes sont plus des rythmes par conditionnement
lentes et s'appliquent à des gammes opérant, etc.).Ses relations sociales
d'intensité plus réduites que les ré- débutent très tôt et il n'est pas exclu
ponses de l'adulte.Les capacités mo- qu'elles soient préparées par des
trices apparaissent,à la naissance, discriminations et familiarisations
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fortement limitées,en raison de l'al- prénatales. De nombreux traits spé-


lométrie importante entre tête et cifiques et transitoires des compor-
membres et d'une tonicité axiale tements périnataux ont conduit
faible. Mais, après avoir cru le nou- certains chercheurs à considérer le
veau-né seulement capable d'une 1° mois comme une période d'ins-
agitation de masse désordonnée et tallation douée d'une instabilité ou
incohérente, on a pu observer que d'une plasticité particulières.
sa mobilité spontanée comprend
des mouvements rythmiques ra- Nouveau-né (interactions
pides, des mouvements généraux avec le)
et des mouvements segmentaires © Dossier, p.415.
lents, des mouvements fins des ex-
trémités, bref un répertoire varié et Nouvelle échelle métrique
étendu. Enfin, le nouveau-né pré- d'intelligence
sente des réactions d'orientation dès © NEMI p.805.
les premières heures de vie. Dans
des conditions favorables à une as- Nycthémère
sociation fonctionnelle sensori-mo- Période de vingt-quatre heures
trice, ses mouvements peuvent se comprenant une ou plusieurs

816
périodes de veille et une ou Objectivation
plusieurs périodes de sommeil. © Rapport à une réalité
extérieure. (ex.: Objectiver
Nymphomanie des sensations.)
Exagération du désir sexuel © Traduction par des mots
chez la femme, conduisant d'un état intérieur diffus,
à des relations sexuelles d'une pensée. (ex.: Objectiver
nombreuses. ses sentiments.)
La nymphomanie, comparée au Selon J. Piaget, l'objectivation
satyriasis chez l'homme, tient plus constitue (/a Construction du réel,
d'un diagnostic moral et d'un juge- 1937) l'orientation essentielle du
ment de valeur que d'une véritable développement intellectuel de
affection physique ou mentale, l'enfant. Elle se construirait par
même si elle peut être parfois la
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décentration du point de vue


conséquence de troubles endocri- propre, qui caractérise l'égo-
niens (hyperovarisme) ou d'un état centrisme, et par distinction entre
d'excitation maniaque. l'action et les propriétés intelli-
gibles des objets, de l'espace et du
temps. Seule l'intelligence parvient

O
à l'objectivation.

Objet
Obéissance PSYCHOL. Structure
@ Réalisation par une de connaissance qui est
personne de la conduite que supposée s'appliquer
prescrit une source d'autorité aux objets physiques
(réalisation d’une obligation). et à un certain nombre
@ Non-réalisation par d’'entités abstraites.
une personne d’une conduite La permanence de l'objet apparaît
proscrite par une source chez l'enfant entre 3 mois et demi
d'autorité (non-réalisation et 4 mois, un peu plus tôt que ne
d'un interdit). l'avait indiqué J. Piaget.

Fe

817
PSYCHAN. L'objet n'est pas la réaction, mais alors qu'un
une chose mais ce sur quoi autre individu (l’observé)
se fixe la pulsion, dans l'amour la réalise ou l’émet.
ou dans le désir, pour obtenir L'apprentissage par observation
une satisfaction. (Freud parle est fondé sur la prise en compte
d'objet de la pulsion, d'objet d'un modèle externe. La notion
d'amour, d'objet auquel d'apprentissage par observation
on s'identifie). doit être distinguée de celle d'«imi-
tation », qui lui est apparentée mais
Objet a qui est plus étendue.
Selon J. Lacan, objet du désir.
Cet objet a [petit a] n'est pas un ob- Obsessif [ou obsessionnel]
jet du monde, c'est un objet du désir compulsif (trouble)
mythique, irrémédiablement perdu © TOC p.913; dossier, TOC
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pour le sujet qui tente en vain de le et phobies p.622.


retrouver dans des substituts inadé-
quats.C'est justement ce manque qui Obsession
détermine l'existence du sujet en Idée, sentiment, image souvent
donnant naissance au désir. absurdes ou incongrus qui
surgissent dans la conscience,
Obnubilation l'assiègent et persistent un
Trouble de la vigilance temps plus ou moins long,
caractérisé par une lenteur bien que le sujet soit conscient
des réponses et une difficulté de leur caractère anormal et
à exécuter des ordres simples. malgré sa volonté et tous ses
efforts pour s'en débarrasser.
Observation L'obsession est généralement asso-
(apprentissage par) ciée à la compulsion, action que le
Apprentissage d'une réaction sujet est obligé d'accomplir contre
qui s'effectue sans que le sujet sa volonté consciente. Ces phéno-
concerné réalise la tâche mènes obsessionnels sont assez fré-
à apprendre, ou émette quents (plus de 2 % de la popula-
tion générale en souffrent). On va sente comme universel: «[...] J'ai
distinguer sur le plan clinique des trouvé en moi, comme partout
obsessions phobiques, idéatives, ailleurs, des sentiments d'amour en-
impulsives,
très souvent « conju- vers ma mère et dejalousie envers
rées» par des rites (compulsions). mon père, sentiments qui sont,je
La structure obsessionnelle peut pense, communs à tous les jeunes
connaître tous les intermédiaires enfants [...].S’il en est ainsi,on com-
entre le simple «souci obsessionnel» prend, en dépit de toutes les ob-
et l'affection sévère, invalidante. jections rationnelles qui s'opposent
© Dossiers, Névrose (la) p.407 ; à l'hypothèse d'une inexorable fa-
TOC et phobies p.622. talité, l'effet saisissant d'Œdipe roi.
© Encadré p. 258;
Obsessionnelle (névrose) Dossier, Sexualité (la) p.528.
© Névrose obsessionnelle p.811.
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Oligophrénie
Œdipe (complexe d’) VIEILLI. Déficience mentale
Ensemble des investissements globale d’origine organique.
amoureux et hostiles que
l'enfant fait sur ses parents Onirisme
durant le stade phallique Délire constitué de
(attachement érotique au représentations concrètes,
parent de sexe opposé, haine enchaînées comme celles du
envers celui de même sexe rêve et vécues intensément.
tenu pour un rival) et dont État mental ressemblant
l'issue ultérieure normale est à un mauvais rêve, caractérisé
l'identification avec le parent par une anxiété et
de même sexe. des hallucinations visuelles,
Dans une lettre du 15 octobre 1897 auditives ou tactiles.
adressée à son ami W.Fliess, S.Freud On trouve le plus souvent le
théorise le complexe d'Œdipe, qu'il délire onirique dans certains
nomme ainsi en référence à la pièce états toxiques (intoxication aux
de Sophocle Œdipe roi, et le pré- drogues ou à l'alcool).
a ; ‘ fa
{ imeératnire
JDeraloIre « iT

Oniroïde Opératoire (théorie)


Se dit d’un état délirant ayant Théorie du développement de
une analogie avec la pensée l'intelligence due à J. Piaget.
du rêve sans s'accompagner On en trouve un premier exposé
de confusion mentale. dans /a Psychologie de l'intelligence,
parue en 1947.
Ontogenèse Cette théorie présente l'évolution
Construction de l'individu ; de l'intelligence en fonction de l'âge
développement biologique comme une construction progres-
et comportemental entraînant sive de structures qui suit un pro-
cette construction progressive, cessus séquentiel d'intégration. Les
notamment dans le domaine structures de l'intelligence sont for-
de la formation de la personna- mées par la coordination d'opéra-
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lité et dans l'acquisition des tions, c'est-à-dire « d'actions intério-


instruments de la connaissance. risées composables et réversibles».
Quand ces coordinations atteignent
Opération un état relativement stable, équili-
Dans la conception de J.Piaget, bré, elles constituent un stade de
action intériorisée, réversible développement.Les stades se succè-
et coordonnée en systèmes dent dans l'ordre suivant :
d'ensemble. €b stade sensori-moteur ou do-
On passe d'une opération à l'autre minent la perception et le mouve-
selon des lois de composition ment (de 0 à 2 ans):
propres aux structures logiques. Pia- €) stade des opérations concrètes,
get distingue es opérations qui débute autour de 7 ans L'enfant
concrètes, possibles chez l'enfant à devient capable de dépasser l'intui-
partir de 7-8 ans et portant sur des tion, grâce à des opérations de clas-
objets réels, des opérations formelles, sification,
de sériation et de mise en
effectuées sur des hypothèses et correspondance. Il peut aussi com-
apparaissant à partir de 12 ans. prendre différents points de vue
© Concrètes (opérations) p.688; qui ne sont pas forcément les siens
Stade p.898. mais sa pensée reste concrète. C'est

820
aussi l'époque de la socialisation: d'une théorie épistémologique du
l'enfant commence à éprouver le développement cognitif.
besoin d'avoir des amis; © Concrètes (opérations) p.688:
€) stade ultime des opérations Préopératoire (période) p.846;
formelles de plus en plus abs- Stade p.898; dossier, Enfant
traites, à partir de 12-14 ans. Entre (l) p.251.
le stade sensori-moteur et l'accès
aux opérations concrètes se situe Opposition (crise d’)
une période (entre 3 et 7 ans) qui Ensemble de comportements
ne peut être caractérisée par une marquant le début du stade
équilibration d'ensemble : du personnalisme chez
La période préopératoire (de 2- H.Wallon, à l’âge de 3 ans.
3 ans à 7-8 ans) est le siège de pro- (SYN. négativisme.)
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grès et d'acquisitions graduelles. L'enfant a une attitude générale de


L'enfant grâce au langage, notam- refus. Il répond systématiquement
ment, imite les adultes, explore et «non » à toute demande, contredit
expérimente. Sa pensée est égo- et affronte les membres de son
centrique (tout se rapporte à lui), entourage sans autre motif que la
est marquée par le syncrétisme sauvegarde de son autonomie
(tout est lié à tout) et l'animisme neuve et fragile. En même temps, il
(tout ce qui bouge est vivant). Son cesse de parler de lui à la troisième
raisonnement manque de logique. personne ;le je, le moi, le mien pren-
L'ordre des stades est constant et nent tout leur sens.
inéluctable, chaque palier intégrant © Stade p.898.
les acquis de la période précédente
au prix d’une réorganisation d'en- Oral (stade)
semble. L'équilibre d'une structure Premier stade de l’évolution
est fonction de la coordination des libidinale selon S. Freud,
opérations:plus la coordination est caractérisé par le plaisir que
étendue, plus la structure est stable. le nourrisson trouve dans
La théorie opératoire de l'intelli- l'alimentation, l’activité de la
gence se complète chez Piaget bouche et des lèvres.
Le plaisir de sucer, d'abord lié à un Orthophonie
besoin physiologique, devient le Spécialité paramédicale dont
lieu d'une activité autoérotique spé- l'objet est l'étude
cifique, qui constitue le premier et le traitement des troubles
mode de toute satisfaction sexuelle. du langage, de la parole
En 1915,S.Freud insiste sur l'aspect ou de la voix, quelle que
cannibalique du stade oral. Le psy- soit leur cause, et quel
chanalyste K. Abraham a distingué que soit l’âge du patient.
deux phases dans le stade oral, La reconnaissance officielle de
d'abord une phase de succion puis l'orthophonie ne figure dans la
une phase sadique correspondant à nomenclature générale des actes
l'apparition des dents et à des fan- professionnels que depuis le 27
tasmes de morsure et de dévora- mars 1972. Chez l'enfant jeune, les
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tion. Pour la psychanalyste M.Klein, moyens de dépistage des handi-


disciple de K. Abraham, le stade oral caps sensoriels (surdité, cécité), de
est lié à la relation entre l'enfant et l'infirmité motrice cérébrale per-
le sein maternel : satisfaction et mettent des rééducations ortho-
frustration constituant la relation phoniques plus précoces. La prise
de l'enfant au sein, qui est à la fois en charge de l'enfant sourd est pré-
bon et mauvais. conisée par certains pour lui per-
(2 Stade p.899 : dossier, mettre l'accès au monde sonore et
Sexualité (la) p.528. à la production vocale après appa-
reillage et éducation sonore.
Orthodoxie L'orthophoniste intervient aussi
Mode de penser selon lequel chez l'enfant non handicapé senso-
on estime « penser juste » par riel qui présente un retard de lan-
rapport à un certain nombre gage ou des difficultés dans l'ex-
de croyances et de valeurs, pression orale en faisant la part des
et on estime « penser comme troubles de la compréhension et de
il faut » par rapport la réalisation du langage. La réédu-
à un certain nombre cation pourra être axée sur le sens
de convenances et de normes. du rythme, de la détente corporelle

822
Oubli

ou sur les acquisitions des structures L'oubli est souvent considéré par
syntaxiques ou l'évocation des ceux qui en font l'expérience
mots. Le bégaiement ne doit pas comme une sorte de pathologie
être négligé. De même, l'orthopho- de la mémoire. S'il y a des cas où
niste peut collaborer à la prise en l'oubli est la conséquence patho-
charge des difficultés d'apprentis- logique d'un traumatisme affec-
sage de la lecture et de l'écriture des tant l'organe même de la mémoire,
enfants scolarisés dès le cours pré- c'est-à-dire le cerveau, il y a bien
paratoire. Chez l'adulte, l'orthopho- d'autres situations où l'oubli n'est
niste est appelé à rééduquer les pas autre chose qu'une consé-
patients victimes d'aphasie, à la quence en quelque sorte du fonc-
suite d'une atteinte neurologique. tionnement de la mémoire de
En otorhinolaryngologie, l'ortho- l'homme.
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phoniste intervient au décours de la € L'oubli répréssif


chirurgie des dysphonies ou auprès Les amnésies psychopathologiques
des laryngectomisés. Enfin, les indi- ont intéressé dès la fin du xix° siècle
cations de l’orthophonie chez la des hommes comme P. Janet en
personne âgée sont de plus en plus France, S. Freud en Autriche ou
larges en vue d'améliorer le dépis- M.Prince aux États-Unis.Elles se ma-
tage et le traitement des troubles de nifestent en particulier comme un
l'audition, de la voix et du langage. oubli défensif, par lequel le patient
@ Dossier, Enfant en difficulté fuit la récollection consciente d'un
d'apprentissage (|) p.289; événement traumatisant du passé
encadré, la dyslexie p.292. c'est en particulier ce qui se passe
dans les amnésies hystériques étu-
Oubli diées par Janet, dans certains com-
Impossibilité provisoire portements de fugues pendant les-
ou définitive de réaccéder quelles les sujets adoptent sans en
consciemment avoir conscience une nouvelle
à une information acquise ou identité et parfois une nouvelle vie,
à une expérience vécue dans dans les cas de dédoublement de
le passé immédiat ou lointain. la personnalité, illustrés par le livre

823
de R.L. Stevenson Docteur Jekyll qui ont été rapportés ci-dessus,
and Mister Hyde (1886) ou dans les même s'ils sont dus à la dégéné-
cas de refoulement observés et rescence progressive des tissus
théorisés par Freud. cérébraux consécutifs à l'âge.
L'oubli provoqué
Il fait suite à un choc, un trauma-
tisme, un accident cérébral, une
affection virale, une tumeur ou une P
intervention neurochirurgicale.
Dans ces cas, il y a atteinte directe Palilalie
du support matériel de la mémoire, Répétition d'un ou
c'est-à-dire du cerveau. L'étude des de plusieurs mots, de syllabes,
amnésies organiques a donné lieu d'onomatopées, sur
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à une fructueuse collaboration un rythme parfois très rapide,


entre les neurologues, les neuro- dans les démences,
chirurgiens et les psychologues les troubles schizophréniques
cherchant à construire des mo- et certaines affections
dèles de la mémoire normale. Une neurologiques.
discipline s'est même développée
à l'interface de ces domaines : la Palo Alto (école de)
neuropsychologie. Mouvement d'idées qui
€) L'oubli régressif s'est développé à Palo Alto,
Lorsqu'on prend de l'âge, les per- banlieue de San Francisco,
formances en mémoire diminuent: en Californie.
qu'il s'agisse des apprentissages Sous l'impulsion de G. Bateson, des
nouveaux, de l'évocation des noms psychiatres de l'hôpital de Palo Alto
de personnes pourtant connues ou se sont intéressés aux problèmes du
d'événements du passé récent, de comportement social et de la com-
nombreuses personnes font l'expé- munication chez le schizophrène.
rience négative de ces défaillances Les idées induites par Bateson ont
mnésiques. Ces troubles sont évi- eu le mérite d'introduire une véri-
demment très différents de ceux table révolution épistémologique

824
dans la description de la maladie Paranoïa
mentale en adoptant un point de Psychose chronique
vue contextuel sur le système caractérisée par un délire
constitué par le patient et son envi- généralement bien construit et
ronnement. C'est autour de ces tra- systématisé, dont les thèmes
vaux que s'est développé le mou- prépondérants sont la
vement des thérapies familiales. persécution et la revendi-
© Dossier, Systémique cation s'’accompagnant
(le courant) p.595. de troubles du jugement
et de la perception mais sans
Panique (attaques de) détérioration intellectuelle.
Crises aiguës d'angoisse. © Dossier, Paranoïa (la) p.424.
La sémiologie de l'attaque de
Paranoïaque
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panique recoupe celle de la clas-


sique crise aiguë d'angoisse : début Se dit d'une personne
brutal sans facteur déclenchant ; délirante atteinte de paranoïa
durée brève ; signes psychiques ou d’une personnalité
associant malaise intense, sensation pathologique qui se définit
de danger,de mort imminente, par- par des traits tels
fois impressions de dépersonnali- que l’orgueil, la méfiance,
sation et déréalisation ;enfin,signes la fausseté du jugement,
physiques (palpitations,
gêne respi- la psychoridigité
ratoire, sueurs, vertiges) qui peu- et l’inadaptabilité.
vent être au premier plan, simulant On distingue trois catégories de
une pathologie somatique. paranoïaques :
€) les paranoïaques de combat,
Paramnésie ayant à la fois une hypertrophie du
Atteinte de la mémoire moi (orgueil, sentiment de leur
immédiate caractérisée grande supériorité), une attitude
par des fausses habituelle de méfiance (tendance
reconnaissances-et l'illusion à ressentir leur entourage d'une
du déjà-vu ou du déjà-vécu. manière hostile et à interpréter les
comportements d'autrui avec mal- caractérisé par la substitution
veillance) et la fausseté du juge- de syllabes et de mots
ment (avec opinions tendancieuses à d’autres.
et erronées sur les autres, applica-
tion de la loi et des règlements sans Paraphilie
souplesse, revendications conti- Anomalie ou perversion
nuelles et engagements de procé- de la sexualité caractérisée par
dures judiciaires non fondées) ; la recherche régulière
€) les paranoïaques de souhait, de l'excitation génitale
qui aux traits précédents ajoutent et du plaisir sexuel auprès
une préoccupation idéologique ou d'un partenaire ou d’un objet
théorique ; ils sont volontiers fon- n'ayant pas habituellement
dateurs d'une secte ou militants ce rôle, ou dans une situation
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d'un mouvement réformateur où bizarre et anormale.


même révolutionnaire ; Ce terme couvre ce qu'on appelle
€) les paranoïaques sensitifs, la pédophilie, la zoophilie, le féti-
décrits par E.Kretschmer, caractéri- chisme, l'éonisme, l'exhibition-
sés par une introversion et une sen- nisme, le voyeurisme, le frotteu-
sibilité excessive, une incapacité risme, le sadisme et le masochisme.
de décharge émotionnelle nor- © Perversion p.837.
male et une grande timidité. C'est
à la suite d'une ultime déception, Paraphrénie
après beaucoup d'autres auxquelles Psychose chronique
ils n'ont pas réagi, qu'ils vont brus- caractérisée par un délire
quement décompenser dans un d'une grande richesse
délire de relation des sensitifs. imaginative où dominent
© Dossier, Personnalités les thèmes fantastiques,
difficiles (les) p.443. mais n'altérant pas
l'adaptation du sujet à la vie
Paraphasie quotidienne.
Trouble du langage, présent © Délire p.698;
au cours des aphasies, dossier, Psychose (la) p.457.
Parapsychologie en est un bon exemple. Le discours
Discipline pseudo-scientifique adressé à un bébé est grammatica-
qui se donne pour objet lement plus simple, plus répétitif et
d'étude les phénomènes plus court que le propos destiné à
paranormaux. un adulte. Le temps est générale-
Ces phénomènes, telles la percep- ment le présent et moins souvent
tion extrasensorielle, la télépathie, le passé ou le futur.
On peut égale-
la clairvoyance, etc. sont considé- ment noter des différences phono-
rés par les tenants de cette disci- logiques avec des fréquences plus
pline comme inaccessibles à la étendues et des intonations exa-
science. Les études contrôlées de gérées.Le langage est donc adapté
ces phénomènes, dans des plans au niveau de compréhension de
d'expérience précis, permettent de l'enfant afin de l'aider à acquérir
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mettre en doute leur existence. des compétences linguistiques, ce


qui témoigne de la sensibilité de ce
Parental (comportement) comportement parental,et met en
Conduite variée et diversifiée jeu la responsabilité des parents.
qui entraîne généralement les © Dossier, Parent (devenir) p.430.
parents à fournir la nourriture,
la chaleur, la protection à leur Parkinson (maladie de)
progéniture. Affection dégénérative du
Outre qu'il assure la survie, ce système nerveux central, de
comportement permet le transfert cause inconnue, caractérisée
d'informations. L'apprentissage par un tremblement,
communication, l'identité de l'es- une raréfaction et une lenteur
pèce, les techniques d'alimenta- de mouvements,
tion, les préférences gustatives et et une rigidité musculaire.
le statut social en sont quelques Trois signes cliniques majeurs
exemples.Cette socialisation (trans- caractérisent la maladie de Par-
fert d'informations) a une impor- kinson : un tremblement au repos
tance considérable pour l'espèce affectant particulièrement les
humaine :l'acquisition du langage mains, une rigidité, une akinésie

827
(difficulté à déclencher un mouve- dans les langues implique la glotte,
ment volontaire). On observe sou- le pharynx, le vélum, la mâchoire,
vent des anomalies de la posture et la langue et les lèvres dont les mou-
de la marche ainsi que des troubles vements coordonnés mettent en
psychiques. Cette maladie, dont la jeu simultanément une centaine de
cause est inconnue, affecte plus par- muscles. On articule environ 15 sons
ticulièrement les personnes âgées. de parole par seconde. La plupart
de ces fonctions sont automatiques.
Parole Chez le nourrisson, la forme du
Réalisation physique conduit vocal ne lui permet de pro-
de la langue parlée par duire des sons de parole que vers 6-
la production de sons articulés. 8 mois et le contrôle correct des
La parole, médium naturel du lan- sons de parole n'est acquis que vers
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gage, est unique à notre espèce. 4-5 ans.


«Matière de la langue » (F. de Saus-
sure), elle s'incarne dans la produc- Participation
tion de sons articulés (phones et syl- Accompagnement par
labes) dont la combinaison donne quelqu'un de gestes et de
les mots des langues. Le sens des réactions émotives d’un
mots est arbitrairement lié à ces ensemble de manifestations
combinaisons de sons.La parole re- du même ordre survenues dans
pose sur des capacités cognitives, son entourage, et auxquelles
linguistiques et motrices complexes. il est attentif et sensible.
Ilfaut organiser le sens du message, Il s'agit d'une sorte d'identification
sa forme grammaticale et sa forme perceptivo-motrice (bâillements,
de réalisation puis le produire. mouvements oscillatoires de la tête
Les sons de parole se manifestent devant le balancement d'une lampe)
physiquement par des variations de ou de la propagation d'expressions
la pression de l'air transmis dans les émotives (fou rire, larmes, panique).
conduits respiratoires et le conduit Participation affective et contagion
vocal. Le système qui permet de mimétique apparaissent très pré-
produire la variété des sons utilisés cocement chez l'enfant,àquelques

828
mois. Elles sont, selon H.Wallon,
ca- Lors d'une cure psychanalytique, le
ractéristiques des deux premières passage à l'acte marque la mise en
années de vie. ll écrit : « Au stade échec définitive d'une symbolisa-
projectif de son intelligence répond tion, par une affirmation désespé-
le stade de participation dans l'évo- rée qui préfère la mort physique ou
lution de sa personnalité. » l'anéantissement psychique à la
© Stade p.898. castration du sujet comme de son
répondant inconscient.
Passage à l'acte
Réalisation d’une tendance Pathomimie
impulsive violente, souvent Simulation inconsciente,
agressive (suicidaire ou mythomaniaque
meurtrière) jusque-là contenue. des symptômes d’une
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Contrairement à l'acting-out de la infirmité ou d'une maladie.


terminologie française, le passage
à l'acte n'appelle aucune réponse. Patient désigné
Ce n'est pas un acte, au sens où il Personne désignée parmi
ne comporte pas d'après-coup. les patients,
au cours
C'est le « se laisser tomber » suici- d'une thérapie familiale,
daire (S. Freud, Psychogenèse d'un comme régulateur
cas d'homosexualité féminine, 1920) du processus thérapeutique.
de la jeune fille homosexuelle face
au regard méprisant de son père lui Patte-Noire (test de)
refusant d'être désirante,même de Test projectif, imaginé par
façon déviante. Le passage à l'acte L. Corman, destiné aux enfants
relève le plus souvent des institu- de plus de 5 ans et mettant
tions médicolégales (justice et psy- en scène avec d’autres petits
chiatrie) à qui il appartient dejuger cochons un petit cochon
la part de responsabilité qui y sub- appelé « Patte-Noire », car
siste (article 49-3 du Code pénal), il a une tache noire à la patte.
même si son principe suppose une Ce test vise, à travers une certaine
| défausse absolue. conception psychanalytique, à
explorer les conflits de l’enfant.On une projection des adultes dans
demande à l'enfant de raconter laquelle l'enfant n'existait que par
une histoire. Ce qui est évalué, c'est incidence ; l'éducation nouvelle,
la façon dont ilfait face à des situa- renversant la perspective, fit de
tions conflictuelles : on cherche la pédagogie une théorisation où
quels sont les désaccords avec sa l'enfant conditionnait toute dé-
famille, quels sont ses sentiments marche éducative. Le terme péda-
(culpabilité, agressivité). gogie ne désigne plus aujourd'hui
Si l'enfant s'identifie à Patte-Noire, qu'une méthodologie des pra-
c'est plutôt signe de bonne adap- tiques d'éducation et s'intègre aux
tation ou de narcissisme ; sinon, sciences de l'éducation. La situa-
c'est plutôt signe de désarroi ou tion éducative, et principalement
d'anxiété. la situation scolaire d'enseigne-
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ment (relation maître-élève), se


Pattern traduit par une dynamique rela-
Modèle simplifié d'une tionnelle, y compris inconsciente,
structure en sciences humaines. encore mal saisie. C'est avec la
dynamique des groupes que la rela-
Pavlovien, -ienne tion pédagogique s'est proposée
Qui se rapporte à I. Pavlov. comme problème de groupe-
Le conditionnement pavlovien classe et comme problème édu-
s'oppose au conditionnement ins- catif avec l'orientation non direc-
trumental. tive de C. Rogers. Des contrats de
© Les grands théoriciens, p.69 : compensations affectives impli-
Conditionnement p.688. cites, et des prestations de pou-
voir, profondément ancrées dans
Pédagogie l'émotionnel, fondent cette délé-
Méthodologie des pratiques gation sociale de formation d'au-
éducatives ; science trui qu'est aussi la fonction d'en-
de l'éducation. seigner. Sa forme même confère à
La pédagogie fut souvent une l'apprentissage des caractéris-
théorisation philosophique ou tiques sans doute décisives, selon

830
qu'elles maintiennent, ou non, nalytique en pédagogie (A.S.Neill),
la dépendance au savoir et au soit d'une pédagogie antiautori-
maître et permettent, où non,une taire et libertaire (F. Ferrer Guardia,
levée progressive et partielle des F. Deligny).
emprises institutionnelles sur la
«liberté d'apprendre ». Des expé- Pédophilie
riences pédagogiques remettant Trouble présenté par des
en question le savoir, le rapport au adultes cherchant à obtenir
savoir et la relation de dépen- une excitation sexuelle en
dance au maître ont été tentées. ayant des relations, le plus
Elles sont souvent caractérisées souvent des attouchements,
par des options idéologiques avec des enfants prépubères
précises. ou en s'imaginant ces
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On peut en distinguer trois types. relations.


@ Ce sont tout d'abord les expé- © Paraphilie p.837.
riences fondées sur un ensei-
gnement par groupes, indivi- Pensée
dualisé, ou par centres d'intérêt PSYCHOL. Activité psychique
(M.Montessori,O.Decroly,R.Steiner, rationnelle, caractérisée par
etc.). Elles sont marquées par les son caractère conscient.
techniques et le matériel pédago- En psychologie, le sens en est géné-
giques recherchant l'intégration ralement restreint aux activités
sociale; qu'on appelle aujourd'hui « cogni-
© Puisles expériences marquées tives », mais seulement sous leur
par une pédagogie de l’assis- forme explicite (consciente et ver-
tance militante; elles sont fondées balisable) : c'est le cas dans les tra-
sur un enseignement mutuel, par- vaux sur « le développement de la
tagé ou alternatif (J. H. Pestalozzi); pensée chez l'enfant » (H.Wallon,
€ Enfin ce sont les expériences J.Piaget),
ou dans les couples « pen-
rassemblées par une démarche sée et langage »,« pensée et image
avant tout politique ;elles se récla- mentale », etc. En psychologie
ment soit d'une orientation psycha- cognitive, le mot est plus étroite-
ment encore réservé aux activités Pensée logique
intellectuelles de traitement de l'in- (épreuves, échelles
formation (raisonnement, etc.). de développement de la)
PSYCHAN. Mise en rapport Épreuves réalisées
des mots, choses, sensations, en normalisant les situations
désirs et idées. utilisées par J. Piaget dans
L'activité de pensée, aussi com- ses études du développement
plexe soit-elle, peut avoir lieu sans de l'intelligence.
que le sujet en ait conscience. Ainsi
se constitue le contenu des forma- Perceptif (développement)
tions de l'inconscient. Cependant, Évolution avec l'âge
les connexions entre pensées peu- d'une prise de connaissance
vent être rompues, en particulier de l’environnement à partir
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lorsqu'il s'agit de ce qui a été dénié, des excitations sensorielles


refoulé ou isolé. C'est alors par engendrées par
l'étrangeté de la forme des repré- des événements actuels
sentations et des symptômes que et des objets présents.
se manifestent ces défaillances La perception est une activité
d'articulation. cognitive qui se distingue des
Énigmatique, la pensée incons- autres par le fait que seule l'excita-
ciente (ou ses équivalents) dépasse tion de récepteurs sensoriels peut
la personne et n'est que virtuel- la faire fonctionner. S'il n'y a pas
lement attribuable à qui dit « je perception sans excitations, il arrive
pense». Son passage à la conscience que celles-ci n'entraînent pas celle-
dépend de la capacité de celle-ci à là. La perception est une forme de
entrer en contact avec ce qui en traitement des informations rela-
émerge et qui est à déchiffrer. tives à l'environnement physique
transmises par les diverses modali-
Pensée formelle tés sensorielles. L'état biologique
© Formelle (pensée) p.736: du sujet percevant (niveau de vigi-
Stade p.898; dossier, lance émotions) ainsi que les infor-
Adolescence (|') p.93. mations mises en mémoire anté-

832
rieurement interviennent dans ce pourrait se situer à la 28° semaine
traitement. La part des capacités d'âge gestationnel. La borne supé-
perceptives et celle des autres rieure la plus communément
capacités cognitives dans l'amélio- admise est celle de 2 mois après la
ration des performances sont tou- naissance à terme, soit, chez le
jours difficiles à évaluer, car, il faut nourrisson humain, la 45° semaine
bien le dire, il n'est guère de per- d'âge gestationnel, âge moyen de
ception pure, totalement détermi- la liquidation des principaux
née par l'ensemble des excitations réflexes archaïques. Cela s'accorde
sensorielles actuelles et simulta- aux vues de A. Gesell,
qui définissait
nées. l'enfant de 0 à 2 mois comme un
« fœtus externe », et à des critères
Perception comportementaux divers. Toute-
Ensemble des mécanismes
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fois, des études récentes montrent


et des processus par lesquels que les changements répertoriés à
l'organisme prend 2 mois sont préparés par des évo-
connaissance du monde lutions qui en donnent une image
et de son environnement moins radicale qu'il n'y paraissait.
sur la base des informations
élaborées par ses sens. Perlaboration
Travail psychique qui permet
Périnatale (période) à l’analysant d'intégrer une
Espace de temps voisin interprétation et de dépasser
de la naissance. par un mouvement actif, voire
Les bornes anté- et postnatales inventif, les résistances en jeu.
varient suivant les critères choisis, C'est dans l'article «Remémoration,
qui sont, bien entendu, relatifs aux répétition et perlaboration » (1914)
domaines d'études. En psychobio- que S.Freud précise ce qu'il entend
logie, la borne inférieure pour par ce terme : le sujet peut dépas-
l'homme a souvent été fixée au ser la remémoration et se dégager
seuil de viabilité du prématuré. de la répétition dans la mesure où
Ainsi, selon Krasnegor (1987), elle la perlaboration est résolutive.

833
Enfin, cette activité concerne aussi Persévération
bien l'analysant que son analyste - PSYCHIATR. Tendance
qui n'est en rien passif dans son à maintenir et à répéter
écoute. d'une manière inappropriée
le même type de conduite ou
Permanence de l'objet de réponse comportementale
Principe suivant lequel sans tenir compte
un objet (essentiellement du changement de la situation
un solide), lorsqu'il échappe ou de la question posée.
à l'appréhension perceptive, PSYCHOL. Persistance
est néanmoins conçu comme d'une réponse ou
n'ayant pas cessé d'exister d'une attitude, adéquate
et peut donc être retrouvé, à une situation, en dépit
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identique à lui-même, à de changements qui


différents moments du temps. détruisent sa pertinence
Dans la description que J. Piaget a ou réduisent son efficacité.
faite (1937) de la période sensori- (La notion de persévération
motrice,
qui couvre les 18 premiers s'oppose à celle de flexibilité.)
mois de la vie de l'enfant, la perma- La persévération représente un
nence de l'objet occupe une place défaut d'intelligence, par manque
centrale. C'est en fait le premier des d'adaptation à la nouveauté.
principes de conservation. Quand elle affecte systématique-
ment les conduites d'un individu et
Persécution (délire de) conduit à des ritualisations rigides,
Croyance pathologique elle constitue un signe de débilité.
d'un sujet convaincu d'être Elle se rencontre aussi chez le sujet
l'objet d'attaques normal, en dépendance d'une
et d’hostilité de la part orientation de réponse acquise :
de personnes réelles un sujet entraîné à résoudre des
ou imaginaires. problèmes d'un même type, récla-
© Délire p.698; mant par exemple deux opérations
dossier, Paranoïa (la) p.424. arithmétiques, applique ensuite la

834
même solution à des problèmes Personnalité
plus simples, introduits subreptice- Ensemble de caractéristiques
ment dans la série, qui peuvent être affectives, émotionnelles,
résolus par une seule opération. dynamiques relativement
Dans la vie quotidienne, nombre de stables et générales
nos routines portent la marque de la manière d'être
d'une persévération. d'une personne dans sa façon
En psychologie du développement, de réagir aux situations dans
une idée reçue veut que la persé- lesquelles elle se trouve.
vération diminue avec l'âge chez Dans la majorité des cas, le mot ne
l'enfant, puis augmente à la fin de couvre pas les aspects cognitifs de
la vie chez le vieillard. Cette idée la conduite (intelligence, aptitudes,
paraît incohérente, compte tenu connaissances). || concerne tou-
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des acquisitions réalisées au cours jours les aspects affectifs, émotion-


de l'enfance. Elle contredit l'hy- nels, dynamiques. La personnalité
pothèse d'une plasticité particu- est décrite en termes de traits
lière au début de la vie.Elle est bat- beaucoup plus souvent que par
tue en brèche par des mises en évi- référence à des types. L'analyse fac-
dence expérimentales de conduites torielle de questionnaires de per-
flexibles chez le nourrisson. sonnalité a distingué certains de
ces traits de façon stable et conver-
Personnalisme gente chez des auteurs différents
Selon H.Wallon, manifestation comme H.J.Eysenck et R.B. Cattell.
d'indépendance et Il en est ainsi pour l'introversion-
d’'enrichissement du moi qui extraversion et pour le névrosisme.
caractérise la personnalité de De très nombreux autres traits de
l'enfant entre 3 et 6 ans. personnalité plus spécifiques ont
Le stade du personnalisme est le fait l'objet de questionnaires desti-
quatrième dans le système de Wal- nés à leur évaluation. L'examen de
lon. La crise d'opposition en est une la personnalité peut aussi utiliser
| des manifestations observables. des épreuves projectives (interpré-
| © Stade p.898. tation par le sujet d'un matériel

835
dépourvu de sens) et des tests dits cable à partir de 16-17 ans.Cattell a
« objectifs » (par exemple, des proposé des questionnaires de
épreuves perceptives pouvant faire même type pour des sujets plus
l'objet d'une notation objective et jeunes : le High School Personality
dont le psychologue sait qu'elles Questionnaire, ou HSPQ, utilisable
sont liées à des styles de conduite de 12 à 17 ans; le Children's Perso-
plus généraux). nality Questionnaire, ou CPQ, utili-
sable de 8 à 12 ans.
Personnalité
(questionnaire des seize Personnalité multiple
facteurs de) ou 16 PF Trouble de la personnalité
Série de questions élaborée défini par l'existence chez
par R.B. Cattell et une même personne de deux
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ses collaborateurs et destinée ou plusieurs personnalités


à cerner tous les aspects distinctes dont chacune prend
de la personnalité, répartis tour à tour le contrôle
en 16 facteurs. du comportement du sujet.
Ce questionnaire a fait l'objet de Cette définition provient de la
nombreuses études (analyses fac- classification américaine des mala-
torielles) et il est largement uti- dies mentales (DSM). Cette entité
lisé. Il comporte deux formes pathologique fait partie des
équivalentes, À et B, comptant troubles dissociatifs dans le cadre
chacune 187 questions. Il fournit des névroses hystériques.Elle a été
des mesures sur 16 facteurs élé- décrite pour la première fois par
mentaires dont la plupart ont leur Mitchell en 1816 et depuis, selon
origine dans l'analyse par Cattell les époques et les courants de
de la sphère de la personnalité pensée, plusieurs cas ont été rap-
Ces facteurs de premier ordre s'or- portés, les plus célèbres étant
ganisent en facteurs d'ordre supé- «Juliette » de P. Janet et « Christine
rieur, qui sont l'introversion-extra- Beauchamp » de M. Prince. Mais,
version, l'anxiété, la sensibilité et globalement, cette pathologie
l'indépendance. Le 16 PF est appli- reste rare.
Les cas recensés sont surtout des matisants, le sujet développerait
femmes présentant une person- des troubles de la personnalité de
nalité anxiodépressive avec des type narcissique ou état limite.
troubles du comportement alimen- © Dissociation p.709.
taire ainsi que des manifestations
hallucinatoires auditives et visuelles. Personnalité pathologique
De même,on peut retrouver dans les Ensemble des altérations
antécédents des manifestations de de la personnalité
conversion, d'amnésie psychogène, caractérisant une affection
des fugues nombreuses, des com- psychiatrique (personnalité
portements suicidaires ainsi que des hystérique, paranoïaque, etc.).
conduites d'automutilation.Les prin-
cipaux diagnostics différentiels évo- Personnalités difficiles (les)
© Dossier, p.443.
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qués sont les états limites, les formes


psychiques d'épilepsies temporales
ainsi que le syndrome de Briquet Perversion
(ou hystérie de conversion). Comportement sexuel d'un
À partir de ces observations sont sujet qui cherche le plaisir en
apparues plusieurs tentatives dehors des relations dites
d'explication des troubles par les «normales » avec un partenaire
notions d'ambivalence extrême, de de sexe opposé et d'âge
forme de déni très élaboré telle que équivalent.
l'enfant finit par attribuer l'événe- On remplace de plus en plus cette
ment à quelqu'un d'autre que lui- notion, chargée de connotation
même. Pour Kernberg (1975), le morale, par celle de paraphilie.
sujet mettrait en place des méca-
nismes de défense de type clivage, Perversité
identification projective, idéalisa- Disposition active à faire
tion, déni et omnipotence. le mal intentionnellement en
Ainsi, suivant l'importance des pro- faisant appel aux ressources
|
cessus de clivage ou des tentatives de l'intelligence
|
|
| pour réprimer les souvenirs trau- et de l'imagination.
Le mot perversité implique un juge- sique intermédiaire d'un état de
ment moral, et le terme pervers ne peur : l'animal apprend d'abord
peut être appliqué à des faits indé- que, dans une certaine situation,un
pendants de la volonté et de la stimulus nocif est susceptible de se
conscience morale du sujet. produire (de la même façon que,
dans ia situation pavlovienne,il
Peur apprend que, après la clochette, la
€ Sentiment d'angoisse poudre de viande peut survenir).
éprouvé en présence ou Ensuite, il apprend que, s'il émet un
à la pensée d’un danger réel certain comportement, ce stimulus
ou supposé, d'une menace. nocif ne se produit pas.
€) Peur conditionnelle. Les recherches expérimentales
Peur, qui par un processus conduites au moyen d'indicateurs
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de conditionnement, s'est considérés comme exprimant


trouvée associée à un stimulus directement l'état de peur (accélé-
de l’environnement, ration du rythme cardiaque, réac-
normalement neutre, tions électrodermales, etc.) ont
et qui est désormais suscitée donné des résultats favorables à
par ce stimulus. Elle est cette hypothèse.
généralement considérée Certains auteurs considèrent ainsi
comme l'état intermédiaire que la peur est,
de façon générale,un
à partir duquel s'établit le état conditionnel (classique), dont
conditionnement d'évitement. l'état inconditionnel serait la douleur
On appelle conditionnementde peur : la peur est dans cette optique une
un conditionnement qui est sup- anticipation de la douleur.À l’en-
posé s'exercer sur un état interne, contre de cette façon de voir,on a fait
la peur,et non directement sur une valoir qu'il existe un certain nombre
réaction. de réactions internes de peur ou
Les conditionnements d'échappe- d'anxiété qui sont déclenchées par
ment, et surtout d'évitement, chez des stimulus spécifiques (stimulus
l'animal, ont été interprétés comme effrayants ou anxiogènes, tels que
incluant un conditionnement clas- bruits intenses, perception, chez

338
l'animal, de déclencheurs spéci- J. Lacan, signifiant indiquant
fiques, et, chez beaucoup de sujets les effets du langage sur
humains, de serpents, de rats, d'arai- la sexualité.
gnées, etc.): ces stimulus sont indé- Dans son article de 1923 « l'orga-
pendants de la douleur proprement nisation génitale infantile », Freud
dite. De même, les états patholo- pose la prévalence pour les deux
giques d'anxiété semblent avoir une sexes, à la phase génitale de la
étiologie interne. sexualité infantile,
de l’objet phal-
© Anxiété p.662. lique. L'enfant pense la différence
des sexes en termes de masculin-
Phallique (stade) châtré et non de masculin-fémi-
Selon S.Freud, phase nin.
de la sexualité infantile entre Lacan fait du phallus le signifiant
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3 et 6 ans pendant laquelle, de la confrontation du sujet hu-


pour les deux sexes, main au désir et au manque.
les pulsions s'organisent Comme objet, Lacan précise l’avan-
autour du phallus. cée de l'enfant dans l'Œdipe, mo-
Le stade phallique,
qui succède aux ment de repérage de la place du
stades oral et anal, est la phase ca- phallus dans le désir de la mère, de
ractéristique de l'apogée et du dé- l'enfant et du père sur le mode de
clin du complexe d'Œdipe, essen- l'être et/ou de l'avoir. À la sortie du
tiellement marqué par l'angoisse de stade du miroir, l'enfant qui pres-
castration. sent le manque existant chez sa
© Castration p.679; mère veut être ce phallus qui la
Stade p.899 ;encadré, comblera. L'introduction du père
le complexe d'Œdipe p.258; amorce un déplacement de l'objet
dossier, Sexualité (la) p.528. phallique : pour l'enfant, le père
devient un rival imaginaire, un
Phallus autre phallus pour la mère. Dans
Symbole du sexe masculin un troisième temps, l'enfant en
érigé. Pour S.Freud, symbole vient à promouvoir le père comme
du manque du pénis ; chez le dépositaire du phallus, le seul à

839
l'avoir. Il accepte de ne plus l'être et Phénoménologie
aussi de ne pas l'avoir. Sujet marqué Étude descriptive des vécus
par ce manque,ilpeut désirer pour psychologiques (actes, états,
son propre compte. croyances, objets) tels
Nom-du-Père p.811. qu'ils peuvent apparaître
à la conscience de celui qui
Pharmacodépendance en fait l'expérience.
Toxicomanie due
à un médicament Phobie
Dossier, Dépendance Peur non raisonnée
aux «drogues» (la) p.193. et continue d’un objet,
d'un être vivant ou d'une
Pharmacomanie situation déterminée qui,
Abus de médicaments, en eux-mêmes, ne présentent
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qui sont utilisés en dehors aucun danger.


de leurs indications. Le sujet est conscient de l'irratio-
nalité de sa phobie et il souffre du
Pharmacopsychologie fait que son comportement est régi
@ Discipline qui étudie par l'évitement du stimulus pho-
les effets des substances bogène et la crainte de lui être
chimiques chez l'homme confronté inopinément.
et leur capacité à induire Les phobies simples
des troubles mentaux. Dans la population générale, les
€ Pour certaines phobies sont fréquentes et de
écoles, synonyme natures très diverses. Elles se
de psychopharmacologie. dénombrent par centaines. Cer-
(Dans son sens premier, taines subsistent toute une vie
le terme pharmacopsychologie durant. D'autres s'estompent et
est à rapprocher de ceux même disparaissent, spontané-
de pharmacopsychiatrie ment, avec l'âge. Elles peuvent ne
et de psychiatrie s'inscrire dans aucun contexte
expérimentale.) étiopathogénique et ne gêner que

840
Placebo

modérément le sujet tant qu'il n'est être observé et critiqué par les
pas confronté aux stimulations autres : prendre la parole devant
phobogènes.Tel est le cas des plusieurs personnes, aller au res-
phobies simples, phobies de petits taurant, avoir à aborder des ques-
animaux (souris, oiseaux, serpents tions sexuelles, etc.;la peur de rou-
inoffensifs) ou d'insectes, prévalant gir,
de trembler, voire de vomir peut
dans les populations féminines, accompagner ces phobies. Elles
phobies d'objets (armes à feu, verre apparaissent dès l'adolescence,
cassé, etc.) ou de situations (par parfois plus tôt. Comme les pho-
exemple, voyager en avion, être bies simples, elles peuvent passer
dans un endroit clos,en métro, sur inaperçues de l'entourage tant que
un lieu élevé). le sujet, au prix de stratégies psy-
On peut se demander si ces pho- chiquement épuisantes, arrive à se
bies simples ne sont pas transmises soustraire à ces situations sociales.
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culturellement ou si elles n'ont pas L'agoraphobie désigne étymolo-


un rôle de protection pour l'indivi- giquement la peur de se trouver
du,comme c'est le cas de certaines dans des lieux publics d'où il est dif-
peurs enfantines qui, comme la ficile de sortir rapidement. À l'heure
peur de l'obscurité, ne se manifes- actuelle, ce mot prend un sens plus
tent plus à l'âge adulte. large :il englobe les peurs des dépla-
©) Les phobies perturbant la vie cements (traverser une rue, passer
quotidienne sous un pont où dans un tunnel, par
D'autres troubles phobiques tra- exemple) ou de certains lieux clos
duisent une série d'évitements et tels que les ascenseurs, les salles de
de manifestations émotionnelles cinéma ou les grands magasins,
qui
pouvant prendre un caractère sont redoutés des claustrophobes.
obsessionnel et perturbant la vie © Dossier, TOC et phobies p.622.
quotidienne du sujet :la phobie so-
_ciale et l'agoraphobie. Pick (maladie de)
La phobie sociale se manifeste par Démence présénile,
‘un évitement des situations dans caractérisée cliniquement
|lesquelles le sujet serait amené à par une détérioration mentale

|
|
841
progressive avec troubles Plaisir (principe de)
de l'humeur, sans atteinte Principe régissant
de l'orientation spatiale le fonctionnement
(au début), et anatomiquement psychique selon lequel
par une atrophie cérébrale. l’activité psychique a pour but
La maladie de Pick a été individua- d'éviter le déplaisir
lisée en 1892 par le médecin et de procurer le plaisir.
tchèque A. Pick (1867-1926). C'est (par opposition
une démence de type frontal por- au principe de réalité.)
tant, au début, surtout sur le «stock
des idées », qui est réduit, et sur les Possessivité
hautes fonctions intellectuelles Fait de se montrer possessif,
(abstraction, jugement, autocri- dominateur.
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tique). Mais les facultés élémen-


taires et les fonctions mnésiques Postural
sont conservées et il n'y a pas de (développement)
trouble de l'orientation spatiale. Étude de la mise en place
L'activité est le plus souvent réduite, des structures et des activités
avec apathie, aspontanéité, perte qui permettent à l'homme
desinitiatives.Les stéréotypies sont de se tenir debout
habituelles ;elles portent sur le lan- et de se déplacer.
gage (répétition de phrases iden-
tiques,
de rengaines) et sur le com- Potomanie
portement. Elle évolue plus ou Tendance impulsive à boire
moins rapidement vers la démence. des quantités excessives d’eau
à Dossier, Alzheimer ou d'autre liquide.
(la maladie d') p.127.
Praxie
Placebo Selon J. Piaget, système
Médicament ne contenant de mouvements coordonnés
aucun composé en fonction d’un résultat
pharmacologiquement actif. ou d'une intention.

842
Les premières praxies apparaissent Précocité
dès la fin du second stade du déve- Avance dans
loppement de l'intelligence sensori- le développement
motrice, lorsque préhension et d'un individu présentant
vision sont coordonnées. H. Wallon des traits de comportement
insiste davantage sur le rôle des qui émergent dans
praxies dans la construction des sa population d'appartenance
objets, comme support de ces à un âge supérieur à son âge
praxies, et dans le développement chronologique.
de l'intelligence des situations : Dans les sociétés occidentales, un
manipuler une cuillère, visser un enfant qui marche seul à 8 mois
bouchon sur une bouteille, empiler manifeste une précocité de plu-
des cubes les uns sur les autres, sieurs mois par rapport à l'âge
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copier un modèle graphique sont moyen d’accession à la marche.


autant de praxies qui se dévelop- En psychométrie, la précocité intel-
pent au cours de la petite enfance. lectuelle est mesurée, à un âge
Les dyspraxies constructives, qui se donné, par la valeur d'un quotient
caractérisent par des difficultés de développement qui exprime un
électives dans la reproduction de niveau global.
modèles spatiaux, graphiques ou Le constat de précocité contient,
proprioceptifs, constituent l'une des dans le domaine intellectuel, un ju-
formes des dysharmonies cogni- gement de valeur sur les capacités
tives, qui peut être à l’origine de dif- de l'individu qui en fait l'objet.
ficultés scolaires, en particulier en
mathématiques. Préconscient
Lieu de l'appareil psychique
Préapprentissage intermédiaire entre
Apprentissage préalable le conscient et l'inconscient,
effectué dans des conditions assurant le fonctionnement
où l’on a affaire à deux tâches dynamique de cet appareil,
et où l’on s'intéresse surtout dans la première topique
à la seconde. proposée par S.Freud.
Le préconscient est le lieu des pro- ment des fixations ou des régres-
cessus secondaires. Le précons- sions à ces modes précoces de
cient est séparé de l'inconscient par fonctionnement, cela pouvant aller
la barrière du refoulement et de la jusqu'à définir un type de person-
censure. Établie par S.Freud dès les nalité.
lettres à W.Fliess de 1896, cette dis-
tinction de lieux psychiques spéci- Préhension
fiques est maintenue jusqu'à la fin Le geste d'atteinte peut être
de sa vie (Abrégé de psychanalyse, observé, dans certaines
1938), malgré l'élaboration d'une conditions, chez le bébé
deuxième topique. Dans la théorie de quelques jours. Ce geste
freudienne du sommeil, le pré- prend la forme
conscient est le gardien du som- d'une extension du bras
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meil, permettant à la fois la pour- dans la direction d'un objet.


suite d'activités de pensée (par Ce geste est peu précis, rarement
exemple, les restes des soucis suivi de contact avec l'objet et ne
diurnes) dans un registre d'inten- se termine par une saisie que si le
sité assez limité pour maintenir réflexe d'agrippement est déclen-
l'inhibition de la motricité et régu- ché par un contact fortuit entre
ler les excitations que révèlent les l'objet et la main du bébé. Cette
rêves.Le préconscient est le lieu de préhension précoce, non fonction-
passage dans les deux sens d'élé- nelle, n'est pas durable. Dès le
ments inconscients. milieu du 2° mois, les extensions du
bras deviennent très rares ou dis-
Prégénital, -ale, -aux paraissent complètement.Pendant
Qui précède le stade génital. plusieurs semaines, les systèmes
S.Freud avait très tôt (Lettre à Fliess visuel et tactile fonctionnent alors
du 14 novembre1897) posé l'exis- indépendamment : le bébé ne
tence d'une vie « sexuelle » chez regarde pas ce qu'il tient dans la
l'enfant liée aux pulsions partielles main et ne cherche pas à prendre
prégénitales. Mais ce terme, sou- ce qu'il voit. Les tentatives d'at-
vent employé, qualifie actuelle- teinte d'un objet visible réappa-

844
raissent vers 10 semaines, mais, sur comptées depuis les dernières
bien des points, elles diffèrent de la règles (37 semaines
préhension précoce. ll y a notam- d'aménorrhée).
ment guidage visuel de l'extension On distingue actuellement quatre
du bras alors que l'apparition de la populations de bébés prématurés
main dans le champ visuel entraîne en fonction des probabilités statis-
fréquemment son arrêt. On ne tiques d'apparition de troubles
parle de véritable coordination neurologiques : les bébés fragiles,
entre préhension et vision qu'à par- nés entre 35 et 37 semaines d'âge
tir du 5° mois. gestationnel (AG) ; les bébés à bas
La forme du geste d'approche et risques, nés entre 32 et 35 semaines
celle de la saisie manuelle de l'ob- d'AG;les bébés à hauts risques, nés
jet ont été étudiées avec précision entre 28 et 32 semaines d'AG; les
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chez des bébés de 4 à 12 mois. La bébés à très hauts risques, nés


saisie est d'abord uniquement pal- avant 28 semaines. L'insuffisance
maire. Elle immobilise l’objet à l'in- de poids du bébé en fonction de
térieur de la paume, les doigts étant son âge gestationnel constitue un
utilisés comme des sortes de cram- facteur aggravant de la naissance
pons. L'intervention plus spécifique prématurée.
des doigts débute vers 32 semaines
avec l'opposition du pouce aux Prématurité
autres doigts. L'enfant dispose vers © État d’immaturité relative
40 semaines de la prise-précision, ou d'un système ou d’un organe
pince supérieure, grâce à laquelle il en comparaison des fonctions
peut saisir de petits objets entre les qu'il est censé remplir
faces pulpaires du pouce et de l'in- à un moment donné.
dex. À partir de 40 semaines, le rôle €) Période de vie
du poignet devient prépondérant. caractéristique des enfants
qui naissent avant terme.
Prématuré, -e €) Situation à laquelle le bébé
Bébé qui naît à moins _-né prématurément et ses
de 37 semaines de gestation parents se trouvent confrontés.

845
Longtemps considérée en fonction position nuancée de Freud, deux
du seul niveau de maturation du directions se préciseront :
bébé, la prématurité est actuelle- ©) Pour M. Klein et son école, le
ment conçue dans une perspective père intervient dans les fantasmes
multidimensionnelle qui prend en les plus archaïques, sous forme de
compte : pénis gardé dans le corps de la
- les effets relatifs à l'immaturité mère, par exemple — mais est-ce
des systèmes biologiques ; suffisant pour parler d'un stade pré-
- les effets propres à l'environne- coce de l'Œdipe ?
ment physique immédiat du bébé > Pour R. Mack Brunswick, même
(lumière, sons, afférences tactiles, s'il est présent dans le champ psy-
examinées séparément ou en chique, le père n'est pas perçu
simultanéité) ; comme un rival (ce peut être un
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- les effets attachés à la situation prolongement de la mère).


parentale (séparation, compétence © J. Lacan radicalisera les choses
à interagir, etc.). en privilégiant le ternaire mère-en-
© Dossier, Parent (devenir) p.430. fant-phallus, où le désir comme tel
de la mère suppose et signifie la
Préœdipien, -ienne présence du signifiant du Nom-du-
Se dit du fonctionnement Père - ce qui pare à une situation
psychosexuel antérieur duelle psychotisante.Il éclairera dif-
à l'apparition et féremment la question en intro-
aux modifications induites par duisant les thèmes de la sexuation
le complexe d'Œdipe, et plus et la notion dejouissance.
particulièrement lié aux © Nom-du-Père p.811; dossier,
relations avec la mère. sexualité (la) p.528.
S.Freud a introduit ce terme en étu-
diant la sexualité féminine et la Préopératoire (période)
spécificité de la relation de la petite Selon J.Piaget, période de la
fille avec sa mère - même si une vie des enfants, entre 2-3 et
telle problématique existe aussi 7-8 ans, où se manifeste, avec
chez le garçon. Mais, à partir de la l'apparition du langage,
un certain type de pensée tique (tout événement a une cause,
caractérisé par l’égocentrisme tout est lié à tout) et « réaliste ». L'en-
et l'absence de raisonnement fant ne comprend pas la notion de
logique. hasard. C'est aussi une période où
Caractérisée dans la chronologie pia- l'enfant est curieux de tout, iltouche
gétienne entre la fin du stade sensori- tous les objets, il explore. Les com-
moteur (2 ans) et le début des opé- portements d'imitation et de repré-
rations concrètes (7-8 ans), cette pé- sentation s'installent progressive-
riode correspond en gros à l'époque ment à partir de 2-3 ans. L'enfant
de fréquentation de l’école mater- imite les adultes et est capable de
nelle et inclut le cours préparatoire. se représenter l'objet. Lorsque l'ob-
Elle est considérée aussi comme une jet disparaît de sa vue, il est capable
phase de préparation et d'organisa- de se le figurer mentalement par
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tion des opérations concrètes. une image permettant d'évoquer


Le raisonnement est centré sur des l'objet en son absence (par exemple,
états du réel qui sont traités isolé- l'enfant peut s'habituer à ne plus
ment sans qu'il soit tenu compte des voir sa mère toute la journée).
transformations qui les relient. La © Concrètes (opérations) p.688;
notion de conservation est ainsi ab- Égocentrisme p.720; Opératoire
sente chez l'enfant de la période (théorie) p.820; Sensori-moteur
préopératoire. Par exemple,
]J.Piaget (développement) p.886; Stade
et ses collaborateurs se sont livrés p.898; dossier, Enfant (l') p.251.
à une expérience célèbre : Ils ont
transvasé le liquide d’un verre haut Prépsychose
et mince dans un récipient bas et Concept défini par l'école
large, l'enfant qui a observé la ma- française de pédopsychiatrie
nipulation ne comprend pas que la pour repérer et traiter des
quantité de liquide est la même.Les enfants dont le fonction-
phénomènes naturels sont expli- nement mental présente
qués par l'animisme (les objets ont un risque d'évolution vers
une âme jet l'artificialisme. La re- -une psychose à l'adolescence
présentation du monde est syncré- ou à l’âge adulte.

847
Presbyophrénie donc pas fixée en nombre
Démence sénile au début de mois ou d'années mais
de laquelle dominent dépend du rythme
les troubles de la mémoire. de développement de chaque
enfant. Elle recouvre
Présénile (démence) généralement les 30 premiers
État démentiel survenant mois de la vie mais peut
avant l’âge de 70 ans. s'achever dès 18 mois pour
certains enfants ou se
Prestance (réactions de) prolonger jusqu'à 4 ans chez
Ensemble des attitudes d'autres, sans qu'on puisse en
posturales déclenchées déduire une incidence sur le
en particulier chez l'enfant par développement ultérieur du
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la présence d'autrui, qualifiées langage.


par H.Wallon de « réflexe L'utilisation de cette définition
du personnage que chacun fonctionnelle suggère un effet de
porte en soi à l'égard de tout l'absence de langage sur le com-
être rencontré ». portement. Cette période est en
Forme d'adaptation à une décharge effet caractérisée par l'utilisation de
émotionnelle, cette accommoda- la communication préverbale.
On
tion posturale facilite grandement entend par là une forme de com-
l'interaction sociale. munication par indices et signaux
non verbaux influencée par la
Préverbale (période) capacité spécifique de l'espèce
Période qui précède l'accès au humaine à manier des symboles et
langage chez un enfant des concepts.
normalement pourvu des Il faut noter en particulier que la
capacités à produire, entendre période préverbale est marquée par
et comprendre le langage. l'avènement d'une communication
Il s'agit d'une définition préverbale sous forme de gestes
fonctionnelle en termes symboliques tels que le pointage
de développement. Elle n'est pour désigner, la paume tendue

848
pour demander l'offre comme signe Primal (cri)
de bienvenue, etc. Les gestes fictifs, Nom donné à une technique
qui miment un objet, une personne psychothérapique fondée par
ou une situation absentes, sont A. Janov (1967) aux États-Unis
caractéristiques des prémisses de et reposant sur la reviviscence,
l'accès à la représentation. au niveau psychobiologique,
L'activité déployée durant cette d'une grande intensité
période peut être qualifiée de pré- dramatique, d'un traumatisme
verbale pour indiquer qu'elle se physique et/ou psychique.
réfère surtout au concret et au pré- Pour que chaque personne névro-
sent. Toutefois,
cette désignation est sée puisse, selon Janov, retrouver
peu fréquente et on lui préfère la son moi réel, c'est-à-dire exempt de
notion d'activité sensori-motrice. Elle toute tension et de toute défense,
concerne la construction des pro- il est nécessaire qu'elle puisse
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priétés de l'objet et des personnes, revivre le sentiment général qui


parmi lesquelles la permanence et était à la base des situations trau-
l'unicité sont les plus décisives. matisantes de son enfance et des
© Sensori-moteur frustrations des besoins réels, ce
(développement) p.886. qui déclenche la souffrance s'ex-
primant par le cri (cri primal), cause
Primaire et conséquence à la fois de l'effon-
Se dit d’une personne sur qui drement du système de défenses.
les événements extérieurs ont Les cures de cri primal sont indivi-
un retentissement peu duelles ou collectives.
profond mais immédiat, qui
ressent largement les actions Privation
exercées sur elle mais qui n'en Fait de retirer à quelqu'un
conserve pas une trace la jouissance d’un bien,
durable. d'un droit.
Dans la caractérologie de G. Hey- Dans les Leçons d'introduction à la
mans et E.Wiersma, la primarité psychanalyse (1916-1917), S. Freud
s'oppose à la secondarité. indique que la privation n'est pas

849
pathogène sauf si « elle porte sur sont diverses : maintien de l'orga-
la seule satisfaction que le sujet nisme dans une position interdi-
exige». Il fait donc la différence sant l’assoupissement, drogues
entre une satisfaction externe que excitatrices du système nerveux
le sujet refuse (privation) et une central, etc. La privation de som-
satisfaction interne que le sujet se meil a des conséquences psycho-
refuse (frustration).Il donne en logiques d'autant plus impor-
1927, dans l'Avenir d'une illusion, tantes qu'elle dure. Elle peut, à
une autre définition de la privation: terme, entraîner la mort.
elle devient le résultat d'une inter-
diction. Cependant il distingue les Processus
privations qui concernent tout le PSYCHIATR. Succession
monde et celles qui atteignent plus d'événements conduisant
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particulièrement des groupes, des un objet ou un organisme


classes sociales ou des personnes. à changer de forme
C'est à partir d'un manque réel que ou d'état selon une évolution
J. Lacan détermine symbolique- où diverses étapes
ment l'objet de la privation :« C'est peuvent généralement
un trou », affirme-t-il. La privation être repérées.
est l'objet du manque sans limite En psychopathologie, avec K.Jas-
imaginaire. La privation est mar- pers, le terme désigne une modifi-
quée par l'absence d'un objet que cation profonde de la personnalité
le sujet considère comme sien. d'un patient, qui peut être en rap-
port avec une atteinte cérébrale ou,
Privation de sommeil simplement, psychique mais qui,
de
Action d'empêcher toute façon, n'est pas compréhen-
l'apparition d'un épisode sible. Il diffère donc radicalement
de sommeil. d'un développement morbide de
La privation de sommeil peut inté- la personnalité, qui, lui, reste com-
resser l'ensemble du sommeil ou préhensible lorsqu'on connaît la
une partie de celui-ci telle que le personnalité prémorbide anté-
sommeil paradoxal.Les techniques rieure.

850
PSYCHAN. Mode Projectif (test)
de fonctionnement Test qui fait appel aux
de l'appareil psychique. mécanismes de la projection
Distinguer processus primaire et et dans lequel le sujet est
secondaire demande de distin- amené, à partir d'un matériel
guer les lieux ou la topique de l'ap- dépourvu de signification
pareil psychique. Le processus pri- (taches d'encre, par exemple),
maire désigne l'inconscient, le pro- à exprimer les éléments
cessus secondaire, le préconscient fantasmatiques et affectifs
et la conscience. Pour Freud, par constitutifs de sa personnalité
exemple, le modèle de satisfaction et dont l'objectif principal est
reste marqué par la logique pri- l'établissement
maire qui tend à confondre le d'un diagnostic différentiel
d'organisation
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perçu et l’halluciné,à l'exemple de


la bouche du nourrisson suçotant, de la personnalité tant
à vide, un sein fantôme. normale que pathologique.
(SYN. test de personnalité.)
Projectif (stade) Les tests projectifs confrontent le
€) Selon J.Baldwin, dans sujet à une situation à laquelle il
le domaine de l'imitation, répond suivant le sens qu'elle a
étape dans laquelle l'enfant pour lui, car les stimulus utilisés,
confondrait la perception faiblement structurés, peuvent
des autres personnes et donner lieu à un nombre très
le sentiment ou la perception large de réponses. Les tests pro-
qu'il a de sa propre jectifs font appel aux mécanismes
personnalité. d'adaptation à la réalité, qui régis-
> Selon H.Wallon, époque sent l'utilisation adéquate des per-
de la vie de l'enfant ceptions (appréhension correcte
centrée sur la prise du contenu manifeste des items
de connaissance du monde du test), et aux mécanismes de
extérieur. _projection par lesquels se tradui-
sent les éléments fantasmatiques

851
et affectifs qui font la singularité ensuite domestiquées par le moi
du sujet. Les principaux tests pro- qui les utilise dans un but défensif.
jectifs utilisés sont le Rorschach et La projection est très souvent liée
le TAT chez l'adulte, le CAT et le test au regard et au narcissisme.La para-
de Patte-Noire chez l'enfant. noïa, la phobie, la jalousie sont les
Chacune de ces épreuves projec- domaines privilégiés pour le repé-
tives s'appuie sur une théorie de la rage des projections. Cependant le
personnalité qui permet de propo- discours de tout sujet ne comporte-
ser une interprétation globale des t-il pas régulièrement une part de
éléments disparates que recueille projection ? La différence de la pro-
le test. jection « normale » avec la projec-
© Children Apperception tion pathologique se situe dans le
Test ou CAT p.0682; Patte-Noire retour de la projection sous forme
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(test de) p.829; Rorschach (test de reproches dans la paranoïa, de


ou psychodiagnostic de) p.878; fuite dans la phobie ou de manifes-
Thematic Apperception Test ou tations violentes dans la jalousie.
TAT p.910.
Prosopagnosie
Projection Trouble affectant
Mécanisme de défense la reconnaissance de l'identité
essentiellement imaginaire des visages.
par lequel un sujet déplace sur
un autre une pulsion, Psittacisme
des pensées, des désirs qu'il Repétition mécanique
ne peut supporter de mots, de phrases
de reconnaître comme entendues, sans que le sujet
lui appartenant. les comprenne.
Comme pour l'angoisse ou la culpa-
bilité, la projection fait partie des Psychanalyse
réactions archaïques qui apparais- © Méthode curative fondée
sent dès les premiers stades du dé- sur la verbalisation, inventée
veloppement de l'enfant. Elles sont par S.Freud vers 1895 aussi
Psychia nes 1e
e

complète que possible, Comme thérapeutique, la psycha-


des pensées et associations nalyse vise à la prise de conscience
d'idées qui se présentent du refoulé à la faveur de la cure, qui
au sujet, dans un contexte est marquée par les deux phéno-
où ce qui a été refoulé peut mènes de la résistance et du trans-
transparaître. fert.
© Théorie de la vie psychique € Histoire de la psychanalyse
élaborée à partir p.26; dossiers, Psychanalytique
de cette expérience. (le courant) p.450; Psycho-
La psychanalyse, tout en se situant thérapie (suivre une) p.478.
dans le prolongement de la décou-
verte progressive des phénomènes Psychanalyser
inconscients au fil du xix° siècle, Soumettre à un traitement
marque une rupture tant elle re- psychanalytique.
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nouvelle la conception du sujet hu-


main. Pour Freud,la personnalité se Psychanalyste
forme à partir du refoulement dans Praticien de la psychanalyse.
l'inconscient de situations vécues analyste.
dans l'enfance comme sources ABR. (familière) : psy.
d'angoisse et de culpabilité (im-
portance du complexe d'Œdipe,no- Psychanalytique
tamment). La sexualité,de manière Relatif à la psychanalyse.
générale, joue un rôle majeur. La ré- (SYN. : analytique.)
apparition des éléments refoulés et,
par-delà, toute la pathologie psy- Psychanalytique
chique relèvent du jeu complexe (le courant)
des instances qui composent l'ap- © Dossier, p.450.
pareil psychique,
dont Freud a pro-
posé deux modèles, ou topiques, Psychasthénie
successifs (d'abord inconscient, VIEILLI. Névrose décrite par
conscient, préconscient puis Ça, sur- P. Janet, se manifestant par un
moi, moi). état anxio-dépressif chronique

853
avec inhibition, aboulie, thérapies et les médicaments
sentiments d'incomplétude (anxiolytiques, antidépresseurs,
et d’autodévalorisation, doute neuroleptiques, etc.).
permanent, idées fixes © Histoire de la psychiatrie p.4.
et obsessions.
Le terme a été remplacé depuis Psychisme
S.Freud par celui de névrose obses- Structure mentale de l'être
sionnelle. humain, ensemble
de ses caractères psychiques.
Psyché
Ensemble des processus Psychoacoustique
psychiques sur le fond Étude des capacités auditives
desquels s'établit l'unité au moyen de méthodes
personnelle. psychophysiques.
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Psychiatrie Psychobiologie
Spécialité médicale consacrée Au sein des sciences du vivant,
à l'étude, au diagnostic discipline qui lie l'étude des
et au traitement des maladies faits psychiques et des
mentales, des troubles structures mentales à celle
psychologiques. du système nerveux et qui
Les causes des désordres mentaux cherche à établir les corrélats
sont mal connues et discutées, anatomiques, physiologiques,
mais, semble-t-il, multiples (biochi- biochimiques
miques, psychologiques, sociales, des comportements.
etc.) et différentes d'un cas à un Cette perspective, très large, inclut
autre. Les principaux troubles, outre la prise en compte des conditions
l'anxiété et la dépression, sont les écologiques et des niveaux d'évo-
névroses, les psychoses, les person- lution.lgnoré de la plupart des dic-
nalités pathologiques, les toxico- tionnaires scientifiques dans la pre-
manies, ainsi que les démences.Les mière moitié du xx° siècle, le terme
traitements actifs sont les psycho- de psychobiologie s'est vu revitalisé

854
par les spécialistes de l'ontogenèse. rôles appris, devenus trop rigides
La psychobiologie du développe- sous l'influence de la pression
ment vise à expliquer comment se sociale et qui masquent sa sponta-
combinent facteurs endogènes et néité.
exogènes dans les émergences PSYCHAN. Technique dans
successives des conduites et consi- laquelle le thérapeute met en
dère les adaptations comporte- scène les conflits psychiques
mentales comme des intégrations d’un patient pour les faire
fonctionnelles, elles-mêmes source jouer afin d'aider à leur
de transformations des organismes résolution.
biologiques. Depuis Moreno, cette technique a
été considérablement modifiée par
Psychodrame les psychanalystes d'enfants, avant
PSYCHOL. Technique de jeu d'être généralisée aux adultes. Plu-
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improvisé au cours duquel sieurs écoles, plusieurs façons de


s'expriment des tensions théoriser le psychodrame ont ainsi
affectives plus ou moins vu le jour selon qu'on privilégie les
fortes, dont le but est de phénomènes de groupe ou la pro-
tenter de lever chez le patient blématique du sujet et de son désir,
une situation traumatisante selon qu'on y joue des scènes fabu-
passée, ou de lui permettre lées ou des souvenirs précis, voire
d'aborder une situation des fragments de films, des mythes,
difficile. ou encore des « rôles » sociaux.
Né des observations de J.L.Moreno, Mais les références théoriques sont
le psychodrame est essentiellement freudiennes.
utilisé dans une visée psychothé- On distingue encore le psycho-
rapique. drame en groupe (de 6 à 12 parti-
Dans la perspective de Moreno, la cipants), généralement animé par
représentation dramatique de la deux thérapeutes, et le psycho-
réalité cherche à réaliser une drame individuel destiné à un seul
catharsis chez le patient ; elle per- patient, mais auquel participent
met à celui-ci de se dégager des plusieurs thérapeutes. Ce dernier

855
est généralement réservé à des des affections mentales par des
personnes en grande difficulté. Très causes purement psychiques. ll
dynamique, c'est un lieu fécond de s'oppose donc à celui d'organo-
découvertes et d'inventivité qui genèse ; et l'histoire de la psychia-
peut réussir là où d'autres tenta- trie est marquée par le conflit entre
tives thérapeutiques ont échoué. ces deux grandes tendances doc-
peut se suffire à lui-même ou être trinales. |
un temps propédeutique pour une © Histoire de la psychiatrie p.4.
psychanalyse - à moins qu'il ne
vienne éclairer les impasses d'une Psychogénétique
telle démarche. Étude de l'acquisition
par l'enfant des formes
Psychogénéalogie de la pensée.
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Étude des transmissions


inconscientes des problèmes Psycholinguistique
psychologiques entre Étude scientifique des facteurs
les générations. psychiques qui permettent
© Encadré p.329. la production et
la compréhension du langage.
Psychogenèse Discipline récente, la psycholin-
Origine et développement guistique a, au cours de ses trente
de nature psychique années d'existence, hésité sur son
d’un comportement, identité tout en suscitant un
d'une conduite, d'une maladie nombre considérable de travaux
mentale ou même organique, empiriques et de débats théo-
dite alors «psychosomatique». riques. Le terme psycholinguis-
Par extension, le terme définit tout tique, proposé en 1954, concrétise
le domaine de l'étude des facteurs la rencontre de trois disciplines :la
psychologiques en psychiatrie psychologie de l'apprentissage,de
ainsi que les théories étiologiques tradition béhavioriste, la linguis-
dites « psychogénétiques » sus- tique structurale et la théorie de
ceptibles d'expliquer l'apparition l'information. D'abord envisagée

856
comme l'étude des processus de psychologie de l'enfant,
de l'animal,
codage et de décodage mis en jeu psychopathologie, psychosociolo-
dans les actes de communication gie, psycholinguistique, psycho-
verbale, elle s'est ensuite, sous l'in- physiologie), du point de vue des
fluence prépondérante du lin- champs d'intervention (psycholo-
guiste N. Chomsky, consacrée à gie du travail, des organisations,du
l'étude de la réalité psychologique sport,
de la santé, psychologie sco-
de concepts linguistiques. laire, etc.) ou, enfin, selon les posi-
tions théoriques (psychologie du
Psychologie comportement, psychologie cogni-
Étude scientifique tive, analytique [ou psychanalyse],
des faits psychiques. génétique [par référence aux théo-
La psychologie a pris son autono- ries de J. Piaget], etc..).
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mie par rapport à la philosophie à la © Histoire de la psychologie


fin du xix° siècle, avec, notamment, TD16e

H. von Helmholtz, G.T. Fechner et


W.Wundt. Le développement de la Psychologie quotidienne
discipline fut marqué par le béha- Ensemble de concepts,
viorisme, pour lequel elle devait se savoirs et raisonnements
fonder uniquement sur l'étude des qui permettent aux gens,
comportements.Le courant cogni- dans la vie quotidienne,
tiviste, de nos jours, la conçoit de de comprendre
façon générale comme science de les comportements
l'esprit et de la vie mentale, et a lar- et les renforcements,
gement recours aux modèles for- et de prédire ce qui peut
mels. La psychologie peut s'appré- advenir en la matière.
hender du point de vue méthodo- On oppose la psychologie « quoti-
logique (psychologie expérimen- dienne » à la psychologie «savante»
tale, psychologie du développe- ou « académique ».
ment, différentielle, clinique ou Les champs d'études empiriques
comparée),du point de vue des ob- Nous sommes tous des psycho-
jets étudiés (psychologie générale, logues.Nous disposons de concepts

857
(«l'ascendance »,« l'honnêteté »),de Psychométrie
propositions et théories (« le lea- Ensemble des méthodes de
dership ne s'apprend pas : on naît mesure des phénomènes psy-
leader » ; « quelqu'un qui est hon- chologiques (tests notamment).
nête est aussi sincère ») pour com- La psychométrie concerne tout le
prendre les événements psycho- champ des mesures effectuées en
logiques qui nous concernent ou psychologie, y compris celles qui
qui concernent autrui (comporte- sont effectuées dans les expériences
ments, renforcements) ainsi que de laboratoire, la mesure des temps
pour anticiper ou contrôler des de réaction notamment. L'intérêt à
événements qui peuvent advenir. l'égard des problèmes posés par les
Cette psychologie quotidienne (« opérations de mesure s'est surtout
naïve ») fournit l'objet le plus par la suite développé en psycholo-
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important de la psychologie sociale gie différentielle à propos des tests,


cognitive et, notamment, de la au point que les deux expressions
cognition sociale: de la catégori- méthode des tests et méthodes psy-
sation sociale à la stéréotypie, de chométriques sont parfois consi-
la formation des impressions à la dérées comme synonymes. Mais, à
mémoire des personnes,de la des- une date relativement récente, les
cription de soi et d'autrui à l'acti- sciences sociales ont pris conscience
vité de diagnostic, la plupart des de l'importance de ces problèmes,
activités du sujet social impliquent qui sont maintenant souvent discu-
ses compétences de « psycho- tés en psychologie sociale,
en socio-
logue ». On peut néanmoins isoler logie et en économie : les contri-
de grands registres d'études expé- butions théoriques et méthodolo-
rimentales. Deux sont marqués par giques avancées proviennent sou-
la figure de F. Heider. L'un des pre- vent à l'heure actuelle de chercheurs
miers, il insista sur l'intérêt de la travaillant dans ces disciplines.
psychologie quotidienne pour la
psychologie savante. Psychomoteur, -trice
Dossier, Juger l'autre, @ Relatif à la
comment, sur quels critères? p.378. psychomotricité.

858
© Se dit de troubles Elle tend à récuser la description
de la réalisation motrice sans des syndromes de localisation céré-
support organique. brale au profit de l'analyse des dis-
On appelle rééducation psychomo- sociations fonctionnelles en termes
trice une thérapeutique non ver- de pathologie de réseaux céré-
bale visant à améliorer les rapports braux.
entre un sujet et son corps (mau-
vaise latéralisation, instabilité ou Psychomotricité
inhibition psychomotrices, dys- Ensemble des fonctions
praxie, par exemple). motrices considérées sous
l'angle de leurs relations avec
Psychomoteur (syndrome) l'activité cérébrale, en
Constellation de symptômes particulier avec le psychisme
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qui caractérisent la présence


simultanée d'insuffisances Psychopathie
psychologiques et motrices Trouble permanent
en relation avec de la personnalité, n'étant
des dysfonctionnements ni de l’ordre de la névrose
cérébraux. ni de celui de la psychose et
H.Wallon a largement contribué à se caractérisant
l'analyse neurofonctionnelle des essentiellement par
syndromes psychomoteurs en y des conduites antisociales
introduisant la dimension dévelop- impulsives qui ne provoquent
pementale dont les neurologues pas habituellement
du début du siècle avaient fait de culpabilité chez le sujet.
l'économie. Sa thèse l'Enfant turbu-
lent (1925) expose les syndromes Psychopathologie
psychomoteurs. Science des souffrances
L'étude des syndromes psychomo- de l'esprit, considérée à la fois
teurs est aujourd'hui réactualisée comme une branche
par la neuropsychologie et la neu- de la psychologie et comme
ropsychologie du développement. une réflexion théorique sur
la clinique (enseignement Il est clair que les processus physio-
et connaissances médicales) logiques constituent un des niveaux
psychiatrique. d'explication du comportement que
doit explorer le psychologue et que,
Psychophysiologie à ce titre, la psychophysiologie fait
Étude scientifique partie intégrante de la psychologie.
des rapports entre les faits Les techniques expérimentales uti-
psychiques et les faits lisées par les psychophysiologistes
physiologiques. sont extrêmement diverses. Elles
La psychophysiologie est née au vont de la simple recherche de cor-
xixe siècle des travaux de psycho- rélations entre des comportements
physique et des progrès considé- et des indices physiologiques (par
rables de la physiologie nerveuse. exemple, la relation entre l'émotion
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Située au carrefour de la psycholo- et l’activité électrodermale) à la mise


gie et de la physiologie, elle pos- en évidence de liens causaux entre
sède un statut un peu ambigu dans le fonctionnement d'une structure
la mesure où son domaine s'étend nerveuse et un comportement (par
de la cellule nerveuse, et de son exemple, le rôle spécifique de cer-
fonctionnement, à l'étude des re- tains noyaux hypothalamiques dans
lations entre les structures ner- le comportement alimentaire).À ce
veuses et de leur participation niveau d'étude, la psychophysio-
dans les comportements les plus logie utilise des techniques électro-
élaborés (mémoire, langage, etc.). physiologiques, chirurgicales,
L'étendue de ce domaine a fait pharmacologiques, biochimiques
cohabiter des chercheurs de for- ou génétiques, techniques qui ont
mations éloignées, principalement été principalement appliquées sur
psychologues et physiologistes, des modèles animaux.
qui ont eu tendance, par leurs pro-
blématiques respectives,à faire de Psychophysique
la psychophysiologie une sous- Discipline étudiant
discipline soit de la psychologie, les relations quantitatives
soit de la physiologie. entre les stimulations

860
physiques et les sensations, social et professionnel important.
ou plus généralement les Les principales psychoses sont la
réponses, qu'elles engendrent. psychose maniaco-dépressive, la
paranoïa et la schizophrénie.
Psychorigidité © Dossiers, Maladie psychique
Trait de caractère se d'un proche (face à la) p.388 ;
manifestant par une absence Psychose (la) p.457.
de souplesse des processus
intellectuels et une incapacité Psychose
à s'adapter aux situations maniaco-dépressive
nouvelles. Alternance de crises
La psychorigidité est un trait du d'excitation (manie) et
caractère paranoïaque. d'épisodes dépressifs pouvant
© Dossiers, Paranoïa (la)
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aller jusqu'à la mélancolie


p.424; Personnalités aifficiles (syn. Maladie bi-polaire).
(les) p.443. Ce trouble constitue moins une psy-
chose à proprement parler qu'un
Psychose trouble de l'humeur marqué d'épi-
Affection mentale caractérisée sodes psychotiques.
par une altération profonde © Dossiers, Maladie psychique
de la personnalité et d'un proche (face à la) p.388;
des fonctions intellectuelles, Psychose maniaco-dépressive
et par le fait que le sujet (la) p.465.
n'a pas conscience de son état.
Les psychoses, dont la cause psy- Psychose réactionnelle
chique ou biochimique est mal © Réactionnelle (psychose) p.869.
connue, sont généralement chro-
niques. Elles sont souvent caracté- Psychosensoriel, -ielle
risées par un délire et des halluci- Qui concerne à la fois
nations, ainsi que par une person- les fonctions psychiques
nalité pathologique. De plus, elles êt les fonctions sensorielles ;
peuvent avoir un retentissement hallucinatoire.
psychosociologie utilisées et quant aux indications
SYN. psychologie sociale. (qui peuvent, par le biais psychoso-
© Sociale (psychologie) p. 891. matique, recouvrir presque tout le
champ de la pathologie organique)
Psychosomatique correspond à la très grande diver-
Se dit d’un trouble organique sité des pratiques psychothéra-
ou fonctionnel exprimant piques et de leurs théorisations.
un conflit d’origine psychique Toutes les formes de psychothéra-
La médecine psychosomatique est pie peuvent cependant être rame-
la discipline qui s'intéresse aux nées, selon F. Guattari, à une « ges-
troubles physiques d'origine psy- tion savante et, si possible, amélio-
chique et au retentissement psy- rée de la relation interhumaine ».
chique des maladies. Elles vont donc impliquer trois
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termes essentiels :
Psychotechnique € le patient porteur de symp-
Ensemble des tests tômes ou inadapté;
permettant de mesurer © le thérapeute à la fois déposi-
les aptitudes d'un individu. taire de connaissances et d’un sa-
La psychotechnique est souvent voir-faire spécialisé;
utilisée pour l'orientation et la un moyen privilégié de com-
sélection professionnelles. munication.
CPsychométrie p.858. À partir de ces trois éléments,on va
trouver de nombreuses variations,
Psychothérapie qui tournent cependant pour la plu-
Toute utilisation de moyens part autour d'un modèle privilégié
psychologiques pour traiter dans notre culture occidentale de
une maladie mentale, une la fin du xx° siècle, celui de la psy-
inadaptation ou un trouble chanalyse. Non pas que celle-ci soit
psychosomatique. seulement une psychothérapie.
(SYN. thérapie.) Elle ne l'est au contraire qu'acces-
Cette définition très large quant soirement, étant d'abord une théo-
aux techniques susceptibles d'être rie psychopathologique et même
SYC! JOIFOPE

une véritable doctrine à portée avec la réalité extérieure, la dimi-


anthropologique et philosophique. nution ou la perte de la capacité
Mais elle reste la grande référence à communiquer, l'étrangeté des
théorique de beaucoup de psycho- troubles, qui restent incompréhen-
thérapies actuellement pratiquées. sibles, et l'absence de conscience
© Dossiers, Psychanalytique (le de leur morbidité (à l'inverse de la
courant) p.450 ; Psychothérapie présence de celle-ci dans les affec-
(suivre une) p.478; Systémique (le tions névrotiques).
courant) p.595; Thérapies brèves © Dossier, Psychose (la) p.457.
(les) p.602; Thérapies cognitive et
comportermentale (les) p.611. Psychotisme
Selon H.J.Eysenck, l’un
Psychothérapie des trois facteurs constitutifs
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(suivre une) de la personnalité.


© Dossier, p.478. Eysenck a mentionné ce troisième
facteur de personnalité comme
Psychothérapie venant s'ajouter aux deux facteurs
institutionnelle fondamentaux de sa théorie,
à institutionnelle (thérapie ou l'extraversion-introversion et le
psychothérapie) p.769. névrosisme. Ces trois dimensions
sont mutuellement indépendantes
Psychotique d'après les analyses factorielles de
Se dit d’une personne qui est questionnaires de personnalité.
atteinte d'une psychose. Les sujets ayant des notes élevées
Les malades psychotiques sont en psychotisme sont froids, im-
donc ceux qui souffrent de schizo- personnels, hostiles, non-émotifs,
phrénie, de psychose maniaco- peu enclins à aider autrui.
dépressive ou d'un délire chro-
nique (paraphrénie, psychose hal- Psychotrope
lucinatoire chronique, paranoïa). Substance naturelle,
Les caractéristiques de la psychose semi-synthétique ou
sont essentiellement la rupture synthétique, susceptible

863
de modifier l’activité mentale tion d'un état d'indifférence psy-
(au niveau de la vigilance, chomotrice ; l'efficacité à l'égard
des perceptions, du cours des états d'excitation et d'agita-
de la pensée, de l'humeur). tion; la réduction progressive des
Le terme, dû à J. Delay, est contem- troubles psychotiques aigus et
porain de la révolution pharma- chroniques (ainsi qu'une action an-
cologique des années 1950, qui tagoniste des hallucinogènes) ; la
devaient voir la naissance et le production de syndromes extrapy-
développement spectaculaire de ramidaux et végétatifs ; des effets
la psychopharmacologie. sous-corticaux dominants.
CLASSIFICATION DES PSYCHOTROPES. - les thymorégulateurs (régulateurs
Delay propose une classification de l'humeur) utilisés pour prévenir
des psychotropes, adoptée par le les rechutes des psychoses ma-
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Congrès mondial de psychiatrie en niaco-dépressives ;il s'agit d'une ca-


1961. Les médicaments sont re- tégorie particulière de psycholep-
groupés en fonction de leur action tiques (sels de lithium).
dominante sur le niveau de vigi- @ Les psychoanaleptiques sont
lance et l'humeur. On peut distin- des stimulants de l'activité psy-
guer trois catégories. chique. Ce sont :
@ Les psycholeptiques sont des - les noo-analeptiques, ou stimu-
dépresseurs de l'activité psy- lants de la vigilance (café, amphé-
chique. Ce sont : tamines) ;
- les hypnotiques (somnifères) : - les thymoanaleptiques, ou anti-
barbituriques ou non-barbituriques dépresseurs (imipramine, IMAO,
(souvent de la série des benzodia- etc.).
zépines); © Les psychodysleptiques
- les tranquillisants et sédatifs sont des perturbateurs du psy-
(anxiolytiques, calmants..), surtout chisme. Ce sont :
la série des benzodiazépines (dé- - les hallucinogènes, ou oniro-
rivés du diazépam) ; gènes;
- les neuroleptiques, définis par - les stupéfiants;
des critères précis à savoir: la créa- - l'alcool.

864
A sONNeR QU
La gamme des neuroleptiques est L'âge où intervient la puberté varie
employée dans le traitement symp- de quelques mois à deux ans selon
tomatique des manifestations aiguës les sociétés, c'est-à-dire selon les
de psychose (délires, hallucinations, conditions de vie.
agitation). L'étude de l’action de ces Il se situe, dans les pays occiden-
produits rejoint la neurophysiologie taux, autour de 12 ans chez la
(neuromédiateurs). Mais l'usage des femme et de 14 ans chez l'homme.
psychotropes dépasse largement le D'après les enquêtes menées
cadre psychiatrique :ce sont les tran- depuis la seconde moitié du xix°
quillisants et les hypnotiques, massi- siècle dans ces pays, la puberté
vement utilisés par le public. serait aujourd'hui plus précoce
© Histoire de la psychiatrie p.4; qu'il y a cent ans.
Tranquillisants p.914; dossier, Elle peut être cause de malaises et
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Dépendance aux «drogues» de troubles psychobiologiques


(la) p.193. (anorexie de la jeune fille).
Elle semble influencer une orienta-
Puberté tion particulière de la vie mentale,
Ensemble des modifications dans laquelle prédominent l'élar-
qui permettent à un individu gissement de l'horizon temporel et
d'accéder aux fonctions les projets à long terme.
de reproduction. © Dossier, Adolescence
La puberté marque, dans (1) p.93.
l'espèce humaine, le passage
de l'enfance à l'adolescence. Pulsion
Elle couvre une période au cours de Énergie fondamentale
laquelle le rythme de croissance du sujet, distincte de l'instinct,
s'accélère, où apparaissent les qui le pousse à accomplir
caractères sexuels secondaires une action visant à réduire
(barbe, pilosité pubienne, mue de une tension.
la voix), les premières règles chez la S. Freud a dégagé des caractéris-
femme, l'érection du pénis suivie tiques communes à toutes les pul-
de l’éjaculation chez l'homme. sions («Les pulsions et leurs vicissi-
tudes », 1915, in Métapsychologie) : QI
la source (une zone érogène du @ Quotient d'intelligence p.867.
corps), la poussée (toute pulsion
est active), le but (la recherche de Questionnaire à choix
la satisfaction, c'est-à-dire la sup- multiple, ou QCM
pression de l'état de tension), l'ob- Questionnaire de connais-
jet (le moyen d'obtenir cette satis- sances proposant pour chaque
faction). Le seul caractère fixe de la question posée, plusieurs
pulsion est sa force, constante. Les réponses entre lesquelles
autres sont variables :toute région il s'agit de choisir la bonne.
du corps peut devenir zone éro- Bien que de solides préjugés, en
gène et source de la pulsion ; son général fondés sur des croyances
objet est éminemment variable ; psychologiques erronées, se dres-
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son but est aléatoire. Freud définit sent contre elle, la technique des
cinq destins possibles de la pul- questionnaires à choix multiple, si
sion: le refoulement, le renverse- elle est bien appliquée, est très
ment dans le contraire, le retour- informative sur les connaissances
nement sur la personne propre, le réelles du sujet. C'est, du point de
passage de l'activité à la passivité, vue psychologique, une épreuve
la sublimation. de reconnaissance et non de rap-
pel. Elle a l'inconvénient d'être très
frustrante pour les sujets qui ont

Q
des connaissances approximatives.
La qualité d'un QCM dépend de son
contenu et de ses formulations, qui
QCM doivent être non ambiguës. Sa diffi-
© Questionnaire à choix culté dépend fondamentalement de
multiple p.866. la distance sémantique ou cognitive
qui existe entre l'éventualité correcte
QD et les autres éventualités. Des ques-
© Quotient de développement tions exigeant une réflexion et une
p.866. élaboration complexes peuvent être

866
mises sous cette forme, qui assure des âges ultérieurs. L'utilisation
une évaluation identique par des d'une appellation spécifique vient
correcteurs différents et qui permet du fait que les tests pour bébés ne
même une correction automatique. sont pas prédictifs de l'intelligence
ultérieure et sont censés mesurer
Quotient un développement plus global. Le
de développement ou QD QD ne constitue pas une appella-
Rapport entre l’âge tion aussi générale que celle de Q].
du développement et l’âge @ Intelligence p.770.
réel d'un tout petit enfant,
multiplié par 100. Quotient d'intelligence
C'est l'équivalent du quotient intel- ou QI
lectuel des tests d'intelligence pour Rapport entre l’âge mental
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les baby-tests et plus spécifique- et l’âge réel d'un enfant,


ment pour le Brunet-Lézine. L'âge multiplié par 100.
du développement est l’âge chro- (SYN. quotient intellectuel.)
nologique moyen des enfants nor- Les échelles d'intelligence construites
maux fournissant des réponses sur le modèle de celle de A. Binet et
équivalentes à celles de l'enfant T.Simon permettent d'attribueràun
considéré. Les échelles de dévelop- enfant un âge mental, âge chronolo-
pement destinées aux très jeunes gique moyen des enfants normaux
enfants utilisent des observations ayant fourni des réponses équiva-
portant sur la posture, la coordina- lentes à celles de l'enfant observé.
tion des gestes, les émissions Dans la population générale sur
vocales, les relations avec les per- laquelle l'échelle est étalonnée, le
sonnes, etc. Le résultat global de QI moyen doit donc être égal à 100.
ces observations peut être exprimé Il doit aussi être égal à 100 pour
non sous la forme d'un quotient chaque groupe d'âge. Pour que les
d'«intelligence» (QI), mais sous celle QI différents de 100 aient la même
d'un quotient de «développement» signification à tous les âges, il faut
(QD). Ce QD est calculé selon les aussi que la distribution des Q] ait la
mêmes principes que le Q] utilisé à même dispersion à tous les âges. Il

867
Raisonnement hypot

est difficile d'obtenir cette homogé- une proposition nouvelle,


H1C néité des échelles de mesure par des ou conclusion, en vertu
ajustements successifs des normes des contraintes imposées
d'évaluation des réponses à chacun par les relations entre
des items, comme L. M.Terman a les éléments considérés.
essayé de le faire. Aussi adopte-t-on
plus souvent, à la suite de D.Wechs- Raisonnement
ler, la méthode consistant à attribuer hypothético-déductif
des points aux réponses selon un Raisonnement qui procède
barème précis établi librement, puis à partir d'une proposition
à transformer la note globale, ainsi conditionnelle, c'est-à-dire
obtenue, en une variable à laquelle de l'énoncé d'une hypothèse.
on assigne, à chaque âge, 100 pour En psychologie, c'est É.Claparède (/a
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moyenne et (par exemple) 15 pour Genèse de l'hypothèse, 1933) qui, le


écart-type.On remarquera que ce Q] premier, a souligné l'importance de
ne passe plus par l'intermédiaire de l'implication dans le développement
l'âge mental. Pour le distinguer de de la pensée, son rôle dans les anti-
celui qui est calculé à partir de l'âge cipations adaptatives.
C'est lui qui a
mental,on emploie parfois,en fran- inspiré les travaux de J. Piaget sur la
çais, «QI Wechsler» et, en anglais, logique propositionnelle. Piaget a
Deviation 1Q. montré que le recours au raisonne-
@ Intelligence p.770. ment hypothético-déductif s'éla-
bore progressivement chez l'enfant,
à partir de 6-7 ans, et que ce type de

R raisonnement n'est utilisé systéma-


tiquement, en partant d'une fonc-
tion propositionnelle stricte (appe-
Raisonnement lée «formelle» en logique, d'où l'ap-
Suite d'opérations mentales pellation «pensée formelle» retenue
permettant, à partir par Piaget), qu'à partir de 11-12 ans.
de propositions initiales, 2 Concrètes (opérations) p.688;
ou prémisses, de dériver Formelle (pensée) p.736;

868
dossiers, Enfant (l') p.251; Rationalisme morbide
Adolescence (|) p.93. Tendance particulièrement
marquée chez certains sujets
Ralentissement atteints de schizophrénie à
Diminution de l’activité tenir un discours rempli de
intellectuelle et motrice, termes hyperrationnels pour
à la fois dans son intensité parler de leur vie quotidienne
et sa rapidité. et justifier leur isolement
Sur le plan moteur, le ralentisse- autistique en utilisant des
ment se manifeste dans la lenteur concepts pseudo-scientifiques
d'exécution des mouvements, la de type logique ou
rareté des changements de pos- mathématique.
ture ou d'expression du visage,
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la pauvreté des gestes et de la Réactionnelle (psychose)


mimique. Le discours du patient se Maladie mentale de structure
fait rare. La pensée semble se trai- psychotique provoquée par
ner sans vivacité ni renouvelle- une situation, un événement
ment. C'est l’un des signes impor- ou un accident et mettant
tants de la dépression. le sujet qui en est victime dans
l'incapacité de s'y adapter
Raptus sur un mode simplement
Comportement anormal émotionnel ou névrotique.
soudain et violent, dû à On peut considérer la psychose
un trouble psychique, au cours réactionnelle comme une véritable
duquel le sujet, entraîné par défaillance psychique conduisant
un état émotionnel intense, à un état psychotique aigu, qui est
risque de passer à l'acte d'une la conséquence d’une épreuve
manière parfois dramatique, insurmontable venant du milieu
sur le mode de l’évitement externe. C'est une psychose psy-
(fugue) ou de l'agressivité chogène ou exogène, s'opposant,
(contre autrui ou contre lui- dans la nosologie du psychiatre
même). ( Ex. raptus suicidaire.) E.Kraepelin,aux grandes psychoses

869
endogènes, dont l'évolution est seulement dans la classe «troubles
plutôt chronique,
que ce soit sur un psychiques non classés ailleurs» une
mode continu ou périodique. psychose réactionnelle brève dont le
C'est le psychiatre E.Kretschmer qui tableau clinique évoque celui de la
a le mieux précisé la distinction de classique bouffée délirante avec une
Kraepelin entre psychoses endo- évolution ne dépassant pas une
gènes et psychoses psychogènes quinzaine dejours.
réactives. Pour ces dernières, il © Dossier, Psychose (la) p.457.
conseille de bien différencier les
réactions primitives des réactions Réalisme
de la personnalité. Les premières Tendance caractéristique
seraient archaïques et s'observe- des enfants entre 3 et 7 ans
raient le plus souvent chez des à confondre monde psychique
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sujets dont la personnalité est res- et monde physique, le point


tée immature ou faible, ou a été de vue d'autrui avec le point
affaiblie par un traumatisme trop de vue propre considéré
violent (qu'il soit physique, comme comme le seul possible et qui
une atteinte cérébrale, ou moral, aboutit à l'égocentrisme.
comme une grande catastrophe). © Égocentrisme p.720:
Quant aux secondes (réactions de la Préopératoire (période) p.846;
personnalité), il faut les considérer dossier, Enfant (l') p.251.
comme des réactions représentant
vraiment l'expression la plus pure et Réalité (principe de)
la plus marquante de l'individualité Principe régissant
tout entière. La place nosologique le fonctionnement psychique
des psychoses réactionnelles reste et qui corrige le principe de
cependant très discutée actuelle- plaisir en adaptant les pulsions
ment. C'est ainsi qu'il n'y a pas de aux contraintes extérieures.
catégorie diagnostiqueréaction ou
troubles réactionnels, dans le DSM II. Recherche-action
(Diagnostical and Statistical Manual Travail en psychosociologie
of Mental Disorders), On retrouve dans lequel recherche
Régres S |on

théorique et intervention Refoulement


sur le milieu sont Processus par lequel
complémentaires et menées l'inconscient met à l'écart
de manière concomitante. et maintient écartées,
des satisfactions
Redressement (réflexe de) pulsionnelles, souvent
Chaîne de réactions sexuelles, incompatibles avec
provoquées chez le nouveau- d'autres exigences (morales,
né par une pression exercée sociales, etc.).
sur la plante des pieds. Le refoulement s'opère selon des
Lorsqu'on maintient le corps du lieux psychiques définissant ainsi
bébé en position verticale, les un appareil psychique. La satisfac-
plantes des pieds bien appli- tion pulsionnelle est déviée, annu-
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quées à plat sur le sol,les différents lée, déplacée, sublimée pour per-
segments des membres inférieurs mettre un plaisir supportable.
se redressent progressivement. Le refoulement contient une no-
Déjà présent chez le prématuré de tion dynamique de maintien et de
8 mois d'âge conceptionnel, le répression, ainsi qu'une notion
réflexe de redressement disparaît topique de déplacement. Il est sy-
normalement entre 2 et 3 mois. nonyme du concept d'inconscient.

Réel Règle fondamentale


Concept proposé par J.Lacan Règle selon laquelle
et qui nomme ce qui est l’analysant est invité à dire
impossible à représenter ou à tout ce qui lui vient à l'esprit,
atteindre, aussi bien par les quoi que ce soit et quelles que
processus imaginaires que par soient les conséquences qu'il
les processus symboliques, et peut imaginer à son dire.
qui surgit chez un sujet en Cette règle de libre association ins-
produisant des effets de titue-et structure la situation ana-
l’ordre de l'horreur, de la - lytique qui, dès lors, diffère radica-
sidération, ou du symptôme. lement du fait de communiquer.
Une interprétation erronée de d’une orientation
cette règle pourrait donner à croire développementale et
que l'analyse vise à la reconstitu- le contraire d’un progrès.
tion d'un passé oublié. En fait, elle Les régressions peuvent être re-
ouvre un champ pour ce qui surgit pérées par des baisses de perfor-
à l'improviste, une idée, un mot,une mances, entre un âge et le suivant,
émotion et pour une production à ou bien, qualitativement, par des
partir de ce qui n’a jamais vu le jour. changements, voire des dégrada-
Le psychanalyste F. Roustang a pu tions, dans l'organisation d'une
avancer le terme de déparole pour activité ou d'une conduite.
souligner que la règle fondamen- Certains modèles théoriques de
tale conduisait à laisser venir des développement, comme la psy-
mots, des images, des pensées qui chanalyse, admettent la régression
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échappent à celui qui parle, sans et en font même une condition cri-
intention particulière, sans souci de tique de passage d'une étape à
s'adresser à quelqu'un ni de s'ins- la suivante. D'autres au contraire,
crire dans un rapport social. comme la théorie piagétienne, l'ex-
Elle suppose un analyste en atten- cluent totalement.
tion flottante, hors du champ social PSYCHAN. Processus défensif
normalisant, sans intention ni buts utilisant des formes périmées
déterminés - si ce n'est que l'ana- de vie psychique pour trouver
lyse progresse. une satisfaction libidinale.
© Association libre p.667; introduit par S. Freud pour com-
Attention flottante p.668; prendre le mécanisme des rêves,ce
dossiers, Psychanalytique (le concept est utilisé le plus souvent
courant) p.450; Psychothérapie en référence à un modèle géné-
(suivre une) p.478. tique de développement, le sujet
régressant momentanément à un
Régression stade antérieur d'équilibre ou à
PSYCHOL. Chez un enfant, une modalité dépassée de relation
retour à un état antérieur, objectale. La régression peut être
constituant l'inversion imaginairement temporelle (cas
des démences). Surtout elle peut musculaire plus ou moins
être marquée par le passage d'une volontaire, cherche à réduire
instance psychique supérieure à la tension, l'anxiété,
une instance psychique inférieure le déséquilibre émotionnel
(régression topique) ; enfin elle d'un sujet.
peut être formelle (représentation La méthode la plus utilisée en
de chose à la place de représenta- France reste le training autogène,
tion de mot). inventé par un psychiatre alle-
Dans la cure, ce terme désigne im- mand, J.H.Schultz (1884-1970),
proprement des demandes infan- pour qui le principe de cette théra-
tiles ou des signifiants archaïques pie était «d'induire, par des exer-
libérés par une levée des méca- cices physiologiques et rationnels
nismes de refoulement. La régres- déterminés, une déconnexion
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sion s'explique alors par la persis- générale de l'organisme qui, par


tance de contenus de mémoire. analogie avec les anciens travaux
sur l'hypnose, permet toutes les réa-
Relations intimes lisations propres aux états authen-
Relations interpersonnelles tiquernent suggestifs».
caractérisées par l'intensité
du sentiment, par Réminiscence
une connaissance profonde Retour d’un souvenir qui n’est
de l’autre et par un degré pas reconnu comme tel.
élevé d'interdépendance. Chose, expression dont
on se souvient sans avoir
Relaxation conscience de son origine.
PSYCHOPHYSIOL. Relâchement,
détente volontaire du tonus Répétition
musculaire. Processus d'origine
PSYCHIATR. Méthode inconsciente, qui conduit
thérapeutique qui, à l'aide un sujet, quoi qu'il lui en coûte
de techniques bien définies cet à son corps défendant,
produisant un état de détente à se remettre dans

873
des situations identiques et de ses descendants, jusqu'à ce
à des expériences anciennes. qu'une «nomination» de ce qui res-
S. Freud, aux prises avec d'impor- tait inconscient et innommé ait pu
tantes difficultés cliniques, remet en arrêter le cours. C'est l’un des
en question certains des concepts buts majeurs d'une psychanalyse
majeurs de sa théorie (Remémora- d'y mettre fin et d'éclairer ce qui
tion, répétition et perlaboration, peut apparaître comme destin.
1914 ;Au-delà du principe de plaisir, © Dossiers, Malheur (Quand on
1920).Il parle dans ce dernier essai fait son.) p.400; Psychothérapie
de «contrainte de répétition».Il s'in- (suivre une) p.478.
terroge sur ce qui fait échec aux
cures et sur l'impossibilité d'en Représentation
rendre compte en termes de prin- PSYCHOL. Perception, image
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cipe de plaisir/principe de réalité mentale, etc, dont le contenu


ou de refoulement. Les névroses se rapporte à un objet,à une
traumatiques qu'il a pu observer situation, à une scène, etc. du
au cours de la guerre en sont un monde dans lequel vit le sujet.
exemple : qu'est-ce qui peut pous- PSYCHAN. Trace de l'événement
ser un sujet à répéter - dans ses affectif ou cognitif qui est
rêves, dans ses pensées, dans ses destinée à être soumise au
actes, voire dans des maladies, des refoulement dans l'inconscient
accidents — la situation trauma- et qui constitue une forme
tique, sinon le jeu de la pulsion de élémentaire de la vie psychique.
mort qu'il introduit alors ou ce que
J. Lacan appellera la jouissance? Résilience
Cette compulsion semble être Aptitude d’un individu
l'émergence d'un «toujours là», à se construire et à vivre
caractéristique du réel, plutôt de manière satisfaisante
qu'une répétition inscrite dans le en dépit de circonstances
temps.Elle peut se manifester qua- traumatiques.
siment sans mot et sans représen- ) Dossier, Résilience et aptitude
tation, déterminer la vie d'un sujet au bonheur p.496.

874
Résistance dans une compétition un but
Tout ce qui fait obstacle conforme à des normes
au travail de la cure et entrave d'excellence ou simplement à
l'accès du sujet réaliser une tâche en fonction
à la reconnaissance d'un critère d'excellence.
de son inconscient.
Lorsque le moi se sent attaqué Rêve
dans ses identifications, il tend à PSYCHOPHYSIOL. Activité
refuser de se modifier. Il en va de mentale survenant au cours
même lorsqu'il se sent menacé par du sommeil.
l'approche du refoulé ; mais, dans PSYCHAN. Production
ce cas, sa résistance fait obstacle au psychique dont l'apparent
relâchement de la censure et à non-sens est une «voie royale»
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l'élucidation du rapport à l'incons- (S. Freud) pour la connaissance


cient. En outre, la résistance tient des modes d'expression du
au désir lui-même quand un béné- désir inconscient.
fice est tiré de son accomplisse- Le rêve est dans tous les cas un
ment par la voie de la répétition accomplissement de désir. Freud
symptomatique. distingue un contenu manifeste (le
Aussi, dans le lien transférentiel, le rêve) et un contenu latent (les pen-
désir de l'analyste comme celui de sées du rêve). Le contenu manifeste
l'analysant peuvent-ils permettre est lié à des pensées récentes, le
l'analyse ou au contraire constituer contenu latent renvoie toujours à
un facteur de résistance à celle-ci. des désirs sexuels infantiles, véritable
© Dossiers, Psychanalytique (le moteur du rêve. Freud fait du rêve le
courant) p.450; Psychothérapie gardien du sommeil :le rêve satisfait
(suivre une) p.478. à la fois le désir inconscient qui s'y
accomplit et le désir de dormir du
Réussite (besoin de) moi en déguisant le désir refoulé.
SYN. besoin d'accomplissement. Ces deux contenus sont deux expo-
Aspiration généralement -sés des mêmes faits en deux langues
stable de l'individu à atteindre différentes et un certain nombre de
processus rendent compte de la cédés linguistiques de la méta-
transformation du contenu latent phore et de la métonymie. Plus
pour aboutir au contenu manifeste. généralement, il fait du travail du
Freud en recense quatre :la conden- rêve un déguisement du sens à
sation, le déplacement, la prise en l'égal du déguisement du désir.
considération de la figurabilité, l'éla- © Dossiers, Psychanalytique (le
boration secondaire. Il s'attache à courant) p.450; Sommeil (le) p.558.
l'étude de la condensation et du dé-
placement
:la condensation consiste Rêve éveillé
dans le fait qu'un élément du rêve État de rêverie dans lequel
peut représenter plusieurs pensées le niveau de vigilance
latentes et donner lieu ainsi à des est abaissé mais l’état
scènes composites ; le déplacement de conscience reste intact.
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est une manière pour le rêve d'être Le rêve éveillé dirigé est une mé-
«autrement centré » (Freud) : des thode de psychothérapie préconi-
éléments essentiels des pensées la- sée par le Français R.Desoille (1945);
tentes seront traités dans le rêve fondée dans une perspective pav-
comme des détails. Et des détails sans lovienne de déconditionnement,
importance seront grossis et mis en elle est aujourd'hui orientée dans
valeur. Tout cela explique la défor- une direction non directiviste, voire
mation que subit le contenu latent psychanalytique.
et qui inévitablement rend tout rêve
obscur, déformation rendue néces- Revendication (délire de)
saire par l’activité de censure. Délire passionnel de structure
L'étude du rêve a servi à Freud de pi- paranoïaque se manifestant
vot pour une étude du fonctionne- par la certitude indiscutable
ment de l'appareil psychique, déta- d'être victime d'une injustice
ché de toute localisation anatomique. ou d’un dommage imaginaires
J.Lacan reprend le rêve sous l'angle et par la volonté irréductible
d'une stratégie du désir. Il insiste d'obtenir par tous les moyens
sur l'analogie entre la condensa- satisfaction ou réparation.
tion et le déplacement et les pro- Dossier, Paranoïa (la) p. 424.
Rigidité mentale source de stress pour le sujet exa-
© Psychorigidité p. 860. miné ; elle a indiqué des procé-
dures cliniques, des techniques
Risque (personne à) douces et un suivi qui conduisent
Individu qui présente à un pronostic plus fiable.
une fragilité particulière
susceptible de compromettre Rite obsessionnel
sa survie ou de causer Comportement entrant dans
des troubles biologiques la symptomatologie des
et mentaux. troubles obsessionnels (ou
Chez l'enfant, le risque est une pré- obsessifs) compulsifs, ou TOC,
vision statistique de morbidité ou et qui se manifeste par
de retard de développement,
géné- des vérifications répétées,
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ral ou limité à un domaine de la vie des soins de toilette (lavage


psychique. de mains, par exemple) ou
Des accidents tels que la prématu- le nettoyage d'objets usuels.
rité ou des difficultés d'accouche- © Phobie p. 840; dossier,
ment constituent des facteurs de TOC et phobies p. 622.
risque: plus une naissance est éloi-
gnée du terme normal, plus est Ritualisation
grande la probabilité de risque.Cela Formalisation
ne signifie pas que tous les grands d'un comportement animal
prématurés soient des enfants à qui permet la communication
risque. La présomption de risque entre congénères.
repose, en général, sur la présence Ce concept définit la modification
de troubles périnataux, évidents ou morphologique de certains com-
détectés à l'examen neurologique portements à partir de formes d'ex-
postnatal et sur leur persistance. pression primaires. Il fait intervenir
À la suite d'André-Thomas (1867- des mécanismes de simplification,
1963), l'école neurologique fran- de stéréotypie et d'exagération de
çaise a souligné que l'examen T'expressivité. Les comportements
neurologique lui-même peut être ritualisés sont observés dans les

877
contextes reproducteurs (parades à un statut et attendus
sexuelles, rituels parentaux ou in- réciproquement
fantiles) et sociaux (parades agres- par les acteurs sociaux.
sives, jeu social).
Roman familial
Rituel Fantasme, rêverie diurne,
Séquence d'actes strictement fréquent chez l'enfant
déterminée. en période œdipienne,
Les avis sont partagés sur le bien- dans lequel le sujet imagine
fondé de l'utilisation du terme pour être né de parents de rang
l'espèce humaine,
car le processus de social élevé et avoir
codification n'est pas le même :décrit été adopté par les siens
en termes de sélection naturelle chez propres qu'il dédaigne.
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l'animal, il est considéré sous la dé- Ce concept a été avancé par S.Freud
pendance de la sélection psycho- en 1909 (/e Roman familial du né-
sociale chez le bébé. Mais on peut vrosé). C'est une élaboration défen-
l'utiliser pour désigner une séquence sive permettant à l'enfant d'aborder
d'actes strictement déterminée. De le deuil de ses images parentales.
nombreuses situations collectives Dans la rêverie, l'enfant met en jeu
en sont l'objet (mariages, enterre- l'abandon et la reconnaissance. Il
ments, cérémonies religieuses). avait des parents merveilleux mais
On décrit comme rituel une répé- l'abandon s'est effectué, il n'est
tition compulsive d'actes et de qu'un enfant trouvé et se «recon-
gestes stéréotypés et non fonction- naît» des parents médiocres. Ce
nels chez l'enfant anxieux ou névro- fantasme permet au sujet de modi-
tique. Ces rituels solitaires peuvent fier sa relation à ses parents. Il est
constituer un symptôme de trou- souvent associé à la pression exer-
bles graves du développement. cée par le complexe d'Œdipe. Le
refus de la réalité par le biais de la
Rôle rêverie autour des fantasmes du
Ensemble des comportements roman familial est voisin de la néga-
associés à une place et/ou tion de la différence des sexes.

878
Cependant le roman familial n'est nant (forme, couleur, impression de
pas uniquement à situer dans le mouvement ou sensation de tex-
rapport parents-enfants ; il doit ture de la tache), le contenu (ani-
l'être aussi dans la fratrie car c'est mal, humain, objet, etc.). Les cota-
une tentative pour le rêveur de se tions ainsi obtenues permettent
singulariser
dans le groupe familial une analyse quantitative en fonc-
ou d'atténuer la rivalité fraternelle. tion de laquelle on situe le sujet par
rapport à une norme et on déter-
Rorschach (test mine son type de résonance intime.
ou psychodiagnostic de) Ensuite, le discours du sujet est
Test projectif élaboré en 1921 soumis à une analyse qualitative
par le psychiatre zurichois ou clinique, laquelle a donné lieu
H.Rorschach (1884-1922) à de nombreuses élaborations
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consistant à interpréter théoriques. Selon l'une de celles-


une série de dix planches ci, le test de Rorschach provoque-
représentant chacune rait une oscillation des niveaux de
une tache d'encre obtenue par conscience entre un pôle plus ar-
pliage, c'est-à-dire symétrique. chaïque, soumis au principe de
Cinq de ces taches sont noires, deux plaisir, et un pôle plus adaptatif,
sont noir et rouge et trois sont dans et permettrait donc de repérer le
les teintes pastel. Dans un premier mode de travail du moi face aux
temps, le psychologue demande fantasmes inconscients et aux
au sujet de lui dire à propos de mécanismes de défense.
chaque planche «à quoi ça lui fait
penser». Après la passation des dix Rosenzweig
planches, l’'examinateur procède à (test de frustration de)
une enquête qui lui permettra de Test projectif dû
coter les réponses et, en particulier, au psychologue américain
de déterminer pour chacune d'elles S.Rosenzweig.
le type d'appréhension (la réponse Le test de Rosenzweig est consti-
concerne-t-elle toute la tache ou ‘tué par une série de 24 dessins
une partie seulement ?), le détermi- représentant chacun deux person-

879
nages, sur lesquels celui de gauche agression dirigée vers l'extérieur;
est en train de prononcer quelques elle peut être intrapunitive si le sujet
mots décrivant une situation désa- répond en s'accusant lui-même ;ou
gréable pour lui-même (ou pour apunitive s'il décrit la situation frus-
une tierce personne) dont l'interlo- trante comme sans importance.
cuteur de droite est responsable. € Le type de réaction. On dis-
(Le sujet doit inscrire ce qu'il répon- tingue :les réponses dans lesquelles
drait s'il était le personnage de le sujet insiste sur la situation frus-
droite. Les mimiques et les traits trante (l'importance de l'obstacle
des personnages sont flous, afin de prédomine sur les autres éléments
faciliter l'identification du sujet de la réponse) ; les réponses de dé-
avec le personnage.) fense du moi (dans lesquelles le moi
La base théorique du test est la du sujet joue le rôle le plus impor-
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théorie psychanalytique de la tant : réaction du type «je suis dé-


frustration par l'agression, celle-ci solé») ; les réponses de persistance
étant marquée par l'attitude et les du besoin, dans lesquelles l'accent
paroles du personnage de gauche, est mis sur la solution du problème.
celle-là par celui de droite. L'hypo- Le test de frustration de Rosenz-
thèse est que le sujet s'identifie au weig, bien qu'il n'étudie qu'un sec-
personnage frustré et qu'il réagit teur limité de la personnalité, est
dans le test comme il le ferait dans considéré, à cause de son élabora-
la situation réelle correspondante. tion quantitative, comme l'une des
Le test permet d'étudier les réac- plus objectives parmi les tech-
tions à la frustration du moi (16 niques projectives.
images illustrant cette situation) et
à la frustration du surmoi (8 images

S
illustrant cette situation). L'inter-
prétation des réponses est faite sui-
vant deux dimensions.
€) La direction de l'agression. La Sadisme
réponse peut être extrapunitive si le Perversion dans laquelle
sujet répond à la frustration par une la satisfaction sexuelle ne peut

880
être obtenue qu'en infligeant ment sur un objet extérieur de la
des souffrances physiques pulsion de mort.Freud repère deux
ou morales (humiliation) modalités d'expression du sadisme
au partenaire. dans le monde extérieur : l’une est
Le sadisme est une composante de la volonté de puissance, l'autre - au
la vie pulsionnelle, liée de façon service de la fonction sexuelle - est
irréversible à son contraire, le maso- le plaisir d'agression.
chisme. Dans la première théorie
des pulsions de S. Freud, la pulsion Sadomasochisme
sadique à primitivement le sens Perversion sexuelle qui
d'une agression, d'une volonté de associe des pulsions sadiques
puissance de la part de l'enfant, et masochistes.
liées à l'exercice de sa musculature, Le sadisme en est la forme active, le
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sans intention d'infliger de la souf- masochisme la forme passive.


france.
Un lien est secondairement ins- Sauvage (enfant)
tauré entre douleur et excitation Enfant privé de tout
sexuelle, donnant naissance au environnement humain, qui
plaisir sadique.
Ce lien se constitue présente des réactions
par le détour du masochisme, semblables à celles d'animaux
retournement sur soi de la pulsion sauvages, ce qui a entraîné les
sadique. À cette occasion, l'afflux appellations d'enfant-loup,
d'excitations dû à la douleur pro- d'enfant-ours, d'enfant-
voque par contagion une excita- léopard.
tion et une satisfaction sexuelles. La dénomination d'enfant sauvage
C'est celles-ci que le sujet cher- fut, pour la première fois, adoptée
chera à retrouver dans la conduite par Guiraud et Constant de Saint-
sadique, par identification avec Estève dans leurs rapports de
l'objet qu'il fait souffrir. police relatant la première et la
Avec la seconde théorie des pul- seconde capture du «sauvage de
sions (pulsion de vie/pulsion de l'Aveyron», cas sans doute le plus
mort), le sadisme est le détourne- célèbre d’un humain réputé «n'être

881
en aucune manière civilisé». En psy- badhicari qui prirent en charge les
chologie, les enfants sauvages ont deux fillettes-louves, Amala et
alimenté deux débats : celui des Kamala.
rapports entre nature et celui, en Le caractère sauvage de ces quel-
partie indépendant du premier, du ques enfants, d'âges différents, est
déterminisme précoce du dévelop- d'abord attesté, au moment de leur
pement de l'individu. capture, par leur locomotion qua-
Du x1® siècle à nosjours,on recense drupède ; leur nutrition : végéta-
une cinquantaine d'êtres humains rienne chez l'enfant-ours de Hesse et
ayant vécu tout ou partie de leur chez Victor, carnivore chez Amala et
enfance totalement isolés de leurs Kamala, retrouvées dans une niche
congénères et ayant été retrouvés de louveteaux ; leurs activités spon-
dans des environnements peuplés tanées de cueillette ou de chasse ;
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d'animaux sauvages et parfois en leur faculté de voir la nuit ; leur cycle


compagnie de certains d'entre eux. veille-sommeil;leur alternance d'apa-
Ce nombre fait illusion : les récits thie et d'excitation:; leur absence de
qui les mentionnent sont le plus langage et leur totale incompréhen-
souvent de deuxième ou troisième sion d'un langage humain ;leur peur
main ;ils sont anecdotiques et four- des hommes : aucun n'a rejoint son
millent de détails invérifiables, espèce de son propre gré.
rocambolesques ou fantastiques.
Notre connaissance se limite en fait Scène primitive
à quelques cas (5 ou 6) relatés par Scène fantasmatique où
ceux-là même qui ont suivi les le sujet s'imagine présent lors
enfants depuis leur capture. Parmi de sa conception, en assistant
ces rapports, on peut citer celui de au coîït de ses parents.
J. Itard sur Victor, le sauvage de La scène primitive essaie de figurer
l'Aveyron,
que le film de F.Truffaut, l'irreprésentable et l'impossible de
l'Enfant sauvage (1970), remarqua- l'origine de l'être. On ne peut être
blement fidèle, a vulgarisé, et celui son propre père ni sa propre mère,
constitué par les documents laissés Par extension, tout voyeurisme
par le révérend Singh et le Dr Sar- sexuel, visuel ou auditif, peut être

882
abusivement considéré comme Le schéma corporel n'est pas inné
mobilisant ce fantasme de scène et se construit au cours du déve-
primitive, avec son cortège d'exci- loppement. En effet, l'intégration
tation,
de culpabilité ou d'angoisse. sensori-motrice est progressive.
Dans les souvenirs infantiles,le rap- Avec l'acquisition des déplacements
port sexuel est généralement vécu autonomes de l'enfant, puis de la
comme violence imposée.Dans cer- marche, le schéma corporel, alors
taines délinquances sexuelles vio- constitué,se modifie et se complète
lentes, la question se pose du pas- par l'élaboration d'une représenta-
sage à l'acte provoqué par le défaut tion sans cesse renouvelée du corps
de symboblisation de ce fantasme. mobile dans le milieu environnant.
Par la suite, le schéma corporel s'af-
Schéma corporel fine avec l'acquisition du langage.Il
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Représentation plus ou moins atteint définitivement son niveau


consciente du corps - en avec l'apparition de la dominance
action ou immobile -, de sa latérale (généralement droitière),
position dans l’espace ainsi qui se fixe vers 5 où 6 ans, âge à
que de la posture des partir duquel se produit, en cas
différents segments corporels. d'amputation, le phénomène du
Cette représentation résulte essen- membre fantôme.Il faut attendre
tiellement de l'intégration d'infor- l'âge de 6 ans environ pour que la
mations sensorielles multiples constitution soit à peu près achevée:
(vision, toucher, audition, sensa- ce n'est qu'à cet âge qu'un enfant
tions internes conscientes concer- est capable de reconnaître la droite
nant les muscles, etc.). La notion de la gauche sur son propre corps.
de schéma corporel a posé quel- à Corps propre p.693; dossier,
ques problèmes en raison de ses Enfant (l') p.251.
origines. Elle est conçue comme la
conséquence d'une intégration Schème
d'expériences sensorielles mul- Structure mentale
tiples, et comme une donnée sous-jacente. (Schème
immédiate de la vie consciente. sensori-moteur, cognitif.)

383
Dans la théorie de Piaget, l'abus de néologismes
totalité organisée qui et l’incompréhensibilité
se construit par tâtonnement du discours.
et par assimilation d'éléments
nouveaux à un schème Schizophrénie
antérieur, et qui se conserve Psychose grave survenant
en fonctionnant par simple chez l'adulte jeune,
répétition suivie de habituellement chronique,
généralisation. caractérisée par des signes
de dissociation mentale,
Schizoïdie de discordance affective
Constitution mentale et d'activité délirante
ou mieux, structure de incohérente, entraînant
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la personnalité aux limites du généralement une rupture


pathologique, caractérisée par de contact avec le monde
une tendance à l'introversion, extérieur et un repli
l'intériorisation des affects, autistique.
le repli sur soi pouvant aller © Dossier, p.504.
jusqu'à l'isolement, la rêverie,
l'attrait pour les abstractions. Scotomisation
Mise à l'écart par le sujet
Schizomanie d'une partie importante
Forme atténuée de mais souvent méconnue de
schizophrénie, caractérisée sa réalité individuelle.
par une exagération morbide
de tous les traits Secrets de famille
de la schizoïdie. Dossier, p.520.

Schizophasie Séduction
Trouble du langage parlé Scène réelle ou fantasmée
caractérisé par le détournement dans laquelle le sujet (un
du sens habituel des mots, enfant le plus souvent) subit

884
de la part d'un adulte des l'équivalent de la mère. C'est bien
avances ou des manœuvres elle, dit-il, qui a provoqué et peut-
sexuelles (paroles ou actes). être même éveillé dans les organes
Dans un premier temps, S.Freud fit génitaux les premières sensations
de la séduction réelle, passive, de plaisir en donnant à l'enfant des
l'étiologie majeure des névroses. soins corporels.
Passés la sidération du sujet et l'ef- Le fantasme de séduction est-il lié
froi sexuel, le traumatisme n'est au complexe d'Œdipe ? Ou bien
pas refoulé, mais il constitue un traduit-il le fait que la sexualité
groupe psychique séparé : c'est infantile est structurée par quelque
dans l’après-coup, à l'occasion chose qui semble venir de l'exté-
d'un autre événement, pas néces- rieur ? S'agit-il du désir des parents
sairement sexuel, qu'il prendra sa dans la scène primitive, ou, pour
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valeur traumatique. J. Lacan, de l'irruption première,


Dans un second temps, pour des traumatique,
de l'ordre signifiant et
raisons qui tiennent autant à l'his- du langage humain ? Les ravages
toire qu'à la clinique, Freud sembla produits par les séductions inces-
abandonner cette version de la tueuses montrent bien que cette
séduction réelle et il put ainsi éla- problématique concerne les fon-
borer la théorie du fantasme corré- dements mêmes de la construction
lativement à la découverte de la du «sujet».
sexualité infantile. © Inceste p.763.
En fait, il n'a jamais cessé de soute-
nir l'existence et la fréquence des Self
séductions réelles à l'origine des Ce qui fait qu’une personne
troubles névrotiques, mais c'est est réellement et
S.Ferenczi qui développera ce ver- intrinsèquement elle-même
sant méconnu voire dénié par cer- en tant que sujet au-delà des
tains courants analytiques.
De plus, variations de sa conscience.
Freud avait bien repéré ce qui reste (Notion développée par
trop souvent méconnu : la séduc- la psychanalyste britannique
tion du nourrisson par sa mère - ou M.Klein.)
Les psychanalystes français utili- séniles ; les psychoses maniaco-
sent plus volontiers la notion de dépressives avec en particulier des
faux-self, avancée par D.W. Winni- dépressions chroniques à forme
cott dès 1958 pour désigner une hypocondriaque et à forme pseudo-
structure défensive du nourrisson démentielle ; les processus confu-
et de l'enfant vis-à-vis de l'environ- sionnels et oniriques hallucinatoires
nement parental : l'analyse permet accompagnant souvent les troubles
alors l'émergence du «vrai» self, du sommeil si fréquents chez les
c'est-à-dire le self. vieillards ; les brusques décompen-
Le self se différencie de l'ego en ce sations anxieuses et confuses, à la
sens qu'il renvoie au sujet en tant suite de réactions émotionnelles
qu'il s'expérimente lui-même, tan- insurmontables, comme le sont les
dis que l’ego renvoie plutôt à une défaillances psychiques ; et enfin le
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structure sur laquelle on peut vieillissement d'allure démentielle.


faire des généralisations. © Dossier, Alzheimer
© Soi p.894. (la maladie d') p.127.

Sénescence Sensation
SYN. vieillissement. @ Reflet dans la conscience
d'une réalité extérieure, dû à
Sénilité l'activation des organes des
Diminution pathologique des sens. Sensation visuelle.
facultés physiques et surtout @ État psychologique
psychiques due à la vieillesse. découlant des impressions
Sur le plan psychiatrique, elle fait reçues et à prédominance
suite à la présénilité et à l'involution affective ou physiologique.
psychique, et va donc regrouper Sensation de bien-être.
toute la psychopathologie de la
vieillesse. Ce sont d'abord les dé- Sensitifs (délire des)
mences séniles ; puis les processus Délire de structure
délirants apparaissant tardivement: paranoïaque apparaissant sur
paranoïa de K.Kleist et paraphrénies une personnalité n'ayant pas
les caractéristiques L'accord entre perception et action,
expansives habituelles qui se concrétise dans les coordi-
du paranoïaque, mais étant nations sensori-motrices, ne serait
au contraire plutôt introvertie pas immédiat mais se construirait
et timide. (SYN. délire progressivement. Historiquement,
de relation des sensitifs.) cette conception a été unanime-
Le plus souvent discret, se livrant à ment partagée par tous les théori-
l'introspection, aux scrupules, aux ciens du développement psycho-
ruminations obsédantes, la person- logique. De même, tous ont admis
nalité du sensitif est proche de l'ob- que les activités sensori-motrices
sessionnel. Et, pour le psychiatre prennent racine dans le dévelop-
allemand E. Kretschmer (1888- pement biologique, qu'elles pro-
1964), ce sont des «conflits éthico- longent sous des formes diverses.
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sexuels» qui seraient au centre de Enfin, tous ont considéré les activi-
sa problématique névrotique pré- tés sensori-motrices comme source
disposante dans ses relations avec de connaissance.
autrui, et qui constitue une véri- © Stade p.898; dossiers,
table névrose de relation. Enfant (l'arrivée du premier)
p.263; Nouveau-né (interactions
Sensori-moteur avec le) p.415.
(développement)
Développement conjoint Sensori-motrice
des activités sensorielles (intelligence)
et motrices chez l'enfant. Ensemble des activités motrices
Cette dénomination a été propo- du bébé sur son milieu et des
sée parJ.Baldwin puis parJ.Piaget informations qu'il reçoit en
pour qualifier les deux premières retour concernant les modifi-
années de la vie. Ce sont les mou- cations qu'il a produites.
vements et postures, et ce qu'ils Ilest traditionnel de séparer l'étude
révèlent des perceptions qui résu- du bébé de celle de l'enfant plus
ment la vie mentale de relation au ” âgé.llest d'usage d'appeler période
monde extérieur, chez le bébé. sensori-motrice celle qui va de la

887
naissance à l'acquisition du langage Chez Piaget, cette appellation intel-
à la fin de la deuxième année et, ligence sensorielle est liée à l'idée
dans la théorie de J. Piaget aussi que les progrès de la connaissance
bien que chez les post-piagétiens proviennent de l'activité motrice
comme R. Case, par exemple, ou exercée par le bébé sur son envi-
dans les tests pour bébés, on parle ronnement et des informations
d'intelligence sensori-motrice.La sensorielles qu'il tire des modifica-
période de l'intelligence sensori- tions ainsi produites. La coordina-
motrice se divise en 6 stades, pour tion vision-préhension est donc
J. Piaget. Le stade 1 (0-1 mois) est un préalable à une véritable intel-
celui des exercices réflexes.Le stade ligence. Cependant, les connais-
2 (1-4 mois et demi) est celui des sances actuelles concernant les
premières habitudes. Le stade 3 formes précoces de l'intelligence
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(4 mois 1/2 à 8-9 mois) est caracté- des bébés montrent que ce préa-
risé par l'apparition de la coordina- lable n'est pas nécessaire et que
tion entre préhension et vision. Le bien des connaissances sont
stade 4 (8-9 à 11-12 mois) est carac- acquises avant le stade 4, véritable
térisé par l'utilisation de moyens début de l'intelligence pour Piaget.
connus en vue d'atteindre un but Dans ces conditions, il ne semble
nouveau et le début de recherche plus légitime d'utiliser cette appel-
de l'objet caché. Le stade 5 (11-12 à lation de sensori-motrice pour dési-
18 mois) est marqué par la décou- gner l'intelligence des bébés.
verte de moyens nouveaux. L'objet © Préopératoire (période)
disparu est recherché. Le stade 6 p.846; Stade p.898; dossiers,
(18-24 mois) apparaît comme un Enfant (l'arrivée du premier)
stade de transition entre la période p.263; Nouveau-né (interactions
sensori-motrice et la suivante dite avec le) p.415.
des représentations préopératoires
(2 à 7-8 ans) car il y a début d'inté- Sevrage
riorisation et de combinaison men- PSYCHOL. Cessation
tale liée aux inventions et représen- de l'alimentation lactée
tations. chez l'enfant.
Le sevrage commence dès le 3° mois; GENRE. Ensemble des attributs
il se fait progressivement, en allant du masculin ou du féminin plus
de pair avec le début d'une ali- ou moins étroitement associés
mentation plus solide où plus à chacun des deux sexes.
consistante. Les travaux des psy-
chanalystes (M. Klein) ont montré Sexothérapie
que le sevrage est une coupure Traitement des troubles
importante, souvent traumatisante, sexuels par des procédés
plongeant l'enfant dans une grande psychothérapiques
détresse : non que la privation de
lait maternel ou artificiel ait une Sexualité
importance biologique sur l'orga- BIOL. ET PSYCHOPHYSIOL.
nisme, mais parce que le comporte- Ensemble des phénomènes
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ment de la mère en cet instant déci- sexuels ou liés au sexe, que


sif entraîne une angoisse dont l’en- l'on peut observer dans
fant se défend précocement. le monde vivant.
PSYCHIATR. Cessation PSYCHAN. Ensemble
accidentelle ou volontaire des diverses modalités liées
de la prise de drogue à la satisfaction sexuelle.
par un toxicomane. D'un terme du langage courant
@ Toxicomanie p.914. la psychanalyse a fait un concept
majeur de sa théorisation en posant
Sexe/genre l'existence d'une sexualité infan-
SEXE. Critère de catégorisation tile, en la différenciant de l'activité
fondant la distinction entre génitale et en soulignant ses liens
deux catégories d'individus intimes avec le langage humain et
par une assignation établie à avec le phallus.
la naissance au vu des organes La sexualité humaine se caractérise
génitaux externes et par la mise en jeu des pulsions.
définitivement attachée € Celles-ci, même si elles s'étayent
à l’état civil de chaque “sur les besoins de l'organisme, au
personne. contraire des instincts, n'ont pas
d'objet privilégié : la sexualité hu- de la sexuation et des particularités
maine n'est pas déterminée dans de l'exercice sexuel chez l'adulte, il
une complémentarité. J. Lacan ré- n'y à aucune commune mesure
sumera les choses par la célèbre for- entre le sens du «sexuel» chez l'en-
mule «il n'y a pas de rapport sexuel fant et chez l'adulte.
»,sous-entendu :inscriptible dans la © Dossiers, Sexualité (la) p.528;
structure ;l'accès à l'Autre sexe sup- Sexualité (troubles de la) p.535.
pose la mise en jeu des signifiants.
€> Les pulsions peuvent viser un Sexualité
plaisir d'organe, sans «autre», tel le (troubles de la)
suçotement, la rétention des fèces © Dossier, p.535.
(excréments) ; elles sont alors liées
aux activités infantiles génératrices Sexuation
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de plaisir. Ensemble des modalités


Ces caractéristiques permettent de selon lesquelles les hommes
rendre compte des dites «perver- et les femmes se situent
sions sexuelles» qu'il faut soigneu- par rapport à leur sexe propre.
sement différencier de la perver-
sion comme structure, où prévaut Sexuel (comportement)
un mode de satisfaction partiel, Ensemble des actes qui
non unifié et ordonné par le phal- permettent le rapprochement
lus. On peut alors parler de préva- de deux partenaires et leur
lence anale, orale ou visuelle. La accouplement.
sexualité suppose une énergie Le comportement sexuel ne se
sexuelle que la psychanalyse réduit pas à la copulation. L'accou-
désigne du nom de jibido, indé- plement est précédé de prélimi-
pendante du biologique. Le terme naires : recherche du partenaire,
même de sexualité infantile pose cour, jeux, contacts et stimulations
une question de fond : s'il est indé- réciproques.Il consiste en une intro-
niable que les diverses compo- mission du pénis dans le vagin,
santes pulsionnelles élaborées suivie de mouvements copulatoires
dans l'enfance formeront le socle et d'éjaculation. Chez l'homme,

890
W.H. Masters et V.E. Johnson y dis- PSYCHAN. Élément du discours
tinguent quatre phases: excitation, qui, joint au signifié, préexiste
plateau, orgasme et résolution. au sujet et le détermine, le
Cette dernière phase comprend signifiant exerçant une
chez le partenaire masculin une suprématie sur le signifié.
période réfractaire de durée varia- L'insistance de J. Lacan à porter
ble qui rend momentanément im- l'accent sur le signifiant et sur ses
possible le passage à des niveaux rapports lâches avec le signifié est
d'excitation sexuelle plus élevés. une reprise de la découverte par
Le comportement sexuel est régi S. Freud des liens indissolubles
par des facteurs internes et exter- entre le langage et l'inconscient,
nes, intégrés au cours du déve- aussi bien dans le mécanisme du
loppement et lors de l’actualisation refoulement que dans celui du
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des comportements par le système retour du refoulé.Lacan développe


nerveux central. Parmi les facteurs l'idée d'une analogie de fonction-
internes, les hormones sexuelles nement entre inconscient et lan-
jouent un rôle déterminant. Parmi gage en adoptant, tout en la modi-
les facteurs externes, les messages fiant, la théorie du linguiste F. de
sensoriels, issus du milieu ou du Saussure.
partenaire, assurent une double
fonction. D'une part, ils élèvent la Sismothérapie
réactivité générale de l'organisme; Électrochoc.
d'autre part, ils orientent les com-
portements vers des objectifs spé- Sinistrose
cifiques. État mental pathologique
© Dossiers, Sexualité (la) p.528; de certains accidentés, qui
Sexualité (les troubles de la) p.535. réside dans une idée délirante
de préjudice corporel.
Signifiant
LING. Forme concrète (image Skinnérien
acoustique, symbole graphique) (conditionnement)
du signe linguistique. © Conditionnement p.688.
Sociabilité comportements, sentiments,
@ Ensemble des relations cognitions et perceptions
d’une personne à un groupe. et, d'autre part, leurs multiples
€ Adaptation d'une personne régulations sociales.
à un groupe ; intégration par La psychologie sociale se différen-
l'enfant et par l'adolescent cie aussi bien de la psychologie qui
des conduites sociales. étudierait exclusivement les orga-
Différents facteurs interviennent nisations individuelles que de la
pour déterminer, chez un enfant sociologie qui privilégie l'étude
donné, la fréquence des contacts des rapports entre individus et
avec ses semblables, leur caractère groupes pour autant qu'ils s'insè-
harmonieux et le plaisir qu'ils procu- rent dans des dynamiques caracté-
rent.Chezle très jeune enfant,laqua- ristiques d'une société. Le but de la
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lité de l’attachement à la mère joue psychologie sociale est précisé-


un rôle important dans les contacts ment d'expliquer comment les sys-
avec les étrangers. Tous les non-fami- tèmes d'organisation individuelle
liers ne sont pas équivalents, et le s'intègrent dans un ensemble social
contact avec des pairs d'âge est tou- et, réciproquement, comment un
jours plus facile qu'avec des adultes. ensemble social structure et oriente
À certaines périodes du dévelop- les organisations individuelles.
pement, à l'entrée à l'école mater-
nelle et surtout à l'adolescence, la Sociale appliquée
sociabilité est un facteur très impor- (psychologie)
tant de l'adaptation. La sociabilité Discipline dont l'objectif est
d'un enfant est à la fois valorisée et de comprendre et de prédire
contrôlée par les parents, source et des comportements sociaux
manifestation de bien des conflits. dans leur contexte, et dont
la vocation est de favoriser
Sociale (psychologie) le changement social.
Science des liens entre, Dès la naissance de la psychologie
d'une part, les organisations sociale comme discipline scien-
individuelles des tifique, les chercheurs ont orienté
. « :
re ve g”

leur démarche d'investigation l'individu.


Le but de la socialisation
vers des questions qui concer- est de rendre ce dernier conforme
naient directement les comporte- au prototype du groupe (famille,
ments de l'individu dans les si- école, association, etc.), à la fois
tuations sociales quotidiennes, dans ses comportements et dans
notamment ses comportements ses croyances. L'enfant est consi-
au sein des organisations. Les déré comme un être passif que son
travaux des premiers théoriciens milieu doit modeler.
ont ainsi pu être repris quelques Dans une perspective plus psycho-
années plus tard par les tenants logique, la socialisation se définit
du courant des relations humaines comme l'intériorisation de la culture
dans une perspective humaniste et de la formation d'attitudes et de
prônée dans le cadre des organi- représentations sociales communes
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sations. au groupe. Cette appropriation est


active de la part du sujet et la socia-
Socialisation lisation est le fruit d'interactions
Processus d'adaptation entre l'enfant, ses besoins, ses capa-
d’un enfant au milieu cités et son environnement social.
socioculturel dans lequel Un des instruments de la socialisa-
il est élevé. tion est le langage: l'apprentissage
Dans une perspective sociolo- du langage, avec toutes les varia-
gique, traditionnellement impor- tions qu'il autorise selon son inter-
tante en France, on peut définir la locuteur, manifeste l'établissement
socialisation comme «le processus de relations sociales de plus en plus
par lequel le sujet fait l'apprentis- différenciées, où le rôle et la place
sage des normes d’une société ou de chacun sont définis.
d'un groupe social, de telle sorte Cependant, tout ce qui est com-
qu'il soit capable d'exercer son acti- munication non verbale intervient
vité en lui» (F.S. Elkin). L'accent est également dans la socialisation. De
mis sur le rôle coercitif des déter- même, si la mère est à l'évidence un
minants sociaux sur les comporte- agent de socialisation privilégié,
ments et le développement de elle n'est pas seule à avoir ce rôle.

893
Plusieurs facteurs influent sur la Sociodrame
socialisation d'un enfant : Mode dejeu dramatique
€} les idéologies au sens large, inventé par J.L. Moreno
philosophiques, politiques, reli- s'adressant à un groupe
gieuses, au niveau de la famille et et qui vise à une catharsis
de l'État, lorsqu'elles sont rigides et collective.
puissantes; Au lieu d'être, comme le psycho-
€» la personnalité des parents drame, centré sur l'individu, la dé-
et des autres enfants, le tempé- marche sociodramatique concerne
rament et les capacités cognitives des problèmes collectifs. C'est le
de l'intéressé ; public qui devient le patient ; les
l'intervention des médias ; acteurs qui incarnent des rôles se
€ les conflits entre, d'une part, dépouillent de leurs caractères sin-
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l'enfant et les adultes (parents, guliers pour devenir des types, des
enseignants), d'autre part,entre les symboles : ils sont «le» mari et «la»
diverses appartenances de l'enfant. femme, l'autochtone et l'immigré,
Parmi les thèmes de recherche les le gouvernant et le gouverné, etc.
plus traités, on trouve : Il s'agit de dégager, grâce aux réac-
- les relations entre la mère et son tions spontanées devant le jeu, la
enfant et, récemment, les relations nature et l'intensité des conflits
entre le père et l'enfant ; socio-affectifs et leur vecteur
- les relations entre pairs (enfants d'évolution potentielle à travers
d'une même tranche d'âge ou en- une sorte de «catharsis sociale».
fants d'âges différents) ;
- l'appartenance à un sexe, fille ou Sociogenèse
garçon. Ce dernier thème a donné Fait pour les troubles
lieu à un nombre particulièrement psychiques de dépendre
élevé de recherches, car il touche à de facteurs sociaux généraux.
la formation de l'identité même de
l'enfant. Soi
Dossier, Éducation et rôle des Lieu psychique incluant
parents p.233. conscient et inconscient.
Devenir soi-même implique une Sommeil
conscience éveillée ne se limitant État de quelqu'un qui dort ;
pas au moi. Pour sa part, C. G.Jung état physiologique périodique
a conçu le soi comme unification de l'organisme (notamment
du conscient et de l'inconscient, du système nerveux) pendant
centre virtuel de l'individuation.Au lequel la vigilance est
sens large, «soi» est le lieu où le suspendue et la réactivité aux
sujet se reconnaît comme réelle- stimulations est amoindrie.
ment existant. On distingue une phase de som-
© Self p.885. meil lent, profond et réparateur, et
une phase de sommeil paradoxal,
Solitude (13) caractérisée par le rêve.
© Dossier, p.543. € Le sommeil à ondes lentes,
ou
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sommeil lent, apparaît essentiel-


Somatisation lement dans la première moitié de
Tendance à éprouver la nuit. Il semble avoir pour fonc-
et à exprimer une souffrance tion primordiale la restauration ac-
somatique (corporelle) tive des fonctions métaboliques.
en réponse à un stress Des activités très importantes se
ou à un traumatisme réalisent durant le sommeil à
psychique. ondes lentes, telles que la libéra-
C'est une notion assez ambiguë tion de l'hormone de croissance,
qu'il faut à la fois distinguer de qui va stimuler la synthèse des pro-
celle de conversion hystérique et téines.
de celle de maladie psychoso- €) Le sommeil paradoxal est le
matique dont la psychogenèse stade des rêves. Les hypothèses
va conduire aux atteintes corpo- sur les fonctions du sommeil para-
relles par des mécanismes géné- doxal sont nombreuses :
ralement neuroendocriniens. La - fonction réparatrice (réparation
somatisation est le plus souvent de la:machinerie neuronale, élimi-
associée à des troubles dépressifs nation de substances toxiques,
et anxieux majeurs. etc.);

895
- fonction qui permet de déchar- se recoucher sans avoir aucun sou-
ger les pulsions ou d'inhiber les venir, au réveil, d'avoir quitté le lit
souvenirs gênants pour le sujet ; pendant son sommeil.
- rôle dans la maturation du sys- © Dossiers, Sommeil (le) p.558;
tème nerveux central ; Sommeil (les troubles du) p.566.
- rôle privilégié dans le traitement
et la fixation des informations Somnolence
acquises au cours de la veille. En Difficulté à atteindre et à
fait, le sommeil paradoxal pourrait maintenir un état de vigilance
bien avoir plusieurs fonctions. optimal pour la réalisation
© Réve (le) p.875; d'une tâche.
dossiers, Sommeil (le) p.558;
Sommeil (les troubles du) p. 566. Sophrologie
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Ensemble de pratiques visant


Sommeil (les troubles du) à assurer l'harmonie de
© Dossier, p.566. la conscience et reposant sur
des techniques de relaxation
Somnambulisme simple, issues de la pratique
Série de mouvements, d'actes hypnotique et des techniques
automatiques et inconscients de relaxation dynamique,
se produisant pendant inspirées de philosophies
le sommeil, et dont aucun orientales. La sophrologie
souvenir ne reste au réveil. est utilisée notamment
C'est un trouble relativement en accompagnement théra-
fréquent chez l'enfant. peutique dans les troubles
C'est une parasomnie psycho- psychiques ou psycho-
motrice au cours de laquelle le somatiques, ainsi que dans la
sujet va, pendant la nuit et tout en préparation à l'accouchement.
restant endormi, se lever, marcher La sophrologie a été créée vers
ou se livrer à des activités simples 1960 par le neuropsychiatre espa-
de sa vie quotidienne diurne, d'une gnol A. Caycedo. La sophrologie
manière assez stéréotypée, puis comprend trois parties différentes:

896
@ la sophropédagogie, pour le sujet s'allonge et se met en état
favoriser où améliorer certains de relaxation. Au cours de cette
apprentissages (préparation aux pratique, le patient va vivre et
examens, préparation à l’accou- exprimer ses angoisses et, en par-
chement, préparation aux compé- ticulier, l'angoisse de mort; le sujet
titions sportives) ; apprend à faire le vide de ses pré-
@ la sophrophylaxie, comme occupations pour se concentrer
technique d'épanouissement de la sur un objet. Dans la relaxation du
personnalité et de prévention des deuxième degré, le sujet, d'abord
états pathologiques ; en position debout, puis en posi-
© la sophrothérapie, exclusi- tion assise, va particulièrement res-
vement réservée aux thérapeutes, sentir son schéma corporel et être
médecins, sages-femmes, kinési- confronté à l'angoisse de morcel-
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thérapeutes, infirmiers, psycho- lement. Des exercices respiratoires


logues,
qui utilisent cette méthode vont lui permettre ensuite de
dans un dessein purement théra- retrouver une certaine harmonie
peutique. fonctionnelle de son corps pou-
Il faut aussi distinguer deux ni- vant s'accompagner d'un véritable
veaux de technique. Le premier, état de plaisir. Enfin, la relaxation
dit technique de base, dérivé de du troisième degré, d'inspiration
l'hypnose, de la relaxation simple zen, serait un véritable apprentis-
et passive, est proche du training sage de délire contrôlé.
autogène.Le second correspond à
une relaxation dynamique d'inspi- Sourire
ration orientale, tout à fait spéci- Mouvement expressif
fique à la sophrologie. On peut y du visage, en particulier
différencier trois degrés. La relaxa- de la bouche, observable
tion du premier degré, d'origine chez le bébé humain dès
hindoue, va comprendre une série les premiers jours de la vie.
d'exercices en position debout, © Dossiers, Nouveau-né
entraînant des effets physiolo- (interactions avec le) p.415;
giques précis,à la suite desquels encadré p.422.

&
897
Souvenir définie et à l'apparition
Élément de mémoire, qui de crises tétaniques (accès
se rapporte généralement de contraction involontaire
à un événement ou des muscles des extrémités
à un épisode particulier. des membres).

Souvenir-écran Stade
Type de souvenir décrit PSYCHOL.Étape dans
par S. Freud, se rapportant le découpage
à l'enfance, reconstruit par de la chronologie
le sujet à partir d'événements du développement qui va
réels ou de fantasmes, du bébé à l'adolescent,
et recouvrant un contenu fondée sur l'existence
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refoulé. de discontinuités,
Le souvenir-écran est un peu de changements de rythme
comme l'arbre qui masque la forêt. ou de changements qualitatifs
Un souvenir banal peut en cacher observés dans l'évolution
un autre qui serait le vrai souvenir. somatique, physiologique
Freud rapporte (1899) : ou comportementale
« Ainsi, s'explique alors facilement de l’enfant.Plusieurs
que, par exemple, une personne psychologues ont proposé
communique que, dès l'âge de ses des systèmes de stades.
deux ans, elle se souvient de divers LES STADES SELON J. PIAGET
accidents survenus à ses poupées, Il appelle « stades » des étapes qui
mais qu'elle est amnésique pour se suivent selon des règles strictes.
les événements sérieux et tristes Le système résumé ici est celui de
qu'elle aurait pu percevoir alors.» 1955, qui apparaît le mieux articulé.
Il comprend 3 grandes périodes.
Spasmophilie © La période de l'intelligence
Prédisposition bénigne sensori-motrice s'étend de la nais-
à des états prolongés sance à l'apparition du langage,à la
de tension anxieuse mal fin de la deuxième année.

898
@ La deuxième période, dite dance et l'enrichissement du moi;
«de préparation et d'organisation il se divise en trois périodes (a. crise
des opérations concrètes », s'étend d'opposition et intériorisation ; b.
de 2 à 11-12 ans et se subdivise en période de grâce avec extériori-
deux sous-périodes, dont la pre- sation et expansion personnelle ;
mière, sous-période des représen- c. effort de substitution personnelle
tations préopératoires (2 à 7-8 ans), par imitation avec ambivalence en-
la seconde sous-période, dite « des tre identification et hostilité);
opérations concrètes » (7 à 12 ans). © stade catégoriel (6-11 ans),
© La troisième période, dite marqué par l'apparition entre 6 et
«des opérations formelles », s'étend 7 ans du pouvoir nouveau d'auto-
de 11à16ans. discipline mentale ; il est caracté-
LES STADES SELON H. WALLON risé dans les domaines de la per-
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Il a successivement proposé un sys- ception et de la connaissance par


tème de stades de développement la pensée catégorielle;
psychomoteur puis un système de @ stade de la puberté et de
stades de la personnalité. l'adolescence (11-16 ans).
Le système selon H. Wallon com- © Concrètes (opérations) p.688;
porte 6 stades : Opératoire (théorie) p.820;
@ stade impulsif moteur (de 0 à Préopératoire (période)p.846;
3 mois), caractérisé par une activité Sensori-motrice (intelligence)
€ stade émotionnel (de 3 mois p.887; dossier, Enfant (l') p.251.
à 1 an ), marqué par la transforma-
tion des décharges impulsives en Stade
véritables expressions émotives ; PSYCHAN. Chacune
€ stade sensori-moteur et pro- des étapes de l’évolution
jectif (de 1 à 3 ans), centré sur la libidinale selon S. Freud, et,
prise de connaissance de l'environ- plus généralement, phase de
nement et caractérisé par les jeux constitution de l'être humain.
d'alternance ; Les stades sont définis par leur ordre
€ stade du personnalisme (3-6 _de succession. En ce qui concerne
ans), caractérisé par l'indépen- l'évolution libidinale de l'individu
telle que S. Freud l'a systématisée rang d’un individu par rapport
dans la version de 1915 des Jrois Es- aux autres dans un groupe
sais sur la théorie de la sexualité ou une société donné.
(1905), c'est le primat d'une zone éro-
gène, lui-même né du plaisir qui Stéréotype
s'éveille au fonctionnement de cette SOCIAL. Schéma de pensée
zone, qui caractérise chaque stade : associé à l’un des critères tels
sphère buccale pour le stade oral, que l'apparence physique,
zone anale pour le stade anal (2-3/4 le sexe, l'identité religieuse,
ans environ ),appareil génital pour politique, ethnique, sexuelle,
le stade phallique (3 - 5/6 ans envi- etc. critères qui définissent
ron ),enfin le stade génital (atteint nos croyances et qui guident
après la puberté).
Le stade phallique nos jugements sur les groupes
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correspond au point culminant de sociaux et sur leurs membres.


la période ædipienne (3-5/6 ans en- © Dossier, Juger l'autre,
viron) et introduit un lien de discor- comment, sur quel critères ? p.378.
dance entre maturation biologique
et orientation de la libido, puisque Stérilité (face à la)
l'enfant, pourrait-on dire, n'a pas les © Dossier, p.573.
moyens de ses désirs. La période de
latence (entre 6 et 12 ans) termine Stress
le stade phallique. @ Ensemble de perturbations
© Anal (stade) p.659; Génital biologiques et psychiques
(stade) p.741; Oral (stade) p.821; provoquées par une agression
Phallique (stade) p.838; quelconque sur un organisme.
dossiers, Enfant (l') p.251; @ Tension nerveuse.
Sexualité (la) p.528. Le stress est déclenché par le cer-
veau, qui stimule la sécrétion de
Statut corticoïdes et d'adrénaline par les
Position ou caractéristique surrénales.Il s'ensuit une activation
sociale, susceptibles générale non spécifique, physique
de préciser la condition ou le et psychique, favorable à la défense

900
de l'organisme. Cependant, un que la pulsion se développe et
stress intense ou prolongé serait repose sur «des puissances psy-
source de divers troubles (anxiété, chiques» telles que la culpabilité
fatigue, ulcère gastrique, angine de et l'exigence d'idéal esthétique et
poitrine, eczéma, etc.). moral. Cependant, c'est aussi par
© Dossier, Stress et anxiété p.580. rapport à un danger pulsionnel que
la sublimation se développe. Face
Structure au danger de l'excitation sexuelle,
Le concept de structure, le sujet s'accroche à la maîtrise et à
dont on trouve la trace chez la pulsion de savoir. Freud va plus
S. Freud, a été généralisé par loin en introduisant l'idée d'une
J. Lacan, pour qui «l'inconscient désexualisation par le retrait de la
est structuré comme un libido sur le moi qui permettrait à
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langage». La structure au l'activité sexuelle de se transformer


niveau inconscient est en une activité sublimée. Dans
déterminée par la métaphore Pulsions et destins des pulsions
et par la métonymie. (1915), il montre comment le be-
soin de savoir est lié à la curiosité
Sublimation sexuelle. Inhibée, la pulsion se ma-
Processus par lequel l'énergie nifeste dans le refus de savoir.
d’une pulsion sexuelle
ou aggressive est déplacée Subliminale (perception)
vers des buts non sexuels. Perception d'un objet (image,
Pour S. Freud, la sublimation est un message, publicité, etc.) à la
processus inconscient caractérisé limite de sa reconnaissance
par le détournement du but de la par le sujet, en raison de l’éloi-
pulsion sexuelle vers un objet non gnement, de l’éclairement, etc.
sexuel. Dans les Trois Essais sur la
théorie de la sexualité, il souligne Succion
l'importance de la pulsion dans le Absorption d’un liquide par la
champ esthétique. Freud indique bouche en faisant jouer à celle-
_ que c'est dans la période de latence ci le rôle d'une pompe aspirante.

901
La succion est un comportement prises de tour de parole (interac-
caractéristique de la toute petite tion succion-regard) entre la mère
enfance, qui disparaît à la fin de la et son bébé et instaure ainsi une
1 année chez la majorité des forme précoce de dialogue.
enfants. Il tient une place impor- © Oral (stade) p.821; dossiers,
tante dans beaucoup de théories Nouveau-né (interactions avec
du développement : manifestation le) p.415 ; Sexualité (la) p.528.
principale du stade oral (S. Freud),
l’une des structures cognitives Suggestibilité
précoces (J. Piaget). Ce compor- Disposition à se laisser
tement fait l'objet de nombreuses imposer des suggestions soit
recherches empiriques. Il est ob- par faiblesse d'esprit (débilité
servé le plus souvent lorsqu'on mentale, démence, arriération
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place une tétine ou le mamelon affective, etc.), soit par naïveté,


dans la bouche du nourrisson, mais ou encore par hyperémotivité.
aussi de façon spontanée dès les Fréquente dans l'hystérie et dans
premiers jours de vie (succion des des états d'émotion collective,
doigts, des draps ou «à vide» pen- la suggestibilité conduit le sujet
dant le sommeil). Il est constitué à subir passivement l'influence
de pressions négatives,
ou succions, d'un hypnotiseur ou d'un leader et
qui permettent l'absorption d'une à entrer, le cas échéant, en état
substance, se prolongeant par l'in- d'hypnose. C'est aussi cette dis-
gestion et une déglutition.Ces pres- position qui est exploitée par les
sions sont également enregistrées thérapeutes dans l'effet placebo,
lors d'une activité de succion non où un produit neutre est prescrit au
nutritive (succion d'une « sucette»). patient comme s'il était un remède
La conduite de succion a aussi un tout-puissant contre ses maux.
fonction sociale. Les observations
recueillies dans des situations Suggestion
naturelles de nourrissage suggè- Technique psychique reposant
rent que l'alternance des trains de sur la croyance qu'une
succion et des pauses permet des personne peut influencer, par

902
Sulet

la parole, un état affectif ou tement, de la fuite d’une situation


une conduite d’une autre. inacceptable ou trop douloureuse
L'hypnose repose sur la suggestion (suicides de certains cancéreux, par
et, utilisée dans un but thérapeu- exemple) ; ou bien c'est une véri-
tique, elle attend de la suggestion table conduite autoagressive, par
qu'elle soit assez puissante pour retournement d'une intense agres-
entraver les manifestations du sivité contre soi-même (cas de la
symptôme. dépression mélancolique);ou bien
© Hypnose médicale (l') p.363. c'est un appel au secours, une sorte
de message désespéré adressé à un
Suicide entourage jugé trop indifférent ou
Acte de se donner soi-même hostile. Dans ce dernier cas, sans
la mort. doute le plus fréquent, il ne s'agit
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Le suicide est soit un acte parfois que d'une tentative de sui-


rationnel, exécuté en fonction cide, plus ou moins spectaculaire,
de considérations morales, s'accompagnant d'un appel à autrui
sociales, religieuses, philoso- pour qu'il intervienne. Mais si cette
phiques ou personnelles, soit intervention s'est fait attendre,
ou si
au contraire un acte patho- le message n'a pas été transmis, la
logique survenant alors au tentative se réalise du fait que les
cours de l’évolution de secours ne sont pas arrivés à temps,
diverses affections mentales comme dans ces nombreux cas
(dépression, délire chronique, d'intoxication médicamenteuse où
démence, confusion, etc.) ou le SAMU arrive trop tard.
d'une crise existentielle aiguë © Dossier, Suicide (le) p.588.
sous forme d'un passage à
l'acte anxieux autoagressif, Sujet
très différent du suicide PSYCHOL. Individu, personne
prémédité de certains en tant qu'il est à la fois
mélancoliques ou délirants. observateur des autres
Cet acte peut avoir trois fonctions “personnes et observé
différentes.
Ou bienils'agit de l'évi- par elles.
La psychologie introspective, Surdité
parfois appelée aussi subjective, Déficience auditive dont
repose sur l’idée qu'une même le degré de gravité permet
personne peut être simultanément de classer les individus
observée dans ses états mentaux atteints en quatre catégories :
ou ses contenus de pensée et un malentendant, demi-sourd
observateur conscient de ces phé- léger, demi-sourd profond
nomènes.En psychologie patholo- et sourd complet.
gique et clinique, où les affects Le fait que la surdité existe dès la
jouent un rôle particulièrement naissance ou apparaisse plus tard
important, on considère notam- a d'importants retentissements sur
ment que ces états ressentis par le le développement psychologique
sujet constituent son vécu, qu'au- de l'enfant. Lorsque la surdité sur-
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cune autre personne ne peut par- vient au-delà de 6 ans, la parole


tager. peut être conservée. En revanche,
En psychologie expérimentale hu- bien qu'ils gazouillent comme les
maine, les personnes qui passent bébés entendants, les bébés sourds
l'expérience sont appelées sujets de naissance cessent à partir de
en dépit du fait que c'est seule- 6 mois d'émettre des sons, ils sont
ment leur comportement qui est sourds-muets. Seule une réédu-
observé et que cette psychologie cation peut alors leur permettre
est appelée également objective. d'acquérir un langage.
PSYCHAN. Celui qui parle L'enfant sourd peut communiquer
ou qui signifie son existence. avec son entourage soit par l'inter-
S.Freud indique dans ses Nouvelles médiaire de codes gestuels, soit
Conférences sur la psychanalyse par le langage oral grâce à l'ap-
(1933) que le moi (ou je) est le prentissage de la lecture sur les
sujet, mais que celui-ci peut se lèvres et l'utilisation de son sys-
prendre comme objet et se cliver tème phonateur (démutisation).
en des parties opposées, selon La plupart des réserves émises à
des lignes de fissure révélatrices l'encontre d'un apprentissage
de sa structure. gestuel précoce (perte de temps,

904
interférence avec l'apprentissage différences observées entre enfants
oral, etc.) suivi de démutisation se sourds et enfants entendants au
sont révélées injustifiées. Aussi retentissement du déficit langagier:
l'association des deux modes de le langage favorise l'étiquetage, les
communication, orale et gestuelle, stratégies d'exécution et de mise en
apparaît-elle actuellement la plus mémoire et, par conséquent, les
souhaitable. apprentissages. D'autres auteurs
La supériorité intellectuelle qu'un (H. Furth) considèrent que l'appau-
sourd tardif a sur un sourd congé- vrissement du milieu social dû
nital est indéniable. Mais, en dépit à l'absence de communication
de multiples recherches,
on ne peut normale est à l'origine des déficits
pas dire avec certitude si la surdité observés. Selon eux, l'enfant sourd
entraîne un simple ralentissement souffre des mêmes handicaps que
du rythme des acquisitions cogni-
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l'enfant appartenant à un milieu


tives ou une différence de nature socio-économique défavorisé.
du développement intellectuel. € Handicap p.746; dossier,
Les enfants sourds utilisent mieux Enfant différent (avoir un) p. 282.
leurs capacités visuelles, percevant
plus vite, avec plus de détails, que Surdoué, -ée
les entendants ; ils fournissent des Se dit d’une personne,
performances équivalentes à celles d’un sujet et, spécialement,
des entendants dans les épreuves d’un enfant dont les capacités
d'intelligence pratique, accusent intellectuelles sont très
un retard important dans l'appré- supérieures à la moyenne.
hension des relations spatiales et La notion de surdoué a fait l'ob-
temporelles non immédiatement jet de vives polémiques quant à
perceptibles et un retard, d'am- sa définition, à l'existence de ce
pleur variable selon la technique qu'elle désigne et aux nécessités
employée, dans diverses épreuves d'une pédagogie spécifique. Consi-
piagétiennes (conservation, sé- dérés.dans l'Antiquité comme des
riation, transitivité, etc.). Certains dieux ou des démons, puis à la fois
auteurs (P. Oléron) attribuent les comme des génies et des névrosés

905
par F. Galton, les surdoués sont S.Freud dans la deuxième
actuellement définis soit par un QI topique, le surmoi qui repré-
élevé (supérieur à 130 ou parfois sente «la voix de la conscience »
plus), soit par la possession d'un se constitue initialement par
talent (d’un don) particulier. identification aux parents et
L'âge auquel on considère le surdon détermine, au travers de ses
est une question critique. Une étude conflits avec le moi, les sentiments
américaine récente a montré que inconscients de culpabilité.)
les jeunes surdoués n'occupaient
pas ensuite les places les plus éle- Symbiose affective
vées dans la société, même s'ils sont Forme de sociabilité syncré-
placés dans des écoles spéciales. tique observable chez le bébé
Réciproquement, les adultes consi- de quelques mois (stade
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dérés comme les plus éminents et émotionnel de H.Wallon).


en particulier les prix Nobel ont L'interaction entre les attitudes et
rarement un passé de surdoué. La mimiques de l'enfant (rires, pleurs,
conclusion de cette étude est qu'il sourires, grimaces, postures expres-
s'agirait d'un développement accé- sives) et les réactions de l'entourage
léré pendant une certaine période crée un véritable champ émotion-
plutôt que d'un surdon. Les consé- nel dans lequel l'enfant ne se dis-
quences affectives du surdon ont tingue pas d'autrui mais fusionne
également été évaluées de ma- en quelque sorte avec lui.
nière contradictoire. Si certains © Stade p.898 :dossiers,
sont sujets à un isolement social qui Attachement (|) p.158 ;Nouveau-
les conduit à la dépression et à né (interactions avec le) p.415;
l'échec scolaire, d'autres semblent Parent (devenir) p.430.
n'avoir aucun problème de ce type.
Symbolique
Surmoi Fonction liée au langage,
Instance de la personnalité activité qui est seule propre à
psychique dont le rôle est l'être humain et qui le rend, de
dejuger le moi. (Introduit par ce fait, pris dans un système

906
mg
Îel Ï1pÉ ra m Bb n |

d'échanges définissant aussi Le symptôme s'oppose à la structure


bien la culture que l'inconscient. comme la surface à la profondeur ou
Le symbolique est l'ordre de la comme l'effet à la cause. Pour
culture lui-même, au sens où les J. Lacan, le symptôme renvoie uni-
sociétés humaines règlent toutes quement à la névrose. La psychose
les relations de parenté et la circu- est caractérisée par des phénomènes
lation des biens en instaurant des hallucinatoires ou délirants ; la per-
interdits, mais en laissant égale- version se manifeste par des actes.
ment des traces (représentations, Le symptôme, comme formation de
monuments, écriture) qui instituent l'inconscient, est un signifiant méta-
une mémoire et donc une histoire. phorique d'un conflit psychique. ll
L'ordre symbolique est ce qui orga- veut dire quelque chose et parvient
nise le réel de l'absence et d'abord partiellement à signifier une vérité
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de l'absence de la mère que l'enfant encombrante. Formation de com-


symbolise par le jeu, selon l'exemple promis, il satisfait ainsi une relative
célèbre de S.Freud (Au-delà du prin- jouissance.Le psychanalyste devra,en
cipe de plaisir, 1920): un enfant de l'absence de tout symptôme ou à
18 mois, en l'absence de sa mère, rebours de ce qui est manifeste,
joue à lancer et à faire revenir une repérer une structure selon la ques-
bobine attachée à une ficelle, en tion fondamentale du sujet. La fin de
accompagnant ce jeu de deux pho- l'analyse, si elle ne modifie pas la
nèmes :fort («loin», «parti») - Da structure subjective, voit la mutation
(«voilà»). Pour Freud, ce jeu permet à du symptôme en «sinthome» (Lacan).
l'enfant d'accepter le départ de sa
mère, de s'en dédommager et de Systématisé (délire)
passer de la passivité de l'absence Délire dans lequel les idées
subie à l'activité. délirantes donnent
une impression de cohérence
Symptôme et de logique.
Manifestation
comportementale Systémique (le courant)
d’un trouble inconscient. © Dossier p.595.

907
Les origines et la nature des diffé-
rences individuelles de développe-
ment social et émotionnel rede-
Tabagisme viennent un centre d'intérêt impor-
Usage prolongé du tabac; tant pour les psychoiogues après
intoxication chronique un demi-siècle de désaffection. La
par le tabac. nouvelle approche de l'étude du
Dossiers, Addictions tempérament rejette les anciennes
(les) p.90 ; Dépendance aux classifications fixistes qui ne pre-
«drogues» (la) p.193. naient en compte ni l'évolution liée
à l'âge, ni le rôle de l'expérience, ni
Tachyphémie l'effet des circonstances. Actuelle-
Accélération pathologique ment, la référence aux modèles
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du débit verbal. interactionnistes du développe-


ment suggère une autre définition
Tachypsychie des constantes individuelles. Les
Enchaînement anormalement études récentes sur l'héritabilité des
rapide des idées, comportements sociaux et affectifs
caractéristique des états admettent au contraire que les
maniaques. manifestations du tempérament
peuvent varier avec l'âge (les varia-
TAT tions reflètent les changements
© Thematic Apperception Test rapides de compétences) et avec les
p.910. exigences formulées à l'égard de
l'individu (les variations répondent
Tempérament à des changements dans les
Style constitutionnel contraintes environnementales) : il
de comportement faut alors rechercher les constantes
manifestant une certaine non dans l'absence de variation
constance selon mais dans l'orientation de la varia-
les circonstances et au cours tion ;dans son temps (accélérations
du temps. et décalages dans l'évolution com-

908
portementale) ; dans sa fréquence vent le résoudre, alors que 25 % y
(la variabilité des manifestations échouent;les enfants d'un âge supé-
tempéramentales peut être l'effet rieur le réussissent donc facilement,
d'une plus où moins grande sen- alors qu'il ne peut l'être par les
sibilité constitutionnelle aux in- enfants d'un âge inférieur. Le prin-
fluences environnementales). cipe de notation est le suivant : lors-
qu'un enfant réussit, par exemple,
Tension toutes les tâches de 8 ans, son intel-
@ État de contraction ligence correspond à celle d’un
musculaire généralisée. enfant normal de 8 ans. Lorsqu'il
@ État de motivation réussit, en plus, certaines épreuves
de l'organisme. de 9 ans, et peut-être même de
© État de quelqu'un qui est 10 ans, on lui attribue un nombre
tendu, contracté, nerveux.
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correspondant de mois en plus.C'est


ainsi que l’on détermine son âge
Terman-Merrill mental (AM). Lorsqu'on compare
(échelle ou test de) l'âge mental de l'enfant avec son âge
Échelle de développement réel (AR), on peut voir si cet enfant
intellectue!, une des plus est en avance ou en retard pour son
employées de nos jours. âge. L'échelle de Terman-Merrill a été
L'échelle de Terman-Merrill est issue conçue de façon à pouvoir rempla-
d'une amélioration du test de Binet- cer le QI par une échelle en écarts
Simon. La révision utilisée (New réduits, de moyenne 100 et d'écart
Stanford Revision) a été publiée en type 17, pour tous les niveaux d'âge.
1937. Applicable de 2 ans à l'âge © Quotient d'intelligence p.867;
adulte, elle est constituée par Wechsler (échelles d'intelligence
122 items hétérogènes consistant en de) p.927.
des tâches tant verbales que non
verbales. Terman et Merrill ont Terreurs nocturnes
retenu un item comme caractéris- Trouble du sommeil
tique d’un âge donné lorsque 75 % qui survient le plus souvent
des enfants de ce niveau d'âge peu- durant le premier cycle

909
de sommeil (en sommeil lent Thematic Apperception
profond) et qui est caractérisé Test, ou TAT
par une angoisse Test projectif élaboré dans les
accompagnée de cris, années 1930 par C.D.Morgan
de pleurs et de gesticulations. et H. A. Murray, destiné
Dossier, Sommeil (les troubles aux enfants et aux adultes.
du) p.566 ; encadré, p. 569. Il est composé d'une série de
planches (4 à 6) représentant des
Test scènes ambiguës, et potentielle-
Épreuve, utilisée notamment ment émotionnelles, à un ou plu-
en psychologie différentielle, sieurs personnages : ces planches
permettant d'évaluer reproduisent des tableaux ou des
les aptitudes de quelqu'un photographies autour desquels le
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ou d'explorer sa personnalité. sujet doit imaginer une histoire. L'in-


(Test projectif). terprétation du TAT repose sur une
analyse du contenu et de la forme de
Thanatos chaque récit et vise à un repérage
Dans la théorie freudienne, des noyaux conflictuels du sujet et
ensemble des pulsions de ses mécanismes de défense.ll sert
de mort (par opposition aussi à évaluer le besoin d'accom-
à Éros). plissement.Ce test promeut un idéal
du moi fort, se laissant enrichir mais
Théâtralisme non envahir par des fantasmes in-
Tendance exagérée conscients. C'est, avec le test de Ror-
à l'expression spectaculaire schach, un test projectif très utilisé.
d'états émotionnels, manquant © Projectif (test) p.851;
de naturel et de sincérité. Rorschach (test de) p.878.
C'est un trait fréquent de la per-
sonnalité hystérique, s'associant Thérapie
à la labilité affective,à l'affectation comportementale
de sentiments et à des attitudes Ensemble de méthodes
de séduction. psychologiques visant à aider
un individu à vaincre des en œuvre par un spécialiste de la
difficultés nées de son propre santé mentale, qu'il soit médecin
comportement en apprenant ou psychologue, pour aider un
soit à modifier ce compor- patient à résoudre des difficultés
tement, soit à appréhender relevant de la psychopathologie.
différemment les circonstances Son action psychothérapique mini-
au cours desquelles mise, sans la supprimer, la relation
il se manifeste et ainsi à agir transférentielle du fait que le
indirectement sur lui. trouble n'a pas à être interprété. Le
Dans là mesure où ces méthodes patient est invité à le décrire, à
permettent à cet individu de mieux noter sa fréquence, sa durée, les cir-
s'intégrer au milieu dans lequel il constances dans lesquelles il sur-
vit, que celui-ci soit physiologique vient de même que les stimulus qui
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ou social, elles ont une action psy- paraissent le déclencher ou l'entre-


chothérapique. tenir. Se situant à la suite, si celui-ci
Les thérapies comportementales s'avère nécessaire, d'un examen cli-
font appel aux théories de l'ap- nique où les aspects plus fonction-
prentissage : s'appuyant sur des nels ont pu être explorés en vue de
données expérimentales, elles l'indication de prise en charge,
considèrent que certains compor- cette analyse comportementale,
tements sont soit appris par des complétée par des questionnaires
processus de conditionnement, psychologiques, est indispensable.
soit maintenus par ceux-ci et que, © Dossier, Thérapies cognitives
par conséquent, il devrait être pos- et comportementales (les) p.611.
sible de les éteindre et, si néces-
saire, d'apprendre à les remplacer Thérapie familiale
par d'autres comportements en Psychothérapie collective
faisant ainsi appel à un processus visant à traiter l’ensemble d'une
de reconditionnement. famille où se trouve le patient
De nos jours, la thérapie compor- considéré comme malade.
tementale implique un processus Au lieu d'être centrée sur le cas
éducatif plus spécifiquement mis individuel de celui-ci, l'action thé-

ne
ii

rapeutique s'adresse à tout le caractère de communication tant


groupe familial envisagé habituel- au plan verbal qu'au plan non ver-
"me
lement comme un système dont le bal. Pour une famille donnée, les
dysfonctionnement général se tra- conduites pathologiques de l'un ou
duirait par la psychopathologie de plusieurs de ses membres peu-
particulière d'un ou de plusieurs de vent alors être considérées comme
ses membres. des transactions particulières, ne
Les thérapies familiales systé- visant qu'à maintenir des règles
miques sont de loin les plus prati- spécifiques.ldentifier puis modifier
quées.Elles ont surtout été concep- une règle fondamentale permet
tualisées par Selvini-Palazzoli et coll. donc d'obtenir une rétrocession de
au Centre pour l'étude de la famille la symptomatologie.
de Milan. Ces thérapies se fondent Les séances, qui incluent le patient
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sur un certain nombre de travaux et sa famille, se pratiquent une fois


et d'hypothèses. par mois en présence d'un ou de
La famille est considérée comme deux thérapeutes et parfois d'un
un système autorégulé, c'est-à-dire superviseur derrière une glace sans
comme un ensemble d'éléments tain. Du matériel d'enregistrement
en interaction, se gouvernant à par- vidéo est fréquemment utilisé pour
tir de ses propres règles.Ce groupe l'étude a posteriori. Miroir et maté-
naturel, biologique et social, s'or- riel d'enregistrement sont montrés
ganise à travers des essais, des tran- aux participants au cours de la pre-
sactions et des rétroactions correc- mière séance et présentés comme
tives. Seules les règles permises outils de travail indispensables
dans la relation sont maintenues. dont le contenu restera confiden-
Chaque groupe, ainsi, à partir de tiel. Des contrats de 5 à 10 séances
son histoire et du contexte où il se sont fixés à l'avance et renouvelés
développe, se forge son propre le cas échéant.
code.Les règles ainsi conservées se © Dossiers, Maladie psychique
manifesteront alors dans les tran- d'un proche (face à la) p.388;
sactions des membres de la famille Parent (devenir) p.430;
entre eux. Ces transactions ont un Systémique (le courant) p.595.

912
Thérapie institutionnelle Tic
© institutionnelle (thérapie) Contraction involontaire,
p.769. brusque, soudaine, répétée
à intervalles variables
Thérapies brèves (les) de certains muscles, surtout
© Dossier, p.602. de ceux du visage.
Les tics apparaissent comme la
Thérapies cognitives reproduction intempestive et
et comportementales (les) incomplète d'un mouvement sans
© Dossier, p.611. nécessité objective. Ils survien-
nent de façon inattendue, furtive-
Thymie ment.lls ne peuvent être cachés
Disposition affective fondamen- et donnent à voir ou à entendre
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tale déterminant les réactions au moment le moins opportun.Le


émotionnelles et instinctives tiqueur attire l'attention sur lui
d’un sujet pouvant être agréable alors qu'il craint d'être découvert.
ou désagréable. Humeur. Les tics de la face sont les plus fré-
quents.Les tics sont d'origine cor-
Thymoanaleptique ticale, impliquant le psychisme,
Se dit d'une substance alors que les spasmes intéressent
psychoanaleptique (antidé- les structures sous-corticales. Les
presseur, par exemple) qui tics passagers, transitoires appa-
améliore l'humeur du sujet. raissent souvent réactionnels à
des circonstances particulières
Thymorégulateur (rentrée des classes, naissance
Médicament ayant pour effet d'un puiné). Le tic peut aussi être
de limiter les fluctuations un symptôme d'état névrotique.ll
excessives de l'humeur. s'intègre alors à une organisation
En plus du lithium, deux produits de la personnalité de type obses-
sont actuellement utilisés cou- sionnel.
ramment, la carbamazépine et le Dossier, Personnalités
dipropylacétamide.. difficiles (les) p.443.

913
TOC (trouble obsessif ou Topologie
obsessionnel compulsif) Mode mathématique de repré-
Pensée, impulsion, image inter- sentation du fonctionnement
venant dans la conscience des structures psychiques
d'un sujet de façon brutale, s'appuyant plus
impérative et obsessionnelle. particulièrement sur une
Des pensées répétitives et obsé- géométrie souple.
dantes, des gestes répétitifs et En psychanalyse, la topologie se
rituels, comme le besoin de se laver réfère essentiellement aux élabo-
sans cesse les mains, tous incon- rations de J. Lacan, qui a fait l'écri-
trôlés de la part du sujet. Ils provo- ture mathématique de ses avan-
quent tristesse et anxiété chez le cées. Ces constructions tentent de
sujet qui tente vainement de les projeter dans une géométrie à 2 ou
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neutraliser ou de les refouler 3 dimensions les trois catégories


(DSM-IV-Diagnostical
and Statistical fondamentales du sujet : le réel,
Manual of Mental Disorders). l'imaginaire et le symbolique.
© Phobies p.840; dossier,
TOC et phobies p.622. Tour de Hanoi
© Hanoi (tour de) p.747.
Topique
Mode théorique Toxicomanie
de représentation Relation de dépendance
du fonctionnement psychique aliénante à une drogue plus
à l'image d’un appareil ayant ou moins toxique, tendant à
une disposition spatiale. subordonner toute l'existence
Freud a proposé une première to- du sujet à la recherche des
pique en 1900, dont les instances effets du produit.
sont l'inconscient, le conscient et le SYN. pharmacodépendance.
préconscient, puis, en 1920, une Les produits utilisés par les toxi-
seconde, non superposable à la comanes sont des psychotropes
première, qui distingue le ça, le (héroïne, cocaïne, LSD, etc.) qui
surmoi et le moi. peuvent modifier les perceptions

914
sensorielles ou les fonctions psy- soit des neuroleptiques)
chiques, ou encore provoquer des ayant son principal effet
hallucinations. À long terme peu- thérapeutique sur
vent apparaître une tolérance et les manifestations psychiques
une dépendance psychique et phy- et somatiques de l'anxiété.
sique, sans compter diverses com- Le principal symptôme visé par la
plications telles que des troubles prescription de tranquillisants
psychiatriques ou, dans le cas d'in- étant l'anxiété,
on parle souvent de
jection intraveineuse avec une médicaments anxiolytiques. || se
aiguille infectée,latransmission du dégage en fait deux effets théra-
VIH. Le sevrage, aidé par un traite- peutiques complémentaires : un
ment médicamenteux, peut être effet anxiolytique et un effet séda-
complété par une psychothérapie. tif. Une classification de ces médi-
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© Dossiers, Addictions (les) p.90; caments est basée sur une préva-
Dépendance aux «drogues» lence de l'une ou de l’autre de ces
(la) p.193. deux actions principales.
Deux grandes classes de sub-
Training autogène stances sont le plus souvent uti-
Méthode de relaxation lisées pour leurs propriétés anxio-
proposée en 1932 par le lytiques : les benzodiazépines et les
médecin allemand J.H. Schultz carbamates.
et qui, introduite en France On s'accorde généralement à clas-
quelque vingt ans après, est ser aussi parmi les tranquillisants
à l'origine de nombreuses des médicaments appartenant à
thérapies par la relaxation. d'autres groupes pharmacolo-
Relaxation p.872. giques, parmi lesquels certains
neuroleptiques, les antihista-
Tranquillisant miniques, la morphine, les f8-blo-
Une des substances quants et même l'éthanol, dont le
psychotropes à structures profil d'action est tout à fait
chimiques variées (faisant superposable à celui des benzo-
partie soit des anxiolytiques diazépines.

915
S'il existe une hétérogénéité chi- tion du comportement suppressif :
mique des médicaments tranquilli- lorsque l’on crée chez l'animal une
sants, on peut définir cependant situation conflictuelle (partage
certains points d'impact pharma- entre désir d'une récompense et
cologiques. À doses élevées, les peur d’une punition), la peur de la
tranquillisants exercent un effet punition peut entraîner une sus-
sédatif qui se manifeste par une pension de toute activité. Sous l'in-
diminution de l'activité locomo- fluence des tranquillisants, l'animal
trice des animaux et une potentia- reprend une activité sans que l'on
lisation des dépresseurs du sys- puisse affirmer s’il s'agit d'une sous-
tème nerveux central (hypnotiques, estimation de la punition ou d'une
alcool, etc.). Toutes ces substances, surestimation de la récompense.
mais plus particulièrement les ben- © Psychotrope p.863 ;dossier,
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zodiazépines, exercent des effets Dépendance aux «drogues»


anticonvulsivants faciles à mettre (la) p.193.
en évidence.
À doses faibles ou modérées, les Transactionnelle (analyse)
benzodiazépines exercent des Méthode psychothérapique
effets qui paraissent plus en rapport fondée notamment sur l'idée
avec leur activité thérapeutique.On que les échanges
assiste ainsi, chez l'animal,àune sup- interpersonnels sont établis
pression des réponses émotion- sur des relations comparables
nelles conditionnées. Les animaux, à des transactions.
au cours d'un conditionnement, ne Fondée par l'Américain E. Berne
peuvent continuer leur activité (1910-1970), cette technique est
normale (motrice ou alimentaire) basée sur le fait que les interactions
lorsque le stimulus conditionnel les entre deux partenaires peuvent se
avertit de l'imminence d'une puni- réduire à des unités transaction-
tion inéluctable ;sous l'influence des nelles facilement analysables et
tranquillisants,
ces animaux peuvent repérables, où chacun se présente
poursuivre normalement leur acti- avec son «moi adulte» lorsque la
vité. L'autre test concerne l'inhibi- transaction est normale, avec son

916
«moi infantile» (correspondant en aux stimulations, une altération
partie au ça de la topique freu- ou même une perte transitoire
dienne) ou son «moi parental» du contact avec le milieu
(correspondant en partie au surmoi) extérieur, la substitution de
lorsqu'elle est perturbée. Le travail comportements automatiques
thérapeutique aura pour but essen- à une activité volontaire et
tiel de rétablir chez le patient la pos- une fréquente exaltation avec
sibilité de maintenir une relation euphorie donnant au sujet
«moi adulte» dans sa communica- l'impression qu'il est
tion et ses échanges avec autrui. transporté hors de lui-même
C'est surtout dans le travail social et du monde réel.
que l'analyse transactionnelle a
connu une grande extension. Elle Transfert
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permet en effet d'analyser rapide- PSYCHOL. Phénomène


ment les relations de couple et de par lequel une activité
famille, la communication dans intellectuelle ou manuelle
les groupes et les milieux profes- modifie une autre activité qui
sionnels et rend de grands services la suit, soit ne la rendant plus
aux responsables des ressources facile (transfert positif), soit en
humaines dans les entreprises.Son la troublant (transfert négatif).
aspect schématique et un peu PSYCHAN. Report de sentiments
simpliste (Berne disait qu'il suffit favorables ou hostiles effectué
de retenir les cinq notions de «pa- par l’analysant sur la personne
rent, adulte, enfant, jeu et scéna- de l'analyste, correspondant
rio » pour connaître et pratiquer à la répétition de situations
son analyse) explique à la fois sa infantiles.
grande popularité et ses limites. Le phénomène du transfert existe
dans toute relation entre les sujets,
Transe qui ne savent toutefois pas qu'ils
État modifié de conscience, répètent à cette occasion des émo-
caractérisé par une réduction “tions et des scénarios installés au
de la sensibilité cours de l'enfance et refoulés.
L'analyse, par son dispositif même, que recherche la cure. C'est la rai-
isole ce phénomène en tant que son pour laquelle le transfert fait
tel. S. Freud a repéré dans le trans- résistance à l'analyse et que l'ana-
fert le moteur de la cure analytique lyse du transfert est pour Freud
en même temps que l'obstacle d'abord analyse des résistances.
majeur à son déroulement. Freud J.Lacan reprend la conception freu-
situe le transfert comme une dyna- dienne du transfert en insistant sur
mique permettant, par son analyse, le caractère indissoluble de ses
d'aider le patient à intégrer dans liens avec la parole :le transfert est
l'histoire de sa vie les représen- une adresse à un Autre supposé
tations et les affects surgis vis-à-vis savoir, dont l'analyste est le sup-
de l'analyste et à les apprécier à leur port. Le transfert n'est pas une rela-
réelle valeur, c'est-à-dire comme tion duelle, il est inscrit dans le rap-
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des épisodes passés. port du sujet à l'Autre comme lieu


Le transfert peut s'opposer lui- et garant de la parole.
même à ce travail pour deux rai- © Cure p.695; dossiers,
sons. La première est son ambiva- Psychanalytique (le courant) p.450;
lence: comme toute position affec- Psychothérapie (suivre une) p.478.
tive, il associe amour et haine et
peut être essentiellement négatif. Transitionnel (objet)
La seconde est son origine libi- Objet particulier (couverture,
dinale:il peut être marqué d'une peluche, chiffon, etc.) auquel
trop forte charge érotique qui pro- le nourrisson ou le jeune
voque une intense résistance où un enfant est passionnément
amour de transfert peu accessible attaché et qui l’aide
à l'interprétation. à supporter l'angoisse
Le transfert, comme tout phéno- de la séparation d'avec
mène de retour du refoulé, est pris sa mère en gardant celle-ci
dans un processus de répétition symboliquement présente.
fondé sur la nature de la pulsion et (Cette notion est due
son besoin de décharge. La répé- à D.W.Winnicott.)
tition s'oppose à la remémoration @ Encadré, p.162.

918
T: "2
1CGV
f ail (5

Transitionnel (phénomène) et émotionnelle, mettant en jeu


Babillage, manipulation son équilibre psychologique
élective d’un objet matériel et entraînant souvent une
que le bébé surajoute décompensation de type
à l’autoérotisme oral psychotique ou névrotique ou
et qu'il utilise diverses somatisations.
contre l'angoisse dépressive. PSYCHAN. Événement le plus
souvent grave vécu par
Transitivisme le sujet mais qui reste
Mécanisme délirant observé inintégrable ou inassimilable
dans la schizophrénie qui fait par celui-ci.
que le patient projette Pour S. Freud, la théorie du trauma
une part de lui-même sur est liée à celle de la séduction pré-
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une autre personne ou sur coce d'un enfant par un adulte :l'en-
un objet du monde extérieur. fant peut être actif ou passif, il peut
y avoir pris du plaisir ou non, mais il
Transsexualisme développera plus tard une névrose
Conviction qu'a un sujet hystérique ou obsessionnelle.
d'appartenir à l’autre sexe, Dans un second temps, Freud re-
qui le conduit à désirer nonce à cette théorie — sans l’aban-
continuellement et à tenter donner complètement, puisqu'il y
d'obtenir par tous les fait encore référence dans ses der-
moyens (chirurgicaux ou niers écrits —- pour élaborer la théo-
endocrinologiques) que son rie du fantasme : le trauma sexuel
anatomie et son mode n'est pas réel mais fantasmatique,
de vie soient le plus possible et il «écrit» les effets du complexe
conformes à sa conviction. d'Œdipe.
La répétition concrète et onirique
Trauma ou traumatisme des scènes traumatiques vécues
PSYCHIATR. Événement subi (guerre, catastrophes naturelles,
par un sujet qui en ressent viols, tortures, accidents, etc.) a
une très vive atteinte affective amené Freud à proposer le concept

919
de pulsion de mort et à individua- (opérateur) permet de mieux dis-
liser la névrose «traumatique».Mais tinguer la psychologie du travail de
c'est S.Ferenczi qui en développera l'ergonomie et rend compte de son
la clinique et inventera des posi- caractère de discipline transversale.
tions thérapeutiques originales. En effet, la conduite, non réductible
Il n'est plus possible de penser que à l'activité, renvoie à ce qui est di-
les traumas d'ordre sexuel sont rectement observable (conduites
tous fantasmatiques : certains sont d'exécution dans leurs dimensions
réels et laissent des traces indélé- sensorielles et motrices et compor-
biles telles que de véritables écla- tements sociaux) et à ce qui peut
tements du sujet dans les cas d’in- être inféré grâce à l'analyse des
ceste. Les traumas peuvent prendre actions mais aussi des verbalisa-
pour cibles diverses instances du tions (orales et écrites), à savoir les
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sujet : certains induiront chez celui- processus de recherche et de sélec-


ci des processus de survie qui ne tion de l'information et les procé-
sont pas sans faire penser à des élé- dures de raisonnement et d'anti-
ments de psychose. cipation de l'action. L'analyse de la
@ Dossiers, Résilience conduite permet de redéfinir la
et aptitude au bonheur p.491; tâche telle qu'elle est appréhendée,
Troubles ancrés dans l'enfance ? comprise et exécutée et aboutit par
(des) p.630. conséquent à distinguer la tâche
prescrite de la tâche effective.
Travail (psychologie du) Sont alors pris en compte les
Discipline de recherche aspects cognitifs, affectifs, sociaux
et d'intervention de la psycho- et contextuels professionnels mais
logie qui a pour objet d'étude aussi extra-professionnels de la
l'ensemble des facteurs situation de travail. || convient dès
individuels, sociaux lors de concevoir la psychologie
et structurels influençant du travail comme étant, dans un
les conduites au travail. contexte particulier, le lieu de ren-
Cette notion de conduite qui fait contre des autres disciplines de la
référence explicitement à l'homme psychologie (psychologie sociale,

920
psychologie différentielle, psycho- L'évolution des prises en charge
logie cognitive, psychologie des éducative et sociale des personnes
organisations) mais aussi de la psy- porteuses de trisomie 21 a forte-
chophysiologie, de la médecine et ment modifié la compréhension du
de l'ergonomie. handicap. L'incidence de la trisomie
21 est de 1 pour 600 naissances. La
Travail du deuil diminution de la mortalité infantile
Processus psychique et l'augmentation de l'espérance
douloureux par lequel le sujet de vie permettent d'estimer que la
parvient progressivement à trisomie 21 concerne 20 % à 25 %
se détacher d’un être cher qui des arriérations mentales modé-
est mort. rées et sévères dans les sociétés
© Dossier, Deuil (le) p.226 ; industrialisées.
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encadré p.231. Les personnes atteintes de trisomie


21 ont cristallisé autour de leurs
Travestisme difficultés un ensemble résistant
Adoption par certains sujets d'idées fausses et de préjugés qui
de l'habitus vestimentaire et tiennent pour partie à la termino-
social du sexe opposé, pouvant logie qui décrit le syndrome, pour
aller parfois jusqu'à la nécessité une autre aux théorisations suc-
de porter des vêtements cessives de la déficience intellec-
de celui-ci pour obtenir tuelle.
une jouissance sexuelle. Les termes trisomie, trisomique se
(SYN. transvestisme.) sont substitués à mongolisme,
mongolien, avancés par le médecin
Trisomie 21 anglais J. Haydon Down (1828-
Aberration chromosomique 1896) qui, s'appuyant sur les ca-
qui associe des anomalies ractéristiques mongoloïdes du
morphologiques, neuro- visage d’un groupe particulier
motrices, métaboliques, d'arriérés mentaux, avait défendu
immunologiques et l'idée d'une dégénérescence ra-
une déficience intellectuelle. ciale pour expliquer à la fois les
déformations du corps et le défi-
cit mental. La cause génétique V
(chromosome 21 surnuméraire)
a été découverte en 1959 par Veille (état de)
l'équipe française de J.Lejeune, État physiologique périodique
M.Gauthier et R.Turpin.Cette mise caractérisé essentiellement
à distance des théories démono- par une activation du système
logiques a permis des recherches nerveux central, l'ouverture
nouvelles d'abord sur la sympto- des yeux, la tonicité des
matologie de la trisomie 21 puis, muscles et l'augmentation
par voie de conséquence,
sur l'édu- de la réactivité aux stimulus
cation spécialisée des enfants et externes.
le type d'accueil à proposer aux L'état de veille permet au sujet
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adultes. Ces études ont montré d'être vigilant, attentif à toute sti-
que les potentialités d'efficience mulation ayant pour son vécu quo-
intellectuelle et d'insertion sociale tidien une importance particulière.
sont supérieures à ce que pouvait Chez l'adulte, on dénombre géné-
prédire l'idée d'un déficit fixé par ralement trois types de veille : la
l'hérédité, indépendamment des veille diffuse, la veille attentive, la
effets du milieu sur le développe- veille intense.Chez l'enfant, la clas-
ment psychologique. sification généralement utilisée
© Handicap p.746; dossier, est celle de H.F.R.Prechtl (1974),
Enfant différent (avoir un) p.282. qui différencie également trois
états de veille : l'éveil calme, l'éveil
Trouble obsessif [ou agité et les vocalisations. Ces états
obsessionnel] compulsif sont définis par une configuration
© TOC p.913; particulière d'indices fonctionnels
dossier, TOC et phobies p.622. comme la respiration, l'activité
motrice, le rythme cardiaque, le
Troubles ancrés dans comportement visuel et les mou-
l'enfance ? (des) vements rythmiques (notamment
© Dossier, p.630. buccaux).La notion d'état de veille
permet d'évaluer la maturation du teurs exterieurs (comme l’alter-
système nerveux central et certains nance jour/nuit, la rythmicité des
aspects pathologiques. périodes de soins, la régularité des
échanges avec l'environnement)
Veille (cycle de qui jouent le rôle de synchroni-
veille/sommeil) seurs externes.
Rythme d'apparition © Dossiers, Sommeil (le) p.558;
successive de la veille Sommeil (les troubles du) p.566.
et du sommeil.
Chez l'adulte, ce cycle est circadien Verbal, -ale, -aux
(période de 24 heures) alors qu'il Se dit d’un test portant
est ultradien (période inférieure à sur l’utilisation du langage.
24 heures) chez le jeune enfant. La plupart des tests composites
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Cette rythmicité a pu être mise en d'intelligence (Binet-Simon, WISC,


évidence dès la vie intra-utérine, WAIS) comportent une part ver-
grâce à la combinaison de plu- bale.Les épreuves portant sur l’uti-
sieurs indices comme les mouve- lisation du langage présentent
ments globaux du fœtus, la varia- entre elles des corrélations qui leur
bilité de son rythme cardiaque et sont propres et que l'analyse facto-
son activité respiratoire. Ce cycle rielle explique par un facteur ver-
dure, in utero comme après la nais- bal. Ce facteur se subdivise en
sance, environ 90 minutes. La deux facteurs plus limités au
durée de ce cycle évolue considé- moins : un facteur de compréhen-
rablement pendant les premiers sion verbale présent notamment
mois de la vie. Dès l’âge de 1 mois, dans les épreuves de vocabulaire
l'enfant reste proportionnellement ou d'analogies verbales ; un facteur
plus éveillé pendant la journée. de fluidité verbale, d'aisance dans
Enfin, généralement entre le 4° et la recherche de mots, répondant à
le 6° mois, cette tendance s'accen- certaines exigences symboliques
tue. L'ontogenèse des rythmes cir- ou structurelles (exemples : mots
cadiens dépend de la maturation désignant un objet rond, mots de
de l'organisme mais aussi de fac- quatre lettres, etc.).

923
Verbalisation à l'apparition de nourriture. On a
Activité par laquelle les êtres pu montrer que le comportement
humains expriment «échoïque» - c'est-à-dire le fait
des significations au moyen qu'un jeune enfant répète en écho
des formes lexicales, des mots de la langue parlée autour
morphologiques de lui sans les comprendre ou sans
et syntaxiques en usage dans tenir compte de leur signification -,
une langue naturelle. qui, selon B.F. Skinner, serait le
moteur du développement du lan-
Verbalisme gage, ne se présente pas avec une
Utilisation d'éléments fréquence suffisante pour expliquer
du langage sans véritable des changements aussi rapides
compréhension de leur sens. que le signalent les observations.
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Le verbalisme a été étudié dans les On admet aujourd'hui qu'«un


reproductions que donnent les enfant peut commencer à utiliser
jeunes enfants de mots entendus, une forme linguistique en lui don-
soit pour mettre en évidence les nant un sens avant d'être capable
aspects sociaux de l'acquisition du de comprendre ce qu'elle signifie».
langage, soit comme témoignage Toutefois, cette capacité serait plus
d'une pensée désorganisée. ou moins facile selon l'apparte-
La psycholinguistique et les études nance sociale.
psychologiques ont montré que le
sens n'est pas surajouté aux quali- Verbigération
tés physiques des sons de parole, Grave altération
mais qu'il en est une dimension de l'expression verbale
intrinsèque. Avant même d'accé- caractérisée par un dévidage
der au langage, le babil du bébé automatique de mots ou
recèle une sémantique. Des cris ou de phrases sans suite, dans
onomatopées sont systématique- la plus complète incohérence,
ment répétés dans des situations apparaissant surtout dans les
précises. Par exemple, un bébé de démences arrivées à un stade
9-10 mois prononce «mememen» avancé de leur évolution.
Vérité Vieillesse
PSYCHOL. Propriété Dernière période de la vie,
d'un énoncé ou d’une correspondant à
proposition, qui consiste soit l'aboutissement normal
dans sa conformité à de la sénescence.
des règles logiques, soit dans Le terme s'oppose parfois à celui de
sa correspondance avec le réel. sénilité, qui en serait l'aspect patho-
PSYCHAN. Reconnaissance logique. Mais il faut bien recon-
de ce qui est. naître que l'extrême vieillesse ne
se distingue en rien de cette der-
Victimologie nière.En revanche,il est certain que
Étude de la personnalité des la vieillesse apparaît et va s'aggra-
victimes de délits ou de crimes, ver plus ou moins vite selon les
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de leur statut psychosocial et individus.


de leurs relations affectives Classiquement, pour l'Organisation
avec leur agresseur. mondiale de la santé (OMS), l'âge
moyen s'étend de 45 à 59 ans, celui
Vidéothérapie des personnes âgées de 60 à 74 ans,
Toute technique celui des vieillards de 75 à 90 ans
psychothérapique utilisant et celui des grands vieillards au-
les moyens audiovisuels delà de 90 ans. On parle plutôt de
d'enregistrement vidéo. «troisième âge» à partir de 65 ans,
La vidéothérapie est devenue âge de la retraite,et de «quatrième
aujourd'hui le médium et parfois âge» à partir de 80 ans. Mais ces
l'instrument privilégié de nom- chiffres n’ont qu'une valeur très
breuses psychothérapies indivi- relative puisque tout dépend des
duelles et familiales. Elle permet processus de sénescence biolo-
au patient d'exprimer ce qu'il res- gique et psychologique de chacun.
sent non seulement face à sa re- Il ne faut pas oublier que le compor-
présentation, mais aussi face au tement du vieillard sera surtout fonc-
psychothérapeute,àtravers la pré- tion de sa personnalité antérieure.
sence médiatisante de la vidéo. © Dossier, Vieillesse (la) p.637.

925
ts

Village (test du) de n'importe quel autre objet


Test projectif dans lequel présenté à sa vue.
Le
x
le sujet est prié de construire © Encadré, p.266.
un village en disposant à son
gré les éléments qui, selon lui, Vocabulaire (test du)
le constituent. Test conçu par Binois et Pichot
Imaginé par Arthus, élaboré par et permettant d'apprécier
son élève Mabille,ilest composé de le niveau intellectuel
dix-huit maisons portant une ins- des adultes, employé
cription révélant leur fonction so- en psychopathologie
ciale (épicerie, boucherie, mairie, conjointement avec le test
école, gendarmerie, café, etc.), de D.48 pour mesurer
maisons individuelles à construire, la détérioration mentale.
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de ponts, de barrières pour ani- Le test du vocabulaire comporte


maux, de personnages. Le sujet 44 items. Chaque item consiste en
testé doit construire le village de un terme auquel le sujet doit trou-
son choix et répondre à une série ver Un synonyme parmi une liste de
de questions portant,en particulier, six éventualités. Chaque bonne
sur divers aspects de ce village. L'in- réponse crédite d'un point.La note
terprétation du test du village est brute ainsi obtenue dépend beau-
à la fois symbolique, s'inspirant no- coup du niveau culturel du sujet.
tamment de la symbolique de l'es- Elle résiste mieux à toutes les
pace en graphologie, et formelle: formes de détérioration mentale
différents types de village sont asso- que les notes obtenues à partir de
ciés à des types de personnalité. tests comme le test des dominos.Si
© Projectif (test) p.854. l'on possède à la fois la note obte-
nue par un sujet au test du voca-
Visages bulaire et celle qui est obtenue au
(reconnaissance des) test des dominos,il est alors aisé de
Comportement par lequel calculer par différence un indice de
un jeune enfant distingue la détérioration mentale du sujet.
un visage humain © D.48 (test) p.697.

926
Vocalisations préverbales
Activités vocales non verbales
du bébé telles que cris,
gazouillements, babillage, etc. Wechsler
observables avant les débuts (échelles d'intelligence de)
du langage proprement dit. D. Wechsler a établi plusieurs
© Babillage p.670. échelles d'intelligence
largement utilisées.
Vocalise La première en date
Formule mélodique ou exercice (Wechsler-Bellevue Scale)
de voix sur des voyelles. a été publiée en 1939, puis
Le terme de vocalise, qui désigne révisée en 1955 sous le titre
un procédé permettant aux chan- Wechsler Adult Intelligence
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teurs de contrôler la régularité et la Scale, ou WAIS («échelle


qualité de l'émission du son vocal, d'intelligence de Wechsler
est utilisé pour décrire les jeux pour adultes»).
vocaux des bébés lorsqu'ils ont L'échelle d'intelligence de Wechs-
acquis le contrôle de leur respira- ler comprend six épreuves verbales
tion et pour désigner les produc- et cinq épreuves de performance
tions vocales des bébés. (non verbales). Les résultats sont
notés en tenant compte de l’âge
Voyeurisme des sujets (de 16 à 60 ans et plus).
Anomalie du comportement, Elle permet d'obtenir trois QI (dé-
caractérisée par la recherche du viation par rapport à la moyenne,
plaisir sexuel en regardant ou sans référence à un «âge mental»):
en épiant des personnes se le QI global, analysé en QI verbal et
déshabillant ou se livrant à des QI performance.Wechsler a publié
activités sexuelles ou physio- ultérieurement des échelles de
logiques (miction, défécation), même type adaptées à des sujets
à leur insu le plus souvent. plus jeunes : l'échelle d'intelli-
) Paraphilie p.826 ; dossier, _gence de Wechsler pour enfants
Sexualité (les troubles de la) p.535. (angl. Wechsler Intelligence Scale
for Children, ou WISC), pour sujets
de 5 à 16 ans (1949) ; l'échelle d'in- Z
telligence de Wechsler pour la pé-
riode préscolaire et primaire (angl. Zézaiement
Wechsler Preschool and Primary Trouble articulatoire
School Scale of Intelligence, ou de la parole se manifestant
WPPSI), pour sujets de 4 à 6 ans par une distorsion
(1972). phonématique due à
@ Intelligence p.770. un sigmatisme interdental
(ou adental) (par ex.
prononcer zuzube, pizon, sien,
pour jujube, pigeon, chien).
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928
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par Rotolito Lombarda à Pioltello (Italie)
Dépôt légal : avril 2013
311153-01/11021631-avril
2013
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de la vre quouaienne

+ Un mémento indispensable : une présentation claire et


synthétique de la psychologie, de la psychanalyse et de la
psychiatrie ; l’histoire, les théories, les maîtres fondateurs.

+ Les grandes questions de la vie psychologique per-


sonnelle et familiale : l'adolescence, l'amour, l'enfance, la
dépression, l'éducation, le comportement du nouveau-
né mais aussi le sommeil ou le vieillissement. Au total
60 grands dossiers classés alphabétiquement qui présen-
tent aussi toutes les thérapies (cure analytique, thérapie
familiale, hypnose médicale) et les pathologies graves
(anorexie, autisme, psychose...).

+ Les notions essentielles : de abandon à zézaiement, en pas-


sant par complexe, dyslexie ou fétichisme, | 500 définitions
pour comprendre le sens de mots de plus en plus utilisés.

Préface du docteur Sylvie Angel


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par un collectif d'auteurs, médecins, psychologues, professeurs qui
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