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Cours assainissement : Volet Gestion des excrétas et boues /Par Ing.

Germaine AMINA WASSILE, Mars 2012 1


II. Assainissement autonome

L’assainissement autonome ou non collectif est préconisé pour les habitations se trouvant éloignées
des collecteurs publics, ou des habitations espacées, dispersées ou se trouvant dans les zones où il
n’existe pas de réseaux d’assainissement collectif. L’assainissement autonome peut donc concerner
une habitation individuelle, un immeuble ou un ensemble d’habitations.
En Afrique, plus de la moitié de la population sont en dehors d’une zone de raccordement à un
système d’assainissement collectif et parfois l’assainissement autonome n’existe pas. Lorsqu’il est mis
en place dans notre habitation, la qualité des eaux usées rejetées par nos maisons engage notre
responsabilité en tant qu’utilisateurs, donc nous devons les drainer et traiter les polluants.

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Objectifs du module

A l’issue de ce module, l’étudiant devra être capable de:

 connaître les fondements de l’assainissement autonome

 présenter les avantages et inconvénients de la latrinisation

 concevoir et réaliser la latrine type appropriée à un milieu donné

 exploiter et entretien une installation individuelle

 éliminer les eaux usées provenant de ces installations

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SOMMAIRE
Chapitre 1 : Introduction

Chapitre 2 : Concept d’assainissement autonome


2.1- Définitions
2.2- Objectifs
2.3- Caractérisation de l’assainissement autonome
2.4- Situation de l’assainissement à Maroua
2.5- Assainissement autonome et santé des populations
2.6- Facteurs limitant l’assainissement autonome
2.7- Notion de latrines et toilettes

Chapitre 3 : Latrines traditionnelles


3.1- La nature
3.2- La latrine traditionnelle à fosse sèche

Chapitre 4 : Latrines améliorées


I- La latrine à fosse ventilée (V.I.P)
I.1- Composantes
I.2 - Fonctionnement
I.3 - Différents types de V.I.P

II- La toilette à chasse manuelle (T.C.M)


II.1- Composantes
II.2 - Principe de fonctionnement
II.3- Principaux types de T.C.M

Chapitre 5 : Autres technologies


I- Les cabinets d’aisance à compost
II- Le cabinet V.I.P. à puisard
III - Les fosses à niveau constant
IV - Le cabinet ATIR
V - Les feuillées
VI- Les latrines publiques
VII- Les latrines ECOSAN

Chapitre 6 : Fonctionnement et entretien des installations sanitaires

Chapitre 7 : Etude d’une fosse septique et boues d’épuration

Chapitre 8 : Conception et calcul des installations sanitaires


8.1- Critères de conception des latrines
8.2- Etude de quelques types de latrines
8.2.1- Latrines améliorées
8.2.2- La toilette à chasse manuelle
8.2.3- La toilette à compost
8.3- Etude de la fosse septique

Conclusion
Lexique
Bibliographie

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Assainissement Autonome

Chapitre 1
Introduction
La croissance urbaine dans les pays en voie de développement a favorisé l’occupation
anarchique de l’espace urbain, d’où l’inexistence ou l’insuffisance des systèmes d’assainissement. Au
Cameroun, dans les zones urbaines, de nombreux ménages ne disposent d’aucun ouvrage individuel
d’assainissement, ce qui les oblige à déféquer dans les espaces vides ou dans les rivières. Dans les
zones rurales, les pratiques traditionnelles (défécation dans les champs, sur les feuilles, etc)
prédominent. Ces pratiques favorisent la propagation des maladies hydriques, la contamination des
eaux de surface et souterraine. Ce qui a engendré des problèmes liés à l’environnement et à la santé
des populations.
L’épidémie de choléra est chaque année répandue sur l’ensemble du territoire. Et les
épidémies récentes de choléra dans diverses parties du pays ont été liées au manque d'assainissement
(A. N. AWANA, octobre 2011). Ces polluants sont à l’origine de nuisances environnementales et de
risques sanitaires dans nos villes.
L’installation des ouvrages individuels d’assainissement améliorée nécessite l’existence d’un
réseau d’adduction d’eau potable (R. Franceys et al., 1995). La rareté de l’eau en Afrique est un
obstacle à son adoption par nombre de collectivités. D’autres techniques de latrines se sont
développées au cours de ces dernières décennies pour pallier à cette insuffisance d’assainissement à
savoir : les latrines sèches, les latrines ECOSAN, etc.
Les excrétas non traités ou mal traités présentent un risque pour la santé publique, pour la
contamination des eaux destinées à la consommation et pour les eaux superficielles ainsi qu’une
menace à l’équilibre écologique (Guide technique, Québec 2009). L’élimination des excrétas est d’une
grande importance du fait qu’elle préserve la santé, le bien-être et le cadre de vie des populations et
aussi l’environnement. Seulement, de nombreuses contraintes font obstacles à l’accès des populations
aux installations sanitaires : moyens financiers limités, éducation en matière d’hygiène, la volonté
politique, etc

L'urgence de mener des actions dans le secteur de l'assainissement est évidente si l'on
considère les 2,6 milliards d'individus n’ayant pas accès à un assainissement de base et les 2,2 millions
de morts/an (pour la plupart, des enfants de moins de 5 ans) causées principalement par les maladies
diarrhéiques et des conditions sanitaires insuffisantes (SuSanA, Février 2008).

L’assainissement autonome est tout système d’assainissement assurant la collecte, le


prétraitement, l’épuration, l’infiltration ou le rejet des eaux usées domestiques des immeubles.
L’assainissement individuel, ou autonome est une technique spécifique de traitement des
eaux usées des habitations individuelles. Ces techniques font exclusivement appel à des filières
biologiques. Ces maisons isolées doivent être équipées d'un système autonome de traitement de leurs
eaux usées.
Le coût de l’assainissement individuel est relativement plus bas que l’assainissement collectif.
Bien conçu, il respecte l’environnement et la salubrité publique. La durée de vie d’un système
d’assainissement individuelle est de 20 ans (Admin, juillet 2006). Sa durée de vie est fonction de sa
conception, sa réalisation et de son entretien.

Pour être durable, un système d'assainissement doit être non seulement économiquement
viable, socialement acceptable et techniquement et institutionnellement approprié, mais il convient
aussi de protéger l'environnement et préserver les ressources naturelles pour les générations futures.

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Assainissement Autonome

Chapitre 2
Concept d’assainissement autonome
2.1- Définitions
L’assainissement autonome est l’ensemble de collecte, d’évacuation et d’élimination des excrétas et
eaux usées d’une habitation.
Selon l’OMS (1987a), l’assainissement est l’ensemble des moyens de collecte et d’évacuation
hygiénique des excrétas et des déchets liquides de la communauté pour protéger la santé des individus
et de cette communauté.
L’assainissement individuelle peut également être définie comme le traitement sur place et hygiénique
des excrétas et eaux vannes des individus et collectivités.
L’assainissement non collectif est une installation individuelle permettant le traitement des eaux
domestiques pour les habitations isolées non desservies par un réseau de collecte des eaux usées.

2.2- Objectifs
L'assainissement a pour objectif de protéger la santé des individus et de sauvegarder la qualité du
milieu naturel, grâce à une épuration des eaux usées avant rejet (Guide SPANC).
L’assainissement non collectif vise donc à prévenir plusieurs types de risques, qu’ils soient sanitaires
ou environnementaux.

2.3- Caractérisation de l’assainissement autonome


L’assainissement autonome est caractérisé par deux types d’assainissement :
 l’assainissement autonome individuel: assainissement d’une maison individuelle
utilisant le sol comme élément épurateur (puisards, fosse septique, etc.) ;
 l’assainissement autonome groupé (ou d’assainissement semi-collectif) : plusieurs
habitations individuelles raccordées par un réseau aboutissant à un système d’épuration,
utilisant comme élément épurateur, le sol, le lagunage, le lit bactérien, la boue activée.

2.4- Situation de l’assainissement autonome à Maroua


Maroua, comme les autres villes du Cameroun a connu un accroissement démographique dû à
la création de l’université et à l’exode rural. Ce qui a engendré la prolifération des bidonvilles et des
quartiers spontanés. Dans la ville, le nombre de personnes n’ayant pas accès à un service
d’assainissement correct a également augmenté: les eaux usées et excrétas sont parfois collectés et
déversés directement dans les rues et les enfants défèquent directement dans la nature ou sur les
ordures.
Les mayos, lorsqu’ils sont asséchés, deviennent des WC qui, pendant la saison pluvieuse
charrient ces matières fécales et souillent ainsi les autres retenus d’eau et la nappe phréatique. Ces
eaux de rivière polluées, sont utilisées par les riverains pour leurs activités domestiques et agricoles.
Ces déchets obstruent les mayos et provoquent de graves inondations dans la ville, favorisant la
propagation des maladies hydriques.
Les cultures et modes de vie des populations, ainsi que l’ignorance des populations sur la
question d’hygiène et d’assainissement entraine de nombreux problèmes sanitaires et l’assainissement
est un sujet tabou que l’on n’évoque pas facilement en public.
De Alain NOAH AWANA, du Messager (Octobre 2011), dans le cadre de la coopération
Cameroun et la Banque mondiale, il est prévu la construction de latrines dans 143 000 ménages et
aussi des toilettes dans les écoles pour 40 000 élèves dans la Région de l’Extrême-Nord pour pallier au
déficit des ouvrages d’assainissement et la réduction de épidémies récentes de choléra dans la ville.

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2.5- Assainissement autonome et santé des populations

En Afrique, les modes de défécation sont :


 Défécation dans la nature ;
 Utilisation des latrines publiques (communale),
 Utilisation des Latrine ventilée amélioré (VIP)
 Utilisation des latrines de seau
 Utilisation des toilettes.
Plusieurs individus n’ont pas accès aux toilettes sanitaires par manque de moyens financiers, par
manque de la connaissance ou par conviction culturelle ou religieuse. Les micro-organismes présents
dans les matières fécales sont les bactéries, les virus, les protozoaires (amibes et kystes) et les
helminthes (œufs de parasites). Les conséquences du manque d’emploi des toilettes sanitaires et de
l’élimination sans précaution et sans hygiène de matières fécales humaines sont :
- la présence des mouches, des moustiques et problèmes d'odeur
- la pollution de l’eau potable
- la nuisance olfactive
- les maladies liées à l’excréta et à l’hygiène
- la contamination du sol et des sources d’eau.
Toutes ces conséquences engendrent des maladies telles que les infections diarrhéiques, la typhoïde, le
choléra, etc. les plus exposés à ces risques sont les enfants de moins de cinq ans du fait que leur
système immunitaire n’est pas parvenu à maturité. La principale cause de mortalité dans cette classe
d’âge est constituée par les maladies diarrhéiques (R. Franceys, 1995).
La propagation de ces maladies à partir des excrétas peut se faire par :
- Les mains : lorsqu’après défécation les mains ne sont pas lavées, nous pouvons nous contaminer par
les aliments,
- Les mouches ou insectes qui contaminent les cultures ou plantes que nous consommons,
- Les déchets solides ou excrétas sur lesquels nous déféquons, polluent le sol, puis les eaux
souterraines, de surface et les réserves d’eau que nous utilisons ou consommons.
Il est à proscrire le rejet dans l’environnement des eaux provenant du cabinet d’aisances, des eaux
usées ou ménagères d’une résidence isolée. Ces rejets peuvent porter atteinte à la santé, au bien-être
des populations, d’engendrer des nuisances et causes d’insalubrité, de porter préjudice à la qualité du
sol, à la végétation, et à la faune.
La réutilisation des excrétas (traités ou non traités) en agriculture comme fertilisant peut être à
l’origine des maladies. Les dangers que comportent ces pratiquent dépendent de plusieurs paramètres,
notamment (R. Franceys) :
- Le degré ou l’absence de traitement avant réutilisation,
- Le type de culture,
- La méthode d’irrigation,
- L’ampleur de la réutilisation,
- L’incidence et le type des maladies dans le secteur,
- L’état de l’air, du sol et des eaux.

2.6- Facteurs limitant l’assainissement autonome


La mise en place des mesures d’hygiène et d’un système d’assainissement autonome est l’un des
moyens de lutter ou d’éradiquer les maladies liées aux excrétas. Plusieurs facteurs limitent
l’amélioration des conditions de vie des populations à travers cet assainissement autonome :
Facteurs socio-culturels : l’implication des populations aux projets d’assainissement, les croyances et
pratiques culturels, la défécation et l’hygiène est un sujet tabou qui se dit pas en public, la défécation
est une pratique intime, surtout pour les femmes, l’élimination des fèces appartient à la classe
inférieure, le mode de nettoyage anal utilisé
Facteurs économiques : le revenu insuffisant des ménages qui ne leur permet pas d’accéder à des
ouvrages hygiéniques,
Manque d’éducation en matière d’hygiène et de personne qualifiée sont également des contraintes.
Néanmoins plusieurs technologies de construction de latrine ont vu le jour dans les pays en voie de
développement.

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2.7- Notion de latrines et toilettes

Définitions
Les toilettes ou cabinets (cabinet d'aisance) sont un endroit aménagé pour permettre à un individu de
s'y soulager de ses déjections corporelles (uriner ou déféquer).
Le WC ou siège d'aisance, permet soit de s'asseoir, soit de s'accroupir pour recevoir et évacuer les
déjections. Les déjections peuvent être ensuite évacuées avec de l'eau vers les fosses, fosses septiques
ou les égouts.
Les latrines désignent les toilettes les moins avancées, situées à l'extérieur de la maison. La
distinction entre « toilettes » et « latrines » n'est pas toujours très claire. Les principaux ouvrages
constituant l’assainissement autonome sont les latrines et les fosses septiques. Les formes actuelles des
toilettes varient énormément selon les cultures. Ils existent une diversité des toilettes : les latrines
simples, les latrines ventilées, les toilettes à compost et autres toilettes écologiques, les urinoirs, les
toilettes à la turque, etc.
La « latrinisation » est parfois employé pour désigner un programme incluant le développement des
latrines.

Objectifs
Les latrines sont le mode d'assainissement de base le plus utilisé dans le monde. Le but d'une latrine
est à la fois d'assurer la santé de ses usagers en contenant ou en évacuant les excréments, et de protéger
l'environnement.

Fonction d’une latrine


Une latrine a deux fonctions principales :
 assurer la santé de ses utilisateurs en permettant l'évacuation des excréments de manière
hygiénique ;
 assurer la protection de l'environnement en contenant les germes pathogènes excrétés.
Une latrine mal entretenue a des conséquences sur la santé publique, l'infrastructure urbaine et la
dignité humaine.
Une latrine permet de bénéficier d'intimité, de conserver une certaine dignité, et est un signe de
prestige. De même, disposer d'un type de latrine « améliorée » ou d'une toilette peut aussi donner un
certain statut social.

Éléments constitutifs d'une latrine


Une latrine est composée de plusieurs éléments :
• Une fosse, dans le cas d'une latrine sèche, ou un système d'évacuation des excréta ; la fosse
peut être renforcée ou non, en béton ou en maçonnerie.
• Une dalle, en béton ou en bois, percée d'un trou et éventuellement recouverte d'un siège.
Quand les personnes s'accroupissent, des emplacements sont prévus pour poser les pieds et ne pas les
salir.
• Une superstructure, qui dans sa forme la plus simple est constituée de branchages et de bâches,
mais peut aussi prendre l'allure d'une maisonnette en bois ou en briques. La superstructure est
recouverte d'un toit et peut comprendre divers éléments tels qu'une porte, un conduit de ventilation
menant à la fosse, parfois une arrivée d'eau à l'extérieur.
Une latrine peut posséder des éléments supplémentaires selon son type : siphon hydraulique, parfois
une chasse d'eau quand c'est possible, un emplacement de douche contigu, ainsi que les systèmes
d'évacuation des excréta.

Les différents types de latrine


Les latrines peuvent être globalement classées selon trois critères :
• D'une part, si le dépôt des excréta se fait sur place ou si les excréta sont évacués ;
• D'autre part, si la fosse est sèche ou humide, donc s'il y a ajout d'eau aux excréta ou non.
• Ou encore si elles sont intégrées au bâtiment ou non.

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