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L’expression « art grec ancien » est réservée traditionnellement à l’art qui fleurit dans les cités
grecques de Grèce et des côtes d’Asie Mineure ainsi que dans leurs colonies (Sicile et Italie du Sud) à
partir du xie siècle avant notre ère. Auparavant, l'art mycénien s'est développé de 1500 à 1200 av. J.-
C., notamment autour des centres de Mycènes et de Tyrinthe, qui relève d’une civilisation très
différente. À partir du ive siècle avant J.-C., avec les conquêtes d’Alexandre le Grand et l’extension de
la civilisation grecque, on qualifie d’« hellénistique » l'art grec ancien qui en résulte.
1. Les origines
L’art géométrique atteint sa perfection au VIIIe siècle avant J.-C., avec des motifs plus nombreux, où
figurent des figures humaines et des animaux, peints en silhouette noire sur fond clair. Les cimetières
– comme celui du Dipylon, aux portes d’Athènes, où l’on trouve les exemples les plus achevés de ce
style – ont fourni des amphores et des cratères (vases parfois utilisés comme urnes funéraires) sur
lesquels, au milieu de motifs géométriques, apparaissent des poissons, des oiseaux, ainsi que des
scènes de la vie aristocratique des Eupatrides : exposition du mort sur un lit de parade, entouré de
pleureuses, chars attelés de chevaux, défilés de guerriers, combats navals, chasses.
À côté de la céramique, les autres arts connus n’occupent qu’une place mineure. De l’architecture il
ne reste pratiquement rien que les fondations en petites pierres de temples ou de maisons. Les
tombes ont livré quelques rares bijoux. La sculpture fait son apparition avec quelques statuettes en
terre cuite et surtout des œuvres en bronze : armes décorées, chaudrons et trépieds, figurines
d’animaux et représentations humaines.
1.2. L’art orientalisant et l’art archaïque (fin du VIIIe-VIIe siècle av. J.-C.)
Dans le dernier quart du VIIIe siècle avant J.-C., l’art grec abandonne les motifs géométriques pour
une inspiration plus naturaliste. Le travail du bronze, de la pierre et de la céramique fait des progrès
considérables. Ce foisonnement culturel se produit en un siècle très important pour le monde grec,
qui voit s’affirmer la cité comme forme d’organisation politique et qui noue des relations plus
étroites dans le bassin Méditerranéen. Les objets orientaux (ivoires, bronzes, tissus) qui arrivent
désormais en nombre constituent de nouvelles formes d’inspiration.
Char grec
Le premier style orientalisant apparaît à Corinthe. Le décor des vases se renouvelle : des motifs
floraux (fleurs de lotus, palmettes, rosettes), des animaux (chiens courants, lions, chèvres) ou des
animaux fantastiques (sphinx essentiellement) remplacent les dessins géométriques. Les
représentations humaines (guerriers, chasseurs à pied ou à cheval) sont de plus en plus fréquentes.
En même temps, la technique de la figure noire est mise au point : les sujets sont entièrement peints
en noir sur fond clair ; les détails anatomiques sont indiqués par des incisions ; des rehauts rouge et
blanc complètent le dessin.
La sculpture en pierre
La sculpture, en pierre ou en bronze, est l’expression majeure du génie artistique grec. Offrande
consacrée dans un sanctuaire ou sur une tombe, c’est par elle que l’homme et la cité manifestent
leur piété envers leurs dieux.
La statuaire du VIIe siècle avant J.-C. est traditionnellement qualifiée de « dédalique », d’après le nom
du mythique sculpteur Dédale. Elle connaît une expression monumentale dans l’allée des Lions, sur
l’île de Délos. Le modèle pour la figure humaine est debout, les bras collés au corps, la tête
triangulaire (Dame d’Auxerre).
Au VIe siècle avant J.-C., deux figures s’imposent : le kouros, jeune athlète nu, et la korê, jeune fille
revêtue de ses plus beaux atours. De magnifiques illustrations des deux types ont été mises au jour,
comme les Jumeaux d’Argos, ou bien l’ensemble des korês de l’Acropole (paradoxalement
conservées parce qu’à la suite des destructions des Perses en 480 avant J.-C. elles furent enfouies
dans une fosse). L’une des plus belles fut réalisée par Anténor : on peut y voir l’aboutissement de
recherches vers plus de mouvement et de réalisme au sein de créations très statiques. Si la ronde-
bosse fixe les personnages dans une attitude intemporelle, les reliefs sculptés des temples
participent quand à eux à un art du récit, illustrant un instant précis d’une légende (voir ci-dessous :
« Architecture : les deux ordres »).
La sculpture en métal
Les arts du métal occupent également une grande place dans l’art archaïque. Les bronziers
du Péloponnèse ou d’Ionie rivalisent pour produire des vases dont la forme est d’une grande
hardiesse technique et qui comportent des décors complexes (Cratère de Vix, vers 525 avant J.-C.).
Art grec 4
La monnaie, pour sa part, apparaît en Lydie vers 650-630 avant J.-C. et se répand en Grèce à partir
de 600 avant J.-C. Les graveurs créent d’emblée des chefs-d’œuvre inégalés en utilisant des motifs et
un relief parfaitement adaptés au cadre limité dont ils disposent.
Delphes,
la tholos
La société est désormais assez organisée pour construire de vastes sanctuaires religieux, qui se
développent en des lieux consacrés par les légendes. La demeure du dieu présente des analogies
avec le mégaron mycénien, auquel les exigences du culte font parfois ajouter des éléments
nouveaux, comme le mystérieux adyton (lieu où il est interdit de pénétrer), dans lequel
la pythie prophétise à Delphes.
À l’extérieur du temple, le plus souvent face à l’entrée principale, à l’est, s’élève l’autel des sacrifices.
Tout autour se dressent souvent des portiques et des chapelles – nommées « trésors » – édifiées par
des cités qui y rassemblent des offrandes.
Art grec 5
C’est au VIIe siècle que les Grecs, désireux peut-être de rivaliser avec les imposants temples orientaux
et égyptiens, et plus sûrs de leurs techniques, commencent à édifier de grands temples. Les colonnes
qui étaient disposées à l’intérieur du temple et servaient à soutenir le toit, enveloppent désormais le
bâtiment ; jusque-là en bois, elles sont désormais taillées dans la pierre. Le temple s’habille d’un
décor somptueux, en pierre ou en marbre.
Vers la fin du VIe siècle avant notre ère apparaissent les deux premiers ordres entre lesquels vont se
répartir les temples grecs (un 3e apparaîtra au IVe siècle).
— L’ordre dorique (temple d’Héra à Olympie, premier temple d’Apollon à Delphes, temple d’Apollon
à Corinthe et temples d’Agrigente, de Sélinonte et de Paestum, en Italie et en Sicile), plus ancien, est
par opposition plus trapu, plus dépouillé. La colonne, aux cannelures moins profondes, ne comporte
pas de base. Le chapiteau, composé d’un coussinet et d’une abaque rectangulaire, est fonctionnel. La
frise est faite d’une alternance de triglyphes et de métopes portant un décor peint ou en relief.
Art grec 6
Dans les deux ordres, le fronton peut être orné de reliefs ou de statues en pied. Dans les temples
doriques, le récit mythique peut être sculpté sur les métopes et ainsi morcelé en une série de petits
tableaux. Dans les temples ioniques, sculpté sur la frise qui court en continu au-dessus de la
colonnade, le récit atteint une plus grande ampleur.
L’itinéraire qui conduit des temples archaïques au Parthénon d'Athènes comprend deux étapes
encore : celles que marquent le temple d’Athéna Aphaia à Égine, dont les colonnes plus légères et les
proportions plus équilibrées annoncent un canon nouveau, et, surtout, le temple de Zeus à Olympie.
C’est dans cet édifice que se manifeste pour la première fois la recherche d’un volume intérieur et
que l’architecte et le sculpteur s’efforcent d’obtenir des effets esthétiques en conjuguant les pierres
de diverses sortes. C’est à Olympie aussi que des lignes, droites jusqu’alors, semblent avoir été
incurvées pour le plaisir de l’œil – subtiles corrections visant à atténuer la sécheresse d’une
construction jugée trop géométrique.
Art grec 7
Parthénon, Athènes
Le Parthénon (ve siècle avant J.-C.), œuvre commune de l’architecte Ictinos et du sculpteur Phidias,
est le chef-d’œuvre ultime de l’ordre dorique (l’ordre ionique, dont on trouve d’ailleurs des éléments
dans le Parthénon, l’emporte ensuite). Il n’est toutefois qu’un élément d’un riche ensemble,
l’Acropole d’Athènes.
Épidaure, le
théâtre
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Au IVe siècle avant J.-C., l’énergie des bâtisseurs se dirige vers la ville elle-même. La mise en œuvre
d’un urbanisme nouveau traduit le souci de mieux organiser la vie dans l’enceinte de la polis (la cité) :
en plus des temples, les puissantes murailles, les grands théâtres de pierre (Épidaure) sont quelques-
unes des réalisations les plus spectaculaires de l’architecture grecque classique.
Le Péloponnèse voit l’apparition d’un troisième ordre architectural, l’ordre corinthien (temple d’Aléa
à Tégée, Némée), qui sera adopté dans toute la région.
Parmi les plus beaux vestiges de l’archaïsme finissant, les deux frontons du temple d’Égine se
démarquent. Jean Charbonneaux fait du fronton ouest « en quelque sorte le testament éclectique de
l’archaïsme ». Le fronton est, lui, ouvre la voie à l’art classique. Tous deux dégagent une atmosphère
de sérénité, de beauté et d’harmonie.
Le renouveau qui pointe au IVe siècle avant J.-C. se caractérise par la recherche du réalisme dans les
attitudes, les drapés ou l’expression. Les traits du visage dépeignent les sentiments animant le sujet,
le mouvement gagne en liberté et en naturel.
Athènes
La fin du VIe siècle avant J.-C. voit s’instaurer dans le domaine de la sculpture (comme dans celui de la
peinture) une véritable prééminence athénienne. Celle-ci s’exprime en bien des lieux, tant par
l’influence que par la présence d’artistes de l’Attique. Les métopes du trésor des Athéniens à Delphes
ou le fronton du temple d’Apollon à Érétrie témoignent de la virtuosité des sculpteurs d’Athènes.
Le volume et la vie
Les maîtres
1
Technique de sculpture de la Grèce antique mêlant l’or et l’ivoire.
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Le Discobole
Y domine l’expression du mouvement, dans la frise des Panathénées en particulier. Et dans les
ensembles décorant les frontons – compositions grandioses à gloire de la déesse tutélaire de la cité –
les acteurs se meuvent dans un univers plus proche de la condition humaine que les héros très
idéalisés des frontons d’Olympie.
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Un renouvellement des formules classiques définit le second classicisme (ive siècle), qui voit la
renaissance de divers ateliers régionaux. Athènes reste un foyer important, notamment
avec Praxitèle, qui introduit un nouveau canon dans les proportions humaines (Aphrodite de Cnide).
Art grec 11
La grande époque de la céramique grecque se situe entre 530 et 480 avant J.-C. environ, alors que
s’impose la technique des fonds noirs décorés de figures rouges. Le rendu des formes, de la
musculature, des tissus atteint une perfection nouvelle. Durant cette période, les inscriptions se
multiplient sur les vases, célébrant la beauté de jeunes éphèbes et surtout nous transmettant le nom
des meilleurs artistes.
On connaît ainsi plusieurs dizaines de peintres de premier plan, dont les œuvres nous sont
conservées dans un état de fraîcheur parfaite. Dans ce domaine encore, dès le VIe siècle avant J.-C. et
durant les deux premiers tiers du Ve siècle avant J.-C., la prééminence des artistes attiques est totale
et incontestée, au point que la production des ateliers athéniens éclipse toute concurrence.
Les maîtres
l’artiste se révèle par la qualité de son trait et l’habileté de ses compositions – bientôt imitées
par Euthymidès, par exemple.
De l’artisanat à l’industrie
Au cours de la première moitié du Ve siècle, la production des vases attiques s’intensifie. D’artisanat
d’art, la peinture sur vases devient activité industrielle. Des négligences dans le dessin, une certaine
mollesse dans le trait, et surtout une répétition des mêmes thèmes se manifestent.
Dans la vogue que connaissent les vases attiques au Ve siècle avant J.-C., quelques artistes, comme le
peintre de Pan, Hermonax ou le peintre d’Achille, maintiennent la tradition de qualité et d’originalité
athéniennes. Mais la guerre du Péloponnèse (fin du Ve siècle avant J.-C.) brise le dynamisme
d’Athènes.
Simultanément, une production concurrente, en Italie du Sud, conquiert les riches débouchés de
l’Étrurie. La nature de la poterie à figures rouges se modifie profondément. Le dessin se libère de
toute contrainte et gagne en mobilité ce qu’il perd en fermeté. Les tissus féminins se mettent à
bouillonner ; les couronnes, les guirlandes se multiplient ; les personnages, de plus en plus
nombreux, sont dépeints de manière naturelle et expressive. C’est le style dit « fleuri ».
Dès 370 avant J.-C. et pour une trentaine d’années, un nouveau terrain
d’exportation amène une recrudescence d’activité dans les ateliers
athéniens. Une poterie, dite « de Kertch » et caractérisée par l’emploi de
plus en plus abondant de couleurs surajoutées, de blanc surtout, se répand
dans certaines régions du monde grec. Les personnages rouges alternent
avec les fleurs blanches et forment de hautes pyramides sur la panse des
vases. Ce dernier élan de la céramique figurée s’arrêtera comme il est né,
très rapidement : à l’époque hellénistique, le décor des vases exclut
totalement les motifs figurés.
Laocoon
L'empire
L’art hellénistique est celui des cités grecques et celui des royaumes « barbares » – c’est-à-dire de
population non grecque – conquis par Alexandre le Grand à partir de 336 avant J.-C. et gouvernés
après sa mort par ses généraux, les diadoques2, et leurs successeurs.
On parle aussi d’art hellénistique pour des peuples qui, s’ils ne sont pas soumis à des dirigeants grecs,
s’ouvrent très largement aux influences artistiques grecques, comme les Étrusques et les
Carthaginois ou certains peuples orientaux qui ont recouvré leur indépendance. Des sculpteurs
comme Lysippe ou des peintres comme Apelle deviennent les portraitistes attitrés
d’Alexandre : dorénavant, les commandes sont moins le fait des cités que des souverains.
Les nombreux contacts qui s’établissent entre les Grecs et les autres peuples permettent d'enrichir le
répertoire de formes grec, qui adopte ainsi certains motifs égyptiens ou mésopotamiens et cherche à
exprimer dans son propre vocabulaire artistique des thèmes étrangers. Le sarcophage dit
« d’Alexandre », provenant de la nécropole phénicienne de Sidon (vers 305 avant J.-C.), en offre un
bon exemple : les scènes de bataille et de chasse qui le décorent glorifient le défunt selon la tradition
monarchique orientale, mais elles sont composées de motifs empruntés à l’iconographie grecque.
2
Nom donné aux généraux d'Alexandre qui se disputèrent son empire à sa mort.
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La libération des cités grecques d’Asie Mineure par Alexandre amène la construction de grands
temples, souvent avec l’aide financière du conquérant. À Éphèse, le temple archaïque d’Artémis, qui
avait été incendié au IVe siècle avant J.-C., est relevé suivant le même plan et sur les mêmes
dimensions ; mais les proportions des colonnes, le dessin des moulures témoignent de l’évolution de
l’ordre ionique.
À Priène, où toute la ville est reconstruite suivant un plan orthogonal, la construction du temple
d’Athéna est confiée à l’architecte Pythéos. Celui-ci, qui a déjà travaillé au mausolée
d’Halicarnasse (secondé par des sculpteurs tels que Scopas), est un remarquable théoricien ; refusant
l’ordre dorique, trop rigide pour se plier à ses combinaisons, il réalise une œuvre très savante sous sa
simplicité apparente, où tout est calculé pour mettre en valeur le volume de la cella qui abrite la
statue de culte. Ce temple passait dans l’Antiquité pour le prototype du temple ionique, et son
influence sera considérable en Asie. On en retrouve notamment la trace dans le temple d’Apollon
à Didymes.
Ces recherches théoriques sont poursuivies par Hermogène, l’architecte auquel on doit le temple
d’Artémis, élevé vers 155 avant J.-C. à Magnésie du Méandre. L’architecture religieuse rejoint ici
l’architecture civile, qui aime à enfermer les places dans un cadre de portiques servant à la fois de
bureaux, de magasins, de promenoir et d’abri en cas d’intempérie. C’est alors que se crée,
à Pergame, dans les grandes cités ioniennes, à Athènes et même dans les cités les plus modestes, ce
cadre urbain au décor scandé de colonnes, qui sera repris par Rome et qui reste associé dans notre
esprit à l’image de la cité antique.
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La Vénus de Milo, sculptée vers 100 avant J.-C., s’inscrit dans la tradition classique du IVe siècle, mais
le traitement du corps, sa position, le jeu des courbes et des volumes montrent une profonde
évolution depuis cette époque. Avec la Victoire de Samothrace (vers 190 avant J.-C.), où le vêtement
accompagne et souligne le mouvement du corps, c’est le virtuose rendu des draperies qui retient
particulièrement l’attention.
Une cour royale joue un rôle particulier dans l’évolution de l’art hellénistique : celle
des Ptolémées à Alexandrie, en Égypte, où règnent un luxe et un raffinement extrêmes dans
l’aménagement des palais et dans les arts mineurs comme l’orfèvrerie. C’est là que se sont élaborées
des formes nouvelles, au contact avec le monde égyptien.
De plus, capitale des derniers souverains hellénistiques, Alexandrie a exercé une influence de tout
premier ordre sur l’art romain de la fin de la République. Presque rien n’a survécu de la cité des
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Mais, surtout, la décoration intérieure est dès lors le fait de grands peintres. On en retrace
l’évolution d’après des copies (réalisées à Pompéi par exemple). Les artistes ne se satisfont plus de
simples dessins sur un fond uniforme : leur palette cherche à rendre tous les effets de la couleur,
jouant du clair-obscur ; leur science de la perspective permet d’étoffer les scènes, parfois placées
dans un paysage naturel.
Très diverses, elles s’ordonnent toutes, cependant, autour d’une cour centrale, généralement bordée
d’un péristyle, sur laquelle s’ouvrent les pièces de réception et d’habitation regroupées sur deux ou
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trois côtés ; au centre, une citerne, souvent recouverte d’une mosaïque, recueille l’eau. La maison de
l’Hermès, aménagée en étages et tirant parti des dénivellations du site, témoigne, en outre, d’une
recherche systématique dans l’accord entre le décor statuaire et le cadre architectural, recherche
d’une harmonie d’ensemble caractéristique de l’époque.
Si la céramique est en déclin, ce qu'il est convenu d'appeler les arts mineurs brillent, en revanche,
d'un vif éclat. On travaille l'or, l'argent, le bronze, et on aime tant la vaisselle métallique que même la
poterie cherche à l'imiter (bols à reliefs, dits bols mégariens). Il faudrait ajouter à cet art raffiné les
innombrables verreries, les bijoux, toute cette bimbeloterie d'art qui, d'Alexandrie, gagne le monde
méditerranéen et, bien au-delà, fait pénétrer un art resté grec jusqu'au cœur même de l'Afghanistan.
L'art grec ancien a joué un rôle de tout premier plan dans la formation du goût classique et dans
l'histoire de l'art. Déjà, à Rome, il était considéré comme un modèle de référence, et l'on répertoriait
les œuvres des grands artistes, que l'on faisait copier.
Ce mouvement n'a jamais cessé : il est particulièrement sensible à la Renaissance et au XVIIIe siècle,
où l'Allemand Johann Joachim Winckelmann jette les bases scientifiques de l'histoire de l'art.
Le xixe siècle conçoit l'art grec antique comme un être vivant dont la période archaïque serait la
phase de formation et qui, après l'apogée classique, subirait la dégénérescence de la vieillesse. En
fait, cette vision dérive de celle de l'histoire grecque et, surtout, de celle de sa littérature.
La théorie a connu longtemps un très grand succès, aboutissant à faire de l'art grec un miracle isolé
de la raison humaine. Mais, depuis quelque temps, les archéologues mettent l'accent sur les apports
des royaumes orientaux à de nombreuses époques, et les échanges avec le monde grec stricto sensu.
C’est le cas par exemple de l'art hellénistique de Bactriane (découverte du site d’Aï-Khanoun en
Afghanistan au cours du XXe siècle).