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MACHINES À COURANT CONTINU

A l’intention des étudiants au Cycle de Licence Professionnelle


Filières ELECTROTECHNIQUE et ELECTROMÉCANIQUE

Jules Hubert TSOCHOUNIE

Année académique 2020-2021


Table des matières

Table des Matières


1. GÉNÉRALITÉS SUR LES MACHINES ÉLECTRIQUES ............................................................................ 1
1.1 INTRODUCTION GÉNÉRALE ..................................................................................................................... 1
1.2 DISPOSITIONS RÉGLEMENTAIRES IMPORTANTES, GRANDEURS CARACTERISTIQUES ................. 2
1.2.1 Introduction ........................................................................................................................................... 2
1.2.2 Les inscriptions sur la plaque signalétique d’une machine électrique ................................................... 2
1.2.3 Grandeurs caractéristiques dérivables des grandeurs de la plaque signalétique .................................... 5
1.3 CLASSIFICATION, PRINCIPES DE FONCTIONNEMENT ET CONSTITUTION DES MACHINES
ÉLECTRIQUES ......................................................................................................................................................... 6
1.3.1 Classification des machines électriques................................................................................................. 6
1.3.2 Circuit magnétique et principes de fonctionnement des machines électriques ...................................... 7
1.3.3 Constitution générale des machines électriques .................................................................................. 11

2. LES MACHINES À COURANT CONTINU .................................................................................................. 12


2.1 LE CHAMP MAGNÉTIQUE INDUCTEUR ET SA RÉPARTITION ........................................................... 12
2.2 PRINCIPES DES MACHINES À COURANT CONTINU ............................................................................ 13
2.2.1 Création d’une f.é.m continue élevée dans les machines à courant continu ........................................ 13
2.2.2 Création d’un couple électrique dans les machines à courant continu................................................. 16
2.3 CONSTITUTION DES MACHINES À COURANT CONTINU ................................................................... 17
2.3.1 Organes magnétiques........................................................................................................................... 17
2.3.2 Organes électriques ............................................................................................................................. 17
2.3.3 Organes mécaniques ............................................................................................................................ 18
2.4 INFLUENCE DU COURANT D’INDUIT SUR LE FONCTIONNEMENT ................................................. 18
2.4.1 L’enroulement induit et son action sur le fonctionnement de la machine en charge ........................... 18
2.4.1.1 Réalisation de l’enroulement induit et choix sa forme ........................................................................ 18
2.4.1.2 Le champ d’induction magnétique créé par l’enroulement induit ....................................................... 19
2.4.1.3 Le champ d’induction magnétique résultant dans l’entrefer en charge ............................................... 19
2.4.2 Conséquences des effets de la Réaction Magnétique de l’Induit ......................................................... 20
2.4.3 Le phénomène de commutation dans les machines à courant continu et ses effets ............................. 22
2.4.3.1 Déroulement de la commutation du courant dans des bobines de l’induit .......................................... 22
2.4.3.2 Les contacts balai-collecteur et les étincelles des balais ...................................................................... 23
2.5 MESURES PRISES POUR COMBATTRE LES EFFETS DE LA RMI ........................................................ 25
2.5.1 L’enroulement de commutation et son effet ........................................................................................ 25
2.5.2 L’enroulement de compensation et son effet ....................................................................................... 26
2.6 EXCITATION ET TYPES DE MACHINES À COURANT CONTINU ......................................................... 27
2.6.1 Intérêt de la création du flux inducteur par un électro-aimant ............................................................. 27
2.6.2 Modes d’excitation et types de machines à courant continu................................................................ 27
2.7 DÉSIGNATION NORMALISÉE, CONNEXION ET DISPOSITION DES ENROULEMENTS.................... 27
2.7.1 Désignation normalisées des enroulements de la machine à courant continu...................................... 27
2.7.2 Connexion et diposition des différents enroulements des machines à courant continu ....................... 28
2.8 ÉLABORATION DU MODÈLE ÉLECTRIQUE DE LA MACHINE ........................................................... 28
2.8.1 Modèle électrique équivalent de l’enroulement induit ........................................................................ 28
2.8.2 Modèle électrique équivalent du circuit d’induit ................................................................................. 29
2.9 SCHÉMAS ÉLECTRIQUES DE PRINCIPE ............................................................................................... 29
2.10 RELATIONS RELATIVES AUX MACHINES À COURANT CONTINU ..................................................... 29
2.10.1 Relation entre courant de ligne et courant d’induit des machines à courant continu ........................... 29
2.10.2 Chutes de tension (interne) dans le circuit d’induit et loi d’Ohm généralisée ..................................... 30
2.10.3 Fréquence de rotation du moteur à courant continu............................................................................. 30
2.10.4 Puissances dans les machines électriques ............................................................................................ 30
2.10.5 Relation couple-puissance ................................................................................................................... 31
2.10.6 Moment interne et moment externe du moteur à courant continu ....................................................... 31

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Table des matières

2.11 COURBES CARACTÉRISTIQUES DES MACHINES ÉLECTRIQUES À COURANT CONTINU ............. 31


2.11.1 Courbes caractéristiques en excitation séparée .................................................................................... 31
2.11.2 Courbes caractéristiques en excitation shunt ....................................................................................... 32
2.11.3 Courbes caractéristiques en excitation série ........................................................................................ 33
2.11.4 Courbes caractéristiques en excitation composée ................................................................................ 34
2.11.5 Le courant de charge et l’exigence de couples dans les moteurs à courant continu ............................ 36

BIBLIOGRAPHIE .................................................................................................................................................... 37

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Table des matières

CONTENU

Objectifs : L’étudiant doit être capable :


- de décrire le principe et la constitution d’une machine électrique de type fondamental,
- d’expliquer le mode de fonctionnement d’une machine électrique,
- d’effectuer les essais sur une machine électrique, et
- de résoudre les exercices numériques qui s’y reportent.

Contenu :
- Généralités sur les machines à courant continu : Eléments constitutifs des machines électriques,
Principes.

- Machines à courant continu : Constitution, f.é.m., couple, Réaction Magnétique d’Induit,


commutation, modèle électrique statique, génératrice et caractéristiques de fonctionnement, moteur
et caractéristiques de fonctionnement (démarrage, réglage de vitesse, freinage).

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1. Généralités sur les machines électriques

1. GÉNÉRALITÉS SUR LES MACHINES ÉLECTRIQUES


1.1 INTRODUCTION GÉNÉRALE
L’électro-énergétique avec ses trois domaines :
 La production (Génération) de l’énergie électrique,
 Le transport et la distribution (Transmission) de l’énergie électrique, et
 L’utilisation (Consommation) de l’énergie électrique,

est dominée par les machines électriques.

Les machines électriques servent comme :


 Générateurs, à convertir l’énergie mécanique en énergie électrique, pour alimenter des réseaux ou
des récepteurs électriques, y compris les moteurs électriques (voir figure 1-1).

 Transformateurs, à transformer l’énergie électrique en énergie électrique de même forme d’onde et


de fréquence, mais de valeur efficace différente différente, pour coupler deux réseaux électriques de
niveaux de tensions différents. Ils permettent ainsi d’adapter la tension d’un réseau d’alimentation en
courant alternatif à celle d’un récepteur ou réseau d’utilisation à courant alternatif (voir figure 1-1a).

 Convertisseurs dynamiques ou composants d’un groupe convertisseur tournant (voir figure 1-1b), à
convertir l’énergie électrique en énergie électrique de forme d’onde et/ou de caractéristsiques
différentes, pour alimenter des récepteurs électriques, très souvent des moteurs électriques.

 Moteurs, à convertir l’énergie électrique en énergie mécanique, pour entraîner un mécanisme ou une
machine mécanique (voir figure 1-1), les deux constituant ainsi un entraînement électrique.
L’entraînement électrique est caractérisé par l’interaction (influence mutuelle) entre le moteur
électrique qui apporte la puissance motrice, et le mécanisme ou la machine mécanique qui utilise
cette puissance pour effectuer un travail utile.

Figure 1-1

Le présent cours expose les machines électriques du point de vue du futur utilisateur. Les aspects de la
conception de ces machines électriques ne sont pas considérés ici, si oui, uniquement dans la mesure où
ils sont indispensables pour la compréhension de leur fonction et de leur fonctionnement mutuel avec le
système qu’elles alimentent ou qu’elles entraînent.

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1. Généralités sur les machines électriques

1.2 DISPOSITIONS RÉGLEMENTAIRES IMPORTANTES, GRANDEURS


CARACTERISTIQUES
1.2.1 Introduction
Plusieurs Commissions nationales ont établi pour leur pays, des dispositions réglementaires pour les
machines électriques, qui visent à garantir que le choix, le dimensionnement, l’interprétation, les essais et
l’étiquetage de ces machines soient effectués selon des aspects uniformes. Dès lors, la comparaison et
l’évaluation de machines de différents fabricants sont possibles.

1.2.2 Les inscriptions sur la plaque signalétique d’une machine électrique


La plaque signalétique d’une machine électrique (voir figure 1-2) informe l’utilisateur de cette dernière
sur sa réalisation et sur les conditions de son fonctionnement optimal (valeur nominales de ses grandeurs
caractéristiques) ; Ceci constitue la garantie de la part du fabricant de la machine.

Figure 1-2

Sur la plaque signalétique d’une machine électrique, sont inscrites des informations telles que :
 Le fabricant
 La désignation, qui précise son mode de fonctionnement et la nature de son courant électrique :
Moteur asynchrone, Moteur à courant continu, Génératrice à courant continu, Transformateur
 Le numéro de série
 Le modèle ou le type, qui pour les machines tournantes peut préciser la hauter d’axe et la taille
 Le type de courant électrique alternatif de fonctionnement, pour une machine à courant alternatif :
monophasé (1~) ou triphasé (3~).

La plaque signalétique dévoile également les informations suivantes sur la réalisation de la machine :
 La classe d’isolant, symbolisé par « Isol.Cl. » suivi par un marquage des lettres A, E, B, F ou H qui
traduisent la capacité des substances isolantes des enroulements de la machine, à supporter, en
fonctionnement au régime permanent, la température maximale au-delà de laquelle elles vont brûler.
Une température trop élevée de ces isolants altère leurs propriétés isolantes, ce qui les rendrait
inaptes à remplir leur fonction et provoque ainsi une avarie. Il existe toujours une température limite
lim à ne jamais dépasser, mais par prudence il faut ménager une marge de sécurité. Les fabricants
ont prévu une réserve thermique de fonctionnement  R qui permet un échauffement supplémentaire
à caractère transitoire si l’on souhaite augmenter la durée de vie de la machine. La température
admissible d’un organe de machine est donnée par :

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1. Généralités sur les machines électriques

adm  lim  R

Les températures maximales associées aux classes d’isolation sont :


 Classe A : max  105C
 Classe E : max  120C
 Classe B : max  130C
 Classe F : max  155C
 Classe H : max  180C

N.B. : Un dépassement de la température maximale max de 10C fait chuter de moitié la durée de vie
des enroulements de la machine.

Figure 1-3

 Le service-type nominal, symbolisé par la lettre « S » suivie d’un nombre compris entre 1 et 10. La
figure 1-4 montre les services-types fondamentaux les plus couramment rencontrés : S1 (continu), S2
(temporaire), S3 (intermittent sans influences du démarrage et du freinage), S4 (intermittent avec
influence du démarrage, sans influence du freinage), S5 (intermittent avec influences du démarrage
et du freinage) et S6 (ininterrompu).

Figure 1-4

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1. Généralités sur les machines électriques

Seul l’échauffement dû à la charge d’une machine électrique limite son fonctionnement, pas la puissance
que cette machine délivre. En effet, dans certains intervalles de temps, la puissance fournie peut être
certes supérieure à la puissance nominale du service continu Pf  PN,S1  , toutefois pendant des durées
assez courtes pour que la température du bobinage  b ne dépasse pas la valeur limite  max .
 L’indice de protection, symbolisé par « IP » suivi par un marquage des deux chiffres dont le premier
va de 0 à 6, et le second va de 0 à 8. Il indique que d’importantes réglémentations de construction ont
été respectées, qui servent à :
 la protection des personnes contre le contact avec des parties tourantes, et la machine contre
l’infiltration des objets solides ;
 la protection de la machine contre l’infiltration des liquides.
 Le mode de refroidissement de la machine. Lors du fonctionnement d’une machine électrique, il se
produit un échauffement  de cette dernière comme conséquence inévitable des pertes
consécutives à la conversion de l’énergie. L’échauffement est marqué par une élevation de la
température de la machine ; Pour maintenir dans les limites la température de la machine, donc de
ses éléments critiques tels que les enroulements avec leur isolant    max  , l’on a tendance à
évacuer une grande quantité de la chaleur qu’elle génère :

Chaleur générée = chaleur emmagasinée + chaleur transférée à l’ambiance

Le transfert de la chaleur vers le milieu ambiant, principalement l’air frais, se fait par rayonnement et
par convection. L’efficacité de ce dernier mode est fortement tributaire de la vitesse du fluide de
refroidissement. Dans ce contexte, on distingue trois procédés de mise en mouvement de l’air :
 le mouvement de l’air ambiant se produit seulement par les parties en mouvement de la
machine : c’est l’auto-ventilation, par convection naturelle.
 le mouvement de l’air ambiant se produit non seulement par les parties en mouvement de la
machine, mais en plus par un ventilateur monté sur le rotor de la machine et entraîné par ce
dernier : c’est l’auto-ventilation, par convection forcée.
 le mouvement de l’air ambiant se produit non seulement par les parties en mouvement de la
machine, mais en plus par un ventilateur entraîné séparément (par un autre moteur dont la
vitesse de rotation est indépendante de celle de la machine) : c’est la moto-ventilation, par
convection forcée. La plaque signalétique indique le débit d’air de refroidissement minimal.

En plus des informations, les grandeurs caractéristiques nominales de la machine portées sur la plaque
signalétique sont :
 La tension nominale UN (V). Pour les machines tournantes, induit et inducteur. Pour les machines à
courant alternatif, c’est une valeur efficace. Pour les transformateurs, valeur efficace de la tension
primaire (entre phases en triphasé) U1N et valeur efficace de la tension secondaire à vide (entre
phases en triphasé) U20, N .
 L’intensité nominale du courant I N (Ampères). Pour les machines tournantes, induit et inducteur.
Pour les machines à courant alternatif, valeur efficace de l’intensité de ligne.
 La puissance nominale : PN pour les machines tournantes, qui est fondamentalement la puissance
fournie par la machine. Elle s’entend pour un service-type donné, une température ambiante
maximale de 40C et une altitude maximale de 1000 m . Dans le cas particulier des générateurs à
courant alternatif et des transformateurs, c’est la puissance (apparente) S N (VA).
 La vitesse de rotation nominale n N (tr/min.), ou la plage de vitesse de rotation  n 1  n 2  .
 Le facteur de puissance nominal, pour une machine à courant alternatif. Il traduit pour un moteur le
niveau de la consommation de la puissance réactive, et pour un générateur le niveau nécessaire de la
puissance d’excitation.
 La fréquence nominale f N , pour les machines à courant alternatif.
 La tension relative de court-circuit u cc %  , pour les transformateurs d’énergie.

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1. Généralités sur les machines électriques

1.2.3 Grandeurs caractéristiques dérivables des grandeurs de la plaque signalétique


Certaines grandeurs caractéristiques nominales importantes de la machine peuvent être dérivées des
indications portées sur la plaque signalétique. Il s’agit du rendement nominal et du moment du couple
nominal développé par la machine. De simples calculs de conversion permettent de les obtenir.

1.2.3.1 Le rendement nominal de la machine


A cause des pertes inévitables qui se produisent dans la machine électrique lors des conversions de
l’énergie qui s’y produisent, la puissance fournie par la machine (puissance utile) Pf  Pu  est toujours
inférieure à la puissance absorbée Pabs  . Particulièrement en régime nominal, on a :

PN  Pabs, N

L’énergie ou le travail des pertes défini comme suit :

Wp  Pp  t f

conduit à des coûts supplémentaires. Pour un point de fonctionnement donné, si la machine fournit la
puissance Pf pendant la durée t f , son rendement :

Pf

Pabs

devient un facteur décisif d’évaluation économique. La nature des puissances absorbée Pabs et fournie Pf
dépend du caractère de la conversion d’énergie dans la machine. De ce fait :
 Pabs apparait comme grandeur électrique, et Pf comme grandeur mécanique pour un moteur.
 Pabs apparait comme grandeur mécanique, et Pf comme grandeur électrique pour un générateur.

Ceci est récapitulé dans le tableau ci-après :

Nature de Nature de Mode de fonctionnement /


Pabs Pf Type de machine
Electrique Mécanique Moteur
Mécanique Electrique Générateur

Dans l’étude des types individuels de machines, nous allons apprendre à calculer la puissance électrique
nominale à partir de grandeurs électriques nominales.

1.2.3.2 Moment du couple nominal développé par le moteur et disponible en bout d’arbre
Dans les moteurs électriques, l’induit rotorique de diamètre D r loge les bobines distribuées dans des
encoches creusées à sa périphérie. Dans une encoche est disposé un faisceau d’une section de la bobine et
l’autre faisceau de la section est disposé dans une encoche à 180 électriques de la première. Sur chaque
faisceau il s’exerce une force qui est la résultance des forces sur chaque brin conducteur. Sur le faisceau

« aller » sous un pôle du champ magnétique inducteur, s’exerce la force totale F , et sur le faisceau
« retour » sous le pôle consécutif de nom contraire du champ magnétique inducteur, s’exerce la force

totale F opposée : on a ainsi un couple de forces dont le moment est :

T  2  F  R r  F  Dr

qui est responsable de la rotation de l’arbre de la machine.

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1. Généralités sur les machines électriques

Pour que sous l’effet de ce couple de moment T, un point de la périphérie de l’arbre se déplace d’une
position 1 à une position 2 en un temps t , balayant ainsi l’angle  , la quantité de travail ou d’énergie :

W  2  F  R r    F  D r    T  

est nécessaire. La puissance correspondante est la puissance mécanique ou utile :

W 
P  T  T
t t

où  est la vitesse angulaire du rotor de la machine, exprimée en rad s .

En ingénierie électrique, on travaille de préférence avec la vitesse de rotation n. La relation de conversion


de la vitesse de rotation à la vitesse angulaire est :

  2  n

avec n exprimée en tr s Pour déterminer le moment utile à partir de la puissance fournie (utile) et la
vitesse de rotation du moteur, on utilise la relation :

P  T    T  2  n

A partir de cette relation mécanique, on peut déterminer le moment utile nominal comme suit :

PN 60  PN 30 PN P
TN  , avec n N en tr s. ou TN     9,55  N , avec n en tr min .
2  n N 2  n N  nN nN

Remarque : Le moment du couple nominal, qui peut être calculé à partir des caractéristiques nominales
de la machine électrique, n’est pas seulement un paramètre important pour les calculs de résistance
mécanique de l’arbre des machines électriques, mais il donne également une indication sur le volume
structurel requis de ces machines : TN est proportionnel au volume structurel de la machine.

1.3 CLASSIFICATION, PRINCIPES DE FONCTIONNEMENT ET


CONSTITUTION DES MACHINES ÉLECTRIQUES
1.3.1 Classification des machines électriques
Les machines électriques peuvent, selon l’objectif visé, être classifiées selon différents points de vue :
 Du point de vue de la fonction de base de la machine électrique, on distingue les générateurs, les
moteurs, les convertisseurs, les compensateurs dynamique, les transformateurs.
 Du point de vue de la nature du courant électrique, on distingue les machines à courant continu (‒),
les machines à courant mixte, les machines à courant alternatif (~). Pour ces dernières, on distingue
le moteur à courant alternatif monophasé (1~) et le moteur à courant alternatif triphasé (3~).
 Du point de vue du comportement de vitesse en charge pour les moteurs, on distingue :
 les moteurs dont la vitesse est indépendante de la charge : c’est le comportement synchrone ;
 les moteurs dont la vitesse varie peu avec la charge : c’est le comportement shunt ;
 les moteurs dont la vitesse varie considérablement avec la charge ; c’est le comportement série.
 Du point de vue de la possibilité de réglage de la vitesse des moteurs électriques, on distingue :
 les moteurs à une vitesse ;
 les moteurs à plusieurs vitesses réglables par échelon ;
 les moteurs dont la vitesse est continuellement réglable dans une plage donnée.

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1. Généralités sur les machines électriques

1.3.2 Circuit magnétique et principes de fonctionnement des machines électriques


1.3.2.1 Le circuit magnétique des machines électriques : « loi d’Ohm » et caractéristique à vide
Toutes les machines électriques ont en commun l’utilisation d’un circuit magnétique dans lequel est créé
et canalisé un flux magnétique ; il realise le couplage magnétique entre le bobinage inducteur et le
bobinage induit qu’il porte. Les grandeurs de base du circuit magnétique sont :
 la force magnétomotrice (f.m.m) , comme la cause (excitation) ;
 le flux magnétique (), comme l’effet (réponse) ;
 la réluctance ou résistance magnétique R m , dont l’inverse est la perméance  m , comme
grandeur d’influence ou paramètre du milieu.

La f.m.m est créée par un enroulement, l’enroulement inducteur, traversé par un courant électrique ; elle
est la cause du flux magnétique qui circule dans le circuit magnétique. Le principe est le même pour
toutes les machines électriques, quelle que soit la nature du courant électrique.

Le circuit magnétique d’un transformateur d’énergie comporte un noyau magnétique à section droite
généralement carrée (voir figure 1-5a), réalisé par empilage de tôles ferromagnétiques isolées les unes des
autres (feuilleté) par un vernis ou une couche d’oxyde. L’entaille prévue sur les profils en feuilles de tôles
pour permettre d’enfiler les bobines fait qu’un entrefer de faible largeur  apparait dans le circuit.

Figure 1-5

Le circuit magnétique d’une machine tournante (voir figure 1-5b) comporte des parties constituées par un
empilage de feuilles de tôles en matériau ferromagnétique isolées les unes des autres par un vernis ou une
couche d’oxyde, des parties massives en matériau ferromagnétique, et des entrefers remplis d’air. Dans
les machines tournantes, l’entrefer où le champ d’induction magnétique est quasi homogène, est la partie
relevante pour les phénomènes d’induction magnétique.

La figure 1.6 montre les circuits magnétiques d’un transformateur élémentaire (machine électrique
statique) dont seul l’enroulement primaire (inducteur) est représenté, et d’une machine à courant continu
bipolaire (machine électrique tournante) dont seul l’enroulement de champ est représenté.

Il existe une analogie entre circuit magnétique et circuit électrique statique. De ce fait, la loi qui lie les
grandeurs du circuit magnétique entre elles est l’analogue de la loi d’Ohm en courant continu (statique) :

1
  Rm  ou    :  m  
Rm

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1. Généralités sur les machines électriques

Les schémas électriques équivalents du circuit magnétique d’un transformateur élémentaire à vide (voir
figure 1-6a) et d’une machine tournante à vide (voir figure 1-6b) précisent cette analogie.

Les matériaux ferromagnétiques ont la


particularité, que la relation précédente
n’est pas linéaire, car les paramètres
R m, Fe et m,Fe ne sont pas constants, ils
dépendent de l’état magnétique des
parties ferromagnétiques du circuit :

R m  f VFe  et  m  f VFe 
Figure 1-6

Pour la « loi d’Ohm » du circuit magnétique    m   , on choisit de préférence la représentation


graphique, qui est une image de la courbe aimantation ou de magnétisation B  f H du circuit
magnétique dont la caractéristique à vide E v  f I e  de la machine est une image. La figure 1-7a montre
la droite d’aimantation de l’entrefer, et la courbe d’aimantation des parties ferromagnétiques d’une
machine électrique. En construisant point par point la résultante, on obtient la courbe d’aimantation de la
machine électrique (voir figure 1-7b).

Figure 1-7

Dans les machines tournantes, en un point donné de l’épanouissement polaire, pour un état magnétique
donné, la réluctance R m de l’entrefer n’est pas constante lorsque le rotor tourne, elle papillote et par
conséquent l’induction magnétique, comme le montre la figure
1-8. En effet, les dents et les ouvertures des encoches défilent
devant ce point, et la largeur géométrique de l’entrefer oscille
entre la valeur minimale  min   au niveau des dents et la
valeur maximale  max au niveau de l’ouverture d’une encoche.
On préfère travailler avec une valeur moyenne de la réluctance,
pour laquelle on suppose un entrefer lisse de largeur constante
   k C   (largeur théorique), où k C est le facteur de Carter, qui
tient compte de l’encochage de l’induit.

La loi d’Ampère sur un chemin moyen coïncidant avec une ligne


du flux magnétique inducteur qui traverse deux pôles principaux
consécutifs et l’entrefer fictif, fournit :

Figure 1-8

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1. Généralités sur les machines électriques


 H i  l m,i 2  H 0    H Fe,s  l m,Fe,s  H Fe,r  l m,Fe,r  2  2pe
i

En tirant H 0 de la relation B0   0  H 0 , et en considérant H Fe,s  l m,Fe,s  H Fe,r  l m,Fe,r : VFe la ddp


magnétique totale dans les parties ferromagnétiques, on obtient :

B0 
2    VFe  2  e
0 2p

La ddp magnétique VFe étant inconnue, elle peut être prise en compte par un entrefer fictif de largeur 
légèrement plus grande que la valeur théorique  . L’expression ci-dessus issue de la loi d’Ampère peut
alors être réécrite comme suit :

B  V  B 
2  0     Fe   0   2  0  VFe   2  e
0  2  B0   0 2p

En introduisant l’amplitude du flux magnétique sous un pôle inducteur,   B0  A p où A p est la surface


de l’épanouïssement du pôle, on obtient la loi qui lie les grandeurs du circuit magnétique dans une
machine électrique tournante comme suit :

VFe  0  A p
 e  2p    : R m,eq VFe    ou   e :  m,eq VFe    e
0  A p 2p  VFe 

1.3.2.2 Le principe de l’induction d’une f.é.m dans les machines électriques


D’après la loi de l’induction magnétique (loi de Faraday), une f.é.m est induite dans une bobine de N
sprires lorsque le flux magnétique embrassé par cette bobine varie ; le nombre de fois que la bobine
embrasse les lignes du champ magnétique est une mesure pour la f.é.m dont l’expression est :


e  N
t


où la quantité est la la variation temporelle du flux magnétique embrassé par cette bobine. La
t
variation du flux magnétique embrassé par une bobine peut être obtenue de deux manières :
 lorsque la bobine est fixe, par un champ magnétique variable dans le temps, très étendu : c’est le
principe du transformateur, comme dans la figure 1-9a qui montre une spire fixe traversée par un
champ d’induction
magnétique homogène variant dans le temps suivant une loi sinusoïdale. Le
vecteur-surface A qui  est normal à la surface encadrée par la spire est à tout instant parallèle aux
lignes de champ de B . La variation du flux de ce champ d’induction magnétique n’est pas nulle ;
ce flux magnétique induit alors dans le cadre une f.é.m qui fait apparaître une tension u v t  aux
bornes de cette spire.
 lorsque le champ d’induction magnétique est constant et très étendu, par la rotation de la bobine
dans le champ, qui fait varier le flux magnétique embrassé par la bobine : c’est le principe du
générateur, comme dans la figure 1-9b qui montre une spire dont les extrémités sont reliées à deux
bagues, pivotant à la vitesse angulaire  constante autour d’un axe, traversée par un champ
d’induction magnétique homogène constant dans le temps. On suppose qu’à l’instant initial t  0 ,

le vecteur-surface A qui est normal à la surface encadrée par la spire est parallèle aux lignes de

champ de B   0 ; le flux magnétique embrassé est alors maximal. A un instant ultérieur t, la
position de la spire est repérée par l’angle     t que fait le vecteur surface avec les lignes de
champ de l’induction magnétique ; à cet instant, le module du flux magnétique embrassé par la

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1. Généralités sur les machines électriques

spire est t   B  A  cos  t  . La variation temporelle de ce flux magnétique induit dans la spire
une f.é.m qui fait apparaître une tension u v t  aux bornes de cette spire. L’accès à cette tension est
obtenu grâce à un système de deux contacts glissants constitués par deux lames qui frottent sur les
bagues.

Figure 1-9

On conclut, qu’en cas d’entraînement en rotation d’une bobine plongée dans un champ magnétique
de manière que le flux de ce dernier la traverse, une f.é.m y est induite : c’est le principe du
générateur.

1.3.2.3 Le principe de la création d’un couple électrique dans les machines tournantes
Dans un premier temps, on considère un conducteur électrique de longueur L traversé par un courant

électrique d’intensité Ia et plongé dans un champ magnétique d’induction B . Il est dévié, du fait d’une

force magnétique, la force de Laplace F , qui s’exerce sur lui. Si ce conducteur est perpendiculaire aux
lignes du champ magnétique, le module de la force de Laplace qui s’exerce sur lui est :

F  Ia  L  B

Et si à la place d’un brin conducteur électrique


on introduit une spire de largeur D dans un
champ magnétique très étendu, alors lorsque la
spire est reliée à une source de tension continue
(voir figure 1-10) qui débite un courant

électrique d’intensité Ia , une force F s’exerce
sur chacun des brins conducteurs de cette spire,
le brin « aller » et le brin « retour », les deux
étant opposées, formant ainsi un couple de
moment :

T  2FD 2  FD

qui tend à faire pivoter la spire autour de son axe


longitudinal, comme le montre la figure 1-10 où
Figure 1-10
la spire, avec le sens du courant donné sur cette
figure, va pivoter dans le sens anti-horaire. Si cette spire est logée dans l’induit cylindrique porté par le
rotor d’une machine, alors le couple des forces a tendance à faire tourner le rotor autour de son axe : c’est

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1. Généralités sur les machines électriques

le principe du moteur électrique. Lorsque la spire pivote d’un angle π, la force de Laplace s’annulle et
s’inverse, ce qui maintient le sens de rotation.

Il existe une grande analogie entre le moteur


et le générateur électriques. En effet, il est
évident, qu’en cas de rotation de la bobine
d’un moteur électrique, une f.é.m E y est
induite, qui s’oppose à la tension
d’alimentation : on dit que c’est une force
contre-électromotrice (f.c.é.m) E   E . De
même, en cas de la rotation de la bobine d’un
générateur, et du débit par ce dernier d’un
courant électrique, il développe un couple de
forces Tem qui s’exerce sur le rotor et qui Figure 1-11
s’oppose au couple d’entraînement : c’est un couple résistant. De ce fait, moteur et générateur ne
présentent pas de différences fondamentales, mais représentent seulement différents modes de
fonctionnement d’une même machine.

En réalité, le courant traversant le conducteur crée un



champ d’induction magnétique Ba dont les lignes sont
concentriques autour du conducteur, comme le montre
 
la figure 1-11a ; ce champ Ba se superpose à B , et le

champ résultant B t est déformé, comme le montre la
figure 1-11b. Dans les machines à courant continu, il se
produit également en charge la déformation du champ
d’induction magnétique total, comme le montre la Figure 1-12
figure 1-12.

1.3.3 Constitution générale des machines électriques


Les machines électriques sont constituées par les trois groupes de composants suivants :
 Les enroulements, qui portent et conduisent le courant électrique ;
 Les pièces en matériau ferromagnétique, qui portent et canalisent le flux magnétique ;
 Les éléments de construction générale, comme pièces de support et de fixation (roulements, arbre,
flasques paliers, châssis, pattes ou brides, etc…).

En ce qui concerne l’influence des caractéristiques nominales, on distingue :


 les parties actives que sont les enroulements (circuits électriques) et le circuit magnétique.
 les parties inactives de la machine, que sont les éléments purement constructifs de la machine.

Les enroulements sont majoritairement en cuivre, occasionnellement en aluminium. L’isolant recouvrant


les fils ou brins conducteurs de ces enroulements, devient un composant de la machine. Le circuit
magnétique est principalement constitué de matériaux magnétiques doux. Dans la mesure où ils sont
traversés par des flux magnétiques, une réalisation massive peut être envisagée, mais seulement si ce flux
est continu. En cas de flux variables, les pièces ferromagnétiques doivent, pour réduire les pertes dues à
des courants tourbillonnaires, être constituées de feuilles de tôles isolées les unes des autres et empilées.

Selon le type de machine électrique, les enroulements sont soit réalisés concentrés sur un noyau isolant et
enfilés sur un noyau magnétique comme dans les transformateurs et certaines machines tournantes, soit
posés distribués dans des encoches comme dans les machines tournantes.

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2. Les machines à courant continu

2. LES MACHINES À COURANT CONTINU


2.1 LE CHAMP MAGNÉTIQUE INDUCTEUR ET SA RÉPARTITION
Dans les machines tournantes, le
champ magnétique n’est pas très
étendu comme supposé dans le
chapitre précédent, il est créé par
des pôles inducteurs qui ont une
extension réduite compatible avec
le volume de la machine, comme
le montre la figure 2.1.

Dans les machines à courant


continu, ces pôles portent chacun
une bobine de l’enroulement
inducteur. Les bobines sont reliées
en série de manière que, lorsque Figure 2-1
l’enroulement est relié à une
source de tension, un courant électrique le traverse et les bobines deviennent des électro-aimants qui
présentent au voisinage de l’entrefer de façon alternée leurs faces Nord-Sud-Nord-… Le champ magnétique
est plus intense (forte densité des lignes) sous les pôles, et l’est moins (faible densité des lignes) hors des
pôles du fait de la réluctance élevée. Vers les bords des pôles, les lignes de champ font une excursion hors
des pôles, comme le montre la figure 2-1a : c’est l’effet de bord. Souvent, pour simplifier l’étude, on suppose
le cas idéal où le champ est entièrement homogène sous les pôles, et nul hors des pôles, comme comme le
montre la figure 2-1b. Le champ magnétique inducteur a la direction de l’axe polaire.

Pour l’étude du phénomène d’induction


magnétique dans une machine électrique
dans le but de déterminer l’évolution
temporelle de la f.é.m induite, il est
indispensable de connaître la répartition
spatiale de l’induction magnétique dans
l’entrefer. Ainsi, il sera possible de
suivre l’évolution de la f.é.m induite aux
bornes de la spire lorsqu’elle pivote et
que ses brins conducteurs prennent
différentes positions dans l’entrefer au
cours du temps.

Nous posons comme hypothèse, que le


champ magnétique est compté positif
lorsqu’il quitte l’inducteur et entre dans
le rotor (induit) ; par conséquent il est
positif sous le pôle Nord et négatif sous
le pôle Sud.
Figure 2-2
En supposant le cas idéal où le champ magnétique inducteur est présent uniquement sous les pôles où il est
constant et maximal, et nul en dehors des pôles (figure 2-1b), si l’origine de la coordonnée angulaire x qui
repère tout point de l’entrefer est fixée sur l’axe interpolaire, la répartition spatiale de l’induction magnétique
inductrice le long de l’entrefer b 0 x  est donnée dans la figure 2-2a.

Dans la réalité, hors des pôles, l’intensité de l’induction magnétique décroît progressivement pour s’annuler
sur l’axe interpolaire ; la figure 2-2b montre sa répartition spatiale b 0 x  le long de l’entrefer.

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2. Les machines à courant continu

2.2 PRINCIPES DES MACHINES À COURANT CONTINU


2.2.1 Création d’une f.é.m continue élevée dans les machines à courant continu
L’application de la loi de l’induction magnétique au système de la figure 2-1a permet de déterminer
l’évolution temporelle de la f.é.m induite dans la spire lorsque l’inducteur de la machine est alimenté et crée
dans l’entrefer un champ d’induction magnétique d’amplitude B, et le rotor est entraîné à la fréquence de
rotation n (vitesse angulaire   2 n ) constante. Lorsqu’un brin de la spire, de longueur active (plongée
 
dans le champ d’induction magnétique B ) L se déplace dans le champ d’induction magnétique B à la
vitesse tangentielle v en « coupant » les lignes de champ, une f.é.m y est induite, dont la valeur à la position
à l’instant t, xt     t est :

ei, br t    bt   L  v

La f.é.m induite dans une spire est :

e i,sp t   2  e br t    2 bt   L  v

Pour pouvoir prélever la tension aux bornes de la


spire, on peut utiliser un système de deux bagues
montées sur le rotor de la machine et deux frotteurs
fixes, constituant ainsi deux contacts glissants. A cet
effet, on relie chaque extrémité de la spire à une
bague, les deux bagues étant électriquement isolées
l’une de l’autre.

Selon la règle des trois doigts de la main droite dans


la figure 2-3, lorsqu’un brin conducteur est proche
du pôle Nord, la bague à laquelle il est relié a la Figure 2-3
polarité négative, et lorsqu’il est proche du pôle
Sud, la bague à laquelle il est relié a la polarité positive ; dans la position de la figure 2-3, la borne 1 a la
polarité  , et la borne 2 a la polarité  . La
polarité d’une bague est donc alternativement
positive et négative lorsque la spire tourne : la
tension induite dans une spire u i, sp t  est
alternative comme le montre la courbe de la
figure 2-4, d’expression :

u i,sp t    e i,sp t   2  b 0 t   L  v Figure 2-4

Sa fréquence et son amplitude sont :

f  pn et û i,sp  2  B0  L  v

On constate bien, que la courbe de u i, sp t  est une image de celle de b 0 x  . La valeur continue de u i,sp t  est
nulle ; Pour que la valeur continue de la tension induite dans une spire soit non nulle et élevée, il faut que
u i,sp t  soit unidirectionnelle, et que l’induction magnétique soit aussi constante que possible dans une
grande partie de l’entrefer. A cet effet, les dispositions suivantes sont indispensables :
 Un commutateur assurant le redressement de la tension fournie par la spire ;
 Les pièces polaires munies chacune d’un épanouïssement, pour élargir l’espace du champ magnétique,
réduisant ainsi l’espace sans champ.

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2. Les machines à courant continu

2.1.2.1 Nécessité d’un commutateur ou « collecteur » et son effet


Si en lieu et place de deux bagues on en utilise une seule
que l’on divise en deux parties formant des arcs que l’on
isole électriquement l’un de l’autre comme le montre la
figure 2-5, alors la tension entre les bornes 1 et 2 a un même
signe à tout instant : u12t   0 ou u21t   0 . L’ensemble
constitué par les arcs de bague isolés électriquement les uns
des autres est encore désigné par « collecteur », et les arcs
sont désignés par « lames ».

En effet, lorsque la spire tourne avec le rotor, les lames de


collecteur se relaient sous les frotteurs qui sont fixes.
Lorsque le brin 1 est dans le voisinage du pôle Nord, son
extrémité reliée à la lame de collecteur 1 a la polarité  ,
alors que le brin 2 est dans le voisinage du pôle Sud et son Figure 2-5
extrémité reliée à la lame de collecteur 2 a la polarité  .
Dans la figure 2-5, le frotteur 1 est sur la lame de collecteur reliée au brin qui est à proximité du pôle Nord,
et le frotteur 2 est sur la lame de collecteur reliée au brin qui est à proximité du pôle Sud. Après que la spire
ait effectué un demi-tour, le brin 1 se retrouve dans le voisinage du pôle Sud et sous le frotteur 2, et son
extrémité devient positive, tandis que le brin 2 se retrouve dans le voisinage du pôle Nord et sous le frotteur
1, et son extrémité devient négative. Le frotteur 2 conserve sa polarité  et le frotteur 1 conserve sa polarité
 . Après un demi-tour de rotation supplémentaire de la spire, elle a fait un tour complet et le phénomène se
répète identique à lui-même. Par conséquent, les froteurs gardent la même polarité, la tension u i,sp t  aux
bornes de la spire a toujours le même signe, comme le montre la figure 2-6 : c’est une tension continue.

Comme la polarité des extrémités des brins


conducteurs change lorsqu’ils changent de
pôle, on dit qu’il se produit la commutation
dans la spire : le collecteur constitue un
commutateur ; c’est la réalisation la plus
élémentaire d’un commutateur. L’ensemble Figure 2-6
cpnstitué par le collecteur et les frotteurs a
converti la tension alternative de la figure 2-4 en une tension continue : c’est donc un redresseur mécanique.

Désignons cette spire par SP1 ; Si on introduit


dans le rotor une autre spire SP2 dont l’axe est
décalé de celui de SP1 d’un angle de 90°
électriques, alors les deux lames de collecteur
doivent encore être divisées en deux chacune,
on obtient alors quatre lames de collecteur.
Chaque spire est reliée à une paire de lames, et
les spires sont reliées en série. Lorsque le rotor
est entraîné en rotation avec les deux spires, les
courbes des tensions aux bornes de ces
dernière, u i,sp1 t  pour SP1 et u i, sp 2 t  pour
SP2, et la courbe de la tension u v t  qui est la
superposition des tensions des spires, sont
données par la figure 2-7. Cette tension ne
s’annule à aucun instant, elle est continue et
très ondulée et sa valeur continue est Uv , qui
est représentée en traitillés dans la figure 2-7. Figure 2-7

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2. Les machines à courant continu

Si on réalise des bobines de N spires, alors la tension obtenue et sa valeur continue sont N fois plus intenses.

Dans les machines réelles, l’induit comporte un nombre


élevé d’encoches qui logent les sections des bobines dont le
nombre est également élevé et elles sont disposées en deux
couches, comme le montre la figure 2-9 d’une encoche
ouverte qui loge deux faisceaux de conducteurs de deux
sections préformées. En raison du nombre élevé de sections,
le collecteur possède un nombre élevé de lames, ce qui
conduit à une faible ondulation de u v t  , si bien que
u v t   U V . Le collecteur des machines de faible puissance
possède un faible nombre de lames (figure 2-10a), alors que Figure 2-9
celui des machines de forte puissance possède un nombre
très élevé de lames (figure 2-10b). La tension est prélevée (générateur) ou appliquée (moteur) à l’induit à
l’aide d’une paire (pour les machines bipolaires) ou de plusieurs paires (pour les machines multipolaires) de
balais en charbon posés et pressés sur le collecteur par un ressort. Pour les machines multipolaires, une
moitié des balais sont reliés entre eux et à une borne de l’induit, tandis que l’autre moité des balais sont reliés
entre eux et à l’autre borne de l’induit.

Figure 2-10

2.1.2.2 Nécessité de pôles p*rincipaux élargis par un épanouïssement


Pendant la rotation de l’induit, les brins conducteurs de
ses bobines doivent rencontrer un champ magnétique
maximal constant sur une grande partie du pas polaire.
Pour ce faire, la surface de chaque pièce polaire de la
figure 2-1, qui donne sur l’entrefer, est élargie comme
le montre la figure 2-11, de manière à ce qu’elle couvre
65 à 70 % du pas polaire. Cette base élargie de la pièce
polaire est désignée par « épanouïssement » ; sa surface
est incurvée pour obtenir face au rotor une largeur
constante de l’entrefer, et il permet d’accroître la valeur
continue de u i,sp t  . Le taux de couverture du pas
polaire par l’épanouïssement est désigné par  , ce qui
fait que sa largeur est b p     p . Avec la longueur L
de la pièce polaire, la surface de l’épanouïssement Figure 2-11
polaire est :

A p  L  bp  L    p

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2. Les machines à courant continu

2.1.2.3 Expression de la f.é.m induite continue aux bornes de la machine à courant continu
Pour faciliter la compréhension de l’établissement de
l’expression de la f.é.m induite dans l’enroulement induit, qui
peut être mesurée aux bornes de ce dernier, on considère le
dispositif de la figure 2-12 qui permet de comprendre la
structure du circuit d’induit. Ce dispositif est la section droite
d’un collecteur à quatre lames, sur lequel est posée une paire
de balais ; aux talons des lames de collecteur sont soudées en
cascade par leurs extrémités, les quatre bobines de manière à
former un enroulement fermé sur lui-même. On remarque bien
que la pose d’une paire de balais fixes divise un enroulement
fermé en deux voies parallèles, les bobines donc des brins
conducteurs de chacune d’elles étant en série.

C’est la f.é.m induite dans une voie d’enroulement qui sera Figure 2-12
mesurée entre les deux balais lorsque l’inducteur est alimenté
et le rotor est entraîné en rotation à la vitesse n constante.

Nous allons raisonner sur une machine multipolaire ayant 2p-pôles, dont l’induit comporte Za brins
conducteurs. Elle nécessite p paires de balais dont p balais sont connectés ensemble à l’une des bornes de la
machine, et les p autres balais sont connectés ensemble à l’autre borne. Chaque voie d’enroulement de
l’induit comporte Za 2a brins conducteurs en série, et de ces brins conducteurs seuls   Za 2a sont
impliqués dans le phénomène d’induction magnétique, car ils se trouvent dans le champ magnétique sous les
épanouïssements polaires qui ne couvrent chacun qu’une proportion  du pas polaire  p . De ce fait, la f.é.m
induite dans une machine à courant continu est :

  Za   Za   Za
E  Ebr   B0  L  v   B0  L    Da  n
2a 2a 2a

avec v    Da  n , où Da est le diamètre moyen de l’induit. En ingénierie électrique, on travaille de préférence


avec le flux de l’induction magnétique sous un pôle  , dont l’expression est :
  B0  Ap  B0  L    p

Dans cette expression on introduit p    Da 2p puis on tire B 0 qui est introduite dans celle de E qui est :

2p
E  Za     n : k1    n
2a

où k1 est la constante de construction de la machine à courant continu donnée.

2.2.2 Création d’un couple électrique dans les machines à courant continu
En raisonnant sur une machine multipolaire comme décrite plus haut, si l’inducteur et l’induit de cette
dernière sont alimentés, chacun des Za brins conducteurs de l’induit est traversé par un courant d’intensité
Ia 2a . Des Za brins conducteurs de l’induit seuls   Za sont impliqués dans le phénomène de Laplace, car
ils se trouvent sous les épanouïssements polaires qui ne recouvre qu’une portion du pas polaire. De ce fait, le
moment du couple électromagnétique créé par l’induit de la machine est :

Da I D
Tem    Za  Tbr    Za  Fbr     Za  a  L  B0  a
2 2a 2

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2. Les machines à courant continu

En introduisant l’expression du flux magnétique précédente, on obtient :

k1  
Tem   Ia
2

2.3 CONSTITUTION DES MACHINES À COURANT CONTINU


La constitution d’une machine à courant continu est la même, qu’elle soit un moteur ou un générateur.
Comme pour toutes les machines électriques, on peut classer les constituants de la machine à courant continu
en trois catégories d’organes : les organes magnétiques, les organes électriques et les organes mécaniques. La
figure 2-13 montre une machine à courant continu didactisée en vue éclatée.

Figure 2-13

2.3.1 Organes magnétiques


Ils servent à canaliser les flux magnétiques. Ce sont :
- la culasse au stator : Elle est fixée à l’intérieur de la carcasse ou bâti.
- les pièces polaires principales : Au nombre de 2p, elles sont fixées sur la face intérieure de la culasse et
portent chacune sur son noyau une bobine de l’enroulement d’excitation ou inducteur.
- les pièces polaires auxiliaires : Au nombre de 2p, elles sont fixées sur la face intérieure de la culasse et
portent chacune sur son noyau une petite bobine de l’enroulement de commutation. L’entrefer sous ces
pôles est plus large que celui sous les pôles principaux.
- l’induit : C’est un paquet de feuilles de tôles ferromagnétiques cylindrique, porté par l’arbre de la
machine ; C’est aussi la partie tournante du circuit magnétique. A sa surface, se sont formées des rainures
(encoches) dans lesquelles sont logés les faisceaux conducteurs des bobines de l’enroulement induit.

2.3.2 Organes électriques


Ils servent à canaliser les courants électriques grâce à leur f.m.m, à créer les flux magnétiques. Ce sont :
 l’enroulement induit : Il est constitué de bobines distribuées dans les encoches de l’induit. Lorsque la
machine fonctionne en charge, il est traversé par un courant électrique.
 le collecteur : Il est cylindrique et constitué par des lames de cuivre isolées les unes des autres. Sur les
talons des lames (voir figure 2-14) sont soudées les extrémités des bobines de l’enroulement induit.

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2. Les machines à courant continu

Pour assurer la liaison électrique du circuit d’induit avec le circuit extérieur, on dispose sur le collecteur
2p balais fixes en carbone, qui frottent sur le collecteur lorsque le rotor tourne.
 l’enroulement inducteur : Il est constitué de bobines concentrées enroulées
sur les noyaux des pôles principaux. Alimenté, il crée la f.m.m qui excite le
flux magnétique principal ; il fait naître un champ magnétique inducteur
2p-polaire.
 l’enroulement de commutation : Il est réalisé sur les pôles auxiliaires.
 l’enroulement de compensation : Il n’est présent que dans les machines de
grande puissance. Ses brins conducteurs sont posés dans des encoches
creusées à la surface des épanouissements polaires. Figure 2-14

2.3.3 Organes mécaniques


Ce sont :
 le châssis (bâti) : il porte l’anneau de manutention, la boîte à bornes et les pattes ou les brides de fixation.
 l’arbre : Il porte l’induit, la turbine de ventilation, le collecteur qui permet l’accès électrique au circuit
électrique tournant de l’induit et la clavette en bout d’arbre. Sa rotation est assurée par des roulements.
 les flasques : Ils assurent le centrage de l’induit par rapport à l’inducteur et comportent les paliers sur
lesquels sont assis les roulements.

2.4 INFLUENCE DU COURANT D’INDUIT SUR LE FONCTIONNEMENT


Lorsqu’un un courant traverse l’enroulement induit de la machine à courant continu, il crée un champ
magnétique dont la direction est celle de l’axe interpolaire.

2.4.1 L’enroulement induit et son action sur le fonctionnement de la machine en charge


2.4.1.1 Réalisation de l’enroulement induit et choix sa forme
L’enroulement induit est constitué par des bobines ou sections préformées rectangulaires (figure 2-15a), dont
la largeur est égale ou légèrement supérieure au pas polaire. Plusieurs bobines sont ainsi distribuées dans des
rainures longitudinales encore désignées par « encoches » qui sont présentes à la surface de l’induit. Les
faisceaux de brins conducteurs sont posés dans une encoche en deux couches, de manière qu’à l’ouverture de
l’encoche est posé un faisceau d’une bobine, tandis qu’au fond de l’encoche est posé un faisceau d’une autre
bobine (figure 2-15b). Pour une même bobine, si le faisceau « aller » est disposé à l’ouverture d’une
encoche, l’autre section est disposée au fond d’une autre encoche qui est située à environ un pas polaire. Les
extrémités des bobines sont aménagées comme des fanions de soudage aux talons des lames de collecteur.

Figure 2-15

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2. Les machines à courant continu

Il y a deux formes d’enroulement induit : ondulée (figure 2-16a) et imbriquée (figure 2-16b). Dans
l’enroulement imbriqué, une bobine est reliée
aux talons de deux lames de collecteur
voisines, l’extrémité d’une bobine et le début
de la bobine suivante étant soudés à un même
talon de lame de collecteur. La pose de p paires
de balais sur le collecteur fait que, vu des
bornes extérieures, l’enroulement induit a une
structure parallèle à 2a branches.
Figure 2-16
Le choix de la forme de l’enroulement induit
d’une machine à courant continu est déterminé, pour la même puissance nominale, essentiellement par la
valeur du rapport de la tension d’induit et du courant d’induit, U a Ia . Une machine dont ce rapport est élevé
exige un plus grand nombre de spires pour un plus petit nombre de voies parallèles 2a , qu’une machine dont
il est plus faible. Dans le premier cas on choisit la forme ondulée 2a  2 et dans le second cas la forme
imbriquée 2a  2p pour l’enroulement induit.

2.4.1.2 Le champ d’induction magnétique créé par l’enroulement induit


Lorsque la machine est soumise à une charge, son enroulement induit est traversé par un courant électrique
dont l’intensité est fixée par la charge. Dans tous les brins conducteurs des sections logées dans une même
encoche, le courant a le même sens. L’enroulement induit étant distribué sur l’induit, il crée alors une f.m.m
a qui excite un champ d’induction magnétique b a , encore désigné par « champ de la RMI ».

Pour estimer l’allure du champ de la RMI, on suppose une distribution


continue de la f.m.m des encoches (enduit de courant). Ce champ a la
direction de l’axe interpolaire (transversal). La figure 2-17 montre en a)
et b) le spectre du champ de la RMI, en c) la répartition spaptiale de la
f.m.m de l’enroulement et en d) la répartition spatiale du champ
d’induction magnétique de la RMI. Dans le développement panoramique
d’une section transversale de la machine de la figure 2-17a, on remarque
bien, que la f.m.m croît de l’axe polaire vers l’axe interpolaire ; il est
compté positif lorsque les lignes de champ aboutissent à l’induit, et
négatif lorsqu’elles en partent.

Pour déterminer l’allure de la courbe du champ de la RMI, on applique la


loi d’Ampère sur un chemin de circulation passant par les axes
interpolaires, d’où on tire l’induction magnétique qui suit :

0
b a x    a x 
2  x 

Hors des épanouïssements polaires ba x est très faible en raison de la


très grande largeur de l’entrefer x  (très faible perméance de l’air), et
que sous les épanouïssements polaires ba x est linéaire, comme le
montre la figure 2-17d. Figure 2-17

2.4.1.3 Le champ d’induction magnétique résultant dans l’entrefer en charge


Dans l’entrefer d’une machine tournante en charge, le champ magnétique inducteur et le champ de la RMI,
se superposent. La superposition point par point de la courbe du champ inducteur b0 x de la figure 2-2b et
de celle du champ de la RMI ba x de la figure 2-17d dans l’entrefer de la machine en charge fournit la
courbe du champ d’induction magnétique total b t x  donnée dans la figure 2-18a où sont repris sur le

 Jules TSOCHOUNIE 19
2. Les machines à courant continu

développement panoramique d’un pôle en a) le spectre du champ d’induction magnétique total, et les
courbes de b0 x  , ba x et b t x  . En b), est représentée la courbe du champ d’induction magnétique total
b t x  sur plus d’un pas polaire. Sur cette courbe, on peut relever deux effets néfastes de la RMI :
 Sous les pôles principaux (pôles inducteurs), la répartition du champ magnétique n’est plus uniforme
(champ non constant) comme à vide, il est plus intense (forte densité des lignes de champ) sous une
corne polaire (d’où le risque de saturation) et moins intense (faible densité des lignes de champ) sous
l’autre : il a donc subi une distorsion (déformation).

Figure 2-18

 Sur l’axe interpolaire, le champ magnétique n’est plus nul sous les balais, comme à vide ; la ligne neutre
réelle (axe sur lequel l’induction magnétique est nulle) ne coïncide plus avec l’axe interpolaire (ligne
neutre théorique) : il y a eu décalage de la ligne neutre (dans le sens de la rotation pour les générateurs,
ou dans le sens opposé à la rotation pour les moteurs).

En résumé, l’induit d’une machine à courant continu traversé par un courant électrique a des effets rétroactifs
sur le champ magnétique de l’inducteur : on parle de la RMI. En effet, le champ magnétique de l’induit
provoque une déformation du champ de l’inducteur, si bien que ce dernier est renforcé dans une des cornes
des épanouïssements polaires, avec un risque de saturation de cette corne et des dents de l’induit, et affaiblie
dans l’autre corne polaire : on parle alors de la distorsion ou déformation du champ magnétique inducteur.
Ensuite, à cause de la RMI, la ligne neutre est décalée, l’angle de décalage dépendant de l’intensité du
courant d’induit. L’induction magnétique sur l’axe interpolaire où sont les balais, n’est plus nulle comme à
vide : on dit que lorsque l’induit est traversé par un courant électrique, la ligne neutre réelle est décalée.

2.4.2 Conséquences des effets de la Réaction Magnétique de l’Induit


La distorsion du champ magnétique d’une machine à courant continu en charge a pour conséquence
l’apparition de tensions inégales dans les brins conducteurs des sections de l’enroulement induit lorsque
l’induit tourne et, en cas de saturation, la baisse du flux magnétique par rapport au fonctionnement à vide.

Si les balais sont câlés sur la ligne neutre théorique, lorsque l’induit tourne, les sections de l’enroulement
induit qui sont entrain de traverser l’axe interpolaire sont court-circuitées par les balais (les balais sont à
cheval sur les deux lames de collecteur voisines auxquelles sont soudées les deux extrémités de ces sections),
le sens du courant dans ces sections change, le flux de l’enroulement induit les traverse et y induit une f.é.m
qui entraîne un courant de circulation dans les sections court-circuitées. Au moment où l’une des deux lames
de collecteur reliées à cette section quitte le balai, ce qui s’apparente à l’ouverture d’un circuit inductif, un
arc électrique jaillit sur l’arête sortante du balai entre ce dernier et la lame de collecteur.

 Jules TSOCHOUNIE 20
2. Les machines à courant continu

En charge, l’apparition de tensions inégales dans les brins conducteurs fait en sorte que la tension entre les
lames de collecteur voisines reliées à une même section, encore désignée par tension de section u s , prend
des valeurs inégales et plus élevées qu’à vide. La tension de section mesurable entre deux lames du
collecteur est :

u s  2 N s  B t  L  v  2 N s  L    D a   B t  n

où N s est le nombre de spires de la section, B t l’amplitude de l’induction magnétique dans l’entrefer, L la


longueur et v    D a  n la vitesse linéaire des brins conducteurs de l’induit, D a le diamètre de l’induit et n
la fréquence de rotation de l’induit.

A vide, l’induction magnétique sous les pôles est constante, de valeur :

Ne
B0  k v  Ie
2p

où k v est une constante de proportionnalité, et N e le nombre de spires de l’enroulement inducteur.

En charge, si la machine est supposée non saturée, l’induction magnétique sous un pôle dans l’axe polaire a
la valeur B 0 qui représente la valeur moyenne de l’induction magnétique. Dès lors, la valeur de la tension de
section calculée avec B 0 serait la valeur moyenne de la tension de section :

u s,moy  2N s  B0  L  v 0  2 N s  L    D a   B0  n

En charge, l’induction magnétique de la réaction magnétique d’induit sous un pôle a pour valeur maximale :

  Na
Ba , max  k v  Ia
2p

Na est le nombre de spires de l’enroulement d’induit en série. L’induction magnétique totale maximale sous
un pôle est :

N   Na 
B t ,max  B 0  B a ,max  k v   e I e  I a 
 2p 2p 

Pour cette induction maximale, la tension maximale de section en charge est :

u s,max  2 N s  L    D a   B t ,max  n

En charge, la tension de section augmente. Lorsque le moteur fonctionne à flux réduit I e  I eN  , la tension
de section maximale peut dépasser la valeur admissible u s,max  u s,adm  .

Par expérience, la tension maximale de section doit rester en-decà d’une


certaine valeur, car en charge la poussière de charbon issue de l’éffritement
des balais se dépose dans les creux (voir figure 2-19) qui séparent les lames
de collecteur, au-dessus de l’isolant de celles-ci, et favorise la formation d’un
petit arc électrique. Comme cet arc électrique persiste même lorsque la
tension de section devient plus petite et de nouvelles sections arrivent dans le
domaine de l’induction magnétique maximale, un arc circulaire se forme, ce
qui peut conduire à un seul gros arc électrique unique entre deux balais de Figure 2-19
polarités différentes, c’est-à-dire à un court-circuit de la ligne électrique reliée à l’induit de la machine. L’arc

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2. Les machines à courant continu

électrique circulaire survient, lorsque la valeur de la tension de section dépasse la limite supérieure Ust,max
qui se situe à :
- 50V pour les petites machines,
- 35V pour les machines de moyenne puissance, et
- entre 25 V et 30V pour les machines de grande puissance.

La saturation des cornes polaires survient lorsque l’intensité du courant d’excitation ou du courant d’induit
est très élevée, ce qui a pour conséquence la baisse du flux magnétique total  t .

Le décalage du passage à zéro de la courbe de l’induction magnétique, par rapport à l’axe interpolaire a pour
conséquence l’apparition d’arcs électriques sous les balais lorsque les lames de collecteur les quittent. La
survenue d’arcs électriques ne pourrait s’expliquer que par l’existence d’un phénomène de commutation du
courant dans l’enroulement induit.

2.4.3 Le phénomène de commutation dans les machines à courant continu et ses effets
2.4.3.1 Déroulement de la commutation du courant dans des bobines de l’induit
Nous avons établi au sous-paragraphe 2.2.1, que la polarité de l’extrémité d’une section de l’enroulement
induit change lorsque ses deux faisceaux de conducteurs quittent chacun le voisinage d’un pôle inducteur
pour se retrouver dans le voisinage du pôle inducteur de nom contraire ; dans ce cas, le courant électrique
dans la section change de sens ; Ce changement de sens du courant se produit, lorsque les lames de collecteur
auxquelles la section est reliée, défilent sous un balai : c’est le phénomène de commutation du courant. Alors
qu’un courant périodique alternatif circule dans les
sections de l’enroulement induit, le courant des balais
garde le même sens. La commutation du courant dans
une section de l’enroulement induit se produit, lorsque
les deux lames de collecteur auxquelles les deux
extrémités de cette section sont soudées, traversent
l’axe interpolaire sur lequel un balai est câlé : l’axe
interpolaire est l’axe de commutation. Figure 2-20

La figure 2-20 montre le changement de sens du courant


dans une spire représentant une section de l’enroulement
induit, lorsque les lames de collecteur auxquelles les
extrémités de cette section sont soudées, défilent sous un
balai. Ce changement de sens du courant dans la spire se
produit pendant la commutation. En plus de la variation du
courant dans la section, la quantité de flux magnétique
continu qu’elle enlace varie, en raison de sa rotation.

Considérons une machine à courant continu dont


l’enroulement induit est imbriqué ; chaque section de cet
enroulement est connectée à deux lames de collecteur
consécutives, comme dans la figure 2-21 qui montre dans
un développement panoramique de l’induit avec le
collecteur, une section à une spire de l’enroulement induit
en commutation, avant, pendant et après la commutation. Figure 2-21

Entre l’instant où la lame de collecteur 2 est pleinement sous le balai (avant), et celui où la lame 1 sera
pleinement sous le balai (après), la section reliée à ces deux lames de collecteur entre en commutation, le
courant qui la traverse doit s’inverser, passer de  I 2 à I 2 en un temps très court t com . En effet, dès que
la lame de collecteur 1 attaque le flanc entrant du balai, ce dernier se trouve à cheval sur les lames de
collecteur 2 et 1, et court-circuite la section, le courant du balai I se répartit sur les deux lames de collecteur
selon la surface du balai. Le sens du courant dans la spire passe du sens anti-horaire au sens horaire. Pendant

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2. Les machines à courant continu

la commutation linéaire (droite (a) de la figure 2-21), en raison de la loi de l’induction magnétique, si
I I
l’inductance de la section est L s , la f.é.m d’auto-induction e s  L s   L s  y est induite, qui
t a  t com
d’après la loi de Lenz tend à s’opposer à la commutation (sa cause) en maintenant le sens ancien (anti-
horaire) du courant jusqu’au moment où la lame 2 quitte entièrement le balai : c’est la f.é.m de commutation.
Cette f.é.m entraîne dans la section en commutation un courant de circulation qui se superpose au courant
d’induit et qui tend à s’opposer à la commutation et la ralentir. La courbe (b) de la figure 2-20 est celle de
l’évolution du courant d’induit sous l’effet de la f.é.m de commutation ; on voit bien que la commutation est
retardée. Le retardement de la commutation par la f.é.m d’auto-induction e s a deux manifestations :
1) la distribution inégale de la densité de courant électrique dans le balai, la forte densité se déplaçant vers
le flanc sortant du balai. Ce flanc devient chaud et s’éffrite.
2) à la fin de la commutation, la séparation de la lame de collecteur 2 et du balai étant équivalente à
l’ouverture d’un circuit inductif, un arc électrique jaillit entre l’arête sortante du balai et la lame de
collecteur. En effet, un processus d’extinction ou de coupure de l’arc a lieu et l’énergie du champ de
dispersion magnétique lié à la section en commutation se décharge sous forme d’un arc électrique. Dans
certaines cironstances, si l’arc n’est pas coupé au moment où la lame 1 quitte à son tour le balai, il va se
propager d’une lame à l’autre, jusqu’à contourner le collecteur : l’arc électrique dégénère en arc
circulaire.

2.4.3.2 Les contacts balai-collecteur et les étincelles des balais


Les contacts balai-collecteur sont des contacts électriques glissants, où les balais doivent assurer un bon
contact électrique entre le collecteur en rotation et les conducteurs fixes reliés à la boîte ou la plaque à
bornes, afin que le passage du courant électrique entre le collecteur et ces conducteurs se fasse à faible
résistance (faible chute de tension). Ils servent à alimenter l’induit dans un moteur à courant ontinu, ou à
prélever la tension de l’induit dans une génératrie à courant continu.

Dans une machine à courant continu, les balais ne frottent pas sur une surface homogène, mais sur une
surface constituée de lames de cuivre étroites, séparées par un mince isolant en micanite (mica) et de l’air
(l’isolant n’affleure pas la surface des lames de collecteur), comme le montre le fragment de collecteur de la
figure 2-19. Des particules de graphite (charbon) qui se détachent des balais peuvent se déposer dans les
creux des intervalles entre les lames de cuivre, au-dessus du mica, et provoquer un court-circuit des lames de
collecteur, donc des sections de l’enroulement induit.

Les propriétés de contact (frottement, résistance au contact) sont définies en fonction des conditions
ambiantes, qui ont une influence sur le fonctionnement du contact balai-collecteur. Les conditions qui
influent sur ce fonctionnement sont :
- la nature du matériau des balais,
- l’état de surface (propre, usitée, polie),
- la pression entre les faces (par les ressorts),
- le milieu ambiant,
- la température,
- l’intensité du courant.

Après un certain temps de fonctionnement de la machine à courant continu, la surface des lames de
collecteur aux contacts avec les balais est polie du fait du frottement des balais ; elle acquiert un revêtement
dur et résistant qui protège le collecteur. C’est une pellicule désignée « patine », qui se compose d’une
couche d’oxyde de cuivre recouverte d’une mosaïque de particules de charbon arrachées aux balais et
mélangées à des débris de cendres de balai. Du fait de cette pellicule, 1 10 e environ seulement des points de
contact mécanique entre les balais et la surface des lames de collecteur est électriquement conducteur. De ce
fait, le courant électrique se concentre sur ces points de passage, dans une zone où le contact électrique direct
est extrêmement faible, ce qui produit une résistance de striction qui est plusieurs fois supérieure à la
résistance du balai, d’où l’importance de l’état de la surface du collecteur.

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2. Les machines à courant continu

Les balais sont des pièces d’usures dont il est indispensable de contrôler périodiquement l’usure, sinon il y a
un risque de destruction d’une partie de la machine électrique. En cas d’usure des balais, il est recommandé
de les remplacer par un jeu complet de balais de même qualité, avant même que le repère de limite d’usure
ou la référence ne soit atteint. Les balais sont classés suivant leur qualité dont on distingue :
- le charbon dur,
- l’électro-graphitique,
- le métal-graphite, et
- le métal carbone.

Quand la machine fonctionne en charge (son induit débite ou absorbe un courant électrique du fait de la
charge), des étincelles sont visibles sur l’arête sortante des balais, au niveau des contacts balais-collecteur.
Les causes de ces étincelles de balais peuvent être des défauts d’ordre mécanique ou électrique ; leur couleur
donne une indication sur leur cause et leur dangérosité.
Ainsi, les étincelles dont la couleur va du bleu-blanc au rouge ne présentent pas de danger, elles n’attaquent
pas le collecteur. Les étincelles de couleur jaune foncé noircissent le collecteur au cours du temps ; cette
couleur renvoie à des causes électriques. Les étincelles qui jaillissent à la surface du collecteur attaquent ce
dernier en un court temps, et sur la surface de frottement des balais apparaissent des rayures.

La couleur blanc-vert des étincelles renvoie à des causes mécaniques, l’apparence verdâtre provenant de la
combustion du cuivre. Les causes mécaniques des étincelles aux balais sont les vibrations mécaniques des
balais, qui partent soit du collecteur, soit des porte-balais, soit des balais mêmes. Les causes les plus
importantes des vibrations auto-excitées par la machine sont :
- l’excentricité du collecteur,
- une lame de collecteur enfoncée ou saillante,
- l’isolation entre les lames de collecteur affleurant la surface des lames,
- le porte-balai trop loin du collecteur,
- les rayures, les dépressions et les bosses sur le collecteur,
- la surface du collecteur non circulaire,
- les tâches recouvrant le collecteur,
- la position incorrecte des balais,
- le mauvais alignement des balais,
- le jeu trop grand des balais dans leur gaine,
- le coïncement des balais dans leur gaine retrécie,
- le mauvais rodage des balais,
- les connexions désserées,
- les cliquetis des balais dus à leurs frottements sur le collecteur,
- la trop faible pression des balais,
- les épaisseurs des lames de collecteur différentes,
- la différence considérable des distances des balais à la périphérie du collecteur,
- l’inadéquation entre le coefficient de frottement du type de balai et la vitesse tangentielle du collecteur
et au type de porte-balai.
L’aspect de ces étincelles (forme et couleur) permet de diagnostiquer des défauts :
- les étincelles en forme de lignes minces, de couleur blanche, puis grosses comme des pointes
d’épingles, ne sont en général pas dommageables.
- Les étincelles en forme de lueur de couleur orange ou rouge, indiquent une surcharge de la machine ou
une mauvaise commutation.
- Les étincelles bruyantes de couleur bleue ou verte, sont un signal de danger, elles révèlent toujours un
défaut de la machine.
En cas de rupture complète momentanée du contact entre balai et collecteur, un arc électrique peut survenir
entre un point sur le collecteur et la surface de contact des balais dans lesquels le courant circule vers le
collecteur. Sur les balais où le courant circule du collecteur vers le balai, il apparaît parfois par la même
cause une large langue de feu blanchâtre ou rougeâtre entre l’arête sortante du balai et le collecteur.

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2. Les machines à courant continu

Même un type inapproprié de balai ou les résistances inégales des balais, ou les largeurs d’entrefer
différentes sous les pôles principaux, peuvent conduire à des étincelles des balais.

2.5 MESURES PRISES POUR COMBATTRE LES EFFETS DE LA RMI


Pour combattre ou réduire les effets néfastes de la RMI sur le fonctionnement des machines à courant
continu mentionnés ci-dessus, les fabricants recourent aux deux solutions suivantes :
 pour pallier les effets néfastes de la commutation, à savoir combattre les étincelles ou arcs électriques
et améliorer la commutation, ils pourraient envisager le décalage des balais, pour les positionner sur la
ligne neutre réelle en charge. Mais cette solution a l’inconvénient que l’angle de décalage dépend de
l’intensité d’induit et pour chaque intensité du courant d’induit, il faudra le déterminer et positionner
convenablement les balais, ce qui n’est pas pratique. Les balais ne devraient pas être disposés à une
position quelconque sur le collecteur ; il est indispensable qu’ils soient bien câlés sur l’axe interpolaire.
Or lorsque la machine fonctionne en charge, la ligne neutre se décale, l’induction magnétique n’est plus
nulle sous les balais, la spire en commutation enlace un flux magnétique important, ce qui fait jaillir un
arc électrique à la surface des contacts balai-collecteur lorsque son circuit s’ouvre. En effet, le
positionnement inapproprié des balais (hors de la ligne neutre théorique) ferait en sorte qu’à l’instant où
un balai est à cheval sur deux lames de collecteur voisines, un flux de la RMI important traverse la
section en commutation reliée à ces deux lames de collecteur alors que l’ouverture de son circuit est
imminente ; de ce fait, l’energie magnétique contenue dans cette section se déchargerait brusquement
sous forme d’arc électrique intense lorsque la section s’ouvre. Les arcs électriques pourraient se relayer
continuellement d’une lame à la suivante, et conduire à un arc électrique circulaire qui va provoquer un
court-circuit de la machine. En outre, l’arc électrique ayant une température supérieure à la température
de fusion du cuivre, des points de fusion apparaitraient sur la surface du collecteur, la rendant ainsi
rugueuse, ce qui provoquerait une usure plus rapide des balais. Du fait de cette usure des balais, la
poudre de charbon s’accumulerait dans la machine, augmentant ainsi le risque de court-circuit.

En pratique, ils conservent les balais sur l’axe interpolaire (de commutation) et, du point de vue de la
commutation, pour garantir un fonctionnement sécurisé de la machine à courant continu bien utilisée,
indépendamment de la charge qui fixe le courant d’induit, ils équipent cette machine d’un enroulement
qui magnétise dans l’axe interpolaire, pour supprimer, en charge, l’induction magnétique de la RMI
sous les balais posés sur cet axe, et faciliter le commutation : c’est l’enroulement de commutation.

 pour combattre la distorsion du champ magnétique inducteur, et réduire l’intensité des étincelles
et le risque d’apparition d’un arc circulaire, ils creusent des rainures dans les épanouïssements des
pôles principaux des machines de moyennes et fortes puissances. Ces rainures accroissent la réluctance
du chemin du flux de la RMI, ce qui affaiblit voire supprime le champ de la RMI sous les pôles
principaux. Dans les machines de grande puissance uniquement, la RMI sous les épanouïssements
polaires est compensée en disposant des brins conducteurs dans ces rainures et en les reliant pour former
un enroulement : c’est l’enroulement de compensation. Une gradation sinusoïdale croissante partant de
l’axe polaire vers les cornes polaires permet également d’affaiblir considérablement le champ de la RMI
sous les pôles principaux.

2.5.1 L’enroulement de commutation et son effet


L’enroulement de commutation est constitué de 2p bobines réalisées sur un système de 2p pièces polaires
auxiliaires peu développées fixées au stator et dont les axes coïncident avec la ligne neutre théorique (axe
interpolaire). Il doit magnétiser dans l’axe interpolaire. L’enroulement
dit auxiliaire doit être connecté de manière à être traversé par le courant
d’induit I a , donc il doit être en série avec l’enroulement induit, mais
magnétiser en sens contraire à celui de l’enroulement induit, comme le
montre la figure 2-22 : son effet doit être délagnétisant. Dans la bobine
en commutation, son champ d’induction magnétique induit une f.é.m de Figure 2-22
rotation e B t  qui doit être proportionnelle au courant d’induit et

 Jules TSOCHOUNIE 25
2. Les machines à courant continu

opposée à la f.é.m d’auto-induction de cette bobine e s t  . Le flux magnétique auxiliaire  B ne doit pas
seulement compenser celui de la RMI  a , mais il doit également accélérer la commutation du courant
d’induit (courbe (c) de la figure 2-21), de telle manière que la dérivée de ce dernier dI dt à la fin de la
commutation soit faible, et que la densité de courant dans le flanc sortant du balai ne soit pas élevée. En clair,
avec l’enroulement auxiliaire, il est question de neutraliser la f.é.m d’auto-induction dans la section en
commutation e s ( t ) qui tend à prolonger l’ancien courant, en lui opposant une f.é.m eB induite par le flux
magnétique de l’enroulement auxiliaire  B qui tend à établir le nouveau courant et en l’accélérant. La figure
2-23 montre courbe de la répartition spatiale du champ d’induction magnétique dans l’entrefer de la machine
en charge, dotée de l’enroulement de commutation.

Pour que l’induction magnétique produite


par les pôles auxiliaires soit rigoureusement
proportionnelle à l’intensité d’induit, il faut
que le chemin des lignes du champ
magnétique auxiliaire ne soit pas saturé ;
pour ce faire, la largeur de l’entrefer sous
les pôles auxiliaires  B doit être très élevée
comparé à celle sous les pôles inducteurs,
afin que la réluctance soit élevée.

Sur la figure 2-23, on constate bien, que la Figure 2-23


distorsion du champ magnétique inducteur,
et par conséquent ses effets néfastes, persiste (saturation d’une des deux cornes polaires des pôles principaux,
baisse de l’induction moyenne sous les pôles, répartition inégale de la tension entre les lames de collecteur).
L’enroulement de commutation a certes supprimé l’induction magnétique sur la ligne neutre théorique et,
avec un surplus de 20 à 30% de f.m.m, il va permettre d’améliorer la commutation, mais il n’aura eu aucune
influence sur la distorsion du champ magnétique total sous les épanouissements polaires de la machine en
charge. Pour palier les effets néfastes dus à la distorsion du champ magnétique de la machine en charge, il
faudra adopter une mesure spécifique destinée à compenser la RMI sous les pôles principaux.

2.5.2 L’enroulement de compensation et son effet


Dans les machines à courant continu de grande puissance, dans le
but de combattre la distorsion du champ magnétique sous les
pôles principaux, les constructeurs y suppriment l’induction
magnétique de la RMI, en réalisant sur la surface de
l’épanouïssement polaire une f.m.m  C qui est égale et opposée
à la f.m.m de la RMI sous l’épanouïssement. Cette f.m.m est Figure 2-24
réalisée par des brins conducteurs qui sont posés dans des rainures à la surface des épanouïssements polaires.
A cet effet, les rainures reçoivent chacune
un ou deux brins conducteurs. Les brins
conducteurs de deux pôles consécutifs sont
reliés par des cintres métalliques de manière
à former des spires de l’« enroulement de
compensation ». Cet enroulement doit être
traversé par le courant d’induit. A cet effet,
il est en série avec l’enroulement induit,
mais il doit magnétiser en sens contraire à
celui de l’enroulement induit, donc il doit
être connecté de façon à avoir un effet
démagnétisant, comme le montre la figure
Figure 2-25
2-24, lorsq’il est parcouru par le courant
d’induit.

 Jules TSOCHOUNIE 26
2. Les machines à courant continu

L’enroulement de compensation n’agit pas en dehors des épanouïssements polaires ; il ne modifie pas
l’induction magnétique dans la zone de l’axe interpolaire. La figure 2-25 montre la répartition du champ
d’induction magnétique dans l’entrefer de la machine à courant continu en charge, dotée de l’enroulement de
commutation et de l’enroulement de compensation.

2.6 EXCITATION ET TYPES DE MACHINES À COURANT CONTINU


2.6.1 Intérêt de la création du flux inducteur par un électro-aimant
Dans certaines machines à courant continu, le champ d’induction magnétique principal, donc le flux
magnétique inducteur, est créé par un aimant permanent. L’inconvénient de la création du champ magnétique
inducteur par un aimant permanent est que ce dernier n’offre aucune possibilité de réglage par action sur le
flux magnétique inducteur. Or des possibilités avantageuses de réglage s’offrent lorsque le champ
magnétique inducteur est créé par un électro-aimant dont le flux magnétique qu’il crée  peut être modifié
par simple action sur le courant d’excitation I e .

2.6.2 Modes d’excitation et types de machines à courant continu


Le fonctionnement d’une machine à courant continu dépend de son mode d’excitation, c’est-à-dire de la
manière dont l’enroulement de champ principal est alimenté. Du point de vue de la source du courant
d’excitation I e , on distingue différents modes d’excitation des machines à courant continu dont trois modes
de base, qui sont les suivants :
 l’excitation séparée ou indépendante : Assurée par une soure de tension indépendante de la machine
(batterie d’accumulateurs, machine excitatrice, réseau alternatif par l’intermédiaire d’un redresseur).
 l’excitation shunt ou parallèle : La tension aux bornes du circuit d’induit sert simultanément, lorsque
l’enroulement inducteur est connecté en parallèle aux bornes de l’induit, de tension d’excitation.
 l’excitation série : L’enroulement induteur est inséré en série ave l’entoulement induit, si bien que c’est le
courant d’induit qui traverse l’enroulement inducteur convenablement dimensionné (section du fil,
nombre de spires pour une f.m.m compatible) pour créer le champ inducteur.
 l’excitation composée : C’est une combinaison de l’excitation série dit « compound » avec l’un des deux
premiers modes d’excitation précédents. L’excitation compound dépend de la charge (courant d’induit
déterminé par la charge) et vient compléter l’excitation de base qui est très souvent shunt, mais peut aussi
être séparée. Les pièces polaires principales portent les deux systèmes d’enroulements inducteurs.

Les machines à courant continu sont désignées suivant leur mode d’exitation ; de ce fait, on a les quatre
types de machines à courant continu suivants :
 La machine à excitation séparée ou indépendante ;
 La machine à excitation shunt ou parallèle ;
 La machine à excitation série ;
 La machine à excitation composée ou « compoundée ».

Les caractéristiques propres à chaque type de machine déterminent les emplois des machines.

2.7 DÉSIGNATION NORMALISÉE, CONNEXION ET DISPOSITION DES


ENROULEMENTS
2.7.1 Désignation normalisées des enroulements de la machine à courant continu
Les différents enroulements de la machine à courant continu et leur désignation normalisée sont :
 Enroulement induit : désignation normalisée A, avec les bornes A1 et A2 ;
 Enroulement auxiliaire : désignation normalisée B, avec les bornes B1 et B2 ;
 Enroulement de compensation : désignation normalisée C, avec les bornes C1 et C2 ;
 Enroulement de champ ou d’excitation séparée : désignation normalisée F, avec les bornes F1 et F2 ;

 Jules TSOCHOUNIE 27
2. Les machines à courant continu

 Enroulement de champ ou d’excitation shunt ou parallèle : désignation normalisée E, avec les bornes E1
et E2 ;
 Enroulement de champ ou d’excitation série : désignation normalisée D, avec les bornes D1 et D2. Dans
le cas d’une excitation composée, cet enroulement est désigné par « enroulement compound ».

2.7.2 Connexion et diposition des différents enroulements des machines à courant continu
Il s’agit de faire ressortir par leur disposition et leurs connexions, les circuits des enroulements de la machine
à courant continu, et les axes dans lesquels ces enroulements magnétisent.

L’enroulement de champ (F, E, D) magnétise dans l’axe


polaire (longitudinal), et les enroulements du circuit d’induit
(A, B, C) doivent magnétiser dans l’axe interpolaire
(transversal). Pour ce faire, les enroulements des machines à
courant continu sont réalisés avec leurs axes disposés comme
le montre la figure 2-26. L’enroulement auxiliaire (B) et
l’enroulement de compensation (C) doivent être connectés de
manière à avoir une action démagnétisante par rapport à
l’enroulement induit. L’enroulement de champ série (D) est
fait de « gros fil » et comporte peu de spires, alors que les
autres enroulements de champ (E, F) sont faits de « fil fin » Figure 2-26 :
et comportent un nombre élevé de spires. La polarité positive des enroulements est donnée par l’index 1, et la
polarité négative par l’index 2, qui suivent les lettres de désignation.

2.8 ÉLABORATION DU MODÈLE ÉLECTRIQUE DE LA MACHINE


2.8.1 Modèle électrique équivalent de l’enroulement induit
Le modèle électrique statique de l’enroulement induit est celui d’un
dipôle électrique actif, comportant 2a branches parallèles, chaque voie
étant modélisée en courant continu parfaitement lissé, par une f.é.m
induite E en série avec une résistance ohmique rv , comme le montre la
Za
figure 2-27a). Etant donné qu’une voie d’enroulement comporte
2a
brins conducteurs en série, sa résistance est :

Za
rv   rb Figure 2-27
2a

où rb est la résistance moyenne d’un brin conducteur de l’enroulement induit.

Le dipôle électrique équivalent du modèle de la figure 2-27a) est donné par la figure 2-27b), avec les
grandeurs caractéristiques suivantes :

rv Za
E  k1    n et RA    rb
2 a 2 a 2

L’enroulement induit se trouve dans un circuit comportant au moins un enroulement autre tel que
l’enroulement de commutation et éventuellement l’enroulement de compensation et l’enroulement de champ
série. Etant donné que ces enroulements ne sont pas logés dans l’induit comme l’enroulement induit, en
courant continu statique, ils sont modélisés uniquement par leur résistance ohmique. Le contact électrique
glissant balai-collecteur dépend de plusieurs facteurs dont la pression des ressorts, l’état de la surface du
collecteur, etc. ; De ce fait, il ne peut pas être modélisé par une résistance ohmique constante.

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2. Les machines à courant continu

2.8.2 Modèle électrique équivalent du circuit d’induit


L’enroulement induit se trouve dans un circuit comportant d’autres enroulements qui du point de vue
magnétique ont une action démagnétisante par rapport à l’enroulement induit.

La résistance du circuit d’induit ou résistance des induits, désignée par R a , est la somme des résistances des
enroulements dans ce circuit traversé par le courant d’induit I a ; il s’agit de :
 l’enroulement induit de résistance R A ;
 l’enroulement auxiliaire de résistance R B ;
 éventuellement l’enroulement de compensation de résistance R C , au cas où l’on a une machine de grande
puissance compensée ;
 éventuellement l’enroulement de champ série de résistance R D , au cas où l’excitation de la machine est
série ou composée.

La résistance du circuit d’induit de la machine à courant continu est  R i R a  R A  R B  R C  R D  .

2.9 SCHÉMAS ÉLECTRIQUES DE PRINCIPE


Les schémas électriques de principe des différents types de machines à courant continu parfaitement constant
sont donnés dans la figure 2-28, avec en a) le schéma électrique de la machine à excitation indépendante, en
b) celui de la machine à excitation shunt, en c) celui de la machine à excitation série, et en d) celui de la
machine à excitation composée (shunt « compoundée »).

Figure 2-28

Dans l’excitation, on distingue la longue dérivation et la courte dérivation. Dans la figure 2-28b) c’est la
longue dérivation qui est réalisée.

2.10 RELATIONS RELATIVES AUX MACHINES À COURANT CONTINU


2.10.1 Relation entre courant de ligne et courant d’induit des machines à courant continu
En général, il faut distinguer entre l’intensité I aux bornes de la machine à courant continu et l’intensité Ia
qui traverse son induit ; la relation entre les deux intensités dépend du mode d’excitation de la machine :
 Machines à excitation indépendante : I  Ia
 Machines à excitation shunt et composée : I  Ia  Ie pour les moteurs ; I  Ia  Ie pour les générateurs.
 Machines à excitation série : I  Ia  Ie (pas de résistance en parallèle avec l’enroulement de champ D).

N.B. : Une machine 2p-polaire comporte 2p balais posés sur le collecteur, soit p balais reliés entre eux et à la
borne positive (+), et p balais reliés entre eux et à la borne négative () ; l’intensité dans un balai est Ia p .

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2. Les machines à courant continu

2.10.2 Chutes de tension (interne) dans le circuit d’induit et loi d’Ohm généralisée
Lorsqu’un courant Ia traverse l’induit d’une machine à courant continu, les chutes de tension suivantes :
- La chute de tension ohmique : R a  I a ;
- La chute de tension à un contact balai-collecteur, fixée par la norme à : Ubc  1V

surviennent dans le circuit d’induit. La chute de tension totale dans le circuit d’induit est alors :

U a  R a  I a  2 U bc  R a  I a  2 V

N.B. : Très souvent, la chute de tension balai-collecteur est négligée devant U a : Ua  R a  I a .

2.10.3 Fréquence de rotation du moteur à courant continu


L’inducteur d’un moteur à courant continu étant alimenté et produit le flux magnétique  , lorsque son
induit est alimenté sous la tension Ua et qu’il appelle l’intensité Ia , il développe un couple qui l’entraîne à
la rotation et il acquiert la vitesse de rotation :

Ua  Ua
n
k1  

2.10.4 Puissances dans les machines électriques


La puissance électrique fournie par l’induit d’un générateur ou absorbée par l’induit d’un moteur est :

Pél  U  I a

En introduisant la loi d’Ohm généralisé, l’on obtient le bilan des puissances de l’induit comme suit :

Figure 2-29

Pél  U  Ia  E  Ia  R a  Ia2  2 V  Ia (générateur) et Pél  U  Ia  E  Ia  R a  Ia2  2 V  Ia (moteur)

où on a :
- La puissance électromagnétique : Pem  E  I a , pour le générateur et Pem  E  Ia pour le moteur.
- La puissance des pertes Joule : PJa  R a  I a2
- La puissance des pertes aux contacts glissants balais-collecteur : Pbc  2 V  I a

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2. Les machines à courant continu

La puissance électrique interne (électromagnétique) à laquelle l’on ajoute les pertes non électriques
(générateur) ou dont on soustrait les pertes non électriques (moteur) est la puissance mécanique :

Pméc  Pem  Pm  PFe  (générateur) et Pméc  Pem  Pm  PFe  (moteur)

2.10.5 Relation couple-puissance


La relation entre la puissance et le couple développés par une machine à courant continu est :

P  T    T  2 n Puissance mécanique
Pem  Tem    Tem  2n Puissance électromagnétique

2.10.6 Moment interne et moment externe du moteur à courant continu


Le moment du couple T disponible en bout d’arbre (moteur) ou à apporter en bout d’arbre (générateur),
diffère du moment interne ou ou moment électromagnétique Tem par le moment de pertes Tp :

T  Tem  Tp pour un générateur


T  Tem  Tp pour un moteur

2.11 COURBES CARACTÉRISTIQUES DES MACHINES ÉLECTRIQUES À


COURANT CONTINU
Qu’une machine à courant continu fonctionne en moteur ou en générateur, on peut construire une grande
variété de courbes caractéristiques de son fonctionnement, en fonction du choix des grandeurs variables
associées à son fonctionnement et des paramètres maintenus constants.

La question qui se pose est la suivante : « Comment varie la grandeur de fonctionnement la plus importante
de la machine avec la charge de cette dernière ? »

Les caractéristiques particulièrement importantes sont, en excitation constante :


- Pour le générateur : La tension délivrée, en fonction de l’intensité du courant d’induit qui est fixée par le
charge (électrique) : U  f I , avec n  Cste .
- Pour le moteur : La fréquence de rotation prise, en fonction de l’intensité du courant d’induit qui est
fixée par le charge (mécanique) : n  f I , avec U  Cste .

La base pour la réponse à cette question est la forme réduite de la loi de l’induction qui est :
- Pour un générateur : E  k1    n
E
- Pour un moteur : n
k1  

Les caractéristiques du moteur à courant continu dépendent, comme celles du générateur, de son mode
d’excitation.

2.11.1 Courbes caractéristiques en excitation séparée


Le paramètre « excitation constante » signifie : I e  Cste, soit   Cste .

Avec cela, on obtient pour le générateur à courant continu entraîné à vitesse constante n  Cste : E  Cste , et
pour le moteur à courant continu : n est proportionnelle à E .

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2. Les machines à courant continu

Les relations de la loi d’Ohm généralisée :


- Pour le générateur à courant continu : U  E  R a  I a  2 U bc  R a  I a  2 V  k1    n
- Pour le moteur à courant continu : U  E  R a  I a  2 U bc  k1    n  R a  I a  2 V

d’où on tire :
- Pour le générateur à courant continu entraîné à vitesse de rotation constante : UI a   R a  I a  Cste
Ra
- Pour le moteur à courant continu alimenté sous tension constante : n   I a  Cste
k1  

La courbe caractéristique du fonctionnement de la génératrice à courant continu U  f I a  encore désignée


par « caractéristique externe », est donnée dans la figure 2-30a. La courbe caractéristique du fonctionnement
du moteur à courant continu n  f I a  encore désignée par « caractéristique électromagnétique de vitesse »,
est donnée dans la figure 2-30b.

Figure 2-30 :

2.11.2 Courbes caractéristiques en excitation shunt


En raison de la connexion parallèle de l’inducteur avec l’induit, on a pour le générateur et le moteur :

Ue  U

Malgré le régage constant de l’excitateur, il existe des différences :


- Dans les générateurs : Ue et donc Ie sont variables en fonction de la charge.
- Dans les moteurs : Ue et donc Ie sont constants.

a) Dans le générateur à excitation shunt :


Pour rendre compréhensibles les conséquences de ces différences pour le générateur, étudions tout d’abord
les conditions de l’excitation dans le cas d’un générateur à vide ( I  0 , I a  I e faible et U  E .

Dans le générateur à excitation shunt, il existe une double relation entre Ue et Ie :


- En utilisant le circuit magnétique : U  E  k1    n d’où on tire U ~ , et    m  e   m  Ne  I e .
Dans les matériaux ferromagnétiques, la relation entre  et I e est décrite par la courbe d’aimantation
de la figure 1-7b. En raison de la proportionnalité entre E et , la représentation graphique de la relation
E  f I e  a également l’allure d’une courbe d’aimantation, comme la courbe (a) de la figure 2-31.
- En utilisant le circuit inducteur : E  R e  I e .
En raison de la proportionnalité entre E et , la représentation grafique de la relation E  R e  I e  U est
une droite, la droite de l’inducteur, comme le montre la courbe (b) de la figure 2-31.

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2. Les machines à courant continu

Les deux courbes caractéristiques, de l’induit E  f I e  et de l’inducteur E  R e  I e du générateur, sont


représentées dans un même graphique (voir figure 2-31). Le point de fonctionnement du générateur se trouve
à l’intersection des deux courbes.

L’hypothèse la plus importante est qu’il faut que la courbe de


magnétisation de l’induit ne passe pas par zéro, afin que pour
I e  0 le générateur puisse s’exciter : il faut la rémanence.

Dès que le générateur débite un courant I dans un récepteur


électrique, une chute de tension interne Ua connue apparait. A
chaque intensité d’excitation Ie , pour le même débit I, la tension
aux bornes de la génératrice U  EI e   Ua I est inférieure à la
f.é.m induite EI e  de la valeur constante Ua I , ce qui conduit
dans le graphique à une translation verticale de la caractéristique
U  f I e  à travers le circuit magnétique, avec I comme paramètre.

Figure 2-31 :
Lorsque I croît, la valeur Ua I de la translation verticale de la
caractéristique à vide E  f I e  croît également, jusqu’à ce que l’on obtient une caractéristique à vide
translatée EI e   Ua I qui présente un seul point de contact avec la droite de l’inducteur : l’intensité
d’induit I correspondante est la valeur maximale que le générateur puisse débiter.

Figure 2-32 :

En résumé, les génératrices à courant continu auto-excitées sont chargeables jusqu’à un courant maximal
seulement. Si on reporte les points d’intersection de la caractéristique à vide translatée avec la droite de
l’inducteur dans la représentation U  f I , alors on obtient la courbe caractéristique recherchée de la
génératrice, sa caractéristique externe, comme le montre la figure 2-32a.

N.B. : La partie utile de la caractéristique externe de la génératrice auto-excitée est plus inclinée que la
caractéristique externe de la génératrice à excitation indépendante.

b) Dans le moteur à excitation shunt :


Tant que la tension d’alimentation U est constante, la caractéristique électromécanique de vitesse n  f I est
identique à celle de la génératrice à excitation indépendante, comme le montre la figure 2-32b.

2.11.3 Courbes caractéristiques en excitation série


En raison de la connexion série de l’enroulement inducteur et des enroulements de l’induit, le courant
d’induit est en même temps le courant d’excitation de la machine à excitation série :

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2. Les machines à courant continu

I  Ia  I e

Le flux inducteur  peut être obtenu pour chaque intensité du courant de charge I, à partir de la courbe de
magnétisation :   f I .

a) Pour le générateur à excitation série :


La vitesse d’entraînement n étant constante, on a :

E  k  I et U  k  I  Ua I

Lorsque I croît, la valeur Ua I qui croît également est déduite de la caractéristique à vide E  f I , et l’on
obtient la caratéristique externe de la génératrie à courant continu, comme le montre la figure 2-33a. Elle a
l’allure d’une courbe de magnétisation.

Figure 2-33 :

N.B. : Lorsque la résistane de la charge du générateur à excitation série augmente, le courant appelé diminue,
ainsi que la tension à ses bornes. De même, si la résistane de la charge diminue, le courant appelé augmente,
ainsi que la tension à ses bornes. Ce comportement en charge du générateur à excitation série ‒ baisse du
courant et par conséquent de la tension, accroissement du courant et par conséquent de la tension ‒ fait que
ce genérateur est inapproprié pour l’alimentation d’un réseau électrique sous une tension constante.

b) Pour le moteur à excitation série :


La tension d’alimentation U étant constante, sa vitesse doit s’adapter, et on a

E
n
k  I

La caractéristique n  f I du moteur à excitation série est une courbe hyperbolique, comme le montre la
figure 2-33b.

N.B. : Le moteur à excitation série s’emballe lorsqu’il fonctionne sur un réseau de tension constante avec un
faible courant et par conséquent un faible flux magnétique inducteur. Sa vitesse atteint alors des valeurs
élevées inadmissibles. Ce phénomène limite les domaines d’application du moteur à excitation série à ceux
où la charge est importante.

2.11.4 Courbes caractéristiques en excitation composée


En excitation composée, l’excitation indépendante ou shunt est l’excitation de base, alors que l’excitation
compound (série) est l’excitation supplémentaire. Les pièces polaires principales de la machine sont munies

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2. Les machines à courant continu

aussi bien d’un enroulement d’excitation séparée ou shunt, que d’un enroulement d’excitation série
(compond). L’enroulement compound peut être connecté de manière que son flux soit additif pour accroître
le flux inducteur lorsque la charge augmente, ou soustractif pour réduire le flux inducteur lorsque la charge
augmente. La f.m.m totale des pôles principaux  t se compose de la f.m.m de base (de l’enroulement
d’excitation séparée ou shunt) F / E , et de la f.m.m supplémentaire D ; la relation entre ces f.m.m est :

 t  F / E  D

N.B. : En cas d’excitation séparée pure, la f.m.m des pôles principaux F reste constante en charge,
indépendante du courant de charge I a ; Par contre, en cas d’excitation série, la f.m.m des pôles principaux
D varie proportionnellement au courant de charge D  N D  I a  .

Une comparaison entre l’excitation purement série et l’excitation composée dont l’excitation compound est à
flux additif montre que dans ce dernier cas, l’accroissement du flux inducteur est très faible.

a) Pour la génératrice à excitation composée :


La caractéristique à vide E  f I e  est celle d’une génératrice à excitation séparée ou à excitation shunt, car
tant qu’aucun courant de charge I a ne circule, l’enroulement d’excitation compound n’agit pas.

Le comportement en fonctionnement de la génératrice à excitation composée, qui est xxxx par la


caractéristique externe U  f I , est une superposition des comportements en excitation séparée ou shunt, et
du comportement série.

Un enroulement d’excitation compound à flux additif provoque un accroissement du flux utile lorsque la
charge aumente. Ainsi, la baisse de tension qui survient en excitation purement shunt est compensée, si bien
que dans une plage de fonctionnement étendue la tension peut être maintenue constante ; la tension délivrée
par la génératrice à excitation composée est plus indépendant du courant de charge, du fait de l’enroulement
compound à flux additif. Par contre, avec un enroulement compound à flux soustractif, la caractéristique
externe est plus molle, la tension délivrée en charge baisse consédérablement lorsque la charge augmente,
plus que dans le générateur à excitation shunt. Un tel comportement est souhaité en cas de couplage parallèle
du générateur avec d’autres générateurs.

La combinaison des deux caractéristiques conduit, suivant la proportion de chaque type d’excitation, F et
D ou de E et D , dans la f.m.m totale  t , à une courbe intermédiaire.

b) Pour le moteur à excitation composée :


Avec un enroulement compound connecté en flux additif dans un moteur à excitation composée, il est
possible de couvrir toute la plage étendue de comportement couple-vitesse comprise entre un comportement
purement shunt et un comportement purement série. Suivant la conception des deux enroulements
d’excitation, la baisse de la vitesse de rotation est faiblement ou fortement marquée. En pratique, on
rencontre les combinaisons suivantes :
- Forte excitation shunt et faible excitation compound : le moteur réagit de façon plus molle qu’un moteur
à excitation purement shunt.
- Forte excitation compound et faible excitation shunt : le moteur a un comportement série dominant,
mais il ne s’emballe pas à vide, car il possède une vitesse de rotation à vide finie.

On rencontre également les moteurs à excitation composée à flux soustractif. Ces machines présentent un
comportement couple-vitesse approximativement indépendant de la charge, car la baisse de la vitesse de
rotation lorsque la charge augmente est compensée par la réduction du flux utile.

Les procédés de variation de vitesse et de freinage électrique se laissent réaliser comme dans les moteurs à

 Jules TSOCHOUNIE 35
2. Les machines à courant continu

excitation shunt.

2.11.5 Le courant de charge et l’exigence de couples dans les moteurs à courant continu
La véritable grandeur caractéristique de la charge des moteurs est le couple exigé T, pour vaincre le couple
résistant de la charge.

L’intensité du courant d’induit I a qui jusqu’à présent est choisi dans les courbes caractéristiques comme
grandeur de référence en est déjà une conséquence. Pour la conversion entre l’intensité I a et le moment du
couple Tem , la relation à être utilisée est celle du principe de la création du couple, qui fournit :

2
Ia  Tem
k1  

Elle permet de passer de nI a  à nTem  .

- Pour le moteur à courant continu à excitation indépendante ou shunt, alimenté sous tension constante :

2  R a
n Tem  Cste
k1  2

 Jules TSOCHOUNIE 36
Bibliographie

BIBLIOGRAPHIE

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Technique supérieur.

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 Jules TSOCHOUNIE 37

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