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Livre de Daniel

livre de la Bible
Daniel

Daniel et Cyrus devant l'idole, par Rembrandt


(1633).

Titre dans le
Daniyyel
Tanakh
Auteur
Daniel
traditionnel
Auteur(s)
selon auteurs anonymes
l'exégèse
Datation
vers 536 av. J.-C. [réf. nécessaire]
traditionnelle
Datation IIIe siècle av. J.-C.(pour la
historique version massorétique)
Entre 167 et 164 av J.-C.
pour la version grecque.

Nombre de 12 (selon la version


chapitres massorétique)
Classification
Tanakh Nevi'im

Esther Esdras-Néhémie

Canon biblique Livres prophétiques

Ézéchiel Osée

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_de_Daniel&action=edit&section=0)

Le Livre de Daniel, écrit en hébreu et en


araméen, fait partie de la Bible hébraïque
(Tanakh) (plus précisément des
Ketouvim) et de la Bible chrétienne (plus
précisément des Prophètes de l'Ancien
Testament). Le texte de certaines Bibles
chrétiennes contient une partie
supplémentaire appelée partie
deutérocanonique écrite en grec.

Le livre décrit des événements se


déroulant de la captivité du peuple juif à
Babylone sous Nabuchodonosor II, le roi
de Babylone entre 605 et 562 av. J.-C.,
jusqu'à l'époque séleucide sous
Antiochos IV, entre 175 et 163 av. J.-C.
Les six premiers chapitres racontent
l'histoire de Daniel et sont mis en scène
au cours des épisodes de Babylone et de
la Perse. Les chapitres 7 à 12 présentent
des visions allégoriques d'évènements
historiques débutant entre le
vie siècle av. J.-C. et le iie siècle av. J.-C.
Les chapitres 13 et 14 ont été écrits en
grec, ce qui témoigne d'une rédaction
plus tardive.

Le Livre de Daniel est écrit, tout comme


le Livre d'Hénoch et d'autres apocryphes
bibliques trouvés à Qumrân, dans un
style apocalyptique qui était populaire à
l'époque des Maccabées. Pour certains
spécialistes, sa composition finale
(chapitres 13 et 14 notamment) date du
règne d'Antiochos IV (175 à 163 av. J.-
C.), un roi séleucide qui cherchait à
éradiquer le judaïsme. Les 12 précédents
chapitres ont été rédigés dans une
période allant jusqu'au
iiie siècle av. J.-C.[1] Il est le plus récent
parmi les livres de l'Ancien Testament en
hébreu [2] (d'autres plus récents seront
ajoutés dans la version grecque de
l'Ancien Testament, comme le Siracide,
ou la Sagesse de Salomon).

La précision des prophéties prononcées


par Daniel sur la venue du Messie, font
que les traditions catholique et
orthodoxe le rangent parmi les quatre
grands prophètes, avec Isaïe, Jérémie et
Ézéchiel.

Genèse du Livre de Daniel

Langue du livre
Maître du Couronnement de la Vierge, Suzanne et les vieillards, xive – xve siècle. Miniature extraite de la Bible
historiale de Guyart des Moulins. Illustration d'un épisode deutérocanonique du Livre de Daniel.

La partie protocanonique du livre de


Daniel, qui est celle de la Bible hébraïque,
est rédigée dans deux langues
différentes :

Le livre commence en hébreu et ce


jusqu’au chapitre 2, verset 4 (Da 1-2. 4
(http://www.biblegateway.com/bible?l
anguage=fr&version=2;32&passage=D
a%201-2%3A4) [archive]) ;
Il se poursuit en araméen jusqu’à la fin
du chapitre 7 (Da 2:5-7:28 (http://www.
biblegateway.com/bible?language=fr&
version=2;32&passage=Da%202:5-7:2
8) [archive]) ;
Il revient à l’hébreu jusqu’au chapitre
12 (Da 8-12 (http://www.biblegateway.
com/bible?language=fr&version=2;32&
passage=Da%208-12) [archive]).

Cette division linguistique


hébreu/araméen ne recouvre pas la
division thématique du livre. En effet,
Daniel comporte deux grands blocs
assez distincts :

D’une part, les chapitres 1-6 (Da 1-6 (ht


tp://www.biblegateway.com/bible?lang
uage=fr&version=2;32&passage=Da%2
01-6) [archive]) qui racontent à la
troisième personne diverses aventures
arrivant à Daniel. Ces récits présentent
Daniel comme un savant interprète des
songes capable de conseiller les rois
babyloniens et surpassant en sagesse
les magiciens chaldéens ;
D’autre part, les chapitres 7-12 (Da 7-
12 (http://www.biblegateway.com/bibl
e?language=fr&version=2;32&passage
=Da%207-12) [archive]) qui sont d’un
tout autre genre. Ils sont rédigés en
style autobiographique à partir du
chapitre 8. Daniel n’est plus l’interprète
des visions des autres, mais il est lui-
même le bénéficiaire de visions qu’il ne
réussit pas à interpréter sans l’aide
d’un ange.

Par sa langue de rédaction, le chapitre 7


se rattache donc au bloc 2-6 mais son
thème le lie au bloc 8-12. De très
nombreux travaux ont essayé de rendre
compte de la division linguistique de
Daniel. L’hypothèse selon laquelle le
même auteur aurait rédigé en deux
langues différentes n’a plus guère de
partisans aujourd’hui. L’état actuel du
Livre de Daniel semble résulter à la fois
d’une entreprise de traduction et d’une
histoire rédactionnelle mettant à
contribution plusieurs auteurs. Ainsi, on
peut envisager :
une rédaction en araméen des
chapitres 1-6 (Da 1-6 (http://www.bible
gateway.com/bible?language=fr&versi
on=2;32&passage=Da%201-
6) [archive]), compilation d’histoires
parfois peu liées les unes aux autres ;
la rédaction en araméen du chapitre 7
(Da 7 (http://www.biblegateway.com/b
ible?language=fr&version=2;32&passa
ge=Da%207) [archive]) qui prolonge le
livre dans sa langue d’origine mais lui
donne une tournure plus nettement
apocalyptique ;
l'adjonction en hébreu des chapitres 8-
12 (Da 8-12 (http://www.biblegateway.
com/bible?language=fr&version=2;32&
passage=Da%208-12) [archive]) qui
amplifient le chapitre 7. À l’occasion de
cet ajout, le début du livre est
partiellement traduit en hébreu
(jusqu’à 2,4).

Enfin, les versions grecques comportent


en plus trois passages, qui constituent ce
que l'on appelle la partie
deutérocanonique : la prière d’Azariah et
le cantique des trois enfants insérés
dans le chapitre 3 après le verset 23 ;
l’histoire de Suzanne et les vieillards
après le chapitre 12 ; et l’histoire de Bel
et le serpent qui termine le livre – dans la
vulgate, ces deux derniers passages sont
respectivement numérotés chapitres 13
et 14.
Composition et date de rédaction

Daniel, qui s'exprime en « je » tout au


long des chapitres 7 à 12, est censé vivre
à Babylone au vie siècle av. J.-C., mais —
en dépit de l'opinion traditionnelle encore
défendue par quelques auteurs
fondamentalistes américains[3] — il est
certain que le livre est beaucoup plus
récent. En effet, on y remarque de
nombreuses invraisemblances ; par
exemple, Belshatsar (Balthazar) n'était
pas le fils de Nabuchodonosor, comme
l'ouvrage le présente, mais celui de
Nabonide, et il n'a jamais eu le titre de roi.
Daniel annonce des événements à venir,
mais il devient de plus en plus exact au
fur et à mesure que l'histoire avance,
comme s'il connaissait mieux les
événements de la première moitié du
iie siècle que ceux des siècles
précédents. L'hébreu utilisé aux chapitres
1 et 8 à 12 est influencé par l'araméen ;
cette langue est elle-même utilisée aux
chapitres 2 à 7, avec des caractéristiques
plus tardives que l'araméen du Livre
d'Esdras et des papyri d'Eléphantine (vie
et ve siècles av. J.-C.). Tout cela
converge vers une conclusion aujourd'hui
largement acceptée : l'auteur de l'ouvrage
dans sa forme finale utilise le procédé de
pseudépigraphie ; il n'écrit pas au
vie siècle av. J.-C., mais à l'époque des
derniers évènements annoncés, c'est-à-
dire au iie siècle av. J.-C.[4].

Daniel est inconnu par l'auteur du


Siracide (vers 180 av. J.-C.) qui contient
une longue section (chapitres 44-50) en
l'honneur des « hommes illustres » qui
ont compté dans l'histoire juive.
Toutefois, le livre est connu par l'auteur
du Premier livre des Maccabées, entre
134 et 104 av. J.-C. (1 M 1,54 = Da 9. 27
(http://www.biblegateway.com/bible?lan
guage=fr&version=2;32&passage=Da%20
9%3A27) [archive] et Da 11. 37 (http://w
ww.biblegateway.com/bible?language=fr
&version=2;32&passage=Da%2011%3A3
7) [archive]), et sa première version
grecque est même utilisée par le livre III
des Oracles sibyllins. L'auteur connait la
profanation du Temple, le 7 décembre
167 (Da 11. 31 (http://www.biblegateway.
com/bible?language=fr&version=2;32&pa
ssage=Da%2011%3A31) [archive]), et la
mise à mort des Juifs fidèles (Da 11. 33
(http://www.biblegateway.com/bible?lan
guage=fr&version=2;32&passage=Da%20
11%3A33) [archive]), la révolte des
Maccabées et les premiers succès de
Judas (allusion de Da 11. 34 (http://www.
biblegateway.com/bible?language=fr&ve
rsion=2;32&passage=Da%2011%3A34) [
archive]) en 166 av. J.-C. Toutefois,
l'auteur ne connaît pas les
circonstances[5] de la mort du roi
persécuteur en automne 164, ce qui
indique une fin de composition
d'ensemble du Livre de Daniel entre 167
et 164. Rien dans le reste du livre ne vient
contredire ces dates[6].

Les manuscrits de la mer Morte et le


Livre de Daniel

Huit manuscrits incomplets du Livre de


Daniel ont été trouvés dans les grottes
près de Qumrân. Quatre manuscrits
(1Q71, 1Q72, 4Q113, 6Q7) dateraient
d'entre 50 et la prise du site par les
Romains lors de Grande révolte juive (66-
74), deux manuscrits (4Q112, 4Q115)
dateraient de 50 av. J.-C. environ, et les
deux plus anciens manuscrits (4Q114 et
4Q116) remonteraient à 100-150 av. J.-
C.[7]

Toutefois, d'autres manuscrits trouvés à


Qumrân et comportant de nombreuses
similitudes avec le récit de Daniel ont
amené les chercheurs à émettre
l'hypothèse d'un « cycle de Daniel », qui
comporterait de nombreuses histoires en
plus de celles qui ont survécu dans nos
Bibles. Ces histoires auraient servi de
matériau au compilateur final. Ainsi, le
manuscrit 4Q242, dit « Prière de
Nabonide », comporte des
correspondances nombreuses et
significatives avec le chapitre 4 du Livre
de Daniel. Ces similitudes ont convaincu
la plupart des spécialistes que l'histoire
relatée par le manuscrit est, d'une façon
ou d'une autre, liée à l'épisode biblique. Si
cette théorie est juste, cela signifierait
qu'avec ce rouleau a été découverte une
source jusque-là inconnue de la Bible.
L'histoire du Livre de Daniel
commencerait alors avant l'an 200 avant
l'ère chrétienne, et pourrait même être
d'un ou deux siècles plus ancienne[8].
D'autres manuscrits, comme « Vision de
Daniel » (4Q243, 4Q244, 4Q245) et la
« Vision des quatre arbres » (4Q552,
4Q553), présentent des récits
semblables au texte reçu[9].
Résumé
Les chapitres 1 à 6 présentent des récits
concernant le jeune Daniel et ses trois
compagnons déportés à Babylone, écrits
sous forme didactique (aggada). Ces
chapitres constituent un ouvrage
pédagogique délivrant une leçon
théologique et morale. Le héros du récit,
par son comportement, ses épreuves,
etc., est présenté de telle façon que le
lecteur en tire un message de réconfort,
de foi, en rapport avec les besoins
spirituels de l'époque.

Les chapitres 7 à 12 présentent les


visions de Daniel. Ces visions ont pour
but d'interpréter l'histoire de manière
théologique, couronnée à son terme par
une annonce de la Fin, sous la plume
d'un prophète du passé afin de prendre
du recul par rapport au temps des
écrivains. La révélation se présente
comme une sagesse venue d'en haut
donnée aux croyants[10].

Histoire de Daniel

Les six premiers chapitres comprennent


une série de récits à la cour sur Daniel et
ses trois compagnons. Le premier
chapitre est écrit en hébreu. C'est ensuite
l'araméen qui est utilisé à partir du verset
4 du chapitre 2 jusqu'au chapitre 7.
L'hébreu réapparaît du chapitre 8 au
chapitre 12.

1. Après avoir été fait captifs et


emmenés à Babylone, les membres
de la noblesse d'Israël sont pris au
service du roi Nabuchodonosor.
Parmi eux, Daniel et ses trois amis
Ananias, Azarias et Misaël refusent
de manger et de boire à la table du
roi, car ils semblent être végétariens
et refusent le vin et les viandes dont
une partie était sacrifiée à des
idoles. À la fin d'une courte période
d'essai de dix jours, ils apparaissent
en meilleure santé que ceux qui ont
accepté la nourriture royale et
peuvent donc continuer leur régime
alimentaire, constitué uniquement
de légumes et d'eau. Les quatre
Hébreux sont finalement instruits
par Dieu, ce qui leur permet d'être
remarqués par le roi qui les trouve
« dix fois supérieurs à tous les
magiciens et devins de son
royaume tout entier ».

Songe de Nabuchodonosor : la statue composite (Ars moriendi, France, xve siècle).


2. Nabuchodonosor rêve d'une statue
géante faite de quatre métaux et
d'un mélange de fer et d'argile, un
colosse aux pieds d'argile
(l'expression provient de ce récit).
Dans le songe, cette statue est
détruite par une pierre qui se
détache de la montagne. Daniel
explique alors au roi que la statue
représente des empires successifs.
La pierre se transforme en une
grande montagne qui remplit toute
la terre. Le professeur d'Ancien
Testament John J. Collins suggère
que cette division du monde en
quatre parties est un emprunt au
poète grec Hésiode
(viiie siècle av. J.-C.). Ce dernier, en
effet, enseignait que le monde était
passé par quatre âges différents :
l'âge de l'or, de l'argent, du bronze et
du fer ; chaque âge étant
moralement inférieur au
précédent[11],[12].

Songe de Nabuchodonosor : l'arbre abattu (France, xve siècle).

3. Nabuchodonosor fait construire une


statue d'or et demande à ce qu'elle
soit adorée sous peine d'être jeté
dans une fournaise. Les trois
compagnons de Daniel refusent de
participer au culte de la statue
géante de Nabuchodonosor. Ils
refusent obstinément d'adorer le
dieu du roi. À cause de cela, ils sont
enfermés dans un four surchauffé.
Les hommes vaillants les y ayant
jetés meurent consumés par le feu
de la fournaise, mais les trois
compagnons sont sauvés par un
ange (Da 3. 1-30 (http://www.bibleg
ateway.com/bible?language=fr&ver
sion=2;32&passage=Da%203%3A1-
30) [archive]).
4. Nabuchodonosor rêve d'un arbre
atteignant le ciel et visible sur toute
la terre, soudainement coupé sur
ordre d'un messager divin. Daniel
explique au roi que cet arbre le
désigne, lui, le roi. Pendant sept ans,
il perdra la raison et son pouvoir et
vivra parmi les bêtes sauvages dans
la nature. À l'issue de cette punition
divine, il reprendra son trône et
proclamera que le Dieu de Daniel
est le roi des dieux.
5. Le banquet de Balthazar raconte
une soirée durant laquelle Balthazar
et ses courtisans mangent et
boivent dans les ustensiles et verres
pris au Temple de Jérusalem.
Apparaît alors une mystérieuse
main qui écrit sur le mur "Mene,
Menel, Tekel, Upharsin" (l'expression
l'inscription sur le mur provient de
ce récit). Le roi horrifié fait appel à
Daniel pour lui expliquer ce qui est
écrit. Daniel donne l'explication
suivante (5,26-28) : Mené, mené :
Dieu a mesuré ton royaume et l'a
livré ; - Teqel : tu as été pesé dans la
balance et ton poids se trouve en
défaut; - Upharsin : ton royaume a
été divisé et donné aux Mèdes et
aux Perses." Cette nuit-là, la ville est
prise par Darius II et Balthazar est
assassiné. Il faut aussi comprendre
une dimension ironique ou
humoristique: la répétition du mot
'Mené, Méné', peut se traduire par
'compté, compté', mais aussi par
'compté, le comptable'. Ce qui est
une façon de se moquer de la
richissime Babylone et de sa
puissance fondée sur la
comptabilité, science récente à
l'époque, qui avait permis à ses
princes de spolier les peuples
alentour.
6. Daniel dans la fosse aux lions :
Daniel est élevé à une fonction
importante sous le règne de Darius
ce qui lui vaut des jalousies.
Connaissant la piété et la dévotion
de Daniel envers Dieu, les intrigants
de la cour demandent au roi de
prononcer une loi qui interdit de
prier un autre dieu ou homme que
Darius pendant trente jours. Comme
Daniel n'en tient pas compte et
continue à prier trois fois par jour, il
est accusé et Darius, devant
respecter son propre décret, se voit
obligé de jeter Daniel dans la fosse
aux lions. Mais l'ange de Dieu
intervient et ferme la gueule des
lions. Darius voyant cela fait sortir
Daniel de la fosse aux lions et fait
jeter les intrigants, leurs femmes et
leurs enfants dans la fosse où les
lions les dévorent immédiatement.

Parties deutérocanoniques
Daniel, Bel et le dragon sacré des Babyloniens (France, xve siècle).

La Septante – une traduction grecque du


texte – comprend 2 chapitres et demi
additionnels. Ces parties sont considérés
comme apocryphes par les juifs,
certaines Églises orthodoxes et la
plupart des protestants, et comme
deutérocanoniques par les catholiques et
certaines Églises orthodoxes. Ces
parties sont parfois incluses directement
dans le texte du Livre de Daniel, ou mises
à part.

Les textes exclusifs à la Septante sont :

Une centaine de versets


supplémentaires, où l'on trouve le
cantique d'Azarias dans la fournaise
(Da 3. 26-45 LXX) et le cantique des
trois jeunes gens (Da 3. 52-90 LXX),
qui s'ajoutent à la version grecque du
chapitre 3 (l'épisode de la statue d'or et
des trois compagnons dans la
fournaise).
Suzanne et les vieillards
Bel et le Dragon, qui raconte deux
épisodes de la vie du prophète Daniel.
Le premier relate comment Daniel
prouva que l'idole Bēl, dieu protecteur
de Babylone, n'avait aucune valeur, en
révélant que la nourriture
prétendument mangée par le dieu était
en réalité emportée par les prêtres de
Bêl. Le second épisode raconte la
délivrance miraculeuse de Daniel, jeté
dans la fosse aux lions pour avoir tué
le dragon vénéré par les Babyloniens.
Ces deux récits sont destinés à
ridiculiser l'idolâtrie et à montrer que
ceux qui adorent le vrai Dieu recevront
de la nourriture et seront nourris
pendant les périodes de difficulté.

Les visions de Daniel


Les quatre visions des chapitres 7 à 12
sont des exemples types des écrits
apocalyptiques, un genre littéraire
d'écrits juifs et chrétiens. Contrairement
aux six premiers chapitres qui parlent de
Daniel à la troisième personne, le
rédacteur parle ici à la première
personne. L'un des traits caractéristiques
de cette section concerne la dépendance
de Daniel à des créatures spirituelles
pour interpréter et expliquer ses visions.
Le cadre historique de ces visions n'est
pas indiqué, à l'exception de quelques
dates de règnes mentionnées. Le
chapitre 7 est écrit en araméen alors que
les chapitres 8 à 12 sont écrits en
hébreu. La section « visions
apocalyptiques » de Daniel comprend
trois visions et une prophétie concernant
le destin d'Israël.

Ces écrits apocalyptiques et


eschatologiques ont donné lieu à de
multiples interprétations chez les
Esséniens et chez les Chrétiens.

Vision des quatre bêtes énormes

Articles détaillés : Daniel 7 et Fils de


l'Homme.

La vision dans la première année de


Balthazar roi de Babylone (7,1) concerne
quatre bêtes énormes (7,3) représentant
quatre futurs rois (7,17) ou royaumes
(7,23), la quatrième bête qui mangera
toute la terre, la foulera aux pieds et
l'écrasera (7,23) ; ce quatrième royaume
est représenté par une bête avec dix
cornes représentant dix rois, suivi d'une
petite corne qui abat trois rois (7,24),
parlant contre le "Très-Haut", et voulant
changer les temps et le droit (7,25).
Après "un temps et des temps et un
demi-temps", cette corne est jugée et sa
domination lui est ôtée et détruite (7,26) ;
finalement, le royaume et l'empire et les
grandeurs des royaumes sous tous les
cieux sont donnés au peuple des saints
du Très Haut (7,27).

Vision du Bélier et du Bouc


Article détaillé : Vision du bélier et du
bouc.

La vision de la troisième année de


Balthazar concerne un bélier (8,1-27) qui
représente les rois de Médie et de Perse
(8,20), la Grèce (8,21) étant représentée
par un bouc. La grande corne du bouc
est cassée pour être remplacée par
quatre royaumes plus faibles. La vision
se consacre ensuite à "un roi impudent et
expert en astuces qui opère des
destructions prodigieuses" en
supprimant les sacrifices au Temple de
Jérusalem pour une période de deux
mille trois cents soirs et matins (8,14).
Ensuite, l'auteur attend le jugement final
de ce roi dans les temps futurs avec le
rétablissement du sanctuaire. Cette
vision incorpore des boucs, des béliers et
des cornes étaient utilisées pour le
service du sanctuaire du Temple à
Jérusalem.

Prophétie des 70 semaines

Article détaillé : Prophétie des 70


semaines.

La vision dans la première année de


Xerxès Ier fils de Darius Ier (9,1) concerne
la prophétie des 70 semaines d'années.
Cette prophétie concerne l'histoire de
l'ancien Israël et l'histoire de Jérusalem
(9,24). Elle consiste en une méditation
sur la prédiction du prophète Jérémie
que la désolation de Jérusalem durerait
70 ans, une longue prière de Daniel afin
que Dieu restaure Jérusalem et son
temple, et une explication de l'archange
Gabriel qui indique une future
restauration par un messie-chef.

Deux rois en conflit

Article détaillé : Daniel 11.

Une longue vision (10,1-12,13) dans la


troisième année de Cyrus II roi de la
Perse, qui concerne les conflits entre le
"roi du Nord" et le "roi du Midi" (= Égypte,
11,8). Cette vision commence par des
références à la Perse et à la Grèce. Puis
la vision atteint son paroxysme par une
nouvelle description d'un roi arrogant qui
profane le temple, installe "l'abomination
de la désolation", supprime les sacrifices
rituels et persécute les justes. La
résurrection est enfin promise à Daniel
par un homme sur le bord d'un fleuve.

Légende du Livre de Daniel


et du roi Alexandre le Grand
L’historien juif Flavius Josèphe rapporte
que le Livre de Daniel fut montré à
Alexandre le Grand lorsqu’il marcha avec
son armée sur Jérusalem. L'histoire
rapportée se passe vers 330 av. J.-C.,
plus de 150 ans avant la période
maccabéenne. "On lui montra le Livre de
Daniel, où il était annoncé qu’un Grec
viendrait détruire l’empire des Perses, et
le roi, pensant que lui-même était par là
désigné, se réjouit fort"[13]. Alexandre
accorda de grandes faveurs aux
Israëlites et il est admis que c’est grâce à
ce que Daniel avait dit de lui dans la
prophétie.

Toutefois, l'ensemble des spécialistes du


sujet pensent que Flavius Josèphe
rapporte une légende[14], car le pays
d’Israël, bien que faisant aussi partie du
territoire conquis par Alexandre, n'eut pas
à se battre. À l’époque d’Alexandre, les
Juifs avaient été déjà vaincus par les
Assyriens puis par les Babyloniens, puis
finalement par les Perses qui, à leur tour,
furent vaincus par les Grecs d’Alexandre.
Ils ne purent donc pas affronter
Alexandre, car leurs forces militaires
étaient devenues inexistantes à la suite
des diverses déportations. De plus,
suivant le récit, Alexandre le Grand se
prosterne directement devant le grand-
prêtre portant le nom de Dieu sur sa tiare,
ce qui est une image en complète
contradiction avec les historiens qui
nous rapportent un chef de guerre païen,
violent et déterminé.

Si Flavius Josèphe parle de certains


livres sacrés des Juifs, il n'aborde jamais
leurs dates de composition, ni le nom de
ceux qui sont présents dans le Canon juif
fixé en 90 apr. J.-C. au Synode de
Jamnia. Ce que nous savons, c'est que
Flavius Josèphe était un pharisien qui
suivait la pensée de l'école de Hillel
Hazaken pour la sélection des livres dits
sacrés. Avant le ier siècle, il n'y a pas de
trace d'un canon hébraïque fixe[15]. De
plus, on constate dans les écrits de
Flavius Josèphe que la longue période
qui s'étend entre Néhémie et la révolte
des Maccabées, est traitée de la façon la
plus insuffisante. Ce qui d'ailleurs n'était
pas le but principal des écrits de Flavius
Josèphe. Il n'y a donc pas lieu d'y voir
une preuve historique de la période de la
rédaction du Livre de Daniel.

Le spécialiste et professeur de littérature


hébraïque à Harvard Shaye Cohen (en)

avance l'hypothèse que cette légende est


un assemblage de différentes
histoires[16].

Références
1. Evans, Craig A. et Flint, Peter W.,
Eschatology, messianism, and the
Dead Sea scrolls, W.B. Eerdmans,
1997, 176 p.
(ISBN 978-0-8028-4230-5,
OCLC 36917026 (https://worldcat.org/fr/t
, lire en ligne (https://www.worldcat.o
rg/oclc/36917026) [archive])
2. Thomas Römer, Jean-Daniel Macchi
et Christophe Nihan, Introduction à
l'Ancien Testament, Paris, Cerf
(ISBN 2-830-91112-1).
3. La position fondamentaliste et
conservatrice est disponible dans
Introduction à l'Ancien Testament
(Tremper Longman et Raymond
Dillard , Éditions Excelsis,
(ISBN 2-7550-0080-5)) dans la
section consacrée au Livre de Daniel.
L'ouvrage se veut présenter la
« position protestante et
évangélique ». Les auteurs admettent
que l'inexistence archéologique de
Darius le Mède et de Balthazar en
tant que roi posent problème, mais
concluent à l'authenticité car « Jésus
Christ fait référence au prophète
Daniel » et que « le livre de
l'Apocalypse le cite ». De plus, ils
considèrent que « la position des
biblistes qui refusent la rédaction au
vie siècle est inacceptable » car cela
revient à « nier l'inspiration divine de
la Bible ».
4. Jacques Vermeylen, « Daniel », dans
Introduction à l'Ancien Testament,
Labor et Fides, (ISBN 2-8309-1112-1),
p. 573-582.
5. Livre de Daniel, 8, 25.
6. « Introduction aux livres
Prophétiques », dans la Bible de
Jérusalem. Voir aussi « Introduction
au Livre de Daniel » (http://bibliotheq
ue.editionsducerf.fr/par%20page/12
0/TM.htm) [archive] [« Copie
archivée » (https://web.archive.org/w
eb/20081111085517/http://bibliothe
que.editionsducerf.fr/par%20page/1
20/TM.htm) (version du 11
novembre 2008 sur l'Internet
Archive)], Traduction oecuménique
de la Bible (TOB) ; et Thierry Murcia,
L'Apocalypse selon Daniel - La fin du
monde est-elle pour demain ?
Perspective historique et
eschatologique du Livre de Daniel,
1990.
7. John Collins et Peter W. Flint, The
Book of Daniel, vol. II (https://books.
google.com/books?id=kvtbNQtMqEU
C&pg=PA330&lpg=PA330&dq=4QDan
c++%284Q114%29&source=bl&ots=7
CiMqzojh0&sig=fwV4XwvJ4R8YcEVd
ZcxpghNHFhI&hl=fr&ei=amMKS57HF
oeF4QbSr8G6Cw&sa=X&oi=book_res
ult&ct=result&resnum=4&ved=0CBoQ
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alse) [archive], p. 330-331.
8. Michael Wise, in Michael Wise,
Martin Abegg jr., Edward Cook, Les
Manuscrits de la mer Morte
(ISBN 2262020825) pp. 324-325 lire
en ligne (https://archive.org/details/
WISEABEGGCOOKMs.de.la.mer.Mort
e/mode/1up) [archive]
9. Edward Cook, in Michael Wise,
Martin Abegg jr., Edward Cook, Les
Manuscrits de la mer Morte
(ISBN 2262020825) p. 326 et 574-
576
10. Traduction Œcuménique de la Bible
(TOB), Paris, Cerf. « Introduction à
Daniel », p. 1718-1719.
11. Hésiode, Les Travaux et les Jours,
p. 106-201.
12. John J. Collins, The Apocalyptic
Vision of the Book of Daniel,
Missoula, Scholar's Press, 1977,
p. 40.
13. Antiquités judaïques, Livre XI
14. Studies in the Jewish background of
Christianity, Daniel R. Schwartz (http
s://books.google.ca/books?id=rd5OB
4PtlCUC&pg=PA110#v=onepage&q=
&f=false) [archive]
15. L'Aventure des manuscrits de la mer
Morte - sous la direction d'Hershel
Shanks et la traduction de Sylvie
Carteron Poche: 391 pages Éditeur :
Seuil (17 avril 2002) - pages: 195 -
216
16. "Alexander the Great and Jaddus the
High Priest according to Josephus",
41-68; see also Adolf Büchler, "La
relation de Josèphe concernant
Alexandre le Grand", 1-26

Bibliographie
Armand Abécassis, La pensée juive.
Messianités : éclipse politique et
éclosions apocalyptiques, LGF, coll. «Le
livre de poche», 1996
(es) J.M Asurmendi, "El libro de Daniel en
la investigación reciente", Estudios
Biblicos 55 (1997), p. 509-540
(en) J.J. Collins, P.W.Flint, The Book of
Daniel : Composition and Reception (htt
ps://books.google.fr/books?id=X-XYJ0y
p140C&printsec=frontcover&dq=isbn+0
+391+04137+0#v=onepage&q=isbn%20
0%20391%2004137%200&f=false) [arc
hive], Vol I & II, Leiden, Brill, 2001
(ISBN 0391041371)
Pierre Grelot, Le Livre de Daniel, Paris,
Cerf 1992
Jacques Vermeylen, "Daniel" dans
Introduction à l'Ancien Testament,
Édition Labor et Fides, 2009,
p. 573-582 (ISBN 2-8309-1112-1)
(en) A.S. Van Der Woude (éd.), The Book
of Daniel in the Light of New Findings
(BEThL 106), Leuven, 1993
(ISBN 978-90-6831-467-0)

Articles connexes
Alexandre le Grand
Apocalyptique
Ancien Testament
Canon (Bible)
Daniel
Études bibliques
Flavius Josèphe
Maharal de Prague
Paraboles dans l'Ancien Testament
Théodotion
Fils de l'Homme
Mausolée du Prophète Daniel

Liens externes
Le Livre de Daniel: commentaire
philologique du texte araméen (https://
books.google.com/books?id=SiZEGnlV
wPoC&printsec=frontcover&dq=jean+
margain&hl=fr#v=onepage&q=&f=fals
e) [archive] par Jean Margain
Chronologie suivant la Bibliothèque
nationale de France de la rédaction
des livres de la Bible (http://exposition
s.bnf.fr/parole/reperes/01.htm) [archi
ve]
(eng) Le Livre de Daniel par The
Jewish Encyclopédia (http://www.jewis
hencyclopedia.com/view.jsp?artid=34
&letter=D) [archive]

Débat sur l'authenticité du Livre de


Daniel

L'Apocalypse selon Daniel - La fin du


monde est-elle pour demain ? (https://w
ww.academia.edu/34824698/L_Apoca
lypse_selon_Daniel_-_Perspectives_his
torique_et_eschatologique_du_livre_de
_Daniel) [archive] par Thierry Murcia,
PDF, 1990.
A quand remonte la rédaction du Livre
de Daniel ? (http://thierry-murcia-recher
ches-historico-bibliques.over-blog.co
m/2017/11/a-quand-remonte-la-redact
ion-du-livre-de-daniel.html) [archive]
par Thierry Murcia, online, 2005.
Dissertation sur l'authenticité du Livre
de Daniel par Emmanuel Bertin (http://
www.recherches-bibliques.info/pdf/da
niel.pdf) [archive] (position
traditionnelle)

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