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Questions nouvelles

Transition nutritionnelle
et maladies chroniques
non transmissibles
liées à l'alimentation
dans les pays en développement
Bernard Maire, Sandrine Lioret, Agnès Gartner,
Francis Delpeuch

Essor des maladies pays en développemem [1-4] (figure 1). rare il y a seulemem 20 ans, er l'OMS
A l'inverse, les maladies rransmissibles, prévoir que cerre proporrion arreindra
chroniques surrour dans l'enfance, ne cessenr de 76 % en 2025 [4J. Dans les Caraïbes, au
régresser, favorisam un allongemenr mar- cours des années 60, 14 à 54 % des
non transmissibles qué de l'espérance de vie dans l'ensemble décès, selon les pays, éraiem encore dus
de ces pays. Or, parmi ces maladies aux mal.adies infecrieuses er 10 à 45 %
liées à l'alimentation 1 chroniques non rransmissibles, cenaines aux principales maladies chroniques; en
om un lien reconnu avec l'alimemarion 20 ans, ces chiffres som respeerivemem
Si les maladies chroniques consriruem (hyperlipidémie, diabète non insulinodé- passés à 2-7 % er 25-57 %, er on peur
depuis longtemps la première cause de pendam, hypenension anérielle er mala- cirer des fairs semblables pour l'ensemble
morraliré dans les pays indusrrialisés dies cérébro- ou cardio-vasculaires, cer- de l'Amérique larine. En Chine, jusqu'en
(88 % des décès), on peur déjà leur ami- rains cancers) comme avec d'aunes 1950, la rougeole er la ruberculose figu-
buer environ 40 % des décès dans les faereurs du mode de vie, la sédemariré er raiem parmi les routes premières causes
la consommarion de rabac ou d'alcool de décès; aujourd'hui, ce som les mala-
norammem [5]. Quelques exemples suf- dies cardio- er cérébro-vasculaires ainsi
1 Ce vocable est la traduction littérale d'une fisenr à i1lusrrer cerre évolurion. les que les cancers [6]. Si l'Afrique subsaha-
expression anglo-saxonne popularisée par maladies de l'appareil circularoire som rien ne paie roujours un lourd rribur aux
l'OMS (non communicable diet-re/ated chro-
nic diseases), qui visait initialement à faire aujourd'hui responsables de 10 des maladies infecrieuses, avec 53 % des
une distinction entre la pathologie qui relève 40 millions de décès qui surviennenr décès survenanr en bas âge, on consrare
d'agents toxi-infectieux présents dans des annuellemem dans le monde en dévelop- aussi que la probabiliré de décès par
aliments contaminés (intoxications alimen- pemenr. En 1997, 63 % des diabériques maladie chron ique non rransmissible,
taires) et celle qui relève de désordres méta-
boliques, au moins en partie liés, sur le long vivaiem dans des pays en développe- pour un adulre, y esr plus élevée que
terme, au mode d'alimentation. mem, alors que le diabère y érair rrès dans les pays indusrrialisés [7, 8].
Figure 1. Réparti-
tion des décès par
100
grandes causes (en
Maladies infectieuses %) dans les diffé-
B. Maire, A. Gartner, F. Delpeuch: Institut Maladies non Iransmissibles rentes régions du
de recherche pour le développement, l:lI Accidents monde en 1990
UR 106, "Nutrition, Alimentation, Socié- (d'après Murray et
tés ", Centre collaborateur de l'OMS pour Lapez [7)).
la nutrition, lAD, BP 64501, 34394 Montpel-
lier, Cedex 5, France. 50 Figure 1. Distribu-
<maire@mpl.ird.fr> tion of percentage of
S. Lioret : Afssa (Agence française de sécu- deaths by broad
rité sanitaire des aliments), Direction de causes for different
l'évaluation des risques nutritionnels et world regions in
1990.
sanitaires, 23, avenue du Général-de Gaulle,
BP 19,94701 Maisons-Alfort Cedex, France.

Tirés à part: B. Maire

Thèmes: Nutrition; Santé publique;


Maladies chroniques.

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Transition changemenrs dans les modes de vie qui
les onr accompagnés [9]. Ce concepr de
gressive des maladies chroniques dégéné-
rarives aux maladies infecrieuses comme
épidémiologique, rransirion, décrir pour la première fois principale cause de décès er, dans Je
par Omran [la], er donr une vision sim- domaine de la nurririon, la subsrirurion
transition alimentaire plifiée esr présenrée dans le tableau, fai r des problèmes de surcharge pondérale er
surrour référence à ce qui s'esr passé en d'obésiré aux problèmes de carences liées
et nutritionnelle Europe er aux Érars-Unis à parrir du à l'alimenrarion [11]. Il y a sans doure
XlX" siècle er ne saurair êrre pris comme le auranr de modèles que de sociérés er
Tour semble indiquer le développemenr modèle de roure rransirion comemporai- d'époques, er la rapidiré de ces rransirions
d'une rransirion épidémiologigue, pour ne. Son principal mérire esr d'ordonner peur êrre rrès variable [12]. Par ailleurs, la
un grand nombre de pays du Sud, l'ensemble des fai rs qui caracrérisenr le résurgence d'un cerrain nombre de mala-
proche de celle réalisée auparavam par les passage d'une sociéré préindusrrielle à dies infecrieuses (ruberculose), ainsi gue
pays indusrrialisés, précisémenr à la suire une sociéré moderne avec, pour corollaire l'émergence périodique de nouveaux
des processus d'indusrrialisarion er des en marière de sanré, la subsrirurion pro- agenrs infecrieux (Legionella, er surrour

Tableau
Caractéristiques générales de la transition épidérniologique et nutritionnelle des pays industrialisés (d'après Ornran
[10] et McKeigue [80])

Ère des pestes Ère de la régression Ère des maladies


et des famines des famines chroniques
et des pandémies dégénératives

Économie Agriculture de subsistance Révolution industrielle Diminution de la pénibilité


Traction animale Révolution des transports des tâches industrielles
Artisanat Révolution agricole et domestiques
Élévation plus rapide du Révolution technologique
produit national brut Montée du secteur tertiaire

Démographie Fécondité élevée Diminution de la fécondité Maîtrise de la fécondité


Mortalité élevée aux jeunes Déclin de la mortalité Espérance de vie> 60 ans
âges précoce Vieillissement de la
Forte mortalité maternelle Croissance active de la population population
Faible espérance de vie Pyramide des âges Fort taux d'urbanisation,
Population jeune, surtout rééquilibrée banlieues
rurale Débuts de l'urbanisation
et de l'immigration

Santé Nombreuses maladies Expansion puis régression Déclin des maladies infectieuses
infectieuses (épidémies des maladies infectieuses Montée des maladies
fréquentes; tuberculose (variole, polio, tuberculose) ; chroniques liées à
endémique, etc.) vaccins l'alimentation, la sédentarité et
la pollution

Agriculture Forte dépendance saisonnière Techniques industrielles Technologie de haut niveau


lalimentation Productivité insuffisante, de transformation et conservation Forte productivité
disettes fréquentes Diversification (via transports)
Conservation artisanale Productivité accrue

Céréales, pommes de terre Davantage de produits Taux élevé de lipides,


Diversification limitée animaux, fruits et légumes de graisses saturées, de sucre
Faible taux de lipides Produits transformés
Faible teneur en fibres

Nutrition Malnutrition par carence Diminution des carences Surpoids et obésité


Retard de croissance Problèmes de sevrage, moins courants
de l'enfant de problèmes de croissance Recherche de minceur dans
Surpoids dans les classes les classes affluentes
affluentes Handicaps aux âges avancés
liés aux maladies
chroniques dégénératives

Broad characteristics of the epidemiological and nutritional transition in industrialized countries

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VIH) obligent cenainement à repenser affronter de façon cumularive, pour une dans les pays en développemenr 2. La
pour partie le modèle initial er son appli- durée probablement assez longue, aussi figure 2 illusrre bien J'effer de passage
carion homogène à rous les groupes au bien des problèmes de maladies infec- progressif d'un problème dominant de
sein des sociérés, comme le rappellent rieuses er de carences nuuirionnelles que maigreur à un problème de surpoids er
différents auteurs [13]. Il faur par ailleurs d'obésiré er de maladies chroniques dégé- obésiré dans un cenain nombre de ces
êue prudent dans la lecrure de l'enchaî- nératives, à la prise en charge uès cOû- pays. L'obésiré se définir normalement
nement des causes er de leur pondéra- reuse, dans un contexre de ressources comme un srockage excessif de lipides
rion. Pour aurant, uansirions démogra- encore uès limirées [19]. Car, parallèle- dans le rissu adipeux, sous forme de ui-
phique, sociale, épidémiologique er menr à l'accroissement des maladies glycérides. Dans les populations, on uri-
nuuirionnelle sont indissociables [11-13]. chroniques, de nombreux exemples de lise une mesure approchée, J'indice de
Incontesrablement, la tendance des pays phénomènes de rransirion alimentaüe er masse corporelle (poidslraille 2), dont la
développés au cours des siècles derniers à nuuirionnelle dans les pays du Sud se valeur seuil pour signer une obésiré vraie
s'éloigner des régimes alimentaires uadi- SOnt accumulés ces dix dernières années chez un adulre esr aujourd'hui fixée à
rionnels principalement à base de [5, Il, 20-24]. 30 kg/m 2 [27]. L'excès de masse grasse
céréales, de tubercules er de légumes, corporelle peur être associé à des degrés
pour évoluer, au fur er à mesure de divers à J'hypenension, à l'hypercholesré-
l'accroissement des revenus moyens, vers rolémie, au d iabère non insulinodépen-
des régimes de plus en plus diversifiés, a Évolution dam, aux maladies coronariennes, à des
abouri à une plus grande prévalence de uoubles de la vésicule biliaire, ou encore
l'obésiré er des maladies chroniques liées
de la prévalence à l'apnée du sommeil er à de l' osréo-
à J'alimentarion, avec une monaliré asso- de l'obésité anhrire; il véhicule donc avec lui un
risque imporrant de morbidiré er de
ciée élevée. Ces régimes, plus riches en
produits animaux, SOnt en effer devenus et de la surcharge monaliré [25, 27]. Il peur y avoir un
d'une manière générale de plus en plus délai d'environ 15 ans avanr J'apparirion
gras, de plus en plus sucrés, er de moins pondérale de diabère, par exemple, puis, 5 à 15 ans
en moins riches en fibres er en micronu- plus rard, de complicarions rénales ou
uiments antioxydants. dans le tiers-monde oculaires er d'ampurarions. Il y a donc
Ce bref raccourci ne doir cependanr pas
omeure de prendre en compte l'exuaor- Un des marqueurs de la uansirion nuui-
dinaire améliorarion qui en a découlé au rionnelle en cours esr l'accroissement de
passage, en rermes de diminurion des l'obésiré presque panour dans le monde, 2 La prévalence des malnutritions par
maladies de carence, d'une fone crois- au point que l'OMS parle d'épidémie carences reste une priorité de santé
sance sraturo-pondérale des enfants er mondiale [25]. Il y avair environ publique dans nombre de pays du Sud. Les
données de prévalence sont régulièrement
d'un allongement sans précédent de 200 millions d'obèses dans le monde en présentées et commentées dans les rap-
l'espérance de vie, y compris à des âges 1995 ; il yen aurair actuellement un peu ports des organisations des Nations Unies,
avancés, dans un étar de santé souvent plus de 300 millions, dont 115 millions et ne seront pas discutées ici [26J.
sarisfaisant, enviable pour nombre de
pays pauvres [6, 14]. S'agirair-il donc
pour les pays en développement de
J'émergence d'une nouvelle forme de Insuffisance pondérale Excès pondéral
crise alimenraire er nuuirionnelle, res-
ponsable d'une aggravarion durable de la
PéroU[---~~~~~~~~--~iiiiiiiii=::~--l
Tunisie
Colombie
situarion saniraire, ou d'une transition
Brésil
vers un âge de vie meilleure dont le prix Costa Rica
à payer serair l'augmentarion specraculai- Cuba
re des maladies chroniques dégénérarives, Maroc
à l'insrar de ce qui s'esr passé dans les Chili
pays développés [Il] ? Cenains considè- Mexique
rent que seul le vieillissement esr en Togo
cause, mais que l'augmentarion relative Zimbabwe
du risque n'esr pas cenaine er qu'il ne Chine
Mali
faur sunour pas dévier de poliriques
Ghana
saniraires er nuuirionnelles favorables à HaTti
la survie er à la croissance des jeunes Sénégal
enfants, ainsi qu'aux capacirés de déve- Éthiopie Classes de l'indice de Quételet 1

< 16016·16,9.17·18,4. > 25


loppement humain, de reproduction er Inde+-_----,--"===r!"===;='''
de uavail des adulres [14, 15]. D'aurres, 60% 50 40 30 20 10 o 10 20 30 40 50 60%
en revanche, s'alarment de la viresse de
progression des facreurs de risque dans
Figure 2. Distribution de l'indice de masse corporelle (ou indice de Quételet) dans diverses popula-
nombre de régions du monde [8, 16-18]. tions du monde (hommes et femmes) (d'après OMS [27]),
Au-delà, il semble bien réel que la plu-
pan des pays en développement Ont à Figure 2. Body mass index of various adult populations in the world (both sexes)

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1
un effer « bombe à rerardemenr» de 49 % en Amérique larine, er 2,2 % seu- [41]. Les filles sonr davanrage concer-
l'augmenrarion progressive de poids, qui lemenr au Bangladesh. Les enquêres nées que les garçons, dès le plus jeune
devienr du même coup un indicareur répérées, disponibles pour quelques pays, âge; il n'y a pas d'explicarion simple à
précoce de l'évolurion probable des ne monrrenr rourefois pas de rendance ce phénomène. Cerre différenciarion
maladies chroniques associées [28]. uniforme [35, 36]. Il y a par ailleurs de enrre sexes s'accenrue nerremenr en fin
Pellerier er Rahn, sur 1 432 érudes forres disparirés à l'inrérieur des pays, en d'adolescence, après l'apparirion des
publiées enrre 1954 er 1997, onr consra- liaison avec l'habirar urbain, le revenu er règles, c'esr-à-dire à une période de
ré une augmenrarion signiflcarive de le niveau d'éducarion des femmes. À brusque changemenr hormonal qui favo-
l'indice de corpulence moyen dans roures New Dehli, 28 à 50 % des femmes des rise l'accumularion de graisses corpo-
les grandes régions du monde en déve- classes moyennes sonr en surcharge pon- rel les. Les données sur les adolescenrs
loppemenr, de l'ordre de 0,4 à dérale, mais seulemenr 4 % dans les fau- sonr malheureusemenr rrès insufftsanres,
2,4 kg/m 2 ; ils esrimenr cependanr que bourgs pauvres. en dépir de la phase cririque que consri-
cela reflère une réduerion de la prévalen- Un aurre indice de l'avancée du phéno- rue cerre période [42].
ce de la malnurririon davanrage qu'une mène de rransirion esr la régression des
augmenrarion du raux d'obésiré, en dépir malnurririons par carence er la monrée
d'une augmenrarion réelle des raux de progressive de l'obésiré chez les jeunes
surpoids (> 25 kg/m 2 ) [15]. Cerre évolu- enfanrs. La base de données de l'OMS Principaux
rion rapide du raux de surpoids paraîr sur l'anrhropomérrie des préscolaires
peu conresrable [29]. En Tunisie, il esr dans le monde 4 nous donne une idée de
déterm-nants
passé d'environ 28 % en 1980, à 34 %
en 1985, puis à 42 % en 1997 [30] ; au
la siruarion er de son évolurion à ce
niveau [37, 38]. Ainsi en 1995, la préva-
de la transition
Brésil, de 22 % en 1974, à 34 % en lence de surpoids érair de 3,3 %, ce qw nutritionnelle
1989 [31]. Popkin signale des augmenra- esr relarivemenr faible (17,5 millions
rions rapides er récenres de plus de 5 % d'enfanrs, conrre 50 millions en insufft-
sur 10 ans en Chine, en Inde ou au Bré- sance pondérale). En règle générale, les Comme pour rour phénomène de naru-
sil [23]. Or, le surpoids s'accompagne pays qui présenrenr des raux de malnu- re épidémique, on peur en raisonner les
déjà d'une augmenrarion du risque pour rririon du jeune enfanr supérieurs à 10% dérerminanrs possibles en rrois groupes
un cerrain nombre de maladies chro- onr une prévalence de surpoids dans la de facreurs : ceux liés aux individus
niques à l'échelle d'une popularion [32J. même rranche d'âge inférieure à 5 % ; eux-mêmes, d'origine mérabolique ou
L' obési ré rouche pl us facilemen ries inversemenr, les pays les plus riches, qui générique, qui vonr fixer le niveau de
femmes que les hommes. Ainsi, la préva- onr une prévalence de surpoids chez le prédisposirion ; les agenrs direcrs du
lence dans la popularion féminine mexi- jeune enfanr supérieure à 5 %, présen- phénomène, à savoir ceux qui conrri-
caine esr comparable à celle des femmes renr des raux de malnurririon inférieurs à buenr à une modificarion de l'équilibre
aux Érars-Unis (25 %), alors qu'elle n'esr 5 %. Il y a donc un effer de bascule carac- énergérique; enfin, les faereurs d'envi-
que de 15 % pour la popularion masculi- rérisrique, la surcharge remplaçanr la mal- ronnemenr qui vonr condirionner la
ne mexicaine er de 19 % aux Érars-Unis nurririon au fur er à mesure de l'enrrée forme générale de cerre évolurion [43] er
[33]. Dans les Caraïbes anglophones, dans un processus de rransirion écono- qui favorisenr d'une manière générale
25 % des hommes, mais 50 % des mique, comme on l'observe pour les l'augmenrarion de l'ensemble des mala-
femmes sonr déjà obèses [34J. L'analyse adulres. Cependanr, il n'esr pas rare, dans dies chroniques dires « liées à l'alimenra-
des enquêres de démographie er de ces sociérés en rransirion, de voir coexisrer [Ion ".
sanré 3 , menées de façon comparable malnurririon er obésiré dès l'enfance dans
auprès des femmes er des enfanrs présco- les mêmes secreurs. À Sâo Paulo, au Bré-
laires d'un cerrain nombre de pays en sil, dans une popularion urbaine margina- Aspects métaboliques
développemenr au cours de la dernière le, on rrouve aussi bien 30 % d'enfanrs et génétiques
décennie, permer une vue d'ensemble du avec un rerard de raille que 5 à 7 % de
risque d'exposirion des popularions garçons ou fJ les déjà obèses [39]. Pour un même niveau de masse corpo-
concernées. Moins de 1 % des femmes Parmi les enfanrs plus âgés (7-9 ans), relle, l'accumularion de la masse grasse
sonr obèses en Asie du Sud, 2,5 % en dans un cerrain nombre de pays en rran- esr variable, de même que sa réparri-
Afrique noire, 9,6 % en Amérique larine sirion avancée, la prévalence de surpoids rion. C'esr l'accumularion de masse
er Caraïbes, 15,4 % dans les pays émer- esr de 10 à 25 %; il coexisre là encore, grasse viscérale qui comporre un risque
genrs de l'Europe de l'Esr, er 17,2 % au sein des mêmes sociérés, avec le rerard élevé. Cerraines popularions, en Asie
dans les pays du Moyen-Orienr, mais de croissance (9 à 31 %) [40]. L'excès de norammenr, onr un risque de maladies
40,6 % au Koweïr (conrre 20,7 % aux poids à ces âges s'accompagne raremenr coronaires plus élevé pour un moindre
Érars-Unis). Les raux de surcharge pon- de problèmes de sanré spécifiques, mais indice de masse corporelle, en liaison
dérale sonr évidemmenr plus élevés: le risque esr grand de voir perdurer cerre avec une plus grande adiposiré abdomi-
13,1 % en Chine, 12,1 % en Afrique surcharge au rravers de l'adolescence er nale [44]. La rhéorie de l'adiposiré cen-
sub-saharienne, 33,9 % en Égypre, 34 à conrribuer à une obésiré vraie de l'adulre rrale a permis de mieux comprendre les
mécanismes en jeu [45, 46]. Le rissu
adipeux a rendance à s'accumuler nor-
malemenr à ce niveau avec l'âge. Sous
3 Enquêtes de Démographie et de Santé 4WHO Global database on child growth and
(19991 http://www.measuredhs.com ; Calver- malnutrition. URL http://www.who.int/nut- l'effer des hormones sréroïdes, il
ton, MD, Etats-Unis Macro International Inc. growthdb s'accompagne d'une acrivarion de l'axe

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hypothalamo-hypophysaire, d'une éléva- (voir l'article de Delisle, « La program- amidon et fibres: c'est le volume ingéré
tion du flux des acides gtas libres, d'une mation fœtale des maladies chroniques et la teneur en eau qui interviennent, er
utilisation préférentielle des lipides liées à la nutrition »). On peut rarracher non la densité énergérique [57, 58].
comme substrat énergétique et d'une à ces phénomènes biologiques de prédis- L'affinité gustative pour les lipides er le
résistance à l'insuline, qui entraîne position les conséquences d'une malnu- sucre est une caractéristique universelle-
hyperi nsu li n isme, dysl ipop rotéiném ie trition dans l'enfance: on a montré à ment répandue, qui encourage spontané-
avec diminution du cholestérol HDL, plusieurs reprises que le rerard de crois- ment la consommation d'aliments riches
élévation des LDL, puis hypertension et sance acquis dans J'enfance étair associé en énergie dès lors qu'ils sont disponibles
ultérieurement apparition d'une maladie à un surpoids chez des enfants d'âge et bon marché.
vasculaire. Cet ensemble de troubles scolaire, à une pression sanguine plus La plupart des régimes alimentaires tra-
métaboliques puis cliniques fait l'objet élevée ou à une plus grande obésité ditionnels dans les pays en développe-
d'un consensus progressif en direction abdominale à l'adolescence et à J'âge ment reposent sur des aliments de base
d'un syndrome métabolique unique, adulre [40,51-53]. amylacés, céréales ou racines et tuber-
labellisé « X il [47]. Divers facteurs Ces différentes observations et hypo- cules, avec une faible proportion de
génétiques individuels comme collectifs thèses amènent à penser que l'exposi- lipides, surtout dans les milieux ruraux,
SOnt naturellement liés à la prédisposi- rion de ces populations à un mode de peu de produits d'origine animale bien
tion pour l'obésité ou telle ou telle vie obésogène, dans le contexre d'une souvent, et une forte teneur en fibres.
maladie chronique. Certains groupes transition économique, risque de faire Ces régimes, souvent limités en quanti-
ethniques (indiens d'Amérique et apparaître, dans les décennies à venir, té er peu diversifiés par nécessité dans
d'Asie, îliens du Pacifique, comme une véritable explosion de maladies les sociérés pauvres, sont progressive-
populations méso- et sud-américaines) chroniques liées à l'alimentation à des ment remplacés par des régimes plus
paraissent présenter plus de dispositions âges médians, et à laquelle la plupart de abondants et plus variés lorsque le reve-
que d'autres Oaponais, Africains) dans ces pays ne sont pas encore préparés nu moyen s'élève. L'urbanisation, la
des conditions environnementales simi- [54J. Il est encore trop tôt pour dire la mise à disposition de produits moins
laires, et à niveau égal de masse grasse part de ce phénomène de prédisposi- fastidieux à préparer, l'accès plus facile
corporelle ou d'obésité centrale [48]. La tion par rapport au seul changement à des produits d'origine animale contri-
nature de ces gènes et leur niveau du mode de vie. Mais les conséquences buent alors à une modification sensible
d'interaction avec l'environnement res- en matière d'interventions ne sont des régimes [20, 23, 24, 59]. On a
tent à déterminer, de même que leur naturellement pas les mêmes: dans un parlé d'une occidenralisation des
contribution à l'âge d'apparition ou à la cas, la prévention doit viser la mère et régimes, ceux-ci s'approchant de la
sévérité de ces maladies. Mais, les le jeune enfant; dans l'autre, les modes composition des régimes des pays
conditions génétiques n'ayant pas évo- de vie des jeunes et des adultes en industrialisés, et on a accusé les pro-
lué soudainement, cela n'explique pas général. duits d'origine animale (œufs, produits
l'irruption de l'obésité et des maladies laitiers. volaille, porc) et les importa-
chroniques liées à l'alimentation ni leut tions ou la fabrication sur place de pro-
évolution rapide. L'hypothèse du gène
Facteurs duirs transformés, plus riches en sucres
économe tente de concilier les deux de modification et graisses, moins riches en fibres, ou
[49] : les populations exposées à la faim de l'équilibre énergétique encore l'alimentarion hors domicile, à
de maniète récurrente auraient sélec- l'image du phénomène fast food dans
tionné des individus plus adaptés à une Tour déséquilibre entre consommation nos sociérés. Pourrant, cet effet semble
meilleure conservation de l'énergie par alimentaire er dépense énergétique va intervenir à un srade déjà amorcé de
une plus grande capacité à la préserver influer progressivement sur la composi- transirion. Le facreur premier a été
sous forme de tissu adipeux. Confrontée rion corpocelle. Un déficir chronique l'extension de la consommation
alors à de meilleures conditions d'ali- conduit à l'amaigrissement, un surplus d'huiles végérales parrout dans le
mentation, cerre capacité aurait l'effet chronique conduir au surpoids er à monde, suite à une politique générali-
pervers de les rendre plus sensibles au l'obésité. En ce qui concerne l'alimenta- sée de producrion et de subventions, ce
surpoids ou au diabète non insulinodé- tion, c'est la quanti ré d'énergie qui esr qui a permis à nombre de sociérés
pendant, via une plus grande résistance principalement en cause de même que la d'accéder à des régimes plus riches en
à l'insuline. Pour d'autres auteurs, ce faible densité nutritionnelle en micronu- lipides à des niveaux de revenus bien
serait une expérience défavorable au triments ; il ne semble pas que l'équilibre plus bas qu'autrefois [22]. En Chine
cours de la vie utérine ou de la période entre macronutriments soit à incriminer. comme en Inde, où l'alimentation tra-
néonatale, liée à une malnutrition de la Simplement, en dépit de controverses ditionnelle est pauvre en matières
mère, qui entraînerair l'expression d'un [55, 56], la forte densité énergétique que grasses (10 à 20 %), des régimes à plus
phénorype économe suire à une modifi- procurent naturellement les lipides tes de 30 % d'énergie sous forme de
carion des capacirés métaboliques, se implique plus que les glucides dans lipides SOnt apparus en une décennie
traduisant notamment par une plus l'excès calorique absorbé. Le sucre joue dans les famiJJes urbaines les plus aisées
grande résisrance à l'insuline er, plus aussi un rôle important, dans les plats [11]. Toutes les sources de lipides ne
tard, par j'apparition plus fréquente de comme dans les boissons sucrées dont la SOnt pas identiques en termes de risque
syndrome X. C'est la base de l'hypothè- consom mation va en augmentant régu- de maladies chroniques dégénératives,
se de Barker et de ses collaborareurs lièrement. Il ne semble pas que la satiété qu'il s'agisse des graisses animales.
[50], dite de la programmation fœtale; régule l'appétit pour les lipides et le riches en acides gras saturés, mais aussi
er développée largement dans ce numéro sucre comme pour les aliments riches en des huiles végétales selon leur origine

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ou leur condirionnement 5 [60]. Ainsi, à rique, ainsi que sur les foncrions psy- 2025 : depuis le débur des années 70, la
l'île Maurice, c'esr le passage d'une chiques. Dès 30 ans, la pluparr des fonc- pluparr d'enrre eux vir dans les pays en
huile de palme à une huile de soja qui rions commencenr à dédiner à raison de développemenr (70 % en 2025) [66].
aurair permis une diminurion significa- 0,75-1,0 % par an. La capaciré physique Cerre donnée peur expliquer narurelle-
rive du raux moyen de choies ré 1'01 san- diminue, le remps de réac ri on esr plus menr une parrie de l'accroissemenr du
guin [61]. Enfin, un cerrain nombre de lenr, les srrucrures corporelles deviennenr nombre de cas de maJadies chroniques
ces régimes dirs modernes ne compor- moins roléranres à l'efforr er la récupéra- dégénérarives dans ces pays; rourefois,
rent pas sufflsammenr de viramines er rion demande plus de remps. Tour cela lorsque ces maJadies se manifesrenr dans
minéraux anrioxydanrs, d'acide folique conduir à un rythme de vie moins acrif, des rranches d'âge plus jeunes que celles
ou encore de pyridoxine par exem pie, en associarion avec les facreurs socio- auxquelles elles sonr normaJemenr arren-
alors qu'ils sonr essenriels à la préven- économiques er culrurels qui façonnenr dues, l'hyporhèse du vieillissemenr des
rion de cerraines maladies chroniques le rôle de l'adulre d'âge mûr [64]. Pour popularions esr insuffisante comme seule
dégénérarives. l'insranr, on consrare que seuls les explicarion.
Dans l'équarion énergérique, l'acriviré milieux favorisés, bénéficianr d'un bon Il exisre un lien manifesre enrre niveau
physique joue un rôle essenriel er cer- niveau d'éducarion, sonr apres à prendre de développemenr économique er sociaJ
rains se demandenr si ce facreur n'esr pas en corn pre cer aspecr dans leur vie quori- er niveau de rransirion épidémiologique
crucial dans la rransirion nurririonneUe dienne er à renverser la rendance à une ou nurririonnelle. La charge des maladies
[24]. Il semble logique qu'une améliora- obésiré croissanre er précoce en foncrion infecrieuses er des malnutririons par
rion des revenus enrraîne une améliora- de l'âge (28 % de réducrion de \ 989 à carence esr globalemenr plus fone, er
rion des condirions de vie, dans le sens 1997 chez les femmes urbaines de haur pour longremps encore, dans les pays les
d'une moindre pénibiliré des râches niveau socioéconomique au Brésil) [65]. plus pauvres; mais la siruarion se présen-
norammenr, qui resre souvenr une forre On a évoqué jusqu'ici les facreurs qui re différemment dans les pays émergenrs
conrrainre dans les pays pauvres. Méca- condirionnenr de manière direcre l'appa- ou moins démunis, soir près de 60 % de
nisarion du rravail er des rravaux domes- ririon de surpoids er d'obésiré er qui la popularion mondiaJe, où les maJadies
riques, accès à des moyens de rransporr, favorisenr à plus long rerme l'hyperren- chroniques liées à l'aJimenrarion gagnenr
diminurion du remps de rravail er séden- sion (sans oublier dans ce cas le rôle plus rapidemenr en imporrance. Un exemple,
rarisarion, augmenrarion des loisirs pas- spécifique du sodium, sysrémariquemenr a contrario, celui de Cuba, montre bien
sifs comme le cinéma ou la rélévision ajouré aux différenres érapes de fabricarion le lien enrre revenu er obésiré. Ce pays
fonr cerrainemenr parrie des change- des aJimenrs indusrriels), les hyperlipé- présenrair en 1982 un (aux déjà élevé de
menrs en cours dans les pays en dévelop- mies, le diabère, puis les maJadies cardio- surpoids (de 31 % chez les hommes er
pemenr, surrour dans les milieux urbani- vasculaires ou cerrains cancers. Toure- 39 % chez les femmes) er de maJadies
sés. Pourranr, quelques érudes de fois, l'alimenrarion er la régularion chroniques. Mais la crise économique
dépense énergérique onr monrré qu'i! y énergérique ne sonr qu'un élémenr parmi apparue à parrir de 1989, avec de
avair moins de différence qu'on ne le d'aurres qui vonr condirionner la surve- sérieuses difficulrés pour les plus pauvres
supposair parfois enrre pays indusrriaJisés nue er l'ampleur de relie ou relie maJadie à accéder à une nourrirure suffisanre, a
er pays en développemenr: il y aurair de chronique. Ainsi, les facreurs de vieillis- fair passer la prévaIence de surpoids des
fair une compensarion sous forme semenr démographique er d'urbanisarion adulres, à La Havane, de 44 à 23 %
d'inacriviré en dehors des râches domes- accélérée (fone sédenrariré, stress sociaJ enrre 1989 er 1994, la maigreur aug-
riques ou professionnelles obligaroires er professionnel accru, pollurion, erc.) menranr à l'inverse [67]. On a observé
lorsque celles-ci sonr pénibles [62]. Peu ainsi que la consommarion d'aJcool er de des phénomènes similaires au Congo
de données concrères sonr disponibles er rabac qui ne cesse de se généraJiser dans urbain en foncrion des périodes de crises
elles donnenr des résulrars peu rranchés nombre de pays conrribuenr-i1s large- [68, 69]. On consrare égalemenr des dis-
[63]. Cependanr, 50 % des hommes er menr à l'expansion de ces maJadies. parirés en foncrion du revenu au sein
75 % des femmes à Panama Ciry par même des pays, er souvenr de façon
exemple ne prariquenr pas d'exercice conrradicroire. L'obésiré er les maJadies
physique ni ne sonr impliqués dans des
Facteurs démographiques, chroniques liées à l'alimenrarion se
rravaux vigoureux, er cela semble com- économiques rerrouvenr préférenriellemen r dans les
mun à la plu parr des grandes villes sud- et sociaux couches défavorisées dans les pays indus-
américaines [64]. L'acriviré physique rriaJisés, par exemple. Divers aureurs onr
rend à proréger de l'accumuJarion grais- La plupan des pays en développemenr monrré que la rransirion se faisair en
seuse viscérale er, indépendammenr de connaissenr une diminurion progressive plusieurs phases: ce sonr d'abord les
son effer sur Je poids, a des effers béné- de la fécondiré er de la morraJiré infanro- classes afAuenres qui deviennenr obèses
fiques sur les mérabolismes cardio-vascu- juvénile ainsi qu'un allongemenr de par suire de J'améliorarion rapide de leur
l<\iftl, r~spirilroire er musculo-squeler- l'espérance de vie, bien que de façon rrès niveau de vie er qui paienr un rribur plus
inégaJe. La pyramide des âges enregisrre élevé aux maladies associées. Puis, pro-
un rééquilibrage des classes plus âgées er gressivemenr, ces couches aisées modi-
5 Conservation prolongée dans de grands un vieillissemenr progressif. Le nombre fienr leurs modes de vie, privilégianr une
récipients métalliques (risque de peroxyda- d'adulres de 45-59 ans augmenrera de diminurion de leurs facreurs de risque.
tion), utilisation de certains antl-oxydants 160 % d'ici 2020. Le pourcenrage des Ce sonr alors les couches les plus
synthétiques (quI ne sont plus autorisés
personnes âgées de plus de 60 ans dans pauvres, passé un cerrain accroissemenr
dans les pays industrialisés), ou encore
hydrogénation partielle génératrice d'acides le monde érair de 8,5 % en 1980, de de leurs revenus, qui sonr exposées à ce
gras trans (athérogéniquesl. 11 % en 1999 er il sera de 15 % en risque [70, 71]. Cela expliquerair par

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exemple la réparririon acruelle de l'obési- la proponion de surpoids augmenre de On ne saurair passer sous silence le rôle
ré en foncrion des carégories socio-éco- concen avec la consommarion plus éle- de la consommarion accrue de rabac er
nomiques en Amérique larine, enrre un vée de marières grasses. Boume a monrré d'alcool. Si les popularions des pays en
pays comme le Chili, qui a largemenr que le raux de lipides dans l'alimenrarion développemem éraienr relarivemem plus
amorcé sa rransirion, er le Brésil ou le des Sud-Africains érair direcremenr fonc- à l'abri du rabac que celles des pays
Mexique, encore en phase inrermédiaire, rion du raux d'exposirion à l'environne- développés, c'esr de moins en moins le
ou le Guaremala, au rour débur de sa menr urbain [76]. L'offre alimenraire cas, du fair de la mondialisarion qui
rransirion [72]. On consrare par ailleurs consisre norammenr en un cerrain favorise l'irruprion d'une promorion er
un phénomène rroublanr qui semble nombre de produirs manufacrurés riches d'un markering agressif du rabac. Si ce
caracrériser la norion même de rransi- en alimenrs rransformés, à reneur élevée sonr surfOur les hommes qui som sen-
rion, un vérirable cumul de paThologies en lipides er en sucre, er pauvres en sibles à cerre publiciré (50 à 60 % de
de malnurririon par carences er par sur- fibres er en divers micronurrimenrs. Un fumeurs réguliers), norammenr en milieu
charge, non seulemenr au sein des pays, corollaire de la rapidiré de l'urbanisarion urbain; les femmes er les enfanrs sonr
en foncrion du niveau socio-écono- esr la difficulré des migrams ruraux à indirecremenr exposés au ra bac de
mique, mais au sein même des ménages. adaprer leur alimemarion à ce nouveau manière croissanre, via le rabagisme pas-
On vienr ainsi de menre en évidence au milieu. Une érude ponanr sur 133 pays sif, fOur en éranr parfairemenr ignoranrs
Brésil er en Chine une prévalence de 8 à en développemenr indique que la migra- des effers à long cerme d'une relie exposi-
Il % de reis ménages [73]. Parmi les rion vers les villes peur enrraîner jusqu'à rion. L'OMS esrime que la morraliré
ménages où un problème de malnurri- un doublemem de la consommarion de associée au rabac, d'environ 3 millions de
rion par carence aéré idenrifié, en géné- plars gras er sucrés, peu chers er immé- décès en 1990, pourrair passer à plus de
ral chez un enfanr, 23 % d'enrre eux en diaremenr disponibles (en raison d'une 8 millions en 2020 ; que dire alors de la
Chine er 45 % au Brésil comprennenr alimemarion hors domicile plus fréquen- morbidiré chronique associée: problèmes
un aurre membre aneinr de surcharge re, norammem), au dérrimem d'une respiraroires, cardio-vasculaires, er cer-
pondérale, généralemenr un adulre. nourrirure rradirionnelle souvenr plus rains cancers norammem? Il en esr de
L'urbanisarion rapide qui caracrérise chère er nécessiram un long cemps de même de l'exposirion croissanre à
nombre de pays en développemenr esr prépararion (céréales ou rubercules). Il l'alcool, donr les effers se conjuguenr
un des facreurs clés de la viresse de la peur en résulrer un remplacemem de souvenr à ceux du rabac er de régimes
rransirion. Srimulée par l'offre d'emplois régimes riches en nurrimems par des pauvres en nurrimems anri-oxydanrs. Si
indusrriels, elle s'esr amplifiée bien sou- régimes énergériques mais nurririonnelle- les consommarions esrimées sonr en
venr devanr la rigueur encore fréquenre mem pauvres [19, 77]. La siruarion des général encore basses, et rrès variables
de la vie rurale er l'espoir d'une vie néo-urbains fair penser aux observa rions d'un pays à l'aurre, elles sonr en aug-
agréable er plus srimulanre en ville. En menées dans les îles du Pacifique Sud, menrarion rapide er consranre dans
1%0, 30 % des habiranrs de la planère chez les indiens Pima rransplanrés à nombre de pays en développemenT.
éraienr urbanisés, aujourd'hui la moirié Phoenix dans l'Arizona, ou au sein des
environ: 70 % de ces urbains vivenr diasporas sud-asiariques ou africaines,
dans des villes de pays en développe- qui om fOures monrré que les phéno-
menT. En Amérique larine, le raux mènes bruraux d'acculrurarion peuvenr Perspectives
d'urbanisarion esr déjà passé d'une enrraîner une caricarure de rransirion
gamme de 30-40 % à 40-60 % en nurririonnelle [78-80].
en termes
30 ans. En Inde, le raux d'urbanisarion Par ailleurs, le milieu urbain favorise la de nutrition publique
devrair passer de 23 % en 1981 à 42 % sédemariré : expansion du secreur des ser-
en 2021. C'esr l'Afrique qui s'urbanise le vices [8I], équipemem domesrique plus
plus rapidemenr, bien que les villes y fourni, nombreux moyens de rransporrs, Tour indique que la morbidiré er la
soienr de dimension plus modesre. disrracrions passives comme le cinéma ou morraliré liées aux maladies chroniques
Même si l'urbanisarion n'explique pas à la rélévision. Seuls les segmenrs les plus dégénéra rives vom s'aggraver dans les
elle seule la prévalence élevée des mala- éduqués de la popularion compensem pays en développemenr [83]. Le désir
dies chroniques liées à l'alimenrarion, cerce baisse d'acriviré par des loisirs spor- général de ces sociérés esr de jouir d'un
c'esr rour de même en milieu urbain que rifs. Enrrenr en ligne de corn pre égale- niveau de vie plus élevé, de sonir de la
s'accélère l'apparirion de surpoids er menr des facreurs de srress, liés à la malnurririon er de mieux se prémunir
d'obésiré, d'une parr, er de maladies modernisarion, à l'accélérarion du mode conue les maladies infecrieuses. Même
chroniques dégénérarives, d'aurre parr. de vie, à une plus faible inserrion sociale si, à (erme, comme c'esr déjà le cas dans
En Inde, le raux de maladies cardiaques, parfois, aux condirions plus srricres de cerrains pays (Brésil, Chili, Thaïlande),
de l'ordre de 30-60/1 000 en milieu rravail, au manque de conrrôle sur sa les élires prennenr conscience de ces pro-
rural, s'élève à 80-120/1 000 en milieu propre acriviré. Enfin, la pollurion en blèmes er infléchissenr avec succès leurs
urbain [74] er 30 à 40 % des adulres de milieu urbain pourrair jouer un rôle dans modes de vie, l' obésiré er les maladies
différenrs niveaux socio-économiques l'apparirion ou l'aggravarion d'un cenain chroniques liées à l'alimenrarion resre-
seraienr obèses à New Delhi [75]. L'accès nombre de ces maladies. Yajnik, en Inde, rom un problème sérieux pour les caré-
à des alimenrs diversifiés er disponibles à ami bue norammenr à la pollurion urbai- gories pauvres de ces sociérés, noram-
longueur d'année, dans la mesure où ne une libérarion accrue par le rissu adi- mem en milieu urbain où leur nombre
ceux-ci demeurenr financièremenr acces- peux de cyrokines pro-inflammaroires qui rend à s'accroÎrre [23]. Un des aspec(s
sibles, conrribue de façon significarive à conuibueraienr à l'apparirion du diabère préoccupanrs de cerre évolurion esr
une réducrion de la malnucririon; mais er des maladies cardiaques [82]. l'apparirion d'obésiré chez les jeunes

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enfams; cela augmente d'aurant le risque el' rratrees en relarion avec les facreurs de rions fiscales de J'Érar, comme dans le cas
de voir apparaîrre des maladies chro- risque, norammenr génériques, du de la cigarerre ou de l'alcool, seraient
niques dégénérarives à des âges de plus parienr. Mais, à un cerrain niveau de davanrage suscepribles, selon eux,
en plus jeunes el' d' entrainer une charge prévalence dans une popularion, le pro- d'apporrer des modificarions sensibles,
de soins élevée pour les familles el' la col- blème n'esr plus seulemenr individuel posirion en parrie parragée par la
lecriviré, roUI' en affecrant les rranches mais sociéral; on a même pu parler 53 c assemblée mondiale de la sanré
d'âge les plus acrives de ces sociérés. En d'épidémie. Il s'agir d'une entiré morbi- (OMS, Genève, 2000). Les gouverne-
effer, le rrairement de ces maladies coûre de globale, regroupanr cerres différentes ments ont du mal à prendre des décisions
cher; celui du diabère el' de ses corn pli- parhologies mais avec des facreurs de de ce rype ; pour auranr, ils sont les pre-
carions monopolise à lui seul 8 % du risque souvent communs. Ces facreurs de miers responsables, avec les indusrries
budger santé dans les pays indusrrialisés. risque communs imposent une approche agroalimenraires el' la disrriburion, de
Au Mexique, en 1996, les médicaments globale el' non seulemenr secrorielle, l'évolurion de la siruarion: les gens
nécessaires au rrairement de J'hyperren- maladie par maladie. Dès 1990, J'OMS a consomment en priori ré ce qui esr dispo-
sion représentaient 44 % du salaire mini- recommandé un infléchissemenr des nible el' bon marché! C'esr un dérermi-
mum ; en Inde, le coûr de cerrains rraire- poJiriques de sanré, en rermes de réparri- nant plus fon que la somme des déci-
ments peur dépasser le montam annuel l'ion des ressources disponibles el' de sions prises volonrairemenr par les
de ce même salaire minimum [84]. Ces choix srrarégiq ues enrre prévenrion el' individus eux-mêmes. Or, la mondialisa-
maladies posent aussi bien des problèmes rrairemenr des maladies chroniques. l'ion contraint bon gré mal gré les gou-
liés à leur chroniciré (souffrances, handi- Tourefois, à l' époq ue, peu de pays en vernanrs à laisser jouer les marchés plurôr
caps de vie plus ou moins graves, dépen- développemenr el' encore moins de pays qu'à renforcer la capaciré des producreurs
dance) que des risques d'accidents graves développés ont pris en considérarion le locaux à régler les problèmes de sécuriré
aigus (infarcrus, arraque cérébrale, coma, concepr de « nurririon saine dans un alimentaire. C'esr l'esprir des accords du
erc.), ce qui implique différents niveaux contexre de vie moderne» [86]. GATT par exemple ou de la polirique
de soins el' de prévention. Les services de L'OMS esrime pounant qu'un riers des communauraire européenne [89]. Cerre
san ré peuvenr vi re êrre débordés par cancers el' la moirié des maladies cardio- mondialisarion des échanges de produirs
J'imporrance de la demande comme par vasculaires pourraienr êrre prévenus par alimentaires n'esr pas nouvelle; ceux-ci
la rechniciré requise par les soins [78]. une polirique adaprée d'infléchissement ont de rous remps circulé entre pays el'
Le conrrôle des maladies infecrieuses el' des modes de vie. On a consraré un cer- continents; mais le phénomène a pris
des malnurririons resre une prioriré forre rain nombre de modificarions de com- une ampleur considérable ces dernières
pour ces pays si J'on ne veur pas que porremenrs à la suire de campagnes décennies, concernant un nombre rou-
s'aggravenr les disparirés enrre pays d'informarions sur un mode de vie plus jours plus grand d'individus à rravers le
riches el' pauvres [85], el' il ne faudrair sain dans les pays indusrrialisés. Mais, en monde. Or, en l'absence de roure régula-
pas que la monrée de l' obési ré el' des réaliré, on pense que ces changements l'ion reposant sur des considéra rions
maladies chroniques liées à l'alimenra- ont sunour éré le fair de gens déjà sensi- documentées de santé publique, favo-
l'ion dérourne les services de sanré de cel' bilisés, qui avaient les moyens de procé- rables à la sanré des consommareurs,
objecrif. II imporre égalemenr que les der facilemenr à de reIs changemenrs J'indusrrie agroalimentaire, livrée à elle-
poliriques de résorprion des malnurri- [87]. Il n'en esr pas de même dans les même dans un esprir de producrion rou-
rions par carence ne favorisent pas sysré- couches socio-économiques les plus jours augmentée, rend à merrre sur le
mariquemenr l'émergence de l'obésiré, pauvres, qui peuvent roUI' aussi bien êrre marché des aliments énergériquemem
comme cela a éré documenté au Chili confrontées à des problèmes d'insécuriré denses mais nurririonneliement pauvres,
par exemple [72]. On peur ainsi se alimentaire el' à l'obésiré [88]. Les popu- faciles à rransponer ou srocker, el' bon
demander si les subventions généralisées larions les plus concernées ne sont en marché. Il esr ainsi de plus en plus diffi-
de produirs comme l'huile el' le sucre, général pas familiarisées avec les raisons cile aux consommareurs, à rravers le
comme ce fur le cas en Afrique du Nord qui favorisent le gain de poids el', dans monde, de merrre en œuvre une alimen-
pendanr de nombreuses années, n'onr cenaines sociérés, la norme culrurelle ne l'arion adaprée à leur souhair de vie en
pas conrribué à ce processus. II esr reconnaîr pas J'obésiré comme une mala- bonne santé, perdus en ourre dans un
imporranr de suivre le phénomène el' sa die [30]. Aussi, cerrains préconisenr-ils maquis de condirionnements el' d'érique-
disrriburion géographique el' sociale, afin d'inrervenir égalemenr au niveau des rages loin de les renseigner sérieusement à
d'adaprer la prévenrion au fur el' à mesu- srrucrures sociales el' économiques; la ce sujer. Il imporre de remerrre en
re que le problème deviendra imporram, lurre pour une meilleure équiré el' un vigueur de vérirables poliriques alimen-
y corn pris lorsque celui-ci peur appa- meiJJeur niveau d'éducarion ainsi qu'une l'aires el' nurririonnelles qui puissent équi-
raîrre de façon conrradicroire au sein prise en compre plus spécifique des pro- librer l'emprise croissanre de l'indusrrie,
même des familles (obésiré + malnurri- blèmes des femmes sonr auranr de de la publiciré el' de la grande disrribu-
l'ion) : l'apparirion d'une double charge mesures apres à limirer, dans les ménages l'ion dans le domaine de l'agroalimemaire
de malnurririon par carence el' par excès pauvres, les problèmes de malnurririon el' favorisent un comporrement éclairé
va obliger à réviser les approches séparées des jeunes -enfanrs el' à évirer la bascule des consommareurs [89].
urilisées jusqu'ici, de même que la répar- dans une malnurririon de surcharge [6]. Pour les nurririonnisres spécifiquement,
ririon des coûrs alloués. Ebrahim el' Smirh [84] ponent une vue la quesrion de la double charge des pays
Dans l'approche biomédicale classique, assez pessimisre sur les expériences visanr en développement va dominer progressi-
l'obésiré el' les différentes maladies chro- à modifier les éléments du mode de vie vement la scène. Elle pose d'imponames
niques associées sont considérées comme renrées jusqu'ici, en dépir du succès quesrions en marière de programmes el'
une caracrérisrique individuelle, discurées annoncé par leurs aureurs. Les interven- poliriques de prévention. Quelles recom-

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