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Marche nordique et santé Frédéric

Depiesse
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Marche nordique et santé
Chez le même éditeur

Dans la même collection :


Traumatologie en pratique sportive, par Y. Catonné, F. Khiami et F. Depiesse. 2021, 472 p.
Suivi biologique du sportif, par G. Dine et P. Laure. 2018, 336 p.
Nutrition du sportif, par X. Bigard et C.-Y. Guezennec. 2017, 3e édition, 304 p.
Dopage - Comprendre et prévenir, par O. Coste, K. Noger, P. Liotard et A. Andrieu. 2017, 336 p.
Les bases de la physiologie du sport - 64 concepts clés, par V. Kissouras, O. Kissouras et A. Kissouras,
traduit par P. Jenoure. 2017, 208 p.
Médecine de montagne - Alpinisme et sports de montagne, par J.-P. Richalet et J.-P. Herry. 2017,
5e édition, 384 p.
Prescription des activités physiques - en prévention et en thérapeutique, par F. Depiesse et O. Coste.
2016, 2e édition, 544 p.
Guide d’isocinétisme - L’évaluation isocinétique des concepts aux conditions sportives et patholo-
giques, par P. Edouard et F. Degache. 2016, 352 p.
Musculation : épidémiologie et prévention des blessures, par I. Prothoy et S. Pelloux-Prayer. 2015,
264 p.

Autres collections :
Traumatologie du sport, par G. Danowski et J.-C. Chanussot. 2012, 8e édition, 592 p.
Rééducation en traumatologie du sport. Membre supérieur. Muscles et tendons. Tome 1, par G.
Danowski et J.-C. Chanussot. 2004, 630 p.
Rééducation en traumatologie du sport. Membre inférieur et rachis. Tome 2, par G. Danowski
et J.-C. Chanussot. 2004, 416 p.
Marche nordique et
santé
Frédéric Depiesse
Médecin du sport, spécialiste en médecine physique et réadaptation, Institut Mutualiste
Montsouris – Paris et Clinalliance – Villliers-sur-Orge
Elsevier Masson SAS, 65, rue Camille-Desmoulins, 92442 Issy-les-Moulineaux cedex, France

Marche nordique et santé de Frédéric Depiesse.


© 2021 Elsevier Masson SAS
ISBN : 978-2-294-76791-3
e-ISBN : 978-2-294-77007-4
Tous droits réservés.

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Table des matières
L’auteur. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . vii
Remerciements. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ix
Préface. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . xi
Abréviations. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . xiii

Chapitre 1 Introduction. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1
La marche au fil des siècles. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
Les enjeux de la marche au xxie siècle. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
Chapitre 2 Description, histoire et évolution de la marche
nordique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
Qu’est-ce que la marche ?. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
Qu’est-ce que la marche nordique ?. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
Origines et développement de la marche nordique. . . . . . . . . . . . . . . . . 16
Modalités de pratique en France. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
Chapitre 3 Place de la marche et de la marche nordique dans
nos vies. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21
Constats. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
Propositions. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
Chapitre 4 Acteurs du monde de la marche nordique et
promotion de la santé. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
Structuration fédérale « Athlé Forme Santé » avec la marche
nordique au sein de la Fédération française d’athlétisme. . . . . . . . . . . . 28
Autres acteurs de la pratique en marche nordique. . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
Collectivités territoriales, fédérations sportives, réseaux
sport-santé, monde de la santé. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
Acteurs institutionnels, financement et promotion des actions
sport-santé. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
Monde de l’entreprise et marche nordique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33
École et marche nordique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37
Médias et marche nordique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37
Chapitre 5 Pratiques, techniques et conseils de spécialistes de
marche nordique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39
Les différentes pratiques de marche nordique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
Matériel. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46
Techniques de marche nordique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48
Où pratiquer la marche nordique ?. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51
Comment pratiquer la marche nordique ?. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52
Traumatologie : les problèmes causés par une pratique intense. . . . . 57
vi Table des matières

Existe-t-il des contre-indications médicales à la pratique de la


marche nordique ?. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58
Conseils de pratique pour les professionnels du sport et les
entraîneurs bénévoles de marche nordique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60
Erreurs d’entraînement du trio médecin–coach sportif–patient . . . . 67
Chapitre 6 La marche nordique au regard des connaissances
scientifiques et médicales. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71
Effets cardiovasculaires, neurologiques et psychologiques. . . . . . . . . . 73
Aspects biomécaniques : comment marche-t-on avec des
bâtons à la main ?. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 84
Pathologies. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92
Personnes avançant en âge. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 129
Femmes enceintes. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 132
Intérêt de la marche nordique dans les pathologies
du compétiteur. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 138
Enfant. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 138
Chapitre 7 Précautions à prendre lors de la pratique de la marche
nordique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 147
Règles de sécurité. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 148
Conditions environnementales. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 151
Chapitre 8 Prescription médicale de la marche nordique. . . . . . . . . . . . 161
Cadre réglementaire. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 162
Diffusion des connaissances sur le « sport-santé » et aide
à la prescription . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 168
Modalités d’examen préalable et prescription de la
marche nordique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 169
Comment se motiver ? Le choix de la pratique par
counselling ou entretien motivationnel. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 175
Outils connectés et marche . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 176
Chapitre 9 Conclusion et avenir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 179
Annexe. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 183
Index. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 185
L’auteur

Frédéric Depiesse, passionné d’athlétisme, ancien coureur de 400 mètres,


est médecin du sport depuis 1994, spécialiste en médecine physique
et réadaptation, médecin des hôpitaux, ancien médecin du ministère
chargé des Sports. Il est intervenu comme président de la commission
médicale nationale au sein de sa fédération de cœur, la Fédération
française d’athlétisme, de 2005 à 2019. Il y est licencié depuis 1992
comme médecin et depuis 1972 comme athlète. Aujourd’hui, il est, à titre
bénévole, animateur de marche nordique. Il a entraîné jusqu’en 2020 le
groupe de marche nordique du club d’athlétisme Aiglon du Lamentin en
Martinique. Il a été plusieurs fois membre des commissions médicales
internationale et européenne de son sport et de la commission médicale
du Comité national olympique et sportif français. Il est membre de la
Société française de médecine de l’exercice et du sport. Il a cofondé en
Midi-Pyrénées efFORMip, le premier réseau « sport-santé » de France
en 2004, avec le Pr D. Riviere du CHU de Toulouse et le soutien de l’État
en région (DRJSCS et ARS). Il a cofondé la Société martiniquaise de
médecine de l’exercice et du sport (SM2ES) avec ses collègues médecins
du sport martiniquais en 2016. Il a développé, à partir de 2016, en tant que
praticien hospitalier au CHU de Martinique dans le service de médecine
physique et réadaptation, le projet de centre ressource « sport santé »
en Martinique avec l’Institut martiniquais du sport (IMS), la Collectivité
territoriale de Martinique et l’État. En 2020, il a aidé à la reconnaissance
par le ministère chargé des Sports du label de maison « sport-santé »
de l’IMS et il a participé au lancement de SportBoKay, un dispositif
de télétransmission en direct de pratiques de sport et de conférences
médico-sportives à domicile, initialement pour pallier les effets négatifs
du confinement liés à la pandémie de COVID-19. Il a écrit et coordonné
en 2009 chez Elsevier Masson un livre sur la prescription des activités
physiques et sportives, réactualisé en 2015. Il est aussi conseiller éditorial
pour les collections « Sport » et « Médecine des sports » chez Elsevier
Masson.
Remerciements
Depuis 26 ans, mon approche de la médecine du sport est centrée sur ses aspects
compétitifs mais surtout préventifs. La découverte des courants de pensées et
de pratiques des activités physiques ou sportives depuis le xixe siècle, comme
la pratique hygiéniste, m’a amené à transférer mes connaissances de médecin
du sport « compétitif » vers la médecine de l’exercice et de l’homme en mouve-
ment, surtout en direction des activités physiques ou sportives pour la santé. Ma
connaissance du monde du sport de haut niveau s’est forgée auprès des sportifs
qui m’ont fait confiance (en métropole comme en Martinique), de mes maîtres en
médecine du sport, de mes collègues médecins et kinésithérapeutes des centres
de ressources, d’expertise et de performance sportive (CREPS) de Boulouris, de
Toulouse, des fédérations sportives nationales et internationales où j’ai travaillé.
J’ai appris énormément dans les bons et les mauvais moments avec mes collègues
des commissions médicales nationales de l’athlétisme, du bobsleigh, du tennis, de
l’athlétisme Handisport et en multisports avec le sport universitaire… J’ai côtoyé
des dirigeants passionnés dans le monde des fédérations et dans l’athlétisme, en
particulier B. Amsalem, ancien président de la Fédération française d’athlétisme
(FFA) que je remercie de sa confiance et de son investissement dans l’Athlé-Santé,
le Dr A. Calmat, président de la commission médicale du Comité national olym-
pique et sportif français (CNOSF), et des fonctionnaires du ministère chargé des
Sports, que j’ai croisé dans ma carrière. Toutes ces rencontres m’ont permis d’aimer
encore plus le sport et de grandir. Tout ce que j’ai appris comme médecin d’équipe
nationale et de fédération m’est aujourd’hui très utile dans mon approche du
« sport pour tous » et du « sport santé ». Initialement, ma formation et ma pra-
tique de traumatologue et médecin du sport à l’hôpital m’ont ouvert les portes
des fédérations, en retour, c’est en faisant la promotion et en prescrivant la mise
à la pratique d’activités physiques pour les sédentaires et les malades chroniques
au sein des fédérations que j’ai ramené à l’hôpital une pratique de prescription de
l’activité physique, d’où mon intérêt croissant pour la marche nordique. Mon his-
toire avec la marche nordique est affective, elle m’a permis de reprendre le sport
sans blessure, à une époque où je ne pouvais plus courir sans me blesser. J’ai ainsi
pu me tenir en forme avec mon groupe d’entraînement de marche nordique si
sympathique à l’Aiglon du Lamentin en Martinique. J’ai pu reprendre la course
sans délaisser la marche nordique si complémentaires. J’ai participé à la formation
de tous les coachs Athlé Santé (CAS) de la FFA depuis 2006, ils m’ont énormé-
ment appris sur la marche nordique pour la santé. Que toutes ces femmes et ces
x Remerciements

hommes qui se reconnaîtront soient ici remerciés de nos échanges qui furent
toujours enrichissants pour moi, au regard de nos diversités d’expériences et de
métiers. Un remerciement spécial pour Arja Jalkanen-Meyer que j’ai connue grâce
au projet des CAS de la FFA qui a introduit en pionnière la marche nordique
en France, elle m’a permis d’écrire la partie santé de son livre Marche nordique –
Tout le nordic walking du débutant au confirmé (éditions Nuumik, 2013), et elle
m’a autorisé à utiliser pour rédiger cet ouvrage certains de ses écrits sur l’histoire
et la technique de la marche nordique. Elle continue désormais loin de la FFA
son aventure dans l’exploration des « marches nordiques » : je lui souhaite bonne
marche et recommande vivement la lecture de son dernier livre Marche Nordique
tous les conseils pour se lancer et progresser (éditions Solar, 2019).
Je remercie aussi particulièrement le Pr M. Prevost de la faculté de médecine du
Limoges et vice-présidente de la FFA en charge de l’Athlé Forme Santé pour toutes
ces années de partage et d’échange sur notre sujet commun de passion « l’athlé-
tisme et l’Athlé Santé ». Je remercie le Dr J.-M. Serra ancien directeur médical de la
FFA pour sa participation à une ancienne version non aboutie de ce livre.
Je n’oublie pas mon père, qui est mon relecteur principal à chaque livre que je com-
mets. J’ai pu te faire connaître la marche nordique que tu pratiques aujourd’hui,
toi, tu m’as fait aimer le sport et je n’oublie pas que je te dois ainsi qu’à maman la
belle vie que j’ai aujourd’hui. Il y aura encore des livres à relire…
Préface
Lorsque le docteur Frédéric Depiesse m’a demandé de réaliser la préface de ce très
bel et utile ouvrage, il m’est revenu en mémoire cette journée, par ailleurs bien
humide, d’août 2005 à Helsinki, capitale de la Finlande. En tant que président de
la Fédération française d’athlétisme (FFA), j’étais venu assister aux championnats
du monde et je m’étais octroyé une petite marche dans la ville, ma routine pour
rester en forme !
En plein centre-ville, j’ai alors vu une étrange procession de dizaines de marcheurs
en groupes, habillés comme nos athlètes de running, mais qui marchaient d’un
très bon pas en direction des nombreux parcs de la ville. Ils usaient de bâtons
pour se propulser et garder une posture qui me semblait très efficace. Les repré-
sentants finlandais qui m’accompagnaient me donnèrent alors l’explication sur
cette pratique courante dans le pays : le nordic walking… – en français « marche
nordique » – évidemment.
En revenant en France, totalement séduit par cette discipline, pratiquée de
manière exemplaire en Finlande par les plus hautes autorités de l’État, j’ai alors
demandé une analyse de la situation sur les opportunités que cette discipline
pouvait représenter, et sur le nombre de personnes que nous pouvions toucher
pour contribuer à leur bien-être individuel. Nous avons ainsi lancé de nombreuses
actions pour faire connaître et structurer la pratique sur le territoire national, à
la fois en interne, en direction de nos clubs, et auprès du plus grand nombre, en
organisant des événements impactant en partenariat avec les collectivités locales.
Nous nous sommes appuyés sur de grandes expertises, comme celle, ô combien
précieuse, de la pionnière Arja Jalkanen-Meyer, et avons développé des passerelles
très innovantes pour l’époque entre les cadres techniques d’État, chargés de la per-
formance et de la formation, la commission médicale de la FFA, sous la présidence
du docteur Depiesse, et tous les bénévoles impliqués dans les clubs fédéraux.
Le ministère de la Santé, à travers le bureau des maladies chroniques et de sa
chef de service, le docteur Carole Cretin, a été le premier, en 2006, à nous faire
confiance et à comprendre les enjeux de santé publique de cette pratique pour
lutter notamment contre les maladies respiratoires, l’obésité, la sédentarité ou
encore pour diminuer les récidives liées au cancer et aux accidents cardiaques.
Nous avons ainsi créé le corps des coachs Athlé Santé, entraîneurs profession-
nels, dédiés, au sein des clubs de la FFA, aussi bien à l’amélioration de la santé
des malades qu’aux démarches préventives. En ce sens, nous avons anticipé l’ob-
tention de la délégation du ministère des Sports pour cette discipline, que nous
avons finalement reçue en 2009.
xii Préface

Depuis 11 ans, la FFA est donc chargée de la promotion, de la formation, de l’enca-


drement de cette activité et de l’écriture de la réglementation de la marche nor-
dique en compétition. Grâce à ces actions, la marche nordique a déjà séduit plus
de 25 000 personnes, pratiquant dans des clubs d’athlétisme partout en France.
Je remercie vivement le docteur Depiesse pour son engagement sans faille au ser-
vice de cette pratique de la marche nordique, dont le développement en France
restera pour son impact social et de santé publique ma plus grande fierté d’ancien
président de la FFA. Nous partageons, cher Frédéric, le même engagement pour
toujours tenter d’améliorer la santé de nos concitoyens et leur donner des outils
leur permettant de lutter contre le plus grand fléau de notre époque moderne : la
sédentarité et son cortège de pathologies morbides.
Les ravages de la Covid-19 dans le monde doivent en particulier nous pousser
à faire toujours plus pour que ces pratiques de sport bien-être, telle la marche
nordique, puissent être accessibles au plus grand nombre. C’est un enjeu majeur
des sociétés modernes. Cet ouvrage y apporte une réelle contribution que je veux
ici saluer.
Bonne lecture à toutes et à tous !
Bernard Amsalem
Ancien président de la FFA (2000–2016)
Abréviations
10mWT 10 meter walk test
AIAA aromatase inhibitor-associated arthralgia
ALD affection de longue durée
ALS animateur de loisir sportif
ANWA American Nordic Walk Association
APA activité physique adaptée
APS activité physique ou sportive
APT activité physique pour tous
ARPO activité de randonnées, de proximité et d’orientation
ATP adénosine triphosphate
AVC accident vasculaire cérébral
BBS Berg balance scale
BDI Beck depression inventory
BEES brevet d’État d’éducateur sportif
BPCO bronchopneumopathie chronique obstructive
BPJEPS brevet professionnel de la jeunesse, de l’éducation populaire et du sport
BS back scratch
CACI certificat d’absence de contre-indication
CAS coachs Athlé Santé
CIDI composite international diagnostic interview
CMAP conseil minimal d’activités physiques
CNOSF Comité national olympique et sportif français
CQP certificat de qualification professionnelle
DE dépense énergétique
DEJEPS diplôme d’État de la jeunesse, de l’éducation populaire et du sport
DESJEPS diplôme d’État supérieur de la jeunesse, de l’éducation populaire et du
sport
DEXA dual energy X-ray absorptiometry
DMO densité minérale osseuse
DT2 diabète de type 2
EDSS expanded disability status scale
EHPAD établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes
EPS éducation physique et sportive
ES éducateur sportif
ETAPS éducateur territorial des activités physiques et sportives
ETP éducation thérapeutique du patient
xiv Abréviations

EVA échelle visuelle analogique


FC fréquence cardiaque
FFA Fédération française d’athlétisme
FFAIR Fédération française des associations & amicales de malades, ­insuffisants
ou handicapés respiratoires
FFP Fédération française de pneumologie
FITT frequency intensity time type
GGT gamma-glutamyl transférase
GPAQ global physical activity questionnaire
HADS hospital anxiety and depression scale
HAS Haute Autorité de santé
HbA1c hémoglobine glyquée
HDL high density lipoprotein
HR hazard ratio
HTA hypertension artérielle
HTAR hypertension artérielle résistante
IC intervalle de confiance
IG index glycémique
IMC indice de masse corporelle
INCa Institut national du cancer
INJEP Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire
Inserm Institut national de la santé et de la recherche médicale
INWA International Nordic Walk Association
IRM imagerie par résonance magnétique
IRMES Institut de recherche biomédicale et d’épidémiologie du sport
LDL low density lipoprotein
MET metabolic equivalent of task
MNT Marche Nordique Tour
OMS Organisation mondiale de la santé
PANDA Parkinson neuropsychometric dementia assessment
PDQ-39 39-item Parkinson’s Disease Quotation
PMA puissance maximale aérobie
PNNS Programme national nutrition santé
PSA pression sanguine artérielle
QAAP questionnaire sur l’aptitude à l’activité physique
RCV réadaptation cardiovasculaire
REE réentraînement à l’effort
RFR restauration fonctionnelle du rachis
SEP sclérose en plaques
SF-36 36-item short form survey
SFMES Société française de médecine de l’exercice et du sport
Abréviations xv

STAPS sciences et techniques des activités physiques et sportives


STS sit-to-stand
TC cholestérol total
TG triglycérides
TM6 test de marche de 6 minutes
TMS troubles musculosquelettiques
TUG timed up and go
UPDRS unified Parkinson disease rating scale
VO2max débit de consommation maximale d’oxygène
WBGT wet bulb globe temperature
WHOQL World Health Organization Quality of Life scale
CHAPITRE

1
Introduction

PLAN DU CHAPITRE
■■ La marche au fil des siècles

■■ Les enjeux de la marche au xxie siècle


yy Lutter contre l’inactivité physique et la sédentarité
yy Lutter contre l’obésité : une des principales pathologies en lien avec le manque
d’activité physique
yy Promouvoir le sport-santé

Marche nordique et santé


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2 Marche nordique et santé

La marche nordique, dont nous allons étudier les liens avec la santé, est une
superbe activité qui est une des expressions modernes de la marche, ce geste le
plus simple et le plus naturel depuis notre passage à la bipédie.

La marche au fil des siècles


La marche est mentionnée dans de nombreux textes anciens. « Lève-toi et
marche » (Luc 5, 23) n’est pas qu’une parole biblique révélant le miracle, elle
évoque également ce mouvement comme signe de bonne santé.
Les philosophes et sociologues ont ainsi bien décrit l’aspect vital de la marche.
« La marche est souvent guérison », dit Le Breton [1] pour qui elle est, sur le plan
psychique, synonyme d’évasion et de stimulation de l’imagination.
Les effets de la marche sur les performances cognitives du cerveau, mais aussi
sur les pathologies dépressives comme thérapeutiques, ont bien été montrés
par les neurosciences et nous verrons l’intérêt de la marche nordique à cet égard.
Pour Picq, « les pieds et le cerveau sont indissociables », ajoutant que « c’est avec
la marche que la pensée prend forme » [2]. Socrate, Kant ou encore Serres en
témoignent également [3]. En 1851, Thoreau décrit la marche « comme un che-
min spirituel, un exercice salutaire et libérateur » pour affirmer sa liberté d’homme,
fuir les villes et les clôtures et mieux penser le monde [4].
Déjà à l’Antiquité, les philosophes péripatéticiens (du grec peripatetikos : « qui
aime se promener »), dont leur chef de file est Aristote, apprécient réfléchir et
discuter entre eux en marchant.

Remarque
Actuellement, des réunions en marchant en équipe sont pratiquées dans
certaines entreprises.
On pourrait aussi suggérer aux médecins devant faire un entretien motivationnel
préalable à la prescription d’activités physiques ou aux psychiatres de proposer
à leurs patients des consultations marchées, par exemple dans un jardin public.
Galien (130–199 apr. J.-C.) place l’usage de mouvements physiques dont la marche
comme faisant partie des exercices physiques qu’il juge bénéfiques pour la santé [5].
Médecin des gladiateurs à Pergame, Galien décrit la différence qu’il fait sur le plan du
bénéfice en termes de santé entre la gymnastique (pratique répandue dans les classes
sociales élevées dont l’hygiène par le mouvement faisait partie) et l’art de l’entraîne-
ment des gladiateurs. Galien rejette avec force les efforts violents de ces derniers qui
« se fatiguent chaque jour avec excès aux exercices » et souhaite que ce soit le méde-
cin qui indique quels sont les exercices les plus appropriés pour un individu donné.
Fidèle aux idées d’Hippocrate (460–377 av. J.-C.), dont il s’affirme le disciple, et à
l’aphorisme bien connu du poète Juvenal (65–128 apr. J.-C.), reprise ensuite par
Rabelais (1494–1553) et Montaigne (1533–1592), « mens sana in corpore sano »
(« un esprit sain dans un corps sain »), Galien inclut donc la promotion de la
« gymnastique » dans le champ de la médecine préventive et curative [6].
Introduction 3

Galien est finalement très moderne et l’on ne peut qu’être d’accord avec son ana-
lyse sur la différence entre les mouvements pour la santé et ceux pour la compé-
tition. Faire se rejoindre médecine et sport, comme le propose Galien, renforce la
légitimité du médecin du xxie siècle « préventologue et curatologue » à inciter sa
patientèle à bouger.
Cette approche moderne est le fruit de l’évolution des activités physiques comme
la marche à but de santé : ainsi, au xixe siècle, se développe une vision hygiéniste
de la marche avec des finalités militaires, tandis qu’au xxie siècle, la marche devient
plus utilitariste pour répondre à la pandémie de sédentarité.
Le sociologue Le Breton formule très bien cette évolution : « Le statut du mar-
cheur a changé. (…) La marche s’impose comme activité de loisir. L’imaginaire
contemporain se réfère plutôt à l’idée de disponibilité et à la nécessité d’entretenir
son corps. » [7] On sent qu’il regrette cette évolution moderne utilitariste, voire
hygiéniste de notre approche de la marche, qui d’ailleurs n’est pas si moderne si
on se réfère aux travaux des médecins grecs de l’Antiquité. Pour lui, la stimula-
tion de l’imaginaire, le retour sur soi, le voyage et la découverte sont essentiels
dans la marche, il précise que « marcher sur un tapis roulant inlassablement est
un exorcisme de la marche et une manière utilitaire de se dépenser sans avoir à
se confronter au risque de la rencontre ou de découvrir des paysages de toute
beauté » [7].
Mais finalement, ces deux approches de la marche s’opposent-elles vraiment ?
Devant l’urgence sanitaire de la pandémie de sédentarité, la vision hygiéniste de la
marche est importante, pour autant elle n’empêche pas la marche « découverte »,
introspective, altruiste, avec son incroyable pouvoir de liberté, de découverte de
paysages magnifiques, de rencontre de nous-même, et parfois d’autrui au hasard
des chemins, au cours des kilomètres parcourus.

Les enjeux de la marche au xxie siècle


Lutter contre l’inactivité physique et la sédentarité
Marcher redressé sur nos deux membres inférieurs est donc bien ce geste naturel
inscrit dans notre ontogenèse et notre phylogenèse. Pour Homo sapiens et ses
prédécesseurs ou cousins comme Homo neanderthalis, la marche est le mode
de déplacement adopté depuis le passage à la bipédie. Picq en parle comme une
fonction corporelle essentielle au même titre que la procréation ou l’alimenta-
tion [2]. De Baecque la décrit comme une activité constitutive de l’être humain [8].
Or, depuis le xixe siècle, la marche pour vivre et survivre étant de moins en moins
nécessaire, elle tend à disparaître progressivement. Picq le résume ainsi : « La
longue marche de l’homme s’est arrêtée avec l’apparition de l’agriculture et de
la sédentarité avec ses maladies associées. » Pour lui, « le geste de la marche est
menacé d’oubli » [2].
4 Marche nordique et santé

Remarque
Des études et le retour d’expérience de professeurs d’éducation physique et
sportive montrent que les enfants occidentaux ont, à ce jour, une capacité
aérobie inférieure d’environ 25 % à celle des enfants au XXe siècle.

Comprendre les concepts d’inactivité physique et de sédentarité et leurs impacts


permet de voir l’intérêt de la marche nordique pour les humains du xxie siècle.
L’inactivité physique est définie comme un niveau insuffisant d’activité physique
d’intensité modérée à élevée (voir encadré Conseil ci-après), c’est-à-dire un niveau
inférieur à un seuil d’activité physique recommandé par les sociétés savantes et
l’Organisation mondiale de la santé (OMS). L’inactivité physique, facteur de risque
indépendant de la sédentarité, est considérée désormais comme la première
cause de mortalité évitable, devant le tabagisme.
L’inactivité physique serait responsable d’environ 10 % de la mortalité totale en
Europe et de 6 à 9 % de la mortalité dans le monde ; par ailleurs, 6 % des maladies
coronariennes, 7 % des diabètes de type 2, 10 % des cancers du sein, 10 % des
cancers du côlon et 9 % des morts prématurées seraient attribuables au seul fait
d’être physiquement inactif [9].
La sédentarité est définie par une situation d’éveil caractérisée par une faible
dépense énergétique en position assise ou allongée (< 1,5 metabolic equivalent
of task ou MET). Elle est considérée de manière distincte de l’inactivité physique,
avec ses effets propres sur la santé. Pour estimer la sédentarité, l’indicateur le
plus utilisé dans les études est le temps passé assis devant un écran (télévision,
jeux vidéo, ordinateur), même s’il ne représente qu’une part du temps réel de
sédentarité.
Les relations entre l’activité physique et la sédentarité sont complexes. On peut
être non sédentaire si on bouge un peu toutes les 2 h, mais si on bouge avec
une faible intensité et sans atteindre les 30 min quotidiennes (ou 150 min/
semaine), on sera inactif. De même, un sujet actif pendant 3 h de sport le
week-end mais qui reste assis plus de 7 h tous les jours de la semaine au travail,
à la maison, et qui se déplace en voiture, sera classé à risque comme un séden-
taire (voire plus à risque sur le plan cardiovasculaire étant donné l’effort brutal
et intense du week-end), d’où l’intérêt, par exemple, d’aller régulièrement à
pied ou à vélo au travail.

Remarque
Hors temps de travail, les adultes passent quotidiennement de 3 h 20 à
4 h 40 assis devant un écran. Les enfants et les adolescents (de 3 à 17 ans)
passent plus de 2 h quotidiennes face à un écran et ce temps atteint 3 h chez
les personnes âgées de plus de 65 ans.
Introduction 5

Des travaux récents ont mis en évidence une augmentation des risques cardiomé-
taboliques et de la mortalité toutes causes confondues avec l’augmentation de la
durée quotidienne de sédentarité. La sédentarité constitue un facteur de risque
de mortalité et de morbidité, indépendamment du niveau d’activité physique.
C’est la quatrième cause mondiale de mortalité selon l’OMS [10-13].
Pour agir sur l’état de santé, il faut donc à la fois augmenter le niveau de l’activité
physique et limiter la sédentarité.

Conseils
Les recommandations de l’OMS pour éviter d’être inactif sont de pratiquer
pour les adultes « au moins 150 min hebdomadaires d’une activité physique
d’intensité modérée, ou au moins 75 min hebdomadaires d’une activité phy-
sique intense, ou une combinaison équivalente d’activité physique d’inten-
sité modérée à forte ». En France, ces recommandations diffusées dans le
cadre du Programme national nutrition santé (PNNS) ont été traduites en
un message de santé publique incitant à pratiquer l’équivalent d’au moins
30 min de marche rapide par jour, 5 fois par semaine [14, 15].

Lutter contre l’obésité : une des principales pathologies en


lien avec le manque d’activité physique
Il faut lutter contre cette évolution vers la sédentarisation, liée à l’industrialisation, à la
mécanisation et à l’apparition des moyens de transport modernes, mais aussi prendre
en compte les modes de prises alimentaires déstructurées, uniformisées, riche en
lipides, en sucres et aseptisées, conduisant au développement du surpoids, de l’obé-
sité, ainsi que de nombreuses maladies chroniques liées à la sédentarité et à l’inactivité.
Aux États-Unis, devant le constat de taux élevés d’obésité chez l’enfant et chez
l’adulte, de l’ordre de 39 % pour les adultes (et jusqu’à 70 % pour les adultes en
associant surpoids et obésité), Michelle Obama a soutenu, en 2013, une cam-
pagne de promotion du mouvement pour la santé dans laquelle elle chante et
vante le fait de danser et de bouger (encadré 1.1). Se mouvoir est donc bien
reconnu comme un élément fondamental de notre réponse à l’urgence sanitaire
que l’on vit et qui est aujourd’hui considérée comme une véritable pandémie [16].

Encadré 1.1
Obésité et surpoids des populations : comparaison France/
États-Unis
L’épidémie d’obésité progresse encore et toujours de l’autre côté de l’Atlantique, alors
qu’elle stagne en France.
Près de 39 % des Américains de plus de 20 ans étaient obèses en 2016 contre 34 %
en 2007, selon Hales et al.a, chercheurs des centres de contrôle et de prévention

a continué
6 Marche nordique et santé

des maladies (CDC). La part d’obèses sévères a également progressé, passant de 5,7
à 7,7 %. Les femmes et les personnes âgées entre 40 et 59 ans ont enregistré la plus
forte hausse. Pour parvenir à ces résultats, Hales et al. ont comparé les données de
plus de 43 000 Américains, recueillies via des questionnaires entre 2007 et 2008, à celles
collectées entre 2015 et 2016.
En France, on dénombre moitié moins d’obèses (17 %, mais 28 % en Martinique), et
presque autant de personnes en surpoids (32 %). Les obésités très sévères en France,
correspondant à un indice de masse corporelle (IMC) > 40 kg/m2, étaient en 2016 de
2 % des femmes (1,3 % en 2006) et 1 % des hommes (0,7 % en 2006) ; elles sont trois
à six fois plus nombreuses aux États-Unis. Le taux d’obésité des enfants et des adoles-
cents (entre 2 et 19 ans) est de 18 % aux États-Unis. Il est d’à peine 3 % chez les jeunes
âgés de 3 à 17 ans en France (2,8 % dans l’enquête INCA 2). On note enfin 20 % de
surpoids chez les jeunes Américains et 14 % chez les jeunes Français. Aux États-Unis,
les garçons ont une tendance à l’excès de poids légèrement supérieure à celle des filles.
En France, c’est l’inverseb.
aHales CM, Fryar CD, Carroll MD, Freedman DS, Ogden CL. Trends in obesity and severe obesity prevalence in
US youth and adults by sex and age, 2007-2008 to 2015-2016. JAMA 2018 ; 319(16) : 1723-5.
bFlegal KM, Carroll MD, Ogden CL, Curtin LR. Prevalence and trends in obesity among US adults, 1999-2008.
JAMA 2010 ; 303(3) : 235-49.

Promouvoir le sport-santé

Définition
Selon le Code du sport, le sport-santé recouvre la pratique d’activités phy-
siques ou sportives (APS) qui contribuent au bien-être et à la santé du
pratiquant conformément aux recommandations de l’OMS pour laquelle
« la santé est un état de complet bien-être physique, mental et social, et
ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité ». Il
concerne à la fois les sédentaires débutant les APS et les malades chroniques
devant bouger pour leur santé. Il se réalise seul en autonomie (il diffère de
l’activité physique domestique ou professionnelle – comme aller au travail
à pied, faire ses courses à pied, jardiner… – et la complète) ou en club. On
parle alors d’activité physique de loisir et il s’oppose au sport intensif et/ou
de compétition [17].

L’évolution du sport de compétition et de loisir a façonné une médecine à deux


visages à la fois préventive (sport-santé, sport pour tous) et curative (voire parfois
d’optimisation déviante de la performance). L’aspect « sport-santé » utilitariste est
pratiqué aujourd’hui surtout en loisir dans de nombreuses fédérations sportives,
certaines étant même spécialisées dans cette approche de l’effort : Fédération
française d’éducation physique et de gymnastique volontaire (FFEPGV), Sport
pour tous (ex-EPMM), Fédération française de la randonnée pédestre, Fédération
Introduction 7

française de cyclotourisme… Elles proposent toutes une offre de marche active


ou de marche nordique dans leurs activités (hormis bien sûr le cyclotourisme).
On constate que la médecine du sport a quelque peu négligé le sport-santé
jusqu’au début des années 2000 [17]. L’intérêt qu’il suscite depuis n’est que justice
et urgence.
En effet, il est bien temps de réhabiliter la médecine de l’homme en mouvement
et la santé par l’exercice, comme le proposent Perié, Commandre et Barrault [18]
pour qui le sport-santé doit relever de la santé publique.
En santé publique et en éducation à la santé en direction du grand public séden-
taire sans pathologie, on nomme le fait de recommander de bouger par la pra-
tique des APS comme étant de la prévention primaire. Selon les recommanda-
tions pour lutter contre la sédentarité, il ne faut pas rester assis plus de 2 h d’affilée
sans bouger et plus de 7 h par jour à son bureau ou devant des écrans (ordinateur,
TV). Pour lutter contre l’inactivité, il faut au moins marcher rapidement 30 min
par jour, 5 fois par semaine (rapidement veut dire à la limite de l’essoufflement ; en
effet, savoir augmenter l’intensité est aussi un facteur de bienfaits).
Dès les années 2000, il est devenu évident qu’il fallait promouvoir la marche en
direction des publics spécifiques comme les porteurs de pathologies chroniques,
dans ce que l’on nomme la prévention secondaire et tertiaire. On parle ainsi d’acti-
vités physiques adaptées (APA) dont fait partie la marche comme outil de théra-
peutique non médicamenteuse [17].
La peur de faire bouger les malades a diminué chez les médecins depuis une
vingtaine d’années et la prescription de la marche comme outil de thérapeutique
non médicamenteuse s’est imposée. À coup sûr, la marche nordique va être un
formidable outil pour tous les programmes de recherche à venir portant sur les
activités physiques et la santé.
Avant de se lancer dans un projet d’activité physique, une prise en charge indivi-
dualisée permettant d’adapter l’activité aux capacités du patient est le meilleur
moyen pour l’aider à progresser, à ce qu’il se fasse plaisir et à retirer des bénéfices
pour sa santé en pratiquant quel que soit son niveau. Ce livre qui recueille les don-
nées scientifiques du moment, doit permettre aux professionnels de s’approprier
la marche nordique.
Ainsi s’ouvre un nouveau champ de la promotion de la santé par les APS, notam-
ment grâce au mouvement actuel de diffusion des bonnes pratiques et recom-
mandations d’activités physiques au sein des fédérations et dans le grand public.
La Fédération française d’athlétisme (FFA) est en pointe dans le développement
du « sport-santé », en particulier avec la promotion du running et de la marche
nordique. Ainsi, elle a collaboré à la rédaction de l’ouvrage Médicosport-santé du
Comité national olympique et sportif français (CNOSF) piloté par le Dr A. Calmat
et consultable sur le site Internet du Vidal. L’intérêt de la FFA pour la marche nor-
dique, depuis 2005, témoigne des changements en cours. La marche nordique est
l’outil pour faire bouger les sédentaires en toute sécurité, avec plaisir, simplement,
8 Marche nordique et santé

sans risque, en jouant, avec un coût financier minimal et une large accessibilité.
La FFA et les coachs Athlé Santé (CAS) s’en sont emparés rapidement (dès 2006)
après son arrivée en France au début des années 2000.

Coach Athlé Santé


Un métier nouveau a vu le jour au sein de la FFA, celui de coach Athlé Santé
(CAS), afin de promouvoir la pratique de bien-être et de santé par les APS.
Les CAS sont des éducateurs sportifs salariés temps plein au sein d’un club
d’athlétisme.

Ils proposent ainsi une pratique de la marche nordique allant de la marche de


plein air de loisir aux compétitions, à la demande des pratiquants. Et les CAS font
la synthèse du sport de compétition et du sport-santé, afin de faire profiter aux
pratiquants de sports de loisir des vertus de la pratique sportive compétitive, et,
inversement, de faire découvrir aux compétiteurs les bienfaits du sport de loisir.

Dispositif de santé efFORMip


Avec D. Rivière, ancien chef du service de médecine du sport du CHU de
Toulouse, et son équipe nous avons créé en 2004 efFORMip en Midi-Pyré-
nées. Cette association a pour objectif de lutter contre la sédentarité des
porteurs de pathologies chroniques en utilisant les APS et en rapprochant
le monde du sport et celui de la santé.
Le rôle des éducateurs sportifs et des clubs sportifs associatifs a été capital
pour la mise à l’activité de nos patients et surtout leur maintien dans l’acti-
vité. Très rapidement, les encadrants utilisant la marche nordique ont été
plébiscités par les patients et par l’équipe d’efFORMip.

En effet, il n’est pas nécessaire d’opposer systématiquement « sport de compéti-


tion » et « sport-santé », ni les termes « sport » et « activités physiques adaptées
(APA) ». Il y a un continuum dans les deux directions : un compétiteur peut deve-
nir un pratiquant d’APA après sa carrière et un sédentaire malade de cancer peut
devenir un compétiteur engagé après avoir fait une APA de réadaptation.
Toutefois, la tendance actuelle est de différencier à outrance ces deux pratiques
pour des raisons diverses (reconnaissance universitaire, création de filière, défense
corporatiste, etc.). Une complémentarité et un partage respectueux et intelligent
des investissements sur les plans financiers, de recherche, des projets de terrain
entre les différents acteurs (professionnels de santé, enseignants APA, éducateurs
sportifs, animateurs bénévoles fédéraux…) seraient plus judicieux. La tâche de
mettre la France « en mouvement », comme nous y invite le Comité d’organisa-
tion des Jeux olympiques et paralympiques d’été de 2024, est immense et tous les
acteurs doivent collaborer.
Introduction 9

L’accélération des pandémies (obésité, diabète, COVID-19, etc.) au xxie siècle est
un autre élément de prise de conscience et donc toutes les énergies doivent être
mobilisées pour faire bouger nos concitoyens.
Sur le plan économique, les freins au développement du sport-santé sont princi-
palement financiers. Quelques assurances santé, l’État et les collectivités financent
un peu le sport-santé, mais on est encore dans un système balbutiant et de sau-
poudrage qui n’aide pas à la tranquillité de vie des acteurs et au développement
des prises en charge. Par exemple, le « sport sur ordonnance pour les patients
en affection longue durée » n’est pas remboursé par l’assurance maladie (sauf
cas particuliers d’expérimentations comme à Nice avec le projet « As du cœur »
d’Odile et Stéphane Diagana) malgré les preuves d’un bénéfice économique à
moyen terme.
Il est donc bien temps pour nous tous de réapprendre à marcher (comme on l’a
fait durant notre petite enfance) et pour les professionnels du sport et de la santé
de conseiller et de prescrire la marche.
L’ajout des bâtons à une pratique de la marche peut permettre de réconcilier la
vision hygiéniste, utilitariste et la vision de la marche « découverte » en étant utile
en termes de santé physique, psychique et de plaisir. En outre, la marche nordique
pratiquée en club ou en autonomie est peut-être l’outil qui manquait pour nous
faire bouger !
Ce livre est une modeste contribution au retour de ce geste naturel qu’est la
marche (encore mieux avec des bâtons) comme outil de santé.

Les données sur la marche nordique


Dans ce livre, les aspects de prescription et les données des publications
scientifiques sur la marche nordique et la santé seront décrits.
Toutefois, on sera d’emblée critique sur la littérature sachant que mal-
heureusement la puissance des études reste limitée pour les raisons sui-
vantes : nombre de participants inclus souvent faible, absence de groupes
contrôles, peu de randomisations, pas de double aveugle, technique de
marche nordique souvent différente d’un pays à l’autre.
On notera également le faible nombre de publications scientifiques, dont
les revues de la littérature, sur le sujet de la marche nordique.
On parlera donc toujours en tendance, plus qu’en vérité scientifique.
Cela dit, en tant que clinicien et entraîneur, je reste ouvert à la réalité empi-
rique de terrain et aux témoignages positifs que les patients et usagers de
marche nordique, toujours plus nombreux, rapportent au quotidien, dans
les revues et sur les sites Internet dédiés à cette pratique.
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The Project Gutenberg eBook of Shuddering
castle
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Title: Shuddering castle

Author: Wilbur Finley Fauley

Release date: October 4, 2023 [eBook #71806]


Most recently updated: October 18, 2023

Language: English

Original publication: New York, NY: Green Circle Books, 1936

Credits: Greg Weeks, Mary Meehan and the Online Distributed


Proofreading Team at https://www.pgdp.net (This book was
produced from images made available by the HathiTrust
Digital Library.)

*** START OF THE PROJECT GUTENBERG EBOOK


SHUDDERING CASTLE ***
SHUDDERING CASTLE

By Wilbur Fawley

GREEN CIRCLE BOOKS


NEW YORK

COPYRIGHT, 1936
by LEE FURMAN, INC.

[Transcriber's Note: Extensive research did not uncover any


evidence that the U.S. copyright on this publication was
renewed.]

Printed in the United States of America


SHUDDERING CASTLE
Shuddering Castle is not a mystery novel in the generally
accepted sense. It is a novel with a mystery; a highly imaginative
story, with revelations in the field of radio and short-wave
broadcasting. None of the strange events recorded oversteps the
boundaries of accepted natural laws.
In this novel of exciting action, radio communication is established
between Earth and Mars, with a world-girdling hook-up from Radio
Center, in New York City, and the reader will be amazed to find that
the Martians are human beings like ourselves, subject to the same
laws, the same temptations and passions which affect humanity. Into
this pulsating picture of tensed American life of the near future,
comes another revelation from the sky. This brings the reader to the
drama of a frightening but plausible visitor from the jungles of Mars
to this world, whose presence in the old spooky castle of an
eccentric millionaire-scientist on Long Island causes great fear to its
inmates when night falls.
But there is thrilling romance to warm your hearts, the infatuation of
a young newspaperman for the alluring debutante niece of the old
scientist; a humanly drawn boy and girl who are caught in the violent
web of mystery and sudden death. Shuddering Castle is a unique
study in the mysterious recesses of the universe.

SHUDDERING CASTLE
I
As a staid and wealthy New York family, of distinguished but remote
English ancestry, we moved formally and rather arrogantly within our
small, exclusive circle, holding on grimly to the traditions and
elegancies of the past. During the winter season, we viewed the
outside world placidly, and with the respectful composure of middle-
age, from the dignified privacy of our red brick mansion in
Washington Square.
On May first, as regular as clockwork, year in and year out, and with
all the solemnity of a ritual, we put our elaborate upholstered
furniture in linen shrouds, veiled the somber, scowling family portraits
in their dull gold frames with fly-netting, boarded up the windows and
doors, and went to the country. Our summer home is called The
Castle, and it is situated at Sands Cliff, Long Island. As a family we
resembled nothing so much as this embattled stone fortress, of old-
world design, in which we spent more than half the year.
As long back as I can remember, we had successfully preserved the
family's seclusion from the living world. Wherever we happened to
be, in town or country, we had protected our privacy with shuttered
windows, and massive iron gates that were secured both day and
night with heavy chains. Numerous signs of "Private" and "No
Trespassing Allowed" dotted our grounds like grave markers.
And then, quite suddenly, our lives became incredibly transformed. A
series of weird events brought us out of our privacy and seclusion—
brought us plenty of excitement and trouble and even horror.
But that was not to be wondered at, with Henry, my elder brother,
suddenly developing a mania for research in scientific matters,
especially the science of heavenly bodies and the phenomena of
radio. He did not pretend to be a scholar, although he had cultivated
scholarly habits most of his life. Inexplicably, this mania had seized
him late in life; a sort of bursting out of the abnormal repression
which held us all in thrall, no doubt as the result of our long seclusion
from the outside world and following the drab and barren routine of
our lives with such punctilious rigidity.
Ample means had enabled him to completely outfit an observatory,
with a powerful telescope, at our summer residence. Here he would
spend hours gazing into the abyss of space. He saw things up there
the trained, professional astronomer never saw, or ever hoped to see
—colliding suns, formation of temporary stars, the rejuvenescence of
dying worlds, and gaseous explosions in the Milky Way.
One of his pet theories was that the planet Mars was inhabited by a
race of people like ourselves, and that their men of science had long
been trying to establish radio communication with the earth. The
static on our radio set which annoyed me intensely, would galvanize
Henry with delight and hope, and his eyes would glisten almost
frenziedly behind their horn-rimmed spectacles.
"Those are distinctly electro-magnetic waves," he would say, "that
come from some point far off in space, and they are not due to any
terrestrial disturbance like thunderstorms, local or distant."
There was no opening, no escape, from Henry once he got started
on the galactic radio waves as differing from the cosmic rays and
from the phenomenon of cosmic radiation.
"I'm telling you, Livingston," he once declared in an excited, high-
pitched voice, "that man has only begun his conquest of time and
space. There are no limitations to human achievement. The world is
on the threshold of things unheard of, undreamed of. I have no doubt
that we will soon be able to establish radio communication with
Mars, and with my leisure, money and the required taste for science,
I feel that I am admirably fitted to make it come true."
And from that day he was changed, secretive. He refused to tell me
what he had discovered. Again and again I begged him to explain
and always it was the same vague answer, the same shake of the
head, and tightened lips.
It all seemed fantastic and visionary then, Henry's theories about
Mars and interstellar communication, but when unusual things began
to happen and our peaceful and ordered living was suddenly and
violently disturbed, I realized, as never before, that visions often
come to reality in an unbelievable way.
At the time we were thrown into such turmoil, and the dread spotlight
of publicity centered upon us, our family consisted of Henry and
myself, both bachelors; Jane, our spinster sister, and Patricia Royce
Preston—Pat for short—a very fascinating young person, who had
come to live with us at the tender age of fourteen, after the shocking
death of her parents, our youngish sister, Virginia Royce Preston,
and her husband, Allston, who were killed in an air-liner crash near
Paris.
There is something strangely lovable about a young girl in the
process of growing up. The advent of Pat meant, of course, less
privacy and the trampling down of staid personal habits and family
customs which we held virtually sacred. The fact that we were old
and queer and our household drab and rather grotesque, in
comparison to the modernistic and rather barbaric splendor of our
more fashionable friends, scarcely troubled her. Nothing seemed to
matter but that this bright-eyed, brown-haired girl should concentrate
all her love and devotion on a trio of old fossils. A warm affection
grew between us and our pretty niece. As she blossomed into young
womanhood our lives became centered in her. She was now
eighteen.
Although we were born rich, and received a huge income from the
heritage of vast and various real estate holdings on Manhattan
Island, both Henry and myself, strangely enough, had never
splurged, and never married. I am sure the thought of matrimony
never entered Jane's mind. Our natural emotions seemed to be
stirred and exalted only by the importance of our family name and
our wealth. Romantically, we were strangely neutral, as though, in
the pursuit of riches, the family stock had been sort of washed out.
After our college days, Henry and I grew into old-fashioned, mellow
bachelorhood, aloof from the world and very self-sufficient, and glad
to have it so. Henry had just observed his sixty-fifth birthday when
our lives became so tempestuous and convulsed. I was two years
his junior. Jane had just turned sixty. As progeny, we seemed to have
come into this world in swift successiveness, as though the marriage
of our revered parents had fulfilled its promise in a bunch.
For an entire summer Henry lived virtually in seclusion in his
observatory without any tangible result. Sweeping the sky with his
telescope for anything that might happen. But nothing transpired. Yet
he persisted. Finally, he detected a tiny comet, apparently on its way
to the earth. At first it appeared no larger than a pin-prick of light,
with a small, meteoric tail.
The night he made the discovery, he got me out of bed to see it, but I
was in no mood or condition for sky gazing. In addition, looking into
the eye-piece of the telescope made me a little sick and dizzy. I
couldn't see a thing. Deciding that he was suffering from a delusion, I
went back to bed.
The odd thing was that Henry was right. He had actually witnessed
the phenomenon of impact of two small planets which produced the
comet. As he explained it afterwards to a group of eminent scientists,
this collision of two celestial bodies had produced a distinct flash of
light, out of which had grown a spiral swarm of very brilliant particles,
and he had watched them as they took on orbital motion.
The comet soon became the most impressive and magnificent sight I
have ever seen, stretching its scimitar-like form half across the
heavens. Its wonder and beauty dragged New Yorkers up in the
small hours, to gaze at it with fascinating awe. Many regarded it with
terror, others with superstitious dread. In churches throughout the
land, the people prayed: "Lord save us from the devil, and Royce's
comet!"
The comet was not only named after Henry but his discovery was
acclaimed by scientists the world over, and he was chosen a fellow
of the two leading scientific bodies of America and England. While
still rated as an amateur in science, nevertheless, many learned men
began to look upon him as the depository of authority and
authenticity in matters relating to the mysteries of the solar system.
Having disclosed something to the world in the order of creation,
Henry became imbued with an overpowering sense of his own
importance as a man of science; his ambitions soared to
unsurmountable heights. The discovery of the comet having been far
easier than he had dared dream, he now turned with profound
intentness to establish radio communication with Mars. He began
talking in a familiar and chatty way about the people on Mars, and to
hear him talk one would think that he was going there for a week-end
of golf.
In this project, he had enlisted the able assistance of Serge Olinski,
assistant research engineer of the National Radio Corporation,
whose unexceptional qualifications included an honor degree in
cosmic ray research, with distinction in astronomy. Their
experimental activities, in trying to pick up and decode the galactic
radio waves, which both believed constituted some kind of
interstellar signaling, were carried on behind locked doors, either at
Henry's observatory in the country, or in Olinski's laboratory in the
NRC Building, in the new Radio Center Annex.
Olinski was a queer shrinking soul, and any sort of publicity to Henry
was equally distasteful. They were two of a kind, in this respect.
Notwithstanding all the praise and attention given to Henry by the
press during the comet furore, he treated reporters with the utmost
contempt, and accused them of being dishonest rogues. One
reporter in particular he hated and feared. Just mention to him the
name of Robert McGinity of the New York Daily Recorder, and his
correctly chiselled and aristocratic features would crinkle up in rage
and horrible chuckles would issue from his thin lips like unnamable
profanities.
He had never forgotten his first encounter with McGinity on the
telephone, nor had he ever forgiven the reporter for what he called
an utterly disreputable transaction in news. But the business of
reporting is at least an honorable one, and reporters have to get their
stories, somehow.
This fellow, McGinity, published the first report of Henry's discovery
of the comet, and scored a beat by calling him up and giving the
impression that he was one of the assistant astronomers at Harvard
University. I had no suspicions then how the information had trickled
into the office of the Daily Recorder, but I believe now that our
solemn-visaged butler, Orkins, who afterwards turned out to be so
mercenary and treacherous, tipped off this morning paper, which
paid liberally for exclusive stories.
It was the night following Henry's detection of the comet when he
was aroused out of a sound sleep to answer an important telephone
call. If I hadn't been up and overheard the conversation, I wouldn't
have believed it possible for any man to be so easily deceived. But
gullibility is one of Henry's weaknesses. I switched into the
conversation from an extension on the second floor.
Henry seemed to have some recollection of the name of the Harvard
professor, as it came over the telephone, and at first was a little
taken aback and curious that the news of his discovery should have
become known. Despite this, he told all about his detection of the
new comet, and proudly, omitting no detail. It would have been
ungrateful on his part to have distrusted the man at the other end of
the wire, after he had gone to the trouble and expense of calling up,
obviously from Boston, and it seemed so unlikely that any one
outside astronomical circles would be interested in the discovery. Up
to that time, Henry had had no dealings with reporters. By exercising
extraordinary discretion, he had managed all his life to keep out of
the news, except for occasional real estate transactions, and had
always avoided any encounter with the press.
After he had answered heaps and heaps of questions, the voice at
the other end said: "Thanks, Mr. Royce. Thanks a lot. Darned good
of you to tell me all this."
An oppressive silence descended. By that time, Henry must have
guessed that he had been gulled. I got his voice but I missed the
play of expression on his face.
"Who is this speaking?" he asked again. "Who the devil are you?"
"Bob McGinity of the Daily Recorder," came the prompt reply.
Henry gave a nervous jump. "What?" he gasped angrily. It was
evident that he was utterly taken by surprise. "I—I find your action in
calling me up quite incomprehensible, Mr. McGinity. I imagined that
—that—"
"Pardon me," the reporter retorted with some dignity. "I never said I
was an assistant professor of astronomy at Harvard. I simply asked if
you knew of such a person, and you said you did, and then you
proceeded to tell me exactly what I wanted to know."
"But surely you're not going to publish this," Henry fumed. "It's too
immature. You must keep it out of the newspaper."
"I'm sorry but I have no power to do so, Mr. Royce," the reporter
replied. "And no inclination, Mr. Royce."
Henry clawed at the telephone instrument with trembling fingers. "If I
had you here, young man," he shouted, "I'd break your damned
neck."
He hung up with a bang, and I don't think he slept a wink the rest of
the night. And it was entirely due to this experience that he and
Olinski took every precaution that nothing should leak out concerning
their research in interstellar signaling, which, as far as I could learn,
at the time, had entered on the final and exciting stage of their
experimental work.
Henry's actions indicated that his mind was still working feverishly on
this subject; he even raved about it in his sleep, according to his
Filipino valet, Niki. But about his and Olinski's doings, not a word to
me. When I would ask him if they had found anything worth finding,
he would reply: "Just you wait, and see;" a vague term which he
refused to make more definite.
In the silent watches of the night, he would sit at his telescope, his
eyes trained on that beautiful, reddish planet, Mars. One morning, at
four o'clock, I found him there, clad only in his pajamas, and he
strongly resented my intrusion. But I had a task to perform, and that
was to see that he got his proper rest. I had no wish that any
member of our family should become psychopathic.
"Henry!" I exclaimed, rather harshly; "you've only a few hours before
breakfast-time. Go to bed and get a bit of sleep."
I think he realized, instinctively, that I was not in sympathy with this
business of trying to pick up radio signals from Mars. It all seemed
so useless and incredible. His secret experiments had been in
progress now for about a year. The tumult aroused by the discovery
of the comet seemed a thing long past and forgotten. The memory of
the public is short. Newer sensations had taken its place.
In this latest mad, scientific quest, Henry reminded me of one of
Jane's goldfish, which swims in its bowl, and swims and swims,
thousands of miles, perhaps, and then finds itself a few inches from
its starting point. So one day I resolved to bring the matter to an
issue. I slipped into his room just after he had disrobed and donned
a dressing-gown, preparatory to taking a bath and dressing for
dinner.
"Henry," I began, rather abruptly, "study and action are worth while,
only when they lead you some place." But I was not destined to
finish what was in my mind to say.
"I beg pardon, Livingston, if I disturb you," he interrupted in his
meekest accents, and then went into his bathroom, and closed the
door.
Determined to have my say, I followed him to the door, and knocked.
The door opened, and his face, meek and anxious, looked out at me
through a narrow crack.
"Henry!" I implored. "If I could only see you for a few minutes—"
"No!" he said, and shut the door. A second later, I heard the bar
shoved into its slot.
There was nothing unusual in Henry locking himself in his bathroom,
for he had the distressful habit of sitting in his bath-tub, by the hour,
smoking and thinking. His bathroom seemed to be the only quiet
retreat in the castle which afforded the complete solitude and privacy
necessary for the employment of his brain cells. He felt that here he
could relax, just as Napoleon did, after undue fatigue, dictating
letters and giving important military orders from his steaming bath-
tub.
I have often wondered where Sir Isaac Newton was sitting, at his
home in Woolsthorpe, England, when the fall of an apple, so legend
tells us, suggested the most magnificent of his discoveries, the law
of universal gravitation. There is no evidence to refute that he was
sitting in one of those queer, early English bath-tubs, looking out of
the bathroom window, at his apple orchard.
I never see Rodin's famous sculpture, "The Thinker," but I am
reminded of Henry, sitting in his bath-tub, thinking and thinking,
especially during the early part of the eventful summer of which I
write.
Evidently some fresh idea had come to him while in his bath on the
evening I persisted in assailing his peace of mind. With startling
suddenness he donned his bath-robe, rushed to the telephone, and
communicated with Olinski. As quickly as possible, the next day,
they got to work on Henry's idea. Then problems began to straighten
themselves out. As to what they had discovered, they said nothing at
the moment.
Soon after, however, an avalanche of adventure, mystery and
excitement came thunderously down upon us, throwing our lives into
chaos.

II
As I begin my narrative, my mind travels back for a moment to the
days of my youth, and I am made more vividly aware of the changes
that have taken place in the world. We are living in a new era now—
a period marked by a series of strange occurrences, manifestations
of the weird powers that lurk in outer space. The New Deal has
passed into history. A strangely remote time ago, that was....
The laboratory has supplied us with the basic means of lifting the
curtain of space from scenes and activities at a distance. A system
of sight transmission and reception, comparable in coverage and
service to the world-wide hook-up of sound broadcasting, has
brought all nations closer together. In the friendly exchange of ideas
and feelings through the medium of television and the radio, the
whole civilized world enjoys common participation.
Nationalism no longer endangers the peace of the world. All war
debts between nations have been settled, and tariff barriers laid low.
Internationalism reigns supreme, to the spirit and benefits of which
Henry contributed his share by engaging servants representing
seven nationalities. Thus we harbored at the castle of Sands Cliff
about every conceivable question of society, politics and religion.
Our summer castle is such a place as you read of, in romances of
the Middle Ages. It was built more than half a century ago by a
wealthy New York society woman who must have had a strain of
poetic romanticism in her veins. When Henry purchased the place, it
was almost in ruins.
It is perched on the summit of a precipitous sand cliff, commanding
an excellent view of Long Island Sound. From its windows, on a
bright day, the majestic towers of New York appear dimly etched
against a mauve horizon like the spires of a magical city. There it
stands, dark and foreboding, and ivy-clad, in its own grounds,
surrounded by a high brick wall. The main entrance gate is
approached by a dark avenue which winds through a heavily
wooded park. There is no other dwelling within a mile.
There are many mullioned windows in its slim, peaked towers.
Inside, a clutter of rooms—endless rooms—some of them in the
upper floors unused and smelling dusty and dank. The front door
opens on a brick terrace, which has a stone balustrade as a
protective measure against a sheer drop of two hundred feet to the
rocky base of the cliff. From the east end of the terrace, stone steps
wind down to a private yacht landing and a long stretch of beach,
fenced in with barbed wire.
An outstanding feature of the castle is its galleried entrance hall, with
its darkly gleaming oak panelling and great, stone staircase; a hall so
large that when one speaks, the sound is echoed like the whispering
of ghosts from the high, oak-timbered ceiling.
There is a queer element of solitude and uncanniness that always
cloaks the castle at the twilight hour, before Orkins, in his routine of
duty, switches on the lights. I noticed it particularly, one summer
evening, about the middle of August, as I walked up and down the
terrace, dinner-jacketed and smoking, awaiting the arrival of our two
dinner guests, Serge Olinski and His Highness Prince Dmitri Matani.
The sun had gone down in a cloudless, violet sky, and purplish
twilight had settled on the Sound and the marshland, stretching
westward to a cove, where the lights of the village of Sands Cliff
were beginning to twinkle. The silence was more oppressive than the
heat. Now and then it was broken by a distant tugboat whistle, like
the hoarse croak of a frog, and the faint calling of a thrush for its
mate in the thick shrubberies that fringed Jane's flower garden, on
the north side of the castle.
Far out in the Sound, two sail-boats were drifting along like tired
ghosts. Presently the fringe of the opposite shore became magically
outlined by tiny strands of lights. As the gloom of night slowly
enveloped the scene, an island lighthouse, a mile away, began to
flash its beacon over the dark, graying water with clock-like
regularity.
Against this flashing light, the ruins of our own lighthouse showed
dark and jagged, on a small, rocky island, rising out of the Sound
about a quarter of a mile off our shore, and within easy rowing
distance from the yacht landing. Henry had recently purchased the
island from the Government, and it was now a part of our Sands Cliff
estate. The old beacon tower of stone was built in 1800. In oil-
burning days, its light had counted for something, but now it was
nothing but a picturesque ruin, and largely populated during the
summer by bats.
I had no sooner turned my gaze on the ruined lighthouse when a big
bat swooped down at me out of the darkness. Only the night before,
one of them had got into my bedroom. I've never been able to
overcome my early fear of these nocturnal flying mammals. To my
childish imagination, they were the very spirits of evil. I was in no
mood this night to be pestered by them. A vague uneasiness
possessed me, an uneasiness caused on one hand by Henry's
strained and haggard look, and on the other, by his encouraging
Prince Matani's attentions to Pat.
Perhaps at the moment, his crazy quest in interstellar
communication annoyed me most. I had already suggested to Jane
that we send him to a psychoanalyst to be overhauled. This delving
into the unknown was too ponderable a matter for a man of his
years. It had become fixed on his mind with all the power of an
obsession. All that day he had not stirred from his observatory, and
now Olinski was coming from town to give a verbal report of his own
findings. Much cogitation, much secrecy was, in effect, nothing at all.
Unless they now had found the key. Was it possible that Olinski
might be bringing a transcribed cipher of a radio message from
Mars? His eager acceptance of the invitation to dinner seemed to
hold an important significance for Henry.
Desperately bothered by both problems which confronted me, the
bats made things more annoying still. Then, sudden-like, in the
haunting stillness, I saw something moving towards me from the
blackish void of trees and shrubbery bordering the west end of the
terrace. At first, I was conscious only of an oncoming shadow,
advancing with a rapid, noiseless movement.
I could feel my pulse jumping. Whoever or whatever it was, there
was a risk. Rather than face the risk, I moved quietly but swiftly
across the terrace towards the front door. But that did not stop the
oncoming something; it had suddenly changed its direction and was
coming right at me.
Luckily at that moment, the lights were turned on in the lower part of
the castle. Then Orkins opened the front door, and gave voice to a
surprised exclamation as he saw me making hurriedly for the
doorway.
Suddenly I stopped, and turned. The glow of a floor lamp in the
entrance hall had spread fanwise across the terrace, and into this
arc of light strode—Serge Olinski.
"Oh, hello, Olinski!" I exclaimed, with respectful familiarity, and very
cordially, stretching out my hand, and smiling to myself at the start
he had given me, coming like an abortive something out of the
shadows of the terrace. "That you?"
"Yes; it is I," Olinski replied, shaking my proferred hand, and
breathing rather heavily.
I faced a short, dumpy, middle-aged man, with a paunch, and a
Russian cast of countenance. Small, intelligent black eyes gleamed
through shell-rimmed glasses, from a round face fringed with a short,
black beard. He carried his hat, and I observed that his primly
sleeked hair was as black as his beard. I had a suspicion that he
dyed them.
"I caught an early train from the city, in order to enjoy the benefit of a
walk from the village to your beautiful castle," he explained, half
breathlessly, "after a most exacting but successful day in the
laboratory. A million apologies if I have delayed your dinner."
"Time is infinite in the country, especially on a fine night like this," I
remarked lightly, as we entered the hall, and Orkins relieved him of
his black top-coat and hat. His dinner jacket, I noticed, was much too
small for him, and his waistcoat so short that it came perilously near
revealing a section of his middle-age bulge. There were soup stains
on his shirt-front, which indicated that his shirt had been out to dinner
before.
As I waved him to a chair, I said: "You're really very punctual, even if
you avoided our car which was sent to the station to meet you, and
walked here. You can depend upon it, Prince Matani will not miss the
chance to drive to the castle in state when he steps off the train."
Unconsciously my lips sneered as I spoke the young princeling's
name. Olinski nodded and smiled understandingly. "Ah!" he said. "I
take it that you do not look with favor on the match your scholarly
brother is about to arrange between your charming niece and my
noble countryman?"
"To be frank, no," I replied.
"So I gathered. And why?"
"I have very strong reasons for opposing their marriage," I said; "and
my sister, Jane, is just as dead set against it as I am. Every one
knows that the Prince came to America to make a rich and
advantageous marriage. Pat will soon come into a large inheritance

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