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(1829-1971)
LA VIE DE JÉSUS
PAR LE DOCTEUR STRAUSS.
(1) Pendant que la reformation est en proie à une crise prodigieuse, n'est-il pas incroyable
que nous n'ayons pas à Paris une faculté de théologie protestante qui nous représente ce
mouvement dans une discussion sévère? Se peut-il que nous soyons réduits là-dessus à des
articles de revue? Les immenses débats de la critique moderne, touchant les Ecritures et
l'histoire de l'église, se consommeront-ils sans que la France, qui a fondé l'exégèse sous
Louis XIV, ait aujourd'hui un mot à dire sur ces questions? Si c'est notre orthodoxie qui
nous retient, ne voit-on pas que l'application de l'intelligence aux matières de religion est
mille fois préférable à l'indifférence , et qu'il est des temps où , pour vivre , il faut combattre ?
Si c'est le dédain philosophique, je n'ai plus rien à dire. Ace mal je ne sais point de remôde.
(4.) Mous n'avons aucun mot sinopie pour exprimer sagen, traditions orales, populaires.
Mythe, ce mot sur lequel toute la question repose, n'appartient à la langue française ni du
xvne ni du xvine siècle. Celui de figure , tel qu'il était employé par Féneion, en matière de
religion , est peut-être celui qui en approche Je plus, surtout si l'on y joint l'idée d'une fic-
tion irréfléchie, formée du concours de l'imagination de tous , et que ceux-là même qui l'ont
conçue ont prise pour une réalité. Qui dit allégorie, au contraire, dit œuvre d'artifice. Ces
nuances sont indispensables pour l'intelligence de ce qui suit.
37.
(1) Si l'on veut avoir une idée de la croyance de l'auteur de Faust , on peut en juger par les
paroles suivantes, déjà citées par 1W. Tholück dans la préface de sa Défense lie la fol chrélieríñe .
C'est là que je les emprunte: « Tu considères, écrivait Goethe à Lavater, l'Évangile comme
la vérité la plus divine. Pour moi, une voix sortie du ciel même ne me persuaderait pas que
l'eau brûle , que le feu gèle , ou que les morts ressuscitent. Je regarde bien plutôt tout cel»
comme un blasphème contre le grand Dieu et contre sa révélation dans la nature. » ( Corres-
pondance de Lavateti 178. )
(i) Voyez surtout les chapitres xviii, xix, xx, livre IV, de son ouvrage des Principes , et
son traité contre Celse.
(•2) 11 ne faut pas oublier que c'est dans les plus belles années de Louis XIV que la critique
des saintes Écritures a été fondée par un Français, Richard Simon , père de l'Oratoire. Il fut
(1 ) Voyez la Revue des Deux Mondes , 15 mai 4856 : Homère , et 15 août : de l'Épo
(2") « En ce qui touche le Pentateuque, nous pouvons admettre, comme reconn
par toutes les recherches de notre temps , que les livres de Moïse sont un recu
mens épars, originairement étrangers les uns aux autres, et l'œuvre de différen
( De Wette , professeur de théologie àBâle. ) - Les premiers résultats de sa critique
sous les auspices et avec une Introduction du conseiller ecclésiastique Griesbach
sous le titre d'Introduction à ¥ Ancien Testamen t. Voyea surtout tom. II, pag
216 , 247.
(3) Voyez la Genèse , par M. de Bohlen, Introduction , pag. 98, PU , 189, 197, etc.
(1) De Valke, Théologie biblique , voyez page 334, 317, 521, 553, etc.
(•2) M. de Wette avait déjà dit dans l'introduction de ses Commentaires sur les Psaumes,
pag. 13 : a L'authenticité de tous les psaumes de David est devenue pour moi problématique.
La plupart de ceux qui sont attribués à David sont des prières ou des plaintes, et ceux-là
ont , il est vrai , peu de valeur poétique. » M. Ewald admet trois époques principales dans le
recueil des psaumes : - la première comprend jusqu'au huitième siècle avant le Christ ; - la
seconde s'étend depuis David jusqu'à la fin de l'exil ; - la troisième comprend les chants qui
ont suivi la captivité.
( ' ) Voyez Gieseler, sur l'Origine des Évangiles , 4815. - Schleiermacher, De VËvangite
selon saint Luc . - De Wette , Credner , Introduction au Nouveau Testament , - Voyez aussi
Histoire critique du texte du Nouveau Testament , par Richard Simon, prêtre, 1689, Rot-
terdam , etc.
(I) J'emprunte cette idée au professeur Cllmann , dans son excellent ouvrage
teur Strauss. Cette réfutation a paru d'abord dans le recueil qu'il a fondé avec
et qui a acquis beaucoup d'autorité : Eludes et Critiques de théologie. Sous
deste, il faut se représenter une sorte d'encyclopédie où les questions les
de philosophie et d'histoire religieuse, d'exégèse orientale et grecque, sont tra
juges les plus compétens avec un large éclectisme qui me semble remonter à Sc
lui-même. Je ne crois pas qu'aucun exemplaire des Études soit entré dans Par
dant c'est certainement là une des lectures les plus instructives que l'on puisse ent
de nos jours. Au lieu de se débattre éternellement contre le fantôme évanoui du x
pourquoi notre théologie en France ne s'adresse-t-elle pas à ces nouveaux lutt
que soit le nom qu'ils portent? Là où est le combat, là est ta vie.
(I) Ils ne le sont plus. Le professeur de théologie Bauer vient d'y appliquer le système des
mythes. Ainsi, on peut dire qu'aujourd'hui les Épîtres de saint Paul aux Corinthiens et aux
Romains sont les seuls monumens du christianisme primitif qui aient été laissés intacts par
la critique. v
(1) Je me sers, en
dernière , il a fait
suivre les fluctuations de l'auteur.
[') Une partie de l'école de Hegel. Les travaux par lesquels MM. Reynaud et Le
forment chez nous la tradition du xvmc siècle, sont de ceux qui devraient le plus attirer
l'attention de cette école.