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Méditerranée

Revue géographique des pays méditerranéens / Journal


of Mediterranean geography
115 | 2010
Rivages méditerranéens

Plages et urbanisation en Tunisie: des avatars


de l’expérience du XXe siècle aux incertitudes
de l’avenir
Beaches and urbanization in Tunisia : adversities of the experiment of the
twentieth century in the uncertainties of the future

Ameur Oueslati

Éditeur
Presses Universitaires de Provence

Édition électronique Édition imprimée


URL : http://mediterranee.revues.org/4928 Date de publication : 1 décembre 2010
DOI : 10.4000/mediterranee.4928 Pagination : 103-116
ISSN : 1760-8538 ISBN : 978-2-85399-79-0
ISSN : 0025-8296

Référence électronique
Ameur Oueslati, « Plages et urbanisation en Tunisie: des avatars
de l’expérience du XXe siècle aux incertitudes
de l’avenir », Méditerranée [En ligne], 115 | 2010, mis en ligne le 30 décembre 2012, consulté le 30
septembre 2016. URL : http://mediterranee.revues.org/4928 ; DOI : 10.4000/mediterranee.4928

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no 115 - 2010 103

Plages et urbanisation en Tunisie : des avatars


de l’expérience du xxe siècle aux incertitudes
de l’avenir
Beaches and urbanization in Tunisia: adversities of the experiment of the twentieth century
in the uncertainties of the future
Ameur Oueslati
Professeur en géomorphologie littorale, aménagement des milieux naturels, risques naturels et anthropiques
Laboratoire CGMED
Faculté des Sciences Humaines et Sociales
Université de Tunis

Les plages de la Tunisie, notamment celles de la façade orientale, sont parmi The beaches of Tunisia, mainly those of the eastern coast, are among the
les plus fortement aménagées de la rive sud de la Méditerranée. Elles ont éga- most densely occupied by man in the Mediterranean south bank. They have
lement commencé, relativement tôt, à manifester différentes formes de fai- also begun to manifest different forms of weakness early in the twentieth
blesse et de dégradation. century.
Cette contribution vise d’abord à rappeler, à partir de l’expérience du This paper is first to recall, from the experience of the twentieth century,
xx e siècle, les principales caractéristiques de l’évolution qui a conduit à l’état the main features of the evolution that led to the current state of beaches in
actuel des plages dans les milieux urbanisés et dans les zones touristiques. urbanized and in tourist areas. It also tries to identify the main problems
Elle tente également de dégager les principaux problèmes que rencontrent faced by these forms. Special attention is given to marine erosion that we try
ces espaces. L’accent sera mis sur l’érosion marine, dont on essaye de carac- to characterize and quantify.
tériser le mode d’intervention et pour laquelle on donne des éléments de This work also provides a place for the prospective approach and shows that
quantification. the vulnerability of Tunisian beaches is increasing especially with storms and
Ce travail accorde aussi une place à l’approche prospective et montre que la in a condition of a sea level rise.
vulnérabilité de ces plages va en croissant surtout face aux tempêtes et dans
une conjoncture d’élévation du niveau marin.

Mots clés : Tunisie, plages sableuses, érosion littorale séculaire, urbanisation Key words: Tunisia, sandy beaches, long term littoral erosion, urbanization
et développement touristique and touristic development

La Tunisie est, aujourd’hui, le pays de la rive sud de la vestiges archéologiques, largement désertés pendant de
Méditerranée qui offre les exemples les plus nombreux de longs siècles. L’examen des documents cartographiques et
rivages sableux côtoyés par des villes et des zones touris- photographiques, de différentes dates disponibles, révèle
tiques et des conséquences d’une occupation accélérée, par- qu’une majeure partie des plages et des espaces dunaires
fois même hâtive, de ce type de rivages. Les plages y sont qui les bordent présentait encore, à la fin du dix-neuvième
en effet, les formes littorales qui ont, jusqu’ici, attiré le plus siècle, un cachet naturel. Le vingtième siècle va inaugu-
d’installations humaines de bord de mer. Cette attractivité et rer une nouvelle ère, caractérisée par la multiplication des
la perception de ces formes par l’homme ont toutefois sensi- aménagements de front de mer et des constructions « pieds
blement varié avec le temps. dans l’eau ». Mais les vraies manifestations de la densifica-
Après une lecture des principales caractéristiques de tion du bâti et de son extension le long des plages sableuses
l’évolution récente, l’accent sera mis sur l’érosion marine ne vont vraiment prendre de l’ampleur qu’après les années
dont nous tenterons de dégager les causes et les modalités 1960. Une telle évolution reflète en fait, de profondes muta-
dominantes et que nous essayerons de quantifier. Enfin, les tions dans la perception et l’utilisation, par l’homme, de
dernières parties seront consacrées aux tendances actuelles tels rivages.
et aux risques d’avenir, surtout avec de fortes tempêtes et
dans une conjoncture d’élévation du niveau marin. 1.1 - Jusqu’au milieu du vingtième siècle
Il n’y a pas de citadins plus amoureux de la plage que les
Tunisiens. Cela tient sans doute à la proximité de la mer de
1 - Construire en dur au bord des rivages leur ville… Oui, vraiment, on est tenté de croire à quelque
sableux : un très vieux désir ressuscité obscur atavisme amphibie, à quelque secrète superstition
ondine, quand on voit avec quelle frénésie, quelle impa-
Le nombre impressionnant de sites archéologiques tience, Tunis l’Arabe, dès les premières chaleurs, se déverse
antiques identifiés le long des côtes tunisiennes (Slim et al., sur les plages.
2004), témoigne de l’importance de l’attraction exercée Ce texte, extrait d’un article paru, sous le titre « Plages
par les rivages, y compris ceux sableux, sur les sociétés tunisiennes » le 17 juillet 1909 dans le no 3464 du journal
du temps de Carthage et de l’empire romain. Cette situa- L’illustration, ne laisse pas de doute quant à la place qu’oc-
tion va changer plus tard et ces mêmes rivages vont res- cupait la plage chez le tunisien et l’ambiance que cela occa-
ter, à en juger par la répartition des espaces bâtis et des sionnait il y a déjà un siècle. En fait, les choses étaient bien
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différentes que de nos jours. D’une part, la fréquentation


de la plage pour la villégiature se limitait à quelques villes
littorales, les plus grandes et plus particulièrement Tunis.
Ailleurs, la plage était le plus souvent fréquentée pour la
baignade sans séjour, ou sans séjour important, au bord de
la mer. D’autre part, cette fréquentation n’a occasionné des
constructions en dur que dans des secteurs très localisés
dont les plus importants se trouvaient dans les banlieues
de Tunis. Même dans ces dernières, plusieurs tronçons de
plages sont restés longtemps peu fréquentés et une partie
des locaux qu’occupaient les estivants correspondait à des
constructions légères dont les cabines et les rotondes en
bois représentées sur des cartes postales, évoquées dans
des articles de la presse et décrites dans plusieurs docu-
ments d’archives des municipalités littorales relativement
anciennes comme celles de La Goulette, Ezzahra, Radès et
Hammam Lif (K hali, 2001). Les aménagements portuaires
étaient également rares ; ils se limitaient à quelques petits
ports de pêche et surtout aux ports de commerce de Tunis,
Sfax, Sousse et Bizerte1.
De plus, un peu partout, l’espace bâti, y compris dans des
villes aujourd’hui connues pour leur caractère très proche du
rivage, a gardé une distance, parfois importante, par rapport
aux plages. Les exemples existent même dans la banlieue
sud de Tunis et dans d’autres grandes villes. Sur la carte
marine de 1888, les deux quartiers de Jara et de Menzel qui Fig. 1 - Agglomérations, autres que les grandes villes, qui ont vu leur bâti
constituaient l’essentiel de l’espace bâti de la ville de Gabès s’étendre jusqu’à la plage alors qu’elles ont continué à en être séparées par
des étendues plus ou moins importantes (indiquées en km sur la figure), géné-
étaient respectivement séparés de la plage par une distance ralement consacrées à l’agriculture ou à des activités d’extraction du sable et
de l’ordre de 1,67 et de 2,67 km. Mais les illustrations les de la pierre, jusqu’à la fin de la première moitié du xxe siècle
plus nombreuses et parfois les plus significatives sont don- Conception et réalisation : A. Oueslati, 2010
nées par les villages et petites villes, notamment dans la
région de Bizerte, dans la péninsule du Cap Bon et dans le
Sahel ; trois des régions littorales les plus anciennement et 1.2 - Après les années 1960
les plus fortement anthropisées de la Tunisie. La distance C’est surtout après les années 1960, que les plages vont
qui séparait le bâti de ces agglomérations des plages dépas- vraiment commencer à exercer une attraction nette sur dif-
sait fréquemment 1 km et parfois 5 km (fig. 1). férentes formes d’aménagement. L’évolution n’a cependant
pas toujours connu le même rythme ni les mêmes caracté-
Une telle faiblesse des espaces bâtis à vocation résiden- ristiques. Jusqu’aux années 1970, la nouvelle tendance s’est
tielle ou touristique au contact des plages peut s’expliquer, surtout manifestée à travers l’extension, souvent très timide,
au moins en partie, par la faiblesse du niveau de vie et de des villes littorales par l’étalement de leur espace bâti en
l’ouverture sur l’étranger dans un pays vivant sous la colo- direction de la mer et par le développement de quelques
nisation ainsi que par un certain conservatisme dans la aménagements portuaires. Des créations hôtelières ont vu
famille tunisienne. Mais dans certains milieux, comme l’île le jour mais elles étaient encore rares. La côte nord-est de
de Jerba qui a connu une histoire mouvementée, et surtout Jerba par exemple, qui compte aujourd’hui plus de cent
marquée par les attaques des envahisseurs le plus souvent hôtels, ainsi que les aménagements qui leurs sont associés
venus par voie maritime, elle doit exprimer aussi un senti- (routes, terrains de golf, commerces, …), était encore aban-
ment d’insécurité ; le rivage a longtemps été perçu comme donnée à la nature. Sur les photos aériennes de la mission de
une frontière à risque. Dans d’autres cas, l’explication doit 1963 on n’y reconnaît que quelques marabouts isolés et deux
se trouver dans les précautions que manifestait l’homme vis- petites unités hôte­lières qui correspondent aux noyaux des
à-vis des contraintes du milieu naturel. Sur la côte orientale hôtels Jazira et Ulysse.
de la péninsule du Cap Bon et dans différents segments de À partir des années 1970 et, surtout au cours des deux
la côte du Sahel par exemple, les terrains qui bordent direc- dernières décennies du vingtième siècle, les choses ont
tement les plages étaient fuis à cause de leur nature humide, beaucoup changé. Des zones touristiques très étendues ont
très souvent du type sebkhas et chotts inondables par les été créées, parfois sur des intervalles de temps très courts.
eaux pluviales ou par les eaux marines lors des tempêtes. La Parallèlement, a eu lieu un développement important de
proximité des plages sableuses, surtout celles accompagnées l’infrastructure portuaire avec notamment une multiplica-
de dunes assez développées, étaient parfois aussi évitée à tion remarquable du nombre de ports et abris de pêche ainsi
cause des problèmes d’ensablement. que des ports de plaisance. L’exploitation du front de mer

1 Les noms de lieux sont donnés sur les figures correspondantes à l’objet pour lequel ils sont évoqués.
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de mer et une pression croissante sur les rivages. Des quar-


tiers ou des villes entières, jusque là bien séparés les uns des
autres, ont vu leurs espaces bâtis s’unir. C’est le cas de dif-
férentes banlieues de la capitale. Mais les illustrations sont
tout autant expressives ailleurs. Dans le Cap Bon, la jonction
entre les villes de Nabeul et de Hammamet est presque ache-
vée. Dans le Sahel, la continuité est quasi totale entre les
agglomérations de Hammam Sousse et de Monastir, passant
par Sousse. La plus grande partie de la côte sableuse de la
façade nord-est de l’île de Jerba, presque déserte, on l’a dit,
au début des années 1960, est aujourd’hui longée par des
installations touristiques parfois très denses et contiguës.

2 - Une dégradation au rythme de la


multiplication et de la densification
des espaces bâtis au bord et aux dépens
des plages

La remarquable extension des villes ainsi que la prolifé-


ration des zones touristiques et d’une façon générale, l’ac-
célération de l’occupation du front de mer, ont fait que plu-
sieurs aménagements ont été réalisés dans la précipitation.
Ce phénomène, qui concerne les grandes comme les petites
agglomérations, a conduit à différentes formes de pression
et de dégradation. Celles-ci apparaissent à travers la qua-
lité du matériel des plages et des formes de vie associées
ainsi que la qualité des eaux littorales. La situation a parfois
Fig. 2 et 3 - Chebba et Korba : deux des nombreuses agglomérations qui ont
vu leur tissu urbain s’étendre en direction des plages avec lesquelles il a long- atteint, de ce point de vue, des niveaux dramatiques comme
temps gardé une distance parfois importante : dans différents segments de la côte de la ville de Sfax et
1-plage, 2-sebkha, 3-route principale, 4-espace bâti jusqu’au début du
surtout de celle de Gabès qui concentrent de grandes unités
xxe siècle, 5-jusqu’au milieu du xxe siècle, 6-vers la fin du xxe siècle
Conception et réalisation : A. Oueslati, 2010 d’industries chimiques. Mais c’est le recul des rivages, par
érosion marine, qui a souvent constitué la principale préoc-
cupation et qui a, en tout cas, retenu le plus l’attention des
s’est manifestée aussi par une prolifération des résidences géomorphologues.
secondaires et, un peu partout, les villes côtières ont vu
leur espace bâti faire tache d’huile en direction de la mer. 2.1 - Une érosion exacerbée lors des tempêtes
Dans plusieurs agglomérations, l’évolution s’est faite selon En réalité, les manifestations de l’érosion des plages ont
des tendances que les habitants des périodes antérieures été relevées, en Tunisie, même dans des terrains encore non
aux années 1960 n’auraient, sans doute, jamais imaginées atteints par les espaces bâtis. On y a vu (Oueslati, 1993 ;
ni approuvées. Les exemples les plus expressifs existent sur 2004) le témoignage d’une faiblesse naturelle de ce type de
la côte orientale de la péninsule du Cap Bon et dans le Sahel côtes expliquée surtout, comme dans d’autres littoraux de
où les agglomérations ont longtemps évité le rivage et choisi la planète, par une pénurie sédimentaire et une tendance à
de s’installer perchées, sur les collines d’un cordon littoral la hausse du niveau marin (Paskoff, 1993). Cependant c’est
fossile ou sur la topographie de plateau située en arrière là où le béton des villes et des quartiers touristiques s’est
d’un tel cordon (fig. 2 et 3). Le phénomène s’est étendu éga- le plus étendu au bord de la mer que cette érosion a le plus
lement à des segments côtiers situés à l’écart des aires tra- retenu l’attention. Car, ses effets sont souvent beaucoup plus
ditionnellement urbanisées. Il s’est traduit alors par la nais- manifestes dans le paysage et, en tout cas, plus préoccupants
sance de gros quartier et des villages de résidence secon- parce que les vagues s’attaquent directement à des aménage-
daire (Brahim, 2001 ; Ben A li, 2001 ; Sahtout, 2002). ments et menacent de disparition des plages qui ont consti-
Le cas de Chaffar, situé à une trentaine de kilomètres au tué la raison d’être de différentes installations, comme les
Sud de la ville de Sfax, donne l’une des illustrations les hôtels et les quartiers ou villages de résidence secondaire.
plus remarquables. D’un milieu presque désert à la veille La vitesse avec laquelle s’est fait le recul des rivages sableux
des années 1970, on est passé à un gros village. À la fin dans les villes et les zones touristiques, en raison de leur éro-
des années 1990, on y comptait, en plus de nombreux ser- sion, est très variable. Les valeurs moyennes, obtenues pour
vices, 642 villas (Bouaziz, 2001) utilisées uniquement, ou des périodes parfois relativement longues, vont de quelques
presque, pendant la saison estivale. décimètres à 2m/an. Mais elles cachent les situations les plus
significatives. Car, l’érosion agit souvent par saccades et ses
L’aboutissement de cette évolution est un développement effets sont le mieux perçus à l’occasion des tempêtes. De plus,
linéaire parfois impressionnant des aménagements de front la vitesse du recul est généralement plus importante au cours
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Fig. 4 - Trois photos illustrant l’évolution de la plage de Hammamet à la hauteur du mur externe de l’hôtel Aladin, situé entre les hôtels Sindabed et Parc.
Sur la première photo, prise au début de l’été de 1995, la plage couvre le pied du mur d’enceinte de l’hôtel Aladin sur presque la moitié de sa hauteur. Sur la
deuxième photo, prise au lendemain d’une tempête sur­venue à la fin de l’automne de 2001, la plage a perdu une partie importante de son matériel ; le mur est
affouillé à la base et menace de basculer. Dans la troisième photo, datant du printemps de 2002, la plage s’est partiellement reconstituée
Crédit photo : A. Oueslati

Fig. 5 - Évolution de la largeur de la plage de l’hôtel Sindabed à Hammamet.


Schéma réalisé à partir de mesures sur les photos aériennes, le plan de ville
et des mesures directes sur le terrain. Les points indiqués sur le graphique
précisent les dates pour lesquelles on dispose d’une mesure directe sur le
terrain ou d’une mesure sur un plan produit à la suite de relevés topographiques
Réalisation : A. Oueslati

Tableau 1 - Exemples de vitesses de déplacement de rivage sableux dans les villes et les zones touristiques da la Tunisie
Élargissement
Retrait du rivage
Ville ou zone touristique Période de la plage
moyenne (m/an) maximum (m/an) moyenne (m/an)
Bizerte
Plage de Sidi Salem (contre la jetée nord du port de commerce) 1936-1974 1,31
1974-1981 4,2 à 5,7
Zone des hôtels au Nord de Ain Mariem 1994-2003 2 à 3,5 4,5
Tunis et ses banlieues
Raoued (plage publique) 1970-1996 1,3 à 2
1948-1988 0,5 à 2
La Marsa
1974-1985 0,5 à 1,8
La Goulette (contre la jetée nord du port) 1974-1985 1 à 1,3
De Salammbô à La Goulette 1962-1974 0,1 à 0,25
Ezzahra 1962-1976 6,4
Hammam Lif 1962-1976 4,2
Ejjehmi 1990-2004 7,2
Soliman plage 1996-2004 5
Klibia
Zone de l’hôtel Mamounia 1981-2004 2 3
Côte de Nabeul-Hammamet
Maamoura-Bni Khiar 1962-2000 0,5 à 1
Bni Khiar (au Nord du port de pêche) 1982-2000 2,7
Hammamet (hôtel Sindabed) 1979-1982 12
Hammamet (hôtel Continental) 1979-1993 2,3
Hammamet Sud (au Nord de Oued Moussa, 1962-1985 0,9 à 2,2
à l’écart des embouchures) 1949-1996 0,27 à 1,08
Sousse-zone touristique de Skanès
Sousse Nord (hôtel Royal Salem) 1990-2004 0,8
Sousse (au Sud de Oued El Hallouf) 1983-2004 0,5 à 1,4
Sousse Sud (Sidi Abdelhamid) 1998-2004 0,5 à 1,2
Skanès 1962-2004 1,5 à 2,5
Zone touristique de Jerba-Zarzis
Jerba (hôtel Ulysse) 1962-1999 0,5 à 1
Jerba (hôtel Les Sirènes) 1991-2001 2,5
Zarzis (hôtel Zita) 1991-2002 1,5
Zarzis (au Nord du port de pêche) 1977-2004 1,85 à 3,4
Zarzis (au Sud du port de pêche) 1980-2002 1,6 8
Valeurs recueillies dans la bibliographie citée ou obtenues par des mesures personnelles. Elles sont souvent le résultat de comparaisons de photos-aériennes
de différentes dates. La correction géométrique de telles photos n’ayant commencé à devenir courante, en Tunisie, qu’au cours des dix dernières années,
certaines valeurs doivent donc être prises avec beaucoup de précaution
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des premières années qui succèdent à l’implantation des amé- de certains estivants, de certains propriétaires des construc-
nagements au bord des plages. Des valeurs supérieures à 5 m tions de front de mer ou de certains organismes locaux
sont alors très fréquentes (tab. 1). notamment les municipalités. On pense par exemple, à la
Il est intéressant de retenir aussi que pour les plages bor- destruction de la végétation de l’avant dune, à l’extraction
dées par des constructions en dur la valeur du recul du du sable de cette dernière et de la plage pour les chantiers de
rivage tend à diminuer, avec le temps (Oueslati, 2004). construction ou encore à l’enlèvement, dans un souci de pro-
Ceci ne doit pas s’expliquer par une diminution dans la preté de la plage, des feuilles de posidonie accumulées (par-
vigueur et l’efficacité des processus de l’érosion. La plage fois sous la forme de véritables banquettes) par les vagues
se rétrécissant et devenant de moins en moins volumi- sur l’estran et qui, en fait, offrent aux rivages une protection
neuse à mesure que l’érosion travaille, le corps exposé aux naturelle.
vagues est de moins en moins large et les valeurs obte- Les problèmes les plus délicats viennent toutefois de la
nues quant à la valeur du recul ne fait que suivre. De plus, présence même des espaces bâtis au contact des rivages et
à partir d’un moment donné, les vagues s’attaquent plus de la façon dont ils ont été implantés. Les plus directs sont
facilement et plus fréquemment aux murs qui finissent par en rapport avec les aménagements causant un dérèglement
fonctionner comme falaises vives ou en sommeil. La plage du mouvement des sédiments le long du rivage (transit lit-
va alors, au gré de l’état de la mer, se rétrécir, disparaître toral) ou une perturbation de l’échange sédimentaire entre
ou se reconstituer, mais toujours provisoirement. Un suivi, les différentes parties du profil transversal des plages. Ils
sur plus de vingt cinq ans, de l’évolution de segments de sont parfois aussi, on y reviendra, en rapport avec les tech-
plage de la ville de Hammamet est très significatif à cet niques utilisées pour lutter contre l’érosion marine. Une car-
égard (fig. 4 et 5). tographie de l’évolution, au cours du vingtième siècle, des
Si bien que, ce sont les valeurs de la période antérieure espaces bâtis au bord des rivages à plages et des secteurs
au passage à la dynamique de « falaise » qui doivent être touchés par l’érosion confirme la bonne corrélation entre les
considérées comme les plus significatives quand au rythme deux phénomènes (fig. 6 et 7). Par ailleurs, les plages qui
de l’érosion, aux effets des aménagements et à la capacité souffrent, aujourd’hui, des formes d’érosion et de dégrada-
de la plage à résister à l’action des vagues. En Tunisie, tion les plus épineuses et celles dont l’état a nécessité des
cette capacité s’est un peu partout avérée limitée, voire travaux de défense appartiennent aux villes et aux zones
même très limitée. Presque partout, les côtes bordées touristiques.
par des constructions en dur et ayant connu des tempêtes La population connaît bien cette évolution et les plages
marines importantes ont vu leurs plages démaigrir par- de différentes agglomérations, notamment Tunis, ont perdu
fois jusqu’à la disparition. Le démaigrissement s’exprime leur attractivité d’antan (fig. 8). Des enquêtes menées dans
à travers un recul du rivage, un dégarnissement vertical des côtes situées à l’écart des milieux urbains ont toutes
de la plage ou les deux à la fois. Les rares cas de plages révélé qu’une part, parfois très importante, des estivants
qui ont connu, dans les villes et les zones touristiques, un qui les fréquentent, est originaire de grandes villes qui sont
engraissement s’expliquent surtout par l’existence d’obs- pourtant dotées de plages. Ces dernières sont, en fait, de
tacles bloquant le transit littoral, notamment les jetées de plus en plus fuies à cause des problèmes d’encombrement
ports ou certains ouvrages de défense comme les épis et certes, mais aussi à cause des différentes formes de dégra-
les brise-lames (tab. 1). dation qu’elles ont subies, dont le rétrécissement, voire par-
fois la disparition, par érosion.
2.2 - Le dérèglement du transit littoral,
l’opposition à l’échange sédimentaire entre Le dérèglement du transit littoral
les différentes parties du profil transversal La dérive littorale étant souvent monodirectionnelle
des plages et l’utilisation de moyens sur de grand segments du littoral tunisien, les différents
de protection non adaptés : les principales obstacles, même les plus petits d’entre eux (embarca-
causes accélératrices de l’érosion marine dères, appontements, sorties de canalisations d’égouts ou
en milieu urbain d’évacuation des eaux pluviales, …) ont très souvent eu
La fragilité des plages des villes et des zones touristiques, des effets très apparents sur la dynamique sédimentaire.
en Tunisie, a parfois des liens avec des aménagements Mais ce sont certains ouvrages de défense du rivage (épis
situés en dehors de tels espaces. C’est ainsi par exemple, et brise-lames) et surtout les aménagements portuaires qui
que les nombreux barrages implantés sur les cours d’eau, ont entraîné les conséquences les plus graves.
notamment l'oued Majerda et l'oued Miliane, qui débouchent Le schéma qui revient le plus souvent dans la littéra-
dans le golfe de Tunis, ont entraîné une réduction sensible ture, même s’il ne représente qu’une partie de la réalité
de l’alimentation des plages de la capitale en sédiments et ne donne parfois qu’une image simpliste de la situation
(Paskoff, 1985 ; El A rrim, 1996 ; Oueslati, 2004). De (Oueslati, 2004), insiste sur la dynamique contrastée dans
son côté, l’accentuation de l’érosion dans les plages de la les segments de rivage qui bordent ces aménagements.
corniche de Bizerte et de La Marsa s’explique, en partie, par Selon qu’elles sont exposées au courant de la dérive litto-
une réduction des apports sableux par le vent depuis que les rale dominante ou qu’elles en sont coupées, les plages ont
dunes de l’arrière pays immédiat ont été fixées par reboise- souvent connu un engraissement ou un démaigrissement.
ment (Oueslati, 2004). La vitesse avec laquelle s’est déplacé le rivage est parfois
La fragilité des rivages sableux a été également accentuée, rapide et a, dans bien des situations, obligé à recourir à des
et pour longtemps, par le comportement ou les interventions travaux de protection. Mais ce ne sont pas toujours les plus
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Fig. 6 - Les rivages sableux directement bordés par des constructions (indiqués en noir gras) à l’orée (A) et la fin (B) du xxe siècle.
(Sources : cartes marines de la fin du xixe siècle, différentes missions de photos aériennes, cartes topo­graphiques de différentes dates et relevés personnels
sur le terrain)

Fig. 7 - Les plages (indiquées en gras) dans lesquelles ont été signalées (dans la bibliographie et les documents d’archives) des manifestations d’érosion au
début (A), au milieu (B) et à la fin (C) du xxe siècle : une évolution parallèle à celle donnée par la figure 6 − Réalisation : A. Oueslati
109

Fig. 8 - Origines des estivants qui fré­quentent les plages de Kalaat Landlouss (d’après Oueslati, 2004) et Maamoura-Bni Khiar (d’après statistiques de
Ben Ali, 2001). Une part importante vient de Tunis parce que ses plages sont devenues de plus en plus encombrées et ont, surtout, subi différentes formes de
dégradation dont celles dues à l’érosion

grands ports ou les jetées les plus longues qui ont occa- alimentation sédimentaire importante du fait, par exemple,
sionné l’érosion la plus rapide. La nature du site, surtout de leur éloignement des sources d’alimentation sédimen-
l’importance du rôle que joue la dérive littorale dans l’ali- taire (embouchures des cours d’eau ou des falaises vives), de
mentation sédimentaire de la plage, peut être plus décisive. leur exposition ou de l’existence d’un obstacle qui les prive
Les vitesses de déplacement enregistrées à Ghar El Melh des apports des courants côtiers. Des illustrations parmi les
sont parmi les plus importantes, pourtant les jetées du port plus expressives existent dans la zone touristique de Jerba, à
(créé en 1974) responsable n’avaient, au départ, que 300 et Raf Raf et à Klibia (fig. 9 et 10).
200 m de long. En effet, dans le secteur coupé des apports
de la dérive littorale, le recul du rivage a atteint au cours L’utilisation de moyens de protection non adaptés
des seules trois premières années (1976-1978) qui ont suc- La lutte contre l’érosion marine, en Tunisie, date du début
cédé à la création du port, quatre vingt dix à cent mètres du vingtième siècle. Dans la banlieue nord de Tunis, la pre-
sur un tronçon long de 560 m (El A rrim, 1996). mière à voir ses rivages sableux démaigrir, parce justement
elle est la première à voir des constructions en dur se mul-
L’interruption de l’échange sédimentaire entre tiplier au bord et aux dépens des plages, des épis en pieux
les différentes parties du profil transversal des plages de bois ont commencé à être utilisés dès les années 1910.
On le sait bien aujourd’hui, les constructions en dur au Mais, au lendemain d’une forte tempête survenue en janvier
bord des plages ont comme inconvénient, outre la fixa- 1981 sur les rivages des golfes de Tunis et de Hammamet,
tion du trait de côte et le renforcement de l’action des eaux va commencer l’ère de la défense lourde. Les ouvrages uti-
marines lors des tempêtes, suite à leur réflexion par les murs lisés sont, selon les cas, des murs de soutènement, des enro-
qu’elles heurtent, l’interruption des échanges sédimentaires chements, des épis et des brise-lames. Comme c’est le cas
dans le profil transversal de ces formes. Or, de tels échanges dans d’autres littoraux, ils ont souvent occasionné, outre les
jouent un rôle fondamental puisqu’ils s’inscrivent dans une lourdes dépenses, de nouveaux problèmes environnemen-
dynamique d’adaptation aux conditions météomarines et de taux (Paskoff, 1993 ; Oueslati, 1993) et ont parfois accen-
complémentarité entre les différentes parties d’un tel profil. tué l’érosion ou l’ont déplacée vers d’autres secteurs.
Rien n’est plus significatif que le fait que presque toutes les
plages bordées par des constructions en dur sont aujourd’hui Les murs de soutènement ont presque toujours, en favori-
confrontées à des problèmes d’érosion. Le déclenchement de sant la réflexion des eaux marines, accéléré la fuite des sédi-
cette dernière peut être très rapide. Mais là aussi, ce ne sont ments vers le large avant de céder sous l’effet du sapement
pas, nécessairement, les sites les plus anciennement occupés basal par les vagues. Les épis ont eu des effets comparables
ou dont l’occupation est la plus dense qui vivent les situa- à ceux des jetées des ports. Les brise-lames ont parfois eu
tions les plus critiques. L’état initial de la plage et le cadre les effets les plus néfastes. Certes, ils ont presque toujours
naturel ainsi que la manière dont se fait l’aménagement permis la formation de tombolos (Zeggaf Tahri, 1999).
comptent beaucoup. D’une façon générale, le déclenchement Mais ces derniers ont un peu partout évolué vers des sols
et la progression de l’érosion ont été les plus vite ressen- compactés et salés qui ont vite été colonisés par des plantes
tis là où des constructions en dur se sont trop approchées halophiles infestées de moustiques (fig. 11 et 12). Si bien
de la mer empiétant sur des plages ne bénéficiant pas d’une que, dans certains cas la décision a été de les couvrir par
110

Fig. 11 - Tombolos formés à l’abri des brise-lames de la plage de Soliman.


Transformés en terrain occupé par une végétation halophile ou hygrophile ;
les alvéoles sont souvent encombrées de feuilles de posidonie. Un paysage
qui n’a rien à voir avec celui que les propriétaires étaient, un jour, venus
chercher − Photographies : A. Oueslati

Fig. 9 - La plage de Raf Raf : l’un des nombreux exemples de plages ayant
connu une forte et rapide dégradation par érosion suite à l’envahissement de
l’avant dune par des constructions en dur
À l’état naturel cette plage est limitée, dans ses deux extrémités, par des
falaises vives ce qui lui permet de bénéficier d’une alimentation sédimentaire
par la dérive littorale. Mais elle appartient à une côte à mode battu et ne reçoit
pas de cours d’eau importants. Elle devient particulièrement vulnérable dès
que des constructions en dur s’approchent de l’espace atteint par les vagues
de tempêtes − Photographies : A. Oueslati

Fig. 12 - Exemple (à Mahdia) d’évolution de tombolos formés à l’abri de brise-


lames. Tas de terre accumulés avant leur utilisation pour le remblayage de la
zone humide nouvellement formée et plantation de palmiers − Photographies :
A. Oueslati

par une batterie de cinq brise-lames. Coupée des apports de


la dérive littorale en provenance des falaises gréseuses de
Korbous, la plage a reculé à une vitesse annuelle de 5m au
cours de la période 1996-2004.
Fig. 10 - Évolution de la plage de l’hôtel El Mamounia à Klibia
Mesures faites directement sur le terrain au niveau de l’extrémité orientale de
la terrasse de l’entrée de l’hôtel ; pour 1981, d’après le plan de ville de Klibia.
Cette plage, large de 58 m au début des années 1980, ainsi que la terrasse
3 - Des villes toujours décidées à continuer
qui la bordait ont été érodées. La place est désormais couverte par un enro- leur marche sur les plages et une défense
chement. Une telle situation s’explique par le bâti qui a empiété sur la partie douce qui n’arrive pas à prendre le relais
interne de la plage mais aussi par la nature du site. Ce dernier ne bénéficie
pas d’apports sédimentaires importants et est exposé aux vents du Nord Est.
de la défense lourde !
Il a été, en plus, coupé des apports de la dérive littorale par les jetées du port
de pêche de Klibia situé du côté septentrional − Photographie et réalisation Déjà, au cours des années 1970 et 1980, différentes études
des croquis : A. Oueslati
et publications (Italconsult, 1973 ; Oueslati , 1977 ;
LCHF, 1981 ; Paskoff, 1985), ont attiré l’attention sur la
un matériel qui n’a rien à voir avec celui des plages et de les vulnérabilité des plages et les risques qui guettaient les
transformer en une terre battue parfois utilisée comme aire aménagements venus les côtoyer. Depuis, des lois ont été
de parking pour les voitures des estivants. D’un autre côté, promulguées et différentes mesures ont été prises par les
les alvéoles qui séparent les tombolos ont été parfois com- départements chargés des questions de l’environnement et
plètement comblées par des accumulations de sédiments fins de la gestion du milieu naturel, afin de lutter contre la dégra-
et de feuilles de posidonies. Les odeurs dégagées par ces dation de ces formes et les pratiques qui leurs sont nuisibles.
dernières, en décomposition, constituent une autre forme de Un important travail de délimitation du Domaine Public
nuisance. Non moins grave est le fait que les tombolos ont Maritime (DPM), même s’il est souvent venu trop tard,
parfois aussi joué le rôle d’obstacles, très efficaces, sur le notamment dans les grandes villes et les zones touristiques,
chemin de la dérive littorale défavorisant les plages situées a été effectué et a eu des effets positifs en permettant de
en aval de ce courant. C’est le cas par exemple, à l’Ouest préserver certains espaces. La production scientifique et les
du village de résidences secondaires de Soliman, défendu rapports (notamment ceux élaborés dans le cadre des activi-
111

tés de l’APAL, Agence de la Protection et d’Aménagement


du Territoire) consacrés au sujet et à l’organisation de la
gestion et de l’occupation des plages n’ont cessé de se mul-
tiplier. Mais tout n’a pas progressé de la façon et au rythme
souhaité. On a parfois même, l’impression que le fossé ne
fait que se creuser entre les recommandations des scienti-
fiques, les mesures législatives et les efforts des instances
chargées de l’environnement côtier et de l’aménagement du
littoral d’une part et les pratiques sur le terrain d’autre part.
Certes, de tels efforts n’ont pas été sans écho. Une cer-
taine prise de conscience s’est développée. Des cas d’amé-
nagements récents qui ont, du propre gré de leurs proprié-
taires, gardé des distances parfois importantes par rapport
au trait de côte existent aussi. À Jerba, on peut trouver des
exemples d’unités hôtelières, relativement récentes, qui
ont été implantées en arrière de la plage et de l’avant dune
(Oueslati, 1995). Mais on a continué aussi, parfois jusqu’à
nos jours, à reproduire des imprudences condamnées dès
les premières publications relatives à l’érosion des plages.
Pire encore, dans certains cas, se sont ajoutées de nouvelles
Fig. 13 - Deux photos prises, en 2003 et en 2010, immédiatement à l’Ouest
pratiques nuisibles, notamment avec le développement de de l’hôtel Solymar. Elles montrent que malgré l’érosion on a nivelé ce qui
ce qu’on appelle les campagnes de nettoyage des rivages. restait des dunes bordières pour annexer leur emplacement au lotissement.
La tendance est de plus en plus à une mécanisation de ces Photographies : A. Oueslati

travaux. Ceci s’est souvent soldé par une défiguration du


profil transversal de la plage et une destruction de la végé- Plus étonnant encore, aujourd’hui, un lotissement est en
tation de l’avant dune, dont on connaît bien la valeur tant cours de réalisation dans le même secteur, sur le côté ouest
pour la biodiversité que pour la fixation du sable et, par- de l’hôtel Solymar dont la plage a subi une érosion intense et
tant, pour le développement d’une réserve sédimentaire de nécessité une protection par des brise-lames. Les ventes vont
grande importance. toujours bon train alors que les vagues ont déjà emporté une
Aussi continue-t-on à rencontrer tracteurs et charrettes à bonne partie de la plage et s’attaquent à la partie externe des
la recherche du sable sur les rivages et dans le lit des cours rues du lotissement (fig. 13) !
d’eau qui y débouchent. L’extension des espaces bâtis au La persévérance dans l’erreur apparaît aussi à travers
détriment des plages et des dunes qui les bordent était encore l’attachement aux techniques de la défense lourde malgré
chose très courante au cours des années 1990 et n’a pas toutes les critiques formulées à leur égard, en Tunisie et
encore totalement cessé. L’observateur ne peut que s’étonner ailleurs. Il est vrai qu’il n’y a pas eu beaucoup de recours
devant les innombrables reproductions des mêmes impru- à la technique des brise-lames et des épis après les années
dences dans des secteurs très proches l’un de l’autre. Il n’est 1990. Mais la fixation du rivage, par les enrochements, les
pas rare par exemple, de voir s’élever des constructions aux murs de soutènement et, plus récemment, par des routes et
côtés d’autres, préexistantes, qui ont perdu leur plage, qui ont places côtières, souvent baptisées corniches ou esplanades !,
commencé à souffrir de l’action des vagues ou qui ont été a continué à être pratiquée. Parmi les actions les plus
sévèrement endommagées. Parmi les nombreux exemples, récentes, figurent celles qui ont figé la côte comprise entre
nous citons le cas du village de résidences secondaires de Sayada et Rass Eddimess dans le Sahel et la côte orientale
Soliman plage situé dans le golfe de Tunis. Encore embryon- de la ville de Houmet Essouk à Jerba. Entre 1998 et 2006,
naire à la veille des années 1980, ce village a été largement les esplanades côtières réalisées, avec l’appui de l’APAL ont
installé sur la dune bordière et les constructions ont parfois intéressé au moins 18,5 km de linéaire côtier2 .
empiété sur le bas de plage. Pourtant, à quelques kilomètres
de là, les banlieues de Tunis (Hammam Lif, Ezzahra, La Par contre, et malgré les nombreuses recommandations
Goulette, Kheireddine, le Kram et Carthage) venaient de figurant dans les travaux des scientifiques (Paskoff,
perdre leurs plages naturelles dont l’emplacement est occupé 1985 ; O ueslati , 2004) et dans différentes études
par des brise-lames, épis et enrochements. Il n’est pas éton- (Italconsult, 1973 ; LCHF, 1981 ; Hydrotechnica
nant que dès la fin des années 1980, à Soliman aussi, les P ort ugu esa , 1995) réalisées pour le compte de
constructions, dont les propriétaires avaient opté pour une départements publics chargés de l’environnement et de
position « pieds dans l’eau », aient commencé à être endom- la gestion et de l’aménagement, l’ère de la défense douce,
magées et qu’à partir du printemps de 1990, des travaux de notamment par la technique du rechargement artificiel,
défense par enrochements et brise-lames furent entrepris. n’arrive pas vraiment à voir le jour.

2 D’après le site [http://www.apal.nat.tn.]. D’autres secteurs aménagés en esplanades sont cités, mais leur extension est exprimée en superficies.
112

Certes, de grands travaux sont programmés. Mais on ne


voit pas encore leur concrétisation sur le terrain. Des appels
d’offres intéressants commencent à voir le jour pour des
interventions importantes. Il y a eu aussi quelques tenta-
tives de rechargement ici et là, comme à Raf Raf et à Jerba.
Mais, ne répondant pas toujours aux exigences de la tech-
nique et n’ayant pas toujours bénéficié du suivi nécessaire,
elles n’ont pas permis d’aboutir aux résultats escomptés ou
se sont carrément soldées par des échecs. Dans plusieurs
cas, comme à Jerba, le rechargement s’est souvent fait dans
le cadre d’initiatives privées, notamment par des hôteliers.
Il a été fréquemment question de simples déversements
sur l’estran sans études préalables concernant les volumes
nécessaires ou même la nature du matériel utilisé et ses
caractéristiques sédimentologiques. Très souvent aussi, le
but était de sauver une saison touristique ou de remédier au
plus vite à une situation critique imposée par une érosion
rapide déclenchée par exemple, par un aménagement déré-
glant le transit littoral ou une forte tempête. Dans certaines
situations, il était tout juste question de trouver un usage à
des produits de dragages de ports.

Une expérience importante, d’ailleurs considérée comme


pilote, a été entreprise à Aghir, dans la zone touristique de
l’île de Jerba. Mais elle ne fut pas menée au bon endroit.
La plage traitée appartient à une côte qui montrait depuis le
début des années 1990, au moins, des signes d’une érosion
sévère (Oueslati, 1993) et qui a, de plus, été coupée des
apports du transit littoral suite à la création d’une digue
abri pour les pêcheurs du secteur. Le sable utilisé, pour
le rechargement, estimé à quelque 60 000m 3, a été pompé
depuis le secteur situé sur la face nord de la digue exposée
à la dérive littorale la plus active et où la plage s’est par
conséquent développée. Le résultat n’a été concluant que
pour une courte période. Car, très vite le site est devenu
le siège de grandes accumulations de feuilles de posido-
nies et a connu un important colmatage par des sédiments
fins, parfois dominés par la fraction vaseuse. Les hôtels du
site se sont retrouvés, en l’espace de quelques années, sans
plage sableuse et séparés de la mer par une étendue large
de plusieurs hectomètres, impropre à la baignade. Or, une
telle situation était prévisible (fig. 14). Dans un tel cadre
caractérisé par sa faiblesse bathymétrique, la digue ne pou- Fig. 14 - La plage de Aghir, juste au lendemain de l’opération de rechar-
vait par sa forme et son orientation, que créer une zone gement (photo d’en haut : d’après M.-A. Torki, APAL, 2000) et aujourd’hui :
d’ombre, dans laquelle la dynamique des eaux très affai- grandes quantités de feuilles de posidonie et travaux visant à enlever une
partie des matériaux responsables de l’envasement du site - Les 2 photogra-
blie favorise les formes d’envasement. C’est encore une phies du bas : A. Oueslati
fois une illustration du hiatus qui a souvent existé entre
scientifiques et décideurs.
Plus grave, le rechargement est parfois devenu synonyme
de remblaiement des estrans. Si bien qu’on est en train de mesures législatives, notamment celles relatives à la protec-
passer d’une position de lutte contre l’érosion marine à une tion du DPM. Les exemples les plus significatifs appartien-
position de recherche de gain d’espace aux dépens de la nent aux rivages des agglomérations de la côte comprise
mer. La plage, ou ce qui en reste, n’est plus alors une pièce entre Monastir et Bkalta où, en plus de l’importance des
importante. Elle passe sous des remblais de plus en plus espaces remblayés, le risque vient de la nature même du
engagés vers le large. Une telle pratique, ancienne dans matériel utilisé (fig. 15). Ce dernier n’est souvent autre que
certaines grandes villes comme Tunis, Bizerte et Sfax, des déchets de la ville : restes de matériaux de construction,
s’est étendue au cours des dernières années à des agglo- déchets d’usines et parfois même des ordures ménagères.
mérations, petites de taille et dont les habitants ont long- Les terrains gagnés grâce à une telle décharge sont occupés
temps tenu à garder une distance entre leurs constructions par des constructions ou aménagés en espaces verts, espla-
et la mer. Elle continue de nos jours en dépit de toutes les nades et parcours de santé de front de mer !
113

leur limite interne, sous la forme d’un véritable cordon litto-


ral éclairant en quelque sorte sur la limite que le bâti n’aurait
pas dû franchir en direction de la mer. Mais le premier souci
des responsables était d’en débarrasser, le plus vite, les rues
et aucun relevé précis n’a été fait. Or, ce dernier aurait per-
mis de mieux comprendre la dynamique qui peut s’installer
avec un tel événement et dans pareil milieu et apporté des
indications intéressantes pour la délimitation du DPM, ainsi
que pour une meilleure définition des espaces à risque et de
ceux à prohiber pour les constructions en dur dans d’autres
secteurs côtiers. La vision prospective ayant manqué, tout
est passé dans l’oubli et de nombreuses plages, jusque là non
aménagées, ont évolué vers une situation comparable, par
la densité du bâti et sa localisation par rapport au rivage, à
celle des secteurs ravagés par la tempête de 1981.
Fig. 15 - Exemple d’espaces (en hachures) gagnés sur la mer par remblayage Le littoral du district de Tunis par exemple, a, depuis, bien
entre les agglomérations de Lamta et de Sayada dans le Sahel. changé de visage. Sur les quelque 45 km de plages (depuis
La photo, prise en mai 2008, donne une idée de la nature du matériel uti- Raoued au Nord jusqu’à Hammam Echchat dans la ban-
lisé (restes de chantiers de construction, déchets de différentes usines, …).
Ici l’espace gagné est en cours de transformation en un espace vert avec par- lieue sud), qui représentent environ 92% de l’ensemble de
cours de santé - Photographie du haut : A. Oueslati, photographie du bas : Google la côte de ce district (le reste étant des falaises), environ
34 km sont déjà bordés par des constructions en dur contre
quelque 26 km pendant les années 1980. Les tronçons de
4 - Si des tempêtes comparables à celle plages (11 km) qui échappent encore aux aménagements
de 1981, ou encore plus violentes, directs et au bâti, le sont surtout parce qu’ils appartiennent à
se produisaient ! Et si le niveau de la mer des rivages bordés par des marécages (les environs de l’em-
montait ? bouchure de oued Miliane) ou par des espaces verts (la forêt
de Hammam Echchat). De plus, une part importante de ces
La tempête survenue en janvier 1981 dans le golfe de plages (environ 8,5 km) connaît déjà des problèmes d’érosion
Tunis et dans la partie méridionale du golfe de Hammamet et les travaux de protection existent dans de longs segments
a permis, à l’époque, de prendre acte de l’extrême vulnéra- (presque 14 km). Si bien que, la situation est beaucoup plus
bilité des plages et des constructions édifiées à proximité. précaire qu’en 1981. En fait, ce type d’évolution s’observe
La première réaction était de chercher à se défendre contre dans toutes les villes littorales, quelle que soit leur taille, et
la mer. C’est alors que fut donné le coup d’envoi à la défense dans les zones touristiques. Ceci apparaît bien à travers le
lourde dans le pays. Mais l’évolution qu’ont connue, depuis, tableau 2 qui présente quelques exemples variés, par la taille
les plages, dans les villes et les zones touristiques, n’indique des villes et le type d’implantations littorales, et appartenant
pas que des enseignements ont été vraiment tirés de cet à différentes parties du littoral tunisien.
événement.
Au lendemain de la tempête, les laisses des vagues étaient Ainsi, tout laisse penser qu’avec une tempête comparable
bien circonscrites dans le paysage. Les eaux qui s’étaient à celle de janvier 1981, les dégâts pourraient donc s’avé-
avancées à travers l’espace bâti ont abandonné de grandes rer beaucoup plus lourds au niveau des aménagements.
quantités de matériaux. Provenant surtout des constructions De nombreuses plages, ou plutôt des restants de plages, ris-
démolies, ces derniers ont couvert les chaussées des rues quent de disparaître. En fait, cette même évolution rend les
perpendiculaires au rivage et ont parfois été accumulés, dans rivages des villes particulièrement vulnérables à l’élévation

Tableau 2 - L’évolution du bâti au bord des plages et l’état actuel de ces dernières dans quelques villes et zones touristiques de la Tunisie

Linéaire de plages sableuses bordées par des constructions et aménagements en dur


état au début du xxie siècle (longueur en m)
Plages bordées par des constructions en dur
plages plages
plages encore
plages plages ayant déjà plages Total
sans signes nets à l’abri
Ville ou zone touristique en cours montrant des signes fait l’objet masquées
de changement du bâti
d’érosion d’engraissement de travaux de par remblayage
d’état
protection
District de Tunis 8 433 468 7 953 13 856 3 120 11 106 44 936
Klibia 1 137 552 948 2 637
Menzel Tmime 1 987 6 36 2 050
Hammam
18 360 1 061 5 127 4 058 5 467 3 4073
Sousse-Sousse-Skanès
Mahdia-Rjiche 4 054 477 5 021 2 607 12 159
Côte orientale touristique
de Jerba (sans la flèche 9 204 763 4 467 6 850 1 875 23 159
de Rass Rmal)
Dans ces mesures ne sont considérés que les rivages à plages sableuses ; ne sont pas comptés également les espaces occupés par les structures portuaires
114

marine annoncée pour les prochaines décennies (IPCC, 1992 ; plages mais aussi, et en même temps, à l’apparition de
GIEC, 2007). Des travaux récents (O ueslati , 1991 ; différentes formes de dégradation parmi lesquelles l’éro-
Oueslati et al., 1992, Oueslati, 2004 ; DGQV, 2008) l’ont sion est, souvent, l’élément le plus apparent ou le plus
déjà dit. Les différents scénarios, basés sur les projections menaçant. Les imprudences les plus graves et fréquentes,
les plus récentes du niveau marin, montrent en effet, que les au sein même des milieux urbains, et ayant conduit à
problèmes les plus épineux se poseront dans les rivages bor- une telle dégradation, ont accompagné la multiplication
dés par des constructions en dur, denses et continues sur de des aménagements de front de mer. C’est notamment le
grandes distances et qui vivent déjà un déficit sédimentaire. cas des implantations résidentielles, touristiques, indus-
Car, dans de telles circonstances les plages n’auront pas la trielles et portuaires qui ont entraîné une perturbation de
possibilité de s’adapter à la nouvelle conjoncture. Les murs la dynamique sédimentaire dans le profil des plages et le
et les différents corps rigides s’opposeront à leur migration long du rivage. Cette responsabilité de l’homme, à tra-
vers l’intérieur, à la manière d’un tapis roulant, connue à tra- vers l’urbanisation, dans l’aggravation des risques liés à
vers le principe de Bruun (Paskoff, 1993). l’érosion marine apparaît clairement. Les plages les tou-
De fait, cette migration est vue comme l’une des com- chées par l’érosion appartiennent aux segments de côtes
posantes essentielles de l’adaptation des plages à une ten- qui renferment les villes et les zones touristiques les plus
dance marquée par le retrait du rivage suite à une éléva- importantes. C’est aussi dans ces mêmes zones qu’ont été
tion du niveau marin ou par simple érosion. Les côtes de entrepris les travaux de protection les plus nombreux et
la Tunisie offrent de nombreuses illustrations d’une telle les plus coûteux mais qui ont souvent aussi aggravé le
adaptation. Dans bien des secteurs, les plages ont continué à problème parce qu’ils sont la plupart du temps restés au
exister malgré les indices d’un retrait important de la ligne niveau de la défense lourde.
de rivage (fig. 16). Par contre, d’autres plages, parfois voi- L’origine du mal se trouve aussi dans un man­que, parfois
sines, ont connu un démaigrissement important ou ont été très net, au niveau des approches intégrées et des approches
totalement érodées à cause des constructions qui les bordent prospectives, de la coordination entre les différentes ins-
et qui occupent très souvent l’emplacement de l’avant dune. tances concernées par la gestion et l’aménagement des
espaces naturels, ainsi que des insuffisances au niveau de
la connaissance des plages, faute de recherches approfon-
dies et d’études d’impact, préalablement à leur exploita-
tion. Le malheur est souvent venu des faiblesses des études
et des diagnostics qui ont présidé à l’aménagement. Si bien
que les plages des villes tunisiennes ont longtemps offert,
et continuent parfois à offrir, une remarquable illustration
du déphasage ou de la coupure qui existe entre les aspects
juridiques et les efforts déployés par certains départe-
ments chargés de la protection de l’environnement d’une
part et l’attitude de leurs utilisateurs d’autre part. La même
Fig. 16 - Blockhaus dans le littoral nord de Sousse. Engagé dans la mer alors
qu’il se trouvait, lors de sa construction à l’époque de la deuxième guerre constatation s’applique quant à la valorisation des résultats
mondiale, au moins au niveau de l’avant dune. et recommandations des recherches scientifiques. L’intérêt
Le rivage s’est retiré mais la plage n’a pas disparu. Plus au Sud dans la
économique l’a presque toujours emporté sur l’environne-
même ville, la plage naturelle a localement disparu parce que bordée par des
constructions en dur continues - Photographie : A. Oueslati mental. Les scientifiques, spécialistes du milieu naturel,
n’ont commencé à être vraiment suivis que lorsque, et par-
fois seulement là où, la situation s’est trop dégradée.
Conclusion Il faut reconnaître aussi que la recherche scientifique a
encore bien des questions à affiner. Les plages de la Tunisie,
Ainsi, il apparaît que la perception, la fréquentation et offrent, par la variété des espaces naturels et humains aux-
l’utilisation des plages ont beaucoup évolué, en Tunisie, quels elles appartiennent ainsi que par leur histoire, un ter-
au cours du vingtième siècle. Mais le changement le rain très propice à la recherche. Mais on a parfois continué
plus significatif s’est produit durant les quatre dernières à voir paraître des écrits qui, par leur con­te­nu et surtout
décennies et plus particulièrement depuis les années 1980 par leur approche et apport, ne dépassent pas des publica-
avec la confirmation et le développement du secteur tou- tions datant des années 1980 et parfois même des années
ristique et l’accélération de l’urbanisation. Des rivages 1970. Plus grave, l’observation directe du terrain a souvent
sableux longtemps livrés à la nature sont devenus den- fortement décliné au profit de l’analyse à distance facilitée
sément aménagés et très recherchés. De leur côté, des par l’outil informatique. Le retard est toujours important
agglomérations littorales qui ont longtemps tenu à garder au niveau des études quantitatives significatives et criant
une distance par rapport à la mer, ont autorisé leur bâti quant à la modélisation et aux approches de simulation. De
à s’étaler en direction des rivages souvent sur des terres plus, les tentatives dans ce domaine n’ont souvent fourni
humides. Peu importe le risque, l’essentiel est d’avoir un que des résultats douteux ; car plusieurs données de base
pied au contact de l’eau et une fenêtre qui donne sur le sont encore lacunaires ou manquent carrément pour dif-
bleu. férents espaces (mesures directes, courantologie, contenu
Cette course vers le bord de mer a conduit à plusieurs biologique de plusieurs rivages, mobilité du sol, dyna-
formes de dérèglement de la dynamique naturelle des mique sédimentaire au large, …).
115

Mais aujourd’hui, la protection des plages reste sur- et approches de protection des plages et une place plus
tout du ressort des pouvoirs publics. C’est à ces derniers importante doit revenir à la recherche scientifique et aux
qu’incombe l’application des différentes lois et mesures approches prospectives.
déjà existants et qui constituent, si elles sont bien appli- Bien connaître les unités naturelles, dans leur fonction-
quées, un garant de protection au moins pour les rivages nement actuel et face aux aléas d’aujourd’hui et de demain,
qui échappent encore à l’urbanisation et dont on sait com- avant leur aménagement, aidera à mieux préparer et orien-
bien ils sont, ou ils peuvent être, convoités. Si ces lois et ter l’aménagement. Continuer à margi­naliser l’apport de la
mesures avaient été appliquées depuis leur promulgation, recherche scientifique au nom de la rentabilité économique
plusieurs plages ne seraient pas dans l’état de dégradation immédiate, est contre tout développement durable. Il ne
que nous connaissons. Parallèlement, un grand effort est pourra que faire perdurer la boule de neige ; on continuera à
à faire au niveau de l’application des nouvelles techniques voir, comme par le passé, se reproduire les mêmes bavures.

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