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Béton Armé – M Chemrouk

Chapitre I
Concepts de calcul aux états limites

CHAPITRE I : CONCEPTS DE CALCUL AUX ETATS LIMITES

I. OBJECTIFS D’UN CALCUL DE STRUCTURES


Un calcul de structures vise trois objectifs :
- Premièrement : la structure doit être en sécurité. Toute personne exige à ce que la structure
qu’elle occupe soit en sécurité et ne menace pas d’effondrement (sécurité
adéquate).
- Deuxièmement : la structure doit pouvoir répondre aux besoins pour lesquels elle a été
conçue et ceci pour toute sa durée de vie (durabilité adéquate).
- Troisièmement : la structure doit être économique, que ce soit du point de vue coût de
construction ou de maintenance dans le temps (économie adéquate).
Dans ce travail le processus d’analyse et de calcul structural, l’ingénieur est guidé par des
documents techniques et des règlements établis par des ingénieurs expérimentés.

II. PHILOSOPHIE DE CALCUL AUX ETATS LIMITES


Selon la philosophie de calcul aux états, une structure ou une partie de structure devient
inutilisable quand elle atteint un ÉTAT LIMITE, défini comme étant un état particulier dans
lequel la structure cesse de remplir la fonction pour laquelle elle a été conçue (rupture –
effondrement) ou de satisfaire les conditions exigées et préalablement établies pour son
fonctionnement (conditions de servicibilté).
Ainsi, deux types d’état limite peuvent être atteints:

a)- UN ETAT LIMITE ULTIME (ELU)


Cet état limite est atteint quand la structure ou une partie de la structure se casse. La ruine
peut être due :
- A la rupture d’un ou plusieurs éléments de la structures après que l’un des matériaux (béton
ou acier) ait atteint sa capacité maximale de résistance.
- A la rupture d’un ou plusieurs éléments par instabilité (flambement).

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L’exemple du flambement d’une plaque en béton armé ci-dessous illustre ce cas :

Fig.1 : Rupture par Flambement d’une plaque testée par l’auteur dans son travail
de recherche doctorale (M. Chemrouk, 1988).

-A la perte d’équilibre globale de la structure en tant que corps rigide.


L’exemple d’un mur de soutènement illustre ce cas.

Moment de renversement par


rapport au point A :
Mr = P x a
P (Pression du sol)
Moment de d’équilibre :
ME = G1 x b a

A
G1 (Poids du sol)

- Si ME ≥ MR ; alors l’équilibre du mur est assuré.


- Si ME < MR ; alors le mur de soutènement perd son équilibre et se renverse par rapport au
point A quelque soit la capacité de résistance de ce mur.

b)- UN ETAT LIMITE DE SERVICE (ELS)


Cet état limite est atteint quand :
- Les flèches (déformations) sont suffisamment importantes dans la structure ou une partie de
la structure.

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- La compression du béton est importante.
- Les fissures sont excessives en ouverture.
Une structure est souvent dimensionnée de telle manière que la flèche dans tous les membres
de cette structure ne dépasse pas une certaine limite au-delà de laquelle l’apparence de la
structure est sérieusement affectée et des désordres peuvent apparaître telle que la fissuration
des cloisons ou du carrelage dans une dalle trop fléchie.
Ceci est aussi le cas pour la fissuration qui ne doit pas dépasser certaines limites en ouverture,
selon le type de la structure. Une fissuration excessive peut affecter l’apparence de la
structure, peut causer la corrosion des aciers et peut affecter la fonction elle-même de la
structure (cas des réservoirs – château d’eau). De même, une compression importante du
béton peut être le signe de fissures importantes parallèlement à la direction des contraintes de
compression.
Ces deux derniers cas compromettent la durabilité de la structure.

La procédure de calcul en béton armé consiste à considérer les deux états limites
précédentes. Pour ce faire, deux démarches sont adoptées, menant aux mêmes résultats :
- 1ère démarche : la structure est souvent calculée à l’état limite ultime et ensuite vérifiée à
l’état limite de service ; c’est la démarche Anglo-saxonne.
- 2ème démarche : la structure est calculée à l’état limite ultime (ELU) et ensuite à l’état limite
de service (ELS) ; l’état le plus défavorable est retenu en finalité, c’est la méthode
Francophone, suivie aussi en Algérie.

Les ruines de structures sont souvent catastrophiques en béton armé ; c’est pourquoi, dans
tout calcul, la probabilité d’atteindre un état limite ultime (ELU) doit être très faible. Pour
répondre à cet objectif, la philosophie de calcul aux états limites a recours aux méthodes des
statistiques pour les variations de la résistance des matériaux formant la structure ainsi que
celles des charges agissant sur la structure.

III. RESISTANCES CARACTERISTIQUES ET CHARGES CARACTERISTIQUES


Les variations pouvant avoir lieu dans la pratique affectent aussi bien les résistances des
matériaux utilisés dans la structure que les charges agissant sur cette structure.
La résistance du béton représente un exemple concret des variations qui peuvent avoir lieu
dans la pratique. Par exemple, la résistance en compression des spécimens de béton (cylindres

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ou cubes) préparés d’une manière identique sous les conditions de laboratoire peut avoir des
valeurs différentes avec un coefficient de variation pouvant atteindre 20% .
Donc, dans une construction en béton armé, il n’est pas possible de spécifier que le béton doit
avoir une certaine résistance précise. Pour parer à ça, le calcul aux états limites utilise le
concept de résistance caractéristique qui signifie la résistance du béton qui a une forte
probabilité d’être atteinte ou dépassée.
Pour cela, il est admis dans cette philosophie de calcul aux états limites que les résistances du
béton (les résultats des spécimens de béton testés) suivent une distribution de probabilité
normale (loi normale) ; de cette loi, quelques paramètres sont utilisés ci-dessous :
- Soit n, le nombre de spécimens de béton testés et qui ont donné les résultats suivants :
f c1 ; f c 2 ; f c3 ;....... f ci ;........; f cn
- La valeur moyenne des résistances :


i n
f  f c 2  .........  f cn f ci
f c  c1  i 1

n n

- L’écart type :


( f ci  fc )2
n
- Le coefficient de variation :

 x 100
fc

Certains règlements universels traitant le calcul des structures en béton armé (BS 8110,
Eurocode 2, ACI 318) définissent la résistance caractéristique comme la valeur de la
résistance qui a 95 % de probabilité d’être atteinte ou dépassée. Le règlement BAEL définit
cette résistance comme celle qui a 90% de probabilité d’être atteinte ou dépassée.

Parmi les propriétés de la loi de distribution de probabilité normale, la probabilité qu’une


variable x  x  1,2 est très proche de 90 %, x est une variable identique à la résistance du

béton f ci , x est la valeur moyenne des variables x identique à f c et  l’écart type de

l’échantillon. Ceci veut dire que la probabilité que x , et donc f ci , dépasse ( x  1,2 ) est de

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90% et donc la résistance caractéristique telle que définie par le règlement BAEL peut être
écrite comme :
f ck  f c  1,2

f c = valeur moyenne des résistances de l’échantillon des spécimens testés

 = écart type de l’échantillon de spécimens testés


f ck = résistance caractéristique du béton, utilisée dans tout calcul de béton armé.

Celle définie par les autres règlements (BS8110, Eurocode 2, ACI 318) conduit a plus de
sécurité puisque elle a 95% de probabilité d’être atteinte ; elle est de la forme :
f ck  f c  1,64

Dans le concept de calcul aux états limites, la charge caractéristique représente la valeur de
la charge qui a une forte probabilité de ne pas être dépassée pendant la durée de vie de la
structure. Idéalement une telle valeur doit être déterminée à partir de la valeur moyenne et de
l’écart type. Cependant, à cause du manque de données statistiques, il n’est pas encore
possible d’exprimer les charges par une distribution probabilistique comme c’est le cas des
résistances.
Dans la pratique courante, les charges caractéristiques sont simplement des charges
auxquelles on est arrivé par un consensus qui les rend charges caractéristiques. Par exemple,
en Grand Bretagne, les charges données par le règlement CP3 : Chapitre V, Part.2 sont
considérées comme charges caractéristiques. Pour le règlement BAEL, le Tableau ci-dessous
donne une bonne approximation des charges caractéristiques d’exploitation pour les bâtiments
courants.

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IV.COEFFICIENTS DE SECURITE PARTIELS


Dans le calcul aux états limites, la charge utilisée pour chaque état limite est appelée "charge
de calcul" pour cet état limite et est le produit de la charge caractéristique par un coefficient
de sécurité partiel pour les charges  f

Charge de calcul =  f x charge caractéristique

Ce coefficient de sécurité partiel  f ou encore coefficient de pondération des forces, dépend

du type de la charge et de la combinaison de charges considérée (voir chapitre Actions-


Sollicitations). Le coefficient de pondération  f est utilisé pour couvrir les possibles

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augmentations de charge qui n’ont pas été considérées dans le calcul ou une évaluation non
précise des effets de charges.

D’une manière similaire, un coefficient de sécurité partiel pour le matériau est utilisé dans les
calculs pour donner une résistance de calcul à partir de la résistance caractéristique comme
suit :
1
Résistance de calcul = x (résistance caractéristique), avec  m  1
m
Le coefficient de sécurité partiel pour le matériau  m est utilisé pou couvrir les possibles
différences qui pourraient exister entre la résistance du matériau essayé au laboratoire et celle
du matériau utilisé réellement dans la structure, pour prendre en considération les défauts
localisés et enfin pour tenir compte des possibles erreurs d’évaluation de la capacité de la
section.
Les valeurs de  m ont été discutées au chapitre sur les Matériaux ;  m =1,5 pour le béton.

ANNEXE : Tableau donnant les poids volumique et les poids surfaciques des matériaux
servant pour le calcul des charges permanentes.

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