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Coordination Dominique Remy ‫إ‬

• Hygiène
Prévention•
Environnement• ،

‫ه‬

France Agricole
Cote

LES

Coordination : ue Remy

France Agricole
Groupe France Agricole
‫؛‬, cité Paradis 7 5 4 9 3 Paris Cedex 10
SOMMAIRE
Avant-propos .................................................................................................................... 5
G énéralités......................................................................................................................... 6

LA M A M M ITE - UN ORGANE, DES □ÉFENSES ET UN AGRESSEUR ............... 17


La cible et l'agression....................................................................................................... 18
L'agresseur.......................................................................................................................... 34

LE D IAG NO STIC DES INFEGTIONS MAMMAIRES


ET LEUR TRAITEMENT DU RA N T LA LACTATION .................................................. 47
Les trois diagnostics......................................................................................................... 48
Le traitement en lartatio n ............................................................................................... 75
Annexe : L'antibioresistance - impact du traitement des mammites
sur le développement de souches résistantes et sur la santé publique.............. 97

LA PR ÉVEN TIO N .............................................................................................................. 103


Le diagnostic ^idém iologique analytique :
pourquoi et comment se développent les mammites dans un troupeau ?
L e ^ c t e u r C les indicateurs de risque...................................................................... 104
La prévention des nouvelles infections :
l'assistance ‫ ف‬la traite, l'hygiène de traite, la machine ‫ ف‬tra ire .......................... 114
Annexe 1 : Le « lactocorder » ........................................................................................ 147
Annexe 2 : Le contrôle dynamique............................................................................... 148
Le bâtiment lors d'un problème de mammite -
identification des facteurs de risque et prévention.................................................. 154
Santé de la vache et mammite :
maladies métaboliques, vitamines, oligoéléments et alim entation.................... 184
La prévention médicale : le traitement au tarissement............................................ 201
Un facteur de risque : les lésions du trayon............................................................... 216

SUJETS D'ACTUALITÉ...................................................................................................... 233


Robot de traite et qualité du la it................................................................................... 234
Mammites et hom éopathie............................................................................................ 244

G lossaire............................................................................................................................ 255
Coordination : Dominique REMY

Relecture : Jean-Marie GOURREAU et D om inique REMY

Auteurs :
Docteur Vétérinaire Gérard BOSQUET
D octeur Vétérinaire Jean-Marie GOURREAU
D octeur Vétérinaire Loïc GUIOUILLIER
D octeur Vétérinaire Jean François LABBE
D octeur Vétérinaire D om inique REMY
D octeur Vétérinaire O livier SALAT
D octeur Vétérinaire Ellen SCHMITT- VAN DE LEEMPUT
D octeur Vétérinaire H ubert VIN

Remerciement :
Je tiens à remercier tous les auteurs, et particulièrem ent Jean-Marie Gourreau pour la
relecture et la correction de tous les chapitres ainsi que Christine Remy pour la réali­
sation de plusieurs schémas et dessins et Jean M arie Nicol pour sa participation à
l'iconographie de cet ouvrage.
D om inique Remy
AVANT-PROPOS
Le dernier ouvrage concernant les mammites des bovins publié en 1997 visait à
am éliorer les performances et à dim inuer le coût de la prévention et des traitements
pratiqués. Il s'appuyait sur un principe pédagogique simple mais efficace : comprendre
pour mieux agir. Il devait constituer un outil pour les éleveurs et leurs conseillers afin
de permettre une meilleure com m unication et de décider ensemble de solutions aux
problèmes rencontrés.
Douze ans plus tard, ces objectifs restent d'actualité mais les connaissances concernant
les mammites ont considérablem ent évolué.
Une nouvelle approche, accompagnée de nombreuses avancées scientifiques et tech­
nologiques, permet une m eilleure connaissance des mammites. Depuis le début des
années 2000, des études expérimentales ont permis de connaître plus précisément
l'identité du germe responsable de la mam mite par son empreinte génétique (tout
com m e lors d'enquêtes criminelles). Elles autorisent un véritable pistage des bactéries,
depuis les réservoirs jusqu'à la mamelle et ses différents tissus. D'autres expériences
réalisées au laboratoire ont montré com m ent le germe se com portait dans le quar­
tier infecté, son agressivité, son pouvoir de pénétration et sa persistance, éléments qui
conditionnent l'expression clinique de la mammite et son évolution. Lors du dévelop­
pem ent d'une mam mite dans un élevage, l'approche n'est plus spécifique (staphylo­
coque, streptocoque ou colibacille) mais, en fonction du contexte épidém iologique,
il est possible de caractériser les souches bactériennes quant à leur évolution dans la
mamelle au cours du temps.
Ces nouvelles connaissances, qui concernent les germes, ont permis de montrer
l'im portance des bactéries dans la genèse des mammites. Ces connaissances permet­
tent aussi de proposer un traitem ent en lactation et au tarissement mieux ciblé et plus
efficace. Il n'empêche que l'identification des facteurs de risque liés à la traite et aux
bâtiments des vaches en lactation et des vaches taries garde toute leur importance. Les
différentes visites qui permettent ces identifications sont analysées ainsi que les moyens
de prévention qui en découlent.
L'importance de la nutrition au cours du péripartum et ses répercussions sur la santé de
la vache et celle de la mamelle sont l'objet d'un chapitre com plet.
Des nouveautés technologiques (robot de traite, nouvelle approche du contrôle de la
machine à traire) se sont développées ces dix dernières années. Elles ont m odifié ou
amélioré le poste de traite et sont décrites ici. Enfin, une approche des médecines
alternatives est proposée à la fin de l'ouvrage.
GENERALITES

IMPORTANCE DES M AM M ITES EN ÉLEVAGE LAITIER : PRÉVALENCE,


INCIDENCE ET ÉVOLUTION DURANT CES DERNIÈRES ANNÉES

Encadré 1 : Définition générale des mammites

La m am mite est une inflam m ation de la mamelle dont l'origine la plus fréquente est
la pénétration d'une bactérie dans un quartier par le canal du trayon. O n différencie
la mammite clinique (entraînant une m odification systématique de l'aspect du lait,
avec présence ou non de signes locaux sur la mamelle et de signes généraux), de la
mam mite subclinique que l'on met en évidence a posteriori, grâce aux comptages
cellulaires somatiques individuels (CCSI) ou à ceux du quartier.
Ce qu'il faut retenir, c'est q u 'il s'agit, dans les deux cas, d'une infection d'un quartier
ou d'une mamelle.

Encadré 2 : Définition de la prévalence et de l'incidence des mammites

La prévalence est le nom bre de cas d'une maladie à un m om ent donné dans une
population donnée, sans distinction des cas, qu'ils soient nouveaux ou anciens.
Elle peut être exprim ée en chiffres absolus (nombre d'individus si ceux-ci sont peu
nom breux) ou en taux (généralement pourcentage).
Exemple de prévalence : au cours de la campagne 2008, 90 % des vaches étaient
considérées com m e toujours saines (moins de 300 000 cellules (c)/m illilitre (ml) de
lait), et 7 % des vaches l'ont été com m e durablem ent infectées.
L'incidence est le nom bre de nouveaux cas d'une maladie observés pendant une
période et pour une population déterminée.
Exemple d'incidence : au cours du mois de juin, trois nouvelles vaches se sont
infectées (plus de 800 000 cellules/m illilitre de lait).

Les mammites subcliniques


Les mammites constituent les maladies les plus importantes en élevage laitier. O n peut
estimer que la prévalence des infections mammaires des vaches en lactation par des
germes pathogènes majeurs occasionnant essentiellement des mammites sub-cliniques
est actuellement en France de l'ordre de 20-25 % des vaches et de 10-15 % des quartiers.
En moyenne, près de 2 quartiers chez chaque vache sont infectés. Ces chiffres sont ceux
d'une moyenne nationale car une enquête plus ancienne m ontrait des valeurs moyennes
de 20 % et de 40 % des vaches infectées pour deux départements du grand ouest.
Le niveau d'infection moyen en France a été réduit de m oitié environ au cours des trente
dernières années, assez rapidement dans les années 1980, plus lentement ensuite, pour
GÉNÉRALITÉS

tendre vers la stabilité ‫ ف‬la fin des années 1990. En effet, si l'on observe l'évolution des
Concentrations Cellulaires Somatiques de Tank (CCST) sur le diagramme numéro 1, on
constate que les CCST moyens français sont passés, entre 1985 et 1993, de 530 000
cellules/m illilitre de lait 000 265 ‫ ف‬cellules/m illilitre de lait. En 2003, ils ont atteint la
valeur de 225 000 cellules/m illilitre de lait. Ces valeurs permettent de situer la France
dans la bonne moyenne européenne, même si elle est sans doute légèrement plus élevée
qu'au Danemark, aux Pays-Bas et en Allemagne. En revanche, elle est légèrement plus
faible qu'au Royaume-Oni, et nettement plus faible que dans les pays d'Europe du Sud.
Cette dim inution rapide mais décalée par rapport ‫ف‬d'autres pays s'explique en partie par
une mise en place du plan anglais (encadré 3) au début des années 1980, plus tardive
pour la France et la Belgique que pour le Royaume-Uni. Le Danemark quant ‫ ف‬lui a une
place particulière dans ia mesure où l'utilisation du m édicam ent est très contrôlée et très
restrictive, avec un taux d'infection semblable aux autres pays.

Encadré 3 : Plan anglais

C'est un plan composé d'un ensemble de mesures systématiques. Il a été mis en


place au début des années 1980 :
1 - Traitement systématique au tarissement
2 - Traitement en lactation des cas cliniques
3 - Réforme précoce des vaches incurables
4 - Contrôle régulier de la machine ‫ ف‬traire
5 - Hygiène de la préparation des mamelles
6 - Trempage systématique des trayons

Si l'on examine le tableau 1, on constate que, depuis 15 ans, le nombre de troupeaux


dont le CCST est intérieur 000 300 ‫ ف‬cellules/m illilitre, ne s'est pas m odifié depuis une
dizaine d'années, alors que les troupeaux très infectés ont fortem ent régressé.

600 -

‫ س‬-

400 -

France 0
300 - Q Belgique
Danemark □

200 -
Royaume □ ٧ ٨ ‫؛‬

too-

‫اء‬

Diagramme 1 : Évolution des CCST dans différents pays d'Europe


LES MAMMITES

Tableau 1 : Évolution et répartition des troupeaux laitiers en fonction de leur CCST en


France depuis quinze ans

T.C.T. (taux cellulaire de tank)


Eaboratoires interprofessionnels français (d'après Cniel, 2003)
En milliers de cellules par millilitre de lait
Année
M o ‫؛‬n s d e 2 0 0 200 ‫ ف‬300 300 ‫ ف‬400 400 à 500 500 ‫ ف‬750 ?lus de 750
1993 40,3 40,3 14,0 7,9 8,1 4,9
1996 40 40 14,1 8,8 8 4,5
2003 40 40 18 5 5 2

¿es mammites cliniques


La situation de cette pathologie en ^a n c e est mal connue cat il n'existe pas d 'e n ^ ê te
nationale, et la fréquence des entegistrements des mammites cliniques teste ttès variable
d'un élevage ‫ ف‬l'autre, malgré les efforts réalisés par le Contrôle Laitier, □epuis 2002,
le principe de l'enregistrement exhaustif des mammites cliniques a été mis en place sur
la base du volontariat et, depuis 2005, le Règlement Technique du Contrôle Laitier a
intégré la notification de l'enregistrement des mammites cliniques.
D'après différentes enquêtes, l'incidence annuelle des mammites cliniques en France
paraît être de l'ordre de 30-35 cas pour 100 vaches présentes. Ce nombre apparaît
toutefois très inférieur au nom bre de celui des traitements ‫ ف‬l'aide d'antibiotiques intra-
mammaires (trois tubes pour un cas clinique) commercialisés chaque année (73 unités
de traitem ent pour 100 vaches).
٨ ٧ cours d'une é ^ d e com portant un grand nombre de cheptels mais pas nécessaire-
ment représentatifs de la situation française (cf. diagramme 1), on peut constater que
70 % des cheptels sont en dessous ou au niveau du seuil des 30 % de cas cliniques dans
un troupeau. En effet, ce seuil de 30 % est un o bjectif acceptable, l'optim um étant de
moins de 20 % de cas cliniques. Seuls 52 % des troupeaux de cette étude atteignent
cet objectif.

Pourcentage de cas cliniques

Diagramme 2 : Répartition des troupeaux en fonction du pourcentage de cas cliniques


GÉNÉRALITÉS

La répartition du nom bre de cas par exploitation montre une grande disparité. Le quart
des exploitations dont les fréquences de mammite sont les plus faibles enregistre moins
de 2 cas pour 100 vaches, alors qu'à l'inverse, le quart des élevages les moins bien
placés doit faire face à plus de 60 cas pour 100 vaches.
Globalem ent, la fréquence des cas cliniques n'a pas évolué favorablem ent depuis 1985.
Les chiffres relevés en France sont même probablem ent en augmentation, phénomène
vraisem blablement en liaison avec une augmentation de la sensibilité des vaches sous
l'effet de l'accroissement du d éficit énergétique en début de lactation et de l'augmentation
de la production laitière associée.

COÛT DES ^ M M IT E S

Les mammites restent la maladie la plus fréquente, la plus pénalisante et la plus coûteuse
des élevages laitiers. Certains considèrent que leur coût représente, en France, un
m illiard d'euros par an dont soixante-dix m illions pour les mammites cliniques.
Elles contribuent pour un tiers au coût global de la santé (environ 230 € /vach e ayant
présenté une mam mite/an ou 32 €/1 000 ‫ ا‬de lait), soit un m ontant proche de 80 €
vache présente/an. Cela représente deux fois le coût des troubles de la reproduction ou
des maladies métaboliques, et six fois ceux dus aux pathologies locomotrices.
Certains coûts sont plus faciles à appréhender que d'autres. Les coûts directs d'une
mam mite clinique (perte de lait, coût du traitement, baisse de production, réformes anti-
cipées) peuvent être estimés entre 75 et 150 euros pour les mammites les plus graves.
L'évaluation économ ique des coûts indirects est plus d ifficile à réaliser mais ces derniers
restent significatifs : pénalités induites, surcroît de travail.
Les réformes précoces ont un coût qui a été répercuté sur le prix du litre de lait. Pour
mener une vache à son premier vêlage, il faut com pter entre 1 500 et 2 000 € . Ce
coût d'élevage d o it être réparti sur l'ensemble de la production. L'élevage d'une génisse
réformée avant le deuxièm e vêlage aura coûté plus de 20 € /h l, alors q u'il ne coûte plus
que 5 € /h l si elle produit pendant quatre lactations.
La répartition des pertes est représentée dans l'encadré 4.

Encadré 4 : Répartition des pertes liées aux mammites

• 70 % dues à la dim inution de production de lait (1 % par tranche de 100 000


cellules/m l au-delà de 200 000 cellules/m l) + dim inution de la matière grasse.
• 13 % dues aux réformes et à la m ortalité.
• 11 % dues à la non-com m ercialisation du lait (suite au traitem ent antibiotique).
• 5 % dues aux frais de traitement.

SANTÉ H U M A IN E ET MAM MITES

Inhibiteurs et agents pathogènes du lait


Toute m am mite porte préjudice au bien être de l'animal, et certaines mammites sont
mortelles : c'est le cas des mammites gangreneuses ou des mammites
LES MAMMITES

Elles portent atteinte à la santé animale. Un autre abord de l'im portance des mammites
est son im pact sur la santé publique car certaines mammites peuvent être provoquées par
des germes appelés agents pathogènes ou contaminants du lait. Ceux-ci sont responsa­
bles de toxi-infections alimentaires collectives (TIAC) auxquelles les producteurs de lait
cru sont très sensibilisés. M êm e si la pasteurisation bien menée assainit le lait destiné à
la consomm ation sous toutes ses formes, il faut savoir que le lait et les produits laitiers
ont été impliqués dans 5 % du nom bre de foyers de TIAC déclarés en France entre 1988
et 2001. Cependant, les mammites associées à ces agents restent limitées :
• d'une part parce qu'il s'agit souvent d'infections latentes ;
• d'autre part parce qu'il s'agit souvent d'une contam ination extérieure.
Leur rôle doit donc être précisé mais aussi relativisé ; toutefois, il existe un autre élément
lié aux mammites que l'on peut retrouver dans le lait produit, et qui peut porter atteinte
à la santé publique : ce sont les inhibiteurs dont nous ne dirons que quelques mots ici.

Les inhibiteurs
Ce sont les antibiotiques (essentiellement ceux utilisés pour le traitem ent et la préven­
tion des mammites) et les antiseptiques (donc ceux utilisés pour l'hygiène de la traite
et l'entretien de la machine à traire). La présence accidentelle de ces derniers est très
rare. Ils ont :

٠ des répercussions technologiques avec des conséquences néfastes au niveau technique


pour la transformation du lait en produits laitiers, notamm ent pour la fabrication de
fromage et de beurre ;
٠ une incidence sur la santé publique : allergies et sélection de souches antibio-résistantes
lorsqu'ils sont consommés par les veaux.
Leur présence est largement recherchée dans le lait, et il existe un délai d'attente lors de
leur administration par voie locale ou générale. Ce délai est fixé lors de l'autorisation de
mise sur le marché (A.M .M .).

Les agents pathogènes du lait


Les germes responsables de mam mite ne sont pas les seuls agents retrouvés dans le lait
(cf. encadré 5). O n en distingue plusieurs catégories dont certaines sont potentiellem ent
dangereuses pour la santé humaine. Les agents pathogènes du lait sont, en effet, respon-
sables de toxi-infections alimentaires collectives (TIAC) ou d'autres maladies com m e
des avortements ou des m alformations congénitales.

Encadré 5 : Germes présents dans le lait de tank

Germes normalement présents :


• les diverses flores du lait (lactique, butyrique, psychrotrophe, thermorésistante,
conformes).

Germes normalement absents :

• les agents des mammites ;


• les agents pathogène‫ ؛‬du lait.

M
GÉNÉRALITÉS

Les principaux germes pathogènes du lait recherchés (pour des raisons régle­
mentaires et médicales), sont : Staphylococcus aureus, Listeria monocytogenes,
Salmonella sp. et Escherichia coli. Il en existe d'autres (Shigella sp., Campylobacter
s.str., les clostridies, etc.). Ils peuvent être présents dans le lait de tank sans passage
obligatoire dans la mamelle. Ils sont alors issus de l'environnem ent proche de la
vache. Mais ils peuvent aussi provenir de la mamelle, soit après avoir provoqué
une mam mite clinique ou sub-clinique, soit parce que l'animal est un infecté latent
(l'animal excrète le germe de façon permanente ou intermittente, sans aucun signe
clinique).

Quelques points importants concernant les germes pathogènes du lait


Les troubles que ces germes provoquent sont généralement peu graves, mais il existe
des populations à risque pour lesquelles la contam ination peut se révéler fatale :
• les femmes enceintes ;
• les enfants en bas âge et les vieillards ;
• les personnes imm unodéprimées ;
• les diabétiques ;
• les personnes atteintes du foie et des reins.
Les dernières enquêtes m ontrent que la contam ination de la matière première est
im pliquée une fois sur deux lors d'intoxications alimentaires, toutes TIAC confondues.
Toutefois, l'im plication de la matière première a dim inué depuis dix ans. Il existe d'autres

Photo U Listériose chez une vache : remarquez la Photo mm Fèces hémorragiques : la présence de
paralysie hémilatérale au niveau de la tête. L'oreille sang n'est pas systématique lors de salmonellose
droite reste baissée. (Service de pathologie du intestinale, mais elle constitue un signe important
bétail, ENVA) de diagnostic associé à du ténesme (cf. photo 3).
(Service de pathologie du bétail, ENVA)


LES MAMMITES

Photo B J Le ténesme est un spasme du sphincter Photo D Sang en nature non digéré : l'émission de
anal. Il est souvent associé à des difficultés de ce sang en nature peut être le seul élément signant
défécation. La queue est toujours maintenue en un ténesme au cours d'une salmonellose intestinale.
position levée. (Service de pathologie du bétail, (Service de pathologie du bétail, ENVA)
ENVA)

Photo H Lors de vente de lait


cru à la ferme, un prélèvement
de lait des quatre quartiers doit
être réalisé lors de déclaration
de salmonellose à la préfecture.
(Service de reproduction animale,
ENVA)
GÉNÉRALITÉS

sources de contam ination. Celles-ci peuvent survenir en aval par l'interm édiaire du
personnel, de l'équipem ent ou, même, par le consommateur, surtout lorsque les règles
de conservation et les limites de pérem ption ne sont pas respectées.
Com m e les agents pathogènes du lait incriminés - à l'exception de Staphylococcus
aureus (cf. tableau 3) - proviennent rarement de la mamelle et entraînent encore plus
rarement une mammite, on ne peut donc pas rendre responsable les vaches à mammite
d'être les seules productrices d'agents pathogènes.
En outre, l'im plicatio n du lait et des produits laitiers reste faible dans les TIAC pour trois
agents (de 1 à 2 % des TIAC concernées par ces agents). Elle n'est im portante que pour
celles concernées par 5. aureus. (tableau 2). Le lait reste un produit très sain.

Les germes responsables de m a m m ite sont-ils très d ifférents


des agents pathogènes du la it ?
O ui, car, à l'exception de certains staphylocoques dorés (1 0 % des souches) et de
certaines souches de coliformes, les agents pathogènes du lait et les agents responsables
des mammites appartiennent à des espèces différentes.
Non, en terme d'approche épidém iologique et préventive :
• Ils ont les mêmes sources et les mêmes modes de transmission (cf. schéma 1).
• Les cibles de leur prévention sont les mêmes (cf. tableau 3) :
- hygiène de la traite ;
- soins de la peau des trayons et de la peau du trayeur ;
- hygiène de la litière, des aliments et de l'eau.

Tableau 2 : Répartition des foyers de TIAC entre 1998 et 2003

Pourcentage de foyers
Nombre de foyers
Nombre total impliquant le lait
Germes impliquant le lait
de foyers et les produits laitiers/
et les produits laitiers
nombre total de foyers
Salmonelles 1 246 23 1,8 %

Clostridium perfringens 356 3 0,89 %

Autres agents (dont Listeria sp.


746 30 4,0 %
et les colibacilles)

Agents indéterminés 676 10 1,5 %

Total 3 698 191 5,2 %

Source : Bulletin d'épidém iologie n° 16, mars 2005

Le producteur de lait doit-il s'impliquer dans la lutte contre les pathogènes du lait ?
O ui, pour quatre raisons :
• tout d'abord, pour des simples raisons d'éthique ;
• la pression des consommateurs, relayée par les médias et le pouvoir politique, est de
plus en plus im portante ;
• en s'attaquant aux risques de contam ination du lait de tank par les agents pathogènes,
le producteur de lait va dim inuer le risque pour ses vaches d'être infecté par un agent
des mammites (cf. tableau 3 et schéma ٦) ;
LES MAMMITES

• ces agents pathogènes constituent un danger potentiel non négligeable pour la fam ille
du producteur. Rappelons à cette occasion que l'absence d'hygiène au niveau des
mains et des vêtements est aussi dangereuse que la consomm ation de lait cru.

Photo Q La transmission d'un contaminant du lait chez une personne à risque de la famille de l'éleveur
(enfant, femme enceinte, vieillard) survient fréquemment lors d'un contact par son intermédiaire. Il est
donc indispensable de se laver fréquemment les mains ou de porter des gants lors de la traite. (Service
de reproduction animale, ENVA)

Tableau 3 : Fréquence et gravité des infections par les agents pathogènes. Origine de
la contamination

Contamination du lait
Agents Fréquence Origine intra- Prévention
pathogènes du lait et gravite Origine
mammaire (avec
Environnement
ou sans mammite)
Peau du trayon, Fréquente (mais
Hygiène
Staphylocoques Fréquents et mains du trayeur seuls 10 % des
de la traite,
enterotoxinogenes sous estimes (30 à 60 % des staphylocoques
soins de la peau
(pouvant car entraînent staphylocoques de vaches
des trayons
provoquer des des diarrhées d'origine humaine mammiteuses
et de la peau
troubles digestifs) bénignes. sont toxiques pour sont toxiques pour
du trayeur.
l'Hom m e). l'Hom m e).
M oyennement
0,6 % des vaches
fréquent.
provenant
De bénin à grave.
Salm onella sp. d'élevages ayant
Formes
livré un lait
diarrhéiques et
contaminé.
avortements.
O n retrouve des
Rare.
vaches excrétrices
Grave. Hygiène
dans moins de
Septicémie. du bâtim ent
Listeria sp. 2 % des troupeaux
Avortements. Déjections. de la litière
fournissant un lait
Formes méningées et hygiène
contam iné par des
rares. de la traite.
Listeria.
Très rares.

Colibacilles colibacilles
produisant De moyennement responsables de
certaines toxines grave a grave. mammite clinique
sont responsables
de TIAC.
GÉNÉRALITÉS

M ode de transmission habituel

Coliformes
Listeria sp.
Salmonelles
Mode de transmission moins fréquent

------------------------------ ►

Litière

I
I I

M ain — - -►
du trayeur ... . ٠. | Lavette |

I I
I I

Staphylocoques Mode de transmission habituel


(mêmes sources ٠،
et mêmes modes
de transmission ٢
que les germes Mode de transmission rare
de traite)

Schéma 1 : Origine et mode de transmission des germes pathogènes du lait


LA MAMMITE-
UN ORGANE,
DES DEFENSES
ET UNAGRESSEUR
LA CIBLE
ET L'AGRESSION
DÉFINITIONS DES M AM M ITES

La définition donnée au début des généralités, dans l'encadré 1, est une définition
simple mais satisfaisante dans la mesure où, en une phrase, elle fait la discrimination
entre mammites clinique et sub-clinique, tout en les décrivant succinctement.

O n peut aussi définir les mammites en fonction de leurs signes cliniques, et en les
classant en cinq catégories :

٠ une simple m odification de la sécrétion (dim inution de production et augmentation


du nom bre de cellules somatiques dans le lait) sans signes cliniques. Dans ce premier
cas la m am mite est qualifiée de sub-clinique ;
٠ une m odification de la sécrétion accompagnée de signes cliniques fonctionnels
(grumeaux, sang ou caillots sanguins, pus dans le lait) ;
• une m odification de la sécrétion accompagnée de signes locaux (« gonflem ent »
+ chaleur + douleur + rougeur), sans signes fonctionnels ;
• une m odification de la sécrétion + des signes cliniques fonctionnels + des signes
locaux ;

Dans les quatre cas, la mam mite est qualifiée de mam mite clinique subaiguë.

٠ soit enfin par une m odification de la sécrétion, accompagnée de signes cliniques


fonctionnels, de des signes locaux et de signes généraux (température ± élevée, avec/
sans appétit et, quelquefois, de décubitus, d'un état de choc).

Dans ce dernier cas, on parle de mammite clinique aiguë ou suraiguë.

ORIG INE DES M AM M ITES (Simple pénétration d'un germe £ ٥٢ le canal


du trayon ou complications ‫ سم ' د‬traumatisme)

Les mammites sont presque exclusivement d'origine infectieuse. E xceptionellem ent,


elles peuvent être dues ‫ ف‬des champignons ou à des parasites (cf. levures ou proto-
thèques, partie I). Les mammites d'origine chim ique ou traum atique sont rares et se
com pliquent le plus souvent d'une infection mammaire.

La dernière cause de mam mite est le traumatisme : un choc violent peut entraîner un
hématome intra-m am m aire mais, le plus souvent, ce sont des traumatismes ou des
agressions de la peau du quartier ou du trayon qui sont à l'origine de la mammite.

Enfin, le canal du trayon peut connaître une sténose, soit ‫ ف‬la suite d'une lésion provo-
quée par un dysfonctionnem ent de la machine ‫ف‬traire, soit par un autre obstacle com m e
un papillom e. ٨ ٧ bilan, l'aboutissement de ces agressions est une infection secondaire,
comme cela est montré dans le 5théma ١,
LA MAMMITE - UN ORGANE, DES DÉFENSES ET UN AGRESSEUR

Schéma 1 : Différentes causes pouvant provoquer une mammite

A NA TO M IE, PHYSIOLOGIE ET DÉFENSES DU TRAYON


ET DE LA MAMELLE

Anatomie et défenses du trayon

A n ato m ie du trayon
Le trayon est une structure creuse, longue de 5 à 7 cm. Il contient une citerne générale­
m ent rem plie de lait. Sa paroi est constituée d'une épaisse couche fibro-élastique mêlée
de faisceaux de fibres musculaires lisses. Sa souplesse lui permet de s'adapter et de se
m odifier en fonction des pressions exercées par le vide dans le manchon trayeur. Il est
entouré d'une peau fine et glabre (sans poil), ce qui facilite son nettoyage mais la rend
relativement fragile.
La peau est un élément im portant du trayon. Cette zone glabre constitue sa première
défense.
Pour que Ja peau soit protégée des contaminations Jors des déplacements en zone
souillée, le trayon d oit être situé à une distance relativement éloignée du sol. Deux
valeurs sont données :
• l'une, qualitative : le trayon d o it être situé au-dessus de la ligne du jarret ;
• l'autre, quantitative : une étude montre q u'il y a deux fois plus d'infections chez les
vaches dont le sphincter est situé à une distance inférieure à 53 cm du sol, par rapport
à celles dont la distance est supérieure à 53 cm.
Mais la partie la plus im portante est le canal du trayon d'une longueur de 1 centi­
mètre, lequel est généralement fermé. Pendant la traite, son diamètre peut atteindre
2 m illimètres et il ne se referme qu'au bout de deux heures. De même, en début de
LES MAMMITES

Photo H Coupe d'un trayon : le canal du trayon est Photo H La peau du trayon : elle est sans poil,
étroit et court ; il occupe uniquement l'extrémité ce qui facilite son nettoyage mais la rend aussi
du trayon, ce qui le rend très fragile. (J.-M. Nicol) plus sensible aux traumatismes et aux agressions
chimiques. (D. Remy)

Photo E l Position des trayons : les trayons sont positionnés au-dessous du jarret chez la première vache,
et au-dessus chez la seconde. (D. Remy)
LA MAMMITE - UN ORGANE, DES DÉFENSES ET UN AGRESSEUR

période sèche, un bouchon de kératine se forme, lequel permet une étanchéité totale,
en moyenne, au bout d'une semaine. Cette durée varie en fonction des trayons. Certains
d'entre eux ne sont pas étanches durant toute la période sèche. L'étanchéité du canal
du trayon est donc assurée par différentes structures décrites dans la figure 1. Ces struc­
tures, ainsi que la kératine, sont à l'origine des défenses du trayon.

Rosette des plis papillaires

Muqueuse du sinus lactifère

Plis muqueux du conduit papiIlaire

Peau du trayon

Muscle sphincter de la papille


Canal du trayon
(sphincter du trayon)

FLUX DE LAIT

Figure 1 : Les différentes structures du canal du trayon (d'après Baronne).

Photo E l Extrémité du canal du trayon : cette


Photo D Coupe du sphincter : comparer avec les structure, souvent en contact avec le sol, est très
structures de la figure 1. (J.-M. Nicol) peu protégée. (J.-M. Nicol)
LES MAMMITES

Les défenses du trayon ou défenses basses de la m am elle


La peau du trayon est glabre et dépourvue de glandes sudoripares, sébacées ou
mu‫ ؟‬ueuses. Cette absence de glandes la rend très sensible aux m odifications exté-
rieures de température, d'hygrom étrie et de luminosité, □ans les autres régions du
corps, la présence de glandes cutanées apporte des ions minéraux, des glycérides, des
acides gras et des acides aminés, assurant ‫ ف‬la ‫؛‬ois le maintien de l'hydratation de l'épi-
derme et un pH acide, antibactérien et antifongi‫ ؟‬ue. Les défenses aspécifi‫ ؟‬ues de la
peau du trayon sont directem ent dépendantes du degré d'hydratation de l'épiderme. La
pellicule hydro-lip idi‫ ؟‬ue ٩ ٧ ‫ ؛‬recouvre l'épiderm e empêche les germes de s'attacher à la
surface cornée de celui-ci. Elle o‫؛؛‬re ainsi une barrière ‫ ف‬la colonisation de la peau par
des germes pathogènes.
M acroscopi‫ ؟‬uement, l'im portance du degré d'hydratation de la peau est visible : une
peau de trayon sèche reste plus sale et est plus difficile ‫ ف‬nettoyer pour le trayeur car
la crasse reste collée ‫ ف‬sa surface. Le degré d'hydratation de la peau du trayon a égale-
ment des répercussions importantes sur la traite. En effet, une déshydratation de la peau
induit une perte de l'élasticité et de la souplesse de la pea□ du trayon. Une dim inu-
tion de 25 % de l'hydratation de l'épiderme peut dim inuer son élasticité de 75 % . Or,
pendant la traite, la longueur du trayon va p re s s e doubler (1,5 2 ‫ ف‬fois sa longueur au
repos).
Une élasticité trop faible de la peau du trayon durant la traite aura trois effets néfastes
sur le déroulem ent de la traite et la santé mammaire :
• Le trayon ne va pas répondre correctem ent aux variations c y c l^u e s du niveau de
vide de pulsation.
• L'épiderme ne va pas être en mesure de supporter la traite ; il s'ensuit des lésions
facilem ent colonisables par des germes pathogènes.
• La traite va être douloureuse pour la vache. Ce stress supplémentaire va altérer le
phénomène d'éjection du lait par le biais de l'adrénaline ٩ ٧ ‫ ؛‬lim ite directem ent
l'action de l'ocytocine au niveau de ses récepteurs cellulaires.

Photo Q Anomalie : un trayon et deux quartiers : Photo H Canal accessoire : la fermeture de ce


le trayon latéral peut être asséché à l'aide de canal peut être traitée chirurgicalement. (J.-M.
teinture d'iode ou de LOTAGEN ND. (J.-M. Nicol) Nicol)
LA MAMMITE - UN ORGAN E, DES DÉFENSES ET UN AGRESSEUR

Photo D Fistule ٢١٧ trayon : cette lésion, non Photo El Trayon surnuméraire : il peut être
congénitale, peut provenir d'un échec chirurgical. supprimé chirurgicalement. Il convient d'assécher
La suture de la paroi du trayon n'est pas étanche. le quartier correspondant. (J.-M. Nicol)
(J.-M. Nicol)

Le sphincter musculaire : ‫ ا؛‬m aintient le tray©n étanchement fermé et empêche la péné-


tration des bactéries.
Le canal du trayon : il est tapissé de c e l^ le s squameuses form ant un épithélium stratifié
rec©‫؛‬jve‫؛‬t de kératine. La kératine ^m prisonn‫ ؟‬le‫ ؛‬bactéries et em pêch‫ ؟‬leur migration
vers le pis ; elle favorise, en outre, l'e‫ ؟ ؛‬ulsion des bactéries ‫ ف‬la traite (enlever la kératine
augmente l'incidence d'infections). Elle contient plusieurs substances bactériostatiq(ies
(acides gras et protéines).
La rosette de Fürstenberg : ce repli m uqueux, situé à l'extrém ité supérieure interne du
canal du trayon sert de point d'entrée majeur des leucocytes vers la glande. C'est la
raison pour laquelle la concentration de leucocytes est très élevée dans le trayon.
Quelques trayons anormaux sont présentés sous form e de photos. Ils constituent, à des
degrés divers, un facteur de risque de m am mite (cf. photos 6 à 9).

Anatomie et défenses de la mamelle

A n ato m ie de la m a m elle (cf. figu re 2)


La mamelle de la vache est un très gros organe, pesant environ 50 kg (incluant le sang
et le lait). Étant donné le fait qu'elle peut atteindre parfois un poids de 100 kg, il est
capital que la mamelle soit très bien attachée au squelette et aux muscles. Les ligaments
médians sont composés de tissus fibreux élastiques, alors que les ligaments latéraux
sont formés de tissus conjonctifs moins élastiques. Si les ligaments s'affaiblissent, la
LES MAMMITES

mamelle ne sera plus apte à la traite mécanique puisque les trayons s'écarteront vers
l'extérieur. Les quartiers sont couverts de poils plus ou moins long (cf. photo 10).

Membrane
connective fine
Bassin (sépare les quartiers
avant les quartiers arrière)
Avant
Gauche

Droite
Ligament latéral Ligament Arrière
(encercle le pis)
M édian
(sépare
les quartiers droits
des quartiers gauches)

Figure 2 : Les différents tissus qui soutiennent la mamelle

La mamelle de la vache laitière est constituée de quatre quartiers séparés qui com por­
tent chacun un trayon. Ils contiennent des alvéoles glandulaires ou acini mammaires
qui, formés de lactocytes, synthétisent le lait. Ces alvéoles sont entourées par un tissu
parenchymateux et sont reliées à la citerne de la glande d'un volum e moyen de 400 ml
via les tubules et les canaux galactophores. Le lait sécrété dans une des glandes ne peut
pas passer par une autre glande. Les quatre quartiers sont séparés physiquem ent-par
différentes structures dont les ligaments médians. Lorsqu'un germe pénètre par le canal
du trayon, il n'infecte qu'un quartier. Cette citerne de la glande est séparée de la citerne
du trayon par un repli annulaire (cf. figure 3).

Photo EQ Poils longs et sales : ils peuvent être une


source de contamination lors de la préparation
à la traite. Il convient de raser fréquemment
l'extrémité de la mamelle. (O. Salat)
EA - UN ORGANE, DES DÉFENSES ET UN AGRESSEUR

La mamelle est irriguée par de nom breux vaisseaux sanguins et lymphatiques. Cinq cents
litres de sang doivent circuler dans la glande mammaire pour produire un litre de lait.
Lorsqu'une vache produit 60 litres de lait par ]٠٧٢, cela signifie que 30 000 litres de sang
ont circulé à travers la mamelle. Cet organe possède aussi un système lymphatique qui
transporte les déchets ‫ ف‬l'extérieur de la glande. Quelquefois, au m om ent d'un premier
vêlage, les génisses peuvent souffrir d'œ dème dû, en partie, ‫ ف‬la présence de lait dans la
mamelle qui com prim e les différents vaisseaux et bloque la lymphe dans l'organe.

Les mécanism es des défenses hautes de la m am elle (com prendre ce qui se passe
lorsque le germ e franchit la barrière ‫ ثمال‬trayon [défenses basses de la m am elle])

Les germes pathogènes qui parviennent malgré tout ‫ ق‬traverser l'extrém ité du trayon
doivent affronter les défenses antibactériennes présentes dans les sécrétions lactées,
s'ils veulent coloniser la glande mammaire et provoquer une mammite. Dans les tissus
infectés, la réponse de l'organisme va se décomposer en deux étapes qui se superposent
en partie :
٠ Une réponse vasculaire : la réponse inflamm atoire précoce, composante de la
réponse précoce de l'im m unité innée, va permettre l'augmentation de la perméabilité
vasculaire et du flux sanguin. Il en résulte un afflux de cellules et de facteurs solubles
indispensables au bon fonctionnem ent des défenses mammaires.
Elle se traduit par quatre signes cliniques qui sont :
- de la rougeur (dilatation des vaisseaux sanguins et, donc, augmentation du flux
sanguin au niveau de la zone lésée) ;
- un gonflem ent : il est le résultat d'un œdème, c 'e s t^-d ire une infiltration intra-
tissulaire de lymphe interstitielle form ée ‫ ف‬partir du plasma qui sourd entre les
cellules endothéliales des vaisseaux sanguins distendus ;
LES MAMMITES

- de la chaleur : elle est provoquée par l'afflux sangu¡□ mais, aussi, par la libération
de substances capables de provoquer de la fièvre (substances pyrogènes) ;
- de la douleur : c'est l'œ dème qui, souvent, com prim e les terminaisons nerveuses
du derme, mais différentes toxines libérées par les bactéries infectieuses ou des
substances libérées par les cellules lésées peuvent aussi la provoquer.

L'inflammation peut avoir un rôle négatif lorsqu'elle est exagérée. Cela conduit à une
altération de la fonction de l'organe ou du tissu atteint. Les mécanismes de l'inflam m a-
tion reposent sur la libération de nombreuses substances chim iques qui causent tous
ces événements.
• Une réponse cellulaire : celle-ci s'appuie sur les cellules de la lignée blanche (appe-
lées aussi globules blancs ou leucocytes). Les propriétés des leucocytes présents dans
la mamelle et de ceux nouvellem ent recrutés vont alors jouer un rôle crucial dans
l'établissement potentiel de l'infection intramammaire car ils sont les seuls ‫ ف‬pouvoir
la juguler en l'absence d'antibiotiques.
• Les différentes cellules de la lignée blanche :
- Les macrophages représentent le type cellulaire dom inant dans le lait et les tissus
d'une glande mammaire saine. Ils phagocytent les bactéries qui réussissent à fran-
chir la barrière du trayon (cf. phagocytose).
- Les polynucléaires neutrophiles (PNN) : ce sont des leucocytes qui ont pour fonction
de phagocyter et de détruire les bactéries. Ils peuvent également sécréter des subs-
tances antibactériennes. Ils sont en nombre relativement faible dans la glande mam-
maire en bonne santé (environ 115 ‫ ف ه‬% des cellules somatiques). Cependant, leur
nombre augmente de façon spectaculaire au cours de la mammite pour atteindre
plus d'un m illion par ml (environ 90 % des leucocytes). La phagocytose par les
PNN est le moyen de défense le plus efficace contre les infections bactériennes.
- Les lym phocytes : ce sont de petites c e l^le s rondes que l'on retrouve principale-
m ent dans le sang et les organes lympho'i'des, tel le thymus, les ganglions lympha-
tiques et la rate. Ils sont capables de reconnaître des antigènes via des récepteurs
spécifiques. Les lym phocytes sont divisés en deux groupes principaux, les lym pho-
cytes ٢ et les lym phocytes B.
- Les lym phocytes T ont deux fonctions dans la mamelle :
- ils détruisent les cellules lésées ;
- ils sont indispensables pour que les lym p ho cyte s B puissent se d iffé re n cie r
en cellules p ro d u ctrice s d'anticorps.
- Les lym phocytes B produisent des anticorps ou im m unoglobulines (IG). Dans le
lait sain, on trouve des IG1, et, dans le lait infecté, des IG2 qui apparaissent en
grande quantité. Les IG de la mamelle ont essentiellement un rôle d'opsonisation.
L'opsonine est une substance facilitant la phagocytose de la bactérie par les macro-
phages et les PNN.
• La phagocytose (du grec phagein = manger) :
- Les macrophages et les PNN (appelés aussi phagocytes ou cellules phagocytaires)
aidés par les opsonines associées ‫ ف‬d'autres substances, capturent les bactéries
ayant pénétré dans le quartier et nettoient tés tissus lésés en absorbant les cadavres
des cellules mortes. Cette intense activité est appelée phagocytose.
- Celle-ci est facilitée grâce ‫ ف‬deux phénomènes que l'on rassemble sous le nom de
chim iotactism e des PNN :
- afflux de nom breux PNN dans la cellule infectée ;
LA MAMMITE - UN ORGAN E, DES DÉFENSES ET UN AGRESSEUR

- attirance de la cellule phagocytaire vers la bactérie.


Surviennent ensuite plusieurs étapes (rassemblées dans le schéma 2) :
1. capture de la bactérie par émission de pseudopodes par le phagocyte: cette
capture est souvent facilitée par des molécules d'adhésion se fixant sur la bactérie : les
opsonines ;
2. form ation d'un phagosome ou vacuole de phagocytose (endocytose ou
internalisation) ;
3. lyse de la bactérie (bactéricidie) par des mécanismes variés, certains mettant en jeu
l'oxygène à partir des éléments contenus dans des lysosomes (enzymes lytiques par
exemple) ;
4. élim ination des déchets.

Si tout fonctionne bien, la bactérie disparaît et l'infection est jugulée. Cette évolution
favorable n'est généralement pas la règle, et d'autres évolutions peuvent survenir :
٠ la bactérie peut résister à la lyse, persister dans le cytoplasme du phagocyte et, même,
s'y diviser, provoquant la m ort de celui-ci : c'est alors le point de départ d'une infec­
tion. C'est le cas de S. aureus qui survit très bien dans la cellule phagocytaire ;
٠ la bactérie peut se m ultiplier très rapidement, et les défenses sont alors submergées.
C'est ce qui se produit avec certaines souches d'£. coli ;
• enfin, la bactérie a un pouvoir invasif élevé et elle pénètre alors dans le tissu de
la mamelle puis passe dans le sang. C'est ce qui se produit avec d'autres souches
d'£. coli.
La phagocytose n'est pas sans danger car, lorsqu'il y a élim ination de la bactérie lysée,
les enzymes et les dérivés oxygénés nécessaires à la destruction de la bactérie sont
LES MAMMITES

aussi libérés. Ils vont détruire ies tissus environnants, dont l'épithélium et le co njon ctif
mammaire. La phagocytose est donc une arme à double tranchant.

POINTS FORTS ET POINTS FAIBLES DES DÉFENSES DU TRAYON


ET DE LA MAMELLE

Au bilan, de par son anatomie et sa physiologie, la mamelle de la vache présente un


certain nom bre de points forts et faibles pour lutter contre les infections et l'apparition
de mammites. Ils sont rassemblés dans le tableau 1.

Tableau 1 : Points forts et points faibles de !'anatomie de la mamelle pour lutter contre
l'infection et l'apparition de mammites.

Anatomie et physiologie de la mamelle ; protection contre les mammites


Points forts Points faibles
Les quatre quartiers sont séparés physiquement par La mamelle est très volumineuse et à l'extérieur
différentes structures dont les ligaments médians, de l'abdomen. Elle est soutenue par des ligaments
ce qui empêche la contam ination directe entre médians et latéraux qui peuvent se distendre
deux quartiers. (photo mamelle décrochée).
La m amelle est très irriguée par du sang et de la La mamelle est très irriguée ce qui la rend sensible
lymphe qui permettent l'afflux rapide dés cellules à l'œdème ainsi qu'aux hémorragies et aux
im munitaires (macrophages et lymphocytes) hématomes lors de chocs.
provenant du système im m unitaire général.
L'immunité locale de la m amelle est très peu
efficace pendant la lactation. Cette situation
s'améliore pendant la période sèche.
Le canal du trayon arrête les germes grâce à son Le canal du trayon reste béant après la traite.
sphincter et sa kératine. Il ne s'obture que huit jours plus tard, lors de la
période sèche. Certains canaux restent ouverts
durant toute cette période.

DEVENIR D'UNE INFECTION : ÉVOLUTION, LES DIFFÉRENTES FORMES


DE M AM M ITES CLINIQUES ET SUBCLINIQUES

Évolution de l'infection

G erm es à réservoir de tra ite et germ es à réservoir d 'e n viro n n e m en t


Les bactéries responsables de mammites sont nombreuses (plus d'une centaine) mais
seulement 4 ou 5 sont responsables de 80 à 90 % des mammites. Schématiquement,
on distingue :
• les bactéries peu agressives et responsables de mammites cliniques peu sévères ou
de mammites subcliniques ;
• les bactéries plutôt agressives qui provoquent des mammites avec atteinte de l'état
général.
Les premières, Staphyloccocus aureus, Streptoccocus dysgalactiae, Streptoccocus
uberis, sont des bactéries dont l'habitat est principalem ent la mamelle (la peau de la
mamelle, celle des trayons ainsi que le tissu glandulaire). Elles sont transmises plutôt
pendant la traite, une vache infectée contam inant une vache saine par l'interm édiaire
des manchons trayeurs ou des mains du trayeur.
LA MAMMITE - UN ORGAN E, DES DÉFENSES ET UN AGRESSEUR

Les secondes, Escherichia coli et Streptococcus uberis, sont des bactéries dont le milieu
de vie est le bâtiment, en particulier la litière, et sont transmises principalem ent entre les
traites. Néanmoins, elles peuvent l'être aussi pendant celle-ci, suite à un défaut d'essuyage
des trayons en em pruntant les modes de transmission des germes de traite.

Streptococcus uberis a la particularité de s'adapter aux deux habitats (mammaire et


environnement).

Les bactéries ne se ren den t pas toutes à la m êm e adresse

Lorsque le germe (cf. schéma 3) franchit le canal du trayon, il va connaître l'évolution


que nous allons décrire. Les bactéries responsables des mammites passent du milieu
extérieur dans le lait qui sert à la fois de transporteur et de nourriture en franchissant
le canal du trayon. Certaines espèces se lim itent à la sécrétion lactée, d'autres adhè­
rent aux canaux et peuvent progresser ensuite au sein de l'épithélium mammaire avant
de se cacher dans certains leucocytes. D'autres encore vont poursuivre leur chemin
pour s'installer dans la profondeur du tissu mammaire. Jusqu'à une époque récente, on
pensait que chaque espèce de germe (staphylocoque, streptocoque et colibacille) avait
un com portem ent bien défini. Les staphylocoques s'enkystaient dans le tissu mammaire,
les streptocoques pouvaient se fixer à la paroi des canaux (épithélium), et les coliba­
cilles restaient dans la lumière où ils présentaient cependant un danger non négligeable
car ils s'y m ultipliaient très rapidement. Cette dangerosité est contrebalancée par une
élim ination rapide lors de la traite.

Le com portem ent de 5. aureus correspond à celui connu par ailleurs. Il a le pouvoir
de pénétrer le plus profondém ent grâce à un équipem ent enzym atique perform ant. Ce
com portem ent n'est pas transposable chez les staphylocoques à coagulase négative
(SCN) (cf. les germes des mammites).

O n sait maintenant que certains streptocoques et colibacilles ont, eux aussi, la possibi­
lité de s'im planter profondém ent dans la mamelle. Enfin, certaines souches de coliba­
cilles ont la capacité de passer dans le sang : on parle alors de bactériémie.

Il existe cependant une règle générale : plus les infections sont anciennes, plus on a de
chance de retrouver des bactéries dans le tissu glandulaire (cf. schéma 3).

Les différentes formes de mammites

Les m am m ites sont le résultat d'une c o m p é titio n e n tre un germ e et les cellules
de la lignée blanche

Lors d'infection de la mamelle, une bataille s'engage entre les bactéries qui se m u lti­
plient dans le lait et les cellules arrivant plus ou moins rapidement en nombre de la
m oelle osseuse. L'issue de la bataille dépend à la fois du caractère pathogène de la
bactérie, de sa localisation dans la mamelle et de l'efficacité des défenses cellulaires
(cf. schéma 4).

Les trois issues possibles (guérison, m am m ite subclinique ou m a m m ite clinique)


(cf. schéma 5)

Les cellules gagnent : il s'agit alors d'une guérison spontanée. Celle-ci intervient en
moyenne dans 20 % des cas environ. Elle peut atteindre 80 % pour Escherichia coli.
LES MAMMITES

Adhésion et pénétration
de St. uberis

M ultiplica tion rapide


Localisation : 1 fréquente 2 moyenne des colibacilles
٠ 5. aureus ٠ St. uberis <=> E. coli

Schéma 3 : Localisation des différents germes au sein de la mamelle

٠ Les bactéries gagnent : il s'agit d'une m am mite clinique ou visible, matérialisée


a minima par des m odifications du lait observables par l'éleveur lors de la traite.
Certaines infections mammaires peuvent associer, en outre, des symptômes locaux
(inflam m ation du quartier et/ou m odifications de l'aspect du lait), des symptômes
généraux (baisse de l'appétit et de la consomm ation d'eau, démarche difficile, déshy­
dratation et hypertherm ie). La moyenne, en matière de nombre de mammites cliniques
pour 100 vaches présentes, est de 20 lactations touchées ou de 30 cas. Lorsqu'une
vache a une mam mite dans deux des quartiers, on les com pte com m e deux cas.
• Le troisième cas de figure est intermédiaire : il n'y a pas de m am mite visible mais la
vache a conservé des cellules, c'est-à-dire des témoins d'une inflam m ation persistante,
dans sa mamelle. O n parle alors de mam mite subclinique ou de mammite invisible
puisqu'il n'y a pas de signes locaux ou généraux objectivables. Cela s'explique par le
fait que ni les cellules ni les bactéries « n'ont le dessus » les unes sur les autres. L'image
d'un match de football animé se term inant par un résultat d'égalité peut illustrer cette
« guerre de tranchée », entre cellules et bactéries, qui trouve une issue favorable lors
du traitem ent antibiotique hors lactation au tarissement. En pratique, l'éleveur ne peut
donc différencier à l'œ il nu les vaches atteintes de mammites subcliniques des vaches
saines.
LA MAMMITE - UN ORGANE, DES DÉFENSES ET UN AGRESSEUR

M a m m ite
M oelle osseuse

Lymphocytes

Cfi C )■

Vaisseaux

macrophages

f" '■ bactéries


Acinus

Schéma 4 : La mammite est une compétition entre les germes et les cellules du lait

١،

Les cellules Guerre de tranchée Les microbes


gagnent entre les microbes gagnent
et les cellules

E S
Clinique
Guérison Subclinique

Schéma 5 : Les trois possibilités d'évolution lors de l'apparition d'une mammite

m _
LES MAMMITES

Les concentrations cellulaires atteintes lors de mammites cliniques sont très supérieures
à celles obtenues lors de mammites subcliniques. Lors de mammite clinique, du fait de
l'élim ination du lait de la traite due à la mise en œuvre du traitem ent antibiotique et du
respect du temps d'attente, on n'observe pas de m ontée leucocytaire au niveau du tank
(schéma 6).

Nombre
‫ ؛؛‬cellules/ml
M am m ite c lin iq u e
X ١ 000

Schéma 6 : Les mammites cliniques sont caracté^sées par des CCSI qui augmentent fortement
durant quelques traites mais qui diminuent rapidement par la suite

Lors de mammites subcliniques, il existe des variations quotidiennes de la concentra-


tion cellulaire en fonction de la « guerre de tranchée » opérées par les bactéries et les
cellules (cf. schéma 7). Le statut des animaux ne peut être révélé que par la réalisation
de dénom brem ents cellulaires (laboratoires interprofessionnels, com pteur cellulaire
Délavai, California Mastitis Test (CMT)). Une vache infectée est un animal qui a dépassé
par deux fois le seuil de 800 000 cellules par m illilitre de lait au cours de la lactation.
Un animal sain est un animal dont les concentrations cellulaires sont totttes < 000 300 ‫ف‬
cellules/m l (c/m l), et les animaux douteux se situent entre les deux bornes de la four-
chette (cf. le chapitre intitulé « Les seuils »).
En conclusion de ce chapitre, on peut constater que la m am mite est d'abord une com pé-
tition entre des cellules du système im m unitaire et un agent infectieux :
• provenant soit de la mamelle, soit de l'environnem ent ;
• qui se transmet à certaines périodes de la vie de la vache pendant ou dehors de la
traite.
C'est ensuite en fonction de certaines caractéristiques des agents et de la capacité des
cellules du système im m unitaire à les arrêter que la mammite va évoluer (guérison spon-
tanée, m am mite subclinique ou clinique).


LA MAMMITE - UN ORGANE, DES DÉFENSES ET UN AGRESSEUR

Schéma 7 : Comptages cellulaires individuels d'une vache infectée sans signe clinique,
par traite, sur 15 traites successives.
L'AGRESSEUR
La liste des germes responsables de mammites cliniques et subcliniques est longue (plus
d'une centaine d'espèces bactériennes !) (cf. encadré 1). Certaines bactéries comm e
Staphylococcus aureus, Streptococcus uberis, Streptococcus dysgalactiae et Escherichia
coli sont à l'origine de l'im mense m ajorité des infections, Streptococcus agalactiae ayant
pratiquem ent disparu suite à l'utilisation systématique du traitem ent antibiotique hors
lactation. Les staphylocoques à coagulase négative restent très fréquents chez les p rim i­
pares . A cela viennent s'ajouter des levures et des algues.

Encadré 1 : Les bactéries

La structure des bactéries est variable et plus ou moins complexe. Les éléments
principaux sont :
• Les « enveloppes » plus ou moins complexes qui entourent la bactérie. Elles
peuvent être très réduites ou, au contraire, très développées.
• Le core (ou cytoplasme) qui contient le matériel génétique, ‫ ف‬savoir l'A D N dont
certaines parties (ou plasmides) peuvent éventuellem ent se transmettre entre
bactéries. Il s'agit de l'un des mécanismes de transfert des facteurs de résistance
aux antibiotiques entre bactéries.
Certaines bactéries pathogènes peuvent produire des toxines qui agissent locale-
m ent ou à distance comme, par exemple, dans le cas des mammites toxinogènes.
La distinction entre bactéries à Gram + et à Gram - est liée à la structure de la
paroi bactérienne. Celle-ci correspond au résultat obtenu en réalisant une double
coloration des bactéries avant examen au microscope. Les bactéries à Gram + (ex :
aureus) apparaissent le plus souvent bleues, et les bactéries à
Gram - (ex : Escherichia coli) rouge orangé.

Source : SNCTV/FNCDS (form ation éleveur infirm ier de son élevage)


LA MAMMITE - UN ORGANE, DES DÉFENSES ET UN AGRESSEUR

Jusque dans les années 1990, la connaissance des agents responsables des mammites
était liée à des résultats d'essais cliniques dans le cadre d'évaluation de l'efficacité des
spécialités pharmaceutiques. Celle-ci était donc partielle et basée sur les examens
bactériologiques.
Avec l'identification génotypique des souches (empreinte génétique), il est possible de
mettre en évidence le caractère oligoclonal (petit nombre de souches) ou polyclonal
(grand nom bre de souches) des espèces bactériennes (cf. schéma 1).

souches

Toutes les souches sont différentes mais La souche provient d ^ n e mamelle


appartiennent à une même espèce (E. co li ou infectée. Elle peut se transmettre d'un
St. uberis). Elles proviennent de la litière et trayon à l'autre ٥٧ d'une mamelle ‫ف‬
vont contam iner les vaches. Elles se transmet­ une autre mamelle. Ici, c'est toujours
tent exceptionnellem ent d'une vache à la même souche (staphylocoque ou
l'autre. streptocoque) qui se transmet.
Elles peuvent provoquer, lors de l'infection de O n parle de souche monoclonale.
la mamelle, des mammites présentant les Deux souches de 5. aureus peuvent
mêmes symptômes. constituer 80 % des infections par ce
O n parle de souche à caractère polyclonal. germe dans un troupeau.

Schéma ١ : NoLion de souche ‫ ف‬caractère monoclonal ou polyclonal

Ceci a également permis de « pister » les bactéries depuis les réservoirs jusqu'à la
mamelle et les différents tissus mammaires infectés. O n peut savoir par exemple si
l'infection mammaire du quartier de la vache X est due à Escherichia coli qui s'est
implanté dans la mamelle antérieurement. O n peut connaître également si la souche est
responsable de la m am mite de la vache ٧ .
□ans le cadre des mammites, on distingue généralement les germes pathogènes majeurs
et les germes pathogènes mineurs.

LES GERMES MAJEURS

Les germes pathogènes majeurs sont appelés ainsi majeurs du fait de leur im portance
tant économ ique qu'épidém iologique.

Escherichia coli
Dans la fam ille des entérobactéries, Escherichia coli a une place prépondérante. C'est
une bactérie à gram - , à caractère poly ou m ulticlonal (de nombreuses souches d'une
même espèce sont présentes au sein d'un troupeau). Son habitat est constitué par le
logement des animaux. C'est une espèce peu contagieuse (le risque de contam iner un
animal sain à partir d'un animal infecté est exceptionnel).
LES MAMMITES

Lors de m am mite clinique, on pourrait penser que la souche d'Escherichia coli qui la
provoque vient d'infecter la mamelle. Or, il a été dém ontré qu'environ la m oitié des
mammites cliniques à entérobactéries qui se déclarent pendant les 100 premiers jours
qui suivent le vêlage s'im plantent pendant la période sèche. En pratique, il existe deux
catégories de souches :
• Des souches environnementales qui s'installent pendant la lactation. Elles se tradui­
sent 9 fois sur 10 par des mammites cliniques. Certaines d'entre elles peuvent être
sévères. Il s'agit des fameuses « mammites colibacillaires » dues à une libération
massive de toxines dans l'organisme. Certains colibacilles très invasifs provoquent
une bactériémie précoce (passage des bactéries dans le sang) avec possibilité de
m ortalité des animaux.
• Des souches « mammaires » qui s'im plantent pendant la période sèche avec une
expression clinique peu sévère (mammite clinique subaiguë), voire nulle (subclinique),
la plupart des cas intervenant dans les trois mois suivant le vêlage. Ces souches ont
des caractéristiques particulières. Contrairem ent aux souches précédentes qui sont
le plus souvent rapidement éliminées, elles sont plus invasives, adhèrent et pénètrent
dans les cellules épithéliales mammaires. Faiblement sécrété, et par intermittence,
Escherichia coli peut ne pas être retrouvé lors d'une analyse bactériologique.

Photo U Escherichia c o li : une source permanente : les fèces : ce germe est excrété en permanence et
en grande quantité par les vaches. (D. Remy)

Les colibacilles se m ultiplient très vite (toutes les vingt minutes), ce qui explique que
leur nom bre augmente rapidement (cf. figures 1 et 2). Un colibacille produit plus de
seize m illions de bactéries en 8 heures.
LA MAMMITE - UN ORGANE, DES DÉFENSES ET UN AGRESSEUR

Staphylococcus aureus

‫ ا؛‬s'agit d'une bactérie ‫ف‬caractère ‫© ه جأ!ه‬٧ m onoclonal net, avec une très grande tendance
à !'internalisation dans les tissus mammaires grâce à son système enzym atique très déve-
loppé. Cette bactérie a la particularité de se mettre à l'abri dans des micro-abcès et dans
les cellules, et de ne plus être excrétée dans !e !ait : sa recherche peut alors se révéler
faussement négative. La pérennité de ce germe dans le troupeau est aussi assurée par les
nombreuses plaies que l'on peut retrouver sur !e trayon et sur la mamelle (photos 2 5 ‫)ف‬.
Une ‫ ف‬deux souches sont responsables de 80 % des infections ‫ ف‬Staphylococcus aureus
dans un troupeau. Il s'agit d'un m odèle contagieux, les animaux se contam inant à partir
de vaches infectées pendant les opérations de traite ou à partir d'un trayon infecté.
LES MAMMITES

'ÿmm
Photo H Les crevasses : les crevasses comme
les gerçures sont les principales sources de
Staphylococcus aureus. Celles-ci devront être
l'objet de soins importants lors du post-trempage
présentant des propriétés cosmétiques. (J.-M.
Gourreau)

Photos Q Q El Trois lésions plus rares, mais non exceptionnelles, pouvant potentiellement héberger
Staphylococcus aureus. (J.-M. Nicol)
LA MAMMITE - UN ORGANE, DES DÉFENSES ET UN AGRESSEUR

Streptococcus uberis

Il s'agit d'un germe ubiquitaire (qui se m ultiplie et survit partout) (photos 6 à 8). Il est
présent sur la peau et les trayons de la mamelle, le pelage, les naseaux, la cavité buccale
et l'intestin ainsi que dans les voies génitales. Ce germe peut même contam iner des
prairies à forte densité d'animaux et « surpâturées » comme, par exemple, les parcs
reservés aux vaches taries dans les élevages hors-sol. Il est responsable de la m ajorité
des mammites dans les pays où l'élevage extensif domine.

Les sites de développement de Streptococcus uberis

Photo B Les veaux tétés. Longtemps Photo H Mamelle dans la paille : la paille
incriminés, ces animaux semblent être une est une source importante d'Escherichia col¡.
source moins probable de Streptococcus Streptococcus uberis semble s'y développer
uberis. (J.-M. Nicol) très rapidement. (J.-M. Nicol)

Photo K H Vaches taries confinées en pâture : les vaches élevées en hors-sol


vont quelquefois en pâture pendant la période sèche. Elles peuvent alors se
contaminer. (J.-M. Nicol)
LES MAMMITES

Lorsque les animaux se contam inent au contact de l'environnement, en particulier de la


litière (pour évoquer ce mode de transmission, on parle de m odèle environnemental), il
s'agit de souches polyclonales car chaque vache est infectée par une souche différente
(cf. schéma 2). Au contraire, lorsque les mamelles d'autres vaches se contam inent à
partir d'un animal infecté (on parle de m odèle mammaire), il s'agit de souches oligo-
clonales car ce sont des souches de la même espèce qui vont se transmettre de vache
à vache.
Les deux modèles peuvent se succéder ou coexister dans un élevage (cf. schéma 2).
A titre d'illustration, des vaches à métrite peuvent contam iner la litière et alimenter un
m odèle environnem ental (les animaux vont alors s'infecter au contact de la paille). Si
l'hygiène de la traite n'est pas rigoureuse, les animaux contaminés peuvent constituer
un m odèle contagieux. Ils pourront alors se contam iner lors de la traite par les gobe­
lets trayeurs par exemple. Ce cas concret montre bien la com plexité de la maîtrise des
infections à Streptococcus uberis (cf. schéma 2).

٦ : M am m iïe d'environnem ent


• Contamination pendant la période sèche ٠٧ en début de lactation

Schéma 2 : Contamination d'un troupeau par uberis en deux étapes :


» Mammite d'environnement
• Mammite de traite ou contagieuse

À la différence d 'Escherichia coli, la présence de " uberis dans les litières


est épisodique. Une étude m ontre 55 ٩ ٧ ‫ ؟ ؛؛‬٧٢ litières analysées, seulement 8 % possé-
daient plus d'un m illion de bactéries par gramme de litière. C n note également une très
faible excrétion au niveau des fèces des animaux, ceux-ci se concentrant sur quelques
vaches.

C o m ^ e pour les entérobactéries, des germes responsables d'infections récentes peuvent


d'em blée s'internaliser dans les cellules mammaires.
LA MAMMITE - UN ORGANE, DES DÉFENSES ET UN AGRESSEUR

Streptococcus dysgalactiae
Ce germe est moins fréquem m ent rencontré que Streptococcus uberis mais il peut
être responsable d'infections mammaires graves à subcliniques. Sur le plan é colo ­
gique, Streptococcus dysgalactiae se com porte davantage com m e un germe à réservoir
mammaire que Streptococcus uberis dont la source principale reste la litière ou le pâtu­
rage. Un des réservoirs de Streptococcus dysgalactiae sont les trayons crevassés (comme
Staphylococcus aureus). En revanche, en terme de pathogénicité, il donne souvent des
mammites plus sévères que Streptococcus uberis.

LES GERMES PATHOGÈNES MINEURS


(LES STAPHYLOCOQUES À COAGULASE NÉGATIVE)

Ces agents infectieux sont considérés com m e mineurs du fait de leur moindre importance
tant économ ique qu'épidém iologique. Néanmoins, certaines espèces dont les staphylo­
coques à coagulase négative (SCN) comm encent à poser des problèmes en exploitation.
Lors d'un examen bactériologique du lait, il est possible, après la colonisation bacté­
rienne du tissu nutritif, de réaliser des tests biochim iques parmi lesquels le test coagulase
(cf. Le diagnostic bactériologique). La coagulase est une enzym e excrétée dans le milieu
de culture au cours de la croissance bactérienne et détectable par un test de laboratoire.
Ce dernier différencie les staphylocoques dorés (ou aureus) disposant d'une coagulase,
des autres n'en possédant pas (les staphylocoques à coagulase négative ou SCN).
O n connaît à l'heure actuelle une petite vingtaine d'espèces isolées dans les infections
mammaires. Ces staphylocoques à coagulase négative génèrent m ajoritairem ent des
mammites subcliniques. Mais, dans certains cas, des mammites cliniques parfois aiguës
peuvent se déclarer. Plusieurs quartiers sont alors souvent atteints.
La prévalence des mammites à staphylocoques à coagulase négative est en augmentation
à l'heure actuelle mais sans conséquence sanitaire ou économ ique notable pour l'instant.
Les infections persistent pendant la lactation, et les guérisons spontanées (contrairement
à celles provoquées par Staphylococcus aureus) sont nombreuses pendant le tarissement.
Ces bactéries sont fréquentes sur les génisses (cf. encadré 2).

Encadré 2 : Primipares et staphylocoques ‫ ف‬coagulase négative (SCN).


Points de repère

Le taux d'élim ination spontanée de ces infections pendant la lactation est impor-
tant. Néanmoins, il existe un taux d'infections persistantes responsables de pertes
économiques non négligeables qui pénalisent le coût du renouvellement.
Com m ent identifier le problèm e au sein d'un élevage ?
L'ensemble des données bibliographiques sur les mammites cliniques des prim i-
pares révèle une moyenne de 8 à 10 % d'infections. Le nom bre réduit de primipares
au sein d'un troupeau rend d ifficile la déterm ination d'un seuil. Il semble cepen-
dant pertinent de donner des repères afin de détecter s'il s'agit bien d'un problèm e
spécifique des génisses, et non d'un problèm e de troupeau au sein duquel les prim i-
pares peuvent s'infecter, au même titre que les multipares et selon le même modèle
épidém iologique.
IES MAMMITES

Une table ronde composée d'experts, de praticiens et d'enseignants chercheurs, par


‫'؛‬interm édiaire du laboratoire Boehringer Ingelheim, a tenté de répondre concrète­
ment à cette question. La conclusion en est la suivante :
En ce qui concerne les mammites cliniques survenant entre 7 jours avant et 30 jours
après vêlage : 2 mammites cliniques survenant chez des primipares pour un troupeau
de moins de cinquante vaches laitières, 3 dans un troupeau de 50 à 100 vaches laitières
et 4 dans les troupeaux de plus 100 vaches laitières doivent interpeller l'éleveur afin
de déclencher une intervention spécifique sur les génisses par le vétérinaire.
En ce qui concerne les concentrations cellulaires : l'alerte se met en place si 30 %
des CCSI sont supérieures à 150 000 cellules/m l de lait au cours du premier mois de
lactation. Cette alerte ne d o it être toutefois confirm ée que lorsque 10 % au moins
des primipares conservent des CCSI de plus de 150 000 cellules/m l au cours des
deux à trois mois suivant le vêlage.

LES ESPÈCES M O IN S FRÉQUENTES

Qu'en est-il des autres germes (bactéries ou autres micro-organismes) responsables


de mammites de façon non négligeable et qui génèrent des pertes économ iques en
élevage ? A ce jour, les connaissances actuelles sont très incomplètes.

Les espèces contagieuses


Streptococcus agalactiae est devenu rare en France mais pose des problèmes dans
les élevages laitiers en Am érique du Nord, en Angleterre et, même, au Danemark. En
France, le risque n'est pas nul, com pte tenu de l'augmentation sensible de la taille des
troupeaux, Streptococcus agalactiae étant une bactérie très contagieuse. Cette espèce
ne peut survivre et se m ultiplier en dehors de la mamelle que très peu de temps (germe
à réservoir intra-m am m aire ou mammaire strict). Streptococcus agalactiae est respon­
sable de mammites subcliniques avec une forte augmentation du nom bre des cellules
et une dim inution im portante de la production laitière. Toute faille dans l'hygiène et la
technique de traite lui est favorable. Toute introduction d'animaux, facteur de risque
im portant, peut être déconseillée, sous réserve de contrôle bactériologique et mise en
quarantaine. Cette mesure n'est pas prise en pratique.

Les m ycoplasm es
Les cas de mammites à mycoplasmes rem ontent à une vingtaine d'années. O n note leur
présence dans de nom breux pays, parmi lesquels, récemment, la Belgique, ce qui n'ex­
clue pas sa présence potentielle en France. Les mammites cliniques à mycoplasmes sont
quelquefois liées à d'autres pathologies associées (kératites, arthrites, maladies respira­
toires). La production laitière dim inue énorm ém ent, parfois jusqu'au tarissement de la
vache. Les traitements antibiotiques sont inefficaces. Les mycoplasmes sont facilement
transmissibles, les réservoirs se situant dans les quartiers déjà infectés, l'appareil respi­
ratoire ou génital de certaines vaches contaminées. Com m e Streptococcus agalactiae,
il se pose le problèm e de l'introduction d'animaux déjà infectés dans le troupeau. La
transmission lors de la traite est souvent très rapide puisque 80 % des animaux peuvent
être touchés en quelques semaines. La grande taille des troupeaux est un facteur de
risque majeur. La séparation des animaux infectés des animaux sains et le contrôle strict
des entrées sont nécessaires, mesures qui dem andent une grande rigueur et qui sont
souvent difficiles à mettre en place.
LA MAMMITE - UN ORGAN E, DES DÉFENSES ET UN AGRESSEUR

Les espèces environnementales

Les entérocoques
Appelés aussi streptocoques fécaux en rais©□ de leur origine, ils peuvent contam iner la
litière et sont responsables de mammites subcliniques et cliniques. Ce sont des espèces
difficiles ‫ ف‬traiter par antibiothérapie, et on assiste régulièrement ‫ ف‬la survenue de
mammites chroniques. Les mesures de lutte classiques contre les germes environne-
mentaux sont efficaces.

Arcanobacterium pyogenes (pyogène ٩٧! produit du « pus »)


Il est responsable de la mammite d'été et infecte des génisses gravides ou des vaches
taries. Le quartier qui contient du pus crémeux et très nauséabond est souvent perdu. À
noter qu'en absence de traitement, on observe une m ortalité pouvant atteindre 50 % .
Les facteurs favorisants sont liés ‫ ف‬la présence de blessées de trayons et de mouches
piqueuses (Hydrotea irritans). Aux méthodes de lutte classiques, il faut donc ajouter la
lutte contre les mouches avec des substances insecticides ‫ ف‬usage vétérinaire en respec-
tant bien les conditions d'utilisation mentionnées dans les Autorisations de Mise sur le
M arché (A.M .M .).

Nocardia sp.
Nocardia sp. est une bactérie ‫ ف‬Gram + qui a été responsable de graves problèmes de
mammites en France au début des années 1980. Plusieurs dizaines d'élevages ont alors
été touchées. Ge germe semble avoir pratiquem ent disparu de France ces dernières
années. Les mammites très sévères q u'il engendre ont entraîné la réforme et, parfois,
la m ort des animaux (15 % des cas). Files évoluent vers une fistulisation du quartier,
accompagnée d'un fo rt amaigrissement de l'animal. Les facteurs de risque sont liés ‫ف‬
la fréquence des injections intra-mammaires en lactation et au tarissement, dans de
mauvaises conditions d'hygiène. La pollution des embouts peut se faire ‫ ف‬partir de l'eau,
du sol et des fourrages. Les mesures classiques de contrôle des germes d'environnem ent
sont importantes.

Les autres bactéries environnementales


Klebsiella, Pseudomonas et Serratia sp. sont des entérobactéries ‫ ف‬Gram - , dont la
fréquence augmente aujourd'hui.

Klebsiella sp. induit le plus souvent des mammites aiguës qui répondent mal aux trai-
tements. O n les trouve fréquem m ent dans la sciure et les copeaux, ainsi que sur les
lavettes mal désinfectées.
Pseudomonas aeruginosa est à l'origine de mammites cliniques aiguës voire, parfois,
suraiguës. La survenue des mammites est généralement sporadique mais elles peuvent
toucher plus du tiers du troupeau. Dans ce cas, la source de l'infection est souvent l'eau
utilisée pour nettoyer le matériel de traite. La transmission de Pseudomonas aeruginosa
peut survenir suite à l'adm inistration de traitements intra-mammaires en lactation ou
hors lactation. La bactérie est capable de résister aux défenses de l'organisme en form ant
un biofilm : c'est pourquoi les chances de succès du traitem ent de ces affections sont
faibles ‫ ة‬nulles.

Serratia sp. provoque des mammites cliniques sans atteinte de l'état général, l'infection
s'établissant en partie pendant la période sèche.
LES MAMMITES

Listeria m onocytogenes ‫ اج‬Salmonella s.str. sont des bactéries importantes dans le


cadre de la sécurité sanitaire des aliments (cf. contaminants du lait) mais les mammites
provoquées par ces agents restent très rares en élevage. La contam ination du lait de
tank est plus fréquente : 5 % des laits de tank sont contaminés par Listeria monocyto-
genes mais seulement 10 % d'entre eux le sont ‫ ف‬cause d'une infection mammaire. Le
reste l'est par l'environnem ent. Lorsque la mamelle est infectée, il s'agit dans ce cas de
mammites subcliniques.

Les levures
Candida entraîne des mammites cliniques de sévérité moyenne qui persistent et s'aggra-
vent suite aux traitements antibiotiques utilisés, pour évoluer vers la chronicité. Celles-ci
sont présentes sur de nom breux supports (terre, plantes, eau). L'humidité est un facteur
favorisant son développement. L'arrêt des traitements antibiotiques favorise l'améliora-
tion des animaux atteints.

Prototheca sp. est une algue responsable d'infections mammaires chez la vache. Elle
provoque des mammites subcliniques ou, au contraire, aiguës. O n assiste ‫ ف‬des augmen-
tâtions cellulaires importantes et ‫ ف‬une forte dim inution de la production. Les anti-
biotiques ne sont pas efficaces. Toutes les mesures lim itant les eaux stagnantes ou vives,
la contamination des abreuvoirs, les souillures du sol des étables, les zones boueuses
sont favorables ‫ ف‬la lutte contre Prototheca sp.

CONCLUSION

Avant de mettre en œuvre des mesures curatives et préventives, il est fondamental de


connaître quelle est la bactérie dom inante présente sur l'exploitation. Ainsi, se pose leur
place dans le diagnostic des mammites. Est-il nécessaire d 'ide ntifie r ou de soupçonner
le ou les germes responsables des mammites dans un troupeau ? La réponse à cette
question sera l'objet de la partie suivante.
L'éleveur est souvent préoccupé par les infections de ses vaches en lactation. Il s'inquiète
peu du statut infectieux de ses vaches taries. Il est pourtant im portant de connaître le
statut des génisses qui peuvent constituer une source potentielle de germes pour le reste
du troupeau et dont l'infection de la mamelle peut se révéler fatale pour ses lactations
futures (cf. encadré 3 : Génisses et contam ination de la mamelle).

Il faudrait ensuite com prendre d'où viennent les germes. Quand et com m ent se transmet
la bactérie aux autres animaux et quels sont les animaux les plus réceptifs et les plus
sensibles à l'infection ? C'est seulement à partir de ce m om ent-là que des solutions
ciblées et efficaces pourront être proposées.

Encadré 3 : Génisses et contamination de la mamelle

Contamination des génisses par des mycoplasmes


En raison du rôle possible des veaux dans l'apparition des mammites à mycoplasmes,
'١١ est 'im portant ¿،,éviter ôe créer un cercle vicieux d’ infections en les exposant à
du lait contaminé. La pasteurisation du lait est efficace contre les mycoplasmes. Il
est recomm andé soit d'alim enter les veaux avec un lait de remplacement, soit de
pasteuriser le lait avant de le leur distribuer.
LA MAMMITE - UN ORGANE, DES DÉFENSES ET UN AGRESSEUR

Contamination des génisses par str. uberis


‫ محا‬Tiodalités d'infection des génisses avant le vêlage sont mai connues, ta thèse
selon la m e lle Str. uberis pourrait infecter les jeunes femelles dès leur très jeune âge
durant la phase d'alim entation lactée ou ‫ ف‬partir de la litière est fortem ent remise en
question. Il apparaît donc im portant d'avoir davantage de nouvelles informations ‫ف‬
ce sujet.
Contamination des génisses par les staphyloco(jues à coag^ase négative (SCN)
ta prévalence des infections ‫ ف‬SCN chez les vaches primipares est plus élevée
que chez les multipares. Les génisses se contam inent durant les trois derniers mois
avant le vêlage. Elles représentent 2/3 des infections avant le vêlage mais elles ont
tendance ‫ ف‬dim inuer après le vêlage. O n observe une guérison spontanée de 70 %
des infections. La principale hypothèse pour expliquer cette guérison particulière
des infections en début de lactation chez les vaches primipares réside dans le fait
que la colonisation du canal du trayon chez ces animaux constitue le principal
réservoir des SCN. La vidange biquotidienne de la mamelle et le post-trempage
permettent d'élim iner ces réservoirs et les infections localisées qu'ils entraînent
‫ ؟‬ontamin‫؛؛‬tion des génisses par s. aureus ou par Arcanobacterium pyogenes par
!'intermédiaire ‫ ظ‬mouches

Le‫ ؛‬mouches peuvent être la cause de la transmission de deux espèces bactériennes


responsables d'infection mammaire chez les génisses :

• s.aureus engendre des infections intra-mammaires chez les génisses. Les vaches
sont peu ou pas concernées par ce type de transmission.
• Arcanobacterium pyogenes a été mis en cause dans la m am mite d'été.
LE DIAGNOSTIC
DES INFECTIONS
MAMMAIRES
ET LEUR TRAITEMENT
DURANT LA LACTATION
LES TROIS DIAGNOSTICS

LES DIFFÉRENTES MANIFESTATIONS CLINIQUES ET LEUR DYNAM IQ UE

Les m am m ites cliniques

L'expression cliniq ue
Les mammites se caractérisent par des signes visibles d'atteinte de la mamelle. Le
lait est toujours m odifié. Cela peut se traduire par la présence discrète de quelques
grumeaux et peut aller jusqu'à une m odification beaucoup plus grande, avec présence
d'un liquide séro-hémorragique (mélange d'eau et de sang), un aspect de bière, voire
du pus en nature. A ce symptôme est associé le plus souvent, mais c'est loin d'être
systématique, une atteinte inflamm atoire du tissu mammaire. Cela se traduit par un
gonflem ent du quartier qui s'accompagne fréquem m ent de douleur, d'augmentation
de la chaleur ressentie à sa surface et, parfois, d'une congestion (couleur rougeâtre) du
quartier atteint. Dans les cas les plus graves, on peut également observer une atteinte
de l'état général de la vache avec fièvre, abattement, dim inution, voire disparition de
l'appétit, difficultés motrices et impossibilité à se relever, jusqu'à l'apparition possible
d'un choc et la m ort de l'animal.
Une infection mammaire ne va pas déclencher autom atiquem ent une mam mite clinique
lors de l'invasion de la mamelle. Cela dépend essentiellement du germe en cause. Une
infection par un colibacille déclenche, dans la grande majorité des cas, une mammite
clinique, alors que la contam ination d'un quartier par Staphylococcus aureus passe
souvent inaperçue (cf. figure 1).

90%
80%
70%
60%
50%
40%
30%
20 %
10%
0%

Figure 1 : Pourcentage d'expression clinique selon les etiologies

D é te c tio n de la m a m m ite
Le principal défi à relever pour l'éleveur est alors la détection la plus précoce possible de
la mammite clinique. En effet, l'élém ent essentiel d'un traitement, le socle de sa réussite,
LE DIAGN OSTIC DES INFECTIONS MAMMAIRES ET LEURTRAITEM ENT DURANT LA LACTATION

est la précocité de sa mise en place. Il


existe essentiellement deux moyens pour
parvenir à cet o b je ctif :
٠ l'observation des premiers jets de lait :
cela peut se réaliser facilement sur le
sol du quai de la salle de traite, pourvu
qu'il n'ait pas la couleur du lait ou,
mieux, dans un bol à fond noir (photo 1).
Dans la plupart des cas, une mammite
débute d'abord par une modification le
plus souvent discrète du lait, avant de
s'aggraver ;
• la mesure de la conductivité électrique
Photo U Bol à fond noir : il est beaucoup plus
du lait : ce paramètre est encore plus performant pour le diagnostic précoce des
précoce que le précédent. Lors d'infec­ mammites cliniques que l'observation des premiers
tion mammaire, l'inflam m ation occa­ jets sur le quai de traite. (O. Salat)
sionnée peut entraîner une m odification
de la teneur du lait en certains électrolytes (sodium, chlore) et ce, de façon très précoce.
Ce changement aboutit à une m odification de la conductivité électrique du lait. Celle-ci
peut être facilement enregistrée par des capteurs intégrés à l'appareillage de traite. Les
robots de traite actuels en sont équipés. O n peut déplorer toutefois un certain manque
de spécificité de ce paramètre (cf. encadré 1), ce qui peut entraîner des traitements
par excès. Couplée au comptage des cellules somatiques, la mesure de la conductivité
électrique gagne en spécificité dans la détection des mammites cliniques.

Encadré 1 : Notions de sensibilité et de spécificité

La sensibilité d'un test (examen clinique, dosage des anticorps) est sa capacité à
détecter tous les animaux positifs, donc à lim iter le nom bre d'animaux faussement
négatifs.
La spécificité d'un test est sa capacité à ne détecter que les animaux positifs, donc
à lim iter le nom bre d'animaux faussement positifs.
Ces deux paramètres sont établis à partir d'un test de référence considéré comm e
le « gold standard ».

Exemple : Évaluation du test CMT ou California M astitisTest(cf. ci-dessous) pour détecter


un quartier infecté par rapport au test de référence qui est l'examen bactériologique :

Tableau I : Sensibilité et spécificité du C M T

Test de référence : examen bactériologique


Positifs Négatifs
155 dont identifiés 127 dont identifiés
avec le CMT avec le CMT

Test évalué Positifs 123 15


‫؛‬- MT Négatifs 32 112
Sensibilité du CMT = 123/123+32 = 79 %

Spécificité du CMT = 112/112+15 = 88 %


LES MAMMITES

Pour juger de l'infecti©n d'un quartier, le CMT a donc une sensibilité de 79 % et une
spécificité de 88 % par rapport au test de référence, l'examen bactériologique. Il est un
peu plus efficace pour identifier les quartiers sains que les quartiers infectés.

Les mammites sub-cliniques


[.،٦ présence d'un agent infectieux dans un quartier provoque une élévation des numé-
rations cellulaires du lait de ce quartier, avec prédominance des globules blancs poly-
nucléaires neutrophiles, sans qu'il soit possible d'observer des signes visibles de cette
m fettion . San‫ ؛‬mo y e n ‫ اا ؛؛ااائآ؛؛'اا‬complémentaire, ١١ est alors absolument Impossible, par
la seule observation du lait ou de la mamelle, de détecter si l'animal est infecté ou non.

O rig in e d 'u ne m a m m ite sub-clinique


Une mam mite sub-clinique peut être la résultante de deux phénomènes :
٠ d'une infection ayant entraîné une mam mite clinique lors de la contam ination d'un
quartier et que le traitem ent n'a pas réussi ‫ ف‬élim iner totalem ent ;
• de la contam ination d'un quartier par un agent infectieux peu agressif et qui n'a pas
occasionné de signes cliniques mais qui s'est installé durablem ent dans la mamelle.

Le com ptage c ellu laire som atique in d ivid u el


Comment détecter une mammite sub-clinique ?
Par les numérations cellulaires. Celles-ci peuvent être effectuées 2 ‫ ف‬niveaux :
• ٨ ٧ niveau du quartier :
- Les numérations cellulaires du lait d'un quartier indemne d'infection peuvent varier
de quelques milliers de cellules par ml à plus de 300 000 cellules par ml. Le seuil
qui permet de discrim iner un quartier sain d'un quartier infecté chez une prim ipare
ou une m ultipare n'est pas situé au même niveau. O n considère qu'un quartier
d'une prim ipare saine présente en moyenne moins de 150 000 cellules/m l, et celui
d'une m ultipare saine moins de 200 000 cellules/m l.
- Différents appareils permettent actuellem ent de mesurer directem ent le nombre
de cellules somatiques ‫ ف‬partir d'un échantillon de lait. Il existe des automates type
« Fossomatic » (lait de mélange des « Cell Counter », et d'autres utilisables même
à l'échelle d'un troupeau com m e le « Porta scc
m ilk test »). Enfin, des moyens de
comptages cellulaires ont été développés pour des installations de robot de traite
(« O n line Cell Counter » de Délavai).
L'intérêt des comptages cellulaires pour suivre le statut d'infection d'une vache (ou
d'un quartier) réside dans sa périodicité. C'est le suivi des numérations cellulaires
mensuelles qui perm et d'avoir une idée correcte de la dynam ique des infections,
)uger le statut infectieux d'une vache sur un seul comptage cellulaire est sujet ‫ ف‬de
très nombreuses erreurs et ne devrait pas être utilisé, com m e cela est expliqué dans
le paragraphe suivant.
• ٨ ٧ niveau de la vache :
- C'est la mesure classiquement employée lors du contrôle des performances avec
2 seuils classiquement retenus et encore utilisés comm e seuils de référence :
300 000 cellules/ml et 800 000 cellules/ml (figure 2). ٨ ٧ cours d'une lactation,
une vache saine ne présente que des numérations cellulaires mensuelles inférieures
000 300 ‫ ف‬cellules/ml ; une vache infectée chroniquem ent présente au moins
LE DIAGN OSTIC DES INFECTIONS MAMMAIRES ET LEUR TRAITEMENT DURANT LA LACTATION

deux numérations cellulaires mensuelles supérieures à 800 000 cellules/ml ; enfin


une vache dont une des numérations est au moins supérieure à 300 000 cellules/
ml est considérée com m e douteuse. Le statut d'une vache ne se détermine donc
pas avec une seule numération cellulaire : c'est la mesure régulière (un comptage
mensuel) qui seule permet de connaître réellement si une vache est infectée de
manière durable ou si elle est saine.

Figure 2 : Détermination du statut (sain, douteux, infecté) de vaches en lactation


vis-à-vis des infections mammaires

Le C alifo rn ia M astitis Test (C M T ), o util de détection d'une infection mammaire dans


un quartier.
Contrairement au CCSI qui est une méthode quantitative (car elle donne des résultats
chiffrés), c'est un moyen semi quantitatif (0, +, ++, +++) qui permet d'avoir une idée
correcte du niveau des numérations cellulaires du lait d'un quartier donné. Il nécessite
une palette munie de 4 cupules de réception (correspondant aux 4 quartiers) et un liquide
réactif, le teepol. Le procédé consiste à récupérer un peu de lait de chaque quartier et
de lui ajouter un peu de réactif. Le mélange comm ence à tourner et form e un précipité à
partir d'un nombre de cellules somatiques supérieur à 300 000/m l. C'est la m odification
de la consistance qui fait la positivité du test, et non pas la m odification de la couleur.
Une bonne interprétation nécessite le respect de certaines règles (cf. tableau 2).

Encadré 2 : Règles d'interprétation du CMT (cf. photos)

٠ N 'utiliser que le lait collecté imm édiatem ent après l'extraction des premiers jets.
٠ Éliminer les premiers jets.
• Ne garder que 2 ml de lait par cupule (interprétation délicate au-delà).
• A jouter un volum e égal de réactif.
LES MAMMITES

• M élanger correctem ent en agitant la palette.


• Lire dans les 20 secondes qui suivent sous un éclairage suffisant.
• Ne considérer que 2 scores :
- Positif : précipité, même discret.
- Négatif : absence de précipité.
Remarque im portante : Le colostrum contient en moyenne un m illion de cellules
par ml de lait. Il ne faut donc jamais faire de CMT sur un colostrum de vache, les
faux positifs étant alors légion. Il vaut m ieux attendre une semaine après le vêlage
pour effectuer ce test, contrairem ent à ce .٢ ٣ ‫ ؛‬est couramment pratiqué.

Tableau 2 : Grille d'interprétation du C M T (d'après Ruegg, 2003)

Score CMT Réaction visible Niveau CCI Score cellulaire CCI moyen
0 12 500 c/m l
25 000 c /m I
Négatif Liquide 0-200 000 c/m l 2 50 000 c/m l
100 000 c/m l
4 200 000 c/m l
Traces Léger précipité 150-500 000 c/m l 5 400 000 c/m l
Précipité mais pas
1 400 000-1 500 000 c/m l 6 800 000 c/m l
de gel

2 M ixture épaisse 7 1 500 000 c/m l


800 000-5 000 000 c/m l
8 3 200 000 c/m l
3 Gel > 5 000 000 c/m l 9 6 400 000 c/m l

Le CMT peut être em ployé avec divers objectifs :


• Détection des quartiers infectés (nombre de quartiers infectés, ce qui s'avère intéres­
sant pour le pronostic de guérison si un traitem ent en lactation est évoqué).
• Identification des quartiers infectés pour mettre en place un traitem ent local.
• Suivi et devenir des infections (en prenant garde de respecter un délai pour le réaliser,
les cellules dim inuant tardivem ent après la guérison clinique).
٠ Suivi du statut infectieux des vaches. Il doit être alors régulièrement réalisé, et ses
résultats doivent être scrupuleusement enregistrés.

Cas des mammites caractéristiques

M a m m ite s de typ e c olib ac illa ire


Ce terme générique regroupe un type de mammites cliniques aiguës qui ne sont pas
toutes dues à un colibacille. Escherichia coli n'est en fait isolé qu'environ une fois sur
deux de ces mammites dites « colibacillaires ». Dans la période située autour du vêlage,
c'est d'ailleurs souvent Streptococcus uberis qui peut être isolé. La confusion est possible
le premier jour des signes cliniques. Sans traitem ent spécifique, l'évolution est toujours
beaucoup moins grave avec un streptocoque qu'avec un colibacille.
Ces mammites s'accompagnent d'une brusque montée de température, avec des
hyperthermies de l'ordre de 40 °C à 47,5 °C, qui représentent souvent le premier
des symptômes ; celui-ci est rapidement accompagné d'un gonflem ent im portant du
quartier et d'une m odification profonde du lait qui prend souvent l'aspect de la bière.
LE DIAGNOSTIC DES INFECTIONS MAMMAIRES ET LEUR TRAITEMENT DURANT LA LACTATION

Réalisation du C.M.T.

Photo H Un geste simple, l'orientation du plateau. Photo E S Quantité recueillie : en penchant le


Avant d'éliminer les premiers jets et de prélever plateau et en se servant de la marque, on ne conserve
quelques millilitres de lait, il est important de que la quantité nécessaire, à savoir deux millilitres
réaliser ce geste simple pour éviter des erreurs au que l'on mélange avec la même quantité de réactif.
niveau du trayon prélevé. (Service de reproduction (Service de reproduction animale, ENVA)
animale, ENVA)

i r
Photo El Léger floculat qui disparaît après avoir Photo H Si le floculat persiste, le résultat est
remué le mélange en donnant un mouvement rotatif positif. Le quartier est considéré comme infecté.
au plateau : un floculat éphémère ou l'absence Il peut être l'objet d'un prélèvement. (Service de
de floculat doivent être considérés comme une reproduction animale, ENVA)
réaction négative. (Service de reproduction
animale, ENVA)

Photo 1 1 Le mélange reste adhérent au fond :


lorsque l'on penche le plateau, on observe
l'adhérence éventuelle du mélange au fond de la
cupule, ce qui est le cas dans celle du bas, à droite.
(Service de reproduction animale, ENVA)

*
LES MAMMITES

Les conséquences sur la santé générale de la vache vont être très vite graves, avec
disparition de l'appétit et abattement. Sans traitement précoce et adapté, !'hyperthermie
va rapidement laisser place à une hypothermie - température inférieure à 38 °C, voire
inférieure à 37 °C -, à un état de choc avec difficultés locomotrices, voire impossibilité
du relever, et évolution possible vers la mort. Ce tableau clinique ne correspond qu'aux
mammites colibacillaires les plus caractéristiques. Cela ne représente pas, loin s'en faut,
la majorité des infections mammaires dues à des colibacilles.

Photo H M am m ite co lib a cilla ire : le q u a rtie r


est très enflé. À ce stade, la perte du q u a rtie r est
inéluctable. (J.-M. N icol)

Photo ■ ‫؛‬٠ M am m ite c o lib a cilla ire : la it couleur Photo □ M am m ite colibacillaire : sécrétion
cidre. La sécrétion est devenue translucide, la m odifiée : celle-ci change de couleur. À ce stade, il
p ro d u c tio n de la it du q u a rtie r est perdue. (O. est encore possible d 'in te rve n ir avec succès pour la
Salat) traiter. (J.-M. Nicol)

Mam m ites gangreneuses


Celles-ci sont difficilement différenciables des précédentes quant aux symptômes
généraux et à leur évolution. En revanche, les signes locaux, à l'exception de ceux du
tout début, sont complètement différents. Dans ce cas, le lait ressemblera à de l'eau
mélangée à du sang, et une sensation de froid sera perceptible à la surface du quartier
atteint. Sa couleur virera au violet avec, au centre, la sensation de crépitements caracté­
ristiques de la gangrène. Lors d'évolution favorable, un sillon, appelé sillon disjoncteur,
apparaîtra entre la zone gangreneuse et la zone saine. Toute la partie morte se nécro­
sera et tombera progressivement. Ces mammites sont rares mais très souvent mortelles
(surtout si elles sont proches du vêlage).
LE DIAGN OSTIC DES INFECTIONS MAMMAIRES ET LEUR TRAITEMENT DURANT LA LACTATION

Photo Œ M am m ite gangreneuse : vache couchée.


Lors de ce type de m am m ite survenant suite au
vêlage, cette position associée à un choc to xinique
est fréquente. (I.-M . N icol)

Photo | ، | M am m ite gangreneuse : zone de nécrose


lim itée. La vache est debout, elle peut survivre mais
la lactation est perdue et elle devra être réformée.
(Service de Pathologie du bétail, ENVA)

Photo U ‫؛‬J Vache couchée associée à une nécrose


étendue : la vache est condamnée. (J.-M. N icol)

Photo I S M am m ite gangreneuse : fo rm a tio n du


liseré. La partie nécrosée com m ence à se séparer Photo B Q M am m ite gangreneuse : é volution en
de la partie encore saine ; son ablation sera l'absence d 'in te rve n tio n . La partie nécrosée est
envisageable dans les jours qui suivent. (Service en tra in de se détacher. (Service de Pathologie du
de Pathologie du bétail, ENVA) bétail, ENVA)
LES MAMMITES

Mam m ites purulentes ou « sèches »,


encore appelées mammites d'été
Dans la majorité des cas, ces mammites
affectent les génisses et les vaches taries.
Elles sont beaucoup plus rarement obser­
vées en cours de lactation, sauf chez
les vaches qui présentent des difficultés
d'écoulement du lait au niveau d'un quar­
tier et dont le trayon a donc fait l'objet
d'introductions de cathéter et de manipu­
lations diverses visant à faciliter le transit
du lait. Ces mammites s'accompagnent
de fièvre (souvent de l'ordre de 40 °C) et
d'une forte induration du quartier. On note
la présence de pus dans le lait, voire sa
transformation en pus en nature. L'odeur
est ici caractéristique et représente la signa­
ture de l'agent infectieux alors en cause :
Arcanobacterium pyogenes. Dans les cas
les plus chroniques, le gonflement d'un,
voire des deux jarrets peut être également
noté et, parfois même, de l'ensemble du
Photo ‫ا‬ M am m ite gangreneuse : la m o d ifica tio n
membre postérieur. Le drainage du pus du de couleur peut évoluer rapidem ent. Elle n'a pas
quartier est très important. Dans certains de valeur pronostic. (J.-M. N icol)
cas, Arcanobacterium pyogenes peut
passer dans le sang (c'est ce qu'on appelle
une septicémie) et se localiser dans certaines zones vulnérables de l'organisme où il va
être impossible à débusquer (cerveau, articulations, valvules cardiaques). Il y a alors un
grand risque d'évolution fatale pour l'animal. Lorsque le quartier se vide mal, une trayo-
notomie ou, plus simplement, l'ablation du trayon à la moitié de sa longueur est alors
particulièrement indiquée pour permettre l'élimination du pus.

* g

Photo ‫ئ‬ M am m ite d'été ou m am m ite purulente :


les quatre quartiers sont atteints, ce qui n'est pas
Photo U t M am m ite purulente sur une génisse
tétée : ces anim aux sont plus sensibles. Remarquer
fréquent. Cette m am m ite a tte in t les génisses et les la position des membres. (J.-M. Nicol)
vaches taries. (J.-M. N icol)
LE DIAGN OSTIC DES INFECTIONS MAMMAIRES ET LEUR TRAITEMENT DURANT LA LACTATION

Photo U ‫؛‬j M am m ite purulente en l'absence de soins : le q u a rtie r a fin i par percer. La do u le ur fu t intense
et la perte de poids conséquente. (J.-M. N icol)

Autres types de mammites


Il existe d'autres mammites graves qui, heureusement, sont beaucoup moins fréquentes,
mais dont il est bon de connaître l'existence :
٠ Mammites à Klebsiella ou à Serratia.
Ce sont des mammites caractérisées par une phase clinique aiguë tout ‫ف‬fait comparable
à une mammite dite colibacillaire mais avec une infection qui passe ‫ ق‬la chronicité et
qui est donc responsable de numérations
cellulaires élevées persistantes, ce ٢١٧‫؛‬ ‫ء‬ ' ‫ءءةؤآلم إلج‬
est tout ‫ ف‬fait exceptionnel avec 1٧ ٨ ‫ن‬ ‫م‬ ¡-
bacille. L'élimination de ces germes des ٣ Jr ٠ ٠ ٠
quartiers infectés est très difficile, et seule ‫م‬ ./
la réforme est alors in d iq u e . ‫أ‬ /‫مأ ء‬
٠ Mammites à Pseudomonas aeruginosa.
Ce germe est à l'origine de mammites
gravissimes pour lesquelles les antibio­
tiques sont très fréquemment mis en
échec ; il provoque donc une mortalité
élevée des vaches infectées. Il peut être
à l'origine de véritables catastrophes juste
après le tarissement. Photo ،y Colonie de Klebsiella : cette
entérobactérie, qui se développe rapidem ent dans
٠ Mammites à levures. la sciure ou les copeaux humides, provoque des
Elles peuvent se développer dans des mammites colibacillaires sévères d ifficile s à soigner.
mamelles qui se défendent très mal, le (Service de reproduction animale, ENVA)
LES MAMMITES

plus souvent sur des animaux atteints d'immunodépression. Il n'existe pas de traitement
curatif.
• Mammites à mycoplasmes.
Si l'on s'intéresse à la situation pathologique des infections mammaires dans les autres
pays à fort élevage laitier (Etats-Unis), c'est probablement la cause la plus fréquente des
mammites de demain. En effet, les mammites à mycoplasmes ont pris une importance
grandissante aux États-Unis et commencent à être identifiées un peu partout dans le
monde. Ces mycoplasmes, le plus souvent Mycoplasma bovis, sont à l'origine d'infec­
tions mammaires dont les conséquences cliniques sont très variables : cela va de la
mammite aiguë grave, à la simple augmentation des numérations cellulaires. La voie de
contamination la plus fréquente est le sphincter du trayon mais la dissémination peut se
faire par le sang, après une contamination oro-nasale. La réforme des vaches infectées
est le seul moyen de s'en débarrasser.

DIAGNOSTIC CLINIQUE ET BACTÉRIOLOGIQUE DES MAMMITES

Le diagnostic clinique : orientations étiologiques


Il existe deux grandes familles de bactéries responsables d'infections mammaires, que
l'on peut différencier au laboratoire par une coloration particulière dite coloration de
GRAM. On définit alors les bactéries à Cram +, staphylocoques et streptocoques essen­
tiellement, et les bactéries à Gram - , Escherichia coli et d'autres entérobactéries. Cette
distinction sera importante à considérer quant aux choix des traitements utilisables
contre ces deux grandes familles d'agents infectieux, les antibiotiques n'étant pour la
plupart réellement actifs que contre une seule de ces familles. Deux paramètres sont
à considérer pour tenter de déterminer l'origine étiologique d'une mammite clinique :

Les critères épidém iologiques


Ils sont à considérer à deux niveaux. Au niveau du troupeau, il peut avoir été réalisé
au préalable un diagnostic du type d'infection dominante, ce qui peut orienter a priori
sur l'origine de la mammite. Au niveau de l'animal, le (s) comptage (s) cellulaire (s)
avant l'apparition de la mammite clinique, lorsqu'il (s) est (sont) disponible(s), est( sont)
intéressant(s) à considérer. En effet, lors de mammite à germes à Gram +, les comptages
cellulaires sont le plus souvent élevés avant l'épisode clinique, alors que ce n'est pas le
cas pour les mammites colibacillaires.

Les critères cliniques


٠ L'atteinte locale.
Les modifications du lait et les signes locaux renseignent mal sur l'étiologie possible
d'une mammite, malgré la tendance des bactéries à Gram - à provoquer une atteinte
plus forte du quartier (cf. tableau 3).
Le pourcentage de vaches ayant des mamelles congestionnées, avec sécrétions séreuses
et grumeaux dans le lait, peut être le même avec les mammites à coliformes, strepto­
coques, staphylocoques et Arcanobacterium pyogenes. L'apparence du lait et le degré
d'inflammation de la mamelle ne sont donc pas suffisants pour prédire l'étiologie lors de
mammite aiguë. Cependant, une odeur purulente du lait pourra être reliée à la présence
dArcanobacterium pyogenes ; une odeur de putréfaction, à la présence de clostridies,
et un exsudât séro-hémorragique, à une souche gangreneuse de Staphylococcus aureus.
LE DIAGN OSTIC DES INFECTIONS MAMMAIRES ET LEURTRAITEM ENT DURANT LA LACTATION

Tableau 3 : Comparaison de l'atteinte locale selon différentes étiologies

Note m oyenne d 'in fla m m a tio n


Étîologie Note m oyenne d'aspect du la it à J0
du q u a rtie r ‫ف‬١٠١
Bactéries à Gram + 2.29 2.03*
Bactéries à Gram - 2.35 2.23**
E coli 2.40 2.25**

Lait : 1 = normal, 2 = légèrement m odifié, 3 = très m odifié


Bactéries à Gram + = staphylocoques + streptocoques
Bactéries à Gram - = E coli + Enterobacter + Klebsiella
Pas de différence statistiquement significative entre ٠ et**
quartier : 1 = normal, 2 = légèrement induré, 3 = très induré

• Atteinte de l'état général


Ce critère est important à prendre en compte. En effet, on observe une différence
marquée entre les infections à germe Gram + et celles à Gram - , les conséquences sur
la santé de la vache étant beaucoup plus graves pour ces dernières (cf. tableau 4).

Tableau 4 : comparaison de l'atteinte de l'état général selon différentes étiologies

Étiologies Tem pérature m oyenne à fo C om portem ent général m oyen à J0


Bactéries à Gram + 39,1 ° c * 1.14*
Bactéries à Gram - 39,5 ° c * * 1.41**
E coli 39,6 °c * * 1.47**

Com portem ent général : 1 = normal, 2 = abattu, 3 = prostré


Les différences entre * et ٠٠ sont statistiquement significatives

Si, en outre, on établit une corrélation entre le moment d'apparition de la mammite


par rapport au vêlage et l'atteinte de l'état général, il ressort que les critères cliniques
généraux pour différencier les deux grands types de bactéries rencontrées sont peu
discriminants en péripartum et à partir de la mi-lactation, à l'inverse de ceux rencontrés
dans le premier tiers de la lactation.
Lors de tableau clinique suraigu, c'est-à-dire avec abattement profond, anorexie, atonie
ruminale, voire décubitus, il est évident que nous sommes devant un choc toxinique
avec une étiologie colibacillaire dans 60 à 70 % des cas. Dans ce cas précis, la phase
d'hyperthermie étant forte mais fugace, ce tableau clinique peut rapidement s'accom­
pagner d'une hypothermie. Les autres germes rencontrés alors sont d'autres bactéries à
Gram - comme Pseudomonas sp. ou les responsables de mammite gangreneuse comme
Staphylococcus aureus (gangrène humide en raison de l'aspect suintant de la peau du
quartier) ou des clostridies (gangrène sèche, cause rare de mammites).

Encadré 3 : Évolution de la température lors des mammites cliniques aiguës

La température corporelle normale d'une vache est comprise entre 38 °C et 39 °C.


Une inflammation, associée à une infection, est à l'origine du relargage dans le sang
de substances (cytokines) source d'une élévation de la température corporelle qui
dépasse alors les 39,5 °C. On parle dans ce cas-là d'hyperthermie. Cette augmen­
tation de température est également un mécanisme de lutte contre la prolifération
infectieuse et permet d'améliorer le pronostic lors de la mise en place précoce d'un
traitement adapté.

‫ء‬
LE DIAGNOSTIC DES INFECTIONS MAMMAIRES ET LEUR TRAITEMENT DURANT LA LACTATION

mais aussi son utilisation à bon escient. Les circonstances dans lesquelles il doit être
réalisé seront précisées. Enfin, l'examen bactériologique va souvent de pair, dans l'esprit
des gens, avec l'antibiogramme. Or, dans les infections mammaires, l'intérêt d'un anti­
biogramme est souvent très discutable. Là aussi, il est essentiel de bien connaître les
limites d'un antibiogramme et ce qu'il faut en attendre exactement.

Le prélèvem ent : modalités et gestion du prélèvement


٠ Modalités du prélèvement
Un prélèvement de lait pour bactériologie nécessite de suivre scrupuleusement des
règles rigoureuses pour éviter d'obtenir un prélèvement contaminé, synonyme de pertes
d'argent et de temps.
٠ Gestion du prélèvement
Lorsqu'il est bien fait, seul un ou, au maximum, deux agents infectieux, des bactéries
dans l'extrême majorité des cas, seront isolés. Dans la mesure du possible, on évitera
de congeler les prélèvements, les bactéries à Gram - étant assez sensibles aux tempéra­
tures de congélation ou, alors, on emploiera des pots spéciaux dénommés « cryo kit ».
Les règles à respecter pour effectuer un prélèvement interprétable sont présentées dans
l'encadré 4.

Encadré 4 : Règles à respecter pour effectuer un prélèvement interprétable


• Prévoir une mallette.
• Nettoyer soigneusement le trayon (lavette avec eau + savon).
• Sécher complètement avec une feuille de papier.
• Désinfecter l'extrémité du trayon avec du coton imbibé d'alcool ou à l'aide d'une
serviette désinfectante.
• Laisser sécher.
• Extraire le premier jet puis recueillir 1 à 2 jets de lait dans un flacon stérile, en
prenant soin de le garder le plus horizontal possible (jamais à la verticale du
trayon prélevé).

Photo Q Nettoyage du trayon : le laver


PhotoEQ l-e m atériel : p ré vo ir une m allette soigneusement à l'aide d'une lavette trem pée
p our le tran sp o rt du prélèvem ent. dans une eau savonneuse. (J.-M. N icol)

,__________________________________________ ■
LES MAMMITES

Photo Q Essuyage avec une serviette : cette


Photo Q D ésinfection du trayon : désinfecter
étape est très im portante. (J.-M. Nicol)
le trayon avec du coton ou une serviette
désinfectante.

Photos E S et Q
- Dévissez le bouchon.
- Auprès du trayon, m ettez le flacon et le bouchon en p o sitio n horizontale.
- Prélevez un à deux jets.
- Replacez le bouchon sur le flacon.
- Relevez-vous et revissez le bouchon.

A
LE DIAGNOSTIC DES INFECTIONS MAMMAIRES ET LEURTRAITEM ENT DURANT LA LACTATION

Photo l u Q u a ntité de la it : prélever un ou Photo f i t Id e n tifie r le prélèvem ent ‫ ؛‬inscrire


deux jets de la it, c'est-à-dire un m illilitre sur le flacon le num éro d 'id e n tific a tio n de la
environ. Ce prélèvem ent d o it être effectué vache et le q u a rtie r prélevé ,
très rapidem ent.

Dans quels cas réaliser un examen bactériologique ?


L'identification précise de la cause de l'infection mammaire a deux applications
précisés :
٠ Le choix du traitement anti-infectieux le plus adapté.
Le recours à l'examen bactériologique s'imposera lors d'échecs du traitement, c'est-à-
dire lors de rechute d'une mammite clinique sur un même quartier dans les semaines
suivant un premier épisode clinique ou, alors, de numérations cellulaires élevées persis­
tantes après une mammite clinique. Il devra être entrepris systématiquement avant tout
traitement de mammite sub-clinique en cours de lactation. En effet, pour avoir des
chances correctes de succès et, donc, d'entreprendre une démarche économiquement
rentable, le traitement en lactation des mammites sub-cliniques doit absolument être
ciblé. La connaissance du germe en cause est alors essentielle. Enfin, lors d'élaboration
de plan de traitement, l'identification des germes dominants en élevage (par exemple
issus d'une série de mammites cliniques) permet de recourir aux molécules les plus
adaptées.
• Le choix des mesures préventives prioritaires, conséquences de l'écologie micro­
bienne dominante.
Lors d'une épidémie de mammites cliniques ou lors de brusques montées des numé­
rations cellulaires de tank, connaître les germes impliqués permet de sélectionner les
mesures les plus fondamentales dans la maîtrise de ces infections (tableau 7).
LES MAMMITES

Tableau / : Rôle de l'identification du germe dominant dans la sélection des mesures


préventives prioritaires

G erm e d o m in a n t isolé Mesures p riorita ire s


• Streptococcus agalactiae
• Traite à part des animaux infectés.
٠ souche de Staphylococcus aureus
• Am éliorer la santé de la peau des animaux
٠ Streptococcus dysgalactiae infectés.
• Isolement des animaux infectés.
• Escherichia coli • Am éliorer la qualité de la litière.
• Klebsiella pneumoniae • Remplacer la sciure par de la paille.
• Problème majeur à la traite (machine à
• Germes divers traire, technique de traite associée ou non à
l'amélioration de l'hygiène de traite).

L'examen bactériologique
• Où le réaliser ?
Plus de 80 % des infections mammaires sont dues à cinq types de bactéries :
- Staphylococcus aureus.
- Streptococcus uberis.
- Autres streptocoques (S. dysgalactiae, £tt‫؛‬e ro co cc^ sp.).
- Escherichia coli.
- Staphylocoques ‫ف‬coag^ase négative.

■ Staphylococcus aureus
□ Staphylocoque à coag. neg.
٠ Streptococcus uberis
□ Streptococcus dysgalactiae
٥ Autres streptocoques
□ E coli
□ Autres entérobactéries
B Stériles

Figure 3 : Résultats bactériologiques sur des m ammites de gravité fa ib le à modérée


(d'après Bradley, 2009)

Or, il est relativement aisé de mettre en évidence ces germes avec un matériel réduit et
ce, avec une bonne exactitude. Ceci explique pourquoi les examens bactériologiques
de lait sont de plus en plus pratiqués dans les cabinets vétérinaires. Ainsi, les résultats
LE DIAGN OSTIC DES INFECTIONS MAMMAIRES ET LEUR TRAITEMENT DURANT LA LACTATION

sont fréquemment obtenus dans un délai beaucoup plus court que dans les laboratoires
spécialisés et ce, pour un coût souvent plus faible. En revanche, certaines bactéries ne
peuvent pas toujours être identifiées, et l'envoi à un laboratoire de bactériologie est
alors incontournable.
٠ Place du diagnostic bactériologique dans la gestion des infections mammaires.
Les modèles épidémiologiques répertoriés, modèles « de traite » ou modèles « envi­
ronnementaux », sont rarement rencontrés individuellement. La plupart du temps, les
caractéristiques des infections mammaires dans un troupeau donné intègrent une partie
de ces deux modèles, ce qui ne permet pas toujours d'identifier correctement les agents
infectieux dominants. L'examen bactériologique se révèle alors un outil de premier
choix pour la compréhension des dynamiques d'infection et dans la mise en place des
thérapeutiques les plus performantes. Trois exemples d'examen bactériologique, réalisé
sur des vaches, sont présentés pour montrer l'intérêt économique de ce type d'examen
(cf. encadré 5).

Encadré 5 : Mise en œuvre pratique des examens bactériologiques :


3 exemples d'utilisation sur un cas individuel

Cas N° 1 : Une vache Montbéliarde de 4 ans a présenté une mammite clinique il y


a une semaine, avec modification du lait et gonflement du quartier. A la suite d'un
traitement à base de quatre injecteurs intra-mammaires administrés pendant deux
jours, les signes ont rapidement régressé et disparu. Peu après la remise du lait de
cette vache dans le tank, l'éleveur s'aperçoit que le quartier est de nouveau gonflé,
et des grumeaux réapparaissent dans le lait. Suite aux conseils du vétérinaire, l'éle-
veur réalise un prélèvement aseptique de lait qu'il garde au réfrigérateur, le temps
de le lui transmettre. Un traitement local classique est mis en place pour éviter une
aggravation de l'état de l'animal. Quarante-huit heures après, l'examen bactério­
logique permet la mise en évidence de Streptococcus dysgalactiae. Ce germe est
habituellement sensible à la pénicilline. Un traitement de trois jours à base de péné-
thamate de pénicilline est réalisé par injections intramusculaires quotidiennes et la
vache guérit définitivement.
Intérêt : détection de l'agent infectieux et traitement ciblé.
Cas N° 2 : L'éleveur appelle son vétérinaire pour une vache couchée au pâturage.
Cette vache, âgée de 10 ans, a vêlé la veille, et il pense qu'il s'agit d'une fièvre de
lait. A l'examen, cet animal présente, mis à part son apathie et l'incapacité de se
lever, une température de 40,3 °C. Les 4 quartiers sont gonflés mais l'un d'eux
présente un colostrum un peu plus liquide que celui des autres quartiers. Un prélè­
vement de lait est effectué sur ce quartier, et un traitement contre une mammite
colibacillaire avec choc endotoxinique est mis en place (injection par voie intravei­
neuse d'un soluté calcique et de 3 litres de soluté salé hypertonique, accompagnée
d'une injection unique de marbofloxacine à 8 mg/kg et d'anti-inflammatoires non
stéroïdiens). Le lendemain, le diagnostic de mammite colibacillaire est confirmé et
la vache va mieux. Le lait est resté modifié pendant plusieurs jours mais il a fini par
redevenir normal une dizaine de jours plus tard. Seuls les anti-inflammatoires et du
propylène glycol par voie orale ont été poursuivis quelques jours.
Intérêt : les autres traitements antibiotiques sont évités car le traitement de
départ avait détruit l'agent infectieux mais, avec ce type d'infection, les dégâts
inflammatoires sont toujours très longs à se résoudre.
LES MAMMITES

Cas N° 3 : Une vache Prim'Holstein âgée de 7 ans présente des numérations cellu­
laires élevées depuis plusieurs mois. Inquiet des conséquences sur ses numérations
cellulaires du lait de tank, l'éleveur demande à son vétérinaire un traitement pour
régler ce problème de mammite sub-clinique. L'éleveur n'étant pas familier des
prélèvements de lait pour bactériologie, le vétérinaire décide d'intervenir sur place.
Un CMT est d'abord réalisé, lequel permet de déterminer le nombre et la répartition
des quartiers infectés. En l'occurrence, 3 quartiers présentent des résultats positifs
au CMT : il s'agit des deux postérieurs et de l'antérieur droit. Le lait de mélange de
ces 3 quartiers est prélevé de façon aseptique et un examen bactériologique est mis
en œuvre. Il montre la présence de Staphylococcus aureus. O r ce germe, dans le
cas présent, se révèle résistant à la pénicilline. Le pronostic de curabilité de ce type
d'infection n'est pas bon. De plus, la vache n'est plus jeune, 3 quartiers sont infectés,
ce qui est beaucoup, et l'agent mis en cause répond mal au traitement. L'animal
présentant en plus un problème d'infertilité, l'éleveur décide de la réformer.
Intérêt : l'isolement du responsable de la mammite sub-clinique permet d'établir
un pronostic raisonné. Cela évite des dépenses inutiles et la conservation d'une
source d'infection dangereuse pour le reste du troupeau.

LE DIAGNOSTIC OPÉRATIONNEL ٠ ٧ DIAGNOSTIC ÉPIDÉMIOLOGIQUE

On entend p ^ ia g n o s tic opérationnel, appelé aussi d ia g n o s ^c ^id é m io lo g iq ^e s c rip tif,


l'identification de la bactérie responsable de la majorité des infections mammaires du
troupeau, sachant que, dans la plupart des cas, c'est l'absence de diagnostic qui prédo-
mine. Les vétérinaires interviennent dans 2 à 5 % des cas cliniques, essentiellement les
cas graves ou récidivants. La majorité des traitements et le management du troupeau
sont alors conduits par l'éleveur, généralement sans cadre bien défini. Les mesures de
prévention sont de ce fait généralistes, et les traitements réalisés avec des antibiotiques ‫ف‬
large spectre supposés couvrir la grande partie des espèces bactériennes.
Cela est-il satisfaisant ? Il est évident que la réponse est non. D'une part, il est essentiel
d'identifier puis de prioriser les mesures de prévention pour gagner en efficacité et en
rentabilité. D'autre part, la réussite des traitements par administration d'antibiotiques
et une limitation de l'émergence de l'antibiorésistance animale et humaine exigent des
plans de traitements médicaux raisonnés et ciblés lorsque cela est possible.

Le diagnostic ‫ الك‬cas par cas

le diagnostic clinique
Chaque cas de mammite est considéré comme indépendant des autres. L'analyse des
caractéristiques du troupeau est inutile. Il suffit de connaître l'identification du germe en
cause avant de traiter. Or, pour les mammites cliniques, le diagnostic clinique n'est pas
fiable au chevet de l'animal. Ce diagnostic, lié à l'observation des symptômes locaux et
généraux, n'apporte en effet pas d'éléments de différentiation (cf. encadré 6).

Le diagnostic bactériologique individuel


L'examen bactériologique permet cette identification mais le résultat n'est disponible
qu'après la mise en œuvre du traitement. De plus, l'identification de l'espèce bactérienne
LE DIAGNOSTIC DES INFECTIONS MAMMAIRES ET LEUR TRAITEMENT DURANT LA LACTATION

ne suffit pas ‫ف‬elle-même. À titre d'illustration, l'isolement de Streptococcus uberis ne


permet pas de connaître l'habitat de 1‫ ؟‬bactérie (mammaire ou envir‫ ؟‬nnement), ni
l'ancienneté de l'infection, ce qui conditionne notamment la conduite thérapeutique.
‫' ؛‬approche au cas par cas est donc difficile ‫ف‬mettre en pratique, coûteuse et ¡ne‫ ؛ ؛‬i-
c a c e .^ u lo ir optimiser le traitement de chaque cas pris indépendamment les uns des
autres alors qu'ils sont liés entre eux, aboutit le plus souvent à des taux de guérison
médiocres ‫ف‬l'échelle du troupeau et ‫ف‬des plans de prévention inefficaces.

Encadré 6 : □ifficulté d'identification de l'agent infectieux à partir de la clinique

Plusieurs résultats d'essais cliniques d'efficacité de spécialités pharmaceutiques


apportent des données intéressantes. Ainsi, une étude récente concernant les
mammites cliniques aiguës portant sur 216 cas répertoriés et définis dans le proto-
cole comme ayant a minima des symptômes locaux et une température rectale
supérieure 39,6 ‫ف‬°c, rapporte les éléments suivants : 117 mammites aiguës étaient
dues à Staphylococcus aureus, 57 ‫ ة‬Streptococcus uberis, 13 ‫ف‬Streptococcus dysga-
lactiae e89 ‫ ؛‬à Escherichia ‫مء‬/‫'ا‬. Or, on aurait pu s'attendre ‫ف‬identifier davantage de
mammites ‫ ف‬Escherichia coli dans cette expérimentation. Le résultat de cet essai
montre que la clinique apporte peu d'informations pertinentes quant à la prédiction
de l'identité bactérienne responsable de l'infection.

La description du modèle épidémiologique (méthodologie C T V partenaire)


Lors du typage des infections, le malade est en fait l'ensemble du troupeau car le germe
circule ‫ف‬l'intérieur de celui-ci, ‫ف‬l'exception de quelques agents qui peuvent être intro-
duits lors d'un achat. La description épidémiologique réalisée par le vétérinaire permet
d'identifier la bactérie dominante responsable des infections mammaires, □es mesures
d'hygiène adaptées, ainsi qu'un plan de traitement en lactation et au tarissement ciblé
seront recommandés.
Les sources de contamination, leur mode de transmission et les moyens de défense de la
mamelle sont du ressort de l'analyse épidémiologique qui sera abordée dans un chapitre
ultérieur.
Le tableau 8 résumé les différentes étapes pour caractériser les infections présentes au
sein du troupeau.
L'identification de la bactérie dominante de l'exploitation peut être comparée ‫ ف‬un
puzzle : plus fe nombre de pièces pour construire le puzzle est complet, plus l'image
est nette. Il en est de même pour le diagnostic épidémiologique : plus les paramètres et
les données seront nombreux et précis, plus le praticien ira loin dans la description et
la pertinence de ses conseils.

Ide n tificatio n du m odèle épidém iologique


La première étape consiste à déterminer le modèle. L'habitat des bactéries peut être la
mamelle, on parle alors de modèle mammaire ; ou la litière et le bâtiment, on parle alors
de modèle environnemental. Dans ce dernier cas, une bactérie venant de l'environne-
ment pénètre dans la mamelle sans y rester longtemps. Dans le modèle mammaire,
la bactérie se développe soit sur le trayon, soit au sein de la mamelle et se transmet
pendant la traite. Certaines bactéries comme Streptococcus uberis peuvent provenir de


LES MAMMITES

l'environnement (germe ‫ف‬réservoir environnemental) puis se comporter ensuite comme


un germe ‫ف‬réservoir de traite. On parle alors de modèle mixte.

Tableau ‫ و‬: Étapes du diagnostic opérationnel épidémiologique

Première étape : ٩ ٧ ،‫ !؛‬m odèle ? M am elle ou logem ent ?


Niveau d 'in fe c tio n :

- Concentration cellulaire du iait de tank


- Pourcentage de CCSI < 300 000 c/m l et pourcentage de
CCSI > 800 0 00 c/m l
- % de CCSI < 300 0 00 c/m l primipare
□euxièm e étape : quel sous m odèle ? quelle bactérie ?

Analyse des m am m ites cliniques :


Nombre, m om ent d'apparition, CCSI avant mammite, atteinte
ou non de l'état général, récurrence
Analyse du tarissem ent :
Indice de guérison / nouvelles infections
Examens com plém entaires :
Bactériologie

Troisièm e étape (décrite au cours de la p a rtie 5) : elle perm et, entre autre,
d 'id e n tifie r les facteurs de risque

Facteurs de risque :
Hygiène et technique de traite
Bâtiment
Lésions des trayons, conform ation de la mamelle
Logement des vaches taries, politique de réforme
Dépistage et traitement des mammites cliniques

Pour identifier le modèle, la connaissance des résultats des concentrations cellulaires


somatiques du lait de tank (CCST) fournis par la laiterie suffit. Attention : un bon résultat
sanitaire du au CCS F de la laiterie pourra provenir d'un tri sévère des animaux traits et
non de la qualité sanitaire de l'exploitation. Les CCST issues de contrôle laitier intègrent
l'ensemble des animaux traits et sont donc plus représentatifs de la qualité sanitaire de
la production laitière.
Le pourcentage de concentrations cellulaires somatiques individuelles (CCSI) < à 300 000
cellules/millilitres de lait et le pourcentage de CCSI > à 800 000 cellules/millilitre, ainsi
que le pourcentage de CCSI < à 300 000 cellules/millilitre chez les primipares fournis
par les contrôles laitiers peuvent affiner le diagnostic.

Ide n tification de la bactérie dom inante, mise en place d'un sous modèle
La deuxième étape consiste à déterminer, quand cela est possible, la bactérie dominante.
En ce qui concerne le modèle environnemental, deux agents pathogènes majeurs sont
possibles : Streptococcus uberis et Escherichia coli. Pour le modèle mammaire, il s'agit
de Streptococcus uberis ou d'un autre streptocoque comme Streptococcus dysgalactiae,
et de Staphylococcus aureus.
Pour identifier la bactérie, plusieurs paramètres sont à prendre en considération.
Certaines informations sont disponibles dans les documents fournis par le Contrôle
Laitier, d'autres sont fournis par les entreprises vétérinaires et par l'éleveur, en particulier
le taux de réforme et le nombre de cas cliniques (cf. encadrés 7 et 8).
LE DIAGN OSTIC DES INFECTIONS MAMMAIRES ET LEUR TRAITEMENT DURANT LA LACTATION

Encadré 7 : Les documents du Contrôle Laitier

Globalement, ces données sont sous-exploitées. Leur présentation peut varier d'une
région à une autre mais les informations recueillies sont similaires.
Les éléments clés à repérer sont les suivants : le tableau récapitulatif des CCSI sur
12 ou 18 mois.
Les animaux sont classés en fonction de leur statut sanitaire (sain, infecté ou
douteux). Ce tableau permet de positionner les CCSI avant et après l'épisode de
mammite clinique et de calculer l'indice de guérison des infections de la lactation
précédente (nombre de vaches à CCSI supérieur à 300 000 c/ml avant tarissement
et inférieur à 300 000 c/ml après vêlage/nombre de vaches à CCSI supérieur à
300 000 c/ml au tarissement) et l'indice de nouvelles infections (nombre de vaches
à CCSI inférieur à 300 000 c/ml au tarissement et supérieur à 300 000 c/ml au
vêlage/nombre de vaches à CCSI inférieur à 300 000 c/ml au vêlage).
Les autres informations majeures disponibles sur le bilan mammite proprement dit,
calculé sur une période de 12 mois, concernent l'évolution mensuelle des CCSI infé­
rieurs à 300 000 c/ml et supérieurs à 800 000 c/ml, le pourcentage de premières
lactations ayant des CCSI supérieurs à 300 000 c/ml, et le pourcentage de vaches
laitières dont les CCSI sont inférieurs à 300 000 c/ml avant tarissement et après
vêlage.

Encadré 8 : Le registre d'élevage

Le registre d'élevage permet de quantifier précisément les événements sanitaires,


entre autre ceux liés aux mammites cliniques et sub-cliniques. Là encore, ces
données sont largement sous exploitées.
Dans cet objectif, le registre constitue, bien au-delà de l'obligation réglementaire,
un véritable tableau de bord médical de l'élevage pour l'éleveur et le vétérinaire.
C'est pourquoi il est indispensable de notifier l'intégralité des mammites observées
mais aussi le ou les quartiers concernés. Sans cette information, il est difficile de
connaître s'il s'agit d'une rechute ou d'une nouvelle infection.
En ce qui concerne les mammites cliniques, c'est au niveau global de l'élevage que
se fera la description épidémiologique : nombre de mammites cliniques sur l'année,
dates d'apparition (proximité du vêlage, premier tiers de lactation, reste de la lacta­
tion). Globalement, sur l'année, les mammites cliniques entraînent-elles ou non une
atteinte de l'état général ? Celles-ci se soignent-elles bien ou nécessitent-elles des
traitements surnuméraires ?
L'informatisation des structures vétérinaires et des exploitations laitières, ainsi que
les passerelles entre les logiciels verront, à l'avenir, des progrès sensibles dans la
qualité de ces enregistrements.

D'autres données sont disponibles au sein des entreprises vétérinaires via des logiciels
professionnels de données (BDIVET, VETELEVAGE) et de comptabilité. Des comptages
cellulaires ainsi que des analyses bactériologiques peuvent être également proposés.

٠*
LES MAMMITES

Mise en place du m odèle et du sous modèle


Le tableau 9 explicite l'interprétation de l'ensemble des données susceptibles d'être
recueillies pour établir deux modèles.

Tableau ‫ و‬: Les deux modèles, contagieux et environnemental

Critères M odèle contagieux ou de tra ite M odèle environnem ental


Comptages cellulaires de lait Le CCT est supérieur Le CCST est inférieur
de tank (CCST) 000 200 ‫ف‬c/m l à 200 000 c/m l
Pourcentage de vaches dont inférieur à 85 % supérieur à 85 %
le CCSI est toujours inférieur
à 300 000 c/m l
Pourcentage de cas cliniques moins de 30 % plus de 30 %
Sévérité des cas cliniques Plus faible Plus forte

Chaque modèle se décline en deux sous-modèles :


• Pour le modèle mammite environnementale, la discrimination entre les deux sous
modèles, Streptococcus uberis et Escherichia coli, s'appuie sur l'observation des
CCSI avant et après les épisodes cliniques, ainsi que sur la gravité des cas cliniques
(cf. tableau 11).
• Pour le modèle mammite contagieux, la discrimination entre les deux sous modèles,
Streptococcus uberis et Staphylococcus aureus, s'appuie sur l'observation des CCSI
avant et après les épisodes cliniques, sur l'indice de guérison en lactation et au taris­
sement, ainsi que sur la gravité des cas cliniques (cf. tableau 11).

Tableau 10 : Les deux sous-modèles déclinés à partir du modèle mammite d'environnement

Sous-modèle à Streptococcus Sous-modèle à Escherichia co li


Critères
uberis dom inant dom inant
Série de CCSI supérieurs M oyenne (2-3 mois) Courte (1-2 mois)
à 300 000 c/m l
après la mammite clinique
CCI supérieurs à 300 000 c/m l En augmentation Faibles
avant la mammite clinique
Sévérité de la mammite clinique M odérée en moyenne M odérée à forte
Rechute Peu à assez fréquente Rare

Tableau 11 le s deux sous-modèles déclinés ‫ف‬partir ،‫ الم‬modèle mammite de traite

Sous-modèle Sous-modèle
Critères
à Staphylococcus aureus à Streptococcus uberis
Série de CCSI supérieures Longue Modérée à longue
à 300 0 00 c/m l
après la mammite clinique
CCSI avant le vêlage Élevées en moyenne En augmentation
Indice de guérison Tarissement Faible (< 50 %) Modéré à élevé
(50-70 %)
Sévérité de la mam m ite clinique Faible à modérée Modérée en moyenne
Rechutes Fréquentes Peu à assez fréquentes
Quartiers indurés, fibrosés Assez fréquentes Rares
LE DIAGN OSTIC DES INFECTIONS MAMMAIRES ET LEUR TRAITEMENT DURANT LA LACTATION

De façon simplifiée, dans une exploration caractérisée par des infections mammaires
dues à :
٠ Escherichia ‫هء‬//, l'exploitation aura des concentrations cellulaires du lait de tank infé-
rieures 000 200 ‫ ف‬cellules par ml de lait avec des mammites cliniques ; certaines
seront présentes au début de la lactation avec atteinte de l'état général.
• Streptococcus uberis, dans un modèle environnemental, nous observerons des
concentrations cellulaires dans le lait de tank supérieures 000 200 ‫ف‬cellules par ml
de lait, des mammites cliniques plus ou moins graves et plus ou moins nombreuses
et, plutôt, en début de lactation.
٠ Staphylococcus aureus, les concentrations cellulaires dans le lait de tank seront
supérieures à 200 000 cellules par ml de lait ; les mammites cliniques seront peu
nombreuses, peu spectaculaires, récidivantes et difficiles ‫ف‬soigner.
Dans la pratique, les choses sont parfois moins nettes, avec chevauchements des
modèles qui peuvent compliquer l'interprétation. Dans ce cas, des examens bactériolo-
giques pourront être mis en œuvre, sous réserve d'en réaliser un nombre suffisamment
conséquent (15 pour un troupeau de 60 vaches).

Tableau 72 : Avantages et inconvénients du diagnostic épidémiologique

Les avantages Les inconvénients


M eilleure réussite des traitements antibiotiques en M algré la description du développement
première intention. de l'infection (ou m ieux de la situation
épidémiologique), il est parfois d ifficile de définir
un m odèle precis dans certains élevages.
Dim inution du nombre des traitements en raison
d'un m eilleur taux de guérison.
Dim inution de la consommation d'antibiotiques. Cela nécessite la mise en place d'examens
complémentaires : bactériologies (environ 15 pour
60 vaches)
Dim inution des problèmes de résidus et
in h i b i t e u r s

M eilleure image du lait.

Au bilan :
1) Les mammites ne sont pas isolées les unes des autres mais bien liées au sein d'un
modèle épidémiologique conditionné par la source de contamination et leurs modes de
transmission. Celles-ci seront identifiées lors de l'étape suivante qui sera décrite dans la
partie prévention pages 103 et suivantes.
2) La situation épidémiologie d'un élevage est peu stable d'une année sur l'autre (20 %
des cas). Cela signifie qu'une analyse de l'élevage doit être réalisée tous les ans ou à
chaque changement majeur de la conduite du troupeau (par exemple : changement
de machine à traire, modification du bâtiment ou de l'hygiène de traite, introductions
d'animaux en raison de l'augmentation du quota, fusion de troupeaux ; changement de
trayeur).
3) Le choix de modèles épidémiologiques n'est pas toujours possible, surtout lorsque
la situation sanitaire se dégrade fortement et que le diagnostic est posé tardivement. En
cas de diagnostic épidémiologique imprécis, des bactériologies pourront être mises en
œuvre. Leur interprétation sera liée au nombre réalisé (15/60 vaches) et à la représen­
tativité des échantillons réalisés.
LES MAMMITES

4) L'analyse des documents d'élevage et des données disponibles permet, dans une
bonne partie des cas, d'identifier la bactérie dominante. Cela conduit à optimiser les
protocoles de traitement et de prévention des mammites cliniques et sub-cliniques,
en lactation et au tarissement. Cet objectif est considérable à l'heure où l'utilisation
parcimonieuse et raisonnée des antibiotiques est plus que jamais d'actualité. Lors de
la définition de ces modèles, il est possible d'orienter sur quelques facteurs de risques
caractéristiques. Si on identifie Staphylococcus aureus, on sait qu'il faudra se focaliser
sur la traite. Dans le cas d'Escherichia coli les efforts porteront sur le bâtiment. La majo­
rité de nos clients s'arrête là. Pour aller plus loin, réduire la fréquence des mammites
par exemple, il est nécessaire de réaliser une visite d'élevage pour apprécier les sources
de contamination, leurs modalités et la période de transmission des infections. A ce
moment, le vétérinaire pourra prescrire des mesures sanitaires et zootechniques beau­
coup mieux ciblées et adaptées.

ANNEXE : CAS CONCRETS

Trois exemples concrets permettent d'illustrer cette méthodologie :

Élevage A : 75 vaches Primholstein, quota de 800 000 litres

Analyse docum entaire


L'analysedes concentrations cellulaires somatiques du lait de tank (CCST) indique une
dégradation à partir de juin-juillet 2007 pour atteindre des pics avoisinant 600 000 c/ml
en juin 2008. La majorité des CCST sont > 300 000 c/ml de lait, plusieurs CCST sont
> 400 000 c/ml de lait, avec un pic à 573 000 c/ml de lait.
L'examen des concentrations cellulaires somatiques individuelles (CCSI) montre que
moins de 85 % des vaches ont des CCSI < 300 000 c/ml, alors que plus de 5 % des
vaches ont des CCSI > 800 000 c/ml. Le pourcentage des premières lactations ayant
des CCSI < 300 gravite autour de 75 %, alors qu'une valeur minimale de 95 % constitue
l'objectif à atteindre.
L'indice de guérison des infections durant la lactation précédente pendant la période
sèche est de 60 %, ce qui est un mauvais indice. L'indice de nouvelles infections pendant
cette même période est de 20 %, ce qui est, là encore, très préoccupant.

Analyse des mammites cliniques


L'analyse des mammites cliniques est réalisée à partir des éléments notifiés dans le
registre d'élevage. Malgré la faible qualité des enregistrements des événements sani­
taires, 25 mammites cliniques sans atteinte de l'état général ont été recensées, tout au
long de la lactation, avec des récidives et des rechutes.

Ide n tificatio n de la bactérie dom inante


À partir de ces éléments d'analyse, des documents d'élevage (CCST > 200 000 c/ml de
lait, pourcentage de CCSI < 300 000 c/ml de lait, pourcentage de CCSI > 800 000 c/
ml de lait, indice de guérison, mammites cliniques sans impact sur l'état général), les
mammites que subit l'exploitation appartiennent au modèle mammite contagieux. Reste
à savoir quelles espèces bactériennes sont responsables des infections, les suspicions
s'orientant vers Staphylococcus aureus et Streptococcus uberis.
LE DIAGN OSTIC DES INFECTIONS MAMMAIRES ET LEUR TRAITEMENT DURANT LA LACTATION

Le mauvais indice de guérison des infections persistantes au tarissement, les caractéris­


tiques cliniques des mammites au niveau du troupeau orientent préférentiellement vers
Staphylococcus aureus.

Élevage B : 35 vaches 500 6 ‫ف‬litres de lait pour un quota de 230 ٠ ٠ ٠ litres

Analyse docum entaire


Les CCST sont régulièrement en dessous de 200 000 c/ml de lait. Cinq comptages
révèlent des chiffres autour de ٦٥٥ et il n'y a pas de tri de lait. Le pourcentage de eCSI
< 300 000 c/ml de lait est de 88 % et le pourcentage de CCSI > 800 000 c/ml de lait est
de 4 %. Le pourcentage de primipares en dessous de 300 000 c/ml de lait est de 90 %.
L'indice de guérison au tarissement est de 86 %, et l'indice de nouvelles infections au
tarissement est de 12 %.

Analyse des mammites cliniques


Huit mammites ont été dénombrées sur l'année, soit 22 %,‫؛ء)ل د أ أ ا ا‬ffie étarrt'fk30 ‫ ؛‬%.
cinq mammites se sont manifestées avec une atteinte de lietajgériéral. Une vatthe est
morte, une autre a été réformée et trois autres ont été tr/jéfey^vec succès. 50 ‫بأ؛؛‬ ‫^ م‬es
mammites ont eu lieu pendant le premier tiers de lactatipnfLés CCSI ^vant m a . i t e s
sont < à 300 000 c/ml de lait. ‫ا‬ ✓ II.jB

Ide n tificatio n de la bactérie dom inante \ ٦ V mtr


Il s'agit d'un modèle environnemental (comptages du lait a K la wkjeto a ù fo fita g e de
vaches dont le CCSI < 300 000 c/ml de lait). La gravité des marlTm+fes-dîniques avec
une mortalité oriente préférentiellement vers Escherichia coli.

Exploitation c : élevage de 55 vaches à 7 000 litres de lait pour un quota


de 400 ٠ ٠ ٠ litres

Analyse docum entaire


Les concentrations cellulaires somatiques de tank (CCST)
Dans la période de septembre 2007 à août 2008, tous les comptages cellulaires de tank
étaient supérieurs 000 200 ‫ف‬c/ml de lait, ٦٦ sur 13 étaient supérieurs 000 250 ‫ف‬c/ml
de lait, un était supérieur 000 300 ‫ ق‬c/ml de lait.
Les concentrations cellulaires somatiques individuelles (CCSI)
L'évolution des comptages individuels indiqua qu'aux mois de juin, juillet et décembre,
le pourcentage de CCSI inférieur 000 300 ‫ ف‬c/ml de lait était de 85 % (analyse sur
٦٦ mois). En ce qui concerne le pourcentage de vaches ayant des CCSI > 800 000 c/ml,
il s'avéra correct pour les mois de mai, septembre et décembre.
Le pourcentage de vaches dont le comptage cellulaire était < 300 000 c/ml de lait avant
tarissement était de 71 %, ce qui est moyen, pour passer à 86 % après vêlage (objectif :

t'indice de guérison des infections de la lactation précédente était de 90 % et


l'indice de nouvelles infections, de 5 %. Ces deux résultats sont considérés comme
très bons.


LES MAMMITES

Analyse des mammites cliniques


Nombre
Le nombre moyen de vaches en lactation présentes sur la période est de 55 environ.
Le bilan sanitaire du troupeau lait réalisé à partir du registre d'élevage fait état de
34 mammites plus 3 rechutes, soit 67 % de cas (la norme est de 30 %). Le nombre de
vaches ayant eu au moins une mammite est de 26, soit 47 % (la norme est de 20 %).
20 vaches ont fait une mammite, 2 vaches, deux mammites, ٦ vache en a fait trois, et
une autre, quatre.
Répartition
Onze mammites ont eu lieu pendant le premier tiers de la lactation, et 18 se sont
produites après 100 jours de lactation. Ouatre mammites sont apparues dans un envi-
ronnement très proche du vêlage.
Caractéristiques :
La majorité des infections mammaires est sans atteinte de l'état général. Seize vaches
saines font des infections mammaires, alors que 7 infectées en font également.

Id p n tifira tin n de la bactérie dom inante


Compte tenu des résultats (CCST majoritairement > 200 000 c/ml de lait, % de CCSI
< 85 % et > 800 000 c/ml de lait, bon indice de guérison, mammites majoritairement
sans atteinte de l'état général), le modèle des infections mammaires est probablement
mixte avec prédominance envers le modèle mammaire, c'est-à-dire que les vaches
s'infectent ‫ف‬partir d'animaux eux-mêmes infectés. 1‫ ا‬est probable que l'environnement
soit le point de départ (bâtiment mal adapté, animaux insuffisamment propres). L'hygiène
de traite réalisée dans un souci de gain de temps n'arrive pas ‫ف‬pallier les carences du
bâtiment.
La bactérie dominante de l'exploitation : deux bactéries peuvent être les espèces domi-
nantes dans l'e x p lo itâ t^ : Streptococcus uberis ou Staphylococcus aureus. La prem‫؛‬ère
correspond bien au profil dominant de l'exploitation (indice de guérison des infections
de la lactation précédente très élevé). Le choix de cet agent est conforté par l'absence
d'induration dans les quartiers et de lésions de trayons.
LE TRAITEMENT
EN LACTATION

LES TROIS FACTEURS QUI INFLUENCENT LA GUÉRISON

La localisation des germes dans la mamelle


Suite à la contamination d'un quartier, les bactéries impliquées vont avoir une localisa­
tion différente selon leurs origines (cf. partie i : chapitre évolution des mammites) :
٠ certaines d'entre elles comme Streptococcus agalactiae, St. dysgalactiae et les
staphylocoques à coagulase négative vont rester en suspension dans le lait et seront
donc retrouvés dans tous les systèmes de collection du lait (canaux galactophores,
citernes) ;
٠ d'autres, comme Streptococcus uberis, pourront se fixer sur les bordures lésées des
canaux galactophores ou des acini mammaires. Ils seront également présents à l'inté­
rieur des cellules épithéliales, internalisés dans de petites vacuoles. C'est un excellent
moyen pour se soustraire à l'action des défenses naturelles de la mamelle ;
٠ d'autres encore, comme Escherichia coli, peuvent atteindre les vaisseaux sanguins à la
faveur des réactions inflammatoires qu'ils génèrent. Cela n'est pas systématique mais
c'est intimement lié à la gravité des symptômes associés ;
٠ enfin, Staphylococcus aureus est la bactérie la plus apte à coloniser l'ensemble du tissu
mammaire. On peut la détecter non seulement dans le lait mais aussi dans les cellules,
qu'il s'agisse de cellules épithéliales ou de globules blancs, dans le milieu extracel­
lulaire, ainsi que dans des micro-abcès,
situation qui lui permet d'échapper faci­
lement à tous les moyens de défense,
qu'ils soient naturels ou thérapeutiques.
Cette colonisation est très rapide et, dès
le 3e jour après son entrée dans le quar­
tier, Staphylococcus aureus aura franchi
les barrières épithéliales.
Ces données sont importantes car c'est
l'atteinte de la cible infectieuse qui va
constituer le principal facteur limitant aux
traitements antibiotiques.

Photo H Test à la n itrocéfine. Dans un


Une résistance aux antibiotiques élevage, lorsque la souche p rincipa le isolée
différente selon les agents infectieux est Staphylococcus aureus, un test perm et au
vétérinaire de v é rifie r si cette bactérie est sensible
Ce phénomène explique plus rarement les ou résistante aux pénicillines. La co lo ra tio n rouge
échecs thérapeutiques. La résistance aux tra d u it une résistance aux pénicillines A et G.
antibiotiques ne constitue un problème (Service de Pathologie du bétail, ENVA)
LES MAMMITES

réel que pour les staphylocoques (cf. encadré 1). Pour les agents infectieux classi-
quement isolés d'infections mammaires, la sensibilité aux antibiotiques utilisés est en
général très bonne.

Encadré ‫ آ‬: Souches polyclonales, oligoclonales et antibiogramme

L'intérêt d'un antibiogramme réside dans le fait de pouvoir extrapoler et utiliser les
résultats réalisés sur un seul prélèvement (sensibilité ou résistance) aux autres cas
de mammites survenant dans le même élevage au cours de la même campagne
de traite. Cet examen n'est valable que pour les souches oligoclonales car il s'agit
de la même souche qui sera donc sensible aux mêmes antibiotiques. C'est très
pertinent pour Staphylococcus a^eus et, ‫ ق‬un degré moindre, pour les souches de
Streptococcus uberis de modèle contagieux.
Ce n'est en revanche pas valable pour les colibacilles ou pour certaines souches
de Streptococcus uberis qui, provenant de la litière, sont toutes différentes. Elles ne
sont d'ailleurs pas obligatoirement sensibles aux mêmes antibiotiques. Il est donc
inutile de réaliser un antibiogramme lorsque l'on isole ces espèces bactériennes,
d'autant que Streptococcus uberis est très sensible ‫ف‬la pénicilline, et que le nombre
de souches résistantes ‫ف‬cette famille d'antibiotiques reste très limite.
Les caractéristiques mises en évidence sur quelques isolements bactériens peuvent
être extrapolées au reste du troupeau car 80 % des mammites provoquées par ce
germe sont associées ‫ف‬une ou deux souches seulement. A partir de la souche de
Staphylococcus aureus isolée, un test simple peut être mis en place (test à la nitro-
céfine) : il permet de vérifier si cette souche est sensible aux pénicillines G et A ou
non.

Pour ce qui est de la santé humaine, il faut signaler l'apparition de souches de staphy-
locoques dorés résistants à toute la famille des P-lactamines, pénicillines et céphalos-
porines (SARM) d'origine animale. L'utilisation de certaines molécules en pathologie
infectieuse mammaire pourrait représenter un risque potentiel de sélection de popu-
lations bactériennes résistantes, en particulier de bactéries présentes sur la peau des
trayons, lesquelles peuvent transférer les gènes porteurs de ces résistances (plasmides)
‫ف‬des souches de Staphylococcus aureus. Les molécules critiques pour l'émergence des
antibiorésistances utilisées en médecine vétérinaire sont les fluoroquinolones (dano-
floxacine, difloxacine, enrofloxacine, marbofloxacine), ainsi que les céphalosporines de
troisième (céfopérazone, ceftiofur) et quatrième générations (cefquinone). Leur emploi
doit donc être très limité et concerner exclusivement les indications ٣٥٧٢ lesquelles
elles ont reçu une autorisation de mise sur le marché (A.M.M.) (cf. en annexe : l'antibio-
résistance et les mammites).

Agents responsables de mammites : une facilité d'élimination (guérison


bactériologique) inversement proportionnelle ‫ف‬leur expression clinique

Les colibacilles responsables de mammites cliniques suraiguës (« mammites colibacil-


laires ») sont rapidement éliminés, alors qu'il est très difficile de se débarrasser de ce
même germe responsable des mammites sub-cliniques ou subaiguës (cf. schéma ٦).
Staphylococcus aureus, plus souvent impliqué dans les mammites sub-cliniques que
Streptococcus uberis, estWi aussi tr'es difficile a éYiminer, que ce soit après un traitement
en lactation o u après un traitement au tarissement.
LE DIAGNOSTIC DES INFECTIONS MAMMAIRES ET LEURTRAITEM ENT DURANT LA LACTATION

Schéma 1 : Pourcentage moyen de guérison obtenu lors de m am m ite clinique


en fo n ctio n de la cause infectieuse id e ntifiée

TRAITEMENT DES MAMMITES CLINIQUES

Considérations générales

Trois éléments doivent être pris en compte dans le choix du traitement d'une mammite
clinique :
• les symptômes présentés par l'animal ;
• le degré d'ancienneté de l'infection mammaire ;
• le contexte d'élevage.

Les symptômes présentés par l'anim al


Les signes cliniques présentés peuvent orienter sur une étiologie éventuelle, surtout si les
symptômes constatés sont graves. De toute façon, il faudra en tenir compte pour choisir
la voie d'administration des antibiotiques. Lors de simple modification de la qualité du
lait, un traitement local suffira généralement. Lors de l'inflammation du quartier, le plus
souvent traduite par son gonflement ou son induration, vont apparaître des obstacles à
la diffusion du produit administré par voie intra-mammaire. En effet, la congestion du
quartier va représenter une gêne à la dispersion du produit dans les canaux à lait dont
la lumière est souvent totalement obstruée par des résidus inflammatoires (caillots de
fibrine). La priorité sera alors donnée à des molécules qui peuvent traverser les épithé-
liums vasculaires.
En revanche, l'inflammation du tissu mammaire (cf. Défenses de la mamelle) par les
phénomènes vasculaires associés va favoriser la pénétration des antibiotiques admi­
nistres par voie injectable. Lors de mammite avec atteinte du quartier, on peut utiliser
soit un produit intra-mammaire à bonne capacité de diffusion, soit un antibiotique par

-
٢ ”

LES MAMMITES

voie injectable, soit encore une combi­


naison des deux. Enfin, dans la moitié des
cas de mammites graves environ, l'agent
infectieux est présent dans le sang, ce
qui rend incontournable le traitement
par voie injectable. Le plus important est
l'intervention précoce dès l'apparition
d'une hyperthermie.

L'ancienneté de l'in fe ctio n


Le deuxième paramètre à prendre en
compte est l'ancienneté de l'infection. Photo E ■ Le therm om ètre, un o u til indispensable.
Lors de mammite clinique, il est important Lors de m am m ites cliniques suraiguës, il faut
de se demander si la vache a déjà montré in te rve n ir dès la constatation d'une augm entation
des signes d'infection. de la tem pérature : celle-ci précède souvent
une m o d ifica tio n im p orta n te du la it et une
Les conséquences sur le traitement mis en in fla m m a tio n du quartier. (Service de Pathologie
œuvre seront alors fondamentales : de la Reproduction anim ale, ENVA)

Tableau 1 : Orientation thérapeutique en fonction de l'ancienneté de l'infection

Contexte Ancienneté de l'in fe c tio n Type de traite m e n t


CCS précédent < 200 000 c/m l Spectre large
Pas de m ammite clinique dans le mois Nouvelle infection À adapter selon la gravité
précédent de la mammite
CCS précédent > 200 000 c/m l Traitement ciblé (schéma 1)
O u mammite clinique dans le mois Infection déjà ancienne associé souvent à
précédent un allongement de la durée
Plusieurs CCS > 200 000 c/m l Réforme ou tarissement
consécutivement au cours de la lactation dès la disparition des signes
Infection très ancienne
‫ ال ه‬plusieurs épisodes de mammite
cliniques
clinique sur le même quartier

Photo K 3 N odule dans le q u a rtie r : des nodules


ou une fibrose du q u a rtie r sont une des causes de
réform e, même si les CCSI ne sont pas très élevés.
Les nœuds lym phatiques peuvent être atteints.
(J.M. N icol)
LE DIAGN OSTIC DES INFECTIONS MAMMAIRES ET LEUR TRAITEMENT DURANT LA LACTATION

Enfin, le contexte de l'élevage va, lui aussi, être intéressant à considérer. L'analyse des
caractéristiques des infections mammaires dans un élevage donné peut permettre
d'identifier le modèle épidémiologique dominant. On distingue deux grands modèles
épidémiologiques (cf. diagnostic épidémiologique) :
٠ un modèle dit « de traite » ;
• un modèle dit « environnemental ».
Si un de ces modèles a déjà été identifié, cela permet de connaître les causes infec­
tieuses les plus probables, donc de choisir les thérapies les plus adaptées. Cela peut
être complété par l'analyse des résultats d'examens bactériologiques lorsqu'ils ont été
effectués dans cet élevage. Ils renseignent directement sur les agents infectieux présents
et sont un outil précieux dans la sélection des molécules les plus actives.

Schéma 2 : Arbre décisionnel dans le choix du traite m e n t de m am m ite clinique

Applications au choix des traitements

Précocité du traitem ent


C'est un impératif absolu car la colonisation totale de la mamelle est un phénomène très
rapide lors de contamination d'un quartier.
• Pour Staphylococcus aureus par exemple, sa présence a été montrée dans le tissu
profond mammaire dès le troisième jour après le début de l'infection.
• Pour Streptococcus uberis, sa présence à l'intérieur des cellules épithéliales est possible
quelques heures après l'infection. La précocité du traitement est donc fondamentale
à sa réussite. L'erreur souvent commise sur le terrain est de surveiller spécifique­
ment les vaches à numérations cellulaires élevées, qui sont donc déjà contaminées,
pour délaisser les saines, alors que ce sont elles les plus exposées à de nouvelles
infections.


LES MAMMITES

Choix de la voie d'adm inistration


Il existe deux voies majeures d'administration du traitement antibiotique. Chacune a son
intérêt et ses défauts (cf. tableau 2).

Tableau 2 : Voies d'administration des antibiotiques mammaires : avantages et


inconvénients

Avantages Inconvénients
M oindre consommation d'antibiotiques. Obstacles (caillots, congestion mammaire)
à la diffusion du produit.
Risque m oindre de sélection de résistance. Risque de contam ination lors de la
Voie locale Adm inistration peu douloureuse. réalisation de l'injection intra-mammaire.
Concentration d'antibiotiques dans le lait Traites répétées qui lim itent la diffusion
élevé. du produit dans la mamelle.
Coût de traitement moindre.
Atteinte de l'ensemble de la mamelle. Choix lim ité aux molécules à bonne diffusion
mammaire.
Effets possibles sur des infections Risque plus élevé de sélection de résistance
Voie
(cliniques ou sub-cliniques) localisées (en particulier de la flore digestive).
générale
aux autres quartiers. Coût supérieur.
Voie essentielle si risque de généralisation Adm inistration plus douloureuse.
de l'infection à l'ensemble de l'organisme.

Ce sont les symptômes observés sur l'animal qui orientent la voie d'administration prio­
ritaire. En règle générale, la voie locale suffit lors d'une simple modification du lait, et la
voie injectable est prioritaire lors de répercussions de la mammite sur l'état général de
l'animal. Lors de gonflement du quartier, on peut opter :
• pour la voie intra-mammaire seule, pourvu que la spécialité choisie ait de bonnes
capacités de diffusion ;
٠ pour la voie injectable seule, pourvu que l'antibiotique utilisé diffuse bien du sang
dans le lait ;
٠ choisir une combinaison des deux voies.

Figure 1 : Choix de la voie de traite m e n t en fo n ctio n des param ètres cliniques


(tra it plein : choix p rio rita ire , tire ts : choix possible, poin tillé s : choix accessoire)
LE DIAGN OSTIC DES INFECTIONS MAMMAIRES ET LEUR TRAITEMENT DURANT LA LACTATION

Durée du traitem ent : de nouvelles donnes sont apparues


Idéalement, la durée du traitement doit être le juste milieu entre l'obtention d'un niveau
de guérison bactériologique correct et la limitation de la période de retrait du lait (qui
inclut bien évidemment les quatre quartiers, que le traitement soit administré par voie
locale ou générale) de la commercialisation. Il a été démontré lors de différents essais
qu'un allongement de la durée du traitement était positivement associé à une augmenta­
tion du taux de guérison pour traiter les infections mammaires à Staphylococcus aureus
et à Streptococcus uberis. La période critique se situe au 3e jour de traitement. Pour
une durée de traitement inférieure ou égale, les résultats sont sensiblement équivalents,
alors qu'au-delà d'une durée de trois jours, on observe une amélioration sensible des
résultats.
Lors d'un traitement de première intention, on devrait obtenir des résultats tout à fait
satisfaisants avec un traitement de courte durée. En revanche, en cas d'infection chro­
nique (ou de rechute), un allongement de la durée du traitement s'avère souvent néces­
saire pour obtenir des taux de guérison plus élevés.

Traitement des mammites cliniques classiques

Traitem ent a ntib io tiq ue effectué


sans connaissance de l'agent infectieux présent
C'est le traitement usuellement mis en œuvre lors d'un premier épisode clinique affec­
tant une vache laitière en lactation, indemne d'infection jusque-là. Seule la clinique sera
alors utile pour choisir le type de traitement. Les antibiotiques utilisables devront alors
avoir un spectre d'activité large (cf. tableau 3) car, hormis les cas particuliers, le germe
responsable ne sera pas connu.

Tableau 3 : Spectre d'activité des différentes molécules antibiotiques

A n tib io tiq u e s à spectre é tro it A n tib io tiq u e s à spectre élargi A n tib io tiq u e s à large spectre
Pénicilline G, pénéthamate Céfalexine Céphalonium
Am picilline, am oxicilline Céphapirine Céfopérazone

Cloxacilline Céfazoline Cefquinome


Pirlimycine A m oxicilline + acide clavulanique
Tylosine, spiramycine, Fluoroquinolones
érythromycine, lincom ycine
Rifamixine
Gentamycine, kanamycine,
neomycine

Il existe des préparations commerciales intra-mammaires qui intègrent deux antibio­


tiques. L'association de ces antibiotiques permet de couvrir un spectre plus large,
incluant toutes les bactéries régulièrement rencontrées dans les infections mammaires.
De plus, cette association d'antibiotiques est censée être synergique, c'est-à-dire plus
efficace que la somme des actions des deux antibiotiques pris séparément. Or, il existe
peu de données démontrant une réelle synergie de ces associations dans la mamelle.
Dans l'optique d'un traitement de mammite clinique où le germe responsable est impos­
sible à prédire, il serait logique de privilégier l'emploi d'une association d'antibiotiques
LES MAMMITES

pour laquelle existent des résultats expérimentaux synergiques dans le lait et qui a fait la
preuve de son efficacité lors d'essais de terrain. Cela épargnerait l'utilisation des molé­
cules présentant des conditions strictes d'emploi (fluoroquinolones et céphalosporines
de troisième génération).
Lors de préconisation d'un traitement local et d'un traitement par voie générale, on doit
impérativement associer :
٠ soit la même molécule dans le produit intra-mammaire et le produit injectable ;
٠ soit se concerter au préalable avec le vétérinaire qui validera la possibilité
d'association.

Le traitem ent a ntib io tiq ue ciblé


Lorsque l'agent infectieux est connu (examen bactériologique préalable) ou fortement
suspecté (identification d'un modèle épidémiologique typique), il sera alors possible de
choisir la molécule la plus adaptée et la voie d'administration qui permettra les concen­
trations d'antibiotique les plus élevées au site de l'infection.

• Infections à Staphylococcus aureus


Deux éléments sont à prendre en compte quant au choix du traitement :
- L'aptitude de ce germe à coloniser le tissu mammaire est particulièrement dévelop­
pée. Dès le 3e jour suivant son entrée dans un quartier, Staphylococcus aureus a
traversé ‫'؛‬épithélium mammaire. On peut alors le trouver dans les différents com­
partiments de la mamelle. Le principal facteur limitant de l'efficacité des traite­
ments sera de parvenir à atteindre ce microbe partout où il se trouve. Le choix
devra donc se porter sur des antibiotiques à bonne capacité de diffusion, essentiel­
lement le pénéthamate (ester de Pénicilline G à grand pouvoir de diffusion) et les
macrolides.
L'autre caractéristique à prendre en compte est la sensibilité de ce germe à la péni­
cilline. Cette information est capitale dans la gestion du traitement car une résis­
tance à la pénicilline va toujours s'accompagner d'une dégradation des niveaux de
guérison et ce, quel que soit l'antibio-
tique utilisé. On observe des taux de
guérison 2 à 3 fois supérieurs pour les
souches sensibles à la pénicilline, par
rapport ‫ ف‬celles qui s'avèrent résis-
tantes. La mise en évidence d'une
sensibilité à la Pénicilline G va per-
mettre l'emploi de cette molécule ou,
plutôt, de son ester, le pénéthamate,
comme traitement de premier choix :
le pronostic de guérison sera alors
bon. Les produits à base de macro-
lides (érythromycine, lincomycine,
pirlimycine, spiramycine et tylosine)
peuvent également être employés.
Tester la sensibilité aux deux molé- Photo El Intérêt de l'antibiogram m e : celui-ci
cules représentatives d'un potentiel peut être intéressant lors de l'isolem ent de SCN, de
de résistance (érythromycine et pirli- souches de Staphylococcus aureus ou d'une souche
mycine) peut favorablement orienter de Streptococcus uberis dans un m odèle contagieux.
le choix du traitement (Service de Pathologie du bétail, ENVA)
LE DIAGNOSTIC DES INFECTIONS MAMMAIRES ET LEUR TRAITEMENT DURANT LA LACTATION

• Infections à staphylocoques ‫ف‬coagttlase négative


Ces bactéries n'ont, semble-t-il, pas la capacité de coloniser le tissu mammaire
profond. En revanche, certaines souches (epidermidis en particulier) ont un potentiel
contagieux, et d'autres peuvent présenter des niveaux d'antibiorésistance très élevés.
Un antibiogramme peut donc être intéressant en cas d'une dominance de ce type de
germes dans un élevage, surtout lors d'échecs répétés des traitements.
• Infections à streptocoques
La plupart des streptocoques sont sensibles ‫ ف‬la Pénicilline G (antibiosensibilité
supérieure 90 ‫ ق‬%) qui représente donc la molécule de choix dans la résolution des
infections streptococciques. Pour Streptococcus uberis cependant, le traitement peut
aboutir ‫ف‬un échec et ce, pour deux raisons majeures :
- la capacité de pénétrer dans les cellules épithéliales de certaines souches, ce qui
les préserve du contact avec l'antibiotique ;
- une baisse de la sensibilité à la Pénicilline G, avec la nécessité d'atteinte de concen-
trations d'antibiotique plus élevées pour obtenir une réelle efficacité.
Ces considérations obligent donc parfois ‫ ف‬utiliser un allongement de la durée des
traitements ou de combiner voie locale et voie parentérale pour améliorer les chances
de guérison.
Enfin, il est à noter que les entérocoqt)es sont la plupart du temps résistants à la
Pénicilline G.
» Infections à colibacilles
Hormis les cas avec répercussions graves sur l'état général (fièvre, abattement et chute
de l'appétit) où l'agent infectieux peut passer dans la circulation sanguine, ce qui néces-
site un traitement énergique, les mammites cliniques aiguës ‫ف‬colibacilles périssent le
plus souvent aisément, quel que soit l'antibiotique utilisé.

Les autres traitem ents


Le‫ ™؛؟‬m m ‫؛‬tescl‫؛‬n iq u e s d ty ^ o x in o g n e (c o n n u e s s o u s le nom génériquede mammites
colibacillaires) nécessitent en outre le traitement du choc endotoxinique, lorsqu'il s'est
établi. Les modalités en seront abordées par la suite. Lors de mammites cliniques plus
classiques, d'autres produits peuvent compléter l'action des antibiotiques.
• Les anti-inflammatoires
Ils appartiennent à deux grandes familles : les anti-inflammatoires stéro'i'diens (AIS)
et les anti-inflammatoires non stéro'i'diens (AINS). Les premiers sont des dérivés de
la cortisone. Leur pouvoir anti-inflammatoire est très puissant mais ils ont des effets
secondaires non négligeables, en particulier un effet négatif sur tés défenses naturelles
de l'organisme, un pouvoir abortif sur les vaches gestantes dans leur dernier tiers de
gestation et une baisse passagère de la production lactée. Les AINS ont beaucoup
moins d'effets secondaires, mis ‫ف‬part un pouvoir ulcérogène mais qui est pet) marqué
chez les bovins. Les mammites cliniques s'accompagnent assez souvent d'une inflam-
mation forte des tissus mammaires. L'effet de ces substances se manifeste par une
résolution pltts rapide des signes cliniques, donc une amélioration du bien être de
la patiente (et, parfois aussi, du trayeur), ainsi que par une reprise plus rapide d'une
production normalisée. Il a également été établi que l'un au moins de ces AINS (le
méloxicam) permettait une chute plus rapide et un retour accéléré des numérations
cellulaires ‫ف‬des niveaux bas après mammite clinique.
LES MAMMITES

On préférera l'usage des AINS aux AIS en raison des effets néfastes sur l'immunité de
ces derniers. L'intérêt des AIS présents dans certains injecteurs intra-mammaires est
discuté du fait de la résorption très rapide de ces molécules du tissu mammaire dans le
sang.
• L'ocytocine
L'injection de quelques unités d'ocytocine permet de favoriser la vidange lactée dans
les minutes qui suivent son administration. L'élimination du lait avec les bactéries
et, parfois, les toxines associées, est un élément indispensable dans la lutte contre
les infections mammaires. Répéter les traites lors de mammite clinique et favoriser
la vidange lactée représentent des aides significatives dans la thérapie de certaines
mammites, en particulier des mammites toxinogènes.
• Pommades résolutives
Ce sont plus des produits de complément (ou de confort) de traitement que des
thérapies proprement dites. Ils peuvent aider à la diminution de la congestion ou de
l'œdème et, ainsi, diminuer la douleur perçue par l'animal. Leur utilité n'est que très
secondaire lors d'infection mammaire. Si l'éleveur désire les utiliser, les conditions
d'emploi sont les suivantes :
- mouiller la peau avec de l'eau tiède ;
- prendre un peu de pommade dans le creux de la main ou sur les doigts ;
- l'appliquer sur la peau et masser doucement jusqu'à pénétration complète de la
pommade.

Photo u Vache choquée au cours d'une m am m ‫؛‬te


Photo E l F luidothérapie : l'a p p o rt de 3 litres de gangreneuse : lors de ces cas graves, la guérison
sérum salé hypertonique perm et de lu tte r contre est liée ‫ ف‬une ‫ ؛‬luidothérapie précoce, massive et
le choc. Ce traite m e n t d o it être accompagné d'une systématique. Le résultat reste cependant aléatoire
a ntibiothérapie. (Service de Pathologie du bétail, lorsque les cas surviennent près du vêlage. (J.M.
ENVA) Nicol)
LE DIAGNOSTIC DES INFECTIONS MAMMAIRES ET LEUR TRAITEMENT DURANT LA LACTATION

Traitement des mammites caractéristiques

Traitem ent des mammites aiguës de type toxinogène


(colibacillaire et gangreneuse)
La vie de l'animal dépend alors de la précocité et de l'intensité du traitement. Celui-ci
aura 3 grands axes :
٠ éliminer l'agent infectieux causal ;
• lutter contre le choc lié à la libération massive de toxines ;
• limiter les dégâts inflammatoires.
Plus le traitement anti-infectieux adapté sera mis en place de façon précoce, moins les
deux derniers aspects auront de l'importance. Plus il sera tardif, plus la vie de la vache
sera menacée, et plus la thérapie sera lourde. La présence probable d'agents pathogènes
dans le sang oriente vers l'utilisation d'antibiotiques bactéricides par voie injectable,
l'injection intraveineuse permettant l'atteinte immédiate de concentrations efficaces
aux sites infectieux. Lors de choc, la perfusion de solutés (photos 5 et 6) permet de
lutter contre l'effondrement de la pression artérielle occasionnée et stimule les grandes
fonctions de l'organisme, en particulier hépatique et rénale. Enfin, l'emballement des
mécanismes inflammatoires va conduire à l'emploi d'anti-inflammatoires pour limiter
les dégâts collatéraux occasionnés. Dans tous les cas, l'intensité de la thérapie nécessite
le recours précoce au vétérinaire traitant. Malgré la gravité des signes, cette dernière
permet un rétablissement rapide dans un nombre non négligeable de cas.

Traitement des mammites purulentes


(dites aussi mammites sèches ou mammites d'été)
La présence de pus dans un quartier, révélée essentiellement par une odeur caracté­
ristique, signe la présence d'Arcanobacterium pyogenes et est d'un mauvais pronostic
quant à la récupération fonctionnelle du quartier. Le germe pyogène impliqué peut
parfaitement passer dans le sang, et la bactériémie ainsi occasionnée peut provoquer
des complications graves (endocardite,
arthrite). De plus, la transformation du
lait en pus va rendre toute administra­
tion locale d'antibiotique sans intérêt,
le pus inactivant les diverses molécules
employées. Enfin, l'inflammation locale
engendrée va être particulièrement forte
et provoquer un engorgement fréquent du
membre adjacent associé à une boiterie.
Le traitement de ce type d'infection passe
par l'administration, par voie injectable,
d'antibiotiques actifs sur le germe pyogène
(macrolides ou pénicilline), d'anti-inflam-
matoires et, surtout, d'un drainage du pus
de la mamelle. Celui-ci peut être obtenu
Photo WÊ Intérêt de la trayonectom ie ‫ ؛‬lorsque,
par des vidanges fréquentes, par l'admi­
lors d'une m am m ite d'été, le contenu du q u artier
nistration par voie locale de désinfectants
est du pus en nature, l'ablation du trayon perm et la
divers, voire par la section du trayon au vidange de l'abcès et évite de prolonger la douleur.
niveau de la citerne pour permettre une Cet acte perm et donc de soulager l'anim al to u t en
bonne vidange du pus (photo 7). évitant un amaigrissement im p orta n t. (J.M. N icol)
LES MAMMITES

Gestion du traitem ent


• Hygiène du traitement
Malgré les apparences, un traitement intra-mammaire est beaucoup plus risqué quant
à la santé de la mamelle qu'un traitement par voie injectable. Le respect des règles
d'administration est essentiel pour éviter une surinfection donc un aggravement de la
mammite (cf. tableau 4).

Tableau 4 : Règles d'administration d'un antibiotique (Service de Pathologie de la


Reproduction animale, ENVA)

• Nettoyer soigneusement la peau


du trayon et la sécher (cf. photo
prélèvement bactériologique.
• Avoir les mains propres ou porter
des gants.
• Désinfecter soigneusement
l'extrémité du trayon
et son sphincter (cf. photo 1).
• Introduire l'extrémité de l'applicateur
en respectant au mieux le canal Photo K l La désinfection : après le nettoyage
du trayon (cf. photos 2 et 3). du trayon, désinfecter soigneusement
• Masser le quartier pour aider l'e xtré m ité de ce lui-ci, donc l'entrée du canal
à la diffusion du produit. du trayon source de contam ination.

• Pratiquer un post-trempage
(cf. photo 4).

Photo WM In je ctio n de l'a n tib io tiq u e : ce type


d'em bout, sim ple d'em p lo i, peut se révéler
dangereux s'il est m anipulé sans précaution.

Photo El Deux types d 'em bout : celui de


Photo Q Un post-trem page : il se révèle utile gauche perm et d 'in tro d u ire l'e xtré m ité de
car il perm et d 'é lim in e r les germes potentiels l'a p plicate u r en respectant au m ieux le canal
restés à l'entrée du canal du trayon. du trayon.
LE DIAGNOSTIC DES INFECTIONS MAMMAIRES ET LEUR TRAITEMENT DURANT LA LACTATION

• Identification et gestion de la vache traitée.


L'administration d'un traitement, qu'il soit
local ou général, impose un délai d'attente
avant que le lait des 4 quartiers de l'animal
traité puisse être de nouveau commercia-
lisable. Ce lait doit donc être écarté de la
collecte pendant le traitement et les ]ours
qui suivent, le temps que les produits du
traitement soient complètement éliminés,
ceux-ci pouvant être néfastes ‫ ف‬la santé
humaine. Bien identifier l'animal traité (au
moyen de bracelets aux pattes, de bombes
ou de crayons marqueurs) est indispen-
sable ‫ف‬la bonne gestion du troupeau et ‫ف‬
la prévention de la présence d'inhibiteurs
dans le lait. Seule une identification précise Photo Q Repérage de la vache traitée : cela
et évidente de l'animal permet d'éviter évite de fortes pénalités lors de la livraison de la it
les oublis (toujours possibles) et pallie contenant des a ntibiotiques. (Photo Service de
le manque de communication lors de la Pathologie de la R eproduction animale, ENVA)
présence de plusieurs trayeurs (photo 8).
٠ Traçabiiité des traitements (fivret sanitaire d'élevage).
De même que l'identification des animaux n‫؛‬،U
«*T
V
-،0
C ornet san itaire |
traités, l'enregistrement de l'animal atteint I ' .............. ‫م‬ '‫و‬

de mammite, du (ou des) quartier(s) ‫س‬ ‫س‬ ‫ء‬ ‫هة‬ ‫ه‬ •‫~ت‬
affecté(s), de la date d'observation ainsi —
‫■؛‬ ■
que du traitement utilisé représente des —
....
‫أء‬ ، ‫آ‬
informations essentielles dans la gestion
٠.
du troupeau laitier. C'est la garantie de ... ...
pouvoir respecter convenablement les ‫ل‬
délais d'attente et d'analyser l'impact réel
; - ‫ص‬ . ‫ب‬

des mammites cliniques dans son trou­ ‫ا‬


peau, ainsi que leurs facteurs de risque. L — ‫ل‬
• ‫ص‬ '‫ء‬ ‫ء‬ •
Enfin, c'est un élément indispensable pour I
pouvoir apprécier les résultats des traite­ Photo Q Tenue d'un liv re t sanitaire ‫ ؛‬sa présence
ments employés. dans l'élevage et les enregistrements des traitem ents
adm inistrés sont obligatoires. (L. G u iouillier)

Comment apprécier l'efficacité d'un traitement ?

Les différents niveaux de guérison d'une m am m ite clinique


La glande mammaire met 2 4 ‫ف‬semaines pour récupérer totalement des suites d'une
mammite clinique. La guérison doit être considérée à différents niveaux :
٠ Clinique : C'est le retour à la normale au niveau de la mamelle : c'est la sécrétion
mammaire qui redevient du lait, et un quartier qui reprend une consistance et un
volume normaux. C'est souvent le seul paramètre pris en compte par l'éleveur. Or, la
disparition des signes cliniques n'est pas systématiquement associée ‫ف‬une élimination
du microbe de la mamelle.
٠ Bactériologique : c'est le critère considéré comme le plus pertinent actuellement
pour juger de l'efficacité d'un traitement. En pratique, il n'est réalisé que lors d'essais
LES MAMMITES

cliniques, sa mise en œuvre et son coût étant


trop lourds pour un recours systématique.
Cellulaire : c'est le critère qui renseigne
sur l'état in‫؛‬ect‫؛‬eux de la mamelle et qui
est le plus facilement accessible. Son inter-
prétation, souvent négligée, va être plus
amplement développée.
Zootechnique: c'est la reprise {)e }a
lactation au niveau où elle était avant la
mammite clinique. Là aussi, cela ne pré^ge
en rien de l'état infectieux de la mamelle.
٨ ٧ contraire, des quartiers ayant beau-
coup souffert suite à une mammite clinique
peuvent avoir complètement guéri et être
sains mais aussi avoir perdu une grande
partie de leur production.
Photo CMT et guérison ce llulaire : ce test
reste le plus économ ique pour évaluer une
guérison ce llu la ire ou bactériologique dans
N otion de guérison clinique les semaines qui suivent le traite m e n t d'un ou
et cellulaire de plusieurs quartiers. (J.M. Nicol)

Au niveau de l'élevage, seuls ces deux critères de guérison sont facilement accessibles
et ont donc une importance fondamentale.
La guérison clinique est la seule souvent prise en compte par l'éleveur. Cependant, elle
ne traduit pas l'élimination de l'agent infectieux initial. En effet, une vache sans signes
cliniques mais avec des numérations cellulaires constamment élevées par la suite n'est
pas guerie.

Guérison clinique Guérison bactériologique


ou cellulaire

/ Ma mamelle est \
( normale, mais j'a i ١ a e n c o re ^ ^ ^ x
quelques grumeaux et ‫ر‬
^ je n'ai plus de cellules ‫ر‬

^‫{ءيت)مإهءإأإ(جؤ^م‬
m [BL
Figure 1 : La guérison bactériologique ou la guérison ce llulaire sont les seuls vrais critères de guérison
I f D IAGNOSTIC DES INFECTIONS MAMMAIRES ET LEUR TRAITEMENT DURANT LA LACTATION

La guérison cellulaire sera beaucoup plus fiable pour juger de l'élimination du germe
responsable de mammite clinique. Deux éléments vont devoir être pris en compte pour
objectiver cette guérison cellulaire :
• La sévérité de la mammite clinique : lors de simples modifications qualitatives du lait,
les numérations cellulaires diminuent rapidement (en une quinzaine de jours), alors
que, lors d'atteinte inflammatoire du quartier, le retour des numérations cellulaires à
des niveaux bas sera souvent plus long (cf. encadré 2).
٠ S'agit-il d'une primipare ou d'une multipare ? Il existe une légère différence du seuil
utilisé en fonction de la parité, les numérations cellulaires restant légèrement plus
élevées pour les multipares (cf. tableau 5).
Les critères de guérison cellulaire suite à une mammite clinique doivent donc prendre
en compte ces deux paramètres.

Tableau 5 : Objectivation de la guérison cellulaire suite ‫ف‬mammite clinique

Parité Sévérité de la m am m ite critères

CCSI 15 jours après


M odification seule du lait < 200 000 cellules
ou CMT négatif
Primipares
CCSI 4 à 6 semaines après
Atteinte du quartier < 200 000 cellules
ou CMT négatif

CCSI 15 jours après


M odification seule du lait < 300 000 cellules
ou CMT négatif
Multipares
CCSI 4 à 6 semaines après
Atteinte du quartier < 3 0 0 000 cellules
ou CMT négatif

Encadré 2 : Comptages de cellules somatiques :


Quels seuils choisir pour détecter la présence d'une infection intra-mammaire ?

Dans un quartier sain, les comptages de cellules somatiques (CCS) peuvent varier
de quelques milliers à plus de 300 000 cellules par ml. Les numérations cellulaires
considérées le sont le plus souvent à l'échelle de la vache ; elles correspondent
donc à la moyenne des numérations cellulaires des 4 quartiers. Plusieurs éléments
doivent absolument être pris en compte quant à la bonne interprétation des comp­
tages des cellules somatiques :
• Lors d'infections intra-mammaires, la dynamique de l'infection (= équilibre entre
prolifération bactérienne et élévation du nombre des globules blancs, principaux
représentants alors des cellules somatiques) n'est pas un phénomène stable, au
moins au début, ce qui explique les variations brusques des comptages cellulaires.
C'est la raison pour laquelle le statut infectieux d'une mamelle ne peut réellement
se mesurer que si l'on dispose de comptages cellulaires réguliers.
LES MAMMITES

• Il y a toujours un certain décalage non seulement entre la contamination bacté-


rienne et l'élévation des cellules somatiques (il est généralement ‫؛‬aible, de l'ordre
de quelques heures ‫ف‬quelques jours) mais surtout entre l'élimination de la bactérie
d'un quartier et la décroissance du nombre de cellules. A la suite d'une mammite
clinique, ce délai va de quelques jours si le lait est seulement modifié, ‫ف‬plusieurs
semaines lors d'atteinte inflammatoire forte du quartier. Suite ‫ ف‬une mammite
subclinique, la décroissance cellulaire peut s'observer sur un délai encore plus
long, surtout si l'infection est ancienne et l'élévation des numérations cellulaires
régulièrement observée.
• Les critères actuellement utilisés (tous les CCS intérieurs 000 300 ‫ ف‬cellules =
statut sain, 2 CCS sur une lactation supérieure 000 800 ‫ ف‬cellules = infection
chronique) pour définir le statut des vaches dans le troupeau présentent les seuils
de sensibilité et de spécificité les plus adaptés aux troupeaux français. Il n'en
demeure pas moins que les seuils de 200 000 cellules pour les multipares et
150 000 cellules pour les primipares peuvent être retenus individuellement pour
juger de l'existence d'une infection i^tra-mammaire. À l'échelle d'une vache, et
pour plus de simplicité, le seuil de 200 000 cellules peut être pris en compte pour
discriminer les bovins sains des infort¿‫؟‬

u tilis a tio n des critères de gnérison des mammites cliniqnes


Il est fondamental de pouvoir juger objectivement les résultats des traitements mis en
œuvre. En effet, seule une appréciation raisonnée permettra de juger l'efficacité réelle des
protocoles thérapeutiques utilisés, □eux paramètres peuvent être utilisés (cf. tableau 6) :
• le taux d'échecs cliniques ٥ ٧ de rechutes suite au traitement. Un échec clinique est
défini par une absence de guérison clinique au bout de 5 jours ou une aggravation de
la mammite 48 heures après le début du traitement. Il y a une exception ‫ف‬cette règle :
en cas de mammite colibacillaire, les signes locaux peuvent persister parfois plus de
15 jours malgré l'élimination précoce et complète de la cause infectieuse. La rechute
peut se définir par une nouvelle mammite clinique affectant le même quartier dans le
mois qui suit l'apparition de la première mammite.
• les résultats de § ٧ ^ ٨^ ٠٨ cellulaire (telle que précédemment définie).

Tableau 6 : Critères objectifs d'efficacité des traitements de mammite clinique

Taux d'échecs et de rechute Niveau de guérison ce llulaire


O bjectifs ‫ ق‬15 % ‫ح‬ 7 0 °/‫م‬

Encadré 3 : Principales recommandations à prendre


dans le traitement des mammites cliniques
1 Détecter le plus tôt possible l'infection
• Observation des premiers jets (même la présence discrète de caillots signe une
mammite clinique).
• Palpation de la mamelle en fin de traite.
2 Traiter immédiatement
• Avoir toujours sous la main de quoi soigner une mammite clinique : c'est une urgence.
LE D IAGN OSTIC DES INFECTIONS MAMMAIRE ‫ ؟‬ET LEUR TRAITEMENT DURANT LA LACTATION

3 Identifier l'animal traité et enregistrer les traitements


4 Respecter les délais d'attente qui s'appliquent aux 4 quartiers, même lors de
traitement intra-mammaire seul
5 ٤٨ cas de rechute, pratiquer un prélèvement pour examen bactériologique et
effectuer un traitement ciblé
6 Apprécier objectivement l'efficacité d'un traitement
• absence de Fechute ;
• retour ‫ف‬la normale des CCS après un délai plus ‫ ال ه‬moins long.

TRAITEMENT DES INFECTIONS SUB-CLINIQUES EN LACTATION

Intérêt du traitement des mammites subcliniques en lactation

Longtemps, le traitement en lactation des mammites sub-cliniques a été contre-indiqué


car jugé non rentable économiquement. Avec le développement de protocoles de trai-
tement validés scientifiquement et la mise en œuvre de normes réglementaires en terme
de numérations cellulaires de lait de tank de plus en plus draconiennes, le traitement
en lactation est ‫ف‬reconsidérer du point de vue économique. En effet, les avantages que
l'on en tire sont multiples :
• baisse des numérations cellulaires de tank ;
• diminution du nombre de passages des infections intra-mammaires chroniques ‫ ف‬la
clinicité (donc moins de mammites cliniques à traiter) ;
• mais, surtout, diminution de la pression d'infection ‫ ف‬l'intérieur du troupeau, par
réduction des sources d'infection.
Ce dernier paramètre est fondamental dans la justification de ce traitement. Dans les cas
extrêmes, cependant, lorsque le risque de transmission est très faible ou, au contraire,
lorsque le risque de transmission est très élevé et que, par exemple, aucune mesure de
prévention n'y est associée, le traitement des infections sub-cliniques en lactation n'est
pas rentable économiquement.
Sa mise en œuvre doit donc absolument être raisonnée et nécessite la prise en compte
obligatoire des divers éléments indiqués ci-dessous.

Choix des *n i™ *!¡* ‫ف‬traiter

Le premier réflexe serait de sélectionner les animaux qui présentent les numérations
cellulaires les plus élevées. © ٢, ce choix n'est efficace que si l'objectif est de baisser
temporairement le niveau cellulaire du lait du tank. En revanche, si la guérison des
animaux est souhaitée, ce choix est mauvais car des numérations cellulaires très élevées
sont souvent associées aux infections les plus difficilement curables. Une vraie démarche
est nécessaire pour ne traiter que les animaux qui présentent des chances réelles de
guérison. Il est alors fondamental de bien examiner la mamelle et tous les éléments
concernant l'historique de l'infection (cf. tableau 7). De plus, il est nécessaire de déter-
miner le ou les quartiers atteints (par exemple en réalisant un CMT) (cf. tableau 8), ce
qui permettra d'évaluer les chances de guérison et de déterminer, si besoin, les quartiers
qui recevront un traitement local.
LES MAMMITES

Tableau 7 : Facteurs de risque de non-guérison d'un traitement en lactation

C o n tre -in d ica tion m ajeure Pronostic réservé Bon pronostic


Nodules dans le quartier atteint Vache âgée (s‫) ؛‬ans 5 Jeune vache
Graves lésions de la peau du trayon Plusieurs quartiers atteints )< 2 ( Infection récente
Sphincter endommagé Quartiers postérieurs infectés 1, voire 2 quartiers atteints
Vache infectée depuis plus d'une Infection ancienne (plus de 2 CCI Quartiers antérieurs infectés
lactation mensuels élevés (

Tableau 8 : Taux de guérison bactériologique des vaches à mammite sub-clinique en


fonction du nombre de leur(s) quartier(s) infecté(s), suite à un traitement
en lactation au pénéthamate

N om bre de q u artiers infectés 1 2 3 4


Pourcentage de guérison 78,9 % 44,4 % 14,3 % 0%

Choix des infections à traiter

Un traitement de mammite sub-clinique devrait toujours être un traitement ciblé. En


effet, l'infection est alors établie depuis un certain nombre de semaines, et son élimina­
tion va toujours être plus délicate, le germe en cause ayant eu le temps de coloniser la
mamelle en profondeur. Les chances de réussite vont alors dépendre du germe mis en
évidence et de la durée de l'infection (cf. tableau 9).

Protocoles de traitements antibiotiques

Il existe actuellement deux produits commerciaux qui ont obtenu récemment une
indication concernant le traitement des mammites sub-cliniques en lactation, et pour
lesquels on dispose donc de données convaincantes sur leur efficacité.

Tableau 9 : Pronostic de curabilité des infections mammaires sub-cliniques par un


traitement en lactation

Mauvais pronostic Pronostic co rre ct Bon pronostic

Staphylococcus aureus résistant Streptococcus uberis Autres streptocoques.


à la pénicilline.

Staphylocoques à coagulase Entérocoques. Staphylocoques à coagulase


négative multi-antibiorésistants. negative antibiosensibles.

Entérobactéries. Staphylococcus aureus sensible Peu de CCS élevés avant


à la pénicilline. traitement.

Nom breux CCS élevés


(> 300 000 cellules) avant
traitement.

D'autres produits peuvent être utilisés, voire d'autres schémas thérapeutiques selon
les circonstances mais ils nécessitent d'être établis par un spécialiste disposant d'un
nombre suffisant d'éléments, en particulier pour l'établissement des délais d'attente.
Sans une démarche raisonnée incluant l'animal, l'historique et la cause de l'infection,
LE DIAGNOSTIC DES INFECTIONS MAMMAIRES ET LEURTRAITEM ENT DURANT LA LACTATION

un traitement d'une vache à mammite sub-clinique en lactation et en aveugle est quasi


irrémédiablement voué à l'échec (cf. tableau 10).

Tableau 10 : Spécialités possédant une AMM récente pour le traitement en lactation


des mammites sub-cliniques

Produits STOP M PIRSUE

Pénéthamate
M olécule active Pirlimycine.
(ester de pénicilline).

Par voie intra-mammaire pendant


A d m in istra tio n Par voie injectable pendant 3 jours.
8 jours.

Staphylocoques sensibles à la pénicilline. Staphylocoques et streptocoques


Indications
Streptocoques sensibles aux macrolides.

D élai d'attente la it 8 traites. 10 traites.

L'allongement de la durée d'un traitement est intéressant pour les infections à


Staphylococcus aureus et à Streptococcus uberis. Cependant, on ne peut pas décider de
prolonger un traitement sans connaître les délais d'attente alors applicables. C'est pour
cela que, dans la mesure du possible, il vaut mieux utiliser les protocoles développés
pour ces indications.

Autres traitements

Il n'existe actuellement aucune donnée disponible et/ou convaincante, respectant une


démarche scientifique et codifiée, illustrant l'intérêt d'un traitement ne faisant pas appel
aux antibiotiques dans le traitement des infections sub-cliniques durant la lactation. En
particulier, aucun anti-inflammatoire n'a, à l'heure actuelle, pu faire la démonstration de
son utilité dans la réduction à long terme des CCS. En ce qui concerne certaines spécia­
lités homéopathiques, les études disponibles sont très discutables d'un point de vue
méthodologique, ce qui dévalorise totalement les conclusions que les auteurs peuvent
en tirer.

Appréciation de l'efficacité des traitements des mammites sub-cliniques


en lactation

Il n'y a que deux moyens pour déterminer le succès du traitement en lactation. La


méthode de choix consiste à rechercher si le microbe est encore présent une fois le
traitement réalisé. Cet examen est coûteux et, pour avoir une fiabilité correcte, il doit
être renouvelé au bout de quelques jours. En pratique, il n'est que très rarement mis en
œuvre. Il reste donc les comptages cellulaires somatiques. Toutefois, leur interprétation
est moins simple que lors de mammites cliniques, et il n'existe actuellement aucun
consensus permettant leur interprétation de façon indiscutable. En effet, divers paramè­
tre‫ •؛‬ont une influence sur tes CCSI post-traitement :
٠ l'élimination de l'infection, bien sûr ;
٠ l'âge de la vache ;
• le niveau des CCSI avant traitement ;
٠ la durée du traitement mis en œuvre. En ce qui concerne ce dernier paramètre, diffé­
rentes études montrent que, plus le traitement est prolongé, plus les CCSI baissent,
qu'il y ait eu ou non résolution de l'infection.
LES MAMMITES

La seule solution pour apprécier correctement l'effet d'un traitement en lactation


consiste à observer l'évolution des CCSI sur une période prolongée. Seule une diminu­
tion progressive et continue des CCSI (mesurés sur 2 à 3 mois) est le gage du succès de
l'antibiothérapie. Il faut surtout éviter l'interprétation d'un seul CCSI dans les semaines
suivant le traitement, lequel sera à l'origine d'erreurs par excès ou par défaut.

Tableau 11 : Exemples d'interprétation des CCSI suite à un traitement d'infections


sub-cliniques en lactation

C C S -1 CCS + 1 CCS + 2 CCS + 3 Inte rp réta tio n


Vache A 2 440 1 230 620 180 Succès
Vache B 660 210 350 420 Échec
Vache C 980 150 170 130 Succès

Figure 2 : Les causes de réform e

94
LE DIAGNOSTIC □ES INFECTIONS MAMMAIRES ET LEUR TRAITEMENT DURANT LA LACTATION

Q u e faire lors de contre-indication du traitement en lactation ?

Il existe trois possibilités dont le choix sera ‫؛‬onction des circonstances :

Tarir la vache de ‫ ؛‬açon anticipée


Le tarissement permet d'obtenir, grâce aux traitements hors lactation, des rés^tats de
guérison bien améliorés par rapport aux traitements en lactation. Il ne faudra cependant
pas sous-estimer deux écueils :

• Le fait que la période sèche prolongée puisse favoriser un engraissement excessif de


la vache tarie, donc la perspective de gros risques de maladies métaboliques après
le vêlage suivant.
• fa durée du tarissement : plus celui-ci est long, plus le risque de nouvelles infections
pendant cette période sera élevé.

Sécher la lactation du ‫ ؟‬u artier infecté


Différents protocoles, avec administration intra-mammaire de ^ l^ in y lp y ro lid o n e
iodée ou de chlorhexidine ont été préconisés : ils permettent de stopper la lactation tout
en détruisant le microbe résiduel, fa plupart du temps cependant, la perte de sécrétion
est définitive.

Réformer la vache

C'est la solution la plus radicale mais, hélas, économiquement souvent lourde à supporter.
Il ne faut pas oublier toutefois que, lors de pronostic défavorable, c'est souvent la solu-
tion qui sera la plus rentable à long terme. Les vaches présentant des nodules dans la
mamelle ou de graves lésions du trayon et, en particulier du sphincter, qui font à chaque
lactation une série de mammites cliniques et qui ont des numérations cellulaires élevées
sur deux lactations successives, doivent être réformées (cf. figure 2).

Dans l'encadré suivant sont rassemblées les principales recommandations dans le trai-
tement des mammites sub-cliniques (cf. encadré 4).

Encadré 4 : Principales recommandations


dans le traitement des mammites sub-cliniques

١ Bien reconnaiïre les vaches infectées


Il faut qu'une vache présente au moins 2 CCS élevés (> 200 000 ou 300 000
cellules/ml) pour être considérée comme infectée.
2 Déterminer les quartiers infectés
Cela va permettre, avec un CMT par exemple, de savoir quel quartier prélever et
d'avoir un bon élément de pronostic (en fonction du nombre de quartiers atteints).
3 Choisir une option de traitement (en lactation, au tarissement ou réforme
immédiate) selon les caractéristiques de la vache infectée et de l'ancienneté de
l'infection.

?lus la vache est âgée, plus l'infection est ancienne, plus nombreux sont les quar-
tiers infectés, moins la vache aura de chances de guérir.

95
LES MAMMITES

4 Faire un prélèvement de lait pour examen bactériologique des quartiers infectés


puis un traitement ciblé
Les infections sub-cliniques sont toujours des infections plus difficiles à éliminer
que /es infections aiguës. Seul un traitement ciblé présente des chances correctes
d'obtenir une guérison.
5 Identifier l'animal traité et enregistrer les traitements
6 Suivre l'évolution des CCS après traitement pour mesurer objectivement son
efficacité

CONCLUSION

Le problème qui interpelle souvent les éleveurs est le nombre d'échecs de l'antibiothé-
rapie lors du traitement des infections mammaires. Plusieurs éléments s'additionnent
pour expliquer ce fait :

Le lait est un milieu défavorable à l'action des défenses naturelles


et de l'antibiothérapie

Ces effets néfastes sont rassemblés dans le tableau 12.

Tableau 12 : Effets négatifs du lait sur les défenses de la mamelle et sur l'antibiothérapie

Effets négatifs sur les défenses naturelles Effets négatifs sur les antibiotiques
A ctivité de faible durée des cellules phagocytaires pH plus bas que le sang entravant l'activité des
dans le lait. antibiotiques.
Perturbation de l'activité protectrice par Fixation aux protéines du lait —> inhibition de
phagocytose des globules gras et de la caséine. l'antibiotique.
pH bas qui entrave le fonctionnem ent des cellules Liaison aux globules gras des antibiotiques
phagocytaires. lipophiles -» inhibition de leur activité.
Manque de glucose et d 'O pour une activité Fixation du calcium du lait -» réduction de
optimale des phagocytes. l'activité antibiotique.
A ntib io tiq u e s à activité fo rte m e nt réduite dans
le la it : m acrolides, aminosides, tétracyclines et
trim éthoprim e.

Les germ es sont particulièrem ent bien armés p o u r survivre dans la mamelle

Les germes impliqués dans les infections mammaires peuvent présenter toute une série
de caractéristiques qui favorisent leur résistance à l'action des antibiotiques :
٠ présence en position intracellulaire, donc à l'abri des défenses naturelles et de la
plupart des antibiotiques ;
• protection par une capsule périphérique ;
٠ sécrétion de substances (leucocidine) inactivant les défenses naturelles ;
• croissance ralentie, ce qui contribue à les protéger de certains antibiotiques ;
٠ constitution d'une couronne de protéines lactées leur servant de protection ;

96
LE DIAGNOSTIC DES INFECTIONS MAMMAIRES ET LEURTRAITEM ENT DURANT LA LACTATION

٠ formes végétatives (dites formes L) très peu sensibles aux antibiotiques ;


٠ antibiorésistance fréquente chez les staphylocoques.

Les traitements sont trop tardifs et/ou trop courts et/ou inadaptés

Les germes responsables d'infections intra-mammaires ont des capacités de fixation et


de colonisation des tissus mammaires souvent très développées. Au moindre retard dans
la mise en place du traitement, les bactéries ont colonisé le tissu mammaire profond, et
un antibiotique administré par voie intra-mammaire ne peut pas les atteindre. La limita­
tion du temps de retrait du lait impose des traitements courts, souvent insuffisants pour
éliminer toute la population bactérienne présente. Enfin, la plupart des produits à bonne
diffusion ont une activité perturbée dans le lait, et ceux qui conservent tout leur intérêt
dans ce milieu ont fréquemment une distribution limitée.

Une pression infectieuse trop forte

Les infections guérissent, mais les vaches se réinfectent très rapidement.

ANNEXE : L'ANTIBIORÉSISTANCE - IMPACT DU TRAITEMENT


DES MAMMITES SUR LE DÉVELOPPEMENT DE SOUCHES RÉSISTANTES
ET SUR LA SANTÉ PUBLIQUE

Introduction : Motion d'antibiorésistance et de souches résistantes


aux antibiotiques

Les antibiotiques sont des substances naturelles produites par certains micro-organismes ;
elles sont actives sur d'autres bactéries. Aujourd'hui, les antibiotiques sont produits par
synthèse chimique.
L'antibiorésistance est la capacité d'une bactérie à résister à l'action d'un antibiotique.
Les cibles des antibiotiques sont nombreuses (cf. schéma 1) ; citons les principales :
• la paroi de la bactérie : la pénicilline, par exemple, agit sur celle-ci ;
٠ le noyau (et son ADN) ;
• une enzyme produite par la bactérie et qui est nécessaire à son développement.

Paroi de
la bactérie

Schéma 1 : Cibles des a n tibiotiques sur les structures de la bactérie

97
LES MAMMITES

Les antibiotiques agissent sur la bactérie suivant deux modes : ils peuvent la tuer (effet
bactéricide) ou bloquer plus ou moins longtemps sa multiplication (effet bactériosta-
tique), ce qui aboutit au même résultat car, par la suite, le système immunitaire prend le
relais en phagocytant les bactéries. L'antibiotique sert alors uniquement à empêcher le
système immunitaire d'être submergé (cf. Défenses de la mamelle).

La résistance aux antibiotiques

Elle est soit :


٠ naturelle :
- lorsque toutes les bactéries d'une même espèce ne possèdent pas dans leur struc­
ture la cible que l'antibiotique devra atteindre pour la détruire, l'espèce bactérienne
sera naturellement résistante à cet antibiotique. Par exemple, certains germes
proches des bactéries ne possèdent pas de paroi. Ils sont naturellement résis­
tants à la pénicilline dont la cible est la paroi bactérienne. C'est ainsi le cas des
mycoplasmes,
- lorsque l'antibiotique ne peut pas pénétrer dans la bactérie et que la cible à atteindre
est interne, par exemple l'ADN du noyau,
- lorsque la bactérie possède une enzyme capable de détruire l'antibiotique. 50 %
des souches de Staphylococcus aureus possèdent une enzyme appelée pénicilli-
nase capable de rendre la pénicilline inactive ;
• acquise lorsqu'elle est codée par un gène de résistance appartenant au génome du
germe (ADN du noyau). Quand les bactéries se multiplient, elles se transmettent
ces gènes de résistance. On parle alors de transmission verticale. Le passage des
gènes de résistance d'une bactérie à l'autre ne se produit pas uniquement lors de
la multiplication des bactéries. Il peut avoir lieu d'une bactérie à une autre de la
même espèce, voire même lorsque les bactéries appartiennent à des espèces très
différentes, qu'elles soient pathogènes ou non. Les bactéries non pathogènes de la
flore intestinale peuvent acquérir des gènes de résistance. La transmission est dite
horizontale (cf. schéma 2).
Exemple de transmission horizontale : un colibacille peut transmettre son gène de résis­
tance à un autre colibacille ou à un staphylocoque. Ce phénomène se réalise grâce à
des éléments mobiles (plasmides, transposons, intégrons).
Ces échanges seront d'autant plus fréquents qu'un grand nombre de bactéries différentes
sont en contact. Des milieux comme le milieu intestinal, colonisés par de nombreuses
espèces de germes, favorisent ces échanges de gènes de résistance intra et inter-espèces.
Le lait, normalement stérile dans la mamelle, n'est colonisé, lorsqu'il est infecté, que
par une, voire deux souches pathogènes : ce n'est par conséquent pas un milieu très
favorable à l'acquisition de gènes de résistance.
La sélection de souches résistantes aux antibiotiques chez les bactéries n'est pas un
phénomène nouveau. Il est apparu très rapidement après le début de l'utilisation du
premier antibiotique (la pénicilline).
Le mécanisme de résistance (gène de résistance) préexistait au sein de la population
bactérienne. C'est l'utilisation importante de l'antibiotique qui a sélectionné les bacté­
ries possédant ces mécanismes (cf. schéma 3). L'utilisation irraisonnée et importante
d'antibiotiques, en détruisant les souches non résistantes, favorise la sélection et le
développement des souches résistantes. Ce phénomène est encore aggravé lorsque l'on

98
LE DIAGNOSTIC DES INFECTIONS MAMMAIRES ET LEUR TRAITEMENT DURANT LA LACTATION

intervient tardivement, que l'on utilise des doses d'antibiotiques insuffisantes ou que
l'on arrête trop tôt le traitement. De plus, certaines souches ont acquis une résistance à
de nombreux antibiotiques, ce sont les souches multirésistantes (cf. encadré 1).

Transmission d'un gène de


résistance sur un support
m obile entre deux bactéries
de la même espèce ou
d'espèce différente.

Intégration du gène de résistance


dans le génome de la bactérie. La
transmission verticale devient
possible par m ultiplication du
germe.

Schéma 2 ‫ ؛‬Transmission horizontale de gènes de résistance

Schéma 3 : Sélection d'une souche résistante


LES MAMMITES

Encadré 1 : Maladies nosocomiales et souches multirésistantes

La surconsommation irraisonnée et l'emploi de nouvelles molécules récemment


mises sur le marché ont permis de sélectionner de nouvelles bactéries résistantes
à tous les antibiotiques. Suivant le schéma habituel, on observe la destruction des
bactéries les plus faibles pendant que certains germes résistent et se multiplient.
Certaines de ces bactéries, à l'aide de supports mobiles qui portent un gène ou
plusieurs gènes de résistance à un antibiotique, deviennent multirésistantes.
On rencontre préférentiellement ces germes dans les hôpitaux et les maisons de
retraite où ils sont responsables de maladies nosocomiales*. On les isole aussi dans
certains élevages où ils sont responsables d'épisodes respiratoires ou diarrhéiques
impossibles à traiter et, souvent, mortels.

*Une infection nosocomiale désigne une infection contractée au cours d'une hospitalisation.

Part des traitements en lactation et des traitements au tarissement


dans l'apparition de souches résistantes

À ce jour, seules quelques études ont traité de ce sujet, et aucune n'a pu établir de lien
de cause à effet entre le traitement en lactation ou au tarissement et l'augmentation de
la résistance bactérienne aux antibiotiques.

Comme nous l'avons vu précédemment, le lait dans une mamelle saine est un milieu
stérile. Quand une infection se produit, c'est généralement une souche, parfois deux,
qui contaminent la mamelle, ce qui ne favorise pas les transferts et l'acquisition de
gènes de résistance.
Le danger vient plus de la voie utilisée :
• L'antibiothérapie par voie générale est normalement peu utilisée lors du traitement des
mammites (cf. partie traitement en lactation et au tarissement). Elle est beaucoup plus
nocive pour la santé publique car l'antibiotique diffuse dans tout l'organisme ainsi que
dans les fèces, où s'effectuent de nombreux échanges de gènes de résistance, et qui
sont une voie d'élimination importante de ces antibiotiques.
• Les traitements par voie intramammaire permettent l'élimination de l'antibiotique par
le lait (d'où un temps d'attente pour le lait) ou bien, lors des traitements au tarisse­
ment, se dégradent et deviennent inefficaces. L'antibiotique traverse-t-il la barrière
sanguine ? Cela dépend de la famille d'antibiotique utilisée mais, dans les quelques
études faites sur le devenir de certains antibiotiques couramment employés dans
les traitements au tarissement, il a été montré qu'une petite quantité d'antibiotique
a diffusé de la glande mammaire vers le sang après le traitement au tarissement.
Or, cette diffusion laisse entrevoir la possibilité pour l'antibiotique donné au tarisse­
ment de pouvoir influencer l'antibiorésistance des bactéries du système intestinal des
bovins. En revanche, ces mêmes études ont montré que ces traitements n'augmen­
taient pas la résistance des staphylocoques dorés, pourtant largement incriminés dans
les maladies nosocomiales.
Chez les colibacilles l'augmentation de la résistance du système intestinal des vaches
traitées invite en revanche à la vigilance. En outre, ces bactéries, excrétées dans les
matières fécales des animaux, peuvent se retrouver dans l'environnement, donc poten­
tiellement poser un problème de santé publique.

100
LE D IAGNOSTIC DES INFECTIONS MAMMAIRES ET LEURTRAITEM ENT DURANT LA LACTATION

Situation actuelle en matière de prescription raisonnée et d'usage prudent


des antibiotiques

Le vétérinaire est le seul prescripteur d'antibiotiques et, depuis plus de 20 ans, il a accès
à un réseau d'épidémiosurveillance de l'antibiorésistance chez les germes pathogènes
responsables des mammites rencontrées chez les bovins. De plus, il dispose d'un réfé­
rentiel de traitement des mammites dans le troupeau qui est largement repris dans cet
ouvrage.

Recom m andations aux éleveurs p o u r prévenir l'antibiorésistance

Respecter la traçabilité du médicam ent


Au même titre que le praticien, l'éleveur est soumis à la législation (fixée par !'Arrêté
Ministériel du 5 juin 2000) en matière de traçabilité des antibiotiques qu'il utilise (livret
d'élevage, carnet sanitaire, conservation des ordonnances, élimination des médica­
ments périmés ou inutilisables). Toutes ces mesures, légales ou non et qui permettent
la traçabilité des traitements antibiotiques, sont rassemblées dans la charte de bonnes
pratiques d'élevage de l'EDE, et l'éleveur peut s'y référer.

Éviter l'autom édication


L'automédication est la règle en matière de traitement des mammites (90 % des
mammites traitées). Mais la pression des services publics et des consommateurs va
aller en augmentant et, sans doute, conduire soit par astreinte, soit par souci d'efficacité
et d'économie, à une diminution de l'automédication. Comme cela est développé au
cours de cet ouvrage, les mammites se gèrent au niveau du troupeau ; il en est de même
pour les traitements en lactation et au tarissement. Pour des raisons de coût, d'efficacité
et d'innocuité, les éleveurs ont intérêt à raisonner avec leur vétérinaire les protocoles à
mettre en place.

La gestion du devenir du la it des vaches infectées et des médicaments non


utilisés
Le lait utilisé doit être l'objet d'une attention particulière : il est préférable de ne pas
donner le lait des vaches aux veaux car il peut transmettre différentes espèces bacté­
riennes comme les mycoplasmes qui peuvent alors coloniser certaines parties de son
corps. En outre, le lait des vaches traitées pour une mammite contient des antibiotiques
qui pénètrent dans le système intestinal des veaux, lesquels provoquent la sélection de
souches antibiorésistantes. Le risque est d'autant plus élevé que le veau est jeune.
Les médicaments non utilisés ne devront pas être abandonnés dans l'environnement. Ils
ne pourront pas non plus être mélangés aux ordures ménagères. Ils devront en revanche
être rétrocédés à la structure qui les leur a distribués (cabinets vétérinaires, pharmacies,
groupements agréés) lorsque la date de péremption sera dépassée, qu'ils n'auront pas
été conservés à l'abri de la lumière ou à des températures basses ou, encore, que le
flacon aura été ponctionné depuis trop longtemps.
LA PRÉVENTION

HHHHH
103
LE DIAGNOSTIC
EPIDEMIOLOG/QUE
ANALYTIQUE : POURQUOI ET
COMMENT SE DEVELOPPENT
LES MAMMITES
DANS UN TROUPEAU ?
LES FACTEURS ET
LES INDICATEURS DE RISQUE

iNTROOUCTtON
Le diagnostic bactériologique permet d'identifier l'espèce dominante responsable des
mammites cliniques et des mammites sub-cliniques qui perdurent en fin de lactation, ou
l'espèce qui infecte le troupeau de vaches taries.

Le diagnostic épidémiologique présenté dans la partie précédente permet de proposer


deux modèles principaux, eux-mêmes composés de deux sous-modèles qui, en fonc­
tion du ou des germes soupçonnés ou identifiés, proposent un protocole de traitement
en lactation et au tarissement.

Cette première étape est suivie d'une seconde, analytique. La première partie de cette
étape permet de répondre à trois questions :
• D'où viennent les agents (les sources) ?
٠ Comment et quand se transmettent les modes de transmission et de dissémination ?
• Pourquoi certaines mamelles sont-elles plus exposées et plus sensibles à l'infection ?
La deuxième partie permet d'identifier des facteurs de risque qui favorisent l'existence
de certaines souches dans l'élevage, ainsi que la mise en place de certains modes de
transmission. Enfin, certains facteurs de risque affectent les défenses de la mamelle.

Ces facteurs de risque interviennent essentiellement au niveau de la traite et du bâti­


ment. La nutrition, dont on ne connaît pas toujours bien l'impact, augmente le risque de
développement des mammites.
LA PRÉVENTION

Sources Sources liées Sources


environnementales au m atériel de traite inframammaires

Vache

Ä 1
Photo Q Paille propre
en quantité im p orta n te :
au m om ent du paillage,
Photo Kl M anchon
elle est favorable au déve­
avec m icrofissures, plus
loppem ent d'Escherichia Staphyloccus. aureus
facilem ent visible à l'aide
c o li et de Streptococcus
d'une loupe, fa c ilite n t la
uberis. fJ.M. N icol)
persistance des germes et,
en p a rtic u lie r de S. aureus.
(J.M. Nicol)

Sources d'E.coli
ou de S. uberis
Photo El Les lésions
du trayon, to u t comme
les gerçures ou les crevasses,
sont une source de
Staphylococcus aureus.
(J.M. G ourreau)

Photo K l Vaches confinées


en pâture : Streptococcus uberis
contam ine fréquem m ent les
zones surpâturées. (J.M. N icol)

Photo El Trayons sales


avant la tra ite : d ifficile s
j I à nettoyer correctem ent
ils sont une source de germes
Photo Q Les lavettes sales d'environnem ent. (J.M. Nicol)
sont une source de germes ;
elles constituent aussi
un mode de transm ission Streptocoques ou S. aureus
privilé g ié de bactéries lors
de la préparation
de la mamelle. (O . Salat)
Photo El Le la it déposé
sur les logettes est
susceptible d 'être une
source contam inante Mammites
de Streptococcus uberis. cliniques
(J.M. N icol) non détectées

Schéma 1 : Les principales sources de germes responsables des m ammites


LES MAMMITES

L'éleveur peut les identifier au cours de son activité courante et journalière mais l'assis­
tance d'un intervenant extérieur (fabricant de la machine à traire, technicien, praticien
vétérinaire) est souvent nécessaire. Celui-ci s'appuie sur trois moyens de contrôle : la
visite de traite, le contrôle de la machine à traire et une visite de bâtiment qui devra
couvrir celui des animaux en lactation et celui des animaux taris.
À l'identification des sources, des modes de transmission et des atteintes des défenses
de la mamelle, il est nécessaire d'associer les facteurs de risque qui y sont liés. C'est
à partir de leur mise en évidence que l'on pourra formuler certaines hypothèses et
proposer des mesures correctives.

TROIS QUESTIONS QUE SE POSENT L'ÉLEVEUR ET L'INTERVENANT

D'où viennent les agents (les sources) ?

Les sources intra-mammaires sont plutôt à l'origine des mammites de traite : elles
proviennent essentiellement des vaches durablement infectées pendant la lactation ou
non guéries après un traitement au tarissement, et des vaches atteintes de mammites
cliniques non traitées ou non diagnostiquées. Cela peut aussi être les lésions infectées
du trayon.
Les sources extra-mammaires sont plutôt à l'origine des mammites d'environnement :
c'est la contamination des litières dont la population bactérienne est cependant difficile
à apprécier. C'est pour cela que l'on est plutôt amené à estimer le risque de contami­
nation d'une litière à travers les facteurs qui la conditionnent (humidité et température
plutôt que son aspect).

Q uan d et com m ent se transmettent les germ es ?

Les germes peuvent se transmettre entre les traites ou au cours des traites (cf. schéma 2).
Entre les traites, le germe se transmet de la litière aux quartiers, et le risque est associé à
la contamination de la litière. Les deux périodes concernées par ce mode de transmis­
sion sont l'inter-traite pendant la lactation mais, aussi, la période sèche. L'autre mode
de contamination des mamelles entre les traites ou hors traite est celui joué par les
mouches (cf. encadré 1). Le risque occasionné par les mouches n'est pas limité à la
transmission. Il participe aussi à la perturbation de la traite.

Encadré 1 : Incidence des mouches et des moucherons piqueurs


sur la transmission des agents des mammites

Le rôle de ces insectes sur la genèse des mammites est double :


• Ils perturbent la traite, rendant celle-ci particulièrement stressante. La douleur des
piqûres est à l'origine des coups de queue, des coups de pied et d'un inconfort
permanent lié à leur présence en grand nombre sur l'animal et sur les murs.
Les principaux insectes responsables sont :
- les tabanidés responsables des piqûres douloureuses mais aussi d'une spolia­
tion sanguine importante ;

106
LA PRÉVENTION

- les mouches de corne (Haematobia irritans) qui séjournent de façon quasi per­
manente sur les animaux ;
- la mouche des étables (Stomoxys calcitrans) : ses piqûres douloureuses et nom­
breuses (en moyenne vingt fois par jour) sont responsables d'une diminution
de la production lactée de 20 %. En outre, la mamelle est une de ses cibles
privilégiées ;
- à un degré moindre, les moucherons piqueurs (culicoïdes et simulies) car ils
interviennent plus fréquemment à l'extérieur.
• Ils favorisent la transmission de nombreux germes responsables de mammites :
- Les mouches peuvent transmettre plusieurs espèces de germes responsables
de mammite. Ce sont davantage les mouches lécheuses qui jouent un rôle
dans cette transmission, entre autres Musca domestica (mouche domestique)
et Musca automnatis (mouche de la face), qui sont omniprésentes dans les
étables, ainsi qu 'Hydrotea irritans.
- Deux espèces de germes transmis par ces vecteurs ont bien été identifiées :
S. aureus responsable d'infection intramammaire chez les génisses, les vaches
en lactation semblant peu concernées, et Arcanobacterium pyogenes respon­
sable de la mammite d'été (cf. diagnostic des mammites page 56) chez les
vaches taries (en période sèche) et les génisses.
- Le vecteur transporteur de l'agent responsable des mammites d'été est Hydrotea
irritans. Elle se distingue d'une mouche domestique par la couleur verte de son
abdomen. On la voit souvent en essaim autour des sérosités mais aussi du sang
car elle possède, sur ses pièces buccales, des denticules qui lui permettent
d'éroder le tégument.

Photo U Le taon des pluies, Haematopota Photo EM Accouplement de Tabanus bovinus :


pluvialis :il est responsable de piqûres cette espèce est très prolifique. (J.M.
douloureuses mais aussi d'une spoliation Gourreau)
sanguine importante. (J.M. Gourreau)

Photo E l Musca autom nalis : cette mouche


est également accusée de transmettre
Staphylococcus aureus aux génisses.
(J.M. Gourreau)
LES MAMMITES

Contamination Contamination
au moment de la traite en dehors des traites

Animaux

Litières

STAPHYLOCOCUES
- s. aureus
STREPTOCOCCUS
- dysgalactine
- uberis COLIBACILLE
Germes inhabituels : - Streptococcus uberis
- Streptococcus agalactiae, mycoplasmes. Germes inhabituels

Schéma 2 : Les deux modes de contaminations par des germes

Tableau 1 ; Les mécanismes de transmission et de dissémination des germes au cours


et entre les traites

Mode de transmission C aractéristique M orn e n t de la tra ite


Dissémination à partir Trois vecteurs :
des mamelles infectées - mains du trayeur
st rapprochement vers Préparation de la
es quartiers sains. mamelle.

‫؟‬۶ - vêtement du trayeur,


- matériel destiné à
l'hygiène de traite,
- lavettes.
M ode de transmission
indirect.

M anchon trayeur
contam iné par la peau
du trayon ou le lait d'un
trayon contamine.
Traite proprement dite.

Contamination des Transport passif


quartiers infectés à partir Matériel et technique de = phenomène d'im pact
des quartiers sains. traite défaillants. ou phénomène de
reverse-flow.

M ultiplication active
Le canal du trayon reste
(le germe se dirige de
béant pendant une Juste après la traite.
la peau du trayon à
heure.
l'intérieur du canal).

108
LA PRÉVENTION

Les mécanismes de transmission des différents germes au cours de la traite sont rassem­
blés dans le tableau 1 : en consultant la colonne de droite, on imagine mieux le rôle du
trayeur au travers de sa technique et de son hygiène, et celui du bon fonctionnement
de la machine pour éviter la transmission des germes et leur pénétration à l'intérieur de
la mamelle.

Pourquoi certaines mamelles sont-elles plus exposées et plus sensibles


à l'infection ?

Il faut au préalable répondre à deux questions :


٠ Que devient le germe quand il arrive à l'entrée du canal du trayon ?
• Que se passe-t-il dans la mamelle ?
Le germe pénètre au travers du canal du trayon puis gagne les différentes structures du
trayon et du quartier (citerne du trayon, citerne du quartier, canaux galactophores et
alvéoles mammaires). C'est là qu'il s'y multiplie. La mamelle va alors réagir : soit elle
élimine le germe, soit celui-ci va continuer à se multiplier et, dans certaines circons­
tances, une mammite se développe. Le déroulement de ces événements dépend des
capacités de défense de la mamelle :
- D'une part, des défenses basses : plus le canal du trayon est étroit, plus il est
étanche. L'étanchéité sera aussi favorisée par la qualité de la kératine et par l'ab­
sence de lésion du canal du trayon.
- D'autre part, des défenses hautes : si le système immunitaire est compétent, (es
germes ne se multiplient pas et la mamelle n'exprime pas cliniquement de maladie.
On comprend le rôle d'agresseur que peuvent jouer les événements de la traite, la
machine à traire et le trayeur à travers sa technique de traite sur la mamelle. C'est ici
qu'intervient la notion de facteur de risque.

LES FACTEURS DE RISQUE

Facteurs de risque et indicateurs de risque

Un facteur de risque est un facteur qui augmente la probabilité d'apparition ou de


développement d'une maladie. Il n'est pas obligatoirement la cause de la maladie mais
il est associé à son apparition. Dans le cadre du diagnostic et de la prévention des
mammites, les facteurs de risque ne sont pris en compte que dans la mesure où une
relation de causalité (ou une relation de causalité probable) a pu être établie entre le
phénomène pathologique et le facteur de risque. Cela permet d'espérer que les mesures
mises en place pour lutter contre ce facteur de risque se révéleront efficaces. Prenons
deux exemples :
• L'augmentation de la température à la surface de la litière augmente le risque de
contamination des trayons par certains germes d'environnement.
٠ Les manchons trayeurs inadéquats augmentent le risque de mammite.
Ce qui permet d'identifier ie facteur de risque au quotidien et au cours des visites, c'est
l'indicateur de risque qui, lui, n'a pas de relation causale avec la maladie. Il ne faut donc
pas confondre l'indicateur et le facteur de risque.

m
LES MAMMITES

Photo U La température de la litière est un Photo WM Collerette usée : cette collerette est un
facteur de risque : cette température de 47,6 °C important facteur de risque car elle constitue une
est très favorable au développement des germes niche pour les germes, permet leur transmission et
d'environnement. (J.M. Nicol) peut aussi agresser la peau du trayon. (J.M. Nicol)

٠ Le taux élevé d'éversion des trayons est un indicateur de risque. Seuls les stades 3 et
4 d'éversion sont des facteurs de risque de perte d'étanchéité du canal et du sphincter
du trayon, (cf. tableau 2)
LA PRÉVENTION

Photo B Phénomène de « grimpage », facteur de Photo Q L'anneau de compression est un


risque : il est associé à des faisceaux trop légers, à phénomène normal chez les primipares et autour
un vide trop élevé ou à des manchons inadaptés. du vêlage. Il devient un indicateur de risque
Il augmente le risque de traite incomplète. lorsqu'il est associé à de la surtraite ou à une traite
(J.M. Nicol) incomplète. (J.M. Nicol)

Cette distinction entre facteur et indica­


teur de risque peut paraître abstraite. Elle
a cependant son importance.

Enfin, lors de l'identification d'un modèle


mammite de traite, ou lors de l'isolement
d'un germe de traite dominant, le risque
environnemental est mis au second plan,
et les mesures mises en place s'oriente­
ront vers la traite. Il convient cependant de
préciser à l'éleveur que certains indicateurs
d'un risque environnemental existent, et
qu'ils pourront expliquer une augmenta­
tion brutale des mammites cliniques. Cette
distinction explique aussi l'importance des
seuils donnés dans les tableaux 2, 3 et 4.

Photo H Anneau de compression ulcéré, facteur


de risque et source de germes : cet anneau de
Quand, comment et où identifier
compression ulcéré est un facteur de risque de
les facteurs de risque ‫؛‬٠ mammite car il peut engendrer de la douleur lors
de la traite (traite stressante) et être une source de
Il y a deux manières d'identifier les facteurs Staphylococcus aureus. (J.M. Nicol)
de risque liés aux mammites :
• soit en les identifiant individuellement à partir d'un indicateur de risque. C'est cette
méthode que nous reprenons dans les tableaux suivants et qui permet d'alerter en
permanence l'éleveur durant la traite ou lors de différentes investigations concernant
la qualité de la litière (cf. partie Bâtiment et mammites) ;
٠ soit en les identifiant lors du contrôle de la machine à traire, lors de la visite de traite
(hygiène de traite, technique de traite), lors de la visite des bâtiments pour les vaches

_______m
LA PRÉVENTION

Tableau 3 : Indicateurs de risque liés aux événements de la traite


Indicateurs de risque Facteurs de risque à vérifier Mesures à prendre
Faisceaux trayeurs trop lourds Demander conseil au technicien
mammite ou machine, voire au
fabricant.
Dépassement de la capacité
d'évacuation de la griffe (ou du
lactoduc).
Nombreux giïssements (plus de
Manchons inadaptés. Achat ou essai.
10 ‫ف‬des vaches) ou chute % 15
de ‫ ؛‬alsceaux frayeurs Absence de bras de soutien du
faisceau trayeur.
Seuil d'alerte
Déviation du faisceau trayeur Vérification et changement de la
des vaches en Europe % 10
États-Unis( : 5 %( (souvent lié à un tuyau long trop pièce défectueuse.
long, trop rigide ou vrillé).
O bjectif ‫ ؛‬٠ % Lavage trop savonneux. Revoir la préparation de la
mamelle : pratiquer un essuyage
correct.
Gobelets mal posés. Demander conseil au technicien
mammite ou machine, voire au
fabricant.
Sol glissant. Modifier.
Vaches agitées, coups de Courants parasites. Vérification par un spécialiste.
pied fréquent ou nombreux Éleveur brutal. M odification du comportement.
défécations pendant la traite
Autres facteurs de stress pour les Voir chapitre traite confortable.
vaches.
Absence d'essuyage. Pratiquer un essuyage.
Trayons humides en fin de traite Phénomène de reverse-flow Contrôle du faisceau trayeur
(cf. partie suivante pour la et/ou de la machine à traire.
description).

Tableau 4
Indicateurs de risque Facteurs de risque à vérifier Mesures à prendre
Entrées d'air : Phénomène d'im pact (cf. partie
suivante pour la description).
- en début de traite Problème de technique de pose. Couder le tuyau court à lait
avant de brancher.
- pendant la traite Associé à des glissements, à des
chutes de faisceau.
- en fin de traite Pratique de l'égouttage (cette Se déshabituer de cette pratique
pratique consiste a appuyer sur au fur et à mesure des velages.
la griffe pour compenser le fait (cf. aussi traite incomplète).
que les manchons ont tendance
à grimper le long du trayon au
cours de la traite, empêchant un
écoulement normal du lait).
Pratique de l'arrachage Respecter un délai de trois à
(cette pratique, favorisant quatre secondes entre l'arrêt
la transmission des germes du vide dans le faisceau et sa
et l'agression des trayons, dépose.
consiste à tirer sur le faisceau
im médiatement après l'arrêt
du vide).
Problème de faisceau.
Problème de manchon. Demander conseil au technicien
Traite incomplète mammite ou machine, voire au
(plus de 200 m l/quartier) fabricant.
Problème de décrochage
automatique.

113
LA PREVENTION
DES NOUVELLES INFECTIONS :
L'ASSISTANCE A LA TRAITE>
L'HYGIENE DE TRAITE>
LA MACHINE A TRAIRE
La traite constitue un moment essentiel de la contamination des mamelles par les germes
pathogènes responsables de mammites cliniques et sub-cliniques.
Les sources de contamination sont doubles :
• les bactéries présentes sur la peau des trayons ;
٠ les bactéries présentes dans les mamelles infectées.
Une bonne hygiène lors de la traite mais aussi un bon fonctionnement du matériel de
traite associé à sa bonne utilisation doivent permettre de limiter le risque de contamina­
tion des mamelles durant la traite.
La traite doit également permettre de préserver l'intégrité des défenses du trayon afin de
limiter autant que possible la pénétration des bactéries dans le trayon après la traite.
L'encadré 1 présente les points essentiels permettant de réaliser une traite dans de
bonnes conditions.
Cette partie sera divisée en trois sous-chapitres :
٠ L'assistance traite : le bon déroulement d'une traite et les pratiques à évaluer.
٠ L'hygiène de la traite : les différentes méthodes utilisées.
٠ La machine à traire : son rôle dans l'apparition de nouvelles infections et les mesures
correctives possibles.

L'ASSISTANCE À LA TRAITE
ET L'ORGANISATION DE LA TRAITE

Dans la plupart des cas, cette visite sera réalisée par un intervenant extérieur à l'élevage
(technicien spécialisé ou vétérinaire). Une bonne connaissance de son déroulement et
de ses objectifs peut également aider l'éleveur à analyser les problèmes présents dans
son exploitation, ainsi qu'à bien évaluer ses pratiques.
Le matériel nécessaire pour cette visite est relativement simple : chronomètre, docu­
ment d'enregistrement des observations, lampe de poche ou frontale, de bons yeux
et, éventuellement, un manomètre. D'autres appareils spécifiques pourront être utilisés
dans certains cas (voir le sous-chapitre sur la machine à traire).

114
LA PRÉVENTION

Les objectifs de cette visite sont d'observer et d'évaluer :


٠ les pratiques du ou des trayeurs (lors d'une visite, il est essentiel que tous les trayeurs
soient présents) ;
٠ le comportement des animaux ;
٠ le fonctionnement de la machine à traire à travers l'observation des lésions sur les
trayons à la dépose des griffes, et les anomalies notées pendant la traite ;
• l'hygiène de la traite et des trayons.

Hygiène du trayeur et nettoyage


du petit matériel de traite

Avant de commencer la traite et ce, après


avoir parqué les animaux, le trayeur doit
se laver les mains avec de l'eau et du
savon. Cette mesure est essentielle afin
de ne pas contaminer la peau des trayons
lors de la préparation des mamelles.

Photo U Trayeur se lavant les mains : ce geste Photo b ] Trayeur portant une tenue propre : ce
incontournable peut se répéter plusieurs fois au comportement est indispensable, tout comme les
cours de la traite. (j-F. Labbé) deux précédents. (J-F. Labbé)

Photo U Trayeur portant des gants : dans certains


élevages à risque, le port de gants jetables est Photo U Petit matériel propre : le trayeur doit
nécessaire. (J-F. Labbé) toujours l'avoir à côté de lui. (J-F. Labbé)
LES MAMMITES

Les gains devront être lavées régulièrement durant la traite dès qu'elles sont souillées. Le
port de gants est indispensable si les mains du trayeur présentent des blessures mais, en
temps normal, constitue une bonne mesure pour limiter la contamination des trayons.
Ces gants doivent être changés ou lavés régulièrement pendant la traite. Le port d'une
tenue spécifique pour la traite et, surtout, d'une protection des bras, permet d'améliorer
l'hygiène de la traite.
L'ensemble du petit matériel (gobelet de trempage, bol de traite, tuyaux et bidons utilisés
pour séparer le lait impropre à la consommation, seau...) doit être bien propre et nettoyé
après chaque traite.

L'entrée des animaux et la préparation des mamelles

Entrée des animaux


L'entrée des animaux sur le quai de traite permet d'évaluer l'éventuel stress subi par les
animaux durant la traite. Deux éléments sont à observer :
• Le comportement des animaux dans le parc d'attente.
Les animaux doivent être calmes dans le parc d'attente ce qui se traduit par l'orientation
de la tête vers la salle de traite. L'observation des animaux dans le parc se fait tout au
long de la traite. Néanmoins, en fin de traite, on peut remarquer une modification du
comportement des animaux qui ne sera pas obligatoirement liée à un phénomène de
stress mais plus à une attente trop longue ou à la présence d'animaux plus nerveux.
La conception du parc a également une influence importante. En effet, un parc mal
dimensionné, mal conçu ou avec une pente trop forte modifie le comportement des
animaux, même en l'absence de stress subi durant la traite. L'usage abusif du chien
électrique constitue un facteur de stress important pour les animaux.
Le parc d'attente doit être propre avant l'entrée des animaux et on ne doit pas y trouver
de flaques d'eau. Une bonne conception initiale du parc d'attente est donc primordiale.

Photo E l Répartition anormale des animaux dans


Photo B Animaux attendant de rentrer sur les le parc d'attente : ceux-ci refusent de fréquenter
quais : le calme est une composante indispensable un des côtés. Un problème de courant induit peut
à la traite. ()-F. Labbé) en être la cause. (J-F. Labbé)

• L'entrée des animaux.


La majorité des animaux doit rentrer spontanément sur les quais une fois que l'accès leur
est ouvert. Si cette entrée n'est pas totalement spontanée, on ne doit pas observer cepen-

١. ،
LA PRÉVENTION

dant de refus à pénétrer sur le quai lorsque


l'éleveur va chercher ses vaches dans
le parc. De même, lorsque les animaux
préfèrent systématiquement passer d'un
côté plus que de l'autre, il sera nécessaire
d'en faire le constat et de tenter d'identifier
la différence de confort entre les quais.
Lors de l'entrée des animaux, il est néces­
saire de noter les états de propreté des
vaches. Une attention particulière sera
apportée à la notation de la propreté des Photo B | Vaches refusant de rentrer sur les quais :
cette situation est normale en fin de traite. Le
cuisses et des mamelles (cf. bâtiment et
chien électrique ne doit pas être employé dans ce
mammite page 155).
cas. ()-F. Labbé)

Encadré 1
Lorsque des comportements anormaux sont observés dans le parc d'attente ou lors
de la rentrée des animaux sur les quais de traite, on peut présumer de l'existence
d'un stress subi par les animaux. Ce stress peut être dû à un inconfort dans le
parc d'attente, à une mauvaise conception de ce parc ou de l'accès aux quais, à la
présence de courant électrique dans les stalles ou les quais, à une agression de la
machine à traire ou au comportement du trayeur.

La préparation des mamelles


Les objectifs de cette préparation sont triples :
٠ Nettoyer aussi bien que possible les quatre trayons afin de retirer la saleté, les bacté­
ries et les spores.

Photo U Ordre de préparation des trayons, traite en épi : dans les salles en épi en deux fois six, préparer
les vaches 3 par 3 est une bonne alternative. Elle permet un temps de préparation correct. (J-F. Labbé)
LES MAMMITES

٠ Stimuler correctement la vache afin de déclencher le réflexe neuroendocrinien


permettant une décharge d'ocytocine dans le sang. L'ocytocine permet la contraction
des fibres musculaires entourant les acini mammaires, ce qui entraîne la libération du
lait des cellules vers (a citerne.
• Détecter les mammites cliniques grâce à l'examen des premiers jets.

Différentes méthodes sont possibles pour atteindre ces objectifs. Elles sont décrites
ci-apres.

Encadré 2 : L'examen des premiers jets

Cet examen est indispensable car c'est le seul permettant de détecter correctement
et précocement les mammites cliniques en lactation dans les systèmes de traite clas­
siques. L'absence de détection des mammites cliniques a obligatoirement, à plus ou
moins long terme, des répercussions sur leur guérison ainsi que sur la concentration
en cellules somatiques du lait de tank.
L'examen des premiers jets se fait idéalement dans un bol à fond noir. Il peut égale­
ment se faire sur le sol du quai de traite. Cette méthode n'est pas optimale mais
reste préférable à l'absence complète d'examen des premiers jets. Afin d'améliorer
l'efficacité de cet examen il est possible de peindre des carrés noirs sous la mamelle
des vaches. Dans tous les cas, la lumière doit être suffisante pour pouvoir réaliser
une observation efficace.
' * PRÉVENTION

Afin de ne pas stresser la vache, il faut serrer le trayon entre le pouce et les doigts
plutôt que de serrer le haut du trayon et descendre la main en étirant le trayon.
L'examen se fait si possible avant que le trayon ne soit nettoyé ou désinfecté. Dans
la méthode des lavettes, il se fait traditionnellement après le nettoyage et l'essuyage.
Afin de ne pas souiller de nouveau le trayon, il serait préférable de le faire avant le
nettoyage ou juste à la fin du nettoyage mais avant l'essuyage.

Photo El Examen des premiers jets dans un Photo C l Examen des premiers jets sur les
bol à fond noir : étape incontournable et plus quais : ce choix fréquent car ergonomique est
efficace que la traite des premiers jets sur le facilité par la surface peinte en noir sous la
quai. (J-F. Labbé) mamelle. (J-F. Labbé)

Lors de la visite de traite, il faut s'attacher à déterminer si la méthode de préparation choisie


est bien appliquée. Cette évaluation se fait par l'observation de la technique adoptée par
l'élevettr, de la propreté des trayons avant la pose des griffes et, enfin, de la libération du
lait une fois la griffe posée. La libération du lait peut être observée assez simplement au
niveau de la griffe si elle comporte un partie transparente, ou à sa sortie. En cas de doute,
ou lorsque cette observation n'est pas réalisable, il est nécessaire de mesurer le temps
écoulé entre le début de la stimulation des trayons et la pose des griffes. Les dernières
études réalisées montrent que ce temps doit être au maximum de deux minutes.
En pratique, les griffes doivent être branchées de 30 secondes à une minute à l'issue de
la fin de la préparation de la vache. Ces recommandations sont un peu différentes de
celles préconisant une pose des griffes dès la fin de la préparation.
Mais ce seul facteur temps ne permet pas d'expliqtter toutes les libérations retardées
du lait par la vache. Il faut également noter si la stimulation effectuée par le trayeur est
bien réalisée. Cette stimulation se réalise lors de l'éjection des premiers jets ainsi que
lors de l'essuyage des trayons.
On considère que la préparation n'est pas bonne lorsqu'on note, sur plus de 10 à 15 %
des animaux, soit une non éjection du lait à la pose de la griffe, soit un début d'éjection

‫ا‬
LES MAMMITES

du lait puis un arrêt ou une forte diminution du débit suivi d'une reprise progressive (voir
annexe « Lactocorder »).
Une bonne préparation des mamelles peut réduire la durée de la traite de 25 à
35 secondes ; elle augmente le débit moyen des vaches et permet d'atteindre plus rapi­
dement le débit maximal. Ce gain de temps compense largement le temps passé à
réaliser l'examen des premiers jets.
La réduction de ce temps de traite a une répercussion favorable sur l'état des trayons
à la dépose des griffes. L'augmentation du débit moyen du lait de la vache permet de
raccourcir la durée de la phase de fin de traite, période durant laquelle le débit de lait
est plus lent et plus saccadé et, donc, un moment plus favorable à la pénétration des
germes dans la mamelle.

La pose des griffes et la traite

Pose des griffes


La pose des griffes doit se faire en limitant autant que possible les entrées d'air. Cela est
d'autant plus facile que l'ergonomie du faisceau permet une bonne prise en main mais,
aussi, que l'ergonomie des quais de traite et la position des vaches permettent un accès
aisé aux quatre trayons. Des tuyaux à lait courts et souples permettent de limiter les entrées
d'air à la pose. Mais ces entrées d'air doivent aussi être limitées lors du branchement des
pots trayeurs servant à la traite des vaches infectées. Lorsque l'installation est équipée
d'un système de coupure de vide (système avec dépose automatique ou présence d'une
pince sur le tuyau long à lait), cela ne pose pas de problème particulier. En revanche,
lorsque le branchement du pot trayeur se
fait directement sur le lactoduc, il convient
de réaliser ce branchement avant la pose
des griffes sur les mamelles des vaches du
meme quai.
Une fois la pose réalisée il est souvent
nécessaire de bien positionner le tuyau
long à lait afin que la griffe soit bien placée
sous la mamelle.

Photo E،J Branchement adapté du bidon trayeur :


Photo ،0 Pose de la griffe : cette étape doit être celui-ci permet de collecter le lait contenant
pratiquée sans que de l'air entre dans le manchon. des antibiotiques ou ayant un nombre élevé de
(|-F. Labbé) cellules. (J-F. Labbé)

120
IA PRÉVENTION

Photo Q Tuyau à lait bien positionné permettant d'éviter


que la griffe soit torsadée (cf. photo 15). (J-F. Labbé) Photo ^ 3 Tuyau à lait mal positionné :
depuis que les faisceaux ont été allégés,
la mauvaise position de cet élément
Observations à réaliser durant la traite
voit son incidence augmentée, ce qui
Durant la traite d'une vache, on doit s'attacher à a des répercussions importantes sur la
observer cinq points essentiels : santé de la mamelle. (J-F. Labbé)

La position de la griffe sous la mamelle : l'allégement du poids des griffes observé


depuis quelques années améliore nettement les conditions de travail du trayeur. Mais,
en contre-partie, il est souvent difficile d'obtenir une bonne position de la griffe sous
la mamelle, et cela constitue fréquemment un facteur de risque majeur de nouvelles
contaminations. Sauf cas particulier, la sortie de la griffe doit se faire sur l'axe nombril -
tête de la vache. ٧ ٨ ^ longueur adéquate du tuyau long ‫ ق‬lait, un bon positionnement
du tuyau sur le quai permettent le plus
souvent d'obtenir une bonne position.
Mais, parfois, l'emploi d'un système favo-
risant une bonne position est nécessaire
(bras de traite, cale sur le quai, étoile...).

Photo Q G riffe mal positionnée : elle favorise les


agressions sur le trayon et les entrées d'air. (J-F.
Labbé) Photo 0 3 Cale sur le quai de traite. (J-F. Labbé)
LES MAMMITES

Photo |£ | Bras de traite. (J-F. Labbé) Photo ‫ه‬ Bras de traite pour traite arrière. (J-F.
tabbé)

• Le comportement des animaux, et tout


particulièrement les piétinements, les
arrachages de griffes avec les pieds ainsi
que l'émission de bouses ou d'urine.
Toute agitation des animaux pendant la
traite ou tout comportement montrant
un énervement des animaux doit être
noté et, dans la mesure du possible,
il faut analyser la cause de ce stress.
Ces comportements peuvent être liés à
des courants électriques, à un mauvais
comportement du trayeur, à une agres­
sion des trayons par (a machine, à (a
présence d'un chien dans la salle de
traite...

• Le retrait des bouses : il est également


nécessaire de regarder comment le
trayeur retire des éventuelles bouses sur
les quais. Ce retrait doit éviter de souiller
les mamelles (éclaboussure des trayons
par un usage abusif du jet d'eau) tout
en permettant de bien nettoyer le quai
afin de ne pas contaminer les griffes en
cas de chute. L'utilisation d'une raclette, Photo B 3 Tuyau trop long : une longueur trop
d'un balai ou d'un jet d'eau faiblement importante rend difficile une bonne position de la
puissant est recommandée. griffe sous les trayons. (J-F. Labbé)

• Le nombre de glissements : on appelle glissement toute descente du manchon trayeur


sur le trayon. Dans la très grande majorité des cas, cette descente est accompagnée
d'une entrée d'air plus ou moins fugace au niveau du manchon. Parfois les glisse­
ments engendrent une chute du faisceau trayeur à terre.

On ne doit jamais dénombrer plus de 10 % de glissements pendant la traite. Au


delà de ce seuil, le nombre de mammites cliniques augmente toujours.
PRÉVENTION

: Photo Ou Retrait des bouses avec une raclette Photo ËU Retrait des bouses au jet d'eau : ce
bien que nécessitant davantage de temps, ،‫ء؛اء‬ système, très efficace, augmente cependant le
manière de procéder présente l'avantage d'éviter les risque de contamination du matériel de traite. ()-F.
éclaboussures sur le matériel de traite. (J-F. Labbé( Labbé)

• La mesure des temps de traite : on


entend par temps de traite le temps de
pose effective du faisceau trayeur. Le
temps de traite moyen est de 5 minutes
pour 10 litres de lait. On ajoute ensuite
١ minute pour 5 litres supplémentaires.
En pratique, il n'est pas toujours aisé
de connaître le nom ou le numéro de
la vache traite sans perturber l'orga-
nisation ‫ را د‬trayeur. Dans ce cas, on
peut s'affranchir de la production des
animaux et reporter les temps de traite
sur une échelle de temps. Le nuage de Photo t ü Glissement du manchon : on ne doit
points obtenu doit être centré auteur jamais dépasser 10 % de glissements pendant la
de 5 et 7 minutes, en fonction de la traite. ()-F. Labbé)
production moyenne du troupeau. Les
temps de traite doivent être mesurés sur 20 25 ‫ف‬% des animaux environ. Lorsque les
temps de traite paraissent anormalement élevés, il convient de s'assurer que la dépose
des griffes se fasse en temps voulu. En effet, la surtraite p e ^ parfois augmenter signifi-
cativement le temps de traite. Un temps de traite assez court, en l'absence de lésions
des trayons, et une bonne manipulation lors de la traite, ne posent pas de problème
particulier. Un allongement du temps de traite peut être dû à :
- un niveau de vide trop bas ;
- une mauvaise préparation de la mamelle ;
- un mauvais écoulement du lait ;
- de la surtraite.

Observations ‫ف‬réaliser en fin de traite


En fin de traite, il faut surveiller la dépose des griffes. Que la dépose soit automatique
ou manuelle, deux points doivent être évalués :
• le moment de la dépose : celle-ci doit intervenir dès que le flux de lait devient infé-
rieur à 200-300 grammes/minute. On observe depuis quelques mois des seuils de

123
LES MAMMITES

300 à 500 grammes/minutes dans les systèmes avec dépose automatique. Les études
menées à la ferme expérimentale de Derval ont montré que ces seuils élevés n'avaient
aucune incidence, ni sur les taux cellulaires, ni sur celle des mammites cliniques. Ces
réglages permettent de raccourcir le temps de la traite. En l'absence de dépose auto­
matique, l'œil et la vigilance du trayeur sont importants. La dépose doit se faire alors
qu'un petit écoulement de lait est encore visible à la sortie de la griffe.
٠ La façon dont est retirée la griffe : que la dépose soit automatique ou manuelle, elle
doit toujours se dérouler de la même façon :
- coupure du vide - l'air rentre alors dans la griffe qui commence alors à glisser ;
- ramassage de la griffe par le trayeur ou le système de dépose.
Si la griffe est retirée avant que le vide dans le manchon ne soit inférieur à 20 kPa, cela
entraîne des lésions du bout du trayon qui favorisent sa colonisation par des bactéries.
• Un piétinement des animaux en fin de traite ou une agitation marquée à la dépose de
la griffe peut indiquer soit qu'il existe de la surtraite, soit que le vide est mal stoppé
lors de la dépose de la griffe.

Observations à la dépose des griffes


Dès que la griffe est enlevée, il faut observer les trayons afin d'évaluer leur état et leur
propreté. Des trayons sales à la dépose indiquent que la préparation de la mamelle n'a
pas été bien réalisée.
En fonction de la taille du troupeau, le pourcentage de trayons à observer varie
(cf. encadré 3).

Encadré 3 : Examen des trayons

L'examen des trayons doit se faire dès la dépose des griffes afin de pouvoir bien
noter tous les types de lésions. Seules les lésions d'hyperkératose sont observables
entre les traites. L'examen est à la fois visuel et tactile. Lorsque la salle de traite est
sombre, l'utilisation d'une lampe de poche est nécessaire. Il est essentiel de bien
noter le nombre d'animaux examiné afin de pouvoir calculer par la suite l'incidence
de chaque lésion.
Nombre d'animaux à observer : ce nombre dépend de l'effectif du troupeau. Si la
totalité des animaux n'est pas observée, il est important que le choix des animaux
respecte la proportion de primipares dans le troupeau.

Taille du troupeau Pourcentage d'animaux à examiner


M oins de 50 vaches 100%
50-80 vaches 70 à 80 %
80-120 vaches 60%
Plus de 100 vaches 50%

Notation des lésions :


On doit observer les quatre trayons de chaque vache. On ne compte les lésions
qu'une seule fois sur chaque animal. Par exemple, pour une vache présentant de
la congestion sur deux quartiers, on ne décompte qu'une seule congestion. Si cet
animal a en plus une hyperkératose sur un trayon, on comptera une congestion et
une hyperkératose.

124
LA PRÉVENTION

Photo Q Trayon sale à la dépose : un des facteurs de risque sur cette mamelle est son degré de salissure.
(J-F. Labbé)

Les lésions et les dysfonctionnements dues à la traite sont :


٠ Des troubles circulatoires : réaction spécifique des tissus en réponse à des agressions
subies pendant la traite (cf. pages suivantes),
couleur rouge - violette ou bleue des trayons : cette modification de la couleur
des trayons est très souvent observée chez les primipares dans le mois suivant le
vêlage mais elle n'a aucune incidence sur la contamination des mamelles ;
congestion et œdème : cela se traduit par un épaississement de la peau qui sera
décelé par l'observation et la palpation des trayons. Ces lésions concernent en
général l'ensemble du trayon mais peuvent, dans certains cas, n'être observées qu'à
l'extrémité distale du trayon ;
- micro-hémorragies : on observe des petites suffusions hémorragiques (pétéchies)
sur la peau, au bout du trayon essentiellement.
• Anneau de compression : bourrelet visible à la base du trayon, à l'endroit d'appli­
cation de la lèvre du manchon. La présence d'anneaux de compression n'est pas
toujours anormale. En effet, certains manchons, en fonction de leur forme ou de leur
dureté, peuvent engendrer des anneaux de compression sans conséquences sur la
contamination des mamelles. Pour être considérée comme facteur de risque, l'éva­
luation de cette lésion doit être associée à des temps de traite trop longs ou à une
mauvaise vidange des mamelles. Ces anneaux sont fréquemment rencontrés sur les
animaux en début de lactation en raison de l'œdème mammaire et ce, particulière­
ment sur les primipares, sans que cela ne puisse être considéré comme anormal.
٠ Hyperkératose (cf. pages suivantes) : formation d'un anneau blanc autour de l'orifice
du canal. Quatre stades sont définis selon l'échelle de F.Neijenhuis. Les stades R et VR
sont considérés comme anormaux. Seules les lésions d'hyperkératose observables en
se plaçant à environ un mètre de la mamelle doivent donc être prises en compte. Les
vaches hautes productrices, les vaches avec des trayons longs, les vaches plus âgées
présentent plus fréquemment que ies autres des iésions d'hyperkératose. L'examen
d'un nombre suffisant d'animaux est donc primordial avant de conclure.

125
LES MAMMITES

٠ Sous-traite ‫ص آ ك‬quartier : la présence de ‫ ا؛ها‬résiduel de façon homogène dans les


quatre quartiers ne constitue pas un facteur de risque. La présence d'environ 0,6 1 ‫ف‬
litre de lait dans la mamelle peut être tolérée. En revanche, si dans un seul quartier on
constate la présence de 60 à ٦٥٠ ml de lait résiduel alors que les autres trayons sont
très bien vidés, cela constitue un facteur de risque élevé d'apparition de mammites
cliniques (risque important de reverse-flow pour ce quartier, et de surtraite pour les
autres). Ce phénomène est dû, dans la plupart des cas, ‫ ق‬une mauvaise position des
griffes sous la mamelle.
L'ensemble de ces lésions est présenté et illustré dans l'encadré 4.

Encadré 4 : tésions des trayons à la dépose des griffes


Troubles circulatoires :
• Couleur rouge - violette ou bleu des trayons

Photo U Coloration bleue du trayon. Ce Photo E l Coloration violette des ‫ ؛‬rayons.


trouble circulatoire, souvent observé chez les C'est une m odificaron de couleur de la peau
primipares, n'a aucune incidence sur la santé non pathologique que l'on observe sur les
des mamelles. (J-F. Labbé) primipares. (J-F. Labbé)
• Congestion et œdème

Photo E l Congestion du trayon : sa détection Photo H Congestion du trayon : c'est une


nécessite sa palpation pour détecter une réaction spécifique des tissus en réponse à des
éventuelle anomalie. (J-F. Labbé) agressions subies pendant la traite. (J-F. Labbé)
IA PRÉVENTION

Micro hémorragies

Photo E l Micro-hémorragies sur les 4 trayons :


l'atteinte des trayons est relativement
Photo E l Micro-hémorragies sur un trayon, fréquente. On observe généralement ces
(photo J.M. Nicol) lésions à l'extrémité de l'organe. (J-F. Labbé)

Le pourcentage cumulé des lésions se traduisant par une modification de la


couleur et une congestion ne doit pas dépassez 10 % des animaux notés.
Le pourcentage de micro-hémorragies ne doit pas dépasser 5 %
Les primipares vêlées depuis moins de 4-6 semaines ne doivent pas être inclues
dans ces calculs.

Anneaux de compression

Photo Q Anneau de compression plus


Photo H Anneau de compression : cette marqué : pour être considérée comme facteur
lésion survient fréquemment sur les vaches de risque, cette lésion doit être associée à des
présentant de l'œdème mammaire, et ceci temps de traite trop longs ou à une mauvaise
sans aucune conséquence. (J-F. Labbé) vidange des mamelles. (J-F. Labbé)

Le pourcentage d'anneaux de compression visibles 1 ‫ ف‬mètre ne doit pas


dépasser ١٥ %. Au-delà de ce seuil, il convient d'observer attentivement le
débit de lait en fin de traite, le temps de traite et l'absence de lait résiduel en
quantité anormale. Si l'une au moins de ces trois observations est anormale, la
présence de ces anneaux est un facteur de risque.
‫؛]ا‬ MAMMITES

Hyperkératose

Photo □ Stade N (normal) : l'extrémité du


trayon ne présente aucun excès de kératine.
(J-F. Labbé)

Photo Œ Stade S (lisse) : l'extrémité du trayon


présente un anneau blanc totalement lisse.
(J-F. Labbé)

lis&a

Photo U l Stade R: l'extrémité du trayon Photo ، U Stade VR (très rugueux) : l'extrémité


présente un anneau blanc avec des irrégularités. du trayon présente un anneau blanc avec de
(J-F. Labbé) larges aspérités. (J-F. Labbé)

Les stades N et s sont normaux.


Le pourcentage total de stade R et VR (visibles lors d'une observation à un
mètre des trayons) ne doit pas dépasser 10-15 %. Le pourcentage de VR ne
doit pas dépasser 5 %.

128
LA PRÉVENTION

Sous-traite d'un quartier

Photo Q Sous-traite des quatre quartiers: la Photo Q On constate la présence de 60 à


présence de lait résiduel de façon homogène 100 ml de lait résiduel dans un seul quartier :
dans les quatre quartiers ne constitue pas un cela constitue un facteur de risque élevé
facteur de risque. La présence d'environ 0,6 à d'apparition de mammites cliniques (risque
1 litre de lait dans la mamelle peut être tolérée. important de reverse-flow pour ce quartier, et
(J-F. Labbé) de surtraite pour les autres). (J-F. Labbé)

Une fois l'observation des trayons réalisée, il faut enfin s'assurer que le produit de post-

Observations à l'issue de la traite

À l'issue de la traite, il reste à contrôler trois points :

L'état d'usure du matériel


Ce contrôle concerne la tuyauterie, les manchons, ainsi que l'absence de défaut sur
le lactoduc (absence de contre-pente, mauvais branchement du tuyau long à lait : un
examen complet doit être réalisé sur l'ensemble des tuyaux de l'installation).

Photo S i Tuyaux abîmés : tout comme les Photo ES Manchon déformé : la déformation
manchons, fes tuyaux doivent être vérifiés et cfe'pencf de nombreux facteurs. C'est le fabricant
changés régulièrement, en tenant compte du qui reste le meilleur conseiller en matière de choix
nombre de vaches traites par poste. (J-F. Labbé) des manchons. (J-F. Labbé)

129
LES MAMMITES

Photo Q Sortie de la salle de traite. (J-F. Labbé)

La sortie de la salle de traite


Très souvent, la sortie de la salle de traite
comporte des zones humides ou des
pédiluves non utilisés mais remplis d'eau
souillée ; ou, encore, cette sortie se fait
directement sur l'aire paillée qui sera Photo Couloir de sortie : il faut veiller à sa
très souillée à l'endroit de cette zone de propreté pour éviter la contamination par des
passage. En sortant de la salle de traite, éclaboussures. (J-F. Labbé)
les animaux dont les trayons ne sont pas
encore refermés peuvent se souiller les mamelles en s'éclaboussant, ce qui favorisera la
colonisation du trayon par des bactéries pathogènes. La propreté du couloir de sortie
est primordiale.
Le nettoyage de la salle de traite : il n'est pas possible de traire proprement des animaux
dans un environnement sale. Le nettoyage soigneux de la salle de traite matin et soir est
donc à bien évaluer au cours de la visite. Lors de l'arrivée de l'auditeur dans la salle de
traite, il est facile d'évaluer ce point avant que les animaux n'y entrent.

Le nettoyage de la machine
Cette phase est essentielle afin d'assurer un bon fonctionnement de la machine à traire,
de livrer un lait de qualité et, enfin, de limiter la contamination des trayons par les
manchons. Tout cela doit se faire en évitant le rejet de produits de nettoyage dans
l'environnement.
Les différentes étapes du nettoyage de la machine à traire sont les suivantes :
• le prélavage : il permet une première élimination des souillures organiques et bacté­
riologiques. Cette étape se réalise avec de l'eau à 30-35 °C. L'eau froide serait moins
efficace pour éliminer les matières organiques, et de l'eau plus chaude favoriserait
l'apparition de dépôts.
٠ le lavage se fait avec de l'eau chaude. Il combine une action mécanique avec les
turbulences et une action chimique avec le détartrant ou le détergent. Ces actions
doivent être appliquées pendant 6 à 10 minutes. L'eau, en début de cycle, doit être
au minimum de 65 °C mais, idéalement, de 70-75 °C. En fin de cycle, la température
minimale ne doit pas être en dessous de 35 °C et, si possible, proche de 40 à 45 °C.
Classiquement, on utilise en alternance le matin et le soir un produit alcalin chloré et
un produit acide. Dans tous les cas, un produit doit être utilisé à chaque lavage. En

130
LA PRÉVENTION

cas de pression microbienne élevée et si l'eau utilisée n'est pas calcaire, il est possible
d'utiliser plus souvent l'alcalin chloré que l'acide. Dans certaines situations, l'acide
ne peut être utilisé qu'une à deux fois par semaine. Le chauffe-eau doit donc avoir
une capacité suffisante pour le lavage de la machine et du tank. Dans les grosses
installations, il est conseillé d'installer un chauffe-eau industriel qui permet d'obtenir
de l'eau à 90 °C.
٠ Le rinçage se fait à l'eau froide. Il permet l'élimination des produits chimiques
utilisés.
Il existe désormais d'autres méthodes de lavage de la machine à traire. Mais, dans tous
les cas, elles doivent associer les trois actions décrites ci-dessus.
À l'issue du lavage, les griffes doivent être retirées des systèmes de lavage afin d'éviter
une déformation prématurée des lèvres des manchons.

Encadré 5 : Le nettoyage de la machine à traire

Les points à vérifier :


• Utiliser de l'eau potable. En cas d'utilisation d'eau de puits ou de forage, il est
indispensable de réaliser au minimum une analyse complète (chimique et bacté­
riologique) par an.
• Utiliser la quantité d'eau notifiée par le constructeur.
• Utiliser les produits à la bonne concentration. Pour cela, il est utile de vérifier
régulièrement les doses employées.
• Toujours réaliser un cycle complet après chaque traite. Un simple rinçage après
la traite ne suffit pas pour nettoyer correctement la machine.
• Utiliser de l'eau à bonne température. Un contrôle occasionnel de la température
en début ou en fin de cycle peut éviter des problèmes.

L'HYGIÈNE DE LA TRAITE

Préparation des mamelles

C'est une étape importante pour la maîtrise


de nouvelles infections dans un élevage.
Comme indiqué précédemment, plusieurs
méthodes existent. La meilleure méthode
utilisable dans un élevage dépend peu
de la situation épidémiologique du trou­
peau mais, avant tout, de l'appropriation
de la méthode par le ou les trayeurs. Elle
dépend surtout de la répétition des gestes
d'une traite à l'autre et d'un trayeur à
l'autre, afin que la méthode choisie soit
toujours bien appliquée. Le tableau I Photo E 0 ‫ ؛‬Système de lavage de la machine à
précise les avantages et inconvénients de traire : il doit être soumis à des contrôles aussi
chaque méthode. stricts que le reste de la machine. ()-F. Labbé)
LES MAMMITES

Tableau 1 : Description et comparaison des différentes méthodes de préparation des


mamelles

Douchette Pré trempage Serviette


Méthode Lavette individuelle
+ essuyage papier + essuyage papier désinfectante

Description - lavette de 30 x - douchette à - gobelet de - dévidoir


du matériel 30 cm débit limité et trempage adapté de serviettes
nécessaire - savon de traite dirigé - papier pour désinfectantes
- désinfectant essuyage
spécifique entre les
traites

Mode d'emploi - laver le trayon - mouiller le - laver les trayons - laver les trayons
avec la première trayon avec l'eau sales avec une sales avec une
additionné de lavette lavette
- essorer la lavette savon mais ne pas - tremper les - essuyer les
- essuyer avec mouiller le pis animaux d'un quai trayons avec
l'autre face - essuyer avec le -laisser agir (1‫ف ق‬ la serviette
- Prévoir une 2e papier 30 secondes selon désinfectante en
lavette pour les produit) massant bien le
vaches sales - essuyer avec un trayon.
papier par vache

Critère de choix - mamelles sales - mamelles sales - mamelles - mamelles


- prédominance - prédominance propres propres
modèle modèle - modèle - modèle
environnemental environnemental contagieux et contagieux
environnemental
selon le produit
utilisé

Avantages - économique - pas d'entretien - pas d'entretien - pas d'entretien


- efficace sur trayon - efficace sur - prévention - temps
trayons sales des mammites application facile à
- bonne stimulation améliorée respecter

Inconvénients - entretien après la - plus long que - nécessite des - nécessite des
traite très difficile lavettes trayons propres trayons propres
si plus de 40-50 - risque de - coût plus élevé - coût plus élevé
lavettes sauf avec mouiller le pis et - risque de - risque de
lave-linge de provoquer des mauvaise mauvaise
- mains du trayeur infections par l'eau stimulation stimulation
toujours humides dégoulinante

Échelle 1 1 + Investissement 1,5 à 2


de coût/an matériel u à 1 '5

Temps par vache - 25-30 s/ vache - 35-37 s/ vache -2 5 -3 0 s/ vache 15 s/vache

Les lavettes
L'utilisation des lavettes est la méthode la moins coûteuse. Elle permet une bonne
préparation des trayons, particulièrement lorsque ceux-ci sont souillés et, surtout, elle
demeure la méthode la plus facile à mettre en œuvre pour assurer une bonne stimula­
tion de la vache avant la traite.

Encadré 6 : Utilisation des lavettes


Cette méthode nécessite :
• L'utilisation d'une lavette par animal.
• L'utilisation d'un savon de traite.
• Un nettoyage méticuleux puis une désinfection des lavettes après chaque traite.

132
LES MAMMITES

Tableau 1 : Description et comparaison des différentes méthodes de préparation des


mamelles

Douchette Pré trempage Serviette


Méthode Lavette individuelle
+ essuyage papier + essuyage papier désinfectante

Description - lavette de 30 x - douchette à - gobelet de - dévidoir


du matériel 30 cm débit limité et trempage adapté de serviettes
nécessaire - savon de traite dirigé - papier pour désinfectantes
- désinfectant essuyage
spécifique entre les
traites

Mode d'emploi - laver le trayon - mouiller le - laver les trayons - laver les trayons
avec la première trayon avec l'eau sales avec une sales avec une
additionné de lavette lavette
- essorer la lavette savon mais ne pas - tremper les - essuyer les
- essuyer avec mouiller le pis animaux d'un quai trayons avec
l'autre face - essuyer avec le -laisser agir (١ ٧ la serviette
- Prévoir une 2e papier 30 secondes selon désinfectante en
lavette pour les produit) massant bien le
vaches sales - essuyer avec un trayon.
papier par vache

Critère de choix - mamelles sales - mamelles sales - mamelles - mamelles


- prédominance - prédominance propres propres
modèle modèle - modèle - modèle
environnemental environnemental contagieux et contagieux
environnemental
selon le produit
utilisé

Avantages - économique - pas d'entretien - pas d'entretien - pas d'entretien


- efficace sur trayon - efficace sur - prévention - temps
trayons sales des mammites application facile à
- bonne stimulation améliorée respecter

Inconvénients - entretien après la - plus long que - nécessite des - nécessite £١as
traite très difficile lavettes trayons propres trayons propres
si plus de 40-50 - risque de - coût plus élevé - coût plus élevé
lavettes sauf avec mouiller le pis et - risque de - risque de
lave-linge de provoquer des mauvaise mauvaise
- mains du trayeur infections par l'eau stimulation stimulation
toujours humides dégoulinante

Échelle 1 1 + Investissement 1,3 ‫ف‬1,5 1,5 à 2


de coût/an matériel

Temps par vache - 25-30 s/ vache - 35-37 s/ vache -2 5 -3 0 s/ vache 15 s/vache

Les lavettes
L'utilisation des lavettes est la méthode la moins coûteuse. Elle permet une bonne
préparation des trayons, particulièrement lorsque ceux-ci sont souillés et, surtout, elle
demeure la méthode la plus facile à mettre en œuvre pour assurer une bonne stimula­
tion de la vache avant la traite.

Encadré 6 : Utilisation des lavettes


Cette méthode nécessite :
• L'utilisation d'une lavette par animal.
• L'utilisation d'un savon de traite.
٠ Un nettoyage méticuleux puis une désinfection des lavettes après chaque traite.

132
LA PRÉVENTION

Approche pratique :
• Examen des premiers jets.
• Nettoyage des 4 trayons selon l'ordre préconisé précédemment avec le premier
côté.
• Essorage de la lavette.
• Essuyage des trayons.
• Éventuellement, essuyage papier.

Les lavettes doivent être mises à tremper juste avant la traite dans un seau d'eau tiède
contenant un savon de traite adapté. Son utilisation est indispensable afin de dissoudre
le sébum présent sur la peau du trayon et, donc, de retirer les bactéries qui y vivent.
Le nettoyage ne doit concerner que les trayons. Afin, d'une part, de limiter le risque
de glissements et, d'autre part, de mieux éliminer les bactéries et, surtout, les spores
butyriques, il est possible de terminer par un essuyage des trayons avec du papier avant
la pose de la griffe.
À l'issue de la traite, les lavettes doivent être méticuleusement nettoyées. Cette phase
demande une très grande attention de la part du trayeur. La désinfection de lavettes
dont le nettoyage n'est pas suffisant ne sera jamais efficace, quel que soit le produit
utilisé.

Photo ^ Lavettes rincées : elles sont soit mises à


laver à la machine, soit placées dans une solution
désinfectante. (J-F. Labbé)

Photo Q ] Seau à lavettes : ces seaux sont remplis Photo Eli Lavettes baignant dans une solution
d'une solution savonneuse. Les lavettes sales désinfectante : entre chaque traite, les lavettes
doivent être placées dans un autre seau contenant doivent toujours être placées dans une solution de
de l'eau propre. (J-F. Labbé) ce type. (J-F. Labbé)
LES MAMMITES

Photo ES Lavettes dans une machine à laver : photo ES Essuyage ،lu trayon avec une lavette :
lorsque le nombre de lavettes à nettoyer dépasse ce lle étape doit être effectuée sérieusement. Sa
30 ou 40, il est pré‫؛‬érable d'utiliser un lave-iinge. non-réalisation augmente la contamination des
(J-F. Eabbé) manchons-trayeurs. ()-F. Eabbé)

À l'issue du nettoyage, les lavettes seront mises à tremper dans une solution désin‫؛‬ec-
tante. Plusieurs produits sont utilisables, l'alcalin chloré de la machine ‫ف‬traire ou mieux,
des produits spécifiques. Il est essentiel que le produit utilisé ait une action désinfec-
tante et pas uniquement décontaminante.
forsque le nombre de lavettes à nettoyer dépasse 30 ou 40, il est préférable d'utiliser un
lave-linge. Après chaque traite, les lavettes sont ainsi lavées ‫ف‬une température minimale
de 65 °c avec de la lessive. Elles sont ensuite essorées modérément à l'issue du rinçage
et peuvent rester dans la machine jusqu'à la traite suivante.

Le pré-trempage
Un produit désinfectant et/ou moussant est appliqué sur le trayon avant la traite. Après
un temps d'application compris entre 15 et 30 secondes selon les produits, les trayons
sont essuyés, en respectent ce temps de contact. En salle de traite rotative ou en tandem,
il est souvent difficile d'appliquer un temps d'action trop long. Un produit agissant en
15 secondes est préférable.
Pour les vaches les plus sales, il est nécessaire de réaliser un premier nettoyage des
trayons avec une lavette (propre et désinfectée) afin d'éliminer une partie des souillures.
Le pré-trempage est difficilement utilisable si la majorité des trayons est trop sale.

£ncadré 7 : Principe du pré-trempage


Cette méthode nécessite :
• Le choix d'un produit adapté au troupeau et à l'épidémiologie des mammites.
٠ Le respect strict du temps d'application.
• Un essuyage soigneux des trayons afin d'obtenir une bonne stimulation.
Approche pratique :
• Examen des premiers jets.
• Application du produit sur l'ensemble du trayon.
• Respect du temps d'application.
• Essuyage avec un papier par vache. Bien masser les trayons pendant cette phase.
‫ ¿ ا‬PRÉVENTION

L'essuyage des trayons se fait générale­


ment avec du papier. Il peut également se
faire avec une lavette sèche, à condition
que ces lavettes soient bien lavées, désin­
fectées et asséchées entre chaque traite.
Le choix du produit utilisé dépend des
objectifs à atteindre :
٠ En cas de modèle contagieux, on privi­
légie un produit ayant une bonne action
désinfectante.
٠ En cas de modèle environnemental,
on choisit un produit ayant une action
détergente plus marquée.
Ce choix n'est pas toujours aisé car les
informations disponibles sur chaque
spécialité restent le plus souvent très
limitées. L'évolution de la réglementa­
tion permettra, dans les mois et années à
venir, d'avoir une meilleure connaissance
de l'efficacité des produits disponibles sur
le marché. L'affichage de la composition
uéidViVét; ■
‫ ؛‬,a¡ Ye 1c/idt/n yerrkJfc w re dc/rmée ‫؟‬‫?ا‬‫اآ‬/)‫ه لآ‬ k p jjira tc n m ‫ه‬،‫■ ا‬prb-'crmrpitgb ‫آآ‬
‫¿'ل‬ta rie
‫ل‬

minimale à exiger avant de choisir un doit impérativement être de 30 seeondes, ee ٩ ٧ ‫؛‬


produit. peut obliger ‫ف‬revoir la préparation de la traite ,

Photo ^ 9 Essuyage des trayons ‫ ؛‬il est incontournable et augmente la décharge ocytocique .
LES MAMMITES

D ouchette
Les trayons sont mouillés avec une douchette puis essuyés soit avec du papier, soit avec
une lavette sèche.

Encadré 8 : Principe de la douchette


Cette méthode nécessite :
٠ De ne mouiller que les trayons et non la mamelle.
٠ De pulvériser un mélange d'eau et de savon. L'emploi d'eau seule ne permet pas
une décontamination suffisante des trayons.
• De bien essuyer les trayons afin d'obtenir une bonne stimulation.
Approche pratique :
• Examen des premiers jets.
• Passage de douchette sous les 4 trayons.
• Essuyage des trayons.

La grosse difficulté de cette méthode réside dans la bonne utilisation de la douchette. En


effet, le risque de mouiller toute la mamelle est élevé. Cet excédent d'eau aura tendance
à s'écouler sur les trayons pendant la traite, entraînant un risque de glissement mais,
surtout, un risque de contamination des trayons. L'efficacité de la méthode dépend de
la dextérité du trayeur et des différences pouvant exister d'un trayeur à l'autre.
Lorsque l'essuyage est réalisé avec une lavette sèche, elle doit être lavée et désinfectée
entre chaque traite.

Serviette désinfectante
Les trayons sont essuyés avec une serviette imbibée d'un produit désinfectant.

Encadré 9 : utilisation de la serviette désinfectante


Cette méthode nécessite :
• Des trayons propres en entrant en salle de traite.
• Une application soignée sur chaque trayon pour obtenir une bonne stimulation.
٠ La conservation des serviettes dans un endroit propre et sec.
Approche pratique :
٠ Examen des premiers jets.
٠ Essuyage des trayons avec une lingette.

L'action bactéricide de la solution désinfec­


tante utilisée n'est pas toujours immédiate. Il
est donc parfois nécessaire de laisser agir le
produit pendant 15 à 20 secondes avant la
pose des griffes. Ce temps d'action doit être
indiqué dans la notice du produit. La pose
des griffes peut donc parfois être retardée
afin de laisser le produit agir correctement.

Photo ^ Dévidoir de serviettes désinfectantes : les


serviettes doivent rester humides dans le dévidoir.
(J-F. Labbé)
LA PRÉVENTION

Encadré 10 : Est-il possible de simplifier la préparation des mamelles ?

Afin de gagner du temps mais aussi de diminuer les coûts, nombreux sont les
éleveurs tentés par un allégement, voire une suppression pure et simple de la prépa­
ration des mamelles avant la traite. Cette pratique est souvent saisonnière ou, parfois,
permanente.
Un arrêt complet de toute préparation entraîne à moyen terme (quelques semaines)
une dégradation des taux cellulaires et une augmentation de la durée de la traite (de
l'ordre de 30 à 40 secondes par animal).
Une préparation se limitant à un bon essuyage des trayons avant la traite avec un
papier sec et l'extraction des premiers jets est possible lorsque les trayons sont
bien propres et sur une période limitée à quelques semaines (période estivale par
exemple). Sur une courte durée, la dégradation des taux cellulaires semble limitée.

Le post-trempage

Le premier objectif du post-trempage est de désinfecter le trayon contaminé par le


manchon trayeur lors de la traite. Son application doit donc être réalisée sur l'ensemble
de la surface du trayon qui a été en contact avec le manchon, et non pas uniquement
l'extrémité. Le premier critère de choix d'un produit de post-trempage est donc son effi­
cacité désinfectante mais aussi sa facilité à être appliqué sur l'ensemble du trayon. Ces
deux notions sont trop souvent oubliées au profit d'autres propriétés moins essentielles.
Il convient donc de s'assurer que la molécule désinfectante contenue dans le produit
ait une efficacité reconnue. Tout comme pour les produits de pré-trempage, la mention
des molécules et de leurs concentrations sur l'étiquette du produit semble un pré-requis
indispensable.

Encadré 11 : Points importants pour réaliser un bon trempage des trayons

٠ Utiliser de préférence un gobelet trempeur plutôt qu'un pulvérisateur. Le gobelet


trempeur doit être équipé d'un système anti-retour.
• Vider et nettoyer la partie en contact avec les trayons après chaque traite.
٠ Bien tremper la totalité du trayon.

Photo Trempage incorrect : une partie des


Photo ES Trempage correct : tout le trayon est
trayons n'est pas recouverte de solution de post­
recouvert de produit. ()-F. Labbé)
trempage. (|-F. Labbé)
LES MAMMITES

Le post-trempage peut également avoir des actions supplémentaires :


٠ Action cosmétique (amélioration de l'état de la peau du trayon afin d'éviter l'assè­
chement de la peau) : cet effet est obtenu par l'ajout de molécules spécifiques (émol-
lients, adoucissants, hydratants). Ces critères sont à prendre en compte en fonction
de l'état des trayons et, tout particulièrement, en présence de gerçures sur les trayons.
• Effet barrière : création d'un film qui enveloppe la peau du trayon. Ce film doit être
perméable aux petites molécules nutritives, à l'eau et à l'air, mais imperméable aux
bactéries. Ce film doit rester souple après séchage afin de conserver ses propriétés.
Un tel produit doit être utilisé lorsque les conditions de logement ne sont pas bonnes.
Cet effet barrière ne doit pas être confondu avec l'effet filmogène de certains produits.
Dans ce cas, il y a également création d'un film sur le trayon mais ce film ne possède
pas les qualités décrites ci-dessus. En revanche, cet effet filmogène permet en général
d'augmenter la durée d'action des molécules contenues dans le produit, ce qui
contribue à limiter la contamination des trayons entre les traites.

Certains produits contiennent également un répulsif à mouches dont l'intérêt est réel,
en été essentiellement.
Il est important de stocker ces produits dans un endroit propre et sec, de bien refermer
les bidons après utilisation et de les protéger du gel. En hiver, il est parfois nécessaire de
réchauffer un peu le produit avant utilisation.

LA MACHINE À TRAIRE

Rôle de la machine à traire dans la contamination des trayons

La machine à traire peut intervenir de trois façons différentes dans la contamination des
trayons :
• rôle vecteur : transmission de germes de mamelle à mamelle ;
٠ rôle favorisant : action sur les défenses de la mamelle et l'écoulement du lait ;
• rôle contaminant : transmission de germes de trayon à trayon.
Pour chacun de ces rôles, la pression microbienne autour du trayon augmente le risque
de contamination. Cette pression microbienne dépend de la propreté du bâtiment,
donc, de celle des trayons avant la traite, de l'hygiène de la traite et, enfin, de la gestion
des animaux infectés. La pression microbienne varie au cours du temps, ce qui peut
expliquer les flambées de mammites cliniques trop souvent attribuées au seul bâtiment,
(cf. figure 2)

Rôle vecteur
La contamination du trayon se fait par l'intermédiaire du manchon trayeur qui a été
lui-même contaminé lors de la traite d'une vache infectée (mammite clinique ou subcli­
nique) ou pendant la traite d'une vache ayant des bactéries à la surface des trayons
(mauvaise hygiène de la traite ou peau du trayon abîmée). Un manchon ainsi contaminé
peut contribuer à l'infection de 2 à 4 vaches traites successivement sur le même poste.
Ce rôle vecteur sera d'autant plus important que la pression microbienne sera élevée,
soit par la présence de nombreuses vaches infectées dans le troupeau, soit par une forte
contamination des trayons.

138
LA PRÉVENTION

Afin de réduire l'importance de ce phénomène, il existe trois solutions :


• Utiliser une griffe spécifique pour la traite des animaux infectés. Cette griffe doit être
du même modèle que les autres. Dans le cas contraire, la traite à l'aide de cette griffe
risque de ne pas être satisfaisante puisque le réglage de la machine ne sera pas adapté
à ladite griffe.
• Désinfecter les manchons trayeurs après la traite d'une vache infectée. Il existe
aujourd'hui plusieurs produits utilisables sur le marché. Dans la majorité des cas,
il faut faire tremper la griffe dans la solution pendant une minute. Certains de ces
produits peuvent également être pulvérisés dans le manchon trayeur juste après la
dépose de la griffe. Cette méthode est souvent plus facile à mettre en œuvre dans la
salle de traite. Un rinçage de la griffe à l'eau claire sera effectué avant sa pose sur un
nouvel animal. La désinfection de la griffe permet seulement de limiter le rôle vecteur
de la machine mais non de le supprimer. L'application de cette mesure ne doit pas
désorganiser la traite ni augmenter sa durée. La solution utilisée doit être propre,
même à la fin de la traite. Dans le cas contraire, son efficacité sera moindre.
٠ Trier les animaux afin de traire en dernier les animaux infectés. Ce tri peut se faire
dans le parc d'attente mais il convient dans ce cas de ne pas stresser les animaux lors
de leur séparation (animaux triés mais également les autres). Il est également possible
de créer un lot d'animaux infectés et de les traire à la fin. Cette méthode, lorsqu'elle
est possible (stabulation en logette par exemple), est assurément la plus efficace pour
limiter la contamination entre les animaux.

Mauvaise utilisation du matériel


de traite/mauvaise utilisation
des manchons

Glissement des manchons


٠
Rôle vecteur = Rôle contam inant =
transmission de vache à vache transmission de trayon à trayon

Q uartier Q uartier
infecté 1 colonisé

î
Rôle favorisant =
perte de l'intégralité
des défenses du trayon AUG M ENTATION DE LA PRESSION
agression des défenses MICROBIENNE :
de la mamelle à partir d'un quartier contam iné (= vaches
durablem ent infectées, mammites cliniques
t
Mauvais réglage Surtraite
non identifiées ou non traitées),
à partir d'une lésion sur le trayon ou
de la machine Egouttage sur la main du trayeur,
à partir d'une lavette sale.

Figure 2 : Rôle de la machine à traire dans la contamination des mamelles et des quartiers
LES MAMMITES

Le nettoyage de la griffe avec de l'eau froide


‫ ال ه‬de l'eau à température du chauffe-eau
permet de diminuer le nombre de bacté-
ries p ré s e n te s dans le manchon mais non
>‫>؛ اء اا جاا؛ت؛ال ءا‬ufn‫>؛‬di Hm،‫؛‬i u le manchon.
Un passage avec une très forte pression
d'eau (matériel spé cifiée ) peut permettre
une diminution du nombre de bactéries
de l'ordre de 80 90 ‫ ؤ‬%. En revanche, le
simple passage d'un jet d'eau froide ou
chaude dans les manchons ne permet pas
une diminution significative du nombre de
bactéries présentes. Seul un passage d'eau Photo ^ Griffe trempant dans la solution
à 85 ° c pendant 5 secondes a une réelle désinfectante : cette solution, plus facile à mettre
efficacité. Hormis avec les chauffe-eau en place dans une salle de traite, permet de
industriels, ces températures ne peuvent diminuer la pression d'infection au niveau des
manchons, sans toutefois éliminer totalement les
être disponibles dans une salle de traite
germes. (J-F. Labbé)
conventionnelle.
La persistance des bactéries à la surface des manchons sera d'autant plus importante
que le caoutchouc sera abîmé et poreux. C'est, entre autres, pour cette raison qu'il est
essentiel de bien respecter la durée de vie des manchons.

Encadré 12 : La durée de vie des manchons

Elle est de 2 500 traites et d'un an au maximum. Pour les manchons en silicone, il
faut doubler ces chiffres.
Concrètement, au bout de combien de temps faut-il changer les manchons ?
Le calcul se fait selon l'équation suivante :
□urée de vie en jours = (2 500 X nombre de postes) / (nombre vaches traites X
nombre de traites par jour)
Quelques exemples :
8 postes - Traite deux fois par jour de 50 vaches : 200 jours
٦٠ postes - Traite deux fois par jour de 80 vaches : 156 jours
Dans de nombreux cas, les manchons doivent être changés tous les 8 ‫ف ة‬mois.

Ce rôle vecteur est aussi maîtrisé entre les traites grâce ‫ ف‬un nettoyage efficace de la
machine ‫ ق‬traire.

Rôle favorisant
La machine à traire, de par ses réglages et son utilisation par le trayeur, peut entraîner
l'apparition de lésions du trayon. Ces lésions sont celles qui ont été observées lors de la
visite de traite à la dépose des griffes (troubles circulatoires, anneaux de compression,
hyperkératose, traite insuffisante).
Ces lésions auront trois conséquences :
• une baisse des défenses physiques et chimiques du trayon ;
• une baisse des défenses immunitaires du trayon liée à la douleur ;
٠ un mauvais éco^em ent du lait.

140
LA PRÉVENTION

La douleur qui est observée en cas de présence de congestion ou de micro-hémorragies


entraînera d'une part, une mauvaise libération du lait par la vache donc un risque accru
de contamination et, d'autre part, une réponse neuro-hormonale qui inhibe la réponse
immunitaire.
En cas de lésions de congestion ou de micro-hémorragies, la peau du trayon est égale­
ment fragilisée, ce qui favorise l'apparition de plaies puis la colonisation de ces plaies
par des bactéries pathogènes.
Les lésions d'hyperkératose auront deux conséquences :
• la disparition du réseau lamellaire constitué par la kératine qui limite en temps normal
la progression des bactéries dans le canal du trayon ;
• la disparition de l'activité bactéricide (destruction des bactéries) et bactériostatique
(limitation de la multiplication des bactéries) de la kératine ;
Cela induit un accroissement anormal de la population bactérienne dans le canal du
trayon.
Plusieurs expériences montrent qu'un arrachage trop important de la kératine lors de
la traite constitue un facteur de risque important d'apparition de nouvelles infections.
Dans ce cas, tous les types de bactéries (des modèles environnementaux ou contagieux)
sont susceptibles de contaminer la mamelle.
Les anneaux de compression entraînent un mauvais écoulement du lait essentiellement
en fin de traite. Ce mauvais écoulement engendre deux problèmes :

• un allongement de la durée de la traite favorisant l'apparition de lésions de type


hyperkératose ou congestion ;
• un risque accru de reverse-flow.

Œdème de la paroi
du trayon

Pièce
d'embouchure

Trayon

Sinus du trayon

' Manchon

Allongement du trayon sous l'effet du vide


et phénomène de « grimpage »______

1 friction entre le manchon et le trayon


2 allongement du trayon
3 œdème au niveau du bas du trayon
4 anneau de compression____________

Fig ure 3 : G e n è se des a n n e a u x de c o m p re ssio n


LES MAMMITES

Rôle contam inant


De par son fonctionnement, la machine peut engendrer une pénétration des bactéries
dans les trayons. Trois processus différents existent :
• Le glissement du manchon trayeur : ce problème va occasionner une entrée d'air
au niveau de ce manchon. L'entrée d'air va créer un brouillard constitué de lait et
d'air qui pourra entraîner les bactéries présentes dans les manchons et les tuyaux
courts à lait vers les autres trayons (cf. figure 4 : Conséquences du glissement d'un
manchon).

• Les variations cycliques et acycliques du vide : ce problème est lié au mouvement


d'ouverture et de fermeture du manchon. Les variations dépendent essentiellement de
l'écoulement du lait dans le tuyau court à lait et dans la griffe, donc de la conception
du matériel (diamètre et volume insuffisants). Les variations acycliques sont dues aux
entrées d'air dans l'installation lors de la traite (pose des faisceaux trayeurs, branche­
ment des pots trayeurs...). Ces variations sont atténuées par une bonne maîtrise des
entrées d'air par le trayeur. Des essais ont montré qu'en cas de pression microbienne
importante et lorsque les variations cycliques et acycliques sont élevées, le risque de
contamination des trayons est multiplié par 8. Les mesures réalisées lors d'un contrôle
dynamique de traite permettront d'évaluer ce risque.
L'utilisation d'un séparateur de traite pour la traite des quartiers atteints de mammite
clinique entraîne de très grosses variations cycliques du vide sous le trayon, favori­
sant une nouvelle contamination de ce quartier. Le séparateur de traite ne peut donc
être utilisé que pour les trayons infectés et incurables en attendant la réforme de
l'animal.
LA PRÉVENTION

Photo Q ] Séparateur de traite : l'utilisation d'un séparateur de traite pour la traite des quartiers atteints
de mammite clinique entraîne de très grosses variations cycliques du vide sous le trayon, favorisant une
nouvelle contamination du quartier. (J-F. Labbé)
LES MAMMITES

• Le gradient de pression inversé {ou reverse-flow) (cf. figure 5) : ce processus entraîne


une aspiration du lait contenu dans le tuyau court à lait juste sous le trayon. En fin
de traite, lors de survenue d'anneaux de compression ou de remontée excessive du
manchon sur le trayon, la dépression à l'intérieur du trayon est supérieure à celle
exercée par la griffe sous le trayon. Lors de l'ouverture du manchon, ce problème
entraîne un phénomène d'aspiration du lait présent dans les tuyaux par le trayon. Si
ce lait est contaminé, cela aboutira à la contamination du quartier. Ce phénomène
est d'autant plus important que les phases intermédiaires de la pulsation (phases a et
c) sont courtes.
Le problème de gradient inversé n'est que très rarement observable lors d'une visite de
traite. Parfois les trayons seront un peu mouillés à la dépose de la griffe mais, le plus
souvent, cela ne se verra pas.
Ce phénomène intervient essentiellement dans les situations suivantes :
- présence d'anneaux de compression entraînant un allongement de la traite ;
- mauvaise position des griffes associée ou non à la sous-traite d'un quartier ;
- griffe mal dimensionnée ;
- diamètre trop étroit des tuyaux courts et longs du lait.

Mesures correctives lors d'un dysfonctionnement de la machine à traire


Dans cette partie sont listées les mesures correctives possibles en fonction des obser­
vations réalisées. C'est la synthèse des différentes observations réalisées qui permettra
à l'intervenant de préconiser la ou les mesures adaptées à cet élevage. Le réglage d'une
machine à traire est un compromis entre le matériel, le manchon, la taille et la forme
des trayons des vaches d'un troupeau. Lorsque les trayons sont assez homogènes, ce
compromis se trouve en général assez facilement. En revanche, lorsque les trayons sont
hétérogènes au sein d'un troupeau (présence de deux races par exemple), ce compromis
est souvent plus difficile à obtenir.

Remèdes aux différents problèmes observés

Glissements
• Augmenter le niveau de vide.
• Revoir la position des griffes.
• Changer le modèle de manchon (diamètre de la lèvre, largeur du corps, forme et
longueur du manchon).
• Mettre un système de blocage du tuyau long à lait sur le quai de traite.
• Améliorer l'écoulement du lait dans le lactoduc (pente et diamètre).
• Raccourcir le tuyau long à lait s'il tombe trop dans la fosse de traite.

Troubles circulatoires
٠ Baisser le niveau de vide.
• Changer les manchons s'ils sont usés.
• Changer le modèle de manchon (souplesse, forme et diamètre du corps).
• Supprimer l'éventuelle surtraite.
LA PRÉVENTION

• Revoir la pulsation : massage trop court.

Anneaux de compression
٠ Baisser le niveau de vide.
٠ Revoir la préparation des mamelles.
• Supprimer l'éventuelle surtraite.
• Changer le modèle de manchon (diamètre ou dureté de la lèvre, manchon trop
large).
• Revoir la position de la griffe.

Encadré 14 : Le manchon trayeur

Le manchon trayeur se caractérise par plusieurs éléments : sa forme, sa dureté, le


diamètre de son embouchure, le diamètre de son corps et le diamètre de sa sortie.
Le choix du manchon trayeur dépend en premier lieu du modèle de gobelet et de la
griffe. À l'heure actuelle, le nombre de manchons possible par référence de gobelet
est le plus souvent très limité.
Le second critère de choix sera lié au diamètre de l'embouchure du trayon. Ce
diamètre dépend avant tout du type racial présent dans l'élevage. Le dernier critère
sera l'adaptation de la forme et du diamètre intérieur aux trayons. L'expérience
du concessionnaire lui permet le plus souvent de préconiser le modèle adapté à
l'élevage.
Il est essentiel, lorsque l'on change le modèle de manchon, de bien s'assurer que le
réglage de la machine à traire ne soit pas modifié.

Sous-traite d'un quartier


• Revoir la position de la griffe.

Hyperkératose
• Baisser le niveau de vide.
• Revoir la préparation des mamelles.
• Supprimer l'éventuelle surtraite.
• Changer de modèle de manchon (dureté).

Examens complémentaire de l'évaluation du fonctionnement


de la machine à traire

La méthode « o p ti-tra ite »


La méthode officielle de contrôle de la machine à traire est « l'opti-traite » qui doit être
réalisée tous les ans sur toutes les installations. En complément de ce contrôle, il est
aussi possible de réaliser un contrôle spécifique du système de dépose automatique. La
méthode utilisée est également validée par le COFIT (Comité Français Interprofessionnel
pour les techniques de production du lait). Ces contrôles ne peuvent être réalisés que
par des techniciens formés et agréés.
LES MAMMITES

Les nouvelles méthodes


En parallèle avec ces contrôles, se développent, depuis quelques années, de nouvelles
prestations avec la réalisation de mesures pendant la traite. Ces prestations ne doivent
jamais être proposées sans une « assistance traite » complète. La seule lecture des
mesures sans examen de la traite aboutit régulièrement à des conclusions erronées.
L'analyse des résultats de ces mesures repose essentiellement sur l'expérience acquise
par chaque intervenant. Les conclusions ne peuvent en aucun cas remplacer ou être
opposables au contrôle officiel. Ces prestations peuvent permettre de résoudre certains
problèmes dans un élevage pour lequel les mesures habituelles et adaptées n'ont pas
permis d'améliorer la situation ou lorsque l'assistance traite a mis en avant des facteurs
de risques liés à la machine ou au trayeur et qui n'ont pas pu être objectivés.
• Contrôle avec un Lactocorder (cf. annexe 1) : cet appareil, qui sert avant tout à réaliser
la mesure de la production laitière, donne en outre des renseignements sur la ciné­
tique d'émission du lait par l'animal. L'utilisation de cet appareil est donc très intéres­
sante en cas de doute sur la stimulation des vaches lors de la préparation, ainsi qu'en
cas de fin de traite longue. Les mesures permettent également de définir le niveau
du seuil de décrochage, ainsi que l'homogénéité de ce seuil d'un poste à l'autre. Cet
appareil a également l'intérêt d'évaluer le lavage de la machine à traire (température
de l'eau, turbulence...).
• Contrôle dynamique (cf. annexe 2) : ce contrôle consiste à mesurer le niveau de vide
à différents endroits de l'installation pendant la traite. Ces mesures permettent d'éva­
luer certains dysfonctionnements de la machine à traire lorsqu'elle fonctionne en
présence de lait dans les canalisations. L'interprétation des résultats doit toujours se
faire en additionnant les observations réalisées pendant la traite. Par exemple, la mise
en évidence d'un niveau de vide élevé sous le trayon en l'absence de lésions des
trayons ne doit pas systématiquement aboutir à proposer une baisse du niveau de
vide. De même, un niveau de vide sous le trayon bas en l'absence de glissements et
lorsque les temps de traite sont normaux ne doit pas inciter l'opérateur à préconiser
une augmentation du vide de traite.
Actuellement, ce contrôle est réalisé avec un Pulsatortester PT IV ou PT V. Des études
menées récemment tant en France qu'en Europe ont montré que cet appareil manque
de sensibilité pour réaliser des mesures satisfaisantes. En 2010, devrait être mis sur le
marché français un système de mesure plus précis accompagné d'une méthodologie
validée par le COFIT.
LA PRÉVENTION

ANNEXE 1 : LE « LACTOCORDER »

Dès la pose de la griffe on observe une


montée rapide et régulière du débit de lait.
La phase de traite puis la diminution du débit
de lait sont régulières. La fin de traite est Photo Q Le Lactocorder permet de
rapide. mesurer la production laitière et donne, en
outre, des renseignements sur la cinétique
Figure 1 : Mesure du débit de lait avec Lactocorder de l'émission du lait par l'animal. (J-F. Labbé)

La libération du lait est biphasique.


Dans un premier temps, le lait contenu
dans la citerne est libéré ; dans un
second, le lait des acini est libéré. Cela
engendre une augmentation du temps
de traite d'environ 30 secondes.
Ce type de courbe s'observe en cas de
mauvaise stimulation de la vache.

Figure 2 : Mesure du débit de lait avec Lactocorder

Le temps de libération du lait à la pose


de la griffe est augmenté. Le débit
maximal est bas. La fin de traite est
très longue. On observera ce type de
courbe en cas de mauvaise stimula­
tion de la vache.

Fig u re 3 : M e su re du d é b it de la it a v e c un L a c to c o rd e r
LES MAMMITES

ANNEXE 2 : LE CONTRÔLE DYNAMIQUE

Plusieurs mesures sont à réaliser lors d'un contrôle dynamique de l'installation de traite.
Les valeurs de ces mesures sont enregistrées par l'appareil. Toutes les mesures doivent
être réalisées au pic d'éjection du lait c'est-à-dire 1 à 2 minutes après la pose des griffes.
Les mesures se font normalement sur les trayons arrière.
L'interprétation des valeurs enregistrées se fait par lecture d'une grille comme celle
présentée ci-dessous. Ce n'est pas la valeur moyenne des données qui est intéressante
mais la répartition des valeurs sur un nuage de points. Les valeurs extrêmes ne sont pas
prises en compte.

Mesures sous le trayon

Ces mesures, réalisées sur 20 à 30 % des animaux en fonction de la taille du troupeau,


sont faites en piquant l'aiguille de l'appareil dans le tuyau court à lait, juste sous le
gobelet trayeur. Cette mesure permet d'obtenir deux données :
• Le niveau de vide sous le trayon : la valeur conseillée est comprise entre 34 et 38 kPa.
• Les variations de vide sous le trayon : elles doivent être inférieures à 10 l<Pa en ligne
basse, □es variations comprises entre 4 et 8 kPa sont néanmoins préférables. Pour les
lignes hautes, ces variations doivent être inférieures 15 ‫ف‬l<Pa.
Lorsque ces variations sont trop élevées, il convient, lors du contrôle, de déterminer la
cause de ces variations, □es mesures simultanées du niveau de vide en plusieurs points
aideront à déterminer l'origine de ces variations.

Photo E J PuIsatortester PT IV : cet appareil


manque encore de sensibilité pour réaliser des
mesures satisfaisantes mais un nouveau système Photo El Mesure du vide sous le trayon : on
de mesure plus précis doit être mis en 2010 sur le remarque la sonde implantée dans le tuyau court
marché. (J-F. Labbé) à lait sous le trayon. (j-F. Labbé)
LA PRÉVENTION

Photo Mesure du vide sur le tuyau long à lait : cette mesure doit être systématique. (j-F. Labbé)

٠ ELEVEUR . c _ ...:I D — ‫؛‬c— G H I J K


‫؛‬Date
3 — I
4 Niveau de Vide sous le Trayon
I 321 33I 34l 351 39| ~40
XX XX X X
XX X

Variations de vide sous le trayon


2l 3l 4l 10l>10
5|* 6'«
XX XXX
XXX

Rapport traite m assage M esure de vide dans la lèvre du m anchon


___ ‫؛‬ ‫؛‬
i ■o 20l>20 I
I 3 I XX XX X XX
27 Vide de traite

291 Ul S Ul.5| I I

Fig ure 4 : E xe m p le de g rille de le c tu re des d o n n é es


LES MAMMITES

Le niveau de vide moyen sous le trayon dépend essentiellement du vide de traite. Si


le niveau mesuré n'est pas satisfaisant et si les observations réalisées pendant la traite
confirment ces résultats, une modification du niveau de vide sera préconisée. Dans le
cas ou les variations de vide sont trop élevées, l'objectif est alors d'améliorer l'écoule­
ment du lait entre le trayon et le lactoduc. C'est alors l'analyse des mesures réalisées
en différents points de l'installation et les observations réalisées durant la traite qui
permettent de proposer les mesures correctives appropriées.

Exendis Report Generator 3.1


Report Import Toots Vtevv Help

COURS!
WORKVAC.
AVG.VAC. AVG.VAC. : Vide moyen mesuré
ÍAX.VAC.
KM.VAC.
VAC.+

vac ! drop Somme VAC + VAC - : Variation de


vide mesurées.

‫ء‬ 20
‫ا‬ : Mesure sous le trayon
2 : Mesure sortie de la griffe
3 : Mesure avant compteur
4 : Mesure au niveau de lactoduc

1— ٢ I I
ForHdp, prêtsFI r i
I. .1 1 i

Figure 5 : Mesure du vide en différents points de l'installation

Mesures dans l'embouchure


de la lèvre

Ces mesures, réalisées en piquant l'aiguille


dans la collerette du manchon, ne sont
pratiquées que si des anneaux de compres-
sion sont observés lors de la traite. En
l'absence d'anneaux de compression ces
mesures ne sont pas utiles. Le niveau de
vide mesuré doit être inférieur à 20 kPa.
Ces mesures doivent être réalisées sur
15-20 % des animaux.
Les corrections proposées en cas de Photo El Mesure du vide dans la lèvre du
niveau de vide trop élevé sont les mêmes manchon : à cet endroit, la mesure n'est nécessaire
que celles préconisées pour les anneaux que si des anneaux de compression sont présents.
de compression. (J-F. Labbé)
LA PRÉVENTION

Mesure du niveau de vide

Lors de la traite, le niveau de vide peut être eontrôlé 2 à 3 ‫؛‬ois. Cela permet de s'assurer
que ee niveau est bien eonstant tout au long de la traite. Une mauvaise stabilité du vide
durant la traite est due ‫ ف‬un dysfonctionnement du régulateur. Un contrôle du vide
dans le lactoduc lors de la pose des gri‫؛‬fes, surtout lorsque cette pose s'accompagne
d'entrées d'air importantes, permet de s'assurer que le niveau de vide dans le lactoduc
reste stable et qu'il ne varie pas durablement de plus de 2 kPa. Si les variations sont plus
élevées, il convient de revoir la technique de pose de l'éleveur. Si cette technique est
sat‫؛‬s‫؛‬aisante, il faut alors faire contrôler la sensibilité de la régulation.

Rapport traite massage

Ce rapport est obtenu en mesurant simultanément le vide sous le trayon et dans le tuyau
court ‫ف‬pulsation. L'appareil calcule alors automatiquement le temps d'ouverture et de
fermeture du manchon Ce rapport doit être compris entre 55 et 65 %. Si le rapport
mesuré n'est pas bon, il faudra, dans la majorité des cas, proposer une modification du
réglage de la pulsation.

SENSOR VACUUM PRESSURE COLL.OFFSET MILK PHASE REST PHASE PULSE

EXT. ‫ ل‬CAPTEUR 3 9 .0 0 .7 1 0 -0 527 500 1027

SENSOR TYPE WORKVAC. PR ESS. AVG.VAC. MAX.VAC. MIN.VAC. VAC.+ VAC.- VAC.DROP
I N T .1 CAPTEUR TYPE MESURE :R A P 3 9 .0 0 .0 3 5 .5 3 7 .9 3 3 .2 2 .4 2 .3 3 .5

Figure 6 : Rapport phase de succion/phase de massage durant une pulsation


Il est compris entre 55 % et 65 ٠/©

CONCLUSION
La prévention des nouvelles infections mammaires se déroule en très grande partie
durant la traite. Un bon fonctionnement de la machine ‫ف‬traire, une bonne hygiène et
une bonne maîtrise technique du trayeur permettent de limiter ce risque (cf. encadré 15).
En cas de problème de qualité du lait dans un élevage, un audit de traite doit être systé-
matiquement réalisé. Cet audit doit être complet et effectué par un intervenant capable
d'évaluer l'ensemble des observations décrites dans ce chapitre. A l'issue de ces obser-
vations, des mesures spécifiques et adaptées devront être proposées.
LES MAMMITES

Encadré 15 : Comment réussir une bonne traite ?

Le trayeur
- ١١ doit se laver les mains soigneusement avant la traite et revêtir une tenue propre
réservée ‫ف‬la traite. Le port de gants (latex, vinyle ou autre) peut être préconisé.
- Il doit être calme et limiter autant que possible l'utilisation du bâton, des entraves
flancs et du chien électrique. Il ne doit pas effectuer d'autres opérations durant la
traite.
- Son organisation doit permettre de bien préparer les vaches, de faire un examen
systématique des premiers jets, de poser les griffes en limitant autant que possible
les entrées d'air et de déposer les griffes au bon moment, tout en surveillant les inci-
dents survenant pendant la traite (chute faisceaux trayeurs, souillures des griffes ou
des quais...) et, enfin, de réaliser un post-trempage sur tous les animaux.
- Lorsque plusieurs trayeurs réalisent la traite, leur organisation doit être identique,

la machine à traire
- Un contrôle O pti Traite doit être réalisé tous les ans.
- Les manchons doivent être changés toutes les 2 500 traites.
- L'état de la tuyauterie doit être contrôlé régulièrement.
- Les filtres du régulateur et du système de pulsation sont ‫ف‬nettoyer tous les mois,
te niveau de vide doit être contrôlé au moins une fois par semaine sur le mano-
mètre. L'état des courroies de la pompe ainsi que le niveau d'huile sont contrôlés
régulièrement.
- 5on lavage complet doit être réalisé après chaque traite.
- Un système adapté permet de couper le vide lors du branchement d'un bidon de
traite (pince sur les tuyaux).

I PS an im aux
- Les mamelles et les trayons doivent être aussi propres que possible en entrant dans
la salle de traite.
- La conformation des mamelles doit être le plus homogène possible, avec un
minimum de trayons en dessous des jarrets.

Le petit matériel (gobelets de trempage - bol à fond noir - seaux...)


II doit être propre et bien nettoyé après chaque traite.

Photo U Chariot de traite : sa présence participe


à la bonne organisation. Il permet de bien préparer
les vaches, de respecter le temps de préparation et
de faire un examen systématique des premiers jets.
(J.M. Nicol)
LA PRÉVENTION

Photo El Pompe de machine à traire : l'état des


courroies de la pompe ainsi que le niveau d'huile
sont contrôlés régulièrement. (J.F. Labbé)

Photo El Le régulateur : les filtres du régulateur Photo Q Mamelles sales : les mamelles et les
et du système de pulsation sont à nettoyer tous trayons doivent être aussi propres que possible
les mois. (J.M. Nicol) en rentrant dans la salle de traite. (J.F. Labbé)
LE BATIMENT
LORS D'UN PROBLEME
DE MAMMITE -
IDENTIFICATION
DES FACTEURS DE RISQUE
ET PREVENTION

IMPLICATION DU BÂTIMENT DANS LES INFECTIONS MAMMAIRES

En pratique, il existe deux principaux moyens de déterminer si le bâtiment peut être


responsable de la pathologie mammaire et, en particulier, des mammites en élevage :
• en s'appuyant sur l'épidémiologie des affections ;
• en identifiant les germes responsables à l'aide de la bactériologie.
Des lésions ou troubles liés aux mammites peuvent aussi être imputés au bâtiment.

Épidémiologie

Le profil cellulaire des vaches et les caractéristiques des mammites peuvent orienter le
diagnostic. En effet, si les paramètres suivants sont rassemblés :
• un comptage cellulaire de tank élevé ;
• une clinique peu sévère et récidivante associée à un faible pourcentage de cas clini­
ques par rapport au nombre de vaches laitières infectées ;
• une numération cellulaire des vaches avant mammite supérieure à 300 000 c/ml ;
• un pourcentage de numérations cellulaires individuelles élevé, supérieur à
800 000 c/ml ;
nous pourrons évoquer un modèle de mammite de traite.
À l'inverse :
• un comptage cellulaire de tank inférieur à 200 000 c/ml ;
• un fort pourcentage de cas cliniques associé à des formes sévères ;
٠ des comptages cellulaires individuels sur des vaches avant mammite inférieurs à
300 000 c/ml ;
٠ un faible pourcentage de numérations cellulaires individuelles supérieures à
800 000 c/ml ;
LA PRÉVENTION

conduiront à s'orienter vers un problème de mammites à réservoir environnemental. Si


tel est le cas, il faut penser à faire réaliser un audit bâtiment.

Le diagnostic bactériologique

Les germes les plus souvent liés à l'environnement sont :


• Escherichia coli, Klebsiella sp., Streptococcus uberis, Streptococcus dysgalactiae.
Leur isolement sur des mammites cliniques en début de lactation permet d'évoquer un
modèle environnemental. En ce qui concerne les entérobactéries, comme la plupart
des germes d'environnement présents dans la litière, leur pénétration dans la mamelle
survient quelquefois en début de traite, lorsque les trayons ont été contaminés au contact
de la litière et qu'ils n'ont pas été éliminés lors de la préparation à la traite. La pénétra­
tion la plus fréquente survient lorsque les animaux vont se coucher, alors que le canal
du trayon n'a pas retrouvé son étanchéité. Il est à noter que certains germes comme
Streptococcus uberis sont à la fois des germes d'environnement et des germes de traite.

Il existe d'autres modèles environnementaux un peu particuliers et plus rares ٠.


• Les Prototheca sont des algues dont le réservoir dans l'environnement est constitué
par les abreuvoirs, et dont la contamination se fait par ingestion.
• Le bâtiment d'élevage, qui ne protège pas les mamelles du froid et des gerçures, peut
également être indirectement incriminé dans les infections de la mamelle à 5. aureus.

Les critères d'alerte sur les animaux permettant d'évoquer


un dysfonctionnement du sol ou de l'ambiance du bâtiment

L'ensemble des critères que nous allons étudier maintenant correspond aux critères dont
la détermination se fait par l'observation des animaux.

Tableau 1 : Notation de la propreté

NOTES
0 0,5 1 1,5 2

'‫؛‬١٣V‫؟‬t$ *m
A
V V Y• % % Quelques souillures
peu étendues.
Souillures couvrant
moins de la moitié
Souillures couvrant
plus de la moitié
Zone totalement
souillée ou couverte
de la surface de la surface d'une couche
observée. observée. épaisse de lisier.
LES MAMMITES

La propreté des vaches


Le premier critère à observer est la propreté des animaux dont la note reflète l'hygiène
générale du bâtiment, donc la pression microbienne sur les mamelles. La notation se fait
sur la base classique de la description proposée habituellement (cf. tableau 1).

Photo U Une mamelle propre. (Service de Reproduction animale, ENVA)

Photo B J Mamelle et cuisse sales : l'état de ces


Photo H Mamelle sale à la traite (vue arrière) : il deux éléments dont la présence de bouses séchées
est très difficile, dans ces conditions, d'obtenir des montre que la litière est sale en permanence,
trayons propres. (J.M. Nicol) (photo J.M. Nicol)

Remarque :
La notation de la propreté des quartiers des vaches permet d'abord d'apprécier le risque
à utiliser certains systèmes de préparation de la mamelle comme le pré-trempage. Elle
LA PRÉVENTION

formes. Celles-ci se développent mal dans ٠■


les conditions d'anaérobiose et de froid
qui se créent lors de souillure massive par
photo٠٠
Une mière sale n'est Pas s>'non‫'؛‬me de
contammatlon ""portante. (D. Remy)
les excréments de la vache. Des souillures
plus discrètes de bouse et d'urine seraient beaucoup plus favorables et permettraient
d'atteindre rapidement des niveaux de contamination très élevés : ce sont elles qui, sur
la durée, participent à l'état de propreté des vaches.

Les lésions traum atiques du trayon


Il en existe de plusieurs sortes (cf. chapitre lésions du trayon page 216) :
• Les gelures ou les gerçures peuvent se produire dans le cas où les animaux sont à
l'étable et pourtant soumis à des températures trop froides. Elles reflètent souvent des
défauts de ventilation du bâtiment avec, en particulier, des courants d'air.

Photo El Trayon écrasé : la seule alternative est le


tarissement du quartier et la réforme de la vache.
(J.M. Nicol) Photo Q Coupure du trayon. (J.M. Nicol)
LES MAMMITES

Les écrasements du trayon, soit par


une autre vache, soit par la vache elle-
même, reflètent des défauts d'adapta­
tion du format des vaches au bâtiment
et, en particulier, aux logettes.
Les déchirures ou coupures de la
mamelle ou du trayon peuvent laisser
penser à l'existence d'éléments trauma-
tiques (coupants) dans la stabulation.
Les hématomes ou contusions sur les
vaches ou la mamelle (qui n'ont pas
pour origine la machine à traire mais qui
diminuent les défenses) peuvent laisser Photo H Lors de l'application d'une dernière
penser à des problèmes de compétition couche de béton, du vinaigre ou de l'acide
ou de concurrence au sein du troupeau acétique doit être ajouté à l'eau pour diminuer le
si les zones d'exercice et de circulation pH et éviter les traumatismes chimiques du trayon
et de la sole. (D. Remy)
sur l'aire de couchage ne permettent
pas de solutions (fuite ou évitements)
aux animaux les plus faibles. Des lésions consécutives à des conflits peuvent survenir.
Le bâtiment peut également être responsable de traumatismes chimiques du trayon
par mise en contact de celui-ci avec un sol en béton neuf, imparfaitement chaulé, ou
bien par l'utilisation abusive d'asséchant de litière ou de tout autre moyen chimique
de désinfection comme la chaux.

Photo K ] Vaches taries, dehors : trois cents vaches passent sur cette parcelle de cinq hectares, ce qui
augmente le risque de contamination du sol par St. uberis. (Service de Reproduction animale, ENVA)
LA PRÉVENTION

Le rôle de certains pâturages sur la santé de la mamelle


L'été, les mammites d'environnement ne sont ^as toujours liées au bâtiment. En effet,
lorsque les vaches sont dehors, il existe d'autres facteurs de risque. Citons par exemple
les mouches mais, aussi, les parcours de pâtures à risque et, en particulier, les zones
de regroupement des animaux ou les zones de passage. Il convient donc de limiter
les zones humides par des drainages efficaces, d'empierrer les chemins et les zones
proches des abreuvoirs ou des auges de pâture. Streptococcus uberis est le principal
germe concerné par ce mode de contamination (cf. encadré 1).

Encadré 1 : Streptococcus uberis, pâtures et mammites

L'incidence des mammites causées par Streptococcus uberis est aussi liée au pâtu-
rage. Trois observations viennent étayer cette hypothèse :
• En Nouvelle-Zélande, où les vaches sont au pâturage ‫ ف‬l'année, Streptococcus
uberis est la principale cause des mammites, tandis que les mammites dues ‫ق‬
E. coli sont relativement peu fréquentes.
• □ans les troupeaux mis au pâturage durant le printemps et l'été, les cas de
mammite clinique causés par Streptococcus uberis sont trois à quatre fois plus
élevés que dans les troupeaux en stabulation permanente.
• Le confinement des vaches taries sur des pâtures uniquement dédiées à ce rôle
augmente le risque de contamination des vaches par ce germe. Cette situation est
fréquemment rencontrée dans les élevages hors sol, où la seule occasion pour les
vaches de pâturer est la période sèche.
Il est probable que Streptococcus uberis maintienne un cycle de contamination de
l'herbe par le fumier infecté.

PREMIER FACTEUR □E RISQUE :


LE SYSTEME □E COUCHAGE ET LA LITIERE

Tous les spécialistes s'accordent pour reconnaître qu'une conception inadaptée de l'aire
de couchage et que le choix de la litière sont les deux principaux facteurs intervenant
sur la santé de la mamelle. Il convient donc d'étudier, en priorité, ces deux aspects.
Auparavant, nous allons rappeler l'impact du type de bâtiment, au travers de leurs aires
de couchage, sur la santé de la mamelle.

Les systèmes de couchage dans les différents logements


Il existe principalement trois systèmes de logement pour les vaches laitières : stabula-
tion libre en logettes, stabulation entravée et stabulation libre ‫ف‬aire paillée. Notons que
le choix de l'un de ces types de bâtiment présente aussi bien des avantages que des
inconvénient‫■؟‬

Le bâtim ent à logettes


Le nombre de logettes doit être au moins égal au nombre de vaches. Dans le cas
contraire, d'une part, on a une perte de quantité de lait par vache (10 % de vaches en
surnombre provoquent une perte de lait de 10 % par vache présente dans la stabulation
LES MAMMITES

٠٧ le bâtiment) et, d'autre part, certaines vaches vont se coucher dans les couloirs de
raclage et se salir, favorisant ainsi une mauvaise hygiène de leur mamelle.

Photo U ‫؛‬J Bouses sur le sol des logettes : la


Photo El Vache couchée dans le couloir derrière situation présentée ici est catastrophique,
les logettes : dans cet élevage, le nombre de traduisant généralement un défaut de conception
logettes est inférieur au nombre de vaches. Ces des logettes. En outre, les bouses doivent être
logettes sont inconfortables. (D. Remy) éliminées régulièrement. (D. Remy)

La taille et la forme des logettes sont


détaillées dans la figure 2 (p. 176-177). La
pente du sol doit être d'au moins 2 % de
l'avant vers l'arrière. Plus précisément, il ‫إ‬:‫أ‬.,‫• ؛‬١
est important de laisser une différence de
pente de 2 % au maximum entre les pattes
avant et les pattes arrière, afin d'éviter une
surcharge sur les postérieurs favorisant
l'apparition de fourbure. Leur largeur doit
être comprise entre 120 et 130 cm.

Le sol des logettes revêt une grande


importance. Le sol idéal devrait, de façon
optimale, concilier le confort de la vache, Photo D ] Seuil de la logette : sa hauteur doit être
l'hygiène et le confort de la mamelle mais, comprise entre 15 et 25 cm. Elle incite les vaches
aussi, pour l'éleveur, la facilité de l'entre­ à se coucher entièrement dans la logette. (Service
de Reproduction animale, ENVA)
tien, la longévité et le coût de l'installa­
tion. Il ne semble pas que l'on ait trouvé
actuellement le sol idéal. Parmi les solutions rencontrées, citons :
• la terre battue avec ‫ ؛‬umier et paille ;
٠ le béton nu ;
• le béton avec différentes litières ;
• le béton avec tapis protecteur/isolant.
Le sol de la logette doit être surélevé de 0,15 à 0,25 mètre par rapport au niveau du
couloir de raclage : cela évite les souillures dans les logettes et contribue à dissuader les
vaches de se coucher à moitié dans les couloirs.

Remarque : les normes concernant les logettes sont en cours de réévaluation. Certaines
d'entre elles seront sans doute appelées à être prochainement modifiées.
LA PRÉVENTION

Figure 1 : Logettes face à un mur

— *a

Photo Mâà Logette face au mur : le relevé des animaux est plus difficile que dans des logettes placées en
vis-à-vis. (Service de Reproduction animale, ENVA)
LES MAMMITES

Les stabulations entravées


Les stalles d'écurie entravées, tout comme les logettes, ne doivent pas favoriser les bles­
sures en étant trop courtes, et la contamination de la mamelle en étant trop longues.
Leur longueur doit être ajustée en fonction du poids des animaux car :
٠ Avec des stalles trop courtes, les animaux sont sujets aux traumatismes de la mamelle
et des membres (tarsite, ulcères typiques de la sole).
• Avec des stalles trop longues, les animaux ont la mamelle souillée, ce qui augmente
les risques de mammite d'environnement et de pollution microbienne du lait.
• En ce qui concerne les séparations, on recommande une séparation toutes les deux
vaches, en tube cintré non traumatisant et ne dépassant pas 0,6 mètre, ce afin de ne
pas gêner la traite. Plusieurs études ont montré en effet qu'une séparation toutes les
deux vaches générait moins de lésions du trayon.
• Le sol bétonné est le plus souvent paillé. La consommation de paille par animal et par
jour est de deux à trois kilos. Certains modèles sont équipés d'un caillebotis à l'arrière
des stalles. Le choix du modèle lors de la conception du bâtiment est important car il
faut veiller à ce qu'il ne soit pas traumatisant pour les trayons.

Photo U J Tarsite : elle traduit un défaut de conception des logettes, entre autres un sol en béton trop
agressif. (D. Remy)

Les stabulations libres


Les stabulations libres paillées augmentent l'incidence des mammites d'environnement
par rapport au système de logettes qui laisse les mamelles plus propres. Il existe des
règles de surface de vie minimum. L'aire de couchage ne doit pas descendre en dessous
de 6 m2 par animal. On peut rajouter à cette surface une aire d'exercice de 3,5 à 4 m2.
Un autre système de calcul tenant compte de la production laitière évalue cette surface
LA PRÉVENTION

à 1 m2 par 1 000 I de lait produits ou, encore, à 6 m2 pour 6000 I + 1 m2 par 1 000
litres de lait supplémentaires. Le plus important pour l'éleveur est d'intégrer la notion de
surface perdue. Il existe une différence entre la surface mesurée et la surface réellement
disponible.

Surface réellement disponible = surface mesurée - surface perdue

Ci-dessous sont présentés, sous forme de photos, des exemples de ce qui correspond à
la surface perdue.

Encadré 2 : Causes d'une perte de place sur la litière

Photo Màâ Abreuvoir mal placé : les abreuvoirs Photo l u Tous les râteliers devraient être
individuels font perdre beaucoup de place et disposés en dehors de la surface paillée et des
ce, d'autant plus qu'ils sont placés sur la litière. zones de passage. (Service de Reproduction
(Service de Reproduction animale, ENVA) animale, ENVA)

Photo tM Zone de courants d'air : un courant


d'air dans une zone d'aire paillée diminue
Photo Q Aire paillée sale ou trop humide : les fortement son occupation et peut générer un
vaches répugnent à s'y coucher. (H. vin ) confinement dans un autre endroit. (H. Vin)

Une augmentation de la densité animale oblige l'éleveur à augmenter la quantité de


paille pour maintenir les animaux propres, ce qui a pour conséquence d'augmenter la
température de la litière. Il doit alors aussi accroître le rythme de curage. Un problème
de densité des animaux reste toujours un facteur de risque d'apparition de mammites,
risque qui ne peut jamais être compensé par aucun autre système ; il faut donc, à moyen
LES MAMMITES

ou long terme, envisager une extension du bâtiment ou le passage à un autre système


de logement, par exemple en logettes qui sont moins consommatrices en surface et en
paille.

Les différentes sortes de litière


Il existe une multitude de litières différentes, autant en logettes qu'en stabulation libre,
chacune ayant des avantages et des inconvénients quant à la survenue des mammites.

La litiè re paillée : quantité, renouvellem ent et contrôle de sa qualité

Photo ^ Paille mal stockée : elle est souvent humide et fortement contaminée avant le paillage. (D. Remy)

En ce qui concerne les stabulations libres, la plupart sont paillées. Il convient de recom-
mander plutôt 1,5 kg de paille par m2. De telles quantités de paille par vaches laitières
(8 kg/VL/j) favorisent généralement une
élévation de la température de la litière.
L'utilisation d'une paille sèche !inférieure Σ ÊK iK $ E IIK 3 B £ Ê Ê B $ S sÊ Ë Îm im ÈS iÊ B Î
à 15 % d'humidité) est, de ce fait, indis-
pensable. On peut même considérer
qu'une paille conservée au-dessus de
20 % devient un facteur de risque car elle
est déj‫ ؛‬fortement contaminée. Il convient yBsSirQ iS S ^ ^ B k
aussi de tenir compte de l'hygrométrie
lors du pressage, ainsi que des conditions ٠
de stockage. i

Le rythme du paillage est quotidien, voire


biquotidien (cf. encadré 3). Vouloir dim i­
nuer la fréquence du paillage expose aussi
au risque d'augmenter plus rapidement
la contamination de la litière. En effet, Photo u J Thermomètre pour litière : la sonde doit
un paillage trop important entraîne des être placée à 10 cm de profondeur. (J.M. Nicol)
LA PRÉVENTION

« matelas » de paille épais favorables à la circulation de l'air et à l'échauffement des


litières. Cette présence d'oxygène est également favorable au développement des bacté­
ries coliformes. Il existe sur le marché une grande quantité d'asséchants de litière. Ils
permettent de compenser des problèmes d'humidité. Toutefois, quelques précautions
sont utiles pour ne pas assécher les trayons. Et, en aucun cas, ils ne doivent pallier un
défaut de ventilation générale du bâtiment.

Encadré 3 : Paillage quotidien ou biquotidien lorsque le risque de


contamination par la mamelle est élevé : quelle stratégie adopter ?

Après le paillage, une étude menée par l'institut de l'élevage montre que la contami­
nation de la surface paillée augmente pendant 12 heures, puis a tendance à stagner
(cf. schéma 1). Pourquoi, alors, pailler toutes les 12 heures ? Si l'on paille à chaque
traite lorsque les vaches sont dans l'aire d'attente, elles vont retrouver une paille
propre à un moment où le risque de nouvelles infections mammaires est plus élevé
en raison de l'ouverture du sphincter.
Le paillage biquotidien représente cependant des contraintes pratiques : un temps
de travail supplémentaire, une nouvelle organisation du travail avec un paillage
avant le retour des animaux de la traite... Il convient donc d'utiliser le paillage
biquotidien uniquement lorsque la pression d'exposition est forte. Lorsque le curage
n'est pas possible, le risque de mammites colibacillaires est élevé et il convient alors
de mettre en œuvre cette pratique.

La température de la litière ne doit pas excéder 40 °C à 10 cm de profondeur (ce qui


correspond à une température de 30 °C en surface), sous peine de favoriser la m ultipli­
cation bactérienne, donc, d'augmenter le risque d'apparition de mammites. Les tempé­
ratures trop basses, en particulier lors de paillage trop important, favorisent aussi la
multiplication des germes mésophiles. 39 °C sera la température maximum permettant
de déterminer le moment où il faut nettoyer le bâtiment et sortir le fumier. Le thermo­
mètre devient le juge qui indique à quel moment le fumier doit être enlevé de la litière
des vaches. Une dizaine de mesures sur toute la surface de l'aire paillée sont, pour ce
faire, nécessaires (cf. encadré 4).
Lors du curage, malgré le remplacement de la litière, il reste souvent des niches renfer­
mant une colonie représentative de l'écosystème antérieur. Chacun de ces lots constitue
un foyer potentiel à partir duquel cet écosystème peut se réinstaller.
LES MAMMITES

Encadré 4 : Le contrôle des températures proposé par l'institut de l'élevage

Le contrôle des températures est une opération à effectuer régulièrement, surtout


en période de risque (météorologie anormale, surcharge en animaux, curage
tardif...). Les prises de température doivent être réalisées en des points précis par
rapport à la topographie du bâtiment ; on utilisera pour ce faire une sonde placée à
10 cm de profondeur en une douzaine de points, en choisissant trois localisations :
milieu, fond et bord de la travée, à une distance d'1,50 mètre (cf. schéma 1). Il est
recommandé d'éviter les prises de température aux endroits suivants :
• sur les travées de chaque côté du bâtiment,
• sur les zones où les animaux viennent de se coucher,
• aux endroits trop souillés par la présence d'un râtelier ou sur les zones de passage
fréquent des animaux.

Fond

*(1) *(4) *(7) *(10)

Côté
*(2) *(5) *(8) *(11)

*(3) *(&) *(9) *(12)

Bord de la litière

Schéma 1 : Localisation des mesures dans une stabulation de 6 travées

Mise en place d'un suivi de température


Dans un contexte de forte prévalence d'infections mammaires de type environne­
mental, l'interprétation d'une seule série de mesures est insuffisante pour conclure
à la bonne ou mauvaise gestion de l'entretien d'une litière. Pour faire évoluer les
pratiques, il semble donc intéressant de réaliser plusieurs séries de mesures cumu­
lées sur une période donnée.

Tableau 2 : Plan de prises de mesures par rapport à la durée de l'accumulation


de la litière
Prise de mesures de la température (jours après curage)
10 I 20] 30 J 40 J 60|
Accumulation de 3 semaines X X
Accumulation de 4 semaines X x
Accumulation de 6 semaines x x x
Accumulation de plus de 6 semaines x x x
LA PRÉVENTION

Cependant, le rythme de paillage ‫ ال ه‬un système palliatif c©mme les desséchants ne


pourront, à long terme, remplacer un bâtiment dont la densité des animaux est correcte,
dans une ambiance saine et avec un entretien des surfaces (paillage, curage) adapté.
Il faut donc, ‫ف‬plus ou moins long terme, tendre vers ces objectifs, en accord avec les
recommandations, ou envisager de changer de système.

Les autres litières


Il existe d'autres litières mais leur usage est généralement lié ‫ف‬celle de logettes ou, pour
certains, la stabulation entravée dont le sol est en béton. Ce sont la litière ‫ ف‬base de
paille, le sable, la sciure, les copeaux ou le compost. Sont aussi utilisés des produits de
séparation des déjections des vaches ou, enfin, la mise en place de tapis ou de matelas.
La litière ‫ف‬base de tourbe, très intéressante pour son pouvoir d'absorption (٦٠ fois plus
que le sable), n'est pas utilisée en France.
La paille est évoquée avec les stabulations libres. Remarquons simplement que, dans
les logettes, on peut utiliser la paille soit en nature, soit sous forme hachée. Le pouvoir
absorbant de la paille hachée n'est pas meilleur que celui de la paille en nature. File a
toutefois tendance ‫ف‬mieux se tenir sous les vaches.
Le sable semble être une litière tout à fait favorable à l'hygiène des vaches. Il limite
beaucoup le nombre de mammites. Il faut en prévoir une épaisseur de 30 cm, soit
14 kg par animal et par jour (4 à 22 kg). Il doit être dépourvu de limon et de matériaux
tranchants ou organiques. Les principaux problèmes sont ceux liés à son élimination. En
effet, la reprise du lisier est délicate, ce qui le rend difficilement utilisable en France.

‫“ ' ' ء ءأ ؤ‬ •‫؛‬

‫مج و ح‬

Photo Q ‫؛‬j Logette avec sable : cette matière est très confortable, mais son élimination est problématique.
(D. Remy)
LES MAMMITES

La sciure présente deux inc©nvénients en terme de santé de la mamelle. Elle est souvent
livrée humide et contient fréquemment trop d'eau, atteignant jusqu'à 40 % d'humidité.
Elle est plus contaminée que la paille en arrivant à la ferme. Dans ces conditions, les
bactéries se multiplient plus rapidement dans la sciure stockée (de dix à cinquante fois
plus vite) et dans celle épandue en litière. La sciure est un substrat très favorable ‫ ف‬la
multiplication des bactéries coliformes, notamment de Klebsiella et d'Enterobacter, mais
beaucoup moins favorable ‫ف‬celle des streptocoques fécaux et de St. uberis. Si l'on ne
respecte pas un taux d'humidité inférieur 20 ‫ف‬%, il n'est pas rare de trouver dans ce
type de litière des contaminations supérieures à 10 millions de bactéries coliformes/g :
les risques de mammites deviennent alors importants. Le niveau de contamination des
moisissures est encore plus important, de l'ordre de 10‫ ة‬UFC/gramme.
L'une des raisons en est qu'au départ, la sciure est pauvre en lactobacilles. Ceux-ci
limitent la multiplication des bactéries pathogènes, suivant le même mode d'action que
dans la lumière intestinale. Rappelons-nous la consommation de yoghourt pour limiter
les infections intestinales. Il est donc impératif de la stocker ‫ف‬l'abri de l'humidité mais,
aussi, d'avoir un bâtiment correctement ventilé et un sol d'aire de couchage bien drainé
et sans résurgences.
Les copeaux de bois ou, même, les plaquettes issues de l'entretien des haies ou de
l'ébénisterie peuvent jouer le rôle de litière. Avec les copeaux de bois, plus la litière
contient de particules fines, plus elle absorbe efficacement l'humidité. Toutefois, il y
aura aussi davantage de poussière volatile, ce qui nuit à la qualité de l'air. De plus,
cette abondance de fines particules humides dans les stalles offre davantage de surface
aux bactéries et accroît l'incidence des mammites. Les litières ‫ف‬base de copeaux ont
tendance ‫ف‬être légèrement plus contaminées en bactéries coliformes et en Klebsiella
que la paille. En revanche, les copeaux sont 3 à 6 fois moins contaminés en streptoco-
ques et en staphylocoques que la paille et la sciure.

،١١١١١١١١١١١

‫ثم‬
'‫ن‬‫ج‬

Photo ، il Logette avec copeaux : le risque de contamination par Klebsiella est important, surtout s'ils
sont humides (plus de 20 % d'humidité). (Service de Reproduction animale, ENVA)
LA PRÉVENTION

Les tapis ٠ □ les matelas constituent □ne excellente solution de rechange ‫ف‬la litière car,
lorsqu'elles se lèvent, les vaches ont besoin d ^n e surface ٩ ٧ ‫ ؛‬offre de la traction ; ‫ف‬
défaut de ٩ ٧ ٥ ‫؛‬, elles déplacent la litière, glissent, tombent et se blessent les membres et
les trayons. Ces substituts ont deux inconvénients : ils n'ont aucun pouvoir absorbant
et restent humides. L'utilisation de tapis en logettes ne supprime pas l'obligation d'y
déposer une couche de litière. Les tapis ou matelas utilisés dans les logettes doivent
être plus confortables que ceux utilisés dans les couloirs de circulation pour que les
vaches préfèrent s'y coucher. On peut rappeler également que les caoutchoucs natu-
rels, contrairement aux produits de synthèse, ne sont pas microporeux, donc limitent la
pression bactérienne. Il faut aussi noter que l'utilisation de tapis en logettes ne supprime
pas l'obligation d'y déposer une couche de litière.

Photo K a Tapis seuls : comme on peut le voir sur


cette photo, ils restent humides et deviennent Photo ٤٤ ] Tapis + sciure : la sciure absorbe
rapidement sales. (Service de Reproduction l'humidité. (Service de Reproduction animale,
animale, ENVA) ENVA)

Les produits issus de la transformation des déjections des bovins semblent se comporter
comme de la sciure, ce qui les rend utilisables en pratique de manière satisfaisante, une
fois la barrière psychologique passée. On ne sait pas s'ils sont ou non facteurs de risque
d'apparition de mammites. En France, ces produits sont fabriqués chez l'éleveur selon
deux méthodes :
La premiere consiste à faire passer le lisier sur un tapis vibrant : l'extrait sec ainsi
conservé peut être utilisé comme litière après compostage.
• ta deuxième, beaucoup plus fréquente,
consiste à faire passer le lisier dans
une vis ٩ ٧ ‫ ؛‬va le presser et provoquer
l'échappement des jus. Le produit de
séparation résiduel contient alors aux
alentours de 20 à 30 % de matière
sèche et est utiiisé directement en (itière.
Il peut être composté. (Les fabricants
recommandent, lors de la première
utilisation, une épaisseur de 20 cm
et, par la suite, une remise régulière ‫ف‬
niveau des logettes). Toutefois, la mise
en place initiale doit se faire en plusieurs
couches de 8 cm au maximum, sous Photo Q Séparateur de lisier : il permet
peine de voir le produit chauffer et se de le réutiliser pour constituer des litières.
composter sous les vaches. L'investissement peut se révéler rentable. (H. Vin)
LES MAMMITES

L'utilisation des produits de séparation comme litière en logette doit donc plutôt
s'envisager après un compostage pour limiter les risques d'apparition de mammites
ou l'apparition de cellules.

Avantages et inconvénients de chaque type de m atériaux


Le pouvoir absorbant de chacune de ces litières est à peu près identique, comme
l'indique le tableau 3. On peut remarquer qu'un seul produit a un pouvoir absorbant
très élevé : la tourbe, qui n'est pas utilisée en France.

Tableau 3 : Pouvoir absorbant des différents composants des litières


Pouvoir absorbant
Nature de la litière
(volume d'eau pouvant être absorbé/volume de la litière)
Paille
en nature 2 à 2,4
hachée 2 ‫ف‬2,5
Sciure
bois dur
bois tendre
Copeaux
bois dur 1
bois tendre 2
Sable 0,3
Tapis 0
Tourbe 10

Le tableau 4 ci-dessous, compare les propriétés des différentes litières utilisées dans les
logettes.

Tableau 4 : Propriétés de chacune des litières


Type de litière classé
« Effet » recherché
par importance décroissante
Prix (du plus cher au moins cher) sable > paille, sciure > tapis
Pouvoir asséchant Sciure ou paille > tapis, sable
Pouvoir « calorifique » paille > sciure > sable > tapis
Travail de l'éleveur Paille, sciure > sable > tapis
Confort Sable, paille > tapis, sciure

FACTEURS INFLUENÇANT LE MICROBISME DU BÂTIMENT


ET PARTICIPANT À L'AMÉLIORATION DE LA SANTÉ DE LA MAMELLE

Quand on évoque le microbisme du bâtiment, il s'agit essentiellement de celui de la


litière, de l'air ambiant et de celui des aires d'alimentation (plus particulièrement des
abreuvoirs).
Lors de la conception du bâtiment, des recommandations concernant la densité animale,
l'humidité, la ventilation (renouvellement de l'air favorisé par des entrées et des sorties
LA PRÉVENTION

adéquates), la température et la luminosité ont été mises en place. Ces paramètres tech­
niques et d'ambiance du bâtiment ont :
• une incidence sur le confort de l'animal, ce qui améliore ses défenses naturelles en
diminuant le stress ;
٠ une incidence directe sur le microbisme de l'air.
Il n'est pas toujours facile de définir exactement l'action individuelle de chaque para­
mètre sur l'ambiance car il existe de nombreuses relations entre eux (cf. schéma 2).
L'absence d'humidité provoquée par une ventilation correcte et une luminosité suffi­
sante limite les multiplications bactériennes dans l'air et dans la litière. Une tempé­
rature basse associée à un temps humide favorise l'humidité relative dans l'air, ce qui
augmente l'humidité de la paille.

Cela se complique encore lorsque l'on constate que chacun de ces facteurs agit
sur plusieurs paramètres traduisant le confort animal (la qualité de la litière, le pouvoir
isolant du pelage et la température ressentie). Il est cependant nécessaire d'observer le
rôle spécifique de chacun de ces paramètres.

Schéma 2 : Relations entre les facteurs de risque agissant sur l'ambiance du bâtiment
et susceptibles de modifier le confort des vaches et la santé de la mamelle

Hygrométrie dans le bâtiment


L'humidité de l'air joue un rôle sur la santé de la mamelle au travers de l'action de
l'humidité relative sur la litière et au travers de l'action de la condensation sur le pelage
des animaux.
LES MAMMITES

H um idité relative et qualité de la litiè re


L'humidité relative est la quantité d'eau que contient l'air par rapport ‫ف‬la quantité maxi-
maie qu'elle peut contenir ‫ف‬saturation, c'est-à-dire avant de former un brouillard ou de
la vapeur. Elle dépend d'abord de l'humidité extérieure mais, aussi, de la température
ambiante. En outre, elle dépend également du nombre d'animaux présents car ceux-ci
éliminent dans l'air ambiant une grande quantité d'eau provenant de l'air expiré, ainsi
que par transpiration. Le renouvellement d'air permet cependant d'améliorer l'humidité
relative (cf. encadré 5 et schéma 3).

Encadré 5 : Humidité relative

Si l'on regarde le schéma ci-dessous, on constate que la quantité d'eau correspon-


dant à une valeur d'humidité relative donnée dépend de la température ambiante.
?our une température de 0 °c, une humidité relative de 80 % correspond à une
quantité d'eau de 3 grammes, alors qu'à 20 °c, cela correspond à une quantité
d'eau de 20 grammes.

I I Quantité d'eau contenue par l'air


I___________ | ayant une humidité relative de 80 %

Quantité totale d'eau que l'air peut absorber


I___________ I à une température donnée

QUANTITÉ
TOTALE
□'EAU

100 %
80%

100 ‫م‬/‫ه‬ 3‫ م‬g

8‫مه‬/‫م‬
3g

,' U ™ ,

Schéma 3 : Incidence de la température sur la quantité d'eau contenue dans l'air

L'humidité relative de l'air est importante car elle influe sur la multiplication bactérienne
dans la litière. En effet, plus elle est élevée à la surface des litières, plus le risque de
développement bactérien est important. Le seul fait d'avoir une humidité relative de
l'air supérieure à 50-60 % permet une croissance microbienne. En outre, l'humidité de
la litière sous les animaux est pratiquement toujours supérieure à celle de l'air ambiant,
très souvent au-delà de 75 %.

Condensation et santé de la mamelle


La quantité d'eau contenue dans l'air joue cependant un rôle important lors du phéno-
mène de condensation. On sait que l'air chaud remonte, et qu'en arrivant au contact
LA PRÉVENTION

d'une surface froide, l'eau contenue dans l'air se condense sur la paroi et retombe
sur les animaux, ce qui mouille leur pelage (cf. schéma 4). Cela diminue la tempéra­
ture ressentie par l'animal, donc augmente le stress. Ce phénomène est beaucoup plus
fréquent en stabulation entravée lorsque les animaux sont confinés et que la tempéra­
ture extérieure est basse.

avec I eau qu ¡1 contient L'eau retombe sur le pelage


et dans la paille

Schéma 4 : La condensation
H
La condensation agit aussi sur la litière en augmentant son humidité. Ce fait a une inci­
dence non négligeable sur la santé de la mamelle. La seule solution est alors de créer
des courants d'air au niveau de la toiture, soit en enlevant des plaques, soit en créant un
toit en écailles avec des plaques décalées (cf. schéma 5).

S c h é m a 5 : M ontage en é c a ille s de la to itu re


LES MAMMITES

La température ambiante
En ce qui concerne la température, elle doit être située à l'intérieur des limites des tempé­
ratures critiques, entre la TCI (température critique inférieure) et la TCS (température
critique supérieure), valeurs qui correspondent au bien-être pour l'animal (cf. figure 4).
Notons que les bovins adultes sont peu sensibles au froid mais, au contraire, sensibles
à l'excès de chaleur). Cependant, la température ambiante peut être différente de la
température ressentie par les animaux. Celle-ci diminue en effet lorsque le pelage est
mouillé et lorsque la vitesse de l'air est élevée. Ce sont donc des paramètres physiques
qu'il faut impérativement prendre en considération. Les ventilateurs (brasseurs d'air)
utilisés l'été dans les bâtiments ne peuvent servir qu'à augmenter les vitesses d'air
dans le bâtiment et ne servent pas à en améliorer le renouvellement ; ils diminuent
cependant la température ressentie. Ces ventilateurs sont utiles l'été quand il fait très
chaud (on peut les coupler à des buses projetant un aérosol d'eau) pour rafraîchir
les vaches. Ils présentent également l'intérêt de diminuer le nombre de mouches en
rendant plus difficile leur vol (photo 28). La présence de mouches est un facteur de
risque de l'apparition de mammites à 5. aureus chez les primipares, ainsi que des
mammites d'été. La lutte mécanique et chimique (antiparasitaires externes) contre les
mouches est un autre moyen de lutte contre les taux élevés de cellules et certaines
mammites cliniques.

Photo EiU Présence de mouches dans le bâtiment :


celles-ci sont vectrices de germes et nuisent à la
santé de la vache. (D. Remy)

Photo ES Thermomètre hygromètre : avec les


fumigènes, c'est le principal outil de mesure Photo XSà Ruban à mouches : la lutte contre les
lors de la visite du bâtiment : il permet d'évaluer mouches dans le bâtiment et dans la salle de traite
l'hum idité relative. (D. Remy) est un combat permanent. (J.M. Nicol)
LA PRÉVENTION

Tableau 5 : Températures critiques des bovins selon leur âge


Type de bovin TCI (° C) TCS (° C) Zone recommandées
(° C)
Bovins adultes -2 5 + 25 - 5 à + 22

Photo S 3 Ventilateur : il brasse l'air mais ne le Photo Q ] Brumisateur : il est très apprécié par
renouvelle pas. (Service de Reproduction animale, les vaches lors de fortes chaleurs. (Service de
ENVA) Reproduction animale, ENVA)

La ventilation
Un bovin de 700 kg dégage, par sa transpiration et sa respiration, 11 litres d'eau par jour
en moyenne. Si la ventilation est insuffisante, l'hygrométrie augmente. Outre la diminu­
tion de la température ressentie, cela accroît également la contamination microbienne
du milieu environnant, ainsi que celle de la litière.
La qualité de l'air est déterminée par les teneurs en polluant, à savoir les poussières,
les microbes et différents gaz (ammoniac, gaz carbonique, hydrogène sulfuré) dans
l'atmosphère. Elle agit peu sur les défenses de la mamelle, si ce n'est au niveau du
confort des animaux.

___ Photo ES Entrée d'air en pignon : ces entrées


Photo Ë،‫؛‬J Bardage en bois. (Service de sont intéressantes pour les bâtiments cathédrale.
Reproduction animale, ENVA) (Service de Reproduction animale, ENVA)
LES MAMMITES

Une hygrométrie et une qualité de l'air


correctes sont assurées par une bonne
ventilation. Il s'agit d'établir une circula­
tion d'air entre les entrées et sorties d'air.
Deux effets entrent en jeu dans la ventila­
tion naturelle :
• L'effet cheminée : l'air pénètre par des
surfaces d'entrée basses, se réchauffe
et monte puis ressort par des surfaces
de sortie hautes. Cette ventilation est
efficace si l'écart de température entre
l'intérieur et l'extérieur est suffisant (au
moins 2 °C d'écart), si la différence de
hauteur entre les entrées et sorties d'air
est suffisante par rapport au poids vif
logé, si les surfaces d'entrée et de sortie
d'air sont suffisantes et si les ouvertures
sont correctement réparties.
Si le bâtiment est trop large (plus de
20 m) et trop haut (moins de 7 m au
faîtage), on évoque alors un bâtiment
« cathédrale » : une ventilation correcte Photo ^ Faîtière : l'absence de pare-vent
est pratiquement impossible à mettre peut la transformer en entrée d'air. (Service de
en place. Reproduction animale, ENVA)

Sortie air chaud

Figure 2 : effet cheminée

٠ L'effet vent :
Il est souvent complémentaire de l'effet cheminée. Il consiste en une circulation d'air
générée par le vent qui entre et sort du bâtiment par différentes ouvertures : ce système
est celui privilégié de nos jours.
LA PRÉVENTION

Sortie
Entrée d'air chaud
d'air frais

Figure 3 : effet vent

La ventilation doit être efficace mais


ne doit pas créer de courants d'air. La
vitesse de l'air ne doit ainsi pas dépasser
0,5 m/s en période froide pour le confort
des vaches. En période chaude (plus de
10 °C), elle peut atteindre 1 m/s, voire
davantage, afin de faire baisser la tempé­
rature ressentie.
En ce qui concerne les caractéristiques du
bâtiment, diverses recommandations exis­
tent. Le tableau 6 présente les surfaces
d'entrée et de sortie d'air en fonction du
type de bâtiment. Le volume d'air dispo­
nible recommandé est de 30 m3 par
vache laitière. Comme pour la superficie, Photo Ëfil Bâtiment cathédrale : la ventilation est
11 existe un volume d'air mesuré et un difficile à assurer, en particulier sous la toiture.
volume disponible. Il faut tenir compte, Ces bâtiments sont générateurs de zones à
par exemple, de la paille ou du matériel courants d'air. (Service de Reproduction animale,
stockés au cours de l'hiver. ENVA)

Tableau 6 : Recommandations relatives aux surfaces d'entrée et de sortie d'air pour


les bâtiments hébergeant les vaches
Surface d'ouverture basse Surface de sortie d'air
Type de bâtiment
(m2/vache) (m2/vache)
Bâtiment fermé bipente ou monopente,
E1+E2 = 0,20 S = 0,10
avec faîtage ouvert ou cheminées
Bâtiment fermé avec ventilation
par ouvertures verticales 01 = 0,30 0 2 = 0,30
(exemple : un appentis)
Bâtiment semi-ouvert bipente E = 0,12 S = 0,12
Bâtiment semi-ouvert monopente
Ouverture totale O = 0.60
LES MAMMITES

La luminosité
L'ambiance lumineuse doit être considérée sous trois aspects :
٠ l'intensité de la lumière (qui dépend directement des ouvertures lumineuses du bâti­
ment), la qualité de la lumière (différente si la lumière est naturelle ou artificielle, elle
est aussi fonction du spectre lumineux) et le photopériodisme ;
• les UV présents dans la lumière naturelle favorisent la destruction d'un certain nombre
de bactéries dans les litières ;
• la participation à l'assèchement des litières.
Pour les bovins, il est recommandé d'utiliser la lumière naturelle. Un minimum de
lumière est apporté par l'installation de plaques translucides sur une surface équivalente
à au moins à 1/10e de la surface de la toiture. Par ailleurs, une durée d'éclairage de 12 à
14 heures par jour est favorable à la reproduction. On peut donc compléter l'éclairage
naturel avec un éclairage artificiel programmé.

Photo ^ Éclairage naturel et artificiel : ce


bâtiment neuf est éclairé correctement. (Service Photo ES Éclairage artificiel. (Service de
de Reproduction animale, ENVA) Reproduction animale, ENVA).

.<‫؛‬r

Photo BèS Plaques translucides : l'absence de nettoyage et le paillage mécanique peuvent les rendre
inefficaces. (Service de Reproduction animale, ENVA)
LA PRÉVENTION

Les autres points pouvant influer sur l'hygiène des vaches

L'entretien des surfaces bétonnées


Les surfaces bétonnées, même sur caillebottis, doivent être raclées une à deux fois par
jour, afin d'assurer une hygiène suffisante de la peau des trayons.

f mu. •mm*
‫ص‬...‫ج د‬

Photo u à Racleur : un racleur automatique Photo E u Couloir non raclé : l'absence de racleur
permet 4 à 5 passages en 24 heures sans gêner peut mener rapidement à des situations sanitaires
les vaches. (Service de Reproduction animale, difficiles. (Service de Reproduction animale,
ENVA) ENVA)

Fig u re 4 : E xe m p le de tra je t de c o u ra n t à tra v e rs un b o vin (d 'ap rè s H . B ru g è re )


LES MAMMITES

L'hydrocurage

£٨ ce ٩ ٧ ‫ ؛‬concerne les différents systèmes de nettoyage, ¡1 faut noter que les systèmes
faisant appel à l'hydrocurage ne semblent pas favoriser les mammites. Pourtant, ceux-ci
induisent une forte humidité dans le bâtiment et, par ailleurs, éclaboussent parfois les
trayons lors de la mise en œuvre du système. La ventilation d'un bâtiment nettoyé par
hydrocurage doit être adaptée, et les pentes des bétons suffisantes (2 %) et régulières
afin de limiter la présence de flaques d'eau.

Les €Ourants parasites

□es problèmes liés aux courants parasites durant la traite peuvent aussi favoriser
l'apparition de mammites. A ce jour, il n'a cependant été démontré aucun effet néfaste
des champs magnétiques sur les animaux. Seuls des courants électriques peuvent
provoquer des lésions ou des pertes de production, ‫ف‬l'occasion d'un contact avec deux
points de potentiel différent (cf. figure 4). Ces derniers sont facilement mesurables. Il
convient de vérifier si, pendant le fonctionnement de la machine ‫ف‬traire, l'ensemble des
pièces métalliques touché par les vaches est bien relié ‫ف‬la terre, et de vérifier également
qu'on ne décèle pas de différence de potentiel. En résumé, un bâtiment dont i'équipo-
tentialité (c'est-à-dire la mise à la terre correcte de tous les éléments métalliques) est
bien faite, dont la prise de terre est de bonne qualité, et dont le réseau électrique est
contrôlé régulièrement par un électricien, ne présentera aucun facteur de risque « élec-
tricité » responsable de cellules ou de mammites.

Les eaux de boissons

Les vaches laitières boivent vite et beaucoup, en général toutes en même temps, juste
après la traite. La quantité d'eau absorbée par une vache est de 10 à 15 I par minute,
ce qui correspond au débit d'un robinet grand ouvert. En outre, on considère que 10 à
15 % des vaches boivent simultanément. Par conséquent, il faut prévoir au minimum
un abreuvoir individuel pour dix vaches. Cela signifie qu'il faut s'assurer d'un nombre
de bols suffisants et d'un débit d'eau dans ces bols important. Il semble que, dans les
stabulations libres, cette organisation soit difficile à mettre en place. Il convient alors
de privilégier des bacs d'eau à niveau constant. Toutefois, ces bacs doivent être main-
tenus propres ٣٥٧٢ mieux gérer l'écosystème de l'abreuvoir (cf. encadré 6). Le meilleur
système correspond à des bacs basculants pouvant être facilement nettoyés ou des
systèmes de vidange facilitée, comme sur les photos ci-après.

Encadré 6 : Écosystème de l'a b re u o ir

Comme pour la litière, l'écosystème de l'abreuvoir est fragile et est soumis au déve-
loppement de certains germes qui détruisent l'équilibre de l'écosystème sain pour
favoriser la prolifération de certaines espèces de germes pathogènes. Le milieu de
l'abreuvoir est en effet favorable au développement bactérien car l'eau potable
constitue un milieu très pauvre en micro-organismes qui peuvent limiter la multi-
plication d'un germe pathogène. Les apports en bactéries et en éléments nutritifs
se produisent au moment de l'abreuvement. En outre, le nombre de lactobacilles
qui limite la prolifération des germes pathogènes, est faible. Il faut dont supprimer
la matière organique en fermentation qui est présente, et installer l'abreuvoir ailleurs
que sur la litière.
LA PRÉVENTION

Photo Q ‫؛‬J Abreuvoir bien disposé : le choix


^e l'emplacement est prim ordial. (Service de
Reproduction animale, ENVA)

Photo Eu Abreuvoir basculé : abreuvoir idéal, à


Photo ES Abreuvoir propre : la bonde permet la condition d'avoir une pente suffisante sur du
de vider régulièrement l'abreuvoir. (Service de sol pour faciliter l'écoulement de l'eau résiduelle.
Reproduction animale, ENVA) (H. Vin)

Les eaux de boissons doivent être de


qualités microbiologique et sanitaire équi­
valentes à celle de l'homme.

Le coucher des animaux


après la traite
Un bâtiment doit être adapté à des
comportements animaux compatibles
avec la bonne santé des mamelles des
vaches. Il faut pouvoir par exemple main­
tenir les vaches debout après la traite pour
permettre l'obturation des sphincters des
Photo k،a Les cornadis : ils permettent de
trayons. La présence de cornadis auto- maintenir les vaches debout une heure après la
bloquants et d'une quantité suffisante de traite sans supprimer l'accès à la litière. (Service
« places à table » permet ces pratiques. de Reproduction animale, ENVA)
LES MAMMITES

LES PRINCIPALES MESURES À METTRE EN PLACE

A la suite de certaines observations ou constatations, l'éleveur peut avoir des raisons


objectives de penser que son bâtiment est responsable de ses problèmes de cellules
(cf. encadré). S'il ne trouve pas, lui-même, une solution à son problème ou si la
recherche des facteurs de risque lui semble difficile, il doit envisager un audit après une
étude critique de son travail par lui-même. L'externalisation de certaines tâches (élec­
tricité, visite d'ambiance par exemple) peut être envisagée. L'important est de parvenir
à déterminer, dans son environnement d'élevage, quels sont les points qui ne sont pas
des facteurs de risque d'apparition de cellules ou de mammites. Une fois ces certitudes
établies, l'amélioration des critères qui restent insuffisants est plus facile. Ces améliora­
tions doivent être effectuées l'une après l'autre, en gardant à l'esprit le but final et une
approche globale de son élevage.

Les vérifications à faire par l'éleveur lui-même

Vérification de la ventilation
On commence, en général, par repérer les déplacements d'air à l'aide de fumigènes
(à acheter dans des magasins de pyrotechnie). Le temps de vidange de la fumée dans
le bâtiment doit être de 3 à 5 mn et ne doit jamais dépasser un quart d'heure. Puis on
effectue un certain nombre d'observations :
• les entrées et les sorties d'air du bâtiment doivent se comporter comme tels. La
présence de toiles d'araignée près d'une entrée ou sous la couverture traduit un
dysfonctionnement au niveau de ces structures ;
• un vieillissement précoce (rouille sur les plaques de tôle, noircissement des plaques
« d'éternit ») ou un pelage mouillé de l'animal traduisent la présence de condensation
importante ;
٠ les surfaces d'entrée et de sortie d'air doivent correspondre au nombre d'animaux
hébergés.

Certaines règles prioritaires doivent être respectées


• Le nombre de places aux cornadis ou une largeur suffisante par animal.
• L'observation de la répartition des animaux sur les aires de couchage.
• Le maintien des animaux debout après la traite.
٠ L'entretien des surfaces de vie (litière, logettes, couloir de circulation), la propreté des
auges et des abreuvoirs sont la responsabilité unique de l'éleveur.
٠ Le curage de la litière accumulée lorsque la température de la litière approche de
40 °C à 1 cm de profondeur.
٠ La vérification de la propreté de ses vaches (ne pas hésiter à la comparer avec celle
des vaches d'autres élevages utilisant les mêmes systèmes).

L'entretien de l'installation dans son ensemble


• La bonne marche du bâtiment, l'entretien des portes et du réseau électrique sont
également à vérifier.
• Le nettoyage régulier et l'entretien des filets brise-vent ou des tôles perforées proté­
geant les entrées et les sorties d'air devront être faits régulièrement. L'utilisation de
pailleuses mécaniques accélère l'obstruction de ces structures par de la poussière.
LA PRÉVENTION

Les vérifications à confier à un intervenant extérieur


• Audit d'ambiance si l'éleveur décèle un défaut de fonctionnement de la ventilation.
• Audit d'hygiène si l'éleveur trouve ses vaches sales.
• Audit d'élevage pour aider l'éleveur à trouver des solutions permettant l'amélioration
de la conduite de son troupeau dans le bâtiment.
• Audit de traite si la technique de traite reste perfectible.
• Audit de la machine à traire si la machine à traire est perfectible.
٠ Audit d'électricité si le bâtiment ne correspond pas ou plus aux recommandations, ni
aux normes.
SANTÉ DE LA VACHE
ET MAMMITE :
MALADIES METABOLIQUES,
VITAMINES>OLIGOELEMENTS
ET ALIMENTATION
Une bonne compréhension de ce chapitre nécessite quelques données sur les maladies
métaboliques et certains éléments du système immunitaire de la mamelle. Des rappels
sont proposés au cours de cette partie sous forme d'encadrés dans le texte et dans le
schéma 1.

INTRODUCTION

Il est clairement établi que, si les germes sont nécessaires pour qu'une mammite se
produise, celle-ci ne se développe dans un troupeau que si des facteurs de risque sont
présents. On a décrit dans cet ouvrage les facteurs de risque liés à la litière, ‫ف‬la machine
à traire et ‫ف‬la traite au travers de l'hygiène ou de la technique. On a constaté que certains
d'entre eux avaient une incidence sur les défenses de la mamelle (cf. Généralités :
défenses hautes et défenses basses page 19 et suivantes). On sait aujourd'hui que les
agressions constatées sont d'autant plus importantes que l'animal est en mauvaise santé
et que son alimentation est incorrecte.

Le début de la période sèche, la préparation au vêlage et le début de la lactation sont


les trois périodes clés car :

• Toute erreur alimentaire ou de rationnement se traduit par l'apparition et le dévelop-


pement de maladies métaboliques.
• La plupart des nouvelles infections de la mamelle surviennent pendant la période
sèche et en début de lactation. Les mammites cliniques apparaissent ‫ف‬cette époque.
En effet, environ 50 % des mammites cliniques ont lieu entre la dernière semaine
de gestation et les deux premiers mois de lactation. En outre, 70 % des mammites
graves enregistrées dans le premier mois se déclarent dans les huit premiers jours de
lactation.
La déficience du système immunitaire est souvent mise en avant mais l'ensemble des
défenses de la mamelle est concerné. Depuis quinze ans, le rôle de l'alimentation
est mieux connu. Quatre éléments de l'alimentation doivent être pris en compte : les
apports en énergie et en protéines, ceux en minéraux, ceux en vitamines et ceux en
oligoéléments, tes deux premiers seront étudiés au cours d'un chapitre consacré aux
événements autour du vêlage qui génèrent les maladies métaboliques. Dans un autre
chapitre sera évoqué le lien entre les vitamines et les oligoéléments avec les mammites.
LA PRÉVENTION

INCIDENCE DES APPORTS ÉNERGÉTIQUES (ET PROTÉIQUES)


ET MINÉRAUX AUTOUR DU VÊLAGE SUR LA SANTÉ GÉNÉRALE
DE LA VACHE

L'amélioration de la production moyenne de lait a rendu la vache laitière plus sensible


aux problèmes de santé. En effet, une vache est génétiquement conditionnée pour
produire son potentiel laitier et cela, parfois au détriment de sa propre santé. C'est ainsi
que, malgré les progrès réalisés en matière d'alimentation et de conduite d'élevage,
les maladies métaboliques ont pris une place majeure dans les problèmes de santé de
la vache laitière. O r ces troubles, qu'ils soient cliniques (traduits par des symptômes
évidents) ou sub-cliniques (existence prouvée seulement au moyen d'analyses) vont
avoir de lourdes conséquences sur les défenses naturelles des vaches laitières. C'est cela
qui explique les liens entre ces troubles et les infections mammaires.

La transition gestation/lactation : des écueils multiples


Rappelons d'abord que le vêlage survient dans un contexte défavorable quant au
système immunitaire de la vache laitière, en raison des modifications physiologiques
qu'il provoque (cf. encadré 1).

Encadré 1 : La période autour du vêlage (= péripartum) :


une immunodépression systématique

Par les modifications hormonales qui l'accompagnent (effondrement de la proges­


térone et pic d'œstrogènes), et en raison des modifications biochimiques observées
(sécrétion de cortisol par le veau qui va déclencher son expulsion), le vêlage est,
par nature, le moment dans la vie d'une vache adulte où elle est le plus sensible
aux infections.
LES MAMMITES

Chez une vache laitière, cette immunodépression est aggravée par les diverses pertur­
bations directement liées à la synthèse d'une grande quantité de colostrum puis de lait.
En effet, brutalement, de la période sèche au début de la lactation, trois événements
importants surviennent :
• les besoins vont être multipliés, alors que la vache voit diminuer sa capacité
d'ingestion ;
• la ration est modifiée, et le rapport fourrage/concentrés dans la ration s'inverse (il
passe d'un rapport de 60/40 avant le vêlage à un rapport de 40/60 en début de lacta­
tion), ce qui nécessite une adaptation du système digestif ;
• le glucose produit est utilisé préférentiellement par la mamelle pour produire le
lactose du lait. Ce glucose est un substrat nécessaire à l'utilisation des acides gras
pour produire de l'énergie avec un bon rendement.
De nombreuses erreurs sont commises dans la gestion et la composition de la ration :
elles vont se traduire par des troubles physiologiques appelés aussi maladies métabo­
liques. La principale cible de ces erreurs est le foie (cf. encadré 1) dont la perturbation
provoque certaines maladies métaboliques.

Encadré 2 : Le rôle du foie

Le foie est un organe incontournable. Ses fonctions sont multiples. Entre autres :
• Il produit une grande quantité d'énergie à partir des acides gras prélevés dans
le sang qui proviennent de l'alimentation ou des réserves adipeuses. Son rende­
ment est d'autant meilleur qu'il dispose de glucose en quantité importante. Or,
en début de lactation, le glucose est principalement utilisé pour la synthèse du
lactose du lait.
• Il synthétise pratiquement tous les corps cétoniques nécessaires à la production
d'une grande partie de l'énergie dans les muscles et la mamelle. Cette synthèse
ne nécessite pas de glucose.
٠ Il stocke une partie de ses acides gras sous forme de triglycérides. Le problème est
que, chez les bovins, contrairement à d'autres espèces, ces triglycérides s'accu­
mulent dans le foie et provoquent une stéatose lorsque les acides gras libres sont
présents en trop grande quantité dans le sang.

En outre, comme nous pouvons le voir sur le schéma 1, en raison du rôle central joué
par cet organe mais aussi en raison du rôle de la digestion (rumen), l'origine de ces
maladies métaboliques présente de nombreux liens entre elles, lesquels seront déve­
loppés au cours de ce chapitre.

Décalage entre besoins en nutriments et capacité d'ingestion


Le vêlage correspond également au moment où la capacité d'ingestion est la plus
réduite. Or celle-ci ne va augmenter que très progressivement, alors que les besoins
de la vache vont être de plus en plus importants (cf. figure 2). L'animal va puiser dans
ses réserves pour tenter de réaliser son potentiel lacté. La vache ne dispose essentielle­
ment que de réserves graisseuses et, plus précisément, de triglycérides (une molécule
de glycérol associée à trois acides gras). La mobilisation de ces réserves va entraîner
une libération des acides gras dans le sang. Ils portent alors le nom d'acides gras non
estérifiés (AGNE) ou acides gras libres (AGL). Ces AGNE sont utilisés par le foie. Ceux
LA PRÉVENTION

Mamelle : synthèse du lactose


à partir du glucose
Tissu adipeux (réserves
corporelles) = triglycéride; Orientations métaboliques,
en début de lactation,
responsables des maladies
FOIE :
métaboliques
1) AGNE + glucose = Énergie
(voie métabolique peu utilisée
en début de lactation)
(AGNE = acide gras non estérifié) CETOSE

: = glucose + AGNE 2) AGNE seuls


Ils se transforment
dans le foie :
a) soit en corps cétoniques
b) soit en triglycérides

Rumen : I STEATOSE
Avant vêlage : l'animal consomme plus de fourrage I HÉPATIQUE
que de concentrés (beaucoup de fibres, de cellulose et peu d'amidon). ■٠ ■ (syndrome de la vache
S'il consomme trop de concentrés, il grossit et risque la stéatose hypatique, grasse = perte d'appétit)
suivie d'une perte d'appétit et d'un amaigrissement précoce.
Après vêlage, la vache mange plus de concentrés que de fourrage ACIDOSE = perte d'appétit
(beaucoup d'amidon et peu de fibres). Il y a alors risque d'acidose.

Schéma 1 : génèse des différentes maladies métaboliques et leurs relations

Jour par rapport au vêlage

Figure 2 : Décalage entre besoins en nutriments et capacité d'ingestion


dans les premières semaines de lactation
LES MAMMITES

qu'il ne peut pas utiliser vont s'accumuler dans cet organe pour reformer des triglycé­
rides et, dans certains cas, provoquer une stéatose hépatique très néfaste à la santé (cf.
encadré 3). L'importance de la mobilisation des réserves graisseuses peut être appré­
ciée par la mesure des AGNE dans le sang. Plusieurs études ont montré que, plus
cette teneur était élevée, plus les risques de maladie et en particulier de mammites
étaient grands (cf. figure 3). En début de lactation, une mobilisation très importante
des réserves, donc, un fort déséquilibre entre les apports et les besoins, se traduit par
un taux butyreux particulièrement élevé (> 50 g/l) et un taux protéique normal à faible
(inférieur ou autour de 30 g/l. Le mois suivant, les deux taux ont tendance à s'effondrer
car les conséquences de cette mobilisation graisseuse massive sont particulièrement
néfastes pour l'appétit. L'état de sous nutrition de cet animal se traduira par des taux
protéiques et butyreux bas. Au contraire, chez les animaux en bonne santé, les taux
baissent moins et ils ont tendance à se rapprocher : chez ces vaches, le rapport TB/TP
doit être inférieur à 1,5.

Importance du risque exprimé


en pourcentage d'animaux atteints

AGNE bas < 200 uM/L I AGNE médium AGNE haut > 400 uM/L

Dyst = dystocie, ND = non délivrance, FV = fièvre vitulaire, Céto = cétose


Caill = déplacement de caillette, Mam. V = mammite péripartum, Mam. G = mammites générales

Figure 3 : Lien entre l'intensité de la mobilisation des réserves graisseuses et certaines affections

Encadré 3 : Le syndrome de la vache grasse

Normalement, c'est en début de la lactation que les vaches mobilisent leurs réserves
de graisse de façon importante. Si elles sont trop nourries pendant le tarissement,
elles présentent un engraissement excessif avec une note d'état corporel supérieure
à 4 (sur une échelle de 1 à 5), au lieu d'une note de 3.5 au tarissement chez les
vaches normales. Les vaches trop grasses vont présenter une chute d'appétit beau­
coup plus marquée dans les semaines précédant la mise bas, donc mobiliser de
façon plus précoce et plus massive leurs réserves corporelles. Cela se traduit par
une forte augmentation des acides gras non estérifiés (AGNE) dans le sang. Ce
phénomène va aboutir à la surcharge du foie en acides gras sous forme de graisse
(triglycérides), ce qui, au-delà d'un certain niveau, peut aboutir à un dysfonction­
nement hépatique grave.
LA PRÉVENTION

Le système digestif des bovins : une adaptation indispensable


La période sèche correspond à un moment où les besoins de la vache sont faibles et
où une ration à faible densité énergétique suffit à couvrir la totalité de ses besoins. La
distribution d'une telle ration va avoir deux conséquences majeures :
• une régression de la surface d'absorption des papilles ruminales dont le nombre et la
taille dépendent de la quantité d'énergie de la ration ;
٠ une microflore ruminale de type cellulolytique permettant la digestion d'une ration
riche en fourrage et faible en concentrés.
La reprise de la lactation s'accompagne de
la distribution d'une ration apte à couvrir
les besoins de production, donc beaucoup
plus riche en nutriments (azote et énergie).
Or, le plein développement des papilles
ruminales requiert de 4 à 5 semaines, et
la modification du profil fermentaire à
l'intérieur du rumen (passage d'une flore
cellulolytique dont le substrat est la cellu­
lose du fourrage à une flore à dominante
amilolytique dont le substrat est l'amidon
des concentrés) demande 3 à 4 semaines.
Si le passage est brutal entre les deux
rations et une période de transition n'est
pas respectée, les risques d'acidose seront
particulièrement élevés (cf. encadré 4).

Encadré 4 : L'acidose ruminale


Circonstances d'apparition
Elle peut survenir à tout moment en raison de l'insuffisance d'apport de fibres dans
la ration ou de repas de concentrés riches en glucides fermentescibles trop volumi­
neux. Cette situation est fréquente en début de lactation pour couvrir les besoins
en lait. Mais le risque d'acidose est accru lors d'une mauvaise transition alimentaire
au vêlage.
Expression clinique
Il s'agit principalement aujourd'hui d'acidoses sub-cliniques. Elles correspondent aux
perturbations enregistrées lorsque le pH du rumen descend en dessous d'une valeur
considérée comme critique de 5,5. En effet, en deçà de cette valeur, on constate
une accumulation d'acides gras dans le rumen. Ce phénomène d'acidose va avoir
plusieurs conséquences graves :
• Une inflammation de la paroi du rumen, qui va devenir beaucoup plus perméable
aux infections bactériennes, ce qui explique l'apparition d'abcès dans le foie.
• Une chute d'appétit de l'animal, ce qui peut provoquer une cétose.
٠ La résorption par la paroi du rumen de substances toxiques produites localement
et qui vont engendrer des lésions vasculaires au niveau des pieds : celles-ci sont
à l'origine de fourbure et de boiteries dont l'expression clinique est décalée dans
le temps.
٠ Des bouses molles.
LES MAMMITES

Peu d'études montrent un effet immuno­


dépresseur de l'acidose. En revanche, l'aci-
dose est à l'origine d'inappétence et de
mal digestion des aliments qui favorisent
l'apparition des déplacements de caillette
et des cétoses. Les conséquences de ces
dernières sur l'immunité sont très diverses,
mais, en tout cas, toujours négatives.
Une vache en cétose aura donc bien
plus de risques de faire une infection Photo WM Acétonémie : cétotest : ce test, à réaliser
mammaire, laquelle présentera également sur le lait, permet de détecter l'acétone. Le
une sévérité accrue. nitropriussiate blanc vire alors au violet. (D. Remy)

D u glucose nécessaire pour la synthèse du lactose


Pendant la lactation, le pis a un besoin important en glucose pour synthétiser le lactose
(1 gramme de glucose = 1 gramme de lactose). La quantité de lactose (45 grammes
par litre de lait) synthétisée dans le pis est associée étroitement à la quantité totale de
lait : pour produire 30 litres de lait et même arriver à un pic de 50-60 litres en quelques
jours, il faut apporter de quoi synthétiser de 1350 à 2250 grammes de glucose. Or,
celui-ci n'est plus disponible pour produire de l'énergie en grande quantité à partir des
AGNE dans le foie. Ceux-ci se transforment en une grande quantité de corps cétoniques,
dépassant largement les possibilités d'utilisation par les muscles et la mamelle. Cette
perturbation est appelée cétose (cf. encadré 5).

Encadré 5 : La cétose

Le foie fabrique normalement des corps cétoniques (cf. schéma 1). Cette situation
devient pathologique lorsque les sources de glucose sont insuffisantes car il est
mobilisé pour la synthèse du lactose dans le lait. Le foie fabrique des corps céto­
niques en excès qui ne peuvent plus être utilisés dans les muscles et dans la mamelle
comme substrat énergétique. Ils s'accumulent alors dans le sang.
La cétose de type I est associée à un déséquilibre entre la production laitière et les
apports en glucose. On la rencontre chez des vaches à fort potentiel laitier associé à
un petit format. Elle survient souvent au bout de quinze jours-trois semaines. Quelle
que soit sa forme, sub-clinique ou clinique, elle guérit facilement.
La cétose de type II survient lors de stéatose hépatique. Elle est le résultat d'une
diminution de la fonction hépatique associée à un manque d'appétit qui réduit
l'apport de glucose. Elle est plus précoce, huit-quinze jours après le vêlage, et sa
guérison, plus difficile, est associée à la diminution de la stéatose. La forme la plus
fréquente est la forme sub-clinique.
Expressions cliniques :
Chez la vache laitière, on peut observer essentiellement deux formes de cétose, mais
il s'agit le plus souvent de cétoses sub-cliniques avec une augmentation des corps
cétoniques dans le sang. Lorsqu'il s'agit de forme clinique, ce trouble se traduit par
une chute progressive de l'appétit (dégoût progressif pour les concentrés puis pour
les fourrages) associée à un amaigrissement intense. On peut parfois également
observer des troubles nerveux particulièrement marqués (vache cherchant à manger
n'importe quoi ou fonçant tout droit quel que soit l'obstacle).
LA PRÉVENTION

Les déséquilibres minéraux;


seuls ou associés, participent
à la fragilisation de la mamelle

Le problèm e p a rtic u lie r du calcium


La brusque demande de calcium par la
mamelle peut être à l'origine d'une chute
brutale de sa teneur sanguine (= calcémie)
et aboutir à une fièvre de lait. Celle-ci est
provoquée essentiellement par une mobi­
lisation trop lente du calcium osseux. La
baisse de la calcémie va avoir des effets
directs et indirects sur la susceptibilité des
vaches aux infections mammaires : Photo K‫؛‬J Fièvre de lait et risque de mammite :
la vache atteinte d'hypocalcémie présente un
• la baisse du tonus musculaire est à sphincter du trayon relâché. En outre, un contact
l'origine d'une moindre étanchéité des prolongé avec le sol augmente le risque de
sphincters, donc de colonisations infec­ mammite. (Service de Pathologie du bétail, ENVA)
tieuses éventuelles ;
• le décubitus prolongé est associé à une exposition plus importante de l'extrémité des
trayons aux germes d'environnement ;
• On observe une élévation des niveaux de cortisol dans le sang inversement propor­
tionnelle à la calcémie. Or, les effets du cortisol sur la diminution des défenses immu­
nitaires sont bien connus.

D ay o f C a lv in g

Élévation du cortisol plasmatique


(inversement proportionnel à la calcémie)

Décubitus prolongé
Relâchement
du sphincter
du trayon

1 ،٢

Infections mammaires favorisées

Figure 4 : Effets d'une chute du calcium sanguin sur l'augmentation de sensibilité


aux infections mammaires
IH H B

LES MAMMITES

Depuis une vingtaine d'années, les éleveurs ont pu constater qu'il existait une nouvelle
forme de fièvre vitulaire plus difficile à soigner. Cette aggravation doit être associée à
l'augmentation de la mobilisation des réserves adipeuses chez les vaches hautes produc­
trices. Les hormones qui participent à cette mobilisation sont très hypocalcémiantes.
Là aussi, les conséquences de la fièvre de lait sur la santé de la vache et, en particulier,
sur les infections mammaires, ont été déjà bien illustrées.

Photo D Perfusion de calcium : ce traitement permet de rétablir rapidement la situation lorsque l'on
se trouve face à une hypocalcémie liée à la spoliation de calcium par la mamelle. (Service de Pathologie
du bétail, ENVA)

Tableau 1 : Augmentation des risques de diverses maladies chez les vaches atteintes
de fièvre de lait
Maladies Risques relatifs
Dystocies 2.8
Non délivrance 6.5
Déplacement de caillette à gauche 3.4
Cétose 8.9
Mammites 8.1

A tteinte non infectieuse de la m amelle : l'œdème mammaire


L'œdème mammaire est bien connu, en particulier chez les génisses. L'état de la mamelle,
gonflé et douloureux, est particulièrement défavorable à la détection des mammites
LA PRÉVENTION

cliniques. De plus, la douleur générée peut entraver la bonne traite de l'animal. Enfin,
l'œdème diminue l'étanchéité des sphincters, ce qui va favoriser la remontée d'agents
infectieux. Les facteurs de risque sont nombreux et listés dans le tableau 2. Leur maîtrise
n'est pas toujours évidente mais prévenir les oedèmes mammaires est important pour
limiter les risques d'infection mammaire.

Photos El Q Deux aspects de l'œdème mammaire (J.M. Nicol) :


٠ sur la photo 5, c'est l'atteinte mammaire qui est la plus préjudiciable pour la santé ;
• sur la photo 6, on peut constater que l'œdème s'étend au-delà de la mamelle. Avec une telle expansion,
cet œdème mammaire peut être considéré comme pathologique.

Photo E l Le signe du godet : l'empreinte du doigt Photo E l Hémolactation : elle peut être associée
est persistante quand on le retire. ( J.M. Nicol) à l'œdème mammaire. (J.M. Nicol)
LES MAMMITES

Tableau 2 : Facteurs de risque des oedèmes mammaires (d'après Radigue)


Facteurs de risque d'œdème
mammaire au vêlage Causes et effets

Vaches grasses Lactation et tarissement long


Excès d'énergie et déficit en protéines pendant le tarissement
Déficit énergétique en fin de gestation
et début de lactation (AGNE augmenté) Aggrave l'œdème mammaire

Manque d'exercice physique Pénalise la circulation sanguine

Excès de sodium Distribution de sel (>30 g/jour)


> 1,5 g/kg MS Bicarbonate de sodium aux vaches taries
Eau d'abreuvement riche en sodium
Le rein élimine le K en réabsorbant le Na, la vache boit donc
Excès de potassium (K)
> 200 g/jour Cela conduit à une alcalose sanguine : pH urinaire > 8
Les fourrages riches en K : herbe jeune, fertilisation avec lisier
ou scories, légumineuses, pulpes de betteraves
Des apports de 1 000 Ul/jour en vitamine E en fin de
Déficit en vitamine E
gestation réduisent les oedèmes mammaires
Un apport de 0,8 g/jour en fin de gestation réduit les
Déficit en zinc
oedèmes mammaires

Déficit en magnésium Favorise les oedèmes lors d'alcalose métabolique et de


lipomobilisation intense
Carence en iode Augmentation de la rétention d'eau

Photo Q Fièvre de lait et œdème mammaire : ces deux entités peuvent aussi être associées. Le risque
de mammite est encore augmenté. (J.M. Nicol)
LA PRÉVENTION

La résultante de ces troubles :


une sensibilité accrue aux infections mammaires
et une sévérité plus grande des mammites cliniques
Les maladies métaboliques sont responsables d'une atteinte des défenses de la mamelle.
Le système immunitaire de la mamelle en est la principale cible mais les défenses du
trayon sont aussi affaiblies (cf. encadré 6). La relation nutrition/mammite peut connaître
des liens encore plus étonnants. Une des principales conséquences des bouses molles
(un des principaux signes de l'acidose) est l'augmentation de l'humidité de la litière avec
ses conséquences sur la prolifération bactérienne. Une étude nord-américaine a montré
que les vaches fortes productrices nourries avec une ration moins fibreuse, plus humide
et à plus haute teneur énergétique, produisaient des déjections plus liquides. Ils ont
estimé que ces vaches produisaient au moins 30 litres d'urine de plus par jour, et environ,
la même quantité d'eau par le biais des déjections liquides. Cette humidité additionnelle
a contribué à augmenter les taux d'humidité relative de la litière et de l'air ambiant.

Encadré 6 : Comment ces maladies métaboliques influent-elles


sur les infections mammaires ?

En dehors de l'hypocalcémie et des œdèmes mammaires qui agissent sur les


défenses de la mamelle et du trayon, la stéatose, les cétoses et l'acidose agissent
directement sur l'immunité.
La stéatose hépatique est une maladie métabolique très immunodépressive. Elle agit
directement sur les cellules de la lignée blanche (PNN et lymphocytes) et diminue
leur activité immunitaire, spécifique et non spécifique. Indirectement, elle limite les
fonctions de synthèse protéique du foie (globulines, glutathion et albumine). Or, les
anticorps sont des gammaglobulines alors que le glutathion et l'albumine diminuent
le stress oxydatif (cf. chapitre suivant).
L'acidose diminuerait aussi l'activité de tous les leucocytes mais elle agit surtout au
travers d'une stéatose hépatique existante.
On a pu montrer expérimentalement le rôle immunodépresseur des corps cétoni-
ques et leur action néfaste sur les cellules de la lignée blanche. Le rôle des cétoses
subcliniques sur !'immunodépression a été démontré dans la plupart des études de ٠٠•'
terrain. Leurs mécanismes ne sont pas encore bien connus.

Un autre point important est que cette relation maladies métaboliques/mammites


dépasse largement le cadre de ces maladies, et il est clair que les affections de la période
du péripartum sont très dépendantes les unes par rapport aux autres (cf. figure 4). Agir
sur un facteur de risque donné aura ainsi des conséquences positives sur la plupart des
problèmes de santé de cette période cruciale.
Si le pic des mammites cliniques est enregistré le premier mois après le vêlage,
souvenons-nous que les infections mammaires sont souvent contractées au cours du
tarissement ou dans les jours qui précèdent ou suivent le vêlage. Au-delà, la baisse de
l'incidence est très nette (cf. figure 5). Un suivi particulièrement vigilant des vaches en fin
de gestation et en début de lactation s'impose. Une liste de paramètres à surveiller existe
(cf. tableau 3). Le temps disponible pour la bonne surveillance des animaux est, de nos
jours, très limité en exploitation. Bien cibler les animaux les plus sensibles pour mieux
les observer est vital, tant en ce qui concerne leur santé générale que les mammites.
Détecter précocement les troubles, c'est une garantie de traiter efficacement. Réaliser
LES MAMMITES

de bonnes transitions alimentaires (adaptation à une ration plus riche en énergie avant
vêlage), prévenir raisonnablement les fièvres de lait, bien maîtriser l'état d'engraissement
des vaches taries sont des clés fondamentales dans le contrôle de la santé de la vache
laitière mais aussi des mammites.

Stéatose Hypocalcémie

I * Baisse de l'immunité
cetose ____ |

Mammites < ^— ------* Métrite


éplacement
Déplacement *
de caillette

~ ~ __________________________ ■
délivrance

Figure 5 : Liens entre les différentes affections de la vache laitière en début de lactation

Effectif d'animaux atteints

80

60

40

20

10j AP à 10 j PP 10j à 30 j PP 1 à 2 mois PP 2 à 3 mois PP > 3 mois PP

Gram + ■ Gram - D E . coli □ Neg □ Total

Figure 6 : Incidence des mammites cliniques selon la cause et le moment par rapport au vêlage
(AP = avant le vêlage, PP = après le vêlage)
LA PRÉVENTION

Tableau 3 : Critères cliniques d'observation permettant de détecter une vache à


problèmes (d'après Overton et Azul)
Signes Vache bien portante Vache à problèmes
Apparence générale Alerte Léthargique
Température rectale 38 à 39 °c < 38 ou > 39
Contractions du rumen 3 ٦ ‫ف‬par minute Moins de 1 par minute
Test sur l'urine de la cétose,
négatif Positif
à 10 jours après le vêlage
Augmentation du lait sur 14 jours
8 à 10 % par jour Moins de 5 % par jour
après le vêlage

INCIDENCE DE CERTAINES VITAMINES


ET OLIGOELEMENTS SUR LES MAMMITES

De nombreuses vitamines et oligoéléments participent à la protection du système


immunitaire du fait que ces éléments appartiennent en grande partie directement et
indirectement à une catégorie de substances appelées antioxydants (cf. encadré 1).
Avant d'expliquer leur lien avec le système immunitaire, rappelons que la plupart de ces
nutriments ont pour point commun de voir leur concentration diminuer plus ou moins
fortement dans le sang durant le mois avant le vêlage. Plusieurs raisons sont avancées :
• La première est que le volume sanguin de la vache augmente de 40 % avant le vêlage
du fait de la gestation et de la croissance du fœtus, ce qui baisse naturellement le taux
sanguin des vitamines et des oligo-éléments.
• Les vaches ont moins d'appétit, et les aliments donnés aux vaches taries sont de
moins bonne qualité.
• Une fuite de ces éléments vers le colostrum qui commence à être synthétisé au cours
des 15 derniers jours avant le vêlage.
• Une fuite de ces éléments a lieu vers le fœtus.
On peut donc penser que les besoins à cette période sont importants. Il est cependant
nécessaire d'étudier l'impact des carences sur la santé de la mamelle. ‫ءث‬

Encadré 7 ‫ت‬Immunité et système oxydât‫؛؛‬

Le système immunitaire de la mamelle appartient aux défenses hautes. Il existe deux


types d'immunité : non-spécifique et spécifique.
L'immunité non-spécifique est assurée par l'inflammation puis par les cellules
phagocytaires (cf. les défenses de la mamelle dans la partie Généralités pages 25 et
suivantes). Rappelons en rapidement les différentes étapes :
• Les polynucléaires neutrophiles affluent ‫ف‬partir du courant sanguin dans le lait et
sont attirés par les bactéries (c'est ce que l'on appelle le chimiotactisme). Ils phago-
cytent les bactéries lorsqu'ils sont en contact avec elles puis les détruisent.
٠ L'immunité spécifique est assurée par les globules blancs qui activent certains
lymphocytes T dont certaines lignées vont elles-mêmes stimuler des lignées de
lymphocytes B et les inciter à produire les anticorps qui participent à la lutte
contre les bactéries.
LES MAMMITES

Lors de la phagocytose, les bactéries sont ingérées par la cellule phagocytaire puis
détruites par les substances bactéricides à fort pouvoir oxydant (appelés aussi radi­
caux libres) produites en grande quantité. Les globules blancs fabriquent dix fois plus
de substances oxydantes que les autres cellules. Cependant, ce pouvoir destructeur
des substances oxydantes ne se limite pas uniquement à la bactérie. Lorsque de
nombreux PNN meurent, les radicaux libres sont libérés en grande quantité, et ils
vont détruire le tissu mammaire.
Il existe des substances appelées antioxydantes, produites par l'organisme ou appor­
tées par l'alimentation, qui limitent ces dommages. C'est ce qu'on appelle le système
antioxydant.
• Toutes les cellules fabriquent des enzymes « piégeurs ». Ces enzymes nécessitent
des oligo-éléments comme cofacteurs. Il s'agit du zinc, du cuivre, du sélénium
et du fer.
• Certaines vitamines sont des molécules antioxydantes. La vitamine A et, surtout,
son précurseur, le p-carotène, mais aussi la vitamine E et la vitamine C.
Tous les antioxydants n'ont pas le même rôle et, même si le déficit d'un antioxydant
peut être quelquefois pallié en partie par la présence en quantité suffisante d'un
autre, son remplacement total n'est jamais complet. On comprend ainsi mieux
pourquoi il existe des besoins spécifiques en vitamines et en oligoéléments, et la
raison pour laquelle leur carence peut augmenter le risque d'infection mammaire
en en diminuant les défenses.

Mammites; vitamine A et p-carotène


La vitamine A, encore appelée rétinol, est une vitamine liposoluble très importante pour
l'organisme et pour la mamelle. En fait, le p-carotène, un de ses précurseurs, est indis-
pensable en l'état car on sait aujourd'hui qu'il a un rôle propre, te rôle protecteur de la
mamelle de la vitamine A s'expliquerait par son implication dans l'intégrité et la santé
des épithéliums, que ce soit celui du canal du trayon ou celui des acinis. Une carence
très élevée en vitamine A, situation exceptionnelle chez la vache laitière, se traduit par
une atrophie du thymus (producteur des lymphocytes), et agit sur le système ‫؛‬٨٦٨٦٧٢٦‫؛‬-
taire sans que l'on en connaisse vraiment bien le mécanisme.
La concentration moyenne en të-carotène varie suivant les végétaux et leur présentation.
Elle est très faible dans la paille, de l'ordre de 1 à 4 mg/kg, avec une moyenne de 1,6 mg/
kg dans le ma'i’s, et de 5 à 100 mg/kg avec une moyenne de 37 mg/kg dans le foin. Le
P-carotène du sang est un bon marqueur de la richesse en cet élément dans la ration.
Il est conseillé d'augmenter de 50 % la vitamine A (30 000 U l/jour au lieu de 15000 ٧ !)
durant le dernier mois de gestation car les taux sanguins chutent fortement, même chez
des vaches recevant du foin de bonne qualité avant le vêlage. Avant de préconiser du
p-carotène, il est utile de réaliser un bilan sanguin. Le coût d'une cure de p-carotène
reste élevé, et celle-ci ne doit être réalisée que lorsque l'ensemble des fourrages est de
mauvaise qualité.

Mammites, sélénium et vitamine E


Il y a une quinzaine d'années, on pensait que les apports de sélénium et de vitamine E
protégeaient efficacement contre les mammites. Ce constat venait des États-Unis où les
LA PRÉVENTION

vaches sont souvent élevées hors sol. En Europe où les animaux pâturent une partie de
l'année, et lorsque les vaches sont taries, les apports supplémentaires se sont souvent
avérés décevants. En effet, ce rôle protecteur n'existe que lorsque les vaches sont préala­
blement carencées en ces deux éléments, ou uniquement en vitamine E. Or, le sélénium
et la vitamine E sont présents en grande quantité dans l'herbe, alors que les ensilages et
les concentrés sont souvent pauvres en ces éléments. Il peut être cependant intéressant
d'apporter un complément de ces deux éléments en fin de gestation en dépassant légè­
rement les apports préconisés habituellement. Les apports en sélénium et en vitamine
E seraient bénéfiques en début de lactation, mais il semble moins intéressant de les
prolonger.

Zinc et mammites
Les carences en zinc surviennent fréquemment mais elles sont généralement margi­
nales. Le zinc a un effet protecteur comme antioxydant sur la mamelle et par d'autres
voies en améliorant la fonction immunitaire mais surtout en activant la formation de
kératine. Le zinc est nécessaire à l'incorporation de la cystéine dans la kératine. Comme
la vitamine A, il améliore la santé des épithéliums.

Cuivre et mammites
Le cuivre n'agit que sur le pouvoir bactéricide des phagocytes. L'apport de cuivre sous
forme organique est plus efficace que l'apport de sulfate de cuivre. Les carences en
cuivre chez les bovins sont souvent liées à la présence, dans la ration, d'antagonistes
comme les sulfures utilisés pour la fabrication de pulpe de betterave.

Oligoéléments et vitamines dont les apports sont sans intérêt


pour la santé de la mamelle : le manganèse> le chrome> l'iode et la vitamine C
Le manganèse, le chrome et la vitamine C ont un pouvoir antioxydant. Des essais
comparatifs ont montré une diminution des mammites cliniques et sub-cliniques, mais

-?٠ .
on n'a pas retrouvé d'effet bénéfique lors d'essais de terrain. L'iode agit à différents ٠٠٠
niveaux sur le système immunitaire local et général. On aurait pu penser qu'un apport
avant le vêlage serait bénéfique sur la santé de la mamelle. Comme pour les précédents
éléments, cela n'a pas été confirmé.

Apports préconisés
Avant de préconiser des cures systématiques d'oligoéléments ou de vitamines, il est
conseillé au préalable d'analyser la ration, de vérifier les apports déjà réalisés et, s'il y a
un doute, de vérifier le statut sanguin. Si un tel apport lors d'une carence peut améliorer
la santé de la mamelle, en aucun cas, il n'apportera une amélioration de la santé de la
mamelle lorsque les bilans sont normaux. Un apport excessif peut même augmenter le
stress oxydatif, réduire la fonction immunitaire et même être toxique.
En raison des bilans sanguins souvent bas avant le vêlage, il peut être nécessaire de
complémenter les vaches en ces différents nutriments avec des apports correspondant en
général à ceux préconisés habituellement (cf. tableau 1). Seuls les apports préconisés en
vitamines A et E ou en sélénium sont généralement supérieurs à ceux indiqués d'habitude.
LES MAMMITES

Tableau 4 : Apports conseillés en vitamines et en oligo-éléments pour lutter contre


les mammites

Éléments nutritifs antioxydants j ^ ^ ^ ٠ ٢ Besoins habituels

Sélénium 0,3 mg/kg de MS 0,1 à 0,5 mg/kg de MS

Cuivre 20 mg/kg de MS
7 à 16 mg/kg de MS
60 jours avant le vêlage
Zinc 50 à 60 mg/kg de MS 50 mg/kg de MS
Vitamine A < 7x104UI/j 5 x104UI/j
P-carotène 300 à 600 mg/j 600-1 800 mg/j

Vitamine C Aucun apport supplémentaire Aucun apport supplémentaire


nécessaire nécessaire
Vitamine E 3 x103 Ul/J 1 à 3x103 Ul/J

On connaît aujourd'hui le rôle important joué par l'alimentation et ses pratiques autour
du vêlage. Des progrès non négligeables peuvent être obtenus si on inclut ces pratiques
alimentaires dans la prévention des mammites, comme on le fait pour les pratiques de
traite et la maintenance de la machine à traire ou encore les problèmes de reproduction.
On connaît mieux aujourd'hui l'incidence néfaste des différentes maladies métaboliques
et des carences en vitamines et en oligoéléments sur les défenses des trayons et de la
mamelle. Le schéma 2 met en évidence les liens qui existent entre les différentes mala­
dies métaboliques, les carences en différents nutriments et les défenses de la mamelle.

Schéma 2 : Déséquilibres, carences ou excès en nutriments, maladies métaboliques et leurs cibles


LA PRÉVENTION MÉDICALE :
LE TRAITEMENT
AU TARISSEMENT
La mise au repos de la glande mammaire va permettre un renouvellement du tissu
sécrétoire, ce qui va se traduire d'abord par la mort cellulaire (phénomène d'apoptose)
d'une partie du tissu et, dans un deuxième temps, par une multiplication des cellules
épithéliales des alvéoles mammaires. La production laitière, qui avait diminué progres­
sivement depuis le pic de lactation, va ainsi monter à des niveaux élevés. Le tarissement
va avoir deux conséquences opposées :

• l'arrêt de la vidange lactée et l'importance de l'intervalle de temps avant la mise


en place de la fermeture du sphincter du trayon sont deux éléments favorables à
la remontée de germes dans le canal du trayon et à la colonisation du parenchyme
mammaire ;
• la désorganisation du parenchyme mammaire, la rupture des épithéliums et les varia­
tions de conditions physico-chimiques dans la mamelle vont y favoriser la diffusion
et l'activité des antibiotiques.
Ainsi, le tarissement représente une période à haut risque mais aussi une opportunité
dans la lutte contre les infections mammaires. Le traitement employé devra, selon les
cas, soit éliminer une infection intra-mammaire si la mamelle est infectée, soit prévenir
une infection si la mamelle est saine. Ce double objectif est à atteindre sur les vaches
infectées car une infection éliminée en début de période sèche peut être suivie d'une
autre infection dans les semaines qui précèdent le vêlage.

Sur des vaches en bonne santé, la question de l'intérêt du traitement au tarissement


s'est posée. Les résultats de plusieurs études apportent une réponse sans ambiguïté
(cf. tableau 1). Le traitement au tarissement est incontournable dans la bonne gestion du
troupeau laitier. Il supprime le risque de mammites cliniques pendant la période sèche
et limite celles-ci en début de lactation.

Tableau 1 : Risque de développer une mammite clinique pendant la période sèche ou


d'infection au vêlage chez les vaches recevant un traitement par rapport
aux vaches non traitées.
........ Étude 1, Berry, 2002 Étude Williamson, 1995 Étude 2, Berry, 2002
(étude sur 934 quartiers) (étude sur 316 quartiers) (étude sur 1596 quartiers)
‫؛‬
MC MC MC
Infectées Infectées Infectées
Traitement i période Traitement période Traitement période
au vêlage au vêlage au vêlage
sèche sèche sèche

Antibio­ Antibio­
Traitées 0 19 0 0 Obturateur 0 27
tiques tiques

Témoins
non Aucun 7 58 Aucun 7 38 Aucun 10 93
traités
LES MAMMITES

ÉVALUATION □٧ RISQUE SANITAIRE

Celui-ci peut être mesuré, à deux niveaux, selon que le traitement est à visée curative
ou préventive.

Facteurs de risque de non-guérison


Le tarissement représente le moment idéal pour éliminer les infections présentes en
‫ ؛‬in de lactation. Cependant, il ne peut les résoudre toutes, et son succès dépend de
plusieurs éléments, certains liés à la vache laitière, d'autres liés au germe, ‫ف‬l'ancienneté
et à l'intensité de l'in‫؛‬ection qu'il provoque (cf. tableau 2).

Tableau 2 : Facteurs de risque de non-guérison des infections au tarissement

Vache Risque de non -‫ ؟‬uér ‫؛‬son en fonction


des caractéristiques de l'infection
Parité Nombre de CCS mensuels élevés
Production de lait
Facteurs de risque
Nombre de quartiers atteints Dernier CCS avant tarissement
Position des quartiers Germes en cause

Commentaires concernant le tableau 2


• Parité de la vache : comme pour le traitement en lactation, plus les vaches sont
jeunes, plus les chances de guérison sont élevées.
• Plus il y a de quartiers infectés, moins les chances de guérison sont grandes.
• Les quartiers antérieurs guérissent mieux que les quartiers postérieurs.
• Plus l'infection de la vache est ancienne (ce qui se traduit par un nombre de CCS
mensuels élevés), moins ses chances de guérison sont élevées.
٠ Plus le dernier CCS avant tarissement est élevé, moins la vache a de chances de
guérir.
• Le germe en cause a, lui aussi, une grande importance. Des caractéristiques comme la
position intracellulaire ou l'appartenance à certaines souches à grande capacité d'in-
ternalisation dans la mamelle (comme cela a été mis en évidence pour Staphylococcus
aureus et d'autres espèces à un degré moindre - cf. partie sur les germes respon­
sables de mammite pages 34 et suivantes) ou de résistance aux antibiotiques sont des
facteurs de risque d'échec du traitement.

Quels animaux traiter ?


Il y a un risque majeur à ne pas traiter au tarissement une infection sub-clinique, surtout
si elle est due à un germe pathogène majeur. En effet, sans traitement, l'infection a alors
le temps de s'incruster dans le parenchyme mammaire et de contaminer durablement la
mamelle. Il est donc fondamental de ne pas laisser passer une infection à ce moment-là.
L'examen du dernier CCS avant tarissement peut se révéler un bon critère pour détecter
les animaux infectés. La sensibilité de ce critère dépend du seuil choisi.
• Un CCSI supérieur à 100000 cellules/ml lors du dernier contrôle avant tarissement
est un bon critère de sensibilité pour la détection des infections, même s'il en détecte
beaucoup par excès.
LA PRÉVENTION

• Lorsqu'ils sont disponibles, l'examen des trois derniers CCSI mensuels avant tarissement
est intéressant. On décide de traiter si au moins l'un d'eux excède 200 000 cellules/ml.

Risque de nouvelles infections


Les facteurs de risque de nouvelles infections peuvent être regroupés dans trois secteurs
différents : l'élevage, la vache, chacun des quartiers de la mamelle (cf. tableau 3).

Tableau 3 : Facteurs de risque des nouvelles infections pendant le tarissement


Élevage Vache Quartier

Parité Populations bactériennes à


Conditions d'hygiène l'extrémité du trayon
de l'élevage
Production de lait Lésions de l'extrémité du trayon
Longueur de la période sèche Méthode de tarissem ent Fermeture du sphincter

Ces facteurs de risque concernant l'élevage sont évidents. Les conditions de vie des
vaches taries sont souvent négligées, en particulier leur litière. C'est pourtant à ce
moment de leur cycle de production que le risque de nouvelles infections est le plus
élevé. Il faut savoir que 95 % des infections pendant la période sèche sont d'origine
environnementale (le reste étant constitué par les germes dits « de traite »). Plus cette
période est longue, plus le risque est élevé.
Les vaches les plus âgées semblent plus sensibles aux infections de la période sèche.
La quantité de lait produite au moment du tarissement influe beaucoup sur le risque.
Ainsi, une vache qui perd du lait après le tarissement a quatre fois plus de risques de
faire une mammite clinique pendant la période sèche. Enfin, la méthode de tarissement
peut également intervenir. Un tarissement progressif (une traite sur deux avec réduction
alimentaire) permet une chute de la production beaucoup plus rapide avant le tarisse-
ment mais rallonge la période ‫ف‬risque. Il semble cependant que, dans le cas des vaches
hautes productrices, cette méthode soit à préconiser.
Ce qui se passe au niveau du sphincter du trayon a un rôle fondamental sur le risque
d'infection. Une forte pression infectieuse et des lésions de l'extrémité du trayon sont ‫'ء‬
des facteurs de risque majeurs. Enfin, la fermeture du sphincter n'est ni aussi rapide, ni
aussi générale qu'on le croit (cf. figure 1). Ainsi, on a enregistré jusqu'à 20 % de trayons
ne présentant pas encore de bouchons de kératine six semaines après le tarissement
(cf. figure 1). Il faut savoir que, dans les deux semaines qui suivent le tarissement, aucun
sphincter n'est complètement fermé. Ces constatations ont donc permis d'appréhender
différemment un risque d'infection très longtemps sous-estimé.

Évaluation du risque pendant la période sèche


La période sèche peut se décomposer en 3 périodes ;
• L'involution mammaire et la mise en place du bouchon de kératine qui constituent
une réelle barrière physique à la colonisation par des bactéries pathogènes.
• L'état de mamelle involuée, qui est censé être celle où le risque est le plus faible.
• La sécrétion du colostrum à la fin de la période sèche où le risque de nouvelles infec-
tions va alors augmenter au for et ‫ف‬mesure que l'on se rapproche du vêlage (cf. figure 2).
LES MAMMITES

sphincters ©□verts

100 - -

80

60

40 - -

20

٢ Semaines
I I ' detarissement
Tarissement ١

Figure 1 : Pourcentage de sphincters ouverts au cours du tarissement (d'après Dingwell, 2002)

Selon la période considérée, le risque infectieux varie avec les diverses bactéries impli-
quées. Toutefois, la généralisation de l'emploi des produits de tarissement a conduit ‫ف‬
réévaluer les risques d'infection au cours de la période sèche. En particulier, une étude
a montré qu'une proportion considérable de quartiers (jusqu'à 8 %) était infectée par
des germes d'environnement (essentiellement des entérobactéries) dès la 3® semaine
avant le vêlage. Ce fait illustre donc qu'une période considérée jusqu'alors comme peu
favorable aux infections est le moment privilégié de la contamination de la mamelle par
les entérobactéries. Ces résultats ont donc amené à réévaluer le risque infectieux du
tarissement (cf. figure 2).
Les explications à ces observations sont diverses :
• On a vu qu'un certain nombre de sphincters ne se ferment pas pendant
tarissement.
• La plupart des produits administrés au tarissement sont très efficaces dans la préven­
tion des infections intra mammaires de début de la période sèche mais sont inef­
ficaces pour prévenir les infections de la fin de la période sèche, au moment où
le redémarrage de la sécrétion dilue les faibles concentrations résiduelles de l'anti­
biotique (cf. tableau 4).

Tableau 4 : Pourcentage d'infections au cours de la période sèche (d'après Smithi, 1985)


1er quart 2e quart 3e quart 4e quart
Vaches traitées 4% 4% 0% 12 %
Vaches non traitées 35.7% 0% 0% 10-7%

En l'absence de traitement, le principal risque d'infection se situe au début de la période


sèche. Il est principalement constitué par les microbes qui vivent sur la peau des
trayons. Ceux-ci, présents à proximité du sphincter, ont, dans un premier temps, tout
le loisir de coloniser le canal du trayon puis l'ensemble du quartier, du fait de l'arrêt de
la vidange lactée et du délai de mise en place du bouchon de kératine. Par la suite, le
LA PRÉVENTION

danger d'infection est lié à des contaminations environnementales, risque qui augmente
progressivement au fur et à mesure que le vêlage approche et que la pression lactée
intra-mammaire s'accroît et dilate le sphincter du trayon.

Tarissement
Vêlage

S. aureus
Str. uberis
E. coli
Autres
streptocoques Str. uberis
Str. uberis
A. pyogenes
A. pyogenes
Coliformes

Sécrétion
Involution Mamelle involuée du colostrum

Figure 2 : Évaluation du risque infectieux au cours de la période sèche

Lors d'emploi de traitement antibiotique au tarissement, ce risque doit être réévalué.


Il est alors inhérent aux sphincters qui se ferment mal mais il reste le même qu'en
l'absence de traitement dans les dernières semaines de tarissement (cf. figure 3).

Figure 3 : Réévaluation du risque infectieux sur les vaches recevant un traitement antibiotique usuel
de tarissement
LES MAMMITES

STRATÉGIE DE TRAITEMENT

Les critères de choix


Les conséquences de l'acquisition ou de la persistance d'une infection au cours de la
période sèche étant tellement pénalisantes économiquement, le traitement au tarisse­
ment est un paramètre incontournable de la bonne gestion de son troupeau laitier. La
question qui se pose est la suivante : doit-on appliquer le même traitement à tout le
troupeau ou vaut-il mieux l'adapter au cas par cas ?

Traitement uniform e
Dans les élevages qui ne sont pas au contrôle de performances ou pour lesquels ne
sont pas disponibles des numérations cellulaires individuelles régulières, le choix du
traitement au tarissement se portera sur un produit capable de guérir et de prévenir. Les
spécialités à base d'antibiotiques à large spectre (associations ou céphalosporines) seront
alors les plus indiquées. Le choix pourra être affiné en fonction du modèle épidémiolo-
gique rencontré ou des résultats des examens bactériologiques disponibles. Toutefois,
dans les élevages où les niveaux cellulaires de tank sont les plus caractéristiques, un
ciblage du traitement pourra être défini : dans les élevages où les niveaux cellulaires
de tank sont bas (inférieurs à 150 000, voire 100 000 cellules/ml), seul un traitement
préventif des infections mammaires peut être mis en place au tarissement. En revanche,
dans les élevages où les niveaux cellulaires de tank sont élevés (supérieurs à 300 000
cellules/ml), le choix du traitement systématique doit se porter préférentiellement sur un
traitement à visée curative. Il faut toujours garder à l'esprit qu'une infection non soignée
au tarissement a tous les risques de ne pas guérir et de devenir incurable. Il y a donc un
risque majeur à laisser une infection intra-mammaire non soignée au tarissement.

Traitem ent différencié


Dans les élevages où le statut infectieux des vaches est connu au moment du tarisse­
ment, un traitement « à la carte » pourra être mis en place (cf. figure 4).

Figure 4 : M ise en œ uvre d'un traite m e n t d iffé re n tié (NCT = num ération ce llu la ire de tank)
LA PRÉVENTION

L'intérêt d'un traitement différentié est d'appliquer à chaque vache la spécialité de taris­
sement la plus adaptée : le produit préventif le plus performant pour les vaches saines,
la stratégie thérapeutique optimale pour la vache infectée.

Les traitements par voie intra-mammaire

Spécialités avec antibiotiques


Le choix de la spécialité (cf. tableau 5) va dépendre de l'objectif principal recherché
(traitement ou prévention) et du profil des agents infectieux présents dans l'élevage
(cf. tableau 6).

Tableau 5 : Antibiotiques disponibles dans les spécialités de tarissement


Molécules à visée curative (spectre étroit) Molécules à visée préventive (spectre large)
Céphalonium

Cefquinome
Cloxacilline
Association d'antibiotiques :
Céphalexine
Pénicilline + néomycine
Céfazoline
Pénicilline + nafcilline + dihydrostreptomycine
Rifaximine
Cloxacilline + néomycine

Spiramycine + néomycine î

Tableau 6 : Spectre d'activité des antibiotiques présents dans les produits intra
mammaires de tarissement
Staphylococcus aureus
Bactéries à Gram + Bactéries à Gram -
résistant à la pénicilline

Pénicilline/pénéthamate +++ - -

Cloxacilline/nafcilline +++ +++ -

Céfazoline/céphalexine +++ ++ -

Cephalonium ++ ++ ++

Cefquinome ++ ++

D ihyd rostreptomyc ¡ne + ++ +++

Néomycine/framycétine + ++ +++

Rifaximine +++ ++ -

La plupart des spécialités à visée préventive possèdent également une bonne activité
curative. En revanche, celles qui sont curatives ne présentent pas d'activité contre les
entérobactéries, ce qui réduit considérablement leur intérêt dans la protection de la
mamelle au cours de la période sèche. Utilisées seules, les spécialités à spectre étroit
doivent être réservées aux vaches infectées au tarissement. Les différentes formulations
avec leurs avantages et leurs inconvénients sont rassemblées dans l'encadré 1.
LES MAMMITES

Encadré 1 : Formulations antibiotiques intra-mammaires de tarissement

Spécialité Principe(s) actif(s) Spectre Commentaires


CEFOVET Céfazoline + /- étroit
CEPRAVIN Cephalonium large Visées préventive et curative
CLOXINE
CLOXAMAM
DICLOMAM Les génériques de la cloxacilline
Cloxacilline 500 mg étroit
KLOXERATE (intérêt ?)
ORBENIN
TARIGERMEL
Pas d'effet synergique prouvé
CLOXAGEL Cloxacilline + néomycine large Prévention des infections colibacillaires
avec la néomycine
Cefquinone, Visées préventive et curative
COBACTAN DC large
forme micronisée Micronisation = diffusion optimisée
Molécule originale active sur
FATROX Rifaximine staphylocoques et streptocoques
étroit
Cette spécialité permet un délai lait
court si le vêlage est anticipé
Pénicilline + nafcilline
NAFPENZAL large Pas d'effet synergique prouvé
+ dihydrostreptomycine

Cloxacilline 600 mg, Visée curative des infections


ORBENOR étroit à Staphylococcus aureus
forme micronisée
Micronisation = diffusion optimisée
RILEXINE Céfalexine + /- étroit

Spiramycine Pas d'effet synergique prouvé


SPECIORLAC large Prévention des infections colibacillaires
+ neomycine
avec la néomycine
Pas d'effet synergique prouvé
VONAPEN Pénicilline + néomycine large Prévention des infections colibacillaires
avec la néomycine

Les spécialités sans a ntibiotique


Un produit de tarissement à base de sous nitrate de bismuth existe actuellement sur le
marché français. Son principe est de créer un véritable « bouchon », après son admi­
nistration intra-mammaire, dans le canal et la citerne du trayon. Ce bouchon est censé
pallier le retard ou l'absence de formation du bouchon de kératine, barrière naturelle de
la mamelle de la vache tarie. Cette spécialité a une visée uniquement préventive. Elle
suppose donc de connaître le statut infectieux de chaque vache ainsi qu'une excellente
hygiène d'administration. Son efficacité préventive est au moins égale aux spécia­
lités avec antibiotique (cf. tableau 5). L'utilisation d'un tel produit est particulièrement
intéressante, et ceci à plusieurs niveaux :
• l'administration d'antibiotique est surtout justifiée en cas d'infection ;
• elle a donc une bonne image au niveau des consommateurs ;
• ‫؛‬١ n'y a pas de risque d'inhibiteurs après le vêlage ;
٠ la traite par erreur d'une vache tarie avec un bouchon n'entraîne pas de contamina­
tion du tank ;
• le sous-nitrate de bismuth est retrouvé dans certains pansements pour les diarrhées
des veaux, il est donc sans danger s'il est ingéré par le nouveau-né.
LA PRÉVENTION

Tableau 7 : Comparaison du pourcentage d'infections mammaires au vêlage selon le


traitement administré au tarissement

Étude Bradley, 2002 Étude W oolford, 1998


Traitement Traitement Témoins non
Céphalonium Bouchon Bouchon
au tarissement antibiotique traités
Pourcentage
de quartiers infectés 15.4% 11.1 % 2.7 % 2.6 % 16.1 %
au vêlage

Photo U Aspect du nitrate de bismuth dans la


mamelle. (Service de Pathologie de la Reproduction,
ENVA)

Les formes galéniques utilisées


Certaines crèmes à tarir se caractérisent
par la forme sous laquelle se présente la
spécialité. Ainsi, les formes micronisées
permettent une diffusion optimisée de
l'antibiotique à l'intérieur de la mamelle.
Deux spécialités présentent des molécules
actives sous cette forme. Leur choix est
prioritaire lorsque l'objectif est d'éliminer
une infection intra-mammaire présente au __
tarissement. Photo WM Radiographie du trayon : le produit
remplit le canal et la citerne. (Pfizer)

Comparaison de l'efficacité
d'un traitem ent par voie intram am m aire/voie générale
Différents essais ont montré que les antibiotiques administrés hors lactation par voie
intra-mammaire le jour du tarissement étaient beaucoup plus efficaces pour guérir
les vaches infectées que l'injection de produits antibiotiques à longue action par voie
générale. En effet, l'administration intra-mammaire permet de maintenir des concen­
trations efficaces pendant plusieurs semaines, alors que la voie injectable ne permet
guère d'excéder une activité d'une semaine seulement. Ainsi, la voie d'administration
préférentielle est bien la voie intra-mammaire. La voie injectable peut être utilisée mais
associée à la voie précédente dans des situations bien précises (cf. tableau 8).
LES MAMMITES

Tableau 8 : Comparaison de résultats de guérison bactériologique entre des groupes


de vaches infectées recevant deux antibiotiques intra-mammaires ou un
antibiotique par voie injectable au tarissement (d'après Nickerson, 1999)

Traitements administrés Pourcentage de guérison bactériologique


Groupe 1 Céfapirine intra-mammaire 78.1 %
Groupe 2 Tilmicosine intra-mammaire 74.2 %
Groupe 3 Tilmicosine injectable 9.1 %

Les autres protocoles de traitement au tarissement

L'association d'un traitem ent a ntib io tiq ue intra-m am m aire avec un obturateur
interne de trayon
L'objectif est de combiner des injecteurs de tarissement contenant des antibiotiques
ciblés sur une infection préexistante avec un obturateur interne dont le rôle est d'éviter
une nouvelle infection après résolution de l'ancienne. Ainsi, sur des vaches infectées,
Bradley obtient significativement un plus grand nombre de guérisons au vêlage sur le lot
traité avec de la cloxacilline et un obturateur interne que sur le lot recevant seulement
de la cloxacilline. L'addition des deux traitements est d'autant plus intéressante que la
durée de la période sèche s'allonge (cf. tableau 9).

Tableau 9 : Intérêt d'un traitement associant antibiotique et bouchon au tarissement


(d'après Berry 2008)

% de nouvelles infections
Céphalonium seul Céphalonium + sous nitrate de bismuth
Tarissement normal 6% 3,7 %
(<10 semaines)
Tarissement long 11,4% 3,8%
(> 10 semaines)
Total tarissements 7,3 % 3,7 %

Association d'un traitem ent intra-m am m aire a ntib io tiq ue avec un traitem ent
antibiotique par voie injectable
Cette pratique est couramment utilisée dans les élevages. L'arrêt de la vidange lactée
permet à certains antibiotiques à bonne diffusion mammaire de s'accumuler plusieurs
jours à l'intérieur de la mamelle. Ainsi, l'injection de spiramycine au tarissement et
72 heures après, ou l'injection de tilmicosine le jour du tarissement permettent de main­
tenir des concentrations d'antibiotiques efficaces dans la mamelle pendant une semaine
sur Staphylococcus aureus. Les essais cliniques ont permis de quantifier l'effet positif du
traitement combiné, de façon nette avec la tilmicosine (cf. tableau 10), de manière plus
discutable avec la spiramycine. En revanche, l'injection d'oxytétracycline au tarissement
n'a aucun intérêt.
Les résultats de guérison, quel que soit le protocole choisi, sont très élevés mais les
critères d'inclusion étaient très favorables à la réussite du traitement.
LA PRÉVENTION

Tableau 10 : Taux de guérison des quartiers infectés selon qu'ils ont reçu un anti­
biotique par voie intra-mammaire simple (rifaximine) ou un traitement
combiné (rixafimine + tilmicosine)

Rifaximine + Tilmicosine Rifaximine


Tous germes 97,6 % 88,2 %
Staphylococcus aureus 100% 92 %
Streptococcus uberis 95 % 83,6 %

Les précautions à prendre lors de l'administration


Le risque d'inoculer une bactérie pathogène lors de l'administration du traitement au
tarissement est particulièrement élevé, en particulier lors de traitement ciblé. En effet,
ce faisant, si les conditions d'hygiène lors de l'administration sont défaillantes, le risque
d'injecter une bactérie environnementale du type colibacille, est élevé alors que la
molécule d'antibiotique administrée est inefficace sur cette bactérie. Les conséquences
peuvent être alors désastreuses et aboutir à la perte d'un ou plusieurs animaux, la cessa­
tion de la traite favorisant la colonisation mammaire par les colibacilles. Il en va exac­
tement de même lors de l'administration d'un bouchon au tarissement. La conception
de la canule de l'injecteur peut avoir également une influence : on préférera, dans la
mesure du possible, des canules courtes qui offrent moins de risque de léser le canal
du trayon.
Enfin, l'identification claire et évidente des vaches taries doit être mise en œuvre, de
même qu'il faut écarter ces animaux du troupeau en lactation si on veut que le tarisse­
ment se passe convenablement (cf. encadré 2).

Encadré 2 : Précautions à prendre lors du traitement au tarissement

1 Administrer soigneusement le produit (cf. photos 3, 4, 5, 6 et 7)


٠ nettoyer convenablement les trayons et bien les sécher ;
• désinfecter leur extrémité avec les serviettes désinfectantes prévues à cet effet ;
• administrer le produit en essayant de traumatiser au minimum l'extrémité du
trayon ;
• Faire un post-trempage des trayons.
2 Identifier la vache tarie et la séparer du troupeau en lactation
C'est le meilleur moyen d'éviter de la retraire (donc gros risques d'inhibiteurs dans
le lait) et de sécher la sécrétion lactée.
3 Enregistrer le traitement
4 Ne pas ré-administrer de produit, sauf si des pertes de lait sont notées
En cas de pertes de lait après le tarissement, le risque d'infection est alors au
maximum. Il convient de refaire un tarissement en le complétant par l'administra­
tion d'un bouchon.
5 Respecter les délais d'attente
Ils sont différents en fonction des produits utilisés.
LES MAMMITES

6 Surveiller les mamelles des vaches taries


Cela permet d'éviter les mammites ou les plaies d'été.

Délai tarissement Temps d'attente à respecter


Produit en cas de vêlage anticipé en cas de vêlage anticipé
CEFOVET 6 semaines 28 traites
CEPRAVIN 4 semaines 28 traites
CLOXAGEL 6 semaines 28 traites
CLOXAMAM Non précisé 28 traites
CLOXINE Non précisé 28 traites
COBACTAN DC 5 semaines 35 jours après traitement
DICLOMAM 6 semaines 28 traites
FATROX Non précisé 18 traites
KLOXERATE Non précisé 28 traites
NAFPENZAL 6 semaines 28 traites
ORBENIN 5 semaines 42 jours après traitement
ORBENOR 6 semaines 46 jours après traitement
RILEXINE 4 semaines 28 traites
SPECIORLAC Non précisé 28 traites
TARIGERMEL 6 semaines 28 traites

Évaluation de l'efficacité du traitement

Aspect curatif
On peut calculer un indice de guérison des infections sub-cliniques pendant le tarisse­
ment en utilisant la formule ci-dessous (cf. tableau 11).

Tableau 11 : Pourcentage de guérison

Pourcentage de guérison =
nombre de vaches avec (CCSIT > 200 000 c/ml et CCSIV < 200 000 c/ml)
nombre de vaches avec CCST > 200 000
(CCSIT = Comptages Cellulaires Somatiques Individuels avant Tarissement
CCSIV = Comptages Cellulaires Somatiques Individuels au Vêlage)

Les objectifs sont déterminés dans le tableau 12.

Tableau 12 : Objectifs de guérison des infections sub-cliniques au tarissement

Objectifs à atteindre
Nature des infections
mauvais correct bon
Moyenne < 65% 65% < < 80% > 80%
Infections à Staphylococcus aureus < 50% 50% < < 70% > 70%
Infections à Streptocoques < 75% 75% < <85% > 85%
LA PRÉVENTION

Administration du traitement au tarissement

Photo E l Nettoyage et séchage : le trayon Photo El Injection du traitement : injecter


doit être propre pour obtenir ensuite le produit de tarissement en respectant
une désinfection efficace. (Service de l'intégrité du canal du trayon. (Service de
Pathologie de la Reproduction, ENVA) Pathologie de la Reproduction, ENVA)

Photo Q Désinfection : il ne faut pas Photo □ Trempage du trayon : il permet


oublier que le quartier ne sera plus trait, d'éliminer les germes potentiels à l'orifice
ce qui peut faciliter le développement d'un du canal, lesquels peuvent pénétrer à
germe introduit lors de l'administration du l'intérieur du quartier comme lors de
traitement. (Service de Pathologie de la la traite. (Service de Pathologie de la
Reproduction, ENVA) Reproduction, ENVA)

Sinon risque de :

Photo H Mammite mortelle au tarissement :


cette évolution n'est pas exceptionnelle.
(J.M. Nicol)
LES MAMMITFS

Cet indice peut être ‫ ؛‬aussé par des vaches


٩ ٧ ‫ ؛‬ont guéri de leur infection sub-cl‫؛‬ni‫ ؟‬ue
et ٩ ٧ ‫ ؛‬ont été réinfectées au cours de la
période sèche (ce ٩ ٧ ‫ ؛‬conduit ‫ ف‬juger ‫ف‬
tort d'un échec de guérison, alors qu'il
s'agit d'un échec de prévention). Il faut
donc juger la stratégie de traitement au
tarissement de façon globale, par son
.aspect curatif et par son aspect préventif

Aspect prévent‫؛؛‬
Une infection in tra -m a m m a ire au cours
-du tarissement peut se traduire de diffé
: rentes façons
par une mammite clinique au cours de •
la période sèche ou au moment de la
montée du lait. C'est classiquement le
; cas avec Arcanobacterium pyogenes
par une mammite clinique en début de •
lactation. Ainsi on estime ‫ ؟‬u'environ
la moitié des mammites cliniques ٩ ٧ ‫؛‬
Photo Q Dermite séborrhéique au tarissement :
surviennent au cours des cent premiers
le traitement ne protège pas la vache tarie de
-jours de lactation sont liées à une infec toutes les agressions extérieures. Il convient de la
.tion mammaire au cours du tarissement surveiller jusqu'au vêlage. (J.M. Nicol)
Les infections ‫ ف‬Streptococcus uberis
ou Escherichia coli s'expriment souvent de cette manière, (cf. partie sur les germes
responsables de mammite page 35 ‫ف‬37( ;
• par une infection sub-clini‫ ؟‬-ue au vêlage, qui se traduira par une élévation des numé
.rations cellulaires somatiques dès le vêlage
Ainsi, l'efficacité globale de la prévention peut être traduite par un indice de prévention
.des nouvelles infections

Tableau 13 : Pourcentage de nouvelles infections pendant le tarissement

= Pourcentage de prévention
nombre de vaches avec (CC5IT < 200 000 c/ml et CCSIV < 200 000) c/ml
nombre de vaches avec CCST < 200 000 c/ml
CCSIT = Comptages Cellulaires Somatiques Individuels avant Tarissement(
)CCSIV = Comptages Cellulaires Somatiques Individuels au vêlage

L'objectif est que cet indice soit supérieur ‫ف‬en ayant pris bien soin d'enlever les ,% 85
,vaches ayant eu une mammite clinique au cours de la période sèche du numérateur
même si celles-ci n'ont pas d'élévation de cellules au vêlage suivant,
LA PRÉVENTION

Encadré 3 : Le tarissement : idées reçues

« Il faut changer de temps en temps de produit de tarissement, les vaches s'y


habituent. »
FAUX
Il n'existe actuellement pas d'antibiorésistance vraie à la plupart des antibiotiques
présents dans les produits de tarissement (cf. données sur l'antibiorésistance). Une
vache qui ne guérit pas au cours du tarissement est considérée comme incurable
car l'infection est trop profondément ancrée dans la mamelle pour être éliminée. Le
fait de changer de molécules ne changera rien. Cette vache doit donc être réformée
rapidement. Les résultats de la stratégie de traitement au tarissement doivent être
correctement évalués au moyen des indices de prévention et de guérison. Lorsque
ces résultats sont bons, le traitement doit être maintenu. Lorsqu'ils sont insuffisants,
c'est toute la stratégie qui devra être reprise.

« Les antibiotiques, pour la plupart, ne protégeant pas la mamelle durant toute la


durée du tarissement, il peut être opportun de rajouter des injecteurs de tarisse­
ment en cours de période sèche. »
FAUX
Il y a deux raisons à cela. D'une part, l'administration de produit dégradera le plus
souvent le bouchon de kératine qui a fini par se former dans le canal du trayon,
ce qui exposerait ce dernier à la remontée éventuelle de bactéries le temps qu'un
nouveau bouchon se reconstitue. D'autre part, le délai d'attente alors à respecter
serait beaucoup plus long après le vêlage si cette ré-administration avait lieu moins
de 5 à 6 semaines (selon les produits) avant le vêlage. Cela serait à l'origine d'une
perte considérable de lait commercialisable.

215
UN FACTEUR DE RISQUE ;
LES LESIONS DU TRAYON
S'il semble évident que les affections bactériennes, virales ou mycosiques du trayon
soient une source importante d'infection de la mamelle, les germes remontant par les
canaux galactophores à l'issue de la traite notamment, ce ne sont pas - et de loin -
les seuls facteurs de risque des mammites. D'une toute autre importance sont les
traumatismes, tant physiques tels que brûlures par le soleil, engelures ou déchirures
tégumentaires occasionnées au pâturage par les végétaux ligneux acérés ou coupants,
que chimiques : produits désinfectants trop concentrés utilisés lors de la traite par
exemple. Ces effractions dans une peau dépourvue de poils protecteurs sont la porte
ouverte à de nombreuses infections locales de tous genres qui peuvent gagner, tant par
voie sanguine que par les canaux galactophores, la mamelle, l'infecter et s'y multiplier.
Et ce, d'autant que la mamelle est plus grosse et que la lactation est plus importante.
La dissémination de ces germes d'un animal à l'autre ou d'un troupeau à l'autre peut
se faire par les manipulations de l'animal lors de la traite mais aussi par des mouches
lécheuses comme la mouche domestique, la mouche d'automne ou, encore, Hydrotaea
irritans, ainsi que par des mouches piqueuses telles que tabanidés ou stomoxes.

Une autre cause un peu particulière de mammite engendrée par des lésions du trayon et
que l'on rencontre de plus en plus fréquemment aujourd'hui est liée aux traumatismes
causés par un dérèglement du niveau de vide de la machine à traire et qui sont à l'ori­
gine de strictions ou d'« anneaux de compression » sur le corps du trayon, lésions qui,
par leur rémanence, provoquent de douloureuses érosions internes du canal du trayon
et des inflammations initialement localisées.
S'il ne nous est pas possible d'envisager au sein d'un tel ouvrage la totalité des affec­
tions pathologiques du trayon, nous évoquerons toutefois par ordre d'importance les
problèmes les plus fréquemment rencontrés, toutes causes confondues, en faisant cepen­
dant une distinction entre celles d'allure contagieuse et celles qui ne le sont pas. Nous
terminerons ce chapitre par quelques affections cutanées de la mamelle qui peuvent
être source de mammites.

LES AFFECTIONS CONTAGIEUSES □٧ TRAYON

La plus fréquente : la pseudo-variole ou pseudo-cowpox

Épidémiologie
Encore connue sous le nom de paravaccine, la pseudo-variole est vraisemblablement
l'affection des trayons la plus fréquemment rencontrée de nos jours (80 % des lésions
du trayon chez la vache laitière). C'est une maladie virale due ‫ف‬un parapoxvirus iden-
tique ou très voisin de celui de la stomatite papuleuse. Cette affection contagieuse mais
bénigne sévit sous deux formes : l'une aiguë, d'apparition brutale lorsque le virus se mani-
feste pour la première fois dans une exploitation, l'autre chronique lorsque l'affection
évolue déjà depuis quelque temps au sein de l'élevage. Elle est répandue dans le monde
LA PRÉVENTION

entier et affecte 30 80 ‫ف‬% des vaches en lactation, atteignant de manière plus sévère les
animaux contaminés pour la première fois. Elle survient le plus souvent au printemps ou
en automne (fréquemment 1 à 2 semaines après le vêlage) mais peut s'observer ‫ف‬l'état
endémique tout au long de l'année. Si des mesures drastiques d'hygiène ne sont pas
prises pour l'éradiquer, la maladie pourra sévir de nombreuses années à l'état chronique
dans l'exploitation touchée avec une morbidité de 5 à 10 %. Sa dissémination au sein de
l'élevage se fait essentiellement lors de la traite par l'intermédiaire des gobelets trayeurs,
voire des mains de l'éleveur mais aussi de façon passive par les mouches lécheuses. Sa
pérennisation dans l'élevage est due aux animaux ayant des lésions persistantes, à leur
susceptibilité ‫ف‬la réinfection et ‫ف‬la grande résistance du virus dans le milieu extérieur,
celle-ci pouvant atteindre plusieurs années.

Les différentes formes


Dans la forme aiguë, après une incubation de 3 à 7 jours, les symptômes débutent, par
l'apparition de petits foyers érythémateux et d'un œdème localisé, douloureux, accom-
pagné d'une légère hyperthermie. 48 heures plus tard apparaissent de petites papules
de 5 à 8 mm de diamètre, rosées puis rouges. Celles-ci s'ombiliquent en leur centre
pour laisser place ‫ ف‬une petite vésicule très fugace qui passe souvent inaperçue. ٨ ٧
bout de quelques heures, celles-ci se transforment en pustules entourées d une aréole
inflammatoire. Ces lésions se rompent en 2 à 8 jours, laissant se former une croûte brun
rouge, surélevée, qui a tendance ‫ ف‬s'étendre par ses bords jusqu'à atteindre 1,5 cm
de diamètre : elles guérissent alors en leur centre, prenant la forme d'un anneau ou
d'un fer à cheval (photo). Elles disparaissent le plus souvent en quelques semaines mais
peuvent aussi persister durant plusieurs mois. Cette affection se rencontre généralement
sur les trayons mais, parfois également, sur les parois de la mamelle. Des surinfections
bactériennes peuvent venir compliquer ce tableau clinique.
La forme chronique est plus bénigne. Elle s'observe dans les exploitations où la maladie
sévit depuis plusieurs années et où aucune mesure n'est prise pour l'enrayer. Ses
caractéristiques cliniques sont identiques ‫ف‬celles de la forme aiguë ^a is plus atténuées
et d'évolution plus rapide. Des papules aplaties apparaissent rapidement sur les zones
érythémateuses initiales, laissant place, en quelques dizaines d'heures, ‫ ف‬des croûtes
jaune grisâtre plus ou moins stratifiées qui se délitent facilement lors de la traite, te
stade vésiculo-pustuleux que l'on observait dans la forme aiguë semble avoir été court- ٠٠, ‫ء‬
circuité. Ces lésions ont tendance ‫ف‬se crevasser au cours de leur développement.

Photo mM Nodule des trayeurs : papules sur le


Photo U Pseudo-variole : lésion croûteuse en dos des mains et érythème polymorphe. Il est
voie de guérison. Noter sa forme caractéristique, rare que ces deux types de lésion soient associés.
en anneau. (J. Ségaud) (Y. Leport)
LES MAMMITES

La contamination d'un animal sain a généralement lieu à la faveur de microtraumatismes


du trayon mais elle est aussi possible de la mère à son veau lors de la tétée : l'animal
développe alors une stomatite papuleuse.
À noter que l'Homme peut lui aussi se contaminer et développer des lésions similaires
à celles de ses• animaux, sur les mains et !es avant-bras notamment, appelées « nodule
des trayeurs ».
Le diagnostic de la maladie est relativement aisé cliniquement, du fait de l'allure des
lésions. Toutefois, cette affection peut être confondue avec d'autres maladies du trayon,
en particulier la thélite ulcérative herpétique bovine et la fièvre aphteuse. Le diagnostic
expérimental fait appel ‫ف‬la microscopie électronique ‫ف‬partir des croûtes surmontant les
lésions. Un diagnostic sérologique par ELISA est également possible.
N n'existe pas de traitement spécifique de cette maladie. Toutefois, on peut faire appel

• des antiseptiques locaux virucides tels que l'acide dodécylsulfonique, les iodophores
ou le permanganate de potassium 1 ‫ ف‬% ;
• des émollients pour réduire-l'incidence des blessures, lanoline et glycérine en
particulier.
Il est impératif, lorsque l'on veut éviter l'entrée de la maladie dans son troupeau, d'adopter
des mesures de quarantaine très strictes lors de l'introduction d'un nouvel animal.
Éliminer la maladie de son cheptel est beaucoup plus difficile : celle-ci se propageant
essentiellement lors de la traite, il conviendra d'une part, de réaliser un pré-trempage
et un post-trempage des trayons lors de chaque traite à l'aide de lavettes imbibées d'un
produit virucide, d'autre part de désinfecter les gobelets trayeurs après chaque animal.
Ce qui, bien évidemment, a pour inconvénient de doubler le temps de la traite...

$٠ ٨ incidence sur les mammites


Elle est importante :
• en terme de confort de la mamelle : sa phase douloureuse peut rendre la traite
stressante ;
• en terme de surinfection par 5 aureus lorsque l'hygiène de la traite est défectueuse.

¿es verrues

Épidémiologie
Bien qu'étant parfois à l'origine de lésions de trayons sur plus de 80 % des animaux dans
de très nombreux cheptels, ces virus sont rarement la cause de mammites car les lésions
tégumentaires qu'ils provoquent ne s'excorient que difficilement, pour peu que l'on
prenne quelques précautions lors de la traite. Toutefois, les trayons de certains animaux
peuvent en être tellement couverts que la traite devient difficile, voire impossible, et que
des mammites par rétention peuvent survenir.

Les différentes formes


Les verrues ou papillomes sont de petites tumeurs bénignes très fréquentes sur les trayons.
Elles sont dues à plusieurs virus du genre Papillomavirus, chacun d'eux provoquant des
lésions différentes bien caractéristiques. Il en existe une dizaine chez les bovins dont 3 au
LA PRÉVENTION

moins affectent couramment le trayon : le BPV-1 (pour Bovine Papilloma Virus de type 1),
le BPV-5 et le BPV-6. Un même animal peut être affecté par plusieurs virus à la fois.
Ces papillomes sont différenciés en deux types suivant leur nature histologique : les
fibropapillomes auxquels appartiennent les BPV-1 et BPV-5, et les épithéliopapillomes
parmi lesquels se trouve le BPV-6, spécifique de la mamelle et des trayons.
Le BPV-1 provoque généralement des
tumeurs volumineuses polylobées,
souvent pédiculées, à surface rugueuse
ou bosselée, évoquant l'aspect d'un
chou-fleur (photo 3). Elles récidivent
souvent après exérèse chirurgicale mais
peuvent aussi régresser spontanément.
Le BPV-5 provoque des fibropapillomes
en « grain de riz » à la surface du trayon.
Ils sont aisément reconnaissables à leur
couleur blanche et paraissent parfois un
peu translucides, à l'inverse des autres w^h^tp ٠ Papillomes du trayon dus au
papillomes (photo 4). Ils sont souvent v - bpv=k • g«netalement, c ٠ tumeurs sont moins
serrés les uns contre les autres, coa (volumineus X ce stade, elles empêchent la
cents. Ils sont particulièrement vistb traite ‫ ) ؛‬Ph. ٠ aille)
sur les vaches à peau noire, la Ifeion
tranchant par sa couleur blanc ivbfpe Sur
la peau pigmentée. Ce sont des tiVffcu
très courantes qui représentent
des verrues que l'on rencontre chez
animaux porteurs de papillomes sur
trayon. L'organisme atteint lutte contre
ce virus en développant une réaction
immunitaire. Cette réponse se manifeste
6 semaines après la contamination : elle
est à la fois cellulaire et humorale. La
réponse à médiation cellulaire joue un
rôle majeur dans la régression naturelle
des papillomes. En effet, certains sujets
qui ont eu des verrues gardent une
« mémoire » de l'infection, parfois sans
anticorps détectables, sauf après avoir
effectué un test intradermique qui joue
un rôle d'amplification.
Le BPV-6 provoque de véritables
papillomes épithéliaux en forme de
frondes : ils sont localisés sur le trayon
mais aussi sur les parois de la mamelle.
Plusieurs poussées peuvent survenir
conduisant à la formation de tumeurs
pédiculées qui, à l'inverse des autres Photo Q Papillomes du trayon dus au BPV-5 :
papillomes, s'excorient facilement, noter leur forme en « grain de riz » et leur couleur
donnant des ulcères qui conduisent à blanc ivoire qui tranche sur la peau noire. Ils
l'infection du trayon puis de la mamelle, peuvent, comme c'est le cas ici, remonter sur la
voire à une distorsion du canal galacto- mamelle. (O. Depret)
LES MAMM1TES

phore. C'est le papillome le plus sérieux


sur le pla□ clinique car il se surinfecte
fréquemment, (photo 5)
Les papillomes se rencontrent surtout
chez les animaux de moins de deux ans,
en contact étroit les uns avec les autres.
Le virus étant localisé dans la partie kéra-
tin isé e - donc externe - de la lésion, ce
sont les cellules épithéliales qui sont les
sources principales d'agent infectieux.
Celui-ci s'avère très résistant dans le milieu
extérieur et peut contaminer de nombreux
supports tels que barrières, fils de fer
barbelés ou buissons de végétaux épineux
ou coupants qui pourront être d'excel-
lents vecteurs de la maladie. Le mode de
contagion le plus fréquent semble être le
contact direct. Le rôle de la machine à Photo B Papillomes du trayon dus au BPV-6 : ils
traire est encore mal élucidé mais le virus forment souvent des lésions en forme d'épines ou
a pu être retrouvé dans le lait. de frondes qui s'écorchent lors de la traite. (j.M .
Gourreau)

Vaccins et traitem ent


Aucun vaccin n'est ‫ف‬l'heure actuelle commercialisé en France. Néanmoins, depuis une
trentaine d'années, des autovaccins sont préparés à partir d'extraits de verrues prélevées
sur des animaux porteurs, en prenant si possible des papillomes de différentes formes
pouvant correspondre ‫ف‬des types viraux différents. Ces autovaccins ont également été
utilisés dans un but thérapeutique lorsqu'aucun traitement ne s'est révélé efficace : deux
à quatre injections par voie sous-cutanée et intradermique sont généralement néces-
saires pour obtenir la disparition des petites verrues € ٢٦ ^ ‫ ^ ف‬semaines, et des plus
importantes en 3 à 5 mois. Ils agissent sur les fibropapillomes essentiellement. La vacci-
nation proprement dite est réalisable dès la 6e semaine de la vie en injectant 0,4 ml de
vaccin formolé à 10% par voie intradermique en deux points différents du revêtement
cutané, et en pratiquant une injection de rappel un an plus tard. Malheureusement, son
efficacité n'est que de 30 % environ dans le cas des verrues du trayon.

Les traitements utilisables en pratique sont de deux ordres : chirurgicaux ou médicaux.


Les traitements chirurgicaux ont l'avantage de donner des résultats immédiats, même
si les récidives sont possibles ; mais ils sont difficilement applicables du fait du grand
nombre de verrues généralement présentes, □e nombreux traitements médicaux ont été
utilisés sans réel succès. Les préparations injectables in situ les plus efficaces seraient
celles ‫ف‬base de bismuth ou d'antimoine, voire de BCG.

Leur incidence sur les mammites


Bien qu'étant parfois ‫ ف‬l'origine de lésions de trayons sur plus de 80 % des animaux
dans de très nombreux cheptels, ces virus sont rarement ‫ ف‬l'origine de mammites car
les lésions tégumentaires qu'ils provoquent ne s'excorient que difficilement, pour peu
que l'on prenne quelques précautions lors de la traite. Toutefois, les trayons de certains
animaux peuvent en être tellement couverts que la traite devient alors difficile, voire
impossible, et que des mammites par rétention peuvent survenir.
[ ٨ PRÉVENTION

À noter que certains papillomes peuvent affecter la muqueuse du canal du trayon et


provoquer une sténose partielle de celui-ci.

Une affection rare : la thélite ulcérative herpétique

Épidémiologie
À l'inverse des deux précédentes, cette affection virale relativement rare — deux ‫ف‬trois
foyers par an en Europe— ne passe pas inaperçue du fait de sa grande contagiosité :
lorsqu'elle apparaît dans une exploitation, 60 80 ‫ف‬% des animaux sont touchés en une
huitaine de jours, et la maladie s'étend en tâche d'huile dans les exploitations environ-
nantes. Son impact est donc important.
La thélite ulcérative herpétique est causée par un herpès virus, le BHV-2, assez proche
des virus de l'herpès simplex humain. Mais il ne cause en aucun cas de lésions chez
l'Homme, ‫ ف‬l'inverse de celui de la pseudo-variole. C'est un virus ‫ ق‬ADN enveloppé,
assez sensible aux agents ph^ico-chim iques du milieu extérieur et aux détergents. Mais
le froid le conserve parfaitement.

Tableau clinique

Photo Q Thélite ulcérative herpétique : volumi­


neuses vésicules sur le corps du trayon, analogues Photo H Thélite ulcérative herpétique : les
à celles que l'on peut rencontrer dans la fièvre vésicules se sont rompues, laissant place à un
aphteuse. (E.P.J. Gibbs) ulcère sagneux. (J.C. Trimaille)

Elle se manifeste par l'apparition sur le trayon, de larges vésicules qui se rompent en
quelques heures pour donner de douloureux ulcères superficiels entraînant fréquem­
ment des mammites pouvant aboutir à la perte du quartier. C'est une maladie répandue
LES MAMMITES

dans le monde entier dont l'impact économique est particulièrement important chez les
bovins en lactation et ce, d'autant que les animaux n'ont jamais été en contact avec le
virus. Elle s'observe essentiellement au cours du second semestre de l'année, son inci­
dence la plus haute ayant lieu à la mi-octobre. Elle semble survenir par temps doux et
humide, au moment où les diptères piqueurs sont nombreux.

On admet aujourd'hui que cette maladie est un phénomène récurrent d'une infection
primaire silencieuse, le virus se « cachant » dans les tissus cutanés et nerveux après
l'infection originelle suite à une blessure cutanée.

Après une incubation de 4 à 8 jours, la maladie apparaît généralement en premier lieu


sur les primipares allaitantes et se manifeste sous deux formes : l'une, la plus courante,
une thélite, l'autre, généralisée. La première touche surtout les animaux ayant mis bas
quelques jours plus tôt. Elle débute par la formation de plaques indurées, blanchâtres ou
translucides, de 1 à 2,5 cm de diamètre dans la paroi tissulaire du trayon. Cette lésion,
qui s'accompagne de douleur et d'œdème, évolue sous la forme de vésicules de 0,5 à
2 cm de diamètre qui se rompent lors de la traite (photo 7). La phase suivante, celle
de la guérison, débute par la formation d'un ulcère de couleur bleu noirâtre, qui peut
atteindre 2 mm de profondeur. Parallèlement à ce processus, peuvent se former des
squames et des fissurations épidermiques. Les ulcères se recouvrent alors de matériel
nécrotique puis, 5 à 8 jours plus tard, d'une croûte brun jaunâtre ou rouge noirâtre qui
s'arrache souvent pendant la traite, laissant subsister une plaie saigneuse. Ces lésions
peuvent parfois occuper la totalité de la surface du trayon, l'œdème doublant son
volume. Le néo-épithélium se forme à partir de la 3e semaine qui suit l'apparition des
premiers signes cliniques ; les croûtes commencent à tomber au bout d'1 mois puis la
lésion cicatrise de manière centripète. Dans 10 % des cas, les signes cliniques s'éten­
dent à la peau de la mamelle, et les lésions sont parfois si profondes que le lait sourd
du fond de l'ulcère creusé au sein du tissu mammaire proprement dit. A signaler toute­
fois que la maladie peut se surinfecter, par Arcanobacterium pyogenes notamment.
Celle-ci peut également se généraliser, chez les veaux en particulier, lesquels verront
apparaître sur leur mufle de petits ulcères consécutifs à la rupture de vésicules : une
immunodépression passagère a favorisé la transmission du virus lors de la tétée.

Le diagnostic le plus fiable se fait par isolement du virus. La sérologie est utilisable
lorsque l'on dispose de deux sérums prélevés à une quinzaine de jours d'intervalle. Les
anticorps spécifiques peuvent être mis en évidence par plusieurs techniques, notam­
ment par séroneutralisation en présence de complément.

Traitement cu ra tif et prophylaxie

Il n'existe aucun traitement de cette maladie. Toutefois on peut, pour accélérer la


guérison faire appel à différentes substances virucides en topique, notamment aux
iodophores. Il sera bon également d'envisager une réhydratation de la peau des trayons
avec des produits contenant de la lanoline ou de la glycérine, lesquels empêcheront
l'assèchement et la formation de crevasses.

La prophylaxie de cette maladie, tout comme celle des autres affections du trayon,
consistera en une quarantaine à l'entrée des animaux dans l'exploitation, en une lutte
contre les insectes lécheurs ou piqueurs et, surtout, dans la désinfection systématique
des gobelets trayeurs dès l'apparition des premiers cas dans l'exploitation, afin de limiter
leur extension. Des vaccins ont bien été mis au point mais ils ne sont pas commercialisés
en France.
LA PRÉVENTION

Son incidence sur les mammites


Une mammite par rétention est généralement associée à ces lésions chez les animaux
dont l'extrémité du trayon, en particulier le sphincter, est affectée. L'éleveur ne peut
alors traire l'animal du fait de la douleur. Inversement, dans les formes frustes qui sont
aussi les plus courantes, les ulcères restent superficiels et la guérison s'effectue en une
dizaine de jours, d'autant que des soins auront été apportés dès l'apparition des premiers
symptômes.

Une autre affection rare : la thélite nodulaire tuberculoïde

Épidémiologie
Affection bactérienne en voie de régression aujourd'hui, la thélite nodulaire tubercu­
loïde était relativement fréquente au milieu du siècle dernier, notamment dans l'est de la
France. Mais les mesures d'hygiène mises en œuvre à l'époque ont permis de l'enrayer.
C'est une maladie chronique, d'apparence enzootique, due à diverses mycobactéries,
en particulier Mycobacterium aquae, M . vaccae, M terrae, M. kansasii et M. fortuitum.
C'est une affection cosmopolite qui touche essentiellement les animaux dans la période
qui précède la mise bas et celle du début de la lactation, voire en fin de tarissement,
lors de la turgescence de la mamelle. Au sein du troupeau, la thélite nodulaire est peu
contagieuse : ce sont les animaux de 4 à 8 ans qui sont les plus touchés, essentiellement
lorsqu'ils sont au pâturage, à l'automne et au printemps.
Ces bactéries pénétreraient dans la peau à la faveur de micro-traumatismes ou d'une
affection intercurrente telle que la pseudo-variole. La multiplication du germe aurait lieu
localement, sans essaimage donc sans adénopathie satellite ni généralisation. Comme
il s'agit de bactéries tellurique, leur résistance est très grande dans le milieu extérieur,
parfois de plusieurs a n n é e s . ____________________________________

Tableau clinique
Elle engendre l'apparition lente dans le
corps du trayon, tant des laitières que
des vaches allaitantes, de volumineux
nodules qui déforment l'organe mais qui
sont spontanément résolutifs en 3 ou
4 années. Ces mêmes lésions peuvent
se retrouver sur le scrotum des taureaux
atteints. Apparemment bénignes, elles
présentent toutefois une certaine gravité,
en raison des difficultés de traite et des
réactions positives ou douteuses à la
tuberculine qu'elles engendrent.
Après une période d'incubation de 8 à
15 jours, l'affection débute par une indu­
ration de la paroi du trayon que l'on ne
peut détecter que par la palpation car l'or­ Photo K l Thélite nodulaire : volumineux nodules
gane n'est pas encore déformé. Apparaît déformant le corps du trayon. Ces lésions,
ensuite un petit ulcère qui, en cicatri­ bien régulières, doivent être différenciées des
sant, forme un nodule en repoussant papillomes dus au BPV-1. (G. Coussi)
LES MAMMITES

progressivement la croûte. Celui-ci grossit progressivement durant 1 à 3 mois, un tissu


cicatriciel comblant le cratère central.
Les lésions sont des nodules fibreux entourés d'une coque épaisse qui renferment un
caséum jaunâtre, parfois calcifié. Ils contiennent des bacilles acido-alcoolo-résistants.
Le diagnostic de la maladie peut être histologique après exérèse chirurgicale des nodules
mais surtout allergique par intradermoréaction comparative : dans cette maladie, la
tuberculine aviaire engendre une réaction plus forte que la tuberculine bovine.

Mesures curatives et préventives


Le traitement de choix de cette thélite est l'exérèse chirurgicale mais l'on ne peut l'en­
visager que lorsque l'on est en présence d'un faible nombre de lésions. La cautérisation
donne de moins bons résultats.
La prophylaxie est uniquement sanitaire et fait appel à l'hygiène de la traite et à la mise
en quarantaine des animaux nouvellement introduits : c'est en effet généralement eux
qui sont à l'origine de la maladie dans un élevage indemne.

Son incidence sur les mammites


Cette affection, totalement apyrétique, peut se surinfecter par des corynébactéries et se
compliquer de mammites aboutissant, dans 2 % des cas, à la perte du quartier.

LES MALADIES GÉNÉRALISÉES SE RÉPERCUTANT SUR LE TRAYON

Les plus importantes, sous nos latitudes, sont au nombre de cinq : la fièvre aphteuse,
la F.C.O., la maladie des muqueuses, le coryza gangreneux et la stomatite papuleuse.
Ce sont toutes de maladies contagieuses dues à des virus et qui se caractérisent par des
signes généraux graves (hyperthermie, abattement, anorexie, pertes de productions...)
accompagnés de lésions épithéliales de la bouche, des trayons et des pieds.

La plus contagieuse : la fièvre aphteuse

C'est la maladie la plus contagieuse du bétail. Elle affecte non seulement les bovins
mais aussi les petits ruminants et les porcins. Elle est due à un Aphthovirus dont il
existe sept types différents de par le monde. Ces virus, extrêmement résistants dans
le milieu extérieur, sont excrétés massivement par voie aérienne et transportés par le
vent sur de grandes distances. C'est ce qui explique la large diffusion de la maladie.
Les animaux se contaminent généralement par voie respiratoire. Après multiplication
au sein de la muqueuse pharyngienne, le virus est disséminé par voies lymphatique
et sanguine jusqu'aux épithéliums, muqueuse buccale et peau des trayons en parti­
culier. Dans ces derniers, il se multiplie en produisant des vésicules qui fusionnent en
quelques heures pour donner des aphtes, d'où le nom donné à la maladie. Ces aphtes,
qui peuvent siéger sur la totalité du trayon, se rompent en 12-18 heures pour donner
de vastes ulcères superficiels (photos 9 et 10) très douloureux qui entravent la traite.
Dans certains cas, ce sont même les premières lésions décelables, quelques heures
avant l'apparition des aphtes dans la bouche ou sur les pieds. Il est donc très impor­
tant que l'éleveur appelle immédiatement son vétérinaire dès qu'il constate ce type de
lésion sur les trayons, surtout lorsque plusieurs animaux sont touchés. Si on laisse la
LA PRÉVENTION

maladie évoluer, la guérison peut avoir lieu en une quinzaine de jours - trois semaines.
Mais des mammites peuvent aussi se produire, d'autant plus rapidement que la plaie est
contaminée par des germes de surinfection. La fièvre aphteuse est inscrite sur la liste
des maladies contagieuses : en conséquence, les animaux, malades et contaminés, sont
immédiatement abattus dès sa détection, et l'exploitation assainie.

Photo Q Fièvre aphteuse : ulcères superficiels


consécutifs à la rupture d'aphtes (coalescence de
vésicules) englobant la quasi-totalité des trayons. Photo ^ Fièvre aphteuse : volumineux ulcère
Ces lésions sont identiques à celles de la thélite sur le trayon. Lésion aggravée par la traite. (D.W.
ulcérative herpétique. (S. Hammami) Scott)

La fièvre catarrhale ovine (F.C.O.)


Cette maladie à dominante hémorra­
gique, qui a fait son apparition récem­
ment de manière épizootique en Europe
se manifeste sous deux formes cliniques,
l'une inapparente, l'autre grave, avec
des symptômes très voisins de ceux du
coryza gangreneux ou de la maladie des
muqueuses, voire de la fièvre aphteuse ou
de l'IBR.
Au niveau de l'appareil génital, les lésions photo ، ٠٠ Coryza gangreneux : exulcérations sur
se traduisent par un érythème mammaire le ‫ ؟‬ay ° n• Ces Usions affectent généralement
et la présence de pétéchies puis d'ulcères aussi la mamelle• (L Dhenmn)
superficiels qui se recouvrent plus ou moins de croûtes sur les trayons (photo 11). Ces
manifestations, très douloureuses, sont susceptibles d'engendrer des mammites par
rétention. Elles sont à associer aux signes généraux : fièvre, chute de la production lactée,
jetage, sialorrhée, œdème de la tête, conjonctivite, associées à des lésions buccales et
labiales caractéristiques (pétéchies et érosions sur le mufle et dans la cavité buccale).

La maladie des muqueuses


Affection plus connue sous le sigle de BVD (pour Bovine Viral Diarrhea), la maladie des
muqueuses est un des problèmes majeurs de l'élevage bovin actuel. Due à un Pestivirus,
cette maladie contagieuse cosmopolite touche plus particulièrement les bovins de
2 mois à 2 ans. Elle est largement répandue sous nos latitudes et se manifeste tantôt sous
LES MAMMITES

des formes asymptomatiques, tantôt par


des troubles cliniques majeurs de la repro­
duction (infécondité, avortements) ou des
systèmes respiratoire et digestif (diarrhée).
Par ailleurs, le virus a le pouvoir d'infecter
le fœtus pendant la gestation et, dans
certaines conditions, de provoquer une
infection qui persistera durant toute la vie
de l'animal. Ces bovins, infectés perma­
nents, excréteurs du virus pendant toute
leur existence, sont appelés IPI. Les consé­
quences pour le fœtus seront différentes
selon la souche et le stade de la gestation.
Si l'infection survient avant le 4e mois,
date à laquelle la compétence immuni­
taire du fœtus est acquise, le veau qui
naîtra sera IPI. Il sera alors dépourvu d'an­
ticorps sanguins spécifiques mais excré­
teur de virus. Ce sont ces animaux qui,
lorsqu'ils atteignent un âge compris entre
3 mois et 3 ans, peuvent développer une
maladie des muqueuses au sens strict du Photo U J Maladie des muqueuses : lésions
terme, laquelle, dans sa forme aiguë, peut exulcérées. La sérosité a collé sur la peau des
présenter des lésions de thélite ulcérative poussières et débris de litière qui forment un
superficielle, à l'origine de mammites en manchon sur le corps du trayon. (J.M. Gourreau)
cas de surinfection.
Au niveau du trayon, la maladie se caractérise par une dermatite congestive puis exsu-
dative peu caractéristique, aboutissant à la formation d'exulcérations (ulcères très super­
ficiels) et de pseudo-croûtes (photo 12).
L'importance sanitaire de cette maladie est élevée, mais, du fait de sa rareté, son impor­
tance médicale et économique reste faible en terme de mammite.

Le coryza gangreneux
Encore appelé fièvre catarrhale maligne, le coryza gangreneux est une maladie infec­
tieuse mais peu contagieuse due à un Herpesvirus, l'OHV-2. La forme européenne de
cette maladie a pour réservoir le mouton qui, à l'inverse des bovins, ne manifeste aucun
signe clinique. Elle est peu fréquente en France mais souvent mortelle chez les bovins
qui en sont atteints.
Après une incubation de 3 à 8 semaines, la maladie débute par une hyperthermie brutale
qui peut atteindre 41,5 - 42 °C en 24 ou 48 heures. Elle s'accompagne d'une atteinte
grave de l'état général avec prostration, anorexie, inrumination... La mort survient en
général au bout de 6 à 8 jours. Souvent, la maladie ne touche qu'un seul animal, voire
deux. C'est peu de temps avant cette phase que se développent les lésions de thélite :
Elles débutent par une congestion très intense des trayons, voire de la partie basse de la
mamelle, celles-ci se poursuivant par l'apparition d'un érythème et d'un œdème puis de
papules qui s'érodent progressivement pour laisser place à des érosions suintantes qui
sèchent en formant de petites croûtes. Le plus souvent, la totalité du trayon est atteinte
(photo 13). Outre le syndrome fièvre, une des autres caractéristiques de la maladie est
la survenue d'une adénite généralisée. Le moyen le plus efficace pour que cette maladie
LA PRÉVENTION

ne parvienne pas dans son troupeau est d'éviter tout contact entre bovins et ovins, y
compris par !'intermédiaire des bétaillères ou des instruments de pansage.
Une mammite peut survenir suite à des surinfections, mais, du fait de sa rareté, son
importance médicale et économique reste faible.

Photo I f i j Photosensibilisation : lésion oedémateuse et érythémateuse bien visible sur les zones
dépigmentées. (J.M. Nicol)
١٠ I
Une maladie courante mais bénigne : la stomatite papuleuse
Également connue sous le nom de stomatite pseudo-aphteuse, la stomatite papuleuse est
une maladie virale courante mais bénigne qui, comme son nom l'indique, touche surtout
la bouche et les lèvres, voire le mufle. Les trayons ne sont qu'accessoirement atteints. ,٠¿
Elle sévit essentiellement chez les jeunes à la suite d'un stress (changements d'habitat ou
d'alimentation, carence, parasitisme, affection intercurrente). C'est une maladie transmis-
sible à l'Homme.
Elle est due à un virus à ADN du genre Parapoxvirus, apparenté au virus de la pseudo­
variole des bovins et à celui de l'ecthyma du mouton. Il est très résistant dans le milieu
extérieur.
Les lésions qu'il produit sur le trayon - ainsi d'ailleurs que sur la langue, les lèvres et le
mufle - débutent par de petits foyers érythémateux qui font place à des papules aplaties
ou des plaques en surélévation, d'environ 1 à 1,5 mm d'épaisseur et de 1 à 3 cm de
diamètre. Leur surface, de couleur gris jaunâtre ou brune, est rugueuse, granuleuse ou
crevassée. Progressivement, ces plaques s'étendent par leur périphérie pour se nécroser
et s'ulcérer en leur centre (photo 14). Au bout d'une huitaine de jours, la lésion devient
proliférative à sa périphérie, tandis que les masses nécrotiques et caséeuses centrales
ne peuvent être ni décollées, ni enlevées facilement. Autour d'elles se forme une aréole
inflammatoire délimitée, sur sa partie interne, par un anneau blanc ivoire. La guérison
s'amorce au bout de 15 jours et les dernières lésions cicatricielles disparaissent 1 mois
après le début de la maladie. Les mammites engendrées par cette affection sont rares.
LES MAMMITES

LES AFFECTIONS £‫؛‬f ü


NON CONTAGIEUSES
DU TRAYON ET DE LA MAMELLE

Traumatismes
Ils peuvent être physiques, chimiques ou
mecamques.

les crevasses et les gerçures


Parmi les traumatismes physiques, les
crevasses et gerçures sont les lésions les
plus courantes. Elles sont souvent associées
au froid et à l'humidité mais peuvent être
également aggravées par l'action méca­
nique de la traite et par certains produits
chimiques utilisés pour désinfecter la peau
des trayons. Ces lésions se présentent
souvent comme des fissures obliques plus
ou moins entrecroisées qu'il ne faut pas
confondre avec les fissurations horizon­
tales situées à la base du trayon et dues à
des manchons trop étroits à collerette dure.
Photo Stomatite papuleuse : lésions en voie
Les gelures sont l'une des causes les plus de guérison, concomitantes de celles que l'on
graves de lésions du trayon en hiver et au rencontre sur les lèvres de l'animal atteint. ( A.
printemps (photo 15). Leur gravité dépend Mayr)
de la sévérité du froid. Dans les cas graves
une lésion en anneau, d'apparence cica­
tricielle, peut occuper l'extrémité distale
du trayon. Une escarre puis une croûte
se forment en quelques jours. L'orifice du
trayon peut être affecté, rendant la traite
difficile. Dans les cas moins graves, la
peau prend un aspect tanné comme du
cuir et une coloration rouge orange. Une
croûte se forme par la suite.
Leur incidence sur les mammites est très
élevée. Outre la douleur et les problèmes
d'étanchéité qu'elles peuvent provo­
quer, il s'agit d'un réservoir majeur de
Staphylococcus aureus participant à la
pérennité de ce germe très résistant dans
l'élevage lors d'infections mammaires.
Il est très important de s'assurer de la
conformité de la litière, du bâtiment et
d'utiliser des produits de post-trempage
à propriétés non seulement, anti-infec­
Photo I f i ] Engelures : crevasses horizontales
tieuses mais aussi cosmétiques dont un
dues au froid. Ces lésions sont extrêmement
pouvoir émollient important. douloureuses. (J.M. Gourreau)
LA PRÉVENTION

Les brûlures solaires


Les brûlures solaires peuvent survenir naturellement par temps très chaud et plus ou
moins couvert (réverbération des rayons UV sur la couche de nuages) mais aussi par
suite de photosensibilisation (leptospirose, administration volontaire ou accidentelle de
phylloérythrines, porphyrines). Elles ne se produisent que sur les trayons à peau claire.
Elles se présentent sous la forme de rubéfactions douloureuses de la peau de la face
externe de la mamelle et des trayons, plus rarement sur l'extrémité distale de leur face
interne. Les lésions se traduisent par un dessèchement puis par une desquamation de la
peau. Dans les cas graves, des bulles peuvent apparaître. Le traitement consiste en l'ap­
plication de topiques gras pour éviter une contamination bactérienne et une mammite
secondaire.
Signalons également que les photosensibilisations, dues notamment à la leptospirose,
produisent des lésions analogues sur les zones de peau dépigmentées du trayon et de
la mamelle.

L'écrasement du trayon
Il s'agit d'un accident relativement fréquent
qui se produit chez les animaux portant
les mamelles très bas, surtout ceux élevés
en promiscuité, serrés dans des logettes
étroites (photo 16). Une mammite de
surinfection peut survenir si une chirurgie
réparatrice n'est pas effectuée dans les
48 heures après le traumatisme.
Photo U ‫؛‬J Piqûres de stomoxes : la piqûre
Les traumatismes chimiques engendre un œdème et des micro-hémorragies
, , qui peuvent être très nombreuses. (I.M. Nicol)
Les plu s rre q u e n ts so n t :

• Ceux qui surviennent suite à la persistance de produits de trempage ou de lavage sur le


corps du trayon (ammoniums quaternaires, chlorhexidine, eau de javel). Ils se tradui­
sent le plus souvent par de l'œdème et une rubéfaction de la peau. Le changement de
produit entraîne une régression de la lésion en une quinzaine de jours.
• Ceux qui surviennent à la suite de la rénovation des bétons des logettes ou des stalles
des stabulations entravées (cf. chapitre bâtiments et mammites). Ils sont surtout à
l'origine d'ulcères de la sole, mais peuvent entraîner des lésions du trayon en l'absence
de litière.

Les affections cutanées de la mamelle

Les piqûres d'insectes


C'est surtout par temps chaud et orageux que les bovins sont victimes de divers insectes
piqueurs, taons et stomoxes en particulier. En Europe, plus d'une vingtaine d'espèces
de mouches piqueuses affectant les bovins ont été répertoriées. Celles-ci sont essentiel­
lement des taons et des mouches hématophages. Mais il faut tenir compte également
des mouches dites « lécheuses », comme la mouche d'automne, Musca autumnafis, qui
se posent sur les plaies pour se nourrir de la sérosité exsudée et, ce faisant, peuvent
transmettre des germes pathogènes d'un animal à l'autre. Ces insectes affectionnent
particulièrement les zones à peau fine où les poils sont peu nombreux (photo 17).
LES MAMMITES

Photo MÛ Traumatisme : écrasement du trayon


causé vraisem blablem ent par les onglons de la
vache voisine. (J.M. G ourreau)

Trois mouches piqueuses sont particuliè­


rement redoutables :
٠ Le stomoxe, Stomoxys calcitrans, qui
ressemble à la mouche domestique
mais qui s'en différencie par le fait
qu'il se pose sur les murs la tête dirigée
toujours vers le haut (photo 18). C'est Photo Q Stomoxes (Stomoxys nigra) sur le canon
de loin celui qui cause la majorité des d'un bovin : noter la position caractéristique de
accidents dus aux mouches piqueuses ; ces mouches, la tête vers le haut. (J.M. G ourreau)
il transmet notamment des staphylo­
coques et des streptocoques.
٠ Haematobia irritans, la « horn-fly »
des Anglo-Saxons, qui pique la tête
penchée vers le bas, les ailes serrées.
• Haematobia stimulans, qui pique le
matin et le soir à la tombée de la nuit
mais, à l'inverse de la précédente, la
tête dirigée vers le haut.
Quant aux taons, seules les femelles sont
hématophages. Il en existe plus d'une
centaine d'espèces en France ! Les plus
courantes appartiennent aux genres
Tabanus, Chrysops et Haematopota. Tout
comme les mouches, ce sont d'im por­
tants vecteurs de germes. Leur piqûre est
très douloureuse, perturbant vivement les
animaux. Leur salive contient des subs­
tances anticoagulantes qui provoquent un
ruissellement de sang très apprécié des
mouches suceuses. Celles-ci n'hésitent
d'ailleurs pas à déranger les taons pendant Photo D 3 Actinom ycose m am m aire : lésions
leur repas, les obligeant à changer d'hôte. arrondies, profondém ent enchâssées dans le tissu
La quantité de sang ainsi spoliée est très m am m aire. (J.M. N icol)
LA PRÉVENTION

importante, pouvant atteindre, sur un seul animal, plus de 2 litres en une seule journée,
(photo 20)

L'actinobacillose, l'actinom ycose et la nécrobacillose


Ces maladies qui affectent à la fois la peau et les nœuds lymphatiques sont relativement
fréquentes dans les élevages mal tenus. Elles ne sont pas propres à la mamelle ou au
trayon mais peuvent se rencontrer en n'importe quel endroit du corps.
L'actinobacillose est une affection chronique suppurative due à un germe tellurique,
Actinobacillus lignieresi. Elle se manifeste sur la mamelle par l'apparition de lésions
granulomateuses au sein des tissus mous. Deux formes ont été mises en évidence :
la première, diffuse, se présente comme un épaississement induré grisâtre de la peau
recouvrant une plaie suintante. La seconde, nodulaire, se caractérise par la présence de
nodules adhérents à la peau, soit multiples et de petite taille, soit uniques, volumineux
mais indolores : ils s'ulcèrent, laissant place à une plaie bourgeonnante, longue à guérir
(photo 21).
Comme son nom l'indique, la nécrobacillose est une affection nécrosante due à la
contamination d'une plaie par Fusobacterium necrophorum, germe anaérobie à Gram
négatif. C'est souvent une complication de divers traumatismes, voire de phénomènes
toxiques ou infectieux. Elle se manifeste sous la forme d'une dermatite ulcéreuse, humide
et diffuse aboutissant à la formation d'ulcères parfois très profonds, purulents, souvent
comblés par de fausses membranes recouvertes d'une croûte formée de sang séché et
de divers débris issus du milieu extérieur, poussières et fragments de litière (photo 22).
Le traitement consiste à débrider la plaie et à administrer une antibiothérapie à base de
(3-lactamines (pénicillines).
Ces deux affections sont fréquemment à l'origine de mammites.

Photo EQ Chrysops sp. : la piqûre de ces taons aux Photo D errm atite séborrhéique m am m aire :
ailes très colorées est extrêmement douloureuse. ces lésions, m icrobiennes, se rencontrent sur
(J.M. Gourreau) les plus fortes laitières. Elles sont extrêm em ent
d iffic ile s à soigner. (J.M. G ourreau)

La derm atite séborrhéique mammaire


Également connue sous le nom de dermatose ulcéreuse ou de gangrène de la jonction
paroi-abdominale - mamelle, la dermatite séborrhéique mammaire est une affection
suintante amicrobienne récemment mise en évidence mais dont l'étiologie n'est pas
LES MAMMITES

encore bien connue. Dans les années


1970, des auteurs italiens ont incriminé
un virus herpétique, le BHV-4. Il a été
montré depuis que ce virus n'était pour
rien dans l'étiologie de cette affection et
que, comme beaucoup d'autres agents,
ce n'était qu'un germe de sortie. On sait
cependant que cette pathologie, qui s'ap­
parente à un intertrigo, ne se rencontre
que chez les fortes laitières, dans les
exploitations les mieux tenues...
La maladie débute par l'apparition d'une
séborrhée intense sur la peau du sillon
inter-mammaire ou en avant des quar­
tiers antérieurs, voire à la jonction de la
mamelle avec la cuisse. Quelques jours
plus tard apparaît un ulcère superficiel
suintant qui se creuse petit à petit pour
atteindre parfois plusieurs dizaines de
centimètres de longueur et 5 à 10 mm
de profondeur (photo 22). Cette lésion, à
bords irréguliers, laisse exhaler une forte
odeur butyrique très caractéristique. Elle Photo ، ‫؛‬S Nécrobacillose du trayon : ces lésions,
se surinfecte fréquemment et finit par se très profondes, peuvent se rencontrer en n 'im p o rte
recouvrir d'une croûte irrégulière saignant quel e n d ro it du corps. Elles sont favorisées par
au moindre frottement. Une nette amélio­ une mauvaise hygiène. (J.M. G ourreau)
ration des lésions, voire leur disparition,
est observée au tarissement mais les rechu sont de règle lors de la lactation suivante.
L'étiologie de c‫؟‬tte affection n'étant pas connue, son traitement est difficile à mettre en
œuvre. Les meilleurs résultats ont été obtenus avec :
• une pommade ‫ ق‬l'oxyde de cuivre à 2 % et de l'oxyde de zinc à 10 % dans de la
vaseline, en application matin et soir ;
٠, ٠ le sucre glace et le miel non chauffé, du fait de leurs propriétés antibactériennes et
cicatrisantes ;
• les corticoïdes en pommade, tels que la Diprosone® lorsque la surface ‫ف‬traiter est
peu importante, notamment à l'issue de l'un des traitements précédents.
SUJETS
D'ACTUALITE
ROBOT DE TRAITE
ET QUALITE DU LAIT
En ce qui concerne la traite, le robot doit remplacer complètement le trayeur, donc,
assurer les mêmes gestes :
• préparation des trayons avant la traite ;
• détection des infections mammaires ;
• pose des gobelets ;
• traite, dépose des gobelets ;
• désinfection des trayons et des manchons trayeurs.

r\

Photo D Robot de traite : on peut observer la Photo El Robot de traite , écran : grâce aux
p artie du rob o t qui perm et la tra ite des quatre données s'affichant sur l'écran, l'éleveur a accès à
trayons. (J.M. N icol) de nombreuses inform ations. (J.M. N icol)

Nettoyage et stimulation des trayons


Dans tous les robots, les trayons sont nettoyés avant la traite. Ce nettoyage se fait dans
la stalle dès l'entrée des animaux.
Il existe deux procédés pour cette étape :
• lavage mécanique avec des brosses ;
• lavage par propulsion d'eau et d'air. Ce lavage se fait soit avec un gobelet spécifique,
soit avec le gobelet trayeur.
Dans la majorité des cas, le lavage s'effectue sans addition de produits désinfectants ou
détergents. Dans les systèmes avec gobelet, un savon décontaminant peut être ajouté.
L'ajout de ce savon est préconisé lorsque les trayons sont sales ou lorsque le nombre de
mammites cliniques est élevé. Un système de désinfection optionnel du gobelet peut
également être ajouté. Cette option devrait être installée systématiquement, tout parti­
culièrement si le logement est une aire paillée.
Les systèmes de nettoyage avec des brosses doivent impérativement être lavés et désin­
fectés après chaque utilisation. Lors d'un audit, il faut s'assurer que la consommation de
désinfectant fasse l'objet d'une surveillance régulière de la part de l'éleveur. Ce lavage
SUIETS D'ACTUALITÉ

permet de maintenir les brosses humides et, ainsi, d'améliorer leur efficacité sur les
trayons. L'efficacité de ces deux procédés semble assez proche.

La durée du lavage ou le nombre de passages de brosse sur chaque trayon peut être réglé
en fonction du troupeau. Ils doivent être augmentés lorsque la pression microbienne
augmente dans le troupeau. Cette précaution s'avère très utile pour les troupeaux en
aire paillée ou lors des périodes de pâturage, lorsque les conditions climatiques sont
défavorables. L'augmentation de la durée de la préparation engendrera un petit allonge­
ment du temps de traite, donc une diminution du nombre de traites réalisables par jour.
En fonction du nombre d'animaux à traire et de la fréquentation du robot, il sera ou non
possible de modifier les réglages.
Ces réglages peuvent également n'être modifiés que pour quelques animaux connus
comme ayant régulièrement les trayons souillés.
Un système de pré-trempage est également disponible dans le commerce sur un des
modèles de robot.
La mauvaise efficacité du lavage des trayons avant la pose des griffes se traduit par
la présence de spores butyriques dans le lait de mélange. Ce problème pourra aussi
engendrer une augmentation du nombre des mammites cliniques ou sub-cliniques.

La détection des infections mammaires


Tout comme en salle de traite, la détection précoce des mammites est essentielle. Elle est
d'autant plus importante qu'actuellement, le tri du lait des animaux atteints de mammites
cliniques ne se fait que suite à l'intervention de l'éleveur. Un retard dans la détection
aura, en outre, des conséquences sur la guérison et la contamination des vaches, ainsi
que sur la qualité du lait de mélange (augmentation rapide de la concentration cellulaire
du lait du tank).
La détection des quartiers infectés se fait actuellement essentiellement par la mesure de
la conductivité du lait.
D'autres éléments sont également utilisés pour affiner ce diagnostic :
• la baisse brutale de production ;
• les retards de traite ;
la colorimétrie.
LES MAMMITES

En fonction des modèles de robot, la synthèse des données est faite par le logiciel ou,
au contraire, ces données sont affichées sans analyse. Dans le premier cas, le logiciel
indique la liste des animaux pour lesquels ces critères sont anormaux, après pondération
de chacun d'eux par des abaques définis par le fabriquant. Dans le second cas, l'éleveur
devra consulter deux ou trois tableaux pour détecter les animaux devant être surveillés.
Dans les deux cas, le plus important est la consultation régulière de ces données par
l'éleveur (deux, voire plutôt trois fois par jour).
Plusieurs facteurs physiologiques (cf. tableau 1) influencent la conductivité électrique
du lait.

Tableau / : Paramètres influençant la conductivité électrique

Paramètres Influence sur la conductivité


Stade de lactation >10%
Rang de lactation n.s.
Race >10%
Alim entation <10%
Intervalle de traite > 1 0 °/»
Fraction de traite <10%
État de santé général > 1 0°/»

Les écarts de conductivité entre les quartiers ou sur le même quartier dépendent du degré
de l'inflammation induite par l'infection. Les mammites cliniques provoquent des écarts
de 50 %, tandis que des mammites sub-cliniques provoquent des écarts de 20 %.
L'augmentation de la conductivité électrique semble être concomitante de l'élévation
du dénombrement cellulaire dans le lait. Elle peut être très largement antérieure à
l'apparition des symptômes. Expérimentalement, il a été montré que la variation de la
conductivité d'un quartier volontairement infecté précède l'apparition des signes locaux
d'environ 36 à 48 heures.
Pour les robots actuellement commercialisés, la conductivité est mesurée quartier par
quartier, et est enregistrée. Cette mesure par quartier est beaucoup plus sensible que
la mesure de la conductivité sur le lait des quatre quartiers. Lors de mesure quartier
par quartier, les variations sont ensuite évaluées soit entre les quartiers pour une traite
donnée, soit pour un quartier donné par rapport aux valeurs des jours précédents. Les
systèmes actuels utilisent ces deux données et raisonnent en terme de variation, et non
pas de valeur absolue.
Il est également possible de définir un seuil au-dessus duquel l'animal est placé dans
la liste d'alerte. Une variation de 20 % est souvent la valeur retenue mais elle peut être
modifiée.
Toutefois, la mesure de la conductivité ne suffit pas seule à détecter les mammites
car certaines vaches débutant une mammite aiguë ne vont pas venir se faire traire. La
consultation de la liste des animaux en retard de traite va être également un bon critère
d'alerte pour l'éleveur. De même, une chute brutale de production constitue un autre
critère important.
La mesure de la colorimétrie du lait est également un examen permettant de détecter
les laits anormaux et, dans certains cas, des mammites cliniques. Cette mesure permet
le tri des laits qui ne doivent pas être commercialisés.
SUJETS D'ACTUALITÉ

Outre la conductivité, les robots récents proposent en option, des systèmes de dénom­
brement cellulaire. Ces systèmes permettent d'obtenir soit une donnée chiffrée (OCC
de DELAVAL), soit le niveau de concentration cellulaire sur une échelle de 5 (MQC-C
de LELY). L'association des deux techniques permettrait de multiplier par deux ou trois
le nombre de mammites détectées. Dans les troupeaux à faible prévalence de vaches
infectées, la conductivité et le contrôle mensuel des concentrations cellulaires indivi­
duelles permettent une bonne détection des mammites cliniques et sub-cliniques. Pour
les troupeaux plus infectés, l'association des deux données peut être plus intéressante.
Des systèmes de détection des grumeaux, des mesures de température par caméra ther­
mique et des systèmes absorbant les radiations infrarouges émises par la mamelle sont
à l'étude. La mesure des variations de la concentration de certains composants du lait
comme les lactates, le lactose ou la N-acétyl-B-D-glucosaminidase sera sans doute bientôt
proposée. La concentration de ces composants varie en cas de mammite. La détection
des mammites cliniques va donc continuer à progresser dans les années à venir.

La pose des gobelets trayeurs


La forme de la mamelle et la distance entre les trayons diffèrent entre chaque race, entre
chaque vache et, même, pour une vache donnée selon différents critères : stade de lacta­
tion, temps écoulé depuis la dernière traite, activité de l'animal dans l'heure qui précède
la traite. Tout cela nécessite donc que le système de détection des trayons soit flexible.
Différents systèmes de repérage des trayons existent en fonction des modèles :
• système à ultrasons ;
• système à rayons laser couplé à une caméra vidéo ;
• système à rayon laser associé à un système de mémorisation de la position de chaque
trayon pour une vache ;
• scanner à infrarouges associé à des détecteurs à ultrasons.
LES MAMMITES

Le plus souvent, lors de la première traite d'un animal, il est nécessaire de paramétrer la
position de chaque trayon. Le logiciel garde ensuite en mémoire la position des trayons
d'une traite à l'autre, ce qui facilite grandement la recherche des trayons.
Il existe deux systèmes différents de pose des gobelets :
• Un système de bras articulé qui saisit chaque gobelet et le pose sur le trayon ; une fois
ce branchement fait, le bras se retire totalement et se positionne juste pour soutenir
les tuyaux longs à lait.
• Un système de bras qui porte les quatre gobelets et qui se déplace sous la mamelle
pour brancher chaque gobelet. Ce bras reste ensuite sous la mamelle et adapte sa
position en fonction des mouvements de l'animal.
Le système de détection des trayons est lavé régulièrement par le robot. Il est parfois
nécessaire que l'éleveur le nettoie lui-même lorsque le nombre d'échecs de pose
devient anormalement important. La pose des gobelets trayeurs se fait trayon par
trayon. La traite du quartier débute dès la pose du manchon. Ces systèmes de détection
des trayons sont assez performants, et le nombre d'échecs à la pose des gobelets est
souvent faible. Néanmoins, quelques vaches ayant une mamelle très déséquilibrée ou
des trayons croisés devront être réformées.

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N ico l) (J.F. Labbé)

Traite> dépose et désinfection des trayons


La traite se fait quartier par quartier, et la dépose du gobelet se fait de même, en fonction
du débit de lait. Ce fonctionnement permet de supprimer la sur-traite d'un quartier, et,
donc, l'apparition de lésions sur son trayon.
À l'issue de la traite, les manchons sont le plus souvent rincés à l'eau froide sous pression.
Ce rinçage permet de diminuer la pression microbienne dans le manchon de l'ordre de
80 %. Il existe des systèmes de désinfection des manchons trayeurs après chaque vache
ou après la traite d'une vache infectée. Deux systèmes sont proposés :
• rinçage des manchons à l'eau puis passage d'une solution désinfectante ;
٠ pulvérisation de vapeur d'eau puis refroidissement à l'eau froide.
La désinfection des manchons n'est pas proposée systématiquement par les installateurs
de robots. C'est pourtant un élément essentiel permettant de limiter le risque de conta­
mination entre vaches, donc, une dégradation progressive des taux cellulaires et une
augmentation du nombre des mammites cliniques.
SUJETS D'ACTUALITÉ

Ces systèmes sont indispensables pour les troupeaux sur aire paillée, ainsi que pour
ceux dont l'état sanitaire n'est pas optimal avant la mise en route du robot. Leur instal­
lation est à préconiser dès que l'on observe une dégradation des taux cellulaires ou une
augmentation des nouvelles infections.
Après la dépose des quatre manchons trayeurs, tous les robots réalisent une pulvérisa­
tion d'un produit désinfectant sur les trayons. Cette pulvérisation est rarement effectuée
sur l'ensemble du trayon ayant été en contact avec le manchon. Seuls des produits
aqueux peuvent être utilisés. Cette désinfection des trayons ne constitue pas le point fort
des robots. Comme pour la préparation des mamelles, il est possible de régler l'intensité
et la durée de la pulvérisation.

Mise en place des traitements de mammites


Dans les exploitations équipées de
robot, la mise en place du traitement des
mammites n'est pas toujours bien réalisée.
Cela conduit souvent à une mauvaise effi­
cacité de ces traitements.
Deux mais idéalement trois fois par jour,
l'éleveur doit consulter la liste des animaux
qui sont inscrits sur les listes d'alertes. Ces
animaux peuvent soit avoir été relâchés
avec les autres après la traite, soit mis auto­
matiquement dans un box particulier à la
sortie du robot. Dans le premier cas, cela
oblige l'éleveur à repérer, trier puis isoler
son animal pour pouvoir l'examiner ; dans
le second cas, il doit effectuer un examen
plus fréquent de ses animaux afin de ne
pas les pénaliser en termes de ration et de
temps de couchage.
Ces animaux devront, dans tous les cas, être Photo Q Examen des prem iers jets à l'attache,
bloqués correctement pour que l'éleveur (J.F. Labbé)
puisse réaliser un examen complet de la
mamelle et, si besoin, de l'animal malade. Il est important de faire le point régulièrement
avec l'éleveur quant à ses pratiques de détection et de traitement des mammites car elles
nécessitent du temps et de l'attention, surtout lors d'épidémie. Lorsque le nombre de
mammites est faible, il y a souvent un relâchement dans ces pratiques.

Encadré 1 : Quels critères doivent déclencher la mise en place d'un traitement ?

Dans la grande majorité des cas, il convient de détecter des signes locaux (inflamma­
tion, modification de la qualité du lait, présence de grumeaux) pour mettre en place
un traitement. Mais, parfois, du fait de taux de guérison très insuffisants avec cette
méthode, on pourra préconiser la mise en place d'un traitement uniquement sur la
mesure de la conductivité. Ces cas demeurent néanmoins exceptionnels et engen­
drent quelques traitements inutiles. Cette mesure sera proposée après avoir fait une
évaluation complète des problèmes de l'élevage et des pratiques de l'éleveur.
LES MAMMITES

Une fois la décision de traitement prise, il


convient de voir quelle stratégie doit être
mise en place, ainsi que les conditions dans
lesquelles sont réalisés ces traitements.
En ce qui concerne la stratégie de traite­
ment, l'approche méthodologique sera la
même que celle utilisée dans les autres
troupeaux. Dans la mesure du possible,
et afin de simplifier le travail de l'éleveur,
il sera possible de privilégier les injec­
tions intra-mammaires avec une injection
unique ou une injection toutes les 24 ou
48 heures. Le facteur essentiel de ce choix
demeure l'épidémiologie des mammites
puis le confort de l'éleveur.
La mise en place du traitement doit
respecter les règles usuelles d'asepsie. Il
est donc important que l'éleveur dispose
d'une petite mallette avec :
• un bol à fond noir pour bien vidanger
la mamelle et objectiver la mammite ;
• des gants ;
• plusieurs serviettes désinfectantes (2 ou Photo Q M alle tte de traite m e n t des mammites.
3 seront nécessaires à chaque fois) ; (J.F. Labbé)

• un produit de trempage.
Si l'intervalle depuis la dernière traite est supérieur à 2-3 heures, il est préférable - et
même essentiel - de traire à nouveau la vache avant l'administration du traitement.
Cette mesure est primordiale en cas de mammite avec forte inflammation. L'injection
d'ocytocine peut, dans ce cas, être préconisée.
Une fois le traitement démarré, il est nécessaire d'interdire l'accès au robot de traite
pendant 6 à 8 heures en fonction des spécialités. En effet, une nouvelle traite trop rapide
des animaux se traduirait par une élimination trop précoce du produit.
Classiquement, une fois le traitement commencé, l'éleveur trait la vache manuellement.
Celle-ci ne pourra donc être traite qu'en sa présence, ce qui permet de réaliser le traite­
ment avec une mamelle bien vidée. Mais, là encore, d'autres solutions sont possibles. Il
suffit juste de s'assurer qu'elles soient compatibles avec la bonne observance du traite­
ment, ainsi que sa réalisation dans des conditions lui permettant d'être efficace.
Si les vaches en traitement sont mises dans un parc à part durant la durée du traitement,
il faut s'assurer que l'hygiène de ce parc soit satisfaisante pour éviter une nouvelle conta­
mination des quartiers.

Audit qualité du lait en système robotisé

Il n'existe actuellement aucune méthodologie validée pour intervenir dans un élevage


équipé d'un robot de traite et confronté à un problème de mammites. Néanmoins,
quelques notions peuvent déjà être développées.
SUJETS D'ACTUALITÉ

Études des documents


La grande majorité des élevages équipés de robot sont adhérents au contrôle
laitier. On retrouve donc les données classiques utilisées pour réaliser une analyse
épidémiologique :
• Les concentrations cellulaires individuelles.
• Les bilans mammites.
• Les historiques leucocytaires.
À partir de l'étude de ces documents, il est possible de déterminer le modèle épidémio­
logique en présence.
Un problème de mauvaise efficacité curative ou préventive des traitements durant la
période sèche permet, dans certains cas, de proposer aisément des mesures correctives
sans avoir besoin d'évaluer le fonctionnement du robot.
Dans le cas d'une exploitation équipée d'un robot de traite, nous disposons d'autres
données issues de ce robot :
• les mesures de conductivité à chaque traite, pour chaque animal et pour chaque
quartier ;
• le nombre moyen de traites ;
• le nombre d'échecs de pose des gobelets ;
• Éventuellement, les concentrations cellulaires somatiques individuelles mesurées par
le robot.
Certaines de ces données vont servir à évaluer globalement le fonctionnement du robot :
• La comparaison de la liste des animaux présentant une concentration individuelle
élevée avec celle des animaux ayant une conductivité élevée. Cette étape est essen­
tielle. Elle permet de s'assurer que le principal outil de détection des mammites par
le robot est opérationnel.
• Le seuil défini pour placer les animaux en alerte « conductivité ».
• Le bon enregistrement des animaux dans la base de données.
Dans tous les cas, un échange avec le technicien assurant la maintenance du matériel
est nécessaire.
• Un nombre moyen de traites (à partir de 2,3-2,5) est un bon indicateur de l'absence
de stress subi par les animaux lors de la traite. Néanmoins, un mauvais chiffre peut
être dû à de nombreuses causes :
- présence insuffisante des animaux dans la stabulation (gestion du pâturage),
- nombre élevé d'animaux atteints de boiteries,
- stratégie particulière de l'éleveur,
- mauvais positionnement du robot.
Une autre donnée peut venir conforter cette analyse, c'est le nombre moyen d'animaux
pour lesquels la traite a été refusée car trop proche de la précédente. Si les animaux
reviennent aisément dans le robot, et si ce ne sont pas toujours les mêmes, c'est la
preuve qu'ils ne subissent aucun stress durant la traite. Un taux de passage sans traite
supérieur à 1 est satisfaisant.
• Le nombre d'échecs de pose des gobelets est, lui aussi, un très bon indicateur du
fonctionnement du robot. Un nombre élevé d'échecs signifie que plusieurs animaux
LES MAMMITES

ont subi la phase de préparation mais n'ont pas été traits aussitôt. On en déduira que
la déteetion de trayons par le robot n'est pas satisfaisante, soit du fait d'un dysfonction-
nement du matériel, soit ‫ف‬cause d'un nombre trop élevé de mamelles très déformées.
• Le nombre de pannes du robot : un trop grand nombre d'interventions pénalise l'accès
des animaux au robot.
Si la corrélation entre la conductivité et les CCI est bonne, cette mesure de la conducti-
vité réalisée par quartier sera utile pour connaître, pour chaque animal, le nombre et la
localisation des quartiers infectés.

Visite de traite
La difficulté majeure de la visite de traite d'une exploitation possédant un robot est
liée au temps d'observation de la traite d'un nombre suffisant d'animaux, sans devoir y
passer trop de temps.
Dans une installation classique, la durée de la partie « visite de traite » dans un audit
qualité du lait est de l'ordre de ٦ h 30. Avec une traite automatisée, cette durée permet
d'observer environ 10 15 ‫ف‬animaux, soit 15 25 ‫ف‬% des animaux d'une exploitation de
60-80 vaches. Bien que ce nombre d'observations soit assez faible, il permet néanmoins
de se faire une première opinion sur le fonctionnement du robot. En cas de doute, il est
nécessaire de prévoir une seconde période d'observation.
Pour que cette phase d'observation soit efficace, il est indispensable que le maximum
d'animaux soit trait durant cette période. L'éleveur devra, si besoin, pousser quelques
animaux vers le robot ٣٠٧٢ éviter les temps morts.
La démarche pratique de cette visite sera assez proche de celle qui peut être réalisée en
salle de traite classique :
• Observation de la préparation des mamelles.
• Contrôle de la libération du lait dès la pose des manchons et contrôle de la cinétique
d'éjection du lait grâce au débit par quartier, consultables sur l'écran.
• Surveillance du comportement des animaux durant la traite : piétinement, bouses,
coups de pieds.
• Évaluation de l'état de propreté des animaux.
٠ Observation des trayons ‫ ف‬la dépose des manchons. Cette partie est assurément la
plus difficile à réaliser. En effet, et ce quel que soit le modèle, le temps entre la dépose
du dernier manchon et le moment de libération de l'animal est très court. De plus,
l'accès aux trayons n'est pas des plus aisés. Il existe, selon notre expérience, deux
méthodes :
- observer et, si besoin, palper uniquement les 3 premiers trayons débranchés dans
le robot,
- réaliser cette observation une fois l'animal sorti du robot. Cela nécessite de dispo-
ser ‫ف‬la sortie du robot d'un système de contention simple et efficace.
Il est difficile ‫ف‬ce jour de savoir quelle est la meilleure méthode. L'expérience des uns
et des autres sera fort utile dans ce d o m a in e .

• Contrôle de l'application du produit de post-trempage.


• Surveillance du bon fonctionnement du matériel (rinçage des brosses, rinçage et/ou
désinfection des manchons...).
SUJETS D'ACTUALITÉ

• La mesure du temps de traite n'est pas utile puisque ces données sont fournies par la
machine. En revanche, il est parfois intéressant de mesurer le temps écoulé entre la
fin de la préparation et la pose des gobelets.
L'analyse de tous ces résultats se fait selon la même approche que celle que l'on peut
avoir dans une salle de traite conventionnelle.
À l'issue de cette phase d'étude des documents et de visite de traite, il est nécessaire
de réaliser un diagnostic et de proposer des solutions pratiques et concrètes, comme
on peut le faire usuellement lors d'un audit qualité du lait en salle de traite. Une bonne
connaissance des paramètres réglables en terme de préparation des mamelles ou de
trempage permettra de proposer les mesures adaptées à l'élevage. La bonne évaluation
des pratiques réelles de l'éleveur sera essentielle. Dans la plupart des cas, le technicien
assurant la maintenance du matériel doit être présent à la fin de la visite afin, d'une
part, de définir avec l'éleveur les solutions possibles et, d'autre part, de pouvoir fournir
certaines données enregistrées par le robot.

Encadré 2 : Robot, bâtiment et ration

Comme nous l'avons vu précédemment, l'hygiène de la traite n'est pas forcément


optimale dans les systèmes de traite automatisés. Des animaux propres constituent
donc le meilleur moyen de prévenir certaines nouvelles infections. En stabulation, en
logettes ou en aire paillée, l'entretien du couchage doit être encore plus soigneux.
Une bonne fréquentation du robot passe également par l'absence de boiteries chez
les animaux. Une ration équilibrée qui respecte l'étalement des apports de concen­
trés permettra de limiter ce risque. De même, un couchage confortable favorisera
la mobilité des animaux.
Pour limiter les boiteries, il convient de respecter le rythme de vie des animaux
et leur permettre de se coucher suffisamment longtemps chaque jour. Une bonne
gestion de la circulation des animaux s'avère donc essentielle.
MAMMITES
ET HOMEOPATHIE
PREAMBULE

Régulièrement la question est posée : « l'homéopathie peut-elle guérir des mammites ?


Peut-on prévenir les récidives, les taux cellulaires élevés avec l'homéopathie ? »
Submergé par le nombre de cas de mammites, ou devant l'efficacité relative des antibio­
tiques, l'éleveur est parfois tenté de se tourner vers les médecines alternatives, notam­
ment l'homéopathie.
Dans ce chapitre, nous allons définir cette discipline, la positionner au regard des prati­
ques habituelles de l'allopathie, sa technique et son approche de l'animal malade, afin
de pouvoir mettre en œuvre son usage au sein de l'élevage.
Avant d'envisager un abord homéopathique du traitement des mammites, il est indispen­
sable de rappeler l'importance de tout ce qui a été écrit dans les chapitres précédents,
notamment en matière d'agencement du logement, de son confort, de son hygiène et,
également, de tout ce qui contribue au bon fonctionnement de la machine à traire et à
l'hygiène de la traite en général. Enfin, on évoquera également l'importance de l'équi­
libre de la ration contribuant à l'entretien de l'état de bonne santé de l'animal. Tenter de
soigner l'animal malade par homéopathie ne dispense absolument pas de connaître et
de tenter de maîtriser tous les facteurs de risque, afin de réaliser une prévention sanitaire
correcte.
Soigner un animal malade pour qu'il retrouve un état de bonne santé en vue de produire
un lait de qualité demande, en allopathie, un sens aigu de l'observation, une rapidité
d'intervention, une gestion rigoureuse de la mise en œuvre du traitement et du temps
de retrait du lait produit ; soigner par homéopathie requiert la même rigueur, une mise
en œuvre différente mais un sens de l'observation décuplé.

L'homéopathie, une médecine pour guérir


En premier lieu, il est nécessaire de lever tout préjugé à l'égard de l'homéopathie :
c'est une méthode de soins pour guérir qui a une approche de l'animal et de sa façon
de « faire » sa maladie qui lui sont propres, avec des critères précis et rigoureux. Par
conséquent, il sera illusoire d'espérer prévenir la survenue de mammites, voire des taux
cellulaires élevés avec des granules.

Allopathie/homéopathie
Face à la vache qui présente des signes cliniques ou sub-cliniques de mammites, l'éleveur
(ou son vétérinaire) a la possibilité de soigner au moyen de deux techniques différentes
dont les critères et les lois divergent. Le tableau 1 présente les différences d'approche
et les critères retenus par chacune des méthodes : il ne s'agit en aucun cas d'utiliser les
critères de l'une pour l'autre. Ces techniques ne s'opposent pas ; elles n'apporteront de
résultat positif que si elles sont pratiquées avec les règles qui leur sont spécifiques.
SüjETS D'ACTUALITÉ

Tableau 1 : Différences de l'approche du malade au cours de l'allopathie et de


l'homéopathie

ALLOPATHIE / HOMÉOPATHIE

• Étiqueter la maladie. • Les symptômes de la maladie priment.


• Hypothèses évoluant ٠ Médecine née d'expériences
avec les découvertes de I,a science. et d'observations répétées.

• Maladie = dérèglement d'organes ٠ Tout l'être est d'emblée touché, toutes


qui peut s'étendre ensuite. les maladies sont reliées entre elles.
• Médecine des contraires. ٠ Loi des semblables.

٠ Traitement offrant peu de variantes, ٠ Traitement strictement


fonction des dernières théories. « personnalisé »,
correspondance patient-remède.
• Un produit par maladie ٠ Trouver le remède qui correspond
ou par symptôme. aux caractéristiques du malade.

DÉFINITION

Nous devons cette définition à un médecin allemand du XIXe siècle, Samuel Hahnemann.
Grâce à son sens de l'observation et à son expérience, il est parvenu à édicter la loi des
semblables, résumée dans l'encadré 1.

Encadré 1 : Loi des semblables

Toute substance

susceptible est capable

expérimentalement cliniquement

de provoquer de guérir

chez un individu sain un malade

et sensible une présentant

série de les mêmes

symptômes

L'homéopathie est une technique thérapeutique qui met en application cette loi et qui
utilise des substances à dose infinitésimale.
C'est avant tout une technique liée à l'expérience et à l'observation : il faut du temps
pour l'acquérir, de l'expérience et de la disponibilité.
LES MAMMITES

TECHNIQUE HOMEOPATHIQUE

Le but de cette technique est bien de parvenir à trouver le remède qui va permettre
à la vache de retrouver rapidement un lait propre à la consommation, produit par
une mamelle saine et une vache en bonne santé, c'est-à-dire avec un comptage
cellulaire inférieur à 250 000 c/m l et qui ne rechutera pas de sitôt. Cette technique
est dite « uniciste » car elle n'utilise qu'un seul remède à la fois : c'est la tech­
nique la plus d ifficile à mettre en œuvre mais c'est celle aussi qui permet d'obtenir
les meilleurs résultats et qui donne toute sa crédibilité à la méthode. Cela exige
avant tout de prendre le temps de l'observation et un minimum de connaissance de
l'animal à soigner.

Observer
L'observation de la vache malade permettra de recueillir les éléments conduisant à un
diagnostic classique puis à un traitement allopathique. L'objectif de soigner par homéo­
pathie la vache présentant une mammite nécessitera une observation plus longue et
plus précise dans la façon qui lui est propre de « faire sa mammite ». La mamelle ne
sera pas le seul organe observé, mais il s'agit là de bien prendre la vache dans sa globa­
lité et de noter tous les signes présentés par l'animal, en oubliant l'objet même de la
consultation, à savoir la mammite.
Tout ce qui est rare, bizarre, curieux chez la vache présentant une pathologie mammaire,
tout ce qui la caractérise ou la différencie des autres vaches du troupeau intéressera au
plus haut point l'homéopathe.
Les antécédents, tant au niveau mammaire qu'au niveau pathologie générale, les
récidives, l'ordre successif dans l'enchaînement de ces pathologies sont à prendre en
compte.
Les traits de caractère, les comportements particuliers que l'on ne retrouve pas chez les
autres vaches du troupeau sont aussi à repérer, tout en veillant à ne pas déformer ou à
interpréter ce qui est réellement observé.
Pour soigner par homéopathie, il est important d'avoir enregistré par écrit toutes les
observations mises en évidence sur chacune des vaches du troupeau, depuis sa nais­
sance ou son entrée dans le troupeau. Ce qui, aujourd'hui, paraît banal, pourra se
révéler d'une aide précieuse lors d'un épisode clinique : perte de lait dans le parc
d'attente, intolérance de l'isolement, passage constant du même côté en salle de traite,
être la seule du troupeau à être sale ou propre, la seule à pouvoir être inséminée en
milieu de stabulation... Toutes ces constatations peuvent être consignées sur une fiche
individuelle papier ou être enregistrées. Trop souvent, il nous est demandé de soigner
par homéopathie et, en questionnant l'éleveur, nous ne parvenons pas à trouver suffi­
samment de signes caractéristiques sur l'animal présenté car ces petits signes, qui
permettent de le distinguer des autres animaux du troupeau, sont vite oubliés par
l'éleveur s'il ne les inscrit pas. En règle générale, d'ailleurs, ils sont considérés comme
sans intérêt.
SUJETS D'ACTUALITÉ

Encadré 2 : Note pour la tenue de son registre d'élevage

Il est intéressant d'ouvrir une fiche individuelle dès la naissance de l'animal et y


enregistrer tous les événements le concernant, aussi bien les interventions théra­
peutiques que les observations de comportement ou, mieux encore toutes ses réac­
tions face à tel ou tel événement : *il suffit d’avoir un calepin dans la poche, ou son
portable ; à chacun de mettre en place un véritable outil d'enregistrement adapté
aux objectifs visés pour la conduite de son élevage.

Hiérarchiser

De toutes les observations recueillies, il reste à faire le tri et ne conserver que ce qui
caractérise au mieux la vache dans sa manière de faire sa mammite. Cette étape requiert
une rigueur et un esprit de discernement clinique indispensables pour ne retenir que les
signes les plus personnels ; pour ce faire, une phase d'apprentissage de l'éleveur, avec
un vétérinaire pratiquant l'homéopathie afin d'acquérir les bons réflexes est nécessaire.

Choix d'un remède

Les cas cliniques présentés en exemple montrent quelques symptômes retenus après
l'exposé du cas complet. Trois symptômes au minimum sont nécessaires pour mettre en
place une grille de « répertorisation » : il s'agit alors d'aller chercher la ou les rubriques
qui se rapprochent le plus du symptôme observé dans un répertoire papier ou informa­
tisé ; le croisement de ces trois rubriques nous permettra de mettre en évidence un ou
plusieurs remèdes communs à ces rubriques. La connaissance de la matière médicale
de ces remèdes nous conduira, ensuite, à établir le choix de celui le plus semblable à
l'ensemble des symptômes observés.

Encadré 3 : Obtention des médicaments homéopathiques

Ils sont obtenus à partir de minéraux (calcaire, soufre, silice...), de végétaux (plantes
entières, racines, fleurs...) ou de produits animaux (abeille, lait, sécrétions...).

Ces produits sont mis à macérer dans de l'alcool et donnent alors des Teinture-Mères
(T.M.). Une part de T.M. est mélangée à 99 parts de solvant : on agite et on obtient
ainsi la première centésimale hahnemanienne (1 CH). On peut poursuivre la dilution/
dynamisation jusqu'à 30 CH. Les dilutions les plus couramment utilisées sont de 5, 7,
9, 15 et 30 CH. En pratique courante rurale, on utilisera la dilution de 9 CH.

Il existe une autre méthode de dilution/dynamisation : la méthode korsakovienne


(K). Elle diffère de la précédente en ce sens qu'il est utilisé un seul flacon que l'on
vide après chaque dilution et que l'on remplit à nouveau de solvant à chaque fois :
les hauteurs de dilution couramment utilisées sont de 30 K.

Dans la pratique courante, on utilise soit les granules, soit les formes liquides. La
quantité de granules ou de liquide administrée n'a aucune importance, la forme
d'administration ou, même, la voie d'administration non plus : seul le remède et sa
nature sont primordiaux, ainsi que la hauteur de la dilution.
LES MAMMITES

١١ resteça enfin à choisir, la dilution : pour des raisons pratiques, on utilisera le plus
souven¿ une dilution de 9 -CH ^our commencer, voire de 15 CH lorsque les signes ^e
comportement sont*forts. Pour notre part, nous considérons dans un premier temps
que la hauteur dë dilution n'est pas essentielle, le plus difficile étant de trouver le bon
remède.

Prescription
Faire prendre le remède prescrit n'est pas compliqué en soi. Il convient de le faire
prendre ‫ف‬la vache soit, directement par voie buccale (au cornadis par exemple), soit sur
sa ration, soit, parfois, par voie vulvaire (avec une seringue en plastique dont on aura
enlevé l'embout afin de permettre le passage des granules), en ayant pris la précaution
dp laver l'arrière-train de l'animal s'il est souillé-
Dans la majorité des cas, le remède sera répété matin et soir durant trois jours avec la
précaution d'arrêter la prise ou d'espacer les prises dès l'amélioration des symptômes.
5‫ ؛‬le remède est bien indiqué, si l'observation a été rigoureuse et si l'état de l'animal le
permet, il n'y aura pas besoin de répéter plus souvent le traitement ; mais, pour évaluer
l'efficacité de la prescription, il est impératif de poursuivre l'observation.

Suivi de l'action du remède


Une fois le remède donné ‫ف‬la vache, ni le travail de l'éleveur, ni celui du prescripteur ne
sont terminés. En effet, il reste ‫ف‬évaluer l'action du remède en poursuivant l'observation
précise des symptômes qui ont été retenus et qui ont conduit au choix du traitement. Par
conséquent, ce ne sera pas nécessairement les symptômes de la mamelle qui évolue-
ront en premier mais bien l'état général de l'animal, suivi par l'amélioration clinique
de la mamelle. Parfois, sur les vaches ‫ف‬mammites sub-cliniques, nous observerons un
retour de grumeaux par exemple au niveau du quartier suspect, suivi, une traite ou deux
plus tard, d'un retour à la normale avec un comptage cellulaire satisfaisant et durable
dans les semaines qui suivront.
SUJETS D'ACTUALITÉ

Le critère d'efficacité de l'homéopathie est sa rapidité d'action : les symptômes d'une


pathologie doivent disparaître aussi rapidement qu'ils sont apparus : si l'on découvre
des signes d'une mammite à la traite du matin, un traitement homéopathique est mis
en place dans la matinée et, grâce aux observations réalisées, dès la traite du soir, on
pourra noter une évolution de l'état général de la vache (s'il a été affecté) ou de l'état
du quartier atteint ; le lendemain matin, le quartier sera décongestionné, avec quelques
cailles dans le lait et, le lendemain soir, le lait pourra être remis dans le tank. Tout cela
en ayant donné 5 granules d'un seul remède en cours de matinée, puis le midi, à la
traite du soir et, éventuellement, le lendemain matin... à condition de bien respecter la
méthode !

En effet, lorsqu'un éleveur souhaite soigner ses animaux par homéopathie, il est indis­
pensable que l'analyse de l'évolution du cas et de l'évaluation de l'efficacité du remède
se fasse en lien avec le vétérinaire homéopathe qui a prescrit le remède. Contrairement
aux idées reçues, l'homéopathie « uniciste » ne supporte __ _____ édication, au
risque de décevoir quant à sa capacité à guérir en totalité ^ ‫ ^ ^ ؛‬îi^ j^ b to iq u e de
l'animal vire à la chronicité.

CONCLUSION

L'homéopathie a sa place dans les élevages laitiers, à c ô t^ e # ،â p tre r tii« ^ f‫؛‬ieutiques.


Le travail principal de l'éleveur est d'entretenir des animabxsj^ ^ 4 P * ^ <anté pour
produire un lait de qualité. Toutefois, il travaille avec du vivant, et !'accident de santé
reste possible. L'allopathie apporte ses solutions. L'homéopathie peut être une alterna­
tive tant pour l'éleveur ayant une bonne connaissance de ses animaux que pour celui
qui souhaite adopter une autre éthique au niveau des soins à ses animaux. Pratiquer
l'homéopathie ne s'improvise pas, cela nécessite rigueur et capacité d'observation...
L'allopathie aussi du reste ! Les avantages et les inconvénients de l'utilisation de cette
médecine sont présentés dans le tableau 2.

Tableau 2 : Avantages et inconvénients de l'utilisation de l'homéopathie

AVANTAGES INCONVÉNIENTS
Un seul remède à donner, un nombre de fois limité Temps de consultation plus long, avec recueil
et dans un temps limité. de données historiques.
L'amélioration doit être rapide : 12 à 36 heures Temps de surveillance plus long après
sur un cas aigu, en quelques jours sur un cas administration du traitement.
chronique.
Temps d'attente nul : retrait du lait le temps Repères pour juger de l'efficacité du traitement
du traitement seulement, si le lait est impropre différents de ceux de la mise en place
à la consommation. d'un traitement allopathique.
Absence de risque de résidu. Risque d'évolution vers la chronicité
si le traitement est mal conduit.
En cas de récidive, un traitement ayant été efficace Si absence de résultats au bout de 24 à 36 heures,
pourra être reconduit si les observations se il faut alors revoir la prescription et changer
rejoignent. de remède.
En cas « d'épidémie » de mammites identiques, Un même traitement ne sera pas nécessairement
un même remède pourra guérir les vaches efficace sur les autres cas du troupeau en cas
présentant les mêmes signes caractéristiques. d'expression clinique différente.
Coût en médicament très bas. Coût en temps de consultation plus élevé.
LES MAMMITES

CAS CLINIQUE 1
Le 19 novembre 2001, le Gaec des L. appelle son vétérinaire pour une vache prim'hols-
tein ٩ ٧ ‫ ؛‬présente le lundi matin une mammite du quartier avant droit.
■ Signes observés par l'éleveur :
• Elle est venue normalement à la traite-
• En sortant, elle est allée manger un peu au cornadis.
٠ Au branchement, l'éleveur n'a rien remarqué ; en revanche, au décrochage, il a noté
une inflammation du quartier avec la présence de grosses cailles dans le fait.
• E l l e n'a pas tapé.
٠ Elle n'a pas mangé ses concentrés.
• Peu de temps après la traite, elle est allée se coucher.
• Elle semblait alors de plus en plus abattue.
• Il a eu du mal ‫ف‬la ‫؛‬aire se relever.
• Elle n'a pas mangé au cornadis.
٠ Absence de lait en égouttant le quartier qui est froid.
• Température de 38 °c.
• C'est une vache en 4e lactation (dernier vêlage 14 octobre 2001, normal) sans
problème.
■ Signes observés par le vétérinaire :
• Quand celui-ci arrive dans la stabulation, il la fait se relever. Après plusieurs stimula-
tions, elle vient facilement au cornadis, met le nez dans l'abreuvoir mais ne boit pas.
• Ses yeux sont enfoncés.
• Son corps est froid, ce qui surprend avec la rapidité de l'apparition de la mammite.
• Elle est très calme et se laisse examiner.
• Son lait est maintenant décoloré et en faible quantité dans son quartier.
■ Il est répertorié :
٠ Une peau froide alors qu'elle a de la fièvre.
٠ Des yeux creux.
• Une absence de soif pendant la fièvre.
CAMPHORA seul sort de cette « répertorisation » car c'est l'impression de froid de tout
cet animal qui conduit ‫ف‬ce remède.
Cette vache va recevoir son traitement sous forme de granules ‫ ف‬la dilution de 9 CH
‫ف‬partir de ٦٠ heures, toutes les heures. Elle aura reçu, en outre, une perfusion d'une
poche de 3 litres de NaCI à 7,2 % 10 ‫ف‬heures.

Un traitement allopathique mis en place en première intention aurait consisté, en plus


de la fluidothérapie, en une administration d'un anti-inflammatoire non stéro’i'dien,
d'un antibiotique ‫ف‬renouveler pendant 3 à 5 ]ours (après avoir réalisé une analyse
bactériologique- qui aurait pu aussi être réalisée dans ce ca s-), du glucose, du
calcium, d'hépatoprotecteurs et d'électrolytes par « drenchage ». Etant donné son
état, une seconde visite aurait sans doute été nécessaire. Le coût des médicaments
aurait été au minimum compris entre 120 et 160 € ٠
SUIETS D'ACTUALITÉ

■ Évolution du cas :
À 15 heures, le corps de l'animal s'est réchauffé. Puis, en fin de vidange du quartier (à
chaque prise du remède), le lait est redevenu progressivement blanc. A la traite du soir,
le quartier était en train de se décongestionner avec présence de cailles dans le lait.
Le lendemain matin, le quartier était décongestionné et le lait blanc, avec beaucoup de
cailles comme du caoutchouc.
Le mardi soir, quelques cailles étaient encore présentes mais, le mercredi matin, tout
était rentré en ordre. Elle a récidivé au cours de la lactation suivante ; l'éleveur lui a
redonné le même remède et tout est rentré dans l'ordre sous 48 heures.

Commentaires : ce cas montre l'efficacité d'une prescription rigoureuse liée à


une observation précise de l'éleveur et une acceptation du risque d'un traitement
homéopathique. Il avait été convenu que, si l'état de la vache ne s'était pas amélioré
à 14 heures, un traitement allopathique était mis en place.

CAS CLINIQUE 2 : (MAMMITE SUB-CLINIQUE)

■ Données fournies par l'éleveur :


٠ Vache normande vêlée du 4 octobre 2002.
• Taux cellulaires oscillant entre 800 000 cellules/ml et 1 200 000 cellules/ml.
• Vêlage du deuxième veau normal mais de petite taille.
• Présente depuis 3 semaines de la toux et de l'apathie.
• Un traitement allopathique est mis en place ; il est suivi d'une amélioration avec,
ensuite, une rechute progressive et dégradation de l'état général.
■ Signes observés par le vétérinaire :
• Absence de fièvre.
• Toux quinteuse, avec essoufflement, morve aux naseaux.
• Nonchalance.
• Donne l'ifnpression d'être dans son monde.
• Va manger seule, lorsque les autres ont terminé.
• V it au ralenti (amorphe).
• Pic à 32 kg en première lactation.
• Présente des râles humides à l'auscultation.
■ Il est retenu :
• Lenteur dans ses mouvements.
• Désir de solitude.
• État apathique.
• Respiration abdominale.
Cette « répertorisation » conduit à POSPHORUS. Cette vache reçoit donc Phosphorus
à la dose de 9 CH, 5 granules matin et soir pendant 3 jours : 48 heures plus tard, elle
est nettement plus vive, bouscule les autres pour rentrer en salle de traite et à la table
d'alimentation. L'évolution des CCSI confirme la guérison de sa mammite sub-clinique.
LES MAMMITES

Date 04 /02 os 06 07 09 10 11 12 01/03 02 03 04


Taux cellulaire
619 887 713 743 T 444 1 278 314 145 274 225 270
(en milliers c/m l)

Commentaires : ce cas est représentatif de ces animaux évoluant vers un état chro­
nique et vers la réforme : l'homéopathie a permis à cette vache de retrouver un état
de bonne santé et de refaire un veau.

ANNEXE : QUESTIONS

1 Faut-il des données d'élevage précises pour mettre en place un traitement


homéopathique ?
Pas au sens technique permettant de poser un diagnostic de troupeau ; seules les obser­
vations permettant de préciser la façon dont l'animal exprime sa pathologie et les condi­
tions d'apparition de celle-ci sont fondamentales, ainsi que tout ce qui est rare, bizarre
et curieux, caractérisant et individualisant le malade.

2 Pouvons-nous guérir les mammites avant le tarissement ?


En règle générale, il est difficile de guérir une mammite chronique pendant la lactation,
et c'est souvent le tarissement qui permet de recouvrer à la mamelle un état sanitaire
satisfaisant. Un traitement homéopathique conduit à partir d'observations précises et
individualisées permettra de guérir de façon durable cette mamelle et cette vache. Ce
remède sera aussi celui qui permettra à cet animal de le guérir d'autres troubles. Ce
résultat ne pourra être obtenu qu'au travers d'une bonne collaboration entre l'éleveur et
le vétérinaire homéopathe.

3 Existe-t-il un traitement de fond pour l'ensemble du troupeau, afin de prévenir le


risque de mammites ?
Lorsque tous les paramètres de l'élevage et de sa conduite seront maîtrisés et qu'il
subsistera des signes récurrents de mammites ou de troubles sur l'ensemble du trou­
peau, voire une majorité des animaux le composant, ou si une cause étiologique a été
identifiée, en rassemblant tous les signes et les observations comme si le troupeau était
un seul et même individu, il sera alors possible de trouver un remède dont l'action cura­
tive permettra au troupeau de retrouver un état de bonne santé. Ainsi son action aura
une composante préventive dans le sens où le troupeau, en meilleure santé, saura mieux
se défendre contre tous les agents d'agression extérieurs.

4 Quelles doivent être les motivations de l'éleveur souhaitant mettre en œuvre un


traitement homéopathique ?
En tout premier lieu, bien connaître ses animaux, avoir pris le temps de les observer et
disposer de temps pour poursuivre l'observation après la prise du remède.
Ensuite, ne pas être stressé, accepter de changer de regard sur ses animaux (laisser
s'exprimer sa fibre d'éleveur), changer de repères sur la façon d'appréhender la maladie
(expression d'un mal-être), le malade (un organisme qui dit son mal-être) et sur le médi­
cament (moyen qui permet à l'organisme de se rééquilibrer).
Et, surtout, être convaincu que l'homéopathie est une technique rigoureuse, qui ne
supporte ni l'amateurisme, ni le bricolage...
SUjETS D'ACTUALITÉ

5 Mon vétérinaire ne pratique pas l'homéopathie, comment dois-je faire ?


Il n'attend peut-être que vous le lui demandiez... Et, soit il saura répondre à votre
demande, soit il fera faire appel à un confrère spécialisé et compétent dans ce domaine.
Avec l'apport de vos observations, celles de la consœur ou du confrère traitant votre
élevage, et malgré la distance, il sera possible de travailler en étroite collaboration afin
de soigner vos animaux avec cette médecine et de la crédibiliser davantage auprès du
transformateur et du consommateur...

L'homéopathie, médecine de l'individu... (Photo Loïc Guiouilliec)

. .. et médecine de troupeau, et pour les troupeaux. (Photo J.M. Nicol)


LES MAMMITFÇ

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1■PEAU - FROIDEUR - glacée ‫ص‬
. ESTOMAC-ABSENCE de soif-fièvre; pendant la (119) ١
. OEIL - ENFONCÉS (énophtalmie); yeux (138)1

Figure 1 : Répertoire informatisé... une aide précieuse pour trouver le remède :


13 remèdes au choix...

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PEAU-FROIDEUR-‫؛‬ m i
2. ESTOMAC - ABSENCE de soif - fièvre; pendant la (119) 1
3. OEIL - ENFONCÉS (énophtalmie); yeux (138) 1
4. PEAU - FROIDEUR - fièvre; pendant la (3) 1

Figure 2 : ...ou précision apportée par une rubrique plus sélective


ou la connaissance de la matière médicale.
GLOSSAIRE
Acidose : rupture d'équilibre acido-basique en faveur de l'acidité (pH inférieur à 7).
L'acidose, chez la vache, est généralement sanguine ou ruminale.
ADN ‫ ؛‬acide désoxyribonucléique, constituant essentiel des chromosomes, support
moléculaire de l'information génétique. Le contenu de cette information est le
« code » de synthèse de toutes les protéines de l'organisme.
Aérobie : qui a besoin d'air pour se développer.
Affection : processus généralement morbide (= qui rend malade), sans tenir compte
des causes.
AFSSA (Agence française de sécurité sanitaire des aliments) : créée en mars 1999,
cette agence constitue le nouvel outil national d'évaluation des risques sanitaires et
nutritionnels des aliments. Elle est chargée de contribuer à assurer la sécurité sani­
taire dans le domaine de l'alimentation, depuis la production des matières premières
jusqu'à la distribution au consommateur final. Dans ce cadre, elle doit notamment
rendre des avis sur les procédés et conditions de production, de transformation, de
stockage et de distribution des denrées alimentaires.

Anaérobie : qui se développe en l'absence d'air.


Antibiogramme : technique de laboratoire visant à tester la sensibilité d'une souche
bactérienne vis-à-vis d'un ou de plusieurs antibiotiques supposes ou connus.
Antibiorésistance : résistance de souches bactériennes aux antibiotiques.
Antibiotiques ‫ ؛‬substance qui détruit les bactéries (et, par extension, certains champi­
gnons) ou les empêche de se multiplier. Interaction des antibiotiques : lorsque l'on
associe deux antibiotiques, leur action antibactérienne conjointe est :
- synergique : si elle est supérieure...
- additive : si elle est égale...
- antagoniste : si elle est inférieure...
... à la somme de l'action des deux antibiotiques puis séparément.
Aphtes : coalescence de vésicules de la muqueuse buccale, linguale ou pharyngienne
de la peau de l'espace interdigital ou des trayons. Lorsqu'un aphte se rompt, il donne
naissance à un ulcère superficiel.
Aseptie : destruction des micro-organismes par désinfection.
Astringent : qui resserre les tissus.
Atrésie : rétrécissement d'un conduit ou d'un orifice de l'organisme.
Atrophie : diminution anormale du volume ou du poids d'un tissu, d'un organe.
Bactérie : ce sont des organismes vivants unicellulaires procaryotes, caractérisés par
une absence de noyau mais qui possèdent un A.D.N.
Bêta-lactamase : la p-lactamase est une enzyme possédant la capacité de dégrader
spécifiquement les antibiotiques (de type bêta-lactame) appartenant à la famille des
P-lactamines. Elle permet l'augmentation de la concentration minimale inhibitrice
(CMI) des p-lactamines. Ce phénomène entraîne par la suite l'impossibilité d'utiliser
ces antibiotiques. Il s'agit d'un processus entrant dans le mode de résistance utilisé
par les bactéries vis-à-vis des p-lactamines.
Bêta-lactamines : famille d'antibiotiques comprenant les pénicillines et les céphalospo-
rines. Elles sont très utilisées pour le traitement en lactation et au tarissement.
LES MAMMITES

Candida : Levure occasionnant des mycoses et, dans ce livre, responsable de mammites.
Caséeux : qui a l'apparence de fromage.
Choc : diminution profonde et brutale du débit sanguin qui provoque une hypotension
et des troubles de conscience.
Chronique : se dit des maladies qui s'installent durablement ou définitivement ; ant. :
aiguë.
Chromosome : molécule d'ADN associée à des protéines qui est présente dans le
noyau des cellules. Pour chaque espèce, le nombre de chromosomes par cellule est
constant (23 paires pour l'homme).
Coalescence : éléments entrant en contact pour en former un seul, nouveau.
Coma : état morbide caractérisé par une perte partielle ou totale de conscience.
Concentration minimale inhibitrice (CMI) : la concentration minimale inhibitrice
ou CMI est la plus petite concentration d'antibiotique suffisante pour inhiber, au
laboratoire, c'est-à-dire in vitro, la croissance d'une souche de bactéries (colonie
bactérienne).
Congestion : accumulation excessive de sang dans les vaisseaux d'un organe.
Contamination : transmission d'un élément pathogène dans une substance (lait, sang...)
ou présence dans un organisme.
Corticoïde : hormone corticosurrénale, ou produit de synthèse ayant les mêmes effets.
Crépitation : bruit comparable à celui du sel jeté sur le feu.
Dermatite : inflammation du derme.
DGAL : Direction Générale de !'Alimentation des produits animaux et d'origine animale.
Diagnostic : détermination de la maladie de l'animal à partir des lésions ou de symp­
tômes observés.
Diptère : ordre d'insectes comprenant les mouches, les taons, les moustiques, les culi-
coïdes, les simulies...
Dissémination : manière de se propager.
Écologie : l'écologie est la science qui étudie l'être vivant et son environnement.
Écosystème : interactions entre les êtres vivants et leur milieu. Il comprend un milieu,
les êtres vivants qui le composent et toutes les relations qui peuvent exister et se
développer à l'intérieur de ce système.
Émollient : un émollient est une substance qui relâche et ramollit la peau ou les
muqueuses, surtout en cas d'inflammation.
Endothélium : couche de cellules qui tapisse la partie interne de l'appareil circulatoire.
Par exemple : endothélium vasculaire.
Enkysté : qui est enfermé dans une couche de tissu conjonctif. Ce processus permet aux
bactéries de se protéger de l'action des antibiotiques.
Entérobactérie : bactérie présente dans le tube digestif de l'homme et des animaux,
et qui provoque parfois des maladies. Concernant les mammites, on distingue les
espèces suivantes : Escherichia coli, Klebsiella s.str., Enterobacter s.str. et Citrobacter
s.str.
Entérotoxémie : passage dans le sang circulant de toxines émises dans l'intestin par des
bactéries, des champignons ou des parasites.
Enzyme : protéine catalysant (accélérant) une réaction chimique.
Eosinophile : cellule sanguine de la lignée blanche (leucocytes) qui a une grande affinité
pour un colorant, l'éosine.
Epizootie : maladie contagieuse qui frappe simultanément un grand nombre d'animaux
d'espèce identique ou différente.
GLOSSAIRE

Escarre : croûte noirâtre due à la mortification des tissus, dont la chute s'effectue
spontanément.
Escherichia coli : germe (appelé aussi colibacille) qui représente à lui seul la plus grande
partie de la flore bactérienne aérobie de l'intestin à raison de 100 000 000 de bacté­
ries par gramme de fèces.
Facteur de risque : il s'agit de tout facteur associé à l'augmentation de la probabilité
d'apparition ou de développement d'une maladie. A cette relation statistique, on
associe une relation de causalité entre le facteur de risque et la maladie.
Fissuration : fêlure superficielle douloureuse.
Gène ‫ ؛‬unité définie, localisée sur un chromosome et responsable de la production des
caractères héréditaires. Il s'agit d'un segment d'ADN comprenant la région codante
pour une protéine et les régions régulatrices adjacentes.
Germes totaux : flore mésophile totale du lait cru.
Germes ubiquitaires : germes qui peuvent se développer n'importe où.
Gram (méthode de) : méthode de coloration des bactéries. Les bactéries sont classées
en Gram + ou Gram- selon qu'elles retiennent ou non le colorant.
Hémorragie : écoulement de sang à l'extérieur des vaisseaux.
Hépatocyte : cellule du foie.
Hyperkératose : hyperplasie d'une couche cornée de l'organisme. Hyperkératose des
papilles ruminales ou du canal du trayon.
Hyperthermie : température au-dessus de la normale.
Hypoplasie : développement insuffisant d'un tissu ou d'un organe.
Hypothermie : température au-dessous de la normale.
Immunité : facilité que possède un organisme à résister aux infections par la production
d'anticorps par les lymphocytes B (immunité humorale) ou à l'action spécifique des
lymphocytes T (immunité à médiation cellulaire). L'ensemble des organes et cellules
de l'immunité constitue le système immunitaire. Son activation génère l'immunité
dite active.
Immunodépresseur : qui supprime ou réduit les réactions immunologiques.
Immunodépression : réduction ou abolition des réactions immunologiques.
Incidence ‫ ؛‬nombre de nouveaux cas d'une maladie observés pendant une période et
pour une population déterminée.
Induration :-durcissement et épaississement des tissus.
Inhibiteurs : substance qui empêche le développement et la multiplication d'un germe.
Exemple : le lait contient des substances inhibitrices si, après addition d'une souche
bactérienne, aucune acidification ne s'est développée.
Le principe consiste à placer la culture de bactéries en présence du ou des antibio­
tiques et à observer les conséquences sur le développement et la survie de celle-ci.
On peut par exemple placer plusieurs pastilles imbibées d'antibiotiques sur une
souche bactérienne déposée dans une boîte de Pétri. Il existe trois types d'interpré­
tation selon le diamètre du cercle qui entoure le disque d'antibiotique : souche ou
bactérie :
• Les conditions d'existence des êtres vivants.
• Les interactions et relations existant entre les êtres vivants.
Létal : qui entraîne la mort. Une maladie létale est une maladie dont l'issue est la mort.
Par exemple : la rage.
Listeria : Listeria monocytogenes est une bactérie responsable de la listériose, maladie
infectieuse rare mais grave. Cette bactérie est capable de se multiplier entre 1 °C et
LES MAMMITES

45 °C, en présence ou en absence d'oxygène. Relativement résistante au sel et au


dessèchement, elle est aisément détruite par la chaleur. Ces caractéristiques expli­
quent sa capacité à survivre longtemps dans l'environnement et dans les cellules
des animaux et de l'homme, et celle de se multiplier lentement à la température de
réfrigération des aliments (4 °C).
Matière Utile : la matière grasse et la matière azotée totale du lait.
Métastase : localisation secondaire, à distance de la lésion initiale.
Morbidité (taux de) ‫ ؛‬nombre ou pourcentage de cas affectés par une maladie dans une
population donnée pendant une certaine durée.
Mortalité (taux de) : nombre ou pourcentage de cas mortels dans une population
donnée pendant une certaine durée.
Nécrose : dégénérescence aboutissant à l'arrêt de la vie dans une cellule ou un tissu.
Nodule : réaction inflammatoire sphéroïde qui se produit autour d'une réaction infec­
tieuse, parasitaire ou un corps étranger.
Nutrition : processus d'utilisation (ce qui distingue de l'alimentation) des aliments trans­
formés en nutriments pour assurer la croissance et les fonctions vitales.
Ocytocine : hormone du lobe postérieur de l'hypophyse : elle assure la contraction
des fibres musculaires lisses de l'utérus mais, aussi, celles qui entourent les alvéoles
mammaires.
Papule : petite saillie du derme, rose ou rouge, ne renfermant pas de liquide.
Parakératose : kératinisation anormale des cellules épidermiques.
Paraplégie : paralysie des deux membres postérieurs chez les animaux.
Parenchyme : tissu fonctionnel d'un organe par rapport au tissu de soutien (le conjonctif).
On parle de parenchyme et de conjonctif mammaire.
Pathologie : science qui a pour objet l'étude des maladies.
Péripartum : période qui entoure le vêlage. Selon les auteurs, elle se situe de trois
semaines avant à trois semaines après le vêlage.
pH (potentiel hydrogène) ‫ ؛‬symbole exprimant par une valeur l'acidité ou la basicité
d'une solution. Une solution est neutre si son pH est égal à 7, basique si son pH est
> à 7, et acide si son pH est < à 7.
Photosensibilisation : sensibilisation de la peau à la lumière.
Plasmide : élément d'ADN indépendant du chromosome, présent dans le cytoplasme
de certaines bactéries. Les plasmides porteurs d'un ou de plusieurs gènes de résis­
tance à un antibiotique peuvent se transmettre d'une bactérie à l'autre.
Portage asymptomatique : infection inapparente.
Posologie : quantité totale d'un médicament à administrer à un malade, exprimée
d'après son âge et son poids.
Post-partum : période pendant laquelle les phénomènes physio-pathologiques ont un
lien important avec ceux de la mise-bas. Concrètement, il s'agit des deux mois qui
la suivent.
Prévalence : nombre de cas d'une certaine maladie à un moment donné dans une
population donnée, sans distinction des cas nouveaux et anciens. Elle peut être
exprimée en chiffres absolus par rapport au nombre d'individus ou en taux (généra­
lement pourcentage).
Prolifération : multiplication normale ou pathologique d'éléments biologiques.
Pronostic : acte par lequel le praticien prévoit l'évolution probable d'une maladie et
son issue.
GLOSSAIRE

Pus : liquide pathologique, plus ou moins visqueux, qui est un exsudât formé d'une
accumulation de leucocytes, de bactéries ainsi que des cellules du tissu atteint.
Pustule : petite vésicule dermique ou épidermique renfermant du pus.
Pyogène : qui produit du pus.
Quarantaine : délai de surveillance et d'isolement imposé à l'entrée de personnes,
d'animaux et/ou de marchandises à la frontière d'un pays, ou lors de l'introduction
d'animaux dans un troupeau.
Régénération : reconstitution naturelle d'un tissu ou d'un organe qui a été détruit.
Rémanence : persistance d'un produit.
Salmonelles : bactéries responsables, entre autres, d'entérocolites graves.
Sclérose : durcissement pathologique d'un organe, dû à une hypertrophie du tissu
conjonctif accompagné d'une formation importante de collagène.
Séborrhée : augmentation de la sécrétion de glandes sébacées donnant une peau grasse.
Septicémie : infection générale grave causée par la dissémination dans le sang de
germes pathogènes à partir d'un foyer primitif. Exemple = la mammite colibacillaire
peut évoluer en septicémie.
Septique : contaminé par des micro-organismes.
Sérologie : étude des modifications de sérums. Cela se traduit généralement par une
augmentation d'anticorps spécifiques d'un agent.
Sérotype : groupe de bactéries d'une espèce possédant des antigènes communs et diffé­
rents de ceux d'un autre groupe d'une même espèce.
SNC : système nerveux central (cervelle, moelle épinière).
Spores butyriques : formes de résistance de clostridies qui fermentent le lactate en
présence d'acétate lorsqu'elles sont cultivées en anaérobiose après un traitement
thermique de 15 minutes à 75 °C.
S.str. : sensu sricto = au sens strict du terme.
Subaigu (ë) : qui a les caractères atténués de l'état aigu.
TIAC : toxi-infections alimentaires collectives supposant au moins deux cas groupés
avec des manifestations similaires, dues à une contamination par un micro-organisme
(bactéries en général) ou une toxine.
Topique : médicament d'application externe qui agit localement.
Toxine : substance toxique élaborée par certaines bactéries.
Traçabilité ‫ ؛‬procédure permettant d'attester, à tous les stades de la filière de transfor­
mation, dej'origine des produits alimentaires.
Trauma : lésion produite par l'impact mécanique d'un agent extérieur.
Traumatismes : ensemble des conséquences physiques produites par un trauma.
Ubiquiste : que l'on rencontre partout.
Ulcère : perte de substance de la peau ou d'une muqueuse, prenant la forme d'une
lésion qui ne cicatrise pas et tend à s'étendre et à suppurer.
Virulence : aptitude d'une espèce microbienne ou virale à conférer une maladie plus
ou moins grave.
Vitamines : substances existant en très petites quantités dans les aliments ou synthé­
tisées par l'organisme. Les vitamines sont indispensables à la croissance et au
fonctionnement d'un organisme.
Volémie : volume sanguin total.
Zoonose : maladie des animaux transmissible à l'homme.
Les mammites
a mammite
mammit reste la maladie la plus

L
et des vaches taries. Les différentes
fréquente,), la plus pénalisante et méthodes pour identifier l§s mammites
la plus coûteuse
coi des élevages laitiers. sont analysées ainsi que lés moyens
Bien conduire la lutte contre les mammites de prévention qui en découlent.
contribue à la rentabilité de l’exploitation
mais aussi à une organisation du travail L’importance de la nutrition au cours
dans l’élevage plus rationnelle, et à une du péripartum et ses répercussions
amélioration de la qualité de vie de !’éleveur. sur la santé de la vache et celle
de la mamelle font l’objet d’un chapitre
connaissances ayant considérablement complet.
dernières années, l’ouvrage,
nombreuses photos, aidera Les auteurs détaillent l’utilisation du robot
point sur le sujet. de traite et de la machine à traire,
qui demeure souvent une source importante
urs de risque liés à la traite de contamination, et proposent les méthodes
ies vaches en lactation de prévention adaptées.

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9 782855 571713

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G | U | I |D| E IS
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