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Université Pierre et Marie Curie - Année universitaire 2017-2018 1A001 - Energétique

Notes de cours du thème "Energétique"

A. Antkowiak, A. Matynia, C. Weisman, L. Martin Witkowski


avec la participation de P. Carlès et D. Baltean Carlès

Ces notes comportent plusieurs sous-chapitres qui n’ont pas été traités en cours. Seuls les chapitres traités
en cours sont à connaître pour l’examen.

Chapitre I. Introduction

1 Un peu d’histoire
1.1 Développement des premières machines à vapeur
Au cours de son évolution, l’être humain a appris à se servir des énergies disponibles dans la nature
pour les transformer en énergies thermiques ou mécaniques. La découverte du feu est estimée par les
paléontologues à la période paléolithique, il y a 600 000 ans. Sa maîtrise a permis à l’homme de se protéger,
se chauffer, cuisiner et bien d’autres choses encore. Cependant, si la conversion en énergie thermique reste
relativement simple (échauffement associé au frottement, combustion, transfert par rayonnement, etc.),
la conversion d’une énergie thermique en énergie mécanique est bien plus complexe. Ainsi, ce n’est qu’au
XIXe siècle qu’apparu la première machine à vapeur d’application pratique. Le dispositif, inventé par
l’ingénieur français Denis Papin, s’appuie sur la poussée exercée par la génération et la dilation de la
vapeur d’eau pour élever une masse (figure 1 a) ). A la fin de la transformation, le système refroidit, la
vapeur d’eau recondense et le conteneur redescend à sa position initiale et l’opération peut recommencer.
Un système très proche fut mis en application par l’inventeur pour alimenter en eau une fontaine dans les
jardins du Duc de Hesse, en Allemagne.
L’intensification du recours au charbon força l’intérêt des savants anglais au développement des machines
à vapeur pour aller pomper les poches d’eau qui inondaient le fond des mines. Ainsi, en 1698, Thomas
Savery breveta un premier modèle de pompe à eau fonctionnant à partir de la pression exercée par
la vapeur d’eau (figure 1 b) ). Ce dispositif, néanmoins limité, fut rapidement remplacé par la pompe
développée par le forgeron Thomas Newcomen et l’ingénieur John Cawley (1712). Le système est présenté
sur la figure 1 c). Un bras de levier est solidaire, d’un côté, à un piston présent dans un cylindre et, de
l’autre côté, au dispositif de pompage. La vapeur provenant de la chaudière remplit le cylindre et pousse
le piston. Une fois le piston arrivé en position haute, un tiroir amovible présent à la base du cylindre se
ferme et stoppe l’arrivée de la vapeur d’eau. Un robinet projette de l’eau froide dans la chambre afin de
refroidir et condenser la vapeur. Le vide s’installe et entraîne la descente du piston. Le tiroir amovible
s’ouvre, la vapeur entrante fait remonter le piston et le cycle recommence. A l’opposé du bras de levier,
un système composé d’un ensemble cylindre/piston et d’un jeu de vannes est mis en mouvement pour
assurer le pompage. L’inconvénient de cette machine fut le rendement du fait des nombreuses pertes de
chaleur associées au refroidissement à chaque nouveau cycle du cylindre et du piston. Toutefois, les bases
de développement des machines à vapeur étaient posées.
De nombreuses inventions vont suivre. Parmi celles-ci, on citera l’impressionnante machine développée
par James Watt (1782), exposée, au même titre que les trois machines précédentes, au musée des Arts
et Métiers (schéma présenté sur la figure 1 d) ). La condensation des gaz est cette fois-ci effectuée dans

1
un cylindre séparé, ce qui permet d’améliorer significativement l’efficacité énergétique du système. De
même, le piston est mû alternativement, par la vapeur, par chacune de ses faces ce qui permet de doubler
la puissance du dispositif. Les machines à vapeur allaient pouvoir réaliser des opérations beaucoup plus
exigeantes.

(a) Cylindre piston-vapeur de (b) Machine à vapeur de T.


D. Papin (1690) Savery (1698)

(c) Machine à vapeur de T. Newcomen (d) Machine à vapeur de J. Watt (1782)


(1712)

Figure 1 – Evolution des machines à vapeur

1.2 Naissance de la thermodynamique


Sadi Carnot (1796-1832) était le fils d’un ministre de l’armée sous Napoléon. Après la défaite du pre-
mier Empire en 1814, il réalisa que l’une des causes de la défaite française était notamment la supériorité
industrielle de l’Angleterre, qu’il attribuait en grande partie à l’essor des machines à vapeur. Pour repous-
ser les limites du développement, jusqu’à présent empirique, de ces machines, il entreprit la rédaction de
ses Réflexions sur la puissance motrice du feu et sur les machines propres à développer cette puissance
(1824). Ainsi naquit la thermodynamique (du grec ancien thermos : chaleur ; dynamikos : puissance) qui
est la science décrivant les formes d’énergie et leurs transformations. Dans cet ouvrage fondateur, Carnot
imagine une machine thermique théorique idéale dont le rendement maximal théorique ne dépend que
de la température de la source chaude et de la température de la source froide. Ce cycle est présenté

2
dans la figure 2. L’idée de l’ingénieur est de penser un cycle effectué en l’absence de phénomènes dissi-
patifs (frottements, échanges de chaleur entre deux systèmes de températures différentes, par exemple),
sources de perte d’énergie "utile". Bien que l’interprétation de ce cycle dépasse le cadre de ce cours, il est
néanmoins intéressant de noter dès à présent la puissance de ce postulat qui fixe une barrière infranchis-
sable à l’efficacité énergétique des machines thermiques. Les efforts fournis par Carnot pour développer les
connaissances sur les systèmes de conversion d’énergie sont reconnus aujourd’hui comme un acte fondateur
de la thermodynamique. De nombreux scientifiques vont se concentrer sur cette branche de la science et
contribuer à son développement.

Figure 2 – Cycle de Carnot

Au moyen de séries d’expériences, J.R. von Mayer et J.P. Joules vont démontrer l’équivalence cha-
leur/travail puis énoncer le principe de conservation de l’énergie en 1841 (vu au chapitre 2 de ce document).
Le second principe de la thermodynamique traite du sens de l’évolution des transformations. Il fut
évoqué en substance pour la première fois dans les réflexions de S. Carnot puis théorisé par les travaux de
R. Clausius et Lord Kelvin au début des années 1850. Il ne sera pas traité plus en détails dans ce cours.
Vers la fin du XIXe siècle, Boltzmann étudia la thermodynamique, jusqu’à présent appréhendée à
l’échelle macroscopique, à l’échelle de l’atome. Il comprit que les propriétés de la matière que nous perce-
vons directement résultent de l’action conjuguée de tous les atomes. Il aborde la thermodynamique avec
un nouveau regard, celui de la physique statistique.

2 La thermodynamique de nos jours


Pendant très longtemps, la principale source d’énergie de l’homme fut la biomasse, pour alimenter les
feux. Depuis la première révolution industrielle et le besoin croissant en énergie, l’utilisation du charbon,
puis du pétrole et du gaz naturel, a suppléé celui de la biomasse.
La figure 3 (a) présente la contribution des différentes sources d’énergie pour l’exploitation humaine
(électricité, transport, procédés industriels, etc.). Aujourd’hui, environ 80% de l’énergie globale exploitée
provient des énergies fossiles, la biomasse représente 10% et le reste se partage principalement entre le
nucléaire, l’hydroélectricité, le solaire, l’éolien et la géothermie.
L’utilisation excessive des ressources fossiles est à l’origine de nombreuses formes de pollution, locales
(pollutions chimiques dans les villes), ou plus globales (effet de serre additionnel, acidification des océans).
De plus, les réserves fossiles sont finies et viendront à manquer à court ou moyen terme. L’intensité de
l’exploitation du pétrole est présentée, à titre d’exemple, sur la figure 3 (b), au travers des tendances
des découvertes et du taux de production. Le pic de découverte a été atteint il y a environ 50 ans.
Les prévisions quant à la production de pétrole sont sujettes à différents scénarios assez complexes. Elles
s’accordent toutefois sur un pic de production situé entre aujourd’hui et dans les 5 ou 10 prochaines années.
Par conséquent, dans le contexte actuel, le besoin de développement de sources d’énergies alternatives
propres et renouvelables et de machines plus performantes et plus économes en énergie est capital. La
figure 4, tirée du rapport 2013 du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC),
montre que les investissements dans l’optimisation énergétique des procédés actuels vont croître de manière

3
(a) Evolution de la contribution des différentes sources (b) Découvertes et production de pétrole
d’énergies primaires dans le panel énergétique mondial
unité : EJ, ExaJoules (1018 )

Figure 3 – Contexte énergétique et évolutions

importante. Les concepts de la thermodynamique abordés en partie dans ce cours occupent une place
centrale dans le savoir nécessaire à ce progrès.

Figure 4 – Evolution des secteurs d’investissement dans l’optimisation énergétique

« Comprendre les concepts de thermodynamique est vital pour le futur de l’humanité. La


crise énergétique à venir et les conséquences potentielles sur le climat nous obligent à plus de
créativité, d’innovations technologiques et scientifiques au plus haut niveau. Cela veut dire que
la thermodynamique est un domaine que les meilleurs cerveaux de demain doivent apprendre
à maîtriser dès aujourd’hui. »
S.J. Blundell, Professeur de physique, Université d’Oxford

La thermodynamique intervient également dans de nombreux autres domaines que celui des machines
de conversion d’énergie. Puisque ses principes permettent de traduire les dégagements de chaleur et les
équilibres associés aux réactions chimiques, cette science trouve également des applications dans les do-
maines de la chimie et de la biologie.

4
3 Présentation des objectifs du cours
3.1 Objectifs
L’objet de ce cours est de fournir à l’étudiant de première année une introduction à la thermodyna-
mique, en s’appuyant ici sur une machine Stirling. Comment exploiter au mieux la puissance thermique ?
Améliorer les rendements ? Quelles sont les énergies mises en jeu ? Telles sont les questions qui seront
abordées dans ce cours.

3.2 Fil rouge : la machine de Stirling


L’objet technologique qui a été choisi pour illustrer les concepts vus dans ce cours est un moteur Stir-
ling. Ce moteur fut inventé par un pasteur Ecossais, R. Stirling, pour répondre aux problèmes d’explosions
trop fréquemment subies avec les machines à vapeur de l’époque. Il a l’idée de développer pour cela un
moteur « à combustion externe », isolant, de ce fait, le foyer de combustion du reste du moteur. Les gaz
chauds émis par les flammes constituent la source chaude du moteur. Concurrencé par d’autres moteurs
essence et Diesel, le moteur n’eut pas la reconnaissance espérée. Toutefois, de par son importante flexibilité
sur l’origine de la source chaude, cette machine redevient attractive dans le contexte de la raréfaction des
énergies conventionnelles. Elle peut indifféremment être utilisée avec du gaz naturel, de la biomasse ou de
l’énergie solaire, par exemple.

(a) Illustration d’une machine de Stirling (b) Maquette présentée en cours

Figure 5 – Machines de Stirling

Références bibliographiques

Il y en a peu, car la plupart des livres vont trop loin dans le domaine. Il faudrait se cantonner aux
premiers chapitres d’un livre de thermo. Voici deux références :
— Introduction aux concepts d’énergie, sur le site du CEA : http://www.cea.fr/jeunes/themes/l-energie
— Thermodynamique, une approche pragmatique, Y.A. Cengel, M.A. Boles, M. Lacroix, Editions de
Boeck, 2008
et il y a, au fil du texte, d’autres liens ou références sur certains points précis.

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Chapitre II. Energie, Premier principe de la thermodynamique

1) Notion de système
Avant de débuter une étude, définir le système que l’on va considérer. On choisit une frontière arbitraire-
ment.
Convention du portefeuille : vision comptable et pas très généreuse !
— Ce que reçoit un système est > 0
— Ce que donne un système est < 0
Exemples et choix de systèmes. Ex du TD1 : récipient contenant un gaz fermé par un piston sur lequel
une masse est posée : il y a plusieurs choix possibles de système : le gaz, le récipient, le piston, la masse,
le tout.
Question : Comment choisir le système ?
Réponse : Cela dépend de chaque étude et de la commodité des frontières. Il n’y a pas de choix faux mais
certains sont plus judicieux que d’autres.

2) Énoncé du premier principe, unités SI d’énergie

Rappels sur le théorème de l’énergie cinétique (vu en Terminale) :


L’énergie cinétique est l’énergie que possède un système du fait de son mouvement. La variation d’énergie
cinétique d’un solide indéformable entre l’état initial et l’état final est égale à la somme algébrique des
travaux des forces extérieures appliquées au système.

∆(Ec ) = ΣWF ext

Si l’on distingue les forces conservatives (ex : le poids, la tension d’un ressort parfait, la force électrosta-
tique) des autres forces, le travail de ces forces ne dépend pas du chemin suivi. On dit aussi qu’une telle
force dérive d’un potentiel Ep , et on peut écrire :

WF cons = −∆Ep

On peut alors reformuler le théorème de l’énergie cinétique, en tenant compte de la somme de toutes les
énergies potentielles associées aux forces conservatives :

∆(Ec + Ep ) = ΣWF ext/cons.

La notation Fext/cons. signifie toutes les forces extérieures exercées sauf celles qui sont conservatives (dé-
rivant d’un potentiel).

Ce théorème ne permet pas de tenir compte de toutes les formes d’énergie (et en particulier ne per-
met pas de décrire ce qui se passe dans le turbopropulseur).
Le premier principe exprime la conservation de l’énergie totale E. Il exprime l’intuition de J. R. von Mayer
(1842)
“Ex nihilo nil fit” Rien ne surgit de rien.

C’est un principe, basé sur des observations expérimentales (et, jusqu’à présent en contradiction avec
aucune observation expérimentale), qui définit ce qu’est l’énergie. (De même que le principe fondamental
de la dynamique définit ce qu’est une force : on voit les déplacements engendrés par les forces, on ne voit
pas les forces elles-mêmes).
Forme intégrée entre deux états du système, l’état 1 et l’état 2 :

∆E = ΣWF ext/cons. + Q
∆(Ec + Ep + U ) = ΣWF ext/cons. + Q

6
Notation : ∆E = E2 − E1 .
Ec : Energie cinétique
Ep : Energie potentielle
U : Energie interne
W : Travail
Q : Quantité de chaleur

Remarques :
1. Unités : l’énergie E (Ec , Ep , U ) s’exprime en Joules (comme W et Q qui ne sont pas des énergies)
2. W (travail) et Q (chaleur) ne sont pas des énergies associées à un système mais de l’énergie transférée.
Les deux s’expriment en Joule bien qu’ils ne représentent pas la même chose.
3. On utilise le vocabulaire "énergie" pour regrouper les notions d’énergie cinétique, potentielle (méca-
nique, macroscopique) et d’énergie interne (microscopique). L’énergie interne regroupe toutes les énergies
à l’échelle microscopique. On peut ainsi lister, en augmentant progressivement la loupe sur la matière :
l’énergie moléculaire due à l’agitation des molécules au sein de la matière, l’énergie chimique due aux
réactions entre molécules, l’énergie atomique due aux mouvements à l’échelle des atomes

Un exemple d’application : descente à vélo

Soit un cycliste à une hauteur H (état 1), qui descend puis roule sur le plat (état 2) puis freine et
s’arrête (état 3). Système : “Cycliste + vélo” de masse m.

1. (Ep )1 = mgH + C (on peut choisir C = 0)


(Ec )1 = 0
2. (Ep )2 = C = 0
(Ec )2 = 21 mV 2
3. (Ep )3 = 0
(Ec )3 = 0 =⇒ Où est passée l’énergie ?
Réponse : le caoutchouc du frein et la jante se sont échauffés. Il y a eu conversion de Ep en Ec puis
en Ei (énergie calorifique). Dans cet exemple, un peu idéalisé, il y a eu conversion d’énergie mais pas de
transfert d’énergie.
Exercice : Ecrire le premier principe entre chaque état, en utilisant le fait que le système est isolé (sans le
démontrer car ce n’est pas si simple), c’est-à-dire W = 0 et Q = 0 entre chaque état.

3) Synthèse : Energie, sources d’énergie, autres unités d’énergie

7
a) Définition
L’énergie est un concept très abstrait et multiforme d’apparition assez récente (1850).
— L’énergie est une quantité associée à un système
— qui se conserve si le système est isolé (pas d’échange avec l’extérieur).
— qui se transfère d’un système à un autre système (exemple de la bouillote dans le lit)
— et qui se transforme (conversion d’énergie, exemple du vélo).
Remarque : En physique, cela n’a aucun sens de dire qu’on produit ou consomme de l’énergie. On ne fait
que la transformer.

Comment calculer l’énergie interne d’un corps ou d’un système ?


Reprenons l’énoncé du premier principe : par cet énoncé, il faudrait calculer la somme de tous les travaux
et chaleur (> 0 ou < 0) que le système a échangé avec l’extérieur et qui ne sont pas devenus de l’énergie
cinétique ou potentielle, depuis qu’il existe. Il faut en fait toujours partir d’une situation de réference.
Comme dans le calcul de l’énergie cinétique pour lequel il faut connaître le référentiel de calcul de la
vitesse, ici on calculera des variations d’énergie (∆E) à partir d’un état donné comme référence.

b) Les différentes unités pour l’énergie

La “bonne” unité (SI) est le Joule (J). (1 Newton ×1 mètre) mais il existe d’autres unités usuelles :
— Facture EDF : 1 kWh = 3.6 106 J (four de 1000W qui fonctionne pendant 1 heure. puissance ×
temps).
— Presse, économie : 1 tep ∼ 12MWh (quantité de chaleur que l’on peut récupérer à partir d’une
tonne équivalent pétrole)
— Chimie, physiologie : 1 kilocalorie (Calorie) = Cal = 4185 J (quantité de chaleur à fournir à 1 kg
d’eau pour élever sa température de 1K)
— Physique des particules : 1 eV (Electron-volt) (eV ) = 1,6 10−19 J (énergie acquise par un électron
lorsque son potentiel électrique diminue de 1V ). les multiples 1keV 1MeV et GeV sont utilisés
pour exprimer les niveaux d’énergie rencontrés dans les accélérateurs des particules et la fusion
thermonucléaire.
— Suivant les pays : Btu : British thermal unit (quantité de chaleur à fournir à 1 livre anglaise d’eau
pour élever sa température de 1 degré Farenheit 1 Btu ∼ 1055 J)
Ordre d’idée : En France, l’énergie électrique a un prix proche de l’essence : 15 centimes d’Euros ∼ 1 kWh
∼ 0.1litres
Conversion (“Consommation”) par an et par habitant
— USA : 8 tep France : 3.2 tep Monde : 1.7 tep

c) Ordres de grandeur. Quelle masse correspond à un kW h ?


1. Mécanique : (ordre de grandeur 10 tonnes)
gravité : 10 t d’eau chutant de 40 m (calcul exact 9, 2 t)
cinétique : camion de 10 t à 100 km/h (calcul exact 9, 3 t)
éolienne : 20000 m3 d’air (27 t) à 60 km/h (Ceci est vrai si la vitesse est nulle derrière l’éolienne.
En réalité, il faut environ 45t car la vitesse n’est pas nulle derrière l’éolienne. Il y a une limite
théorique du rendement (Limite de Betz, cours sur les éoliennes en M1 ou wikipedia) )
2. Electromagnétique, électrochimique : (ordre de grandeur kilogramme)
Electrochimique : 7 à 30 kg de batterie
Chimique : 0.1 kg de carburant (pétrole, charbon, gaz)
Biologique : un repas
Thermique : fusion de 10 kg de glace (chaleur de fusion de la glace 335 kJ/kg, calcul exact
10, 8 kg ), vaporisation de 1.5 kg d’eau (chaleur de vaporisation de l’eau à la pression atmosphé-
rique : 2500 kJ/kg, calcul exact 1, 6 kg).
Solaire : 1h de beau soleil, à midi sur un 1m2 de capteur.
3. Nucléaire : (ordre de grandeur milligramme)

8
Fission : 10 mg d’uranium naturel
Surgénérateur : 0, 1 mg
Fusion : 5µg d’hydrogène dans le soleil
4) Deux illustrations de transferts et conversions d’énergie

La centrale hydraulique (rendement de conversion '85%)

1 2 5
3 4

Eau dans le barrage Eau dans la conduite Eau entraîne la turbine

S = Volume fluide S = Volume fluide S = Turbine

C T
1 Ep 2 Ec 3 Ec

Turbine entraîne l’alternateur Electricité dans le conducteur

S = Rotor S = Conducteur

T C
4 Ec 5 Energ. elec

C : Conversion d’énergie possibles pertes d’energies (rendement)


T : Transfert d’énergie

9
Centrales thermiques : Fuel, Charbon (rendement de conversion '38%)

Centrales thermiques : Nucléaire (rendement de conversion '33%)

6
5
3 4

7
2
1

10
Ei= énérgie interne SOURCE CHAUDE

Arrivée du combustible Chaudière / Réacteur Dans les échangeurs

S = Combustible S = Combustible S = Fluide calop.

C T
Ei chimique Ei Calorifique 3 Ei
1 nucléaire 2

Génération de vapeur Turbine entraîne l’alternateur Electricité dans le conducteur

S = Fluide calop. S = Rotor S = Conducteur


C Ei T C
4 5 Ec 6 Energ elec
Ec

T
Echange avec la rivière

S = Fluide rivière SOURCE FROIDE

7 Ei

Ces deux exemples sont très instructifs car ils illustrent l’inégalité profonde entre les transformations
d’énergie. Dans le cas de la centrale hydraulique, le rendement est très bon (on peut théoriquement s’ap-
procher de 100 %) alors que dans le cas des centrales thermiques, le rendement est bien inférieur. En fait,
dans le deuxième cas, le rendement est fondamentalement limité. C’est la grande découverte de Sadi
Carnot (1796-1832). Ceci est aujourd’hui formalisé dans le second principe de la thermodynamique que
nous n’allons pas aborder dans ce cours. Il faut simplement retenir la dissymétrie entre les formes d’éner-
gies. Il est très facile de passer d’énergie mécanique en énergie calorifique : il suffit par exemple de faire
frotter une roue qui tourne pour qu’elle s’échauffe. En revanche, vous constatez dans les machines qui vous
entourent qu’il est nettement plus difficile de faire l’opération inverse, c’est-à-dire faire tourner une roue
à partir d’énergie calorifique. Vous pouvez aussi noter sur les deux exemples de centrales thermiques la
présence d’une source froide (il y a souvent une rivière à proximité d’une centrale). Le second principe nous
dit aussi qu’il faut céder de l’énergie à une source froide. C’est cette énergie cédée qui limite le rendement.

5) Classification des formes d’énergie (non traité en cours)


Formes nobles : Ce sont les énergies qui se convertissent presque entièrement et facilement entre elles
(bon rendement de conversion). Elles ont tendance à se convertir en chaleur. (Exemples : Energie méca-
nique (Ec , Ep ), énergie électrique.)
Formes dégradées : Ce sont les énergies que l’on oppose aux formes nobles (mauvais rendement de
conversion). (Exemples : Energie calorifique, énergie nucléaire)

Remarque : L’énergie chimique est dégradée (pétrole, charbon) car les réactions chimiques dégagent
de la chaleur (conversion totale en énergie calorifique) mais elles peuvent être nobles (accumulateurs,
piles) car converties directement en énergie électrique.

11
Chapitre III. Variables d’état, lois d’état

1 Variables d’état et état d’un système


Les systèmes auxquels nous nous intéressons dans ce cours contiennent en général un grand nombre de
particules, i.e. de variables nécessaires pour décrire le système. À notre échelle macroscopique néanmoins,
seules quelques variables permettent de complètement décrire l’état d’un système thermodynamique à
l’équilibre : ce sont les variables d’état.
Dans le cas d’un gaz, ces variables d’état peuvent être la température T , la pression p et le volume V
(il est possible de faire d’autres choix de variables, en considérant par exemple la masse volumique ρ du
gaz. Cette variable sera plus adaptée à une description locale du fluide). Dans le cas d’autres systèmes
thermodynamiques, comme un fil de métal ou de caoutchouc chauffé, ou encore une pile électrique, on
introduira d’autres variables d’état plus adaptées, comme la longueur L, la force extérieure appliquée F ,
la charge Q. . .

B Remarques.
1. Nous ne considérerons que des situations où l’état du système est défini de manière univoque par
les variables d’état. En mots simples :“L’état d’un corps ne dépend pas de son histoire”. Ex : À 1
bar (à peu près la pression atmosphérique moyenne) l’eau à 99.5 degrés Celsius est liquide, et à
100.5 degrés Celsius elle est à l’état de vapeur. On peut donc décrire l’état du système à un instant
donné, indépendamment de son histoire.
2. Nous allons aussi nous restreindre à des états définis par trois variables dont seules deux variables
seront indépendantes (on parle de systèmes divariants). La troisième variable se déduira des deux
autres. Cette relation entre les trois variables s’appelle une loi d’état, par exemple f (p, T, V ) = 0.

2 Exemples de lois d’état


2.1 Loi d’état des gaz
La loi d’état des gaz a été mise à jour entre le XVIIe siècle et XIXe siècle à travers trois expériences clés :
Les expériences de Boyle et de Mariotte (1661). Boyle conduisit en 1661 un expérience déter-
minante sur la nature de l’air. Celle-ci consiste à emprisonner dans un tube en J une certaine
quantité d’air à l’aide de mercure (voir figure 6). En augmentant la colonne de mercure de 760
mm, on augmente la pression d’une atmosphère (i.e. on double la pression appliquée sur le volume)
et on constate la diminution d’un facteur deux du volume d’air emprisonné. En faisant varier
la pression appliquée, on observe la variation du volume en proportion inverse de la pression 1
c’est-à-dire :
pV = constante. (1)
En 1676, Mariotte (n’ayant pas eu connaissance des travaux de Boyle) conduisit des expériences
analogues et retrouva ce résultat, mais il ajouta une information essentielle : l’expérience était réa-
lisée à température T constante. Nous pourrions également ajouter qu’elle était également conduite
à nombre de molécules n constant.
Les expériences de Charles et de Gay-Lussac (1802). Ces expériences permirent de démontrer
qu’un gaz confiné par un piston supportant une masse (expérience à pression p constante et nombre
de molécules n constant), le volume du gaz variait linéairement avec la température 2 en degrés K,
voir figure 7.
1. voir animation sur http://www.grc.nasa.gov/WWW/K-12/airplane/aboyle.html
2. voir animation sur http://www.grc.nasa.gov/WWW/K-12/airplane/aglussac.html

12
Figure 6 – L’expérience de Boyle consiste à comprimer un volume de gaz confiné dans un tube en J à
l’aide d’une colonne de mercure.
50

40
Volume (cm3)

30

20

10

0
-300 -200 -100 0 100 200
-273°C Température (°C)

Figure 7 – Résultats de l’expérience de Charles sur le comportement d’un gaz à pression constante. Ces
expériences montrent la linéarité du volume contenu dans l’enceinte avec la température en degrés Celsius
translatée de 273◦ : le volume du gaz est donc linéaire avec la température en degrés Kelvin K.

La loi d’Avogadro (1811). Cette loi, basée sur des observations expérimentales de Gay-Lussac,
stipule qu’à pression p et température T données, le volume V d’un gaz est une fonction du nombre
n de molécules qu’il contient 3 .
Ces trois lois peuvent donc se réécrire de façon synthétique en :
1


 loi de Boyle-Mariotte V ∝ à T et n constants,
p




 loi de Charles-Gay-Lussac V ∝T à p et n constants,




loi d’Avogadro V ∝n à p et T constants.

et se reformuler sous une seule équation


pV = nRT. (2)
C’est la loi des gaz parfaits. Ici, R est une constante de proportionnalité (la constante des gaz parfaits)
déterminée expérimentalement : R = 8.314 J·mol−1 ·K−1 .
On notera que la loi d’état des gaz réels est en fait plus complexe (cf TD), mais que la loi des gaz
parfaits fournit une bonne approximation du comportement des gaz réels à basse pression. Pour des
pressions plus élevées, on considérera plutôt des lois d’état incorporant davantage de physique, comme
celle de Van der Waals : p = ρrT /(1 − bρ) − aρ2 où ρ est la masse volumique du gaz, et a et b sont des
paramètres mesurés expérimentalement pour chaque gaz.
3. à noter qu’à l’époque où cette loi est formulée, la notion même de molécule ou d’atome est encore une hypothèse.

13
2.2 Les liquides
Les lois d’état des liquides peuvent être très simples. Les liquides sont généralement très peu compressibles,
et pour beaucoup d’applications la loi d’état ρ = constante suffira amplement. Cependant, comme pour la
loi des gaz parfaits, elle est approximative car pour certaines plages de température, il faut une description
plus précise. Par exemple, si on refroidit de l’eau pour l’amener de 4 à 0 degrés Celsius, on observe sa
dilatation (ρ diminue – mais très peu : de 0.01 % !). C’est un des rares fluides qui se comporte ainsi. La
glace est moins dense que l’eau (ρ de la glace est plus faible que ρ de l’eau) : les icebergs flottent et les
canalisations qui gèlent éclatent.

2.3 Les solides


Les lois d’état gouvernant les solides sont souvent affines (f (x, y) = ax + by + c) mais il existe des lois
plus exotiques. Par exemple la loi d’état d’un fil de caoutchouc prend la forme suivante :
F
   
V = nRT λ − λ−2 , (3)
A

où F est la force appliquée sur le fil, A la section droite du fil, n le nombre de molécules et λ = L/L0
la déformation du fil 4 (ici L0 et L dénotent respectivement la longueur à vide et la longueur courante
du fil). Cette loi d’état traduit le caractère thermo-rétractable du caoutchouc. Cette propriété étonnante,

Figure 8 – Gauche : un fil de caoutchouc soumis à une augmentation de température se contracte


spontanément. Droite : aspect typique d’une chaîne de polymère dans la configuration au repos et dans
la configuration étirée (tiré de Mark, “Rubber elasticity”, J. Chem. Educ., 58(11), 1981).

illustrée sur la figure 8, amène le caoutchouc à se contracter dès lors qu’il est soumis à une élévation de
température. L’origine de ce comportement prend sa source dans la nature microscopique du caoutchouc :
celui-ci est constitué d’un réseau de polymères que l’on peut assimiler à des “spaghetti moléculaires”.
Ceux-ci sont étirés dès lors que le fil est sujet à une tension, mais une élévation de température augmente
leur agitation thermique, les amenant à se reconformer sous forme de pelotes et réduisant d’autant leur
élongation.
Ces diverses lois d’état sont désormais appréhendées et comprises aujourd’hui dans le cadre de la physique
statistique, mais on notera que leur découverte et leur expression empirique est bien antérieure.

3 Représentation de la loi d’état


Dans le cas d’un système divariant, la loi d’état est représentée par une surface, c’est-à-dire que les
variables d’état du système sont contraintes d’être sur cette surface. La représentation graphique de la loi
d’état, i.e. de cette surface, s’effectue dans les trois dimensions de l’espace – ce qui est visuel mais peu
pratique à manipuler. Pour pouvoir localiser des états ou des chemins entre des états, on préfèrera utiliser
des projections qui sont alors des représentations planes. Afin de pouvoir identifier ces chemins de façon
univoque dans le cas d’un système divariant, il faut considérer deux projections.
À titre d’exemple, la loi d’état des gaz parfaits est représentée sur la figure 9. Sur cette figure on voit
à la fois la surface d’état ainsi que des plans de coupe de la surface suivant les plans (p, V ), (p, T ) et
(T, V ). Sur chacun de ces plans de coupe, la valeur d’une variable d’état est fixée. Par exemple, les plans
4. En remarquant que F/A a la dimension d’une pression, on remarquera la similitude de cette équation d’état avec celle
des gaz parfaits.

14
horizontaux correspondent à des évolutions où la pression est fixée : ce sont des évolutions isobares. En
projection dans le plan (V, T ) il apparaît que ces évolutions isobares se ramènent à des droites. Cela se
comprend à partir de la loi d’état pV = nRT : à pression imposée, cette loi se réduit à V = nRT /p soit
V = cte × T . De même, les évolutions isothermes sont des hyperboles dans le plan (p, V ) : p = cte/V ,

Figure 9 – Représentation de la loi d’état des gaz parfaits pV = nRT .

et les évolutions isochores (à volume constant) sont également représentées par des droites dans le plan
(p, T ) : p = cte × T .

15
Chapitre IV. Transformations de base

1 Premier principe et variables d’état


Au chapitre 2, nous avons vu l’expression du premier principe, qui traduit la conservation de l’énergie :

∆E = W + Q, (1)

où l’énergie totale E est une variable d’état, tout comme T , p, V ou encore ρ. Par contre le travail W et
la chaleur échangée Q ne sont pas des variables d’état.
Il est à noter que dans le cas de figure où l’énergie cinétique Ec et l’énergie potentielle Epot sont négli-
geables, le premier principe se réduit à une expression pour la variation d’énergie interne U :

∆U = W + Q. (2)

U est une variable d’état. Dans toute la suite du cours, nous n’étudierons que des systèmes où Ec et Epot
sont négligeables et nous utiliserons donc la forme simplifiée du premier principe donnée par (2).

B Une conséquence importante du premier principe. “W + Q” est une variable d’état donc
indépendante du chemin suivi. Cela autorise la décomposition de la transformation pour aller d’un état 1
à un état 2 en une succession de chemins simples (éventuellement fictifs) sur lesquels on pourra facilement
décrire les changements thermodynamiques (parce que e.g. une variable est constante).

2 Travail élémentaire, quantité de chaleur élémentaire et coefficients


calorifiques
2.1 Travail élémentaire des forces de pression (vu au TD1) :
Lors d’une transformation réversible (c’est-à-dire suffisamment lente) où seules les forces de pression
extérieures exercent un travail, on a :
δW = −p dV. (3)
Remarque : La variation d (différentielle exacte) est associée aux variables d’état et on sait intégrer entre
deux états, mais ce n’est pas le cas pour la variation δ, qui dépend du chemin suivi !

2.2 Quantité de chaleur élémentaire


Pour un système divariant, la quantité de chaleur s’exprime en fonction des deux variables d’état indé-
pendantes que l’on a choisies. Par exemple, dans le cas du gaz parfait, on considérera au choix l’une des
deux expressions suivantes pour l’échange élémentaire de chaleur δQ :

δQ = nC¯V dT + p dV, (4a)

δQ = nC¯p dT − V dp, (4b)


où les coefficients C¯V et C¯p sont respectivement la capacité thermique (ou capacité calorifique) molaire à
volume constant et la capacité thermique molaire à pression constante. Unité : J·mol−1 ·K−1 .
Le choix de la relation la plus pertinente dépend du problème considéré. Par exemple, si l’évolution est à
volume constant on préférera l’expression (4a) qui se simplifiera en :

δQ = nC¯V dT.

Au contraire si l’évolution est isobare, on privilégiera la seconde forme (4b) qui donnera :

δQ = nC¯p dT.

16
B Remarques :
• C¯V et C¯p dépendent du matériau (cuivre, eau ...), de sa phase (solide, liquide, vapeur) ainsi que
des variables d’états (p, T , V , ...).
• C¯p et C¯V sont > 0.
• Si, dans le cas des gaz, C¯p et C¯V sont différents, on a, en général, C¯p ' C¯V pour les liquides et les
solides.
• Dans la pratique, C¯p et C¯V sont mesurés expérimentalement. Dans la table ci-dessous on reporte la
diversité des valeurs de cp (capacité thermique par unité de masse de substance, unité J·kg−1 ·K−1 )
pour les gaz, les liquides et les solides :

Matériau Phase cp
Air sec gaz 1005
Hélium gaz 5190
Hydrogène gaz 14300
Eau liquide 4186
Huile liquide ' 2000
Mercure liquide 139
Aluminium solide 900
Diamant solide 502
Or solide 129

Table 1 – Différentes valeurs de capacités thermiques massiques à pression constante cp exprimées en


J·kg−1 ·K−1 (extraites de https://fr.wikipedia.org/wiki/Capacité_thermique_massique).

• Pour un gaz parfait, on a la relation de Mayer suivante : C¯p − C¯V = R. On définit également la
rapport des capacités thermiques γ = C¯p /C¯V = cp /cV (c’est une constante caractéristique du gaz,
e.g. γ = 1, 4 pour l’air)
• Simplification : notons enfin que l’on considère souvent C¯p et C¯V comme des constantes vis-à-vis
des évolutions du système.

3 Transformations thermodynamiques réversibles de base, dans le cas


d’un gaz parfait, avec C̄p et C¯V constants.
Nous allons maintenant montrer comment on peut utiliser la loi des gaz parfaits, le premier principe et
les relations (4a-4b) afin d’analyser des transformations élémentaires où une variable d’état sera fixée. À
chaque fois, nous représenterons ces transformations dans un diagramme (p, T ) et dans un diagramme
(p, V ). Suivant la convention internationale de la thermodynamique, nous compterons positivement tout
ce qui est reçu par le gaz, et négativement tout ce qui est cédé.

3.1 Transformation à pression p constante (isobare)


Commençons par considérer un échauffement isobare, depuis un état 1 jusqu’à un état 2. Pour une telle
transformation, on a T2 > T1 et donc V2 > V1 (en utilisant pV = nRT , avec p = constante).

17
1 2 2 1

Évaluons les énergies échangées au cours de cette transformation :


• la quantité de chaleur échangée Q12 (i.e. au cours de la transformation de 1 vers 2) est :
Z T2 Z V2 Z T2
Q12 = nC¯V dT + p dV = nC¯p dT = nC¯p (T2 − T1 ), (Q > 0).
T1 V1 T1

• le travail échangé au cours de la transformation est :


Z V2
W12 = −p dV = −p(V2 − V1 ) = −(p2 V2 − p1 V1 ) = −nR(T2 − T1 ), (W < 0)
V1

N.B. : le travail se visualise par “-” l’aire hachurée dans le diagramme (p, V ).
• la variation d’énergie interne est :

∆12 U = W12 + Q12 = −nR(T2 − T1 ) + nC¯p (T2 − T1 ) = n(C¯p − R)(T2 − T1 ) = nC¯V (T2 − T1 )

3.2 Transformation à volume V constant (isochore)


Considérons maintenant une compression isochore. Pour cette transformation, on a p2 > p1 et donc (en
utilisant pV = nRT , avec V = constante) T2 > T1 .

2 2

1
1

Calculons les énergies mises en jeu :


• Quantité de chaleur : Z T2
Q12 = nC¯V dT = nC¯V (T2 − T1 )
T1
• Travail : Z V2
W12 = −p dV = 0
V1
(le travail des forces de pression est nul).
• la variation d’énergie interne est :

∆12 U = W12 + Q12 = nC¯V (T2 − T1 )

18
3.3 Chemins isobare + isochore. Variation d’énergie entre deux états quelconques
Nous avons montré que ∆U = nC¯V ∆T aussi bien pour un chemin isobare que pour un chemin isochore.
Prenons alors deux états quelconques (1) et (2) sur la surface d’état. On peut toujours introduire un
chemin fictif de l’un à l’autre composé d’une transformation isobare (de (1) à (1’)) et d’une transformation
isochore (de (1’) à (2)). On a alors ∆(110 ) U = nC¯V (T10 − T1 ) et ∆(10 2) U = nC¯V (T2 − T10 ), d’où ∆(12) U =
nC¯V (T2 − T1 ).
Cette décomposition est bien sûr toujours valide pour une portion élémentaire de chemin, et il vient
dU = nC¯V dT pour un gaz parfait 5 ; la variation d’énergie interne, et, par extension, l’énergie interne
d’un gaz parfait elle-même, n’est fonction que de la température. Cette relation a pour la première fois
été obtenue expérimentalement par Joule en 1843.

3.4 Transformation isotherme (à température constante)


On considère maintenant l’exemple d’une détente isotherme. Pour une telle transformation, on a p2 < p1
d’où V2 > V1 (en utilisant pV = nRT )

1 1

2 2

Calculons maintenant les énergies mises en jeu :


• Travail : Z V2 Z V2 dV
Z V2
dV
W12 = −p dV = −nRT = −nRT
V1 V1 V V1 V
V2 V1 p2
= −nRT (ln(V2 ) − ln(V1 )) = −nRT ln = nRT ln = nRT ln .
V1 V2 p1
Comme V2 > V1 , on a donc W12 < 0.
• Comme vu précédemment, la variation d’énergie interne est donnée par ∆(12) U = nC¯V (T2 − T1 ),
donc :
∆12 U = 0.
car la transformation est isotherme.
• Quantité de chaleur échangée Q12 : on utilise le premier principe ∆12 U = 0 = W12 + Q12 , d’où
directement :
V2
Q12 = −W12 = nRT ln ,
V1
et on a Q12 > 0.

3.5 Transformation adiabatique (sans échange de chaleur avec l’extérieur Q = 0).


Prenons enfin l’exemple d’une détente adiabatique. Les énergies mises en jeu s’obtiennent directement :
• La variation d’énergie interne est donnée :

∆12 U = nC¯V (T2 − T1 ).


5. Nous aurions pu obtenir en fait directement ce résultat à partir de (3) et de (4a)

19
• Quantité de chaleur échangée :
Q12 = 0
car la transformation est adiabatique.
• Travail : on utilise le premier principe ∆12 U = nC¯V (T2 − T1 ) = W12 + Q12 , d’où on déduit :

W12 = −nC¯V (T2 − T1 )

Notons que nous n’avons pas eu besoin de recourir aux détails de la transformation adiabatique
(loi de Laplace) pour obtenir ce bilan énergétique.

4 Pour aller plus loin


4.1 Relation de Mayer.
Les capacités caloriques molaires à volume constant C̄V et à pression constante C̄p correspondent, on
l’a vu, à l’énergie nécessaire pour élever la température d’une mole de matière d’un degré Kelvin. Mais
l’énergie à fournir pour élever la température d’une substance à pression constante sera plus importante,
car une portion de cette énergie sera convertie en travail sur les frontières du domaine, i.e. C̄p > C̄V .
Quelle est exactement la différence entre ces deux quantités ?
En repartant des expressions de la chaleur élementaires (4a) et (4b), et en considérant l’expression du
travail élémentaire 3, on peut écrire le premier principe comme :

dU = n C¯V dT,

ou
dU = n C¯p dT − p dV − V dp = n C¯p dT − d (pV ) .
Remarquons que cette dernière expression peut se réécrire comme :

dH = n C¯p dT.

où H = U + pV est l’enthalpie, qui est aussi une variable d’état ne dépend que de la température. En
utilisant la loi des gaz parfaits pV = nRT , on peut également réécrire cette expression sous la forme :
 
dU + nR dT = n C¯p dT = n C¯V + R dT, .

On en déduit la relation de Mayer :


C¯p = C¯V + R. (5)

4.2 Loi de Laplace et forme d’une adiabatique


La thermodynamique macroscopique permet de déterminer les variations de l’énergie interne U , mais pas
sa valeur absolue. Celle-ci peut être calculée avec les outils de la physique statistique et on peut montrer
que pour un gaz parfait :
U = α nRT,
où α = m/2, et m est le nombre de degrés de liberté activés à l’échelle de la molécule (typiquement m = 3
pour un gaz monoatomique correspondant aux trois directions de translation, et m = 5 pour un gaz
diatomique aux températures ambiantes – les deux degrés de liberté additionnels provenant de la rotation
de la molécule). On en déduit alors :

dU = α nR dT = n C̄V dT,

et
C̄V = αR.

20
Notons que la relation de Mayer nous permet de déduire :

C̄p = (α + 1) R.

Dans le cas d’une transformation adiabatique, δQ = 0 et le premier principe s’écrit simplement :

dU = −p dV.

Prenons maintenant la différentielle de la loi des gaz parfaits, il vient :


1 1
p dV + V dp = nR dT = dU = − p dV,
α α
que l’on peut réécrire comme :
(1 + α) p dV + αV dp = 0
ou encore :
γ p dV + V dp = 0,
α+1 m+2 C¯p
où γ = α = m = C¯V
est le rapport des chaleurs spécifiques. En considérant les valeurs de m énoncées
plus haut, il appraît que γ = 35 pour un gaz monoatomique et γ = 7
5 pour un gaz diatomique tel que l’air.
Séparons les variables dans la dernière équation :
dV dp
γ =− ,
V p
qui s’intègre entre un état initial 0 et l’état courant comme :
Z V Z p
dV dp
γ =− ,
V0 V p0 p

ce qui donne :
V p
   
γ ln = − ln ,
V0 p0
soit, au final :
pV γ = p0 V0γ = cte. (6)
c’est la loi de Laplace.

B Forme d’une adiabatique. La loi de Laplace permet de représenter une évolution adiabatique dans
le diagramme indicateur (p, V ) :

Isotherme

Adiabatique

En effet, de cette loi il découle p ∝ 1/V γ , i.e. les adiabatiques sont plus pentues que les isothermes. Cela
se comprend car une compression adiabatique entraînera un échauffement, accroissant ainsi la pression
par rapport au cas de la compression isotherme. Inversement, une détente adiabatique sera associée à un
refroidissement qui accentuera la chute de pression.

21
B Énergétique des transformations adiabatiques. Recalculons les variations d’énergie intervenant
dans une transformation adiabatique “frontalement” à l’aide de la loi de Laplace. Imaginons une évolution
adiabatique d’un état 1 vers un état 2. Lors d’une telle transformation on aura :

pV γ = C = p1 V1γ = p2 V2γ ,

où C est une constante. Il vient alors :


• Travail : V2
Z V2 Z V2
dV

1
W12 = − p dV = −C =C V 1−γ
V1 V1 Vγ γ−1 V1
soit
1   1
W12 = P2 V2γ V21−γ − P1 V1γ V11−γ = nR∆T = nC̄V ∆T.
γ−1 γ−1
• Chaleur : elle est nulle dans une transformation adiabatique.
• Énergie interne : par le premier principe, on retrouve donc le résultat établi précédemment

∆12 U = nC̄V ∆T.

22
Chapitre V. Notion de cycle

1 Interprétation géométrique d’une intégrale


Considérons une fonction f (x) quelconque. L’intégrale I = ab f (x) dx correspond à l’aire contenue entre
R

la représentation graphique de f (x) et l’axe des abscisses, et qui sera comptée positivement si f (x) est à
valeurs positives et si b > a (voir figure 10).
À noter : si l’intégration se fait dans le sens des x décroissants, l’aire sera comptée négativement, comme
indiqué sur la figure 10.

+ _

Figure 10 – Signification géométrique de l’intégrale d’une fonction f (x).

2 Cycle moteur
2.1 Transformations élémentaires
Une transformation thermodynamique d’un état 1 à un état 2 peut se représenter graphiquement dans le
diagramme indicateur (p, V ), initialement proposé par James Watt puis popularisé par les travaux d’Emile
Clapeyron. Imaginons par exemple la détente représentée sur la figure 11. L’aire contenue sous la courbe
de la transformation est !
Z V2 Z V2
p dV = − −p dV = −W
V1 V1

1 1
Détente Détente
Compression
2 + 2
_

Figure 11 – Lecture géométrique du travail exercé lors d’une transformation thermodynamique.

23
Notons que la transformation s’effectuant dans le sens des volumes croissants (détente), l’intégrale est
positive donc le travail reçu par le gaz est négatif. D’après la convention du portefeuille, le gaz fournit
donc du travail au milieu extérieur lors de cette transformation. Inversement si l’on considère désormais
une compression pour revenir de l’état 2 à l’état 1, les volumes seront parcourus dans le sens décroissant et
l’aire (l’intégrale) sera comptée négativement : le gaz recevra donc du travail de la part du milieu extérieur
lors de la compression.

2.2 Un cycle complet


On envisage maintenant un cycle complet 1-2-1 constitué des deux transformations élémentaires pré-
cédentes. Lors d’un tel cycle, la somme des travaux fournis et reçus peut se lire comme indiqué sur la
figure 12. Il est à noter que l’aire comprise sous la courbe de compression sera comptée d’abord positive-

1 1

+ +
2 2
+ _

Figure 12 – Travail net effectué lors d’un cycle.

ment puis négativement, et ne donnera donc lieu à aucune contribution dans l’expression du travail net.
L’aire du cycle lui-même sera quant à elle comptée positivement si le cycle est parcouru dans le sens
horaire : à chaque fois qu’un tel cycle est parcouru, le gaz fournit donc un travail au milieu extérieur
correspondant exactement à cette aire.

3 Le cycle de Carnot
Nous avons maintenant tous les outils pour analyser une machine thermique. Revenons donc sur la machine
(théorique) de Carnot présentée à la figure 2, et analysons en détail les divers ingrédients du cycle.

3.1 Analyse des éléments du cycle de Carnot


B Détente isotherme 1 → 2. Lors de la détente, la variation d’énergie interne sera nulle et on aura :
V2 V2
   
W12 = −nRTc ln et Q12 = nRTc ln
V1 V1
Ici le travail est fourni à l’extérieur et le gaz reçoit de la chaleur : c’est un temps moteur.

B Détente adiabatique 2 → 3. La détente se poursuit de façon adiabatique de 2 à 3 de sorte à


refroidir le gaz :
W23 = n C¯V (Tf − Tc ) et bien sûr Q23 = 0,
où Tf et Tc dénotent respectivement la température de la source froide et celle de la source chaude. Dans
cette deuxième détente le travail est à nouveau fourni par le gaz au milieu extérieur : il s’agit à nouveau
d’un temps moteur.

24
Figure 13 – Le cycle d’Atkins.

B Compression isotherme 3 → 4. On a pour cette phase :


V4 V4
   
W34 = −nRTf ln et Q34 = nRTf ln
V3 V3
Cette fois le gaz reçoit du travail du milieu extérieur et cède de la chaleur.

B Compression adiabatique 4 → 1. La dernière phase permet de faire remonter la température du


gaz :
W41 = n C¯V (Tc − Tf ) et Q41 = 0.

3.2 Rendement du cycle de Carnot


Pour caractériser l’efficacité d’un moteur, on calcule son rendement η, défini de la façon suivante :
transfert utile |W |
η= =
Qreçue Qreçue

Si le système parvient à convertir intégralement toute la chaleur reçue en travail utile, le rendement serait
de 1. Calculons η pour le cycle de Carnot :

nRTc ln VV21 − nRTf ln VV34 V


Tf ln V43
η= =1−
nRTc ln VV21 Tc ln VV2
1

En utilisant les relations entre pression et volume de chaque transformation, à savoir : p1 V1 = p2 V2 ,


p2 V2γ = p3 V3γ , p3 V3 = p4 V4 et p4 V4γ = p1 V1γ , on déduit :
γ−1
V1 V3 V2 V3

p1 = p1 soit =
V2 V4 V1 V4
et finalement
Tf
ηcarnot = 1 − (7)
Tc
On peut montrer que ce rendement est optimal. Un point important est ici de noter que le rendement est
fondamentalement limité : on ne peut pas convertir toute la chaleur en travail.

4 Le cycle d’Atkins
Le cycle de Carnot fait intervenir une succession de transformations et est assez compliqué. Ne pourrait-
on pas imaginer un moteur beaucoup plus simple ? La figure 13 présente un cycle extrêmement simple,
constitué d’une seule isotherme parcourue dans un sens, puis dans un autre. Ce moteur produit bien un
travail lors de la détente isotherme ! Mais il présente un problème : pour revenir à la situation de départ

25
et amorcer un nouveau cycle, il faut que le gaz reçoive tout le travail qu’il a fourni : le travail net est donc
nul (comme on peut le voir à partir de l’aire du cycle), et ce moteur est inutile.
L’intérêt du cycle d’Atkins est de mettre en lumière les éléments constitutifs importants d’un moteur.
Notamment, pour récupérer un travail net, il faut rendre la compression plus facile. Ceci peut être possible
si on refroidit le gaz. Un moteur fournissant un travail nécessite donc une source froide et une source
chaude. Mais si on refroidit le gaz, on accepte de perdre une partie de l’énergie ! Carnot voyait les machines
thermiques comme des moulins à calorique, ce fluide hypothétique incarnant la chaleur. Si le calorique, en
réalité, n’existe pas, les machines thermiques sont bien des moulins, mais à énergie, dont seule une partie
est prélevée sous forme de travail. Il s’agit là d’une illustration de la dissymétrie fondamentale qui existe
entre chaleur et travail, et qui est à la base du second principe de la thermodynamique.

5 Un exemple concret : le monte-charge thermique


Après ces exemples théoriques, on s’intéresse maintenant à une machine thermique pouvant être réalisée
expérimentalement : le monte-charge thermique (voir démo en cours). L’analyse précise de chacune des
séquences du cycle seront vus en cours ainsi qu’au TD4.
Transformation 1 à 2 isochore.
On place la masse sur la plateforme, la butée basse bloque le piston, on chauffe le gaz de T1 à T2 , la
pression augmente jusqu’à P2 (équilibre poids/forces de pression).
1111111111111111111111111111
0000000000000000000000000000
0000000000000000000000000000
1111111111111111111111111111
0000000000000000000000000000
1111111111111111111111111111
0000000000000000000000000000
1111111111111111111111111111
p
0000000000000000000000000000
1111111111111111111111111111
2 3
0000000000000000000000000000
1111111111111111111111111111
0000000000000000000000000000
1111111111111111111111111111
0000000000000000000000000000
1111111111111111111111111111
0000000000000000000000000000
1111111111111111111111111111
0000000000000000000000000000
1111111111111111111111111111
1 4
0000000000000000000000000000
1111111111111111111111111111
0000000000000000000000000000
1111111111111111111111111111
0000000000000000000000000000
1111111111111111111111111111 v
0000000000000000000000000000
1111111111111111111111111111
Butées
0000000000000000000000000000
1111111111111111111111111111
0000000000000000000000000000
1111111111111111111111111111
p
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1111111111111111111111111111 3
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GAZ
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CHAUD 1
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Transformation 2 à 3 isobare.
On continue le chauffage du gaz de T2 à T3 , le gaz se dilate à pression constante, le piston monte la masse,
le piston arrive à la butée haute.
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0000000000000000000000000000
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p
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Butées
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GAZ
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CHAUD 1
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4
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1111111111111111111111111111 T

Transformation 3 à 4 : isochore.
On enlève la masse de la plateforme, la butée haute bloque le piston, on refroidit de T3 à T4 , la pression
décroit jusqu’à P4 (équilibre avec la pression atmosphérique).

26
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0000000000000000000000000000
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3

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Butées
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GAZ p 3
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FROID 1 4
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1111111111111111111111111111 T

Transformation 4 à 1 isobare.
On continue de refroidir, le gaz se contracte, le piston arrive contre la butée basse.

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p
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1 4
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Butées
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27
Chapitre VI. Le moteur Stirling

Nous avons maintenant construit tous les outils nécessaires pour comprendre le fonctionnement du moteur
de Stirling présenté en introduction de ce cours (figure 14).

Figure 14 – Maquette du moteur de Stirling présentée en cours.

1 Modélisation du moteur
Le moteur de Stirling présenté en cours est une des nombreuses déclinaisons de ce moteur 6 . Il consiste
en une enceinte close contenant un gaz pouvant être comprimé, détendu ou déplacé par le biais de deux
pistons : un piston moteur (le plus petit) comprimant ou détendant le gaz et un piston de déplacement
(le plus large) dont le seul rôle est de déplacer le gaz alternativement de la partie haute en contact avec
la source froide à la partie basse en contact avec la source chaude.
1.0 1.0 1.0

PISTON MOTEUR PISTON MOTEUR PISTON MOTEUR


0.5 0.5 0.5

π/2 π 3π/2 2π π/2 π 3π/2 2π 1 2


DÉTENTE DÉPLACEMENT
3
COMPRESSION
4 1
DÉPLACEMENT
ISOTHERME π/2 ISOCHORE π ISOTHERME 3π/2 ISOCHORE 2π

-0.5 -0.5 -0.5

PISTON DÉPLACEMENT PISTON DÉPLACEMENT PISTON DÉPLACEMENT


-1.0 -1.0 -1.0

Figure 15 – Gauche : mouvement réel des pistons au cours d’une rotation du volant d’inertie. Milieu :
approximation du mouvement des pistons considérant que chaque piston est alternativement à l’arrêt.
Droite : Correspondance du mouvement avec les transformations thermodynamiques subies par le gaz
contenu dans le moteur.

Un point fondamental dans le fonctionnement du moteur Stirling est que le mouvement des pistons
est déphasé de π2 , comme indiqué sur la figure 15. Ceci signifie que lorsqu’un piston est en mouvement,
l’autre est pratiquement à l’arrêt. Pour simplifier l’analyse qui suit, nous allons commencer par approximer
le mouvement des pistons comme indiqué sur la figure 15 milieu. Ainsi, le fonctionnement du moteur est
simplifié et peut être réduit à une séquence de quatre phases s’enchaînant : une détente isotherme, un
déplacement isochore (refroidissement/détente), une compression isotherme et à nouveau un déplacement
isochore (cette fois-ci un réchauffement/compression), comme indiqué sur la figure 16.
6. en l’occurrence une version gamma LTD – Low Temperature Difference.

28
Figure 16 – Séquence de 4 phases dans le fonctionnement du moteur de Stirling : détente isotherme,
déplacement isochore, compression isotherme et déplacement isochore.

Dans les diagrammes indicateurs (p, V ) et (p, T ) ces transformations sont représentées comme suit :

1 1

2
4 2
4
3 3

2 Énergétique des transformations


Analysons maintenant le bilan énergétique de chacune des phases.

B Détente isotherme 1→2. On a :


Z V2
V2 V2
   
W12 = − p dV = −nRTc ln (< 0) et Q12 = nRTc ln
V1 V1 V1

Ici le travail est fourni et la chaleur reçue : il s’agit d’un temps moteur.

B Déplacement isochore 2→3. Lors de cette phase le fluide est déplacé pour être mis en contact avec
la source froide, et donc céder de la chaleur à l’extérieur :

W23 = 0 et Q23 = nC̄V (Tf − Tc )

Seule de la chaleur est perdue vers le monde extérieur dans cette phase.

B Compression isotherme 3→4. On a :


V4 V4
   
W34 = −nRTf ln (> 0) et Q34 = nRTf ln
V3 V3
or V4 = V1 et V3 = V2 donc
V2 V2
   
W34 = nRTf ln (> 0) et Q34 = −nRTf ln
V1 V1
Ici le travail est reçue et la chaleur fournie.

29
B Déplacement isochore 4→1. Dans cette dernière phase le fluide est déplacé pour être mis en contact
avec la source chaude, et donc récupérer de la chaleur afin de pouvoir recommencer le cycle :

W23 = 0 et Q23 = nC̄V (Tc − TF )

La chaleur Q41 est reçue par le gaz.


En résumé, les échanges énergétiques avec le monde extérieur peuvent être représentés graphiquement
comme suit :

2
4
3

3 Rendement (première approximation)


Évaluons maintenant a priori le rendement η du moteur Stirling. Il vient :

transfert utile |W |
η= =
chaleur reçue Qreçue

En utilisant I
dU = 0 = ΣW + ΣQ = 0

on déduit :
|W | = −ΣW = ΣQ
et  
Tc V2
Q12 + Q23 + Q34 + Q41 Q23 + Q34 Tf nC̄V Tf − 1 + nR ln V1
η= =1+ =1−  
Q12 + Q41 Q12 + Q41 Tc nC̄V 1 − Tf + nR ln V2
Tc V1

Tc Tf
Comme Tf −1>1− Tc on déduit :
ηstirling < ηcarnot

4 Le régénérateur
En réalité, nous avons omis dans notre modélisation un point clé du moteur Stirling : le régénérateur. Le
piston déplaceur peut en effet récupérer la chaleur du fluide en même temps qu’il le déplace. Autrement
dit, lors de la phase 2→3, le piston absorbe Q23 et refroidit le fluide de façon à ce qu’il soit à déjà à
Tf lorsqu’il arrive en contact avec la source froide. Inversement, lors de la phase 4→1, le fluide récupère
la chaleur stockée dans le régénérateur pour être amené à Tc avant d’être mis en contact avec la source
chaude. Le régénérateur permet d’éviter que de la chaleur soit perdue inutilement dans chaque cycle 7 .
7. Notons que le régénérateur joue donc un rôle analogue aux phases de compression/détente adiabatiques dans le cycle
de Carnot.

30
Dans cette vision corrigée, Q23 et Q41 sont des chaleurs échangées au sein du système, et non plus avec
le monde extérieur : elles ne doivent donc plus apparaître dans le bilan énergétique du système qui peut
donc se représenter graphiquement comme :

RÉG
ÉNÉR
2
ATI
O N
4
3

Évaluons maintenant le rendement corrigé par cette nouvelle approximation :


Q12 + Q34 Tf
η= =1−
Q12 Tc
Donc si on prend en compte l’action du régénérateur :

ηstirling = ηcarnot !

Le cycle de Stirling (parfait) est donc aussi efficace que le cycle de Carnot.

5 Cycle réel
Plusieurs approximations ont été commises dans notre analyse, comme le découplage des phases du cycle
ou l’idéalisation du régénérateur. Dans la pratique, le cycle de Stirling sera moins efficace, à cause des
points cités, mais aussi des pertes thermiques, frottements, etc. . . Sur la figure suivante, on montre l’allure
typique d’un cycle de Stirling réel, qui est inscrit dans le cycle idéal.

CYC 2
LE R
4 ÉEL

6 Applications
Le moteur Stirling est assez difficile à concevoir (d’ailleurs sa première réalisation expérimentale n’est
apparue que de nombreuses années après son invention théorique par Stirling). C’est un moteur beau-
coup moins flexible en termes de puissance que les moteurs à combustion interne, mais son rendement

31
important, la mise en œuvre de solutions techniques pour e.g. minimiser les frottements tout en mainte-
nant l’étanchéité de l’enceinte et surtout le fait que ce moteur puisse a priori fonctionner avec n’importe
quelle source de chaleur (combustible fossile classique, mais aussi énergie solaire, géothermie, énergie nu-
cléaire, biomasse...) l’ont fait percevoir ces dernières années comme une alternative énergétique écologique
attrayante. Ses domaines d’application sont essentiellement dans le spatial (Mars Rover), dans certains
prototypes de voitures hybrides, dans les sous-marins et également dans la cryogénie.

Figure 17 – Haut, gauche : Mars Rover équipé d’un moteur Stirling fonctionnant au plutonium. Droite :
AMC Spirit de 1979 équipée d’un moteur Stirling. Bas : sous-marin de classe Gotland de l’armée suédoise
équipé d’un Stirling anaérobie (propulsion indépendante de l’air) permettant d’étendre son endurance
sous-marine de quelques jours à quelques semaines.

32

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