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CENTRE NATIONAL DE FORMATION ZOOTECHNIQUE ET

VETERINAIRE DE MAROUA

MODULE 4

COURS DE FERTILISATION ORGANIQUE ET


MINERALE DES SOLS
Objectif intermédiaire de la séance : Acquérir des connaissances sur la
fertilisation organique et minérale d’un sol

CYCLE ADAP/TSDAP

Proposé par

SALE ABOU, chercheur au CRRAD/IRAD/MINRESI, Maroua


Agro environnementaliste-Gestion des ressources agropastorales-Climate
change adaptation and mitigation specialist

Tel : 77 57 78 35/95 54 42 68
Email : saleabou@yahoo.fr

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PLAN DU COURS
Introduction
Chapitre 1 : La notion de fertilité : définition et appréciation
Introduction
1.1. Définition
1.2. Moyens de conservation et d’amélioration de la fertilité des sols
1.3. Méthodes d’études et d’appréciation des sols

Chapitre 2 : Rôle physiologique des éléments minéraux puisés


dans le sol et identification des carences minérales
2.1. Rôle physiologique des éléments minéraux
2.2. Identification des carences minérales
Chapitre 3 : Les engrais organiques et minéraux
3.1. Classification des engrais
a. Les engrais simples
b. Les engrais composés
c. Les engrais organiques
Chapitre 4 : Les principes et les techniques d’utilisation des
engrais organiques et minéraux
4.1. Les lois théoriques de la fertilisation
4.2. Les différentes techniques de fertilisation

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Chapitre 1 : La notion de fertilité : définition et appréciation
Introduction
1.1. Définition
La fertilité d’un sol, sous son climat, se mesure à l’abondance
des récoltes qu’il porte, lorsqu’on lui applique les techniques agricoles
qui lui conviennent le mieux (G. Barbier).
Ce qui revient à dire que la fertilité d’un sol est la conjugaison
des facteurs fonciers (climat, sol) et des facteurs techniques (les
amendements, les engrais, la sélection d’espèces et de variétés
adaptées au milieu climat-sol, les techniques de cultures).
1.2. Moyens de conservation et d’amélioration de la fertilité des
sols
Pour améliorer la fertilité d’un sol, il faut :
-améliorer ses propriétés physiques (texture et structure) par le
sablage (texture des terres maraîchères), le travail du sol,
l’introduction des rotations culturales, et l’apport des amendements
calcaires et humifères ;
-améliorer ses propriétés chimiques à travers la neutralisation de
l’acidité du sol par un apport d’amendements calcaires,
l’augmentation de la valeur et de l’efficacité du pouvoir absorbant par
apport des amendements humifères, et l’enrichissement du complexe
absorbant en éléments nutritifs par apport de matière organique
minéralisable et de certains engrais ;
-améliorer les propriétés biologiques du sol en améliorant les
propriétés physicochimiques du sol, à travers la création d’un milieu
aéré, neutre et suffisamment pourvu en bases échangeables,
modérément humide et suffisamment chaud.

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1.3. Méthodes d’études et d’appréciation des sols
Le pédologue et l’agronome s’intéressent au sol sous des angles
différents : le pédologue cherche à classer les sols d’après leur origine
et leur fertilité naturelle, alors que l’agronome et l’agriculteur
cherchent à connaître le comportement du sol en cultures.
L’étude agrologique du sol qui consiste à étudier son profil cultural, et
qui intéresse en fait l’agronome et l’agriculteur, est celle qui nous
intéresse ici.
Cette étude comprend la connaissance de la parcelle (figure 8-18, page
190), puis le creusement, la préparation et l’examen du profil cultural
(planches 2-2 et 8-18, pages 48 et 190).
Par la suite, on procède à des prélèvements des échantillons qu’on
envoie au laboratoire pour analyser (pages 193, 195, 197, 199 et 201).

Chapitre 2 : Rôle physiologique des éléments minéraux puisés


dans le sol et identification des carences minérales
Les plantes se nourrissent d’éléments minéraux et de certaines
substances organiques qui peuvent avoir quatre (4) origines :
-les restitutions organiques de la ferme ;
-les réserves minérales du sol ;
La synthèse microbienne d’azote ;
-les engrais organiques et minéraux.
2.1. Rôle physiologique des éléments minéraux
On distingue les éléments « plastiques » ou macroéléments (carbone,
hydrogène, azote, phosphore, soufre, potassium, calcium, magnésium)
qui servent à constituer les protéines cellulaires, et les oligoéléments
ou microéléments (fer, manganèse, zinc, bore, cuivre, molybdène).
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a. Azote
Principal constituant des protéines, il est absorbé par la plante sous-
forme nitrique ou ammoniacale et s’unit dans les racines et les feuilles
aux acides dérivés des glucides pour former des acides aminés,
principaux constituants des protéines.
Comme rôle physiologique et agronomique, il favorise:
-la multiplication cellulaire ;
-la multiplication des chloroplastes ;
-la synthèse des glucides par les chloroplastes ;
-la constitution des réserves.
Son excès dans les sols peut entraîner :
-un retard de maturité, dû à l’allongement excessif de la période
végétative (mais un apport précoce peut favoriser la précocité) ;
-une sensibilité plus grande des tissus aux maladies cryptogamiques et
aux parasites animaux ;
-une sensibilité plus grande aux accidents tels que le gel.
b. Le phosphore
Comme rôles physiologiques et agronomiques :
-avec l’azote, il rentre dans la constitution des protéines ;
-il participe à de nombreuses réactions biochimiques ;
-ses ions servent de transporteurs d’énergie dans les cellules ;
-il participe avec l’azote au développement du système racinaire ;

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-en tant qu’agent actif des réactions chimiques, il favorise le
métabolisme des glucides et des protides, et leur transport dans la
plante ;
-il joue des rôles importants aussi bien dans la physiologique végétale
que animale : croissance, santé et production dépendent de sa présence
dans les aliments.
c. Le soufre
Principal constituant des acides aminés soufrés (méthionine et
cystine), qui sont particulièrement indispensables aux animaux. Il a un
rôle parallèle à celui de l’azote, mais est absorbé en petites quantités.
d. Le potassium
Se trouvant à l’état soluble dans les sucs cellulaires et combiné
aux acides organiques et minéraux de la plante, il constitue l’un des
trois cations aux rôles multiples avec le calcium et le magnésium.
Comme rôles physiologiques :
-il est nécessaire à la photosynthèse et favorise la synthèse des
glucides et leur migration vers les organes de réserves ;
-il est nécessaire à la synthèse des protéines aux côtés de l’azote,
surtout en début de végétation ;
-sa carence comme son excès augmente la sensibilité des plantes au
parasitisme.
e. Le magnésium
C’est avec le phosphore, l’un des constituants de la chlorophylle.
Comme rôles :
-il rentre donc dans la constitution de la chlorophylle ;

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-il favorise l’absorption du phosphore et son transport dans les
graines où il favorise la synthèse des lipides ;
-il est pour l’animal qui ingère les fourrages, un élément de résistance
de l’organisme.
f. Le calcium
Comme rôles :
-il rentre dans la constitution des parois cellulaires et sels dissous de
l’organisme ;
-il donne la résistance aux tissus et favorise la formation et la
maturation des fruits et des graines ;
-c’est aussi comme le potassium et le magnésium, un sel dissous dans
les sucs cellulaires où il neutralise les acides organiques et minéraux ;
-il participe à l’ossification des animaux.
Les oligoéléments entrent dans la formule d’enzymes, catalyseurs de
toutes les réactions biochimiques de la plante et de l’animal.
g. Le fer
-c’est un constituant de la chlorophylle, qui est indispensable à sa
formation ;
-c’est aussi un constituant d’un grand nombre d’enzymes
d’oxydation ;
-chez l’animal, c’est l’un des constituant s des pigments respiratoires,
l’hémoglobine et la myoglobine ;
h. Le cuivre
-il rentre comme le fer, dans la constitution d’un grand nombre
d’enzymes d’oxydation ;

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-chez l’animal, il est indispensable à de nombreuses fonctions de
croissance, et l’entretien de la fertilité.
i. Le zinc
-c’est aussi un des constituants des enzymes d’oxydation ;
-chez l’animal, il est nécessaire à la croissance, à la fertilité et au
renouvellement des cellules de la peau et du pelage.
j. Le molybdène
-il est nécessaire au métabolisme de l’azote, et rentre dans la
constitution de l’enzyme réduisant les nitrates pour les transformer en
acides aminés;
-il est également nécessaire aux bactéries fixatrices d’azote.
k. Le bore et le Manganèse
-ils rentrent dans la constitution des enzymes ;
l. Le cobalt
-non indispensable pour les végétaux, il est indispensable aux animaux
et aux bactéries, notamment les bactéries fixatrices d’azote des
légumineuses

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2.2. Identification des carences minérales
Déficience en magnésium
-perte de feuilles très accentuée dans le cas des déficiences marquées ;

-chlorose dans les feuilles les plus âgées ;

Déficience en calcium
-tous les symptômes apparaissent au voisinage des sommets des rameaux en
voie de croissance ;

-arrêt de la croissance aux sommets des rameaux et les jeunes feuilles qui les
environnent sont contournées en formes bizarres, parfois comme des sortes de
crochets, enroulées vers la face supérieure ou la face inférieure : bref le sommet
des rameaux prend un aspect très particulier caractéristique de la carence ;

-lorsque le point végétatif est tué et que la croissance s’arrête, l’extrémité des
rameaux apparaît comme formée d’une petite masse compacte de feuilles
bizarrement contournées ;

Déficience en fer
-chlorose blanche des feuilles, totale ou localisée à certains endroits, qui
commence par le sommet de la plante ;

-le port de certains rameaux devient retombant ;

Déficience en manganèse
-en plus des signes de la chlorose ferrique, il apparaît souvent des taches ou
traînées grisâtres principalement aux marges de la feuille ;

Déficience en bore
-très grande susceptibilité des plantes aux maladies parasitaires ;

-les feuilles et les rameaux sont déformées et présentent un aspect anormal ;

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Déficience en azote
-diminution de la croissance et aspect grêle de la plante ;

-teinte des feuilles jaunâtre ;

-vieilles feuilles présentant une couleur jaune intense, qui peut aller à l’orange
ou au rouge ;

-feuilles terminales ont un vert pâle.

Déficience en phosphore
-diminution de la croissance et aspect grêle des plantes comme dans le cas de
l’azote ;

-feuilles actives se limitent au voisinage du sommet car les feuilles vieillissent


prématurément;

-les feuilles prennent plutôt la couleur rouge-pourpre (et non jaune-orangée) ;

-parfois les feuilles ont une teinte bronzée, parfois bleuâtre ;

-les vieilles feuilles présentent des déchirures, des écorchures sur les bords des
limbes, et à ces endroits, les feuilles brunissent.

Déficience en soufre
-réduction de la taille des feuilles ;

-enroulement des feuilles vers la face supérieure ;

-consistance cassante des feuilles ;

-les feuilles deviennent rouge-intense ;

-lorsque la carence est très prononcée, les bourgeons terminaux peuvent mourir,
et la nécrose se propage à partir des sommets vers la base des tiges.

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Déficience en potassium
-diminution de la croissance ;

-les rameaux sont minces et la croissance s’estompe lorsque la carence est


prononcée ;

-les feuilles sont vert-bleuâtre ;

-chlorose (jaunissement) entre les nervures ;

-brunissement et nécrose des sommets des feuilles ou des marges ;

-taches brunes sur la surface du limbe, surtout aux marges ;

-déchirures des marges des limbes des feuilles.

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Chapitre 3 : Les engrais organiques et minéraux
Un engrais est une substance destinée à fournir aux plantes, par
l’intermédiaire du sol, un ou plusieurs éléments minéraux, jugés insuffisamment
abondants dans le sol pour nourrir les cultures.

La valeur fertilisante d’un engrais s’exprime par sa teneur en l’élément ou


les éléments fertilisants qu’il est chargé d’apporter.

3.1. Classification des engrais


Il existe plusieurs manières de classer les engrais :

-d’après le nombre d’éléments fertilisants qu’ils apportent, on distingue les


engrais simples qui n’apportent qu’un seul des éléments fertilisants dits
« majeurs », et les engrais composés, qui en apportent au moins 2, sinon les 3.
En plus des éléments N-P-K, les engrais simples et composés apportent souvent
d’autres éléments dits « secondaires » tels que le calcium, le magnésium, le
soufre, le sodium, et les oligoéléments.

-d’après leur origine et leur forme, on distingue les engrais organiques, (qui
proviennent de la transformation des déchets végétaux, et surtout animaux, et
qui sont apportent tous les éléments majeurs, les éléments secondaires et les
oligoéléments), et les engrais minéraux, qui comprennent les engrais minéraux
solubles et les engrais minéraux insolubles ou peu solubles.

a. Les engrais simples


Un engrais est dit simple quand il est constitué d’un seul corps ou sel, apportant
un seul des trois (3) éléments principaux (N, P, K) qui peuvent être
accompagnés par d’autres éléments fertilisants tels que la calcium, le
magnésium, le soufre, le sodium ou les oligoéléments.

Parmi les multiples engrais simples, on distingue :

Les engrais azotés, fournisseurs d’ions ammoniacaux et nitriques,


qui sont classés en quatre (4) groupes :
-les engrais azotés organiques, qui sont insolubles dans l’eau, et qui libèrent
régulièrement leurs éléments, stimulent la synthèse d’azote atmosphérique ;

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-les engrais azotés amidiques, uréiques et ammoniacaux, qui sont solubles dans
l’eau, et qui limitent les risques de lessivage, et ont une action soutenue ;

-les engrais azotés nitriques, qui sont solubles dans l’eau, produisent des ions
NO3-, sont directement assimilables par la plante, et qui ont une action
immédiate ;

-les engrais azotés ammoniaco-nitriques, qui réunissent l’action rapide des


nitrates, et la durée d’action de l’ammoniaque.

Les engrais phosphatés, fournisseurs d’ions phosphoriques,


-les engrais phosphatés solubles dans l’eau, tels que les superphosphates de
chaux et le phosphate d’ammoniaque ;

-les engrais hyposolubles, très peu solubles dans l’eau et solubles dans le citrate
d’ammoniaque ou l’acide citrique, tels que le phosphate bicalcique, les scories,
le phosphal et phosphates thermiques ;

Les engrais phosphatés insolubles dans l’eau et le citrate d’ammoniaque,


constitués de phosphates naturels.

Les engrais potassiques, fournisseurs d’ions K+, qui sont solubles


dans l’eau, directement assimilables par les plantes, et qui
comprennent :
-les engrais potassique contenant du sodium, tels que la sylvinite ;

-les engrais potassique contenant du chlore, tels que la sylvinite et le chlorure de


potassium ;

-les engrais potassiques contenant du soufre, tels que le sulfate de potasse, ou du


soufre de la magnésie.

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b. Les engrais composés
Un engrais est dit composé ou « complet » quand il apporte 2 ou 3
éléments fertilisants principaux (N, P, K), groupés, soit dans un même sel
(nitrate de potasse ou ou phosphate d’ammoniac), soit dans deux ou plusieurs
sels, tantôt simplement mélangés, tantôt combinés chimiquement.

On désigne les engrais composés par une formule de trois nombres,


représentant dans l’ordre N-P-K, la quantité de chacun de ces éléments contenus
dans 100 kg d’engrais solides ou 100 litres de solution s’il s’agit d’un engrais
liquide.

Par exemple, l’engrais composé 20-20-10 contient 20 % de N, 20 % de


P2O5 et 10 % de K2O, soit 50 % ou 54 Kg ou unités fertilisantes pour 100 kg
d’engrais.

Ces différentes formules sont nombreuses, et chaque vendeur-mélangeur


fait varier les proportions du mélange en fonction de la demande ou de la
concurrence commerciale. De même, certaines formules cherchent à apporter les
trois éléments N-P-K dans la proportion convenant le mieux aux exportations
d’une culture donnée.

Les engrais composés sont divisés en quatre grandes catégories :

-les engrais composés de mélange, binaires ou ternaires, minéraux ou organo-


minéraux, qui sont obtenus par mélange mécanique d’engrais simples solides,
suivi souvent de granulation. Dans les engrais composés organo-minéraux,
l’azote (N) ou une partie des autres éléments sont apportés par des engrais
organiques.

-les engrais composés complexes, binaires ou ternaires, qui sont obtenus en


faisant réagir chimiquement des matières premières qui, pour certaines, ne sont
pas des engrais simples (phosphates naturels, acides, ammoniaque, sels de
potasse). L’engrais obtenu est le plus souvent, un mélange de corps chimiques
contenant, à l’état combiné, les éléments fertilisants.

-les engrais composés liquides, qui sont des solutions binaires ou ternaires dans
l’eau, d’engrais solubles. Les solutions d’urée et de sulfate d’ammoniaque, sont
des engrais azotés liquides simples.

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-les engrais organiques dissous, qui sont des engrais organo-minéraux-
provenant de déchets organiques attaqués par l’acide sulfurique, avec addition
d’engrais simples tels que des phosphates naturels, de l’ammoniac, de l’urée, des
sels de potasse. Ce sont des engrais ternaires, généralement de dosages faibles,
variant entre 15 et 25 % d’unités fertilisantes.

En fonction des éléments fertilisants contenus dans ces engrais, on les


classe en :

-engrais binaires azotés et phosphatés (N, P), solubles, sont employés au


semis ou à la plantation, ou redémarrage de la végétation, et visent surtout
l’installation de la plante et le développement rapide de son enracinement.

-engrais binaires azotés et potassiques (N, K), représentés par le nitrate de


potasse, utilisé surtout en culture légumière, florale ou arboricole, parfois en
pulvérisation sur arbres fruitiers.

-engrais binaires phosphatés et potassiques (P, K), sont utilisés généralement


en début de préparation des terres.

-engrais ternaires (N-P-K), solides ou liquides, de mélange ou complexe.

NB : L’usage d’un engrais composé azoté exige de l’agriculteur qu’il évite deux
dangers :

-éviter un apport très précoce qui risque de causer une croissance excessive des
cultures et leur faible résistance aux intempéries, mais aussi la perte par
lessivage à un stade où les cultures n’en n’ont pas besoin ;

-un apport très tardif de phosphore et de potassium, qui profiterait mal aux
cultures ;

c. Les engrais organiques


Une grande variété de matières végétales et animales servent à fabriquer des
engrais organiques : certaines sont utilisées seules, sans transformation
préalables c'est-à-dire après simple dessiccation ou broyage ; d’autres par contre
acquièrent une valeur fertilisante seulement après transformation.

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Cette dernière transformation se passe à travers certains procédés
indispensables à l’obtention d’un bon engrais :

-la solubilisation des protéines, qui se fait par hydrolyse acide ou alcaline
(action de la vapeur, additionnée d’acide sulfurique ou de soude dilués) ;

-la fermentation en tas ou compostage, qui consiste à transformer des matières


végétales ou des déchets animaux-végétaux. Elle consiste à hydrolyser ces
déchets une fois broyés, à les neutraliser par addition de calcaires insolubles
(dolomie, calcaires broyés, phosphates naturels), puis à assécher la pâte obtenue
par mélange à des déchets végétaux déshydratés (tourbe, sciures, écorces
broyées). L’ensemble est de temps de temps recoupé et retourné à la pelle.

-le mélange des engrais organiques et minéraux, appelé « engrais organo-


minéraux », obtenu par mélange à des engrais organiques, à des composts ou à
d’autres supports organiques, d’engrais minéraux solubles ou non, azotés,
phosphatés, potassiques, magnésiens ou calcaires.

-la réaction dans l’industrie chimique, de la formaldéhyde ou de la


crotonaldéhyde sur de l’urée, avec pour but de ralentir la libération de son
azote, qui donne des « pseudo-engrais ou engrais organiques de synthèse », qui
n’apportent que l’azote de manière régulière, mais pas les autres éléments
fertilisants.

NB : les engrais organiques ont des avantages très nets sur les engrais
minéraux :

-une supériorité quantitative, c'est-à-dire une unité fertilisante d’un engrais


organique agit mieux que la même unité d’un engrais minéral (les éléments
fertilisants des engrais organiques sont constamment protégés du lessivage, ils
n’apparaissent jamais seuls mais toujours avec les autres éléments secondaires et
oligoéléments, ils intensifient la prolifération des microbes contrairement aux
engrais minéraux qui la freinent) ;

-une supériorité qualitative (meilleur équilibre alimentaire des résidus, bonne


qualité gustative et technologique, résistance des plantes au parasistisme) ;

-une appréciation basée sur la stimulation dans le sol, de la microflore


associée à la rhizosphère.

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Chapitre 4 : Les principes et les techniques d’utilisation des
engrais organiques et minéraux
4.1. Les lois théoriques de la fertilisation
a. La loi de restitution ou loi de Boussingault et Déheran : elle stipule « Qu’il
est indispensable de restituer au sol, pour qu’il ne s’épuise pas, tous les éléments
fertilisants que lui enlèvent les récoltes ».

Comme solution à cette préoccupation, Liebig propose qu’aux exportations


d’éléments organiques que sont les récoltes, doit répondre une restitution
stimulante à dominance organique.

b. La loi des avances, qui stipule que « Des avances d’éléments fertilisants sont
nécessaires pour couvrir en temps voulu, les besoins de la culture ».

Selon cette loi, apporter les éléments fertilisants AVANT la culture semble plus
logique que de restituer au sol, APRES, ce que cette culture a enlevé. Ainsi
donc, les restitutions organiques par les résidus de récolte de la culture
précédente sont en effet, la première et la meilleure avance.

c. La loi du minimum ou des facteurs limitants ou loi de Liebig, qui stipule


que « L’importance du rendement d’une récolte est déterminée par l’élément
qui se trouve en plus faible quantité relativement aux besoins d’une récolte ».
Autrement dit, « L’insuffisance d’un élément assimilable dans le sol réduit
l’efficacité des autres éléments, et par suite diminue le rendement des récoltes ».

d. La loi des suppléments moins que proportionnels, ou loi de Mitscherlich,


stipule que « Quand on apporte au sol des doses croissantes d’un élément
fertilisant, les augmentations de rendement obtenus sont de plus en plus faibles
au fur et à mesure que les quantités apportées s’élèvent ». Cette loi traduit « la
loi du maximum » de A.Voisin, qui stipule que « L’excès d’un élément
assimilable dans le sol réduit l’efficacité des autres éléments, et par suite
diminue le rendement des récoltes ».

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4.2. Les différentes techniques de fertilisation
Il existe en fait deux grandes familles de techniques de fertilisation :

-les techniques de fertilisation à dominance minérale, avec ou sans


amendements organiques ;

-les techniques de fertilisation à dominance organique, avec ou sans supplément


minéral.

a. Technique de fertilisation à dominance minérale, avec ou sans


amendements organiques
Elle consiste à mesurer :

-d’un côté les pertes ou exportations par les produits vendus, végétaux animaux,
auxquelles s’ajoutent les pertes par lessivage et blocage ;

-de l’autre les gains en ces mêmes éléments par les achats d’engrais, de paille,
d’aliments du bétail. Paille et aliments du bétail sont convertis en fumier, lisier
et purin, dont on peut apprécier le tonnage et la valeur fertilisante.

Ainsi donc :

 Si le bilan est négatif (importations inférieures aux exportations + pertes),


le système est excellent ou dangereux. Il est dangereux si les exportations
se font aux dépens de réserves en humus et en éléments fixés. Il est
excellent si ces exportations proviennent des synthèses microbiennes
(azote) et d’une attaque plus intense des minéraux insolubles (autres
éléments).

 Si le bilan est négatif (importations supérieures aux exportations + pertes),


le système est agronomiquement et écologiquement mauvais ;

 Si le bilan est équilibré (importations égales aux exportations + pertes), le


système est théoriquement bon

NB : Ce n’est donc qu’après réflexion sur ce bilan global que la fumure de


chaque culture peut être calculée. Pour cela, on traitera différemment la
fumure phospho-potassique et la fumure azotée (voir fiche de calcul).

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b.Technique de fertilisation à dominance organique ou
fertilisation organo-biologiques
Cette technique de fertilisation comprend les étapes suivantes :

-des apports organiques fréquents et réguliers :

 Par compostage de la fumure organique ;

 Par une large utilisation des engrais verts ;

 Par la rotation des cultures ;

 Par les associations végétales ;

-des apports minéraux sous des formes insolubles (scories) ;

-un travail du sol sans retournement et au bon degré d’humidité, c'est-à-dire un


travail superficiel fréquent, un travail profond qui évite de retourner le sol, et des
labours légers ou moyens ;

-des assolements permettant une saine rotation des cultures.

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