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Patrimoine archéologique : pillage, vandalisme et


indifférence des autorités
mercredi 6 mars 2024

 949

Tipasa : un patrimoine millénaire pillé, massacré.

L’absence d’entretien, l’abandon, voire la destruction du


patrimoine archéologique est en bonne voie. Bientôt,
les chercheurs en archéologie ne trouveront pas grand-
chose à expertiser ou étudier.

Il n’y a pas que la Casbah qui soit devenue un dépotoir. Le laisser-faire et


l’indifférence de l’administration devant le patrimoine national ne sont
plus une vue de l’esprit mais une réalité que tout un chacun peut
observer en flânant sur les sites archéologiques algériens.

Tipaza, site pourtant classé Patrimoine mondial en 1982 a été inscrit en


2002 –et jusqu’en 2006- sur la liste du Patrimoine en péril. Pour autant,
ni la ministre de la Culture, encline à donner des leçons sur la culture, ni
les services en charge du patrimoine ne semble s’en inquiéter.
Déjà, on s’en souvient, le réaménagement de son port a entraîné la
destruction irrémédiable de vestiges puniques. Les alertes des spécialistes
ont été balayées avec mépris par les autorités.

La bétonisation de la partie sud du village et du rempart sud de la cité


antique, l’extension des constructions illicites à l’intérieur même des parc
archéologiques gardés, font le reste pour faire disparaître ce patrimoine
qui semble gêner le narratif historique que soutiennent les différents
régime depuis l’indépendance. Les archéologues et passionnés des
vieilles pierre ont alerté aussi sur la mutilation du sarcophage des époux
dans le parc ouest, la destruction d’une partie de la mensa funéraire à
Sainte Salsa, sans qu’aucun responsable ne s’en émeuve.

Dégâts incommensurables
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Un atelier de conservation et de restauration des mosaïques a été ouvert


au cours de l’été 2018, avec le soutien de la Fondation Getty, après
transformation d’une bâtisse coloniale construite au milieu et sur des
vestiges antiques appartenant probablement aux grands thermes de
Tipasa.

La nouvelle doxa est de faire de ces lieux immémoriaux, de simples


espaces commerciaux. Lamentable destin ! Les conséquences sont déjà
visibles sur d’autres grands sites comme Timgad, Lambèse ou Djémila).
Les autorités penchent désormais plus à « trouver des solutions
économiques de rechange et adapter de nouveaux mécanismes
d’exploitation des sites du patrimoine » que la protection et la promotion
de notre patrimoine. A l’exemple de la « location aux enchères de la villa
Angelvy et ses espaces. Un restaurant et une cafétéria seront créés au
sein de la villa Angelvy avec une panoplie d’autres commerces…
Rappelons que l’urgence signalée depuis longtemps est d’installer à la
Villa Angelvy une annexe au Musée de Tipasa dont l’exiguïté ne permet
pas d’exposer nombre d’œuvres en sommeil depuis trop longtemps dans
les réserves, s’alarme un archéologue.

De graves manquements, ont été signalés officiellement en 2021 par


l’Unesco, dans la gestion du site de Tipasa classé au Patrimoine mondial :

Activités illégales

Activités de gestion

Destruction délibérée du patrimoine, vandalisme, pillage

Habitat

Impact d’activités touristiques et de loisirs incontrôlés

Infrastructures de transport maritime

Mauvaises conditions de conservation des vestiges archéologiques

Techniques de restauration inappropriées…

La menace de déclassement plane sur ce site. Mais comment réagirait le


Centre du patrimoine mondial s’il savait que la pluie tombe désormais à
l’intérieur du Musée de Tipasa, sur la mosaïque qui recouvre le sol de
l’unique salle d’exposition ?

En attendant, peut-être que le ministère de la Culture et des Arts que


dirige Mme Soraya Mouloudji se bougerait pour faire quelque chose !
Peu sûr malheureusement.

Samia Naït Iqbal

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