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Origine de la notion de « good enough mother »

Donald Winnicott, psychanalyste anglais, invente le terme de « mère suffisamment bonne » (« good
enough mother » en anglais) en 1953 puis définit plus précisément ce concept dans un ouvrage
éponyme. La Mère suffisamment bonne est un livre qui regroupe, dans sa traduction française, trois
articles : « La préoccupation maternelle primaire », « La mère ordinaire normalement dévouée » et
« La capacité d’être seul ».
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Qu’est-ce qu’une mère suffisamment bonne ?
La notion de « good enough mother » désigne l’attention normale portée par une mère à son bébé. Il
découle de l’attention très précise portée par D.Winnicott aux relations entre les mères et leurs bébés.
Il constate que le lien qui se construit entre eux nécessite une série d’ajustements corporels et
psychiques complexes qu’il définit à travers les notions d’ « holding », « handling » et « object
presenting ».
Une mère « tout juste acceptable »
Comme l’explique Chady Prévoteau, docteur en psychologie clinique, « La « mère suffisamment bonne
» est celle qui, en s’ajustant, répond aux besoins de son bébé mais laisse la place à une forme de
frustration, elle n’est ni trop longtemps absente, ni envahissante. » (C.Prévoteau, « la mère suffisamment
bonne, ni trop ni pas assez », Santé Mentale, n°220, Septembre 2017, p.12)
On voit combien Winnicott cherche à éviter tout excès d’idéalisation. Une mère n’a pas le devoir d’être
exceptionnelle, bien au contraire. De ce point de vue, la traduction française ne rend pas tout à fait compte
du sens anglais de l’expression. On pourrait plus justement traduire good enough mother par » mère
ordinaire normalement dévouée » ou peut-être encore plus justement » mère tout juste acceptable « .
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Mère suffisamment bonne et experts en parentalité
L’idée de mère suffisamment bonne est sans doute une des notions les plus actuelles de Winnicott. En
effet, dans les magazines de psychologie grand publique ou dans certaines théories actuelles parfois trop
normatives, on demande aux mères d’être des « super-mamans ». la société est traversée par un nombre
sans cesse grandissant d’impératifs et d’attentes concernant les « compétences parentales ». On parle ainsi
du « métier » de parent, notion qui laisse à penser que ce « métier » nécessiterait un apprentissage ou qu’il
en existerait des « experts ». Certains coachs revendiquent d’ailleurs le titre « d’expert en parentalité ».
Face à de tels écueils, la lecture des textes de Winnicott est essentielle et remet au premier plan l’humilité
du professionnel. L’invention du terme de « mère suffisamment bonne » est particulièrement intéressante.
En effet, Winnicott cherchait un titre pour une émission de télévision dans laquelle il parlerait du lien
mère-enfant. Comme il l’explique :
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« Je ne voulais pas dire aux auditeurs comment s’y prendre. D’ailleurs, je n’en savais rien. J’avais envie
de parler aux mères de ce qu’elles font bien, de ce qu’elles font bien simplement parce que chaque mère
est dévouée à la tâche qui lui incombe, à savoir les soins nécessaires à un nourrisson, éventuellement à
des jumeaux. Je lui dis que, normalement, les choses se passent ainsi et qu’il est exceptionnel pour un
bébé de commencer sa vie sans bénéficier des soins d’une telle spécialiste »

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