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© Éditions First, un département d’Édi8, Paris, 2023.

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ISBN : 978-2-412-09247-7
Dépôt légal : avril 2023
Directrice éditoriale : Marie-Anne Jost-Kotik
Responsable éditoriale : Aline Sibony
Éditrice : Anne Foubert
Correction : Anne-Sophie Guénéguès
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SOMMAIRE

PARTIE WTF IS
LA CONFIANCE EN
1 -

SOI ?
LE MYTHE DE LA CONFIANCE EN SOI
LA CONSTRUCTION DE L AUTOCENSURE

LA FRAGILITÉ DES MASQUES

PARTIE LE
RETOUR À SOI
2 -

SORTIR DE L ANESTHÉSIE ÉMOTIONELLE


COMPRENDRE SES BESOINS


SE METTRE EN MOUVEMENT

PARTIE LES
CROYANCES
3 -

COMPRENDRE LES CROYANCES


TRANSFORMER SES CROYANCES
PARTIE
PASSER À
4 -

LACTION

LA CRÉATION N EST PAS UN LONG FLEUVE TRANQUILLE

GUIDE DE SURVIE DE L EXPRESSION DE SOI


COMPRENDRE LA PROCRASTINATION

ÉPILOGUE
PARTIE 1

WTF IS LA CONFIANCE EN
SOI ?
LE MYTHE DE LA CONFIANCE EN SOI

UN MOYEN ET
NON UNE
FINALITÉ
Avec une mère juriste très tatillonne sur le poids des mots et dont les
trois piliers éducatifs se résumaient à « pipi, les mains, les dents »,
« les mains sur la table » et « les mots ont un sens », j’ai vite assimilé
que sans définition précise des choses, je n’irai pas loin dans la vie.

Dans le cadre de la confiance en soi, qui est une


expression qu’on ressort un peu à toutes les sauces,
ne pas avoir de définition claire du sujet revient à
prendre le risque de s’autocataloguer dans une case
qui ne correspond pas du tout à notre problème. Si ça
a l’avantage de nous faire sortir d’une forme de flou
artistique sur notre condition et de trouver un
coupable à nos maux sur le court terme, ça nous
condamne à passer à côté de la véritable racine de
notre problématique et à appliquer des solutions dans
le vide qui nous empêcheront de créer le changement
souhaité. Un peu comme si tu essayais de soigner une
gastro avec du sirop pour la toux.

Amour, gloire et popularité

J’étais jusqu’à très récemment encore convaincue que


la confiance en soi était le fait de n’avoir peur de rien,
de croire aveuglément en son potentiel, d’en avoir rien
à foutre du jugement extérieur, d’être capable de
chanter Michel Telo avec l’accordéoniste dans le métro
et d’avoir un cercle social de la taille de l’Amérique. Sauf
que dit comme ça, la confiance en soi devient une
caricature d’un roi Soleil — ou d’un Lion ascendant Lion
pour les millenials qui me lisent — qui n’existerait qu’à
travers le regard de l’autre et qui aurait donc besoin de
multiplier les expériences d’expression extravertie de
lui-même pour se sentir vivant. Ce qui, entre nous, est
un programme qui me fatigue d’avance.
Surtout que, pour avoir moi-même été l’incarnation de
cette définition erronée de la confiance en soi
pendant de nombreuses années, j’ai bien vu que ça ne
tenait pas la route. Parce que si je cochais toutes les
cases de la reine des cours de récré de la petite
section de maternelle au lycée, c’est précisément
parce que je m’adaptais constamment à ce qui me
garantissait amour, gloire et popularité, sans vraiment
me demander ce que moi je voulais réellement être :

J’étais première de la classe quand c’était stylé


auprès demes camarades.
Je sabotais mes contrôles quand il s’est avéré que
Jimmy, le beau gosse du CM1 que j’avais trop envie
de pécho, avait une préférence pour les bad girls.
Je chantais à la chorale du collège en sixième avant
que les gars que je considérais comme populaires
finissent par décider que c’était un truc de geeks.
Et j’ai même poussé le vice jusqu’à carrément
arrêter d’aimer des trucs parce que la tendance
printemps-été 2005 était tout simplement d’en
avoir rien à foutre de rien.

Bref, ma valeur personnelle se résumait à une course


sans fin vers la validation extérieure, et mon seul
moteur de passage à l’action était la perspective de la
reconnaissance des gens que je trouvais stylés. Ce qui
signifie notamment qu’entre deux parties de
« championnat du monde de l’approbation d’autrui »,
c’était le vide intersidéral et l’encéphalogramme plat de
la vie puisque j’étais incapable d’être quelqu’un si ce
n’était pas pour quelqu’un d’autre.
L’une des premières choses que j’enseigne donc à mes
élèves — maintenant que je suis passée par quelques
années de thérapies, une formation de coaching et des
centaines d’heures de pratique —, c’est que la
confiance en soi n’a rien à voir avec ce que MTV,
Hollywood et Instagram nous fourrent dans le crâne
depuis notre plus tendre enfance.

Qu on ne se méprenne pas
’ :

Je suis toujours la plus grosse groupie d’Ariana


Grande.
Si mon copain me le permettait, j’aurais un poster
de Nicki Minaj au-dessus de notre lit pour me
rappeler la bad b*tch que je suis chaque jour que
Dieu fait.
Et je prends toujours un plaisir orgasmique à
partager mes accomplissements avec mes proches
et mes moins proches pour voir cette petite
flamme éphémère du daaaamn she did it
« »

s’allumer dans leurs yeux.

Mais j’ai beau chérir le monde de la pop culture et de la


confiance en soi sauce sourire Colgate à l’américaine
de tout mon cœur, j’aimerais aujourd’hui déconstruire
le mythe selon lequel la confiance en soi serait
proportionnelle au bruit que nous faisons, et réservée
aux figures charismato-bombesques semblant tout
droit sorties de l’utérus de Tina Turner. Parce qu’après
avoir passé près de cinq ans à étudier le sujet de fond
en comble en ayant été mon premier cobaye et en
ayant accompagné près de quatre cents personnes
sur cette problématique, une chose est sûre, c’est que
la confiance en soi n’a absolument rien à voir avec le
fait de se sentir sept jours sur sept comme Beyoncé
au Superbowl, d’être dépourvu de doutes, d’éliminer la
peur de son quotidien, d’être à l’aise en public et de
cocher toutes les cases du succès. Alors WHAT THE
,

F CK IS IT
* ?

Eh bien, la première chose à se mettre en tête pour


appréhender la bête, c’est que LA CONFIANCE EN SOI
N EST PAS UNE FINALITÉ MAIS UN MOYEN Dans le
’ , .

sens où ce n’est pas le fait de réussir à atteindre tes


objectifs, que ce soit gagner ton premier million,
chanter à l’Olympia ou faire un Saint-Malo–Honolulu à
la nage.

La confiance en soi c est le moteur qui


, ’

te permet de passer à l action pour atteindre


ta destination Et pas n importe laquelle


"

. ’ ,

celle qui te fait kiffer et qui reflète TES


envies TES besoins et TES objectifs
,

personnels.

"
La barbe, le lavabo et l’éponge

Ainsi, la première étape pour faire intégrer à tes


neurones que la confiance en soi est un moyen et non
une finalité, c’est de bannir de ton vocabulaire
l’expression je veux prendre confiance en moi ! Je
« »

vais risquer une métaphore (pas terrible) basée sur


une petite histoire personnelle et un peu triviale qui
m’est arrivée ce matin. Cette image a un bon potentiel
d’illustration. Je m’explique.
En allant dans la salle de bains au saut du lit, pour me
brosser les dents, je me suis aperçue avec horreur que
des poils de barbe traînaient dans le lavabo avec
autant d’aise que s’ils me payaient un loyer. Une fois
l’envie de meurtre et la montée de fièvre passées, je
me suis donc dit qu’il me fallait une éponge. Pas parce
que je kiffe l’objet en tant que tel, mais parce que
c’était l’outil qui allait me permettre d’atteindre mes
véritables objectifs, c’est-à-dire déloger les
indésirables de ma salle de bains, ne pas avaler de poils
en me lavant les dents et étouffer mon mec avec, afin
que la probabilité de revivre cet outrage retombe à
zéro.
Eh bien, la confiance en soi, c’est ton éponge. Comme
tous les outils, ça ne vaut pas grand-chose en tant
que tel si tu n’en fais rien. Raison pour laquelle
rechercher la confiance en soi pour la confiance en soi
n’a pas de sens. Il faut toujours que tu l’associes à une
finalité pour lui en donner un.

Je te donne quelques exemples pour te faire la main, mais voici à


quoi ça peut ressembler : « Je veux prendre confiance en moi pour
demander une augmentation », « Je veux prendre confiance en
moi pour dire à mes parents que j’arrête mes études », « Je veux
prendre confiance en moi pour dire non à ma pote qui me met une
pression de gueux pour monter une boîte avec elle » ou « Je veux
prendre confiance en moi pour dire au fromager que je ne vais
finalement rien prendre parce que je n’avais pas compris que les
200 grammes de Saint-Nectaire coûtaient le prix d’une semaine
de courses »…

Attention ! Là où ça se corse, c’est que la confiance en


soi n’est pas le fait de passer à l’action pour réussir à
concrétiser n’importe quelle vulgaire finalité. Au
contraire, ce qui la rend aussi convoitée, c’est que c’est
une force spéciale qui permet de donner vie à tes
aspirations les plus profondes .
DONNE VIE À
TES
ASPIRATIONS
PROFONDES
Si la confiance en soi se résumait à la capacité de quelqu’un à passer
à l’action, tous sujets confondus, pas sûr que ce fût suffisant pour
résister aux appels des bières en terrasse et pour passer tous
mes dimanches enfermée chez moi afin d’en écrire un livre.
En revanche, ce qui est resté vrai depuis ma découverte du showbiz
à la kermesse du CP, c’est que je damnerais père et mère pour
une paillette, un frisson ou n’importe quel truc qui brille.

Un moteur à tes aspirations

Mon feed Instagram est rempli d’avant-après de


chirurgie esthétique, je peux faire une syncope si je
croise Anne-Laure de la Star Academy 1 dans la rue, et
la majorité de mon temps libre est dédié au visionnage
de Homecoming de Beyoncé sur Netflix ou à l’écoute
de podcasts d’enquêtes sur des meurtres. Alors, si j’ai
fait de la confiance en soi mon sujet de prédilection,
ce n’est pas par hasard, mais précisément parce
qu’elle combine toutes mes passions. Si je devais la
personnifier, j’aime à penser que ce serait l’équivalent
d’un hybride entre Julie Lescaut, Margaret Thatcher et
Jennifer Lopez, qui régnerait en maître sur le royaume
de la motivation, nous permettant simultanément de
retrouver notre vérité personnelle au milieu des 7000
injonctions qu’on s’impose, de tenir nos peurs à
distance et de nous donner l’élan nécessaire pour
retourner tous les Zéniths de France et de Navarre.
Car à la différence des autres moteurs de passage à
l’action, le moteur confiance en soi est celui qui
« »

permet de donner vie à nos aspirations les plus


profondes .

Pas celles de tes parents, pas celles de ta vieille tante


Marie-Chantal, pas celles de ton N+1, pas celles de la
société… les tiennes !
Celles qui sont enfouies au plus profond de ton cœur
et de ton âme et que tu nourris dans le plus grand des
secrets. Celles que tu as étouffées sous douze
couches de cynisme pour t’assurer de ne pas t’attirer
les moqueries de ton entourage et que tu n’as peut-
être encore jamais avouées à qui que ce soit. Je
répète : La confiance en soi, c’est la capacité à donner
vie à nos véritables aspirations.
Je t’invite donc dès maintenant à mettre ta lecture en
pause, à noter cette définition sur douze Post-its et à
les coller sur la lunette de tes toilettes, ta porte
d’entrée et ton frigo afin que ça te rentre dans la tête
aussi efficacement que le refrain de « Call Me
Maybe ».

So f*cking dantesque !

Si on ne comprend pas cet élément, c’est quasiment


impossible de comprendre pourquoi prendre confiance
en soi est un exercice so f*cking dantesque ! En effet,
si la confiance en soi est le fait de trouver le courage
de faire les choses qu’on a vraiment envie de faire, ça
induit qu’on doit se lancer dans un tri de notre tête
digne des plus belles prestations de Marie Kondo 1 pour
réussir à se reconnecter à ce qui nous fait vraiment
vibrer. Et ça, ce n’est pas facile, car on a parfois
tellement appris à avoir honte de ce qu’on aimait
réellement que le simple fait de s’avouer à soi-même ce
qu’on ferait si on était sûr de ne pas échouer ou de ne
pas être jugé peut s’avérer une épreuve d’un niveau de
difficulté Ninja 12+.

Effectuer ce travail n est pas très ragoûtant


parce que ça nécessite d aller décortiquer


’ ,

analyser et trier vingt trente quarante


"

, , ,

cinquante ou soixante ans de construction


personnelle d attentes extérieures
, ’ ,

de projections d injonctions ou
, ’

d automatismes qui nous ont été imposés ou


que nous nous sommes imposés nous -

mêmes pour mener notre vie du mieux que


nous pouvions avec les outils que nous
,

avions à disposition .

"
Et quand on voit le niveau de résistance qu’on peut
ressentir à l’idée de refuser un simple cookie ou de se
lever de son canapé pour faire trente-deux minutes de
sport, on comprend bien le défi que peut représenter
un travail de remise à plat d’années de vie commune
avec sa programmation personnelle.
Et de la même manière qu on explique qu il n y a pas de
, ’ ’ ’

courage sans peur il n y a pas de confiance en soi


, ’

sans expression profonde de notre personnalité Si tu .

acceptes un poste de manager au travail parce que


c’est dans l’ordre des choses et que ça va rassurer tes
proches, alors que ce que tu veux réellement, c’est
garder ton poste actuel, ce n’est pas de la confiance
en soi, même si d’extérieur, tu passes pour la meuf qui
ne recule pas devant un challenge. Au contraire, si tu
choisis ce même poste de manager parce que le défi te
fait vraiment envie même si ça te fait peur, alors là, oui,
on peut parler de confiance en soi. La différence étant
que la cause de ton passage à l’action sera extérieure
dans un cas et intérieure dans l’autre. Et c’est
exactement pour cette raison que la confiance en soi
n’est pas l’apanage des extravertis et ne peut pas
avoir une expression unique.
En effet, une personne introvertie qui fait sa life
tranquillement dans son coin, qui ne parle pas en
public ou qui ne souhaite pas s’exposer sur les réseaux
sociaux pour promouvoir son travail, peut faire preuve
d’une très grande confiance en elle dans le cas où ses
comportements viennent satisfaire ses envies les plus
profondes. De la même manière, une personne qui
coche toutes les cases des critères extérieurs de la
confiance en soi, qui pourraient par exemple se
résumer au fait d’avoir plein de potes, de faire les
choses en grand et de collectionner les
accomplissements, peut en réalité s’avérer
complètement paralysée par le regard des autres, être
dans la surenchère pour constamment prouver sa
valeur et avoir une confiance en elle au fond des
chaussettes.
Ce n’est pas parce que Jeff Bezos a décidé de
s’envoyer dans la stratosphère dans son vaisseau
phallique, accomplissant ce que le reste de l’humanité
n’a jamais accompli, qu’il a confiance en lui. Et ce n’est
pas parce que mon plus gros rêve dans la vie est de
profiter de ma famille et de mon labrador que je suis
une grosse merde qui vit dans la peur et qui gâche son
potentiel par manque de confiance en elle.

Pourquoi tu gâches ta vie ?

Le potentiel est une force en puissance qui permet de


créer, d’agir et de bouger. Donc, « gâcher son
potentiel » signifie seulement qu’on ne va jamais aller
puiser dans cette force et qu’on risque de le regretter.
Mais il ne peut pas y avoir de notion de gâchis si tu
décides d utiliser cette énergie pour ce qui te tient à

cœur que ce soit prendre soin de ta santé mentale


, ,

t occuper de tes enfants ouvrir ton resto ou envoyer


’ ,

Beyoncé sur la Lune Dès lors, quand quelqu’un


.

t’accuse de « gâcher ton potentiel », il est seulement


en train de te dire que tu ne l’utilises pas pour réaliser
ses aspirations à lui ou celles qu’il valorise. Or, ça, ça
soulève un problème plus profond, dont, Dieu merci, on
parle beaucoup dans le cadre de la sexualité, mais
malheureusement un peu moins en développement
personnel et qui est celui du consentement le fait
:

d’imposer nos attentes aux autres sans qu’ils aient


leur mot à dire, sous peine de représailles plus ou
moins violentes, est encore une pratique largement
banalisée au sein de nos différentes structures
sociales. Ce qui explique pourquoi nous sommes aussi
nombreux à penser que nos envies profondes ne sont
pas valables et que nous devons adopter celles qui
sont acceptées dans nos milieux de référence afin de
ne pas créer de conflit, de ne pas faire de vagues ou de
ne pas créer de rupture. S'il ne s’agit pas de situations
de violence psychologique intense, l’expression
authentique de notre personnalité, de nos envies et de
nos intérêts est suffisamment inhibée pour entacher
notre confiance en nous.

LA CONFIANCE
EN SOI N EST
PAS UN ÉTAT

ÉMOTIONNEL
Beaucoup associent encore la confiance en soi au fait de se sentir
bien, puissant, à l’aise, en sécurité et en pleine maîtrise
de ses capacités. C’est faux de chez faux de chez archi-faux. Tout
simplement parce qu’il n’y a pas, d’un côté, des surhumains
dépourvus de peur et, de l’autre, des gens condamnés à vivre
en flippant de la moindre piqûre de moustique.
"
La peur a un rôle fondamental dans
notre organisme et ne pas la ressentir est

" de l ordre de la maladie mentale


’ .

"
Ce qui caractérise les gens qui ont confiance en eux,
c’est leur capacité à agir et à poursuivre leurs
aspirations personnelles, et ce, peu importe l’état
émotionnel dans lequel ils sont. Poursuivre ses envies
s’avère souvent être une sortie de zone de confort. Or,
ton cerveau, te préférant en sécurité, donc en mode
Bridgerton, pizza et dodo à 22 heures, va faire tout ce
qui est en son pouvoir pour t’éviter de te lancer dans
des aventures t’en faisant sortir. Il va donc avoir
recours à l’artillerie lourde des mécanismes de
dissuasion et t’attaquer avec des ressentis tous plus
dégueulasses les uns que les autres comme la gêne, la
peur, le stress, l’inconfort et tutti quanti pour te
terroriser et te convaincre de ne pas te lancer.
Si ton petit rêve caché est de t’inscrire à la « Nouvelle
Star », il est fort possible que tu ressentes du trac, de
l’inconfort, du stress et de la peur au moment d’aller
chanter « Dieu m’a donné la foi » face à André
Manoukian. Avoir confiance en soi n’est pas le fait de
ne plus avoir peur, mais de faire en sorte que cette
dernière ne devienne pas un facteur paralysant ou un
élément inhibiteur de ton passage à l’action.

LA PALETTE
ÉMOTIONNELLE
La clé de la confiance en soi réside dans ta familiarisation avec
la palette émotionnelle. Car plus tu es capable d’expérimenter tes
émotions les plus désagréables, plus tu vas pouvoir gagner en liberté
d’agir, plus tu vas pouvoir multiplier les expériences et moins tu vas
t’interdire d’être toi-même par peur du regard des autres, de l’échec,
de la critique, etc.

Quand par exemple tu as peur de prendre


, ,

la parole en public de te lancer dans


,

un projet entrepreneurial ou de poster


"
ta cover de I m alive sur YouTube ce n est
« ’ » , ’

pas le flop l échec ou les commentaires de


, ’

potentiels trolls qui vont te bloquer


et t empêchent de passer à l action C est la
’ ’ . ’

perspective de ressentir de la honte ,

de l embarras du stress ou de l anxiété


’ , ’ .
"
On n a pas vraiment peur des conséquences de nos

actes on a peur de l émotion qu ils vont nous procurer


, ’ ’ .

à partir du moment où on comprend que c’est


seulement la perspective de ressentir certaines
émotions qui nous empêche de passer à l’action, on
peut donc beaucoup plus facilement relativiser en se
disant que la honte, la déception, la vulnérabilité ou
l’impuissance ne causeront pas notre mort, mais
seront seulement un inconfort temporaire.
Si, en revanche, on souhaite éviter à tout prix de
ressentir certaines émotions, on va s’empêcher de
vivre certaines expériences. Par exemple, refuser la
vulnérabilité t’empêchera de te lancer dans quelque
chose de nouveau dont tu ne connais pas tous les
rouages comme l’entrepreneuriat, ta première
conférence ou des cours de boxe. Tout comme refuser
la déception t’empêchera de réaliser tes rêves, de
prendre des risques ou de t’engager dans de nouvelles
relations par peur qu’elles ne s’avèrent pas à la
hauteur de tes attentes.
C’est pour ça que, contrairement à ce qu’on croit, le
plus gros piège dans lequel tu puisses tomber, c’est de
croire qu’il faut attendre d’être dans un état
émotionnel de maîtrise, de puissance et de sécurité
pour commencer à agir. Parce que les sensations de
maîtrise et de sécurité que tu ressens aujourd’hui
sont en fait le résultat d’années de pratique sur le
sujet sur lequel tu te sens en confiance. Mais si tu
n’avais pas accepté de te débattre avec ton piano, tes
fichiers Excel ou tes montages vidéo entre tes 6 et tes
23 ans, ça n’aurait jamais pu devenir des objets de
maîtrise et de sécurité. Or, aujourd’hui, attendre un
état émotionnel de sécurité, de maîtrise ou d’aisance
pour agir te condamne à expérimenter uniquement ce
qui est su, ce qui est confortable et ce qui est sous
contrôle.
Ce qui te fait donc perdre en liberté puisque, à partir
du moment où tu souhaiteras explorer le champ des
possibles, innover, tester ou expérimenter, tu te
l’interdiras parce que tu seras dans le refus de
ressentir l’ensemble de la palette émotionnelle liée à la
nouveauté, à l’apprentissage, à l’incertitude ou au
tâtonnement. Parce que si ça génère de l’excitation, de
la stimulation intellectuelle et une sensation
d’accomplissement, l’apprentissage vient aussi avec
son énorme lot de frustration, de déception,
d’incompréhension et de vulnérabilité. Donc, si tu
refuses ces états émotionnels, tu t’arrêteras
automatiquement à la première difficulté.
Ce qu il faut donc que tu retiennes et que tu surlignes

en jaune avec toutes tes mains c est que la confiance


, ’

en soi est :

1. un moyen et pas une finalité,


2. la capacité à passer à l’action pour donner vie
à ses aspirations profondes,
3. la capacité à expérimenter l’ensemble de la
palette émotionnelle.
1. *Coach spécialisée dans le rangement, connue pour sa théorie
du désencombrement.
LA CONSTRUCTION DE L AUTOCENSURE ’

À L ORIGINE
NOS
’ :

MÉCANISMES
DE SURVIE
Une des raisons qui expliquent pourquoi il est aussi difficile d’avoir
confiance en soi est le fait que l’espèce humaine semble
programmée pour vivre en groupe. Car la nature s’étant un peu
foutue de notregueule en termes de défense en nous refourguant
des ongles à la place de griffes, et des dents qui mettent
trois heures à venir à bout d’un steak trop cuit à la place de crocs,
nous devons notre salut au fait que nos ancêtres aient utilisé
leurs cerveaux collectivement pour se prémunir du danger
et répondre àleurs besoins vitaux.

La survie des humains nus comme des vers face aux


différentes menaces telles que les mammouths, les
changements climatiques ou l’accès à la nourriture
était aussi improbable que la victoire de la
Macédoine du Nord face à l’Italie pour les
qualifications de la Coupe du monde de football.
Mais c’est justement en trouvant le moyen de
compenser sa faiblesse physique par la coopération
des individus que l’humanité a vaincu l’adversité. En
effet, c’est fort de ce comportement collectif très
adaptatif que nous avons pu, dans le désordre,
coloniser la Terre entière, nous adapter à une
multitude d’environnements, créer des sprays
antimoustiques, maîtriser le feu… bref, devenir les
maîtres du monde que nous sommes aujourd’hui et
nous affranchir des menaces afin de pouvoir vivre
dans le plus grand des calmes et manger nos
Deliveroo devant six épisodes de Downtown Abbey
sans l’ombre d’un prédateur.

Je coopère, tu coopères…

Or, c’est précisément parce que l’altruisme et la


coopération se sont révélés si efficaces dans la
survie humaine qu’ils ont été inscrits au fer rouge
dans notre patrimoine génétique et que cela se
traduit aujourd’hui par un besoin d’appartenance et
de validation tellement fort que la plupart d’entre
nous peuvent le ressentir dans leurs moindres
cellules. Pour comprendre pourquoi il est si difficile
de nous affranchir du groupe afin de poursuivre nos
véritables aspirations, il est fondamental de revenir
sur l’histoire de la coopération humaine. Bien qu’il
existe encore des divergences au sein des
communautés scientifiques sur ces sujets, il
semblerait tout de même que la majorité d’entre
elles s’accorde sur le concept du calcul
coût/bénéfice.
Grosso modo, on envisagerait d’investir
financièrement, émotionnellement ou physiquement
en l’autre seulement en échange d’une réciprocité ou
de l’assouvissement de nos intérêts personnels.
Certes, insinuer ainsi que les humains sont
profondément égoïstes n’est pas du goût de tous,
d’une part, et, d’autre part, ne donne pas une image
super glamour de notre espèce — nous aurons
l’occasion d’en reparler dans la deuxième partie du
livre. Pourtant, la science semble avancer que toutes
nos actions, même les plus Mère Teresaesques, ne
sont jamais totalement dépourvues d’intérêt, et que
si la nature a fait en sorte que notre paramétrage
associe l’altruisme au plaisir ou, du moins, à la
réduction de la souffrance, c’est probablement
parce qu’il s’est avéré être un indispensable de notre
survie.
The Big Mistake

Comme le défend la théorie appelée la Big Mistake


Hypothesis formulée par Burnham and Johnson en
2005 1, les actes d’altruisme des humains se seraient
développés à une époque où l’espèce vivait
principalement en petits groupes composés de
personnes connectées par des liens de parenté.
Dans cette configuration, la coopération humaine
profitait donc directement soit à la famille de
l’humain qui faisait preuve d’altruisme, afin d’assurer
sa descendance, soit à l’humain coopérant lui-même
puisque son service allait pouvoir lui rapporter un
bénéfice tel que de la reconnaissance, un statut ou
de la protection. Ce qui s’avérait particulièrement
important dans de petits groupes où on ne pouvait
pas tout plaquer pour aller élever des chèvres dans
le Larzac incognito ou refaire sa vie sous un faux
nom à Bora-Bora si on avait fait une connerie.
Cependant, l’élargissement des sociétés humaines a
montré que des comportements altruistes et de
coopération humaine étaient aussi observés hors de
la sphère familiale ou de l’entourage proche. Ce qui a
donc mené à l’élaboration d’une deuxième théorie
appelée l Hypothèse de la Sélection du Groupe

Culturel 2 Cette étude développe l’idée selon laquelle
.

les groupes qui réussissent à intégrer davantage


d’altruisme et de coopération en leur sein sont ceux
qui ont le plus de chance de se développer de
manière pérenne et de survivre sur le long terme. Et
là, on ne parle pas de coopération à l’échelle
individuelle où tu irais chercher du pain pour ta
voisine de 83 ans qui vit au troisième étage. Il s’agit
plutôt de systèmes de coopération sociétaux dans le
cadre desquels sont créées des institutions telles
que la Justice, le Parlement, les entreprises ou les
normes sociales qui permettent de garantir le bon
fonctionnement de la société. Par contre, là où cette
théorie diffère de la première, c’est qu’elle explique
que l’altruisme humain et donc la coopération sont
majoritairement motivés par l’appartenance
culturelle à un même groupe, et non pas par
l’appartenance génétique comme c’était le cas dans
de petits groupes d’humains.
Ces études renforcent l’hypothèse selon laquelle la
survie de l’humain dépend de sa capacité à coopérer,
d’une part, avec sa famille et, d’autre part, avec la
société dans laquelle il évolue. Cette double
coopération est très importante à comprendre pour
prendre confiance en soi, car la plupart d’entre nous
culpabilisent et s’autoflagellent de ne pas réussir à
se détacher du regard des autres. On admire des
entrepreneures ayant dépassé leur peur de
s’exposer sur Instagram pour promouvoir leur
business, ou on se compare à notre collègue rebelle
ayant réussi à dire non à son boss, sans rougir, en se
disant qu’on est une bouse de rester si paralysé par
notre peur d’être critiqué ou de générer du conflit.
En réalité, cette peur qui nous empêche de prendre
des risques et de faire valoir nos intérêts est un
signe de bon fonctionnement de notre cerveau.
Parce que contrairement à ce qu’on croit, le but de
ce dernier n’est absolument pas de nous permettre
de vivre notre meilleure vie et d’atteindre tous nos
objectifs avec un parasol dans notre margarita. Sa
fonction dans notre organisme est simple et
basique : nous protéger au maximum du danger pour
garantir notre survie et s’assurer que nous
comblions nos besoins vitaux, le tout en
économisant le plus d’énergie possible. Donc, pour
répondre à cette exigence d’efficacité et de
protection, le cerveau a beaucoup plus intérêt à être
binaire que dans la nuance. Or, la solitude étant
encore ancrée comme l’une des pires menaces à
notre survie, il va donc faire tout ce qui est en son
pouvoir pour maintenir notre intégration au sein d’un
groupe en adoptant les codes en vigueur et en nous
conformant aux usages, quitte à mettre nos
véritables aspirations, besoins et envies de côté. Ce
processus d’autocensure a été conceptualisé en
coaching sous le nom de masque et explique
« »

notamment pourquoi beaucoup d’entre nous n’ont


aucune difficulté à s’oublier quotidiennement, mais
se sentent au bord de la crise cardiaque s’ils ont
envoyé à leur supérieur un dossier avec 4 minutes
de retard.

ADAPTATION AU
GROUPE PAR
LE MÉCANISME
DES MASQUES
DÈS LE PLUS
JEUNE ÂGE
Un tout petit cours de coaching sur les masques s’impose pour que
ce soit bien clair pour tout le monde. Et si tu écoutes bien,
promis je te partagerai des histoires croustillantes juste après !

Un masque est un mécanisme de compensation qui


consiste à cacher notre personnalité authentique
en adaptant nos comportements pensées ou ,
convictions afin de correspondre aux standards
sociaux , culturels , familiaux religieux
, ,

professionnels qui prévalent dans notre


environnement Ce faisant, les masques nous
.

garantissent d’être acceptés par le plus grand


nombre, de faire corps avec le groupe et de ne pas
devenir les parias du village.
Or, étant donné qu’aucun d’entre nous n’a grandi
avec un mode d’emploi qui lui permettait de
comprendre les codes en vigueur dans son
environnement, l’apprentissage de ces derniers doit
se faire sur le terrain et dans la douleur. En effet, à
l’origine de nos masques se trouvent des blessures,
c’est-à-dire des états de souffrance psychologique
ressentis après une expérience négative ou
traumatique qui a remis en cause notre intégrité,
nos besoins ou notre personne. Le cerveau humain
étant programmé pour éviter la douleur et la
souffrance, il va donc enregistrer l’événement à
l’origine de la blessure comme expérience négative
afin de ne pas la reproduire.
Ainsi, quand nous serons tentés de revivre une
expérience susceptible de générer des blessures, le
cerveau va nous envoyer l’artillerie lourde des
mécanismes de dissuasion tels que la peur, la
panique et les scénarios catastrophes afin de nous
convaincre de ne pas passer à l’action et de rester
en sécurité, bien au chaud dans notre zone de
confort.
Simultanément, il va aussi enregistrer les
événements qui nous permettent d’obtenir de la
validation extérieure et de la reconnaissance comme
des expériences positives en nous envoyant cette
fois des ressentis agréables tels que la fierté, la joie
et le plaisir afin de nous encourager à répéter ces
expériences. Tout au long de notre vie, notre cerveau
va donc enregistrer tout ce qui nous arrive dans la
catégorie négative, neutre ou positive, et utiliser nos
ressentis et nos émotions pour contrôler nos
comportements. Et si l’expression ou la
concrétisation de nos véritables aspirations entre
dans la catégorie « expérience négative », c’est
donc à ce moment-là que nous nous mettons à
adopter des masques qui, certes, ne nous
correspondent pas, mais qui nous permettent de ne
pas créer de rupture avec l’environnement dans
lequel nous évoluons, quitte à complètement
bâillonner notre personnalité authentique.
LE MASQUE DE
LA MEUF COOL
Pour illustrer tout ce charabia, rien de tel qu’une petite histoire
personnelle en guise d’exemple.

Je t’ai parlé un peu au début du livre de mon


obsession un peu douteuse pour la pop culture
depuis que je suis en âge de regarder la télé. Je
passais ma vie à étudier M6 Tubes comme si j’étais
en première année de médecine et j’apprenais
religieusement toutes les chansons de toutes les
comédies musicales des années 1990 pour faire des
concerts imaginaires et chanter « Tybalt, Tybalt, tu
vas mourir » dans ma chambre sans être encombrée
du livret de paroles.
Pour être claire, ma véritable aspiration personnelle
était de remplir des Zéniths. Le problème est qu’en
2001, en Bretagne, si tu disais que tu voulais être une
pop-star, tu signais l’arrêt de mort de ta réputation.
Une génération de cynico-sceptiques considérait, à
12 ans, qu’avoir des rêves, vouloir prendre de la place
ou réussir contribuait à l’idéologie ultra libérale qui
souillait l’humanité. Il y avait donc un véritable fossé
large comme le grand canyon entre les codes en
vigueur dans mon environnement et mes véritables
envies. J’avais été témoin de scènes où les garçons
se moquaient ouvertement de Justine en Buffalos
écoutant Britney Spears et j’ai très vite compris que
faire semblant de kiffer Babylon Circus, alors que ça
me faisait saigner les oreilles, était le meilleur moyen
de conserver ma street cred. J’ai donc enfilé mon
masque de la meuf cool et fait mes premiers pas
dans le monde de l’adaptation de ma personnalité.

De Sœur Monique au « Cocotier fou »…

Sœur Monique — ma prof principale de sixième —


décida par une belle journée de mars 2001 de sortir
de sa soutane un petit atelier d’orientation. Je suis
alors passée en mode Bac +8 d’Actor Studio quand
elle a demandé à toute la classe quel métier nous
souhaitions faire. Son questionnaire invitant à
choisir entre maçonne, avocate, coiffeuse, policière
ou encore directrice d’une société d’import-export, je
savais évidemment que je n’allais pas prendre le
risque de me ridiculiser devant toute la classe en
partageant ce qui me faisait réellement palpiter les
intestins. Ainsi, quand vint mon tour de partager
mon métier de rêve — et comme j’avais déjà rodé que
pour être cool parmi mes congénères prépubères, il
fallait s’en foutre et afficher son indifférence la plus
totale —, je finis par prendre mon air le plus
nonchalant pour signifier à Sœur Monique que je
n’avais aucune idée de ce que je voulais faire de ma
vie et que je ne comptais pas participer à son
exercice de chiottes.
Pourtant, si j’avais déjà bien intégré que je ne devais
pas assumer mon amour des pop-stars auprès de
mes camarades de classe, je ne savais pas encore ce
qu’il en était auprès des adultes. Alors, dans un élan
de naïve sincérité, lorsque la cloche sonna et que la
classe se vida, je pris mon courage à deux mains et
décidai d’aller confier mon rêve le plus secret à Sœur
Monique dans l’espoir qu’elle m’explique comment on
devenait une pop-star qui remplissait les stades et
qu’elle me propose de devenir mon agent. Je ne
savais pas, qu’en marchant vers son bureau,
j'amenais ma personnalité authentique à l’échafaud.
En deux secondes, la sentence tomba : être Beyoncé
n’était pas un métier. Si j’aimais la flûte et « Cocotier
fou 3 », madame Lechapt se ferait un plaisir de me
recevoir pour m’expliquer comment devenir prof de
musique. Je me souviens de la sensation de honte
qui s’empara de tout mon corps des orteils aux
cheveux. Parce que face à la figure d’autorité
suprême que constituait le statut de prof principale
directement envoyée par Dieu, je compris alors que
mes envies de show, de paillettes, d’expression de soi
et de spectacle n’étaient rien d’autre que des lubies
d’adolescente prépubère.
C’était mignon et naïf, mais le message était clair :
cette énergie créatrice devait rester en sixième sous
peine de me prendre un stop du physio qui garde les
portes du monde des adultes.

LA
CONSOLIDATIO
N DE
LAPPARTENAN
CE AVEC LES

JUGEMENTS
Mais alors concrètement, que se passe-t-il quand l’expression
de notre personnalité authentique, de nos envies profondes et de
nos véritables aspirations n’est pas acceptée dans
notre environnement ?

Tout d’abord, nos masques se renforcent. Dans mon


cas, ma bad b*tch intérieure qui avait
courageusement pris les devants pour aller voir
Sœur Monique se désintégra en moins de temps qu’il
faut à un Roucoul pour évoluer en Roucoups, et
laissa alors place à un rejet total de cette facette de
ma personnalité. L’autocensure s’est installée. J’ai
mis fin aux expérimentations vestimentaires, j’ai
enlevé tous les posters de Jenifer de ma chambre, j’ai
abandonné la chorale et j’ai dit à tout le monde que
j’adorais Il faut sauver le soldat Ryan alors que je
regardais Crossroads avec it’s Britney B*tch en
boucle…

Qui juge ne se sent pas jugé…

Le problème, c’est que chez certains d’entre nous, le


besoin d’appartenance a tellement les dents qui
rayent le parquet qu’il lui est impossible de s’arrêter
à l’étape du conformisme aux codes en vigueur. Il va
donc dans un premier temps nous pousser à rompre
avec certaines parties de nous-mêmes. Puis, il va
ensuite nous encourager à renforcer cette rupture
en jugeant et en condamnant les gens qui
perpétuent ce que nous avons appris à considérer
comme honteux, afin d’affirmer notre identité. Parce
qu’en effet, plus nous souhaitons obtenir la
validation de notre entourage, plus nous avons
intérêt à nous désolidariser des choses qu’il méprise
et à multiplier les expériences de séparations entre
ce « ce que je veux représenter » et « ce que je ne
veux pas représenter ». Or, pour faire ça, rien de plus
efficace que le jugement. Si on a appris que c était’

bien de collectionner les accomplissements


personnels on va méjuger les gens se contentant
,

d une vie peu ambitieuse à nos yeux pour renforcer


notre identité de personne volontaire forte et qui


, ,

se donne les moyens de réussir Si on a appris que


.

plus on en bavait plus on était méritant alors on va


, ,

méjuger les personnes à la réussite facile afin de


renforcer notre identité de personne digne de
succès .

Et ce qu’il faut comprendre ici, c’est que la virulence


du jugement est un très bon indicateur de notre
manque de confiance en nous et de notre incapacité
à être pleinement nous-mêmes. En effet, s’il se
manifeste de manière plutôt ponctuelle par des
audiences à huis clos entre potes où tu vas te foutre
de la gueule de Sarah qui a tourné son premier clip
avec les moyens du bord, ça traduit la présence de
ton besoin d’être vu comme quelqu’un de cool et
irréprochable. Ce qui laisse présager que le jour où
tu auras toi-même envie de te lancer, tu ressentiras
pas mal de résistance à l’idée d’être débutant et de
te retrouver à la place de Sarah, ce qui ralentira donc
ton processus créatif. De la même manière, si ça
prend une forme plus aiguë où tu finis par passer
des après-midi entiers à scruter la moindre sortie de
projets musicaux et à écrire des commentaires
haineux sur toutes les vidéos YouTube que tu
regardes, ça peut traduire en toi une croyance selon
laquelle tu n’aurais le droit d’exister en tant que
musicien que si tu es parfait, innovant, singulier,
original et révolutionnaire, alors que ce sont des
qualités qui ne s’obtiennent la plupart du temps
qu’avec des années de pratique, de frustration, de
travail, de répétition, de brouillons et de
confrontations à ses lacunes. Or, étant donné que tu
n’as aucune tolérance pour l’imperfection et la
progression, tu vas donc t’interdire de passer par la
case débutant pour développer ton art et être
reconnu dans le futur. Et donc, le seul moyen que tu
auras à ta disposition pour affirmer ton génie
musical sera de rabaisser ceux qui essaient.
Conclusion, peu importe l intensité avec laquelle on

pratique le jugement ce n est rien d autre qu un


, ’ ’ ’

mécanisme de protection qui consiste à devenir la


connasse pour ne pas passer pour la bolosse .

Dans mon cas, c’est exactement comme ça que je


me suis retrouvée à faire une fixette épidermique
sur Marc. Pour te remettre un peu de contexte, Marc
a débarqué dans mon école en cinquième. Je n’avais
pas fait trop gaffe à lui au début, mais au bout de
quelques mois, c’était devenu impossible de le louper.
C’est simple, il n’avait aucune inhibition et laissait sa
personnalité authentique s’exprimer au grand jour
sans jamais se cacher derrière des parades ou du
second degré. Du coup, il est vite passé pour le mec
bizarre. Il avait un penchant quasi obsessionnel pour
Star Wars et adorait se prendre pour Luke Skywalker
en mimant des combats au sabre laser en peignoir
devant le miroir de sa chambre. Il avait commencé à
tourner un film dans l’école avec son petit
caméscope, à demander à toute la cour de récré qui
voulait être acteur, et à faire des prises au
skatepark le mercredi après-midi. Il avait chanté tout
seul « Another One Bites the Dust » dans le car qui
nous emmenait en Espagne pendant le voyage
scolaire de troisième en souriant avec ses trente-
deux dents, et il nous parlait hyper régulièrement en
répliques de films en se prenant pour Jean Dujardin
dans OSS 117 ou Christian Clavier dans Les Visiteurs.
Bref, il était toujours lui-même à 4000 %, peu
importe à quel point les gens se foutaient de sa
gueule.
Et ce qui est complètement fou, c’est qu’il ne s’est
jamais vraiment adapté aux codes en vigueur. Il
s’autorisait à faire tout ce que j’avais appris à
rejeter et tout ce que je m’empêchais de faire. Par
conséquent, j’interprétais toutes ses actions sous le
prisme de mes propres interdits au lieu de le voir
comme l’expression authentique de sa personnalité,
de ses envies et de ses aspirations. J’avais tellement
intégré que l’expression de soi était le symptôme
d’un ego-trip carabiné que j’étais persuadée qu’il
faisait son intéressant, que chacune de ses actions
relevait d’un besoin d’attention, et qu’il était ridicule
simplement parce qu’il avait eu le génie et le courage
de ne jamais prendre la route du conformisme.
Ainsi, en le jugeant négativement et le plaçant dans
la case « mec qui en fait trop et qui a
désespérément besoin d’attention », ça me
permettait de me désolidariser et de renforcer mon
identité de « meuf cool qui s’en fout » qui me valait
amour, gloire et beauté dans la cour de récré.
Si les jugements ont certes le pouvoir de consolider
notre street cred et notre sentiment
d’appartenance dans des environnements donnés,
ils restreignent à fond notre liberté de mouvement.
Parce que plus nous avons de jugements négatifs
sur les choses qui nous entourent, la société ou la
manière dont les gens se comportent, plus notre
conscience de ce qui est mal grossit. Or, plus notre
conscience de ce qui est mal grossit, plus les
interdits que l’on va s’imposer seront nombreux. Par
conséquent, plus on juge négativement, plus notre
champ des possibles rétrécit et moins nous nous
autorisons à donner vie à nos aspirations et à créer
ce qui a du sens pour nous. Bref plus on juge et plus
,

on perd en liberté.

J’aimerais préciser que ce n’est pas parce que le


jugement peut être un signe de la présence
exacerbée d’un masque qu’il faut le rejeter dans sa
totalité à coup de vade retro satana. Je dis ça parce
que je sais qu’auprès des gens qui kiffent le
développement personnel, c’est très à la mode de
mettre de l’amour dans son cœur, d’accepter tout le
monde tel qu’il est et de considérer le jugement
comme une pratique préhistorique qui n’a pas lieu
d’être en 2023. Mais la réalité, c’est que le jugement a
une fonction indispensable dans notre psyché, qui
est celle de nous protéger. C’est un garde-fou muni
d’un système d’évaluation interne ultra performant
qui nous permet de ressentir notre environnement
et les gens qui nous entourent pour nous prémunir
de véritables dangers, que nous-mêmes ou les
autres pourrions nous infliger.
Le jugement nous permet par exemple de ne pas
répondre aux mails nous demandant d’entrer notre
numéro de carte bleue pour gagner le dernier iPhone,
de changer de rame de métro quand un mec bourré
nous dit qu’il va nous couper la carotide, de ne pas
boire l’eau des toilettes, de ne pas donner suite à
une opportunité véreuse ou encore d’expliquer
gentiment à notre boss qu’on ne pourra pas faire un
56 heures hebdo pour un SMIC. En gros, ça nous
permet de ne pas faire n’importe quoi et de
participer au maintien d’un certain ordre, censé
garantir la sécurité et l’intégrité de tous.
Donc, cela va sans dire, l’idée n’est ni d’éliminer
totalement le jugement de ta vie ni de devenir
complètement extrême en mettant des cailloux
dans tes chaussures s’il t’arrive de commenter de
temps en temps la moustache d’une meuf qui passe
dans la rue ou le dernier ragot dont tu as eu écho à
la machine à café. Ce que nous voulons, c’est réussir
à nous observer suffisamment pour réussir à
identifier les jugements qui nous restreignent et
nous empêchent de donner vie à nos aspirations
profondes.
1. https://www.degruyter.com/document/doi/10.1515/auk-2005-0107/html

2. Henrich and Henrich, 2007 ; Richerson and Boyd, 2005.

3. Chanson de Jean Andréo et les Flextribu.


LA FRAGILITÉ DES MASQUES

LE JOYEUX
BORDEL DE
L ORIENTATION

Le recours aux masques et à la suradaptation à notre


environnement nous entraîne en mode champion olympique dans
la catégorie « enfouir ses opinions, ses intérêts et ses goûts, pour
adopter ceux qui sont socialement dans son environnement ».
Résultat, on court le risque de n’avoir aucune idée de qui on est ou
de ce qu’on veut, le jour où plus personne n’est là pour nous dire
ce qu’on doit aimer, faire, commander au resto ou choisir comme
voie.

Dès lors, à moins de rester toute notre vie chez nos


parents ou dans le même cercle social de la petite
section de maternelle à l’EHPAD, la majorité d’entre
nous va expérimenter des changements
d’environnement à différents moments de sa vie. Or,
si on n a jamais appris à se connaître suffisamment

et que ses repères ont toujours été dépendants de


l extérieur c est à ce moment là qu on va
’ , ’ - ’

potentiellement se taper des maxi crises


existentielles et avoir l impression d être perdu dans
’ ’

la stratosphère .

(Dés)orienter…

Dans mon cas, ma crise s’est déclarée au moment


d’entrer dans la vie active. C’est simple, je ne
comprenais tellement pas ce que je foutais là que
j’avais des haut-le-cœur en lisant les fiches de poste
sur JobTeaser, je ressentais physiquement que
l’ennui rétrécissait mon cerveau et tuait mon
énergie vitale à petit feu et j’étais tellement perdue
au sujet de mon avenir professionnel que mes
soirées s’étaient transformées en festival de
questions métaphysiques à base de « Qui suis-
je ? », « Pourquoi la vie ? », « Pourquoi la mort ? ».
J’avais bien eu maints signes avant-coureurs qui
auraient dû me mettre la puce à l’oreille, comme la
perte de motivation, la fatigue alors que je dormais
neuf heures par nuit, le désintérêt ou encore
l’inattention… Mais j’étais tellement persuadée que
c’étaient des défauts contre lesquels je devais lutter
et non des signaux m’invitant à faire un vrai bilan de
ma situation, que je m’étais résolue à les enfouir
aussi fermement qu’une culotte de chasteté, et à les
ignorer. Pourtant, si j’étais aussi démunie face à mes
questionnements, c’est parce qu’avec du recul, je me
rends compte que de la maternelle aux études
supérieures, aucune entité ne s’est vraiment sentie
responsable de la question de mon orientation et
chacune d’entre elles a préféré refiler le bébé à celle
qui prendrait le relais.

Par exemple, au moment d’entrer mes vœux sur Parcoursup, à


la fin de la terminale, une petite miette de ma personnalité
authentique, qui devait traîner au fond de ma tête comme le
dernier grain de maïs d’une boîte Bonduelle, s’est sentie libre de
s’exprimer. J’ai donc fait part de mon envie de faire une école
d’hôtellerie. Ça me faisait trop kiffer, je m’imaginais déjà être
tenancière d’un établissement où mon taf serait d’accueillir
Oprah Winfrey à la réception et de lui filer sa carte de chambre
en lui disant « Have a nice stay ». Alors, OK, c’était un peu
fantasmé, mais je rêvais de luxe, d’hospitalité, de rencontres, de
voyages autour du globe et de folles expériences. Mes parents
étaient d’accord, mais comme j’avais de très bonnes notes, mes
professeurs ont ardemment insisté pour que j’aille en classe
préparatoire pour ensuite passer les concours d’écoles de
commerce. Parce qu’en 2010 — je ne sais pas si c’est encore le
cas aujourd’hui —, ces dernières étaient considérées comme la
source mère du succès qui avait le pouvoir d’apporter statut,
flouze, sécurité, tickets restaurant, accès au backstage de
Beyoncé et coupe-file vers les portes du paradis si l’on buvait
de son eau.
Comme mon système de navigation interne
dépendait des avis extérieurs, j’ai donc décidé qu’il
valait mieux écouter, mettre toutes les chances de
mon côté et ne pas me fermer de portes, quitte à me
pencher plus tard sur ce que je voulais vraiment
faire. Alors, je ne dis pas que c’est le seul paramètre
qu’il faille prendre en compte, surtout quand on a
17 ans et qu’on a le temps de changer quatorze fois
d’avis, mais ça traduit une vision de l’orientation
complètement déséquilibrée, dont le rôle
consisterait exclusivement à assurer la stabilité et
le statut social de la personne concernée au
détriment de son épanouissement personnel.
J’ai donc intégré une prépa en 2010 en vue d’entrer
dans une école de commerce deux ans plus tard. Le
concept ? T’oublier au maximum pendant deux ans
pour te consacrer à un apprentissage intensif de
choses qui finiront aux oubliettes de ta mémoire
afin d’obtenir de très bonnes notes à un concours et
avoir la possibilité de décrocher le saint Graal au
bout du tunnel, j’ai nommé une entrée dans une des
écoles du Top 5 du classement des écoles de
commerce. Personnellement, cette expérience a
consisté en beaucoup de chialades, de
découragement, d’autoflagellation et d’épisodes de
culpabilité aiguë quand j’avais bu une bière avec un
pote au lieu d’aller me coucher avec une tisane et un
numéro d’Alternatives économiques…
Mais évitons aussi de cracher dans la soupe qui
nous a nourris, je dois admettre que c’est sûrement
l’un des environnements les plus formateurs qui
existent, dans le sens où on t’apprend à te dépasser,
à travailler en vue d’atteindre un objectif, à ne pas
hurler à la mort dès que tu ressens un peu
d’inconfort, à aller chercher la difficulté, à te
remettre en question et à être endurant sur le long
terme. En réalité, sans cet apprentissage, je pense
que je n’aurais probablement jamais réussi à
développer mon entreprise. Néanmoins, le point
faible de ce système est bien toute cette énergie
déployée uniquement à ton entrée dans l’école la
plus prestigieuse qui soit, au détriment de la
compréhension de toi-même, de tes désirs, de tes
besoins, de tes envies, de tes aspirations et d’un
projet professionnel épanouissant. Ta valeur et ton
estime personnelle reposent exclusivement sur des
critères extérieurs aussi insensés et inutiles qu’un
classement du Figaro ou ta capacité à retenir la
date d’invention 1 de la mule-jenny. Alors, certes, t’as
appris à bûcher comme un mulet et à sortir de ta
zone de confort, mais tu n’es pas forcément plus
avancé sur tes perspectives d’avenir…
Sans surprise, une fois arrivé en école, soit la
dernière institution par laquelle tu es censé passer
avant de te jeter dans le grand bain de la vie active,
c’est la même chose. On aurait en théorie plus
d’espace mental pour réfléchir à ce qui nous
intéresse, étant donné que la charge de travail
réduit tellement que t’as l’impression de te taper une
liposuccion du cerveau. Mais il existe un effet
« pansement » de l’école où le vide intersidéral
ressenti au début est vite comblé par de
nombreuses distractions de type associations,
grosses teufs, stages et voyages, allégeant ainsi le
poids de tes questions existentielles et repoussant
toujours le moment où tu vas devoir te regarder
dans le miroir, arrêter de te voiler la face et te
demander comment tu vas bien pouvoir occuper tes
journées jusqu’à la retraite.
Raison pour laquelle mon entrée dans la vie active
avec mon premier stage a été aussi hardcore. Je me
suis retrouvée à travailler en tant que commerciale
au sein d’une plateforme de réservation de
restaurants où je devais convaincre des
restaurateurs dans toute la France de travailler avec
nous. Le deal était qu’ils acceptent un règlement
sous trente jours fin de mois en échange de notre
super clientèle business.
En pratique, je passais mes journées à me faire
gueuler dessus par des prestataires qui réclamaient
leur argent et qui nous traitaient d’arnaqueurs. Les
employés, stagiaires et alternants démissionnaient
les uns après les autres. J’aurais pu tenir si les jobs
de mes supérieurs m’avaient fait de l’œil et donné
envie de m’investir pour grimper les échelons, mais
ma manager était une boule de stress vivante
recouverte d’eczéma et d’urticaire… Un type de
traitement que j’aurais été prête à m’infliger pour
devenir l’assistante de Beyoncé, mais pas pour faire
réserver des restos pour les salariés de Disney. Je
me suis donc cassée au bout de trois mois en me
disant que c’était un premier essai raté et que j’allais
forcément trouver autre chose. N’ayant jamais pris
le temps de comprendre ce qui m’intéressait dans la
vie, j’avais aussi peu de chance de trouver un job qui
me plaisait que de gagner au Loto. Sauf que, comme
j’étais à des années-lumière de concevoir que
trouver ce qui me faisait vibrer était un projet
légitime et pas une vieille lubie d’adolescente en
crise qui refuse de s’adapter à la réalité, j’ai continué
à me forcer à entrer dans le cadre, et sans surprise,
à enchaîner les échecs professionnels.
ACCEPTER QUE
C EST LA
MERDE

Le seul moyen de te sortir de ce vortex de la lose est


de commencer à accepter que c’est la merde, que tu es perdu
et que tu as un problème.

Dans mon cas, j’ai dû admettre que j’avais un


problème quand j’étais en alternance : j’oscillais
entre des moments intenses d’ennui et des
moments de rush dont je ne comprenais pas du tout
le sens et qui me faisaient presque regretter les
jours où je servais des frites et nettoyais les
plateaux du Quick de Saint-Malo. Mais ce qui m’a
vraiment servi de déclic, ça a été l’expression de ce
ras-le-bol par mon corps par le biais de symptômes
que je ne pouvais tout simplement plus ignorer.
Boule au ventre, absences, brouillard mental,
respiration courte, tensions dans le corps, urticaire,
anxiété, disparition de mon enthousiasme,
irritabilité… Il fallait que je me rende à l’évidence, le
monde du travail tel que je l’avais expérimenté avait
sur moi le même effet qu’un syndrome prémenstruel
et me dirigeait tout droit vers le burn-out.
Piler au carrefour !

Ce n’est pas normal ! Et même si ça fait des années


que tu vis comme ça et que tu es habitué à cette
situation, c’est le signe que le moteur est en train de
cramer et qu’il faut que tu t’arrêtes au garage le plus
proche. Dans le cas où tu disposes de ressources
financières qui te le permettent, le meilleur conseil
que je puisse te donner est d’aller prendre rendez-
vous chez un psychothérapeute. Ensuite, de te
reposer si tu es dans une situation où tu as trop tiré
sur la corde, que tu n’as plus de jus et que tu as
besoin de comprendre les causes de ton
épuisement. Si, sans être allé aussi loin, tu sens que
si tu continues dans cette direction, tu risques de
péter une pile, la voie la plus rapide est d’investir
dans un coaching pour t’aider à te reconnecter à toi-
même, à dégommer tes croyances limitantes et à
redonner du sens à ta vie, ou dans un bilan de
compétences si tu souhaites y aller step by step et
commencer par faire un point sur ta vie
professionnelle.
Pas de panique si tu n’as pas de flouze : tu peux
aussi tout à fait travailler sur toi avec les moyens du
bord. Ça prendra simplement un peu plus de temps.
Si ça peut te rassurer, à l’époque où j’étais paumée,
je n’avais aucune idée de ce qu’était le coaching, je
n’avais encore jamais entendu parler de
développement personnel et je n’avais aucun outil à
ma disposition pour me sortir de la panade. J’ai donc
tout simplement commencé par dresser la liste la
plus honnête possible de toutes les choses que
j’aimais vraiment faire, indépendamment du regard
des autres et de ma capacité à l’assumer. Une fois
sortie de la transe de cet exercice assez grisant de
par son côté libérateur, j’ai eu la sensation horrible
que j’étais restée une ado prépubère de 14 ans qui
refusait de grandir. Tout ce que je kiffais, c’étaient
les shows de Céline Dion, les punchlines de Nicki
Minaj, cuisiner des carrot-cakes, danser comme si
personne ne me regardait, Bree van der Kamp 2,
gagner du flouze, faire le ménage, parler espagnol,
organiser des surprises, préparer des petits
déjeuners, inviter mes copains à dîner, faire des
blagues et jouer au démineur. Bref, horreur et
damnation ! Je n’avais plus qu’à brûler mon papier et
ne jamais rouvrir cette porte qui semblait confirmer
que je ne pourrais jamais m’épanouir sur le marché
du travail à moins que le « Hit Machine » ne fasse
son come-back sur M6 et que Charlie et Lulu ne
m’appellent pour me mettre à la direction de
l’émission. J’ai donc lâché l’affaire de la reconnexion à
mes envies profondes.
Puis, quelques mois plus tard, en poursuivant mes
recherches pour comprendre ce que j’allais bien
pouvoir faire de ma carcasse, j’ai découvert le
concept de valeurs. On en parlera beaucoup plus en
détail dans la deuxième partie du livre, mais à ce
moment-là, ça m’a appris qu’il existait des moteurs
derrière ce qui nous faisait vibrer dans la vie. Et
donc, si je n’assumais pas réellement que ma
passion dans la vie était de passer des heures à
mater des clips de RNB sur YouTube, je devais
comprendre ce que cette réaction activait chez moi.
Je me suis donc mise à décortiquer chaque élément
de la liste des choses que je kiffais, que j’avais
laissée au fond d’un tiroir, et la première chose dont
je me suis rendu compte, c’est que l’objet de mon
obsession n’était pas vraiment Céline Dion, Beyoncé
ou Freddie Mercury en tant que tels, mais leur
expression pleine et entière sans autocensure. La
deuxième chose que j’ai réalisée c’est que j’étais
complètement fascinée par le processus créatif et
le travail de résilience qui se joue derrière toute
concrétisation d’une idée ou d’un projet. Et enfin la
troisième chose que j’ai comprise, mais que
j’assumais un peu moins, c’est que si j’aimais autant
les paillettes, l’amour, la légèreté, la fête… bref, la
facilité un peu brute de la pop culture qui était tant
décriée par mon entourage le plus neuroné, c’est
précisément parce qu’elle a un pouvoir ultra
pédagogique et fédérateur qui me semble pouvoir
créer la paix dans le monde, comme ça, devant un
show.

Je kiffe donc je suis

Dès lors, en démasquant de tout ce qui se jouait


derrière mes goûts personnels, je me suis rendu
compte que mon kiff à moi était l’expression de soi,
la créativité, le partage et le fait de se bouger le fion
au lieu de se laisser constamment bloquer par la
peur. Or, si je n’étais pas prête à complètement
changer de voie pour devenir actrice ou pop-star, je
me suis quand même dit que ce serait chouette de
concrétiser ce déclic cosmique en lançant un projet.
C’est donc comme ça qu’en 2015, après avoir discuté
de l’idée avec mes deux acolytes Éléonore Pascolini
et Caroline Hottot, est née l’association
Empowerment House, dont l’objectif était de mettre
en avant des personnes au parcours sortant des
sentiers battus afin de nous inspirer, d’arrêter de
flipper, de sortir de notre coquille et de nous
autoriser à faire ce qui nous faisait vraiment
virevolter les tripes.
On a donc commencé à faire des interviews
d’entrepreneurs, d’artistes, d’explorateurs, de
sportifs pour comprendre leur état d’esprit et savoir
comment ils réussissaient à créer leur propre
chemin et à croire en leur vision malgré l’adversité.
On n’avait aucun moyen, j’avais emprunté l’appareil
photo de ma mère pour filmer et c’est mon copain
qui nous a prêté sa carte son et expliqué comment
ça marchait. On faisait plein de conneries, on
enchaînait les boulettes et les erreurs, mais
heureusement, j’étais encore en alternance à cette
époque donc j’avais autre chose à faire que de
passer tout mon temps dans ma tête à me dire à
quel point j’étais une bouse. Et à la grande différence
du salariat, même si je ratais beaucoup de choses, je
m’éclatais et je n’avais pas du tout l’impression de
travailler. On a donc engagé les nouvelles recrues
Anne Burger, Sawsan Pinson et Sara El Attar, et forte
de cette méga énergie de badass, on a lancé nos
premiers événements payants, créé un concours
d’entrepreneuriat avec des coachs entrepreneurs et
un jury de célébrités pour des lycéens de
Gennevilliers, ainsi qu’un concours d’éloquence sur le
même format.
J’ai passé mes examens de master, je me suis fait
virer de mon alternance une semaine avant la fin de
mon contrat, et je n’avais aucune intention de
retourner m’enfermer dans un bureau maintenant
que j’avais compris que le travail pouvait être aussi
épanouissant. Ainsi, quand Cécile Thibault, une
entrepreneure qui m’avait repérée dans le cadre de
notre concours d’entrepreneuriat, m’a conseillé
d’utiliser mon année de chômage pour lancer ma
boîte, je me suis dit que j’avais été touchée par la
Providence et que ce serait trop con d’être née dans
un pays qui offre tant d’opportunités et de ne pas en
profiter. Après une discussion avec mes parents qui
ne comprenaient pas complètement mon projet,
mais qui ont toujours été super encourageants, j’ai
donc pris la décision de me lancer et de créer une
version entreprise de mon association. Pour la
première fois, je me sentais à ma place, convaincue
d’avoir enfin trouvé ma voie après de nombreux
tâtonnements de terrain. Je me suis lancée à corps
perdu dans cette nouvelle aventure qui, cinq ans
plus tard, est devenue mon entreprise actuelle.
Toutefois, ce n’est pas parce que j’ai mis une dizaine
d’années à trouver ce qui me faisait kiffer dans la vie
et à oser me diriger vers des activités qui me
correspondaient malgré ma peur du regard des
autres que ça doit être la même chose pour toi. J’ai
donc souhaité t’écrire ce livre pour t’expliquer étape
par étape comment sortir du marasme dans lequel
on peut se sentir coincé quand on a passé son
temps à vivre pour répondre aux attentes
extérieures, faire plaisir à ses parents et cocher les
cases du succès social. Alors, maintenant qu’on est
au clair sur ce qu’est la confiance en soi, c’est le
moment de mettre les mains dans le cambouis pour
la renforcer.
1. 1775.

2.Personnage de la série américaine Desperate Housewifes interprété


par Marcia Cross.
PARTIE 2

LE RETOUR À SOI
SORTIR DE L ANESTHÉSIE ÉMOTIONELLE

ARRÊTER DE
METTRE SES
ÉMOTIONS
SOUS LE TAPIS
La confiance en soi, c’est oser donner vie aux véritables aspirations
qu’on a au fond des tripes. Sauf que, comme la plupart d’entre
nous avons été entraînés comme des champions olympiques de
gymnastique rythmique à repousser le naturel, à avoir honte de ce
qui nous faisait vraiment kiffer et à prendre nos rêves pour des
lubies d’adolescents prépubères dont nous devons absolument
nous détacher, nous n’avons plus aucune idée de ce que nous
aimons réellement en grandissant.

Donc, la première étape pour se reconnecter à soi et


découvrir ce qui se cache au fond de ses tripes sous
les soixante kilos de restrictions qu’on a
minutieusement empilées année après année, c’est
de se reconnecter à ses émotions. Je suis bien
consciente que le sujet des émotions rebute un
certain nombre d’humains et que beaucoup seraient
prêts à opter pour un herpès à vie plutôt que
d’admettre qu’ils sont des êtres sensibles à la merci
de leurs ressentis. Ce qui d’ailleurs se comprend
puisque, jusque dans les années 1960, avant que les
neurosciences se penchent sérieusement sur le
fonctionnement de notre cerveau, il était commun
de considérer la raison comme l’expression la plus
aboutie de l’humanité, et les émotions comme un
vestige préhistorique qui nous ramenait à notre
statut animal. Notre crédibilité dépendait de notre
capacité à lutter contre celles-ci, raison pour
laquelle nous nous sommes retrouvés avec cet
héritage social qui valorise notre capacité à les
enfouir et à nous en déconnecter.
Or, les émotions ont une fonction physiologique bien
précise dans notre organisme, et ne pas l’accepter a
fini par déglinguer plein de gens. Je sais qu’à ce
stade du livre, tu dois déjà en avoir ras-le-bol de mes
métaphores moisies, mais en réalité c’est
exactement comme si en 2027 Kim Kardashian
décidait que le summum du glamour était de ne faire
pipi qu’une fois par semaine, et que la Terre entière
se mettait à ne plus écouter sa vessie, quitte à se
rendre malade pour répondre à cette nouvelle norme
sociale. Pas besoin de trop se creuser la tête pour
comprendre que c’est débile. Quand on a passé sa vie
à se répéter du soir au matin que les émotions
étaient réservées aux faibles ou aux fans de Lara
Fabian on ne va pas pouvoir se convaincre du
,

contraire du jour au lendemain Par contre, rien de


.

tel que de comprendre de manière pragmatique le


rôle des émotions dans ton organisme pour que tu
puisses arrêter de les considérer comme une vieille
chaussette radioactive, te réconcilier avec et les
utiliser pour vivre ta best life.

Radars en tête

La première chose à avoir en tête, c’est que nos


émotions ont pour fonction de nous orienter et de
nous guider Ce ne sont donc pas des indicateurs de
.

ta valeur personnelle, mais simplement des


messages envoyés par ton cerveau pour te faire
part de son avis sur les situations que tu vis et te
conseiller sur la manière d’y réagir. En effet, comme
nous l’avons vu précédemment, ton cerveau est là
pour te maintenir en vie et te protéger. Et pour faire
ça, il va donc se comporter comme une tour de
contrôle et surveiller ton environnement en continu
afin de t’alerter en cas de menaces pour que tu
puisses te mettre en sécurité ou au contraire te
signifier que tout va bien et que tu peux aller chiller
au soleil avec une menthe à l’eau.
Étant donné qu’Elon Musk n’est pas encore passé
par là et que ton cerveau ne dispose donc pas
encore de l’option Google Translate pour te
transmettre des messages dans ta langue
maternelle, il va donc communiquer avec toi par le
biais des émotions. De la même manière que tu as
pris espagnol LV2 en cinquième dans la perspective
de rencontrer Roberto, de Un Dos Tres pour le
, ,

demander en mariage, il va aussi falloir que tu te


mettes à parler couramment LVÉmotion si tu veux te
réconcilier avec ta tête.
Lorsqu’on apprend une langue étrangère, la première
chose à faire avant de passer à la traduction est
d’apprendre à écouter. Personnellement, j’avais un
Bac +12 en déni et balayage de mes émotions sous le
tapis. La tristesse, la frustration, la vulnérabilité ou
même l’amour me dégoûtaient autant que ma pire
hantise sur Terre, à savoir la terrine de poisson, et je
considérais que toute autre émotion que la
puissance était un aveu de faiblesse que je devais
dézinguer de ma vie. En tant qu’humaine, mon
objectif de m’affranchir de mes ressentis était
évidemment voué à l’échec. Seulement, ma
Dominatrix intérieure ne l’entendait pas de cette
oreille. Elle était tellement déterminée à me robotiser
que chaque émotion non contrôlée de ma part se
soldait par un déluge d’autoflagellation, de
culpabilité et de haine envers moi-même. Or, si j’avais
aussi confiance en ses méthodes disciplino-
masochistes, ce n’est pas vraiment parce que je
kiffais m’en prendre plein la gueule, mais plutôt
parce que j’étais réellement persuadée que contrôler
chacune de mes émotions m’apporterait le salut
éternel.
Ce que je ne savais pas encore, c’est que refuser
d’écouter ses émotions ne les fait pas disparaître. Au
début, ça va pousser notre organisme à trouver un
moyen de nous soulager sur le court terme avec ses
deux stratégies préférées : l’anesthésie et la
distraction. Et ce, en utilisant par exemple Tinder,
l’overdose de pâtes carbonara ou TikTok pour
augmenter nos niveaux d’endorphine, d’ocytocine et
de dopamine et faire baisser notre niveau de cortisol
qui est l’hormone du stress. Cette solution n’est pas
viable sur le long terme et nous entraîne droit dans
le mur. Parce que tout comme tu ne vas pas faire
disparaître les odeurs de ta vieille poubelle moisie en
mettant un petit sopalin dessus, les problèmes à
l’origine de tes réactions émotionnelles ne vont pas
disparaître avec Candy Crush. Au contraire, comme
l’explique très bien le livre The Body Keeps The Score
écrit par le psychiatre et chercheur américain
Bessel van der Kolk 1, les émotions non évacuées
vont stagner et s’accumuler dans le corps jusqu’à se
manifester par des symptômes physiques et
psychiques tels que des tensions, de l’anxiété, du
diabète, des syndromes post-traumatiques ou même
des cancers.La solution est donc d’arrêter de
minauder et d’aller regarder à l’intérieur pour trouver
ce qui pue et enfin sortir la poubelle.

Bas les maques

Et pour faire ça, il n’y a pas de pilule magique, la seule


solution est de poser tes fesses, d’arrêter tes
activités, de faire silence et d’écouter. Alors, oui, je
sais que pour les plus hyperactifs d’entre nous,
angoissés par la perspective du vide, ça peut
s’avérer aussi terrorisant qu’un petit bain matinal
dans une piscine de mygales.Pas de panique ! L’idée
n’est pas d’entamer ton expérience de pleine
conscience avec des méditations de quarante
minutes et la résiliation de ton compte Netflix, mais
de prendre un peu de temps au quotidien pour
ressentir tes émotions et les verbaliser. Pour bien
faire l’exercice, il est important d’être le plus honnête
et le plus lucide possible sur ce que tu ressens. Alors,
parfois, ce n’est pas agréable parce qu’on se sent un
peu con et honteux, mais il faut garder en tête que
pour l’instant c’est entre toi et toi et que tu n’as
aucune obligation de partager. Et tu verras, le simple
fait de s’avouer les choses à soi au lieu de se voiler la
face a des vertus hautement thérapeutiques et est
déjà un vecteur de changement très puissant.
La pleine conscience est comme un muscle donc ,

rien ne sert d y aller comme un bourrin et de tenter


le marathon d entrée de jeu si tu as les poumons


d un fumeur de Gitanes Vas y à ton rythme et à ta


’ . -

manière en fonction de tes propres ressources


, .

Pour te donner un exemple, quand j’ai commencé, me poser plus


de trois minutes sur mon canapé sans rien faire me filait des
crises d’angoisse. Au lieu d’abandonner, j’ai décidé de
m’affranchir de la contrainte « immobilisme » et de m’observer
en bougeant. Je marchais dans la rue, je sortais mon téléphone
et j’essayais d’exprimer ce que je ressentais en enregistrant
des audios via le dictaphone de mon iPhone.

Il existe une multitude de vidéos YouTube de


méditation et applications telles que Petit Bambou
ou Calm pour être guidé dans ce travail. Si tu as du
mal à être statique, tu peux commencer à pratiquer
la pleine conscience en observant tes ressentis
pendant que tu coupes tes carottes. Si c’est trop
flou dans ta tête, tu peux t’offrir un carnet et
commencer par prendre cinq minutes dans la
journée pour écrire ce que tu ressens. Et si tu te
sens dépassé à l’idée d’être seul avec toi-même, tu
peux aussi prendre un rendez-vous avec un
psychothérapeute pour avoir un œil extérieur. Bref ,

on s en fout complètement de comment tu le fais et


à quelle fréquence le plus important étant


,

simplement que tu commences à te créer un espace


d expression personnelle où tu as le droit de

ressentir et d être toi même sans masque peu


’ - ,

importe que ce dernier mesure un mètre carré ou


qu il soit de la taille du château de Dammarie les
’ - -

Lys .

COMPRENDRE
L ORIGINE DE
NOS ÉMOTIONS

Une fois que tu as retrouvé un peu de réseau et que la connexion


avec tes émotions a été a minima rétablie, tu vas certes devoir
continuer à entraîner ton muscle de pleine conscience, mais tu vas
aussi pouvoir progressivement passer à l’étape qui consiste
à traduire tes émotions.

Les émotions sont un message que nous envoie


notre cerveau pour nous guider et nous aider à
prendre des décisions. Si tu parles émotion comme
une vache espagnole, tu prends le risque de ne pas
du tout comprendre les consignes et de finir dans
un cul-de-sac. Donc, afin d’être dans de bonnes
dispositions pour effectuer ce travail de traduction,
la première chose à faire est de comprendre le b.a.-
ba du langage émotionnel. Et bonne nouvelle, il existe
un ouvrage encore plus efficace que Duo Lingo pour
parler émotion couramment qui est L Intelligence ’

émotionnelle du psychologue américain


Daniel Goleman 2.
Le premier principe qu’il développe est qu’il existe six
grands types d’émotions qui sont la joie, la peur, la
tristesse, la colère, la surprise et le dégoût. Étant
donné que, pour notre travail de confiance en soi,
seuls les quatre premiers nous intéressent, nous
allons donc laisser la surprise et le dégoût de côté et
nous pencher sur les traductions basiques de ce
doux langage qu’utilise ton organisme pour
communiquer avec toi.
La stratégie à adopter face à tes émotions n’est pas
de les laisser stagner dans ton corps comme une
vieille boulette de cheveux dans le siphon de la
douche en t’autoconvainquant qu’elles ne sont pas
là. Au contraire, elles ont toutes une raison d’être et
un rôle bien précis à jouer, donc le seul moyen de les
évacuer est de les écouter.
De la croquette à la mère poule

Ce qui nous amène directement au grand principe


que Daniel Goleman expose dans son livre, qui est
que contrairement à ce que beaucoup d’entre nous
croient, les émotions ne sont ni positives ni
négatives. Cela va sans dire, il y en a qui sont super
kiffantes et d’autres qui sont horribles à ressentir.
Mais les qualifier de positives ou de négatives laisse
croire qu’il faudrait en éliminer certaines pour en
privilégier d’autres, ce qui, tu l’auras compris, nous
empêcherait de faire notre travail d’écoute et de
traduction. Notre cerveau a à sa disposition deux
leviers hyper puissants pour agir sur nos
comportements comme il l entend le plaisir et la
’ :

souffrance .

En associant des ressentis agréables à une


expérience qu’il considère comme pertinente pour
réaliser sa mission de protection, notre cerveau va
donc nous encourager à rechercher cette dernière
et à la répéter. Un peu comme quand on donne une
croquette à un chien pour l’entraîner à faire des
roulades. Au contraire, en associant des ressentis
désagréables et inconfortables à une expérience
qu’il considère comme dangereuse ou inadaptée, il va
tout simplement nous dissuader de la poursuivre et
nous pousser à aller chercher ce qui crée du plaisir.
Mais le problème de ce mode de fonctionnement est
que notre cerveau n’est pas quelqu’un de posé et
réfléchi qui prend réellement le temps d’étudier
rationnellement les différentes situations auxquelles
il est confronté afin d’en tirer des conclusions
éclairées. Son style, c’est plutôt la mère-poule ultra
stressée et effrayée par la moindre piqûre de
moustique qui préfère nous mettre sous cloche pour
s’assurer que rien ne nous arrive plutôt que de nous
laisser vivre nos propres expériences. Ce qui n’est
donc pas évident à gérer quand, de notre côté, notre
objectif est de nous libérer de la peur et de trouver
le courage de donner vie à nos aspirations
profondes.
Là où la nature est bien faite, c’est que si et
seulement si on prend le temps d’écouter notre
vieille mère poule de cerveau et qu’on est
suffisamment attentif pour mettre le doigt sur les
angoisses cachées derrière ses démonstrations de
stress, elle s’avère très surprenante dans sa
capacité à revoir sa copie, à lâcher du lest et à
couper le cordon. Une fois tes émotions ressenties
et les rudiments du langage émotionnel intégré, la
prochaine étape du travail consiste à remonter le fil
pour comprendre l’origine de tes émotions. Et pour
faire ça, il va falloir redoubler de pleine conscience.
Peu importe de quoi il s’agit, il est extrêmement
important de réussir à définir ce qui te procure de la
joie parce que ça te permet de comprendre ce que
,

ton cerveau valorise, dans quelle direction il souhaite


que tu ailles et donc in fine, comment il est
programmé.

Par exemple, imagine que tu ressentes une joie intense après


avoir sorti ta première vidéo YouTube. Si tu en restes là, tu vas
peut-être croire assez logiquement que cette joie a pour
origine l’exposition de ton travail. Alors que si tu fais l’effort de
creuser et de regarder de plus près, tu vas peut-être te rendre
compte que cette effusion de joie est liée aux premiers
commentaires positifs que tu as reçus, au fait que tu aies
réussi à te dépasser et à aller au bout de ton projet, au fait
d’avoir créé quelque chose de toutes pièces à partir d’une
simple idée que tu avais en tête ou encore au fait d’avoir réussi
à dépasser ta peur du regard des autres pour t’exprimer…

Par exemple, un immense bonheur à la vue des likes


Instagram traduit que pour toi la reconnaissance
extérieure vaut le saint Graal, et sa quête te
dissuade d’explorer des contrées non validées par
ton entourage. De la même manière, si, en partant du
travail à 17 heures, tu es pris d’élans de culpabilité, tu
es peut-être convaincu qu’il faut travailler minimum
dix heures par jour pour être méritant, la culpabilité
te poussant à travailler et te protégeant en t’évitant
de passer pour un imposteur auprès de tes
collègues.
L’idée n’est donc en aucun cas de passer le restant
de tes jours à scruter chacun de tes ressentis, mais
de le faire de manière temporaire pour réussir à
reconstituer le programme un peu obsolète qui
dirige ton cerveau afin de pouvoir le mettre à jour.

SAVOIR QUOI
FAIRE FACE
À SES
ÉMOTIONS
T’as vu, c’est dur, hein ? Je me souviens que quand j’étais plus
jeune, j’avais développé un cynisme à écorner les bœufs
dont j’étais extrêmement fière, dans le sens où je trouvais
ça hyper cool de ne croire en rien, de m’en foutre de tout
et de ne pas appartenir à cette frange de la population
qui pleure devant la mort de Mufasa 3.
Confronter ses émotions est sûrement l’un des
exercices qui requièrent le plus de courage sur Terre,
et que c’est mille fois plus facile de se cacher
derrière un cynisme blasé que de se regarder
en face.
Alors, si tu as commencé le travail, je me permets de
te faire une petite ola de félicitations avant de
poursuivre. Parce que non, ce n’est pas fini. En effet,
si tu fais l’effort de ressentir, d’écouter et de
traduire tes émotions pour comprendre d’où elles
viennent, ce n’est pas pour jongler avec comme si tu
avais une patate chaude dans les mains, mais pour
réussir à prendre des décisions qui te
correspondent.
Alors, attention, accroche bien ta ceinture pour
cette partie parce que c’est là que ça se corse. Je
vais essayer de simplifier au maximum pour que ce
soit digeste et que ça ne crée pas de confusion
inutile, mais ce qu’il faut avoir en tête, c’est que tes
émotions n ont pas toujours raison et qu il n est
’ ’ ’

donc pas souhaitable de leur obéir au doigt et à l œil


’ .

Souviens-toi, nombre d’entre elles ont pour origine


les angoisses de notre cerveau mère poule qui
regarde trop BFM TV et qui veut nous mettre sous
cloche. Donc, pour parvenir à réagir de la manière la
plus pertinente possible face à tes émotions et ne
pas repartir courir dans les jupes de ta mère à
chaque petite montée de peur, il faut comprendre
que tes émotions peuvent être classées en deux
grandes catégories. Cependant, garde en tête que la
séparation que je m’apprête à faire a seulement
pour objectif de te donner les grandes lignes
directrices, mais que les choses ne sont pas aussi
binaires dans la réalité.

Catégorie 1 : le feu au lac

La première catégorie, ce sont les émotions qu’on


pourrait qualifier d’instinctives. Dans le sens où elles
sont basées sur quelque chose de fondé, vérifié ou
sincère. Par exemple, imaginons que tu sois face à
un véritable danger qui vient menacer ton intégrité
physique ou morale, du style il y a le feu chez toi, un
taré menace de te couper la carotide dans le métro
ou un hacker mal intentionné menace de ruiner ta
réputation en postant les nudes que tu as envoyées
à ta meuf pour son anniversaire.

Dans ce cas ton cerveau va t envoyer l artillerie


, ’ ’

lourde d émotions comme la peur le stress ou la


’ ,

colère pour :
court-circuiter ton néocortex,
annuler une éventuelle période de réflexion
te donner tous les éléments physiologiques dont
tu as besoin pour te faire passer à l’action le plus
vite possible et te sortir de cette situation de
danger.

Ces émotions instinctives valent aussi pour les


émotions agréables. En effet, imaginons que tu
contractes des orgasmes auditifs et une joie
intense chaque fois que tu écoutes Harry Styles,
bien que tu te sentes l’obligation morale de réfréner
cette passion puisque tes potes méprisent tout
artiste qui a plus de deux mille streams sur Spotify.
Ces ressentis sont donc de très bons indicateurs de
tes véritables goûts personnels et de ce qui te met
sincèrement en joie lorsque personne n’est là pour
te dire ce que tu as le droit d’aimer ou non. Ils
s’avèrent d’ailleurs très précieux lorsque tu te sens
paumé, pour retrouver ce qui te fait réellement
vibrer et ce qui a du sens pour toi, mais ça, nous le
verrons dans la partie suivante en travaillant sur nos
échelles de valeurs.
Catégorie 2 : la croyance modelée

La deuxième catégorie est celle des réponses


émotionnelles apprises. En effet, dès la naissance,
les personnes chargées de nous éduquer vont
utiliser le fameux levier plaisir/souffrance afin de
modeler nos comportements de la manière qui leur
paraît la plus appropriée selon leurs propres
croyances. Et ce, en récompensant les actions qui
leur semblent louables et en punissant celles qu’ils
souhaitent voir disparaître. Ce qui, par ricochet, va
donc contribuer à la création de notre système de
croyances sur ce qui est bien, mal, sécurisé, risqué,
interdit ou permis, et conditionner nos émotions. Par
exemple, si quelqu’un grandit en entendant ses
parents répéter tous les jours que « tous les riches
sont des corrompus » et que « dans la vie il ne faut
pas être trop ambitieux », alors il sera sujet à
développer la croyance « l’argent et l’ambition, c’est
mal ». Pas parce qu’il y croit réellement, mais parce
qu’il a appris à y croire. Ce qui fait qu’au moment de
demander une augmentation, de réclamer de l’argent
qu’on lui doit, ou d’augmenter ses prix, il ressentira
sûrement de la gêne, de la peur ou de la honte, car
son cerveau aura intégré que « argent » était égal à
« mal ».
A contrario si une personne a été élevée dans une
,

famille où l’argent n’est pas du tout un tabou et où


on en parle comme de la météo, sa croyance
ressemblera plus à « l’argent est un moyen
d’échanger des biens et des services » et sera
sûrement dépourvue de poids émotionnel. Raison
pour laquelle, au moment d’augmenter ses prix, de
demander une augmentation ou de réclamer le
paiement d’une dette, cette personne ne ressentira
probablement rien, car son cerveau n’aura pas
associé l’argent à un danger.
Ce qu’il faut comprendre ici, c’est que peu importe la
catégorie à laquelle appartiennent nos émotions ,

elles ont toutes pour objectif de nous protéger et de


nous maintenir hors de danger que ce dernier soit
,

réel ou hypothétique .

Tout comme ressentir une peur panique au moment


de tomber en panne sur l’autoroute doit te
permettre de rapidement te mettre sur la bande
d’arrêt d’urgence pour éviter de te faire percuter par
un camion à 130 km/heure, être paralysé par la
culpabilité après avoir maté quatorze épisodes de
Friends 4 au lieu de bosser sur ton business plan
a pour effet de punir ta dangereuse fainéantise et
de te dissuader de recommencer.
Cependant, là où ces catégories diffèrent, c’est qu’on
ne peut rien contre nos émotions instinctives alors
que nous pouvons nous affranchir de certaines
réactions émotionnelles apprises en transformant
les croyances qui en sont à l’origine. En effet, si
aujourd’hui ton rêve le plus profond est de
commencer à partager ta passion pour les poèmes
sur Instagram, mais que tu ressens une forte
sensation de honte à l’idée de t’exprimer parce que
tu as toujours appris que se mettre en avant était
prétentieux, ça ne veut pas dire que la honte a
raison et que tu es en danger de mort. Ça veut
simplement dire que tu as appris que si tu te
mettais en avant, tes copains allaient se foutre de ta
gueule, dire que tu as les chevilles qui enflent, ne
plus vouloir s’asseoir à côté de toi au self et te
condamner à une vie de solitude. Or, il suffit de se
poser à froid deux secondes pour prendre
conscience qu’il s’agit d’un scénario catastrophe et
que ta croyance te protège d’un danger qui n’a que
0,000 001 % de chance de se réaliser. Ce qui signifie
donc que ta réponse émotionnelle n’est pas adaptée
à la situation et qu’il est temps de mettre à jour la
croyance qui la déclenche.
N’allons pas trop vite en besogne, trois chapitres
sont consacrés à la transformation des croyances
un peu plus tard dans le livre. Parce qu’en effet,
l’objectif de cette partie est simplement de te
donner suffisamment d’outils pour que tu
comprennes tes émotions, que tu réussisses à les
écouter et à les traduire pour parvenir à dissocier le
vrai du faux afin qu’elles puissent te guider quand
elles sont pertinentes et que tu puisses changer ton
point de vue sur les choses quand elles s’avèrent à
côté de la plaque. Maintenant que tu as la théorie,
ton travail pour les jours et semaines à venir
consiste à devenir ton propre sujet d’étude.
Passe en mode « observation anthropologique » de
toi-même : renoue avec tes émotions, mets un terme
à la guerre froide que tu avais engagée contre elles
et écoute ce que ton cerveau essaie de te dire pour
te remettre dans un chemin qui te correspond plus.
1. Bessel van der Kolk, 2015, Le corps n oublie rien
’ , Pocket, 2021.
2.Daniel Goleman, L Intelligence émotionnelle analyser et contrôler
’ :

ses sentiments et ses émotions et ceux des autres J’ai lu, 2014.
, ,

3. In Le Roi Lion , Disney, 1994.


4. Série américaine des années 1990.
COMPRENDRE SES BESOINS

LES ÉCHELLES
DE VALEURS
Tout le travail sur les émotions que tu viens de faire va te permettre
de créer les fondations en béton armé pour passer à la prochaine
étape du travail qui consiste à comprendre comment tu fonctionnes
et quels sont tes véritables moteurs de motivation personnels,
tes envies et tes besoins. Parce que, souviens-toi, si tu n’es pas
au clair sur les expériences que tu veux vivre, qui tu veux devenir ou
les projets que tu souhaites créer, la confiance en soi
ne sert strictement à rien.

Pour réussir à faire ça, on va utiliser mon outil préféré


de coaching qui s’appelle « l’échelle de valeurs » et qui
a été conceptualisé dans les années 1960 par Tony
Robbins, coach américain très reconnu, mais aussi pas
mal controversé en raison de son approche très
« bonjour, je suis Dieu » et « je remplis des stades de
six mille personnes pour les mettre en transe ».
You are my Guru

Personnellement, j’ai découvert Tony Robbins un beau


jour de 2017 où je me suis inscrite sur Netflix et où j’ai
commencé ma lobotomie cérébrale avec son
documentaire I Am Not Your Guru Et tout ce dont je
.

me souviens, c’est qu’une fois fini, j’ai fermé mon ordi


en me demandant ce que j’étais en train de foutre.
Parce que pour info, je venais de me lancer dans le
coaching et, bien que j’adorasse ce métier, je
n’assumais pas du tout cette nouvelle trajectoire
professionnelle en public. Par conséquent, au lieu de
me rassurer, ce visionnage m’a confortée
puissance dix dans mon complexe de : « Oh my God /
Jamais je ne pourrai assumer que je suis coach / On
dirait une secte / C’est le pire métier de loser de la
Terre. » Cependant, si je m’étais lancée dans cette
reconversion, c’était précisément parce que j’étais
convaincue des bienfaits du développement personnel,
mais que je trouvais que le sujet avait tendance à être
traité de la manière la plus moisie qui soit.
C’est donc forte de ma volonté de révolutionner le
monde du développement personnel en lui redonnant
tout le swag qu’il mérite que je me suis penchée plus
en profondeur sur le cas Robbins en me disant que le
meilleur moyen de terrasser l’ennemi était d’apprendre
à le connaître. Ma dignité restée tranquille chez moi, j’ai
donc pris ma petite Fiat Panda et me suis dirigée vers
le rayon développement personnel de la FNAC. À peine
le livre que je cherchais dans les mains, je me suis
retrouvée à transpirer en m’imaginant la honte que
j’allais me taper lors du passage en caisse. Du titre
Pouvoir illimité changez de vie avec la PNL 1 à la
:

quatrième de couverture digne d’un papier peint


dauphin des années 1990 mixé avec des illustrations
de Jésus, acheter ce livre équivaut à écrire sur ta tête
que tu as vraiment touché le fond. J’ai donc fini par
payer en ayant l’impression d’avoir acheté un porno
chez un marchand de journaux et je suis rentrée chez
moi pour commencer l’ouvrage sans trop de
conviction, emmitouflée dans mes dix-sept couches de
cynisme à me dire que c’est vraiment trop drôle d’en
être arrivé là…
Mais voilà que sans crier gare, il est 18 heures, j’ai déjà
lu la moitié du livre et je décline ma soirée pour le finir.
C’est la révélation ! Les concepts et les analogies sont
tellement clairs que j’en oublie totalement la passion
de son équipe marketing pour le mauvais goût ou le
LSD. Je comprends trop de trucs sur mon cerveau, j’ai
l’impression que tous mes comportements
s’expliquent… Bref, je suis en train d’assister en direct
à l’ouverture d’un monde parallèle de clarté et de
cohérence qui, je déteste dire ça, s’apprête à changer
ma vie. Et parmi les acteurs principaux de cette
transformation se trouve la mère patrie de tous les
exercices de coaching et outils de développement
personnel qui est l’échelle de valeurs. Mais avant de
t’expliquer plus en détail ce qu’est l’échelle de valeurs,
comment la créer ou encore comment l’utiliser,
accordons-nous sur ce que signifie le terme de valeur
en coaching, parce que c’est un mot qui porte souvent
à confusion.

La circulation des énergies

Habituellement en français, on considère les valeurs


comme un ensemble d’éléments moraux importants
pour soi et que l’on s’efforce de suivre pour être
considéré comme une bonne personne. En coaching,
ce n’est pas ça du tout. Une valeur est un élément qui
a un impact direct sur ton énergie. Il existe d’une part
les valeurs hautes, qui sont l’ensemble des éléments
qui vont activer ton énergie et que tu dois nourrir pour
te sentir énergisé et fonctionner de manière optimale.
Ça peut par exemple être LIBERTÉ, PARTAGE,
CRÉATIVITÉ ou encore SOLITUDE. Et il existe d’autre
part les valeurs basses qui sont l’ensemble des
draineurs de ton énergie et que tu dois donc éviter au
maximum pour ne pas te sentir lobotomisé. Même
chose, ça peut être PARTAGE, RIGUEUR, EXPRESSION
DE SOI ou encore LEADERSHIP. Donc, en gros, si tu n’es
pas à l’aise avec ce terme et que ça occasionne trop
de bazar dans ta tête, tu peux remplacer le terme de
« valeur haute » par « motivateur » et le terme de
« valeur basse » par « draineur ». Mais ce qu’il faut
retenir, c’est que les valeurs ne sont ni bonnes ou
mauvaises. Ce n’est pas parce que la valeur LIBERTÉ
est sexy sur le papier que c’est forcément une valeur
haute. Si tu fais partie de ceux qui se sentent épuisés
d’avance par une carte blanche totale sur un projet ou
que tu as tendance à te sentir complètement épuisé
par les situations où il n’y a aucune structure et que
tout est à construire, alors la valeur LIBERTÉ peut
s’avérer être une valeur basse pour toi, et ça ne pas
aucun problème. Il n’y a pas de valeurs stars
auxquelles il faudrait absolument souscrire, mais
seulement des valeurs qui te motivent et d’autres qui
t’envoient au fond du seau.
Maintenant qu’on est d’accord là-dessus, mettons-
nous au clair sur ce qu’on entend par échelle de
valeurs. De la même manière qu’il existe deux
catégories de valeurs, il existe donc « l’échelle de
valeurs hautes » et « l’échelle de valeurs basses ».
L’échelle de valeurs hautes représente la combinaison
du Top 6/8 de tes valeurs hautes alors que l’échelle de
valeurs basses représente la combinaison du Top 6/8
de tes valeurs basses.
Bien qu’il existe de grands profils de personnalité,
chaque individu a une paire d’échelle de valeurs qui lui
est propre et qui va lui fournir toutes les informations
dont il a besoin pour comprendre son fonctionnement
mental, ses moteurs, ses freins, ce qui le met en action,
ce qui le motive, ce qui le fait vibrer, mais aussi ce qui
le saoule, ce qui l’angoisse ou lui donne envie passer le
reste de sa vie la tête dans un pot de Ben & Jerry’s en
se disant qu’il est nul.
Pour te donner un exemple un peu plus concret, voici
mes échelles de valeurs :

Personnellement, ce que j’aime bien dire pour essayer de résumer


l’outil, c’est que c’est ton GPS interne qui te permet de trouver ta
zone de génie, de te diriger vers les choses qui ont réellement du
sens pour toi et de t’éloigner des choses qui ne te correspondent
pas, sans te voiler la face.
Mais sachant que je n’arriverai sûrement jamais à
aussi bien l’illustrer que Tony, je te laisse mon passage
préféré du livre où il explique à sa manière la fonction
de l’échelle de valeurs :

Tout système complexe, qu’il s’agisse

d’une machine-outil, d’un ordinateur


"
ou d’un être humain doit être cohérent avec

lui-même. Les parties qui le composent

doivent travailler ensemble, chacune

soutenant chaque action des autres. Si les

éléments d’une machine fonctionnent

simultanément en des sens opposés, cette

machine se désynchronise et risque de

tomber en panne. Il en va exactement de

même pour les êtres humains. Nous pouvons

apprendre à produire les comportements les

plus efficaces, mais sices comportements ne

soutiennent pas nos besoins et nos désirs

les plus profonds, si ces comportements

nuisent à d’autres parts importantes de ce

que nous sommes, nous sommes en proie

à un conflit intérieur et nous perdons

la cohérence indispensable à la réussite. Tel


est le pouvoir de l’élément fondamental de la

vie humaine que l’on appelle système de

valeurs. Nous n’avons ce sentiment de

cohérence, d’unité intérieure et de plénitude

que lorsque notre comportement nous

semble satisfaire nos valeurs.

"
Ce qui est donc particulièrement intéressant c’est ce
changement de paradigme qui est certes difficile à
accepter, mais qui explique pourquoi il est aussi
transformateur. En effet, le concept d’échelle de
valeurs présuppose que nous devons apprendre à
nous connaître pour adapter notre environnement à
nos besoins fondamentaux au lieu d’aller à l’encontre
de nos élans naturels et d’enfouir notre personnalité
authentique pour adopter les codes en vigueur. Ça
part du principe qu’il faut capitaliser sur ses points
forts et ses facilités pour trouver des environnements
dans lesquels ils seront valorisés, au lieu de dépenser
toute son énergie à tenter de gommer ses faiblesses.
Plus largement, ça induit aussi qu’il n’y a pas
d’anomalie chez toi et que tu n’as pas à passer ton
temps à te battre contre toi-même ou à essayer de
changer à tout prix. C’est juste que, la plupart du
temps, tu n’es pas dans le bon environnement.
LES SIGNES
QUI MONTRENT
QUE TU N ES
PAS DANS

TON ÉCHELLE
DE VALEURS
Tu as sûrement dû entendre cette phrase de Albert motherf*cking
Einstein quarante-deux mille fois, mais ça résume extrêmement bien
le concept d’échelle de valeurs : « Tout le monde est un génie !
Mais si vous jugez un poisson à sa capacité à grimper à un arbre,
il vivra toute sa vie en croyant qu’il est stupide. »

En effet, le risque numéro un associé au fait de vivre


une vie en dehors de son échelle de valeurs, c’est
d’avoir l’impression de ne jamais être à sa place, de se
sentir comme une triple buse et d’avoir l’estime de soi
en berne. Et là où c’est la double peine, c’est qu’en plus
d’être au fond du seau, tu te mets à culpabiliser de ne
pas réussir à te mettre en mouvement ou à prendre
des décisions parce que tu pars du principe que c’est
la faute de ta personnalité, alors qu’en réalité, tu
donnes quotidiennement du grain à moudre à des
valeurs qui te permettent de rouler à 210 sur
l’autoroute du burn-out et des envies de meurtre. Il est
donc indispensable que tu commences à prendre soin
de ton échelle comme tu prenais soin de ton
Tamagotchi en CM2.
Certes, je te l’accorde, au début, c’est mille fois plus
facile à dire qu’à faire. Personnellement, quand j’ai vu
mon échelle de valeurs pour la première fois, j’avais
juste envie de brûler mon papier. Moi qui rêvais d’être
une business woman ultra déterminée, sans états
d’âme et que rien n’arrête, les faits montraient que
dans la réalité, j’avais beaucoup plus de points
communs avec une zadiste de 17 ans secrètement fan
de Céline Dion qu’avec Christine Lagarde. J’ai donc
évidemment fait un gros rejet du diagnostic et
continué quelques mois à me voiler la face en me
disant que de toute façon le développement personnel,
c’était un attrape-couillon pour les mous du genou
dépassés par la vie, et que je ne ferai jamais partie de
cette catégorie de personnes.

Moi, gardienne de mon goulag

Plus je m’acharnais à correspondre à une version


totalement fantasmée de moi-même, plus je me
mettais en situation d’échec, plus je me décevais et
plus je m’autoflagellais. J’étais persuadée qu’avoir une
relation de gardien de goulag avec soi-même était la
normalité, je n’ai pas écouté les signaux d'alerte, et
allant au bout du modèle jusqu’à péter une pile et finir
en situation de gros craquage cosmique où cette fois,
je n’ai pas pu échapper au fait de devoir me regarder
en face si je voulais m’en sortir. T’es pas obligé d’aller
aussi loin dans le masochisme si ce n’est pas quelque
chose qui t’excite particulièrement. Des signes avant-
coureurs te permettent de prendre conscience que tu
ne nourris pas suffisamment tes valeurs hautes et
que tu es doucement, mais sûrement en train de
glisser sur la voie de la lose.
Le premier signe, c’est la fatigue mentale. T’as beau
dormir, bien manger et avoir des tests sanguins au top,
tu ressens une perte d’énergie qui se caractérise par le
fait de te sentir un peu fatigué, d’avoir un peu la
flemme de sortir, de procrastiner légèrement ou de
ressentir un peu de frustration. C’est pas horrible ou
handicapant, mais tu sens qu’il se passe quelque
chose. Ce qui est donc cool quand tu deviens
conscient de tes ressentis, c’est que tu peux gérer les
problèmes dès le début au lieu de réagir une fois que
tout est cassé. Dans le cas d’un début de fatigue
mentale, tu peux donc d’abord commencer par
regarder ton échelle de valeurs hautes et voir si l’une
des valeurs est sous-nourrie.
Si tu as une valeur « AMUSEMENT » hyper importante
et que ça fait une semaine que tu ne fais que de
remplir des fichiers Excel dans ta chambre,
évidemment que ta valeur va faire la gueule et que tu
auras une énergie de truite morte.
L’idée, ce n’est donc pas forcément de t’enfiler une
boîte de Guronsan pour te réveiller, mais de prendre du
temps pour faire des choses qui t’éclatent, que ce soit
un tennis, une partie de Démineur ou un karaoké avec
tes potes. Par contre, si tu as l’impression que toutes
tes valeurs hautes sont nourries, tu peux alors aller
regarder du côté de tes valeurs basses pour voir si
certaines d’entre elles ont abusé du MacDo et si tu
dois les mettre à la diète.
Le deuxième signe qui te montre que t’es en train
d’ignorer tes valeurs hautes, c’est la léthargie, voire le
burn-out. Tu ne trouves plus du tout de sens à ce que
tu fais, tu te sens robotisé, t’as envie de rien, tu es
épuisé et tu te sens totalement désincarné. Bref, t’as
l’impression que ton cerveau est en mode
encéphalogramme plat et que t’es là sans être là. Alors,
évidemment, l’idée, c’est toujours d’aller voir un
médecin ou un professionnel de santé quand on se
retrouve dans de telles situations. Mais très souvent,
elles surviennent parce qu’on a complètement ignoré
ses besoins fondamentaux pour essayer de répondre
aux attentes extérieures et assouvir la totalité des
besoins des gens que nous côtoyons. Si tu es dans ce
cas, essaie déjà de prendre quelques jours pour te
reposer et prendre soin de toi, mais prends aussi le
temps d’aller regarder tes échelles de valeurs avant de
poser ta dém’.
En effet, dans le premier cas de figure, tu vas peut-
être t’apercevoir que tu n’as qu’une ou deux valeurs qui
sont en situation de famine totale et que ça impacte
l’intégralité de ta vie. Si c’est le cas, la première
solution, c’est de voir dans quelle mesure tu peux faire
des ajustements ou créer des changements afin de
pouvoir rétablir l’équilibre. Si tu te rends compte que tu
es au fond du seau parce que ta valeur basse
« STAGNATION » est méga nourrie, tu pourras par
exemple prendre rendez-vous avec ton boss pour
envisager tes perspectives d’avenir dans l’entreprise
ou profiter de ton compte professionnel de formation
pour acquérir de nouvelles compétences. Bref, trouver
des solutions pour calmer ta valeur en situation de
famine en lui redonnant à manger. Dans le deuxième
cas de figure, si le seul moyen de régler le problème est
de créer une rupture avec ton environnement actuel, il
faut quand même regarder ton échelle de valeurs pour
éviter de te lancer dans un processus de fuite qui
consisterait à t’engager dans un projet aux antipodes
de ce que tu faisais jusqu’ici, mais qui ne te
correspond pas davantage.
Et enfin, le troisième signe qui te signale que tu es en
train d’ignorer tes besoins fondamentaux, c’est
l’apparition de compulsions qui peuvent se traduire
par un besoin irrésistible de manger, de scroller ou
encore de boire afin d’anesthésier tes angoisses. En
effet, une fois que la piste d’une pathologie clinique est
écartée, les compulsions peuvent être le signe du fait
que tu as été si loin dans le déni de tes besoins que
ton mental finit par sortir le plan d’urgence pour
nourrir tes valeurs hautes avec les moyens du bord.

Par exemple, si la valeur « PARTAGE » figure en haut de ton échelle,


mais que tu passes tes journées solo devant ton ordi à parler à
personne, tu pourras par exemple te mettre à scroller
compulsivement sur Instagram ou à regarder trois saisons de The
Big Bang Theory 2 pour avoir la sensation d’avoir un contact
humain

Même chose si tu as une valeur « LIBERTÉ » qui est


très importante, mais que tu es brimé toute la journée
et que ton quotidien t’amène de contrainte en
contrainte du réveil au coucher, tu pourras par
exemple utiliser l’alcool, la fête ou le sommeil
compulsivement pour avoir accès à cette sensation de
liberté.

Valeurs qui vaillent


Ce qu’il faut aussi retenir de ces signaux, c’est qu’ils ne
sont ni exclusifs ni linéaires, tu peux avoir le niveau 3
sans avoir les niveaux 1 et 2 ou avoir le 1 et le 3 en
même temps, il n’y a absolument pas de règles. Ce qui
est certain, c’est que ces états et ces ressentis sont
un vrai appel au changement et à la transformation.
Seulement, même en présence de tous ces signaux,
assumer ses valeurs peut être un exercice très
difficile puisque, selon les milieux dans lesquels on
évolue, certaines valeurs vont être mises sur un
piédestal et être récompensées pendant que d’autres
vont faire l’objet de réprimande, de critique et de rejet.
Par exemple, l’environnement scolaire et professionnel
dans lequel j’ai évolué valorisait à fond une échelle de
valeurs hautes qui ressemble plus ou moins à
« DISCIPLINE / VOLONTÉ / TRAVAIL / INDÉPENDANCE /
ACCOMPLISSEMENT ». Cette échelle était considérée
comme le summum de la valorisation humaine, ce qui
fait qu’elle a été érigée comme cadre de référence des
comportements et comme idéal à atteindre. Résultat,
on finit par essayer de s’adapter, d’enfouir ses
véritables envies ou de se conformer aux attentes
extérieures pour être validé par son environnement, ne
pas être critiqué ou ne pas créer de conflit, quitte à
être déconnecté de ce qui a du sens pour soi.
Dans mon cas, mon échelle de valeurs n’avait rien à
voir et ressemblait plus à « LIBERTÉ / PARTAGE /
AMUSEMENT / HUMOUR / CRÉATIVITÉ ». Même la plus
grosse arnaqueuse de 3636VOYANCE aurait pu le
prédire : évidemment que je courais vers le burn-out à
force de m’entêter à nourrir des valeurs aux antipodes
de ma personnalité. Mais le problème, c’est que j’étais
tellement persuadée que ma vraie échelle était une
échelle de saltimbanque que c’était pour moi
inconcevable de l’assumer. Ce qu’il faut donc accepter,
c’est que tu ne peux rien contre tes valeurs, comme tu
ne peux rien contre le fait que tu aies besoin de
poumons, d’un cœur et d’une vessie pour fonctionner
correctement physiquement. Donc, prends une grande
inspiration, va faire la masterclass « Comment créer
ton échelle de valeurs ? » que je t’offre avec plaisir 3 et
rappelle-toi qu’aucune valeur ne peut t’empêcher
d’atteindre tes objectifs tant que tu l’utilises
intelligemment..

LES SOLUTIONS
ADAPTATIVES
Je te jure que s’il y a cinq ans on m’avait dit que je serais coach,
que j’aurais mes propres cours de danse, que je ferais des vidéos sur
YouTube et que je serais en train d’écrire un livre, ça m’aurait paru
aussi improbable que si on me disait que j’allais être appelée la
semaine prochaine pour faire un featuring avec Cardi B. Parce que
p*****, qu’est-ce que j’ai essayé ! De me lever plus tôt, de me poser
à mon bureau pour écrire, de me discipliner, de réussir à comprendre
ce que je voulais vraiment faire, de me démener pour trouver
des clients, de multiplier les workshops gratuits pour me faire
connaître, de dépasser ma peur des réseaux sociaux pour
exposermon travail… Rien ne marchait !

Parce que je refusais tellement de me voir telle que


j’étais réellement qu’aucune des solutions que
j’essayais de mettre en place pour atteindre mes
objectifs n’était adaptée à ma situation. Résultat, dès
que j’essayais quelque chose, j’échouais. J’étais
tellement dans un ego-trip où je voulais absolument
me prouver que je n’avais besoin de personne et être
une incarnation des valeurs « DISCIPLINE » et
« VOLONTÉ » que ça m’empêchait de faire un bon
diagnostic de la situation. Alors qu’il aurait juste fallu
que je prenne un tout petit peu de recul pour me
rendre compte que me forcer à travailler de 9 heures à
19 heures tous les jours revenait à essayer de faire
entrer des carrés dans des ronds pour une personne
dont les valeurs fondamentales sont la créativité et la
liberté.
Même chose pour la valeur « CONNEXION », je me suis
longtemps entêtée à tout vouloir faire toute seule à la
volonté en me disant que c’était le seul moyen d’être
vraiment légitime et méritante. Je me fourvoyais dans
une méthode de travail basée sur l’automotivation
alors qu’au fond, ce que j’adore, c’est rendre des
comptes, me faire botter le cul, partager mon travail et
échanger sur mes idées. Donc, plus je mettais en
famine ma valeur « CONNEXION », moins j’utilisais
mes ressources, plus je perdais en énergie et moins
j’étais capable de m’automotiver.
Et le jour où j’ai enfin accepté que je ne correspondrai
jamais à l’échelle de valeurs que j’avais appris à
valoriser et que j’ai intégré mon mode de
fonctionnement personnel, j’ai donc embauché une
coach pour reconstruire mon projet entrepreneurial
(PARTAGE et LIBERTÉ), j’ai intégré la pop culture comme
partie intégrante de ma marque (AMUSEMENT), j’ai
commencé à faire des vidéos où je fais n’importe quoi
sur Instagram (HUMOUR et AMUSEMENT) et j’ai lancé
ma chaîne YouTube accompagnée de la fabuleuse
monteuse Dorothée Biechy (CRÉATIVITÉ et
CONNEXION). Et je peux te dire qu’en capitalisant sur
mon fonctionnement personnel, je n’ai jamais été
aussi efficace !
Le secret, c’est donc d’accepter à 4 000 % ton échelle
de valeurs et la version réelle de toi-même afin de
trouver des solutions adaptatives qui te permettent
d’atteindre ton objectif tout en nourrissant
tes valeurs.
Et si tu réussis à résoudre cette équation, je pense
sincèrement que tu as la possibilité de faire de tes
fantasmes les plus fous une réalité.
Par exemple, disons que tu as du diabète, que tu
souhaites perdre du poids pour améliorer tes analyses
sanguines, mais que ça n’a jamais marché jusqu’ici
parce que tu as essayé d’atteindre ton objectif en
utilisant des solutions qui fonctionnent pour
quelqu’un qui a une échelle de valeurs « VOLONTÉ /
TRAVAIL / INDÉPENDANCE / DISCIPLINE /
ACCOMPLISSEMENT ». Tu t’es donc mis à arrêter les
frites, à manger des haricots sans beurre, à ne boire
que de l’eau, à te galérer à faire des squats tout seul
sur une appli après tes journées de huit heures, et
évidemment, tu as arrêté au bout de quatre jours pour
éviter que ton âme ne se suicide. Parce que toi, ton
échelle de valeurs c’est « PARTAGE / CONVIVIALITÉ /
AMOUR / BIENVEILLANCE / CONFORT ». Donc, pour te
remettre en forme, tu dois trouver des solutions
adaptatives qui te permettent d’atteindre ton objectif
tout en nourrissant toutes ces valeurs. Ça peut par
exemple être engager un coach avec tes collègues de
travail pour transpirer en groupe, apprendre à cuisiner
des plats gourmands qui ne viennent pas exploser ton
taux de glucose, contacter la formidable coach
nutritionniste Blandine Havasi pour travailler sur tes
blocages émotionnels ou rejoindre une communauté
Facebook d’entraide à la perte de poids qui propose
des cours de zumba.
J’enfonce la plus grosse porte ouverte, mais personne
ne veut vivre dans la frustration ! C’est un passage
obligatoire de la réalisation de soi, mais si ta stratégie
de succès est entièrement basée dessus, elle sera
forcément vouée à l’échec. Alors qu’au contraire, pour
créer du changement et rester motivé de manière
durable, tu dois parvenir à remettre le plaisir au centre
de ta stratégie de succès. C’est le moteur le plus
puissant qui soit. Le problème n’est donc pas le plaisir
en lui-même, mais la relation que tu entretiens avec lui.
Tu dois apprendre à faire la différence entre tes
sources de plaisir limitantes et tes sources de plaisir
aidantes pour pouvoir correctement utiliser le plaisir
comme le propulseur qu’il est censé être. Les sources
de plaisir limitantes sont celles qui te génèrent du
plaisir physique ou mental, mais qui, une fois la vague
d’endorphines passée, finissent par te nuire. Ce sont
des quick kiffs auxquels nous avons souvent recours
quand notre échelle de valeurs est en carence.

Si par exemple, tes valeurs hautes sont « AMOUR,


RECONNAISSANCE, PARTAGE, CONVIVIALITÉ », mais que tu es très
seul, ton cerveau va aller chercher le moyen le plus rapide pour
t’apporter le réconfort nécessaire et rétablir l’équilibre dans ton
système. Et sur le podium des quick kiffs se trouvent les drogues,
le tabac, le bacon, les frites, l’alcool, le divertissement, le sexe, le
shopping, les jeux vidéo, les réseaux sociaux ou encore le sucre.
C’est facile, ça apporte une sensation de plaisir
immédiat, mais ce n’est rien d’autre qu’un pansement
qui ne soigne pas la cause du problème. Par
conséquent, dès que les effets du quick kiff
s’atténuent, les symptômes reviennent et puisque ça
marche bien, on se remet à engloutir le pot de glace, à
siphonner la bouteille de rhum ou à vider son compte
en banque sur Amazon. Ces sources de plaisir sont
limitantes, car à force de les cumuler, elles finissent
par nous nuire et devenir des freins à notre
épanouissement personnel.
Les sources de plaisir aidantes, quant à elles, vont aller
rechercher le même plaisir, mais sous une forme qui,
au lieu de nous nuire, nous permet d’avancer vers nos
objectifs, de nous réaliser ou de nous épanouir.

Par exemple, j’ai passé de nombreuses années à être


complètement en rejet de mon obsession des bêtes de scène, des
pop-stars et des clips des années 2000. Je trouvais que ça me
faisait perdre du temps, que ça me rendait débile, mais c’était plus
fort que moi je ne pouvais pas m’empêcher de passer tout mon
temps libre sur YouTube et mes soirées à regarder pour la douze
millième fois l’intégrale de la vidéothèque de J-Lo. Jusqu’au jour où
j’ai compris que ce type de divertissement était le seul moyen de
nourrir l’ensemble de mon échelle de valeurs d’un coup. La
puissance avec des performances scéniques à couper le souffle,
l’expression de soi, la créativité et la folie qui transpirent dans les
concepts d’émission, l’humour et l’autodérision dans les
références et la mise en scène, le niveau de structure nécessaire
pour développer des productions d’une telle qualité, que ce soit
dans l’image, la technique ou les décors… Bref, tout ce que
j’aimais ! Or, vu que ma vie réelle ne m’apportait pas cette énergie,
cette créativité, cette puissance et ces émotions, j’allais les
chercher sur YouTube et Netflix.

Maintenant, que se passe-t-il si on décide non pas de


se couper radicalement de cette source de plaisir,
mais d’arrêter de la vivre par procuration et de faire en
sorte de l’expérimenter réellement dans notre vie
physique. Si je reprends mon cas, ma solution a été de
m’inscrire au Cours Florent et de reprendre la danse.
Ça a été un très bon début parce que j’étais dans un
cadre de création, d’apprentissage, d’humour, de
créativité et d’expérimentation. Ça m’a aussi permis de
largement me décoincer, de reprendre confiance en
moi et de sortir de mon rôle de spectatrice pour lequel
j’avais opté depuis mon arrivée à Paris. Et plus j’avais
un rôle actif dans la réalisation de mes envies, plus je
prenais conscience de l’importance de certaines de
mes valeurs et plus j’avais envie de créer des concepts
sur mesure qui permettaient de nourrir l’ensemble de
mes besoins. Parce que la réalité est parfois limitée
pour correspondre à nos besoins et les solutions pour
nourrir notre échelle de valeurs dans la vie réelle sont
inexistantes.
Si je reprends l’exemple de la danse, ce que j’allais chercher en
regardant les vidéos de Jade Chynoweth, Jojo Gomez, Aliya Janell
ou Nicole Kirkland, danseuses stars de Los Angeles et de YouTube,
c’était la transpiration de confiance, de badassery et de liberté
d’expression qu’elles transmettaient à chaque choré. Mais en
prenant les cours, je me sentais limitée parce que j’ai une mémoire
de poisson rouge qui freine ma capacité à retenir les pas et je
n’étais pas non plus forcément en confiance puisque l’emphase
était plus mise sur la technique que sur le lâcher-prise et
l’intention.

Résultat, expérimenter le divertissement par la danse


dans la réalité tel que c’était proposé ne m’apportait
pas du tout autant de plaisir que sur YouTube. Et c’est
là que les solutions adaptatives prennent toute leur
ampleur, car elles nous poussent à nous demander ce
qui manque à notre plein épanouissement pour nous
permettre de le créer nous-mêmes. Dans mon cas,
c’est comme ça que j’ai créé les cours de RnB Therapy.
Des cours de confiance en soi par la danse pour les
non-danseurs qui ont envie de se sentir comme dans
une vidéo du Millenium. Les chorégraphies sont plus
faciles, il y a moins de gens en cours, l’emphase est
beaucoup plus mise sur l’expression de soi, le lâcher-
prise et le non-jugement que sur la technique et
surtout on fait en sorte que tout le monde se sente
super à l’aise pour se lâcher. Et dans ce cadre-là, j’ai
absolument tous les éléments pour me prendre pour
Jojo Gomez et passer des moments de folie !
La clé, c’est de partir de soi et de se construire une vie
qui correspond à ses propres besoins plutôt que de
s’acharner à répondre à ceux des autres.
Tu as bien plus de pouvoir que tu ne le penses, et ta
réalité n’est limitée que par tes pensées, tes masques,
tes jugements et tes croyances. Et je sais que ça peut
paraître fou, mais toute ta vie peut être modelée et
répondre à tes attentes si tu prends le temps
d’apprendre à te connaître, que tu acceptes autant les
choses géniales que la merde qu’il y a en toi et que tu
te donnes suffisamment d’espace et d’indulgence pour
construire ce qui te fait vibrer.
1.Anthony Robbins, 2001, Pouvoir illimité changez de vie avec la PNL le
:

livre référence J’ai lu, 2008.


,

2. Sitcom américaine de 279 épisodes.

3. Pour créer ton échelle de valeurs gratuitement : mettre le lien.


SE METTRE EN MOUVEMENT

LE VIDE
EXPLORATOIRE
Le développement personnel, l’introspection ou encore les échelles
de valeurs, c’est formidable pour déblayer le terrain,
faire un premier bilan et donner un peu de structure à sa réflexion.
Mais une chose est sûre, c’est que tu ne trouveras pas toutes
les réponses à tes questions dans ta tête.

Il faut imaginer le fait de trouver sa voie ou de


comprendre quelles sont ses véritables aspirations
comme un chemin qui n’a pas encore été déblayé.
Personnellement, quand je le visualise, je m’imagine
que c’est un énorme champ de blé super haut et
dense dans lequel personne n’a jamais marché et
dont il est impossible de voir l’intérieur. Dès lors, le
fait de me confronter au réel et d’appréhender les
choses de l’intérieur va forcément venir bousculer
mes plans.
Disons par exemple que ton objectif est de traverser le champ
et que tu as préparé un petit itinéraire en fonction de ton
intuition, de tes observations et des informations que t’ont
données certains villageois. Tu vas donc suivre le plan, aller tout
droit pendant deux cents mètres en déblayant le chemin,
tourner à droite et là, surprise, tu vas tomber sur un énorme
bloc de pierre qui t’empêche d’avancer et qui était caché par la
hauteur des blés. Ce n’était certes pas prévu, mais ce n’est
qu’en étant passé à l’action que tu as pu te rendre compte qu’il
y avait un obstacle sur le chemin et que tu dois soit trouver un
moyen de le contourner, soit revenir sur tes pas pour trouver
un autre itinéraire. Eh bien, c’est exactement la même chose
quand il s’agit de trouver ce qui te fait vibrer dans la vie. Ton
échelle de valeurs va te communiquer des informations de base
pour savoir dans quelle direction aller, mais ce n’est qu’en
passant à l’action que tu vas pouvoir tirer des conclusions sur
ce qui te plaît réellement et ce qui s’avère être une impasse.

Afin de pouvoir m’accrocher à quelque chose de


concret, j’ai appelé le concept qui consiste à passer
à l’action pour trouver des réponses à ses questions
existentielles le vide exploratoire. Concrètement le ,

vide exploratoire c est la période d errance de tests


, ’ ’ , ,

de tâtonnements et d exploration un peu aléatoire


’ ,

nécessaire pour valider ou non les différentes


hypothèses et intuitions développées pendant la
période de connaissance de soi .
Tes goûts et tes valeurs peuvent s’exprimer par le biais de mille
canaux. Je me souviens quand j’étais petite, j’hésitais entre être
chanteuse ou chef cuisinier et tout le monde me disait « Oh,
mais ça n’a rien à voir ». Alors qu’en fait, si on y regarde de plus
près, c’est plutôt cohérent : j’ai des valeurs créativité et
partage qui sont très importantes et qui peuvent
complètement s’exprimer dans les deux métiers. Voilà, une fois
que tu as pu t’arrêter sur quelques pistes d’exploration lors du
travail de connaissance de soi, l’objectif est maintenant d’aller
au charbon et d’aller tester ces hypothèses dans la vraie vie.

Le vide exploratoire va notamment te permettre de


découvrir les coulisses des secteurs qui te font
envie et d’arrêter de nourrir les fantasmes que tu te
faisais sur tel ou tel métier ou activité, en les
expérimentant. Et cette période peut être
hautement désagréable pour tous ceux qui ont du
mal à lâcher prise car est caractérisée par une
absence totale de contrôle. Ce qui peut donc nous
donner l’impression de perdre du temps et de faire
beaucoup d’efforts pour peu de gratification
immédiate. Il est donc hyper important d’aborder
cette période de vide exploratoire avec un état
d’esprit d’enquêteur. Ce qu’il faut te dire, c’est que
t’es Élise Lucet en reportage intensif pour
comprendre ce qui te fait virevolter les tripes. Et
pour ça, tu vas devoir explorer des pistes qui seront
des culs-de-sac afin de pouvoir procéder par
élimination et resserrer l’étau autour de la piste
gagnante.

De la boussole au GPS

Mais sois rassuré, tu n’es pas totalement livré à toi-


même dans cette aventure ! Tu as cette boussole un
peu rouillée que tu peux transformer en GPS
supersonique : j’ai nommé tes émotions ! En effet,
pour que cette période de vide exploratoire soit la
plus fertile possible, l’important est d’entreprendre
tous ces tests en restant connecté à tes émotions.

Par exemple, pendant ma propre période de vide exploratoire,


j’avais créé ma première entreprise et j’avais dans le fond de la
tête que je voulais être actrice. J’ai donc décidé de m’inscrire au
Cours Florent pour me former et voir ce qu’était le métier dans
la réalité. J’étais super connectée à mes émotions et j’ai pu
rapidement voir que j’adorais être sur scène, jouer avec les
gens de ma classe avec qui j’avais le plus d’affinité, pouvoir tout
tester sur le plateau sans limites et sans aucune censure,
devoir jouer avec le moment présent et les différentes
circonstances, créer des scènes en groupe, etc. Tout ça, ça me
procurait énormément de joie, de plaisir et de satisfaction. Par
contre, je ressentais aussi énormément de frustration, de
lassitude, d’ennui et d’impatience. Et c’est là où le travail de
connexion à ses émotions prend toute son importance.
Tu dois observer au microscope l’origine de ces
émotions pour en tirer les bonnes conclusions. Dans
mon cas, j’ai pu comprendre qu’il y avait deux
composantes majeures à ma démotivation : l’attente
et la dépendance. J’ai découvert que le métier
d’acteur était un métier d’attente. Tu passes des
heures entières sans jouer pendant que le reste de
ta classe passe. Et, bien que tu apprennes beaucoup
en regardant les autres, j’ai détesté ne pas pouvoir
optimiser mon temps et passer autant d’heures à ne
rien faire. Puis, il y a la dépendance dans le sens où
ton avenir dépend toujours du choix de directeurs
de casting, de réalisateurs ou de producteurs qui te
« sélectionnent » et détiennent le pouvoir sur ta
carrière. Tout ce que je déteste.
À partir du moment où j’ai pu retracer l’origine de
mes émotions négatives, j’ai pu comprendre que je
ne pourrai jamais être actrice. Parce qu’en arrêtant
de me voiler la face, j’ai compris que mon goût du jeu
ne suffirait jamais à pallier ces composantes
« attente » et « dépendance ». Après neuf mois de
cours, j’ai donc décidé d’arrêter et de me concentrer
à 300 % sur mes projets entrepreneuriaux. Là où le
vide exploratoire prend tout son sens, c’est qu’au
début il n’y a rien, mais qu’au fur et à mesure de ton
exploration tu récolteras de précieuses informations
sur toi comme s’il agissait d’un trésor pour arriver à
la destination qui est la tienne.
Les émotions désagréables t’enverront des
messages pour te signifier que tu trompes de
chemin alors que les émotions agréables
t’indiqueront que tu es sur la bonne voie.
Ce n est donc en aucun cas une perte de temps que

d avoir pris une voie pour ensuite s en détourner Ce


’ ’ .

qu’on veut, c’est que tu avances et que tu fasses les


ajustements nécessaires au fur et à mesure de ton
exploration pour trouver ton chemin. Aller au Cours
Florent est ce qui m’a permis une bonne fois pour
toutes de voir ce que c’était, de le rayer de ma liste
sans aucun regret et de passer à autre chose avec
la certitude que ce n’était pas pour moi. Et ce qui est
génial avec ça, c’est que ça me permet d’éliminer les
distractions du style « Mais que se serait-il passé si
j’avais essayé ? » pour la suite de mon exploration et
de me faire gagner en concentration. L’idée du vide
exploratoire n’est donc absolument pas de trouver
du premier coup ce que tu veux faire. Au contraire,
c’est une approche qui consiste à constamment te
mettre en mouvement pour trouver les réponses
adéquates à tes questionnements.
L ÉGOÏSME

Le problème du retour à soi, c’est que c’est certes très efficace,


mais, restons honnêtes, c’est aussi ultra chronophage. Qu’il s’agisse
d’observer tes émotions, de créer tes échelles de valeurs
ou de te lancer dans le vide exploratoire, une chose est sûre,
c’est qu’il va falloir que tu prennes du temps pour faire le taf !

Et je sais que vous allez être beaucoup à vous taper


une tachycardie et une sudation intense des
cuisses à l’idée de faire un truc pareil puisque la
majorité des personnes avec lesquelles je travaille
sont persuadées qu’il est égoïste de se concentrer
sur soi. Dans la tête de beaucoup de gens, on n’a de
valeur que si on est dévoué et altruiste, et l’égoïsme
reste ancré comme l’un des pires défauts de la Terre.
Le problème de ce point de vue est qu’il nous
empêche d’apprendre à nous connaître, de prendre
du temps pour nous, de développer notre
personnalité, de poser nos limites et de nous
épanouir. Raison pour laquelle, afin de clore cette
deuxième partie sur l’introspection et l’écoute de soi,
j’aimerais t’inviter à revoir ton rapport à l’égoïsme
pour que tu sois plus à l’aise avec le fait de te
considérer comme une priorité et de faire des choix
qui nourrissent tes intérêts avant ceux des autres.
éloge de la transaction

Quand on pense habituellement à l’égoïsme, on


s’imagine que c’est le fait de faire passer ses
intérêts personnels au-dessus de ceux des autres
et de n’avoir d’égards que pour sa propre personne.
Ce qui, dans l’imaginaire collectif, se traduit par le
fait de ne pas donner de son temps dans une
association, de ne pas aller aider son voisin malade
ou encore de ne pas soutenir financièrement un
pote dans le rouge. Or, si on voit les choses du côté
des émotions et des ressentis, on se rend alors
compte que tous nos comportements sont
intrinsèquement égoïstes. Et personnellement, c’est
peut-être une des leçons les plus puissantes que j’ai
apprises ces dernières années.
Le principe de base qui permet de justifier ce point
de vue, c’est que chacune de nos actions est
motivée par nos émotions. Dans le sens où tout ce
que nous entreprenons a pour objectif de nous faire
nous sentir bien ou de nous éviter de ressentir de la
souffrance, qu’elle soit émotionnelle, mentale ou
physique.
Par exemple, quand je suis arrivée à Paris, un monsieur SDF
s’est assis à côté de moi dans le métro et m’a remercié de lui
avoir dit bonjour, les larmes aux yeux. Il m’a expliqué que ça
faisait plusieurs jours que personne ne lui répondait et qu’il
avait l’impression d’être complètement invisible. Plus la
conversation avançait et plus je me retrouvais le cœur ultra
serré, envahie par un mix de pitié, de compassion et de
culpabilité. Puis, pris par une petite poussée d’audace, il me dit
alors que ça fait énormément de temps qu’il n’a pas eu de
contact humain et me demande s’il peut m’embrasser. Je suis
donc un peu déstabilisée, mais j’ai tellement pitié que je finis
par dire oui. Il me claque alors deux grosses bises bien
baveuses en me prenant les joues dans les mains sous les yeux
ahuris des passagers autour de moi qui ont dû soit avoir un
regain d’espoir en l’humanité en étant témoins de cette
interaction, soit doucement rigoler dans leur barbe en se
disant qu’il n’y avait bien qu’une provinciale fraîchement
débarquée dans la capitale pour faire un truc pareil.

De l’extérieur, cet événement coche toutes les cases


de l’altruisme : j’ai répondu à la requête de quelqu’un
de manière totalement désintéressée, j’ai donné un
peu de ma personne et je n’y ai franchement pas
pris beaucoup de plaisir. Mais si on n’y regarde de
plus près, il s’agissait beaucoup plus d’une
transaction que d’un acte totalement gratuit. En
effet, j’avais certes à cœur d’aider mon prochain,
mais en me laissant embrasser, j’ai pu transformer la
sensation d’impuissance et de pitié initiale en un
sentiment d’utilité et de contribution et donc me
sentir mieux. Partant de ce principe, toute action
qu’on entreprend, qu’elle soit qualifiée d’égoïste ou
d’altruiste, a vocation à nous faire nous sentir mieux
par rapport à une situation donnée, à calmer des
ressentis désagréables ou à nous créer des
émotions agréables.
Cependant, la leçon ici n’est en aucun cas de dire
que l’altruisme n’existe pas, que prendre soin des
autres ne sert à rien et que vouloir contribuer au
progrès social est hypocrite. C’est au contraire
absolument nécessaire. Mais l’objectif ici est
simplement de dédiaboliser l’égoïsme et d’arrêter de
croire que le but est de s’en affranchir parce que
c’est tout simplement impossible. Si Gandhi, Mère
Teresa et Nelson Mandela ont pu avoir une action
sociale aussi importante, c’est parce qu’à l’origine,
les sensations d’impuissance, d’inutilité et d’injustice
leur étaient tellement insupportables qu’ils sont
passés à l’action pour en diminuer l’intensité et être
plus en phase avec eux-mêmes.
L égoïsme fait partie de nous et l accepter permet
’ , ’

d arrêter de se voiler la face et de considérablement


gagner en lucidité sur ce qu on veut faire de sa vie


’ .
Et là où c’est complètement fourbe, c’est que
l’altruisme peut aussi être l’expression la plus
aboutie de l’égoïsme. En effet, il est très fréquent
que l’altruisme soit un écran de fumée destiné à
satisfaire nos attentes ou intérêts personnels aux
dépens de ceux des autres.

Par exemple, quand t’essaies de dissuader ton fils de partir en


voyage pour son bien afin de lui éviter des galères à son retour,
alors que c’est son rêve, il est fort probable que tu agisses en
vue d’acheter ta tranquillité et de t’éviter de ressentir du stress
ou de l’inquiétude dans le futur. On croit qu’on le fait pour les
autres, mais si on creuse, on se rend compte que nos
comportements altruistes nous permettent d’éviter de
ressentir des émotions hautement inconfortables. Raison pour
laquelle nous préférons changer les autres à notre convenance
pour qu’ils fassent disparaître ces sentiments plutôt que de les
accepter pleinement comme ils sont.

Ce que je veux donc te proposer, c’est d’envisager de


pratiquer le bon égoïsme. C’est-à-dire un égoïsme qui
respecte tes besoins personnels, tes envies, tes
limites et ta santé physique, émotionnelle et
mentale. Et la première étape du bon égoïsme, c’est
de t’octroyer assez de temps pour apprendre à te
connaître. Quitte à ce que tu vois un peu moins tes
proches, que tu sois un peu déconnecté ou que tu
sois un peu moins disponible. Parce qu’à force de ne
vouloir décevoir personne et de répondre aux
attentes de ton entourage, de la société, des
influenceuses sur Instagram et des différentes
polices de la pensée, tu finis par vivre pour les autres
sans jamais aller à ta propre rencontre.
Or, ce temps de retrait sur soi et d’apprentissage est
absolument indispensable pour trouver ta voie,
découvrir ta valeur ajoutée et a fortiori, si c’est ta
volonté, véritablement aider les autres de la manière
la plus impactante possible. De mon point de vue, on
ne peut pas être véritablement généreux avec les
autres si on ne l a pas d abord été avec soi même
’ ’ - .

Parce qu’être dans l’abnégation de soi et refuser de


nourrir ses véritables envies ne fera que mettre ses
valeurs hautes en famine et créer de la frustration.
Ce qui fait qu’à la fin tu te crames, tu tombes en
panne et tu ne seras plus capable d’aider qui que ce
soit. Alors qu’au contraire, quand tu as véritablement
pris le temps d’apprendre à te connaître, c’est là que
tu vas pouvoir puiser dans une énergie fertile et
créatrice extrêmement puissante qui te permettra
d’augmenter ton impact.

Savoir dire non


La deuxième étape du bon égoïsme, c’est de faire
respecter tes valeurs, tes besoins, tes intérêts et tes
limites. Ce qui nécessite notamment de savoir dire
non. Et là aussi, il est super important de changer de
point de vue et d’arrêter d’associer le fait de ne pas
vouloir rendre service à quelqu’un comme une
absence de coopération ou de considération. Parce
qu’il existe mille exemples qui prouvent que dire non
est bien plus altruiste qu’il n’y paraît.
Dire non n est pas contre l autre C est lui rendre
’ ’ . ’

service C est lui montrer de l intérêt et du respect


. ’ ’

en évitant des promesses qui ne seront jamais


tenues. C’est faire gagner du temps à la personne à
qui l’on dit non en lui faisant savoir qu’il n’est pas sur
la bonne route au lieu de le laisser errer sans but.
C’est gagner en humilité en acceptant que tu ne
peux pas tout faire et être à douze endroits en
même temps. C’est responsabiliser la personne en
face de toi qui ne se croit pas assez capable de
résoudre son problème et qui ne pourra pas prendre
son indépendance et s’autonomiser tant que tu lui
dis oui. C’est faire preuve d’honnêteté et ne pas
mentir sur ses envies et ses capacités. Et par-
dessus tout, dire non, c’est donner à l’autre le mode
d’emploi de son fonctionnement personnel. C’est lui
donner les clés de chez toi pour qu’il puisse se
repérer dans ta vie intérieure et naviguer gaiement
auprès de toi.
La conclusion, c’est que si tu veux améliorer tes
relations, avoir un impact social et sauver la planète,
il faut d’abord passer beaucoup de temps avec toi-
même.
PARTIE 3

LES CROYANCES
COMPRENDRE LES CROYANCES

LE RÔLE DES
CROYANCES
Ça y est, nous y sommes ! Maintenant que tu as bien fait tout
le travail d’introspection, on va donc pouvoir passer à la partie plus
croustillante du processus qui consiste à dégommer ses croyances
limitantes. Mais avant qu’on puisse prendre nos sabres laser
et s’offrir un ravalement de façade mental digne des plus belles
prestations de Cristina Córdula, prenons une petite minute pour
bien comprendre à quoi on s’attaque.

En coaching, une croyance est une conviction très


forte, consciente ou inconsciente, qu’on entretient
sur un sujet et qu’on va avoir tendance à ériger en
principe moral ou en vérité universelle. Par exemple,
« c’est prétentieux de se mettre en avant », « la
réussite est forcément un chemin de croix »,
« vivons heureux, vivons cachés » ou encore « le foie
de veau, c’est dégueulasse ». Or, si c’est aussi
important dans notre travail, c’est parce que les
croyances sont à l’origine de chacune de nos actions
et de chacun de nos comportements. Donc, si nous
voulons réussir à passer de Master 2 en
procrastination option autosabotage à Doctorat en
réalisation de nos aspirations les plus profondes,
rien ne sert d’entrer en guerre contre nous-mêmes
et de nous forcer à être une personne que nous ne
sommes pas. Ce que nous voulons, au contraire, c’est
réussir à comprendre nos croyances et dénouer
celles qui nous bloquent à la racine pour gagner en
,

liberté de mouvement .

Mais pour faire ça, il est super important de faire un


petit interlude cerveau pour comprendre le rôle que
jouent les croyances dans notre mental. Comme
nous l’avons déjà évoqué, l’objectif de notre cerveau
est de nous maintenir en vie en économisant le plus
d’énergie possible. Pour faire ça de la manière la plus
efficace qui soit, il va être binaire et diviser le monde
entre ce qui est sécurisé et ce qui est dangereux. Or,
comme notre cerveau reçoit une quantité
astronomique d’informations et de stimuli au
quotidien, il lui est tout bonnement impossible de
traiter individuellement chaque information afin de
la ranger dans la bonne case. Ce qu’il va donc faire
pour se faciliter la tâche, c’est créer des croyances
afin de synthétiser sa vision du bien et du mal et les
utiliser comme un centre de tri en vue de préfiltrer
les informations reçues et prendre des décisions à la
vitesse de l’éclair sur ce qui est interdit ou permis,
pour te permettre de rester en vie dignement et
t’éviter des situations de danger.

De l’éducation

Pour bien se repérer entre ce qu’on peut faire sans


danger et ce qui représente une menace, notre
cerveau va s’appuyer sur deux sources
d’informations principales qui sont notre éducation
et nos expériences passées. Ce que j’entends par
l’éducation, c’est l’ensemble des croyances dont
nous avons hérité des personnes qui se sont
occupées de nous et que nous avons intégrées
grâce à un système de sanctions/récompenses. Par
exemple, si tu as entendu toute ta vie que « ce n’est
pas bien de boire de l’alcool » et que tu as vu tes
parents condamner et mépriser toute personne qui
s’autorisait une coupette, alors tu associeras
probablement « alcool » avec « pire vice du monde »
et tu développeras peut-être toi-même des
croyances négatives autour du moindre verre de vin.
Alors qu’au contraire si tu as été récompensé ou
complimenté durant toute ton enfance et ton
adolescence au sujet de ta politesse et de ta
serviabilité, alors il est fort possible que tu associes
« être serviable » avec « obtenir de la
reconnaissance ».

À l’expérience

La deuxième source d’informations que notre


cerveau utilise et qui sera alimentée toute notre vie,
ce sont les expériences que nous avons vécues.
Cependant, le principe, également fondé sur un
système de sanctions/récompenses, reste
sensiblement le même.
Si, par exemple, la personne qui s’occupait de toi t’a
toujours encouragé à t’exprimer, à te mettre en
scène et à développer ta créativité, mais qu’en
chantant la chanson que tu avais écrite à la
kermesse du CM2, toute l’école s’est foutue de ta
gueule, t’a demandé comment allaient tes chevilles
et t’a invité à arrêter de te prendre pour Madonna,
alors ton cerveau va enregistrer les croyances « se
mettre en avant = dangereux » ou « expression de
soi = humiliation » afin de marquer cette expérience
comme une zone de danger pour te dissuader d’y
retourner et t’éviter de souffrir.
Là où ça peut devenir handicapant, c’est qu’il suffit
parfois d’une seule expérience un peu douloureuse
pour que notre cerveau la synthétise sous forme de
croyance et la généralise à toutes les autres
expériences ou opportunités qui se présenteraient à
nous. Par exemple, si tu étais en couple et que tu as
découvert que ton partenaire te mentait, ton
cerveau va peut-être créer la croyance « faire
confiance à quelqu’un, c’est se faire avoir », voire
aller encore plus loin dans la stratégie de protection
en généralisant la croyance à « tous les
hommes/femmes sont des menteurs/ses ». Ce qui
certes te protège puisque, chaque fois que tu seras
tenté de revivre une histoire avec quelqu’un, ton
cerveau t’enverra l’artillerie lourde de la dissuasion
pour t’empêcher d’y aller. Mais le problème, c’est
qu’en voulant te prémunir de toute forme de
souffrance, il va aussi t’empêcher de vivre. In fine ce
,

qui va découler de tout ce travail d’analyse et de


synthèse du danger est un immense système de
croyances qui va faire office de système de guidage
interne et permettre à ton cerveau de savoir quand
est-ce qu’il peut te laisser t’aventurer et quand il
doit te mettre sous cloche. Le principal problème de
ce système de croyances, c’est que son taf, c’est
uniquement te protéger de la manière la plus
efficace possible.
Donc si tes véritables aspirations ou envies vont à
,

l encontre de ce que ton cerveau considère comme



sa zone de sécurité alors il t enverra les
, , ’

mécanismes de dissuasion tels que la peur panique ,

les scénarios catastrophes et la sudation intense


des cuisses pour tenter de te tenir hors de danger .

Et c est exactement pour ça qu en langage coaching


’ ’ ,

on parle de croyances aidantes et de


croyances limitantes .

Les croyances aidantes représentent les croyances


qui autorisent le passage à l’action pour poursuivre
tes objectifs, tes aspirations et tes envies et qui te
donnent le feu vert pour être toi-même, sans
masque et en accord avec tes valeurs. Par exemple,
une de mes croyances aidantes est aujourd’hui « me
mettre en avant me permet de partager mon savoir
avec ceux qui en ont besoin pour régler leur
problème ». Cette croyance m’a donné le courage de
réaliser mes envies les plus enfouies, c’est-à-dire
créer mon podcast, lancer ma chaîne YouTube, parler
de coaching sur Instagram et développer l’entreprise
de mes rêves. Donc, c’est une croyance aidante.
Au contraire, les croyances limitantes sont celles qui
vont inhiber le passage à l’action, nous limiter et
nous empêcher de vivre notre vie comme on le
souhaiterait. Pour reprendre l’exemple précédent,
avant de la transformer en croyance aidante, ma
croyance était « se mettre en avant est
égocentrique ». Nécessairement, pendant
longtemps, j’étais persuadée au plus profond de moi
qu’incarner mon entreprise et m’exposer était mal.
Par conséquent, je faisais un blocage total des
réseaux sociaux et de l’autopromotion par peur de
passer pour une pouf superficielle et égocentrique
qui aurait choisi la facilité. Ce qui revient clairement
à me tirer une balle dans le pied et à compromettre
les chances de réussite de mon entreprise puisque
70 % de mes clients viennent d’Instagram. C’est donc
une croyance limitante.

La peur de l’échec

Sachant cela, s’il y a bien une chose à retenir au


sujet des croyances limitantes et des croyances
aidantes, c’est qu’elles sont extrêmement
personnelles ! Tout d’abord, parce que personne n’a
eu exactement le même héritage de croyances et
personne n’a vécu exactement les mêmes
expériences de vie. Il y a donc autant de systèmes de
croyances que d’humains sur la planète. Mais
ensuite, le fait qu’elles soient limitantes ou aidantes
dépend seulement de toi et de ce que tu souhaites
faire dans la vie ! Si tu rêves de fournir quatre cents
pulls tricotés à la main à ton EHPAD local et que tu
as promis de les livrer pour le 25 décembre, alors la
croyance « il faut éliminer l’improductivité pour
réussir » sera aidante. Au contraire, si tu souhaites
vivre de ta créativité, écrire un livre ou te lancer dans
un nouveau projet innovant où tu as besoin de
beaucoup de temps morts pour réfléchir, nourrir ton
inspiration ou faire mûrir ta réflexion, alors la
croyance « il faut éliminer l’improductivité pour
réussir » sera limitante, car elle te fera sûrement te
sentir comme une bouse et t’empêchera de mener à
bien ces projets parce que tu considéreras les
moments de réflexion comme oisifs et inutiles.
Par ailleurs, une croyance peut être aidante à un
moment de ta vie et devenir limitante par la suite.
Par exemple, la croyance « se mettre en avant est
égocentrique » a été aidante pendant ma scolarité
dans le sens où ça m’a appris à vivre en
communauté, à me faire des amis et à apprendre
que le monde ne tournait pas autour de moi. Mais
elle est devenue limitante le jour où je suis devenue
entrepreneure et où, au moment où je devais être la
première ambassadrice de ma marque, j’ai décidé de
me cacher derrière des photos d’Ariana Grande et de
Nicki Minaj sur mon site Internet.
Les croyances ne sont qu une question de contexte
’ .

Elles ne sont pas bonnes ou mauvaises. Elles sont


seulement aidantes ou limitantes selon ce que tu
souhaites faire. Et une croyance aidante pour ta
sœur, ta grand-tante ou ton meilleur ami peut tout à
fait être limitante pour toi. Il n’y a vraiment pas de
vérité unique sur le sujet.
Ce qu’il faut donc retenir ici, c’est que ton système
de croyances actuel a été mis en place pour
t’adapter et te protéger dans les environnements
dans lesquels tu as évolué. Ce n’est donc pas que tu
es débile ou que tu n’as aucune force de caractère si
tu procrastines quand il s’agit de créer ton business
plan c’est que t’as peut-être tellement intégré toute
,

ta vie que l’échec était la pire chose qui puisse


t’arriver que ton cerveau t’envoie l’artillerie lourde de
la flemme et du découragement pour t’éviter de
développer ton idée et de prendre le risque que ça ne
marche pas. Raison pour laquelle, si tu ne mets pas à
jour ton système de croyances au moment où tu
opères un changement de vie pour faire comprendre
à ton cerveau que l’échec n’équivaut pas à un danger
de mort, il continuera de te protéger coûte que
coûte de la prise de risque.
IDENTIFIER SES
CROYANCES
Maintenant qu’on est raccord sur le rôle des croyances
et que tu es peut-être un peu plus au clair sur tes aspirations
personnelles, ce qu’on veut, c’est réussir à identifier les croyances
limitantes qui t’empêchent de passer à l’action et de donner vie
à ce que tu as au fond des tripes dans la vraie vie.

Parce que ce n’est évidemment qu’en faisant un bon


diagnostic qu’on pourra te débloquer de la manière
la plus pertinente possible. Mais avant de faire ça,
j’aimerais te faire part d’un bon gros warning pour
t’éviter de sombrer dans la dark side du
développement personnel. Ce que je veux que tu
saches, c’est que le travail sur les croyances ne sera
jamais fini et va durer toute ta vie.
À chaque nouveau projet, à chaque nouvelle
évolution et à chaque nouveau chapitre vont
apparaître de nouvelles croyances que tu n’avais pas
identifiées auparavant et dont tu vas devoir
t’occuper. Alors, rien ne sert d’y aller comme un
bourrin et de vouloir tout travailler d’un coup. Le mot
d’ordre, c’est piano piano
, !
Anatomie d’une croyance

Maintenant que l’état d’esprit à adopter pour


effectuer ce travail a été défini, c’est l’heure de
retrousser nos manches et d’apprendre à identifier
nos croyances. Et la première étape pour faire ça est
de bien comprendre l’anatomie d’une croyance et de
ne pas la confondre avec des pensées ou des
principes. Parce que pour la transformer, la base de
la base est de réussir à bien la reconnaître et à bien
la définir.
Les pensées sont ce qui traduit notre ressenti ou
notre avis sur les choses qui nous entourent dans le
moment présent. Ça va être par exemple « je me
sens nulle », « j’aurais dû faire ça comme ça »,
« qu’est-ce que je vais manger cet après-midi ? ». Un
principe, c’est une règle intemporelle que nous nous
imposons de suivre. Par exemple, « il ne faut pas
couper la parole », « il ne faut pas jeter ses déchets
par terre » ou « il ne faut pas être égoïste ». Une
croyance, quant à elle, c’est la raison pour laquelle
nous nous imposons ce principe. C’est le postulat de
base dont vont découler nos pensées et nos
principes. Par exemple, une croyance va être « avoir
des rêves ambitieux, c’est être prétentieux et se la
péter ». Le principe qui va en découler sera « dans la
vie, il ne faut pas être trop ambitieux ». Et la pensée,
quant à elle, ressemblera à « j’aurais pas dû dire à
mes parents que je voulais me développer à
l’international, ils vont penser que je me la pète ».
Ce que tu dois absolument retenir, c’est qu’une
croyance est toujours une association sans nuance
entre deux éléments. Sa structure ressemblera
toujours à ÉLÉMENT A = ÉLÉMENT B. Du style
« ambition = prétention », « conflit = mort
imminente », « mojitos = bonne soirée ».
Donc, si en effectuant ce travail d’identification, tu
te rends compte que tu as trouvé des principes
plutôt que des croyances, la seule chose à faire est
de questionner ton principe afin de trouver la
croyance qui se cache derrière. Par exemple, si ton
principe est « dans la vie, il faut gagner de l’argent »,
demande-toi pourquoi et tu vas alors peut-être
tomber sur quelque chose comme « il faut gagner
de l’argent pour être indépendant et responsable ».
Et là, tu te retrouves donc avec « bien gagner sa vie
= responsabilité », et tadaaa tu as une croyance.

La chaîne comportementale
Maintenant qu’on sait ce qu’on cherche, on va donc
pouvoir partir creuser dans notre cœur et notre tête
pour tenter de déterrer les croyances qui nous
bloquent sur notre canapé et nous empêchent de
partir à la découverte du vaste monde. Pour ça, il
existe un super outil de coaching appelé la chaîne
comportementale, qui va te donner trois portes
d’entrée vers ton intériorité selon tes préférences ou
facilités personnelles.

Avant de partir un peu plus vers la pratique voici


,

comment fonctionne la chaîne :

1. Les EXPÉRIENCES que nous vivons activent


nos CROYANCES .

2. Nos CROYANCES créent nos PENSÉES .

3. Nos PENSÉES influent sur notre ÉTAT


ÉMOTIONNEL.
4. Notre ÉTAT ÉMOTIONNEL est à l’origine de nos
ACTIONS et COMPORTEMENTS .

5. L’addition de nos ACTIONS et de nos


COMPORTEMENTS crée la vie que nous vivons
aujourd’hui.
Alors, ce que ça dit, c’est que pour accéder à tes
croyances, tu peux étudier soit tes comportements,
soit tes émotions, soit ton dialogue intérieur. Mais
comment faire concrètement ? Si je reprends mon
exemple personnel, mon envie la plus enfouie a
toujours été de lancer une chaîne YouTube sur la
confiance en soi et la création de projets. Sauf que
chaque fois que je me disais que j’allais écrire le
script de ma vidéo ou filmer, je me retrouvais
totalement paralysée comme un lapin dans des
phares et je n’arrivais jamais à passer à l’action.
Ton taf quand tu es dans ce genre de situation est
de remplacer le jugement par l observation Comme
’ .

tu as pu le faire dans la partie sur les émotions,


l’idée, c’est de te prendre pour ton propre sujet
d’étude et de passer en mode observation
anthropologique de toi-même.

Quand tu procrastines regarde précisément


, :

1. ce que tu fais,
2. ce que tu ressens,
3. ce que tu te dis.
Peut-être qu’au début ce sera difficile d’avoir tous
les éléments, mais c’est tout à fait normal. La pleine
conscience se pratique et l’idée de départ est juste
de travailler avec ce qu’on a. Si je reprends mon
exemple, ce que j’ai pu observer en premier, ce sont
mes comportements. Dans le sens où, chaque fois
que venait l’heure de me poser et d’écrire, je finissais
toujours par laver les vitres, répondre à mes mails ou
regarder des bêtisiers de The Big Bang Theory sur
YouTube. En me posant pour observer mes émotions,
notamment grâce à la méditation, je me suis rendu
compte que le simple fait de m’imaginer écrire mon
script ou filmer une vidéo me générait des
sensations physiques telles que le souffle court, la
gorge un peu nouée et surtout l’impression qu’une
famille d’éléphants avait décidé d’installer sa
résidence principale sur mon diaphragme. Et à y
regarder de plus près, j’ai aussi vu que ça me créait
une forme d’anxiété, de stress et d’immense
vulnérabilité. Puis en observant mes pensées, ce qui
a sûrement été la partie la plus difficile, j’ai pu voir
que la perspective de m’exprimer publiquement
déclenchait un flot de scénarios catastrophes tels
que « tout le monde va se foutre de ta gueule », « ils
vont croire que tu t’es prise pour Madonna », « tu
vas finir en risée d’Instagram » ou « tes potes vont
tous penser que t’es en plein ego-trip et que t’es
devenue une bolosse ».

On se retrouve donc avec la chaîne


comportementale suivante :

1. EXPÉRIENCE : Je veux lancer ma chaîne


YouTube.
2. CROYANCES ? :

3. PENSÉES Tout le monde va se foutre de ma


:

gueule et penser que je suis en plein ego-trip.


4. ÉMOTIONS Stress, angoisse, vulnérabilité.
:

5. ACTIONS Procrastination, je lave les vitres au


:

lieu de communiquer sur mon projet.


6. RÉSULTAT Mon projet est invisible, je n’ai pas
:

de client, je stagne.

De la croyance à la chaîne

Maintenant qu’on a toutes ces infos, la dernière


étape consiste alors à retrouver la croyance à
l’origine de la chaîne. Et ici, ce qu’on voit clair comme
de l’eau de roche, c’est que j’associe le fait de me
mettre en avant ou de m’exposer avec le fait d’être
rejetée, d’être critiquée et de finir comme la vieille
paria du village.

La chaîne comportementale complète sera donc :

1. ÉVÉNEMENT Je veux lancer ma chaîne YouTube.


:

2. CROYANCES Se mettre en avant = finir rejetée


:

par mes amis, ma famille et la société.


3. PENSÉES Tout le monde va se foutre de ma
:

gueule et penser que je suis en plein ego-trip.


4. ÉMOTIONS Stress, angoisse, vulnérabilité.
:

5. ACTIONS Procrastination, je lave les vitres au


:

lieu de communiquer sur mon projet.


6. RÉSULTAT Mon projet est invisible, je n’ai pas
:

de client, je stagne.

Une fois qu’on a notre chaîne comportementale


complète, on se rend alors bien compte que c’est
hyper logique que mon projet de lancer ma chaîne
YouTube fasse Erreur 404 dans mon cerveau et me
conduise systématiquement dans l’impasse de la
procrastination puisque mon objectif est quasiment
considéré comme un danger de mort par mon
cerveau. Le seul moyen de sortir de cette situation
va donc être de transformer la croyance à l’origine
de la chaîne comportementale pour rétablir une
sensation de sécurité et permettre le passage à
l’action.

LES SYSTÈMES
D INTERPRÉTATI
ON

Pour transformer ses croyances, il faut d’abord comprendre


que ces dernières ne sont pas figées et qu’elles peuvent évoluer.
En effet, pour avancer, il faut faire la paix avec l’idée que
notreréalité est hautement subjective et qu’elle est le fruit de notre
propre interprétation. Or, pourquoi est-ce
aussi important d’en prendre conscience ?

Si on est persuadé que nos croyances font office de


vérité universelle, alors on ne pourra jamais les
transformer, et il nous sera impossible de nous
affranchir de celles qui nous limitent. Donc, pour
t’aider, je te propose de découvrir en profondeur
comment se forment nos systèmes d’interprétation
à l’origine de nos croyances.

La théorie de la subjectivité

J’ai longtemps entretenu une relation problématique


avec les gens qui ne pensaient pas comme moi.
J’avais envie de les défoncer et si j’avais eu à
disposition une espèce de marteau intégrateur
d’idées, je pense que j’aurais martelé plusieurs têtes
avec. Je comprenais qu’on puisse penser
différemment en termes de goûts et de couleurs,
mais quand il s’agissait de la société, d’humains ou
de mœurs, je m’évertuais à faire adopter mon point
de vue à mon interlocuteur : je me prenais pour une
sorte de mi-Dieu mi-Beyoncé persuadée que je
détenais la vérité universelle. Et ce, jusqu’à ce que
j’entende parler de la théorie de la subjectivité dans
un module de programmation neurolinguistique de
ma formation de coaching. Cette théorie explique
que « la carte n’est pas le territoire ». Ce qui signifie
que notre perception de la réalité n’est seulement
qu’une infime portion de la réalité objective des
choses. Par conséquent, chaque humain a sa propre
carte et ce n’est qu’en additionnant les cartes des
huit milliards d’êtres humains qu’on peut
reconstituer le territoire, c’est-à-dire, une forme de
réalité objective.
Ce qu’on entend ici par réalité objective, c’est
l ensemble des événements factuels et totalement

dénués d émotions qui ont lieu dans l univers


’ ’ .

Par exemple, « il y a un arbre à côté de ma fenêtre », « mon N+1


ne m’a pas dit bonjour aujourd’hui » ou encore « la raclette,
c’est surtout du fromage sur des pommes de terre ».

Cette réalité va alors passer de manière


supersonique par des centaines de filtres
d’interprétation pour être traitée. Or, ce processus
se fait tellement vite qu’on n’a pas le temps d’en
prendre conscience. Ce qui explique pourquoi nous
avons tendance à confondre la réalité objective avec
notre interprétation de la réalité.

Pour mieux comprendre ce processus nous allons ,

donc partir à la découverte des cinq grandes


catégories de filtres qui sont :

les filtres socioculturels,


les filtres neurologiques,
les filtres individuels,
les filtres de traitement,
les filtres sensoriels.

Une histoire de filtres

Les filtres socioculturels regroupent tout ce qui a


pu te conditionner socioculturellement c’est-à-dire
,

ton pays de naissance, ta culture, ta classe sociale,


l’école que tu as fréquentée, ton éducation familiale
ou encore ta religion. Par exemple, ayant grandi en
Bretagne, j’ai été assez jeune sensibilisée à l’art de
vivre et à l’alcool. Mes parents nous faisaient goûter
champagne, vin et bière dès nos 13 ans pour qu’on
s’habitue au goût. On avait le droit à notre mini-
bolinette de cidre doux dès la grande section de
maternelle quand on mangeait des galettes, et
c’était normal pour tout le monde. Alors que quand je
suis arrivée dans ma famille d’accueil de Caroline du
Sud à mes 16 ans, il était inconcevable que des
jeunes de notre âge boivent de l’alcool à table. C’était
tellement considéré comme un truc de déglingué
qu’il est arrivé à ma sœur d’accueil Caro de me
destiner quelques-unes de ses prières nocturnes
pour demander au Dieu des méthodistes de me
remettre dans le droit chemin. Comme on le voit, la
réalité factuelle qui est « un jeune de 16 ans qui boit
de l’alcool » passe par tes filtres socioculturels pour
obtenir une interprétation personnelle de « c’est
bien » ou « c’est mal ».
Après les filtres culturels viennent les filtres
neurologiques Nous ne sommes pas égaux face au
.

fonctionnement de notre cerveau Certains .

cerveaux vont créer des connexions très vite sur


des problèmes techniques, d’autres sur des sujets
émotionnels et d’autres sur les deux. Bien sûr, ça
peut se travailler, mais disons que naturellement,
nos cerveaux possèdent un système de connexion
particulier qui nous permettra d’être plus réactifs
sur certains sujets que sur d’autres.

Par exemple, même si le simple souvenir de la formule


mathématique de Taylor-Lagrange me donne l’impression d’une
attaque imminente, elle ne m’a concrètement rien fait !
L’équation sur le papier est en elle-même une réalité factuelle.
Sauf qu’en passant par mes neurones qui se mettent en PLS
lorsqu’il s’agit de résoudre des problèmes de maths de quatre
kilomètres de long, j’interprète cette équation comme la pire
des tortures. Et ce, pendant que mon ami Cédric la considérait
comme une balade de santé. Le problème n’est donc pas
l’équation en elle-même, mais l’interprétation que j’en fais après
passage par mon filtre neurologique.
Les filtres individuels correspondent à nos goûts
personnels nos valeurs nos influences ou encore
, , ,

nos appétences bref, tout ce qui a joué sur notre


construction personnelle en dehors de nos


conditionnements socio-culturo-neurologiques.

Par exemple, j’ai beau avoir été élevée de la même manière que
ma sœur et partager avec elle de l’ADN, il peut lui arriver de
s’inquiéter pour mes penchants fangirl d’Ariana Grande et moi,
de son amour pour Nadine de Rothschild. Parce que nos
expériences de vie autonomes nous ont pourvues de filtres
individuels particuliers par lesquels nous interprétons
aujourd’hui la réalité.

Les filtres de traitement correspondent à notre


système de croyances Ce sont d’ailleurs les filtres à
.

l’origine de ce qu’on appelle nos biais cognitifs. En


effet, afin de gagner en efficacité et ne jamais se
remettre en question, notre cerveau va filtrer la
réalité de manière à ce qu’elle vienne consolider nos
croyances. En gros, il va arranger la réalité pour que
cette dernière corresponde à ce en quoi il croit. Et
pour ça, il va utiliser trois sous-filtres qui sont la
généralisation, l’omission et la distorsion.

Par exemple, si ta croyance est « l’argent, c’est mal », ton


cerveau va par exemple généraliser cette croyance en ne
retenant que les événements qui lui permettent d’arriver à
cette conclusion. Ton rapport à l’argent va alors exclusivement
se construire autour de Bernard Madoff, de la corruption, de
l’exploitation de main-d’œuvre et des abus du capitalisme. Et
pour que cette généralisation tienne debout, ton cerveau va
alors avoir recours aux omissions. C’est-à-dire qu’il va faire de la
rétention d’information pour tout ce qui ne permet pas de
valider ta croyance. Il ne va donc pas voir l’argent comme la
rétribution de ta valeur ajoutée, comme quelque chose qui
permet de faire des études, de vivre une multitude
d’expériences, de contribuer à faire grandir des associations,
de réaliser ses rêves, etc.

Et quand bien même certaines de ces informations


arriveraient jusqu’à ta conscience, mais ne lui
permettraient pas de consolider sa croyance initiale,
il va alors utiliser sa dernière carte qui est la
distorsion. C’est-à-dire qu’il va transformer la réalité
pour qu’elle lui permette de répondre à sa croyance.
Et dans le cadre de la croyance « l’argent, c’est
mal », les distorsions peuvent ressembler à « certes,
Bono donne une partie de sa fortune à des causes
humanitaires, mais c’est pour son image, donc c’est
mal » ou encore « certes, tu as créé ton entreprise
et tu verses un super salaire à tes employés, qui leur
permet de kiffer leur vie, mais tu contribues au
système capitaliste, donc c’est mal ».
Et enfin, la réalité objective va passer par un dernier
panel de filtres qui sont les filtres sensoriels Là non
.

plus nous ne sommes pas égaux face à l acuité de


, ’

nos sens Certains d’entre nous sont très auditifs,


.

d’autres visuels, d’autres pourvus d’une puissante


mémoire olfactive, d’autres de tout en même temps…
Bref, là encore nos sens peuvent largement amplifier
ou amoindrir la perception finale d’une réalité qui
était à l’origine complètement factuelle. Comme me
l’a appris ma passion pour les enquêtes policières,
une même scène de crime ou d’accident peut
générer autant de témoignages différents que de
témoins. Et ce, parce que certains auront focalisé
sur le bruit de la voiture ou l’explosion alors que
d’autres n’auront rien entendu, mais retenu point
par point le profil du conducteur.
La découverte des rouages des systèmes
d’interprétation peut au premier abord être très
déstabilisante et nous faire croire que s’il n’y a pas
de vérité objective et que si tout est interprétation,
autant ne pas se faire chier à avoir des principes et
laisser le chaos s’installer. Mais avant de plonger
tête la première dans le marasme, sache qu’il existe
aussi une deuxième option beaucoup plus positive
et libératrice.
En effet, s’affranchir du concept de vérité
universelle ne veut pas dire qu’il ne faut plus croire
en rien. Ça veut dire que tu as désormais la
possibilité d’explorer le territoire au-delà de ta
propre carte et de choisir ce en quoi tu crois. Ça
t’offre la possibilité de rompre avec des règles
familiales qui te pèsent, l’abnégation de ton
individualité ou encore la restriction de ta pensée. Et
surtout, ça te permet de laisser de la place à ta
réflexion personnelle, ta singularité et tes
aspirations profondes puisque tu sais désormais
que l’avis des autres n’est pas parole d’Évangile, mais
bien le fruit de leurs propres filtres d’interprétation.
Ce qu’il faut retenir, c’est que tu as la possibilité de
changer de réalité aussi souvent que tu es capable
de changer de prisme et que si la réalité dans
laquelle tu évolues actuellement ne te satisfait pas,
alors tu as la possibilité d’en sortir, notamment en
transformant tes croyances limitantes.
TRANSFORMER SES CROYANCES

L ORIGINE DES
CROYANCES

La première étape pour réussir à transformer tes croyances limitantes,


c’est d’abord d’en comprendre l’origine émotionnelle. En effet, en
définissant nos croyances limitantes, beaucoup d’entre
nous réussissent à voir assez facilement qu’en théorie,
notre argumentaire ne tient pas debout. Par exemple, lorsque j’ai mis
le doigt sur ma croyance « si je me mets en avant sur Instagram,
tous mes amis vont se foutre de ma gueule dans mon dos et
me renier », je savais rationnellement que ça avait très peu
de chances d’arriver.

Cependant, j’avais beau le concevoir dans ma tête,


quelque chose de plus fort que moi me freinait et
m’empêchait de passer à l’action. C’est donc
exactement pour cette raison qu’on doit tout d’abord
se concentrer sur la charge émotionnelle de nos
croyances et prendre conscience des différentes
blessures qui sont à l’origine de leur création. Parce
qu’en effet, si une souffrance est encore active, on
aura beau faire le meilleur travail de transformation de
croyances qui soit, ce sera impossible de le mettre en
application. Un peu comme si tu savais parfaitement
nager, mais qu’étant donné que tu es terrorisé par
l’eau, tu ne pourras pas te faire un cinq cents mètres
brasse, et ce, tant que tu n’auras pas compris ta peur.
Ce que je veux donc que tu fasses ici, c’est que tu
choisisses une ou deux croyances que tu as
identifiées auparavant et que tu replonges dans tes
souvenirs pour comprendre quelles sont les histoires
ou expériences passées qui ont contribué à te faire
considérer ces croyances comme vraies. L’objectif de
cet exercice étant de te remémorer des événements
particuliers, des histoires qu’on a pu te raconter quand
tu étais enfant, des paroles répétées en fil rouge par
tes parents ou les gens qui s’occupaient de toi quand
tu étais petit, des choses qu’on a pu te dire à l’école…
Bref, tout souvenir ou événement qui a pu contribuer à
créer cette croyance chez toi. Pour info, c’est normal si
les souvenirs ne remontent pas tout de suite. Ce que je
conseille à la plupart de mes clients, c’est de prendre
une bonne demi-heure, de se poser avec un carnet et
un crayon au calme chez eux et de se lancer dans un
exercice d’écriture intuitive. Pour ceux qui ne
connaissent pas, ça consiste tout simplement à écrire
sans aucune obligation de résultat, de cohérence et de
précision. Laisse tout simplement les choses venir,
même si certaines d’entre elles s’avéreront peut-être à
côté de la plaque. L’objectif est d’essayer de
rassembler le plus de souvenirs possible, donc plus tu
réussiras à décharger d’infos, plus la probabilité de
trouver celles qui ont réellement du sens sera haute.

Par exemple, une des croyances qui ont été les plus ancrées chez
moi pendant très longtemps a été que la réussite était un chemin
de croix et que le seul moyen de mériter les fruits de mon travail
était d’en chier.
Pourtant, en me lançant dans mon travail d’écriture intuitive, je
me suis rendu compte que je n’avais pas du tout été éduquée
dans cette optique. En effet, mes parents avaient toujours veillé à
ce que mon frère, ma sœur et moi ayons de bonnes notes à l’école,
mais ils ne nous avaient jamais mis la pression ni répété qu’on
était des merdes si on ne ramenait pas des 16/20 à la maison. Je
me mettais une pression de gueux pour être la meilleure dans
absolument tout ce que j’entreprenais et, avec du recul, je faisais
absolument tout pour rendre ma vie beaucoup plus compliquée
qu’elle ne l’était. À y regarder de plus près, je me suis rendu compte
que si on ne m’avait rien dit de spécial sur la réussite à part « il
faut se donner les moyens » et « il faut faire de son mieux », mon
père s’est avéré être malgré lui une figure de dépassement de soi
au-delà du réel. Venant d’une famille modeste et véritable self-
made-man, il devait son ascension économique et sociale à de
nombreux événements profondément marqués d’une empreinte
d’abnégation de soi, de discipline intenable pour le commun des
mortels et de déconnexion quasi totale à ses émotions afin de
pouvoir endurer toutes formes de souffrances, qu’elles soient
psychologiques ou physiques. Sans avoir besoin de dire un mot, il
ancrait chaque jour, par l’exemple, dans chacune de nos cellules,
que pour réussir professionnellement il fallait en chier, faire des
sacrifices et surtout développer une endurance de marathonien
face à la merde.
C’est donc tout naturellement que ma sœur et moi nous sommes
rendu compte que les « faites de votre mieux » et les « profitez
de la vie » étaient certes des principes que nos parents avaient à
cœur de nous transmettre, mais qu’ils ne nous permettraient
jamais de survivre dans le monde des adultes si la figure
d’autorité et de respect suprême que représentait notre père
n’était pas capable de se les appliquer. Silencieusement, on a donc
commencé à reproduire son mode de fonctionnement – se tuer à
la tâche, chercher la difficulté et se sentir responsable de la Terre
entière – puisqu’on voulait être comme lui, des têtes dures qui
n’ont pas peur de l’effort et qui ont un sens du devoir et de la
responsabilité équivalent à celui d’Elizabeth II.

Une fois que tu as mis le doigt sur l origine de ta ’

croyance tu vas donc pouvoir comprendre beaucoup


,

plus facilement pourquoi tu as autant d intérêt à la ’

faire perdurer .

Même si, au premier abord, ça nous saoule et qu’on ne


comprend absolument pas pourquoi on continue d’être
englué dans des mécanismes d’autosabotage, il faut
garder en tête que tout ce qu’on fait, même les trucs
les plus débiles ou contre-productifs, a une utilité bien
précise. Dans mon cas, j’ai pu me rendre compte que
certes, cette croyance ne m’appartenait pas vraiment
et ne correspondait en aucun point à mes aspirations
profondes, mais elle avait le grand intérêt de me
permettre d’obtenir la reconnaissance parentale, de
me valoriser et de me donner l’illusion que j’allais
quelque part. Et c’est seulement grâce à ces
informations précises que j’ai pu comprendre de quoi
était faite ma croyance, m’apercevoir assez facilement
que mon raisonnement était bancal et effectuer sa
mise à jour sans trop de difficultés. Donc, plus tu peux
récolter d’infos à cette étape du processus, moins le
travail de transformation de tes croyances sera
laborieux.
D’ailleurs, avant de passer à la suite et pour éviter de
créer une troisième guerre mondiale dans les familles,
la prise de conscience de l’origine de ses croyances
peut parfois faire l’effet d’une douche glacée
supplément blizzard et créer pas mal de
ressentiments à l’égard de nos parents ou des gens
qui nous ont transmis ces croyances limitantes et
douloureuses. Il faut donc garder en tête que, dans la
majorité des cas la plupart des croyances transmises
,

consciemment ou inconsciemment l ont été par


amour Ça peut ne pas être évident à voir tout de suite,


.

mais la plupart des croyances transmises l’ont été


pour nous protéger, nous mettre en sécurité et faire
en sorte qu’on puisse réussir. Par ailleurs, déjà
qu’aujourd’hui, les trois quarts des gens avec qui je
parle de croyances limitantes me regardent comme si
je leur parlais de paranormal, imaginez ce que ça
devait être dans les années 1980. La génération de nos
parents n’avait pas autant accès aux outils
psychologiques et au développement personnel que
nous, si bien que la question ne se posait même pas.
Donc, une fois passée la vague de seum, ce qu’il faut
essayer de voir, c’est que certes, ça va te donner du fil
à retordre, mais tout le monde hérite de croyances
pourries et, contrairement aux gens qui sont passés
avant toi, tu as la chance inouïe de pouvoir rompre un
cycle, de voler de tes propres ailes et de retrouver ta
liberté.

LES
HÉMICYCLES
Maintenant que tu as en ta possession une croyance bien définie et
que tu as pu en identifier l’origine, on va pouvoir passer
à sa transformation. Si aujourd’hui elle te limite, c’est précisément
parce que tu as une vision binaire des choses, qui te fait voir l’objet
de ta croyance uniquement sous un prisme super négatif.

Ce qu’on souhaite donc faire, ce n’est pas renier ta


réalité, mais, comme on l’a vu dans la partie sur les
prismes d’interprétation, que tu puisses élargir ta
vision des choses afin de gagner en objectivité et te
permettre de voir que ce en quoi tu crois dur comme
fer n’est pas nécessairement vrai. Pour faire ça, on va
donc utiliser l’outil des hémicycles qui se présente de
la manière suivante :
Le poids des contre-exemples

Pour faire simple, l’hémicycle complet représente la


réalité globale, ou comme on l’a vu précédemment, le
territoire. L’angle, quant à lui, représente ta réalité à toi.
Pour t’affranchir de tes croyances limitantes, tout
l’enjeu de l’exercice consiste donc à sortir de ta tête et
à essayer d’imaginer d’autres réalités. Facile à dire,
mais beaucoup plus compliqué à faire ! Parce que si tu
es vraiment très enfermé dans tes croyances, ça
revient un peu à te demander de taper un grand écart
alors qu’en réalité t’as la souplesse d’un chêne
centenaire. Alors, vu que c’est impossible, je préfère
largement que tu ailles doucement et que tu
réussisses à ouvrir ton prisme d’interprétation
centimètre par centimètre comme un col de l’utérus
plutôt qu’en un millième de seconde comme un grand
écart de championne du monde de GRS.
Mais concrètement, comment est-ce qu’on fait pour
réussir à sortir de notre angle ? Rien de très glamour, il
va falloir que tu te lances dans un vaste travail de
recherche et que tu nourrisses ton cerveau de
nouvelles perspectives. Et pour guider ce travail, tu vas
pouvoir t’appuyer sur trois éléments super puissants
qui, petit à petit, vont te permettre de prendre
conscience que ton raisonnement a des trous dans la
raquette et ne tient pas vraiment debout. Le premier
élément que tu vas pouvoir utiliser, ce sont les contre -

exemples En effet quand on est ultra buté dans notre


. ,

interprétation de la réalité rien de tel que des contre


, -

exemples pour ouvrir le champ des possibles .

Par exemple, si aujourd’hui tu ne te lances pas dans


l’entrepreneuriat parce que t’as peur de te planter et que t’es
persuadé que l’échec signe ton arrêt de mort professionnel, tu ne
vas pas avoir besoin de chercher bien loin pour te rendre compte
que c’est archifaux. Il suffit de se pencher sur les histoires de
grands entrepreneurs tels Steve Jobs ou Oprah Winfrey,
d’écrivains tels J. K. Rowling, de sportifs comme Rafael Nadal ou
Simone Biles ou d’inventeurs comme Thomas Edison pour
s’apercevoir que c’est grâce à leurs multiples plantages qu’ils ont
pu trouver la solution à leurs problèmes, donner vie à leur œuvre
et atteindre le succès. Ce qui nous permet in fine de voir que
certes l’échec peut être vécu comme une humiliation, mais qu’il
existe une autre réalité où l’échec est un tremplin direct vers
la réussite.

Le bon usage des définitions

Le deuxième élément que tu peux utiliser pour


construire ton hémicycle, ce sont les définitions. En
effet, les croyances sont, par essence, des
interprétations subjectives de la réalité qui
s’affranchissent très souvent de la définition initiale
des termes qu’elles comportent. Donc, pour y remédier,
rien de tel qu’une petite balade dans ton Larousse
pour revenir aux fondamentaux et redonner un sens
objectif aux mots que tu utilises. Typiquement, tout le
monde me bassine en ce moment avec le syndrome de
l’imposteur. Alors que l’expression avait à l’origine été
formulée pour adresser des problématiques de
légitimité, elle est désormais utilisée à tout bout de
champ pour qualifier n’importe quelle problématique
liée à la confiance en soi, qu’on se lance dans un
nouveau projet, qu’on obtienne une promotion après
quarante ans d’expérience ou qu’on écrive un livre.
Résultat, je ne peux pas compter le nombre de clients
qui, au moment de se lancer dans l’entrepreneuriat
après avoir terminé leur reconversion, me disent qu’ils
sont bloqués par la croyance « pour se lancer dans
l’entrepreneuriat, il faut être légitime ». Dès lors, quand
on regarde de plus près la notion de légitimité, on se
rend compte que cela correspond à la capacité d’une
personne à obtenir des résultats au sujet d’une
problématique donnée.
La légitimité c est donc détenir une forme d expertise
, ’ ’

sur un sujet c est avoir fait ses preuves et c est


, ’ ’

réussir à apporter de la valeur ajoutée dans son


domaine Or, les trois quarts des gens qui se lancent
.

dans l’entrepreneuriat sont complètement débutants


et ne cochent aucune des cases de la légitimité. Ils ont
tout à construire, tout à tester, tout à améliorer, tout à
prouver ! Ce qui nous permet de nous rendre compte
que la croyance initiale « pour se lancer dans
l’entrepreneuriat, il faut être légitime » est
complètement bancale. Et qu’en se basant sur les
définitions, des croyances objectives ressembleraient
beaucoup plus à « pour se lancer dans
l’entrepreneuriat, il faut accepter d’être débutant, de
ne pas tout maîtriser, de passer un peu pour un glandu
et de mettre son ego de côté » et à « Il faut être
légitime pour garantir à Marie-José que je peux régler
son problème ».
Les définitions basiques et sans pathos sont un trop
bon moyen de voir les incohérences dans le
raisonnement à l origine de la création de tes

croyances donc n hésite pas à en user et à en abuser


, ’ .
Les faits

Enfin, le dernier paramètre que tu peux utiliser, ce sont


les faits. Et pour faire ça, une bonne question à te
poser est : « Qu’est-ce qui demeure vrai et factuel une
fois que tu ne fais plus de suppositions ou de
projections ? » Si tu es complètement terrorisé à l’idée
de valoriser financièrement ton travail parce que tu es
convaincu que l’argent est à l’origine de tous les maux
de la Terre, essaie d’analyser le concept d’argent avec
un regard neutre et dépourvu de pathos.

Par exemple, lorsque j’ai personnellement travaillé sur cette


croyance, en revenant aux faits et en prenant un peu de recul, je
me suis vite rendu compte que l’argent en tant que tel, c’était
juste du papier ou des lignes informatiques sur un compte qui
permettaient d’échanger des biens et des services entre humains.
J’ai pu aussi constater que, contrairement à ce que je pensais, ce
n’était pas une denrée rare puisque la richesse mondiale qui
s’élevait à 440 trillions de dollars en 2000 est passée à
1 540 trillions en 2020. Et en tirant un peu le concept par les
cheveux, je me suis aussi aperçue que l’argent avait une liberté de
mouvement équivalente à celle d’un enfant de trois ans et ne
pouvait absolument rien faire de son propre gré. Ce qui signifie
donc à mon sens que, si l’argent est simplement un morceau de
papier qu’on s’échange entre humains pour satisfaire des intérêts
personnels, le pauvre ne mérite pas tant de haine.
Parce qu’en revenant aux faits, on se rend compte que
l’argent est neutre et n’a aucun dessein particulier. Il
permet simplement de révéler les véritables intentions
des humains qui l’utilisent. Et plus une personne
possède de ressources financières, plus l’argent va
pouvoir agir comme un amplificateur des valeurs de la
personne concernée. En caricaturant ce n’est pas
l’argent qui est fondamentalement bon ou mauvais,
mais bien les humains qui l’utilisent. Si une personne a
de très fortes valeurs d’altruisme, de
professionnalisme et de transparence, l’argent va
pouvoir amplifier ces valeurs. Au contraire, si le rêve
d’une autre personne est de vomir sur toute
l’humanité, d’arnaquer des mamies et de faire régner la
peur, alors l’argent va lui permettre d’amplifier sa
capacité à atteindre ses objectifs ainsi que son
pouvoir de nuisance.
Quand on voit les choses de cette manière, on se rend
bien compte que notre croyance initiale est un peu
bancale et que ce n’est donc pas l’argent qui est à
l’origine de tous les maux de l’humanité, mais plutôt
l’accès au pouvoir des gens malintentionnés. Et là où
ça va encore plus loin, c’est qu’une fois mon
raisonnement mis à jour, j’ai aussi pris conscience du
fait que s’il y a autant de gens mal intentionnés en
position de pouvoir, c’est notamment parce
qu’énormément de personnes qui auraient envie de
contribuer positivement à la société sont terrorisées
par l’argent, l’influence et le pouvoir. Comme moi il y a
encore quelques années, ils considèrent que c’est le
diable et qu’ils ne pourraient même pas le toucher avec
un bâton. Résultat, les valeurs portées par ces gens
restent silencieuses dans leur coin à jouer solo dans le
bac à sable au lieu d’être amplifiées.
Donc prends toi pour Amal Alamuddin Clooney 1 à la
, - -

Cour International de Justice plaide l opposition à tes


, ’

croyances limitantes comme si ta vie en dépendait


quitte à te faire l avocat du diable et use de tes

recherches pour élargir ton angle centimètre par ,

centimètre !

LA RÉÉCRITURE
DES HISTOIRES
Attention, ce n’est pas parce que nous n’en avons parlé que
brièvement et que je ne t’ai pas fait une démonstration exhaustive
de l’exercice qu’il faut que tu lésines sur le travail de recherche qui
va te permettre de rééquilibrer tes hémicycles. Tout comme ton corps
va être incapable de pallier tes carences nutritionnelles situ le nourris
exclusivement de pâtes carbonara chaque jour que Dieu fait, ta tête ne
va pas non plus pouvoir comme par magie voir les choses
différemment si tu ne la nourris pas d’autres histoires, expériences
et points de vue sur tes croyances.
Ce n’est pas parce que le livre continue que tu as la
permission de faire l’impasse sur cet exercice. Au
contraire, c’est le moment de passer en mode
journaliste d’investigation et de poncer YouTube,
Netflix, la bibliothèque de ton quartier, les histoires de
ton entourage et les biographies de personnes qui
t’intéressent pour te prouver que ce que tu t’enfonces
dans le crâne à coups de marteau depuis des années
relève plus du lavage de cerveau que d’un
argumentaire raisonnable. Cela étant dit, si — et
uniquement si — tu as fini le travail de recherche des
hémicycles, tu vas donc pouvoir passer à l’étape
suivante qui consiste à réécrire les histoires que tu te
racontes et que, comme le dit si bien Jen Sincero 2, tu
te passes en boucle comme un disque rayé.

Transformer sa croyance

Rien de plus simple, il suffit que tu prennes un


morceau de papier ou que tu ouvres un Google Doc sur
ton ordi et que tu commences par écrire l’histoire
initiale que tu te racontais au sujet de ta croyance.
Si ta croyance était « se mettre en avant sur
Instagram est un truc de meuf égocentrique qui se la
pète », tu vas donc expliquer pourquoi jusqu’ici tu as
cru en cette croyance. De mon côté, mon histoire
ressemblait sûrement à quelque chose comme :

Se mettre en avant sur les réseaux sociaux,


c’est prétentieux parce que, quand on
s’affiche, c’est forcément hyper faux et pour
"
moi, c’est forcément montrer que t’as besoin
d’attention. En plus, si je fais la promotion de
mon travail sur Insta, ça veut dire que
je pense que j’ai destrucs intéressants à dire,
que je pense que je suis experte de mon
sujet alors que pas du tout et que je me
crois supérieure pour pouvoir donner des
conseils aux autres alors que je n’ai moi-
même pas encore réglé tous mes problèmes.
Je comprends pas pourquoi les gens ont
un tel besoin de partager leur life et de se
mettre en scène, on dirait un concours de
yorkshires, ça sert absolument à rien et c’est
le summum dela culture du vide.
"
Une fois que tu es satisfait de ton ancienne histoire et
que tu as l’impression qu’elle reflète bien le fond de ta
pensée, tu vas donc pouvoir utiliser les éléments de
ton travail de recherche pour la réécrire. Attention, le
but de cet exercice n’est pas juste d’écrire une
nouvelle histoire qui serait sexy sur le papier, mais à
laquelle tu ne souscris pas du tout. On ne va pas
utiliser la méthode Coué et te marteler le cerveau avec
ta nouvelle histoire jusqu’à ce que tu y croies. Ce qu’on
veut, au contraire, c’est que tu aies assez poussé le
travail de recherche pour trouver des arguments qui te
convainquent que ta croyance limitante initiale est
bancale et qu’il est nécessaire de la mettre à jour.
Pour te donner un exemple, voici comment j’ai
transformé ma croyance « se mettre en avant sur
Instagram est un truc de meuf égocentrique qui se la
pète » une fois mon travail de recherche terminé :

Me mettre en avant sur les réseaux sociaux


permet de promouvoir mon travail qui
consiste à aider des personnes qui n’ont pas
"

suffisamment confiance en elles pour


assumer leurs véritables envies. Si je
neme mets pas en avant, ça veut dire que
jegarde mes compétences et la valeur
ajoutée de mon travail pour moi et que je
laisse les gens que jepourrais aider dans la
merde. Donc, me censurer est égoïste alors
que mettre montravail en avant est
finalement plutôt généreux. Par ailleurs, oser
exposer son travail auprès d’un public revient
directement à l’exposer à la critique et à
risquer d’être assez vulnérable, donc c’est un
exercice qui est hautement courageux et loin
d’être égocentrique. Mettre en avant mon
travail est aussi une marque de respect
envers moi-même et de maturité, car cela
signifie que je suis sortie de la cour de récré
et que j’arrête d’attendre l’autorisation
de la maîtresse, du groupe populaire et
de la Terre entière pour commencer à exister
et que j’arrête de me faire intimider par les
gros tyrans qui sont aussi fermés d’esprit
qu’un pot de cornichons rouillé. Et enfin,
me mettre en avant est aussi une marque
d’humilité et de pragmatisme, car en
exposant mon travail et en affrontant ma
peur du regard des autres, je me rends aussi
compte que l’humanité ne tourne pas autour
de mon nombril et que 99 % des gens n’en
ont absolument rien à foutre de mon travail
et sont bien plus occupés par leurs
problèmes que par le dernier réel que
j’ai publié. C’est voir que personne ne
m’attend vraiment au tournant et que si je
veux vivre de mon entreprise, il va
sérieusement falloir que je me donne
les moyens de me faire connaître, car non,
jene suis pas le talent caché que Beyoncé
cherche désespérément à découvrir et je
vais devoir, comme tout le monde, mettre les
mains dans la merde et avoir parfois l’air
un peu ridicule avant de créer de l’intérêt
autour de ma marque.

"
Personnellement, même si ça ne m’a pas empêchée de
me taper des descentes d’organes et des envies de me
terrer loin de toute forme d’humanité, cette histoire
m’a aidée à affronter mes premiers haters, mes potes
qui se moquaient gentiment de moi, des inconnus qui
rigolaient quand je leur expliquais ce que je faisais
comme travail ou des membres de mon entourage un
peu sceptiques. Parce qu elle me rappelle

constamment que derrière les critiques se cachent


très souvent des juges et non pas des créateurs Et .

que ces juges n’auraient pas le dixième du courage


qu’il faut pour se lancer et ne risqueraient jamais de
se confronter à la critique. Je sais donc aujourd’hui
que la majorité de ceux qui critiquent avec le plus de
véhémence sont des consommateurs qui n’ont aucune
idée de ce qui se cache derrière le processus créatif.
Et je sais aussi que ce qu’ont en commun toutes les
personnes qui n’ont pas besoin de défendre leur travail
c’est soit qu’elles ne créent pas, soit que quelqu’un le
fait pour elles. Raison pour laquelle, après avoir
effectué mon travail de recherche et réécrit mon
histoire, je serai toujours beaucoup plus admirative de
quelqu’un qui essaie et qui se lance, même si je ne suis
pas fan du travail en tant que tel, que de quelqu’un qui,
certes garde la face et est irréprochable, mais n’a
jamais eu les ovaires de créer quoi que ce soit.
Une fois que tu as ta nouvelle histoire et que tu y as
mis tout ton cœur, toute ton âme et toutes tes
convictions, on va la synthétiser avec une punchline
ou phrase forte. L’objectif ici, c’est de pouvoir la
dégainer de ta poche chaque fois que ta vieille
croyance refera surface pour la contre-attaquer en
mode Attaque éclair de Pikachu et faire en sorte qu’elle
ne te mette pas en PLS. Pour cela, fais toi confiance et
-

écris la avec ton propre style Personnellement, les


- .

choses me parlent davantage avec des « putain »,


« f*cking » et « foutre ». Raison pour laquelle ma
nouvelle croyance ressemble à « me mettre en avant
pour promouvoir mon travail est putain de courageux
et me permet d’aider des gens trop stylés qui ont
besoin de moi. Et si des gros butés ne comprennent
pas ça, ce n’est pas mon problème. » Mais l’idée, c’est
qu’il faut que ça te parle à toi. Alors, si tu es plutôt
poésie, rap, simplicité, humour ou spiritualité, reformule
ta nouvelle croyance jusqu’à ce que tu aies la
sensation qu’elle traduit bien le fond de ton âme et
qu’elle sera suffisamment puissante pour
t’accompagner dans les moments de doute.
1. * L’épouse de l’acteur George Clooney est avocate.

2. Coach et conférencière américaine.


PARTIE 4

PASSER À L ACTION

LA CRÉATION N EST PAS UN LONG

FLEUVE TRANQUILLE

L INCONFORT

Un jour, une femme qui souhaitait travailler avec moi en coaching


m’a dit, très surprise, à la fin d’un appel découverte sur Zoom :
« Alors, c’est tout ? Il suffit d’apprendre à se connaître et de mettre
à jour son système de croyances pour vivre sa best life ? No way! »

Et si son scepticisme autour du développement


personnel est partagé par autant de monde, c’est
parce qu’il fait perdurer un mythe qui prête à
confusion et qui surtout vend de fausses
promesses. En effet, beaucoup de gens sont
aujourd’hui persuadés qu’en trouvant leur voie, en
atteignant leurs objectifs, en prenant confiance en
eux et en s’affranchissant du regard des autres,
tous leurs problèmes vont être réglés. Un peu
comme ceux qui pensent que gagner au Loto va
résoudre leurs difficultés conjugales et leur garantir
de se lever heureux tous les matins. Certes, ça va
leur permettre de se lever plus détendus parce que
la pression financière sera levée, mais ça ne les
dispensera pas d’être tristes quand leur chien va
mourir ou de se sentir perdus parce que leur vie n’a
aucun sens. Eh bien, le développement personnel,
c’est pareil ! Le fait de trouver ta voie ne supprimera
pas non plus les jours de flemme les conversations
,

difficiles la peur de lancer de nouveaux projets ou


,

encore le besoin de partir en vacances même si la


,

majorité du temps tu adores ce que tu fais Tu vas


.

vivre exactement les mêmes émotions désagréables


que celles que tu vis dans un taf que tu détestes la,

seule différence étant que tu les vivras pour


quelque chose qui aura plus de sens pour toi .

Sors de ta zone !

Donc, maintenant qu’on va entrer dans le passage à


l’action, je ne veux absolument pas te dégoûter à
l’avance, mais je veux vraiment que tu aies en tête
que vivre une vie alignée avec ta personnalité et tes
aspirations n’est en aucun cas une balade de santé.
C’est une grande aventure qui va t’apporter autant
de fierté, de joie et de sens que de nœuds au
cerveau, de larmes et de crises existentielles.
L inconfort est une condition indispensable à la

réalisation de tes ambitions qu’il s’agisse de faire un
,

featuring avec Cardi B, de devenir chasseur-cueilleur


ou d’arrêter de passer seize heures sur vingt-quatre
à mater The Big Bang Theory Et le truc qui consiste
.

à te vendre que trouver ta voie et prendre confiance


en toi, c’est l’équivalent de trouver l’anneau, c’est
faux, c’est dangereux et c’est de la merde. À tel point
que parfois, après avoir essayé d’atteindre leurs
objectifs et pris conscience de tout le travail que ça
impliquait, certains clients se sont mis à chérir leur
vie salariée plus confortable et y sont retournés
avec beaucoup plus d’amour, d’égard et de gratitude.
Parce qu’ils se sont rendu compte qu’ils s’étaient fait
une image complètement fantasmée de la
réalisation de leurs rêves et que tout ce qu’ils
souhaitaient dorénavant, c’était arrêter de se
prendre la tête et avoir la paix.
Maintenant, ce qui est complètement fou, c’est que,
quand on y réfléchit, l inconfort n est rien d autre
’ ’ ’

qu une petite sensation désagréable incommode ou


’ ,

pénible qui va nous traverser des orteils aux


neurones de manière temporaire Et pourtant, ce
.

ressenti a un pouvoir surdimensionné parce qu’on y


est tellement allergique et intolérant qu’il finit par
totalement nous paralyser. Ce qui explique pourquoi,
au quotidien, c’est quasiment impossible de passer
la barrière d’inconfort pour te motiver à aller au
sport, devoir dire à ton boss que tu souhaites une
augmentation, faire tes propres choix, quitter ton
conjoint, parler en public ou encore te lancer seul
sur scène…
Dès lors, quand tu vas passer à l’action et que tu vas
te faire submerger par toutes les vagues de
sensation ultra désagréables, je veux que tu te
souviennes de ce qu’on a vu plus haut et du fait que
l’objectif de ton cerveau est de te maintenir en vie en
économisant le plus d’énergie possible. Donc, si, par
exemple, tu souhaites quitter ton job d’expert-
comptable pour ouvrir ta fromagerie, tu vas
raisonner en termes d’épanouissement personnel, de
quête de sens et de réalisation de soi alors que ton
cerveau va raisonner en termes d’investissement, de
valeur ajoutée et de risque. Il va voir que tu dois
trouver des producteurs, faire un business plan y ,

dédier toutes tes économies, trouver des clients,


manager une équipe ou encore t’occuper des
normes d’hygiène, et ce, pour une valeur ajoutée qui
est complètement incertaine.
Le risque étant grand, il va donc tout mettre en
œuvre pour te dissuader de poursuivre ton projet en
te bombardant d’inconfort. Sauf que si cette
manière d’opérer était sûrement ultra efficace dans
notre passé de chasseurs-cueilleurs et de
cohabitation avec les mammouths où notre sécurité
était constamment menacée, elle nous condamne
un peu à nous réveiller à 97 ans en ayant passé les
trois quarts de notre vie à regarder des vidéos de
chats en mangeant des nuggets. Si on veut éviter ce
destin, il va donc falloir apprendre à entraîner notre
cerveau à arrêter de considérer l’inconfort comme
quelque chose à éviter à tout prix et lui faire prendre
conscience que c’est une étape indispensable de
notre évolution personnelle.

Mon meilleur ennemi

Ton taf à partir de maintenant, c’est donc de devenir


meilleur pote avec Inconfort. Pour faire ça, tu vas
devoir passer le plus de temps possible avec lui afin
que ton cerveau arrête de le voir comme une vieille
chaussette radioactive et t’examiner de près afin de
définir quels sont ses principaux déclencheurs.
Par exemple, mon plus gros déclencheur d’inconfort
dans le travail est la perte de contrôle durant
l’écriture. Ainsi, quand je rédige un article ou un
script de podcast, mon réflexe numéro 1 est
d’anesthésier l’inconfort ressenti en me jetant sur
Instagram dès que je n’ai plus le contrôle sur ma
pensée, que je cherche mes mots ou que je n’arrive
pas à tourner une phrase comme je le souhaiterais.
Or, il existe une technique surpuissante pour apaiser
notre aversion à l’inconfort qui consiste à avatariser
notre ressenti sous la forme d’un petit personnage.
Comme ça, quand il débarque, tu peux lui dire
bonjour, le sommer de se calmer ou se foutre de ses
penchants de drama-queen qui surréagit à la
moindre contrariété, pour dédramatiser la situation.
Personnellement, ça m’a permis de relativiser à fond
sur le travail d’écriture, de me rendre compte que les
premiers jets n’étaient toujours que des brouillons
et d’intégrer que ce n’était qu’en m’autorisant à
écrire de la merde que je pouvais ensuite arriver à un
produit fini. Et en comprenant que ça faisait partie
intégrante du processus, j’ai donc arrêté de me
stresser quand je n’arrivais pas directement à sortir
sur le papier ce que j’avais en tête : après quelques
mois d’entraînement, l’inconfort lié à la perte de
contrôle dû à l’écriture avait disparu.
Si ton déclencheur privilégié d’inconfort est le regard
des autres, la critique ou le rejet, alors essaie
justement de te créer des situations légèrement
intimidantes, susceptibles de générer des
désaccords ou de petites critiques : demande à ton
boulanger de t’offrir ton pain au chocolat, appelle le
standard de la boîte de tes rêves pour demander si
tu peux parler au CEO, parle de tes opinions à une
personne de confiance, demande à un inconnu si tu
peux le prendre en photo dans la rue… Bref, sois
créatif jusqu’à rendre l’inconfort du non et de la
critique si familier qu’il en sera moins inconfortable.
Pour autant, prépare-toi : bien que l’inconfort soit
désarçonnable, il y a fort à parier que ton cerveau
t’enverra le plan Vigipirate de la dissuasion à base de
tachycardie, transpiration des cuisses, gorge sèche,
eczéma, scénarios catastrophes et menaces de
mort dès que tu essaieras d’aller à l’encontre de ses
plans.

Donc pour le calmer voici la stratégie à suivre


, , :

1. débuter tout petit avec des microactions pour


assouplir ton cerveau,
2. augmenter le niveau dès que tu te sens à l’aise
3. tenir assez longtemps pour que ton cerveau
capitule et intègre ton nouveau paradigme
comme sa nouvelle référence.

Seul moyen pour y parvenir : accepter à 500 % ta


position de débutant, ainsi que la vulnérabilité et
l’absence de contrôle qui va avec. Parce qu’en réalité,
si on est si peu enclin à accepter l’inconfort, c’est
parce qu’il nous renvoie à notre statut d’être faillible,
qui n’a pas réponse à tout et qui ne peut pas se
cacher derrière son expertise. Souviens-toi que rien
n’est plus courageux et intelligent que de dire que tu
ne sais pas pour te mettre en position
d’apprentissage, quitte à te sentir con devant tes
collègues, ta famille ou ton partenaire de salsa.
Donc, écris-le partout sur les murs de ta maison,
dans ta voiture et sur tes taies d’oreiller : « Accepter
d’être vulnérable est le truc le plus badass et
courageux de la Terre. »

LE PROCESSUS
CRÉATIF
Maintenant que tu sais à quoi t’attendre et que tu es prévenu
que la réalisation de tes aspirations ne sera pas une balade
de santé, j’aimerais te préparer davantage mentalement
en te parlant des différentes étapes du processus créatif.

Si nous sommes aussi nombreux à abandonner nos


rêves de création, c’est parce que la majorité d’entre
nous n’a absolument aucune idée du déroulement du
processus créatif. Et je pense sincèrement que si le
fait de créer génère autant de résistance, c’est
parce que nous ne voyons de la création que des
produits finis, mais jamais le travail qu’il y a derrière.
Nous sommes alors persuadés que la création est
rapide, facile et fluide.
Spoiler alert la création est le pire grand huit
,

émotionnel que tu puisses t infliger C’est


’ .

dégueulasse et c’est plein de doutes, de remises en


question, de labeur, d’envie de tout abandonner, de
gens qui projettent leurs propres limites sur toi, de
blocages et de tendinites du cerveau.
Alors, je sais que ce n’est pas le cas de tout le monde
et que plus on crée moins c’est chaotique parce
qu’on intègre que ça fait partie du jeu. Mais pour
tous ceux qui n’ont pas été élevés dans des familles
de créateurs ou qui n’ont pas été familiarisés au
processus créatif, créer est une entreprise
complètement maso. Pourtant, si autant de gens se
lancent dans cette grande aventure de la création,
c’est parce qu’à la clé se trouve la crème de la crème
des émotions que notre expérience humaine nous
permette d’expérimenter. C’est-à-dire
l’accomplissement, la joie, la fierté, la puissance et la
croissance. Et donc, pour ceux qui y ont déjà goûté
et qui ont pu jouir des fruits de leur création, se
mettre en action devient moins difficile parce qu’ils
savent pertinemment qu’une part de souffrance est
inhérente au processus créatif et donc ils ne
cherchent plus à l’éviter.
Le problème, c’est que quand on crée pour la
première fois, on n’a aucune idée de ce qui nous
attend, et la seule chose dont on dispose est la
simple perspective d’un éventuel accomplissement. Il
est donc évident qu’au moment d’entrer dans la
zone de turbulence, on va se faire assaillir de
pensées du style « Est-ce que tout ça vaut vraiment
la peine ? » ou « Mais si j’étais faite pour ça, ce
serait plus facile » et finir par tout mettre en pause.
C’est donc super important que tu comprennes les
différentes étapes du processus créatif, si tu fais
partie des gens qui créent pour la première fois et
qui se retrouvent complètement bloqués, parce que
ça va te permettre de comprendre que tes réactions
sont normales et d’arrêter de culpabiliser. Ce
processus n’a bien entendu pas été breveté par un
professeur de Polytechnique, il peut être différent
pour tout le monde et être aussi une balade de
santé. Cela étant, en discutant avec différents
créateurs et en me documentant sur la relation à la
création de différents entrepreneurs ou écrivains
comme Colette qui se faisait enfermer dans son
bureau pour écrire, je me suis rendu compte que ces
étapes étaient assez universelles.

# 1 L’idée

La première étape du processus créatif est l’idée.


Cette étape est formidable parce que c’est celle de
toutes les possibilités : aucun espoir déçu, aucune
désillusion, c est le moment où le champ des

possibles est grand ouvert et que la seule limite à ce


qu on peut faire est notre imagination C’est un
’ .

moment de projection très fort et fortement


ponctué de « trop stylé », « ce serait trop bien de
faire ça », « ça me permettra d’acheter une maison,
un Leonberg 1 et de ne travailler que quinze heures
par semaine ». On vient valider cette projection de
joie avec les photos, vidéos et retours d’expérience
de différents influenceurs qui ont accompli les
objectifs auxquels on aspire. On voit tout dans sa
tête, on se dit que ce serait ouf, que ça nous
apporterait amour, prospérité, reconnaissance et
sens à notre vie… Et ce, jusqu’à carrément venir
court-circuiter le cerveau des plus enthousiastes.
Un peu comme un coup de foudre, quoi. On bave, on a
des papillons dans le ventre, on est complètement
aveugle aux éventuelles frictions et à aucun
moment l’idée qu’il puisse y avoir une couille dans le
pâté ne nous effleure l’esprit. Bref, c’est souvent une
période d’intense motivation, d’excitation, d’espoir,
d’alignement et d’envie de tout déchirer.

# 2 Le brouillon

Après l’idée vient l’étape du brouillon. C’est le


moment où tu vas poser sur le papier ou sur Word
tout ce qu’il y a dans ta tête. Imaginons que tu
souhaites créer une formation en ligne sur la
confiance en soi, le brouillon va donc être le maxi
brainstorm qui va regrouper toutes tes pensées sur
ce sujet : les idées de modules, les questions que tu
te poses, les objections, tes inspirations, tes
questionnements, tes envies, des idées de plan, des
punchlines… Bref ! Vraiment tout ce que tu peux
trouver en rapport avec ton idée. C’est une étape
très importante parce qu’elle permet justement
d’éviter le syndrome de la page blanche qui souvent
arrive quand on souhaite que les choses prennent
forme tout de suite. Et ce qu’il faut absolument que
tu aies en tête, c’est que ton brouillon n est pas un

produit fini ! C’est l’étape du chaos, de


l’éparpillement, du ratissage ultra large et de
l’incohérence la plus totale. Ressentir de la totale
maîtrise, de la cohérence et de la certitude à cette
étape est donc un très mauvais signe, car cela
signifie probablement que tu es resté dans ta zone
de confort et de savoir et que tu t’es fermé à des
pistes qui pourraient avoir beaucoup de valeur
ajoutée.

# 3 La recherche

Après avoir fait un premier brouillon vient souvent


l’étape de la recherche. Personnellement, après
m’être laissé la possibilité de m’exprimer sans me
censurer, j’aime aller regarder ce qui a déjà été fait,
ce qui m’inspire ou ce qui ne me plaît pas pour
cadrer mes idées. Mais pour certaines personnes,
cette étape peut venir plus tard, donc fais ta propre
sauce ! La période de recherche est le moment
propice pour regarder les offres de coaching si tu
souhaites créer la tienne, d’écouter plein de musique
tu te lances dans la création de ton premier EP 2 ou
de regarder plein de vidéos YouTube si tu souhaites
lancer ta chaîne. Le but est de te donner de
l inspiration de commencer à faire le tri dans les
’ ,

idées de ton brouillon de répondre à tes premières


,

interrogations de comprendre par comparaison ce


,
qui fait ta singularité et ta valeur ajoutée et de
commencer à affiner ton projet .

Personnellement, c’est l’étape que je préfère, car elle est très


enrichissante. Pourtant, je l’ai toujours minimisée, car c’est une
période improductive. Or, comme j’ai tendance à associer ma
productivité à la production pure (c’est-à-dire filmer une vidéo,
créer le script final d’un podcast, avoir fait les mises à jour de
ma formation), il m’est difficile de vraiment assumer les temps
de recherche, me donnant l’impression de ne rien faire.
Pourtant, personne n’a jamais écrit sa thèse sans faire de
recherche préalable.

Donc, vraiment, si tu ne veux pas commettre la


même erreur que moi et perdre du temps plus tard,
prends celui de t’inspirer et de comprendre ce qui
fait ta singularité. Une grande partie du processus
créatif se fait dans ta tête et n’est pas productive.
Et c’est absolument normal.

# 4 La digestion-décantation

Après l’excitation des débuts vient la digestion. Tu


sais bien que quand tu as mangé un énorme poulet
rôti, que tu t’es gavé de petits fours, que tu as repris
trois fois de la terrine et que tu t’es fait un refill de
pommes de terre avant de passer au millefeuille, il
est déconseillé d’aller courir ou de te taper les exos
de Pamela Reif 3. Eh bien, c’est exactement pareil
avec ton mental. Il faut lui laisser le temps de se
reposer et de décanter tout ce qu il a emmagasiné

pour éviter l indigestion Sauf que c’est assez contre


’ .

nature parce que, comme je le disais précédemment,


la majorité d’entre nous associe encore leur valeur
personnelle à leur productivité. Résultat, on squeeze
complètement cette étape parce que nos croyances
limitantes nous formatent à croire que ne rien faire,
c’est perdre du temps, que c’est être flemmard et
que pour être méritant on doit toujours être en
action. C’est une des étapes du processus créatif les
plus difficiles à respecter tellement cette croyance
« productivité et mérite » a longtemps été intégrée
dans mon cerveau.

# 5 La construction

Une fois que tes idées seront un peu plus claires,


c est le moment de sortir de ta tête de relever tes
’ ,

manches et de te confronter à la réalité en entrant


dans la période de construction Or, si cette étape
.

s’avère être l’un des plus gros cimetières de projets,


c’est précisément parce qu’elle est souvent associée
à une grosse période de désillusion. En effet, quand
tu mets les mains dans le cambouis pour construire
ton projet, tu vas entrer dans la phase ultra
désagréable où rien de ce que tu fais n’est à la
hauteur de tes idées. Ce fossé béant entre ce que tu
imaginais et là où tu es présentement te met face à
une montagne à gravir pour atteindre ton objectif,
venant tester ta patience jour après jour. Mark
Manson, blogueur, conférencier et auteur du
formidable livre LArt subtil de s en foutre 4, explique
’ ’

d’ailleurs très justement que c’est la raison pour


laquelle savoir ce que tu veux n’est pas suffisant
pour te permettre de perdurer dans la phase de
construction. En réalité, tout le monde rêve plus ou
moins de prospérité, d’accomplissement et de
réussite. Ce qui fait la différence, c’est de savoir
pourquoi tu es prêt à en chier. La période de
construction est un tel grand huit émotionnel où
s’alternent constamment l’envie, l’effort, la perte
d’intérêt, l’inspiration, les pics d’énergie, la désillusion,
la répétition, l’apprentissage, les erreurs, la remise en
question, le stress et le contentement que tu vas te
sentir bringuebalé et déstabilisé tous les quatre
matins. Savoir que c’est absolument normal t’aidera
à tenir dans les moments compliqués. L’idée n’est
donc pas de tout stopper quand ça se corse, mais
bien de faire un break de quelques mois, de
retourner à l’étape de digestion, de respirer un bon
coup ou de prendre ton aprèm. T’es dans le game
pour le long terme, donc ménage ta monture.

# 6 Le partage

Enfin, la dernière étape qui t’attend sur la ligne


d’arrivée du processus créatif est le partage et
l’exposition de ton travail. Une chose très importante
que je veux que tu t’enfonces dans le crâne pour
cette étape, c’est que la plupart des créateurs avec
qui j ai eu l occasion de discuter ont tous en
’ ’

commun de n avoir jamais l impression d avoir fini


’ ’ ’ .

Beaucoup d’entre eux sont incapables de lâcher,


ressentent le besoin frénétique de retoucher leur
création et continuent de remettre en question leur
travail, de stresser, de douter au moment de le
présenter. Le truc qui fait que tu arrives à mettre un
point final à ton œuvre et que tu te sens finalement
prêt à la présenter est souvent lié au fait que tu en
fais une overdose tellement tu as travaillé dessus et
que tu es prêt à en finir. Évidemment que l’étape de
l’exposition est aussi vulnérable puisque tu offres à
la critique des projets et des idées qui ont vécu des
années dans ta tête et dans lesquels tu as mis tout
ton cœur et toute ton âme. Alors, si ça t’arrive, ne te
dis pas que c’est mauvais signe ! Au contraire,
bienvenue dans la communauté de tous les
créateurs de France, de Navarre et de la galaxie.

LE
PERFECTIONNI
SME
Pour certaines personnes, le perfectionnisme naît d’une forme
d’amour du détail, de la rigueur et de la précision, qui permet
de nourrir leurs valeurs hautes. Et dans ce cas-là, le perfectionnisme
ne va pas vraiment être un frein à la création, tant qu’il arrive
au bon moment, c’est-à-dire à la fin du processus créatif.

Pour d’autres, le perfectionnisme va cependant


naître de la peur d’être jugé, critiqué et menacé. Loin
d’être utilisé comme un moyen d’épanouissement, il
va au contraire être utilisé comme un mécanisme de
protection contre le regard des autres.

Dans mon cas, il y a encore quelques années, j’avais pour


objectif de devenir une machine de guerre dépourvue de
sentiments humains afin de travailler dix heures par jour, de
me lever à 5 heures du matin pour développer ma boîte, de ne
pas perdre en motivation, de faire du sport quatre fois par
semaine, de ne pas manger de frites, de ne pas avoir la flemme,
d’appeler ma grand-mère tous les week-ends, de donner des
cours de maths dans une association, de ne pas être fatiguée
et d’obtenir le NRJ Music Awards de la meilleure meuf du
monde… Non pas parce que ça me faisait kiffer et que c’étaient
des projets que j’avais au fond des tripes, mais parce que je
voulais être aimée et validée par la Terre entière.

Et pour réussir à savoir sur quel côté du


perfectionnisme tu te trouves voici quelques,

questions que tu peux te poser pour faire pencher la


balance :

Ton rapport à la minutie est-il joyeux et te permet-il


de te nourrir, d’atteindre tes objectifs et de
t’épanouir ou est-ce qu’il est forcé ?
Est-ce que la perspective d’être critiqué te
terrorise ?
Est-ce que tu es encore capable de spontanéité ?
Comment réagis-tu lorsque tu ne maîtrises pas
tout ?

Si la majorité de tes réponses traduisent de la peur,


de la résistance ou du stress, alors il est fort
possible que tu utilises le perfectionnisme pour
cacher ta crainte d’être vulnérable, faible ou faillible.
Ce qui, je te rassure, ne fait absolument pas de toi
quelqu’un de bizarre, mais plutôt quelqu’un de
normal. Parce qu’on est entraîné depuis tout petit à
croire qu’être vulnérable, c’est être faible, fragile,
dépendant et donc que c’est dangereux. On est
entraîné dès l’école primaire à éviter de commettre
des erreurs et à croire que si on en fait, c’est parce
qu’on a manqué de sérieux, de professionnalisme ou
de compétences. Parce que plus tu feras d’erreurs,
plus on t’enlèvera de points, plus tu te rapprocheras
de 0, moins tu seras considéré, moins tu auras de
chance d’accéder à certains parcours, moins tu
auras le choix et moins tu seras libre. Le résultat,
c’est qu’on a tellement intégré ce rapport à l’erreur
punitif et dévalorisant qu’on se retrouve à mettre
tout en place pour éviter les situations qui
pourraient nous conduire à être vulnérables,
faillibles et imparfaits.
Ce qu’on ne nous a pas dit, c’est que ce qui valait à
l’école ne vaut plus dans la vie. Parce qu’une fois
adulte, que se passe-t-il lorsque l’on refuse la
vulnérabilité ? On reste enfermé dans ce qu’on
maîtrise, dans ce qui est facile, dans ce qui est
confortable. On arrête d’explorer, d’apprendre, de
tester ou d’expérimenter puisque le faire
comporterait trop de risques de se tromper, de ne
pas avoir de réponses, de se perdre et de faire face à
des imprévus. Résultat, on gagne en sécurité, mais
on perd largement en liberté. Alors, pour essayer de
changer ça, une piste intéressante est de
transformer ses croyances limitantes liées à la
vulnérabilité.
La vulnérabilité est étroitement liée à la perte de
contrôle. Or, aujourd’hui, la plupart d’entre nous
associent quasi automatiquement l’absence de
contrôle à l’impuissance et donc à la faiblesse. Ce qui
s’avère une interprétation très restreinte puisqu’il
existe mille autres causes moins dramatiques qui
permettent d’expliquer la perte de contrôle. Et parmi
elles se trouve notamment l’apprentissage.
Littéralement, l’apprentissage est le processus par
lequel on doit passer pour acquérir un savoir, des
compétences ou encore une expertise. Plus
simplement, c’est ce qui permet de passer de
l’ignorance à la maîtrise. Or, apprendre nécessite
d’accepter de redevenir débutant, de mettre dix
heures à faire des choses que les gens avancés font
en une, de se faire assaillir par le doute, d’être
médiocre, de tester, de se tromper, de recommencer
et de répéter jusqu’à ce que les efforts paient. Bref,
l’apprentissage est la capitale mondiale de la
vulnérabilité.
À partir du moment où l on refuse la vulnérabilité on
’ ,

se met simultanément à refuser l apprentissage et


donc la croissance Si on prend les choses sous cet


.

angle, on se rend compte que la vulnérabilité est loin


d’être un aveu de faiblesse, mais bien un truc ultra
courageux qui requiert la plus grosse paire d’ovaires
de la Terre. Ce qui nous donne aussi un back-up pour
ne plus voir le perfectionnisme comme un gage de
force et d’infaillibilité, mais plutôt comme le reflet
d’un manque d’humilité et d’une forme de suffisance
qui nous poussent à croire qu’il est mal d’avoir
encore des choses à apprendre.
Mis à part l’apprentissage, une autre cause bien
connue de déclenchement massif de vulnérabilité
est le fait d’être soi à 300 % et d’arrêter de se mentir
ou de se lisser pour se conformer au regard des
autres. C’est oser raconter son histoire, briser des
tabous, ne pas penser comme tout le monde, sortir
du silence ou encore avouer une faute. Ce qui est
vulnérable parce que ça revient à se mettre tout nu
devant tout le monde et à prendre le risque d’être
rejeté, moqué ou jugé pour l’essence même de qui on
est. Et ne pas chercher à éviter ça à tout prix est
encore une fois une des choses les plus
courageuses qu’il nous est donné de faire dans nos
vies.
Bref, savoir se confronter à sa vulnérabilité, c’est
avant tout savoir faire preuve de courage et de
bravoure. Alors, évidemment, cela va sans dire que
tout est relatif et qu’évidemment certains d’entre
nous n’ont pas le luxe de s’affranchir du
perfectionnisme. Nos environnements de travail sont
encore largement calqués sur le système scolaire et
que le droit à l’erreur est un concept aussi peu
développé que les fromageries sur Pluton. Mais si tu
es dans le cas où la possibilité de commettre une
erreur ne menace pas ta capacité à manger ou à
payer ton loyer à la fin du mois, il faut t’entraîner à
pratiquer l’erreur et la vulnérabilité.
Parce que si tu es indépendant, entrepreneur ou
créateur de projets, le perfectionnisme peut devenir
une véritable menace à ton succès. C’est ce qui fait
que tu vas repousser la sortie de ton site Internet
pendant un an parce que tu trouveras toujours
quelque chose à lui reprocher. C’est ce qui fait que
tu ne lanceras jamais ta chaîne YouTube et que tu ne
feras jamais connaître tes sketchs. C’est ce qui fait
que tu reporteras constamment le lancement de ton
podcast parce que ce n’est pas assez complet à ton
goût. Bref, c’est ce qui fait que tu vas passer ta vie à
vivre dans ta tête jusqu’à ton 93e anniversaire où tu
n’auras peut-être plus la santé pour lancer
l’Instagram de cuisine dont tu as toujours rêvé.
Alors, pour éviter de te retrouver sur cet aller simple
à destination de l’enfermement à vie et de
l’abnégation de tes envies, je te donne deux pistes
pour réussir à dompter ton premier de la classe
intérieur et calmer ta peur d’être critiqué. Le premier
truc qui aide vraiment, c’est d’envisager le
perfectionnisme comme une posture égocentrique.
Dans le sens où ça concentre l’ensemble de tes
efforts non plus sur la production de valeur ajoutée,
sur l’amélioration de tes relations, sur
l’apprentissage, sur le partage ou sur le
développement, mais sur toi-même puisque l’unique
objectif consiste à te prémunir de la critique et du
jugement.
Et la seconde chose, c’est juste de prendre une
grande inspiration, de te rappeler de tout ce qu’on a
dit au sujet de la vulnérabilité et de te court-
circuiter le cerveau en assumant de faire quelque
chose d’imparfait pour lui montrer que tu ne vas pas
mourir et que tu ne vas pas finir en prison. Au début,
ça te paraîtra quasiment impossible parce que tu
auras entraîné ton cerveau à croire que
l’imperfection, la perte de contrôle et la vulnérabilité
sont le mal absolu, mais tes croyances sont comme
des muscles : tu peux à tour de rôle les consolider ou
les mettre au repos. Et plus tu pratiqueras
l’acceptation de la vulnérabilité, plus ça deviendra
facile, mais surtout plus ça ouvrira ton champ
d’exploration.
1. Chien de grande taille d’origine allemande.

2. Extended play .

3. THE fitness girl allemande.

4.Mark Manson, LArt subtil de s en foutre un guide à contre courant


’ ’ : -

pour être soi même, Eyrolles, 2017.


-
GUIDE DE SURVIE DE L EXPRESSION DE ’

SOI

DÉVELOPPER
TA VISION
Au début de mon aventure entrepreneuriale, j’entendais de tous les
côtés qu’il fallait que je développe ma vision. Qu’il s’agisse
de potes, de mon mec, de podcasts, de vidéos YouTube, de TED
Talks ou de citations inspirantes sur Instagram, l’injonction à rêver
me poursuivait où que j’aille…

Rien de ce que je faisais ne fonctionnait, je galérais


avec mes peurs et mes croyances limitantes,
j’avançais à trois à l’heure et je me retrouvais à
chialer hystériquement au milieu du Franprix quand
je ne trouvais pas de Chocapic parce que la
créativité et l’entrepreneuriat avaient clairement
cramé les derniers grammes de patience et de
sanité que j’avais dans le corps alors j’ai fait un rejet
catégorique du concept de vision. Parce que face à
ma boucle quantique d’échecs professionnels et
créatifs qui marquait mon quotidien depuis trente-
six longs mois et qui semblait bien partie pour se
répéter à l’infini, c’était pour moi inconcevable que
mes problèmes puissent être résolus en rêvant.
J’avais le pragmatisme chevillé au corps, je vomissais
la phrase « Vis tes rêves, rêve pas ta vie » et j’étais
convaincue que le seul moyen de surmonter les
obstacles était de redoubler d’efforts et d’en chier.
Résultat, imaginer ne serait-ce qu’un instant que le
meilleur moyen de me sortir de la panade serait de
faire douze pas de côté et de prendre du temps pour
redéfinir ce que je voulais me donnait l’impression de
rejoindre le club des glandus qui espéraient réussir
en dormant jusqu’à 16 heures et en refusant de
travailler.
J’avais beau me transformer en grumpy cat et
résister de toutes mes forces à la culture ultra
mièvre et édulcorée du rêve tout droit sortie de la
Silicon Valley et de la Start-Up Nation, rien n’y
faisait ! J’avais beau ne faire qu’un avec le
scepticisme, le raisonnable et toutes les qualités qui
me valaient l’approbation des fonctionnaires,
avocats, consultants et autres gens sérieux autour
de moi, j’étais toujours autant une galérienne qui
avait peur de son ombre et qui ne pouvait pas
survivre sans Pôle Emploi ou l’aide de ses parents.
J’avais certes créé et j’étais fière de moi, mais il
fallait se rendre à l’évidence, moi qui étais
convaincue que j’avais gravi l’Everest, la réalité était
que je n’avais pas été plus haut que le sommet du
Mont-Dol 1 et que ça n’allait pas du tout être
suffisant pour intégrer la cour des grands où le jeu
consiste à réussir à vivre de sa création. J'étais
tellement épuisée par cette aventure
entrepreneuriale que tout ce que je voulais, c’était
manger des spaghettis bolognaise, dormir une
semaine d’affilée, gagner la même somme tous les
mois et retrouver une vie où quelqu’un me dise quoi
faire jusqu’à la fin de mes jours. J’ai donc retrouvé un
taf salarié et apprécié le calme de cette vie plus
stable quelques mois, jusqu’à ce que le naturel
revienne au galop et que la prise de distance vienne
raviver la flamme créatrice qui brûlait dans toutes
mes cellules. Cette fois-ci, je savais que si je ne
voulais pas me retrouver coincée dans un vortex
d échec j allais devoir descendre de mon cheval et
’ , ’

accepter de revoir les principes qui certes me


permettaient de garder la face mais qui ,

m empêchaient de sortir du bac à sable


’ .

J’ai alors fait ce qui me paraissait aussi obscène que


de faire un gang bang devant mes parents il y avait
encore quelques mois : je me suis abonnée dans le
plus grand secret à des chaînes YouTube sur la loi de
l’attraction, j’ai pratiqué assidûment la visualisation
et j’ai investi dans un coaching mindset & business
américain à 10 000 dollars où j’ai passé le cap
fatidique de la meuf perchée en faisant des
méditations du cœur pour me reconnecter à mon
enfant intérieur et en allant à la rencontre de mon
higher self concept de développement personnel
,

américain qui consiste à conscientiser dans les


moindres détails la version de toi qui n’a pas peur,
qui ne ment jamais et qui assume absolument
toutes ses envies. Alors, évidemment, je faisais ça en
catimini et je n’en parlais pas le soir à table de peur
que mes proches ne fassent un signalement au
service de lutte des dérives sectaires du ministère
de l’Intérieur. Mais la réalité, c’est que ça m’a
complètement bouleversée. Pas d’un coup sec parce
que ça ne m’a pas empêchée d’éprouver beaucoup
de résistance au changement et de me demander
dix fois par jour si je n’étais pas en train de me faire
laver le cerveau. Mais ça m’a permis de comprendre
dans toutes mes cellules que refuser de rêver
revenait à refuser de s’avouer la destination qu’on
souhaitait atteindre. Or, quand on ne sait pas où on
veut aller, on n’est pas motivé pour bouger. Donc, il
n’est pas étonnant que, ne sachant pas où allaient
mener mes efforts, je finissais par brasser du vent
et par anesthésier la sensation d’absence de sens
devant The Big Bang Theory .

La confiance en soi est un moyen. Or, si tu n’es pas


au clair avec la finalité, qu’il s’agisse de te
reconnecter à toi, d’être en bonne santé, d’éradiquer
la faim dans le monde, de t’acheter une Maserati,
d’emmener ton neveu à Disneyland, d’améliorer ta
relation avec ta mère, d’être libre de t’habiller comme
tu veux, de parler portugais ou de créer ton propre
club d’écriture de fiction, ça ne sert à rien.
Pour réussir à dessiner cette finalité, tu peux certes
travailler consciemment sur tes valeurs pour te
donner tes premières pistes et comprendre ce qui
est réellement important pour toi. Mais tu dois aussi
réussir à lâcher prise, laisser tes sens et ton
inconscient prendre le relais et t’autoriser à rêver.
Même si tu ne prendras pas tout de ces rêves ils te
,

donneront de précieuses informations sur ce que tu


as au fond des tripes mais que tu es encore à des
,

années lumière de t avouer Les secrets, les envies


- ’ .

cachées et les choses qui nous font rougir sont les


meilleurs indicateurs de nos aspirations profondes
et de l’expression la plus pure de notre personnalité.
Donc, pas le choix, il faut réapprendre à rêver. Et
pour ça, tu as autant d’options que sur Tinder un
samedi soir à 23 heures. Tu peux faire de la
méditation, des exercices de visualisation, de
l’hypnose, de l’art thérapie ou partir tout seul trois
mois en Amazonie pour te reconnecter à toi.
Personnellement, étant donné que ma passion
numéro un est de scroller sur Instagram, j’ai donc
décidé de tout miser sur cette appétence pour me
connecter quotidiennement à ma vision en me
créant un tableau spécial vision sur Pinterest. Rien
de plus simple, il suffit d’épingler toutes les images
qui te font kiffer pour que tes rêves et ta vision
puissent prendre forme visuellement et devenir très
concrets dans ta tête.
Ce n est qu en sachant précisément où tu veux aller
’ ’

que tu vas pouvoir mettre en place un plan pour y


arriver Et si tes objectifs sont flous, les résultats
.

seront aussi flous. Personne ne va venir te chercher


et aucun producteur ne va vouloir te signer pour
cinq dates à l’Olympia en t’entendant raconter une
blague dans un bar à tes potes. La vie n’est pas un
teen-movie des années 2000 et on ne peut pas aller
chercher le rêve en feignant l’indifférence.

COMMENCER
MOCHE PETIT ,
ET MOYEN
Tu vas me détester, mais je n’ai pas de formule magique pour
passer à l’action qui te permettrait de garder la face, de susciter
directement l’admiration de tes proches et de donner envie
à Oprah de t’inviter sur sa chaîne YouTube pour t’interviewer. Rien
qui ne puisse t’éviter de passer par la phase un peu ridicule
du débutant bizuth qui te fera suer du front et devenir tout rouge
quand tu reverras ton travail quelques années plus tard quand
tu auras pris du niveau. J’ai tout essayé, suivi toutes les formations
et appliqué tous les conseils, mais rien n’y fait :
quand t’es débutant, t’es débutant.

Tu n’as ni les compétences, ni l’expérience, ni le


budget et que le meilleur moyen de sortir le plus vite
possible de cette phase super gênante, c’est de te
vautrer dedans corps et âme en commençant
moche, petit et moyen. Et plus vite tu le feras, plus
vite tu pourras passer au niveau supérieur et oublier
cette période que tu n’auras pas envie de vanter sur
ton CV. Quoique là, j’exagère un peu ! En réalité,
quand je revois mes vieux contenus, mes vieilles
vidéos et mes tout premiers événements, je me dis
que c’était tellement nul que j’aurais préféré me
balader nue sur les Champs-Élysées que de vivre de
tels moments de solitude ! Pourtant, malgré cela, je
vois aujourd’hui à quel point j’étais une f cking *

badass qui donnait tout malgré la honte, et ça me


rend vraiment fière. Quand je faisais des erreurs et
que je me sentais ultra limitée par mes petits
moyens du bord, je regardais alors les premières
vidéos de ceux qui me faisaient le plus rêver, ce qui
pour moi se résumait évidemment à la tripotée de
popstars que les années 2000 nous ont gentiment
fournies.

Mon exemple préféré est une vidéo de Rihanna à 15 ans, se


laissant pousser des ailes et des ovaires au moment de
reprendre la très difficile chanson « Hero » de Mariah Carey
pour un concours de talents local. Avec du recul et un amour
grandissant pour les gens qui osent, je me dis que j’étais très
dure, mais la première fois que j’ai regardé cette vidéo, mes
oreilles ont saigné, et Rihanna a fait une chute de huit étages
du sommet du piédestal sur lequel je l’avais mise. Alors,
évidemment, moi qui pensais qu’elle était sortie de l’utérus de
sa mère direct en demi-déesse badass manucurée qui
enflamme les stades, ça a un peu été la désillusion. Une fois la
vague de perte de foi en la vie passée, ça m’a aussi permis de
me rendre compte que derrière les produits finis et
accomplissements que j’admirais tant, il y avait des humains
normaux comme moi avec peu de moyens, ayant beaucoup
bossé et ayant eux aussi des crottes de nez. Et donc, si je
voulais la même chose, la clé, ce n’était pas d’attendre d’être
parfaite pour commencer à agir, mais comme Rihanna, d’avoir le
courage de me présenter au monde en tant qu’entité non finie.
Le fin mot de l’histoire reste quand même que, selon la légende,
ce serait grâce à ce talent show qu’un producteur américain du
nom d’Evan Rogers, en vacances avec sa femme à la Barbade,
aurait repéré Rihanna. Il l’aurait ensuite aidée à enregistrer ses
démos, à les envoyer à des labels, ce qui, par effet boule de
neige, l’a amenée à rencontrer Jay-Z et à signer sur son label
Def Jam. Personnellement, j’adore cette histoire et ça
m’encourage à 4 000 % à être ridicule et à mettre de gros high-
kicks à mon perfectionnisme. Mais si Rihanna t’intéresse
autant qu’un documentaire en néerlandais sur les carpes du
Bengale, n’hésite pas à regarder les débuts de ceux qui
t’inspirent et qui ne sont glorieux pour personne.

La clé est donc d’être au clair sur ta vision et tout


simplement de faire même le plus petit pas pour t’en
rapprocher. Ça veut dire que, par exemple, si le rêve
qui te brûle le fond des tripes est de développer ton
propre podcast sur la littérature médiévale, de
raconter les dessous du baptême du Clovis, de nous
parler de l’arrivée révolutionnaire de la cotte de
mailles dans les défilés de collections printemps-
été 1259 et de papoter pendant des heures des us et
coutumes des ménestrels avec ton historien préféré,
tu vas devoir commencer par le début.
Et pour beaucoup d’entre nous, un certain nombre
de contraintes vont venir se poser sur notre chemin
et nous empêcher de conduire à 130 km/heure vers
notre objectif. Typiquement, si tu as un job à temps
plein, deux enfants, un partenaire et que tu es un
membre actif du club de couture, le temps que tu
vas pouvoir allouer à ce projet va être restreint. Il est
aussi fort possible que tu n’aies absolument aucune
idée des aspects techniques de ton projet et que tu
te poses beaucoup de questions telles que
« Comment enregistrer un podcast ? », « Quel micro
choisir ? » ou encore « Comment faire en sorte
qu’on ne m’entende pas déglutir toutes les quatre
secondes dans l’enregistrement final ? ». Ce qui
signifie qu’en plus des contraintes de temps, tu vas
donc aussi faire face à une grosse courbe
d’apprentissage technique qui va potentiellement te
ralentir. Et c’est sans parler des différents blocages
psychologiques et croyances limitantes qui peuvent
aussi s’avérer être de gros bâtons dans les roues.
Cela signifie-t-il que la création et l’expression de soi
ne sont réservées qu’à ceux qui bénéficient des
conditions idéales pour se lancer ? Absolument pas !
Tout d’abord, parce que le concept de conditions
idéales est un mythe, mais surtout parce que ce ne
sera jamais le bon moment. Si tu cherches bien, tu
trouveras toujours une bonne raison de ne pas
sauter le pas. Au contraire, ce que ça doit
t’encourager à faire, c’est de te concentrer sur
l’essentiel.
Eric Ries l’explique d’ailleurs très bien dans son livre
Lean Startup 2 qui m’avait fait l’effet d’une révélation
cosmique, et que je te conseille de lire à 3 000 % que
tu sois entrepreneur ou créateur. Il dit que la
majorité des créateurs perdent un temps fou et se
condamnent à être déçus quand ils se terrent dans
leur trou pendant des mois pour créer et attendent
d avoir un produit fini dans lequel ils ont mis tout

leur cœur et toute leur âme avant de le partager


avec le reste de l humanité Parce qu on sort tout de
’ . ’

notre tête sans jamais consulter les personnes qui


utiliseront ou consommeront nos créations Or . ,

lorsqu on ne connaît pas les besoins de notre public


’ ,

ses habitudes ses usages ses ressources ou encore


, ,

ses envies on risque d être complètement à côté de


, ’

la plaque Et si on s évertue à ne sortir nos créations


. ’

qu une fois qu elles sont finies on prend le risque de


’ ’ ,

ne prendre conscience de nos erreurs qu une fois ’

tout le travail terminé et de devoir tout effacer et


recommencer du début Alors que si on avait .

accepté de se concentrer sur l essentiel et de ’

commencer petit moyen et moche on aurait pu


, ,

avoir tous les feed back nécessaires à l amélioration


- ’

de notre projet afin de nous concentrer uniquement


sur ce qui est important .

Si on reprend l’exemple du podcast sur le Moyen-Âge,


qu’est-ce qui excite autant le créateur dans ce
projet ? Si la réponse de la personne concernée est
« partager des histoires d’une époque dont le grand
public se désintéresse pour lui redonner ses lettres
de noblesse », alors elle n’aura pas forcément besoin
de podcast si ça ajoute des complications. Dans le
sens où tout ce dont elle a besoin pour commencer,
c’est d’une connexion Internet, d’une histoire
croustillante sur la bataille des Bouvines et d’une
plateforme de communication sur laquelle elle peut
facilement la partager — comme Instagram ou
TikTok qui sont a priori plus faciles d’utilisation. Alors,
oui, je t’entends déjà me dire « Mais je
compreeeeends rien !!! À quoi ça sert d’avoir une
vision canon si finalement on fait qu’une
microversion niveau CM2 de notre projet ? » Ce à
quoi je te réponds qu’il ne faut pas que tu oublies
que ta vision est ta destination C’est l’étoile Polaire
!

que tu vas suivre pendant ton voyage pour ne pas


perdre ton chemin de vue — ou le point GPS Waze
d’arrivée, pour les moins romantiques. Et pour y
arriver, tu vas devoir te mettre en route avec les
moyens du bord que tu as à ta disposition, qu’il
s’agisse d’une Ferrari ou d’une carriole à trois roues.
La clé, c’est donc de garder ta vision en tête pour
savoir où tu vas tout en faisant en sorte qu’elle ne
mette pas une pression de gueux qui finit par te
paralyser. Le passage à l action est un aller retour
’ -

constant entre un travail de projection dans le futur


et un travail d ultra lucidité dans le moment présent
’ - .
ITÉRER ET
DÉVELOPPER
Il existe un concept de finance formidable qui s’appelle les intérêts
composés et dont le principe consiste à cumuler les intérêts que
l’on touche d’un investissement pour faire grossir notre mise de
départ de manière exponentielle. Et si j’aime autant les intérêts
composés, c’est parce qu’ils sont la preuve mathématique que
si oncommence humblement, mais intelligemment, on peut gagner
en vitesse très rapidement.

Cela pour t’expliquer précisément ce que tu dois


faire une fois que tu as passé l’étape qui consiste à
commencer moche, petit et moyen. Il faut que tu
gardes en tête que ce n’est qu’un point de départ et
qu’on ne va pas y passer notre lune de miel. Pour en
sortir le plus vite possible et commencer à activer
nos intérêts composés, on va utiliser un processus
d itération En maths, c’est une méthode qui
’ .

consiste à résoudre une équation par une


succession d’hypothèses. Dans le cadre du
processus créatif, ça consiste à développer notre
produit, notre service ou notre œuvre par vagues
d’améliorations successives au lieu de commettre
l’erreur fatale dont nous avons parlé précédemment
qui consiste à tout créer d’un coup. Ce qu’Eric Ries
explique dans son livre Lean Startup c’est qu’en ,

suivant un modèle itératif, la création se fait en


boucle et non plus en ligne droite. On a une idée, on
la teste avec une première version moche, moyenne
et petite, on évalue cette première version pour voir
ce qui fonctionne et voir ce qui a besoin d’être
amélioré en priorité et on fait les premières
modifications nécessaires avant d’en relancer une
deuxième. Résultat, chaque boucle correspond à une
version du projet, ce qui nous permet d’évaluer notre
travail à chaque étape et de nous rapprocher de la
manière la plus efficace et pertinente possible de
notre vision. Et ce que j’aime particulièrement dans
cette approche, c’est son pragmatisme ! Ça te
permet de voir le processus non plus comme la cage
aux tigres de Fort-Boyard où tu dois ramasser le
flouze le plus vite possible sous peine d’y perdre une
jambe et un œsophage, mais plutôt comme un
puzzle de cinq mille pièces que tu construis au fur et
à mesure, sans pression, auprès du feu. Car comme
le dit cette bonne vieille disciple de Platon, Miley
Cyrus : Ain t about how fast I get here ain t about
« ’ , ’

what s waiting on the other side it s the climb 3 Ou


’ , ’ . »

en français, le plus important n’est pas l’arrivée au


sommet, mais l’ascension.

Pour te donner un exemple concret, je vais te parler de mon


amie Anne ! Avant d’être ma BFF, Anne est avant tout la fille
cachée de Tina Turner et une grande comédienne. Sauf qu’on le
sait, tu as beau être très talentueux et très motivé, le milieu du
théâtre et du cinéma compte beaucoup de prétendants et peu
de places en catégorie un. Pour essayer de se démarquer, la
première action que mon amie a décidé de mettre en place a
été de créer un Instagram pour partager son univers,
commencer à montrer son travail et avoir une vitrine à
présenter quand quelqu’un s’intéressait à ce qu’elle faisait. Puis,
une fois passée la première terreur de l’exposition et s’être
tellement habituée à publier qu’Instagram lui paraissait
désormais aussi inoffensif qu’un bichon maltais édenté, elle a
donc décidé de passer la seconde et de s’attaquer à YouTube.
Nous étions toutes les deux en vacances chez mes parents à
Dinard pour la Toussaint, et pour tuer le temps d’un jour de
pluie après s’être enfilé des galettes à l’andouille et deux
bouteilles de cidre, on s’est donc dit qu’on allait tourner la
première vidéo de sa chaîne. Munies d’un trépied, d’un iPhone,
d’un mur blanc, d’une scène tout droit tirée de Orange Is The
New Black 4, d’un ordi et d’une connexion wifi, on a donc fait nos
prises pendant une heure en ricanant entre deux bafouillages
et trois imitations. Après quelques coupes au montage et un
téléchargement sur YouTube, ce fut donc le moment d’appuyer
sur le bouton « Publier ». Et je ne mens pas en disant qu’Anne
était au bord de la crise cardiaque et quasiment convaincue
qu’elle allait mourir parce que la Terre entière allait voir sa
prestation et lui jeter des cailloux. Sans surprise, on a donc
publié la vidéo, elle a reçu quarante likes de ses amis Facebook,
un commentaire de sa grand-tante et de son parrain, et le
monde est passé à autre chose pendant qu’on est parties
manger des Ker-Y-Pom.

Alors, certes, cette première vidéo n’a pas eu les résultats


escomptés en termes d’amour, gloire et beauté, mais elle lui a
permis de passer un sacré palier de confiance en soi en se
rendant compte que les gens avaient autre chose à foutre de
leur vie que de regarder ses moindres faits et gestes et de la
critiquer. Petit à petit, elle s’est alors mise à plus se lâcher sur
Instagram, à s’autoriser plus de créativité, à étendre son terrain
de jeu et à assumer de plus nombreuses facettes de sa
personnalité. Jusqu’à ce que cette libération créative fasse
naître Barbara Babinski, femme étincelante venue des contrées
reculées de l’espace et qui rêve de venir sur Terre pour vivre une
vie de paillettes, d’amour et de spectacle. Anne a donc offert
une plateforme d’expression à Barbara sur Instagram en la
faisant s’extasier naïvement de tout ce que la Terre avait à
offrir, des champs de blé aux aspirateurs clitoridiens. Puis,
voyant que la petite communauté qu’elle avait commencé à
construire validait le personnage et qu’elle prenait elle-même
beaucoup de plaisir à lui donner vie, Anne s’est donc dit que ce
serait peut-être l’occasion de la faire sortir des réseaux
sociaux pour la mener sur les planches. Elle s’est donc mise à
écrire son premier seule-en-scène pendant des semaines, a
imaginé son costume, la musique et les décors, a répété des
dizaines de fois son spectacle, a réquisitionné son amie Flora
pour l’aider sur la mise en scène, a obtenu un partenariat avec
un théâtre et a communiqué sur les huit dates de son
spectacle comme si ça vie en dépendait. Le 10 octobre 2019, le
soir de la première, pendant qu’Anne était cachée dans une
boîte en bois en plein milieu de la scène en collants résille, body
string noir, cuissardes bleues à paillettes et collerette en tulle
rose, la salle se remplissait jusqu’au dernier siège. La lumière
s’est éteinte, les projecteurs se sont allumés et Barbara a
débarqué sur Terre avec le rêve de devenir une star pour
finalement vivre une vie d’espoirs déçus ponctués de stage
chez Bic, d’addiction à Netflix, de procrastination et de
tentatives de rédemption dans les tréfonds du développement
personnel. Anne donna tout ce qu’elle avait, la salle était morte
de rire, les avis sur BilletRéduc 5 furent dithyrambiques et les
huit dates, complètes. Bref, elle a trouvé sa place en passant à
l’action petit, moche et moyen, en offrant un espace de non-
jugement à son énergie créatrice et en développant au fur et à
mesure des versions toujours plus poussées et abouties de sa
vision.

Moi, j’ai fait pareil, j’ai commencé en organisant des


événements où il n’y avait personne, en filmant des
interviews où le focus était fait sur le pot de fleurs
plutôt que sur l’invité, j’ai complètement foiré ma
première conférence au Maroc où je me suis mise à
raconter absolument n’importe quoi sur scène, j’ai
dit oui pour faire une RNB Therapy (mes cours de
confiance en soi par la danse) dans un festival trop
stylé à Saint-Malo qui s’est finalement avéré être un
cours de fitness pour les 9-12 ans, j’ai lancé mon
podcast avec un bug audio sur les cinq premiers
épisodes qui fait que le son ne sort que dans une
oreillette… Mais aujourd’hui après avoir passé plus de
cinq ans à la merci de toutes ces courbes
d’apprentissage et eu la patience de construire une
boucle d’itération après l’autre en faisant
évidemment beaucoup de pauses pour chialer et
remettre toute ma vie en cause, je peux t’assurer
que ça valait le coup.
Ces gros fails qui me donnaient envie de me jeter
dans la Seine sont aujourd hui des causes de gros

fous rires et mes débuts un peu naïfs et pas du tout
,

à la hauteur de mes espérances témoignent d un ’

pragmatisme qui me rend ultra fière Et si la grosse .

glandue qui avait peur de son ombre et qui n’arrivait


pas à se concentrer plus de huit minutes a
finalement réussi à créer un business qui la
passionne, à en vivre, à avoir suscité l’intérêt d’une
maison d’édition pour écrire un livre et à s’être
réconciliée avec la vie, je suis convaincue que tu le
peux aussi.
Pas du jour au lendemain, peut-être pas en six mois
et peut-être pas non plus en trois ans, mais en
prenant chaque émotion, chaque envie et chaque
croyance une par une, en ne te mettant pas de
deadline et en prenant le temps de respirer ou de
faire une pause pour aller boire des mojitos ou
reprendre un job quand t’as besoin de recul, tu as
toutes les clés dans tes mains pour laisser le volant
à ta bad b tch intérieure.
*

1. Rocher breton de soixante-cinq mètres de haut.

2. Eric Ries, Lean Startup . Adoptez l innovation continue Pearson, 2012.


’ ,

3.« [L’important], ce n’est pas la vitesse à laquelle j’arrive, ce n’est pas


ce qui m’attend de l’autre côté, c’est la montée. » Paroles de Miley
Cyrus, « The Climb », Hannah Montana, 2009.
4. Série américaine sur le milieu carcéral féminin.

5. 100 % de « Bravo » (60 avis).


COMPRENDRE LA PROCRASTINATION

LE
DÉSALIGNEMEN
T
S’il y avait une pilule magique pour arrêter de procrastiner,
on se prêt à mettre des milliers d'euros pour se la procurer.
Pourtant, quand il s’agit de faire du coaching et de travailler sur ses
blocages pour parvenir à sortir du vortex de stagnation,
on se laisse prendre et ne pas sauter le pas.

S'il y a une telle résistance à investir en soi, c’est


notamment parce que beaucoup d’entre nous ont
essayé maintes solutions miracles, les quick fix et -

conseils de magazine pour essayer de gagner leur


combat contre la peur et la léthargie. Malgré toutes
les bonnes intentions et toute l’énergie dépensée,
chaque nouvelle stratégie s’avère un échec
supplémentaire qui ne nous fait pas bouger d’un
iota. ça ne sert à rien de multiplier les solutions
pansement qui ne règlent pas le fond du problème.
C’est aussi absurde que si tu essayais de repeindre
ton mur moisi par un dégât des eaux avec du blanco.
Si tu veux un vrai changement et ranger la
procrastination, il va donc falloir retrousser tes
manches et utiliser tout ce que je t’ai enseigné dans
ce livre. Il n’y a pas trente-six mille causes à la
procrastination. Donc, rien ne sert de courir dans
tous les sens à la recherche de la tendance qui
consiste à boire du jus de céleri en te répétant
quatorze mantras de psychologie positive pour te
sortir de la panade. Ça pourra certes t’aider si tu as
effectué le travail de fond pour te donner un petit
coup de boost supplémentaire si c’est ton kiff, mais
c’est un bonus, pas un essentiel. Et si ça peut te
rassurer, la procrastination est un phénomène assez
simple à comprendre. En revanche, si c’est aussi
difficile d’en sortir, c’est parce qu’une fois qu’on en a
compris la cause, ça nécessite de prendre des
décisions qui peuvent s’avérer hautement
inconfortables et déstabilisantes.
Dès lors, si tu es en phase de procrastination aiguë,
la première chose que j’aimerais que tu regardes,
c’est si le projet que tu entreprends te correspond,
te fait vibrer et est aligné à tes valeurs. Ça peut
paraître bizarre dit comme ça, mais si tu apprends à
l’écouter, la procrastination peut être le meilleur
conseiller qui soit : elle est simplement là pour te
rappeler que t’es en train de te voiler la face et de
poursuivre un projet qui ne t’intéresse pas vraiment.

Par exemple, si tu finis par laver les vitres chaque fois que tu
avais prévu de te mettre sur ta formation de calligraphie que tu
avais achetée pendant le confinement pour passer le temps,
c’est peut-être un signe qu’en ayant changé de contexte, ce
n’est plus quelque chose de réellement important pour toi et
qu’il est simplement temps de passer à autre chose et d’arrêter
de te forcer à poursuivre un projet qui n’est pas réellement
aligné avec tes envies.

Mais là où la procrastination se révèle vraiment être


une bonne pote, c’est qu’elle ne recule pas devant la
difficulté et qu’elle ne te lâchera pas tant que tu
n’auras pas fini le taf. En effet, disons par exemple
que tu as écouté ses premiers signaux, que tu as
abandonné le projet dans lequel tu t’étais lancé et
que tu en aies choisi un nouveau qui cette fois te
fait vraiment virevolter les intestins. Tu sais que ça
te fait vibrer, que ça t’intéresse et que c’est
réellement quelque chose dans lequel tu as envie de
t’investir, pourtant rien à faire, chaque fois que tu
essaies de t’y mettre, t’es encore bloqué au point
mort. Alors, avant de t’énerver et de partir en total
mode « Mais puta********n, j’ai fait tout ce que tu
m’avais dit, ça marche paaaaaas, il faut que je casse
quelque chooooooose ! », il faut comprendre que te
concentrer sur des projets qui t’intéressent
réellement ne suffit pas pour te débloquer. Il faut
aussi que tu veilles à ce que la manière dont tu les
mènes soit alignée avec tes valeurs. En effet, nous
sommes nombreux à mettre en place des stratégies
et des plans d’action complètement standardisés à
l’opposé de nos échelles de valeurs. Par exemple,
quand je me suis lancée dans l’entrepreneuriat en
2016, la seule méthode de travail que je connaissais
consistait à bosser de 9 heures à 18 heures non-stop
avec une pause déj d’une heure en milieu de journée.
J’ai donc bêtement calqué ce mode de
fonctionnement en me disant que c’était la seule
manière de travailler, ce qui s’est avéré
complètement contre-productif puisque mes
valeurs hautes sont « LIBERTÉ CRÉATIVITÉ
/ /

PARTAGE HUMOUR DIVERTISSEMENT . Donc, bien


/ / »

que mon projet de coaching fût ultra aligné avec


mes besoins, le fait de le développer dans la
contrainte, la routine, la solitude et l’austérité me
condamnait à passer beaucoup de temps avec Dame
Procrastination qui faisait son travail de garde-fou.
C’est donc seulement quand j’ai arrêté de me
prendre pour le général d’infanterie super discipliné
que je ne suis pas, que j’ai arrêté d’aller à l’encontre
de mes élans naturels et que j’ai accepté mon
fonctionnement personnel qu’elle est repartie chez
elle. D’ailleurs, pour la petite histoire, ma stratégie a
été assez radicale. En effet, quand j’ai compris que le
fait de me forcer à travailler à 9 heures pile,
d’organiser ma journée heure par heure et de
constamment m’autocontraindre ne fonctionnait
pas, j’ai décidé de faire une petite expérience pour
voir ce qui se passerait si je ne me mettais aucune
règle, que je n’avais aucune to do list à respecter,
que je ne m’imposais aucune obligation en dehors de
mes coachings avec mes clients et que je
m’autorisais à me caler des sessions de sport, de
cinéma, de glande en plein milieu de mes journées.
Contre toute attente, moi qui pensais que j’avais
perdu tout goût de l’effort et que j’étais juste
devenue une grosse molasse du travail, je me suis
retrouvée à avancer comme un lance-roquette sur
des projets qui étaient pourtant restés au fond du
tiroir pendant des mois ! Je n’avais plus de boule au
ventre en m’asseyant à mon bureau pour travailler le
matin, je ne passais plus les trois quarts de mes
journées à brasser du vent et je ne me ruais plus sur
The Big Bang Theory à chaque petite difficulté. Avec
du recul, ce n’est pas vraiment étonnant qu’un tel
exploit ait pu avoir lieu parce que je me suis tout
simplement mise à capitaliser sur les moteurs
supersoniques que sont mes valeurs hautes.
La procrastination est une véritable alliée si tu
acceptes de l écouter au lieu de la combattre de

toutes tes forces Elle va t’éviter de dépenser de


.

l’énergie inutilement et t’inviter à faire un petit bilan


avec toi-même pour que tu te reconnectes avec ce
qui a du sens pour toi et que tu bifurques dans la
bonne direction. Et tu verras que quand tu auras fait
ça, elle va te laisser tranquille, te regarder de loin
comme une petite marraine la bonne fée et
seulement revenir pour te ramener à toi quand tu
t’éloigneras de tes valeurs.

LA PEUR ET LES
CROYANCES
Si tu t’es lancé dans un projet qui te correspond, que tu as adapté
ta manière de le mener à ton échelle de valeurs, mais que t’es
toujours paralysé au moment de passer à l’action, ça signifie qu’il
est temps de regarder du côté de tes peurs et de tes croyances.

Ce n’est pas parce que tu vas mener des projets qui


te font vibrer et rêver dans ta tête que ça va être
facile au moment de les confronter à la réalité. Au
contraire, ce n’est quasiment pas exagéré de dire
qu’il y a un fossé large comme le Grand Canyon entre
les deux. Les choses qui te tiennent le plus à cœur
sont celles qui vont soulever le plus de peurs parce
que contrairement aux projets et aux idées dont tu
te fous comme de l’an quarante, l’expression honnête
et entière de toi-même par la création va te mettre
dans une position où tu auras réellement quelque
chose à perdre et que tu ne pourras pas forcément
récupérer.
Qu’il s’agisse de ta réputation, d’une partie de ton
identité, de tes repères, de tes certitudes ou encore
de certaines de tes relations. Raison pour laquelle,
au moment de se lancer, beaucoup d’aspirants
créateurs sont frappés par un éclair de lucidité qui
leur fait voir tout ce qui pourrait changer et qui les
empêche de sauter. Or, quand tu te retrouves dans
cette situation, essayer de te forcer, de résister ou
de régler ce blocage à la volonté est à 99,99 % du
temps voué à l’échec. Encore une fois, parce que ton
cerveau a une bonne raison de te faire peur et que si
tu ne vas pas comprendre précisément de quoi il
essaie de te protéger, rien ne te fera bouger, à part
peut-être un taré qui va te menacer de tuer toute ta
famille si tu ne lances pas. Ce qu’il faut donc réussir
à faire quand tu te retrouves dans ce cas de figure,
c’est tout simplement reprendre la partie du livre sur
les croyances et suivre les étapes que je t’ai
indiquées : observer ce que tu ressens, identifier la
croyance limitante qui te bloque, comprendre son
origine, effectuer le travail de recherche nécessaire
pour ouvrir ta perception de la réalité et écrire ta
nouvelle histoire pour transformer ta croyance.
Alors, comme le dit si bien notre coach botoxée
préférée Brooke Castillo, ce n’est pas parce que c’est
simple que c’est facile. Quand on commence à
travailler sur soi, à s’observer et à s’analyser, on
manque parfois cruellement de recul d’expérience et
de conscience de soi pour voir notre situation de
manière objective et identifier nos blocages. Nous
serons aussi parfois tellement coincés dans nos
prismes d’interprétation personnels que ça va être
mission impossible de trouver des contre-exemples
et de voir la réalité autrement sans avoir un œil
extérieur pour nous aider à creuser et à gagner en
souplesse dans notre vision des choses.
Par ailleurs, étant donné que le travail sur les
croyances ne va chercher aucune vérité universelle,
mais plutôt une forme de vérité personnelle, ça
laisse une énorme place au doute, à l’incertitude et à
la déstabilisation. Même si tu réalises tout le travail
et que tu réussis à identifier tes croyances et à les
transformer d’une manière qui te convient, il est fort
possible que tu que tu aies besoin d’être rassuré.
Enfin, comme tout exercice nouveau un peu
laborieux et déstabilisant, il peut aussi être super
difficile de le faire seul face à son Google Doc et
sans avoir le soutien d’un autre humain. C’est donc
exactement pour ça que, bien que je me sois
efforcée de te donner le plus d’éléments, de la
manière la plus claire possible, il est fort probable
que la seule lecture de ce livre ne te permette pas de
te débloquer en profondeur. Si tu as essayé
d’accomplir tout le travail tout seul, mais que malgré
tous tes efforts, tu n’arrives toujours pas à passer la
seconde, ça peut être le signe que c’est le moment
d’investir en toi pour obtenir de l’aide et te faire
accompagner.
Le coaching étant une profession nouvelle et
incarnée auprès du grand public par des profils de
gourous douteux qui veulent vous faire vivre votre
meilleure vie en quarante-huit heures pour
10 000 euros, beaucoup préféreraient rester bloqués
toute leur vie plutôt que de se faire accompagner. Ce
que j’aimerais donc pour boucler le chapitre, c’est
t’expliquer de manière un peu plus pragmatique
l’écosystème du coaching pour que tu puisses te
faire aider de manière pertinente et sécurisée si tu
décides de sauter le pas. La profession de coach
n’est pas encore réglementée en France :
contrairement aux médecins, aux notaires ou aux
ophtalmos, tout le monde peut se déclarer coach du
jour au lendemain et être dans son bon droit. Pour
autant, cela veut-il dire que tous les coachs sont
des bouses pas sérieuses avec lesquelles il
conviendrait de garder une distance de sécurité d’au
moins deux mètres ? Évidemment que non ! Ça
signifie seulement qu’il faut respecter quelques
critères de sécurité pour t’assurer de recevoir un
bon service.

Je te veux dans mon équipe !

La première chose que je regarde, c’est la


problématique sur laquelle travaille le coach. En
effet, un coach qui t’aide à raviver ta vie amoureuse,
à organiser tes finances, à parler en public et à
récurer tes toilettes est souvent un coach qui n’a
lui-même aucune idée de ce qu’il fait et qui veut
juste signer des clients. Donc, une fois que tu es à
peu près au clair sur ce dont tu as besoin, cherche
quelqu’un qui s’occupe spécifiquement de ton
problème. La deuxième chose que je regarde, et ce,
avant même le sujet du diplôme de la personne, c’est
le discours. Par exemple, le coach aura beau avoir un
diplôme HEC Coaching supplément validation par
Barack Obama, promettre de changer ma vie ou de
gagner un million d’euros en huit semaines,
constitue selon moi une énorme alerte rouge. La
particularité du coaching étant de travailler avec du
vivant, on ne peut rien promettre à la personne
coachée puisqu’on ne peut pas deviner par avance
les blocages qui vont se présenter pendant le travail,
la vitesse d’intégration des concepts, etc. Donc, si on
te fait des promesses Disneyland, cours !
La troisième chose que je regarde, c’est si le coach
avec qui je souhaite travailler propose des calls
découverte. En effet, la majorité des coachs sont
spécialisés sur une problématique précise et ne
traitent pas tous les maux de la Terre. Les calls
découverte sont donc un moyen pour eux de vérifier
que ton profil correspond bien au type de clientèle
qu’il aide et de te permettre de voir si sa manière de
travailler correspond à tes besoins. Un coach sérieux
n’aura aucune difficulté à refuser de travailler avec
toi ou à te dire que si tu ne sens pas sa méthode, il
vaut mieux que tu continues tes recherches. Un
coach qui prend ton argent direct sans prendre le
temps de faire un entretien avec toi doit te mettre la
puce à l’oreille et t’inviter à fuir aussi vite que si
Chucky te courait après.
Et enfin la dernière chose que je regarde, ce sont les
avis de ses anciens clients. Cependant, il ne faut pas
être dupes, étant donné que ces témoignages sont
notre premier argument de vente, on ne va pas
afficher en seize neuvièmes sur nos sites les avis
négatifs qui n’ont pas kiffé notre accompagnement.
Ils restent quand même un super moyen de prendre
la température et de sécuriser ce dans quoi tu
t’embarques. La plupart du temps, tu peux flairer une
arnaque si tu utilises ton bon sens. Si tu ne vois que
des photos d’anciens élèves directement tirées de
pubs Freedent ou avis paraissant surfaits ou édités,
ça doit sonner l’alerte.
En ce qui concerne la formation du coach, je suis
encore un peu partagée sur la nécessité de le
prendre pour un critère de décision . Étant donné
qu’elle n’est pas encore réglementée, les
certifications d’État ne sont attribuées qu’aux
formations un peu old school qui, comme la mienne,
sont certes rassurantes, mais basées sur des outils
tout droit sortis du néolithique qu’on ne touche pas
par peur de créer des sectes. Beaucoup de super
coachs sont formés avec des formations
étrangères, des expériences personnelles et surtout
beaucoup de pratique. Ainsi, t’appuyer uniquement
sur le diplôme n’est pas forcément la meilleure des
idées.
Vois quels sont les coachs avec qui tu as un bon
feeling, fais plusieurs calls découverte pour prendre
la température et prends le temps de choisir. T’es
pas aux pièces. Les coachs qui ne te laissent que
vingt-quatre heures pour prendre ta décision sont
aussi à fuir, selon moi. Je pense qu’un bon curseur
émotionnel pour prendre ta décision, c’est que ça
doit t’exciter et trop te donner envie de commencer
tout en te faisant un tout petit peu peur.

LA FLEMME
La troisième raison pour laquelle tu peux te retrouver coincé dans
un vortex de la procrastination, c’est simplement le fait que
tu te tapes une méga flemme. Je ne le dirai jamais assez : ce n’est
pas parce que tu t’investis sur des choses qui ont du sens pour toi
que tu te lèveras tous les matins en étant trop heureux de travailler
dessus et que tu seras tous les jours motivé.

Tout comme ce n’est pas parce que tu es amoureux


de ton ou de ta partenaire et que tu sais que tu as
envie de passer toute ta vie avec qu’il n’y a pas des
jours où tu ne peux plus le voir en peinture. C’est
normal, on peut aussi faire des indigestions des
choses qu’on aime quand on les consomme à trop
haute dose. Si tu es dans ce cas, c’est donc
important que tu utilises tout le travail de pleine
conscience dont je t’ai parlé dans le chapitre des
émotions pour savoir de quelle flemme il s’agit.
En effet, dans le premier cas, il se peut que tu aies
trop tiré sur la corde et que tu sois fatigué
physiquement ou mentalement. Pas plus tard que ce
matin, j’avais une session avec une de mes clientes
qui a commencé notre appel en me disant : « J’ai
honte, j’ai avancé sur rien, j’arrive plus à m’y
remettre. » Je lui ai donc directement demandé
pourquoi ça lui procurait un sentiment de honte, ce
à quoi elle m’a répondu : « J’ai honte de ne pas
réussir à me dépasser et me motiver. » Mais ce que
beaucoup d’entre nous n’ont pas en tête, c’est que
pour se dépasser, il faut de l’énergie, et que l’énergie
n’est pas une ressource inépuisable. Comme
l’expliquent très bien John Tierney et Roy Baumeister
dans leur livre Willpower 1 de nombreuses études
,

montrent que nous disposons d’un quota plus ou


moins fixe de volonté par jour et que ce dernier doit
être rechargé comme un téléphone portable pour
pouvoir être à nouveau fonctionnel. Pour remplir le
réservoir, il y a certes des éléments physiologiques
basiques tels que le sommeil, la nourriture,
l’hydratation, la relaxation ou encore l’exercice
physique, mais il y a aussi le fait de faire des choses
qui te nourrissent, qui t’apportent de la joie et qui
permettent à ton cerveau de réellement
déconnecter. Dès lors, pour que tu puisses
fonctionner correctement, tu dois donc veiller à
remplir ta jauge d’énergie physiquement et
mentalement.

Quand j’ai demandé à ma cliente depuis combien de temps elle


n’avait pas pris de vraies vacances, le chiffre s’élevait à
365 jours. Donc, pas étonnant que son cerveau fasse
Erreur 404 et ne soit plus capable de traiter de nouveaux
problèmes et informations. Il est rassasié et il a tout
simplement besoin d’une période de digestion. Or, ce qui me
paraît complètement fou aujourd’hui, c’est que personne sur
Terre ne trouverait ça normal de reprendre une part de
cheesecake s’il était en état d’indigestion après avoir ingurgité
douze petits fours, trois entrées, la moitié d’un poulet rôti, une
demi-livre de pommes de terre, du fromage et un morceau de
clafoutis. En aucun cas, te rendre malade physiquement te
ferait passer aux yeux des autres pour une bête de travail dont
la détermination forcerait l’admiration. Donc, par quel
stratagème sommes-nous arrivés à glorifier l’indigestion
mentale ? Encore une fois, si tu es dans ce cas, la
procrastination est ta bonne amie qui est là pour te dire que tu
vas te détruire la santé si tu continues dans cette voie et que
c’est le moment de booker un billet de train pour Crozon pour
faire un break.

Mais la flemme peut aussi être tout simplement ce


qu’elle est, c’est-à-dire une grosse paresse qui n’a
pas trop de cause si ce n’est une forme d’aversion
momentanée ou chronique à l’effort, au travail et à
l’inconfort qui vient avec. Si c’est ton cas, pas de
panique ! Ce n’est pas parce que la besogne te paraît
aujourd’hui aussi réjouissante que la perspective de
payer tes impôts que c’est peine perdue. Étant moi-
même passée par une phase de léthargie aiguë qui a
duré tellement longtemps que j’ai parfois cru que le
seul moyen de m’en sortir serait de devenir
influenceuse flemme, je peux t’affirmer avec la plus
grande des certitudes que l’effort s’apprend et que
ce n’est qu’une question d’entraînement.
L’idée n’est pas non plus que tu te mettes une
pression de dingue lorsqu’il s’agit de développer tes
projets d’expression personnelle. Les mots d’ordre
quand on n’est pas un acharné de la besogne, c’est
réalisme, humilité et progression. Ce qui veut dire
que pour commencer, il faut que tu fasses un audit
ultra lucide sur tes capacités de création. Travaille et
observe-toi. Personnellement, quand j’ai fait
l’exercice, je me suis rendu compte que je me
déconcentrais en moyenne au bout de six minutes.
Pas glorieux certes, mais accepter la situation de
départ sans se prendre pour The Rock est l’étape la
plus importante du processus. Au lieu de me dire que
j’allais bosser de 7 heures du matin à 8 heures du
soir avec une pause d’une heure au déjeuner, j’ai
donc accepté non sans peine de descendre de mon
piédestal en me mettant pour premier objectif de
travailler pendant quinze minutes d’affilée. Je sais
que c’est lunaire dit comme ça et que ça fait
vraiment gros cliché de génération Z qui n’a aucun
sens des responsabilités, mais n’importe quelle
personne qui était une machine de guerre quand elle
bossait en équipe ou pour quelqu’un peut se
transformer en larve cosmique quand la seule
bénéficiaire de son travail devient elle-même. Donc,
pas de secret, commence petit avec les ressources
disponibles sans te juger et quand les quinze
minutes ne sont plus ressenties comme une torture,
mais comme une balade de santé, tu peux
augmenter la charge étape par étape. Exactement
comme tu le ferais avec des poids à la salle de sport.
La motivation est cyclique ! Ce qui fait que même si
tu as bien suivi ton programme d’entraînement de
développement de ta capacité de travail, il y a des
jours, voire des semaines, où tu auras tout
simplement une flemme dantesque contre laquelle
tu ne peux rien. Si tu développes un projet pour ton
plaisir personnel et que tu n’as aucune obligation,
j’aurais tendance à te dire qu’on s’en fout et que
c’est sûrement le moment de boire un mojito avec
tes copines, de jouer à « Candy Crush » ou de te
refaire une demi-saison de Modern Family 2. Le
problème, c’est que si ça fait déjà des semaines que
tu évites ton projet par flemme ou que tu es dans le
cas où tu as commencé à bien le développer au point
où tu as aujourd’hui des obligations, c’est le moment
de sortir l’artillerie lourde pour sortir de la panade.
Mon outil préféré pour ça, c’est de faire appel à un
ami. Mais attention, pas n’importe quel pote ! Un ami
incorruptible qui n’a aucune chance de succomber si
tu lui fais les yeux doux et qui n’a aucune pitié pour
toi. Parce que ce que tu vas être amené à faire, c’est
lui envoyer une liste des choses que tu dois produire
dans la journée pour lesquelles tu ne veux
absolument pas procrastiner ainsi qu’un chèque
d’un montant que tu ne peux pas du tout te
permettre de perdre. Le deal, c’est que si tu ne
montres pas patte blanche à la fin de la journée en
prouvant que tu as bien réalisé les différentes
tâches partagées, ton pote a le droit d’encaisser le
chèque. Il n’y a pas de recette miracle, mais cette
méthode ferait soulever des montagnes à Dean
Dawkins, le frère scotché au canapé du loup-garou
du campus pour ceux qui avaient KD2A 3 en 2003.
Mais après, libre à toi d’en faire des variantes ! Si la
perte financière n’est pas vraiment un moteur, tu
peux pousser l’exercice en demandant à ton pote
d’utiliser l’argent pour faire un don à une association
de chasseurs si tu es végan ou au collectif des
amoureux des marées noires si tu es un militant Sea
Sheperd. Bref, trouve ce qui te dégoûte et arrête de
procrastiner sous peine de devoir leur transférer ton
livret A.
1. *
John Tierney, Roy F. Baumeister, 2011, Le Pouvoir de la volonté la
:

nouvelle science du self control Flammarion, coll. Clés des champs,


- ,

2017.
2. Série américaine (2009-2020).

3.KD2A (pour « Carrément déconseillé aux adultes ») était une


émission télévisée diffusée sur France 2 entre 2001 et 2009.
ÉPILOGUE
Cher ami ça y est J ai partagé avec toi tout ce que
, ! ’

je sais à ce jour au sujet de la confiance en soi pour


que tu puisses à ton tour dégommer les croyances
limitantes qui t empêchent de poursuivre les projets

qui te font réellement palpiter le cœur peu importe ,

ce que tes parents tes potes ou ta vieille tante ,

Marie Chantal peuvent en penser J espère


- . ’

sincèrement que tu auras trouvé dans ce livre des


piqûres de motivation mais surtout une boîte à ,

outils super concrète que tu te sens capable


d utiliser Parce que crois moi des obstacles il y en
’ . - : ,

aura Je l ai déjà dit douze mille fois dans le livre mais


. ’ ,

le processus créatif vient avec son lot de merdes et


de merveilles Tu auras beau avoir lu tous les
.

ouvrages de développement personnel ,

d entrepreneuriat et de coaching du monde rien ne


’ ,

peut te prémunir des aléas qui vont venir se planter


sur ton chemin L incertitude fait partie intégrante
. ’

du contrat et c est précisément pour ça que plus


vite tu te lances plus vite tu apprends et plus vite tu


,

progresses Donc surtout par pitié n attends pas


. , , , ’

d avoir toutes les réponses à tes questions avant d y


’ ’

aller elles viendront naturellement à toi en faisant


, .
Il n y a pas une manière unique de créer ou un

modèle d entrepreneuriat à suivre Tu n es en aucun


’ . ’

cas obligé de te transformer en Mark Zuckerberg


pour être un créateur accompli Je sais que j enfonce. ’

une porte ouverte en disant ça mais chaque ,

trajectoire est différente et il faut que tu t autorises ’

à avoir la tienne Personnellement j ai mis plus de


. , ’

quatre ans à créer un business viable avec lequel je


me sens alignée aujourd hui Parce que j avais un tel
’ . ’

paquet de croyances limitantes qui allaient à


l encontre de mes aspirations que j étais condamnée
’ ’

à faire trois pas en arrière pour un pas en avant tant


que je refusais de les désamorcer .

Alors certes au début je me disais que j étais une


, , , ’

bolosse parce que je voyais plein d entrepreneurs et ’

de créateurs qui cartonnaient et qui ne semblaient


pas du tout être contraints par le genre de
problématiques que je rencontrais Mais en laissant .

passer quelques années ces mêmes personnes qui


,

semblaient avoir tout réussi sur le papier ont elles


aussi rencontré leurs lots de bouses d obstacles et , ’

de remises en question existentielles dans leurs


projets Donc peu importe à quel point tu es tenté
. ,

de te comparer aux autres pendant ton aventure de


création la plupart du temps c est juste une
, , ’

distraction qui te permet d éviter ton projet et de ne


pas aller dans le fond des choses La comparaison . ,


c est un super outil quand tu connais exactement

les tenants et les aboutissants du parcours de la


personne en question quelle est son histoire :

familiale De quelles croyances a t elle hérité de


? - -

son enfance Est ce qu elle kiffe vraiment ce qu elle


? - ’ ’

est en train de faire Est ce qu elle a fait de la ? - ’

thérapie ou du coaching Avec quel bagage ?

financier a t elle commencé son aventure Quels


- - ?

sont les problèmes qu elle doit régler au quotidien ’ ?

Est elle soutenue par son entourage A t elle une


- ? - -

vie personnelle dans laquelle elle est épanouie en


dehors du travail Etc Si tu as tous ces éléments en
? .

main alors oui la comparaison peut te permettre de


, , ,

situer ton niveau de t inspirer du parcours de la


, ’

personne et surtout d en tirer des pistes ’

d apprentissage Mais la plupart du temps ce n est


’ . , ’

pas en voyant trois réels Instagram de la personne à


laquelle on se compare qu on est en mesure de ’

comprendre les coulisses de son parcours en


profondeur et d utiliser ces informations à bon

escient Ce que je te souhaite c est de réussir à


. , ’

rester concentré sur ce que tu connais c est à dire , ’ - -

toi même et ton processus créatif Et surtout de


- .

réussir à te choper par l oreille pour te rappeler à ’

l ordre et te dire B tch not today quand tu te


’ « * , ! »

prendras en flagrant délit de chouinage post -


session de comparaison stérile au lieu de t occuper ’

de toi .

Et last but not least je te souhaite de prendre ton


,

temps et d y aller à ton rythme Parce qu au début il y


’ . ’

a tellement de boulot pour vider la fosse septique


mentale tellement de courbes d apprentissage
, ’

simultanées pour développer les compétences dont


tu as besoin pour créer ton projet tellement ,

d adaptation à ta nouvelle vie et tellement


d inconfort à digérer que c est normal que ça prenne


’ ’

du temps que ça te fatigue et que ça te pousse


,

dans tes retranchements Mais ce qu il y a de génial ! ’

avec l apprentissage c est qu une fois que tu as


’ , ’ ’

assez pratiqué une compétence elle s enregistre et , ’

devient une habitude Donc quand l impatience te


. , ’

prend à la gorge et que tu es tenté de te dire que si


en six mois ça ne marche tu abandonnes je te mets ,

au défi de me donner le nom de quelqu un qui est ’

devenu un putain de sportif d artiste ou , ’

d entrepreneur en six mois Absolutely NO FUCKING


’ … -

-BODY .

Alors qu il s agisse d un engagement avec la


, ’ ’ ’

créativité pour le long terme ou pour un petit flirt je ,

te souhaite un beau voyage à la rencontre de toi -

même des autres et des tréfonds de ton cœur de


, ,

ton âme et de ton cerveau Et je peux t assurer que . ’


ce sera toujours mille fois plus courageux de te
foutre à poil et d oser te dévoiler même si c est un
’ ’

peu bancal et ridicule au début que de te cacher


derrière ton cynisme pour ne jamais rien faire .

Si tu te sens seul je suis là pour toi avec ce livre sur


, ,

Instagram dans mon podcast sur YouTube ou dans


, ,

ma newsletter mais sache surtout que tous les


,

créateurs morts ou vivants sont passés par le même


chemin que toi et que tu vas à ton tour inspirer plein
de gens à sortir des sentiers battus en te lançant .

Alors mets tes chaussures de rando relève tes


, ,

manches fais des pauses quand t as besoin et va


, ’

tout déchirer .

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