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Problématique et enjeux de l'urbanisation du littoral

Article · January 2007

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1 author:

Patrick Pottier
University of Nantes
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Cahier Littoral n°10

PROBLÉMATIQUE ET
ENJEUX DE L’URBANISATION
DU LITTORAL

L’espace littoral de la Loire-Atlantique

Séance de travail du 29 mai 2007

avec :

Monsieur Patrick POTTIER, Maître de confé-


rence de géographie, Directeur du Labora-
toire de géomatique IMAR (Image, Mer, et
Aménagement Régional de l’Institut de Géo-
graphie et d’Aménagement Régional de l’Uni-
versité de Nantes - IGARUN)

Conseil de
Développement
de la Loire-Atlantique
un espace de concertation

New York- Crédit photo : P. Pottier
1.

L’URBANISATION DU LITTORAL :
APERÇU GÉNÉRAL

URBANISATION : UN PROBLÈME DE DÉFINITION


Un critère de définition d’une aire urbaine très variable selon les
pays : quel seuil de concentration d’habitants retenir ?

La concentration d’habitants nemark de 250, aux Etats-Unis « Est urbaine la population


(donc de constructions) est de 2 500, en Islande de 300, qui réside dans :
le critère de définition d’une au Canada de 1 000, au Japon
aire urbaine ou d’une ville. de 30 000 à 50 000... - un groupement d’habitations
compact (dans lequel aucune
Ce critère varie beaucoup se- Les Nations Unies se réfèrent habitation n’est distante des
lon les pays. quant à elles au seuil de autres de plus de 200 mètres);
20 000 habitants. - ce groupement compte dans
A ce sujet, les statistiques des tous les cas au moins 10 000
Nations Unies montrent les Lors de la Conférence de Pra- habitants ;
différences de seuil entre les gue en 1966, une définition - ou ce groupement compte un
instituts nationaux de statisti- statistique internationale de nombre d’habitants compris
ques (soit environ 200 instituts la population urbaine a été entre 2 000 et 10 000, à la
à travers le monde). proposée. condition que l’effectif vivant
de l’agriculture ne dépasse
En France, le seuil est de La Conférence de Prague de pas les 25 %. »
2 000 habitants agglomérés, 1966 pose les critères sui-
en Espagne de 10 000, au Da- vants :

Cahier du Conseil de Développement de Loire-Atlantique Littoral - numéro 10 3


1. Urbanisation du littoral : aperçu général

Une population des espaces littoraux « à géométrie


variable » : comment la déterminer ?

La population des espaces reconnus de l'urbain. (Tableau dentiel, qui présente une
littoraux est pour certains ci-dessous) concentration de construc-
d’entres eux très variable. tions susceptible d’accueillir
Cette concentration de popu- plus de 2000 personnes à un
C’est le cas des communes lation n’est pas atteinte toute moment donné.
touristiques dont la popula- la saison estivale, mais seule-
tion permanente peut être ment lors de quelques pics de Cette difficulté de reconnais-
multipliée par 2, 5, 10, voire fréquentation. sance a des conséquences
plus pendant la période d’af- inattendues et absurdes. Par
fluence saisonnière des touris- La difficulté réside ainsi dans exemple, des statistiques et
tes. le choix du moment à pren- ratios relatifs aux communes
dre en considération pour littorales, ne s’appuyant que
Sur le littoral de la Loire- l'évaluation de la concentra- sur la prise en compte de la
Atlantique, plusieurs commu- tion de la population. population permanente, sont
nes ne peuvent être considé- souvent proposés.
rées comme urbaines, selon Le critère de la population
les critères énoncés précé- n’est pas de toute évidence La fréquentation touristique
demment. Pourtant leur capa- applicable dans le cas de la pendant les périodes d’afflux
cité d’hébergement à partir définition des populations ur- d’une population temporaire
de laquelle on peut estimer baines sur le littoral. Il sem- est par ailleurs très peu
leur population estivale dé- ble en effet plus adéquat de connue.
passe largement les seuils s’appuyer sur le parc rési-
Autres ambigüités :

Communes littorales urbaines ou pas ? • Afin d’assurer la comptabili-


té communale, les données
• Source : INSEE, P.Pottier
financières sont présentées
en euros par habitant et
Communes en Recensement de la Capacité d’héberge- donc calculée sur la base de
Loire-Atlantique population en 1999 ment (en hab.) la population permanente.
(en hab.)
Assérac 1360 3500 • En finances publiques, le
service rendu à la popula-
Mesquer 1467 9000 tion est évalué par le biais
Piriac 1898 13000 de la dépense publique par
habitant, le niveau d’équi-
Préfailles 1038 6500 pement n'est ainsi évalué
Les Moutiers 905 5500 que par rapport à la popula-
tion permanente ! …

La notion d’urbanité : au-delà du critère comptable

La définition formelle d’une compte parmi bien d’autres.


aire urbaine ou d’une ville est La difficulté de la défini-
très utile d’un point de vue La géographie urbaine retien- tion de la ville tient à ses
statistique, mais elle ne fait dra généralement comme cri- propres caractéristiques :
évidemment pas l’unanimité tères supplémentaires de l’ur- une taille, une forme,
parmi les géographes, tant la banité : l’évolution de la po- mais également des fonc-
notion d’urbanité est émi- pulation, les modes de vie des tions diverses. Pour le géo-
nemment complexe. habitants, une aire d’in- graphe Pierre George, la
fluence économique, en parti- ville « est un groupement
L’analyse du fait urbain ne se culier la capacité à pourvoir en de populations agglomérées
limite pas au seul critère de biens et services rares une ré- défini par un effectif de
regroupement de la population gion environnante et la capaci- population et par une
ou de continuité du bâti, qui té de procurer des emplois aux forme d'organisation écono-
est un élément à prendre en « commuters ». mique et sociale ».

Cahier du Conseil de Développement de Loire-Atlantique Littoral - numéro 10 4


URBANISATION : UN PROCESSUS PARTICULIER DE L’ÉVOLUTION
DES LITTORAUX DEPUIS UN SIÈCLE

Une concentration forte des populations et activités sur les littoraux

Le littoral est aujourd’hui for- compte la planète, 16 sont


tement urbanisé car il concen- Population en 2005 situées à l'intérieur de la cein-
tre une part importante des des plus grandes ture littorale et se dévelop-
populations et des activités. mégapoles dans le pent au rythme d'environ un
monde (en millions million de personnes par jour.
On estime que 60 % de la po- d’habitants)
pulation mondiale vit à moins Ces villes doivent presque tou-
de 60 km du littoral, ce qui jours leur croissance à la pré-
représente 3,6 milliards d’indi- • Source : ONU
sence d'un port abrité, destiné
vidus pour une population aux bateaux en quête de mar-
mondiale de 6 milliards en TOKYO 35 chandises à transporter ou à la
2000, soit l’équivalent de la recherche de ressources ou
population mondiale totale en MEXICO 25 offrant ce que Federico Mayor,
1970. SEOUL 23 Directeur général de l'UNESCO,
a appelé un "exutoire à la sur-
La densité humaine y est 3 NEW YORK 22 population"'.
fois supérieure à la moyenne
SAO PAULO 19
mondiale (soit 150 habitants Que ce soit à Bombay, à New
au km², pour une moyenne de BOMBAY 18 York, au Caire, à Rio ou… à
47 habitants au km2 dans le Marseille, dans notre cons-
LOS ANGELES 17
monde en 2006). cience collective, les plus
LE CAIRE 18 grandes villes du monde sont
Huit des dix plus grandes mé- souvent associées à l’eau, les
DELHI 17
gapoles (villes de plus de 8 fleuves, mais aussi les litto-
millions d'habitants) mondia- JAKARTA 17 raux, les océans et l’ouver-
les sont littorales, et se si- ture vers l’extérieur, que la
tuent sur tous les continents. mondialisation rend encore
Sur les 23 mégapoles que plus vitale.

Evolution de la population mondiale (1950-2015) •


Source : Wikipedia.org

Cahier du Conseil de Développement de Loire-Atlantique Littoral - numéro 10 5


1. Urbanisation du littoral : aperçu général

La progression continue du
processus d’urbanisation du
littoral
Surfer's Paradise - Australie - Crédit photo : P.Fattal

La population mondiale sur les littoraux


va continuer sa progression.

D'après le Programme des Nations Unies


pour l'environnement (PNUE), 75 % de la
population mondiale (soit 6,4 milliards
d’habitants) vivra à moins de 60 km des
côtes en 2030, soit l’équivalent de la
population mondiale actuelle en 2007.

L’exemple méditerranéen :
Le pourtour méditerranéen
Le taux d’urbanisation continue d’aug-
• Sources : PNUE - Plan Bleu 2001 menter sur le pourtour de la mer médi-
terranéenne : en 45 ans ce taux est pas-
Taux Population des villes de sé de 44 à 62 %. Cela va s’accélérer : la
d’urbanisation + de 10 000 habitants population des villes de + de 10 000 habi-
(1950– 1995) (en millions d’hab.) tants devrait augmenter de 43 % entre
1991 et 2025.
1950 44 % 1991 89 Il est donc nécessaire d’apprendre à
anticiper, afin d’éviter des évolutions
1995 62 % 2025 128 irréversibles particulièrement négatives.

URBANISATION : UN SUJET DE SOCIÉTÉ ET DE DÉBAT


MARQUANT

La question de l’urbani- soin du dynamisme de la


sation du littoral se pose construction pour aller de L’exemple paradoxal de
désormais en termes de l’avant »… Surfer's Paradise (Australie) :
choix de développement,
de processus d’altération Certains n’y voient que Cet exemple d’artificialisation du
d’une ressource excep- déversements urbains et littoral est intéressant, car il ré-
tionnelle qu’est le littoral artificialisation outran- vèle, de façon presque paradoxale,
à l’échelle du monde. cière, notamment pour une situation de protection du litto-
ces espaces littoraux dé- ral.
Pour cette raison, l’urba- veloppés pour les loisirs
nisation du littoral est et le tourisme etc. qui Si, sur la Gold Coast australienne,
une question d’apprécia- provoquent souvent de le développement urbain est très
tion individuelle et col- nombreuses dégradations important (photo ci-dessus), c’est
lective. L’appréciation et créent des inégalités … que cette façade a été en quelque
« scientifique » dans ce sorte sacrifiée au tourisme, pour
domaine n’existe pas. L’attention portée aux mieux préserver d’autres façades.
processus en cours est Ces autres façades, proches pour
C’est une question qui donc primordiale. Il s’agit certaines (vers le nord, Whitesun-
déchaîne souvent les pas- de mieux comprendre la day Island, grande barrière de co-
sions, souvent très dog- chaîne de relations d’im- rail ; Rottney Island sur la côte aus-
matiques entre « le litto- pacts, de cause à effet, tralienne opposée), bénéficient de
ral est bétonné », « il faut et de se projeter, à l’a- protections draconiennes, le tou-
bien répondre à la de- venir, dans une perspec- risme y est totalement encadré et
mande qui s’exprime », tive de développement contrôlé, et surtout limité.
« l’économie locale a be- durable du littoral.

Cahier du Conseil de Développement de Loire-Atlantique Littoral - numéro 10 6


L’urbanisation du littoral : un processus


Crédit photo : P.Pottier
Monogaga - Côte d’Ivoire -
qui n’est pas inéluctable

L’urbanisation ne touche pas est loin d’être uniforme


l’ensemble des littoraux du à l’échelle du monde. Il
monde de la même façon, elle illustre les moyens qui
en a même encore épargné un existent pour protéger
certain nombre. ces espaces dans l’ave-
nir, notamment dans le
L’absence ou presque d’urbani- cadre de parcs nationaux
sation est observable sur de ou de réserves. cupation des littoraux, d’au-
nombreux littoraux sur tous les tres outils de gestion que ceux
continents et sous toutes les Pour conclure, l’urbanisation qui ont longtemps prévalus en
latitudes : particulièrement et son récent développement France et en Europe méditerra-
ceux situés trop loin des grands représentent bien un proces- néenne existent.
centres d’émission du tourisme sus majeur de l’évolution des
international. littoraux dans le monde. Il s’agit notamment des princi-
pes de concentration et de
Dans les pays du sud notam- La situation qui nous préoccupe préservation plus largement
ment, les formes du dévelop- en France ou sur certaines fa- développés dans les pays de
pement touristique sont sou- çades européennes de la Médi- culture anglo-saxonne.
vent de moindre importance et terranée ne sont pas forcément
sont de faible impact, et même la règle universelle qui s’appli- Aussi, il est important de rap-
quelques fois totalement ab- que dans le monde entier. De peler que notre littoral de
sentes sur de grandes façades nombreux littoraux sont épar- Loire-Atlantique, fut un jour, à
littorales. gnés d’une pression touristi- l’image de celui ci-dessus.
que, qui reste le privilège mal- Cette plage de Monogaga en
L’exemple du littoral came- heureux des pays développés. Côte d’Ivoire rappelle ce que
rounais montre que la pression fut celle de la Baule avant le
qui s’exerce sur les littoraux D’autres choix politiques d’oc développement du tourisme.

Evolution du
processus
d’urbanisation
en Loire-
Atlantique
(1860-2004)

• Source carte bas : Tollenare - 1860 – Source carte haut : IGN 2004
Zoom sur le
littoral Sud
Loire

Que s’est-il pas-


sé entre les deux
époques ?

Cahier du Conseil de Développement de Loire-Atlantique Littoral - numéro 10 7


L’URBANISATION DU LITTORAL DE 2.
LA LOIRE-ATLANTIQUE

« En 1860, « la
Bôle » est au milieu
des dunes plantées
de pins maritimes,
sur un site tout à
fait exceptionnel
composé d’une baie
bien protégée qui
abrite une plage de
7 kilomètres de sa-
ble fin. Les gens s’y
arrêtent, extasiés,
ravis au-delà de tou-
tes expressions. Les
pins y ont une ving-
taine d’années, s’é-
tendent jusqu’à la
mer, pas une mai-


La Baule - Crédit photo : P. Pottier
son, pas un seul che-
min, à cette époque,
une forêt», Guide du
baigneur, 1932.

En 2007, La
Baule ...

LITTORAL DE LOIRE-ATLANTIQUE : QUEL DÉCOUPAGE ?


Plusieurs types de découpages contiguës situées en arrière rectement associé à l’activité
géographiques du littoral de des communes du littoral cô- touristique et à l’aménité
la Loire-Atlantique sont à re- tier (11 communes) ; océanique.
tenir :
- Le territoire estuarien,
- Le territoire littoral strict, celui composé des communes Part
le territoire côtier, celui riveraines de l’estuaire, in- du littoral dans la
composé des communes rive- dustrialisées et dans le champ surface de
raines de l’océan (18 commu- de l’aire d’attraction direct la Loire-Atlantique
nes) ; des activités industrialo-
portuaires (16 communes).
- Le territoire littoral à vo- Littoral strict 6,5 %
cation touristique ou littoral Ces dernières communes
Littoral sans
sans Saint-Nazaire, celui n’ont pas été prises en Saint-Nazaire
6%
composé des communes rive- compte dans l’analyse qui
raines de l’océan moins Saint- suit, car elles participent à Rétrolittoral 6,5 %
Nazaire (17 communes) ; des processus d’urbanisation
L’ensemble du
différents de ceux observés littoral
13 %
- Le territoire rétrolittoral, sur le reste du secteur littoral
celui composé des communes de Loire-Atlantique, plus di-

Cahier du Conseil de Développement de Loire-Atlantique Littoral - numéro 10 8


SUR LE LITTORAL DE LA
LOIRE-ALTANTIQUE :
UNE URBANISATION GALOPANTE
DEPUIS PLUS D’UN SIÈCLE

Retour au commencement …

PREMIÈRES CONSÉQUENCES DE
LA NATURE ET DE LA MAIN DE L’HOMME

• Guérande :


« Guérande, sur un coteau couvert de vignes… la

Saint Brévin - Source : Tollenare - 1860


mer a couvert autrefois une vaste plaine où se
trouvent des marais salants qui s’étendent jus-
qu’auprès de la ville. Avant sa retraite, Guérande
était un port de mer que l’on croit être le Brivates
portus mentionné dans Ptolémée… »
• La Presqu’île du Croisic :
« dans l’antiquité, le Croisic était dans une île,
mais la retraite de la mer et la construction de
chaussées ont contribué à la rattacher au conti-
nent. Ce port figure dans l’histoire dès le Ve siècle PROBLÈME DE STABILISATION
avec les Saxons… il fut perfectionné sous Louis XV. DES DUNES
Le Croisic sert aussi d’entrepôt aux sels de Gué-
rande » • Escoublac :
« A cette époque, les dunes très
Source : La Loire Inférieure d’Abel Hugo, 1835 instables ne sont occupées que par
les douaniers (chargés de surveiller
le trafic du sel) qui leur ont donné
le nom de la Bôle, terme désignant
une prairie maritime inondable.
Encore un demi-siècle après l'ense-
velissement du bourg d'Escoublac en
1779, suite à une violente tempête,
la flèche du clocher de l'église s'éle-
vait au-dessus des sables. Elle ne
disparut qu'en 1850. Le nouveau
Escoublac fut bâti avec des débris
de l'ancien ».

• Saint-Brévin :
« Au XIXe siècle la ville de Saint
Brévin évolue peu à peu vers l'état
qu'on lui connaît maintenant. En
1810 le premier cadastre met en
lumière le danger de la mer qui
ronge peu à peu les dunes. En 1860
Guérande - Source : Tollenare - 1860

on plante des pins pour stabiliser le


sable ; la commune s'appelait alors
Saint-Brévin et ce n'est qu'en 1899
qu'on décide de la renommer en
Saint-Brévin-les-Pins en l'honneur
des arbres qui ont sauvé la ville de
l'ensablement ».

Cahier du Conseil de Développement de Loire-Atlantique Littoral - numéro 10 9


2. Urbanisation du littoral de al Loire-Atlantique

Premier facteur déclenchant : le début des bains de mer


et le « petit » chemin de fer

L’histoire de l’urba-
nisation du littoral • De Saint Nazaire au Croisic :
NORD LOIRE « Lorsque le premier train reliant
de notre départe-
ment se décline Saint Nazaire au Croisic entre en
donc à partir du dé- gare ce 11 mai 1879, La Baule
but du 19ème siècle, • Le Croisic : n’existe pas encore. »
lorsque les bains de Balzac signale dès 1830
Sources : S.Caillé « Les côtes sableuses du XIXe
mer deviennent à la l’arrivée des premiers siècle à nos jours » Ed. SILOË, 2003 et

mode, que les pre- malades venus prendre www.infobretagne.com

mières villas, casi- des bains de mer au


nos et promenades Croisic, où en 1840 est • Pornichet :
apparaissent, puis construit le premier « Dans les années 1880 à Porni-
le chemin de fer établissement de bai- chet, la construction balnéaire
arrive sur les côtes gneurs… connaît un développement consi-
… dérable grâce à l’arrivée du che-
• Le Pouliguen : min de fer… Une trentaine de vil-
Partout, ce mode de las par an y est édifiée… En 1895,
En 1854, au Pouliguen,
transport marque les 70 000 voyageurs sont comptabili-
apparaissent les premiè-
stations, avec la sés à la gare, un géographe de l’é-
res villas. En 1859, la
place de la gare, et poque dévoile alors ses senti-
commune en compte 17,
même la buvette de ments : "j’exècre cette station,
la plupart des
la gare… bien qu’elle soit charmante, mais
« étrangers » logeant
Les casinos, les chez l’habitant… A par- comment veut-on que j’aime un
grands hôtels, les tir de 1876, le front de hôtel, des barrières, des cabines,
pensions de famille mer étant entièrement un boulevard là où j’ai connu il y a
et les villas conti- bâti, l’extension se fit 15 ans des dunes désertes…" sur la
nuent de se déve- dans la commune d’Es- dune, face à la mer, des villas se
lopper sur tout le coublac sur les terrains bâtissent, elles sont de plus en
littoral (La Baule, St de MM. Benoit et Gral- plus nombreuses chaque année. En
Brévin, Pornichet, pois. 1907, on compte 600 villas et 800
Pornic etc.). en 1914 ».

• Saint Brévin :
SUD LOIRE
Entre 1914 et 1947, le nombre de logements fut multiplié par
4,2 (passant de 408 à 1708 logements). L’urbanisation atteignit
une telle ampleur qu’un plan « d’aménagement, d’embellisse- • Saint-Michel Chef
ment et d’extension » fut dressé dans les années 1920, afin d’é- Chef :
tablir le tracé des voies et avenues destinées à désenclaver les Le développement fut
sables. tout aussi considérable
à Saint-Michel-Chef-
Chef avec la création du
• De Paimboeuf lotissement de Tharon
à Pornic : en 1903. Le nombre de
L’installation du logements y fut multi-
chemin de fer à plié par 5,7 entre 1914
voie métrique et 1947 (passant de 172
reliant Paimboeuf à 992 logements). C’est
à Pornic, passant aussi à cette époque
par Mindin, fut que les stations des sa-
ouverte plus tar- bles commencent à
divement, en s’organiser. Leur trame
1906, et marqua urbaine actuelle a d’ail-
le véritable dé- leurs conservé ces pre-
part de la cons- mières traces de struc-
truction. turation.

Cahier du Conseil de Développement de Loire-Atlantique Littoral - numéro 10 10


Deuxième facteur déclenchant : les congés Evolution du nombre de
payés et l’essor de l’automobile logements (1948 - 1967)
sur les communes
de Pornic et La Plaine


Le deuxième élément qui a déclenché l’urbanisation littorale

Source : INSEE
associe, comme le précédent, un phénomène de société Pornic La Plaine
(les congés payés après les bains de mer) et l’essor des
1948-1949 2364 360
moyens de transport (le vélo et l’automobile après le train).
1967 4628 1100
Cette évolution a favorisé de nouvelles formes d’héberge-
ment, l’installation des campings, des colonies de vacances, + 95 % + 205 %
aux côtés des villas qui ont progressé de façon continue et
qui demeurent en Loire Atlantique le mode de construction
le plus largement répandu.
La forte évolution du
parc immobilier sur
le littoral de la Loire-
Atlantique
Entre 1949 et 1967, le parc
immobilier a souvent été mul-
tiplié par deux, comme par
exemple à Pornic et même dans
les petites communes jusqu’a-
lors restées dans l’ombre des
premières stations comme La
Plaine, où le nombre de loge-
ments y a été multiplié par 3.

En 1962, le littoral côtier de


Loire-Atlantique comprenant St
Nazaire (soit 6,5 % de la surface
du département), concentrait
déjà 21 % des logements du
département.

Un essor démographi-
que soutenu sur ce
• Source : INSEE, DRE. Réalisation : P.Pottier - IGARUN UMR 6554 LETG CNRS 2007
littoral
L’évolution démographique
montre que le littoral attire
toujours les populations qui
viennent s’y installer. C’est
vrai à l’échelle mondiale, mais
aussi à l’échelle de la France
et de la Loire-Atlantique.
La densité humaine du littoral
français hors période touristi-
que (272 hab./km2) est supé-
rieure de plus de 2,5 fois à la
moyenne nationale, soit 10 %
de la population du pays vi-
vant en permanence sur 4 %
de son territoire.
La densité humaine du littoral
de la Loire-Atlantique est de
360 habitants au km2 (INSEE, 1999).

Cahier du Conseil de Développement de Loire-Atlantique Littoral - numéro 10 11


2. Urbanisation du littoral de al Loire-Atlantique

Evolution de la population L’attraction des tiplié par 1,88 en France entre


1962 et 2005). Pour 6,5 % de sa
sur le littoral de la touristes et surface, en 1962, le littoral re-
Loire-Atlantique (habitants)
populations présentait 20,98 % des loge-
ments de Loire-Atlantique,
Communes
riveraines
saisonnières 22,30% en 2005 après une aug-
Saint


de l'Océan mentation de 132 %.
Nazaire

Source : P.Pottier
sans Saint-
Nazaire
On estime aujourd’hui les pics
de fréquentation à 450000 per- Le secteur rétrolittoral est en
1936 43281 42355 sonnes, représentant un apport progression constante depuis
1975 69251 69099
équivalent à 40 % de la popula- 1982. Entre 1962 et 1982, le
tion du département de Loire- parc de logements y a été multi-
1990 64812 81027 Atlantique. La population per- pliée par 2,66 (la plus forte pro-
manente de ce littoral, soit en- gression enregistrée) pour une
1999 65874 91736 viron 157 000 habitants, est ainsi croissance de 8982 logements,
2005 67800 -
multipliée par 3 lors des pério- soit une augmentation de 166 %
des d'affluence. en 20 ans.
Certaines communes ont même
La densité sur le littoral pendant connu des évolutions tout à fait
Le Littoral de la Loire- les pics d’affluence de l'été est remarquables comme St Molf,
Atlantique (communes rive- alors de 1390 habitants/km², avec une croissance de loge-
raines de l'océan) en 2005 soit 9 fois la densité du dépar- ments de 233 % entre 1962 et
représente 22,3 % des loge- tement de la Loire-Atlantique. 2005, ou Saint Lyphard avec
ments pour 13,9 % de la A titre de comparaison, la densi- une augmentation de 255 % en-
population sur 6,5 % de la té à l’échelle de l’ensemble des tre 1962 et 2005.
surface du département. communes littorales françaises,
en période estivale, est de 693 En un peu plus de 40 ans, 2010
En Loire-Atlantique, la situa- habitants/km2). logements ont été construits
tion démographique est un par an sur le littoral et le ré-
peu particulière, car la par- trolittoral de la Loire-
tie littorale a connu une
Contribution du Atlantique, soit à peu près
évolution ralentie en raison littoral au l'équivalent du nombre de cons-
du déclin de Saint-Nazaire dynamisme fort de la tructions réalisées en 2005 dans
entre 1975 et 1990, avant de les 23 communes de Nantes Mé-
remonter ensuite en 1999 et construction tropole sans la ville centre Nan-
en 2005. Sur le littoral de tes (2436 logements).
Loire-Atlantique, en 60 ans La Loire-Atlantique a connu un
(1936-1999), la population a dynamisme de la construction Sur la partie strictement cô-
été multipliée par 1,84, aug- supérieur à celui de la France tière, les 77463 logements cons-
mentation supérieure à celle entre 1962 et 1999, son littoral truits entre 1962 et 2005 repré-
dans l’ensemble du départe- y a fortement contribué. sentent un pression théorique de
ment (x 1,72). 662 nouveaux logements par km
Les évolutions en termes de lo- linéaire de côte (481 en 1962 à
Pour le secteur rétrolittoral, gements sont sensiblement iden- 1143 en 2005). De 48 logements
l’évolution en volume, en 60 tiques à celles observées pour la de pression théorique par
ans, a été moins spectacu- population : le département a bande de 100 mètres de trait
laire avec une augmentation connu un dynamisme supérieur à de côte en 1962, le ratio est
de 9418 habitants (soit celui de la France (multiplié par passé en 2005 à 114 logements
27873 habitants en 1999). 2,18 en Loire-Atlantique et mul- pour 100 mètres de côte.

En revanche, le dynamisme
du secteur rétrolittoral, en
30 ans (1968-1999) est re-
Evolution du nombre

marquable (+ 53 %), et plus


important que sur le littoral
de logements

(+ 44 %) ou que sur l’ensem-


ble du département (+ 32%).
Le poids démographique du
secteur rétrolittoral, qui
représentait 28,55 % de celui
du littoral en 1954, a pro-
gressé jusqu’à 30,38 % en
1999 (50 ans). • Source : INSEE, SITADEL

Cahier du Conseil de Développement de Loire-Atlantique Littoral - numéro 10 12


La place essentielle
de la fonction Part de résidences La
Baule
11892
secondaires dans
résidentielle le parc immobilier Pornichet 5166
touristique total
Pornic 4 452

Littoral LA Le
43 % 3 368
Sur le littoral de la Loire- Pouliguen
Atlantique, les résidences se- Littoral
Piriac 2 583
condaires représentent 56 % côtier LA
56 %
de l’ensemble du parc rési- (sans Saint La


Nazaire) 2 468

Source : INSEE P.Pottier


dentiel. Turballe
Rétro Le Croisic 2 446
13 %
littoral LA
Les disparités communales sont Saint
2 992
LA 13 % Michel
nombreuses :
• 75 % de résidences secondai- France 11 % La
res à Piriac, 2 268
Plaine
• 4 % de résidences secondai- Littoral
français 30 % Bourgneuf 335
res à Saint Nazaire.
Herbignac 244
Nombres de Saint
La moyenne littorale marque 204
résidences Lyphard
bien la séparation entre les
secondaires pour
communes à vocation touristi-
quelques communes du littoral de
que marquée et celle à voca-
Loire-Atlantique en 1999
tion touristique moins impor-
tante. A Pornic, les résidences
secondaires représentent 47 %
du parc immobilier total, à
Saint Brévin, elles représentent Résidences secondaires sur l’ensemble du parc
50 %. résidentiel en 1999

Cette dynamique de construc-


tion ne s’est pas essoufflée
depuis 1962 :

• + 21 % entre 1962 et 1968


• + 21 % entre 1968 et 1975
• + 18 % entre 1975 et 1982 •
Source : INSEE - Réalisation : P.Pottier - IGARUN UMR 6554 LETG CNRS 2007

• + 25 % entre 1982 et 1990


• + 23 % entre 1990 et 1999

A titre de comparaison, le ni-


Communes

veau de construction en France


a augmenté de 20 % en
moyenne depuis 1962.

La forme de construction
reste majoritairement une
forme individuelle.
Entre 1990 et 2005, 49 % de la
construction s’effectue en indi-
viduel pur, 60 % en y ajoutant
la construction en individuel
groupé.

Et cette tendance s’accentue :


En %
• 44 % entre 1990 et 1994,
• 68 % entre 2001 et 2005.

Cahier du Conseil de Développement de Loire-Atlantique Littoral - numéro 10 13


2. Urbanisation du littoral de al Loire-Atlantique

Conséquences duit des disparités au-


Surfaces urbanisées par commune (IPLI 99) tant dues à la pression de
« spatiales » du l’urbanisation, qu’à la
développement taille de la commune.
résidentiel

La première conséquence
Une pression
est l’étalement urbain, urbaine
la « pavillonnarisation » grandissante
des côtes de Loire-
Atlantique, sous forme à moins d’un
extrêmement linéaire kilomètre
(aménité liée à la vue sur
mer).
des côtes

Chaque année, environ A moins d’un kilomètre


Communes

130 hectares sont des côtes de la Loire-


consommés sur le littoral Atlantique, 49,79 % des
de Loire-Atlantique par espaces sont urbanisés,
l’urbanisation résiden- 53,83 % en y associant les
tielle. A cela s’ajoutent villages vacances et cam-
les surfaces nécessaires pings (la moyenne natio-
aux activités et aux équi- nale est de 50 %).
pements, soit une aug-
mentation de la surface La proportion des espa-
initiale de 12 %, autre- ces urbanisés est plus
ment dit 150 hectares importante sur le litto-
environ par an. ral au nord de la Loire
(58 %, 3480 ha urbani-
sés), qu’au sud de la
En ha
Le 4ième littoral Loire (50 %, 2233 ha ur-
banisés).
départemental • Source : DDE - Réalisation/traitement : P.Pottier -
français le plus IGARUN UMR 6554 LETG CNRS 2007
A l’échelle communale,
urbanisé les situations sont
Part des espaces urbanisés à - 1 km de
la côte (IPLI 99) (par commune, en %)
contrastées : La Baule,
Pornichet, Saint Nazaire
L’occupation du sol dans LA BAULE-ESCOUBLAC et Le Pouliguen appa-
les communes littorales raissent quasiment satu-
françaises par façades PORNICHET
rées à moins d’un kilo-
départementales montre : SAINT-NAZAIRE mètre de la côte.
• que les espaces urbains LE POULIGUEN
Sur le littoral côtier de
occupent une part plus SAINT-MICHEL-CHEF-CHEF
Loire-Atlantique, 8 com-
importante sur le litto- LE CROISIC munes sur 17 ont plus de
ral (13,1 %) que dans le
50 % de leur espace urba-
reste du territoire na- LA BERNERIE-EN-RETZ
nisé et 10 plus de 45 %.
tional (4,8 %); SAINT-BREVIN-LES-PINS
• que le département de
Communes

PIRIAC-SUR-MER Mais pour certaines d'en-


Loire-Atlantique, avec
tre elles, cette situation
près de 25 % d’occupa- PORNIC
est aussi liée à l’éten-
tion urbaine du sol, est LA PLAINE-SUR-MER due de la façade mari-
le 4ème littoral dépar-
Moyenne LA : time, si bien qu’en va-
temental urbanisé de MESQUER
54 % leur absolue, les surfaces
France sur 26 départe- PREFAILLES
urbanisées y sont impor-
ments (derrière les Al-
BATZ-SUR-MER tantes :
pes maritimes avec 53%,
le Nord 45 % et les Pyré- LA TURBALLE

nées Atlantiques 38 %). • 482 ha et 13,3 km de


LES MOUTIERS-EN-RETZ
côtes pour Pornic,
L’occupation du sol dans ASSERAC
les communes littorales • 327 ha et 9,8 km pour
En % 00 2020 4040 6060 8080 100
100
de Loire - Atlantique tra- Piriac-sur-mer.

Cahier du Conseil de Développement de Loire-Atlantique Littoral - numéro 10 14


• Source : IPLI 1999 DDE44; traitement et réalisation : P.Pottier IGARUN - UMR 6554 LETG du CNRS

Cahier du Conseil de Développement de Loire-Atlantique Littoral - numéro 10 15


2. Urbanisation du littoral de al Loire-Atlantique

La progression de l’urbanisation au détriment


d’autres usages

Les espaces urbanisés oc- (soit une régression de 7718 Ces chiffres obtenus à partir
cupent une part de plus en ha en 10 ans) alors que pour des données CORINE Land
plus importante et cela au l’ensemble de la France, Cover, utilisées par l’IFEN,
détriment d’autres usages, cette baisse ne fut que de sont peu précis, car issus
notamment naturels et agri- - 0,19 %. d’images de faible résolu-
coles. tion.
En Loire Atlantique, l’évolu-
A l’échelle du littoral natio- tion des milieux naturels A titre de comparaison, l’ex-
nal, l’IFEN évalue la régres- est nulle et l’essentiel sem- ploitation des données IPLI
sion des espaces naturels à - ble préservé. fait apparaître une régres-
0,30 % (soit une perte de sion des surfaces naturelles
6635 ha en 10 ans), alors que Quant aux surfaces agricoles, et agricoles confondues de
pour l’ensemble de la France elles ont régressé de 0,86 % 1638 ha entre 1985 et 1999
cette baisse ne fut que de entre 1990 et 2000, à un pour l’ensemble des commu-
moins 0,06 %. rythme qui situe le départe- nes littorales de Loire-
ment à la 6ième place parmi Atlantique, soit une perte de
Pour les espaces agricoles, la les 26 départements littoraux - 4,5 % en 14 ans.
diminution est de - 0,35 % français.

* 3.3 Espaces avec peu de végétation : plages, dunes et sable, roches nues, végétation clairsemée, zones incendiées, glaciers et neiges éternelles.
• Source : UE, IFEN, CORINE Land Cover 1990et 2000, Observatoire du littoral

Cahier du Conseil de Développement de Loire-Atlantique Littoral - numéro 10 16


UNE SITUATION LITTORALE DÉPARTEMENTALE
QUI FAIT DÉBAT …

Les problèmes liés


à l’urbanisation
du littoral :
des avis partagés


Les articles régulièrement pu-

Crédit Photo : IGN


bliés dans la presse posent
bien les grands problèmes liés
à l’urbanisation continue du
littoral national : le dévelop-
pement d’un trop grand nom-
bre de résidences secondaires,
les besoins non-satisfaits en
logements des jeunes ménages
résidents permanents, les pê-
cheries interdites pour cause
de pollution, les agriculteurs
et ostréiculteurs subissant la
concurrence spatiale et mé- littoral et la place de l’urba- nes sur 16), le taux d’accrois-
contents du bétonnage de la nisation au sein de la gestion sement de l’espace urbain
côte, les difficultés à gérer les de la zone côtière ont tou- était de + de 100 %.
espaces naturels, le manque jours été particuliers.
de cohérence et parfois de Les POS littoraux permet-
moyens sur le littoral, le prix Au début des années 1990, une taient ainsi le doublement de
de l’immobilier qui menace étude réalisée par l’IGARUN a l’espace urbain, voire plus.
les activités traditionnelles porté sur 16 POS de 16 commu-
etc. nes littorales de Loire Atlanti-
Cette étude a montré que mal-
que et de Vendée (soit 130 km
gré la portée temporelle nor-
Finalement chacun aborde la de côtes et environ 40 000 ha
male d’un POS, c’est-à-dire
question de son point de vue et de surfaces).
environ 10 ans :
chaque enjeu peut paraître
légitime. Cette étude s’est appuyée sur
- dans 70 % des cas (11 commu-
un relevé des espaces urbani-
nes sur 16), le POS littoral pou-
La difficulté est de trouver un sés (à l’îlot parcellaire), qui a
vait permettre une urbanisa-
équilibre entre trop et pas ensuite été reporté sur des
tion pendant plus de 30 ans à
assez d’urbanisation, qui per- fonds de plan au 1/5000 conte-
un rythme identique à celui
mette de garantir un dévelop- nant le zonage des POS/PLU.
enregistré les dix années pré-
pement durable de l’espace
cédentes ;
littoral. L’objectif était de calculer la
- dans 37,5 % des cas (6 com-
capacité résiduelle d’urbanisa-
munes sur 16), le POS littoral
tion, c’est-à-dire ce qui était
pouvait permettre une urbani-
L’aménagement et encore constructible en termes
sation pendant plus de 40 ans,
de surface sur le littoral.
la gestion du littoral soit une durée équivalente à 7
mandats de maire…
en France : très Cette étude a montré une dis-
ponibilité de terrains construc-
« urbano-centré » ? tibles très importante : Ces calculs tiennent compte
d’un taux de rétention. Sinon,
Cela a été vrai et l’est encore - sur 100 ha classés en zones à pour un remplissage à 100 %
dans un certain nombre de vocation urbaine des POS/PLU, des surfaces disponibles, cer-
POS/PLU… 45 % étaient encore à cons- tains POS pouvaient permet-
truire ; tre une urbanisation pendant
En France, l’aménagement du - dans 37 % des cas (6 commu- plus de 130 ans …

Cahier du Conseil de Développement de Loire-Atlantique Littoral - numéro 10 17


2. Urbanisation du littoral de al Loire-Atlantique

Surface de zones urbanisables de Quel avenir pour l’aménagement et


quelques communes littorales et la gestion du littoral en France ?
non-littorales de Loire-Atlantique
(1991 - POS) *
La multiplication des activités et de la population
St Nicolas Mache- n’est sans doute plus la solution pour l’avenir du
Vertou Vallet littoral.
de redon coul
Source : POS DDE 44

830 ha 320 ha 280 ha 350 ha De nouveaux concepts et de nouvelles perspectives,


liées au Développement Durable et à la Gestion Inté-
Les La grée des Zones Côtières (GIZC) sont en effet appa-
Pornic Piriac
Moutiers Plaine rues depuis quelques années et devraient être en

mesure de redéfinir les approches et les méthodes


1430 ha 500 ha 530 ha 450 ha de la prospective territoriale sur le littoral.

x 1,5 = x 1,6 = x 1,9 = x1,6 = Il en est ainsi pour la détermination de la capacité


d’accueil, qui doit être à présent évaluée au-delà de
* communes comparables en nombre de logements la question de l’urbanisation, pour appréhender le
et mises en chantier annuelles
littoral au travers d’une vision plus globale, intégrée
et moins segmentée …
Cette situation a largement été entre-
tenue par le rôle déterminant que joue Les ressources du littoral sont fragiles et épuisables,
le foncier sur les ressources publiques leur altération ou leur disparition peut créer un
et encore plus sur le littoral qu’ailleurs. dommage pour les sociétés et les générations futu-
Les communes littorales tirent en effet res. Cette question des ressources, de leur vulnéra-
relativement plus de ressources fiscales bilité, de leur consolidation ou de leur accroisse-
de la résidentialisation que les commu- ment devient alors centrale pour déterminer la ca-
nes intérieures françaises de même pacité d’accueil et de développement des espaces
taille (en raison du taux plus élevé des littoraux.
taxes habitation et foncière par habi-
tant). La structure de la fiscalité directe La capacité d’accueil devrait ainsi être définie
locale incite donc les collectivités publi- comme la quantité maximale d’activités ou d’utili-
ques à poursuivre l’urbanisation. sateurs permanents et saisonniers (donc d’urbanisa-
tion) que peut supporter l'ensemble des ressources
Dans le cadre de cette même enquête, d'un territoire littoral sans mettre en péril ses spéci-
les traitements ont pu mettre en évi- ficités.
dence le fait que la planification urbaine
locale permettait l’augmentation de la
capacité d’hébergement de 176 000 per-
sonnes, soit de + de 61 %, compte tenue Loi n° 86-2 du 3 janvier 1986, relative à
de ce qu’elle était au moment de l’é- l'aménagement, la protection et la mise en
tude (soit 285886 logements). valeur du littoral (Journal officiel du 4 jan-
vier 1986)
Il s’agit bien d’une situation très parti-
culière au littoral, car les zones réser- Article L146-2
vées à l’urbanisation étaient beaucoup
plus importantes dans les communes Pour déterminer la capacité d'accueil des es-
littorales que dans celles à l’intérieur paces urbanisés ou à urbaniser, les docu-
des terres, comparables en nombre de ments d'urbanisme doivent tenir compte :
logements et de mises en chantier an-
nuelles (voir tableau ci-dessus). • de la préservation des espaces et milieux
mentionnés à l'article L146-6 ;
Enfin, à la lecture de la loi Littoral, l’a-
ménagement et la gestion du littoral en • de la protection des espaces nécessaires
France sont bien « urbano-centrés ». au maintien ou au développement des acti-
vités agricoles, pastorales, forestières et
L’article L146-2 témoigne ainsi de la maritimes ;
« dépendance » de la problématique ur-
baine vis-à-vis de la loi et réduit la dé- • des conditions de fréquentation par le pu-
termination de la capacité d’accueil aux blic des espaces naturels, du rivage et des
seuls documents d’urbanisation. (voir équipements qui y sont liés.
l’article ci-contre)

Cahier du Conseil de Développement de Loire-Atlantique Littoral - numéro 10 18


Pour en savoir plus ! QUELQUES PROPOSITIONS

Histoire et illustrations du littoral de


la Loire-Atlantique : des années 1890 à Imaginer une nouvelle appro-
aujourd'hui che de segmentation spatiale
des espaces littoraux dans le
www.notrefamille.com domaine du traitement des
www.infobretagne.com données et de la connaissance
des processus, sortant du dé-
coupage local et administratif
actuel.
L’observatoire du Littoral
Institut Français de l’Environnement

www.ifen.fr/acces-thematique/
territoire/littoral.html
Mettre en place un observa-
toire de l’urbanisation du lit-
Les indicateurs du développement ur- toral de Loire-Atlantique,
bain s’appuyant entre autres sur le
DRE des Pays de la Loire suivi localisé des permis de
construire
www.pays-de-la-loire.equipement-
gouv.fr

S.Caillé, 2003, « Les côtes sableuses


Engager une réflexion globale
du XIXe siècle à nos jours - Loire-
sur la maîtrise de l’urbanisa-
Atlantique et Vendée », Ed. SILOË
tion du littoral s’appuyant sur
la reconceptualisation de la
notion de capacité d’accueil
P.Pottier, 1987, « L’urbanisation du
et s’inscrivant dans la pers-
littoral entre la baie de la Vilaine et la
pective d’un développement
baie de Bourgneuf : analyse géographi-
durable
que et critique », thèse IGARUN, 514 p.

PNUE Plan Bleu, 2001, « L’urbanisation


en Méditerranée de 1950 à 1995 », Cen-
tre d’Activités Régionales Sophia Antipo-
Accompagner des projets in-
lis, 55 p.
novants en matière
d’« urbanisme balnéaire »,
s’appuyant sur les nouvelles
pratiques territoriales et la
nécessaire réorganisation des
espaces (modes de déplace-
CODELA
ment doux, création de pôles
CONSEIL DE DEVELOPPEMENT
de vie de proximité …)
de la LOIRE-ATLANTIQUE
2, quai de Versailles - BP 44621
44046 Nantes Cedex 1
: 02 40 48 48 00 — Fax : 02 40 48 14 24
Emel : cdd44@codela.fr

Cahier du Conseil de Développement de Loire-Atlantique Littoral - numéro 10 19


Conseil de
Développement
de la Loire-Atlantique
un espace de concertation

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