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• Hygiène
Prévention•
Environnement• ،
ه
France Agricole
Cote
LES
Coordination : ue Remy
France Agricole
Groupe France Agricole
؛, cité Paradis 7 5 4 9 3 Paris Cedex 10
SOMMAIRE
Avant-propos .................................................................................................................... 5
G énéralités......................................................................................................................... 6
G lossaire............................................................................................................................ 255
Coordination : Dominique REMY
Auteurs :
Docteur Vétérinaire Gérard BOSQUET
D octeur Vétérinaire Jean-Marie GOURREAU
D octeur Vétérinaire Loïc GUIOUILLIER
D octeur Vétérinaire Jean François LABBE
D octeur Vétérinaire D om inique REMY
D octeur Vétérinaire O livier SALAT
D octeur Vétérinaire Ellen SCHMITT- VAN DE LEEMPUT
D octeur Vétérinaire H ubert VIN
Remerciement :
Je tiens à remercier tous les auteurs, et particulièrem ent Jean-Marie Gourreau pour la
relecture et la correction de tous les chapitres ainsi que Christine Remy pour la réali
sation de plusieurs schémas et dessins et Jean M arie Nicol pour sa participation à
l'iconographie de cet ouvrage.
D om inique Remy
AVANT-PROPOS
Le dernier ouvrage concernant les mammites des bovins publié en 1997 visait à
am éliorer les performances et à dim inuer le coût de la prévention et des traitements
pratiqués. Il s'appuyait sur un principe pédagogique simple mais efficace : comprendre
pour mieux agir. Il devait constituer un outil pour les éleveurs et leurs conseillers afin
de permettre une meilleure com m unication et de décider ensemble de solutions aux
problèmes rencontrés.
Douze ans plus tard, ces objectifs restent d'actualité mais les connaissances concernant
les mammites ont considérablem ent évolué.
Une nouvelle approche, accompagnée de nombreuses avancées scientifiques et tech
nologiques, permet une m eilleure connaissance des mammites. Depuis le début des
années 2000, des études expérimentales ont permis de connaître plus précisément
l'identité du germe responsable de la mam mite par son empreinte génétique (tout
com m e lors d'enquêtes criminelles). Elles autorisent un véritable pistage des bactéries,
depuis les réservoirs jusqu'à la mamelle et ses différents tissus. D'autres expériences
réalisées au laboratoire ont montré com m ent le germe se com portait dans le quar
tier infecté, son agressivité, son pouvoir de pénétration et sa persistance, éléments qui
conditionnent l'expression clinique de la mammite et son évolution. Lors du dévelop
pem ent d'une mam mite dans un élevage, l'approche n'est plus spécifique (staphylo
coque, streptocoque ou colibacille) mais, en fonction du contexte épidém iologique,
il est possible de caractériser les souches bactériennes quant à leur évolution dans la
mamelle au cours du temps.
Ces nouvelles connaissances, qui concernent les germes, ont permis de montrer
l'im portance des bactéries dans la genèse des mammites. Ces connaissances permet
tent aussi de proposer un traitem ent en lactation et au tarissement mieux ciblé et plus
efficace. Il n'empêche que l'identification des facteurs de risque liés à la traite et aux
bâtiments des vaches en lactation et des vaches taries garde toute leur importance. Les
différentes visites qui permettent ces identifications sont analysées ainsi que les moyens
de prévention qui en découlent.
L'importance de la nutrition au cours du péripartum et ses répercussions sur la santé de
la vache et celle de la mamelle sont l'objet d'un chapitre com plet.
Des nouveautés technologiques (robot de traite, nouvelle approche du contrôle de la
machine à traire) se sont développées ces dix dernières années. Elles ont m odifié ou
amélioré le poste de traite et sont décrites ici. Enfin, une approche des médecines
alternatives est proposée à la fin de l'ouvrage.
GENERALITES
La m am mite est une inflam m ation de la mamelle dont l'origine la plus fréquente est
la pénétration d'une bactérie dans un quartier par le canal du trayon. O n différencie
la mammite clinique (entraînant une m odification systématique de l'aspect du lait,
avec présence ou non de signes locaux sur la mamelle et de signes généraux), de la
mam mite subclinique que l'on met en évidence a posteriori, grâce aux comptages
cellulaires somatiques individuels (CCSI) ou à ceux du quartier.
Ce qu'il faut retenir, c'est q u 'il s'agit, dans les deux cas, d'une infection d'un quartier
ou d'une mamelle.
La prévalence est le nom bre de cas d'une maladie à un m om ent donné dans une
population donnée, sans distinction des cas, qu'ils soient nouveaux ou anciens.
Elle peut être exprim ée en chiffres absolus (nombre d'individus si ceux-ci sont peu
nom breux) ou en taux (généralement pourcentage).
Exemple de prévalence : au cours de la campagne 2008, 90 % des vaches étaient
considérées com m e toujours saines (moins de 300 000 cellules (c)/m illilitre (ml) de
lait), et 7 % des vaches l'ont été com m e durablem ent infectées.
L'incidence est le nom bre de nouveaux cas d'une maladie observés pendant une
période et pour une population déterminée.
Exemple d'incidence : au cours du mois de juin, trois nouvelles vaches se sont
infectées (plus de 800 000 cellules/m illilitre de lait).
tendre vers la stabilité فla fin des années 1990. En effet, si l'on observe l'évolution des
Concentrations Cellulaires Somatiques de Tank (CCST) sur le diagramme numéro 1, on
constate que les CCST moyens français sont passés, entre 1985 et 1993, de 530 000
cellules/m illilitre de lait 000 265 فcellules/m illilitre de lait. En 2003, ils ont atteint la
valeur de 225 000 cellules/m illilitre de lait. Ces valeurs permettent de situer la France
dans la bonne moyenne européenne, même si elle est sans doute légèrement plus élevée
qu'au Danemark, aux Pays-Bas et en Allemagne. En revanche, elle est légèrement plus
faible qu'au Royaume-Oni, et nettement plus faible que dans les pays d'Europe du Sud.
Cette dim inution rapide mais décalée par rapport فd'autres pays s'explique en partie par
une mise en place du plan anglais (encadré 3) au début des années 1980, plus tardive
pour la France et la Belgique que pour le Royaume-Uni. Le Danemark quant فlui a une
place particulière dans ia mesure où l'utilisation du m édicam ent est très contrôlée et très
restrictive, avec un taux d'infection semblable aux autres pays.
600 -
س-
400 -
France 0
300 - Q Belgique
Danemark □
200 -
Royaume □ ٧ ٨ ؛
too-
اء
La répartition du nom bre de cas par exploitation montre une grande disparité. Le quart
des exploitations dont les fréquences de mammite sont les plus faibles enregistre moins
de 2 cas pour 100 vaches, alors qu'à l'inverse, le quart des élevages les moins bien
placés doit faire face à plus de 60 cas pour 100 vaches.
Globalem ent, la fréquence des cas cliniques n'a pas évolué favorablem ent depuis 1985.
Les chiffres relevés en France sont même probablem ent en augmentation, phénomène
vraisem blablement en liaison avec une augmentation de la sensibilité des vaches sous
l'effet de l'accroissement du d éficit énergétique en début de lactation et de l'augmentation
de la production laitière associée.
COÛT DES ^ M M IT E S
Les mammites restent la maladie la plus fréquente, la plus pénalisante et la plus coûteuse
des élevages laitiers. Certains considèrent que leur coût représente, en France, un
m illiard d'euros par an dont soixante-dix m illions pour les mammites cliniques.
Elles contribuent pour un tiers au coût global de la santé (environ 230 € /vach e ayant
présenté une mam mite/an ou 32 €/1 000 اde lait), soit un m ontant proche de 80 €
vache présente/an. Cela représente deux fois le coût des troubles de la reproduction ou
des maladies métaboliques, et six fois ceux dus aux pathologies locomotrices.
Certains coûts sont plus faciles à appréhender que d'autres. Les coûts directs d'une
mam mite clinique (perte de lait, coût du traitement, baisse de production, réformes anti-
cipées) peuvent être estimés entre 75 et 150 euros pour les mammites les plus graves.
L'évaluation économ ique des coûts indirects est plus d ifficile à réaliser mais ces derniers
restent significatifs : pénalités induites, surcroît de travail.
Les réformes précoces ont un coût qui a été répercuté sur le prix du litre de lait. Pour
mener une vache à son premier vêlage, il faut com pter entre 1 500 et 2 000 € . Ce
coût d'élevage d o it être réparti sur l'ensemble de la production. L'élevage d'une génisse
réformée avant le deuxièm e vêlage aura coûté plus de 20 € /h l, alors q u'il ne coûte plus
que 5 € /h l si elle produit pendant quatre lactations.
La répartition des pertes est représentée dans l'encadré 4.
Elles portent atteinte à la santé animale. Un autre abord de l'im portance des mammites
est son im pact sur la santé publique car certaines mammites peuvent être provoquées par
des germes appelés agents pathogènes ou contaminants du lait. Ceux-ci sont responsa
bles de toxi-infections alimentaires collectives (TIAC) auxquelles les producteurs de lait
cru sont très sensibilisés. M êm e si la pasteurisation bien menée assainit le lait destiné à
la consomm ation sous toutes ses formes, il faut savoir que le lait et les produits laitiers
ont été impliqués dans 5 % du nom bre de foyers de TIAC déclarés en France entre 1988
et 2001. Cependant, les mammites associées à ces agents restent limitées :
• d'une part parce qu'il s'agit souvent d'infections latentes ;
• d'autre part parce qu'il s'agit souvent d'une contam ination extérieure.
Leur rôle doit donc être précisé mais aussi relativisé ; toutefois, il existe un autre élément
lié aux mammites que l'on peut retrouver dans le lait produit, et qui peut porter atteinte
à la santé publique : ce sont les inhibiteurs dont nous ne dirons que quelques mots ici.
Les inhibiteurs
Ce sont les antibiotiques (essentiellement ceux utilisés pour le traitem ent et la préven
tion des mammites) et les antiseptiques (donc ceux utilisés pour l'hygiène de la traite
et l'entretien de la machine à traire). La présence accidentelle de ces derniers est très
rare. Ils ont :
M
GÉNÉRALITÉS
Les principaux germes pathogènes du lait recherchés (pour des raisons régle
mentaires et médicales), sont : Staphylococcus aureus, Listeria monocytogenes,
Salmonella sp. et Escherichia coli. Il en existe d'autres (Shigella sp., Campylobacter
s.str., les clostridies, etc.). Ils peuvent être présents dans le lait de tank sans passage
obligatoire dans la mamelle. Ils sont alors issus de l'environnem ent proche de la
vache. Mais ils peuvent aussi provenir de la mamelle, soit après avoir provoqué
une mam mite clinique ou sub-clinique, soit parce que l'animal est un infecté latent
(l'animal excrète le germe de façon permanente ou intermittente, sans aucun signe
clinique).
Photo U Listériose chez une vache : remarquez la Photo mm Fèces hémorragiques : la présence de
paralysie hémilatérale au niveau de la tête. L'oreille sang n'est pas systématique lors de salmonellose
droite reste baissée. (Service de pathologie du intestinale, mais elle constitue un signe important
bétail, ENVA) de diagnostic associé à du ténesme (cf. photo 3).
(Service de pathologie du bétail, ENVA)
■
LES MAMMITES
Photo B J Le ténesme est un spasme du sphincter Photo D Sang en nature non digéré : l'émission de
anal. Il est souvent associé à des difficultés de ce sang en nature peut être le seul élément signant
défécation. La queue est toujours maintenue en un ténesme au cours d'une salmonellose intestinale.
position levée. (Service de pathologie du bétail, (Service de pathologie du bétail, ENVA)
ENVA)
sources de contam ination. Celles-ci peuvent survenir en aval par l'interm édiaire du
personnel, de l'équipem ent ou, même, par le consommateur, surtout lorsque les règles
de conservation et les limites de pérem ption ne sont pas respectées.
Com m e les agents pathogènes du lait incriminés - à l'exception de Staphylococcus
aureus (cf. tableau 3) - proviennent rarement de la mamelle et entraînent encore plus
rarement une mammite, on ne peut donc pas rendre responsable les vaches à mammite
d'être les seules productrices d'agents pathogènes.
En outre, l'im plicatio n du lait et des produits laitiers reste faible dans les TIAC pour trois
agents (de 1 à 2 % des TIAC concernées par ces agents). Elle n'est im portante que pour
celles concernées par 5. aureus. (tableau 2). Le lait reste un produit très sain.
Pourcentage de foyers
Nombre de foyers
Nombre total impliquant le lait
Germes impliquant le lait
de foyers et les produits laitiers/
et les produits laitiers
nombre total de foyers
Salmonelles 1 246 23 1,8 %
Le producteur de lait doit-il s'impliquer dans la lutte contre les pathogènes du lait ?
O ui, pour quatre raisons :
• tout d'abord, pour des simples raisons d'éthique ;
• la pression des consommateurs, relayée par les médias et le pouvoir politique, est de
plus en plus im portante ;
• en s'attaquant aux risques de contam ination du lait de tank par les agents pathogènes,
le producteur de lait va dim inuer le risque pour ses vaches d'être infecté par un agent
des mammites (cf. tableau 3 et schéma ٦) ;
LES MAMMITES
• ces agents pathogènes constituent un danger potentiel non négligeable pour la fam ille
du producteur. Rappelons à cette occasion que l'absence d'hygiène au niveau des
mains et des vêtements est aussi dangereuse que la consomm ation de lait cru.
Photo Q La transmission d'un contaminant du lait chez une personne à risque de la famille de l'éleveur
(enfant, femme enceinte, vieillard) survient fréquemment lors d'un contact par son intermédiaire. Il est
donc indispensable de se laver fréquemment les mains ou de porter des gants lors de la traite. (Service
de reproduction animale, ENVA)
Tableau 3 : Fréquence et gravité des infections par les agents pathogènes. Origine de
la contamination
Contamination du lait
Agents Fréquence Origine intra- Prévention
pathogènes du lait et gravite Origine
mammaire (avec
Environnement
ou sans mammite)
Peau du trayon, Fréquente (mais
Hygiène
Staphylocoques Fréquents et mains du trayeur seuls 10 % des
de la traite,
enterotoxinogenes sous estimes (30 à 60 % des staphylocoques
soins de la peau
(pouvant car entraînent staphylocoques de vaches
des trayons
provoquer des des diarrhées d'origine humaine mammiteuses
et de la peau
troubles digestifs) bénignes. sont toxiques pour sont toxiques pour
du trayeur.
l'Hom m e). l'Hom m e).
M oyennement
0,6 % des vaches
fréquent.
provenant
De bénin à grave.
Salm onella sp. d'élevages ayant
Formes
livré un lait
diarrhéiques et
contaminé.
avortements.
O n retrouve des
Rare.
vaches excrétrices
Grave. Hygiène
dans moins de
Septicémie. du bâtim ent
Listeria sp. 2 % des troupeaux
Avortements. Déjections. de la litière
fournissant un lait
Formes méningées et hygiène
contam iné par des
rares. de la traite.
Listeria.
Très rares.
Colibacilles colibacilles
produisant De moyennement responsables de
certaines toxines grave a grave. mammite clinique
sont responsables
de TIAC.
GÉNÉRALITÉS
Coliformes
Listeria sp.
Salmonelles
Mode de transmission moins fréquent
------------------------------ ►
Litière
I
I I
M ain — - -►
du trayeur ... . ٠. | Lavette |
I I
I I
La définition donnée au début des généralités, dans l'encadré 1, est une définition
simple mais satisfaisante dans la mesure où, en une phrase, elle fait la discrimination
entre mammites clinique et sub-clinique, tout en les décrivant succinctement.
O n peut aussi définir les mammites en fonction de leurs signes cliniques, et en les
classant en cinq catégories :
Dans les quatre cas, la mam mite est qualifiée de mam mite clinique subaiguë.
La dernière cause de mam mite est le traumatisme : un choc violent peut entraîner un
hématome intra-m am m aire mais, le plus souvent, ce sont des traumatismes ou des
agressions de la peau du quartier ou du trayon qui sont à l'origine de la mammite.
Enfin, le canal du trayon peut connaître une sténose, soit فla suite d'une lésion provo-
quée par un dysfonctionnem ent de la machine فtraire, soit par un autre obstacle com m e
un papillom e. ٨ ٧ bilan, l'aboutissement de ces agressions est une infection secondaire,
comme cela est montré dans le 5théma ١,
LA MAMMITE - UN ORGANE, DES DÉFENSES ET UN AGRESSEUR
A n ato m ie du trayon
Le trayon est une structure creuse, longue de 5 à 7 cm. Il contient une citerne générale
m ent rem plie de lait. Sa paroi est constituée d'une épaisse couche fibro-élastique mêlée
de faisceaux de fibres musculaires lisses. Sa souplesse lui permet de s'adapter et de se
m odifier en fonction des pressions exercées par le vide dans le manchon trayeur. Il est
entouré d'une peau fine et glabre (sans poil), ce qui facilite son nettoyage mais la rend
relativement fragile.
La peau est un élément im portant du trayon. Cette zone glabre constitue sa première
défense.
Pour que Ja peau soit protégée des contaminations Jors des déplacements en zone
souillée, le trayon d oit être situé à une distance relativement éloignée du sol. Deux
valeurs sont données :
• l'une, qualitative : le trayon d o it être situé au-dessus de la ligne du jarret ;
• l'autre, quantitative : une étude montre q u'il y a deux fois plus d'infections chez les
vaches dont le sphincter est situé à une distance inférieure à 53 cm du sol, par rapport
à celles dont la distance est supérieure à 53 cm.
Mais la partie la plus im portante est le canal du trayon d'une longueur de 1 centi
mètre, lequel est généralement fermé. Pendant la traite, son diamètre peut atteindre
2 m illimètres et il ne se referme qu'au bout de deux heures. De même, en début de
LES MAMMITES
Photo H Coupe d'un trayon : le canal du trayon est Photo H La peau du trayon : elle est sans poil,
étroit et court ; il occupe uniquement l'extrémité ce qui facilite son nettoyage mais la rend aussi
du trayon, ce qui le rend très fragile. (J.-M. Nicol) plus sensible aux traumatismes et aux agressions
chimiques. (D. Remy)
Photo E l Position des trayons : les trayons sont positionnés au-dessous du jarret chez la première vache,
et au-dessus chez la seconde. (D. Remy)
LA MAMMITE - UN ORGANE, DES DÉFENSES ET UN AGRESSEUR
période sèche, un bouchon de kératine se forme, lequel permet une étanchéité totale,
en moyenne, au bout d'une semaine. Cette durée varie en fonction des trayons. Certains
d'entre eux ne sont pas étanches durant toute la période sèche. L'étanchéité du canal
du trayon est donc assurée par différentes structures décrites dans la figure 1. Ces struc
tures, ainsi que la kératine, sont à l'origine des défenses du trayon.
Peau du trayon
FLUX DE LAIT
Photo D Fistule ٢١٧ trayon : cette lésion, non Photo El Trayon surnuméraire : il peut être
congénitale, peut provenir d'un échec chirurgical. supprimé chirurgicalement. Il convient d'assécher
La suture de la paroi du trayon n'est pas étanche. le quartier correspondant. (J.-M. Nicol)
(J.-M. Nicol)
mamelle ne sera plus apte à la traite mécanique puisque les trayons s'écarteront vers
l'extérieur. Les quartiers sont couverts de poils plus ou moins long (cf. photo 10).
Membrane
connective fine
Bassin (sépare les quartiers
avant les quartiers arrière)
Avant
Gauche
Droite
Ligament latéral Ligament Arrière
(encercle le pis)
M édian
(sépare
les quartiers droits
des quartiers gauches)
La mamelle de la vache laitière est constituée de quatre quartiers séparés qui com por
tent chacun un trayon. Ils contiennent des alvéoles glandulaires ou acini mammaires
qui, formés de lactocytes, synthétisent le lait. Ces alvéoles sont entourées par un tissu
parenchymateux et sont reliées à la citerne de la glande d'un volum e moyen de 400 ml
via les tubules et les canaux galactophores. Le lait sécrété dans une des glandes ne peut
pas passer par une autre glande. Les quatre quartiers sont séparés physiquem ent-par
différentes structures dont les ligaments médians. Lorsqu'un germe pénètre par le canal
du trayon, il n'infecte qu'un quartier. Cette citerne de la glande est séparée de la citerne
du trayon par un repli annulaire (cf. figure 3).
La mamelle est irriguée par de nom breux vaisseaux sanguins et lymphatiques. Cinq cents
litres de sang doivent circuler dans la glande mammaire pour produire un litre de lait.
Lorsqu'une vache produit 60 litres de lait par ]٠٧٢, cela signifie que 30 000 litres de sang
ont circulé à travers la mamelle. Cet organe possède aussi un système lymphatique qui
transporte les déchets فl'extérieur de la glande. Quelquefois, au m om ent d'un premier
vêlage, les génisses peuvent souffrir d'œ dème dû, en partie, فla présence de lait dans la
mamelle qui com prim e les différents vaisseaux et bloque la lymphe dans l'organe.
Les mécanism es des défenses hautes de la m am elle (com prendre ce qui se passe
lorsque le germ e franchit la barrière ثمالtrayon [défenses basses de la m am elle])
Les germes pathogènes qui parviennent malgré tout قtraverser l'extrém ité du trayon
doivent affronter les défenses antibactériennes présentes dans les sécrétions lactées,
s'ils veulent coloniser la glande mammaire et provoquer une mammite. Dans les tissus
infectés, la réponse de l'organisme va se décomposer en deux étapes qui se superposent
en partie :
٠ Une réponse vasculaire : la réponse inflamm atoire précoce, composante de la
réponse précoce de l'im m unité innée, va permettre l'augmentation de la perméabilité
vasculaire et du flux sanguin. Il en résulte un afflux de cellules et de facteurs solubles
indispensables au bon fonctionnem ent des défenses mammaires.
Elle se traduit par quatre signes cliniques qui sont :
- de la rougeur (dilatation des vaisseaux sanguins et, donc, augmentation du flux
sanguin au niveau de la zone lésée) ;
- un gonflem ent : il est le résultat d'un œdème, c 'e s t^-d ire une infiltration intra-
tissulaire de lymphe interstitielle form ée فpartir du plasma qui sourd entre les
cellules endothéliales des vaisseaux sanguins distendus ;
LES MAMMITES
- de la chaleur : elle est provoquée par l'afflux sangu¡□ mais, aussi, par la libération
de substances capables de provoquer de la fièvre (substances pyrogènes) ;
- de la douleur : c'est l'œ dème qui, souvent, com prim e les terminaisons nerveuses
du derme, mais différentes toxines libérées par les bactéries infectieuses ou des
substances libérées par les cellules lésées peuvent aussi la provoquer.
L'inflammation peut avoir un rôle négatif lorsqu'elle est exagérée. Cela conduit à une
altération de la fonction de l'organe ou du tissu atteint. Les mécanismes de l'inflam m a-
tion reposent sur la libération de nombreuses substances chim iques qui causent tous
ces événements.
• Une réponse cellulaire : celle-ci s'appuie sur les cellules de la lignée blanche (appe-
lées aussi globules blancs ou leucocytes). Les propriétés des leucocytes présents dans
la mamelle et de ceux nouvellem ent recrutés vont alors jouer un rôle crucial dans
l'établissement potentiel de l'infection intramammaire car ils sont les seuls فpouvoir
la juguler en l'absence d'antibiotiques.
• Les différentes cellules de la lignée blanche :
- Les macrophages représentent le type cellulaire dom inant dans le lait et les tissus
d'une glande mammaire saine. Ils phagocytent les bactéries qui réussissent à fran-
chir la barrière du trayon (cf. phagocytose).
- Les polynucléaires neutrophiles (PNN) : ce sont des leucocytes qui ont pour fonction
de phagocyter et de détruire les bactéries. Ils peuvent également sécréter des subs-
tances antibactériennes. Ils sont en nombre relativement faible dans la glande mam-
maire en bonne santé (environ 115 ف ه% des cellules somatiques). Cependant, leur
nombre augmente de façon spectaculaire au cours de la mammite pour atteindre
plus d'un m illion par ml (environ 90 % des leucocytes). La phagocytose par les
PNN est le moyen de défense le plus efficace contre les infections bactériennes.
- Les lym phocytes : ce sont de petites c e l^le s rondes que l'on retrouve principale-
m ent dans le sang et les organes lympho'i'des, tel le thymus, les ganglions lympha-
tiques et la rate. Ils sont capables de reconnaître des antigènes via des récepteurs
spécifiques. Les lym phocytes sont divisés en deux groupes principaux, les lym pho-
cytes ٢ et les lym phocytes B.
- Les lym phocytes T ont deux fonctions dans la mamelle :
- ils détruisent les cellules lésées ;
- ils sont indispensables pour que les lym p ho cyte s B puissent se d iffé re n cie r
en cellules p ro d u ctrice s d'anticorps.
- Les lym phocytes B produisent des anticorps ou im m unoglobulines (IG). Dans le
lait sain, on trouve des IG1, et, dans le lait infecté, des IG2 qui apparaissent en
grande quantité. Les IG de la mamelle ont essentiellement un rôle d'opsonisation.
L'opsonine est une substance facilitant la phagocytose de la bactérie par les macro-
phages et les PNN.
• La phagocytose (du grec phagein = manger) :
- Les macrophages et les PNN (appelés aussi phagocytes ou cellules phagocytaires)
aidés par les opsonines associées فd'autres substances, capturent les bactéries
ayant pénétré dans le quartier et nettoient tés tissus lésés en absorbant les cadavres
des cellules mortes. Cette intense activité est appelée phagocytose.
- Celle-ci est facilitée grâce فdeux phénomènes que l'on rassemble sous le nom de
chim iotactism e des PNN :
- afflux de nom breux PNN dans la cellule infectée ;
LA MAMMITE - UN ORGAN E, DES DÉFENSES ET UN AGRESSEUR
Si tout fonctionne bien, la bactérie disparaît et l'infection est jugulée. Cette évolution
favorable n'est généralement pas la règle, et d'autres évolutions peuvent survenir :
٠ la bactérie peut résister à la lyse, persister dans le cytoplasme du phagocyte et, même,
s'y diviser, provoquant la m ort de celui-ci : c'est alors le point de départ d'une infec
tion. C'est le cas de S. aureus qui survit très bien dans la cellule phagocytaire ;
٠ la bactérie peut se m ultiplier très rapidement, et les défenses sont alors submergées.
C'est ce qui se produit avec certaines souches d'£. coli ;
• enfin, la bactérie a un pouvoir invasif élevé et elle pénètre alors dans le tissu de
la mamelle puis passe dans le sang. C'est ce qui se produit avec d'autres souches
d'£. coli.
La phagocytose n'est pas sans danger car, lorsqu'il y a élim ination de la bactérie lysée,
les enzymes et les dérivés oxygénés nécessaires à la destruction de la bactérie sont
LES MAMMITES
aussi libérés. Ils vont détruire ies tissus environnants, dont l'épithélium et le co njon ctif
mammaire. La phagocytose est donc une arme à double tranchant.
Tableau 1 : Points forts et points faibles de !'anatomie de la mamelle pour lutter contre
l'infection et l'apparition de mammites.
Évolution de l'infection
Les secondes, Escherichia coli et Streptococcus uberis, sont des bactéries dont le milieu
de vie est le bâtiment, en particulier la litière, et sont transmises principalem ent entre les
traites. Néanmoins, elles peuvent l'être aussi pendant celle-ci, suite à un défaut d'essuyage
des trayons en em pruntant les modes de transmission des germes de traite.
Le com portem ent de 5. aureus correspond à celui connu par ailleurs. Il a le pouvoir
de pénétrer le plus profondém ent grâce à un équipem ent enzym atique perform ant. Ce
com portem ent n'est pas transposable chez les staphylocoques à coagulase négative
(SCN) (cf. les germes des mammites).
O n sait maintenant que certains streptocoques et colibacilles ont, eux aussi, la possibi
lité de s'im planter profondém ent dans la mamelle. Enfin, certaines souches de coliba
cilles ont la capacité de passer dans le sang : on parle alors de bactériémie.
Il existe cependant une règle générale : plus les infections sont anciennes, plus on a de
chance de retrouver des bactéries dans le tissu glandulaire (cf. schéma 3).
Les m am m ites sont le résultat d'une c o m p é titio n e n tre un germ e et les cellules
de la lignée blanche
Lors d'infection de la mamelle, une bataille s'engage entre les bactéries qui se m u lti
plient dans le lait et les cellules arrivant plus ou moins rapidement en nombre de la
m oelle osseuse. L'issue de la bataille dépend à la fois du caractère pathogène de la
bactérie, de sa localisation dans la mamelle et de l'efficacité des défenses cellulaires
(cf. schéma 4).
Les cellules gagnent : il s'agit alors d'une guérison spontanée. Celle-ci intervient en
moyenne dans 20 % des cas environ. Elle peut atteindre 80 % pour Escherichia coli.
LES MAMMITES
Adhésion et pénétration
de St. uberis
M a m m ite
M oelle osseuse
Lymphocytes
Cfi C )■
Vaisseaux
macrophages
Schéma 4 : La mammite est une compétition entre les germes et les cellules du lait
١،
E S
Clinique
Guérison Subclinique
m _
LES MAMMITES
Les concentrations cellulaires atteintes lors de mammites cliniques sont très supérieures
à celles obtenues lors de mammites subcliniques. Lors de mammite clinique, du fait de
l'élim ination du lait de la traite due à la mise en œuvre du traitem ent antibiotique et du
respect du temps d'attente, on n'observe pas de m ontée leucocytaire au niveau du tank
(schéma 6).
Nombre
؛؛cellules/ml
M am m ite c lin iq u e
X ١ 000
Schéma 6 : Les mammites cliniques sont caracté^sées par des CCSI qui augmentent fortement
durant quelques traites mais qui diminuent rapidement par la suite
■
LA MAMMITE - UN ORGANE, DES DÉFENSES ET UN AGRESSEUR
Schéma 7 : Comptages cellulaires individuels d'une vache infectée sans signe clinique,
par traite, sur 15 traites successives.
L'AGRESSEUR
La liste des germes responsables de mammites cliniques et subcliniques est longue (plus
d'une centaine d'espèces bactériennes !) (cf. encadré 1). Certaines bactéries comm e
Staphylococcus aureus, Streptococcus uberis, Streptococcus dysgalactiae et Escherichia
coli sont à l'origine de l'im mense m ajorité des infections, Streptococcus agalactiae ayant
pratiquem ent disparu suite à l'utilisation systématique du traitem ent antibiotique hors
lactation. Les staphylocoques à coagulase négative restent très fréquents chez les p rim i
pares . A cela viennent s'ajouter des levures et des algues.
La structure des bactéries est variable et plus ou moins complexe. Les éléments
principaux sont :
• Les « enveloppes » plus ou moins complexes qui entourent la bactérie. Elles
peuvent être très réduites ou, au contraire, très développées.
• Le core (ou cytoplasme) qui contient le matériel génétique, فsavoir l'A D N dont
certaines parties (ou plasmides) peuvent éventuellem ent se transmettre entre
bactéries. Il s'agit de l'un des mécanismes de transfert des facteurs de résistance
aux antibiotiques entre bactéries.
Certaines bactéries pathogènes peuvent produire des toxines qui agissent locale-
m ent ou à distance comme, par exemple, dans le cas des mammites toxinogènes.
La distinction entre bactéries à Gram + et à Gram - est liée à la structure de la
paroi bactérienne. Celle-ci correspond au résultat obtenu en réalisant une double
coloration des bactéries avant examen au microscope. Les bactéries à Gram + (ex :
aureus) apparaissent le plus souvent bleues, et les bactéries à
Gram - (ex : Escherichia coli) rouge orangé.
■
LA MAMMITE - UN ORGANE, DES DÉFENSES ET UN AGRESSEUR
Jusque dans les années 1990, la connaissance des agents responsables des mammites
était liée à des résultats d'essais cliniques dans le cadre d'évaluation de l'efficacité des
spécialités pharmaceutiques. Celle-ci était donc partielle et basée sur les examens
bactériologiques.
Avec l'identification génotypique des souches (empreinte génétique), il est possible de
mettre en évidence le caractère oligoclonal (petit nombre de souches) ou polyclonal
(grand nom bre de souches) des espèces bactériennes (cf. schéma 1).
souches
Ceci a également permis de « pister » les bactéries depuis les réservoirs jusqu'à la
mamelle et les différents tissus mammaires infectés. O n peut savoir par exemple si
l'infection mammaire du quartier de la vache X est due à Escherichia coli qui s'est
implanté dans la mamelle antérieurement. O n peut connaître également si la souche est
responsable de la m am mite de la vache ٧ .
□ans le cadre des mammites, on distingue généralement les germes pathogènes majeurs
et les germes pathogènes mineurs.
Les germes pathogènes majeurs sont appelés ainsi majeurs du fait de leur im portance
tant économ ique qu'épidém iologique.
Escherichia coli
Dans la fam ille des entérobactéries, Escherichia coli a une place prépondérante. C'est
une bactérie à gram - , à caractère poly ou m ulticlonal (de nombreuses souches d'une
même espèce sont présentes au sein d'un troupeau). Son habitat est constitué par le
logement des animaux. C'est une espèce peu contagieuse (le risque de contam iner un
animal sain à partir d'un animal infecté est exceptionnel).
LES MAMMITES
Lors de m am mite clinique, on pourrait penser que la souche d'Escherichia coli qui la
provoque vient d'infecter la mamelle. Or, il a été dém ontré qu'environ la m oitié des
mammites cliniques à entérobactéries qui se déclarent pendant les 100 premiers jours
qui suivent le vêlage s'im plantent pendant la période sèche. En pratique, il existe deux
catégories de souches :
• Des souches environnementales qui s'installent pendant la lactation. Elles se tradui
sent 9 fois sur 10 par des mammites cliniques. Certaines d'entre elles peuvent être
sévères. Il s'agit des fameuses « mammites colibacillaires » dues à une libération
massive de toxines dans l'organisme. Certains colibacilles très invasifs provoquent
une bactériémie précoce (passage des bactéries dans le sang) avec possibilité de
m ortalité des animaux.
• Des souches « mammaires » qui s'im plantent pendant la période sèche avec une
expression clinique peu sévère (mammite clinique subaiguë), voire nulle (subclinique),
la plupart des cas intervenant dans les trois mois suivant le vêlage. Ces souches ont
des caractéristiques particulières. Contrairem ent aux souches précédentes qui sont
le plus souvent rapidement éliminées, elles sont plus invasives, adhèrent et pénètrent
dans les cellules épithéliales mammaires. Faiblement sécrété, et par intermittence,
Escherichia coli peut ne pas être retrouvé lors d'une analyse bactériologique.
Photo U Escherichia c o li : une source permanente : les fèces : ce germe est excrété en permanence et
en grande quantité par les vaches. (D. Remy)
Les colibacilles se m ultiplient très vite (toutes les vingt minutes), ce qui explique que
leur nom bre augmente rapidement (cf. figures 1 et 2). Un colibacille produit plus de
seize m illions de bactéries en 8 heures.
LA MAMMITE - UN ORGANE, DES DÉFENSES ET UN AGRESSEUR
Staphylococcus aureus
ا؛s'agit d'une bactérie فcaractère © ه جأ!ه٧ m onoclonal net, avec une très grande tendance
à !'internalisation dans les tissus mammaires grâce à son système enzym atique très déve-
loppé. Cette bactérie a la particularité de se mettre à l'abri dans des micro-abcès et dans
les cellules, et de ne plus être excrétée dans !e !ait : sa recherche peut alors se révéler
faussement négative. La pérennité de ce germe dans le troupeau est aussi assurée par les
nombreuses plaies que l'on peut retrouver sur !e trayon et sur la mamelle (photos 2 5 )ف.
Une فdeux souches sont responsables de 80 % des infections فStaphylococcus aureus
dans un troupeau. Il s'agit d'un m odèle contagieux, les animaux se contam inant à partir
de vaches infectées pendant les opérations de traite ou à partir d'un trayon infecté.
LES MAMMITES
'ÿmm
Photo H Les crevasses : les crevasses comme
les gerçures sont les principales sources de
Staphylococcus aureus. Celles-ci devront être
l'objet de soins importants lors du post-trempage
présentant des propriétés cosmétiques. (J.-M.
Gourreau)
Photos Q Q El Trois lésions plus rares, mais non exceptionnelles, pouvant potentiellement héberger
Staphylococcus aureus. (J.-M. Nicol)
LA MAMMITE - UN ORGANE, DES DÉFENSES ET UN AGRESSEUR
Streptococcus uberis
Il s'agit d'un germe ubiquitaire (qui se m ultiplie et survit partout) (photos 6 à 8). Il est
présent sur la peau et les trayons de la mamelle, le pelage, les naseaux, la cavité buccale
et l'intestin ainsi que dans les voies génitales. Ce germe peut même contam iner des
prairies à forte densité d'animaux et « surpâturées » comme, par exemple, les parcs
reservés aux vaches taries dans les élevages hors-sol. Il est responsable de la m ajorité
des mammites dans les pays où l'élevage extensif domine.
Photo B Les veaux tétés. Longtemps Photo H Mamelle dans la paille : la paille
incriminés, ces animaux semblent être une est une source importante d'Escherichia col¡.
source moins probable de Streptococcus Streptococcus uberis semble s'y développer
uberis. (J.-M. Nicol) très rapidement. (J.-M. Nicol)
Streptococcus dysgalactiae
Ce germe est moins fréquem m ent rencontré que Streptococcus uberis mais il peut
être responsable d'infections mammaires graves à subcliniques. Sur le plan é colo
gique, Streptococcus dysgalactiae se com porte davantage com m e un germe à réservoir
mammaire que Streptococcus uberis dont la source principale reste la litière ou le pâtu
rage. Un des réservoirs de Streptococcus dysgalactiae sont les trayons crevassés (comme
Staphylococcus aureus). En revanche, en terme de pathogénicité, il donne souvent des
mammites plus sévères que Streptococcus uberis.
Ces agents infectieux sont considérés com m e mineurs du fait de leur moindre importance
tant économ ique qu'épidém iologique. Néanmoins, certaines espèces dont les staphylo
coques à coagulase négative (SCN) comm encent à poser des problèmes en exploitation.
Lors d'un examen bactériologique du lait, il est possible, après la colonisation bacté
rienne du tissu nutritif, de réaliser des tests biochim iques parmi lesquels le test coagulase
(cf. Le diagnostic bactériologique). La coagulase est une enzym e excrétée dans le milieu
de culture au cours de la croissance bactérienne et détectable par un test de laboratoire.
Ce dernier différencie les staphylocoques dorés (ou aureus) disposant d'une coagulase,
des autres n'en possédant pas (les staphylocoques à coagulase négative ou SCN).
O n connaît à l'heure actuelle une petite vingtaine d'espèces isolées dans les infections
mammaires. Ces staphylocoques à coagulase négative génèrent m ajoritairem ent des
mammites subcliniques. Mais, dans certains cas, des mammites cliniques parfois aiguës
peuvent se déclarer. Plusieurs quartiers sont alors souvent atteints.
La prévalence des mammites à staphylocoques à coagulase négative est en augmentation
à l'heure actuelle mais sans conséquence sanitaire ou économ ique notable pour l'instant.
Les infections persistent pendant la lactation, et les guérisons spontanées (contrairement
à celles provoquées par Staphylococcus aureus) sont nombreuses pendant le tarissement.
Ces bactéries sont fréquentes sur les génisses (cf. encadré 2).
Le taux d'élim ination spontanée de ces infections pendant la lactation est impor-
tant. Néanmoins, il existe un taux d'infections persistantes responsables de pertes
économiques non négligeables qui pénalisent le coût du renouvellement.
Com m ent identifier le problèm e au sein d'un élevage ?
L'ensemble des données bibliographiques sur les mammites cliniques des prim i-
pares révèle une moyenne de 8 à 10 % d'infections. Le nom bre réduit de primipares
au sein d'un troupeau rend d ifficile la déterm ination d'un seuil. Il semble cepen-
dant pertinent de donner des repères afin de détecter s'il s'agit bien d'un problèm e
spécifique des génisses, et non d'un problèm e de troupeau au sein duquel les prim i-
pares peuvent s'infecter, au même titre que les multipares et selon le même modèle
épidém iologique.
IES MAMMITES
Les m ycoplasm es
Les cas de mammites à mycoplasmes rem ontent à une vingtaine d'années. O n note leur
présence dans de nom breux pays, parmi lesquels, récemment, la Belgique, ce qui n'ex
clue pas sa présence potentielle en France. Les mammites cliniques à mycoplasmes sont
quelquefois liées à d'autres pathologies associées (kératites, arthrites, maladies respira
toires). La production laitière dim inue énorm ém ent, parfois jusqu'au tarissement de la
vache. Les traitements antibiotiques sont inefficaces. Les mycoplasmes sont facilement
transmissibles, les réservoirs se situant dans les quartiers déjà infectés, l'appareil respi
ratoire ou génital de certaines vaches contaminées. Com m e Streptococcus agalactiae,
il se pose le problèm e de l'introduction d'animaux déjà infectés dans le troupeau. La
transmission lors de la traite est souvent très rapide puisque 80 % des animaux peuvent
être touchés en quelques semaines. La grande taille des troupeaux est un facteur de
risque majeur. La séparation des animaux infectés des animaux sains et le contrôle strict
des entrées sont nécessaires, mesures qui dem andent une grande rigueur et qui sont
souvent difficiles à mettre en place.
LA MAMMITE - UN ORGAN E, DES DÉFENSES ET UN AGRESSEUR
Les entérocoques
Appelés aussi streptocoques fécaux en rais©□ de leur origine, ils peuvent contam iner la
litière et sont responsables de mammites subcliniques et cliniques. Ce sont des espèces
difficiles فtraiter par antibiothérapie, et on assiste régulièrement فla survenue de
mammites chroniques. Les mesures de lutte classiques contre les germes environne-
mentaux sont efficaces.
Nocardia sp.
Nocardia sp. est une bactérie فGram + qui a été responsable de graves problèmes de
mammites en France au début des années 1980. Plusieurs dizaines d'élevages ont alors
été touchées. Ge germe semble avoir pratiquem ent disparu de France ces dernières
années. Les mammites très sévères q u'il engendre ont entraîné la réforme et, parfois,
la m ort des animaux (15 % des cas). Files évoluent vers une fistulisation du quartier,
accompagnée d'un fo rt amaigrissement de l'animal. Les facteurs de risque sont liés ف
la fréquence des injections intra-mammaires en lactation et au tarissement, dans de
mauvaises conditions d'hygiène. La pollution des embouts peut se faire فpartir de l'eau,
du sol et des fourrages. Les mesures classiques de contrôle des germes d'environnem ent
sont importantes.
Klebsiella sp. induit le plus souvent des mammites aiguës qui répondent mal aux trai-
tements. O n les trouve fréquem m ent dans la sciure et les copeaux, ainsi que sur les
lavettes mal désinfectées.
Pseudomonas aeruginosa est à l'origine de mammites cliniques aiguës voire, parfois,
suraiguës. La survenue des mammites est généralement sporadique mais elles peuvent
toucher plus du tiers du troupeau. Dans ce cas, la source de l'infection est souvent l'eau
utilisée pour nettoyer le matériel de traite. La transmission de Pseudomonas aeruginosa
peut survenir suite à l'adm inistration de traitements intra-mammaires en lactation ou
hors lactation. La bactérie est capable de résister aux défenses de l'organisme en form ant
un biofilm : c'est pourquoi les chances de succès du traitem ent de ces affections sont
faibles ةnulles.
Serratia sp. provoque des mammites cliniques sans atteinte de l'état général, l'infection
s'établissant en partie pendant la période sèche.
LES MAMMITES
Les levures
Candida entraîne des mammites cliniques de sévérité moyenne qui persistent et s'aggra-
vent suite aux traitements antibiotiques utilisés, pour évoluer vers la chronicité. Celles-ci
sont présentes sur de nom breux supports (terre, plantes, eau). L'humidité est un facteur
favorisant son développement. L'arrêt des traitements antibiotiques favorise l'améliora-
tion des animaux atteints.
Prototheca sp. est une algue responsable d'infections mammaires chez la vache. Elle
provoque des mammites subcliniques ou, au contraire, aiguës. O n assiste فdes augmen-
tâtions cellulaires importantes et فune forte dim inution de la production. Les anti-
biotiques ne sont pas efficaces. Toutes les mesures lim itant les eaux stagnantes ou vives,
la contamination des abreuvoirs, les souillures du sol des étables, les zones boueuses
sont favorables فla lutte contre Prototheca sp.
CONCLUSION
Il faudrait ensuite com prendre d'où viennent les germes. Quand et com m ent se transmet
la bactérie aux autres animaux et quels sont les animaux les plus réceptifs et les plus
sensibles à l'infection ? C'est seulement à partir de ce m om ent-là que des solutions
ciblées et efficaces pourront être proposées.
• s.aureus engendre des infections intra-mammaires chez les génisses. Les vaches
sont peu ou pas concernées par ce type de transmission.
• Arcanobacterium pyogenes a été mis en cause dans la m am mite d'été.
LE DIAGNOSTIC
DES INFECTIONS
MAMMAIRES
ET LEUR TRAITEMENT
DURANT LA LACTATION
LES TROIS DIAGNOSTICS
L'expression cliniq ue
Les mammites se caractérisent par des signes visibles d'atteinte de la mamelle. Le
lait est toujours m odifié. Cela peut se traduire par la présence discrète de quelques
grumeaux et peut aller jusqu'à une m odification beaucoup plus grande, avec présence
d'un liquide séro-hémorragique (mélange d'eau et de sang), un aspect de bière, voire
du pus en nature. A ce symptôme est associé le plus souvent, mais c'est loin d'être
systématique, une atteinte inflamm atoire du tissu mammaire. Cela se traduit par un
gonflem ent du quartier qui s'accompagne fréquem m ent de douleur, d'augmentation
de la chaleur ressentie à sa surface et, parfois, d'une congestion (couleur rougeâtre) du
quartier atteint. Dans les cas les plus graves, on peut également observer une atteinte
de l'état général de la vache avec fièvre, abattement, dim inution, voire disparition de
l'appétit, difficultés motrices et impossibilité à se relever, jusqu'à l'apparition possible
d'un choc et la m ort de l'animal.
Une infection mammaire ne va pas déclencher autom atiquem ent une mam mite clinique
lors de l'invasion de la mamelle. Cela dépend essentiellement du germe en cause. Une
infection par un colibacille déclenche, dans la grande majorité des cas, une mammite
clinique, alors que la contam ination d'un quartier par Staphylococcus aureus passe
souvent inaperçue (cf. figure 1).
90%
80%
70%
60%
50%
40%
30%
20 %
10%
0%
D é te c tio n de la m a m m ite
Le principal défi à relever pour l'éleveur est alors la détection la plus précoce possible de
la mammite clinique. En effet, l'élém ent essentiel d'un traitement, le socle de sa réussite,
LE DIAGN OSTIC DES INFECTIONS MAMMAIRES ET LEURTRAITEM ENT DURANT LA LACTATION
La sensibilité d'un test (examen clinique, dosage des anticorps) est sa capacité à
détecter tous les animaux positifs, donc à lim iter le nom bre d'animaux faussement
négatifs.
La spécificité d'un test est sa capacité à ne détecter que les animaux positifs, donc
à lim iter le nom bre d'animaux faussement positifs.
Ces deux paramètres sont établis à partir d'un test de référence considéré comm e
le « gold standard ».
Pour juger de l'infecti©n d'un quartier, le CMT a donc une sensibilité de 79 % et une
spécificité de 88 % par rapport au test de référence, l'examen bactériologique. Il est un
peu plus efficace pour identifier les quartiers sains que les quartiers infectés.
٠ N 'utiliser que le lait collecté imm édiatem ent après l'extraction des premiers jets.
٠ Éliminer les premiers jets.
• Ne garder que 2 ml de lait par cupule (interprétation délicate au-delà).
• A jouter un volum e égal de réactif.
LES MAMMITES
Score CMT Réaction visible Niveau CCI Score cellulaire CCI moyen
0 12 500 c/m l
25 000 c /m I
Négatif Liquide 0-200 000 c/m l 2 50 000 c/m l
100 000 c/m l
4 200 000 c/m l
Traces Léger précipité 150-500 000 c/m l 5 400 000 c/m l
Précipité mais pas
1 400 000-1 500 000 c/m l 6 800 000 c/m l
de gel
Réalisation du C.M.T.
i r
Photo El Léger floculat qui disparaît après avoir Photo H Si le floculat persiste, le résultat est
remué le mélange en donnant un mouvement rotatif positif. Le quartier est considéré comme infecté.
au plateau : un floculat éphémère ou l'absence Il peut être l'objet d'un prélèvement. (Service de
de floculat doivent être considérés comme une reproduction animale, ENVA)
réaction négative. (Service de reproduction
animale, ENVA)
*
LES MAMMITES
Les conséquences sur la santé générale de la vache vont être très vite graves, avec
disparition de l'appétit et abattement. Sans traitement précoce et adapté, !'hyperthermie
va rapidement laisser place à une hypothermie - température inférieure à 38 °C, voire
inférieure à 37 °C -, à un état de choc avec difficultés locomotrices, voire impossibilité
du relever, et évolution possible vers la mort. Ce tableau clinique ne correspond qu'aux
mammites colibacillaires les plus caractéristiques. Cela ne représente pas, loin s'en faut,
la majorité des infections mammaires dues à des colibacilles.
Photo ■ ؛٠ M am m ite c o lib a cilla ire : la it couleur Photo □ M am m ite colibacillaire : sécrétion
cidre. La sécrétion est devenue translucide, la m odifiée : celle-ci change de couleur. À ce stade, il
p ro d u c tio n de la it du q u a rtie r est perdue. (O. est encore possible d 'in te rve n ir avec succès pour la
Salat) traiter. (J.-M. Nicol)
* g
Photo U ؛j M am m ite purulente en l'absence de soins : le q u a rtie r a fin i par percer. La do u le ur fu t intense
et la perte de poids conséquente. (J.-M. N icol)
plus souvent sur des animaux atteints d'immunodépression. Il n'existe pas de traitement
curatif.
• Mammites à mycoplasmes.
Si l'on s'intéresse à la situation pathologique des infections mammaires dans les autres
pays à fort élevage laitier (Etats-Unis), c'est probablement la cause la plus fréquente des
mammites de demain. En effet, les mammites à mycoplasmes ont pris une importance
grandissante aux États-Unis et commencent à être identifiées un peu partout dans le
monde. Ces mycoplasmes, le plus souvent Mycoplasma bovis, sont à l'origine d'infec
tions mammaires dont les conséquences cliniques sont très variables : cela va de la
mammite aiguë grave, à la simple augmentation des numérations cellulaires. La voie de
contamination la plus fréquente est le sphincter du trayon mais la dissémination peut se
faire par le sang, après une contamination oro-nasale. La réforme des vaches infectées
est le seul moyen de s'en débarrasser.
ء
LE DIAGNOSTIC DES INFECTIONS MAMMAIRES ET LEUR TRAITEMENT DURANT LA LACTATION
mais aussi son utilisation à bon escient. Les circonstances dans lesquelles il doit être
réalisé seront précisées. Enfin, l'examen bactériologique va souvent de pair, dans l'esprit
des gens, avec l'antibiogramme. Or, dans les infections mammaires, l'intérêt d'un anti
biogramme est souvent très discutable. Là aussi, il est essentiel de bien connaître les
limites d'un antibiogramme et ce qu'il faut en attendre exactement.
,__________________________________________ ■
LES MAMMITES
Photos E S et Q
- Dévissez le bouchon.
- Auprès du trayon, m ettez le flacon et le bouchon en p o sitio n horizontale.
- Prélevez un à deux jets.
- Replacez le bouchon sur le flacon.
- Relevez-vous et revissez le bouchon.
A
LE DIAGNOSTIC DES INFECTIONS MAMMAIRES ET LEURTRAITEM ENT DURANT LA LACTATION
L'examen bactériologique
• Où le réaliser ?
Plus de 80 % des infections mammaires sont dues à cinq types de bactéries :
- Staphylococcus aureus.
- Streptococcus uberis.
- Autres streptocoques (S. dysgalactiae, £tt؛e ro co cc^ sp.).
- Escherichia coli.
- Staphylocoques فcoag^ase négative.
■ Staphylococcus aureus
□ Staphylocoque à coag. neg.
٠ Streptococcus uberis
□ Streptococcus dysgalactiae
٥ Autres streptocoques
□ E coli
□ Autres entérobactéries
B Stériles
Or, il est relativement aisé de mettre en évidence ces germes avec un matériel réduit et
ce, avec une bonne exactitude. Ceci explique pourquoi les examens bactériologiques
de lait sont de plus en plus pratiqués dans les cabinets vétérinaires. Ainsi, les résultats
LE DIAGN OSTIC DES INFECTIONS MAMMAIRES ET LEUR TRAITEMENT DURANT LA LACTATION
sont fréquemment obtenus dans un délai beaucoup plus court que dans les laboratoires
spécialisés et ce, pour un coût souvent plus faible. En revanche, certaines bactéries ne
peuvent pas toujours être identifiées, et l'envoi à un laboratoire de bactériologie est
alors incontournable.
٠ Place du diagnostic bactériologique dans la gestion des infections mammaires.
Les modèles épidémiologiques répertoriés, modèles « de traite » ou modèles « envi
ronnementaux », sont rarement rencontrés individuellement. La plupart du temps, les
caractéristiques des infections mammaires dans un troupeau donné intègrent une partie
de ces deux modèles, ce qui ne permet pas toujours d'identifier correctement les agents
infectieux dominants. L'examen bactériologique se révèle alors un outil de premier
choix pour la compréhension des dynamiques d'infection et dans la mise en place des
thérapeutiques les plus performantes. Trois exemples d'examen bactériologique, réalisé
sur des vaches, sont présentés pour montrer l'intérêt économique de ce type d'examen
(cf. encadré 5).
Cas N° 3 : Une vache Prim'Holstein âgée de 7 ans présente des numérations cellu
laires élevées depuis plusieurs mois. Inquiet des conséquences sur ses numérations
cellulaires du lait de tank, l'éleveur demande à son vétérinaire un traitement pour
régler ce problème de mammite sub-clinique. L'éleveur n'étant pas familier des
prélèvements de lait pour bactériologie, le vétérinaire décide d'intervenir sur place.
Un CMT est d'abord réalisé, lequel permet de déterminer le nombre et la répartition
des quartiers infectés. En l'occurrence, 3 quartiers présentent des résultats positifs
au CMT : il s'agit des deux postérieurs et de l'antérieur droit. Le lait de mélange de
ces 3 quartiers est prélevé de façon aseptique et un examen bactériologique est mis
en œuvre. Il montre la présence de Staphylococcus aureus. O r ce germe, dans le
cas présent, se révèle résistant à la pénicilline. Le pronostic de curabilité de ce type
d'infection n'est pas bon. De plus, la vache n'est plus jeune, 3 quartiers sont infectés,
ce qui est beaucoup, et l'agent mis en cause répond mal au traitement. L'animal
présentant en plus un problème d'infertilité, l'éleveur décide de la réformer.
Intérêt : l'isolement du responsable de la mammite sub-clinique permet d'établir
un pronostic raisonné. Cela évite des dépenses inutiles et la conservation d'une
source d'infection dangereuse pour le reste du troupeau.
le diagnostic clinique
Chaque cas de mammite est considéré comme indépendant des autres. L'analyse des
caractéristiques du troupeau est inutile. Il suffit de connaître l'identification du germe en
cause avant de traiter. Or, pour les mammites cliniques, le diagnostic clinique n'est pas
fiable au chevet de l'animal. Ce diagnostic, lié à l'observation des symptômes locaux et
généraux, n'apporte en effet pas d'éléments de différentiation (cf. encadré 6).
■
LES MAMMITES
Troisièm e étape (décrite au cours de la p a rtie 5) : elle perm et, entre autre,
d 'id e n tifie r les facteurs de risque
Facteurs de risque :
Hygiène et technique de traite
Bâtiment
Lésions des trayons, conform ation de la mamelle
Logement des vaches taries, politique de réforme
Dépistage et traitement des mammites cliniques
Ide n tification de la bactérie dom inante, mise en place d'un sous modèle
La deuxième étape consiste à déterminer, quand cela est possible, la bactérie dominante.
En ce qui concerne le modèle environnemental, deux agents pathogènes majeurs sont
possibles : Streptococcus uberis et Escherichia coli. Pour le modèle mammaire, il s'agit
de Streptococcus uberis ou d'un autre streptocoque comme Streptococcus dysgalactiae,
et de Staphylococcus aureus.
Pour identifier la bactérie, plusieurs paramètres sont à prendre en considération.
Certaines informations sont disponibles dans les documents fournis par le Contrôle
Laitier, d'autres sont fournis par les entreprises vétérinaires et par l'éleveur, en particulier
le taux de réforme et le nombre de cas cliniques (cf. encadrés 7 et 8).
LE DIAGN OSTIC DES INFECTIONS MAMMAIRES ET LEUR TRAITEMENT DURANT LA LACTATION
Globalement, ces données sont sous-exploitées. Leur présentation peut varier d'une
région à une autre mais les informations recueillies sont similaires.
Les éléments clés à repérer sont les suivants : le tableau récapitulatif des CCSI sur
12 ou 18 mois.
Les animaux sont classés en fonction de leur statut sanitaire (sain, infecté ou
douteux). Ce tableau permet de positionner les CCSI avant et après l'épisode de
mammite clinique et de calculer l'indice de guérison des infections de la lactation
précédente (nombre de vaches à CCSI supérieur à 300 000 c/ml avant tarissement
et inférieur à 300 000 c/ml après vêlage/nombre de vaches à CCSI supérieur à
300 000 c/ml au tarissement) et l'indice de nouvelles infections (nombre de vaches
à CCSI inférieur à 300 000 c/ml au tarissement et supérieur à 300 000 c/ml au
vêlage/nombre de vaches à CCSI inférieur à 300 000 c/ml au vêlage).
Les autres informations majeures disponibles sur le bilan mammite proprement dit,
calculé sur une période de 12 mois, concernent l'évolution mensuelle des CCSI infé
rieurs à 300 000 c/ml et supérieurs à 800 000 c/ml, le pourcentage de premières
lactations ayant des CCSI supérieurs à 300 000 c/ml, et le pourcentage de vaches
laitières dont les CCSI sont inférieurs à 300 000 c/ml avant tarissement et après
vêlage.
D'autres données sont disponibles au sein des entreprises vétérinaires via des logiciels
professionnels de données (BDIVET, VETELEVAGE) et de comptabilité. Des comptages
cellulaires ainsi que des analyses bactériologiques peuvent être également proposés.
٠*
LES MAMMITES
Sous-modèle Sous-modèle
Critères
à Staphylococcus aureus à Streptococcus uberis
Série de CCSI supérieures Longue Modérée à longue
à 300 0 00 c/m l
après la mammite clinique
CCSI avant le vêlage Élevées en moyenne En augmentation
Indice de guérison Tarissement Faible (< 50 %) Modéré à élevé
(50-70 %)
Sévérité de la mam m ite clinique Faible à modérée Modérée en moyenne
Rechutes Fréquentes Peu à assez fréquentes
Quartiers indurés, fibrosés Assez fréquentes Rares
LE DIAGN OSTIC DES INFECTIONS MAMMAIRES ET LEUR TRAITEMENT DURANT LA LACTATION
De façon simplifiée, dans une exploration caractérisée par des infections mammaires
dues à :
٠ Escherichia هء//, l'exploitation aura des concentrations cellulaires du lait de tank infé-
rieures 000 200 فcellules par ml de lait avec des mammites cliniques ; certaines
seront présentes au début de la lactation avec atteinte de l'état général.
• Streptococcus uberis, dans un modèle environnemental, nous observerons des
concentrations cellulaires dans le lait de tank supérieures 000 200 فcellules par ml
de lait, des mammites cliniques plus ou moins graves et plus ou moins nombreuses
et, plutôt, en début de lactation.
٠ Staphylococcus aureus, les concentrations cellulaires dans le lait de tank seront
supérieures à 200 000 cellules par ml de lait ; les mammites cliniques seront peu
nombreuses, peu spectaculaires, récidivantes et difficiles فsoigner.
Dans la pratique, les choses sont parfois moins nettes, avec chevauchements des
modèles qui peuvent compliquer l'interprétation. Dans ce cas, des examens bactériolo-
giques pourront être mis en œuvre, sous réserve d'en réaliser un nombre suffisamment
conséquent (15 pour un troupeau de 60 vaches).
Au bilan :
1) Les mammites ne sont pas isolées les unes des autres mais bien liées au sein d'un
modèle épidémiologique conditionné par la source de contamination et leurs modes de
transmission. Celles-ci seront identifiées lors de l'étape suivante qui sera décrite dans la
partie prévention pages 103 et suivantes.
2) La situation épidémiologie d'un élevage est peu stable d'une année sur l'autre (20 %
des cas). Cela signifie qu'une analyse de l'élevage doit être réalisée tous les ans ou à
chaque changement majeur de la conduite du troupeau (par exemple : changement
de machine à traire, modification du bâtiment ou de l'hygiène de traite, introductions
d'animaux en raison de l'augmentation du quota, fusion de troupeaux ; changement de
trayeur).
3) Le choix de modèles épidémiologiques n'est pas toujours possible, surtout lorsque
la situation sanitaire se dégrade fortement et que le diagnostic est posé tardivement. En
cas de diagnostic épidémiologique imprécis, des bactériologies pourront être mises en
œuvre. Leur interprétation sera liée au nombre réalisé (15/60 vaches) et à la représen
tativité des échantillons réalisés.
LES MAMMITES
4) L'analyse des documents d'élevage et des données disponibles permet, dans une
bonne partie des cas, d'identifier la bactérie dominante. Cela conduit à optimiser les
protocoles de traitement et de prévention des mammites cliniques et sub-cliniques,
en lactation et au tarissement. Cet objectif est considérable à l'heure où l'utilisation
parcimonieuse et raisonnée des antibiotiques est plus que jamais d'actualité. Lors de
la définition de ces modèles, il est possible d'orienter sur quelques facteurs de risques
caractéristiques. Si on identifie Staphylococcus aureus, on sait qu'il faudra se focaliser
sur la traite. Dans le cas d'Escherichia coli les efforts porteront sur le bâtiment. La majo
rité de nos clients s'arrête là. Pour aller plus loin, réduire la fréquence des mammites
par exemple, il est nécessaire de réaliser une visite d'élevage pour apprécier les sources
de contamination, leurs modalités et la période de transmission des infections. A ce
moment, le vétérinaire pourra prescrire des mesures sanitaires et zootechniques beau
coup mieux ciblées et adaptées.
■
LES MAMMITES
réel que pour les staphylocoques (cf. encadré 1). Pour les agents infectieux classi-
quement isolés d'infections mammaires, la sensibilité aux antibiotiques utilisés est en
général très bonne.
L'intérêt d'un antibiogramme réside dans le fait de pouvoir extrapoler et utiliser les
résultats réalisés sur un seul prélèvement (sensibilité ou résistance) aux autres cas
de mammites survenant dans le même élevage au cours de la même campagne
de traite. Cet examen n'est valable que pour les souches oligoclonales car il s'agit
de la même souche qui sera donc sensible aux mêmes antibiotiques. C'est très
pertinent pour Staphylococcus a^eus et, قun degré moindre, pour les souches de
Streptococcus uberis de modèle contagieux.
Ce n'est en revanche pas valable pour les colibacilles ou pour certaines souches
de Streptococcus uberis qui, provenant de la litière, sont toutes différentes. Elles ne
sont d'ailleurs pas obligatoirement sensibles aux mêmes antibiotiques. Il est donc
inutile de réaliser un antibiogramme lorsque l'on isole ces espèces bactériennes,
d'autant que Streptococcus uberis est très sensible فla pénicilline, et que le nombre
de souches résistantes فcette famille d'antibiotiques reste très limite.
Les caractéristiques mises en évidence sur quelques isolements bactériens peuvent
être extrapolées au reste du troupeau car 80 % des mammites provoquées par ce
germe sont associées فune ou deux souches seulement. A partir de la souche de
Staphylococcus aureus isolée, un test simple peut être mis en place (test à la nitro-
céfine) : il permet de vérifier si cette souche est sensible aux pénicillines G et A ou
non.
Pour ce qui est de la santé humaine, il faut signaler l'apparition de souches de staphy-
locoques dorés résistants à toute la famille des P-lactamines, pénicillines et céphalos-
porines (SARM) d'origine animale. L'utilisation de certaines molécules en pathologie
infectieuse mammaire pourrait représenter un risque potentiel de sélection de popu-
lations bactériennes résistantes, en particulier de bactéries présentes sur la peau des
trayons, lesquelles peuvent transférer les gènes porteurs de ces résistances (plasmides)
فdes souches de Staphylococcus aureus. Les molécules critiques pour l'émergence des
antibiorésistances utilisées en médecine vétérinaire sont les fluoroquinolones (dano-
floxacine, difloxacine, enrofloxacine, marbofloxacine), ainsi que les céphalosporines de
troisième (céfopérazone, ceftiofur) et quatrième générations (cefquinone). Leur emploi
doit donc être très limité et concerner exclusivement les indications ٣٥٧٢ lesquelles
elles ont reçu une autorisation de mise sur le marché (A.M.M.) (cf. en annexe : l'antibio-
résistance et les mammites).
Considérations générales
Trois éléments doivent être pris en compte dans le choix du traitement d'une mammite
clinique :
• les symptômes présentés par l'animal ;
• le degré d'ancienneté de l'infection mammaire ;
• le contexte d'élevage.
-
٢ ”
LES MAMMITES
Enfin, le contexte de l'élevage va, lui aussi, être intéressant à considérer. L'analyse des
caractéristiques des infections mammaires dans un élevage donné peut permettre
d'identifier le modèle épidémiologique dominant. On distingue deux grands modèles
épidémiologiques (cf. diagnostic épidémiologique) :
٠ un modèle dit « de traite » ;
• un modèle dit « environnemental ».
Si un de ces modèles a déjà été identifié, cela permet de connaître les causes infec
tieuses les plus probables, donc de choisir les thérapies les plus adaptées. Cela peut
être complété par l'analyse des résultats d'examens bactériologiques lorsqu'ils ont été
effectués dans cet élevage. Ils renseignent directement sur les agents infectieux présents
et sont un outil précieux dans la sélection des molécules les plus actives.
■
LES MAMMITES
Avantages Inconvénients
M oindre consommation d'antibiotiques. Obstacles (caillots, congestion mammaire)
à la diffusion du produit.
Risque m oindre de sélection de résistance. Risque de contam ination lors de la
Voie locale Adm inistration peu douloureuse. réalisation de l'injection intra-mammaire.
Concentration d'antibiotiques dans le lait Traites répétées qui lim itent la diffusion
élevé. du produit dans la mamelle.
Coût de traitement moindre.
Atteinte de l'ensemble de la mamelle. Choix lim ité aux molécules à bonne diffusion
mammaire.
Effets possibles sur des infections Risque plus élevé de sélection de résistance
Voie
(cliniques ou sub-cliniques) localisées (en particulier de la flore digestive).
générale
aux autres quartiers. Coût supérieur.
Voie essentielle si risque de généralisation Adm inistration plus douloureuse.
de l'infection à l'ensemble de l'organisme.
Ce sont les symptômes observés sur l'animal qui orientent la voie d'administration prio
ritaire. En règle générale, la voie locale suffit lors d'une simple modification du lait, et la
voie injectable est prioritaire lors de répercussions de la mammite sur l'état général de
l'animal. Lors de gonflement du quartier, on peut opter :
• pour la voie intra-mammaire seule, pourvu que la spécialité choisie ait de bonnes
capacités de diffusion ;
٠ pour la voie injectable seule, pourvu que l'antibiotique utilisé diffuse bien du sang
dans le lait ;
٠ choisir une combinaison des deux voies.
A n tib io tiq u e s à spectre é tro it A n tib io tiq u e s à spectre élargi A n tib io tiq u e s à large spectre
Pénicilline G, pénéthamate Céfalexine Céphalonium
Am picilline, am oxicilline Céphapirine Céfopérazone
pour laquelle existent des résultats expérimentaux synergiques dans le lait et qui a fait la
preuve de son efficacité lors d'essais de terrain. Cela épargnerait l'utilisation des molé
cules présentant des conditions strictes d'emploi (fluoroquinolones et céphalosporines
de troisième génération).
Lors de préconisation d'un traitement local et d'un traitement par voie générale, on doit
impérativement associer :
٠ soit la même molécule dans le produit intra-mammaire et le produit injectable ;
٠ soit se concerter au préalable avec le vétérinaire qui validera la possibilité
d'association.
On préférera l'usage des AINS aux AIS en raison des effets néfastes sur l'immunité de
ces derniers. L'intérêt des AIS présents dans certains injecteurs intra-mammaires est
discuté du fait de la résorption très rapide de ces molécules du tissu mammaire dans le
sang.
• L'ocytocine
L'injection de quelques unités d'ocytocine permet de favoriser la vidange lactée dans
les minutes qui suivent son administration. L'élimination du lait avec les bactéries
et, parfois, les toxines associées, est un élément indispensable dans la lutte contre
les infections mammaires. Répéter les traites lors de mammite clinique et favoriser
la vidange lactée représentent des aides significatives dans la thérapie de certaines
mammites, en particulier des mammites toxinogènes.
• Pommades résolutives
Ce sont plus des produits de complément (ou de confort) de traitement que des
thérapies proprement dites. Ils peuvent aider à la diminution de la congestion ou de
l'œdème et, ainsi, diminuer la douleur perçue par l'animal. Leur utilité n'est que très
secondaire lors d'infection mammaire. Si l'éleveur désire les utiliser, les conditions
d'emploi sont les suivantes :
- mouiller la peau avec de l'eau tiède ;
- prendre un peu de pommade dans le creux de la main ou sur les doigts ;
- l'appliquer sur la peau et masser doucement jusqu'à pénétration complète de la
pommade.
• Pratiquer un post-trempage
(cf. photo 4).
de mammite, du (ou des) quartier(s) س س ء هة ه •~ت
affecté(s), de la date d'observation ainsi —
■؛ ■
que du traitement utilisé représente des —
....
أء ، آ
informations essentielles dans la gestion
٠.
du troupeau laitier. C'est la garantie de ... ...
pouvoir respecter convenablement les ل
délais d'attente et d'analyser l'impact réel
; - ص . ب
Au niveau de l'élevage, seuls ces deux critères de guérison sont facilement accessibles
et ont donc une importance fondamentale.
La guérison clinique est la seule souvent prise en compte par l'éleveur. Cependant, elle
ne traduit pas l'élimination de l'agent infectieux initial. En effet, une vache sans signes
cliniques mais avec des numérations cellulaires constamment élevées par la suite n'est
pas guerie.
/ Ma mamelle est \
( normale, mais j'a i ١ a e n c o re ^ ^ ^ x
quelques grumeaux et ر
^ je n'ai plus de cellules ر
^{ءيت)مإهءإأإ(جؤ^م
m [BL
Figure 1 : La guérison bactériologique ou la guérison ce llulaire sont les seuls vrais critères de guérison
I f D IAGNOSTIC DES INFECTIONS MAMMAIRES ET LEUR TRAITEMENT DURANT LA LACTATION
La guérison cellulaire sera beaucoup plus fiable pour juger de l'élimination du germe
responsable de mammite clinique. Deux éléments vont devoir être pris en compte pour
objectiver cette guérison cellulaire :
• La sévérité de la mammite clinique : lors de simples modifications qualitatives du lait,
les numérations cellulaires diminuent rapidement (en une quinzaine de jours), alors
que, lors d'atteinte inflammatoire du quartier, le retour des numérations cellulaires à
des niveaux bas sera souvent plus long (cf. encadré 2).
٠ S'agit-il d'une primipare ou d'une multipare ? Il existe une légère différence du seuil
utilisé en fonction de la parité, les numérations cellulaires restant légèrement plus
élevées pour les multipares (cf. tableau 5).
Les critères de guérison cellulaire suite à une mammite clinique doivent donc prendre
en compte ces deux paramètres.
Dans un quartier sain, les comptages de cellules somatiques (CCS) peuvent varier
de quelques milliers à plus de 300 000 cellules par ml. Les numérations cellulaires
considérées le sont le plus souvent à l'échelle de la vache ; elles correspondent
donc à la moyenne des numérations cellulaires des 4 quartiers. Plusieurs éléments
doivent absolument être pris en compte quant à la bonne interprétation des comp
tages des cellules somatiques :
• Lors d'infections intra-mammaires, la dynamique de l'infection (= équilibre entre
prolifération bactérienne et élévation du nombre des globules blancs, principaux
représentants alors des cellules somatiques) n'est pas un phénomène stable, au
moins au début, ce qui explique les variations brusques des comptages cellulaires.
C'est la raison pour laquelle le statut infectieux d'une mamelle ne peut réellement
se mesurer que si l'on dispose de comptages cellulaires réguliers.
LES MAMMITES
Le premier réflexe serait de sélectionner les animaux qui présentent les numérations
cellulaires les plus élevées. © ٢, ce choix n'est efficace que si l'objectif est de baisser
temporairement le niveau cellulaire du lait du tank. En revanche, si la guérison des
animaux est souhaitée, ce choix est mauvais car des numérations cellulaires très élevées
sont souvent associées aux infections les plus difficilement curables. Une vraie démarche
est nécessaire pour ne traiter que les animaux qui présentent des chances réelles de
guérison. Il est alors fondamental de bien examiner la mamelle et tous les éléments
concernant l'historique de l'infection (cf. tableau 7). De plus, il est nécessaire de déter-
miner le ou les quartiers atteints (par exemple en réalisant un CMT) (cf. tableau 8), ce
qui permettra d'évaluer les chances de guérison et de déterminer, si besoin, les quartiers
qui recevront un traitement local.
LES MAMMITES
Il existe actuellement deux produits commerciaux qui ont obtenu récemment une
indication concernant le traitement des mammites sub-cliniques en lactation, et pour
lesquels on dispose donc de données convaincantes sur leur efficacité.
D'autres produits peuvent être utilisés, voire d'autres schémas thérapeutiques selon
les circonstances mais ils nécessitent d'être établis par un spécialiste disposant d'un
nombre suffisant d'éléments, en particulier pour l'établissement des délais d'attente.
Sans une démarche raisonnée incluant l'animal, l'historique et la cause de l'infection,
LE DIAGNOSTIC DES INFECTIONS MAMMAIRES ET LEURTRAITEM ENT DURANT LA LACTATION
Pénéthamate
M olécule active Pirlimycine.
(ester de pénicilline).
Autres traitements
94
LE DIAGNOSTIC □ES INFECTIONS MAMMAIRES ET LEUR TRAITEMENT DURANT LA LACTATION
Réformer la vache
C'est la solution la plus radicale mais, hélas, économiquement souvent lourde à supporter.
Il ne faut pas oublier toutefois que, lors de pronostic défavorable, c'est souvent la solu-
tion qui sera la plus rentable à long terme. Les vaches présentant des nodules dans la
mamelle ou de graves lésions du trayon et, en particulier du sphincter, qui font à chaque
lactation une série de mammites cliniques et qui ont des numérations cellulaires élevées
sur deux lactations successives, doivent être réformées (cf. figure 2).
Dans l'encadré suivant sont rassemblées les principales recommandations dans le trai-
tement des mammites sub-cliniques (cf. encadré 4).
?lus la vache est âgée, plus l'infection est ancienne, plus nombreux sont les quar-
tiers infectés, moins la vache aura de chances de guérir.
95
LES MAMMITES
CONCLUSION
Le problème qui interpelle souvent les éleveurs est le nombre d'échecs de l'antibiothé-
rapie lors du traitement des infections mammaires. Plusieurs éléments s'additionnent
pour expliquer ce fait :
Tableau 12 : Effets négatifs du lait sur les défenses de la mamelle et sur l'antibiothérapie
Effets négatifs sur les défenses naturelles Effets négatifs sur les antibiotiques
A ctivité de faible durée des cellules phagocytaires pH plus bas que le sang entravant l'activité des
dans le lait. antibiotiques.
Perturbation de l'activité protectrice par Fixation aux protéines du lait —> inhibition de
phagocytose des globules gras et de la caséine. l'antibiotique.
pH bas qui entrave le fonctionnem ent des cellules Liaison aux globules gras des antibiotiques
phagocytaires. lipophiles -» inhibition de leur activité.
Manque de glucose et d 'O pour une activité Fixation du calcium du lait -» réduction de
optimale des phagocytes. l'activité antibiotique.
A ntib io tiq u e s à activité fo rte m e nt réduite dans
le la it : m acrolides, aminosides, tétracyclines et
trim éthoprim e.
Les germ es sont particulièrem ent bien armés p o u r survivre dans la mamelle
Les germes impliqués dans les infections mammaires peuvent présenter toute une série
de caractéristiques qui favorisent leur résistance à l'action des antibiotiques :
٠ présence en position intracellulaire, donc à l'abri des défenses naturelles et de la
plupart des antibiotiques ;
• protection par une capsule périphérique ;
٠ sécrétion de substances (leucocidine) inactivant les défenses naturelles ;
• croissance ralentie, ce qui contribue à les protéger de certains antibiotiques ;
٠ constitution d'une couronne de protéines lactées leur servant de protection ;
96
LE DIAGNOSTIC DES INFECTIONS MAMMAIRES ET LEURTRAITEM ENT DURANT LA LACTATION
Les traitements sont trop tardifs et/ou trop courts et/ou inadaptés
Les antibiotiques sont des substances naturelles produites par certains micro-organismes ;
elles sont actives sur d'autres bactéries. Aujourd'hui, les antibiotiques sont produits par
synthèse chimique.
L'antibiorésistance est la capacité d'une bactérie à résister à l'action d'un antibiotique.
Les cibles des antibiotiques sont nombreuses (cf. schéma 1) ; citons les principales :
• la paroi de la bactérie : la pénicilline, par exemple, agit sur celle-ci ;
٠ le noyau (et son ADN) ;
• une enzyme produite par la bactérie et qui est nécessaire à son développement.
Paroi de
la bactérie
97
LES MAMMITES
Les antibiotiques agissent sur la bactérie suivant deux modes : ils peuvent la tuer (effet
bactéricide) ou bloquer plus ou moins longtemps sa multiplication (effet bactériosta-
tique), ce qui aboutit au même résultat car, par la suite, le système immunitaire prend le
relais en phagocytant les bactéries. L'antibiotique sert alors uniquement à empêcher le
système immunitaire d'être submergé (cf. Défenses de la mamelle).
98
LE DIAGNOSTIC DES INFECTIONS MAMMAIRES ET LEUR TRAITEMENT DURANT LA LACTATION
intervient tardivement, que l'on utilise des doses d'antibiotiques insuffisantes ou que
l'on arrête trop tôt le traitement. De plus, certaines souches ont acquis une résistance à
de nombreux antibiotiques, ce sont les souches multirésistantes (cf. encadré 1).
*Une infection nosocomiale désigne une infection contractée au cours d'une hospitalisation.
À ce jour, seules quelques études ont traité de ce sujet, et aucune n'a pu établir de lien
de cause à effet entre le traitement en lactation ou au tarissement et l'augmentation de
la résistance bactérienne aux antibiotiques.
Comme nous l'avons vu précédemment, le lait dans une mamelle saine est un milieu
stérile. Quand une infection se produit, c'est généralement une souche, parfois deux,
qui contaminent la mamelle, ce qui ne favorise pas les transferts et l'acquisition de
gènes de résistance.
Le danger vient plus de la voie utilisée :
• L'antibiothérapie par voie générale est normalement peu utilisée lors du traitement des
mammites (cf. partie traitement en lactation et au tarissement). Elle est beaucoup plus
nocive pour la santé publique car l'antibiotique diffuse dans tout l'organisme ainsi que
dans les fèces, où s'effectuent de nombreux échanges de gènes de résistance, et qui
sont une voie d'élimination importante de ces antibiotiques.
• Les traitements par voie intramammaire permettent l'élimination de l'antibiotique par
le lait (d'où un temps d'attente pour le lait) ou bien, lors des traitements au tarisse
ment, se dégradent et deviennent inefficaces. L'antibiotique traverse-t-il la barrière
sanguine ? Cela dépend de la famille d'antibiotique utilisée mais, dans les quelques
études faites sur le devenir de certains antibiotiques couramment employés dans
les traitements au tarissement, il a été montré qu'une petite quantité d'antibiotique
a diffusé de la glande mammaire vers le sang après le traitement au tarissement.
Or, cette diffusion laisse entrevoir la possibilité pour l'antibiotique donné au tarisse
ment de pouvoir influencer l'antibiorésistance des bactéries du système intestinal des
bovins. En revanche, ces mêmes études ont montré que ces traitements n'augmen
taient pas la résistance des staphylocoques dorés, pourtant largement incriminés dans
les maladies nosocomiales.
Chez les colibacilles l'augmentation de la résistance du système intestinal des vaches
traitées invite en revanche à la vigilance. En outre, ces bactéries, excrétées dans les
matières fécales des animaux, peuvent se retrouver dans l'environnement, donc poten
tiellement poser un problème de santé publique.
100
LE D IAGNOSTIC DES INFECTIONS MAMMAIRES ET LEURTRAITEM ENT DURANT LA LACTATION
Le vétérinaire est le seul prescripteur d'antibiotiques et, depuis plus de 20 ans, il a accès
à un réseau d'épidémiosurveillance de l'antibiorésistance chez les germes pathogènes
responsables des mammites rencontrées chez les bovins. De plus, il dispose d'un réfé
rentiel de traitement des mammites dans le troupeau qui est largement repris dans cet
ouvrage.
HHHHH
103
LE DIAGNOSTIC
EPIDEMIOLOG/QUE
ANALYTIQUE : POURQUOI ET
COMMENT SE DEVELOPPENT
LES MAMMITES
DANS UN TROUPEAU ?
LES FACTEURS ET
LES INDICATEURS DE RISQUE
iNTROOUCTtON
Le diagnostic bactériologique permet d'identifier l'espèce dominante responsable des
mammites cliniques et des mammites sub-cliniques qui perdurent en fin de lactation, ou
l'espèce qui infecte le troupeau de vaches taries.
Cette première étape est suivie d'une seconde, analytique. La première partie de cette
étape permet de répondre à trois questions :
• D'où viennent les agents (les sources) ?
٠ Comment et quand se transmettent les modes de transmission et de dissémination ?
• Pourquoi certaines mamelles sont-elles plus exposées et plus sensibles à l'infection ?
La deuxième partie permet d'identifier des facteurs de risque qui favorisent l'existence
de certaines souches dans l'élevage, ainsi que la mise en place de certains modes de
transmission. Enfin, certains facteurs de risque affectent les défenses de la mamelle.
Vache
Ä 1
Photo Q Paille propre
en quantité im p orta n te :
au m om ent du paillage,
Photo Kl M anchon
elle est favorable au déve
avec m icrofissures, plus
loppem ent d'Escherichia Staphyloccus. aureus
facilem ent visible à l'aide
c o li et de Streptococcus
d'une loupe, fa c ilite n t la
uberis. fJ.M. N icol)
persistance des germes et,
en p a rtic u lie r de S. aureus.
(J.M. Nicol)
Sources d'E.coli
ou de S. uberis
Photo El Les lésions
du trayon, to u t comme
les gerçures ou les crevasses,
sont une source de
Staphylococcus aureus.
(J.M. G ourreau)
L'éleveur peut les identifier au cours de son activité courante et journalière mais l'assis
tance d'un intervenant extérieur (fabricant de la machine à traire, technicien, praticien
vétérinaire) est souvent nécessaire. Celui-ci s'appuie sur trois moyens de contrôle : la
visite de traite, le contrôle de la machine à traire et une visite de bâtiment qui devra
couvrir celui des animaux en lactation et celui des animaux taris.
À l'identification des sources, des modes de transmission et des atteintes des défenses
de la mamelle, il est nécessaire d'associer les facteurs de risque qui y sont liés. C'est
à partir de leur mise en évidence que l'on pourra formuler certaines hypothèses et
proposer des mesures correctives.
Les sources intra-mammaires sont plutôt à l'origine des mammites de traite : elles
proviennent essentiellement des vaches durablement infectées pendant la lactation ou
non guéries après un traitement au tarissement, et des vaches atteintes de mammites
cliniques non traitées ou non diagnostiquées. Cela peut aussi être les lésions infectées
du trayon.
Les sources extra-mammaires sont plutôt à l'origine des mammites d'environnement :
c'est la contamination des litières dont la population bactérienne est cependant difficile
à apprécier. C'est pour cela que l'on est plutôt amené à estimer le risque de contami
nation d'une litière à travers les facteurs qui la conditionnent (humidité et température
plutôt que son aspect).
Les germes peuvent se transmettre entre les traites ou au cours des traites (cf. schéma 2).
Entre les traites, le germe se transmet de la litière aux quartiers, et le risque est associé à
la contamination de la litière. Les deux périodes concernées par ce mode de transmis
sion sont l'inter-traite pendant la lactation mais, aussi, la période sèche. L'autre mode
de contamination des mamelles entre les traites ou hors traite est celui joué par les
mouches (cf. encadré 1). Le risque occasionné par les mouches n'est pas limité à la
transmission. Il participe aussi à la perturbation de la traite.
106
LA PRÉVENTION
- les mouches de corne (Haematobia irritans) qui séjournent de façon quasi per
manente sur les animaux ;
- la mouche des étables (Stomoxys calcitrans) : ses piqûres douloureuses et nom
breuses (en moyenne vingt fois par jour) sont responsables d'une diminution
de la production lactée de 20 %. En outre, la mamelle est une de ses cibles
privilégiées ;
- à un degré moindre, les moucherons piqueurs (culicoïdes et simulies) car ils
interviennent plus fréquemment à l'extérieur.
• Ils favorisent la transmission de nombreux germes responsables de mammites :
- Les mouches peuvent transmettre plusieurs espèces de germes responsables
de mammite. Ce sont davantage les mouches lécheuses qui jouent un rôle
dans cette transmission, entre autres Musca domestica (mouche domestique)
et Musca automnatis (mouche de la face), qui sont omniprésentes dans les
étables, ainsi qu 'Hydrotea irritans.
- Deux espèces de germes transmis par ces vecteurs ont bien été identifiées :
S. aureus responsable d'infection intramammaire chez les génisses, les vaches
en lactation semblant peu concernées, et Arcanobacterium pyogenes respon
sable de la mammite d'été (cf. diagnostic des mammites page 56) chez les
vaches taries (en période sèche) et les génisses.
- Le vecteur transporteur de l'agent responsable des mammites d'été est Hydrotea
irritans. Elle se distingue d'une mouche domestique par la couleur verte de son
abdomen. On la voit souvent en essaim autour des sérosités mais aussi du sang
car elle possède, sur ses pièces buccales, des denticules qui lui permettent
d'éroder le tégument.
Contamination Contamination
au moment de la traite en dehors des traites
Animaux
Litières
STAPHYLOCOCUES
- s. aureus
STREPTOCOCCUS
- dysgalactine
- uberis COLIBACILLE
Germes inhabituels : - Streptococcus uberis
- Streptococcus agalactiae, mycoplasmes. Germes inhabituels
M anchon trayeur
contam iné par la peau
du trayon ou le lait d'un
trayon contamine.
Traite proprement dite.
M ultiplication active
Le canal du trayon reste
(le germe se dirige de
béant pendant une Juste après la traite.
la peau du trayon à
heure.
l'intérieur du canal).
108
LA PRÉVENTION
Les mécanismes de transmission des différents germes au cours de la traite sont rassem
blés dans le tableau 1 : en consultant la colonne de droite, on imagine mieux le rôle du
trayeur au travers de sa technique et de son hygiène, et celui du bon fonctionnement
de la machine pour éviter la transmission des germes et leur pénétration à l'intérieur de
la mamelle.
m
LES MAMMITES
Photo U La température de la litière est un Photo WM Collerette usée : cette collerette est un
facteur de risque : cette température de 47,6 °C important facteur de risque car elle constitue une
est très favorable au développement des germes niche pour les germes, permet leur transmission et
d'environnement. (J.M. Nicol) peut aussi agresser la peau du trayon. (J.M. Nicol)
٠ Le taux élevé d'éversion des trayons est un indicateur de risque. Seuls les stades 3 et
4 d'éversion sont des facteurs de risque de perte d'étanchéité du canal et du sphincter
du trayon, (cf. tableau 2)
LA PRÉVENTION
_______m
LA PRÉVENTION
Tableau 4
Indicateurs de risque Facteurs de risque à vérifier Mesures à prendre
Entrées d'air : Phénomène d'im pact (cf. partie
suivante pour la description).
- en début de traite Problème de technique de pose. Couder le tuyau court à lait
avant de brancher.
- pendant la traite Associé à des glissements, à des
chutes de faisceau.
- en fin de traite Pratique de l'égouttage (cette Se déshabituer de cette pratique
pratique consiste a appuyer sur au fur et à mesure des velages.
la griffe pour compenser le fait (cf. aussi traite incomplète).
que les manchons ont tendance
à grimper le long du trayon au
cours de la traite, empêchant un
écoulement normal du lait).
Pratique de l'arrachage Respecter un délai de trois à
(cette pratique, favorisant quatre secondes entre l'arrêt
la transmission des germes du vide dans le faisceau et sa
et l'agression des trayons, dépose.
consiste à tirer sur le faisceau
im médiatement après l'arrêt
du vide).
Problème de faisceau.
Problème de manchon. Demander conseil au technicien
Traite incomplète mammite ou machine, voire au
(plus de 200 m l/quartier) fabricant.
Problème de décrochage
automatique.
113
LA PREVENTION
DES NOUVELLES INFECTIONS :
L'ASSISTANCE A LA TRAITE>
L'HYGIENE DE TRAITE>
LA MACHINE A TRAIRE
La traite constitue un moment essentiel de la contamination des mamelles par les germes
pathogènes responsables de mammites cliniques et sub-cliniques.
Les sources de contamination sont doubles :
• les bactéries présentes sur la peau des trayons ;
٠ les bactéries présentes dans les mamelles infectées.
Une bonne hygiène lors de la traite mais aussi un bon fonctionnement du matériel de
traite associé à sa bonne utilisation doivent permettre de limiter le risque de contamina
tion des mamelles durant la traite.
La traite doit également permettre de préserver l'intégrité des défenses du trayon afin de
limiter autant que possible la pénétration des bactéries dans le trayon après la traite.
L'encadré 1 présente les points essentiels permettant de réaliser une traite dans de
bonnes conditions.
Cette partie sera divisée en trois sous-chapitres :
٠ L'assistance traite : le bon déroulement d'une traite et les pratiques à évaluer.
٠ L'hygiène de la traite : les différentes méthodes utilisées.
٠ La machine à traire : son rôle dans l'apparition de nouvelles infections et les mesures
correctives possibles.
L'ASSISTANCE À LA TRAITE
ET L'ORGANISATION DE LA TRAITE
Dans la plupart des cas, cette visite sera réalisée par un intervenant extérieur à l'élevage
(technicien spécialisé ou vétérinaire). Une bonne connaissance de son déroulement et
de ses objectifs peut également aider l'éleveur à analyser les problèmes présents dans
son exploitation, ainsi qu'à bien évaluer ses pratiques.
Le matériel nécessaire pour cette visite est relativement simple : chronomètre, docu
ment d'enregistrement des observations, lampe de poche ou frontale, de bons yeux
et, éventuellement, un manomètre. D'autres appareils spécifiques pourront être utilisés
dans certains cas (voir le sous-chapitre sur la machine à traire).
114
LA PRÉVENTION
Photo U Trayeur se lavant les mains : ce geste Photo b ] Trayeur portant une tenue propre : ce
incontournable peut se répéter plusieurs fois au comportement est indispensable, tout comme les
cours de la traite. (j-F. Labbé) deux précédents. (J-F. Labbé)
Les gains devront être lavées régulièrement durant la traite dès qu'elles sont souillées. Le
port de gants est indispensable si les mains du trayeur présentent des blessures mais, en
temps normal, constitue une bonne mesure pour limiter la contamination des trayons.
Ces gants doivent être changés ou lavés régulièrement pendant la traite. Le port d'une
tenue spécifique pour la traite et, surtout, d'une protection des bras, permet d'améliorer
l'hygiène de la traite.
L'ensemble du petit matériel (gobelet de trempage, bol de traite, tuyaux et bidons utilisés
pour séparer le lait impropre à la consommation, seau...) doit être bien propre et nettoyé
après chaque traite.
١. ،
LA PRÉVENTION
Encadré 1
Lorsque des comportements anormaux sont observés dans le parc d'attente ou lors
de la rentrée des animaux sur les quais de traite, on peut présumer de l'existence
d'un stress subi par les animaux. Ce stress peut être dû à un inconfort dans le
parc d'attente, à une mauvaise conception de ce parc ou de l'accès aux quais, à la
présence de courant électrique dans les stalles ou les quais, à une agression de la
machine à traire ou au comportement du trayeur.
Photo U Ordre de préparation des trayons, traite en épi : dans les salles en épi en deux fois six, préparer
les vaches 3 par 3 est une bonne alternative. Elle permet un temps de préparation correct. (J-F. Labbé)
LES MAMMITES
Différentes méthodes sont possibles pour atteindre ces objectifs. Elles sont décrites
ci-apres.
Cet examen est indispensable car c'est le seul permettant de détecter correctement
et précocement les mammites cliniques en lactation dans les systèmes de traite clas
siques. L'absence de détection des mammites cliniques a obligatoirement, à plus ou
moins long terme, des répercussions sur leur guérison ainsi que sur la concentration
en cellules somatiques du lait de tank.
L'examen des premiers jets se fait idéalement dans un bol à fond noir. Il peut égale
ment se faire sur le sol du quai de traite. Cette méthode n'est pas optimale mais
reste préférable à l'absence complète d'examen des premiers jets. Afin d'améliorer
l'efficacité de cet examen il est possible de peindre des carrés noirs sous la mamelle
des vaches. Dans tous les cas, la lumière doit être suffisante pour pouvoir réaliser
une observation efficace.
' * PRÉVENTION
Afin de ne pas stresser la vache, il faut serrer le trayon entre le pouce et les doigts
plutôt que de serrer le haut du trayon et descendre la main en étirant le trayon.
L'examen se fait si possible avant que le trayon ne soit nettoyé ou désinfecté. Dans
la méthode des lavettes, il se fait traditionnellement après le nettoyage et l'essuyage.
Afin de ne pas souiller de nouveau le trayon, il serait préférable de le faire avant le
nettoyage ou juste à la fin du nettoyage mais avant l'essuyage.
Photo El Examen des premiers jets dans un Photo C l Examen des premiers jets sur les
bol à fond noir : étape incontournable et plus quais : ce choix fréquent car ergonomique est
efficace que la traite des premiers jets sur le facilité par la surface peinte en noir sous la
quai. (J-F. Labbé) mamelle. (J-F. Labbé)
ا
LES MAMMITES
du lait puis un arrêt ou une forte diminution du débit suivi d'une reprise progressive (voir
annexe « Lactocorder »).
Une bonne préparation des mamelles peut réduire la durée de la traite de 25 à
35 secondes ; elle augmente le débit moyen des vaches et permet d'atteindre plus rapi
dement le débit maximal. Ce gain de temps compense largement le temps passé à
réaliser l'examen des premiers jets.
La réduction de ce temps de traite a une répercussion favorable sur l'état des trayons
à la dépose des griffes. L'augmentation du débit moyen du lait de la vache permet de
raccourcir la durée de la phase de fin de traite, période durant laquelle le débit de lait
est plus lent et plus saccadé et, donc, un moment plus favorable à la pénétration des
germes dans la mamelle.
120
IA PRÉVENTION
Photo |£ | Bras de traite. (J-F. Labbé) Photo ه Bras de traite pour traite arrière. (J-F.
tabbé)
: Photo Ou Retrait des bouses avec une raclette Photo ËU Retrait des bouses au jet d'eau : ce
bien que nécessitant davantage de temps, ،ء؛اء système, très efficace, augmente cependant le
manière de procéder présente l'avantage d'éviter les risque de contamination du matériel de traite. ()-F.
éclaboussures sur le matériel de traite. (J-F. Labbé( Labbé)
123
LES MAMMITES
300 à 500 grammes/minutes dans les systèmes avec dépose automatique. Les études
menées à la ferme expérimentale de Derval ont montré que ces seuils élevés n'avaient
aucune incidence, ni sur les taux cellulaires, ni sur celle des mammites cliniques. Ces
réglages permettent de raccourcir le temps de la traite. En l'absence de dépose auto
matique, l'œil et la vigilance du trayeur sont importants. La dépose doit se faire alors
qu'un petit écoulement de lait est encore visible à la sortie de la griffe.
٠ La façon dont est retirée la griffe : que la dépose soit automatique ou manuelle, elle
doit toujours se dérouler de la même façon :
- coupure du vide - l'air rentre alors dans la griffe qui commence alors à glisser ;
- ramassage de la griffe par le trayeur ou le système de dépose.
Si la griffe est retirée avant que le vide dans le manchon ne soit inférieur à 20 kPa, cela
entraîne des lésions du bout du trayon qui favorisent sa colonisation par des bactéries.
• Un piétinement des animaux en fin de traite ou une agitation marquée à la dépose de
la griffe peut indiquer soit qu'il existe de la surtraite, soit que le vide est mal stoppé
lors de la dépose de la griffe.
L'examen des trayons doit se faire dès la dépose des griffes afin de pouvoir bien
noter tous les types de lésions. Seules les lésions d'hyperkératose sont observables
entre les traites. L'examen est à la fois visuel et tactile. Lorsque la salle de traite est
sombre, l'utilisation d'une lampe de poche est nécessaire. Il est essentiel de bien
noter le nombre d'animaux examiné afin de pouvoir calculer par la suite l'incidence
de chaque lésion.
Nombre d'animaux à observer : ce nombre dépend de l'effectif du troupeau. Si la
totalité des animaux n'est pas observée, il est important que le choix des animaux
respecte la proportion de primipares dans le troupeau.
124
LA PRÉVENTION
Photo Q Trayon sale à la dépose : un des facteurs de risque sur cette mamelle est son degré de salissure.
(J-F. Labbé)
125
LES MAMMITES
Micro hémorragies
Anneaux de compression
Hyperkératose
lis&a
128
LA PRÉVENTION
Une fois l'observation des trayons réalisée, il faut enfin s'assurer que le produit de post-
Photo S i Tuyaux abîmés : tout comme les Photo ES Manchon déformé : la déformation
manchons, fes tuyaux doivent être vérifiés et cfe'pencf de nombreux facteurs. C'est le fabricant
changés régulièrement, en tenant compte du qui reste le meilleur conseiller en matière de choix
nombre de vaches traites par poste. (J-F. Labbé) des manchons. (J-F. Labbé)
129
LES MAMMITES
Le nettoyage de la machine
Cette phase est essentielle afin d'assurer un bon fonctionnement de la machine à traire,
de livrer un lait de qualité et, enfin, de limiter la contamination des trayons par les
manchons. Tout cela doit se faire en évitant le rejet de produits de nettoyage dans
l'environnement.
Les différentes étapes du nettoyage de la machine à traire sont les suivantes :
• le prélavage : il permet une première élimination des souillures organiques et bacté
riologiques. Cette étape se réalise avec de l'eau à 30-35 °C. L'eau froide serait moins
efficace pour éliminer les matières organiques, et de l'eau plus chaude favoriserait
l'apparition de dépôts.
٠ le lavage se fait avec de l'eau chaude. Il combine une action mécanique avec les
turbulences et une action chimique avec le détartrant ou le détergent. Ces actions
doivent être appliquées pendant 6 à 10 minutes. L'eau, en début de cycle, doit être
au minimum de 65 °C mais, idéalement, de 70-75 °C. En fin de cycle, la température
minimale ne doit pas être en dessous de 35 °C et, si possible, proche de 40 à 45 °C.
Classiquement, on utilise en alternance le matin et le soir un produit alcalin chloré et
un produit acide. Dans tous les cas, un produit doit être utilisé à chaque lavage. En
130
LA PRÉVENTION
cas de pression microbienne élevée et si l'eau utilisée n'est pas calcaire, il est possible
d'utiliser plus souvent l'alcalin chloré que l'acide. Dans certaines situations, l'acide
ne peut être utilisé qu'une à deux fois par semaine. Le chauffe-eau doit donc avoir
une capacité suffisante pour le lavage de la machine et du tank. Dans les grosses
installations, il est conseillé d'installer un chauffe-eau industriel qui permet d'obtenir
de l'eau à 90 °C.
٠ Le rinçage se fait à l'eau froide. Il permet l'élimination des produits chimiques
utilisés.
Il existe désormais d'autres méthodes de lavage de la machine à traire. Mais, dans tous
les cas, elles doivent associer les trois actions décrites ci-dessus.
À l'issue du lavage, les griffes doivent être retirées des systèmes de lavage afin d'éviter
une déformation prématurée des lèvres des manchons.
L'HYGIÈNE DE LA TRAITE
Mode d'emploi - laver le trayon - mouiller le - laver les trayons - laver les trayons
avec la première trayon avec l'eau sales avec une sales avec une
additionné de lavette lavette
- essorer la lavette savon mais ne pas - tremper les - essuyer les
- essuyer avec mouiller le pis animaux d'un quai trayons avec
l'autre face - essuyer avec le -laisser agir (1ف ق la serviette
- Prévoir une 2e papier 30 secondes selon désinfectante en
lavette pour les produit) massant bien le
vaches sales - essuyer avec un trayon.
papier par vache
Inconvénients - entretien après la - plus long que - nécessite des - nécessite des
traite très difficile lavettes trayons propres trayons propres
si plus de 40-50 - risque de - coût plus élevé - coût plus élevé
lavettes sauf avec mouiller le pis et - risque de - risque de
lave-linge de provoquer des mauvaise mauvaise
- mains du trayeur infections par l'eau stimulation stimulation
toujours humides dégoulinante
Les lavettes
L'utilisation des lavettes est la méthode la moins coûteuse. Elle permet une bonne
préparation des trayons, particulièrement lorsque ceux-ci sont souillés et, surtout, elle
demeure la méthode la plus facile à mettre en œuvre pour assurer une bonne stimula
tion de la vache avant la traite.
132
LES MAMMITES
Mode d'emploi - laver le trayon - mouiller le - laver les trayons - laver les trayons
avec la première trayon avec l'eau sales avec une sales avec une
additionné de lavette lavette
- essorer la lavette savon mais ne pas - tremper les - essuyer les
- essuyer avec mouiller le pis animaux d'un quai trayons avec
l'autre face - essuyer avec le -laisser agir (١ ٧ la serviette
- Prévoir une 2e papier 30 secondes selon désinfectante en
lavette pour les produit) massant bien le
vaches sales - essuyer avec un trayon.
papier par vache
Inconvénients - entretien après la - plus long que - nécessite des - nécessite £١as
traite très difficile lavettes trayons propres trayons propres
si plus de 40-50 - risque de - coût plus élevé - coût plus élevé
lavettes sauf avec mouiller le pis et - risque de - risque de
lave-linge de provoquer des mauvaise mauvaise
- mains du trayeur infections par l'eau stimulation stimulation
toujours humides dégoulinante
Les lavettes
L'utilisation des lavettes est la méthode la moins coûteuse. Elle permet une bonne
préparation des trayons, particulièrement lorsque ceux-ci sont souillés et, surtout, elle
demeure la méthode la plus facile à mettre en œuvre pour assurer une bonne stimula
tion de la vache avant la traite.
132
LA PRÉVENTION
Approche pratique :
• Examen des premiers jets.
• Nettoyage des 4 trayons selon l'ordre préconisé précédemment avec le premier
côté.
• Essorage de la lavette.
• Essuyage des trayons.
• Éventuellement, essuyage papier.
Les lavettes doivent être mises à tremper juste avant la traite dans un seau d'eau tiède
contenant un savon de traite adapté. Son utilisation est indispensable afin de dissoudre
le sébum présent sur la peau du trayon et, donc, de retirer les bactéries qui y vivent.
Le nettoyage ne doit concerner que les trayons. Afin, d'une part, de limiter le risque
de glissements et, d'autre part, de mieux éliminer les bactéries et, surtout, les spores
butyriques, il est possible de terminer par un essuyage des trayons avec du papier avant
la pose de la griffe.
À l'issue de la traite, les lavettes doivent être méticuleusement nettoyées. Cette phase
demande une très grande attention de la part du trayeur. La désinfection de lavettes
dont le nettoyage n'est pas suffisant ne sera jamais efficace, quel que soit le produit
utilisé.
Photo Q ] Seau à lavettes : ces seaux sont remplis Photo Eli Lavettes baignant dans une solution
d'une solution savonneuse. Les lavettes sales désinfectante : entre chaque traite, les lavettes
doivent être placées dans un autre seau contenant doivent toujours être placées dans une solution de
de l'eau propre. (J-F. Labbé) ce type. (J-F. Labbé)
LES MAMMITES
Photo ES Lavettes dans une machine à laver : photo ES Essuyage ،lu trayon avec une lavette :
lorsque le nombre de lavettes à nettoyer dépasse ce lle étape doit être effectuée sérieusement. Sa
30 ou 40, il est pré؛érable d'utiliser un lave-iinge. non-réalisation augmente la contamination des
(J-F. Eabbé) manchons-trayeurs. ()-F. Eabbé)
À l'issue du nettoyage, les lavettes seront mises à tremper dans une solution désin؛ec-
tante. Plusieurs produits sont utilisables, l'alcalin chloré de la machine فtraire ou mieux,
des produits spécifiques. Il est essentiel que le produit utilisé ait une action désinfec-
tante et pas uniquement décontaminante.
forsque le nombre de lavettes à nettoyer dépasse 30 ou 40, il est préférable d'utiliser un
lave-linge. Après chaque traite, les lavettes sont ainsi lavées فune température minimale
de 65 °c avec de la lessive. Elles sont ensuite essorées modérément à l'issue du rinçage
et peuvent rester dans la machine jusqu'à la traite suivante.
Le pré-trempage
Un produit désinfectant et/ou moussant est appliqué sur le trayon avant la traite. Après
un temps d'application compris entre 15 et 30 secondes selon les produits, les trayons
sont essuyés, en respectent ce temps de contact. En salle de traite rotative ou en tandem,
il est souvent difficile d'appliquer un temps d'action trop long. Un produit agissant en
15 secondes est préférable.
Pour les vaches les plus sales, il est nécessaire de réaliser un premier nettoyage des
trayons avec une lavette (propre et désinfectée) afin d'éliminer une partie des souillures.
Le pré-trempage est difficilement utilisable si la majorité des trayons est trop sale.
Photo ^ 9 Essuyage des trayons ؛il est incontournable et augmente la décharge ocytocique .
LES MAMMITES
D ouchette
Les trayons sont mouillés avec une douchette puis essuyés soit avec du papier, soit avec
une lavette sèche.
Serviette désinfectante
Les trayons sont essuyés avec une serviette imbibée d'un produit désinfectant.
Afin de gagner du temps mais aussi de diminuer les coûts, nombreux sont les
éleveurs tentés par un allégement, voire une suppression pure et simple de la prépa
ration des mamelles avant la traite. Cette pratique est souvent saisonnière ou, parfois,
permanente.
Un arrêt complet de toute préparation entraîne à moyen terme (quelques semaines)
une dégradation des taux cellulaires et une augmentation de la durée de la traite (de
l'ordre de 30 à 40 secondes par animal).
Une préparation se limitant à un bon essuyage des trayons avant la traite avec un
papier sec et l'extraction des premiers jets est possible lorsque les trayons sont
bien propres et sur une période limitée à quelques semaines (période estivale par
exemple). Sur une courte durée, la dégradation des taux cellulaires semble limitée.
Le post-trempage
Certains produits contiennent également un répulsif à mouches dont l'intérêt est réel,
en été essentiellement.
Il est important de stocker ces produits dans un endroit propre et sec, de bien refermer
les bidons après utilisation et de les protéger du gel. En hiver, il est parfois nécessaire de
réchauffer un peu le produit avant utilisation.
LA MACHINE À TRAIRE
La machine à traire peut intervenir de trois façons différentes dans la contamination des
trayons :
• rôle vecteur : transmission de germes de mamelle à mamelle ;
٠ rôle favorisant : action sur les défenses de la mamelle et l'écoulement du lait ;
• rôle contaminant : transmission de germes de trayon à trayon.
Pour chacun de ces rôles, la pression microbienne autour du trayon augmente le risque
de contamination. Cette pression microbienne dépend de la propreté du bâtiment,
donc, de celle des trayons avant la traite, de l'hygiène de la traite et, enfin, de la gestion
des animaux infectés. La pression microbienne varie au cours du temps, ce qui peut
expliquer les flambées de mammites cliniques trop souvent attribuées au seul bâtiment,
(cf. figure 2)
Rôle vecteur
La contamination du trayon se fait par l'intermédiaire du manchon trayeur qui a été
lui-même contaminé lors de la traite d'une vache infectée (mammite clinique ou subcli
nique) ou pendant la traite d'une vache ayant des bactéries à la surface des trayons
(mauvaise hygiène de la traite ou peau du trayon abîmée). Un manchon ainsi contaminé
peut contribuer à l'infection de 2 à 4 vaches traites successivement sur le même poste.
Ce rôle vecteur sera d'autant plus important que la pression microbienne sera élevée,
soit par la présence de nombreuses vaches infectées dans le troupeau, soit par une forte
contamination des trayons.
138
LA PRÉVENTION
Q uartier Q uartier
infecté 1 colonisé
î
Rôle favorisant =
perte de l'intégralité
des défenses du trayon AUG M ENTATION DE LA PRESSION
agression des défenses MICROBIENNE :
de la mamelle à partir d'un quartier contam iné (= vaches
durablem ent infectées, mammites cliniques
t
Mauvais réglage Surtraite
non identifiées ou non traitées),
à partir d'une lésion sur le trayon ou
de la machine Egouttage sur la main du trayeur,
à partir d'une lavette sale.
Figure 2 : Rôle de la machine à traire dans la contamination des mamelles et des quartiers
LES MAMMITES
Elle est de 2 500 traites et d'un an au maximum. Pour les manchons en silicone, il
faut doubler ces chiffres.
Concrètement, au bout de combien de temps faut-il changer les manchons ?
Le calcul se fait selon l'équation suivante :
□urée de vie en jours = (2 500 X nombre de postes) / (nombre vaches traites X
nombre de traites par jour)
Quelques exemples :
8 postes - Traite deux fois par jour de 50 vaches : 200 jours
٦٠ postes - Traite deux fois par jour de 80 vaches : 156 jours
Dans de nombreux cas, les manchons doivent être changés tous les 8 ف ةmois.
Ce rôle vecteur est aussi maîtrisé entre les traites grâce فun nettoyage efficace de la
machine قtraire.
Rôle favorisant
La machine à traire, de par ses réglages et son utilisation par le trayeur, peut entraîner
l'apparition de lésions du trayon. Ces lésions sont celles qui ont été observées lors de la
visite de traite à la dépose des griffes (troubles circulatoires, anneaux de compression,
hyperkératose, traite insuffisante).
Ces lésions auront trois conséquences :
• une baisse des défenses physiques et chimiques du trayon ;
• une baisse des défenses immunitaires du trayon liée à la douleur ;
٠ un mauvais éco^em ent du lait.
140
LA PRÉVENTION
Œdème de la paroi
du trayon
Pièce
d'embouchure
Trayon
Sinus du trayon
' Manchon
Photo Q ] Séparateur de traite : l'utilisation d'un séparateur de traite pour la traite des quartiers atteints
de mammite clinique entraîne de très grosses variations cycliques du vide sous le trayon, favorisant une
nouvelle contamination du quartier. (J-F. Labbé)
LES MAMMITES
Glissements
• Augmenter le niveau de vide.
• Revoir la position des griffes.
• Changer le modèle de manchon (diamètre de la lèvre, largeur du corps, forme et
longueur du manchon).
• Mettre un système de blocage du tuyau long à lait sur le quai de traite.
• Améliorer l'écoulement du lait dans le lactoduc (pente et diamètre).
• Raccourcir le tuyau long à lait s'il tombe trop dans la fosse de traite.
Troubles circulatoires
٠ Baisser le niveau de vide.
• Changer les manchons s'ils sont usés.
• Changer le modèle de manchon (souplesse, forme et diamètre du corps).
• Supprimer l'éventuelle surtraite.
LA PRÉVENTION
Anneaux de compression
٠ Baisser le niveau de vide.
٠ Revoir la préparation des mamelles.
• Supprimer l'éventuelle surtraite.
• Changer le modèle de manchon (diamètre ou dureté de la lèvre, manchon trop
large).
• Revoir la position de la griffe.
Hyperkératose
• Baisser le niveau de vide.
• Revoir la préparation des mamelles.
• Supprimer l'éventuelle surtraite.
• Changer de modèle de manchon (dureté).
ANNEXE 1 : LE « LACTOCORDER »
Fig u re 3 : M e su re du d é b it de la it a v e c un L a c to c o rd e r
LES MAMMITES
Plusieurs mesures sont à réaliser lors d'un contrôle dynamique de l'installation de traite.
Les valeurs de ces mesures sont enregistrées par l'appareil. Toutes les mesures doivent
être réalisées au pic d'éjection du lait c'est-à-dire 1 à 2 minutes après la pose des griffes.
Les mesures se font normalement sur les trayons arrière.
L'interprétation des valeurs enregistrées se fait par lecture d'une grille comme celle
présentée ci-dessous. Ce n'est pas la valeur moyenne des données qui est intéressante
mais la répartition des valeurs sur un nuage de points. Les valeurs extrêmes ne sont pas
prises en compte.
Photo Mesure du vide sur le tuyau long à lait : cette mesure doit être systématique. (j-F. Labbé)
291 Ul S Ul.5| I I
COURS!
WORKVAC.
AVG.VAC. AVG.VAC. : Vide moyen mesuré
ÍAX.VAC.
KM.VAC.
VAC.+
ء 20
ا : Mesure sous le trayon
2 : Mesure sortie de la griffe
3 : Mesure avant compteur
4 : Mesure au niveau de lactoduc
1— ٢ I I
ForHdp, prêtsFI r i
I. .1 1 i
Lors de la traite, le niveau de vide peut être eontrôlé 2 à 3 ؛ois. Cela permet de s'assurer
que ee niveau est bien eonstant tout au long de la traite. Une mauvaise stabilité du vide
durant la traite est due فun dysfonctionnement du régulateur. Un contrôle du vide
dans le lactoduc lors de la pose des gri؛fes, surtout lorsque cette pose s'accompagne
d'entrées d'air importantes, permet de s'assurer que le niveau de vide dans le lactoduc
reste stable et qu'il ne varie pas durablement de plus de 2 kPa. Si les variations sont plus
élevées, il convient de revoir la technique de pose de l'éleveur. Si cette technique est
sat؛s؛aisante, il faut alors faire contrôler la sensibilité de la régulation.
Ce rapport est obtenu en mesurant simultanément le vide sous le trayon et dans le tuyau
court فpulsation. L'appareil calcule alors automatiquement le temps d'ouverture et de
fermeture du manchon Ce rapport doit être compris entre 55 et 65 %. Si le rapport
mesuré n'est pas bon, il faudra, dans la majorité des cas, proposer une modification du
réglage de la pulsation.
SENSOR TYPE WORKVAC. PR ESS. AVG.VAC. MAX.VAC. MIN.VAC. VAC.+ VAC.- VAC.DROP
I N T .1 CAPTEUR TYPE MESURE :R A P 3 9 .0 0 .0 3 5 .5 3 7 .9 3 3 .2 2 .4 2 .3 3 .5
CONCLUSION
La prévention des nouvelles infections mammaires se déroule en très grande partie
durant la traite. Un bon fonctionnement de la machine فtraire, une bonne hygiène et
une bonne maîtrise technique du trayeur permettent de limiter ce risque (cf. encadré 15).
En cas de problème de qualité du lait dans un élevage, un audit de traite doit être systé-
matiquement réalisé. Cet audit doit être complet et effectué par un intervenant capable
d'évaluer l'ensemble des observations décrites dans ce chapitre. A l'issue de ces obser-
vations, des mesures spécifiques et adaptées devront être proposées.
LES MAMMITES
Le trayeur
- ١١ doit se laver les mains soigneusement avant la traite et revêtir une tenue propre
réservée فla traite. Le port de gants (latex, vinyle ou autre) peut être préconisé.
- Il doit être calme et limiter autant que possible l'utilisation du bâton, des entraves
flancs et du chien électrique. Il ne doit pas effectuer d'autres opérations durant la
traite.
- Son organisation doit permettre de bien préparer les vaches, de faire un examen
systématique des premiers jets, de poser les griffes en limitant autant que possible
les entrées d'air et de déposer les griffes au bon moment, tout en surveillant les inci-
dents survenant pendant la traite (chute faisceaux trayeurs, souillures des griffes ou
des quais...) et, enfin, de réaliser un post-trempage sur tous les animaux.
- Lorsque plusieurs trayeurs réalisent la traite, leur organisation doit être identique,
la machine à traire
- Un contrôle O pti Traite doit être réalisé tous les ans.
- Les manchons doivent être changés toutes les 2 500 traites.
- L'état de la tuyauterie doit être contrôlé régulièrement.
- Les filtres du régulateur et du système de pulsation sont فnettoyer tous les mois,
te niveau de vide doit être contrôlé au moins une fois par semaine sur le mano-
mètre. L'état des courroies de la pompe ainsi que le niveau d'huile sont contrôlés
régulièrement.
- 5on lavage complet doit être réalisé après chaque traite.
- Un système adapté permet de couper le vide lors du branchement d'un bidon de
traite (pince sur les tuyaux).
I PS an im aux
- Les mamelles et les trayons doivent être aussi propres que possible en entrant dans
la salle de traite.
- La conformation des mamelles doit être le plus homogène possible, avec un
minimum de trayons en dessous des jarrets.
Photo El Le régulateur : les filtres du régulateur Photo Q Mamelles sales : les mamelles et les
et du système de pulsation sont à nettoyer tous trayons doivent être aussi propres que possible
les mois. (J.M. Nicol) en rentrant dans la salle de traite. (J.F. Labbé)
LE BATIMENT
LORS D'UN PROBLEME
DE MAMMITE -
IDENTIFICATION
DES FACTEURS DE RISQUE
ET PREVENTION
Épidémiologie
Le profil cellulaire des vaches et les caractéristiques des mammites peuvent orienter le
diagnostic. En effet, si les paramètres suivants sont rassemblés :
• un comptage cellulaire de tank élevé ;
• une clinique peu sévère et récidivante associée à un faible pourcentage de cas clini
ques par rapport au nombre de vaches laitières infectées ;
• une numération cellulaire des vaches avant mammite supérieure à 300 000 c/ml ;
• un pourcentage de numérations cellulaires individuelles élevé, supérieur à
800 000 c/ml ;
nous pourrons évoquer un modèle de mammite de traite.
À l'inverse :
• un comptage cellulaire de tank inférieur à 200 000 c/ml ;
• un fort pourcentage de cas cliniques associé à des formes sévères ;
٠ des comptages cellulaires individuels sur des vaches avant mammite inférieurs à
300 000 c/ml ;
٠ un faible pourcentage de numérations cellulaires individuelles supérieures à
800 000 c/ml ;
LA PRÉVENTION
Le diagnostic bactériologique
L'ensemble des critères que nous allons étudier maintenant correspond aux critères dont
la détermination se fait par l'observation des animaux.
NOTES
0 0,5 1 1,5 2
'؛١٣V؟t$ *m
A
V V Y• % % Quelques souillures
peu étendues.
Souillures couvrant
moins de la moitié
Souillures couvrant
plus de la moitié
Zone totalement
souillée ou couverte
de la surface de la surface d'une couche
observée. observée. épaisse de lisier.
LES MAMMITES
Remarque :
La notation de la propreté des quartiers des vaches permet d'abord d'apprécier le risque
à utiliser certains systèmes de préparation de la mamelle comme le pré-trempage. Elle
LA PRÉVENTION
Photo K ] Vaches taries, dehors : trois cents vaches passent sur cette parcelle de cinq hectares, ce qui
augmente le risque de contamination du sol par St. uberis. (Service de Reproduction animale, ENVA)
LA PRÉVENTION
L'incidence des mammites causées par Streptococcus uberis est aussi liée au pâtu-
rage. Trois observations viennent étayer cette hypothèse :
• En Nouvelle-Zélande, où les vaches sont au pâturage فl'année, Streptococcus
uberis est la principale cause des mammites, tandis que les mammites dues ق
E. coli sont relativement peu fréquentes.
• □ans les troupeaux mis au pâturage durant le printemps et l'été, les cas de
mammite clinique causés par Streptococcus uberis sont trois à quatre fois plus
élevés que dans les troupeaux en stabulation permanente.
• Le confinement des vaches taries sur des pâtures uniquement dédiées à ce rôle
augmente le risque de contamination des vaches par ce germe. Cette situation est
fréquemment rencontrée dans les élevages hors sol, où la seule occasion pour les
vaches de pâturer est la période sèche.
Il est probable que Streptococcus uberis maintienne un cycle de contamination de
l'herbe par le fumier infecté.
Tous les spécialistes s'accordent pour reconnaître qu'une conception inadaptée de l'aire
de couchage et que le choix de la litière sont les deux principaux facteurs intervenant
sur la santé de la mamelle. Il convient donc d'étudier, en priorité, ces deux aspects.
Auparavant, nous allons rappeler l'impact du type de bâtiment, au travers de leurs aires
de couchage, sur la santé de la mamelle.
٠٧ le bâtiment) et, d'autre part, certaines vaches vont se coucher dans les couloirs de
raclage et se salir, favorisant ainsi une mauvaise hygiène de leur mamelle.
Remarque : les normes concernant les logettes sont en cours de réévaluation. Certaines
d'entre elles seront sans doute appelées à être prochainement modifiées.
LA PRÉVENTION
— *a
Photo Mâà Logette face au mur : le relevé des animaux est plus difficile que dans des logettes placées en
vis-à-vis. (Service de Reproduction animale, ENVA)
LES MAMMITES
Photo U J Tarsite : elle traduit un défaut de conception des logettes, entre autres un sol en béton trop
agressif. (D. Remy)
à 1 m2 par 1 000 I de lait produits ou, encore, à 6 m2 pour 6000 I + 1 m2 par 1 000
litres de lait supplémentaires. Le plus important pour l'éleveur est d'intégrer la notion de
surface perdue. Il existe une différence entre la surface mesurée et la surface réellement
disponible.
Ci-dessous sont présentés, sous forme de photos, des exemples de ce qui correspond à
la surface perdue.
Photo Màâ Abreuvoir mal placé : les abreuvoirs Photo l u Tous les râteliers devraient être
individuels font perdre beaucoup de place et disposés en dehors de la surface paillée et des
ce, d'autant plus qu'ils sont placés sur la litière. zones de passage. (Service de Reproduction
(Service de Reproduction animale, ENVA) animale, ENVA)
Photo ^ Paille mal stockée : elle est souvent humide et fortement contaminée avant le paillage. (D. Remy)
En ce qui concerne les stabulations libres, la plupart sont paillées. Il convient de recom-
mander plutôt 1,5 kg de paille par m2. De telles quantités de paille par vaches laitières
(8 kg/VL/j) favorisent généralement une
élévation de la température de la litière.
L'utilisation d'une paille sèche !inférieure Σ ÊK iK $ E IIK 3 B £ Ê Ê B $ S sÊ Ë Îm im ÈS iÊ B Î
à 15 % d'humidité) est, de ce fait, indis-
pensable. On peut même considérer
qu'une paille conservée au-dessus de
20 % devient un facteur de risque car elle
est déj ؛fortement contaminée. Il convient yBsSirQ iS S ^ ^ B k
aussi de tenir compte de l'hygrométrie
lors du pressage, ainsi que des conditions ٠
de stockage. i
Après le paillage, une étude menée par l'institut de l'élevage montre que la contami
nation de la surface paillée augmente pendant 12 heures, puis a tendance à stagner
(cf. schéma 1). Pourquoi, alors, pailler toutes les 12 heures ? Si l'on paille à chaque
traite lorsque les vaches sont dans l'aire d'attente, elles vont retrouver une paille
propre à un moment où le risque de nouvelles infections mammaires est plus élevé
en raison de l'ouverture du sphincter.
Le paillage biquotidien représente cependant des contraintes pratiques : un temps
de travail supplémentaire, une nouvelle organisation du travail avec un paillage
avant le retour des animaux de la traite... Il convient donc d'utiliser le paillage
biquotidien uniquement lorsque la pression d'exposition est forte. Lorsque le curage
n'est pas possible, le risque de mammites colibacillaires est élevé et il convient alors
de mettre en œuvre cette pratique.
Fond
Côté
*(2) *(5) *(8) *(11)
Bord de la litière
مج و ح
Photo Q ؛j Logette avec sable : cette matière est très confortable, mais son élimination est problématique.
(D. Remy)
LES MAMMITES
La sciure présente deux inc©nvénients en terme de santé de la mamelle. Elle est souvent
livrée humide et contient fréquemment trop d'eau, atteignant jusqu'à 40 % d'humidité.
Elle est plus contaminée que la paille en arrivant à la ferme. Dans ces conditions, les
bactéries se multiplient plus rapidement dans la sciure stockée (de dix à cinquante fois
plus vite) et dans celle épandue en litière. La sciure est un substrat très favorable فla
multiplication des bactéries coliformes, notamment de Klebsiella et d'Enterobacter, mais
beaucoup moins favorable فcelle des streptocoques fécaux et de St. uberis. Si l'on ne
respecte pas un taux d'humidité inférieur 20 ف%, il n'est pas rare de trouver dans ce
type de litière des contaminations supérieures à 10 millions de bactéries coliformes/g :
les risques de mammites deviennent alors importants. Le niveau de contamination des
moisissures est encore plus important, de l'ordre de 10 ةUFC/gramme.
L'une des raisons en est qu'au départ, la sciure est pauvre en lactobacilles. Ceux-ci
limitent la multiplication des bactéries pathogènes, suivant le même mode d'action que
dans la lumière intestinale. Rappelons-nous la consommation de yoghourt pour limiter
les infections intestinales. Il est donc impératif de la stocker فl'abri de l'humidité mais,
aussi, d'avoir un bâtiment correctement ventilé et un sol d'aire de couchage bien drainé
et sans résurgences.
Les copeaux de bois ou, même, les plaquettes issues de l'entretien des haies ou de
l'ébénisterie peuvent jouer le rôle de litière. Avec les copeaux de bois, plus la litière
contient de particules fines, plus elle absorbe efficacement l'humidité. Toutefois, il y
aura aussi davantage de poussière volatile, ce qui nuit à la qualité de l'air. De plus,
cette abondance de fines particules humides dans les stalles offre davantage de surface
aux bactéries et accroît l'incidence des mammites. Les litières فbase de copeaux ont
tendance فêtre légèrement plus contaminées en bactéries coliformes et en Klebsiella
que la paille. En revanche, les copeaux sont 3 à 6 fois moins contaminés en streptoco-
ques et en staphylocoques que la paille et la sciure.
،١١١١١١١١١١١
ثم
'نج
Photo ، il Logette avec copeaux : le risque de contamination par Klebsiella est important, surtout s'ils
sont humides (plus de 20 % d'humidité). (Service de Reproduction animale, ENVA)
LA PRÉVENTION
Les tapis ٠ □ les matelas constituent □ne excellente solution de rechange فla litière car,
lorsqu'elles se lèvent, les vaches ont besoin d ^n e surface ٩ ٧ ؛offre de la traction ; ف
défaut de ٩ ٧ ٥ ؛, elles déplacent la litière, glissent, tombent et se blessent les membres et
les trayons. Ces substituts ont deux inconvénients : ils n'ont aucun pouvoir absorbant
et restent humides. L'utilisation de tapis en logettes ne supprime pas l'obligation d'y
déposer une couche de litière. Les tapis ou matelas utilisés dans les logettes doivent
être plus confortables que ceux utilisés dans les couloirs de circulation pour que les
vaches préfèrent s'y coucher. On peut rappeler également que les caoutchoucs natu-
rels, contrairement aux produits de synthèse, ne sont pas microporeux, donc limitent la
pression bactérienne. Il faut aussi noter que l'utilisation de tapis en logettes ne supprime
pas l'obligation d'y déposer une couche de litière.
Les produits issus de la transformation des déjections des bovins semblent se comporter
comme de la sciure, ce qui les rend utilisables en pratique de manière satisfaisante, une
fois la barrière psychologique passée. On ne sait pas s'ils sont ou non facteurs de risque
d'apparition de mammites. En France, ces produits sont fabriqués chez l'éleveur selon
deux méthodes :
La premiere consiste à faire passer le lisier sur un tapis vibrant : l'extrait sec ainsi
conservé peut être utilisé comme litière après compostage.
• ta deuxième, beaucoup plus fréquente,
consiste à faire passer le lisier dans
une vis ٩ ٧ ؛va le presser et provoquer
l'échappement des jus. Le produit de
séparation résiduel contient alors aux
alentours de 20 à 30 % de matière
sèche et est utiiisé directement en (itière.
Il peut être composté. (Les fabricants
recommandent, lors de la première
utilisation, une épaisseur de 20 cm
et, par la suite, une remise régulière ف
niveau des logettes). Toutefois, la mise
en place initiale doit se faire en plusieurs
couches de 8 cm au maximum, sous Photo Q Séparateur de lisier : il permet
peine de voir le produit chauffer et se de le réutiliser pour constituer des litières.
composter sous les vaches. L'investissement peut se révéler rentable. (H. Vin)
LES MAMMITES
L'utilisation des produits de séparation comme litière en logette doit donc plutôt
s'envisager après un compostage pour limiter les risques d'apparition de mammites
ou l'apparition de cellules.
Le tableau 4 ci-dessous, compare les propriétés des différentes litières utilisées dans les
logettes.
adéquates), la température et la luminosité ont été mises en place. Ces paramètres tech
niques et d'ambiance du bâtiment ont :
• une incidence sur le confort de l'animal, ce qui améliore ses défenses naturelles en
diminuant le stress ;
٠ une incidence directe sur le microbisme de l'air.
Il n'est pas toujours facile de définir exactement l'action individuelle de chaque para
mètre sur l'ambiance car il existe de nombreuses relations entre eux (cf. schéma 2).
L'absence d'humidité provoquée par une ventilation correcte et une luminosité suffi
sante limite les multiplications bactériennes dans l'air et dans la litière. Une tempé
rature basse associée à un temps humide favorise l'humidité relative dans l'air, ce qui
augmente l'humidité de la paille.
Cela se complique encore lorsque l'on constate que chacun de ces facteurs agit
sur plusieurs paramètres traduisant le confort animal (la qualité de la litière, le pouvoir
isolant du pelage et la température ressentie). Il est cependant nécessaire d'observer le
rôle spécifique de chacun de ces paramètres.
Schéma 2 : Relations entre les facteurs de risque agissant sur l'ambiance du bâtiment
et susceptibles de modifier le confort des vaches et la santé de la mamelle
QUANTITÉ
TOTALE
□'EAU
100 %
80%
8مه/م
3g
,' U ™ ,
L'humidité relative de l'air est importante car elle influe sur la multiplication bactérienne
dans la litière. En effet, plus elle est élevée à la surface des litières, plus le risque de
développement bactérien est important. Le seul fait d'avoir une humidité relative de
l'air supérieure à 50-60 % permet une croissance microbienne. En outre, l'humidité de
la litière sous les animaux est pratiquement toujours supérieure à celle de l'air ambiant,
très souvent au-delà de 75 %.
d'une surface froide, l'eau contenue dans l'air se condense sur la paroi et retombe
sur les animaux, ce qui mouille leur pelage (cf. schéma 4). Cela diminue la tempéra
ture ressentie par l'animal, donc augmente le stress. Ce phénomène est beaucoup plus
fréquent en stabulation entravée lorsque les animaux sont confinés et que la tempéra
ture extérieure est basse.
Schéma 4 : La condensation
H
La condensation agit aussi sur la litière en augmentant son humidité. Ce fait a une inci
dence non négligeable sur la santé de la mamelle. La seule solution est alors de créer
des courants d'air au niveau de la toiture, soit en enlevant des plaques, soit en créant un
toit en écailles avec des plaques décalées (cf. schéma 5).
La température ambiante
En ce qui concerne la température, elle doit être située à l'intérieur des limites des tempé
ratures critiques, entre la TCI (température critique inférieure) et la TCS (température
critique supérieure), valeurs qui correspondent au bien-être pour l'animal (cf. figure 4).
Notons que les bovins adultes sont peu sensibles au froid mais, au contraire, sensibles
à l'excès de chaleur). Cependant, la température ambiante peut être différente de la
température ressentie par les animaux. Celle-ci diminue en effet lorsque le pelage est
mouillé et lorsque la vitesse de l'air est élevée. Ce sont donc des paramètres physiques
qu'il faut impérativement prendre en considération. Les ventilateurs (brasseurs d'air)
utilisés l'été dans les bâtiments ne peuvent servir qu'à augmenter les vitesses d'air
dans le bâtiment et ne servent pas à en améliorer le renouvellement ; ils diminuent
cependant la température ressentie. Ces ventilateurs sont utiles l'été quand il fait très
chaud (on peut les coupler à des buses projetant un aérosol d'eau) pour rafraîchir
les vaches. Ils présentent également l'intérêt de diminuer le nombre de mouches en
rendant plus difficile leur vol (photo 28). La présence de mouches est un facteur de
risque de l'apparition de mammites à 5. aureus chez les primipares, ainsi que des
mammites d'été. La lutte mécanique et chimique (antiparasitaires externes) contre les
mouches est un autre moyen de lutte contre les taux élevés de cellules et certaines
mammites cliniques.
Photo S 3 Ventilateur : il brasse l'air mais ne le Photo Q ] Brumisateur : il est très apprécié par
renouvelle pas. (Service de Reproduction animale, les vaches lors de fortes chaleurs. (Service de
ENVA) Reproduction animale, ENVA)
La ventilation
Un bovin de 700 kg dégage, par sa transpiration et sa respiration, 11 litres d'eau par jour
en moyenne. Si la ventilation est insuffisante, l'hygrométrie augmente. Outre la diminu
tion de la température ressentie, cela accroît également la contamination microbienne
du milieu environnant, ainsi que celle de la litière.
La qualité de l'air est déterminée par les teneurs en polluant, à savoir les poussières,
les microbes et différents gaz (ammoniac, gaz carbonique, hydrogène sulfuré) dans
l'atmosphère. Elle agit peu sur les défenses de la mamelle, si ce n'est au niveau du
confort des animaux.
٠ L'effet vent :
Il est souvent complémentaire de l'effet cheminée. Il consiste en une circulation d'air
générée par le vent qui entre et sort du bâtiment par différentes ouvertures : ce système
est celui privilégié de nos jours.
LA PRÉVENTION
Sortie
Entrée d'air chaud
d'air frais
La luminosité
L'ambiance lumineuse doit être considérée sous trois aspects :
٠ l'intensité de la lumière (qui dépend directement des ouvertures lumineuses du bâti
ment), la qualité de la lumière (différente si la lumière est naturelle ou artificielle, elle
est aussi fonction du spectre lumineux) et le photopériodisme ;
• les UV présents dans la lumière naturelle favorisent la destruction d'un certain nombre
de bactéries dans les litières ;
• la participation à l'assèchement des litières.
Pour les bovins, il est recommandé d'utiliser la lumière naturelle. Un minimum de
lumière est apporté par l'installation de plaques translucides sur une surface équivalente
à au moins à 1/10e de la surface de la toiture. Par ailleurs, une durée d'éclairage de 12 à
14 heures par jour est favorable à la reproduction. On peut donc compléter l'éclairage
naturel avec un éclairage artificiel programmé.
.<؛r
Photo BèS Plaques translucides : l'absence de nettoyage et le paillage mécanique peuvent les rendre
inefficaces. (Service de Reproduction animale, ENVA)
LA PRÉVENTION
f mu. •mm*
ص...ج د
Photo u à Racleur : un racleur automatique Photo E u Couloir non raclé : l'absence de racleur
permet 4 à 5 passages en 24 heures sans gêner peut mener rapidement à des situations sanitaires
les vaches. (Service de Reproduction animale, difficiles. (Service de Reproduction animale,
ENVA) ENVA)
L'hydrocurage
£٨ ce ٩ ٧ ؛concerne les différents systèmes de nettoyage, ¡1 faut noter que les systèmes
faisant appel à l'hydrocurage ne semblent pas favoriser les mammites. Pourtant, ceux-ci
induisent une forte humidité dans le bâtiment et, par ailleurs, éclaboussent parfois les
trayons lors de la mise en œuvre du système. La ventilation d'un bâtiment nettoyé par
hydrocurage doit être adaptée, et les pentes des bétons suffisantes (2 %) et régulières
afin de limiter la présence de flaques d'eau.
□es problèmes liés aux courants parasites durant la traite peuvent aussi favoriser
l'apparition de mammites. A ce jour, il n'a cependant été démontré aucun effet néfaste
des champs magnétiques sur les animaux. Seuls des courants électriques peuvent
provoquer des lésions ou des pertes de production, فl'occasion d'un contact avec deux
points de potentiel différent (cf. figure 4). Ces derniers sont facilement mesurables. Il
convient de vérifier si, pendant le fonctionnement de la machine فtraire, l'ensemble des
pièces métalliques touché par les vaches est bien relié فla terre, et de vérifier également
qu'on ne décèle pas de différence de potentiel. En résumé, un bâtiment dont i'équipo-
tentialité (c'est-à-dire la mise à la terre correcte de tous les éléments métalliques) est
bien faite, dont la prise de terre est de bonne qualité, et dont le réseau électrique est
contrôlé régulièrement par un électricien, ne présentera aucun facteur de risque « élec-
tricité » responsable de cellules ou de mammites.
Les vaches laitières boivent vite et beaucoup, en général toutes en même temps, juste
après la traite. La quantité d'eau absorbée par une vache est de 10 à 15 I par minute,
ce qui correspond au débit d'un robinet grand ouvert. En outre, on considère que 10 à
15 % des vaches boivent simultanément. Par conséquent, il faut prévoir au minimum
un abreuvoir individuel pour dix vaches. Cela signifie qu'il faut s'assurer d'un nombre
de bols suffisants et d'un débit d'eau dans ces bols important. Il semble que, dans les
stabulations libres, cette organisation soit difficile à mettre en place. Il convient alors
de privilégier des bacs d'eau à niveau constant. Toutefois, ces bacs doivent être main-
tenus propres ٣٥٧٢ mieux gérer l'écosystème de l'abreuvoir (cf. encadré 6). Le meilleur
système correspond à des bacs basculants pouvant être facilement nettoyés ou des
systèmes de vidange facilitée, comme sur les photos ci-après.
Comme pour la litière, l'écosystème de l'abreuvoir est fragile et est soumis au déve-
loppement de certains germes qui détruisent l'équilibre de l'écosystème sain pour
favoriser la prolifération de certaines espèces de germes pathogènes. Le milieu de
l'abreuvoir est en effet favorable au développement bactérien car l'eau potable
constitue un milieu très pauvre en micro-organismes qui peuvent limiter la multi-
plication d'un germe pathogène. Les apports en bactéries et en éléments nutritifs
se produisent au moment de l'abreuvement. En outre, le nombre de lactobacilles
qui limite la prolifération des germes pathogènes, est faible. Il faut dont supprimer
la matière organique en fermentation qui est présente, et installer l'abreuvoir ailleurs
que sur la litière.
LA PRÉVENTION
Vérification de la ventilation
On commence, en général, par repérer les déplacements d'air à l'aide de fumigènes
(à acheter dans des magasins de pyrotechnie). Le temps de vidange de la fumée dans
le bâtiment doit être de 3 à 5 mn et ne doit jamais dépasser un quart d'heure. Puis on
effectue un certain nombre d'observations :
• les entrées et les sorties d'air du bâtiment doivent se comporter comme tels. La
présence de toiles d'araignée près d'une entrée ou sous la couverture traduit un
dysfonctionnement au niveau de ces structures ;
• un vieillissement précoce (rouille sur les plaques de tôle, noircissement des plaques
« d'éternit ») ou un pelage mouillé de l'animal traduisent la présence de condensation
importante ;
٠ les surfaces d'entrée et de sortie d'air doivent correspondre au nombre d'animaux
hébergés.
INTRODUCTION
Il est clairement établi que, si les germes sont nécessaires pour qu'une mammite se
produise, celle-ci ne se développe dans un troupeau que si des facteurs de risque sont
présents. On a décrit dans cet ouvrage les facteurs de risque liés à la litière, فla machine
à traire et فla traite au travers de l'hygiène ou de la technique. On a constaté que certains
d'entre eux avaient une incidence sur les défenses de la mamelle (cf. Généralités :
défenses hautes et défenses basses page 19 et suivantes). On sait aujourd'hui que les
agressions constatées sont d'autant plus importantes que l'animal est en mauvaise santé
et que son alimentation est incorrecte.
Chez une vache laitière, cette immunodépression est aggravée par les diverses pertur
bations directement liées à la synthèse d'une grande quantité de colostrum puis de lait.
En effet, brutalement, de la période sèche au début de la lactation, trois événements
importants surviennent :
• les besoins vont être multipliés, alors que la vache voit diminuer sa capacité
d'ingestion ;
• la ration est modifiée, et le rapport fourrage/concentrés dans la ration s'inverse (il
passe d'un rapport de 60/40 avant le vêlage à un rapport de 40/60 en début de lacta
tion), ce qui nécessite une adaptation du système digestif ;
• le glucose produit est utilisé préférentiellement par la mamelle pour produire le
lactose du lait. Ce glucose est un substrat nécessaire à l'utilisation des acides gras
pour produire de l'énergie avec un bon rendement.
De nombreuses erreurs sont commises dans la gestion et la composition de la ration :
elles vont se traduire par des troubles physiologiques appelés aussi maladies métabo
liques. La principale cible de ces erreurs est le foie (cf. encadré 1) dont la perturbation
provoque certaines maladies métaboliques.
Le foie est un organe incontournable. Ses fonctions sont multiples. Entre autres :
• Il produit une grande quantité d'énergie à partir des acides gras prélevés dans
le sang qui proviennent de l'alimentation ou des réserves adipeuses. Son rende
ment est d'autant meilleur qu'il dispose de glucose en quantité importante. Or,
en début de lactation, le glucose est principalement utilisé pour la synthèse du
lactose du lait.
• Il synthétise pratiquement tous les corps cétoniques nécessaires à la production
d'une grande partie de l'énergie dans les muscles et la mamelle. Cette synthèse
ne nécessite pas de glucose.
٠ Il stocke une partie de ses acides gras sous forme de triglycérides. Le problème est
que, chez les bovins, contrairement à d'autres espèces, ces triglycérides s'accu
mulent dans le foie et provoquent une stéatose lorsque les acides gras libres sont
présents en trop grande quantité dans le sang.
En outre, comme nous pouvons le voir sur le schéma 1, en raison du rôle central joué
par cet organe mais aussi en raison du rôle de la digestion (rumen), l'origine de ces
maladies métaboliques présente de nombreux liens entre elles, lesquels seront déve
loppés au cours de ce chapitre.
Rumen : I STEATOSE
Avant vêlage : l'animal consomme plus de fourrage I HÉPATIQUE
que de concentrés (beaucoup de fibres, de cellulose et peu d'amidon). ■٠ ■ (syndrome de la vache
S'il consomme trop de concentrés, il grossit et risque la stéatose hypatique, grasse = perte d'appétit)
suivie d'une perte d'appétit et d'un amaigrissement précoce.
Après vêlage, la vache mange plus de concentrés que de fourrage ACIDOSE = perte d'appétit
(beaucoup d'amidon et peu de fibres). Il y a alors risque d'acidose.
qu'il ne peut pas utiliser vont s'accumuler dans cet organe pour reformer des triglycé
rides et, dans certains cas, provoquer une stéatose hépatique très néfaste à la santé (cf.
encadré 3). L'importance de la mobilisation des réserves graisseuses peut être appré
ciée par la mesure des AGNE dans le sang. Plusieurs études ont montré que, plus
cette teneur était élevée, plus les risques de maladie et en particulier de mammites
étaient grands (cf. figure 3). En début de lactation, une mobilisation très importante
des réserves, donc, un fort déséquilibre entre les apports et les besoins, se traduit par
un taux butyreux particulièrement élevé (> 50 g/l) et un taux protéique normal à faible
(inférieur ou autour de 30 g/l. Le mois suivant, les deux taux ont tendance à s'effondrer
car les conséquences de cette mobilisation graisseuse massive sont particulièrement
néfastes pour l'appétit. L'état de sous nutrition de cet animal se traduira par des taux
protéiques et butyreux bas. Au contraire, chez les animaux en bonne santé, les taux
baissent moins et ils ont tendance à se rapprocher : chez ces vaches, le rapport TB/TP
doit être inférieur à 1,5.
AGNE bas < 200 uM/L I AGNE médium AGNE haut > 400 uM/L
Figure 3 : Lien entre l'intensité de la mobilisation des réserves graisseuses et certaines affections
Normalement, c'est en début de la lactation que les vaches mobilisent leurs réserves
de graisse de façon importante. Si elles sont trop nourries pendant le tarissement,
elles présentent un engraissement excessif avec une note d'état corporel supérieure
à 4 (sur une échelle de 1 à 5), au lieu d'une note de 3.5 au tarissement chez les
vaches normales. Les vaches trop grasses vont présenter une chute d'appétit beau
coup plus marquée dans les semaines précédant la mise bas, donc mobiliser de
façon plus précoce et plus massive leurs réserves corporelles. Cela se traduit par
une forte augmentation des acides gras non estérifiés (AGNE) dans le sang. Ce
phénomène va aboutir à la surcharge du foie en acides gras sous forme de graisse
(triglycérides), ce qui, au-delà d'un certain niveau, peut aboutir à un dysfonction
nement hépatique grave.
LA PRÉVENTION
Encadré 5 : La cétose
Le foie fabrique normalement des corps cétoniques (cf. schéma 1). Cette situation
devient pathologique lorsque les sources de glucose sont insuffisantes car il est
mobilisé pour la synthèse du lactose dans le lait. Le foie fabrique des corps céto
niques en excès qui ne peuvent plus être utilisés dans les muscles et dans la mamelle
comme substrat énergétique. Ils s'accumulent alors dans le sang.
La cétose de type I est associée à un déséquilibre entre la production laitière et les
apports en glucose. On la rencontre chez des vaches à fort potentiel laitier associé à
un petit format. Elle survient souvent au bout de quinze jours-trois semaines. Quelle
que soit sa forme, sub-clinique ou clinique, elle guérit facilement.
La cétose de type II survient lors de stéatose hépatique. Elle est le résultat d'une
diminution de la fonction hépatique associée à un manque d'appétit qui réduit
l'apport de glucose. Elle est plus précoce, huit-quinze jours après le vêlage, et sa
guérison, plus difficile, est associée à la diminution de la stéatose. La forme la plus
fréquente est la forme sub-clinique.
Expressions cliniques :
Chez la vache laitière, on peut observer essentiellement deux formes de cétose, mais
il s'agit le plus souvent de cétoses sub-cliniques avec une augmentation des corps
cétoniques dans le sang. Lorsqu'il s'agit de forme clinique, ce trouble se traduit par
une chute progressive de l'appétit (dégoût progressif pour les concentrés puis pour
les fourrages) associée à un amaigrissement intense. On peut parfois également
observer des troubles nerveux particulièrement marqués (vache cherchant à manger
n'importe quoi ou fonçant tout droit quel que soit l'obstacle).
LA PRÉVENTION
D ay o f C a lv in g
Décubitus prolongé
Relâchement
du sphincter
du trayon
1 ،٢
LES MAMMITES
Depuis une vingtaine d'années, les éleveurs ont pu constater qu'il existait une nouvelle
forme de fièvre vitulaire plus difficile à soigner. Cette aggravation doit être associée à
l'augmentation de la mobilisation des réserves adipeuses chez les vaches hautes produc
trices. Les hormones qui participent à cette mobilisation sont très hypocalcémiantes.
Là aussi, les conséquences de la fièvre de lait sur la santé de la vache et, en particulier,
sur les infections mammaires, ont été déjà bien illustrées.
Photo D Perfusion de calcium : ce traitement permet de rétablir rapidement la situation lorsque l'on
se trouve face à une hypocalcémie liée à la spoliation de calcium par la mamelle. (Service de Pathologie
du bétail, ENVA)
Tableau 1 : Augmentation des risques de diverses maladies chez les vaches atteintes
de fièvre de lait
Maladies Risques relatifs
Dystocies 2.8
Non délivrance 6.5
Déplacement de caillette à gauche 3.4
Cétose 8.9
Mammites 8.1
cliniques. De plus, la douleur générée peut entraver la bonne traite de l'animal. Enfin,
l'œdème diminue l'étanchéité des sphincters, ce qui va favoriser la remontée d'agents
infectieux. Les facteurs de risque sont nombreux et listés dans le tableau 2. Leur maîtrise
n'est pas toujours évidente mais prévenir les oedèmes mammaires est important pour
limiter les risques d'infection mammaire.
Photo E l Le signe du godet : l'empreinte du doigt Photo E l Hémolactation : elle peut être associée
est persistante quand on le retire. ( J.M. Nicol) à l'œdème mammaire. (J.M. Nicol)
LES MAMMITES
Photo Q Fièvre de lait et œdème mammaire : ces deux entités peuvent aussi être associées. Le risque
de mammite est encore augmenté. (J.M. Nicol)
LA PRÉVENTION
de bonnes transitions alimentaires (adaptation à une ration plus riche en énergie avant
vêlage), prévenir raisonnablement les fièvres de lait, bien maîtriser l'état d'engraissement
des vaches taries sont des clés fondamentales dans le contrôle de la santé de la vache
laitière mais aussi des mammites.
Stéatose Hypocalcémie
I * Baisse de l'immunité
cetose ____ |
~ ~ __________________________ ■
délivrance
Figure 5 : Liens entre les différentes affections de la vache laitière en début de lactation
80
60
40
20
Figure 6 : Incidence des mammites cliniques selon la cause et le moment par rapport au vêlage
(AP = avant le vêlage, PP = après le vêlage)
LA PRÉVENTION
Lors de la phagocytose, les bactéries sont ingérées par la cellule phagocytaire puis
détruites par les substances bactéricides à fort pouvoir oxydant (appelés aussi radi
caux libres) produites en grande quantité. Les globules blancs fabriquent dix fois plus
de substances oxydantes que les autres cellules. Cependant, ce pouvoir destructeur
des substances oxydantes ne se limite pas uniquement à la bactérie. Lorsque de
nombreux PNN meurent, les radicaux libres sont libérés en grande quantité, et ils
vont détruire le tissu mammaire.
Il existe des substances appelées antioxydantes, produites par l'organisme ou appor
tées par l'alimentation, qui limitent ces dommages. C'est ce qu'on appelle le système
antioxydant.
• Toutes les cellules fabriquent des enzymes « piégeurs ». Ces enzymes nécessitent
des oligo-éléments comme cofacteurs. Il s'agit du zinc, du cuivre, du sélénium
et du fer.
• Certaines vitamines sont des molécules antioxydantes. La vitamine A et, surtout,
son précurseur, le p-carotène, mais aussi la vitamine E et la vitamine C.
Tous les antioxydants n'ont pas le même rôle et, même si le déficit d'un antioxydant
peut être quelquefois pallié en partie par la présence en quantité suffisante d'un
autre, son remplacement total n'est jamais complet. On comprend ainsi mieux
pourquoi il existe des besoins spécifiques en vitamines et en oligoéléments, et la
raison pour laquelle leur carence peut augmenter le risque d'infection mammaire
en en diminuant les défenses.
vaches sont souvent élevées hors sol. En Europe où les animaux pâturent une partie de
l'année, et lorsque les vaches sont taries, les apports supplémentaires se sont souvent
avérés décevants. En effet, ce rôle protecteur n'existe que lorsque les vaches sont préala
blement carencées en ces deux éléments, ou uniquement en vitamine E. Or, le sélénium
et la vitamine E sont présents en grande quantité dans l'herbe, alors que les ensilages et
les concentrés sont souvent pauvres en ces éléments. Il peut être cependant intéressant
d'apporter un complément de ces deux éléments en fin de gestation en dépassant légè
rement les apports préconisés habituellement. Les apports en sélénium et en vitamine
E seraient bénéfiques en début de lactation, mais il semble moins intéressant de les
prolonger.
Zinc et mammites
Les carences en zinc surviennent fréquemment mais elles sont généralement margi
nales. Le zinc a un effet protecteur comme antioxydant sur la mamelle et par d'autres
voies en améliorant la fonction immunitaire mais surtout en activant la formation de
kératine. Le zinc est nécessaire à l'incorporation de la cystéine dans la kératine. Comme
la vitamine A, il améliore la santé des épithéliums.
Cuivre et mammites
Le cuivre n'agit que sur le pouvoir bactéricide des phagocytes. L'apport de cuivre sous
forme organique est plus efficace que l'apport de sulfate de cuivre. Les carences en
cuivre chez les bovins sont souvent liées à la présence, dans la ration, d'antagonistes
comme les sulfures utilisés pour la fabrication de pulpe de betterave.
-?٠ .
on n'a pas retrouvé d'effet bénéfique lors d'essais de terrain. L'iode agit à différents ٠٠٠
niveaux sur le système immunitaire local et général. On aurait pu penser qu'un apport
avant le vêlage serait bénéfique sur la santé de la mamelle. Comme pour les précédents
éléments, cela n'a pas été confirmé.
Apports préconisés
Avant de préconiser des cures systématiques d'oligoéléments ou de vitamines, il est
conseillé au préalable d'analyser la ration, de vérifier les apports déjà réalisés et, s'il y a
un doute, de vérifier le statut sanguin. Si un tel apport lors d'une carence peut améliorer
la santé de la mamelle, en aucun cas, il n'apportera une amélioration de la santé de la
mamelle lorsque les bilans sont normaux. Un apport excessif peut même augmenter le
stress oxydatif, réduire la fonction immunitaire et même être toxique.
En raison des bilans sanguins souvent bas avant le vêlage, il peut être nécessaire de
complémenter les vaches en ces différents nutriments avec des apports correspondant en
général à ceux préconisés habituellement (cf. tableau 1). Seuls les apports préconisés en
vitamines A et E ou en sélénium sont généralement supérieurs à ceux indiqués d'habitude.
LES MAMMITES
Cuivre 20 mg/kg de MS
7 à 16 mg/kg de MS
60 jours avant le vêlage
Zinc 50 à 60 mg/kg de MS 50 mg/kg de MS
Vitamine A < 7x104UI/j 5 x104UI/j
P-carotène 300 à 600 mg/j 600-1 800 mg/j
On connaît aujourd'hui le rôle important joué par l'alimentation et ses pratiques autour
du vêlage. Des progrès non négligeables peuvent être obtenus si on inclut ces pratiques
alimentaires dans la prévention des mammites, comme on le fait pour les pratiques de
traite et la maintenance de la machine à traire ou encore les problèmes de reproduction.
On connaît mieux aujourd'hui l'incidence néfaste des différentes maladies métaboliques
et des carences en vitamines et en oligoéléments sur les défenses des trayons et de la
mamelle. Le schéma 2 met en évidence les liens qui existent entre les différentes mala
dies métaboliques, les carences en différents nutriments et les défenses de la mamelle.
Antibio Antibio
Traitées 0 19 0 0 Obturateur 0 27
tiques tiques
Témoins
non Aucun 7 58 Aucun 7 38 Aucun 10 93
traités
LES MAMMITES
Celui-ci peut être mesuré, à deux niveaux, selon que le traitement est à visée curative
ou préventive.
• Lorsqu'ils sont disponibles, l'examen des trois derniers CCSI mensuels avant tarissement
est intéressant. On décide de traiter si au moins l'un d'eux excède 200 000 cellules/ml.
Ces facteurs de risque concernant l'élevage sont évidents. Les conditions de vie des
vaches taries sont souvent négligées, en particulier leur litière. C'est pourtant à ce
moment de leur cycle de production que le risque de nouvelles infections est le plus
élevé. Il faut savoir que 95 % des infections pendant la période sèche sont d'origine
environnementale (le reste étant constitué par les germes dits « de traite »). Plus cette
période est longue, plus le risque est élevé.
Les vaches les plus âgées semblent plus sensibles aux infections de la période sèche.
La quantité de lait produite au moment du tarissement influe beaucoup sur le risque.
Ainsi, une vache qui perd du lait après le tarissement a quatre fois plus de risques de
faire une mammite clinique pendant la période sèche. Enfin, la méthode de tarissement
peut également intervenir. Un tarissement progressif (une traite sur deux avec réduction
alimentaire) permet une chute de la production beaucoup plus rapide avant le tarisse-
ment mais rallonge la période فrisque. Il semble cependant que, dans le cas des vaches
hautes productrices, cette méthode soit à préconiser.
Ce qui se passe au niveau du sphincter du trayon a un rôle fondamental sur le risque
d'infection. Une forte pression infectieuse et des lésions de l'extrémité du trayon sont 'ء
des facteurs de risque majeurs. Enfin, la fermeture du sphincter n'est ni aussi rapide, ni
aussi générale qu'on le croit (cf. figure 1). Ainsi, on a enregistré jusqu'à 20 % de trayons
ne présentant pas encore de bouchons de kératine six semaines après le tarissement
(cf. figure 1). Il faut savoir que, dans les deux semaines qui suivent le tarissement, aucun
sphincter n'est complètement fermé. Ces constatations ont donc permis d'appréhender
différemment un risque d'infection très longtemps sous-estimé.
sphincters ©□verts
100 - -
80
60
40 - -
20
٢ Semaines
I I ' detarissement
Tarissement ١
Selon la période considérée, le risque infectieux varie avec les diverses bactéries impli-
quées. Toutefois, la généralisation de l'emploi des produits de tarissement a conduit ف
réévaluer les risques d'infection au cours de la période sèche. En particulier, une étude
a montré qu'une proportion considérable de quartiers (jusqu'à 8 %) était infectée par
des germes d'environnement (essentiellement des entérobactéries) dès la 3® semaine
avant le vêlage. Ce fait illustre donc qu'une période considérée jusqu'alors comme peu
favorable aux infections est le moment privilégié de la contamination de la mamelle par
les entérobactéries. Ces résultats ont donc amené à réévaluer le risque infectieux du
tarissement (cf. figure 2).
Les explications à ces observations sont diverses :
• On a vu qu'un certain nombre de sphincters ne se ferment pas pendant
tarissement.
• La plupart des produits administrés au tarissement sont très efficaces dans la préven
tion des infections intra mammaires de début de la période sèche mais sont inef
ficaces pour prévenir les infections de la fin de la période sèche, au moment où
le redémarrage de la sécrétion dilue les faibles concentrations résiduelles de l'anti
biotique (cf. tableau 4).
danger d'infection est lié à des contaminations environnementales, risque qui augmente
progressivement au fur et à mesure que le vêlage approche et que la pression lactée
intra-mammaire s'accroît et dilate le sphincter du trayon.
Tarissement
Vêlage
S. aureus
Str. uberis
E. coli
Autres
streptocoques Str. uberis
Str. uberis
A. pyogenes
A. pyogenes
Coliformes
Sécrétion
Involution Mamelle involuée du colostrum
Figure 3 : Réévaluation du risque infectieux sur les vaches recevant un traitement antibiotique usuel
de tarissement
LES MAMMITES
STRATÉGIE DE TRAITEMENT
Traitement uniform e
Dans les élevages qui ne sont pas au contrôle de performances ou pour lesquels ne
sont pas disponibles des numérations cellulaires individuelles régulières, le choix du
traitement au tarissement se portera sur un produit capable de guérir et de prévenir. Les
spécialités à base d'antibiotiques à large spectre (associations ou céphalosporines) seront
alors les plus indiquées. Le choix pourra être affiné en fonction du modèle épidémiolo-
gique rencontré ou des résultats des examens bactériologiques disponibles. Toutefois,
dans les élevages où les niveaux cellulaires de tank sont les plus caractéristiques, un
ciblage du traitement pourra être défini : dans les élevages où les niveaux cellulaires
de tank sont bas (inférieurs à 150 000, voire 100 000 cellules/ml), seul un traitement
préventif des infections mammaires peut être mis en place au tarissement. En revanche,
dans les élevages où les niveaux cellulaires de tank sont élevés (supérieurs à 300 000
cellules/ml), le choix du traitement systématique doit se porter préférentiellement sur un
traitement à visée curative. Il faut toujours garder à l'esprit qu'une infection non soignée
au tarissement a tous les risques de ne pas guérir et de devenir incurable. Il y a donc un
risque majeur à laisser une infection intra-mammaire non soignée au tarissement.
Figure 4 : M ise en œ uvre d'un traite m e n t d iffé re n tié (NCT = num ération ce llu la ire de tank)
LA PRÉVENTION
L'intérêt d'un traitement différentié est d'appliquer à chaque vache la spécialité de taris
sement la plus adaptée : le produit préventif le plus performant pour les vaches saines,
la stratégie thérapeutique optimale pour la vache infectée.
Cefquinome
Cloxacilline
Association d'antibiotiques :
Céphalexine
Pénicilline + néomycine
Céfazoline
Pénicilline + nafcilline + dihydrostreptomycine
Rifaximine
Cloxacilline + néomycine
Spiramycine + néomycine î
Tableau 6 : Spectre d'activité des antibiotiques présents dans les produits intra
mammaires de tarissement
Staphylococcus aureus
Bactéries à Gram + Bactéries à Gram -
résistant à la pénicilline
Pénicilline/pénéthamate +++ - -
Céfazoline/céphalexine +++ ++ -
Cephalonium ++ ++ ++
Cefquinome ++ ++
Néomycine/framycétine + ++ +++
Rifaximine +++ ++ -
La plupart des spécialités à visée préventive possèdent également une bonne activité
curative. En revanche, celles qui sont curatives ne présentent pas d'activité contre les
entérobactéries, ce qui réduit considérablement leur intérêt dans la protection de la
mamelle au cours de la période sèche. Utilisées seules, les spécialités à spectre étroit
doivent être réservées aux vaches infectées au tarissement. Les différentes formulations
avec leurs avantages et leurs inconvénients sont rassemblées dans l'encadré 1.
LES MAMMITES
Comparaison de l'efficacité
d'un traitem ent par voie intram am m aire/voie générale
Différents essais ont montré que les antibiotiques administrés hors lactation par voie
intra-mammaire le jour du tarissement étaient beaucoup plus efficaces pour guérir
les vaches infectées que l'injection de produits antibiotiques à longue action par voie
générale. En effet, l'administration intra-mammaire permet de maintenir des concen
trations efficaces pendant plusieurs semaines, alors que la voie injectable ne permet
guère d'excéder une activité d'une semaine seulement. Ainsi, la voie d'administration
préférentielle est bien la voie intra-mammaire. La voie injectable peut être utilisée mais
associée à la voie précédente dans des situations bien précises (cf. tableau 8).
LES MAMMITES
L'association d'un traitem ent a ntib io tiq ue intra-m am m aire avec un obturateur
interne de trayon
L'objectif est de combiner des injecteurs de tarissement contenant des antibiotiques
ciblés sur une infection préexistante avec un obturateur interne dont le rôle est d'éviter
une nouvelle infection après résolution de l'ancienne. Ainsi, sur des vaches infectées,
Bradley obtient significativement un plus grand nombre de guérisons au vêlage sur le lot
traité avec de la cloxacilline et un obturateur interne que sur le lot recevant seulement
de la cloxacilline. L'addition des deux traitements est d'autant plus intéressante que la
durée de la période sèche s'allonge (cf. tableau 9).
% de nouvelles infections
Céphalonium seul Céphalonium + sous nitrate de bismuth
Tarissement normal 6% 3,7 %
(<10 semaines)
Tarissement long 11,4% 3,8%
(> 10 semaines)
Total tarissements 7,3 % 3,7 %
Association d'un traitem ent intra-m am m aire a ntib io tiq ue avec un traitem ent
antibiotique par voie injectable
Cette pratique est couramment utilisée dans les élevages. L'arrêt de la vidange lactée
permet à certains antibiotiques à bonne diffusion mammaire de s'accumuler plusieurs
jours à l'intérieur de la mamelle. Ainsi, l'injection de spiramycine au tarissement et
72 heures après, ou l'injection de tilmicosine le jour du tarissement permettent de main
tenir des concentrations d'antibiotiques efficaces dans la mamelle pendant une semaine
sur Staphylococcus aureus. Les essais cliniques ont permis de quantifier l'effet positif du
traitement combiné, de façon nette avec la tilmicosine (cf. tableau 10), de manière plus
discutable avec la spiramycine. En revanche, l'injection d'oxytétracycline au tarissement
n'a aucun intérêt.
Les résultats de guérison, quel que soit le protocole choisi, sont très élevés mais les
critères d'inclusion étaient très favorables à la réussite du traitement.
LA PRÉVENTION
Tableau 10 : Taux de guérison des quartiers infectés selon qu'ils ont reçu un anti
biotique par voie intra-mammaire simple (rifaximine) ou un traitement
combiné (rixafimine + tilmicosine)
Aspect curatif
On peut calculer un indice de guérison des infections sub-cliniques pendant le tarisse
ment en utilisant la formule ci-dessous (cf. tableau 11).
Pourcentage de guérison =
nombre de vaches avec (CCSIT > 200 000 c/ml et CCSIV < 200 000 c/ml)
nombre de vaches avec CCST > 200 000
(CCSIT = Comptages Cellulaires Somatiques Individuels avant Tarissement
CCSIV = Comptages Cellulaires Somatiques Individuels au Vêlage)
Objectifs à atteindre
Nature des infections
mauvais correct bon
Moyenne < 65% 65% < < 80% > 80%
Infections à Staphylococcus aureus < 50% 50% < < 70% > 70%
Infections à Streptocoques < 75% 75% < <85% > 85%
LA PRÉVENTION
Sinon risque de :
Aspect prévent؛؛
Une infection in tra -m a m m a ire au cours
-du tarissement peut se traduire de diffé
: rentes façons
par une mammite clinique au cours de •
la période sèche ou au moment de la
montée du lait. C'est classiquement le
; cas avec Arcanobacterium pyogenes
par une mammite clinique en début de •
lactation. Ainsi on estime ؟u'environ
la moitié des mammites cliniques ٩ ٧ ؛
Photo Q Dermite séborrhéique au tarissement :
surviennent au cours des cent premiers
le traitement ne protège pas la vache tarie de
-jours de lactation sont liées à une infec toutes les agressions extérieures. Il convient de la
.tion mammaire au cours du tarissement surveiller jusqu'au vêlage. (J.M. Nicol)
Les infections فStreptococcus uberis
ou Escherichia coli s'expriment souvent de cette manière, (cf. partie sur les germes
responsables de mammite page 35 ف37( ;
• par une infection sub-clini ؟-ue au vêlage, qui se traduira par une élévation des numé
.rations cellulaires somatiques dès le vêlage
Ainsi, l'efficacité globale de la prévention peut être traduite par un indice de prévention
.des nouvelles infections
= Pourcentage de prévention
nombre de vaches avec (CC5IT < 200 000 c/ml et CCSIV < 200 000) c/ml
nombre de vaches avec CCST < 200 000 c/ml
CCSIT = Comptages Cellulaires Somatiques Individuels avant Tarissement(
)CCSIV = Comptages Cellulaires Somatiques Individuels au vêlage
L'objectif est que cet indice soit supérieur فen ayant pris bien soin d'enlever les ,% 85
,vaches ayant eu une mammite clinique au cours de la période sèche du numérateur
même si celles-ci n'ont pas d'élévation de cellules au vêlage suivant,
LA PRÉVENTION
215
UN FACTEUR DE RISQUE ;
LES LESIONS DU TRAYON
S'il semble évident que les affections bactériennes, virales ou mycosiques du trayon
soient une source importante d'infection de la mamelle, les germes remontant par les
canaux galactophores à l'issue de la traite notamment, ce ne sont pas - et de loin -
les seuls facteurs de risque des mammites. D'une toute autre importance sont les
traumatismes, tant physiques tels que brûlures par le soleil, engelures ou déchirures
tégumentaires occasionnées au pâturage par les végétaux ligneux acérés ou coupants,
que chimiques : produits désinfectants trop concentrés utilisés lors de la traite par
exemple. Ces effractions dans une peau dépourvue de poils protecteurs sont la porte
ouverte à de nombreuses infections locales de tous genres qui peuvent gagner, tant par
voie sanguine que par les canaux galactophores, la mamelle, l'infecter et s'y multiplier.
Et ce, d'autant que la mamelle est plus grosse et que la lactation est plus importante.
La dissémination de ces germes d'un animal à l'autre ou d'un troupeau à l'autre peut
se faire par les manipulations de l'animal lors de la traite mais aussi par des mouches
lécheuses comme la mouche domestique, la mouche d'automne ou, encore, Hydrotaea
irritans, ainsi que par des mouches piqueuses telles que tabanidés ou stomoxes.
Une autre cause un peu particulière de mammite engendrée par des lésions du trayon et
que l'on rencontre de plus en plus fréquemment aujourd'hui est liée aux traumatismes
causés par un dérèglement du niveau de vide de la machine à traire et qui sont à l'ori
gine de strictions ou d'« anneaux de compression » sur le corps du trayon, lésions qui,
par leur rémanence, provoquent de douloureuses érosions internes du canal du trayon
et des inflammations initialement localisées.
S'il ne nous est pas possible d'envisager au sein d'un tel ouvrage la totalité des affec
tions pathologiques du trayon, nous évoquerons toutefois par ordre d'importance les
problèmes les plus fréquemment rencontrés, toutes causes confondues, en faisant cepen
dant une distinction entre celles d'allure contagieuse et celles qui ne le sont pas. Nous
terminerons ce chapitre par quelques affections cutanées de la mamelle qui peuvent
être source de mammites.
Épidémiologie
Encore connue sous le nom de paravaccine, la pseudo-variole est vraisemblablement
l'affection des trayons la plus fréquemment rencontrée de nos jours (80 % des lésions
du trayon chez la vache laitière). C'est une maladie virale due فun parapoxvirus iden-
tique ou très voisin de celui de la stomatite papuleuse. Cette affection contagieuse mais
bénigne sévit sous deux formes : l'une aiguë, d'apparition brutale lorsque le virus se mani-
feste pour la première fois dans une exploitation, l'autre chronique lorsque l'affection
évolue déjà depuis quelque temps au sein de l'élevage. Elle est répandue dans le monde
LA PRÉVENTION
entier et affecte 30 80 ف% des vaches en lactation, atteignant de manière plus sévère les
animaux contaminés pour la première fois. Elle survient le plus souvent au printemps ou
en automne (fréquemment 1 à 2 semaines après le vêlage) mais peut s'observer فl'état
endémique tout au long de l'année. Si des mesures drastiques d'hygiène ne sont pas
prises pour l'éradiquer, la maladie pourra sévir de nombreuses années à l'état chronique
dans l'exploitation touchée avec une morbidité de 5 à 10 %. Sa dissémination au sein de
l'élevage se fait essentiellement lors de la traite par l'intermédiaire des gobelets trayeurs,
voire des mains de l'éleveur mais aussi de façon passive par les mouches lécheuses. Sa
pérennisation dans l'élevage est due aux animaux ayant des lésions persistantes, à leur
susceptibilité فla réinfection et فla grande résistance du virus dans le milieu extérieur,
celle-ci pouvant atteindre plusieurs années.
• des antiseptiques locaux virucides tels que l'acide dodécylsulfonique, les iodophores
ou le permanganate de potassium 1 ف% ;
• des émollients pour réduire-l'incidence des blessures, lanoline et glycérine en
particulier.
Il est impératif, lorsque l'on veut éviter l'entrée de la maladie dans son troupeau, d'adopter
des mesures de quarantaine très strictes lors de l'introduction d'un nouvel animal.
Éliminer la maladie de son cheptel est beaucoup plus difficile : celle-ci se propageant
essentiellement lors de la traite, il conviendra d'une part, de réaliser un pré-trempage
et un post-trempage des trayons lors de chaque traite à l'aide de lavettes imbibées d'un
produit virucide, d'autre part de désinfecter les gobelets trayeurs après chaque animal.
Ce qui, bien évidemment, a pour inconvénient de doubler le temps de la traite...
¿es verrues
Épidémiologie
Bien qu'étant parfois à l'origine de lésions de trayons sur plus de 80 % des animaux dans
de très nombreux cheptels, ces virus sont rarement la cause de mammites car les lésions
tégumentaires qu'ils provoquent ne s'excorient que difficilement, pour peu que l'on
prenne quelques précautions lors de la traite. Toutefois, les trayons de certains animaux
peuvent en être tellement couverts que la traite devient difficile, voire impossible, et que
des mammites par rétention peuvent survenir.
moins affectent couramment le trayon : le BPV-1 (pour Bovine Papilloma Virus de type 1),
le BPV-5 et le BPV-6. Un même animal peut être affecté par plusieurs virus à la fois.
Ces papillomes sont différenciés en deux types suivant leur nature histologique : les
fibropapillomes auxquels appartiennent les BPV-1 et BPV-5, et les épithéliopapillomes
parmi lesquels se trouve le BPV-6, spécifique de la mamelle et des trayons.
Le BPV-1 provoque généralement des
tumeurs volumineuses polylobées,
souvent pédiculées, à surface rugueuse
ou bosselée, évoquant l'aspect d'un
chou-fleur (photo 3). Elles récidivent
souvent après exérèse chirurgicale mais
peuvent aussi régresser spontanément.
Le BPV-5 provoque des fibropapillomes
en « grain de riz » à la surface du trayon.
Ils sont aisément reconnaissables à leur
couleur blanche et paraissent parfois un
peu translucides, à l'inverse des autres w^h^tp ٠ Papillomes du trayon dus au
papillomes (photo 4). Ils sont souvent v - bpv=k • g«netalement, c ٠ tumeurs sont moins
serrés les uns contre les autres, coa (volumineus X ce stade, elles empêchent la
cents. Ils sont particulièrement vistb traite ) ؛Ph. ٠ aille)
sur les vaches à peau noire, la Ifeion
tranchant par sa couleur blanc ivbfpe Sur
la peau pigmentée. Ce sont des tiVffcu
très courantes qui représentent
des verrues que l'on rencontre chez
animaux porteurs de papillomes sur
trayon. L'organisme atteint lutte contre
ce virus en développant une réaction
immunitaire. Cette réponse se manifeste
6 semaines après la contamination : elle
est à la fois cellulaire et humorale. La
réponse à médiation cellulaire joue un
rôle majeur dans la régression naturelle
des papillomes. En effet, certains sujets
qui ont eu des verrues gardent une
« mémoire » de l'infection, parfois sans
anticorps détectables, sauf après avoir
effectué un test intradermique qui joue
un rôle d'amplification.
Le BPV-6 provoque de véritables
papillomes épithéliaux en forme de
frondes : ils sont localisés sur le trayon
mais aussi sur les parois de la mamelle.
Plusieurs poussées peuvent survenir
conduisant à la formation de tumeurs
pédiculées qui, à l'inverse des autres Photo Q Papillomes du trayon dus au BPV-5 :
papillomes, s'excorient facilement, noter leur forme en « grain de riz » et leur couleur
donnant des ulcères qui conduisent à blanc ivoire qui tranche sur la peau noire. Ils
l'infection du trayon puis de la mamelle, peuvent, comme c'est le cas ici, remonter sur la
voire à une distorsion du canal galacto- mamelle. (O. Depret)
LES MAMM1TES
Épidémiologie
À l'inverse des deux précédentes, cette affection virale relativement rare — deux فtrois
foyers par an en Europe— ne passe pas inaperçue du fait de sa grande contagiosité :
lorsqu'elle apparaît dans une exploitation, 60 80 ف% des animaux sont touchés en une
huitaine de jours, et la maladie s'étend en tâche d'huile dans les exploitations environ-
nantes. Son impact est donc important.
La thélite ulcérative herpétique est causée par un herpès virus, le BHV-2, assez proche
des virus de l'herpès simplex humain. Mais il ne cause en aucun cas de lésions chez
l'Homme, فl'inverse de celui de la pseudo-variole. C'est un virus قADN enveloppé,
assez sensible aux agents ph^ico-chim iques du milieu extérieur et aux détergents. Mais
le froid le conserve parfaitement.
Tableau clinique
Elle se manifeste par l'apparition sur le trayon, de larges vésicules qui se rompent en
quelques heures pour donner de douloureux ulcères superficiels entraînant fréquem
ment des mammites pouvant aboutir à la perte du quartier. C'est une maladie répandue
LES MAMMITES
dans le monde entier dont l'impact économique est particulièrement important chez les
bovins en lactation et ce, d'autant que les animaux n'ont jamais été en contact avec le
virus. Elle s'observe essentiellement au cours du second semestre de l'année, son inci
dence la plus haute ayant lieu à la mi-octobre. Elle semble survenir par temps doux et
humide, au moment où les diptères piqueurs sont nombreux.
On admet aujourd'hui que cette maladie est un phénomène récurrent d'une infection
primaire silencieuse, le virus se « cachant » dans les tissus cutanés et nerveux après
l'infection originelle suite à une blessure cutanée.
Le diagnostic le plus fiable se fait par isolement du virus. La sérologie est utilisable
lorsque l'on dispose de deux sérums prélevés à une quinzaine de jours d'intervalle. Les
anticorps spécifiques peuvent être mis en évidence par plusieurs techniques, notam
ment par séroneutralisation en présence de complément.
La prophylaxie de cette maladie, tout comme celle des autres affections du trayon,
consistera en une quarantaine à l'entrée des animaux dans l'exploitation, en une lutte
contre les insectes lécheurs ou piqueurs et, surtout, dans la désinfection systématique
des gobelets trayeurs dès l'apparition des premiers cas dans l'exploitation, afin de limiter
leur extension. Des vaccins ont bien été mis au point mais ils ne sont pas commercialisés
en France.
LA PRÉVENTION
Épidémiologie
Affection bactérienne en voie de régression aujourd'hui, la thélite nodulaire tubercu
loïde était relativement fréquente au milieu du siècle dernier, notamment dans l'est de la
France. Mais les mesures d'hygiène mises en œuvre à l'époque ont permis de l'enrayer.
C'est une maladie chronique, d'apparence enzootique, due à diverses mycobactéries,
en particulier Mycobacterium aquae, M . vaccae, M terrae, M. kansasii et M. fortuitum.
C'est une affection cosmopolite qui touche essentiellement les animaux dans la période
qui précède la mise bas et celle du début de la lactation, voire en fin de tarissement,
lors de la turgescence de la mamelle. Au sein du troupeau, la thélite nodulaire est peu
contagieuse : ce sont les animaux de 4 à 8 ans qui sont les plus touchés, essentiellement
lorsqu'ils sont au pâturage, à l'automne et au printemps.
Ces bactéries pénétreraient dans la peau à la faveur de micro-traumatismes ou d'une
affection intercurrente telle que la pseudo-variole. La multiplication du germe aurait lieu
localement, sans essaimage donc sans adénopathie satellite ni généralisation. Comme
il s'agit de bactéries tellurique, leur résistance est très grande dans le milieu extérieur,
parfois de plusieurs a n n é e s . ____________________________________
Tableau clinique
Elle engendre l'apparition lente dans le
corps du trayon, tant des laitières que
des vaches allaitantes, de volumineux
nodules qui déforment l'organe mais qui
sont spontanément résolutifs en 3 ou
4 années. Ces mêmes lésions peuvent
se retrouver sur le scrotum des taureaux
atteints. Apparemment bénignes, elles
présentent toutefois une certaine gravité,
en raison des difficultés de traite et des
réactions positives ou douteuses à la
tuberculine qu'elles engendrent.
Après une période d'incubation de 8 à
15 jours, l'affection débute par une indu
ration de la paroi du trayon que l'on ne
peut détecter que par la palpation car l'or Photo K l Thélite nodulaire : volumineux nodules
gane n'est pas encore déformé. Apparaît déformant le corps du trayon. Ces lésions,
ensuite un petit ulcère qui, en cicatri bien régulières, doivent être différenciées des
sant, forme un nodule en repoussant papillomes dus au BPV-1. (G. Coussi)
LES MAMMITES
Les plus importantes, sous nos latitudes, sont au nombre de cinq : la fièvre aphteuse,
la F.C.O., la maladie des muqueuses, le coryza gangreneux et la stomatite papuleuse.
Ce sont toutes de maladies contagieuses dues à des virus et qui se caractérisent par des
signes généraux graves (hyperthermie, abattement, anorexie, pertes de productions...)
accompagnés de lésions épithéliales de la bouche, des trayons et des pieds.
C'est la maladie la plus contagieuse du bétail. Elle affecte non seulement les bovins
mais aussi les petits ruminants et les porcins. Elle est due à un Aphthovirus dont il
existe sept types différents de par le monde. Ces virus, extrêmement résistants dans
le milieu extérieur, sont excrétés massivement par voie aérienne et transportés par le
vent sur de grandes distances. C'est ce qui explique la large diffusion de la maladie.
Les animaux se contaminent généralement par voie respiratoire. Après multiplication
au sein de la muqueuse pharyngienne, le virus est disséminé par voies lymphatique
et sanguine jusqu'aux épithéliums, muqueuse buccale et peau des trayons en parti
culier. Dans ces derniers, il se multiplie en produisant des vésicules qui fusionnent en
quelques heures pour donner des aphtes, d'où le nom donné à la maladie. Ces aphtes,
qui peuvent siéger sur la totalité du trayon, se rompent en 12-18 heures pour donner
de vastes ulcères superficiels (photos 9 et 10) très douloureux qui entravent la traite.
Dans certains cas, ce sont même les premières lésions décelables, quelques heures
avant l'apparition des aphtes dans la bouche ou sur les pieds. Il est donc très impor
tant que l'éleveur appelle immédiatement son vétérinaire dès qu'il constate ce type de
lésion sur les trayons, surtout lorsque plusieurs animaux sont touchés. Si on laisse la
LA PRÉVENTION
maladie évoluer, la guérison peut avoir lieu en une quinzaine de jours - trois semaines.
Mais des mammites peuvent aussi se produire, d'autant plus rapidement que la plaie est
contaminée par des germes de surinfection. La fièvre aphteuse est inscrite sur la liste
des maladies contagieuses : en conséquence, les animaux, malades et contaminés, sont
immédiatement abattus dès sa détection, et l'exploitation assainie.
Le coryza gangreneux
Encore appelé fièvre catarrhale maligne, le coryza gangreneux est une maladie infec
tieuse mais peu contagieuse due à un Herpesvirus, l'OHV-2. La forme européenne de
cette maladie a pour réservoir le mouton qui, à l'inverse des bovins, ne manifeste aucun
signe clinique. Elle est peu fréquente en France mais souvent mortelle chez les bovins
qui en sont atteints.
Après une incubation de 3 à 8 semaines, la maladie débute par une hyperthermie brutale
qui peut atteindre 41,5 - 42 °C en 24 ou 48 heures. Elle s'accompagne d'une atteinte
grave de l'état général avec prostration, anorexie, inrumination... La mort survient en
général au bout de 6 à 8 jours. Souvent, la maladie ne touche qu'un seul animal, voire
deux. C'est peu de temps avant cette phase que se développent les lésions de thélite :
Elles débutent par une congestion très intense des trayons, voire de la partie basse de la
mamelle, celles-ci se poursuivant par l'apparition d'un érythème et d'un œdème puis de
papules qui s'érodent progressivement pour laisser place à des érosions suintantes qui
sèchent en formant de petites croûtes. Le plus souvent, la totalité du trayon est atteinte
(photo 13). Outre le syndrome fièvre, une des autres caractéristiques de la maladie est
la survenue d'une adénite généralisée. Le moyen le plus efficace pour que cette maladie
LA PRÉVENTION
ne parvienne pas dans son troupeau est d'éviter tout contact entre bovins et ovins, y
compris par !'intermédiaire des bétaillères ou des instruments de pansage.
Une mammite peut survenir suite à des surinfections, mais, du fait de sa rareté, son
importance médicale et économique reste faible.
Photo I f i j Photosensibilisation : lésion oedémateuse et érythémateuse bien visible sur les zones
dépigmentées. (J.M. Nicol)
١٠ I
Une maladie courante mais bénigne : la stomatite papuleuse
Également connue sous le nom de stomatite pseudo-aphteuse, la stomatite papuleuse est
une maladie virale courante mais bénigne qui, comme son nom l'indique, touche surtout
la bouche et les lèvres, voire le mufle. Les trayons ne sont qu'accessoirement atteints. ,٠¿
Elle sévit essentiellement chez les jeunes à la suite d'un stress (changements d'habitat ou
d'alimentation, carence, parasitisme, affection intercurrente). C'est une maladie transmis-
sible à l'Homme.
Elle est due à un virus à ADN du genre Parapoxvirus, apparenté au virus de la pseudo
variole des bovins et à celui de l'ecthyma du mouton. Il est très résistant dans le milieu
extérieur.
Les lésions qu'il produit sur le trayon - ainsi d'ailleurs que sur la langue, les lèvres et le
mufle - débutent par de petits foyers érythémateux qui font place à des papules aplaties
ou des plaques en surélévation, d'environ 1 à 1,5 mm d'épaisseur et de 1 à 3 cm de
diamètre. Leur surface, de couleur gris jaunâtre ou brune, est rugueuse, granuleuse ou
crevassée. Progressivement, ces plaques s'étendent par leur périphérie pour se nécroser
et s'ulcérer en leur centre (photo 14). Au bout d'une huitaine de jours, la lésion devient
proliférative à sa périphérie, tandis que les masses nécrotiques et caséeuses centrales
ne peuvent être ni décollées, ni enlevées facilement. Autour d'elles se forme une aréole
inflammatoire délimitée, sur sa partie interne, par un anneau blanc ivoire. La guérison
s'amorce au bout de 15 jours et les dernières lésions cicatricielles disparaissent 1 mois
après le début de la maladie. Les mammites engendrées par cette affection sont rares.
LES MAMMITES
Traumatismes
Ils peuvent être physiques, chimiques ou
mecamques.
L'écrasement du trayon
Il s'agit d'un accident relativement fréquent
qui se produit chez les animaux portant
les mamelles très bas, surtout ceux élevés
en promiscuité, serrés dans des logettes
étroites (photo 16). Une mammite de
surinfection peut survenir si une chirurgie
réparatrice n'est pas effectuée dans les
48 heures après le traumatisme.
Photo U ؛J Piqûres de stomoxes : la piqûre
Les traumatismes chimiques engendre un œdème et des micro-hémorragies
, , qui peuvent être très nombreuses. (I.M. Nicol)
Les plu s rre q u e n ts so n t :
importante, pouvant atteindre, sur un seul animal, plus de 2 litres en une seule journée,
(photo 20)
Photo EQ Chrysops sp. : la piqûre de ces taons aux Photo D errm atite séborrhéique m am m aire :
ailes très colorées est extrêmement douloureuse. ces lésions, m icrobiennes, se rencontrent sur
(J.M. Gourreau) les plus fortes laitières. Elles sont extrêm em ent
d iffic ile s à soigner. (J.M. G ourreau)
r\
Photo D Robot de traite : on peut observer la Photo El Robot de traite , écran : grâce aux
p artie du rob o t qui perm et la tra ite des quatre données s'affichant sur l'écran, l'éleveur a accès à
trayons. (J.M. N icol) de nombreuses inform ations. (J.M. N icol)
permet de maintenir les brosses humides et, ainsi, d'améliorer leur efficacité sur les
trayons. L'efficacité de ces deux procédés semble assez proche.
La durée du lavage ou le nombre de passages de brosse sur chaque trayon peut être réglé
en fonction du troupeau. Ils doivent être augmentés lorsque la pression microbienne
augmente dans le troupeau. Cette précaution s'avère très utile pour les troupeaux en
aire paillée ou lors des périodes de pâturage, lorsque les conditions climatiques sont
défavorables. L'augmentation de la durée de la préparation engendrera un petit allonge
ment du temps de traite, donc une diminution du nombre de traites réalisables par jour.
En fonction du nombre d'animaux à traire et de la fréquentation du robot, il sera ou non
possible de modifier les réglages.
Ces réglages peuvent également n'être modifiés que pour quelques animaux connus
comme ayant régulièrement les trayons souillés.
Un système de pré-trempage est également disponible dans le commerce sur un des
modèles de robot.
La mauvaise efficacité du lavage des trayons avant la pose des griffes se traduit par
la présence de spores butyriques dans le lait de mélange. Ce problème pourra aussi
engendrer une augmentation du nombre des mammites cliniques ou sub-cliniques.
En fonction des modèles de robot, la synthèse des données est faite par le logiciel ou,
au contraire, ces données sont affichées sans analyse. Dans le premier cas, le logiciel
indique la liste des animaux pour lesquels ces critères sont anormaux, après pondération
de chacun d'eux par des abaques définis par le fabriquant. Dans le second cas, l'éleveur
devra consulter deux ou trois tableaux pour détecter les animaux devant être surveillés.
Dans les deux cas, le plus important est la consultation régulière de ces données par
l'éleveur (deux, voire plutôt trois fois par jour).
Plusieurs facteurs physiologiques (cf. tableau 1) influencent la conductivité électrique
du lait.
Les écarts de conductivité entre les quartiers ou sur le même quartier dépendent du degré
de l'inflammation induite par l'infection. Les mammites cliniques provoquent des écarts
de 50 %, tandis que des mammites sub-cliniques provoquent des écarts de 20 %.
L'augmentation de la conductivité électrique semble être concomitante de l'élévation
du dénombrement cellulaire dans le lait. Elle peut être très largement antérieure à
l'apparition des symptômes. Expérimentalement, il a été montré que la variation de la
conductivité d'un quartier volontairement infecté précède l'apparition des signes locaux
d'environ 36 à 48 heures.
Pour les robots actuellement commercialisés, la conductivité est mesurée quartier par
quartier, et est enregistrée. Cette mesure par quartier est beaucoup plus sensible que
la mesure de la conductivité sur le lait des quatre quartiers. Lors de mesure quartier
par quartier, les variations sont ensuite évaluées soit entre les quartiers pour une traite
donnée, soit pour un quartier donné par rapport aux valeurs des jours précédents. Les
systèmes actuels utilisent ces deux données et raisonnent en terme de variation, et non
pas de valeur absolue.
Il est également possible de définir un seuil au-dessus duquel l'animal est placé dans
la liste d'alerte. Une variation de 20 % est souvent la valeur retenue mais elle peut être
modifiée.
Toutefois, la mesure de la conductivité ne suffit pas seule à détecter les mammites
car certaines vaches débutant une mammite aiguë ne vont pas venir se faire traire. La
consultation de la liste des animaux en retard de traite va être également un bon critère
d'alerte pour l'éleveur. De même, une chute brutale de production constitue un autre
critère important.
La mesure de la colorimétrie du lait est également un examen permettant de détecter
les laits anormaux et, dans certains cas, des mammites cliniques. Cette mesure permet
le tri des laits qui ne doivent pas être commercialisés.
SUJETS D'ACTUALITÉ
Outre la conductivité, les robots récents proposent en option, des systèmes de dénom
brement cellulaire. Ces systèmes permettent d'obtenir soit une donnée chiffrée (OCC
de DELAVAL), soit le niveau de concentration cellulaire sur une échelle de 5 (MQC-C
de LELY). L'association des deux techniques permettrait de multiplier par deux ou trois
le nombre de mammites détectées. Dans les troupeaux à faible prévalence de vaches
infectées, la conductivité et le contrôle mensuel des concentrations cellulaires indivi
duelles permettent une bonne détection des mammites cliniques et sub-cliniques. Pour
les troupeaux plus infectés, l'association des deux données peut être plus intéressante.
Des systèmes de détection des grumeaux, des mesures de température par caméra ther
mique et des systèmes absorbant les radiations infrarouges émises par la mamelle sont
à l'étude. La mesure des variations de la concentration de certains composants du lait
comme les lactates, le lactose ou la N-acétyl-B-D-glucosaminidase sera sans doute bientôt
proposée. La concentration de ces composants varie en cas de mammite. La détection
des mammites cliniques va donc continuer à progresser dans les années à venir.
Le plus souvent, lors de la première traite d'un animal, il est nécessaire de paramétrer la
position de chaque trayon. Le logiciel garde ensuite en mémoire la position des trayons
d'une traite à l'autre, ce qui facilite grandement la recherche des trayons.
Il existe deux systèmes différents de pose des gobelets :
• Un système de bras articulé qui saisit chaque gobelet et le pose sur le trayon ; une fois
ce branchement fait, le bras se retire totalement et se positionne juste pour soutenir
les tuyaux longs à lait.
• Un système de bras qui porte les quatre gobelets et qui se déplace sous la mamelle
pour brancher chaque gobelet. Ce bras reste ensuite sous la mamelle et adapte sa
position en fonction des mouvements de l'animal.
Le système de détection des trayons est lavé régulièrement par le robot. Il est parfois
nécessaire que l'éleveur le nettoie lui-même lorsque le nombre d'échecs de pose
devient anormalement important. La pose des gobelets trayeurs se fait trayon par
trayon. La traite du quartier débute dès la pose du manchon. Ces systèmes de détection
des trayons sont assez performants, et le nombre d'échecs à la pose des gobelets est
souvent faible. Néanmoins, quelques vaches ayant une mamelle très déséquilibrée ou
des trayons croisés devront être réformées.
Ces systèmes sont indispensables pour les troupeaux sur aire paillée, ainsi que pour
ceux dont l'état sanitaire n'est pas optimal avant la mise en route du robot. Leur instal
lation est à préconiser dès que l'on observe une dégradation des taux cellulaires ou une
augmentation des nouvelles infections.
Après la dépose des quatre manchons trayeurs, tous les robots réalisent une pulvérisa
tion d'un produit désinfectant sur les trayons. Cette pulvérisation est rarement effectuée
sur l'ensemble du trayon ayant été en contact avec le manchon. Seuls des produits
aqueux peuvent être utilisés. Cette désinfection des trayons ne constitue pas le point fort
des robots. Comme pour la préparation des mamelles, il est possible de régler l'intensité
et la durée de la pulvérisation.
Dans la grande majorité des cas, il convient de détecter des signes locaux (inflamma
tion, modification de la qualité du lait, présence de grumeaux) pour mettre en place
un traitement. Mais, parfois, du fait de taux de guérison très insuffisants avec cette
méthode, on pourra préconiser la mise en place d'un traitement uniquement sur la
mesure de la conductivité. Ces cas demeurent néanmoins exceptionnels et engen
drent quelques traitements inutiles. Cette mesure sera proposée après avoir fait une
évaluation complète des problèmes de l'élevage et des pratiques de l'éleveur.
LES MAMMITES
• un produit de trempage.
Si l'intervalle depuis la dernière traite est supérieur à 2-3 heures, il est préférable - et
même essentiel - de traire à nouveau la vache avant l'administration du traitement.
Cette mesure est primordiale en cas de mammite avec forte inflammation. L'injection
d'ocytocine peut, dans ce cas, être préconisée.
Une fois le traitement démarré, il est nécessaire d'interdire l'accès au robot de traite
pendant 6 à 8 heures en fonction des spécialités. En effet, une nouvelle traite trop rapide
des animaux se traduirait par une élimination trop précoce du produit.
Classiquement, une fois le traitement commencé, l'éleveur trait la vache manuellement.
Celle-ci ne pourra donc être traite qu'en sa présence, ce qui permet de réaliser le traite
ment avec une mamelle bien vidée. Mais, là encore, d'autres solutions sont possibles. Il
suffit juste de s'assurer qu'elles soient compatibles avec la bonne observance du traite
ment, ainsi que sa réalisation dans des conditions lui permettant d'être efficace.
Si les vaches en traitement sont mises dans un parc à part durant la durée du traitement,
il faut s'assurer que l'hygiène de ce parc soit satisfaisante pour éviter une nouvelle conta
mination des quartiers.
ont subi la phase de préparation mais n'ont pas été traits aussitôt. On en déduira que
la déteetion de trayons par le robot n'est pas satisfaisante, soit du fait d'un dysfonction-
nement du matériel, soit فcause d'un nombre trop élevé de mamelles très déformées.
• Le nombre de pannes du robot : un trop grand nombre d'interventions pénalise l'accès
des animaux au robot.
Si la corrélation entre la conductivité et les CCI est bonne, cette mesure de la conducti-
vité réalisée par quartier sera utile pour connaître, pour chaque animal, le nombre et la
localisation des quartiers infectés.
Visite de traite
La difficulté majeure de la visite de traite d'une exploitation possédant un robot est
liée au temps d'observation de la traite d'un nombre suffisant d'animaux, sans devoir y
passer trop de temps.
Dans une installation classique, la durée de la partie « visite de traite » dans un audit
qualité du lait est de l'ordre de ٦ h 30. Avec une traite automatisée, cette durée permet
d'observer environ 10 15 فanimaux, soit 15 25 ف% des animaux d'une exploitation de
60-80 vaches. Bien que ce nombre d'observations soit assez faible, il permet néanmoins
de se faire une première opinion sur le fonctionnement du robot. En cas de doute, il est
nécessaire de prévoir une seconde période d'observation.
Pour que cette phase d'observation soit efficace, il est indispensable que le maximum
d'animaux soit trait durant cette période. L'éleveur devra, si besoin, pousser quelques
animaux vers le robot ٣٠٧٢ éviter les temps morts.
La démarche pratique de cette visite sera assez proche de celle qui peut être réalisée en
salle de traite classique :
• Observation de la préparation des mamelles.
• Contrôle de la libération du lait dès la pose des manchons et contrôle de la cinétique
d'éjection du lait grâce au débit par quartier, consultables sur l'écran.
• Surveillance du comportement des animaux durant la traite : piétinement, bouses,
coups de pieds.
• Évaluation de l'état de propreté des animaux.
٠ Observation des trayons فla dépose des manchons. Cette partie est assurément la
plus difficile à réaliser. En effet, et ce quel que soit le modèle, le temps entre la dépose
du dernier manchon et le moment de libération de l'animal est très court. De plus,
l'accès aux trayons n'est pas des plus aisés. Il existe, selon notre expérience, deux
méthodes :
- observer et, si besoin, palper uniquement les 3 premiers trayons débranchés dans
le robot,
- réaliser cette observation une fois l'animal sorti du robot. Cela nécessite de dispo-
ser فla sortie du robot d'un système de contention simple et efficace.
Il est difficile فce jour de savoir quelle est la meilleure méthode. L'expérience des uns
et des autres sera fort utile dans ce d o m a in e .
• La mesure du temps de traite n'est pas utile puisque ces données sont fournies par la
machine. En revanche, il est parfois intéressant de mesurer le temps écoulé entre la
fin de la préparation et la pose des gobelets.
L'analyse de tous ces résultats se fait selon la même approche que celle que l'on peut
avoir dans une salle de traite conventionnelle.
À l'issue de cette phase d'étude des documents et de visite de traite, il est nécessaire
de réaliser un diagnostic et de proposer des solutions pratiques et concrètes, comme
on peut le faire usuellement lors d'un audit qualité du lait en salle de traite. Une bonne
connaissance des paramètres réglables en terme de préparation des mamelles ou de
trempage permettra de proposer les mesures adaptées à l'élevage. La bonne évaluation
des pratiques réelles de l'éleveur sera essentielle. Dans la plupart des cas, le technicien
assurant la maintenance du matériel doit être présent à la fin de la visite afin, d'une
part, de définir avec l'éleveur les solutions possibles et, d'autre part, de pouvoir fournir
certaines données enregistrées par le robot.
Allopathie/homéopathie
Face à la vache qui présente des signes cliniques ou sub-cliniques de mammites, l'éleveur
(ou son vétérinaire) a la possibilité de soigner au moyen de deux techniques différentes
dont les critères et les lois divergent. Le tableau 1 présente les différences d'approche
et les critères retenus par chacune des méthodes : il ne s'agit en aucun cas d'utiliser les
critères de l'une pour l'autre. Ces techniques ne s'opposent pas ; elles n'apporteront de
résultat positif que si elles sont pratiquées avec les règles qui leur sont spécifiques.
SüjETS D'ACTUALITÉ
ALLOPATHIE / HOMÉOPATHIE
DÉFINITION
Nous devons cette définition à un médecin allemand du XIXe siècle, Samuel Hahnemann.
Grâce à son sens de l'observation et à son expérience, il est parvenu à édicter la loi des
semblables, résumée dans l'encadré 1.
Toute substance
expérimentalement cliniquement
de provoquer de guérir
symptômes
L'homéopathie est une technique thérapeutique qui met en application cette loi et qui
utilise des substances à dose infinitésimale.
C'est avant tout une technique liée à l'expérience et à l'observation : il faut du temps
pour l'acquérir, de l'expérience et de la disponibilité.
LES MAMMITES
TECHNIQUE HOMEOPATHIQUE
Le but de cette technique est bien de parvenir à trouver le remède qui va permettre
à la vache de retrouver rapidement un lait propre à la consommation, produit par
une mamelle saine et une vache en bonne santé, c'est-à-dire avec un comptage
cellulaire inférieur à 250 000 c/m l et qui ne rechutera pas de sitôt. Cette technique
est dite « uniciste » car elle n'utilise qu'un seul remède à la fois : c'est la tech
nique la plus d ifficile à mettre en œuvre mais c'est celle aussi qui permet d'obtenir
les meilleurs résultats et qui donne toute sa crédibilité à la méthode. Cela exige
avant tout de prendre le temps de l'observation et un minimum de connaissance de
l'animal à soigner.
Observer
L'observation de la vache malade permettra de recueillir les éléments conduisant à un
diagnostic classique puis à un traitement allopathique. L'objectif de soigner par homéo
pathie la vache présentant une mammite nécessitera une observation plus longue et
plus précise dans la façon qui lui est propre de « faire sa mammite ». La mamelle ne
sera pas le seul organe observé, mais il s'agit là de bien prendre la vache dans sa globa
lité et de noter tous les signes présentés par l'animal, en oubliant l'objet même de la
consultation, à savoir la mammite.
Tout ce qui est rare, bizarre, curieux chez la vache présentant une pathologie mammaire,
tout ce qui la caractérise ou la différencie des autres vaches du troupeau intéressera au
plus haut point l'homéopathe.
Les antécédents, tant au niveau mammaire qu'au niveau pathologie générale, les
récidives, l'ordre successif dans l'enchaînement de ces pathologies sont à prendre en
compte.
Les traits de caractère, les comportements particuliers que l'on ne retrouve pas chez les
autres vaches du troupeau sont aussi à repérer, tout en veillant à ne pas déformer ou à
interpréter ce qui est réellement observé.
Pour soigner par homéopathie, il est important d'avoir enregistré par écrit toutes les
observations mises en évidence sur chacune des vaches du troupeau, depuis sa nais
sance ou son entrée dans le troupeau. Ce qui, aujourd'hui, paraît banal, pourra se
révéler d'une aide précieuse lors d'un épisode clinique : perte de lait dans le parc
d'attente, intolérance de l'isolement, passage constant du même côté en salle de traite,
être la seule du troupeau à être sale ou propre, la seule à pouvoir être inséminée en
milieu de stabulation... Toutes ces constatations peuvent être consignées sur une fiche
individuelle papier ou être enregistrées. Trop souvent, il nous est demandé de soigner
par homéopathie et, en questionnant l'éleveur, nous ne parvenons pas à trouver suffi
samment de signes caractéristiques sur l'animal présenté car ces petits signes, qui
permettent de le distinguer des autres animaux du troupeau, sont vite oubliés par
l'éleveur s'il ne les inscrit pas. En règle générale, d'ailleurs, ils sont considérés comme
sans intérêt.
SUJETS D'ACTUALITÉ
Hiérarchiser
De toutes les observations recueillies, il reste à faire le tri et ne conserver que ce qui
caractérise au mieux la vache dans sa manière de faire sa mammite. Cette étape requiert
une rigueur et un esprit de discernement clinique indispensables pour ne retenir que les
signes les plus personnels ; pour ce faire, une phase d'apprentissage de l'éleveur, avec
un vétérinaire pratiquant l'homéopathie afin d'acquérir les bons réflexes est nécessaire.
Les cas cliniques présentés en exemple montrent quelques symptômes retenus après
l'exposé du cas complet. Trois symptômes au minimum sont nécessaires pour mettre en
place une grille de « répertorisation » : il s'agit alors d'aller chercher la ou les rubriques
qui se rapprochent le plus du symptôme observé dans un répertoire papier ou informa
tisé ; le croisement de ces trois rubriques nous permettra de mettre en évidence un ou
plusieurs remèdes communs à ces rubriques. La connaissance de la matière médicale
de ces remèdes nous conduira, ensuite, à établir le choix de celui le plus semblable à
l'ensemble des symptômes observés.
Ils sont obtenus à partir de minéraux (calcaire, soufre, silice...), de végétaux (plantes
entières, racines, fleurs...) ou de produits animaux (abeille, lait, sécrétions...).
Ces produits sont mis à macérer dans de l'alcool et donnent alors des Teinture-Mères
(T.M.). Une part de T.M. est mélangée à 99 parts de solvant : on agite et on obtient
ainsi la première centésimale hahnemanienne (1 CH). On peut poursuivre la dilution/
dynamisation jusqu'à 30 CH. Les dilutions les plus couramment utilisées sont de 5, 7,
9, 15 et 30 CH. En pratique courante rurale, on utilisera la dilution de 9 CH.
Dans la pratique courante, on utilise soit les granules, soit les formes liquides. La
quantité de granules ou de liquide administrée n'a aucune importance, la forme
d'administration ou, même, la voie d'administration non plus : seul le remède et sa
nature sont primordiaux, ainsi que la hauteur de la dilution.
LES MAMMITES
١١ resteça enfin à choisir, la dilution : pour des raisons pratiques, on utilisera le plus
souven¿ une dilution de 9 -CH ^our commencer, voire de 15 CH lorsque les signes ^e
comportement sont*forts. Pour notre part, nous considérons dans un premier temps
que la hauteur dë dilution n'est pas essentielle, le plus difficile étant de trouver le bon
remède.
Prescription
Faire prendre le remède prescrit n'est pas compliqué en soi. Il convient de le faire
prendre فla vache soit, directement par voie buccale (au cornadis par exemple), soit sur
sa ration, soit, parfois, par voie vulvaire (avec une seringue en plastique dont on aura
enlevé l'embout afin de permettre le passage des granules), en ayant pris la précaution
dp laver l'arrière-train de l'animal s'il est souillé-
Dans la majorité des cas, le remède sera répété matin et soir durant trois jours avec la
précaution d'arrêter la prise ou d'espacer les prises dès l'amélioration des symptômes.
5 ؛le remède est bien indiqué, si l'observation a été rigoureuse et si l'état de l'animal le
permet, il n'y aura pas besoin de répéter plus souvent le traitement ; mais, pour évaluer
l'efficacité de la prescription, il est impératif de poursuivre l'observation.
En effet, lorsqu'un éleveur souhaite soigner ses animaux par homéopathie, il est indis
pensable que l'analyse de l'évolution du cas et de l'évaluation de l'efficacité du remède
se fasse en lien avec le vétérinaire homéopathe qui a prescrit le remède. Contrairement
aux idées reçues, l'homéopathie « uniciste » ne supporte __ _____ édication, au
risque de décevoir quant à sa capacité à guérir en totalité ^ ^ ^ ؛îi^ j^ b to iq u e de
l'animal vire à la chronicité.
CONCLUSION
AVANTAGES INCONVÉNIENTS
Un seul remède à donner, un nombre de fois limité Temps de consultation plus long, avec recueil
et dans un temps limité. de données historiques.
L'amélioration doit être rapide : 12 à 36 heures Temps de surveillance plus long après
sur un cas aigu, en quelques jours sur un cas administration du traitement.
chronique.
Temps d'attente nul : retrait du lait le temps Repères pour juger de l'efficacité du traitement
du traitement seulement, si le lait est impropre différents de ceux de la mise en place
à la consommation. d'un traitement allopathique.
Absence de risque de résidu. Risque d'évolution vers la chronicité
si le traitement est mal conduit.
En cas de récidive, un traitement ayant été efficace Si absence de résultats au bout de 24 à 36 heures,
pourra être reconduit si les observations se il faut alors revoir la prescription et changer
rejoignent. de remède.
En cas « d'épidémie » de mammites identiques, Un même traitement ne sera pas nécessairement
un même remède pourra guérir les vaches efficace sur les autres cas du troupeau en cas
présentant les mêmes signes caractéristiques. d'expression clinique différente.
Coût en médicament très bas. Coût en temps de consultation plus élevé.
LES MAMMITES
CAS CLINIQUE 1
Le 19 novembre 2001, le Gaec des L. appelle son vétérinaire pour une vache prim'hols-
tein ٩ ٧ ؛présente le lundi matin une mammite du quartier avant droit.
■ Signes observés par l'éleveur :
• Elle est venue normalement à la traite-
• En sortant, elle est allée manger un peu au cornadis.
٠ Au branchement, l'éleveur n'a rien remarqué ; en revanche, au décrochage, il a noté
une inflammation du quartier avec la présence de grosses cailles dans le fait.
• E l l e n'a pas tapé.
٠ Elle n'a pas mangé ses concentrés.
• Peu de temps après la traite, elle est allée se coucher.
• Elle semblait alors de plus en plus abattue.
• Il a eu du mal فla ؛aire se relever.
• Elle n'a pas mangé au cornadis.
٠ Absence de lait en égouttant le quartier qui est froid.
• Température de 38 °c.
• C'est une vache en 4e lactation (dernier vêlage 14 octobre 2001, normal) sans
problème.
■ Signes observés par le vétérinaire :
• Quand celui-ci arrive dans la stabulation, il la fait se relever. Après plusieurs stimula-
tions, elle vient facilement au cornadis, met le nez dans l'abreuvoir mais ne boit pas.
• Ses yeux sont enfoncés.
• Son corps est froid, ce qui surprend avec la rapidité de l'apparition de la mammite.
• Elle est très calme et se laisse examiner.
• Son lait est maintenant décoloré et en faible quantité dans son quartier.
■ Il est répertorié :
٠ Une peau froide alors qu'elle a de la fièvre.
٠ Des yeux creux.
• Une absence de soif pendant la fièvre.
CAMPHORA seul sort de cette « répertorisation » car c'est l'impression de froid de tout
cet animal qui conduit فce remède.
Cette vache va recevoir son traitement sous forme de granules فla dilution de 9 CH
فpartir de ٦٠ heures, toutes les heures. Elle aura reçu, en outre, une perfusion d'une
poche de 3 litres de NaCI à 7,2 % 10 فheures.
■ Évolution du cas :
À 15 heures, le corps de l'animal s'est réchauffé. Puis, en fin de vidange du quartier (à
chaque prise du remède), le lait est redevenu progressivement blanc. A la traite du soir,
le quartier était en train de se décongestionner avec présence de cailles dans le lait.
Le lendemain matin, le quartier était décongestionné et le lait blanc, avec beaucoup de
cailles comme du caoutchouc.
Le mardi soir, quelques cailles étaient encore présentes mais, le mercredi matin, tout
était rentré en ordre. Elle a récidivé au cours de la lactation suivante ; l'éleveur lui a
redonné le même remède et tout est rentré dans l'ordre sous 48 heures.
Commentaires : ce cas est représentatif de ces animaux évoluant vers un état chro
nique et vers la réforme : l'homéopathie a permis à cette vache de retrouver un état
de bonne santé et de refaire un veau.
ANNEXE : QUESTIONS
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2. ESTOMAC - ABSENCE de soif - fièvre; pendant la (119) 1
3. OEIL - ENFONCÉS (énophtalmie); yeux (138) 1
4. PEAU - FROIDEUR - fièvre; pendant la (3) 1
Candida : Levure occasionnant des mycoses et, dans ce livre, responsable de mammites.
Caséeux : qui a l'apparence de fromage.
Choc : diminution profonde et brutale du débit sanguin qui provoque une hypotension
et des troubles de conscience.
Chronique : se dit des maladies qui s'installent durablement ou définitivement ; ant. :
aiguë.
Chromosome : molécule d'ADN associée à des protéines qui est présente dans le
noyau des cellules. Pour chaque espèce, le nombre de chromosomes par cellule est
constant (23 paires pour l'homme).
Coalescence : éléments entrant en contact pour en former un seul, nouveau.
Coma : état morbide caractérisé par une perte partielle ou totale de conscience.
Concentration minimale inhibitrice (CMI) : la concentration minimale inhibitrice
ou CMI est la plus petite concentration d'antibiotique suffisante pour inhiber, au
laboratoire, c'est-à-dire in vitro, la croissance d'une souche de bactéries (colonie
bactérienne).
Congestion : accumulation excessive de sang dans les vaisseaux d'un organe.
Contamination : transmission d'un élément pathogène dans une substance (lait, sang...)
ou présence dans un organisme.
Corticoïde : hormone corticosurrénale, ou produit de synthèse ayant les mêmes effets.
Crépitation : bruit comparable à celui du sel jeté sur le feu.
Dermatite : inflammation du derme.
DGAL : Direction Générale de !'Alimentation des produits animaux et d'origine animale.
Diagnostic : détermination de la maladie de l'animal à partir des lésions ou de symp
tômes observés.
Diptère : ordre d'insectes comprenant les mouches, les taons, les moustiques, les culi-
coïdes, les simulies...
Dissémination : manière de se propager.
Écologie : l'écologie est la science qui étudie l'être vivant et son environnement.
Écosystème : interactions entre les êtres vivants et leur milieu. Il comprend un milieu,
les êtres vivants qui le composent et toutes les relations qui peuvent exister et se
développer à l'intérieur de ce système.
Émollient : un émollient est une substance qui relâche et ramollit la peau ou les
muqueuses, surtout en cas d'inflammation.
Endothélium : couche de cellules qui tapisse la partie interne de l'appareil circulatoire.
Par exemple : endothélium vasculaire.
Enkysté : qui est enfermé dans une couche de tissu conjonctif. Ce processus permet aux
bactéries de se protéger de l'action des antibiotiques.
Entérobactérie : bactérie présente dans le tube digestif de l'homme et des animaux,
et qui provoque parfois des maladies. Concernant les mammites, on distingue les
espèces suivantes : Escherichia coli, Klebsiella s.str., Enterobacter s.str. et Citrobacter
s.str.
Entérotoxémie : passage dans le sang circulant de toxines émises dans l'intestin par des
bactéries, des champignons ou des parasites.
Enzyme : protéine catalysant (accélérant) une réaction chimique.
Eosinophile : cellule sanguine de la lignée blanche (leucocytes) qui a une grande affinité
pour un colorant, l'éosine.
Epizootie : maladie contagieuse qui frappe simultanément un grand nombre d'animaux
d'espèce identique ou différente.
GLOSSAIRE
Escarre : croûte noirâtre due à la mortification des tissus, dont la chute s'effectue
spontanément.
Escherichia coli : germe (appelé aussi colibacille) qui représente à lui seul la plus grande
partie de la flore bactérienne aérobie de l'intestin à raison de 100 000 000 de bacté
ries par gramme de fèces.
Facteur de risque : il s'agit de tout facteur associé à l'augmentation de la probabilité
d'apparition ou de développement d'une maladie. A cette relation statistique, on
associe une relation de causalité entre le facteur de risque et la maladie.
Fissuration : fêlure superficielle douloureuse.
Gène ؛unité définie, localisée sur un chromosome et responsable de la production des
caractères héréditaires. Il s'agit d'un segment d'ADN comprenant la région codante
pour une protéine et les régions régulatrices adjacentes.
Germes totaux : flore mésophile totale du lait cru.
Germes ubiquitaires : germes qui peuvent se développer n'importe où.
Gram (méthode de) : méthode de coloration des bactéries. Les bactéries sont classées
en Gram + ou Gram- selon qu'elles retiennent ou non le colorant.
Hémorragie : écoulement de sang à l'extérieur des vaisseaux.
Hépatocyte : cellule du foie.
Hyperkératose : hyperplasie d'une couche cornée de l'organisme. Hyperkératose des
papilles ruminales ou du canal du trayon.
Hyperthermie : température au-dessus de la normale.
Hypoplasie : développement insuffisant d'un tissu ou d'un organe.
Hypothermie : température au-dessous de la normale.
Immunité : facilité que possède un organisme à résister aux infections par la production
d'anticorps par les lymphocytes B (immunité humorale) ou à l'action spécifique des
lymphocytes T (immunité à médiation cellulaire). L'ensemble des organes et cellules
de l'immunité constitue le système immunitaire. Son activation génère l'immunité
dite active.
Immunodépresseur : qui supprime ou réduit les réactions immunologiques.
Immunodépression : réduction ou abolition des réactions immunologiques.
Incidence ؛nombre de nouveaux cas d'une maladie observés pendant une période et
pour une population déterminée.
Induration :-durcissement et épaississement des tissus.
Inhibiteurs : substance qui empêche le développement et la multiplication d'un germe.
Exemple : le lait contient des substances inhibitrices si, après addition d'une souche
bactérienne, aucune acidification ne s'est développée.
Le principe consiste à placer la culture de bactéries en présence du ou des antibio
tiques et à observer les conséquences sur le développement et la survie de celle-ci.
On peut par exemple placer plusieurs pastilles imbibées d'antibiotiques sur une
souche bactérienne déposée dans une boîte de Pétri. Il existe trois types d'interpré
tation selon le diamètre du cercle qui entoure le disque d'antibiotique : souche ou
bactérie :
• Les conditions d'existence des êtres vivants.
• Les interactions et relations existant entre les êtres vivants.
Létal : qui entraîne la mort. Une maladie létale est une maladie dont l'issue est la mort.
Par exemple : la rage.
Listeria : Listeria monocytogenes est une bactérie responsable de la listériose, maladie
infectieuse rare mais grave. Cette bactérie est capable de se multiplier entre 1 °C et
LES MAMMITES
Pus : liquide pathologique, plus ou moins visqueux, qui est un exsudât formé d'une
accumulation de leucocytes, de bactéries ainsi que des cellules du tissu atteint.
Pustule : petite vésicule dermique ou épidermique renfermant du pus.
Pyogène : qui produit du pus.
Quarantaine : délai de surveillance et d'isolement imposé à l'entrée de personnes,
d'animaux et/ou de marchandises à la frontière d'un pays, ou lors de l'introduction
d'animaux dans un troupeau.
Régénération : reconstitution naturelle d'un tissu ou d'un organe qui a été détruit.
Rémanence : persistance d'un produit.
Salmonelles : bactéries responsables, entre autres, d'entérocolites graves.
Sclérose : durcissement pathologique d'un organe, dû à une hypertrophie du tissu
conjonctif accompagné d'une formation importante de collagène.
Séborrhée : augmentation de la sécrétion de glandes sébacées donnant une peau grasse.
Septicémie : infection générale grave causée par la dissémination dans le sang de
germes pathogènes à partir d'un foyer primitif. Exemple = la mammite colibacillaire
peut évoluer en septicémie.
Septique : contaminé par des micro-organismes.
Sérologie : étude des modifications de sérums. Cela se traduit généralement par une
augmentation d'anticorps spécifiques d'un agent.
Sérotype : groupe de bactéries d'une espèce possédant des antigènes communs et diffé
rents de ceux d'un autre groupe d'une même espèce.
SNC : système nerveux central (cervelle, moelle épinière).
Spores butyriques : formes de résistance de clostridies qui fermentent le lactate en
présence d'acétate lorsqu'elles sont cultivées en anaérobiose après un traitement
thermique de 15 minutes à 75 °C.
S.str. : sensu sricto = au sens strict du terme.
Subaigu (ë) : qui a les caractères atténués de l'état aigu.
TIAC : toxi-infections alimentaires collectives supposant au moins deux cas groupés
avec des manifestations similaires, dues à une contamination par un micro-organisme
(bactéries en général) ou une toxine.
Topique : médicament d'application externe qui agit localement.
Toxine : substance toxique élaborée par certaines bactéries.
Traçabilité ؛procédure permettant d'attester, à tous les stades de la filière de transfor
mation, dej'origine des produits alimentaires.
Trauma : lésion produite par l'impact mécanique d'un agent extérieur.
Traumatismes : ensemble des conséquences physiques produites par un trauma.
Ubiquiste : que l'on rencontre partout.
Ulcère : perte de substance de la peau ou d'une muqueuse, prenant la forme d'une
lésion qui ne cicatrise pas et tend à s'étendre et à suppurer.
Virulence : aptitude d'une espèce microbienne ou virale à conférer une maladie plus
ou moins grave.
Vitamines : substances existant en très petites quantités dans les aliments ou synthé
tisées par l'organisme. Les vitamines sont indispensables à la croissance et au
fonctionnement d'un organisme.
Volémie : volume sanguin total.
Zoonose : maladie des animaux transmissible à l'homme.
Les mammites
a mammite
mammit reste la maladie la plus
L
et des vaches taries. Les différentes
fréquente,), la plus pénalisante et méthodes pour identifier l§s mammites
la plus coûteuse
coi des élevages laitiers. sont analysées ainsi que lés moyens
Bien conduire la lutte contre les mammites de prévention qui en découlent.
contribue à la rentabilité de l’exploitation
mais aussi à une organisation du travail L’importance de la nutrition au cours
dans l’élevage plus rationnelle, et à une du péripartum et ses répercussions
amélioration de la qualité de vie de !’éleveur. sur la santé de la vache et celle
de la mamelle font l’objet d’un chapitre
connaissances ayant considérablement complet.
dernières années, l’ouvrage,
nombreuses photos, aidera Les auteurs détaillent l’utilisation du robot
point sur le sujet. de traite et de la machine à traire,
qui demeure souvent une source importante
urs de risque liés à la traite de contamination, et proposent les méthodes
ies vaches en lactation de prévention adaptées.
i« il
9 782855 571713
os
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France Agricole