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Fabienne Collard
Dans Courrier heBdomadaire du CRISP 2020/10 (n° 2455-2456), pages 5 à
72 Éditions CRISP
ISSN 0008-9664
ISBN 9782870752395
DOI 10.3917/cris.2455.0005
L’économie circulaire
Fabienne Collard
Une version numérique du Courrier hebdomadaire est disponible en pay per view
(au numéro) et en accès gratuit pour les abonnés sur le site portail de CAIRN
(http://www.cairn.info).
INTRODUCTION 5
2. LA RÉGLEMENTATION EUROPÉENNE 28
2.1. L’étape de réflexion : « Boucler la boucle » (2015) 28
2.1.1. Les cinq secteurs prioritaires 30
2.1.2. Les moyens de financement 33
2.2. De nouvelles règles (2018) 34
2.2.1. Une stratégie sur les matières plastiques 36
2.2.2. Les directives relatives aux déchets, à leur gestion et à leur valorisation 41
2.3. Bilan et perspectives 44
2.3.1. L’évaluation du plan d’action européen 45
2.3.2. Le « green deal européen » 46
CONCLUSION 67
INTRODUCTION
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et dernier temps, est proposé un état des lieux actuel de la mise en œuvre de
l’économie circulaire en Belgique.
Par ailleurs, ce Courrier hebdomadaire aborde de manière transversale la question
des nombreux freins qui subsistent encore dans la mise en place d’une économie
circulaire à large échelle, qu’ils soient d’ordre technique ou réglementaire.
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1. L’ÉCONOMIE CIRCULAIRE EN TANT
QUE CONCEPT
1
W. STEFFEN, P. J. CRUTZEN, J. R. MCNEILL, « The anthropocene: Are humans now overwhelming the great
forces of Nature? », Ambio: A Journal of the Human Environment, volume 36, n° 8, 2007, p. 614.
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Ellen MacArthur Foundation, « Vers une économie circulaire : arguments économiques pour une
transition accélérée », 2016, www.ellenmacarthurfoundation.org, p. 3.
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tablettes, etc.), servent en outre de justificatifs à des achats à répétition. La logique est
alors d’accumuler les biens ou de s’en débarrasser pour les remplacer par des biens
3
neufs .
1.2.1.Définition
3
S. SAUVÉ, D. NORMANDIN, M. MCDONALD, L’économie circulaire : une transition incontournable, Montréal,
Presses de l’Université de Montréal, 2016, p. 42.
4
Ellen MacArthur Foundation, « Vers une économie circulaire : arguments économiques pour une
transition accélérée », op. cit., p. 2.
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and Co, Philips, Renault, Solvay, etc. et même avec l’entreprise BIC, c’est-à-dire avec
des acteurs économiques qui poursuivent une logique de production et ne visent
logiquement pas une réduction de la consommation et des besoins. Par ailleurs, l’adjectif «
régénérative » utilisé dans la définition de l’Ellen MacArthur Foundation peut laisser
entendre que de nouvelles ressources sont produites alors que, en pratique, elles sont,
au mieux, utilisées de manière plus efficace et respectueuse de l’environnement. Cette
même réserve vaut également à la lecture des deux prochains points, concernant les
principes et les caractéristiques fondamentaux d’une économie circulaire (cf. infra).
Pour sa part, l’Agence de la transition écologique (ADEME, anciennement Agence de
l’environnement et de la maîtrise de l’énergie), établissement public français,
propose sa propre définition en ces termes : « L’économie circulaire peut se définir
comme un système économique d’échange et de production qui, à tous les stades
du cycle de vie des produits (biens et services), vise à augmenter l’efficacité de
l’utilisation des ressources et à diminuer l’impact sur l’environnement tout en
développant le bien-être des individus ».
D’autres définitions encore s’ajoutent aux deux mises ici en avant et coexistent, faisant
de l’économie circulaire un concept assez souple et même évolutif.
1.2.2.Principes
5
Depuis 2010, l’Ellen MacArthur Foundation est devenue un acteur influent dans le développement
d’une économie circulaire, grâce à la publication d’une série d’analyses et de rapports
économiques, et un travail en collaboration avec des industriels et par le biais de projets éducatifs.
6
Ibidem, p. 7.
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circulaire
Source : Cabinet de la ministre fédérale de l’Énergie, de l’Environnement et du Développement durable,
« Ensemble, faisons tourner l’économie en développant l’économie circulaire en Belgique », octobre
2016, www.marghem.be, p. 9 (schéma retravaillé sur la base du travail effectué par l’Ellen
MacArthur Foundation).
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Les circuits courts sont privilégiés. L’économie circulaire repose sur l’idée que plus la
boucle est courte, plus le procédé utilisé est efficace. La maintenance et la réparation
d’un produit, qui sont des boucles courtes, permettent de préserver l’essentiel de la
valeur de ce produit sans engager une somme de travail et d’énergie trop
conséquente pour conserver ce produit dans le circuit. Si la réparation n’est plus
possible, les matériaux et composants du produit sont réutilisés ou réusinés. En
dernier recours, les matériaux
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1.2.3.Caractéristiques fondamentales
Les trois principes ainsi énoncés représentent une sorte de marche à suivre pour la
mise en œuvre d’une économie circulaire. Celle-ci répond également à quatre
caractéristiques fondamentales.
Primo, éliminer les déchets. Dans une économie circulaire, les déchets sont
réaffectés. On distingue le cycle biologique du cycle technologique. Dans le premier,
les matières biologiques, non toxiques, sont utilisées jusqu’à ce qu’elles retournent,
naturellement ou avec l’intervention de l’homme, nourrir les sols sous la forme de
compost ou d’engrais ou qu’elles soient méthanisées. Le processus de méthanisation
repose sur la décomposition de déchets pourrissables (végétaux ou autres matières
organiques, mais également les boues et eaux résiduaires) grâce au travail de certaines
bactéries. Ce procédé permet par ailleurs de générer une énergie renouvelable, le
biogaz. Celui-ci peut être transformé en chaleur, en électricité et en carburant pour
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1.3.1.La conception
Pour que l’économie circulaire exprime son plein potentiel, il est souhaitable que
l’ensemble de la chaîne de production s’appuie sur ce concept, à commencer par la
conception du produit.
L’économie de fonctionnalité
La stratégie commerciale classique, telle qu’elle est la plus généralement appliquée © CRISP | Téléchargé le 29/03/2023 sur www.cairn.info (IP: 196.119.28.138)
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L’écoconception
Ce sont les économistes britanniques David W. Perce et Kerry R. Turner qui, dans
leur ouvrage Economics of Natural Resources and the Environment paru en 1990,
auraient pour la première fois utilisé le terme d’économie circulaire. Toutefois, c’est © CRISP | Téléchargé le 29/03/2023 sur www.cairn.info (IP: 196.119.28.138)
l’approche cradle to cradle (C2C), mise au point en 2002 par le chimiste allemand
8
Michael Braungart et l’architecte états-unien William McDonough , qui a réellement
mis le concept à l’avant- plan. Leurs travaux s’appuient sur l’observation de la nature,
dans laquelle les déchets d’un
7
Commission européenne, « Les nouvelles mesures d’écoconception : explications », Questions et réponses,
er
8
1 octobre 2019, https://ec.europa.eu.
Cf. M. BRAUNGART, W. MCDONOUGH, Cradle to cradle: Remaking the way we make things, New York,
North Point Press, 2002 (édition en français : Cradle to cradle : créer et recycler à l’infini, Paris,
Éditions alternatives, 2011).
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Au-delà de l’étape de réflexion sur la conception d’un produit, afin que celle-ci
réponde au mieux à la volonté de préserver l’environnement, l’économie circulaire
intègre, dans un second temps, le cycle de vie même de ce produit, qu’il soit fait de
matériaux (cycle technique) ou de ressources organiques (cycle biologique), afin
d’optimiser le temps de vie des ressources et composants nécessaires à la production.
Dans le cycle technique, les matériaux, les composants et les produits eux-mêmes sont
réutilisés, réparés et maintenus, reconditionnés, remanufacturés ou encore recyclés.
9
S. SENET, « La certification cradle to cradle veut populariser l’économie circulaire », Journal de
l’environnement, 18 avril 2019, www.journaldelenvironnement.net.
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Un bien peut faire l’objet d’une réutilisation par la même personne, mais pour un
usage différent. Par exemple, des bocaux à confiture qui, au lieu d’être jetés, deviennent
10
des contenants de rangement pour des épices ou des graines . Mais la réutilisation peut
également prendre la forme d’un échange ou d’un don, entre particuliers ou envers
une association, ou celle d’une revente, qui impliquera une contrepartie monétaire
et parfois un intermédiaire. On pense ici aux magasins d’objets d’occasion, aux sites
de seconde main, etc.
Au-delà de cette valorisation par la réutilisation et le partage, le plus évident, afin de
conserver un bien dans un cycle de vie économique, c’est de le maintenir en état de
fonctionner. La maintenance peut être préventive, systématique ou non, comme l’entretien
régulier d’une voiture, ou corrective, lorsqu’un dégât intervient. À ce titre, la
11
réparation est une forme de maintenance .
Quand le bien est détérioré ou tombe en panne, il peut retrouver son utilité par un
acte de réparation. On parle ici de la résolution d’un problème en particulier sans
offrir de garantie sur le bon fonctionnement global du produit. À la différence du
reconditionnement (cf. infra), qui tend à remettre des produits usagés dans un
certain niveau de qualité, la réparation se borne à remettre un produit en état de
marche.
Le concept du repair café s’intègre dans cette démarche. Il s’agit d’un événement
tenu ponctuellement et lors duquel des bénévoles aident les participants à réparer
certains objets (textiles, appareils électriques ou informatiques, etc.). La contribution
demandée en retour pour ce service est volontaire, déterminée au cas par cas par les
participants. Visant l’émancipation de chacun, le repair café est également une
occasion de partage et de transmission du savoir, afin qu’il devienne davantage
naturel et économiquement intéressant de réparer plutôt que de jeter et remplacer.
La réparation peut également être proposée par certaines marques commerciales, au-
delà donc de l’idée de consommation collaborative. Une autre possibilité encore est
fournie par des publications spécialisées ou par des sites Internet. Par exemple, la
plateforme iFixit offre ainsi aux internautes un choix de pièces détachées et de tutoriels
de réparation pour du matériel électronique, électroménager ou automobile. De manière
générale, les vidéos proposant un modus operandi clair afin de réparer les appareils
du quotidien se sont multipliées ces dernières années sur la toile.
Le reconditionnement
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reconditionnés par la marque (ordinateurs, tablettes, accessoires) sont soumis à des tests
qui répondent aux mêmes exigences fonctionnelles que les produits neufs. Le
secteur de l’énergie opte lui aussi régulièrement pour le reconditionnement, avec le
réusinage des pales des turbines hydrauliques ou des éoliennes, par exemple.
La refabrication (« remanufacturing »)
Alors que le recyclage est un concept désormais bien connu, il n’en va pas de même pour
la refabrication ou remanufacturing. Il s’agit d’un processus industriel qui vise à
récupérer les composants d’un produit en fin de vie afin de les utiliser dans la
conception d’un nouveau produit présentant un niveau de performance et de
qualité identique ou supérieur à celui d’un produit équivalent neuf. Cette opération
donne lieu à une mise sous garantie du produit remis à neuf équivalente à celle
accordée pour un produit réellement neuf.
Ce procédé implique plusieurs étapes : le tri des déchets (les produits usagés qui ne
peuvent pas être remis en état sans un coût économique important sont écartés) ; le
démontage et le nettoyage des différents composants ; le tri de ces composants (les
pièces usées sont à leur tour écartées) ; le réassemblage (des pièces neuves peuvent
remplacer certaines pièces usées et une remise à niveau technologique peut être
nécessaire). Tous les produits ne sont pas destinés à être remanufacturés ; les candidats
idéaux sont généralement constitués de composants facilement démontables, avec
une évolution technologique modérée.
12
La refabrication s’est notamment développée dans l’industrie automobile . Ce secteur
est hautement dépendant de certaines matières premières et de métaux précieux et, à
ce titre, le recyclage est devenu pour lui un enjeu de taille. Toutefois, intervenir en
amont du recyclage, par le biais de la refabrication, s’avère nettement plus profitable en
termes d’économies d’énergie et de gestion des matières premières puisqu’il s’agit de
travailler à partir de pièces déjà ouvragées. À titre d’exemple, Renault produit des
moteurs remanufacturés sur le site de Choisy-le-Roi, en Île-de-France, depuis 1949.
Depuis lors, l’usine de refabrication a diversifié son offre avec les pompes à
injections, les boîtes de vitesses, les injecteurs et les turbocompresseurs. Les pièces
remanufacturées à l’usine de Choisy-le-Roi sont destinées à la réparation des
véhicules déjà en circulation. Tout en garantissant la même qualité que les pièces
neuves, ces pièces remanufacturées sont 30 % à 50 % moins chères. Ce qui n’est pas
remanufacturé à partir des carcasses de véhicule traitées est en grande partie recyclé
dans les fonderies du groupe pour produire de nouvelles pièces.
Les autres grandes marques de l’industrie automobile (PSA, Volkswagen, Volvo, etc.)
procèdent de même. En Belgique, à Braine-l’Alleud, l’entreprise AW Europe,
contrôlée par le groupe japonais Ainsi et affiliée au groupe japonais Toyota, mène
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Ellen MacArthur Foundation, « De l’économie circulaire appliquée à l’industrie automobile. Le cas pratique
de l’usine de Choisy-le-Roi », 18 juillet 2013, www.ellenmacarthurfoundation.org.
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Le recyclage
13
Ces résidus sont généralement recyclés ou valorisés énergétiquement.
14
Les différentes étapes du processus du recyclage du papier sont disponibles sur le site de
l’Association des fabricants de pâtes, papiers et cartons de Belgique (Cobelpa) : www.cobelpa.be.
15
« Les papiers recyclés à la loupe », Nouvelles graphiques, 27 juin 2019, https://nouvelles-graphiques.levif.be.
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à verre (bouteilles, flacons et bocaux en verre transparent) car leur composition est
différente et entraîne d’importants problèmes lors de la refonte.
Le recyclage des déchets d’emballages métalliques concerne essentiellement l’acier et
l’aluminium, avec deux avantages évidents lorsqu’ils sont collectés sélectivement : une
perte minime de qualité du produit recyclé et des économies d’énergie importantes
par rapport à la production d’acier (75 %) ou d’aluminium (95 %) neuf. L’acier est trié
à l’aide d’aimants et l’aluminium grâce à des séparateurs à courants de Foucault.
C’est un autre avantage du métal dans l’optique du recyclage : le tri peut ainsi en être
facilité. L’acier et l’aluminium sont broyés et nettoyés pour donner de la ferraille qui est
prête pour le four. L’acier est envoyé à l’aciérie, l’aluminium aux fonderies
spécialisées. Le métal recyclé est ensuite transformé en produits semi-finis notamment
employés dans le secteur des transports (pièces automobiles, etc.), de la construction ou
les emballages (cannettes, plats préparés, boîtes de conserve, etc.).
Les métaux collectés pour le recyclage sont également issus des déchets d’usine (parfois
directement recyclés sur place par une refonte sur site) ou de produits en fin de vie
(dépôts dans les parcs à conteneurs, dans les entreprises spécialisées dans la
récupération et le traitement des métaux, dans les centres de recyclage des véhicules
automobiles, etc.). De manière générale, la production de matière première
secondaire requiert souvent beaucoup moins d’énergie que celle nécessaire à la
production de la matière première issue de l’extraction. Par ailleurs, les appareils
électriques et électroniques font l’objet d’une attention particulière, du fait de la
raréfaction de leurs composants, de même que les déchets issus du secteur de la
construction (qui en est un gros producteur).
Si les principes de recyclage et de valorisation énergétique sont antérieurs au
développement du concept d’économie circulaire, cette dernière est appelée à favoriser
ces processus et à permettre de récupérer un taux sans cesse plus élevé de ressources
dans les matières résiduelles, grâce à une réflexion en ce sens en amont de la
production.
Le recyclage est non seulement la boucle la plus longue que peut offrir l’économie
circulaire, et donc la plus onéreuse en matière de ressources mobilisées, mais ce
procédé montre également ses limites, en particulier pour les matières plastiques.
Contrairement à l’image qui est la sienne aujourd’hui dans certains milieux, le
plastique a sans doute un juste rôle à jouer au sein de notre économie. Comme le
souligne la Commission européenne, certains matériaux légers et innovants utilisés
dans le secteur automobile ou l’aviation permettent par exemple de réduire la © CRISP | Téléchargé le 29/03/2023 sur www.cairn.info (IP: 196.119.28.138)
consommation de carburant et les émissions de CO2 associées. Le recours à des
matériaux d’isolation haute performance contribue à réduire les besoins en énergie. Malgré
les dérives et les emballages non appropriés, le plastique peut également, dans une certaine
mesure, permettre d’assurer la sécurité des aliments et de lutter contre le gaspillage
alimentaire. Sans compter encore
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Le débat est en tout cas ouvert en Belgique, parallèlement d’ailleurs, et cela peut
sembler contradictoire, aux efforts mis en place pour élargir le contenu collecté grâce aux
sacs bleus, dédiés à l’origine aux emballages PMC (sigle désignant les bouteilles et flacons
en plastique, les emballages métalliques et les cartons à boissons). Dans sa
déclaration de politique
16
Commission européenne, « Une stratégie européenne sur les matières plastiques dans une économie
circulaire. Communication au Parlement européen, au Conseil, au Comité économique et social
européen et au Comité des Régions », COM(2018) 28 final, 16 janvier 2018, p. 2.
17
Les bouteilles en plastique de l’entreprise Spadel sont désormais constituées à 100 % de PET recyclable
et l’entreprise vise, pour 2025, à ce qu’elles soient constituées à 100 % de plastique recyclé.
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18
Verko, IDM, MIWA, Ibogem, IVM, MIROM, ILVA, IVOO, BEP Environnement, Intradel (partiellement),
TIBI (partiellement) et IPALLE.
19
« Les papiers recyclés à la loupe », op. cit.
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des festivaliers. Même s’il constate une hausse importante de la vente de bouteilles en
verre consigné (à savoir + 25 % entre 2017 et 2019), le chief executive officer (CEO) de
Spadel, Marc du Bois, estime qu’au-delà de 200 kilomètres entre la source et le point
de vente, ce type d’emballages, à cause des trajets, perd son intérêt environnemental
23
. Par ailleurs, la consigne des
20
Informations disponibles sur le site Internet de la Fédération de l’industrie du verre (FIV) : www.vgi-fiv.be.
21
RTBF Info, 15 février 2020, www.rtbf.be.
22
ADEME, « Analyse de 10 dispositifs de réemploi-réutilisation d’emballages ménagers en verre. Évaluation
environnementale, économique et sociale », octobre 2018, www.ademe.fr.
23
RTBF Info, 23 janvier 2020, www.rtbf.be.
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bouteilles en verre nécessite une certaine uniformité des contenants, ce qui peut apparaître
comme un frein pour les producteurs qui souhaitent généralement se démarquer les uns
des autres.
Le développement de nos économies s’est accompagné avec le temps d’un besoin accru
d’exploiter un nombre toujours plus important de métaux différents. Moins d’une
vingtaine de métaux étaient exploités dans les années 1970, alors que ce chiffre a désormais
24
triplé. Après les métaux ferreux et cuivreux, puis les métaux non ferreux (comme
l’aluminium, le plomb ou le zinc), c’est aujourd’hui autour des métaux destinés à la
fabrication des appareils électriques et électroniques, tels que le lithium, l’indium ou
les terres rares, que se cristallisent les enjeux d’une demande en progrès constant.
La concentration des minerais a décru avec le temps, la priorité ayant été donnée à
l’exploitation des minerais les plus concentrés, ce qui induit aujourd’hui des coûts
d’extraction de plus en plus lourds. En effet, la concentration moyenne des métaux
est négativement corrélée à la profondeur dont ils sont extraits. Parallèlement à
cela, nos modes de vie requièrent de plus en plus d’énergie, et donc de métaux, dont
l’exploitation requiert elle aussi de plus en plus d’énergie. Une part considérable de
l’énergie primaire mondiale est utilisée pour l’extraction et le raffinage des métaux. Il
s’agit là d’un cercle vicieux. À situation inchangée, il ne resterait qu’entre 30 et 60
ans de réserves pour la grande majorité des métaux. Pour l’indium (utilisé dans les
cellules photovoltaïques ou les écrans LCD) ou l’antimoine (très présente dans
l’électronique), les réserves ne couvriraient plus qu’une vingtaine d’années seulement
25
. Dans un contexte où la consommation de métaux ne cesse d’augmenter à un rythme
effréné, préserver les ressources semble donc devenu un objectif incontournable.
Dans ce cadre, le recyclage des métaux est bien entendu une option. Cependant, si
le taux de recyclage de certains grands métaux industriels, tels que l’acier ou le cuivre,
est relativement élevé (cf. infra), notamment dans les pays développés, ce n’est pas
le cas pour des métaux plus rares, dont l’exploitation est plus récente et
géographiquement très concentrée, et pour lesquels les filières de recyclage
commencent tout juste à voir le jour. Il s’agit entre autres de l’iridium, de l’indium, du
platine et des terres rares, qui sont autant de composants incontournables de
l’industrie moderne pour fournir en grandes quantités les batteries électriques, les
éoliennes, les panneaux photovoltaïques, les téléphones portables, les fibres optiques,
etc. Dans notre société high tech en pleine transition énergétique, ces métaux sont
devenus aussi rares qu’indispensables. Or, actuellement, le recyclage de ces métaux
coûte toujours plus cher que leur extraction, avec une incidence écologique parfois
désastreuse dans diverses régions du globe.
D’autres difficultés résident dans le fait, d’une part, que la complexité des produits
à recycler rend difficile le prélèvement des métaux qui les constituent et, d’autre part,
que, lorsque ces métaux peuvent être récupérés, ils sont rarement réutilisés pour les © CRISP | Téléchargé le 29/03/2023 sur www.cairn.info (IP: 196.119.28.138)
mêmes applications. La complexité croissante de la composition des véhicules
automobiles donne une illustration du défi que constituent la récupération et le tri
des métaux à recycler.
24
Les métaux ferreux sont essentiellement composés de fer et ont des propriétés magnétiques. Parmi eux,
l’acier et les alliages comprenant de l’acier sont les plus utilisés.
25
V. AUREZ, L. GEORGEAULT, Économie circulaire : système économique et finitude des ressources, Louvain-la-
Neuve, De Boek Supérieur, 2016, p. 53.
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Il est par ailleurs impossible de séparer les métaux au sein des alliages ; ceux-ci ne
26
peuvent donc pas être recyclés .
Comme pour le plastique, l’Asie, et particulièrement la Chine, était devenue une
destination prisée des pays européens pour le recyclage plus complexe de déchets alliant
plusieurs types de métaux, voire un mélange de plastique et de métaux comme
l’aluminium (emballages alimentaires). Mais depuis fin 2017, la Chine a
progressivement limité les importations occidentales de ce type.
La valorisation énergétique
Dans le cycle biologique, ce sont les déchets organiques qui, par un procédé ou un autre,
acquièrent une nouvelle vie jusqu’à, in fine, retourner à la terre. Le coton peut ainsi
fournir la matière première à la conception d’un vêtement, pour ensuite être recyclé
comme isolant dans le secteur du bâtiment, et enfin être scindé en fibres pour être
composté.
Le compostage
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Le compostage est un procédé de traitement et de valorisation des déchets organiques
qui reproduit en accéléré le processus d’humification de la matière organique dans les
sols. Cette transformation des déchets organiques en humus offre une ressource
intéressante pour l’exploitation agricole, le compost pouvant être utilisé comme
engrais ou pour
26
Ibidem, p. 54.
27
Du nom du politicien néerlandais Adrianus (Ad) Lansink, qui a déposé une motion en faveur de cette
méthode auprès du parlement néerlandais en 1979.
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améliorer la qualité des sols. S’il n’est désormais pas rare que les particuliers
compostent leurs déchets organiques dans le fond de leur jardin, les déchets
organiques industriels (boues des papeteries, déchets des usines agroalimentaires,
etc.) sont pour leur part compostés par des entreprises spécialisées.
À titre d’exemple, la société Agricompost, dans la province de Liège, a été fondée en
1996 par six agriculteurs afin de valoriser les déchets de leurs exploitations
respectives. Par la suite, la demande grandissante, émanant tant des agriculteurs
désireux de se fournir en engrais que des producteurs de déchets organiques (en ce
compris des intercommunales, des petites et moyennes entreprises - PME, etc.), a
poussé l’entreprise à accroître son activité. Elle fait partie de la Fédération des
entreprises de recyclage agricole en Belgique (FERAB).
La biométhanisation
Dans un milieu privé d’oxygène, des déchets organiques (fumier, purin, déchets
organiques des ménages et de l’industrie agro-alimentaire, boues des stations
d’épuration, etc.) peuvent également, sous l’action de micro-organismes spécifiques, se
décomposer pour produire du biogaz ainsi qu’un résidu solide appelé digestat. Le
biogaz peut être utilisé pour la production de chaleur ou d’électricité ou être
transformé en méthane afin de gagner le réseau du gaz naturel. Quant au digestat,
riche en nutriments, il peut, sous certaines conditions, servir de fertilisant pour les
terres agricoles.
Le processus de biométhanisation contribue à la réduction des émissions de gaz à effet
de serre, en substituant une partie de la consommation de gaz naturel fossile par du
méthane issu de la biomasse, et permet la création d’emplois non délocalisables. Il s’agit
également d’une opportunité pour les agriculteurs de diversifier leurs activités.
En Belgique, la valorisation du biogaz, à travers un système de certificats verts, vise
pour l’instant quasi exclusivement son utilisation sous la forme de cogénération, qui
fournit donc chaleur et électricité. Il peut notamment s’agir de petites structures
agricoles. Il existe des dizaines d’unités de ce type sur le sol belge. En revanche,
l’opportunité d’épurer ce biogaz pour fournir du biométhane (analogue au gaz
naturel) afin de servir de carburant ou d’être injecté directement sur le réseau n’en
est qu’à ses balbutiements. Ainsi, la Flandre a entrepris la construction, en mars
2018, de la première installation belge de biométhane sur le site de
l’intercommunale de gestion des déchets de la région de La Campine, dans la
commune de Beerse. Environ 75 % du biogaz qui y est produit est valorisé par
cogénération pour répondre à la demande locale en chaleur et en électricité. Quant à
lui, le digestat est composté avec d’autres déchets verts au sein d’une installation
présente sur le même site. Le biogaz restant est transformé en gaz naturel qui est – et © CRISP | Téléchargé le 29/03/2023 sur www.cairn.info (IP: 196.119.28.138)
c’est une première en Belgique – directement injecté dans le réseau de gaz naturel. En
Wallonie, la première unité wallonne de biométhane devrait voir le jour en 2020, au Bois
d’Arnelle (Frasnes-lez-Gosselies). Un autre projet concerne le parc d’activité
économique de Leuze-Europe (Leuze-en-Hainaut). En Région bruxelloise, la création
d’un centre de biométhanisation fait du surplace, même si le gouvernement
Vervoort III espère concrétiser l’idée dans les années à venir.
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Le bioraffinage
28
P. LAURENT, J. ROIZ, J.-L. WERTZ, A. RICHEL, M. PAQUOT, « Le bioraffinage, une alternative prometteuse
à la pétrochimie », BASE. Biotechnologie, agronomie, société et environnement, volume 15, n° 4, 2011,
p. 597-610.
29
S. SAUVÉ, D. NORMANDIN, M. MCDONALD, L’économie circulaire, op. cit., p. 62.
CH 2455-2456
L’ÉCONOMIE 2
30
« Viser l’excellence. Plan Marshall 2.vert », s.d., www.wallonie.be, p. 32.
31
Service public de Wallonie, Secrétariat général, Cellule des stratégies transversales, Délégué spécial,
« Plan Marshall 2.vert. Rapport de suivi », avril 2014, http://economie.wallonie.be, p. 173.
CH 2455-2456
2. LA RÉGLEMENTATION EUROPÉENNE
L’objectif du plan d’action adopté par l’Union européenne est d’offrir un cadre
réglementaire adéquat pour le développement de l’économie circulaire dans le marché
32
Directive 2008/98/CE du Parlement européen et du Conseil du 19 novembre 2008 relative aux
déchets et abrogeant certaines directives, Journal officiel de l’Union européenne, L 312, 22 novembre
33
2008.
Commission européenne, « Boucler la boucle. Un plan d’action de l’Union européenne en faveur de
l’économie circulaire. Communication au Parlement européen, au Conseil, au Comité économique
et social européen et au Comité des Régions », COM(2015) 614 final, 2 décembre 2015.
CH 2455-2456
L’ÉCONOMIE 2
34
En 2015, la législation européenne sur la gestion des déchets repose sur la directive européenne 2008/98/CE
précitée. Conformément aux vœux de la Commission européenne, cette législation sera revue avec
l’adoption de la directive (UE) 2018/851 du Parlement européen et du Conseil du 30 mai 2018 modifiant © CRISP | Téléchargé le 29/03/2023 sur www.cairn.info (IP: 196.119.28.138)
la directive 2008/98/CE relative aux déchets (Journal officiel de l’Union européenne, L 150, 14 juin 2018).
35
Commission européenne, « Boucler la boucle : la Commission adopte un nouveau train de mesures
ambitieux sur l’économie circulaire en vue de renforcer la compétitivité, de créer des emplois et de
générer une croissance durable », Communiqué de presse, 2 décembre 2015, https://ec.europa.eu.
36
Article 3 de la directive européenne (UE) 2018/851 précitée. Selon ce même article, les « biodéchets »
sont les déchets biodégradables de jardin et de parc, les déchets alimentaires et de cuisine
provenant des ménages, des bureaux, des restaurants, du commerce de gros, des cantines, des
traiteurs et des magasins de vente au détail, ainsi que les déchets comparables provenant des usines de
transformation de denrées alimentaires.
37
Article 3 de la directive européenne (UE) 2018/851 précitée.
38
Eurostat, « Statistiques sur les déchets », https://ec.europa.eu (données extraites en juin 2019). La répartition
de la production de déchets en Belgique, par type et selon les secteurs, est disponible infra.
CH 2455-2456
3 L’ÉCONOMIE
L’attention mise sur les déchets municipaux s’explique en partie par le fait que ceux-ci sont
39
particulièrement complexes à gérer .
Graphique 1. Origine des déchets produits par les activités économiques et les ménages
(Union européenne, 2016), en %
Agriculture,
Commerce de gros de Ménages sylviculture et pêche
déchets et débris 8,5 0,8
1,0
Services
(sauf commerce
de gros en déchets Industries extractives
et débris) 25,3
4,6
Industrie
Construction manufacturière
36,4
10,3
Énergie
3,1
Déchets et eau
10,0
Source : Eurostat.
39
Point 6 de la directive européenne (UE) 2018/851 précitée.
40
Un compte rendu statistique et un état des lieux plus poussés sur la gestion des matières plastiques en
Europe sont proposés infra.
CH 2455-2456
L’ÉCONOMIE 3
41
Commission européenne, « Boucler la boucle. Un plan d’action de l’Union européenne en faveur de
l’économie circulaire. Communication au Parlement européen, au Conseil, au Comité économique
et social européen et au Comité des Régions », COM(2015) 614 final, 2 décembre 2015, p. 16.
42
Commission européenne, « Réduire le gaspillage alimentaire : la réponse de l’Union à un défi d’ampleur
mondiale », Fiche d’information, 28 novembre 2016, https://ec.europa.eu.
43
FUSIONS, « Food waste quantification manual to monitor food waste amounts and progression », 31
mars 2016, www.eu-fusions.org, p. 23.
44
Assemblée générale des Nations unies, « Transformer notre monde : le Programme de développement
durable à l’horizon 2030 », Résolution n° A/RES/70/1, 25 septembre 2015, https://unctad.org, point 12.3.
CH 2455-2456
3 L’ÉCONOMIE
45
Commission européenne, « Communication au Parlement européen, au Conseil, au Comité économique
et social européen et au Comité des Régions relative à la liste 2017 des matières premières critiques pour
l’UE », COM(2017) 490 final, 13 septembre 2017, https://ec.europa.eu.
46
Directive 2012/19/UE du Parlement européen et du Conseil du 4 juillet 2012 relative aux déchets
d’équipements électriques et électroniques (DEEE), Journal officiel de l’Union européenne, L 197, 24
juillet 2012.
47
Directive européenne 2008/98/CE précitée, article 11.2.
CH 2455-2456
L’ÉCONOMIE 3
l’alimentation ou encore des biocarburants. Ils ont pour eux leur caractère renouvelable,
biodégradable ou compostable. Cependant, l’un des enjeux de leur utilisation dans
l’esprit d’une économie circulaire est de favoriser une utilisation en cascade de ces
ressources, avec plusieurs cycles de réutilisation et de recyclage. La filière du bois offre un
exemple type d’une valorisation en cascade. Même si le bois est fonctionnellement
renouvelable, il s’agit d’une ressource limitée dont l’exploitation doit être réfléchie en
termes de durabilité. Dans cette optique, l’utilisation en cascade du bois permet
d’allonger le temps de vie des ressources utilisées. On parle de réutilisation en
cascade du bois lorsque celui-ci est transformé en un produit et que ce produit est
réutilisé au moins une fois à des fins soit matérielles soit énergétiques.
Concernant le secteur clé que constituent la biomasse et les bioproduits, la
Commission européenne identifie également un autre enjeu, à savoir une affectation
réfléchie des sols, en fonction, notamment, de l’impact environnemental de l’utilisation
des ressources.
48
Ces fonds sont régis par le règlement (UE) n° 1303/2013 du Parlement européen et du Conseil du
17 décembre 2013 portant dispositions communes relatives au Fonds européen de développement régional,
au Fonds social européen, au Fonds de cohésion, au Fonds européen agricole pour le développement
rural et au Fonds européen pour les affaires maritimes et la pêche, portant dispositions générales
applicables au Fonds européen de développement régional, au Fonds social européen, au Fonds de
cohésion et au Fonds européen pour les affaires maritimes et la pêche, et abrogeant le règlement (CE) n°
49
1083/2006 du Conseil (Journal officiel de l’Union européenne, L 347, 20 décembre 2013).
Commission européenne, « Boucler la boucle : la Commission adopte un nouveau train de mesures
ambitieux sur l’économie circulaire en vue de renforcer la compétitivité, de créer des emplois et de
générer une croissance durable », Communiqué de presse, 2 décembre 2015, https://ec.europa.eu.
50
Présidence du Conseil européen, « Conclusions », 17 juin 2010, https://ec.europa.eu.
CH 2455-2456
3 L’ÉCONOMIE
circulaire.
51
Règlement (UE) n° 1291/2013 du Parlement européen et du Conseil du 11 décembre 2013 portant
établissement du programme-cadre pour la recherche et l’innovation “Horizon 2020” (2014-2020)
et abrogeant la décision n° 1982/2006/CE, Journal officiel de l’Union européenne, L 347, 20 décembre
52
2013.
Règlement (UE) n° 1293/2013 du Parlement européen et du Conseil du 11 décembre 2013 relatif à
l’établissement d’un programme pour l’environnement et l’action pour le climat (LIFE) et abrogeant
le règlement (CE) n° 614/2007, Journal officiel de l’Union européenne, L 347, 20 décembre 2013.
53
Règlement (UE) n° 1287/2013 du Parlement européen et du Conseil du 11 décembre 2013
établissant un programme pour la compétitivité des entreprises et des petites et moyennes
entreprises (COSME) (2014-2020) et abrogeant la décision n° 1639/2006/CE, Journal officiel de
l’Union européenne, L 347, 20 décembre 2013.
CH 2455-2456
L’ÉCONOMIE 3
La première, European Platform on Food Losses and Food Waste (FLW), regroupe
des entités publiques, des industries, des groupes d’affaires, des universités et des
organisations non gouvernementales (ONG). Mise en place en août 2016, elle
fonctionne comme un groupe de travail dont les experts se réunissent régulièrement
pour fournir des recommandations dans la lutte contre le gaspillage alimentaire. Le
mandat de ce groupe d’experts européens a été reconduit jusqu’à la fin 2021, mais une
54
série de recommandations ont déjà été rendues publiques en décembre 2019 .
55
Une deuxième plateforme, InnovFin , soutient le financement de l’économie
circulaire en centralisant les demandes de financement et les projets innovants en la
matière. Cette plateforme a été créée en janvier 2017, avec l’appui de la Banque
56
européenne d’investissement (BEI) et réunit la Commission européenne, la BEI, les
banques de développement nationales, les investisseurs institutionnels et d’autres
parties prenantes (ONG et autres acteurs clés de l’économie circulaire).
Enfin, une troisième plateforme est active depuis mars 2017 : la Plateforme des acteurs
européens de l’économie circulaire. Il s’agit d’une initiative conjointe de la
Commission européenne et du Comité économique et social européen (CESE) qui vise
à promouvoir l’économie circulaire en s’appuyant sur un espace d’échange des
connaissances, des bonnes pratiques et des initiatives politiques en la matière, tous
57
secteurs et tous pays confondus. Le site Internet qui incarne cet espace d’échange
regroupe également les actualités et événements liés à l’économie circulaire, ainsi
qu’une base de données de contacts et un forum de discussion.
Parallèlement, le processus régulatoire européen fait son chemin et c’est en janvier 2018
que la Commission européenne a défendu un nouvel ensemble de textes qui
58
concerne tour à tour la gestion des matières plastiques , le traitement adéquat des
59
substances chimiques dans les processus de réutilisation et de recyclage , un cadre
de suivi des progrès réalisés par rapport au plan d’action de 2015, que ce soit à
60
l’échelle de l’Union européenne dans son ensemble ou à l’échelle des États membres ,
61
ainsi qu’un rapport sur les matières premières critiques et l’économie circulaire .
54
EU Platform on Food Losses and Food Waste, « Recommendations for action in food waste prevention »,
décembre 2019, https://ec.europa.eu.
55
Cf. « InnovFin. Financement européen de l’innovation », www.bei.org.
56
Commission européenne, « Économie circulaire : la Commission tient ses promesses, fournit des
orientations sur la valorisation énergétique des déchets et collabore avec la BEI pour stimuler les
investissements », Communiqué de presse, 26 janvier 2017, https://ec.europa.eu.
57
« #CEstakeholderEU. Plateforme des acteurs européens de l’économie circulaire »,
https://circulareconomy.europa.eu.
58
Commission européenne, « Une stratégie européenne sur les matières plastiques dans une économie © CRISP | Téléchargé le 29/03/2023 sur www.cairn.info (IP: 196.119.28.138)
circulaire. Communication au Parlement européen, au Conseil, au Comité économique et social
européen et au Comité des Régions », COM(2018) 28 final, 16 janvier 2018.
59
Commission européenne, « Solutions possibles pour les questions à l’interface entre les textes législatifs
relatifs aux substances chimiques, aux produits et aux déchets. Communication au Parlement européen,
au Conseil, au Comité économique et social européen et au Comité des Régions concernant la mise
en œuvre du paquet “économie circulaire” », COM(2018) 32 final, 16 janvier 2018.
60
Commission européenne, « Communication au Parlement européen, au Conseil, au Comité économique
et social européen et au Comité des Régions relative à un cadre de suivi pour l’économie circulaire
», COM(2018) 29 final, 16 janvier 2018.
61
Commission européenne, « Report on critical raw materials and the circular economy », Commission staff
working document, SWD(2018) 36 final, 16 janvier 2018, parties 1/3, 2/3 et 3/3.
CH 2455-2456
3 L’ÉCONOMIE
Agriculture
3,4
Emballages
39,9
Sports et loisirs
4,1
Équipements
électriques et
électroniques
6,2
Secteur de
l’automobile
9,9
Secteur de la
construction
19,8
Source : PlasticsEurope, European Association of Plastics Recycling and Recovery Organisations et Conversio
Market & Strategy GmbH.
62
Les données présentées ici, concernant la production et la demande européennes de plastique ainsi que
les déchets récoltés et traités, ont été récoltées par l’association des fabricants de plastiques en Europe
(PlasticsEurope) et l’Association européenne des organisations de recyclage et de valorisation du
plastique (European Association of Plastics Recycling and Recovery Organisations - EPRO), et
compilées par Conversio Market & Strategy GmbH dans l’étude « Plastics, the facts 2019. An analysis of
European plastics production, demand and waste data », 2019, www.plasticseurope.org.
63
Agoria et Essenscia, « Industrie belge du plastique et économie circulaire : où en est-on ? », 2019,
www.agoria.be.
CH 2455-2456
L’ÉCONOMIE 3
29,1 millions de tonnes de déchets plastiques ont été collectées en Europe en 2018 pour
être traitées. Ces déchets ont ensuite intégré trois filières différentes (cf. Graphique 3) :
la valorisation énergétique (42,6 %), le recyclage (32,5 %), et l’entreposage ou
l’enfouissement en décharge (24,9 %). Le recyclage occupe donc moins d’un tiers des
traitements opérés. Précision importante : le plastique recyclé l’est à 19 % en dehors
des frontières de l’Europe. La tendance serait ainsi clairement à la baisse, puisque le
chiffre était de 37 % en 2016. Cette amélioration de la situation étonne certains
observateurs sur le terrain, qui sont moins optimistes que les chiffres avancés. Entre
2006 et 2018, le volume de plastique collecté pour être traité a augmenté de 19 %, avec
un doublement du recyclage, une hausse de 77 % de la valorisation énergétique et une
baisse de 44 % de la mise en décharge (option qui, en 2006, représentait plus de la
moitié du volume de plastique traité). La valorisation énergétique du plastique a donc
augmenté plus vite que le recyclage. Par ailleurs, si le volume de plastique collecté s’est
accru, c’est certes grâce à un meilleur système de collecte, mais également à une
production toujours plus importante de plastique.
La différence de volume entre la demande de plastique en Europe et les déchets
plastiques collectés s’explique, par le fait que certains produits en plastique, souvent
autres que ceux utilisés pour les emballages ou les usages uniques, ont une longue durée
de vie, par le fait que tous les déchets plastiques ne sont pas à l’heure actuelle
correctement collectés, et par le jeu des importations et exportations.
CH 2455-2456
3 L’ÉCONOMIE
Le traitement des déchets plastiques ne s’opère pas de la même manière partout en Europe.
Dix pays ont introduit des restrictions sévères au recours à la mise en décharge, avec
un taux d’enfouissement qui est dès lors inférieur à 10 % : Allemagne, Autriche, Belgique,
Danemark, Finlande, Luxembourg, Norvège, Pays-Bas, Suède et Suisse. À l’inverse,
huit pays enfouissent encore plus de 50 % de leurs déchets plastiques, souvent avec les
déchets résiduels car ils ne sont pas collectés sélectivement : Bulgarie, Chypre,
Croatie, Grèce, Hongrie, Lettonie, Malte et Roumanie. Pour leur part, les taux de
recyclage enregistrés en 2018 sont compris entre 20 % et 40 % (avec deux pays au-
dessus des 40 %, à savoir l’Espagne et la Norvège). C’est essentiellement le recours à la
valorisation énergétique qui offre actuellement une option alternative au traitement
par enfouissement. En d’autres termes, pour des taux assez équivalents entre pays
européens en ce qui concerne le recyclage, les pays ayant peu recours à
l’enfouissement optent intensément pour la valorisation énergétique, et
inversement.
Sur la base de cet état des lieux, il ressort que, avec seulement 32,5 % des déchets plastiques
collectés passant effectivement par la filière du recyclage, cette dernière conserve un
potentiel largement inexploité relativement au plastique par rapport à ce qui
prévaut pour d’autres matières plus largement recyclées comme le papier, le verre ou les
métaux (cf. Graphique 4). Selon la Confederation of European Paper Industries
(CEPI), le taux de recyclage du papier s’élevait, pour l’UE28, la Norvège et la Suisse, à
64
71,6 % en 2018 (contre 52 % au début des années 2000) . Selon la Fédération
européenne du verre d’emballage (FEVE), le taux de recyclage du verre pour l’UE28,
65
la Norvège et la Suisse se montait à 76,6 % en 2017 . Quant à la Confédération
européenne des industries de recyclage (EuRIC, European Recycling Industries’
Confederation) – qui regroupe notamment la Fédération européenne de la
récupération et du recyclage des métaux ferreux (EFR, European Ferrous Recovery
and Recycling Federation) et la Fédération européenne du négoce et du recyclage des
métaux [non ferreux] (Eurometrec, European Metal Trade and Recycling Federation) –,
elle estime à 90 % le taux de recyclage en Europe, en 2018, de l’acier inoxydable
collecté, contre 70 % pour le cuivre, et revendique un taux de 75 % de l’aluminium
produit historiquement toujours dans la boucle (sur des produits en ordre de marche
66
ou sous une forme recyclée) .
64
Confederation of European Paper Industries, « Key statistics 2018. European pulp & paper industry
», juin 2019, www.endseurope.com, p. 23.
65
Fédération européenne du verre d’emballage, « Glass Recycling Statistics Year 2017 », novembre 2019,
https://feve.org.
66
Confédération européenne des industries de recyclage, « Metal Recycling Factsheet », s.d.,
www.euric-aisbl.eu.
CH 2455-2456
L’ÉCONOMIE 3
90 %
80 %
70 %
60 %
50 %
40 %
30 %
20 %
10 %
0%
Acier
Verre Aluminium Papier Cuivre Plastique
* UE28 + Norvège et Suisse.
** À l’exception du verre : 2017.
Sources : PlasticsEurope, European Association of Plastics Recycling and Recovery Organisations, Conversio
Market & Strategy GmbH, Confederation of European Paper Industries, Fédération
européenne du verre d’emballage et Confédération des industries du recyclage européen.
67
Commission européenne, « Une stratégie européenne sur les matières plastiques dans une économie
circulaire. Communication au Parlement européen, au Conseil, au Comité économique et social
européen et au Comité des Régions », COM(2018) 28 final, 16 janvier 2018, p. 4.
68
Ibidem, p. 11.
CH 2455-2456
4 L’ÉCONOMIE
l’Union européenne doivent être soit réutilisables soit recyclables dans des
conditions économiquement efficaces. Au même moment, plus de la moitié des
déchets plastiques générés en Europe doivent être recyclés. Pour ce faire, les capacités
de tri et de recyclage devront être quadruplées par rapport à 2015, avec la création de 200
69
000 nouveaux emplois sur l’ensemble de l’Europe .
69
Ibidem.
© CRISP | Téléchargé le 29/03/2023 sur www.cairn.info (IP: 196.119.28.138)
70
Assemblée des Nations unies pour l’environnement du Programme des Nations unies pour
l’environnement, « Déchets plastiques et microplastiques dans le milieu marin », Résolution
n° UNEP/EA.4/RES.6, 15 mars 2019, https://undocs.org ; Assemblée des Nations unies pour
l’environnement du Programme des Nations unies pour l’environnement, « Lutte contre la pollution
par les produits en plastique à usage unique », Résolution n° UNEP/EA.4/RES.9, 15 mars 2019,
71
https://undocs.org.
Directive (UE) 2019/904 du Parlement européen et du Conseil du 5 juin 2019 relative à la réduction
de l’incidence de certains produits en plastique sur l’environnement, Journal officiel de l’Union
européenne, L 155, 12 juin 2019.
72
Ces bouteilles sont reprises dans l’annexe de la directive ; il s’agit essentiellement de celles constituées
majoritairement de PET.
CH 2455-2456
L’ÉCONOMIE 4
néfastes. Les États membres ont jusqu’au 3 juillet 2021 pour transposer la directive
et appliquer cette restriction. Le texte vise également à responsabiliser les producteurs,
qui devront prendre en charge une partie des coûts de collecte et de traitement de
certains produits tels que les récipients pour aliments destinés à l’alimentation rapide, les
mégots de cigarette ou les engins de pêche contenant du plastique.
S’appuyant sur les propositions émises par la Commission européenne en décembre © CRISP | Téléchargé le 29/03/2023 sur www.cairn.info (IP: 196.119.28.138)
2015 et sur les travaux menés depuis lors, le Parlement européen et le Conseil de
l’Union européenne ont adopté le 30 mai 2018 quatre directives relatives à la gestion
75
des déchets et à leur valorisation . À travers ces différents textes, l’Union
européenne espère
73
Pour consulter la liste des signataires, cf. Commission européenne, « Circular Plastics Alliance. List
of Signatories », 7 mai 2020, https://ec.europa.eu.
74
Cf. le site Internet https://europeanplasticspact.org.
75
Directive (UE) 2018/849 du Parlement européen et du Conseil du 30 mai 2018 modifiant la directive
2000/53/CE relative aux véhicules hors d’usage, la directive 2006/66/CE relative aux piles et
accumulateurs ainsi qu’aux déchets de piles et d’accumulateurs, et la directive 2012/19/UE relative
aux déchets d’équipements électriques et électroniques, Journal officiel de l’Union européenne, L 150,
14 juin 2018 ;
CH 2455-2456
4 L’ÉCONOMIE
76
notamment renforcer la mise en place d’une certaine « hiérarchie des déchets » , en
imposant notamment aux États membres de prendre des mesures spécifiques en
vue de privilégier la prévention, la réutilisation et le recyclage des déchets plutôt que
77
la mise en décharge et l’incinération . Elle préconise pour ce faire l’utilisation de
certains instruments économiques tels que des redevances et des restrictions pour
la mise en décharge et l’incinération des déchets ; des incitations fiscales en faveur des dons
de denrées alimentaires ; la mise en place de régimes de responsabilité élargie des
producteurs pour certains types de déchets ; la mise en place de systèmes de consigne et
autres mesures visant à encourager la collecte efficace des produits et matériaux usagés ;
une planification solide des investissements dans les infrastructures de gestion des
déchets, notamment par les fonds de l’Union européenne ; l’adoption de marchés
publics visant à encourager une meilleure gestion des déchets et l’utilisation de
produits et de matériaux recyclés ; la suppression progressive des subventions
contraires à la hiérarchie des déchets ; le recours à des mesures fiscales ou à
d’autres moyens pour promouvoir l’utilisation de produits et de matériaux préparés
en vue d’une réutilisation ou recyclés ; le soutien à la recherche et à l’innovation en
matière de technologies de recyclage ; des campagnes de sensibilisation de la
78
population ; etc.
Directive (UE) 2018/850 du Parlement européen et du Conseil du 30 mai 2018 modifiant la directive
1999/31/CE concernant la mise en décharge des déchets, Journal officiel de l’Union européenne, L 150, © CRISP | Téléchargé le 29/03/2023 sur www.cairn.info (IP: 196.119.28.138)
14 juin 2018 ; Directive (UE) 2018/851 du Parlement européen et du Conseil du 30 mai 2018 modifiant
la directive 2008/98/CE relative aux déchets, Journal officiel de l’Union européenne, L 150, 14 juin 2018 ;
Directive (UE) 2018/852 du Parlement européen et du Conseil du 30 mai 2018 modifiant la directive
94/62/CE relative aux emballages et aux déchets d’emballages, Journal officiel de l’Union européenne, L 150,
76
14 juin 2018.
Le principe de « hiérarchie des déchets » était déjà encouragé précédemment par l’Union européenne
à travers la directive européenne 2008/98/CE précitée qui, en son article 4, explique qu’un ordre de
priorité doit être établi en matière de déchets, en favorisant, par ordre d’importance, la prévention,
la préparation en vue de la réutilisation, le recyclage, la valorisation énergétique et, enfin,
77
l’élimination. Commission européenne, « Économie circulaire : les nouvelles règles adoptées par
l’Union européenne feront d’elle le chef de file au niveau mondial dans le domaine de la gestion et du
78
recyclage des déchets », Communiqué de presse, 22 mai 2018, https://europa.eu.
Annexe IVbis de la directive européenne (UE) 2018/851 précitée.
CH 2455-2456
L’ÉCONOMIE 4
Dans la directive relative aux déchets et celle relative aux emballages et aux déchets
d’emballages, l’Union européenne fixe des objectifs chiffrés de réutilisation et de
recyclage.
Les déchets municipaux sont définis dans la directive (UE) 2018/851 comme « les déchets
en mélange et les déchets collectés séparément provenant des ménages, y compris le
papier et le carton, le verre, les métaux, les matières plastiques, les biodéchets, le
bois, les textiles, les emballages, les déchets d’équipements électriques et électroniques,
les déchets de piles et d’accumulateurs, ainsi que les déchets encombrants, y
80
compris les matelas et les meubles » . Les objectifs de réutilisation et de recyclage des
déchets municipaux dans leur ensemble sont fixés comme suit : 55 % d’ici 2025, 60 %
d’ici 2030 et 65 % d’ici 2035. Par comparaison, la situation enregistrée était, selon les
chiffres d’Eurostat, de 46 % en 2017.
Des objectifs spécifiques ont également été définis par type de déchets d’emballages
(cf. Tableau 1). Par emballage, il faut entendre spécifiquement les produits constitués de
matériaux de toute nature, destinés à contenir et à protéger des marchandises données,
allant des matières premières aux produits finis, à permettre leur manutention et
leur acheminement du producteur au consommateur ou à l’utilisateur, et à assurer
81 © CRISP | Téléchargé le 29/03/2023 sur www.cairn.info (IP: 196.119.28.138)
leur présentation . Les objectifs de recyclage des emballages repris dans la directive
concernent tous les emballages mis sur le marché, quel que soit le secteur d’activité
concerné : l’industrie, le commerce, les services, les ménages, etc.
79
Point 14 de la directive européenne (UE) 2018/851 précitée.
80
Article 3 de la directive européenne (UE) 2018/851 précitée. Comme déjà indiqué, selon ce même article,
les « biodéchets » sont les déchets biodégradables de jardin et de parc, les déchets alimentaires et de
cuisine provenant des ménages, des bureaux, des restaurants, du commerce de gros, des cantines, des
traiteurs et des magasins de vente au détail, ainsi que les déchets comparables provenant des usines de
transformation de denrées alimentaires.
81
Définition fournie par la Commission interrégionale de l’emballage (CIE : institution publique en charge
de la législation belge relative aux déchets d’emballages et du transit de déchets).
CH 2455-2456
4 L’ÉCONOMIE
En comparant les objectifs repris dans la directive (UE) 2018/852 et la dernière mise à
82
jour des données statistiques d’Eurostat (relatives à 2017) , il semble que les taux de
recyclage concernés progressent plus rapidement que prévu.
Collecte séparée
Pour permettre un recyclage de qualité et favoriser l’utilisation de matières
premières secondaires de qualité, l’Union européenne, dans sa directive 2008/98/CE,
avait instauré l’obligation pour les États membres d’organiser, dès 2015, une collecte
séparée pour le papier, le métal, le plastique et le verre. À travers la nouvelle directive,
l’Union européenne entend élargir ce principe de collecte séparée aux biodéchets, dès
83 84 85
2023 , aux déchets dangereux produits par les ménages et aux déchets textiles , dès
2025. Des collectes séparées devront également à l’avenir être organisées dans le secteur
de la construction.
2.3. BILAN ET PERSPECTIVES © CRISP | Téléchargé le 29/03/2023 sur www.cairn.info (IP: 196.119.28.138)
82
La dernière mise à jour date du 31 janvier 2020 (code des données en ligne : ten00063, « Recycling
rates for packaging waste »).
83
Article 10, point 6, de la directive européenne (UE) 2018/851 précitée.
84
Article 20, point 1, de la directive européenne (UE) 2018/851 précitée.
85
Article 11, § 1, de la directive européenne (UE) 2018/851 précitée.
86
Article 5, § 3bis et § 5, de la directive européenne (UE) 2018/851 précitée.
CH 2455-2456
L’ÉCONOMIE 4
87
Commission européenne, « Rapport au Parlement européen, au Conseil, au Comité économique et
social européen et au Comité des Régions relatif à la mise en œuvre du plan d’action en faveur
d’une économie circulaire », COM(2019) 190 final, 4 mars 2019.
88
Dernière année disponible lors de la collecte des données pour la réalisation du rapport.
89
Eurostat, « Record pour les taux de recyclage et l’utilisation de matériaux recyclés dans l’UE », Communiqué
de presse, 4 mars 2019, https://ec.europa.eu.
CH 2455-2456
4 L’ÉCONOMIE
Dans son rapport d’évaluation, la Commission européenne énumère également une série
de défis pour l’avenir, comme le développement des marchés pour les matières
premières secondaires, une intensification de la recherche, de l’innovation et des
investissements dans les secteurs prioritaires, une meilleure information des
consommateurs, une rigueur accrue dans la lutte contre la toxicité environnementale
des produits, des avancées concernant la problématique spécifique des matières
premières critiques, etc. La Commission européenne estime enfin que, comme ce fut
le cas pour le plastique, d’autres secteurs nécessitent aujourd’hui une attention
particulière afin d’y permettre un développement des principes de circularité. Elle
vise ainsi les technologies de l’information, l’électronique, la mobilité,
l’environnement bâti, l’exploitation minière, l’ameublement, l’alimentation et les
boissons, et le secteur du textile.
90
Ibidem.
91
Commission européenne, « Le pacte vert pour l’Europe. Communication au Parlement européen, au
Conseil européen, au Conseil, au Comité économique et social européen et au Comité des Régions
», COM(2019) 640 final, 11 décembre 2019.
92
Commission européenne, « Circular Economy Action Plan. For a cleaner and more competitive Europe »,
s.d. [avril 2020], https://ec.europa.eu.
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L’ÉCONOMIE 4
CH 2455-2456
3. LA RÉGLEMENTATION FÉDÉRALE BELGE
Afin de proposer sa feuille de route pour une économie circulaire, l’échelon fédéral
s’est appuyé sur un document de recherche préparatoire publié un peu plus tôt dans
l’année 2016. Cette étude, menée par trois organismes de consultance privés – à savoir
PricewaterhouseCoopers (PwC), en collaboration avec l’Institut de conseil et
d’études en développement durable (ICEDD) et Oakdene Hollins –, visait à chiffrer le
95
potentiel économique de l’économie circulaire en Belgique à l’horizon 2030 .
93
Cabinet de la ministre fédérale de l’Énergie, de l’Environnement et du Développement durable,
« Ensemble, faisons tourner l’économie en développant l’économie circulaire en Belgique », octobre
2016, www.marghem.be.
94
95
Les trois Régions sont notamment responsables de la chaîne de destruction des déchets.
PricewaterhouseCoopers, « Économie circulaire : potentiel économique en Belgique », Rapport final au
SPF Santé publique, Sécurité de la chaîne alimentaire et Environnement, février 2016,
www.health.belgium.be.
CH 2455-2456
L’ÉCONOMIE 4
3.1.1.Potentiel économique
3.1.2.Mesures et financement
Sur cette base, et après concertation des secteurs concernés, l’Autorité fédérale a dégagé
21 mesures à mettre en place à son niveau. Parmi celles-ci, la feuille de route dite
« Marghem-Peeters » propose d’encourager le démantèlement manuel de certains
composants contenant des métaux précieux et/ou des matières premières critiques, et
d’inciter, lorsque les conditions s’y prêtent, le passage d’un modèle basé sur les
produits vers un modèle basé sur les services (conformément au principe
d’économie de la fonctionnalité). Les deux ministres souhaitent également mettre en
place une réflexion, avec les producteurs concernés, sur les microplastiques primaires
(qui se retrouvent dans le dentifrice, les particules de pneus usés utilisées pour les
terrains de foot artificiels ou encore certains résidus dans le secteur de la construction
ou les matières textiles). Ces microplastiques ne sont pas recyclables et finissent
d’une manière ou d’une autre par avoir un impact sur l’environnement. Pour
soutenir la demande en plastique recyclé, il s’agirait notamment d’intégrer un taux
de contenu en plastique recyclé dans les évaluations des marchés publics. La volonté
de l’Autorité fédérale est par ailleurs de procéder à une meilleure information des
différents acheteurs publics sur les différents principes de l’économie circulaire.
D’autres mesures proposées dans cette feuille de route concernent encore la lutte contre © CRISP | Téléchargé le 29/03/2023 sur www.cairn.info (IP: 196.119.28.138)
96
les allégations environnementales trompeuses qui accompagnent certains produits ,
le développement d’outils pour assurer une meilleure information des
consommateurs,
96
Conformément à la directive 2005/29/CE du Parlement européen et du Conseil du 11 mai 2005
relative aux pratiques commerciales déloyales des entreprises vis-à-vis des consommateurs dans le
marché intérieur et modifiant la directive 84/450/CEE du Conseil et les directives 97/7/CE, 98/27/CE et
2002/65/CE du Parlement européen et du Conseil et le règlement (CE) n° 2006/2004 du Parlement
européen et du Conseil (Journal officiel de l’Union européenne, L 149, 11 juin 2005), dite directive
européenne sur les pratiques commerciales déloyales.
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5 L’ÉCONOMIE
97
SPF Économie, PME, Classes moyennes et Énergie, « Financement de l’économie circulaire », juin 2018,
https://economie.fgov.be.
98
Chambre des représentants, Note de politique générale. Environnement et Développement durable, n°
3296/10, 22 octobre 2018.
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L’ÉCONOMIE 5
99
Bureau fédéral du plan, « Quelle priorité pour un développement durable ? Rapport sur le développement
durable 2019. État des lieux et évaluation », juin 2019, www.plan.be, p. 40.
100
Définition proposée dans l’étude commandée par les ministres fédéraux M.-C. Marghem et K.
Peeters au bureau d’études RDC Environnement : « L’obsolescence programmée : politiques et mesures
belges de protection du consommateur. Rapport final », mai 2017, https://economie.fgov.be.
101
Chambre des représentants, Proposition de loi modifiant le Code civil et le Code de droit économique,
visant à lutter contre l’obsolescence programmée, n° 1603/001, 22 janvier 2016.
102
Chambre des représentants, Proposition de loi relative à la lutte contre l’obsolescence organisée et au soutien
103
à l’économie circulaire, n° 1749/1, 11 avril 2016.
Chambre des représentants, Proposition de loi relative à l’obsolescence programmée, n° 1783/1, 20 avril 2016.
CH 2455-2456
5 L’ÉCONOMIE
104
consommateur le bénéfice de la garantie entre la fin du sixième mois et son expiration
; augmente la garantie pour les produits d’occasion à minimum deux ans ; et oblige
le fabricant à mentionner sur les produits et les publicités le concernant la durée de
105
vie ainsi que le caractère réparable ou non de celui-ci .
En janvier 2018, le MR a dit préparer sa propre proposition de loi, en accord avec ses
trois partenaires au sein du gouvernement fédéral : le CD&V, l’Open VLD et la N-VA.
Ce projet a avorté un mois plus tard, aucun accord n’ayant pu être dégagé au sein de
106
la majorité . En parallèle, le MR a déposé, le 11 janvier 2018, une proposition de
résolution pour promouvoir l’économie circulaire et lutter contre l’obsolescence
107
programmée . Le 21 février 2018, la proposition de loi sur laquelle la commission de
l’Économie travaillait depuis deux ans a été déclarée sans objet, certains partis (le MR,
notamment) ne souhaitant pas légiférer sur la question. Le même jour, la proposition
de résolution déposée par les libéraux francophones a quant à elle été adoptée,
majorité contre opposition, mais ce texte, contrairement à une loi, n’a pas de valeur
contraignante.
La question de l’obsolescence programmée est délicate. En souhaitant étendre la
garantie légale, ou en imposant aux fabricants certaines normes sur la présentation
de leurs produits, les auteurs des trois propositions de loi visaient à faciliter les
opportunités de réparation et à responsabiliser les fabricants sur une conception
plus durable de leurs produits. Prolonger la durée de garantie légale devrait avoir
l’effet d’encourager les fabricants à proposer des produits plus solides et réparables,
évitant ainsi des coûts de réparation élevés. Toutefois, il ne s’agit pas de tenir compte
que des fabricants – qui sont généralement de grandes marques internationales – et les
consommateurs, sans prendre en considération les commerçants. Comme l’explique la
fédération belge du commerce, Comeos, « les commerçants n’ont pas d’emprise sur
la qualité des produits. C’est particulièrement problématique pour l’électronique grand
public et pour l’électroménager. Demain, si la Belgique décide seule d’un allongement de
la garantie, les grandes marques de ces secteurs ne s’adapteront tout simplement pas.
Nous n’avons aucune marge de négociation avec elles et nous ne pouvons pas nous
108
passer de leurs produits » . Les commerçants craignent également qu’un allongement
de la garantie entraîne une nouvelle augmentation de la concurrence avec le
commerce en ligne (e-commerce) provenant de l’étranger. L’enjeu serait alors de
porter le débat au niveau européen. C’est le point de vue défendu par le MR à
travers sa résolution.
Afin d’alimenter les débats, une étude a été réalisée en 2017 par le bureau d’études
109
Research, Development & Consulting (RDC) Environment , à la demande des ministres
fédéraux M.-C. Marghem et K. Peeters. Cette analyse souligne que, même s’il n’est
pas
© CRISP | Téléchargé le 29/03/2023 sur www.cairn.info (IP: 196.119.28.138)
104
Actuellement, c’est au consommateur de prouver, au bout des six premiers mois suivant l’achat, que son
acquisition est tombée en panne en raison d’un défaut de fabrication et non d’un usage
inapproprié.
105
Chambre des représentants, Commission de l’Économie, de la Politique scientifique, de l’Éducation, des
Institutions scientifiques et culturelles nationales, des Classes moyennes et de l’Agriculture,
Proposition de loi modifiant le Code civil et le Code de droit économique, visant à lutter contre l’obsolescence
programmée. Rapport, n° 1603/4, 9 mars 2018.
106
Le Soir, 21 février 2018.
107
Chambre des représentants, Proposition de résolution visant le développement de l’économie circulaire et
la lutte contre l’obsolescence programmée, n° 2884/1, 11 janvier 2018.
108
109
Le Soir, 17 janvier 2018.
RDC Environnement, « L’obsolescence programmée : politiques et mesures belges de protection du
consommateur. Rapport final », op. cit.
CH 2455-2456
L’ÉCONOMIE 5
exclu qu’elle existe dans certains cas, il est très difficile de démontrer l’existence de
l’obsolescence programmée : « En effet, les pratiques dénoncées sont justifiées par les
fabricants par des raisons économiques, techniques et de prévention des risques qui sont
110
crédibles . C’est pourquoi seuls trois fabricants ont fait l’objet de procédures judiciaires
dans le monde et aucune d’elles n’a débouché sur une condamnation directement
liée à la programmation de l’obsolescence ». Certains types de produits, les smartphones
par exemple, sont pourtant souvent l’objet de suspicion à cet égard. Les débats
parlementaires au sein de la commission chargée de l’Économie ont également mis
en évidence cette difficulté à prouver l’obsolescence programmée. RDC
Environnement préconise dès lors d’élargir le champ d’étude aux mesures visant à
augmenter la durée de vie des produits. Dans ce cadre, le bureau d’études défend une
série de mesures à mettre en place, et celles-ci rejoignent globalement ce qui a déjà été
proposé en commission de la Chambre : obliger les fabricants à afficher la durée de vie
attendue du produit et à mieux communiquer sur le degré de réparabilité de celui-ci,
allonger la durée de garantie légale (en fonction des catégories de produits) et celle de la
charge de la preuve, rendre obligatoire la disponibilité de pièces détachées et, enfin,
sensibiliser au mieux le consommateur. « Toutes ces mesures auront un effet plus fort si
elles sont appliquées dans l’ensemble de l’Union européenne », précise cependant
l’étude.
Si les discussions autour des propositions de loi déposées en 2016 n’ont pas abouti,
la question n’est pas pour autant enterrée. La commission de l’Économie examine
111 112
actuellement trois nouvelles propositions de loi jointes par le PS , le CDH et le
113
groupe Écolo-Groen en 2019 et 2020, défendant, en substance, la même philosophie
qu’en 2016.
À cette occasion, la commission de l’Économie a procédé, en février 2020, à
l’audition de différents acteurs associés à cette problématique : la Commission
européenne, Agoria, Comeos, Test Achats, RDC Environment, Repair&Share et
114
Écoconso . Il en ressort qu’au niveau européen, la directive de référence concernant
er 115
les contrats de vente de biens (d’application à partir du 1 janvier 2022) table sur
une garantie légale de deux ans au minimum et sur une durée d’une année durant
laquelle le défaut est présumé avoir été présent au moment de la livraison, sauf si le
vendeur apporte la preuve du contraire
110
À titre d’exemple, Apple a récemment accepté une transaction de 25 millions d’euros pour n’avoir
pas suffisamment informé ses clients du fait que les mises à jour logicielles ralentissaient ses anciens
modèles d’iPhone. L’entreprise s’est justifiée en expliquant qu’elle souhaitait ainsi épargner
l’autonomie des plus vieux smartphones.
111
Chambre des représentants, Proposition de loi visant à lutter contre l’obsolescence programmée et à
soutenir l’économie de la réparation, n° 193/1, 19 juillet 2019.
112
Chambre des représentants, Proposition de loi modifiant le Code civil et le Code de droit économique, © CRISP | Téléchargé le 29/03/2023 sur www.cairn.info (IP: 196.119.28.138)
visant à lutter contre l’obsolescence programmée et l’obsolescence prématurée et à augmenter les
possibilités de réparation, n° 771/1, 19 novembre 2019.
113
Chambre des représentants, Proposition de loi visant à lutter contre l’obsolescence organisée et à
soutenir l’économie circulaire, n° 914/1, 7 janvier 2020.
114
Chambre des représentants, Commission de l’Économie, de la Protection des consommateurs et de l’Agenda
numérique, Proposition de loi modifiant le Code civil et le Code de droit économique, visant à lutter contre
l’obsolescence programmée et l’obsolescence prématurée et à augmenter les possibilités de réparation. Proposition
de loi visant à lutter contre l’obsolescence programmée et à soutenir l’économie de la réparation. Proposition
de loi visant à lutter contre l’obsolescence organisée et à soutenir l’économie circulaire. Rapport des
auditions, n° 771/3, 26 mars 2020.
115
Directive (UE) 2019/771 du Parlement européen et du Conseil du 20 mai 2019 relative à certains aspects
concernant les contrats de vente de biens, modifiant le règlement (UE) 2017/2394 et la directive 2009/22/CE
et abrogeant la directive 199/44/CE, Journal officiel de l’Union européenne, L 136, 22 mai 2019.
CH 2455-2456
5 L’ÉCONOMIE
(délai qui peut être porté à deux ans pour les États membres qui le souhaitent). Le
Centre commun de recherche de la Commission européenne (CCR) étudie par
ailleurs la possibilité de développer un système de notation de la réparabilité des
produits. Agoria a rappelé que l’industrie technologique, qu’elle représente, avait ses
spécificités en termes de fonctionnalité, de comptabilité et de mise à jour, et que, au
risque d’affaiblir la compétitivité des entreprises belges, le délai de garantie légale
devrait être harmonisé au niveau européen. Pour Agoria, il en va de même pour ce
qui est de la méthodologie devant déterminer la durée de vie de tel ou tel produit, ainsi
que de la charge de la preuve. Comeos défend le point de vue déjà évoqué plus haut
concernant les commerçants ; elle précise également qu’une obligation de mettre des
pièces de rechange à disposition peut s’avérer compliquée en pratique et préfère jouer
la carte de la transparence envers le consommateur quant à la disponibilité ou non
des pièces de rechange, non pas sur l’emballage mais via un passeport produit en ligne.
Pour sa part, l’association de protection des consommateurs Test Achats a fait part de
son expérience issue de son point de contact, initié fin 2016 : « Trop vite usé ». Depuis
son ouverture, ce point de contact a déjà enregistré près de 9 000 signalements, relatifs
essentiellement à des téléphones mobiles, des imprimantes, des lave-linge et des
lave-vaisselle. Test Achats défend l’idée que
« l’obsolescence peut se manifester de différentes manières. Les fabricants peuvent
notamment utiliser des matériaux de qualité inférieure pour fabriquer un produit. Ils
peuvent également rendre les réparations impossibles, par exemple en collant les pièces
ou en ne fournissant pas de pièces de rechange. D’autres encore n’offrent plus de
mise à jour des logiciels et jouent sur l’aspect psychologique en séduisant les
consommateurs avec de nouveaux gadgets. (…) Un autre problème concerne les
appareils high tech qui ont été conçus de manière à ne pouvoir être réparés que par des
réparateurs agréés ». Quant à l’association Repair&Share, elle a demandé qu’un recours
accru à l’écoconception soit légalement organisé et que la Belgique dresse un registre
officiel des réparateurs exerçant sur son sol. Enfin, et sans vouloir ici entrer dans les
détails, les débats en commission de l’Économie ont également porté sur l’utilité
d’une baisse de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) pour les activités de réparation, le
coût occasionné par celles-ci étant souvent jugé trop élevé par rapport au
remplacement par un bien neuf.
Si les débats relatifs à l’éventualité de légiférer en Belgique sur la question de
l’obsolescence programmée sont loin d’être clos, d’autres initiatives pour lutter contre la
fin de vie précoce de certains produits ont déjà vu le jour. C’est le cas du point de contact
« Trop vite usé » déjà mentionné plus haut, qui permet à Test Achats de collecter une
série d’informations sur le vieillissement prématuré de certains appareils. De son côté,
le SPF Économie, PME, Classes moyennes et Énergie a créé en 2017 une plateforme de
concertation sur la durée de vie des produits ; elle réunit les administrations
impliquées et les parties prenantes, comme Agoria ou Test Achats, ainsi que des © CRISP | Téléchargé le 29/03/2023 sur www.cairn.info (IP: 196.119.28.138)
organisations environnementales. Les mesures discutées au sein de cette plateforme
portent notamment sur l’écoconception des produits, la réparation, l’information, le
116
contrôle, les garanties et les incitations fiscales . En mars 2019, elle s’était réunie
six fois.
116
SPF Économie, PME, Classes moyennes et Énergie, « Single Market Forum 2018-2019. Circular
Economy: how to foster a sustainable paradigm (a new way of consuming and entrepreneurship)? Actes du
colloque »,
s.d. [février 2020], https://economie.fgov.be.
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4. LES RÉGLEMENTATIONS RÉGIONALES
(WALLONIE, BRUXELLES-CAPITALE, FLANDRE)
Ce chapitre propose une vue d’ensemble, non exhaustive, des mesures et plans
d’action mis en place en Belgique au niveau régional pour soutenir le développement de
l’économie circulaire. Si l’intention n’est ici que de proposer un simple survol des
politiques régionales, un prochain Courrier hebdomadaire abordera la question plus
en détail pour la Région wallonne, avec une analyse des différents acteurs concernés,
des enjeux du secteur et du poids économique de ce dernier.
Les trois Régions ont chacune établi un plan d’action visant le développement d’une
économie circulaire, avec pour lignes directrices un certain nombre d’objectifs ainsi
que des propositions pour y parvenir, dont certaines comprennent un accompagnement
et un soutien financier aux entreprises sous la forme d’appels d’offre, de concours
ou de subventions.
En Wallonie, les politiques de soutien à l’économie circulaire ont été à l’origine intégrées
au Plan Marshall 4.0. Adopté fin mai 2015 (pour la période 2015-2019), celui-ci rassemble
les principaux axes de redéploiement économique de la Région wallonne, dont l’axe
4 intitulé « Soutenir l’efficacité, la transition énergétique et l’économie circulaire ».
Dans ce cadre, un dispositif d’accompagnement des entreprises désireuses d’optimiser
l’usage de leurs ressources a été développé à travers le programme NEXT-Économie
circulaire. En complément de ce programme, l’Agence pour l’entreprise et
l’innovation (AEI), organisme public wallon, coordonne les mesures d’économie circulaire
en Région wallonne et aide les entreprises innovantes en la matière.
Le 22 mars 2018, le gouvernement wallon Borsus (MR/CDH) a adopté le Plan wallon
des déchets-ressources, regroupant pas moins de 700 mesures dans le but de © CRISP | Téléchargé le 29/03/2023 sur www.cairn.info (IP: 196.119.28.138)
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5 L’ÉCONOMIE
Pour ce qui est des actions d’accompagnement, de financement et de soutien aux projets
menés dans le cadre de ce plan, plusieurs initiatives ont également vu le jour.
Parallèlement au programme NEXT, il s’agit notamment de l’appel à projets lancé
pour mettre en place une filière de recyclage du plastique en Wallonie (cf. infra), de
la possibilité de se tourner, pour les PME et très petites entreprises (TPE), vers
Novallia (filiale de la Société wallonne de financement et de garantie des petites et
117
moyennes entreprises – SOWALFIN ) et de la mise à disposition des chèques
économie circulaire. Ces derniers sont accordés pour financer des études de faisabilité
pour des projets visant une meilleure utilisation des ressources, un démantèlement plus
efficace des produits ou la prolongation de la durée de vie de ceux-ci.
Le 21 février 2019, cinq députés du Parlement wallon ont remis un rapport
introductif présentant un état des lieux de l’économie circulaire en Wallonie, ainsi
118
qu’une série de recommandations . Celles-ci se retrouvent également dans la
résolution adoptée à l’unanimité par le Parlement wallon le 3 mai 2019 et visant à
119
soutenir le développement de l’économie circulaire en Wallonie . Ce rapport
parlementaire évoque une centaine de mesures à suivre.
Le 27 novembre 2019, quelque 110 organisations publiques et privées se sont engagées
dans le projet « Green deal achats circulaires ». Une trentaine d’organisations les ont
rejointes par la suite. L’objectif de la démarche est de privilégier, par l’engagement des
signataires, l’achat de produits réutilisables ou de marchandises recyclées ou remises à neuf,
la rénovation de bâtiments avec des matériaux de réemploi, etc. Chaque signataire s’engage
pour une durée de trois ans.
La problématique de la gestion des déchets et le développement de l’économie circulaire
font l’objet d’un chapitre entier au sein de la déclaration de politique régionale (DPR)
du gouvernement wallon Di Rupo III (PS/MR/Écolo) entré en fonction en septembre
120
2019 . On y apprend notamment que le gouvernement wallon entend mettre en œuvre
les recommandations parlementaires édictées en mai 2019. Il subsidiera également les
entreprises pour la réalisation d’un audit « ressources et énergie » afin d’optimaliser
les consommations d’énergie et de ressources et définir les mesures à prendre pour
entrer en transition vers un modèle circulaire. Les zonings wallons seront
progressivement transformés en éco-zonings. Le gouvernement wallon entend
également soutenir le développement d’une économie circulaire à travers une
attention particulière accordée à l’ensemble des marchés et achats publics. Selon la
DPR, « c’est aux pouvoirs publics de montrer l’exemple ». Des labels seront instaurés
pour les entreprises qui font des efforts dans le développement de produits durables
pouvant être réparés.
Le gouvernement wallon met également clairement l’accent sur la lutte contre
l’usage inapproprié du plastique : « À l’horizon 2030, les usages du plastique ne © CRISP | Téléchargé le 29/03/2023 sur www.cairn.info (IP: 196.119.28.138)
pourront être conservés que dans le cas où le plastique reste la seule solution ou la
solution la plus durable (…). En exécution de sa stratégie de sortie du plastique, la
Wallonie veillera à faire
117
La SOWALFIN est une société anonyme d’intérêt public mise en place par le gouvernement wallon
en 2002 afin de faciliter l’accès au financement pour les entreprises.
118
119
Parlement wallon, Rapport introductif sur l’économie circulaire en Wallonie, n° 1301/1, 21 février 2019.
Parlement wallon, Résolution visant à soutenir le développement de l’économie circulaire en Wallonie, n° 1330/3,
3 mai 2019.
120
« Déclaration de politique. Wallonie 2019-2024 », s.d. [septembre 2019], www.wallonie.be, p. 27-30
(chapitre 6 : « L’économie circulaire et régénératrice »).
CH 2455-2456
L’ÉCONOMIE 5
émerger une véritable filière wallonne du recyclage du plastique, tout comme pour d’autres
types de déchets (huiles usagées, matelas, déchets de construction, etc.) ».
Enfin, un objectif de diminution d’au moins 50 % des niveaux actuels d’incinération
des déchets a été avancé pour 2027. « En ce sens, le gouvernement généralisera la collecte
de la fraction organique des déchets ménagers et encouragera la séparation de la
fraction organique pour les déchets industriels en provenance des entreprises, des
collectivités, du secteur horeca, etc. ».
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5 L’ÉCONOMIE
financés (pour un montant total de 11,5 millions d’euros) et plus de 200 séminaires
et ateliers de travail organisés sur le sujet de l’économie circulaire. Par exemple, un
centre dédié au réemploi des matériaux de construction a vu le jour à Anderlecht (le
Centre de référence professionnelle bruxellois dans le secteur de la construction -
CDR Construction), les 700 anciens sièges du Théâtre royal de la Monnaie ont trouvé
une seconde vie au sein du projet Usquare.brussels, une chaire en économie
circulaire et métabolisme urbain a été créée à l’Université libre de Bruxelles (ULB) et
un dispositif d’identification des barrières technico-administratives au développement
de l’économie circulaire a été mis en place à travers le projet Circular Regulation Deal
125
(CIREDE) .
Une étude parue en octobre 2018 propose une évaluation des réalisations amenées par
126
le PREC . Elle met en avant le caractère « novateur, ambitieux et complet » du projet.
Cependant, ses auteurs, issus du milieu académique, proposent également quelques
points d’attention pour l’avenir, parmi lesquels le besoin d’une vision prospective de
long terme, la nécessité de mettre en place une formation spécialisée en économie
circulaire dans les établissements d’enseignement supérieur bruxellois, l’opportunité de
mobiliser davantage le levier des marchés publics et l’utilité de passer d’une « discussion
de niche » à une sensibilisation élargie du public.
Pour la législature régionale en cours, le gouvernement bruxellois Vervoort III
(PS/Écolo/ Défi/Groen/Open VLD/one.brussels-sp.a), installé en juillet 2019, entend
127
appuyer plus encore le PREC – parallèlement au plan régional de gestion des
ressources et déchets (PGRD) et au plan industriel bruxellois – afin de soutenir, par
voie réglementaire, l’émergence de nouvelles filières de valorisation des déchets et des
ressources (déchets plastiques, huiles usagées, bois, textiles, matelas ou déchets de
128
construction) . Il souhaite également soutenir la mise en place d’un système d’audit «
ressources et déchets » au sein des entreprises bruxelloises, encourager une politique
régionale circulaire en matière de marchés publics et d’achats, analyser l’opportunité de
créer un label « designed/made/ grown/repaired in and around Brussels », et enfin
développer l’axe circulaire dans le secteur de la construction en veillant à localiser à
Bruxelles un maximum d’emplois et d’activité économique dans ce secteur.
125
126 « be.circular be.brussels. Rapport d’activité intermédiaire 2016-2018 », s.d., www.circulareconomy.brussels.
Chair Circular Metabolism, « Évaluation du programme régionale [sic] en économie circulaire de la Région
de Bruxelles-Capitale. Un regard académique sur le programme initial et les réalisations (2016-2018) »,
127 octobre 2018, https://circularmetabolism.com.
Piloté sous cette législature par Alain Maron (Écolo), ministre de la Transition climatique, de
l’Environnement, de l’Énergie et de la Démocratie participative, et Barbara Trachte (Écolo),
128 secrétaire d’État chargée de la Transition économique et de la Recherche scientifique.
« Déclaration de politique générale commune au gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale
et au collège réuni de la Commission communautaire commune. Législature 2019-2024 », s.d. [juillet
2019], https://be.brussels, p. 57-70.
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L’ÉCONOMIE 5
baptisé Plan C, ne visait pas uniquement à limiter la production de déchets mais bien
à promouvoir une utilisation plus efficiente des matériaux, avec des schémas de
production et de consommation différents.
En 2012, la Région flamande a présenté son plan d’action, intitulé Vlaams
Materialenprogramma (Agenda 2020), piloté par l’OVAM et relevant de 33 organisations
issues des pouvoirs publics, de l’industrie, du monde scientifique et de la société civile.
Des thématiques particulières y ont fait jour : la gestion durable des matériaux de
construction, la bio-économie, un cycle fermé pour les matériaux chimiques, et
l’utilisation des métaux dans le cadre de cycle fermé.
En mars 2018, le gouvernement flamand Bourgeois (N-VA/CD&V/Open VLD) a
dévoilé une stratégie à long terme sous les traits de la « Visie 2050 », comportant un
129
volet pour la promotion de l’économie circulaire . Dans ce cadre, le programme
Vlaanderen Circulair avait été institué dès janvier 2017. Intégré à l’OVAM, celui-ci
résulte de la fusion de Plan C et du Materialenprogramma. Il s’agit d’un partenariat
regroupant les autorités régionales et locales, ainsi que la société civile, le secteur de
la finance et le monde académique. Sous l’autorité des ministres flamands en charge de
l’Environnement et de l’Économie, plusieurs initiatives ont vu le jour, comme la
promotion d’achats circulaires, des campagnes de sensibilisation, le soutien à
l’écoconception via la remise de prix (awards) et le développement d’un outil
d’évaluation en ligne, le partage de bonnes pratiques, etc. Des appels à projets sont
également lancés, notamment pour des projets d’innovation, avec, pour les années
2017-2018, quelque 135 projets retenus et financés à hauteur de 11 millions d’euros
130
.
131
Dans son accord de gouvernement , le gouvernement flamand Jambon (N-VA/CD&V/
Open VLD), installé début octobre 2019, fixe un objectif de recyclage général de 77,5 %
pour la Flandre à l’horizon 2030 (contre 70 % actuellement), avec la volonté de recycler
autant que possible sur son propre territoire.
129
« Startnota. Transitieprioriteit Circulaire Economie. “Vlaanderen Circulair”. Een stuwende kracht naar
een circulaire economie in Vlaanderen », s.d. [février 2017], www.vlaandereen.be.
130
SPF Économie, PME, Classes moyennes et Énergie, « Single Market Forum 2018-2019. Circular Economy:
how to foster a sustainable paradigm (a new way of consuming and entrepreneurship)? », op. cit.
131
« Vlaamse Regering 2019-2024. Regeerakkoord », [octobre] 2019, www.vlaandereen.be.
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5. ÉVALUATION ET ÉTAT DES LIEUX EN BELGIQUE
Le cadre réglementaire belge ayant été posé, tant au niveau fédéral qu’aux niveaux
régionaux, il semble opportun de fournir un bref état des lieux de ce que recouvrent
actuellement la gestion des déchets et le développement de l’économie circulaire en
Belgique.
Le tableau 4 figurant en fin de chapitre fournit les données Eurostat pour la Belgique
et les autres pays membres de l’Union européenne concernant le traitement des
déchets. Dans une approche plus qualitative de la situation, le Conseil central de
l’économie (CCE) a pour sa part procédé, en juin 2019, à l’examen de l’état des lieux
de la transition belge vers une économie circulaire sous l’angle de l’efficacité avérée ou
132
non des politiques menées pour y parvenir . Il a ainsi évalué les progrès réalisés par
la Belgique en matière d’utilisation rationnelle des ressources (à travers les concepts
de consommation, de productivité, de réutilisation et de réparation des matières), en
matière de gestion durable des déchets (production et traitement des déchets), ainsi
qu’en matière d’éco-innovation et de ses retombées positives sur la société en termes de
création d’emplois et de valeur ajoutée. C’est ce rapport qui servira de fil rouge et de
principale source au présent chapitre.
132
Conseil central de l’économie, « Progrès réalisés dans le domaine de l’économie circulaire en Belgique »,
Note documentaire, juin 2019, www.ccecrb.fgov.be.
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L’ÉCONOMIE 6
133
Toutes les entreprises qui mettent des produits ménagers emballés sur le marché doivent adhérer à
Fost Plus et lui verser chaque année une contribution sur la base du nombre et du type
d’emballages.
134
Agoria et Essenscia, « Industrie belge du plastique et économie circulaire », op. cit.
135
RTBF Info, 14 juin 2019, www.rtbf.be.
136
Gouvernement wallon, « La Wallonie passe à l’ère du recyclage plastique ! », Communiqué de presse,
16 mai 2019, https://gouvernement.wallonie.be.
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6 L’ÉCONOMIE
137
Le logo Point Vert indique donc que l’entreprise qui met le produit emballé sur le marché est
membre de Fost Plus et contribue par conséquent à la collecte sélective, au tri et au recyclage de
l’emballage. Le logo ne signifie pas automatiquement que l’emballage se compose de matériaux recyclés.
Il n’est pas non plus une garantie que l’emballage sur lequel le logo est imprimé sera recyclé.
138
S. WARSZTACKI, « Recyclage : chirurgie plastique », Médor, n° 14, 2019, p. 20-29.
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L’ÉCONOMIE 6
Belgique, 14,7 % aux Pays-Bas, 7,4 % en Allemagne, 3,0 % en France et 0,8 % ailleurs
(cf. Graphique 5). L’organisme de collecte estime que seule « une fraction minime (moins
de 100 tonnes) » de ces emballages ménagers belges est traitée en dehors de l’Europe. Mais
il convient d’ajouter avec Médor que toutes les entreprises ne déclarent pas leurs
déchets, un constat qui est particulièrement fréquent dans l’e-commerce,
notamment.
70 %
60 %
50 %
40 %
30 %
20 %
14,7 %
7,4 %
10 %
3,0 %
0,8 %
0%
Belgique Pays-Bas Allemagne France Autres
Source : Fost Plus.
139
L’Écho, 19 mai 2020.
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6 L’ÉCONOMIE
(0,4 %) (cf. Graphique 6). Bien que les déchets municipaux ne représentent en Belgique
comme ailleurs en Europe qu’une dizaine de pourcents des déchets produits, ils
concentrent dans une certaine mesure l’attention politique et les débats en cours. Cela
s’explique notamment par leur composition hétérogène, qui les rend difficiles à
traiter de manière respectueuse de l’environnement. Leur mode de traitement donne
par ailleurs une bonne indication de la qualité du système de gestion des déchets dans son
ensemble.
Services
9%
Industrie
52 %
Construction
31 %
Source : Statbel.
Dans le cadre du suivi statistique mis en place au niveau européen (via Eurostat)
pour juger des avancées en matière de développement d’une économie circulaire,
intervient un indicateur concernant le secteur de la construction. Il s’agit du « taux de
récupération des déchets de construction et de démolition », qui est défini comme étant
« le ratio des déchets de construction et de démolition préparés pour une
réutilisation, recyclés ou sujets à la récupération de matériaux, incluant les opérations
de remblayage, divisés par les déchets de construction et de démolition collectés et
traités suivant le règlement (EC) n° 2150/2002 sur les statistiques des déchets ». Seuls les
déchets non dangereux sont ici pris en compte. Selon Eurostat, ce ratio s’élèverait pour la
Belgique à 95 % en 2016, contre une moyenne de 89 % pour l’UE28.
Pour ce qui est du recyclage des déchets provenant de l’industrie, et comme le
© CRISP | Téléchargé le 29/03/2023 sur www.cairn.info (IP: 196.119.28.138)
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L’ÉCONOMIE 6
pour 2018 des emballages industriels mis sur le marché en Belgique. Valipac concède
cependant que le taux de recyclage des emballages industriels en plastique a quant à
lui diminué de 8 % en 2018 par rapport à 2017, pour atteindre 45,8 %. L’organisme
de collecte s’est fixé un objectif de 65 % d’emballages plastiques industriels d’ici 2030,
avec une attention accrue sur les destinations prises par ce plastique à recycler et sur
l’effectivité du processus de recyclage. Pour le reste, Valipac annonce que 100 % des
emballages industriels en papier ou carton ont été recyclés en 2018, contre 92,4 % pour les
emballages industriels en bois (beaucoup de palettes, notamment) et 74,0 % pour les
emballages industriels en métal (bidons, etc.).
Dans son état des lieux, le CCE observe un décrochage de la Belgique en matière
d’éco- innovation par rapport à la moyenne européenne, et ce depuis 2012. Ce constat
s’explique avant tout par un meilleur positionnement d’autres États membres de l’Union
européenne, en raison de l’amélioration de leurs indicateurs d’éco-innovation. Mais
le CCE met également en avant trois freins propres à la Belgique : la répartition des
compétences entre différents niveaux de pouvoir, avec peu d’attention accordée à la
diffusion des bonnes pratiques régionales au niveau national ; un manque
d’expertise en matière d’éco-innovation et d’économie circulaire au sein des PME ;
et un contrôle limité sur la conception de la plupart des produits entrant sur le
marché belge.
« Les opportunités de l’économie circulaire en termes de potentiel de création d’emplois
locaux et de valeur ajoutée (notamment dans les activités de récupération et de
réparation) sont peu exploitées en Belgique », ajoute encore le CCE. « Ce décrochage
s’explique notamment par les investissements relativement faibles dans ces secteurs et les
relativement mauvaises performances de la Belgique en matière de brevets liés à l’éco-
innovation dans les domaines analysés par rapport au reste de l’Europe ».
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6 L’ÉCONOMIE
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CONCLUSION
être recyclés. Pour que l’économie circulaire puisse fonctionner de la manière la plus
efficace possible, il s’agit d’intervenir dès le début du processus, lors de la réflexion
autour de la conception du produit, selon la logique portée par l’économie de
fonctionnalité, l’écoconception ou l’approche C2C. En outre, l’économie circulaire
englobe non seulement le cycle technique, mais aussi le cycle biologique. Enfin,
l’économie circulaire promeut la mise en place de synergies industrielles afin d’optimiser
l’utilisation des ressources et de l’énergie entre les différents partenaires.
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L’ÉCONOMIE CIRCULAIRE 69
n’aura plus le rendu nécessaire ou la bouteille d’eau censée rendre hommage à la pureté
du liquide qu’elle contient pourra laisser apparaître des taches suspectes.
Pour qu’un modèle d’économie davantage circulaire vienne un jour à s’imposer, il
faudra sans doute mieux informer les consommateurs sur les diverses possibilités qui
s’offrent à eux et sur l’origine des produits qu’ils achètent. Il faudra également faciliter
les synergies industrielles qui demandent un gros travail de collaboration et de
communication entre des acteurs dont l’activité est parfois très différente, mais
justement complémentaire. Il faudra des réglementations, à l’image de ce qui se fait
désormais pour lutter contre le suremballage ou les produits à usage unique. Et il
faudra, enfin, un changement de mentalité qui ne peut voir le jour que par le
partage des connaissances et des bonnes pratiques.
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CENTRE DE RECHERCHE ET D’INFORMATION
SOCIO-POLITIQUES