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V.

Notions de tribologie
V. Notions de tribologie
5.1. Introduction

• Dans leur état fonctionnel, les pièces des machines se frottent les unes des autres. Certaines proportions
de ces frottements peuvent être très nuisibles au fonctionnement global.

• Tenter de les réduire, est l’une des préoccupations constantes des ingénieurs depuis la nuit des temps.

• La tribologie est alors l’étude du frottement et de la lubrification appliquée aux problèmes d’usure dans le
but d’améliorer le rendement des machines.

• Dans ce chapitre, nous aborderons d’abord la topographie des surfaces et méthodes de mesure utilisées,
ensuite nous développerons les relations qui permettent de mieux rendre compte du frottement et enfin
les différents régimes de lubrification serons analysés.
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5.2. Topographie des surfaces
• La sensation au toucher ou à la vue des surfaces des pièces peut nous indiquer qu’elles sont lisses. Il n’en
est rien de tout cela!
• En effet, toutes les surfaces fabriquées présentent des imperfections qui sont de trois types:

 Les défauts de forme: imputables au manque de rectitude des surfaces. Ils varient entre 2.5 - 100µm.
Détectable au micromètre ou au pied à coulisse.

 Les défauts d’ondulation (0.1 – 3µm)


 Les défauts de rugosité (0.1 – 3µm)
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5.2. Topographie des surfaces
 Instruments & Techniques de mesure
• A ce jour, plusieurs techniques existent permettant d’analyser et de caractériser les surfaces. Ils sont
généralement classées en quatre catégories:
1. Microscopes (optiques, électroniques et ioniques): Précision de détails 1000, 10 et 0.001µm
2. Technique recourant à l’attaque chimique: concerne plus les surfaces métalliques. Précision de
détails 0.01 et 0.1µm.
3. Méthodes analytiques: basée sur l’analyse du spectre de diffraction obtenu par des méthodes de X-
Ray Photoemission Spectroscopy (XPS): Précision de détails 0.0001µm

4. Profilographes universellement utilisés en ingénierie sous la norme ANSI (American National


Standards institute) B.46.1 (1978): 0.02 et 1µm
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5.2. Topographie des surfaces
 Instruments & Techniques de mesure
• Les paramètres suivants quantifient la rugosité d’une surface:

- Rugosité moyenne (Ra) « Arithmetic average »

- Rugosité RMS « Root Mean Square » (Rq)


(Moyenne quadratique)
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5.3. Frottement
5.3.1. Origine du frottement
• Le frottement tire ses origines des rugosités caractérisées
par des aberrations micro géométriques rencontrées lors de
l’examen de la surface polie d’une pièce. Ces aberrations
sont fonction de la nature du matériau et du procédé
d’usinage.

• Considérons deux pièces A et B superposée et pressée pour


une force P.

• Les aberrations respectives des pièces s’emboitent et le


déplacement tangentiel de A par rapport à B nécessite
l’application d’un effort T pour vaincre les micro résistances
𝑢.

• L’effort P est appelé effort normal et 𝑭 = 𝑢 est la force


de frottement dirigée en sens contraire au mouvement.
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5.3. Frottement
5.3.2. Lois du frottement
• Les expériences de Coulomb et Morin sur les frottements permettent d’énoncer les lois qui régissent le
frottement et le glissement:
a) L’effort de frottement est toujours proportionnel à l’effort normal
Coefficient de frottement

b) L’effort de frottement dépend de la nature et de l’état de surface des corps en contact


La nature et l’état de surface caractérisent le coefficient de frottement f :
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5.3. Frottement
5.3.2. Lois du frottement
c) L’effort de frottement est indépendant de la surface de contact des corps rigides

Il y a cependant une limite de pression à ne pas dépasser pour éviter le « phénomène de grippage » qui est
l’arrachement des particules solides avec altérations des surfaces en présence.

d) L’effort de frottement est indépendant de la vitesse relative de déplacement des pièces

Il y a cependant une limite de vitesse à dépasser pour annihiler l’effet de frottement. D’après l’expérience,
au delà de 20m/s, l’effort de frottement diminue fortement.

e) L’effort de frottement est grand au départ que pendant le mouvement


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5.3. Frottement
5.3.3. Notion d’angle de frottement
• Considérons un corps glissant avec frottement sur un plan incliné
d’angle 𝜑.
• L’angle de frottement 𝜑 est celui que doit faire le plan de glissement
avec le plan horizontal afin que la résistance au frottement F soit
équilibrée par la composante T due à la pesanteur Q. C’est donc
l’angle limite d’adhérence.

• Le triangle des forces donne:


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5.3. Frottement
5.3.4. Frottement dans les tourillons
• Considérons un tourillon appliquée sur son coussinet par un effort P.
• La force de frottement qui prend naissance entre l’arbre et le coussinet
est donnée:

Elle est tangente au point de contact et opposé au mouvement de l’arbre.

• Le couple de frottement vaut alors:

5.3.5. Puissance dissipée par frottement


• Si l’on connait la force de frottement F et la vitesse linéaire V, la puissance
dissipée vaut:

• La puissance dissipée par unité de surface vaut: Avec


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5.3. Frottement
5.3.5. Puissance dissipée par frottement
Exemple – Exercice 1
Un patin de cross est appliqué sur sa glissière avec un effort normal de 500kgf.
Sachant que la crosse se déplace à la vitesse de 1.5m/s et les matières en
contact sont le Bronze et l’acier avec graissage continu.
Calculer:

a) L’effort de frottement
b) La puissance dissipée par frottement
c) La puissance unitaire
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5.3. Frottement
5.3.5. Puissance dissipée par frottement
Exemple – Exercice 2
Un tourillon en acier de 100mm de diamètre repose dans un coussinet en métal
blanc. La réaction du palier est de 2600kgf et la vitesse de rotation 500t/min.
Calculer la puissance totale et la puissance unitaire dissipée par frottement
sachant que la portée du coussinet est de 150mm et f = 0,04.
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5.3. Frottement
5.3.5. Puissance dissipée par frottement
Exemple – Exercice 3
Calculer la puissance limite que peut transmettre à 950t/min,
l’embrayage schématisé ci-contre sachant que les disques, garis de
ferrodo, sont pressés l’un contre l’autre avec une force de 300kgf.
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5.3. Frottement
5.3.6. Théorie du plan incliné
• Effort horizontal nécessaire pour faire monter un corps sur un plan incliné
1er cas: Frottement négligé
- Décomposons l’effort résistant P suivant une horizontale H et une
normale N au plan incliné. H
β
- Le triangle des forces permet d’écrire que: 𝑯 = 𝑷. 𝐬𝐢𝐧 𝜷
N
- L’effort nécessaire pour faire monter le corps sur le plan incliné est β P
H’ opposée et au moins égale H.
2ème cas: Frottement non négligé
- On a précédemment établit que:
- Substituons à présent le plan incliné d’angle 𝛽 par un plan incliné fictif
d’angle 𝛽 + 𝜑 pour lequel le frottement serait considéré.
- Le triangle des forces établit que: H
𝑯 = 𝑷. 𝐬𝐢𝐧 𝜷 + 𝝋 β+ φ
φ N
β P
- Il faudra, pour faire monter la charge, exercer un effort 𝐻′ > 𝐻
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5.4. Lubrification
5.4.1. Régimes de lubrification
- Afin d’atténuer les frottements entre deux surfaces des corps en mouvement relatif, deux techniques
sont utilisées auxquelles la lubrification est ajoutée. Il s’agit de:

Usage des pièces d’usures


(coussinets) où un film de Usage des éléments
lubrifiant est inséré entre les roulants (billes ou
surfaces = Paliers lisses rouleaux) entre les surfaces
= Paliers à roulements
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5.4. Lubrification
5.4.1. Régimes de lubrification
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5.4. Lubrification
5.4.1. Régimes de lubrification
• 5 régimes de lubrifications existent:

- Régime sec

- Régime Onctueux
PALIERS LISSES
- Régime hydrostatique

- Régime hydrodynamique

- Régime élasto - PALIERS A


ROULEMENTS
hydrodynamique (Cames, engrenages,
Chaînes)
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5.4. Lubrification
5.4.1. Régimes de lubrification
 Régime sec
- En régime sec, seuls les aspérités constituent la zone
de contact des surfaces en contact;
- La lubrification dans ce régime consiste à déposer
entre les aspérités un lubrifiant solide dont la
résistance au cisaillement est inférieure à celle du
métal.
- En mouvement relatif, le lubrifiant est entrainé dans
la zone de contact pour y apporter ses propriétés
lubrifiantes.
- En régime sec, le coefficient de frottement est donc
relativement élevé: 0.04 ≤ 𝑓 ≤ 0.5 avec dégagement
de chaleur excessif.
- Application: Utilisation sous charge élevée, à basse
vitesse (< 0.005 𝑚/𝑠)
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5.4. Lubrification
5.4.1. Régimes de lubrification
 Régime onctueux
- Similairement au régime sec, en régime onctueux,
seuls les aspérités constituent également la zone de
contact des surfaces en contact;
- Le lubrifiant est ici constitué d’un film de liquide
adsorbé en surface et de faible épaisseur 0.1𝑥10−9 à
10−6 𝑚 . Le degré d’adhérence de ce film avec les
surfaces détermine son efficacité à réduire le
frottement.
- L’onctuosité est la propriété caractérisant le film de
liquide.
- En régime onctueux, le coefficient de frottement est
plus faible qu’en régime sec: 0.02 ≤ 𝑓 ≤ 0.2
- Application: Utilisé lorsqu’on ne peut renouveler
facilement le lubrifiant ou qu’on ne peut l’appliquer
en grande quantité.
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5.4. Lubrification
5.4.1. Régimes de lubrification
 Régime Hydrostatique
- Ce régime est caractérisé par des surfaces en mouvement
relatif et pas en contact car étant séparées par un épais
film de lubrifiant (en général, liquide (huile), pâteux
(graisse) mais peut être du gaz).
- L’épaisseur du film est de 10 à 100 fois supérieur à la
hauteur des aspérités des surfaces;
- Le coefficient de frottement est faible < 0.005 , et est
fonction de la viscosité du film de lubrifiant ainsi que du
gradient de vitesse dans celui-ci. Cette particularité fait
que ce régime soit mieux indiqué pour des fonctionnement
à vitesses et/ou charges élevées.
- Comme principale particularité, en régime hydrostatique,
le film formé est introduit sous pression dans les paliers.
(p° allant 0.1 à 5 Mpa).
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5.4. Lubrification
5.4.1. Régimes de lubrification
 Régime Hydrodynamique

- Ce régime est aussi caractérisé par des surfaces en mouvement relatif et pas en contact car étant
séparées par épais film de lubrifiant (en général, liquide (huile), pâteux (graisse) mais peut être du
gaz).

- Les considérations faites en régime hydrostatique sont aussi valables pour le régime hydrodynamique,
à quelques exceptions près:

• En régime hydrodynamique, le film se forme de lui-même sous l’action combinée du mouvement


relatif des pièces, de la viscosité du lubrifiant et de la géométrie des paliers;

• Le régime hydrodynamique est préconisé pour des vitesses relatives des surfaces supérieur à 0.1
m/s et que la quantité de lubrifiant est suffisante.
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5.4. Lubrification
5.4.1. Régimes de lubrification
 Régime Elasto-hydrodynamique

- Ce régime correspond à celui où les surfaces sont


Déformation élastique des surfaces chargées
théoriquement en contact selon une ligne ou un point. Cas
des: roulements (à billes, à rouleaux), engrenages, cames,
chaines et roues de friction.
- Dans les exemples sus évoqués, la formation d’un film
d’huile n’est pas propice mais la pression de contact y est
très élevée (de l’ordre du Gpa) entrainant une déformation
élastique des surfaces en contact.
- La déformation élastique des surfaces en contact, leur
Entrainement du lubrifiant sous l’effet de la vitesse
vitesse relative et la géométrie au début du contact,
combinés à l’augmentation de la viscosité de l’huile due à ces
pressions entrainent la formation d’un film de lubrifiant.
- Le film est généralement très mince (1.0- 1.5 fois la hauteur
des aspérités); et f ≈ 0.
Film de
lubrifiant formé
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5.4. Lubrification
5.4.1. Régimes de lubrification
V. Notions de tribologie
5.4. Lubrification
5.4.2. Généralités sur les lubrifiants

Classés en trois principales catégories:

1. Les lubrifiants solides: les poudres sèches;

2. Les lubrifiants pâteux ou semi-liquides: les graisses;

3. Les lubrifiants liquides: les huiles


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5.4. Lubrification
5.4.2. Généralités sur les lubrifiants
1. Les lubrifiants liquides : les huiles
Les lubrifiants liquides ne s’opposent à aucun mouvement
relatif à la première application d’un effort de cisaillement.

Grâce à leur affinité naturelle pour les surfaces


métalliques (adsorption) et à leur viscosité, les huiles
s’infiltrent entre les surfaces en mouvement relatif
réduisant ainsi le frottement, l’échauffement et l’usure.

Limitations:

- Onéreuses et polluantes à l’environnement


- Hautement sensible aux variations de températures

Composition: La quasi-totalité de la production mondiale


provient du raffinage du pétrole brut.
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5.4. Lubrification
5.4.2. Généralités sur les lubrifiants
1. Les lubrifiants liquides : les huiles
 Propriétés
- La viscosité
• Les résultats expérimentaux de
Newton sur la résistance interne
des fluides (1687).

• La loi de Hagen – Poiseuille:


American
Petroleum
Institute
Viscosité SAYBOLD (en sec)
Saybold Universal Viscosity
(SUV) ou Saybold Universal
Second (SUS)
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5.4. Lubrification
5.4.2. Généralités sur les lubrifiants
1. Les lubrifiants liquides : les huiles
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5.4. Lubrification
5.4.2. Généralités sur les lubrifiants
1. Les lubrifiants liquides : les huiles
 Propriétés
- Relation: viscosité-température
• Relation non linéaire et difficile à relier aux autres
propriétés des huiles.
Constante: 0.6 – 0.8 (ASTM 0.7)
• Deux méthodes:
o Equation empirique de Walther:

Constantes caractéristiques de chaque huile

Permet de déterminer la viscosité d’une huile


à une température quelconque se basant sur
les valeurs connues à 40 et 100°C.

o Indice de viscosité (I.V): permet de classifier les huiles selon une échelle arbitraire allant de 0
(= variation très sensible de la viscosité en fx de la température) à 100.
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5.4. Lubrification
5.4.2. Généralités sur les lubrifiants
1. Les lubrifiants liquides : les huiles
 Propriétés
- Relation: viscosité-pression
• Huiles ⟹ fluides incompressibles : Propriété essentielle pour la lubrification en régime élasto-
hydrodynamique.
• Pour les huiles minérales et synthétiques:
Viscosité à la pression atm 𝑃1

Coefficient V-P: 1,5.10−3 ≤ 𝛼 ≤ 5.10−3 𝑏𝑎𝑟 −1


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5.4. Lubrification
5.4.2. Généralités sur les lubrifiants
1. Les lubrifiants liquides : les huiles
 Classification
• Selon la viscosité, plusieurs organismes font cette classification:

- Society of Automotive Engineers (SAE)

- American Gear Manufacturers Association (AGMA)

- American Society for testing and Materials (ASTM)


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5.4.2. Généralités sur les lubrifiants
1. Les lubrifiants liquides : les huiles
 Classification
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5.4. Lubrification
5.4.2. Généralités sur les lubrifiants
2. Les lubrifiants semi-liquides : les graisses

Les graisses sont des matières semi-solides qui se


comportent comme des solides : Ils s’opposent à tout
mouvement relatif, jusqu’à un seuil critique de
cisaillement 𝜏𝑐𝑟 au delà duquel elles se comportent
comme des liquides.

En générale, les graisses utilisées dans nos industries


sont artificielles ou synthétisées. Celles naturelles
(Oléostarine, beurre de Karité, suintine, etc) sont rares
ou difficiles à être produites en quantité industrielle.

Elles trouvent leur utilisation dans le maintien d’un


lubrifiant liquide en place ou si l’on veut qu’elle serve de
joint étanche à l’intrusion des contaminants solides.
Elles ne refroidissent pas les zones lubrifiées.
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Les graisses: Composition

Agents Produits Organiques: Savons, produits des corps


épaississants gras
(10-15% vol.) Produits inorganiques: Argiles ou gels de Silice
Paramètres
définissant la
consistance de
Fluides Huiles minérales la graisse
Les graisses lubrifiants
Artificiels (80-90% vol.) Huiles synthétiques

Agents Anti-Oxydants (0.05- 1%): Amines,


phénoles, les sulfures et composés de Sélénium
Agents Anti-rouille (0.2- 3%): Sulfonates, esters
Additifs sabitan, produits gras et insolubles.
Améliorent les
Agents Anti-usure (0.5- 1.5%): Acides gras ou des produits
propriétés
inorganiques (esters de Chlore, de Phospore ou de soufre
lubrifiantes et
protectrices du Agents désactiveurs (0.01- 0.05%): Composés de sulfures ou
fluide lubrifiant Phosphates qui annulent l’effet catalyseur de certains métaux.
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Les graisses: Propriétés
V. Notions de tribologie
Les graisses: Classification

* NLGI: National Lubrification


Grease Institute
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5.4. Lubrification
5.4.2. Généralités sur les lubrifiants
3. Les lubrifiants solides : les poudres sèches
Comme lubrifiant, les poudres sèches sont introduits sous forme solide entre les surfaces en mouvement
relatif car elles opposent une faible résistance au cisaillement.

 Utilisation  Inconvénients
5.4. Lubrification

 Propriétés
Dans ce chapitre,

1. Introduction

2. Topographie des surfaces

3. Etude du frottement

4. Lubrification: Régimes de lubrification

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