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Comment venir en aide à un délinquant

juvénile ?

Travail de fin d’études présenté par :


Emilie Demonceau
6e technique de qualification sociale
Promoteur : Eric Denoël
Année scolaire : 2023 - 2024
Comment venir en aide à un délinquant juvénile ?

Travail de fin d’études présenté par :


Emilie Demonceau
6e technique de qualification sociale
Promoteur : Eric Denoël
Année scolaire : 2023 - 2024
Remerciements

Je souhaiterais consacrer quelques lignes afin de remercier les personnes qui m’ont
apporté une aide précieuse dans la réalisation de ce travail de fin d’études :

Monsieur Denoël, qui a eu la gentillesse d’accepter d’être mon promoteur, d’avoir eu


beaucoup de patience ainsi qu’une bonne dose d’humour dans l’accompagnement de mon
travail.

Madame Kessen pour m’avoir soutenue et accompagnée dans le choix de mon sujet et
Madame Zambito pour avoir accepté de vérifier la mise en page de mon travail.

Monsieur Essabri pour avoir accepté de répondre à mes questions avec beaucoup de
transaparence.

Ma maman, Christelle Pourbaix, pour avoir accepté le rôle de lectrice et de me venir


en aide dans la dactylographie de ce travail.

1
Table des matières
Introduction............................................................................................................................................3
1. Qu’est-ce que la délinquance juvénile ?....................................................................................4
1.1 Quelques exemples de cas de délinquance juvénile pris dans l’actualité..............................5
1.2 Les statistiques.........................................................................................................................5
2. La prise en charge des délinquants............................................................................................7
2.1 Le Tribunal de la Jeunesse....................................................................................................7
2.2 Le Service d’Aide à la Jeunesse ( SAJ )................................................................................7
2.3 Le Service de Protection à la Jeunesse (SPJ).........................................................................7
2.4 Les Institutions Publiques de Protection de la Jeunesse (IPPJ)............................................7
2.5 Les services résidentiels généraux (SRG).............................................................................8
3. Les différentes mesures d’aide aux délinquants.........................................................................8
3.1. Les campagnes de prévention...........................................................................................8
3.2. Les mesures d’accompagnement.......................................................................................8
4. Entretien avec un éducateur l’IPPJ de Fraipont.......................................................................10
4.1. Ojectifs de l’entretien......................................................................................................10
5. Les objectifs du placement en IPPJ.........................................................................................10
6. Déroulement et objectifs du placement....................................................................................12
Conclusion...........................................................................................................................................16
Bibliographie........................................................................................................................................18
Annexes................................................................................................................................................19

2
Introduction
Dans le cadre de mon travail de fin d’études, j’ai choisi de traiter du sujet de la délinquance
juvénile. Il s’agit d’une thématique qui me tient à cœur et à laquelle je m’intéresse depuis
longtemps avec de multiples facettes à découvrir et à explorer. De plus, ces recherches me
serviront certainement dans le futur aussi bien dans mon parcours étudiant que dans ma vie
professionnelle. En effet, je souhaite poursuivre des études d’éducatrice spécialisée après mes
études secondaires. Mon projet professionnel serait de potentiellement travailler dans le
secteur de l’aide à la Jeunesse, soit en Institution Publique de Protection de la Jeunesse (IPPJ)
soit dans les maisons d’enfants placés par le juge ( par exemple, dans un service résidentiel
général ou dans un service d’accompagnement socio-éducatif). Dans les deux cas, je serai
amenée à accompagner des jeunes en difficulté ayant déjà commis une première infraction ou
étant dans une situation familiale représentant un danger pour eux ou pour les autres.
Avant de commencer à me documenter, je me suis d’abord demandé ce que je savais de la
délinquance juvénile. J’ai dressé une liste de mes connaissances, de mes idées et de mes
suppositions. Selon moi, la délinquance juvénile touche surtout les jeunes âgés entre 12 et 18
ans qui vivent dans des milieux souvent défavorisés ou ayant des problèmes familiaux. J’ai
aussi vu en cours de formation sociale qu’il y a différents types d’infractions : les délits et les
crimes et qu’il existe également différents types de justice. Les mineurs sont généralement
jugés en tant que mineur mais le juge de la jeunesse peut se dessaisir de l’affaire et le jeune
sera alors jugé en tant que « majeur » devant un juge pour adultes. C’est généralement par
rapport à la gravité du crime commis et de la peine qui s’y rapporte que sont prises ce genre
de décisions. Au niveau des sanctions, je sais qu’il en existe différents types également en
fonction d’une récidive.

Ma problématique est la délinquance juvénile. Il s’agit d’un thème assez vaste pour lequel j’ai
recherché un fil conducteur. Ma question de recherche est la suivante: Comment venir en aide
à un délinquant juvénile ? Mon hypothèse de départ est que si un jeune délinquant est
correctement aidé alors il ne restera pas dans la délinquance. Les démarches pour mon travail
de fin d’études se sont déroulées en plusieurs étapes. Nous avons d’abord fait un travail en
EVS pour nous aider à choisir notre sujet de TFE. Ensuite, la fiche n° 1 m’a permis de lister
plusieurs questions concernant mon sujet. J’ai ensuite fait des recherches pour trouver les
documents afin de pouvoir créer ma bibliographie. J’ai ensuite réalisé un entretien avec un
éducateur en IPPJ sur base d’un questionnaire. L’entretien sera enregistré et retranscrit. Pour
terminer j’ai fait une synthèse des différentes étapes avant de passer à la phase de rédaction.

3
1. Qu’est-ce que la délinquance juvénile ?
Avant de pouvoir réfléchir à la manière de venir en aide aux jeunes en difficulté, il est
important de commencer par définir ce qu’est la délinquance juvénile. Selon le dictionnaire
Larousse, la délinquance est un ensemble d’actes délictueux. Le terme peut être utilisé comme
un synonyme de criminalité. De la même manière, la délinquance juvénile y est définie
comme l’ensemble des infractions commises par des mineurs en un temps et en un lieu
donnés.

En sciences sociales, la délinquance juvénile concerne principalement les actes qui sont
commis par des mineurs qui sont définis et évalués comme déviants et asociaux d'après les
normes juridiques ou sociales, qui sont généralement le résultat d'un apprentissage 1. Il existe
de nombreuses enquêtes et articles qui traitent du sujet. J’ai trouvé dans les ouvrages
« Sociologie de la délinquance » de Laurent Muchielli2 et « Sociologie de la délinquance et de
la justice pénale »3 de nombreux résultats d’enquêtes réalisées sur la thématique. Au-delà des
statistiques de police, ces études m’ont permis de comprendre les mécanismes des différents
comportements délinquants, les parcours et le contexte dans lequel ces actes ont été commis.
J’ai par exemple appris qu’il pouvait avoir trois types de délinquants : un type
« pathologique » de jeunes en difficulté psychologique, c’est-à-dire des jeunes qui ont vécu
des traumatismes au sein de leur famille qui ont eu des conséquences au niveau de leur
socialisation et de leur bien-être psychologique , un type « initiatique » qui toucherait plus les
filles et qui concerne les actes commis pour faire comme les autres et finalement un type d’
« exclusion » qui concerne en majorité les jeunes des quartiers sensibles regroupant des
personnes en rupture socio-économique avec le reste de la société 4. Ces définitions rejoignent
ce que je pensais initialement, à savoir que les jeunes issus d’un milieu défavorisé sont
susceptibles de commettre des actes délinquants mais apportent un élément en plus, c’est-à-
dire que des personnes issues d’un milieu considéré comme « normal » et n’ayant jamais eu
de comportements inquiétants peuvent entrer dans la délinquance du fait de leur entourage
comme dans le cas du type initiatique. Concernant le fait de sortir de la délinquance, la
démarche est décrite comme lente et progressive, en plusieurs étapes déterminantes comme le
fait de trouver un travail, de se mettre en couple ou de fonder une famille.

1
VAZ Edmund et BARON Stephen, « Délinquance juvénile », publié le 15 mars 2012, consulté en ligne.
2
MUCCHIELLI Laurent, « Sociologie de la délinquance », Armand Colin, 2018.
3
FAGET Jacques, « Sociologie de la délinquance et de la justice pénale », Erès, 2013
4
MUCCHIELLI Laurent, « Sociologie de la délinquance », Armand Colin, 2018.pages 79 à 81.

4
1.1 Quelques exemples de cas de délinquance juvénile pris dans l’actualité
Au sujet des faits considérés comme des actes de délinquance, j’ai trouvé les exemples
suivants dans l’actualité :

- Dans le cadre des émeutes à Liège du 13 mars 2021 qui se sont passées en marge
d’une manifestation « Black Lives Matters », une cinquantaine de personnes ont été
arrêtées pour avoir vandalisé plusieurs magasins du centre ville. Il y a eu au moins 13
mineurs arrêtés par la police dans ce cadre.5
- En 2021, un jeune homme a été tabassé par 3 mineurs dans le parc de la Boverie à
Liège pour avoir voulu s’interposer quand ces derniers ont commencé à importuner
des jeunes filles assises près d’eux.6
- En 2019, un jeune homme a été jugé aux assises pour avoir participé alors qu’il était
encore mineur, il avait 16 ans, à la torture, au viol et au meurtre d’un garçon de son
voisinage avec comme circonstance aggravante que ce dernier souffrait de retard
mental. Les autres personnes impliquées étaient majeures mais encore très jeunes
puisqu’ils avaient entre 18 et 21 ans au moment des faits.7

En faisant ces recherches, j’ai compris l’étendue de ce qui pouvait être considérés comme de
la délinquance juvénile qui peuvent partir de vols, ou de dégradations et aller vers des faits
très graves comme des agressions sexuelles ou des meurtres.

1.2 Les statistiques


Pour me faire une idée plus précise de ce que représentait cette délinquance, j’ai consulté les
statistiques sur le site de la police fédérale. Je n’ai pratiquement trouvé aucune indication sur
les faits commis par des mineurs. Les quelques chiffres « officiels » que j’ai pu trouver
concernent le nombre et les motifs de prises en charge en institution sur le site de la
Fédération Wallonie Bruxelles dont dépendent les services d’aide à la Jeunesse 8. D’après ces
chiffres, les 3 catégories d’infractions les plus répandues sont liées aux stupéfiants, à l’atteinte
aux biens et à l’atteinte aux personnes.

Faits reprochés Nombre Total 2022


Atteinte aux biens 590 20,26%
5
DRAGONNIER Eric, « Emeutes du 13 mars 2021 à Liège », RTBF.be, consultation en ligne
6
GABRIEL E., SIMON C., CAUDRON D., “ Guillaume, 22 ans, a été tabassé par des mineurs à Liège »,
RTLinfo, Consultation en ligne.
7
BELGA, « Procès de l’assassinat de Valentin Vermeesch », lesoir.be, consultation en ligne
8
https://statistiques.cfwb.be/aide-a-la-jeunesse/jeunes-ayant-commis-des-faits-qualifies-infractions/faits-
reproches-aux-jeunes-pris-en-charge-en-ippj-et-par-les-services-publics-daccompagnement, consultation en
ligne

5
Atteinte aux personnes 639 21,94%
Atteintes sexuelles 159 5,46%
Homicide ( et tentatives) 25 0,86%
Pas de FQI* et pas de problématique 0 0,00%
Pas de FQI mais problématique existe 0 0,00%
Stupéfiants 715 24,55%
Vols commis avec l'aide de violence ou de menace 413 14,18%
Autres 79 2,71%
Atteinte à l'ordre public et à la sécurité publique 267 9,17%
Faits de roulage 25 0,86%
Total général 2912
*FQI = Fait Qualifié d'Infraction
Source : Administration générale de l'Aide à la jeunesse et du centre pour mineurs

J’ai comparé ces chiffres avec ceux repris dans l’article de Mesdames Gavray et Vettenburg et
j’ai constaté qu’il y avait certaines différences avec les chiffres officiels repris ci-dessus. 9

Délits Pourcentage
1 Fait de resquiller 25,5
2 Vol 23,4
3 Vandalisme 20,7
4 Consommation de drogue 17,4
5 Port d'arme 12,7
6 Bagarre 12,6
7 Fugue 6,5
8 Vente de drogue 5,7
Tableau 1 : Pourcentage de jeunes ayant avoué avoir commis ces délits au cours de
l'année écoulé

9
GAVRAY Claire et VETTENBURG Nicole « La délinquance juvénile autorévélée : le cas de la Belgique » ,
2007 ? Carrefours de l'éducation.

6
Je suppose que ces variations peuvent s’expliquer par le fait que dans l’article, ce sont les
personnes interrogées qui répondent à un questionnaire sur ce qu’ils ont déjà faits et que dans
les chiffres du SAJ, il s’agit de statistiques liées à une intervention suite à un jugement et donc
que les personnes ont été arrêtées. De plus, les chiffres de cet article sont moins récents.

2. La prise en charge des délinquants


Quand un jeune est considéré comme délinquant, il y a plusieurs acteurs qui peuvent
s’occuper de lui et de son suivi. Quels sont ces différents acteurs et quels sont leurs rôles ?

2.1 Le Tribunal de la Jeunesse :


Il s’agit d’un tribunal qui s’occupe des mineurs, soit pour juger les faits qu’ils ont
commis, soit pour assurer la protection d’un jeune dans une situation familiale
potentiellement dangereuse.10
2.2 Le Service d’Aide à la Jeunesse ( SAJ ) :
Il vient essentiellement en aide aux jeunes en difficulté ou en danger mais peut aussi
apporter de l’aide aux familles de ces jeunes. Même si le SAJ peut être contacté par une
personne extérieure à la famille et parfois par le tribunal ou un service de première ligne
11
, aucune action du SAJ ne pourra être faite sans l’accord du jeune et/ou de sa famille.
Leur action n’est pas contraignante, ils agissent sur base volontaire et leur aide est donc
consentie, c’est-à-dire qu’il faut que les bénéficiaires acceptent d’être aidés.
2.3 Le Service de Protection à la Jeunesse (SPJ) :
Leur rôle est d’assurer le suivi des interventions demandées par le Tribunal de la jeunesse.
Contrairement au SAJ, leur action est contraignante puisque les mesures d’aide sont
imposées par le tribunal. C’est le directeur de l’aide à la jeunesse qui devient décisionnaire
pour le jeune. Par exemple, en cas de placement en famille d’accueil, c’est lui qui décidera
de l’endroit où le jeune sera placé. Le SPJ fera une enquête et devra faire suivre des
rapports réguliers au Tribunal.
2.4 Les Institutions Publiques de Protection de la Jeunesse (IPPJ) :
12
Il y en a 6 en Fédération Wallonie Bruxelles , cinq de ces institutions hébergent des
garçons et une héberge des filles. Certaines fonctionnent en régime ouvert , d’autres en
régime fermé et proposent une prise en charge pluridisciplinaire. Le régime fermé est
associé à une privation de liberté, comme c’est le cas dans les prisons.

10
Remarque : le Tribunal de la Jeunesse peut décider de renvoyer un mineur de plus de 16 ans vers un tribunal
pour adultes dans le cas de faits très grave.
11
Services de première ligne : CPMS, ONE, CPAS …
12
Jumet, Wauthier-Braine, Braîne-le-Château, Fraipont, Saint-Hubert et Saint-Servais

7
2.5 Les services résidentiels généraux ( SRG ) :
Ils accueillent les jeunes qui doivent être provisoirement écartés de leurs familles.

3. Les différentes mesures d’aide aux délinquants


Il existe plusieurs formes d’aide qui vont soit agir en prévention, pour éviter un passage à
l’acte ou une fois qu’un acte a été posé.

3.1. Les campagnes de prévention


Les campagnes de prévention peuvent être menées par les éducateurs de rue dans les
quartiers dits sensibles ou dans les maisons des jeunes. Les éducateurs peuvent y jouer un
rôle de médiateur ou de conseiller auprès des jeunes. En allant à leur rencontre, ils peuvent
désamorcer des situations problématiques, les sensibiliser aux comportements à risque ou
organiser des activités pour éviter que les jeunes ne trainent en rue .

Il y a aussi des campagnes de prévention qui sont menées dans les médias ( TV, internet,
…) Sur des réseaux comme Tik Tok, il y a des campagnes de sensibilisation qui sont
lancées pour attirer l’attention des jeunes sur les comportements qui peuvent devenir des
faits qualifiés de délits ( comme par exemple le harcèlement en ligne).

13 14

3.2. Les mesures d’accompagnement


Comme évoqué dans la différenciation entre les SAJ et les SPJ, il existe plusieurs types
d’intervention qui peuvent être consenties ou contraignantes.

- Maintien du jeune à domicile sous conditions : dans ce cas, il y aura une surveillance
du jeune par le SPJ qui convoquera le jeune a passer des entretiens pour permettre de
rédiger des rapports d’évolution à l’attention de l’autorité compétente (tribunal). Mis à

13
https://www.campagnepublique.com/visuels/theme/21-alcool-et-drogues , consulté en ligne
14
https://arrete.be/#ressources , consulté en ligne

8
part le fait de répondre aux convocations, le juge peut fixer toute une série de mesures
complémentaires telles que :
- Fréquenter un centre scolaire
- Mettre en place un suivi psychologique
- Participer à des ateliers de sensibilisation ( gestion de la violence, accompagnement
pour les usagers de drogues)
- Interdiction de fréquenter certains milieux ou certaines personnes
- Respecter un couvre feu

En cas de non-respect de ces conditions, le juge peut ordonner une nouvelle modalité et
placer le jeune dans un autre environnement ( membre de la famille, institution ouverte ou
fermée.

- Le placement en institution
Dans certains cas, le juge peut décider de placer un jeune de plus de 12 ans dans une IPPJ
en se basant sur certaines des situations suivantes15 :

- Le jeune doit avoir plus de 12 ans pour être placé en section ouverte et 14 ans pour
être placé en section fermée.
- Avoir commis un fait sanctionnable par une peine de plus de 3 ans pour les sections
ouvertes et 5 ans pour les sections fermées.
- Avoir commis un fait qualifié de coups et blessures ou d’agression sexuelle ( section
fermée)
- Être dans une situation de récidive
- Ne pas avoir respecté une condition dans la phase de maintien à domicile

Ma recherche bibliographique m’a donné beaucoup d’informations sur les acteurs intervenant
auprès des délinquants, les formes d’aides et les conditions qui leur sont apportées.

Ma question de recherche était la suivante : Comment venir en aide à un délinquant juvénile ?


Une fois qu’ils sont placés en IPPJ, je me suis demandé ce que l’on faisait avec ces jeunes ?
En quoi consiste concrètement l’aide qui leur est apportée pendant cette période de
placement ?

Je me suis basée sur le livre d’Alice Jaspart qui a fait une recherche dans plusieurs IPPJ en
Wallonie pour tenter de répondre à cette question. 16 Le portail d’aide à la Jeunesse sur le site
15
CHAPITRE V : (droitdelajeunesse.be)
16
JASPART Alice « Aux rythmes de l’enfermement » , 2015, Bruylant.

9
de la Fédération Wallonie Bruxelles 17m’a aussi permis de me documenter sur la manière dont
les jeunes étaient pris en charge dans les institutions, j’ai par exemple pu consulter les
règlements d’ordre intérieur ( R.O.I ) et les listes d’activités prévues. C’est aussi sur base de
cette réflexion que j’ai commencé à rédiger le questionnaire pour l’entretien que je vais mener
avec un éducateur de l’IPPJ de Fraipont que j’aborde dans le point suivant travail.

4. Entretien avec un éducateur l’IPPJ de Fraipont


Dans le cadre de ce travail de fin d’études, il est prévu de réaliser un entretien avec quelqu’un
en lien avec notre problématique. J’ai eu l’opportunité de rencontrer quelqu’un qui travaille
depuis longtemps à l’IPPJ de Fraipont.

4.1. Ojectifs de l’entretien


J’ai recueilli beaucoup d’informations théoriques pendant mes recherches. J’ai petit à petit
commencé à me faire une idée plus précise de la manière dont on encadrait les jeunes
délinquants et de quelle manière on leur venait en aide.

Les questions de cet entretien vont me permettre d’éclaircir certains points qui me
semblent un peu plus difficiles à comprendre, de voir comment l’accompagnement se
déroule en pratique et de connaître le ressenti de Mr Essabri par rapport à ce cadre de
travail particulier. Les réponses qu’il a eu la gentillesse de m’apporter vont également
m’aider à illustrer les différents points que je vais maintenant aborder sur les objectifs et le
déroulement de l’accompagnement pendant cette période de placement.

5. Les objectifs du placement en IPPJ


Selon le site de l’aide à la jeunesse de la Fédération Wallonie Bruxelles, les valeurs de base
des IPPJ sont les suivantes :

- L’individualisation : les projets qui sont mis en place avec les jeunes se font au cas par
cas, en fonction du parcours de chacun
- L’ouverture : garder un lien avec l’extérieur pour mieux penser la réinsertion. Par
exemple en créant des liens avec des milieux de formation
- Le partenariat : il s’agit d’un travail d’équipe au-delà de l’IPPJ, les tribunaux, la
famille et le SPJ doivent fonctionner en équipe.

Leur but est d’encadrer les jeunes et les aider à préparer leur réinsertion grâce à un
programme éducatif. Le fait de les sortir de l’environnement habituel peut contribuer à leur
17
www.aidealajeunesse.cfwb.be

10
faire prendre de la distance avec des habitudes ou des personnes toxiques. C’est une sonnette
d’alarme pour qu’il puisse se rendre compte qu’il est dans une situation problématique et en
même temps lui montrer des pistes pour en sortir.

Selon Monsieur Essabri, voici comment se passe la prise en charge à l’arrivée en IPPJ :
« Quand il vient chez nous donc, on lui explique ses droits, comment ça va se passer chez
nous autre, si il vient la semaine, il aura un membre de la direction qui viendra le voir, quand
il vient le week-end, c'est plus compliqué. Parce que quand ils viennent chez nous, ils restent
trois jours en chambre de réflexion. On ne les met pas directement dans le groupe avec les
autres jeunes qui sont là depuis plusieurs semaines, plusieurs mois. Donc le premier jour, il
va rester tout seul pour déjeuner, dîner et souper. Il n'aura aucune activité extérieure. Le
deuxième jour, il va déjeuner tout seul, midi il mangera seul, le soir il sera dans le groupe. Il
aura sport tout seul, le soir avec le groupe et il aura sport collectif. Puis après ça, c'est trois
jours d'intégration comme on appelle chez nous, il sera dans le groupe avec les autres
gens. »

Comme il l’explique, la période d’adaptation est faite pour que le jeune puisse comprendre les
raisons de son placement et prendre du recul par rapport à sa situation. Ces trois premiers
jours sont selon moi très important car c’est pendant cette période où il est seul face à sa
problématique que le jeune va devoir réfléchir à ce qu’il veut faire, c’est une manière de le
mettre face à la réalité et l’inciter à prendre ses responsabilités.

Cette période d’accueil est aussi très importante pour les équipes d’accompagnement pour se
faire une idée de qui ils ont en face d’eux et de quelle manière ils vont devoir agir avec ce
nouvel arrivant. « Il y en a certains des jeunes qui viennent chez nous, on le voit après
quelques heures, on sait qu'ils vont faire profil bas, pendant 3 mois - Ils sont minimum 3 mois
chez nous, enfermés - et eux, ils vont faire le boulot au maximum pour qu'ils puissent sortir,
parce que ce sont de vrais délinquants qui vont reprendre leur business quand ils vont sortir
mais ils se tiennent bien, ils ont un très bon comportement. Et alors, il y a des profils de
meneurs, quand on les voit, on les repère chez nous, eux, on essaie de les mettre un peu à
l'écart par rapport aux autres qui risqueraient vite de se faire embobiner par ceux-là. ».

C’est aussi l’occasion de poser les bases du « contrat » entre les jeunes et les encadrants :
« directement on leur dit, si tu joues au petit malin, les plus forts, ce sera nous, on aura le
pouvoir de te punir et de te pourrir tes journées. Et on travaille comme ça avec eux, on leur
explique directement comment ça va se passer, c’est pour leur bien aussi. Qu’ils passent 3

11
mois ici, minimum, parce que bien souvent, avant ils sortaient mais les juges les prolongent
de plus en plus. Donc si on passe devant le juge, qu’on dit que tu as eu un bon comportement,
tu pourras sortir plus rapidement. ». Je pense qu’essayer d’instaurer une forme de respect est
un élément important de la vie quotidienne entre les accompagnants et les jeunes. Un
deuxième élément qui me semble indispensable est de pouvoir prendre du recul par rapport
aux faits commis, ce qui m’a d’ailleurs été confirmé durant mon entretien. « Il ne faut pas
avoir de préjugés sur les faits qu’ils ont fait. Ils sont là, moi au début, j’avais plus dur avec
les faits de mœurs, c’était plus compliqué à travailler avec eux, mais quand on parle avec
eux, ils sont attachants, ils nous expliquent. On demande toujours « est-ce que tu veux
m’expliquer comment c’est arrivé ? » Une forme de non-jugement est nécessaire pour
pouvoir instaurer la communication entre les encadrants et les bénéficiaires.

6. Déroulement et objectifs du placement


Dans une IPPJ, le jeune est pris en charge par une équipe pluridisciplinaire, c’est-à-dire que
des personnes de professions différentes vont s’occuper de lui. Il y a des assistants sociaux,
des éducateurs, des surveillants, des psychologues mais aussi des formateurs ou des
professeurs qui viennent de l’extérieur. Dès son arrivée, il rencontre les assistants sociaux et
une équipe médicale pour faire le point sur sa situation. On va lui expliquer les raisons pour
lesquelles il a été placé en institution et lui donner toute une série d’informations reprenant les
personnes de contact de son dossier comme par exemple le juge responsable, la personne de
référence au SPJ ou les coordonnées de son avocat . Ensuite, il est mis en contact avec son
éducateur référent. Le jeune est en contacts avec plusieurs éducateurs mais l’éducateur
référent est celui avec qui il va avoir des contacts privilégiés pour construire son plan
individuel d’intervention. Ces étapes sont à mon avis utiles pour qu’il puisse prendre
conscience des choses, qu’il comprenne pourquoi il se retrouve là et comment il peut faire
pour s’en sortir.

On va établir avec lui un plan d’intervention, qui est, comme prévu dans les valeurs de base
des IPPJ, individuels. Dans ce plan, on va fixer des objectifs avec lui. Il va ensuite faire une
sorte de bilan des connaissances pour qu’on puisse situer son niveau scolaire. L’éducation est
un acte très important pour la réinsertion. En plus, le fait de reprendre l’école ou de
commencer à suivre une formation peut contribuer à les motiver et aussi leur donner un cadre.

Selon Mr Essabri, la construction du plan d’action avec le jeune se fait de cette manière :

12
« C'est avec son référent et tous les deux, ils vont voir ce qu'il peut faire. S'il veut trouver un
internat ou s'il veut être en autonomie. En autonomie, il faut trouver un appartement. S'il veut
trouver un travail. C'est lui qui doit trouver son projet et puis nous autre on est là pour
l'aiguiller et le faire développer. »

On voit ici l’importance d’inciter le jeune à l’action, les équipes vont l’encadrer, le motiver et
lui donner les outils nécessaires pour monter son plan de réinsertion mais c’est à lui de
réfléchir à ce qu’il souhaite faire et c’est sa responsabilité de faire les démarches pour y
arriver.

En parallèle, il y a aussi la participation à toute une série d’activités qui est prévue. Ces
activités peuvent aller de la pratique d’un sport à la participation aux tâches ménagères
collectives. C’est une façon d’apprendre à vivre en groupe et de respecter les autres et son
environnement mais aussi de les responsabiliser puisqu’ils doivent s’engager à faire quelque
chose et s’ils ne le font pas, il y a des conséquences pour tout le groupe ( si par exemple un
jeune est en charge de la vaisselle et qu’il ne la fait pas, c’est tout le groupe qui se retrouve
pénalisé puisqu’il n’y aura pas de vaisselle propre pour le repas suivant). Les jeunes qui sont
placés reçoivent aussi de l’argent de poche qu’ils doivent gérer, c’est aussi une façon de les
responsabiliser puisqu’ils doivent faire attention à la manière dont ils dépensent cet argent.

Concernant le déroulement des journées, Mr Essabri m’a expliqué que « : La semaine, à huit
heures du matin, ils sont levés. Ils vont prendre leur douche. D’abord, on les lève à huit
heures du matin, ils se brossent les dents, ils prennent leur douche, ils doivent ranger leur
chambre, vider leur poubelle. On vérifie si la chambre est bien rangée. Maintenant, quand ils
prennent leur douche, il y en a beaucoup qu’on doit surveiller parce que quand ils ne savent
pas se laver, ils se mettent en dessous de l’eau et puis c’est bon. Il y en a beaucoup quand ils
viennent, question d’hygiène, c’est compliqué. »

Comme le décrit Mr Essabri dans cet extrait, toutes les activités sont planifiées, c’est-à-dire
qu’il y a un horaire à respecter. Les heures pour se lever, pour les douches, pour les repas sont
définies. Ce rythme imposé, c’est aussi une hygiène de vie qu’on leur apprend comme manger
à heures fixes ou veiller à son hygiène corporelle. C’est une manière de pouvoir leur apporter
une structure qu’ils n’ont pas toujours dans leur vie extérieure.

Ils ont également l’obligation de se rendre à certaines activités plus scolaires, toujours en
respectant un horaire imposé : « Il y a une classe d’habilité sociale, une classe de cours
généraux, sport et arts et manuels. Habilité sociale, on leur apprend à répondre au

13
téléphone, à écrire un courrier, faire une lettre, écrire sur une enveloppe l’adresse
correctement. Cours généraux, c’est français, math et un peu géographie, histoire. Art
manuel, ils font des dessins, des poteries, toute sorte de trucs. Et alors sport, ils ont une salle
de sport avec un prof de gym et on leur apprend toute sortes de sports. Et alors, c’est par
groupes de deux ou de trois. »

Quand les jeunes ne respectent pas le R.O.I, ils peuvent être sanctionnés. Par exemple un
jeune qui serait en possession d’un objet non-autorisés ou qui ne respecterait pas un horaire de
sortie peut être puni. Mais de la même façon, si un jeune a un comportement positif, il peut
aussi être récompensé par exemple en pouvant participer à une activité particulière ou en
ayant droit à un appel à sa famille. C’est aussi une façon de responsabiliser dans la mesure où
ils savent que s’ils agissent mal, il y aura des conséquences négatives et à l’inverse que s’ils
agissent bien, ils y aura des récompenses positives. Le fait qu’il puisse participer à
l’élaboration de son plan d’intervention, est aussi une manière de lui faire prendre conscience
d’une série de choses. Si il s’engage à faire quelque chose dans son plan, il sait qu’il va devoir
respecter son engagement.

Régulièrement, il y a des rapports qui sont envoyés au juge qui est la personne qui décide de
la suite des événements pour le jeune. Le juge pourra alors prolonger le séjour en institution
ou envisager un retour dans la famille si c’est envisageable ou envisager un placement en
autonomie si ce n’est pas possible de lui faire réintégrer son environnement familial. Le
comportement des jeunes est évalué en permanence par les différents acteurs de l’IPPJ :
« Toutes les semaines il y a une réunion et alors on cote les jeunes tous les jours. Moi je vais
dire ce jeune très bien, bon comportement, puis l’assistante sociale demande il est venu chez
moi, pas trop pour collaborer, la psychologue aussi, il ne m’écoutait pas, il s’en foutait, donc
on a des réunions avec les chefs de section, tous les profs, éducateurs et le PMS et chacun, on
donne notre avis sur les dix jeunes qui sont là. Puis le mardi, le jeune est appelé, un par un et
on explique ton comportement, là ça été, là ça n’a pas été, là c’est moins bien, donc tu seras
en rouge, en orange ou en vert. ». Il n’y a pas que pendant ces réunions que le cas des jeunes
est discuté, il arrive parfois qu’un éducateur ou un agent contacte les psychologues ou les
assistants sociaux s’ils constatent un problème ou un changement dans l’attitude d’un jeune.

A un autre niveau, il y a également des contacts entre les accompagnants de l’IPPJ et les
familles des jeunes. Ils sont informés de la manière dont les choses vont se dérouler pour lui
mais c’est aussi parfois une manière de les aider à préparer le retour du jeune chez lui.

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Certains parents semblent être dans le déni ou sous l’influence du jeune, d’autres sont parfois
dépassés par la situation au point de refuser d’envisager un retour à domicile.

A ce sujet, Monsieur Essabri explique de quelle manière l’entourage peut jouer dans le
processus : «L’entourage (…). La famille, les parents qui ne s’en occupent plus. Les parents,
ils sont dépassés, donc ils laissent sortir son jeune la nuit, on pense qu’il y a certains parents,
ça les arrange. Quand il y a son fils qui rentre avec une télévision de 120cm ou même de
l’argent, ça aide la famille mais ils laissent faire, ils ferment les yeux. On a déjà eu des
familles qui rentraient de la drogue chez nous, donc la maman qui apporte de la drogue pour
son fils. Des fois, c’est … Il y a des parents qui ont peur de leurs enfants »

Les échanges avec les familles sont aussi importants dans la construction du plan du jeune. Si
l’entourage joue un rôle dans l’entrée en délinquance, il semble évident qu’il faut en tenir
compte dans le processus de sortie également. Dans certains cas, ne pas laisser un jeune
rentrer chez lui mais l’aider à se mettre en autonomie peut être un élément déterminant au
même titre que de l’encadrer et lui donner un rythme de vie pendant son placement.

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Conclusion

Quand j’ai commencé mon travail, mon hypothèse de départ était que si un jeune délinquant
est correctement aidé alors il ne restera pas dans la délinquance. Ce travail m’a permis de
comprendre l’importance non seulement de l’encadrement mais aussi celui de l’entourage
ainsi que de la communication dans le travail avec les délinquants. J’ai aussi compris la
nécessité d’une prise en charge pluridisciplinaire. Cette forme de prise en charge permet de
mieux comprendre la situation dans laquelle se trouve le jeune dans sa globalité et les
échanges entre les différents intervenants peuvent mettre en lumière ou résoudre certaines
difficultés rencontrées par le jeune dans son travail personnel et dans sa réinsertion .

A la lumière de certains des témoignages que j’ai pu lire et de mon entretien avec Mr Essabri,
je pense devoir apporter une nuance à mon hypothèse de départ qui, selon moi, ne prenait pas
suffisamment en compte un élément essentiel, à savoir la volonté du jeune à s’en sortir. Au-
delà d’une aide matérielle pour lui permettre de mettre en place un plan d’action et lui
permettre de le réaliser, il est aussi important de veiller à contribuer au renforcement de cette
volonté d’aller de l’avant. Si le jeune n’adhère pas au programme mis en place, il ne fournira
pas les efforts nécessaires à sa réalisation. La motivation joue un rôle de moteur essentiel sans
lequel il ne peut pas avancer. Je pense que c’est ce qui explique que certains jeunes s’en
sortent plus facilement après s’être mis en couple ou après avoir trouvé un travail.

J’ai également découvert que la communication est importante à plusieurs points de vue :
entre les encadrants, entre les encadrants et la famille mais surtout envers les bénéficiaires.
Tout d’abord, elle va permettre de vérifier la bonne compréhension des choses : la famille
et/ou le jeune ont-ils conscience de la problématique dans laquelle ils se trouvent ? Ont-ils
compris ce qu’un jugement impliquait ou en quoi consistent les conditions imposées ? Elle
peut également avoir un rôle préventif. Mr Essabri prenait dans son entretien l’exemple d’un
jeune qui n’en pouvait plus du centre et envisageait de fuguer. Il en va de même pour un jeune
qui subirait des pressions familiales ou au sein de l’IPPJ. Pouvoir en parler avec lui, ainsi
qu’avec les autres intervenants, peut désamorcer la situation. Pour que le communication soit
optimale, il faut trouver une juste distance et mettre de côté toute forme de préjugé. Je pense
que trouver la bonne distance sera un défi important de ma pratique professionnelle. Je devrai
pouvoir me mettre au niveau de mes bénéficiaires pour comprendre ce la situation et instaurer

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un climat de confiance mais aussi poser des limites très claires. Je pense que c’est aussi une
façon de se protéger dans un milieu où je serai parfois confrontée à des cas difficiles.

Lors de l’entretien, mon attention a été attirée par un point particulier. Mr Essabri m’a
expliqué qu’ils étaient confrontés à un nouveau profil de délinquants qu’il définit comme
étant « les djihadistes ». Ma première réaction a été de me demander ce que des jeunes décrits
comme tels faisaient en IPPJ. Mes connaissances en la matière se résument à quelques articles
et aux récits faits dans la presse. Je m’interroge sur la prise en charge des jeunes visés par des
faits de radicalisation. Mr Essabri relatait que pour certains faits, tels que les faits de mœurs, il
conseillait aux jeunes de ne pas en parler. Qu’en est-il dans ce cadre de radicalisation ? Doit-il
y avoir une attention plus particulière dans leurs relations avec les autres, au risque
d’accentuer « l’étiquette » qu’ils portent ? Je me demande s’il existe des formations
particulières pour permettre de comprendre le phénomène, surtout chez les jeunes.

Pour conclure, la réalisation de ce travail m’a conforté dans mon choix d’orientation. Je suis
consciente que ce n’est pas le chemin le plus facile pour moi. De plus, la fonction peut
également être parfois ingrate ou mal considérée. Les jeunes n’accepteront peut-être pas
toujours l’aide que je souhaiterais leur apporter et les résultats ne seront peut-être pas toujours
une grande réussite. Toutefois, je reste convaincue de l’utilité du rôle d’éducateur dans le
travail avec les jeunes en situation de précarité. C’est la raison pour laquelle c’est avec
beaucoup de motivation que j’entamerai un bachelier d’éducatrice spécialisée en
accompagnement psycho-éducatif à la rentrée prochaine.

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Bibliographie

FAGET Jacques, « Sociologie de la délinquance et de la justice pénale », Erès, 2013


GAVRAY Claire et VETTENBURG Nicole « La délinquance juvénile autorévélée : le cas de la Belgique » ,
2007 ? Carrefours de l'éducation.

JASPART Alice « Aux rythmes de l’enfermement » , 2015, Bruylant.


MUCCHIELLI Laurent, « Sociologie de la délinquance », Armand Colin, 2018.

Articles en ligne

BELGA, « Procès de l’assassinat de Valentin Vermeesch », lesoir.be, consultation en ligne


DRAGONNIER Eric, « Emeutes du 13 mars 2021 à Liège », RTBF.be, consultation en ligne

GABRIEL E., SIMON C., CAUDRON D., “ Guillaume, 22 ans, a été tabassé par des mineurs à Liège »,
RTLinfo, Consultation en ligne.

https://statistiques.cfwb.be/aide-a-la-jeunesse/jeunes-ayant-commis-des-faits-qualifies-
infractions/faits-reproches-aux-jeunes-pris-en-charge-en-ippj-et-par-les-services-publics-
daccompagnement, consultation en ligne

VAZ Edmund et BARON Stephen, « Délinquance juvénile », publié le 15 mars 2012, consulté en ligne.

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Annexes

Entretien du 10 janvier 2024

Emilie : Donc est-ce que vous pouvez vous présenter en quelques mots s'il vous plaît ?

Mr Essabri : Moi je suis surveillant à l’IPPJ de Fraipont, donc il y a des surveillants, des
éducateurs et les profs et alors le PMS, PMS : assistantes sociales et les psychologues aussi

Emilie : Pouvez-vous m'expliquer en quelques mots en quoi consiste votre métier ?

Mr Essabri : Nous autres, voilà, on est là pour l'accueil des jeunes. Quand il vient chez nous
donc, on lui explique ses droits, comment ça va se passer chez nous autre, si il vient la
semaine, il aura un membre de la direction qui viendra le voir, quand il vient le week-end,
c'est plus compliqué. Parce que quand ils viennent chez nous, ils restent trois jours en
chambre de réflexion. On ne les met pas directement dans le groupe avec les autres jeunes qui
sont là depuis plusieurs semaines, plusieurs mois. Donc le premier jour, il va rester tout seul
pour déjeuner, dîner et souper. Il n'aura aucune activité extérieure. Le deuxième jour, il va
déjeuner tout seul, midi il mangera seul, le soir il sera dans le groupe. Il aura sport individuel.
Et le troisième jour, il pourra le matin manger avec le groupe, midi il sera toujours tout seul,
le soir avec le groupe et il aura sport collectif.

Puis après ça, c’est trois jours d’intégration comme on appelle chez nous, il sera dans le
groupe avec les autres gens.

Emilie : D’accord, selon vous, est-ce que c’est un métier facile au quotidien ?

Mr Essabri : Au quotidien, non. Moi comme je dis, si on va là, c’est presque une passion
voilà. On sait qu’ils sont là pour des faits de délinquance, moi je ne suis pas le juge, c’est pas
à moi de les juger, nous autre, on est là, ils rentrent chez nous avec de la haine, si il ressort de
chez nous, il doit sortir avec moins de haine. S’il ressort avec plus de haine, on n’aura servi à
rien. Notre but, c’est qu’ils s’en sortent.

Emilie : Est-ce que votre métier vous semble utile et si oui, pourquoi ?

Mr Essabri : Oui, utile oui, pour nous, oui, nous sommes utiles. Et pourquoi, on se dit si on
peut le sortir de sa délinquance et qu’il nous envoie un courrier, qu’il nous téléphone, qui

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vient nous rendre visite pour dire : voilà, j'ai une copine, je vais être papa, j'ai trouvé du
boulot, j'ai trouvé un appartement, j’ai passé mon permis, voilà pour nous autres, c’est utile.

Emilie : C’est une fierté ?

Mr Essabri : Oui, voilà, même si c'est très peu en pourcentage de réussite, mais le moindre
courrier qu’on reçoit, on est contents, on a quand même réussi, pour nous et pour la société,
parce que maintenant il sera à l'extérieur et ce ne sera pas un poids pour la société.

Emilie : Pourquoi avez-vous choisi d’exercer au sein d’une IPPJ ?

Mr Essabri : J’ai pas trop choisi, il y a eu des examens pour rentrer en IPPJ, j'ai passé les
examens, j'ai réussi et puis voilà. Je ne savais même pas trop que ça existait moi les IPPJ. Et
puis une fois que j’ai été dedans, ça m’a beaucoup plu. Voilà on a des fois plus d’affinités
avec certains jeunes d’une famille, qui vient d’une famille qui est vraiment malheureux, on a
un peu plus d’affinités, on sera un peu plus vers eux que d’autres jeunes qui d’après les faits
qu’ils ont fait, on peut les juger, on ne devrait pas mais, c’est plus compliqué, on va dire
comme ça. Des faits de mœurs, des gens qui viennent chez nous avec des faits de mœurs,
maintenant, à cet âge-là, des faits de mœurs, c’est qu’il y a la famille qui .. Souvent, les faits
de mœurs chez nous se font très jeunes, ils ont treize ou treize ans, quatorze ans … C’est
compliqué. Mais on se dit qu'on peut les sauve, on peut les sortir de ça mais, oui il faut les
écarter de la famille.

Emilie : Du coup, on passe au deuxième thème : comment fonctionne dans les grandes lignes
une IPPJ, surtout celle de Fraipont du coup.

Mr Essabri : Le jeune, voilà, il arrive chez nous, ici, j’ai un fascicule, tu pourras regarder, tout
est mis dedans. Donc il arrive chez nous, on lui lit ses droits puisque là, ils ont des droits, de
plus en plus de droits maintenant aussi malgré les faits qu’ils font et donc on lui explique, il
peut faire appel, il a 24 heures pour faire appel. Il peut faire appel à son avocat, des fois on
leur dit que ça ne sert à rien de faire appel parce que son juge sera peut-être encore un peu
plus furax d’après les faits qu’il a fait donc on lui dit « à mon avis, ne fait pas appel parce que
tu risquerais d’être prolongé un peu plus longtemps ». C’est ce qu’on leur explique quand ils
viennent.

Emilie : Pouvez-vous m'expliquer la différence entre le niveau ouvert et le niveau fermé ?

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Mr Essabri : Alors, ouvert, après, je pense 3 ou 4 semaines, ils peuvent partir en famille le
week-end. Ils peuvent sortir un week-end si ils ont eu un bon comportement pendant la
semaine. Parce qu’il y a des cotes chez nous.

Emilie : c’est un peu comme des permissions de sortie.

Mr Essabri : c’est ça oui. Si ils ont fait une bonne semaine, ils pourront sortir, si il y a eu une
bagarre, si il n’a rien fait pendant la semaine, il sera coté rouge donc il ne sortira pas, il devra
rester. Et en ouvert, ils ont plus facile à fuguer. Voilà, si un jeune il part, il fugue, des fois ils
nous préviennent, il dit « voilà, j’en ai marre, je vais partir ». On essaie de les raisonner
verbalement, avant on courait après eux, ça maintenant moins parce que, s'il y a une
autoroute, un chemin de fer ou un pont, ils vont sauter et s’il arrive quelque chose, le
responsable ce sera nous autre. Donc on essaie de le raisonner de dire de rester, d'en parler un
petit peu avec la psychologue ou l’assistante sociale ou les éducs.

En fermé, dès qu’ils rentrent chez nous, pendant six semaines, ils ne peuvent pas sortir. Puis
après six semaines, ils passent devant le juge. Chaque jeune a un éducateur référent, on lui
met un éducateur et c’est avec lui qu’il doit faire son travail, parce qu’ils ont un projet. Quand
ils rentrent chez nous, ils ont un projet … Après 6 semaines, ils passent chez le juge et
l’éducateur référent explique au juge qui dit « ok, il peut sortir » ou alors qui dit qu’il ne peut
pas, que c’est trop risqué, qu’il pourrait fuguer. Et si ils sortent, c’est une balade à vélo, au
cinéma, piscine, au théâtre … Si ils sont bien cotés aussi parce que chez nous, tous les jours
ils sont cotés, après les cours généraux, les cours de sport et puis une fois par semaine, on leur
met des cotes et ils peuvent avoir un avantage, c’est les coups de téléphone. Quand ils
viennent chez nous, ils ont droit à 3 coups de téléphone maximum pour la semaine. Avec un
bon comportement, ils peuvent aller jusqu’à 5 coups de téléphone. Ils peuvent avoir un MP3.
Après, c’est une sortie cinéma, karting, piscine, ….

La différence, ouvert, ils sont plus libres que chez nous. Quand ils rentrent chez nous, ils sont
très mal les jeunes. Quand ils voient l’enfermement qu’il y a chez nous, c’est vraiment des
murs, ce sont … il n’y a pas de réseaux, ce sont des vitres pare-balles, triple vitrage et puis les
murs, ce sont des murs très épais et ils ne savent pas escalader.

Emilie : Comme à Lantin ?

Mr Essabri : Presque oui.

Emilie : Est-ce qu’il y a un profil « type » des jeunes qui arrivent chez vous ?

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Mr Essabri : Il y en a certains des jeunes qui viennent chez nous, on le voit après quelques
heures, on sait qu’ils vont faire profil bas, pendant 3 mois – Ils sont minimum 3 mois chez
nous, enfermés – et eux, ils vont faire le boulot au maximum pour qu’ils puissent sortir, parce
que ce sont de vrais délinquants qui vont reprendre leur business quand ils vont sortir mais ils
se tiennent bien, ils ont un très bon comportement. Et alors, il y a des profils de meneurs,
quand on les voit, on les repère chez nous, eux, on essaie de les mettre un peu à l’écart par
rapport aux autres qui risqueraient vite de se faire embobiner par ceux-là.

Sinon, le profil, ils se ressemblent presque tous. Il y en a qui sont plus faibles, on voit qu’ils
sont plus faibles donc on leur dit, on va être plus attentifs mais pas pendant les trois mois, il
faut trouver ta place et te faire respecter aussi.

Emilie : Est-ce que vous êtes confrontés à un taux élevé de retour pour des récidives ?

Mr Essabri : Elevé non, mais quand même. Des fois nous autres, on se demande même
pourquoi le juge, il ne comprend pas. Parce qu’on a fait un boulot avec eux, parfois, ils sont
même prolongés 6 mois ou 9 mois et puis ils sortent parce qu’on leur a trouvé soit un
appartement ou un internat, une école, un boulot et puis …. Bien souvent ils disent « voilà,
j’ai trouvé une école ». Une école, c’est bien mais il faut y aller ! Et puis la juge les remet
chez nous, et je me dis que ça ne sert à rien, qu’on ne pourra presque plus travailler avec eux.
Donc, biens souvent, soit ils sont dessaisis, donc on les met à Saint-Hubert jusqu’à leur
majorité puis ils seront jugés.

Emilie : Saint Hubert ? C’est quoi ?

Mr Essabri : C’est un genre d’IPPJ mais ceux qu’on met là, c’est qu’ils vont passer au juge
pour adultes. Puisque chez nous, ils sont toujours mineurs et si le juge dit qu’il ne peut plus
rien faire, ils partent. Il y a des gros cas chez nous, on va les garder et puis ils vont les mettre
là. Aucun projet, ça ne sert à rien de faire un projet parce que la juge a dit non, lui, les faits
qu’il a fait, il va passer chez les adultes. On ne va pas les garder chez nous. Des faits de
crimes, meurtres, des trucs très durs quand même.

Emilie : Quels sont d’après vous les principaux facteurs qui peuvent conduire les jeunes à la
délinquance ?

Mr Essabri : L’entourage beaucoup, beaucoup l’entourage. La famille, les parents qui ne s’en
occupent plus. Les parents, ils sont dépassés, donc ils laissent sortir son jeune la nuit, on
pense qu’il y a certains parents, ça les arrange. Quand il y a son fils qui rentre avec une

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télévision de 120cm ou même de l’argent, ça aide la famille mais ils laissent faire, ils ferment
les yeux. On a déjà eu des familles qui retraient de la drogue chez nous, donc la maman qui
apporte de la drogue pour son fils.

Des fois, c’est … Il y a des parents qui ont peur de leurs enfants. Il y a son fils qui lui
téléphone, tu viens me rendre visite samedi, je veux que tu m’apportes un Quick ou des Nike
comme ceci, un polo comme cela et les parents ils disent oui. Quand on voit les parents, on
dit, il ne faut pas écouter tout ce qu’il vous dit. « Oui, mais il est malheureux » … Ou alors les
parents viennent et ils disent « mon fils, il est gentil » … Oui, mais il n’a pas aidé une vieille
dame à monter dans le bus si il est ici. Si il est ici, c’est qu’il a fait des faits de délinquance
quand même. « Oui, mais c’est pas de sa faute » .. On sait bien, c’est pas de sa faute, bien
souvent, c’est l’injustice, c’est les policier, c’est pas normal, c’est la police qui s’est trompée
… C’est très souvent, on est souvent confrontés à ça avec les parents.

Emilie : On va passer au troisième thème. Donc, c’est la prise en charge des jeunes. Comment
se passe une journée type pour un jeune qui est là depuis plusieurs semaines ? On va dire qui
est bien ancré dans l’IPPJ.

Mr Essabri : La semaine, à huit heures du matin, ils sont levés. Ils vont prendre leur douche.
D’abord, on les lève à huit heures du matin, ils se brossent les dents, ils prennent leur douche,
ils doivent ranger leur chambre, vider leur poubelle. On vérifie si la chambre est bien rangée.
Maintenant, quand ils prennent leur douche, il y en a beaucoup qu’on doit surveiller parce que
quand ils ne savent pas se laver, ils se mettent en dessous de l’eau et puis c’est bon. Il y en a
beaucoup quand ils viennent, question d’hygiène, c’est compliqué.

Emilie : il y a une éducation à refaire sur certains points

Mr Essabri : Puis alors, ils déjeunent, tous ensemble, ils sont par groupes de deux les tables. Il
y a tous les jeunes plus les éducateurs qui sont là. Déjeuner, c’est café, du thé choco, sirop,
confiture, des kellogs aussi. Le week-end, ils ont le dimanche pains au chocolat et croissants
le matin.

De là, ils sont dispatchés dans les classes. Il y a une classe d’habilité sociale, une classe de
cours généraux, sport et arts et manuels. Habilité sociale, on leur apprend à répondre au
téléphone, à écrire un courrier, faire une lettre, écrire sur une enveloppe l’adresse
correctement. Cours généraux, c’est français, math et un peu géographie, histoire. Art manuel,
ils font des dessins, des poteries, toute sorte de trucs. Et alors sport, ils ont une salle de sport

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avec un prof de gym et on leur apprend toute sortes de sports. Et alors, c’est par groupes de
deux ou de trois. Il y a quatre groupes, le groupe A, B, C, D. Le lundi, le groupe A après les
petit déjeuner, ils aura peut-être cours généraux, 50 minutes. Puis après le cours, une pause de
5 minute, cigarette, et puis ils changent de classe. On les met par deux ou par trois parce que
déjà, les garder 50 minutes sur une chaise ..

Emilie : Déjà des élèves comme nous, c’est compliqué …

Mr Essabri : Déjà dans une classe, c’est dur mais eux, c’est dur de les garder 50 minutes
concentrés et de leur faire faire un travail.

Ils ont droit à …. 6 cigarettes par jour, les heures sont bien mises chaque fois. Donc, ils ont
ces cours-là, jusque midi et demi. Midi et demi, ils dinent, ils ont un potage, un plat, un
dessert, puis après, c’est le fumus, ils vont fumer. Puis ils reprennent les cours, jusque 13h30-
13h45, jusqu’à ce que l’autre équipe d’éducateurs vienne. Là, on les sort de chambre. Ils ont
une salle de jeu aussi pendant les 10-15 mn avec billard, kicker, ping-pong, jeux de sociétés,
jeux de cartes.

Puis l’après-midi, ils retournent de nouveau aux cours, jusque 15h30. La, ils ont une collation.
Une collation, c’est un fruit, un yaourt, un chocolat. Ensuite, ils ont sport collectif alors là,
c’est tout le groupe. On a dix chambres chez nous. Donc tout le groupe, ils ont sport collectif
de 16h à 17h30. Ensuite, ils ont la douche, on les met en chambre pendant une heure et demi.
Ils ont une heure et demi de sieste, soit ils lisent, ils ont droit à des BD ou des livres, soit ils
écrivent … On les laisse ..

Emilie : C’est libre quoi

Mr Essabri : Oui, mais enfermés dans leurs chambres. On les sort à 18h30 pour le souper.
Donc c’est du froid, salade de thon, pêches au thon, du riz … Ensuite ils vont fumer et puis ils
sont en salle de jeux. A 20h, télévision, bien souvent, on leur demande de choisir un film, on a
toute sortes de dvd, on demande à un jeune de choisir un film. C’est un éducateur qui vient
avec une clé usb. Jusque 21h30, cigarette, ceux qui doivent prendre leur médication, ils
prennent leur cachet. A 21h45, en chambre.

Donc on les met en chambre et il y a le service de nuit qui vient. Souvent, on les laisse jusqu’à
minuit et puis à minuit, on passe voir si tout se passe bien et s’il est minuit et demi, une heure,
du matin, on lui demande de couper, l’éclairage. On sait couper l’éclairage de l’extérieur. Et

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puis, pendant la nuit, il faut les surveiller. Donc toutes les heures, toutes les heures et demi …
Parce qu’il y a déjà eu plusieurs tentatives de suicide. Evasion, c’est plus compliqué.

Emilie : Oui parce qu’ils sont enfermés.

Mr Essabri : oui, puis les vitres, ce sont des vitres blindées mais bon, il y en a déjà qui ont
tapé sur la vitre et là, qu’est-ce qu’on fait, on appelle la police pour qu’ils viennent.

Donc voilà, ça, c’est une journée type d’un jeune.

Emilie : Quelle est la première chose que vous faites quand un nouveau jeune arrive. Du coup,
vous avez déjà expliqué, vous lui parlez etc… Mais est-ce qu’il y a autre chose qui est fait ?

Mr Essabri : Il arrive donc on lui explique vraiment le déroulement de l’IPPJ. Comment ça va


se passer ses premières journées, donc il sera en intégration pendant 3 jours, tout seul, la
psychologue qui viendra le voir, le membre de la direction, on lui donne un éducateur référent
et puis on lui remet un dossier qu’il peut lire et consulter et il voit comment ça se passe une
journée chez nous.

Emilie : En quoi consiste l’accompagnement des jeunes ? Qu’est-ce que vous faites avec ?
Donc vous m’avez parlé de projets, c’est des projets professionnels ou il y a d’autres …

Mr Essabri : C’est avec son référent et tous les deux, ils vont voir ce qu’il peut faire. S’il veut
trouver un internat ou s’il veut être en autonomie. En autonomie, il faut trouver un
appartement. S’il veut trouver un travail. C’est lui qui doit trouver son projet et puis nous aitre
on est la pour l’aiguiller et le faire développer.

Emilie : Est-ce qu’il existe plusieurs types d’accompagnement ? Il y a l’accompagnement de


trouver un projet mais est-ce qu’il y a des cas ou il n’y a pas de projet à avoir et il faut
redresser la barre au niveau scolaire, il faut, je ne vais pas dire changer l’éducation mais
refaire quelque chose pour qu’il y ai un changement ?

Mr Essabri : Oui, nous autre, il y a une cellule extérieure, si par exemple un jeune, on lui a
trouvé un internat ou un école, il y a une cellule extérieure qui va suivre ce jeune. On va dire
voilà, celui)la tu peux le suivre et il va aller à l’école, il va aller en famille voir si tout se passe
bien, si il suit bien les cours ou si il va bien chez son employeur si il est sous contrat. En
famille, si ça se passe bien avec la maman ou le papa. Il y a une cellule extérieure ou certains
jeunes sont suivis mais il y en a d’autres qui sortent et eux, on n’a plus de suivi. Biens
souvent, ils ont recommencé à faire leur délinquance et ils reviennent chez nous. Mais je le

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dis, les remettre chez nous, une deuxième fois, peut-être mais après, ça ne sert plus à rien, on
ne sait plus travailler avec eux.

Emilie : Il faut aller directement plus haut on va dire

Mr Essabri : Oui, ils seront jugés pour aller .. pour la prison. Il y en a certains, on dirait que
c’est leur carte de visite. Ils se disent, si je vais en prison, c’est presque comme s’ils avaient
une médaille quoi .. C’est triste. Mais beaucoup, on a des jeunes de chez nous qui sont partis
en prison et qui nous ont écrit et on garde ça pour les autres jeunes. Ces jeunes-là disent « je
ne vous ai pas écouté et c’est une grosse erreur quand je vois à Fraipont comme vous vous
êtes occupés de nous » ils sont en prison et ils sont avec des délinquants encore plus hauts et
c’est dangereux, ils disent même que c’est dangereux. Il y en a certains qui sont quand même
réfléchis dans les jeunes.

Emilie : Il y en a qui font peut-être ça parce qu’ils n’ont pas d’autre choix … C’est triste à
dire mais …

Quels sont les principaux délits auxquels vous êtes confrontés, comment les surnommez-
vous ? Donc la délinquance qu’ils vont faire, vols etc, est-ce qu’il y a …

Mr Essabri : Ces dernières années, c’est beaucoup la drogue. Déscolarisés aussi, ils n’y vont
plus. Et puis braquages, vols à mains armée, agressions, quelques viols et puis ici les derniers
moments un petit peu djihadistes aussi.

Emilie : Quelles sont les principales ressources mises à disposition des jeunes pour les aider à
se réinsérer de manière positive ?

Mr Essabri : On a l’éducateur référent, l’assistante sociale, psychologue qui eux font


beaucoup de travail avec eux. Assistante sociale et psychologue travaillent beaucoup avec
eux, justement pour essayer de trouver quelque chose, voir avec la famille. Parce qu’après x
semaines, il y a visites famille, donc on va voir la famille et on se dit, ok, oui, il pourra peut-
être retourner chez la maman ou chez le papa. Il y en a qui ne peuvent pas y retourner, soit la
maman est droguée, la papa alcoolique ou bien ils sont en prison, donc, ça, s’est difficile.
Prise en charge, l’éducateur référent et beaucoup le PMS, pour essayer de les guider au mieux
parce que c’est à eux de trouver le projet, mais nous autre, on est la pour les guider, de ce
côté-là ou de ce côté-là, pour essayer de trouver une porte de sortie correcte pour eux.

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Emilie : On passe au thème numéro quatre, pratique professionnelle et collaboration. Quelle
compétences personnelles et professionnelles considérez-vous comme essentielles pour
travailler efficacement avec les jeunes délinquants ?

Mr Essabri : Il ne faut pas avoir de préjugés sur les faits qu’ils ont fait. Ils sont là, moi au
début, j’avais plus dur avec les faits de mœurs, c’était plus compliqué à travailler avec eux,
mais quand on parle avec eux, ils sont attachants, ils nous expliquent. On demande toujours «
est-ce que tu veux m’expliquer comment s’est arrivé ? » puis bien souvent, c’est mon oncle
ou ma tante qu’il me dit si tu me fais une sucette, j’irai te chercher ça, un cadeau, ce que tu
veux, ce que tu aimes bien. Voilà, il y a mes parents qui regardent des films pornos à la
télévision, t’as le gosse qui est là et voilà, ça dégénère comme ça. Je pense que soit l’enfant
est malade, tu peux le soigner mais beaucoup, c’est à cause de la famille, ceux qui sont là-
dedans. Donc on ne doit pas avoir de préjugés sur ce qu’ils ont fait. Si même il y en a qui
arrache une chaîne à une vieille dame de 80 ans, que la chaine ne vaut rien, c’est plus
sentimental, avec la photo de son mari ou de ses enfants, petits-enfants qui sont dessus ….
C’est un peu dur mais on essaie de ne pas trop y penser, d’oublier et de travailler avec eux, de
les aider. Il y en a qui comprennent, qui se mettent directement au boulot mais il y en a c’est
fort compliqué. Ils ont la haine sur la société, ils ont la haine sur tout le monde, même sur
nous des fois. Parce que nous autres, on a le droit, on a le pouvoir de les punir. A l’extérieur,
les parents, ils ne les punissent pas, ils n’osent pas. Tandis que chez nous, on a le droit de les
punir. Les punitions, souvent, c’est une cigarette supprimée, tu n’iras pas fumer à 20h, t’iras
en chambre. Quand on les met en chambre à 20h, avant on pouvait fermer la porte, maintenant
on ne peut plus, elle doit rester ouverte, on ne peut plus les enfermer à 20h, on doit faire des
dossiers, rédiger des dossiers pour tout le monde, qu’avant, c’était beaucoup plus simple.
Maintenant, le droit des enfants, le droit des jeunes, ils ont pris beaucoup de valeurs les
jeunes. Mais leur punition , c’est ça ou bien on leur donne une tâche, on leur dit tu vas
nettoyer la salle de sport ou les vitres, c’est des punitions qu’on peut leur donner.

Emilie : Quelles stratégies mettez-vous en place pour établir une relation de confiance avec
les jeunes et les motiver à changer de comportement ?

Mr Essabri : On parle beaucoup. Quand ils rentrent chez nous, on n’est pas agressifs avec eux.
Même les faits qu’ils ont fait, on n’est pas agressifs, on leur parle, on dit : voilà si tu nous
respectes, on va te respecter et il n’y aura pas d’ennuis. T’auras pas de punition …

Emilie : Vous posez les bases

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Mr Essabri : voilà, directement on leur dit, si tu joues au petit malin, les plus forts, ce sera
nous, on aura le pouvoir de te punir et de te pourrir tes journées. Et on travaille comme ça
avec eux, on leur explique directement comment ça va se passer, c’est pour leur bien aussi.
Qu’ils passent 3 mois ici, minimum, parce que bien souvent, avant ils sortaient mais les juges
les prolongent de plus en plus. Donc si on passe devant le juge, qu’on dit que tu as eu un bon
comportement, tu pourras sortir plus rapidement.

Emilie : c’est une carotte ?

Mr Essabri : Oui.

Emilie : Comment les éducateurs collaborent-ils avec les familles des jeunes ?

Mr Essabri : Quand le jeune arrive chez nous, directement, on fait un courrier qu’on envoie à
la famille, la famille sait que son fils est ici et puis, on a visites-famille. Donc, on va rendre
visite aux parents, que ce soit la maman toute seule ou le papa, famille, et puis on leur
explique comment ça va se passer chez nous avec le jeune et eux ce qu’ils en pensent que leur
fils est chez nous. Et des fois les parents nous disent « moi, je ne le veux plus, qu’il reste qu’il
parte ou il veut » et avec eux on va devoir travailler pour trouver soit une famille d’accueil,
soit une autonomie, ce qu’on va pouvoir faire avec eux. On a même des parents, qui nous
téléphonent et qui disent mon fils, ça ne va plus, il ne nous écoute pas, il me frappe, est-ce
qu’on peut l’amener chez vous. Chez nous, c’est pas un centre de vacances, vous devez déjà
téléphoner à la police, la police va peut-être prendre votre fils et puis il passera devant le juge
et c’est le juge qui va décider si il vient chez nous ou s’il va ailleurs, dans une autre
institution.

Emilie : Comment se passe la collaboration avec les autres professionnels, donc les psys, les
travailleurs sociaux, est-ce que vous parlez entre vous.

Mr Essabri : Toutes les semaines il y a une réunion et alors on cote les jeunes tous les jours.
Moi je vais dire ce jeune très bien, bon comportement, puis l’assistante sociale demande il est
venu chez moi, pas trop pour collaborer, la psychologue aussi, il ne m’écoutait pas, il s’en
foutait, donc on a des réunions avec les chefs de section, tous les profs, éducateurs et le PMS
et chacun, on donne notre avis sur les dix jeunes qui sont là. Puis le mardi, le jeune est appelé,
un par un et on explique ton comportement, là ça été, là ça n’a pas été, là c’est moins bien,
donc tu seras en rouge, en orange ou en vert. Maintenant, quand ils sont rouges, ils sont
frustrés parfois. Quand ils sont trois fois en rouge, ils sont en réintégration donc c’est comme

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si ils rentraient donc de nouveau, ils seront seuls pendant toute la journée et puis ils auront le
petit déjeuner ensemble, le sport ensemble , voilà. Mais on se voit toute la semaine toute
l’équipe mais parfois, même la semaine, on va trouver la psy ou l’assistante sociale pour dire
voilà, je vois qu’un tel n’est pas très bien, est-ce que tu l’as vu, est-ce que tu saurais le voir,
on essaie de s’occuper beaucoup d’eux. Même les jeunes des fois viennent nous trouver, on
essaie de les rassurer, d’expliquer, de prendre son mal en patience …

Emilie : Vous prenez un peu le rôle de papa / maman le temps qu’ils sont là ?

Mr Essabri : Oui.

Emilie : Donc là, on est au dernier thème donc c’est évaluation et pistes de réflexion, donc
c’est surtout pour ma part. Quels sont les principaux facteurs qui peuvent contribuer à ce
qu’un jeune sorte de la délinquance ?

Mr Essabri : C’est compliqué ça … On en a quelques-uns qui sont sortis de la délinquance,


qui nous ont remercié et tout ça, on a travaillé avec eux, comme on a travaillé avec les autres,
il y en a qui sont plus compréhensifs, qui vont continuer à travailler avec nous, on va essayer
de trouver ce qui va aller le mieux pour lui. Se trouver un employeur, une école, une famille
d’accueil, en autonomie, maintenant pour qu’ils s’en sortent, bien souvent, c’est de les écarter
de la famille. S’ils habitent Bruxelles, on va essayer de trouver un autre endroit que Bruxelles
ou il va trouver tous ses amis ooù il sortait le soir et sa famille, on va essayer de trouver un
endroit ou il peut aller, si bien sur le jeune est d’accord aussi.

Emilie : Avez-vous observé une évolution du suivi des jeunes avec les années et si oui quelle
est l’évolution ? Donc il y a peut-être moins de jeunes qui viennent parce qu’il y a moins de
délinquance ou à l’inverse, beaucoup plus de jeunes qui viennent pour des faits plus graves
etc …

Mr Essabri : Nous autres, par rapport à avant, on avait plus de jeunes sur un an, maintenant
les jeunes restent beaucoup plus longtemps, ils restent 6 mois – 1 an. Je trouve que c’est
même beaucoup, un jeune qui reste un an chez nous, parce que s’il ne fait pas des progrès, je
ne pense pas que le lendemain, le surlendemain, il va en faire. Maintenant, le mettre dehors,
pour la société, ça peut être dangereux. Il est chez nous, il ne fait pas des délits dehors. Pour
moi, la délinquance à évolué surtout dans la drogue par rapport à avant, je crois qu’on avait
vraiment de vrais délinquants, quand je dis des vrais délinquants, des vols à main armée,
home-jacking, car-jacking, c’était quand même des trucs beaucoup plus durs, maintenant c’est

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surtout drogues, déscolarisés, djihadistes qui viennent et je trouve que les vols c’est plus, ils
vont aller voler une boulangerie pour prendre 50€. Maintenant, je pense qu’on a beaucoup de
réserve de jeunes, on voit la réserve de jeunes pour chez nous, en plus en section fermée qui
est quand même assez longue, ce sont des délits, c’est comme ça, vol de voitures .. Mais on a
quand même aussi maintenant des tentatives de meurtres quand même qui viennent très
jeunes. Quand on voit des fois les dossiers qui reviennent de chez le juge, quand on lit le
dossier à l’âge qu’ils ont, c’est quand même ..

Emilie : Ils ont maximum 18 ans

Mr Essabri : Là, si ils ont 18 ans, ils prennent 20 ans, 25 ans de prison

Emilie : Oui, oui mais en général, c’est maximum 18 ans dans les IPPJ à part si il y a une
circonstance atténuante et ils peuvent rester un peu plus longtemps, c’est ça ?

Mr Essabri : Oui, mais s’ils restent plus longtemps, c’est pas beaucoup. On va les garder
jusqu’à ce qu’il y ai une place à St Hubert et ils vont passer au tribunal adultes et là, ils vont à
Lantin, Forêt, dans une prison.

Emilie : Savez-vous de quelle manière est mesurée l’efficacité des interventions éducatives
mises en place pour diminuer la récidive ?

Mr Essabri : ça, je ne sais pas du tout.

Emilie : pas de soucis. Quelles est la recommandation que vous ferriez pour améliorer le
système de la prise en charge ?

Mr Essabri : Avant, on avait plus de droits avec les jeunes. Tout ce qui était punition déjà.
Avant, on pouvait les punir un peu plus facilement, que maintenant …. L’ancienne directrice,
elle venait, on faisait de l’isolement. Quand on met un jeune à l’isolement, c’est pour sa
sécurité, notre sécurité et la sécurité des autres jeunes parce qu’il est en furie, on le prend et
on le met à l’isolement et bien souvent la directrice disait « est-ce qu’on n’aurait pas pu
dialoguer un peu plus avec le jeune » Moi, je veux bien dialoguer pendant ¼ d’heure mais pas
pendant 3 heures, si pendant 20 mn il te traite de f… de p…, e….., Je vais te tuer, je vais
n…..ta mère, on doit le prendre et le mettre à l’isolement pour le séparer des autres jeunes.
L’isolement, c’est la même chambre qu’ils ont mais il n’y a rien dedans, pas de bd, pas de
livre, pas de mp3, ils ont juste leur matelas et leur couverture.

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Emilie : Quelles sont les recommandations que vous ferriez à un étudiant qui souhaiterait
entamer une carrière comme la vôtre ?

Mr Essabri : Bon Courage !

Voilà, moi j’aime bien, j’aime bien le métier que je fais, j’aime bien de parler avec les jeunes,
de leur expliquer, de leur dire que l’âge qu’ils ont, c’est la plus belle jeunesse, moi quand
j’avais ton âge, c’est vraiment les plus belles années que t’es en train de gâcher. T’es ici en
train de ne rien faire alors que tu pourrais être dehors et faire plein de trucs. Le garçon/ la fille
qui veut travailler en IPPJ, il faut aimer, déjà ça, il faudra pas les juger, il faut se dire, je peux
les sortir de là et même si on en sort un sur 60-70 ou 80, on est contents. On va se dire, voilà,
j’ai quand même réussi mon taf, j’ai réussi à faire sortir ce jeune-là de la délinquance. Je dis,
c’est un beau métier, on a un beau métier, c’est plaisant parce que on a plusieurs jeunes, c’est
diversifié, les faits qu’ils font, la délinquance qu’ils font, ils faut savoir travailler avec ces
jeunes différemment, avec un djihadiste ou un qui a des faits de mœurs, il faut travailler
différemment. Chez nous, ceux qui ont des faits de mœurs, on leur dit de ne pas le dire aux
autres jeunes parce que même si ce sont des délinquants, ça, ça va être très mal vu, même
entre eux, on doit plus les surveiller pendant quelques semaines. Je dis, c’est un beau métier,
pour une femme, des fois on va se dire que ça pourrait être un peu plus compliqué, chez nous,
on a assistante sociales, psychologues, c’est des femmes, on a des éducatrices, et elles sont
fort respectées, bien souvent, quand il y a une femme qui travaille, quand on mélange un
homme et une femme, beaucoup, ils seront plus respectueux avec la femme. Pas tous, il y en a
certains qu’il faut faire attention parce qu’ils sont un peu excités aussi quand ils voient une
fille et il y en a qui ne veulent pas qu’une fille leur donne un ordre, même à cet âge-là. Mais
toutes les femmes qui travaillent chez nous sont fort respectées. On a rarement eu des soucis
de se dire c’est une telle qui va travailler, faut regarder un peu plus. Maintenant, s’il y a un
isolement à faire qu’il y a une femme, c’est plus compliqué, c’est quand même des jeunes, il y
en a qui sont bien bâtis, même nous, il y en a qu’on voit arriver on se dit si un jour on doit
faire un isolement, faudra être costauds mais on est toujours à plusieurs. Quand on fait des
isolements, ce qu’il faut regarder, ce sont les autres jeunes, bien souvent ils ne sont pas
d’accords. Dernièrement, on a fait un isolement et encore bien que les jeunes étaient avec
nous, parce qu’ils ont séparés, ils sont restés sur le côté avec les autres jeunes, c’est quelqu’un
qui prend quand même 32 cachets par jour ce jeune)là, on n’était pas d’accord qu’il soit chez
nous, parce qu’on est pas formés, on n’est pas un hôpital psychiatrique et si un jour il manque
une médication à ce jeune-là, on ne sait pas ce qu’il va se passer et ce jour-là, c’est ce qu’il y a

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eu, il a pété un câble et on était 4 dessus pour le mettre à l’isolement parce que quand ils se
déchainent à 16-17 ans, c’est compliqué.

Merci beaucoup

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