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Patrick Loiseleur

De l’association

clés

Les violences
sexuelles
t e r. Ac c o mpag n e r.
Prévenir. Détec
Patrick Loiseleur
Vice-président de l’association

Les violences
sexuelles
D É T E C T E R . A C C O M PAG NER .
PRÉVENIR .
L’auteur

Patrick Loiseleur est ingénieur, musicien, et père de deux


enfants. Il est aussi vice-président bénévole de l’association
Face à l’inceste dont l’objectif est de protéger les enfants
de l’inceste et de la pédocriminalité. Les missions de cette
association sont :
– informer les survivants de l’inceste et leurs proches ;
– faire entendre la parole des victimes ;
– développer l’entraide ;
– former les professionnels (santé, police, justice, éducation,
travailleurs sociaux) ;
– agir pour un plan de prévention gouvernemental.
Voici quelques-uns des succès militants de l’association :
– retour de l’inceste dans le Code Pénal en 2016 ;
– allongement des délais de prescription pénale ;
– création du Collectif pour l’Enfance en 2018 ;
– participation à la Commission indépendante sur l’inceste
et les violences sexuelles sur mineurs (CIIVISE) ;
– instauration d’un seuil d’âge de consentement à 15 ans
(18 ans dans le cas de l’inceste) par la loi du 21 avril 2021.
Sommaire

INTRODUCTION . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
Comprendre les violences
Partie I sexuelles. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10

Partie II Les 10 clés. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28


CLÉ N°1 : MYTHES ET RÉALITÉS : FAISONS LA PART DES CHOSES. . . . . . . . . . . . . . . . . 30
CLÉ N°2 : RESTEZ VIGILANTS POUR DÉTECTER LES COMPORTEMENTS SUSPECTS. . . . . .34
CLÉ N°3 : SENSIBILISEZ LES JEUNES ENFANTS. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .37
CLÉ N°4 : INFORMEZ ET ÉCHANGEZ AVEC LES ADOLESCENTS. . . . . . . . . . . . . . . . . . .44
CLÉ N°5 : RESTEZ ATTENTIFS AUX SIGNAUX D’ALERTE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52
CLÉ N°6 : ÉCOUTEZ ET RECEVEZ LA PAROLE DE VOTRE ENFANT. . . . . . . . . . . . . . . . . 56
CLÉ N°7 : PROTÉGEZ ET ACCOMPAGNEZ VOTRE ENFANT. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .60
CLÉ N°8 : FAITES FACE LORSQUE L’AGRESSEUR EST MINEUR. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65
CLÉ N°9 : ASSUMEZ ET GÉREZ LES CONSÉQUENCES AVEC LA FAMILLE. . . . . . . . . . . . . 70
CLÉ N°10 : NE RESTEZ PAS ISOLÉS : FAITES-VOUS AIDER. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .72
CONCLUSION. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75
RESSOURCES UTILES. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 76
Introduction

Dès qu’ils savent parler et marcher, nous enseignons à nos


enfants à faire attention quand ils traversent la rue, à donner
la main et à « attendre le petit bonhomme vert ». Jusqu’à
leur majorité, nous mettons en place toute une stratégie
pour les protéger des accidents de la route. Nous le faisons
avec leur participation active : plus ils grandissent, plus ils
deviennent capables de comprendre les risques et d’as-
surer eux-mêmes leur sécurité.
Les violences sexuelles touchent 1 enfant sur 5 selon le
Conseil de l’Europe. Elles peuvent avoir des conséquences
graves et irréversibles sur leur santé et leur vie. L’inceste à lui
seul touche 10 % des Français selon un sondage IPSOS de
2020 pour l’association Face à l’inceste. Devant une réalité
aussi massive, nous devons prendre le taureau par les cornes
et agir pour protéger nos enfants. Oui, mais comment ?
Parlons-en ensemble.

Venez à bout de vos propres


résistances
Beaucoup de parents sont mal à l’aise pour parler de
sexualité à leurs enfants. La sexualité touche à l’intime.

4
C’est difficile d’en parler avec des enfants, et encore plus

Introduction
avec votre enfant. Peut-être avez-vous peur de gâcher
son innocence et son insouciance en lui parlant de choses
aussi horribles que le viol, l’inceste et la prostitution.
Peut-être que la sexualité était un sujet tabou avec vos
propres parents. Peut-être ne savez-vous pas comment
vous y prendre, quels mots employer pour l’informer sans
le traumatiser avec des mots adaptés à son âge. Peut-
être avez-vous subi vous-même des violences sexuelles.
C’est très important de surmonter vos hésitations et vos
réticences car l’ignorance ne protège pas les enfants.
Si vous maintenez votre enfant dans l’ignorance, il sera
complètement sans défense, à la merci du premier mani-
pulateur venu.
Sur la sexualité en général, il existe de très bons livres
pour enfants (voir les Ressources utiles, p. 76). Répondez
sans mentir et sans rien dissimuler à toutes les questions
sauf celles qui touchent à votre intimité. Votre rôle de
parents n’est pas d’inciter et encore moins d’initier votre
enfant au plaisir sexuel. Votre rôle est d’informer et de
protéger votre enfant, tout en respectant son intimité
physique et psychologique, ainsi que la vôtre (clés n° 3
et 4).

Un partenariat avec l’enfant


L’ignorance ne protège pas mais à l’inverse, il ne suffit pas
d’informer votre enfant puis de le laisser se débrouiller
comme un adulte face à un potentiel agresseur. L’enfant a
un rôle actif à jouer, mais vous aussi.

5
BON À SAVOIR
C’est donc un véritable partenariat que vous
allez construire avec votre enfant, pour mettre
en place une stratégie de protection globale contre
les violences sexuelles.

• Le cahier de prévention
Plus votre enfant deviendra autonome, plus il sera actif
dans la définition des règles et des mesures de précaution le
concernant. Je vous invite à utiliser un cahier de prévention
où cette stratégie de protection sera posée par écrit, que
votre enfant pourra conserver dans sa chambre. Ce cahier
comporte :
– des informations adaptées à l’âge de l’enfant sur les
risques ;
– une définition claire de ce qui est autorisé et ce qui est
interdit ;
– les moyens pratiques d’alerter un adulte de confiance ;
– les questions de l’enfant et vos réponses.
Vous trouverez sur le site de l’association Face à l’inceste
3 modèles de cahiers de prévention téléchargeables gratui-
tement (4-10 ans, 11-14 ans, 15-18 ans)
Ce partenariat évolue quand votre enfant grandit. Avant de
lui donner un accès à un smartphone ou une tablette, vous
devez l’informer sur le harcèlement en ligne et la pornogra-
phie. Au moment de la puberté, vous devez parler du risque
de grossesse non désirée et des préservatifs ; lorsqu’il atteint
13 ans, de la responsabilité pénale, etc.

6
Des valeurs pour vous guider

Introduction
Ce qui donne du sens à votre action, ce n’est pas seulement
la sécurité de votre enfant : ce sont aussi les valeurs que vous
voulez lui transmettre. Pour que votre enfant ne devienne ni
une victime ni un agresseur, vous devez lui transmettre ces
valeurs qui fondent une sexualité positive et épanouissante :
le respect de l’autre, le consentement, la tendresse, l’intimité,
la complicité, la gratuité, la réciprocité, la confiance… Ces
valeurs permettent de faire la distinction entre les amours
adolescentes et les situations de domination, de manipula-
tion, de violence.

La bienveillance et l’écoute
Restez à l’écoute et construisez une vraie relation de
confiance afin que votre enfant puisse venir vous parler
sans honte et sans hésitation. Mettre en place une éduca-
tion positive et bienveillante est un atout essentiel pour le
protéger des violences sexuelles. S’il reçoit une éducation
« à l’ancienne » avec des menaces, des paroles humiliantes,
des cris et parfois des coups, votre enfant pourrait être plus
vulnérable face à un prédateur sexuel. Il pourrait avoir peur
d’être puni s’il vous parle des agressions sexuelles. Et vous
pourriez passer à côté des signaux d’alerte si quelque chose
de grave est arrivé.
Comme ce n’est pas le sujet principal de ce livre, je vous
renvoie aux Ressources utiles p. 76. Mais j’insiste : une rela-
tion bienveillante basée sur l’écoute et la confiance mutuelle
vous permettra de mieux protéger votre enfant.

7
Un comportement protecteur
40 % des agressions sexuelles sur mineurs sont commises
par d’autres mineurs. Il est donc essentiel d’apprendre le
respect et le consentement à votre enfant pour éviter d’en
faire un futur agresseur. Votre rôle de parents est très impor-
tant ! S’il n’a pas bien compris les limites, votre enfant de
14 ans pourrait très bien suivre la « meute » des copains et
participer à un viol en réunion sans en comprendre pleine-
ment les conséquences.
Mais votre enfant peut faire beaucoup plus que respecter
les règles. Enseignez-lui les comportements protecteurs
qui peuvent éviter des drames et même sauver des vies
(clé n° 8).

Comment utiliser ce guide ?


Ce guide est une boîte à outils pour construire une stratégie
de protection en partenariat avec votre enfant. La première
partie décrit les violences sexuelles dans leur réalité, en
tordant le cou aux mythes et aux idées reçues. Elle tient
compte des évolutions récentes comme l’explosion de la
pornographie et du harcèlement en ligne. Vous pouvez y
piocher des informations pour répondre aux questions de
vos enfants, avec des mots adaptés à leur âge et à leur
maturité.

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La deuxième partie comporte 10 clés organisées en 3 axes :

Introduction
– Prévenir, c’est-à-dire bien connaître la réalité des
violences sexuelles (clé n° 1), éviter les situations ou les
personnes à risque (clé n° 2), informer votre enfant avec
des mots adaptés à son âge (clés n° 3 et 4).
– Détecter les signaux d’alerte. Un enfant n’a pas forcé-
ment les mots pour décrire ce qui lui arrive. La peur, la
honte, le dégoût, et la stratégie de l’agresseur pour le
faire taire sont autant de freins. Mieux vous serez préparés
à interpréter ces signaux et à accueillir sa parole, plus
vite votre enfant pourra parler et recevoir l’aide dont il a
besoin. Intervenir précocement permet d’éviter le pire ou
de limiter les dégâts (clés n° 5 et 6).
– Accompagner l’enfant victime dans tous ses besoins. Les
conséquences des violences sexuelles subies dans l’en-
fance peuvent être très lourdes, mais le stress post-trau-
matique n’est pas une fatalité. Des spécialistes savent
très bien le prendre en charge de nos jours (clé n° 7).
La clé dans cette situation est de ne pas rester isolés :
l’amour inconditionnel que vous portez à votre enfant est
essentiel, mais il ne suffit pas. Il faut s’entourer de profes-
sionnels compétents mais aussi d’amis et de personnes
bienveillantes, trouver du soutien pour vous-mêmes (clé
n° 10). Il faut aussi garder les distances avec les personnes
qui restent dans le déni et peuvent devenir toxiques voire
violentes, y compris à l’intérieur de la famille (clés n° 8
et 9).

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Partie I
Comprendre
les violences
sexuelles
Que dit la loi ? Les conséquences

Les violences sexuelles

Comment se protéger ? Les reconnaître


L’inceste
L’inceste est un éléphant invisible. C’est la violence sexuelle
la plus répandue mais aussi la mieux cachée. C’est la plus
grave, mais aussi celle dont on parle le moins. Ce paradoxe,
exploré par des anthropologues comme Dorothée Dussy,
s’explique par plusieurs facteurs :
– Il est plus facile de passer du temps en tête-à-tête avec un
enfant du cercle familial et amical que d’enlever un enfant
à la sortie de l’école.
– L’enfant est plus en confiance avec les adultes et les
grands enfants de sa famille qui sont naturellement en
position d’autorité.
– Pour préserver un semblant de cohésion et de respecta-
bilité, quatre familles sur cinq font le choix de nier les faits
ou de dissuader la victime de porter plainte, ce qui favorise
malheureusement la récidive.
– Il est difficile de porter plainte contre un parent ou un
proche.

12
• La stratégie du silence

Partie I : Comprendre les violences sexuelles


Le silence fait partie intégrante de l’inceste. L’agresseur ne
pouvant pas prendre la fuite ou compter sur l’anonymat, il
se protège en dissuadant l’enfant et le reste de la famille de
parler. C’est une véritable stratégie du silence qui peut utiliser
tous les moyens imaginables (manipulation, abus d’autorité,
chantage affectif, mensonges, menaces, violences). Le tabou
qui entoure l’inceste (il est interdit d’en parler) joue en sa
faveur. Pour protéger votre enfant, il faut sortir du déni et
prendre en compte cette réalité : les violences sexuelles sont
d’abord et avant tout intra­familiales. Dans l’élaboration de
la stratégie de protection avec votre enfant, il faut que ça soit
clairement mentionné : ce qui est interdit aux inconnus est
également interdit aux adultes et aux enfants de la famille.

• Un crime de lien
L’inceste est un crime de lien, qui déchire le tissu familial,
dont les conséquences vont bien au-delà des violences
sexuelles proprement dites. Bien souvent, les victimes d’in-
ceste doivent se résoudre, après des années de souffrances
et de tentatives pour restaurer les liens, à faire le deuil de
tout ou partie de leur famille.
L’inceste est souvent répété pendant des années. Il peut
prendre la forme du viol ou de l’agression sexuelle mais aussi
du harcèlement, de l’exhibitionnisme, du voyeurisme, des
confidences à caractère sexuel. C’est par exemple ce beau-
père qui faisait poser sa belle-fille de 12 ans pour des photos
nues à caractère érotique affichées dans le salon. Le climat
incestuel (paroles et gestes transgressifs sans aller jusqu’à
l’acte sexuel) peut produire des effets comparables à l’inceste.

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• Un parcours du combattant
Les survivants de l’inceste doivent affronter bien des
épreuves :
– traumatisme des violences sexuelles, qui détruisent la
sécurité physique et psychologique ;
– déni de la famille, et parfois violence des contre-attaques
quand la victime ose parler ;
– errance thérapeutique, difficulté à trouver des profes-
sionnels formés ;
– réponse judiciaire insuffisante (seules 10 % des plaintes
conduisent à une condamnation).
En lisant les témoignages de survivants comme La première
fois j’avais 6 ans d’Isabelle Aubry ou encore Au-delà de
l’irréparable de Jonathan Delay, on prend la mesure des
conséquences multiples de l’inceste. On comprend mieux
pourquoi la moitié (52 %) des survivants de l’inceste ont fait
une tentative de suicide.

• Que dit la loi ?


L’inceste a disparu du Code pénal à la Révolution. Il n’a été
réintroduit qu’en 2016. Les viols et agressions sexuelles
sont qualifiés d’incestueux (article 222-22-3 du Code
pénal) lorsqu’ils sont commis par :
1. Les ascendants (parents et grands-parents).
2. Les frères et sœurs, oncles et tantes, neveux et nièces,
grands-oncles et grands-tantes.
3. Les conjoints des personnes mentionnées en 1) et 2)
lorsqu’ils ont autorité de droit ou de fait sur la victime.

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Les demi-frères et demi-sœurs sont inclus dans cette défi-

Partie I : Comprendre les violences sexuelles


nition, mais pas les cousins germains.
La loi du 14 mars 2016 a introduit l’inceste en tant que
surqualification du viol et de l’agression sexuelle, sans modi-
fier leur définition qui repose sur la notion de « contrainte,
violence, menace ou surprise ».
La loi du 21 avril 2021 a supprimé le critère de « violence,
menace, contrainte ou surprise » dans la définition du viol
et de l’agression sexuelle lorsque les conditions suivantes
sont réunies :
– La victime est mineure
– L’agresseur est majeur
– L’agresseur est un ascendant, ou bien il a une « autorité
de droit ou de fait » sur l’enfant
C’est un grand pas en avant, mais les associations comme
Face à l’inceste ont dénoncé ces conditions trop restrictives
qui permettent encore de plaider « l’inceste consenti » dans
un grand nombre de cas.

Le viol et l’agression sexuelle


Dès l’âge de 13 ans, votre enfant peut répondre de ses
actes devant la justice. Il a suffisamment de maturité pour
entendre parler de loi, de criminalité, de prison, de violence.
Il doit connaître la définition légale du viol et de l’agression
sexuelle. C’est un bon exercice pédagogique de lire un article
de loi, de le décortiquer ensemble et de répondre à toutes
ses questions. Pour compléter cet exercice on peut lire un
article de presse sur une affaire de viol sur mineur, afin de
voir comment ces textes sont mis en pratique.

15
Ne craignez pas de traumatiser l’enfant car vous êtes là pour
le rassurer en répondant à ses questions. Si votre enfant
sait mettre des mots précis et bien définis sur les violences
sexuelles, il ou elle pourra non seulement se protéger mais
aussi réagir de façon appropriée s’il ou elle est témoin, ou
si un(e) ami(e) lui fait des confidences. Vous devez aussi
lui apprendre les limites à ne pas franchir et les sanctions
encourues.

• Que dit la loi ?


La loi française distingue le viol et l’agression sexuelle.
Pour qu’un acte sexuel soit considéré comme un viol ou une
agression sexuelle, il faut qu’au moins une des trois condi-
tions suivantes soit remplie :
– Acte commis par « violence, menace, contrainte ou
surprise » (articles 222-23 et 222-29 du Code pénal)
– Auteur majeur et victime âgée de moins de 15 ans
(articles 222-23-1 et 222-29-2)
– Inceste commis par un majeur ayant autorité sur un mineur
(articles 222-23-2 et 222-29-3)

• Le viol
Le viol inclut tous les actes de pénétration sexuelle (vaginale,
anale, orale), y compris les actes de pénétration commis avec
les doigts ou avec un objet. Depuis la loi du 21 avril 2021,
la définition du viol inclut aussi les actes bucco-génitaux
comme le cunnilingus.
Le viol est un crime passible de 15 ans, voire 20 ans de
prison.

16
• L’agression sexuelle

Partie I : Comprendre les violences sexuelles


Les agressions sexuelles concernent tous les actes sexuels
autres que le viol. Par exemple la main dans la culotte
ou des caresses appuyées sur la poitrine et les cuisses. La
loi ne donne pas la liste exhaustive des gestes considérés
comme « atteintes sexuelles », c’est évalué au cas par cas
par les juges. Tous ces gestes impliquent un contact physique
entre l’auteur et la victime. Même les contacts à travers les
vêtements peuvent être considérés comme des agressions
sexuelles. C’est le cas des « frotteurs » du métro parisien,
mais aussi d’un nonce du pape qui a été condamné pour des
« mains aux fesses » sur des employés de la mairie de Paris.
L’agression sexuelle est punie d’un maximum de 7 ans,
voire 10 ans de prison.

• Les conséquences
Sur un jeune enfant, des actes sexuels avec pénétration sont
une forme de torture pouvant causer blessures et lésions. Il
y a également les maladies sexuellement transmissibles et
les grossesses non désirées. Cependant, les conséquences
d’une agression sexuelle sont avant tout psychologiques.
C’est une véritable destruction de l’intégrité et de la sécurité
psychologique de l’enfant. Sur le moment on peut avoir
des réactions de sidération ou de dissociation traumatique.
Le cerveau « disjoncte » littéralement face à la violence.
Les conséquences du stress post-traumatique sont
notamment :
– des cauchemars, troubles du sommeil ;
– des troubles relationnels ;

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– des troubles alimentaires (anorexie, boulimie, orthorexie) ;
– de l’automutilation ;
– une dépression ;
– de l’anxiété ;
– de l’énurésie, de l’encoprésie ;
– des troubles digestifs ;
– des maladies chroniques.
Ces conséquences sont comparables à celles d’un attentat
terroriste ou d’un grave accident. Ce qui domine dans le
témoignage des victimes c’est le sentiment d’humiliation,
de rabaissement, de honte et souvent de culpabilité :
« J’étais sa chose », « J’étais un bout de viande », « Je
m’en veux de n’avoir pas réagi ». Elles ne sont pas irréver-
sibles (clé n° 7).

La prostitution
Entre 5000 et 8000 enfants sont prostitués en France
actuellement selon l’ACPE. L’âge moyen de l’entrée
dans la prostitution est de 14 ans (Fondation Scelles).
Beaucoup sont issus de la traite humaine ou des foyers
de l’aide sociale à l’enfance, mais cela concerne aussi des
enfants qui habitent chez leurs parents. 85% des personnes
prostituées en France sont des femmes (ONVF).
Le scénario typique, c’est un petit ami proxénète ou rabat-
teur (un « loverboy ») ou une camarade de classe qui propose
à votre fille de gagner de l’argent facile et rapide en faisant
quelques passes. Les menaces et les violences ne viendront
que plus tard, lorsqu’elle cherchera à sortir de ce piège.

18
• Les conséquences

Partie I : Comprendre les violences sexuelles


Être prostitué(e), c’est subir des actes sexuels non désirés à
répétition. Même si elle a l’impression qu’elle le fait libre-
ment et de son plein gré, votre fille (plus rarement votre
garçon) en subira les conséquences sur la confiance en soi,
la perte d’intimité et de sécurité. Mais il y a aussi :
– les maladies sexuellement transmissibles ;
– les grossesses non désirées ;
– le décrochage scolaire ;
– l’alcool et la drogue ;
– la violence des proxénètes et des clients ;
– la diffusion d’images pornographiques (parfois tournées
en cachette) ;
– les discriminations, les injures, le harcèlement.

• « Incompatible avec la dignité humaine »


Rappelons qu’en 1960, la France a ratifié la Convention
de l’ONU du 2 décembre 1949 qui dit que « la prostitu-
tion et le mal qui l’accompagne, à savoir la traite des êtres
humains en vue de la prostitution, sont incompatibles avec
la dignité et la valeur de la personne humaine et mettent
en danger le bien-être de l’individu, de la famille et de la
communauté ».
Certains défendent la prostitution comme un « libre choix ».
La France et d’autres pays considèrent officiellement que
cette activité est incompatible avec les droits humains
fondamentaux, et que le corps des adultes et des enfants
n’est pas à vendre, même avec leur consentement.

19
• La loi de 2016
Avec la loi du 13 avril 2016, la France a adopté le « modèle
nordique », c’est-à-dire :
– punir l’achat d’actes sexuels (au minimum d’une amende
de 1 500 €, au maximum de 20 ans de prison si c’est un
enfant de moins de 15 ans) ;
– aggraver les sanctions pour les proxénètes qui risquent
jusqu’à 20 ans de prison ;
– subventionner des « parcours de sortie » pilotés par des
associations comme le Mouvement du Nid ;
– abolir le délit de « racolage ».
Cette loi a fait reculer la prostitution en France, et a
commencé à installer l’idée que c’est l’acheteur qui a un
comportement amoral et non la personne prostituée.

Le harcèlement sexuel
Le harcèlement sexuel, ce sont des propos ou des gestes
à connotation sexuelle sans contact physique. C’est
un délit défini par l’article 222-33 du Code pénal. Selon
une étude IPSOS de 2020, 81 % des femmes ont subi
le harcèlement de rue, et ce harcèlement commence
bien avant 18 ans. Le harcèlement sexuel peut aussi être
incestueux.
Il est également commis à distance, sur les réseaux sociaux,
par des inconnus. Selon l’ONU, 73 % des femmes ont
été exposées à des insultes ou menaces (le plus souvent à
caractère sexuel ou sexiste) sur Internet.

20
La stratégie de protection que vous définissez avec votre

Partie I : Comprendre les violences sexuelles


fille doit prendre en compte le harcèlement sexuel, qu’il
soit commis par un oncle lors d’une fête de famille ou par
un inconnu sur les réseaux sociaux.
Vos objectifs éducatifs :
– savoir reconnaître le harcèlement ;
– savoir que c’est interdit par la loi ;
– savoir que le harceleur est seul responsable ;
– savoir comment réagir (clé n°4).

Le chantage en ligne
ou « sextorsion »
La « sextorsion » consiste à manipuler un enfant (une fille le
plus souvent) à distance, via les messageries en ligne, pour
obtenir des photos ou vidéos pornographiques.
L’agresseur entre en contact avec l’enfant via les réseaux
sociaux. Après une première phase de séduction, il va rapi-
dement demander puis exiger des photos et vidéos dénu-
dées. Par une technique de « petits pas », il peut obtenir des
images de plus en plus pornographiques, voire des actes de
torture. Si l’enfant résiste, l’agresseur menace d’envoyer les
images déjà obtenues (aux parents, aux camarades de classe,
sur Internet…)

21
• Les conséquences
Une fois tombé(e) dans le piège, votre enfant est para-
lysé(e) par la peur, la honte, la culpabilité. Il ou elle peut
mettre du temps avant d’appeler à l’aide. En plus des
conséquences psychologiques (sécurité, confiance en soi),
si les images sont effectivement diffusées, il ou elle peut
subir harcèlement, insultes, violences, y compris à l’intérieur
de la famille.
Attention à ne pas le culpabiliser davantage ! C’est avant
tout un(e) enfant qui a été piégé(e), et qui a besoin d’aide.

• Que dit la loi ?


La loi du 21 avril 2021 a introduit un délit (article 227-23-1
du Code pénal) qui punit le fait de « solliciter auprès d’un
mineur la diffusion ou la transmission d’images, vidéos ou
représentations à caractère pornographique dudit mineur. »
Avant cette loi, on pouvait recourir aux articles 222-33-2-2
(cyber-harcèlement) et 312-1 (extorsion).

Les images volées (revenge porn)


Le « revenge porn » (porno de vengeance) consiste à
diffuser les photos ou vidéos intimes d’une personne
sans son autorisation. C’est typiquement un ex-petit ami
qui fait ça. Ces images sont parfois tournées en caméra
cachée.

22
• Les conséquences

Partie I : Comprendre les violences sexuelles


Si les images sont diffusées au collège ou lycée de votre
enfant, cela peut déclencher un harcèlement de meute aux
conséquences graves. Les adolescents étant pudiques et
très sensibles à l’image de leur corps, la diffusion d’images
intimes peut avoir des conséquences dévastatrices dont
l’impact est comparable à un viol en réunion.

• Que dit la loi ?


Outre les lois sur le droit à l’image, l’article 227-23 du
Code pénal punit sévèrement la fabrication et la diffusion
des « représentations à caractère pornographique » d’un
mineur.

• Comment se protéger ?
La stratégie élaborée en commun avec votre enfant doit
inclure ces mesures de prévention :
– ne pas filmer les moments intimes ;
– refuser d’être filmé(e) nu(e) ;
– ne jamais envoyer de photos ou vidéos intimes à qui
que ce soit ;
– ne pas retransmettre les images intimes d’une autre
personne (et alerter un adulte ou appeler le 119 si on est
témoin d’un tel acte).
De votre côté tenez-vous prêts à réagir rapidement et
vigoureusement (clé n° 7).

23
Exhibitionnisme et « dick pic »
L’exhibitionnisme existe depuis toujours, y compris dans la
sphère familiale. Il connaît depuis quelques années un retour
en force avec les dick pics (littéralement « photos de zob »).
Il faut distinguer nudité et exhibition sexuelle. La nudité
est parfois dépourvue de connotation sexuelle. L’exhibition
ce sont des propos et des gestes obscènes, par exemple :
– mettre la main dans son caleçon pour se masturber en
public ;
– avoir des relations sexuelles devant un enfant (même en
restant sous la couette).

• Les « dick pics »


Dès 12 ou 13 ans, sur les réseaux sociaux, votre fille sera
régulièrement contactée par des harceleurs plus âgés qui
lui enverront des photos de leur pénis en érection. Avant
de lui donner son premier smartphone, mettez à jour avec
elle son cahier de prévention :
– Informez votre fille sur ce phénomène.
– Rappelez-lui qu’elle ne doit pas avoir honte, qu’elle n’est
pas responsable.
– Définissez avec elle des règles simples pour limiter les
risques (par exemple : ne pas accepter des inconnu(e)s
en « amis » sur les réseaux sociaux).
– Définissez avec elle la conduite à tenir si ça arrive.
– Informez aussi votre garçon et enseignez-lui à ne jamais
envoyer de photo de son pénis à qui que ce soit.

24
La pornographie

Partie I : Comprendre les violences sexuelles


La pornographie a explosé depuis les années 2000, avec
les sites de vidéos gratuits où n’importe qui peut téléverser
n’importe quoi. Aucun contrôle n’y est pratiqué, ni sur l’âge
ni sur le consentement des personnes filmées, ni sur l’âge
des visiteurs du site. Par conséquent ces sites sont remplis de
vidéos d’inceste, de viol d’enfants, de prostitution et d’images
volées. Et même s’ils ne comportaient que des vidéos légales
tournées par des adultes consentants, la consommation
précoce de pornographie est nocive pour votre enfant.

• Les conséquences pour les garçons


À 11 ans, 95 % des enfants ont déjà vu de la pornographie, le
plus souvent sans l’avoir cherché. Pour un garçon, le premier
risque est l’addiction qui peut ruiner sa vie sexuelle avant
même qu’elle ait commencé. Des études1 et des témoi-
gnages montrent que la consommation de pornographie
peut être associée à :
– une perte de confiance en soi ;
– une diminution de vie sociale ;
– une dégradation de la sexualité dans la « vraie vie » ;
– des troubles de l’érection ;
– des troubles psychologiques et relationnels.
Les filles aussi peuvent avoir une consommation compulsive,
mais c’est plus rare.

1. Online Porn Addiction: What We Know and What We Don’t (J Clin


Med. 2019 Jan; 8(1): 91)

25
• L’école des violeurs
L’autre risque est de fabriquer de futurs agresseurs. La
pornographie banalise le viol, mais aussi l’inceste, la pédo-
philie, les fétichismes, les pratiques violentes, extrêmes ou
sadiques, comme l’étranglement (« choking ») ou l’étouf-
fement (« gagging »). Dans un film porno, les femmes qui
subissent des insultes, des crachats ou des coups réagissent
en souriant ou ne réagissent pas. Le message sous-jacent est
limpide : les femmes ne demanderaient qu’à être maltrai-
tées et violentées, surtout pendant l’acte sexuel.

• Les conséquences pour les filles


Le danger pour les filles est d’intégrer cette violence et de
la considérer comme normale et banale, puis de s’obliger
à accepter des pratiques douloureuses voire dangereuses.
35 % des femmes britanniques de 18 à 35 ans déclarent
avoir subi des tentatives d’étranglement de leur partenaire
sexuel sans l’avoir demandé, selon une enquête de la BBC
en 2019.
L’autre risque pour les filles est la comparaison avec les
« actrices » siliconées, ce qui peut les pousser à détester leur
propre corps. Enseignez à votre fille à accepter son corps, à
s’aimer comme elle est, à se respecter elle-même, à dire non
et à poser des limites à ses futurs partenaires.

26
• Que dit la loi ?

Partie I : Comprendre les violences sexuelles


La loi interdit strictement d’exposer des mineurs à la porno-
graphie. Malheureusement, comme les gouvernements et
les fournisseurs d’accès à Internet ne font pas grand-chose
pour appliquer la loi, c’est à vous, les parents, de protéger
votre enfant.

• Mettez en avant les valeurs positives


Ayez une discussion sans tabou avec votre enfant pour lui
expliquer les risques, et intégrez la pornographie dans son
cahier de prévention. Évitez les questions intrusives pour
savoir où, quand, comment, et combien de fois il en a vu :
votre rôle est de protéger, pas de contrôler.
Mais il ne suffit pas de dire à votre enfant que le porno, c’est
mal : il faut lui expliquer pourquoi ! Prenez le temps de parler
de toutes les valeurs positives que vous défendez et qui sont
bafouées par la pornographie : le respect, le consentement,
la tendresse, les sentiments, l’intimité, la liberté, la compli-
cité, la gratuité, la confiance, la générosité, etc.
Ce sont ces valeurs positives qui rendent la sexualité
heureuse et épanouissante. Et quand ces valeurs sont
bafouées, on peut basculer dans la violence sexuelle.

Astuce
Inscrivez ces valeurs en grandes lettres dans le
cahier de prévention. C’est votre boussole. Ce sont
ces valeurs qui donnent du sens à toute la stratégie
de protection.

27
1 MYTHES ET RÉALITÉS :
FAISONS LA PART DES CHOSES

10 NE RESTEZ PAS ISOLÉS :


FAITES-VOUS AIDER

PARTIE II
9 ASSUMEZ ET GÉREZ LES CONSÉQUENCES
AVEC LA FAMILLE

8 FAITES FACE LORSQUE 7 PROTÉGEZ ET ACCOMPAGNEZ


L’AGRESSEUR EST MINEUR
VOTRE ENFANT
2 RESTEZ VIGILANTS
POUR DÉTECTER
LES COMPORTEMENTS SUSPECTS 3 SENSIBILISEZ
LES JEUNES ENFANTS

10
Les

clés
4 INFORMEZ ET ÉCHANGEZ AVEC
LES ADOLESCENTS

5 RESTEZ ATTENTIFS
6 ÉCOUTEZ ET RECEVEZ AUX SIGNAUX D’ALERTE
LA PAROLE DE VOTRE ENFANT
MYTHES ET RÉALITÉS :
1 FAISONS LA PART
DES CHOSES

Parlons-nous trop des violences sexuelles ?


NON. 12 % des femmes françaises ont déclaré avoir subi un
viol (sondage Fondation Jaurès 2018). 10 % des Français
ont déclaré avoir subi l’inceste (sondage IPSOS-Face à
l’inceste 2021). En tant que problème de santé publique,
les violences sexuelles sont largement sous-estimées et le
budget consacré à la prévention reste dérisoire comparé
à celui qu’on consacre au cancer ou à la sécurité routière.
Depuis 2017 avec le mouvement « MeToo » on commence
à sortir collectivement du déni.
Les agresseurs sont-ils des inconnus ?
RAREMENT. On a tous en tête l’image d’Épinal du pédo-
phile au regard pervers qui offre des bonbons aux enfants
et les fait monter dans une camionnette. Dans la vraie vie,
les prédateurs ressemblent à Monsieur Tout-le-monde, vous
les connaissez et vous avez confiance en eux, car ils font
partie de votre cercle familial et amical dans 94 % des cas
(enquête Mémoire traumatique 2015).

30
L’inceste est-il rare ? 1

MYTHES ET RÉALITÉS : FAISONS LA PART DES CHOSES


NON. Selon le SNATED (qui gère le numéro 119), les trois
quarts des viols et agressions sexuelles sont commis dans
la famille. La proportion de l’inceste dans l’ensemble des
plaintes en justice est plus faible (autour de 30 %, jusqu’à
55 % pour les enfants de moins de 6 ans), sans doute parce
qu’il est difficile de porter plainte contre un membre de sa
famille.
Les agresseurs sont-ils des hommes ?
OUI à 98 % (96 % selon d’autres sources). Les agressions
commises par des femmes relèvent le plus souvent de la
complicité active ou encore du « nursing pathologique » qui
détourne les gestes de soin.
Les agresseurs sont-ils pédophiles ?
PAS TOUJOURS. Certains sont opportunistes, comme ce
père qui avait violé sa fille de 13 ans parce que sa femme
n’était « pas disponible » pendant la grossesse d’un autre
enfant. Les pédocriminels ne sont donc pas tous pédophiles
au sens du DSM-V c’est-à-dire attirés de manière patho­
logique par les enfants.
Les agresseurs sont-ils tous des adultes ?
NON. 40 % des violences sexuelles sont commises par des
mineurs. Il ne faut pas minimiser ces faits qualifiés parfois
de « jeux d’enfants » ou de « touche-pipi » car les consé-
quences pour la victime sont les mêmes, quel que soit l’âge
de l’agresseur.

31
Les agresseurs sont-ils victimes de leurs « pulsions
irrésistibles » ?
NON. Cela fait partie des mythes de la « culture du viol »
qui inversent les rôles et minimisent la responsabilité de
l’agresseur. En réalité, les prédateurs sexuels choisissent
avec soin le lieu et l’heure, et la victime en position de
vulnérabilité : enfants, personnes âgées, sans domicile fixe,
en situation de handicap ou de vulnérabilité.
Les garçons sont-ils en risque aussi ?
OUI, environ un quart des victimes de pédocriminalité
sont des garçons. Les personnes ouvertement pédophiles
comme Gabriel Matzneff ont décrit la prépuberté comme
un « troisième sexe » qui inclut les filles et les garçons
indifféremment.
Et les enfants prépubères aussi ?
OUI, hélas, même des bébés peuvent être agressés sexuel-
lement. La moitié des enfants victimes avait moins de 11 ans
lorsque les violences sexuelles ont commencé. 20 % d’entre
eux avaient moins de 5 ans (enquête Mémoire traumatique,
2015).
Est-ce que la vérité sort de la bouche des enfants ?
OUI, presque toujours. En dépit de ce que disent les théo-
ries non-scientifiques comme « l’aliénation parentale », les
études montrent que la proportion de fausses accusations
de violences sexuelles est très faible2. Depuis 2016, les
policiers et gendarmes français sont formés au protocole

2. Étude des dossiers d’allégations d’abus sexuels dans les séparations


parentales contentieuses (Jean-Luc Viaux, Ministère de la Justice,
Sept. 2001)

32
du NICHD qui a été spécialement développé par des
scientifiques pour recueillir la parole de l’enfant victime
1

MYTHES ET RÉALITÉS : FAISONS LA PART DES CHOSES


de manière fiable.
Doit-on s’inquiéter si nos ados regardent du porno ?
OUI, les effets négatifs des images violentes et de l’addic-
tion à la pornographie sur la santé sont documentés par des
études scientifiques. De plus, la banalisation des violences
sexuelles peut favoriser le passage à l’acte chez les garçons
et fragiliser les filles.
La prostitution est-elle un choix d’adulte ?
NON. L’âge moyen d’entrée dans la prostitution est 14 ans.
Les réseaux criminels proxénètes savent fort bien qu’un
enfant est plus facile à manipuler et à exploiter qu’un adulte,
et qu’il ou elle se vendra mieux auprès des « michetons ».

33
ÉTECTER
2 REST EZ VIGILANTS POUR D
LES COMPORTEMENTS
SUSPECTS

Il n’existe pas de profil-type du prédateur sexuel. Les


psychologues qui travaillent avec des pédocriminels après
leur condamnation en justice ont décrit une grande variété
de profils psychologiques. Certains ne sont pas spécialement
attirés par les enfants, mais simplement opportunistes.
D’autres encore agissent pour se venger de leur ex-com-
pagne. Le pédocriminel est un monsieur tout-le-monde, qui
dissimule soigneusement ses penchants et ses actes.
On ne peut même pas savoir si une personne a déjà été
condamnée pour pédocriminalité. En France, un employeur,
comme une crèche ou un club sportif, doit vérifier à l’em-
bauche si une personne figure dans le fichier judiciaire des
délinquants sexuels (FIJAISV). Mais en tant que particulier,
vous n’avez pas le droit de savoir si votre nouveau conjoint y
est inscrit ! Dans ces conditions, comment protéger votre
enfant ?

Les 3 questions
Dans les écoles primaires au Canada, on apprend aux
enfants à se poser « les 3 questions » lorsqu’un adulte leur
demande de le suivre quelque part :

34
1) Est-ce que ça me fait « oui » en-dedans ? 2

RESTEZ VIGILANTS POUR DÉTECTER LES COMPORTEMENTS SUSPECTS


2) Si j’ai besoin d’aide, où pourrais-je en trouver ?
3) Mes parents savent-ils où je suis ?
Si la réponse à l’une de ces 3 questions est « non » alors
il ne faut pas suivre l’adulte.
Ces conseils sont excellents, mais gardons en tête que seuls
6 % des faits de pédocriminalité sont commis par des inconnus.
Le plus souvent l’agresseur est une personne de confiance : c’est
l’oncle, le grand-père, le voisin à qui on confie nos enfants les
yeux fermés. Et 4 fois sur 10, c’est un mineur.

Restez à l’écoute
La sensibilisation de l’enfant est importante (clés n° 3 et 4),
mais votre attitude l’est aussi :
– Restez attentifs à la santé de votre enfant : si des signaux
d’alertes apparaissent, posez-vous la question d’une éven-
tuelle agression (clé n° 5).
– Cultivez une vraie bienveillance dans le dialogue et dans
l’écoute de votre enfant. Il doit sentir qu’il peut tout vous
dire en confiance (clé n° 6).
– Travaillez en collaboration avec votre enfant. C’est un
être doué d’intelligence et d’autonomie, qui apprend vite
et sera votre meilleur allié pour assurer sa protection.
– Si votre enfant parle, prenez-le au sérieux. Souvenez-
vous que les fausses accusations sont rares, et que la
première question à se poser n’est pas : « Pourquoi
raconte-il un truc aussi invraisemblable ? » mais : « Et si
c’était vrai ? » (clé n° 6).

35
– Si vous êtes le témoin direct de propos ou de comporte-
ments à connotation sexuelle visant votre enfant, réagissez
immédiatement et posez des limites. Y compris si l’auteur
de ces propos fait partie de la famille !
– Si un adulte (ou un grand enfant) semble développer une
relation privilégiée, exclusive, avec l’un de vos enfants,
soyez vigilants. S’il s’arrange pour multiplier les moments
en tête-à-tête avec l’enfant, assurez-vous que les limites
sont pleinement respectées.
– Si votre ado tombe amoureux(se) d’un adulte (prof,
entraîneur sportif), avec patience et bienveillance,
rappelez-lui que si l’adulte respecte la loi, ces sentiments
touchants ne pourront pas se traduire par une relation

Des parents dans le déni


physique.

Le film Les Chatouilles (A. Bescond, E. Métayer),


tiré d’une histoire vraie, montre une scène très
instructive. La mère d’Odette trouve des taches
suspectes sur la serviette de toilette de sa fille.
Incapable d’envisager l’impensable (c’est le sperme
d’un adulte qui a violé sa fille sous son propre toit),
elle ne pense qu’à punir sa fille pour la saleté
de la serviette, en l’obligeant à la garder toute
la semaine. À un autre moment, elle voit des traces
de sang et pense que sa fille a ses règles. Elle ne lui
pose aucune question ! Coincée entre l’agresseur
qui lui dit « c’est un secret » et ses parents
qui ne sont pas à l’écoute, Odette reste muette,
et les viols continuent.

36
3 SENSIBILISEZ
LES JEUNES
ENFANTS

Dès la naissance, sachez que le corps de votre enfant ne vous


appartient pas. Un bébé n’est pas une chose. Ce n’est pas
un jouet mignon qu’on peut passer de bras en bras, qu’on
expose dans la famille ou sur les réseaux sociaux, et dont
on peut disposer comme on veut. C’est une personne qui
a des droits et qui doit être traitée avec autant de respect
et de délicatesse qu’un adulte, y compris pendant le bain,
la toilette, et les gestes de soin.
Dès 3 ou 4 ans, apprenez à votre enfant que son corps lui
appartient, et que certaines parties de son corps sont des
parties intimes. Ce sont les parties du corps recouvertes
par le maillot de bain.
Vous pouvez les énumérer et les nommer avec l’enfant avec
son vocabulaire habituel (« zézette », « trou des fesses »,
etc.). Vous pouvez également lui apprendre les mots des
adultes pour désigner ces parties du corps (pénis, vulve,
anus, poitrine).

37
Les règles à respecter
– On ne montre pas ses parties intimes.
– On ne regarde pas les parties intimes des autres.
– On ne touche pas les parties intimes des autres.
– Ces règles s’appliquent à tous les enfants et à tous les
adultes.
– Même moi je n’ai pas le droit de toucher tes parties intimes.
– Ces règles s’appliquent à toutes les personnes de la
famille.
– Dès qu’on est assez grand, on se lave tout seul.
– Dès qu’on est assez grand, on va tout seul aux toilettes.
– Il n’y a aucun jeu pour les enfants qui implique les parties
intimes (énumérez les jeux avec votre enfant : « Est-ce
qu’on a besoin de toucher les parties intimes pour jouer
au Monopoly® ? au Lego® ? au foot ? » etc.).
– Une seule exception : pour soigner les bobos, avec l’ac-
cord des parents.

Consentement obligatoire
« Mon corps c’est mon corps, le tien c’est le tien ! » Les
activités qui impliquent le toucher ne sont permises qu’avec
l’accord de la personne (adulte ou enfant) qui est touchée.
Même pour un câlin, des chatouilles, ou un bisou, si ça fait
« non » à l’intérieur, l’enfant doit apprendre à dire « non ».
Attention, ça ne fonctionne que si les adultes et enfants de
la famille respectent ce « non » !

38
Faites preuve de pédagogie
3
• Expliquez et montrez l’exemple

SENSIBILISEZ LES JEUNES ENFANTS


– Testez la compréhension de l’enfant avec des cas
pratiques, en lui demandant si tel ou tel geste est autorisé
ou interdit. Par exemple : chatouiller sa cousine : oui, si
elle est d’accord. Lui mettre la main dans la culotte : non,
jamais. Vous pouvez également utiliser les dessins ou les
coloriages (colorier les parties du corps qu’on a le droit de
toucher, si l’autre personne est d’accord).
– La répétition est la base de la pédagogie : n’hésitez pas
à rappeler les règles et à montrer comment elles s’ap-
pliquent dans les situations de la vie quotidienne.
– La pédagogie c’est aussi l’exemple : montrez un vrai
respect de l’intimité de tous les enfants et adultes de la
famille. Valorisez les comportements respectueux des
enfants et des adultes. N’obligez pas l’enfant à avoir des
contacts non désirés avec les adultes : pour dire bonjour
à mamie, le bisou n’est pas obligatoire. En revanche, la
politesse et le sourire sont obligatoires.

• Répondez à ses questions


Prenez le temps d’écouter votre enfant et de répondre
à toutes ses questions :
– Non, aucune partie du corps n’est sale ou dégoûtante.
– Oui, tu peux toucher les parties intimes de ton corps (pour
te laver par exemple) mais pas devant les autres.
– Oui, les adultes se font parfois des caresses sur les parties
intimes. Mais ce sont les adultes qui font ça, quand ils
sont tous les deux d’accord. Les enfants sont trop petits
pour cela.

39
La question préférée des enfants est : « Pourquoi ? »
– Parce que ton corps est à toi.
– Parce que tu dois respecter les autres et leur intimité.
– Parce que ça peut être très grave et que tu peux te sentir
très mal si un adulte ou un enfant touche tes parties
intimes, même si tu ne dis pas « non ».
Consignez les questions et les réponses par écrit dans le
cahier de prévention de l’enfant (un modèle de cahier de
prévention peut être téléchargé sur le site de Face à l’inceste)

• Ressources pédagogiques
Je vous recommande de regarder avec votre enfant l’ex-
cellent film Mon corps, c’est mon corps conçu par l’office
national du film canadien. Il est accompagné d’un livret pour
les parents et enseignants. Il y a aussi des livres pour enfants :
voir les Ressources utiles p. 76.

Gare aux vilains secrets !


Dites à votre enfant que si un adulte ou un autre enfant lui
fait des choses en disant « C’est un secret, tu ne dois pas en
parler. » alors c’est très important d’en parler à ses parents ou
à l’école. L’enfant doit bien comprendre que si la personne
lui demande de « garder le secret », c’est parce qu’elle a fait
des choses interdites.
Bien sûr il y a des « gentils secrets » qui sont autorisés,
comme la préparation d’un cadeau-surprise pour la fête
des mères, à distinguer des « vilains secrets » qui font
du mal.

40
Pas de tabou
3

SENSIBILISEZ LES JEUNES ENFANTS


Si l’enfant a l’impression que la sexualité est un sujet tabou
et qu’il est interdit d’en parler, cela pourra l’empêcher de
libérer sa parole.
L’ignorance ne protège pas les enfants, tandis que la parole
juste et véridique des parents peut beaucoup les aider.
J’insiste là-dessus : le déni et le tabou font partie du
problème. Si vous-même avez peur de parler de sexua-
lité, comment espérer que ça soit facile pour votre enfant
de vous appeler à l’aide ? De comprendre ce qui lui arrive ?
De trouver les mots pour en parler ?

Si vous avez été victime


vous-même…
Attention, les pédocriminels ont tendance à récidiver.
L’inceste peut se reproduire sur la génération suivante
si on ne l’arrête pas. Posez-vous les bonnes questions :
En ai-je parlé à mon conjoint ?
En ai-je parlé à un médecin ou thérapeute ?
Quand et comment en parler avec mon enfant ?
Comment éviter de laisser des enfants seuls
avec mon agresseur ?
C’est souvent difficile et parfois risqué de sortir
du silence, mais c’est d’une importance vitale.
Sachez que vous n’êtes pas seul(e),
que des professionnels spécialisés,
des associations peuvent vous aider (clé n°10).

41
• Une limite : l’intimité de chacun
La limite pour satisfaire la curiosité naturelle des enfants,
c’est le respect de l’intimité de chacun. Si votre enfant
vous demande « Est-ce ma grande sœur fait l’amour avec
son copain ? » ou « Combien de fois vous avez fait ça papa
et toi ? » vous pouvez lui répondre que cette question est
déplacée car il doit respecter la vie intime des autres.

• Communiquez dans les deux sens


Parler avec votre enfant c’est aussi rester à l’écoute, atten-
tifs à ce que ressent l’enfant, prêts à répondre à ses ques-
tions. On peut aborder des sujets difficiles comme la
maladie, la violence ou la mort avec de jeunes enfants. Il
faut prendre le temps, chercher une parole qui explique,
qui rassure, qui donne du sens, qui est adaptée à la matu-
rité de l’enfant et à son vocabulaire. Ne fuyez pas les
sujets difficiles. L’angoisse de ne pas comprendre ce qui
se passe et le mutisme des adultes peuvent être terribles
pour votre enfant.

Cultivez la bienveillance
Travaillez en partenariat avec votre enfant, cultivez la
confiance et la bienveillance tout en posant des limites
claires. Votre enfant doit savoir que vous serez toujours là
pour l’aider, et non pour le punir ou le juger. Si votre enfant
craint d’être puni, ou s’il a l’impression que sa parole est
mise en doute, il gardera le silence. Il a aussi besoin que vous
posiez clairement les limites. Vous trouverez des livres sur
l’éducation positive dans les Ressources utiles p. 76.

42
Le signalement, mode d’emploi
3

SENSIBILISEZ LES JEUNES ENFANTS


Informez votre enfant sur les moyens pratiques de signaler
les violences sexuelles que lui-même ou un camarade de
classe pourrait subir (1 fois sur 4 c’est à un autre enfant qu’un
enfant victime se confie en premier).
Ces moyens sont :
– parler à un adulte de confiance (dressez une liste d’adultes
de confiance dans le cahier de prévention) ;
– téléphoner au 119 ;
– écrire si on a du mal à parler.

Les 3 règles d’or


1. Répondez à toutes les questions.
2. Dites toujours la vérité.
3. N’ayez pas peur.

43
4 iNFORMEZ ET ÉCHANGEZ
AVEC LES ADOLESCENTS

Faites évoluer la stratégie


de protection
Comme je l’ai déjà dit, travaillez en partenariat avec votre
enfant. Ce n’est pas un disque dur à remplir d’informations
ni un robot à programmer pour suivre les consignes. C’est
un être humain en développement, doué d’intelligence et
d’autonomie, capable de jouer un rôle actif dans sa propre
sécurité.
Avec l’aide de la cartographie des violences sexuelles de la
première partie, développez avec votre enfant une stratégie
de protection à partir de questions concrètes :
– Que faire si un inconnu t’envoie des photos de son pénis ?
– Que faire si ton petit ami te demande de te filmer nue ?
– Que faire si un garçon t’agresse sexuellement à l’école ?
– Que faire si une amie te parle de l’inceste qu’elle subit ?
Cette stratégie de prévention personnalisée est mise par
écrit dans un carnet ou un fichier. Elle évolue au fil du temps.
Ce carnet doit comporter le numéro d’appel 119 (enfance en
danger) ainsi qu’une liste d’adultes de confiance à contacter.

44
Quelques principes simples
4

iNFORMEZ ET ÉCHANGEZ AVEC LES ADOLESCENTS


– Les 3 règles d’or restent valables : répondez à toutes
les questions, dites toujours la vérité, n’ayez pas peur.
Si vous ne faites pas l’éducation sexuelle de vos enfants,
les films pornographiques s’en chargeront (hélas).
– Refusez de répondre aux questions sur votre vie intime.
Qu’elles soient ou non sollicitées par l’enfant, les confi-
dences sur la vie sexuelle de ses parents ont toujours un
caractère incestuel et malsain.
– Respectez l’intimité de votre enfant. Ne le questionnez
pas pour savoir s’il ou elle se masturbe, ou à quel âge il
ou elle a connu son premier baiser. Le message clé est :
« Nous sommes là pour t’éduquer et te protéger, pas pour
t’espionner. »
– Anticipez. L’ignorance ne protège pas votre enfant qui
à 12 ans est déjà capable de comprendre beaucoup de
choses, surtout si vous l’accompagnez.
– Dites-lui que rien ne presse (aucune contradiction avec le
point précédent). L’âge moyen du premier rapport sexuel
consenti est 17 ans et demi selon l’INED. Il vaut mieux
que votre enfant attende le moment où il se sentira prêt
dans son corps et dans sa tête. Vous pouvez expliquer à
votre garçon ou votre fille de 12 ans comment se procurer
des préservatifs et des contraceptifs, sans l’encourager à
s’en servir le plus vite possible. Votre rôle de parents est
d’informer et de protéger, pas d’inciter au plaisir sexuel.
– Partagez vos sources si vous trouvez un livre ou documen-
taire intéressant (par exemple sur la prostitution, l’inceste
ou les grossesses adolescentes). Le mieux est de regarder
la vidéo avec l’enfant et d’échanger ensuite.

45
– Cherchez le point d’équilibre entre dire la vérité à votre
enfant sur les risques et ne pas lui faire peur.
– Si nécessaire, travaillez avec un thérapeute professionnel
sur vos propres peurs et blocages relatifs à la sexualité.
– À l’adolescence, les risques sont très différents pour les
garçons et les filles. Adaptez votre discours. Vous pouvez
insisterez davantage sur certains points selon la personna-
lité de votre enfant, sa maturité et son genre.

Les grossesses non désirées


Médicalement parlant, une grossesse à 13 ans est une gros-
sesse « à risques ». Même si une IVG est pratiquée, cela n’est
pas sans conséquences.
Au moment de la puberté, vous devez :
– informer votre enfant sur ce risque ;
– lui fournir des préservatifs avec le mode d’emploi ;
– permettre à votre fille de prendre une contraception si
elle le demande ;
– informer votre garçon des conséquences possibles de
ses actes.
Dites-lui clairement que vous ne faites pas ça pour l’inciter
à avoir des rapports sexuels dès que possible, mais pour le
ou la protéger le moment venu.

Prudence sur les réseaux sociaux


Avant que votre fille ouvre son premier compte sur les
réseaux sociaux, mettez à jour avec elle son cahier de
prévention avec de nouvelles mesures :

46


ne pas accepter des inconnu(e)s comme « amis » virtuels ;
ne jamais publier de photos intimes ;
4

iNFORMEZ ET ÉCHANGEZ AVEC LES ADOLESCENTS


– ne jamais envoyer de photos intimes par message privé ;
– avant de poster une photo, se demander : « Est-ce que ça
serait OK pour moi de voir cette photo publiée à la télé, à la
vue de mes camarades de classe et de toute ma famille ? ».
– Déterminer la conduite à tenir face à un harceleur qui
envoie des photos de pénis ou qui réclame des photos
intimes en usant de menaces, chantage, insultes :
• on ne panique pas ;
• on ne répond pas ;
• on avertit immédiatement les parents.
Rappelez-lui que vous serez là pour la soutenir et l’aider sans
la juger. Ces conseils sont valables pour les garçons bien que
le risque soit plus faible.

Le respect en ligne
Voici quelques règles simples que votre enfant doit
comprendre et accepter avant d’avoir son premier compte
sur les réseaux sociaux :
– Tu dois montrer le même niveau de respect sur les réseaux
sociaux et messageries en ligne qu’au lycée ou au collège.
– Les paroles s’envolent, mais les écrits restent.
– Ne demande jamais à une fille ou un garçon de t’envoyer
une photo intime.
– Faire poliment des avances à un garçon ou une fille qui te
plaît, c’est OK. Mais tu dois respecter son refus si jamais

47
il ou elle refuse,. Si tu réponds par des menaces ou des
insultes, tu bascules dans le harcèlement sexuel.
– Si tu reçois des images volées, ne les retransmets à
personne et préviens-nous immédiatement

Parlez de prostitution
avec votre enfant
L’association Agir Contre la Prostitution des Enfants
(ACPE) a développé un « michetomètre », outil pédago-
gique pour faire la différence entre les histoires d’amour et
les différentes formes de prostitution.
Votre fille (plus rarement votre garçon) peut tomber dans la
prostitution à votre insu, et sans comprendre la gravité des
conséquences.
– Listez avec elle les risques.
– Donnez-lui une copie du « michetomètre » de l’ACPE (à
inclure dans son carnet de prévention).
– Rappelez-lui que quoi qu’elle fasse, vous ne la jugerez pas,
et vous resterez là pour elle en cas de besoin.

Parlez de pornographie
avec votre fille
Vous pouvez installer le « contrôle parental » sans vous faire
d’illusions sur son efficacité. La quasi-totalité des filles de
14 ans ont déjà regardé des images pornographiques et
beaucoup d’entre elles le font pour leur « éducation », pour
savoir « comment faire » avec leur petit ami le moment venu.

48
Expliquez à votre fille pourquoi le porno ne doit pas lui servir
de modèle :
4

iNFORMEZ ET ÉCHANGEZ AVEC LES ADOLESCENTS


– Ne la culpabilisez pas. C’est normal d’avoir des désirs,
c’est normal et sans risques pour la santé de se masturber
(les études scientifiques le confirment). Ce qui n’est pas
normal, c’est le détournement de ces désirs par l’industrie
criminelle du porno.
– La grande majorité de la pornographie est violente et
sexiste (insultes, coups, positions douloureuses et humi-
liantes, sans même parler des pratiques « extrêmes »).
– Les pratiques filmées ne sont souvent pas celles qui
donnent du plaisir aux femmes mais plutôt celles qui
créent des images excitantes pour les hommes.
– C’est incompatible avec les valeurs que vous défendez : le
respect, la tendresse, l’intimité, la complicité, la gratuité, etc.
– Attention à l’addiction (plus rare chez les filles mais elle
existe aussi).
Informez votre fille que la majorité des garçons aujourd’hui
sont intoxiqués au porno et lui demanderont sans doute de
reproduire ce qu’ils ont vu. C’est à elle de fixer des limites
et de choisir ce qu’elle fait de son corps. Elle peut choisir
les gestes qu’elle accepte et dire « STOP » à tout moment,
si elle a mal ou si elle n’a simplement plus envie. Insistez
là-dessus car la soumission des femmes est la clé du porno.

49
Parlez de pornographie
avec votre garçon
Vous pouvez installer le contrôle parental mais ça ne suffit
pas car votre enfant saura le contourner. La meilleure option
reste l’éducation. Le porno, c’est l’école des violeurs : à vous
de lui enseigner qu’une autre sexualité, positive, égalitaire et
respectueuse, est possible.
– Ne le culpabilisez pas. C’est normal d’avoir des désirs,
c’est normal et sans risques pour la santé de se masturber
(les études scientifiques le confirment). Ce qui n’est pas
normal, c’est le détournement de ces désirs par l’industrie
criminelle du porno.
– Rappelez-lui que les films pornographiques sont interdits
aux moins de 18 ans parce qu’ils sont violents et sexistes.
Ce n’est pas tant la nudité qui est choquante, mais la
violence verbale et physique, l’humiliation et les gestes
de torture comme l’étranglement.
– Alertez-le sur le fait que beaucoup de vidéos sur les sites
pornographiques sont de vraies scènes de viol, de prosti-
tution de mineurs, ou encore des images volées. Regarder
ces images, c’est se faire complice d’un crime ou d’un
délit. Les prendre pour modèle, c’est apprendre à devenir
un prédateur sexuel.
– Invitez-le à faire preuve d’empathie pour les personnes
filmées. Est-ce que ça plairait à votre garçon d’être filmé
pendant qu’il fait une fellation ou subit une sodomie, et que
le film soit sur Internet, accessible à tous ces camarades de
classe, à ses professeurs, à toutes les personnes de sa famille ?

50
Cette question permet de comprendre la violence
intrinsèque de la pornographie, qui viole l’intimité des
4

iNFORMEZ ET ÉCHANGEZ AVEC LES ADOLESCENTS


personnes filmées, même avec leur consentement.
– Informez-le sur le risque d’addiction qui peut ruiner sa
vie sexuelle avant même qu’elle ait commencé.
– Dites-lui que les femmes dans la vraie vie acceptent rare-
ment les pratiques humiliantes ou extrêmes des films
pornographiques.
– Insistez sur les valeurs positives que vous défendez et
qui sont bafouées par le porno : la tendresse, l’intimité,
la complicité, la réciprocité, la générosité, le respect, le
consentement…
– Rappelez-lui que vous serez toujours là pour l’aider
sans le juger.

e
Pour une sexualité positiv
Dénoncer la violence de la pornographie, ce n’est
pas un discours anti-sexe. Votre adolescent, garçon
ou fille, doit savoir qu’il est sain et naturel :
d’avoir une libido ;
de ressentir de l’attirance pour une autre personne ;
de se masturber ;
de rechercher des relations intimes avec d’autres
adolescents.
Il n’est pas responsable de ses désirs, mais il est
responsable de ses actions. Il doit respecter la loi
et les autres, et ne jamais faire à une autre
personne ce qu’il ne voudrait pas subir lui-même.

51
5 RESTEZ ATTENTIFS
AUX SIGNAUX
D’ALERTE

Si votre enfant subit une agression sexuelle, il aura souvent


besoin de temps pour en parler. Cela s’explique par la
peur, la honte, la culpabilité, l’état de choc psychologique
ainsi que par le conflit de loyauté (quand l’agresseur est
un proche, l’enfant est réticent à le dénoncer), et la stra-
tégie de l’agresseur pour le faire taire (pressions, menaces,
manipulation).

Une stratégie en amont


C’est dans ce moment crucial que la stratégie de prévention
mise en place avec votre enfant peut faire toute la diffé-
rence. Si vous avez défini clairement et précisément ce que
sont l’inceste, le viol, l’agression sexuelle, le harcèlement, la
prostitution, l’exhibition et la sextorsion, votre enfant n’aura
pas de mal à trouver les bons mots pour raconter ce qui lui
arrive. Si vous avez construit une relation basée sur la
confiance et l’écoute mutuelles, votre enfant aura moins
peur de vous en parler. Si votre enfant sait que quoi qu’il
arrive, quoi qu’il ait fait, quoi qu’il ait subi, vous serez toujours
à ses côtés pour l’aider sans le juger, alors vous pourrez inter-
venir plus vite et plus tôt.

52
À l’adolescence, les difficultés habituelles de communica-
tion entre parents et enfants ne simplifient pas les choses.
5

RESTEZ ATTENTIFS AUX SIGNAUX D’ALERTE


De plus, les enfants ayant subi des traumatismes peuvent
réagir par des comportements de rébellion, de violence, de
délinquance. Ce sont parfois des appels à l’aide, destinés à
attirer l’attention. Avant de penser aux punitions, posez-vous
la question : « Que s’est-il passé ? »

Des mots, des maux


Ce qui ne peut pas s’exprimer pas avec des mots s’expri-
mera avec des maux :
– anxiété ;
– cauchemars, troubles du sommeil ;
– incontinence (énurésie, encoprésie) ;
– repli sur soi, isolement, mutisme ;
– agressivité ;
– troubles compulsifs (par exemple : se laver les mains
40 fois par jour) ;
– décrochage scolaire ;
– dépersonnalisation, dissociation ;
– douleurs chroniques (migraine, eczéma, maux de ventre) ;
– spasmophilie.

53
Avec les adolescents on peut aussi observer ces signaux
d’alerte :
– scarification, automutilation ;
– fugue ;
– dépression ;
– addiction (alcool, cannabis) ;
– délinquance ;
– tentative de suicide.
Les violences sexuelles détruisent la confiance en soi et
causent un véritable dégoût, voire une haine de soi-même.
Cela se matérialise par des comportements autodestruc-
teurs qui peuvent aller jusqu’aux tentatives de suicide. Chez
les adolescents, on peut aussi observer des comportements
de fuite (fugue, absentéisme scolaire) ou des comporte-
ments délinquants qui sont en fait des appels à l’aide.

Que faire si vous observez


ces signaux ?
Évitez de punir votre enfant dans le seul but qu’il ou elle
se « tienne tranquille ». Aucun de ces signaux d’alerte n’est
là par hasard. Interrogez votre enfant tout en le rassurant,
en 3 étapes :
– observations factuelles ;
– questions ouvertes ;
– bienveillance inconditionnelle.

54
Un exemple concret
« J’observe que tu n’as rien mangé depuis 3 jours,
5

RESTEZ ATTENTIFS AUX SIGNAUX D’ALERTE


tu n’arrêtes pas de pleurer, tu restes enfermée
dans ta chambre, tu t’es battue avec ton petit frère
ce matin. Est-ce qu’il s’est passé quelque chose
de grave ? Nous sommes préoccupés, nous voulons
savoir la vérité pour pouvoir t’aider. Quoi qu’il soit
arrivé, nous sommes là pour t’aider et pas pour
te punir. Tu peux nous parler maintenant ou plus
tard, nous serons toujours là pour toi. Si tu ne peux
pas nous parler, tu peux appeler le 119. »

Il vaut mieux avoir développé une relation de confiance avec


une vraie écoute de l’enfant. Si votre enfant a peur d’être
puni ou de ne pas être entendu, il ne parlera pas. Parfois
l’agresseur menace l’enfant dans le cas où il parlerait à ses
parents. Dans le cas de l’inceste en particulier, il est fréquent
que l’enfant se confie plutôt à une personne extérieure à la
famille comme une camarade de classe, une psychologue
ou une infirmière scolaire.

Acceptez vos limites


Malgré tous vos efforts, il se peut que vous vous sentiez
débordés et dépassés par la souffrance visible de votre
enfant qui ne veut pas (ou ne peut pas) vous dire ce qui s’est
passé. Vos propres sentiments de peur, honte, culpabilité
peuvent compliquer les choses encore plus. Ayez l’humilité
d’accepter vos limites et de vous appuyer sur des profes-
sionnels expérimentés (psychologue, pédopsychiatre, etc.)

55
6 ÉC OUTEZ ET RECEVEZ
LA PAROLE DE VOTRE
ENFANT

Comment réagir ?
• « Je te crois. »
La révélation des violences sexuelles subies par votre enfant
est un véritable choc. Surtout si l’agresseur est un proche en
qui vous aviez toute confiance. C’est humain de réagir par
le déni, l’incrédulité, la stupeur face à une catastrophe aussi
soudaine.
Et pourtant, la première chose que votre enfant doit
entendre c’est : « Je te crois. » Dans ce moment crucial pour
votre relation et pour son avenir, il est essentiel pour votre
enfant de savoir que sa parole a de la valeur à vos yeux. Si
l’enfant a menti, il sera temps plus tard de mener l’enquête
et d’avoir le fin mot de l’histoire. Sachez cependant que les
fausses accusations sont plutôt rares : si vous accueillez les
révélations de l’enfant avec scepticisme, selon toute proba-
bilité, c’est vous qui êtes dans le déni.
La révélation des faits peut être partielle et progressive.
Votre enfant peut commencer par raconter une partie des
agressions seulement, pour « tester » votre réaction, ou
parce qu’il ou elle a peur d’en dire plus.

56
• « Ça n’est pas ta faute. »
6

ÉCOUTEZ ET RECEVEZ LA PAROLE DE VOTRE ENFANT


Très souvent, votre enfant croit qu’il est partiellement
ou totalement responsable. C’est à vous de remettre les
pendules à l’heure et lui dire sans ambiguïté que l’agresseur
n’avait pas le droit de faire ça et que si l’agresseur finit en
prison, ce sera uniquement par sa propre faute.
J’insiste là-dessus : même si votre enfant a ignoré certains
de vos conseils de prudence, ça n’en fait pas pour autant le
co-responsable de ce qu’il a subi. Des phrases comme « Je
t’avais bien dit de ne pas aller en mini-jupe à cette soirée ! »
ou « Tu n’aurais pas dû boire/fumer du cannabis. » peuvent
avoir un impact dévastateur. En tant que parents, c’est à vous
de remettre les points sur les i :
– Le seul responsable du viol, c’est le violeur.
– Le seul responsable du harcèlement, c’est le harceleur.
Très probablement, votre enfant sera dévoré par la honte et
la culpabilité de ne pas avoir réagi, pris la fuite ou crié pour
appeler à l’aide, de ne pas avoir parlé plus tôt. C’est impor-
tant de ne pas le culpabiliser encore plus. Au contraire
vous devez le féliciter pour son courage d’avoir osé parler, et
le rassurer sur votre soutien inconditionnel et efficace pour
tout prendre en charge : « Tu as bien fait de parler, bravo
pour ton courage, nous sommes fiers de toi. Nous sommes
là pour t’aider et t’accompagner maintenant. »

57
Gérez vos propres émotions
Il vous faudra gérer vos propres émotions face à cette catas-
trophe qui peut réveiller en vous des blessures anciennes.
Prenez garde à ne pas augmenter la culpabilité de l’enfant
avec des phrases comme : « Mais pourquoi ça m’arrive à
moi ? » ou « C’est vraiment trop, je n’en peux plus ! ». Vous
êtes adultes, et vous avez des ressources d’adultes pour
faire face à un événement difficile. Votre enfant n’a pas les
mêmes ressources, c’est à vous de soutenir votre enfant et
non l’inverse. Sachez cependant que vous n’êtes pas seuls,
n’hésitez pas à demander de l’aide pour votre enfant et vous-
même afin de créer un véritable réseau de solidarité et de
soutien (clé n° 10).

Les 5 messages clés


Les messages clé pour votre enfant qui vient
de vous révéler une agression sexuelle :
1. Je te crois.
2. Il n’avait pas le droit.
3. Ce n’est pas ta faute.
4. Je t’aime.
5. Je serai toujours là pour toi.

58
Pensez positif
6

ÉCOUTEZ ET RECEVEZ LA PAROLE DE VOTRE ENFANT


C’est difficile de rester positif dans un moment où l’on est
bouleversé par un drame, mais c’est très important. Dans les
moments et les jours qui suivent la révélation :
– Remerciez et félicitez votre enfant d’avoir trouvé le
courage de parler.
– Dites-lui que vous serez toujours là pour elle ou pour lui.
– Redites-lui combien vous l’aimez.
– Exprimez votre confiance en son avenir.
– Souvenez-vous que votre enfant a des ressources formi-
dables pour l’aider à surmonter ce drame.
– Mobilisez les personnes qui comptent le plus pour votre
enfant (adultes ou enfants, amis ou membres de la famille)
pour lui manifester de la solidarité et du soutien. C’est
un contrepoids essentiel au sentiments d’isolement, de
dépression, d’humiliation qui découlent d’une agression
sexuelle.

59
7 EZ ET ACCOMPAGNEZ
PROTÉG
VOTRE ENFANT

Inceste, viol ou agression sexuelle


Un « tsunami », c’est l’expression fréquemment employée
par les parents qui ont découvert que leur enfant était
victime d’inceste ou de pédocriminalité. Accompagner
l’enfant dans son parcours de soins et en justice demande
beaucoup de temps, de ressources et d’énergie. Il faut dès le
début s’entourer de professionnels solides pour y parvenir,
et contacter les associations spécialisées. Cela dépasse
de loin ce qu’on peut développer dans ces 10 clés. Pour
des informations plus détaillées vous pouvez télécharger
gratuitement le Guide du Parent Protecteur sur le site de
l’association Face à l’inceste.

Prostitution
• Ne culpabilisez pas votre enfant
Si votre enfant est tombé dans la prostitution, il a peut-être
commis des erreurs de jugement, mais c’est avant tout un
enfant qui a besoin d’aide. Il n’a pas besoin qu’on l’insulte
ou qu’on le gifle en lui disant qu’il fait honte à la famille.

60
Si la prostitution des mineurs est sévèrement réprimée
par la loi, c’est pour protéger leur santé et leur dignité, et
7

PROTÉGEZ ET ACCOMPAGNEZ VOTRE ENFANT


non pour des raisons morales ou religieuses.
La communication avec votre ado tombée dans la prostitu-
tion peut être très difficile : sous l’emprise de son « loverboy »
(proxénète et petit ami), il ou elle peut fuguer, se rebeller,
et voir la prostitution comme un choix assumé et un moyen
d’augmenter son autonomie.

• Des mesures concrètes


Concrètement, vous pouvez appeler le 119 pour demander
conseil. Vous pouvez également alerter les services sociaux, la
CRIP (Cellule de Recueil des Informations Préoccupantes).
Il faudra également préparer un dépôt de plainte, soit au
commissariat, soit directement auprès du procureur, en
préparant le dossier avec un avocat connaissant cette
problématique.
Vous aurez certainement besoin d’aide professionnelle
dans cette situation complexe, l’amour que vous portez à
votre enfant n’étant pas suffisant (clé n° 10). Attention aux
réactions de la famille (clé n° 9). Je vous recommande le
Guide pratique à destination des parents téléchargeable
sur le site de l’ACPE.

Harcèlement
La première chose à faire est de recueillir le témoi-
gnage de votre enfant, de noter les paroles et les gestes
précis, les lieux et les dates. Si vous connaissez le harce-
leur (c’est presque toujours le cas), vous pouvez tenter de

61
chercher une solution amiable et contacter ses parents s’il
est mineur.
Vous pouvez le faire par téléphone, mais le mieux est de
préparer un écrit (courrier ou e-mail) qui comporte :
– Les faits datés, précis et détaillés.
– La mention du délit de harcèlement sexuel (Code pénal
article 222-33).
– Vos demandes concrètes comme :
• la reconnaissance des faits et de leur gravité ;
• un engagement à ne pas recommencer.
Le ton du courrier et des échanges téléphoniques doit rester
poli et respectueux, mais ferme. Évitez les menaces ou les
insultes même indirectes. C’est une démarche amiable, vous
cherchez à tendre la main pour protéger votre enfant, et non
à punir ou à humilier le harceleur ou ses parents.
Les réactions les plus fréquentes, de la part du harceleur
ou de ses parents, seront le déni, la minimisation, parfois
les tentatives de diversion. Ce n’est pas facile mais il faut
rester calmes, respectueux, centrés sur les faits précis que
vous reprochez au harceleur et sur les demandes concrètes
que vous avez préparées.
Si cette démarche amiable n’aboutit pas, vous pouvez envi-
sager la voie judiciaire avec un l’aide d’un avocat. C’est long,
difficile et coûteux, et le résultat est incertain. Ne l’envisagez
qu’en dernier recours.

62
Si le harcèlement a lieu en milieu scolaire, prenez rendez-
vous avec la direction. Si la réaction de la direction est
7

PROTÉGEZ ET ACCOMPAGNEZ VOTRE ENFANT


insuffisante, contactez le rectorat. Travaillez en réseau avec
les professionnels concernés, le soutien des associations de
lutte contre le harcèlement scolaire et préparez si possible
une action concertée avec d’autres victimes.
Si le harcèlement est incestueux, voir aussi la clé n° 9.

Images volées
Si jamais vous apprenez que des photos intimes de votre
enfant circulent dans son collège ou lycée, rencontrez
en urgence le proviseur pour mettre en place une action
pédagogique.

• Comment (ré)agir ?
C’est l’occasion de rappeler la loi et de jeter la honte sur
les auteurs et complice de la diffusion des images plutôt
que sur la victime, et de déclencher une vague de soutien.
Si ça ne produit pas les effets attendus, il faut envisager
un changement d’établissement scolaire et en parler au
rectorat. On peut aussi porter plainte (c’est même un devoir
citoyen) mais la lenteur de la justice est peu compatible avec
le besoin de réactions rapides et vigoureuses. Le soutien des
associations qui luttent contre le harcèlement scolaire peut
être précieux.

63
• Créez un réseau
Il faut aussi signaler à la police, via la plateforme PHAROS,
toutes les adresses Internet où les images pourraient être
repérées.
La peur et la honte doivent changer de camp. À vous de
vaincre le déni et l’inertie pour créer un réseau de soutien
et de solidarité autour de l’enfant victime, qui impliquera
enfants et parents, enseignants, direction, policiers autour
d’un objectif commun :
– identifier et détruire les copies des photos et vidéos ;
– casser les chaînes de redistribution ;
– mettre les coupables et complices devant leurs
responsabilités.

Vers la résilience
Le stress post-traumatique consécutif aux violences sexuelles
n’est pas une fatalité. Les thérapies pour le soigner ont
beaucoup progressé, et la formation des thérapeutes aussi.
Certains chercheurs parlent de croissance post-trauma-
tique ou de résilience pour désigner le chemin qui conduit
à dépasser les conséquences du trauma, mais aussi à se
réinventer, et donner un nouveau sens à sa vie. On ne peut
pas oublier ni effacer un événement traumatique. Rien n’est
jamais plus « comme avant ». Mais on peut l’accepter et l’as-
sumer, en réduire les conséquences, et lui donner une autre
signification par des actions altruistes comme le témoignage,
l’entraide, la solidarité, l’engagement associatif.

64
8 FAITES FACE LORSQUE
L’AGRESSEUR EST
MINEUR

Nul n’est censé ignorer la loi


Dès 13 ans, votre enfant doit savoir précisément ce qui
est permis et ce qui est interdit par la loi. C’est pour cela
que j’ai inclus les références de certains textes de loi dans
la première partie. Lire un article du code pénal avec votre
enfant et répondre à ses questions un très bon exercice
pédagogique. Vous pouvez aussi décortiquer avec lui un fait
divers (par exemple un viol collectif impliquant des auteurs
mineurs proches de son âge).
Les enfants sont parfois influencés par leurs amis, par la
« meute » : insistez sur sa responsabilité individuelle et sa
capacité à agir en protecteur ou protectrice.

Quelle responsabilité
pour un mineur agresseur ?
Dès son 13e anniversaire, un enfant peut avoir à répondre de
ses actes devant un Juge des enfants. Bien sûr la justice prend
en compte l’âge du trop jeune délinquant et favorise autant
que possible les mesures éducatives plutôt que la prison.

65
Mais du point de vue de la victime, le traumatisme est le
même que l’agresseur ait 16 ans ou qu’il en ait 60. Évitez
de minimiser les violences sexuelles commises par des
mineurs en disant que ce sont des « jeux innocents » ou du
« touche-pipi ».

• N’ayez pas peur de porter l’affaire


en justice
L’attitude des parents du jeune agresseur sera déterminante
pour la suite :
– déni et soutien de leur enfant ;
– contre-attaques contre l’enfant victime et vous-même ;
– passivité, paralysie ;
– soutien et collaboration avec vous.
Si les faits relèvent clairement de la justice pénale (viol ou
agression sexuelle), résistez aux propositions de règlement
« à l’amiable » et surtout en catimini. Le but d’un procès
n’est pas seulement de sanctionner l’auteur des faits, mais
aussi de :
– reconnaître officiellement les faits et leur gravité ;
– indemniser la victime (les soins coûtent cher !) ;
– décider d’une obligation de soins ;
– mettre en place des mesures de prévention de la
récidive.
Rappelez-vous que ce n’est pas la victime qui « envoie l’agres-
seur en prison » et qui va « ruiner sa vie » en portant plainte.
C’est l’agresseur qui s’y envoie lui-même par ses actions.

66
C’est le juge, non la victime, qui décide de la sanction.
Porter plainte n’est pas un acte de vengeance, c’est un devoir
8

FAITES FACE LORSQUE L’AGRESSEUR EST MINEUR


citoyen. Le reste est du ressort de l’autorité judiciaire qui
incarne la réponse de la société à la faute commise par l’un
de ses membres. Il y aurait beaucoup à dire sur les dysfonc-
tionnements judiciaires, mais c’est un autre sujet.

Prévention : les comportements


protecteurs
Éduquer ce n’est pas seulement bannir les mauvais compor-
tements. C’est aussi et surtout développer et encourager les
bons comportements.
Valorisez votre enfant dans son rôle protecteur. Les autres
enfants se sentiront respectés et en sécurité auprès de lui. Il
ou elle sera prêt(e) à intervenir pour prendre la défense de
la victime dans les situations de violence qu’il ou elle pourra
identifier car vous les avez soigneusement définies ensemble.

Cas pratique n° 1
Votre enfant reçoit des images de « revenge porn »
envoyées par un ami ou un camarade de classe. Voilà
ce qu’il doit faire immédiatement :
Ne pas les redistribuer.
Alerter les parents et la direction du collège
ou lycée.
Montrer de la solidarité avec la victime par
des actions individuelles ou collectives.

67
Cas pratique n° 2
Dans une soirée d’ados, votre garçon tombe sur
une fille saoule et à moitié dénudée. Il est seul
dans la chambre avec elle. Que fait-il ?
a) Il la caresse ou se frotte contre elle (agression
sexuelle)
b) Il va plus loin et commet une pénétration sexuelle
(viol)
c) Il la photographie et partage la photo
(harcèlement)
d) Il va chercher une amie ou un adulte pour
la rhabiller et la ramener chez elle.
Les comportements a, b, c) sont ceux d’un prédateur
sexuel, passibles de prison.
Le comportement d) est protecteur.

Les filles autant que les garçons peuvent adopter ces


comportements protecteurs. Elles commettent beaucoup
plus rarement des violences sexuelles (seuls 2% des viols
sont commis par des filles ou des femmes), mais elles
peuvent parfois en être complices passives ou actives.

68
Et si votre enfant a comem?
is 8
une agression sexuell

FAITES FACE LORSQUE L’AGRESSEUR EST MINEUR


Sachez d’abord que le déni est une réaction
naturelle. Face à un accident ou une violence
inattendue, on a d’abord l’impression que ça n’est
pas possible, que ça n’est pas réel. Les trois règles
d’or continuent à s’appliquer : n’ayez pas peur, dites
la vérité, répondez aux questions de votre enfant.
Afin de résoudre la violente dissonance cognitive,
vous aurez besoin de beaucoup de discernement.
Il faut distinguer :
l’amour inconditionnel que vous portez à l’enfant ;
la réprobation de ses actions ;
la nécessité pour lui d’assumer ses responsabilités.
Sachez aussi que les peines de prison ferme sont
rarissimes pour les primo-délinquants de moins
de 18 ans : les juges pour enfants cherchent toujours
un équilibre entre sanctionner et préserver l’avenir
de l’enfant.
Un enfant peut être à la fois agresseur et victime.
Votre enfant agresseur a très probablement besoin
de soins et d’accompagnement, quel que soit
le parcours qui l’a amené à devenir délinquant.
Je le redis : la tentation est forte de minimiser
les faits ou remettre en cause les déclarations
des victimes et témoins. Attention ! L’impunité
ouvre la porte à la récidive, et aux agressions
en série.

69
9 ASSUMEZ ET GÉREZ
LES CONSÉQUENCES
AVEC LA FAMILLE

La majorité des violences sexuelles sont incestueuses.


L’inceste ne traumatise pas seulement un enfant ; il déchire
le tissu familial et remet en cause les liens.

Des réactions violentes


Le déni et l’omerta demeurent les réactions les plus
fréquences (dans 83 % des cas). Pour préserver sa cohésion
et un semblant de respectabilité, on va cacher la poussière
sous le tapis, quitte à écraser la victime par une injonction au
silence. Même lorsque l’agresseur est extérieur à la famille,
il arrive qu’une partie de la famille refuse de croire l’enfant.
L’inceste et la pédocriminalité suscitent des réactions
émotionnelles fortes. Cela peut prendre la forme du
chantage affectif, du chantage tout court, des insultes,
des mesures de rétorsion financières, du harcèlement, des
violences physiques.
À l’inverse, la famille est aussi le lieu où l’on pourra trouver
amour et soutien inconditionnel, y compris dans les
moments difficiles, car le parcours d’une victime de violences
sexuelles n’est pas de tout repos pour ses proches.

70
Faut-il pardonner ?
9

ASSUMEZ ET GÉREZ LES CONSÉQUENCES AVEC LA FAMILLE


Une question délicate est celle du pardon. Faut-il pardonner
à l’agresseur lorsqu’il montre un repentir sincère ? Est-ce
nécessaire pour avancer et « passer à autre chose » ?
Commençons par rappeler qu’on n’est pas obligé de
pardonner pour guérir et se reconstruire. Cela peut être
très beau de s’engager sur un chemin de pardon et de récon-
ciliation, mais il ne peut pas y avoir de véritable pardon
sans que l’agresseur ait pleinement reconnu les faits et
assumé ses responsabilités devant la justice.
Attention au « simulacre de pardon » qui viserait surtout à
assurer la tranquillité de l’agresseur, lui éviter une procé-
dure judiciaire et verrouiller le silence de toute la famille.
Rappelez-vous cette vérité toute simple : on ne peut pas
protéger l’enfant et protéger l’agresseur en même temps.
On est obligé de choisir son camp, et ne rien faire du tout,
c’est choisir de se faire complice du silence, de protéger
l’agresseur au détriment de l’enfant, et de faciliter la récidive.

Une famille de cœur


Donnez la priorité à l’enfant et faites le tri
parmi vos proches sans sacraliser les liens du sang.
Une amie présente, disponible et à l’écoute vaut
mieux qu’une sœur qui reste dans le déni.
Couper les ponts avec les personnes toxiques est
douloureux mais parfois nécessaire. Sachez qu’il
est toujours possible de reconstituer une « famille
de cœur » avec des personnes de confiance,
indépendamment des liens du sang.

71
E RESTEZ PAS ISOLÉS:
N
FAITES-VOUS
AIDER
Une des grandes difficultés pour les victimes de violences
sexuelles est l’isolement. Difficile d’en parler, d’être entendu
par les professionnels, de trouver le soutien et l’aide dont on
a besoin auprès des proches qui se sentent parfois démunis
et impuissants.

L’union fait la force


Pour briser cette solitude, vous devrez créer un réseau de
soutien composé de :
– professionnels du soin (psy, pédiatre, etc.) ;
– professionnels de la justice pour les cas les plus graves (le
choix d’un bon avocat est essentiel. Je vous recommande
les dossiers experts Bien choisir son avocat et le Guide du
Parent Protecteur de l’association Face à l’inceste ;
– personnes-relais en milieu scolaire (direction, enseignants,
infirmière) ;
– la famille (réduite à ceux qui croient l’enfant et ne
soutiennent pas l’agresseur) ;
– amis, collègues.

72
Une aide pour vous-même
10

NE RESTEZ PAS ISOLÉS : FAITES-VOUS AIDER


En plus du suivi psychologique pour l’enfant, je vous recom-
mande un suivi psychologique pour vous-même, surtout si
vous êtes un parent seul, afin de mieux :
– gérer vos émotions multiples ;
– prendre du recul pour les décisions importantes ;
– comprendre ce que vit votre enfant ;
– travailler la communication avec l’enfant victime mais
aussi avec ses frères et sœurs.

N’ayez pas peur d’en parler


N’ayez pas peur d’en parler autour de vous (encore la règle
d’or !). Il n’est pas honteux de dire « Ma fille a été agressée
sexuellement. » Pas plus que « Je me suis cassé la jambe au
ski. » Vous pourriez être étonnés par la solidarité et le soutien
que vous recevrez en retour. Si vous avez besoin d’argent
pour la procédure judiciaire ou les factures de psychologue,
pourquoi ne pas lancer une cagnotte et solliciter vos collè-
gues et amis ? Certains seront heureux et même soulagés
de pouvoir faire un geste concret pour vous aider.

Demandez conseil
Pour répondre à vos questions, il y a bien sûr les numéros
d’information et d’orientation (le 119 pour toutes les violences
contre les enfants et le 3018 pour les violences numériques)
ainsi que les associations. Ce sont des relais essentiels d’in-
formation et d’entraide. Soyez conscients cependant qu’elles
fonctionnent le plus souvent avec des bénévoles qui ont des

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moyens limités face à une tâche immense. Vous pouvez en
espérer une écoute, un accueil, des conseils, des informations
utiles, des contacts : mais n’attendez pas non plus des miracles.

Entourez votre enfant


Dans les moments difficiles, il faudra répéter à votre enfant :
« Tu n’es pas seul(e). » et puis énumérer la liste de toutes les
personnes qui l’ont aidé ou qui lui ont montré de la sympa-
thie. Les soins médicaux (et parfois le volet judiciaire) sont
importants, mais l’essentiel c’est que votre enfant se sente
entouré d’amour, d’amitié, de bienveillance, d’écoute et de
soutien afin de pouvoir reconstruire son intégrité psychique
et sa confiance en lui ou en elle.

Mobilisation générale !
On dit qu’il faut tout un village pour élever un enfant.
Voici quelques suggestions pratiques pour mobiliser
le village autour de votre enfant :
Un livre d’or qui collecte les messages de soutien.
Une fête d’anniversaire qui réunit toutes
les personnes qui comptent.
Des initiatives pédagogiques avec les enseignants
et la direction de l’école.
Des actions militantes (marche blanche,
manifestation, pétition) en lien avec d’autres parents
d’enfants victimes.
Une « cagnotte » pour couvrir certains frais.
Des pages de soutien sur les réseaux sociaux.

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CONCLUSION

Les violences sexuelles ne sont pas une fatalité. Plus on


en parle, plus les agressions se font rares. À l’inverse, le déni
et la loi du silence appellent à la récidive.
Pour protéger votre enfant, vous devez l’informer loyale-
ment et sans tabou sur les risques, sur ce qui est interdit,
mais aussi développer la bienveillance et l’écoute et vous
tenir prêts à réagir aux premiers signaux d’alerte.
Vous construirez un véritable partenariat avec votre
enfant qui sera votre meilleur allié pour assurer sa propre
sécurité. Consignez dans un cahier de prévention (ou un
fichier informatique) les informations utiles, les réponses
à ses questions, les conseils de prudence mais aussi les
règles de bon comportement. Ce cahier s’enrichira au fil des
années, à chaque étape franchie par votre enfant.
Il ne s’agit pas seulement de protéger votre enfant des préda-
teurs sexuels. Il s’agit aussi d’en faire un(e) citoyen(e) respon-
sable qui connaît et respecte la loi, et qui saura comment
agir pour protéger ses ami(e)s et camarades de classe.
Il s’agit de promouvoir une sexualité positive de transmettre
à votre enfant des valeurs qui pourront le guider toute sa vie.
Je le redis une dernière fois : n’ayez pas peur.

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RESSOURCES UTILES

Numéros d’information :
– 119 : « allô enfance en danger »
– 3018 : numéro national contre les violences numériques

Les livres pour enfants


– Les 3 tomes de la collection « Et si on se parlait ? »
(3-6 ans, 7-10 ans, 11-13 ans), Andréa Bescond, Mathieu
Tucker, HarperCollins, 2020
– Respecte mon corps !, Catherine Dolto, Gallimard
jeunesse, 2019
– Lili ne veut plus se montrer toute nue, Dominique de Saint-
Mars, Serge Roch, Calligram, 2007
– Lili se fait piéger sur Internet, Dominique de Saint-Mars,
Serge Roch, Calligram, 2006
– Max ne pense qu’au zizi, Dominique de Saint-Mars, Serge
Roch, Calligram, 2010
– Lili a été suivie, Dominique de Saint-Mars, Serge Roch,
Calligram, 1995

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– Les 4 tomes de L’encyclo de la vie sexuelle (4-6 ans,

RESSOURCES UTILES
7-9 ans, 10-13 ans, ados), Hachette enfants
– Les 3 tomes de Questions d’amour (5-8 ans, 8-11 ans,
11-14 ans), Virginie Dumont, Nathan
– Le loup, Mai-Lan Chapiron, La Martinière, 2021 (leloup.
org)
– Mon cahier de prévention, (4-10 ans, 11-14 ans, 15-18 ans)
https://facealinceste.fr/nos-themes/parent-protecteur

Sur les violences sexuelles


(pour les adultes et adolescents)
– L’inceste : 36 questions-réponses incontournables, Isabelle
Aubry et Gérard Lopez, Dunod, 2017
– Le livre noir des violences sexuelles, Muriel Salmona,
Dunod, 2019
– « Conduites prostitutionnelles chez les mineurs : guide
pratique à destination des parents » ACPE (www.acpe-
asso.org)
– Guide du Parent Protecteur, association Face à l’inceste
(facealinceste.fr)
– La première fois j’avais 6 ans, Isabelle Aubry, Pocket, 2010
– Au-delà de l’irréparable, Jonathan Delay, Louise
Courteau, 2021
– Comment j’ai surmonté l’inceste, Isabelle Aubry, J. Lyon,
2010

77
– Pornland : Comment le porno a envahi nos vies, Gail
Dines, Libre, 2020
– https://jeprotegemonenfant.gouv.fr/

Sur l’éducation bienveillante


(pour les parents)
– L’obéissance sans cris ni punition, Stéphanie Damou-
Sabry, Hatier parents, 2019
– La bienveillance, ça marche !, Laurence Dudek, Hatier
parents, 2021
– La psychologie positive avec les enfants, Agnès Dutheil,
Eyrolles, 2015
– papapositive.fr
– parentips.fr

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Dans la même collection :

• Les devoirs à la maison, F. Plessiet


• Les écrans, Dr S. Dieu Osika
• Canaliser son énergie, F. Millot
• La charge mentale, F. Corre Montagu
• L’obéissance sans cris ni punitions, S. Damou-Sabry
• Bien s’alimenter, D. Compte
• Aider son enfant à dépasser ses peurs, F. Millot
• Vaincre la peur de l’échec, S. Damou-Sabry
• Réduire les déchets au quotidien, I. Boucq
• Cultiver l’optimisme en famille, G. Chatelain
• Les nouveaux papas, M. De Breyne
• Accompagner son adolescent, F. Millot
• L’enfant Dys (astuces pour Dys), F. Chée
• Parents séparés, S. De Dinechin
• Rendre autonomes ses enfants au quotidien,
F. Corre Montagu
• Améliorer le sommeil de son enfant, Dr S. Dieu Osika
• La pédagogie Montessori, F. Bodu
• Filles, garçons, S. Bourdeverre-Veyssiere
• L’enfant à haut potentiel, C. Grand
• Frères, sœurs, P. Vautrin
• L’école maternelle, F. Corre Montagu
• La propreté, F. Corre Montagu
• J’aide mon enfant à s’épanouir à l’école,
S. Bourdeverre-Veyssiere
Pour plus de conseils et d’astuces, rendez-vous sur :

Développement de l’enfant, scolarité, vie quotidienne ou activités,


retrouvez de nombreux contenus d’experts pour les enfants de 0 à 14 ans.
www.parentips.fr

Direction : Rachel Duc Principe de maquette


Responsable éditoriale : et illustrations : Ho Thanh Hung
Caroline Terral Mise en page : Patrick Leleux PAO
Édition : Amédine Sèdes Cheffe de studio : Karine Alary
Directrice artistique : Fabrication : Cécile Labarthe
Nadia Fernandes

© Hatier - 8 rue d’Assas 75006 Paris

Tous droits de reproduction, de traduction et d’adaptation réservés pour tous pays.


Les violences
sexuelles
Les violences sexuelles sur mineurs ont longtemps été taboues.
Face aux nouvelles menaces qui se sont développées avec le
digital, il est plus que jamais essentiel de se prémunir contre
ces délits. Oui, mais comment ? Apprendre à repérer un
comportement suspect, écouter et dialoguer avec votre enfant en
utilisant un vocabulaire adapté et accueillir sa parole sont autant
de leviers d’action pour le sensibiliser, le soutenir et le protéger.
Ce livre contient :
Des éclairages sur la nature des différentes violences sexuelles,
ce qu’en dit la loi et les 3 niveaux de prévention : prévenir,
détecter, accompagner ;
Une multitude de conseils efficaces et éprouvés qui complètent
ces 10 clés pour informer et accompagner votre enfant dans la
bienveillance et garantir sa sécurité.

Patrick Loiseleur est vice-président bénévole de l’association


Face à l’inceste dont l’objectif est de protéger les enfants de
l’inceste et de la pédocriminalité. Grâce à ses diverses missions
d’écoute, d’information et ses actions de prévention, l’association
compte déjà de nombreux succès militants.

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Ho Thanh Hung
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