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net/publication/271894190
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Luc Chevalier
Université Gustave Eiffel
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All content following this page was uploaded by Luc Chevalier on 04 April 2023.
Résumé — L’étude présentée dans cet article concerne le problème industriel de l’endommagement d’un contact roulant sous charge.
Les méthodes présentées ici, peuvent être appliquées au dimensionnement des roulements et engrenages par exemple, et plus
généralement à tout mécanisme dans lequel il y roulement faiblement lubrifié entre deux solides (voir par exemple [1]). Sur le cas
particulier du roulement de galets sur des cames « ouverture fermeture moules », deux approches complémentaires sont abordées
pour qualifier l’influence des paramètres du contact (rayon du galet, rigidité des matériaux, effort de contact, mise en position
relative du galet par rapport à la came) sur la détérioration : endommagement en sous-couche et usure superficielle. Plutôt que de
s’orienter vers des approches complètes et complexes, comme on peut en trouver l’illustration dans [2–4], on se tourne délibérément
vers une analyse semi-analytique rendue possible par quelques hypothèses simplificatrices toujours justifiées. On retient un modèle
d’endommagement isotrope pour rendre compte de la détérioration en sous-couche et on quantifie cet endommagement par des
mesures de microdureté. L’usure superficielle des pistes de roulement, mise en évidence sur banc d’essai, est simulée par l’approche
simplifiée de Kalker et une extension au cas non-Hertzien permet de rendre compte de l’évolution de l’usure du profil de la piste.
2000 Éditions scientifiques et médicales Elsevier SAS
contact roulant / usure superficielle / endommagement / microdureté
Abstract — Damage evolution of loaded rolling path. The study presented in this article deals with the industrial problem of rolling
contact under load and the damage evolution of the rolling path. Methods presented here can be applied to bearings and gears
dimensioning, for example, and, more generally, to any mechanism in which stands slightly lubricated bearing between two solids
(see, for example, [1]). We focus here, on the special case of rollers bearing on cams ‘opening closing molds’. Two complementary
approaches are used to qualify the influence of the contact parameters (ray of the roller, rigidity of materials, effort of contact, put in
relative position of the roller compared to the cam) on deterioration: damage in underlayer and surface wear. Rather than to direct
towards complete but complex approaches, as one can find illustrations of them in [2–4], we turn deliberately to a semi-analytical
analysis that is possible under simplifying assumptions. We retain an isotropic damage model to evaluate deterioration in underlayer.
We quantify this damage by microhardness measurements. The surface wear of the tracks of bearing, highlighted on test bench, is
simulated by the simplified approach of Kalker. An extension to the non-Hertzian case makes it possible to evaluate for the evolution
of the path profile wear. 2000 Éditions scientifiques et médicales Elsevier SAS
rolling contact / surface wear / damage / micro-hardness
1. INTRODUCTION à faire tourner plus vite les carrousels sur lesquels sont
montés les moules et les efforts de contact came–galet
1.1. Détérioration des pistes de came engendrent dans les pièces des contraintes élevées. Une
étude complète de la souffleuse Sidel SBO16 est pré-
senté dans [5]. Ces contraintes peuvent conduire à l’en-
La détérioration des pistes de came des souffleuses de dommagement par fatigue en sous couche au bout d’un
bouteilles en plastique alimentaire SBO Sidel, et notam- nombre de cycles d’autant plus faible que les contraintes
ment les cames d’ouverture–fermeture moule, est un su- sont importantes. Pour limiter cette détérioration on peut
jet d’étude sensible si l’on considère l’augmentation de chercher à limiter la pression de contact (et donc l’ef-
la cadence de production de bouteilles recherchée par les fort de contact). Cette solution consiste à augmenter les
clients de Sidel. Une augmentation des cadences conduit rayons de courbure des pièces en contact (rayon et bombé
de galet le plus grand possible). L’étude de rondins en
* Correspondance et tirés à part. 42CrMo4 ayant été soumis à des sollicitations de ce type
chevalier@lmt.ens-cachan.fr sous des niveaux de charge identiques a permis de mettre
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L. Chevalier, H. Chollet
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Endommagement des pistes de roulement
Les préformes réchauffées sont saisies par le col à ensuite transférée par un arbre de transfert muni d’une
l’aide d’une pince puis positionnées dans le moule. Le pince sur le convoyeur de sortie.
moule portefeuille (figure 2), installé sur un carrousel
s’ouvre et se ferme à l’aide de bras actionnés par
une came. Ce moule est placé dans une unité porte 1.3. Mécanisme d’ouverture–fermeture
moule enveloppante à verrouillage intégré. Le nez de
soufflage est introduit dans le col de la préforme et permet Sur la figure 3, le système de commande de l’ouverture
le guidage de la tige d’élongation (cane) qui assure et de la fermeture est schématisé en vue de dessus.
l’orientation axiale. La mise en forme de la bouteille La fonction principale du système ouverture–fermeture
s’effectue en deux étapes. Première opération : étirage moules est de permettre l’accès et l’évacuation des
par une cane dans l’axe de l’objet par un piston et un préformes et des bouteilles soufflées. Pour assurer cette
soufflage léger (8 bars) pour éviter l’adhérence de la évacuation, il est nécessaire d’ouvrir les deux moules
préforme sur la cane. Seconde opération : étirage radial de 50◦ .
par soufflage (pression 30 < p < 40 bars). Le nez de La SBO16 est une machine qui possède 16 moules
soufflage est muni d’un dispositif qui assure l’étanchéité montés sur un carrousel tournant (1). Les moules sont
et évite les déformations au niveau du col quelle que constitués de deux parties (5) et (6) articulées en E sur le
soit la pression de soufflage. Le moule est refroidi par carrousel. L’opération de soufflage et de refroidissement
une circulation interne d’eau réfrigérée. La bouteille est de la bouteille est réalisée alors que le moule est fermé et
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L. Chevalier, H. Chollet
Sur le dessin (figure 4) de la came on distingue : la Les rayons de courbure restent grands devant le rayon
portion relative à l’ouverture ; la portion circulaire du du galet (Rg = 26 mm). Ce dernier présente un bombage
maintien en position ouverte ; la portion relative à la correspondant à un rayon de Bg = 500 mm au niveau du
fermeture. contact, ce qui est grand aussi devant Rg . Le rayon de
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Endommagement des pistes de roulement
Figure 4. Came et support de came : on notera la forme évasée en entrée de came et le système élastique en sortie de came.
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L. Chevalier, H. Chollet
Figure 5. Évolution des angles et vitesses angulaires des demi-moules (5) et (6).
Figure 6. Came cycloïdale à l’ouverture angle ϕco = 29◦ , ω10 = 20 tr·min−1 . Les graphiques donnent l’évolution de l’effort de contact
des dimensions de l’ellipse de Hertz et le pression de Hertz Po .
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Endommagement des pistes de roulement
courbure équivalent au sens de la pression de Hertz est étudie ce qui se passe dans ce plan de symétrie. Compte
donné par la relation (4) : tenu de la valeur des rayons de courbure de la came,
l’analyse se fera en supposant que cette dernière est
1 quasi-rectiligne au voisinage du contact. Il est ainsi
ρéq = (4)
1/Rg + 1/Bg + 1/ρ + 1/∞ possible de calculer explicitement les contraintes dans la
came. La théorie de l’élasticité plane permet le calcul des
Après calcul, on constate que le rayon de courbure contraintes à partir de la répartition de pression p(s)—
équivalent évolue dans une plage de 2 mm au voisinage relation (5)—où a est la largeur du contact :
de 24 mm. Tout se passe comme si le galet (de dimension
plus faible, comprise entre 23 et 25 mm) roulait sur s2
un plan. Les graphes inférieurs de la figure 6 donnent p(s) = Po 1 − 2 (5)
a
l’évolution des longueurs a et b et de la pression Po
pour le cas de la came cycloïdale à l’ouverture. On Les composantes de la matrice des contraintes s’écrivent
pourra noter l’élancement important (≈7) de la surface formellement :
d’écrasement et les pressions de contact Po élevées
Z
(≈700 MPa). 2 +a z(x − s)2
σxx = − p(s) ds
π −a ((x − s)2 + z2 )2
Z
2.2. Contraintes en sous-couche 2 +a z3
σzz = − p(s) ds
π −a ((x − s)2 + z2 )2
Z
Compte tenu de la forme de la surface de contact 2 +a z2 (x − s)
σxz = − p(s) ds
(ellipse très allongée), on peut raisonnablement faire π −a ((x − s)2 + z2 )2
l’hypothèse que l’état des déformations est plan. On
Après intégration on obtient :
2Po a 2 − x 2 + 3z2 a−x
σxx = − −3az + arctan
πa 2 2 z
a+x (a − x) + z2
2
+ arctan + xz Log
z (a + x)2 + z2
2Po a 2 − x 2 − z2 a−x
σzz = − 2 az + arctan
πa 2 z
a+x
Figure 7. Définition de la géométrie du contact. + arctan
z
Figure 8. Calcul des contraintes en sous-couche par superposition de charges élémentaires p(s) ds .
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L. Chevalier, H. Chollet
2Po a−x a+x Cette dernière est maximale en ζ ≈ 0,5 et atteint en ce
σxz = − xz arctan + arctan
πa 2 z z point une valeur de 0,57Po . Dans le cas du contact came–
galet, la sollicitation est répétée cycliquement et la dé-
z 2 (a − x) + z
2 2
+ Log térioration apparaîtra, par fatigue, pour des contraintes
2 (a + x)2 + z2 plus faibles que Re . Dans le cas où il y a glissement
Pour un état de déformation plane, la contrainte σyy est du galet sur la came, on peut calculer la superposi-
donnée par (6) : tion de contraintes due à la force tangentielle. Mal-
gré un déplacement de la zone la plus sollicitée vers
σyy = υ(σxx + σzz ) (6)
la surface de contact, ce phénomène ne génère pas de
C’est au droit du point de contact que l’état de surcharge importante de contrainte et on peut se satis-
contrainte va être le plus critique. On pose ζ = z/a pour faire du champ déterminé plus haut. Néanmoins dans
rendre le problème adimensionnel et on se focalise sur une approche plus fine, on pourrait s’interroger sur l’in-
l’axe x = 0. L’expression des contraintes est réduite à : fluence de ce décalage sur l’amorçage de fissures en sur-
face.
σxx 2 1
=− −3ζ + 1 + 3ζ arctan
2
Po π ζ
σzz 2 1
=− ζ + 1 − ζ arctan
2 2.3. Banc d’usure par roulement Sidel
Po π ζ
σxz
=0
Po Un banc d’essai reproduisant les contraintes subies
par la came a été réalisé par Sidel (figure 9). Les essais
La matrice des contraintes est donc diagonale. Les
sont effectués sur des rondins de 50 mm de diamètre sur
courbes de contrainte réduite ne dépendent plus de
lesquels des galets viennent exercer des contraintes. Ces
la pression ni de la largeur du contact. À ce niveau,
galets sont identiques à ceux utilisés sur la SBO16. Le
pour valider un choix de matériau, il est nécessaire
de comparer les caractéristiques (Re , Rm ) à une sorte banc est conçu de façon à ce qu’il y ait à la fois trois
de norme de la matrice des contraintes : la contrainte galets appliquant un effort équivalent sur une même piste
équivalente de von Misès définie par la relation (7) : de roulage (figure 10). L’effort du galet sur le rondin
est variable, il peut être réglé grâce à un système de
σéq = rondelles élastiques. Il est aussi possible de faire varier
s la lubrification de la piste mais celle ci reste faible (de
(σxx − σyy )2 + (σyy − σzz )2 + (σzz − σxx )2 + 3σxz
2
type goutte à goutte). Nous effectuons ainsi un essai
2 d’endommagement dans des conditions assez voisines du
(7) chargement effectif de la came.
84
Endommagement des pistes de roulement
Figure 10. Banc d’essai : gros plan sur les galets et leurs supports.
Deux séries de rondins ont été testées chez Sidel au σe = 650 MPa, Re0,2 = 900 MPa
Havre et analysés au LMT-Cachan. Une première série
où le matériau employé est du 42CrMo4 traité dans la – matériau traité superficiellement :
masse. Pour la seconde série, le même matériau subit
un traitement superficiel supplémentaire analogue à celui σe = 1 150 MPa, Re0,2 = 1 550 MPa
qui est effectué sur les pistes de came des souffleuses
Sidel (trempe par induction sur une profondeur de 7 mm
environ). La première série n’est pas représentative du Dans le contact came–galet, pour une pression de contact
type de matériau utilisable pour les pistes de came, elle de l’ordre de 700 MPa (figure 6), la contrainte de von
a permis la mise en place de procédures expérimentales Misès atteint une valeur maximale de
(notamment les tests de microdureté).
(σéq )maxi = 0,57 × 700 = 400 MPa
2.3.1. Performances du matériau
et du traitement retenus
Soit un facteur de surcharge admissible de 3,8. Compte
Les caractéristiques mécaniques du matériau de la tenu des sollicitations cycliques qui engendrent de la fa-
came ont été déterminées en effectuant des essais de tigue, le coefficient de surcharge admissible n’est pas
traction sur des éprouvettes taillées dans un rondin de aussi important mais assure néanmoins la fonction rou-
42CrMo4 trempé dans la masse puis traitées superficiel- lement sans détérioration de la came en sous couche.
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L. Chevalier, H. Chollet
Figure 12. Courbes de traction du 42CD4 traité superficiellement (droite) et non traité superficiellement (gauche).
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Endommagement des pistes de roulement
Figure 14. Pistes de roulement usées sur 42CD4 non traité superficiellement.
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L. Chevalier, H. Chollet
88
Endommagement des pistes de roulement
2.3.2.2. Matériau traité superficiellement. Pour ce isotrope développé par J. Lemaitre (LMT-Cachan). De
deuxième lot, les charges et les durées sont récapitulées même, pour analyser la détérioration superficielle, nous
dans le tableau de la figure 16. La lubrification a été la avons retenu le modèle de microglissement de J.J. Kal-
même pour tous les échantillons 2 s/2 h ainsi que la ker (université de Delft) ainsi que l’algorithme associé :
vitesse de rotation 950 tr·min−1 . Les pistes (figure 17) FASTSIM. Ces analyses permettront de justifier les ré-
ont été photographiées à la loupe binoculaire. Leur aspect sultats présentés précédemment.
est nettement différent de celui des pistes du premier lot.
Les traces laissées par le roulement des galets sont bien
marquées et de profondeurs plus importantes que pour le 3.1. Endommagement en sous-couche
premier lot. En revanche, les cavités sont nettement plus
petites et il n’y a pas non plus de bourrelet sur le bord ce 3.1.1. Modèle d’endommagement
qui semble indiquer qu’il n’y a pas de plastification du isotrope
matériau.
En mécanique des milieux continus, l’évolution de la
Cette fois, compte tenu de la trempe superficielle, la
dégradation d’un matériau soumis à des sollicitations qui
pression de Hertz est bien inférieure à la limite élastique
évoluent dans le temps peut-être représenté par une va-
du matériau traité. Il est donc probable que le matériau
riable continue appelée endommagement. Cette variable
soit sain en sous-couche. Néanmoins on observe en sur-
d’endommagement est noté d. C’est une variable qui
face des détériorations surprenantes. L’échantillon P2 qui
traduit les pertes de propriétés élastiques provenant de
a subi la même charge que l’échantillon P1 (1 400 N)
l’augmentation du pourcentage de cavités et de microfis-
mais pendant deux fois plus longtemps est bizarrement
sures dans un élément surfacique quelconque. Cette va-
moins usé. De plus, les galets laissent des traces d’une
riable évolue entre d = 0 (matériau sain) et d = 1 (maté-
profondeur assez importante et d’une largeur pratique-
riau entièrement rompu).
ment égale à la largeur du galet et bien supérieure aux
largeurs des ellipses calculées par la théorie de Hertz. En élasticité, un matériau non endommagé présente
une rigidité caractérisée par le module d’Young E, au
2.3.3. Conclusions fur et à mesure de l’évolution de l’endommagement
le module d’Young semble chuter. En fait, la présence
Nous avons présenté, sur l’exemple industriel d’une de microcavités modifie la section droite et le module
souffleuse par bi-orientation, la méthodologie et qui per- e est affecté de la même manière.
d’élasticité apparent E
met de quantifier les efforts de contact entre le galet et Ce dernier est donné par la relation (8) :
la came de commande du système d’ouverture–fermeture
moules. Par comparaison avec les caractéristiques du ma- e = (1 − d)E
E (8)
tériau utilisé, le dimensionnement semble correct. Néan-
moins il apparaît une détérioration superficielle qui pro- Par un essai de fatigue sur une éprouvette de matériau
vient du roulement du galet. Ce roulement s’accompagne donnée, on peut identifier une loi d’évolution de d
de microglissements plus ou moins importants en fonc- en fonction du nombre de cycles. Un essai de fatigue
tion de la mise en position du galet par rapport à la piste est caractérisé par un état de contrainte alterné dont
de roulement. Dans la seconde partie nous analyserons l’amplitude est contrôlée entre une valeur minimale σm et
les modes de détérioration en sous couche et en surface une valeur maximale σM . On note σ̄ la valeur moyenne
qui peuvent conduire à la ruine de la came. Nous présen- de l’amplitude des contraintes au cours du temps, qui est
terons des résultats de mesures et de calculs qui quanti- donnée par la relation (9) :
fient et permettent de faire des prédictions de ces détério-
σM + σm
rations. σ̄ = (9)
2
L’évolution du module d’élasticité au cours du temps,
3. ENDOMMAGEMENT permet d’identifier une loi d’évolution de l’endommage-
EN SOUS-COUCHE ment fonction du nombre de cycles N . Dans [8] on pro-
ET USURE SUPERFICIELLE pose une relation de la forme :
Dans cette partie, nous présentons des éléments de δd σM − σ1 (σ̄ ) σM − σ̄ β
=
modélisation permettant de quantifier les effets de la dété- δN σu − σM B(σ̄ )
rioration en sous-couche : un modèle d’endommagement
89
L. Chevalier, H. Chollet
Coefficients 42CrMo4 traité dans la 42CrMo4 traité dans la superficiellement ne dépasse pas 700 MPa, le nombre de
matériau masse sans traitement masse avec trempe cycles à rupture est extrêmement grand (nous sommes en
superficiel superficielle par induction dessous de la limite d’endurance).
σu (Mpa) 1 000 2 100
σ1o (MPa) 350 700 Des considérations thermodynamiques présentées
b (MPa−1 ) 0,0039 0,0019 dans [10] permettent d’introduire une contrainte équi-
Bo 16 950 35 166 valente au sens de l’endommagement notée σ ∗ . Cette
β 5 5 contrainte joue le même rôle que la contrainte de trac-
tion dans un essai uniaxial et peut être utilisée dans le
Figure 18. Coefficients estimés de la loi d’endommagement. diagramme de Wöhler. C’est l’analogue de la contrainte
équivalente de von Misès que l’on compare avec la limite
élastique. Cette contrainte est définie par la relation (10) :
r
∗ 2
σ = (1 + υ)σéq
2 + 3(1 − 2υ)hσ i2
H (10)
3
où σH est la contrainte hydrostatique, et σeq la contrainte
équivalente de von Misès. La contrainte hydrostatique de
compression referme les microcavités et ralentit l’évolu-
tion de la coalescence des défauts. La notation hσH i in-
dique que l’on ne considère que la partie positive de σH ,
c’est-à-dire :
n
σ si σH ≥ 0
hσH i = H
0 si σH ≤ 0
On peut faire apparaître la dépendance du coefficient de
Figure 19. Courbes de Wöhler approximatives des échantillons Poisson et de la triaxialité des contraintes en introduisant
traités et non traités superficiellement.
le coefficient Rυ défini par la relation (11) :
avec : 2 hσH i 2
Rυ = (1 + υ) + 3(1 − 2υ) (11)
σ1 (σ̄ ) = σ̄ + σ1o 1 − b σ̄ 3 σéq
B σ̄ = Bo 1 − b σ̄ On constate que la contrainte équivalente au sens de l’en-
dommagement suit la même évolution que la contrainte
Lorsqu’on intègre cette loi entre, d = 0 pour N = 0
de von Misès à un facteur près Rυ . Lorsque la contrainte
et d = 1 pour N = NR on obtient une relation qui
hydrostatique est négative, ce qui est le cas du contact
donne le nombre de cycles à rupture en fonction des
came–galet, le coefficient Rυ est assez voisin de 1.
caractéristiques du cycle de fatigue. C’est une forme
p
analogue aux traditionnelles courbes de Wöhler : σ ∗ = σéq Rυ
σu − σM B(σ̄ ) β La figure 20 montre l’évolution de la contrainte σ *, pour
NR =
σM − σ1 (σ̄ ) σM − σ̄ les rondins 2B (non traité superficiellement) et 6A (traité
superficiellement), en fonction de la profondeur z au droit
Les caractéristiques mécaniques des matériaux ont été du centre du contact. Dans le cas du rondin 2B, il faut
déterminées en effectuant des essais de traction sur des s’attendre à observer une couche assez fortement endom-
éprouvettes taillées dans un rondin de 42CrMo4 trempé magée jusqu’à 1 mm de profondeur. En revanche, compte
dans la masse, une éprouvette dans la zone traitée et tenu de la limite d’endurance beaucoup plus élevée du
une dans la zone non traitée. Ces résultats permettent rondin 6A il est probable qu’il n’y ait pas d’endomma-
d’estimer les coefficients de la loi d’endommagement gement observable en sous couche. Par ailleurs, compte
à partir d’approximations raisonnables justifiées par les tenu de la faible limite élastique du rondin 2B et du haut
nombreux résultats présentés dans [9], par exemple. Pour niveau de contrainte appliquée, il est fort probable que le
les deux nuances, les courbes de Wöhler ainsi obtenues matériau plastifie en sous-couche. Il faut s’attendre à un
sont représentées sur la figure 19. On constate que si durcissement du matériau sur la profondeur plastifiée due
le niveau de contrainte appliqué sur les rondins traités à l’écrouissage.
90
Endommagement des pistes de roulement
F
Hv = 1 854,4 (13)
D2
91
L. Chevalier, H. Chollet
Figure 21. Découpage des échantillons avant la réalisation des essais de microdureté.
92
Endommagement des pistes de roulement
Figure 25. Relevés de microdureté : l’échantillon traité superficiellement n’est pas affecté en sous-couche.
93
L. Chevalier, H. Chollet
Figure 26. Répartition surfacique des efforts tangentiels q(x) dans le cas d’un problème plan : (a) cas statique : on observe du micro-
glissement de part et d’autre du contact ; (b) mouvement relatif de roulement en régime stationnaire ; le contact est collant à l’avant
du contact du glissement sur l’arrière.
Sur la figure 25b, nous présentons aussi les résultats d’effort pour générer un éventuel glissement. Lorsqu’il
des mesures effectuées sur l’échantillon P3 (rondin 6C). y a des efforts tangentiels transmis d’un solide à l’autre
Notons que la piste de roulement se trouve cette fois sur alors le problème devient plus complexe.
le haut de l’image. La zone creusée est encore plus nette
que sur l’échantillon P1. La profondeur du traitement
est identique (5 mm environ). Ces mesures montrent que 3.2.1. Microglissement avec ou sans
globalement la dureté du matériau en sous-couches des mouvement relatif entre solides
pistes P1 et P3 n’a pas été modifiée par les contraintes
Considérons un coefficient de frottement µ si élevé
exercées par les galets. La dureté moyenne mesurée
sur la piste P1 (Hv = 722 MPa) est supérieure à celle qu’il ne se produit pas de glissement macroscopique :
de la piste P3 (Hv = 650 MPa). Ces différences entre le contact est dit collant. Dans le cas d’une charge
les deux pistes semblent dues à des caractéristiques de tangentielle Q entre les deux solides en contact, la
départ différentes (traitement thermique) plutôt qu’à une mécanique des milieux continus [13] permet de calculer
modification provoquée par le chargement des galets. la distribution de forces tangentielles surfaciques q(x).
Celle-ci admet une singularité sur les bords extrêmes de
Les profils de microdureté montrent que les rondins la bande de contacts (distribution analogue à ce qui se
traités superficiellement ne sont pas affectés en sous- passe en pointe de fissure). Cette distribution d’effort
couche par le roulage des galets. Cependant les profils tangentiel q(x), illustrée sur la figure 26a, est donnée par
sont usés sur une largeur bien supérieure à ce que la relation (14) :
peut prédire un calcul de Hertz. Il est donc certain
que l’usure en surface modifie les courbures de la piste Q
et/ou du galet ; c’est la modélisation de ce processus de q(x) = (14)
π(a 2 − x 2 )1/2
détérioration que nous allons détailler par la suite.
Ceci est en contradiction avec les lois de frottement de
Coulomb. En effet, q(x) ne peut dépasser la valeur µp(x)
3.2. Usure superficielle où µ est le coefficient de frottement et p(x) la pression
par micro-glissements au contact de contact. Il existe inévitablement un microglissement
au bord de la bande de contact sur deux zones centrées
Lors du contact statique entre deux solides, si l’effort de largeur (a–c). Puisqu’il y a du glissement, il en résulte
transmis est normal au plan de contact, les formules une répartition de charge q(x) = µp sur les bords. Dans
de Hertz donnent la répartition d’efforts surfaciques la zone centrale où le contact reste collant q(x) reste
normaux. Dans ce cas, il n’y a aucune composante définie par la relation (14).
94
Endommagement des pistes de roulement
Si les deux solides passent progressivement du repos Dans le cadre de cette application, on considère tou-
au roulement relatif stationnaire, on montre dans [14] que jours que la répartition de pression de contact est, au dé-
la répartition d’efforts tangentiels q(x) passe de l’allure part, du même type que celle proposée par Hertz. D’une
présentée sur la figure 26a à celle de la figure 26b. manière plus générale, les défauts de mise en position re-
Le roulement d’une surface sur l’autre conduit à un lative des deux solides peuvent faire apparaître plusieurs
déplacement de la zone de contact collant vers l’avant mouvements relatifs parasites : on les appelle les pseudo-
du contact (x > 0 sur la figure). Le microglissement se glissements. Lorsque ces pseudoglissements existent, la
produit vers l’arrière du contact et la répartition q(x) dans puissance dissipée peut être considérable. Elle est moins
cette zone est égale à µp(x). importante lorsque le positionnement du galet est correct
et qu’il y a globalement roulement sans glissement sur
3.2.2. Calcul du microglissement la piste de came. On peut distinguer l’influence de trois
par l’algorithme FASTSIM types de pseudoglissement (figure 27) :
Cas 1. Pseudoglissement longitudinal (ou de traînée) : il
FASTSIM est un algorithme de calcul simplifié conçu
par Kalker [15] et exploité encore récemment par son apparaît dans le cas du contact came–galet lorsqu’il n’y
auteur dans [16, 17]. Cet algorithme permet de calculer a pas exactement roulement sans glissement au centre de
les forces au contact came-galet à partir des paramètres l’ellipse de contact. Ceci peut être dû à la lubrification
du contact (géométrie, cinématique et matériau) et des qui diminue l’adhérence et/ou à un effort tangentiel
pseudo-glissements et que nous allons définir. Dans important provenant de la traînée du galet. Même dans
la suite de cette partie on présente le principe et les le cas où cette traînée n’est pas suffisante pour provoquer
possibilités de ce logiciel pour résoudre les problèmes un glissement global il peut y avoir microglissement et
de contact came–galet. Il s’agit d’une méthode simplifiée donc dissipation à l’interface.
qui suppose l’existence d’une zone de contact collant Cas 2. Pseudoglissement de spin : ici encore c’est un
à l’avant du contact. La zone de contact est considérée défaut de mise en position de l’axe du galet qui est
comme un « tapis de ressorts ». à l’origine du pseudoglissement. Ce dernier, caractérisé
Figure 27. Influence des défauts de mise en position et de traînée du galet sur les pseudoglissements.
95
L. Chevalier, H. Chollet
(a) (b)
(c) (d)
Figure 28. Cas de υx de 0,001 pour une charge N de 1 600 N et un coefficient µ de 0,3. (a) Dimensions réelles de l’ellipse de contact :
les éléments marqués d’un « s » saturent en effort tangentiel, il y a microglissement dans ces éléments. (b) Répartition des contraintes
tangentielles sur l’ellipse de Hertz adimentionnée : on notera que la valeur maximale est assez forte (170 MPa) néanmoins il y a
très peu de glissement. L’effort tangentiel global vaut 204 N ce qui est très inférieur à 0,3·1 600 = 580 N qui correspond au début
du glissement global. (c) Vue 3D du module de l’effort tangentiel (en Pa) : dans chaque bande parallèle à l’axe des X on retrouve la
distribution présentée précédemment. (d) Puissance par bande : sur chaque bande parallèle à X on somme la puissance locale ; dans
un processus stationnaire cette répartition donne une idée de la manière dont va s’user la piste de roulement.
les vecteurs tangentiels qui deviennent alors connus et le pseudo-glissements sur l’usure. Les quatre rayons de
système (17) permet le calcul des vitesses de glissement courbure valent :
réduites wgi .
Rg = 20 mm; Bg = 500 mm
Rr = 25 mm; Br → ∞
3.2.3. Résultats obtenus par l’algorithme
FASTSIM pour la géométrie galet L’effort normal est de 1 600 N ce qui correspond à la
sur rondin du banc d’essai charge maximale dans les souffleuses actuelles (figure 6).
La vitesse de rotation du rondin est de 750 tr·min−1 soit
À partir de simulations effectuées avec FASTSIM une vitesse linéaire du point de contact de pratiquement
nous présentons quelques résultats sur l’influence des 2 m·s−1 du même ordre que celle des souffleuses.
97
L. Chevalier, H. Chollet
(a) (b)
(c)
Figure 29. Cas d’un φ de 2,5 pour une charge N de 1 600 N et un coefficient µ de 0,3. (a) Répartition des contraintes tangentielles
sur l’ellipse de Hertz adimensionalisée : on notera la répartition très différente du cas précédent. Ici les vecteurs semblent tourner
autour de la zone centrale, les éléments saturés sont plutôt sur l’extériur du contact. (b) Puissance par bande (en W·m−1 ) : sur chaque
bande parallèle à X on somme la puissance locale, pour valider la méthode on montre que la finesse du découpage influe très peu
sur la puissance globale dissipée. Entre les deux découpages on passe de 14,85 W à 14,83 W soit une erreur de deux pour 1 000 sur
la puissance dissipée.
Le cas illustré sur la figure 28 correspond à un Les paramètres υx et υy ont une influence assez sem-
pseudo-glissement longitudinal de 1/1 000. Les quatre blable sur la puissance dissipée. Bien que le pseudo-
figures 28a, 28b, 28c et 28d montrent le type de résultat glissement transversal υy conduise à du glissement sui-
accessible par FASTSIM. vant la direction Y , on observe que la zone saturée est
Sur la figure 29, on étudie le cas où le paramètre υx identique à celle d’un coefficient υx de même valeur. Les
est égal à 0 avec un spin φ qui correspond à un défaut vecteurs tangentiels sont dirigés vers Y , néanmoins la
ϕz de 5 % (soit φ = 2,5). La répartition des contraintes puissance par bande a la même allure qu’avec du pseudo-
tangentielles est très différente et la puissance par bande glissement longitudinal. Les deux paramètres υx et υy
présente deux bosses qui permettent de supposer que ont un effet similaire sur l’usure.
l’usure sera plus élevée sur les extrémités du contact et Notons qu’un défaut de parallélisme ϕz conduit à une
moindre au centre. puissance dissipée plus importante que la même valeur
98
Endommagement des pistes de roulement
(a) (a)
(b)
(b)
Figure 31. Influence de la charge sur la puissance dissipée.
Figure 30. Influence de υy sur la puissance dissipée N = (a) Cas υx = 1/1 000. (b) Cas υx = 1/4 000.
1 600 N et µ = 0,3. (a) La répartition des contraintes tangen-
tielles sur l’ellipse de Hertz adimensionalisée cas υy = 1/1 000 :
on notera la répartition très différente du cas υx de même va- Néanmoins, sur la figure 31b, on observe que cette évolu-
leur. Ici les vecteurs sont tous orientés dans la direction Y . tion tend à inverser lorsque la charge devient plus impor-
(b) Puissance par bande : on notera la similitude de répartition
par bande avec υx = 1/1 000. tante. Pour des traînées faibles, on peut diminuer la puis-
sance dissipée et donc l’usure en chargeant un peu plus
le contact. La charge normale devenant plus importante,
de défaut ϕx . D’un point de vue technologique, il est la zone de microglissement diminue jusqu’à disparaître :
donc nécessaire d’éviter le spin qui provoque beaucoup on ne dissipe plus rien.
plus d’usure que la dérive. Cette remarque permet de
justifier les différences observées sur les pistes P1 et P2
qui ne sont pas usées de la même manière alors que 3.3. Évolution de l’usure superficielle
les conditions de chargement et de lubrification sont les
mêmes. Lorsque les conditions ne sont pas parfaites, les efforts
Sur la figure 31a on a tracé l’évolution de la puissance tangents conduisent à des glissements en surface qui se
dissipée pour une valeur de υx fixée (1/1 000) en fonc- traduisent, quand la lubrification est insuffisante, par une
tion de la charge normale N . On remarque que cette puis- usure par abrasion. Cette usure va à son tour modifier la
sance croît en fonction de la charge ce qui paraît naturel. géométrie des pièces en présence, jusqu’à ce qu’une des
99
L. Chevalier, H. Chollet
D’un point de vue pratique, la raideur de chaque Cette convergence se fera sur les vecteurs pour tenir
ressort est celle d’une bande de longueur 2a et de compte de l’orientation des facettes des surfaces en pré-
100
Endommagement des pistes de roulement
101
L. Chevalier, H. Chollet
4. CONCLUSIONS
RÉFÉRENCES
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Endommagement des pistes de roulement
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