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My Little Brasil se mobilise pendant la crise. Son arme ? La plume. Parole à notre
équipe et à nos lecteurs. Faites passer, faites savoir, témoignez vous aussi.
Certes, le Brésil a été tardivement touché par la pandémie. Mais le principe de précaution
aurait dû prévaloir. Or le gouvernement fédéral – pourtant au fait de la situation
internationale – a mis du temps à réagir. Le Président Jair Bolsonaro, garant des
institutions, multiplie en suivant Trump les discours totalement à contre-courant de la
communauté internationale, banalisant l’ampleur de la crise, dénonçant la mobilisation des
médias, des gouverneurs et des maires, appelant même au “déconfinement » et à la
réouverture des écoles dans son allocution télévisée retransmise mardi 24 mars.
Si aujourd’hui l’ensemble des 27 États du pays sont touchés, la majorité des cas
enregistrés se trouvent dans la région sud-est, soit la zone la plus peuplée. L’État de São
Paulo est le plus durement touché avec 810 cas déclarés, suivi par l’État de Rio de Janeiro
avec 305 cas. Le nombre de cas réels, personne ne le connaît.
Certes, plusieurs gouverneurs et maires ont déclaré l‘état d’urgence et pris des mesures
plus strictes pour contenir la propagation du virus : la totalité de l’État de São Paulo est
en quarantaine depuis mardi et la ville de Rio de Janeiro est désormais isolée, le transport
interurbain ayant été suspendu. Mais la mise en quarantaine n’affecte ni l’industrie ni les
services jugés “essentiels” à la population, parmi lesquels les banques, les loteries et les
pet shops. Le confinement est partiel et la gestion de la crise largement improvisée.
Face à l’aggravation de la
pandémie, quelles perspectives
pour le Brésil ?
Le Brésil compte 6329 favelas où s’entassent littéralement 11,4 millions de personnes,
soit 6% de la population. Les travailleurs informels, dont de nombreuses employées
domestiques, se sont subitement retrouvés sans travail, sans aucun filet de sécurité,
avec des enfants en bas âge à nourrir qui n’ont plus accès aux repas servis à la cantine,
puisque les écoles publiques ont toutes été fermées.
Du côté des prisons, les perspectives sont aussi noires. Le Brésil est, après les États-
Unis et la Chine, le pays qui compte le plus de détenus, 800.000 au total, 10 fois la
population carcérale en France, pour une population trois fois supérieure de 211
millions d’habitants. Nous prévoyons des mutineries, des évasions et… de nombreux
massacres.
Et pour le reste… Les hôpitaux publics possèdent 46.000 appareils d’assistance
respiratoire, mais moins de 30.000 lits de soins intensifs inégalement répartis sur le
territoire et occupés à 80%. Dans certains hôpitaux, qui deviendront rapidement des
mouroirs, les malades s’entassent déjà dans les couloirs. Selon le ministère brésilien de
la Santé, le système de santé publique, déjà défaillant, pourrait s’effondrer fin avril.
En résumé, les mesures prises par les autorités brésiliennes visent surtout à contenir la
propagation du COVID-19. Elles ne l’arrêteront pas. Loin de là. D’autant que si les expats
et les familles aisées se terrent désormais à domicile ou dans leur maison de campagne, la
majorité de la population brésilienne, peu ou mal informée, continue de sortir, les marchés
et les lieux de culte attirent encore la foule, les travailleurs dans l’industrie sont exposés.
Alexandrine Brami
My Little Brasil / Groupe IFESP
CEO e Founder