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6e édition L’essentiel du LES CARRÉS 6e 6e édition

2013-2014 D roit de l’environnement Droit

L’essentiel du DROIT de L’ENVIRONNEMENT


Science Politique
Sciences
Le contenu du livre Le sommaire économiques
• Les sources du droit de Sciences
Cet ouvrage permet en 15 chapitres de l’environnement et ses acteurs de gestion
faire le point sur l’essentiel du Droit de – les sources du droit de Concours
l’environnement aujourd’hui. Il permet l’environnement de la Fonction Catherine Roche
– les grands principes publique
d’appréhender globalement la matière et d’en

L’essentiel
– les acteurs
• La préservation du patrimoine
comprendre les enjeux actuels. Ces enjeux sont naturel
d’autant plus importants que ce droit intéresse – la préservation de la biodiversité
– la réglementation des prélèvements
aujourd’hui tous les acteurs publics et privés,

du
• La protection des espaces
que les situations conflictuelles ne sont pas

Droit
– la montagne et le littoral
rares et que le droit de l’environnement est un – la forêt et les zones humides
– les protections spécifiques à
droit en perpétuelle mutation. certains sites
Au total, une nouvelle édition 2013-2014 qui – les parcs et réserves
• Les pollutions et nuisances
présente de manière synthétique, rigoureuse – les installations classées
et pratique le Droit de l’environne- et les risques industriels majeurs
– les déchets
ment. – le bruit

Le public
– Étudiants en licence de droit et en master (système LMD)
• La protection des milieux
– la lutte contre la pollution
atmosphérique de
l’environnement
– Étudiants dans le domaine de l’environnement – la préservation de la ressource
en eau
– Professionnels
– le milieu marin
– Collectivités territoriales, associations, particuliers

L’auteur
2013-2014
Catherine Roche est Maître de conférences HDR en droit public à l’Université
de Poitiers et responsable du Master professionnel 2e année « Droit de
l’environnement industriel » de la Faculté de droit et des sciences sociales de
Poitiers.

C. ROCHE
Prix : 13,50 €
ISBN 978-2-297-03205-6
Catherine Roche

L’essentiel
du

Droit
de
l’environnement
2013-2014
6e édition
Cette collection de livres présente de manière synthétique,
rigoureuse et pratique l’ensemble des connaissances que l’étudiant
doit posséder sur le sujet traité. Elle couvre :
– le Droit et la Science Politique ;
– les Sciences économiques ;
– les Sciences de gestion ;
– les concours de la Fonction publique.

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Gualino éditeur
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© Gualino éditeur, Lextenso éditions 2013


33 rue du Mail 75081 Paris cedex 02
ISBN 978 - 2 - 297 - 03205 - 6
ISSN 1288-8206
PRÉSENTATION
Cet essentiel a pour objectif de faire le point sur certaines grandes questions du droit de
l’environnement. Sans pouvoir prétendre à l’exhaustivité, il permettra aux étudiants, aux
professionnels ainsi qu’à toute personne intéressée d’aborder et de comprendre le droit de
l’environnement applicable en France quelles que soient ses sources.
Il est structuré en 5 parties :
• les sources du droit de l’environnement et ses acteurs permettant de comprendre les
interactions entre les sources internationales, communautaires et nationales, ainsi que le
rôle joué par les différents acteurs ;
• la préservation du patrimoine naturel qui traite des réglementations relatives à la
protection des espèces mais également aux prélèvements autorisés tels que la chasse et
la pêche ;
• la protection des espaces qui aborde les espaces faisant l’objet d’une protection spéci-
fique en fonction de leur intérêt écologique, de leur rareté ou de leur fragilité... ;
• les pollutions et nuisances comprenant les réglementations relatives aux installations
classées incommodes, insalubres ou dangereuses, les déchets et le bruit ;
• la protection des milieux qui sont des milieux récepteurs : l’eau, l’air et la mer.
Cet ouvrage est destiné aux étudiants de licence et master, aux professionnels, aux associa-
tions, administrations ainsi qu’à toute personne qui souhaite tout simplement s’informer sur
la matière.
4 L’ESSENTIEL DU DROIT DE L’ENVIRONNEMENT

Les références aux articles renvoient, sauf mention contraire, au Code de l’environnement. De
même, la référence « ministère » renvoie au ministère de l’Écologie, du Développement
durable et de l’Énergie.
SOMMAIRE
Présentation 3
Introduction – Le mouvement perpétuel 15

1
Les sources du droit de l’environnement et
ses acteurs
Chapitre 1 – Les sources du droit de l’environnement 19
1 – Les sources françaises du droit de l’environnement 19
■ La Constitution 19
■ La loi 20
■ Le Code de l’environnement 20
2 – Les sources européennes du droit de l’environnement 21
■ Les traités 21
■ Les programmes d’action 22
■ Le droit dérivé 22
6 L’ESSENTIEL DU DROIT DE L’ENVIRONNEMENT

3 – Les sources internationales 23


■ Les traités 23
■ Les déclarations 23
■ La jurisprudence internationale 24

Chapitre 2 – Les grands principes 25


1 – Le développement durable et l’intégration 25
■ Le développement durable 25
■ Le principe d’intégration 26
2 – Prévention, précaution, Information/participation, pollueur payeur 26
■ Le principe de prévention 26
■ Le principe de précaution 27
■ Le principe d’information et de participation 28
■ Le principe pollueur payeur 30

Chapitre 3 – Les acteurs 33


1 – Le ministère de l’Écologie 33
■ L’administration centrale 33
■ Les services déconcentrés 34
2 – Les collectivités territoriales 34
3 – Les institutions et organes de l’Union européenne
et les organisations internationales 35
■ Les institutions et organes de l’UE 35
■ Les organisations internationales 35
4 – Les associations 36
SOMMAIRE 7

2
La préservation du patrimoine naturel
Chapitre 4 – La préservation de la biodiversité 41
1 – Stratégie et planification 41
■ La stratégie nationale pour la biodiversité 41
■ Le schéma de cohérence écologique, les orientations nationales
et les trames vertes et bleues 42
2 – La préservation des espèces 42
■ La protection des espèces menacées 43
■ Les plans nationaux d’action 43
■ Les espèces envahissantes 44
■ Les inventaires 44
3 – Le réseau Natura 2000 45
■ Les sources 45
■ La création du réseau en France 45
a) La procédure 45
b) Les mesures de protection 46

Chapitre 5 – La réglementation des prélèvements 47


1 – La chasse 47
■ L’acte de chasse 47
■ Le territoire de chasse 48
■ Les périodes de chasse 48
■ La destruction des nuisibles 49
2 – La pêche 49
■ Le patrimoine piscicole 50
8 L’ESSENTIEL DU DROIT DE L’ENVIRONNEMENT

■ La réglementation de la pêche 50
a) Le droit de pêche 50
b) L’exercice de la pêche 51

3
La protection des espaces
Chapitre 6 – La montagne et le littoral 55
1 – La montagne 55
■ Définition 55
■ Les principes d’aménagement et de protection des zones de montagne 55
2 – Le littoral 56
■ Le Conservatoire du littoral 56
■ Aménagement, protection et mise en valeur 57

Chapitre 7 – La forêt et les zones humides 61


1 – La forêt 61
■ Définition 61
■ La politique forestière 62
2 – Les zones humides 63
■ Définition 64
■ La protection des zones humides 64

Chapitre 8 – Les protections spécifiques à certains sites 67


1 – Les arrêtés de biotope 67
■ Définition 67
■ Les mesures de protection 67
SOMMAIRE 9

2 – Les sites inscrits et classés 68


■ L’inscription 68
■ Le classement 68
■ Le label Grand site de France 69
3 – Les espaces protégés par le département 69
■ Les espaces naturels sensibles des départements 69
■ La protection et la mise en valeur des espaces agricoles et naturels
périurbains 69

Chapitre 9 – Les parcs et réserves 71


1 – Les parcs 71
■ Les parcs nationaux 71
a) Définition 71
b) La création du parc 72
c) La Charte du parc 72
d) Les règles applicables dans le parc 73
e) La gestion du parc 73
■ Les parcs naturels marins 74
■ Les parcs naturels régionaux 74
a) Définition 74
b) Les dispositions applicables 75
2 – Les réserves naturelles 75
■ Les réserves naturelles nationales 76
■ Les réserves naturelles régionales 76
■ Les réserves naturelles de Corse 76
■ Les dispositions communes 76
10 L’ESSENTIEL DU DROIT DE L’ENVIRONNEMENT

4
Les pollutions et nuisances
Chapitre 10 – Les installations classées et les risques industriels
majeurs 81
1 – Les installations soumises à la réglementation des ICPE 81
■ L’absence de définition précise 81
■ Les différentes installations 82
2 – Les installations soumises à autorisation 82
■ La demande d’autorisation 82
■ L’autorisation 83
■ Les modalités particulières d’autorisation pour les installations de type
Seveso 84
■ Le fonctionnement de l’installation 84
3 – Les installations soumises à enregistrement 85
■ La demande d’enregistrement 85
■ L’enregistrement 86
■ Le fonctionnement de l’installation 86
4 – Les installations soumises à déclaration 86
■ La déclaration 86
■ Le fonctionnement de l’installation 87
5 – Les dispositions communes 87
■ Le fonctionnement de l’installation 87
■ La disparition de l’installation 88
■ Les recours 88
6 – Les plans de prévention des risques technologiques (PPRT) 88
SOMMAIRE 11

Chapitre 11 – Les déchets 91


1 – Les dispositions générales 91
■ Sources 91
■ Définition 92
■ Le traitement, le transport et l’information 92
a) L’obligation de traitement des déchets 92
b) La responsabilité élargie du producteur 94
c) L’information 94
■ Les installations 94
2 – La planification 95
■ Les plans nationaux 95
■ Les plans régionaux 96
■ Les plans départementaux 96
■ Compatibilité 97
■ Transfert transfrontière 97
3 – Les réglementations particulières 97
■ Les déchets spécifiques 97
■ Les déchets radioactifs 98

Chapitre 12 – Le bruit 101


1 – Le bruit ambiant 101
■ Les sources 101
■ Les objets et activités bruyantes 102
2 – Les transports 102
■ Les transports terrestres 102
■ Les transports aériens 103
3 – La carte de bruit et le plan de prévention du bruit dans
l’environnement 104
12 L’ESSENTIEL DU DROIT DE L’ENVIRONNEMENT

5
La protection des milieux
Chapitre 13 – La lutte contre la pollution atmosphérique 109
1 – Les sources 109
2 – Les dispositions générales 110
■ Les principes généraux 110
■ La prévention, la surveillance et l’information 111
■ Les dispositions relatives aux véhicules à moteur 111
■ Les dispositions relatives aux installations fixes 112
■ La qualité de l’air intérieur 112
3 – La planification 113
■ Les Schémas régionaux du climat, de l’air et de l’énergie 113
■ Les plans de protection de l’atmosphère 113
■ Le plan d’urgence pour la qualité de l’air 114
■ Les plans de déplacement urbains 114
4 – Les mesures d’urgence 115
5 – Effet de serre et changement climatique 116
■ Le Plan climat énergie territorial 117
■ Les échanges de droit d’émission des GES 117
a) La mise en œuvre de la réforme 118
b) Les quotas 119
c) La procédure 119

Chapitre 14 – La préservation de la ressource en eau 123


1 – Les sources du droit de l’eau 123
2 – Des structures administratives spécifiques 124
■ Les bassins hydrographiques 124
SOMMAIRE 13

■ Le rôle du préfet coordonnateur de bassin 124


■ Les comités de bassin 125
■ Les agences de l’eau 125
■ Les commissions locales de l’eau 125
3 – La planification 126
■ La délimitation 126
■ Le SDAGE 126
a) L’élaboration du SDAGE 126
b) Les fonctions du SDAGE 127
■ Le SAGE 127
■ La trame bleue 128
4 – La police de l’eau 128
■ Autorisations et sanctions 128
■ La préservation de la qualité et des réserves en eau 129
■ Les IOTA 130
■ La protection des points de captage d’eau 130
■ La lutte contre la pollution par les nitrates 131

Chapitre 15 – Le milieu marin 133


1 – La prévention et la répression de la pollution 134
■ La compétence française 134
■ La pollution par les hydrocarbures et autres substances dangereuses 135
■ Les autres types de pollution 136
2 – La responsabilité et l’indemnisation 137
3 – La lutte contre les pollutions 138
Bibliographie 141
Liste des abréviations

ACCA Association communale et intercommunale de chasse agréée


ADEME Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie
BO Bulletin officiel (ministère de l’Écologie)
Cons. const. Conseil constitutionnel
CE Conseil d’État
C. env. Code de l’environnement
C. for. Code forestier
CGCT Code général des collectivités territoriales
C. rur. Code rural et de la pêche maritime
C. urb. Code de l’urbanisme
DREAL Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement
EPCI Établissement Public de Coopération Intercommunale
GES Gaz à effet de serre
INB Installation nucléaire de base
IOTA Installations, ouvrages, travaux et activités
ICPE Installations classées pour la protection de l’environnement
JO Journal Officiel de la République française
PDU Plan de déplacements urbains
PLU Plan local d’urbanisme
PPA Plan de protection de l’atmosphère
PPRT Plan de prévention des risques technologiques
PRQA Plan régional pour la qualité de l’air
SCOT Schéma de cohérence territoriale
SAGE Schéma d’aménagement et de gestion des eaux
SDAGE Schéma directeur d’aménagement et de gestion des eaux
SMVM Schéma de mise en valeur de la mer
SNB Stratégie nationale pour la biodiversité
SNDD Stratégie nationale pour le développement durable
SRCAE Schéma régional du climat, de l’air et de l’énergie
TVB Trames vertes et bleues
UE Union Européenne
ZNIEFF Zone naturelle d’intérêt écologique, floristique et faunistique
ZPS Zone de protection spéciale
ZSC Zone spéciale de conservation
Le mouvement INTRODUCTION
perpétuel
Le droit de l’environnement est né des inquiétudes du XXe siècle face aux
dommages infligés à la nature par le progrès industriel. Puis sont apparues les
inquiétudes pour le devenir de l’humanité tout entière. Si l’action en faveur de
l’environnement a longtemps été considérée comme un frein au progrès, les
préoccupations environnementales ont depuis quitté le cercle fermé des spécia-
listes pour entrer dans le domaine public.
La protection de l’environnement est devenue une des préoccupations majeures des citoyens dans
de nombreux pays. En 2012, les français étaient préoccupés en 1er lieu par le réchauffement clima-
tique puis par les catastrophes naturelles et la pollution de l’air, mais considéraient que la protec-
tion de l’environnement devait faire l’objet d’une action des pouvoirs publics et non pas des parti-
culiers (CGDD, Chiffres et statistiques nº 143, 2013).
Parmi les préoccupations environnementales, dont certaines sont assez anciennes, on peut mettre
l’accent sur le lien entre l’environnement et la santé qui fait aujourd’hui l’objet d’une attention
soutenue : un plan national santé/environnement a été lancé en 2004 dans le cadre de la stratégie
nationale de développement durable et le plan national santé/environnement 2 a pris le relais
pour la période 2009-2013. Il énonce 12 mesures phares visant à réduire les « expositions respon-
sables de pathologies à fort impact sur la santé » (diminution des émissions de particules fines
dans l’air, protection des captages d’eau...).
La lutte contre le changement climatique est également le grand défi environnemental du début
du XXIe siècle et est d’ailleurs une priorité nationale pour la France. C’est dans ce cadre que la poli-
tique des énergies renouvelable se développe depuis plusieurs années.
Le droit de l’environnement connaît d’importants développements : ne serait-ce qu’au niveau
national, on peut citer l’adoption du code du même nom, la constitutionnalisation de l’environne-
ment avec la Charte constitutionnelle, l’adoption des lois Grenelle I (2009) et Grenelle II, l’élabora-
tion du Grenelle de la mer. Si le Conseil d’État traite dans son rapport public 2006 de la proliféra-
tion législative dans tous les domaines, le droit de l’environnement en est un exemple d’école,
c’est un mouvement perpétuel. Cette tendance – confortée par le fait que le droit de
16 L’ESSENTIEL DU DROIT DE L’ENVIRONNEMENT

l’environnement use du droit public comme du droit privé – est de plus alimentée par l’essor du
droit international et du droit européen de l’environnement.
C’est ainsi que la loi Grenelle II (loi 2010-788 du 12 juillet 2010 portant engagement national
pour l’environnement) adoptée après le long processus de concertation (appelé « Grenelle de
l’environnement ») a modifié 34 codes et plusieurs lois. Cependant l’actuel président de la Répu-
blique a souhaité mettre en œuvre une nouvelle concertation sur la question de l’environnement
et en septembre 2012 une conférence environnementale a été organisée pour faire le bilan du
processus « Grenelle » et définir un programme de travail. Cinq tables rondes ont permis une
réflexion sur la transition énergétique, la biodiversité, la prévention des risques sanitaires et envi-
ronnementaux, la fiscalité écologique et la gouvernance environnementale. Une feuille de route a
ensuite été adoptée afin de cadrer le travail du gouvernement dans ces domaines avec pour
objectif la réalisation de 84 mesures. La prochaine conférence environnementale pour la transition
écologique est prévue pour septembre 2013, tandis que des états généraux pour la modernisation
du droit de l’environnement sont programmés pour le 25 juin 2013.
À noter également que l’ordonnance 2012-34 vise à modifier, harmoniser et simplifier les
dispositions répressives du Code de l’environnement. Elle porte sur les mesures de police
administrative qui sont unifiées à tous les domaines (exception faite des polices des déchets et
des produits chimiques très marqués par le droit de l’UE). Les fonctions des agents chargés de
fonctions de polices administratives sont étendues et ils deviennent des inspecteurs de l’environ-
nement. L’ordonnance harmonise également les sanctions pénales et étend la procédure de la
transaction pénale à tous les domaines. Ces dispositions entrent en vigueur le 1er juillet 2013.
En dépit de toutes ces évolutions on peut craindre que la politique environnementale et plus
largement de développement durable ne soit une victime « collatérale » de la crise économique.
Ce serait alors une répétition du scénario d’après 1973. L’histoire bégaie dit-on parfois, la préoc-
cupation environnementale peut-être aussi.
PARTIE 1
Les sources du droit
de l’environnement et ses acteurs

Chapitre 1 Les sources du droit de l’environnement 19


Chapitre 2 Les grands principes 25
Chapitre 3 Les acteurs 33
Les sources du droit CHAPITRE
de l’environnement
Le droit de l’environnement est né dans les années 1970 : en 1972 à Stockholm
1
pour le droit international de l’environnement, en 1972 à Paris pour le droit
communautaire de l’environnement, vers 1976 pour le droit français de l’environ-
nement. L’environnement a donc quitté la sphère des « écolos » pour entrer dans
celle des juristes, non sans opposition et il a fallu la pugnacité de certains
hommes et femmes pour que cette matière acquière ses lettres de noblesse.

1 Les sources françaises du droit de l’environnement


■ La Constitution
Depuis longtemps, l’absence de référence à l’environnement dans la Constitution de 1958 était
pointée du doigt. Alors que la plupart des constitutions européennes et une bonne partie dans le
monde citent voire définissent cet élément, la norme suprême française restait muette sur ce
point. Ce n’est plus le cas puisque la Charte constitutionnelle de l’environnement est entrée dans
le bloc de constitutionnalité par une révision du préambule de la Constitution, qui énonce l’atta-
chement du peuple français aux droits et devoirs définis dans la Charte de l’environnement de
2004. Cette Charte reprend des principes et notions bien connus mais elle les redessine parfois
en innovant dans leur définition. Constituée d’un préambule et de 10 articles, elle affirme le droit
de chacun de vivre dans un environnement équilibré et respectueux de la santé et le fait que toute
personne ait le devoir de prendre part à la préservation et à l’amélioration de l’environnement,
avant d’en venir – mais pas toujours en les citant en tant que principes – aux principes de préven-
tion, pollueur/payeur, précaution, information/participation. Le développement durable est égale-
ment cité tandis que l’éducation, la formation, la recherche et l’innovation font l’objet de disposi-
tions. La Charte inspire enfin l’action européenne et internationale de la France.
20 L’ESSENTIEL DU DROIT DE L’ENVIRONNEMENT

Ce texte a donné lieu à de nombreuses controverses sur la portée juridique de ses dispositions. Le
Conseil constitutionnel dans sa décision no 2008-564 DC du 19 juin 2008, puis le Conseil d’État
dans un arrêt d’assemblée du 3 octobre 2008 no 297931 (Commune d’Annecy) ont tous deux
affirmé que « l’ensemble des droits et devoirs définis dans la Charte de l’environnement ont
valeur constitutionnelle ; (...) s’imposent aux pouvoirs publics et aux autorités administratives dans
leur domaine de compétence respectif ».

■ La loi
L’adoption de la Charte de l’environnement a été l’occasion de compléter l’article 34 de la Consti-
tution en ajoutant aux compétences du parlement la détermination des principes fondamentaux
de la préservation de l’environnement (CE, 24 juill. 2009, CRIGEN, nº 305314). On peut rappeler
que deux grandes lois ont fondé le droit de l’environnement en France : les lois de 1976 sur la
protection de la nature et sur les installations classées pour la protection de l’environnement.

■ Le Code de l’environnement
La rédaction du Code de l’environnement a débuté en 1989 ; la partie législative a été adoptée
par ordonnance en 2000. La partie réglementaire a été progressivement adoptée entre 2005
et 2007. Attention toutefois, certains textes ne sont que partiellement ou pas codifiés : il faut
donc continuer de s’y reporter.
Le code est constitué de 7 livres :
– le livre I porte sur les dispositions communes, c’est-à-dire les principes généraux, l’information et
la participation des citoyens, les institutions, les associations, la prévention et la réparation de
certains dommages causés à l’environnement ;
– le livre II traite des milieux physiques : eau, milieux aquatiques et marins, air et atmosphère ;
– le livre III porte sur les espaces naturels : inventaire et mise en valeur du patrimoine naturel,
littoral, parcs et réserves, sites, paysages, accès à la nature, trame verte et trame bleue ;
– le livre IV traite du patrimoine naturel : sa protection, la chasse, la pêche en eau douce et la
gestion des ressources piscicoles ;
– le livre V porte sur la prévention des pollutions, des risques et des nuisances, avec les installa-
tions classées, les produits chimiques, biocides et les substances à l’état nanoparticulaire, les
OGM, les déchets, des dispositions particulières à certains ouvrages ou installations, la préven-
tion des risques naturels, la prévention des nuisances sonores, la protection du cadre de vie ;
CHAPITRE 1 – Les sources du droit de l’environnement 21

– le livre VI prévoit les dispositions applicables en Nouvelle-Calédonie, en Polynésie Française, à


Wallis et Futuna, dans les terres australes et antarctiques françaises et à Mayotte ;
– le livre VII est consacré à la protection de l’environnement en Antarctique.
L’article L. 110-1 en est le premier article et il précise que les espaces, ressources et milieux natu-
rels, les sites et paysages, la qualité de l’air, les espèces animales et végétales, la diversité et les
équilibres biologiques auxquels ils participent font partie du patrimoine commun de la Nation. Il
définit ensuite les différents principes du droit de l’environnement (il a été modifié sur ce point
en 2012 afin de distinguer le principe d’information du principe de participation, infra) et les fina-
lités du développement durable.

2 Les sources européennes du droit de l’environnement


C’est en 1972 que les chefs d’État et de gouvernement réunis à Paris décidèrent de la création
d’une politique communautaire de l’environnement, le Traité de Rome ne comportant aucun
article sur la question.

■ Les traités
L’Acte Unique avait en 1987, expressément intégré la protection de l’environnement dans le Traité
de Rome. Suite à l’entrée en vigueur du Traité de Lisbonne, la question environnementale se
retrouve citée aussi bien au TUE – Traité sur l’Union européenne – (préambule, art. 3.3 et 21)
qu’au TFUE – Traité sur le Fonctionnement de l’Union européenne – (art. 191.1 et s. et art. 11).
La mission de l’Union européenne en matière d’environnement est la promotion d’un niveau élevé
de protection et d’amélioration de la qualité de l’environnement. Les objectifs de cette politique
environnementale définis à l’actuel article 191.1 sont : la préservation, la protection et l’améliora-
tion de la qualité de l’environnement, la protection de la santé des personnes, l’utilisation
prudente et rationnelle des ressources naturelles, la promotion sur le plan international de
mesures destinées à faire face aux problèmes régionaux ou planétaires de l’environnement, et en
particulier la lutte contre le changement climatique.
Cette politique est fondée sur les principes de précaution et d’action préventive, sur le principe de
la correction par priorité à la source, des atteintes à l’environnement et sur le principe du pollueur
payeur.
22 L’ESSENTIEL DU DROIT DE L’ENVIRONNEMENT

■ Les programmes d’action


Les programmes d’action pour l’environnement sont nés en 1973. La CJCE (dans un arrêt,
C142-95, Associazione agricoltori della provincia di Rovigo c/Commission du 12 décembre 1996)
a défini la portée de ces programmes en matière d’environnement qui ne visent qu’« à fournir un
cadre pour la définition et la mise en œuvre de la politique de la Communauté dans le domaine
de l’environnement, mais (...) ne comporte(nt) pas de normes juridiques à caractère obligatoire ».
Ces programmes sont donc des guides définissant les priorités pour les années à venir. Le
6e programme a pris fin en juillet 2012, et le 7e PAE est toujours en cours d’élaboration. L’évalua-
tion du 6e PAE a montré que dans les domaines du changement climatique, de la diversité biolo-
gique, de la santé en lien avec l’environnement et de l’utilisation durable des ressources naturelles
et gestion des déchets, des « tendances incompatibles avec le développement durable subsistent »
(COM2012 (710)). Le projet de 7e programme « Bien vivre, dans les limites de notre planète » liste
4 priorités thématiques : protection et amélioration du capital naturel de l’Europe, (biodiversité,
eau, mer, air...), mise en place d’une économie verte et à faible émission de CO2, (énergies renou-
velables, climat...), protection des citoyens contre les risques pour la santé et au bien-être liés à
l’environnement (qualité de l’air et de l’eau, produits chimiques...). Pour atteindre ces objectifs,
« il sera donc considéré comme une priorité absolue d’améliorer la mise en œuvre de l’acquis de
l’Union en matière d’environnement au niveau de l’État membre », et il faudra améliorer l’intégra-
tion de la dimension environnementale dans les différentes politiques de l’Union, faire progresser
les connaissances (recherche scientifique...) et favoriser les investissements... Ce programme sera
mis en œuvre jusqu’au 31 décembre 2020.
Ces programmes sont complétés par des stratégies thématiques qui, sans être applicables directe-
ment, permettent d’élaborer et de présenter des projets de directives et de règlements.

■ Le droit dérivé
Le droit de l’Union européenne est aujourd’hui une des principales sources du droit de l’environ-
nement, avec plus de 200 actes portant sur l’environnement. Si le corpus législatif européen en
matière d’environnement est assez complet (sauf sur la question des sols), sa mise en œuvre reste
encore parfois problématique. Le coût de la non mise en œuvre de cette législation a d’ailleurs été
estimé à environ 50 milliards d’euros par an en comptant les conséquences sur l’environnement
mais aussi celles sur la santé humaine (COM(2012) 95).
La directive est le type d’acte le plus employé en matière d’environnement et si la France a long-
temps été une mauvaise élève avec un déficit de transpositions important, ce n’est plus le cas
aujourd’hui puisqu’elle se situe dans la moyenne. Cependant des point noirs subsistent : en
CHAPITRE 1 – Les sources du droit de l’environnement 23

2012, la Commission européenne a saisi la Cour de justice pour non-respect par la France de la
directive nitrates (Affaire C-193-12 et C-237-12). La France a aussi été condamnée (CJUE,
9 juin 2011, C-383/09) pour ne pas avoir assuré une protection suffisante au Grand Hamster
d’Alsace, et en janvier 2013, la Commission a mis en demeure la France de répondre sur la ques-
tion du braconnage dans les Landes de l’Ortolan (espèce protégée).

3 Les sources internationales


■ Les traités
Les traités internationaux dans le domaine de l’environnement sont nombreux. Ils peuvent être à
vocation universelle, c’est-à-dire ouverts à tous les États souhaitant y adhérer. Dans ce cas, ils trai-
tent de questions elles aussi universelles en ce sens que l’objet du traité est susceptible d’intéresser
tous les États. C’est le cas par exemple de la convention cadre sur les changements climatiques,
les conventions cadres présentant d’ailleurs la particularité de proposer un canevas général qui
sera complété par d’autres conventions ou protocoles.
Il existe également de nombreuses conventions régionales ne réunissant que les États intéressés
d’une même région, le problème leur étant commun. On peut citer la Convention relative à la
protection du Rhin de 1999 ou la Convention-Cadre pour la protection de l’environnement marin
en mer Caspienne de 2003... Certains traités portent sur des actions précises : protection d’une
espèce ou d’un milieu déterminé par exemple, d’autres sont plus « procéduraux », comme la
Convention d’Aarhus sur l’accès à l’information, la participation du public en matière
d’environnement.
Enfin certains traités ne portent que partiellement sur la protection de l’environnement, c’est le cas
de la Convention des Nations unies sur le droit de la mer.
Dans tous les cas, ces traités ne sont applicables qu’entre États les ayant ratifiés.

■ Les déclarations
Arriver à un accord sur un traité international n’est jamais aisé et ça ne l’est pas plus dans le
domaine de la protection de l’environnement. C’est pourquoi certains textes sont adoptés sous
forme de déclaration. Ainsi l’Agenda 21 (aujourd’hui souvent appelé Action 21) a été adopté au
Sommet de Rio de 1992 et précise les objectifs à atteindre pour parvenir à un développement
durable pour le XXIe siècle, tout comme la Déclaration de Rio sur l’environnement et le développe-
ment qui énumère les vingt-sept grands principes d’une gestion durable des ressources de la
planète.
24 L’ESSENTIEL DU DROIT DE L’ENVIRONNEMENT

Ces textes sont des guides, ils peuvent servir de fondement à de futures conventions – la Déclara-
tion de Rio énonce les grands principes de l’environnement qui repris depuis par d’autres textes –
mais ils ne sont aucunement contraignants pour les États. Peut-on dire que leur portée est nulle ?
Sans doute pas, tout dépend de la bonne volonté des États. Certains traités ne sont pas plus
respectés et il n’existe pas de système de sanction internationale qui puisse dissuader les États
d’agir de la sorte. Les textes non contraignants peuvent avoir une portée politique importante et
leurs innovations peuvent être reprises dans d’autres. Un accord non contraignant peut également
être la prémisse d’une réflexion qui permettra d’aboutir à l’adoption d’un traité.

■ La jurisprudence internationale
On classera ici aussi bien les arrêts de la Cour internationale de justice (Détroit de Corfou – 1949 ;
Nabcikovo-Nagymaros – 1997, Usine de pâte à papier – 2010) que les sentences arbitrales
(Fonderie du Trail – 1941...).
La jurisprudence internationale permet de préciser les relations entre les États en posant des règles
telles que « l’obligation générale qu’ont les États de veiller à ce que les activités exercées dans les
limites de leur juridiction ou sous leur contrôle respectent l’environnement dans d’autres États (...)
fait maintenant partie du corps de règles du droit international de l’environnement » (CJCE, avis
sur la licéité de la menace ou de l’emploi d’armes nucléaires – 1996). Dans l’arrêt
Nabcikovo-Nagymaros la Cour a énoncé que « des normes du droit de l’environnement, récem-
ment apparues, sont pertinentes pour l’exécution du traité » (conclu entre la Hongrie et la Slova-
quie), et qu’elle « ne voit aucune difficulté à reconnaître que les préoccupations exprimées par la
Hongrie en ce qui concerne son environnement naturel dans la région affectée par le projet
Gabcíkovo-Nagymaros avaient trait à un "intérêt essentiel" de cet État ».
À noter qu’actuellement la Cour est saisie de plusieurs différends portant sur des problèmes envi-
ronnementaux : un différend entre l’Australie et le Japon portant sur le non-respect allégué de la
Convention internationale pour la réglementation de la chasse à la baleine : le Japon mène en
effet un programme de chasse à la baleine dans le cadre d’un programme scientifique (ce qui est
autorisé par la convention) mais pour l’Australie cette chasse aurait des fins commerciales (ce qui
est interdit par la convention). Une requête visant la Colombie pour des opérations d’épandage
aérien d’herbicides a été déposée par l’Équateur et une requête a été déposée par le Nicaragua
contre le Costa Rica suite aux travaux de construction d’une route qui menacerait le fleuve San
Juan, son écosystème, les espèces aquatiques qui y vivent, et la qualité de l’eau...
Les grands principes CHAPITRE

C’est à Rio en 1992 que ces principes ont été définis, ou redéfinis pour certains
2
d’entre eux. S’il n’y a pas forcément d’accord sur leur contenu, ils sont reconnus
par de nombreuses conventions internationales, par les Traités européens et par
la Charte constitutionnelle de l’environnement, même si elle ne les cite pas tous
expressément.

Ces principes doivent servir de base à la protection de l’environnement. Leurs noms sont connus
du grand public : développement durable, prévention, précaution, pollueur payeur, participation ;
leurs implications juridiques le sont moins. On retrouve presque tous ces principes dans le TFUE,
à l’article L. 110-1 du Code de l’environnement et à la Charte constitutionnelle de
l’environnement.

1 Le développement durable et l’intégration


■ Le développement durable
Ce principe a pour but de concilier développement économique, progrès social et respect de
l’environnement, les 3 éléments étant indissociables et autant qu’un principe c’est un objectif à
atteindre. La Charte de l’environnement le cite deux fois : dans le Préambule « afin d’assurer un
développement durable, les choix destinés à répondre aux besoins du présent ne doivent pas
compromettre la capacité des générations futures et des autres peuples à satisfaire leurs propres
besoins » et à l’article 6 « les politiques publiques doivent promouvoir un développement durable.
À cet effet, elles prennent en compte la protection et la mise en valeur de l’environnement et les
concilient avec le développement économique et le progrès social ».
26 L’ESSENTIEL DU DROIT DE L’ENVIRONNEMENT

Une Stratégie de l’Union européenne en faveur du développement durable a été adoptée dès
2001. En France, une nouvelle stratégie nationale du développement durable pour 2010-2013
définit 9 défis à relever allant du changement climatique à la santé et la pauvreté.
L’article L. 110-1 fixe 5 finalités au développement durable : lutte contre le changement clima-
tique, préservation de la biodiversité, milieux et ressources, cohésion sociale et solidarité entre les
territoires et les générations, épanouissement de tous les êtres humains, dynamique de développe-
ment suivant des modes de production et de consommation responsables.
Des projets territoriaux de développement durable qui englobent les agendas 21 locaux sont
définis et mis en œuvre notamment au niveau des collectivités territoriales et doivent permettre
de concrétiser ce principe. La responsabilité sociale des entreprises relève également de ce
principe.

■ Le principe d’intégration
Ce principe est essentiellement énoncé par le droit européen (art. 11, TFUE) et constitue un
objectif prioritaire du 7e programme d’action pour l’environnement (tout comme dans le 6e PAE).
Il vise à permettre la prise en compte des problématiques environnementales dans toutes les
autres politiques. La protection de l’environnement n’est pas seulement le fait de la politique de
l’environnement, mais de toutes les autres actions ou politiques. Ainsi, pourrait-on aujourd’hui
élaborer une politique des transports sans prendre en compte ses conséquences environnemen-
tales ? L’intégration doit également avoir pour but le développement durable. La Charte de l’envi-
ronnement n’en fait pas mention mais son article 6 renvoie en fait à cette idée.

2 Prévention, précaution, Information/participation,


pollueur payeur
■ Le principe de prévention
Les actions de prévention doivent permettre de prévenir les atteintes à l’environnement en adop-
tant par avance les mesures nécessaires. La prévention est donc mise en œuvre avant la réalisation
d’une activité ou d’un ouvrage. Le point important ici est qu’il faut prévenir un risque connu et
prévu : si le dommage n’est qu’éventuel, le risque est quant à lui certain.
L’étude d’impact réformée en 2010/2011 est l’un des instruments de la prévention environnemen-
tale : « Les projets de travaux, d’ouvrages ou d’aménagements publics et privés qui, par leur
nature, leurs dimensions ou leur localisation sont susceptibles d’avoir des incidences notables sur
l’environnement ou la santé humaine, sont précédés d’une étude d’impact » (art. L. 122-1). C’est
CHAPITRE 2 – Les grands principes 27

un tableau annexé à l’article R. 122-2 qui définit les projets, ouvrages, aménagements qui font
l’objet d’une étude d’impact, soit automatiquement, soit au cas par cas après une procédure
spécifique.
L’étude d’impact doit donc permettre de mieux connaître le risque et de définir les moyens
permettant de le supprimer, le réduire ou de le compenser, c’est aussi un instrument d’informa-
tion du public et d’aide à la décision des autorités administratives Les études d’impacts doivent
comprendre au minimum une description du projet, une analyse de l’état initial de la zone,
l’étude des effets du projet sur l’environnement ou la santé (effet directs et indirects, temporaires
et permanents), les mesures envisagées pour éviter, réduire, compenser les effets négatifs notables
sur l’environnement ou la santé ainsi qu’une présentation des principales modalités de suivi de ces
mesures et de leurs effets.
L’évaluation des plans et documents ayant une incidence notable sur l’environnement (art.
L. 122-4 et s.), l’étude d’incidences au titre de la législation sur l’eau (art. R. 214-6), le document
d’incidences Natura 2000 (art. L. 414-4), les procédures d’autorisation ou de déclaration, les
normes d’émission ou de qualité relèvent également du principe de prévention.
Enfin, l’article 3 de la Charte constitutionnelle énonce que toute personne doit, dans les condi-
tions définies par la loi, prévenir les atteintes qu’elle est susceptible de porter à l’environnement
ou, à défaut, en limiter les conséquences.

■ Le principe de précaution
Apparemment similaire au précédent, ce principe présente toutefois une différence de taille qui le
caractérise. Il s’agit encore une fois d’agir en amont afin d’éviter un dommage à l’environnement ;
cependant, ici l’action est envisagée alors même que le risque n’est pas certain. On va présup-
poser un risque – qui peut-être n’existe pas – afin d’agir pour éviter la réalisation de ce risque et
donc le dommage. Le principe de précaution est le principe de l’incertitude : incertitude sur l’exis-
tence ou non du risque, incertitude sur la réalisation d’un dommage qui n’a peut-être aucune
chance d’arriver.
Il ne faut pas confondre précaution et recherche du risque zéro, le but ici est autant que possible
d’éviter ou de limiter un dommage. La mesure de précaution qui sera éventuellement adoptée
peut consister en une information, une limitation ou, si c’est la seule solution, en une interdiction.
Bien entendu, la précaution est indissociable de la recherche scientifique qui doit permettre de
définir la réalité ou non du risque et éventuellement sa probabilité de survenance. À l’aune de
ces résultats, la mesure de précaution sera maintenue, revue ou supprimée (selon que le risque
est réel ou pas, la probabilité qu’il se réalise, la gravité du dommage éventuel). À noter que ce
principe est également utilisé dans le domaine de la santé (CE, 19 juill. 2010, Ass. du quartier les
28 L’ESSENTIEL DU DROIT DE L’ENVIRONNEMENT

hauts de Choiseul, nº 328687, qui applique aussi le principe au droit de l’urbanisme). Le Conseil
d’État a précisé les questions de compétences pour la mise en œuvre de ce principe (CE,
26 octobre 2011, Commune de St-Denis, nº 326492) « le principe de précaution, s’il est applicable
à toute autorité publique dans ses domaines d’attributions, ne saurait avoir ni pour objet, ni pour
effet de permettre à une autorité publique d’excéder son champ de compétences et d’intervenir
en dehors de ses domaines d’attribution ». En conséquence, le maire ne pouvait adopter une
réglementation limitant l’implantation d’antennes de téléphonie mobile afin de protéger le public
contre les effets des ondes émises par les antennes. Le Conseil d’État a également récemment
affirmé « qu’une opération qui méconnaît les exigences du principe de précaution ne peut légale-
ment être déclarée d’utilité publique » (CE, 12 avr. 2013, Ass. Coordination interrégionale stop
THT, nº 342409) et bien que reconnaissant le caractère plausible d’un risque pour la santé d’une
ligne à haute tension, il a jugé que les mesures de précaution adoptées après une procédure
d’évaluation des risques, n’étaient pas manifestement insuffisantes.
La Charte de l’environnement énonce à l’article 5 que « lorsque la réalisation d’un dommage, bien
qu’incertaine en l’état des connaissances scientifiques, pourrait affecter de manière grave et irré-
versible l’environnement, les autorités publiques veillent, par application du principe de précaution
et dans leurs domaines d’attributions, à la mise en œuvre de procédures d’évaluation des risques
et à l’adoption de mesures provisoires et proportionnées afin de parer à la réalisation du
dommage ». Cet article le souligne, seules les autorités publiques mettent en œuvre ce principe
et non pas les personnes privées.

■ Le principe d’information et de participation


Ce principe a en effet un double visage avec le droit à l’information et le droit à la participation.
On pourrait y ajouter également, avec la Convention sur l’accès à l’information, la participation du
public au processus décisionnel et l’accès à la justice en matière d’environnement (Convention
d’Aarhus de 1998), un droit d’accès à la justice dans le domaine de l’environnement. Le principe
d’information/participation est le droit, pour les différents acteurs de la société, d’être informés et
de participer au traitement des questions environnementales. Le Conseil constitutionnel (Cons.
const. 2011-183/184 QPC du 14 octobre 2011, FNE) a précisé que l’information n’est pas suffi-
sante en elle-même et que la participation du public doit également être rendue possible. Il
rappelle également la compétence du législateur pour définir les conditions et limites de l’accès
du public aux informations environnementales. Le Conseil constitutionnel a – dans 5 autres déci-
sions – déclaré non-conformes à la constitution des dispositions du Code de l’environnement
pour non-respect de l’article 7 de la Charte (infra). C’est pourquoi la loi 2012-1460 du
27 décembre 2012 a modifié l’article L. 110-1 du code en distinguant : « le principe selon lequel
CHAPITRE 2 – Les grands principes 29

toute personne a le droit d’accéder aux informations relatives à l’environnement détenues par les
autorités publiques » et « le principe de participation en vertu duquel toute personne est informée
des projets de décisions publiques ayant une incidence sur l’environnement dans des conditions lui
permettant de formuler ses observations, qui sont prises en considération par l’autorité compé-
tente ». Elle a également modifié divers articles du code et notamment l’article L. 120-1 qui
définit désormais les conditions et limites dans lesquelles le principe de participation de l’article 7
de la Charte est applicable aux décisions (sauf décisions individuelles, pour lesquelles un autre
texte devra être adopté en 2013) de l’État, sous réserve qu’elles ne soient pas soumises à une
procédure particulière garantissant la participation du public à leur élaboration. La procédure
prévoit une mise à disposition en ligne du projet de décision et d’une note de présentation,
assortie d’un délai pour que le public présente ses observations. La décision ne sera prise par
l’autorité administrative qu’après l’expiration d’un délai permettant la prise en considération de
ces observations. L’autorité administrative devra également publier une synthèse des observations
(en indiquant celles dont il a été tenu compte) et les motifs de la décision finalement adoptée
(www.consultations-publiques.developpement-durable.gouv.fr ; v. aussi D. 2013-441 sur la mise
en consultation sur support papier).
Concernant le droit à l’information, les articles L. 124-1 et suivants prévoient les modalités de
transmission des informations et définissent les conditions d’accès à l’information environnemen-
tale détenue par les autorités publiques (attention, cette précision est importante). Ce droit
s’exerce selon les modalités prévues par la loi no 78-753 du 17 juillet 1978, et concerne notam-
ment l’état des éléments de l’environnement, les décisions, activités et facteurs susceptibles
d’avoir des conséquences sur ces éléments, l’état de la santé humaine, les analyses coûts/avan-
tages, ainsi que les rapports établis par les autorités publiques. Les articles R. 125-1 et s. prévoient
des dispositions particulières pour l’information en matière de déchets et de risques majeurs
notamment.
À noter que le Conseil constitutionnel (décision 2013-308 QPC du 26 avril 2013, Ensemble pour la
planète) a estimé que l’autorisation accordée pour certains travaux de recherche de mines (selon la
substance recherchée et les méthodes employées) ne constituait pas une décision ayant une inci-
dence significative sur l’environnement et qu’en conséquence le Code minier
de Nouvelle-Calédonie en ne prévoyant pas de procédure d’information et de participation du
public ne méconnaît pas l’article 7 de la Charte de l’environnement.
On doit également citer dans ce cadre le rôle de la Commission nationale du débat public (CNDP),
qui est chargée de veiller au respect de la participation du public au processus d’élaboration des
projets d’aménagement ou d’équipement d’intérêt national de l’État, des collectivités territoriales,
des établissements publics et des personnes privées, dès lors qu’ils ont des impacts significatifs sur
30 L’ESSENTIEL DU DROIT DE L’ENVIRONNEMENT

l’environnement (art. L. 121-1 et s.) : c’est-à-dire en pratique des projets importants (autoroutes,
lignes hautes tension... art. R. 121-1 à 3).
Bien entendu, les études d’impact et les enquêtes publiques (art. L. 123-1 et s. et R. 123-1 et s.)
relèvent du droit à l’information et à la participation, aussi bien que de la prévention : « L’enquête
publique a pour objet d’assurer l’information et la participation du public ainsi que la prise en
compte des intérêts des tiers lors de l’élaboration des décisions susceptibles d’affecter
l’environnement... » (art. L. 123-1). Il existe désormais 2 types d’enquête publique : environnemen-
tale et de l’expropriation pour cause d’utilité publique. Sont soumis à enquête publique environne-
mentale notamment les projets soumis à étude d’impact (art. L. 123-1 et R. 123-1) et « les obser-
vations et propositions recueillies au cours de l’enquête sont prises en considération par le maître
d’ouvrage et par l’autorité compétente pour prendre la décision ».
La Charte de l’environnement précise à l’article 7 que « toute personne a le droit, dans les condi-
tions et les limites définies par la loi, d’accéder aux informations relatives à l’environnement déte-
nues par les autorités publiques et de participer à l’élaboration des décisions publiques ayant une
incidence sur l’environnement ».

■ Le principe pollueur payeur


Il remplit plusieurs fonctions : internalisation des coûts des mesures environnementales (dans
l’entreprise, dans le prix du produit fabriqué), prévention des pollutions, réparation. Si le caractère
réparateur est le plus connu parce que le plus visible, ses autres fonctions (notamment de préven-
tion) sont également importantes ; elles peuvent ainsi prendre la forme de taxes (redevance ou
taxe d’assainissement par exemple).
La réparation peut passer par la création de fonds d’indemnisation, ce qui permet de garantir
l’indemnisation des victimes, mais pas forcément de responsabiliser l’éventuel pollueur. C’est d’ail-
leurs une des critiques émises sur l’article 4 de la Charte de l’environnement selon lequel « toute
personne doit contribuer à la réparation des dommages qu’elle cause à l’environnement, dans les
conditions définies par la loi ». Contribuer signifiant participer à la réparation et non pas l’assumer
entièrement.
Le titre VI du livre Ier du code de l’environnement « prévention et réparation de certains dommages
à l’environnement » est issu de la transposition de la directive 2004/35 du 21 avril 2004 sur la
responsabilité environnementale en vue de la prévention et de la réparation des dommages envi-
ronnementaux. Il met en place un régime de réparation qui ne se remplace pas les régimes déjà
établis puisqu’il « ne fait obstacle à la mise en œuvre d’aucun régime de police spéciale » (art.
L. 164-1). Il vise à permettre de prévenir ou réparer les dommages causés à l’environnement mais
uniquement dans des domaines définis (sols, eau, espèces et habitats, art. L. 161-1), soit par des
CHAPITRE 2 – Les grands principes 31

activités professionnelles dont la liste est fixée aux articles R. 162-1 et s. y compris en l’absence de
faute ou de négligence de l’exploitant, soit par une autre activité professionnelle en cas de faute
ou de négligence de l’exploitant mais uniquement pour des dommages causés aux espèces et
habitats (art. L. 162-1).
À noter qu’une proposition de loi sénatoriale qui vise à inscrire dans le Code civil « la responsabi-
lité du fait des atteintes à l’environnement », a été adoptée au Sénat en mai 2013 et envoyée en
1re lecture à l’Assemblée nationale. Elle prévoit que la réparation du dommage à l’environnement
s’effectuerait prioritairement en nature et à défaut par compensation financière.
Les acteurs CHAPITRE

Au-delà des acteurs institutionnels (ministère, organisations internationales...), des


3
personnes privées jouent un rôle important dans le domaine de l’environnement.
Les ONG ou associations sont en effet particulièrement actives dans ce domaine.
Rappelons également qu’en application du principe de participation, toute
personne a le droit d’être informée et de participer.

1 Le ministère de l’Écologie
■ L’administration centrale
Le ministère en charge de l’Environnement a changé de nombreuses fois de dénomination et de
champ d’action depuis le 1er ministère de la protection de la nature et de l’environnement (1971)
et notamment 4 fois entre 2007 et 2010. Il a même perdu son ministre et a été rattaché au
Premier ministre en février 2012 jusqu’à la constitution du nouveau gouvernement en mai 2012.
Il est devenu ministère de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie.
Le ministère comprend notamment : un secrétariat général, le Commissariat général au développe-
ment durable (chargé de promouvoir le développement durable dans les politiques publiques et
notamment de l’élaboration et du suivi de la SNDD), plusieurs directions générales : laDG de
l’énergie et du climat, la DG des infrastructures, des transports et de la mer, la DG de l’aviation
civile, la DG de l’aménagement, du logement et de la nature, la DG de la prévention des risques,
etc. Le Conseil général de l’environnement et du développement durable (CGEDD) exerce
plusieurs missions : conseil au gouvernement, missions d’expertise et d’évaluation, inspection
générale (sur les services) et une mission très importante d’autorité environnementale (le CGEDD
34 L’ESSENTIEL DU DROIT DE L’ENVIRONNEMENT

en formation d’AE ; D. 2008-679 modifié du 9 juillet 2008). Cette dernière mission s’exerce dans
le cadre de l’étude d’impact (art. L. 122-1 et s.)
Le ministre exerce une tutelle exclusive ou conjointe avec d’autres ministères, sur plusieurs établis-
sements publics tels que le Conservatoire du Littoral et des Rivages Lacustres, l’ADEME (Agence de
l’environnement et de la maîtrise de l’énergie, la cotutelle étant exercée par le ministère chargé de
l’Industrie et de la Recherche), le Muséum national d’histoire naturelle (en cotutelle avec le minis-
tère chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche)...

■ Les services déconcentrés


Les Directions régionales de l’environnement (DIREN), les Directions régionales de l’industrie, de la
recherche et de l’environnement (DRIRE) et les Directions régionales de l’équipement ont été
regroupées à compter de l’année 2009 pour former des Directions Régionales de l’environnement,
de l’aménagement et du logement (DREAL ; DEAL dans les départements d’outre-mer). Placées
sous l’autorité du préfet de région, elles pilotent et déclinent en région les politiques de dévelop-
pement durable.
À noter également qu’une Direction Départementale des Territoires (DDT) ou, pour les départe-
ments littoraux, une Direction Départementale des Territoires et de la Mer (DDTM) est créée dans
chaque département (ce sont des DM en outre-mer). Placée sous l’autorité du préfet de départe-
ment, elle met en œuvre des politiques d’aménagement et de développement durables des terri-
toires (prévention des risques naturels, protection et gestion durable des eaux, espaces naturels,
forestiers, ruraux...).
Le Préfet joue un rôle important par le biais de ses pouvoirs de police spéciale (police des installa-
tions classées pour la protection de l’environnement, police de la chasse...). Il exerce également
son autorité sur les services départementaux de l’État (DREAL...). Le préfet de région a désormais
autorité sur les services régionaux de l’État et sur les préfets de département (D. 2004-374
modifié).

2 Les collectivités territoriales


Malgré les avancées de la décentralisation, l’environnement relève encore principalement de
l’autorité de l’État, même si les lois Grenelle ont renforcé dans certains domaines le rôle des collec-
tivités territoriales (climat et biodiversité). Les compétences des collectivités territoriales qui restent
assez éparpillées ne peuvent être totalement énumérées et étudiées dans ce cadre. Ainsi la
commune est traditionnellement compétente en matière de déchets, d’eau et d’assainissement,
certaines de ces compétences pouvant être transférées aux EPCI. Les départements et régions
CHAPITRE 3 – Les acteurs 35

disposent également de certains pouvoirs (espaces naturels sensibles des départements ou parcs
naturels régionaux, élaboration des schémas régionaux du climat, de l’air et de l’énergie, et des
schémas régionaux de cohérence écologique...).

3 Les institutions et organes de l’Union européenne


et les organisations internationales
■ Les institutions et organes de l’UE
Le droit de l’environnement est aujourd’hui en grande partie, voire essentiellement, d’origine
européenne. La Commission européenne est donc dotée d’une DG environnement qui est
chargée d’élaborer les futurs textes de l’UE et de veiller à l’application de ce droit par les États
membres. En 2010, a également été créée une DG Climat chargée de la question du changement
climatique et de la protection de la couche d’ozone.
L’Agence européenne pour l’environnement (AEE) doit, quant à elle, fournir une aide technique
et scientifique à l’Union, aux États membres, mais aussi à des pays non-membres en ce qui
concerne la protection de l’environnement.

■ Les organisations internationales


Il serait fastidieux de dresser une liste de toutes les organisations internationales démontrant un
intérêt ou agissant dans le domaine de l’environnement. Elles sont souvent à l’origine des conven-
tions internationales en la matière.
Le PNUE, Programme des Nations unies pour l’Environnement, a pour fonction essentielle de coor-
donner l’action en faveur de l’environnement dans le système des Nations unies. Il promeut la
coopération internationale, exerce une fonction de veille environnementale, de coordination, et
de conception de programmes et de conventions internationales. La transformation du PNUE en
une véritable Organisation des Nations unies pour l’Environnement (avec des compétences plus
étendues et un budget propre) a malheureusement été repoussée à la conférence de Rio+ 20, de
même que la création d’une Organisation Mondiale de l’Environnement (sur le modèle de l’OMC).
La seule réforme menée pour le moment est l’élargissement du conseil d’administration du PNUE
qui comprenait 58 représentants d’États membres de l’ONU à une représentation universelle et sa
nouvelle dénomination (assez trompeuse) : Assemblée de l’Environnement des Nations
unies. L’objectif sera maintenant de doter le PNUE de ressources sûres et stables, et de lui
permettre de mieux jouer son rôle de coordonnateur au sein du système des Nations unies.
36 L’ESSENTIEL DU DROIT DE L’ENVIRONNEMENT

4 Les associations
Interlocutrices privilégiées des pouvoirs publics et actrices principales dans le domaine de la partici-
pation, les associations de protection de l’environnement jouent un rôle fondamental dans la
protection de l’environnement.
Les associations qui exercent depuis trois ans au moins leur activité « dans le domaine de la
protection de la nature, de l’amélioration du cadre de vie (faune, eau, sols, paysages, pollutions,
urbanisme...) et d’une manière générale, œuvrant principalement pour la protection de l’environ-
nement, et qui justifient d’un nombre suffisant de membres (...) peuvent faire l’objet d’un agré-
ment motivé de l’autorité administrative » (art. L. 141-1, voir également : art. L. 221-3, L. 433-2,
L. 611-1 et s., et L. 621-1 et s., C. env. et art. L. 160-1, C. urb. [...] ; Circ. 14 mai 2012).
C’est le préfet qui délivre l’agrément (valable cinq ans) sauf si le ressort territorial de l’association
dépasse le département ou la région ; c’est alors le ministre qui détient cette compétence
(art. R. 141-1 et s.). Ces associations doivent œuvrer principalement et de manière continue à la
protection de l’environnement ; la condition du « nombre suffisant de membres » sera appréciée
en fonction du contexte local.
Les associations agréées sont appelées, « dans le cadre des lois et règlements en vigueur, à parti-
ciper à l’action des organismes publics concernant l’environnement » (art. L. 141-2), ce qui signifie
qu’elles sont appelées à désigner des représentants pour y siéger.
Certaines associations agréées, (et organismes et fondations d’utilité publique) « peuvent être dési-
gnées pour prendre part au débat sur l’environnement qui se déroule dans le cadre des instances
consultatives ayant vocation à examiner les politiques d’environnement et de développement
durable » (art. L. 141-3).
Ces associations doivent représenter un nombre important de membres, justifier d’une expérience
et de savoirs reconnus dans les domaines visés à l’article L. 141-1, et justifier d’une indépendance
à l’égard des pouvoirs publics et privés (art. R. 141-21). La décision est prise par le préfet, préfet
de région ou ministre, sur demande de l’association. Le fait d’être désignée ne garantit pas de
siéger effectivement dans toutes les instances concernées, mais sans désignation il est à l’inverse
impossible de siéger dans ces instances.
L’agrément permet également de présumer de l’intérêt à agir de l’association lors d’un recours
administratif contre une décision administrative ayant un rapport direct avec son objet et activités
statutaires et « produisant des effets dommageables pour l’environnement sur tout ou partie du
territoire pour lequel elles bénéficient de l’agrément » (art. L. 142-1). Il permet aussi à ces associa-
tions de se porter partie civile devant les juridictions répressives pour certaines infractions.
CHAPITRE 3 – Les acteurs 37

L’association agréée peut également recevoir mandat d’au moins 2 personnes physiques ayant
subi un dommage environnemental, pour agir en leur nom devant les juridictions compétentes.
Hors agrément, les associations peuvent tout de même agir en justice (art. L. 142-2).
PARTIE 2
La préservation du patrimoine
naturel

Chapitre 4 La préservation de la biodiversité 41


Chapitre 5 La réglementation des prélèvements 47
La préservation CHAPITRE
de la biodiversité
La diversité biologique est en fait la diversité des formes de vie existant sur Terre.
4
Si la protection de certaines espèces menacées n’est pas une nouveauté, l’idée
d’un devoir de protection de la biodiversité dans son ensemble a été réalisée en
1992 à Rio avec la Convention sur la diversité biologique. Malgré les nombreux
textes en la matière, la biodiversité recule partout dans le monde et de plus en
plus rapidement, la France ne faisant pas exception.

1 Stratégie et planification
« La politique traditionnelle des aires protégées se complète par une nouvelle vision, celle d’une
protection de la biodiversité "ordinaire" » [rapport Assemblée Nationale, nº 3313, 2011]. La
préservation de la biodiversité passe donc également par la mise en œuvre de stratégies et plans.
Suite aux réflexions menées lors de la Conférence environnementale de septembre 2012 une
Agence nationale de la biodiversité devrait être créée en 2013 par la (future) loi-cadre sur la biodi-
versité (adoption prévue à l’automne 2013). Cette Agence pourrait avoir des fonctions de forma-
tion, sensibilisation, recherche, expertise, appui aux collectivités territoriales, entreprises, etc.

■ La stratégie nationale pour la biodiversité


Révisée et adoptée pour la période 2011-2020, la SNB permet de respecter les engagements issus
de la Convention sur la diversité biologique et constitue la déclinaison « biodiversité de la SNDD ».
Elle vise à stopper la perte de la biodiversité en mobilisant tous les acteurs, en intégrant la conser-
vation de la biodiversité dans l’ensemble des politiques publiques... Sa mise en œuvre repose sur
l’adhésion volontaire des acteurs publics et privés, l’État s’engageant à être exemplaire (à noter
42 L’ESSENTIEL DU DROIT DE L’ENVIRONNEMENT

que la SNB 2004-2010 a été qualifiée d’échec notamment à cause du peu d’implication des admi-
nistrations centrales [rapport Assemblée Nationale]).

■ Le schéma de cohérence écologique, les orientations nationales


et les trames vertes et bleues
La trame verte et bleue (TVB) est un « réseau formé de continuités écologiques terrestres et aqua-
tiques identifiées par les schémas régionaux de cohérence écologique ainsi que par les documents
de l’État, des collectivités territoriales et de leurs groupements auxquels des dispositions législatives
reconnaissent cette compétence et, le cas échéant, celle de délimiter ou de localiser ces conti-
nuités » (art R. 371-16 issu du D. du 27 déc. 2012). Les TVB sont des outils d’aménagement du
territoire constitués d’espaces déjà protégés ou importants pour la protection de la biodiversité et
de « corridors écologiques » (les reliant), de cours d’eau, canaux, zones humides (art. L. 371-1 et s.
et R. 371-19). Elles doivent permettre aux espèces animales et végétales protégées au niveau
national ou régional de se déplacer « pour assurer leur cycle de vie et favoriser leur capacité
d’adaptation » et d’aider à assurer un bel état écologique des masses d’eau (objectif de la
directive-cadre sur l’eau, infra).
Ces TVB sont mises en œuvre par les Orientations nationales pour la préservation et la remise en
bon état des continuités écologiques et les Schémas régionaux de cohérence écologique (SRCE).
Les orientations nationales sont un document cadre définissant des choix stratégiques visant à
préserver et rénover les continuités écologiques ainsi qu’un guide méthodologique qui identifie
les enjeux nationaux. Le schéma de cohérence écologique est élaboré au niveau de la région et
porte sur les enjeux régionaux, il doit identifier les TVB de la région, permettre d’assurer la préser-
vation et la remise en bon état de la fonctionnalité des continuités écologiques et pour cela il
définit les mesures (notamment contractuelles) nécessaires. Les documents d’urbanisme doivent
être compatibles avec les orientations et prendre en compte le SRCE.
Un comité national et des comités régionaux TVB sont chargés de missions d’information et de
conseil et d’aide à l’élaboration des orientations nationales et du SRCE.

2 La préservation des espèces


La loi de 1976 sur la protection de la nature a été codifiée aux articles L. 411-1 et s. Elle a bien sûr
été modifiée, notamment pour tenir compte du droit de l’Union européenne et des conventions
internationales auxquelles la France a adhéré. La loi Grenelle II a modifié le titre IV du livre III du
Code de l’environnement dont l’intitulé n’est plus « faune et flore » mais « patrimoine naturel »
ce qui inclut les patrimoines biologique et géologique.
CHAPITRE 4 – La préservation de la biodiversité 43

■ La protection des espèces menacées


Certaines espèces, sites géologiques et habitats, peuvent donc faire l’objet d’une protection. Pour
cela, des listes sont arrêtées par le ministre de l’Écologie conjointement avec le ministre de l’Agri-
culture. Peuvent être protégées des espèces animales non domestiques ou végétales non cultivées,
lorsqu’un intérêt scientifique particulier ou que la nécessité de la préservation du patrimoine biolo-
gique le justifient. Pour chaque liste, l’arrêté ministériel établit la nature des interdictions applica-
bles (entre autre la mutilation, la destruction, la capture ou l’enlèvement, la perturbation intention-
nelle ou naturalisation d’animaux, la coupe, l’arrachage, la cueillette ou l’enlèvement des
végétaux...), leur durée, les parties du territoire et périodes de l’année où elles s’appliquent.
Pour autant, cela n’interdit pas d’ordonner la destruction de spécimens si celle-ci est prévue par
arrêté et qu’il n’existe pas d’autre solution satisfaisante, afin de prévenir les dommages importants
aux cultures, au bétail... (ex. : Arr. 16 mai 2013 fixant le nombre maximum de spécimens de loups
(Canis lupus) dont la destruction pourra être autorisée pour la période 2013-2014. Il fait suite à
l’arrêté du 15 mai 2013 sur les dérogations aux interdictions de destruction). En effet le Conseil
d’État est revenu sur sa jurisprudence antérieure en engageant la responsabilité de l’État du fait
de la loi de 1976 suite aux dommages causés par une espèce protégée (CE, 30 juill. 2003,
Ass. pour le développement de l’aquaculture en région centre, no 215957) ; en l’espèce la prolifé-
ration du grand Cormoran (espèce protégée) avait causé un préjudice important aux pisciculteurs,
qui ont donc pu être indemnisés (aussi : CE, 1er févr. 2012, M. Bizouerne et a. nº 347205).
Le Conseil constitutionnel saisi d’une question prioritaire de constitutionnalité a déclaré les dispo-
sitions du 4º de l’article L. 411-2 contraires à la Constitution (art. 7 de la charte de l’environne-
ment/principe de participation, supra). Cette disposition qui permet de déroger aux mesures de
protection sera abrogée au 1er septembre 2013, ce qui laisse le temps au gouvernement de modi-
fier la procédure en cause. Les mesures de dérogation adoptées avant cette date restent donc
valables.

■ Les plans nationaux d’action


La loi Grenelle II prévoit l’élaboration de plans nationaux d’action pour la conservation ou le réta-
blissement des espèces visées aux articles L. 411-1 et L. 411-2 (art. L. 414-9). Ils prennent la suite
des plans de restauration de la faune sauvage (une quarantaine) qui sont des documents d’orien-
tation. Sont ou seront concernées les 131 espèces en danger critique d’extinction au niveau
mondial et qui se trouvent présentes sur le territoire national (ex : Plan national d’actions en
faveur des lézards des Pyrénées, 2013-2017 ; site ministère).
44 L’ESSENTIEL DU DROIT DE L’ENVIRONNEMENT

■ Les espèces envahissantes


Il ne s’agit pas ici de la réintroduction volontaire d’une espèce disparue du territoire d’introduc-
tion, mais de l’introduction accidentelle ou volontaire d’espèces qui n’ont jamais été présentes
naturellement dans ce territoire. Cette introduction est interdite pour les espèces inscrites sur une
liste fixée par les ministres de l’Écologie et de l’Agriculture (art. L. 411-3, par ex : Arr. modifié du
30 juil. 2010 interdisant sur le territoire métropolitain l’introduction dans le milieu naturel de
certaines espèces d’animaux vertébrés). Les autorités peuvent également faire procéder à la
capture, prélèvement, garde ou destruction de ces espèces s’il s’en trouve en liberté. Toutefois,
une autorisation d’introduction peut être accordée notamment pour des raisons agricoles, après
évaluation des conséquences de cette action.
À l’inverse, la réintroduction d’une espèce disparue est possible et devra faire l’objet d’une
demande d’autorisation en application des articles R. 411-31 et suivants du Code de
l’environnement.

■ Les inventaires
Avant de décider ou non de protéger certaines espèces, il faut avoir une bonne connaissance de
ces espèces végétales et animales, de leur importance et de leur localisation.
L’article L. 411-5 du Code de l’environnement rend obligatoire l’inventaire par l’État des richesses
écologiques, floristiques et faunistiques, géologiques, minéralogiques et paléontologiques sur le
territoire national terrestre, maritime et fluvial. Cet inventaire est assuré par le Muséum d’histoire
naturelle et le ministère de l’Écologie qui ont délimité plus de 14 500 zones naturelles d’intérêt
écologique floristique et faunistique (ZNIEFF). Ces zones sont de simples zones d’inventaire sans
portée juridique directe, c’est-à-dire qu’une ZNIEFF n’a aucunement une vocation de protection
(v. CE, 24 avr. 2013, Comité de sauvegarde de Clarency-Valensole, nº 352592). Toutefois le juge
administratif a pu annuler des autorisations de travaux/aménagement au motif qu’ils se situaient
sur une ZNIEFF qui traduit l’intérêt écologique d’une zone (CE, 12 nov. 1997, Cne d’Erquy,
no 170248).
Les collectivités territoriales peuvent également réaliser des inventaires locaux, notamment pour
réunir les connaissances nécessaires à l’élaboration du schéma régional de cohérence écologique
(art. L. 371-3).
CHAPITRE 4 – La préservation de la biodiversité 45

3 Le réseau Natura 2000


■ Les sources
Le réseau Natura 2000 est mis en place en application de la directive no 79/409/CEE du 2 avril
1979 (codifiée et remplacée par la Dir. 2009/147 du 30 nov. 2009), concernant la conservation
des oiseaux sauvages et de la directive no 92/43/CEE du 21 mai 1992, portant sur la conservation
des habitats naturels ainsi que de la faune et de la flore sauvage.
La directive Oiseaux a pour objet la protection, la gestion et la régulation des espèces vivant natu-
rellement à l’état sauvage sur le territoire européen des États membres, ainsi que de leurs œufs,
nids et habitats. Les États membres de l’UE doivent instaurer un régime de protection des
espèces listées en annexe et notamment créer des zones protections spéciales (ZPS) pour certaines
d’entre elles.
La directive Habitats a pour but principal le maintien de la biodiversité en assurant le maintien ou
le rétablissement, dans un état de conservation favorable, des habitats naturels et des espèces de
faune et de flore sauvages d’intérêt communautaire. Selon le classement de l’espèce/habitat dans
telle ou telle annexe, la protection à mettre en œuvre sera plus ou moins stricte. De plus pour
certains habitats ou espèces la protection passe par la création d’un réseau écologique européen
cohérent appelé Natura 2000. Celui-ci est constitué de Zones spéciales de conservation (ZSC) et
des ZPS de la directive Oiseaux.

■ La création du réseau en France


Les articles L. 414-1 à L. 414-7 du Code de l’environnement définissent les ZPS et ZSC, les condi-
tions de leur désignation ainsi que certaines obligations relevant de l’État. Les ZPS et ZSC sont des
sites marins et/ou terrestres.

a) La procédure
Le ministre de l’Écologie fixe d’abord la liste des types d’habitats naturels et des espèces et la liste
des oiseaux sauvages qui peuvent justifier la mise en œuvre des procédures de désignation des
ZSC et ZPS. Puis les projets de périmètres des sites font l’objet d’une concertation au niveau
départemental entre le préfet et les conseils municipaux, notamment ; après accord, ils sont
envoyés au ministre. Celui-ci désigne alors lui-même les ZPS ; cependant la directive Habitats
prévoit, pour les ZSC, une concertation entre la Commission européenne et les États. Et c’est au
terme de cette concertation que le ministre va désigner les ZSC (art. R. 414-1 et s.).
46 L’ESSENTIEL DU DROIT DE L’ENVIRONNEMENT

b) Les mesures de protection


Les sites Natura 2000 font l’objet de mesures de conservation ou de rétablissement dans un état
favorable des habitats naturels et des populations des espèces de faune et de flore sauvages qui
ont justifié leur délimitation. L’article L. 414-1 du Code de l’environnement énonce que les
mesures de protection sont mises en œuvre :
– soit par le biais des contrats ou des Chartes Natura 2000 ;
– soit par l’application de dispositions législatives ou réglementaires, notamment (mais pas
uniquement) celles relatives aux parcs nationaux, parcs naturels marins, réserves naturelles,
biotopes ou sites classés (ainsi, un site Natura 2000 situé dans un parc national sera soumis
aux dispositions relatives à ces parcs, qui doivent permettre la protection de l’espèce/habitat
visé).
Pour chaque site, un document d’objectifs (DOCOB) est élaboré par un Comité de pilotage qui
définit les objectifs à atteindre sur le site (art. L. 414-2 et s., art. R. 414-8 et s.). À partir de ce
document, des contrats Natura 2000 pourront être conclus entre le préfet et les titulaires de
droits réels et personnels portant sur ces terrains et/ou des chartes Natura 2000 pourront être
adoptées. Les contrats d’une durée de cinq ans définissent des obligations de bonne gestion du
site (obligations de faire ou de ne pas faire) en contrepartie d’aides financières. Les Chartes sont
constituées d’une liste d’engagements (pour cinq ans également) de gestion du site, ou d’activités
(comme des pratiques sportives ou de loisirs) respectueuses des espèces et de leurs habitats.
Certains documents de planification, programmes, projets ou manifestations dans le milieu naturel
pouvant avoir des incidences significatives sur un site Natura 2000 sont soumis à une évaluation
d’incidences (art. L. 414-4.) qui pourra amener à ne pas les autoriser. Suite à la condamnation de
la France par la CJUE, (4 mars 2010, C-241/08), la procédure d’évaluation a été remaniée. Des
listes nationales ou locales fixent les documents de planification, programmes, projets ou manifes-
tations qui devront faire l’objet d’une évaluation des incidences (art. R. 414-19 et R. 414-27).
La réglementation CHAPITRE
des prélèvements
Si le droit de la pêche ne fait guère l’objet de modifications fréquentes, ce n’est
5
pas le cas du droit de la chasse qui a fait l’objet de nombreux textes. Il est vrai
que le sujet reste politiquement sensible et que les contraintes posées par le droit
de l’Union européenne (directives Oiseaux et Habitats) n’ont pas aidé à apaiser les
esprits.

1 La chasse
La pratique de la chasse est qualifiée par le code (art. L. 420-1) d’activité à caractère environne-
mental, culturel, social et économique. Il pose également le principe d’un prélèvement raisonnable
sur les ressources naturelles renouvelables.
La législation de la chasse couvre plusieurs domaines « sensibles » : la détermination des terrains
de chasse, les périodes de chasse, les modes et moyens de chasse (art. L. 424-1 et s.), le permis
(qui donne le droit de chasser de jour dans le respect des textes applicables, art. L. 424-4), le trans-
port et la commercialisation du gibier (art. L. 424-7 et s.), les plans de chasse (art. L. 425-6 et s.)
et schémas départementaux de gestion cynégétique (art. L. 425-1 et s.) qui tous ne pourront être
abordés ici.

■ L’acte de chasse
Il est défini comme tout acte volontaire lié à la recherche, à la poursuite ou à l’attente du gibier
ayant pour but ou pour résultat la capture ou la mort de celui-ci. Ainsi constitue un acte de
chasse, le fait de se promener – hors période d’ouverture – avec un fusil chargé (T. pol. Le Puy,
12 janv. 1978). Ne constitue pas en revanche un acte de chasse : l’acte préparatoire antérieur à
la recherche de gibier par un rabatteur non armé, ou le fait d’achever un animal mortellement
48 L’ESSENTIEL DU DROIT DE L’ENVIRONNEMENT

blessé (art. L. 420-3). « Le terme gibier désigne les animaux sauvages que l’on chasse »
(CA Aix-en-Provence, 22 avr. 2008).
À noter que « nul ne peut pratiquer la chasse s’il n’est titulaire et porteur d’un permis de chasser
valable » (art L. 423-1), ce qui inclut l’admission à l’examen mais aussi le paiement de redevances,
taxes et cotisations, une assurance et l’adhésion à une Fédération de chasseurs.

■ Le territoire de chasse
« Nul n’a la faculté de chasser sur la propriété d’autrui sans le consentement du propriétaire ou de
ses ayants droit » (art. L. 422-1).
Les Associations communales et intercommunales de chasse agréées (ACCA/AICA) sont des asso-
ciations loi de 1901 (agréées) chargées d’assurer une bonne organisation technique de la chasse. Il
n’y a qu’une ACCA par commune et leur création est obligatoire dans 28 départements et facul-
tative dans les autres. L’association est créée sur tous les terrains – qui font donc partie du terri-
toire de chasse – excepté ceux situés dans un rayon de 150 mètres autour d’une habitation, les
terrains clôturés, les terrains du domaine public de l’État, départements ou communes, exceptés
également les terrains pour lesquels les propriétaires d’une surface minimale se sont opposés (CE,
16 juin 2008, no 297568, Ass. communale de chasse agréée de Louin), ou ceux dont les proprié-
taires se sont opposés au nom de leur conviction personnelle d’opposition à la chasse (art.
L. 422-10. 3º et L. 422-13 et s.). Il faut obligatoirement, pour chasser, être titulaire d’un permis et
adhérer à l’ACCA.
Des réserves peuvent être créées afin de protéger des espèces mais également de favoriser la
reproduction des animaux et contribuer au développement durable de la chasse. Ce sont les
réserves obligatoires des ACCA (art. L. 422-23.), les réserves de chasse et de faune sauvage (art.
L. 422-27) ou les réserves nationales de chasse et de faune sauvage (art. R. 422-92).

■ Les périodes de chasse


« Nul ne peut chasser en dehors des périodes d’ouverture de la chasse fixées... » par le ministre
pour les oiseaux migrateurs et gibiers d’eau ou par le préfet (art. L. 424-2, et R. 424-1 et s.).
C’est sans doute le sujet le plus sensible dans le domaine de la chasse. En effet, pour un certain
nombre d’espèces, il faut tenir compte des dispositions de la directive Oiseaux, qui ne prohibe
pas nécessairement la chasse mais précise qu’elle ne doit pas avoir lieu pendant les périodes de
vulnérabilité des espèces et ne doit pas compromettre les efforts de conservation de l’espèce. En
conséquence, les oiseaux visés par la directive ne peuvent être chassés pendant les périodes nidi-
coles, de reproduction ou de dépendance et les espèces migratrices ne peuvent non plus être
chassées pendant leur trajet de retour vers leur lieu de nidification. Les difficultés à mettre en
CHAPITRE 5 – La réglementation des prélèvements 49

œuvre ces dispositions se sont longtemps illustrées par les cycliques et répétitives suspensions
suivies d’annulations d’arrêtés fixant les dates d’ouverture ou de fermeture de la chasse, selon les
espèces (ex. récents : CE, 7 nov. 2012, nº 356464, et CE, 26 déc. 2012, nº 356459, Ass. pour la
protection des animaux sauvages).

■ La destruction des nuisibles


Il ne s’agit pas ici de chasse mais bien de destruction, qui n’est donc pas soumise à la réglementa-
tion sur les périodes de chasse. Le décret 2012-402 modifie la procédure d’inscription sur la liste
des animaux nuisibles (art. R. 427-6 et s.). Le ministre arrête 3 listes :
– la première comprend les animaux classés nuisibles sur l’ensemble du territoire métropolitain.
C’est une liste annuelle qui fixe les périodes et modalités de destruction des espèces ;
– la deuxième fixe pour chaque département la liste des espèces classées nuisibles avec les
périodes et modalités de destruction ;
– la troisième fixe une liste d’animaux nuisibles à partir de laquelle le préfet peut arrêter une liste
annuelle pour le département.
Le ministre (et le préfet pour la 3e liste) ne peut inscrire une espèce sur cette liste que pour l’une
au moins des raisons suivantes : dans l’intérêt de la santé et de la sécurité publique, la protection
de la faune et de la flore, prévenir des dommages importants aux activités agricoles, forestières et
aquacoles, prévenir des dommages importants à d’autres formes de propriété (sauf dans ce cas
pour les espèces d’oiseaux). Ces listes ne peuvent comprendre d’espèce protégée au titre de
l’article L. 411-1 du Code de l’environnement. (Arr. du 8 fév. 2013, 2 arr. du 3 avr. 2012). Atten-
tion, les modalités de destructions seront désormais fixées dans les listes ministérielles.
Le caractère nuisible peut d’ailleurs découler de la prolifération excessive de ces animaux (par ex. :
plan national de maîtrise du sanglier, Circ. 31 juill. 2009, NOR : DEVN0916820C). Le propriétaire
peut procéder à l’élimination de ces animaux sur ses propriétés, mais uniquement par des
moyens autorisés (les toxiques sont désormais interdits) ou avec des engins homologués.
Des battues administratives peuvent également être ordonnées par le préfet ou par le maire pour
agir en cas de prolifération d’une espèce (art. L. 427-6, C. env. ; art. L. 2122-21.9º, CGCT).

2 La pêche
La préservation des milieux aquatiques et la protection du patrimoine piscicole sont d’intérêt
général et la protection du patrimoine piscicole implique une gestion équilibrée des ressources
piscicoles dont la pêche constitue le principal élément (art. L. 430-1). La préservation des milieux
50 L’ESSENTIEL DU DROIT DE L’ENVIRONNEMENT

est indissociable de l’activité de pêche et c’est pourquoi les associations agréées de pêche jouent
un rôle fondamental en la matière. On distingue les eaux libres (cours d’eau, canaux, ruisseaux et
plans d’eau) auxquelles l’ensemble des dispositions ci-dessous s’appliquent, des eaux closes (plans
d’eau dans lesquels le poisson ne peut pas passer naturellement) pour lesquels seules les disposi-
tions relatives à la préservation du milieu aquatique et des ressources piscicoles s’appliquent (art.
L. 431-4 et R. 431-7). Attention les dispositions relatives aux poissons s’appliquent aussi aux crus-
tacés et grenouilles.

■ Le patrimoine piscicole
Tout propriétaire d’un droit de pêche (l’État – art. L. 435-1 – ou les propriétaires riverains – art.
L. 435-4, C. env.), de même que tout propriétaire de plans d’eau, doit participer à la protection
du patrimoine piscicole et des milieux aquatiques. Il ne doit pas leur porter atteinte et, au-delà,
doit effectuer les travaux d’entretien nécessaires à la vie aquatique. En cas de carence du proprié-
taire, l’administration peut effectuer les travaux d’office aux frais de ce dernier. Cette obligation
peut être transférée à une association agréée de pêche, en contrepartie de la gratuité du droit de
pêche pour cette dernière. Il est interdit de jeter, déverser ou laisser s’écouler dans les eaux, des
substances qui nuisent au poisson, de même qu’il est interdit de détruire les frayères ou les zones
de croissance ou d’alimentation de la faune piscicole (art. L. 432-3 et R. 432-1).
Tout ouvrage dans le lit d’un cours d’eau doit comporter des dispositifs maintenant dans ce lit un
débit minimal garantissant en permanence la vie, la circulation et la reproduction des espèces (art.
L. 214-8 ; au plus tard le 1er janvier 2014 pour les ouvrages préexistants à la loi du 30 déc. 2006).
L’introduction de spécimens d’espèces non représentées dans un cours d’eau y est interdite (art.
L. 432-10 et R. 432-5).

■ La réglementation de la pêche
Elle vise à permettre la pérennisation de la ressource piscicole, à éviter les conflits d’usage et à
permettre l’accès de tous à ce loisir. Rappelons que la législation sur la pêche en eau douce
s’applique aux eaux libres mais pas aux eaux closes.

a) Le droit de pêche
Le droit de pêche appartient à l’État sur le domaine public et dans les autres cas aux riverains
jusqu’au milieu du cours d’eau ou au propriétaire du fonds pour les plans d’eau. Toutefois,
lorsque le propriétaire bénéficie de subventions publiques pour la remise en état ou l’aménage-
ment des rives et des fonds, le droit de pêche est exercé gratuitement par une association agréée
CHAPITRE 5 – La réglementation des prélèvements 51

de pêche ou la fédération départementale (art. L. 435-5 et R. 435-34 et s.). L’exercice du droit de


pêche inclut un droit de passage (art. L. 435-6 et s., C. env., et art. L. 2131-2 et 3, CG3P).
b) L’exercice de la pêche
L’exercice du droit de pêche est subordonné à l’adhésion à une association agréée de pêche et au
paiement d’une taxe piscicole annuelle (art. L. 436-1, C. env.). Des décrets en CE déterminent les
conditions dans lesquelles sont fixées par bassin, les périodes de pêche, le type d’instrument de
pêche autorisé, la taille des poissons dont la pêche est autorisée, éventuellement le nombre de
captures possibles pour certaines espèces (art. L. 436-5 et R. 436-6 à 436-43). Les cours d’eau
sont classés en deux catégories (art. R. 436-43) :
– la première correspond aux cours d’eau, plans d’eau et canaux principalement peuplés de truites
ou ceux dans lesquels cette espèce nécessite une protection spéciale ;
– la deuxième regroupe les autres cours d’eau, plans d’eau, canaux.
PARTIE 3
La protection des espaces

Chapitre 6 La montagne et le littoral 55


Chapitre 7 La forêt et les zones humides 61
Chapitre 8 Les protections spécifiques à certains sites 67
Chapitre 9 Les parcs et réserves 71
La montagne CHAPITRE
et le littoral
La montagne et le littoral ont fait l’objet de deux lois (en 1985 pour la montagne
6
et en 1986 pour le littoral) qui répondaient à la même philosophie : permettre un
développement protégé de ces territoires (ce qui ne s’appelait pas encore dévelop-
pement durable). Malheureusement ces textes se sont révélés peu adaptés et
certains décrets d’application ont été adoptés avec retard, ce qui a ralenti l’élan
initial. La loi n’a peut-être pas pu gérer les problèmes causés d’un côté par des
zones en difficulté économique et de l’autre par des zones bien trop attractives.

1 La montagne
■ Définition
L’article L. 145-1 du Code de l’urbanisme renvoie à la loi 85-30 du 30 janvier 1985 pour définir les
zones de montagne. Celles-ci sont définies en fonction de caractéristiques tenant aux difficultés
d’utilisation des terres à cause des conditions climatiques ou de la déclivité des terrains. La liste
des communes de montagne est en fait fixée par arrêté ministériel.

■ Les principes d’aménagement et de protection des zones


de montagne
Ils sont définis par le Code de l’urbanisme. Les terres nécessaires au maintien et au développe-
ment des activités agricoles, pastorales et forestières sont préservées. En conséquence, les docu-
ments et décisions relatifs à l’occupation des sols comportent les dispositions permettant de
préserver les espaces, paysages et milieux caractéristiques du patrimoine naturel et culturel monta-
gnard. L’urbanisation doit être réalisée en continuité avec les villages, bourgs, hameaux existants,
56 L’ESSENTIEL DU DROIT DE L’ENVIRONNEMENT

groupes de constructions traditionnelles ou d’habitations existants. Cette règle connaît toutefois


des exceptions : ainsi le SCOT ou le PLU peuvent comporter une étude justifiant, en fonction des
spécificités locales, qu’une urbanisation en discontinuité serait compatible avec la protection des
terres et des paysages et milieux (voir sur la question des éoliennes : CE, 16 juin 2010,
M. Leloustre, nº 311840).
Certains aménagements et constructions sont interdits, comme par exemple la construction de
nouvelles routes de vision panoramique, de corniche ou de bouclage en haute montagne. Les
remontées mécaniques sont soumises à autorisation avant les travaux puis avant la mise en exploi-
tation (art. L. 472-1 et s. et R. 472-1 et s., C. urb.). L’aménagement de pistes de ski alpin est lui
aussi soumis à autorisation. Enfin, la création ou l’extension d’aménagements touristiques impor-
tants passe par la création d’unités touristiques nouvelles (UTN). Celles-ci doivent respecter la
qualité des sites et des grands équilibres naturels et contribuer à l’équilibre des activités économi-
ques et de loisirs. Elles portent sur toute opération de développement touristique en zone de
montagne et ayant notamment pour objet ou pour effet de construire des surfaces pour l’héber-
gement touristique ou de créer un équipement touristique, de créer des remontées mécaniques
(art. L. 145-9 et s. et R. 145-1 et s., C. urb.).
À noter que le particularisme des zones de montagne est pris en compte dans plusieurs articles du
Code de l’environnement, notamment pour la création de parcs nationaux, parcs naturels régio-
naux, réserves et sites classés (infra), de même que pour la réglementation des prélèvements.

2 Le littoral
Le littoral est une entité géographique qui appelle une politique spécifique d’aménagement, de
protection et de mise en valeur (art. L. 321-1).

■ Le Conservatoire du littoral
Le Conservatoire du littoral et des rivages lacustres est un établissement public administratif, placé
sous la tutelle du ministre chargé de la Protection de la nature. Il est assisté de neuf Conseils de
rivage, qui sont composés d’élus locaux. Ces Conseils ont une compétence uniquement consulta-
tive (art. L. 322-13 et R. 322-30).
Il est chargé de mener une politique foncière de sauvegarde de l’espace littoral, de respect des
sites naturels et de l’équilibre écologique, et ce après avis des conseils municipaux intéressés et
en partenariat avec les collectivités territoriales. Sa compétence territoriale a été étendue, notam-
ment pour répondre aux souhaits de certaines communes et lui permettre de mener une politique
de protection plus cohérente. Elle porte sur les communes riveraines des mers, océans, étangs
CHAPITRE 6 – La montagne et le littoral 57

salés ou des plans d’eau intérieurs d’une superficie égale ou supérieure à mille hectares, les
communes riveraines des estuaires et deltas lorsque tout ou partie de leurs rives est situé en aval
de la limite de salure des eaux et sur le domaine public maritime qui lui est affecté ou confié. Son
intervention peut être étendue par arrêté préfectoral à des secteurs limitrophes des cantons et
communes cités ci-dessus et constituant avec eux une unité écologique ou paysagère, ainsi
qu’aux zones humides situées dans les départements côtiers.
Pour protéger les terrains, le Conservatoire peut les acquérir par voie amiable, exercer un droit de
préemption, agir par voie d’expropriation. Il peut aussi recevoir des dons et legs et profiter du
système de la dation en paiement des droits de succession. L’État peut aussi lui affecter des
immeubles. Il confie ensuite la gestion de ces terrains par convention à des collectivités locales, à
leurs groupements, à des établissements publics, à des fondations ou des associations spécialisées
agréées.
À noter que la Cour des comptes dans un référé d’avril 2013 a pointé du doigt l’inadéquation
entre les missions du Conservatoire et notamment l’objectif fixé par sa stratégie à long terme
pour 2050 (soit l’achat de 200 000 hct pour la métropole et 70 000 pour l’outre-mer), et les
ressources dont il dispose. La Cour propose donc de revoir cette stratégie... à la baisse. La ministre
a donc demandé au Conservatoire de définir d’ici fin 2014 une priorisation des objectifs de la poli-
tique foncière pour 2030.

■ Aménagement, protection et mise en valeur


Le Schéma de mise en valeur de la mer (SMVM) – élaboré par l’État – est un document de planifi-
cation facultatif qui a pour fonction de déterminer les orientations fondamentales de l’aménage-
ment et de la protection d’espaces côtiers. Les documents d’urbanisme doivent être compatibles
avec ses dispositions (y compris le SCOT), une planification concertée SCOT-SMVM est d’ailleurs
prévue. Un SCOT, qui comprend une ou des communes littorales, peut aussi comporter un
chapitre individualisé valant SMVM (art. L. 122-1-11 et R. 122-2 et s. C. urb). Seuls les SMVM de
l’étang de Thau, du bassin d’Arcachon et du golfe du Morbihan ont été adoptés.
Apport de la loi Grenelle II, la Stratégie nationale pour la mer et le littoral constituera le cadre de
référence pour la protection du milieu, la valorisation des ressources marines et la gestion intégrée
et concertée des activités liées à la mer et au littoral (art. L. 129-1 et R. 219-1 et s.). Élaborée par
le ministre chargé de la mer, et par une concertation menée par le Conseil national de la mer et
des littoraux (installé le 18 janv. 2013), adoptée par décret, elle fixera les principes et orientations
générales qui concernent les espaces marins sous souveraineté ou juridiction nationale (voir infra
le chapitre Mer) et les activités terrestres ayant un impact sur ces espaces ainsi que des objectifs à
long terme et à échéance de 6 ans.
58 L’ESSENTIEL DU DROIT DE L’ENVIRONNEMENT

La stratégie nationale délimitera des façades maritimes en application de la directive 2008/56.


Pour chacune d’entre elles (Atlantique, Manche – Mer du Nord et Méditerranée), un document
stratégique de façade (ou document stratégique de bassin en outre-mer) fixera les objectifs de la
gestion intégrée de la mer et du littoral et les dispositions correspondant à ces objectifs (dans le
respect de la stratégie nationale). Il précisera et complétera les orientations de la stratégie natio-
nale en fonction de ses enjeux économiques, sociaux et écologiques propres à la façade. Il sera
élaboré, adopté et mis en œuvre sous l’autorité du préfet coordonnateur (art. R. 219-1-8) avec le
concours de la commission administrative de façade.
La stratégie nationale et les plans sont révisés tous les 6 ans. Un décret en CE fixera les plans,
programmes, schémas, autorisations qui devront être compatibles avec (pour ceux pris pour la
gestion de l’espace marin) ou qui prendront en compte (pour ceux qui s’appliquent aux espaces
terrestres) les objectifs et mesures du document stratégique de façade.
Sur le littoral, doivent être notamment préservés, dès lors qu’ils constituent un site ou patrimoine
remarquable ou caractéristique : les dunes et landes côtières, les plages et falaises, les zones
boisées côtières, les parties naturelles des estuaires, les marais, les rivières, les zones humides, les
zones de repos, de nidification de l’avifaune de la directive Oiseaux (art. L. 146-6 et R. 146-1,
C. urb). Toutefois, par exception, des aménagements légers peuvent y être implantés, (par ex. CE,
6 févr. 2013, Cne de Gassin, nº 348278). La loi 2013-312 du 15 avril 2013 a ajouté un alinéa à
l’article L. 146-6 du Code de l’urbanisme, et peuvent désormais être autorisés sur ces espaces les
canalisations du réseau public de transport ou de distribution d’électricité visant à promouvoir l’uti-
lisation des énergies renouvelables, à condition notamment qu’elles ne portent pas atteinte à
l’environnement ou aux sites et paysages remarquables. À noter que c’est le juge administratif
qui a défini les nombreux critères pouvant permettre de définir un espace remarquable.
Deux autres espaces doivent aussi être distingués : les espaces proches des rivages, sur lesquels
une urbanisation limitée n’est possible que si elle est justifiée et motivée dans le PLU. Et les
autres zones de la commune littorale où en dehors des zones urbanisées, l’extension de l’urbani-
sation doit se réaliser en continuité avec les agglomérations et villages existants ou hameaux
nouveaux intégrés à l’environnement (ce qui pose problème pour l’implantation des éoliennes :
CE, 14 novembre 2012, Société Néo Plouvien, nº 347778). La loi 2013-312 précitée a toutefois
modifié le Code de l’urbanisme sur ce point mais uniquement dans les départements
d’outre-mer. En effet l’article L. 156-2 prévoit désormais que l’implantation des éoliennes qui sont
incompatibles avec le voisinage de zones habitées peut être autorisée par le représentant de l’État
dans la région (après avis), sauf dans les espaces proches du rivage ou si ces éoliennes sont de
nature à porter atteinte à l’environnement, sites et paysages remarquables notamment.
CHAPITRE 6 – La montagne et le littoral 59

En revanche, sont interdites en dehors des espaces urbanisés les constructions littorales dans une
zone de 100 mètres de la limite haute du rivage, exception faite des constructions nécessaires à
des services publics ou à des activités économiques exigeant la proximité immédiate de l’eau ou
les ouvrages de raccordement aux réseaux publics de transport ou de distribution d’électricité des
installations marines utilisant (sic) les énergies renouvelables. Des servitudes de passage et de
désenclavement des plages s’imposent afin d’assurer l’accès du public au rivage (art. L. 160-6 et
R. 160-8, C. urb.). La construction de nouvelles routes est réglementée, avec notamment l’inter-
diction de construire des routes en corniche ou des routes longeant le rivage.
La forêt et les zones CHAPITRE
humides
L’année 2011 a été déclarée par l’ONU « année internationale des forêts » afin de
7
sensibiliser l’opinion mondiale sur les menaces pesant sur les forêts. Celles-ci
remplissent des fonctions sociales (loisirs), économiques et environnementales et
jouent un rôle fondamental dans la lutte contre le changement climatique. À
l’inverse, les fonctions environnementales des zones humides n’ont été que
récemment reconnues.

1 La forêt
Le droit forestier français remonte à une ordonnance du 13 août 1669 et le Code forestier a été
élaboré en 1827. Le code a été refondu par l’ordonnance 2012-92 qui introduit une nouvelle
structure et une nouvelle numérotation. Cette refonte est faite « à droit constant » (sans modifica-
tion de fond) sauf notamment pour les sanctions pénales et administratives et la défense contre
les incendies qui font l’objet de nouvelles mesures.

■ Définition
Sont considérés comme des bois et forêts les plantations d’essences forestières, les reboisements
ainsi que les terrains à boiser du fait d’une obligation légale ou conventionnelle (art. L. 111-2,
C. for.).On doit distinguer les bois et forêts relevant du régime forestier (domaniaux), c’est-à-dire
qui font partie du domaine de l’État, des collectivités territoriales ou établissements publics (...),
des bois et forêts privées. La gestion des premiers est confiée à l’Office national des forêts (ONF).
62 L’ESSENTIEL DU DROIT DE L’ENVIRONNEMENT

■ La politique forestière
La politique forestière a pour objet d’assurer la gestion durable des bois et forêts, de développer la
qualification des emplois, de renforcer la compétitivité de la filière bois, et de satisfaire les
demandes sociales relatives à la forêt (art. L. 121-1 nv, C. for.).
La définition de la politique forestière et de gestion durable relève de la compétence de l’État ; elle
privilégie les mesures incitatives et contractuelles. C’est dans ce cadre territorial de la région
qu’elle est mise en œuvre et que sont adoptés des orientations régionales forestières, des direc-
tives régionales d’aménagement pour les forêts domaniales, des schémas régionaux d’aménage-
ment des forêts, et des schémas régionaux de gestion sylvicole pour les forêts privées...
L’article L. 122-12 du Code forestier prévoit qu’est établi sous l’autorité du préfet de région, un
plan pluriannuel régional de développement forestier visant à améliorer la production et la valori-
sation économique du bois, tout en respectant les conditions d’une gestion durable des forêts.
Si le droit des propriétaires privés d’exercer sur leurs bois, forêts et terrains à boiser tous les droits
résultant de la propriété est reconnu, ces droits ne s’exercent que dans la limite fixée par le code
et la loi, et pour « contribuer par une gestion durable, à l’équilibre biologique du pays et à la satis-
faction des besoins en bois et autres produits forestiers » (art. L. 112-2 nv., C. for.). Les forêts
privées (≥ 25 hct) doivent être gérées conformément à un plan simple de gestion agréé (les forêts
domaniales sont gérées conformément à un document d’aménagement). Les forêts gérées dura-
blement peuvent faire l’objet d’une éco certification de gestion durable (art. L. 125-2 nv., C. for.).
Chaque propriétaire privé doit donc réaliser le reboisement, la gestion et l’entretien de ses terrains.
Les propriétaires publics ou privés doivent reconstituer les peuplements forestiers après une coupe
rase. Ces coupes dans les forêts ne présentant pas des garanties de gestion durables doivent être
autorisées par le préfet (en fonction de seuils).
Le défrichement (opération volontaire ayant pour effet de détruire l’état boisé d’un terrain et de
mettre fin à sa destination forestière) ne peut être effectué sans autorisation préalable du préfet
(art. L. 341-1 et 3 nv., C. for.). L’article L. 341-2 nouveau du Code forestier donne une liste d’opé-
rations qui ne constituent pas un défrichement. À l’inverse, la destruction accidentelle (tempête...)
ou volontaire du boisement ne fait pas disparaître la destination forestière du terrain.
Afin de prévenir les incendies, il est interdit d’allumer des feux jusqu’à 200 mètres des forêts ou
maquis, sauf pour les propriétaires ou occupants des terrains. Le préfet peut également prescrire
aux propriétaires de débroussailler dans un périmètre de 50 ou 100 mètres des habitations et
édicter des mesures préventives.
Les bois et forêts situés dans les régions particulièrement exposées aux incendies de forêts peuvent
être classés par le préfet, ce qui entraîne l’obligation pour les propriétaires de se constituer en
CHAPITRE 7 – La forêt et les zones humides 63

association syndicale pour l’exécution des travaux de défense contre les incendies (art. L. 132-1
et s. nv., C. for.). Dans les bois et forêts situés dans les territoires cités à l’article L. 133-1
nouveau du Code forestier, un plan départemental de protection des forêts contre les incendies
est élaboré par le préfet (préfet de région quand il est interdépartemental (art. L. 133-2 et
R. 133-2 et s. nv., C. for.). Ce plan est adopté dans l’intérêt de la sécurité des personnes, biens,
d’activités économiques et sociales et milieux naturels. Il vise la prévention des incendies et la dimi-
nution du nombre de départs de feux de forêts et la réduction des surfaces brûlées. La loi du
27 juillet 2010 crée un compte épargne d’assurance pour la forêt qui doit permettre de financer
les travaux de reconstitution forestière à un sinistre naturel d’origine sanitaire, climatologique,
météorologique ou lié à l’incendie, ou pour les travaux de prévention d’un tel sinistre (art.
L. 351-1 et s. nv., C. for.). Ce dispositif « ne connaît pas le succès escompté » (rapport Sénat
nº 148, 22 nov. 2012).

2 Les zones humides


Les zones humides représentent 5,5 % du territoire métropolitain français. Elles restent menacées
par certaines activités, comme l’extraction de matériaux, le drainage agricole et l’urbanisation qui
auraient détruit les 2/3 des zones en 30 ans, alors que ces zones apportent de nombreux béné-
fices (étalement des crues, préservation de la biodiversité..., Site ministère et CGDD, Le point sur.
nº 157, mars 2013, sur les services rendus par les zones humides et nº 144, oct. 2012 sur l’évolu-
tion des zones humides entre 2000 et 2010).
La préservation des zones humides fait l’objet de la Convention de Ramsar de 1971 (convention
relative aux zones humides d’importance internationale, particulièrement comme habitat des
oiseaux d’eau). En application de cette convention, la France a désigné plusieurs zones humides
d’importance internationale (Baie du Mont Saint-Michel, Camargue...) qui font l’objet de mesures
spécifiques de conservation.
Un 2e plan national d’action pour la sauvegarde des zones humides a été lancé en 2010 et vise au
travers de 29 actions à améliorer les pratiques sur ces zones et développer des outils de gestion.
Ce plan d’action s’inscrit dans le cadre de la stratégie nationale pour la biodiversité (site ministère).
La politique relative à l’eau qui a pour objet une gestion équilibrée et durable de la ressource en
eau vise notamment à assurer la préservation des écosystèmes aquatiques, des sites et des zones
humides (art. L. 211-1). Les zones humides peuvent également faire l’objet d’une protection par
l’adoption d’un arrêté de biotope, un classement en zone Natura 2000 ou autre (parc national,
réserve...), par la mise en place des trames vertes et bleues... Mais c’est la législation relative à
l’eau qui prend le plus spécifiquement en compte leur protection.
64 L’ESSENTIEL DU DROIT DE L’ENVIRONNEMENT

■ Définition
On entend par zone humide les terrains, exploités ou non, habituellement inondés ou gorgés
d’eau douce, salée ou saumâtre de façon permanente ou temporaire ; la végétation, quand elle
existe, y est dominée par les plantes hygrophiles pendant au moins une partie de l’année (art.
L. 211-1). Cette définition est précisée à l’article R. 211-8 du Code de l’environnement qui définit
les critères à retenir pour la définition des zones humides. Ils sont relatifs à la morphologie des sols
liée à la présence prolongée d’eau d’origine naturelle et/ou à la présence éventuelle de plantes
hygrophiles. Celles-ci sont définies à partir de listes établies par région biogéographique
(v. également, arr. modifié du 24 juin 2008.).

■ La protection des zones humides


L’article L. 211-1-1 prévoit que les politiques nationales, régionales et locales d’aménagement des
territoires ruraux, ainsi que l’attribution des aides publiques tiennent compte des difficultés parti-
culières de conservation, exploitation, gestion durable des zones humides... À cet égard, l’État et
les collectivités territoriales veillent à la cohérence des politiques menées sur ces territoires. À
noter les avis négatifs rendus par les commissions mises en place dans le cadre du projet d’aéro-
port de Notre-Dame-des-Landes sur les compensations prévues aux destructions de zones humides
(infra l’étude d’impact).
Dans les zones humides, le SAGE (chapitre sur l’eau) peut délimiter des zones stratégiques pour la
gestion de l’eau dont la préservation ou la restauration contribue à la réalisation des objectifs de
quantité et de qualité des eaux de l’article L. 212-1-IV (art. L. 212-5-1). Il pourra également y
édicter des règles nécessaires au maintien et à la restauration de ces zones.
Le préfet peut, quant à lui, délimiter des zones humides d’intérêt environnemental particulier dont
le maintien ou la restauration présente un intérêt pour la gestion intégrée du bassin versant, ou
une valeur touristique, écologique, paysagère ou cynégétique particulière (art. L. 214-7-1 ; arr. du
24 juin 2008 modifié, circ. 18 janv. 2010, BO 2010-02). Ces zones peuvent englober les zones
stratégiques pour la gestion de l’eau. La délimitation de ces zones vise à assurer une meilleure
mise en œuvre du régime de déclaration ou d’autorisation des installations, ouvrages, travaux et
activités (IOTA, v. chapitre sur l’eau) pour les zones humides. En effet cette délimitation (faculta-
tive) permet d’identifier clairement la zone humide et donc d’exiger que le dossier de IOTA
prenne ce fait en compte.
Dans ces zones humides d’intérêt environnemental particulier, le préfet peut aussi adopter un
programme d’actions visant à les restaurer, préserver, gérer et mettre en valeur de façon durable
CHAPITRE 7 – La forêt et les zones humides 65

(art. L. 114-1, C. rur., v. chap. eau ). Le programme d’action pourra préciser des pratiques à
promouvoir. Ces pratiques pourront être rendues obligatoires.
Des servitudes pour créer des zones de rétention temporaire des eaux de crues pourront égale-
ment être édictées (art. L. 211-12).
La loi Grenelle I (art. 24) prévoit que les collectivités publiques acquièrent 20 000 hectares de
zones humides aux fins de lutte contre l’artificialisation des sols et de valorisation, notamment
agricole. À ce titre, l’article L. 213-8-2 du Code de l’environnement donne pour mission aux
Agences de l’eau de mener une politique foncière de sauvegarde des zones humides. Pour cela,
elles peuvent acquérir ou faire acquérir des parcelles dans les zones humides et attribuer des
aides à l’acquisition aux conservatoires régionaux d’espaces naturels, aux collectivités territoriales,
et à leurs groupements ou aux établissements publics. Leurs programmes pour 2013-2018
prévoient d’ailleurs parmi les priorités d’actions des Agences de l’eau, la restauration des milieux
aquatiques, de la continuité écologique et des zones humides.
Les protections
spécifiques CHAPITRE
à certains sites
Si la montagne et le littoral font l’objet d’une réglementation spécifique, car ils
8
sont reconnus comme devant être protégés, d’autres espaces devront d’abord
répondre à certaines conditions avant d’être jugés dignes d’une protection, puis
d’être effectivement préservés. Ces espaces présentent des caractéristiques
diverses et font l’objet de mesures de protections aussi diversifiées.

1 Les arrêtés de biotope


■ Définition
En application de l’article R. 411-15 du Code de l’environnement, le préfet peut fixer par arrêté les
mesures tendant à favoriser, sur tout ou partie du territoire d’un département (...), la conservation
des biotopes tels que mares, marécages, (...), bosquets, landes, (...) dans la mesure où ces
biotopes ou formations sont nécessaires à l’alimentation, à la reproduction, au repos ou à la
survie de certaines espèces. En fait, l’arrêté ne peut être pris que dans le but de préserver une
espèce protégée ou désormais, un habitat en application de l’article L. 411-1 du Code de
l’environnement.

■ Les mesures de protection


L’arrêté préfectoral peut interdire « les actions pouvant porter atteinte d’une manière indistincte à
l’équilibre biologique des milieux et notamment le brûlage des chaumes, le brûlage ou le broyage
des végétaux sur pied, la destruction des talus et des haies, l’épandage de produits antiparasi-
taires », cette liste n’étant pas limitative. Peuvent ainsi être interdits l’ouverture ou l’exploitation
68 L’ESSENTIEL DU DROIT DE L’ENVIRONNEMENT

d’une carrière, la circulation de véhicules à moteur, les activités nautiques... (TA Besançon 30 sept.
2010 Thouveney, 0 901 478).

2 Les sites inscrits et classés


■ L’inscription
L’inscription des sites naturels à l’inventaire (art. L. 341-1 et s.) relève plus de la simple information
de l’administration que de la protection. Il est d’abord établi dans le département une liste des
monuments naturels et des sites dont la conservation ou la préservation présente, au point de
vue artistique, historique, scientifique, légendaire ou pittoresque, un intérêt général. L’inscription
est ensuite prononcée par le ministre (les sites peuvent appartenir à des personnes publiques ou
privées et le consentement du propriétaire n’est pas requis). À partir de là, tous les projets de
travaux non courants doivent être soumis au préalable à l’administration qui ne pourra toutefois
pas s’y opposer. L’inscription, tout comme le classement, est reportée au plan local d’urbanisme
et constitue une servitude d’utilité publique.

■ Le classement
Les sites ou monuments naturels inscrits ou non sur la liste départementale et dont la préservation
ou la conservation présente un intérêt général au point de vue artistique, historique, scientifique
ou légendaire peuvent faire l’objet d’un classement. Si le site appartient à une personne publique,
le classement est prononcé par arrêté ministériel. S’il appartient à une personne privée, il faut une
enquête publique et le classement est prononcé par arrêté ministériel s’il y a accord du proprié-
taire ou par décret en Conseil d’État dans le cas contraire. Le déclassement total ou partiel d’un
site est possible et est prononcé, après avis de la commission supérieure des sites, par décret en
Conseil d’État.
Le Conseil constitutionnel dans sa décision 2012-283 QPC du 23 novembre 2012 a déclaré non
conformes à l’article 7 de la Charte de l’environnement les articles L. 341-3 et L. 341-13 portant
sur les procédures de classement et de déclassement des sites (supra, le principe de participation).
Toutefois la déclaration d’inconstitutionnalité des articles visés a été reportée au 1er septembre
2013. Ces procédures devront donc être modifiées d’ici là.
Dès le début de la procédure, le propriétaire ne peut apporter aucune modification à l’état des
lieux pendant une année. Après le classement, le propriétaire ne peut plus effectuer de travaux
pouvant détruire ou modifier l’état ou l’aspect du site ou monument naturel, sans une autorisation
préalable et expresse du préfet. Toutefois le Conseil d’État dans un arrêt du 26 octobre 2012,
CHAPITRE 8 – Les protections spécifiques à certains sites 69

Commune de St-Jean-Cap-Ferrat (nº 350737) a jugé que dans le cas de travaux soumis à déclara-
tion préalable (et non pas à permis de construire), « le silence gardé par l’autorité compétente
pour statuer sur cette déclaration préalable au terme du délai d’instruction vaut, [dispositions de
l’article R. 424-1, C. urb.]., décision tacite de non-opposition ».
La liste des sites est publiée sur le site internet du ministère de l’Écologie.

■ Le label Grand site de France


La loi Grenelle II a créé l’article L. 341-15-1 du Code de l’environnement afin de donner un fonde-
ment législatif à la politique des grands sites. Ce label peut être attribué par le ministre à un site
classé de grande notoriété et de forte fréquentation et ce, pour une durée fixée dans l’arrêté.
L’attribution du label est subordonnée à la mise en œuvre d’un projet de préservation, de gestion
et de mise en valeur du site, répondant aux principes du développement durable (Circulaire du
21 janvier 2011 relative à la politique des Grands sites, NOR : DEVL1027436C). 12 Grands sites
sont labellisés et une quarantaine ont posé leur candidature.

3 Les espaces protégés par le département


■ Les espaces naturels sensibles des départements
Le département peut mettre en œuvre une politique de protection, gestion et ouverture au public
des espaces naturels sensibles, dans un but de préservation de la qualité des sites, paysages,
milieux naturels, champs naturels d’expansion des crues et de sauvegarde des habitats naturels
(art. L. 142-1 à L. 142-13, C. urb.). Les terrains ainsi protégés seront aménagés en vue de
permettre l’accès du public sauf si la fragilité du milieu naturel l’interdit. Le conseil général peut
mettre en place des zones de préemption afin de permettre la mise en œuvre de sa politique
d’espaces naturels sensibles. Il peut aussi instituer une part départementale de la taxe d’aménage-
ment, destinée notamment à l’acquisition ou à l’aménagement des terrains (pour info : Assemblée
des départements de France : Espaces naturels sensibles, une politique des départements en faveur
de la nature et des paysages, janv. 2011).

■ La protection et la mise en valeur des espaces agricoles et naturels


périurbains
Le département peut délimiter des périmètres d’intervention dans lesquels des terrains peuvent
être acquis par le département ou avec son accord par une autre collectivité territoriale ou un
EPCI (art. L. 143-1 à L. 143-6, C. urb.). L’acquisition peut s’effectuer à l’amiable ou faire l’objet
70 L’ESSENTIEL DU DROIT DE L’ENVIRONNEMENT

d’une expropriation ou préemption. Les biens ainsi acquis ne peuvent être utilisés qu’en vue de la
réalisation des objectifs définis par le programme d’action, qui est élaboré par le département en
vue de définir les aménagements et orientations de gestion destinés à favoriser l’exploitation agri-
cole, la gestion forestière, la préservation et la valorisation des espaces naturels et des paysages.
Les parcs et réserves CHAPITRE

L’idée d’accorder un statut spécial à de grands espaces en vue de la préservation


9
de la faune et de la flore n’est pas récente. On peut en effet citer la Convention
relative à la conservation de la faune et de la flore à l’état naturel de 1933, qui
prévoyait la création de parcs naturels en Afrique. En France, la réglementation
en la matière remonte aux années 1930 pour les réserves, aux années 1960 pour
les parcs nationaux et les parcs naturels régionaux et 2006 pour les parcs naturels
marins.

1 Les parcs
■ Les parcs nationaux
Il existe aujourd’hui dix parcs nationaux français : Vanoise, Port-Cros, Pyrénées occidentales,
Cévennes, Écrins, Mercantour, Guadeloupe, Réunion, Guyane et depuis avril 2012 Parc des Calan-
ques. Une procédure de création reste en cours : le Parc national des forêts de Champagne et
Bourgogne.
a) Définition
Un parc peut être créé à partir d’espaces terrestres ou maritimes, lorsque le milieu naturel, particu-
lièrement la faune, la flore, le sol et le sous-sol, l’atmosphère et les eaux, les paysages et le cas
échéant le patrimoine culturel qu’ils comportent présentent un intérêt spécial et qu’il importe
d’en assurer la protection en les préservant des dégradations et des atteintes susceptibles d’en
altérer la diversité, la composition, l’aspect et l’évolution (art. L. 331-1).
72 L’ESSENTIEL DU DROIT DE L’ENVIRONNEMENT

Le parc est composé d’un ou de plusieurs cœurs définis comme des espaces terrestres et mari-
times à protéger et d’une aire d’adhésion. Cette dernière est constituée de tout ou partie du terri-
toire des communes qui, ayant vocation à faire partie du parc pour des raisons de continuité
géographique ou de solidarité écologique avec le cœur, ont décidé d’adhérer à la Charte du parc
et de concourir volontairement à cette protection. Le parc peut inclure des espaces marins.
Une réserve intégrale peut être créée dans le cœur du parc dans un but scientifique et de protec-
tion plus importante de certains éléments de la faune et de la flore (art. R. 331-52 à R. 331-55).
Des sujétions particulières peuvent y être édictées par le décret de création.

b) La création du parc
C’est un groupement d’intérêt public (art. R. 331-2 et s.) qui est à l’origine de la création du parc.
La procédure de création comprend des consultations et une enquête publique. Le décret de créa-
tion du parc délimite le périmètre du parc et des cœurs et en fixe les règles générales de protec-
tion, il détermine le territoire des communes ayant vocation à adhérer à la Charte, approuve la
Charte du parc et dresse la liste des communes adhérentes. Il crée l’établissement public national
à caractère administratif du parc. Seul un décret en Conseil d’État peut prononcer le déclassement
du parc (CE, 20 nov. 1981, Ass. pour la protection de la vallée de l’Ubaye).

c) La Charte du parc
Elle définit un projet de territoire qui traduit une solidarité écologique. Elle comprend deux
parties :
– la première porte sur les espaces du cœur et définit les objectifs de protection du patrimoine
naturel, culturel et paysager et précise les modalités d’application de la réglementation de cet
espace ;
– la deuxième porte sur l’aire d’adhésion et définit non plus des objectifs mais les orientations de
protection, mise en valeur et développement durable, et indique les moyens de les mettre en
œuvre.
La Charte doit être évaluée et éventuellement révisée tous les 12 ans au plus. En 2012, les
nouvelles chartes des parcs des Pyrénées, du Mercantour et des Ecrins ont été adoptées (les
Chartes sont disponibles sur les sites internet des parcs).
Les SCOT, PLU et cartes communales doivent être compatibles avec la Charte. L’article R. 331-14
donne une liste de documents qui doivent être compatibles avec la charte pour le cœur du parc.
Les collectivités publiques intéressées s’assurent aussi de la cohérence de leurs actions avec les
orientations et mesures de la Charte et mettent en œuvre les moyens nécessaires.
CHAPITRE 9 – Les parcs et réserves 73

d) Les règles applicables dans le parc


Elles découlent du décret de création et/ou de la charte. Une distinction est faite entre les espaces
non urbanisés du cœur du parc, pour lesquels les travaux sont interdits sauf autorisation spéciale,
des espaces urbanisés du cœur pour lesquels les travaux sont soumis à autorisation spéciale du
préfet après avis de l’EP du parc (art. R. 331-18, al. 1). Les travaux, constructions et installations
peuvent faire l’objet de règles particulières.
La réglementation du parc et la Charte peuvent prévoir dans le cœur du parc les conditions dans
lesquelles les activités existantes peuvent être maintenues. Elles peuvent soumettre à un régime
particulier ou interdire notamment, la chasse, la pêche, les activités commerciales, toute action
susceptible de nuire au développement naturel de la faune et de la flore ou d’altérer le caractère
du parc national. Elles réglementent aussi l’exercice des activités agricoles, pastorales ou fores-
tières. Les activités industrielles et minières sont interdites dans le cœur du parc. Une autorisation
doit être demandée pour l’organisation d’une manifestation publique (sportive par ex).
Elles peuvent prévoir des dispositions plus favorables au bénéfice des résidents permanents dans le
cœur du parc, des personnes y exerçant une activité agricole, pastorale ou forestière et des
personnes physiques exerçant une activité professionnelle à la date de création du parc et
dûment autorisés par l’EP du parc.
À noter que des dispositions spécifiques sont prévues pour les espaces maritimes du parc.
e) La gestion du parc
Un établissement public national assure la gestion et l’aménagement du parc national. Il est assisté
d’un conseil scientifique ainsi que d’un conseil économique, social et culturel. L’EP du parc peut,
notamment, prescrire dans le cœur du parc l’exécution de travaux. Les propriétaires ou exploitants
ne peuvent s’opposer à ces travaux (art. L. 331-9).
Le directeur exerce dans le parc les compétences normalement attribuées au maire pour la police
de la circulation et du stationnement (art. L. 2213-1 à L. 2213-6, CGCT), la police des chemins
ruraux (art. L. 161-5, C. rur.), la police des cours d’eau, la destruction des animaux nuisibles, la
police des chiens et chats errants (art. L. 211-22, C. rur.).
Les parcs situés dans les départements d’outre-mer font l’objet de dispositions spécifiques, appli-
cables au parc amazonien de Guyane sous réserves de certaines dérogations (art. L. 331-15 et
L. 331-15-1 et s.).
74 L’ESSENTIEL DU DROIT DE L’ENVIRONNEMENT

■ Les parcs naturels marins


Ils peuvent être créés dans les eaux placées sous souveraineté de l’État (mer territoriale) et éven-
tuellement en continuité avec celles-ci, dans les eaux placées sous sa juridiction (zone économique
exclusive, zone de protection écologique) et sur les espaces appartenant au domaine public mari-
time. Ils sont créés pour « contribuer à la connaissance du patrimoine marin et à la protection et
au développement durable du milieu marin » (art. L. 334-3).
Le décret créant le parc est pris après enquête publique, la procédure est conduite conjointement
par le préfet maritime et le préfet. Le décret fixe les limites du parc, la composition du conseil de
gestion et arrête les orientations de gestion du parc (par ex : protéger le patrimoine naturel marin,
améliorer l’état écologique des eaux...). Les parcs naturels marins sont gérés par l’Agence des aires
marines protégées. Un Conseil de gestion est toutefois créé pour chaque parc qui élabore le plan
de gestion du parc et détermine les mesures de protection, de connaissance, de mise en valeur et
de développement durable du parc. Le plan est accompagné d’un document graphique.
L’État, les collectivités territoriales et les organismes qui s’associent à la gestion du parc veillent à la
cohérence de leurs actions et des moyens qu’ils y consacrent, avec les orientations et mesures du
plan de gestion. Si une activité est susceptible d’altérer de façon notable le milieu marin du parc,
l’autorisation ne peut être accordée que sur avis conforme de l’Agence des aires marines
protégées.
Cinq PNM ont été créés : Mer d’Iroise, Mayotte, Golfe du Lion, Glorieuses (contigu à Mayotte), et
des estuaires picards et de la mer d’Opale en décembre 2012. Plusieurs sont à l’étude.

■ Les parcs naturels régionaux


a) Définition
Les articles L. 333-1 et R. 333-1 du Code de l’environnement énoncent que les PNR ont pour objet
la protection d’un territoire à l’équilibre fragile, d’un patrimoine riche et menacé, et du paysage. Ils
contribuent à la politique d’aménagement du territoire, de développement économique, social,
d’éducation et de formation du public et ils ont vocation à être des territoires d’expérimentation
locale ou exemplaires dans ces domaines. Le territoire du parc peut comprendre des espaces du
domaine public maritime.
Le Conseil régional (ou l’Assemblée de Corse) engage la procédure de classement par une délibé-
ration motivée portant sur la Charte du parc, le périmètre d’étude, les modalités d’association des
collectivités territoriales. Ce projet est soumis à avis, enquête publique et à l’accord des collecti-
vités territoriales intéressées. Les critères pris en compte pour le classement portent sur la qualité
CHAPITRE 9 – Les parcs et réserves 75

du territoire et du projet de charte, la détermination des collectivités et EPCI pour mener à bien le
projet... Un décret prononce le classement pour une durée de douze ans renouvelable (circ. du
4 mai 2012, DEVL1220791C).
b) Les dispositions applicables
L’aménagement et la gestion du parc sont confiés à un syndicat mixte d’aménagement qui
regroupe les collectivités territoriales et leurs groupements ayant approuvé la Charte, et qui déter-
mine les orientations de protection, de mise en valeur et de développement, ainsi que les mesures
permettant leur application. La charte est mise en œuvre par le Syndicat mixte d’aménagement,
les collectivités et EPCI l’ayant approuvée et par l’État.
La charte n’a pas valeur réglementaire (CE, 15 nov. 2006, no 291056, Syndicat mixte du PNR de la
montagne de Reims) et ne s’impose donc pas aux tiers. Cependant l’État et les collectivités territo-
riales adhérant à la Charte en appliquent les orientations et mesures et assurent la cohérence de
leurs actions (CE 8 févr. nº 2012, 321219, Union des industries de carrière ; CE, 16 juill. 2012,
nº 351846, Union des amis du parc naturel régional du Gatinais français...). Les documents d’urba-
nisme doivent être compatibles avec la charte (art. L. 333-1, al. 5 et R. 333-13) et certains docu-
ments de planification, d’aménagement et de gestion des ressources naturelles (liste à
l’art. R. 333-15) sont soumis pour avis à l’organisme de gestion du parc.

2 Les réserves naturelles


L’ordonnance 2012-9 a clarifié les dispositions relatives aux trois types de réserves, nationales,
régionales et de Corse, et permet une meilleure participation du public. Les réserves peuvent être
créées sur le territoire d’une ou plusieurs communes (propriétés publiques ou privées), pour la
conservation de la faune, de la flore, du sol, des eaux, des gisements de minéraux et de fossiles,
et en général de tout milieu naturel qui présente une importance particulière ou qu’il convient de
soustraire à toute intervention artificielle susceptible de le dégrader. Seront notamment prises en
compte pour permettre le classement : la préservation d’espèces en voie de disparition, la reconsti-
tution de ces populations ou de leur habitat, la préservation des biotopes et des formations géolo-
giques ou spéléologiques remarquables, la préservation d’étapes sur les grandes voies de migra-
tion, les études scientifiques... (par ex : CE 27 juin 2007, no 276292, groupement des exploitants
des prairies alluvionnaires de l’estuaire de la Seine).
76 L’ESSENTIEL DU DROIT DE L’ENVIRONNEMENT

■ Les réserves naturelles nationales


La décision de classement d’une réserve naturelle nationale est prononcée afin d’assurer la conser-
vation du milieu naturel d’intérêt national ou la mise en œuvre d’une réglementation européenne
ou d’une obligation résultant d’une convention internationale.
Le projet est soumis à enquête publique et les collectivités intéressées doivent être consultées, le
classement est prononcé par décret après accord de tous les propriétaires ou par décret en CE
dans le cas contraire.

■ Les réserves naturelles régionales


Elles sont classées par le conseil régional, de sa propre initiative ou à la demande des propriétaires
concernés pour la protection des milieux naturels. Le projet (périmètre et réglementation envi-
sagée) est soumis à consultation du public. Le Conseil Régional prononce le classement après
accord des propriétaires concernés ; à défaut, le projet est soumis à enquête publique et le classe-
ment est approuvé par décret en CE.
L’acte de classement précise « le cas échéant » les modalités de gestion et du contrôle du respect
de la réglementation, et la durée de classement.

■ Les réserves naturelles de Corse


La collectivité territoriale de Corse prend l’initiative du classement, à moins que le préfet ne lui
demande de prononcer le classement d’un site afin d’assurer la mise en œuvre d’une réglementa-
tion européenne ou d’une obligation résultant d’une convention internationale. La procédure est
la même que pour la création d’une réserve naturelle régionale, sauf si la demande du préfet n’a
pas été suivie d’effet ; dans ce cas, c’est la procédure de création d’une réserve nationale qui est
utilisée.
Les modalités de gestion et du contrôle du respect de la réglementation sont définies par l’Assem-
blée de Corse, après accord de l’État lorsqu’il est à l’origine du classement.

■ Les dispositions communes


La gestion de la réserve peut être confiée à un établissement public, groupement d’intérêt public,
association, fondation ou propriétaires de terrains classés dans la réserve, à des collectivités territo-
riales ou groupements de collectivités Le gestionnaire élabore un plan de gestion comprenant une
évaluation scientifique du patrimoine naturel, de son évolution et les objectifs de protection. Les
territoires inclus dans la réserve ne peuvent être ni détruits ni modifiés dans leur état ou dans
CHAPITRE 9 – Les parcs et réserves 77

leur aspect, sauf autorisation spéciale du Conseil régional ou représentant de l’État ou Assemblée
de Corse.
L’acte de classement peut limiter ou interdire toute action susceptible de nuire au développement
naturel de la faune et de la flore ou d’altérer le caractère de la réserve. L’article L. 332-2 donne
une liste non limitative d’activités qui peuvent être réglementées ou interdites, mais l’acte de clas-
sement doit tenir compte de l’intérêt du maintien des activités traditionnelles existantes.
PARTIE 4
Les pollutions et nuisances

Chapitre 10 Les installations classées et les risques industriels majeurs 81


Chapitre 11 Les déchets 91
Chapitre 12 Le bruit 101
Les installations
classées et les risques CHAPITRE
industriels majeurs
Si le terme « installations classées » renvoie immédiatement aux sites industriels et
10
aux risques en découlant, les ICPE (Installations classées pour la protection de
l’environnement) ne sont pas uniquement des industries. On doit également y
inclure des installations agricoles ou des carrières et même certains parcs éoliens.
Les risques créés ne concernent pas seulement la vie humaine mais aussi l’environ-
nement.

Cette législation ancienne en France – le premier texte date de 1810 – a été considérablement
renforcée, parfois suite à des catastrophes, le droit de l’Union européenne étant aujourd’hui une
source importante de la réglementation dans ce domaine.

1 Les installations soumises à la réglementation des ICPE


■ L’absence de définition précise
L’article L. 511-1 ne donne pas de définition des ICPE mais dispose que sont soumis aux disposi-
tions sur les installations classées les « usines, ateliers, dépôts, chantiers, et d’une manière géné-
rale, les installations exploitées ou détenues par toute personne physique ou morale, publique ou
privée, qui peuvent présenter des dangers ou des inconvénients, soit pour la commodité du voisi-
nage, soit pour la santé, la sécurité, la salubrité publiques, soit pour l’agriculture, soit pour la
protection de la nature et de l’environnement, soit pour l’utilisation rationnelle de l’énergie
(nouveauté de la loi Grenelle II), soit pour la conservation des sites et des monuments ainsi que
des éléments du patrimoine archéologique ». En pratique, dépendent de la législation ICPE, les
installations visées par la nomenclature des installations classées, qui est en fait une classification
par type d’activités, de matière ou substances utilisées (annexe de l’art. R. 511-9).
82 L’ESSENTIEL DU DROIT DE L’ENVIRONNEMENT

■ Les différentes installations


Les ICPE sont divisées, depuis l’ordonnance 2009-663 du 11 juin 2009, en trois catégories
principales :
– les installations soumises à déclaration (D) pour les moins polluantes ou dangereuses ; sont clas-
sées (DC) celles qui sont soumises à contrôle périodique « en fonction des risques qu’elles
présentent » (art. L. 512-11) ;
– les installations soumises à autorisation (A) pour celles présentant de graves dangers ou inconvé-
nients ou AS pour les installations de type Seveso (du nom de la directive européenne),
c’est-à-dire présentant entre autres des risques d’explosion ;
– et, les installations soumises à enregistrement (E) qui est un régime intermédiaire entre les deux
précédents. Il concerne des installations dont les dangers ou inconvénients graves pour les inté-
rêts mentionnés à l’article L. 511-1 peuvent être prévenus par des prescriptions générales stan-
dardisées (art. L. 512-17).
Attention, un même établissement industriel peut intégrer plusieurs installations classées soumises
à des régimes différents.

2 Les installations soumises à autorisation


Relèvent de cette catégorie, les installations qui présentent de graves dangers ou inconvénients
pour les intérêts cités à l’article L. 511-1.
La transposition de la directive 2010/75 relative aux émissions industrielles (IED) par l’ordonnance
2012/7 et le décret 2013-374 et les arrêtés du 2 mai 2013 (JO du 4 mai) ajoutent des dispositions
pour les installations visées par la directive (art. R. 515-58).

■ La demande d’autorisation
La demande d’autorisation est adressée par l’exploitant au préfet (art. R. 512-2). Elle doit
comprendre un certain nombre de renseignements, tels que l’emplacement de l’installation, la
nature et le volume des activités prévues, les procédés de fabrication... Elle est accompagnée
d’une étude d’impact. Au-delà des éléments traditionnels, celle-ci doit étudier les effets de l’instal-
lation sur les intérêts protégés à l’article L. 511-1 ainsi que sur les intérêts protégés par les régle-
mentations sur l’eau, les déchets, l’air, le bruit. La demande doit aussi comprendre le justificatif
du dépôt de demande de permis de construire. Si l’installation est soumise aux dispositions rela-
tives aux quotas d’émission de gaz à effet de serre (infra) l’exploitant doit fournir des informations
relatives aux sources d’émissions de CO2 et au plan de surveillance.
CHAPITRE 10 – Les installations classées et les risques industriels majeurs 83

Une étude de dangers doit également accompagner la demande (art. L. 512-2 et R. 512-9).
Celle-ci analyse les risques et doit prendre en compte les probabilités d’occurrence, la cinétique
et la gravité des accidents potentiels. Elle définit et justifie les moyens propres à réduire ces proba-
bilités et les effets d’un éventuel accident (organisation des secours...). Elle doit comprendre les
éléments indispensables qui permettront à l’autorité compétente d’élaborer le Plan particulier
d’intervention (PPI) pour les installations de type Seveso. Elle comporte également un résumé non
technique ainsi qu’une cartographie des zones de risques significatifs.

■ L’autorisation
Une fois saisi de la demande, le préfet transmet le dossier à l’inspection des installations classées
et organise l’enquête publique. La demande est également soumise à différents avis (conseils
municipaux, services administratifs). Le préfet, au vu de ces avis et rapports, prendra la décision
dans un délai de trois mois suivant la transmission du dossier de l’enquête publique.
L’autorisation ne pourra être accordée que si les dangers ou inconvénients peuvent être prévenus
par la mise en œuvre des prescriptions préfectorales qui pourront accompagner l’autorisation. Le
ministre peut aussi édicter des prescriptions générales applicables à certaines catégories d’installa-
tions, par exemple des contraintes techniques ou de prévention des accidents (art. L. 512-5 [et art.
L. 120-2 pour la participation du public suite à la décision du Cons. cosnt. 2012-262 QPC du
13 juillet 2012, infra] et R. 512-28).
L’autorisation ICPE est globale en ce sens qu’aucune autre autorisation environnementale ne devra
être demandée (par exemple, dans le cadre de la législation sur l’eau ou la pollution atmosphé-
rique ; pour les installations soumises au système des quotas de GES, l’arrêté ne mentionne pas
de valeur limite d’émission pour les GES ; V. art. R. 512-28. En revanche le permis de construire
et/ou l’autorisation de défrichement devront être demandés).
L’arrêté d’autorisation définit aussi les conditions d’exploitation de l’installation en période de
dysfonctionnement ou d’arrêt momentané (art. R. 512-28). De même, il peut prévoir l’obligation
d’établir un Plan d’opération interne (POI), en cas de sinistre (obligatoire pour les ICPE de type
Seveso). Celui-ci a pour but d’organiser la lutte contre le sinistre et doit, notamment, détailler les
moyens et équipements mis en œuvre. La délivrance de l’autorisation peut être subordonnée à
l’éloignement de l’installation des habitations, établissements recevant du public, captages d’eau,
voies de communication ou zones destinées à l’habitation par les documents d’urbanisme...
Pour les installations implantées sur un site nouveau, l’arrêté doit prévoir la remise en état du site
après leur arrêt définitif (infra). L’autorisation est accordée pour une durée illimitée, sauf pour les
installations de stockage de déchets et carrières (art. R. 512-35).
84 L’ESSENTIEL DU DROIT DE L’ENVIRONNEMENT

■ Les modalités particulières d’autorisation pour les installations


de type Seveso
Il s’agit des installations définies à l’article L. 515-8 comme étant susceptibles de créer par danger
d’explosion ou d’émanation de produits nocifs, des risques très importants pour la santé ou la
sécurité des populations voisines et pour l’environnement.
À noter que la directive 2012/18 dite Seveso III a été adoptée le 4 juillet 2012 et devra être trans-
posée pour le 31 mai 2015. Les projets de textes de transposition ont été soumis à consultation
du public en mai 2013.
Ces installations peuvent faire l’objet de servitudes d’utilité publique afin de créer un périmètre de
protection (par exemple, limitation ou interdiction d’implanter des constructions... art. R. 515-24
et s. modifiés par le décret 2013-5 relatif à la prévention et au traitement de la pollution des sols).
L’exploitant doit établir un système de gestion de la sécurité (SGS, voir guide méthodologique
INERIS), qui va définir l’organisation et les fonctions des personnels, l’identification et l’évaluation
des risques d’accident majeur, les procédures permettant de maîtriser les procédés et l’exploitation
des installations dans des conditions de sécurité maximum. Par ailleurs, l’exploitant doit s’engager
sur des objectifs de prévention des risques majeurs. Pour cela, il expose sa politique de prévention
des accidents majeurs (PPAM) dans un document (arr. du 10 mai 2000 modifié).

■ Le fonctionnement de l’installation
Le préfet peut, en cours de fonctionnement de l’installation, modifier les prescriptions définies
dans l’arrêté d’autorisation si la protection des intérêts mentionnés à l’article L. 511-1 le justifie.
Le respect des prescriptions est soumis au contrôle des inspecteurs des installations classées. Le
bilan de fonctionnement de l’installation (art. R. 512-45). qui permet au préfet de réexaminer et
éventuellement d’actualiser les conditions de l’autorisation, n’est plus systématique. L’arrêté du
2 mai 2013 (JO du 4 mai) prévoit en effet qu’il est obligatoire pour les ICPE A listées en annexe
de l’arrêté.
L’exploitant déclare chaque année les émissions polluantes et déchets de l’installation
(art. R. 512-46).
Si en cours de fonctionnement une installation présente des dangers ou inconvénients inconnus
lors de l’autorisation ou de la déclaration, le préfet peut ordonner, après que l’exploitant ait pu
présenter ses observations, la suspension temporaire de l’exploitation ou même sa fermeture si
ces dangers ne peuvent être évités.
CHAPITRE 10 – Les installations classées et les risques industriels majeurs 85

3 Les installations soumises à enregistrement


Ces installations font l’objet des articles L. 512-7 et s. et R. 512-46-1 et s. L’enregistrement est
qualifié d’autorisation simplifiée. Ce régime est donc applicable à des installations qui répondent
aux conditions fixées à l’article L. 512-7-I et qui font l’objet de prescriptions générales standardi-
sées édictées par le ministre (consultables sur le site Aida-Ineris). Celles-ci peuvent notamment
prévoir, les conditions d’intégration du projet dans son environnement local et des conditions
tenant à l’éloignement des installations des habitations, des cours d’eau, etc. C’est la publication
de l’arrêté ministériel qui conditionne la possibilité pour l’exploitant d’un type d’ICPE, de déposer
un dossier d’enregistrement. À noter que suite à la décision Cons. const. 2011-183/184 QPC du
14 octobre 2011, FNE (supra), la procédure de participation du public de l’article L. 120-1 est
applicable à l’adoption de ces prescriptions ministérielles.

■ La demande d’enregistrement
Elle est adressée au préfet en 3 exemplaires (+ 1 par commune intéressée) et comprend les
éléments et les pièces listés aux articles R. 512-46-3 et 4. Parmi celles-ci, le document justifiant
du respect des prescriptions générales constitue la pièce maîtresse du dossier. Le demandeur doit
y expliciter et justifier ses choix techniques dans le but de respecter les prescriptions générales
standardisées. À cette fin, un guide d’aide à la conformité accompagne chaque arrêté de prescrip-
tions générales (consultable sur le site Aida-Ineris). Les éléments demandés portent également sur
des questions de compatibilité par rapport aux documents d’urbanisme, à différents plans (eaux,
déchets, carrières...) et à la position de l’installation par rapport à des zones naturelles faisant
l’objet d’une protection... Certaines informations, touchant aux secrets de fabrication entre
autres, pourront rester confidentielles ; en effet, le dossier sera rendu public notamment sur le
site internet de la préfecture dans le cadre de la procédure de consultation du public. La
demande est accompagnée de la demande de permis de construire et de défrichement. À la diffé-
rence du dossier de demande d’autorisation, le dossier d’enregistrement ne comprend ni étude
d’impact, ni étude de dangers.
À noter, que le préfet peut décider par décision motivée (art. L. 512-7-2 et R. 512-46-9) que le
dossier sera traité selon la procédure de l’autorisation et non pas de l’enregistrement si c’est
justifié par la sensibilité environnementale du milieu (en référence : la directive 85/337), ou par le
cumul des incidences avec d’autres projets d’ICPE, ou encore par l’aménagement des prescriptions
générales demandées par l’exploitant (attention, l’installation restera classée en E, malgré le bascu-
lement en procédure d’autorisation).
86 L’ESSENTIEL DU DROIT DE L’ENVIRONNEMENT

■ L’enregistrement
S’il est complet et conforme, le préfet transmet le dossier pour avis aux conseils municipaux des
communes intéressées. Une simple consultation du public est ensuite organisée et non pas une
enquête publique (art. R. 512-46-11 et s.). Au vu du dossier de demande, de l’avis des conseils
municipaux intéressés et des observations du public, l’inspection des installations classées établit
un rapport comprenant des propositions qui vont permettre au préfet, soit de prononcer l’enregis-
trement, soit de le refuser. La procédure d’enregistrement ne doit pas excéder 5 mois. Les pres-
criptions particulières complètent ou renforcent les prescriptions générales édictées par le ministre
et peuvent être justifiées par des circonstances locales (art. L. 512-7-3).

■ Le fonctionnement de l’installation
L’enregistrement est accordé pour une durée illimitée sauf si cela peut créer des dangers ou incon-
vénients inacceptables pour les intérêts protégés de L. 511-1 : c’est notamment le cas pour les
carrières (art. R. 512-46-21).
Après la mise en service de l’installation et toujours pour la protection des intérêts protégés
de L. 511-1, le préfet peut imposer par arrêté, des prescriptions complémentaires (art. L. 512-7-5).
Il peut également adopter des arrêtés complémentaires en cas de modification non substantielle
de l’installation (fonctionnement, voisinage...).

4 Les installations soumises à déclaration


■ La déclaration
La déclaration est envoyée au préfet avant la mise en service de l’installation. Elle comprend
diverses informations dont un plan qui doit indiquer notamment les points d’eau et cours d’eau
proches, ainsi que les modalités prévues pour l’utilisation, l’épuration et l’évacuation des eaux rési-
duaires et de toutes émanations et les modes d’élimination des déchets et résidus. Le dossier est
bien évidemment plus simple que dans les cas précédents. Toute absence de ces éléments entraî-
nerait le refus du préfet de donner le récépissé. En dehors de ce cas, le préfet va simplement enre-
gistrer la déclaration, en donner récépissé au déclarant (avec copie des prescriptions générales
applicables), et en envoyer une copie au maire de la commune concernée.
Le préfet peut toutefois édicter des prescriptions de fonctionnement pour l’installation (art.
L. 512-8). Le ministre peut aussi édicter des prescriptions générales applicables à certaines catégo-
ries d’installations qui peuvent être adaptées par le préfet, aux circonstances locales (art.
CHAPITRE 10 – Les installations classées et les risques industriels majeurs 87

L. 512-10, R. 512-51). Là encore la procédure de participation du public de l’aricle. L. 120-1 est


applicable à l’adoption de ces prescriptions.

■ Le fonctionnement de l’installation
Les installations (DC) sont soumises à contrôle périodique, c’est-à-dire que tous les 5 ans (10 pour
les installations certifiées ISO 14001), un contrôle est effectué par un organisme agréé. Pour
chaque catégorie d’installations, des arrêtés fixent les prescriptions sur le respect desquelles porte
le contrôle périodique (art. R. 512-58 modifié par le D. 2013-4 ; pour le calendrier : D. 2009-835).

5 Les dispositions communes


■ Le fonctionnement de l’installation
La demande d’autorisation, d’enregistrement ou la déclaration doit être renouvelée en cas de
transfert sur un nouveau site, de changement d’exploitant ou modification substantielle (circ. du
14 mai 2012, DEVP1208015C), apportée à l’installation.
L’exploitant d’une ICPE doit déclarer, dans les meilleurs délais, à l’inspection des installations clas-
sées les accidents ou incidents qui sont de nature à porter atteinte aux intérêts protégés de
l’article L. 511-1 (art. R. 512-69).
En cas d’inobservation par l’exploitant des conditions qui lui sont imposées, le préfet le met en
demeure de les respecter dans un délai déterminé. Si la mise en demeure reste sans suite, le
préfet peut alors obliger l’exploitant à consigner entre les mains d’un comptable public la somme
correspondant au montant des travaux à réaliser, faire procéder d’office aux travaux aux frais de
l’exploitant, suspendre par arrêté le fonctionnement de l’installation, jusqu’à exécution des condi-
tions imposées.
Si une installation classée est exploitée sans avoir fait l’objet d’une déclaration, d’enregistrement
ou demande d’autorisation, le préfet met l’exploitant en demeure de régulariser sa situation dans
un délai qu’il fixe. Il peut dans ce délai suspendre l’exploitation de l’installation puis, si l’autorisa-
tion ou l’enregistrement est refusé ou que l’exploitant ne présente pas de demande, le préfet peut
ordonner la fermeture de l’installation (art. L. 514-2).
Les ICPE sont contrôlées par l’inspection des installations classées selon une périodicité différente
en fonction de leur classement (A, E ou D). Sur cette question voir l’arrêt de la CAA de Bordeaux
du 24 janvier 2013 nº 10BX02881, qui dans l’affaire AZF a condamné l’État pour faute dans
l’exercice de la police des ICPE. Également : Circulaire du 21/03/13 relative aux thèmes d’actions
nationales de l’inspection des installations classées (...) pour l’année 2013, non publiée, Site Aida.
88 L’ESSENTIEL DU DROIT DE L’ENVIRONNEMENT

■ La disparition de l’installation
Pour toutes les ICPE, après la cessation de l’activité l’exploitant doit placer le site de l’installation
dans un état tel qu’il ne puisse porter atteinte aux intérêts protégés de l’article L. 511-1. Il doit
notamment évacuer ou éliminer les produits dangereux et les déchets, limiter ou interdire l’accès
au site, supprimer les risques d’incendie ou d’explosion et surveiller les effets du site sur
l’environnement.
Pour les installations relevant du régime de la déclaration, la remise en état doit permettre un
usage futur du site comparable à celui de la dernière période d’exploitation de l’installation
(art. R. 512-66-1). Pour les installations relevant du régime de l’enregistrement, elle doit permettre
un usage futur du site déterminé selon les dispositions des articles R. 512-46-26 et R. 512-46-27.
Pour les installations soumises à autorisation, elle doit permettre un usage futur du site déterminé
selon les dispositions des articles R. 512-39-2 et R. 512-39-3.
La loi Grenelle II a créé l’article L. 212-17 qui permet d’établir sous certaines conditions, une
responsabilité de la société-mère pour la remise en état de sites en fin d’activité à la place de la
société filiale placée en liquidation judiciaire.

■ Les recours
L’article R. 514-3-1 fixe à 1 an pour les tiers et à 2 mois pour les demandeurs et exploitants le
délai de recours (contentieux de pleine juridiction) contre l’arrêté préfectoral d’autorisation, d’enre-
gistrement ou la déclaration et les arrêtés complémentaires.

6 Les plans de prévention des risques technologiques


(PPRT)
Les PPRT (art. L. 515-15) ont pour objet de limiter les effets d’accidents pouvant survenir dans les
installations de type Seveso et pouvant entraîner des effets sur la salubrité, la santé et la sécurité
publiques. Ils sont élaborés et approuvés par le préfet. Ils valent servitude d’utilité publique et sont
annexés aux plans locaux d’urbanisme.
Les PPRT délimitent des périmètres d’exposition aux risques sur la base notamment des études de
dangers. Ils peuvent être divisés en différentes zones selon la variété des dangers présentés.
Peuvent par exemple être interdites les constructions nouvelles, tandis que l’utilité publique peut
être déclarée pour une expropriation, et que des mesures de protection de la population peuvent
être adoptées.
CHAPITRE 10 – Les installations classées et les risques industriels majeurs 89

Pour l’information des populations, le préfet peut créer une Commission de suivi de site autour
d’ICPE soumises à autorisation ou pour une zone géographique comportant des risques et pollu-
tions industriels et technologiques (art. L. 125-2-1, et R 125-8-1 et s.).
Une circulaire du 11 avril 2013 (DEVP1309664C) vise à accélérer l’adoption et la mise en œuvre
des PPRT. En effet, alors qu’ils ont été créés par la loi de 2003 sur les risques technologiques et
naturels, à peine plus de la moitié des plans ont été adoptés et parmi ceux-ci peu sont mis en
œuvre.
Les déchets CHAPITRE

La question des déchets et surtout de leur traitement n’est pas nouvelle. Si elle est
11
prise en compte par Philippe-Auguste dès 1185 et que le Préfet Poubelle a pris un
arrêté pour obliger les résidents à mettre leurs déchets dans un récipient en 1883,
c’est une loi de 1975 qui a généralisé la collecte et le traitement des déchets,
tandis que la loi de 1992 a posé les principes aujourd’hui applicables dans ce
domaine, modifiés en 2010.

Cette question a pris de l’importance avec les modes de vie modernes qui multiplient les embal-
lages et les produits jetables. Une campagne de réduction des déchets et un Plan national de
prévention de la production de déchets ont été adoptés afin de faire de la France « un des piliers
de la société européenne de recyclage »...

1 Les dispositions générales


■ Sources
La directive 75/442/CEE avait posé les bases de la réglementation applicable aux déchets. Elle a
été abrogée et remplacée par la directive 2008/98 du 19 novembre 2008 qui abroge et remplace
également la directive sur les déchets dangereux et celle sur les huiles usagées. La directive privi-
légie l’approche par cycle de vie, c’est-à-dire qu’elle prend en compte la question des déchets
dès la conception des produits qui vont les générer. Elle a été transposée par la loi Grenelle II et
par l’ordonnance 2010-1579 du 17 décembre 2010.
Les articles L. 541-1 et suivants et R. 541-1 du Code de l’environnement traitent des déchets.
92 L’ESSENTIEL DU DROIT DE L’ENVIRONNEMENT

■ Définition
Le déchet est défini comme toute substance ou tout objet, plus généralement tout bien meuble,
dont le détenteur se défait ou dont il a l’intention ou l’obligation de se défaire (art. L. 541-1).
Les articles L. 541-1-1 et L. 541-4-1 à 3 reprennent la directive en définissant les différents termes
(déchets, valorisation, etc. voir aussi art. R. 541-8) et en excluant certaines substances ou matières
du champ d’application de la législation sur les déchets (sols pollués non excavés, gaz émis dans
l’atmosphère...). Ils définissent aussi les éléments permettant de distinguer les déchets des
sous-produits (dans le cadre d’une production industrielle, « une substance ou un objet issu d’un
processus de production dont le but premier n’est pas la production de cette substance ou cet
objet » est qualifiée selon les cas de déchet ou de sous-produit lequel n’est pas soumis à la régle-
mentation sur les déchets ; art. L. 541-4-2). Ils citent enfin les critères devant être pris en compte
pour qu’un déchet une fois traité ne soit plus considéré comme un déchet (décret 2012-605
créant les art. D. 541-12 et s.).
L’intérêt de ces distinctions est de savoir si la substance ou objet en cause relève ou non de la
réglementation des déchets. Attention : un déchet peut avoir une valeur économique et faire
l’objet d’un commerce. De même selon une jurisprudence bien établie « la seule circonstance
qu’une substance puisse être réutilisée ne fait pas obstacle à sa qualification de déchet » (par ex :
CE, 1er mars 2013, Hussong, nº 348912).
On distingue les déchets ménagers des déchets industriels. C’est la nomenclature « déchets »
(annexe de l’art. R. 541-8, C. env.) qui fixe la liste des déchets. Toutefois l’inscription sur cette
liste ne doit être considérée que comme un indice : d’une part cette liste n’est pas exhaustive et
d’autre part il faut que la matière ou l’objet en question réponde à la définition de l’article L. 541-1
(la volonté ou l’obligation de se défaire).
Sont des déchets dangereux ceux qui présentent au moins une des propriétés énumérées dans
cette annexe (explosif, infectieux...).
Le mélange de déchets (dangereux et non dangereux, différents déchets dangereux) est interdit
sauf si l’opération fait l’objet d’une autorisation et s’effectue dans une ICPE.

■ Le traitement, le transport et l’information


a) L’obligation de traitement des déchets
L’article L. 541-1 reprend les dispositions de la directive pour établir une hiérarchie du traitement
des déchets qui est contraignante. Celle-ci vise à privilégier la prévention de la quantité et la
réduction de la nocivité des déchets, « en agissant sur la conception, la fabrication et la
CHAPITRE 11 – Les déchets 93

distribution des substances et produits (...) ». Ce sont ensuite le réemploi, le recyclage, toute autre
valorisation, et notamment la valorisation énergétique, qui sont privilégiés, puis en tout dernier
lieu l’élimination. Seuls les déchets ultimes (infra) peuvent faire l’objet d’une opération
d’élimination.
En application de l’article L. 541-2 toute personne qui produit ou détient des déchets est tenue
d’en assurer ou en faire assurer la gestion, conformément aux dispositions de l’article L. 541-1,
c’est-à-dire en respectant la hiérarchie de traitement et sans mettre en danger la santé humaine
et sans nuire à l’environnement. Le producteur étant principalement toute personne dont l’activité
produit des déchets et le détenteur étant le producteur des déchets ou toute autre personne qui
se trouve en possession des déchets.
En ce sens, les producteurs, importateurs et exportateurs doivent pouvoir justifier que les déchets
issus des produits qu’ils fabriquent, importent, exportent sont de nature à être gérés dans les
conditions prévues à l’article L. 541-1.
De même, le producteur ou détenteur peut remettre les déchets à une personne mais reste
responsable de ces déchets jusqu’à leur élimination (art. L. 141-2 ; CE, 11 janvier 2007, Barba-
zanges, no 287674). Il doit d’ailleurs s’assurer que la personne à qui il les remet est autorisée à
les prendre en charge. Il doit également mettre en place un tri des déchets à la source et une
collecte séparée (non applicable aux ménages ; art. L. 541-21-2).
Si des déchets sont abandonnés, déposés ou gérés contrairement à la réglementation, l’autorité
administrative devra mettre en demeure le producteur ou détenteur d’effectuer les opérations
nécessaires, puis le cas échéant l’obliger à consigner une somme, ou faire effectuer les opérations
demandées à ses frais, le cas échéant à suspendre son activité, et elle pourra ordonner le verse-
ment d’une astreinte journalière ou d’une amende (art. L. 541-3). Si le producteur ou détenteur
n’est pas identifiable ou est insolvable, l’ADEME pourra être chargée des opérations. Est réputé
abandon tout acte tendant, sous le couvert d’une cession à titre gratuit ou onéreux, à soustraire
son auteur aux prescriptions de la réglementation sur les déchets (art. L. 541-3-III). L’autorité admi-
nistrative compétente est le maire, mais lorsque les déchets sont issus du fonctionnement d’une
ICPE, la jurisprudence a considéré que le préfet est l’autorité compétente (CE, Barbazanges, op.
cit., CE, 13 juill 2007, Cne de Taverny, nº 293210). Cette compétence est désormais inscrite au
Code de l’environnement : art. R. 541-12-6. L’article L. 2224-13 du Code général des collectivités
territoriales (CGCT) prévoit que les communes et leurs groupements sont en charge de la collecte
et du traitement des déchets des ménages ainsi que d’autres déchets qui, en fonction de leur
nature et des quantités produites, peuvent être collectés et traités sans sujétion technique particu-
lière (déchets d’origine commerciale et artisanale...). Les collectivités doivent désormais définir un
programme local de prévention des déchets ménagers et y inclure des objectifs de réduction ainsi
94 L’ESSENTIEL DU DROIT DE L’ENVIRONNEMENT

que les mesures nécessaires pour les atteindre (art. L. 541-15-1). À noter, l’article 195 de la loi
Grenelle II prévoit la possibilité pour certaines communes/EPCI/syndicats mixtes d’expérimenter
pour 5 ans la fixation d’une part variable de la taxe d’enlèvement des ordures ménagères (et non
plus uniquement pour la redevance), calculée en fonction du poids ou du volume des déchets,
ceci afin d’inciter à la prévention des déchets (art. 1522 bis, CGI).
La collecte, le transport, le courtage et le négoce de déchets sont réglementés et soumis soit à
autorisation, s’ils présentent de graves dangers ou inconvénients pour les intérêts protégés par la
réglementation, soit à déclaration (art. L. 541-8). Ces opérations doivent respecter les objectifs
visés à l’article L. 541-1.

b) La responsabilité élargie du producteur


La directive a défini un système de responsabilité élargie du producteur qui est repris à
l’article L. 541-10. Celui-ci prévoit que, d’une part, la fabrication ou la vente (...) de produits géné-
rateurs de déchets peut être réglementée ou interdite afin de faciliter l’élimination de ces déchets
et, d’autre part, que les producteurs, importateurs et distributeurs de ces produits (...) peuvent se
voir imposer de pourvoir ou de contribuer à l’élimination des déchets qui en proviennent (infra).
Deux moyens pour cela :
– la mise en place de systèmes individuels de collecte et de traitement des déchets ;
– ou la création d’éco-organismes, auxquels ils versent une contribution financière.

c) L’information
Toute personne a le droit d’être informée des effets sur l’Homme et l’environnement des diverses
opérations relatives aux déchets. Ce droit à l’information est assuré par la création d’une Commis-
sion de suivi de site (art. L. 125-2-1), et la communication par l’exploitant et l’établissement par les
collectivités ou groupements assurant le traitement des déchets, de certains documents et infor-
mations (art. L. 125-1).

■ Les installations
Depuis le 1er juillet 2002, les installations d’élimination des déchets par stockage ne peuvent
accueillir que les déchets ultimes (Cass. civ. 3e, 5 déc. 2007, 06-19.179, Sté Coved). Ceux-ci sont
définis comme des déchets qui ne sont plus susceptibles d’être traités dans les conditions techni-
ques et économiques du moment, notamment par extraction de la part valorisable ou par réduc-
tion de leur caractère polluant ou dangereux (art. L. 541-2-1-II). Il s’agit donc de la « fraction non
"récupérable" des déchets » (circ. 28 avr. 1998) et notamment de la part de déchet qui reste
CHAPITRE 11 – Les déchets 95

après traitement et qu’il n’est plus possible de traiter. Les installations d’incinération ou de stoc-
kage des déchets sont soumises à autorisation en application de la législation sur les installations
classées. L’autorisation d’exploiter une installation d’incinération ou une installation de stockage
de déchets ménagers et assimilés fixe désormais une limite maximale à sa capacité de traitement
annuelle, ce qui entre dans la logique de la nouvelle législation sur les déchets dont le but premier
est la prévention (moins de déchets, donc moins de besoins en matière d’incinération ou de stoc-
kage ; art. L. 541-25-1).
Les installations de gestion de déchets issus de l’industrie extractive pouvant présenter un risque
majeur, feront l’objet d’un plan particulier d’intervention (infra chap. ICPE).

2 La planification
L’article L. 541-1 énonce le principe de proximité (limiter en distance le transport des déchets). Il
est mis en œuvre notamment par la planification.

■ Les plans nationaux


En application de la directive de 2008, un plan national de prévention et de gestion des déchets
doit être établi par le ministre. Il définit des objectifs nationaux et les orientations des politiques
de prévention des déchets, les mesures de prévention mises en œuvre et celles qui seront conti-
nuées ou créées, et une évaluation de l’impact des mesures sur le cycle de vie des produits (de la
conception à l’utilisation). Il sera adopté en 2013 et « sera opposable à toute décision prise par
une personne publique » (réponse min. JO Sénat, 4 avr. 2013)
De plus, des plans nationaux peuvent être établis pour des déchets jugés nocifs ou dont la gestion
présente des particularités (art. L. 541-11). Ces plans sont établis par le ministre et ils tendent à la
création d’ensembles coordonnés d’installation et d’élimination des déchets. Ces déchets ne
peuvent être traités que dans les installations disposant d’un agrément spécifique. Un décret doit
fixer la liste des déchets concernés.
À noter que le plan national de décontamination et d’élimination des appareils contenant des PCB
et PCT (adopté en application de la directive 96/59 du 16 sept. 1996) a pris fin et que le décret
2013-301 modifie sur ce point les articles R. 543-18, C. env. : sont désormais visés les appareils
qui contiennent moins de PCB (entre 50 et 500 ppm).
96 L’ESSENTIEL DU DROIT DE L’ENVIRONNEMENT

■ Les plans régionaux


Chaque région doit faire l’objet d’un Plan régional ou interrégional de prévention et de gestion
des déchets dangereux (et non plus des déchets industriels spéciaux) (art. L. 541-13). Ces plans
énoncent les mesures nécessaires pour prévenir l’augmentation de la production de déchets,
recensent les installations d’élimination existantes et doivent permettre de prévoir la création et la
localisation des installations nécessaires à l’avenir. Ils établissent un inventaire prospectif sur 6 à
12 ans sur l’origine et la nature des déchets, et définissent les priorités nécessaires pour atteindre
les objectifs définis par l’article L. 541-1. Ils peuvent également prévoir pour certains déchets
dangereux, la possibilité de déroger à la hiérarchie de traitement. Chaque plan est élaboré à l’ini-
tiative et sous la responsabilité du président du conseil régional et est soumis à évaluation environ-
nementale. En cas de carence du Conseil régional, le préfet de région pourra élaborer le plan (art.
L. 541-15).

■ Les plans départementaux


Chaque département doit élaborer un Plan départemental (ou interdépartemental) de prévention
et de gestion des déchets non dangereux (art. 541-14). Le plan doit notamment comprendre un
inventaire de la situation et des installations existantes, un recensement des programmes locaux
de prévention des déchets ménagers et assimilés (...) ; il énonce également les priorités à retenir.
Il fixe des objectifs de prévention des déchets, de tri à la source, de collecte sélective (notamment
des biodéchets), et de valorisation de la matière, ainsi que les priorités en matière de valorisation
des composts... Il fixe une limite aux capacités annuelles d’incinération et de stockage des déchets,
en fonction des objectifs de prévention et de tri, mais à l’inverse, il peut prévoir des dérogations à
la hiérarchie de traitement des déchets. Il peut tenir compte des besoins et des capacités des
zones voisines (en privilégiant les modes alternatifs de transport des déchets : voie fluviale ou
ferrée par ex.).
Ces plans sont élaborés à l’initiative et sous la responsabilité du président du Conseil général (du
Conseil régional pour l’Ile de France). Les collectivités territoriales ou leurs groupements compé-
tents y sont associés et après différents avis, évaluation environnementale et enquête publique,
ces plans sont adoptés par le Conseil général (régional pour l’Ile de France).
Désormais, un plan départemental ou interdépartemental de prévention et de gestion des déchets
issus de chantiers du bâtiment et des travaux publics doit être adopté par le Conseil général ou le
Conseil régional pour la région d’Ile-de-France (art. L. 541-14-1, R. 541-41-1 et s.).
Pour ces deux plans, en cas de carence du Conseil général (régional), le représentant de l’État
pourra se charger de leur élaboration (art. L. 541-15).
CHAPITRE 11 – Les déchets 97

■ Compatibilité
Dans les zones où les différents plans évoqués ci-dessus sont applicables, les décisions prises par
les personnes morales de droit public et leurs concessionnaires dans le domaine de la gestion et
de la prévention des déchets, doivent être compatibles avec ces plans. Les plans font, tous les
6 ans, l’objet d’une évaluation et le cas échéant d’une révision (art. L. 541-15).

■ Transfert transfrontière
Le règlement 1013/2006 du 14 juin 2006 concernant le transfert de déchets pose les règles rela-
tives aux mouvements transfrontières de déchets. Les procédures diffèrent selon que les déchets
sont destinés à être éliminés ou bien valorisés et que le transfert a lieu au sein de l’Union euro-
péenne ou vers ou depuis un pays tiers ; le transfert peut même être simplement interdit. En fonc-
tion du type de déchet, le transfert fera l’objet d’une autorisation ou d’une simple information des
autorités compétentes (en France le préfet). Par ex : CAA Marseille 29 mai 2012, Seolane,
10MA01496.
Les articles L. 541-42 et s. définissent les dispositions applicables en cas de transfert illicite ou qui
ne peut pas être mené à bien.

3 Les réglementations particulières


■ Les déchets spécifiques
L’article L 541-10 définit la responsabilité élargie du producteur mais certains déchets faisaient
déjà l’objet de dispositions spécifiques visant à obliger le producteur ou le vendeur du produit à
le reprendre lorsqu’il est destiné à l’abandon et à établir des systèmes individuels de collecte et
de traitement des déchets issus de ses produits ou à adhérer à des éco-organismes auxquels il
verse une contribution financière.
Faisaient déjà l’objet de telles dispositions, notamment les huiles usagées, les piles et accumula-
teurs, les prospectus ou publicités déposés dans les boîtes aux lettres ou les lieux publics, les
emballages, les véhicules hors d’usage... La loi Grenelle II y ajoute aux articles L. 541-10-1
et suivants les pneumatiques, l’ameublement (art. R. 543-240 et s. ; l’écocontribution a été mise
en place le 1er mai 2013), les bouteilles de gaz (consigne et gestion des déchets), les produits
chimiques pouvant présenter un risque significatif pour la santé et l’environnement (obligation de
prendre en charge, ou faire prendre en charge par des sociétés spécialisées, la collecte et le
98 L’ESSENTIEL DU DROIT DE L’ENVIRONNEMENT

traitement des déchets ménagers desdits produits (contenants et contenus) qui doivent aussi faire
l’objet d’une signalétique appropriée : (art. R. 543-228 et s.).
À noter que depuis le 1er juillet 2011 les hypermarchés (+ de 2 500 m2) doivent se doter d’un
point de reprise des déchets d’emballage issus des produits achetés dans cet établissement et
que depuis le 1er janvier 2010, la distribution à titre gratuit de sacs de caisse à usage unique en
plastique non biodégradable est interdite.
Le Code de la santé publique traite des déchets d’activités de soins et assimilés et des pièces
anatomiques (art. R. 1335-1 et s.). Il s’agit principalement des déchets présentant un risque infec-
tieux, des matériels ou matériaux coupants ou piquants destinés à l’abandon, des produits
sanguins à usage thérapeutique. Ces déchets sont collectés dans des sacs à usage unique et ils
doivent être soit incinérés, soit prétraités par des appareils de désinfection afin qu’ils puissent être
ensuite collectés et traités par les communes ou groupements de communes. Les pièces anatomi-
ques doivent obligatoirement être incinérées.
La loi Grenelle II a enfin permis de mettre en place une filière de collecte des déchets d’activités de
soins à risques infectieux perforants détenus par des particuliers : désormais les pharmacies et
laboratoires de biologies doivent les reprendre (art. L. 4211-2-1, R. 1335-8-1, C. santé publ.).

■ Les déchets radioactifs


La loi 2006-739 du 28 juin 2006 de programme relatif à la gestion durable des matières et
déchets radioactifs a modifié les dispositions du Code de l’environnement en la matière, (art.
L. 542-1 [et dernière codification par l’ordonnance 2012-6]). Le déchet radioactif répond aux
mêmes définitions et principes que les autres déchets, avec toutefois des particularités définies
aux articles L. 542-1 et s. et R. 542-1 et s. du Code de l’environnement.
Les déchets radioactifs font l’objet d’une gestion durable de même que les matières radioactives
de toute nature résultant notamment de l’exploitation ou du démantèlement d’installations utili-
sant des sources ou des matières radioactives (définitions à l’art. L. 542-1-1). Cette gestion
durable est assurée dans le respect de la protection de la santé des personnes, de la sécurité et
de l’environnement. Les charges supportées par les générations futures devront être prévenues
ou limitées. Le principe de la responsabilité des producteurs et des détenteurs de combustibles
usés et de déchets radioactifs est affirmé.
On distingue les déchets radioactifs à vie longue, de haute ou moyenne activité. En effet, les
déchets sont classés selon deux critères : l’intensité de leur radioactivité et leur durée de vie (infé-
rieure ou supérieure à 30 ans). La combinaison de ces deux critères détermine leur mode de
gestion.
CHAPITRE 11 – Les déchets 99

En fonction de leur durée de vie, les déchets radioactifs feront l’objet de recherches ou d’études
selon trois axes :
– la séparation et transmutation (transformation par une réaction nucléaire d’un isotope radioactif
à vie longue en un isotope à vie courte ou stable) ;
– le stockage réversible en couche géologique profonde (v. art. L. 515-7) ;
– l’entreposage.
Les autres matières et déchets radioactifs font également l’objet de recherches et d’études dont
les objectifs sont la mise au point de solutions de stockage ou d’entreposage (déchets graphites,
tritium, déchets à radioactivité naturelle renforcée, résidus miniers d’uranium...).
Le plan national de gestion des matières et déchets radioactifs (PNGMDR) dresse le bilan des
modes de gestion existants, recense les besoins prévisibles en installations d’entreposage ou stoc-
kage (art. L. 542-1-2, C. env., décret 2012-542, arrêté du 23 avril 2012). Le 1er plan avait été établi
en 2007, le 2e en 2010, le 3e a été publié en avril 2013 (site ASN). « Le PNGMDR propose des
pistes pour améliorer la gestion de l’ensemble des matières et des déchets radioactifs ». « Il vise
principalement à dresser un bilan régulier de la politique de gestion de ces substances radioac-
tives, à évaluer les besoins nouveaux et à déterminer les objectifs à atteindre à l’avenir, notam-
ment en termes d’études et de recherches ». Ce plan constitue avant même sa transposition en
France, le programme national prévu par la directive 2011/70/Euratom (infra).
À noter que le stockage en France de déchets radioactifs provenant de l’étranger est interdit et
que les combustibles usés ou déchets ne peuvent être introduits en France que pour leur traite-
ment, la recherche ou en cas de transfert entre deux États étrangers (art. L. 542-2).
Tout projet de laboratoire souterrain où sont susceptibles d’être stockés ou entreposés les déchets
radioactifs et à vie longue doit avant tout faire l’objet de recherches préliminaires mais aussi d’une
concertation avec les élus et les populations concernées. L’installation et l’exploitation d’un tel
laboratoire font l’objet d’une autorisation accordée par décret en Conseil d’État, après étude
d’impact, avis des collectivités concernées et enquête publique (art. L. 542-5 à L. 542-11 et
D. 542-18).
Les centres de stockage en couche géologique profonde sont des INB (Installations Nucléaires
de Base = installations nucléaires qui, de par leur nature, ou en raison de la quantité ou de l’acti-
vité de toutes les substances radioactives qu’elle contient, sont soumises à une réglementation
spécifique) et font quant à eux l’objet de dispositions spécifiques (débat public, condition de
réversibilité..., art. L. 542-10-1). L’installation et l’exploitation du laboratoire doivent être autorisées
par décret en CE, après étude d’impact, avis des conseils municipaux, généraux, régionaux
concernés et enquête publique. Un périmètre de protection dans lequel l’autorité administrative
peut interdire ou réglementer les travaux ou activités de nature à compromettre sur le plan
100 L’ESSENTIEL DU DROIT DE L’ENVIRONNEMENT

technique l’installation ou le fonctionnement du laboratoire est défini (art. R. 542-20 et s.). Relève
de cette catégorie le projet Cigéo (Centre industriel de stockage géologique) qui fait l’objet d’un
débat public llancé le 15 mai 2013. Il devra permettre de stocker à compter de 2025 des déchets
radioactifs de moyenne activité – vie longue et de haute activité, issus des réacteurs actuels et
prévus (et qui font jusque-là l’objet d’un entreposage provisoire).
Enfin, les exploitants d’INB doivent évaluer prudemment les charges de démantèlement des instal-
lations, d’arrêt définitif, d’entretien et de surveillance. Pour cela, ils constituent des provisions et y
affectent les actifs nécessaires.
La directive 2011/70/Euratom établissant un cadre communautaire pour la gestion responsable
et sûre du combustible usé et des déchets radioactifs a été adoptée le 19 juillet 2011. Elle
s’applique à toutes les étapes de la gestion du combustible usé et des déchets et devra être trans-
posée pour le 23 août 2013 (procédure en cours en France).
Le bruit CHAPITRE

Les Français vivant en agglomération placent le bruit (circulation automobile, voisi-


12
nage, avions...) dans les premiers rangs de leurs préoccupations. Si la sensibilité au
bruit est une donnée subjective, il est évident qu’à partir de certains niveaux
sonores (65 décibels), les impacts sanitaires peuvent être importants. Malgré les
moyens déployés, la lutte contre le bruit semble toujours peu efficace, ce qui est
peut-être dû à des difficultés pratiques, mais également à l’éparpillement des
compétences.

1 Le bruit ambiant
■ Les sources
C’est une loi du 31 décembre 1992 relative à la lutte contre le bruit (art. L. 571-1 et s.) qui a, pour
la première fois globalement pris en compte cette nuisance. En 1982 était créé un conseil national
du bruit, organe consultatif pouvant émettre des propositions et contribuant à l’information et à la
sensibilisation de l’opinion dans le domaine de la lutte contre le bruit. La transposition de la direc-
tive 2002/49 du 25 juin 2002 sur le bruit ambiant a été assurée par l’ordonnance 2004-119 du
12 novembre 2004. Le 2e Plan national santé-environnement (2009-2013) vise également à dimi-
nuer l’impact du bruit sur la santé.
Les dispositions du Code de l’environnement visent – dans les domaines où une autre réglementa-
tion n’est pas déjà applicable – à prévenir, supprimer ou limiter l’émission ou la propagation sans
nécessité ou par manque de précaution, des bruits ou vibrations pouvant présenter des dangers
ou causer un trouble excessif aux personnes (le trouble non excessif n’étant donc pas pris en
compte : v. CE, 26 avril 2006, no 275071, Association pour la redéfinition de la déviation de la
RN 89 au droit de Saint-Pierre-Roche), à nuire à leur santé ou à porter atteinte à l’environnement.
102 L’ESSENTIEL DU DROIT DE L’ENVIRONNEMENT

■ Les objets et activités bruyantes


Les règles relatives aux objets susceptibles de provoquer des nuisances sonores élevées sont défi-
nies par décret. Ces règles portent notamment sur les niveaux sonores admissibles ou sur les
procédures d’homologation de ces objets (art. L. 571-2).
Quant aux activités bruyantes – qui sont fort diverses – et sous réserve d’autres dispositions légis-
latives ou réglementaires, elles peuvent être soumises à des prescriptions générales, ou même faire
l’objet d’une procédure d’autorisation (soumise à étude d’impact) lorsqu’elles sont susceptibles de
créer des dangers ou troubles (art. L. 571-6). Sont concernées les activités bruyantes exercées dans
les entreprises, établissements, centres d’activités ou installations, publics ou privés ne figurant pas
à la nomenclature des ICPE (supra), de même que les activités bruyantes sportives ou de plein air.
Pour les ICPE, les prescriptions en matière de bruit sont fixées pour chaque rubrique de la nomen-
clature dans des arrêtés types.
De nombreuses activités font l’objet de dispositions spécifiques : c’est ainsi que les lieux musicaux
sont soumis aux dispositions (art. R. 571-25) qui concernent les établissements recevant du public
(et non pas les lieux privés) et qui diffusent de la musique de manière habituelle. Sont soumis à
cette réglementation les discothèques, salles de concert ou salles de spectacles polyvalentes,
bals... Le niveau sonore doit être limité et une étude d’impact sur les nuisances acoustiques doit
être menée par le propriétaire et peut amener à imposer des travaux ou aménagements.
Le maire est compétent dans le cadre de son pouvoir de police, pour prévenir ou sanctionner les
atteintes à la tranquillité (par exemple pour interdire l’usage des tondeuses à gazon certains jours,
à certaines périodes de l’année, une mesure d’interdiction générale et absolue ne pouvant être
édictée).
Le Code de la santé publique traite aux articles R. 1334-30 et suivants des bruits de voisinage qui
par leur durée, répétition ou intensité peuvent porter atteinte à la tranquillité du voisinage ou à la
santé humaine, dans un lieu public ou privé (par ex : Cass. 2e civ., 18 avr. 2013, nº 12-19.865,
pour le bruit généré par un ball-trap, qui ne répond pas à ces conditions). Le code prévoit une
amende de 3e classe pour toute personne à l’origine d’un tel bruit.

2 Les transports
■ Les transports terrestres
L’article L. 571-9 prévoit que la conception, l’étude et la réalisation des aménagements et infra-
structures de transports terrestres prennent en compte les nuisances sonores que leur réalisation
CHAPITRE 12 – Le bruit 103

ou utilisation provoquent. Le dossier de demande d’autorisation de travaux – soumis à enquête


publique – comporte les mesures envisagées pour supprimer ou réduire les conséquences domma-
geables de ces nuisances. L’étude d’impact du projet doit comprendre un volet « bruit ». La parti-
cipation du public sera d’ailleurs assurée par la Commission nationale du débat public, pour la
construction ou l’extension de certaines infrastructures de transport, en fonction de leur impor-
tance et de leur impact sur l’environnement (art. L. 121-1 et s.).
Dans chaque département, le préfet recense et classe les structures de transport terrestre en fonc-
tion des niveaux sonores ; à partir de là, il détermine les secteurs affectés par ce bruit et définit les
prescriptions techniques des bâtiments visant à réduire ces nuisances (art. L. 571-10). Secteurs et
prescriptions sont reportés en annexe du PLU. Une politique de résorption des points noirs (gêne
sonore très importante ou perturbation du sommeil) est menée depuis 2001, la loi Grenelle I
prévoit (art. 41) que les plus préoccupants pour la santé feront l’objet d’une résorption dans un
délai maximal de sept ans ». Des subventions peuvent être accordées par l’État pour l’isolation
acoustique des locaux d’habitation, d’enseignement ou de santé recensés comme points noirs.
Les véhicules à moteur ne doivent pas émettre de bruits susceptibles de causer une gêne, notam-
ment aux riverains (art. R. 318-3, C. route). Un projet de règlement européen prévoit d’ailleurs de
réduire encore le bruit des véhicules à moteur et suggère une signalisation sonore pour les véhi-
cules électriques qui sont trop silencieux (COM(2011) 856).
L’article L. 571-10-1 prévoit que les entreprises ferroviaires faisant circuler des trains sur le réseau
ferré contribuent à la réduction du bruit dans l’environnement, en adaptant notamment les dispo-
sitifs de roulage et de freinage de leur matériel roulant (art. R. 571-52 et s.).

■ Les transports aériens


Le Code de l’aviation civile dans sa partie réglementaire, (la partie législative ayant été transférée
au nouveau Code des transports) et le Code de l’urbanisme pour la question des aérodromes défi-
nissent les règles applicables en la matière.
Les travaux de création d’extension ou de création d’importantes infrastructures aéroportuaires
font l’objet d’une étude d’impact. Est, de plus, soumise à enquête publique la réalisation d’un
nouvel aérodrome ou de nouvelles pistes (art. R. 211-3 et R. 211-5, C. aviation civile).
Le ministre chargé de l’Aviation civile peut arrêter des restrictions d’exploitation pour les aéro-
dromes les plus importants : c’est ainsi que peuvent être interdits pour les aéronefs les plus
bruyants l’atterrissage ou le décollage entre 22 h 30 et 6 h du matin et l’usage de certaines
pistes à certains aéronefs, etc. Ces restrictions sont adoptées au cas par cas selon les caractéristi-
ques de l’aérodrome et des effets prévisibles de la réduction à la source du bruit des aéronefs
(art. R. 227-8 et R. 227-9, C. aviation civile). C’est l’Autorité de contrôle des nuisances sonores
104 L’ESSENTIEL DU DROIT DE L’ENVIRONNEMENT

aéroportuaires qui peut sanctionner le non-respect des restrictions apportées à l’exercice de


certaines activités en raison des nuisances sonores qu’elles occasionnent ou encore le non-respect
des valeurs maximales de bruit à ne pas dépasser (art. L. 6361-7, C. transp.).
À noter qu’une taxe sur les nuisances sonores aériennes doit permettre de financer des aides aux
riverains prévues aux articles L. 571-14 à 16 (art. 1609 quatervicies A, Code général des impôts).
Dans ce but, est institué pour chaque aérodrome mentionné au I du même article, un plan de
gêne sonore, constatant la gêne réelle subie.
En application de la Convention de Chicago de 1944 et de directives européennes, les aéronefs
doivent répondre à certaines conditions en matière de nuisances sonores.
Un plan d’exposition au bruit est élaboré pour certains aérodromes, soumis à enquête publique et
approuvé par arrêté préfectoral (art. L. 147-2 et s., C. urb. modifiés par le D. 2012-1470 du
26 déc. 2012). Il est annexé au PLU ou à la carte communale et les documents d’urbanisme
doivent être compatibles avec lui. Il définit différentes zones de bruit dans lesquelles, l’extension
de l’urbanisation est interdite si elle conduit à exposer dans l’immédiat ou à terme de nouvelles
populations aux nuisances sonores.

3 La carte de bruit et le plan de prévention du bruit dans


l’environnement
Le bruit émis aux abords des principales infrastructures de transport et des grandes aggloméra-
tions fait l’objet d’une évaluation et d’actions visant à le prévenir ou le réduire (art. L. 572-1 et s.
et R. 572-1 et s.).
Les cartes de bruit doivent permettre d’évaluer l’exposition au bruit et de prévoir son évolution.
Elles sont établies par le préfet pour les infrastructures de transport, par les communes ou EPCI
pour les agglomérations.
Les plans de prévention du bruit dans l’environnement visent à prévenir les effets du bruit, à
réduire les niveaux de bruit et à protéger les zones calmes. Ils sont élaborés, pour les infrastruc-
tures de transport, par le représentant de l’État ou les collectivités territoriales dont relèvent ces
infrastructures et pour les agglomérations par les communes ou EPCI compétents. À noter un
certain retard dans l’adoption de ces plans en France.
Les cartes de bruit et les plans de prévention sont établis pour les infrastructures routières suppor-
tant plus de 3 millions de véhicules par an, des infrastructures ferroviaires dont le trafic annuel est
supérieur à 30 000 passages de trains, pour les agglomérations de plus de 100 000 habitants dont
la liste est fixée en annexe de l’article R. 572-3 du Code de l’environnement.
CHAPITRE 12 – Le bruit 105

Enfin, l’État encourage la mise en place d’observatoires du bruit dans les grandes agglomérations
(art. 41, loi Grenelle I). Ils visent à évaluer les impacts du bruits sur la santé, repérer les points
noirs, évaluer et accompagner les politiques de lutte contre le bruit...
PARTIE 5
La protection des milieux

Chapitre 13 La lutte contre la pollution atmosphérique 109


Chapitre 14 La préservation de la ressource en eau 123
Chapitre 15 Le milieu marin 133
La lutte contre
la pollution CHAPITRE
atmosphérique
La question de la pollution atmosphérique touche bien entendu à la protection de
13
l’environnement mais également à la santé et à la sécurité des personnes.

Avec le changement climatique, la température moyenne de la terre augmente avec pour consé-
quence une élévation du niveau de la mer, un recul des glaciers en montagne, et, une fonte des
glaces aux pôles. Les pluies acides nées de la combinaison des oxydes de soufre et des oxydes
d’azote (issus de la combustion du pétrole et du charbon) et de la vapeur d’eau détériorent
certains sols et eaux. Des polluants peuvent être transportés dans l’atmosphère sur des milliers de
kilomètres, avec des impacts importants sur la santé. Une étude rendue en 2011 démontre d’ail-
leurs les impacts sur la santé et l’espérance de vie, de la pollution atmosphérique (étude
Aphekom). La concentration de CO2 a atteint un record en 2013. D’où la nécessité de régle-
menter et de limiter les émissions de polluants atmosphériques et la priorité donnée à la lutte
contre le changement climatique.

1 Les sources
Ce sont des conventions internationales qui ont le plus souvent été à l’origine de ces mesures de
limitation des émissions et le droit européen en a été le relais efficace. Ces conventions sont nées
d’un constat qui est celui, encore plus que pour d’autres milieux, de la perméabilité des frontières.
De plus, le changement climatique, l’amincissement de la couche d’ozone ne sont pas des ques-
tions plus ou moins locales : elles concernent qu’on le veuille ou non l’ensemble de la planète.
On peut citer parmi ces textes, la Convention sur la pollution atmosphérique transfrontière longue
distance de 1979, une convention cadre qui impose peu d’obligations et qui a été complétée par
plusieurs protocoles additionnels qui prévoient des échéanciers précis pour la réduction de
certaines émissions (soufre, oxydes d’azote...). La Convention de Vienne pour la protection de la
110 L’ESSENTIEL DU DROIT DE L’ENVIRONNEMENT

couche d’ozone de 1985 a dû elle aussi être complétée par le Protocole de Montréal de 1987 qui
lui prévoit des mesures de réduction ou d’interdiction de certaines substances. La convention
cadre sur les changements climatiques adoptée en fanfare à Rio en 1992 est également une
coquille presque vide complétée par son protocole d’ailleurs bien plus connu qu’elle, le protocole
de Kyoto de 1997. Ce dernier pour important qu’il soit devait prendre fin en décembre 2012. La
conférence des parties qui s’est tenue à Doha en décembre 2012 a permis de le prolonger
jusqu’en 2020, avec la perspective de l’adoption d’un nouvel accord à cette date. L’accord
de Doha est qualifié d’accord a minima : il ne concerne en effet que l’Union européenne et quel-
ques pays dont les émissions cumulées de CO2 ne dépassent pas 15 % des émissions mondiales et
prévoit des efforts de réduction des émissions qui sont insuffisants. Il reste à espérer que l’accord
pour l’après 2020 sera plus ambitieux et rassemblera les États les plus émetteurs de CO2.
On peut également citer la convention sur les polluants organiques persistants, adoptée en 2001.
En France, la loi du 2 août 1961 relative à la lutte contre les pollutions atmosphériques et les
odeurs avait posé les premières règles en la matière. Elle a été remplacée par la loi du 30 décembre
1996 sur l’air et l’utilisation rationnelle de l’énergie (codifiée aux art. L. 220-1 à L. 228-2). La légis-
lation a par la suite été retouchée ou complétée à plusieurs reprises pour prendre en compte les
nouveaux textes européens, les impératifs de la décentralisation ou pour mettre en œuvre les
dispositions du Protocole de Kyoto.

2 Les dispositions générales


Les lois Grenelle I et II ont renforcé les dispositions relatives à la lutte contre la pollution atmosphé-
rique, en ajoutant notamment des dispositions relatives à la qualité de l’air intérieur.

■ Les principes généraux


L’article L. 220-1 du Code de l’environnement dispose que « l’État et ses établissements publics,
les collectivités territoriales et leurs établissements publics ainsi que les personnes privées, concou-
rent, chacun dans le domaine de sa compétence et dans les limites de sa responsabilité, à une
politique dont l’objectif est la mise en œuvre du droit reconnu à chacun de respirer un air qui ne
nuise pas à sa santé ». Disposition qui pourra être rapprochée de l’article 1 de la Charte constitu-
tionnelle de l’environnement qui proclame le droit de chacun de vivre dans un environnement
équilibré et respectueux de sa santé.
La définition de la pollution atmosphérique de l’article L. 220-2 modifié par la loi Grenelle II est
relativement large puisqu’elle comprend « l’introduction par l’Homme, directement ou indirecte-
ment, ou la présence, dans l’atmosphère et les espaces clos, d’agents chimiques, biologiques ou
CHAPITRE 13 – La lutte contre la pollution atmosphérique 111

physiques ayant des conséquences préjudiciables de nature à mettre en danger la santé humaine,
à nuire aux ressources biologiques et aux écosystèmes, à influer sur les changements climatiques,
à détériorer les biens matériels, à provoquer des nuisances olfactives excessives ».

■ La prévention, la surveillance et l’information


L’action des personnes citées ci-dessus consiste à prévenir, surveiller, réduire ou supprimer les
pollutions atmosphériques (art. L. 220-1). La protection de l’atmosphère intègre la prévention de
la pollution de l’air et la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre.
Le premier élément de la prévention est la surveillance de la qualité de l’air et l’évaluation de ses
effets sur la santé et l’environnement, par l’État et les collectivités territoriales, l’ADEME étant
chargée de la coordination technique. Des normes de qualité de l’air et des valeurs guides pour
l’air intérieur sont définies par décret en CE, en conformité avec celles définies par l’Union euro-
péenne et l’Organisation mondiale de la santé (article R. 221-1 modifié en 2010, avec en annexe
le tableau des normes de qualité). Les substances dont le rejet dans l’atmosphère peut contribuer
à une dégradation de la qualité de l’air au regard de ces normes sont surveillées.
Un dispositif de surveillance est établi et mis en œuvre dans chaque région par des organismes
agréés. Les modalités de surveillance sont adaptées aux besoins de chaque zone, notamment
ceux des agglomérations de plus de 100 000 habitants.
Au-delà de la surveillance, le Code de l’environnement prévoit plusieurs procédures d’information
des populations concernées. Les résultats d’études épidémiologiques, d’études sur l’environne-
ment ainsi que les informations et prévisions relatives à la surveillance de la qualité de l’air, aux
émissions dans l’atmosphère et aux consommations d’énergie font l’objet d’une publication pério-
dique qui peut être confiée aux organismes agréés. L’État doit publier annuellement un inventaire
des émissions de substances polluantes, un inventaire des consommations d’énergie, un rapport
sur la qualité de l’air et ses effets sur la santé et sur l’environnement.
Lorsque les normes de qualité ne sont pas ou risquent de ne pas être respectées, le public est
informé par le préfet ou les organismes agréés. L’information porte aussi sur les niveaux de
concentration des polluants, les conseils aux populations et les dispositions réglementaires arrêtées
(art. L. 221-6).

■ Les dispositions relatives aux véhicules à moteur


Plusieurs directives communautaires – et en conséquence la réglementation française – ont pris en
compte la pollution de l’air par les émissions de véhicules à moteur essence ou diesel ; l’essence
plombée est interdite depuis le 1er janvier 2000. L’Union européenne souhaite encore diminuer
112 L’ESSENTIEL DU DROIT DE L’ENVIRONNEMENT

les émissions de CO2 des véhicules terrestres à moteur et les transports aériens sont désormais (en
partie) assujettis au système des quotas (infra).
Les règles relatives aux émissions polluantes des véhicules sont fixées aux articles L. 318-1
et suivants du Code de la route. Leur construction, commercialisation, exploitation, utilisation,
entretien doivent minimiser ces émissions, notamment en ce qui concerne le CO2. Les personnes
publiques gérant une flotte de plus de 20 véhicules, acquièrent au minimum 20 % de véhicules
fonctionnant à l’énergie électrique, GPL ou gaz naturel. Les véhicules à usage de transport en
commun, dans les agglomérations de plus de 100 000 habitants doivent fonctionner à l’aide de
carburants dont le taux minimal d’oxygène a été relevé. La loi Grenelle I (art. 48) prévoit que
l’État se donne pour objectif de n’acquérir, (véhicules particuliers neufs), que des véhicules éligibles
au « bonus écologique », sauf nécessités de service.

■ Les dispositions relatives aux installations fixes


Pour les ICPE, ce sont les arrêtés d’autorisation ou les prescriptions préfectorales qui permettent de
prendre des mesures de limitation des émissions polluantes. Les dispositions relatives aux quotas
d’émission de gaz à effet de serre s’appliquent à certaines de ces installations (infra).
L’usage de certains combustibles peut être interdit ou rendu obligatoire dans les installations fixes
de combustion ne relevant pas du régime des ICPE (art. R. 222-33).
Des décrets en Conseil d’État définissent des spécifications techniques et normes de rendement
applicables depuis la fabrication jusqu’à l’élimination de certains biens mobiliers hors automobiles
(art. L. 224-1 – I et II).

■ La qualité de l’air intérieur


En application de la directive 2008/50/CE du 21 mai 2008 concernant la qualité de l’air ambiant et
un air pur pour l’Europe, les lois Grenelle I et II prévoyaient l’élaboration d’un plan de réduction
des particules (juillet 2010, Site Ministère), ainsi qu’un étiquetage obligatoire des produits de cons-
truction et de décoration et des meubles susceptibles d’émettre des substances dans l’air ambiant
(air intérieur). Les articles L. 221-7 et s. du Code de l’environnement relatifs à la qualité de l’air
intérieur énoncent ainsi que l’État, après identification des facteurs de pollution et des risques
sanitaires relatifs à la qualité de l’air dans les environnements clos, définit les mesures de préven-
tion et de gestion destinées à réduire l’ampleur et les effets de cette pollution. Il informe le public
sur ces questions. Seront assujettis à une surveillance de la qualité de l’air intérieur certains établis-
sements recevant du public (art. L. 221-8 ; R. 221-29 et s.) : entre autres, crèches et écoles mater-
nelles (avant 2015 pour les établissements existants).
CHAPITRE 13 – La lutte contre la pollution atmosphérique 113

3 La planification
La loi Grenelle II a modifié les instruments de planification, notamment en liant plus étroitement
les documents relatifs aux énergies renouvelables et ceux relatifs à la préservation de
l’atmosphère.
Le plan de réduction des particules adopté en 2010 (supra) porte également sur l’air extérieur. Les
particules visées sont d’origine domestique (chauffage au bois...), industrielle, agricole et issues
des transports routiers (notamment le diesel). Elles sont la cause de maladies respiratoires et de
42 000 décès chaque année en France (infra le plan d’urgence pour la qualité de l’air).

■ Les Schémas régionaux du climat, de l’air et de l’énergie


Le SRCAE remplace le Plan Régional pour la Qualité de l’Air (PRQA) qui fixe les orientations
permettant de réduire ou prévenir la pollution atmosphérique ou d’en atténuer les effets. Le
SRCAE a une portée plus large puisqu’il détermine à l’horizon 2020 et 2050 les orientations pour
atténuer les effets du changement climatique et s’y adapter, les orientations permettant de
prévenir ou réduire la pollution atmosphérique ou d’en atténuer les effets, les objectifs en
matière énergétique (potentiel énergétique terrestre, renouvelable et de récupération, efficacité
énergétique), le tout au niveau régional (art. L. 222-1 et s., et R. 222-1). Il intègre le Schéma
régional Eolien.
Chaque SRCAE s’appuie sur un inventaire des émissions de polluants atmosphériques et de gaz à
effet de serre, un bilan énergétique, une évaluation du potentiel énergétique et des améliorations
possibles en matière d’efficacité énergétique, ainsi que sur une évaluation de la qualité de l’air et
de ses effets sur la santé publique et l’environnement. L’article R. 222-2 liste son contenu (émis-
sions de GES, vulnérabilité de la région au changement climatique, polluants atmosphériques,
qualité de l’air, consommation énergétique...).
Il est élaboré conjointement par le préfet de région et le président du Conseil régional, approuvé
par le Conseil régional, et arrêté par le préfet de région. Il fera l’objet d’une évaluation et éven-
tuellement d’une révision au terme d’une période de 5 ans.

■ Les plans de protection de l’atmosphère


Le PPA est obligatoire dans les agglomérations de plus de 250 000 habitants et dans les zones où
les normes de qualité de l’air ne sont pas respectées ou risquent de ne pas l’être (art. L. 222-4).
Les agglomérations et les zones visées sont listées en annexe de l’article R. 221-2 du Code de
l’environnement. Il est élaboré par le préfet ou conjointement par les préfets concernés, après
114 L’ESSENTIEL DU DROIT DE L’ENVIRONNEMENT

avis notamment collectivités territoriales ou EPCI. Puis, après enquête publique et éventuellement
modification, il est arrêté par le ou les préfets concernés. Élaboré pour cinq ans et éventuellement
révisable, il devra être compatible avec le SRCAE.
Son objectif est de ramener, dans un délai qu’il fixe, la concentration de polluants à un niveau
conforme aux normes de qualité de l’air. Il définit les modalités de la procédure d’alerte, quand
les seuils d’alerte sont dépassés ou risquent de l’être. Lorsque des circonstances locales le justi-
fient, les plans peuvent renforcer les objectifs de qualité de l’air et préciser les orientations permet-
tant de les atteindre.
Pour atteindre ces objectifs, les autorités compétentes en matière de police arrêtent des mesures
préventives visant à réduire les émissions des sources de pollution atmosphérique. Ces mesures
seront prises en application des dispositions relatives aux ICPE lorsque l’un de ces établissements
est à l’origine de la pollution. Dans les autres cas, le préfet pourra prononcer la restriction ou la
suspension des activités polluantes et prescrire des limitations à la circulation des véhicules.

■ Le plan d’urgence pour la qualité de l’air


La loi Grenelle II avait prévu une expérimentation sur des zones d’actions prioritaires pour l’air
(ZAPA), zones urbaines dont l’accès aurait été interdit aux véhicules contribuant le plus à la pollu-
tion atmosphérique. Si deux décrets ont établi les conditions d’établissement de ces ZAPA, le
gouvernement a, en février 2013 décidé de ne pas donner suite à cette procédure qui était pour-
tant une « mesure phare » du plan particules (supra). Un comité interministériel de la qualité de
l’air a donc été établi afin de définir en collaboration avec les collectivités territoriales, un Plan
d’urgence pour la qualité de l’air. Ce plan est basé sur 5 priorités portant notamment sur les
modes de transport et devra permettre d’améliorer la qualité de l’air dans les communes les plus
touchées par cette pollution. Plusieurs projets de texte visant à mettre en œuvre le plan ont été
présentés fin avril 2013. Ce plan doit être mis en œuvre en cohérence avec les PPA. La France est
sous la menace d’une saisine de la Cour de justice de l’Union européenne pour non-respect de la
directive sur la qualité de l’air, notamment en ce qui concerne la limitation des particules. Ce plan
d’urgence devra donc prouver rapidement son efficacité.

■ Les plans de déplacement urbains


Le PDU est obligatoire depuis le 1er janvier 1999 dans les périmètres de transports urbains inclus
dans les agglomérations de plus de 100 000 habitants dont la liste est fixée à l’article R. 221-2-II
(attention il fait l’objet de dispositions particulières en Ile de France).
Le PDU est élaboré ou révisé à l’initiative de l’autorité compétente pour l’organisation des trans-
ports urbains, c’est-à-dire, le conseil municipal ou l’organe délibérant de l’EPCI (art. L. 1214-1
CHAPITRE 13 – La lutte contre la pollution atmosphérique 115

et s., C. transp.). Les services de l’État, les régions et départements sont associés à son élaboration
et les représentants des professionnels, usagers, associations peuvent être consultés à leur
demande sur le projet de PDU. Le projet et les différents avis sont soumis à enquête publique.
Après d’éventuelles modifications, le plan est approuvé par l’organe délibérant de l’autorité orga-
nisatrice. Le PDU est compatible avec les objectifs fixés par le PPA et le SRCAE (art. R. 222-31,
C. env.) et avec les orientations du SCOT (art. L. 1214-7, C. transports). Les SCOT et les PLU
doivent être compatibles avec le PDU (art. L. 1214-10, C. transports). Au terme de la période de
cinq ans, le plan fait l’objet d’une évaluation et est éventuellement révisé. Lorsque le PLU est
élaboré par un EPCI ayant des compétences en matière d’organisation des transports, il comprend
un volet qui tient lieu de PDU (art. L. 123-1-4, C. urb).
Le PDU est mis en œuvre par l’autorité organisatrice des transports. Les décisions prises par les
autorités chargées de la voirie et de la police de la circulation ayant des effets sur les déplace-
ments dans le périmètre de transports urbains doivent être compatibles avec lui.
Il définit les principes de l’organisation des transports de personnes et de marchandises, de la
circulation et du stationnement, en conciliant satisfaction des besoins en matière de mobilité et
d’accès et protection de l’environnement et de la santé. Il doit aussi améliorer la sécurité de tous
les déplacements, notamment en définissant un partage équilibré de la voirie pour toutes les caté-
gories d’usagers. Il doit permettre de diminuer le trafic automobile, de développer les transports
collectifs et des transports non polluants (vélo...), de rendre plus efficace l’aménagement et
l’exploitation du réseau principal des voiries d’agglomération, d’organiser le stationnement en
fonction des catégories d’usagers, de rationaliser le transport et la livraison des marchandises...
Lors des réalisations ou rénovations des voies urbaines, doivent être délimités des itinéraires cycla-
bles aménagés.
L’article 1609 quater A du Code général des impôts issu de la loi Grenelle II prévoit que dans
certaines agglomérations de plus de 300 000 habitants dotées d’un PDU, un péage urbain peut
être institué à titre expérimental afin de limiter la circulation automobile et lutter contre la pollu-
tion et les nuisances environnementales (disposition encore théorique).

4 Les mesures d’urgence


En cas d’épisode de pollution ou lorsque les normes de qualité de l’air ne sont pas ou risquent de
ne pas être respectées, le préfet doit en informer le public et prendre des mesures destinées à
limiter l’ampleur et les effets de la pointe de pollution sur la population (art. L. 223-1). Ces
mesures sont prises en application du plan de protection de l’atmosphère et après consultation
des maires intéressés. Deux types de mesures sont applicables : la restriction ou la suspension des
116 L’ESSENTIEL DU DROIT DE L’ENVIRONNEMENT

activités concourant aux pointes de pollution, y compris de la circulation des véhicules et la réduc-
tion des émissions de sources fixes et mobiles. Ces mesures lorsqu’elles sont mises en œuvre, sont
notifiées aux exploitants de sources fixes et portées à la connaissance du public (art. R. 223-2). Des
dispositions particulières sont prévues en cas de pic de pollution par l’ozone (suite à la canicule de
2003) : en fonction du niveau d’alerte, le préfet peut réduire les vitesses maximales autorisées et
les émissions d’oxydes d’azote et de composés organiques volatils des installations industrielles,
puis limiter le transport routier dans l’agglomération et même interdire de circulation certaines
catégories de véhicules (art. R. 223-3).
Dans ces périodes, l’accès aux réseaux de transports publics en commun est assuré gratuitement.
En vertu de l’article R. 411-19 du Code de la route, aucune signalisation réglementaire n’est obli-
gatoire. Mais les usagers doivent en être informés par communiqué dans deux journaux quoti-
diens et deux stations de radio ou de télévision, au plus tard à 19 h la veille. Les maires intéressés
doivent être informés.

5 Effet de serre et changement climatique


La loi Grenelle I affirme que « la lutte contre le changement climatique est placée au premier rang
des priorités » et « qu’est confirmé l’engagement pris par la France de diviser par quatre ses émis-
sions de gaz à effet de serre entre 1990 et 2050 en réduisant de 3 % par an, en moyenne, les
rejets de gaz à effet de serre dans l’atmosphère », (Changement climatique- impacts en France,
2013, Site ministère).
Le Plan climat actualisé en 2011 fixe des orientations intégrant des mesures dans les domaines des
transports durables, du bâtiment et de l’éco-habitat (incitation aux architectures bioclimatiques, au
recours aux énergies renouvelables...), de l’industrie/énergie/déchets, de l’agriculture durable et de
la forêt... La loi Grenelle II a introduit en ce sens de nombreuses dispositions relatives à la maîtrise
de la demande d’énergie dans le bâtiment, l’encouragement vers des modes de transports moins
polluants, etc.
Si la priorité est aujourd’hui de lutter contre le changement climatique, il semble évident que ce
dernier ne pourra être que limité. D’où l’intérêt de mener également une politique d’adaptation.
C’est pourquoi le plan national d’adaptation au changement climatique a été présenté en 2011.
L’Union européenne vient également de présenter sa stratégie relative à l’adaptation au change-
ment climatique (COM(2013) 216 ; 4 avr. 2013) qui doit permettre de « renforcer sa capacité de
résister aux conséquences du changement climatiques aux niveaux local, régional et national... ».
Les conséquences étant financières et humaines (décès dus à la chaleur ou aux inondations...).
Les plans nationaux d’action font partie de cette stratégie globale de l’Union européenne.
CHAPITRE 13 – La lutte contre la pollution atmosphérique 117

■ Le Plan climat énergie territorial


Certaines collectivités (régions, départements) ou groupements (EPCI les plus importants) ont
l’obligation d’adopter un plan climat énergie territorial (PCET) (art. L. 229-26). D’autres
(communes, EPCI de moins de 50 000 habitants, syndicats mixtes et pays) ont la possibilité de le
faire (art. L. 2224-34, CGCT).
Chaque PCET est élaboré à partir du bilan des émissions de GES (dont les modalités sont fixées
aux articles R. 229-45 à 50) élaboré par les personnes morales de droit privé employant plus de
500 personnes ainsi que l’État et certaines collectivités et EPCI de plus de 50 000 habitants. Les
premiers bilans devaient être transmis aux préfets de région pour le 31 décembre 2012 au plus
tard. Il semble que début 2013 seules 45 % des entreprises et un tiers des collectivités concernées
aient transmis leur bilan carbone (source : Association bilan carbone).
Le PCET permet de réaliser des actions visant à atténuer et lutter contre le réchauffement clima-
tique et de s’y adapter mais aussi d’améliorer l’efficacité énergétique, d’augmenter la production
d’énergies renouvelables et de réduire l’impact des activités en termes d’émission de GES
(art. R. 229-51 à 56). 385 PCET ont été adoptés (chiffres mai 2013 site www.pcet-ademe.fr).
Le PCET peut être intégré au SRCAE (supra).

■ Les échanges de droit d’émission des GES


La mise en œuvre des dispositions du protocole de Kyoto et notamment du dispositif d’échange
des droits d’émission des GES est issue de la transposition de la directive no 2003-87 modifiée. À
noter que dans le cadre du 3e paquet Énergie/Climat de l’UE, 4 directives ont été adoptées visant à
modifier la directive de 2003 et portant sur les sources d’énergies renouvelables, sur la réduction
des émissions de GES et sur le stockage géologique du CO2. Ces directives ont été transposées en
partie par la loi Grenelle II et en partie par ordonnances.
Au niveau de l’Union européenne et en conséquence de la France, la deuxième période d’échange
des droits d’émission des GES a pris fin en décembre 2012 et une nouvelle période s’est ouverte
en janvier 2013. La mise en œuvre du système des droits d’émission a été largement revue par la
directive 2009/29 modifiant la directive de 2003. Cette directive est transposée en France par
l’ordonnance 2012-827 qui modifie les articles L. 229-5 et suivants. Le décret 2012-1343 modifie
quant à lui la partie réglementaire du code (art. D. 229-1 et s.).
Sont désormais soumises à ces prescriptions les ICPE soumises à autorisation, mais également les
équipements et installations nécessaires à l’exploitation d’une installation nucléaire de base (INB)
de l’article L. 593-3, rejetant un GES dans l’atmosphère et exerçant une activité citée à
l’article R. 229-5 et s. du Code de l’environnement et aux exploitants d’aéronefs.
118 L’ESSENTIEL DU DROIT DE L’ENVIRONNEMENT

L’autorisation ICPE, et pour les INB les autorisations de création, arrêt définitif, démantèlement, et
de mise en œuvre de la phase de surveillance (ICPE et INB dont la liste est arrêtée par le ministre),
valent autorisation d’émettre des GES.
Les GES pris en compte sont définis par la directive, ainsi que la notion de tonne équivalent CO2
(TeqC). En effet 6 gaz font l’objet du mécanisme des droits d’émission mais le calcul se fait en
TeqC.
Suite à la directive 2008/101 sont également intégrés dans le système depuis 2012, les exploitants
d’aéronef rejetant un gaz à effet de serre dans l’atmosphère au cours de certains vols, à l’arrivée
ou au départ d’un aérodrome situé sur le territoire d’un État membre de l’Union européenne...
(art. L. 229-5 et s. et R. 229-37-1 et s). Toutefois, la décision 77/2013/UE du 24 avril 2013 a
suspendu l’application du système aux vols intercontinentaux pour les années 2010-2012, afin de
favoriser la conclusion d’un accord global dans le cadre de l’Organisation de l’Aviation Civile Inter-
nationale. Il faut se rappeler en effet que l’inclusion de l’aviation dans le système avait suscité une
forte opposition des États-Unis et de la Chine notamment. Les activités aériennes au sein de
l’Union européenne et avec des pays associés (membres de l’Association Européenne
de Libre-échange notamment) restent soumises au mécanisme des droits d’émission.
Schématiquement, le mécanisme mis en place vise à limiter les émissions de GES en incitant finan-
cièrement les entreprises concernées à réduire leurs émissions. À chaque montant annuel d’émis-
sions des GES prévu correspond un nombre de quotas. À la fin de l’année l’entreprise doit rendre
un nombre de quotas égal à ses émissions réelle : si elle a émis moins que prévu elle peut vendre
ses quotas non rendus, si elle a émis plus elle doit acheter des quotas pour satisfaire à son obliga-
tion : à chaque TeqC émise dans l’année, correspond un quota qui doit être rendu à l’autorité
compétente.
« Le quota est une unité de compte représentative de l’émission de l’équivalent d’une tonne
de CO2 ». 1 quota = l’autorisation d’émettre 1 TeqC pour l’année.

a) La mise en œuvre de la réforme


Cette nouvelle période initie la disparition du Plan national d’affectation des quotas (PNAQ), qui
définissait les méthodes d’affectation de quotas au niveau national, au profit d’un plafond d’émis-
sions défini annuellement au niveau de l’Union européenne dans son ensemble. La décision de la
Commission 2010/634 fixe à 2 039 152 882 le nombre de quotas alloués pour l’Union européenne
pour l’année 2013.
La nouvelle période d’application du système de droits d’émission de GES est de huit ans (janv.
2013- déc. 2020).
CHAPITRE 13 – La lutte contre la pollution atmosphérique 119

Cette nouvelle période voit la mise en œuvre de plusieurs nouveautés essentielles. Tout d’abord le
nombre de quotas va décroître entre 2013 et 2021. Ensuite si jusque-là les quotas étaient donnés
gratuitement aux entreprises (ICPE, INB, exploitants d’aéronefs) concernées, depuis janvier 2013
seule une partie des quotas est accordée gratuitement, le reste sera mis aux enchères ; de plus la
part gratuite devra diminuer pour être (sauf exception) supprimée en 2027. Le système est élargi à
de nouveaux secteurs (comma la chimie) et de nouveaux GES
b) Les quotas
Chaque exploitant concerné va donc recevoir des quotas gratuits et devra acheter les autres sur
une plateforme de mise aux enchères (les exploitants d’aéronefs sont soumis à une procédure
spécifique visée aux articles R. 229-37-3 et suivants. Sur la mise aux enchères : Règlement 1031/
2010 du 12 novembre 2010).
1) Sont concernés les exploitants qui exercent une activité listée à l’annexe I de la directive 2003/
87 modifiée et qui figurent sur la liste arrêtée par le ministre de l’écologie (infra).
2) Le principe est dorénavant celui de la mise aux enchères des quotas, alors qu’ils étaient jusqu’ici
alloués gratuitement aux exploitants. Cependant pour la majorité des exploitants concernés des
quotas gratuits sont encore alloués mais de manière dégressive 80 % des quotas en 2013
jusqu’à 30 % en 2020, et plus aucun en 2027.
Certains secteurs n’ont déjà plus droit aux quotas gratuits : c’est le cas du secteur de la production
d’électricité dont les producteurs doivent donc dès cette année acheter leurs quotas. D’autres
secteurs ont droit à 100 % de quotas gratuits : ceux qui sont désignés en raison du risque de
« fuite de carbone » (que la mise aux enchères des quotas rendrait trop fragiles ; les secteurs sont
listés dans la décision modifiée 2010/2/UE).
Des dispositions spécifiques sont prévues pour les nouveaux entrants et pour les installations
augmentant ou réduisant leur capacité de production, ou cessant partiellement ou totalement
leur activité (art. R. 229-9 et s.).
Les quotas sont des biens meubles, ils sont matérialisés par leur inscription sur le compte de leur
détenteur. Ces comptes sont ouverts sur le Registre de l’Union et la Caisse des Dépôts et Consi-
gnations est pour la France administrateur national de ce registre. Les quotas sont donc transféra-
bles par des opérations de compte à compte. Toute personne peut détenir des quotas et les
opérations s’effectuent pour tout quota émis au sein de l’Union européenne.
c) La procédure
L’arrêté du ministre de l’Écologie qui fixe la liste des entreprises soumises aux droits d’émissions
de GES définit également le nombre de quotas prévus pour la période et ceux alloués pour
120 L’ESSENTIEL DU DROIT DE L’ENVIRONNEMENT

l’année en cours pour chaque entreprise. Pour la nouvelle période qui commence en 2013 le
nombre de quotas a été défini en fonction des émissions déclarées pour une période fixée
(art. R. 229-7 et arr. 7 janv. 2013, DEVR1241492A).
Mais pour que le système fonctionne, il faut que des informations précises soient transmises par
l’exploitant sur ses émissions réelles (arr. 31 oct. 2012, DEVR1237416A). Pour cela, chaque exploi-
tant concerné a établi un plan de surveillance de ses émissions des GES, qui a été notifié au préfet
(au 30 avr. 2013 : période 2013-2020).
L’exploitant doit ensuite adresser au préfet une déclaration d’émission au plus tard le 15 février de
chaque année (art. R. 229-20) ; Celle-ci permet d’inventorier toutes les émissions réelles de l’année
passée. Cette déclaration doit être conforme au plan de surveillance. Elle est vérifiée par un orga-
nisme vérificateur qui émet un avis, annexé à la déclaration. Si les deux documents sont
conformes, ils sont transmis au ministre qui les valide et les transmet à la Caisse des dépôts et
consignations.
Deux laps de temps sont à prendre en compte dans la gestion des quotas : la période de huit ans
et l’année civile.
À l’issue de chaque année civile, l’exploitant restitue à l’État (via la caisse des dépôts) un nombre
de quotas égal au total des émissions de GES de ses installations pour l’année passée. Si l’exploi-
tant ne peut pas les restituer, il pourra être condamné au paiement d’une amende de 100 € par
quota manquant. Cette amende n’est pas libératoire puisque l’exploitant doit de toute façon resti-
tuer une quantité de quotas égale au volume des émissions. Pour cela il devra acheter des quotas
via la plateforme d’enchères : attention l’exploitant comme toute autre personne peut vendre et
acheter des quotas à tout moment pour réaliser des plus-values boursières, mais il doit pouvoir
rendre le nombre de quotas correspondant à ses émissions à la date prévue.
La diminution progressive du nombre des quotas gratuits vise à obliger l’exploitant à acheter des
quotas aux enchères et donc à payer s’il ne diminue pas ses émissions de GES. À partir de 2027
il devra acheter tous ses quotas : son intérêt est donc d’émettre le moins de GES possible.
Les quotas sont valables pour période de 8 ans, tant qu’ils n’ont pas été utilisés. À la fin de la
période, les quotas non utilisés sont rendus à l’État et annulés, de nouveaux quotas seront alors
délivrés à l’exploitant pour la nouvelle période.
Les recettes tirées de ces enchères par l’État devront être utilisées pour moitié au moins pour des
projets de réduction des émissions de GES ou de développement des énergies renouvelables
notamment (art. R. 229-33-1).
L’exploitant peut également dans certaines limites remplir une partie de son obligation de restitu-
tion par le biais des unités issues de la mise en œuvre d’activités de projet prévues aux articles 6
CHAPITRE 13 – La lutte contre la pollution atmosphérique 121

et 12 du protocole de Kyoto (art. L. 229-20 et s.) : par exemple pour des projets de réduction des
émissions de GES dans des pays non industrialisés.
À noter que les articles L. 229-27 et suivants du Code de l’environnement mettent en place le
régime du stockage de CO2 (l’opération consiste à capter le CO2 émis par les installations indus-
trielles, à le transporter et à l’injecter dans une formation géologique souterraine en vue de son
stockage permanent). Le CO2 ainsi piégé ne sera pas comptabilisé dans les émissions.
L’objectif du mécanisme est donc de l’inciter les entreprises concernées à émettre le moins de GES
notamment en investissant dans les nouveautés technologiques dans ce domaine.
Le système n’est pas exempt de critiques : trop de quotas ont été accordés pendant les 2
premières périodes et le coût de la tonne carbone (donc le prix du quota) n’a cessé de baisser
(aux alentours de 5 euros) et ce qui n’incite pas les industriels à investir pour diminuer leurs émis-
sions. Neuf ministres européens de l’énergie et de l’environnement ont lancé en mai 2013, un
appel à une réforme du mécanisme des droits d’émission afin de « stimuler les investissements
sobres en carbone et les réductions d’émissions de la façon la plus efficace possible au regard
des coûts », après que le Parlement européen ait rejeté le projet de la Commission de gel de
900 millions de quotas (un nouveau vote devrait avoir lieu).
La préservation CHAPITRE
de la ressource en eau
Le droit applicable à l’eau en Europe s’est d’abord préoccupé de la qualité de la
14
ressource. Ce combat est en grande partie gagné dans les pays industrialisés,
mais il reste largement d’actualité dans les pays en développement, puisque plus
d’un milliard de personnes dans le monde boit de l’eau non potable. En revanche,
l’idée d’une gestion quantitative de l’eau en Europe est assez récente : les séche-
resses des dernières années ont en effet mis fin à l’idée d’une ressource inépui-
sable.

1 Les sources du droit de l’eau


Le droit français relatif à l’eau est en grande partie issu de la transposition de directives euro-
péennes. En effet, une trentaine de directives ont traité de la question et ont permis depuis
trente ans d’améliorer la qualité de l’eau.
La loi du 16 décembre 1964 avait posé les fondements du droit de l’eau en France. Elle avait été
complétée par la loi du 3 janvier 1992. La nécessité de transposer la directive-cadre sur l’eau (DCE)
2000/60 du 23 octobre 2000, a amené les pouvoirs publics à repenser la politique de l’eau en
France. Plusieurs lois ont donc été adoptées en ce sens, notamment la loi du 30 décembre 2006
sur l’eau et les milieux aquatiques. À noter, que l’article L. 2224-12-3-1 du CGCT prévoit que les
services publics d’eau et d’assainissement peuvent attribuer une subvention au fonds de solidarité
pour le logement afin de contribuer au financement des aides relatives au paiement des fourni-
tures d’eau.
Toutes les problématiques relatives à l’eau ne peuvent être abordées dans le cadre de cet essentiel
notamment celles relatives à l’assainissement.
124 L’ESSENTIEL DU DROIT DE L’ENVIRONNEMENT

L’article L. 210-1 énonce que l’eau fait partie du patrimoine commun de la Nation dont la protec-
tion, la mise en valeur et le développement (...) sont d’intérêt général. Le code (art. L. 211-1) vise à
garantir une gestion équilibrée des ressources en eau douce. Sont ainsi protégés les écosystèmes
aquatiques, les sites et les zones humides, ainsi que la qualité des eaux superficielles
et souterraines... Les ressources en eau doivent être réparties en vue de satisfaire les exigences de
la santé, de l’alimentation en eau potable de la population, de l’agriculture, de la pêche, de
l’industrie, de la production d’énergie, des transports, du tourisme et des loisirs.

2 Des structures administratives spécifiques


■ Les bassins hydrographiques
Ils ont été créés par la loi de 1964. On en compte aujourd’hui 12 : Adour/Garonne, Artois/Picardie,
Loire/Bretagne, Rhin/Meuse, Seine/Normandie, Rhône/Méditerranée, Corse et Guadeloupe, Marti-
nique, Réunion, Guyane et Mayotte. La directive-cadre sur l’eau prévoit quant à elle la création
de districts hydrographiques qui sont en fait assez largement calqués sur nos bassins. Ils consti-
tuent les circonscriptions administratives de l’eau. Celles-ci ne correspondent pas aux circonscrip-
tions ou collectivités territoriales, puisqu’elles sont définies selon des critères physiques et hydro-
graphiques et qu’ils s’étendent jusqu’en mer territoriale.

■ Le rôle du préfet coordonnateur de bassin


Le préfet de région est chargé en tant que coordinateur de bassin d’animer et de coordonner la
politique de l’État dans le domaine de la gestion et de la police de l’eau et de s’assurer que les
actions menées à différents niveaux dans le domaine de l’eau présentent une logique et une
certaine cohérence (art. L. 213-7). Il est l’autorité compétente placée à la tête du bassin hydrogra-
phique. Il coordonne et anime l’action des préfets de département et de région appartenant au
bassin. Il négocie et conclut les conventions avec les établissements publics et collectivités territo-
riales. Le préfet coordonnateur exerce également des fonctions dans le cadre des relations interna-
tionales, puisqu’il assure la coordination avec les autorités compétentes d’un État étranger lorsque
le bassin ou le sous-bassin s’étend au-delà des frontières (districts internationaux : Rhin ; Meuse et
Escaut).
Il participe également à l’élaboration du Schéma directeur d’aménagement et de gestion des eaux
(SDAGE) et il l’approuve ; il élabore et arrête deux documents complémentaires : le programme
pluriannuel de mesures et le programme de surveillance de l’état des eaux (infra).
CHAPITRE 14 – La préservation de la ressource en eau 125

Le préfet de département dispose également des pouvoirs de police lui permettant d’agir notam-
ment en période de crise. Il joue donc un rôle essentiel.

■ Les comités de bassin


Les comités de bassin (un par bassin), sont composés de représentants des collectivités locales et
des usagers, de l’État et de personnes compétentes, des associations de protection de la nature,
les organisations agricoles et les PME et PMI (art. L. 213-8) selon un tableau de répartition fixé à
l’article D. 213-17 et s. art. (D. 213-18 pour la Corse et R. 213-5 pour l’Outre-mer).
Ils sont consultés sur l’opportunité d’actions significatives d’intérêt commun au bassin et sur toute
question intéressant le bassin. Ils définissent les orientations des actions des Agences de l’eau. Ils
adoptent les SDAGE.

■ Les agences de l’eau


Les agences de l’eau, quant à elles, sont des établissements publics administratifs dotés de la
personnalité morale et de l’autonomie financière (art. L. 213-8-1 et R. 213-30 et s.). Elles sont au
nombre de 6 en métropole. Chaque DOM est pourvu d’un Office de l’eau (art. L. 213-13 et
R. 213-59 et s.).
Les agences mettent en œuvre les SDAGE et les SAGE en favorisant une gestion équilibrée et
économe de la ressource en eau, et des milieux aquatiques, l’alimentation en eau potable, la régu-
lation des crues et le développement durable des activités économiques.
Pour remplir leurs missions, les agences adoptent des programmes pluriannuels d’intervention
déterminant les domaines et conditions notamment financières de leurs actions qui sont soumis
aux orientations prioritaires définies par le Parlement. Les agences peuvent, dans le cadre de leur
programme pluriannuel, accorder des prêts, primes ou subventions à des personnes réalisant des
actions ou travaux qui contribuent à une gestion équilibrée de la ressource. Afin de financer ces
actions, les agences perçoivent des redevances sur les personnes publiques ou privées. Il s’agit de
redevances pour pollution de l’eau, pour modernisation des réseaux de collecte, pour pollutions
diffuses, pour prélèvement sur la ressource en eau, pour stockage d’eau en période d’étiage,
pour obstacle sur les cours d’eau et pour protection du milieu aquatique. Ces redevances sont
définies aux articles L. 213-10-1 et suivants et R. 213-48-1 et s.

■ Les commissions locales de l’eau


Elles sont créées par le préfet et ont pour mission l’élaboration, la révision et le suivi de l’applica-
tion du Schéma d’aménagement et de gestion de l’eau, le SAGE (art. L. 212-4 et R. 212-29).
126 L’ESSENTIEL DU DROIT DE L’ENVIRONNEMENT

3 La planification
■ La délimitation
Un SDAGE est adopté au niveau du bassin ou du groupement de bassins. Le SAGE est quant à lui
élaboré au niveau du sous-bassin.
Le ministre délimite les bassins ou groupements de bassins avec les masses d’eau souterraines ou
maritimes intérieures et territoriales qui y sont rattachées (art. L. 212-1 et R. 212-1 ; arr. modifié du
16 mai 2005, NOR : DEVO0540107A). Pour les bassins ou sous-bassins transfrontières, la délimita-
tion s’effectue en coordination avec les autorités étrangères qualifiées.
Une fois la délimitation accomplie, le comité de bassin procède, pour chaque bassin ou groupe-
ment, à l’analyse de ses caractéristiques, des incidences des activités sur l’eau et à une analyse
économique. Il établit des registres répertoriant les zones faisant l’objet de dispositions législatives
ou réglementaires particulières en application d’une législation européenne portant sur la protec-
tion des eaux ou la conservation des habitats ou espèces directement dépendants de l’eau (telles
qu’issues des directives Nitrates, Habitats, Oiseaux...) et des zones de captage actuelles ou futures.

■ Le SDAGE
a) L’élaboration du SDAGE
Le comité de bassin élabore et suit la mise en œuvre du SDAGE (art. L. 212-2). Il arrête en amont
le calendrier et le programme de travail, puis il établit une synthèse des questions importantes
pour le bassin ou groupement de bassins. Après avoir recueilli divers avis, le comité établit le
projet de SDAGE et le soumet aux observations du public et à différents avis (collectivités, cham-
bres consulaires...) ; le projet fait aussi l’objet d’une évaluation environnementale (art. R. 212-7). Le
projet peut encore être modifié pour tenir compte des différents avis.
Le SDAGE est ensuite adopté par le comité, approuvé par le préfet et mis à disposition du public.
La 2e génération de SDAGE a été adoptée en 2009, et ces schémas doivent permettre d’atteindre
les objectifs de bon état écologique de l’eau établis par la directive pour 2015.
Une consultation du public portant sur le calendrier, le programme de travail et les questions
importantes sur la gestion de l’eau a été organisée fin 2012 dans le cadre de la procédure d’adop-
tion des futurs SDAGE (2016-2021).
CHAPITRE 14 – La préservation de la ressource en eau 127

b) Les fonctions du SDAGE


Le SDAGE fixe les orientations fondamentales d’une gestion équilibrée des ressources en eau, ainsi
que des objectifs quantitatifs et qualitatifs (art. L. 212-1-IV). Ces objectifs devront être atteints au
plus tard le 22 décembre 2015, sauf si pour des raisons techniques, financières ou naturelles ce
délai ne peut être tenu. Des dérogations peuvent être accordées et des échéances plus lointaines
pourront être prévues si elles sont motivées (art. R. 212-8). Ces objectifs sont définis en application
de la directive à l’article R. 212-10. Le SDAGE détermine également les aménagements et les
dispositions nécessaires (entre autres la mise en place de la trame bleue) afin de prévenir la dété-
rioration et assurer la protection et l’amélioration de l’état des eaux et milieux aquatiques... (art.
L. 212-1-IX)
Le SDAGE remplit ensuite trois fonctions : il indique comment sont pris en charge par les utilisa-
teurs les coûts liés à l’utilisation de l’eau, en distinguant les secteurs industriel, agricole et les
usages domestiques (principe pollueur payeur) ; il détermine les aménagements nécessaires pour
prévenir la détérioration, améliorer l’état des eaux ; il détermine les eaux maritimes intérieures et
territoriales et les sous-bassins ou groupement, pour lesquels un SAGE est nécessaire.
Les programmes et décisions administratives dans le domaine de l’eau doivent être compatibles ou
rendus compatibles avec les dispositions du SDAGE (art. L. 212-1 ; CE, 10 nov. 2006, no 275013,
Ass. de défense du Rizzanese et de son environnement ; CAA Nancy 22 novembre 2012,
M. PIERRE, nº 12NC00175). Le SRCE (supra) quant à lui prend en compte les éléments pertinents
du SDAGE. Les SDAGE révisés ou adoptés en 2015 devront intégrer les éléments de la trame
bleue.
Le préfet coordonnateur de bassin adopte le programme pluriannuel de mesures, périodiquement
remis à jour et soumis au public et à l’avis du comité de bassin. Ce programme contribue à la
réalisation des objectifs et dispositions du SDAGE. Ses mesures prennent la forme de dispositions
réglementaires, incitations financières ou accords négociés. Il adopte également un programme de
surveillance de l’état des eaux (art. L. 212-2-1, L. 212-2-2).

■ Le SAGE
L’élaboration du SAGE peut être prescrite par le SDAGE dans un délai qu’il fixe (art. L. 212-3 et
R. 212-26 et s.) ; il définit également son périmètre. Le SAGE est institué pour un groupement de
sous-bassins ou un sous-bassin représentant une unité hydrographique ou un système aquifère. Il
est élaboré et révisé par la Commission locale de l’eau. Le projet est soumis à différents avis
(collectivités...), il fait l’objet d’une évaluation environnementale et d’une enquête publique et il
128 L’ESSENTIEL DU DROIT DE L’ENVIRONNEMENT

est approuvé par le préfet. (Guide méthodologique pour l’élaboration et la mise en œuvre des
SAGE, version actualisée 2012, Site eaufrance).
Le SAGE fixe les objectifs généraux d’utilisation, de mise en valeur et de gestion des eaux superfi-
cielles et souterraines et des zones humides. Pour cela, il dresse un constat de l’état des ressources
en eau et des usages qui en sont faits. Cela fait, il énonce les priorités à retenir, ainsi que les
moyens économiques et financiers nécessaires.
Le SAGE comprend un Plan d’aménagement et de gestion durable de la ressource en eau et des
milieux aquatiques (PAGD) définissant les conditions de réalisation des objectifs mentionnés à
l’article L. 212-3, notamment en évaluant les moyens financiers nécessaires à la mise en œuvre
du schéma. Il comprend également un règlement qui peut définir des priorités d’usage de la
ressource en eau ainsi que la répartition de volumes globaux de prélèvement par usage, et que
les mesures nécessaires à la restauration et à la préservation de la qualité de l’eau et des milieux
aquatiques (art. L. 212-5-1).
Le SAGE doit être compatible avec le SDAGE.
Le règlement du SAGE est opposable à toute personne pour l’exécution de tout IOTA (infra),
tandis que les décisions administratives prises dans le domaine de l’eau doivent être compatibles
avec le PAGD (art. L. 212-5-2).
Les documents d’urbanisme doivent être compatibles ou rendus compatibles les dispositions des
deux schémas (art. L. 122-1-12, L. 123-1-9 et L. 124-1, C. urb.).

■ La trame bleue
La trame bleue (supra) comprendra les cours d’eau, parties de cours d’eau ou canaux en très bon
état écologique ou qui jouent le rôle de réservoir biologique cours d’eau, ou ceux dans lesquels il
est nécessaire d’assurer le transport suffisant des sédiments et la circulation des poissons migra-
teurs (art. L. 371-1 et L. 214-17,) . Ils sont identifiés sur des listes (définies par arrêtés ; circ. du
18 janv. 2013, DEVL1240962C). Elle comprendra aussi des zones humides d’intérêt environne-
mental particulier (infra) et d’autres zones humides.

4 La police de l’eau
■ Autorisations et sanctions
La police de l’eau porte sur deux types d’action : l’instruction des demandes d’autorisation et la
définition de prescriptions destinées à éviter ou limiter les atteintes à l’eau ainsi que le contrôle,
la recherche et la sanction des infractions.
CHAPITRE 14 – La préservation de la ressource en eau 129

Les polices de l’eau et des milieux aquatiques, de la pêche et de l’immersion des déchets ont été
fusionnées et la nomenclature Eau a été harmonisée avec la nomenclature ICPE. Le système de la
transaction pénale a été appliqué à la police de l’eau (art. L. 216-14, C. env. ; jusqu’au 1er juillet
2013 où il sera abrogé. L’art. L. 173-12.-I. s’appliquera) : l’autorité administrative peut transiger
sur la poursuite des contraventions et délits après avoir recueilli l’accord du procureur de la Répu-
blique et l’action publique est éteinte, lorsque l’auteur de l’infraction a exécuté dans les délais
impartis les obligations résultant pour lui de l’acceptation de la transaction.

■ La préservation de la qualité et des réserves en eau


L’article L. 216-6 du Code de l’environnement crée un délit général de pollution des eaux
constitué par le fait de jeter, déverser ou laisser s’écouler dans les eaux, qu’elles soient superfi-
cielles, souterraines ou territoriales, directement ou indirectement, une ou des substances entraî-
nant des effets nuisibles sur la santé ou des dommages à la faune ou à la flore, ou des modifica-
tions substantielles du régime normal d’alimentation en eau, ou des limitations d’usage des zones
de baignade. L’article L. 432-2 est quant à lui applicable en cas de dommage causé à la vie ou à la
santé des poissons.
Des règles générales de préservation de la qualité de l’eau (art. L. 211-2) sont définies par décret.
Elles imposent des normes de qualité, des règles de répartition des eaux entre les différents usages
et réglementent ou interdisent des rejets ou dépôts (art. R. 211-1 et s.). Par exemple,
l’article R. 211-60 interdit des déversements directs ou indirects d’huiles dans les eaux superfi-
cielles, les eaux souterraines et les eaux de mer.
Des prescriptions nationales ou particulières à certaines parties du territoire sont établies par
décret et définissent les conditions dans lesquelles le préfet est habilité à prendre un arrêté limi-
tant ou suspendant de manière provisoire certains usages de l’eau, pour faire face à une menace
ou aux conséquences d’accidents, de sécheresse, d’inondation ou à un risque de pénurie (art.
L. 211-3 et R. 211-66). Ces mesures doivent être proportionnées au but recherché et ne sont pres-
crites que pour une période limitée, éventuellement renouvelable.
Le préfet ou le maire doit être informé par toute personne ayant connaissance de tout accident
présentant un danger notamment pour la qualité, la circulation ou la conservation des eaux (art.
L. 211-5, C. env.). Les populations doivent en être tenues informées, ainsi que des effets négatifs
possibles et des mesures prises pour y remédier. La personne à l’origine de l’accident doit prendre
toutes les mesures nécessaires pour mettre fin à l’atteinte ou au risque d’atteinte au milieu
aquatique.
130 L’ESSENTIEL DU DROIT DE L’ENVIRONNEMENT

■ Les IOTA
Un régime d’autorisation et de déclaration est mis en place (art. L. 214-1 et R. 214-1) pour les
installations ne figurant pas dans la nomenclature des Installations classées, et les ouvrages,
travaux et activités (IOTA) réalisés à des fins non domestiques par toute personne publique ou
privée, et entraînant des prélèvements sur les eaux superficielles ou souterraines restituées ou
non, une modification du niveau ou du mode d’écoulement des eaux ou des déversements, écou-
lements, rejets ou dépôts directs ou indirects, chroniques ou épisodiques, même non polluants et
les opérations de nature à porter atteinte aux zones de frayères ou d’alimentation de la faune
piscicole.
Les IOTA visés à l’article L. 214-1 du Code de l’environnement sont classés dans une nomenclature
qui prévoit les régimes d’autorisation et de déclaration selon le danger présenté et la gravité des
effets sur la ressource en eau et les écosystèmes aquatiques, compte tenu de l’existence de péri-
mètres et zones institués pour la protection de l’eau et des milieux aquatiques.
Sont soumis à autorisation les IOTA susceptibles de présenter des dangers pour la santé et la sécu-
rité publique, de nuire au libre écoulement des eaux, de réduire la ressource en eau, d’accroître
notablement le risque d’inondation, de porter atteinte gravement à la qualité ou à la diversité du
milieu aquatique notamment aux peuplements piscicoles. Les IOTA qui ne sont pas susceptibles de
présenter ces dangers sont soumis à déclaration, et doivent cependant respecter les règles géné-
rales de préservation de la qualité et de répartition des eaux ainsi que certaines prescriptions parti-
culières adoptées par arrêté préfectoral lorsqu’elles sont nécessaires pour protéger la qualité et les
ressources en eau (par ex. CAA Nantes, 14 mai 2012, Boutier, nº 10NT02042). À noter, une origi-
nalité dans le cadre de la déclaration : le préfet peut s’opposer à l’opération projetée s’il apparaît
qu’elle est incompatible avec les dispositions du SDAGE ou du SAGE, ou porte aux intérêts
mentionnés à l’article L. 211-1 une atteinte d’une gravité telle qu’aucune prescription ne permet-
trait d’y remédier.
L’autorisation, quant à elle, est accordée après enquête publique et, le cas échéant, pour une
durée déterminée. Elle peut être abrogée ou modifiée, sans indemnité notamment dans l’intérêt
de la salubrité publique, pour prévenir ou faire cesser les inondations, en cas de menace majeure
pour le milieu aquatique, ou si les ouvrages ou installations sont abandonnés ou ne font plus
l’objet d’un entretien régulier.

■ La protection des points de captage d’eau


Celle-ci est assurée par la mise en place de périmètres de protection autour des points de captage
des eaux destinées à la consommation humaine (art. L. 1321-2 et R. 1321-13 et s., C. santé publ.).
CHAPITRE 14 – La préservation de la ressource en eau 131

La déclaration d’utilité publique des travaux de prélèvement d’eau détermine autour du point de
prélèvement :
– un périmètre de protection immédiate dont les terrains sont à acquérir en pleine propriété ;
– un périmètre de protection rapprochée à l’intérieur duquel peuvent être interdites ou réglemen-
tées toutes sortes d’installations, travaux, activités, dépôts, ouvrages, aménagement ou occupa-
tion des sols de nature à nuire directement ou indirectement à la qualité des eaux ;
– un périmètre de protection éloignée à l’intérieur duquel peuvent être réglementés les installa-
tions, travaux, activités, dépôts, ouvrages, aménagement ou occupation des sols et dépôts
mentionnés ci-dessus.
Les indemnités qui peuvent être dues aux propriétaires ou occupants de terrains compris dans un
périmètre de protection à la suite de mesures prises pour assurer la protection de cette eau, sont
fixées selon les règles applicables en matière d’expropriation pour cause d’utilité publique.
Le préfet peut délimiter des zones où il est nécessaire d’assurer la protection quantitative et quali-
tative des aires d’alimentation des captages d’eau potable d’une importance particulière pour
l’approvisionnement actuel ou futur, ainsi que des zones d’érosion diffuse des sols agricoles (art.
L. 211-II-5o, C. env. Idem pour les zones humides d’intérêt environnemental particulier de
l’article L. 211-3-II-4o-a). Depuis la loi Grenelle II, cette protection peut porter sur les bassins
versants connaissant d’importantes marées vertes sur les plages, tels que définis par le SDAGE
(art. L. 211-3-II-5º et 8º C. env. Le préfet peut alors y rendre obligatoire une déclaration annuelle
des quantités d’azote de toutes origines répandues ou cédées ainsi que des lieux d’épandage).
(sur cette question des marées vertes, voir CAA Nantes, 22 mars 2013, Cne de Tréduder,
nº 12NT00342 et infra la directive Nitrates).
Dans ces zones, le préfet établit un programme d’action qui définit des mesures à promouvoir par
les propriétaires et les exploitants (art. R. 114-6, C. rur. modifié par le décret 2012-675).

■ La lutte contre la pollution par les nitrates


C’est une directive 91/676/CEE du 12 décembre 1991 qui a initié la protection des eaux contre la
pollution par les nitrates à partir de sources agricoles. Difficilement mise en œuvre, elle a été trans-
posée par différents décrets codifiés aux articles R. 211-75 et s. du Code de l’environnement. La
Commission européenne a décidé en février 2012 de saisir la CJUE pour non-respect de la direc-
tive par la France et ce malgré l’adoption du décret 2011-1257 et de plusieurs arrêtés (JO du
21 déc.2011) qui refondent les dispositions relatives aux plans d’action.
Certaines des dispositions vues dans le cadre de la protection des captages relèvent également de
la protection des eaux contre la pollution par les nitrates.
132 L’ESSENTIEL DU DROIT DE L’ENVIRONNEMENT

La lutte contre la pollution par les nitrates passe tout d’abord par un inventaire des zones dites
vulnérables qui contribuent à la pollution des eaux par le rejet direct ou indirect de nitrates. Sont
considérées comme vulnérables les zones qui alimentent les eaux souterraines et superficielles,
notamment celles servant au captage d’eau destinée à la consommation humaine, les eaux des
estuaires, eaux côtières, marines et eaux douces superficielles ayant subi une eutrophisation
pouvant être combattue par une réduction des apports en azote. Elles sont délimitées par le
préfet coordonnateur de bassin, à partir des résultats d’un programme de surveillance et après
certaines consultations. Ces zones ont été revues en 2013 et aujourd’hui un peu plus de 19 000
communes sont classées comme telles, essentiellement dans des zones d’activité agricole impor-
tante (site Ministère).
Un code des bonnes pratiques agricoles doit également servir de référence aux agriculteurs pour
limiter les pratiques induisant ce type de pollution.
Une fois les zones définies, un programme d’actions portant sur les fertilisants azotés et les
bonnes pratiques agricoles est adopté. La nouveauté est que ces programmes d’actions compren-
nent d’une part un programme national commun à l’ensemble des zones vulnérables (arrêté des
ministres de l’Agriculture et de l’Environnement) et des programmes régionaux comportant des
mesures spécifiques à chaque zone vulnérable (arrêtés par les préfets de région, décret 2012-676
et arrêté du 7 mai 2012). Les articles R. 211-81 et R. 211-81-1 listent les éléments obligatoires du
programme national (limitation ou interdiction des épandages, stockage des effluents d’élevage...)
et ceux pouvant être intégrés aux programmes régionaux. Les programmes régionaux doivent être
compatibles avec le programme national. Une période de transition est prévue pour les
programmes existants. Dans les régions concernées, un groupe d’expertise nitrates est mis en
place afin de proposer notamment des références techniques. Dans les cantons en excédent struc-
turel d’azote (définis par les préfets au 31 déc. 2011), ces mesures peuvent être renforcées
(art. R. 211-82).
Le milieu marin CHAPITRE

On a longtemps pensé que ce milieu pouvait réceptionner tous les polluants et


15
que ceux-ci se disperseraient sans effet sur l’environnement ou la santé humaine.
La catastrophe de Minamata dans les années 1950 au Japon ainsi que les marées
noires – médiatisées à partir de 1967 avec le naufrage du Torrey Canyon – ont
démontré le contraire et alerté l’opinion sur la pollution maritime.

Malgré des progrès, avec par exemple l’obligation dans l’Union européenne d’équiper les agglo-
mérations de stations d’épuration, la bataille contre la pollution marine est encore loin d’être
gagnée. D’autant plus que la pollution par les hydrocarbures, la plus connue, est loin d’être la
seule, le milieu marin pouvant être pollué notamment par toutes sortes de déchets, par les acti-
vités offshore, ou encore par des opérations d’incinération ou d’immersion.
Le Grenelle de la mer a été lancé en 2009, en vue de renouveler la politique française de la mer et
de développer des activités maritimes durables ; 137 engagements ont été définis.
La loi Grenelle II a prévu l’élaboration d’une stratégie nationale pour la mer et le littoral (pour
l’outre-mer : ordonnance 2012-644) : cette stratégie sera adoptée en 2014 ; elle prévoit aussi
l’adoption des documents stratégiques de façade (supra Chapitre 3). Elle a enfin amené à la créa-
tion d’un Conseil National pour la mer et le littoral (art. 41, loi 86-2 littoral) chargé de l’aménage-
ment, la protection et la mise en valeur des littoraux et de la mer et la gestion intégrée des zones
côtières (installé en janvier 2013).
Des assises de la mer et du littoral sont organisées entre janvier et juillet 2013. Elles sont basées
sur la concertation entre les acteurs de la mer et du littoral et permettront notamment d’aider à
l’élaboration de la stratégie.
Le nouvel article L. 219-9 énonce que l’autorité administrative prend toutes les mesures néces-
saires pour réaliser ou maintenir un bon état écologique du milieu marin au plus tard en 2020 et
que, pour cela chaque région marine fera l’objet d’un plan d’action (procédures en cours. Arr du
134 L’ESSENTIEL DU DROIT DE L’ENVIRONNEMENT

17 et 18 déc. 2012, JO du 30 déc. 2012) qui prendra la forme d’un chapitre spécifique du docu-
ment stratégique de façade. Le plan d’action porte sur eaux sous souveraineté ou juridiction fran-
çaise ; il comprend notamment un programme de surveillance et un programme de mesures
(art. R. 219-2 et s.)
Quatre Directions InterRégionales de la Mer (DIRM) ont été créées en 2010 (Méditerranée,
Sud-Atlantique, Nord Atlantique-Manche Ouest et Manche Est-Mer du Nord). Elles sont chargées
sous l’autorité des préfets de région et du préfet maritime de conduire les politiques de l’État en
matière de développement durable de la mer, de gestion des ressources marines et de régulation
des activités maritimes et de coordonner les politiques de régulation des activités exercées en mer
et sur le littoral (D. 2010-130 du 11 février 2010).

1 La prévention et la répression de la pollution


Le nouvel article L. 219-9 du Code de l’environnement créé par la loi Grenelle II définit différents
termes et notamment celui de pollution appliquée au milieu marin.

■ La compétence française
La mer est le plus souvent un espace international, dont les utilisateurs peuvent avoir diverses
nationalités, c’est pourquoi le droit de la mer est essentiellement issu de conventions internatio-
nales. La France est signataire de nombreuses conventions dans le domaine maritime. Le droit
européen est également un relais ou une source importante du droit applicable aux espaces
maritimes.
Conformément au droit international en vigueur (la Convention des Nations unies sur le droit de la
mer (CNUDM) du 10 décembre 1982, dite Convention de Montego-Bay-CMB), la France a établi
une mer territoriale de 12 milles, une zone contiguë de 24 milles, un plateau continental et une
zone économique exclusive de 188 milles à compter de la mer territoriale. À noter : 1 mille marin
= 1 852 m.
La mer territoriale est une zone sous souveraineté de l’État, sous réserve d’un droit de passage
inoffensif des navires. La ZEE est une zone s’étendant de la limite de la mer territoriale et jusqu’à
200 milles ; l’État y exerce des droits souverains en matière d’exploration et d’exploitation, de
conservation et de gestion des ressources naturelles et il y exerce sa juridiction, notamment en
matière de protection et préservation du milieu marin : une ZEE a été créée en Méditerranée
(seule façade maritime française qui en était dépourvue) par le décret nº 2012-1148 du
12 octobre 2012. Le plateau continental comprend les fonds marins et leur sous-sol au-delà de
CHAPITRE 15 – Le milieu marin 135

sa mer territoriale, au plus jusqu’à 200 milles. Dans la zone contiguë, l’État français exerce ses
compétences en matière fiscale, douanière, sanitaire et en matière d’immigration.
Dans le cadre de la protection de l’environnement, la compétence en matière de police et de
justice de la France s’exerce jusqu’à la limite ZEE/haute mer. L’État français est ensuite compétent
en haute mer uniquement pour les infractions commises par des navires français (sous réserve des
art. L. 218-10 à 25, v. infra).

■ La pollution par les hydrocarbures et autres substances dangereuses


Avant tout, tout navire quelle que soit sa nationalité, transportant des substances dangereuses
doit le signaler au préfet maritime avant de pénétrer dans les eaux territoriales françaises (Code
des transports). De même, tout capitaine doit signaler les accidents de mer que le navire a subis
dans les eaux territoriales.
La loi 2013-431 du 28 mai 2013 a abrogé les dispositions du Code de l’environnement relatives à
la responsabilité civile pour les dommages dus à une pollution par les hydrocarbures et c’est désor-
mais le Code des transports art. L. 5122-25 et s. qui traite du sujet. Il prévoit que le propriétaire
d’un navire transportant une cargaison d’hydrocarbures en vrac est responsable de tout
dommage par pollution causé par son navire, dans les conditions et limites fixées par la conven-
tion de Londres de 1992. Il peut bénéficier d’une limitation de responsabilité si il a constitué un
fonds spécifique auprès d’un tribunal et qu’il n’a pas causé la pollution intentionnellement ou
commis un fait ou omission témérairement et avec conscience qu’un tel dommage en résulterait
probablement.
Le propriétaire du navire doit aussi souscrire une assurance ou une autre garantie financière si le
navire est placé sous pavillon français ou qu’il touche ou quitte un port français ou une installation
située en mer territoriale.
En cas d’avarie ou accident en mer de tout navire, plate-forme ou aéronef ayant à son bord des
substances nocives ou des hydrocarbures pouvant créer un danger d’atteinte grave au littoral,
l’armateur, propriétaire ou exploitant peut être mis en demeure de prendre toute mesure pour
mettre fin au danger (art. L. 218-72 et R. 218-6).
Afin de prévenir les déballastages sauvages, en application du Code des transports (art. L. 5334-8)
les capitaines des navires faisant escale dans un port maritime doivent déposer les déchets
d’exploitation et résidus de cargaison, dans les installations de réception existantes. Cette disposi-
tion s’applique à tous les navires quel que soit leur pavillon (nationalité) à l’exception des navires
de guerre.
136 L’ESSENTIEL DU DROIT DE L’ENVIRONNEMENT

Après le naufrage de l’Erika, puis celui du Prestige, les dispositions répressives ont été modifiées à
plusieurs reprises. Ces dispositions s’appliquent aux navires (définition à l’article L. 218-10) et
plateformes. Le texte de référence est la Convention pour la prévention de la pollution par les
navires, dite Convention MARPOL (marine pollution) de 1973. La convention a une vocation
universelle et a pour but de mettre fin à la pollution intentionnelle du milieu marin par les hydro-
carbures et autres substances nuisibles et de réduire au maximum les rejets accidentels de ce type
de substances. La convention est complétée par six annexes mais seules les deux premières
portant sur les hydrocarbures et les substances nocives en vrac, sont obligatoires (c’est-à-dire que
les États peuvent choisir d’adhérer ou non aux autres annexes).
Sont sanctionnés, les rejets intentionnels bien sûr mais aussi les rejets par imprudence et par négli-
gence grave.
Le rejet intentionnel de substances polluantes en infraction avec la Convention Marpol pourra être
puni, selon la taille du navire de peines d’amendes (au plus 15 millions) et/ou d’emprisonnement
(dix ans au maximum). Les rejets par imprudence peuvent donner lieu à une peine d’amende de
4 000 euros à 7,5 millions d’euros ; ceux par négligence grave (violation délibérée d’une obligation
particulière de sécurité imposée par la loi ou le règlement ou faute caractérisée exposant l’environ-
nement à un risque grave...) sont punis d’une peine d’amende de 6 000 euros à 10,5 millions
d’euros et/ou sept ans d’emprisonnement si la négligence grave a eu pour effet un dommage irré-
versible ou d’une particulière gravité à l’environnement (voir l’arrêt de la Cour de cassation dans
l’affaire de l’Erika : Cass. crim., 25 sept. 2012, nº 10-82.938).
L’ensemble de la chaîne de transport peut être sanctionné, c’est-à-dire le capitaine mais aussi le
propriétaire, l’exploitant, leur représentant légal, le dirigeant de fait de la personne morale, la
personne morale, mais aussi toute personne exerçant un pouvoir de contrôle et de direction dans
la gestion ou la marche du navire
Enfin, les infractions seront réprimées si les faits se sont produits dans les eaux intérieures, la mer
territoriale, la zone économique exclusive, mais également en haute mer, mais pour les infractions
commises dans ces deux dernières zones seules des peines d’amende pourront être prononcées.
Le Code de procédure pénale (art. 706-107 et 706-108) soumet les navires étrangers en infraction
à la justice française et permet un dessaisissement du TGI au profit du TGI de Paris pour les
affaires d’une grande complexité. Ce dernier est également compétent pour les infractions
commises en haute mer.

■ Les autres types de pollution


La pollution due aux opérations d’exploration ou d’exploitation du fond de la mer ou de son
sous-sol fait l’objet des articles L. 218-32 et s. Est interdit tout rejet à la mer d’hydrocarbures ou
CHAPITRE 15 – Le milieu marin 137

de mélanges d’hydrocarbures, susceptibles de porter atteinte à la santé publique, à la faune et à la


flore marines et au développement économique et touristique des régions côtières. Avant toute
opération d’exploitation, le titulaire du titre d’exploitation doit faire dresser un état écologique et
biologique du milieu marin, dans la zone concernée. Toute infraction à ces dispositions est
passible de peines de prison et d’amende.
Les articles L. 218-42 et suivants du Code de l’environnement permettent de prendre en compte
les dispositions de la Convention OSPAR sur la prévention de la pollution des mers résultant de
l’immersion de déchets signée à Londres le 29 décembre 1972. C’est ainsi que l’immersion de
déchets ou d’autres matières est interdite. Mais par dérogation peut être autorisée l’immersion
des déblais de dragage ou l’immersion des navires. Le rejet d’ordures en mer par un navire est
également prohibé.
L’incinération en mer est elle aussi interdite (art. L. 218-59 et s.), de même que le fait de jeter,
déverser ou laisser s’écouler directement ou indirectement en mer ou dans les parties des cours
d’eau, canaux ou plans d’eau où les eaux sont salées, des substances ou organismes nuisibles
pour les mammifères marins, poissons, crustacés, coquillages mollusques ou végétaux ou de
nature à les rendre impropres à la consommation (art. L. 218-73 à L. 218-80).
Les articles L. 218-82 et s. portent sur le contrôle des eaux de ballast des navires qui peuvent
contenir des organismes aquatiques nuisibles et pathogènes.

2 La responsabilité et l’indemnisation
Le Fonds international d’indemnisation pour les dommages dus à la pollution par les hydrocar-
bures (FIPOL) n’est pas le seul fonds d’indemnisation existant, d’autres substances que les hydro-
carbures faisant l’objet de conventions en matière de responsabilité, mais c’est le plus connu. Ce
sont deux conventions internationales de 1969 et 1971 qui ont mis en place le premier régime
d’indemnisation. Il a été modifié et le nouveau régime est établi par la Convention de 1992 sur
la responsabilité civile et la Convention de 1992 portant création du Fonds. En 2003, un fonds
complémentaire a été créé, les plafonds précédents n’ayant pas permis d’indemniser totalement
les victimes des marées noires causées par les naufrages de l’Erika puis du Prestige.
Ces conventions visent la pollution par hydrocarbures provenant de navires-citernes, subie par un
État membre. Elles mettent en place un régime de responsabilité objective qui pèse uniquement
sur le propriétaire du navire. Il n’y a pas à prouver de faute à son encontre, mais en contrepartie
cette responsabilité est limitée et il peut s’en exonérer dans certains cas bien précis. Les montants
maximums d’indemnisation sont désormais, avec le fonds complémentaire de 893 millions d’euros
environ.
138 L’ESSENTIEL DU DROIT DE L’ENVIRONNEMENT

3 La lutte contre les pollutions


La lutte contre les pollutions du milieu marin consécutives à un accident ou une avarie maritime,
terrestre ou aérienne et pouvant entraîner le déversement d’hydrocarbures ou de tout autre
produit, avait fait l’objet d’une instruction du 17 décembre 1997, remplacée par une instruction
du 4 mars 2002 suite aux critiques faites aux plans POLMAR-terre après le naufrage de l’Erika. Ils
ont été jugés inadaptés, mal préparés, menant à des actions improvisées.
Suite au naufrage du Prestige, une nouvelle instruction du 11 janvier 2006 (JO du 13 janvier 2006)
procède à des « adaptations » et complète la précédente instruction (également l’instruction du
28 mai 2009 relative à l’Orsec maritime et l’instruction du 24 avr. 2012 relative aux lieux de
refuge de navires ayant besoin d’assistance).
Ces dispositions sont applicables à tout accident ou avarie maritime, terrestre ou aérien, pouvant
entraîner un déversement d’hydrocarbures ou de tout autre produit. Elles inventorient trois types
de mesures : les mesures de prévention, les mesures de préparation à la lutte, la lutte contre les
pollutions.
Relèvent de la prévention la réglementation de la circulation maritime, terrestre, aérienne, et la
sécurité des installations techniques. La préparation à la lutte doit permettre de disposer à tout
moment des moyens nécessaires en personnel, matériel (les DIRM gèrent les centres de stockage
POLMAR) et de plans d’urgence nécessaires. Relève aussi de la prévention la mise en œuvre de
plans POLMAR qui sont élaborés et tenus à jour par les autorités responsables des opérations. Ils
listent l’ensemble des mesures opérationnelles et administratives nécessaires à la préparation et à
la lutte contre la pollution, font l’inventaire des moyens pouvant être utilisés et précisent les
mesures destinées à sauvegarder la population et les intérêts des différents acteurs économiques.
Un exercice POLMAR-mer annuel et un exercice POLMAR-terre triennal sont suivis d’un bilan et
éventuellement d’une révision du plan.
En pratique la préparation à la lutte consiste en l’établissement de plans POLMAR-mer par les
préfets maritimes et de plans POLMAR-terre par les préfets de département. Le préfet va ainsi
coordonner les opérations de lutte à terre, sachant que pour les pollutions de faible à moyenne
ampleur, c’est à la commune qu’incombent de prendre les mesures nécessaires (Plan ORSEC : voir
sur le site du CEDRE : Le guide de l’élu).
Pour les pollutions d’une ampleur exceptionnelle, le plan POLMAR-terre sera mis en œuvre.
L’article R. 1311-7 du Code de la défense confie au préfet de zone de défense et de sécurité (qui
est en même temps préfet de la région concernée) « dans le respect des compétences des préfets
de département », la mission d’établir la synthèse des informations, de coordonner l’action à terre
CHAPITRE 15 – Le milieu marin 139

et de s’assurer de la cohérence des actions terrestres et des actions maritimes. Il dispose des
moyens spécialisés du plan POLMAR-Terre : en fait, il intervient quand plusieurs plans
POLMAR-Terre sont activés dans la région.
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http://www.andra.fr
http://www.ademe.fr
http://www.bruit.fr
– Sites environnement, Union européenne :
http://ec.europa.eu/environment/index_fr.htm
http://eur-lex.europa.eu/fr/index.htm
http://ec.europa.eu.clima/news/index_fr.htm
http://eea.europa.eu/fr
Achevé d’imprimer par
l’Imprimerie France Quercy, 46090 Mercuès
N° d’impression : 30978 - Dépôt légal : juin 2013

Imprimé en France
6e édition L’essentiel du LES CARRÉS 6e 6e édition
2013-2014 D roit de l’environnement Droit

L’essentiel du DROIT de L’ENVIRONNEMENT


Science Politique
Sciences
Le contenu du livre Le sommaire économiques
• Les sources du droit de Sciences
Cet ouvrage permet en 15 chapitres de l’environnement et ses acteurs de gestion
faire le point sur l’essentiel du Droit de – les sources du droit de Concours
l’environnement aujourd’hui. Il permet l’environnement de la Fonction Catherine Roche
– les grands principes publique
d’appréhender globalement la matière et d’en

L’essentiel
– les acteurs
• La préservation du patrimoine
comprendre les enjeux actuels. Ces enjeux sont naturel
d’autant plus importants que ce droit intéresse – la préservation de la biodiversité
– la réglementation des prélèvements
aujourd’hui tous les acteurs publics et privés,

du
• La protection des espaces
que les situations conflictuelles ne sont pas

Droit
– la montagne et le littoral
rares et que le droit de l’environnement est un – la forêt et les zones humides
– les protections spécifiques à
droit en perpétuelle mutation. certains sites
Au total, une nouvelle édition 2013-2014 qui – les parcs et réserves
• Les pollutions et nuisances
présente de manière synthétique, rigoureuse – les installations classées
et pratique le Droit de l’environne- et les risques industriels majeurs
– les déchets
ment. – le bruit

Le public
– Étudiants en licence de droit et en master (système LMD)
• La protection des milieux
– la lutte contre la pollution
atmosphérique de
l’environnement
– Étudiants dans le domaine de l’environnement – la préservation de la ressource
en eau
– Professionnels
– le milieu marin
– Collectivités territoriales, associations, particuliers

L’auteur
2013-2014
Catherine Roche est Maître de conférences HDR en droit public à l’Université
de Poitiers et responsable du Master professionnel 2e année « Droit de
l’environnement industriel » de la Faculté de droit et des sciences sociales de
Poitiers.

C. ROCHE
Prix : 13,50 €
ISBN 978-2-297-03205-6

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