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Alternateurs hydrauliques

et compensateurs
par Gilbert RUELLE
Ingénieur de l’École Nationale Supérieure d’Électricité et de Mécanique de Nancy
Directeur Général du Groupe Alternateur de la Société GEC Alsthom

1. Technologie de l’alternateur hydraulique ......................................... D 3 540 - 2


1.1 Circuit magnétique du stator ...................................................................... — 2
1.2 Carcasse. Enroulements.............................................................................. — 2
1.3 Isolation et calage........................................................................................ — 3
1.4 Noyaux polaires........................................................................................... — 3
1.5 Bobines inductrices. Amortisseurs ............................................................ — 4
1.6 Jante ............................................................................................................. — 5
1.7 Croisillon du rotor........................................................................................ — 6
1.8 Arbre, paliers et pivot.................................................................................. — 6
1.9 Freinage et levage ....................................................................................... — 7
2. Fonctionnement de l’alternateur......................................................... — 8
2.1 Refroidissement. Évolution. Techniques actuelles ................................... — 8
2.1.1 Ventilation axialo-radiale ................................................................... — 8
2.1.2 Ventilation radiale ............................................................................... — 8
2.1.3 Ventilation axiale des groupes bulbes. Usage de l’air comprimé .. — 8
2.1.4 Refroidissement interne par air ou eau ............................................ — 9
2.2 Problèmes mécaniques principaux............................................................ — 9
2.2.1 Vitesse d’emballement. Contraintes ................................................. — 9
2.2.2 Attraction magnétique ....................................................................... — 9
2.2.3 Vitesses critiques. Flexibilité des appuis .......................................... — 10
2.2.4 Comportements anormaux de la ligne d’arbre................................ — 10
2.3 Caractéristiques particulières ..................................................................... — 10
2.3.1 Relation chute-débit-vitesse-puissance ............................................ — 10
2.3.2 Pôles saillants, paramètres de dimensionnement........................... — 10
2.3.3 Caractéristiques particulières en fonctionnement anormal............ — 11
3. Alternateur-moteur et compensateur synchrone ........................... — 11
3.1 Alternateur-moteur ...................................................................................... — 11
3.1.1 Divers types de groupes de transfert d’énergie............................... — 11
3.1.2 Problèmes particuliers aux groupes binaires................................... — 12
3.1.3 Démarrage des alternateurs-moteurs des groupes réversibles ..... — 12
3.2 Compensateurs synchrones ....................................................................... — 14
3.2.1 Utilisation dans les réseaux............................................................... — 14
3.2.2 Puissance. Technologie ...................................................................... — 14
4. Environnement.......................................................................................... — 14
4.1 Turbines d’entraînement ............................................................................. — 14
9 - 1992

4.2 Systèmes d’excitation ................................................................................. — 15


4.2.1 Diversité des systèmes. Critères ....................................................... — 15
4.2.2 Tendance pour les alternateurs classiques
et les groupes de pompage ............................................................... — 15
4.2.3 Tendance pour les groupes bulbes ................................................... — 15
4.2.4 Tendance pour les compensateurs ................................................... — 15
D 3 540

5. Conclusion ................................................................................................. — 15
5.1 Situation actuelle ......................................................................................... — 15
5.2 Perspectives d’avenir .................................................................................. — 16
5.2.1 Potentiels hydroélectriques non exploités ....................................... — 16
5.2.2 Stations de transfert d’énergie .......................................................... — 16
5.2.3 Progrès technologiques à attendre ................................................... — 16

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es machines peuvent être présentées ensemble car leur technologie est


C semblable et la structure générale des compensateurs diffère peu de celle
des alternateurs hydrauliques rapides.
Pour des explications complémentaires, le lecteur pourra se reporter, dans ce
traité, aux articles :
— Machines synchrones. Fonctionnement en régime permanent [D 480] ;
— Machines synchrones. Excitation [D 3 545] ;
— Machines synchrones. Dimensionnement électromagnétique [D 495].

1. Technologie de l’alternateur
hydraulique
On peut d’une manière générale classer les alternateurs suivant
leur vitesse :
— les vitesses élevées supérieures à 500 tr/min ;
— les moyennes vitesses comprises entre 150 et 500 tr/min ;
— les basses vitesses inférieures à 150 tr/min.
Nota : pour la structure de l’alternateur hydraulique, le lecteur se reportera, dans ce
traité, à l’article Construction mécanique des machines électriques tournantes [D 3 780].

1.1 Circuit magnétique du stator

Pour les alternateurs hydrauliques, le circuit magnétique se


présente comme une couronne de grand diamètre (de 10 à 20 m dans
les plus grandes unités), d’une hauteur de 1 à 3 m environ, la plupart
du temps à axe vertical. Cette couronne est constituée par un
empilage enchevêtré de segments de tôles magnétiques isolées et
serrées sous une pression de 0,7 à 1,5 MPa entre des plateaux
d’extrémité.
Le diamètre du circuit magnétique étant généralement élevé, entre
l’état froid et le fonctionnement en charge à chaud, la dilatation
radiale atteint couramment plusieurs millimètres ; pour éviter que
cette dilatation ne crée des déformations ou contraintes locales
Figure 1 – Quart d’un stator de grandes dimensions
préjudiciables au bon comportement dans le temps, la technique
[Centrale de Pehuenche (Chili)]
d’empilage, de serrage, de liaison entre circuit magnétique et
carcasse et entre carcasse et assises vise à constituer un ensemble
symétrique à dilatation isotrope à faibles contraintes.
Actuellement, les grandes carcasses sont des pièces mécano-
Compte tenu des grandes dimensions, le circuit magnétique est
soudées constituées de flasques plans annulaires entretoisés par des
construit sur le site, soit à partir de fractions déjà empilées (par
caissons verticaux (figure 2) ; les éléments sont préparés en ateliers
quarts, par exemple) (figure 1), soit, dans les plus grandes unités,
et les différentes parties, de grandeur maximale compatible avec les
à partir des segments eux-mêmes complètement empilés en
moyens de transport, sont assemblées sur le site par boulonnage
centrales, ce qui évite tout joint dans la couronne, donc toute
ou par soudure.
anisotropie dans le comportement.
Nota : le lecteur pourra se reporter, dans ce traité, aux articles Bobinages des machines
tournantes. Schémas [D 437] et technologie [D 3 420].

■ À cause de la vitesse réduite des alternateurs hydrauliques, donc


1.2 Carcasse. Enroulements du nombre de pôles élevé, leur enroulement présente, par rapport à
celui des turboalternateurs, la particularité d’avoir un nombre
d’encoches par pôle et par phase faible et rarement entier, généra-
■ Celle des alternateurs hydrauliques remplit un nombre important lement fractionnaire, par exemple de la forme 2 + 4 / 7 pour une
de fonctions : machine à 28 pôles, conduisant à des schémas de bobinage
— elle assure la reprise des efforts exercés sur le circuit magné- beaucoup plus complexes.
tique (serrage, poids des parties actives, couples normaux et La condition d’équilibre des phases impose que :
accidentels, efforts d’attraction magnétique tournants ou uni-
— le nombre d’encoches soit divisible par le nombre de phases
directionnels, efforts de dilatation) ;
et par le nombre de parties en parallèle ;
— elle guide l’air vers les réfrigérants ;
— le dénominateur de la fraction ne soit pas divisible par le
— elle permet la manutention du stator ;
nombre de phases ;
— elle participe à la rigidité du support du palier supérieur
lorsqu’il existe, et, par là même, à la stabilité de la ligne d’arbre.

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— pour le cas général des machines triphasées, le nombre de


pôles étant multiple de 3 a (a = 0, 1 ou 2), le nombre d’encoches doit
être multiple de 3 a + 1.
Une conséquence du nombre fractionnaire d’encoches par pôle
et par phase est que la périodicité du champ de réaction d’induit
ne s’établit que sur un nombre élevé de pôles : il en résulte des ondes
de force d’attraction magnétique de période élevée, par exemple
1/4 de circonférence, pouvant conduire par modulation de
l’attraction magnétique entre stator et rotor à des déformations
périodiques engendrant du bruit. Il y a donc lieu de calculer l’impor-
tance de ces ondes spatiales et de respecter certaines règles pour
maintenir les vibrations du circuit magnétique à un niveau
acceptable (dans le traité Mesures et Contrôle, article Vibrations des
structures industrielles [R 3 140]). La réaction d’induit à longue
périodicité est, d’ailleurs, non seulement une source de vibrations,
mais aussi de pertes de puissance dans l’enroulement amortisseur
et à la surface des pôles, dues aux courants induits par les nombreux
harmoniques d’espace non synchrones de la réaction d’induit.
Les tensions utilisées pour les alternateurs hydrauliques sont de
valeurs moindres que celles des grands turboalternateurs, d’une part
parce que les générateurs hydrauliques n’atteignent pas des
puissances aussi élevées que les turboalternateurs (environ 800 MVA
contre 1 700 MVA), d’autre part parce que le grand nombre de pôles
permet un montage en parties parallèles plus nombreuses que dans
les turboalternateurs à 2 ou 4 pôles seulement.
Figure 2 – Carcasse d’alternateur de 300 MVA à 300 tr/min
La tension n’est généralement pas rigidement standardisée ; dans [Centrale de Mingtan (Taiwan)]
chaque pays on s’efforce de respecter des échelons conseillés de
tension, par exemple en France 3,3 - 5,65 -10,3 -15,5 kV, mais on
choisit assez fréquemment la tension conduisant au prix minimal Le calage de l’enroulement des alternateurs hydrauliques est
de l’ensemble de l’alternateur et de sa liaison au transformateur. plus simple que celui des turboalternateurs car, d’une part, les
efforts électrodynamiques sont beaucoup plus réduits, d’autre part,
Un ordre de grandeur approché de la tension optimale U (en kV) la longueur de l’enroulement hors du fer est nettement plus
d’un alternateur hydraulique est donné par la formule U = S où courte : les têtes de bobines sont ligaturées sur un ou deux
S en MVA est la puissance apparente ; par exemple, on a 10 kV anneaux d’appui fixés sur la carcasse. La tenue au court-circuit de
pour 100 MVA. l’enroulement est souvent vérifiée au cours de la mise en service
La permutation Rœbel est, généralement, employée pour cons- d’un nouvel alternateur.
tituer les barres de l’enroulement, mais pas universellement, car le
niveau réduit du courant par encoche autorise dans certains cas des
permutations moins parfaites (par exemple, une simple inversion
dans les têtes de bobines) ; ce type de bobinage dit à spires est
1.4 Noyaux polaires
surtout utilisé dans les alternateurs de puissance modeste (quelques
dizaines de MVA) à tension relativement élevée, car il permet de Les pôles doivent créer l’induction magnétique et canaliser les
monter plus de 2 barres en série dans l’encoche, sans compliquer lignes de champ en lui assurant une distribution convenable dans
exagérément les connexions frontales. l’entrefer (figure 3). Ils doivent aussi :
— étouffer les ondes de champ non synchrones et amortir les
oscillations (amortisseur) ;
— présenter le moins de fuites magnétiques possible ;
1.3 Isolation et calage — respecter, sur les bobines, l’échauffement garanti ;
— soutenir les bobines contre les composantes radiale et
Les enroulements comportant des anciennes isolations à la tangentielle de la force centrifuge ;
gomme-laque ou à l’asphalte n’existent généralement plus que sur — résister, par leurs attaches, à leur propre force centrifuge ;
des machines antérieures à 1955-1960 et sont remplacés, au fur et — présenter une rigidité propre, suffisante pour transmettre le
à mesure de leur vieillissement (gonflement local de l’isolation, couple moteur depuis la jante jusqu’au niveau de l’entrefer.
ionisation interne, etc.), par des enroulements utilisant des résines
synthétiques comme base du système isolant. Les isolations La distribution de l’induction magnétique est conditionnée par la
actuelles sont constituées par un enrubannage continu, le ruban forme de l’épanouissement polaire dont le profil est tracé (figure 4)
comportant un support généralement en soie de verre et portant une en vue de conduire à une répartition la plus proche possible de la
couche de mica, soit en splittings, soit en microsplittings, agglo- sinusoïde, afin de contenir le moins d’harmoniques de champ
mérés par une résine synthétique généralement époxyde ou possible donc de minimiser les pertes de puissance dans le circuit
époxyde-novolaque ; la résine peut préimprégner le ruban ou être magnétique du stator. On peut noter en passant que ce n’est pas
injectée dans l’isolation, posée sèche sur la barre. L’isolation subit tellement la garantie du taux d’harmoniques de la forme d’onde de
un traitement de polymérisation approprié au type de résine utilisé. la force électromotrice (fém), généralement fixé à 5 %, qui
La barre est ensuite revêtue de peinture conductrice dans sa partie conditionne le profil du pôle, car l’enroulement statorique, ayant
droite, pour fixer le potentiel de la surface extérieure, et de peinture souvent un nombre fractionnaire d’encoches par pôle et phase,
à haute résistivité dans les têtes de bobines, pour répartir permet d’extraire une onde de tension assez pure à partir d’une onde
régulièrement le gradient de potentiel et éviter l’ionisation. de champ polluée d’harmoniques.
La classe d’isolation définit la température maximale à laquelle Le profil du pôle peut être conditionné, dans quelques cas difficiles,
l’alternateur peut fonctionner sans risque de dégradation thermique par les contraintes mécaniques dues à la force centrifuge appliquée
(classe B : 130 oC, classe F : 155 oC) ; la plupart des isolations synthé- aux bobines polaires qui prennent leur appui sur la face interne de
tiques modernes sont de la classe F, mais utilisées généralement en l’épanouissement.
température de classe B par les exploitants qui gardent, ainsi, une
marge de sécurité importante.

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Le noyau polaire est généralement constitué par des tôles


découpées, d’épaisseur comprise entre 1 et 2,5 mm, serrées entre
deux plaques d’extrémité en acier coulé ou forgé, au moyen de
tirants boulonnés, rivés ou soudés sur les plaques polaires ; les tôles
polaires ne sont pas isolées entre elles car le champ principal qui
y règne est constant. Seuls les champs non synchrones parasites
sont variables, mais la faiblesse des fém correspondantes ne justifie
généralement pas une isolation qui est suffisamment assurée par
l’oxydation naturelle des tôles.
Le noyau polaire et sa bobine inductrice sont retenus contre la
force centrifuge par la liaison entre pôle et jante : cette liaison se
fait par vis pour les basses vitesses périphériques (N < 150 tr/min
et diamètre du rotor < 4,5 m), par queue d’aronde ou par clé en T
pour des vitesses supérieures.

1.5 Bobines inductrices. Amortisseurs


Figure 3 – Alternateur de 174 MVA à 180 tr/min.
■ L’inducteur des alternateurs hydrauliques n’est pas constitué par Montage du rotor dans le stator [Centrale de Manicouagan 5 (Canada)]
un enroulement à distribution spatiale de la force magnétomotrice
(fmm) voisine de la sinusoïde comme ceux des turboalternateurs,
mais par de simples solénoïdes massés sur chaque pôle (figure 4)
puisque la modulation de l’induction est réalisée par la modulation
de la réluctance d’entrefer, créée par le profil des pôles.
La bobine polaire est constituée par un solénoïde à spires jointives,
formé de conducteurs de cuivre méplats enroulés sur chant, soit par
roulage direct, soit par brasage aux angles. L’isolation entre spires
est faite au moyen de bandes isolantes collées au cuivre, à base de
stratifiés de verre ou polyimide, imprégnées pour permettre l’agglo-
mération sous pression ; l’isolation entre bobine et corps polaire est
réalisée par deux cadres en stratifié de tissu de verre imprégné et
par une chemise, en isolant stratifié de verre ou Nomex, moulée sur
le noyau polaire.
Le refroidissement des bobines polaires est généralement assuré
uniquement par la ventilation de leur face externe dans l’espace
interpolaire. Cette face a souvent sa surface développée par un profil
spécial du cuivre ou par le décalage de certaines spires afin
d’améliorer le refroidissement. Quelquefois, la bobine est ventilée
également sur sa face interne par aménagement d’un canal d’air
entre bobine et pôle. D’autres systèmes plus perfectionnés encore
existent sur certains alternateurs spéciaux, permettant d’accroître
considérablement la surface de contact avec l’air, par exemple la
ventilation axiale sur les quatre faces dans les groupes bubles (§ 4.1)
ou la ventilation interne par cuivre fraisé à écoulement transversal
où la surface peut être multipliée par plus de dix (figure 5) dans
certains alternateurs ou compensateurs synchrones.
■ L’épanouissement polaire porte à sa surface l’enroulement Figure 4 – Rotor à pôles massifs
amortisseur : celui-ci est constitué de barres rondes, généralement
en cuivre, quelquefois en alliage cuivreux à résistivité plus élevée,
lorsque cet enroulement sert non seulement à amortir les oscillations
et les ondes de champ non synchrones, mais aussi comme enroule-
ment de démarrage en moteur asynchrone (compensateurs
synchrones et groupes moteurs-générateurs des stations de
pompage). Les barres de l’amortisseur sont brasées sur des anneaux
de court-circuit à chaque extrémité de la machine ; ces anneaux sont
nécessairement complets quand l’enroulement sert au démarrage,
ils peuvent ne pas être reliés de pôle à pôle (amortisseur à grille)
lorsque l’enroulement ne sert qu’à amortir les oscillations et à réduire
les harmoniques d’ordre élevé. Les contraintes très sévères
appliquées aux amortisseurs pendant les démarrages asynchrones
seront examinées (§ 3.1.3.6).
Pour certains alternateurs rapides ou compensateurs synchrones,
il est judicieux d’utiliser des noyaux polaires entièrement massifs
(figure 4) en acier forgé ou coulé selon les caractéristiques méca-
niques nécessaires ; dans ces cas, il n’est pas prévu d’enroulement
amortisseur car la surface polaire joue elle-même le rôle d’un enrou-
lement amortisseur continu pouvant notamment assurer le démar- Figure 5 – Pôles avec ventilation interne des bobines
rage asynchrone à condition de prévoir des connexions électriques par cuivre fraisé [Centrale d’Aliyar (Inde)]
convenables de pôle à pôle.

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1.6 Jante

C’est la partie du rotor résistant à l’éclatement ; les fonctions et


contraintes imposées à la jante sont :
— résister à la force centrifuge des pôles et à sa propre force
centrifuge, à la vitesse d’emballement, en respectant une contrainte
acceptable dans le métal ;
— assurer la fermeture du champ magnétique d’un pôle à l’autre
sans introduire de saturation ;
— participer si possible à la ventilation radiale de la partie active
de l’alternateur ;
— transmettre le couple moteur normal et résister par inertie aux
couples alternatifs accidentels de court-circuit ou de couplage hors
synchronisme ;
— fournir lorsque nécessaire le complément d’inertie pour assurer
les garanties relatives au fonctionnement du groupe.
La technologie de la jante est fonction de la vitesse de rotation
et des dimensions du rotor.
Pour les vitesses élevées (428 à 1 500 tr/min), l’acier forgé est
souvent utilisé soit sous forme d’un simple renflement de l’arbre
comme pour les turboalternateurs, dans lequel on taille les
logements des attaches de pôles (1 500 tr/min), soit sous forme
d’anneaux montés à chaud sur l’arbre (428 à 1 000 tr/min). La figure 6
montre un rotor à jante en disques forgés de diamètre 3,43 m d’un
alternateur de la centrale de Grand’Maison (8 alternateurs de
170 MVA à 600 tr/min). On peut difficilement dépasser un diamètre
de 4 m dans cette technique. Figure 6 – Rotor à jante en disques forgés
Pour les basses et moyennes vitesses conduisant à des diamètres [Centrale de Grand’Maison (France)]
plus importants, la jante est constituée par des segments de tôle de
1 à 3 mm d’épaisseur, couvrant plusieurs pas polaires (2 à 6), empilés
avec chevauchement de un ou un demi-pas polaire d’une couche
à l’autre et reliés entre eux par des goujons traversants, formant ainsi
une chaîne continue résistant à l’éclatement par transmission des
efforts d’une tôle à l’autre. La figure 7 montre les détails de la jante
d’un rotor d’alternateur (4 alternateurs de 200 MVA à 300 tr/min).
Deux théories coexistent au sujet de la transmission de ces efforts.
■ Lorsque les tôles utilisées sont suffisamment minces (1 mm), et
si aucun évent de ventilation n’est prévu dans la jante, le passage
de la force d’éclatement d’une tôle à l’autre peut être assuré par le
frottement si les tôles sont suffisamment serrées entre elles par les
goujons et si l’on est assuré de la bonne conservation de ce serrage
dans le temps ; dans ce cas, les goujons ne sont pas dimensionnés
par l’effort de cisaillement exercé par les tôles, mais seulement par
l’effort de serrage nécessaire.
■ Lorsque les tôles sont plus épaisses (2 à 3 mm), et surtout si l’on
prévoit des évents de ventilation, le passage de l’effort d’éclatement
d’une tôle à l’autre excède l’effort transmissible par frottement ; on
est alors conduit à négliger le frottement et à dimensionner les
goujons pour transmettre par cisaillement les efforts d’une tôle à
l’autre ; le serrage n’a plus en ce cas qu’un rôle secondaire. Cette
deuxième théorie est celle employée le plus généralement. Le
schéma d’empilage est alors choisi de manière à annuler la résul-
tante des moments de flexion sur les goujons, pour éviter le vrillage
Figure 7 – Rotor à jante en segments enchevêtrés
de la jante.
[Centrale de Revin (France)]
Il est intéressant de prévoir le découpage et le chevauchement des
tôles de jante, de manière à ménager dans les espaces interpolaires
des évents périodiques permettant de distribuer uniformément le
débit d’air dans l’alternateur (figure 7). Cette construction est impos- indifféremment utilisées pour des alternateurs de 800 MVA à
sible avec des jantes à anneaux massifs en acier forgé, mais, grâce 90 tr /min et de 200 MVA à 375 tr /min et même pour des
aux progrès réalisés dans la métallurgie des tôles minces, nous compensateurs synchrones de 300 Mvar à 900 tr /min, apportant
disposons actuellement de tôles à haute résistance (limite élastique leurs avantages de refroidissement uniforme. Il en résulte une telle
supérieure ou égale 600 à 700 MPa, par exemple), qui permettent amélioration du débit d’air et de sa répartition que les ventilateurs
de réaliser des alternateurs de grande vitesse périphérique et de d’extrémité sont supprimés dans beaucoup de cas, la jante se
mordre sur le domaine anciennement réservé à l’acier forgé. Ainsi, comportant elle-même comme un grand ventilateur centrifuge à
ces jantes en tôles minces empilées, dont l’usage était anciennement action répartie, atténuant considérablement le gradient axial de la
réservé aux alternateurs à basse vitesse, sont aujourd’hui température.

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La jante est montée sur le centre du rotor par un clavetage radial formant un corps creux rigide accouplé à sa partie inférieure à l’arbre
et tangentiel ; le clavetage radial était, jusqu’aux années 70, souvent de la turbine et portant éventuellement, à sa partie supérieure, un
effectué par enfoncement de clavettes biaises après chauffage de bout d’arbre pour le guidage ou l’entraînement d’une excitatrice. Les
la jante par induction, la précontrainte ainsi obtenue permettant de arbres de machines très puissantes à faible vitesse doivent trans-
maintenir le serrage à la vitesse de fonctionnement normale, mais mettre de très forts couples. Ils sont parfois réalisés non plus en acier
l’utilisation de plus en plus fréquente d’un croisillon de rotor à forgé massif, mais en tôle d’acier roulée et soudée sous laitier
disques, donc de forte rigidité tangentielle, permet de ne compter (figure 9), ce qui utilise au mieux la matière en obtenant l’inertie
que sur le calage tangentiel et de laisser la jante sans serrage radial maximale pour une section donnée.
(jante flottante). Le nombre de paliers est fixé par la longueur de la ligne d’arbre
et l’étude des vitesses critiques. Souvent, les grands groupes actuels
sont à deux paliers-guides seulement, l’un au niveau de la turbine,
l’autre au-dessus de l’alternateur (figure 10). Les paliers-guides sont
1.7 Croisillon du rotor soit à bain d’huile et rampes hélicoïdales, soit à cuve tournante
utilisant la pression donnée par le paraboloïde formé par l’huile en
Cette pièce, qui constitue la partie centrale du rotor, relie la jante rotation dans la cuve ; pour les plus grands diamètres (supérieurs
à l’arbre. Dans les alternateurs rapides où la jante est constituée par au mètre), on peut utiliser des paliers-guides à patins séparés,
l’arbre lui-même ou bien est frettée directement sur l’arbre, le permettant de réduire le jeu diamétral. Le palier-guide supérieur est
croisillon n’existe pas ; dans les alternateurs de puissance et de isolé électriquement pour éviter la circulation de courants parasites.
vitesse moyennes, il n’est souvent constitué que par des bras courts Dans le cas de lignes d’arbre à deux paliers, le pivot est généra-
ou des disques soudés sur l’arbre ; dans les grands alternateurs lents, lement posé sur le fond de la turbine, sans croisillon inférieur,
le croisillon du rotor atteint de grandes dimensions excédant 10 m utilisant ainsi au mieux la structure naturelle du groupe et réalisant
de diamètre, comme par exemple celui des alternateurs de la centrale la hauteur totale minimale. Dans une structure plus ancienne, le pivot
de Tucurui (figure 8) dont le diamètre du rotor est de l’ordre de 17 m. repose sur le croisillon inférieur de l’alternateur ; enfin, dans les
Dans ces cas, l’arbre lui-même n’existe pas au droit de l’alternateur groupes à vitesse élevée, le pivot repose sur le croisillon supérieur
et le croisillon du rotor est une vaste pièce mécano-soudée, divisée de l’alternateur dont le diamètre modeste permet une rigidité élevée
en éléments transportables réassemblés sur le site par boulonnage autorisant cette solution. Le pivot est constitué d’un grain mobile
ou soudure. Le croisillon est relié à l’arbre soit par construction indéformable lié à la partie tournante reposant sur des patins fixes
(soudure de nervures et de disques), soit par accouplement boulonné (figure 11). L’équirépartition des charges sur les patins des pivots
entre son disque inférieur et le plateau supérieur de l’arbre de la très chargés est assurée par une égale élasticité des supports de
turbine ; il est relié à la jante par le clavetage déjà décrit (§ 1.6). patins qui reposent soit sur un lit de ressorts, soit sur des cylindres
à parois déformables remplis d’huile pour les pivots les plus
chargés ; dans les pivots peu chargés (quelques centaines de
tonnes), les patins reposent seulement sur des rotules formant leur
1.8 Arbre, paliers et pivot empreinte dans une plaque d’appui ou sur des colonnettes légère-
ment déformables. Les plus grands pivots peuvent porter des
Traditionnellement, l’arbre des alternateurs hydrauliques moyens charges de l’ordre de 3 000 t à des vitesses de 75 à 150 tr/min.
est en acier forgé mais, dans beaucoup de cas, cet arbre n’existe
plus au droit des parties actives de l’alternateur, le croisillon du rotor

Figure 8 – Croisillon du rotor d’un alternateur


de 350 MVA à 85 tr/min
[Centrale du Tucurui (Brésil)]

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Figure 9 – Arbre en tôle roulée-soudée


pour alternateur de 255 MVA à 115 tr/min
[Centrale d’Alcantara (Espagne)]

1.9 Freinage et levage Figure 10 – Groupe hydroélectrique à deux paliers.


Alternateur de 480 MVA à 107 tr/min
[Centrale de Cabora-Bassa (Mozambique)]
Afin de ne pas prolonger le fonctionnement de la pivoterie aux
basses vitesses où le graissage est mal assuré, il est d’usage de
Sur cette même piste prennent appui des vérins de levage,
freiner le groupe dans les séquences d’arrêt lorsque sa vitesse atteint
nécessaires soit pour soulever légèrement le groupe avant chaque
10 à 20 % de la vitesse synchrone ; ce freinage est obtenu par appli-
démarrage afin de permettre la pénétration de l’huile sous les patins
cation de vérins de freinage mus par air comprimé sur une piste de
du pivot lorsque celui-ci ne comporte pas de dispositif d’injection,
freinage, suspendue à la partie inférieure du croisillon du rotor ou
ce qui est de plus en plus rare, soit plus généralement pour supporter
sous la jante et constituée de secteurs indépendants fixés de manière
le rotor du groupe au cours d’opérations de maintenance.
à permettre une libre dilatation lors des échauffements importants
provoqués par l’énergie de freinage. Les vérins de freinage et de levage sont assez souvent combinés
en un seul vérin à deux chambres, l’une à air comprimé commandant
le freinage, l’autre à huile commandant le levage.

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Figure 11 – Pivot pour une charge de 2 250 t

2. Fonctionnement 2.1.2 Ventilation radiale

de l’alternateur Ce système, employé dans les grands alternateurs à jante en tôles


minces, utilise les évents interpolaires (§ 1.6) ; la mise en circulation
de l’air est assurée uniquement par les nombreux évents de jante,
2.1 Refroidissement. Évolution. situés exclusivement dans les axes interpolaires et constituant autant
Techniques actuelles de pales de ventilateur centrifuge, ce qui permet d’obtenir un débit
uniformément distribué sur toute la longueur axiale de la machine.
L’avantage de cette ventilation par la jante est une réduction
Les alternateurs hydrauliques sont très généralement refroidis par considérable du gradient de température axial dans les enroule-
air (dans ce traité, articles Refroidissement des machines électriques
ments et la suppression possible des ventilateurs d’extrémité,
tournantes [D 3 460] et Construction mécanique des machines élec- permettant ainsi le fonctionnement dans les deux sens pour des
triques tournantes [D 3 780]).
groupes réversibles de pompage-turbinage.

2.1.1 Ventilation axialo-radiale 2.1.3 Ventilation axiale des groupes bulbes.


Usage de l’air comprimé
Ce système de ventilation est le plus anciennement employé,
surtout pour les alternateurs rapides ( N  375 tr/min ) : la mise en
circulation de l’air est assurée par deux ventilateurs axiaux ou Les alternateurs bulbes doivent être construits avec un diamètre
centrifuges, placés de part et d’autre de l’alternateur. L’air circule qui est de l’ordre de la moitié du diamètre naturel des alternateurs
axialement entre les bobines du rotor, puis radialement dans les classiques pour permettre de les loger dans une capsule ou bulbe
évents du circuit magnétique du stator ; il est ensuite collecté par immergée compacte perturbant le moins possible l’écoulement de
la carcasse et passe dans les réfrigérants à eau avant d’être repris l’eau (figure 12) ; pour réaliser cet alternateur compact, il fallait
par les ventilateurs. modifier radicalement la conception de sa ventilation : le système
de ventilation radiale où l’air circule dans des évents radiaux et
s’échappe dans des caissons ménagés dans la carcasse

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s’accommodait mal de la réduction de diamètre recherchée. On a Le refroidissement par circulation d’eau est naturellement le plus
donc été conduit à utiliser la ventilation axiale où l’air circule dans efficace de tous mais sa mise en œuvre exige un investissement
de nombreux circuits de canaux très étroits, parallèlement au stator supplémentaire qui n’est rentable que si le gain réalisé sur le dimen-
et au rotor, sous l’action de moto-ventilateurs séparés. sionnement de l’alternateur est substantiel. On constate fréquem-
Dans les unités les plus puissantes avec une longueur de fer ment qu’il n’est pas possible de bénéficier des réductions de
supérieure à 2 m, le circuit de ventilation est divisé en deux voies dimensions que permettrait théoriquement l’emploi de l’eau, car
parallèles, chacune de longueur moitié, un aménagement spécial du certaines caractéristiques de l’alternateur seraient alors détériorées
centre de la machine permettant d’évacuer l’air chaud ayant ventilé d’une manière inadmissible, par exemple une inertie insuffisante,
la première moitié et de réalimenter en air froid la deuxième moitié. une réactance transitoire ou des pertes de puissance trop élevées.
Toutefois, on peut imaginer des alternateurs de très forte puissance
D’autres dispositifs de refroidissement, utilisant un très grand par pôle (supérieure à 30 MVA par pôle), par exemple 200 MVA de
nombre d’évents radiaux très étroits, ont également été adoptés avec puissance totale à 1 000 tr/min ou 500 MVA de puissance totale à
succès pour des bulbes de très grande puissance (environ 60 MW). 500 tr/min, pour lesquels le refroidissement par eau échapperait
Dans ces machines lentes et étanches, l’intérêt de l’air comprimé probablement aux inconvénients cités plus haut et serait la seule
dans l’économie du refroidissement s’est affirmé et la plupart des solution économiquement viable ; ce mode de refroidissement a été
grandes unités sont maintenant refroidies par ce procédé. L’air appliqué, depuis 1970, sur des machines expérimentales et dans
comprimé apporte en effet une capacité de refroidissement supé- quelques grandes unités, de puissance et de vitesse élevées, notam-
rieure pour une puissance de circulation réduite, car le refroidis- ment pour le pompage-turbinage.
sement de l’alternateur ne dépend que du débit-masse de l’air : L’utilisation de l’hydrogène n’offre pas les mêmes attraits que pour
ρV les turboalternateurs, car les pertes de puissance par frottement d’air
sont relativement plus modestes et elle présenterait de grandes
avec ρ masse volumique, difficultés dues à la nécessité de construire une enveloppe résistant
V débit-volume, à l’explosion pour des diamètres importants.
alors que la perte de puissance par circulation de fluide varie comme
ρV 3 ; on peut donc obtenir le même refroidissement avec de l’air
comprimé à la pression p avec une installation de ventilation p 2 fois 2.2 Problèmes mécaniques principaux
plus petite.
2.2.1 Vitesse d’emballement. Contraintes
2.1.4 Refroidissement interne par air ou eau Le dimensionnement mécanique du rotor des alternateurs hydrau-
liques est établi pour la vitesse d’emballement : c’est la vitesse maxi-
Lorsqu’un refroidissement plus puissant présente un intérêt, male que peut atteindre le groupe dans les conditions accidentelles
divers systèmes peuvent être utilisés. les plus défavorables, par exemple groupe à vide, distributeur ouvert
Le plus simple est le refroidissement interne par air soit au stator dans la position la plus défavorable sous la plus haute chute
(certains groupes bulbes utilisent une circulation axiale d’air possible ; la probabilité d’obtention de cette vitesse théorique est
comprimé à l’intérieur des barres de l’enroulement), soit, plus très faible et, de ce fait, les règles de sécurité adaptées au calcul
fréquemment, au rotor par circulation d’air à l’intérieur des bobines varient un peu d’un pays à l’autre, la règle la plus conservatrice étant
axialement (groupes bulbes), radialement ou tangentiellement à de limiter les contraintes dans le rotor aux 2/3 de la limite élastique
travers de multiples perforations en nid d’abeilles, aménagées dans pour cette vitesse d’emballement, la règle la plus libérale étant de
la bobine par l’utilisation d’un cuivre à profil dentelé périodiquement tolérer, à cette vitesse, une déformation permanente du rotor dans
dans son épaisseur (figure 5) ; ce dernier procédé est extrêmement les limites de l’entrefer.
efficace lorsqu’il est combiné avec une ventilation radiale par la jante. Le rapport entre la vitesse d’emballement N e et la vitesse
synchrone N dépend du type de turbine (tableau 1) ; sa valeur est
de l’ordre de 1,6 pour les turbines Pelton, 1,7 à 2 pour les turbines
Francis et 2,5 à 3,5 pour les turbines Kaplan. Pour les turbines Francis
réversibles de pompage, ce rapport peut descendre à 1,4. (0)
Les parties de machine où s’exercent les contraintes les plus
élevées sont la jante et les attaches de pôles ; en service normal,
ces contraintes sont évidemment très faibles puisqu’elles varient
comme le carré de la vitesse et les phénomènes de fatigue qui sont
pris en considération dans le calcul des rotors de turboalternateurs
ne sont pas pris en compte pour les alternateurs hydrauliques.

2.2.2 Attraction magnétique

La force d’attraction magnétique entre le stator et le rotor en cas


d’excentrement de l’un par rapport à l’autre est considérable dans
les alternateurs hydrauliques parce que l’entrefer y est beaucoup
plus réduit (0,5 à 3 cm) que dans les turboalternateurs (4 à 10 cm)
et les dimensions (diamètre × longueur) plus grandes. Pour un
alternateur de 200 MVA à 150 tr/min, cette force est de l’ordre de
40 000 N par millimètre d’excentrement ; elle est notamment prise
en compte dans le calcul de la carcasse et dans l’étude des vitesses
critiques dont la valeur est abaissée par l’existence de cette force.

Figure 12 – Groupe bulbe de l’usine marémotrice de la Rance


(Cliché Neyrpic Grenoble)

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Tableau 1 – Caractéristiques particulières de différents types d’alternateurs à pôles saillants


Puissance N U Xd X d′ X ′′d Ta
cos  Ne /N Kcc
(MW) (tr/min) (kV) (1) (1) (1) (s)
Hydrogénérateurs
classiques
turbine Pelton ........... 5 à 200 0,9 à 0,8 300 à 1 500 1,6 à 1,8 3 à 18 0,7 à 1,2 1,6 à 0,9 0,25 à 0,35 0,20 à 0,30 3à6
turbine Francis.......... 10 à 800 0,9 à 0,85 100 à 375 1,7 à 2 3 à 18 0,8 à 1,6 1,5 à 0,75 0,25 à 0,40 0,20 à 0,35 3à8
250 à 1 000 (2) 1,4 (2)
turbine Kaplan
ou hélice ................... 10 à 150 0,95 à 0,85 70 à 150 2,5 à 3,5 3 à 18 0,9 à 1,6 1,4 à 0,75 0,25 à 0,45 0,20 à 0,45 3à8
Groupes bulbes ........ 1 à 100 1 à 0,9 70 à 150 3 à 3,5 3 à 10 0,8 à 1,2 1,6 à 1,2 0,35 à 0,55 0,30 à 0,50 1à4
Compensateurs
synchrones ............... 30 à 350 0 750 à 1 000 1,2 10 à 20 0,45 à 0,8 2,5 à 1,5 0,30 à 0,50 0,25 à 0,45 3à8
Les minimums et maximums ne sont pas absolus mais usuels.
(1) valeurs réduites.
(2) pompage.

2.2.3 Vitesses critiques. Flexibilité des appuis 2.3 Caractéristiques particulières


Les vitesses critiques de flexion de la ligne d’arbre sont calculées 2.3.1 Relation chute-débit-vitesse-puissance
afin de s’assurer que leur situation par rapport à la vitesse synchrone
et à la survitesse ne présente pas de risque ; il est généralement aisé Une des caractéristiques essentielles des alternateurs hydrau-
pour les groupes de puissance moyenne de situer la première vitesse liques est leur adaptation à la chute d’eau (§ 4.1) équipée avec peu
critique au-dessus de la vitesse d’emballement, mais pour les très de degrés de liberté. La puissance totale d’une chute est égale au
grands groupes, cette condition est plus difficile à réaliser et exige produit du débit Q par la hauteur de chute H ; si cette chute est
une très grande rigidité des supports des paliers. Rien ne équipée de n groupes, la puissance par groupe est QH/n et la vitesse
s’opposerait en principe à situer cette première vitesse critique de rotation N est reliée aux caractéristiques Q, H, de la chute et au
au-dessous de la vitesse synchrone comme c’est le cas pour les nombre de groupes par une relation de la forme :
turboalternateurs, elle y serait certainement mieux tolérée que dans
la zone des survitesses où le groupe peut fonctionner pendant des nH 0,5
durées plus longues avec des sollicitations mécaniques plus N = k -----------------
Q
importantes.
On calcule également la vitesse critique de torsion de la ligne Le choix se borne donc généralement au nombre de groupes,
d’arbre entre alternateur et turbine ainsi que la fréquence propre de une étude économique montrant si l’on a intérêt, ou non, à choisir
torsion du stator sur ses assises, notamment pour les groupes un nombre plus réduit de groupes à vitesse plus lente.
devant démarrer en moteur asynchrone, car toutes les fréquences
excitatrices comprises entre 0 et 100 Hz sont développées au cours
du démarrage, puisque le couple asynchrone contient une 2.3.2 Pôles saillants, paramètres
composante pulsatoire à fréquence double de la fréquence de de dimensionnement
glissement.
La structure magnétique du rotor à pôles saillants est plus avanta-
geuse que celle du rotor lisse, au point de vue de l’économie du
2.2.4 Comportements anormaux de la ligne d’arbre dimensionnement, d’environ 15 %. Ce privilège tient à la forme
particulière de la distribution de l’induction magnétique des pôles
Le comportement d’une ligne d’arbre est généralement considéré saillants, dont l’amplitude du fondamental est toujours supérieure
comme normal quand le faux-rond de l’arbre en service normal à l’induction réelle, et à la forme du champ de réaction d’induit, dont
n’excède pas 0,1 à 0,2 mm au diamètre ; ce faux-rond, qui inclut le l’amplitude du fondamental est toujours inférieure à l’induction
mouvement du centre de l’arbre dans ses paliers, les défauts réelle.
d’alignement des différents tronçons d’arbre et les défauts de La structure à pôles saillants conduit aussi à considérer, pour
construction de l’arbre, suit fréquemment le rythme du tour avec une toutes les caractéristiques magnétiques, deux valeurs : l’une définie
figure plus ou moins complexe dont l’analyse est utile pour améliorer sur l’axe du pôle ou axe direct, l’autre définie sur l’axe interpolaire
le comportement. L’évolution du faux-rond au cours de l’exploitation ou axe transversal ; les valeurs d’axe direct interviennent notamment
peut servir à détecter des désordres (usure d’un palier, dans tous les phénomènes de court-circuit où la force magnéto-
décentrement, court-circuit de bobines polaires, etc.) ; il y a lieu alors motrice de réaction d’induit est centrée sur l’axe direct, alors que
d’examiner soigneusement les circonstances d’apparition de ce les valeurs d’axe transversal interviennent dans l’étude des phéno-
faux-rond anormal (rotation mécanique à vide, mise sous champ, mènes en charge où le décalage angulaire introduit une composante
prise en charge, survitesse, etc.) pour diagnostiquer la cause du transversale. Le diagramme de Blondel permet la représentation
désordre et y remédier. vectorielle du fonctionnement en tenant compte des grandeurs des
deux axes.
Le rapport de la réactance synchrone transversale Xq à la réactance
synchrone longitudinale (ou directe) Xd est compris entre 0,6 et 0,65.

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Le rapport de la réactance subtransitoire transversale X q′′ à la 2.3.3.3 Fonctionnement en régime déséquilibré

réactance subtransitoire longitudinale X d′′ dépend du type de Le taux de déséquilibre permanent admissible dépend de la
conception de l’amortisseur, mais il est de toute manière très
liaison interpolaire de l’amortisseur ; il est de l’ordre de 1,4 sans
supérieur aux besoins des réseaux habituels, avec une valeur
liaison et tombe à une valeur très voisine de 1 avec une bonne
de I2 /In admissible de l’ordre de 15 à 20 % (In intensité nominale,
liaison électrique.
I2 composante inverse).
Les paramètres libres servant de base au dimensionnement des
Le fonctionnement déséquilibré transitoire toléré est caractérisé
alternateurs hydrauliques sont plus nombreux et plus variables que
par une valeur de (I2 /In)2 t de l’ordre de 30 s.
ceux définissant les turboalternateurs ; on retrouve bien entendu :
— la puissance active fixée par la turbine P (MW) ;
2.3.3.4 Fonctionnement asynchrone temporaire
— le facteur de puissance fixé par le réseau, cos ϕ ;
— la tension U (V) ; Là encore, la tolérance des générateurs hydrauliques est plus
— la vitesse synchrone N qui est variable dans de très larges grande que celle des turboalternateurs, mais cette possibilité n’est
proportions (d’environ 70 tr/min à 1 500 tr/min) ; réellement mise à profit que dans deux cas :
— le rapport de court-circuit Kcc souvent imposé, pour assurer la — le couplage asynchrone, ou autosynchronisation, dans lequel
tenue des lignes à vide sans autoamorçage synchrone, à des l’alternateur est couplé sans synchronoscope, à une vitesse voisine
valeurs comprises entre 0,7 et 1,6 ; du synchronisme (écart de l’ordre de ± 5 %) ; l’alternateur s’auto-
— la vitesse d’emballement Ne (tr/min), variable de 1,4 à 3,5 fois synchronise après une très courte période de marche asynchrone
la vitesse synchrone ; (de l’ordre de la seconde), au prix d’un violent appel de courant réactif
— quelquefois la réactance transitoire longitudinale X d′ lorsque créant une perturbation momentanée de tension ; ce procédé a été
la stabilité de la transmission est critique ; utilisé en France pour certains groupes bulbes, mais est tombé en
— l’inertie qui est liée aux caractéristiques hydrauliques de désuétude ;
l’adduction en intervenant dans le calcul de la vitesse de fermeture — le démarrage asynchrone, depuis l’arrêt, de groupes de
et de la surpression dans la conduite d’amenée ; l’inertie est souvent pompage, lorsque ce procédé est retenu (§ 3.1.3.6).
exprimée, en valeur réduite, par le temps de lancer :

Ta = 2,75 MD 2 (N 2/S) 10 –6 2.3.3.5 Court-circuit, faux-couplages


Les efforts auxquels ces fonctionnements conduisent sur les
avec M masse,
enroulements sont moins considérables que pour les turboalter-
D diamètre de giration, nateurs et tous les alternateurs hydrauliques sont conçus pour
S puissance apparente, résister à ces efforts pour le court-circuit franc aux bornes.
qui représente le temps que mettrait l’alternateur à passer de
l’arrêt à la vitesse synchrone s’il était soumis au couple normal. 2.3.3.6 Variations de charge
Les caractéristiques particulières des différents types d’alter- Le fonctionnement à charge cycliquement variable ne crée pas de
nateurs à pôles saillants sont résumées dans le tableau 1. contraintes aussi sévères que dans les turboalternateurs, et c’est un
des gros avantages des centrales hydrauliques de pouvoir prendre
très rapidement la charge ; c’est pourquoi elles sont le plus souvent
2.3.3 Caractéristiques particulières réservées à la production de la puissance aux heures de pointe et
en fonctionnement anormal au réglage de la fréquence. Beaucoup d’alternateurs hydrauliques
démarrent deux fois par jour. Certains alternateurs-moteurs de
Les alternateurs hydrauliques manifestent à l’égard des fonction- centrales de transfert d’énergie démarrent dix fois par jour.
nements anormaux une tolérance plus grande que les turboalter-
nateurs, ce qui tient à leurs caractéristiques moins poussées en
régime normal (densités de courant plus faibles).
3. Alternateur-moteur
2.3.3.1 Tension anormale et compensateur
Des tensions situées accidentellement hors de la limite habituelle
de ± 5 % sont aisément tolérables sans risque pour l’alternateur, dont synchrone
la protection de surtension est généralement réglée à la valeur de
1,2 Un (Un tension nominale). 3.1 Alternateur-moteur
2.3.3.2 Surcharge en courant
3.1.1 Divers types de groupes de transfert
Il est assez fréquent de demander que l’alternateur soit capable d’énergie
d’une surcharge permanente de 10 % sans échauffement
dangereux ; cette clause est généralement respectée sans sur- Les stations de transfert d’énergie se développent au fur et à
dimensionner l’alternateur car les garanties d’échauffement corres- mesure que la part d’énergie fournie par les centrales nucléaires
pondent généralement à la classe B, alors que les isolations s’accroît, car ces dernières s’accommodent encore imparfaitement
modernes sont généralement spécifiées classe F (§ 1.3). de variations rapides de charge ; il appartient donc aux stations de
En régime thermique transitoire, la constante de temps des alter- transfert d’énergie de consommer l’énergie excédentaire des heures
nateurs hydrauliques est beaucoup plus élevée que celle des grands creuses et de la restituer (aux pertes près) aux heures de pointe.
turboalternateurs à refroidissement direct (environ 30 minutes Parmi les diverses solutions envisagées (stockages par compres-
contre quelques minutes) et, de ce fait, l’apparition d’une surcharge sion de gaz, par bobines supraconductrices, etc.), le pompage d’eau
transitoire de durée donnée entraîne un échauffement d’autant plus demeure la solution la plus simple et la plus économique : il suffit
réduit. La surexcitation de plafond (généralement 1,6 fois l’excitation de trouver un relief convenable et un très petit débit d’eau capable
en charge) peut être tolérée par l’inducteur pendant plusieurs d’assurer le remplissage initial du bassin et de compenser les pertes
minutes, et une surcharge du stator de 30 % pendant quelques d’eau par évaporation ou infiltration.
minutes est quelquefois spécifiée par le maître d’œuvre. Divers types de groupes de pompage existent.

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■ Dans les groupes séparés, le pompage et le turbinage sont assurés 3.1.2.4 Survitesse
par des groupes indépendants qui peuvent même ne pas être logés
Les groupes réversibles ont généralement une vitesse d’embal-
dans la même usine mais font partie d’un même système
lement faible (1,4 à 1,5 N ), ce qui facilite grandement l’obtention
hydraulique ; il existe de nombreuses installations de ce genre en
d’une inertie élevée par augmentation de diamètre ; mais, à l’inverse
France, notamment dans les Pyrénées.
des groupes classiques où l’emballement est un événement excep-
■ Dans les groupes ternaires, solution maintenant obsolète, tionnel de très faible probabilité et où la survitesse consécutive à
l’ensemble des machines est monté sur la même ligne d’arbre qui un déclenchement est très inférieure à la vitesse d’emballement, le
comprend la pompe, la turbine et l’alternateur qui sert en même déclenchement d’un groupe réversible conduit à une survitesse
temps de moteur synchrone. Ces machines sont reliées par des généralement supérieure à l’emballement stabilisé ; on aura donc
accouplements qui peuvent être débrayables en marche ou à l’arrêt. approximativement les contraintes maximales dans le rotor à chaque
Si le passage d’un mode de fonctionnement à l’autre doit se faire déclenchement et cela demande une considération attentive au
rapidement, la pompe est généralement munie d’une turbinette ou regard des contraintes de fatigue, car ce sont les seuls groupes
d’un moteur de lancement permettant de la démarrer et de la coupler hydroélectriques dans ce cas.
à l’alternateur-moteur déjà accroché au réseau ; pendant le fonction-
nement en pompe, la turbine tourne dans l’air. Si le passage peut être 3.1.2.5 Groupes de haute chute
moins rapide, la pompe est reliée à l’ensemble alternateur-turbine
par un accouplement débrayable à l’arrêt ; le lancement de la pompe Pour les chutes de 600 à 1 500 m qui sont parmi les plus rentables
et le couplage au réseau s’effectuent par la turbine qui est ensuite à équiper, la turbine-pompe est à multi-étages et généralement
dénoyée. La ligne d’arbre est donc très longue, avec de nombreux munie d’un distributeur fixe. L’alternateur-moteur est une unité de
paliers, et le génie civil coûteux ; par contre la turbine et la pompe ont grande puissance par pôle car de vitesse élevée, de l’ordre de 100
leurs caractéristiques parfaitement adaptées à la vitesse de rotation à 200 MW, 600 à 1 000 tr/min ou 200 MW, 500 à 750 tr/min. De telles
unique de l’alternateur. unités présentent de grandes difficultés de réalisation, notamment
en ce qui concerne leur refoidissement, ce qui conduit à envisager
■ Dans les groupes binaires ou réversibles, qui sont maintenant le pour ces machines une circulation d’eau au stator et au rotor avec
plus généralement employés, la turbine et la pompe ne constituent des conditions d’économie plus significatives que pour les machines
qu’une seule machine réversible fonctionnant en turbine dans un plus lentes.
sens de rotation et en pompe dans l’autre. Il ne subsiste que deux Le choix d’un distributeur fixe accroît singulièrement la difficulté
machines principales sur la ligne d’arbre qui peut être ainsi du démarrage asynchrone, si celui-ci doit être retenu, car le couple
raccourcie, entraînant un gain sur les travaux de génie civil et sur le résistant de la turbine démarrant en pompe, vanne fermée, est très
prix du groupe. élevé, de l’ordre de 60 % du couple nominal.

3.1.2 Problèmes particuliers aux groupes binaires 3.1.3 Démarrage des alternateurs-moteurs
des groupes réversibles
3.1.2.1 Vitesse variable
Cette simplification du groupe de pompage se fait au prix d’une 3.1.3.1 Généralités
moins bonne adaptation des caractéristiques de la turbine et de la
Dans un projet de station de transfert d’énergie par groupes
pompe qui doivent éviter de tourner à la même vitesse. Des
hydrauliques réversibles, le choix du mode de lancement des
tentatives ont été faites pour réaliser un alternateur-moteur à deux
machines en pompage conditionne, hormis les bassins, la quasi-
vitesses permettant un meilleur rendement global du groupe ;
totalité des éléments de l’installation et influe notablement sur le
l’obtention de ces deux vitesses nécessite une complication
devis des matériels. Ce problème est dominé par deux grandeurs
importante de l’alternateur qui doit être muni d’un rotor spécial à
essentielles :
pôles inégaux et de bobines inductrices commutables, ainsi que d’un
stator à deux enroulements ou à enroulement unique divisé en — le couple résistant de la pompe, qu’il faut surmonter pour
parties commutables selon certains procédés spéciaux. accélérer la machine, varie de 4 à 5 % du couple nominal au synchro-
nisme pour les pompes-turbines à distributeur fermé avec roue
Ces raffinements entraînent un accroissement des pertes élec- dénoyée et drainage de l’anneau d’eau externe, à 30 ou 35 % sans
triques et un surdimensionnement important de l’alternateur- dénoyage ; il peut même atteindre l’ordre de grandeur de 50 à 60 %
moteur. Quelques réalisations de petite taille ont été faites avec plus dans les machines à distributeur fixe ;
ou moins de succès, mais aucune centrale importante n’utilise — l’énergie mise en jeu au cours d’un lancement intervient pour
d’alternateur bivitesse, les maîtres d’œuvre préférant généralement dimensionner certains éléments comme la capacité thermique des
sacrifier un peu de la pureté du fonctionnement hydraulique au profit enroulements de démarrage, le volume du puisard dans le cas de
de la simplicité du matériel. lancement par roue Pelton, etc. Cette énergie est représentée, pour
l’essentiel, par l’énergie cinétique de la partie tournante.
3.1.2.2 Rotation dans les deux sens
Les différents modes de lancement utilisés actuellement sont
Elle impose que l’ensemble du rotor soit pensé pour permettre étudiés dans les paragraphes 3.1.3.2 à 3.1.3.8.
cette inversion ; notamment, la ventilation doit être symétrique, ce
qui est particulièrement simple pour les alternateurs-moteurs à 3.1.3.2 Démarrage par moteur de lancement (moteur-poney)
ventilation radiale pure : les paliers et les bagues d’excitation doivent
également être adaptés à cette double rotation. C’est généralement un moteur asynchrone à rotor bobiné, monté
sur l’arbre à la partie supérieure du groupe, dont le nombre de pôles
est inférieur de 2 à celui de l’alternateur-moteur, pour avoir une
3.1.2.3 Inertie élevée
vitesse synchrone un peu supérieure et permettre l’accrochage. Le
Lors des déclenchements, une turbine-pompe provoque des glissement est généralement réglé par un rhéostat hydraulique. Pour
surpressions dans la conduite, plus élevées que celles provoquées garder un dimensionnement modeste, ce moteur ne peut évidem-
par une turbine classique ; à surpression égale, l’inertie du groupe ment démarrer le groupe que si la roue est dénoyée.
turbine-pompe doit donc elle aussi être plus élevée. Cela conduit à
des alternateurs-moteurs de plus grand diamètre, accentuant les 3.1.3.3 Démarrage synchrone dos à dos
problèmes de contraintes mécaniques dans le rotor et rendant plus
difficiles les conditions de démarrage où l’inertie joue un rôle Il consiste à démarrer en synchrone à fréquence variable le groupe
essentiel dans l’énergie dissipée sous forme thermique au cours du pompe par un autre groupe démarrant en turbine, en ayant préala-
démarrage. blement couplé les deux stators à l’arrêt et en assurant l’excitation
des machines depuis l’arrêt, ce qui nécessite un système d’excitation

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séparé. Ce système exige un schéma électrique convenable Une mention doit être accordée au démarrage dos à dos par un
permettant la liaison entre groupes et ne permet pas le démarrage groupe lanceur commun : si le lancement du premier groupe est
du dernier groupe de la centrale si le groupe lanceur n’est pas un rapide, le temps d’arrêt du groupe lanceur, préalablement au
groupe spécialisé. C’est un système intéressant lorsqu’il existe dans lancement suivant, range le procédé au dernier rang pour la rapidité.
la même centrale des groupes de turbinage pur et des groupes réver-
sibles de pompage-turbinage. Le démarrage à roue noyée peut être ■ L’influence sur le génie civil est à l’avantage du démarrage
envisagé avec cette méthode. asynchrone direct, qui ne nécessite aucun supplément d’aucune
sorte. Par comparaison, les moteurs-poneys demandent une majo-
ration de plusieurs mètres de hauteur de local ou d’excavation. Le
3.1.3.4 Démarrage semi-synchrone lanceur Pelton exige quant à lui des adductions encombrantes (jets
C’est une variante du précédent n’exigeant pas de système multiples), une citerne importante et une installation de relevage des
d’excitation séparé. Le groupe lanceur est démarré à vitesse réduite, eaux utilisées.
par exemple un tiers de la vitesse synchrone, et excité, puis le groupe
■ Le lancement en asynchrone laisse au groupe sa totale indépen-
lancé est couplé en asynchrone à l’arrêt sur le lanceur. Après une
dance. La disponibilité de l’usine entière n’est pas à la merci d’une
courte période de marche asynchrone ne demandant pas de
source unique de démarrage (cas du groupe lanceur auxiliaire, d’un
performances thermiques particulières au groupe lancé, les deux
convertisseur statique de fréquence unique, d’un poste spécialisé
groupes se synchronisent à vitesse réduite et la fin du démarrage
pour l’alimentation des moteurs de lancement, etc.).
est réalisée en synchrone dos à dos, chaque machine étant alors
excitée par son propre système d’excitation. ■ Le démarrage asynchrone direct, à roue noyée, n’engendre
aucune complication pour le reste de l’installation. Du côté élec-
3.1.3.5 Démarrage synchrone à fréquence variable trique, il laisse au schéma toute sa simplicité, n’exigeant aucun
soutirage (moteur-poney), aucun poste spécialisé, souvent doté de
Il peut être réalisé en utilisant comme lanceur non plus un groupe secours (moteur-poney, onduleur). Du côté électromécanique, si la
hydroélectrique mais un convertisseur statique de fréquence (CSF). marche en compensateur synchrone n’est pas recherchée, il est à la
L’économie du système dépend grandement du nombre de groupes source d’une extrême simplification des équipements :
à démarrer avec un seul CSF et du choix fait sur la réserve de sécurité
— pas de dispositif de dénoyage, avec ses tuyauteries, vannes
(CSF de rechange ou pas). Ce mode de démarrage n’est envisageable
motorisées, détecteurs, réservoirs d’air comprimé, etc ;
que roue dénoyée pour conserver un coût admissible. Ce système
— les compresseurs de l’usine sont réduits à environ un tiers.
se généralise de plus en plus (dans ce traité, article Alimentation des
machines synchrones [D 3 630]). ■ Le prix du mode de démarrage asynchrone direct est très intéres-
sant, même quand les conditions particulières sont très sévères
3.1.3.6 Démarrage asynchrone (MD 2 très élevé). Il est inférieur à celui d’un moteur-poney.
Cette méthode conduit à la plus grande simplicité de l’installation Les considérations évoquées ci-avant conduisent à préférer le
et au coût minimal. Elle consiste à démarrer depuis l’arrêt en utilisant lancement asynchrone direct, à roue noyée, si la puissance du réseau
l’alternateur-moteur comme moteur de lancement. Le démarrage est suffisante et si la chute de tension, pendant le lancement, l’auto-
peut être fait soit sous pleine tension, soit sous tension réduite au rise. Seules les contraintes sévères imposées aux machines (et au
moyen d’un autotransformateur, de réactances ou de prises sur le réseau lorsque sa puissance de court-circuit est insuffisante) limitent
transformateur principal. donc son usage.
Dans le cas d’un démarrage à tension réduite, l’appel de courant
au réseau est réduit à une valeur inférieure ou égale au courant 3.1.3.8 Technologie des surfaces polaires
nominal, mais la roue doit être dénoyée pour réduire le couple Au cours du démarrage asynchrone d’un groupe de moment
résistant. Un dispositif de réduction de tension (autotransformateur d’inertie i ayant à vaincre un couple résistant C r , l’énergie dissipée
ou réactance) est à prévoir. en chaleur pendant le temps T dans l’enroulement de démarrage
Dans le cas d’un démarrage sous pleine tension, l’appel de courant du moteur de lancement est égale à :
sur le réseau ne peut guère être inférieur à 2 In et crée donc une
chute de tension qui dépend de la puissance de court-circuit du
réseau à cet endroit ; cette chute, qui dure quelques dizaines de
1
W = ----- i ω 2 +
2

0
T
( ω 0 – ω ) C r dt
secondes, constitue une contrainte pour l’exploitation du réseau. Le
démarrage direct présente aussi l’avantage de permettre de avec ω vitesse angulaire (ω 0 au synchronisme).
démarrer à roue noyée car le couple moteur est généralement La première partie, égale à l’énergie cinétique des masses tour-
suffisant ; l’énergie thermique dégagée dans les épanouissements nantes, ne dépend que du moment d’inertie, et non de la durée du
polaires est considérable dans ces démarrages asynchrones et la démarrage.
technologie des pôles doit être adaptée en conséquence (§ 3.1.3.8)
La seconde partie dépend du couple résistant et est d’autant plus
et peut devenir relativement complexe. Des contraintes
importante que le temps de démarrage est long.
électrodynamiques sévères imposées aux machines et au réseau par
ce type de démarrage en restreignent fortement l’emploi, malgré son Dans le démarrage à roue dénoyée, le deuxième terme est assez
intérêt économique. souvent négligeable, tandis que, dans le démarrage à roue noyée,
il peut, suivant la valeur du couple et la durée envisagée, multiplier
3.1.3.7 Comparaison des modes de démarrage l’énergie cinétique par 1,3 à 2.
Dans le cas du démarrage asynchrone par l’alternateur-moteur
■ Dans une usine comportant au maximum deux ou trois groupes principal, cette énergie thermique se dégage dans les épanouis-
réversibles, le démarrage asynchrone direct est sans aucun doute le sements polaires du rotor, qu’ils soient à cage d’amortisseurs ou
plus rapide, même si les démarrages ne sont pas simultanés afin de massifs, et cette chaleur doit être diffusée dans la masse ou évacuée
limiter le courant d’appel au réseau. en limitant la température, les gradients de température, les
Les modes de démarrages qui nécessitent le dénoyage (moteur- contraintes et les dilatations à des valeurs compatibles avec une
poney, turbine Pelton auxiliaire, convertisseur statique de fréquence) bonne tenue du matériel. C’est un problème très complexe, mais
sont toujours assortis d’un couple faible qui a, précisément, néces- on peut caractériser grossièrement la difficulté d’un démarrage par
sité ce dénoyage. Le temps de lancement est alors voisin de 20 fois l’énergie dissipée par unité de surface de rotor, exprimée en J/m2,
le temps de lancer Ta du groupe réversible. pendant la durée du démarrage.

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■ Si cette énergie ne dépasse pas 2 à 3 · 107 J/m2, on peut encore


concevoir une cage d’amortisseurs classique, à dilatation de barres
indépendante si la valeur est proche de 3 · 107 J/m2.
■ Pour une énergie allant jusqu’à environ 4 · 107 J/m2 en un temps
de l’ordre de la minute, on peut utiliser le pôle massif à condition
également que les caractéristiques du couple résistant au voisinage
du synchronisme le permettent.
■ Si l’énergie dépasse nettement 4 · 107 J/m2, le refroidissement
par circulation d’eau de l’enroulement amortisseur de démarrage
devient nécessaire ; un système permet le refroidissement par eau
de l’amortisseur sans adduction d’eau extérieure, au moyen d’une
réserve d’eau contenue dans le rotor et mise en circulation dans les
amortisseurs au moment du démarrage de manière autonome, sans
pompes à embarquer, en utilisant exclusivement l’accélération et la
vitesse du groupe.

3.2 Compensateurs synchrones


Figure 13 – Compensateur synchrone de 300 MVAR à 900 tr/min
[Poste de Duvernay (Canada)]
3.2.1 Utilisation dans les réseaux

Les compensateurs synchrones sont des moteurs synchrones


tournant à vide, dont l’excitation est réglée pour fournir ou absorber 4. Environnement
la puissance réactive qui permet, par son transit en un point du
réseau, d’ajuster la tension de ce point. 4.1 Turbines d’entraînement
Très employés en France dans les années 50 et 60, les
compensateurs ont été délaissés ensuite au profit des condensateurs ■ Les plus hautes chutes (plusieurs centaines de mètres) sont
statiques qui sont devenus plus compétitifs par suite des progrès équipées de turbines Pelton (dans le traité Génie mécanique article
techniques réalisés dans les films diélectriques très minces. Le coût Turbines hydrauliques. Description et évolution [B 4 407]). Primitive-
d’investissement par kvar de ces condensateurs est plus faible et ment, ces turbines, qui ont comme ancêtre la roue de moulin, étaient
leurs pertes sont seulement de quelques watts par kvar au lieu de à axe horizontal et à un seul jet. Puis le nombre de jets s’est multiplié
10 à 15 pour un compensateur synchrone. avec l’accroissement de la puissance et, actuellement, ces turbines
Les compensateurs synchrones ont toutefois conservé un rôle sont généralement à axe vertical avec un nombre de jets atteignant
important dans les pays à lignes longues et peu maillées où, en plus 5 à 6 dans les plus grandes puissances (de l’ordre de 200 MW).
d’un programme d’échange d’énergie réactive, ils assurent le
■ Les chutes moyennes, dans une gamme très large
maintien de la stabilité dynamique par leurs caractéristiques mieux
(40 m < H < 600 m), sont équipées de turbines Francis. Quelques
adaptées à ce rôle que celles des condensateurs (inertie, réactance
petites turbines Francis sont à axe horizontal mais les installations de
transitoire faible, régulation rapide d’excitation). Ils sont encore
moyenne et de grande puissances sont toutes à axe vertical.
utilisés aux États-Unis, au Canada et en Russie où ils ont atteint,
L’alimentation se fait par une bâche spirale à travers un avant-
vers 1975, environ 10 % de la puissance apparente du réseau, mais,
distributeur fixe et un distributeur mobile ; l’eau s’échappe de la roue
même dans ces pays, ils sont progressivement supplantés par les
à travers un diffuseur coudé récupérant une partie de l’énergie
condensateurs statiques.
cinétique de l’eau.
Ce sont les turbines Francis qui atteignent les plus grandes puis-
3.2.2 Puissance. Technologie sances, actuellement de l’ordre de 800 MW.
Ces turbines peuvent fonctionner en pompe par inversion du
Dans les années 50, la puissance par pôle des compensateurs sens de rotation, elles sont utilisées dans les groupes réversibles
était de 10, 20, 30 et 60 Mvar à 3 000 ou 1 000 tr/min ; ces machines de turbinage-pompage.
ont ensuite suivi la progression de puissance des réseaux et sont
■ Les basses chutes (5 m < H < 50 m) sont équipées de turbines
généralement prévues en unités de 150 à 350 Mvar (figure 13) ;
hélices ou Kaplan (qui sont des turbines hélices à pales orientables).
pour les plus fortes puissances, le nombre de pôles est généra-
Ces turbines sont traditionnellement à axe vertical ; depuis 1955,
lement de 8, soit une vitesse de 900 tr/min à 60 Hz et 750 tr/min à
elles ont trouvé une forme nouvelle de développement dans les
50 Hz. Sauf quelques exceptions, l’hydrogène est utilisé pour le
groupes bulbes où l’alternateur est immergé dans un bulbe situé à
refroidissement et pour réduire le niveau des pertes mécaniques.
l’amont d’une turbine à axe horizontal, ce qui permet un écoulement
Quelques très grandes unités utilisent le refroidissement par eau
axial plus simple par suppression de la bâche spirale et adoption d’un
des enroulements.
aspirateur tronconique droit. Cette disposition améliore le
Le lancement d’un compensateur jusqu’au synchronisme est rendement du groupe et réduit le coût des travaux du génie civil de
assuré soit par un moteur de lancement calé sur l’arbre, soit plus la centrale pour des chutes inférieures à 20 m.
couramment par démarrage asynchrone à tension réduite, les pôles
Ces turbines sont également réversibles et peuvent fonctionner
étant soit massifs, soit munis d’amortisseurs.
en pompe, par exemple à la centrale marémotrice de la Rance.
Ces machines sont généralement situées en plein air dans un
poste d’interconnexion.

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4.2 Systèmes d’excitation 4.2.3 Tendance pour les groupes bulbes

4.2.1 Diversité des systèmes. Critères Comme ce sont des machines lentes, une excitatrice séparée a
été employée dès l’origine, avec un groupe tournant d’excitation.
La diversité des systèmes d’excitation est encore plus grande Ce groupe tournant a été supplanté ensuite par un système statique
pour les alternateurs hydrauliques que pour les turboalternateurs. compound, mais un problème particulier aux gros groupes bulbes
est d’avoir à fonctionner dans une enceinte étanche d’air comprimé ;
■ Les installations datant d’avant 1960 étaient équipées d’excita- le risque de pollution par la poussière de charbon provenant des
trices à courant continu ; l’excitatrice est le plus souvent montée bagues d’excitation a conduit à retenir préférentiellement, malgré
directement sur l’arbre en haut du groupe lorsqu’il est vertical, mais son prix plus élevé, un système d’excitation par redresseurs
dans les groupes très lents, les dimensions prohibitives d’une tournants, qui supprime le collecteur à bagues.
excitatrice à accouplement direct lui font préférer un groupe séparé
d’excitation à grande vitesse, comprenant un moteur asynchrone
(généralement à cage) et une génératrice à courant continu. 4.2.4 Tendance pour les compensateurs
■ À partir de 1960, le développement des redresseurs secs au
silicium a amené une grande diversification des schémas (dans ce L’excitation est généralement prévue par un schéma statique
traité, rubrique Électronique de puissance). Les redresseurs secs ont shunt, avec un plafond de tension (tension maximale/tension nomi-
d’abord été installés pour alimenter l’enroulement inducteur de nale) particulièrement élevé pour assurer un réglage rapide. Lorsque
l’excitatrice en remplacement de l’excitatrice pilote, l’excitatrice l’inversion de courant d’excitation est demandée pour permettre
principale subsistant pour la partie puissance et pour protéger les l’absorption de puissance réactive maximale, il est prévu deux ponts
redresseurs contre les phénomènes transitoires, puis, très vite, ils ont tête-bêche.
remplacé l’excitation principale elle-même et les schémas suivants
se sont développés :
— excitation statique compound, avec transformateur de tension
alimentant un pont de thyristors ou un pont mixte à thyristors et 5. Conclusion
diodes, et transformateur de courant alimentant un pont de diodes,
les deux ponts pouvant être en série ou en parallèle ;
— excitation statique shunt, avec transformateur de tension 5.1 Situation actuelle
alimentant un pont de thyristors ;
— pont de thyristors alimenté par un alternateur à tension Dans les pays fortement industrialisés, le potentiel hydraulique est
constante, alimentant simultanément d’autres auxiliaires ; généralement en voie d’épuisement car il fut le premier exploité. En
— pont de diodes fixes, alimenté par un alternateur à tension France, où le relief permet des ressources importantes, la production
variable ; hydraulique, qui était de 58 % de la production totale en 1950, n’en
— pont de diodes tournantes, alimenté par un alternateur inversé représentait plus que 40 % en 1970, et moins de 20 % en 1990.
(inducteur fixe, induit tournant) à tension variable. Seuls certains pays très riches en ressources hydrauliques, comme
Les principaux critères utilisés pour la sélection d’un système le Canada, la Norvège et le Brésil, continuent à assurer l’essentiel
d’excitation sont d’ordres divers : certains sont relatifs aux perfor- de leur développement énergétique à partir de l’eau. Les plus
mances (plafond, rapidité, comportement en perturbation), d’autres grandes réserves d’énergie hydraulique subsistant actuellement
à la sécurité du service (prélèvement de la puissance d’excitation sont situées en Afrique, au Brésil, au Canada, en Chine et en Russie.
directement sur l’arbre, simplicité du schéma, marges sur l’utilisation Dans les pays où l’utilisation des ressources hydrauliques est
des composants), d’autres enfin concernent l’économie (coût de combinée avec celle d’énergie thermique de source fossile ou
premier investissement, facilité d’entretien, encombrement et sa nucléaire, la puissance de base est réservée aux centrales
répercussion sur le coût des travaux de génie civil). thermiques, alors que les centrales hydrauliques, plus souples,
Le poids de chacun de ces critères dépend du type d’installation assurent la fourniture de la puissance de pointe. De plus en plus se
de l’importance et de la situation de l’alternateur dans le réseau. développent des centrales de transfert d’énergie par pompage où
l’eau est pompée en heures creuses vers un bassin supérieur et
turbinée pendant les heures de pointe lorsque la puissance est
4.2.2 Tendance pour les alternateurs classiques fortement valorisée par la demande ; ces stations de pompage
et les groupes de pompage peuvent être installées partout où un relief suffisant le permet, sans
qu’un débit d’apport d’eau important soit nécessaire, car il suffit
d’alimenter le premier remplissage et les pertes par évaporation et
Une tendance très nette s’est manifestée en faveur du schéma
infiltration.
d’excitation statique shunt avec transformateur de soutirage et
pont de thyristors, qui est notamment standardisé en Amérique du Dans les pays en voie de développement, l’énergie hydroélec-
Nord. trique reste privilégiée, car elle permet simultanément un dévelop-
pement énergétique indépendant et une régularisation des fleuves
En France, ce schéma n’a pu connaître le même développement
souvent nécessaire pour d’autres domaines du développement
par suite d’habitudes plus exigeantes des exploitants en cas de
national (agriculture, navigation, etc.).
perturbation (maintien de la surexcitation pendant trois secondes en
cas de court-circuit), que ce système ne peut respecter. En revanche, La puissance unitaire des alternateurs hydrauliques, aussi bien
les schémas statiques compounds ainsi que l’excitation par que des alternateurs-moteurs des stations de pompage, est géné-
redresseur tournant se sont également développés. ralement comprise entre 50 et 800 MVA, avec une tendance vers la
zone 200 à 400 MVA pour les alternateurs-moteurs ; des puissances
Le système utilisant un alternateur à tension constante et un
plus réduites sont encore utilisées dans quelques équipements
pont de thyristors est très peu employé.
complémentaires des pays qui ont déjà largement équipé leurs
chutes principales comme les pays d’Europe, les États-Unis et le
Japon.

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5.2 Perspectives d’avenir 5.2.2 Stations de transfert d’énergie

Ces stations se développent dans les pays où une part substantielle


Les perspectives d’avenir concernant les centrales hydro- de l’énergie est produite par des centrales nucléaires (États-Unis,
électriques classiques sont mieux cernées que celles concernant les Allemagne, Grande-Bretagne, Japon, Taiwan, Corée). La France a
centrales thermiques car la localisation et la puissance totale des suivi ce développement avec un certain décalage.
centrales sont déjà connues, imposées par les conditions
Le programme important de stations de pompage-turbinage, qui
géographiques de relief et d’hydrographie ; seules, les stations de
aurait dû normalement accompagner le programme exceptionnel de
pompage ont un degré de liberté de plus, puisque seul le relief est
centrales nucléaires engagé par EDF depuis 1974, a été un peu freiné
nécessaire.
par les progrès techniques réalisés dans le suivi de charge des
centrales nucléaires. Plusieurs réalisations prestigieuses ont
toutefois été engagées depuis 1975 avec des unités de 250 à 350 MVA
5.2.1 Potentiels hydroélectriques non exploités (Le Cheylas, Montezic, Revin, Grand’Maison, Superbissorte).

■ Les plus grandes ressources hydroélectriques encore inexploitées


se trouvent en Asie du Nord : 5.2.3 Progrès technologiques à attendre
— en Sibérie où il reste environ 100 000 MW équipables ;
— en Chine où l’on peut estimer à environ 500 000 MW le potentiel Il n’est pas certain que l’on assiste à un accroissement de la puis-
hydroélectrique encore équipable. sance unitaire des groupes et il serait surprenant que cette puissance
■ En Afrique, les ressources les plus importantes sont dans le atteigne 1 000 MW. La puissance unitaire maximale actuelle est
bassin du Zaïre où 500 000 MW pourraient être installés lorsque la atteinte au Brésil à la centrale de Itaïpu avec des unités de 800 MW.
demande le permettra. On ne peut pas envisager un développement des alternateurs à
pôles saillants dans le domaine de la cryoélectricité, comme on peut
■ En Amérique du Nord, les ressources sont encore importantes, l’envisager pour les turboalternateurs. Cela tient au grand nombre
avec environ 40 000 MW au Canada, mais dans des zones éloignées de pôles de ces machines, qui accroît considérablement le champ
des centres de consommation. de fuites (au-delà de 4 pôles) des machines sans fer (sans circuit
■ En Amérique du Sud, le Brésil dispose du potentiel hydro- magnétique). Il est donc à peu près certain que l’évolution de la tech-
électrique le plus important avec environ 100 000 MW équipables, nologie dans ce domaine ne sera qu’un prolongement des tech-
devant l’Argentine, qui dispose d’environ 30 000 MW, et d’autres niques actuelles par une amélioration laborieuse des procédés de
pays approchant ce chiffre. refroidissement et un effort de réduction du coût de fabrication.

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