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Dictionnaire de So 20 HL
Dictionnaire de So 20 HL
Dictionnaire de So 20 HL
http://www.archive.org/details/dictionnairedeso20hl
ENCYCLOPÉDIE
THÉOLOGIQUE,
ou
OFFRANT EN FRANÇAIS
I.A PLUS CLAIRE, LA PLIS FACILE, LA PLLS COMMODE, LA PLUS VAIUÉE
ET LA PLUS COMP[>ÈTE DES THÉ0[.0GIKS.
CKS liIClinNWini.S SONT :
PUBLIÉE
50 VOLUMES IN-4".
rnix : b ir. lk vol. pour le solscriptelu a la collection entière, 7 rit., 8 ir., ei mèml 10 kr. i-oir if
SOLStP.IfTELP. A lEL OU TEL DICTIONNAIRE PARTI! L LIER.
TOME VINGTIÈME.
DICTIONNAIRE DES ORDRES RELIGIEUX.
TOME PREMIER.
cm:/ L'EDlTIiLB,
AUX AILLIERS CATHOLIQUES DU PETiT-MONTROUGE
RUE DAMBOISE , BARRIÈRE d'eNFER DE PARIS
•''X \ •
V- J ^
DICTIONNAIRE
DES
ORDRES RELIGIEUX ou
HISTOIRE
«ES ORDRES MONASTIQUES, RELIGIEUX ET MILITAIRES,
ET DES CONGKÉGATIONS SÉCULIËRES DE L'UN ET DE L'AUTRE SEXE, QUI ONT
ÉTÉ ÉTABLIES JUSQU'A PRÉSENT;
CONTENANT :
DtN GKAND MllWllU: d'aIHICIES 01 PARTIES d'aRTICI.ES, ET DL> MJPIM ÉHENT OU l'oN TROUVE l'HISToIUI. DES
CONGRÉr.ATIMNS OMISE-* PAR IlÉI Y -T,
TOME PREMIER.
<^K5®08€-<>-
( IIEZ L'EDITEUR,
AUX ATELIERS CATHOLIQUES DU PE TIT-MONTROUGE ,
18'. 7
I
pages à la défense de la foi, n'ont pas cru Leibnitz, que nous affectons de noinmer,
moins utile à l'Eglise de Dieu de faire con- CTr plusieurs ignorent que nous lui sommes
naître à la postérité les tiommes qui avaient redevables de renseignements sur quelques
le mieux compris et pratiqué la perfection ordres ecclésiastiques el militaires qui, sans
évangélique. Ainsi saint Alhanase nous a lui, restaient incoanus. Les moins initiés à
lais-é les actes de saint Antoine; saint Jé- celte branche d érudition savent néanmoins
rô.'iie, ceux du premier Ermite, de sainl Hi- combien on doit aux livres de Schoonebeck,
larion et de saint Malc: le moine Cyrille, d'Anbert Lemire el de l'abbé Hermant, etc.;
les Vies de saint Euthyme et de saint Sabas. mais personne n'ignore de conobien les a
Les auteurs qui ont biillé dans ce genre de tous surpassés l'ouvrage co'ossal dont le
littérature sacrée en avaient trouvé l'usage premier volume parut en 1714-. Cet ouvrage
établi; Irenée, religieux de Scélé, racontait fut publié sous le voile de l'anonyme; cepen-
à .lean Mosch comment, dans la Laure de dant on sul bientôt qu'il était du père Hip-
(iaze, l'abbé lui donnait à lire le recueil des polyle, religieux de Picpus, plus connu <lans
actions des anciens. le monde liiiéraire sous le nom d'Héiyol. Ce
VEclielle- Saillie, de Jean Ciimaque , le religieux, pour exécuter son œuvre, par-
Guide d'Anaslase le Sina'ïte, les institutions co'.rul les monastères de France et d'Italie,
ascétiques de saint Dorothée, offrent le même se mil en rapport avec des savants dont les
genre d'intérêt. Rosweide et d'.\n(lilli, à une lumi res, le goût et l'obligeance pouvaient
époque assez récente, le P. Mann et ^ ille- lui être utiles, et dans sa reconnaissance il
fore, plus récemment encore ont aussi fait , a nommé dom M
ibillon, D Thierri Kuinart,
connaître histoire, si édifiante des Pères
1 le conservateur de la Bibliothèque du roi, le
du désert. Mais si celle agiograpliic spéciale P. Hardouiii, du collège des jésuiles, etc., etc.
a tant de charmes, si on trouv<', une élo- Ses recherches*'! ses renseignements ()récieux
quence si douce, si persuasive, dans l'éloge le mirent à même de donner enriii V Histoire
qu'ont fait de celte milice spirituelle, comme des ordres religieux ci militaires, et des Con-
ils la présentent, saint Basile, saint Grégoire gréçjuiions séculières de l'un et de Vautre sexé
de Ncizianze, sainl Chrysostome et sainl Nil, qui ont paru jus(/u à présent, contenant leur
qui en avaient l'expérience, il faut avouer origine, leur fondation, leurs progresses évé-
qu'un inléiêl bien supérieur encore est <itla- nements les plus considérables gui y sont arri-
ché à Ihisloire de eés ordres divers qui font vés... histoire dont le long lilre n'a nen d'exa-
la gloire et la consolation de la religion chré- géré el se trouve justifié dans le cours de
tienne. Nous pouvons dire avec vérité ce l'ouvrage. Elle fut donc accueillie avec em-
que dirait avec ironie un auteur ennemi de pressement et surprise. On ne s'attendait
celle profession « L'histoire monastique
: guère dans la classe des érudilsà voir sortir
« tieai un des premiers rangs dans celle de une publication si vaste, fruit d'une applica-
« l'Eglise, dont les religieux sont la plus tion soutenue pendant plusieurs années, et
« sainte portion (I). » épurée par une lumineuse criiique;on ne
Ils ont donc rendu un service réel à la s attendait guère, disions-nous, à voir un si
science ecclésiastique, ceux (]ui ont donné beau travail sortir d'une congrégation qui ne
une application spéciale à la recherche de datait encore que d'un siècle, qui avail bien
l'origine desdiv(rses sociétés monastiques donné l'édification au monde religieux par
et religieuses qui sont dans l'Eglise de Dieu. sa fidélité à la réforme, mais qui n'avait pres-
Ainsi, en payant rapidement notre tribut de que rien don né à la littérature même sacrée (3j,
(i) Miisson Ordrea inontmliques, histoire (diatribe
: lance» acinelles exigent impéi iensemeni le réiabiis-
pliilosO|>lii(jiK') t'X raiie de loua lea auteurs qui ont con- someiit d'insiiliitioiis imaioyiies parmi nous. > iMar-
servé à lu postéfiié ce iju'il ij a de plus curieux dans sliaiii ii'avail pas autre pensée, (|u;uiii, deux siècles
cil '(jiw ordre, lieniii, 1 51, 7 vol. in- 1:2. a;:j) iiavaiil, il ce iv.iii Abaque mou dus, nos sain- in
:
("1) L';iiiii(!i! (Icniiere, la eoiilér';ii(;e d'iiigloire de hisloriii putria semper essemus pueri (iti Pr(tp3rl;e() mo*
riiiiiversiié de Canilxid.e, cutéreiue ex<:lusiven)eiii iiasi. Aiig ).
cojiipusce (r.iiiglicaiis et de .^.Tuniés de l'n.dversilé, (7)) Ln leligienxde t'icpus avaitnéanmoius j,uhli6
preiKiii (lu ;uTÔ:é en es leriiie-» : nii ouvrage nupdilanl ei re.aiar.jné sur les science?
« La suppression des iiionasières par Henri VIll exactes vciie maison de
, l'icpiis devait à sa pnsiiioD
t été un Cl iiel mallienr i)0!ir lo ;i\s, el les circoiis-
i lopo^r.ipiiiijue, plulôl ^aiis doute qu'à son impor-
Bl qui semblait jusqu'à ce jour unique- l'exemple donné par ces chrétiens dont parle
ment vouée à la vie apostolique et péni- Cassien (!), qui voulurent ranimer la fer-
:ente. La longue nomenclature dés ouvrages
veur allumée par les apôtres. De là nous
:jue le P. Hélyot a pu consulter, la disserta-
sont venus ces hommes supérieurs qu'on ne
lion préliminaire, apprennent au lecteur ce savait point nommer, el que, dans l'impuis-
que l'auteur a dû mettre de soins pour pro- sance de dire mieux, on appelait philosophes
duire ce qu'il avait si sagement conçu. 11 par excellence. De là sortirent Ces prodiges
mourut avant que son œuvre fût achevée, de tous genres, qui firent l'adiiiiralion des
mais il eut la satisfaction de la voir au goût siècles de foi. Comment se fit-il, plus lard,
des homttirs dont le sulîrage lui était le plus que tant de vertus fussent méconnues, tant
Qalleur; et, plus que tous ceux qui l'avaient de services oubli 's! Comment celle philo-
précédé dans la carrière, il a rendu sensible sophie sublime et pratique devint-elle l'ob-
l'imporlance d'ajouter aux connaissances jet des déclamations de l'incrédulité Gom- 1
historiques celle de l'établissement des or- ment enfin, après avoir été en butte à l'iro-
dres religieux; et cela au point qu'une bi- nie d'une philosophie moqueuse, en est elle
bliolhèiiue ecclésiastique reste incomplète devenue tout à fait la victitne Celte ingra- !
nombre des érudits, que la chronologie des sur Ic3 créations du moyen âge mais com- ;
Mogols Genghizkhonides, que nous "c pré- ment ne sent-on point que les édifices go-
tendons pas pourtant blâmer. thiques n'étaient pas venus seuls sur la
« S'il est vrai, a dit le plus illustre écri- terre, et que les cloîlres désolés dont on ad-
vain de l'époque, s'il est vrai, comme il se- mire les ruines, dont on maudit la destruc-
rait possible de le croire, qu'une chose soit lion, ne valaient certainement pas mieux
poétiquement belle en raison de l'anliquilé que les moines qu'ils abritaient? Les amis
de son origine, il faut convenir que la vie des arts ne sont pas seuls à gémir sur ce
monastique a quelques droits à noire admi- vandalisme; les protestants eux-mêmes ne
ration. Elle remonte jusqu'aux premiers conviennent ils pas de ce qu'il y eut de fa-
âges du monde. » Pour nous , sans reluser naiisme, d'impiété, disons pour eux de peu
de voir, avec saint Jérôme, plus qu'une patriotique, à priver l'Europe de ces asiles
imiige de la vie monastique dans Elie, dans ouverts à la piété, aux regrets et à l'élude?
les fils des prophèîes, sur les rives du Jour- On les a vus numéroter les pierres des ar-
dain ou sur les côt'aux du Carmel; mais cades , des piliers tronqués de nos vieux
aussi sans remonter à de-> siècles si reculés, monuments calholiques, et transporter ces
nous trouvons un époque assez belle four-
'
témoins historiques au delà de la Manche
nie aux premières pages de notre histoire pour y conserver dts souvenirs par ces es-
dans l'apparition dtïs Ihérapeutes ( peut- sais de musées d'un genre nouveau. Plus
être), offrant près du lac Mœtis, en Egypte, souvent et partout on a vu l'artiste, après
les premiers modèles des monastères, el dans avoir rêvé el gémi à l'ombre d'un reste de
calholques coiiduiis à la cour. L'éliqueile prenait les « Les fotdes peuvent les prendre en ilégoûl
auibassadeius des puissances p: oiesianles à' l'iioiel de I lorsqu'ils ne sont plus à la hauteur de leiir mission,
la rue Kanibouillel, près de Bercy, « et se séparer d'eux. Les moines alors n'oni (lu'uii
(i) Collât. 18, cap. 15. < parti à suivre, c'est d'obéir à l'autorité infaillible
^2) Ce n'esl pas l:i lionne volonté qui manque : < de riij^Iise et à l'autorité fatale de l'opinion publi-
« Nous avons des dans le roy^iume
lois Si t que. II ne faut Jamais lutter avec ces deux force»'
< elles sonl insufii-anles, qu'on en demande de nou- I divine ei humaine, elles ont brisé toutes les ré-
€ velles. > (l^rélace de la 5* édition d'un Manuel ifui I sisiaiices. ) Nous devons croire chariiablcmeni que
a fail beaucoup de hruil.) Un éeiivain laïque, qui ce personnage ne lait aucune allusion
écrit el juge des maiièies. ecclésiasli<iues, a laissé
i3 INTRODUCTION. H
cloître, quemarteau de l'ouvrier devait
le serait fait avec moins de justice au P. Hélyot,
abattre le lendemain, demander le fruit de puisqu'il à réparé presque toutes leurs omis-
6es ifnpressions à son crayon ou à son pin- sions, puisque nous reconnaissons avec tout
ceau. Ainsi nous sont venus quelques lam- le monde l'exactitude de ses recherches et
beaux de Cluny, de Savigni. de Jumièges,elc. même de sa critique, et toute la supériorité
Mais pourquoi laisser s'éleindre la mémoire de son beau travail. Néanmoins nous osons
des hommes, disons mieux, des corporations dire aussi que Hélyot r;iurait rendu plus
à qui l'on devait ces prodiges ? des sociétés complet s'il y avait inséré l'histoire de plu-
à qui les lettres et les arts semblaient g.trder sieurs congrégations dont il ne parle point
tant de recoimaissmce? Si la science histo- et que nous ferons connaître. Nous parlons
rique s'apphiudit de voir par exemple
, ,
ici des sociétés déjà établies lorsque cet
continuer ['Histoire littéraire de la France, auteur a écrit, pour nous exprimer encore
de voir rééditer VArt de vérifier les dates; comme lui-même; car on ne peut lui repro-
si elle sourit au projet de compléter l'œu- cher d'avoii' omis l'histoire des sociétés nom-
vre des Bollandistes et le Gallia Cliristia- breuses formées depuis un siècle, histoire
na, ne doit-elle pas regretter qu'on ait jus- qui donnera un avaniage incontestable à
qu'ici presque oublié rou\rage célèbre du notre nouvelle édition. Même eii reprodui-
P. Hélyot, malgré les éloges qu'on ne cesse sant Hélyot, noire tâche ne se bornera point
d'eu faire en toute occasion , et l'ardeur à donner Une nouvelle édition de son texte
qu'ont à se le procurer les amateurs et sur- (que nous respecterons pourtant); on com-
tout les érudiis. 11 est étonnant, en effet, prend que tout ce qui s'est passé depuis un
qu'on ait négligé jusqu'à ce jour une repro- siècle demande de nombreuses additions à
duction qui, n'eût-elle été qu'une spécula- ce qu'il dil sur les ordres religieux qu'on a
lion et un calcul, n'eût pas manqué d'obte- vusdisparaître et reparaître parmi nous m)u- :
Dir un beau succès. L'ouvrage est aujour- vent nous les ajouterons à son récit. Les
d hui presque introuvable; ou ne se le pro- chapitres qu'il a écrits sur les Chai trnux,
cure qu'à un prix élevé, et plusieurs biblio- les Jésuites, les fièresde Saint-Jean de Dieu,
thèques importantes, n)éme des bibliothèques les Franciscains, les Dominicains, les Eu-
publiques, ne l'ont pas ou n'en possèdent distes, etc., sur les réformes de la Trappe,
que quelques volumes. Il est vrai, et nous des Bénédictins, etc., auront besoin d'être
nous ferions scrupule de le taire, il est vrai comi)lélés par les détails édifiants que nous
qu'on a réimprimé Hélyol en Bretagne, il y fournissent les pieux établissements formés
a peu d'années. Il ne nous appartient pas de depuis quelques années. Nous aurons même
juger cette nouvelle édition, ni de demander à refondre tout ce qu'il a dit des Frères des
si celui qui l'a dirigée offrait les garanties écoles chrétiennes, car il s'est borné à quel-
voulues; si les costumes lithographies, et, ques lignes sur cette congrégation utile, au-
en quelques exen)plaires, coloriés avec plus jourd'hui si répandue, et, tout en respectant
ou moins de vérité et d'exactitude, ont con- l'esprit qui l'animait en rédigeant son excel-
tenté les acquéreurs. Nous nous bornons à lent ouvrage, nous ferons remarquer une
dire que nous ne craignons point que celte teinte de critique, fruit de l'esprit de corps,
publication, qui d'ailleurs n'a fait aucune en l'histoire de la réforme vénérable des Ca-
sensation dans le monde littéraire, nuise au pucins.
succès de la nôtre. La continuation étendue Eu racontant tout ce que l'état religieux a
que nous nous proposons de faire, le fini de souffertauderniersiècle, en France surtout, la
nos gravures et, nous osons le dire avec fran- franchise nous obligera à d'humiliants aveux.
chise, un peu plus de connaissance du sujet, Nous verrons l'erreur et le désordre miner
ces avantages réunis donneront à notre œu- des corporations auparavant si saintes et si
vre une certaine prépondérance, que le pu- utiles, et la main de ceux que l'Eglise char-
blic appréciera. Nous n'avons pas néan- geait de les réformer et de les soutenir, hâter
moins la présomption de garantir une œuvre et précipiter leur ruine. On se complut alors
parfaite Hélyol reconnaîtrait lui-même que
:
à répandre le fiel et la bile sur les ordres
la sienne ne l'était pas. Il dit que Crescenze, religieux. Quelques petits politiques que
qui a donné les Troupes romaines ou Mili- l'esprit du siècle rendait raisonneurs, disait
ces ecclésiastiques, aurait pu les augmenter Un homme de beaucoup de tact, et que l'es-
s'il n'avait pas omis un grand noiubr*^ de prit d un autre siècle aurait rendus fanati-
congréiîalions dont il ne parle point. Syl- ques, criaient hautement contre les maisons
vestre Maurolic aurait pu grossir sa Mer reniées, comme préjudiciables à l'Etat. On
Océane, s'il y avait fait entrer plusieurs ordres leur répondait alors (mais leurs attaques
dont il ne parle point. Il dit aussi que Paul étaient-elles le fruit de la conviclionj, ou
Morigia aurait avec plus de justice donné à leur répondait « Savez-vous(l), oisifs et fri-
:
son livre le titre d'Histoire de toutes les Reli- « voles politiques, que vos discours ne décè-
gions, s'il y avait ajouté plusieurs ordres et « lent pas moins votre ignorance que votre
plusieurs congrégations dont il ne parle Savez-vous que ces terres si
« injustice ?
point. Ce reproche, formulé dans les mêmes «abondantes que vous enviez aux enfants
termes à ses trois principaux devanciers, «de Bernard n'éiaieut, sous vos pères, peu
(1) Panégyrique de mint Bernard, par l'abbé Seguy. cUures du temps, par exemple dans celle qui est
— Ce sujet esi irès-bien discuté dans l'Ami des hom- iiitilulée : Questions poliiiqueu
mes, par le marquis de Mirabeau, et dans vingt bro-
45 DIGTIONNAIUE DtS ORDRES RELIGIEUX. !S
«laborienx,peu industrieux, que des champs taristes (1); les frères des Bonnes-OEnvres;
«ariil<*s et jnépris;'S? que les mains de ces les Ermites de N-D.
de Liesse les prêtres du ;
* pieux cénobites, lors<|n'ellPs n'ét;iienl pis Sacré-Cœur Toulouse; les Maiisles; les
à
a levées vers le ciel, éi.iienl laissées ver?, la missionnaires de la congrégation de i.i Con-
« lerre pour la rendre féeonde; qu'iU ont piyé férence à Naples; la société de Nazareth, à
nà la répnbiique, <m) perfeclionnant l'art ck' Neuf.hAlel; la société de Saint-Joseph, à
« la culture des eampa^ues, beaucoup |)lus Saiut-Fusci"n la congrégiiion de Noire-
;
«ingrats qu'injustes lorsque vous murmurez ciéié des frères deSioti-V^audemont ; les clercs
« de leur abondance, vous leur êtes en partie de Sainl-Vi.ilenr la sociélé des prêlres de
;
semblait usée, et qui paraissait tenir aussi les Norberlines les filles dti Sainte-Agathe ;
;
peu aux idées du jour qu'elle s'éloignait par les fiiles de Sainte-Marguerile la comiuu- ;
son habit des usages actuels. nauté des religieuses d'Auueau; les sœurs
L'œuvre que nous entreprenons est le de la Sagesse; ies sœurs de la Charité d'E-
meilleur remède aux maux produits par la vron; les religieuses de la congrégation du
passion et les préjugés. Elle prouvera que Saint-Rédempteur les sœurs d"Ei nemont ; ;
Jes corps religieux ne méritaient ni le dédain les sœurs de la Retraite; les sœurs de Saint-
ni les persécutions dont on les a accablés; Alexis, de Limoges; les sœurs de la Présen-
elle montrera que l'esprit de lEvangile exis- tation, de Tours les sœurs de Saint-Maurice,
;
tera violant que l'Evangile, et produit même de Chartres; les religieuses de la congréga-
de nos jours de:; prodiges de perfection. On tion d,\s Sacrés-Cœurs de Jésus el Marie, dites
en peut juger par l'indication de quelques- Zélatrices; les religieuses des congrég.jlions
unes des sociétés dont nous aurons à parler, du Tiers-Ordre de Notre-Dame de la Trappe ;
e! que nous allons nommer ici sans nous les religieuses du Sacré-Cœur; les Bénédic-
astreindre à suivre l'ordre des temps. tines du Saint-Cœur de Marie; les sœurs do
1° Entre les congrégations omises p.ir Hé- Saint-Charles les religieuses du ï?ang de
;
lyot, nous citerons les frères Condonnés de Jésus; les sœurs du Saiai-Sacremi ni, à Mâ-
Vendôme, et autres institutions analogues; eon les sœurs de la Croix, dites de Sainl-
;
la congrégation des Bénédictins de Chalais, André; les religieuses de rimm culée Con-
dite des Calé'îiens, dans les montagnes de ception, de Hume; les fidèles compi^gnes de
Chartreuse; les congrégations de l'Or.itoire, Jésus; la communauié des sœurs Paccana-
en Provence; le séminaire du Saint-Esprit les ;
ristes; lacongiégatiou de la Mère «le Dieu;
Bénédictines de la congrégation du Paraclet; les sœurs de Saint-Joseph de Ciuiiy; Icj Ur-«
les Hospitalières de ia Miséricorde de Jésus; suiines de Jésus, dites de Chavagnc; les
les sœurs do iinstruction chrétienne de Fou- Dames de Charité de Saint-Louis
la de ,
gères; les sœurs du Saint-Es])ril, dites sœurs Vannes; de Sainte G nevieve; les
les filles
Manches; les Paulines; la congrégation de Célestines les sœurs de la Miséricorde
; du ,
rion; la sotiélé du Précieux-Sang; ies Ré- corde, en Angleterre; les sœurs de Jesus-
demplorisies la société du Sacré-Cœur; la
; Marie, en Iri.iude les sœurs de Jésus-Ma- ;
société des Pères de la foi de Jésus; société i i rie, de la société de Lyon les sœurs de ;
(1) Hélyoi les indique en quelques lijçnes et se irompe sur le nom de Méchitar.
!M(:''î)LirT!OiN.
i^
sœurs de la Compassion de la sainte Vierge; vra encore des augmentations précieuses.
les sœurs de rimtiiaculée Conception de , Enfin, pour donner une idée des avant.'ires
Castres les jelio:i(Mi>^t'S de rAssomption
;
; que nous désirons faire prendre à celle édi-
les sœurs de Saint-Gildos ; les sœurs de tion nouvelle, nous promettons des agitions
Siiinte-Marie les sœurs de Sr int-Louis, de
; à la bibliographie déjà si riche du PHélvot,
.luilly les sœurs de N.izarelh, au diocè'ie de
; des ouvrages spéci./nx où l'on peut étudier
P.iris; la société des sœurs do Rillé, à Fou- l'histoire de la vie niDnaslique.
gèr»'s les filles du Sainl-Cœnr ne Marie, de
; Malgré nos recherche^ et nos soins, nons
Niort; les filles de la Sainle-Vierpre et di- n'osons nous flatter de faire une œuvre ir-
verses maisons, vivant sous une règle spé- répréhensible el complète. Nous espérons
ciale; antres sociétés, telles c^ue la socié'é que l'on \oudra bien seconder r)r)[re fai-
séculièie du Sacré-Cœnr, le Tiers-Ordre du blesse, ajouter à ce que nous savons déjà sur
I\If)!»i-Catn»el, la congrégation du Sacré- les sociétés diverses désignées dans la no-
Cœur de Mlirie des Eii(ii.«-les. eic. etc., etc. menclature qui précède, nous révéler l'exis-
Hélyol a donné l'iiisloire de*^ filles de l'En- tence de quelques autres nous envoyer de»
fance. Nous donnerons aussi celle des sœurs renseignements précieux sur la vie des fon-
de Sainte-Marthe, de Taris; des Filles-Ré- dateurs et l'élat de leurs fondations; non.*;
gentes du diocèse d'Aielh. el iiiêiiie celle indiquer niêmo les erreurs dans lesquelles
des frères des Ecoles Chrétiennes, dites du Hélyot serait tombé, et contribuer ainsi à
faubourg Saint-Anîoine, chez lesquels do- l'amélioration d'un monument utile à la
mina toujoi.Ms l'c^sprit qui perdit la congré- gloire de Dieu et à l'édification des fidèles.
gation de Madame de Mondonvilie. Comme Notre justice saura rendre à chacun ce qu'il
en étudiant les propriétés d'une tige on est a droit d'attendre de notre reconnaissance,
amené à parler des mousses ou des plantes el nous nf» négligerons pas d'indiquer les
parasites qui s'attachent à son écorce, ou sources où nous aurons puisé. Nous espé-
plutôt des plantes sauvages qui semblent rons surtout que les congrégations inté-
avoir quelques-unes de ses propriétés, en ressées à notre exactitude ne nous refuse-
suivant le dével(>f)pement de l'arbre fécond ront pas le concours rui nous est nécessaire
et odorant de la vie monastique, nous don- pour éviter des lacunes on des méprises que
nerons, comme appendice, un chapitre sur nous désirons éviter en effet, et quon au-
les frères Moraves, el ce «lui aura encore rait tort de nous reprocher après un silence
plus le charme de la nouveauté, sur les pré- coupable. Tous ceux qui par leur attrait,
tendues diaconesses, dites sœurs de Charité leur érudition, leur zèle, seront dans le cas
prolestantes, que la réforme vient essayer de nous seconder, savent assez (;u'en pareille
après trois siècles de scission avec l'Eglise matière ou ne peut nous fournir trop de
romaine, à laquelle cotte tentative est un détails, des dates trop niultijjliées ou trop
nouvel hommage. précises, etc. Qu'on ne craigne pas de nous
Nous serons bien plus fondé à donner un voir regarder les notes où nous aurons à
chapitre entièrement nouveau sur une forme prendre comme trop étendues ou trop mi-
spéciale dans la vie religieuse, que ie savant nutieuses. C'est des éléments de ce genre
P. Hélyot semble n'avoir pas assez consi- qu'on peut tirer une histoire exacte dans une
dérée nous voulons parler des Reclus, qui
:
concision judicieuse.
étaient encore nombreux en Europe à la fin Nous reproduirons l'édition de 171i-î9,
dij moyen âge. Nous l'enrichirons d'une supérieure à l'édition imparfaite el tronquée
note sur la bénédiction des religieuses, céré- qui parut en 1792. Nous pousserons même
monie dont l'expression n'offre pins qu'un l'exactitude jusqu'à donner quelques addi-
mot vague à la plupart des lecteurs. Nous tions peu importantes qui, dès l'origine, ne
y joindrons aussi la statistique du clergé se trouvaient pas dans tous les exemplaires.
régulier, au dernier siècle, d'après Expilly, Nous ne nous bornerons pas à un nouveau
mais en y faisant nos réserves. dessin des figures qui se trouvent dans le
Il n'y a guère moins d'intérêt, et pour livre d'Hélyol; nous donnerons aussi, aulanl
quelques lecteurs prnl-être y a-t-il pins de que possible, les costumes des ordres nou-
charme encore, à étudier l'origine des ordres veaux dont nous aurons à parler. Notre
militaires qu'une noble émulation créait au formai, le genre alphabétique que nous avons
moyen âge pour ceux qui voulaient parti- adopté, le caractère que nous avons choisi,
ciper aux mérites des homnies du cloître, et nous laisseront la facilité de réduire le
partager jusqu'à leur iiabit. Ainsi ie firent nombre des volumes du P. Hélyol, el notre
les chevalier d'Avis, de Christ d'AIcan-
,
édition, quoique enrichie d'un su|)plément,
(ara, etc. une époque où les cisterciens
à donnera à un prix modéré un ouvrage au-
gouvernaient moralement l'Europe et don- jourd'hui presque introuvable.
naient un reflet d'honneur et de vertu à Une table méthodique, suivant la classifi-
tout ce qui les approchait. Même charme à cation dUelyol dans l'ordre des congréga-
étudier Ihistoire des chevaleries que les sou- tions diverses, terminera le supplément qui
verains ont établies dans leurs Etals pour sera au^si enrichi d'un tableau lie l'étal reli-
s'attacher leurs sujets, les animer à défendre gieux en France au dernier siècle et à lé-
leur propre territoire des incursions des en- poque actuelle.
nemis, à prenilie hantetnent les intérêts de la
religion contre les inlidèles ou contre les hé- F.-Marie-Léandre Badiche Prêtre,
rétiques. Sous ce rapport notre édition rece-
NOTICE
BIOGRAPHIQUE ET LITTÉRAIRE
SUR LE P. HELYOT.
La famille Hélyot a des litres nombreux visitait les malades de l'Hôtel-Dieu
et leur
à l'estime publiqae. Nous devons à l'apos- rendait lesservices les plus pénibles. Des
tasie de l'Angleterre l'avantage de la pos- missions fondées dans le Levant, des proles-
séder, .linsi que plusieurs autres qui aban- tants convertis, des pécheurs ramenés, fu-
donnèrent ce malheureux pays lors du rent le résultat de son zèle. Plût à Dieu que
changement de religion. A cette époque, sa conduite fût imitée par ceux qui, de nos
Jean Hélyot, tri<aïenl de l'auteur de l'His- jours, se donnant aux œuvres de charité,
toire des ordres monastiques passa en ,
s'épanchent au dehors el ne connaissent
France pour y trouver plus de liberté dans point le mérite des actions cachées! Pour
son attachement à la foi catholique et ses ;
elle, toujours recueillie, el ne comptant pour
descendants, fixes à Paris, se sont rendus rien l'activité humaine ou le regard des
recommandables dans cette ville par leurs hommes, on la voyait rechercher avec ar-
services et leurs vertus. Claude Hélyot, con- deur les privations, les austérités et la croix.
seiller à la cour des aides, oncle de noire C'est ainsi qu'elle a mérité que sa vie fût
autour, était un modèle de piété. Pour être donnée au public (2) et qu'elle a fait bénir
plus en éiai de donner aux pauvres, il avait le nom d'Hélyot.
renoncé au faste que son rang et sa fortune Mais ce nom
resté cher à la piété el aux
semblaient lui permettre; il fui un des bien- lettres son plus beau lustre des œuvres
lire
faiteurs de l'hôpital de la Miséricorde. Il du célèbre religieux dont nous donnons ici
était beau de voir ce magistrat faire le caté- l'histoire.
chisme aux Savoyards , aller instruire les Pierre Hélyot. fils de Bénigne Hélyot et
pauvres à l'hôpital Saint-Gervais, en rece- de Marguerite Musnier, naquit à Paris en
voir d'autres chez lui el leur procurer les 16G0 (3). Ses parents, distingués par leur
moyens de faire des retraites. Ses OÈuvres position et surtout par leurs vertus, relevè-
Spirituelles (1) données au public révèlent rent dans la piété. Il devint, dit-on, orphelin
ses connaissances el ses progrès dans les de bonne heure. Son attrait le porta à la
voies du détaenemenl el de la perfection. Lé vie religieuse, et, à l'âge de vingt-trois ans
précis de sa vie qui les précède nous ap- (1683), il entra dans le tiers-ordre régulier
prend que ce pieux magistrat mourut le 30 de Saint-François, au monastère de Picpus,
janvier U;86. à Pans.
Il avait perdu depuis quatre ans (le 3 Une congrégation édifiante étant connue
mars 1682) une femme digne de lui, et qui, aujourd'hui dans l'Eglise sous le même nom
ayant honoré son nom par ses vertus, niérite de Picpus, nous croyons, pour prévenir toute
que nous la rappellions ici avec éloge. erreur historique ou topographique, devoir
Marie Herinx, née à Paris, en léi't, n'a- rappeler ici ce qu'étaient et la maison et
vait que dix huit ans quand elle épousa l'iuslitut que choisit Hélyot; ces détails sont
M. Hélyot. Ayant perdu un fils qu'elle aimait liés d'ailleurs à l'histoire de sa vie.
tendrement, elle commença dès lors (<n Le tiers ordre régulier de Saint-François,
1CG8) à marcher avec ardeur dans les voies établi en France en 1287, y fit de grands
de la perlection. Elle obtint facilement de progrès; mais il était presque enlièretnent dé-
son ii'.ari de renoncer au luxe, à la dissipa- chu, et ce ;iU point que dans le seizième siècle
tion el aux plaisirs les plus légitimes. Des il n'avait plus (jue quelques couvents sans
vêlements d'une extrême simplicité une , ordre el sans régularité dans les provinces
labié austère, un entier renoncemenT au d'AquitaineeldeNormandie, lorsqueDieu sus-
monde, des retraites fréquentes, des jour- cita yincent Mussart pour le rétablir. Ce bon
nées partagées entre la prière et les soins religieux, après avoir mené la vie solitaire
des pauvres, tel fut le genre de vie de Ma- avec quelques atnis d.ms la forêt de Senart,
dame Hélyot pendant plusieurs années. Tout au Val-Adam, à l'ermitage Saint-Sulpice,
dans ses liiscours tenilail à faire aimer Dieu jeta enfin les fondements de la congrégation
el à édifier le prochain. Elle instruisait des nouvelle du tiers ordre à Franconvil!e-sous-
enfants et des Savoyards, les préparait à la Bois, retraite située à six lieues de Paris,
première communion et les assistait dans mais du diocèse de Beauvais.
leurs besoins corporels. Eile s'introduisait En 1601, ]\Iadame Jeanne de Sault, veuve
dans des ateliers pour y faire le catéchisme, du comte de Mortemarl (ftené de Roche-
(1) Un vol. in-8% Paris, 1 710, chez J.-B.Coignard. en i786, une nouvelle édition moçlifliée, dans le tor-
Ces œuvres vingl-qnaire discours sur divers
soiil mal in-i2.
'
sujets «le piété. On en trouve l'analyst; dans le second (5) Et n(Mi en 1680, comme le dit une notice ré-
de la Bibliothèque des auteurs ecclésiastiques du
toni»; cenie sur Hélyot, notice dans laquelle on trouve dos
dix-hmlième biècle, p;ig. 525 el sniv. choses fausses, d'autres étranges, quelques-unçs
(2) Vt#d<»?iodûme//^/j/û«, Paris, 1683,, in-8°, plu- condamnables.
sieurs fois féinxpriinée. L'abbé de Monlis en a donné.
n NOTICE BIOGRAPHIQUE ET LITTERAIRE SUR LE P HEL\OT. 22
chouart),Ieur fonda un monastère à l'exlré- vrcs, c^ qui augmenta la bibliothèque, déjà
mité du faubourg Saint-Antoine, à Paris, riche d'une partie de la bibliothèque possédée
dans un lieu appelé Picpus, qui donna, ainsi par !e cardinal Du P.erron, à sa campagne
qu'on l'a vu souvent eu d'autres sociéiés de Bagnolct. Cette maiçon, qui n'occupait
nouvelles, son nom au nouvel institut, et pas tout à fait la place où est aujourd'hui
qui, par le même motif, le donne à la con- la maison de la congrégation des Sacrés-
grégation qui t'l>.ibilo <ictviellempat. Cœurs (1), et qui n'était d'abord qu'un petit
Celte nouvelle réinrmt', qui i'i,bsorl>a les couvent bâti pour les Capucins, puis occupé
anciens m()nasl,ères do Tierçaj^res, cs4 noui- par les Jésuites, abandonné successivement
mcQ : Jîeligieu-x Pémlent^ du tiers ardre, dfi par ces deux sociétés à cause de son éloi-
Sditit-François, eX CopgréyaiioniJie France. gncment de Paris, était devenue considérable
Le chcf-licu a été i Pjcpus, et au piilieu du sous la possession des religieux du tiers or-
dernier sièck* on l'avait, croyons - nous ,
dre. L'enclos était spacieux, la bibliothèque
établi au couvent de Nazareth, à Paris. Cet fort belle; 04i y remarquait aussi le réfec-
institut était foii austère; les religieux, toire avec ses tableaux, et l'église où les
vêtus d'une tvinique et d'un manteau gris- membres d'un grand nombre de familles dis-
noir, ou plutôt brun, étaient décliausi^és. tinguées avaient leur sépulture.
Çuel fut lie motif qui pu^t porter le jeune La présence de Jérôme Hélyot dans le cou-
Hélyot à choisir le ti^rs-o.rdre de Saint- vent de Picpus fut peut-être celte raison
François, en embrassant la vie religieuse? providentielle dont nous parlions, gui déter-
L'attrait qu'il avait pour l'étudo aurait dû, mina son neveu à y entrer lui-même.
ce semble, le porter pl^l6l vers quelque Quoi qu'il en soit, Pierre Hélyot y prit
autre coiigrégalion livrée à la culture des l'habit religieux le 1' août 1083, avec le
lettres, tandis que celle où il lanirait s-em- nom de frère Hippolyfe (2) sous lequel il
blait vouée spécialement «^ux austérités de n'est plus connu aujourd'hui; et il est peut-
la pénitence. être à remarquer qu ayr^jit à parler de son
L'aurait pour la scieflx^ jet pour l'étiide ordre et de sa maison de Pjcp.us au septième
n'exclut poiiU, s'il «st pur etfoivlé suf des ato- tom-j de son ouvrage, il n'a rappelé ni le
lifs spirituels, rjiicliiialion à la ipé«i>,t. nce, nom ni les bienfail.s de ^on oncle. Ce ^ilence
qui doit être l'esprit dominaiit et,r*éel,de Xout révèle, suivant nous, ujie sincère modestie.
ordre religieux. Mai> *'ulre l^s j.^isons qu'on La présence puis le souvenir de cet
,
peut et qu'on doit £hercher dans "la pié'é du homme si précieux à la maison auraient
jeune postulant il y en ^ut peut-être une
, seuls concilié l'affection do iQute la commu-
tout à fait providentielle qui le détermina à nauté, ou au moins des préventions favora-
entrer à Picpus. bles envers le jeune religieux, mais le P. Hip-
Presque tons ceux qui ont écrit sur le polyte apporta bientôt auprès de ses confrères
monastère de Picpus ont aYaoc-6 qiril avait des titres personnels à leur estime et à leur
eu pour fondateur et bienfaiteiir Jérôme attachement. Tous reconnurent bientôt son
Hélyot oncle de notre auteur. On voit,
, amour pour l'étude, ses talents, et, ce qui
par ce que nous venons de dire ci-^lcssus, vaut mieux pour tout le nionde et surtout
que la fondatrice de cette maison était la dans un religieux, sa régularité et sa piété
comtesse de Mortemarl, et que Jéiôme Hélyot édifiante. Ses supérieurs ,surent mettre à
ne peut avoir rigoureusetnent le litre q,a'on profit sa capacité et son zèle, mais rien pe
lui donne. Mais il a pu l'obtenir par exten- nous autorise à dire ni à croire avec un bio-
sion, et il mérile du mwns le titre de bien- graphe récent que le P. Héiyot ait été alors
faiteur de Picpus. En effet, cet homme pieux chargé par eux de la défense de l'ordre de
et riche, chanoine du Sainl-Sépiilcre à , Saint-François , qui était f)nrticulièrement
Paris, quitta le monde à l'âge de -quarante- l'objet des railleries des protestants. A l'épo-
cinq ans, prit Ihabit à Picpus et avantagea que à laqticlle le P. Hélyot put écrire, la reli-
cette maison, où il vécut (ians les plus hum- gion avait d'illustres défenseurs en Ji'rance.
bles obédiences et exercices de l'ordre jus- On ne s'occupait guère spéciaiemenl des Fran-
qu'en l'année 1687. ciscains: la lutte était sur un autre terrain;
Entre autres biejfifaits à l'établissement, et si le P. Hélyot révéla.... une force de rai-
Jérôme Hélyot lui avait donné tçus ses li- sonnement qui lui concilièrenl d'illustres siif-
(1) L';mcieii niouastère était, comme le nouveau, sang, des princes légiiimés et où l'un des prin'es de
,
tandis que ceux des puissances caiholitjues partaient aujourd'hui dans le monde lilléiaire, ^'i quicoaique
tous du couvent de Pepus , dans l'intérieur duquel actuellement parlerait de ['Histoire det ordres reli-
était un appartement où es diplomates rccev. ient les
i gieux, par le P. Ilippolyte, ne serait com])ris (jufi pai
coiuplinienis de la part des princes e< princesses du peu de personnes.
83 DICTIONNAIRE DES ORDRES RELIGIEUX. 94
pages:, ce ne fut pas sans doute dans la po- signale comme ayant oublié ce procédé de
îéniique où on le pose ici sans preuves. 11 y convenance supérieur général d'une con-
le
av.iil d'tiillours longlemps que les diatribes grégation célèbre militant sous la règle de
d'Hospinianns, de Zurich, et du tuiiiislre Po- Saint-Benoît. 11 oe le noiome pas, mais nous
merose, de Bordeaux, étaient oubliées, et croyons qu'il parle d'un général de Bernar-
assurément Hélyot ne fut point p(»ussé à dins ou de Clunistes.
C(>mposcr son beau travail par la pensée de Il arrive quelquefois en pareil cas que ce
tions qui robiigeaient à accompagner ses truire, et nous citerons comme une nouvelle
supérieurs dans la visile des diverses cuslo- preuve de ses soins à cet égard la liaison
dies, iui fournirent l'occasion de parcourir qu'il établit entre Leibnilz et lui , lorsque cet
la France et d'achever de recueillir les pièces érudil (îj vint à Paris, qui eut pour résultat
nécessaires au grand ouvrage dont il s'oc- d'obtenir de cet homme, tout nioleslant qu'il
cupait. était, j/lusieurs recueils de dijférnils titres et
il y travaillait consciencieusenaenl, s'a- de différents historiens où se trouvaient beau~
dressant à tous ceux qui pouvaient ajouter coup de choses favorables à l'élat monastique.
aux connaissances étendues, nous poiuriOi s Peui-êUe, néanmoins, Hélyot dont nous ve-
dire immenses (ju'il acquil successivement
,
nons de citer les paroles, veut-il dire sim-
sur cette matière importante et jusqu alors plement qu'il [uisa ces reuseiguemeiiis dans
trop peu prisée par un grand nombre de .sa- un des ouvrages de Leibnilz. par exemple,
vants et U'ême d'érudils. Sa reconnaissance celui (]ni porte pour litre Meniornbilin in-:
nous a signalé, comme les plu^ obligeants clytœ bibliolhecœ IVorimOergensis, lC7i, in-i°;
à seconder ses recherches et augmenier ses car nous n'osons affirmer, comme le fait l'au-
lumières, Anquelil, ancien bibliutbéciire de teur d'une biographie que nous signa!on> de
l'archevêque de Reims ; Clément, premier temps en temps dans la nôtre, que le P. Hé-
conservateur, ou, comme on disait alors, lyot avait connu ce savant à Paris, et que la
premier garde de la bibliothèque ou roi ; le dissidence en matière de religion s'effaça pour
P. Hardouin biblioUiécire des Jésuites ;
,
le bien de l'histoire
Dom Mabillon et Doni Thierry Ruinart; Si Leibnilz vint à Paris, ce que nous ne
Dom René Massuel Maurisle comme ces ,
pouvons absolument dire, comment s'est-il
deux derniers, et chargé de coulinuer les fait que Pierre Hélyot alors tout jeune
,
du Roi, dans celle de l'archevêque de Rciuis, dessein qu'il ne conçut dit^on qu'à Rome.
,
,
qui avait été donnée aux chanoines réguliers Pendant qu'il élaborait des matériaux si
de Sainte-Geneviève, dans ceiie des Jésuites. soigneusement et si péniblement amassés, le
Il ne se bornait pas à ces moyens plus P. Hi'lyol se livrait aussi à d'autres composi-
aisés à prendre le laborieux invasiigateur
:
tions. Leurs titres ne nous sont point connus,
écrivait de divers cô^és pour recueillir des mais il estvraisemblable qu'elles avaient trait
notes et des pièces. Souvent il trouvait cor- à des dissertations sur quelque point d'his-
respondance dans ceux auxquels il s'adres- toire, ou plutôt aux matières de pieté; tel fut
sait; quelquefois, et ce procédé est de tous les le Chrétien mourant, volume du formai in-i",-
(1) Il ne s';tgit point ici du célèbre baron Godefroi gien protestant el bibliodiécaire de la ville de Nurem-
à% Lftil>nilz, Dinis de Jean'Jacques Lkiumtz, Ihéolo- berg, inorijelerntai 1685, àgô de soixanie-douie ans.
NOTICE BIOGRAPHIQUF, i:T LITTERAI«K StIR LE 1\ HKLYOT. 26
Il guérit iiéamnoins, reprit ses uliios tra- monnstiques. religieux et militaires, et des
vaux et rendit de nouveaux services à son congrégations séculières de run et de l'autre
ordre. L'estime dout il y joui^sail 1- pro- i sexe, qui ont esté eslahlies jusquâ présent; con^
cura des suffrages honorables. En 1713, il tenant leur origine, liur fondation, leurs pro-
était de nouveau défini'eur, et nous sommes grès, les événements les plus considérables qui
persuadé nue, s'il eût vécu plus lon^'emps, y sont arrivés, ta décadence des uns et leur
l'éclat de son talent eomme la vénération due supjiression, l'a ;rnnd\ss''m('nt des antres, par
û sa piéié l'auraient conduit au provincialat. le moten de^^ différentes réformes qui g ont
Le P. Hél>ot continuait de recueillir et de esté introduites ; les vies de leurs fondatexirs ,
tailler les pièces qui devaient servir à la avec des figures qui représentent tous les diffé-
construction de l'édifice colos**aI dont il avait rents habillements de ces ordres et de ces con-
tracé le plan, iendant ce ieui|>s-là d'autres grégations. Vari^, Coignard, formai in-i°.
écrivains publièrent des ouvrages du même L'auteur a procédé ainsi dins le premier
:
genre (1), mais qui, malgré leurs plus ou volume, après une préfac étendue <uj il fai-
moins de mérite, n'étaient de nature ni à dé- sait preuve d'une érudition profonde sur la
concerter Héij'ol, ni à entrer en concurreuce matière etd'unejiidicit'use critique sur les vai-
avec son œuvre. Entre ces écrivains, il faut iK 8 prétentions de certains écrivains et même
renianjUi'r Hertnant, curé de Maletoi, lequel de certaines congrégations, il donne un ca-
puMia en 1697 une petite histoire des or- talogue des livres qui traitent des ordres re-
dres religieux qui d'un seul volume in-12
,
ligieux et militaires , qu'il a consultés pour
avec un volume pour les chevaleries en ,
la composilion de son ouvrage. Ce catalo-
169s, s'éleva à quatre volumes du même gue est méthodique, et donne en pretnier
format dan^ la secondi^ édition u 1710. Il
, «.
lieu les titres des livres sur les ordres reli-
j'atit aussi n<unmer le P. BonuiUii, de la com-
gieux en général, puis sur les moines d'O-
pagnie de Jésus qui do.na un histoire du
,
rient, puis sur les différents instituts, classés
même genre, intitulée Ordinnm reliyioso-
:
suivant la marche (ju'il doit suivre eu par-
rtim in Ecclesia nnlitanti Caluloyus, en qua- lant di s instituts ux-mêmes. Vient ensuite
(
tre volumes in-4-°, dont le premier parut en une dissertation préliminaire sur l'origine et
1706, chez Placho. Ces ouvrages, dont il y au- sur l'anliquilé <le la vie monastique; non-
rait injustice à contester, sinon le mérite au ,
seulemenl avec le P. de Monlfaucon etc. il , .
moins l'utilité dans un teiups où rien ne les voit d.ins les thérapeutes des chréli -ns vé-
surpassait peut-être, ont été surpasses de ritables et non des juifs, mais avec l'abbé de
bien loin par celui du P. Hélyot. Celui-ci Rancé, etc. il voit dans ces hommes soli-
,
avoue qu'il a été amené à entreprendre son taires les premiers religieux connus dans
Histoire des Ordres leligieux par l'insiilfi- l'Eglise, et il ne craint [)as d'être d'un senti-
sance de celle de M. Hermant. Nous avons ment contraire à celui du P. ïhomassin sur
peine à croire qu'il en soit ainsi car ccm- ;
l'antiquité de la vie religieuse, dont l'institu-
ment Hélyot aurait-il été déterminé en 1697 tion, suivant ce célèbre oratorien , devait
à une œuvre (ju'il a élaborée pendant vingt- être attribuée à saint Paul Ermite et à saint
cinq ans, et qui parut en 171 i? Nv)us croi- Antoine.
rions plus facilement à ses souvt^nirs ou à
Dans la même dissertation il parle des ,
sa franchise en l'entendant dire J'avoue que
:
cénobites et de leurs avantages ; de saint
je fus dans la résolution d abandonner mon
Antoine qui les a régularisés et établi les pre-
ouvrage lorsque j'appris que le révérend Père
n)iers monastères parfaits, et enfin des pre-
Bonanni, de la co)npaynie de Jésus, de la mai-
miers monastères de femmes, t^u'il attribue,
son professe de Rome, travaillait à une his-
sans éprouver les mêmes contradiclions à ,
toire des ordres religieux, et quil faisait gra-
sainte Syndétique. Il termine cette partie
ver leurs habillements.
importante du premier volume en traitant
La vue du premier volume le rassura. Bo- du progrès de la vie religieuse et du gouver-
nanni en effet n'a guère donné autre chose
, , nement des monastères tant en Orient qu'en
qu'une traduction en latin et en italien de Occident.
la petite et insufflsanle histoire de Schoone- Dans son Histoire, Hermant avait suivi
beck, avec celle idée fixe qu'il fallait pour l'ordre chronologique ; le P. Bonaniu, dans
son plan réduire chaque lécit à deux co- la sienne, a [)arlé successivement des reli-
lonnes d'une seule page , en regard de la gieux, des religieuses, des oidres de cheva-
figure qu'il a tait graver. C'est un lit de Pro- lerie. Le P. Hélyot a pris une méthode qui
cusle qu'il a construit pour toutes les tailles, nous semble nsieux convenir, surtout à un
et qu'il n'a point dépassé. On voit qu'un tel ouvrage aussi étendu aussi important que
,
travail n'est rien auprès dt; celui d'Hélyol. celui dont il est l'auteur.
Cependant les gravures de Bonanni soûl lori On sait (ju'i! y a quatre Règles principales
bien, et il a donné quelques notices qui ont dans l'ordre monastique et religieux : celles
été utiles à notre auteur. de Saint-Basile, de Saint-Augustin, d Samt-
Knûn, en l'année 171i, parurent les deux Benoît et de Saint-François d'As>ise Hélyot ;
preuàers volumes de VHisloire des ordres parle des instituts soumis à ces Règles, selon
(1) Comment, dans la notice (|uc nous siiiiialons deux, Schoonebecli i,e liàla de faire imprimer avatii
quelquelois, ici peut-on, en disant (prHélyol conçut Hélyoi, qui avait ailiré leur altenlioii piiisipie. sui-
,
son Hisioire enlG9l, avancer que, parini les ec/nviins vau' Hélyot lui-mènie, Scimonebeck parut d'abonJ eij
(hIoux de produire un travail plus lucratif que cunscien- lli8«î
27 DICTIONNAIRE DES ORDRES RELIGIEUX. 58
l'ordre des temps où ils ont été établis, et juste crainte des jugements de Dieu, senti
divise son histoire en six parties. ments qui n'excluent pas l'espérance. Le 5
La première partie comprend tout ce qui janvier 1716, Hélyot, âgé de cinquante-six
tient aux moines de Saint-Antoine, de Saint- ans, mourut dans le monastère de Picpus ,
Basile, etc., et autres moines d'Orient, ainsi où il paraîtavoir toujours demeuré, nel'ayani
qu'aux ordres militaires qui ont suivi leurs quitté que pour ses voyages, car nous ne
Règles. lui avons point connu d'obédience pour une
La seconde et la troisième parlent des fa- autre maison.
milles qui suivent la Règle de saint Augustin, Grâces à Dieu, mort du Père Hélyot
la
sous quelque dénomination que ce soit, et n'empêcha même peu la pu-
pa'< et retarcTa
même des chanoines en général. blication de l'Histoire des Ordres monasti-
La quatriènie partie renferme tous les or- ques. M. We\ss,(\\t {Biographie Universelle)
dres, tant ecclésiastiques que militaires, qui que l'auteur mi urul pendant l'impression du
tiennent à la Règle de saint Benoît. cinquième volume et que les trois derniers
La cinquième traite non-S( ulement des sont duP.MaximiIien^a//oî, son confrère (1).
diverses congrégations qui suivent l'une des Les diverses éditions du Moréri disent au
Règles de Saint-François, mais aussi des or- contraire que les quatre derniers tomes de
dres qui suivent une Règle parliculière. cet ouvrage, quil avait fini avant sa mort,
Enfin la sixième donne l'hisloire de toutes ont été iwprimés depuis par les soins du Père
les congrégations séculières, des ordres mi- Louis, provincial de cet ordre. Nous parta-
litaires ou de chevalerie, qui ne se rattachent geons ce dernier sentiment d'autant plus
point à l'une des quatre Règles dont nous ve- volontiers qu'il semble appuyé sur tout ce
nons de parler. qu'on a vu des recherches et des longs tra-
Ces deux volumes, format in-4% édités par vaux du P. Hélyot, et aussi surl'approbation
Coignard,iniprimeureslimé, furent accu.ei!lis du censeur Anquelil, qui dit ne pouvoir as.vez
avec faveur. Leur format, l'édition soignée, louer Vauteur d'avoir conçu un dessein si
l'étendue des récits, la rectitude de jugement vaste et de l'avoir, par un travail immense,
dont l'auteur y donnait la preiive, tout con- si heureusement exécuté. Le P. Louis (peut-
tribua à procurer à cet ouvrage une position être le même que le P. Loui^ Mirleau, an-
honorable dans la république des lettres. cien lecteur en théologie, el l'un des exami-
Il était impossible néanmoins qu'il ne se nateurs de l'ouvrage) n'aura eu sans doute
glissât aucune erreur dans une histoire aussi qu'à mettre en ordre les derniers volumes
étendue l'auteur fut le premier à le recon-
;
de cette histoire, donll'approbation ci-dessus
naître et à donner des preuves de sa can- mentionnée et celle du provincial sont datées
deur, de sa bonne foi et de ses recherches de 1712 et 1713.
consciencieuses dans les additions jointes au Le style du P. Hélyot est simple el grave,
troisième volume, dans lequel il répond aussi sans être négligé il est, croyons-nous, celvii
;
à la critique des chevaliers de l'oidre de No- qui convenait le mieux à un livre de ce gen-
tre-Dame-du-Mont-Carmel et de Saint-Lazare re. Aussi le succès qu'il obtint justifia-t-i!
de Jérusal'm, la seule importante, peut-être, la prévision que le censeur Anquelil avait
qu'il ait eu à essuyer. Des additions ou mo- exprimée en ces termes Je ne doute point
:
difications du même genre se retrouvent que le public ne lui rende justice en recon-
quelquefois dans les tomes suivants. naissant que jusqu'à présent il n'a rien paru
Ce troisième volume ainsi que le qua- , en ce genre de si parfait et de si travaillé.
trième parurent en 1715 les trois suivants ;
Les examinateurs de l'ouvrage avaient, avec
en 1T18, et le dernier en 1719. encore plus de poids et de lumières, parle
Le laborieux écrivain eut la satisfaction dans le même sens d'une histoire où ils n'a-
de voir paraître enfin une œuvre qui lui vaient rien trouvé qui ne soit très-utile aux
avait coûté vingt-cinq ans de reclierches et savants par les recherches curieuses et criti-
de travaux ; de la voir accueillie comme elle ques dont cet ouvrage est rempli.
le méritait par les hommes dont il recher- L'Histoire des ordres monastiques mal-,
santé affaiblie, peut-être par des travaux opi- ici dans quelques détails.
niâtres le conduisit bientôt au tombeau.
, On réimprima donc l'ouvrage en 1721, si
Dans l'automne de l'année 1715, il fut at- tant est qu'on ne puisse pas plutôt appeler
teint d'une fièvre lente, d'une toux opiniâtre, cette édition un second tirage, car elle est
qui éclairèrent sans doute sur son état et
1 tellement semblable à la première, qu'il est
ne lui laissèrent point l'espérance de rele- facile de les confondre l'une avec l'autre.
ver de cette maladie. En louant sa piété, Nous n'oserions même assurer qu'il n'y ait
un auteur a dit // espéra et ne croignil pas.
: pas eu antidate en quelques volumes. Nous
Nous sommes loin d'avoir cette pensée el de ne pouvons nous expliquer comment quel-
tenir ce langage, et il est bien plus proba- ques exemplaires du premier volume, por-
ble que sa piété même l'aura maintenu à ce tant également la date de 17U, aient, les
moment redoutable dans les sentiments d'une uns l'approbation des examinateurs et la
une égale perfection, et les additions et cor- nouvelle édilion de ['Histoire des ordres mo-
rections n'ayant point été fondues dans le nastiques (]u P. Hélyot. Elle était aussi en huit
texte en 1721, s'il y eut alors une édition volumes in-i" avec reproduction des fi-
réelle (1). gures. On n'y fit entrer ni les préfaces , ni
V Histoire des
ordrcsmonasuques^ religieux les catalogues bibliographiques du P. Hé-
et mililnires agrandit considérablement le lyot. Nous ne dirons pas avec un célèbre bi-
champ des connaissances spé<iales dont elle bliographe, qu'on ne fait aucun cas de cette
présenta aux lecteurs un
était le fruit. Elle édition. A défaut de la première ou de celle
ouvrage édifiant, aux
érudits une compila- de 1721, elle seraittoujours recherchée, puis-
tion judicieuse et méthodique dont rien n'a- qu'ellecoutient le récitcomplet du P. Hélyot.
vait approché jusqu'alors, et elle eut néces- Si elle n'eut pasde succès, il ne faut pas avec
sairement sa place marquée dans toutes les ilui en trouver la cause seulement dans l'im-
bibliothèques des grands établissements si perfection des gravures, fort négligées en
nombreux à cette époque, et dans celles effet ; il faut la chercher aussi dans les cir-
d'un grand nombre de savpnts et même d'a- constances malheureuses où était la France
mateurs. Si le pieux auteur eût vécu assez alors. Il est même surprenant qu'à une pa-
pour voir l'achèvement de son ouvrage, il reille époque on ait osé hasarder les frai5
eût joui d'une satisfaction bien grande, celle d'une publication de ce genre.
d'avoir élevé un uionumentsolide à la gloire En 1838, on publia en 8 vol. petit in-4-°.
de la religion et de la vie monastique (2) Histoire complète et costumes de tous les or-
sans éprouver les injustices ou les tracas- dres monastiqars. religieux et unlitaires. el des
series de la critique, qui comprit sans doute congrégations de l'un el de l'anire sexe, par le
combien en ce genre d'érudition la force du fi. p. Hélyot, avec une notice sur ce savant,
religieux franciscain surpassait la sienne. des annotations et un complément fort étendu
L'ouvrage fut abrégé et divisé, et parut par V Philippon de la Madelaine, ouvrage
.
(\) Nous signalerons ici une petite nuance en pre- X d'ici-bas, on vit à l'époque nù écrivit Hélyot, une
nant pour exemple le titre du second voiuine dans les I sorte d'exagération minuiit nse et des règles (que
deux éditions. Dai-iS celle de Hl/*, .Co(gnaji:d se dit I nous .n'oserions appeler cruelles, car elles turent
< imprimeur et libraire ordinaire du roy. » Dans € inspirées par l'amour de Dieu) pénéircrdans lex con-
celle tie 1721, il se dit < imprimeur ordinaire du roy.» I grésaiions. Des tionmies maladifs l)ravaient d'exces-
L'édition de 1714. en énumérant le c'onlonu du vo- f sives soulTi.uices, de faibles femmes s'imposaient
lume, finit par ces mois t Avec les ordres militaires
: I d'affreuses privations. Les plus grands écrivains leli-
qui y ont raport. » Celle de 17^1 écrit ainsi c Qui : < gieux l'ont dit avant Hélyoi (qui n'a jamais ran^onné
y ont rapport, » etc. Les détails minutieux où m us I ainsi) La toriun' vob^niaire n'e>t jias inujours la
:
entrons serdiii appré< iés du lecteur, qui y verra une c meilleure manière d'honorer le Créateur. L'Evan-
preuve des soins que nous avons pris et du zèle que I gile dit l'rati(iutz le jeûne et les mortificaiions,
:
nous avons mis à la partie bibliographique de cette c mais elle {sic) ne conseille pas de déchirer, le fouet
notice. « à la main, d'antres créatuies. Le dogme de l'espé-
« ces ciMiSt'quences morales \inrenl aus>i se placer I fortunées, (|ui, la nuilpar un iVoid rigoui eux, allaient
« d'autres résultats ou moihs h ënfai>-anfs ce lurent
i : I prier demi-nues sur les sépulcres ou dans les cha-
I des améliorations à l'existence phy-ique des hOm- c pelles. Les jeûnes et Tabsiinence lurent toujours
< mes et d's femmes qui tiabitàieut alors les couvents j recommandés, car ils .bal>ilueni l'homme au mépris
I et b s abbayes. De même (|ue les macérations et les « dessensualiiés les prières fureiii moins Iréiiientes,
;
« jetities avaient été grands et pou; aiii'-i dire solen- t mais plus oDclueuses, Je Christ divin lut enflp
« lels dans les preinitrs ,s.ièGlçs de l'Eglise, parce < mieux et plus con&tapiment adoré. >
i qu'il s'agissait de don/ier l'exemple et d'' fiapper Hélyoi ne s'attendait guère à ce nu'on vît en tout
« les yeux des hunmes sensuels, il arriva que, ilans cela, ou qu'on fil de tout cela, les effets el finflueice
< les siècles du moyen âge, on tomba dans l'oubli de de son ouvrage. Un homme de letues qui pen-e et
i tous les rites, de toutes le^s règles, de tcu* les de- écrit de pareilles choses ne comprend ni Hélyot ni
i voirs. Puis, par un retour ordinaire aux choses VHnloire des ordres monatiiques.
51 DICTIONNAIRE DES ORDRES RELIGIEUX. 33
tours. Celte édition dans laquelle l'ordre même si une épitaphe indiquait sa tombe et
il'Hélyol était intervfpti, ses litres, etc., ou rappelait les services qu'il avait rendus. La
supprimés ou abrégés, sos fli;ures grossie- famille du P. Hélyot existe peut-être encore,
rement lithographiées, n'était vraisembla- Eu récdil.int la vie de cette fenime vertueuse
blement qu'une spéculation. Elle ne pouvait dont nous avons parlé au commencement
avoir et n'eut en effet iiucun retentissement. de celle notice, l'abbé de Monlis dédia son
Sauvai, Jaiilot, Piganiol Deiaforce, etc., volume à M. l'abbé d'IIéli/ot, et nous ap-
ont parlé de la maison de Picpus où il y eut prend que cet ecclésia?liqùe, alors nonagé-
toujours unp:randnon)bre de religieux, mais naire, élait abbé de Mores (1) et parent de
Tun a omis de mentionner Hélyot, les autres son héroïne. Il élait donc aussi parent et
l'ont à peine nommé. Personne ne nous ap- avait éle contemporain de l'auteur de VHis-
prend quel souvenir on gardait dans ce rao- toire des ordres monastiques.
nastère, d'un homme qui avait été la plus _, .. . ^ ,
APPROBATION.
J'ai lu, par ordre de Monseignenr le chancelier, l'ouvrage qui a pour litre Histoire des ordres tnonastt-
:
ques, religieux, militaires, et de tontes les congrégations de Vunet de l'autre sexe qui ont été jusqu'à présent, con-
tenant leur origine et fondation, leurs progrès, les événements les plus considérables qui y sont arrivés et leurs ob-
servances, la décadence des ui:s, elc. On ne peut assez louer son auteur d'avoir conçu un dessein si vaste, et
de ravoir, par un travail immense, si heureusement exécuté. Je ne doute point que le public ne lui rende jus-
tice en reconnaissant que jusqu'à présent il n'a rien paru en ce genre de si parlait et de si travaillé. Fait à
Paris le 20 mai 1712.
ANQUETIL.
Approbation des théologiens de l'ordre.
toutes les congrégations de l'un et de l'autre sexe, elc, composée par le R. F. Hippolyte H iyol, détiniteur
provincial, dans laquelle nous n'avons rien trouvé qui ne puisse éiiitier par les beaux èaraclèios de la plu-
part des instiliUeurs de ces ordres et congrégaiions, et qui ne soit très-utile aux savants par les recherches
curieuses et critiques dont cet ouvrage est rempli. Fait e<\ notre couvent lie Picpns, ce iO août 1713.
F. LoLis -MiRLEAU, ancien lecteur en théologie.
F. A>'SELMt deLavau, ancien lecteur en théologie.
res, etc., qu'il a composé, et qui a été vu et examiné par deux théologiens de nos dits ordre et proviiice,
dont nons-méme avons lu une grande partie, et que nous jugeons devoir être très-utile et très-agréable au
public par 'ses savantes et exactes recherches. Fait en notre couvent de JNotre-Dame-de-Gràce à Picpus, ce
18 août 1713
F. Macaire de Paris, ministre provincial.
Par commandement du très R. P. provincial,
F. Paschal, secrétaire.
PRÉFACE.
Les ordres religieux n'ayant pas moins été tion et se sont plus étendus sur la disci-
,
de tout temps l'ornement de l'Eglise qu'ils pline et sur l'observance régulière ; eî d'au-
Ini ont été utiles dans les différents besoins très au contraire n'ont écrit que pour donner
où elle s'est trouvée, il ne faut pas s'étonner connaissance de leur origine , de leur fon-
si la plupart des historiens ecclésiasliiiues et dation et de leurs progrès,
des théologiens qui ont traité des malières Paul Morigia, de l'ordre des Jésuites, don-
régulières, et même quelques historiens pro- na en 1509 une histoire de toutes les reli-
, ,
fanes , ont parlé de leur origine et de leur gions,qui est assez succincte et qui fut ,
prend (juo I.i qualité d^ P.ilrice de Plaisance , poser leurs vertus pour modèle afin qu'ils ,
cl (]t)i se dDiiiK' as--ez à connallre pour reli- les imitassent, el de faire revivre dans leurs
gieux (ic l'ordre de Saint-Joiôiiie, crut ivoir esprits cette ferveur el ce zèle dont ces saints
exprime le grand iioinlire d'ordres relif^icux patriarches d'ordres étaient animés lorsqu'ils
el niiiil.îirt'S, et les diiïérciiles congrég;iiions, les ont éiablis el en décrivant la manière de
;
endonn.inl pour litre à son histoire des or- vivre des religieux, pleine d'austérités et de
dres reiif;ieux qu'il publia on 16';S roiui de mortifications, ils ont voulu confondre les
Troupes roinninrs ou Milices ecclésiastiques
, mondains qui mènent une vie toute sen-
et religions miliiuires el clausirales. Ma:s il suelle, et qui trouvent à redire, comme re-
aurait pu augn)(Mit('r celte niilics', s'il n'avait marque un savant écrivain (1) à leur exté- ,
pas omis un grand nombre d'ordres el de rieur si éloigné de celui des autres hommes
congrégations dont il ne parle point: Silves- el si distingué dans leurs vêlements, dans la
tre Mauroiic aurait pu grossir sa Mer oceine, nourriture, dans les heures du sommeil,
s'il y avait fait aussi entrer plusieurs oiilres dans leurs logements, el même dans les
dont ii ne parle point; et Paul M-jrigia au- choses indifférentes, croyant qu'ils ont voulu
rait pu donner avec plus de jîistico à Siin li- parées distinctions s'attirer du re-pedet
vre le tilre iV Histoire de loiitas (es Relif/ion? , (tes c'est ce que plusieurs disent
bienfaits :
s'il l'avait angiuenté de plu.- d'un tiers, en y el ce que plusieurs pensent parce qu'ils ju- ,
ajoutant aussi plusieurs ordïes cl ijiusieurs gent témérairement faute de connaître l'an-
congrégations dont il ne parle point, tous liquité, dit le même auteur (-2) qui après , ,
ordres néanmoins qui étaient déjà établis avoir montré que ce sont seulement des les-
lorsque ces auteurs oni écrit. Je ne paile les des mœurs antiques que les religieux ont
point d'Aubert le Mire, doy«'n de l'Eglise conservés fidèlement, tandis que le reste du
d'Anvers, qui, outre les Origines monasti- monde a prodigieusement changé, conclut
ques que nous avons de lui a encore fait des , que c'est dans les cloîtres que la pureté d(î
histoires el des chroniques pai ticulières de l'Evangile s'est conservée, lorsqu ellea élé
quelques ordres, sur lesquels il ne s est pas se corrompant de pius en plus dans le siècle.
assez étendu; de Pierre Legris, chanoine ré- La plupart des hérétiques qui ont écrit sur
gulier de l'abbaye de Sainl-Jean-des-Vignes, le même sujet ont eu une autre intention
et de plusieurs autres écrivains qui ont écrit que les écrivains catholiques, et enchéris- ,
des ordres religieux el de leur origine. sant sur ce que pensent el disent les mon-
Comme ces auteurs n'ont traité qut; de la dains sensuels, ils n'ont écrit que pour ren-
fondation de ces ordres et de leurs progrès , dre les religieux odieux et méprisables, et
iLs nont parlé qu'en passant des v ies de quel- ont eru pouvoir y réussir par les impostures
ques-uns de leurs londaîeurs. Mais Annibal donl leurs ouvrages sont remplis. Hospinia-
C.'.nale de la coiripagnie de Jésus
, entre- , nns, entre autres, s'est montré fort éloquent
prit une histoire assez ample d<'s patriarches en invectives lorsfju'il a parlé des religieux
et des foniialeurs de religions, dont il ne dans si.n llisioire de i origine des moines et
diinna,en 1023. que la première décade, des ordres monastiques i.iiprimée à Zurich
,
qui commence à Jésus-Christ el Gnit à saint pour première fois, l'an 1.^88; en quoi il a
la
Anioine el qu'il aurait pu continuer plus
, élé imité par (jilbert Pomerose, ministre de
avant s'il n'avait pas mis au nombre des Bordeaux, dans le Traité qu'il a fait du vœu de
fondateurs d'ordres saint Pierre, saint Clet, Jacob, opposé aux vœux des moines qui fut ,
tres raisons, l'on na pas vu les neuf autres quelques ordres; mais commes'il se repentait
décades. de n'avoir pas assez témoigné d'animosité
Le ]-. Louis Beurier, de l'ordre des Céles- contre les religieux dans son ouvrage, el dq
tins donna, en 163"3, les Vies de ces fonda-
, n'y avoir pas assez avancé de faussetés il ,
calhoiiques qui ont traité des orires monas- posée par Dodwold et Dugdalle, où il traite
tiques a élé de fair(> connaître aux reli- d'extravagants el de gens sans jugemeul
gieux la sainteté de leurs pères, de leur pro- ceux qui disent que les ordres religieux sud',
(i) Fle'Mv. }lœn\s des chréiiem, jiag. 325. (-2) Jkid., p. hU
,
sortisdu puits de l'abtme, qui est le langage de son Histoire, au lieu d'y ajouter des or-
ordinaire de plusieurs hérétiques. Il n'attri- dres qui n'ont jamais été, et dont il a copié
bue cette invective qu'à la passion dont ces les habillemenls sur les fijïures qu'en a don-
sortes de personnes sont préoccu»jées et ; nées Abraham Bruin en 1577 avec des com- ,
quoiqu'il y ait des ordres qui s'aUribuen* mentaires d'Adrien Damman , lequel Bruin
une origine chimérique, cependant i; les' ex- a élé aussi copié par Miche! Colin en 1581 ,
faute , en considérant qu'il y a eu des peu- gures sont aussi accompagnées d'un dis-
ples illustres qui, cherchani l'originn de cer- cours en vers et en prose de François Mo-
taines choses obscures, l'ont fait dsrs'cendre dius sur l'origine de ces ordres. Quoique
,
sieurs recueils de différents titres et de dif- et s'il y a de la différence, c'est que celles
férents historiens, où l'on trouve beaucoup de Bruin et de Colin sont en cuivre, et celles
de choses favorables à l'élat monastique. d'Ammanus en bois.
Nous lui sommes même redevables, par ce Schoonebeck n'avait pis eu apparemmen'
moyen, de la connaissance de quelques or- connaissance de ces auteurs lorsqu'il donna
dres ecclésiastiques et militaires qui étaient la première édition de son Histoire, car il n'y
inconnus. avait pas parlé de ces ordres supposés, qu'il
C'étaient ces auteurs queSchoonebeck de- a ajouiés dans la seconde, tels que sont ceux
vait consulter plutôt qu'un Hospinianus et des frères du Purgatoire, de Saint-Joseph, de
d'autres aussi peu fidèles lorsqu'il a tra-
, Sainte-Sophie de Sainte-Hélène , de Saint-
,
vaillé à s(M\ Histoire abrégée des ordres reli- Jean de la Cité des Porte-Clefs , des Forci-
,
des figures, où il a voulu représenter les dif- Porte- Epées et de quelques autres.
férents habillements de ces ordres qui a été ,
Quant à ces Poric-Epées que ces auteurs ,
augmentée de plus de quatre-vingts figures qucilifient de cénobites, ils les ont confondus
dans une secondé édition en 1700. It n'y au- avec les chevaliers de Livonie qui avaient ,
rait pas fait tant do fautes, et ces figures re- aussi le même nom et qui portaient pour,
présenteraient mieux les habillements des marque de leur ordre deux épées ronges en
religieux, qui la plupart sont si peu recon- forme de croix de saint André sur leurs ha-
naissablcs par ceux qu'il leur a donnés, que bits. Les religieux du monastère de Biclaro,
sans le nom qu'il a mis au bas on n'aurait dans les Pyrénées, dont ils parlent aussi,
pu deviner de quel ordre il aurait voulu par- ont pu être appelés dans le sixième siècle ,
ler, si l'on en excepte néanmoins quelques Girondins peut-être à cause que Jean
, ,
chanoines réguliers qu'il a gravés sur les surnommé de Biclaro, leur fondateur, fut élu
figures que le P. du Moulinet, chanoine ré- évéque de Gironde ou comme on l'appelle ^
faire entrer d'une ihanière assez nette dans que le R. P. Bonanni, de la comp/ignie de
sa planche, il les a gravés sur un autre mor- Jésus, de la maison professe de Kome, travail-
ceau de cuivre, el qu'il les a placés au com- lait à uni' Histoire dis Ordres reliyieux,i-lmi'i\
mencement du chapitre. faisait graver leurs liabiliemenls mais je me
;
L'on ne peut pas parler plus clairement rassurai lorsque je vis que ce n'était propre-
pour se désigner auteur d'un ouvrage. C'est ment qu'une traduction en latin et en italien,
ce que je fais remarquer, parce que je réfuie de la petiie hisloire des mêmes ordres que
souvent cet historien graveur, qui a aussi Schoonebeck avait donnée en français, et
mal représenté les habillements des ordres qu'il avait seulement ajouté quelques or-
religieux qu'il a été peu fidèle à rapporter drs et quelques congrégations dont cet au-
les années de leur fondation, leur donnant teur hollandais n'avait point parlé. Je fus
souvent des fondateurs, ou les faisant ;ip- même surpris, en recevant la première par-
prouver et favoriser de grâces et de privi- tie de d'Ile Hisloire du P. Bonanni, impri-
lèges par des papes el des princes qui sont mée à Rome en 170t), et la seconde, qui pa-
morts quelques centaines d'années avant rut l'année suivante, que Ion m'envoyai! en
leur établissement. même temps de Rome, que l'on y avait joint
C'est ce qui me fit entreprendre Cette His- des Mémoires toucliani les Pères de la doc-
toire des ordres religieux que je donne au trine chrétienne en Italie, et des religieuses
public; et ce qui m'y porta aussi fui celle de l'ordre des Humiliés, dont le P. Bonanni
de M. Hermanl, curé de Mallol en Norman- ne parlait point, quoique les uns et les au-
die, qui parut en un volume in-12 l'an 1697, tres eusseî'.ides maisons dans Rome el dans
où il a omis beaucoup d'ordres dont il ne parle toute l'Italie.
en aucune manière, s'étanl contenté en pas- Cet auteur, parlant des Pères de la doctrine
sant de marquer la fondation de qutîlques chrétienne en France, faisait remarque, que
autres qui sont Irès-considérables el qui mé- le pape Clément VIII avait érigé dans Rome
ritent une description plus ample de leur une congrégation de prêtres séculiers pour
élablissemcnl au>si bien que des vies de enseigner Uî docirine chrétienne; mais que
leurs illustres fondateurs. C'est ce que l'on Paul * l'avait depuis érigée en archiconfra-
croyait trouver dans la seconde édition de ternité. Il semblait donc que cette congré-
celle Histoire qu'il a donnée, l'an 1710, en gation de prêtres séculiers ne subsistait [ilus,
quatre volumes. Une augmenlalion de trois je jug'-ai par là que si le P. Bonanni était
<^f
volumes semblait devoir être considérable, si peu instruit des congrégations qui étaient
et renfermer tout ce qui manquait dans la à Rome, lu: qui écrivait son Hisloire dans celle
première édition. Si l'on avait été surpris de ville, il devait être moins bien informé des
voir dans cette première édition que M. Her- autres eor.grégalions qui se trouvent dans
manl avail avancé que l'ordre de Sainl- les pays éloignés de lui. Mais quoique par
Jeari de Ûieu avait été approuvé par le pape addition il ait ajouté dans la troisième par-
Léon X, quoique cet ordre n'ait commencé tie de son Histoire, (jui parut en 1708, celle
que piius de cinquante ans après la mort de congrégation des Pères de la doctrine chré-
ce pontife ;s'il y avait assuré que saint Jean tienne en Italie el les religieuses H imiliées',
de Dieu avait été canonisé par le pape Inno- il a néanmoins omis un grand oombre d'au^
cent XH, quoiqu'il n'y ait persoinie qui ne très ordres et de congrégations, ci l'on eri
sache que cetlo canonisation ait été faite verra plus de cent dans mon Hisloire dont il
par Alexantlre VIII; s'il avait donné aux iiu- n'a point parlé.
miliés pour fondateur saint Jean de Méd.i, Celte troisième partie ne regarde que leS
l'an 1196, quoiqu'il fût mort dès l'an 1159 congrégations séculières, donl il aurait pu
el qu'il eût élé canonisé par le pipe Alexan- augmenter le nombre, qui aurait même suif^
dre m qui mourut l'an 1181, on s'atlendail passé celui des collèges el des hôpitaux de
que ces fautes el un très-grand nombre d& Rome, dont il parle aussi dans cette troi-
même espèce auraient élé au moins corri- sième partie, ayant fait aussi graver les ha^
gées dans la seconde édition. Mais il semble billemeiils des pensionnaires el des pim\ re'iyf^^
qu'il se soit fait un scrupule d'y rien ch,'inger. de ces hôpitaux, ce qui paraît inutile dai
Les augoienUtious qu'il a faites cuosibleal une hist lire qui ne comprend que les urdiïït^/
5") DinTlOiNNAlKE DES ORDKES RFLIGIEUX. 40
ou qu'ils demeurent dans l'état séculier, de parle, ce ne sera que pour faire connaître
rendre con>ple à la même congrég ilion, tous le peu de loi qu'on doit y avoir; et, quoique
les deux ans,s'ils sont hors de l'Europe, et je parle d'un grand nombre d'ordres, lanl
ordre qu'ils en recevront pour y employer est impossi'ule qu'il ne s'en trouve encore
leurs soins et leurs travaux au salut des quelques-uns i\u\ m'aient échappé.
âmes. C'"Sl pourquoi nous parlerons de ces A l'égard des habillements que j'ai fait
collèges en tr.iitant des différentes congré- graver, je les ai fait tirer ou sur les origi-
gations qui ont été établies pour la propuga- naux ou sur des figures qui ont été déjà
lion 'le ia foi. gravées, qui m'ont paru justes, cl iors(iue
faut cependant rendre justice au P. Bo-
11 l'on ne m'a fait que la description d'un ha-
nanni quoique son Histoire à laquelle il n'a
:
billement par écrit, el qu'il était difficile de
rionné que le ti!re de Catalogue des ordres re- le bien représenter sans avoir un modèle,
ligieux, soit courte, il a né lumoins parlé de j'ai mieux aimé ne le point faire graver que
piusi 'urs ordres dont ceux qui ont écrit de le représenter mal ce qui me serait ar-
:
avant lui sur le même sujet n'avaient rien rivé, par exemple, à l'égard des habillements
dil; el j'avoue que je suis redevable de ia des religieuses Bénédictines des abbayes de
connaissance que son Catalogue m'a donnée Bwurbourg en Flamlre, du Ronceray à An-
de qu( Iques ordres qui m'étaient inci)nnus ,
g(>rs, de Moizevauxen Alsace, et de plusieurs
et dont je parlerai plus amplement qu'il n'a autres, si j'avais fait graver leur coiffure
fait, sur les mémoires que j'ai demandés de- sur un simple récit ; car il aurait élé im-
puis et qui m'ont été accordés, il rapporte possible de la bien représenter sans avoir eu
assez fidèlement la fondation de la plupart un modèle. Ainsi nous n'avons pas voulu
des ordres religieux et des congrégations sé- imiter Schoonebeck, qui, sur un simple ré-
culières; mais il s'est trompé dans quelques- cit, a gravé des haliillements qui n'onl nulle
uns ayant suivi des auteurs peu exacts.
, ressemblance à ceux qu'il a voulu repré-
Les figures qu'il a données sont d'ailleurs senter.
bien gravées et rendent son Catalogue cu-
rieux. Il serait à souhaiter qu'il n'eût pas
Comme il n'y a que quatre Règles principa-
ordres tant ecelésiasliquos que militaires qui clragesimi qxiarti episcopi Jerosohjmilnni scri-
suivent la Règle de saint Renoîl. plis, ab Alberto patriarcluiJerosohjmitanocx-
Dans la cinquième jo jijindrai aux congré- /7acfa,ctc. Ce qu'ils ont retranché dans les nou-
galions qui suivent la Règle de saint Fran- velles, -ifin de neplusdonner lieuuux B:!silien<?
çois, les ordres qui vivfnl sous des règles qui les regardaienlcommefrères.depré'end: f»
qui leur sont particulières. aueune alliance aveceux. Ils (ont au contraire
Et enfin la sixième comprendra toutes les remonter leur origine plus do douze cents
congrégations séculières et les ordres mili- ans avant la naissance de saint Basile, sou-
taires et de chevalerie qui ont été établis tenant qu'ils sont descendus du propliè!(»
non-seulement pour ladéftiise de la religion Eli(>, qu'ils regardent comme le Père et le
catholique, ou qui ont reçu leurs approba- fondateur de leur ordre, et même l'an 1G70,
tions des souverains pontifes, mais encore ils intentèrent procès aux Basiliens, sur ce
ceux qui ne sont que des marques d'hon- qu'ils avaient dans leur couven! do ïroïna
neur et de dislinclion, dont quelques souve- en Sicile, un tableau d- ce prophète qui n'é-
rains ont voulu récompenser des seigneurs tait pas habillé en Carme. Ce procès fut
de leurs cours. porté à plusieuis tribunaux et ne fut ter-
Je ne prétends pas néanmoins par cet or- miné qu'eu 1686. comme je le dirai plus au
dre que je garderai, décider sur la préséance long dans mon Hisioire.
que certains ordres veulent avoir au-dessus Quoi{)ue saint Jérôme n'ait fondé aucun
des autres. Je ne veux point entrer dans ordre et n'ait écrit aucune Règle, et que les
leurs différends il y a trop
: longtemps que religieux qui portent son nom rie soient
celui des Chanoines réguliers et des Ermites qu'une production du quatorzième siècle,
de Saint-Augustin, touchant le droit d'aînes- ils veulent néanmo'ns avoir la préséance sur
se, dure, pour être sitôt terminé. JeanXXI!, ton.s les autres ordres, même sur ceux de
pour les mettre d'accord, leur donna en cou!- Saint-Augustin cl de Saiat-Benuîl , qu'i-i
mun l'église de Saint-Pierre au Ciel d'or de prétendent n'être que des branches de celui
Pavie, où repose le corps do leur Père, et on de Saint-Jérôme. C'est ainsi que Crescenee
leur assigna à chacun un côté pour en cîre en parle dans la première partie de son His-
le maître. Mais, au lieu que cela aurait dû toire, qui contient plus de quatre cents pages
conserver l'union et la charité entre eux, faisant les ileux tiers du Livre, et qui n'est
cela ne servit au contraire qu'à augmenter qu'un éioge outré de l'ordre de Saint Jérôme,
leurs divisions par rapport aux offrandes et qu'il compare au fleuve du Rhin qui se di-
aux obiations des fidèles, de sorte que l'on vise en plusieurs bras sons différenis noms ;
fut contraint, depuis ce temps-là, de leur et , après avoir combattu l'anlitjuilé (jue
donner à desservir cette église à l'alterna- prétendent !es Carmes , il tombe dans le
tive pendant un mois ce qui a été observé
, même excès en disant que son ordre a jjris
pendant un long temps, sans que les divi- son origine au temps des prophètes, qu'il n
sions aient cesjè. Mais, comme elles aug- été rétabli par saint Antoine, étendu par
mentèrent l'an i69o, au sujet du corps de ce saint Jérôme, répandu par tout l'univers ;
saint docteur que l'on prétendait avoir dé- tantôt se maintenant de lui-même, tantôt
couvert dans cette église, ils la desservent changeant de nom et s'unissant à d'autres,
présentement à l'alternative pendant huit sans cesser d'être toujours l'ordre de Saint-
jours. Jérôme. Voici ses paroles :Ecco Vordine
11 vrai que ces divisions ne sont pas
est Gieronimiano, originato dn propheti, risto-
si grandes qu'elles le furent sous le pontifi- ralo da san Antonio, dUninto da saii Giro-
cat de Sixte IV, l'an liSi, lorsqu'ils dispu- namo, diffusa neW universo, hor da se man^
tèrent ensemble de l'habit et du portrait de tiensi, hor muta nome, e ad altri si unisce,
leur Père. Il y eut plusieurs écrits de part et sensa mutarsi d'essere (i).
(l'autre.Dominique de Irévise et Eusèbe Ce L'on croirait peut-être qu'il n'y a eu que les
Milan prirent la défense des Chanoines, et Carmes et les religieux de l'ordre de Saint-
Paul de Bergame celle des Ermites. Ce pape Jérôme, qui aient prétendu une antiquité si
leur imposa silence, mais la dispute était éloignée, qu'ils l'ont fait remonter jusqu'au
trop échauffée pour que les uns et les au- temps des prophètes; puis(iue quelques or-
tres pussent demeurer dans le silence; car, dres hospitaliers, qui après eux se vantent
nonobstant le décret du pape, Ambroise Co- d'être plus anciens que les autres religieux,
riolan, général des Ermites, fit encore en n'avaient osé chercher leur origine dans
leur faveur une apologie, et les Chanoines l'Ancien ïestatncnt, et s'étaient contentés de
y
répondirent. la fixer au temps de Jésus-Christ, en recon-
Les moines de Saint-Basile en Italie et les naissant sainte Marthe pour leur fondatrice;
Carmes ne sont pas plus d'accord. Les pre- parce que le Sauveur du monde ayant été la
miers prétendent que l'ordre des Carmes est voir aussi bien que sa sœur Madeleine, dans
nue branche de celui de Saint-Basile, sur ce leur château do Bélhanie, Marthe avait eu le
«lue les Carmes se vanlaientaulrefois que U soin et l'embarras de la maison pour le re-
Règle qu'ils ont reçue du patriarche Albert, cevoir. Mais le frère Paul de Saint-Sébastien,
était tirée des écrûs de saint Basile. C'est religieux hospitalier de l'ordre de Saint-
Romano, part, i, pDg.
(1) Pjelr. Ciesce;!Z, presid. >fi3.
leur et d'Infirmier majeur, a c!é plus hardi vance, des Carmes Déchaussés, des Trini-
(|ue les autres. 1! est allé chercher dans l'An-taires et d'autres qui disent que le patriar-
cien ïeslament un fondateur, et prétend che Abraham a fondé l'hospitalité, el qu'il a
que son ordre est plus aneien de neuf conls faildesa propre maison un hôpital. Il apporte
ans que celui des Carmes. Par quel droit, diî- entre autres le témoignage d'un Père Tho-
il, prétendent-ils être plus anciens (lue nous? mas de Salas, qui assure que l'ange saint
par quels titres veulent-ils prendre rang au- Kaphaeldit àsaint Jean de Dieu qu'ils étaient
dessus de nous ? si par le moyen de leurs Pè- tous du même Ordre, parce que, dit le frère Sé-
res ils remontent jusqu'à neuf cents ans avant bastien de Saint-Paul, cet ange était l'un des
la naissance de Jésus-Christ avec le prophète trois qui assistèrent à la fondation de l'Ordre
Elle, pour nous, nous trouvons uatre orii:ine dans la vallée de Mambré Et Pater lliomas ••
neuf cents ans avant la naissance d'Elie de Salas referens dictiim angeli Raphaelis ad
:
Quo jure prœtendiinl illi esse antif/xiores sanctiim Joannem de Deo, omnes sumus unins
nobis, et qua veritale nobis se roliint anle- ordinis, nam et iste cum duobiis aliis angelis
poui? Si enim per suos Patres altoHunt se fuit prœsens in Mambré. Il y a d'autres au-
(id nonfjentos amios ante Christiim cnm Elia, teurs qu'il ne nomme point el qu'il réserve
nos ad alios nongentos annos ante Eliam cx- à citer dans son temps mais, en attendant, ;
tendimus principiiim no^trum {\). C'est dans il serait bien aise de savoir si les Pères Pa-
une lettre (ju'ii écrivit de Thôpitai d'Anli- pehroch el Sébastien de Saint-Paul pourraient
quera à son général en Espagne, au mois lui alléguer des bulles et des conciles contrai-
d'octobre lGiJ6, rapportée par le P Pape- res à ce qu'il a avancé.
broch de la compagnie de Jésus, dans sa Quoique les religieux Croisiers ou Porte-
réponse au P. Sébastien de Saint-Paul, ex- Croix soient aussi hospitaliers, ils ont été
provincial des Carmes de Flandre, qui avait plus modérés que le frère Paul de Saint-
accusé ce savant Jésuite d'.ivuir avancé Sébastien. Bien loin d'aller chercher un fon-
deux mille erreurs dans les Vies des sain's dateur dans l'Ancien Testament et de remon-
dont il était auteur el qui se trouvent dans ter jusqu'au [latriarehe Abraham, ils n'ont
la Continuation ces Actes des saints du P. pas même voulu, comme les autres hospita-
Bollandus. liers, reconnaître sainte Marthe pour leur
Ce religieux hospitalier, faisant le plan fondatrice, et se sont contentés par modestie
d'une histoire patriarcale qu'il avait dessein de faire remonter leur origine jusqu'au pape
de donner au public pour opposer à l'His- sai ni Clet, qu'ils appellent leur père, et qui suc-
toire prophétique des Carmes, dit que son céda au souverain pontificat l'an soixante-dix-
ordre a eu pour fondateur le patriarche huit, après la morlde saint Lin. Leschanoines
Abraham, et que saint Jean de Dieu l'a réguliers de l'ordre du Saint-Sépulcre préten-
transporté de la vallée de Mambré dans la dent que l'apôtre saint Jacques leMineur, pre-
ville de Grenade en Espagne. Il compte au mier évêque de Jérusalem, a été leur institu-
nombre des généraux do cet ordre, après le teur, et il y a d'autres chanoines réguliers
patriarche Abraham, Loi, Laban, Tobie, etc. qui ne regardent saint Augustin que commele
Les maisons de ces patiiarches, aussi bien restaurateur de leur ordre, qui a commencé
que celles de la veuve de Saiepta. de la Su- au temps des apôtres, qui étaient, selon
namiie, et même la piscine Probatique de quelques-uns de leurs écrivains, chanoines
Jérusalem, étaient, selon lui, les couvents de réguliers, el avaient pour abbé Jésus-Christ.
cet ordre; il en met même jusque dans les Enfin, si l'on voulait examiner tous les
limbes car il dit que le patriarche Abraham
;
ordres en particulier, il y en a peu qui ne
}' établit un hôpital pour y recevoir les en-
prétendent quelque prérogative au-dessus
fants qui meurent sans baptême.... Quidnisi
des autres, el qui ne veuillent s'attribuer
hierofjlyphicum fecit fiospitalitatis, peromnia
des hommes illustres, ou qui n'ont jamais
sœciila propagmdœ, ad iisqiie limbum?\ Nain
été religieux, ou qu'ils font sortir d'un autre
el hic hospitalem donium excitavit primus
ordre pour le faire entrer dans le leur,
Pater et Generalis totius nostri ordinis Abra- quoique quelquefois il se trouve que ces
ham, qua reciperetur innocentia parvidorum, personnes soient mortes avant la naissance
sine originalis peccatiremedio morientium[2).
des ordres où on les veut faire entrer; et
Le frère Paul de Saint-Sébastien s'applau- même les Carmes mettent au nombre de leurs
dissanl ensuite de sa nouvelle découverte confrères des païens el des idolâtres (3); té-
qu'ila faite du fondateuret premiergénéral de moin les thèses qui furent soutenues dans
son ordre, et tout glorieux de se pouvoirdire leur couvent de Béziers, l'an 1682, dans un
avec ses confrères, les enfants des patriar- chapitre provincial, en présence de M. Ar-
ches, défie le P. Papehroch el le P. Sébas- mand-Jean de Rotundis de Biscaras, évêque
tien de Saint-Paul d'aller contre de tel- de cette ville, par le P. Philippe Tessier (i;,
les prétentions, et de trouver depuis tant religieux de cet ordre, qui voulut prouver
de siècles un auteur qui leur ail dispuié qu'il était probable que Pythagore el ses
leur généalogie. Il nomme c^es Jésuites , disciples étaient religieux profès de l'ordre
45 PREFACE.
du Mun:-Carfnel, aussi bien queles anciens c. rlains ordres sont remplies de quantité de
Gaules (1) tuais ces thèses fu-
ilruidcs des ;
fables qui ne sont pas moins divertissantes
rent censurées à Rumc par un décret du 25 que la lettre du frère Paul de Saint-Sébas-
janvier 1C8V. tien, je n'ai pas de peine à croire que cette
Comme mettent aussi, au nombre de
ils lettre ne soit véritable et que l'auteur n'ait
leurs qui était un des
rt'iigieux, Basilidcs, en effet conçu le dessein de travailler à une
devins de l'empereur Vespasien, le frère Paul histoire patriarcale, pour opposer à l'his-
de Saint-Sébastien, qui ne veut céder en rien toire prophétique des Carmes, en suivant la
aux Carmes, a cru que, puisque ces Easi- même méthode que quelques historiens de
lidcs ei Pjthagore ont été religieux du Mont- cet ordre ont suivie; c'est-à dire, en y mê-
Carmei, il pouvait bien mettre au nombre lant quantité de fables et de pensées ingé-
des religieux de son ordre la veuve di> Sa- nieuses plus propres à divertir le lecteur
repla, quoiqu'elle fût du pays des Sidoniens qu'à l'édifier.
qui étaient gentils et comme il y a un ordre
; Car qui pourrait tenir son sérieux en
niililairi! du Mont-Carmel il en met un , voyant l'estampe qui est au commencement
aussi de l'ordre de Sainl-Jcan de Dieu, disant de la vie du prophète Elie, insérée par le
que Joseph, gouverneur de l'Egypte, était père Daniel de la vierge Marie, dans son Mi-
chevalier rie cet ordre Jpse autem Joseph
: roir du Garmel im[)rimé à Anvers l'an 1680,
nuriQuid non fuit reiigiosus militaris noslri où l'on voit une troupe de prophètes ha-
ordinis? billés en Carmes, et même avec !e scapuiaire,
Si ce religieux hospitalier s'était contenté qui, dans des différentes altitudes, font de
dô faire reiuonter l'origine de son ordre jus- profondes révérences au petit Elie sortant
qu'au temps du patriarche Abraham, parce (lu sein de sa mère, et l'un de ces prophètes
qu'il avait exercé l'hospitalité, l'on ne s'en qui lui fait avaler une cuillerée de feu?
étonnerait pas il aurait en cela imité les
; scmblc-t-il pas que Jean le Gros ^2), l'un
Ne
Carmes, qui font remonter l'origine de leur des généraux de cet ordre, etquelquesautres
ordre jusqu'au temps du prophète Elie, parce écrivains du même ordre(3), aient voulu se
qu'il a demeuré sur le Mont-Garmel; et si diverlireux-mêmcset divertir le lecteur, lors-
les Àlexiens, dont le principal institut est qu'ils disent que la raison pour laquelle les
d'ensevelir les morts, s'avisaient un jour de Carmes (4) portaient anciennement des man«
prendre pour fondateur le saint homme teaux avec des barres blanches et tannées, ce
Tobie, de la tribu de Nephtali, parce qu'il qui leur avait fait donner le nom de Barrés
exerçait la charité envers les morts en leur c'est que le prophète Elie ayant été enlevé
donnant la sépulture, l'on dirait que leurs dans un char de feu, et ayant jeté son man-
prétentions seraient aussi bien fondées que teau qui était Diane à son disciple Elisée, ce
celles des Carmes et du frère Paul de Saint- qui loucha aux flammes devint roux, n'y
Sébastien, puisque les Carmes n'ont pour ayant eu que ce qui était caché dans les plis
titre de leur antiquité que la demeure d Elie et qui ne toucha pas au feu, qui resta blanc.
sur le Mont-Carmel, et que le frère Paul de Si l'on en veut croire Didace Coria (5), le
Saint-Sébastien n'en a point aussi d'autres prophète Abdias était du tiers ordre des
que l'hospitalité exercée par Abraham en- Carmes, aussi bien que la bisaïeule de Jésus-
vers trois anges qui s'apparurent à lui sous Chrisl, à laquelle il donne le nom de sainte
la Ggure de trois jeunes hommes. Mais lors- Emérentienne. Si l'on voulait, l'on ferait un
que le frère Paul de Saint-S^'haslien regarde gros recueil de pareilles pensées, tirées des
la piscine Probatique, les maisons de Lot, histoires et des annales de l'ordre des
de Laban et de Tobie, pour des hôpitaux de Carmes.
son ordre, et qu'il dit qu'Abraham en fonda Mais ils ne sont pasles seuls qui ont pro-
aussi un dans les limbes pour y recevoir
,
duit des historiens amateurs des fables,
les enfants qui meurent sans baptême, on a l'ordre de Sainl-^Dominique, sans parler de
de la peine à concevoir comment de telles quelques autres, en a aussi produit, témoin
pensées ont pu entrer dans l'esprit d'un le P.Louis d'Uréta qui a donné en espagnol
homme de bon sens. J'aurais volontiers re- un roman pieux et divertissant, sous le litre
gardé la lettre de ce religieux comme sup- d'Hisloire du sacré ordre des Frères-Prê-
posée, ou, selon le jugement qu'en a porté cheurs dans le royaume d'Ethiopie (6) car ;
triarche Abraham, pour se moquer du procès neuf mille religieux et trois mille dômes tiques;
que les Carmes intentèrent aux continua- que ces neuf mille religieux mangent tous en«
teurs des Actes des saints du père Bollandus, semble dans un même réfectoire que ce cou- ;
parce qu'ils ne les avaient pas fait descen- vent contient quatre-vingts dortoirs, autant de
dre d Elie. Mais lorsque je fais réflexion que cloîtres, autant d'églises particulières où les
plusieurs histoires et plusieurs annales de religieux de chaque dortoir disent l'ofûca
'1) El Dtîlle, Aniiq. monast., t. IV, cliap. i. (3' Diiiac. Coria, Manual. d^ las beat, y lierm. Ter-
(2) Jo;iiin. Gnss., Viridar. tliiu. 1. ceros de la ord, de Camielo.
(3) Joaiin. de Malinis, Speciil. histor., c. lï. (6) Hisi. de la oïden de Prcdkadoret, en la Etio-
C4J Joann. deCimeiilo, Svecul. ord.Cannelit., c. vi. via, c. iM.
a DICTlONNMnL: dis grimpes RELIGîEIX. 48
tous les jours, excepté les fêtes et les dinian- ordres, de donner eu même temps l'histoire
elles, qu'ils se trouvent tous dans une de (quelques aulros ordres, quoique de diffé-
{.;rande église commune à laquelle chaque renies rèi,^k'S, comme l'on remarquera, par
dortoir repond; que le fondateur de ce beau exeu)ple, dans la Iroisièuio partie, qui com-
couvenl élail un t-i grand saint que, quand prend tous les ordres qui suivent lallùgle de
il voulait dire la messe, un ange descendait saint Augustn:, où l'on trouvera cependant
du ciel pour la lui servir; qu'il lui préparait ceux des Théatins et des Barnabites, quoi-
le pain et allait tirer le vin que ce saint
;
qu'ils ne suivent point cette Règle mais les
;
et il fallait être aussi adroit que Malabeslia gieuses angéliques, qui sont les filles spiri-
pour sonner en même temps les cloches dans tu(Mles des Barnabiies, n'ayant pas pu par-
quatre-vingîs clochers; mais il ne faisait pas 1er de ces religieuses sans parier aussi des
paraître moins dadresse lorsqu'il fallait ba- Barnabites, ni môme des Guaslaliines, qui
laver le couvent, c'est-à-dire quatre-vingts composent une congrégaiion séculière. L'-mi
dortoirs, autant de cloîtres, autant de cours ne doit pas être aussi surpris, si j'ai fait
et neuf mille cellules, car tout cela était ba- graver les habiilemenis de «luelqucs ordres
layé en un instant tout ce qu'on lui com-
;
supposés, tels que Schooiiebcck et le P. Bo-
mandail était exécuté sur-le-c!iamp mais il ;
nanni les ont donnés, je ne l'ai fait que pour
y eut une chose à laquelle le père Louis contenter ceux qui voudraient ajouter plus
d'Uréta dit, d'un grand sérieux, que Mala- de loi à ce qu'onl dit ces auteurs touchant
beslia ne voulut point obéir; c'est qu'on ne ces ordres supposés, qu'à ce que j'ai avancé
put jamais l'obliger à balayer le chapitre, à pour en montrer la supposition,
cause que les religieux y reconnaissaient Le P. Bonanni, dans son Catalogue des
leurs fautes devant le supérieur. Enfin il ordres militaires, dit qu'il a fait graver les
propose les religieux de celle province habillements des chevaliers tels qu'ils doi-
d'Ethiopie comme des modèles d'humilité el vrut être, conformémrnt à leurs règ'es ;
deuiortiGcalion, cl il nous assure que du mais que pour ceux qui n'ont point d'ha-
couvent de Plurimanos, de celui d'Alleluia, billemenls particuliers, il les a fait représen-
oà il y a sept mille religieux, et de celui de ter avec Ihabillemenl que l'on i
orlait au
Beningali, qui est un monastère de niles, où temps de leur inslitulion dans les pays où
il y a cinq mille religieuses, il sort tous les ils ont été établis, ou en habit de soldai armé
iv.atiiis de chacun de ces couvents plus do pour aller en guerre. On r.e s'aperçoit pas
(rois mille religieux et religieuses, qui vont néanmoins que cela ait élé fidèlement exé-
balayer les rues de la ville et servir de <ro- cuté, puisqu'il a habillé des i rançais à l'al-
cheleurs et porte-faix, quoi(iue la plupart lemande, et des Allen.iauds à la française,
soient enfants de rois et de princes. comme on peut remarquer dans la plupart
C'est pai le moyen de pareilles fables que de ses figures, principalement dans celle qui
quelques religieux ont cru relever la gloire représente ua chevalier de Saint-Louis, dont
lie leurs ordres comme si les grands services
;
l'ordre esl cependant récent en France; car
que ces ordres ont rendus à l'Eglise, les per- ce chevalier a plus l'air d'up. Suédois ou de
sonnes qui en sont sorties et qui se sont quelque autre personne du Nord , que d'un
rendues si rccommandables par leur piété, Français.
leur science et les dignités qu'ils ont possé- Mou dessein n'est pas de rapporter tous
dées, ne suffisaient pas pour en relever les privilèges que les papes et les princes
l'éclat. Mais nous les laisserons dans leurs souverains ont accordés à plusieurs ordres;
prétenlions, cl je ne m'attacherai qu'à la vé- il y en a néanmoins qui ont tant de rapf.ori
rite. L'on nedoit pas s'étonner si je rapporte avec leurs histoires, que c'e>t comme une
des visions el des miracles qui ont donné nécessité d'en parler, etquoique je ne veuille
lieu à rétablissement de quelques-uns de pas entrer dans le détail de la fondation de
ces ordres, et qui ont élé combattus par de tous les couvents, je ne pourrai pas néan-
savanls écrivains auxquels d autres savanis moins m'empécher de parler de quelques-
ont répondu Ce sonl des difficulles dont la uns des principaux et des plus considéra-
discussion n'c-^l pas de mon dessein, je me blés, lorsque l'occasion s'en présentera
suis seulement tenu à l'ancienne tradition Si l'on regarde l'étal de la profession mo-
appuyée sur de bons a(xtcurs. naslique, où chaque règle forme un ordre,
*J'ai mêlé parmi les ordres, tant ecclésiasti- el où il y a même des ordres séparés et dis-
ques que milifaircs, ceux qui sont suppri- tincls sous une mèo'.c règle, il semble que je
niés ou unis à d'autres, ne croyant pas de- devais mettre au nombre des fondateurs
voir les séparer de ceux dont ils suivaient d'ordres tous ceux qui ont éerit des règles ;
la règle. Quoique mon dessein ail élé de mais comme celles des anciens solitaires
mollr« ensemble tous les ordres religieux d'Orienl que nous trouvons dans le Code des
qui ont suivi la même règle, j'ai cru néan- Règles sonl depuis plusieurs sièe'es confon-
jjioins cire obligé, en parlant de certains dues avec celles de saint BaMle, el 4" '1
i9 PREFACE DE L\ DEUXIEME LIVRAISON. 50
ne reste plus aucune Irace de leurs obser- dres militaires et les congrégatfons séculiè-
vances, non plus (juc de celles de plusieurs res, dont je donnerai un catalogue qui pourra
anciens Pères d'Occident, qui ont élé pareil- être de quelque utilité à ceux qui ont des
lement conlondues avec celle de saint Be- bibliothèques curieuses et qui voudront les
noît , c'est ce qui fait que je n'en parlerai augmenter ce (jne je ferai d'autant idus vo-
;
pour avoir élé l'instituteur d'un ordre qui a suites de la môme ville. Ainsi je ne saurais
fait pendant un temps un des plus beaux or- trop témoigner de reconnaissance à feu M.
nements de la France, et dont la règle a été Clément, preniier garde de la bibliothèque
observée conjointement avec celle de saint du roi à M. Anquelil, ci-devant bibliothé-
;
le public me sait quelque gré d'nn travail je ne puis oublier feu M. Caille du Fourny,
de plusieurs années, pour lequel il m'a fallu audileuren la Chambre des Comptes à Paris,
faire de grandes reciiercbos et consulter qui s'est le plus intéressé pour mon ouvrage
plus lie quinze ccnis volumes. IMais si je les et qui m'a communiqué plusieurs anciens
ai consultés, je ne les ai pas lous suivis, et titres qui m'ont élé d'un grand secours. En-
je ne me suis arrêté qu'à ceux qui ont parlé fin, si je me suis trompé en quelque chose,
selon la vérité. Il y en a plus de treize cents je me rétracterai volontiers lorsqu'on m'au-
qui regardent l'Histoire monastique, les or- ra fait connaître en quoi ''aurai manqué.
dont le public a reçu si favorablement les tions et les corrections qui sont à la fin do
d:ux premiers volumes, il ne se glisse quel- ce troisième volume. Les fautes que l'on j
DICTIONNAMVE DF.S ORî»RKS lŒLlGIEL'X. Itî
trouvera à c'orriger ne sont pas néanmoins 1608, danslalroisièine anneede son pontiGoat.
bien considérables. Les prinripalos regar- Quoique le P. Toussaints de Saint-Luc
dent les habillements du grand maître et dos dise en plusieurs endroits de son Abrégé his-
chevaliers de Notre-Dame de Mont^Carmel toriqucde l'ordrede Notre-DamedeMonl-Gar-
et de Saint-Lazare de Jérusalem. On m'a meletde Saint-Lazare (1), que celui d(> Notre-
fait remarquer que je m'étais trompé dans Dame de Mont-Carmel a été érigé en ordre mili-
celui (lu grand maître, n'ayant point fait met- taire l'an 1607, le 10 février, on lit néanmoins
tre de croix sur sa dalmatique, et qu'il y à la page 2i, que Paul V ayant accordé cette
avait aussi quelque chose à corriger dans bulle qui se trouve dans le Bullaire romain,
celui des chevaiiers. J'avoue la faute, et l'on et qui commence par ces mots Homanus :
verra dans les additions et les corrections ponlifejr, les expéditions en étant venues de
ce {juM faut ajouter aux hahiliemcnls de ces Rome, le roi Henri IV les remit entre les
chevaliers. Mais ces messieurs m'attribuent mains de Philbert de Nérestang avec de
d'autres fautes plus importantes, que l'a- nouvelles provisions en date du mois d'avril
mour de la vérité ne n.e permet pas d'avouer. 1008; d'où je tire une conséquence que cette
Non-seulement quelques-uns d'entre eux bulle était véritablement du 16 février 1608,
m'en ont fait des plaintes, mais ils les ont ré- car elle aurait été longtemps en chemin si,
pandues dans le public, et l'on dit même que ayant été expédiée le 16 février 1607, elle
l'on écrit contre moi sur ce sujet je ne ; n'était arrivée en France qu'au mois d'avril
crois donc obligé de ne pas différer plus 1608.
longtemps à me justifier C'est ce qui se prouve par le Bullaire ro-
Ces plaintes que l'on a formées contre main même, quoique cette bulle n'y soit da-
moi se réduisent à quatre 1° que c'est à tort
: tée que de l'an 1607. Car que veut direAnge-
que j'ai avancé que l'ordre de Siint-Lazare Marie Chérubin qui a continué la compila-
avait été supprimé par Henri IV, roi do tion des Bulles et des constitutions aposto-
France, lorsqu'il institua celui de Notre- liques que Laerce Chérubin son père avait
Dame de Mont-Carniel 2* que les rois de; commencée sous le titre de Bullaire romain,
France n'ayant point eu la nomination des lorsqu'après avoir daté la bulle en question
grands m;:îtres de l'ordre de Saint-Lazare de l'an 1607 Datnm Romœ apud Sanction
:
avant le concordat fait entre le pape Léon X Mnrcum, anno Incarnalionis dominicœ 1607,
et le roi François V, à ce que prétendent il met à la marge alias 1608; ce qui se trouve
ces chevaliers, je ne devais pas dire que plu- non-seulement dans l'édition de Rome de
sieurs grands maîtres, que je nomme et qui lan 1638, mais dans celles de Lyon des an-
ont possédé cette charge avant le concordat, nées 1655 et 1673 sinon que dans les autres
,
en avaient été pourvus par des rois de éditions elle se trouvait datée de l'an 1608,
France; 3 que j'ai mis au nombre de ces ou qu'il n'est pas sûr de la date, et qu'elle
grands maîtres un Jean de Coiiras, et qu'il peut être de l'an 1608. Il paraît même suivre
n'y en a jamais eu aucun de ce no'n : celle dernière opinion, puisqu'il la met de
k° que j'ai eu tort de dire que le roi Louis la troisième année du pontifieal de Paul V :
doute qu'il ne se serait pas servi de ce leriise ajouter pour titre à celt." copie Suppres-
".
nuper, qui marque que c'était lout récem- sion de Voffice degrnnd maîlrede Vordreetmi-
ment, depuis peu de temps; en effet, il n'y lice de Sainl-Lazrire, et établissement de Tordre
avait que dix jours, car sa première bulle elmilice de^Notre-Divne de Mont-Carmel? Si
est du 16 février, et celle-ci est du 26 du ce n'avait été qu'un projet de suppression,
niêîiie mois. Celte dernière, quoique du 26 il aurait fait mettre sans doute à ce titre.
février, est encore néanmoins d;itée de la Projet dt lettres de suppression, etc. Y a-l-il
troisième année de son ponlifirat et cela, encore de l'apparence qu'un secrétaire d'E-
ne pouvait être autrement, puisque, comme tat eût voulu garder dans ses manuscrits un
nous avons dit, il avait été élu pape le 15 projet? Ces lettres sont datées, est-ce la cou-
mai ICOo. D'ailleurs comment ces deux bul- tume de dater des projets? M. de Loménie
les, l'une du 16 février 1G07, l'autre du 26 faisait un si grand cas de ses manuscrits,
du même mois 1608, peuvent-elles être toutes qu'il ne crut pas faire un plus beau présent
deux de la troisième année du pontificat de à son fils le comte de Brienne, qui avait ob-
Paul V? car si celle du 16 février 1607 est tenu, dès l'an 1615, la survivance de sa char-
de la troisième année de sou pontifical, il ge de secrétaire d'Etat, que de les lui don-
faut nécessairement que celle du 26 février ner par un contrat de donation du 16 février
1608 soit de la quatrième année, ce que per- 1627. Toutes ces raisons sont, ce me semble,
sonne n'a encore avancé justju'à présent. sulfisanles pour ne point douter do la sup-
Cela supposé, pour réponse à la première pression de l'ordre de Sainl-Lazare.
plainte dos chevaliers de Tordre de Noire- Mais voici encore deux preuves plus con-
Dame de Mont-Carmel et do Sainl-Lazare vaincantes. La première, ce sont les lettres
de. Jérusalem, de ce que j'ai avancé que de provision de la charge de grand inaîlre
l'ordre de Saint-Lazare avait été supprimé de l'ordre de Notre-Dame de Monl-Carmel,
par Henri IV, l'an 1608, au mois do juillet, accordées par Henri IV à Philbert de Neres-
je dis que lout autre que moi qui aurait eu tang, qui était auparavant grand maître de
à parler de cet ordre et qui aurait consulté, celui de S.iint-Lazare. Ces lettres, qui se trou-
comme j'ai fait, les manuscrits de la biblio- vent aussi dans le même volume CCLXXIV
thèque du roi, aurait dit la même chose, de ces manuscrits, sont dii 11 juillet 1608, et
puisque dans le volume 27+ des manuscrits il n'y est nullement fait mention de l'ordre
qui portent le nom de Brienne dans cette cé- de Siint-Lazare. Henri IV aurait-il manqué
lèbre bibliothèque, l'on y trouve, à la page d'en parler s'il n'avait pas été supprimé, si
120, les lettres de Henri IV", pour la sup- celui de Notre-Dame du Mont-Carmel y avait
pression de cet ordre, telles que je les ai été uni, et si Philbert de Nerestang avait été
rapportées dans le premier volume de mon en même temps grand maître de ces deux
histoire, page 388, sinon que par inadver- ordres? A la vérité il y a une faute dans la
tance, l'on a mis dans l'impression le mois date de ces lettres de provision, car on a mis
d'avril au lieu du mois de juillet, qui se 1603 pour 1608; mais il est aisé de s'apei'ce-
trouve dans le manuscrit. Il est aisé de s'a- voir que c'est une faute du copiste, puisque
percevoir que c'est une faute d'impression, le roi y dit que le pape, à la supplication de
puisque j'avais dit, quelques lignes plus Sa Majesté faite par son ambassadeur rési-
haut, que l'ordre de Saint-Lazare avait été dant près de la personne de Sa Sainteté, a
supprimé au mois de juillet 1608. Depuis les érigé et institué en son royaume un ordre à
plaintes formées contre moi, on a eu re- titre de la \ ierge-^Marie, ou Notre-Dame do
cours à ces manuscrits; on y a trouvé les Mont-Carmel, par sa bulle du H des calendes
lettres de suppression de cet ordre mais
; de mars dernier; car Paul V n'ayant été élu
comme ce n'est qu'une copie non signée, on pape, comme nous avons dit, que le quin-
prétend que l'on ne peut y ajouter foi, et zième mai 1605, il ne peut pas avoir donné
qu'apparemment ce n'était qu'un projet qui une bulle en 1603.
n'a point été exécuté. Mais il faut savoir La seconde preuve qu'Henri IV avait véri-
que tous les manuscrits qui portent le nom tablement supprimé l'ordre de Sainl-Lazare
de Brienne à la bibliothèque du roi, et qui est la réponse que fit ce prince aux f)rélals
sont au nombre de trois cent cinquante de l'assemblée générale du clergé de France,
huit volumes in-folio, ne sont qoedes copies, au sujet des pensions que les chevaliers de
mais qui sont authentiques, puisque cha- l'ordre de Notre-Dame de Mont-Carmel peu-
que volume est paraphé par MM. Petauet vent avoir sur des bénéfices. Ces prélats,
Pithou, conseillers au parlement de Paris, dans la remontrance qu'ils firent au roi au
nommés à cet effet commissaires par le roi, mois d'août de la même année, prièrent Sa
lorsque ces manuscrits furent mis à la bi- Majesté de ne pas permettre que les cheva-
bliothèque, l'an 1052. Ces manuscrits vien- liers de cet ordre, engagés dans le mariage ,
nns ccclésiasliques, mais seulement ceux des en jamais eu aucun ne ce nom cependant,
a :
aux prélats qu'il avait ordonné que les che- notaire apostolique qui en reçut l'acte et
valiers di> Notre-Dame de Mont-Carmel, unis qui se nommait Jean Boulet. Les chevaliers
avec ceux do ^'ain'-Laznre, jouiraient en- de cet ordre ont encore reconnu ce Jean do
semble des revenus des hôpitaux et des com- Couras pour grand maître dans le mémoire
manderies qui avai'nt toujours appartenu à qu'ils ont donné, l'an 1692, pour servii de
l'ordre d« Sainl-Lnzarc; mais li^ roi, en se réponse aux difficultés qui leur avaient été
servant de ces termes ffui avaient autrefois
: proposées par les commissaires que le roi
appartenu à r ordre de Saint-Lazare, faisait avait nommés pour cxaiuiner son éditde 1672,
r.fisrz connaître qui^ cet ordre ne subsistait par lequel sa majesté avait uni à l'ordre de
plus. En cflet ce n'est que dans la suite que Notre-Dame de Monl-Carmel et de Saint -La-
l'ordre de S uni-Lazare a été rétabli et uni zare plusieurs ordres qui étaient réputés
à ccUii de Notre-Dame de Mont-Carmel éteints et supprimés en France, et qui a été
comme nous avons dit en parlant de cet ensuite révoqué sur le rapport de ces com-
ordre. Hiissaires. Je laisse à juger au public si j'ai
A la seconde plainte que font ces chevaliers eu tort après cela d'avoir donné à Jean do
do ce que j'ai parlé de plusieurs grands maî- Couras la qualité de grand maître.
tres qui avaient élé no:ninés par dos rois de Quant à ce que j'ai dit que le roi avait
,
France avant le concordai fait entre le pape approuvé l'habillement que M. le marquis de
Léon X et le roi François L% je réponds que Dangcau, présentement grand maître de cet
j'aien cela suivi le père Toussaints de Saint- ordre, a ordonné pour les cérémonies, qui
Luc dans son Abrégé historique de l'ordre de est le sujet de la quatrième plainte, doit-on
Notre-Dame de Mont-Carmol et de Saint-La- m'imputer cela pour faute, et tout le monda
zare, livre adopté par le grand maître et les nedemeurera-l-iipas d'accord que sa majesté
chevaliers de cet ordre, puisqu'ils le présen- a approuvé au moins tacitemenl cet habille-
tèrent eux-mêmes au roi comme il paraît , ment, puisque ?J. le marquis de Dangeau et
par TEpître dédicatoire, à la fin de laquelle ses chevaliers ont quelquefois paru devant
on lit ces paroles Sire, de Votre Majesté les
: le roi avec cet habillement, et que depuis
très-humbles trcs-vbéissants et très-fidèles
,
près de vingt ans portent publiquement
ils le
sujets, le fjrand uvntre et les chevaliers de dans les cérémonies. Pouvais-je aussi m'em-
tordre de Notre-Dame deMont-Carmel et de pêcher de parler du collier de cet ordre,
Saint-Lazare de Jérusalem. C'est dans ce jiuisque l'on voit les armes de ces chevaliers
livre qu'à la page 2 il y a un article qui a entourés de ce collier. Il est vrai que sq
pour litre: La présentation de la charge de majesté ne Ta pas approuvé, ce n'est que de-
fjrand w.attrc de cet ordre, tant deçà que delà puis peu que j'ai appris qu'elle avait même
(es mers, appartient aux seuls rois de France. témoigné n'en être pas conlenle; aussi ai-je
On lit ensuite que le pape Alexandre iV dit qu'elle ne l'avait pas encore .ipprouvé, et
donna en faveur de l'o.rdre de
trois bulles que peut-être pourrait-elle l'approuver dans
Saint-Lazare dans les années 1256, 1257 et la suite.
1258, p:ir lesquelles il reconnaît que le SI ces chevaliers ont des titres qui soient
grand maître de cet ordre a son siège en contraires à ce que j'ai avancé ils devaient,
France sous l'autorité, la protection et la donc me les communiquer lorsque j'ai fait
présentation des rois très-chrétiens; que auprès d'eux toutes les démarches et les di-
Philippe de Valois pourvut de celte charge, ligences nécessaires pour avoir des instruc-
l'an 1.342, frère Jean de Couras; que Char- tions concernant leur ordre. Tous ceux à qui
les V, surnommé le Sage, fit grand maître de je me suis adressé m'ont renvoyé à celui qui
cet ordre frère Jacques dcBeynes; que Char- certaiîiemenl était le plus en état de m'en
les VU nomma , pour remplir celte charge, donner, mais il me les a refusées, c'est
fière Pierre de Ru.iux ; que Louis XI la néanmoins celui qui se plaint le plus. Peut-
donna à frère Jean le Cornu, et Louis XII à être n)e fora-t-on de pareilles plaintes lorsque
frèieAgnandeMareui!. Voilà donc des grands dans la quatrième partie j'aurai parlé d'un
maîtres nommés par des rois de France ordre soumis à la Règle de saint Benoît, dont
avant le concordat, de l'aveu môme des che- le général l'ail sa résidence en France. Ce-
valiers de cet ordre; ai-je donc eu tort de pendant j'ai écrit plusieurs fois à ce général
dire (jueccs grands maîtres avaient été nom- pour avoir de lui des instructions louchant
més par ces princes, lorsque je n'ai parlé son ordre, mais je ne suis pas surpris do
qu'après les chevaliers, et qu'il n'y a aucun n'en avoir eu aucune réponse, puisque le
auteur (jui ait combattu ce sentiment? père dom Thierri Ruinarl me dit, quelque
Jean de Couras, qui se trouve au nombre temps avant sa mort, que ni lui, ni le père
de ces grands maîtres, est le sujet de la dom Jean Mabillon, n'avaient pu non plus
troisième plainte car l'on grétcnd (ju'il o'y
;
obtenir aucune rénonse de ce général sur les
57 C\TALUCLt: DE.^ LIVRES Qll TRAITENT DES Or.DRF.S UELIGIELX, ITC.
mêmes demandes qu'ils lui avnient faites. volume de mon Histoire, qu'il a reçu les
Si CCSmessieurs m'ont refusé les secours deux premiers. Ce n'est encore ici que la
qu'ils pouvaient m'accorcler, j'ai, d'un autre troisième partie qui contient toutes les diffé-
côté, été consolé par les agréables reproches rentes congrégations qui suivent la Règle de
que m'a fait faire M. d'IIozier, généalogiste saint Augustin, et les ordres supprimés qui
de la maison du roi juge des armes el bla-
,
y onlété soumis, outre les chanoines réguliers
sons de France, (!e ce que je ne le consultais dont il a déjà été parlé dans la deuxième
pas, pouvant m'étre de quelque utilité. En partie. La quatrième qui comprendra tous
,
effet, j'en ai déjà reçu des preuves dont je lui les ordres, tant monastiques que militaires,
témoigne ma reconnaissance, ausi bien qu'à qui suivent la Règle de saint Benoît, sera
M. Cliupin, trésorier général du Marc d'or, aussi renfermée en deux volumes. Comme le
qui m'a fourni des mémoires. Mais je n'ai catalogue des livres que j'avais consultés, et
point de termes assez forts pour exprimer les qui se trouve au coramencemcnl du premier
obligations que j'ai à M. de Corberon, pre- volume, a été approuvé par les savants , el
mier président du conseil sou vera.in d'Alsace, que depuis il ui'est tombé en main d'autres
de qui je reçois tous les jours de nouvelles livres concernant ces mômes ordres, voiei
marques du zèle avec lequel il s'intéresse un supplément de ce catalogue, et s'il nu;
pour la perfection de mon ouvrage, par les vient dans la suite d'autres livres sur le
mémoires qu'il me procure de toutes parts. môaïc sujet, je donnerai de pareils supplé-
J'espèreque le publie ne recevra pas moins uienls dans les autres volumes.
favorablement le troisième et le quatrième
CATALOGUE
DES LIVBES QUI TRAITENT DES ORDRES MONASTIQUES, RELIGIEUX MILITAIRKS ET DES CONGE* ,
roua TOUS les ordres rf.ligeux en auctore Gaspare Bruchio, in-fol., Iiigolslad., lool
GÉNÉRAL Les mêmes, in-i, Sii!zl)3ci, 1682,
liodo'phus H
ospinianus de origine et procjressu uio-
Maltluci Caleni Orujin,'s inonn>^ticœ , seu de prirn:i naclinlns, ce ordinum inonasticorutn eiuitumque mili-
rlnisiiiuiœ mouastices oriijiiie Commenlariiis , iii-4, tarium, in-fol., Tignri, 1388.
Diliiigjtî, l,o63, Jacobi Middendorpii Ilistoria monasticn, seu De-
Auberli Mirœi Origimim moiwsiicariim librt iv, in monstroiio originis, proqressionis, e' nuturœ retigiosce
quibits ordinum omnium reUgiosorum initia el projres- viiœ, in-S, Coloni;c , 1603.
fus breviler dcscribuntur ; in-S, Co!oni;c, 1820. Peiri Grisii Ilistoria clericatus et monachalus, seu
Ilenrici Pelrei Jcti traaalus de Monasleriis , seu omnium ordinum reUgiosorum, iii-S, Paris, 1621.
Qtiasliones, qiio majores primuni consiiio fundariiU Annales monastici, sive Ghronologia omnium ordi-
cœnobia? qua rat'one deinceps decrcverint? qua tan- num rdig':os'^>rum. Pars I, nsque ad sœculum srxlum
dem a prisca tanciimonia degencravcrint, eic , in-8, i]iclusive, auctore Prospero Stcllartio ord. Eremit. S.
Augiislœ Trcbocornin, blQ. Ang'-si., m-'i. Oiiaci, 1628.
Amiquarinm munaslicuin, in quo Irndunlur pleraque Éjusd'm, Fundamina et Piegulor omnium monasiico-
ad inilium, progressum observaliones siatus religiod
el rum ordinum miUiariun, iii-4, Diaci, lG-27.
et
perlii;entia, per Ncbridnm a Mundellielm, ord. cano- Jodoci Ammani omniu.n ordinum habiliis, iii-4,
nicor. reguL, in-fol. Vieiinac Ausiriac;^, 1658. Fraiicofurii, iotiS.
Jacobiis Sucderius, ord. tninorinn, de retifjiuso or- El Franci^cns Mndius de origine omnium ordinum,
dine, iii-4, Dre-dae, iS'iS. in-4. Francoliirli, lo83.
J< annis Crcccelln Trac. alun de ofujim et fundalione Historia delf origine di lutte gle rcVgioni, raccoUa
omnium monasiicorum ordinum, in-4, Fraucifiirli, d, / P. Paolo Morigia deir ordm de j Jesuaii, in 8,
10-2"). Veiietia. 1581.
Bencdicti llœfsteni ord. S. Denedicli, Dixquisilio- La même traduite en français, in-!2. Pari*, \^^~S.
uum motiasiicnrnm lib. xn, in-fol., AiUui;rpi;i', 16*4. Celte snr une édition de Venise
ir.i'liiciion lia laiie
Antoi ii Dadinï Alleserrœ, Af.celicon, sive Orifjinum de Tan qui esi la oreniiére.
lob'-),
rei II onuiiliiœ , lii\ x, iii-i, Paiis, 1674. Hisloria sacra ini.lolata : Mare Oceano di tulle gle
Monasiicon anglicanum, seu Hi&tori Anqliœ mona- i mondo, del P. Dom. Silrrslro lilaurolico o
religioni del
uteriorum, pcr Hogrium Dcdworlli et Guillelihum
, Maridi, abbale di Piocmador, deW ord. Cisterc, in-f<>l.,
Duqdide , 5. vdI. iii-lbl., Londini lO-^a. àie>sina, IGI-'.
Origines cmnium Ihiunoniœ Cœnobivrum cum au- , Presidin Piomano overo délia Militia ecclcsiaslica,
ctario de Cotlegiatis ejusd m provinciœ ; auct. Pliilippo e délie religioni cavalei esche come daustrali, perCio.
Draseur, iii-8. Monulnis, îGnO. Pietro Cresrenzi, in-fol., P]a:sanCi\ !!)48.
Abbatianim Ilaliœ brevis noidia, qnarum tam cxci- Pielr. G'.dzolag de Bugiano. Historiii monastica in v
s:nim, qunm exs'.anlium lilitius, ordo, diœcesis, fan-
, giornnle dislincla,\n-i, Fiienza, t.361.
dnlio, mutaùoues, silus, etc., exactius exprimuntur Histoire des ordres de rdigicn et congréqnlio'is ec-
per Augus'i iim Lubhi ord. Eremit. S. Auyusl., iii-4, clésiastiques, par Laurent le P'elleùer de l'ordrede Suint-
Riinui', 1693. Benoît, in-8, Angers, 16-26.
Suevia ecclesiasticn, seu clericalia Collegia, tum sœ- Brièv^ Uisioire de l'instilution des ordres r ligieux,
cularia lum regularin, item diversorum reUgiosorum
, par du Fresne, a:ec Us figures de leurs habiUemenis
ordinum iitriusque sexus monusteria nuva ei antiqua aravcs par Odoarl Fialelli, Bolonais, in-4, Paris,
m ducdlu Sueviœ consislentia, etc., nuclore P. Fran- 1658.
cisco Peiro canonic. regul.ord. S. Anquslini, in-fol., Mrmorias y Ueceverdos de li Sagrada tj real de il
Aui^usia; Vindeliconnii el Dit ng;r, 1699. P.epubr.ca de Uios o d^l Vrigcn g progresses de Ict
Annales prcecipuorum menas criorum Germaniœ ,
sagradas re'ifjio"es, vor el Pad. Marii>\ de V^snna y
,
GO-
19 DlCTlONNÂir.E BF.S Oni)i;rS RI-LIGItîX.
liuz de In orden del Carnun, iii-4, 2 vol. En Scvil'a, Idem, de jure abbatisfarum in-lbl., Roina?, 1038.
,
habits qruvées par Adrien Sclioonebecli, iii-8, Aiiisler- iiec :.on abbaiissiirum, in-l2, Par-i.v, {0u7,
La même augmentée, en i 'o!. in-8, Aii)-lerd;im, quœ>tivnum rcgul.. 4 vid. in-lol., Ln-^il., 1078.
1700. Anionii a Spiritu Sanclo ord. ( ani:el. Dirccioriuni
C.tmrie description ries ordres des femmes et filLs regularium, in-l'<d., Lniid., 1001.
uli.iuuses, pari'' Hiê/i , in-8, AmsliTihiin, 1700. Pétri ab Anqeiis ord. Carmel. spéculum priviiegioruin
Histoire de l'éi^dilissemeiu des ordres r.ligieux, par regul. in-4, Coloni.'R, I08«i.
M. Uermant, curé de Mallot en iSunnandie, in-i-l, Vindici<i' privilegiorum quibusreligiosi legitimeutun
Finiien, 1097. tur, in-8, Herhipoli, 1620.
La même augmeniéi\ e//4 vol. in- 12, Rouen, 1710. Jusiification des privilèges des réguliers, in-4*, An-
Ordinum religios^irum Cainlogus , eoruin(jne in.lu- f:<TS, 1058.
menta in iconibus expressa auctore P. Phihppo Donnnni La défense de fautorité du pape et de remploi dei
foc. Jes., in-i, Koimc. Pars i, 1700. Purs ii, 1707. religieux mendiants, in-4, Metz, 1658.
Pars m, 1708. La même, in-4, Louvain, 1669.
Histoire monastique d'Irlande, ]'ar M. AUeman ,
in-
SIOINF.S d'ORIE.NT.
12, Paris, lO'.iO.
Ouranalogie ou liiérolhéoric des ordres religieux, par Lausiaca liislorin Palladii, sive Paradisus, edilui a
Guillaume Pasfiuelin, in-1-2, Paris, lOl-'i. Jacobo Fabro, in-fol., 1555.
Histoire ou anliijuiié de l'élut monastique et reli- Le Pré sp rituel par Jean Moue, in 8, Paris,
,
sKilo coiili-
vniiro in irs! bits ulunivr, per F. Lrorem a Suncto
Ci'ufiiio Biii. Ilelatione del principio e.
Historia gênerai proplietica de la Orden del Cnrmen Ejpositio pnrœnetica in regulam Carmeliturtim, au-
por Francisco de San Maria, \i\-\'o\, .M:Mlridi, 1650. ctore Joaune Soreth ejusdem ordinis generali et refor-
Apologia del primero tomo de la Historia gênerai matore, in-4, Parisiis, 1G25.
proplieiica. por el jnisnio, in foi., Vaientia, lOtô. Les coniiniiitenrs de Bcllandns ayant mis dans
It'iirs Actes des Saints plusieurs choses coniraires à
Èlucidaliones varias de ant guidad y t^cnltores il-
l'anliquiié que prélendent les Carmes, cela donna
lustres délia orden del Mon'e-Ccirmelo por Emmanuel
Boman, 4 vol. in-lol., Madriti, l!il8. lieu ces leligi tix de coinposer plusieurs livres
à
Trithemius deorlu, progressa el viris illustribus or- pour soutenir leurs prétciiMons, el ils attaqiièreni
dinis carmelitani, in-8, Colon ;v, 1(J45. en particulier le père Pa|)el»iocli qui avait eu le jlns
Compendio Historico Carmeliticuno, per Pietro Luc. de part à la continnaiinn do ces. Actes des t^ainis du
père D-llandu-. L'on ne aile ici que .les livres
di Brussella, in-8, Firenze, io05. i
Giardino délia religione del Carmtne, ver Francesco concfrnaiil ce diUéiend que Ion a vus.
Voersio, in-12, Mondovia, !61G. HisoricQ-Theo'.ngicum Armnmcnlarium, profèrent
A/n/a/cs s«cri proptielici el Eliani cdhiis B. M. V. omnis generis scuia. sive sacrœ Scriplnrœ, sumniorum
de Monte-Carmelo, per Joannem Baptislam de Lezana Pont!ficum,-sanctorum l'alruni, Geograpliorum et Uo-
fjusd. ord., 4 vol. in-f >!., Floniaî, 105(3. ctorum, tnm aniiquornm, quam recentiorum, auctori'
Historia Carmelitici ordinis per PliUippum a san- laies, Iradiliones et ratiunes quibns amicorum dissiden-
lium Icla, siv^ Argumenia in ordinis Carmeliuirum an-
clissima Triniiate, \\\\'l, Lngd., JG5G.
Histoire de fordre des Carmes, par le P. Matthieu tiquilateni el sub Iriius votis esten-
originem a B. EUa
de S. Jean, 2, vol. in-fol. Paris, lGo8. tialibus in M
tiie-Cnrmelo hœreditariam successioncm
Succession du prophète El:e en l'ordre des Carmes el el hue iisque légitime non iner'uptam vH^rata encrvan-
en la réforme de sainte Thérèse, par le P. Louis de lur, auctoreP. Franc SCO Uonœ Spei, in-4, Antuerpia',
Philippi a sanclisshna Trinitate, décor Carmeli reti- L'abrégé de la première panie dn ce livicel la
giosi in splendorihus sanciorum el ûlu^trijim reli(iioso- seconde l(.ul enln-ie ont été insérés par le P. Daniel
rum el Monialiiim, quibus ordo B. M. V. de Monte de la Vierg." .Maiie, dans son Miioir d,i Carmel, dont
Carmelo quasi firmamenlum suis sideribus fulgel , in- il a été ci-devant parlé.
Danieltm Papebrcc't'mm cl Carmi-litas, origo, progres- Vida de san Theresia , camino de la perfccion, Ca-
»»<, et fructus, in -8, Co diii i-, io8'2. stillo spirituo.le, in 4, Salainanc.t, lô88.
i\'or«s cujus mnniis conlrn omnes, et war:u$
hmael La même, aussi m
espagnol, in-8, liaicclone, 1388.
iwuinm contra eum, sive P. Daniel Papebrochiusorbi La même traduite en jrançais, iii-TJ, l'ans, IGOI.
fjpositus pcr D. Jusltim Caniuin, iii-8, AugiisiJî Vin- Ln mente traduit'; aussi en français, par J D. B. P., .
me un désaveu par-devant deux luiliiri-s à Paris la Vida de la Madré de Jesu Carmelil. discalz. par
même année. La Icltre que M. du Can;^c avait vénta- Francisco de Acos:a, in-i, Madrid, Id-iS.
l)!emenl écrite à M. d'Heronval se traîneau coni- Ln vie de sœur Marie de l'Incarnation ou Madcmoi
inencemeut de cette réponse; mais l'on y a ajouté se'l.' Ararie, in 8, Paris, 1G42.
des choses qui ne sont pojul dans Turigiiial. Lu vie de sœur .^lurie duS-Sacranicut, pu> J-Auvray,
Exitibilio errorum guos P. Dmiicl Pap brncliiiis i^oc. in-4, Paris, 1C.54.
Jesii suis in nolis ud Acia Sanctoium cmauiisit, etc., De rérection el insiiution de l'ordre des ndigicuses
vblala sanclissimo iJ. A'. Innocentio XI l pcr P. Se- de L\olre-Dame du Muni'Cnrmel, selon la réjo me de
baslianuni a Sanclo Paulo ord. Cfunie/., in-4, Colonia?, suinte Thérèse en France, par M. de .Marillac, iii-12,
1095. F ris,lC22.
Picsponsio Daniclis Pape'roc'ià soc. Jesu ad exii- Privilégia (rahum Discalcealorum ord, D. M. V.
bitionem crrnrum pcr P. Sebastinnivu a Sanclo Paulo de Monte Carmelo in ununi collecta, in-i, Komae,
e.ulqatam, in-i, Aniuerpiœ, j^'is /, iQ'Jo, purs II, iUl7.
467. Régula primiiiia Conslilutiones fralrum Discal-
el
Elucidaiio super origine et anîiqûitate ordinis de cealorum ord. B. M
V. de Monte Carmelo congrega-
.
CARll:-S ET CARMÉLITES DE LA RÉFORME DT SATNTE- La règle des frères et des sœurs du tiers ordre de la
TIIÉKÈSK. glorieuse Vierge Marie du Mo)it-Carmel, in-lG, Paris,
1G78.
Picforma de los Descnlzos de Sostra Segnora del
Carmen de lapriniiiica observanza, par el P. Francisco POLR TOUS LES ORDRES QUI SUIVENT LA RÈGLE LE
(ii Sun Maria, 2 vol. iii-fol., Madrid, 16ii. S. AUGUSTIN EN GÉNÉRAL.
La même traduite en fru: ç.ti , par l.' P. Gabriel de Monasticon Augu&tinianum omnium ordinum suh
la Croix, in loi., Paris, iH' h. régula sancli Augustini mililanlium, auctore JSicolao
La même traduite en italien , par le P. Gaspard Crusenio, in-fol., Monacliii, 1625.
de Snini-Michel , in foL, Gènes, IQo't. Le Chandelier d'or, on Chronologie des prélats et
Clironica de Cannelitus Descalzos do regno de Por- religieux qui suivcnl la Règle de saitil Augustin, par le
tugal cl proviiicia de San-Fclipe, 1 tomo, par Belchior P. Àthcm ise de Samle-Agnès, Augustin Déchaussé, in-4,
dii san Anna, iii-f d., en Lisboufl, IboT. Lyon, 1645.
Annales des Carmes Déchncsés en France, par le Vila sancti Angiatini cuni nolis Antoiiii Sanderi,
P. Louis deSiiinie-Tliérè e., iu-l'ol., Paris, IG6.1. iii-8, Aniuerpiae, 1644.
Historia generalis fratrinn Dibcalceatorum, ord. B. Enclnridii-n de Aclis S. Palris Augustini, auclore
M. V. de Monte-Carmelo congreg. Eiiœ, pcr P. a San- Vt'illibrodo Boschert, in-12, Parisiis 1669.
clo Andréa, 2 vol. iii-fol., PiOiiia", 1GG8 et 1G71. Vita S. Augustini el Culalogus de Provinciis et
Auberius Mirœus, de Carmelitarum Disca'.cea'orum Conventibus Augustinianis, per Cornelium Lancelctum,
insùiulione, progreau, etc., in-4-, Colonise, MUS. i:i-12, Paris, 1G14.
Idem. De originumïli.resanLiTum, ord, Carmelil., La vie de saint Augustin, par Ant. Godeau, iii-4,
!ti-8, C(doni;t', 1G15. Paris, lGo7.
Description des déserts des Carmes Déchaussés, par Exposicion de la régla de san Augustin, por Fran-
le P. t'ijpricn d: la Satirilc de -Y. S. in-i Paris, cisco du Bal de rordcn Prœmonstrat. 2 vol. in-l'ol.
Valladulid, 1G03.
s ,,
65 CATALOGUE DES LlYKIiS QUI TRAITENT liES ORDRES RICLIGIEUX, ETC. C'a
Ambroêii Coriolani ord. F.remilarum saiicti Augn- Peiro Griiio, iit-8, Siicssion, 1077 Ideyn, Paris,
sliiii Pr oris Generalis Coiitmeiit. snp. Heçinl. divi Au- 1619.
(lusiini, prœinissa ejus vila. — llein Oralioncs ire^de
luudibiis S. AugufiDni. — /•;/ dcfl'cnioriuiii ord. Ere- ciianoim;s ri'gi li; ks de l'oisdre de s.-antoins
Di; viennols.
iiviarum S. Augustini rcsponsivum ad malcdicia Ca-
nomcnrum Ilegularium cougrcgationis Frisonariœ, iîi- Aimnri Falconis A-iloni'mœ His'oriœ compendium,
lol., Uoii);c, 10:2.). iM-fol., Lu^diini, l'iôi.
l'elyiGrisii Observatioues in regulam sancii Augu- Le même traduit en Espagnol, par Femand'i Suarez
in-8, Pari^iis, luiO.
sliii',
provincial de l'ordre des Carmes, iii-loi., en Sctilla'
Exegesii in (lanoiiem divi Augustini, auclore lio- 1603.
berifl iiicliardino , in-1-2. i65"2. Recueil des Bulles et Lettrei Patentes contenant tes
Titmtiliis S. Augustini, Diascrtalione Ilistorico-Ca- privilèges, drods, libertés et franchises, accordés a
iKi'iica illHstratits, auctorc Juli> Bnndino ord. Ere- l'ordre de Saiid-.\nioine de Viennois, et partie des
mil. S. Augustini, iii fol., Ticiiii, 1098. Constitutions et Déciets dud'il ordre, iu-4, Paris
1620.
pinin TOUS LES chanoines réguliers en général.
Vie dit I ère Pierre de Sanejehan'de fordre d,' Saint-
Gabrielis Penotti,llistor'in tripartila ordinis Canoni- Antoine, par Jean de Loijac,'ïn-\-l,V-M\%, 1045.
corum Regularium, iii-fol., Rom*, l))2i.
De anliquilate et digniiate ordinis Canoiiici ejusque CHANOINES RÉG LIER3 DE SALNT-VICTOR.
progressa et propagaiiom opusculnm Augustini de
, Philippi Goureau, v-la et mariyrium magistri Tho^
/S'o:'is Ticinen. Canon. Uc'jul., in- 5, McMlinlmii, 1605. mœ Prioris S.-Victoris Parii,ins:s , iii-8, Parisiis,
De Canonicis lîegularibus eorumque ordine pA disci- 1005.
plitin, auclore Joa:ne Trullo Aragonio, in-4, Do:iOi)i£,
Cn.ANOLNES RÉGULhiRS DE l'oRDRE DE PnÉMONlUÉ.
1505.
Bibliotheca ordinis Prœmonstratensis, per Joannem
Jnslitutaet progressns Clericalis Canonicorum ordi-
te Paige cj-isd. ord., in-l'!., Parisiis, 1055.
nis, Apologia adversus Lihrum de Hier.nchiu LuJ.
et
Joannis Chrysostomi V dndensterre vila S. Norbcrt't
Cellolii soc. Jes. pro Erfivitis Angut'niianis, auctors
fundat. ord. Prœmonstrai., iii-4, Ani'.icrpix, 1624.
ioanne Baplisla Malegaro Can. lieg., iii-4, S'onetii ,
1G48.
— Et iii-8, .\iilULT()i;je, 1(j5 i.
De Canonicorum ordim di-.q :!si[ion':s, in-i, Parisiis,
Ejusdcn Natales et vitœ sanctorum ordinis Prœ-
monstrulemis , in-4, AMliier[>ia;, 1025.
1697.
ISorbertu^ triumphans, item d- inslitulo et vocaiionc
Histoire des Chanoines Itéguliers par le P. Piuimond
Prœmonstralensinm, auclore Martino Merz, iii-8°
Cliaponcl du wénte ordre, iii-lri, Paris, 16îl9.
î{aveiisl)!ir.:;, 102s.
Canoiiicus Snrularis et liegularis, auctore ISicolao
Desnots, in-i2, Paris, 1075.
La vie de saint Norbert fondateur de Cordre d
,
ChrOiicon abbaliv S. Joannis cpud Vineas, auctore Pdrui le Saunier. De Caplte ordinis S Splrùut
— — ,,
\li<itertaiio , in qua ortus et progrc^ms toiiwî ordinis S. Joannes Bapti^ti Signius : De ordine et statu Cano-
SpiritHS , ac speciatim Domus Iknnana' (iwplilndo n'.cornm Sancti Salvatoris, iii-4, Rononiaî, 1648.
prœrogaiiva,jus el œconomia disserunlur, iii-i, l-ug- Con-.litutiones Canonicorum Regul. S. Salvatoris,
iliini, lUiO. in-4.
Du vièmc. Traltnto del sncro ordine d i^an Spirilo CHANOINES RÉGULIERS DE LA CONGRÉGATION DE
deiio in S.issia di Roma, iii-4, Umiia, 1G62. 1 RANG?'.
Discours de iordre luiiilaire el religion du S'iint'
Vie du père Chartes Faure, rcfomiateur des Cha-
Esprit, couiimint «»< ample description de Cé.abAsse-
noines Réguliers de la congrégation de France, in-4,
vieiH de cei ordre , par Olivier de ta Trau, sieur de In
Paris, 1698.
Tcrrade archiliospitalier cl grand maîlie de cet ordre, Canonicorum Regularium congregatio-
Conslitutiones
ht 4, 16-29.
nis Culllcaniv, in-12, Parisiis, 1638.
Abrégé de l'Histoire Frères Hospitaliers de
des
Directoire des novices de la même congrégalion, iii-
l'ordre du Saint- Esprit, par SicolasCautier, cor.man-
12, 1058.
l'aris,
denr du même ordre, iii-l^, Paris, Ui55. Histoire du Val-des-Ecoliers, par le Coinle, i:;~12,
'
Le Bouclier de rinnocent opposé à la Javeline infâme Reims, 1628.
de Nicolas (.autitr ou Réponse à son abrégé de
,
Conslitutiones ordinis Vallis Scholarium sub regul.
lUisioire de Coi dre du Saint-Esprit, par Nicolas de
S. Aitgwt , in-12, Remis, 1629.
Plaiuevaux, iii-12.
Fondnlion, construction, économie el règlements des ClKNOINES RÉGULIERS DE LA CONGRÉGATION DE NOTRR
hôpitaux du Sa nt-Esprit et de Notre-Dame de la Clia- SAUVEUR EN LORRAINE.
riié à Dijon iii 4, Dijon, 1G4'I.
, Vie du père Pierre Fourier, réformateur des Cha-
Couslilutinns de (ordre du Sainl-Espnt, (aites dans noines Régal. deLorraine, el insliluteur des heligieusex
une assemblée générale de Cordre tenue à Montpellier de la congrégation de Notre-Dame, par le père Jean
en 1U5'2., in-4. Bc'lel, in-12, Paris, 1666.
Ces consliuirKms sont fausses el supposées Vie de la Mère Alix le Clerc, fondatrice el première
l'ordre du Sainl-Espril n'ayant commencé que plus religieuse de l'ordre de la congrégation de Notre-Dame,
de cenl ans après. in-4, Nanci, 1604.
Reqnla sarri ordinis Sancti Spiritus iaSassia, in-4, Règlements ou éclaircissements sur les constitutions
Roni;e, 1564. Eadem /l'.f/îi/fl, in-l2. Lngduni, 1647. de la congréga'ion de Notre-Dame , tirés de tous les
Transsump'umprivilegiorunitiospitalisSandi Spiritus livres du P. Pierre Fourier, leur instituteur, avec la
\nSa\\2i de urbeusque ad annu)n 15i6, iii-4, Rnma*. Ilègle de saint Augustin el les consiiluûons de cet ordre,
Bullarium ordinis et mililiœ Sancli Spiritus apud in-12, Paris, 1674.
Montempessulununi sub Régula sancli Augustini, in-4,
CHANOINES RÉGULIERS DE LA RÉFORME DE CHAN-
Paris, 1650.
CELADE.
CHANOINES RÉGULIERS A'^SOCÎES DE L'ORDRE VV Vie de M. Alain de Solminihac, évéque de Cahors el
SAINT-ESPRIT.
abbé régulier de Chancelade, par le P. Lé. nurd Chas'e-
Libri Ires de Legibus Collegiurum ordinis Canoni- net, prieur des Chanoines Réguliers de Noire-Dame de
corum Sancli Spiritus, inslitulore Joanne Heibetto , Cahors de la Réforme deChancelade, in -8, Cahors, 1663,
in-4, Pans, 1650. Les mêmes, in-l"2, Patis, 1588. Le portrait fidèle des abbés el autres supérieurs régu-
liers el de leurs religieux dans In vie du P. Jean Garât,
CH/.NOINES BÉGCLIERS DE 1 A CONGRÉGATION DE
abté de Chancelade, par le P. Léonard Roche, chan.
WINDESEM.
régul. de la même réforme, in-8, Paris, 1691.
Joannis Buscliii, Chronicon Windesimctise Canoni-
corum Regularium. Item Chronicon Muniis Agnetis ORDRE DES PORTE-CUOIX OV CROISIERS EN ITALIE.
,
auclore Tlioma a Kempis, in-S, Anlnerpi;p, i6:2l. Benedetio Leoni vescovo d'Arcadia, l'origine e fonda-
Aubcrtus Mirœus, de Vindesimensi et aliis congre- tione deW origine de crociferi, in-4, Venelia 1598. ,
gatiunibus Canonicorum Rcqul., in-S, BruX'Ua', 16'22. Conslilulioues ordinis Cruriferorum recognita' et in
Melogiuni monasterii Viridi-Vallis , per Marciim Capitula Generali Bnnoniœ celebraio approbalœ, nnn.
^iastcltuni Can. ReguL, in-l, l(j-21. 1587. —Memoria'e per la regolare observanza. Bulla —
Corscndica , sive cœnobii Canonicorum Regularium PU V f^up. Reform. ord. Cruciferorum. Brève Gre- —
ord. S. August. de Corsendocq , oriqo et proqressus, gorii XV. Confi mat onis privilegiorum frairum Cruci-
aucioreJoanne Lalomo, in-12, Anlnerpiae, 1644. ferorum. —Decreti da asservant dalli padri Crociferi,
Requin sancli Augustini el conslitutiones Canonico- in-4, 1602.
rum Regularium ord. sancti August. congreg. Vindesi- CHANOINES RÉGULIERS DE l'ORDRE DES PORTE-CROIX OU
tnposis, in-4, Lovanii, 1659.
CROISIFRS EN FRANCE ET AUX PAYS BAS.
CHANOINES SÉCULIERS DF.S CONGRÉGATIONS DE SAINT- Vie du p. Théodore de Celle, restaurateur de l'ordre
GEORGES m Alglia a vemse, et de saint jean-l"é- canonial, militaire el hospitalier de Sainte-Croix, vul-
VANGÉLISTE EN PORTUGAL. gairement appelé des Croisicrs, par le P. Verduc, reli-
Joannis Pliilippi Tliomissini Epincop. Amoniœ, an- gieur du même ordre, iii-4, Pérignenx, lt)ô2.
wdes Canonicorum Sœcularium Sancti Georgii in Al^lia Godefridi a Lit, Etplanalio constitulionuni ordinis
tH-4, Ulini, 16i2. frairum Cruciferorum, in-i, Col., 1632.
Oceo Aberlo na terra, Historta das sagrad :s roii- DIFFÉRENTES CIIANOINESSES RÉGULIÈRES.
gregaciones dos Conegos seculares de san Jorge em alga
Consiiiulio>is des Chanoineases Régulières de l'ordre
de Veneta, el de san Joao Evangelisla em Portugal,
du Saint-Sépulcre, iii-î2, Ch;>rlevillè, 16")7.
por padre Francisco de san Maria in-!ol., eni Lis-
Com^titunons des Chanoinesses Régulières de Saint-
boa, 1697.
Etienne de Reims, in-24, Reims, 1629.
Recjula B. Augustini et conslitutiones Canonicorum
Sœcularium Sancli Georgii in Alga, in-4, Venei is, CHANOINESSES SÉCULIÈRES.
1590. Sacra Columbn Canonicarum Sancti Petri Roman-
Compendium priviLgioruni congregationis S. Geor- censis suœ oiigini resliluta , auclore Joan:ic Tomeo
gii in Alga, in 4, Venoliis, 1540. Marnarisio, in-4, lAoni.e, 102!^.
CHANOINES Lettre du père dom Je.in Mabillon à un de ses
rÉGVMERS DE TA CONGRÉGATION DE SAINT-
anvs, touchant l'abbaye de Remireniont , in-4, Paris,
SAUVElîR DE BOLOGNE.
1687.
Joseplii
Mozzagruni Narraiio rcrum Canonicorum Viia délia B. Vermine Gertrnd i p»r Cm Lansbenj,
Regularium. in-fol., Vei,ei!i>, 162-2.
iii-i, VeiHjlia, i:;ti2.
1
ORDRE DES EUMITtS DE SAINT-AICUSTIN. Sacra Eremus Augustiniana, siie de insli utione fra-
lrum Erernitarum excalceaiorum ordinis Sancti Au-
Origen de lus fragles Erniilanos de la orden de san
gustini, in-4, Cambt'fici , IG'iS.
Augustin, por Jeonil(irquez,\i\-M., Saiamanca, 1G18.
Abrégé de fUisloire des Augisiins Déchaussés, par
La même, traduite en italien par Innocent liempini,
le P. Pierre de Sainte-Uélène, iii-12, Uonen, l(ii2.
ii»-fo!., Ttirloiie, 10:20.
Quodiibcla Régulât ia, sive rerum liegiilaiium el ad
Pedro del Campo,
Ilistoria General de /os Erinila-
Patres Excalceatos ordi)tis Ercmil iruni S. Augustini
nos de la orden de san Augustin, iii-IoL, Darccloiie,
prœcipue Sfertantium dubia varia, auctore Eus aciiio a
1Ô40.
Saucio Ubuido, 2 vol. in-lol., Mediolani, lOÎJL
Secoli Agostininni o Vero Hisloria Générale del
Vida di" la Madré Maruuia de san Jusepli, fundndora
sagro ordine Eremitaao di san Agosl^no, <l<., per il
de la Becollection de las Monins Auguslinas, por Luiz
padre Luigi Torel.i, 8 vol. iii fuL, Bulogna iOoJ ,
Munos, in-lbl., iM.ulrid, lo45.
el seq.
Conslitucioneu que se liezieron en e! capitula gênerai
Alphabetum Auguslinianum in quo domicilia
, 1
A-ihrêitus cl autres lioiniuts iliusiriS f/iu ont été sitpé- ordinis Prœdicatorum ciim suis decloralionilms insertis,
Jacquer, des editis per R. P. Vincentium de Castro novo Gencralem
rie:irs tu re'.itiieux du couvent de Saint-
Jacobins à Paris, par Auioine MatUt, iii-8,
res
ejusd. ordinis. —
Constilutianes Monialium ordinis Prœ-
p
dica.orum. — Liber de Insiitulioue officialium ejusd. or-
1».ris, \GÔ4.
Ain'orosii Goz:,ei Catalogus viroru-n illustriium ex. dinis. — Formutarinm electionum, confirmationum et
absoLilionuni Priurum, Vidlalionum, elc, modits ce-
familiu Prad catornm. iii-i, Veiit'liis.
lebrandi capitula generaita, cie. Traclaïus de initia et
Le'md<;r Albertus de vris illitstnbus ordinis Prccdi-
fundationc', regutw seu formœ vel modi livendi fratrum
catoruni, ui-fiil., Bi)iioni;e, 1517.
et sororum de Miliiia Jesu Chrisii de Pœnitcniia S.
Vite de (jli liuomini illnstri delC ordine di san Do-
mcnic'j, pcr Cio Micluiele Pio,
"2 vol., in liologua, Domiiiici. —
Privilégia summorumPonlificum. Gralice —
1640 ^.
summoruui P. n'.iliium. —
Gralice magistrorum genera-
lium concessœ congregationi Franciie ord. i'rad cato-
.
Patram ordinii Prccdicatoruni e Lusilania, iii-12, ejusd. ord. in-4, Koin;!\ 1090.
ria
Règle de saint Augustin el conslitulioiis pour les sœun
Parisiis, 1580.
provincia de Santa Vincenle de Clujapa religieusesde rordre des frères Prêcheurs, in-2i,
Hiitoriade la
dj Predicadores, por Antonio Pans, 1634.
y Guatemala de la orden
de lienicsel, iii-fol., Madrid, lG-20.
Les mêmes conslitulions. avec les déclarations ei or-
Hisloria de la j'ondacion y discurso de la proùncia donnances des chapitres généraux, par le père Je n
de san Jag de los Predicudures, por AugusL d'Avila,
>
Mahuel, in l'2, A\ignon, 1670.
in-lo!., liiaxelies, Ki-^o.
TIERS ORDRE DE S.\INT-DOMlMQlIE.
Historia de ias provmcias de Filipinas, Japon y Chi-
La que professan las Bea.as de la Tercera
reg'a
na d la ordcn de Prtdicali/res, por dom D.cgj Ad-
varla, -2 vol., en Zaragoça, 1695.
orden de Predicndores, item la vida de san Galulina
de se.na y ostros desle slado, in-4.
Tcsauros virdadeios de las Indias, histaria da la
Diffesa délie sacre slimate di san Calarina di Sieni
provinc.a de san Juan Bapl. del Pérou de la ordn de
per Gio Lumbardelii, in-4, in Siena, 1601.
Prcdicadores por Juan Meiendez , 5 vo!. iii-f'ol.,
,
V lia sanclœ Ca'harinœ Senensis el Philippi Beroaldi,
Uoma, 1U8I.
per Joannem Pinum, in-i, Boni'niœ, 1505.
Hisloria de la sagrada orden de PreJicadores en los
lîippolytus Maracciui : Vindicutio sanclœ Calharin-.ti
remulos reijnos de la El'jopia, pur Luiz de UrreUt,
Senemis a commentilia recelalione contra imivaculalam
iii-i. Valence, 161 1.
Concepionem B. M. V., in-4, Pulooli, 1655.
y lucentïi Mariœ Fontana inonunienta Doniinicana,
Im manière de se donner à Di:u, ou les règles du
in-fol., lloniiK, 1(J75.
tiers ordre de la pénitence de Saint-Dominique, in-12,
Ejusdeni Thealrum Duniinicanum, in fu',, Roiiiœ, Paris, 1680.
1G65. La rigle des Frères et Sœurs du tiers ordre de Saint-
Alfons. Fsrnandez, lonceriaiio prœdicalaria, conira Dominique, in-î2, Rennes, 168.5,
hœreiicos, gentiles, Jndœos et Mahometunos in annales
dislribula, in-lo!., Salauianque, liJiS. OUDRE DF. NOTRE- DASiE-DE-L'.-JIErCl.
Apologia en defenta que el pad, san Do.nlngko, fue Hidoria gênerai de laorden de N. S. de la Mercsd
clprimo inquhidor, por Jvan Giia&lou, iii^l, Valence, r,edentc}on de Cniivos, por Alonso Roman, 2 vol. in-
1602. fol..Madrid, 1618.
Monumenla Convenlns Toiof^am ordinis frulrtim Chronica sari el mililaris ordinis B. M. de J/^r-
Prœdicaloruui, scriptore J. anne Jacobo Percin ejusd, cede Piedemptionis caplivorum per Bernardum de Var-
ordinis, in-fol., TolosiC, 1095. gas ejusd. ord., '2 vol. in-fol., Panorrni, 102-2.
Vida de duni Barlaianwn de los Martyres, por Luiz Histoire de l'ordre de iV. D. de la Merci, par les
Cavega, in-i, Lîhicara, 1019. religieux du même ordre en Fra ce. in-fol., Amiens,
La mcim en français, par HIM, de Purt-
traduite 1.86.
Ptoyal, sous le nom
d'S religieux Jacobins du couvent Recuerdos Historicos de los servitJos que loi Varonci
du Faubourg-Suini Germain, à Paris, in-4. Taris, illustre^ de ReHijion df la Merced, lian hecho a la
la
i66i. Reyes de Espaqna, por Marcos Sa'meron, in-lul., cfi
Recueil de factums et autres pièces du procès entre Vaieniia, 1046.
M. réiêque de Greni,ble, et les rel.q euses de Moiit- Brève Hisloria de la orden de N. S. de ta Merced,
Fleury de Cordre de Sainl^Domininuc, h\ i, Dijon, par Felippe de Guimeran, in-4, en Vaieniia, 1591.
4 v>86. Histoire de l ordre de ;V. D. de la Merci , par Jean
Vie du père Antoine le Quieu re.Ugieux de l'ordre
, de Latotny, in-12, Paris, 1651.
de Saint-Dominique, institiiteur de la congrégation du Vita de san Pieiro iSolasco, fundatore del rea'e t
Saint-Sacremeit! du même ordre, et fondateur de l ordre militure ordine délia Madonna de la Merce Redentiom
des retig:cusjs du Saini-Sacremenl de Marseille, 2 vol. de Sch'ovi, per il pad. Francesco Dlihano, in-4,
in-8, Avignon, 1U82. Uoma, 16o8.
Instiintion de l'ordre du ddUr céleste du Rosaire, La vie de saint Raimond Nonal,par le père Dathia,
par le père Arnoul de C ordre de Sa nt- Dominique, in- , in 12, Parl^, 1051.
del
cede, in-4, Salanianc, 1588. Eœilem Conslitutiones,
padri'. Inquisitor ui tutto glo stuto di Milano, in-l:2,
Milano, loTy. in-24, Burdigalx', 1640.
TIERS or,' RE DES SERVITES. Uisloria de la orden de san Gi'roniiuo, pur frau
Regola de Frulelli et Sorori ddla Conipagnia di Josephde Sii)U.nça de la mismen orden, 4 Vdl. iri-fol.
Servi di Maria, in-i, Firenze, loDl. iMaiirid, 1800.
Origen y conlinuacion del instih^to y religi'in Giero-
ORDRE DE SAINT P.UL, PREMIER ERMITE E.N HONGRIE.
nimiana, par et Maesl. fr.nj llermenegildn de san Pt:-
Fragmen Punis corvi Proto-Eremitici, sive Rcliquuv. blo de la niismen orden. iti-f.iL Midiid, 1669. ,
drid, 16IÔ.
Stanislai a Kob erzyrko Uisloria obsidionis monasle-
rii Clari-Montis Czestoclioviensis in Polonia, Deiparœ
MOINES DE l'ordre E SAINT JÉUÔJH: EN
I
ITAI.IE,
imagine a sm^cto Lu a picta celebris, anno 1655, DITS DE L'obSERAANCE.
in-4, D.inLsoi, 165;.. Eiisebio Cremoticnse b vero de la vila è proqressi di
Chronicon Cœnobii Monlis Francorum Goslariœ, So- cum hislcrico spicilegio, nsqu-i ad annum 169-2, ah-
ctore Petto Bonacciosi ejusdem ordinis generali, in-12
rorum Pœnitentium D. Mariœ Magdalenœ in-4, , ' *
Venetiis, 11.92.
Francofiirli , 1698.
Vita del B. Pictro Gambacurui di Pisa, fondatore
De la naissance du monastère de sainte Marie Made-
leine ou Madeloni-tlcs à Paris, par le sieur de Montry,
dfWordine di san Geronimo délia congregaôn di
Pisa, iii-4, Fireiize.
in-24, Paris, iL^A).
Viia del B. PielroGamba urîadi Pisa, compendiata
La vie de la Mère Marie Alvequin, supérieure des
e cspo:,la à la lace per commando del P. Pielro Pacto
filles péniienles de l'ordre de Saint-Augustin à Paris,
Salvadori,générale délia slessa congregatione, in-iO,
par René Biesse in-12, aris 1649. , i ,
Venelia, 1695.
La vie de la Mère Marie Alvequin de Jésus , reli-
f)ieuse de Montmartre
Cousii^ntioues el privilégia Fralrum mendicanlium
supérieure et réformatrice des
,
ordiiis S. Hierongmi, iii-i, Yeneiiis, loiO.
Ifames Augusiines de Saini-Magloire dites pénitentes,
Consdtntioni delli Frali Eremitani di san G'rolamn
par Jérôme Lacoux de Marvaux in- 12, Paris, ,
Congregatione del B. Pietro di Pisa, in-4, Viicrbia,
4687.
Règles el constilvtions des Fil'es repenties. Lettres
16Ù.
Constiluliones el regu'œ Fralrum Eremitarum ordi'
Goiliiiiues.
ni- S. Uicro'iymi, congreg. B. Pétri de Pisis, in-4,
Ce sont les Cimstiliilions que, erui Simdn , évoque
Vilerbirc, 1B45.
de Paris, donna à ces (illes Pén tentes ou de Sainl-
Magldire ve'S l'an 1501). Mais liepuis environ soixanu; ORDRE DU SAUVEUR, VULGAIRESÎENT APPELÉ
ans ces re igieiises ne reçoivent plus de filles de DE SAINTE BIRGÎTTr.
mauvai e vie. La Vie admirable de saint-' Birgitte de fordre du
Le triomphe de Croix en la personne de la V
la . Sauv ur el de la très-sainte Vierge, par te P. Binel di
Mère tisabelh de Croix de Jésus, fondatrice de
la la compagnie de Jésus, in-12, Paris. 16.';4.
l'itislitut de la congrégation des religieuses de A'. D. du Vil:t dclla s-rafira Madré sanla Brigidn di Suctia,
Refuge, par M. Uoudon , archidiacre d''Evreux. in- priucipessi di yericia, dal P. Guilelmo Burlnmarclii
12, Ùruxelles, 168f„ délia congregatione délia Madré di Dio, iii-4, Kapoli,
Dérlaraiion de l" institution de la congrégation de 1692.
N. D.du Refuge, in-:2, Rouen, 1664. Règle et cnnstitut:ons des Frères Novissimes de
Conslilullons pour les sœurs rcintieuses de l'ordre de l'ordre duSauveur,dit de Sainle-Birgitte, iii-12, Doua',
N, D. deChartté, in-2i, Caen 1681. , 1622.
ORDRE DES CLERCS APOSTOLIQUES, OU JÉSUATES DE Ci'ustitulions ou règles des Religieuses de l'ordri
SAINT JÉRÔME. de Sainte-Birtiilie, in-i2. Douai, 1653.
Vida Muravili su de la Vencr. virgcn Dana Marina
Triumphus Divinœ Gratiœ , per B. Joannem Colum-
de Escoi'ur, nalurul de Valladolid sacada de la qui
bittum, seu Triumphus B. Joau:iis CrJnm' iui etc., ,
ella mlsma escrivn de orden de sus Padres espiritua-
p^r Joannem Bajiistam Rosn in-J, Rnniœ, 1648. .
d'Avignon, contennnl celle de l'ordre des lieligieux di Milano deW ordinc di san Agostino, formate dal
Pontifes, par Magne Agricole, ia-12, Aix, 1708. cardinale san Carlo, è confermate dal cardina'e Fre-
ORURK lif.S HOSPITALIERS DE LA CHARITÉ DE N.-D. derico Borromeo l'annn 1625, in-4, Milano, 1626.
EN FRANCE. Vita delta Madré Angelica Giovanna Visconti Bor-
roniea Monaca professa net Monaslero d san Paslo di
Conslitutiones Fratrum ordinis Charitatis Bealœ
Milano, dcscritta du Luigia Maria Gonzaga d<l istesso
.'/ ariœ, in-S, Paris.
monastero, in-4, Honia, 1673.
OKDRE Dr.S IIOSPITALIFRS, APPELÉS EN FRANCE Vita delta devota retigiosa Angelica î'aola Antoiiia
LES FRKRES DE LA CHARITÉ. de i\egri, raccolta da dom Gw Bail. Fontana de
La vie de saint Jean de Dieu, insiitiitenr des lieli- Cunti, in-S, Ronia, 1576.
gieui de lu Cliari é p ir U S. Girard, iii-4"', Paris, CLERCS RÉGULIi.RS MIiNlSTRES DES INFIRMES.
mi. Memorie istorice del V, P. Camilto de Lellis è suoi
deU'urdine del Devolo Giovanni di Dio,
Constiiiitioiii
Cliier.ci R-golari Miuistri de gli infcrmi, da Domenico
in-I-2, Ronin, jri8>).
Begi, 2 vol. in fol., Napoii, 1676.
Lu refile de saint Augustin avec f explication cCHu
Annalium Religionis Clericorum Regularium Mini-
(jues de Sainl-Yictor et Us constitutions de l'ordre du
dévot Jean de Dii'u, in-4, P. iris, l(il8. Les mêmes — strantium infums, pars I, auctore Cosma Lento ejus-
d.mori!., in-fol., Noapoli, 1(i4!.
Conslilulions, iii-l::i, P.iris, 165!).
Compcndio hhtorico delta Religione de Chierici Re-
ORIiRE DES nOSPITALlEKS. APPELÉS BETHLÉÉMITES. golari Miuistri de gli infermi, raccolta dal Pad. Crirlo
Vida admirable y muerte preciosa del vent Vi-.bile So!f), il! .Moiidovi, 168 '.
hermano Pedro de nan Joseph Betancur, fundador de Vita Camilli de Lellis fundatoris Clericorum mini-
la compagnia Belhleemiùca en las Iiidias OccidenlaL's, slranium infirmis, a P Sanctio Cicatello cjnsd. ord.
compuesto por el dotlor don Francisco Anloni) de Iialice scripta et Lalinilale donala a l'etro Dehaltoix
Monlaluo, natural de Sevilla, del orden de sun Anto- Soc. Jes., iii-8, Antiierpia;, 1052.
nio de Viena, in-8, lloinn, iG98. Vita Camilli de Lellis fun latoris Clericornm Mini'
CLEI es RÉGI LIETxS THÉATINS.. strontium infirmis, per Joannem Baptislam Rossi Soc.
Clericornm lii'gnlarinm auctore Joseplio de
Ilistoria Jes., in-1"J, Honi.Te, 165!.
Silos; 5 vol. in-fol., Roina', 1658.
CLEi'.CS RÉGULIERS MINEURS.
Historia dclla lieligione de Padri Ciiierici Reijolari,
raccol.a del P. Gio. Bapiista del Tiiffo, 2 vol. iii-lol., Clironnto(:ia sagra, Origen de la religion de lot
Ro la, 1609 P. P. Cleiitios Regolares Minores, su lnstituto,etc. por
Vie du bienlieureux Gaétan de Tienne, fondntrur de el Padr. Diego de Villa-jranca , in-l'ol., Madrid,
Buon Giesu di Ravcnna, scrilta dal P. Simone Mariai Clericorum Somn:aS':hornm, in-i2, P.ipi.c, 1618.
Générale di guesla congregaiione, in-4, Pontificia et diplomata a diversis pontificibna Cte-
Ravenna ,
1617. ricis Rtguluribus Congregationis Sommascluv concessa,
cotlectu per IVm'onynium Rubeum ejnsd. Conjreg.,
CLERCS RÉGULIERS DE SAINT PAUL DÉCOLLÉ OU BAR- in-4, RoiKfe, 1670.
NABITES.
Vie da P. Ccaar de Bus, fondateur en France de Iq
Anacleti Sicco et Valeriani Madii synopsis de Cleri- Doctrine chréliemie, par le Père Jacques de Beauvais,
corum Regularium S. Pauli Institut., m-4, Mediolani, iii-i, Paris, 1645.
1682.
La même, par le Père du Mas de ta même Congre
Conslitutiones
Cler:corum Rrqutarium S. Pauli de- galion, iii-4, Paris, 1703.
collatt, iii-4, M,(li„lani,
1617. Recueil des niiltilcs survenues dans rinstilution pré-
RELIGIEUSES ANGÉLIiJUES SOU.MISES AUX BARNACITES.
tendue régulière de la Doctrine chrétienne en France,
Gonstituiioni è llcqole del Monastero di
san Paolo var G. de Trégouin, in-4, Paris, 1645.
\
Irina clirisliana, raccolta dal Padrc Gio Batlisla Sera- de l'ordre de l'Annonciade Céleste, coinpoiée en llulun
fini Doricielto délia medesmi Coiuiregatione , iii-i, pur le Père Fahio Ambmhe Spinnlu de lu compaqiue
Roma, 1604. de Jésus, ei iruduile en Français par le Père Lharle»
le Breton de I'J même compaçinie, iii-i, l'aris, lOb"}.
CLERCS RÉGULIERS PAIVP.ES DE L\ MÈRE UE DIEU liES
ÉCOLtS PlKLStS. Vie de la Mère Agréa Dauvainc, l'une d>;s premières
Viia del venerabile Padie Cioseppe délia Madré di fondatrices du monastère de l'Anno iciade Cclexte de
f>io, fondalore e primo générale de Cherici llegolari Paris, iii-i, T. iris, \(j~.i.
poveri délia Madr- di iJio délie scvole pie, per il Pad. Constitutions délie II. li. il. M. del monasteio d:
Alessio délia Concetiione, in-8, Roma, 1695. IWnnuuciala dt Genuua, fondata l'anno lti()4. i(i-4,
Compendio delT isifssa vita, iii-l:2, Ronia, IG97. Geiioua, 1618.
Constitution des reiujieuses de Cordre de CAnnon-
liELIGlKLSES i RSLLINES.
1GG5.
cia'le Céleste, iii-l'i,
Vita dclla beata Angela Bresciana, prima fondatrice
liègles pour tes officières du monai,lère de
et avis
délia Compagiiid di snu Ursola, iii-4, Hrescii, 1600.
CAinonciade, fondé à Cènes Can KJ'Ji de nouveau ,
Chroniques de l'ordre des Ursulines, 2 V(d. in-4,
réimprimées et ajustées à la pratique de l'observance
Paris, 1678.
des constitutions de cet ordre, iri-12, Paris, tC26.
Progressi felici di san Orsola, per Luc Borzati, in-4,
Panegirico per il compimento dell" anno centesimo
Verceil, 1613.
deW online dell" Annonriata, per il Pad. Josevlio Ma-
De Veicellence delà vie des Ursulines, iii-12, Ponl-
ria Prola, in-l:2, lloiiix', ITOi.
ii Mousson, 16:24.
Constituiions des religieuses Ursulines de la Congré- RELIGIEUSES DE LA PRÉSL.hTATION DE NOTKK-DAME ,
gation de Paris, iii-5-2, 1640. ',N FRANCE ET EN FLANDRE.
Lfs mêmes, I':iiis, lGf)8.
Abrégé de la vie de Dame Jeanne de Cambry, pre-
Les mêmes, Paris, 1703. mièrement religieuse de l'ordre de Saint-Auqnstin à
Directoire des novices de sainte Ursule, 2 vol. iii-12,
Tournay, et depuis sœur Jeanne de la Pré^enla'ion
Paris, 1664..
liecluse lez Lille, recueillie par P. de Cam'ng, cha-
Bèglement ponr les religieuses de sainte Ursule,
noine de l'église col'é.jiale de S.iint- Hermès à Bemaix,
in-12, Paris, 1676.
in-4, Anvers, 1659.
Chroniques des religieuses Ursulines de la Congré- Constitutions des filles reUujieuses de la Présentation
gation de Toulouse, par le P. Poyré, in-4, Toulouse,
approuvées par UrbJn VIIJ, in-8, Paris.
1680.
Constitutions des religieuses Ursulines de tu Congré- RELIGIEUSES D:: L'ORDRE DU VERBE INCARNÉ.
gation de Lyon, iii-3-2, Lyon, 1628. Vie de la Vénirable Mère Jean-.e Chezard de Matel,
Constitutions des religieuses Ursulines de la Conijré- fondatrice des religieuses de l'ordre du Verbe Incarné,
galion deBordeaux , iii-12, Rorileauv. par le Père Antoine Bossicu de la compagnie de Jésus,
Vie de la Mère Anne de Xa.ntonge, fondatrice de la in-8, Lyon, 1692.
compagnie de Sainte-Ursule dans le comté de Bour-
gogne par le P. Gro!>ez de la compagnie de Jésus, RELIGIEUSES DE l'ORDRE DE NOTRE-DAME DE
,
MISÉIUCORDE.
in-8, Lyon, 1681.
Journal des illustres religieuses de l'ordre de Sainte- L'Imitateur de Jésus-Christ ou la Vie du V. P.
,
Ursule, tiré des chroniques de l'ordre et autres mé- Antoine Yvan, instituteur de l'ordre des religieuses de
moires de leurs vies, par la Mère de Pomereux, iii-12, Notre-Dame de Misér'icorde, par Gilles Cohdom, in-
Paris, IbSL 4, Paris, 1662.
RELIGIEUSES DE LA VISITATION DE NOTRE-DAME. Le vrai serviteur de Dieuéloge du P. AntoineYvan,
,
Conslitùiions des religieuies fiospitalières de Sainl- Giustina di Padoua, ô vero de Monachi neri d'Italik^
Josepli, \n-iii. 2 vol. in-4, Palernie, 1C75.
Cérémonal pour la vêture el profession des reli- Chronicon Cassinene, iii-foi., Paris, 1005.
gieuses de C Uôlel-Dicu de Paris, iii-i, 1(548 Idem cum notis Anqeli deNuce, in-l'ol., Paris,
Avis aux religieuses de l'Hôtel-Dicu de Pari^, in-12, 1668.
Paris, 1070. Marc. Anton. Scipionis, Elogia Abbatum Cassinene
Siaïuls el constilutions des religieuses liospiiolières ,
sium, in-4, Neapoli, ^650.
(liies les filles de Sainte -Madeleine du couveni dj Lanrentiivicentini chronica sacri Cassînensis Canobii,
l'hàpiud el Mnison-Diru d,- Cacn, iii-12, GaiMi, 16io. in-4 , Voiitiiis 1515. ,
Coiislilutiousponr les filles de Sa:nl-Lo^iis,rcligeuses Jacobi Ca>'ac!i Uistoria Cœnobii Divœ Justine in- ,
Ejusdem Menologinm Beuedictiniim, in-fol., Verd- nés, e.c, pro ongrega ione Cnssinensi
( per Cornelium ,
kircliii 1653.
, Margarinum, Veneliis, 1050.
in-lol. ,
Ejubdem Aquila Imperii Bencdiclina, sive Monacho- Rigula S. Bincduti cum declarationibus Ccngreg
mm S. Benedicti de Impcrio imiveiso ampUssima mé- Cassinnsis , in-4, Vencliis, !5S8.
rita, iii-4, Veiieliis, 1651. Régula S. Benedicti cum declaraliombus cl consti-
Joannis Mabillon congr. S. Mauri Annales ordinis tutionib'is Pa'.rum congrcgallonis cassinensis iu-4, ,
Auberii Mirœi origines Benedictince, i:i-8, Coiorise, Histoire de t'abi aije de Saint-Denis en France pat ,
décédées dans les derniers siècles, par la même reli- 2 vol. in 4, Paris. 168!.
gieuse,'! vol. iii-4, Paris, 1079. Histoire de Calbaijc royale de Sainl-Ourn de Rouen,
Belnliùne délia consecratwne di trenta due vsrjini , ensemble ClUcs des abbayes de Sainie-Callicrine el de
in 8, P.'.doiia, îbî'J. Saiiii-Amand parle Père François Ponnnerain re'i'
. ,
Beqnla S. Benedicti cun commenlariis Joannis dâ gieux Bénédictin de la cong: égation de Sain'.-Maur,
Turrecr email, in-ful., (>nloi>i;c, 1575. in-IVil,, iîonoii 1002, ,
X
81 CATALOGUE DES LIVRES QUI TRAITENT DES ORDRES RELIGIEUX, ETC. 82
ih,sww cardinali d'EUrées, ejusdem monastcrii abbae, Chrouicon insigne moiiasterii lUrunugiinss ord. S.
cl ab Iniiocailio XII, visilitore aposlolico
depnia'o ;
Boiedicii, pir Jonnnem Thritemium, in fol., D:t^i e*,
cum uoiis el declarationibu^ ,'m 4, Pari^iis, ;i"ît'i- 155'J.
Canialdulensis, QIC, 'î \(\\. in-l, Florent., 1603 et decreti , statuti , et privilcgi , dal P. Ptoberto liusca,
IGOG. \n-i, Milimo, 15!)8.
Iloiuuatdiiia seu Ei\inilica Moiilis Coronœ Cmnaldu- Auberti Mirai Clironicon ordinis Cistertiensis, in-S ,
lensis ordinis Hislorin, nnclore Luca Ercmila Hisfuno, Coloni;r, 161 i.
iii-l2. lu ErciDo lliie'iisi in agro Pn'a\iii(>. P87. Essai de riFifloire de l'ordre de Citeaux, tiré des
La Hisioria Romualdina b vero Ereiiiiiicn dclT or- Auniiles de cet ordre , par D. Pierre le ISain , 9 vol.
dine Camaldolcse di Monte Corona dtl /'. Luca Hi- in-12, P;iris, Î697.
tpano, tradoua du Gililio P r emud a, in- i'i, Venelia ,
Pétri Puriielli, Amhro.sianœ Mediolnni Basilicœord.
Cisf. Monumenla, in-4, .MiMliolimi, 1655.
In Regiitam D. Pitlr'is Benedicli, declaraliones et S. Bernardi genus illustre (isserttnn. Item Clironicon
ccnsiiluliones Patrumord. CamnlduUnsls ,\\\-i,, Flo- Clarevallense ab anno 1147 nsque ad aiinum îl92;i;/fa
rontite, 1572. S. Bernardi, per Joannem Eremitum, Hrrberli Arcliiep.
liegula S. Bened. ctim consiitulionibiis Kremilarmn Sardinens. de Miracidis lïb. m, in-4, Divionae, 1660.
S. liomualdi ord. Camaldulensis, in-.i. 1.".95. La Vie de saint Bernard, pir Lamg , in-8, Paris,
liegola délia vila Eremiticn da a dal B. Bomualdo à 1663.
soi Canialdûlcusi Ercmiiici b vero le consiilutioiti Ca- La même, par M. de Villefore, in-4, Paris, 1704.
tmildolt'usi tradolt. dal P. SUvano lîazzi, in-i, Fi- La même en espagnol, p:r Joseph de Almonazid,
renze, 1")7o. in-fdl., .Madrid, 1682.
Hcgo'a di san Benedetlo cou le Couslilntiom del sa- La même en espagnol, par Clirysostome de
aussi
cra Eremo di Camalduli in Toscana, in-i, 1071. Pcral.s, in-4. Vailadoiid, 1601.
Forma viiendi Eremilarum (rdinis Camaldulensis Pauli Cliipe'i, de pernobili et miliiari ordine S. Ber-
a sanclo [lomualdoinstitiui, iii-8, l»:iris, 1671. nardi cbserv-t'o, in-4, 1655.
ORDRE DE VALLOMCREUSE. Séries et vitœ sanciorum et virorum illiistrium ord,
Cistertiensis, perClaudinn Cbalmol, in-4, Parisiis,
Ilis'.oria di san Giovanni Gualberlo inslilutore de'T
1666.
ordine di Vallombrosa, prr Diego Franchi, iii-4, Fi-
Car lide Yiscli Bibliolhcca scriptorum sacri ordinis
re:iza, ItxiO.
i'.:siertiensiscnm chr> nologia Mouasteriorum in-4, ,
Vita del glorioso Padre san Giovanni Gualberto fun-
Cnlonix', 1630.
dalore dcW ordine di Vallombrosa insieine conle vite di
l'éfi-nse des règlements fais par L's cardinaux,
tutti j Generali, Beati è Béai' di questa Beiigione, ra- nnlievêquei et évêqurs pour la réjorme de l'ordre de
eolte dal P. D. Eudosiu Locatclli du S. Sonia, iii-4,
Citeaux, in 4. Paris, 16.")6.
Fioreiiz:!, 1655.
La manière de tenir lesChapitres générauxdans l'ordre
Venantii Simii Catalogus lirvrum illusliium con-
de Citeaux, in-4, Paris, 1685.
greqal onis Vallisumbrosa', in-l, Rornu", I6!)3.
Du premier esprit de l'ordre de Citeaux, in-12, Pa-
Yita è miracoli di santa Humilita de Faenza, Ba-
ri^, 166i.
des^a et Fondatrice délie Monache deW ordine di Val ^
Projet dé la réforme de Ciicaux, in-i2, Paris, 1664.
Initibrosa, dal P. Jgnazio Guiducci, iii-4, Firenzc L'ancien gouvernement de Citeaux, iii-12, Paris,
1674.
ORDRE I)E CÎTEAUS.
Le véritable gouvernement de Cîleaux, in-'12, Paris,
Ignulii Ybcrii, Exordia Cistertiensis, i/i-l'o! Pam- 1678.
plnii.f, 4G-2I. Béponse i:u livre intitulé. Le véritable gouvernement
Annales Cisterliemes, velpotius Annales Eccle&iostic- de CîteauT, in-12, i aiis, 167y.
il condituQstertio, elc, per Angelum Muurique, 4 vol Privilégia ordinis Cistertiensis, in iinum collecta,
ia-fol., Liigcliini lti42. per Peirum Meslinger, in-4, Divione, 1491.
Cfironica de la orden de Cistert. et instituto de s/in Eadem quibus acceduut alime llispaniarum obser-
Bernardo, por Barnaba de Montidvo, 2 vol., Madrid lantiœ privilégia, in-4, 1574.
16U2. Vie de dom Armand-Jean le Bout Hier de Uancéf
Gasparîs Jotigelini notilia abbatiarum ord. Cisl.r- abbé (le la Trappe, par M. de Marsolier, in-4, Paris,
liensis per totuni orbcm, iii-fol., Colotiia-, 1702.
1G40.
Ejusdem Origines et progress'is
abbatiarum ord nia La même, 2 vol. in.l2, Paris 1703. ,
Cistertiensis et (quesirium niilitarium de Alcantaru La même, par M. de Maupeou, 2 vol. in-12, Paris,
Avis, e!c., iii-f..l., liUl. 1702.
Ejusdem Purpura divi Bernurdi, id est summi pon- Description de l'abbatje de la Trappe, par Félibien,
lifices et cardinales ord. S. Bernardi iii-12, Paris, 1671.
in-fol,, Colo- ,
tersos summos puntijices coiicessa, in 8, Paiis, 162o. g eg. Cœlesttnoruni, reformaiœ, auctœ et compilatœ a
Compendium privilegiorum el qratiarum congreg. D. Petro Capoeilro, abb. gcncndi, in-4, 15'JO.
B. M. Fuliensis a summis puntificibiis concess. colLi- Cotistilutioues Fratrum Cœlestinorum Provincioe
tnun a P. Marcellino, a S. Benediclo, in 8, P.iris, Franco-GiiUicanœ, in-12, Paris, 1670.
1628. La vérité pour les Pères Célestins in-12, Paris, ,
Arrêt du Conseil du lloi au sujet de ces différends, Eœdcm rurs^ts impressœ et auetœ, iii-4, Rom.r,
contenant le procès-verbal fait par les cummis^^aires 1602.
nommés par Sa Majesté, in-4. Pari.>, 1G4I. Vita délia B. Francesca Romana, fondatrice del e
Règle et constitutions de Cordrc de Fontevrault Ohiale Otivctane, raccolta dut P. Giulio Ortino, in-4,
in 16, lai. -franc., Paris, 16i2. Roma, 1608.
, , ,
Calvaire, \ii-\'l, l'aris, 1053. S. Fraicisco v.a provincia de Portugal. , por Frei Ma-
noel du esverança , 2 vol. in-fol., en Lisboa, 16o'j et
BÉNÉMCTINKS DU ROSAIRE.
16G6.
Viia e viriH délia vcnerabile sena di Dio suor Mana Serapltica Subalpinœ Divi Thomœ provinciœ monu~
Vrocifissa de,la Conrezzione del ordine di sm Bene- irenla prr l'auum Britium episcop. Alb. in-fol.,
,
,
deto ncl mona>lero di Palma, descri te dut dottor Ci- T nrini, 1617.
tclamo Tttrano, in-i, Veiielia, 1.09, Chronica de la provincia de S. Juan Bautis'a de Re-
ORDRE DE SA1NT-FRAXÇ0;S. iijiosùs Menores Uescalzos de la Regular Osierianc>a
riam de Turre, in-!o!., Angurl. Taurin., 1710. per Murianum ab Orscalar, iu-i, Irigolsladii 1025. ,
Diminici di' (îubernul.s Orbis Serapliicus, seu lîisto- Status cl origo sacrulissimi ordinis S. Francisci FrO'
)f« de tribu Ord n bus a sanclo Francisco instituiis
f.
irum Minorum, per Joannem Rousserium, in-8, Pari-
,
C(> livre esl irès-r-ire ; il n'y a à Paris qu'à la Bl- cui altéra disserlatione accedunl Yindiciœ Conrad't
btiol!!èi;i;edu 'loi c à celle des PP. lîecMllcls oij cpiscopi ejusd. contra Centuriatores Magdebur-
ord.
Ton en trouve iiueiqnes voliinies; les lomes 1, 3 el4 genses, cum SynopsiUistorica orlus cl progressua
senleiiieni soni à la Bi; lioihciiue du Roi, et les 1, 2, illius ordinis apud Loîhnringos, cucl. F. Benediclo a
Mission? a élé imprimé à Turin. Hstoie des C'juvcnts de saint François e! de sa'mie
Frinuiscus CoKZ:ga , de origine Serapln,(e Religio- Claire, dans la province de saint Bonaienlure, par Jac-
nis , de cjusdem vrogressibus ac L\jibus, ec, in-fol , ques Foderé, in-i, Lyon, 1019.
Homae, io8". Certamen Seraphicum provinciœ Angliœ. hem ap-
Ilisiorin Serapliica in qua explicnntur ordinis insti- pendix de missioiiibus et scripioiivus ejnsd. protinciœ,
tula et viri illustres recenenlur a Rodniplio Tussinin- per Ang. a S. Fiancisco, in-l::;, Duaci, IGiO.
ncnsi, in-fol., Venoliis, 1,'>8G. Uistoria provinciœ S. Bonaventurœ seu Durgundiœ
Menores, por Marc de Liboa, ô vol.,
ClirGuicit dos per Claiidium Piquet, in-'2, Tutoui, 1610.
in-fol., Lisboa, IGlo. Histoire générale de fortgine et progrès des Frère»
Cronicas de los Menores, in-fol., Couiphili, loG2. Mineurs appelés Recollées, lié formés eu Déchaux, par
Crâniens de los Menores por F. Juaitelin JS'ino le Père Rapine, in-4, Paiis, 1631.
"1 vol., en Saîaniiioca, 1G2G. Histoire chronologique de la province des Récollets
Annales de la Orden d' los Menores y de la^ 1res de Paris sous le litre de Saint-Denis, par le Père Hya-
.'Tdcues que justitnyo S. Francis: o, pcr F. de Royos, cinthe le Ferre, in-4, Paris, 1G77.
Tj vol. in-lbl., Valt'iiCC, l(i5?. Dcicriplio convenliium Hecollectorum provinciœ S.
Conipcndio délie C .ronice de Fraîi Minori, da De- Frantisci in GallUi, per Juvenulem a Lugdun, , iu 12,
txcdrtio Pnccio, in-8, Vciii zia, 1G08. AvenioiiC, l5(>8.
Chronique et institution de l'ordre de Saint-Fran- Claire el vériiab'e explication de l'état pté eni d:
çois composée en portugais, P'tr le Père Marc de
, tout fordre de S. François, composée en latin par le
Li4w:ine, traduite en espagnol pa Didace de JS'nvarre, P. Bénite Cond>asson el traduit en /"n.«;fli5 par le P.
t'H itahen par Horace d'iola, en franç'ii-i par D. San- Alfome, Rclhelois, in-12, iNancy, 1G4S.
\(;i!, :•>'(, P.-ris, 'COO. An hjuiorilas Franciscaua ad livram HiJoria: veri-
,
,, . ,
œdi;.cata, etc., in-fn!., Biuxeilis, 1U57. Pelro de McaïUara y de los religiosis ius^ignes en la
Specdum in qno ttatus Franciscanis Reliçf'wms ex- reforma de Descuizo-, por F. Martin de S. Jvsep\
pi-imitur cl jusla couveitlualinm de titulo cl priinutn ivol. in-fol., en Arevah', lGi4.
prœienno reprœsenlalur, per Giibrielon Fabruiu, iii-4, Vie de saint Pierre (rAlcantara, écrite en italien
Paris, |{j-2G. par le P. Marclièse de l'Oratoire, et traduite en (ran*
Dcnnicii Thadci Nitcla Franc'ucnnœ lieligionis ffl's, in-4, Lyon, 1G70.
contra D:,.v'uiii, in-i, Liu:diini, lGi7. La même par le P. Talon de l'Oratoire in-8, Pa- ,
ticœ a Capnciws cxcrcitœ in Gai lia C.si'pina aucl. Stalutu Pr('vinciœ Francicc, approbuta a Pi. P. Ar-
Malliia Ferrerio, 2 vol. in-lol., Augusl. T;uirinorui», changelo a Messana General, in-12, P^iris, 1610.
«659. Slaïuta pro reformctlione Alma^ provinc-œ Frainni
Geo ,raphica Descriptio provinciarum et couventuum Mincrum, édita in capitvlo Lvgduuensi,'\n-\%Qi-i.\.à-
Fratrum i^Iiuonim Capucinorum deli ea'a, sculpta et Imni, 16G5.
impres a jus!>u P. Joannis u iilunîe Caierio, gene- Dire toire uniforme ou Journal commun des olJlci.rs
ralis ejusd. ord., in-fol , Auçjnsi.nc Tatiriiinniin, i6o4. de chaque couvent des religieux Cordeliers Béformét
IiiformitioHc del M. Giosefo Zarlino , Maestro délia des quatre grandes provinces de France, in-12, Paris,
£apcU i délia serewss ma Signoria di Venetia , iniorno 1C6^.
délia congregationc de j Cavucii, in-4, Veiictia ,
Statula generatia Fratrum Minorum Becolleclorum
i579. reqni Galliœ, in congregalione ni.tionali ^ivernetiii
Fiume del Terrestre Paradiso b Irallalo aif. nsivo del a.iuo iGiO, (ipproba'la et publicala, in-12 , Pari*
tig. I). Nicolo Catalano da snito Mauro dove si rag- li)51.
(jualia il monda, nella lerita deW an ica jo ma de fabito Conr.tiiutioms pia' prcreformalione FrairumS.Fran'
de Frai !i!i ori data nl!n .^tampa dal P. M. Giulio
,
cisci Convcntualinm, édita in comiliis generalibus ejusd.
Antonio Catulano da S. Uauro Miuor Convenluale , ord. Floieniiœ anno 13G3, i'îi-4, î5onoiiia, 1563.
in-4. Tir. iiza ,
163-2. S.ahiti e vcro (.oustilutioni délia provincia di S.
Miirtyrotogium Franciscanum aucl. Arlurio a l\}o- Pielro d'Alcanlara Frati Minori sc':!zi dcll" ordine e
Par s, 1635.
naslerio, in-ibl., pin strcila osr,crvanza di S. Fruncesco , in-4 , Napoii,
Menologlum fe brcvis et compendiosa illuminalio
• ÎG83.
relucens in splendoribns sauitorHin, beaiovnm, etc., ab Constitutions des Frères Mineurs capucins de Saint'
initio Minonti i institu'i usqm ad moderna tempora François, approuvées par Lrban VIII, in-12. Paris,
etc., auctore Forlnwito llucbero, 2 vol., iu-lMl., Mona- I ,4:
in fol.. Romse, 1630. la qui's Capucins, en toutes les élections de leur ordre,
Ejusd' m A\)nlogeiic-ts de prœlenso Monaclialn Au- par le Père Paulin, de Beauvais, in-12, Piuis, 1642.
gustiniano S. Francisci, in-4, Lugduiii, 1641. PKMCIEl^SES Cl.AlîISSES.
Legenda su vita S. Fiancisci, p.r S. Bonavenln-
de la fnndacion del monastero de Ins Dea-
lielac;o)i
ram, in-4, Paiis. 1307.
calzas de S. Clara de Madrid, viila de la p incessa de
Liber conformilatum vitœ S. Francisci cum vita
Portugal D. luann de Ausiria su fundador.i, por luan
J. C. auctore Uartli lomœo de Pisis, in-fol. Mediolaiii
de Canllo, \u-'i, Madrid, IGIG.
1513.
lie de la B. Col lie, réformatrice des trois ordres
Idem a Jeremia Bucckio correctus et v.iustratus
de S. Fr.nçois, in-12. Pans, 1G2S.
in fol., Roloiiia', 1390.
La Vie de suinte Isabelle, ><œur du roi suint Louis,
Apologclicus pro libro Conformilatum S. Francisci,
fondatrice du monas'ère de Lun i-Ctiump, par Sélas-
etc., adversus Alcoranum Franciscanum, ticlore IIc:^- (
lien Bouillard, in-8, Paris, 1619.
rico Sedulio, in-4, .^nUKM'pia;, 1607,
Laménix', pur le P. iV. Causain l'ar^s, 1644.
Ejusdem Hisloria Serapliicn viiœ S. Francisci et Ilisl' riu de la fundacion y propaqac on en Espano
illustrium virorum et feminarnm ijui ex tribus ordini- de religiosas Cnpuchinas, por luan l'ubto Fam de la
bm relati sunt inter sanctos, in-lol. , Aiiluerpiiio, 1615 Compamja de Jésus, ia-i. Barcelone. 16 U
— —
Consiiiuciones gemi-alcs para to.ias las Motras ij lium Tertii Ord. S. Francisci congreg. Gallicanœ ad
lieliqiosas sujelas à la obediencia de la or Icn de san usum Fralrum Provinriœ S. Yvonis, in-24, 1647.
Francisco, ponense al pviticipio, las reglas de S. Clara La règle de pénitence du Père saint François, pour
primiera y t^cguiida, la de las Mut)jas de lu purusima les religieux et religieusesde son Ironième ordre, avec
'Jonci'plion, y la de las Tcrccras de Penitencla, iri-i, les déclarations des souverains pontifes^ et les exposl
Madrid, 104^2. lions de Denis le Chartreux, in-i4, Paris, 1620.
La règle de sainte Claire, avec les cotistituiions gé' Régula et vita (ralrum sacri ordinis de Panitentia
nérales pour tnules les religieuses qui so)tl sons ta ju- Regulurts observanlia; S. Franrisci. in-8, Lei. Golii.
ridiction de l'ordre d saint François, faile au diapitre Règle du Tiers Ordre de Sai)il- François, des sœurs
général tenu à Home l'an iCôy, iii-">-2, P.'iis, 1G88. de Cliàleau-Gonlier et vivant
, m
obédience, chasteté,
La règle des reiitjieuses de sainte Claire, confirmée pawreté et clôture, approwéc par sienrs, de bonne mé-
par le pape Urbain VIII, déclarée et expliquée par moire, papes Léon X
et Jules III. et eH celle que le
plusieurs autres souverains pontifes, iri-12, Paiis, Père Gabriel Maria lenr a baillée, in-12, Angers,
1088. 1553.
TIEUS ORDRE DE SAINT-FKANÇOIS. La règle du Père saint François pour les religieux
et religieuses de ses troisièmes ordre':, avec un extrait
Francinci Bordoni Vurmensis clironotogium fratrum
des constitutions généra'es des religieuses dudit ordre
H so'orum Terlii Ordinis S. Francisci, iii-i, Ronue,
de la congrégation de l'étroite observance, dita de
1658.
Sainte-Elisabeth, in-32, PtIs, 1650.
Histoire générale et particulière du Tiers Ordre de
Constitutions des religieuses du Troisième Ordre de
Saint-François, par le Père Jean-Marie de Yernon du
Saint- François, appelé de Pénitence, dites de Sainte-
mêm^ ordre, 5 vol, in-\ Paiis, 1607. La même en
Elisabeth, in-2l, Lyon, 1G43.
1080.
latin, iu-lol., P;iris,
Règle et constitutions de la congrégation des Frères
La gloire du Tiers Ordre de Saint-François ou l'IIis-
du Tiers Ordre de Saint-François, dits Bons-Fils, iii-
lore de son éUiblissenient et de son progrès, par le P.
12, Lille, 1098.
miarion de Nolng, capucin, iii-4, Lvon, 1694.
Régula Tertii Ordinis S. Francisci cum cœreinoniii
luan de Cardi lo Uistoria de la Tercera Orden de
tan Francisco, in-i, Sarr:igosse, 1610.
a induendum fralres, êorumque privilegi s, in-12,
l
Pa[.i:r, 1506.
Tercera Orden de Peniicnça, por Gabriel de Cuillix-
lequi, in-i.
La régla del Terzo Ordine di san Francesco, le cé-
rémonie è modo che si deve (are et tenere nel dure
Vie de sainte EHsa''elli, fille du roi de Hongrie, re-
rhabito à fia'ell!,dj F.Gabriele il/o/J«a,in-8,Milano,
ligieuse du Tieis Ordre de Saint-Françoi'i , par le P.
1580.
Apollinaire de Valognes, iii-8, Paris, lOio.
Régla de los hermanos de la Tercera Orden de san
Vida y Virtudes del siervo de Dios Bernardinn de
Francisco con alcunas advertanças dal Pedro Gonza'es,
Obregon, Padre y (undador de la congreqacion de los
ia-52, Madrid, 1006.
Enfermer os pvbres, por D. Francisco de H errera y
Règ'e, statuts et exercices pour ceux qui professent le
Maldonado, iii-4, M;ulrid, 163i.
Tiers Ordre de Saint-François séculier, avec quelques
La \ie admirable de la vénérable servante de Dieu,
déclarations et résolulions des docteurs, in-52, Paris,
tœur Jeanne de Jésus, fondatrice de la conqrégaion des
1652.
religieuses liécollectines, recueillie par le Père Simon
Mars, Bécollet, in-12, Ypres, 1688.
Manuel de l'étal, règle et manière de virre du Troi-
sième Ordre, dit de la Pénitence de Saint-François, pour
Vies d''s sains du Titrs Ordre de Sain -Franc is,
les personnes vivant dans le monde, par le Père Elzearl
par un solitaire, 2 vdl. iii-4, Caen, 1683.
de bombes, in-32, Lyon, 1647.
Sententia d fmiliv.i in favorein B. Raymondi Lulli
Tertii Ord. S. Francisci Doctoris illuminati, in-4,
Règle du Tiers Ordre des Pénitents^ -institués pat
saint François, avec des annotations sur la même règle,
Paris, 1076.
Exposicion de la régla de los Hermanos Tcrceros, par un Père Capucin, in- 12, Pans, 1063.
Institution, règle et statuts du Troisième Ordre de
in-4, Salami'iicri, 1609.
Studia, originem, proveclum atque cotnplenienltim Saint-François, pour les personnes qui le professent
Tertii Ordinis de Pœniteiitia S. Francisci concerneutia ;
en l'état séculier, avec des déclarations sur la même
règle, par le Père Apollinaire de Vulog)ies, iii-52, Paris,
ab Antonio de Sillis ejusdem ordinis elucubrata : Item
opostolica privi egia ejnsdeui ordinis ab eodem collecta, 1665.
Règle du Tiers Ordre de Sai)U-François expliquée
in-4, Neapoli, 1021. ,
Apostoliea privilégia fratrum Terlii Ordinis S. selon l'esprit de ce saint, par le Père Archange, in-12,
P.iris, 1691.
Franci>'Ci de Pœiiitentia nuncupati Pxsgulari'i obse^van-
liœ congreq. Lo-igobardre, iri-i, Paiiormi, IGDO.
La même règle expliquée, par le Père Frassen, in-
Compendinm privileginrum Terlii Ordinis S. Fran- 12, P.. ris, 1703.
cisci Regutaris obsenanticc, iii-i, Tolosa;, 1607. ORDRES QUI ONT DES RÈGLES PARTICULIÈRES,
Collectto apoi'ol. privilegiorum (ralrum Tenii Ordi- CHARTREUX.
nis S. Francisci, a F, Èlzeario Dombariensi, in-4 Theatrum chronologicum sacri ordinis Carthusiensis,
I>iig.lu!ii, 1014. auclore Carolo Josepho Morslio, congreg. Fuliens.,
Ceneralia stntuta sive decreia fratrum Tertii Ordinis in-fol., Tamihi, 1681.
S. Francisci de Pœniteniia nnncuptti Regutnris obser- Annales ordinis Carthusiensis, in-fol., Coreri.T,
van'.iœ cangregationis Longobardœ, in-i, Veneliis, 1687.
1551. Les mêmes sous le titre de Disciplina ordinis Carthu-
Generalia stntuta sire décréta Tertii Ordinis Regu- siensis, in-fol., Coreriie, 1703.
laris observantiœ congregatiouis Longobardœ a Hiero- Histoire sacrée de l'ordre des Chartreux, par Jacques
nyvio Riccio in muttis eniendata, iii-4, Paiiornii, 1600. Corbin, in 4, Paris, lb53.
Coiisiilutioni generali Romane de j Frati del Tenn Chronieon Carlhusicnse Pétri Dorlandi cum nolis
Ordinc di san Francesco Regolari o^servanli faite neW Theod. Petrei, in-8, G iloni;e, 1608.
anno 1601, iii-4, Roiiia, lOÔI. La même Chronique traduite en français, par Adrien
Slaluta conqrega ionis Gallicamv. Terlii Ordinis S. Driscari, curé de yolre-Dame de '^<)«r(i«y in-S, Tonr- ,
Jouîmes Hagen de IndagUie de per[ecl'>one c e.rer- Les règles des frères et sœurs cl des fidèles di- !'«n
titih sacri ord.Carlhuswn&is, in-i, Ijigiltiiii, I6ir>. et de l'autre sexe de l'ordre des Minimes, avec If cur-
l'^'trus Siitordevila'Cmtlimiana, iii-l, Paris, 152-2. rertnrium du >iiême ordre, in-î4, Paris, 163'i.
Vila S. Brunonis, in-fol., L"l. Golli. Traduction nouvelle des règles, du -^orrectoire e' du
Vida del l'ad. san BniiiUy por Juan de Madariaya, cérénKniial de l'ordre des Minimes, in--24, Paris ,
in 4, Valence, 159G. 1703.
Andrciv du S'insnif epintola de causa conver>.ioiiis Jeremias Minimila plongeas imprubum modum eli-
Baro Ord. Minorum, in-lol., Rniii:c, IG84. per Joseph. Juvenciuni, in-fol,, |!oni:i', 1710.
Hegida et stainta ord. SS. Trinilatis, approhata et Imago primi sœculi Societalis Jesu, in-fol., Antner-
recept i tn gencrali capitulo upud Ccrvunijrigidnm, in- [>\x, 16^0.
12, 1570. Synopsis primi S(eculi Socieiatis Jes}; , per Jacobum
Statuia frntrum ord. SS. Trinilatis Redenipt. Ca- Damianum, in-4, Tornaci, 1641.
ptivorum, in-1'2, Duaci, 1586. Societas Jesu Europœa, per Mathiam Tanner, in-
Régula primitiva ord. SS. Trinilatis Redempt. Ca- lol., Prag», 1694.
ptivoruni, in-24, Paiis, 1055. Isloria délia Compagnia di Giesu, l'Asia per il P.
Règle des Frères de l'ordre de la Sainte-Trinité, in- Daniel Barloti, 3 vol. iu-ful., lUima, 1667.
24, Paris. 1652.
Dumême, llnghiUerra, in fol., Hocna, 1667.
Chronica de las Descalzos de la Trinidad, por Diego Hisloria Provmciœ Anglicanœ Soc. Jes. per Henri-
cum Morum, in-fol Andoinmi, 1()60.
de la iladre di Bios, iii-fol , .Madri 1, 1G32. ,
Régula primitiva et constituiiones Fratrum Diactd- Chronica da Compr.gnhia de Jésus da Estado cte
Brasil, per Simon de Vasconceilos in-fol. , Li-bon , ,
ceatorum ord. SS. Trinilatis, iii-i2, M;idriii. 1G17.
La règle et les statuts des Frères et Sœurs du Ti^rs 1663.
Ordre de la Saintc-Triuité, in-i2. Pioiicn, IG70. Hisloria de la Compania de Je.-u en las Islas Phi-
Compendio hislorico de tas vidas de san Juan de lippinas, por F. Colin, in-fol., iM drid, 1663.
Mata y san F,lix de Valois, valriarcas y fundadores de Hisloria de las Missiones de Jupon por Luiz de Gus-
la ordcn de SS. Trinidad, por (.il Gonzalez DavUa,
)»mn, 2 l'o/. in-fol. Coiniilnl., 1601.
,
Cronua de los Minimos, por il P. Tristan, in-4, Joannis Argemi Epi^toia de statu Societalis Jesu
•iarceonf, lb24. in Polonia elLilhiiania, in-4, Cra( ovi;e, UiS5.
Hiistoire de l'ordre di's Minimes, par Louis Domj Eadem Epistcla anclior, elc, in-4, Ingolsladii ,
Les triomphes de saint François de Paule en la ville Lettres édifiantes et curieuses, écrites des lUisswm
ile iSaples, par César Capacio, in-4, Paris, 1G34. étrangères par quelques mis!>ionnaircs de^ l" compa-
Ijiyeslum supientiœ Miniinitanœ triparlilnm com- gnie de .Jésus, recucilties pur le Hère le G'bicn
de lu
plectens rcgulas S. Francisa de Paula, slalula capi- même Compagnie, 10 vol. iii-12; Paris 1/09 «» seq.
lui rum generulium, Bullus l'ontificius, clc. in-4. , Vindicationes Societalis Jesu. per Cardinalem l lA-
Manipulus Minimorum ex regulari summorum pon- lavicinuin, in-4, RoiniT-, 1619.
fifïcum, sacrarum congregalionuni et ipsius ordinis Anipliitheatrum honoris, sue CJc n:starum Soc. m
aqro collectus, elc, opéra et labore P. Bcdlasaris d'A- Jesu criminaliones yugui'iœ, auclore Claro Bomrsco
ùla, in-8, Insulis, 1667. seu polius Carvlo Sciibunio, in-i, AnUicrpiir, U05.
,
Apologia pro S-ccit'.'.-.<.î Jesu a.ntra commcnliliam Lettre dédaratoire de la doctrine des Jésuites, par
îHstoiiam Ordinis Jentilhi a Polycarpo Leiisr.ero cili- le P. Coiion, in-12., Paris, 1610.
t'.m auclor>: Pctro Slevarlio Doct. Innoli-tad. hem Autïcoion ou réfutation de la le'.ire dccluraluire du
Cregorii de Valetiiia Soc. Jesu aunolali tu adv.wri'i- P. Cotlon, in-12, Paris, IGIO.
tionem Sdimedelhii Lu'lierani, pro Jesuiiis contra Cal- Réponse à l'Anlicoton, var François Rona'd, in-12,
vltiionos edilmn. iii-4, Colorii;r, 1594. IViM-à-Moiisson, 1610.
Apologia pro SocieUUc Jesu ex nolicwiœ llrgiio Pièces diverses contre CAnlicolo^), 1611.
prosciipia per Adam, i annentnj, iii-4, Vienn* Aual. liesponsio apolo::etica adversus Anticoioni crimina-
l'JlS. liones , in-12, Lugdnni, 1611.
Isi. Cusduboni Ephtola ad Fron oiiein Diircemn de Répome à rAnticottn, par Adr.Behotie, in-12,
ApologiiJesail., iii-i. I.oiulini, !61l. IGil.
Erijc. l'xi'.cam in Isa. Cuiauboui cp'istolam s'ricturœ, P>cmtrcicment au roi pour le rétablissement du col-
Icfje de Par:s des Jésuites, in-i2, lîoidcacx, 1618.
in 4, Loviiiii, 1012.
Apologie pour les Pères Jésuites, par Jean du Pe- Contredits au libelle intitulé. Histoire du P. Henry
ton, iii-i-2, Paris, îfili. Jésuite, brûlé à Anvers, par François de Ségufiie, dont
Apologia pro p ilribus Jesuilis, i!;-12, Paris. IGiu. le véritable nom est Français Garasse, :n-i2, Lyon,
ms, par le Père Coussin, in i2, Paris, lUii. EJHsd. Mnnlissa anCanatomiœ Jesuiticœ opposita
Apologie pour rUni ersi'é de Paris, contre le dis- fatnosis contra Societaiem Jesu libcUis, quorum liluii
cours ri'«?j Jési-ite, iri-12, 1G43. sunt, Mysleria Soc. Jes., consnllalio Fiai. Juniperi
Disceptatio d.' secreiis Socieialis Jesu, per Adam ininoriia', el Frai. Ludoviri Soleil iU-laiio de Eccle-
Conlzen, iii-12, Lugd 1617. ,
siie Ja;on;<;.'e si.iui, i;!-4, Oeniponla, 1054.
Jacob. Greiserus Soc. Jes. de modo agsndi Jesnita- Ejuhdem Grammalicus Proteus arcunorum Soc. Jes,
rum, in-4, liii^oistailii , Mi'àÛ. Da'do'us, l'edolatus cl qenuino s-io vultn reprœsenta-
Contra j'aw.osum librUuni mnnua privatn Soc. Jes. ,
t s, in S, ingoistadii. 1656.
ilb. III, in-4, Inl.'o:^laL!ii, KilS. Catholic'i queritr.onia ad' er.-us Pelr. Jurieii , auclore
Grel er'is reiiviscens contra aurea monila Soc. Jes. lldefonso iUdas, in-12, Malriii, 1GS6.
M-i, C loniae, 1661. D.lla v'ita et delP insliluto di san Jgnuz'.o, lib. v,
Aiinus die'um memorabHium SoiielrMsJesu, nv.ctore in-fi)i. Ur.niJ-, !6c0.
,
Roanne Sadaso, in 4, Co'oniifi, 10 4. Vida del s^.n îgnnzio, Laynes e Franc, de Borgia,
ClviAlopiiOii Gomcz Elogia Socieialis Jesu, u-.-l, por Peu de Pùbadeneyra, in-fd., .M :i!ri I, 15)4.
A!iliieipi:p, 1661. Le cinjuième Ange de IWpocalgpse Ignace de Loyo-
PliAnle au roi con'.re un Itère iniilulé : Le fianc et la, par le Père Corrt, in-4, Nan)ur, I67y.
térilable fHscours, par. Louis VAckeome, iii-l:2, Bor- La Vie de saint Ignace de Loyola, fondateur de la
iJeaux, 1602. compagnie de Jésus, par le Pèce DcViin que Bouliours^
Li vérdé dépendue en la cause des Jésuites contre in-4, i'aris, 1679.
le plaidoyer d Antoine Arnaud, par Frrmç.ii (Ls ilon- Compev.dio delta v'xta di S. Ignazio di Loiola da
lagnes, in-'-J, Licge, !59i>. Vi'-q. i^clarci, in-4, Madrid, 168).
iiéponse au vlaidoyer de Simon Murinn contre tes Vida, viriude--i y wilagros de S. Ignalio de Loiola,
Jésuites, par René de la Fon, i.:-!:i Villc'ia c :« , por Franc. Gardas, in 4, Ma'rid, iGïjo.
fo99. 'Vida de S. Ignazio de Loiola, por Euseb. de Nie-
Plaidoyer pour les PP.Jé!>ui:s contre la hîartelière, rcmbcrg, ui-8, '.iadiid, 1051.
par Jacques de Montlio'on, in-li, i'niis, 1612. La Vie el canonisation de saint Ignace. —
Item,
Plainte contre Ssrvin pour les Jésuites, par Loui.% Cataloque des maisons de la compagnie de Jésus,
ie Beaumnioir, dent le véri able nom est Louis Hi- in- 12," Rouen, 162:>.
(lieoine, in-12, Paris. îGlr;. Disceptatio de sancto Ignatio e de sanlo B. C(<ïe-
Avis sur tes piti loyers de Scrvin, co tre les Jé- tano Tiiienœo, per Jul, Nigronium, in-4, !Ne-poli,
iuiies, in-12, Caon, loin. 1051.
Causer d'oppositions (orméei par Fuilaclie du Bel-
,
Interrogationei apologeticœ ad Joannem Bapt. Cu'
Ug, éiéqne de Paris, l'an l56î, cou re les Jésuites, slaldum Clericum Regulurcm, in-i, Lngduni, 1641.
vonr opposer et Cexar-en (ait par le Père liictieome du Vida di s ^n Francisco Xaverio, do que Fizerom ua
plaidoyer de la Martelière, i:i-4, Pa is, 1615. l: c'ia los rligiosos de Companhia de Jesur,, por Jean
bre 1611, contre les Je uites, aui\uel est inséré ie som- Clarvnes Vaionesde la Compania di Jésus por Juan
ma re du plaidoyer de M. Str in, a ocat général, Enseb. ISieremberg, 6 vol. iiî-l'oi., Madrid, 1045.
i!i4, Paris, lolo. Mortes illustres virorum Societuts Jesu, per Pliilip.
bé-ense de ceux du collège de Llermont, contre les Alegnmbrc, in-loi., I«iirn:p, 16'.?.
tequéles et plaidoyers, contre ceux ci-devanl imprimés Ejusdem Iie,oes et Victimœ cliaritatis Socieialis
et puiliés. mil, 15 4. Jesu, in-i, Roiiue, 1658.
L- nian (este des PP. Jésuites, in-12, 1G23. Tableauw des hommes illustres de la compagnie de
LWnli-Jésnile au roi, i:i-12, Sauiniir, 1611. Jésus, in-8, Donai, 16-3.
Arrêt du Grand Conseil, donné le 19 septembre 162.", CiUalogus Patrum Soc. JciU qtii in impcrio Sinarum
pour riiiiversilé de Paris contre les Jésuites, et autres Cliristi {idem propagnnut per Philippnm Couplet,
,
pièces la plupart non imprir.iées et lea autres revues et i.;-12, i'aris. 1686.
cugmenlées, etr. , imprimé par mandement du recteur, Coroa da Con'panhia de Jesu, por Barth. Guerreyo,
in 12. Paris 162i).
, in-foi., Lis'oa, 1642.
Arrêt notable de la Cour du Parlement sur cette Biblioiheca s riplorum Societa is Jesu auclore Phi-
capable de succéder qui
(question, savoir si ceiui'là est lippe Alegambre, in-l'ol., AniuerpLe, 1645.
a été de la compagnie de Jésus, demeurant et poriuni Eajcm B bliothecaaucta, per y al. So-lieliim, in-Tol.,
le nom et l'habit de Jésuite, et y uycmt fuu vœu de Ronia», 16 6.
pauvreté, de chaslelé et d'ohéissunce après deux ans Insiilutum Socieialis Jesu, 2 vol. in-fni., I'ra.;e,
de probation, in- 12, Paris, lUôl. 1705.
Jiemoniri.nce des religieux de lu compagnie de Jésus Razon drl i)islituto délia Compania de Jésus, par
ou roi, in-12, Bordeaux, 1599. Pelr. de Rthadenj'yra, in-4, M. dnd, 1605.
97 CATALOGUE DES LIVRES QUI TRAITENT DES ORDRES RELIGIEUX, ETC 93
Cori us Imtiltitornm Societatis Jesit in duo volumina senatore di Bologna è fundatore délia C^ngregationé
disiinctorum, accidil Calalotins provbtciarum, domo- di san Gabrielc^ deacritta da Carlo Antonio d,lle Frair
rum, collegiorum, etc., ejusdem Societatis, "i vol. in-12, Bol(ig;ia, 170^
in4, AntiL-rpiii!, 170-2. Vie de madame de iMiramjjn, fondatrice des l' 't'u
Consliiulioms Societatis Jesu ciim dcclarationibus, de Sainte-Geneviève, par M. l'abbé de Choini, iu-4
'
in-l'ol., Koii»;i\IGOO. Paris, 1706.
Re juiœ coiitmunes Soc. Jes. cuni Commcntariis Ju- Constitutions de la communiinté des Filles de Saint,'-
m Nigronii, iii-i, Mediolani, IGio. Gencviève, in-24, Paris, 1683.
Couslinuioy.es Societatii Jesu, in 8, Romnc, 1570, Relation d' rétablissemeat de flnA.tut des Fillen de
Eœdeui con>tilutiones cuni declaralionibus, iii-8, V Enfance de Jésus, et le récit de ce gui s'est passé ilam
Rom;»', I.mSÔ. /,' renversement du n.ême Pistitut, par une des
filles de
liegulœ Societatis Jesu, in 12, P;iris, ICiiO'. cette Congrégation, in-12, Toulouse, 1680.
Les m-'ines eu f'auçAiis, in-12 Paris, 1C2U.* Co'ibtituiions des Filles de CEnfance de Jésus, in-12,
heijuUc Sricietatis Jesu editœ a calviniauis, in 1-2, 1G46.
An>sielo(l;Hiii, IGlU. Vil' de madame Laumague, veuve de M. Volaulon,
Lilterœ /XpustoHcœ ac privilttj arum confirnintiones, fondatrice de l'hôpi'.al de la Proiidcnce, par M. F n-
ln-8, Udiiiœ, 1587. dean, chanoine de l'Eglise de Paris, in- 12, Paris,
D'Creta conçircgationuin generalium Socieialis Jesu, 1659.
in- 12, Aiiliieriii;i;, 1G55. Règlements de la maison et hôpitU des Filles de la
Providence de Dieu, in-i2, l'aria, 1657.
CONGRÉGATIONS SÉCULIÈUES. Pièglements ordonnés par M. l'archevêrfue de Paris,
Vito saiiciœ Bi'gqœ ducissce Drabanlia\ cum Ilistoria en explication des constitutions potir la cummuv.anté des
liegginatiornni Uelgii, auctore JossplioGcldolpIio a Ri- Filles de la Providence, ii!-12, l'aris, 1700.
kel, in-8, Lovanii, 1651. Vie des fondateurs de maisons de retraites : M. Her-
Disquisitio Ilistorica de origine Beghinarum Behjii, livio, le P. Vincent Uuly, Jésui'e, et Mlle ce Fran-
audore 1069.
i'ctro Coeiis, in- 12, Leodii, cheville, par Pierre Phoiianiie, ii:-12, Nantes, lo'»8.
ileinorie htoricke délia Congregnliiue delV oratorio L'artisan c'.rétiea ou la vie dit bon liewi, maître
rcccolic (in Cio Murciano sucerdote di cssa, 4 vol. in- cordonnier, fondateur des comnrmautés des Frères
fol., iNcapoli, lGiJ5. Cordonniers C Tailleurs, in-12, P;iris, 1670.
Lascuola di S. Filippo Neri à vero vita del sanlo da Vie de madame de Combé, institutrice de la maison
Joiepho Ci^piuo, in-l, [S'eapoli, 1G75. du Bon Pasteur, avec les règlements de la comviUiuauté,
Anlonii (îaUoitii Vim S. Philippi iSerii fundaloris in-12, Paris, 1760.
Congregalionis alorii, in-4, Rninae, IGOO. La — Pièg'ements du séminctire des Filles de la Propaga-
mêni', in-8, Mogiiiilia', 1602. tion de la Foi, établies à Metz, par l'abbé Boi^iuet,
Vie du cardinal de Bérvlle, fond teur de l'Oratoire leur supérieur, ir:-12, Paris, 1872.
de Jésus en Fran.c, par Hubert de Cérisij, iii-4, Paris, Règles données à la maison des Filles de la Propa-
16i6. gation de la Foi, é abl es en la ville de Sedan, p ;r
Vie du P. de Gondren de la Congrégation de fOra- M. l'archevcgue de Reims, in--i4, Paii-, 1681.
lùire, lu />, Paris, 1645. —
La même, in-8, Paris, Constitutions pour la maison des IS'ouvclles Catholi-
1657. ques, in-12, P;iiis, 1675.
\ita del P. Carolo Caraffa, funaatore délia Congre- Règlements et p:aii jues chréiiennes en forme de coiis-
gaiioiie ds PU Opérai ii, per 0. Pietro Gisoifo, in-4, tiiuti' IIS des Filles cl Veuves séculiires da téminaire
grégation de la J/ùtio?;, par M. Abetg, éiêjne de Ro- L'institut réfurmé des Ermites sous rinvocalion d„
dez, in-i, Paris, 1664. saint Jean-B :ptiste. etc., composé par le P. Michel
DéfeiiitC de M. Vinrent de Paul contre le Livre f/j de minte ubiue. Ermite du même institut, in-12,
.'
sa lit', écrite pur M. Abely, in- 12, Paris, 1 ;l8. Paris, 1655.
Regulœ seu Con titutiones communes Cougregalio As
nUDr.KS MILITAIRES ET 1>C CUKVALERJE.
Misnoi.ii, in-2-i, l'aris, 1668.
Vie de madame le (ïras. fondatrice des Filles de la Aiidrœas Mendo
Soc, Jes. de ordinibus mililaribur.,
Charité, par j/. ilvb.llon,\n-\±, Paris, 1676. in-lbl., Lng.inni, 1068.
Synopsis Instiiuti Clericorum in commune viventium, Thcboo militur de cavaleria aniiquoy mode rnn, niodo
in-8, i;oii):o, 1084. de armar cavalerios y professar cereinotiics, etc.porel
Abrégé de C Institut du clergé séculier vivant en com- dottor dom Joseph Micliieli y Marquez vicc-cancellario
vv.tn, approuvé par Innocent XI par Jacques Valauri,
, délia orden mititar de Constantino, iii-fol., Madrid,
et traduit de l'italien p r E. B.. in-8, Liège, 1698. 1642.
Vie de M. Joly, docteur de Paris et chanoine de S. Historié chronologiche dell' origine de gli orûini nn-
Dénitjne de Djon, instituteur des Ilospitclières de la itari, composte dell' abbate Bernrdo Giusiin ani, en-
même lille, par le P. Bauqendre, Bénédictin, in-8, ealiro et gran-croce delV ord.ne ConMintino, 2 vo!.
Paris, 1700. in ri.,VfhelM, 1692.
Vila del fervo di Do Ilippolilo Galanlini, fundalore Aubcrti Mirai Origines equeilrium sive niiliia ium
délia Congregatione di san Francesco et dclla Dotlrina ordinum lib. w, ;n-8, Anlutrpije, li;0!'.
Chrïsliana, per Dionisio Nigretti Fiorentirio, sacerd. Les mêmes en français, in-12, .Anvers. 16il9.
délia mcdema congregatione, in-12, Uonia, 1625. Menuenii Deliciœ Equestres .-.iie omnium ordinwii
Vita del venerabi e iervo di Diu C sare Banchelli, mililariuin Origines, etc., in-12.
— , .
San Soviiio, délia Origine de cnvnlierijib. iv,iii-8. Deftniciones de la orden y Cavalleria de Calalravn,
Venez :t, 15S3. Vallailolid, IGOO.
in-f«')l.,
Pierre de B'Ilotj, de roriçjine el insi lution de dvers Enuclealiones ordinum Luoitamœ Militarium a B.
ordres de clievnlerii', \i\-i'i, Paiis, 1G15. Laurenlio Pires, in-lol., L'Iis'pp., 1695.
De la chevalerie ancienne el moderne, par le P. Me- La régla de la orden de la Cavaleria de saut Jago de!
nestrier, '1 vol. iii-lii, Paris, ioSÔ. Espada, in-fol., C.onipluii, 15()5.
Favin, Théâtre d'honneur tl de chevalerie, 2 vol. Régla de la orden y Cavaleria de sant Jago del
in -4, Paris "i^O. Espada, in-4, Anvers, 1598.
Hermant. H
sioire r/cs religions ou ordres mililairei Del priiicipio de la orden de la Cavaleria de san Jago
de rEijUae, \\\-\-2, l;ouei), 1008. del Espada y r.na declaracion de la régla y de très
Hisiuiredes ordres mililaires avec leurs habillement, votos subslanliales, por Diego de la Mola, in-4, V;\-
gavés par Adrien Schoonebeck, 2 vol. in-8, Amsler- lemia, 1599.
dam, 1088. Vida de Raymunao fundndor délia Cavaleria de Ga-
Chronica de la Religion de san Juan de Jérusalem, latrava, por Giro Mas<'arenas, in 4, Madrid, 1()53.
par Juan Angnslin de Fîmes, iii-io'. —
Parie 7, en Du même, Ap'dogia Hi^torica, por la Reliaion de
Valeiicia, {Q-lb. —
Pane II, tn Cara^'oza, iG39. Calalrava, in-4, Madrid, 1651.
Ilistoria militaris ordiuis Joannitarnm [Ihodiorum Pelri de Dusburg crdinis Tcutonici Chronicon
ttniMi!i!en!<ium Etiuinini, aiictorc Hcnrxco Panlaleone, Prussiœ, in i;uo ordiuis Teutonici origo, nec non res
in-fol., B;isile:ft, 1581. ab ejusdem ordiuis Magilris ab anno 1226 ueque ad
Ilistoria detl" ordine di S. Giovanni Gierosolomitano annum 1536 in Prassia ges'œ exponunlur cum coiili-
da Giacorno Bozio, 3 vol. in-l'ul., Homa, 10:29. niiatione incerii aucloris usqu,: ad annum 1155, el
Histoire des ch<'valiers de Saim-Jean de Jérusalem, nolis Crislophori Uarlkcuoch, in-i, Jeiuc. 1679.
par Jean Bi'jidouii, in fol., P. iris, dG'29. Hislori'i Ensiferomm ordiuis Tev.tn-.nci Livoiwrum,
Jacobus t onlanus, de Dello Hhodio, lib. m. Item de per Henricum Leonardum Schurzfleischium in 12, ,
Descritiione di Malin del Commcndatore Francesco Le mausolée de ta Toison d''Or, ou tombeaux des
Abela, in fui., Ma la, i<;.48. chefs el des ch valiers de l'ordre de la Toison d'Or^
La cruelle oppngnniion de Rhodes, par Soliman, in Î2, Ânislerdam, 1689.
écrite par le commandeur Jacques de Bourbon, in-4, Statuts et ordonnances de l'ordre de la To son d'Or,
Paris, 15-27. Iturs confirmations et c/jan(;t'M(en/s,in-12, Ainslerdain,
ISicol. de Yillefjagnon, de Bel'.o Melilensi Commen- 1689.
tarius, in-i, Paris, lGo5. Le des ordonnances des chevaliers de l'ordre du
livre
Il glorioso triomfo de cavaleri di S. Giovanni Giero- très-chrétien roi de F:ance Louis XI, à l'honneur de
solimiiano du Dominico curione, in-8, Neapoli, 1653. saint Michel, in-8, Paris, 1512.
Le même en espagnol, traduit par Paul Clascar del Le même, réimprimé sur l'édition précédente, in-4,
Vallès, in-8, Barcelone, 1G19. Paris, 1668.
Stalula ord uif; Domus Ilospilal s llienisalem édita Statuts de Louis XIV, po r le rél iblissement dt
cura F. Didaci Rudriguez, in-fol., Uonia', looG. Les l'ordre de Saint-Michel, in-4 Pari>, 1665.
mêmes, in-8. L'histoire et milice du benoît Saint- Esprit, contenant
Slabilimenla militum ord. de S. Joanne Ilierosoli- les blasons des armoiries de tous les chevaliers qui ont
mitano, per Gasp. de Monloua, in-lol., Salamania?, é é honorés du collier dudit ordre, depuis la première
45-4. inslilutivn jnsqxi hprésenl par iU.d'//o2;er, in -fol,, 1654.
,
Gli slatuti délia sacra Religione di S. Giovimni Gi-'- Cérémonie de la création des chevaliers du Saint-Es-
rosolimitnno el gli PriviLgi délia stessa Religione, in 4, prit, l'an 1662, iii-4, Paris.
Roina, 1589. Rechtrches historiques de l'ordre du Saint-Esprit,par
Statuli delta Religione de cavalieri GierosoUmitani Duchrsne, 2 vol. in-12, Paris, 1695.
datiin luce del cavaliero Paolo Rohso, in-8, Firenze, Statuts et ordonnances de l'ordre du Saint-Espril.
1570. in-4, Paris, 1578.
Privilé ,es des papes el p inces de la chré'ienié Les niêm s avec les ordonnances et les déclaraliom
accordés à l'ordie de Malle, recueillis par le chevalier des chapitres, in 4, Paris, 1703.
Lambert, iii-i, Paris, 1626. Calechismus ordinis Equiium Periscelidis Anglicanœ,
Privilèges accordés à l'ordre de Sainl-Jean de Jéru- seu spéculum Anglorum, auctore F. Mondono Belvaleti
talent, h\-i, Paris, 1619. ord. Cluniacensis, iii-8, Coloni;ç, 1651.
Les mêmes privilèges recueillis par le commandeur Inslilnt.on, lois et cérémonies du Irès-noble ordre de
d^Ecluseaux. in fol., Paris, 1700. Il Jarretière, recueillies par Elie HnsmoUe de Middle-
Ma tijrnloge de Malle, conlenani les éloges des che- Temple, héraut de Windsor, en anglais, in-l'ol., L.on-
valiers, IcHS blasons el généalogies, par le P. Mutlhiea drt'S, 1672.
de Goussanconrl, in-fol.. Paris, IGÔi. Th. Barlkolini de Equestris Ordinis Danthrogici ,
Vie delà Mère Galiolle de Genouillac, réformatri. e a Clirist'ano V Rege Daniœ nuper inslauraii, origine,
des ri'iigii'uses de l'ordre de Malte en France, par .'e dissertatiohislorica, in-fol., Hafniir, 1676.
P. Thomas d'Aquin de S. Jos<'ph, in-8, Paris, îGôl. Privilégia el immunitaies a Sancla Scdi' concessa
Les règles des religieuses de l'ordre de Saint-Jean de Diici Sabaudia' Maqno Magislro et Equilibus milila-
Jérusalem, in-12, Tonlonse. ritim ordinum SS. Mauritii et Lazari, in-fol., Taurini,
Ghronicn de las 1res ordencs de Sanjago, Calalrnva, 160i.
y Alcanlara, por Francisco de Rades, in fol., Tolèdo, Istoria di san Mauritio con la Irauslulione
, etc. ,
Jlislorin de las ordenes de Sanjago, Calatra a deir dine militare di S. Mauritio et Lazaro, in-i
y ,
Alcnntarn, por F. Clara de Todl's. "in-fol., Madrid. Torino, 160i.
*G29. Ceremoniale chc si (fa à osservare dandosi l'habiloa
Definicionif g estabilimenlos de la orden \j Cavalleria Cavaglieri Mildi délia acra Religione di santi Mau-
de AlcuAim-:,, ii,-f„l., Madrid, 1G09. ritio el Lazaro, in 4, l urine,, lo55.
,
toi CATALOGLE DES LIVRES QUI TRAI FENT DES ORDRES RELIGIEUX, ETC. 10^
Slalu.t capituli et in^lilutioni deW ordine de Cnva- liers hospitaliers de Notre-Dame du Monl-Carmel et
iieri di snn Slefaiio, fundalo è dutalo da Cosimo de de Saint-Lazare de Jérusalem, ii)-l2, P;iris, 1G65.
Medici iJucn de Firenza, iii-fol., Fircnza, 156!2. V Office à Cusaiie des chevaliers de yoire-Dame du
Slatuti et constilulioni deW ordine di t>an Slefano , Mont Carmel et de Saint-Lazare de Jérusalem , avec
Ui-A, Firenza, 1577. leurs règles et statuts donnés par les y.apes Pie Y et
Les mêmes aussi imprimés à Florence en lo90, 1595, Paul V , iii-:2i, Paris.
'l lC-20. Capitoli por la fundatione delln naova Militia de
SlutiUi è capiloli délia Mititia aureala Angelica Caviilicri du crigcrsi soltn il titolo délia D. M. Madré
Comlanlininna soUo lilolo di S. Giorgio, ii)-4 Ha-
, di Dio f'.lti dalli signori Pielro , Gio-Baptista et Be!-
vonn;i, 1581. lardiuo Peing<mgni da Spello invcmori di essa, in-4,
Siatuii è privitegi délia sacra Ileligione C.onstanti- Macéra la, 1G18.'
ui(ina,ctc., dali in lucedal comte Majolino Bisaccioni, Constitutions de l'ordre et religion de 1 Milice Chré-
1
SUPPLEMENT AU CATALOGUE
DES LIVRES QUE L'AUTEUR A CONSULTÉS.
Fundatores Mariani, se» de sacrarum Religionum sanlissima Croce de Penitenti e di quella délie Di^
Congregationumque fundatoribus Mariœ Deiparœ Vir- messe délia Beatissima Vergine, descritta daW abbate
gini singulariter addictis ac dilectis, auctore [lippolyto Soderini, in-8, Venelia, 1715.
Maraccio Lucen. congregalione CUricorum Begul.
e Vita délia V suor Francescn Farnese detta di G^.esu
.
Alatris Dei , in-8, Rom;*', lo45. Maria dell' ordine di santa Chiara, fondatrice délit
L'établissement du Tiers Ordre de Saint- Augustin, et monasteri di santa Maria délie Gratie di Farnese, delln
la conduite assurée des fidèles qui y sont associés, par santissima Conceltione di Albano, et di Roma, etc.,
le P. Bruno Sauvé, religieux Auguatin de la Commu- scr.lta da don Andréa Nicoletti, da san Lorenzio in
nauté de Bourges, in-î'â, P.itis, \G',\. Campo, in-4, Roma, 1(>60.
Syllabus Magistrorum sacri Palaiii Apostolici , au- Relacion de Como se ha da Fondado en Alcantara,
ctore Vincentio Maria Fontami Ord. Prœd,, in-4, di Portugal junto à Lisboa, cl Monastero de N. S. de
Roni.T, IGG'i. la Quietac.on, por el Rey Phelipe II por las Monias
,
Vita e morte delta révérend. ssima et sercnissima suor Peregrinas de santa Clara de la prima régla Vcnidas
Anna Giuliana Gonzaga archidarhessa d'Austrin del , de la Baza Alemania persequidadas de los Ilereges :
Terzo Ordine de Servi restauratrice délia detia Beli-
, poi sor Cailialina del Spiritu santa. Mania del Mismo
çione in Gcrmania, scrilla dal F. Giuscpiie Maria Monasterio, iu-4, l/il)iia, 1027.
Barchi delC Ordine s'esso, in-4, .Manloiia, IG'lù. Régla y conslituciones de las Monins Recolelas de la
Abrégé de la v'e et des rares v,rlus de sœur Anne Assumpcion de Nueslra Senora de la ciudad de Sevilla
de Beaiivais, rel gieuse de Sainie-UrbUle, par Pierre de la orden de Nueslra Senora de la Merced Reden:pcion
Villebois, iii-8, Paris, 162-2. de Captivas, can una brève relacion y de las vénérables
Via délia V. M. Paola da Foligno, fondatrice !\!adres fundadares del Solredicha Monasterio por el
délia Compagnia et de'd' Oratorio di santa Orsola in Padre Filipe de Guimeran, maestro gênerai, in-8, en
ietta Citta, scritta da Michèle Angeio Marcellida Fo- Valencia, 1614.
ligno, in-i, itoina, 1059. Li'8 censlitutions de la congrégation des Religieuses
Desempeno lUeronymiano, b Respucsta à un Tml- Hospitalières de l'ordre de Sainl-Auijustin , in-12,
tado que llama, question incidente, el P. Gregor. de 169!.
Quintamilla Benediciino, en su Tabemacnli» Fncilf ris, Règles et constitutions des Religieuses Hospitalières
piir el fray Ilermenegildo de san Pablo Hiio del Real de Saint-Joseph, i-lG, 1086.
i
donvenio de S. Geron. de Madrid, General chruni!,ta Règles et constitutions de l'ordre des Religieuses de
ele su Religinne, in-fol., Valencia, 1 78. Notre-Dame, établi premièrement à Bordeaux, in-12,
Dissenationes ecclesiasticœ, quibus plcraque ad Ifi- Bordeaux 1G58. ,
storiiim ecclesiasiicaui et politicam llispania;, remque Règles et constitutions des Vierges Religieuses du
i iplomaiicani spectantia accurate discntiuntur pro Or- collège et monastère de Sainte-Ursule de Tulle, sous la
(ine Benedictmo, contra Hcrnienigild. a sanclo Paulo règle de saint Augustin, approuvées par révércndissime
Hieronymitan. a P.Berezio Benedict., iii-4, Salamanl, Père en Dieu Mcssirc Jean de Genomllac de \ aillnc
l!iS8. cvéque de Tulle, in-8, sans nom du lieu de l'itnpres-
La vie de sainte Odille, vierge, première abbesse du sirn ni de l'année.
rnona 1ère de Iloembourg , diocès^ de Strasbourg, par Sœurs de Saint-Joseph
Institution de la so< iélé des
le P. Hugues Peltre, chanoine Régulier de l'ordre de gouvernement des filles orphelines de la ville
ro:tr le
Prémontré, iii-S, Slnisboiirg, 169:/. de Bordeaux, in-12, Bordcauv, 1 r08.
Vita del Y. P. Antonio Pagani Minore Observante Constitutions pour la communauté des Filles de Saint-
di san Francesco, fondatore délia compngnia délia Josevh diiei de la Providence^ établies au fauboura
403 DICTIONNAIRE DES ORDRES RELIGIEUX. lf)i
Maria dclla Providenza soccorrente délia (ara in fuyfa, Bnlla Jîtlii Ul, papœ, confirmationis, ereclionis et
in-li, Ro.iia, 167.S. augnienti viiHtiim Laïueianorum impress., ami. 1551
Gli ordim delta Divota Compagnia dette Diniesse che — Ile:n Coiht lutionLS, ordinuliunes et sialula eiusditii
Yivono sotio il nome ei ta proleltione delta Madré di collejiif anti. 13i8.
Dio, iii-4, Vonelia 1587. ,
Sl'atnts de l'ordr-' de In Noble Passion, ins.i/î.e yar
Règlements cl nsaijes des classes de In maison de le duc de S 'xe, Weissenj'df, in-fol., Hvi.
Saini-Louis à Saim-Cgr, \i\~)l, Paris, 1712. Stalula or.tinis militaris S. Ilubrrii, a serenissimo
Breviiriitm e jues're sen de egneslri Ordne Llepltan principe Joanne Guillclm,) Comité Palati-.o illieni,
\ino, ejusque origine, progre^^sn ac tp endore iiouierno, et sacr. liom. Imv. El.ciore renovati , in-fol.,
\raciaius cotlectns ex anliquis moiuinvntis, pra'eiphe 1718.
\mi 'TmiP^
SUR L'ORIGINE ET SUR L'ANTIQUITÉ
R \ T — Que les Ihérnpeutcs ont. été 1rs ins- chrétienne, en quittant leurs pareiUs et leuri
tiluleurs de la vie monasliqne. aars et se retirant dans la solitude pour s'y
,
nes, entre autres par le cardinal Baro- occupe une des premières places dans un
nius (2), et par M. Godcau (3) évoque de , célèbre parlement de France peu satisfait ,
qui avaient des maximes et des manières marqua qu'il voyait bien qu'il avait un
de vivre tout à fait opposées à celles des grand penchant à croire que les thérapeutei
thérapeutes, et ne se sont point écartés du étaient des moines, et qu'en effet, du moment
sentiment de la plus grande partie des écri- qu'on les croit chréiiens il ne voit pas ,
ni plus recherchée qu'elle l'a été depuis que rien n'empêche qu'ils ne pussent être
quatre ans par deux illustres savants qui ,
moines sans cela et suivre quelques usages
ne se sont pas néanmoins accordés ni sur qui leur tenaient lieu de règle; que ce qui a
le christianisme ni sur le monachisme des fait de la peine au P. de Montfaucon c'est ,
à laquelle il joignit des observations pleines pouvaient fréquenter les femmes sat\§ aucun
d'érudition, où il fit voir que les thérapeutes, danger ; que saint Pierre même et les autres
dont parle cet historien juif étaient chré- , apôtres menaient des femmes avec eux ,
tiens. Mais en même temps, il donne à con- sans que personne en fût scandalisé; qu'il
naître qu'il n'était pas du sentiment de ceux en pouvait bien être de même des moines,
qui croient que les thérapeutes fussent des supposé dit-il , qu'il y en eût et que si les
, ;
gardé comme un devoir essentiel aux moines gistrat dont nous parlons, et que nous ne
de ne point vivre avec des femmes , et d'é- nommerons point puisqu'il n'a pas voulu
viter sur toutes choses leur conversation. 11 que son nom parût à celte lettre lorsqu'elle
ne laisse pas néanmoins de dire dans la a été imprimée en 1712, avec la réponse que
suite que les moines d'Egypte, dont parle lui fit le P. de Montfaucon et sa réplique à
Cassien étaient les successeurs de ces an-
,
ce père quoique ses savantes remarques
,
les noms de monastère et de seninée à la lés partisans de la religion juive ait fait uu ,
demeure des thérapeutes celte conformité , discours exprès à dessein de louer les chré-
de noms est uue preuve bien forte que les tiens , pour lesquels les juifs ont eu de louî
(l) Epiphan. Iiaeres. 29. (5) Godeaii, Hht. ecclés., liv. i, anii. 61.
{i) Uaion., Anntl. aJ aiin. G^.
DrCTinîJN4ÎRE DES ObDRES RELIGIEUX. L
(01 DICTIONNAIRE DES ORDRES RELIGIEUX. 108
l<e temps que le P. de Montlaucrn suppose dit page 21, que ces femmes que les théra-
,
religion à dire d'eux, comme fait Philon, porté l'exemple de saint Pierre et des apô-
qu'ils sontrépandus en plusieurs endroits du tres qui menaient des femmes avec eux sans
qu'on en fût scandalisé qu'il en pouvait
monde, et qu'il était juste que les Grecs et ;
les Barbares fussent participants d'un si être de même des moines de ce temps là ,
grand bien. Il examine ce qui concerne les supposé, dit-il qu'il y en eût, et que cette
,
ment ils se regardaient comme juifs , mais des choses si contraires à la discipline mo-
qu'ils se glorifiaient de ce nom , et que lau nastique et même chrétienne de tous les
68 de Jésus-Christ, c'est-à-dire plus de vingt temps , qu'il admire comment cette préten-
ans après que saint Marc eut écrit son Evan- due ressemblance a pu tromper personne?
gile, le christianisme était beaucoup ré- Si M. B**' avait prouvé que les observa-
pandu par tout le monde et que ses progrès
, tions judaïques avaient toujours été incom-
ne pouvaient pas êirc inconnus à Philon. patibles avec le christianisme, et qu'elles
Après avoir examiné de nouveau toutes n'avaient jamais été tolérées dans l'Eglise
leurs observances , il n'y trouve rien d'op- d'Alexandrie, je pourrais me rendre à ses
posé au christianisme et enfin, dans la
, raisons, et en regardant comme juifs les
même réponse, il semble convenir que les thérapeutes, je ne rapporterais pas à ces so-
thérapeutes étaient moines ; car il dit qu'il litaires l'origine et l'institution delà vie mo-
n'a pas pris ce mot de moine dans sa signi- nastique; mais lorsque Eusèbe, saint Jérôme,
fication générale , qui esl solitaire; qu'en cb un grand nombre d'autres Pères de l'Eglise,
sens-là, non-seulement les thérapeutes qui et d'illustres écrivains, tant anciens que mo-
demeuraient au mont de Nilrie mais aussi ,
dernes , ont regardé les thérapeutes comme
toutes sortes de gens qui vivaient dans la chrétiens, quoique persuadés qu'ils avaient
retraite devaient être appelés moines; que des observances judaïques, et que la plupart
la question était si le terme de moines était les ont reconnus pour les instituteurs de la
déjà consacré du temps de Philon pour signi- vie monastique , je n'ai garde de m'éloigner
fier des solitaires chrétiens, et si l'institut de leur sentiment. M. B*" ne peut pas nier
des solitaires thérapeutes élail do la même que l'Eglise d'.Uexandrie n'ait retenu beau-
façon qu'il fut depuis établi lorsqu'on leur coup d'observances judaïques qui pouvaient
donna le nom de moines; qu'il ne s'agit que s'accorder avec le christianisme. Celles que
de cela ; que si l'on n'en veut pas convenir, pratii]uaient les thérapeutes, et dont Philon
ce ne sera plus qu'une question de nuio. a fait la description, n'ont pas empêché saint
M. B*", dans s.i réplique à ce savant Bé- Jérôme de les reconnaître pour chrétiens et
nédictin, persistant dans sou sentiment <}ue de dire que cet historien juif n'avait fait l'é-
les thérapeutes étaient juifs, ajoute, pour en loge (les premiers chrétiens de l'Eglise d'A-
convaincre de nouvelies raisons à celles
,
lexandrie qui judaïsaient encore que pour
qu'il avait avancées dans sa lettre; et piur relever la gloire de sa nation. Philo diser-
ce qui regarde leur profession monastique ,
tissimus Judœorum vidons Alexandriœ pri-
il dit au P. de Montfaucon ^juilne s'agit pas mam Â^cclesiam udhuc judaisanteni quasi in ,
du temps de Philon, et pour preuves il ap- surer que Philon n'attribue rien aux théra-
porte des témoignages précis à ce qu'il pré- , peutes qui ne s'accordât avec le judaïsme, et
tend des Pères de l'Eglise
, et auxquels il , par conséquent avec le christianisme, ces
croit qu'on ne peut répondre. Il lui répète deux religions étant alors presque les mêmes
en plusieurs endroits ce qu'il avait déjà dit en ce qui regardait l'extérieur.
dans sa prennère U'tlre que, si les thérapeu-
: Nous voyons ei5Core a<.ijoard'hui des ves-
tes ont été chrétiens, ils ont été de vrais tiges de ces observations judaïques parmi le$
moines. Copies ou chrétiens d'Egjplc, qui coui-.
^l) Hier., de Script, eccles. (î) Mém. pour fUisi, ecclés., lom. .,
pag. H)%,
,
même que les Ethiopiens ou Abyssins à qui croire qu'ils fussent chrétiens et qu'ils pra-
ils ont communiqué leurs observances en les tiquassent des observations judaïques. En ne
éclairant de la lumière de la foi, puisque les reconnaissant point chrt-ticns, il prétend
c'est par le moyon des Egyptiens que les avoir de son côté le plus grand nombre dé
Abyssins' ont élc instruils des vérités chré- savants du premier ordre qui ont é é de
tiennes, et que depuis ce temps-là le pa- môme sentiment. Ces savants sont Jo>eph :
triarche dAlcxandric est reconnu pour chef Scaliger, Blondel, Saumaise, Groiius, Henri
de l'Eglise d'Elluopie, principalenienl depuis do Valois, Etienne le Moine, Cott'lier, le
que ces deux nations se sont soustraites de P. Pagi et M. Basnago p<.rmi lesquels il ne
,
l'obéissance qu'( lies devaient au souverain se trouve que trois CHlholi(îuos, les autres
chef de l'Eglise universel. Mais les uns et les étnnt prolest;inls,qui apparemuient n'ont pas
autres ne regardent pas la circoncision voulu reconnaître ics thérapeutes pour chré-
comme un précepte de religion ils ne la ; tiens afin de ne pas accorder à létat monas-
font pas le huitième jour comme les juifs ; et tique une aussi grande antiquité que celle
même ils ne sont pas tous circoncis ne pou- , qui lui est due. Mais à ce nombre de savants
vant recevoir la circoncision après le bap- on peut en opposer d'antres , aussi du pre-
tême. mier ordre, qui ont été de sentiment con-
Il y a quelques savants écrivains qui traire, et je ne crois pas que M. B*** refuse
croient que les thérapeutes formaient véri- la qualité de savants du premier ordre aux
tablement une secte juive, qui embrassa le cardinaux Beilarmin et Baronius à M. Go- ,
Marc dans l'Egypte. M. Biillet, qui est de ce M. de Tillemont, doîit l'autorité seule,
nombre, dit, dans la vie de ce saint (1), comme il dit à la page 295 de sa réplique, en
qu'on peut supposer qu'ils eurent beaucoup vaut plusieurs et enfin au P. de Monlfau-
,
moins de chemin à faire que les autres pour con. On peut leur opposer aussi un savant
parvenir à la véritable religion, et qu'ayant du premier ordre parmi les protestants
trouvé dans la doctrine de saint Marc, et dans c'est Isaac Vossius, auquel on peut joindre
sa conduite, un modèle de perfection beau- d'autres savants du moyen ordre, qui ont été
coup plus achevé que celui qu'ils suivaient, aussi protestants, comme Thomas Bruno,
ils n'rurent aucune peine à l'embrasser. qui a fait un Traité particulier pour prouver
C'est, ajoute-t-il, tout ce qu'on a lieu de que les thérapeutes étaient chrétiens; Beve-
croire, de gens qui fuyaient la vanité et l'or- reggius et M. Mackensie, qui, dans sa dé-
gueil comme la source des vices, qui prati- fense de l'ancienne monarchie dEcosse, re-
quaient la continence, qui aimaient la re- garde les thérapeutes non-seulement comme
traite, le silence, la prière, la méditation, chrétiens, mais encore comme les premiers
l'étude des livres saints qui jeûnaient aus-
,
anachorètes. Nous ne parlerons point de tous
tèrement, qui étaient unis par le lien de la les autres écrivains catholiques, aussi du
charité, et qui avaient une grande conformité moyen ordre, qui ont été de môme sentiment,
avec les premiers chrétiens de Jérusalem (2). parce qu'ils sont en trop grand nombre. Mais
M. l'abbé Fleury est de môme sentiment, et l'autorité dEusèbe de saint Jérôme, de So-
,
dit que saint Marc assembla à Alexandrie zomène, de Gassien, de plusieurs PP. de
une nombreuse Eglise dont il est à croire
,
l'Eglise, et de savants écrivains des premiers
que les Juifs firent d'abord la meilleure par- siècles, doit l'emporter sur tous ces témoi-
tie, principalement les thérapeutes. gnages ; et ainsi nous ne croyons pas pouvoir
S'il est vrai que Philon ait écrit son livre nous tromper, si, en suivant le sentiment de
de la Vie contemplative après que s aint Marc ceux qui ont reconnu seulement pour chré-
eut établi l'Eglise d'Alexandrie, et qu'il y tiens les thérapeutes, et de ceux qui, en les
avait auparavant une secte de juifs, sous le reconnaissant pour chrétiens, les ont aussi
nom de thérapeutes, qui embrassa le chris- regardés comme les instituteurs de la vie
tianisme et fut du nombre de ceux qui com- monastique , nous faisons remonter jusqu'à
posèrent l'Eglise d'Alexandrie, Philon aurait eux son origine et son institution.
pu faire l'éloge de ces thérapeutes, quoique
chrétiens, les croyant toujours juifs puis-
§ II. —
Qiiil y a toujours eu une succes.'!)n
,
de moines et de solitaires depuis les thc 'i~
qu'ils n'abandonnèrent point les observances
peutes jusqu'à saint Antoine.
judaïques, et que celles qu'ils pratiquaient
n'avaient rien d'incompatible avec le chris- Il y en a qui prétendent qu'il n'y a point
tianisme; et ainsi il n'y aurait plus lieu de eu de succession de moines et de solitaires
s'étonner comment les thérapeutes pouvaient depuis les thérapeutes jusqu'au temps que
être répandus en tant d'endroits parmi les l'Eglise, jouissant d'une parfaite liberté, l'on
Grecs et les Barbares, du temps de saint vil lesmonastères se multiplier et les déserts
Marc, puisqu'il y en pouvait avoir en plu- habités par une multitude innombrable de
sieurs endroits avant que ce saint eût formé solitaires, sous la conduite de saint Antoine,
1 Eglise d'Alexandrie, et qiio ceux qui de- de saint Pacôme et de leurs disciples. Je ne
meuraient aux environs de celte yilie eussent prétends point prouver celte succession sans
embrassé ic christianisme. interruption par les actes de plusieurs saints
qu'on n prétenau avoir vécu en commnnaulé autres pour parvenir à la véritable religion,
pendant les trois premiers siècles de l'Eglise, ne laisse pas de reconnaître, dès le temps de
non plus que par le livre de la Hiérarchie ec- saint Marc, des chrétiens qui sedistinguaient
clésiastique attribué à saint Denys l'Aréopa- des autres par un genre de vie particulier;
gite, dont l'auteur, aussi bien que tous ces car il dit que, quand il ne serait pas vrai que
saints desquels il est fait mention dans les les thérapeutes eussent embrassé pour lors
Ménologes des Grecs, sont reconnus par de la foi de Jésus-Christ , il est certain que dès
savants critiques pour ne point appartenir à le temps de saint Marc il y avait plusieurs
ces trois premiers siècles. Leur sentiment chrétiens que le désir de vivre plus parfaite-
est néanmoins combattu par d'autres savants. ment que le commun portait à se retirer à
Toutes les apologies qui ont été faites en fa- la campagne dans le voisinage d'Alexandrie,
veur des ouvrages attribués à saint Denys et à demeurer enfermés dans des maisons,
l'Aréopagite, sur lesquels dom David reli- , priant, méditant l'Ecriture sainte, travaillant
gieux bénédictin de la congrégation de Saint- de leurs mains, faisant des abstinences de
Maur, donna encore une dissertation en 1702, plusieurs jours de suite, et ne prenant leur
et le problème proposé aux savants et im- nourriture qu'après le soleil couché. C'est ce
primé en 1708, touchant les mêmes ouvra- que dit aussi M. l'abbé Fleury (3) dans son
ges font assez connaître que cette question
, Histoire ecclésiastique. Mais M. B*'" n'en
n'< st pas encore décidée. convient point, et prétend que dans les
Mais on demeurera aisément d'accord de deux premiers siècles de l'Eglise il n'y avait
celte succession si, en quittant toute préven- point de chrétiens qui se distinguassent par
tion, l'on veut reconnaître pour disciples des aucun genre de vie particulier, et par con-
thérapeutes les ascètes, qui se renfermaient séquent point de thérapeutes ni de moines.
aussi dans des solitudes, où ils gardaient la 11 ne trouve pas que saint Clément et Ori-
continence et morliûaient leur corps par gène aient parlé ni de thérapeutes ni de
liesabslinences etdes jeûnes extraordinaires, moines (k). Il tire avantage du silence qu'il
porl.int coniinuellement le cilice, dormant a cru remarquer dans ces Pères, qui, étant
sur la terre, lisant l'Ecriture sainte, et priant tous deux d'Alexandrie, vivant par consé-
Bans cesse et on les doit comprendre dans
; quent au milieu des thérapeutes, ou habitant
l'état monastique, puisque, comme remarque les mêmes lieux, devaient en avoir parlé; et
le cardinal Bellaruiin, les Grecs ont donné ilajoute qu'on peut dire la même chose de
plusieurs noms à ceux qui l'ont embrassé: saint Athanase qui fut patriarche de la
,
de thérapeutes, pour les raisons que nous même soixante-dix ans après la mort
ville
avons déjà dites; d'ascètes, c'est-à-dire d'Origène, qui a parlé de l'origine de la vie
athlètes ou exercitanls, parce que le devoir monastique, et qui n'aurait pas manqué de
d'un moine est un exercice continuel; et parler des thérapeutes s'il était vrai que ces
c'est lenom dont se sert saint Basile, appe- pieux solitaires eussent été des sectateurs de
lantAscétiques son traité de l'Institution des Jésus-Christ.
moines. On les nommaaussi suppliants, parce A cela je réponds que ces grandes assem-
que leur principale occupation était la prière blées de thérapeutes, telles que les décrit
etl'oraison. Saint Ghrysostome et quelques Philon, ne subsistèrent pas longtemps que ;
autres les ont appelés philosophes. Enfiu le les persécutions ne leur permirent pas de les
nom le plus comnaun et que les Latins ont continuer; qu'ils se contentèrent de vivre en
retenu, est celui de moine, qui signifie pro- retraite dans leurs propres maisons, ou à la
firemenl solitaire ou ermite, que saint xVu- campagne dans le voisinage des villes, qu'en
guslin prétend devoir aussi appartenir aux quelques endroits il y en avait qui demeu-
rénobites, comme en effet il leur est resté. raient cinq, six, ou dix dans un même lieu ,
On a encore ajouté à tous ces noîos celui de (jue pour lors on leur donna le nom d'ascè-
religieux, qu'on donne indifféremment à tous tes, et que ceux qui demeuraient en Egypte
ceux qui se consacrent à Dieu par la solen- ont pu encore conserver quelques observances
nité des vœux. Quelques-uns disent qu'avant judaïques.
Salvien de Marseille (1), qui vivait dans le Comment ne pouvoir
pas se persuader que
cinquième siècle, il n'était pas en usage. 11 c'est la vie ou des ascètes
des thérapeutes
paraît néanmoins par un des canons du qua- de son temps qu'Origène a décrite dans
trième concile de Carthage. et par la traduc- une de ses homélies (5), et qu'il a marquée
tion de la règle de saint Basile par Ruffin, comme un état distingué entre les chrétiens,
que dans lequalrième siècle l'oji donnait déjà lorsqu'il dit qu'il y en a qui sont attachés
ce nom aux personnes qui se consacraient à uniquement au service de Dieu, dégagés des
Dieu (2). affaires temporelles, combattant pour les
M. ne veut pas se déclarer en
Baillet, qui faibles par la prière, le jeiine, la justice, la
faveur de ceux qui croient que les théra- piété, la douceur, la chasteté et par toutes
peutes étaient chrétiens, et qui, comme nous les vertus. C'estaussi des successeurs des
uvousdil dans le paragraphe précédent, croit thérapeutes que saint Clément d'Alexan-
nuel'on peut supposer au moins qu'ils eurent drie (6) a voulu parler lorsqu'il appelle vie
beaucoup moins de chemina faire que les solitaire la vie de ceux qui gardaient lat
^1) Ami. ù9.«, can. 404. (4) liéplique an Père de M ont faucon, p. 245.
{-/) Vies dci Saints^ 2o avr. dans h vie de S.M4r<;. (5) In IN uni. liom. i5.
''
(l) Fleury, UUi, eçclé*., t. I, p. 17, (u) Ulromat., I. ni, p. 454.
,
temps de saint Antoine ce qui n'empêche: manière dans cette épître. On y trouve seu-
pas que dans les trois premiers siècles de lement que les chrétiens ne différaient des
l'Eglise l'on ne trouve des vestiges de la vie autres hommes, ni par les lieux de leur de-
monastique et même cénobitique, qui s'est meure, ni par leur langue, ni par leurs
perfectionnée peu à peu, après que les per- mœurs, et qu'en quelque pays qu'ils habi-
sécutions ont cessé. tassent, ils se conformaientaux habillements,
Par tout ce que nous venons de dire on à la nourriture, et à toutes les autres ma-
voit bien qu Origène et saint Clément d'A- nières du pays. Mais ce que M. B*** ajoute,
lexandrie ne sont pas demeurés dans le si- que saint Justin dit qu'il n'y avait alors par-
lence au sujet des thérapeutes, comme pré- mi les chrétiens aucune secte qui fît profes-
tend M. B*', puisqu'ils ont parlé de leurs sion de se distinguer au dehors par une au-
successeurs qui n'ont fait que changer de stérité de vie particulière, ne s'y trouve
nom, et que les persécutions ont empêché de point non plus. L'endroit où M. B"* croit
continuer leurs assemblées nombreuses que l'auteur de cette épître a parlé ainsi a
ayant été contraints, pour éviter la fureur été traduit en ces termes parRobertEticnne :
des tyrans, de vivre seuls ou en petit nom- Neque vitœ qcnus habcnt quod re aliqun sibi
bre, dans leurs propres maisons ou dans peculiari sit nolabile ; ce qui est la véritable
des soliludes. Mais il a quelque chosede plus signification, et ce qui marque seulement
fort à nous opposer, à ce qu'il prétend aussi, que l'auteur de l'Epîtro à Diognette a pré-
pour faire voir que, du temps de saint Justin tendu dire que les chrétiens en général n'af-
Martyr et de Terlullien, il n'y avait point foclaient rien de particulier qui fût remar-
de ces sortes de gens ce sont des témoi-
: quable.
gnages de ces mêmes Pères auxquels il ne Mais qu'étail-il nécessaire d'y faire une
croit pas qu'on puisse répondre. Il dit que description de la vie monastique? Cet auteur
saint Justin (1), dans son épître à Diognette, parlait à un païen qu'il voulait convertir à
atteste que les premiers chrétiens n'avaient la foi : c'est pourquoi il lui faisait seulement
point de pareils gens parmi eux; qu'il y une description de vie et des mœurs des
la
avance hardiment que les chrétiens ne diffé- chrétiens en général; et s'il avait voulu lui
raient des autres hommes ni par les lieux de persuader d'embrasser la vie monastique ou
leur demeure, ni par leur langue, ni môme ascétique, il n'aurait pas manqué de lui en
par leurs mœurs qu'au contraire, en quelque
; parler. Puisque M. B"" nous cite un ou-
pays qu'ils habitassent, ils se conformaient vrage faussement attribué à saint Justin,
aux habillements, à la nourriture et aux selon quelques-uns, ou au moins douteux
autres manières du pays, et qu'il n'y avait selon d'autres, nous lui citerons aussi un
alors parmi eux aucune secte qui fît profes- autre ouvrage faussement attribué à ce saint
sion de se distinguer au dehors par une au- martyr, où il est parlé positivement de la
stérité de vie particulière. vie ascétique et de ceux qui se retiraient
Avant que de citer l'épîtrc de saint Justin dans la solitude, ce sont ses réponses aux
à Diognette, il fallait qu'il prouvât qu'elle demandes des orthodoxes, quesl. 19, et nous
(ij Pages 247 et 248 de sa Révlme au Père de Monifaueou.
115 DICTIONNAIRE DES ORDRES RELIGIEUX. 116
pourrions on même temps lui citer In lettre ne paraît pas que M. B*** doive
Il un tirer
à Zéjïa et à Sérénus, qui est encore fausse- si grand avanl;!go de ces passages de saint
mt'ul attribuée à saint Justin par plusieurs Justin et de Terlullien qu'il a allégués. Mais
savants, et reconnue néanmoins véritable- en voici encore un de saint -ean Chrysostome
ment de lui par Abraham Scultet, écrivain qui lui paraît le plus convainquant pour
protestant, quoi(]u'elle contienne quantité prouver qu'il n'y avait aucun moine dans le
(ie préceptes qui concernont plutôt des premier siècle de l'Eglise. C'est de l'homélie
moines cénobites que de simples chrétiens. ^5 de ce 1 ère sur l'épîlre de saint Paul aux
Quant à Terlullien (1), que M. B*" prc- Hébreux, où il assure positivement qu'au
tentl lui être si favorable, c'est que ce Père temps où cet apôtre l'écrivait il n'y avait
répondant aux reproches que les païens aucun vestige de moines (2). Il y a déjà long-
faisaientaux fidèles de ce qu'ils s'éloignaient temps que les centuriateurs de iMagdebourg
du commerce du inonde, il avoue qu'ils ne avaient fait cette objection , et le cardinal
se trouvaient ni aux spectacles publics, ni Bellarmin leur avait répondu que saint Jean
aux temples des taux dieux, ni à aucunes Chrysostome parlait seulement de l'Eglise de
autres pareilles cérémonies; qu'il soutient Corinthe, puisque c'est au sujet de ces pa-
que, pourtoul le reste, ils suivaient exlérieu- roles de saint Paul aux Corinthiens, Si quis
remi-nt le même train de vie que les autres : [rater nominatur in vobis, que ce saint Père
Ejusdem habifus, ejuademque ad vitam ne- avait dit cela. Le P. de Monlfaiicon avait
cessitatis, et qu'il ajoute qu'ils ne sont point aussi répondu à M. B**' que cela ne regar-
comme ces philosophes des Indes qui habi- dait que la Syrie où saint Jean Chrysostome
tent les bois t quis'exilont volontairement
( : prêchait, ou la Judée où saint Paul adres-
Ncque eniin brachmnnœ aut Indorum ffijnmo- sait sa lettre. Mais M. B*** dans sa réplique
sophistœ siimus silvicolœ, et exsuies viiœ.li y au P. de Montfaucon, prétend (jue saint Jean
avait bien de la dinY-rence entre les ihéra- Chrysostome s'est servi des termes les plus
peules et les brachmanes et gymnosophistes généraux qu'il a pu employer, et qu'il ne
des Indes, car les Ihérapeules avaient des s'est pas restreint au temps où saint Paul
habits, Philon en fait même la description, écrivait, et auquel saint Marc formait l'éta-
et ils ne vivaient pas en sauvages dans les blissement des monastères. Mais que M. B***
bois comme les gymnosophistes des Indes, fasse reflexion sur les autres homélies de ce
qui étaient toujours nus, et qui ne couvraient même Père de l'Eglise, citées par le cardinal
de leur corps que ce que la pudeur les obli- Bellarmin, entre autres l'homélie 17 à sou
geait de cacher. peuple, et il y verra que ce saint, qui appe-
Nous avons déjà dit que les persécutions lait les moines des philosophes dit que
,
ayant empêché les thérapeutes de tenir des Jésus-Christ en a été l'instituteur, Tanti est
assemblées nombreuses dans leurs semnées, philosopina à Christo introducta ; et dans le
ils s'étaient reiirés en particulier dans leurs traité qu'il fil contre ceux qui blâmaient la
maisons d ms les villes, ou à la campagne profession de la vie monastique, il dit que
aux environs des villes, et qu'on leur donna les Apôtres avaient pratiqué ce que les
le nom d'ascètes. C'étaient ces ascètes, suc- moines pratiquaient. Or, si saint Jean Chry-
cesseurs des thérapeutes qui étaient du
,
sostome croyait (jue la vie monastique avait
temps de saint Justin et de Terlullien, et ce été instituée par Jésus-Christ et que les
dernier faisant l'apologie de tous les chré- Apôtres en avaient fait profession, comment
tiens en général, avait raison de dire aux aurait-il pu dire qu'il n'y avait aucun vestige
païens qui les regardaient comme gens inu- de moines au temps de saint Paul et de
tiles :Infructuosi in tiegotiis dicimur (i), saint Marc ?N'a-t-on pas lieu de croire qu'il
qu'ils trafiquaient, qu'ils portaient les armes, n'entendait parler que de l'Eglise de Co-
qu'ils naviguaient, qu'ils cultivaient la terre, rinthe, comme dit le cardinal Bellarmin, ou
qu'ils se trouvaient aux foires et aux mar- de la Syrie, ou de la Judée, comme prétend
chés avec eux, qu'ils se mêlaient parmi le le Père de Montfaucon?
reste des autres hommes en exerçant les arts M. de Tillemont (3) avoue qu'il y a tou-
avec eux, qu'ils étaient habillés comme eux jours eu dans l'Eglise des ascètes qui faisaient
et n'affectaient rien de singulier. Il ne s'a- profession d'une austérité et d'une retraite
gissait donc que des chrétiens en général, et particulière, les uns dans les villes et la plu-
il y aurait eu de l'imprudence à Terlullien part dans les villages, ou dans des lieux qui
de faire connaître les ascètes qui étaient ca- n'en étaient pas éloignés, et il reconnaît
chés dans leurs retraites et dans leurs soli- même qu'entre ces ascètes il y en avait qui
tudes, et qui ne se mêlaient point d'affaires demeuraient cinq, ou six, ou dix au plus
temporelles ; car pour lors les païens au- dans un même lieu, qui se soutenaient, dit-
raieutpudirequec'élaient ceux-làqui étaient il, les uns les autres, mais sans aucune sub-
aucun vestige des rcnobites dans les auteurs toiwe, ayant dit que
les monastères n'étaient
des trois premi.'rs siècles, durant lesquels on pas si fréquents lorsque ce saint se retira
ne voit pas qu'il y eût des chrétiens qui fis- vers l'an 2T0, M. de Tillemont prétend que
sent prol'cssion d'un état différint et plus re- le mot de monastère, en cet endroit, mar-
tiré (jue les autres, excepté les ascètes et les quait souvent en ro temps-là la demeure d'un
anachorètes qui vivaient en leur particulier, seul solitaire; d'où l'on doit conclure qu'il
ou au moins qui ne Taisaient pns de commu- s'entendait aussi quelquefois d'un monastère
nautés considéra blés ;el ce n'est qu'a près avoir où plusieurs personnes demeuraient ensem-
dit qu'il est difficile de croire qu'il y ail eu ble. En effet, dans ses notes sur saint Pacô-
une succession de monastères et de moines me, prévoyant bien qu'on pourrait tirer cette
dans l'Eglise depuis saint Marc jusqu'à saint conséquence il s'explique au sujet de ces
,
Pour moi, je crois qu'il est bien plus diffi- terme de monastère, on ne doit pas entendre
cile de se persuader que pendant les trois une congrégation de religieux qui vivaient
premiers siècles de l'Eglise que tous les ensemble, mais seulement une demeure d'un
chrétiens étaient parfaitement unis que petit nombre de solitaires , souvent même
,
dan» ces temps heureux oii ils n'avaient tous d'un seul; et un peu plus bas, au sujet de
qu'un cœur et qu'une âme, uCi leurs joies et ceux de Chenobosque et de Moncose ou Mâ-
leurs afflictions étaient communes, en sorle chants, qui se soumirent à la règle de saint
que, si quelqu'un avait reçu de Dieu quoique Pacôme, il dit que c'était sans doute de ces
grâce particulière, tous y prenaient part et ;
monastères de huit ou de dix religieux qui
si quelqu'un était en pénitence, tous deman- se voyaient avant saint Pacôme, et qui étaient
daient miséricorde; où tous les chrétiens vi- moins des cénobites que des ermites.
vaient comme parents, s'appelant pères, en- Il est en cela bien éloigné du sentiment de
il est très-difficile, dis-je, de croire que les de Chenobosque et Moncose des abbayes, et
ascètes, qui embrassaient la vie ascétique qui, bien loin de les mettre au nombre de
par un désir de plus grande perfection, se ceux où M. de Tillemont dit qu'on vivait sans
retirassent ensemble cinq, ou six, ou dix au aucune subordination, et où on ne se main-
plus, pour vivre sans aucune subordination, tenait qu'avec beaucoup de peine dans la
et ne se maintenir qu'avec beaucoup de piété, prétend au contraire que ce n'était
peine dans la piété, en vivant ainsi en coni- pas pour être réformés qu'ils se soumirent à
commun. saint Pacôme car, parlant de celui de Che-
;
N'a-t-on pas lieu de croire que les mona- nobosque, il dit que le vénérable Eponyche,
qui en était abbé, loffrit à saint Pacôme
stères de ces ascètes étaient de véritables (2),
et qu'il n'avait pas besoin de réforme, puis-
monastères, les persécutions ne permettant
qu'il était habité par des religieux très-an-
pas qu'ils fussent si peuplés qu'ils l'ont été
dans la suite? Ne trou vera-t-on pas une suite ciens et très-avancés dans la perfection.
d'ascètes et de solitaires en remontant depuis Mais l'on pourrait demander à M. de Tille-
saint Antoine jusqu'à saint Marc, au quel mont qu'il eût à fournir lui-même des preu-
temps tous les thérapeutes, quo M. ie Tille- ves comme il n'y a pas lieu de douter qu'il
mont reconnaît avoir été convertis par saint n'y ait pas eu plus de huit ou dix religieux
Marc, se retirèrent dans la solitude? et dans ces monastères de Chenobosque et
n'est-ce pas reconnaître pour moines ces Moncose, et qu'ils y étaient moins des céno-
Uiérapeutes, et leurs demeures pour de vé- bites que des ermites puisque Cassien ayant
;
ritables monastères, lorsqu'il dit qu'il est prétendu que les cénobites sont plus anciens
impossible de trouver une succession de que les anachorètes , qu'ils ont commencé
moines et de monastères depuis ce temps-là avant saint Paul ermite et saint Antoine, et
jusqu'à saint Antoine, puisque toute succes- même qu'ils ont toujours été dans l'Eglise
sion suppose un commencement? Cependant depuis les apôtres, M. de Tillemont (3) veut
il ne veut point reconnaître de monastères qu'il justifie celle prétention.
avant saint Pacôme, qui, à ce qu'il dit, n'a 11 serait plus aisé à Cassien de la justifier
fondé les premiers que l'an 32o, quoique, par qu'à M. de Tillemont de prouver ce qu'il a
ce qu'il avance lui-môme, cela ne peut être avancé; car Cassien lui pourrait répondre
arrivé que l'an 3V0, comme nous ferons voir. que, lorsqu'il fut en Egypte, l'an 39i, il n'y
El dans un autre endroit au sujet de la sœur avait que trente-huit ans que saint Antoine
de saint Antoine, il dit qu'elle se retira était mort, et qu'il n'y en avait pas plus de
l'an 270 dans un monastère de filles qui est, quarante-six que saint Pacôme l'était aussi;
à ce qu'il prétend, le pins ancien dont il qu'ainsi il n'y avait pas un si long temps
mention dans l'Eglse. Ain-^i, selon
soit fait ^pour qu'il ne se trouvât pas de leurs disci-
le mêmeauteur, il y aurait eu de véritables ples encore vivants de qui il aurait appris
monastères soixante-dix ans avant saint que leurs maîtres n'avaient pas été le» au-
(I) Bull., Hist. iiionasliq. d'OciVn/, p. 85.
(5) De Tiliem., ut sup., p. 078.
(i) C;iss., col. 18, cap. 5.
il9 DICTIONNAIRE DES ORDRES RELIGIEUX. 1-20
qui étciit plus ancienne qu'eux; et que la grand désert; que dans le voisinage d'An-
tradition parmi ces anciens solitaires était toine il y avait un vieillard solitaire, et que
qu'il y avait toujours eu des moines et des l'ayant vu, il fut louché d'une loua«ble ému-
solitaires depuis les thérapeutes jusqu'à eux; lation qu'il commença premièrement à
;
c'est apparemment ce qui a donné lieu à demeurer aussi hors du bourg, mais que, s'il
Cassien de dire que les cénobites étaient plus entendait parler de quelque vertueux, soli-
anciens que les anachorètes qu'ils avaient taire, il l'allait chercher.
,
commencé avant yaint Paul et saint Antoine, 'V'oiià donc le nom de solitaire donné par
et qu'ils ont toujcurs été dans l'Eglise depuis M. Fleury aux ascètes avant la retraite de
les A poires. saint Antoine, quoiqu'il ait dit dans un autre
Au reste, les noms de thérapeutes, d'ascè- endroit que ce ne fut qu'après que croirons- ;
ressentie! de la vie ccnobitique n'est pas de vrai de dire que l'ordre des chevaliers de
demeurer quatre ou cinq cents ensemble Malle a toujours subsisté depuis environ l'an
,
ïnais seulement plusieurs, et que le nombre 1099 jusqu'à présent, quoique d'abord on
de huit on de dix, et même un moindre nom- leur ait donné le nom de chevaliers de Saint-
bre, est suffisant pour cela. Car il n'y a per- Jean de Jérusalem, qu'on les ait appelés en-
éoune qui dise que les Capucins soient des suite chevaliers de Rhodes, el enfin cheva-
solitaires, et leur qualité de mendiants n'em- liers de Malte après que cette île leur eût ,
pêche pas qu'ils ne soient véritablement cé- été donnée par l'empereur Charles V, l'an
iiiobiles. Cependant, selon les constitutions 1530.
qui furent dressées dans leur premier cha-
pitre général, tenu à Alvacina l'an 1529, ils § in. —
Que les persécutions n'ont point cm-
ne devaient pas demeurer plus de sept ou péché qu'il y ait toujours eu des moines et
huit dans un couvent, excepté dans les gran- des monastères depuis saint Marc jusquà
des villes, où ils pouvaient demeurer dix ou saint Antoine.
douze (1) Slatuimns ut convcnlitnm familiœ,
:
Une des plus fortes raisons qu'on allègue
seplimum vel octnvum numcnim fratrum non pour ne point reconnaître une succession de
excédât,]}} œlerquam inmagnis civitatibus, tibi moines et de monastères depuis saint Marc
dccctn vcl duodecim circiler fratres commode jusqu'à saint Antoine, c'est que les persécu-
habilare potenmt. In reliquis icrbibiis aut tions ne l'auraient pas permis. Mais je trouve
oppidis, non aiyiplius quam septcm vel octo cette raison frivole pourquoi ne veut-on pas :
ceux-ci demeuraient dans des solitudes au- mais été si persécutés dans ce temps-là que
près des villes, et que les autres se retiraient les religieux le sont présentement dans ce
dans les déserts; car, en parlant dans un en- royaume? Les prêtres séculiers y sont tolé-
droit de saint Antoine, il dit qu'ayant mené rés, et les religieux si forl haïs que, par un
la vie ascétique près du lieu de sa naissance, acte du parlement de l'an 1697, il est défendu
il so retira dans le désert; qu'il fut le pre- à qui que ce soit, soit catholique ou protes-
mier qui y assembla des disciples et les y fit tant, d'en recevoir aucun, ni de leur donner
vivre en commun et qu'on ne les nomma
; aucun secours, même hors du royaume, sous
plus ascèics, quoiqu'ils menassent la même peine de cent livres sterling d'amende pour
vie, mais qu'on les appela moines, c'est-à- la première fois, de deux cents livres sterling
dire solitaires ou ermites et habitants des , pour la seconde, el de punition corporelle
déserts. Cependant dans un autre endroit il pour la troisième fois, avec confiscation de
<îonnc le nom de solitaires aux ascèlcs (i) leurs biens et aux religieux d'y demeurer,
, ;
avant la retraite de saint Antoine car du sous peine d'un an de prison et de bannisse-
;
l('in|)S qu'il embrassa la soiitude el qu'il ment hors du royaume, excepté ceux qui y
,
renonça au monde, il dit que l'Egypte n'a- étant lors de la publication de cet acte, en
vait pas encore tant de maisons de solitaires, seraient sortis el y seraient revenus car ,
(I) Hoiicr., Annd. Capuc. aii .".nii. 1529. Mœu.s des chrélleiis, p. 506.
(5) Fleurv,
\i) Gieg., lib. II Dialofi., c;ij).3. H) Le wmuQ, llist. ecclés., l. Il, p. 418 el il9.
\1\ DISSERTATION PRELIMINAIRE. 122
f>our coux-ci ils sont déclarés criminels do deux ans elle ait été réduite à un seul reli-
czo-majesté el coupables de inorl: ce qui gieux
s'exécute avec tant de rigueur qu'il n'y a
Ainsi, supposé qu'il n'y eût que ce seul
point d'années qu'un grand nombre de reli- religieux ou solitaire que saint Antoine alla
gieux ne finisse sa vie par un glorieux mar- trouver lorsqu'il voulut se retirer dans la
tyre , ou ne SQit condamné à un bannisse-
solitude , il ne faudrait pas conclure de là
ment. Cependant cela n'empêche pas qu'il n'y
que l'état monastique fut pour lors éteint
en ait toujours en Irlande un grand nom- ;
au contraire je trouve qu'il y avait en ce
bre de différents ordres , qui malgré ces ,
temps-là un grand nombre de solitaires,
violentes persécutions ne laissent pas d'y
,
puisqu'au rapport de saint Athanase , saint
tenir des assemblées, et même considérables,
Antoine allait chercher ceux qu'il croyait les
puisque ces religieux y tiennent toujours des plus avancés dans la perfection afin de re-
chapitres provinciaux, composés quelque-
cevoir d'eux des instructions, et que ce vieil-
fois de près de cent personnes, quoiqu'il n'y
lard, à qui il s'adressa d'abord, s'était exercé
ait que les seuls supérieurs qui aient droit
dès sa jeunesse à la vie solitaire.
de s'y trouver. Dira-t-on qu'il n'y a point
eu de succession de moines et de monaslères Saint Palémon, avec qui saint Pacôrae su
depuis que l'ordre monastique a élé établi relira vers l'an 314, était un anachorète fort
dans ce royaume jusqu'à tejourd'hui, quoi- âgé, et avait été néanmoins instruit par d'au-
que les religieux ne portent pas publique- tres dans les pratiques de la vie solitaire.
ment l'habil de leur ordre? Peut-on dire que Nous trouvons au troisième siècle saint De-
les maisons où demeurent ces religieux nys, pape, qui d'anachorète qu'il était ayant
,
quelquefois au nombre de dix ou de douze été fait prêtre de l'Eglise romaine, fut élu
,
ne soient pas de véritables monaslères, quoi- l'an 259 pour la gouverner. Si nous remon-
qu'elles n'aient pas celle apparence exté- tons au second siècle, nous trouvons saint
rieure qui les dislinguait autrefois des mai- Thélesphore, qui ayant élé aussi anacho-
,
sons laïques et séculières, avant le malheu- rète, fut élevé au souverain pontificat l'an
reux schisme qui a causé la ruine et la des- 128. L'hérétique Marcion, selon ce que nous
Iruclion de tant de fameux édifices dont il ,
apprend saint Epiphane, se sépara de l'Eglise
ne reste plus que des vestiges, et qui ont été vers le milieu de ce siècle , après avoir fait
changés en maisons profanes? profession de la vie monastique. Enfin, dans
11 en est de même en Angleterre où nous le premier siècle nous y trouvons les thé-
,
,
trouvons encore des exemples de cette con- rapeutes que le P. Papebroch ne veut pas
,
grand nombre quoique déguisés, mais en tels les autres disciples des apôtres dont
,
particulier dans la congrégation des Béné- parle Philon, qui , selon cet auteur juif,
dictins anglais qui comprenait autrefois étaient répandus chez les Grecs et les Bar-
,
plusieurs célèbres abbayes et prieurés rem- bares Alios vero (dit ce savant Jésuite) quos
:
pairsduroyaume et ayant la plupart fini leur nequaquam ambigo et veros omnino tnona- ,
nier abbè de Westmunster, qui mourut dans n'étaient pas si nombreuses qu'elles l'ont
les fers sous le règne de la reine Elisabeth , été lorsque l'Eglise fut en paix, puisque,
il ne se trouva qu'un seul religieux de cette comme nous venons de dire, il ne laisse pas
Horissanle congréi^alion et cela pendant
,
d'y avoir des monastères en Angleterre et en
l'espace de vingt-deux ans jusqu'en lan
,
Irlande, nonobstant la persécution , et qu'il
1607 que ce religieux associa à sa congré- qu'il s'y tient même des assemblées considé-
gation presque éteinte quelques autres reli- rables.
gieux des congrégations du Mont-Cassin et J'avoue que, quoique ces monaslères des
«le N'alladolid, et ainsi remit sur pied cette trois premiers siècles fussent de véritables
ancienne congrégation, qui s'est augmentée monaslères ils n'étaient pas néanmoins si
,
en l'état où nous la voyons présentement. parfaits qu'ils l'ont élé au temps de saint An-
Cependant on ne peut pas nier que les Bé- toine, et encore davantage au temps de saint
nédictins n'aient toujours subsisté en Angle- Basile, qui a donné la dernière perfection à
terre depuis l'an 59ij qu'ils y entrèrent et
,
l'état monastique c'est pourquoi on peut les
:
qu'ils y jetèrent les semences du christia- appeler de simples monaslères pourles dislin»
nisme el l'on trouvera une succession sans
, gner de ceux-ci et je crois que le P. Pape-
;
inlerruplion de cette congrégation de Béné- broch voudra bien me passer cette distinction
dictins anglais depuis celle année 590 jus- de simples monaslères et de parfaits, puisque
qu'à cejourd'hui , quoique pendant vingt- nonobstant qu'il dise que les disciples des apô»
(1) Clem. Reiner, A/:>osf. Boied. in Angl.^ mit, 1 (-2) Papebr., Hesp. ad Patrem Seba$t, a S. Paulo,
d'ermites de dix, de vingt de trente et, , faibles par la prière, le jeûne, la justice la ,
même de plus grand nombre , qui sont de piété, la douceur, la chasteté, et par toutes
vérilables communautés , on peut les com- les vertus, en sorte que les faibles mêmes
parer à celles des premiers siècles où l'on , profitent de leurs travaux. On trouve aussi
vivait sans doute avec plus de subordination dans ces ascètes ou solitaires des exemples
que dans la plupart de celles-ci, qui sont de ces colonies que le P. Thomassin deman-
né mmoins gouvernées par un supérieur. de, puisqu'ils étaient répandus par toule la
§ IV. —
Preuves de Vantiquité de la vie mo- terre. Leurs exercices sont assez connus; ils
nastique contre h sentiment du père étaient réglés et uniformes, ils vivaient par-
Thomnssin, tout dans une grande retraite, ils gardaient
tous la continence, et la vie de ceux qui
P. Thomassin (2) après avoir parlé
Le R. ,
gardaient ainsi la continence est appelée vie
de l'origine et de l'institution de la vie mo-
monastique ou solitaire par Clément d'A-
nastique, qu'il attribue à saint Antoine et à
lexandrie (h), comme nous avons dit ail-
saint Paul, premier ermite, convient que
leurs. I!s renonçaient aussi à tous les biens
depuis les premiers fldèles de l'Eglise de Jé-
de la terre pour embrasser la pauvreté*, ils
rusalem i! y a toujours eu des particuliers
châtiaient leur corps et le réduisaient en
qui ont pratiqué toutes les vertus des véri-
servitude, pour pratiquer le conseil de l'A-
tables solitaires et qu'ainsi
, comme on est ,
pôtre. Tels étaient donc les moines des trois
remonté au-dessus de saint Antoine jusqu'à
premiers siècles
saint Paul, premier ermite, on pourrait en-
core monter plus haut et former la suite de Mais pourquoi le P. Thomassin exige-t-il
celte sainte institution qui remplit les trois
des moines des trois premiers siècles des rè-
premiers siècles « Mais à dire la vérité
:
gles écrites, puisqu'il n'en demande point à
ajoute-t-il , cet enchaînement est imagi- ceux du quatrième? Car, en parlant des rè-
naire, l'histoire ne nous apprend rien de gles écrites et non écrites que dislingue saint
cette continuation , elle n'est appuyée que Grégoire de Nazianze, et qu'il dit que saint
sur des conjectures. A quoi il faut ajouter Basile donna à ses religieux il ajoute en-
,
que ces solitaires des premiers siècles n'ont core « qu'on pourrait bien penser que les
point formé de disciples, n'ont point ouvert monastères d'Egypte et de la Palestine (5),
d'écoles, n'ont dressé aucune règle, n'ont pu avant saint Basile, n'avaient que des règles
se distinguer par aucune sorte d'habits, n'ont données de vive voix écrites sur les tables
,
point formé de corps différent du clergé et immortelles des cœurs, et dans les mœurs et
des laïques ; ce qu'on ne peut pas opposer à coutumes de saints religieux. Disons donc,
saint Antoine et à ses imitateurs continue cet auteur que lorsque les con-
Il faudrait, outre cela, rencontrer grégations n'avaient point d'autre règle que
tine règle une communauté , un habit par- l'Evangile, elles étaient parfaitement soumi*
,
ticulier, un état distingué des autres , des ses aux évéques par la divine autorité de
exercices réglés et uniformes des écoles , ,
cette règle , puisque les évéques sont les
des colonies, et c'est ce qu'on ne trouve successeurs des apôtres. » Cela étant, il n'y
point qu'après saint Antoine. » a donc point d'inconvénient de dire que les
Il est aisé de répondre à cela en disant ,
moines des trois premiers siècles ont pu vi-
que durant les trois premiers siècles de l'E- vre sous la règle de l'Evangile, pui?que , se-
glise il n'y a point eu d'autres règles mo- lon le P. Thomassin, ceux du quatrième siè-
nastiques que les conseils évangéliqucs ; qu'il cle n'ont point eu de règle écrite avant saint
s'est pu trouver des communautés , comme Basile.
nous avons montré dans le paragraphe III , Il reconnaît qu'il y a eu de véritables reli-
qui n'étaient que de cinq, de six, ou de dix gieuses dès le commencement de l'Eglise ;
au plus, comme M. de Tiîlemoiit en demeure pourquoi nedirons-nous pas qu'il y a aussi eu
d'accord. Les persécutions ne permettaient de véritables religieux? et l'on doit entendre
pas qu'elles fussent plus nombreuses. L'ha- qu'il y a eu de véritables religieuses , lors-
bit que saint Palémon donna à saint Pacôme qu'il dit qu'il faut ingénument avouer que
témoigne assez qu'il y avait un habit parti- la profession des veuves et des vierges est
culier pour les moines. Celui qu'il portait beaucoup plus ancienne que celle des moi-
lui-même lui avait été donné sans doute par nes ; car, en comparant la profession des
ceux qui l'avaient instruit dans les pratiques veuves et des vierges des premiers sièclos à
de la vie solitaire, et ayant été instruit dans celle qu'ont faite les moines, c'est 1rs recon-
ces pratiques, c'est une preuve que ces soîi- naîlre pour religieuses ou moniales , puis-
(1) Ibd., art. 15, num.123, etAct. SS. 14 maii, in (3) Origen. in Num. Aow.24.
vit. SS. Pach. '(4) Sirom., liv. mei vu, p. 454 el 457.
(2) Thouiass., Di$ciplin. ecclés., part. I, liv. i, eh. (5) Thoni. Discipljn. ceci., 1. 1, cl). /i8, u. 6.
46. n. 10 et H. '^
125 DISSERTATiON PRELIMINAIRE. 126
qu'elles avaient dès lors les mômes enga- basilicam, in gua Christi flammeo consccrata
geiiionls que Ifs moines n'ont eus , selon lui, est , etc. Ce n'est pas que le voile des aulres
que dans la suite. Et après avoir rapporté vierges religieuses, continue ce savant écri-
l'occupation de ces veuves ol de ces vierges, vain (G), ne fût saint, et ne fît connaître
il ajoute (i) « Ce silence, celte retraite,
: le vœu qu'elles avaient fait de leur virginité;
ces morliCcalions , cette application conti- car Tertnllien (7) le fait assez counaîue ,
nuelle à la prière et à la lecture des saintes quand il dit que ceux qui dévoilent ces filles
lettres , nous obligent de croire qu'avant sont des sacrilèges sacrilegœ maniis quœ
:
qu'il y eût des monnstùres distingués des dicdtum Deo habitum detmhere potueruvt. »
maisons communes, il y avait autant de vé- On ne peut donc pas dire que le P. Tho-
ritables monastères qu'il y avait de riiaisons massin, parlant des veuves et des vierges
communes où ces viorges saintes habitaient consacrées à Dieu, n'a reconnu pour vérita-
au milieu des villes et de Rome même; » et bles religieuses que celles du quatrième siè-
il cite ce que dit saint Jérôoie (2), écrivant cle, puisque Tertnllien, qu'il cite pour prou-
à Marcelle, en lui faisant l'éloge de sainte ver ce qu'il avance, vivait dans le deuxième
Aselle Ut in urbe tarbida inveniret ere-
: ei le troisième siècles. Et si le P. Thomassin
miim monachoi'um. prétend (]ue les monastères réglés et parfaits
11 paraît par là que, selon le Père ïho- des religieuses n'ont commencé qu'après
massin , maisons où demeuraient ces
les l'empire de Constantin, pourquoi veut-il que
vierges et ces veuves non-seulement des , pour admettre des moines dans les trois pre-
trois premiers siècles de l'Eglise mais en- , miers siècles l'on justifie que dès ce temps-
core du quatrième, étaient comme de véri- là il y a eu des monastères aussi parfaits et
tables monastères, quoiqu'elles fussent des aussi réglés qu'au temps de saint Antoine,
maisons communes et ordinaires. Pourquoi de saint Pacôme et de saint Basile?
donc ne veut-il pas qu'il y ait aussi dès ce Enfin, s'il ne veut point reconnaître de
temps-là des moines qui demeuraient dans moines avant le quatrième siècle, pourquoi
des maisons communes et ordinaires comme dit-il que saint Denys, qu'il qualifie de sa-
dans de véritables monastères? Mais nous vant théologien, faisant la description de la
ne demeurons pas d'accord avec le Père Tho- consécration d'un moine, n'a pas oublié la
Qiassin que sainte Aselle et quelques autres cérémonie mystérieuse de lui faire quitter
veuves et vierges qui étaient sous la con- l'habit aussi bien que la vie et l'esprit du
duite de saint Jérôme ne vivaient pas dans siècle, et de le revêtir de l'habit de religion
des monastères distingués des maisons com- pour lui apprendre à mener une vie nou-
munes et nous sommes obligés de croire
, velle? Car en donnant la qualité de saint et
Pallade (jui se connaissait parfaitement bien de savant théologien à l'auteur de la Hiérar-
en vériiablcs monastères (3) et qui nous , chie ecclésiastique, il a prétendu sans doute
assure qu'étant à Rome, il avait vu sainte parler de saint Denys l'Aréopagite, suivant
Aselle qui avait vieilli dans un monastère. l'opinion la plus commune; et s'il avait suivi
Ce que nous avons dit, que le Père Tho- le sentiment de quelques savants qui préten-
massin reconnaît pour de véritables reli- dent que l'auleur de ce livre et des aulres
gieuses les \euves cl les vierges des pre- ouvrages attribués à saint Denys (8) vivait
miers siècles qui étaient consacrées à Dieu, dans le cinquième siècle, et que selon quel-
est conflrmé par ce qu'il ajoute dans la ques-uns c'était un artificieux, un fourbe,
suite. « Il y avait, dit-il, deux sortes de un menteur et un hérétique, il ne lui aurait
fiiies religii uses (4j les unes s'étaient con-
: point donné la qualité de saint. C'est donc de
sacrées à Dieu en prenant l'habit brun et
, saint Denys l'Aréopagite dont il a voulu
modi'ste qui distinguait les vierges reli- parler, et par conséquent selon lui
, il
y ,
gieuses des autres, et c'était la marque de avait des moines dès le premier siècle de
leur profession les autres avaient reçu de
; l'Eglise.
la main de l'évêque un voile de consécration Je ne trouve donc rien qui nous puisse
au jour de quelque fête solennelle, en pré- empêcher de croire ce que dit Anastase le
sence de tout le peuple, pendanl qu'on cé- Bibliothécaire et les aulres qui ont écrit les
lébrait le sacrifice.... Ces filles prenaient vies des papes que saint Télesphore et
:
elles - mêmes ou recevaient des mains de saint Denys, comme nous avons dit dans le
leurs parents ces habits vils et modestes, qui paragraphe III, avaient été moines ou ana-
étaient des marques publiques de leur pro- chorètes; et je ne fais point difficulté de re-
feision mais il y en avait d'autres qui rece-
; connaître pour tels les aulres dont nous
laient de l'évêque le voile d'une consécra- avons parlé au même paragraphe aussi ,
tion plus sainte et plus auguste. Telle fut bien qu'un grand nombre de saints qui ont
lîéméiriade, à qui saint Jérôme o) écrit en vécu pendant les trois premiers siècles, dont
ces termes Scio quocl ad iinprecnlionem
: il est fait mention dans les Ménologe'< des
jjontifîcis , flammeum virgincde sanctum ope- Grecs, qui ne peuvent pas s'être trompés eu
fuil caput. Telle fut aussi celle dont il parle toutes choses. Les Arsino'ites (9), dont saint
en un autre cndroil : Posl aposloli Pétri Denys d'Alexandrie parle avec éloge, peu-
qui ont fait profession de la vie monastique. qu'il fallait y arriver par les degrés de la vie
Que si saint Paul a mérité d'être appelé le cénobitique et par les exercices de toutes les
premier dos ermites, c'est un nom qui lui n vertus austères qui se pratiquaient dans les
été donné par excellence, pour avoir été le communautés. Mais ce Père changea de sen-
plus célèbre dans cette profossion. C'est timent dans la suite, et l'expérience a fait
pourquoi ceux qui choisirent le même genre voir que la vie cénobitique était celle qu'on
de vie le regardèrent comme leur chef, étant devait suivre plus sûrement, comme la moins
bien juste qu'ils prissent pour modèle un exposée aux tentations.
homme qui avait mené sur la terre une vie Saint Basile (4) qui en a fait l'éloge, en a
,
tout angélique pendant quatre-vingt-dix ans fait connaître les avantages. Il dit « que
sans avoir eu communication avec aucun Dieu ayant voulu que nous eussions besoin
homme, sinon avec saint Antoine, à qui Diiu les uns des autres, nous devons, par cette
le fit connaître pour apprendre par lui-même considération , nous unir tous les uns aux
sa vie admirable et lui donner la sépulture. autres; que les avantages que nous possé-
dons sont inutiles dans une vie absolument
§ V. — Différentesespèces de moines; ce que solitaire; qu'elle ne se propose qu'un seul
c'est que les cénobites , et les avantages but, qui est la commodité de celui qui l'em-
qu'ils ont par-dessus les autres. brasse, ce qui est visiblement contraire à la
De ce grand nombre de solitaires qui ont charité que l'Apôtre a si parfaitement accom-
peuplé les déserts, il s'en est formé deux plie, et qui consiste à ne chercher point ce
espèces de moines, dont ceux qui ont vécu qui nous est avantageux en particulier, mais
en commun ont été appelés cénobites et , ce qui est avantageux à plusieurs pour être
ceux qui se sont retirés dans une solitude sauvés; que les solitaires ne reconnaissent
plus étroite, après avoir vécu longtemps en pas facilement leurs défauts, n'ayant per-
communauté et y avoir appris à vaincre sonne qui les reprenne et les corrige et ,
leurs passions, retinrentle nomd'anachorètes. qu'on leur peut attribuer ces paroles du
Mais pendant quils édifiaient toute l'Eglise Sage Malheur à celui qui est setil, parce que
:
par la ferveur avec laquelle ils marchaient s'il tombe il n'a personne pour le relever (5);
que, cherchant un état de vie plus parfait, ils après avoir vécu dans la communauté, se
n'en trouvaient nulle part. Ainsi, abusant de retirent dans la solitude. Charleraagne les
l'hospitalité des vrais moines, ils se faisaient renvoya dans leurs monastères, disant qu'il
bien traiter; ils entraient en tous lieux et se valait mieux qu'ils demeurassent dans une
mêlaient avec toutes sortes de personnes, congrégation que de les abandonner au
dans le dessein, en apparence, de les con- mouvement de leur esprit, qui leur pouvait
vertir ou de leur faire mener une vie plus suggérer de courir ie pays. On en trouve en-
parfaite. Une conduite si déréglée ne leur core quelques-uns en Orient; mais il n'y a
pouvait attirer que du mépris, et on ne re- guère que le désert de Vallombreuse qui
gardait pour véritables moines que les céno- puisse produire un de ces exemples en Occi-
bites et les anachorètes. dent l'endroit où saint Jean Gualbert se re-
:
Cassien, parlant de ces derniers, les pré- tira auparavant que de fonder son ordre
,(1) Hieron., Epist. ad Eust. (4) Basil., liegtil. [tis. expos, iiilerro^i. 7.
(2) Cassian., coll. 18, cap. 17. (ri) Eccles. IV, 10.
*{3}S. Ren.,Crt/). Ilegul.
129 DISSERTATION PRELIMINAIRE. 130
étant toujours occupe par un religieux qui regardait leur conscience et leur salut. Les
garde un silence perpétuel, ne sortant jamais prêtres célébraient la messe dans une petite
de ce lieu et ne communiquant avec aucun chapelle qui était dans l'enceinte de leur ré-
religieux, si ce n'est avec un seul frère con- clusion, et ils avaient encore une fenêtre qui
vers qui lui apporte ses besoins de l'abbaye, s'ouvrait sur l'église, et par laquelle ils pou-
chef de cet ordre, qui en est éloignée d'un vaient assister à l'office, parler à ceux qui
demi-mille. les venaient voir, et entendre les confessions
Il y avait autrefois des reclus qui étaient des séculiers, même celles des femmes, qui
enfermés très - étroitement. Le concile in voulaient recevoir leurs avis sur la conduite
Jru//o (1) leu rdéfendii de n'embrasse rce genre de leur vie
de vie qu'après avoir commencé dans le mo- Ceux d'entre les reclus qui étaient moines
nastère à vivre séparés comme des anacho- de profession portaient le froc; et ceux qui
rètes et après avoir persévéré dans cet état ne l'étaient pas, se couvraient d'une chape,
pendant trois ans, outre une année d'épreuve qui était un habit commun aux ecclésiasti-
qu'ils devaient faire encore hors du monas- ques et aux religieux. Quelques-uns avaient
tère, après quoi ils pouvaient être enfermés; des disciples qui demeuraient hors l'enceinle
mais il ne leur était pas permis de sortir du de leur réclusion; nul ne devait être admis
lieu de leur réclusion, à moins que ce ne fût à l'état de reclus qu'avec la permission de
pour quelque cause qui regardât le bien pu- l'évêque du diocèse ou de l'abbé du monas-
blic, ou qu'il n'y eût péril de mort pour eux. tère qu'il choisissait pour le lieu de isa ré-
Pour lors ils en pouvaient sortir avec la bé- clusion, et s'il n'avait passé auparavant par
nédiction de l'évêque et si quelques-uns de
; l'épreuve du noviciat. On imprimait sur la
ces reclus en sortaient autrement, le même porte de la cellule le sceau de l'évêque, et si
concile ordonna qu'ils seraient enfermés le reclus tombait malade, on ôtail ce sceau
maigre eux, dans le même lieu, et qu'on pour l'aller secourir ; mais il ne lui était pas
leur imposerait des jeûnes et des mortiflca- permis de quitter sa réclusion. Ainsi ils
liuns. Le concile de Francfort (2) n'en vou- étaient obligés par cette règle à quelque
lut point souflrir, à moins que les évêques chosede plus qu'à ce que le quaranle-unième
abbés ne les renfermassent eux-mêmes.
el les canon du concile àijrrM//oneles avait obligés.
La coutume était autrefois à Vienne en Il semble que saint Romuald, fondateur de
Dauphiné (3] de choisir un religieux que l'ordre des Camaldules, ait renouvelé dans le
l'on croyait être le plus avancé dans la per- onzième siècle les anciennes lauresdes moi-
fection, et le plus digne d'être exaucé de nés delà Palestine, enfaisantvivreses ermites
Dieu; et on le renfermait dans une cellule dans des cellules séparées les unes des au-
afin qu'il y passât le reste de ses jours dans tres, avec une église au milieu, où ils s'as-
la contemplation, et qu'il y priât sans cesse semblent tous pour les divins offices. Le pre-
pour le peuple (4). C'était aussi la pratique mier qui fonda ces sortes de laures fut saint
de la plupart des monastères, non-seule- Chariton (7), qui mourut vers l'an 3i0. La
ment d'hommes, mais encore de filles. Jl y première était près de la Mer-Morte, à six
en avait entre autres dans le monastère de mille pas de Jérusalem, et fut depuis appelée
Sainte-Croix de Poitiers, et Grégoire de la laure de Pharan.W en bâlituueseconde vers
Tours (5) a décrit les cérémonies qu'on ob- Jéricho, et une troisième dans le désert de
servait dans la réclusion de ces saintes filles. Thécua,qui fut ensuite connue sous le nom do
Vers lafin du neuvième siècle, Grimlaic, prê- laure de Seuca (8). La laure que bâtit saint
tre, que l'on croit avoir été le même que celui EutymeleGrand,dans le cinquièmesiécle, fut
que le pape Formose (6) jugeait digne de fort renommée; elleélaitéloignéede quatreou
l'épiscopat, et qu'il recommanda pour cet cinq lieues de la ville de Jérusalem. Mais le
effetà Foulques, archevêque de Reims, afin saint abbé n'y voulait point recevoir de jeu-
qu'à la première occasion il employât son nes gens qui n'avaient point encore de barbe;
crédit pour lui procurer cette dignité, com- c'est pourquoi saint Sabas et saint Quiriace
posa une règle pour ces sortes de reclus. s'étant présentés pour être au nombre de ses
Leurs cellules devaient être proche de l'Eglise disciples, il envoya saint Sabas au monas-
de quelque monastère, et elles pouvaienlêlre tère de saint Théoctiste, et saint Quiriace à
accompagnées d'un petit jardin. Ces reclus celui de saint Gérasime, parce qu'ils n'a-
demeuraient seuls, ou plusieurs ensemble, vaient point encore de barbe; et à son iwi'
dans un même lieu, mais chacun dans une lation saintSabas ayant bâti la célèbre laure
cellule séparée, communiquant seulement qui a porté son nom, il n'y recevait pas non
entre eux par une fenêtre. Ils vivaient du plus de jeunes gens, el les envoyait d'abord
travail de leurs mains, ou des obialions des dans d'autres monastères. Ce saint eut plu-
fidèles, soit des aumônes du monastère voi- sieurs disciples qui bâlirenl aussi des lau-
sin, soit de celles que le peuple leur faisait. res aux environs du Jourdain. Toutes ces
Parmi ces solitaires, il y en avait qui étaient laures étaient célèbres par l'exacte disci-
clercs, et même prêtres, el que les séculiers pline et par la grande austérité qu'on y
allaient voir pour les consulter sur ce qui pratiquait
Cette yie austère ne contenta pas d'autres tique, et qui nous apprend que ce sont ceux
solitnires (1) qui vivaienldans lemème temps,
qui vivent en communauté, et qui sont gou-
et l'on regardera coir.me un prodige
!e grand vernés par le jugement d'un supérieur. 11 ne
Siinéon Slylite qui se consacra le pre- parle point de règle comme remarque le P. ,
genre de vie ne pouvait être pratiqué par Comme, après que les persécutions eurent
d'autres; il y eut cependant deux autres cessé, saint Antoine se vit chef d'un grand
Siméons,un Daniel, un Julien et quelques nombre de solitaires qui se rangèrent sous
autres (3) qui terminèrent une sainte vie sa conduite qu'il les fit vivre en commun ,
,
dans une pénitence pareille à celle du grand et que les monastères qu'il établit à Pisper,
Siméon qu'ils imitèrent, étant restés plu- à Nacalon et en d'autres endroits , avaient
sieurs années sur des colonnes, et ayant eu toute une autre forme que ceux des trois pre-
dès disciples. miers siècles que nous avons appelés sim-
Quant aux ermites de ce temps, on en voit ples monastères quoiqu'ils fussent néan-
,
aucun supérieur, et qui ne suivent d'autre pas refuser à ce saint le titre de père des
règle que celle que leur dicte le plus souvent cénobites , qu'on doit lui donner par excel-
le libertinage. Il est vrai quil y en a quel-
lence comme on a donné à saint Paul celui
,
ques-uns qui imitent les véritables solitaires de premier des ermites, quoiqu'il y en ait eu
des premiers siècles et qui marchent sur
,
avant lui.
leurs traces mais ces exemples sont rares ,
;
Entre ceux qui n'admettent point de suc-
et on peut comparer les autres aux rhemo- cession de moines et de monasières depuis
botes aux sarabaïtes et aux girovagues. Il
,
saint Marc jusqu'à saint Antoine il y en a ,
vaut mieux ne les pas comprendre dans l'or- qui ont cru qu'ils ne pouvaient pas refuser
dre monastique, puisqu'ils en portent indi- sans injustice à ce dernier le titre d'institu-
gnement l'habit si l'on excepte néanmoins
,
teur de la vie cénobitique et de fondateur des
ceux qui sont gouvernés par des supérieurs, monasières réglés. Le P. Thomassin (5) a
et qui vivent en communauté, auxquels l'on reconnu qu'on ne pouvait pas lui disputer
peut donner le nom de cénobites comme à ,
cette qualité et que même c'était l'opinion
,
ces anciens solitaires conventuels qui n'a- la plus commune lorsque, voulant prouver ,
vaient point d'autre règle que la sage con- que les monastères de filles étaient aussi an-
duite de leurs abbés. ciens que ceux des hommes il dit qu'on ne ,
Il est vrai que ce sentiment n'est pas uni- doute point que saint Antoine ne soit le père
versellement reçu. Ceux qui le combattent et le premier instituteur des monasières et ,
prétendent que pour être cénobite il ne suf- que sa sœur suivit de bien près son exem-
fit pas de vivre en commun , mais qu'il faut ple , s'étant enfermée avec d'autres filles
aussi que ce soit sous l'autorité d'une règle. dans un monastère dont elle fut supérieure.
C'est l'interprétation qu'ils ont donnée à cet Il y en a néanmoins qui, ne lui attribuant
endroit de la règle de saint Benoît, où il est que la qualité de premier père des solitaires,
parlé des cénobites Monachorum primum
: donnent à saint Pacôme celle d'instituteur
genua cenobitarum hoc est uionasteriale mi~
,
de la vie cénobitique. M. de Tillemont (6),
lilans sub régula, vel abbate ; prétendant qu'il qui est de ce nombre, dit, en parlant de
faut prendre la particule disjonclive pour saint Antoine, que ce fut vers l'an 305, au
conjonctive. Les autres qui ont interprété la milieu des fureurs de la persécution de Dio-
règle du même saint ont expliqué plus na- clétien et de Maximien, qu'il commença à
turellement, cet endroit; et prenant la parti- faire des miracles et à persuader à un grand
cule en question pour disjonctive ou alter- ,
nombre de personnes d'embrasser la vie so-
native , ont dit que les cénobites sont ceux litaire que ce fut la cause de tant de mo-
;
qui vivent sous une règle, ou sous un abbé. nastères, c'est-à-dire de maisons, ou plutôt
C'est aussi le sentiment de Cassien (4) qui de cabanes, dont on remplit les montagnes
était parfaitement instruit de la vie cénobi- pour la demeure des anachorètes qui s'y rcti-
(1) Tl'.éodoret, Hist. retlq., e. 26. (o) Thomass., Disctplin. ecctés., part. 1, 1. 1, c. oO,
(-2j
y-' ^. SiineoH.apud Balland., Act. SS. VU. PP. n. i.
apud --acid., p. 17U ei iSi. (fi) De Tillem., Jtfe'm. pour fHist. ecclés.^ t. "VU,
(3) Joann. Mosch., Prat. sphit., c. 28, 57 6158. p. 109.
(4) Cassian., coll. 18, c:\\i. 17.
155 DISSERTATION PRELIMINAIRE. 154
•
fondateur d'un grand nombre de monastères expliqué ce que c'était que ces demeures de
et à l'illustre père d'une multitude inOnie de vierges, lorsqu'il dit que dans les premiers
moines, ou plutôt comme au premier insti- siècles de l'Eglise les vierges consacrées
tuteur, non-seulement des congrégations re- à Dieu demeuraient la plupart chez leurs pa-
ligieuses, mais absolument de la vie cénobi- rents ou vivaient en leur particulier deux
tique et des saintes communautés et il , ou trois ensemble, ne sortant que pour aller
marque que ce pouvait être l'an 32o qu'il à l'Eglise, où elles avaient leurs places sépa^
commença son premier monastère à Tabenne. récs du reste des femmes. En effet, dans son
Ainsi, selon M. de Tillemont, les vérita- Histoire ecclésiastique (2) il ne dit pas que
bles monastères, ou plutôt les monastères saint Antoine mit sa sœur dans un monastère
parfaits, ne furent établis par saint Pacôme, de vierges, mais entre les mains de quelques
ou bien commencés, que l'an 325, et les filles chrétiennes de sa connaissance pour
monastères que saint Antoine établit en 30o l'élever avec elles. C'est la manière don|
n'étaient que des cabanes. Il faut donc con- Rosveide, AL Arnauld d'Andilly et plusieurai
clure que chaque monastère étant une ca- autres ont aussi traduit cet endroit de saint
bane, et que quelques-uns de ces monastères Alhanase.
ayant pu dès lors s'unir ensemble et former Il n'y a donc point lieu de douter que
des espèces de communautés, apparemment saint Antoine n'ait établi de véritables mo-
de cinq, de six, ou de dix personnes au noslères parfaits et réglés où l'on vivait en
plus, c'était cinq ou six personnes, ou dix commun; puisque, comme dit saint Atha*»
au plus, demeurant en autant de cabanes, nase (3), les monastères qu'il établit étaient
qui conservaient quelque union entre elles remplis de solitaires qui passaient leur vie à
et obéissaient au même supérieur. chanter, à étudier, à jeûner, à prier, à se
C'est, ce me semble, le sens qu'on peut réjouir dans l'espérance des biens à venir, à
donner aux paroles de M. de Tillemont, travailler pour pouvoir donner l'aumône,
à moins qu'il n'y eût point de supérieurs conservant entre eux l'union et la charité,
pour ces sortes de communautés, et qu'elles mangeant aussi en commun comme nous ,
(1) Fleury, Slœitrs des chrétiens, \). 168. (4) Apud RolL, U Mail.
(-2)nisL ecciés., t. II, p. 4i8. (.") De Tillein., Mém. pour CUist. eccUt, t. YIU
(3) Rosveid., Vit. Pair., p. 503. , p. 107 et 67G.
DICTIONNAIRE DES ORDRES RELIGIEUX. 136
mêmes principes de cel auteur el de plusieurs quoiqu'il dise qu'il n'y a point de preuves
iriuilernes quirévoqueul en doute beaucoup qu'il s'y soit retiré avant l'an 328, et s'étant
de faits parce que quelques écrivains con- retiré sur cette montagne l'an 323, il peut
temporains n'en ont pas parlé. Ainsi nous avoir fondé ses monastères avanl celui de
rejetons le lémoignag;e de cet écrivain de la Tabenne.
vie de saint Pacôme (1), puisque saint Alha- Bien loin que saint Pacôme eût formé entiè-
nase, qui a écrit celle de saint Antoine, n'a rement son monastère en 328, et qu'il y eût
rien dit de la conférence de ce saint avec les déjà en ce temps-là un grand nombre de re-
disciples de saint Pacôme , et qu'au contraire ligieux, comme M. de Tillemont veut le prou-
il donne assez à connaître que ses
propres ver, il nous fournil au contraire des preuves
disciples vivaient en commun. Il me semble que cela ne peut pas être nous les tirons
:
que le silence d'un Père de l'Eglise doit l'em- de ce qu'il dit dans l'article troisième de la
porter sur ce qu'avance un auteur qui a été vie de ce saint, que nous rapporterons ici.
« Après que Dieu eût ainsi rempli saint
inconnu pendant plusieurs siècles, et qui ne
paraît au jour que par le moyen du P. Pa- Pacôme de sa grâce, dit M. de Tillemont, il
pebroch. lui fit connaître qu'il le destinait à la ré-
M. de Tillemont avoue que ce qu'il a dit pandre sur les autres. Vers la montagne où
il demeurait, il y avait un désert et un vil-
de saint Pacôme, à qui il a donné la qualité
d'instituteur des cénobites, paraît difficile à lage sans habitants, nommé Tabenne. Il y
soutenir, puisque Ilufin dit qu'à la mon- allait souvent par ordre de saint Palémoii
tagne de Nitrie il y avait cinq mille solitai- pour en rapporter du bois, el il y demeurait
res divisés en cinquante habitations. H de- longtemps en prières, demandant à Dieu
meure d'accordque si ces habitations avaient qu'il le délivrât, lui el tous les aulres, des
été également remplies, il fallait qu'il y eût ruses de l'ennemi. Un jour, comme il priait
cent personnes dans chaque, el même deux, ainsi à Tabenne, il eniendit un ange qui lui
cents, puisqu'il n'y avait quelquefois qu'un ordonnait d'y demeurer el d'y bâtir un mo-
aolilaire dans une, et par conséquent que ces nastère pour sauver ceux que Dieu lui en-
monastères pouvaient être considérables ; verrait, et les échauffer par le feu que Dieu
mais il ajoute qu'il n'y a pas de preuves avait allumé en lui. Ce fut la première vi-
considérables que saint Amon, qui fut le sion qu'il eut depuis sa i-elraite sous saint
premier qui fonda les monastères de Nitrie, Palémon ; et ainsi ce fut avanl que saint
se fût retiré sur cette montagne avant l'an Alhanase fût fait évêque, en l'an 326.
328, au quel temps le monastère de Tabenue « 11 retourna dire à saint Palémon l'or-
était déjà tout formé, ou au moins qu'il y dre qu'il avait reçu, el ce saint vieillard en
eût déjà formé des monastères. fut affligé, parce qu'il aimait Pacôme comme
11 est néanmoins aisé de prouver par M. son cher enfant el qu'il ne voulait pas aussi
de Tillemont même que saint Amon s'est re- quitter le lieu de sa demeure ordinaire. Il
tiré à Nitrie avant l'an 328, et par consé- fut néanmoins avec lui jusqu'à Tabenne où
qu'il a pu y avoir fondé des monastères avant ils bâtirent une petite maison, et, avanl que
celui de Tabenne, car il dit qu'il se maria, de se séparer, ils se promirent de se visiter
étant âgé de vingt deux ans qu'il demeura
;
l'un l'autre chacun une fois par an. Ils l'exé-
avec sa femme dix-huit ans qu'il vécut
;
cutèrent jusqu'à la mort de saint Palé-
dans la solitude vingt-deux ans, el qu'ilmou- mon. Ce saint étant tombé dans une grande
rul à l'âge de soixante-deux ans, environ maladie où il fil paraître beaucoup de cou-
l'an 3i0. El en examinant dans ses notes rage à reprendre son abstinence ordinaire
l'année de cette mort, il ne veut pas s'en que les médecins lui avaient fait quitter d'a-
rapporter au Ménologe de Basile qui met bord, saint Pacôme le vint visiter, l'assista
la retraite de ce saint l'an 313 au plus lard, jusqu'à la mort el lui donna la sépulture.
parce que, dit-il, s'il était mort en 335, il « On ne voit pas bien si ce fut avanl ou
sérail difficile de prouver que le monastère après la mort de saint Palémon que Jean ,
de saint Pacôme, fondé l'an 325, eût été le frère aîné de saint Pacôme, vint demeurer
plus ancien de tous c'est pourquoi il con-
; avec lui à Tabenne. Le saint le reçut avec
clut qu'il peut être mort l'an 3i5. d'autant plus de joie que, depuis qu'il était
Mais nous voulons bien nous en tenir à revenu de l'armée, il n'avait jamais été che2
celte année, el il se trouvera que, selon M. ses proches, el n'en avait jamais apparem-
de Tillemont, saint Amon s'est retiré à Nitrie ment vu aucun. Il travailla avec son Irère à
l'an 323, et par conséquent avant l'an 328 ; étendre son petit monastère pour y recevoir
car si, selon lui, il est né l'an 283 el qu'il a ceux que Dieu avait promis de lui envoyer
été marié à l'âge de vingt-deux ans, c'était Mais comme il retendait plus que Jean ne
donc l'an 305 , ayant demeuré avec sa voulait, celui-ci l'en reprit avec une aigreur
femme l'espace de dix-huit ans; c'était donc que le saint souffrit sans rien dire, mais non
l'an 323 qu'il s'esl retiré à Nitrie, puisque, pas sans quelque émotion, d'où il prit occa-
après avoir vécu vingt-deux ans dans la sion de s'humilier extrêmement, il continua
solitude, il est mort à l'âge de soixante-deux depuis à vivre avec son frère dans une dou-
ans ; ce qui doit être arrivé l'au 34-5. Par ceur et une humilité admirables, le suppor-
conséquent il s'est retiré sur la montagne de tant avec patience, jusqu'à ce que Dieu le
Nitrie avant l'an 328, puisqu'il y était déjà tirât du monde peu de temps après.
dès l'an 323, selon M. de TiUetuoul même , « On parle ensuite de divers combats
(Ij Uosveid., Vjj. i^P, p,477.
137 DISCOURS PRÉLIMINAIRE. 15s
tait qu'une nouveauté du commencement cœpit anno 3i0 in JEgyplo regnnre , quando
Ju quatrième siècle, puisqu'il le témoigne istic fuissecœnobiaagnosco, le mol di' cœno"
assez par ces paroles Nolinmis credere mo-
: bium, dont il se sert, ne peut s'entendre que
nachatus initia Diocletiani œtate vetiistiora ; d'un monastère où l'on vivait en commun,
et le P.Sébastien de S;iinl-Pau! (1), ex-pro- suivant ce que dit Cassien Cœnohiitm ap-
:
vincial des Cannes de Flandre, avait raison pellari non polest, nisitibi plurimorum coha-
de l'accuser de n'avoir point voulu admetire bilantium degit unita communio (4-). Recon-
la vie monastique avant l'an 301). Mais naître des monastères en 310, et n'en vou-
dans la réponse que le P. Papebroch fait au loir point admettre avant ceux de saint
P. Paul de Saint-Sebastien (2j, il rapporte la Pacôme, qui ne se relira que l'an 31i, et qui
conférence de saint Antoine avec les disci- ne fonda son premier monastère qu'après
ples de saint Pacôfue dont nous avons ci- Tan 340 ou au plds tôt qu'après l'an 329, cela
devant parlé, et dit que c'est ce qui lui a demandait, ce me semble, quelque éclaircis-
donné occasion de mettre le troisième pa- sement.
ragra[)he qui se trouve au commencement « On pourrait dire qu'il a donné l'éclnir-
de la vie de saint Pacôme Cœnobialis vitœ
: cissement que l'on demande dans le même
seu pcrfectioris monasticœ inilium et exem- article de sa réponse au P. Sébastien de
p/i/m, an a snncto Pacomio acceptum (•->)? et Saint-Paul, lorsqu'il dit que les anciens et
qu'ayant répondu affirmativement, c'est une les modernes ont pris indifféremment le
preuve qu'il n'a entendu parler que de la vie nom de moines, et donné celui de hionastères
cénobilique dont saint Pacôme est l'auieur, à leurs demeures, de même que l'on donne
qui a aussi fondé les preniiers monastères ,
présentement le nom de celle où de cellule
n'y en ayant point eu avant lui, soit en à fa demeure d'un seul ermite ou à la cham-
Egypte, soit en aucun autre lieu Apparet : bre d'un seul religieux qui vit régulière-
enim quœslionem mihi esse et seinper fuisse , ment dans un cloître. (1 ajoute que vers le
de cœnobiiica seu monaslica perfecliori ad , milieu des siècles, le nom de cellules ou
qucm existimn non pervenisse idla monaste- celles était aussi donné à des monastères, ce
rto, vel in Mgyplo , vel alibi, anle Paco- qui a fait que quelques Français et quelques
mium. Italiens ont ainsi appelé des abbayes et des
Comme on croirait peut-être que le P. Pa- prieurés, comme ceux de Celle-Neuve, Celle-
pebroch, par la vie cénobitique parfaite, n'a Dieu, ^'aux-Celle et celie de Saint-Ghilin.
,
entendu parler que de plusieurs monastères Pourquoi donc, dit-il encore au P. Sébastien,
unis ensemble sous un chef, il s'explique si je distingue ainsi les monastères, selon
plus bas en disant qu'il prétend non-seu- les différents temps, voulez-vous que je sois
lement parler de ceux-là, mais encore plus ridicule que celui qui voudrait excuser
des monastères particuliers où plusieurs (comme quelques-uns des vôtres ont fait
religieux demeuraient ensemble. (C'est tou- en ma présence) ce nombre excessif de mo-
jours en répondant au P. Sébastien) Ut : nastères de carmes dont il est parlé dans
Ht est : Apparet falso me accusari, quasi ne- votre Eglise de Louvain, où l'on dit qu'O-
getn monachalwn incepisse ante annuin 300, mar, chef des Sarrasins, ordonna à un pe-
cum tam manifeste declarem me agere de per- lit nombre de monastères qui étaient les
,
fecto, id est cœnobitico monachatu, et guident restes de sept mille, de porter des habits
tali qui non solum multos in unum collige- barrés? Que l'on prenne, ajoule-l-il, le mot
bat monaslerium, sed uni monasterio ejusque de cœnobium pour un monastère et le mot
,
abbali plurimaalia subjiciebal lanquam c rpiti; de monastère pour une cellule, on ne peut
quemadmoduni nunc fit in religiosis ordini- entendre par là, sinon que les religieux qui
bus;est enim liœc regiminis forma proculdubio changèrent d'habit étaient ce qui restait du
optima et perfectissima. Nititar paierni- nombre de sept mille dont Omar avait dé-
tas tua contrarium probare ex sanctis Pa- truit les monastères, et qu'il en avait fait
tribus; sed hi omnes inlelligi possunt de soli^ mourir plusieurs. »
tariis simplicibns loqui, eorumque cellas ap Mais, bien loin que cet éclaircissement
pedarimonasteria. puisse satisfaire, on en tirera au contraire
il n'y avait donc point, selon le P. Pape- cette conséquence, que le P. Papebroch, di-
broch, de monastères avant saint Pacôme. sant que pour parler d'un monastère il s'est
Cependant le P. Sébastien, pour prouver servi de ces mots, monasterium, cella et cœ-
l'anliquilé de la vie monastiiiue, lui apporte nobiiun, selon les différents lemps auxquels
pour exemple le martyre de sept moines ar- on les appelait ainsi et ayant donné, dans
,
rivé sous l'Empire de Maximin dont il est fait sa réponse au P. Sébastien le nom de cœ-
,
mention dans le Martyrologe romain au dix- nobia aux monastères qui étaient du temps
neuvième octobre. Le P. Papebroch lui ré- de l'empereur Maximin , c'est-à-dire vers
pond que cet exemple n'est pas valable l'an 310, il a prétendu en cet endroit que la
pour prouver l'antiquité de la vie monasti- vie cénobitique était déjà établie dès ce
que, puisqu'ils ont souffert sous l'empire de temps-là, puisque par les cénobites l'on ne
waximiD qui commeoça à régner en Egypte peut entendre que les religieux qui ^ ivaieat
(1) Sébastian, a S. Paul. Exhib. error. (3) 1 bid. Resp. ad P. Sebast. aS.PaulOf art 15, n. 122,
(2J Daniel i'apebrochii (4) Gaijsiaa., col. 18, c. 10.
141 DISCOLns PRELIMINAIRE. 14i
en commun, et que le mol de cénobite
vionl de l'auteur de la vie de celte sainte. Nicé-
de celuide cccno6m.'/i, qui ne peut signifler piioreCaliste a étéle premier qui l'a attribuée
aulre chose qu'une communauté de plusieurs à saint Alhanase (1), étant auluiisé de (luel-
personnes (jui vivent ensemble suivant , ques manuscrits qui portent son nom; et
l'explication qu'eu a donnée Cassien, comme celte opinion, selon M. Herman et M. de
nous avons déjà dit, au(iuel ou doit ajouter Tillemont (^, a été embrassée comme cer-
d'autant plus de toi, (ju'il avait été visiter taine par des personnes les plus habiles et
les monastères d Egypte et de la Tbébiiïde les plus judicieuses de notre siècle (3j, qui
l'an 39i ; qu'il savait bien la difl'ercnce qu'il pour ce sujet ont appelé celle sainte la mère
y avait entre les monastères où l'on vivait des religieuses el la première fondatrice
en commun, et ceux où il n'y avait qu'un des monastères de filles, comine saint An-
seul solitaire, et le nom qu'on leur don- toine a fondé les premiers monastères par-
nait; qu il assure même, comme nous avons faits de solitaires.
aussi remarqué dans un autre endroit, que Ils ont sans doute prétendu mettre de co
les cénobites avaient commencé avant saint nombre M. Arnauld d'Andilly, qui dans sa
Paul lirniite et avant saint Antoine, par con- préface de la Vie de celte sainte, qu'il a tra-
séquent avant saint Pacôme, ce qu'il pouvait duite en notre langue, dit aussi, en suivant
avoir appris de leurs disciples qui étaient en- l'opinion de Nieéphore, qu'il n'y a point de
core vivants. On a donc sujet de s'élonner de vierge, après celles qui ont été honorées de
ce que le 1'. Papebrocli ayant prétendu avoir la couronne du martyre, plus illustre, ni
eu raison de taire cette deniande: 6 œMo6ia/îs plus fameuse qu'elle, parce que Dieu s'en
vilœ seu perfections munasticœ initiam et est servi pour fonderies premiers monastè-
exemplum an a sanctu Pacomio acccplum? cl res de filles, comme de saint Antoine pour
d'avoir répondu alfimialivemenl (jue saint fonder les premiers monastères de solitaires,
Pacôme a été l'auteur de la vie cénobilique el l'a rendue la mère des religieuses, ommc (
el le fondateur des premiers monastères, et ce saint, le père des religieux ; qu'enfin. Dieu
qu'il n'y en a point eu avant lui, soit en a permis que ces deux saints, qui devaient
Egypte, soit en aucun autre lieu , il ait servir d'exemple aux personnes consacrées
donné ensuite le nom de cœnobia aui mo- à Dieu par la prolession monasliquo, eus-
nastères qui étaient déjà fondés dès l'an 310, sent pour écrivain de leur vie le grand saint
c'est-à-dire près de vingt ou trente ans avant Alhanase, et il ajoute qu'il se trouve un ma-
que saint Pacôme eût fondé son premier mo- nuscrit dans la bibliothèque de l'Escurial
nastère ; el il sera toujours vrai de dire que traduit par Colville Ecossais, qui est indu-
s'élanl servi du mol cœnobia, il reconnais- bilablemonl la vraie Vie originale de celle
sait des monastères parfaits dès l'an 310, sainte, écrite par saint Alhanase. Le cardi-
quoiqu'il tâche de prouver le contraire en nal Barunius ('i-) a aussi suivi celle opinion,
plusieurs endroits et a seulement regretté la perte de cet ori-
A Dieu ne plaise que je veuille accuser ginal dont il n'avait point de connaissance :
le P. Papebroch d'avoir avancé des faits qui Bollandus (o) a été de même avis, M. Cote-
Be contredisent, aussi bien (jue le P. Thomas- lier (Oj a jugé qi;e cet ouvrage n'avait rien
sin et M. de Tillemont. Si je combats leur d'indigne de la piélé el de la doctrine de ce
sentiment louchant l'origine de la vie mo- saint. M. Herman (7) n'a point fait difficulté
nastique cl des monastères, je ne le fais de le reconnaître pour l'auteur do cette Vie,
point par un esprit de critique, j'ai trop de el le P. Alexandre dit que c'est le sentiment
respect pour leurs personnes el trop d'es- des savants.
lime el de vénération pour ces excellents Cependant il se trouve d'autres manu-
ouvrages qu ils nous ont donnés, (jui sont scrits,ou sans nom d'auteurs, ou sous celui
d'une si grande ulililé au public, el dos mo- dun Polycarpe ascète, ousous celuid'Arsène
numents éternels à la postérité de leur pro- de Pegades (8). C'est ce qui fait que quel-
fontK; érudiliun. S'il s y rencontre ijuclques ques écrivains en ont tiré des conséquences,
matièies qui n'aient pas été traitées avec pour prouver que celte \ie n'était point de
toute l'exactitude possible, ce sont des fau- sailli Alhanase, ou du moins ils en ont
tes légères qu'on doit pardonnt'r à ces dou'é. Il a semblé aux uns que celle his-
grands hommes, dont les ouvrages sont toire n'était pas aussi naturelle que celle de
d'une trop vaste étendue pour ne s'y être saint Antoine, et que ne contenant pas as-
pas glissé quelques fautes. sez de fails historiques, elle ne pouvait ap-
§ Vlil. —
Que saince Syncléiique a fondé les parlenir à saint Alhanase. L(>s antres on|
premiers munustères de filles. cru (ju'on ne devait pas le reconnaître pour
Tous les écrivains ne demeurent pas d'ac- l'auteur de celle \ic à cause que les com-
,
cord que sainte Syncletique ait fondé les pre- paraisons y étaient beaucoup plus frécjnen-
miers monastèies dt; liiles. Les uns le croient tes que dans les autres ouvrages de ce saint:
certainement, les autres en doutent, quel- et enfin i! y en a qui se sont imaginés que
ques-uns le nient, el toutes ces dilTerentes CCS comparaisons étaienl trop puériles, et
opiolons roulent sur celle que l'on doit avoir par conséquent qu'elles ne couvenaieut pa«
^ (i) lleiiiMn, Vie de saint Atliaiutse, l. Il, p. 058. (5) IJoUaiid., D Jan.
(2) De iillcui., Méoi. pour niim. ecclés., t; Vlll, (G) Coiel., Monum. eccl. Grœc, t. I, p. 7o4
.\llian., l. H, p. ;j9_\
p. 711. (7) lleiin., Vie de S.
(3) Arnauld d'And., Vies des PP., t. 1. (8) Naliil. AI 'vui'l., Hit>t. eccl., s^cl. 4, c. G.
à ce Pèro de l'Eglise, mais plutôt à un moine. toutes les ai»ciennes éditions et les manu-
M. de Tillomonl a de la peine -à se résou- scrits de la traduction d'Evagre, on lit ces
dre t'n faveur de qui il doit opiner. Il ne \ out paroles de .saint Athanase (3) dans la Vie de
pas avouer qu'elle soit de saint Athanase, il saint Antoine Fréquenter eum visitavi, et
:
ne le nie pas non plus absolument, mais il dit quœ ab eo didici, qui ad prœhendam ei aquam,
qu'il y a ^ujeidetroire qu'elle n'est pas df saint non paululum lemporis cum eo feci, etc.
.\lhanase, à cause (jue le style est différent Si M. Du Pin, pour prouver qne la Vie
du sien c'est pourquoi dans le dénombre
: de saint Antoine est vérilablemcnl de sain!
ment qu'il a fait des ouvrages de ce saint, •A'thanase, dit (ju'il a proportionné son style
il l'a placée, non pas entre les ouvrages sup- dans cette >'ie, et à la matière, et à la capa-
posés, mais entre les douteux et contestés. cité des moines pour qui il l'écrivait y a-t-il ,
Mais ne pourrait-on pas répondre à cet plus d'inconvénieiU de dire la même chose
illustre historien ce quil dit à ceux qui ont à l'égard de la Vie de sainte Synclétique ,
eu la même opinion que lui touchant l'au- puisqu'il l'écrivait pour des fllles qui avaient
teur de cette Vie, à cause qu'il leur a semblé moins de capacité que des hommes? et s'il
que l'histoire n'en était pas aussi naturelle avoue qu'il y a un manuscrit qui porte le
que celle de saint Antoine, et qu'elle ne nom de saint Athanase, Nicéphore n'a-t-il
coiilient pas assez de faits historiques. Car pas pu avec raison lui attribuer cette Vie, et
il leur a répondu que ce n'était pas une rai- doit-on conclure qu'elle n'est pas de lui,
son pour croire qu'elle ne fiit pas de saint parce que personne n'en a -parlé avant
Athanase. Erasme ayant aussi douté que le Nicéphore, comme prétend encoreM. DuPin?
traité de la virginité qu'on attribue à ce saint M. de Tillemont n'a pas voulu, selon les
fût de lui, à cause que le style lui a paru apparences, appuyer les preuves de M. Du
assez bas, M. de ïlllemont a répondu que Pin, puisqu'il ne le cite pas, se contentant
cette raison n'était pas considérable. On de marquer Oudin, les continuateurs de
pourrait doncdire avec raison la même chose Bollandus, et les Bénédictins, qui ont doulé
à M. de Tillemont et à tous ceux qui rejet- ou nié absolument que cette Vie fût de
tent des ouvrages sur la différence du style. saint Athanase; et comme il y a beaucoup
C'est ce que .M. l'abbé Fleury (1) appelle un plus d'auteurs pour l'affirmative, je crois
excès de critique. C'est vouloir tout savoir, qu'on peut d'autant plus embrasser leur
dit-il, et vouloir tout deviner. Pourquoi ne sentiment, que selon M. Herman et M.
veut-on pas que ce qui arrive tous les jours de Tillemont, comme nous avons dit, ce
dans la plupart des écrivains de ce temps, sont des personnes les plus habiles et les
dont le style n'est pas toujours égal, ne soil plus judicieuses de notre siècle, et je ne crois
arrivé dans ceux des premiers siècles ? et pas que M. Baillet ait voulu leur refuser la
ne voyons-nous pas tous les jours que les qualité de savants, quoique dans ses Vies
discours des plus habiles orateurs, soit de la dessainls il ail dit que les savants ne croyaient
chaire ou du barreau, ne sont pas toujours pas que celle de sainte Synclétique eût été
également élégants.
fli'uris et écrite par saint Athanase. 11 a mieux aimé
M. Du Pin a trouvé dans la
est celui qui cependant opiner pour ceux qui font ce saint,
Vie de sainte Synclétique des comparaisons auteur de cette Vie (4), en disant qu'elle
qui lui ont semblé puériles et qui convien- était née dans le siècle où Dieu fil paraître
nent mieux à un moine qu'à saint Athanase; sailli Antoine, afin que les deux sexes eus-
c'est ce qu'on lisait dasis la première édition sent chacun leur modèle à suivre dans le re-
du quatrième siècle de sa Bibliothèque des nonceuient que l'on doit faire au monde. Car
auteurs ecclésiastiques qu'il donna en 1687, quoiqu'il dise que c'est sans aucune certi-
et on était surpris de ce que dans la seconde tude qu'il a avancé que sainte Synclétique
édition qui parut en 1689, il y avait encore était née dans ce temps-là, et que cette opi-
laissé ce qu'il avait dit dans la première, de nion n'est appuyée que sur le sentiment de
ces comparaisons puériles qui convenaient ceux qui ont fait saint Athanase auteur de
mieux à un moine qu'à saint Athanase. II sa Vie, il est certain qu'il a préféré cette opi-
semblait que cela diii être retranché pour nion à celle des savants dont il a voulu par-
rendre cette seconde édition plus correcte; ler, et devait nous dire ce qu'ils pensaient
il
mais il l'?. fait enûn dans la troisième qu'il du temps où elle a vécu. Mais que ce soil saint
a dounéi' ou 1709, et il a bien vu que c'é- Athanase, ou Polycarpe, ou Arsène, ou quel-
tait faire injure à tant d'illustres écrivains, ques autres quiaientécril sa \ ie, M. Herman
qui ont composé dans la solitude du cloître mettant sa mort à la un du troisième siècle,
de si beaux ouvrages qui ont mérite à quel' le cardinal Baronius l'an 310, M. Bulleau
ques-uns avec justice le titre de Père et de l'an 358, M. de Tillemont disant qu'on ne
Docteur de l'Egiise. H y en a même qui ont doit pas la melire beaucoup plus tard que
prétendu i\ue saint Athanase a éie lui-même l'an 365, et tous les auteurs demiurant
asrète, c'est-à-dire moine et même disciple dacc<ird qu'elle a vécu quatre-\ ingl-(|ualre
(le saint Antoine. C'est le sentiment de Ba- ans ou environ, et qu'elle s'est retirée foil
ronius (2) o[ des Bénédictins de la congréga- jeune dans la solitude, il sera toujours vrai
tion de Saint-Maur, qui assurent que dans de dire qu'elle vivait au temps de saint An-
monasières (Je fiUes, comme sainl Antoine Sérapion, père de plusieurs monasières el
a loiidc les premiers monasières parfaits de supérieur d'environ dix mille religieux.
sulilaires. Mais il esl bon de fiire connaître qui
M. Bulteaii 1) prétend que c'est sainte étaient les illustres capitaines (jui condui-
Basilisse qni a formé la première commu- sirent dans le désert et dans les villes tant
nauté de filles mais les circonsl;inces de la
;
de saintes colonies, après que la paix eut
Vie de celle sainte paraissent bien apocry- élé rendue à l'Eglise. Nous avons déjà dil
phes, el on a de la peine à croire ce que dit que saint 'Antoine établit les pn^miers mo-
M. Bulleau, (]ii<' l'oraf^e de la perséculion nastères réglés et parfaits d^^ns la basse
de Dioclélien sélant élevé dans l'Eglise, ThéUaïde, suint Anioii sur le mont de Nitrie,
sainte Basilisseet saint Julien, son n)ari, of- et sainl Pacôme dans la haute Tliéb;!ïde. Le
frirent d'ardenles prières à Dieu ponr le sa- désert de Scélis fut aussi fort célèbre par la
int de ceux qu'ils avaient convertis; que multitude des saints qui y ont demeuré el
Dieu exauça sainte Basilisse en la retirant qui suivirent saint Macaire l'Egyptien {%)
du monde, après avoir accordé la même comme leur chef. Saint Hilarion (5 qui' ,
grâce à orès de n;ille religieuses tiu'elle avait avait été de même (lue saint Macaire, dis-
formées à la vertu que sainl Julien lui
;
ciple lie saint Antoine , se relira dans la Pa-
survécut; qu'il répandit son sang pour la lestine, où ses miracles conlinnels el l'éclat
foi dans la même perséculion, et qu'il était de ses vertus firent qu'en peu de temps ua
père de dix mille religieux. Il n'y a pas d'ap- grand nombre de personnes se rangea sous
parence qu'avant que la paix eût été rendue sa conduite. La Syrie a eu l'avantage d'êlre
à l'Eglise, il y ait eu un si grand nombre de habitée par de saints religieux soi/s la con*
religieux sous la conduite de saint Julien; duite d'Aonès (6j qui donnèrent aux habi-
,
el ce qui regiirde sainle Basilisse aurait élé tants qui étaient idolâtres la connaissance
plus croyable, si les mille vierges ou reli- du vrai Dieu. Elle a encore produit un illus-
gieuses, dont elle était la supérieure, avaient tre écrivain qui nous a appris les Vies ad-
plutôt souffert le m;irlyre (jue d'être mortes mirables de ces saints solitaires, et leurs
toutes avant sainle Basilisse, et cela pres- principaux exerciies qu'il avait lui-même
que dans le même temps. praii.iués dans un monastère dont il fui tiré
— malgré lui, pour monter sur le siège épisco-
§ IX. Du grand
progrès de l'état inojiasti-
pal de Cyr cest
savant Tbéodurei, qui,
; le
que, tant en Orient qu'en Occident.
quoi<iue élevé à cette dignité, ne diminua
Comme la Vie de saint Posthume, qui se rien de ces saintes pralieiues. La montagne
trouve parmi celles des Pères du désert, est de Sinaï, si célèbre par la demeure de saint
reg.irdée par de savants critiques comme Jean dyniaque et de saint Nil, fut ..U'^si ha-
fausse el supposée, je ne m'arrête pas aussi bité* par de saints moines dès le (piatrième
à ce que dit lauleur de celte Vie, que saint siècle; de n.êine que la Pcise, où plusieurs
Macaire avait le s )in el la comluile de cin- solitaires, suivant les traces du sang des
quante mille moines que sainl Antoine; lui autres chrétiens qui le répandaieni généreu-
avait laissés en mourant. Je veux même sement pour la foi de Jé>us-Chrisl, cou-
croire qu'il s'est glissé quelque erreur dans raient avec la même généroitéau martyre.
le texte de la prélace que saint Jérôme a mise Saint Grégoire, apôtre d'Arménie, introdui-
à la têle de la Bègle de saint Pacôme (2) sit aussi la vie monastique; dans ce pays-là.
3u'il a traduite, où il dit que les disciples Enfin il n'y eut presque point de province
e ce s'assemblaient tous les ans à
saint en Orient où elle ne fût établie.
pareil nombre, pour célébrer les fêtes de la Mais son 'plus grand accroissement fut
Passion tl cle la Résurrection de Notre-Sei- lorsque sainl Basile l'eut introduite dans le
gneur; et il se peut faire que Pallade ne Ponl el la Cappadoce, vers l'an 363; qu'il
se soil point trompée, lorsqu'il n'a mis (jue l'eut réduite à un état certain et uniforme;
sept mille moines de cet ordre. Mais au moins qu'il eut réuni les solitaires et les cénobites
faut-il avouer qu'après la mort de saint An- ensemiile; qu'il lui eut donné sa dernière
toine et de sainl Pacôtne, le nombre des perfection, en obligeant ses religieuS à s'y
moines et des solitaires était infini, puisque engager par des vœux solennels et qu'i"l
;
Ruûn (3), qui fil le \oyage d'Orient en 373, leur eut écrit des règles qui furent trouvées
c'esl-à-dire environ dix-sept ans après la si saintes et si salutaires, comme n'étant
mort de saint Antoine, nous assure, comme qu'un abrégé de morale de l'Evangile;
la
témoin oculaire, qu'il y avait presque au- que dans la suite la plus grande partie des
tant de moines dans les déserts, que d'ha- disciples de sainl Antoine, de saint Pacôme,
bilanls dans les villes que dans celle
; de sainl Macaire, et des autres anciens Pérès
dOxirinque, il y avait plus de nionastères des déserts, s'y sont souuiis ce qui lui a ,
que de maisons ; qu'à toutes les heures du fait donner le nom de patriarche des moines
jour et de la nuit on y faisait retentir les d'Orient car il y a plusieurs siècles que sa
;
louanges de Dieu, et qu'il avait appris de règle a prévalu sur toutes les autrts en
l'évoque de ce lieu qu'il y avait vingt mille Orient; el quoique les Maronites, les Armé^
vierges consacrées à Dieu, el dix mille re- niens en partie, les Jacobites, les Coptes e|
(1) Bulle m, Hhl. moiinst. d^Orieni, p. 09. (4) Ciiss., col. 15, 1. III.
(2) Vu. PP. apud hosv., p. 255. (5) Hieroii., in Vit. Palrum apud Rosv. V. 75.
(5) Ruf. VU, Pair, apud Rosv.» p. 459 (6) Sozetii., I, VI, c. 52 et 33.
\M DICTIONNAIRE DESORDRES RELIGIEUX. i4«
les Nestoriens so disent de l'ordre de saint copale après son exil ,le vint trouver el
Antoine, ils ne suivent néanmoins ni la rè- bâtit auprès de cette ville le monastère de
gle que nous avons dans le Code des règles Ligagé. Ce saint ayant été élevé dans la
sous le nom de saint Antoine, ni aucune suite sur le siège épiscopal de Tours bâtit
des anciennes règles des Pères dOricnt, et un autre monastère à une lieue de cette
ils n'out seulement que certaines prati(iues ville, qui, après sa mort, fut appelé Mar-
pour les monastères de chaque secte. Mais nioutier en latin majus monasierium
, ,à
généralement tous les Grecs, les Nestoriens, cause qu'il était plus grand el plus spacieux
les Melcliiles, les Géorgiens, les Mingreliens que celui qui fut construit dans la même
et 1.1 plus grando partie des Arméniens sui- ville, sur Ictombeau de ce saini, et que tous
vent la règle de saint Basile. les autres qu'il avait aussi fondés dans la
La profession monaslique ne fit pas de proviiice.
moindres progrès en Occident, où les trou- Saint Maxime, l'un de ses disciples, vou-
bles excités dans l'Eglise par la fureur des lant vivre dans un lieu où il fût inconnu, se
Ariens la firent passer d'Orient car saint ; retira dans le monastère de l'île Barbe, j)ro-
Athanase, évoque d'Alexar.drie, s'élant re- che de Lyon. Quehiues-uns prélendent que
lire à Rome vers l'an 339. avec plusieurs c'est la première communauté de moines
prêtres et deux moines d'Egyjtte, il fil con- qui se soit formée dans les Gaules; el M. le
naître aux personnes de piété la vie de saint Laboureur (1) fait même remonter la fonda-
Antoine, qui demeurait alors dans son dé- tion de cette abbaye vers le milieu du troi-
sert de la Thébaïde, et il y col plusieurs sième siècle, en lui donnant pour fondateur
personnes qui voulurent embrasser une un seigneur du pays, nommé Longin, qui
profession si sainte. L'on bâtit à cet effet l'an 2i0, ou environ ,y assembla plusieurs
des monastères à Rome, ce qui servit comme solitaires qui vivaient séparément dans celle
de modèle pour tout le reste de l'Italie. île, où ils s'étaient retirés. Mais tous les
Saint Benoît y parut à la fin du cinquième historiens n'en demeurent pas d'accord, et il
siècle. Quelques-uns ont prétendu qu'il n'é- est difficile de savoir si cette abbaye était
crivit point sa Règle dans le désert de Su- déjà fondée avant que saint Martin vint en
blac et il y en a d'autres qui ont cru qu'elle
; France.
ne fut publiée par l'abbé Simplicius que Cassien, s'étant retiré à Marseille vers
l'an 586, et que saint Benoît ne l'avait faite l'an 409, fonda deux monastères, l'un d'hom-
que pour les moines du Rlont-Cassin. Mais à mes et l'autre de filles. On dit qu'il eut sous
présent que dom Thierry Ruinart. religieux, lui jusqu'à cinq mille moines, et on le re-
bénédictin de la congrégation de Saini-M.iur, connaît pour le fondateur de la célèbre ab-
dans sa savante dissertation sur la mission baye de Saint-Victor de Marseille. L'île de
de Saint-Maur en France, imprimée à Paris Lérins, où se relira saint Honorât, l'an 410,
en 1702, et que le docte P. dom Jean Mabil- et où il eut un grand nombre de disciples,
ion, de la même congrégation dans les An- s'est rendue célèbre par la sainlelé des soli-
nales de l'ordre de saint Benoît, ont prouvé taires qui y demeuraient dans des cellules
que saint Maur y avait été envoyé par saint séparées, et qui par l'aoslérité de leur vie
Benoît avec quatre de ses disciples, l'an 543, surpassaient ceux de la Thébaïde. Saint
et qu'ils y apportèrent avec eux la Règle de Honorât, dont elle porte présentement le
ce saint patriarche des moines d'Occident, nom, en fut tiré pour être évêque d'Arles. 1\
écrite de sa raain. avec un poids et un vase eut pour succes-^eur saint Hilaire, son dis-
pour mieux observer ce qu'elle prescrit de ciple et il en sortit un si grand nombre de
,
la quantité du pain et du vin dans h- repas religieux pour gouverner les églises de
,
il n'y a point de doute que saint Benoît ne France, que l'on regarda depuis cette lie
l'eût publiée de son vivant et que ce n"élait
, comme une pépinière d'évêques.
pas pour le seul monastère du mont Ca>>sin Nous ne parlons point des communautés
qu'il l'avait faite quoique les preuves con-
, établies par saint Césaire et par saint Auré-
vaincantes de ces savants Bénédictins n'aient lien aussi évêques d'Arles, par saint Feréol,
pas satisfait ceux qui avaient combattu évêque d'Uzès, et par saint Donat, évêque de
cetle mission, et qu'ils n'aient regardé ces Besançon, dont les règles se trouvent parmi
preuves convaincantes que comme des pré- celles qui ont été recueillies par saint Be-
jugés et des conjectures. Cette règle fut noît, abbé d'Aniane. Nous parlerons en son
trouvée si sainte , qu'elle fut universelle- lieu de saint Colomban qui, étant sorti
,
sorvancc régulière, ce qui a donné lieu à slupenda œterno Deo dedicaln monumenta
lant de congrégations qui sont sorties de cet (
quibus niliil hodie spodulius ) sub specioso
ordie , et qui en forment de différents par eruendœ superufitionis oblenlu, sordidissimo
la diversité de leurs habits et par la forme conspurcnri viluperio, exlremamque matière
du gouvernement sans s'éloigner néan-
; internecionem; ad allaria Cbristi stabulati
moins de leur lige, ayant toujours suivi la equi, martyrwn effossœ reliquiœ ; sunl qui-
Règle de saint Benoît, que les fondateurs de dam zelalores adeo religiose délirantes, ut
,
ces eoiigrégatioiis ont fait observer plus religiusos velenim ordines ex abyssi puteo
exactement, en y ajoutant des constitutions pruqnntos aiiint : Itn libenter sibi indulget
particulières qui ont été approuvées par les prœcnnccpla jiassio. C'est néanmoins un hé-
souverains pontifes. rétique qui parle, et c'est ce qui doit ren»-
Le concile de S.iragosse en Espagne tenu plir de confusion les autres hérétiques, qui
l'an 380 , qui condamne la conduite des ne peuvent parler de la religion catholique
clercs qui affectaient de porter des habits et de la vie monastique qu'en invectivant et
monastiques, est une preuye que dans le faisant paraître la passion dont ils sont pré-
quatrième siècle il y avait des religieux dans venus IlQ licenter sibi indulget prœcon-
:
même lieu où l'on offrait autrefois le sacri- cherché de singularité dans leurs habits.
ficeadorable de nos autels. Enfin il regarde Les fondateurs d'ordres qui ont d'abord ha-
comme des extravagants et des gens pas- bité les déserts et les solitudes, n'ont donné
sionnés ceux qui disent que les ordres reli- àleurs religieux que les habits communs
gieux sont sortis du puits de i'abime, qui aux paysans car si nous remontons au
;
(t) Mabill.,Annal. Benedict., t. I, i. i, art. 12. (3) Fleury, Mœurs des chrétiens, p. 320
(2) Joann. Marsbam, io Propyl. monasiic. Anglic,
IM DICTIONNAIRE DES ORDRES REI.IGIKUX. m
temps ae saint Antoine , saint Athanase (1), la Syrie, dans la Palestine, dans la Thrac<' el
parSaiil des habits de ce père dos cénobile*;, dans la Grèce ils prônaient <les habits noirs,
dit qu'ils consistaient dans un cilice. deux et dans ITgyple des h,ibits blancs.
penux de brebis cl un m;ii\leau. Saint Jérôine Je ne parle point de la nourriture, des
dit que sainl Hilarion n'avait qu'un cilice, jeûnes, des austérités et des autres prati-
une saie de paysan el un mintean de peaux. ques (les monastères l'on peut voir ce qu'en
;
Il en est do même de ceux qui les ont suivis a dit M. Fleury (5). qui. après avoir montré
jusqu'au t«'mps de sainl Bennît. qui reçut la conformité (]u'il y a de ces saintes prati-
des mains de saint Romain (2) un habit de ques avec celles des premiers chrétiens, el
piMMX dont il se revêlit dans le désert de même des anciens pa'ïens les plus récriés,
Sublac. Il paraîi mémo (ju'il donna un pa- fait ainsi la comparaison des monastères
reil habit aux disciple^ qu'il assembla dans avec les maisons des anciens Romains.
ce désorl avant que d'avoir écrit sa Règle: « Je m'imagine, dit-il, trouver dans les
puis(iue sainl l'iaciilo, afirès avoir été roliré monastères des vestiges de la disposition
de l'eau par saint Maur, dit qu'il avait vu des maisons antiques romaine^, telles qu'el-
dessus sa léte la pdis-e de l'abbé, ce qui les sont décrites dans \ ilruve el dans Pal-
marque, dit le P. Délie (3j, que saint Pla- ladio. L'église qu'on trouve la première,
cide prenait saint Maur pour saint Benoît, ai\n que l'entrée en soit libre aux séculiers,
parce qu'il était \ètu conjrne lui. Ainsi il y semble tenir lieu de celle première salle
a bien de l'apparonce que los peaux de bre- que les Romains appelaient nlrium. De là
bis clait^nt (\oià, lant eu Orionl <iu'en Occi- on passait dans une cour environnée de
dent, l'habit commun des borf^ors et des galeries couvertes, à qui l'on donnait ordi-
paysans qui domeuraienl dans les monta- nairenient le nom de péristyle; c'est juste-
gnes comme il est «'ncore en usage parmi
, ment cloître où l'on entre de l'église, el
le
ces sortes de gens en llalie, qui appellent pe- d'où l'on va ensuite dans les autres pièces,
lisses ces sortes d'habiilem 'Uts. comme le chapitre qui est Vexhèdre des an-
Mais quand ces saints fondateurs eurent ciens, le réfectoire qui est le tricliniiim, el
écrit des règles, prévoyant bien que leurs le jardin qui est ordinairement derrière tout
religieux ne demeureraient pas toujours le reste , comme il était aux maisons anti-
dans les déseris, et qu'ils viendraient de- ques. »
meurer dans les villes, ils leur proscrivi- fait paraître aujourd'hui les moines
Ce qui
rent des habillements qui étaient communs si extraordinaires, dit encore ce savant his-
aux petites gens et aux pauvres, tels (|ue la torien, est le changement qui est arrivé
cucule dont il est parlé dans les Règles de dans les mœurs dos autres hommes, comme
saint Antoine et de saint Benoît, qui était les édifices les plus anciens sont devenus
une espèce décapote ou de cliape qui, étant singuliers, parce (\ue ce sont les soûls qui
commode pour le froid, est devenue aussi ont résisté à une longue suite de siècles. Et
commode monde dans les siècles
à tout le comme les plus savants architectes étudient
suivants, encore en usage parmi les
et est
avec soin ce qui reste des bâtiments anti-
mariniers et la plupart dos voyageurs qui ques, sachant que leur art ne s'est relevé
en portent de même, et qu'on nomme capes dans ces derniers siècles que sur ces excel-
de Béarn. On les appelait aussi coules ou lents modèles, ainsi les chrétiens doivent
goules, d'où vient que los religieux de Gî- observer exactement ce qui se pratique dans
teaux appellent encore coules leurs chapes. les monastères les plus réguliers, pour y
Non-seulement les clercs el les gens de let- voir des exemples vivants de la morale chré-
tres, mais les nobles mêmes el les courtisans
tienne.
portaient encore des cbanorons en France
sous le règne de Charles VII. Les gens d'é- § XL — Du gouvernement des monastères,
glise et les magislrais ont été les derniers
tant en Orient quen Occident.
qui les ont conservés el un nommé Pa-
;
Quelques renconlreni en-
difficultés qui se
Irouillet ayant aui' né la mode dos bonnsts tre plusieurs savants, louchant l'autorilé et
carrés, ils ont quitté le chaperon, qu'ils ont le pouvoir des exarques ou supérieurs géné-
fait desceniiro de la tète sur l'épaule, et qui raux des moines d'Orient nous obligent à
est resté pour mar(|ue de docteur ou de li- parler de la forme du gouvernement qui a
cencié aux arts, en théologie, jurisprudonce été pratiquée entre les religieux pour le
et méde( ine. Ainsi il ne faut pas sétonuer maintien de l'observance régulière. Il est
si les Jésuites el qurl(|ues auties religieux certain que si saint Pacôme n'a pas été l'au-
onl porté décos sortes de cliaporons. teur de la vie céiîobitique on lui a au moins
,
Quant à la couleur des habits, le P. Délie l'obligation d'avoir le premier prescrit des
remarcjue {ï) que comme les roligioux sont lois pour le maintien de l'observance régu-
morts au monde, et que leur profession lière, el d'avoir élé le premier insliluleur
les engage à la mortification et à la péni- des congrégations religieuses. Nous enten-
tence, ils se sont habillés dès les premiers dons par le mot de congrégation une sainte
siècles de leur établissoment comme des société de plusieurs monaslères, ne faisant
personnes qui portaient le deuil et qui qu'un seul corps, soumis aune même règle,
étaient dans l'alfliclion. C'est pourquoi dans unis par des assemblées générales qui se
(1) Aih:»n., Vit. S. Ant. apud Rosveid.,p. 59; el (5) De'le, Anliq. tnonastiq., l. 11, c. 4.
Hier., Vu. S. Hit., p. 75. (4) Ibid., t. 1, c. 7.
(*) Greg., 1. Il Diulog. c. 17, (5) FleurVy, Mœun de$ <:hrit., p. 5i7,
153 DISCOURS PRELIMINAIRE. 154
tiennent de temps en temps pour élire des mais religieux d'Occident l'ont toujours
les
supérieurs, el pourvoir à tout ce qui peut conser\ée comme celle qui pouvait cnulri-
maintenir la régularité el le bon ordre. buer au maintien de la discipline et de la
Ce ne sont pas seulenienl les maisons re- régularité, et alin de l'affermir davantage,
ligieuses qui ont formé des congrogaliotjs , co(um(^ les dilîcrentes congrégations qui se
plusieurs personnes séculières, el sans être sont établies -se sont agrandies el se siml
engagées par des vœux solennels, en ont lor- étendues en dilTéreiits pays , elles se sont
nié à leur imil.ilion, dans lesquelles congré- divisées en plusieurs provinces, où l'on lient
gations on pratique à peu près les mêmes cho- de pareilles assemblées provim.iales sous les
ses que dans les congrégMlions régulières , ordies du général de toute la congrégation.
comme sont celles des prèlrcs de l'Oratoire, Le P. Thomassin ("2) prétend que c'est à
de Mission, des Oblals de Sainl-Ambroise,
la l'inexécution des lois el des canons que l'on
du Saint-Sacremenl, des B irlhélemiles, des doit attribuer le reiâchemenl qui est arrivé
Ouvriers pirux et plusieurs autres ; el l'on parmi les Grecs el les auires moines d'Orient;
peut dire i\ii'\i ne se pratique presque rien en effet Balsamon, patriarche d'Anlioche,
dans ces congrégations qui nait elé pra- qui vivait au douzième siècle, s'en plaignait
tiqué dans celle de Tabenne établie par saint de son temps, en disant que la vie commune
Pacôme. n'étail plus observée parmi les religieux
Premièrement, elieavail sonabbe ou supé- Grecs d'Orient (3), quoi(ju'elle fûten vigueur
rieur général, son économe ou procureur parmi les Latins. Mais je crois qu'on peut
pour l'administralion du temporel. On y en- aussi l'attribuer à l'inobservance de ces
tretenait l'observance par la visite qu'on saintes pratiques, de tenir des assemblées
faisait tous les ans dans les monastères; on générales, aussi bien qu'au schisme et aux
y faisait des assemblées générales, où on hérési( s que la plupart de ces religieux ont
élisait des supérieurs el oiticicrs, selon qu'il embrassées.
en était besoin l l'on
; <se pardonnait mu- il est certain que, selon le même Balsa-
tuellenicnl les fautes qu'on pouvait avoir mon (i),il y a eu des généraux parmi eux;
commises les uns contre les autres. Chaque car il dit que, selon les canons, un seul re-
monastère avait son supérieur à qui l'on ligieux ne peut pas posséder deux abbayes ,
donnail le litre de père el de chef. 11 avait mais qu'il faut excepter de celle règle les
BOUS lui un vicaire ou second pour suppléer généraux d'ordres, parce que les monastères
à son défaut. Kt comme le monastère de Pa- qui relèvent deux ne font qu'un seul corps
bau ou de Baum était le plus considérable, el comme un seul monastère.
ilfutregardé comme le chef de l'ordre, quoi- L'origine de ces généraux vient apparem-
que la congrégation retînt toujours le nom ment des privilèges que les patriarches ont
de Tabenne, à cause que ce fut dans ce lieu- donnés aux monastères (5) situés dans les
là que saint Pacôme fonda son premier mo- évêchés de leurs patriarcats, en arborant la
nastère. Mais c'était dans celui de Baum croix patriarcale à la fondation des monas-
que tous les religieux se rassemblaient à tères qui voulaient bien se soumettre im-
Pâques, pour célébrer la fête avec ce saint médiatement au patriarche ce qui exemp-
,
nastères, qui faisaienl comme un seul corps lier les supérieurs qui commandent aux in-
et une congrégation dont il était le chef. férieurs avec Irop d arrogance, et qui les
Mais nous n'avons point de preuves que les traitent avec trop de mépris qu'il doit im-
;
disciples de saint Antoine, de saint Macaire poser péniti nce et châtier les religieux qui
et des autres Pères dont nous avons les rè- s'éloignenl de leur devoir el de l'obéissance
gles, aient formé des congrégations. Celle qu'ils doivent à leurs supérieurs; qu'il doit
prali(|ue de faire des assemblées générales a avertir les mêmes supérieurs de faire recher-
élé particulière à l'ordre de saint Pacôme che des apostats, el les ramener au monas-
qui en a été l'insliluleur. Quoique cette pra- tère, que lorsqu'un supérieur de monastère
tique ail pris son origine en Orient, elle n'y palriarc il sera décédé, il doit envoyer au
subsiste plus depuis un Irès-long temps ; patriarche, pour recevoir l'imposition des
monastère ses lettres testimoniales afin , s'élant multiplié dans la suite en Orient et
qu'aucun des religieux ne puisse douter de en Occident, on appela archimandrite celui
son pouvoir, etqu'ils leroçoiventtous comme qui présidait à plusieurs monastères, comme
leur père, et non pas comme un usurpateqr sont ceux du mont Alhos. »
qui viole le droit des gens. Il n'en est pas de même en Italie , où il y
11 paraît donc par ce mandement, ou let- a des monastères archimandritanx tel que ,
tres testimoniales, que ces sortes d'exarques le célèbre monastère de Saint Sauveur de
sont comme des généraux pour les monastè- Messine, qui, étant tombé en commande,
res qui relèvent du patriarche. En effet M. relève, pour le gouvernement des moines,
Habert (1) dii qu'ils le sont effectivement, et de l'abbe général de l'ordre de saint Basile,
que les archimandrites et les hégumènes ne qui forme une parfaite congrégation en Oc-
sont que leurs inférieurs. cident, divisée en plusieurs provinces, et
Le P. Thomassin {-l) accorde bien quel- l'archimandrite de ce monastère qui est ,
que supériorité générale à ces exarques ; chef de plus de trente autres, n'a pas plus
mais il ne donne que le nom de commission de pouvoir et d'autorité sur les religieux que
à ce mandement ou lettres testimoniales. Le les abbés commendataires des autres mo-
P. Moriu (3i dil que ces exarques sont seu- nastères.
lement des visiteurs députés des patriarches, Mais quoique les archimandrites soient
pour faire la visite des monastères, et il ap- comme les généraux des moines d'Orient
pelle ces lettres testimoniales, des lettres de on peut dire néanmoins que ces moines dé-
délégation; maisM.Haberl(i) prélendaucon- pendent bien plus des patriarches et des
Iraire qu'ils sont supérieurs ordinaires, et évéques que de leurs abbés, ces prélats étant
non pas simples visiteurs: Quos licet lega- toujours tirés du cloître pour monter à ces
torum nominereddideril juris orientalis inler- dignités, et demeurant presqiïc toujours
pres ; ii (amen milii videnlur non lanlum ex dans les monastères. Le P. Thomassin [1]
delcgatione seu commissione patriarchœinstar en demeure d'accord lorsqu'après avoir
,
sentiment que l'on doit suivre, et comme le tôt dans un monastère, et qui, n'osant pas
P. Thomassin et le P. Morin ont renvoyé à monter sur le trône patriarcal sans avoir
la lecture de ces lettres testimoniales, pour pris l'habit de moine en fut empêché par
,
être informé du pouvoir de ces exarques, j'y l'empereur, parce que les médecins avaient
renvoie aussi le lecteur, qui connaîtra qu'il jugé que la délicatesse de sa complexion de-
n'y est uniquement parié que de ce qui con- mandait absolument qu'il mangeât de \a,
cerne les monastères, etqji'elles ne donnent viande; il dit que les autres évéques grecs
pas pouvoir à ces exarques de présider aux étaient aussi et son! encore présentemenj
contrats de mariage, de nommer les supé- tirés des cloîtres. « Comme les prêtres et les
rieurs des églises exemple^ de faire rendre diacres (continue cet auteur) se sont en
compte des droits du patriarche, et de se quelque façon donné l'exclusion de l'épisco-
faire payer des exactions canoniques qui pat par leur incontinence, ils se sont jetés
lui sont dues , comme dit encore le P. Tho- eux-mêmes dans la nécessité de n'avoir pouf
massin (5). évéques que des moines. Mais ce n'est pas
Quant aux archimandrites et hégumènes, la continence seule, c'est toute la suite des
c'était autrefois la même chose ces noms; austérités claustrales que les évéques grec»
étaient donnés indifféremment aux supé- font monter avec eux sur le siège épiscopal,
rieurs de chaque monastère, comme il pa- comme il paraît ici de l'abstinence de la
raît par la souscription <iu concile de Con- viande. Il renvoie aussi le lecteur à l'Audro-
slaniinople tenu l'an 586, sous le patriarche nic de Parhimère pour voir le chagrin des
,
Mennas, auquel Hisique, supérieur du mo- clercs qui ne pouvaient au plus mouler qu'à
nastère de saint Théodore, assista puisqu'il , la prêtrise, tous les évêchés étant restés aux
se qualifie dans une de ses signatures d'hé- moines.
guniéne et dans l'autre d'archimandrite. Il y aurait encore bien d'autres choses à
Mais présentement les archimandrites examiner qui regardent en général l'état
sont chefs de plusieurs monastères , et ceux monastique, mais ce que nous avons dit
qui sont chefs des monastères patriarcaux suffira puisque notre dessein est de nous
,
sont appelés grands archimandrites, et non étendre davantage sur l'origine et le progrès
plus exarques. Ainsi le P. Moriu, en ce cas, de chaque ordre en particulier et sur les vies
a eu raison de mettre les archimandrites au- des fondateurs.
(I) Habert, Piinlif. Grœc. obseiv. i, ad edicl. pio (4) liai)., m su]jra, p. 587.
Arclumand.^ p. 5S7. (5) l^ari. 3, 1. i, c. 57, n. 9.
(-2) Tliomass. comme ci-dessus, part. 3, 1. 1, c. 37, (6) Morin, de Sacr. ordinal., p. 201.
n. 11. (1) TiiQiiiass., coinnie ci-dessus, parL4, 1. 1, c.50,
5) Morin, d '
Ordinal., p. 204. n. 9.
fff?
DICTIONNAIRE
DES
ORDRES RELIGIEUX.
ABYSSINS (Moines). Voy. Ethiopiens. sieurs chœurs qui, se succédant les uns aux
ACEMÈTES. autres célébraient continuellement l'office
,
sieurs autres païens qui voulurent l'avoir teur était Malclius. Lp peuple, qui le regar-
pour évéque; et comme ils gardaient les dait comme un prophète, prit sa défense;
portes de la yille, il se ûl descendre la nuit mais il fallut céder à l'autorité du gouver-
par la muraille dans une corbeille. Rabbula neur qui le relégua à Galcis avec ses disci-
étant converti , mit en liberté ses esclaves, ples. S'étant déguisé eu mendiant, il alla au
djonna ses biens aux pauvres, et se retira monastèrenomméChristen, ellut bien étonné
dans la solitude, d'où il fut tiré pour être d'y trouver son institut de psalmodie perpé*
évéque d'Edesse, métropole de la Mésopo- tuelle, qu'un de ses disciples y avait établi.
tamie. Sa femme se consacra à Dieu de son Enfin il quitta la Syrie, et avec vingt de
côté, et bâiit un monastère, où elle s'enfern»a ses nioines, il vint à Conslantinople, où il
avec ses filles el ses servantes, et y finit fonda un monastère près de l'église de Saint-
saintement ses jours. Menue. Eu peu de temps il y eut jusqu'à
xMexandre s'élant sauvé de la ville où on Irois cents moines de diverses langues,
le voulait faire évéque, marcha deux jours Grecs, Latins et Syriens, tous catholiques
dans le désert et s'arrêta dans un lieu qui et dont plusieurs avaient demeuré dan
servait de retraite q trente voleurs. U de- d'autres monastères. U les divisa en si>
manda à Dieu leur conversion, et sa prière chœurs qui chantaient l'office tour à tour, se
fut exaucée, car leur chef fut le premier à succédant les uns aux autres ; de sorte que
se reconnaître, et mourut huit jours après Dieu était loué dans ce monastère à toutes
avoir reçu le baptême. Les autres ayant les fleures du jour el de la nuit. De là leur
suivi son exemple changèrent leur caverne vint le nom d'Aeémétes, qui signifie en grec
en un monastère et se mirent sous la con- des veillants, ou gens qui ne dorment point,
duite d'un supérieur qu'Alexandre leur donna. parce qu'il y avait toujours une partie de la
Les ayant quittés, il bâtit un monastère communauté qui veillait.
su. ic i-v^-iU ue iiupiirate
1 où il demanda à
,
Comme ils ne travaillaient point et n'a-
Dieu pendant trois jours d'y pouvoir établir vaient point d'autres biens que leurs livres,
une psalmodie continuelle. Sa communauté on admirait comment ils avaient pu subsis-
s'augmenta de telle sorte, qu'il eut jusqu'à ter c'est pourquoi on les soupçonna d'être
;
quatre cents moines de différentes nations ; de la secie des Messaliens. Alexandre fut
des Syriens naturels du pays, des Grecs, des arrêté par deux fois on voulut l'obliger à
:
Latins, des Egyptiens, el il les divisa en plu- interrompre sa psalmodie , Qa renvoya ses
,
disciples à leurs premiers nionaslères, en- Bassien et de plusieurs autres. L'on fonda
suite ou le mit en liberté, croyant qu'il de- même dans la suite un autre monastère à
meurerait seul; mais le jour même qu'il Constantinople sous le litre de Saint-Dié, et
sortit de prison , ses moines le rejoi^iiiirent, il y en eut encore un troisième qui était fort
de ce saint, il sortit et alla visiter les autres qui avaient si fort échauffé les esprits; de
monastères, d'où il ne revint nu'après l'élec- sorte que sous prétexte de défendre la foi
tion de l'abbé Jea-i, qui transféra sa commu- catholique, ils s'engagèrent dans les senti-
naulé à une demi-lieue de Gonslantinople ments de l'impie Neslorius. L'empereur Jus-
dans un lien appelé Gomon, et y fonda une linien.zéié défenseur de la foi catholique, les
maison (jui fut depuis appelée le grand Mo- fil condamner à Constantinople. Ils crurent
nastère dcsiAcémèie'*. Ils le nommèrent aussi qu'ils seraient mieux traités à Rome, où ils
Irenarion ; c'est-à-dire paisible, à cause de envoyèrent deux de leurs moines vers le
la tranquillité et de la liberté qu'ils y trou- pape Jean II savoir Cirus et liulogius, pour
,
digne de Dieu ni qui exprimât mieux ses un pronostic, c^ qui était d'autant plus
senUmenls, et elle avait un si grand aUrait évident, qu'il se referma en ses mains, quand
pour l'oraison, que rien ne l'en pouvait dé- elle le lui eut présenté.
tourner. Comme celtesupérleure était professed'une
Le récit des effroyables sacrilèges commis autre monastère, et qu'elle n'avait été en-
par les hérétiques contre le saint sacrement voyée dans celui de Bruyères que pour 1©
do l'autel, dans les guerres commencées en gouverner, les années do la supériorité étant
Alleniagne en 1629, la toucha si sensiblement finies, elle pria les supérieurs de lui per-
qu'animée d'un zèle ardent pour venger les mettre de retourner dans 9oa monastère : 64
ie:^ DICTIONNAIRE DES ORDRES RELIGIEUX. 16i
ladie par celle qu'elle avait tant fait souffrir, guerres qui désolaient encore la Lorraine et
qui fut établie supérieure par commission, qui avaient déjà obligé plusieurs religieuses
quoiqu'elle ne fût âgée que de 23 à 'il ans. d'abandonner leurs cloîtres tant pour éviter
Au mois de mai de l'an IG35 la Lorraine les insultes des soldats que pour chercher
étant affligée du fléau de la guerre, elle fut ailleurs ieursubsislance, manquant dans leur
obligée de sortir de son monastère avec ses propre maison de tout ce qui était nécessaire
filles pour éviter la fureur des soldats, qui
à la vie, obligèrent aussi les religieuses de
après sa sortie le pillèrent, aussi bien que le Rambervilliers , qui se trouvèrent envelop-
bourg de Bruyères, où il était situé. Elle resta pées dans le même malheur, à chercher ail-
au milieu des personnes séculières pendant leurs leur propre conservation. Les supé-
l'espace de trois ans, ne trouvant aucun mo- rieurs les obligèrent par un commandement
nastère qui lui voulût donner retraite, tant exprès d'en faire soriir une [larlie, qui se ré-
était grande la misère dans la Lorraine, qui fugièrent à Sainl-Mihiel au moisde septembre
se lrt)uvaitenmême temps affligée de guerre, 16W.
de peste et de famine. Comme elle n'était su- Les Pères de la mission qui, comme nous
périeure que par commission, le temps des le dirons en parlant de leur congrégation^
élections étant arrivé, le sort tomba sur elle; portèrent en ce temps-là de France en Lor-
,
tection de Dieu sur elle et sur son troupeau. dans les pays, et beaucoup de familles ruinées
Dans le même temps on lui conseilla de qu'il fallait aussi soulager. M. Guérin, su-
quitter son ordre pour se mettre dans une périeur de ces missionnaires qui étaient allés
maison réformée. Elle ne rejeta point ce con- en Lorraine pour distribuer ces aumônes,
seil, mais elle y trouvait beaucoup d'obsta-
touché de compassion de voir l'image de la
cles et de difficultés, ce qui fit qu'elle redoubla mort peinte sur le visage de ces saintes filles,
ses prières, afin qu'il plût à Dieu de lui ma- la pauvreté de leurs habits et encore plus la
nifester ses volontés en lui faisant connaître tranquillité etlecontenlement où elles étaient
devait se retirer. La misère et
le lieu oîi elle
dans une si grande misère, chercha les moyens
la pauvreté où elle était réduite à Commerci, de les soulager par d'autres voies. Etant de
qui était pour lors le lieu de son séjour, obli- retour à Paris, il proposa à l'abbesse deMont-
gèrent SCS supérieurs de lui envoyer une martre, Marie de Beauvilliers dont nous
,
obédience l'an 1637 pour aller chez son père avons parlé en son lieu, d'en recevoir quel-
à Sainl-Dié, où elle conduisit aussi ses reli- ques-unes dans sa maison. Elle rejeta d'a-
gieuses. Ce fut pendant le séjour qu'elle y fit bord celte proposition, ne voulant point se
qu'elle entendit parler avantageusement des charger de religieuses étrangères, mais Dieu
religieuses bénédictines de Rambervilliers. changea tout d'un coup le cœur de cette ab-
La prieure de ce monastère ayant eu con- besse et lui donna des sentiments de tendresse
naissance du mérite de la Mère de Saint-Jean, et de miséricorde, car dans le temps que la
lui fil offre de sa maison, tant pour elle que
Mère Mecthilde avec deux autres religieuses
pour ses religieuses, ce qu'elle accepta d'au- étaient prosternées dans la chapelle de Notre-
tant plus volontiers, qu'elle soupirail depuis Dame de Benoîte- Vaux, où elles étaient allées
longtemps après la solitude. Elle y fil prati- pour recommander celte affaire à la sainte
quer à toutes ses religieuses leurs observan- Vierge, l'abbesse de Montmartre eut un songe,
dans lequel il lui sembla que la sainte Viei gc
ces avec la même régularité que si elles
avaient été dans leur propre maison. Un an tenant son fils entre ses bras lui reprochait
se passa de la sorte pendant lequel laMère de la dureté de son cœur el son peu de com-
Sain'-Jean redoubla ses instances auprès de passion envers les religieuses de Lorraine,
Dieu pour lui faire connaître ses volontés. la menaçant même de lui faire rendre compte
Depuis son séjour en ce monastère, où l'on de ce (}ui leur arriverail de fâcheux depuis le
observait laRèglede saint Benoît sansaucuue jour qu'elle avait été avertie de leur uiisère.
miligation, elle conçut tant d'estime pour cet Elle se réveilla toute effrayée, el ayant fait
ordre, qu'elle résolut de lembrasser ; mais assembler sa communauté, elle lui proposa
elle ne voulut rien faire sans avoir aupara- de recevoir de ces religieuses. La piété qui
vant consulté (les personnes pieuses et éclai- régnait dans celte abbaye ne pouvail inspirer
rées à qui elle exposa les raisons qu'elle que des sentiments favorables pour ces pau-
avail de faire ce changement, et après avoir vres affligées, les religieuses de Montmartre
reçu leurs avis et obtenu les permissions né- consentirent tout d'une voix d'en recevoir
cessaires, elle prit l'habit de l'ordre de Saint- quelques-unes. L'abbesse voulut savoir les
Ik-nuit duos le monastère de Ramberyilliers^ noms de ces religieuses pour en choisir deux.
Itô ADO ADO 166
et la Prôvidènbe divine voulut qu*elle choisit pressantes. Elle établit la mèreMecthilde pour
la mère Mecthilde, quoique la dernière dans présider à sa place dans cet hospice. Elle
la iislc, ei laissa le choix de l'autre aux re- gouverna cette petite maison avec tant de
ligieuses de Lorraine, qui, quand elles virent prudence et de charité, qu'on jeta les yeux
le thoix que l'abbcsse de Monlmartre avait sur elle pour remplir la place de supérieure
fait de la inère Mecîhilde, ne pouvaient se ré- dans un monastère de l'ordre de Saint-Benoît
soudre à laisser partir cette sainte fille, qu'el- que madame la marquise de Mouy avait fon-
les regardaient comme le plus digne sujet dé à Caen ce qu'elle n'accepta qu'avec une
;
qu'elles eussent; il fallut enfin y consentir : extrême répugnance et après dix-huit mois
elles lui donnèrent une compagne pour se de sollicitation delà part de lamarquiseMouy
rendre à Paris, où elles arrivèrent le 29 août et de plusieurs personnes de la première con-
16V1 et le supérieur de la mission de Lor-
,
sidération qui le jugèrent nécessaire pour la
raitie les conduisit à Montmartre. gloire de Dieu et l'avantage decetie maison.
Les religieuses de Lorraine, qui avaient eu Quoique les religieuses de ce monastère, qui
tant de peine de quitter la mère Mecthilde du ne connaissaient point alors son mérite et sa
Saint-Sacrement, ne prévoyaient pas l'avan- vertu, ne la reçussent que malgré elles, elle
tage qu'elles devaient tirer de celte sépara- se comporta néanmoins de telle sorte à leur
tion;car elle ne fut pas plutôt arrivée à Mont- égard, qu'en moins de six semaines eles fu-
mallre que se voyant dans l'abondance, elle rent contraintes de se rendre et eurent pour
versait conlinuellenienl des larmes d'être si elle autant d'affection etde tendresse, qu elles
à son aise pendant que ses sœurs, qui élaient avaient fait paraître d'abord d éloignemenl:
restées à Saint-Mihiei, étaientdansune grande ce qui fil que la communauté de K.imbervil-
indigence. Deux mois se passèrent de la sorte, liers, où la plupart des religieuses étaient re«
sans que l'abbesse eût connaissance de sa tournées, appréhendant qu'à la fin de son
peine. Mais ayant été avertie qu'on la voyait triennal les religieuses de Caen ne fissent
souvent en larmes, l'estime et l'amitié qu'elle tomber sur elle l'élection qu'elles devaient
avait pourcettesainle religieuse firentqu'elle faire d'une supérieure, l'élurent elles-mêmes
s'informa si elle n'avait point reçu quelque pour gouverner leur monastère, et les supé-
déplaisir dans sa maison. Elle apprit d'elle- rieurs de Lorraine l'obligèrent par vertu de
même le sujet de sa douleur. Cette charita- sainte obédience de s'y rendre en diligenee.
ble abbcsse lui dit aussitôt d'écrire aux reli- Elle laissa les religieuses de Caen dans une si
gieuses de Siint-Mihiol qu'elles pouvaient sensible douleur, qu'il fa 11 ut pour sortir qu'elle
aussi venir, afin que Dieu ne lui reprochât prît elle-même les clefs de la porte, toutes ses
point un jour de les avoir abandonnées dans filles s'y étant allées prosterner, ne pouvant
leur niisère. Elles arrivèrent â Montmartre pas croire qu'elle eût la dureté de marcher
et furent dispersées dans d'autres abbayes, sur leurs corps pour s'en approcher. Elle
à la réserve de la mère Mecthilde et de deux n'était pas insensible à leur douleur; mais
autres qui restèrent dans ce tnonastère. Mais l'obéissance l'emporta sur la tendresse qu'elle
quelque temps après une dame leur ayant avait pour elles. Après sa sortie, elle souffrit
offert une maison qu'elle avait à Sainl-Maur, avec une patience admirable d'étranges per-
à deux lieues de Paris, pour leur servir sécutions, par des calomnies que plusieui-s
d'hospice, elles l'acceptèrent, etioules les reli- personnes avaient inventées contre elle, afin
gieuses de Lorraine furent réunies dans une que ces religieuses de Caen, (jui depuis son
même maison, l'an 1643, sous la conduite de départ élaient restées inconsolables, perdis-
la mère Bernardine de la Conception, qui sent l'attachement qu'elles avaient pour elle,
avait été leur supérieure lorsqu'elles élaient à mesure qu'elles perdraient l'estime qu'elles
àRambervilliers et à Saint-Mihiel. en avaient conçue
Ce fut pendant le séjour que la mère Mec- A peine ful-ellearrivéeen Lorraine, que la
thilde du Saint-Sacrement fit à Saint-Maur, guerre se ralluma plus que jamais: la ville de
qu'elle se mit sous la direction du révérend Rambervilliers ayant été prise par l'armée du
pèreChrysostome de Saint-Lo, ex-provincial duc de Lorraine, qui était composée de na-
des religieux pénitents du tiers ordre de tions étrangères et sans aucune discipline,
Saint-François de la province de Normandie. ce monastère se trouva exposé à leur fureur:
Elle ne pouvait être en meilleure main, puis- il y en eut qui vinrent pour enfoncer les por-
que c'était un grand contemplatif, un homme tes, afin d'y entrer, sous prétexte de voir s'il
très-éclairé pour la conduite des âmes, qui n'y avait point de bourgeois (jui y fussent
n'enseignait rien qu'il n'eût pratiqué lui- réfugiés. Tous leurs efforts ayant été inutiles,
même, et qui, tout consojnmé de l'amour de celte sainte supérieure, qui n'avait cessé de
Dieu, du zèle de sa gloire et de ses grandes prier Dieu pour la conservation de son mo-
pénitences, mourut le 26 mars 16VG, et a mé- nastère, fit ouvrir les portes à ces furieux
rité d'avoir pour écrivain de sa vie M.Boudon, qui, p;ir une protection visible de la divine
grand-archidiacre d'Evreux, qui mourut au Providence, furent saisis d'une terreur pani-
mois d'août 1702, comblé de mérites et orné que eh entrant dans ce monastère, et en sor-
de toules les vertus qui font le caractère or- tirent au plus tôt, après en avoir fait le tour,
dinaire de la sainteté. sans oser entrer dans les offices, avouaht
Quelque temps après que ces religieuses qu'il leur avait été impossible de faire âucuh
furent arrivées à Saint-Maur, la mère Ber- tort dans cette maison, quoiqu'ils en eussent
nardine de la Conception fut obligée de re- eu le dessein. Celle ville ayant été reprise
tourner à R^mbervilliers pour des affaires par lés Français, pendant le peu de temps
167 DICTIONNAIRE DES OKDRES RELIGIEUX. 168
la maison des petites religieuses de Lorraine à sortir de cet état de pauvreté qui faisait
(c'est ainsi qu'on les appelait pour lors). Elle toute sa gloire. Son humilité d'ailleurs y
donna l'aumône à la mère Meclhilde, sans trouvait de grandes oppositions, se trouvant
autre réllexion que d'exercer la charité. 11 indigne et incapable d'une si grande entre-
lui resta néanmoins un mouvement secret prise; mais l'autorité d'un évêque qui, en la
qui porta à y retourner une seconde fois
la confessant , lui commanda de n'y point ré-
avec mademoiselle de Vervins, conGdente de sister, fit quelle acquiesça à ce qu'on deman-
ses bonnes œuvres, et ce fut dans une con- dait d'elle; en sorte que le contrat de fonda-
versation qu'elle eut avec cette sainte reli- tion fut passé le li août 1652
gieuse, qu'elle lia avec elle une si étroite Si on eut de la peine à obtenir son con-
union, qu'elle n'a pu finir que par la mort. sentement on en eut encore plus à obtenir
,
La comtesse de Châteauvieux lui fit plusieurs celui des puissances, sans lequel on ne pou-
pioposilions avantageuses, enire autres, elle vait faire cet établissement. La reine Anne ,
lui offrit une pension considérable en tel d'Autriche qui était alors régente pendant
,
monastère où elle voudrait se retirer dans la minorité du roi ne voulait point l'accor-
,
Paris; ce qu'elle refusa. La comtesse ne se der, sur le peu d'apparence qu'il y avait d'é-
rebuta point de ce refus, et chercha de nou- tablir de nouvelles maisons dans un temps
veaux moyens de l'arrêter dans cette grande où les anciennes périssaient. Le duc de Ver-
ville, sous prétexte de l'avantage du monas- neuil, Henri de Bourbon évêque de Metz ,
,
à cause des guerres qui continuaient toujours Saint-Germain des Prés avait été prié par
,
en Lorraine. La mère Meclhilde lui dit seule- Sa Majesté de ne point permettre de pareils
ment qu'il fallait y penser, et recommander établissements tant que la guerre durerait:
celte affaire à Dieu. ainsi il attendre un temps plus favorable.
fallut
Sur ces entrefaites la marquise de Beauves, Le feu dela guerre s'allumait de plus en
qui se sentait depuis longtemps portée à faire plus dans le royaume, plusieurs villes refu-
honorer le saint sacrement, vint trouver la saient de se soumettre à l'obéissance de
mère Mecthildo, qu'elle connaissait depuis Louis XIV; et la reine , sa mère pour dé- ,
la mère Meclhilde du Saint-Sacrement, parce cour était pour lors à Poitiers. La comtesse
qu'elle n'y voyait rien qui la tirât de cet état de Brienne fut chargée, par ordre de la
,
reine, de venir trouver pour col effet ce ser- suile le saint sacrement dans le tabernacle.
viteur de Dieu, qui , s'élanl mis en oraison , On commença dès jour-là à faire la répa-
c;-
supplia le Seif^neur avec beaucoup de fer- ration , mais pour l'adoration perpétuelle
veur de lui faire connaîlre ce qui lui serait jour el nuit , elle ne commença que l'année
le plus agréable; el dans le fonde son orai- suivante.
son il se scnlit inspiré de vouer pour la
, L'éclat que fit cet établissement par le tilre
reine qu'elle élablirail une maison reli-
,
de fondation royale insérée dans les leUres
gieuse consacrée au cull(; pcMpclucl du saint patentes qui furent accordées |)ar la reine
,
sacremeni, en réparalion des outrages qu'il où elle était nommée comme première Tm-
ovail reçus pendant la gncrre; et ce qui est dalrice, fut cause (|ue les aumônes cessèrent
digne de remarque, c'est ({ue cet ecclésiasti- toutes en même temps , et ces belles appa-
que n'avait aucune connaissance du dessein rences qui Ijisaient envier le bonheur de la
qui avait élé projeté d'iiu pareil clablisse- mère MeclhiUle et de ses religieuses, ne ser-
menl. Il y a de ra|)parence (jue ce vœu fut virent au Conliaire qu'à leur faire souffrir
agréable à Dieu ,car la ville de Paris s'etant une véritable pauvreté, ne jouissant pas en-
Soumise au roi au mois d'octobre de la même core des avantages qui leur avaient élé pro-
année, les autres suivirent son exemple. mis par le coniral de fondation. La mère
M. Picotté.ajanI eu avis de l'étaltlissement Meciliilde était conlenle d'avoir recouvré la
projeté, persuada à la reine, lors(|u'e|le fut venu qu'elle chérissait si fort. Llle mil tout
de retour à P. iris , d'appliquer son vœu à ce en usage pour en ôler la connaissance aux
même établisseinent. Celle princesse en écri- dames fondalrices qui s'étaient engagées à
vit, au mois de décembre, à i'évèqtje de Metz, tous ces avantages stipulés pirlc coniral:
pour avoir son conseniemenl. 11 lémnigna mais s'en ôiani aperçues, elles lui en firent
vouloir obéir à ses ordres ; mais ayant ren- reproche cl y mireni ordre d.uis la suile.
voyé cette aiïaire à examiner au prieur de La croix ne lut posée sur la porle du mo-
Saint-Germain des Prés, son grand-vic<iire nasièie (jue le 12 mars Hi6ï. La reine vou-
il ne trouva pas la fondation assez forte , ce lut honorer cette (éiémonie de sa présenco
qui relarda ce consentement d'un an el quel- en quaiiié de piincipile l'o idatrice, et lors-
ques mois. que celte prim e-ise eut fail poser la croix
La comtesse de Cbâleauvieux, voyant tant elle se rendit dans la ch ipelle où elle donna
de difficultés dans lexécuiion do son dessein, un rare exemple de sa \eriu el de sa dévo..
en conçut tant de chagrin qu'elle tomba ,
tion envers le saint .«sacrement, prenant le
dangereusetnent malade et dans le fort de
-,
flambe.iu à la main pour fiiie rcjjaralion
son mal elle s'oubliait elle-même pour ne
. des outrages commis contre cet augjsle
songer (ju'à cet clablissemenl. Un j(»ur (|u"on mystère. Ainsi celle princesse mil ces reli-
la criit p'.us en danger et qu'on désesi)érait
, gieuses en élal d'exéculer son vœu par son
enlièremenl de sa gucrison elle |)rofl,a de
, autorité et par son exemple ear dès lors ;
cette occasion pour prier son mari de lui ellescommeiicèrenl d'<ivoir l'exposiii.m du
permettre d'augmenter les sommes qu'elle y saint sacrement tous les jeudis comme un ,
avait déjà données, en disant (|u'elle voulait privilège attaché à cet institut. La mère
encore faire ce bien pour le repos de son Mecthilde comniença aus»! dès ce jour-là ,
âme. Comme le comte de Cliâleauvieus ne avec cinq religieuses (jui formaient sa com-
cessait de demander à Dieu la guérison de munauté, à clianler les louanges de Dieu et
son épouse, il y consentit volontiers, dans à faire l'adoration perpétuelle jour el nuit,
l'espérance (jne l'aumône, jointe aux pr.ères, remplissant avec une ferveur admirable une
lui facilement accorder celle
feraient plus fonction à laquelle une communauté nom-
grâce. Lorsque la comtesse eut obtenu ce breuse aurait à peine suMi. C( lie tligne su-
consentement elle n'eut pas un moment de
, périeure prenait pour elle les heures les
repos que le contrat ne fût passé ce qui fit : plus incommodes c'était ordinairement de-
:
un si grand changeinenl dans sa santé , que puis minuit jusqu'à quatre heures du ma-
dès ce moment elle commença à se mieux tin, y comprenant les matines que l'on disait
porter. pour deux heures
lors à sans compter les
,
possible; la ujijsse fut chantée solennelle- religieuse y fait son aJoratio.i tous les jours
ment? le soir ou ûl le salul et on mil en-
, selou l'heure qui lui est échue, et couima
PiCTiOMjiAi&s OKS Ordres religieux. I. a
!7I DICTIONNAIRE DES ORDRES RELIGIEUX. 172
celte adoration doit être perpétuelle et sans qu'elles prononcent en s'éveillant et les der-
interruption elle est réglée de telle sorte ,
,
nières avant que de s'endormir. Toutes leg
que le saint sacrement n'est jamais sans heures do l'office divin commencent aussi
hommage ni le jour ni la nuit. Les religieu- et se terminent par ces paroles qu'on pro-
ses se succèdent les unes aux autres. Tous nonce en latin; et l'on observe la même
les mois on lire les heures par billets, et se- chose à la fin des grâces et au commence-
lon que la communaulé est nombreuse , les ment des conleronces communes après le
adorations sont multipliées à chaque heure. repas. Chaque religieuse porte devant soi ,
Outre celte adoration perpétuelle, la répa- sur le scapulaire ou sur le grand habit d'é-
ration est encore une des principales obli- glise, une figure du saint sacrement de cui-
gations de cet institut elle se fait en la ma-
, vre doré, faite en forme de soleil, sur le pied
nière suivante tous les jours, une religieuse
: de laquelle sont gravées aussi ces paroles :
Tient à la fin de l'office (qui précède la messe Loué soit le saint sacrement de l'autel à ja-
conventuelle) se mettre au milieu du chœur, mais aussi bien que sur une bague qu'on
,
poteau. Elle meta son cou une grosse corde, gation indispensable de l'institut , le saint
et prenant la torche en main , elle demeure sacrement est exposé pendant tout le jour
dans cotte humble posture durant la sainte dans l'église du monastère. Ce même jour la
messe , faisant amende honorable à la Ma- communion est générale et les sœurs s'ab-
,
jesté de Dieu outragée par les crimes de tant stiennent du travail manuel depuis l'exposi-
d'impieset humiliée dans le saint sacrement. tion jusqu'après le salut. 11 n'y a point non
Au temps de la communion , elle quitte la plus de conférences communes après le dî-
torche et ia corde, et va communier, la ner ni aux autres jours d'exposition , afin
communion de ce jour étant d'une obligation que les sœurs se rendent plus assidues en
indispensable. La réparatrice va de même sa présence , d'où elles ne sortent que pour
au réfectoire , la corde au cou et la torche à prendre leur réfection et lorsque la nécessité
la main comme une criminelle, marchant la les en retire. L'on célèbre la fête du Saint-
dernière de toutes les sœurs, et,s'étant mise Sacrement et son octave avec plus de solen-
à genoux au milieu du réfectoire, dans une nité qu'on peut ; et tous les premiers jeudis
humiliation profonde , elle dit tout haut à la de chaque mois , hors le temps pascal , elles
première pause de la lecture : Loué et adoré en font l'office double sous le titre de répa-
soit à jamais le saint sacrement de l'autel. ration des outrages et des profanations
Mes très-chères sœurs souvenez-vous que
, commises contre le très-saint sacrement.
nous sommes vouées à Dieu en qualité de vic- Tous les ans, le jour de l'Annonciation de
times pour réparer les outrages et profana- la sainte Vierge et pendant son octave la ,
tions qui se font incessamment du très-suint communaulé lait amende honorable pendant
sacrement de l'autel. Je, demande humblement la messe pour réparer toutes les négligences
le secours de vos prières pour m'en acquitter commises contre le
et les fautes qu'elles ont
comme je dois. Elle retourne ensuite au saint sacrement pendant toute l'année et ,
tuelle , celle qui est en semaine pour faire tences que chacune s'impose en particulier
l'office divin se met à genoux au poteau ,
, avec permission, la prieure ordonne des ré-
où ayant la torche en main et la corde au
, parations et amendes publiques el générales,
cou elle prononce tout haut un acte d'ado-
, des processions, la corde au cou et le cierge
ration composé par la mère Mecthilde pen- , en main, avec d'autres actions de pénitence.
dant lequel toutes les sœurs sont prosternées Au temps de l'agonie d'une religieuse la ,
contre terre. A toutes les heures tant du , prieure fait assembler la communaulé à
jour que de la nuit, on sonne cinq coups de l'infirmerie , et toutes les sœurs étant à ge-
la plus grosse cloche pour avertir celles qui noux font amende honorable en la manière
doivent venir au chœur, et pour faire souve- accoutumée pour réparer les fautes de l'a-
,
nir toutes les autres du bienfait inestimable gonisante; et s'il se peut, on lui met aussi
renfermé dans la divine eucharistie, et tant une corde au cou et à la main un cierge
,
celle qui les sonne, que celles qui les enten- bénit. Outre la dévotion au saint sacrement,
dent, disent en esprit d'adoration Loué soit : qui est l'essentiel de cet institut, il en a
le très-saint sacrement de l'autel à jamais. aussi une très-particulière envers la sainte
Elles ont à tous moments ces paroles à la Vierge, que les religieuses regardent comme
bouche , c'est pour ainsi dire leur mot du leur mère et leur protectrice, et qu'elles ho-
guet , soit en s'abordant lorsqu'elles ont norent en celte qualité par différentes prati-
quelque chose à se demander les unes aux ques de dévotion.
autres ou quand elles frappent à la porte
, Après l'établissement de cet institut contre
des cellules ou des offices. C'est leur pre- lequel on s'éleva, plusieurs personnes de
mière salutation dans les lettres, aux grilles, piété se déclarèrent aussi contre la fonda-
aux tours, ou quand elles parlent aux per- trice, et le zèle indiscret de quelques-unes
sonnes du dehors. Ce sont les oremières alla si loin que de faire des informations d^
, ,
m ADO ADO ni
sa tîe. On traitait son institut de ridicule ture. Enfin elle fut tellement changée
n'étant pas possible que des filles qui étaient qu'elle se vit en étal de soutenir les fatigues
en si petit nombre pussent être nuit et jour de plusieurs nouveaux établissements qu'elle
devant le saint sacreinciit, principalement eut la consolation de f.ure avec tout le suc-
dans les saisons les plus rigoureuses de cès possible, étant secondée en cela par la
ranuée. D'autres, sans avoir aucun droit, piété de plusieurs évêques qui, souhaitant
ni être envoyés par les personnes qui avaient d'avoir de ces religieuses danS' leurs dio-
autorité sur cette vertueuse supérieure, ve- cèstîs, en parlèrent à la fondatrice ; mais
naient l'inlorroger sur les raisons qui l'a- elle ne put d'abord satisfaire le zèle de tous
vaient portée à entreprendre ce grand ou- ceux qui lui en demandaient, faute de su
vrage, et les interrogations ne se termi- jets car quoique sa communauté fût beau-
;
naient ordinairement que par des répri- coup augmentée, il aurait fallu un grand
mandes humiliantes, la traitant de téméraire, nombre de religieuses pour soutenir l'ado-
de superbe et d'ambitieuse. Elle souffrit tous ration perpétuelle dans tous les lieux où on
ces reproches avec une douceur et une pa- les demandait. Elle aima mieux n'avoir pas
tence admirables. Elle aurait pu se dispenser tant déniaisons, et les établir solidement
d'aller subir ces rigoureux examens, étant dans les pratiques de son institut. Entre
autorisée du roi et de ses supérieurs mais , plusieurs villes qui furent proposées, celle
elle s'estimail si heureuse de participer aux de Toul fut préférée. La mère Mecthilde par-
humiliations et aux souffrances de Jésus- tit de Paris le 24- septembre 1664 avec quel-
Christ, et de pouvoir lui témoigner par ces ques religieuses la comtesse de Château-
;
petites mortifications sa fidélité à son ser- vieux voulut les accompagner dans ce
vice, qu'elle fit vœu de ne se plaindre jamais voyage. Quoiqu'on les eût souhaitées avec
et de ne se point justifier de tout ce qu'on empressement elles eurent néanmoins de
,
trice ayant depuis quelques jours une fièvre où à peine fut-elle arrivée, qu'elle fut solli-
continue avec des redoublements, son mal citée par les religieuses de Rambervillier»
cessa en un instant, et elle se vit en état de d'aller établir son institut dans leur mo-
pratiquer avec les autres les observances. nastère, afin qu'il n'y eût plus de différence
L'an 1621, les veilles, les jeûne:5, les morti- entre le monastère de Paris et le leur, qui
fications et autres austérités l'avaient ré- était celui où elle avait fait profession.
duite dans une telle exUémilé, qu'elle en Comme quelques anciennes avaient fait
pensa mourir. On chercha tous les moyens paraître d'abord de la répugnance pour re-
pour la guérir, et, par une obéissance aveu- cevoir l'adoration perpétuelle, elle voulut
gle, elle se soumit à ce que les médecins éprouver leur persévérance pendant plu-
ordonnèrent pour le recouvrement de sa sieurs mois c'est pourquoi elle y resta jus-
;
santé. Elle fut quatre mois dans les remèdes, qu'au mois d'avril 1663. L'évêque de Toul
mais inutilement. Comme on songeait à lui ne lui donna pas seulement la permission
en faire prendre d'autres, elle pria instam- d'agréger cette maison à son institut, mais
ment qu'avant que de les éprouver on lui il consentit encore qu'elle reçût les autres
permît de faire une retraite, en disant qu'il maisons religieuses de l'ordre de Saint-Be-
ne lui pouvait arriver que d'être mieux ou noît do son diocèse qui voudraient aussi
plus mal, ou de rester dans le même état. l'embrasser ce qui l'obligea de rester en-
;
Que si elle était mieux , elle la ferait plus core deux ans dans ce pays.
longue qu'à l'ordinaire, que si elle était au Elle revint à Paris au mois de mai de
même état, elle ne la ferait que de dix jours, l'année 1668 et elle fut obligée presque
,
et que si elle était plus mal, elle la quitte- aussitôt de s'en retourner en Lorraine pour
rait pour rentrer dans les remèdes- La com- mettre l'adoration perpétuelle dans l'abbaye
munauté ayant consenti à ce qu'elle voulait, de Notre-Dame de la Consolation de Nancy.
elle entra en retraite le 21 novembre, et la fit C'est un point essentiel de l'institut de n'ad
plus longue qu'à son ordinaire, c'est-à dire mettre jamais d'abbesse ni de supérieur*
qu'elle y trouva du soulagement à ses perpétuelle dans aucune maison, n'étant pas
maux ; et quand elle fut finie, les religieuses même permis à aucune religieuse de cet
furent agréablement surprises de la voir ordre d'accepter ni abbayes ni prieurés
,
dans uu embonpoint merveilleux un teint ; perpétuels. C'est pourquoi avant que d'agré-
frais et vermeil avait pris la place de la pâ- ger l'abbaye de Nancy à l'iiistilul, la mère
leur de la mort qu'elle avait sur son visage; Mecthilde obtint du pape et du duc de Lor-
et cependant pendant le temps de cette re- raine Charles IV, l'extinction du titre abba*
Uaite, elle avait pris fort peu de nourri- tial de cette maison
in DICTIONNAIRE DES ORDRES RELIGIEUX. Î^G
Madame la duchesse d'Orléjins, Marguorile voir la récompense dans le ciel : c'est ce qui
de Lorraine, comme cxcculrioe du les^ymenl arriva le G avril 16i!8, étant morte dans sou
de la princesse Cailierino de Lonaims sa premier monasière de Paris, àlâgedeSSans
tanle, qui avait fondé celle abbaye, se trou- et six jours. Son corps fut mi> dans un cer-
vait chargée de pourvoir à la subsistance cueil de |)louib el fut enterré dans la cha-
des religieuses (|ui y demeuraient, el de les pelle de sainl Joseph, qu'elle avail choisi
secourir dans leurs besoins. Il y avait plu- pour l'un des prolecteurs de son ordre.
sieurs années que celle primesse avait Los religieuses de ce monasière ont pris
forn>é le dessein de fonder un monaslèie de soin de recueillir les mémoires de sa vie
rinslilul de l'adoralion perpéluelle dans qu'elles prétendent donner au public ; l'on
Nancy, ville de sa naissance, mais parce y verra de^clioses merveilleuses touchant ses
que i'élal de ses affiircs ne lui permettait communications avec Dieu et les grâces par-
pas d'exécuter ce dessein pondant sa vie, ticulières qu'elleen a reçues. Je ne les ai
elle avait fait une donation à la mère Mec- pas rapportées pour ne pas m'éloigner des
thilde de la somme de dix mille écus p;iyable bornes que je me suis prescrites, ce qui fait
après sa mort. Celte princesse, voyant ruiii()n que j'ai aussi passé sous silence toutes les
qui avait été proposée de cette abbaye à morlificatiorïs el les austérités qu'elle a exer-
l'iusliliit,consentit que celte somme y fût cées sur son corps, atissi bien que quelques
appliquée ce qui fut accepté par notre fon-
,
miracles qui oui été faits après sa mort
datrice , qui, par cet accord, se trouva el que l'on verra amplement décrits dans sa
chargée des dettes et de rcntrelien des reli- Vie.
gieuses de Nancy; ce qui ne servil qu'à Cel inslilul a fait du progrès après la mort
augmenter ses peines cl si s croix ; car, de la fondatrice. Les religieuses Bénédictines
comme nous l'avons déjà dit, ces dix mille de Bayeux ont pris aussi la rélorme el l'ado-
écus n'étaient payables qu'après la mort de ration perpéluelle, dont elles firent profes-
la duchesse (lOrlcaus. Elle partit de Paris sion le 10 septembre 1701. La reine de Po-
au mois de décembre 16G8, cl arriva à Nan- logne, qui avait déjà établi ces religieuses ^
cy au niois de février de l'année suivante. Vaisovie, s'élar.t rclirée à Rome après la
Le duc de Lorraine secondant les pieuses mort du roi, son époux, y fit venir (|ucl<iues-
intentions de la duchesse d'Oi léans, sa sœur, unes de ces religieuses l'an i702, dans lo
donna lous ses soins et se servit de son au- dessein de les y établir. Le pape Cléujent XI
torité pour faire réussir celle union. L'ado- avail promis de contribuer à leur établis-
ration perpétuelle fut élabli»; dans celle ab- sement dans celle capitale de l'univers, mais
baye, qui qnitia en môme lem|)S ce titre pour les treinblements de terre qui arrivèrent
laisser la liberté d'élire une prieure lous les dans riiliat ecclésiastique presiiuo dans le
trois ans. même temps, el «|ui renversèrent plusieurs
Gel institut se multiplia encore dix ans villes et villages et réduisirent une inlinité
après celle union par l'él iblissemenl «l'un de peuples dt; la camp.'igne dans une grande
nouveau monas^lère dans la ville d llimen •
;
misère, qui lut augmentée par les trtjupes
il s'en fil un second à Pans en 1080. Celui allemandes (|ui eulréreul sur les terres de
ieCaen, dont nous avons p.ulé, et vu la l'Eglise où elles commirent beaucoup de dé-
mère M' clbilde avail éié supérieure, em- sordres, obligèreil ce pontife à de grandes
brassa lélrmle observance de la règle de dépenses, tant pour le soulagement des pau-
sainl Benoîi, et renonça à la miiigalion pour vres que pour lentrelieu des troupes (|u'il
recevoir aussi l'in^lilul qui y fut établi l'an fut obligé de lever pour sa propre défense,
ICBo. La reine de Pologne, Maiie Gisimire, ce (^ui le mil hors d élal de contribuer à la
épouse de Jean 111, fit venir de ces reli- fondation d'un monasière que la reine de
Sieuses, l'an ll;87 , pour éiablir cel inslilul Pologne ne pouvait faire seule, ne recevant
ans son royaume, el les plaça dans la ville pas ses revenus de Pologne à cause des
de Varsovie. L'an 1688. la princesse de Me- guerres civiles qui régnaient dans ce royau-
kelbourg, dame de Cbâlillon au diocèse de me. Ainsi ces religieuses revinrent en France
Sens, y fonda un autre monastère de cet l'an 1708.
inslilul, et vers l'an 1G95, l'on proposa de Les constitutions de cet ordre qui avaient
faireun nouvel élabliss* nient dans la ville été dressées par la mèreMeclhilde lurent pre-
de Dreux au diocèse de Cbarlres mais plu- ; mièrement approuvées aussi bien que lin-
sieurs diflicullés le firent diflerer jusqu'en slilut l'an 1658 par le cardinal de Vendôme,
l'année 1700. Ainsi la n)ère Mccibilde n'eut légal en France. Le pape Innocent XI les
pas la consolation de voir ce dernier achevé; coisfirma l'an 1676, el Clément XI lésa de
mais c'est beaucoup que, di; son vivant, nouveau approuvées par un brei du 1"^ avril
elle ail fait ellc-métïie neuf clablissoments. 1705, à la soUicilalion de la reine de Pologne.
Il ne lui restait a|)rès tant de travaux pour Ces religieuses observent la règle de sainl
la gloire de Dieu, tant de soumissions à ses Benoît dans îoule sa rigueur, cl Ibnl vœu do
ordres, dans les croix, dans les peines et l'adoralion perpétuelle du sainl sacrement.
dans les persécutions (jui lui avaient été Leur 11 ibillemcnt consiste en un voile noir,
suscitées, après la patience extraordinaire une robe el un scapulaire de la même cou-
avec laquelle elle avait enduré U's maladies leur , sur lequel scapulaire il y a un petit
dont elle avait été alfligée pendant presque soleil de cuivre doré qui y est attaché avec
toute sa vie el enfin, après la pratique de
, un ruban noir ; dans les cérémonies ecclé-
toutes sortes de vorlus, que d'eu aller rece- siastiques elles ont uuc coule noire sur la-
177 ADO AIL 173
quolle est pâreillf^ment allachéc la repré- appris que le roi de Léon, avec lequel il n'é-
sciilalion du s.iiiil sacremenl qu'elles onl tait pas mtrop bonne intelligence , venait
aus-i pour armes (I). aussi en Portugal, il appréhenda (^u'il n'y
[Mémoires commiiniqures par la mère de vînt pour donner secours à Albarech c'est ;
tuelle onl encore pliisiiMirs nuiisons en joint el (|u'il eûi loruié le siège de Sunlarcm.
Franrc. Elles ont doux inoiiaslcics à P.iris, il commença aussi ôt à donner les ordres
doiil l'un c'sl l'iincien couvoiil di> rclif^icuscs nécessaires pour marcher à l'eniieriii, dont
de Sdinte-Aure (voir oe nom, .'lu S'ippleinent) la grande muliitnde ne fut pas capable d'é-
rue Niuvc-Sainie-Genevièvc; l'.iulre csi l'an- ; branler son ci'uiage; au contraire, persuadé
cien luc.il (In Tet.iple, où lui riiirern>é Louis que Dieu, (jui avail fiit luer par un de ses
XVJ. Ce dcrnict inon.islère a eu pour lon- angis cent (jualre-vitigl-cinq mille soldais do
dalrice cl pour pre.Mière prieure la princesse larmée de SeiinaclKMib , n'était pas moins
Louise (le Buurhon-Condé, qui Gl profossiun puissant pour délivrer de ses ennemis
le
à N'arsovie. sou< le nom de sœur Marie- Jo- qu'il l'avait été jtour sauver Israël, il le pria
seph de la Miséricorde, el (|ui avail été atipa- avec ferveur de lui envoyer un bon ange (jui
ravanl novice chez les religieuses Irappisies. inarehâl devant lui et portât la crainte et
Celle princesse a élabli sa coniumuauti» d.ms l'épouvante de la grandeur de son bras dans
ce lieu de Irisles souvenirs coincue uïouu- . le cœur (le C( s blasphémalenrs de son saint
nienl d'expiation. Elle était sœur d(ï di ruier nom, (]ui ne ven licnl (jue pour opprimer son
des Conilés , (]ui lui assa^-siné , après les peuple el profaner son icmple. Si prière fut
journé( s de Juiilel, au cliàteau de Sainl-Leu, cxa(i( ée car il les attaqua avec tout le bon
;
el tanle du duc d'Engliien, (lui lui assassiné succès po-sibhî mais s'apercevaut dans le
;
par ordre de Bonap.irte dans les lusses du fort du combat que les Maures avaient en-
château de Vincenues. levé le grand étendard du royaume, el s'é-
Voir l'arlicle que nous avon*; donné sur lant fait jour au njilieu des ennemis pour la
celle princesse ddixsln Biographie universelle^ reprendre, il fut visiblement assisté par
et sa Vie publiée par les Benédiclines du l'ari hange saint Michel dans celle action
Temple, rédigée par la mèreS.iinle-tjerlrude. d intrépidité qui acheva de mettre la confu-
ADORATION PERPETUELLE. Toî/c^Val- sion dans l'a'rniée ennemie, qui fut presque
UOSNE. toute taillée en pièces. Une victoire si mira-
culeuse remplissant le cœur de ce prince
AELREDE (Règle de saint). Voyez CE-
d'une jusie reconnaissance envers sou libé-
SAiRE (Saint-).
rateur, il ne se contenta pas de faire bâtir
AGAUNE. Voyez Maurice (Saint-). une chapelle en son honneur dans le couvent
AGNEAU DE DIEU (Chevaliers de l'). d'Alcobaza de l'ordre de Cîieaux mais afin ,
fondé pir Alphonse 1", roi de Portugal, l'an lui laissait voir que sa main, avec laquelle il
1167, après la victoire que ce prince rem- lui marquait les endroits ou il devait donner.
porta sur Albarch, roi de Séville. Les histo- Alphonse resta trente jours dans le cou-
riens de Porlug.il diffèrenl néanmoins celle vent d'Alcobaza, pour y rendre grâces à
victoire de quelques aiinées; mais p.ir ra( le Dieu, lanl à cause de celte victoire qu'il avail
de l'inslilulion de cel ordre, rapporlé par reuiporlée sur les Maures, qu'à cause que lo
Brille Henri{jucz el Manrique, il paraît que roi de Léon qu'il croyait n'être venu en
,
ce fui l'an 1205, de l'ère de César, ce qui re- Portugal que pour donner secours à ces in-
vient à l'an 1167 de Jésus-Christ. Il se peut fidèles, élail venu au contraire pour l'aider
faire aussi, comme a remar(jué Manrique, à les vaincre et faire la paix avec lui. Ce fut
qu'il se soit glissé une faute louchant la dale pendanl le séjour (ju'il fil dans ce monastère
de cet acte dans le manuscrit qui csl con- qu'il prescrivit aux chevaliers de Tordre de
servé dans les archives du couvent d'Alco- l'Aile de Saint-Michel leurs obligations.
baza ; cl en effet la plupart des historiens Personne n'y pouvait entrer (juil ne fût
des ordres militaires ne rapporlenl l'insli- noble el de la cour de ce prince; ceux qui
lulion de celui de l'ordre de TAîle de Saint- avaienl combattu avec lui devaient être pré-
Michel, (ju'à l'an 1171. férés. Celui qu'(jn recevait devait jurer entre
Quoi qu'il en soit, Alphonse ( comme il le les mains de l'abbé d'Alcobaza qu'il serait
dit lui-même dans l'acte de l'inslilulion de fidèle à Dieu, au pape el au roi labbé d'Al-
;
les réparations de la chapelle de Saint-Mi- lui permit de recevoir des chapelains, faisant
chel dans l'église d'Alcobaza. La veille do défense à ceux qui entraient dans cet ordre
laféteilsdevaient se trouverdanscetleabbaye d'en sortir sans la permission du prieur. Il
pour y assister à vêpres, à niatinos et à la n'est point parlé dans cette bulle de la ma-
messe, à laquelle ils devaient communier des nière de vie ni de la règle qu'ils devaient sui-
mains de l'ahbé, revêtus de chapes blanches, vre mais celles qu'ils obtinrent dans la suite
;
à la manière de celles des convcrs de Gî- font connaître qu'ils suivaient la règle de
teaux. L'abbé d'Alcobaza devait avoir toute saint Benoît mitigée comme la gardaient
,
jaridiction sur eux, et pouvai't les excom- les chevaliers de Calatrava, dont ils prirent
munier s'ils vivaient mal, et qu'ils ne vou- - aussi dans la suite les observances.
lussent pas quitter leurs concubines. Ils pou- L'on ne sait pas non plus quel était leur
vaiient se marier, et s'ils avaient eu des en- habillement. François de Radez dit que quel-
fants de leurs femmes , il ne leur élait pas ques-uns prétendent que ces chevaliers
permis de passer à de secondes noces mais ; avaient des habits honnêtes à la manière
ils étaient obligés à la continence. Ils de- des séculiers et que les chapelains portaient
,
vaient avoir dans leurs écus une aile, sans l'habit clérical mais que les uns et les au-
;
autre marque, et devaient toujours la porter tres pour se distinguerdes séculiers portaient
dans le temps de paix. Leur principale obli- un petit scapulaire. Ange Manrique, dans
gation était d'être doux et humbles, de ré^ ses annales, se récrie fort à ce sujet contre
primer les superbes, de donner secours aux Radez, et dit que la raison pour laquelle Ra-
feamies , principalement aux nobles, aux dez leur donne cet habillement, c'est qu'il a
filles et aux veuves , de défendre la foi, de eu horreur, en parlant des ordres militaires^
combattre ses ennemis et d'obéir à leurs de tout ce qui avait rapport au monachisme.
supérieurs. Leur nombre était à la volonté Pour lui, il prétend que les chevaliers de
du roi, et ceux qu'il avait choisis étaient en- Saint-Julien du Poirier portaient au com-
voyés à l'abbé d'Alcobaza pour recevoir la mencement l'habit des religieux de Cîteaux ;
marque de l'ordre, qui consistait dans une mais que comme il n'était pas commode pour
aile roujïe qu'ils portaient sur un manteau aller à la guerre, ils prirent ensuite un cha-
ou chape blanche (1), et cet abbé leur faisait peron avec un petit scapulaire large comme
prêter serment et leur lisait ces statuts. Mais la main, et long d'un palme et demi, qu'ils
cet ordre ne subsista que sous le règne portèrent toujours jusqu'en l'an lill que ,
d'Alphonse et de son fils Sanche I", et il l'antipape Benoît XIII leur permit de quitter
n'en reste plus que la mémoire. ce chaperon et ce scapulaire, et de porter
Angel. Àlanriq. , Annal, ord. Cistert.y une croix verte , ce qui est expressément
iom, ll,ann. 1ÎG7; Chrysostom. Henrrquez, marqué dans la préface des statuts de cet or-
Uerjul. Constitut. et Privileg. ovcLCist.', Men- dre, rapportée par le même Manrique en
Tienius , Bernard Giusliniani Herman et , ces termes : El habito de los de la orden del
Schoonebcck, dans leurs Hist. des ord. milit. Pereyro, fue al principio el mismo que traian
AIX-LA-CHAPELLE (Règlements d'). los monges de S. Bernardo, y porser del aUjun
Voyez Benoît d'Assiane (Saint-). impedimenlo para el exercitio militar ; toma^
ALBÉE (Saint-). Voyez Iulande. ron en su lugar unos Capriotes, con unas
ALGANTARA Chevaliers d).
;
Chias tan anchas como una mono y tan lar~ ,
Des Chevaliers de l'ordre d'Alcantara, ancien^ gas como palmo y medio. Ainsi je ne sais sur
nement appelés de Saint-Julien du Poirier. quoi s'est fondé Schoonebeck dans sonHis toi ro
Si l'on en veut croire Ange Manrique,dans des ordres militaires, lorsqu'il dit qu'ils por-
ses Annales deCîteaux, l'ordre d'Alcanlara taient dans le commencement pour marque
qui a d'abord été appelé de Saint-Julien du de leur ordre une ceinture rouge (2).
Poirier ou del Peyrero prit son origine
,
Le prieur Gomez prit ensuite le titre de
l'an 115G, et eut pour fondateurs deux frères grand-maître, dont il obtint la confirmation
nommés Siiarez et GomeZy qui, par le con- du pape Lucius III, qui approuva derechel
seil d'un ermite, bâtirent une forteresse sur cet ordre l'an 1183, ordonnant aux cheva-
les frontières de Castille dans le diocèse de liers de suivre la règle de saint Benoît mi-
Ciudad-Rodrigo pour résister aux Maures, et tigée, selon leurs statuts propres pour des
lui donner le nom de Saint-Julien du Poirier. personnes destinées à la guerre. Il le«
Il ajoute qu'ils y mirent des chevaliers pour exempta en même temps de la juridiction
la garder, et que l'an 1158, Oilon, archevê- de l'archevêque de Saint-Jacques et des évê-
que de Salamanque, qui élait de l'ordre de ques de Lamcgo, Ciudad-Rodrigo, Salaman-
Cîteaux, leur prescrivit une manière de vie. que, Coria et Viseu ; il est fait mention dans
Mais François de Radez dit que l'origine de la bulle de ce pontife des biens que l'ordre
«et ordre est inconnue, et que ce qu'il y a possédait déjà, savoir Saint-Julien del Peyrero
«le certain, c'est que l'an 1176, il y avait des et ses dépendances, laRaygadas, Turpino,
frères à Sainl-Julien du Poirier, comme il Herrera , Golmenar , Almeadraseca et une
paraît par un privilège qui leur fut accordé métairie à Ponseca. Le grand maître et ses
par le roi Ferdinand cette même année. successeui'S acquirent dans la suite d'auUi;3
Quoi qu'il en soit , cet ordre fut con- héritages , et s'emparèrent de plusieurs pla-
firmé comme religion militaire par le pape ces sur les Maures.
Alexandre lll, l'an 1177, à la prière de Go- Co grand maître et ses chevaliers servirent
mez, qui n'avait que le titre de prieur, et il Ferdinand, roi de Léon, dans la guerre qu'il
(1) Yoy. à la Un du vol., n° 5. (2) Voy. à la lin du vol., n° 0.
181 ALC ALC 18S
eut arec Alphonse I", roi de Portugal, qni prand maître dom Didace Sancher
, qui fut
s*élait ligué avec les Maures; mais le même élu l'an 1219 ; et pour
lors les chevaliers do
Alphonse, ayant eu depuis la guerre avec ces Saint-Julien du Poirier prirent le nom d'Al-
irtfidèles, vint assiéger la ville de Badajoz canlara en retenant néanmoins, dans les
^
qu'ils occupaient. Le roi de Léon, qui pré- actes publics , celui de Saint-Julien da Poi-
tendait que celte ville était de son domaine, rier.
marcha contre ce prince pour l'obliger à Pendant plus de cent ans ils firent la gueno
lever le siège de celte place, dont il préten- aux Maures, sur lesquels iisprirentplusieurs
dait s'emparer lui-même. Il appela à son se- places qui les rendirent puissants et redou-
cours les chevaliers de Saint-Julien du Poi- tables aux ennemis de la foi, qu'ils auraient
rier, qui refusèrent d'y aller, disant que, achevé de confondre si , conformément à
selon leurs statuts il ne leur était pas per-
, leurs statuts, ils se fussent contentés de por-
mis de combattre contre les chrétiens à , ter les armes contre ces infidèles, dont les
moins qu'ils ne fussent ligués avec les infi- dépouilles malheureuses auraient servi de
dèles. Ils ne furent pas néanmoins si scru- trophées à la croix de Jésus-Christ. Mais
puleux dans la suite, puisqu'ils portèrent étant entrés dans les intérêts des princes qui
les armes contre leurs souverains. possédaient l'Espagne, ils tournèrent contra
Gomczétant mortl'anl200, domBenoîtSua- les chrétiens les armes que Dieu leur avait
rezouSugizlut son successeur, etfltde nou- confiées pourl'élablissement desa gloire et Ici
veau approuver son ordre parle pape Inno- destruction de ses ennemis; ce qui fît que,
centlll. Après sa mort, domNugno Fernandez par un châtiment du ciel , la division s'éiant
lui succéda et fut troisième grand maître ce : mise dans cet ordre, l'on vit les chevaliers
fut de son temps que le roi de Léon ayant armés les uns contre ks autres. La première
conquis sur les Maures la ville d'Alcanlara, division arriva l'an 1318. Le grand maître
dans l'Eslramadure il la
, donna aux che- dom Rui Velasquez , le grand commandeur
valiers de Calatrava, à condition qu'ils y éta- el le clavier de l'ordre ayant maltraité les
bliraient un couvent de l'ordre, qui serait chevaliers et lès chapelains, ceux-ci en firent
chrf de l'ordre de Calatrava dans le royaume leurs plaintes au grand maître de Calatrava,
de Léon, comme Calatrava l'était dans celui dom Garcias Lopez de Padilla comme au ,
Julien aucun prieur qui fût moine et que , faite de ces deux ordres, on était convenu
le maître de cet ordre assisterait à l'élection que celui d'Alcanlara serait soumis à Tordra
du maître de celui de Calatrava. Ces condi- de Calatrava, cette convention était nulle,
tions ne furent pas cependant exécutées, car puisqu'on n'en avait pas exécuté les condi-
les maîtres de l'ordre de Saint-Julien du Poi- tions le maîlre d'Alcanlara n'ayant pas
,
rier n'ayant pas été appelés à l'élection de été appelé à l'élection de celui de Cala-
celui de Calatrava , ils se crurent aussi en trava. Le grand maître de Calatrava n'ayant
droit de ne plus observer le traité qui avait pas voulu recevoir ces raisons, attaqua le
été fait entre ces deux ordres, et ils ne vou- château, dont il se rendit maître, après qu'il
lurent plus être soumis à celui de Calatrava, y eut eu beaucoup de chevaliers tués de part
comme nous le verrons dans la suite. Ils ob- et d'autre. Il y tint un chapitre général, as-
tinrent même de Jules II une bulle qui les sisté des abbés de Valparaiso et de Valdei-
en exemptait. Mais les chevaliers de l'ordre glésias de l'ordre de Cîteaux , et après avoir
,
de Calatrava ,
prétendant que celte bulle écoulé les plaintes des chevaliers et des cha-«
avait éléobtenue sans connaissance de cause pelaius contre les premiers officiers de l'or-
et sur un faux exposé, n'ont pas laissé de dre, il prononça sentence de déposition con-
nommer, dans leurs chapitres généraux, des tre le grand maîlre, le grand commadeur et
visiteurs de cet ordre en conséquence de
, le clavier , permettant aux chevaliers d'en
leur droit de visite, dont ils ne s'étaient point élire d'autres en leur place. Quelques-uns
désistés. qui étaient attachés à dom Rui Vasquez le
Le grand maîlre de Calatrava ayant donc suivirent et ne voulurent point se trouver à
donné Alcantara aux chevaliers de Sainl-Ju- leleclion; mais les autres élurent pour grand
lien du Poirier, leur grand maîlre Nugno maîlre dom Suer Perez de Maldouado, qui
Fernandez en prit possession el dans un , alla aussitôt assiéger dom Rui \ asquez diuj
chapitre général qui se tint à Saint-Julien du Valence d'Alcanlara, où il s'étail retiré. Ce-
Poirier, il fut ordonné que le couvent serait lui-ci ne se trouvant pas assez fort pour lui
,
transféré à Alcantara , ce qui se flt sous le résister, sortit la nuit et vint en France sf
m DICTIONNAIRE DES ORDRES RELIGIEUX. 184
présenlpr au chapitre g^énéral de Ctteaux, où ger, persuada au roi que Nugncz parlait tuai
ayaiil fait des plaintes de l'antDrité que le de sa personne, et pour preuve «le ce qu'elle
m.iître de Calalriva pn-niil sur Torilie il' Al- disait, elle lui afipnrla le (éinnignage de (jucl"
canlara, el de <c qu'il l'aviil déposé K' clia- . qnes ctirvalieis (nTclle avait subornés, et
piire général renvoya ceil^' aff lire a l'abbé de qui ctaietjl mécoiilenls du grand maître. Le
MoriiHond, comme supérieur de cet ordre, roi crut celle fcnrnno et écrivit au grand
lequel approuva la déposiiion de dom Rui de maître de le venir trouver à Madrid, et donna
^"a-quez, cl l<ii ordonna, sous peine d'ex- ordre en même temps qu'on rarrclâl s'il ne
Comn)uniealion de retourner en Espagne
, se rnctlait pas en état ilc partir. Ce grand
pl de recoiinaîue pour grand maître dom maître en eut avis il fit semblant d'exécuter
:
Siior Penz, (lui le recul avec beautonp de les ordres du roi, et alla avec plusieurs de
chaiité, et lui donna le commandement de ses chevaliers et (|u<'l(|ues autres personnes
M.ifîazela. de eonsidéraiion à Moron qui appartenait
,
Dom Rui Ferez de Maldonado sueréda à à l'ordie. d'où il écrivit au roi avec beau-
dom Suer Peri z : tuais étant à Ti lixillo, il se coup de hardiesse et de hauteur. Il fit forti-
démit volontaiii meni de son olfico l'an 13 J5, fier toutes hs places qui lui appartenaient,
après avoir g'tMV rué l'ordre pendant envi- et y mit des gouverneurs , auxquels il fit
ron un an. Cmq chevaliers et trois chape- prêter serment de ne les point livrer au
lains qui se trouvaient pour lors dans ce
,
roi.
château, sur les inslances du roi deCtslille Quelques chevaliers et quelques frères cha-
el de Léon Alphonse Vil
, douiicreut l'hab l
, pelaius, prévoyant les affairi s fâcheuses que
de l'ordre à dom Giinzalve> ^ugnc> d'Oviedo, le grand maîire allait attirer à l'ordre et ,
qui était un des grands olficiiM s de ce prince, appréhendant qu'on ne les accusât d'agir
et l'élunnl aussitôt [)onr grand maîire. D'un contre les intérêis du roi, se séparèrent du
autre eôlé. Il- grand coinmanileur de l'ordre, grand uiaîire cl s'emparèrent d'Alcanlara.
Ferdinanii Lo|)ez (lui était à Alcantari, tint
, Le roi, l'ayant appris, leur donna ordre
le chapitre général, dans le(]uel il se fit élire d'élire pour grand maître dom Nugno Châ-
aussi pour grand maître; et dom ll'ii Ferez, mizio, commandeur de àanlivagnez, ce qu'ils
à la persuasion de l'abbé de Morimoud (jui , tirent. Nugnez ayant su cette élection, écrivit
était pour lors en Espagne, reprit aussi celte au de Portugal que, s'il voulait lui don-
roi
dignité, dont il s'était démis comme nous ve- ner du secours contre le roi de Gastille et
nous de le dire ainsi l'on vil (O même temps
: contre le nouveau grand maître pour le
trois grands maîtres di' cet ordre. Ferdinand maintenir dans la possession des châteaux
Lopez étant mort six mois après, les cheva- et des places qui dépendaient de l'ordre, il
îiers qui étaient à Alcantara élurent dom lui donnerait V'alence d'Alcanlara. Mais le
Suer Lopez, soi\ neveu. Cin(i mois après son roi de Caslille s'étanl avancé d'abord du côté
élection. Ferez sortit de M igazella avec une de cette place avec le nouveau grand maître,
armée composée de chevaliers cl de vas- s'en empara, et le roi de Portugal, qui en-
saux de l'ordre, avec queU^uos troupes qui voyait du secours à Nugnez, voyant celle
lui a\ aieiil été données par le grand maître ville entre les mains du roi de Caslille iap ,
-
de Saint-Jacques. Il mit le siège devant Al- pela ses lrou|ics. Nugnez, étant toujours
canlara où était Lopez, qui, voyant qu'il
,
maître de la citadelle, en soutint le siège si
ne pouvait résister à tant de monde envoya , vigoureusement, que le roi fut contraint de
à Ferez pour le prier d'entrer en négoci;flion le lever, ce qui fut si sensible à ce prince,
avec lui, ce qu il accepta, cl Lopez s'étanl qu'il résolut sa perle et le fit condamner
démis de sa diguiié, céda à Forez tout le comme traître à perdre la vie.
droit qu'il y pouvait prétendre. Nugnez ne s'en épouvanta pas, et persis- ,
11 ne restait plus que Nugnez, qui prenait tant dans sa rébellion malgré le voisinage
toujours la qualité de grand maître d'Alcan- des Iroupes du roi qui étaient restées dans
tara. Mais l'an i336. le roi, voulant faire la ville, il profita de la levée du siège de
cesser le schisme qu'il y avait dans l'ordre, devant la citadelle pour en faire réparer les
et souhaitant que Nugnez fût grand maître brèches, dans la résolution de s'y bien dé-
paisible, a[)pela le grand maître de Calatrava fendre lorsqu'on reviendrait y mettre le siège,
et l'abbé d.' Morimond pour faire la visile de se réservant pour cet effet le commandenuMit
l'ordre d'Alcanlara et envoya des gens de
, de la grande tour, et donnant la garde des
guerre aux environs de Flacencia,Cacerès et autres aux chevaliers qu'il croyait le plus
Truxillo, afin d'empêcher que Ferez ne s'op- dans ses intérêts; mais il se trompa, car ceux
posât à celte visite. Celui-i voyant que le i , auxquels il avait confié celle qu'on appelait
roi prenait si fort les intérêts de Nugnez , du Trésor, y firent entrer secrètement les
envoya à ce prince sa démission, et ainsi Iroupes du roi ce qui déconcerta tellement
,
finit pour lors le schisme de l'ordre. Nugnez les chevaliers qui gardaient les autres lours,
demeura seul grand maître et se signala que prévoyant qu'ils ne pourraient pas après
beaucoup par les vicioircs qu'il remporta sur cela résister, ils implorèrent la clémence du
les Maures. Mais il eut dans la suite un sort roi et les lui livrèrent
,
ainsi, il n'y eut (jue
:
ipaaîlre de Saiul-Jucqucs voulunl s'en veu-, qui lui fit trunthev la tctc et cnsuile brûler
185 ALC ALC ^m
ion corps, l'an 1338,etmit lenonvean grand Le roi de Portugal Ferdinand lui en dis-
mnîlre Cl) possession de V;ilcnce.^d'Alcan(ar,n. puta néanmoins la possession, el (quelques
La monde ce prince, qui arriva l'an 1350, villes ne voulurent pas le reconnaître pour
causa bien des lroul)ies dans le royaume et leur souverain, ayanl ouvert leurs poi les au
un peu d(* division dans l'ordre; car Léonore roi de Portugal qui entra dans la Caslille
de Gusman sa maîtresse, dont nous avons
, l'an 1369. La même année dom Meleu Suarez
déjà parlé, en ayanl eu plusieurs enfants, ayant été élu grand maîlre d'Aleanlara se
prétendait avoir conlraclé mariage avec lui, joignit avec une partie de ses cbevaliers au
qu'ainsi ses enfanls étijicnl léj^iiiines, t que
< roi de Portugal, et les autres suivirent le
la ciiuronnc leur appartenait plutôt qu'à parti du roi de Caslille, qui obligea ces che-
dom Pierre, surnommé le Cruel, (iui lut pro- valiers à déposer le grand -niaîire el à en ,
clamé roi à Séville. Doui Feinand Ferez élire un autre qui (ul dom Henri Diaz de la
P«jnce d(» Léon, qui ciait pour lors grand Vega, qui força le roi de Portugal à lever le
maître d'Alcanlara, prit le parti de (.etle fem- siège qu'il avait mis devant la ville de Va-
me et de ses bâtards, dont l'un était Henri, lence d'Aleanlara ; mais ce prince s'en em-
comte de Trislemare ce (|ui fit que !e roi
; para sous le gouvernement de dom Diego
défendit au\ chevaliers qui étaient auprès Martinez, successeur de Henri Diaz. Le roi
de lui d'obéir à leur grand maître, et leur de Caslille la re[)rit dans la suite. Elle tomba
ordonna de recevoir les ordres de celui de encore entre les mains des Portugais, et fut
Calalrava ;mais le grand maître d'Alcan- enfin rendue aux chevaliers par un traité de
lara reconnut enfin le roi, ce qui remit pour paix qui se fit entre les deux couronnes.
un temps la paix dans l'ordre. Après la morldedom Ferdinand Uoiiriguez
Soiisucresseur,dom DiéijoGu'.ierezdeCeva- de Villalobos, trentième grand maîlre, les
los, ayanl été accusé d'avoir des intelligences chevaliers ne s'accordant pas sur le choix de
avec le coiuic de Trislemare, le roi l'attira son successeur, les uns voulant avoir le
à la cour, où il le fil arrêter et metire en une grand commandeur, etiesaulres le CUivier.
prison dont il se sauva quelque temps après. Dom Ferdinand, infant de Caslille, tuteur du
Comme Sun élection était coulcsiée, ce prince roi Jean 11, fit élire pour grand maîlre son
écrivit au pape pour le prier de ne la point fils dom Saut lie {\\i\ n'avait que huit ans, et
confirmer et de permettre qu'on en élût un ce fut sous son gouvernement que les cheva-
autre. Ou tint pour cet effet un chapiire gé- liers changèrent leur habillement l'an llVl,
néral de l'ordre, où on élut pour grand conime nous l'avons déjà dit, ayant pris la
maître dom Suer Martine/, qui ne le fut que croix fleurdelisée de sinople au lieu du cha-
par la faveur du roi car dom Pierre Manuel,
, peron et du scapulaire qu'ils portaient (1 ).
grand commandeur, eut d'abord la plupart Le grand-commandeur dom Jean de Soto
des voix, et aurait été immanquablement Mayor ayant élé élu grand maîlre contre la
reconnu, si ce prince, ayant manifesté ses volonté de la reine Catherine, mère el tutrice
internions, n'eût as obligé les chevaliers à
|
de Jean II, celte princesse voulant (jue Té-
concourir à l'élcclion de Martinez. lection tombât sur Goniez de Carillo, gou-
Sous le gouvernement de dom Martin Lo- verneur du roi, en écrivit au pape pour l'é-
pez de Cordoue il y eut de nouveaux troubles tablir grand maître, de son autorité; mais
dans l'ordre, causés par ceux dont le royaume ce pontife voulant laisser l'élection libre aux
était agité. Les cruautés du roi dom Pierre chevaliers, Jean de Solo Mayor demeura
avaient obligé la plupart de ses sujets à «e paisible possesseur. La minorité du roi
révolter contre lui et à reconnaître pour roi ayant donné lieu à plusieurs troubles, ce
Henri comte de Trislemare, comme nous grand maître s'attacha d'abord à son souve-
avons dit dans le chapiire précédent en par- rain, el l'aida à chasser de Caslille les rois
lant de l'ordre de Calalrava. Ce fui avec le d'Aragon de Navarre qui y avaient sus-
el
secours des Français qu'Henri pril Tolède, et cité le> troubles, et les biens qu'ils avaient en
se rendit maître de presque toute la Caslille. ce royaume ayanl été confisqués, le grand
Ce prince fit élire dom Pierre Mugniz de Go- maître eut pour sa part le château d'Aichon-
doi pourgrand maître d'Aleanlara à la place cel. Quelque temps après ce même grand
de Martin Lopez qui suivait le parti de Pierre maîlre s'élanl rendu suspect à la cour, au
le Cruel, et le pape en ayant eu avis, donna lieu de se justifier, prit le parti du roi
l'administration de l'ordre au clavier, en at- d'Aragon et celui du roi de Navarre, ce qui
tendant que les troubles du royaume fussent le fit déposer dans un chapitre général de
paciliés. Pierre /e Cruel, étant entré en Cas- l'ordre, et à la considération du grand com-
tille l'an 1367 avec un grand nombre d'An- mandeur, son neveu, qui lui succéda dans la
donna la bataille au comte de Triste-
glais, dignité de grand maître, et qui avait toujours
mare dans laquelle on vit les chevaliers se été fidèleau roi, on ne le fit point mourir,
baltreles uns contre les autres, une partie et on lui permit de mener une vie privée,
suivant la fortune de Pierre le Cruel, el l'au- avec quatre raille florins par an que l'ordre
tre éianl dans les intérêts du comte de Tris- lui donna.
lemare. La victoire se déclara alors pour La division fut encore grande dans cet or-
Pierre le Cruel, comme nous l'avons déjà dit; dre sous le trente-troisième grand maître,
mais dans un second combat, où Pierre le dom Gomez de Cacerès, à l'occasion d'un
Cruel fut tué, le comte de Trislemare de- diCférend que ce grand maître eut avec le
clavier, doni Alphonse de Monroi, qu'il fit de son frère Henri, ayant eu le malheur de
emprisonner. Celui-ci s'élant sauvé quel- tomber de cheval dans une bataille, et ne
que temps après, déclara la guerre au grand pouvant se relever, pria un homme qui pas-
maître, s'empara de plusieurs châteaux qui sait de lui rendre ce service ; mais celui-ci
appartenaient à l'ordre, et même d'Alcantara, qui avait été domestique du grand maître de
battit l'an liTO l'armée de ce même grand Monroi, trouvant l'occasion de venger sou
maître, qui y fut tué, et se fit enfin élire à maître, lui passa son épée au travers du
celle charge. Il continua la guerre contre corps et le tua. De Monroi, ayant appris sa
les chevaliers qui avaient tenu le parti du mort, ne négligea rien pour engager Moson
dernier grand maître, et qui occupaient en- à le délivrer, ce qui lui réussit. Se voyant
core des forteresses de l'ordre. Dom Fran- en liberté, il assembla des troupes avec les-
çois de Solis tenait celle de Magazella ce-
; quelles il entra sur les terres de la duchesse
lui-ci voulant se venger de l'injure qui avait de Placentia, où il s'empara de quelques
été faite à Goiiiez de Gacerès, son oncle, fit places. Comme le duc de Placentia tenait le
un traité avec Alphonse de Monroi (qu'il parti du roide Portugal, qui disputait la cou-
n'avait pas envie de tenir). Il lui demanda en ronne de Castille et de Léon aux rois catholi-
mariage une fille naturelle qu'il avait, avec ques, Ferdinand et Isabelle, ce prince et cette
trente mille maravédis de rente, et la com- princesse écrivirent au grand maître pour l'en*
manderie de Piedra-Buena pour son frère, gager à continuer la guerre qu'il avait en-
promettant de délivrer au grand maître la treprise contre le duc de Placentia, et à pour-
forleressede Magazella, et de le servir à la suivre comme ennemis tous ceux qui étaient
guerre. entrés dans les intérêts du roi de Portugal :
Le grand maître accepta ces conditions, et ainsi il s'empara de beaucoup de places au
après que le traité fut signé, il partit avec nom des rois catholiques, Ferdinand et Isa-
douze cents cavaliers pour aller prendre pos- belle. Mais il prit lui-même dans la suite le
session de Magazella. 11 voulut entrer seul parti du roi de Portugal, et enfin par le trai-
dans la place pour témoigner plus de con- té de paix qui fut fait entre ces princes eq
fiance à François de Solis, son gendre ; mais liT9, un des articles portait que les rois ca-
l'heure du dîner étant venue, de Solis fit met- tholiques pardonneraient au grand-mallre,
tre sur table pour premier service, des fers el qu'il renoncerait à cette dignité. Par ce
et des menottes entre deux plats, dont il fit moyen dom Jean de Zuniga fut paisible pos-
lier et garrotter son beau-père par des sol- sesseur de la grande maîtrise, jusqu'en l'an
dats, qui entrèrent en même temps dans la li94, qu'il s'en démit en faveur du roi Fer-
salle, après quoi ils !e conduisirent en pri- dinand, qiii en prit possession comme admi-
son. La nuit suivante quelques troupes du nistrateur, en conséquence d'une bulle qu'il
grand maître de saint Jacques et de la com- avait obtenue du pape Innocent VIII, dès
tesse de Mcldiu, à qui de Solis avait demandé l'an 1492, et qui fut confirmée par son suc-
du secours, arrivèrent et tuèrent ou prirent cesseur Alexandre VI, afin d'empêcher que
toute la cavalerie d'Alphonse de Monroi, et les grands maîtres d'Alcantara ne se liguas-
de Solis se fit élire grand maître par quel- sent à l'avenir avec le roi de Portugal. Zu-
ques chevaliers. niga fit bâtir un couvent de cet ordre à Vil-
La duchesse de Placentia, Léonore de Pi- lanueva de la Serena, où ils se retira aveo
mentel, femme de dom Alvarez de Zuniga, trois chevaliers et trois frères chapelains ; il
voyant la division qu'il y avait dans cet or- obtint ensuiteunebulle du pape, qui exemp-
dre, voulut en profiler, pour faire donner la tait ce couvent de la juridiction du grand-
grande maîtrise à dom Jean de Zuniga, son maître d'Alcantara, eu cas que cette dignité
fils. Elle la demanda au pape l'an 1473, sous fût rétablie en titre, et de cellede roisd"Espa-«
prétexte qu'elle était vacante, et eu ayant gne, tant qu'ils seraient administrateurs de
obtenu les bulles, quelques chevaliers lui cet ordre. Il fut ensuite pourvu de l'arche-
donnèrent l'habit de l'ordre, et le reconnu- vêché de Séville, et le pape le fit cardinal.
rent pour grand maître, et la duchesse s'em- Cet ordre a trente-sept commanderies,
para par force d'Alcantara et d'une grande dans lesquelles sont comprises les dignités de
partie des forteresses qui appartenaient à clavier et de sacristain majeur ou grand tré-
l'ordre sorier, et il est seigneur de cinquante-trois
Le grand maître de Monroi, ayant été six bourgs ou villages en Espagne. 11 y a les
mois en prison, trouva moyen de se sauver. mêmes dignités que dans l'ordrede Calatrava ;
Ses gardes s'en étant aperçus, en donnèrent les chevaliers ont presque aussi les mêmes
avis à François de Solis, qui envoya des gens statuts. Leur habit de cérémonie consiste pa-
pour le chercher ils le trouvèrent, et l'ayant
: reillement dans un grand manteau blanc et :
ramené à Magazella, ils le remirent entre les ce qui les distingue des chevaliers de Cala-
mains de sou ennemi qui, pour s'en mieux trava, c'est la croix verte fleurdelisée qu'ils
assurer, le voulait faire mourir mais Moson
; portent sur le manteau du côté gauche. Ils
Soto, qui prenait le titre de clavier, l'en em- font aussi un quatrième vœu, de soutenir et
pêcha et fit si bien par ses prières et ses re- défendre l'immaculée conception de la sainte
montrances, qu'il se contenta de le faire Vierge. La grande maîtrise fut dans la suite
jnelire dans un cachot, où il demeura encore annexée à la couronne d'Espagne par le pape
uil mois, après lesquels il
en sortit pour la Adrien VI, avec celles des ordres de Saint-
seconde fois car François de Solis, qui ser-
: Jacques et de Calatrava, et les chevaliers cu-
vait la reinelsabelle, héritièrede la couronne rent aussi lapermission de se marier en ISiûj
189 ALC ALC 190
Ils ont pour armes un poirier avecdenx en- peu, ne dormait presque point, les plus
traves. grandes austérités ne le rebutaient point; il
Francisco Radez, Chron. de las Ordenes y faisciitses délices de la pauvreté, et cherchait
Cavall. de Sant-Iago Calatrava y Alcantara. les humiliations avec beaucoup d'ardeur il ;
Francisco Caro de Torez, llist. de las Orde- vivait dans un si grand détachement de
nes militares de Sant-Iago, Calatrava y Al- toutes les choses du monde et demeurait,
cantara. Andréas Mendo, de Ordinilms mili- toujours uni si parfaitement avec Dieu, que
taribus. Angel. Manriq. Annal- ord. Cister. toutes ses occupations extérieures ne lui
Chrysostom. Henriquez, ReguL et constitnt. faisaient pas perdre un moment sa divine
ord. Cister. Bernard Giusliniani, Hist. chro- présence. D'abord on lui donna de petits
nol. de g H ord. milit. Favin, Mennenius, offices, comme de sacristain et de portier;
Belloy, Sciioonebeck et Hermun, dans leurs il eut soin du réfectoire et de la dépense, et
Hist. des ord. milit. Dom Rodric de Tolède il n'était jamais plus content que lorsqu'il
et Mariana. trouvait les occasions de s'employer aux of-
ALCANTARA Frères mineurs de là fices les plus bas et les plus pénibles de la
(
Espagne et les autres qui en sont sorties autres, avec des branches d'arbres et de la
fassent profession d'une vie austère et ri- boue , pour s'y retirer pendant le jour, et
goureuse néanmoins saint Pierre d'Alcan-
, pratiquer ses mortifications sans témoins.
tara religieux de cette province, l'un des
, Il ne put néanmoins se dérober tellement à
principaux ornements de l'ordre de Saint- la connaissance des autres, qu'on ne décou-»
François, tant par la sainteté de sa vie que vrîl à la fin les rigueurs qu'il exerçait sur
par là réforme qui porte son nom , ne se son corps. On s'aperçût qu'il portait des
contenta pas des austérités que l'on prati- plaques de fer-blanc percé partout en formo
quait dans celte province, il voulut encore de râpe, et dont les pointes, tournées en
y en ajouter de nouvelles. Ce saint vint au dedans, lui entraient dans les plaies qu'il se
inonde l'an li99, dans Alcantara, petite ville faisait avec une discipline de fer.
delà province d'Estramadure en Espagne, La custodie de Saint-Joseph ayant été éri-
d'où lui est venu son surnom. Il était fils gée en province, l'an 1519, le nouveau pro-
d'un jurisconsulte nommé Alphonse Gravilo, vincial jeta les yeux sur lui pour l'envoyer
,
Souverneur de cette ville, et de Marie Villela prendre possession d'une nouvelle maison
e Sanabria, l'un et l'autre de noble extrac- que Gomez Ferdinand, Solisio et sa femme,
lion et distingués par leur piété. Ayant fait Catherine de Silva, voulaient fonder à Ba-
son cours d'humanités et de philosophie dan» dajoz pour les réformés de celte même pro-
son pays , pendant lequel il avait perdu son vince, et quoiqu'il n'eût encore que vingt
père, et sa mère s'étant remariée, il fut ans, et qu'il ne fût pas dans les ordres sacrés,
envoyé par son beau-père à Salamanque, son mérite suppléant au défaut de l'âge il ,
pour y étudier en droit canon; il s'adonna à fut fait supérieur des religieux qui furent
cette élude pendant deux ans , après les- destinés pour composer la famille de ce nou-
quels il fut rappelé à Alcantara, où l'ennemi veau couvent. Son humilité était si grande,
du genre humain ne pouvant l'attaquer par que, comme il était le plus jeune de tous, il
les voluptés sensuelles, à cause de la morti- crut qu'on ne l'en avait fait supérieur que
fication où ce jeune serviteur de Dieu rete- pour être le serviteur des autres c'est pour-
:
nait sa chair sans relâche, le tenta par des quoi il se montra plus vigilant, plus mortifié
mouvements d'ambition , en le flattant des et plus soumis que ceux qui devaient lui
honneurs qu'il pourrait acquérir dans la obéir.
profession des lettres ou dans l'exercice des Les trois ans de sa supériorité étant expi-
charges. Mais Dieu lui flt grâce de vaincre
la rés, il reçut ordre de son provincial de se
celte tentation, et lui inspira le dessein de préparer à recevoir les ordres sacrés. Mais
renoncer à toutes les vanités du monde pour son humilité, qui lui donnait des sentiments
se faire religieux de l'ordre de Saint- Fran- si bas de lui-même, ne lui permit pas de rece-
çois. voir cet ordre sans quelque difficulté il obéit;
put refuser sa demande à son grand zèle et encore fini sa supériorité , il s'adonna à
aux marques extraordinaires de sa vocation, l'exercice de la prédication , et fit un si
quoiqu'il n'eût alors que seize ans, et les grand nombre de conversions, que ces heu-
épreuves de son noviciat l'innocence de sa, reux succès l'encouragèrent à continuer le
vie, la pureté de ses mœurs, et l'esprit d« même exercice lorsqu'il fut fait encore gar-
pénitence qu'il fit paraître dès les premiers dien à Badajoz et à Placentia. Quoique ces
jours de son entrée en religion ne per- , occupations apostoliques ne le détournassent
mirent pas de douler que l'esprit Dieu ne point des exercices de l'oraison et de la con-
l'eût conduit dans celte maison. Il mangeait templation, il ne laissait pas de soupirer
Wl DICTIONNAIRE DES OROiiES RELIGIEUX. ^92
souvent après le repos de la solitude, afin de palais sous l'habit séculier, afin d'être plus
Irnvaillcr à son propre salut. utile aux dames de la cour. Cette princesse
Il tieinanda pour ce sujel à ses supérieurs fit bâtir, à la sollicitation de saint Piere,
quohjuc couvent qui ne lût point fréquenté. un couvent de religieuses déchaussées de
Ils lui accordèrent sa deinande et l'en-
, l'Observance de la première règle de sainte
voyèrent dans celui de Saint-Onuplire de So- Claire, dans lequel plusieurs dames de dis-
riano; mais en même temps ils lui ordon- tinction se consacrèrent au service de Dieu»
nèrent don j)rendre la conduite. Ce fut là et elle avait pris des mesures pour le retenir
que, pour contenter Rodriguesdi Chaves,qui à Lisbonne ; mais le saint ne trouvait point
était son ami, et qui l'^ivait pressé de lui dans le palais où il était obligé d'aler sou-
donner par écrit les règles de bien faire l'o- vent le repos et la solitude qu'il cherchait,
raison qu'il lui avait souvent expliquées de quoiqu'on lui eût accommodé des chambres
bouche, il composa son petit traité de l'O- en forme d'oratoire, afin qu'ayant de quoi
raison et de la Contemplation, qui a reçu contenter son amour pour la contemplation,
tant d'éiogf's, surtout di; sainte Thérèse, de il eiil moins de difficjillé à consentir au désir
Louis de Gnnado, de saint François de Sales, que l'on avait de l'y posséder plus long-
du pape Grégoire XV et de la reine Christine temps ; ce qu'il n'auiait pu refuser aux
de Suède. bontés du roi et de l'infante, si une division
Dins ce même temps, les Pères de l'Ob- qui arriva entre les bourgeois d'Alcantara
servance de la province de Saint-Jacques, ne l'eût retiré de l'embarras où il était car
;
prétendant ranger sous leur obéissance les ayant été demandé pour remédier aux dé-
touïonisqui faisaient profession d'une plus sordres de sa patrie et réconcilier les esprits
étroite observ;nice renouvelèrent les an-
, qui avaient de part et d'autre beaucoup de
ciennes C(int'>stalioiis qui étaient entre eux confiance en lui ,ce prince, préférant l'in-
et ïi'S Pèri's de la province de Saint-Gabriel. térêt du public à sa propre consolation, ne
Le provincial de ces réformés envoya saint put lui refuser la liberté de se retirer, qiioi-
Pierre d'Akanlaia à Placcnlia pour dé-
, qu'au grand regret de la princesse, sa sœur,
fendre la justice de leur cause drvanl l'é- qui n'y consentit qu'avec un vrai chagrin.
vê(jue de cette ville où leurs parties s'étaient A peine eut-il pacifié les troubles de sa
pourvues. Il accepta avec jnie celte commis- patrie, qu(; sa province, assemblée au cou-
sion , et muni dune grande confiance en vent d'Albuquerque , l'élut l'an 1538 pour
Dieu et du bref du pape Clément Vil, que provincial. Il y avait longtemps qu'il avait
les réformés avaient obtenu en leur faveur, un ardent désir d'y rétablir la première dis-
l'an lo2j.ilaila irouverrévêquede Placentia, cipline de l'ordre de Sainl-rrançois, quoique
auquel présenta ce bref avec une sup-
il dans toute l'Espagne il n'y en eût point dont
plique par laquelle il priait ce piélal de la conduite fût plus exemplaire et plus ré-
vouloir terminer promptcment cette affaire. formée. Lorsqu il s'en vit le chef et le supé-
Ce prélat ordonna aux Pères de la province rieur, il se confirma dans celte généreuse
dé Saint-Jacques de comparaître dans trois pensée mais il en suspendit pour un temps
;
jours devant lui, pour déclarer les préten- l'exécution , à cause des oppositions que
lioiis qu'ils avaient sur les Pères de la pro- quelques religieux des plus considérables de
vince de Saint-Gabriel mais les Pères de
; la province y apportaient. Pendant ce temps-
l'Observance, sachant que notre saint ré- là , il dressa si s constitutions, dans le des-
formateur avait été député de sa province sein de les faire approuver lorsqu'il en trou-
pour en souteiiir les droits, n'osèrent com- verait l'occasion. Enfin, après avoir long-
paraître devant lévéque, et ainsi ils aban- temps médité, il convoqua le chapitre dans
donnèrent leur cause , désespérant de la le couvent de Placentia, l'an 15i0 ; il y dé-
pouvoir gagner contre un saint sur qui la clara aux religieux assemblés la pensée
protection du ciel était visible. que Dieu lui avait inspirée d'introduire
La réputation de ce saint commençant à dans la province une plus rigoureuse obser-
se répandre de tous côtés le roi de Portu-
, vance, et que pour cet effet il avait dressé
gal , Jean 111 , le pria de venir à Lisbonne, des constitutions. Plusieurs re'igieux s'y op-
pour l'éclaircir sur quelques doutes de sa posèrent, mais le saint, sans se rebuter de
conscience et son provincial lui ayant or-
, ces difficultés, leur fil lire ces constiiutions,
donné de satisfaire aux désirs de ce prince, écouta leurs raisons et les convainquit si
il obéit ; mais il ne voulut pas se servir des bien par ses discours, qu'elles furent reçues.
commodités que le roi avait lait préparer Dans ce temps-là , on lui offrit deux éta-
pour son voyage qu'il fil nu-pieds , sans blissements où il fit bâtir selon l'extrême
,
sandales, selon sa coutume. Le roi fut si pauvreté et la simplicité (ju'il s'était propo-
content des éclaircissements qu'il lui donna, sée , conformément à ses nouvelles consti-
et si édifié de sa sainteté, qu'il l'engagea à tutions. Le temps de son office étant ex[)iré,
en faire un autre quelque temps après son l'an loil,et ayant fait élire un autre pro-
retour. Le fruit principal de ces deux voyages vincial il ne se vil pas plutôt déchargé de
,
grandeurs de la terre, fit les trois vœux de au Père Martin de Sainte-Marie, qui avait
rebgion quoique, de l'avis même de ce
, commence une réforme liès-ausière dans un
saint, elle ne laissât pas de demeurer dans le cruîitage que le duc d'Aveiro lui avait ac»
195 ALC ALC 19 \
corde sor une tnont.infne allreuse, «oute de Soriano mais ils furent obligés d'en sortir
:
habitables; elles ii'claient cuuverles ([ue de saint Pierre d Alcantara ajouta à cette cns-
,
plancbes, et celle de noire sainl él.iil si lo'iie un couvent qu'on lui ace irda l'an
looO
élroile, qu'il ne pouvait s'y tenir que dans près de Lisbonne et <|u'il fil hâiir confor-
,
une posture conlrainle. Ces ermites vi- mcinenl à l.i pauvreté qu'il avait prescrite
vaient d'une manière tout extrjionlinaire , dans ses constitutions. Après avoir mis
ils ne coucliaient que sur des fagots de sar- toutes choses dans l'état où il les souhaitait,
ment ou sardes planches, ils n'usaient ni étant obligé de retourner en Gasiille, il laissa
de viande ni de vin, et ne mangeaient du en Portugal le Père Jean d Aijuila (|ui eut
poisson que les jours de léies. A minuit ils soin de maintenir la réforme dans celle cus-
récitaient malines ensemble et demeuraient todie qui fut érigée en province l'an loCO,
ensuite! en oraison juscju'à l'heure de prime, sous le nom de Notre-Dame de Hibida.
après quoi l'un deux liisait la u)esse à la- Ce sainl rérirmateur élanl arrivé en Es-
quelle les autres assistaient; de là, ils re- pagne l'an 1551, alla au couvent de Placen-
lournaicnt dans leurs cellules, où ils s'occu- lia dans le temps que les reigieux étaient
paient à divers exercices jusqu'à tierce, assemblés pour élire un provincial. Us vou-
qu'ils récitaient aussi en commun avec les lurent encijre le charger de cet emploi, mais
autres heures canoniales, et ils employaient il fit tant d'inslances pour ne ie
pas accep-
au travail des mains le leujps d'entre vêpres ter, (ju'ils en élurent un autre il ne put
:
Irao'dinaire de sainl Pierre d'Alcaniara et s'alla cacher dans un couvent fort solitaire,
des autres religieux (jui étaient dans l'er- dans le dessein d'y jouir en repos, durant
mitage d'Arabida , voulut les aller visiter, quelque temps des douceurs de la retraite
,
el il ne fut pas peu étonné de la pauvreté de Pendant qu'il s'occupait dans ce déserl aux
ces religieux de la pelilesse de leurs cel-
, exercices de la contemplation et de la péni-
lules, de la rigueur de leur pénitence el de tence il se sentit de n tuveau enfl inifné d'un
,
ligieux de sa province avec une joie qui ne basse qu'il ne pouvait s'y tenir debout.
se peut cxprin>er. Le temps d'élire un nou- Après y avoirdemeuré quelque lemps, il alla
veau provincial étant venu, le chapitre se à Rome avec son cotupagnon , el obtint en-
Uni l'an lo'tS, toutes les voix éiaienl paria- core du pape Jules 111 la permission de fon-
gées entre notre saint et le Père Jean d'A- der un couvent où il pût introduire une dis-
quila, qu'il chérissail tendremeni ;mais ils cipline aussi austère qu'il le désirait «t de ,
prièrent avec lanl dinsiance le général (jui vivre sous l'obéissance des conventuels, afin
présidait à ce cha[)ilre de recevoir leur le-
, (|u"il ne fûl pas inquiété par \ei supérieurs
uoncialion, qu'il fui conlrainl de l'accepier: de sa piovince.
ainsi l'éleclion ne pul loml)er ni sur l'un ni Etant de retour en Espagne, l'évêque de
sur l'autre. Après que le cliapiire fut ter- Coria voulut bâtir à ses frais ce nouveau
miné, ces deux serviieurs de Dieu, contents couvent d.ins l'ermitage même de S.iinte-
de ce qu'ils n'av.aieni point de charges se , Cro X ;mais comme celui de Sainl-Marij
retirèrent au couveal de Saiul-Ouuphre de d'JUautemirc u'eu était ôloigué que d'uiiQ
, ,
lieue , et que les observants à qui il appar- nant mêmel'épaisseur des murailles ; qu'il
tenait auraient pu l'inquiéter, le saint ju- n'y aurait aucun lieu pour faire des biblio-
gea à propos de le fonder autre part. thèques ou pour assembler le chapitre et ,
cèse duquel ce lieu se trouvait les fonde- , que ceux qui ne seraient pas malades ne
ments en furent jetés l'an 1553. Gomme pourraient manger ni viande, ni poisson ,
cette maison n'était pas fort considérable ,
ni œufs, m boire de vin ; qu'on ne pourrait
elle fut achevée en peu de temps elle était si ;
faire de provisions d'huile et de légumes que
étroite, qu'elle surpassait en pauvreté toutes pour un mois ou deux tout au plus; qu'on
les autres qu'il avait fondées auparavant ne recevrait point d'aumône pour des mes-
dans son ancienne province et ceux qui la ,
ses mais que les religieux seraient obligés
,
voyaient ne la' prenaient pas pour un cou- de les appliquer pour les bienfaiteurs qu'ils ;
vent, mais plutôt pour un sépulcre ou un feraient trois heures d'oraison mentale cha-
cachot tout le bâtiment n'avait que trente-
: que jour et qu'ils ne seraient pas plus do
,
deux pieds de long sur huit de largeur. La huit dans chaque couvent.
chapelle séparée du corps de l'église par
,
Gomine cette réforme avait plus de rap-
une balustrade grossière était si petite
, port à la vie des observants qu'à celle des
qu'une seule personne outre le prêtre et
, conventuels on résolut dans le même cha-
,
si étroit, que deux hommes les bras étendus quitterait celui des conventuels. Le nou-
le pouvaient toucher aux deux extrémités : veau provincial , après avoir fait la visite
la moitié des cellules était occupée par un lit des cou\wnls de sa province , alla à Rome
de trois ais, et il n'y avait rien dans l'au- pour en obtenir la permission qui lui fut
tre les portes étaienlsi basses et si étroites,
;
accordée par le souverain pontife, à son re-
que l'on ne pouvait y entrer que de côté et tour en Espagne. Saint Pierre d'Alcantara
en baissant la tête. Il s'y logea le plus mal qui faisait encore l'office de commissaire ,
de tous; sa cellule était un réduit si petit, ayant assemblé un second chapitre à Sainl-
qu'il ne pouvait y demeurer que dans des Barthélemy de Sainte-Anne, fut élu provin-
postures contraintes soit à genoux , soit
,
cial et entreprit le voyage d'Italie pour don-
assis ou courbé, sans pouvoir s'étendre tant ner avis à ce général de la résolution qu'ils
de nuit que de jour. avaient prise : il le trouva à Venise où ,
Pendant que le saint vivait ainsi retiré après avoir eu une conférence avec lui , et
dans ce petit monastère avec quelques reli- être convenus ensemble des conditions sous
gieux qui l'avaient voulu imiter dans ce lesquelles les réformés seraient reçus , il
genre de vie si austère, les Paschasitcs, dont continua son chemin vers Rome pour en de-
nous parlerons dans le chapitre suivant, qui mander la confirmation au pape Pie IV, du-
avaient qu&lre couvents unis sous le titre de quel il obtint une bulle, du huit février 1562,
custodie de Saint-Joseph, et qui étaient aussi par laquelle ce pontife ordonna que les ré-
soumis à l'obéissance des conventuels, le formés de la province de Saint-Joseph re-
demandèrent pour commissaire de leur cus- nonceraient à tous les privilèges qui étaient
todie, ce que le général leur accorda l'an contraires à la pureté de la règle; qu'ils
1556, et le saint fut confirmé en cette qua- obéiraient au ministre général de l'Obser-
lité de commissaire par le pape Paul 1V% qui vance comme au véritable général de tout
par un bref de l'an io59, lui permit d'ériger l'ordre; que les supérieurs de cette province
celte custodie en province. Le saint accepta pourraient recevoir parmi eux tous ceux
cet office et ayant joint à la custodie de
, qui se présenteraient à eux pour embrasser
Saint-Joseph son couvent de Pedroso avec leur réforme qu'elle aurait deux custodies
,
deux autres que le comte d'Oropeza lui avait l'une sous le litre des apôtres saint Simon et
donnés sur ses terres , et un quatrième saint Jude , et l'autre sous le nom de saint
dans l'évêché de Zamora il fit assembler
, Jean-Baptiste ; et que quand chacune de
un chapitre en 1661 où cette custodie fut
, ces custodies aurait dix couvents, elles se-
érigée en province, retenant le nom de raient érigées en provinces.
Saint-Joseph, dont le P. Christophe Bravo En conséquence de ce bref, le P. François
fut premier provincial. Gusman, commissaire général de la famille
Le saint dressa ensuite des statuts pour de l'Observance ultramontaine tenant le
,
tous les couvents de cette nouvelle province chapitre provincial de ces réformés au cou-
et pour les autres qui embrasseraient la ventde Notre-Dame des Anges deGadalhoso,
même réforme. Il ordonna entre autres cho- forma la custodie de Sainl-Jean-Bapliste de
ses que chaque cellule n'aurait que sept six couvents qu'ils avaient pour lors au
pieds de long, l'infirmerie treize, l'église royaume de Valence; mais en ayant obtenu
vingt-quatre, et tout le circuit du monastère encore quatre autres dans la suite eile fut ,
entreprit dans l'ordre des Carmes leva les , Isabelle Menez, dont il relintle nom, suivant
divers obstacles qui s'opposaient aux des- l'usage d'Espagne et de Portugal. On lai
seins de celle sainte, et lui procura tant de donna au baptême celui de Jean, suivant le
secours, que sans lui il aurait été bien diffi- conseil d'un ange qui apparut à ses parents
cile qu'elle eût réussi dans son entreprise. sous laforme d'un pèlerin. On eut peine à
Enfin ce saint réformateur travaillant à aug- l'élever à cause de la délicatesse de son
,
nores de la provincia de San-Joseph. Anto- ce qui ne réussissant pas selon leurs désirs ,
nio Panes Chronica de la provincia de san
, à cause de la violence du vent contraire et
Juan-Bautissa de Religiosos Menores Descal- des écueils contre lesquels ils craignaient de
zos. Martin de Saint-Joseph, Historia de las se briser, sollicités par les prières d'Amédéu,
Vidas y Milugras de san Pedro d'Alcantara , qui souhaitait retourner à terre dont ils s'é-
y de los Religiosos insignes en la reforma de taient un peu rapprochés avec bien de la
Delcalzos. Marchese Vie de saint Pierre ,
peine, ils mirent en mer leur chaloupe, dans
d'Alcantara. Baillet et Giry, Vies des saints, laquelle il ne fut pas plulôl descendu, que la
au 17 octobre. tempête cessa, ce qui lui faisant connaître
ALBÉE (Saint-). Voy. iRLANnR que Dieu ne voulait pas qu'il passât en Afri-
ALEXIENS. Voy. Cellites. que» il retourna à son couvent de Notre-Dame
R'J DICTlOrsNAlKE £)ES ORDKKS RELIGIEUX. ^200
Eianl lombé dans une gramie iji;iladie qui ses su|)érieurs dans une cellule d'une an-
lui ôta l'usage de tous ses membres, il ne cienne infirmerie, avec un compagnon qui
Irotivail aucun soulagement à ses maux que se joignit à lui, dans un même esprit de
lorsqu'il pouvait entendre l'office divin. C'est retraite et d'oraison. Il était si assidu à la
pourquoi il obtint de ses supérieurs qu'on le prière et à la méditation, qu'il y employait
conduirait à l'église dans un petit ciiariot, quelquefois quatorze heures, et toujours à
lorsque les religieux étaient à l'office. Il y genoux. 11 jeûnait si sévèrement, que trois
était ordinairement dans une cbapelle, où il y fois la semaine il ne prenait pour toute «»our-
avoil uneimagcdela sainte Vierge, à laquelle riture que du pain et de l'eau. Il jeûnait
il demanda une fois avec tant de ferveur la aussi de la même manière les jours de jeûnes
diminution de ses douleurs, que non-seule- ordonnés par l'Eglise, et souvent même il les
ment sa prière fut exaucée, mais encore il passait sans prendre aucune nourriture,
fut si perfaitcment guéri ,
qu'après avoir aussi bien que les vendredis et les samedis :
rendu des actions de grâces à sa bienfaitrice, ce qu'il continua jusqu'à sa mort, et il s'ab-
il reconduisit lui-même son chariot. Enfin stenait en tout temps de viande et d'amfs.
après avoir été aveiii par trois différentes La réputation de sa sainteté aigmentant
fois par "a même bienfaitrice , par saint de jour en jour par les miracles continuels
François, et par saint Antoine de Padoue, qui qu il faisait lui attira un si grand nombre
s'apparurent à lui, de passer dans l'ordre des de visites, tant de François Sforce, duc de
Frères Mineurs, et daller en Italie pour y Milan, que d'un grand immbre de personnes
prendre l'habit de cet ordre dans le couvent qui venaient le consulter sur les maladies
d'Assise, il en obtint la permission, le 11 oc- de l'âme aussi bien que sur celles du corps,
tobre 1^52, de Gonzalve d'illescas, prieur de qu'il se résolut d'abandonner ce lieu qui ,
Guadaloupe, son supérieur, qui fut ensuite commençait à n'être plus pour lui une re-»
évéque de Gordoue traite, et d'en chercher un autre, où, étant
Ce ne fui pas sarjs beaucoup de peine qu'il moins connu, il pût s'appliquer avec moins
arriva en Italie. 11 alla d'iibord trouver Ange de distraction aux exercices de la prière cl
de Pérouse, général de l'ordre de Saint-Fran- de l'oraison. Dans le doute où il était s'il
çois qui élaiidanscetleville, pourlui deman-
, devait seulement quitter le duché de Milan,
derThabilde son ordre; mais ilen fui rebuté et ou abandonner la Lombardie, il s'idr- ssa à
reçut un pareil traitement à Assise. Il persista Dieu qui ayant fait connaître quM devait
lui
néanmoins d.ms sa résolution et dans l'es- demeurer en Lombardie, il sollicita si fort
pérance que Dieu lui fournirait les moyens ses supérieurs qu'ils lui accordèrent la
,
d'exécu'er sa sainte volunié, il bâtit un petit permission de s'en aller où Dieu l'appelait.
ermitage proche régli>e de Saint-François, il vint l'an 1^57 au couvent de Marliano, où
où il allait tous les jours y faire ses prières, il n'y avait qu'un seul religieux mais il fut
;
servir les messes, et aider au sacristain dans rempli en peu de temps d'un très-giand
les exercices de sa charge, et cela sans au- nombre de saints religieux. La foule du
cun intérêt. Il se trouvait à la porte du cou- peuple qui le venait encore trouver en ce
vent avec les pauvres pour y recevoir l'au- lieu l'obligea de l'abandonner aussi, pour
mône. Mais le compngnon du sacristain étant aller au couvent d'Oppreno, qui était pa-
lombé dangereuseinenl malade, et s'étant re- reillement ruiné; mais il y rétablit en peu
commande aux prières du bienheureux Amé- de temps les observances religieuses,
dée, à qui l'on donna ce nom à cause du comme il avait fait dans celui de Marliano,
grand amour qu'il avait pour Dieu il se , et soumit ces couvents à l'obéissance des
trouva guéri miraculeusement. Plusieurs conventuels.
personnes ayanléléaussisoulagéesdans leurs 11 n çut les ordres sacrés pour obéir à son
maux par son moyen, sa réputation se ré- provincial, qui, connaissant son humilité,
pandit, et les mérites de ce serviteur de Dieu l'y obligea, le chargeant en même temps de
ayant été reconnus, il fui admis au nombre la conduite du couvent d'Oppreno, où il fut
des religieux en qualité de frère laïc par le supérieur pendant six ans. 11 célébra sa
général Jaciines de Mozanica première messe le 25 mars 1459 avec les
La \ie austère qu'il menait, et l'obser- sentiments de dévotion et de respect que
vance exacte de la règle à laquelle il s'ap- mérite ce mystère adorable. Les œuvres de
pliquaii excitèrent bientôt contre lui la haine charité qu'il exerçait envers les malades, les
des autres religieux, qui, ne pouvant souffrir atfligés,les pauvres et les indigents, lui aili-
les reproches qu'il leur faisait de leurs rèrent l'estime non- seulement des peuples
mœurs corrompues et du relâchement où ils du voisinage, mais encore de toute la Lom-
étaient tombes ne cessèrent point de le
, bardie, où on lui offrait plusieurs établis-
persécuter, jusqu'à ce qu'ils leurenl fait sements, ce qui, joint aux œuvres de cha-
sortir d'Assise. 11 alla à Pérouse, en ayant rité et de miséricorde qu'il exerçait envers
été averti par un ange et ayant obtenu du
; tout le monde, lui attira en 1468 la persé-
provincial une obédience, il alla trouver le cution de quelques religieux de l'ordre, qui
général, qui était pour lors à Brescia d'où il
, portèrent des plaintes contre lui à l'arche-
partit pour aller demeurer par son ordre à vêque de Milan; mais ce prélat, voyant que
Milan au louvenlde Saint-Francois,. proche c'était un effet de l'envie et de la jalousie
la porte de Veiceil. il
y fut fail'sacnslaiu i qu'où avait conçue coulr.e lui, et que la ma-
2Ô1 Â.\fÀ AMA 20«i
lice y avait en plus de part que la vérité ot Ificn qu'aux custod^.s qui lui succéderaient,
le zèle, déclara innocent et reprit sévè-
le de recevoir tous les conventuels qui vou-
rement SCS calomniateurs. La persécution draient entrer dans sa congrégation, ce qui
ayant recommencé quelque temps après, il fait voir que, quoique te pape Paul II eût
all.'i à Home implorer la protêt tinn du pape, supprimé le lilie do rus^odie, Amédée avait
qui la lui accorda, et renvoya son affaire au toujours retenu le n'>in de custode pour lui
duc de Milan pour être jugée mais le crédit
; el ses successeurs, et ic pouvoinle gouver-
de ses adversaire» ayant prévalu sur son in- ner les couvenls de sa congrégation selon
nocence, il reçut ordre de sortir tie l'étal de les observances qu'il avait établies. Ce fut
Milan dans trois jours mais Dieu prenant
: aussi celte même année que le pape qui ,
la défense de son serviteur leur fil ( oricr la l'avait choisi pour son conf''Sseur, voulant
peine de leurs caloiunics, en les affligeant de que sans sortir de R->me il pût gouverner
maladies dont la guérison les obligea à re- SCS religieux, lui donna le couvent de Sainl-
connaître leur faute et à publier l'innocence Pierre in Montorio ou du Mont-d'or qui ,
et la sainteté du bienheureux Amédée, puis- avait élé commencé par les libéralités de
que ce fut par ses prières qu'ils oblinreul de quelques Français et (jui fut achevé parceL
Dieu la santé. Ce saint fondalcur, ayant sur- les des rois catholiques Ferdinand et Isa-
monté toutes les difficultés qui se rencon- belle, l'an L502
traieîil dans ses bons desseins, acheva les Le bienheureux Amédée demeura pendant
bâtiments des monaslères qu'il avait com- quelques années dans ce couvent, menant une
mencés, et en joignit d'antres à sa congré- vie 1res -austère. Il accordait chaque jour
gation. Paul II par un bref de l'an liGO lui deux heures à ceux qui le venaient consulter,
donna le couvent de Notre-Dame de Bueno, el en>ployait le reste à la prière et à la mé-
au diocèse de Crescia, ce qui lui suscita ditation. Knfin l'an 1482,) l obtint permission
de nouvelles persécutions ; car sur de faux du pape d'aller faire un tour dans la Lom-
bruits que Si'S ennemis firent courir , les bardie, pour y visiter les couvenls de sa con-
Véniliens le regardèrent comme un espion grégation, et dans ce voyage on lui en donna
dos Milanais, (|ui venait s'établir chez eux, encore un à Plaisance, ouire ceux qu'il avait
el le firent aussilôt sortir des terres de la ré- déjà obtenus pendant son séjour à Ilome ;
publi(|ue. Mais la calomnie ayant été dé- mais pendant qu'il se disposait à Milan pour
couvcrle, il fut rappelé avec honneur, el les y retourner, il lon>ba malade cl mourut le
Véniliens lui donnèrent permission de s'é- 10" jour d'août de la même année. L'on [tré-
tablir où il voudrait sur leurs terres. Il tend qu'il eut plusieurs révélations de choses
reçut la même année le couvent d'Anlignalo: qui devaient arriver et dont il composa uss
on lui en donna encore trois dans la Lom- livre qu'il laissa scellé à ScS disciples pour
bardie, dont il fit une cnslodie avec ceux n'élre ouvert que dans un certain temps ;
qu'il avait déjà, et il en fut fait custode la mais le livre des prophéties qui [)or eut son
même année l'iGO par le mémo jïonlil'e, qui nom a élé si corrompu par d autres et si ren>-
permit aux religieux d'en élire un autre pli de rêveries dont plusieurs sont opposées
après sa mort, à condition que celui qui se- à la foi, que l'on ne |)eul plus dire que ce
rait élu recevrait sa confirma ion dans le soit de lui, el Wading, anndis'.e do l'ordre
chapitre de la province dt; Milan. des Mineurs, le justifie de toutes les hérésie*
L'érecliou de celle cusiodic réveilla la ja-^ qu'on lui impule, n'y ayant aucune apjjrtt
lousie des religieux de l'Observance de celle rence que le pape Sixte IV oui voulu prendre
province, qui voyant les progrès qu'elle fai- pourson conb sseurunauss-igrand visionnaira
sait, apprébend lient qu'elle ne se séparât que le bienheureux Amédée l'aurait élé s'il
d'avec eux , principalement après que le avait avancé lout ce qui est dans le livre
bienheureux Amédée cul encore reçu un qu'on lui attribue. Les miracles qu'il a faits
couvent dans un des faubourgs de Milan, peiidanl sa vie et qui ont continué après sa
qui lui fut donné par l'archevéïiue de celle mort ont d'ailleurs rendu témoignage <ie la
ville, (]ui avait élé délégué par le pape pour saitileté de sa vie el de la pureté de sa foi.
rrxcculion de son bref: mais le saint fon- 11 eut plusieurs disciples qui l'imitèrent
dateur, pour éviter toutes conleslaticns et dans son genre de vie et i|ui acquirent une
faire ces>er leurs craintes , obtint l'année aussi grand(î ré|iulalion que lui, principale-
suivante un autre bref, par lequel le pape ment Georges de Val-Caaioni(juo, Gill. s de
supprima h; litre de cuslodie cl ordonna «iiic Monl-Ferrat, Jean Allemand et HonaveuUire
le bienheureux Amédée el ses compagnons de Crémone, qui lui succédèrent dans le gou-
seraient immédiaiemenl soumis à l'obéis- vernement (le sa congiégation et sous les-
sance du général et des provinciaux. quels elle fit tant de jjrogrès, qui; dans une
Sixie IV étant prrveiui au souverain poi\- seule province il y avait vingt-huit couvents.
lifical l'an li71, après la mort ('e Paul II, fit Après la mort de son fjuviateur, le pape
venir à Home le saint fondateur, auquel il Sixte W lui accorda do nouveau sa prol c-
donna un bref du '2ï mars de la même année, tion par un bref du 22 septembre li82 et con-
par lequel il accorda plusieurs privilèges à firma ses privilèges. Elle s'étendil ensuite
sa congrégation et à une confrérie qu'il en Espagne, où le pape Innocent V1!I lui
avait établie à Milan. Le bref est adressé à donna l'an 1i93 le couvent do Saint-Genest
Amédée, l'Kspagnol, custode de la maison de délia Xara proche la villede Carihagène.cequi
Noire-Dame de la Paix à Milan. Outre cela fut confirmé par Alexandre VI qui lui ac-
Sa Sainteté lui donna l<i permission, aussi corda encore par un autre bref ue l'an l''3t'
Dictionnaire des Ordhes religieux. L T
f03 DICTIONNAIRE DES ORDRES RELIGIEUX. 204
tous les privilèges dont jouissaient les reli- paremment à cause qu'ils étaient soumis
gioux Obscrvanls. Mais taudis i\ue ces Amô- pour lors h juridiction des archevè(îues
la
fiéistes faisr.icnl du proi^rès et édifiaient les de Milan, comme
ils le furent encore dans
peuples par la sainteté do leur vie, Jules II la suite, jusque sous le pontificat d'Eu-
qui, cotntne nous avons dit dans les clKHji- gène \y , qui leur laissa le privilège de ré-
<Ves VII et X, voulut qu'il n'y eût dans l'or- citer l'olfice .Ambrosien, en leur en accor-
dre de Sainl-Frauçois que les Conventuels dant un nouveau <jni les exemptait de la ju-
et les Observants ,' ordonna que les Anié- ridiction ilci ordinaires.
déistcs feraient choix des uns ou des autres Le P. Bonanni confond les religieux Apos-
•
iour s'incorporer avec eux, Léon X, son lolins ou de Sainl-Barnabé, dont nous allons
successeur, ordonna aussi la même cho^e ; parler, avoc les religieux de Saint-Ambroiso
ils subsislèreut cncori! néanmoins jusque nd nemus, dont il dit qu'il n'a pu découvrir
sous le pontifical de Pie V qui les supprima lorigine; mais qu'il faut qu'elle soit bien an-
eutièrement. N^us ne répétero!»s point ce cienne, principalement à cause du nom de
que nous avons déjà dit de cette suppression Barnabiles qu'ils portaient autrefois, préten-
en parlant dos Clarouins dans le chapitre dant avoir été fondés [)ar l'apôtre saint Bar-
VII nabe. Il ajoute (jiie l'archevêque de Milan,
Luc Wading, Annal. Minor, lom. M, "^11 voyant que pir un loi.g espace de temps, ils
et VIII; Rodulph. Tossinian, Hisl. Seraphic. s'élaieut rclâchèsdclcurs anciennes observan-
libii; Dominic. d; Gubernalis,0r(!/=5cra/;/<?c. ces avait demandé à Grégoire XI la per-
tom I, lib V Marc de Lisboa, Clironica dos
;
mission de les établir dans l'église de Saint-»
Menoi-esAomAli, lib vi, cap. 3. Aiiibroise ad nemus, où ils allaient souve;;t,
AMANTS (PrxiEURÉ des Deux-). Voyez Jean à cause de la dévotion qu'ils portaient à co
DE Ghahti.::;3 (Saint-) saint docteur, ce que le papo lui accorda par
Amarante (Chevalier me t') Votjez Séra- sa baWiiCupientibus par laquelle il ordonne
phins. qu'ils suivront la règle de saint Augustiu ;
mais apparemment que le P. Bonanni n'a
AMBROISE AD NE MUS OU AU BOIS
pas lu cette bulle, qui marque posiliveaienl
( Religieux de Saint-).
que ces religieux demeuraient déjà à Saint-
Des religieux de Vordre deSnint-Ambroise ad Ambroiscai/ nemus, el que c'étaient eux-m.ô-
ncmus el de Sainl-Barnabé. mes qui demandaient au pape de leur pres-
eu autrefois deux ordres différents,
Il y a. crire une règle Sane petitio pro parte vrstra
:
saint ait été l'auteur de l'office qu'on appelle rigia (2) qui en a parlé le premier dans sou
Ambrosien, el il y a même plus d'apparence Histoire des ordres religieux mais l'on ne ;
qu'avant saint Ambroise l'église de Milan I)eut guère compter sur le témoignage de
avait un office particulier, différent de celui cet auteur, qui, après avoir dit dans le
de Rome, aussi bien que les autres églises chapitre 45 du livre i"" que ces trois
d'Italie, et que quand les papes firent pren- fondateurs vivaient du temps de saint Aid-
dre aux églises d'Occident l'office romain, broise, qui allait ordinairement dcmeurtr
colle de Milan se mit à couvert sous le nom quelques jours avec eux dans leur soli-
de saint Ambroise, et depuis ce temps-là , on tude, dit dans le chapitre 18 du livre m,
nomma son office, l'office selon le rit Ambro- qu'ils fondèrent cet ordre l'an 1431. Il y a
sien, pour le distinguer des autres églises bien de l'apparence que cet ordre ne com-
qui avaient suivi le rit romain. Ainsi si le , mença que sous le pontificat di! Gré-
pape Grégoire XI permit aux religieux de ivoire XI (|oi, par sa bulle dont nous avons
ëaint-Ambroise flfhicmus, de suivre le rit Am- parie, leur ordonna de suivre la règle de
brosien, ce ne fut pas à cause que saint Am- saint Augustin leur permit de porter le
,
broise était leur fondateur, niais c'était ap- nom de Saiul-Ambroise ad nemus, de réciter
(tl) iieruant, Uitt. des ord. relig., 1. 11, p, 466- (-2) Morigia, Orig. di lutti gl. Relig.
m AMB ÂMB §ô«
l'office selon le rit Ambrosien d'élire un ,
ligieux de Saint-Arabroise ad nemus f qui
prieur qui devait être confirmé par l'arche- étaient aussi Barnabiles, et qui prétendaient
vêque; (le Milan, et leur prescrivit la forme avoir été fondés par saint Barnabe, selon
el la couleurde leurhabil!cmcnt(l).Cetorilr(' ce que dit le P. le Page dans sa Bibliothèque
s'éîendit ensuite on plusieurs lieux; mais les do Prcmonlré, que le P. Bonanni apporte
maisons claieut indépendantes les unes des pour garant do ce qu'il avance el il ajoale ;
auircs, ce qui fit que l'an liVl, le pape Eu- que Sixte V, pour assoupir les différends qui
gène IV les unit en congrégation, et ordonna arrivaienl tous les jours entre ces deux or-
que le couvent de Sainl-Ambroise ad nemus, dres qui étaient si semblables, les unit en-
proche de Milan en serait le chef; que tous
, semble l'an 15S6.
les trois ans on y tiendrait le chapitre géné- Bien loin que les Apostolins aient eu saint
ral, que l'on y dresserait des statuts et règle- Barnabe pour fondateur, il n'est pas même
ments pour le bon gouvernement do celle certain qu'il ail prêché dans la Ligurie, où
congrégation, et que l'on y élirait un géné- l'on prétend que cet or&re a pris son origiue.
ral pour la gouverner, et défendit aux reli- Ce qui paraît plus vraisemblable, c'est que
gieux de passer dans d'antres ordres, même dans le quinzième siècle, il y eut plusieurs
plus austères. Dans la suite des temps, lOb- ermites qui s'unirent ensemble dans l'Elat
servance régulière s'élant un peu relâchée, de Gênes, et qui , à cause de la vie apostoli-
ils prièrent sai:it Charles Borromée, l'anloTi), que qu'ils menaient, et qu'ils avaient pris
d.'assisterà leur chapitre général , et, par ses saint Barnabe pour patron et protecteur, lu-
conseils, ils y établirent de bons règlements, rent appelésdans la suite les frères de Saint-
qui furent fort utiles pour la conduite et !e Barnabe ou les Apostolins. Ils ne faisaient
bien de leur congrégation qui fui enfin unie,
,
point de vœux soleniiels et étaient de simples
le 15 août 1589, avec Cfdlo des religieux de laïques. Morigia, qui a été suivi par plusieurs
Sainl-Barnabé,ou Âposlolins,par autorité du au'res, dit que l'an 'l48i, le pape Inno-
pape Sixte V, el celle union fut confirmée cent VIII leur permit de prendre les ordres
l'an 1606, par le pape Paul V. sacrés, et leur prescrivit la forme et la cou-
Ces Apostolins disputaient l'antiquité aux leur de leur habillement, et que les premiers
ÂmbrosicnSjCt ne prétendaient pas moins que qui furent ordonnés prêtres, furent Etienne
d'avoir eu saint Barnabe pour fondateur. Plu- Morcsana Jean de Scarpa et Nicolas de Steri.
,
sieurs écrivains ont suivi celle opinion après Mais Morigia s'est encore trompé en cela,
Morigia,quiestloplusancienquien ait parlé, puisque lorsqu'ils s'éiablirenl à Gênes l'an
quoiqu'il n'ait écrit qu'en 1569. Nous avons 1486, il n'y avait pas encore de prêtres parmi
déjà fait voir que l'on ne peut guère s'arrêter eux. comme il paraît par les lettres de Paul
sur son témoignage; en voici encore une de Campo-Frigoso, cardinal et archevêque
preuve; car dans le chapitre 51 du livre i'' de Gênes, datées de cette année; car ce pré-
de son Histoire, il dit que ces religieux lat permit à Jean de Scarpa et à ses compa-
avaient eu saint Barnabe pour fondateur, et gnons de la congrégation de la Pauvre Vie
qu'après sa mort ils prirent le nomd'Aposlo- des apôtres de congreç/atione pauperis vi-
,
rateur, trois gentilshommes milanais, Alexan- et ce fut lui qui obtint du pape Alexandre VI
dre Crivelli xilbert Besozzo et Antoine Pie-
, une bulle du 13 janvier 1496 (2i, par laquelle
tra-Sauta, la rétablirent dans un lieu soli- ce pape leur ordonna de faire des vœux solen-
taire, où autrefois saint Ambroise avait cou- nels sous la règle de saint Augustin, afin de
tume de vaquer à la contemplation; et, dans les retenir dans celle congrégation, dont il»
un autre endroit, il parle de certains moi- sortaient quand ils voulaient. Le P. Pabc-
nes qui environ l'an 490, avaient été (à ce
, broch met l'origine de ces Apostolins dans le
qu'il dit) institués par saint Ambroise dont quatorzième sièle, et croil qu'ils ont pris nais-
ils avaient retenu le nom. îl ajoute qu'ils sance à Milan; il y a néanmoins plus d'appa-
avaient premièrement suivi la règle de saint rence qu'ils onl pris lenr origine à Gênes,
Augustin, et que dans la suite ils avaient été puisque le chef di> cet ordre était le couvent
incorporés parmi d'autres ordres qui ont de Saint-Roch à Gênes.
suivi elle de saint Benoit. Cependant saint Quoi qu'il en soit, ils firent union avec les
Ambroise mourut l'an 337, et c'est encore religieuxde Sainl-Ambroise ad nemus. Ils se
une preuve du peu d'exaclitude de cet au- désunirenl ensuite, Sixic V les réunit par
teur. Enfin le P. Bonanni parlant de Cf^s un bref du 15 août V6^:). Paul V confirma
Apostolins, qu'il noinme Barnabiles, dit qu'il celte union le 21 janvier 1606, et approuva
y avait peu de différence entre eux el les re- les constitutions nouvcll<*s qu'ils dressèrent
(i) Vor/., à la fin du vol., ii° 8. (2) ApndBoWaiu]., AcL SS. i. 1, Jmii.
507 DICTIONNAIRE DFS ORDRES RELIGIEUX. 20S
pour lors, et cette union a subsisié jusqu'à tâchait d imiter en toutes choses celle qui lus
ce qno ces deux cougrésaliaus ain>i unies servait de mère et de conductrice, et qui au
aieul ô!é supprimées p.ir le p.ipc Innoceul X bout de sept années passa à une meilleure vie.
Vnn IG-iO. Cel ordre, (jui ;iprùs celle union Cailierine fui sensiblement affligée de celle
prit le nom de S liiil-A.'uhroise ad neiniis el do perte; tuais n'oubli.ml pas le> bounes ins-
Saiul-B.iriial)C, lui divisé en (iu;ilre provinces Iruclions (ju'elh; lui avait données, elle per-
qui étaient suuiuises à un supérieur général. sévéra toujours dans ses sainls exerciees de
11 avait deu\ n)a;sons à Uoine, l'une sou* le piété el de dévotion, cl ayant atteint l'âge de
nom de Siint-Ciéiuenl, Tauire sous ceiui de quatorze ans, elle eul un grand désir de se
Sainl-Paucrace ; le prcaiier appartient pré- faire religieuse. Elle entra pour ce sujet dans
Senlcîuonl aux relifjieux irlaudais dt- l'oivlrc un monastère où elle ne resia (|ue trois
de Sainl-Doiiini()U(', l'aulro aux Cannes dé- jours, ayant clé obligée d'en sortir pour obéir
chaussés, et sert de séminaire pour leurs à ceux ijui avaient. soin de son éducation :
missions. Il y a eu plusieurs siints dans cet elle redoubla pour lors ses prières cl ses
ordre , comme les bieiili iiieux Auioiuc oraisons pour demander à î^ieu qu'il lui fît
Gonzague de Manioue, IMiilippe de Fernio, connaître le lieu où elle devait le servir le
Gérard de Monza, Jean, Placide, Guardate reste de ses jours. Si prière fut exaucée,
et plusieurs aulres, aussi bien (|uo quelques elle eut une vision où Jésus-Christ s'appa-
écrivains, coinmo Ascat;ne Tasc i, qui avait raissanl à elle, lui ordonna de se retirer sur
été auparavant de la compaj^uie de Jésus, et le mont Varaisc. Elle partit donc de Milan
qui entra dans cel ordre dont il fut {général ; pour aih'r à Palenza, el après quelques
Michel Mulazzani, piémonlais, qui i'nl aussi jours elle alla sur celle montagne, où il y
général Zacharie Viscomli, Paul Fabulotti
; avait une église sous le titre delaSainle-
et François-Marie Guazzi. Vierge, desservie par des chanoines. Elle y
Les Aposlolins avaient pour habillement tiouva q'iel(|ues femmes qui y menaient une
une robe et un scapulaire, et par-dessus un vie solitaire ; elle demeura avec elles ; mais
grand camail de drap gris auquel était atta- jieude temps après, ces saintes femmes ayant
ché un petit capuce mais après leur union
; élé toutes frappées de peste, Catherine, qui
.avec les religieux de Sainl-Ainbroisc au bois, en fut pour lots préservée, cul une occasion
iis prirent l'habillement de ces derniers, «jui d'exercer envers elles si charité. Elles mou-
consistait en une robe do couleur brune, rurent loul( s, et la bienheuicusc Catherine,
avec un scapulaire auquel él ut attaché un ayant élé aussi atla(iuée de celte maladie
capuce, et lorsqu'ils sortaient, ils portaient quelque lemps après , retourna à Palen-
un njanteau de même couleur (1). za , où e'Ie fut guérie miraculeusement.
Paolo Morigia, Orig. di luit. gl. R'iirj, Cette sainte fi'.le voulant obéir à son
,
Silvestr. Maurol. Mar., Ocecin. di luit. gl. lie- Epoux, (jui lui avait ordonné de se retirer sur
/î^. Pietr.. Crescenz., Presid. Rom. narr. o le mont Varaisc, résolut de passer loute sa
ûscag.TLntnb.ydcJur. Abb. Dii^p. 2+. Herman., vie dans cet ermitage; c'est pourquoi l'an
Elnbliss. des ord. relig. Schoonebeck, Uisl. 1+32, vingl-qualre avril elle monta sur la
le
des ord. relig. Gius.ini., Vie de saint C/tarlrs, cime <le c<'Ue monlagne, qui paraissait plus
liv. V, c. 12 Bi)lland.,lo:n. l, juniiud diein 5, propre pour servir de retraite aux bêles fa-
et Philip, Bonanui, Catahg. ord. relifj. rouches (juc de ilemcure aux hommes: elle
AMBUOISE (Religieuses de Saint-) AD commença d'y mener une vie solitaire, châ-
NEMIJS. tianl son corps par les jeûnes, le cilice, les
Des religieuses de l'ordre de Saint-.i.nhrcise hairt'S et par d'autres mortifications ; el le
ad nemus, avpc ta Vie de la bienheureuse plus souvent elle couchait sur la terre nue;
Calheriiie Morigia, leur fondatrice. elle resta scu'e pendant quelque temps m.ais ;
(Ij Vo;j., à ia lin du vol., u" 9. leur accorda par ua bref du 10 uovcmbre
209 AMB AMB 2iO
lV7i, ndressc à l'arcliiprêtrc de Milnn, nu- moyen beaucoup augmentés, la prieure fit
quel il donii.iil le pouvoir de changer l'crini- de nouveaux bâtiments pour y pouvoir loger
tiJgc lie la b'eiiliciireuse Callierine en un mo- u\) i)!us grand nomlire de religieuses. Lu-
nastère sous la règle di- saiul Augusiin cl crèce Alciaie, qui fui appcléesœur Illuminée,
riiabil des religieux de Saiut-Amhroise dd ayant pris l'habit dans ce monastère, y ap-
nemns. El par un aulre bief doiiiiè l'année porta une grosse succession (|ui lui était
suivante, il leur permit d'avoir dans liuié- é( hue plusieurs personnes l'ayant imitée, ce
;
ricur de leur monastère un jardin c! un ci- lieu devint célèbre, et en peu de temps on
y
metière el de porter le voile noir. Ayabl reçu vitjusiju'à cinquante religieuses.
le premier l)rer, elles députèrent (jneiques Lu établissant ce monastère on avait or-
personnes à Gui de Cliâiillnn, archiprèlre de donné (jue la supérieure ne serait que pour
Milan, pour le prier de l'exéculer mais ; trois ans mais h s religieuses, tant que la
;
que l'a:» l'tTG. Il oblini le (H)nsenlemeiii de celle sainte fille, appréhendant que cela ne
Gaspariii de Porris arcliiprêlre de ré|,'lisij
, passât "Il coninme, obtint du pape Léon X
collégiale de ce lieu, qui n'était pas éloignée un bref l'an 1513, (jui orcîonnait que la su-
de col eruMlage, ol permit à ces religieuses périeure serait élue tous les trois ans et ,
devant données, ce que je promets garder ellesmettent un manteau ou chape (1). Elles
jusqu'à la mort. L'arcbiprctre de Milan leur n'étaient point soumises au général de l'or-
donna ensuite le voile noir, leur permit de dre de Saiul-Ambroise, comme on a pu voir
réciter rufliee divin selon le rit Ambrosien, par la formule de leur profession. Le pèro
et leur ordonna d'élire une supérieur., qui Pdpebrocb croit que l'ordre de Saiul-Am-
ne pourrait exercer sou olfic (;uc pend.int broise ad nemus a été compos de monastères
>
pape Alexandre VI [)erfnit qu'on le levât de cap. 3. Bolland. 6 April., et César Tettamen-
terre pour le reporter dans l'église des reli- ti, llist. ecctes. S. M. de Mont. sup. Vares.
gieuses. Le bref est adressé à abbes>e et I AMBROl. E ET 5AiNT:i MAKCELLLNE
aux religieuses du couvent de Notre-Dame iUeligiiiues de Sai?jt-].
du Moni, de l'ordre diî Sainl-Ambroise ad Des religieuses de l'ordre de Sainl-Ambroise et
nemus, vivant sous la règU' de s.;int Ai.gustin. de Sninie-Marccllincy dites aussi Annoncia-
Dileclis in Chrislo fiHahus abbatissœ el con- des de Louibantie.
ventui monaslcrii B. M. Monlis, orainis S. La congr; galion des religieuses d!> l'ordre
AwbrosH ad nemus, snb rcgnli s. Angustini de S jial-Ambroise, dites aussi Annonciades
degentibus, M
cdiolamiuis dicecesis. L'on mon- de Lombardie, commença l'an l'tOS. 11 y avait
tre encore aujoiird hni son corps, (jui esl déjà un an que Irois demoi>elles vénitiennes,
ton! entier et sans aucune corrnplio:!. savoir, Dorothée Morosini, Léonore Conla-
Apre-, la mort de la bienheureuse Cathe- rini et \'ér<mique Duoli en avaient projeté
rine .Morigia, les religieuses élurent pour le dessein. E les entreprirent b- voyage de
abbesse, d'une commune voix , la bieulieu- Rome pour ce sujet, et ayant trouvé en che-
reuse Benoisie, qui procur.i l'agrandissement min à Macerala quatre antres demoiselles do
de ce monastère el (laspariu de l'orris avec
; la ville de Pavie (jui reionrnaienl de Kome,
ses char.oines, pour té ioigner l'eslime qu'ils où elles avaient obtenu les permissions né-
faisaient de ces religieuses, se démirent de cessaires pour fonder une communauté de
leurs prébendes l'an loOl , en faveur de ce saintes vierges, elies prirent la résolution
monastère. Les revenus en élaot par ce de s'unir ensemble, et se mirent sous la di-
(!) Voy., à la un du vol., u* 10. rection du père Grégoire Bécaria, religieux
2iî DICTIONNAIRE DES ORDRF.S RELIGIEUX. 212
de l'ordre de Sain(-Benoîf, qui leur prescri- billées de couleur tannée et suivent la règle
vit une manière de vie. Elles votiUirent jeler de saint Augustin. (1) Pérégrino Mérula dit
îes fondements de ce nouvel institut à Pavie, qu'il y a eu plus de .'«oixante-douze reli-
et y firent venir des filles du monastère do gieuses de cette cotigrégation qui sont mortes
Sainte-Marthe de Milan, pour leur apprendro en odeur de sainteté, parmi les{îuelles on
les observances régulières. Quoique ces filles compte une bien heureuse Catheriuc de Gênes,
de Sainte-Marlhc ne fissent pas encore des une Elisabeth Honorée cl une Véronique de
vœux solennels qu'elles n'ont conuiicncc à Milan.
faire qu'en 1431, et que leur établissement Pietro Crescenz., Presidio Roman, narr. 5,
n'ait élé approuvé du saint-siége que l'an et Pérégrino Wérula., Snntunrio di Cremonu.
1439, elles pratiquaient néanmoins déjà les \MON (Monastère de Saint-). Voyez la
observances régulières avec autant d'exacti- dissertation préliminaire, § 8.
tude que dans les monastères les plus réglés, AMPOULE (Ordre militaire de la Sainte-)
el s'étaient déjà acquis une si gnaide répu- et de plusieurs autres ordres mililaires
tation, que les fondatrices de l'AnnonciaJe faux et supposés.
de Lombardie voulurent en avoir pour don- Nous avons déjà parlé par occasion de
ner commencement à leur ordre, qui s'aug- quelques ordres militaires el de chevalerie
naenta dans la suite par la fondation de faux el supposés : nous allons encore eu
plusieurs monastères comme celui de Tor-
, rapporter plusieurs dans ce dernier chapi-
tonnc, l'an 1419, de Plaisance, l'an 1425, tre. Le premier est celui de la Sainte-Am-
d'Alexandrie et de Valence, l'an 1443, de poule, que l'on prétend avoir élé institué par
A'oghère, l'an 1454. Iilais celle qui a le plus Clovis T', roi de France, qui succéda à son
contribué à l'agrandissement de cet ordre fut père, Childéric T', l'an 481. Ceux qui nous
la mère Jeanne de Panne, que evcque de
1 ont donné cet ordre pour véritable disent
Parme, N. de la Jorre, qui connaissait ses que ce fol en considération de cette fiolo
rares vertus, fit sortir l'an 1470 du mo- miraculeuse, pleine d'une huile sacrée, qui
nastère de Saint-Augustin où elie n'était que fut apportée par une colombe lorsqu'il reçut
converse, avec une autre religieuse pour aller le bafftême des mains de saint Picmi, évêque
fonder à Brescia un nouveau monastère du de Reims, l'an 49G, et dont on a depuis sa-
TBéme institut. Elle en sortit quelque temps cré nos rois jusqu'à présent; et ils ajoutent
après pour aller faire d'autres établissements que les chevaliers de cet ordre ne sont qu'au
à Campo Basso et à Garpeiidol^^ oiî le car- nombre de quatre, et que pour être reçus ils
dinal d'Arag iu la fit supérieure l'an 1419. doivent posséder les quatre baronnies de
Elle y demeura jusqu'en l'an 1481, qu'elle Terrier, de Bellestre, de Sonastre et de Lou-
aUa fonder un autre monastère; elle lut ap- vercy, qui relèvent de l'abbaye de Saint-
pelée pour réformer celui deSaiut-HilrJre de Rcrni de Reims, où l'on conserve cette sainte
Reggif elle y fut avec quatre religieuses,
.
ampoule, à laquelle abbaye ils font foi et
qui édifièrenltellementcellesuecemonasièrc, hommage, et qu'au sacre de nos rois ils por-
qu'elles embrassèrent l'institut de l'Annon- tent le dais sous l(>quei on apporte la sainte
ciade elle les gouverna en qualité de supé-
; ampoule dans l'église cathédrale de Notre-
ri3ure r'4S((;*'en l'an 1496, qu'elle fut encore Dame. Favin (2), pour appuyer ce sentiment,
à Correggio j/our y faire un nouvel établisse- rapporte dans son Histoire de Navarre, en
ment; elle i'oniia encore dans la suite plu- parlant du sacre de Louis XHI, trois acies ;
sieurs autres monastères de cet ordre dans le premier, du 8 octobre IGIO par lequel
,
I
,
abbas Sancti licmif/ii Ilemensis processiunn- temps de Clovis I"^, c'est une pure chimère,
liier cum crucibus et vereis déferre reverentis' n'y ayant point eu d'ordre militaire avant le
sime sacrosnnctam ampuUam sub corticn se- douzième siècle, comme nous avons dit plu-
rica,quatuor perticis a quatuor monachis al- sieurs fois.
bis induds sublcvata? La même chose a é(é Comme Charles de IMonlmorency (3), grand
ordonnée aux sacres de saint Louis, l'an pannetier éi maréchal de France, fut te pre-
122G et de tous ses successeurs jusqu'à
, mier des seigneurs de Montmorency qui prit
Louis Xn'. Ainsi, s'il est vrai que les barons pour timbre dans ses armes un chien cou-
de Terrier, de Belleslre, de Sonastre et de chant aux oreilles pendantes, M. Duchesne,
Louvercy soient chevaliers de la Sainte- dans son Histoire généalogique de cKle mai-
Ampoule et aient droit de porter le dais sous soi; , dit (jd'il se peut faire que ce Charles de
lequel est celui qui la porte, il y a bien de Montmorency, qui épousa en secon(!es no-
l'apparence que l'on n'a pas grand égard en ces , l'an 134-1, Jeanne de Rducy, institua
France â celle chevalerie, puisque le Cérémo- l'ordre du Chien, qu'il cibbcllii d'un collier
nial n'en fait aucune iiienlion; et pour leur fait h tête de cerf, pour conserver la mé-
origine, qu'ils font monter jusqu'au temps de moire de l'amour fidèle (ju'il portait à son
Clovis 1'^, elle est certainement chimérique. épouse. Mais ce ne sont que des conjectures
Fa vin. Théâtre d'honneur, et Histoire de que cet historien a tirées du sceau dont se
Navarre. servait cette dame, où il y avait quatre cerfs
L'ordre du Chien, selon quelques auteurs, portant l'écusson de Montmorency : ce qui
n'est pas moins ancien que celui de la Saiiile- semble, dit-il, donner quelque indice et con-
Àmpoule, et par coriséquen! son anticiuilé jecture de l'ordre du Chien. Et ainsi, selon
n'est pas moins chimérique; car ils assiirent cet auteur, il n'y en a aucune certitude , et
que Lysoie de Montmorency, <iui en fut l'in- l'histoire ne fait mention d'aucune personne
sliluteur, fut un des premiers qsii embrassa qui ait été honorée de cet ordre.
le christianisme avec Clovis I", roi d(^ France, Giustiniani, Hist. di tutt. (jl. ord. milit.:
et que, comme ce prince avait institué l'or- Herman et Schoonebeck, /Tîs/. des ord. milit.
Nons regnrfîons aussi comme chimérique fenêtre, triste et mélancoliqnfi, à cause des
l'ordre dont Fnvin. qui a élc s'ji\i pnr li'au- persécutions qu'on lui suscitait, elle vit sur
trcs, attribue riusliiiilion à Charles Marlel, le Rhin un navire qui venait à voiles dé-
duc des Français cl maire du palais. Ce ployées, où il y avait un chevalier nommé
prince, soion cet auleur, apics avoir rem- Es'ie, armé de toutes pièces, qui avait pour
porté proche la ville de Tours une célèbre cimier sur son casque un cygne blanc à la
victoire sur Abdérame, général des ÎSarra- tête élevée el couronnée, et que ce chevalier
sins.lan 72G selon (luohjui's-uns, ou l'an ayant aborde au châ'eau, il offrit à celto
732 selon d'au'.res, institua l'ordre de la Ge- princesse ses services, lui promettant de la
Tiplte, à cause i]i\e parmi les défiouilles (!e défendre contre ses ennemis qu'il se fit con-
;
l'armée des inO lèlcs on trouva une grande naîln; à elle sous le nom de che\ aller du
quantité de riches fourrures de gcnetles et Cygne, (|ue Béatrix l'épousa ; el qu'à cause
jiicme plusieurs de ces animaux en vie, que du cygne (]u"il portail sur sou casque il insti-
l'on présenta à Charles Martel, qui en fit tua l'ordre du Cygne. Il y en a dau'res qui
lant d'estime pour la heauié du |>oil, qu'il donnent à cet orilre prétendu une origine
en donna par excellence aux principaux plus éloignée, mais aussi fabuleuse, et qui
Seigneurs de son armée, el composa cet ordre dirent (jue Silvius Brabo, qui a donné son
de seize che\aliers, auxquels il fit faire dis notn au jiays de Biabant, et qui vivait du
colliers d'or à trois chaînes entrelacées de temps de l'empereur Jules-Ccsar, voyant
roses, et au bout du collier pendait une ge- qu'il y avait une grande division entre les
Tiottc d'or, sur une terrasse parsemée de habitants de cette province et leurs voisins,
fleurs; mais cet auleur a souvent inventé de et craignant qu'un jour ces fâcheuses dispo-
pareils colliers. sitions ne vinssent à éclater, choisit quel-
¥a\'\n, Théâtre d'honneur ; cl le P.Anselme, ques-uns des plus braves seigneurs de sa
lePalais d'honneur. cour, auxquels il fit faire serment d'em-
La plupart de ceux (]ui ont traité dos or- ployer tous leurs soins pour étouffer les di-
dres militaires ont cru en avoir trouvé un en visions qui régnaient pour lors et pacifier
Angleterre, auquel ils ont donné h; nom de les seigneurs qui étaient en guerre ou qui
Tablc-Uonde, el qu'ils prétendent avoir été avaient des querelles particulières dont ils
institué par le fameux Arllius, rni fabuleux voulaient se venger: et qu'en celte considé-
de la Grande-Bretagne, l'an 51G, qui fit che- ration il les Cl chevaliers, leur donnant pour
valiers (le col ordre vingt-quatre seigneurs marque de leur ordre nn cygne allaclié à
de sa cour, selon qu( bjucs-uns cl douze , une chaîne d'or. Il y a d'autres auteurs qui
seulement, selon d'autres qui à certains , ont donné aussi une autre origine à cet or-
jours de fêles mangeaient à une table ronde , dre, qui n'est p.:s moins chimérique el que
ce qui les fit appeler les chevaiiers de la nous passons sous silence. Favin ajoute (lue
Table-Ronde. Les Anglai>* se pcrsuaienl que l'an 1(315 Charles de Gonzas;nes de Clcves,
c'est celte table qui se voit encore présent cà duc de Nemours, sous le règne d'Henri lo
attachée aux murailles du vieux ehâteau de Grand, roi de France, voulut rétablir cet or-
Winccsler en Angleterre; mais Camdcn dit dre du Cygne, comme étant propre et parti-
que celle table est d'une fabrique bien plus culier à sa maison ,u)ais que cela n'eut
récente. La Table-Konde n'était point un pas lieu. Peut-être que ce qui en empêcha
ordre de chevalerie, c'était une sorte de l'exécution furent les fables et les chimères
joute ou combat singulier ainsi nommé , sur lesquelles on fonde son institution.
parce que ceux qui y avaient combattu ve- L'alibé Giusliuiani dans son Histoire des
naient au retour souper chez celui qui était ordres militaires nous a voulu persuader
l'auteur de la joule, où ils étaient assis à que lorsque les Aragonais se furent rendus
une table ronde. 11 y avait cette différence, maîtres des royaumes de Naples et de Sicile,
entre les tournois cl les combats de la Table- l'an 1351, l'ordre du Croissant qui avait été
Ronde, que les premiers se faisaient en trou- institué à Naples par Charles !«' d'Anjou ,
pes, et ceux-ci étaient des con)bals singu- roi de Naples et dé Sicile, el dont plusieurs
liers, dont l'arme propre était la lance. Mat- seigneurs de ce dernier royaume avaient été
thieu Paris (1) distingue ce*; deux exercices honorés, perdit beaucoup de son lustre,
militaires jiar ces paroles : Nonin hasliliidio mais (ju'il sic fut pas aboli, qu'il fut seule-
illo quod torneanu-ntum dicilnr, scd poiitis ment rélormé par des gentilshommes de
in il ludo mililari qui Mensa Uotunda Missine qui foru crent ensemble une aca-
dicilnr. démie ou société d<; soixante peronnes qui
Ginstiniani ZT/.".'. di luit. qU ord. tni'it.;
. prirent la qualité de chevaliers de l'Eloile-.il
et Schooti; beck. Uist. des ord. miiit. prétend que les Ofiin ons sont difTérenles sur
L'on donne aussi une origine labulense à la niar(iue qui dislingue ces chevaliers , les
un prétendu ordre du Cygne, au duché de uns leur donnant une croix à douze pointes,
Crèves. Favin dit (jue ['un 711 Théod(tric ou au centre de hujuelle il y a une étoile, et
Thierry, due de C èves, n'ayant qu'une fille d'autres seulement une étoileà longue (jueue
uni(|ur, nommée Bé.'itrix, lui laissa ses Etats en l'orme decomtle; et il ajoute que pour
on m 'urant, et que les grands seigneurs du ê re reçu darr? celte so( iélé, il faut être de
pays ayant voulu s'en emparer, celte prin- noble extraction et avoir de la lillératuro.
cesse se retira au château de Neubourg, près Mais cette académie ou société est chiméri-
du bourg de Nimége, où étant un jour à la que ; car l'abbé Piazza (2 qui a donné le ca-
(1) Maiih. Paris, Uisl. angl., p. 5CG. (1) Cari. Dariliol.PianaEusevolog. Roman. pari. 2.
817 AMP
lalogne de toutes les ac.idémics d'Italie, avec Henri III le don de quelques places qui res-
leurs noms l)izaircs, après en avoir fait une taient à vendre de l'hôtel des Tournelles
roclicrclio exacte, ne parle point d'une aca- pour l'creclion d'un hôpital ou d'une maison
démie à Messine sous le nom de l'Kloile ou qu'il voulait établir sous le nom de Charité
des Eloi!és. 11 n'en tnel qu'une en cetio ville Chrétienne, tant pour ricevoir les pauvres
que l'on nomme dei Fuceinanti^ ou dos For- passants honteux que pour apprendre à uu
gerons. Celle (le Palernie s'apfiolle dei Riac- certain nombre d'enfants orfibelins nés de ,
cesi. il y en a deux à Calane, l'inie sons le légitime mariage, les bonnes lellres,la phar-
nom dei Clmi, et l'autre sous relui dri Incn- macie la connaissance des simpies , etc.
,
gnili, à Syracuse, une degli Ebbri, et à ïra- Ou ^oulut d'abord cet établissement
f.iire
pane celle dclla Lima. aux hôpitaux Trinité, des Petites-Mai-
(i(î la
Giiisliniani, llisl. di lulli qli ord. milit. sons p(, des Enfants-ltouges mais il fut fait-,
Anheri le Miro parle au<si d'un ordre mi- l'an lo8'i. dans la rue de l'Ourcine au fau-
litaire à Naples sous le nom de Sainl-.Mi<|)el, bourg Saint-Ma.rccl, dans l'hôpital dédié de-
qui lut instilué, à ce qu'il piétcnd par Fer-
, puis longtemps à saint Martial et à sainte
dinand l'^roi de Naples, cl doiil il ct.iit chef; Valère. Cet établissement n'a pas même sub-
cl il ajoulc (juc les chevaliers de cet ordre sisté; et tout ce (jue Favin dit d«^ cet ordre
portaient une robe blanche fourrée d'her- de la Charité Chrétienne est faux et supposé,
mines, et que leur collier clait une chaîne ce qui n'a pas empêché qu'il n'ait été suivi
d'or composée de divers chaînons en forme par M. Herman.
d'o ,joints ensemble, où pendait une mé- Favin, Théâtre dlionneur et de chevalerie.
daille dans laquelle était ce mot Décorum;
: Herman , Hist. des ordres militaires et de
mais il a apparemment confondu l'ordre de chevalerie.
l'Ermine, que ce prince institua dont nous
, Enfin l'on peut mettre au nombre des
avons parlé et qui [louvait avoir été mis ordres faux supposés, celui de l'Etoile de
et
sons l.i protection de saint Michel Nolrt*Dame,qui fut institué à Paris l'an 1701
Aubert le Mire, OrifjinesEquesir. ord., et par un prétendu roi d'Eiszini(?. Ce rf^yaume
Schoonebeck, Ilisc.dea ord. milit. est situé sous la zone lorride, à la Côle-d'Or
L'abbé (jiustini.ini, Schoonebeck elM.Her- en Alrique. M. du Casse, à préseni chef
man attribuent à l'empereur Charles V l'ins- d'escadre des armées navales de France,
titulion d'un ordre n)ilil<iire sous le nom de et pour lors général des flibustiers, étant
Tunis, et disent que ce prince, après avoir abordé vers l'an 1C8G sur celte côte, v des-
passé Cil Afriiiueoùil létablil, l'an 1535, Mu- cen-lil pour y s.iluer le roi et y établir le
iey Hascen dans Tunis , y créa des cheva- commerce. L'on convint des conditions, ou
liers sous le nom deTunis, auxquels il donna donna des otages de part et d'aulro; et ou-
pour uiar(iue de leur ordre un collier com- tre ceux qui furent donnés par les nègres
posé de plaques d'or garnies de pierreries, pour venir en France, il y eut un certain
entre lesquelles il y avait des pierres à feu Aniaba qu'ils firent passer |>our le fils du
jetant des étincelles, et au bas une bande où roi d'Eiszinie. H vint en France sous cette
élciil ce mol :Barbaria, à laquelle pendait qualité. Le roi Louis le Grand le fil instruire
une croix de Saint-André, avec des pierres des mystères do notre religion, et élever
jetant aussi des étincelles; mais comme ils dans exercices qui conviennent aux
les
n'apportent point de preuves et qu'aucun princes il reçut
: le baptême des mains de
autre historien n'a parlé de cet ordre, on M. Bossuet, évêque de Mcaux, et sa ma-
le peut mettre au nombre de ceux qui sont jesté lui donna -on nom. Les nouvelles de
supposés. la mort du roi d'Eiszinie, prélendu père d'A-
Giusiiniani, Hist. di tutti gli ord. milit. niaba, el de celle d'un de ses frères qui lui
clSchoonebeck, JJ i.tt. des ord. milit. cl Her- avait succédé, s'élant répandues en France,
man, Hist. des ordres de la Chevalerie. ce faux prince fil couiir le bruit que les
Voici encore un ordre supposé er. France, peui)les le demandaienl pour l'élever sur le
dont Favin [)réten(l que Henri III, roi de trône. Le roi de France donna ordre pour
France et de Pologne, a été l'inslilnleur, et rembarquement de ce prétendu roi d'Eis-
qu'il lui donna le nom de Charité Clirélienne. zinie qui, pour trotuper davantaKC, voulut
11 ajoute que ce fut en faveur ûcs pauvres meitre sous la protection de la sainte vierge
ofûciers cl soldats estropiés au service de sa personne el son royaume chimérique,
ce prince (ju'il leur assigna pour leur en- et institua l'an 1701 l'ordre de l'Etoile de
trelien un revenu sur les hôpitaux cl mala- Notre-Daiiie, dont la marque était une croix
drcries de France, qu'il leur donna à Paris d'or émaillée de blanc eu forme d'étoile, au
une maison au faubourg Saint-Marcel et , milieu de laquelle il y avait l'image d(^ la
qu'il ordonna que ceux qui seraient reçus sainte vierge, et cette étoile était attachée à
dans cet orjrc charitable porteraient sur un ruban blanc do la largeur de quatre
leurs manteaux, au côté gauche, une croix doigts. Mais la piété de cet imposteur était
encrée de satin blanc en broderie, orlée de fciulc. A peine fut-il arrivé dans son pays,
soie bleue, et au mi.ieu de la croix une lo- qu'il retourna à l'idolâtrie, il reprit les ma-
sange de salin bleu céleste, chargée d'une nières des nègres qui vont toujours tout nus,
fleur (le lis d'or avec ces paroles en broderie et mil sur sa peau noire le ruban blanc au-
d'or autour de la croix Pour avoir fidèle-
:
quel était attachée celle étoile d'or J'ai ap-
ment servi. Il est vrai que l'an 15TG, un apo- pris d'un Français, qui fut uu de ceux (jui
Uiicaire de Paris, nommé Houel^ obliul de restèrent en ôuge parmi ces peuple^, que
no DICTIONNAIRE DES OKIUŒS RELIGIEUX. 2?.0
cot Aniaba n'était point prince ni do la fa- qui l'avait assisté pendant sa maladie, ayant
mille royale que sa mère avait seulement
;
mis ordre à ses affaires domestiques , re-
épousé eu secondes noces un parent du roi, tourna à Milan où elle se mit et ses re-
et que ce prince était tranquille dans ses ligieuses sous la conduite de Zacharie, dont
Etals lorsque Aniaba y arriva. un des premiers soins envei s ces religieuses
ANDtlLAW. l'oyez Cologne. fut de faire approuver l(^ur établissement,
ANDENNE. Voyez Nivelle. parle saint-siege. Paul III, qui gouvernai*,
ANDRE ( Chevalier de Saint-). Voyez pour lors l'Eglise, accorda à la comtesse
Chardon. de Guastalle un bref, l'an Î53V , par lequel
ANGE DE CORSE (Congrégation du B.). il lui permettait d'établir une congrégation
Voyez ii-nàufi (Ermites de Saint-). de filles qui fissent profession de la vie re-
ÀNG 3-: -GARDIEN (Congrégation de l). ligieuse sous la règle de saint Augustin ,se-
Voyez AJoLCK. lon les statuts qui leur seraient donnés par
ANGKLiQUES ET SOEURS GUASTA LINES l'archevêque de Milan, et de leur faire bâtir
(Religieuses). une église et un monastère.
Des reUijieises Angéliques et Guastalines ,
Celte comtesse, qui avait vendu Guas-
avec la Vie de Louise Torelli comtesse de
, talle à Ferdinand de Gonzague se voyant
,
vance régulière; mais on ne doit jlas en nand de Gonzague, nouveau comte de Guas-
mêiiie lemps refuser le titre de fondatrice de talle, et qui était gouverneur du Milanais, y
tes mê'.nes religieuses à Louise Torelii, com- fitde riches présents; et l'on y conserve en-
tesse lîe Guastalle, puisqu'elle avait com- core un calice d'or massif enrichi de pier-
meucé 'eur premier monastère de Milan reries, aussi bien qu'une pais d'or et de ri-
avaiit <;iî'ell(' eût connu ces trois fondateurs ches ornements qui ont été donnés par ce
dos Clercs Réguliers. Elle était fille d'A- prince qui protégea beaucoup ces Guastalli-
chille Toreili, comte de Guastalle, qui, nes. Après que le bâtiment fut en é(at d'être
n'ayan! point d"aulres enfants, la laissa hé- habile, elles quittèrent leur première de-
ritière de tous ses biens. Elle avait été ma- meuic, qui élait aux environs de l'église de
riée deux fois, et se voyant veuve de son se- Saint-Ambroise, qu'elles cédèrent aux Clercs
cond mari à l'âge de vingt-cinq ans elle , Réguliers, et prirent possession de leur nou-
fouia aux pieds toutes les grandeurs de la veau monastère. Le bref du pape portait
terre pour se consacrer à Dieu dans l'exer- qu'elles prendraient six religieuses, ou de
cice des œuvres de piété et la pratique d'une 1 ordre de Saint-Augustin, ou de l'ordre de
prefiide humilité. Saint-Benoît, ou di; celui de Saint-Dominique,
Elle avait pris pour directeur un saint pour leur apprendre les Observances régu-
religieux de l'ordre de Saint- Dominique, lières, et qu'elles choisiraient un confesseur
nommé le P. Bcipljsle de Crème. Ce fut à sa qui , sans l'approbation de l'ordinaire, les
persuasion qu'elle assembla plusieurs vier- pourrait absoudre de tous cas, et confirme-
ges à Milan, qui, sous la conduite de ce re- riil la prieure en l'absence de l'archevêque.
ligieux, firent beaucoup de progrès dans la Elles n'eurent pas beaucoup de peine à se
vertu. Le temps que se fil cet établissement déterminer sur le choix du confesseur;
nous est inconnu, mais il y a bien de l'ap- elles prirent Zacharie qui avait procuré ce
parence que ce fut avant l'an 1530, puisque bref, et qui jusque-là avait eu soin de leur
la comtesse de Guastalle ne commença à conduite. Elles obtinrent des religieuses de
coi, naître que vers ce temps-là Antoine-Ma- l'ordre de Saint-Dominique, du (noUastère de
rie Zacharie, le premier des trois iondaleurs Saint-Lazare, qui leur apprirent les Obser-
de la congrégation des Barnabites, et qu'elle vances régulières, et après en avoir élé suf
le pria de vouloir prendre la conduite de fisamment instruites, elles reçurent l'habit
cette communauté de vierges à cause que de religion l'an ioîJG. Les premières qui en
les supérieurs du P. Baptiste de Crème le furent vêtues lurent Paule-Anloine'te de Ni-
rappelaient dans son cloître. Trois ans néan- gris, Antoinette-Marie de Sexto, Tliècîe de
moins se pasbèrenl encore pendant lesquels Martinengho, Baptiste de Sexto, Madeleine
la tomtes^e employa ses sidlicitutions au- de Rolula et Blanche-Luce-Agnôs de Baldi-
près des supérieurs de Tordre de Sainl-Do- rono,qui étaient tous noms nouveaux (ju'el-
miijique puur faire rester le P. Baptiste ; les prirent, ayant changé leurs noms de bap-
mais ce fut inutilement, et ils employèrent tême (selon l'usage de religion) pour n'être
l'autorité du pape pour le contraindre, sous plus connues sous les noms qu'elles avaient
peine d'exconmîunication,de quitter la con- dans le monde avec lequel elles faisaient un
duite des Guastallines, et de retourner vers perpétuel divorce; et à la fin de l'année, leur
ses supérieurs. Il obéit donc, et s'étant mis communauté élait de vingl-cinq fiiies. La
en chemin pour les aller trouver, il mourut fondalric;e prit aussi l'habit quelque le!U[)s
à Guasi.ille i'au 1533. Pour lors, la comloase après, et changea aussi sou uont do Louise
221 ANG ANG 22Î
en ceux do Paale-Marie. Il ne restait plus nait l'office qu'elle exerçait envers les no-
que celui que l'on donnerait à la congrôi^a- vices dont elle avait la direction elle écrivit
;
comtosse, sous le titre de la Madeleine. Les le Père Hilarion de Coste (1), religieux Mi-
Angéliques suivirent encore les Clercs Ré- nime, s'est fondé pour mettre cette religieuse
guliers d;ins les missions qu'ils firent à \ é- au nombre des personnes illustres en sain-
rone, à Rrescia, à Venise, etc. teté; mais s'il avait vu le décret de l'inqui-
Ce furent sans doute ces sortes de missions sition de l'an 1552, par ordre du pape Jules
où Paule Antoinette fut employée, qui lui Ui, il l'aurait retranchée du nombre de»
enflèrent le cœur et la portèrent à cet excès dames illustres dont il a donné les éloges.
de vanité qui fut cause de sa porte et de sa La faute do celte religieuse ne rejaillit
damnation. Elle avait donné dans les com- point sur les autres Angéliques qui furent
mencements de grandes marques de sain- toujours en grande estime. Plusieurs per-
teté, et ses sentiments avaient été très-sin- sonnes de considération y étaient entrées,
cères, tandis qu'ils avaient été accompagnés entre les autres Julie Sfondrate, sœur du
d'humilité mais après la mort de Zacharie
: cardinal François Sfondrate et tante du pape
et des autres fondateurs, voyant que l'estime Grégoire XIV^, laquelle fit de grands biens i
et la considération qu'on avait pour elle ce monastère qui n'est pas le seul monument
augmentaient tous les jours, et que non- qui reste encore aujourd'hui à Milan de la
seulement la plupart des Clercs Réguliers et piété de la comtesse de Guastalle. Elle
des Angéliques, mais même les personnes les acheta encore un grand terrain entre la
plus considérables de Milan et des autres porte Romaine et celle de Tosa, et y fit bâtir
.Veux où elle avait été en mission, la consul- une fort belle maison en forme de monas-
taient et suivaient ses avis comme autant tère avec une église. On appelle commoné-
d'oracles, l'esprit de superbe la séduisit, ment ce lieu le collège de la Gu-islalla, et
elle abusa du nom de maîtresse que lui dou- elle y laissa de quoi entretenir dix-huit
(l) Hilarion de Coste, Eloge des dames illusires. jeunes filles nobles et orpheli.ies, aaïque.les
2-25 dictionnairf: des OiiDUES RELIGIEUX. 22^
l'on fournit tout ce dont oUos ont besoin vendredis de l'année (excepté le jour de Noël,
ppndanl douze ans nprcs h^squols elles se s'il arrive à pareil jour, el pendant l'octave
pt'uvcnl marier ou se faire rcli^iriises; el pour de Pâqnesi, les veilles des fêles de la Conver-
lors on leur donne à oliaeuno deu\ mille sion desaiiit P.iul. tiinlaire de leur c;)ngréga-
livres de dot. Ce lieu est gouverné par des tion, de l'Epiphanie, de l'Ascension, du saint
gciiiilsliomnios do la ville, cominc adminis- Sucremenl, de l'Invention et Exallation delà
Irnleurs, qui ont droit de nommer ces filles. sainte croix, des fêtes de la Vierge et de la
Celles qui ont soin do Icnr éducalion vivent Dédicace de saint Michel. Elles font absli-
à la manière des rcigieusos, chanlenl l'ollice nence tous les mercredis de l'année et les
de la s.iinle vierge au chœur, mangent en trois jours des llogaiious (2), et prennent la
commun dans un réfectoire, el font la hchire discipline tous les premiers vendredis du
pendant repas. Ivies o:it les heures de si-
le mois el une fois la semaine en Carême
lence, d'oraison el de travail el il ne manque
: Leurs conslilulions lurent dressées par
à CCS filles, pour cire de parfaites religieuses, sainl Ch.iiles Borromée cl approuvées ]):\t
que la solenni'.c ties vœux. Ce sonl.à i)ropre- le pape Urb lin Mil, le 12 mai 1G25. Voici la
mcnt parler, ces filles (jne Ton appelle pré- formule de leurs vœux qu'elles prononcent
sentement les Guaslallines. Elles étiient en lalin E'jo An'jelica N. voveo cl promitto
:
aussi autrefois sous la direction des Clercs Veo oDiuipolenli B. M. Virr/ini, li. Paulo
,
Outre le monastère des Angélique^ de tibi Matri, vivere siib re(/ula B. Amjustini
Mi!an sous le litreile la Conversion de Saint- toto tempore vitœmcœ in obedientia^sinepro-
Paul, il y en a encore un autre à Crémone priOy et in caslitate et suh perpétua clpusura.
sous de Sainte-Marthe, qui fut bâti
le titre Elles portent toutes le nnm d'Angélique
par les Valère do Abriis, qui
libéralités de qu'elles joignent à celui de (luebiue sainle et
était une sainte veuve, parente d'Antuine- à celui de leur fanùlle. Angélique Marie-
Marie Zacliarie, à laiîuelle il persuada de Anne de Gonzague a donne en lt)73 la Vie
fonder un monastère de filles, ce qu'elle d'Angélique Jeanne de \ isconli Borromée
n'exéciita qu'après la mort de ce fondateur, qui a été plusieurs fois supérieure du mona-
ayant fondé ce monastère d'Angéliques où stère de Milan, où elle fait une ample de-
elle se retira et nmurut l'an 15i8. Quant à
, scription de ce monastère qui est magni-
la comtesse Guastalle Louise Torelli elle , fique; el où elle paile aussi de (|uelques re-
mourut à Milan dans le collé^re des Gnastal- ligieuses qui y sont mortes en odeur de sain-
lines le 20 octobre 1539, étant ^gée de 69 ans. teté. 11 y a Itjujours eu des princesses dans
Comme les Angéliques ont d'abord été ce monastère, et des filles des principales
sous la direction du Père Baptiste de Crème, maisons d'Italie. Lorsque Angélique Marie-
et qu'elles ont été instruites des Observances Anne écrivait en 1G73, c'était une princesse
régulières par des religieuses de Tordre de de la maison d'Esté qui en était supérieure.
?\ïinl-Doniinique, elles ont pris aussi l'habit L'habillement des Guaslallines est diffé-
de cet ordre, avec celte différence (juelles ne rent de celui des Angéliques. Il est noir et
portent le manteau noir que depuis le com- approche de celui des Séculières. Elles ont
Diencemcnl du mois d'octobre jusqu'à Pâ- pour couvrir leur tête un pelit voile blanc
que. Elles ont de plus une croix de buis sur d'une forme parliculière, comme on peut
la poitrine el un anneau d'or au doigl, où au voir dans la ligure (|ue nous donnons, (|ui
lieu de pierre précieuse, il y a un cœur sur re[>résente une de ces Guaslallines, el elles
lequel est grave limage du crucifix. Les no- portent aussi au doigi un anneau d'or sur
vices n'en orit point; mais les professes sont lequel esi gravé une main qui tient une
obligées de le porter toute leur vie jour et croix. Les filles dont elles ont soin sont ha-
nuit, et on ne leur ôte du doigt que lors- billées de bleu (3).
iju'on les met en terre. Les religieuses du Gregor. Rossignoii, Vil. délia Corn. Torelli.
chœur ont des souliers blancs, ceux des con- Anadet Sicco cl Valer. Modio, Sijnops. Cle~
verses sont noirs aussi bien que leur sra[)U- rie. liegiil. S.Panti. Luigi;i M;irian. Gonzag.,
laire; et les unes et les autres ont toujours Vit. dell. V. M. Angclica Giouanna V isconti
au cou une corde de chanvre de la grosseur Borrom. Pietr. Crcsceus., Fresid. Bom., et
d"un pouce. Elles portaient aussi autrefois Philip Bonanni, Catalog. ord.relig.
en tout temps une couronne d'c|)ines; mais ANGÉLIQUES (Chevaliers). Voyez Cok-
présenlement elles ne la portent que dans stantin.
les cérémonies, pendant les huil jours (jui ANtiES (Dominicains de la congrégation
suivent la vélure et la prolession de quelque des). V OfjCZ LoiMBARDlE
religieuse et aux enterrements. La supé- ANGLAIS (Bénédictins). Voyez Bénédi-
rieure est obligée de la portera certains jours ctins ANGLAIS.
de l'anr.ée (1). AINNONCIADE (Chevaliers de l'), en
Quant à leurs observances, elles récitent Savoie.
l'olfice selon l'usage de l'Eglise romaine. Des chevaliers de l'ordre de VAnnnnciadc en
Outre les jeûnes prescrits par l'Eglise, elles Savoie, appelé dans son origine Tordre du
coumienceut le carême le lundi do la Quin- C^dlier.
quagésime, el elles jeûnent lAvent, tous les La plupart des historieus qui ont parlé dt
(1) Voij., à la fin (lu vol., n"s
12 el 13. comme ils le sonl en France.
(2) Ces Unis j'urs di's Rog lions ne sont point (5) Voy., à la lin du vol., u* i4.
jours d'al'siii'enco en Italie ni dans d'autres pays,
lio ANN ANN 22«
;'orclre de TAnnonciadc en Savoie lui ont dans aucun autre ordre. Les grands maîtres
donné une origine quasi semblable à celle ou chefs de l'ordre du Collier, qui devaient
de l'ordre de la Jarrelièrc en Anglelcrre, être toujours les comtes de Savoie (qui
puisque si la jarrelicro de la comtesse de eurent queifi'ies années après le titre de
Salisbnry donna lieu à Elonard III d'élablir ducs) étaient obligés de protéger les che-
,
celui-ci, auquel elle servit de symbok^ un valiers leur donner des avis et conseils cl
,
bracelet tissu en lacs d'amour, des cheveux les maintenir dans IcMirs droits; et, récipro-
d'une dame qu'AmciIce, comie de Savoie, quement, les chevaliers devaient servir fulè-
aimait et qu'elle lui présenta, fut cause aussi lenient leur prince, défendre l'honneur de
que ce prince le prit pour symbole d'un ceux qui auraient reçu que'qu'affront et se
,
ordre qu'il institua l'an 1.355, et qu'il appela soumettre entièrement aux dérisions de
duLacs d'amour, dont le collier étaitcomposé l'ordre touchant leurs différends. Chaque
de lacs d'amour, sur los(|uels étaient ces chevalier en mourant était ob'igé de laisser
quatre lettres F. E. K. ï. qui signifiaient cent florins pour l'entretien de l'église de
frappez, entrez, rompez lotit. C'est ce que Pierre-Chastel, lesquels florins devaient cire
rapporte Favin qui pir d'autres;
a elé suivi mis entre les mains du prince, et le chevalier
maisGuichenon, dansson Histoire de Savoie, devait ordonner à ses héritiers de faire dire
prétend que Favin s'est trompé que cet ;
cent messes pour le repos de son âme. Il
ordre fut nommé d'abord l'ordre du Collier, était encore obligé avant que de mourir de
parce que le collier était fait comme celui donner à la même église un calice, une aube,
d'un lévrier; que bien loin que le comte de une chasuble et les autres ornements sacer»
Bavoie eût eu la pensée de faire un ordre dotaux pour célébrer le messe. A !a mort do
pour une chose aussi légère que ccilfî d'un chaque chevalier, on en donnait avis aux
bracelet qu'une dame lui aurait douné, il autres, afin qu'i s s'assemblassent au jour
n'eut que la piété pour but et la dévotion marqué dans la chai Ireusc de Pierre Chastel,
parliculière qu'il avait à la sainte vieru^e et où revêtus de man'.e;!ux blancs, ilsassistaienl
à l'ordre des Chartreux et qu'il n'en faut
, au service (jue Ion faisait pour le repos de
point d'autre preuve que la fondation de la l'âme du défunt ci après l'olTice tout ce que
,
Chartreuse de Fierre-Chastel eu Bugey, par l'on avait apporté restait par aumôn(! aux
laquelle il est porté qu'il y aurait en cette religieux. L'on changea dans la suite cet
maison quinze Cliarlreux pour y dire chafiue hab'l blanc en noir pour nia!(|Uor plus do
,
1383, ne fui exécutée que par iJonue de Bon, étant à Chfimbéry, en 1518, (il de nou-
Bourbon, sa veuve qui ayant le gouvernc-
,
veaux statuts de l'ordre du Collier, afin de le
men! du Bugey, bâtir ce monastère où les
fît rétablir dans sa première splendeur dont il
Chartreux furent introduits l'an 1332, et oii était un pmi déchu. Il en changea le nom et
les chevaliers tinrent leur première assem- voulut qu'à l'avenir on l'appelât l'ordre de
blée l'an 1410. Amédée VIIÏ, pelil-fils du l'Annonciade, en l'honneur de la sainte
comte de Vert, donna l'ordre du Co'licr à vierge. Il changea le collier et voulul qu'il
Louis de Savoie, prince de la Morée; à Odo fût liu poids de <!eux cents écus d'or, composé
de Villars, seigneur de B >aux à Jean de la ; des lettres F. E. 11. ï. en'.relacées de lacs
Beaume, seigneur de Valie-Fin et de >nt- M d'amour et séparées de quinze roses d'or,
Revel ; à Humbort seigneur de Villars-
, dont sept émailiées de blanc, sept de rouge,
Bexcl ; A Buniface de Chalaul, maréchal de et celle d'en bas, pariie de blancet Je rouge,
Savoie, et à Antoine de Grolée, ses conseil- le collier bordé de deux épines d'or, et qu au
lers ordinaires, qui jurèrent d'observer les bas du collier il y eût limage de rAnnoncia-
statuts de cet ordre que ce prince avait tion de la sainte vierge dans un cercle com-
dressés. posé de trois lacs d'amour, au lieu qu'aupa-
Ils portaient, entre aulreschoses, qu'on ne ravant le collier était large de trois doigts
recevrait dans l'ordre aucun chevalier qui avec ces quatre lettres F. E. H. T. posées
fût taché d'infamie, et que si, aprèsavoirété seulement entre des lacs d'amour, et qu'au
reçu il coînmettait quelque faute contre son bas du collier il n'y avait que trois lacs d'a-
honneur, il devait quitter le collier et le ren- mour qui formaient un cercle vide, dans le-
voyer au souverain dans l'espace de deux quel il n'y avait aucune image. Les nouveaux
mois; que s'il ne le faisait pas, il comparaî- statuts furent jurés par le duc de Savoie, qui
trait devant les autres chevaliers pour être se déclara chel et souverain de l'ordre, par Phi-
jugé, et que, s'il faisait résistance, le souve- lippe de Savoie, comte de fruève. sou frère,
rain lui enverrait un héraut pour reprendre Jean, comte de Genève et Thomasde Valper-
,
le collier et lui défendre de le porter à l'ave- gne, comte de Mazin, qui furent les premiers
nir. Chaque chevalier était obligé de porter qui reçurent r()r<lieaD;ès ce changement. Les
lous les jours le collier, et ue pouvait entre" chevaliers continuèrent ù Icuir leurs assem-
22? DICTIONNAIRE DES ORDRES RELIGIEUX. 228
blées dans la cnartreuse de Pierre Chastel plus attachée à ses exercices de piété. Ce-
jusqu'en l'an IGOO, que la Bresse el leBugey pendant comme elle n'avait plus la permis-
ayant élé échangés avec le marquisat de sion d'aller si souvent dans les églises, cela
Saluées par Honri IV, roi de France, et lui donna tant de chagrin qu'elie ne pouvait
Charles Emmanuel, duc de Savoie, et par ce s'empêcher de verser des larmes en se plai-
moyen la chartreuse de Pierre Chaslel se gnant amoureusement à la sainte vierge,
trouvant de la dépend;incc de France, le duc (qu'elie avait prise pour sa protectrice), de
de Savoie ordonna que les chapitres de l'or- la dureté du roi, son père, qui l'aurait sans
dre se tiendraient dans l'église de Saint-Do- doute encore plus alfligée si cette reine des
minique de Monlniéiiaut; et ce prince ayant anges n'eût pris le soin de la consoler; car
faire bâlir, l'an 1627, un ermitage de camal- un jour qu'elle la priait avec ferveur de lui
dulessurla montiigne de Turin, il y transféra enseigner la manière de la servir et de lui
les chapitres di; Tordre. plaire, elle entendit une voix qui l'assura
Quant à l'habit que les chevaiiers portent quelle quitterait le monde et qu'elle établi-
dans les cérémonies, il a reçu aussi plusieurs rait un ordre de filles qui s'occuperaient avec
changements. Car, confonnémcntaux statuts elle à chanter les miséricordes du Seigneur.
dressée par Amédée Vill, le manteau était Tous leshistoriens qui ont écrit la vie de
blanc et fut noir dans la suite, comme nous cette princesse ont parlé de celte grâce ex-
avons dit ci-devanl.Du temps deCharles le Bon, traordinaire que Dieu lui fit. Elle ne songea
il fut rouge cramoisi, frangé et bordé de lacs plus après cela qu'à quitter le monde et à
d'amour de fin or , et celui du souverain suivre Jésus-Christ. Son plaisir était de par-
fourré d'hermines, puis bleu doublé de taffe- ler aux personnes religieuses, d'entrer dans
tas blanc, sous le duc Emmanuel Pbilbcrt, et les monastères, et de s'entretenir du bon-
enfinCharlcs Emmanuel ordonna qu'il serait heur qu'il y a de vivre dans la solitude, hors
à ravenird'aiiiaranle,doubléde toile d'argent des embarras et des inquiétudes du siècle.
à fond bleu (1). Cette vie et ces inclinations si peu conformes
Guichcnon, Histoire généalogique de la aux maximes du monde déplurent si fort au
maison de Savoie; Fa vin. Théâtre d'honneur roi, que, pour lapunir, il fui longtemps
et de chevalerie; B. rnard Giustiniani, Hist. di sans la voir. Il s'imagina ensuite que les at-
tulli gli ordini militari; Herman et Schoone- trails du monde la pourraient toucher; c'est
bcck, dans leurs Histoires des ordres militaires. p;»urquoï il la faisait aller dans toutes les
ANNONGIADE (Religiedsesde l'ordredel'), parties de divcrlisscmcnts el les plus agréa-
bles assemblées de la cour; mais ce fut tou-
ou DES DIX VeRTDS.
jours inutilement; car la princesse ne relâ-
Des religieuses de l'ordre de la bienheureuse
cha rien pour cela de ses exercices de piété.
Vierge Marie, communément appelées de
Quoique son plus grand attrait fût pour la
l'Annonciade oit des dix Vertus de Notre-
vie religieuse, el qu'en conséquence de l£(
Dame, avec la Vie delà bienheureuse Jeanne révélation qu'elle avait eue, que Dieu la des-
de Valois, leur fondatrice.
tinait à cet état, elle eût résolu de se retirer
Nous mettons encore au nombre des difîé- du njonde , elle se vit néanmoins forcée d'y
rentes congrégations del'ordre dcSainl-Fran- rister; car dans le temps qu'elle étudiait les
çois, l'ordre des religieuses de l'Annonciade, moments pour déclarera son père le dessein
ou des dix V^crtus de Notre-Dame, fondé par qu'elie avait pris d'entrer en religion, il lui
la bienheureuse Jeanne de Valois , reine de déclara qu'il voulait la marier, et qu'elie se
France, puisqu'il a été soumis par les sou- préparât à épouser le duc d'Orléans, qui était
verains pontifes à la juridiction des frères le premier prince du sang. Cet ordre autant
Mineurs, quoiqu'ily ait plusieurs monastères affligeant qu'imprévu n'ébranla point la con-
qui s'en soient soustraits pour reconnaître stance de celle princesse, et ne la fit point
celle des ordinaires des lieux où ils sont si- changer de résolution au contraire, remplie
:
tués. La bienheureuse Jeanne de Valois eut de confiance en celui qui lui avait inspiré le
pour père Louis XI, roi de France, et pour dessein de quitter le monde, elle alla se jeter
mère Charlotte de Savoie. Elle vint au monde aux pieds de son crucifix qu'elle arrosa de ses
l'an 14G4 ou 14-65, et fut élevée au château larmes, demandant à Dieu qu'il voulût bien
d'Amboise avec son frère qui fut depuis roi
, lui accorder l'accomplissement deses désirs,
sous le nom de Charles VIII, et Anne, sa ce qui lui réussit comme elle le souhaitait.
sœur aînée, qui fut mariée au comte de Car le jour quo le mariage fut conclu, le duc
Beaujeu. Dès ses plus tendres années elle d'Orléans, (lui ne l'épousait que par force,
s'adonna aux exercices de piéié; à peine eut- prolesta do la violence qu'on lui faisait, dé-
elle atteint l'âge de cinq ans, qu'elle impor- clarant qu'il n'yconscntait quepar contrainte
tunait continuellement la comtesse de Lignè- pour sauver sa vie ou sa liberté (jue le roi
res, sa gouvernante, afin qu'elle la conduisît lui voulait faire perdre s'il n'exécutail se»
à l'église pour prier Dieu. Le roi, n'approu- volontés; ainsi bien loin de songer à donner
vant pas ses dévotions, voulut les empocher. la moindre atleinle à la purelé de cette prin-
11 se contenta d'abord de lui ordonner de vivre cesse, il ne s'étudia qu'à lui donner des mar-
d'une autre manière, et de quitter ces dévo- ques de son indifférence, pour ne p,is dire de
tions fréquentes qui ne lui plaisaient pas, la sonmépriset de s.i haine, jusqu'à ce qu'enfin,
ineuaçaut de la punir si elle continuait mais
; après la mort de Charles VIII, étant parvenu
Iti pri.icesse n'en fut que plus fervente el à la couronne, soas le nom de Louis XII, en
(1) l yj/., â la lin du vol., n" 15. 14^98, et ne craignant personne qui osai
,
s'opposer à ses volontés, i! travailla à faire personne qui ne donnât des marques d'une
dissoudre son raaringe, allégu.rnt pour rai- joie sincère. Elle voulut descendre d'abord
sons que cette princesse ne lui avait été dans l'église cathédrale pour y prier le pre-
donnée que par force, que jamais ilnel'av.-iit mierdetous les martyrs en l'honneur du(juel
connue ni voulu connaître, cl que le jour de elle est consacrée, et y faire à Dieu un s cri-
ses noçps il avait prolesté en bonne forme Oee de toutes les grandeurs de la terre, ci lui
et en présence de lé-.noins irréprochat)lcs; offrant tout ce qu'elle avait souffert jusjua-
qu'il n'avait point eu d'inlcnlion de contrac- lors, mais principalement la dernière dis-
ter aucun mariage avec elle. S'étanl adressé grâce par laquelle il avait plu à sa divine
pour cit effet au pape Alexandre VI, ce pon- majesté de l'éprouver : elle alla visit^-r en-
tife nomma trois cominiss-iircs pour prendre suite sainte chapelle, après quoi elle se
la
connaissance de cette affaire. Ces commis- renferma dans son palais, qu'elle consacra
saires furiMil Philippe, cardinal de Luxem- par ses vertus.
bourg, évéque du Mans; Louis d'Ambaisc, Lorsqu'elle se vit en liberté de pouvoir
évêque d'All)i,qui fut ;iussi cardinal dans la s'adonner entièrement aux exercices d;^ piété,
suite, et Ferdinand, évêque de Ceuta, en la première pensée qu'elle eut fut de com-
Afrique, auxt^uels il donna tout pouvoir et mencer l'ouvrage qu'elle méditait depuis si
autorité pour la juger en dernier ressort ; et longtemps, qui était celui d'établir une nou-
ces trois prélats, après avoir bien examiné velle congrégation de filles en l'honnenr de
les raisons que le roi avait alléguées, décla- l'Annonciation de la glorieuse Vierge Marie,
rèrent le mariage nul. Lecardinalde Luxem- ne doutant point que si Dieu l'avait fait passer
bourg fut député pour signifier la sentence à par tant d'épreuves, ce n'était que pour la
la reine, qui, lorsqu'on l'avertit que ce prélat mettre en état d'exécuter ce pieux dessein.
venait pour exécuter sa counnission , Elle consulta à ce sujet son confesseur qui
se leva de son oratoire où elle était, après était pour lors le père Gilbert Nicolaï, reli-
avoir baisé les pieds de son crucifix et im- gieux de l'ordre de Saint-Franço's, qui
ploré l'assistance, de la sainte vierge, alla n'approuvant point son dessein, lui représenta
dans la salle où elle trouva son confesseur I^s difficultés et les oppositions qui se trou-
avec le cardinal. Un grand nombre de prin- veraient dans l'exécution de cette entreprise,
cesses et de dames, et beaucoup de peuple et lui conseilla d'établir plutôt un monastère
accoururent à ce spectacle. Elle s'assit dans un de religieuses , à l'exemple de la reine Char-
fauteuil, et le cardinal lui dit qut' les pré- lotte de Savoie, sa mère, qui avait fondé les
lats délégués par le pape ayant considéré de- filiesde Sainte-Claire de l'Ave Marin à Paris;
. vant Dieu, après une exacte discussion, que mais cette sainte princesse lui fit une réponse
f
le très-puissanl et très-clirélien Louis d'Or- pleine de courage et de confiance en [^:eu, en
léans n'avait épousé la sérénissimc Jeanne lui disant que si c'était la volonté <le Jésus-
de Valois que par contrainte, déclaraient que Christ et de sa très-sainte Mère ils l'assis-
,
le mariage était nul, et laissaient ces deux teraient dans toutes les oppositions et les
I
'
augustes personnes dans une entière liberté difficultés qui s'y pourraient rencontrer.
de s'engager comme il leur plairait. A ces Deux ans s'écoulèrent sans quelle exé-
paroles, elle fut d'abord frappée comme d'un cutât son dessein; mais étant tomliée ma-
[ coup de foudre; mais considérant que ce lade et ses forces diminuant de jour en jour,
malheur lui venait de la main de Dieu elle, elle fut réduite d.-ftis une telle exlrémilé, que
ne dit autre chose que ce peu de paroles : les médecins jugeant qu'elle ne pourrait
Dieu soit béni, je sois trop heureuse de souf- vivre longtemps, elle commença à se dispo-
frir cet affront pour lui, et je suis persuadée ser à la mort par une parfaite et entière
qu'il ne permet ceci que pour me donner ouverture de son intérieur qu'elle fit <à son
moyen de le mieux servir à l'avenir que je confesseur auquel elle ne put s'empêcher
n'ai fait par le passé. de déclarer que l'opposition qu'il apportait
La princesse étant ainsi répudiée, le roi àl'exécution de son dessein en étiit la cause.
Louis XII lui donna pour apanage la ville Jusque-là le P. Gabriel Nicolaï avait regardé
de Bourges mais elle ne voulut pas s'y re-
; l'entreprise de la princesse comme une chose
tirer sans voir ce prince, pour lui donner le chimérique ou du moins tellement difficile,
dernier adieu; ce qui lui ayant été accordé, qu'il croyait que c'était une témériié d'y
elle lui prolesta (jue bien loin d'avoir du res- penser ; mais voyant par les dispo^-itions de
spntiuicnl contre lui, elle lui était bien obli- la sainte qu'il y avait quelque chose de sur-
trôedo'ce qu'il l'avait délivrée d'une servitude naturel dans l'ardeur qu'elle témoigna t pour
; ussi dure que celle du monde, le suppliant la réussite de son projet, ii se rendit à sa
dr lui pardonner les fautes qu'elle avait fai- volonté et lui laissa suivre les attraits do
tes, et l'assurant qu'elle ne cesserait de prier la grâce et des inspirations divines doiit
Dieu pour lui et pour la prospérité de son son cœur était prévenu ce qui lui donna
,
royaume. Elle se retira ensuite dans la ville une si grande joie, qu'elle commença dès
de Bourges, où elle passa le reste de ses lors à se mieux porter et à reprendre peu à
jours dans les exercices de dévotion et de peu ses forces. Elle eut de grandes confé-
piéié, cdiûanl toute la France par la sain- rences à ce sujet avec ce directeur éclairé
teté de sa vie. Quand elle entra dans cette et, après qu'ils eurent fait des prières et des
vî.'je, eilc y fut reçue avec des acclamations pénitences pour implorer le secours du ciel,
et des honneurs extraordinaires. Tous les ils demeurèrent d'accord que la première
corj;)S la vinrent coaiplimenter , et il n'y eut chose à laquelle il fallait penser était de
*iZi DICTIONNAIRE DES ORDRES RELIGIEUX. 231
trouver des filles qm eussent les qualités né- monasièrc à Bourges, ce qnc ce prince lui ac-
cessaires pour uw él.ihlissemont loi que celui corda. Elle envoya ensuite ieP. GuillaumeMo-
qu'ou inéilitait. Lo P. Gabriel s'étanl chargé rin, religieux de l'ordre de Saint-François, à
du soin de chercher des personnes propres Rome pour en obtenir l'aiiprobiilion du sainl-
pour cela trouva dix jeunes filles qui vou- siège mais il ne réussit point dans sa com-
;
lurenl enibrasser ce nouvel institut. La roine mission: car, quoique le pape, qui était
les ayant reçues comme de la main de Dieu, encore Alexandre Vi, lût porté (tour lui «ic-
les regarda comme les premières pierres corder s.i (leir)a;id<% les caiilinaux, |)iévenus
fondamentales de son édifice spirituel. Iille conlrelesétablisscnicntsdc-.nouveauxordrcs,
en forma une petite cotnmunauié et leur l'en détournèrent. Ainsi le P. (juill.iuine
donna une supérieure. Elle les instruisait Morin fut coniraint de s'en relourncr après
elle-même des Observanci's religieuses, en avoir inutilement tenté toutes sortes de
s'entreteuant avec elles d'une manière qui moyens pour obtenir ce qu'il d(Mnandail.
les charmait et les édifiait en môme temps. Le P. Gilbert Nicolaï, confesseur de la
Tout était réglé parmi elles, en sorte que reine, autant fâché que surpris du mauvais
toutes les heures de la journée étaient em- succès de et lie entreprise, ré>ohjl d'aller lui-
ployées à la méditation, au chant, à la Icc- môme à Rome, où étant arrivé il fil de nou-
lure ou au travail leur vio était très-nus-
; vclles tentatives, mais toujours inutilement
tare, et leur ferveur si grande, (ju'il fallait jusciu'à ce qu'enfin par une disposition ad-
quelquefois la modérer, principalement dans mirable de la Providence divine, comme il
les exercices de l'Iiumiliié et de la morlifi- se disposait à reioumer en France, le car-
calion, dans lesquels elles s'efforçaient de se dinal Jean-Baplisie Ferrier, évoque de Mo-
surpasser les unes les autres. dène, qui était dalaire et avait beaucoup
Quand la sainte fondatrice jugea que ses d'autorité, l'envoya quérir pour lui dire qu'il
filles étaient suffisamment disposées elle , voulait prendre sa cause en main, ayant eu
leur dressa des règles, el leur prescrivit la sur ce sujet une vision du martyr saint Lau-
formc de vie qu'elles devaient suivre dans rent et de saint François, (|ui lui avaient
ce nouvel ordre, après en avoir conléréavec ordonné de poursuivre la confirmalion do
son confesseur qui lui fui en cela d'un grand celte sainle règle, lin effel, le pape Alexan-
secours. La règle qu'elle composa sous le dre apprenant celte vision et étant d'ailleurs
titre des dix Vertus de la sainte vierge édifié de la constance du P. Gilbert Nicolaï
contient dix chapitres dont le premier traite et de la piété de la reine Jeanne de Valois,
de sa chasteté, le second de sa prudence , le confirma sa règle le li février de l'an JoOl,
troisième de son humiliié, le quatrième do el accorda aux G. les (]ui la devaient obser-
sa foi, le cinquième de sa dévotion, le sixié- ver beaucoup de privilèges ei de grâces sin-
nic de son obéissance, le septième de sa gulières.Cepontife donna au P. Gilbert beau-
pauvrelé, le huitième de sa patience, le neu- coup de marques de son estime el lui cliau-
vième de sa piété, le dixième de sa douleur gca son nom en celui de Gabriel-Mari^, afin
ou compassion ; cl e le donna à ses reli- que par ces deux beaux noms on connût la
gieuses toutes les instructions nécessaires pari iju'il avait dans l'élahiissement de cet
pour imiter la sainte Vierge dans ces dix ordre qui se faisait gloire de porter celui
vertus, en se consacrant par le vœu perpé- du mystère qui fut accompli par la saii.le
luel de chasteté à son exemple, en gardant vierge cl par cet archange
le silence à certains ten^ps pour imiter sa Ce Père, ayant obtenu ce qu'il avait désiré
prudence, ensc soumellanl à leur supérieure avec lanl d'aideur, p irlit de Rome peu de
qui doit porter le nom d'Ancelîe ou de Ser- jours après cl vint en France le plus promp-
vanie, pour imiter son humilité, en ne re- lenient qu'il put. Quand la reine apprit cet
cevanl point de filles suspectes de quelques heureux succès, elle en rendit grâces à la
erreurs pour imiter sa foi, et ainsi des autres divine majesté à latiuelie elle en rapporta
vertus. C'est pourquoi l'on a donné à cet toute la gloire el voulant achever au plus
;
vent rendre visite par le moyeu d'une porte bien qu'un quatrième, qui, ayant été aussi
de communication par la(|uelle elle entrait épouvanté par un autre sou|)ir, s'enfuit
de son palais dans leur u)OKaslcre. comme les autres. Enfin il y <u vint uu plus
impie ijue ceux dont nous venons de parler,
Après qu'elle eut fait ses vœux, et que les qui, tirant son épée, l'enfonça dans le cœur
premières filles qui avaient reçu l'Iialiit de de la bienheureuse princesse; mais, par un
l'ordre eurent suivi son exemple, elle or- prodige plus surpri nanl que les premiers,
doima que l'on disposât toutes chos<>s dans i'épée parut toute sanglante, et un moment
le nouveau monastère qui était presque après il sortit de la plaie du sang en abon-
achevé, afin que, le jour de la Présentation da née.
de la sainte H iergc, tlb; pût offrir à Jésus- Le grand nombredes miracles qui se firent
Christ c<'S nouvelles épouses ce qui fut :
à son tombeau obligèrent les religieuses de
exécuté comme elle l'avait projeté; car ces son ordre de s'adresser, l'an 1617, à l'arche-
saintes filles sortirent de leur ancienne mai- vêque de Bourges, Amire Frémiot, pour le
son et allèrent deux à deux dans le nouveau prier d'eu faire les informations ce qu'il fil ;:
monastère, avec une modestie ailmirable, et le procès-verbal, qui en fut imprimé l'an
chantant h; psaume Jii exila Israël de 1625, fut envoyé à Rome et présen é au pape
jEgypto, et l'archevêque de Bourges, (juoi- Urbain \ III, pour obtenir de Sa Siinteié la
que âgé de quatre-vingts ans, voulut y uffi- bé itificaiion de cette sainte fondatrice. Le
cier ponlificalcment. roi L<iuis XIII, l'infante Elisabrth-Claire-
Il ne restait plus à la sainte fondatrice que Eu^îmie, gouv<rnante des Pays-Bas, la ville
de fonder de iiouvellos maisons de st)n ordre de Bourge>, lllnivcrsité de la même ville où
en plusieurs endroits; in.iis elle n'c eut i la ienheureuse Jeanne avait aussi fondé un
!
pas le temps. Ses austérités et ses mortifica- collège, et celle de Louvain, eu écrivirent à
tions , qu'elle augmentait tous les jours, ce pontife, (|ui adressa un bref à quelques
ayant beaucoup diminué ses forces, et sen- prélats, entre antres à Uolaml Héberi, arche-
tant que le temps de sa mort approchait, vêque de Bourges, et à Eustache de Lys, évo-
pour la dernière lois à ses
elle rendit visite que deNevers, pour Jairc, par autorité apo-
nligieuses, ie jour de Epiphanie de l'an
I stolique, d<î nouvelles informations. Ils exé»
150i ou 1505, comme on comptait eu ce cutèrenl leur commission; mais l'Eglise n'a
temps-là. Elle se trouva mal dans le mo- encore rien déterminé au sujet de cotte béa-
uaslère, et en se faisant reconduire à son tification {•>), quoique les demandes en aient
(1) Voij.. à la fin du vol., n"^ IG cl 17. (2) Chapelain, Mariyrolog. Rom., t. 1, p. 50
PlCTIONNAIRB 0S9 OrPRES BCrtaiEOX. I. 8
25S mCTîONNAIRE DES ORDRES RELIGIEUX. 256
encore été failes au pape Clément XI, l'an Voici la formule de leurs vreux :de Au nom
l'OO, dans un consistoire tenu au mois de la sninle Trinité, Père, Fils et Saint-Esprit,
décetnbre de la même année. et de In très-digneVicrge Marie, Mère de Dieu,
Après la mort décolle sainte fondatrice, le moi S. N. je promets et je voue à Dieu, à la
P. Gabriel-Marie, qui est regardé coiniai> le Vierge Marie, à tous les saints cl à vous, ma
second inslitulonr de l'ordre de l'Annonciade, mère, d'ohscrvor, tout le temps de ma vie, la
en procura ragrandissemenl par de nou- règle de la bimJieureusc vierge Marie ; vivant
felics fondations de monastère*, dont le pre- en chasteté, en clôture perpétuelle, en obéis-
mier fui l)âli dans la ville d'A.hi par Louis sance et saints pauvreté; conformant mes
d'Amboise, evêcjueel seigneur de ci'Ue môtne mœurs à la règle, selon le genre d'obligation
ville, l'an 1508. Ce sainl religieux procura dont les sœurs sont obligées dans la règle et
encore les établissements de lUv.iez et de par la règle. Après leur profession elles gar-
Bordeaux. Il alla li:i-mcme en Flandre, où, dent pendant (ii i jours le silence qu'elles
avec la permission de Margiieiile d'Autri- a})pellent le silence sjionsal. Nous avons ci-
ch.'*, pour lors gouvernante des P ys-Bas, il
devant décrit leur habillement. Leurs statuts
fonda les mona>lères de Bruges et d:^ Bé- furent dressés par le P.Jean de Parme, gé-
thune. Cet ordre, L.nl en France qu'en Flan- néral de l'ordre de Saint-François dans le ,
dre et en Lorraine, a plus de quarante mo- chapitre général qui se tint à Parme l'an
nastères, dont il y en a un célèbre à Paris, 15-29.
au lieu appelé communémenl Pincourt. Le Luc Wading, Annal. Minor., tom. VIII.
P. Gabrie'-Maric fut cbargé p\r le sainl- Dominic. de Gubernatis, Orb. Seraphic. Rol-
siége du gouvernement de cet ordre, cl en land., Act. Sanctor., lom. I, febr. Gazet,
fui déclaré supérieur général. Il mourut au Chronigite ou Institution première de la reli'
monastère de Roilez le 27 août 1532, (U y fut gion des Annonciades. Louis Dony d'Atichy,
inhumé. Ce fut lui qui obtint, l'an loii, du Louis Boiiy et Paulin du Guasl, Vie de Ici
pape Léon X, la confirmation de la règle bienheureuse Jeanne. Giry el Baillet, Vies des
de ces religieuses, et ce pontife soumit aussi Saints, 4 février; el les Constitutions de cet
cet ordre à la juridiction des religieux de ordre.
l'ordre de Saint-François. Le P. Gabriel-Ma-
rietravailla encore, aptes celle confirmation, ANNONCIADES CÉLESTES (Religieuses).
à mellre cette règle dans un plus bel ordre, Annonciades, dites les Célestes [Religieuses),
y exprimant les vertus de la sainte Vierge avec la vie de (a mère Victoire Fornari,
d'une manière plus intelligible, après quoi leur fondatrice.
il la fit encore confirmer de nouveau par le
même Léon X, l'an 1517. Celui qui avait On appelle ces religieuses Annonciades
transcrit la bulle qui confirmait celle règle Célestes tant à cause de leur habilîementj
y avait fait dos omissions que l'on jugea qui est en partie de couleur de bleu céleste,
importâmes, car il ne marqua que six que pour les distinguer des religieuses
points qui obligeaient à péehé morlel, au Annonciades fondées par la bienheureuse
Jieu qu'il y en avait sept: c'est pourquoi le Jeanne de France, dont nous avotis parlé
pape donna pouvoir au P. Gabriel-Marie d'y dans l'article précédent. Ces religieuses
ajouter ce qui avait été omis contre son in- Annonciades Célestes dont nous allons
,
fit, l'an 1518. De ces sept points qui obligent trice la mère Victoire Fornari, qui naquit
à péché morlel dans cet ordre, il y en a cinq à Gênes, l'an 1562, de Jérô ne Fornari et de
qui sont communs aux religieuses des antres Barbe Venerose, illustres citoyens de cette
ordres, savoir: la chaslelé, l'obéissance, la ville. Elle se rendit dès son enfance recom-
pauvreté, la clôture et l'office divin. Les mandable par une parfaite soumission à ses
deux autres points qui leur sont particuliers parents et une singulière piété envers Dieu,
sont l'obligation d'observer les jeûnes de la
: laquelle croissait en elle à mesure qu'elle
règle et de porter l'habit de l'ordre mais la
: avançait en âge, et qui l'aurait portée à
mère Ancclle peut dispenser de ces trois n'avoir point d'autre époux que Jésus-
dernières obligations avec le conseil des dis- Christ, si elle avait suivi ses inclinations ;
garder les jeûnes, ni à porter l'habit. Elles Dieu, à l'exception d'un des garçons qui
doivent jeûner en tout temps les vendredis mourut en bas âge. Elle vécut en une grande
et les samedis; elles mangent de la viande le union avec son mari; mais au bout de huit
dimanche, le mardi et le jeudi, seulement à ans et huit mois elle le perdit, et Cv-lle perle
dîner; el elles nen doivent point manger le la jeta dans une telle tristesse qu'elle fut
soir sans dispense. S'il y en a quelques-unes longtemps incapable de consolation.
qui veuillent jeûner l'avent et les trois qua- Après avoir essuyé les larmes qu'elle
rantaines, savoir, celles de Noire-Seigneur, n'avail pu refuser à la mémoire d'un mari
de la Vierge et des saints apôlres , elles ne qu'elle aimait tendrement, elle mit son uni-
le peuvent faire sans la permission de la que consolation en Dieu el prit pour son
mère Ancelle, des discrètes et du confesseur. avocate la sainte Vierge, dont elle reçut dan»
157 ANN ANN (i%R
la sujle beaucoup de faveurs; et ce fut en les persuader de la seconder dans celle fou-
reconnaissance de ces jïrAces et de ces fa- dation. Il y avait alors à Gênes une petite
vorr-; qu'elle on avail reçues, qu'elle voulul société de filles dévotes qui vivaient ensem-
fonder un orilr(î en son lioiinour. Le nombre ble en commun, qnoiqu;; sans clôlure, inai?
d'eiifiiiits qu'elle avail ne lui permit p;ir. dans une grande retraite et une grande ré-
d'entrer en religion incontinent après la putation de vertu, ne subsistant que du tra-
mort de son mari, cookoc. elle l'aurait sou- vail d'j leurs main.s. \'ictoire se retira avec
h.iilé; mais étant coniraiiite de rester diins elles dans le dessein d'en attirer (luelques»
li> monde, elle y vivait comme si elle en eût unes à sa nouvelle fondation. Après y avoir
élé séparée et qu'elle eût vécu dans une so- demeuré quelque temps elle leur commu- ,
steté perpétuelle ; le seeoml, de n'aller jamais leur déclara l'ordre qu'elle prétendait .îlablir
aux assemblées des dames, que l'on appe- dans sa coumiuuaulé mais ces filles rejetè-
;
lait la veille ou la soirée, si une pressante rent >e> propositions ne voulant pas chan-
,
âge, les trois autres entrèrent dans l'ordre sa fondation, et sans aucun secours elle ne
des iMinimes, et les filles se firent clianui- douta point de son entreprise. Elle alla trou-
nesses régulières : c'est pourquoi, rien ne ver, pour la seconde fois, l'archevêque de
Jempéchant de se consacrer aussi à Dieu, Gènes et elle lui fit tant d'inslances pour
,
elle songea aux moyens de fonder son ordre. obtenir sa permission, que ce prélat, élonné
A la vérité le dernier de SfS enfants ne de sa résolution et de son courage , consen-
l'avait pas-encoïc laissée pour Ciilrer en re- tit à cetîe fonda io!i. l'an 1G02.
ligion , mais elle prévoyait bien (juMl sui- Le sénat lui ayant aussi accordé les per-
vrait ses frètes : ainsi eliC exécuta le des- missions iiécessairis pour la commencer
sein qu'elle avait conçu depuis longtemps. dans la ville de Gènes il ne restait, pour,
Il y avait aussi quelques années que le l'exécution, que de trouver une maison pro-
p. Bernardiu Zenon, de la compagnie de pre à cet eiïet et dont la situation fût com-
Jésus , son confesseur, se sentait inspiré mode. Cette ville ayant d'un côté une petite
de Di'>u de travailler à un nouvel ordre montagne qui se nomme le Château pour ,
qui fût particulièrement dédié à la sainte avoir servi autrefois de forteresse à cette
Vierge, sous une règle qui serait modérée ville, ce lieu fut jugé avantageux pour
y
pour l'exiérieur , mais qui serait excel- bâtir une maison religieuse, tant à cause du
lente et signalée en l'établissement d'une bon air (|ue pour être écarté et éloigné du
entière communauté, en l'exacte ponctua- bruit et du tumulte. Il y avait en cet endroit
lité de l'observance régulière, et surtout une maison qui appartenait cà tine sœur de la
nu plus grand détachement qui serait pos- fondatrice ; elle la lui vendit , et le marché
sible des conversations séculières et de tou- fut conclu pour trois mais à
m.illc écus ;
ce Père, et qui lui avait aussi communiqué lo vantage pour y rentrer, ce qu'elle ne put
sien, commença à conférer avec lui des néanmoins obtenir.
moyens d'exécuter leur dessein; mais il s'y Quelque diligence que notre sainte fonda-
trouva d'abord tin grand obstacle. Il fallait trice eût pu faire pour obtenir ces permis-
de l'argent pour acheter un fonds pour bâtir sions ,et pour trouver une personne qui lui
le premier monastère ; il fallait iïc& revenus vendît une maison pour l'exécution de sou
pour l'entretien des religieuses, et Victoire dessein, comme il s'y rencontra beaucoup de
avait déjà distribué la plus grande partie de difficultés quelque temps se passa pendant
,
son bien au soulagement des pauvres et des lequel Dieu éprouva sa constatice mais il ;
affligés, et ce qui lui restait n'élait pas suf- ne laissa pas de la consoler en même temps,
fisant pour fonder solidemer.t son ordre. en lui envoyant quatre personnes choisies
Elle appréhenda qu'ayant commencé son de lui pour être ses compagnes et les pre-
entreprise, elle ne pût la finir. G'élaii aussi mières religieuses de son nouvel ordre.
le sentiment de l'archevôfiuo (!e Gènes flo- Elles étaient toutes quatre sous la direction
ra(c Spinola, qui fut d.ius la suite cardinal, du Père Bern irdin Zenon, son confesseur, et
et ce qui l'empêcha de donner son consente- toutes dans le même dessein d'entrer en re-
ment à cet élablissement lorsque la fonda- ligion de sorte qu'ayant appris les inten-
;
trice lui en demanla les permissions néces- tions de \ ictoire , elles se sentirent portées
Dieu , avec des torrenis de larmes , qu'il lui dire avec (juelle joie elles s'uniient cà la nou-
plût d(; faciliter l'exécution de son entreprise. velle fondatrice. La première fut \'icenlino
Elle voulut tenter si elle ne pourrait point Loinellini, à laquelle Victoire, par humilité ,
gagner quelques demoiselles de la ville, et cédait toujours le nom de fondatrice, le ma-
439 DICTIONNAIRE DES iDRES R! LIGIEIX. m
naslère ayant élc hâli à ses frais et dépens; manda celte grâce au nom de ses compngncs.
la sccon If l'dl Marie Ticcliini; la Iroi^iènif, Il chargea volontiers de cet e commission,
se
Claii'f S,)inola ; «l la qu iiriènK-, Gocile Pas- et élanl arrivé à Unme à son retour de Na- ,
Vicenline Loîncllini ciiiil fi-rninc (retienne présent au pape Clément VIII le> c l'^tilu-
I
Ctulurioii , n >'.)lc (îénois : elle avaii i»l>lenu lionsdccet oidrt; el te nom des fond Mrice^,
«le '•<»n nnri la |)(•nnis^itnl lic se rflirrr eu el fit tant d'msiances auprès «le Sa Siinteîé,
r< li}i[ioii ayant aus>i lui-inéme conçu 11'
, qu'il en obtint le lo mars, la permission
,
des>«Mn de .se ii'lircr d tns un m isièii' ce m ; (ju'il demandait, deriger le nouveau monas-
qu'il cxéouî.i dans la suilc, après la m. ni de tère sous la règle de saint Augustin, et le li-
sa ffinnie qui inuurul dans i^nu année de
.
tre de TAnnoiiCiade, avec Tapprobatiou des
novifial. Lf nicaïc jour (lUi* Vicenline s<»n , conslitulions.
épouse, prit Ihabil de ieli;;ioii il piil celui , fut-il arrivé à Gênes, où les fonda*
A peine
d'ecclcsiasti(|ue , et Tannée suivanle il n- tri'Cs l'attendaient avec une sainle impa-
çul la préinsc. Il celé!)!.» sa pie nièic messe, tience, (|u'i lies allèrent toutes ensemble, se-
â^é de <ini|uan(i>-liit.l ans dans la p( lile , lon l'ordre qu'elles en aval ni reçu se pré- ,
cli.jpt'lle »lu niona.slère,<iù,.avce deux autres senter à Tarchexênue de Gênes , qui , les
prêtres ,
qu'il enlrilenail à srs déprns il , ayant examinées cliacune eu particulier sur
continua de la dire tous les jours jiis(|u'à ce leur vocation et ayanl reconnu en elles un
,
qu'il se fit ri'ligii'ux. Il demeura encore sept véritable esprit de religion , leur donna sa
ans dans le siècle en aUcndanl ()ue la pUis , bénédiclion avec des avis Irès-importanis
jeune de ses filles ipii était éU-vée dans le , pour le succès de leur entreprise ; el le 19
nionaslùrc,}' eûi pris lliabit religieux et fait juin de la mé ne année ICO'i^ , s'étant tout«'S
profession. Il suivit pondant ce temps-là, . rendues en l'église des PP. de la compagnie
la vie des Carmes Déch.iussés , parmi les- de Jésus, où elles communièreat avec beau-
quels il avait résolu de (isiir ses jours ; mais coup lie dévotion, elles allèrent de là vers
une paralysie qui lui survint fui un obstacle la petite moniag-ie où était situé leur monis-
à son dessein , il ne put être reçu dans cet tère. Elles élaient au nombre de dix Vic- :
ordre à cause de celle inlirmilc, et après toire, Vicenline, Claire cl Cécile, dont nous
plusieurs inslances il prit l'hahil des clercs avons parlé, deux jeunes filles qui devaient
réguliers Bamabiles , l'an IGIii , dans la être converses; deux filles de Vicenline, sa-
soixanle-douzièuje annéedc sonâge. Deonze voir Jéronime âgée de treize ajis, et Be-
: ,
enfants qu'il avait eus avec \ iccntine Lo- noîte, âgée seulement de dix ans , que leur
mellini , Dieu en appela quatre à lui dès le mère menait avec elle parce (jue la plus ,
ligieuses. Le premier des garçons entra dans mêu)' ciio^e de la plus jeune , comme en ef-
l'ordre des Carmes Décliausses ; l'autre , au si dansia suite. La dernière
fet elle le fut
Dosnmé Augustin resta dans le monde plu- , étaitune petite nièce de ^ icloire âgée do ,
nombre des premières religieuses Annon- d'août , par Tarrlievè(iue de (iênes. Victoire
ciades. retint son nom , y joignant Seulement celui
Tet.e a élé la famille de Vicenline Lornel- de Marie ; Vicentine prit celui de .M irie-Ma-
lini et , son mari, au-
d'Iilieiine C<'nlMrioii <leWine ; Marie s'.nppela Mirie-Jcanne ;
quel l'or. Ire des Annonciades Ce estes est Claire fut nommée M
rie-Françoise, el Cé- i
joie qu(! .-es filles en eurent se changea dans Cbamplite dans le comté de B<iurgogne, et
.
le métiic temps en une gr.indo (risles'^e |)ar l'aulie à Saini-.Mihiel ,en Lorraine. En 1620,
la mort de l.i mère Marie-Madeleine, femme il y en eut ansoi deiix l'un à Nozetelh et
:
super eurs de faire porier sou corps au mo- ordre à Paris, alla en 1CG6 pour faire un
naslère des Anuonciades pour y être en- établissement. Il y a quelques endroits où
terré. cet ordre a plusieurs maisuns , comme à
Ce fut le 7 septembre de l'an 16^)3 que la Gon s où il y en a trois.
,
mère Victoire et ses compagnes en pré- , Les «onslilulions de ce tordre, qui avaient
sence du grand \i(!aire dtî rarclievèiiue de d'.îbord été approuvées par le pape Clé-
Gênes qui ne put s'y trouver
,
ayant été , meiil Vlll, furent confirmées par Paul V,
nouïmé par le pa[ie P.uil V légal de Fer- l'an 1613. Le cardinal Bellarmin, à l'inslauce
rare, firent les vœux solenne. s, ajoutant aux des Mères de Gcncs , sollicita le pai»e Gré-
qualic vœux ordinaires celui de clôture; per- goire X\ jiour étendre la même confirmation
péiuelte, avec ces dei:x circoiislances de ne a de nouveaux monastères; el Tayaut obte-
se laisser plus voir d'aucune personne, nue de vive \oix, il en donna des assurances
même de letirs parents el de ne point par- , par une lellre de sa main à ces méuu-s reli-
ler, la ouverte, que trois fois l'an ,
grille gieuses ; et enfin Tordre ayant toujours con-
connue nous dirons (dus amplemcnl dans la linné de s'augmenter, el les monastères en
suite. Le mon.;sière fui achevé ie 28 juin deçà des uionts faisant de nouvelles instan-
1608: elles y furent au nombre de vingt- ces à celui de Gênes à Ci^ (lue Ton procurât
unes en procession , couvei tes de leur vcile, une bulle do confirmai, on générale pour
et, comme le jardin de la première maison lous les monastères, le pape Urbain \ 111
joignait celui de ce noux-au nu^nasière, Taccorila à la (inère (jui lui en fut laiie, au
«Iles eurent la commodité de passer de l'un nom de Timpérairiic, par le cardinal Pa-
à l'anlre sans sortir de la clôture el sms se loUe, aT>rs nonce auprè-. de l'empereur Fer-
montrer par la ville. Ce ne fut <(ue quatre dinand II, el par une nouvelle bulle du 13
ans après que l'ordre commença à se multi- août 1631, dans laquelle celle de Paul V
plier. Il y avait à Pontarlier dans le comté . esl insérée,il approuva lous les monastères
de Bourgogne , quatorze filles qui s'étaient déjà fondés et que Ton pourrait fonder à
retirées «Misemblc pour vivre dévotement, et l'avenir u (luelque partie du monde que ce
(
soie. Elles ne doivent point pareiileiucnt périeur (ou de M. son grand vicaire), et de
avoir de chandeliers, lampes, ni encensoirs vous, ma révérende mère prieure, et de vous
d'argent. Aux linges d'église elles ne doivent toutes, 7nes sœurs, de ne jamais donner ma
pas mettre des dentelles de grand prix, de voix, ni procurer p:!r moi om parle moyen
peur que le temps qu'elles employeraienl à cV autres , quen ce monastère soit relâchée la
faire ces dentelles ne les empêchât de secou- clôture des grilles avec la plaque trouée et là
rir les pauvres églises de corporaux et de toUe noire étendue au devant; et de ne pnrler
purificatoires, laquelle œuvre de piélé ap- à grille ouverte avec mes parents, savoir :
partient proi)rement à cet inslilut. coinme il père, mère, frères et sœurs, plus de trois fois
est expressément porté par les constitutions ; l'an, et jamais à nuircs personnes , excepté
et si quelqu'un voulait donner des parements aux actes publics qu'il conviendra passer en
et des ornements plus précieux, elles ne présence de notaires et témoins çt aux
,
doivent point les nccepler. autres cas permis par nos constitutions, pour
Elles ne peuvent parler à leurs parents le regard de parler à grille ouverte, et es jours
qu'une fois en deux mois, seulement aux qu'il sera nécessaire de se laisser voir de nos
hommes qui seront parents au premier de- supérieurs, seulement en tout et partout, sui-
gré, et aux feiuiiies au premier et au secoîid vant l'ordonnance et dispositiun de nos règles
degré ; de sorte qu'elles no peuvent aller et consfiiutinns : ainsi je le confirme par cet
aux grilles pour leurs parents plus de six écrit de ma propre main, lequel je vous con^
foix l'an. Si une religieuse n'a point de pa- signe, ma révérende mère prieure.
rents à ces degrés, elle peut choisir quelqu:3 Pour la même raison il est ordonné que
,
oncle ou que!(iue t.aile qui jouira du même la prieure ,incontinent après son élection,
privilège. Les temps de l'avcnl et du ca- jurera en présence du supérieur de conser-
rême, et les jours de communion, sont ex- ver la clôture, en disant ces paroles 7c, :
saint Augustin et de la décollation de saint mets à Dieu tout-puissant (et le reste jusqu'à
Jean-Baptiste. mes parents) ni me servir de la permission
En cas qu'une personne ait volonté de se des trois fois l'an, donnée par nos règles et
faire religieuse, la supérieure, avec la per- constitutions, à laquelle je renonce par ce
mission de l'évêque ou de son grand vi- présent acte; me réservant néanmoins de par-
caire, peut lui ouvrir les grilles jusqu'à ler à grille ouverte aux autres cas permis par
quatre fois, nûn que les sœurs qui ont à nos coîislitutions : ainsi je le confirme par cet
donner leur écrit de ma propre main, lequel je vous con-
voix pour sa réception lui
puissent parler et la voir, à condition signe, ma révérende mère.
qu'elle sera seule au parloir ou à la grille. Les cas permis par les constitutions de se
S'il y a quelque religieuse qui ne veuille laisser voir aux grilles et par la petite fe-
jamais se laisser voir d'aucune personne à nêire destinée pour recevoir la communion,
la ë"'"e, et en veuille faire vœu pour un sont lorsqu'elles communient et lorsqu'elles
temps ou pour toujours , elle le peut faire reçoivent les cendres, à l'ouverlure delà
quand bon lui semble, et on ne peut l'en grille lorsque quelque religieuse prend l'ha-
empêcher, ^varce que c'est la principale in- bil ou fait profession, ou que l'on fait la
tention de que l'on
l'institut, les trois fois prédication, et les jours qu'il est nécessaire
accorde n'étant que par une licence. de se laisser voir aux supérieurs lorsqu'on
;
De peur €jue, par succession de temps, la va à la porte pour y recevoir les fiiirs qui
clôture de ch;i(jue monastère ne vienne à veulent entrer en religion, et lorscjuil y a
être relâchée de ce qui est établi par les con- quelqtie ac'o à passer par-devanl notaires.
stilu'ions, il est ordonné que cliaque reli- Qu.Tnt à leurs autres observances, oulre
gieuse, Immédiatement après sa profession,
i les j.ûnes commandés par Tliglise, elles
leiM le vœu qui suit Je, sœur N., religieuse
: jeûnent aussi l'avcnt e^ tous les vendredis
de ce monastère de rAnnonciadei promets et de l'année, excepté ceux auxquels se rencon-
fni^ vœu à Dieu tout-jiuissant et à la glorieuse trent quelques fêtes solennelles, dont ou
Vierge Marie, sa irès-^ainle Mère, mon ai-o- aura jeûné la veille, comme ;;ussi lorsque
:cale, en présence de toute la cour céleste, et les fêles de saiût Etienne, de saint Jean
—
avoir aucun chant ou musique, non pas Vie de saint Antoine, abbé, père des reli-
(1) Voy., à la lin du vol., n°' 18, 19 et 20. (!) B()ll;.n<l., Act. SS. 17Jantnr.,p. 119.
(•2) .\iii!., Dict. Christ, par "2. (o) De Tilloiu., il/tJ'H. poitr l'Insi. ceci., t. Ml,
(ô) Fleury, i/.sf. eccl., i. H, p. ii7. p. CGC.
247 DICTIONNAIRE DES ORDRES RELIGIEUX
ciel; puis vpnex et me suivez [Mntih. XIX). il porter du pain de temps en temps, il alla
1<'S pril pour lni-métn«', cl vonl.nil obéir à s'enfernjer dans un sépulcre lrè«-éIo'gné,
I.i voix (II' DifMi. il no fui p.is pliilôl 'or!i <le dot\l l"1"!jrvp'e était («îeiue, et .lui ét.iient tous
réfîlisc qu'il <lislrih(ii à ^c** voisiiK tous les des bâiiru'ut* eonviilér.ible";. I\Iai>< le démon,
hcritigi's pus (!•' li >nrocs>.ion de
(jd'il .iv.iil (]ui jtisqu'ainrs n'avait fait (jne des efl'orls
sps pèrfi cl nicro, qui consisl.iifiit on Irois sur son cœur, r.itlaqua visiblement, l'.iyant
conis ;irrurcs «le terni qui nns;ii(Mil près si enieliement tourmenté sur son corps «ju'il
de cen! cinqnanle .irpenls, poir payer les le laissa étendu par terre sans pouvoir par-
imnôts publies, à C'>ii liii'in que Uii el sa ler, i't souffrant drs douleurs excessives.
sœur seraient libres et dccliarpés do tout; cl Son ami étant venu le lendemain pour lui
ayant fait une somme ousidérable des meu-
< apporter du pain à son ordinaire, fut eoïi-
bles qu'il vendit, il en dislrib<ia l.i meilleure Iraint de le porter sur sou dos dans le bourg
partie aux pauvres, réservant l'autre pour pour le faire guérir de ses plaies; mais le
sa sœur. saint, étant revenu à lui, le pria de le repor-
Mais comme une autre foi*, él.int entré ter dins ce sépulcre, et ne pouvant se t-enir
dans l'église, il entendit aussi lire d.ins l'IÎ- sur ses jambes à cause des coups «ju'il avait
vangile qu'il ne si' fallait pas nielire en reçus courbé par terre, il défiait les démons,
:
les njîiins de quelques files clirétii nues le bâtiment enfut ébranlé les murailles de
:
pour rélf'vcr avec elles. Il quitta ensuite sa la chambre s'étanl ouvertes, les démons y
maison pour mener la \ie aseélique hors enln renl en foule sous des formes mons-
du lieu de sa naiss.nice, vrillant sur lui- trueus 'S detoutessortesd'animaux ;maiscon-
même, gardant une ircs-grande leinpérance, linuanl à les mépriser, un rayon de lumirre
et imitant un s.iinl vieillard qui viv.iit de qui venait à lui dissi[)a tous ces esprits de
celte sorte auprès d'un village voisin. Il soc- ténèbres; ses douleurs cessèrrni, le bâtiment
cupaitdans la soliiudeau travail, à la prière se trouva rétabli, et il entendit une voix du
et à la lecture , et allait de temps en temps ciel qui lui promit de l'.issisler toujours el
voir d'autres solitaires, pour en recevoir de le rendre célèbre par toute la terre. Après
des instruclions , et remarquer en quelle cela il demeura encore un très-long temps
vertu chacun d'eux excellait, pour pouvoir en ce lieu.
les imiter, aussi bim que leurs austérités et
Ain^i se passèrent les quinze premières
leurs mortifications.
annéesdesa retraite, ou, selon quelques-uns,
Le démon ne put pas souffrir nn si grand les vingt premières années. Mais suivant le
ïéle dans un homme d»; cet âge. Il luisus- mouvement qu'il sentit de se retirer dans
cita plusieurs combats. Il lui mit d'abord un désert plus écarté pour se cacher davan-
devant les yeux les biens qu'il avait quittés, tage aux hommes, il sortit de ce sépulcre
sa sœur dont il devait prendre soin, la gloire pour ail^r sur la montagne. Le démon lui
qu'il pouvait aci(Uérir dans le monde, les tendit plusieurs pièges .sur le chemin, le ten-
plaisirs qu'il y pouvait goûter, et plusieurs tant d'avarice en lui faisant paraître un plat
autres pensé s qu'il représentait en foule à d'argent, qui s'évanouit comme de la fumée
son imagination. lorsqu'il se fut aperçu de l'artifice de ce ma-
Mais la foi el ses prières continuelles lin es[)rit, qui s'étaitservi d(; cette ruse,
nyanl dissipé ces tentations, les pensées croyant (lu'il le ram.isserait dans le dessein
d'impureté prirent leur place pour le tour- d'en faire l'aumône. Uu [)cu plus loin il vit
menter plus violemment jour el nuit. Il les une grande quantité d'or, mais il passa par-
surmonta encore par l'assistance de Jésus- dessus avec le mêiue mépris, et redoublant
Christ de sorte que le démon lui étant ap-
: sa marche il arriva enfin à la montagne, où
paru sous la figure d'un cnf.inf noir, se con- il trouva un vieux château abandonné des
fessa vaincu, tt avoua qu'il éliiil l'esprit de honnnes, dans lequel plusieurs animaux fai-
fornication. C<îlle première victoire servit à saient leur demeure, qui s'enfuirent aussitôt
augmenter ses austérités, <ar il veillait tel- que le saint y fut entré, dans la résolution
lement qu'il assail des nuits entièns sans
j
d'y demeurer. Il en ferma la por;e, tyanl f lit
dormir. 11 ne mangeait «ju'une fuis le jour sa provision de pain pour six mois. S-s amis
après le siilei! couciié, quelquefois de deux qui le venaient visiter, el qui étaient con-
jo:irs en deux jours, et souvent de qu;''re en tr.iints de |)asser souvent les jours et les
qtial e. Sa nourriture était du pain el du nuits au dehors à cause qu'il ne se laissait
s >l. Il lie bi!v iit que de l'eau. Son lit n'était voira personne, lui en jetaient par-dessus
qu'une nait.', quelquefois la terre nue, et le toit deux fois l'année; el il demeura ainsi
n«î se frottait jamais d'huile, qui élail en ce vingt ans dans celte retraite.
pays- là une grande austérité. Plusieurs personnes iiui voulaient suivre
Antoine, qui ne cbercbjiit qu'à s'avancer ses exemples et se joindre à lui et ses amis ,
de plus en plus dans la perfection, crut que même, ayant voulu rompre la porto, il en
le voisinage du bourg de sa naissance, (jui sortit pour devenir le père d'une infinité
était proche de sa retraite, était un empê- de solitaires qui |)euplèrent l'Egypte. Les
chement pour y parvenir c'est pourquoi, : uns demeurèrent auprès de lui à l'orient du
ayant communiqué le dessei-n qu'il avait Nil, en uu lieu nommé Pi^per les autres à
;
pris à un de ses amis, qu'il pria de lui ap- l'occident, vers la ville d'Ar&iuoé; cl ce fut
249 ANT AN! 250
pour lors, c'est-à-dire vers Tan 305, que plu- lustre soiiiaire; et pouf ne nous pas éloi-
sieurs pmbr.issant la vie m()nasli(|iic par les gner du dessein qu'i nous avons de faire
fiéipicnies exhortations de noire saint, il se seulement un abrégé de sa vie, aussi bien
fil nionastèr(S, qu'il gouvernait
|»hi>itMirs que de cell«s des autres fondateurs d'ordres
tous comme leur père. Gi-s saints solil.iires nous passons sous silence les guérisons mi-
s'occupiiient coulinuelle/ncnl .lu cliant, à raculeuses qu'il a faites, ses disputes avec
l'élude, au j ûiie, à la prière, et iiu travail plusieurs philosophes qu'il confondit la ,
inconnu. Gomme il ne savait pas le chemin, servait ordinairement était une peau de bre-
il se joignit à des Sarrasins qui allaient de bis, qu'il melt ut p/ir-dessus sa tunique que
ce côté-là, et ayant marché avec eux trois l'on nommait ordinairement cilice, el qui
jouis el trois nuits, il arriva à une montagne était faite de poil de chèvre (2). 11 avait deux
très-haute, où il y avait une fontaine et
de ces manteaux de peaux de brebis, qu'on
quelques palmiers. Ce lieu lui plul, et il y appelait meloles, puisqu'il en donna un
resla, ayant pris du pain de ces Sarrasins
à saint Alhanase et l'autre à sainl Séra-
qui l'avaient conduit, et qui y repassaient pion ; l'on prétend aussi qu'il avait un
exprès pour lui en donner. Celte montagne capuce fait comme un casque. On a donné
esta une journée de la mer Rouge, et on la plusieurs significations au mot d'ependijtes
nomme présentement Coizim ou mont Saint- dont il est parlé dans la vie de ce sainl La- ;
Antoine. 11 fut néanmoins encore oblig'» de it/ ependytetn suiim. Les uns ont prétendu
quitter ci'tle solitude pour relonrner une
que cela devait s'entendre d'un habillement
seconde Alexandrie
fois à atiu dassisier
,
qu'on mettait par-Jessus hs autres. Il y en
l'Eglise dansguerre tjue lui avaient dé-
la
a (jui veulent que ce soit un scapulaire,
clarée les ariens et dans le temps que ces
;
d'autres un camail, d'autres un m inleau,
héréli(|ues déchiraient la répulalion de saint d'autres enfin une espèce do surplis ou
Aihana>e, il demeura toujours ami et atta- d'aumuce. M. d'Andilly a néanmoins donné le
ché à ce saint prélat. nom de robe à ce mol d'ependyics dans la Vie
Nous parlerons, à l'article de saint Paul de saint Antoine. M. l'abbé Fleury dit (3)
Ermite, de la visite qu'il rendit à cet il- quelorsqu'il allaà Alexandrie dans le dessein
(I) Voi/..à la fin du vol., n* 21. (3; Fleiiry, Ilist. ceci., l. Il, p. 676.
(i) lilicm., Mé.n. r.ùur Ckut. tccL, t. VII, p. {|2.
m DICTIONNAIRE DES ORDRES RELIGIEUX. 2o2
d'y souffrir le martyre, bien loin de se ca- ques autres ordres, puisque tous pratiquent
cher comme les autres faisaient, il se mit en la même règle, et qu'ils ont les mêmes absti-
un lieu élevé, ayant exprùslavé son habit nences et les mêmes exercices spirituels,
do dessus, qui èlail blanc, ;jfin qu'il pa- que les règles de saint lîasile, c'>m[)riàes
rût davatitagre. M
sis Boll.nulus (i) prétend dans ses Aî-xé'iques, ayant été r'^çucs par
que dans la Vi;' de ce saint epcndi/lps est pris tous les religieux d'Orient, il y a en cela une
pour melotes, et ces melutcs n'étant autre entière conformilé entre les Grecs, les Armé-
chose que des manteaux faits de peaux de bre- niens, les Egyptiens, les Ethiopiens, et tou-
bis , c'étaient des manteaux faits de peaux tes les nations, sans que la différence des
de brebis bianriios avec le poil dont se ser- sectes ail introduit aucune diversité. I^Iai'Sr
vait saint Antoine. Quant à ceux qu'Aiha- comme parmi les religieux de ces différentes
nase lui avait donnés, ils devaient élre bien sectes, il y en a quehiues-uns qui so. disent
plus longs, puisque l'un avait servi à ense- de l'ordre de Saint-Antoine, et d'autres de
velir le corps de saint Paul Ermite, et que l'ordre de Saint-Basile nous parlerons de,
qui furent traduits en grec et du grec en la- Athammi opéra edit. Bcnedicl.l. IL Rosveid
lin. Entre ces ouvrages, il y a quelques let- VHt. PP. Bolland. Acl. SS. 17 j'tnv. Fleury,
tres dont on n'avait connaissanceque de sopt Hist. ecclés. t. III. Bniteau. Hist. inonanti-
avant qu'Abraham Ecchellensis en eût publié que d'Orient, pag. iV. Bivar., de Vet. Monuc.^
vingt, (lu'il a traduites de l'arabe en latin, et t. I, De Tillem. Mémoires pour l'Iiist. eccL,
que secte. L'on ne parlait point encure d'or- beck, de parier de cet ordre, dans leurs His-
dre de Saint-Antoine au commencement du toires des ordres militaires coiiime d'un ,
septième siècle (2. Ce saint ni ses disciples ordre véritable, dont ils ont accompagné le
n'avaient pas formé d'ordre particulier. lis récit avec des circonstances qui servent au
étaient censés ce qu'on appelait en général contraire à en faire connaître la fausseté.
l'ordre monastiijue; mais dans la suite des C'est ce que nous ferons rem'irquer, après
temps la règle de saint Basile s'étant fort avoir parlé de la prétendue origine de cet
étendue parmi les Grecs, et ceux qui en fai- ordre, qu'ils ont rapportée en cette manière.
saient profession s'étant alors distingués des Environ l'an 370, disent ces auteurs, un
autres religieux, en se qualifiant moines empereur d'Ethiopie, qui selon quelques-
de l'ordre de Saint-Basile, plusieurs autres uns s'appelait Jean et à qui les empe-
,
solitaires de diverses nations, qui avaieiU reurs (jui lui ont succédé sont redevables
toujours conservé beaucoup de vénération du nom de Prête-Jean qu'ils portent, vou-
pour saint Antoine qu'ils reconnaissaient lant aiïermir son trône et uiaintenir la
pour leur père et leur patriarche, se distin- religion c;ilholi(iue dans son empire, insti-
guèrent aussi, en prenant la qualité de n»ui- tua un ordre mililaire sous le nom de Saint-
nes de l'ordrede Saint-Antoine, quoique leurs Antoine pour s'opposer à la malice des hé-
observances eussent pour fondemenl les rétiques, qui tâchaient de semer partout le
Ascétiques de saintBasile, qu'ils avaient re- venin de leurs hérésies. Il acquit en peu de
çues aussi bien que les Grecs. C'e^I. pourquoi temps beaucoup de lustre, après la mort do
M. l'abbé Renaudol (3), si célèbre parnii les son instiluleur, par les privilèges que Phi-
savants, pour la grande connaissance qu'il a lippe VII, son fils, lui accorda, et qui voulut
de l'histoire cl des langues orientales, princi- aussi que la croix qu'ils portaient sur i'eslo-
palement pour ce qui regarde la religion dos niac, qui est bleue el de la forme d'un T, fût
Orientaux, fait observer qu'on ne doit point ornée de fil d'or (4).
mettre de distinction entre les religieux de Ce prince ordonna encore que toutes les
Sainl-Antoine et de Saint-Basile, ou de quel- familles de son empire, dans lesquelles il se
(1) Holla id., Acl. SS. I7janv., p. 119. (3) Perféivhé de la Foi, l. V, ch. C, p. '297.
\i) i>ulleaii, Liiu. monasl, d'Orieni., p. ^59. (4) Voij., à la iiii du vol., n" '22,
B53 ANT ANT 284
iTOuvcrait trois garçons, seraient obligées frique à la Mecque ; et afin que la dignité
de donner le second à la rolij;ion ce qui : do grand maître ne puisse jamais tomber
s'obsorvait avec lant d'exaclilude, que son enlrc les mains de l'empereur, il n'est pas
propre fils n'en l'ut pas exempl ce qui a élé ; permis d'en revêtir quelqu'un de sa famille,
pareiliemenl prali(|ué sous ses successeurs. mais on la confère tour à tour à un reli-
il n'y a st'ulerncnl (]ue les enfants des méde- gieux elà un s.'culier. Le premier doit avoir
cins et les habitanls de l'île de Méioé qui ne clé supérieur ou abbé de quelque monastère,
sont |)as soumis à cette loi. Ces auteurs pré- et le séculier doit aussi avoir élé chevalier
tendent que saint Léon le Grand approuva abbé do quelques-uns de ces couvents.
cet ordre, et qu'il aété confirmé dans la suite Ils font vœu, selon ces mêmes auteurs, de
par le p.Tpe Pie V, par une bulle authentique sacrifier leur vie pour la religion catholique,
où il lui donne beaucoup de louanges. do procurer l'avancement do l'Eglise romai-
La ville de Méroé, qu'on dit avoir été bâ- ne, dont CCS chevaliers reconnaissent ( à ce
tie par Cambyse, et qui est siluée dans une qu'ils disent ) le chef pour leur vrai et légi-
île qui porte son nom au tnilieu du Nil, est time pasteur d'observer les décisions du
,
la demeure du grand niiiîire de cet ordre concile do Florence tenu sous le pape Eu-
( selon ces mêines auteurs ). Le Prêlc-Je.în gène IV, de ne faire jamais la guerre aux
Claude la donna à l'ordre, et un autre empe- chrétiens, et de ne point prendre les ordres
reur des Abyssins, nommé Alexandre I!l, sacrés sans une permission particulière du
confirma cette donation, à condition que pape. Ils s'obligent aussi de fournir à leur
l'abbé général des religieux de Saint-An- prince trois mille chevaliers quand il est
toine de ce pays-là y aurait aussi sa rési- obligé de faire la guerre. Enfin l'abbé Gius-
dence. tiniani et Scboonebeck disent que les ecclé-
siastiques et les moines de cet ordre sont
Ce grand maître a par-dessus son vête- vêtus de noir, et ont au lieu de croix un T
temeni qui lui descend juscju'aux genoiix,
d'azur; que ces chevaliers ont plusieurs
et qui est brodé de fleurs d'or et de soie, une
cnmmandcries en France, en Espagne, en
veste ou soutane-lie noire; son nianleau est
Italie et dans toute l'Europe, qui sont possé-
bordé d'hermine comme ceux des princes. Il
dées par près de douze mille chevaliers et ;
a la tête couverte d'un riche capuce en bro-
qu'il y a encore présentement à Vienne en
derie, sctné do pierreries et doublé d'une
Autriche un grand abbé de l'ordre qui y
belle foururre; et la marque de l'ordre est
réside (.2)
un collier enriclii de pierreries, auquel pend
Voilà en abrégé ce que disent les auteurs
une croix bleue fleurdelisée par les bouts
qui ont parlé de cet ordre, et ce qui me per-
et garnie autour d'un fil d'or. C'est ainsi
suade qu'il est imaginaire; car, sans m'arrê-
que l'abbé Giusiiniani et Scboonebeck en
tera ce que plusieurs écrivains (3) ont avan-
font la description, quoique d'autres disent
cé pour prouver que le Prête-Jean n'a ja-
que la croix est seulement en forme de T
mais régné on Ethiopie, mais bien dans
avec un ûl d'or (1).
l'Asie, où, selon quelques-uns, il faisait sa
La cour de ce grand maître est pompeuse et résidence à ïranchut, quelle apparence y
inagnifitlue; son conseil est composé de douze a-l-ilque saint Léon le Grand ait approuvé
chevaliers eldodouze religieux. Si l'on en veut cet ordre, et donné de grands privilèges à
croirecesauteurs, tous les mois il change d'of- ces chevaliers abyssins, puisque cet empire
ficiers, etcent commandeurs de l'ordreel au- fut d'abord infecté de l'hérésie de Dioscore,
tant de frères servants ou de simples cheva- que ces peuples ont toujours rejeté le con-
liers sont toujours autour de sa personne cile de Chalcédoine, où cet hérésiarque fut
pour lui servir de gardes. Il n'y a point de déposé de la dignité épiscopale et du sacer-
villes dans ce grand empire où onnc voie une doce, et qu'ils ont toujours dit analhème
commanderie ou un couvent de religieux, à saint Léon, qui avait présidé à ce concile
dont le supérieur porte le nom d'abbé. Ceux par ses légats? Peut-on croire que les reli-
qui vont à la guerre sont pourvus d'armes, gieux d'Eihiopie, si ennemis de l'Eglise ro-
de chevaux et do valets, qui les suivent aux maine, et qui em[)cchent tous les jours que
dépens de l'abbaye et quand ils ne peuvent
; les missionnaires ne fassent des conversions
plus servir la religion à cause de leurs bles- parmi ces hérétiques, fassent vœu de fidé-
sures ou de leur vieillesse, ils vont demeu- d'oltéissance au saint-siégc aposto-
lité et et
rer dans un couvent avec les religieux, dont lique, de garder les décisions du concile de
ils prennent l'habit, sans néanmoins s'assu- Florence, et de ne point prendre les ordres
jettir à leur manière de vivre. sacrés sans la permission du pape, comme
Ils ajoutent que cette religion possède ces auteurs nous veulent persuader que font
de grands biens. Le revenu que le grand ces prétendus chevaliers et religieux deSainl-
niatlre tire do l'île de Méroé se moiUe à plus Antoine en Elhiopie? Et ne demeurera-t-on
de deux millions, qui sont lovés sur les mines pas d'accord que Scboonebeck et les antres,
d'or, d'argent, de cuivre, de fer, sur les au- qui disent que ces chevaliers ont plusieurs
tres marchandises, et sur les tributs qu'on l'ail commanderies en France, en Espagne, en
payer aux juifs et aux Turcs qui vont d'A- dans toute l'Europe, et qu'il y a en-
Italie et
(1) Voij., à la (in du vol., n" 23. de lu Chine dii P. Avril. L'Afrique de Mariiiol. Léj
(2) Voij., à la fin du vol., n" "ii. de Nicol.
lielaiions d'Eiliiop. Godigno. de Ballhaza
t3} Voy. la Cliine illustrée du P. Kiicher. Le Voyage Telles, et Daiuien Goez.
!
core présentement un grand abbé de cet le même Abyssin a avancé, que les Maro-
ordre à Vicnnocn Autriche, se sont Irtuiipés, nites, Jacobites, Géorgiens, Arméniens et
ayant sans doute ronlondii cet ordre imagi- Nesloriens obéissent tous à l'abbé du mont
naire avec ceiiii do Siinl-Anloine en Vien- de Sion eu Asie, est aussi très- faux, puisqu'il
nois, dont riibl)é général fuit sa résidence n'y a point d'abbé du mont dcSion, et que les
on l'abbaye de Saint-Antoine, proche Vienne religieux de Saint-François (I) ont demeuré
en Dauphiné, et non pas en Autriche ? S'ils seuls sur celle montagne pendant près d'un
avaient lu Ihisloire de rel ordre prclemlu. siècle, jusqu'en l'an 1559, que 1rs Turcs vou-
composée par cet Abyssin dont nous avons lant clore la ville de Jérusalem, couime elle
ci-devant parlé, ils auraient vu qu'il distin- est présentement, et ne voulant |)as faire la
gue l'ordre de Sainl-Anloinc de ^ iennois dépense qui eût été nécessaire pour y ren-
d'avec celui d'Kiliiopie. quoiqu'il dise que fermer le couvent que ces religieux avaient
les religieux de l'un et de l'autre sont tous sur celte nmniagne, qui est la plus élevée
frères. de celles qui sont dans c tte ville, ils deman-
L'abbé Ginsliniani, V(iy uit que cet Abys- dèrent à ces religieux une contribution de
sin dit (|u'il n'y a point de ville en Ethiopie où six mille écus pour y travailler ce «jne leulr
:
il n'y ait un couvent de col ordre, on plutôt pauvre'é les ayant eoipêchés de fournir, ils
autant d'abhaycs, toutes baies en manière allèrent demeurer hors la ville. Mais depuis
de citadelles , cl que dans ch.icunr de ces ce temps-là les Turcs, jugeant que le lieu où
abbayes il y a quatre fb-îtres, a cru que le ils s'étaient retirés était de défense, et
grand nouibre que cet Abyssin ujarquait que les chrétiens s'y réfngianl pourraient
n'était pas souIcnal)le c'est pourtiuoi il s'est
;
surprendre la ville, ils et> chassèrenl les re-
contenté d'en melire seubiui ni deux cent ligieux i]ui sont dans un autre lieu de Jéru-*
cinquanie, (juoiquc cet Abyssin, qui se s ilem, et les églises qui étaient dans le cou-
coniredil en plusieurs endroiJs. en ait mar- vent du mont (b; Sion ont été changées en
qué deux mille sept cents. Mais omme dans ( des mosquée»;. D'ailleurs, quelle apparence
un autre endroit il ncn mar(|ue (pie dix- y a-t-il que b s Arméniens (lui sont à Jéru-
sept cents, et dans un autre deux mille cinq salem, et qui suivent la règle de Saint-Basile
cents, qnel fond peut-on faire sur un tel aussi bien (jiw les moines Géorgiens, eus-
témoignage? Serait-il possible que tant d'.ib- sent obéi à l'abbé du mont de Sion qui aurait
bayes si considérables aient été ruinées de- été do l'ordre de S.iiut-Antoine? Ceux qui
puis environ six-vingis ans que cet Abyssin voudront ajouter b)i aux auteurs qui ont
a écrit, puisque aucun de nos voyageurs qni donné cet ordre militaire pour véritable,
ont été en Eihiopie n'en a parlé, et (ju'au pourront cou ulter ce Jein-Ballhasar, Abys-
contraire ils fassent mention de plusieurs sin, dont l'histoire en espagnol a été tra-
autres monastères? M. Ponccl. entre les au- duite en notre langue, eu 1632; l'Histoire
tr<'s, savait fort bien quelle était la croix de des ordres militaires de l'abbé Giusiiniani,
Saint-Antoine que les religieux qui portent imprimée à ^ enise en 1C91, celle de M. Her-
ce nom en France mettent sur leurs habits, nian, imprimée à Rouen en 169S, celle d'A-
puisque, parlant d'une petite monnaie du drien Schooneberk, imprimée à Arnstcrdam,
royaume de Sennar, il dit que c'est un petit en 1699, et le Catalogue des ordres mili-
morceau de fer de la figure d'une croix de taires (]u'a donné le P. Bonauni, en 1712.
Saint-Antoine. Ainsi, ayant parlé des habil- Entre les auteurs que l'abbé Giusiiniani
lements des religieux d'Ethiopie, il aurait cite pour prouver l'existence de cet ordre,
dit sans doute qu'ils portaient celle croix sur il a mis César Vecceilio, frère du Titien, qui
leurs babils, s'il était vrai, comme disent a fait graver, en 1589, les différents habille-
Giu>tiniani et Schooncbeck, qu'ils en por- ments de toutes les nations du monde. 11 est
tassent une. Mais ces auteurs ne parlent vrai que Vecceilio a donné l'habillement des
qu'apiès ce Jean-Balthasar, Abyssin, qu'A- plus grands seigneurs d'Ethiopie, semblable
braham Ecchellensis réfute assez bien dans à c(>lui que l'abbé Giusiiniani a fait graver
sa préf.ice sur la règle de Saint-Antoine, pour représenter un de ces prétendus che-
disant que c'est sans raison que cet Abyssin valiers de Saint-Antoine, et qui a été en-
a avancé qus; les moines d'Orient qui sui- suite copié par Schoonebet k et par le P. Bo-
vent la règle de Saint-Antoine porient un nanni. Mais au bas de celle figure Vecceilio
Tau sur leurs habits, puisqu'il n'en a ja- n'a poinl marqué que ce fùl rhabillemcnt
mais vu aucun qui eu portât, excepté les d'un de ces chevaliers; il dit seulement
abbés qui en ont un sur leurs manteaux; que c'est celui des principaux seigneurs de
et ce savant Maronite regarde comme une la cour du Prêle-Jean, qui portent une che-
pure fable l'ordre militaire de Saint-Antoine, mise de soie avec un capuce de fourrures
s'élunnant qu'on ail traduit en français et en de grand pris, et qu'ils ont au cou de riches
espagnol l'histoire feinte (ju'en a donnée cet ornements d'or et de perles / principali
:
Abyssin, qui n'est remplir (juc de mensonges personagi del Prèle- Jeani porlano mia ca~
et de faussetés Deus bone ne iinmortalis
: miscia ai seta, et un capucio di pelli oninali
s'écrie-t-il, quœ mendacia ,
quœ somnia, qnœ di grandissimo prezzo, et al collo nsano or-
commenta co in libello sub nomine miseri ejus namenti grandi$simi d'oro et di gemme (2j.
jEiltiopis cunfictonon conlinenlur 1 Cet habit n'a même rien de ci»mmun avec
Nous pouvons encore tijouter que ce que celui qui est marqué daiis rinstoirc de cet
(1) Francis. Quadrag., Elucid. Ten-œ mnctœ, l. !. (2) Ct;<:ir YoCillio, llabiii, anlicUi, el madcmi di
tutio il motido.
457 ANT ANT ^58
ordre prétcndo, composée par ce faux che- ANTOINE DE CASTEL-SAINT - JEAN
valier abyssin; car il dil que lorsque l'on (KÉFORME DES FuANClSCàlNS DU PÈUE).
reçoit un chevalier, un frère servant ou un
oblut de cet ordre, on leur donne un petit Dea frères mineurs des réformes (rAntoine
scapulairc noir, avec un Tau bleu qu'ils de Caslel-Saint-Jean et de Maltfiias de Ti-
encore une petite croix d'or de la mêiue quuMé par le zèle et la ferveur d'Antoine
fyçon qu'il porte au cou. Il ajoute que tous
«le Caslel-S lint-Jean de la proviiic<' de
,
les chevaliers commandeurs, tint les reli- Toscane, i|U!, aspirant à une plus grande
perl'eciion. et lésolu de pratiquer la règle
gieux prêiros que les milit lires, assistent à
l'office rrvèlus Ac cette curulle nuire,
divin de saint François dans toute sa pureté ,
des oblals prêtres est noir aussi, ni.iis sem- meuré que|(|iies jours, il vint à BoMie avec
ses disciples «lemander la projection du
blable, quant à la forme, à celui dt-s Ch ir-
co.nte de la II onvère, neveu du pape Sixte
treus, à la dilTerenee (|ue les oblals n'ont
I\', qui non-seulement la leur accorda, mais
point à côté de leur habit ces bandes que les
Chartreux portcni, afin ({u'ils S'ient distin- encore h's envoya dans une de ses terres
gues par ce moyen des frères servants que ;
pour y bâtir un couvent, après leur avoir
fait obtenir une bulle par laquelle Sa
les uns et les autres portent cet babil dans
Sainteté leur i)ermellait de vivre selon la
l'abbaye, mais qu'ils ont une chape noire de
la même façon qne ccl e des Chartreux lors-
grande pauvreté qu'.h avaient embrassée.
qu'ils sortent. Enfin, dans le chapitre 10, il
Les pères Observanl> qui étaient assemblés
dit que i'hat)it des frères servants qui ne
dans ce chapitre craignant lérection de
,
sont pas prêtres consiste en une soutane quelque ni»uvi'lle congrégalion, firent tant,
noire qui descend jus(ju'à la moitié de la par leurs solliciiaiion3 auprès du comte de
la Rouvère qu'il abandonna Antoine de
ïambe, un manieau long jusqu'à terre, plissé ,
Bénévent en Italie; (jne toute la d.fféience tourna avec ses compagnons sous l'obéis-
qu'il y a, c'est <iue ces chanoines poi t. nt un
sance de leur vicaire provincial, qui, sans
bonnet carré, et les frères servants de l'ordre avoir égard à la droiiure de h urs intentions
et à la bulle qu'ils avaient obtenue du pape,
niiliiair de Saint-Anloine un bonnet rond.
Quant à l'habit des oblals, il est peu différeni, les traitacomme apostais, cl les fit mettre
en prison, d'où Antoine de Castel-Saiut-Jean,
à ce «juil prétend, de celui des séculiers. Voilà
des habillements bien dilTérenls de celui (|ue ayant été délivré, il continua ses prédica-
tions avec beaucoup de fruit et mourut sain-
&choonebe(k et le V. Bonanni nous ont donné
comme le véritable qne portent ces pié- tement à Pise l'an 1482.
lendus chevaliers de Saint-Antoine dont nous La sainteté de la vie de ce serviteurdeDieu
avons ci-devant fait la description, quoiqu'ils et de ses compagnons fit bien connaître (|ue
ne parlent qu'après ce faux chevalier abys- celle grande pauvreté qu'ils voulaient em-
sin, ou plutôt qu'après l'abbé Giusliniani, brasser, ne provenait que du zèle qu'ils
qui a été copie par Schoonebeck et le P. Bo- avaienl pour la parfaite observance de la
nanni, qui s'en sont rapportés à ce qu'il a dit. règle mais il n'en fut pas de même de
;
Non~»eulenïent le Père Bonanni ne s'est pas Matthias de Tivoli: c^ fui plutôt un esprit
contenté de faire graver rhabillement sup- d'orgueil el de présomption qu'un désir sin-
posé de ces prétendus chevaliers de Saint- cère ile tendre à la perfection, qui lui fit
Anloine d'après l'abbé Giustiniuni, mais il a aussi enlreprendre, l'an 14-95, le dessein de
encore fait graver l'habillement supposé d'un pratiquer la règle à la lettre, sans glose ni
prétendu grand maître et celui d'un reli- interprétation, dans des lieux déserts el pau-
gieux de cet ordre, habillements qu'il a in- vres. 11 cul environ (jualre-vingts compa-
ventés, et que nous avons fait aus-i graver gnons qui le voulurent suivre, el qui, se
pour faire voir le peu de rapport de ces ha- laissant abuser par ses discours et sa
billements avec ceux dont ce faux cheva- mauvaise doctrine, disaient quon ne devait
lier abyssin avait fait la description; et il pas obéir aux déclarations el aux com-
semble que l'on ail voulu ajouter d'autres mentaires (jui avaienl été faits sur celte
faussetés à celles que cet Abyssin avait règle, soit par les souverains pontifes, soi!
avancées. par saint Bonaventure ou les autres doc-
(I) Fondation, Vie et Règle des chevaliers de Cordrc 4^ ^linl- Antoine en Ethiopie, cli. v, vi et z.
239 DICTIONNAIRE DES ORDRES RELIGIEUX. m
leurs et supérieurs de l'ordre. Ils condam- gentilhomme nommé Gaston, aussi illustre
naient la pratique d'avoir des syndics. Ils ne par sa naissance que par les grands biens
voulaienl point recevoir les bulles des papes qu'il [)0ssédait :il n'avait qu'un fils, nonimé
(;ui les avaient permis, soulenant que les su- Girinde ou Guérin, qui tomba dangereuse-
,iérieurs des couvents qui avaient des syn- ment malade. Il employa pour sa guérison
dics cl des procureurs péchaient mortelle- tous les resnèdes humains, et ayant été inu-
inent, el que, mourant en cet élat, on ne de- tiles, il voulut se servir de!e:iièdes spirituels;
vait point prier pour eux. il eut pour ce sisjet recours à saint Antoine,
Le démon, voyant l'erreur de ces pauvres dont il avait lui-même éprouvé le secours
religieux, et voukinl les empêcher de recon- dans une maladie qu'il avait eue il courut :
solitude, où il assembla un grand nombre de Gaston n'eut pas plutôt achevé sa prière
disciples qu'il suborna. 11 contrefit un nou- que, s'élant endormi, saint Antoine lui appa-
rut, le reprenant di:- ce qu'il témoignait plus
vel ordre, ayant établi des supérieurs, un
général, des provinciaux el des custodes; et d'ardeur à procurer à son fils la santé du
afin de conserver l'aulorilé qu'il avait ac-
corps que celle de l'âme. I! lui dit que Dieu
quise sur eux, il leur faisait entendre que avait exaucé ses prières, et qu'en reconnais-
Dieu lui avait révélé ce qu'il leur enseignait sance des grâces qu'il avait reçues il eût à
s'acquitter de sa promesse, que lui et tous
et que sa doctrine avait été confirmée par
plusieurs miracles; mais enfin, ayant ouvert ceux qui se consacreraient à son service
les yeux à la vérité, il entra avec quelques-
eussent à se marquer d'un Tau de couleur
céleste il lui en montra même la figure au
uns de ses sectateurs chez les Conventuels, :
fils, pnnr exécuter leur promesse, quitlèrent Ce ne fut pas le seul procès qu'ils eurent
loiirs habils mondains pour se rcvêlir d'hum- avec les Bénédictins de Monlma'iour, ceux
b'rs lijibils noirs marqués d'un Tau Mou et qu'ils curent dans la suite furent plus consi-
qu'ils portaient en émail à la manière des dérables. Aymond de Monlanay,XVII* grand
chevaliers; une action ?i chrétienne attira maître, ayant acheté la seigneurie de S linl-
bientôt six autres personnes qui se joigni- Antoine, le pape Boniface Mil, lan 1:^97
rent à eux; c'est ce (lu'Aimar Falcon, qui a pour terminer tous ces procès, accorda l'é-
fait l'Histoire de cel ordre, a exprimé par glise <le Saint-Antoine avec tous ses droits
ces deux vers : el toutes ses juridictions aux frères de IHô-
pilal, sans que les religieux Bénédictins
'.:stonis vol", scc;ela:is Frulridusoclo,
Ori!o est hic ccc'Jlut;, ad idetaiis opus.
pussent avoir à l'avenir aucun droit ni pré-
tention sur cette église, dont il changea le
Gaston les gouvernait avec tant de dou- titre,qui était prieuré, en abbaye; ordonnant
ceur el exerç;iil riiospilalité avec tant de que vivraient sous la règle de saint
les frères
charité, que non-seulement la province do Augustin, sans néanmoins quitter le Tau
Dau|>hiné, mais une bonne [)artie de l'Eu- qu'ils porteraient attaché sur leurs habils;
rope l'ut liienlôt informée, par le moyen des qu'ils s'appelleraient chanoines réguliers,
pèlerins qui y venaient de toutes paris, des que leur chef prendrait la qualité d'abbé, et
grandes auniônes qu'on leur taisait el de la que tous les religieux et toutes les maisons
charité avec laquelle on traitait le-^ malades ; de cel ordre, en quelque endroit qu'ils se
ce qui fil qu'Urbain II approuva celle sainte trouvassent, en dépendraient et relèveraient
société dans le concile de Clernsonl, et qu'il de l'abbaye qu'il déclarait chef de tout l'or-
l'avanlngea de beaux privilèges. On 'es ap- dre, et la soumellait entièrement au Saint-
pela frères, et grand maître le chet"i)u supé- Siège.
rieur auquel ils obéissaient; Gaston fui le Ces nouveaux chanoines réguliers prirent
premier élevé à celle dignité, qu'il exerça d'abord un grand soin de remplir leurs de-
jusqu'à son décès, qui airiva r.sn 1120. voirs; et quoiqu'un des priîicipaux fût de
Celle congrégation n'ayant point d'église chanter l'office au chœur, ils n'abandonnè-
particulière où elle pût vaquer à ses exer- rent pas pour cela l'hospitalité au contraire
;
cices depiété,Falco!i, septième grand maître, leur zèle redoubla, il y en avait toujours ua
en voulut faire bâiir une; mais les religieux nombre pour voir si toutes choses se fai-
Bénédictins de l'abbaye de Montma'iour s'y saient dans ie bon ordre, el si les n-alades
opposèrent fortement. Ils avaient été mis en étaient bien soulogés. On entretenait plu-
possession de l'église de Saint-Antoine par sieurs frères convers à ce sujet; mais dans
juy-Didier, liérilier de Joeclin. Ce seigneur la suite du temps plusieurs abus se glissèrent
avait fait enlever le s^icré corps de ce saint dans plupart de leurs maisons qui avaient
la
de la petite église où il reposait, et le faisait litre de commanderies; les supérieurs, qui
toujours porter avec lui partout où il allait, vivaient en véritables commandeurs, regar-
principalement à la guerre; mais en ayant daient les maisons dont on leur avait donné
été repris par Urbain 11, qui passant par le la conduite comme un bénéfice qu'ils possé-
Dauphiné lui coiomanda, par autorité apos- daient à vie, el les résignaient mémeàrinsu
tolique, de porter plus de respect à de si de l'abbé.
saintes reliques qui ne devaient pas être Antoine Tolosain, XXIII* abbé, travailla
entre les mains des séculiers, il fit achever, longtemps pour réformer ces désordres il ;
l'an 1101, l'égiise de Saint-Anloine que Jo- ne put néanmoins exécuter son dessein. Ce
celin avait commencée, et par ordre du pape ne fut que l'an 1G16, dans le chapitre géné-
il y mit des religieux Bénêdiclins de l'abbaye ral de l'ordre, qu'on prit les n esures néces-
de Alonlmaïour pour y faire le service divin, saires pour y réussir, à la sollicitation d'An-
et y déposa ce sacré corps, dont il se con- toine Brunel i!e Granniont, qui en était pour
serva la garde pour lui et pour ses successeurs. lors abbé; à quoi contribua beaucoup le R. P.
Les religieux liénédiclins ayant donc formé Senneian, personnage d'une singulière piété,
leur opposition à la construction de l'église dont le zôle fut secondé par l'autorité du roi
que Falcon voulait faire faire, il y eut procès Louis XllI, qui ordonna, ar ses lettres pa-
;
entre eux, qui fut renvoyé par-devatit Huiii- tentes du 24 décei.Mbre 1618, que fou intro-
bert, archevêque lie Vienne, et ce prélat pro- duirait la réfonue dans tous les monastères.
nonça en faveur des Hospitaliers. Falcon, Ce ne fut néanmoins que l'an IGSO qu'on
pour plus de sûreté, fit approuver la cons- reçut dan- les maisons les nouvelles consti-
truction de celte église par Innocent Ilî, l'an tutions (ju'on avail dressées dans le chapitre
1208 elle fut bientôt achevée el dédiée à la
; géiiéral, qui furent approuvées par le pape
sainte ^ ierge par le méu)e Humbert, arche- Urbain Vlll. S'il y a quelques maisons hors
vêque de Vienne, qui y célébra la première de France qui ne les ont pas reçues, des
messe. Le même grand maître oblinl aussi ne laissent pas de rcconnaî!n> 'l'abbe de
d'Honoriug 111 la permission pour tous les Saint-Antoine [)our chef el superie:jr de tout
frères de faire les trois vœux de religion, l'ordre, dont la p'ace est préseutemenl oc-
ce que le pape accorda par ses lettres de cupée par le U. P. Jean d'Anlhon, qui fut
l'an 1218. Ainsi les frères de Saint-Anloine élu l'an 1702.
avaient toujours vécu dans cet ordre qui Cet ordre jouit de beaucoup de privilèges
avait commencé en i09o,sans y être engagés qui lui ont été accordés par plusieurs souve-
par aucun vœu jusqu'à celte année 1218. rains Doulifes. Un très-grand nombre d©
tds DICTIONNAIHE DES ORDRES RELIGIEUX. m
princes ont lémoigné resllme qu'ils en fai- Nous ne devons pas oublier le R. P. Jean
saient par les gninils biens dont ils l'ont en- Boiirel, l'un des ornements de r«'t ordre et
richi. L'an 1306, le dauphin viennois, du l'un des plus habiles mathématiciens que la
consenlemenl unanime de loulc la noblesse, France ait eus M. Teissier en parle avec
:
accorda à l'abbé la séance dans les Etals éloge dan? celui des Ho.niries savants (|u'il
de D.iuphiné immétiialeaienl a|jrès lévêque a tiré de l'histoire de M. de Tliou. Il était
de Grenoble, cl le droit d'y présider en l'ab- disciple d Oronce Fine, <|ui rélablil les ma-
sence de ce prélat, qui en est président né. thématiques en Fiance; et non-seulement il
L'empereur Maxiinilicn h', pour faire con- surpassa son maître, mais il combattit avec
naître combien il di^inguait cet ordre, lui lui touchant la (]uadrature du cercle, il
donna pourarmes l'an 1502 celles de l'empire, mourut en 156^, âgé de soixanle-(|uinze ans,
savoir un aigle, éployé de sable, bccqué,
: après avoir donné plusieurs ouvrages au pu-
membre et diadéniéde gueules, timbré d'une blic, dont cet auteur fait le dénombrement.
liare impériale d'or, et sur l'estomac un Ces religieux sont habillés de noir, à peu
écusson d'or à un ïnu d'azur près comme les prêtres séculiers, et ont sur
Charles, rt)i de Jérusalem et de Sicile, leur soutane et leur manteau, du cô'é gau-
étant en l'abbaye de Saini-Anloinc, prit en che, un T bleu. Depuis quelques années ils
sa protection les religieux de cet ordre par se conforment dans quelques-unes de leurs
les lettres du i mars de l'an 1288. Jacques, maisons aux chanoines del'églisi; cathédrale
aussi roi de Jérusalem et île Sicile, oulre les des lieux où elles sont situées, pour rii;ibil-
fondalions qu'il fic à l'abbaye, recommanda leincnl de chœur, tant l'iiivcr que l'été. Ainsi,
à ses héritiers et à ses successeurs d'avoir dans le diocèse de Toul, ils ont pendant
toujours une particulière dévotion à saint l'hiver un camail avec de petites bandes
Antoine, et de porter toujours pendu au cou rouges, el pendant l'été une aumusse griS'';
un Tau d'or et une petite cloch 'Ile qui est le dans le diocèse de M;irseille ils ont pen-
symbole de ce saini, pour qui il avait une dant l'hiver un camail doublé el bordé
grande \énéraiion, comme il paraît par son d'une fourrure grise. Ils ont à Paris aussi
testament lait en l'un li03. La dévoiion que pendant l'hiver un grand camail noir avec
l'on portait à ce saint élail autrefois si la chape comme les chanoines de la cathé-
grande, que deux papes, Calixte 11 ei Mar- drale; mais ils ne se sont p.is conformés à
tin V, Jules 11 et Léon X lorsqu'ils étaient eux pour l'aumussè pendant l'éié, cir ils en
cardinaux, six rois de France, grand nofubre ont pris de blanches mouchetées d:^ noir
d'aulres rois et souverains , de reines et de et doublées d'une fourrure noire mouchetée
primesses, de cardinaux et de prélats, et une de blanc. Ils ont conservé d.ins d'autres
infinité d'.iulres personnes du premier rang, maisons, 1 même dans l'abbaye de Saint-
1
ont été visiter en personne ses sacrées reli- Antoine, chef de l'ordre, leur ancien habil-
ques, et le concours de peuple y élait si ex- lement d'église, qui consiste dans une chape
Iraordinaire, qu'Aimar FaUon, qui écrivait noire seulement et un bonnet carré, qu'ils
en 1533, as>ure qu'en une seule année il portiMit au chœur tant l'hiver que l'été (1).
avait vu venir dans l'église de ce saint plus Qiianl à leurs observances, ils mangent de
de dix mille Italiens, et une multitude si nom- la viande quatre fois par semaine, et font
breased Allemands et de Hongrois, que leurs abstinence tous les mercredis de l'année.
troupes paraissaientautanlde petites armées. Oulre les jeûnes de l'Iiig ise , ils jeûnent
Quoiqu'il y ait beaucoup de maisons de encore pendant l'avent el les veilles de cer-
cet ordre dans tous les royaumes do la chré- taines fêles dans le cours de l'an'iée. Leur
tienté, il n'y a néanmoins que celles de général est perpétuel le chapitre général se
;
France qui aient reçu la réforme, quatre en lient Ions les trois ans, et on y élit les supé-
Italie et autant en Allemagne, qui font en rieurs des maions, iiui la plupart ont titre
tout lrcnie-lroi«i, auxquelles l'abbé pourvoit de commandeurs.
de religieux. Ils possédaient autiefois de Aymar Falcon, Hist. Antoninn. Pcnot,
grands biens; mais dans ces derniers siècles Hist. Iriprirl. Canonicor. HpquI. lib. ii, cap.
les guerres des bcréliques en ont enlevé une 70. Le P.iige, Bibliolh. Prœmonst. Bolland.
grande partie, et la principale cloche de Ge- Âct. SS., lom. Il Januarii. N.it.al. Alexaml.,
nève, où l'inscription fait fui qu'elle a autre- Hiit. Ecoles, sœcul. iindec. et duodec. S im-
fois appartenu à cet ordre, est une preuve marlh.. Gai. C/irist., tom. IV, png. 5. Her-
que les héiéliqucs lui ont pris des choses de mant, Hist. des Ord. Delig., tom. 1, el Philip.
plus grand prix. Lan 1561 , ils pillèrent Bonanni, Cilalog. Ord. Relig., part. 1.
l'abbaje de S lini-Anloine; elle fut trois au- En l'année 1712, un décret du chapilre
tres fois abandonnée à leur fureur, et ces général prescrivit aux AnttMims l'usage du
malheurs en attirèrent d'autres sur tout surplis et de l'auniusse. Cette innov.ilion
l'ordre par la ruine de la plupart de ses mai- déplut aux Génovéfains, qui leur inlt'ntè-
sons et par l'usurpation de leurs biens. renl un procès, lequel occupa le clergé de
Outre les cardinaux Jean Trivulce, Mila- France et le grand conseil du roi. Les Anlo-
nais, el François de Tournon, (jui »ont sortis nins le gagnèrent eu 1723. Au commence-
de cel ordre, il a encore fourni des évoques ment du dix-huiiième siècle, rinsliiul «lé()é-
aux églises de Turin, de Béziers, de Taren- de sujets. De 1736 à 17.39, giâce
rissait, faule
laise, de Viviers, de Cahors et de (} nève, à Dieu, les postulants se multiplièrent. Gas-
dont le siège est encore occupé aujourd'hui
par Michel Gabriel de Kossilion (1) Yoy , à la iiu du vol., n*< 25, 'iG^
265 ANT ARA sf;9
parini, abbé général, qui avait rendu à son Dassy, de congrégation des Oblats. B.D. E
la
ordre d'étninents services, ayant dépensé en ANTONINS. Voyez Antoine de Viennois
construclionsplusd'argei'.l queue le lui avait (Saint).
permis le conseil des défiuileurs, on lui eu APOSTOl.lNS. Voyez Ambroise ad Nemus
îil des observations, peut-être avec aigreur (Saint).
et sans assez de ménagemcnls. Au sortir de APOSTOLIQUES Clercs). roj/ezJÉsuATEs.
la séance capitulaire, il donna sa démission
ctquilla l'abbaye qui resta fort déconcerlée.
'
RAGON
Congrégation d'). }'oyez Ber-
nard (Congrégation de Saint-).
Ceu se passa en l'année i7W. On lui donna
pour successeur Etienne Galland, qui, fai- ARMÉNIENS (Moines).
sant la visite des établissements, fut, par L'Eglise arménienne est composée de deux
ordre du roi, reçu magnifiquement dans ordres de chrétiens, dont les uns qu'on
,
tous les lieux où il passai. Au milieu de ce nomme Francs Arméniens, sont catholiques
faste, et avec des airs de grandeur, cet abbé et les autres schismatiques. Lfs premiers
était, dit-on, fort adonné à la vie intérieure. sont ceux que le P. Barthéleiny de Boulogne,
Pour remédier à l'inaiiiliou dont sou institut religieux de l'ordro de S iinl-DoniiniqMe, en-
était menacé, il voulut faire de son abbaye voyé par le pape Jean XXII, convertit l'an
une maison d'études encyclopédiques, qui 1330; étant toujours demeurés fermes dans
lui altireraienl de la réputation et des sujets. la croyance de l'Eglise roiuaine depuis ce
11 f( rma quelques maisons peu importantes temps -là, qu'ils firent un archevêque et un
de l'ordre, eu d'autres établit plusieurs
et cI;Tgé particulier qui porte i'habil d> saint
colh'gcs. Loménie de Brienne, ce misérable Dominique(l), observant la règle elles con-
archevêque sans religion, président de la stitutions de son ordre, comme nous dir(ms
commission des réguliers, prévint les Anto- plus amplement, eu parlant des Frères Unis
nins que dans aucun cas leur institut ne de saint Grégoire riiluminaleur.
pourrait subsister, et que la convenlualité Les Francs Arméniens habitent auprès de
qui venait d être prescrite pour tous les mo- Naxivan, ville d'Arménie, sous la domina-
nastères en assurait la ruine. lion du roi de Perse, dans un canton appelé
En 1768, ils eurent défense de recevoir des Abrener, qui contient présentement douze
novices. L'abbé fil lever cette défense, mais villages catholiques. 11 y en avait un plus
sans profit, car pas un novice ne se présenta. grand nombre, qui a été diminué par les
En Allemagne, en Italie, les souverains s'em- persécutions des schismatiques, qui leur ont
parèrent de leurs maisons. En 1771, Brienne suscité de grosses avanies par le moyen des
vint lui-même dire au chapitre général gouverneurs. lis en portèrent leurs plaintes
qu'il n'y avait point de représentations à au pape Alexandre VII qui, l'ar) 166i, écrivit
faire, qu'il fallait immédiatement fermer les en leur faveur au sophi de Perse pour les
maisons où ne se trouvaient pas vingt reli- faire taxer d'office, ce qu'il leur accorda;
gieux. Pour éviter leur ruine totale, en 1775, mais cela ne servit qu'à augmenter leurs
les Anlonins (preuve de leur attachement peines et en même temps la rage des mi-
à leur état) s'unirent canoniquement à l'or- nistres persans, qui ne manquent aucune
dre de Malle, qui les reçut à bras ouverts, occasion de leur faire tous les jours de nou-
et qui s'enrichit ainsi de quarante-deux velles persécutions.
maisons. Pie VI approuva tout. Il y a encore des Francs Arméniens en Po-
Les chevaliers de Malle n'usèrent pas no- logne, qui ont un archevêque particulier qui
blement de celle réunion, enlevèrent une SL' soumit à l'Eglise roniaine en l'-innée IG66,
qualité patriarcale, qu'il a peu à peu éta- personne {)ar le n»oyen de ce portier. Ils di-
blie et affennie do sorte que l'on compte
: meurent dans des chambres séparées les
présentement daus cette Eglise schismali- unes des autres, s'employanl au travail hors
que deux patriarches universels l'un au : les heures de l'ofûce et des autres exercices.
monastère d'Ekmiazin proche la ville d'Eri- Ilssont tous laïques, à l'exception de cinq ou
v.in, et Carinuanie; néan-
l'autre à Cis en six prêtres, et quelquefois de huit, qui de-
moins celui qui réside à Ekiniazin a retenu meurent dans chaque monastère. L(nr olfiee
la supériorité e( iautorilé sur tout le peuple est fort long; ils récitent toutes les nuits au
arménien, avec 'e titre de sunérieiir spiri- chœur cent cinquante psaumes, étant
les
tuel. En effet c'est un des plus grands pré- pendant ce temps-là debout appuyés sur des
lat^ du monde et le plus pauvre, car il a espèces de béquilles (2). Proche la ville de
deux cenis archevêques et évoques de sa Van qui est la dernière ville de l'Arménie qui
dépendance et à sa nomiualiun , la plupart confine avec la Perse, il y a deux couvents
df'squels n'ont que le titre sans église, et de ces solitaires, dont l'un est dans une île
celui de Cis n'eu a pas plus de ciuquunfe qui s'appelle Limanne ou Limadasi, et l'autre
ou environ, entre lesquels sont ceux de Jé- dans une solituee. C'est ce (jue j'ai appris
rusali u» et d'AIep. des sieurs Serge et Joseph, prêtres armé-
L'archevêque de Constantinople s'est servi niens catholiques d'Andrinople, qui étaient
de l'autorité des empereurs olloinans pour à Paris en 1705.
se faire aussi nommer patriarche, et son Tavernier dit (3j que dans le lac de Van,
élévation dépend de la Porte, qui n'a pas il y a deux îles principales dont l'une s'ap-
pour cela augmenté son autorité, puisqu'elle pelle Adakelous et l'autre Limndusi; que
ne s'é'.end que dans son archevêché, et qu'il dans la première il y a deux couvents d'Ar-
n'est reconnu d'aucuns prélats. Le plus sou- méniens, dont l'un se nomme Sourphcigue et
vent il n'est point sacré, et est obligé de se l'autre Sourpkara; que dans la secomle il y
servir du ministère de quelques prélats pas- a aussi un couvent de ces mêmes Arméniens,
sagers auxquels il donne de l'argtMit pour appelé Limquiasi, et que ces moines vivent
faire les fonctions de i'huile sacrée, et pour Irès-austèiement ; ce qui se rapporte assez
donner les ordres. à ce que m'ont dit ces prêtres d'Andrinople ;
I! faut être religieux pour arriver à ces et il se pourrait bien faire que ces trois cou-
dignités, aussi bien qu'à celle di' varlabied, vents soient de ces moines arméniens de
non» que prennent leurs docteurs dont U , l'ordre de Saiui-Antoine.
marque est un bâlon p.isloral et un livre Je n'ai pu savoir par qui l'ordre de Saint-
qu'ils portent toujours (1), qui les rend plus Antoine avait été introduit en Arménie, mais
respectables que Ls prélats mêmes, et leur le P. Galano (4) et (|uel(jues r.ulres auteurs
donne une autorité presque égale à !a pa- disent (jue celui de Saint-Basile l'a élé par le
triarciile, de décider sur toutes choses en p ilriarche Nierles Gheldes qui mourut l'an
matière de religion et de lois ecclésiasti(iues, 622 des Arméniens, qui revient à l'an 1173
et de prêcher assis. de Jésus-Chrisi. Mais les religieux de cet
11 y a parmi les Arméniens schismaliques ordre ne sont pas si exacts observateurs de
un très-grand nombre de moines; les uns leurs règles, que ceux de l'ordre de Saint-
sont de l'ordre de Saint-Antoine et les autres Antoine qui vivent dans les déserts car ceux ;
(1) Yoij., à la (in du vol., n° i8. (4) Cleu). Galan., Conciliai. Eccl, Armen, cum Ro'
(i) Voy., à la un du vol. ii" '29. man.f pan. 1.
(5) Tavern., Voyage de Perse, li\. ui, ch. 3.
S69 ARA ARA 270
était de cinquante ou soixante religieux, ce sion le consul. Le sceau du couvent de Saint-
qui a été aussi confirmé par M. l'évêque Jacques est à la tête de ce certificat, accom-
d'Ispiihan, qui arriva de Perse à Rome, en pagné du cachet de chaque particulier, qui
1701), et que j'ai lait consulter louchant les a signé le certificat , lequel est daté du 7
in<Mi<istèr(^s que les Arméniens peuvent avoir juin de l'année arménienne 114.9, qui répond
en ces quarliers-là. à l'an de Jésus-Christ 1700.
Celui de Bichini a été bâti sur le modèle L'évêque, qui est à Jérusalem, prend la
d'Ekntiazin. C'est un gros bâtiment ancien qualité dévéque de cette ville, et obéit au
de plus de huit cents ;ins, mais beaucoup patriarche résidant à Cis, qui lient un vi-
p!;is grand, entouré de hautes murailles de caire à Jérusalem, avec environ vingt-cinq
pierre, flanquées de quantité ne grosses tours religieux dans les lieux dont nous ;tvons
cotnine une forteresse. Ces deux monastères parlé ci-dessus. La plupart de leurs églises
sont les (iernenres ordinaires des plus fa- sont propres et ornées de tableaux; m.ii> ils
meux et les seuls où l'on fait
var(;'.bieds, abhorrent les figures en relief, lis récitent
maiiière édifiante. Il y a environ
l'office d'un(> l'office, el célèbrent la messe en langue ar-
vingt-deux autres monastères dans le terri- ménienne, selon le rile particulier àcetle na-
toire d'Erivan, mais pauvres et mal entre- tion, el cons icrenl avec du pain azyme, de la
tenus, où il ny a dans la plupart que cinq grandeur d'un écu, épais d'un deuii doigt.
ou -ix ri'ligieux. Il y a encore dans le même Lorsqu'ils célèbrent une messe haute, les
territoire ciiuj couvents de filles, et il peut religieux et les prêtres , à la c idence do
y avoir en tout trente couvents de religieux leur chant avec les séculiers, frappent des
arméniens, dans les terres qui dépendent du cymbales l'une contre l'autre. Ces cymbales
soplii de Perse, outre quinzecouvenls de filles sont comme des assiettes de cuivre, el d'au-
de la même nation, les uns et les autres tres frappent au'isi avec un morceau de fer
étant schismati<jues et hérétiques, à l'excep- sur une espèce de timbre d'horloge.
tion des monastères du Naxivan et de la pro- De lous les Orientaux, ils sont les plus zé-
vince (jui porte et; nom, où les religieux et lés pour la religion chrétienne; car de celte
Il y a encore
les religieuses sont catholi(iues. nation, il y en a peu qui se fassent Turcs.
de plus environ dix couvents d'Arméniens M. Baillel (1) les veut f.iire passer [)our les
dans les lieux qui sont sous la dépendance plus gr;in(ls jeûni urs de la chréti nié , à
des Tur( s. cause, dit-il, de la mnllilude de leurs ca-
Quoiqu'ils soient pauvres dans la plupart rêmes, qu'il ne réduit néanmoins qu'à huit,
de leurs couvents, ils sont néanmoins très- quoiqu'ils en aient onze, comme nous al-
riches à Jérusalem, et les plus puissants lons montrer. Les Grecs ont cependant plus
parmi les schismatiques. ils y possèdent trois de jeûnes que les Arméniens , quoiqu'ils
églises, dont la première était autrefois en n'aient pas tant de carêmes différenls; el il y
la maison de Caïiihe, laquelle est hors l'en- a des années où ils ont quelquefois qniuze
ceinte de la ville la seconde, dans la ville, à
: jours de jeûne plus qu'eux , selon qi!e la
l'endroit où était la maison d'Anne; et la fêle de Pâques est pins ou moins ava.ieée
troisi('me au lien où saint Jacques fut déca- ou reculée; puisque le carême des apôtres
pité. Cette dernière! leur sert de paroisse et chez les Grecs commence huit jours a[ rès
est ornée fort proprement. Ils ont aussi le la Pentecôte.
chatop appelé Hncddnm qu'ils ont acheté,
, Gomme de plusieurs auteurs que j'ai lus, et
et où ils ensevelissent leurs pè eriiis; etdins qui trait-nt de la religion des Arméniens je
l'égiise dii Saint-Sépulcre, il y a trois ar( ades n'en ai trouvé aucun qui s'accort'e lou( haut
qui leur appartiennent D'une ils en ont fait leurs jeûnes je m'en .<uis informé à des Ar-
,
une chapelle, où ils célèbrent la messe, et méniens mêmes, et voici ce que m'ont dit
font leur office; et les d-ux autres servent de encore ces prêtres d'Aiidrino,)le ,dont j'ai
demeure à quelques relijiieux qui y logent. parlé, et qui se trouve aussi conforme à ce
Oiitie cel.i, ils ont fait hâcir une chapelle au que j'en ai appris de M. l'evénue d'I-^pa-
lieu où les habits de Notre-Seigneur furent han. Les Arméniens ont onze carénés. Le
lires au sort. premier qui s'appelle Surpe-Snrkisl-bas , le
sont tous grands ennemis des Grecs,
ils jeûne de saint Sergius, est de cintj jours. Ils
avec lesquels ils ont toujours quei*^ue dis- le nomment aussi des Niniviics ou de Jonas;
pute. Ils s'accordent mieux avec les Latins, mais le nom d'Arlziôure, (jue quehjues uns
el vivent en l)onne intelligence avec les re- lui donnent, est une pure Cilomiie que les
ligeux de Saiiil-Fr;inçois qui sont en terre Grecs, qui sont les ennemis iriéc!>ncili;i'.)ies
sainte. Comme ou accusait ces religieux de des Arméniens, ont inventée. Ces prêtres
n'avoir pas voulu reconnaître le consul d'Andrinople m'ont assuré qu'il n'y av;iit
français que le roi envoya à Jérusalem en que les evêques, les prêtres et les religieux,
1700, et d'avoir é é cause du tumulte qui ar- qui sussent la signification de ce mot cJ'.lrf-
riva dans cette ville à son occasion, les Ar- zibare, et que le peuple ne saurait ce qu'on
nteniens donnèrent un certificat que j'ai vu, lui voudrait dire, si on lui parlait du ca-
signé de plus de quarante, tanl évéques que rême û'Arlzibure, ne connaissant ce [.re-
vartabieds, et des principaux de leur nation, mier carême que sous le nom de Siirpe-
pour la justification des religieux de Saint- Sarkisi-bas, carême de saint Sergius.
rrançois, qui avaient reconnu avec soumis- Ce mot d'Artzibure signifie précurseur ou
(1) Baillet, Vies des SS., l. IV, édil. infol., Hist. deia Sepiuagé»., an. 7
«71 DlCTIO.NNAMiE DES ORDRES RELIGIEUX. 27Î
avant-coureur, qui annonce une chose prête qu'ils nomment Surpe-Kaggi-bas, est pareil-
à arriver. Los Grecs prétendent que c'était lement de cinq jours, aussi bien 'que celui
le nom du chien de l'hérésiarque Sorgius (i), qui le suit, et qu'ils observent en l'honneur
dont les Arméniens ont été les disciples t-t , de l'invention d'une croix qui fut trouvée
que ce chien fut ainsi nommé, parce qu'il sur le mont Varak le nommant pour ce
,
venu, il se douta quo quelque loup l'avait épouser et l'obliger de sacrifier aux idoles,
mangé dans le bois; ce qui se trouva vrai. elle n'avait pas voulu y consentir, aimant
L'affliction qu'il en eut fut si grande (à ce mieux souffrir la mort que voyant qu'on :
que prétendent les Grecs) qu'il ordonna un allait se saisir d'elle, elle ôla de sou rou une
jeûne général, qui se devait renouveler croix qu'elle portait; et qu'appréhendant
tous les ans durant toute une semaine. qu'elle ne fût profanée, elle la posa sur une
Les Arméniens ne regardent cette fable pierre qui s'ouvrit pour la recevoir et se re-
que comme une imposture inventée par les ferma en mêmetemps qu'à quelque temps :
connaître pour tel, disant qu'un Grec qui ayant attiré le peuple on trouva que la ,
s'était mis au service des Arméniens ne pierre s'était ouverte qu'on découvrit la
:
pouvait pas être saint, ni avoir remporté la croix de sainte Rupsimée qu'en mémoire ;
couronne du martyre; et qu'ainsi ils n ont de ce miracle, le roi Tiridate avait fait bâ-
inventé la fable du chien de l'hérésiarque tir, auprès de ce lieu, un fameux monastère
Sergius, que pour rendre ce jeûne odieux à qui subsiste encore où il y a un grand
,
toutes les nations. Ce saint Sergius, martyr, nombre de religieux, et qu'on institua aussi
selon les Arméniens était, comme nous
, un jeûne de cinq jours, qui s'appelle, comme
avons dit, Grec de naissance, et offlcier dans nous avons dit, Varaka-Kaggi-has. Comme
les troupes d'un roi d'Arménie qui était ido- les Arméniens donnent beaucoup dans la
lâtre. Il acquit, à ce qu'ils prétendent, beau- fable aussi bien que les autres Orientaux ,
coup de gloire dans plusieurs actions, où il il y en a quelques-uns qui disent qu'après
euL le commandement de quelques troupes, que le roi Tiridate eût fait mourir sainte
ce qui lui attira l'estime et l'amitié du Rupsimée , il fut changé en pourceau et ,
prince, et donna en même temps de la ja- qu'il demeura en cet état jusqu'à ce qu'il en
lousie aux Arméniens qui le dénoncèrent à fût tiré par de saint Grégoire l'Il-
les prières
ce prince comme un Grec, que ceux de sa himinaleur : ce que leurs vartabieds
c'est
na'.ion av.iicnt ehvoyé en Arménie pour ser- font accroire au peuple.
vir d'espion. Le roi, pour s'assurer de ta G- Le neuviènje carême a été institué en
déliié de Sergius, voulut l'obliger de sacri- l'honneur de saint Grégoire Th umalurge,
fier aux i.io'es; ce qu'ayant refusé de faire, l'apoelanl pour ce sujet, Siirpe-Griyo> i-le-
il le fu mourir, et les Arméniens l'ont ho- savoricki-bas, qui dure cinq jours, au-si bien
noré comaic martyi-, préleiulant que c'est en que celui de Surpe-Agopa-Oas, institué en
son honneur (jue ce jeûne a été ii'stilué. l'honneur de saint Jacques de Nisibe; el se-
Le second earênio, qu'ils appellent MieZ' lon quelques auteurs, en l'honneur de l'hé-
bas ,c'esl-à-dire le grand carême com- , résiar(]ue Jacob ou Jacques, qui a donné son
mence au lundi de la Quinquagésime, et dure nom aux Jacobites ce que les Arméniens
;
1) Baron., 1. X, Annal, ad ann. 865, n. 5i. (3) Baillet, Vies des SS., l. IV, édit. ia-fol. Hi$t,
(2)Fra»cisc.Quaresm. EUiàd. Terrœ sancue,l,l, de la Septuaaés., art. 7.
1. 1, e. 45.
675 ARA ARA 274
Les quatre grands carêmes aes religieux damnés c'est pourquoi il y a des pèlerins
:
arméniens sont celui de la Résurrection de qui donnent quelquefois par aumône aux
Notre-Seigneur, qui commence au lundi de religieux arméniens de Jérusalem jusqu'à
la Quinquagésime; celui des apôtres qui mille écus, et d'autres tous leurs biens ce ;
dure cinquante jours; celui de l'Assomption qui fait qu'ils y sont fort riches, se servant
de la sainte ^'ierge de quinze jours, et celui de leur argent pour gagner les Turcs et ob-
de la Nativité de Noire-Seigneur de quarante tenir d'eux telles permissions qu'ils veulent;
jours; pendant lesquels carêmes ils ne" peu- ils donnèrent même une fois huit mille se-
vent manger ni poisson, ni huile, ni laitage, quins au bâcha et au cadi de Jcriisalem pour
ni boire du vin. Les deux petits carêmes obtenir la permission de mettre deux lam-
sont celui de la fêle de l'Exaltation de la pes au rang de celles des Latins, qtii sont
sainte Croix, qui dure quinze jours, pon- dans l'étable de Bethléem; ce qui leur fut
d.int lequel ils peuvent manger du laitage et accordé, sans que les religieux do Saint-
boire du vin et celui de saint Sergius ou des
; François le pussent empêcher.
Niiiiviles, qui dure cinq jours, et qui est Ces' moines arméniens n'ont point de temps
très-rigoureux; il y en a même qui, pen- réglé pour le noviciat, quelques-uns éiaul
dant ces cinq jouis, ne mangent qu'une fois, jiisqirà huit ans dans le couvenl. avai»t que
et d'autres qui ne mangent point du loul. de j'ecevoir l'habil. Le jour qu'i's le reçoi-
L'h.ibilU'mcnt des religieux arméniens vent, on leur fait une croix sur la têt", en
consisle dans une longue veste ou soutane coupant un peu de cheveux aux quatre
serrée d'une ceinture de cuir. Par-dessus coins. Ils sont pend uit quarante jours sépa-
celte vt'sle ils mcltent une espèce de robe rés àc> autres, passant ce ten)ps en jeûnes et
avec des nianches assez amples, et un man- en prières; et afin d'être j)lus recueillis, ou
teau, le tout d'étoffe noire, aussi bien que le les oblige do ne parl/r cà personne, dt; ne pas
capuce, qui est poTnlu, à pou près comme voir même la clarlé du so'eil, el de ne man-
celui des Augustins déchaussés, dessous le- ger qu'une fois le jour. Après ces quarante
quel ils ont un turban. La diflerence qu'il y jours, ils s'abstiennent pendant deux ans de
a entre l'habillement de ceux qui se disent manger de la viande et vivent ensuite ,
de l'ordre de Saint-Basile, et ceux de l'or- comme les autres religieux. Quand les che-
dre de Saint-Antoine, qui sont solitaires, veux qu'on leur a coupés en croix sont re-
c'est que ces derniers portent des étoffes venus, on ne les coupe plus, mais ou leur
plus grossières qu'ils
;
n'ont seulement fait une couronne sur la Ici?.
qu'uni! soutane dont les manches sont étroi- Francise. Ouaresm. Terr. sanct. Elucidât.:
tes, et que leur manteau est à peu près pa- La Croix, furr/uie cliréiierme; Le F vre.
reil à cilui des Minimes (l). Théâtre de la Turqaie; Le P. E^.gène Roger,
Les religieuses sont habillées en Perse et Voijaqe de la terre sainte ; Tavernier, ) oijarie
en quelques aulrts endroits comme les re- de 'Prrse ; Chardin, Voijarje de Perse el mé-
ligieux avec un capuce, n'y ayant que la moires dressés sur la rclalion des sieurs Serge
barbe longue que les religieux portent, qui et Joseph, prêtres arméniens d'Andrinople et
les distingue des religieuses {'2). Celles de Jé- de M. l'évêqne d'Ispahan.
rusalem elde quelques aulresendroils ont au Vers la fin du dernier siècle, quelques Ar-
lieu de capuce, un linge bleu à l'enlour de méniens de l'orJre de Sainl-Antoine, ayant
la léle, qui descend en pointe par devant et quitté leurs erreurs à la persuasion d on
par derrière, et qu'elles allachenl sous le noble Arménien nommé Mochiar, nalit de
menton avec une épingle. Elles oui aussi des Sébaste, vinrent s'établir dans la Moice, où
caleçons de même couleur que leur voile, qui la république de Venise leur donna un mo-
leur descendent jusqu'aux talons (3). Lors- nastère dans la ville de Modon. Ce Mochiar
que les leligieuses ont pris l'habil, elles ne en fut élu abbé, et cnvtiya à Rome en 1706
le peuvent plus quitter, faisant un serment deux de ses religieux pour prêter obéissance
de garder la chasielé. Les religieux de l'or- au souverain pontife Clément XI qui gou-
dre de Saint-Antoine ne peuvent pas non verne présentement l'E^^li^e. Ces reiigieu?;
plus quitter l'habit; mais ceux de l'ordre arméniens font deux ans de noviciat et oii- ;
de Siiint-Basile le quiltent quand bon leur lie les trois vœux de pauvreté, de chasielé et
semble, ce que ies supérieurs tolèrent par d'obéissance, ils en fontencore un quatrième,
un grand abus. Les religieuses ne fout qu'un d'obéir à ceux qui sont députés par les supé-
noviciat de deux ou trois mois en habit sé- rieurs pour leur enseigner les vériiés de la
fulier, après quoi elles prennent l'habit et religion calholi(iue. Quebiues-uns font vœu
font profession en même lemps. aussi de faire des missions dans rArménie,
Il y a plusieurs de ces religieuses qui ne en Perse el en Turquie, ils vivent d'aumônes
demeurent point dans des monastères , et se conforment pour les abstinences et les
comme celles qui sont à Jérusalem, les- jeûnes à l'Eglise romaine. Ils suivent néan-
quelles vivent de leur travail et des au- moins le rite arménien, et consacrent avec
mônes que leur font les pèlerins de leur du pain azyme. Ils élisent leur abbé qui est ,
nation, qui viennent visiter les saints lieux,; perpétuel, et (jui peut renvoyer les religieux
car il y en a qui croient que quand ils ont discoles. Leur habillement consiste en une
visité par dévotion le saint sépulcre el le robe noire serrée d'une ceinture de cuir,
,
mont de Calvaire, ils ne peuvent pas être une autre tunique ou veste plus courte que
(1) Voy., à la fin du vol., n" 50. (3) Voy., à la (in du vol., n" 3:i.
(2) Voy., à la fi» du vol., n" 31.
DICTIONNAIRE DES ORDRES RELIGIEUX. 276
la robe et ouverte par devant, avec un man- et de saint Barthélémy, et les fondements en
teau et un capuce le tout aussi de couleur
,
furent jetés l'an 1308. Quelques autres re-
noire. Ils mettent encore sur leurs habits au ligieux d'Arménie, ayant appris leur établis-
côté gauche, une croix rouge, avec quelques sement à Gênes, les vinrent trouver, et ap-
caractères, qui signifionl le désir qu'ils ont portèrent avec eux dos livres pour officier
de répandre leur sang pour la foi de Jésus- selon leur rite, ce que le pape Cléjnenl V
Christ. leur accorda par une bulle adressée au pèrl
Philipp. Bonanni, Catalog. ord. relig.f Martinet aux au très religieux qui demeuraient
part. 1. Ce (lernicr article du P. Hélyot a be- auparavant au monastère de Monle-Negro
soin d'éîro niot'ifié. de l'ordre de Saint-Basile dans l'Arniénie :
quft, ayant élf' envoyé on Arménie par le fut confirmé par le pape Jean XXII. ils
pope Jean XXII, qui lo sacra évéqne deMara- firent profession de la
Règle de saint Augus-
ga, ne convcrlil pas nv)iiis de schisn[ialiqu(>s tin enlre lesmains du P. Jean Ganus, évéque
par sa vie oxfMnplaite que par ses prédica- de Téflis , compagnon du P. Dominique,
tions. Il fil bâlir un mon istère en forreie ajoutant un quatrième vœu d'obéir en toutes
d'trniitage an sommel d'une hante monta- choses au pape, et ils élurent pour supériear
gne ave<: des cellules séparées les unes des le varlabied Jean d<' Clierna.
r.ulres, où il dcmemait avec ses compagnons Cel ordre sétendil beaucoup, non-seule-
l'éîé, et pendant l'hiver ils deincuraicnldans ment dan; l'Arméiue, mais aussi dans la
d'aulres cellules qu'ils avaient creusées dans Géorgie. Mais les Turcs et les Perses s'é-
des rochers au pied do cette montagne, et tant emparés de ces royaumes, les Frères
qui s'y voient encore à présent. Unis se renfermèrent dans la seule province
Il y avait dans le mêine temps un célèbre de Naksivan, dans la grande Arménie, où il
varlabied en Arménie, nommé Isaac, qui y a encore anjoiirdliui douze villages ca-
était supérieur d'un monastère auprès d'E- tholiques. L'an 1356, ces Frères Unis voyant
rivan. el (\u\ avait honoré de la dignité de qu'ils avaient presque les mômes obser-
varlabied plus de trois cenl-soixante-dix varices que les Dominicains, étant réduits
de ses disciples, dont qui l(|ues-uns gouver- dans une grande pauvreté à cause de la do-
nairnl d'autres monastères, el les autres min ilion des infidèles sous laquelle ils
ét.'.ieni dispersés dans l'Arménie pour ensei- étaient tombés, el appréhendant que leur
gner le peuple. Eulre ces disciples il y en pauvreté n'augmentât dans !a suite, ils en-
avait un qui était en grande f slime, qui se voyèrent à Rome les PP. Thomas et Eleu-
nommait Jean de Cberna, et était supérieur thère, qui étaiinil deux frères, pour obtenir
d'un monastère pr(!che deCherna, viliagedont du pape Innocent VI qu'il leur fût permis,
un de ses oncles, nommé Georges, était sei- sous le bon plaisir d'i général de l'ordre de
gneur. Le varlabied Laac envoya ce varla- Saint-Dominique, de passer dans cet ordre
bied Jean vers le P. Dominique, pour savoir et délre soumi> en tout-s choses à ce géné-
quelle était la doctrine qu'il enseignait. Ce ral; ce que le pape leur accorda, et Tordre
vartaliied fut si louehé delà vie exemplaire des Frères Unis fut éteint par ce moyen,
que le P. Dominique el ses compagnons ayant depuis ce temps-là composé une pro-
menaient dans la solitude dont nous venons vince de Tordre de Saint-Dominique, qu'on
de parler, el ses discours firent tant d'im- appelle la province de Naksivan, et qui est
pression sur son esprit, qu'il résolut de re- la trente-quatrième de cet ordre. Le P. Eleu-
noncer à ses erreurs et de reconnaître Ihère en fut le premier provincial, et son
l'anlorité du pape. Il persuada la même frère, le père Thomas, fut archevêque de la
chose au varlabied Isaac, el, l'an 1330, il même province.
adressa des lettres circulaires à lous les pré- Les Arnîénicns de Gênes ont subsisté plus
lats el vartabieds des environs, p<»ur les longtemps. Outre les m .lisonsd mt n')us avoiîs
exhorter de s'assembler en un certain lieu, (iéjà pari s ils en eurent encore à Milan, à
où le P. Dominique devait leur prêcher les Niples, à Pérouse, à Eugubio, à Ferrare, à
vérités de lEglise latins. Ils y vinrent el Boulogne, à Pisloie, à Padoue, à Rimini, à
renoncèrent lous au schisme el à l'( rreur. Pescaro, à V iterbe el en d'aulres lieux, et
reconnaissant le pape comme souverain ehet' ils passèrent même jusqu'à Gaffa dans la
de l'Eglise universelle, et à leur exemple une Chersonèse Taurique qui appartenait aux
honne partie du peuple fit la mène chose. Génois. Boniface IX leur défendit le passer
Le prince Georges, seigneur de Ch' rna. à d'autres ordres, excepté celui dos Char-
fut le premier à faire paraître son zèle pour treux, et les fil participants de tous les pri-
la religion cath<dique, ayant fait bâtir de vilèges de Tordre de Saint-Dominique, tant
fond en comble une église proche le couvent de ceux qui lui avaient été accordés jus-
deCherna, qui fol achesé" en moins dun qu'alors, que de ceux qu'il pourrait obtenir
mois. Son neveu, le v/.rtabied Jean, voyant dans ta suite, ce qui fut confirmé par les
que Tordre de S;iin!-Basile élait entièremrnt papes Innocent VIII et Paul III, el le pape
déchu en Arménie, et presque entièrement Urbain VIII leur donna pour protecteur le
anéanti, voulut d'abord le réformer el le re- c.rdinal Durazzo Tau léiO. Mais Innocent
mettre dans son premier lustre il crut
; X. v(tyant qu'ils n'étaient pas plus de qua-
neansnoins qu'il était plus à propos d'éta- rante dans quatre ou cinq maisons qui leur
blir un ordre nouveau dont la lin fût de con- restaient, qu'ils avaient beaucoup de peine
server la foi calhoiitiue que les Arménieis à s'accorder ensemble, et qu'ils menaient
venaient d'embrasser, el de l'étendre de [)lus une vie peu régulière, les supprima ^an
en plus c'est pourtjuoi il inslilua un ordre
: 1650, leur permettant de pouvoir passer dans
f'iuquel on donna le non» des Frères Unis de un autre ordre, et leur assignant à chacn!i
Saint-Grégoire riliuminatcur, à cause que quarante écus, sur leurs biens qui furent
ce sainl avait été l'apôtie de l'Arménie; et confisqués.
(onirïie ils avaient été convertis par les re- Autrefois les généraux de cel ordre étaient
ligieux de l'ordre de S;. int- Dominique, ils perpétuels, mais Sixte IV les rendit trien-
prirent leurs constitutions avec la Règle de naux Tan li7i. Le P. Etienne Palma a
saint Augustin, changeant leurs habits de exercé cette ch rge quatre fois, el a été peu -
moines arméniens en celui des Frères Con- dant trente ans vicaire général. Les PP. Che-
vcis do l'ordre de Sainl-Dominique ce qui : rubin GerbelJoni de Gènes et Paul Costa de
279 DICTIONNAIRE DES ORDRES RELIGIEUX. 280
Milau ont été les plus fameux prédicateur» fat du temps de cet Relie que les religieux
de leur temps, et ont rempli les meilleures abandonnèrent leur demeure pour aller dans
chaires d'ilalie. Ils ont aussi eu quelques une autre qui fut appelée le grand Artige,
écrivains, comme Peregrino Scoli, Jean-Bap- ce qui se fit du consentement de Gérald,
tiste Pori, Jérôme Cavalieri, Jcan-Bapliste évêque de Limoges, (]ui, selon messieurs de
Ladriani, et Grégoire Bilio qui a fait l'his- Sainle-Marlhe, mourut l'an 1177. Ce prieur
toire de cet ordre. fil bâtir l'église, le dortoir, le réfectoire , el
C'est dans l'église de leur monastère de fil porter dans ce nouveau monastère les
Gènes que l'on conserve l'image qu'on pré- corps des BB. Marc el Sébastien, et si l'on
tend que Noire-Soigneur Jésus Christ en- veut ajouter foi à un nouveau catalogue des
voya au roi Abgar. comme il parall par les prieurs de ce monastère, rapporté par le P.
bulles de Si\te IV, Jules 11, Pie IV, Paul V, Labbe les chevaux qui conduisaient les
,
Grégoire XV et Urbain VIII. Augustin Cal- corps de ces bienheureux, s'élant arrê.és
cagnigni, chanoine, pénitencier et historio- dans le chemin et n'ayant pas voulu mar-
graphe d^' Gènes, a donné l'histoire de celte cher, le prieur Hélie commanda aux bien-
s.iinte image. heureux de se laisser porter, et ceux qui les
Voyez pour les Arméniens de Gènes, Gre- conduisai'nt arrivèrent sans aucune diffi-
gorio lUi'u) Relazione del principio e stnlo
:
culté au grand Artige (1). Hélie eut pour
délia Rdig. de Fr. di S. Basil, degli Arinen. successeur Pierre de Manliac, et ce fut du
in Ilalin Silve-l. M;iiirol., Mar. Océan, de-
;
temps de ce jirieur que B rnard de Favene,
fjli Relig. lib. v.'; Paul Morigia, Hisl. des Re-
évê(]ue de Limoges, prit l'habit de l'ordre do
lig. liv. I, ch.ip. 5'd ; Gio Piitr. Creszenzi, l'Anime du consentement du pape; mais il ne
Presid. Rotn. ; 'ïuiuh. de Jiir. Ahb. loni. Il, renonça pas pour cela à l'épiscopal .lyant ,
Nous ne savons point l'année de la fon- Cttii régis cruce signalas Jste dnm erat
dalinn de l'ordre de l'Arlige, ni dans quel episcopiis induit haLitum Arlir/iœ et in hobilu
temps il a c<mimpncé à suivre» la Règle de illo rexit rpiscopatum usque ad morteiit.Obiit
saints, vinrent à celui de saint Léonard, où sanctum Leonardum in medio cliori, nbi /m-
ayant résolu de fixer leur demeure, il? furent bitum sancti Augustini de licenlia papœ
enlrei nus pendant quelque temps par les sumpseral; mais celte chronique ne s'accorde
aumônes des chanoines. Ils bâtirent un ora- pas, quant à sa mori, avec celle dont nous
toire dans le lieu qu'on. nomuie encore au- avons parlé car celle-ci met sa mort au
;
quatrième prieur fut un nommé Jean Nau- grégation do Saint-Maur, a joint à un grand
tonner, auquel Hélie de Horta succéda. Ce nombre d'autres pièces qu'il a tirées de plu-
(1) Piiiiip. Lab., IHblioUi., l. l ; el Alliance chro- (-2) Manuscrit de fabbaiie de Saini-Germain-des-
nolog. d» CUnt. sacrée el profane, t. 1, p. 6ti. Prés., imilulé Fragmenla hisl. Aquilaniau
^8i ART ART sSiU
sieurs bibliothèques et des archives de plu- messes solennelles, l'une le jour de son dé-
sieurs églises, et qu'il a recueillies en deux cès, l'autre le septième jour, et la troisième
volumes manuscrils sous le tilre de Fra- le trentième jour. Chaque prêtre disait irois
gmenta historiœ Aquitnniœ qui sont dans messes , les clercs trois psautiers , et l'on
l'abbaye de Sainl-Germain-dcs-Prés à Paris, donnaitàunpauvrependant trente sept jours
el que le R. P. dom René Massuel, de la même autant de pain qu'on en donnait à un reli-
congrégalion,abien voulu nous communiquer. gieux. Dans les autres maisons de l'ordre,
C<'S cbapilres généraux sont au nombre de l'on disait seulement l'office des morts et
cinq, el l'on y remarque que les religieux une messe solennelle; chaque prêlre deux
de l'ordre de l'Arlige vivaient dans une messes, les clercs deux psautiers el l'on don-
grande observante régulière et qu'ils étaient nait pendant sept jours du pain à un pauvre.
très-austères. Le prieur de l'ArUge était gé- Le précepteur de la maison où le religieux
néral de tout l'ordre les supérieurs des au-
; élait (iécéilé, ou, en son absence, le vice-
tres maisons avaient le litre de précepteurs, gérant devait envoyer dans l'espace de tmis
et les auires religieux étaient ai)pelés frères jours à l'Arlige pour en doni\er avis, et les
simples, disciples et claustraux, lis ne man- trois jours étant passés, le précepteur, ou en
geaient jamais de viande, on ne le permettait son ::bsence, le vice-gérant devait jeûner au
pas même aux séculiers qui étaient malades piin el à l'eau, jusqu'à ce que la personne
dans les maisons de l'ordre. Le chapitre de qu'il envoyait à l'Arlige, pour y donner avis
l'an 1292 permit aux religieux de nuinger de la mort du riligieux, y fût arrivée. Ainsi
dans les monastères des autres ordres où il y a de l'apparence que toutes les maisons
l'abstii\ence de viande était observée, pourvu les plus éloignées qui dépcndaieni de l'Arlige
que dans la cuisine de ces monastères il ne n'en étaient éloignées que de (ro's journé'S,
se trouvât point de viande, comme il pou- comme pouvaient être les prieurés deSiinl-
vait pcul-êlre y en avoir pour les malades ; Je<in de Messagers et de Manzay, situés dans
il ne devait pas même y avoirdesos, el, si les le diocèse de Bourges, el (jui sont encore
religieux de l'Arlige en apercevaient ils , aujourd'hui à la nomination du prieur de
devaient aussitôt se retirer c'est pourquoi ; l'Arlige. La Marzelle était un autr(> prieuré
lorsqu'ils arrivaient dans quelque maison de cet ordre, mais qui n'était éloigné de
d'un aulre ordre, ils devaient s'informer s'il l'Arlige que d'environ une lieue ou une lieue
n'y avait pas de viande dans la cuisine, ou et demie. Les autres monastères qui en dé-
de la graisse. Si on les assurait qu'il n'y en pendaient nous sont inconnus.
avait point, ils pouvaient en sûreté manger Il paraît par le neuvième statut du cha-
ce qu'on leur présentait et si on leur disait
, pitre général de l'Arlige de l'an 13!9, tenu
qu'il y avait de la viande dans la cuisine, ils sous le prieur Aymeric, que l'on recevait
devaient se retirer et ne pas manger dans dans cet ordre des clercs ignorants qui ne
ce lieu. savaient pas le latin car il est ordonné par
;
Ils jeûnaient depuis la fête de lExaltalion ce statut que les clercs qui ignoraient les
de la sainte Croix jusqu'à Pâ(iues, excepté lettres humaines diraient pour nialines el les
ceux qui Iravaillaienl mais ceux-ci étaient
; heures canoniales, pour l'office de la \'ierge
obligés de jeûner les vendredis. 11 ne leur et pour celui des défunts, autant de Peter
était pas permis de manger deux fois le jour, noster que les frères la'iques en devaient dire.
celui qui contrevenait à ce statut devait Il ftit aussi ordonné dans le même chapitre
jeûner le lendeinain au pain et à l'eau s'il ; que tous les ans l'on ferait une fêle solennelle
retusail de le faire, on devait lui doubler le du saint sacrement, le jeudi après la fêle de
jeûne sans misérict>rde et s'il ne voulait, la Trinité. On n'avait néanmoins commencé
point obéir, ou devait l'envoyer au prieur à célî'brer celte fête eu France que l'année
de l'Arlige pour élre puni plus sévèrement, précédente, et l'observation n'en fut rendue
lis ne pouvaient pas manger, ni coucher à général;^ que quelques années après par tou-
une lieue aux environs de leurs maisons. Ils tes les églises du royaume (1).
se levaient la nuit pour dire matines, qui de- y a de l'apparence que soit en France,
Il
vaient fluir avant le jour. Si quelque reli- soit en parliculier dans le diocèse de Limo-
gieux refusait de le faire, il jeûuail le len- ges, avant le quatorzième siècle, on omettait
demain au pain et à l'eau. S'il ne voulait le mot enim dans les paroles de la consécra-
pas obéir le jeûne lui était doublé et, pei-
, ; tion, el que ce ne fut qun sur la fin du Irci-
sistant dans la désobéissance, on l'ein oyait ziiMue siècle (jue l'on ordonna de l'ajouter:
au prieur de l'Arlige. Les précepteurs de- car par un des statuts du chapitre général
vaient aussi s'y soumettre, et, ne le faisant de l'Arlige de l'an l'292 il est ordonné qu'à
point, ils donnaient vingt sous au prieur de l'avenir tous les prêtres, en consacrant le
l'Arlige. Tous les jours on devait dire une corps de Notre-l?eigiieur Jésus-Christ, pro-
messe solennelle et ceux qui ne voulaient
, nonceraient CCS paroles Hoc est enim corpus
:
pas la dire ne recevaient point dhabits mcum, et que l'on ajouterait dans tous :es
cette année-là, sans une permission expresse missels de l'ordre le mot enim.
du prieur de l'Arlige, auquel les précepteurs Nous ne savons point le temps que c^t
étaient aussi obligés de donner vingt sous, ordre a été aboli. Il y a de l'apparence qu'il
s'ils ne voulaient pas célébrer celle messe. était déjà sur son déclin dès l'an IVOI, puis-
A la mort d'un religieux de l'ordre, l'on que, dans le chapitre général de cette année-
disait dans la maison où il était décédé trois là, il lut ordonné qu'il n'y aurait point de
(1) Bailleti Hisi, de$ fêtes mobilesi maison dans l'ordre, où il n'y eût au moins
585 DICTIONNAIRE DES ORDRES RELIGIEUX. 285
deux prêtres, ce qui marque qu'il y avait vœu, fonda sur la montagne d'Albrac, vers
peu (le religieux pour lors. Comme ces cha- l'an 1120, un hôpital dont l'église fut dédiée
pitres généraux ne marquent point quelles en l'honneur de la sainte Vierge. Les rois
élaimt la couleur et la forme de l'Iiabille- d'Aragon, les comtes de Toulouse, de Ro-
nu'nt nous n'(Mi pouvons rien dire, sinon
,
dez, de Valentinois, de Cominge d'Arm;i- ,
que ces relijiieux poriaiont des capuces assez gnac, les seignenrs de Ganillac de Caste!- ,
longs par devant et par derrière; car il fut nau, de Uo(|nelaure dEslring et plusieurs
,
aussi ordonné dans ce cliapilre de l'an 14-01 antres, ont beaucoup contribué dans la suite;
que ceux qui auraient élé condamnés à être à la grandeur et à la S[ibndeur de citte mai-
enferuiés en prison pcuilant un an et à vou- son, parles d(ïnations f,l les fondations con-
pev leur ca|iuce par devant et par derrière, sidérables qu'ils y ont faites.
le porteraient ainsi coupé pendant une an- Cinq sortes de personnes composèrent d'a-
i née, pour marque d'infamie. Ces habits ne bord la communauté de cet hôpital. Il y avait
I
devaient pas être au moins d'un grand prix, des prêtres pour le service de l'église et pour
;
puisque les précepteurs des petites maisons administrer les sacrements aux pauvres;
ne devaeint donner à leurs religieux tous des chevaliers pour escorter les pèlerins ,
les ans pour leurs habits et pour leur chaus- donner la chasse aux voleurs et défendre la
sure que quarante sous tournois, savoir, maison des frères clercs et laïques pour le
trente à la Toussaint, et dix à la Pentecôte'. service de l'hôpital et des pauvres; des Don-
Le grand Arlige n'est p'us présentement nés, qui avaient soin aussi de l'hôpital et des
qu'un prieuré en commende, situé au con- fermes qui en dépendaient; et enfin des da-
fluent de la Mode et de la Vienne, dans le mes de qualité, qui demeuraient aussi dans
Limousin, éloigné d'environ deux lieues du l'hôpital et avaient plusieurs servantes par
vieil Artige, et de trois ou qu;!tre de la ville qui elles faisaient laver les pieds des pauvres
de Saint-Léonard. On y voit encore les vesti- pèlerins, nettoyer leurs habits el iaire leurs
ges de deux n)onasières dans une même lits. Alard fut leur premier sutiérieur, ayant
clôture, dont l'un était plus grand que l'au- voulu lui-même se consacrer au service des
tre; il y avait aussi deux églises, une peliie pauvres ; et il leui* donna une règle par la-
et une grande ; il ne reste que la grande, quelle il les obligea d'obéir au maître, de
l'autre est détruite. garder la chasteté, de n'avoir rien en propre,
ASCENSION DE NOTRE-SEIGNEUR. Voy. d'assister à tous les offices divins, tant dejour
Non. que de nuit, et d'avoir soin des pauvres.
ASSOMPTION (Filles de l'). Voyez Hau- Comme cette règle n'avait point été ap-
DRIETTES. prouvée ni parle saint-siège ni par l'évêque
AUBERT DE CAMBRAI (Saint). Voyez de Rodez , les frères sœurs de l'hô-
et les
Mont-Saint-Éloi. piial s'adressèrent l'an 1162 à Pierre II du
AUBRAC ( Hospitaliers d' ).
nom et vingt-deuxième évêque de Rodez,
pour avoir une règle certaine, ce qu'il leur
Des reli gi eux hospitaliers de rhôpi lai d'Albrac,
accorda; en ayant fait rédiger une par écrit,
communémenl appelé Aubrac, en France. tirée en partie de celle de saint Augustin,
L'un des plus célèbres hôpitaux de France par laquelle il les obligea à vivre en com-
est celui d'Albracou Aubrac, (jui est devenu mun, à garder le silence aux heures et dans
un bénéfice considérable en comn)ende,sous les lieux qui y sont marqués, à avoir sur-
le tilre de Dornmerie. Il est situé sur les con- tout un grand soin des pauvres et des ma-
6iis des trois provinces de Guienne, de Lan- lades à garder la chasteté , à obéir à leur
.
Il reconnaît pour son fondateur Alard ou ne devait point manger à table avec les
Adalard, vironiie de Flandres, (]ui à son re- frères mais à terre sans nappe et jeîiner
, , ,
tour d'un p.'leriiiage qn'il avait fait à Sainl- au pain et à l'eau le nsercredi et le vendredi.
Jaciiues en G;ilice, étant tombé sur celte Il ne pouvait manger de la viande que le di-
uionlagne dans une einbusrade de voleurs , manche senlen)ent et il ne devait pas aussi
;
cl se voyant en d.inger de perdre la vie, fit coucher dans des draps ou linceuls à moins ,
vœu à Dieu que s'il échappait à ce danger, il que le maître n'us-ât de quelque nuscricorde
fonderait au même lieu un hôpital pour y envers lui , en lui en accordant. La même
rceevoir les pèlerins et purgerait celle
, pénitence devait être imposée à ceux qui
nioiitigne de voleurs. Dieu permit que ces avaii nf IVappé un des îrères; s'ils disaient
voleurs ne lui fissent point de mal; et Ahsrd des injures, s'ils nvaient (juscmble des diffé-
peu de temps après, voulant accomplir son . rends, ou s'ils médisaient de quelqu'un, ou
,
devait leur donner une pénitence de trois ou devait ajouter qu'il l'avait révoquée par une
de sept jour?. Confoniiémenl à cette règle , autre bulle.
ces ijos{)i(aliers ne devaient point porter Olivier de Penna grand-maître de l'ordre ,
blanche, ou lirune, ou noire. Ils faisiienl ab- hôpital à son ordre , et s'adressa po'ir cet
stinence de vi<în<le et niêtne lie f^raisse tous effet au pape Clément V, l'an 1310. Ses i)our
les mercredi'^, les vetulredis et les samedis de suites n'eurent pas un succès plus heuieux
l'année, et jcûiiincut Unis les vendredis, à que n'avaient eu celles desclievaliersdeSaint-
moins {|Uv (jucliiuc l'éle ^olcnndie ou (juel- Jean-de Jérusalem car le comte et la com- ;
que octave ne isc rencontrât ce jour-là iîs ; tesse d'Armagnac et plusieurs genliUlioinmes
ne manjjiaient point non phis de viande de- des plus qualifiés du |)ays pré.'entèrent deux
puis la Scpluagésime jusqu'à Pâ(|iies, t de- ( suppliques l'une au pape, l'autre au roi
,
puis le premier dimanche de l'Avenl jusiju'à Philippe le Bel et une iroi-ième aux évoques
,
Elle fut aus i <onfirmée par les papes Lu- plusieurs autres, s'élant assemblés à Albrac,
cius III l'an 1181, Innocent III l'an 1216, signèrenl et munirent de leurs sceaux une
Honorius III l'an l"2-2G, Innocent IV l un 12V(3, supplique adressée au pape, dans laquelle
Clément IV l'an 12G7, et Nicolas IV l'an i28'J. ils lui représentèrent le préjudice considé-
Dans toutes les bulies de ces papes et dans rabî '
que
relie union porterait à l'hôpital de
plusieurs autres ()ue les frères ho>ipilaU( rs Noire-Dame des pauvres (fAlhrac et à tout le
ont obtenues cet liô;dtal est qualifia de l'or-
,
pays ce qui fil (jue les chevaliers de Saint-
,
liers suivaient ne fût lirée (ju'en partie de qualité de commissaire apostolifjue du pape
celle de saint Au[^ustin. Mais quoique ce Martin V, ^ur la demande qu'en avaient faite
pontile dise que l'ordre can'oitjue a été éta- le dora et les frères hospitaliers; car ce com-
bli dans celte maison on ne doit pas iniéter
, missaire apostolique fixa e nombre des reli-
de là que ces hospitaliers fussent chanoim s gieux et des religieuses à soixante-dix por- .
réguliers; car le plus souvent les souveiains tant tous l'habit de l'ordre, dont il devait y
pontifes, en confirmant l'élablissemenideplu- en avoir quaranlequi fussent prêtres, savoir:
sieurs monastères d(i religieux mendiants, vingt pour faire l'olfice divin à Albrac, et les
soumis à la Règle de saint Augustin, et mê- aulres vingt pour gouverner et régir les hô-
me des monastères où Ion suivait la Régie pitaux particuliers, les cures elles métairies
de saint Benoît se sont servis des mêni s
, qui en dépendaient. Des trente autres il de-
termes, comme nous ferons remarquer dans vait aussi y on avoir vingt mais seulement ,
brac à leur ordre, sur un faux exposé (luo tout suivant la disposition du dom.
cet hôpital n'élail soumis à aucun ordre ,
Quoique par les aulres règlements qui ont
et n'avait point règle certaine mais le
(ie ; été faits de temps en temps par l(>s doms,
doiu et les frères hospitaliers se pcîurvurent principalement par ceux de Guillaume du
devant le même pontife ailéiçuanl qu'ils , Bosquet, dixième» dom, qui vivait vers l'an
élaient de l'ordri' de Saiiit-Aug'islin et quo , l.îOi), il eût été ordonné (jue les biens de cette
la Règle de ce saii»l, qui leur avait été don- maison seraient toujours mis eu comuHin ;
c'est pourquoi Bovio. qui, dms son Histoire stances de quelque prince ou grand seigneur,
de l'orilre de Saint Jean-de-Jérusaleni a . et (jue l'on eu (levait laire un serment, re
parlé de celte union laite par Boniface V 111 qui fui encore renouvelé dans les aunees
287 DICTIONNAIRE DES ORDRES RELIGIEUX. 283
li08 et li09, et par les rèploments de Ray- M. Charles-Bénigne Hervé ancien évêqoa
,
mond Meyrosi, do l'an 1419, néanmoins le de Gap, qui en a été pourvu par le roi l'an
relâchement s'élant introduit dans la suite , 1706, sur la détnission de M. Louis Gaston
les religieux partagèrent entre eux les biens de Noaiiles, évêque de Châlons. Conformé-
de cet hôpital el le dérèglement alla jusqu'à
, ment au concordat qui a été passé entre le
un tel point, que la plupart de ceux qui fu- dom et les religieux, il y a six mille livres
rent reçus pour hospitaliers ne voulurent destinées pour les aumônes par chaeun an,
point s'engager par ies vœux solennels, re- la menso des religieux et les réparations dé-
gardant leurs places comme d «s bénéflces duites, et la mense du dom est de quinze
simples. Louis XI \', roi de France, en ayant mille livros. toutes charsres af(|uittées.
élé informé, donna commission ,l'an l(J9i, AUGUSTIN ( Ordre de Saint- .
pour lors conservés dans les archives. fants, ni dignités ni richesses ; et ne dési-
,
M. le cardii^al de Noaiiles. qui fut pourvu rant plus servir que Dieu seul el suivie les
,
de cette do.nmerie l'an 16G3, et ensuite de conseils (ju'il donne à ceux qui s'engagent
l'évéché de Châlons-sur-Marne , ne négligea véritablement à son service, il prit la réso-
rien pour rétablir le b)n ordre dans cette lution de vendre tout ce qu'il possédait pour
maison; mais, sciant démis de code domme- le donner aux pauvres, se contentant seule-
rie lorsqu'il fut fait archevêque de Paris, ment (te ce qui était nécessaire à la vie. Il
l'an 1695, el M. Louis Gaston do Noaillos, eut <les compagnons qui s'unirent à lui dans
son frère, lui ayant succédé à l'évéché de le même dessein , et étant tous résous de
Châlons et à la dommei ie d'Albrac, ce prélat mener ensemble une vie parfaite, ils n'étaient
voyant le pou d'apparence qu'il y avait de plus en peine que do chercher un lieu pro-
rétablir la régularité parmi ces hospitaliers pre pour exécuter leur dessoin, ils n'en trou-
mit en leur place, avec la permission du roi, vèrent point de plus favorable que les terres
des chanoines réguliers de la réforme de que saint Augustin avait auprès do Tagasle.
Chancellade, qui prironl possession de cotte Ils passèrent pour cet (>ffet en Afrique, el la
maison le 'Ik juin 1697, comme nous avons première chose que fit Augustin fut de ven-
dit dans le chapitre lxi de la>econde partie. dre ces terres et d'en distribuer l'argent aux
Il restait pour lors vingl-deux hospitaliers et pauvres , se contentant seulom-nt do ce (jui
un chevalier, auxquels on assigna des pen- était nécessaire pour vivre. Ainsi étant libre
sions. Il y avait déjà longtemps que i'on n'y el n'ayant pins rien «lui l'attachât au siècle,
recevait plus de sœurs hospitalières et que il passa environ trois ans avec ceux qui s'é-
l'on avait réduit le nombre des chevaliers à taient joints à lui, vivant pour Dieu, s'exer-
quatre; ilsfurent ensuite réduits à deux, et çant aux jeûnes, à la prière, aux l)onnes
enfin à un seul. Ces chevaliers portaient sur œuvres, méditant jour ot nuit la loi do Dieu,
le justaucorps, au côté gaucho, une croix de et pratiquant autant qu'il pouvait la vie des
taff( las bleu à huit pointes (i). L'habillement solitaires d'EgypIe, observant la manière de
ordinaire des hospitaliers, dans la maison, vie et la règle établies du le/nps dos apôtres,
consistait en une soutane noire, el au côté el banni^sanl de sa communauté toute pro-
gauche une pareille croix (2) au chœur, ils
; priété. Persouiie ne pouvait dire qu'il ût (
portaient une espèce de coule noiro à gran- rien en particulier mais toutes choses
;
des manches, avec la croix sur lecôlégauche étaient comM,unes, cl on dislribuail à chacun
de la coule (3,. Selon le catalogue dos doms ce qu'il lui fallait selon ses bi soins.
de cet hôpital, énoncé dans le procès-verbal Se trouvant obligé de réprimer l'orgueil
de l'évêque de Rodez, qui m'a été communi- des Pélagiens qui prétendaient que ceux qui
qué par le R. P. Parade, chanoine régulier ne quittaient pas volontairement leurs biens
de Chancellade et syndic d'Albrac, il y a eu ne pouvaient être sauvés^ et voulant leur
jusqu'à présent trente-trois doms, à com- faire connailro que ce n'élait pas par intérêt
mencer depuis Alard, le fondateur, dont le qu il s'opposait à celte erreur, il leur dit ;
premier commondalaire a élé Pierre d'Es- «J'ai élé, moi qui vous écris, louché de l'a-
leing, vers l'an 1477. Parmi los doms com- mour de cette perfection que Jésus-Chrisl cou
mendalaires l'on y Irouvo, cuire M. le car- sciilait à ce jeune homme riche, à qui il dit:
dinal de Noaiiles et M. l'evèque de Châlons, Allez vendez ce que vous avez et donnez-le
,
son frère, dont nous avons déjà parlé, Jean aux pauvres, et vous aurez un trésor dans le
el Antoine d'Esteing, successeurs immédiats ciel, puis venez et me suivez; et ce n'est pas
de Pierre d'Esteing, les cardinaux Georges par mes propres forces que j'ai exécuté ce
d'Armagnac, François d'Escoubleau de Sou r- conseil, mais par la grâce de Dieu. Quoique
dis et Jules Mazarin, Octave de Rellegarde, je ne sois pas riche Dieu ne m'en tiendra
,
archevêque de Sens , Anne de Lévis , et pas moins de compte; car les apôtres dont
(*) Voy ,à la <in du vol., n" 34. (5) Voj/., à la fin du vol., n° hQ.
(2) Voy., à la fiij du vol., n" 5p. (4) Voy., à la tin du vol. n* 37.
Î89 4UG AUG 290
j'ai suivi l'exemple , n'étaient pas plus ri- jardin dans lequel est mainlenant situé ce
ches qu« uioi. Celui-là quille lout eu quit- nionasièrc. »
tant ce qu'il a et ce qu'il pouvait tlesirer d'a- Possidius dit que ce monastère était dans
voir. Pour ce qui est du progrès que j'ai lait l'église, cl que saint Augustin l'élablil aussi-
dans celle perleclion, je lésais plus qu'aucun tôt qu'il fut prêtre; mais M. de Tillemont
autre, et Dieu le sait encore mieux que moi. » croit (jue Possidius a marqué la situalion de
J'exhorte les autres autant (jue je puis à ce monastère dans l'église, peut-être parce
faire la inênie chose et par la miséricorde
; que le jardin que Valère avait donné à sainl
de Dieu, j'ai des compagnons de ce ginre de Augustin appartenait à l'Eglise d'Hippone,
vie à qui je l'ai inspire par mou ministère. et même en était fort proche et dans l'en-
Ses compagnons doni li parle étaient sans ceinle du cloître. Ce qui f onfirme encore ciue
doute ses compatrioles et ses amis ,qui ce monastère était différent do celui qu'il
avaient passé avec lui d'Italie en AlVique, établit étant évéque pour les clercs de son
du nombre desquels elaient Evode , Alipe el église ,c'est que saint Augustin n'étant en-
Sévère, qui elaienl aussi de Tagasle. (Juoi coioque |)rétre, remercie Aurèle, évê(jue de
qu'il paraisse par Possidius qu'il avait éta- Carlhage, de ce que par ses soins et par ses
bli sa demeure a la campagne dans les ter- libéralités, il avait fait donner un héritage
res de son père, il y a néanmoins de l'ap- à ses frères , ce qui no se peut onîendie, se-
parence que c eiait tout auprès de Tagaste , lon le senliment des PP. Bénédictins, que des
puis qu'il mande à Nebride qu'il était mieux frères qui demeuraient dans le mona>lère de
où il était, uue ni à Carlhage, ni à la cam- Tagaste ou dans cilui d'Hippone.
pagne. Alipe, Sévère et Evode, qui étaient si étroi-
Ce fut donc là où il jeta l'an 388 les pre- tement unis avec sainl Augustin par les liens
miers londemenis de son ordre, qui s'est ré- de l'amitié, lorsiju'il n'él lit encore que la'f-
pandu dans toutes les provinces du monde. que, entrèrent sans doute dans celte sainte
M. de Tillcmonl croit cependant que ce mo- communauté, comme nous avons déjà re>.
nastère n'éiail pas encore b.eu lurme qui>i- marque. En effet Aurèle de Carih ige témoi-
qu'il y eûl trois ans qu'il y di meuràt, et qu'il gne à sainl Augustin, par une lettre, la joie
cherchait un lieu propre pour en établir un, qu'il avait de ce qu'Alipe était demeuré dans
afin d'y vivre avec ses frères (comme il le sa communaulé et avait ton on
été uni
dit lui-même) en qualité desimpie la'ique , avec lui, afin de servir de modèle à ceux qui
lorsque le peuple d'Hippone se saisit de lui voudraient fuir les embarras du monde. Saint
et le présenta a l'evêque Valère pour l'or- Augustin fait parler Evode avec lui dans les
donner prêtre ; qu'il continua encore dans le deux derniers livres du Libre Arbitre qu'il G|
dessein de toraier ce monastère après son un peu avant que d'être évéque, de mémo
ordination, et que le B. Valère, le voyant que dans le premier qu'il avait fait étant à
dans cette disposition et dans ce dessein, lui Rome.
donna un jardin où il établit sou monastère. Entre les premiers disciples de ce saint
Baronius dit que saint Augustin ayant pra- docteur, il y en eut dix qui, au rapport de
tique à Tagaste les ex.ercices de la vie mo- Possidius, furent tirés de son monastère pour
iiasiique vint à Hippone pour y établir un
, étr(! évéques de plusieurs églises, et qui ont
monastère qu'il bàtil dans ce jardin qui lui mérité le litre de saints dont on en connaît
,
fut donné par le B. Valère avec celui qu'il neuf, savoir saint Alipe de Tagaste, saint
:
étal). Il dans sa maison épi>copale ; mais lei Evode il'Uzale, Profuiure cl Foriunal de Cir-
PP. Bénédictins de la congrégation de Sainl- the. Sé\ère de Milève, Possidius de Calame,
Maur répondent à ce cardinal touch<iiit ce
, Urbain de Sicque Boniface de Cataqua et
,
premier monastère, qu'il n'y a pas u'appa- Peregiin. Non-seulement ces évéques tirés
rence que saint Augustin eût demeuré avec du monastère de Sainl-Anguslin en établi-
ses compagnons pendant trois ans dans tous rent d'autres dans leurs diocèses mais Au-
;
les exercises de la vie monastique, sans avoir rèle et beaucoup d'autres firent la uéme
de monastère et pour preuve qu'il y en avait
; chose avant même que sainl Augustin fût
un, c'est que l'évéque Paulin l'an 39i salue fait évéque; car plus d'un an auparavant,
ceux qui demeuraient dans le monastère de saint Paulin non-seulement prie Alvpe de le
Tagaste, qui ne pouvait sans doute avoir été recommander aux prières des saints , qui
fonde que par saint Augustin. Une autre sont, dit-il, les compagnons de voire suinielé
preuve que le monastère que sainl Augustin dans le clergé, ou qui imitent votre fui et vo^
établit a Hippone dans te jardin qui lui Ait tre vertu dans les monastères ; mais aussi à la
donne par revê(iue Valère eiait différent de fin de sa lettre il salue les Frères tant des égli-
celui qu'il éiablil pour des clercs dans sa ses i|ue des monastères de Carlhage, de Ta-
maison épiscopale, lorsqu'il tut fait évéque, gaste, d'Hippone cl de tous les autres en*
c'est que ce saint docteur, préchant à Hip- droits, el sainl Augustin le salue de la p irt
pone, dit à ses auditeurs « Moi que vous
; i'iQs Frères qui demeurent, dil-il, avec nous et
voyez, qui, par la grâce de Dieu, suis votre qui, en quelque endroit que ce soit, servent
évéque, je suis venu jeune en celle ville Dieu ensemble.
comme plusieurs d'entre vous le savent fort Les personnes nobles el les riches s'esti-.
bien. Je cherchais où je pourrais établir un nièrent heureux d'avoir de ces pauvres vo-
monastère afin de vivre avec mes frères, et lontaires qui avaient tout quitté pour suivre
le bon vieillard Valère d'heureuse mémoire, Jésus-Christ et pour embrasser la vie com
me voyant dans celle pensée, me donna le muue. Ils leur donniMcut des terres et des
, ,
jardins, ils leur bâtissaient des églises et des pécher de une petiti^ réflexion qui est
faire ,
raison que Possidius dit que saint Augustin même le droit d'aînesse sur les ermites,
laissa en mourant à son église plusieurs mo- comme ils le prétendent , il y a encore sujet
nastères d'hommes ctde femmes. Ainsi, di- de s'étonner de ce qu'ils veulent être plus
sent ces savants écrivains dont nous avons vieux (|ue leur père, en faisant remonter
tiré ceci, il la. lait que ces monastères fussent leur institution juscju'au temps des Apôlres.
dans la ville, puisque autrement les Van- Quant à la règle que suivaient les pre-
dales qui l'assiégeaient depuis plusieurs mois miers disciples de saint Augustin , il y a
les eussent ruinés bien de l'apparence qu'ils n'en suivaient
Ce fut environ l'an 428 que ces Vandales point d'autre (juc celle de l'Evangile, puis-
entrèrent en Afri(iuo et qu'ils la désoièrent que l'épître iiid (le saint Augustin qui est ,
pendant plusieurs années. C'était particu- la 211 dans l'édiiion des PP. Bénédiclins,
lièrement contre les églises , les cimetières et qui sert présentement de règle à ceux de
et les monastères qu'ils exerçaient leurs l'un et (le l'autre sexe des différentes congré-
cruautés. Ils brûlèrent les maisons du Sei- gations qui se glorifient d'avoir ce saint doc-
gneur etrenversèrent jusqu'aux fondements teur pour Père, n'a été adressé' que Tan ki3
ce que flammes n'avaient pu consumer.
l'^s aux religieuses qu'il avait établies à Hip-
Ils employèrent toutes sortes de supplices pone ; mais de savoir quand elle a été ac-
pour obliger d'illustres évéques et de saints commodée à l'usage des hommes, en quel
prêtresàtionner l'or et l'argent qu'ils avaient, pays et par qui ce changement a été fait,
soit à eux, soit à l'Eglise. Il y en eut beau- c'est encore une difficulté que les savants
coup qui moururent dans les tourments n'ont pu résoudre jusqu'à présent.
d'autres furent envoyés en e\il dans diffé- AUGUSTIN (Ermites de Saint-).
rentes provinces, ou s'y retirèrent volontai-
rement })Our éviter la persécution et comme ;
§1. — Des différentes congrégntions des reli-
gieux ermites de l'ordre de Saint-Augustin,
ils avaient pratiqué la vie monastique en
avant leur union générale sous le pontificat
Afrique, ils ne voulurent rien diminuer de
d' Alexandre IV.
leurs austérités dans leur exil, soit en se re-
tirant dans des monastères déjà établis, ou en 11 se peut faire que dans l'union générale
en fondant de nouveaux, comme saint G lu- des différentes congrégations d'ermites, qui
diose qui en bâtit un à Niples, saint Ful- se fil par l'autorité du pape Alexandre IV,
gence dans l'île de Sardaigne, saint Eugène et qui forma un sml corps de religion sous
proche d'AIbi en Languedoc, et d autres en le nom d ordre des Ermites de Saint-Augustin,
plusieurs endroits; c est ce que nous avons il y ait eu quelques-uns des monastères de
tiré de la vie de saint Augustin écrite par les ces différentes congrégations qui aient eu ,
RR. PP. Bénédictins de la congrégation de pour fonlaleurs quelques uns des disciples
Saint-Maur, qui est à la fln de l'index géné- de ces moines d'Afrique qui avaieril passé en
ral des ouvrages de ce Père et p \r feu M. de
; Italie, dont nous avons parlé dans le cha-
Tiilemonl, ton. XIII de ses Ménioires pour pitre précédent ; mais il est certain que les
VHisloire de rEfjlbe. congrégations des ermites de Toscane et des
Il resterait maintenant à exLîiminer si les Jean-Bofiites, qui étaient les plus considé-
religieux (jui prennent la qualité d'ermites
, rables ii'avaient dans leur origine aucune
,
moines d'Afrique établis par saint Augustin ; fut donnée par le pape Innocent IV. iSon
mais comme ce n'est pas une petite dilficulté, volentes, dit ce pontife, vos sine pastore sicnt
et qu'il y a longteniijs qu'elle est agitée en- oves errantes post gregnni vssiigia vagari
tre ces religieux erinites et les chanoines ré- universititi veslrœper apostolicascripta man-
guliers, sans avoir pu être déci'iée je ne , dnmus, quntenns in unum vos regulare pro-
prendrai point parti dans un différend où positum conformantes regulani B. Augnstini
l'on dispute d(^ part et d'autre avec beaucoup et ordinem assuinatis. C'est ainsi qu'il parle
de chaleur. C'est ce que dit aussi M. Bul- à ces ermites de Toseane dans sa bulle du
,
teau (1) , qui ajoute néanmoins qu il est vrai- 17 janvier 124i et par une autre bulle de
-,
semblable que parmi ces moines d'Afrique, l'an 1252, en confirmant les règlement- ne
il y avait aussi des ermites ; puisqu'il y avait le cardinal Guillaume, du litre de saint ;s- ;
même des reclus, dont saint Augustin loue et tache, avait laits pour la congrégation >iiis
relève l'austérité et l'ardeur pour la prièr<; : Jean-Bonites, pour assoupir les différends
Jncludunt se viventes in magna intenlione qui étaient survenus entr'eux, il rapporte
oralionum. de ce cardinal, qui, après avoir
les lettres
Nous ne pouvons pas cependant nous em- parlé de l'origine de celte congrégation ,
(1) BuU., Uiti. de l'ordre de Sainl-BenoUf 1. 1. montre de quelle manière ils obtinrent
'
'1 Al;;
la Règle de saint Augustin, n'en ayant au- Lodl de Saint-Gervais, religieux de l'ordre
cune C\xm autem ii religiosi aliqiiam de ap-
: même des Ermites de Saint-Augustin, qui a
probalis regiUam von haberent quidam ex , composé la VieduB.Jean Bon surles procès-
eis accedentes ad sedem apostolicam ohlinue- verbaux qui ootétédresséspar Albert, évêque
rnnt ab ea Patris Auffustini regulam sibi de Mantoue, leprieur des chanoines réguliers
dari et sic ex lune cœperunt in regularibus
, et le prévôt de Mantoue, cotnmissaires nom-
observantiis instrui et legulariler habere. més par le papeInnocentlV,|our informer de
La plus ancienne de toutes ces congréga- la vie etdes miracles de ce saint homme lors-
tions qui entrèrent dans l'union générale qu'il voulut canoniser deux ans après sa
le
fui celle des Jean-Bonites ainsi appelée du , mort, qu'à Philippe de Bergame qui, pour
nom de leur fondateur, le B. Jean Bon, qui faire sans doute honneur à son ordre, a
naquit à Mantoue vers l'an 1168, selon Cons- avancé que siint François avait été di cipic
tance do Saint-Gervais religieux auguslin, , du B. Jean Bon, el qui a été suivi en cela [)ar
dans la Vie de ce saint homme qu'il a com- plusieurs écrivains du même ordre, comme
posée et qui a été imprimée à Mantoue en Crusenius, Marquez, Pamphile et plusieurs
lo9J. Sa jeunesse ne fut pas des plus ré- autres qui n'ont fait que copier ce qu'il avait
glées il se laissa aisément entraîner aux
: dit sans fondement, et qui ont dit que le
torrents des voluptés; mais après la mort de B. Jean Bon était né en 1130, qu il s'était
ses pèr(' et mère, il sortit de Mantoue vers retiré dans la solitudedès l'an 1159, et qu'en-
l'an 1209 et se retira dans la Romandiole fin il était mort l'an 1222.
où vécut comme inconnu dans une petite
il Mais Constance de Lodi de Saint-Gervais,
maison (luil bâtit à Boudiol, proche la ville dit qu'il est né l'an 11G8, qu'il ne s'est retiré
de Gésène et il y joignit un oratoire dans
, , que l'an 1209, et qu'il n'est mort que lan
lequel il faisait des oraisons pres(jue conti- 12V9. Ainsi, comme dit Wading, comment se
nuelles et inventait tous les jours de nou-
, peut-il faire que
B. Jean Bon ail été le
le
velles manières de mortifier son corps. Il maître de saint François qui quitta le monde
demeura ainsi seul pendant plu-ieurs années; !'an 1206, et qui ava'it déjà des disciples en
mais la sainteté de sa vie lui attira des dis- 1209? Ce n'est pas seulement Constance de
ciples qui voulurent vivre sous sa conduite. Saint-Gervi«is qui marque la naissance du
L<ur nombre augmentant, ils obtinrent du B. Jean Bon l'an 1168, et sa mon l'an 12*9,
pape Innocent IV la permission de suivre la après avoir été quarante ans dans la soli-
Règle de saintAugustin. Crusenius dit qu'ils tude, c'est encore Abraham Bzovius dans
obtinrent celte permission du pape Inno- ses Annales ecclésiastiques, Auberl le Mire
cent Hl; mais ce lie fiil point ce pape qui ,
dans ses Origines monasiiîpies, Hippolyle
d'ailleurs n'avait pu leur accorder cette per- Donesmondi dans son Histoire ecclésiasti-
mission l'an 1198 (comme il le prétend ) , que de Mantoue, et le P. Wad ng ijui ajoute
puisque le B. Jimu Bon ne se retira que l'an encore que, dans l'église de Sainie-Agnès de
1209. Ce saint homn-,', voyant sa fin ;ippro- Mantou", où est le corps de ce bienheureux,
cher, renoue 1 à la supériorité, ayant toujours il y a plusieurs peintures qui confirment
été général de sa congrégation depuis (ju'elle cette vérité.
avait éié approuvée parle pape Innocent IV. La plus forte raison que les Augustins
Les bourgeois de Mantoue lui offrirent pour croient avoir pour prouver que saint Fran-
lors proch(! de leur ville un lieu soliliire , çois a été de la congrégation du B. Jean
où, après avoir demeuré trois ans, il tnourut Bon, c'est que quel(|ues années après la fon-
l'an 124-î). Après sa mort les mêmes bour- dation des Frères Mineurs, leur habit était
geois de Mantoue firent bâtir un autre mo- si semblable à celui des Augustins, que le
nastère dans la ville sous l'invocation de
, pape Grégoire IX, pour assoupir les diffé-
sainte Agnès
où ils firent transporter le
, rends qui naissaient tous les jours entre ces
corps de ce bienheureux, que le peuple ho- deux ordres à ce sujet, obligea les Augus-
nore en cette qualité depuis plusieurs siècles, tins de porter à l'avenir un habit noir ou
quoique le saint-siége n'ait encore rien dé- blanc, avec des manches larges el longues,
terminé sur sa sainteié. Il est vrai que deux en forme découles, ceint d'une ceintuie de
ans après sa mort le pape innocent IV
, cuir par dessus, assez longue pour être vue;
donna commission à Albert évéque de , qu'ils auraient toujours à la main des bâ-
Mantoue, de faire les informations néces- tons hauts de cinq palmes, faits en l'orme de
saires pour sa canonisation ; mais ce pape béquilles (1); qu'ils diraient de quel ordre ils
mourut lorsqu'on y travaillait ,, et elles ne étaient, en recevant les aumônes des fidèles;
furent pas continuées. et enfin que leur robe serait de tell lon- >
Quelques historiens de l'ordre desErmiles gueur qu'on pût voir leurs souliers, afin de
de Siint-Augustin, comme Philippe de Ber- les distinguer des Frères Mineurs qui et iient
gaine, Crusenius, Miirquez, Joseph Pam- déchaussés. C'est ainsi que ce pape déirrit
phile, Henri de Vrimaria et quelques autres, l'habillement que devait porter l'ordre des
ont cru faire honneur à leur onlre, en di- Augustins, par sa bulle qui est de la qua-
sant que saint François avait fait profession torzième année de son pontificat, ce qui se-
de cet ordre entre les mains du B. Jean Bon rait l'an 12U et non pas l'an 1237, comme
dont il avait été disciple avant que d'avoir Crusenius et quelques autres mettent, puis-
fondé l'ordre des Mineurs; mais c'est une que ce pape fut élu l'an 1227, le 23 mars;
pure fiction qui se détruit d'elle-même, et d'où il est aisé de conclure contre leurs yai-
l'on doit ajouter plus de foi à Constance de (i) Vot/., à la lia du vol., a' 58.
295 DlCTlONiNÂlKE DES ORDRES RELIGIEUX. 296
conformés à l'habillcoient des Augustins? Il saient aucun vu'u; mais ils envoyèrent deux
y aurait eu de l'injustice à dépouiller
d'un d'entre eux à Rome pour obtenir nue <les
hahit ceux qui en étaient depuis longtemps règles approuvées par le saint-siège. Ils y
eu possession pour en revêtir de nouveaux demeurèrent quchiue temps à cause que le
venus. saint- siège était pour lors vacant; mais le
point soumis, sous prétexte de quelques let- gustin. Jean Marquez, Origen. delos Frayles
;
ermites, et qui a formé l'ordre des Ermites ne se fil pas sans difficulté, car on ne put les
de Saint-Aufjusiin. rassembler qu'en l'an Î25G. Ils convinrent
Nous avons vu précédemment comme la de s'assenibler lo 1" mars dans le couvent
plupa/l des ermites qui se dis lient de l'or-
de Sainle-Maric-du-Peuple, pour élire un
dre de Saint-Aujjiistin s'ol)stinèront, mal- général qui gouvernai seul ces différentes
gré les bulles des souverains pontife5 congrégations, (|ui ne feraient plus à l'ave-
nir qu'un méine ordre. Les congrégations
dont nous avons parlé, à ne point pren-
dre la coule noire comme il leur avait qui députèrent des religieux à cette assem-
blée furerU celles de Valersula, de la Tour-
été ordonné , afin qu'on ne les confondît
point avec les Frères-Mineurs, qui étaient ha- des-Palmcs, delà Pénitcnce-de-Jésus-Christ,
billés de gris (1) mais si celte couleur grise de Sainl-Benoîl-de-Monlerabalo, des Guillel-
;
néral, aux provinciaux et à tous les frètes de pro unione facienda inler vos et alios Eremi'
l'ordre des Ermites de Sainl-Augusiin il ,
tas, tune ordinum diverscruin, fueritis ad
leur dit que c'est par ses ordres qu'ils ont prœsentiain nostram citali, quieti tamen et
été unis en un seul corps de religion Oblata :
saluti veslrœ patcrao providentes affectu ,
nobis ex parle veslra petitio coniinebal quod prœseatium vobis tenore concedimus, ut sub
sedcs apostuUca nonnullas doinos ordinis régula sancli Benedicti, secundum inslitutio-
veslii, anlequam cssetis in unius religionis nes sancli Guillelmi remanere in solito ha-
corpus de mandato nostro redacli. bilu libère vnlealis; ce qui fait connaître
Ce ponlife travailla à celte union dès la aussi que les autres congrégations n'étaient
première année de son pontificat, c'est-à- pas toutes sous la règle de saint Augustin,
dire l'an ilïik. Il commit à cet effet Richard,
puisque le pape dit que ces ermites qu'il fit
cardinal du litre de Sainl-Ange, qui était venir en sa présence étaient de différents
déjà protecteur de la congrégation des Er- ordres. Tous les couvents de celui de la Pé-
mites de Toscane, et avait été nommé par nitence de Jésus-Christ n'entrèrent point
le pape Innocent IV. Ce cardinal écrivit à aussi dans l'union; on leur défendit seule-
ious les supérieurs des différentes congré- ment de recevoir des novices, et ces cou-
vents furent donnés dans la suite à d'autre»
(1^ Voij., à la lin du vol., n" 50. ordres, couiaïc nous dirons en parlant d«
Dictionnaire des Oudres religieux . I 10
^99 DICTIONNAIRR DES ORDUES RELIGIEUX. 500
Le pape Alexandre IV, en confiraiant velles constitutions qui furent dressées par
cette unipn générale et l'élection qui avait le cardinal Savelii, protecteur de cet ordre,
é!é faite du général Lanfranc, dispensa les et par le général Thadée de Perouse, et ap-
religienît Augnslins de porter des bâtons. prouvées par le pape Grégoire XIH, après
Nous avons dit dans le chapitre précédent qu'elles eurent été examinées par ses or-
que Gréi^oire IX, en prescrivant leur l)abil dres par les cardinaux Alciat et Justinieil.
qui devTiit les distinguer des Frères-Mi- C'e^t en vertu de ces dernières constitutions
nuurs, leur avait ordonné île porter tou- que les chapitres généraux doivent se tenir
jours à la main des bâtons de la hauteur de tons les six ans, si les vocaux le jugent à
cinq paliiies, qui étaient faits on forme de propos; ils y peuvent obliger le général à
béquilles. Mais coiiune l'obligation de porter remettre les sceaux de l'ordre, cl ils sont
ces sortes de béquilles leur faisait de la toujours en droit d'élire un nouveau géné-
peine, et que le pape Innocent iV les y ral. Ces constilulions défendent aux reli-
avait coulraiiils de nouveau, i!s eurent re- gieux de porter des chemises de toile, et ils
cours au inéine pape, qui les en dispensa; ne doivent avoir que des cheinises de laine;
c'est pourquoi Alexandre IV^ ne Ut que con- ils ne doivent au;;si coucîicr que dans de.s
firmer ce que son prédécesseur leur avait linceuls de laine. L'abstinence de viande
4éjà «'accordé, <~t par la mémo bulle qui est leur est reconunandée tous les mercredis de
datée du 9 jivril 1250, il leur prescrivit la l'année, excepté dans le temps pascal. Outro
foruic de rbp.bilicmeul qu'ils devaient por- les jeûnes ordonnés par l'Eglise, ils doivent
ter, ordonnant que les coules seraient noi jeûner tous les vendredis de l'année, lelundj
res el i;o pourraient élre d'aucune autre cl le mardi d'après la Quinquagésime el de-
cduleur, il y a de l'apparence qu'ij y en eiJt puis la fête de tous les saints jusqu'à Noël,
quel(|ues-uns qui ne pouvaient se résoudre comme aussi la veille de la fêle de saint Au-
à prendre celte couleur noire, car par une gustin.
autre bulle du 17 juin il leur commanda de- Les religieux de cet ordre se sont si fort
rechef de prendre cet habillement, et ne multipliés dans la suite, que, dans le cha-
leur donna du temps que jusqu'à la fête de pitre général tenu à Rome en 1G20, il s'y
tous les saints, après quoi ils y devaient trouva cinq cents vocaux. Il est présente-
être contraints par censures ecclésiasti- . ment divisé en quarante-deux provinces, la
ques. Comme il y avait des évêciucs en Ita- vicairerie des Indes el celle de Moravie, ou-
lie qui les voulaient contraindre à porter tre plusieurs congrégations gouvernées par
encore des bâtons, en les obligeant à pren-; des vicaires généraux et les Déchaussés da
dre i'habit noir, ces religieux eurent encore Fraïïce, d'Espagne el d'Italie, dont nous
recours au pape Alexandre pour empêcher parierons dans les chapitres suivants. Il y a
les poursuites que l'on faisait contre eus. des auteurs qui disent qu'il y a eu autrefois
C'est pourquoi, par une autre bulle du 15 jusqu'à deux mille monastères de cet ordre
octobre, il défendit à ces évéques de procé- où il y avait plus de trente mille religieux,
der contre les Augustins pour les obliger à et qu'il y a eu aussi plus de trois cents cou-
porter ces bâtons, leur déclarant que son vents de filles. Les souverains pontifes
intention était seulement qu'on les contrai- lui ont accordé beaucoup de grâces et de
gnît à porter dos coules noires, soit de laina privilèges, et entre autres l'office de sacris-
naturelle ou teinte (i). tain de la ciiapelle du pape est annexé à cet
Ce ne fut que l'an 1287, sous le généralat ordre. L'on irouve un Augustin NovoUi «^ui
de Ciément d'Auximas, qu'on csamina les l'exerçait dès l'an 1287. Ange de Limoges ;3)
premières constitutions de cet ordre et , fut fait sacristain par le pape Jean XXIi,
qu'elles furent .ipproavées dans le chapitre l'an 1319, et exerça cet office sous son pon-
généra! tenu, celte année, à Florence, où ce tifical et sous celui des papes Benoît Xl\ et
général fut continué, comme dit Cruséniiis : Clément VI; Raymond de Pamiers sous ceux
Sequcnli anno comiliis cckbralis Florentiœ, du même Clément et de ses successeurs In-
sxaminanlur et publicantur ordinis noslri nocent VI et Urbain V Pici're Amalie, aussi
;
Sainl-Augusîin; que ce fut par ses ordres Saint-Sébastien hors des murs de Rome, de
que les constitutions furent dressées en 1252, l'ordre de Cîteaux, et passa dans cet ordre
et qu'elles furent réduites en une meilleure sans quitter son office de sacristain, ce qui
forme sous le généralat de Clément d'Auxi- alarp.ia les religieux Augustins, qui appré-
mas. Elles furi'nt derechef examinées et ap- hendèrent que cet office ne fût donné à
prouvées en Î290 dans le chapitre général quelque autre ordre; d'autant plus que dans
tenu à llalisbonne. On y fit encore quelques un livre fait du temps d'Innocent Vlil, qui
jl) Voy.,ii la fin du vol., n* 40. Kocca, Cluon. de Apo$lol. Sacrario,
(3) \ng.Q\. Ilisl.
SOI \\]G AUG ^02
par laquelle il ordonna que l'olGce de sa- pontificat de Sixte Fv , qui sépara ces deux
cristain de la chapelle du pape ne pourrait offices, et donna celui de bibliothécaire à
être conféré qu'à un religieux de l'ordre des Platine, auteur de la Vie des Papes et de
Ermites de Saint-Augustin, quand même il plusieurs autres ouvrages.
ne serait pas dans la prélature. 11 y en a eu L'an 1567, le pape Pie V mit l'ordre des
plusieurs qui n'ont point été évêques; mais Ermites de Saint-Augustin au nombre des
depuis un long temps, le pape donne un évé- quatre ordres mendiants qui sont les Domi-,
chc in pnrli'ous à celui auquel il confère cet nicains , Frères-Mineurs les Carmes et
les ,
ofiîce, et quand même il ne serait pas évê- les Augustins auxquels il joignit aussi les
,
que, il porterait néanmoins le mantelet et la Servîtes voulant que ces ordres fussent ré-
,
mozelte à la manière des prélats de Rome. putés mendiants, quoiqu'ils possédassent des
Ce sacristain prend le titre de préfet de la rentes et des fonds; il ne donna le rang aux
sacristie du pape. Il a en sa garde tous les Augustins qu'après les Carmes ce sont les :
ornements, les vases d'or et d'argent, les Dominicains et les Franciscains qui ont la
reliquaires et autres choses précieuses de préséance au-dessus des autres.
celle sacristie. Quand le pape dit la messe, Il y a eu parmi eux un très-grand nom-
soit ponlificalement, soit en particulier, il bre de saints et de bienheureux, entre les-
fait en sa présence l'essai du pain et du vin, quels saint Thomas de Villeneuve, archevê-
ce qui se pratique de celte manière. Si le que de Valence, et saint Nicolas de Tolentin
pape dit la messe en particulier, Sa Sainteté, tiennent les premiers rangs aussi bicû que ,
avant l'offertoire, lui présente deux hosties saint Jean Facond, canonisé, sur la fin du
dont il en mange une, et un camérier lui dernier siècle par le pape Alexandre VIII.
,
verse, dans une tasse de vermeil doré, de Les personnes illustres parleur science les ,
l'eau et du vin des burettes. Si le pape dit la dignités de l'Église et les emplois qu'ils ont
messe ponlificalement, le cardinal qui lui occupés, sont en trop grand nombre pour
sert de diacre présente au sacristain trois en faire le dénombrement nous nous con- ;
confirme dans cet emploi par un bref. Il l'un et l'autre. Dans un second voyage qu'il
exerce aussi une espèce de juridicli(m sur fit à Rome il ne reçut
, pas de moindres
tous ceux qui accompagnent le pape dans marques d'estime d'Innocent XI. Les papes
ces sortes de voyages, et pour marque de sa ne furent pas les seuls dont il^fut considéré:
juridiction, il porte un bâton à la main. le grand duc de Toscane lui oITrit plusieurs
Il distribue aux cardinaux les messes fois une pension considérable pour l'attirer
qu'ils doivent célébrer solennellement mais
; à sa cour. On a de lui cinq volumes sur les
il doit auparavant faire voir au premier Canons des Conciles, et quelques autres ou-
cirdinal-prêlrc la distribution qu'il en fait. vrages. 11 mourut l'an 1681.
Il distribue aussi aux prélats assistants les Un de ceux qui ont fait le plus d'honneur à
messes qu'ils doivent célébrer dans la cha- cet ordre a été le cardinal Henri Noris il :
pelle du pape. S'il est évêque ou constitué était de Vérone , et le premier ouvrage qu'il
en dignité, il tient rang dans cette chapelte donna au public fut l'Histoire Pélagienne,
parmi les prélats assistants, si c'est en pré- imprimée à Padoue, en 1G73. On l'attaqua
sence du pape; et si le pape n'y est pas, il a par de savants écrits auxquels il répondit.
,
séance parmi les prélats selon son antiquité, La querelle s'échauffa et fut portée au tri-
sans avoir égard à sa qualité de prélat as- bunal de riuquisilion. Le livre qui y avait
sistant. S'il n'est pas évêque, il prend son donné lieu fut examiné, et en sortit à l'hou-,
,
donuée par Ange Rocca. é\éi|ue de Tagasie, tère de Sainle-Maric-la-Neuve delà môme
religieux de cel ordre el sacristain du pape, ville, et environ dix monastères se joigni-
qui a donné plusieurs ouvrages au public, renl à celui-là pour pratiquer les mômes
Le couvent de Paris appelé des Grands-Au- observances; mais il n'y a présentement
guslins est aussi soumis in^médiatement au que huii monastères de celte congrégation,
général. Il sert de collège à toutes les pro- La plus nombreuse el la plus florissante
vinces de cel ordre en France qui y en- ,
congrégation de celles qui sonl gouvernées
voicnl éludier leurs religieux (jui veulent par des vicaires généraux, est celle de Lom-
parvcnir au doctorat dans la célèbre uni- hardie, qui comprend (|uaire-vingl-six cou-
\ersilé de celle ville où ils ont été admis , vents, dont Sainle-Marie-du-Peuple à Rome
aussi bien que les trois autres ordres men- est un des plus considérables. Jean Iloch
diants. Ce couvent de Paris ayant eu br:>oin Porzii de Pavie, Jean de Novarre et Grégoire
de réforme, le R P. Paul Luchiui, général de Crémone furent les auteurs de celle ré-
de l'ordre, y fil la visite en IGoO, comme gé- forme, qu'ils inlroduisireut en 1i30 selon
néral el comme commissaire apostolique du quelque:^-uns el selon quelques autres en
,
pape Alexandre VU, par bref du vingt-six l'i-38 dans les anciens couvenls et ils en
, ,
Baplisie Poggi donna commpnc(Mnent à la ildevint son plus grand ennemi après (lu'il
congrcgraliun de Gênes, appelée Nolre- cul semé son hérésie, ausM bien que Bar-
Daine-dc-la-Consolalion. Il oblinl phisienrs thélémy d Usinghem , qui avail clé le maître
monastères et en fonda de nouveaux, dans
, de cet liérésiarque. On voit encore sur le
lesquels les religieux vivaient Irès-auslère- tombeau de ce dernier à Wirtzbourg celle
menl el dans une grande pauvreté. Us claient épilaphe :
tion, avec qui l(|ues antres couvents (lui s'u- en 1430, sous le titre do Tous-les-Saints,
nirent à ces trois premiers l'an liSG. 11 y , auquel se joignirent celui de Sainte-Marie-
introduisit des observances austères qui , del-Pi'ar-de-Avenas-de-Duegnas et celui ,
différaient de celles (ju'on pratiquait dans des religieuses de Madrigal avec lesquels il ,
les autres couvents de l'ordre. Celle congré- commença une nouvelle rongrégalion qu'il
gation n'a présentement que cinq cou- appela Delln-Clauslra gouvernée par un ,
Une autre congrégation fut formée dans môme observance ayant élé introduite dani
la Pouille par le P. Félix de Corsano, l'an tous les couvenis de Castille cette congré- ,
1492, sous une observance Irès-élroilc et ; gation perdit ce lilre el n'eut plus de vi- ,
l'année suivante, il en parut une autre en caire général ayant élé divisée en quatre ,
Allemagne par les soins de Simon Lindmer provinces qui sont celles de Tolède , do
,
différents princes dans les Etats desquels et beauroup estimé pour sa piété el pour sa
ces monastères étaient siiués qu'ils obtin- , doctrine. Quelques religieux s'élant joints à
rent des souverains pontifes, de leurs lé- lui pour mener une vie retirée celte con- ,
gats, et des autres supérieurs beaucoup , grégation qui appelée de Calabre s'é- fut ,
Ce fut à peu près dans le même temps qu'ils l'autre sous celui de Calabre ultérieure qui ,
trouvèrent moyen de se soustraire enlière- sont gouvernées chacune par un vicaire gé-
mcnt de l'obéissance du général et le pape ; néral.
Jules 11 l'an 1303
, en les exemptant de la
, La congrégation de Centorbi ou des Ré- ,
guerite, el de quelques autres. Ils firent tude sur une monlagnc du diocèse de Catane,
néanmoins une espèce d'union avec les Pères prochela ville deSaint-Philippe d'Argirione,
de la congrégation de Lombardie pour , appelée communément Castro-Giovani, el se
pouvoir se servir de leur procureur en cour revêlil d'un h ibit d'ermilc mais ayant été ;
pape, le 13 mars 1505, commil les arclicxê- s'engager à Dieu par des vœux solennels ,
ques de Mayenee, de Magdcbourg cldeSalz- il choisit la règle de Saint-Augustin. Il alla
bourg pour l'exécution de son bref, (lui séparait à Rome, où il obtint l'an 1579, du pape ,
entièrement ces religieux des autres de l'or- Pic y et du prolecteur de l'ordre des Er-
,
litre de général de tetle congrèiration , qui fonder une nou\elle congrégation de cet or-
avait été gouvernée d'abord par André Pro- dre. Etant relournc en S.cile et ayant voulu ,
ies. Mais celle congrégation ne subsista pas (xéculer son dessein il y trouva beaucoup ,
dans son sein un des plus grands ennemis forma; ce (jui l'obligea de faire un >-econd
de l'Eglise, qui fui 1 hérésiarque Luther, qui voyage à Rome , l'an î58î. Le pape défendit
corrompit la foi de la plus grande parlie des qu'on l'inquiélât en aucune njanière dans
religieux qui composaient cette congréga- son entreprise c'est pourquoi douze per- :
tion. Il y en eut néanmoins plusieurs qui ne sonnes s'étant jointes .à lui pour vivre sous
suivirent point ses erreurs el qui demeu- , sa conduite il fonda son premier monastère
,
rèrent fermes dans la foi catholique entre , sur une montagne appelée Centorbi qui a ,
les autres , le même Saupiiius, qui était gé- pris ce nom à cause qu'anciennement il y
503 DICTIONNAIRE DES ORDRES RELIGIEUX. SD8
discipline ces jours-là. Ils ont tous les jours lesquels ces religieux viventdans unegrande
deux heures d'oraison mentale, et observent observance. La vie de leur fondateur a été
un silence rigoureux. Leur habillement est donnée au public par Jean-Léonard Tufarello
assez semblable à celui des Auguslins Dé- l'an 1610. Il y a aussi une congrégation, com-
chaussés d'Italie. Ils vont aussi les pi< ds mencée en Dalmatie l'an 1511, qui a six
nus mais ils se servent do pantoufles au
; couvents.
lieu de sandales , et ont dos chemises de Enfin, quoique la communauté de Bourges
serge en forme de ciiice (1). Quant à leur n'ait jamais eu de vicaire général et n'ait ,
fî^ndateur, le P. André dei Guasto, il mourut jamais fait qu'une province du nombre des
l'an i627 , et son corps s'est conservé jus- quarante-deux dont nous avons parlé dan»
qu'à présent sans aucune corruption. Sa vie le chapitre précédent, on la peut mettre au
a été donnée au public, l'an 1077, par le nombre des différentes congrégations de cet
P. Fulgencc de Cacamo , vicaire générai de ordre, puisque c'est une réforme particu-
cette congrégation. lière introduite par le zèle des Pères Etienne
La congrégation des Culorilcs, qui avait Rabaclje et Roger Girard, qui, vers l'an 1593,
commencé par les soins de Bernard <ie Ro- sous le généralat du Père André Fivizano,
gliano daiis la Calabre cilérieuro, vers Tan considérant le peu de proportion qu'il y avait
lo30, se souaiit à l'obéissance de tout l'ordre de l'ancienne observance avec celle qui se
desErmites de Saint-Augustin l'an iûGO; elle pratiquait pour lors dans les couvents de
a pris son nom d'une petite montagne nom- l'ordre en France, résolurent de vivre con-s
mée Colorito , située proche le village de formémen taux ancien nés constitutions, qu'ils
Morano au diocèse de Gassano au royaume voulurent observer à la lettre sous l'obéis-
de Naples, dans la Calabre cilérieure, sur sance du provincial de la province deFrance.
laquelle montagne il y a une église dédiée à Ils eurent d'abord quelques compagnons qui
la sainte Viergt!, qui est d'ancienne fonda- se joignirent à eux. Le couvent de Bourges
lion. Ce Bernard était un saint prêtre natif fut ie premier où ils menèrent cette nouvelle
du village deRogliano,qui, voulant se retirer vie, el celte congrégation fut appelée la com-
du commerce des hommes et vivre dans la munauté de Bourges, à cause de ce mona-
soiilude, se revô'it d'un habit d'ermite, et stère où ils avaient d'abord pratiqué cette
Lâtit une petite cabane proche de cette église, observance. Ils érigèrent cnsuitede nouveaux
où il vécut dans les pratiques d'une péni- monastères; quebjues anciens s'unirent à
tence si austère que ceux qui venaient visi- ceux-là de sorte qu'en peu de temps il y eu
,
ter cette église par dévotion, le regardant eut jusqu'à vingt qui furent gouvernés dans
comme une personne d'une éniinenlc vertu, la suite par un provincial particulier. Cette
se recommandaient à ses prières , et s'esti- réforme a été appelée la province de Saint-
maient heureux lorsqu'ils pouvaient obtenir Guillaume, ou la communauté de Bourges, et
de lui quelques instructions spirituelles. depuis quelques années elle a pris seulement
Comme il les entretenait toujours du mépris le nom de province de Saint-Guillaume on :
du monde, il y eu eut plusieurs qui, touchés les appelle à Paris les Petits-Auguslins , ou
par ses discours, le voulurent imiter dans sa les Auguslins de la reine Marguerite, à cause
vie pénitente, et être de ses disciples. Leur que leur couvent a été fondé par Marguerite
iioinbre s'augmentant lous les jours, iis pri- de Valois, première femme d'Henri IV , roi
rent le nom de Colorites, à cause de la mon- de France, qui n'était encore que roi de Na-
tagne sur laquelle ils demeuraient, et, l'an varre, dont le mariage fut dissous. Leur ha-*
1SG2, la duchesse de Bisignano leur donna billement est à peu près semblable à celui
cette raonlagno avec tout son territoire ce : des Auguslins de l'ancienne observance, qu'on
qui fui conûrmé par le pape Pie IV l'an ,
nomme en France Grands-Augustins. Touto
tij Yoy., à la fin du vol., n" 41. (-2) Voy., à la fia du vol., u" i^-l.
509 \UG ÂUG 510
traite particulièrement de l'établissement de Augustin, et que c'est pour celle raisoo qu'il
ce tiers-ordre de Saint-Augustin, mais les donna a ses hospitaliers, l'an 1099, la régla
raisons qu'il apporte pour prouver l'anti- de saint Augustin : ce qui prouve évideui-
quité chimérique de cet ordre sont si frivo- inent, ajouîe-t-il, qu'il la gardait lui-même.
les qu'elles ne méritent pas d'élre réfutées: Mais le B. Gérard ne donna point d^^ règle
ce serait fatiguer le lecteur, qui entrera sans aux hospitaliers de l'ordre de Sainl-Jean-de-
doute dans notre sentiment, en lui apprenant Jérusalcm il se cotitenta de leur inspirer
:
lenncls sons la règle de sainl Angnslin. Il y ne point porter cette ceinture de cuir, qu'il
avait môme des roligioux qui porlaicnl aussi leur accorda leur demande par une bulle do
le nom de Sainte-Madeleine, et les religieuses l'an 12'*1 ?..
Pénitentes étaient soumises au général et La ceinture de cuir n'était donc point spé-
aux provinciaux de cet ordre de la Made- ciale à l'ordre de Saint-Augustin, et il y a
leine. Ainsi, le témoignage de François de bien de l'apparence que l'on ne l'avait niéine
Gonzagues et de Luc Wadding. historiens jamais portée dans cet ordre, puis(|ue les
de l'ordre de Saint-François, qui disent que Augustins de ces congrégations dont nous
les religiiMises de la Pénilencc, sous la règle venons de parler, la regardant comme une
de saint Augustin, élablios à Nuremberg, nouveauté, firent tant d'instances pour ne la
emlirassèrenl la règle de sainte Claire l'an point porter. Les Augustins ne doivent pas
1278, ne peut cire d'aucun avantage au P. remonter plus haut que sous le pontificat de
S.uivc, coiiinio il se limagine, [luisque ces Grégoire IX |)Our y trouver l'origine de leur
religieuses élaicntd'un ordre particulier qui ceinture de cuir, puisque ce fut ce pape qui
n'avail aucun rapport avec celui des Ermites ordonna que les Augustins Jean-Bonites la
de Sainl-Auguslin, et encore moins avec leur porteraient sur leurcoulepourétredistingués
liers-ordre, qui n'était pas encore établi. des FF. Mineurs, et (\\\o sur la difficulté qu'ils
C'est néanmoins une des plus fortes raisons faisaient de se soumettre aux ordres de ce
qu'il allègue pour prouver que le tiers-ordre pontife, il fut obligé de les y contraindre par
historiens de l'ordre des Mineurs, quoique remontent plus haut qu'au pontifical de Bo-
cependant saint François eût institué son niface IX pour y trouver l'origine de leur
liers-ordre l'an 1221. tiers-ordre. Ce fut sous ce pontificat qu'ils
Une autre raison qui ne lui paraît pas commencèrent à donnfr l'habit do tierciaire
moins forte pour prouver cette aiUiqnilé, c'est à quelques femmes dévotes, à l'imitation des
que le pape Nicolas IV ordonna, Tan 1290, ordres des FF. Prêcheurs et des FF. Mi-
que les frères et les sœurs du tiers-ordre de neurs, qui étaient en possession, chacun,
Saint-François porteraient une ceinture de d'avoir un tiers-ordre approuvé par les
cuir, et qu'il ne parle point de cordon d'où ; souverains pontifes. Comme les Augustins
il tire une conséquence que la ceinture de n'avaient pas sur cela consulté le Saint-
cuir ayant toujours été spéciale à l'ordre des Siège, ils s'adressèrent au pape Boniface IX,
Ermites deSaial-Auguslin, le tiers-ordre de l'an 1401, qui leur accorda seulement la
Saint-François a en cela imité celui de permission d'admettre à l'habit du tiers-or-
Saint-Augustin qui l'avait précédé; et c'est dre toutes sortes de femmes, tant vierges
aussi sur quoi il se Jonde pour dire que saint- que mariées ou veuves qui voudraient por-
François a été du liers-ordre de Saint-Au- ter l'habit de cet ordre, comme il se prati-
gustin. Mais l'on peut demander au P. Sauvé quait dans les ordres des FF. Prêcheurs et
pourquoi, si la ceinture de cuir est spécia- des FF. Mineurs. Il accorda à celles qui se-
lement attachée à l'ordre de Saint-Augustin, raient reçues les mêmes indulgences, liber-
les religieux Basiliens, les Bénédictins et les lés exemptions et autres privilèges dont
,
Carmes, qui sont des ordres si considérables jouissait l'ordre des Ermites de Saint-Augus-
dans l'Eglise, portent des ceintures de cuir? tin, voulant que les femmes qui avaient déjà
pourquoi les religieuses des ordres de la été reçues dans ce tiers-ordre participassent
Visitation, de la Présentation, et de l'As- aussi à ces indulgences et à ces privilèges.
somption de Notre-Dame, les religieuses Cette bulle de Boniface IX fut confirmée par
hospitalières de la charité de Notre-Dame, ses successeurs, Martin V, Eugène IV' et
celles de Saint-Joseph, plusieurs Congréga- Sixte IV', qui permirent aux Augustins de re-
tion d'Ursulines, et tant d'autres religieuses cevoir des hommes dans leur tiers-ordre, à
qui suivent la règle de saint Augustm, ont ce que prétend le P. Sauvé; mais il n'y a
des ceintures ou cordons de laine, et non que la bulle de Boniface IX qui se trouve
pas des ceintures de cuir? pourquoi, si cette dans le bullaire de l'ordre de Saint-Augustin.
ceinture de cuir est si essentielle à l'ordre Lezana (1) de l'ordre dos Carmes en cite une
de Saint-Augustin, lorsque le pope Gré- de Paul 11, de l'an 1470, adressée aux supé-
goire IX eut obligé par une bulle de l'an rieurs des Ermites de l'ordre de Saint- Au-
1231 les Augustins de la congrégation des gustin de la congrégation de Lomhardie,
Jean-Bonites à quitter l'habit qu'ils avaient par laquelle il leur })ernut de donner aux
pris, qui était semblable à celui des FF. Mi- hommes vivant dans le siècle un manteau
neurs, et qu'il les eut obligés à en prendre ou habit noir semblable, quant à la cou-
un qui fût blanc ou noir, et à porter sur leur, à celui des religieux, suivant l'usage
leurs habits de grandes ceintures de cuir, de (iuel(|ues autres ordres.
ils firent tant de diificulté d'obéir à cette Le P. Sauvé a donné pour titreà la règle
bulle, et qu'il fallut encore d'autres bulles des frères et sœurs de ce liers-ordre :
pour les contraindre par censures ecclésias- Règle de Suint Aurjustin pour le tiers-ordre;
tiques à porter cette ceinture de cuir? et mais je suis persuade qu'il ne l'a pas trouvé
enfin pour(iuoi les Augustins de la Congré- dans les ouvrages de ce Père de l'Eglise. Le
gation des Briltiniens demandèrent aussi même auteur a donné aussi un extrait des
avec tant d'instance à ce même pontife de constitutions de ce tiers-ordre, par lesuuel^
(.1) Lezana, Sur», (piocil. Reg., ». I, p. 2, c. 13, n. 10.
Si3 AUG AUG 511
!es paraît que les frères et les sœurs doi-
il pourquoi Père Clément Reyner, Bénédic-
le
vent dire tous les jours pour l'olficc divin tin de la congrégation d'Angleterre, regarde
certain nombre do Paler et d'Ave; qu'ils doi- cette congrégation en différents âges le pre- :
yonl jeûner depuis le premier dimanche de mier, sous saint Augustin, apôtre de ce
i'Avenl jusqu'à Noël comme aussi lous
, loyaumel'an 596; lesecond, sous saintBenoît
les vendredis de l'année, excepte dans le Biscop, vers l'an 703 le troisième, sous saint
;
temps Pascal, et les veilles des fêles de la DunstanI, vers l'an OHO le quatrième, sous
;
'
sainte Vierge, de saint Augustin, cl de quel- saint l.anfranc, l'an 1077, dans lesquels elles
ques saints de l'ordre. Quant à l'habit de ce n'avait pas encore, dit-il, la forme de con-
tiers-ordre, il consiste seulement en un pe- grégation, n'en ayant plutôt que l'ombre et
tit sc.ipulaire noir de drap ou de serge, la figure; mais dans le cinquième âge elle
large de cinq ou six doigts, avec une cein- put cire, ajoute-l-il, appelée véritablement
ture de cuir d'un doigt de largeur que les congrégation, lorsque l'an 1215, dans le con-
frères et les sœurs doi\ent porter sous leurs cile général de Latran, il fut ordonné de
liabils séculiers. Voici la formule de leurs tenir des chapitres généraux dans chaque
vœux qu'il prononcent, après un au de pro- province. Elle se perfectionna davantage
bation : dans le sixième âge, après que le pape Be-
Ait nom de Notre-Seigneur Jésus-Christ, noît XII ayant renouvelé, l'an 1336, le décret
etc.,moi, F. N. ou JV, promets, comme foi du concile de Lalran touchant la tenue des
promis à mon baptême, à Dieu lout-puissnnt, chapitres généraux, il fit par sa bulle, appe-
an B. saint Augustin, et à vous li. P. direc- lée bénédictine, des règlements pour la ré-
teur, comme tenant l'autorilé du révérendis- forme de l'ordre de S.iinl-Benoîl, et elle alla
sime Père général de tout l'ordre drs Augus- toujours en augmentant jusqu'au malheu-
tins, d'observer tout le temps de ma vie les reux schisme dont le roi Henri VIII fut l'au-
commandemcn's de Dieu et de la S'iinte Eglise teur, et sous le règne duquel les monastères
romainr, et propose de garder la rèf/le du d'Angleterre ayant été détruits, cette floris-
tiers-ordre de Saint-Augustin, appelé de la sante congrégation d(î Bénédictins périt tout
pénitence, conformément aux bulles de nos d'un coup, et se vit dans la suite réduite à
saints pères les papes, et tes constitutions un seul religieux, qui, l'an 1G97, procura son
du même ordre de Saint-Augustin. Ainsi rétablissement. Elle prit ponr lors une se-
ioit-il. conde naissance dans une terre étrangère,
Les constitutions (1) de l'ordre des Ermi- d'où elle s'est répandue en plusieurs autres
tes de Saint-Augustin défendent de recevoir provinces, qui lui ont donné asile, éiant
des tierciaires quelles n'aient au moins bannie et proscrite de son propre pays. Nous
quarante ans, et défendent aussi au géné- allons rapporter ce qui lui est arrivé en
ral et aux provinciaux de les dispenser partie jusqu'au schisme d'Angleterre, en at-
avant l'âge de trente-cinq ans. tendant que nous parlions de sou rélablis-^
Voyez le père Bruno Sauvé Etablissement
:
sèment, et l'on verra les différentes réformes
du tiers-ordre de Saint-Augustin, et la con- auxquelles on a donné le nom de congré-
duiie assurée des fidèles gui y sont associés. gation.
AUGUSTIN D ANGLETERRE (CoNGnÉGATioif Les Anglais et les Saxons, peuples idolâ-
DE Saint-). tres sortis d'Allemagne, ayant chassé les Bre«
tons de l'île de la Grande-Bretagne, que l'on
Des anciennes congrégations de Saint-Augus-
a depuis appelée Angleterre, y abolirent le
tin, de Saint-Beni it Biscop, de Saint-Duns-
christianisme, qui y avait été annoncé dès
tan, et de Sainl-Lanfranc en Angleterre.
le deuxième mais environ deux cent-
siècle ;
Ceux qui ont parlé des différentes congré- quarante ans après leur établissement dans
gations de l'orclre de Saint-Benoît en ont celte île, saint Grégoire le Grand voulut les
mis quatre en Angleterre, sous les noms de retirer des ténèbres de l'idolâtrie. La pre-
Saint-Auguslin, de Saint-Benoît Biscop, de mière pensée lui en vint avant que d'être
S.iinl-Dunslan, et de Saint-Lanfranc. Mais élevé au souverain pontificat. Un jour pas-
les moines Bénédictins en Angleterre, que
sant dans le marché de Rome, où il y avait
l'on appelait les Moines noirs, aussi bien
de jeunes esclaves anglais (ju'un marchand
qu'en d'autres provinces, pour les distinguer exposait en vente, il les trouva si beaux
de ceux de Cîieaux, n'ont jamais formé de
et si bien faits qu'il demanda fie quel pays
différentes congrégations ; ils étaient com- ils étaient, et si on y faisait profession du
pris sous le nom de Moines noirs, si on en christianisme. Ayant su qu'il étaient idolâ-
excepte les monasières qui dépendaient des
tres, il fut si touché de voir que des jeunes
congrégations de Cluni et de Tyron, que
gens doués d'une si grande beauté étaient
l'or disait de l'ordre de Cluni et de Tyron,
sous l'empire du démon, qu'il entreprit lui-
et ceux qui dé[)endaient de quelques autres
même la conversion de ces peuples; mais
monastères de France, comme des Abbayes comme il se disposait pour leur aller prê-
de Siint-Denis en France, de Marniouiier, cher l'Evangile, le peuple romain, qui avait
de Fceamp, du Bec, de Saint-Ouen, etc. Saint
pour lui une grande vénération, ne pouvant
Benoît Biscop, saint Dunslau et saint Lan-
se résoudre à le voir partir, le retint à
franc ont été plutôt les restaurateurs de la
Rome, où il fut élu souverain pontife après
discipline monastique en Angleterre que la mort de Pelage II. Celte élection, quoi-
fondateurs de congrégations différentes c'est empêcha
:
que contraire à ses desseins, n'en
(1) Comt. Erem. Ord, S. Aug„ part. 4, c.A.
DICTIONNAIRE DES ORDRES RELIGIEUX. ;:6
il choisit pour chef de cette mission saint Au- gliso a été changée en temple qui sert à l'e-
gustii), prieur de son monastère de Saint- xercice de la religion anglicane. C'est là que
André do Rome, auquel il donna pour com- ds'puis long leniDS les rois d'Angleterre se
pagnoîis plusieurs religieux, leur ordonnant font couronner, et où ils ont aussi leur sé-
de lui obéir comme à leur abbé. pulture, et c'est dans cette même abbaye
L'année suivante, ils abordèrent en An- que se tiennent les assemblées du parlement.
gleterre, et descendirent à l'île de ïanet, qui Le monastère de Glastembnri, dont l'é-
était du royaume de Kent, où il y avait plus glise, à ce que l'on prétend, él;:it la plu»
de disiiosilion et d'ouverture à l'Evangile, à ancienne d'Angleterre, eut d'abord des soli-
cause qu'Elhelbert, qui en était roi, avait taires que saint Patrice, à ce que l'on croit
épousé une princesse du sang royal de aussi, engagea à vivre en commun, à l'i-
France, nomméeBerthe, qui était chrétienne, mitation des moines d'Egypte mais la règle
;
et ne s'était mariée à ce prince qu'à con- de saint Benoît y fut observée dans la suite,
dition qu'elle pourrait vivre selon les lois lorsqu'elle eut été connue en Angleterre;
du christianisme, sous la conduite de Lind- et après qu'îna roi des Saxons occidentaux
hard, évêque de France, qu'elle avait amené eut fait rebâtir ce monastère, l'an 725, on lui
avec elle. donna la qualité de fondateur de ce même
Ethcîbert, après une conférence qu'il eut monastère, qui a été aussi un des plus célè-
avec saint Augustin et ses compagnons, leur bres de l'ordre de Saint-Benoit. Entre autres
permit de s'établir dans son royaume. Il y privilèges dont il jouissait, l'abbé et les
avait près de Cantorberi, capitale de ce religieux pouvaient délivrer les crimincîs
royaume, une ancienne église dédiée pour que l'on conduisait au supplice, si l'un deux
lors à saint Martin, qui avait été bâtie du se trouvait dans le chemin par où passaient
temps que les Bretons étaient maîtres de la ces misérables, en quelque lieu du royaume
Grande-Bretagne, où la reine Berthc avait que ce fut : ce qui leur fut accordé par le
accoutumé de faire ses prières. Ce fut \à. roi Edgard, l'an 971.
cù les nouveaux missionnaires commencè- Pendant que les monastères de l'ordre de
rent à prêcher et à faire toutes les fonctions Saint-Benoît sn multipliaient dans plusieurs
du christianisme jusqu'à ce que, le roi ayant endroits, les lîibernois en établirent aussi
été converti, ils eurent permisision d'annon- d'autres dans le royaume de Nortumbre.
cer i'Evnngile par tout le royaume et de Osvri, qui en était roi, voulant y faire revivre
construire de nouvelles églises. Après la con- la foi dont il avait été éclairé, étant réfugié
version du roi, Augustin vint en France, où et comme en exil en Irlande, fit venir saint
il reçut ie caractère épiscopal par les Aidant, qui fut le premier évêque de Lindis-
mains de Virgile, évêque d'Arles; d'où étant farne, où il établit, aussi bien que dans les
retourné en Angleterre , il établit son siège monastères qu'il fonda, l'observance monas-
épiscopal à Cantorberi, où l'an 602 il bâiit tique mais telle qu'elle était en usage chez
,
une église sous le litre de Saint-Sauveur, les Irlandais, dont il faisait aussi pratiquer
outre un monastère qu'il fonda dans la dans ce royaume les autres coutumes, prin-
même ville sous le nom de Saint-Pierre et cipalement en ce qui regardait la célébra-
de Saint-Paul. II fit de sa cathédrale un tion de la fête de Pâques ce qui partagea
:
autre monastère, où pour chanoines il mit les chrétiens de ce pays, les uns approuvant
des moines de l'ordre de Saint-Benoît, qui l'usage des Irlandais, introduit par saint
y ont toujours demeuré jusque sous le rè- Aidant leur apôtre, et les autres préférant
gne d'Henri MU : ce qui servit a'exemple à celui de Rome. Il arriva qu'Afrid qui régnait
plusieurs cathédrales qui furent fondées en avec son père Oswi, se réglant sur la sup-
ce royaume, comme celles d'Yorck, de Ro- putation des Irlandais, célébra dans une
chester, de Vincester, de Durham, de Lin- année la fête de Pâques pendant que la reine
dis'ïarne, d'Ely, de Coventry, de Dorcesler, sa femme, qui avait pour directeur un prê-
do Salisburi et de Wilton. Robert du Mont, tre romain, jeûnait encore le carême. Ce
qui a continué la chronique de Sigisbert, défaut d'uniformité à l'égard de la princi-
a?sure que de son temps (c'était vers la fin pale des solennités de notre religion ayant
du douzième siècle) de dix-sept églises ca- eu des suites fâcheuses, on tint, pour y remé-
thédrales qu'il y avait en Angleterre, il y dier, un synode, l'an GG-V, dans l'babaje de
ol7 AUÙ AUG ;i8
Streneshal, dont sainte Hilde était abbesse. fille en mariage ; mais le père Mabillon croit
Oswi, qui tenait aussi les usapcs des Irlandais, qu'il avait fait déjà bâtir cette
abbaye l'an 790,
B'y trouva avccle prince son fils, qui avait déjà et il nefit tuerie prince
Ethelbertqne ran793.
abandonné ces coutunnes, ayant élé instruit Celte abbaye fut une des plus célèbres d'An-
de Home par saint AVilfrid. Colman, évoque gleterre. Elle avait onze monastères de sa
de Lindisfarne, y soutint les pratiques des dépendance et deux hôpitaux fameux, et
Irlandais ; Wilfrid y défendit colles de Rome, l'abbé prenait le litre de premier abbé d'An-
et attira dans son parti le roi Oswi et un gleterre
grand nombre de personnes, entre lesquelles Ce fut cette même année (\ue les Danois ou
l'ut saint Gedde, évéquo de Londres, qui as- Normands entrèrent en Aiigleterro. La déso-
sista à la conférence, et qui avait aussi in- lation de l'église de Lindisfarne, où ils tuè-
troduit dans son diocèse les usages des Irlan- rent la plus grande partie dos religieux, et
dais. Mais Colman, demeurant toujours ferme prirent les autres pour les emmener captifs
dans ses sentiments, quitta l'île de Lindis- avec les richesses de celle église, ne fut que
farne avec tous les Irlandais qui y étaient, le coup d'essai de leur fureur, lis y retournè-
et environ trente moines anglais, et se re- rent l'année suivante, pillèrent l'abbaye de
tira dans l'île dlnisbofinde, où il les mit Jarrow, ravagèrent plusieurs nionasières, et
dans un monastère qu'il y fit bâtir. Mais pendant près d'un siècle qu'ils restèrent en
comme les Anglais ne pouvaient pas s'accor- cette île, il n'y eut point de monastère qui
der avec les Irlandais, ils les quittèrent et ne se ressentît delà rage et de la cruauté de
bâtirent un autre monastère dans l'île de CCS barbares. Mais ils furent enfin chassés
Mayo, où ils vécurent dans la suite sous la des provinces qu'ils occupaient après l"a d*é-
règle de saint Benoît, qui fut reçue aussi faitede leur prince Godron ou Guthrunj par
dans les autres monastères qu'occupaient Alfred, roi de AVestsox, qui l'obligea do se
les Irlandais mais particulièrement dans
, f.îire baptiser. H fut son parrainet lé nomma
celui do Rippon, que les Irlandais aimèrent Edelstran. Il lui donna et aux Danois qui
n»ieux abandonner que de quitter leurs cou- s'étaient convertis avec lui les deux royau-
tumes, lorscjiie Wilfrid en fut abbé. mes d'Estangie et de Norlumbre, qui étaient
Saint Renoîl Ciscop avait élé officier du presque déserts et dos plus exposés aux in-
roi Oswi et sortait d'une famille noble du cursions des pa'iens, et se réserva le reste de
royaume de Norlumbre il quitta la cour à
: l'Angleterre qui avait été toute soumise à sa
l'âge de vingt-cinq ans, et alla par dévotion domination, après avoir été par son moyen
à Rome. Etant de retour en Angleterre, il affranchie du joug des Danois. Ce prince
s'appliqua à l'étude des choses saintes, et s'appliqua à faire refleurir la piété, la jus-
cinq ou six ans après il retourna à Rome tice fit bâtir deux monastè-
et les lettres. Il
avec le prince Alfrid, fils du roi Oswi. De là res, l'un pour des hommes dans l'île d'Alhei-
il se retira à Lerins, où il fit profession de ney, qui lui avait servi de refuge pondant la
la vie monastique. Il fil encore un voyage à guerre des Danois, et l'autre pour des filles
Rome, d'où, étant retourné en Angleterre, il àSalisbury. Mais comme il ne trouvait point
fut fait abbé de Saint-Augustin de Cantorberi. en Angleiorre de religieux pour peupler
Mais après avoir exercé cette cbarge pendant celui d'Atheiney, il y en mit de diverses na-
deux ans, il la céda à saint Adrien pour aller tions, et ordonna qu'on y élevât des enfants,
de nouveau en Italie, d'où il rapporta quan- dans l'espérance qu'étant inslruils dans la
tité de livres. Il demeura quelque temps au- piété ils embrasseraient la profession mo-
près de Kenwalque, roi des Saxons occiden- nastique. H fit bâtir un troisième monastère
taux, et après la mort de ce prince, il re-» à Wilton que l'on appela le nouveau nionas^
passa dans son pays de Norlumbre, où le roi 1ère, pour le distinguer do l'aacien qui avait
Egfrid, lui ayant donné une terre, il y fonda élé changé en cathédrale mais il ne put pas
;
le monastère de Wiremuth l'an 67V. Dans les le finir ce qui ne fut fait que sous le règne
:
lui ayant alliré ocs envieux et voyant que le comme ce règlement par saint
fut dressé
roi avait ajouté foi à la calomnie, il qtiilta Dunslan, et qu'il employa l'autorité du prince
la cour de lui-mémo, sans allendrc qu'il fût pour le faire observer, on peut dire qu'il a
congédié, ot se relira auprès de l'évéque de été le restaurateur de l'observance monasti-
Wincesler, son parent, (]ui lui persuada que en Angleterre.
d'embrasser l'état monastique. Il en reçut Ces règlements furent observés, dans les
rhat)il de la main de révé(iue, qui ensuite monastères d'Angleterre, jusqu'au temps
l'ordonna prêtre, lui donnant pour litre l'é- que Guillaume duc de Normandie, ayant
glise di! Nolrc-D ime de Glastemburi car les ; conquis ce royaume, saint Lanfranc fut lait
moines, non plus que les autres, n'étaient archevêque de Canlorberi l'an 1070. Conuiio
point ordonnés sans litre. Il y «'"'"i ensuite il avait été prieur de l'abbaye du Bec et abbé
Eduin, prince Irès-débauché et sans conduite, que sept, et renvoyait les autres à leur place.
ne pouvant souffrir les avis de saint Duns- A la fin du chapitre, tout le monde étanl pros-
lan, l'envoya en exil après avoir fait un édil terné disait les sept psaumes de la péni-
pour ôler les biens de tous les monastères. tence, et d'autres prières en sortant du cha-
On vint à celui de Glastcfnburi où, après , pitre. Si le sang était seulement tombé sur
avoir fait l'inventaire de tout ce qui lui ap- le corporal, l'cndroil où il était lombé était
partenait, on enleva le saint abbé qui s'em- lavé trois fois les religieux devaient boire la
:
barqua pour passer en Flandre, où il se re- première ablution, cl les deux autres étaient
tira dans le monaslère de S;iinl-Picrre de jetées dans la fiiscine.
Gand. Le roi Eduin, étant devenu insuppor- Si quelque religieux était malade et qu'il
table à ses peuples, fut chassé, et on recon- ne pût pas suivre les exercices de la com-
nut pour roi son frère Edgard, l'an 957. Peu munauté, il ne laissait pas que de demeurer
de jours après son élection, il tint une as- avec les frères, après en avoir demandé per-
semblée générale de lout son royaume, où il mission à l'abbé; mais si la nialadie aug-
cassa toutes les lois injustes de son frère, mentait jusqu'à ne pouvoir demeurer avec la
et rappela glorieusement del'exil saint Duns- communauté, il était conduit à l'infirmerie,
lan, (|ui fut contraint d'accepter l'évêché de où il pouvait manger de la viande; et du
Worcestcr, quelque temps après celui de momenl en avait mangé, en quelque
qu'il
Londres, et enfin, malgré ses résistances, lieu qu'il allât il avait toujours la lêle cou-
,
l'archevêché de Canlorberi. Ce fut lui qui verle et devait avoir un bâton pour se sou-
sollicita le roi Edgar à faire rétablir dans tenir. Lorsque quelqu'un revenait en santé,
tous les monastères, par son autorité, la dis- si,
pendant sa maladie, il avait mangé de la
cipline régulière qui en avait élébannie par viande, il venait au chapitre où, ayant de-
les ravages des Danois. Ce prince fil venir mandé pardon d'avoir transgressé l'ordre, il
des moines de Saint-BenoîUsur-Loire en en demandait l'absolution à l'abbé, aux pieds
France, et de Sainl-Picrre-de-Gand en Flan- duquel il se prosternait pour la recevoir,
dres. On ramassa ensemble ce (jui parut plus après quoi , étanl relourné à sa place i( ,
poui que le nouveau profès pût lire, chanter laïtjue. Cromwel pour faire la visite des
,
et fiiire tous les exercices de la communauté. monastères, nomma un autre laïque, appelé
Du jour que le profès en avait reçu la per- Léo, avec plusieurs personnes allidées, i\ui ,
mission, il pouvait exercer ses ordres, ex- dans le cours de leurs visites, qu'ils com-
cepté celui de prêtrise ; car il ne pouvait pas mencèrent en 1535, et dans leurs procès-
célébrer la messe pendant la première année verbaux, ayant supposé beaucoup de crimes
de sa profession, si ce n'était ()u'il eût mené aux religieux en cngagèrenl un grand
,
dans le monde une vie Ires-cbastc et qu'il nombre, pour éviter la punition dont on les
en eût une permission spéciale de l'abbé. menaçait, à mettre leurs abbayes et leurs
La manière d'offrir les enfanls est encore monastères à la discrétion du roi, ce qui
prescrite dans ces statuts. Cului qui était était tout ce (jue la cour demandait.
offert, après qu'on lui avait fait la couronne, L'abbaye de Langder en Angleterre , de
portait en ses mains une hostie cl un calice l'ordre de Prémontré, qui était dédiée à la
dans lequel il y avait du vin après l'Evan- ; sainte Vierge et à saint Thomas de Cantor-
gile, ses parents l'offraient au prêtre qui béri fut une des premières qui lut remise
,
disait la messe, pour recevoir l'oblalion. entre les mains du roi, parce que Ion accusa
Les parents env( loppaient la main de l'en- l'abbé d'un crime, soit vrai , soit supposé,
fant dans la nappe de l'autel, et l'abbé le pour lequel on le menaça d'une punition
recevait. Les parents, comme nous l'avons très-rigoureuse. Celle première résignation
dit ailleurs, promettaient qu'ils ne porte- fut suivie de plusieurs autres qui se firent
raient jamais l'enfant à quitter l'ordre, ni jusqu'à l'ouverture du parlement, qui s'as-
par eux-mêmes ni par qucliiu'autro personne sembla au mois de février 15ô'6. Comme l'on
que ce put être, et qu'ils ne lui donneraient y fil publicjuemeiit lecture des procès-ver-
jamais rien qui pût l'engager à sa perte. baux de visite de tous les monastères, les
Cette promesse étant écrite en présence de deux chambres témoignèrent tant d'indi-
témoins, ils la devaient lire tout haut et la gnation contre les dérèglements des reli-
mettre ensuite sur l'autel. Après cela, l'abbé gieux, que, sans examiner s'ils étaient véri-
revêtait l'enfant de la cuculle, le faisait con- tables ou non, elles consenlirenl d'abord à
duire pour le faire raser et habiller, suivant la suppression des petits couvents que le
la coutume de l'ordre. roi demandait car on n'osait pas tueoro
,
dictins d'Angleterre unirent les deux pro- ment la vie des moines, leur disposition en-
vinces dcCaniorbéri et d Yorck en une, et ne vers le roi et leurs sentiments sur la pri-
,
flrent plus qu'un même corps. Le premier mauté ecclésiastique. Léc fut encore chargé
ch ipitre général fut célébré l'an 1338 , à de cette commission, dont il s'acquitta si
Nortliamplon ; on y ût des règlements et on bien au gré de la cour que pour récompense
y élut des visiteurs des délinileurs et des
, on lui donna l'archevêc/ié d' Yorck, après la
présidents , pour présider au premier cha- mort du cardinal de Wolsey.
pitre (jui devait se tenir ce qui fut toujours
: Ces nouvelles recherches, qu'on peut ap-
pratiqué depuis jusqu 'au schisme, qui en , peler de cruelles persécutions oldigèrent
,
Matthieu Paris, moine de Saint-Alban AI- ; n'y allait néanmoins que rarement pour ren»
cuin, moine de l'Eglise d'Yorck Matthieu, ; dre visite à ces religieuses; ce qu'il faisait
moine de Westminster, et plusieurs autres. aussi à l'égard des autres monastères de filles,
Voyez Monasticon anglicanum , tom. I. à moins qu'il n'y fût obligé par de pressantes
BuUeau, Abrégé de l'Histoire de saint Be- nécessités. La supérieure qui le gouvernait
noît. Jean Mabillon, Annal. Bencdict. Yépés, après la mort de sa sœur, lorsqu'il écrivit
Chrome, gêner, de la Ord. de S. Ben. Bucelin, celte lettre dont nous venons de parler, était
Annal. Bened. et Menolog. ejusd. Ord. Clé- uneanciennereligieusedela maison, et même
ment Régner, Apostolat. Benedict. in Anglia. la plus ancienne de toutes celles qui y étaient
Ascag. ïamb., de Jur. Abbat. Tom. II. Ar- alors. Elle y aVait longtemps servi sous Ig
nold Wion , Lign. vitœ. L. Aug. Alleman., sœur du saint, qui en était fort satisfaite, et
Hist. Monast. d' Irlande. V leur y , Hist. eccles. toutes les autres religieuses l'y avaient trou-
Tom. XI et Xill. vée ou y avaient été reçues par elle en qua-
lité de supérieure^ et c'était sous sa conduite
AUGUSTINES (Religieuses).
qu'elles avaient été instruites, qu'elles avaient
De Vorigine des religieuses de l'ordre de reçu le voile, et qu'elles s'étaient multipliées:
Saint-Augustin. en sorte qu'on leur eût fait grand tort de leur
Comme saint Augustin a établi en Afrique eu vouloir donner une autre.
la vie commune régulière pour les moines
et Il y en a qui croient que c'est celle Félicité
et pour les clercs, il semble qu'il ait fait aussi à qui saint Augustin écrit l'Epître 77, ou la
la même chose pour les vierges. Car, quoique 210, selon les PP. Bénédictins, avec ce tiire :
l'Eglise ait toujours eu des vierges qu'elle A ma très-chère et très-sainte mère Félicité,
considérait comme la plus illustre portion du à mon frère Bustique et aux sœurs qui sont
troupeau de Jésus-Christ néanmoins elles , avec vous. On ne sait si Rustique était le prê-
n'ont pas toujours vécu ensemble dans des tre de celle maison; mais il y en avait un de
monastères, et on a de la peine à trouver ce nom, l'an 426, parmi les prêtres d'Hippone.
aucun vestige de ces mooaslères dans l'Afrique Saint Augustin, parlant à cette Félicité et
avant saint Augustin. Mais il est certain aux autres de la même maison, les exhorlo
qu'il y en avait de son temps, quoique tou- fort à se réjouir de ce qu'elles étaient unies
tes les filles qui faisaient profession de virgi- cusemble, comme étant du nombre de celles
pilé oe s'y renfermassent pas. qui alleudefttleSeigneur avec patience. «Slip-
3â5 AUG AUG 52G
portez-vous, unes les autres avec
dit-il, les que cette ligne Voici ce que nous vous or-
:
charité, ot travaillez avec soin à conserver donnons d'observer dans le monastère. Celle
l'union lantiJoUe par le lion de paix, car vous règle est tout à fait digne do saint Aiu^uslin,
trouverez toujours des choses à supporter les et l'on remarque que l*ossidius, selo!» <|nol-^
unes et les autres. » Il marque ensuite quel- qucs éditions, la met dans sa tabl<» ;ivvc les
ques règles qu'il faut ohsorver dnns les cor- réprimandes aux religieuses. C'est peul-èire
rections, et il ajoute à la fin: «Travaillez à (dit M. de Tillemont, dont nous avons tiré
empêcher qu'il ne s'élève parmi vous des tout ceci, aussi bien que des PP. Bénédictins)
plaintes el dos chagrins, ou à les étouffer ce qui a donné occasion de joindre ensemble
sur-lo-ch;!mp s'il en naît. Soyez plus appli- ces deux pièces comme si ce n'en était
,
quées à vous conserver dans l'union qu'à qu'une, quoiqu'elles soient sur des sujets si
vous reprendre les unes los autres. différents et sans aucune liaison outre que, :
Mais soit que ce saint prévît quelquedivi- parlant beaucoup dans celle règle et de la
sion parmi elles lorsqu'il leur parlait de la supérieure, et du prêtre, et de l'obéissance
sor^e, ou non, il est certain qu'il éprouva ce des religieuses, il n'y met pas un mot qui ait
malheur dans son monastère de (illcs dont rapport à la contestation dont il venait de
nous .'ivons parlé. Il y eut des religieuses parler avec tant de chaleur.
assez brouillonnes pour mettre le trouble On trouve celle même règle à part dans
d.jns la maison en y escitantdes contentions, un autre endroit de saint Augustit». appro-
des jalousies, des animosités, des dissen- priée pour des hommes. Mais la diflincliou
sions, des médisances, des séditions, des qu'on y voit entre le prêtre et le supérieur,
murmures, cl enfin il s'y lorma un tumulte el la subordination du dernier à i'aulre,
el un schisme si scandaleux, que saint Au- marquent assez, dit encore M. de Tiliemonf,
gustin n'eût pu se disp;>nser d'en l'aire une qu'elle n'a pas été faite pour des hommes,
punition sévère, s'il eu eût été témoin. Tout comme plusieuis personnes habiles l'ont re-
ce bruit était contre la supérieure, qu'elles marqué. Saint Césaire la copie assez souvent
demandaient qu'on leur ôtàl pour leur en dans la sienne. On a encore deux autres rè-
douiier une aulrn : ce qui eût été contre le gles, ou plutôt dos fragments de régie, pour
bien do leur maison, et un exemple Irès- des moines qui portent le nom de S,uiit-Au-
dangereux contre la règle de la discipline. gustin, mais qu'on reconnaît n'être pas do lui.
Ces religieuses demandaient que saint Au- Voyez VEpilre 109 de saint Augustin, ou
gustin les vînt voir; mais comme il ne pou- 211 de V édition des PP. Bénédictins; lu Vie
vait pas leur accorder le changement qu'elles de ce saint par les mêmes, et par M. de Tille-
souhaitaient, il eut peur que sa présence ne mont, au tome XIll de son Histoire ecclésias-
fîl qu'augîiicnlcr la sédition el (ju'il ne se tique, p. 160.
trouvât obligé d'user de plus de sévérité Quant à l'habillement que portaient les
qu'il n'eût voulu. «C'est pour vous épar- premières religieusci instituées par saint
gner, leur dit-il avec saint Paul, que je n'ai Augustin, or» ne peut rien dire de certain
point voulu vous aller voir. Il est vrai que louchant sa forme et sa couleur. De croira
c'est aussi pour m'épargner moi-même et qu'ils étaient blancs, parce que dans la rùgle
de peur d'avoir tristesse sur tristesse. Voilà de ce saint il esl marqué que les religieuses
ce qui a fait qu'au lieu de vous faire voir uion doivent laver leurs babils elles-mêmes ou les
visage, j'ai mieux aimé répandre mon cœur faire laver par des foulons Vestes vestrœ
:
devant Dieu pour vous, et traiter, non avec Inventur a vobis aut a fullonibus, c'est ce que
vous par des paroles, mais avec lui par des l'on ne peut pas assurer puisqu'on lave
,
larmes, une affaire où ii y va de tout pour toutes sortes d'étoffes, soit qu'elles soient
vous, afin qui' votre maison, qui fait ma joie, teintes ou non, et soit qu'elles soient blan-
ne fa.'ise pas mon affiiciion et ma douleur.» ches ou de quelque autre couleur; car le
H leur écrivit seuiement une lettre qui est foulon (ail deux choses il lave les étoffes et
:
une réprimande lrès-1'orîe, mais très-chari- les blanchit avec do la craie; or il esl parlé
table, de la faute qu'elles avaient faite. îl les dans la régie de laver et non pas de blanchir.
exhorte à persévérer dans le bien, el les Le P. Bonanni, Vanlonchom el Schoone-
assure qu'après cela elles ne songeront plus beck ont donné l'habillement d'une de cfs
à changer de supérieure. «Que Dieu, leur premières religieuses, qu'ils ont rcprésenléo
dil-il, pacifie et calme vos esprits : qu'il ne avec une robe noire, un rochet el une espèce
souffre pas que l'ouvrage du diable prévaie de voile blanc semé de petites croix rougeri,
et se foriifie en vous; mais qu'il fasse au qui lui couvro la tête et descend jusqu'aux
contraire régner la paix de Jésus -Christ talons, comme on peut voir dans la figure
dans vos cœurs. Prenez garde que le dépit de que nous avons fait graver sur celle qu'ils ont
ne pas obtenir ce que vous voudriez, ou la donnée (1). En parlant des différentes con-
honte d'avoir voulu ce que vous ne deviez grégations qui suivent la règle de saint Au-
pas vouloir, ne vous précipite dans la mort. gustin et qui forment des ordres parlicuii ri,
Ranimez au contraire votre première veitu lions verrons qu'il y a des religieuses qui
par une sincèrepéiîitence.Imilczles larmes de sont habillées de noir, d'autres de bleu, d'au^
saint Pierre cl non pas le désespoir de Judas.» très de rouge, d'autres de gris, el qu'elles
C'cbl immédiatement après ces paroles que n'ont point affecté la couleur blanche, ou
commence la règle que saint Augustin donne que, si elles l'ont prise, elles y ont ajouté
à religieuses, sans qu'il y ait rien pour
ses d'autres couleurs. Les religieuses ermitei de
lier ensemble ces deux choses si liîTérentes t'O y^U-, à la liii du v©l., H°
5.7 DICTIONNAIRE DES ORDRES RELIGIEUX. m
Saint-Augusiin ont toujours conservé le robes rouges, se rendit le premier jour de
noir. Leur habillement consislc en une robe mai dans l'église du monastère, où, après
serrée d'une ceinture de cuir (1:. La plupart que la messe eut c!é ch.inléc poniificalc-
de ces religieuses ne sont pas néanmoins sou- ment, il alla à la grande grille au bas de
mises à la juridiction dos religieux ermites l'église; l'iibbesse, la crosse à la main cl ac-
de cet ordre, et dépendent des ordinaires des compagnée de ses religieuses, l'y attend.iil;
lieux où sont silues leurs monastères. et après quelques compliments de part et
Il y en a plusieurs qui ne sont d'aucune d'autre, le doge lui mil au doigt les deux an-
congrégation particulière, qui se disent sim- neaux et l'embrassa. Le P. Bmanni dil que
plement de l'ordre de Saint-Augustin, cl qui la cérémonie se termine par un discours 1 1-
n'ont point alTedé ni le blanc ni le noir dans lin que prononct; une religieuse à la louange
leurs habits, comme certaines religieuses de de l'abbesse. Cela se fait peut-être dans le
la ville de Noie, qui ont un habit gris avec un monasière, en présence de la communauté:
cordon blanc, des sandales de bois, et le bré- c'est ce que je n'ai pas vu, et ce discours en
viaire des Frères-Mineurs. Celles des mo- latin me paraîtrait inulih; devant des filles
nastères de Sainle-Marie-Madeleine et de qui n'entendent point celle langue. On ne
Sainte-Marie-Egyplienne, dans Naples, ob- reçoit dans ce monastère que des iilles de
servent la règle de saint Augustin et portent nobles, et on les appelle Genliles-Donnes;
le cordon de Saint-François et celles du mo- ; quand on leur parle, on les traite d'illustris-
nastère de Vednno.dans Milan, portaient l'ha- simes. L'abbesse est perpétuelle , et lors-
bit de Sainte-Claire, quoiqu'elles observas- qu'elle meurt, ses obsèques se font avec au-
sent la règle de saint Augustin (2). Il y avait tant de pompe que celles du doge. Ces reli*
aussi en Saxe quatre monaslères, qui étaient gieuses sont habillées de blanc l'on peut
;
ceux d'Eldas, de Lemego, d'Hervord et de voir la forme de leur habillement dans la fi-
Delmold, qui formaient une espèce do con- gure qui représente une de ces religieuses {k).
grégation où les religieuses qui suivaient la Bonanni, Catalorj. Ord. reliyios., part. IL
règle de saint Augustin avaient des habits Il y avait autrefois à Dordrechl ou Dort,
gris. Buschius (3) dit que ces religieuses di- ville du Pays-Bas, capilale de la Hollande,
saient au chœur i'ofQce de la sainte Vierge des religieuses qu'on nommait communé-
en langue allemande. Nous donnons la re- ment les religieuses de Sainte-Agnès, à cause
préseniaiion de l'habillement de quelques qu'elles demeuraient proche d'une église dé-
autres religieuses qui se disent Augustines diée à celte sainte, qui fut fondée l'iin IWl,
sans être d'aucune congrégation, et qui ne par le chevalier (jérard Hecniskerkc, con-
forment point d'ordre particulier. seiller de Jean, duc de Bavière; mais leur
Telles sont les religieuses du monastère monastère était plus ancien ayant été fondé
,
des Vierges, à Venise, fondées l'an 1177 par dès l'an 1326 par une dame de Norwège,qui
le pape Alexandre 111, lorsqu'il demeurait avec quelques compagnes s'y consacra à
dans cette ville, où, après un long schisme, Dieu par les vœux solennels, sous la règle
il releva l'empereur Frédéric Barberoussc de saint Augustin. Elles étaient velues de
des censures qu'il avait encourues. Ce prince, blanc, avec un scapulaire de môme couleur,
pour donner des marques d'une parfaite ré- et avaient une fraise au lieu de guimpe (5). Ce
conciliation, consentit que sa ûUe Julie se fît monastère a eu le même sort que plusieurs
religieuse dans ce monastère avec douze , autres qui ont péri dans le changement de
autres denioiselles, dont elle fut la première religion qui est arrivé en Hollande.
abbesse. Ce monastère fut richement doté Philip. Bonanni. Catalofj. ord. Relirjios.y
par le doge Sébastien Zani et ce fut pour : part. 2, et Schoonebeck. Hist. des ord. relig.
celte raison que le pape lui donna, et à ses Les Augustines qu'on nomme communé-
successeurs, le patronage de ce monastère, ment à Tournay, de Champeau, du nom de
qui dépend entièrement des doges et n'est leur fondateur Pierre de Champeau ou de
point soumis à la juridiction du patriarche. Champion, qui dans celle ville,
les établit
Lorsque les religieuses élisent l'abbesse, le l'an 14-2'i-, anciennement habillées de
étaient
doge approuve l'élection qui est ensuite , noir, et ne gardaient pas la clôiure; mais
confirmée par un bref du pape. Lorsque l'on elles furent réformées, l'an 1632, par l'ar-
a reçu le bref, le doge, accompagné des chevêque de Cambray, François de Wander-
principaux du sénat, entre dans le monas- Burch, qui leur permit de prendre le violet,
tère pour en faire faire la lecture et après que ; et leur donna des constitutions par lesqueU
l'abbesse a été bénie et qu'elle a préié ser- les il les obligea à la clôture. Dès l'an 1611,
ment au doge, il l'épouse en lui mettant au les Hospitalières de S,iiiit-.\ndré, de la mémo
doigt deux anneaux l'un où est l'image de
. ville,qui observent la règle de saint Augus-
saint Marc, et l'autre un beau saphir. Comme tin aussi bien que les reigicuses de l^liam-
lorsque j'étais à Venise, l'an 1698, il y avait peau, avaient déjà pris l'Iubii violet, et el-
une nouvelle abbesse de ce monastère que les reçurent de nouvelles constiiulions de
le doge épousa, et que j'assistai à cette céré- l'archevêquede Cambrai dans le même temps
monie, je rapporterai ici ce que j'ai vu. Le qu'il en donna à celles de Ctnmpeau (ti).
doge, accompagne de toute la seigneurie, en Ces Hospitalières avaient été fondées vers le
(1) Voi/., à la lin du vol., h'' 45. (4) Voij., à la fin du vol. n* 47.
Ù) Vt/i/., il la lin du vol., n° 46, (5) Vo(j., à la iiii du vol., u" 48.
(ô) Isusch (le lleformal. Monait.,
, I. n, C. 55, apua [(i) Voij., à la fin du vol., n' 4a.
Leibnis scrivi. Brunswic. t. II.
829 AUG AUG 530
milieu du treizième siècle, el .e pape Inno- peu de temps un grand progrès dans les
ceul VI les mit sous la proteclion du sainl- sciences. Avançant en âge il croissait aussi
siége par une bulle du 28 octobre i2'*9. en vertu, et Dieu le voulant attirera lui avant
Philip, le Brasseur. Oriq. omnium Han- que le monde le pût corrompre, il le prévint
noniœ cœnobiorum. de bonne heure par ses saintes inspirations
Saint Ignace ayant par ses exhortations en lui faisant naître le désir de se consacrer
converti à Rome un grand nombre de fem- à son service. Il n'avait pas plus de quinze
nies de mauvaise vie, fit bâlir pour elles uu ans lorsque, renonçant aux vanités du siècle
monastère sous le titre de Sainte-Marthe ; il reçut l'habit de l'ordre des Ermites de
mais ces pénitentes ayant été transférées Saint-Augustin, des mains du P. Louis de
dans le monastère de la Madeleine, de la Montoya, son maître.
même ville, celui de Sainte-Marthe fut changé Après qu'il eut prononcé ses vœux, ses
l'an 1561 en une demeure de saintes vierges, supérieurs l'envoyèrent à Goïmbre pour
y
sous la règle de saint Auguslio , qui a été finir ses études. Il s'adonna ensuite à la
pré-
tellement augmentée dans la suite, que ce dication, et s'acquitta de cet emploi d'une
monastère est isolé et entouré do quatre manière qui faisait bien voir qu'il s'était
grandes rues : on n'y reçoit que des prin- rendu disciple de Jésus-Christ, pour devenir
cesses et des dames de la première qualité. lo maître des hommes. Mais en instruisant
Elles sont habillées de blanc avec un scapu- les peuples, il eut aussi un grand
soin de
laire noir, et l'hiver elles mettent par-des- s'instruire lui-même, en s'appliquant
à la
sus leur habit blanc une robe noire ouverte lecture des livres des Pères de l'Eglise,
dont
par devant. Les religieuses de Sainte-Marie il fit sa principale élude. Ce fut
par la lecture
des Vierges, de la même ville, sont aussi ha- de ces livres qu'il se sentit embrasé de
c( t
billées do blanc avec un scapulaire noir (1). amour divin, et animé de ce zèle du salut
Plusieurs communautés de femmes sui- des âmes, qui lui firent dans la suKe préférer
vent actuellement en France la règle de les rigueurs d'unerudecaplivité.'auxdouceurs
saint Augustin, mais presque toutes appar- d'une agréable liberté dont ii pouvait jouir.
tiennent a l'un des instituts qui se sont ré- Il ne fut pas animé d'un moindre
zèle pour
tablis après la révolution , et dont nous l'observance régulière; car quoique le
parlerons sous leurs litres respectifs. P. Louis de Montoya l'eût par ses soins
ré-
B.-D.-E. tablie en Portugal dans les couvents de
sou
AUGUSTINES ( Religieuses ). Voir les ti- ord^e, et qu'il y eût fait pratiquer les
mê-
tres divers de leurs congrégations ou sociétés mes constitutions des pères de l'Observance
particulières. d'Espagne, le zèle du P. Thomas de Jésus ne
AUGUSTINS DÉCHAUSSÉS. fut pas pour cela satisfait. Comme
il y avait
d'autres congrégations du même ordre
De l'origine et progrès des religieux Augiis- en
Italie, où l'on vivait dans une plus
tins Déchaussés^ avec la vie du V. P. Tho- étroite
observance, et que de fervents religieux de
mas de Jésus, auteur de cette réforme.
la province de Portugal passaient
Il y a quelques historiens qui ont prétendu en Italie
pour embrasser celte observance, il crut
que le P. Louis de Léon avait été le premier que
pour retenir ces religieux dans leur pro-
auteur de la réforme des Augustins Déchaus- vince, et ne pas la priver de si bons
sés, mais cette gloire appartient au V. P. sujets,
et en môme temps pour satisfaire
Thomas de Jésus, qui naquit à Lisbonne l'an ses désirs^
qui tendaient à une plus haute perfection,
1520. Son père, qui était de l'illustre famille
était à propos d'enchérir sur les
il
el le faire revenir; mais après les avoir re- commission à un religieux d'aller à Tala-
merciés du soin qu'ils avaient de lui , il écri- vera, pour mettre les Déchaussés en posses-
vit à sa sœur qu'il était dans le dessein sion (ie celle maison, leur donnant pour
de finir ses jours au service des esclaves prieur le P. François de Brionès, et pour
chrétiens de Maroc, el qu'il la priait d'em- sous-p>ieur le P. Joseph de Parada, et il en-
ployer les deniers qu'elle avaii destinés pour voya dans d'autres couvents les Observants
sa rançon', au rachat de quelques autres cap- qui n'avaient pas voulu embrasser la nou-
tifs. Ce fut dans cette captivité, qu'après velle reforme.
avoir rendu toutes sortes d'assistance aux Ceux-ci se repentant, presque dans le
autres esclaves, pour l'amour desquels il mémo moment d'avoir élé trop faciles à
,
avait préféré la servitude à la liberté, il mou- abandonner ce couvent, furent trouver les
rut le 17 avril 1532, âgé de 53 aus. magistrats de la ville pour y rentrer par leur
Ce ne fut qu'après sa tnori qu'on tenta de autorité, disant que c'était par la force qu'où
poursuivre la réforme dont il avait été l'au- les avait obligés d'en sortir; mais ce fut inu-
leur. Quoique les religieux de la province tilement, et ceux même qui avaierU d'abord
de Cas'.ille, et les autres d'Espagne vécussent témoigné vouloir favoriser les Observants
dans une observance régulière, puisque, (c'est ainsi qu'on appelait ceux qui n'étaient
comme nous avons dit ci-dessus, on eu avait pas réformés) eurent une grande estime pour
tiré des religieux pour réformer ceux de Por- les Déchaussés, lorsqu'ils virent les austé-
tugal, il y en eut néanmoins qui désirèrent rités el les mortifications qu'ils pratiquaient.
tendre à une plus haute perfeclion, et, sa- H n'est point vrai, comme dit le P. Pierre de
chant que le P. Grégoire Petrochiu cîe Mon- Sainte- Hélène, religieux Déchaussé de la
tel-Paro, général de l'ordre, était en chemin congrégation de France, que le P. Louis de
pour venir visiter les couvents d'Kspiigne, Léon ail pris l'habit de celle réforme; on en
ils sollicitèrent le roi Philippe II d'employer doit plutôt croire les historiens espagnols,
son autorité pour qu'on établît dans leur comme André de Saint-Nicolas, qui dit, après
province des maisons de récolleclion. Ce Jérôme Roman, que le P. Louis de Léon
prince consenlit à leur désir, et le général étant mort peu de temps après qu'il eut été
étant arrivé en Espagne, l'an 1588, il lui dit élu provincial de la province de Casliîle, l'on
que son intention était que dans la province trouva dans sa chambre une petite cassello
ùe Casliîle et les autres qui se trouvaient où il y avait un habit sembhible à celui des
dans SCS Etats, il y eût des maisons de récol- Déchaussés, avec une paire de sandales, <jui
lectiou, tant pour les hommes que pour les <&»lune marque, dit cet historien, qu'il avait
filles. Ce général voulant obéir iiux ordres dessein de mourir parmi les Déchaussés;
d« ce prince, commença par la province de mais il n'en prit pas l'habit, el u'csl mort
Casliîle, et proposa i'élabiif .xent des mai- que l'an 1591, doux ans après avoir écrit les
sons de récollection aux vc atx du chapitre conslilutions, et que la réforme eut olé com-
qui se tenait à Tolède, da is lequel fut élu mencée dans ie couvent de Talavera aussi :
faussement formées contre lui. forme fut portée en France par les pères
La réforme des religieux Augustins Dé- François Amet et Mathieu de Sainte-Fran-
chaussés ayant été commencée l'an 1588, dans çoise. Ce dernier avait été prieur des Au-
le couvent de Talavera en Caslille, comme gustins de l'ancienne Observance à Verdun,
nous avons dit, elle fit dans la suite beau- et ayant travaillé inutilement à la réforme
coup de progrès. L'an 1590, le comte de Pi- de son monastère, il fut en Italie avec le
mentel, voulant témoigner l'estime qu'il fai- P.François Amet, sitôt qu'il eut appris le
sait de ces religieux, leur fonda un monas- progrès que la réforme des Augustins Dé-
tère à Portillo. L'année suivante ils obtinrent chaussés y faisait. Ils furent reçus parmi ces
celui de la Nava, et l'an lo92, celle réforme réformés avec le consentement du général,
fut portée en Italie par le P. André Diaz, qui et après l'année de leur noviciat , ils furent
obtint le couvent de Notre-Damc-de-rOlive, nommés par pape Clément VIII, pour
le
à Naples, qui lui fut cédp par les religieux établir la même réforme en France. L'arche-
conventuels du même ordre, et, étant venu vêque d'Embrun, Guillaume d'Avanson,
quelque temps après à Rome, il en obtint prieur commendataire de Saint-Mârlin de
aussi un dans cette capitale de l'univers. Miseré dans la province de Dauphiné et la
Cette réforme augmenta de telle sorte en Ita- vallée du Gévaudan, voulant rétablir l'obser-
lie, qu'en 1624, le pape Urbain VIU sépara vance régulière dans le prieuré de Villar-
les couvents qu'ils y avaient fondés, en qua- Benoît dépendant de celui de Miseré, et qui
tre provinces, savoir, de Rome, de Naples, do avait été ruiné par les hérétiques, obtint du
Gênes et do Sicile. En 1626, ils passèrent en même pape un bref en date de l'an 1595, par
Allemagne, où ils bâtirent un couvent à Pra- lequel il lui fut permis d'introduire dans ce
gue, capitale du royaume de Bohême. L'em- monastère les religieux Déchaussés de l'or-
pereur Ferdinand ill les appela à Vienne, dre de Saint-Augustin, et à ceux-ci de s'y
et leur fit bâtir un magnifique monastère; et établir et de continuer en France la réforme
dans la suite, leurs couvents s'élant encore qui avait été commencée en Espagne.
multipliés, on divisa la province de Gènes en Pour l'exécuiion de ce bref, l'archevôquo
deux, dont l'une fut nommée province de d'Embrun transigea avec les supérieurs et
Gênes et l'autre de Piémont. Celle de Naples les religieux, savoir le P. André Fivizano,
:
fut aussi divisée en quatre, qui furent celles pour lors général, le P. Piombino, procu-
de Naples, de Calabre, de Sicile, de Palerme reur général, et les PP. Mathieu et Fran-
et de Messine. Il y a eu encore du change- çois avec un frère laïque, et l'acte fut passé
ment dans les provinces, qui ne sont présen- a Rome le 7 mars 1596. Ces trois derniers
tement qu au nombre de huit qui compren- religieux reçurent obédiance du général,
nent soixante-treize couvents, savoir, les pour venir en France, où ils prirent pos-
provinces de Rome, de Naples, de Gènes, de session du prieuré de Villar-Benoît. Leur
Palerme, d'Allemagne, de Piémont, de Mes- nombre s'élant augmenté dans la suite, ils
sine et de Milan , qui sont soumises à un vi- obtinrent permission des supérieurs de l'or-
caire général. dre, l'an 1600, de faire de nouvelles fonda-
Pendant que cette réforme faisait un grand tions. Le pape Clément VIII, par un bref de
progrès en Italie, on lâchait en Espagne de la même année, confirma cette permission;
la renverser. Les religieux Déchaussés de ce et par une autre du 26 juin 1607 , il les re-
royaume furent tranquilles dans les trois commanda au roi Henci IV.
couvents de Talavera, de Portillo et de la L'année suivante, le P. François Amet fui
Nava, jusqu'en l'an 1593, que le P. Gabriel envoyé à Marseille pour prendre possession
de Goldavaz, ayant été élu provincial de d'un monastère qu'on leur avait accordé en
Caslille, mit tout en œuvre pour détruire celle ville. Ils s'établirent à Avignon l'an
cette réforme, quoiq'i'il eût été l'un des su- 1010. Deux ans après, le général leur .iccorda
périeurs pinjcurs (}vii en avaient approuvé un vi'*a:rc général. La mèm? année, le pape
les consliiulicns dans ie coavcnl de Nolic- Paul V confirma par i;n bref du 4 décembre
Daine-dcl-t'ino; il alla au couvent de Por- celui do Clément Vlli, en faveur des Dé-
tillo, dans le dessein d'obliger tous les reli- chaussés de France. L'an 1613, le premier
gieux qui y demeuraient à quitter leurs ha- chapitre général de la congrégation se tint à
bits étroits et leurs sandales, et à reprendre Avignon. Louis XIII confirma les lettres-
835 DICTIONNAIRE DES ORDRES RELIGIEUX. 336
Î>ateutes qu^Henri IV avait données pour être reçus dans la réforme sans de faire
cor élablisseoicul, et leur permit de possé- noviciat. Mais ces règlements n'ayant pas
der des biens immeubles. Ces brefs et ces plu aux religieux de l'Observance , ils
lettres-patentes furent enregistrés au par- postulèrent eux-mêmes la séparation à la-
lement d'Aix l'an IGl'J. quelle ils s'étaient si fort opposés de sorte
;
Cette congrégalion s'étendit ensuite en que, l'an 1601, le pape Clément VIII par
,
plusieurs villes du royaume, et passa même un bref du 24 mars, nomma son nonce en
en Savoie. Kl!c fut divisée en trois provin- Espagne, Dominique Ginnasio ,'' archevê-
ces, savoir de Paris, do Daupbiné et de
:
que de Siponte, qui fut ensuite cardinal,
Trovence. Loui^ XIII se déclara fondateur pour terminer les différends de ces religieux ;
du couvent de Paris, sous le nom de Notre- et ce prélat ordonna que les Déchaussés, qui
Dame-des-Vicloires, en mémoiri> de la prise avaient pour lors cinq monastères, en ayant
de la Rochollc sur Icâ hérétiques. La reine obtenu un à Toboso l'année précédente, fe-
Anne d'Autriche les établit aux Loges, dans raient une province séparée des Observants ;
la forél de Saint-Germaiu, et se déclara qu'elle s'appellerait de Saint-Augustin, et
aussi fondatrice de leur luonastcre de Ta- qu'elle serait gouvernée par un provincial
rascon. Louis XIV leur accorda des lellrcs et des définileurs de cette réforme, dépen-
on 1635, pour leur procurer à Ilomc un dants néanmoins du général de tout l'ordre,
établissement de religieux français mais : ce qui fut confirmé par le pape le 11 février
elles n'eurent aucun effet, et ce prince vou- 1602.
lant gratifier celte congrégation, lui douna Cette réforme, ainsi séparée des Obser-
des armes qui sont d'azur semé de fleurs-de- vants, fit un plus grand progrès qu'elle
lis d'or, chargées en cœur d'un écusson d'or n'avait fait depuis son établissement. Elle
à trois cœurs de gueules surchargées de trois fut auguieutée la même année des couvents
fleurs-de-lis d'or, Fécu surmonté d'une cou- de Saragosse et deBorxa. Elle en obtint
ronne de prinec du sang, et entouré d'un quatre autres l'année suivante. Klle fit en
chapelet avec une ceinture de saint Augus- 1604 ciuq autres fondations, et elle entra
tin, et timbré d'un chapeau d'évéque. Ce dans les Philippines l'an 1606, Philippe III,
grand monarque donna, outre cela, à cha- roi d'Espagne, y ayant envoyé de ces reli-
cune des trois provinces des armes particu- gieux, qui ne furent pas plutôt entrés dans
lières. CCS îles, qu'ils y fondèrent six monastères
Quantaux Espagnols, ils n'avaient, comme Ces religieux d'Espagne et des Indes de-
nous avons ci-dessus, que quatre mai-
dit meurèrent sous le même gouvernement qui
sons en 1396. Ils demandèrent au pape Clé- avait été réglé par le bref de Clément VIII,
îïient VIJl la confirmation de leurs conslitu- de l'an 1602, jusqu'en l'an 1622, que Gré-
«ions et un vicaire général pour gouverner goire X'', par une bulle du 31 août, érigea
leurs quatre couvents, indépeadanjnient du cette réforme d'Espagne en congrégation
provincial de Guslille, ce que le pape leur particulière, divisée en quatre provinces ,
accorda par un bref de l'an 1597. Mais ce fut savoir de Castille, d'Aragon, de Valence
:
îjn nouveau sujet do plainte de la part des et des Indes Philippines, sous un vicaire gé»
Observants, qui iuquiétèxenl ces religieux nérai. dépendant néanmoins de tout l'ordre
et les obligèrent à rcutrer sous l'obéissance des Ermites de Saint-Augustin, avec ses con-
du prDviucial de Casliiie, par un acte qui l'ut stitutions particulières qui sont insérées
passé entre eux du consenlement du géné-
,
dans cette buiie; mais présentement ils ont
ral, et qui fut confirmé par le mêoio Clé- cinq provinces, savoir: la province de Cas-
lueui VIlî, l'an 1598. Us ne jouirent pas pour tille qui a treize couvents; celle d'Aragon
cela de la paix et delà tranquillité les Ob- : qui en a douze; celle d'Andalousie qui en a
servants prirent de nouvelles mesures pour huit; celle des Philippines et celle du Pérou,
ruiner cetteréforme mais le nonce du
; où ils ont aussi plusieurs couvents.
pape, dom Camille Gaétano, patriarche L'an 1603, ils entrèrent dans le Japon :
Ctvrail les novices à la protVssioii, après la- reubenieiil observé en tout temps. Les orn.i-
quelle ,;iicun Déchaussé ne pourrait quiiter le;; viennent au couvent les jours des pro-
Iti rçC»,>ruic sans apostasiier, ni les Cliaiisscs _uiièi'Cj cl secondes dusses, cl y demeurent
557 AUG AUG SS»
depuis les premières vêpres ^osqii nprôs les n'y pas tant de Ggures d,' marbre ; elle
ait
secondes, el les dimanches ils y viennent dire est de l'architecture de Joan-Baptisto Rarate,
la messe. Depuis la veille de Noël jusqu'à l'E- élève du cavalier Algardi les murailles sont
:
piphanie , depuis le dimanche des Rameaux incrustées de très-beaux marbres ; la voule est
jusqu'au dimanche m albis, et huit jours toute dorée, enrichie de figures, de stucs et
avant la fétc des Saintes-Croix de septembre, de bas-rclicfs dorés d'Hercule Ferrate, le tout
ils doivent aussi demeurer dans le couvent, par la magnificence do Camille Pamphile,
et y pratiquer les mêmes exercices que les comme il se lit sur l'architrave du po- tail.
conventuels. Le prieur les doit visiter deux Les Français, les Espagnols et les Iljiîions,'
fois la semaine dans leurs ermitages. Les quoique d'une même réforme diffèrent ,
femmes n'entrent point dans les églises de néanmoins dans leur habillemenl, car ceux
ces couvents, sinon à certaines fêles de l'an- de France et d'Italie ne sont différents des
née. Les ermites ne doivent point man-rer de Capucins que par la couleur de l'habit, ce-
viande, ni poisson ni œufs on leur donne
: lui des Augustios éfanl noir avec une cein-
seulement du pain, du vin de l'huile el des
, ture (le cuir ceux de France ne diffèrent des
;
fruits, selon la saison, et si par nécessilé Halions que par la barbe longue qu'ils ont»
quelqu'un veut manger quelques herbes ou les Ilnliens la faisant raser aussi bien qno
légumes cuits, il en doit demander permis- les Espagnols, qui n'ont point de espaces
sion au prieur qui les lui envoie du couvent, pointus comme les aulres, et ont un man-
n'étant pas permis de rien faire cuire dans teau plus long avec des sandales do cordes
les ermitages. Le provincial ne peut envoyer appelées alperf/atas, à la manière des autrea
aucun religieux dans ces sortes de couvents religieux Déchaussés d'Espagne. Il y a aussi
par punition, il n'y a que ceux qui le de- dans chacune de ces congrégations deux,
mandent qui y vont par un désir de plus sortes de frères InYques.les uns appelés (]on-
grande perfection. Dans les outres couvenls, vers, les autres Gomnjis. Les frères Couver»
outre les jeûnes de l'Eglise, ils jeûnent en- portent le capuce, el les frôrps Commi:^ ont
core depuis l'Exaltalion de la sainte croix un chapeau sans capuco (1). Nous avons
jusqu'à Noël, depuis la Septuagésime jusqu'à marqué ci-devantqnclles étaient les armes de»
Pâques, el tous les mercredis, vendredis et ceux de France. Ceux d'Espagne et d'Italie,
samedis de l'année et les veilles de quelques portent dazur à un cœur percé de deux
fêles particulières de l'ordre, ne mangeant ni flèches passées en sautoir, et l'écu des Espa*
œufs ni beurre ces jours-là, à moins que le gnols est timbré d'un chapeau d'évéquc.
jeûne n'arrive le jour de Noël, de la Circon- Voyez Sacr. Ere.)iis. Atiguftini'm. sive di
lision, ou quelque autre fête de première eu Institutione F. Eremit. dUculce -tor. Ord. S.
seconde classe le silence esl très-exactement
; Auf/uxt. André de Saint-Nicol. Hisior. gêner,
observé dans tous les monastères pendant le de lo» pp. Augustinos descolzos de los Ermi"
temps de l'oraison auquel il n'est pas permis tanos de S. Au(fust. Pierre de Sainte-Hélène^
de parlera aucun séculier sans permission Abrégé de l'Hist. des Augustins Déchaussés.
du supérieur. Pietr. delCampo, Hist. General de los Ermi"
Les Français el les Italiens ont aussi des tanos de la Orden de S. Augustin. Thom.
cosaslilulions particulières. Conformément à Herrera, Alphabet. Augustinian. Nicol. Cru-»
ces constitutions, le: Italiens, outre les jeûnes sen. Monasîicon Augustinianum.
de l'Eglise universelle, jeûnent encore tous
AUGUSTINES DÉCHAUSSÉES (Reli-
les mercredis et vendredis de l'année, pen-
gieuses).
dant l'avent, qu'ils commencent à la Tous-
saint, et les veilles des fêles de saint Au- Le P. André de Saint-Nicolas, dans son
gustin et de la Nativité de la sainle Vierge. Histoire des Augustins Déchaussés, dit qu'il
Le vendredi saint ils jeûnent au pain el à y a aussi des religieuses Déchaussées qu'il
l'eau, et font ab>linence de viande tous les divise en trois classes; mais je trouve que
lundis. Les français jeûnent seulement le celles de la premièro et de la troisième c lasse
vendredi, pourvu que ce jour-là il n'arrive sont mal nommées, puisque par les consti-
pas une fête que l'on ail jeûné la veille. Ils tutions de celles de la première classe, il est
ne fout aussi seulement abstinence que le porté expressément qu'elles auront des sou-
mercredi, les autres jeûnes des Italiens leur liers El calzado sera çapato ; ce que les
:
Les religieux espagnols ont un couvent çalças per la honesiidad. Mais celles de la
à Rome sous le litre d.- S/iini-Ildcfunsc, où seconde clas-e doivent êlre plutôt appelées
ils furent établis l'an 1619. Ceux d'U;ilie y Déchaussées , puisqu'elles ont les consti-
ont encore; deux couvenls avec deux églibes tutions de s.iinle Thérèse, qui veut que ses
qui sont des plus magnifiques de Rome, la religieuses aient des sandales de cordes (luo
première sous le litre de Jesus-Moria, qui a les à.spagnols appellent alpargatas. Nous
élé commencée par Charles .Milanais et parlerons dans cet article des religieuses
achevée par le chevalier Rainaldi, fameux des deux premières classes, et dans le sui-
architecte. Elle est toute revêtue de u)arbres vant nous rapporterons l'origine de celles da
précieux avec de belles ligures de marbre la troisième classe, qu'on appelle plus com-
blancsur tous les confessionnaux, par la libé- munément de la Récolleclion.
ralité de M. Bolognclli, prélat romain. L'au- Les religieuses qui sont connues sous le
Irc église n'est pas moins belle, quoiqu'il (1) Voy., à la fin du vo!.,tio»5I, 52, 55, oi el 55.
m DICTIONNAIRE DES ORDRES RELIGIEUX. 340
fît transférer ces religieuses Auguslines habit noir av(>c un manti au ausNi long que
Déchaussées l'an 1G09; el l'année suivante, la robe, et vont nu-pieds avec des san-
1610, elle obtint un bref du pape qui les dales de corde. Elles couvrent leur têle d'un
soumettait à la juridiction du grand au- voile blancquileur pend jusque sur les yeux;
mônier. Ce monastère de SainteEiisabeih fut et dessus ce voile blanc elles en mettent un
le premier de la réforme des religieuses grand qui est noir et qui descend par der-
Augustisies , el il eu a produit d'autres rièredelalDUgueur d'environ cinq palmes l2).
comme celui de Salamanqiie, de Malaga, Outre les trois vœux ordinaires de religion,
d'Arenas et quelques autres où la même elles en ajoutent encore un quatrième, de
observance fut pratiquée, telle qu'elle avait ne parler jamais aux personnes du dehors,
été prescrite par le P. Aljjhonse d'Orozco non pas même à leurs parents; el si pour
qui en avait obtenu les permissions néces- raison de maladie les médecins et chirur-
saires du P. Pierre de Koxas, provincial. giens sont appelés dans le monastère, elles
Ces religieuses jcûuint depuis la fête de se couvrent d'une grande mante qui leur
tous les saints jusqu'à la Nativité de Nolre- cache le visage cl traîne jusqu'à terre, de
(i) Voî/.,àia iiji du vul., W vU, (.2) Vcy., i\ la Un du vol., n" 57.
S41 ALG AUG b4î
manière que l'on ne voit jamais leur visage. cause que les trois années de la supériorité
Philip. Bonanni, Catalog. reîig. ordinum.f delà mère Marianne étaient expirées. Elle
part. 2, png. 10. n'avait accepté cet emploi qu'après beau-
AUGDSTINES DE LA RÉGOLLECTION coup de résistance. Elle espérait être libre
(Religieuses),
au mois de novembre 1G02. Cependant elle,
fut obligée non-seulement de continuer cet
Avec la vie de la V. M. Marianne de Saint- emploi jusqu'au mois de janvier de l'année
Joseph, leur fondatrice. suivante, à cause que le P. Anlonilez ne put
Le nom de rdij^icuses Augustines de la venir à Ciudad-Rodrigo que dans ce temps,
Récollertion est le nom qu'on doit donner mais l'obéissance la chargea d'un fardeau
aux religieuses que le P. André de Saint- plus pesant, en lui donnant le soin de for-
Nicolas appelle Aufïustincs Dccliausséos, et mer la récollection des Auguslines et d'être
qu'il met dans la troisième classe, et je ne encore supérieure de leur premier monas-
trouve point qu'elles soient plus conformes tère d'Eybar.
dans leur habillemcnl aux AugusJins Dé- Il y avait longtemps qu'elle souhaitait
chaussés, que les autres des deux premières embrasser une observance plus étroite que
classes dont nous avons parlé dans l'ar- celle qu'on gardait dans son monastère, et
ticle précédent , comme il le dit encore , elle desirait suivre la règle de saint Augus-
puisqu'elles sont ordinairement velues de tin dans tonle sa perfection; c'est pourquoi
blanc, et qu'elles sont chaussées, qu'elles ne le P. Antonilez
elle fut ravie de joie lorsque
portent le noir que certains jours, el que lui communiquadessein qu'il avail do
le
les Augustins Déchaussés sont toujours ve- fondera Eybar, dans la province de Guipus-
lus de noir en tout temps, el sont vérilablc- coa, un monastère où l'on pratiquât celte ob-
menl déchaus-és à la vérité les cuiistitu-
: servance, en était forte-
el qu'il lui dit qu'il
lions des religieuses Auguslines do la Llé- mcnl par quelques religieuses qui
sollicilé
collectiou sont. plus conformes à celles des tendaient à une p'us haute perfection. Mais
Augustins Déchaussés quant à la manière de en même temps elle fut surprise, lorsque le
vivre et l'observance régulière, que celles père lui dit qu'il avait jeté les yeux sur elle
des Auguslin»'s des deux premières classes ; pour être la pierre fondamentale de celte ré-
mais ou ne doit pas pour cela leur donner le forme : pour îors les yeux au ciel,
elle leva
nom de Déchaussées. En effet Louis Mu- et il lui sembla qu'une flèche en sortit, qui
nos, dansla Vie de laV.M. Mariannede Sainl- lui vint percer le cœur de part en part. Ce
Joseph, lui doBne seulement le titre de fon- coup la réveilla d'un profond som-
comme
datrice de la Récollection des religieuses meil, et elle reconnut que Dieu lui mettait
Auguslines. entre les mains l'occasion qu'elle avait
Cette sainte fille naquit à Albe de Tormes, cherchée autrefois avec tant d'empresse-
l'an 1568, de parents nobles. Son père s'ap- ment. Elle répondit au Provincial avec beau-
pelait Jean Mançanedo, et sa mère Marie coup de larmes qu'elle se soumettait à l'o-
Maldonado, qui mourut dix jours après l'a- béissance, et qu'elle serait disposée à faire
voir mise au monde, laissant à son mari six ce qu il souhaitait. Eiie fut néanmoins at-
enfants de leur mariage, deux garçons et taquée de plusieurs tentations. Mille diffi-
quatre filles. Mais Jean Mançanedo qui était cultés se présentèrent à son imagination, qui
vivement touché de la perte qu'il avait faite lui paraissaient insurmontables pour exécu-
de son épouse, ne voulant plus penser qu'à ter cette réforme. Son faible tempérament
son salut, confia l'éducation de ses enfants à lui persuadait qu'elle n'en pourrait pas sou-
des personnes pieuses pour leur apprendre tenir les austérités, el elle ne savait à quoi
de bonne heure les maximes du christia- se résoudre pendant un mois qu'elle fut
nisme. Les filles furent envoyées dans des ainsi agitée de différentes pensées qui com-
moiiaslères, les deux premières à Corsa chez ballaienl son entreprise, lorsque le dimanche
des religieuses du tiers-ordre deSainl-Fran- des Rameaux, entendant les paroles de la
çois dont elles prirent l'habit dans la suite ;la passion de Notrc-Seigneur Jésus-Christ :
troisième alla chez les Auguslines de Ciudad- Surgile eamus, il lui sembla que le mémo
RoJrigo; el à peineMarianne qui était la der- Seigneur se joignit à elle; el que la pre-
nière cul-elle alteiiil l'âge de huit ans, qu'on nant par la main, il imprimait en son cœur
l'onvoyaau mêiiiemon;islère,d'oùelle nesortit le généreux dessein de sortir de celte mai-
que pour aller plusieurs années après à Ey- son pour aller fonder le nouveau monaslèro
bar,pour y jeter les fondements de la réforme d Eybar.
dont nous allons parler. Sa sœur et elle se Elle sortit de Ciudad-Rodrigo accom-
consacrèrent aussi à Dieu dans ce monas- pagnée de la mère Léonore de l'Incarnation,
tère de Ciudad -Rodrigo, où les éminenles etalla joindre à Aviladeux autres religieuses
verlus de ces deux sœurs les firent choisir qui s'y étaient rendues de Tolède. Elles al-
dans la suite pour en être supérieures. La lèrent ensemble à Eybar, où elles arrivèrent
méreMarianne Mançanedo exerçait actuelle- le 7 mai 1G03. Le jour suivant qui était la
ment cet office, lorsque le P. Augustin An- fêle de l'Ascension de Notre-Seigneur , elles
tonilez, provincial des religieux Auguslins se rendirent à l'église paroissiale où elles
e la province de" Caslille, qui fut dins la firent leurs dévoliî^iij, elt n sarluoiii accom-
suite archevêque de Gomposlellc, vint à ce pagnées de toute la noblesse et de toutes les
luonaslère pour y faire la visite et procéder dames de la ville, pour aller prendre pos-
à une nouvelle élecliou de supérieure, 4 session Uii u<^uvçuu m^uu^Ure» ^oal l'église
343 DICTIONNAIRE DES ORDRES RELIGIEUX. 344
conception de la sainte Vierge. L'intention année 1611, et la première pierre fut posée
do ces religieuses fut de garder la règle de avec beaucoup de cérémonie par le cardinal
saint Augustin à la lettre et sans aucue miti- deSandoval, archevêquede Tolède. L'on peut
gation, et le Père Antonilez leur donna des juger de la magnificence des bâtiments de
constitutions parliculières ,
auxquelles la l'église et du monastère, puisque l'on fut
mère Marianne, qui fut nommée supérieure, plus de cinq ans à y travailler sans discon-
ajouta dans la suite beaucoup de choses tinuer ,
quoiqu'on y employât un grand
qu'elle trouva à propos pour une plus grande nombre d'ouvriers, et les religieuses ne pu-
perfection. Elle les fit approuver par deux rent y être logées que l'an 1616. La mère
nonces apostoliques, ensuite par le pape Marianne avait souffert beaucoup de contra-
Paul V. et elles furent imprimées à Madrid dictions dans l'établissement de quelques-
l'an 1G1G. uns de ses monastères ;mais dans les per-
Leurs exercices consistent en une prompte sécutions qu'on lui suscita ,ou n'attenta
obéissance, des oraisons et des mortifica- point à sa vie. C'est néanmoins ce que l'on
Mons presque continuelles. Outre les jeûnes fit à Madrid; car après la mort de la reine,
do l'Eglise, elles jeûnent depuis la fête de qui arriva le 3 octobre de la même année
l'Exaltation de la sainte Croix jusqu'à la IGll, il y eut des personnes qui employèrent
Nativilé de Notre-Seigneur, depuis la Sep- la médisance et la calomnie pour l'éloigner
luagésime jusqu'à Pâques, et les mercredis, de la cour et n'ayant pu réussir dans leur
;
vendredis et samedis de l'année. Elles sont dessein, ils mirent du poison dans une mé-
occupées tour à tour aux offices les plus decine qu'elle devait prendre. L'effet de celle
bas et les plus humiliants, elles font profes- jalousie venait de ce que le roi ne témoignait
sion d'une très-grande pauvreté, n'étant pas pas moins d'estime pour elle que la reine
permis à aucune religieuse de recevoir ni avait fait.
de donner aucune chose, non pas même une Cette princesse n'eut pas la satisfaction
image, sans permission. Cette pauvreté pa- de voir les bâtiments de ce monastère dans
raît dans leurs habits qui sont d'étoffe gros- leur perfection; mais le roi Philippe II, son
sière et de vil prix, et elles no portent point époux ,
ponr exécuter ses pieuses inten-
de linge que dans leurs maladies. tions, n'épargna rien ponr le rendre un des
Après qu'elles eurent demeuré un an dans plus somptueux et des plus magnifiques de
ce monastère dans la pratique de leurs nou- toute l'Espagne. Ce fut aussi pour satisfaire
velles constitutions, elles s'y engagèrent par aux désirs de cette princesse qu'il fit sortir
des vœux solennels, le 23 mai 160i, faisant ces religieuses du monastère de Sainte-Eli-
profession de vivre et de mourir dans celle sabeth, et qu'il leur fit disposer la maison
réforme. Elles quittèrent pour lors leurs du trésor en forme de monastère où elles ,
noms de famille, et la mère Marianne Man- reçurent cinq ou six novices, et où elles de-
çanedo prit celui de Saint-Joseph. La sain- meurèrent jusqu'au deuxième juillet de l'an
teté de ces bonnes religieuses se répandit 1616, qu'elles furent conduites en grande
bientôt par toute l'Espagne , de sorte que pompe , accompagnées du roi et de tous les
plusieurs villes voulurent contribuer à l'a- princes, dans le nouveau monastère dont
grandissement de cette réforme, et la mère l'église avait été consacrée le 29 juin, sous
Marianne fut obligée de quitter Eybar pour le titre de l'Incarnation du Sauveur du
aller à Médina del Campo , à Valladolid monde, par l'archevêque de Brague, Alexis
et à Placentia, pour y faire des établisse- de Menesés ,de l'ordre de Saint-Augustin.
ments. Les présents que les rois d'Espagne ont
Ce fut dans ce dernier monastère qu'elle faits à ce monastère pour l'ornement des
reçut ordre de la reine Marguerite d'Au- autels correspondent à la magnificence des
triche de venir à Madrid pour y recevoir bâtiments. Plusieurs personnes de distinc-
une nouvelle fondation. Elle laissa pour su- tion en ont fait aussi à leur exemple, et
périeure à Placentia la mère Agnès de l'As- entre les autres présents que la comtesse
cension, qui en sortit aussi quelque temps de Miranda fit, lorsque la mère Alphonse
après pour aller fonder un nouveau mo- du Saint-Sacrement, sa fille, y prit l'habit, elle
nastère à Villafranca, d'où elle alla à Valla- donna un calice dont la coupe est d'or et la
dolid pour aider la mère Marine d'Escobar reste d'argent doré enrichi de pierreries, qui
dans le dessein qu'elle avait entrepris de est estimé quatorze mille ducats.
fonder une nouvelle récolleclion de Sainte- L'on peut juger des revenus de cette mai-
Brigitte. son par les appointemenis des chapelains et
Marianne sortit donc de Placentia le 6 jan- des autres officiers, qui se montent par an
vier 1611, pour obéir aux ordres de la reine à douze mille cinq cents ducats. Il y a outre
qui, ayant su son arrivée à Madrid, l'envoya cela raille ducats, qui sont destinés pour les
recevoir par la comtesse de Paredes, et elle frais de la sacristie. C'est dans celle maison
fut logée, avec une compagne qu'elle avait royale si riche et si opulente, que la mère
amenée avec elle, au monastère royal de Marianne deSaint-Josephpratiquanéanmoins
Sainte-Elisabeth, des religieuses du même une pauvreté si extraordinaire , que lors-
ordre et de la réforme dont nous avons qu'elle mourut, elle avait encore une jupo
parlé dans le chapiire précédent, en allen- qu'elle avait toujours portée depuis qu'elle
tJant qu'on eût bâli le monastère que la était sortie de Ciudad-Rodrigo quoiqu'il y
,
reiiio lui voulait donner. Celte princesse eu eût plus (le trente-cinq ans. Elle sut pur sou
,
diers et de celui des Quatre-Sainls- Couron- personnes pieuses qui a pour protecteur un
nés, à Rome. cardinal. Le nombre des pauvres filles est
il y a à Rome deux couvents de religieuses ordinairement limité à cent mais présente- ,
Augustines dont l'inslilut est d'élever de ment il y en a cent dix et on ne les reçoit ,
jeunes filles et de leur apprendre tout ce qui point si elles ont quelque défaut corporel.
convient à leur sexe. Le premier est celui de Le cardinal de Sainl-Onuphre, frère du pape
Sainte-Catherine-des-Cordiers, dont l'église Urbain IIÏ laissa par son testament un
"^ ,
était autrefois dédiée à sainte Rose de \ i- fonds considérable pour élever dans ce mo-
terbe, et maintenant à sainte Catherine, nastère deux filles nobles qui seraient en
vierge et martyre. Ce monastère est situé danger de perdre leur honneur. Outre les
sur les ruines du cirque de Flaminius qui ,
filles qui y sont reçues par charité on y en ,
avait été longtemps abandonné et qui ser- élève aussi d'autres qui payent pension et ,
vait de place aux cordicrs pour travailler, ce qui sont distinguées des pauvres filles, ap-
qui a fait donner à ce monastère le nom de pelées autrement filles misérables par la bulle
Sainte-Calherine-des-Cordiers. Saint Ignace, de Pie V.
l'an 1536, obtint cette placedu pape PaulllI^ Le nombre des religieuses de vingt est
et le cardinal Donat Cesi fit bâtir le monas- comme nous avons ne peut être
dit , et il
tère où l'on transféra, l'an 1544, les filles augmenté. Leur habillement consiste en
que saint Ignace avait assemblées dans un une robe de serge blanche serrée d'une ,
elles dépendaient et qui menaient une vie li- doublé de toile blanche. Quant à Thabille-
cencieuse ne les pervertît, ce qui a continué ment des pauvres filles, il doit être uni-
jusqu'à présent. forme; mais il n'y a point de couleur af-
Les filles que l'on reçoit dans ce monas- fectée, et elles en peuvent porter de quelque
tère ne doivent pas avoir moins de dix ans couleur que ce soit (2).
d'âge, ni plus de douze , et elles y sont en- L'autre monastère à Rome où les reli-
tretenues jusqu'à ce tju'elles aient trouvé gieuses ont été établies pour élever aussi dea
un parti pour se marier, ou qu'elles veuil- jeunes filles, mais où l'on ne reçoit que des
lent se faire religieuses. Elles y demeurent orphelines de père et de mère qui ont vécu
ordinairement pendant sept ans, après les- honorablement est celui des Quatre-Saints-
,
quels on leur donne une dot de soixante Couronnés. Saint Ignace ne se contenta pas
écus romains oulre ce qu'elles peuvent
, de ramasser dans un même lieu les filles
avoir de leurs parents à )noins que ce que
,
dont les parents vivaient dans le dérégie-
leurs parents leur donnant ne soit suflisanl mcnl, comme nous avons dit ci-dessus, maii
pour les marier, et l'on donne cent écus à il eut soin aussi des enfants qui étant or- ,
celles qui veulent être religieuses. phelins, allaient demander l'aumône par la
Elles sont dirigées par vingt religieuses ville. Il mit les garçons dans une maison
(Ij Voy , à la lin du vol., n° 58, (2) Voy., à la fin du vol., n» 59.
Ul DICTIONNAIRE DES ORDRES RELIGIEUX. 548
ju'il leur procura l'an 1540, proche l'église avons parlé, tant pour le .«pirituel que pour
Je Sainte-Marie in acquiroy à la place Ca-
3! le temporel, sous la direction d'un cardinal
pranica, à côlé de laquelle le cardinal
et qui eu est le protecteur. Ces orphelines
Antoine-Marie Salviati fit bâtir aussi un sont habillées de serge blanche, avec une
beau collège l'an 1331, afin que ceux de ceinture blanche à laquelle est attaché un
CCS enfants orphelins dans lesquels l'on re- chapelet et elles ont aussi un voile blanc.
,
marquait quelques talents pour les sciences Elles sortent une fois l'année pour aller eu
cours procession à l'église de Sainl-Cîrégoire. Les
y pussent être entretenus pendant le
.«de leurs éludes, pourvu qu'ils eussent de- religieuses sont au nombre de quaranle-
meure trois ans dans la maison des orphe- ftois, et leur habillement est setublable à
lins et il voulut que l'on préférât les plus
,
celui des religieuses de Sainte-Calherine-
pauvres et qui seraient plus propres à dcs-Cordiers (l).
l'étude.Les filles furent enfermées dans une Carlo Bathol. Pi;izza Eusevolog. rom.,
,
maison qu'on leur fil bâtir dans l'île du Ti- trat. IV, cap. 2 e< 5; Philip. Bonnani, Ca^
bre, à l'endroit où était autrefois le temple talog. ord. reiig.; et François de Seine, Des-
des Vestales, et elles furent gouvernées par cription de Rome, t. 11 et 111.
des religieuses bénédictines. Mais ce lieu AURÉLIEN (Saint). Voyez Césiire (Saint-).
n'étant pas commode le pape Pie IV trans-
,
AUTRICHE Congrégation d' ). Voyex
féra, l'an 15G0, ces religieuses et ces orphe-
(
MOLCH.
lines sur le mont Cœlius, dans un palais que
le pape Pascal H
avait fait bâtir à côté de AVIS (Chevaliers de l'ordre d').
l'église dédiée aux quatre saints cou- L'ordre d'Avis, quoique plus ancien que
ronnés. ceux de Calatrava et d'Alcantara [Voy. cfl
Cette église fut bâtie sur l'ancienne de- mot), a été soumis à celui de Calatrava.
meure des soldats étrangers de la garde Il y en a qui font remonter son origine
des eiupereurs romains, appelée pour ce su- jus(îu'à l'an IIW, et qui disent que du
jet Castra pcregrina par le pape saint Mel- temps d'Alphonse, premier roi de Portu-
chiade, en l'honneur des saints martyrs gal, quelques gentilshommes s'clant unis
Sévère Sévérien Garpophore et Victorien,
, , ensemble pour corabatlre contre les Maures,
sculpteurs, que l'empereur Dioc'étien avait firent entre eus comme une espèce de so-
fait couronner avec des l'ers ardents. Elle ciété sans s'engager à aucun vœu ni à au-
fut rebâtie par Adrien 1*^'^ l'an 772, et depuis cune manière de vie particulière, n'ayant
par Léon IV l'an 8i7, qui y fit transporter d'autres obligations que de combattre les in-
les corps de ces quatre saints couronnés du fidèles et de suivre le roi dans ses armées ;
cimetière inter duas Lauros, où le pape Mel- que ce prince leur donna pour maître dom
chiade les avait enterrés avec cinq autres Ferdinand Rodrigue de Monterio ; que leur
sculpteurs qui s'appelaient Claude, Nicos- société s'appela la Nouvelle-Milice, et que
trat, Symphorien, Gastorius et Smiplicius, ces chevaliers, pendant le siège de Lisbonne,
et avaient aussi répandu leur sang pour la s'étant rendus maîtres du château deMafra,
foi de deux ans auparavant.
Jésu'.-i-Christ le roi leur en fit don.
Tons neuf reposent maintenant sous le
les Il se peut faire que cet ordre ait commencé
maître-autel de cette église, (jui fut détruite dès l'an 1147, mais il ne fut établi en forme
par Guiscard, prince de Salcrne, lorsque de religion militaire que l'an 1162, et le
l'an 1080 il entra dans Rome et ruina ce premier grand maître n'a point été Ferdi-
quartier, depuis Saint-Jean jusqu'au Capi- nand Rodrigue de Monterio ce fut un prince :
tule, et cet espace n'a jamais été repeuplé français parent du roi qui se nommait
,
depuis. Pascal 11 la fit rebâtir, viiîgt ans Pierre, et qui prenait la qualité de pair de
après, avec un palais, où il demeura jusqu'à France, comme il paraît par l'acte primor-
ce que ce'ui de Latr.in eût été réparé. Enfin dial de l'institution do cet ordre, dont l'origi-
Pie 1\' y fil venir, l'an 1569, les religieiises nal c'stconservé (au rapporlde Bernard Britlo
Bénédictines qui demeuraient dans l'île du dans ses chroniques do l'ordre de Cîteaux)
Tibre et avaient soin de l'éducation des or- dans les archives du couvent d'Alcobaza du
phelines, qu'elles ont continué de leur don- même ordre; lequel acte, qui est datédes ides
ner jusqu'à présent; mais elles ont quitté la de l'ère 1200, est signé de l'archevêque de
règle de saint Benoît pour prendre celle de Braguo pour tout le royaume, de l'évéque
saint Augustin. de Coïmbr^ pour les seigneurs de la cour ,
Le nombre de ces orphelines est limité à de celui de Lisbonne pour tout h; clergé, de
cent et ne peut être augmenté. Ou leur ap- Pierre, parent du roi et pair de France com-
prend tout ce qui convient aux personnes me maître de la nouvelle milice pour lui et
de leur sexe. S'il meurt une religieuse et pour tous ses chevaliers Petrus proies régis,
:
qu'il se trouve parmi les orphelines quel- par Francorumct Magister novœmilidœ, pro
qu'une qui ait vocation pour la vie reli- parte mea et meorum militum confirma om-
gieuse, elle remplil sa place. Celles qui veu- nia et approbo ; de Ferdinand Rodrigue
lent se marier ou entrer dans <iui Ique autre Montciro seulement coniine chevalier: Fer-
monastère pour y êire religieuses reçoivent dinandus Roderici Monlciro, miles nuvœ mi-
une dot queleur donnelu conlréi iedeSainlc- liliœ approbo et confirma ; et de six autres
Marie m
acquiro, qui a le gouvernement du chevaliers.
monastère des Qualre-Couronnés, aussi bien
que de la maison des Orphelins dont nous (1) Voy., à la fin du vol., n* CO»
549 AVI AVI 550
L'on voit par cet acte, qu'Ange Manrique tières du royaume, à condition qu'ils y bâti-
a inséré tout au long dans ses annales raient une forteresse pour résister aux cour-
de Cîleaux, et que les chevaliers d'Avis ont ses des Maures. Quelques-uns prétendent
aussi fait niellre à la tète de
leurs statuts , qu'ils la bâtirent dans un lieu qui s'appelait
que celte nouvelle milice fut établie en reli- Avis, et d'autres disent que ce nom lui fut
gion militaire en présence du roi Alphonse , donné par les chevaliers, parce que, voulant
des seigneurs de sa cour et du légal du pape, tracer le plan de la forteresse, ils virent
par Jean Z rila, abbé de Tarouca, qui pros- d'Mix aigles qui s'élevèrent en l'air au même
crivit aux chevaliers leur m.iniéro de vie t « eiidroil. Celte forteresse ayant été achevée
leurs obligalions. qui con^isiaienl à dcIVndre en llh7, ils y établirent leur demeure et en
parles armes la religion catholicjuc, exercer prirent le nom celle même année.
la charité, garder la chasielé, porter un ha- Us reçurent dans la suite d'autres bienfaits
bit de religion (\ui devait consister en un du roi Alphonse et de ses successeurs. San-
capuce et un petit scapulaire l'ail de matiicic che I"^ leur donna la tour d'AIcanden et les
qu'il ne lûl pas les em[)cchcr de combattre. châteaux d'Alpedin et de Girumin , ce qui
La couleur el la forme de leurs habits ordi- fut confirmi' par Alphonse II. Le pape Inno-
naires étaient à leur choix ; niais le sca- cent 111 confirma cet ordre l'an 128i et le
pulaire cl le capuce di-vaieiit être noirs, et mil sous la protection du saint-siége; et l'an
il ne devait point y avoir de dorure daiis 121'j les chevaliers de Calalrava en Espagne
leurs armes, sinon à leurs épées et à leurs leur donnèrent des héritages qui leur appar-
éperons (1). tenaient en Portugal à condition que les
,
En temps de paix ils devaient se lever de chevaliers d'Avis seraient soumis à leur or-
grand malin pour faire oraison el entendre dre et reccvraienl la visite de leur grand
la messe; ils étaient obligés de jeûner les maître ce qui lut accepté el fidèlement ob-
:
vendredis, de dormir avec leurs capuces, de servé jusqu'en l'an 1385, qiie Jean I"^, roi de
garder le silence, de maiiger en commun, Casiilie, voulant soutenir le droit de son
de recevoir les pèl. rins el de suivre la régie épouse Béalrix, fille unique de Pierre, sur-
de saini Benoît. Si les chevaliers aiaient des nommé (e Justicier, déclara la guerre à
plaintes à faite contre leur grand maître, ils Jean r% qui n'élanl que fils naturel de
,
devaient avoir recours à l'abbj qui leur Pierre, s'était emparé du royaume de Portu-
élail donné pour supérieur par l'abi^é de gal au préjudice de la légitime héritière, qui,
Cîleaux, el ils ne pouvaient appeler de sa malgré son bon droit, n'en fut pas plus heu-
sentence qu'au pape, à l'abbé de Cîteaux ou reuse^ puisque le roi, sou époux, perdit la
à celui de Clairvaux. Dans les élections des bataille d'Alijurabolo et fut obligé de laisser
grands maîtres ils devaient suivre la prati- le royaume de Portugal à Jean, (|ui défendit
que qu'observaient les r<>ligieux de Cîteaux aux chevaliers d'Avis, dont il avait été grand
dans les élections de leurs supérieurs. De maître, de recevoir la visite el ies ordonnan-
plus il élail ordonné que quand le grand ces du grand maître de Calalrava, comme
maître serait élu, il prêterait serment entre étant sujet du roi de Caslilie, son ennemi.
les mains d'un abbé de l'ordre; qu'il oliéirail Cela n'empêcha pas don Gonzalve de Gus-
au pape, au roi cl à l'abbé général de man, grand maître de cet ordr(>, d'aller en
Cîleaux; qu'il donnerait l'habit aux cheva- Portugal pour y faire la visite de l'ordre
liers, en l'absence du roi et de ses enfants; d'Avis; mais le roi donna ordre au grand
et que s'il se trouvail quelque abbé de l'or- maître d'Avis de recevoir celui de Calalrava
dre présent, ce droit lui appartiendrait; en- seulement comme hôte et non comme supé-
Cn, (jue si quelque chevalier rencontrait dans rieur, el de lui rendre les honneurs dus à sa
son chemin quelque religieux de Cîleaux, il qualité. Ceux d'Avis, conformément aux or-
nietlrail pied à terre, lui demanderr.il sa bé- dres du roi, refusèrent de recevoir sa visite,
nédiction el l'accompagnerait dans le che- alléguant pour excuse une bulle qui les
min; el que si (luclque religieux passait de- exemptait de la juiidiclion de l'ordre de
vant une forteresse ou châieau appartenant CJatrava. Don Gonzalve de Gusman leur
aux chevaliers, le gouverneur lui en présen- demanda à la voir; mais ceux-ci ne l'ayant
terait les clefs el recevrait ses ordres pc-n- pas voulu montrer, il les traita d'excommu-
danl tout le temps qu'il y demeurerait. niés et de rebelles, et retourna en Caslilie. Il
Ces chevaliers servirent utilement le roi t n porta ensuite ses plaintes au concile de
de Portugal dans la guerre qu'il eut à sou- Baie, (^ui ordonna que l'ordre d'Avis rece-
tenir conlie les Maures: cl l'an 11G6, Girard, vrail la visite du grand maître de Calalrava ,
surnommé rinlrépide ou sutia peu/, qui était ce qui néanmoins ne fut pas exécuté. Après
un chef de bandits, ayant surpris de nuit la que Jean h^ qui était grand maître d'Avis,
sentinelle d'Evora,qui élail endornjie, passa eut clé reconnu pour roi de Portugal, les
la garde au 01 de l'epée el s'enipara de celle chevaliers élurent pour grand maître don
ville. Mais le roi l'ayant donnée aux cheva- Ferdinand Rodrigue de Sequira,qui fut le
liers de la nouvelle milice, ils quitlèrenl ce dernier grand maître car après sa mort le
:
nom pour prendre celui d'Evora, qu'ils quil- pa[)e nomma des administrateurs de l'ordre.
lèieul encore, quelques années r.jHÔs, pour Le preoiicr fut le rince Ferdinand, fils du
;
prendre celui dAvis, après que le roi leur roi Jean I ' ce qui dura jusqu'en l'an 1550,
:
eut donné, l'an 1181, des terres sur les fron- que, sous le règne de Jean III, la grande
maîtrise lut unie à la couronne de Portugal
(Ij Vcy., à 'a Gn du vol., u»^ Gl el 62. par le pape Paul 111.
^^
B
BAIN (Chevaliers du] de leur ordre un ruban rouge en écharpe,
nous rapporterons les anciennes cérémonies
Nous avons à parler aussi des ordres mi- qui s'observaient à la création de ces cheva-
de chevalerie qui ne sont soumis à
litaires et liers, selon ce qu'Edouard Bissée nous en a
c-mcune des règles de religion, et que quel- donné dans ses remarques sur le livre de
tîues auteurs ont regardés comme d illustres l'Art militaire de Nicolas Upton , et qu'il dit
confréries. C'est pourquoi Froissard parlant avoir tirées d'un ancien manuscrit. Les voici
de l'ordre de la .larrcliôre dans un chapitre telles qu'elles se trouvent dans cet auteur :
une robe avec un capuchon dont il devait du fait de chevalerie, et ils seront escuiers et
couvrir sa tête, passait la nuit en prières dans gouverneurs de tout ce qui appartient à celluy
l'église, et après avoir entendu la messe on qui prendra l'ordre de suis dit. Et au cas que
le remettait au lit, dans lequel après avoir Vescuier viengne devant disner, il servira le
reposé quelque temps on l'éveillait pour re- roi de une escuelle , du premier cours seule-
cevoir une chemise blanche, une robe rouge, ment, et puis les dicls escuiers, gouverne'urs
des chausses noires cl une ceinture blanche. admeneront l'escuier qui prendra l'ordre en
On le menait ensuite à celui de qui il devait sa chambre sans plus estre veu en celle jour-
recevoir l'ordre de chevalerie, qui lui don- née. Et au vespres les escuiers gouverneurs
nait l'accolade et quelques coups de plat d'é- envoyeront après le barbier , et ils apparelle-
pée sur les épaules, et lui faisait attacher ront un baing gracieusement apparellé de
aux pieds des éperons d'or. Celte pratique toile, aus.n bien dans la cuve que dehors, et
était en usage en France, en Angleterre, en que la cuve soit bien couverte de tapiz et
Italie et en d'autres provinces avec plus ou manteaux pour la froidure de la nuit. Et a
moins de cérémonies, selon la coutume des doncques sera l' escuiers raz la barbe et les
pays. Saladin, soudan de Babylone, ayant cheveulx ronds. Et ce fait les ecuiers gou-
fait prisonnier de guerre Hugues de Taba- verneurs yront au roy, et diront : Sire il est
rie, prince de Galice, qui était en si grande vespres et l'escuier est tout apparellé au baing
considération qu'il mit sa rançon à cent mille quant vous plaira. Et sur ce le roi comman-
bcsans d'or, voulut être fait chevalier de sa dera à son chamberlan qu'il admene avecque
main, et Hugues de toutes ces
n'oinit rien lai en la chambre de l'escuier le plus gentils et
cérémonies, excepté que comme il était son le plus saiges chevaliers qui sont presens, pour
prisonnier, il n'osa par respect lui donner lui informer et conseiller et enseigner l'ordre
l'accolade et les coups de plat d'épéc. H y a cl le fait de chevalerie, et semblablement que
deux anciens manuscrits, l'un en prose et les autres chevaliers chantans , dansons et
,
l'autre en vers, où les cérémonies qui furent esbatans, jusques à l'uys de la chanbre dudit
observées en celte rencontre sont décrites. ecuier.
Le premier paraît avoir été écrit du temps Et quant les escuiers gouverneurs orront la
même de Saladin ou peu de temps après sa noise des menestrelx ils dépouilleront l'es-
,
mort, qui arriva en 1193 (1). Le second, qui cuier et le mettront tout nu dans le baing.
est en vers, semble postérieur et avoir élé Mais à l'entrée de la chambre les escuiers gou-
écrit du Icmps des guerres des Albigeois, les- verneurs feront cesser les menestrelx et es-
,
quelles finirent l'an J2i0. Godefroi fils de , cuiers aussi pour le temps. El ce fait les gen-
Foulques, comte d'Anjou, fut fait aussi che- tils saiges chevaliers entreront en la chambre
valier de celte manière par Henri I"", roi tout cuyement sans noise faire et a doncques
d'.^.ngleterre, l'an 1128. Ainsi cette pratique les chevaliers feront révérence l'un à l'autre ,
était en usage dès le commencement du dou- qui sera le premier pour conseiller rcscuier
zième siècle; mais ce qui n'était qu'une cé- au baing, l'ordre et le fait. Et quand ils seront
rémonie qui regardait en général l'ordre de accords un yra le premier au baing, et yle s'a-
cStevalerie, étant devenu en Angleterre un gcnouillera pardevant la cuve en disant en
ordre particulier dont les chevaliers, selon secret :Sire à giant honneur soil-il pour vous
M. Chamberlain (2), portent pour marque estre au baing et puis luy monstrera le fait
,
(1) Afe«s. de Bricnne à la bibliolli, du roi, vol. 274, (2)Chamberlain, Etat prési^nt dWiiglet., t. U, p *-4S,
fol. 3.
555 BAI BAI 3:i4
de l'ordre, au mieulx qu'il pourra et puis ledenier, en l'onneur de Iuy qui le
fera che^
mettra de Veaue du baing dessues les epaulles valier. Ce fait les escuiers gouverneurs
reme-
de Vescuier et prendra congie, et les escuiers neront l'escuier en sa chambre et le mettront
gouverneurs garderont les costés du baing. Et en son lit jusques à haulte jour. Et
quand il
en même manière seront tous les autres cheva- sera en son lit , pendant le temps de son
re-
liers l'un après l'autre tant qu'ils agent tout
, veiller, sera amende, c'est assavoir avec iinq
il
fait. El donc partiront les chevaliers hors de couverton d'or appelle sigleton, et ce seralure
la chambre pour ung temps. Ce fait les escuiers du carde, et quant il semblera temps aux gou-
gouverneurs prendront rescuier hors du baing verneurs, ils yeront au roi. et lui diront
Sire :
et le mettront en son lit tant qu'il soit sechie: quand il vous plaira notre maislre reveillera,
et soit le dit lit simple sans courtines. Et et à ce le roy commandera les saiges cheva-
quand il sera sechie, il lèvera hors du lit et sera liers, escuiers etmenestrelz d'aller à la cham-
adorné et vest bien chaudement pour le veiller bre dudit escuicr pour reveillier attotirner, ,
de la nuyt, et sur tout ses draps ^ il vestira vestir et admener devant Iuy en sa sale. Mais
une cotte de drap rousset, avecque unes lon- pardevant leur entrée et la noise des menés-
gues manches, et le chaperon à ladite robbe en trelz, les escuiers gouverneur s ordonneront
guise de ung liermile. Et l'escuier ainsi hors toutes ses nécessaires prêts par ordre, à baillier
du baing et attorné, le barbier ostera le baing aux chevaliers pour attourner et vestir l'es-
et tout ce qu'il a entour , aussy bien dedans cuier. Et quemt les chevaliers seront venus à
comme dehors, et le prendra pour son fie, en- la chambre de l'escuier, ils entreront ensemble
i^emble pour le colier comme ainsy si c'est che- en silence, diront à l'escuier : Sire le très
et
valier, soit comte, baron, banneret, ou bache- bonjour vous soit donné, il est temps de vous
lier, selon la custume de la cour. Et ce fait lever et adrecier. Et avec ce les gouverneurs
fes escuiers, gouverneurs ouvreront l'uys de le prendront par les bras et le feront
drecier.
la chambre, et feront les saiges chevaliers ren- Le plus gentil ou le plus saige chevalier don-
trer pour mener l'escuier à la chapelle. Et nera à l'escuier sa chemise, un autre lui bail-
quant ils seront entrez, les escuiers esbatans lera ses brages, le tiers lui donnera un pour-
et dansans, seront admenez pardevant l'es- point, un autre lui vestira un kyrtel de rouge
cuier, avecque les ménestrels faisant leurs mé- tarteirin. Deux autres le lèveront hors du lit,
lodies, jusques à la chapelle. Et quand ils se- et deux autres le chausseront 7nais soient le»
,
ront entrez en la chapelle, les espices et le vin chausses denouz avecque les semelles de cuir.
seront pretz à donner auxdits chevaliers et Et deux autres lasceront ses manches, et
cscuier, et les escuiers gouverneurs admene- ung autre le ceindra de sa sancture de cuir
ront les chevaliers pardevant l'escuier pour blanc, sans aucun hainois de métal, et ung au-
prendre congie, et il les mercira tous ensemble tre peignera sa leste, ung autre mettra la
coiffe,
deleur travail Jionneur,et^courtoisies qu'ils luy ung autre Iuy donnera le mantel de soie de kyr-
ont fait : et en ce point ils départiront hors la tel de rouge tar tarin attachiez (.vccqiie ung
laz
chapelle. Et sur ce les escuiers gouverneurs de soie blanc ,avecqueune paire de gans blans^
fermeront la porte de la chapelle , et ny de— pendus au bout du laz. Mais le chandelier
mourcra fors l'escuier, ses gouverneurs, ses prendra pour son fies tous les garnemens avec
prestres, le chandelier et le guet. Et en cette tout l'urroy et nécessaires en quoy lescuier
guise demourera l'ecuier en la chapelle tant estait attournez et vesluz le jour qu'il entra
qu'il soit jour, toujours en oraisons et prières, en la cour pour prendre l'ordre. Ensemble le
requérant le puissant Seigneur et sa benoite lit en qui il coucha premièrement après
le
mère, que de leur digne grâce, iuy donnent baing, aussi bien que le singleton que des au-
pouvoir et confort à prendre ceste haulte di- tres nécessitez. Pour lesquels
fiefs le dit chan-
gnité temporelle en l'onneur de leur sainte delier trouvera à ses dépens la coeffe, les gans,
Eglise et de l'Ordre de chevalerie. Et quant la ceinture et le laz, et puis ce fait les saiges
on verra le point du jour, on querra lepresire chevaliers monteront à cheval et admeneronl
pour le confesser de tous ses pechies et orra ,
l'escuier à la sale et les menestrelz toujours
ses matines et messe, et puis sera accommu- devant faisant leurs mélodies. Mais soit le che-
nischie s'il veut. Mais depuis l'entrée de la val habillé comme il en suit. Il aura une selle
chapelle, aura ung cierge ardent devant l'es- couverte de cuir noir, tes arczons de blanc
cuier jusques à l'evungUle. Et à l'evangille, le fust et csqueirtez, les estriviers noirs, les fers
gouverneur baillera le cierge à l'escuier jus- , dorez, le poitrail de noir cuir avecque une
ques à la fin de ladite evangille. L'escuier croix pâtée dorée pendant pardevant le piz
gouverneur ostera le cierge et le mettra de- du cheval et sans croupière, lefrain noir à lon-
vant l'escuier jusqu'à la fia de ladite messe, et gues cerres à la guise de Spagne et une croix
à la Icvacion du Sacrement ung des gouver- pâtée au front. Et aussi soit ordonné ung
neu'i s ostera le chapperon de l'escuier, et après jeune jouvensel ecuier gentil qui chevau-
,
le sacrement le remiltra jusques à l'evangille chera devant l'escuier. 'Et il sera dechape-
In principio. Et au commencement De prin- roné et portera iépée de l'escuier avecque les
cijyio, le gouverneur ostera le chaperon de espérons pendant sur les esehalles de l'épce, et
l'escuier et le fera oster, et Iuy donnera le soit l'épée à blanches esehalles faites de blanc
cierge en sa main : mais qu'il y ait ung de- cuir et la ceinture de blanc cuir sanz harnois,
nier aupluspres delà lumière fichie. Et quant etle jouvencel tendra l'épée par la poignée et ,
€•' vient, VvrUum c.iro lacluni est, l'escuier se en ce point chevaucheront jusques à la sale du
gcnoiiltra et offrira le eierge et le aeiuer : roij, it seront les gouvirmeurs prêts à leur
c'est à savoir lecierge en l'onneur de Dieu, et métier , et Us saicjes chevaliers menant (eU,
,
esciiier. Et quant il vient pnrdevant ta satP, licr fer adépouille de ses paremens, et ils seront
les mareschmilx et huissiers seront prêts à donnez aux rois des heranlx se ils sont pre-
la rencontre de l'escuier cl lu;/ diront discen- sens ou sinon aux autres heraulx se ils y
,
au commencement de la seconde table jasques sera donné au guet autrement ung noble. Et
,
à la venue du roi/, les chevaliers de costé luij, a doncques il serarevcstu d'une robbe de bleu
]e jouvensel au bout, Cépée estant pardcvant et les manches de cuUote en gu se d'unprestre,
lut/, par entre lesdiis deux gouverneurs. Et et il aura à l'cspaule senestre n?i laz de blem-
quant roy sera venu à la salle et regardera
le che soye pendante, et ce blanc laz, il portera
l'escuier prest de prendre le hnilt ordre de sur tous ses habillemens qu'il vestira au long
dignité temporel. Il demmidera répée avecque de celle journée tant qu'il ait guigné onneuret
les espérons et le Chamberlain prendra iépée
,
renomiiarmes, et qu'il soit recorde de si hault
et les espérons du jouvence! et les montrera record comme de nobles chivaliers , escuiers
au roy et sur ce le roy prendra l'esperon
,
et héraulx d'armes, et qu'il soit renommé de
dextre et le baillicra au plus noble et plus ses fais d'armes, comme devant est dit ^ ou
gentil et lui dira mettez cestayau talon de l'es- aucun hault prince ou très noble dame de ,
yes chivaliers admeneront le nouveau cJiiva- dront congie de leur maistre en dis int Sur .
lier à la chappelle à très grande mdodie jus- ce nous avons fait par le commandement du
ques au hault de l'autel, et illequ^s se age- roy, ainsy comme nous feusimes obligiez à
noillcra et mettra sa dextre inain dessus nosire pouvoir. Mais s'il est ainsi que nous
l'autel, et fera promesse de soustenir le droit vous aïons déplu par négligence ou par fait en
de sainte Eglise toute sa vie. rtadoncques cest temps, nous vous requérons pardon dou-
soy mesme deceindra l'espée avecqU'S grande tre part, Sire, comme vray droit est selon les
dévotion et prières à Dieu, à sainte Eglise , custumes de cour et des royaulmes anciens.
et l'offriera en priant à Dieu et à tous ses Nous vous demandons robbes et fiefz à terme
Saints qu'il puisse garder l'ordre qu'il a prins comme ecuiers du roy compaignons aux ,
chivaliers. Et seront assis entour luy , les déjà parlé a données des cérémonies prati-
,
chivaliers , et il sera servy si comme les au- quées à la création de ces chevaliers qu'il a ,
tres , mais il ne mangera ny beue'a à table , aussi tirées dun ancien manusLTil , il ne pa-
ne se mo avéra ne regardera , ne de ca ne de
,
rlai pas que ces chevaliers portassent ces
la non plus que une nouvelle mariée. Et ce trois couronnes , mais seulement un nœud
fait ung des gouverneurs aura ung cverver sur l'épaule ^.luche, comme il est repré-
chef en sa miin qu'il tendra par devant le vi- senté dans la figure que nous avons fait gra-
saqc quant il sera tems pour le craisier. Et ver d'un des anciens chevaliers (1).
quant le roy sera levé de table et passé en sa Nicol. Up'on, De studio militari cum no fis
chambre , adoncfues le nouvel chivalier sera Ed>ardi Giustiniani
Biss'ci. Bcrr.ard llist. ,
mené à grant foison de chivaliers et mcnes- di lutl. gli Ord. m'ditari, tom. I. Adrien
trelz devant luy , jasques à sa chambre, et eï Schoonebeck , llist. de tous les Grdr. milit.
Ventrée les chivaliers et ménestrels prendront tom. ï.
congie et il ira à son disner. Et les chivaliers
Uepartiz, la chambre sera fermée et le chiva- (1) Voy., à la fin du vol., n* f3.
557 BAN BAN 558
BANDE (Chevaliers de la). la permission du roi portait la bande, il
Des chevaliers des ordres de la Bande ^ de la devait se battre avec des chevaliers de cet
Colombe, de la Raison, de V Ecaille et de ordre; et si celui qui avait pris la bande
élail vainqueur, il était déclaré chevalier et
lEtole en Espagne.
pouvait à l'avenir la porter;, au contraire
L'ordre de la Bande ou de l'Ecliarpc, ainsi
s'il liait vaincu, il était chassé delà cour.
appelé à cause que les chevaliers perlaient
Tous les chevaliers ne devaient combattre
une bande, ou ruban de soie rouge, large de que eoiilrc les Maures, à moins qu'ils n'ac-
quatre doigls en forme d'écharpe de l'é-
, ,
compagnassent le roi dans queliii.e autre
paule gauche sons le bras droit (1), fut insti-
guerre mais s'ils combattaient contre d'au-
;
tué en 1330 ou 1332, par Alphonse XI, roi de
tres enneniis que les Maures sans être à la
Caslille, fils de Ferdinand et de Constance
suite du roi, ils étaient privés de l'écharpe.
de Portugal. Antoine de Guevara, cvcque de
Ils s'assemblaient trois fois l'an pour les afîai.
Mondognedo, qui parle de cet ordre dans une
res de l'ordre, el devaient tous se trouver
ils
de ses lettres au comte de Benavciite, ne
atu lieu de l'assemblée avec leurs armes et
marque point lo lieu où il fut institué ; mais
leurs chevaux. Ils étaient aussi obligés tous
il dil que quatre ans après le même roi étant
les ans de faire, au moins quatre fois, le jeu
à Palencia, réforma et même
le rélablit, le
des cannes, et i!c courir la bague une fois
l'ampliOa. ne se donnait qu'à des genlils-
Il
la semaine, et celui qui négligeait ces exer-
hommes de considération ou vaillants che- cices était privé de l'écharpe pondant un mois,
valiers. Los aînés des familles en étaient
et allait sans é[)èe pendant un autre mois.
exclus, et il n'y avait (pie les cadets qui pus-
Si quelque chevalier se mariait à vingt
sent recevoir l'écharpe encore fallait -il
;
lieues à la ronde du lieu où se tenait la cour,
qu'ils eussent suivi la cour pendant dix ans
tous les autres clicvaliers étaient obigés de
ou qu'ils eussent servi le roi à la guerre con-
l'accompagner, lorsqu'il se présenlaii au roi
tre les Maures. Les règlements que le roi
pour lui demander quelques présents, conjme
Alphonse, qui se déclara grand maître et
auisi de l'accompagner au lieu où il se ma-
chef de cet ordre, prescrivit aux chevaliers,
riait el de faire un présent à la mariée. Tous
contenaient trente-huit articles. Ils étaient
les premiers dimanches du mois, ils se trou-
obligés entre autres choses de parler au roi
vaient au palais pour faire des armes, deux
en faveur du bien public et des bourgeois
contre deux en présence du roi. Le nombre
des lieux, où ils demeuraient, lorsqu'ils en
de. ceux qui étaient admis aux tournois et
étaient requis , sur peine d'être bannis de
dans les courses ne pouvait pas passer Irenta
leur pays et privés de leurs biens. En par-
contre trente. Dans les tournois on ne pou-
lant au roi, ils devaient lui dire la vérité,
vait courir plus de quatre fois, el celui qui
promettant de lui être fidèles ; et s'ils enten-
dans l'une des quatre courses ne rompait
daient quelqu'un qui parlât mal de lui et
point sa lance était tenu de payer les frais
qu'ils ne s'y opposassent pas. ils étaient
du tournois. Enfin lorsqu'un chevalier était
chassés de la cour et on leur ôlail l'écharpe
à l'article de la mort, les autres devaient l'al-
pour toujours. Si dans leurs eniretions, ils
ler trouver pour l'aider à bien mourir par de
avaient fait quelque mensonge, ils no pou-
bonnes exhortations. Après sa mort ils ac-.
vaient porter l'épce d'un mois. Ils ne de-
compagnaient son corps à la sépulture, ils
vaient fréquenter que des personnes sages
en portaient le deuil pendant un mois ils
pour apprendre d'eux à bien vivre, ou des ;
mauvaise odeur, et devaient en buvant pro- dont i'insUiution est attribuée au roi JeanI",
uoucer le nom de Jésus. Si quelqu'un sans par quelques auteurs; d'autres préteiulent
?ne celui de la Colombe lut institué par
(1) Voy., à la fin du vol., n" C^i. ienri, son ûls. Ainsi ne convenant poi.it da
559 DICTIOISWAIKE DES ORDRES RELIGIEUX. 5G0
riiislilulcur ne s'accordent pas non plus
, ils de Benavente. Favin Théâtre d'honneur et
,
sur le temps que ces ordres furent établis ; de chevalerie. De Bclloy , Origine de chevale-
les uns prétendent que ce fut l'an 1379, d'au- rie. Menneuius Deliciœ equestrium Ord.
,
donna aux chevaliers pour marque de leur Palais d'honneur. Pour ceux de la Colombe,
ordre une colombe d'or émaillée de blanc de la Raison et delà Scama Mennenius, ,
la tête en bas (1). L abbé Giusliniani dit que Giusliniani et Schoonebeck ; et pour celui da
cos chevaliers faisaient vœu de chasteté con- VEtole, les mêmes Giusliniani et Schoone-
jugale, qu'ils devaient communier tous les beck. Summonte, dans son Hist. de Naples,
jeudis défendre la foi catholique et proté-
, et les Familles Illustres d'Italie de Sansovino.
ger les veuves mais cet ordre qui ne se ;
BARNABITES (Clercs réguliers de Saint-
conférait qu'à des personnes de considéra-
Paul, dits).
lion ne fut pas de longue durée.
Celui de la Raison n'était aussi donné qu'à Des Clercs réguliers de la congrégation de
des personnes dont la noblesse était bien Saint-Paul, appelés vulgairement Barna-
connue, qui avaient été à la guerre ou qui ,
bites,avec les Vies des vénérables Pèi'es An^
avaient rendu quelque service considérable toine-Marie-Zacharie de Crémone, Barthé-
au roi. En les faisant chevaliers , on leur lémy Ferrari et Jacques-Antoine Morigia,
donnait une lance au bout de laquelle il y Milanais, leurs fondateurs.
avait un petit étendard. Ils devenaientpar ce L'établissement des Clercs réguliers qui
moyen chevaliers bannerets, comme il y en prirent le nom de saint Paul, à cause de la
avait en plusieurs royaumes. L'abbé Gius- dévotion qu'ils portaient à cet apôtre , et à
liniani dit que l'on trouve encore dans la qui le peuple a donné le nom de Barnabiles
province d'Andalousie de ces chevaliers ; pour les raisons que nous dirons dans la
mais ce sont sans doute des seigneurs ban- suile, se fit peu de temps après celui des
nerets, comme il y en a en plusieurs royau- Clers réguliers Théatins. La plupartdes écri-
mes et particulièrement en France où on
, , vains qui ont parlé de cette congrégation ne
ne donnait autrefois ce nom qu'aux gentils- s'accordent point louchant son origine (3).
hommes qui possédaient de grands fiefs, et Les chanoines réguliers, voulantse faire hon-
qui avaientdroit de porter une bannière dans neur de lui avoir donné naissance, en attri-
les armées du roi , sous laquelle marchaient buent rétablissement à dom Séraphin» de
cinquante hommes d'armes avec grand nom- Ferme, chanoine régulier de la congré-
bre d'archers et d'arbalétriers. gation de Latran ; et Hipamont (4), dans ses
Il y a des auteurs qui prétendent qu'il y a Annales de l'Eglise de Milan, prétend que
eu aussi en Gastille un ordre militaire sous c'est à saint Charles Borromée que l'on doit
le nom de la Scama ou de l'Ecaillé , dont ils déférer cet honneur, et que c'est ce saint
font Jean 11 , instituteur, et ils disent qu'il cardinal qui lui a prescrit les règlements qui
donna aux chevaliers pour marque de leur ont servi à y maintenir l'observance régu-
ordre une croix rouge faite d'écaillé de poisson lière. Les uns donnent la règle de saint Au-
qu'ils devaient porter sur un habit blanc (2). gustin à ces Clercs réguliers, d'autres les
Aces ordres militaires de Gastille, nous soumettent à celle de saint Benoît et enfin;
joindrons celui de l'Elole en Aragon, dont parmi ceux qui ont parlé de leurs véritables
on ne connaît point l'origine ; on sait seule- fondateurs, il y en a plusieurs qui ont ren-
ment qu'Alphonse V roi d'Aragon, fit des , versé l'ordre qu'ils doivent tenir. Je ne parle
chevaliers de cet ordre , ce qui lait croire point des calomnies atroces dont Hospinia-
qu'il peut en avoir été l'instituteur. Sum- nus (5) dans son Histoire des ordres mo-
monte, dans son histoire de Naples , dit que nastiques a voulu noircir ces Clercs régu-
ce prince étant à Naples , le duc de Bourgo- liers, aussi bien que les filles spirituelles de
gne lui envoya le collier de la Toison-d'Or , cette congrégation, qui sont les Guastalines
et qu'en revanche le roi d'Aragon lui envoya el les religieuses Angéliques (nom qui con-
sa devise de l'Elole et du I^is, à condition , vient parfaitement à la pureté de leurs
qu'en cas qu'ils fussent en guerre dans la mœurs) les oreilles chastes s'offenseraient
;
qu'elles ont toujours eues depuis leur éla- Bartholomœo Ferrario et Antor.io-Mnriœ
liis
blissemenl, et qu'ils auront aussi \u l'estime Zachnriœ; mais ce n'était qu'un effet d'ami-
dans laquelle les uns et les autres sont parmi tié et de reconnaissance de Basile Ferrari,
le peuple. Schoonebeeck (1) a ménagé les secrétaire de ce pape et frère de Barlhélemi,
religieux de colle congrégation; mais pour ce qui ne peut préjudicier à la primauté
les religieuses, il dit aussi qu'elles ont été qu'Antoine-Marie Zacharie a toujours eue
exterminées et chassées de toute l'Italie; et sur les autres fondateurs, qui lui a été même
voulant adoucir les termes injurieux d'Hos- confirmée par un chapitre général de celte
pinianus, il dit seulement que c'était à cause congrégation comme nous venons de dire.
,
de quelques abus qui régnaient parmi elles. Zacharie qui reçut au baptême les noms
Mais nous avons déjà fait voir le peu de foi d'Antoine-Marie , naquit à Crémone l'an ,
qu'on doit avoir à cet auteur, et ceci en est 1500, de parents qui tenaient rang parmi la
encore une preuve. première noblesse de cette ville. Son père se
C'est sans doute de ces clercs réguliers de nommait Lazare Zacharie, et sa mère An-
Saint-Paul et des Guastalines que Damman toinette Pîscarola, qui le mit au monde au
a voulu parler, lorsqu'il dit qu'une comtesse septième mois de sa grossesse , et peu de
de Guaslalle , à la persuasion du P. Baptiste temps après se trouva veuve à la Heur de sou
de Crémone, de l'ordre de Saint-Dominique, âge. Elle ne songea point à passer à de se-
fonda, l'an 1537, une société d'hommes et de condes noces. La perte de son mari la ren-
femmes auxquels il donne le nom de prêtres dit plus libre pour vaquer à ses exercices de
et de prêtresses Guasinllœ comitissa mulier
: piété, et sa plus grande attention aux affaires
Mantuana, ex viris pariter ac feminis sacer- de ce monde ne fut qu'à donner une bonne
dotalibxis constitxiit sodaliîatem. Il est bien éducation à son fils qui était l'unique quelle ,
vrai que Louise Torelli , comtesse de Guas- avait eu de son mariage. Les jeûnes les ,
lalle, à la persuasion de Baptiste de Crème veilles les oraisons étant ses occupations
,
et non pas de Crémone , établit une société continuelles il semblait que ;le petit An-
de filles qui ont pris dans la suite le nom de toine-Marie voulût déjà l'imiter dans son
Guastalines et d'Angéliques; mais elle n'éta- jeune âge en faisant tout ce qu'il lui voyait
,
blit pas une société dhommes. C'est une faire n'ayant point de plus grand plaisir
,
fausseté qu'il a avancée , lorsqu'il a dit que lorsque , ne faisant encore que bégayer,
qu'ils furent tous chassés de Venise à cause on lui faisait réciter les prières qu'on ap-
des crimes de leur grande prétresse qu'ils prend d'ordinaire aux enfants. Sa mère, lui
nommaient maîtresse; car bien loin que les voyant de si heureuses inclinations, les for-
hommes aient été soumis aux Angéliques , tifiait encore plus par son exemple que par
celles-ci ont, au contraire , été d'abord sou- ses paroles mais rien ne fit paraître davan-
;
mises à la congrégation des clercs réguliers. tage la piété de cetto sainte femme, et le dé-
A la vérité il y eut une de ces Angéliques ,
sir qu'elle avait que son fils se sanctifiât
qui, environ vingt ans après cet établisse- que lorsqu'il donna un jour son habiî à un
nient,'sous une fausse apparence de sainteté, pauvre; car, après cette généreuse action,
trompa bien dû monde ; mais cette faute ne Zacharie, revêtu seulement du manteau de la
retomba point sur la congrégation des clers charité, l'ayant été trouver et lui ayant dit
réguliers ni sur les Angéliques ; et c'est ce
, d'un air gai que si l'action qu'il venait de
qui nous donnera lieu en parlant des An-
, faire était une faute il venait pour subir la
géliques, de rapporter les illusions de celte peine qu'elle méritait cette femme, loin de ,
religieuse , qui ne tendaient qu'à attirer désapprouver cette action, en eut au con-
l'estime des hommes ce que nous ferons
, traire une joie sensible. Depuis ce temps-là
pour désabuserceux qui auraient pu ajouter Zacharie, renonçant de bonne heure aux va-
foi à Damman , et croire comme lui qu'elle nités du monde ne voulut plus porter d'ha- ,
suivait la doctrine d'Epicure mais il faut ; bit de soie et se contenta d'habils humbles
,
lemi Ferrari et Jacques-Antoine Morigia de il hésita longtemps s'il devait exercer la mé-
Milan. C'est là le rang que l'on a donné à ces decine pour éviter l'oisiveté et pour avoir
saints fondateurs dans leur congrégation, lieu de secourir les pauvres dans leurs ma-
qui fut confirmé par un décret du chapitre ladies mais un religieux de l'ordre de
:
général. Peut-être que l'on pourrait croire Saint-Dominique, qu'il avait pris pour son <ii-
que la primauté doit appartenir à Barthé- recteur, lui conseilla d'embrasser l'état ce-.
(i) Schoonebeckj lii&t. des Ord. de femmes et de filles relig.t p. 42.
Dictionnaire des Ordres religieux. I, 13
ses DICTIONNAIRE DES ORDRES RELIGIEUX. 364
clt'siastiquo. Il étudia pour cel effet en théo- Jean-Antoine Bellot, qu'il nomme Bellius, et
logie, et s'appliqua à la leclure de la sainte qu'il dit avoir été évéque de Grenoble, en
iîcrjiure et des saints '^èies, où il fit un fut le directeur et dressa les règles et les
grand progrès. Il prit le^ ordres sacrés et statuts de celte confrérie. Tous les deux se
ayant été promu au i-aterJoce, il se disposa sont trompés : premièrement le père Sicco,
à céléb;er sa première messe par une con- en disant que ce Bellot lut abbé de Saint-
fession générale qu'il fil de toute sa vie, par Antoine de Grenoble, car il n'y a qu'une
des actions d'humilité, par des mortifications seule abbaye d'hommes sous le nom de Saint-
dont il afdigea sou orps, cl il relrancha les
<
Antoine, en France, laquelle est située dans
pompes et les appareils iuuliles dont la plu- le diocèse de Vienne en Dauphiné, et est
part des nouveaux prêtres accompagnent ciief de l'ordre des chanoines réguliers de
qu'il s'était dépouillé de son habit pour en rence que celte société ne fut pas instituée à
revêtir un pauvre, comme nous avons déjà
dit; mais sa compassiwn s'augmenta lors-
la prière de la bienheureuse Jeanne, puis-
qu'elle s'était retirée à Bourges dès l'an li98
I
qu'il se vit honoré do la dignité du sacer- que son mariage avec Louis XII fut déclare
doce. Il les recevait en son logis, il leur don- nul : ce qui prouve encore que le P. du
nait à manger et les soulageait dans leurs Breuil s'est trompé dans ses Antiquités de
misères. Les étrangers venaient à lui pour Paris lorsqu'il dit que la congrégation des
recevoir ses avis et ses conseils. 11 les rece- Barnabites commença à fleurir sous le roi
vait aussi daus sa maison, di» sorte que la Louis XII et la bienheureuse Jeanne de
ville de Crémone étant trop petite pour res- Bourges, sa femme, pour lors ducs et sei-
serrer dans ses limites la réputation de gneurs de Milan; puisque, comme nou»
toutes ces aclious de vertu elle vola en peu ,
avons déjà dit, ce prince ne s'empara du
de temps au dehors ; ce qui a peut-être donné Milanais qu'en 1500, et qu'en 1530 que com-
occasion de dire que ce fat lan io2+, ou, mença la congrégation des Barnabites, Fran-
selon le sentiment le plus ccmmun, l'an lo23, çois Sforze en était le maître, y ayant été
qu'avec ;^es compagnons il donna commen- rétabli pour la seconde fois en 1529 sous le
cement à congrégation des Clercs régu-
la règne de François P"', roi de France, suc-
liers de Saint-Paul. Il est vrai que ce tut cesseur de Louis XII, qui était mort dès
vers l'an lo2o qu'il s'adonna à ces œuvres l'an 1315.
de pieté mais ceux qui n'ont rapporté Téia-
;
Quoi qu'il en soit, dans le temps qu'An-
blissemcnt de sa congrégation qu'à 1 an 1330 toine-Marie Zacharie, avec Barthélémy Fer-
ont plus approché de la vérité, puisque ce rari et Antoine Morigia concertaient en-
,
ne fut que vers ce temps-là qu'il en conféra semble pour l'établissement de leur congré-
avec ses compagnons à Milan. gation, la confrérie de la Sagesse-Eternelle
Il avait quelques biens dans cette ville où était presque abandonnée. Ce qui devait ex-
il était obligé d'aller dei icurer quelqUi^s citer les confrères à s'attacher avec plus de
mois de l'année, pour ne p.s perdre le droit ferveur à leurs obligations au milieu des
de citoyen qui était accordé à la famille des fléaux dont Dieu affligea le Milanais, n'avait
Zacharie et parmi ceux, qui lièrent amitié
; au contraire servi qu'à les en éloigner. Les
avec lui et qui le fréquenla;eat le plus sou- conf.ères étaient réduits à un petit nombre,
vent pendant son séjour, il y eut deux nobles le tumulte de la guerre et une cruelle peste
Milanais qui étaient d'une confrérie ou so- qui lui avait succédé avaient interrompu les
ciété sous le nom de la Sagesse-Eternelle, œuvres de charilé auxquelles ils étaient enga-
qui avait été établie par les Français après gés, qui étaient de fréquenter les sacrements,
que Louis XII se fut emparé de cette ville, enseigner la jeunesse, vaquer à la prédica-
l'an l.'jOO. Le père Sicco, clerc régulier de la tion, à l'oraison et à la prière, visiter les
congrégation de Saint-Paul, dans un abrégé pauvres, les soulager dans leurs misères, et
de l'histoire de cette conç^régation, dit que autres semblables exercices. Barthélémy
celte société de la Sagesse -Eiernelle eut Ferrari et Antoine Morigia gémissaient de
pour instituteur Jean-Anloine Bellot, doc- ces désordres, et ne trouvèrent point d'autre
teur en théologie et abbé de Saint-Antoine moyen pour y remédier que de s'unir avec
de Grenoble. Le père Bonncions de la com- Zacharie pour former ensemble une congré-
pagnie de Jésus, dans ses Yi.s des Saints, en gation de clercs réguliers , dent les princi-
rapporte l'institution au roi J.ouis XII, qui pales obligations seraient de confesser, prê-
fut incité à cela, à ce qu'il prétend, par la cher, enseigner la jeunesse, diriger les sé-
bienheureuse Jeaune, sa femme, el que ce m'msàtes, faire des missions et coaduire les
565 BAR BAR 5f)6
âmes, selon que les évêques les emptuie- martyrs Nabor et Félix, qui répandirenf leur
raiont dans leurs diocèses. Ce fut donc l'an sang pour le nom de Jésus-Clirist, sons i'om-
1530 qu'ils s'unirent ensemble pour ce sujet pire de Maximilien Herculius. Il vint au
à Milan, et en peu de temps ils eurrnt d'au- monde environ l'an 1W3. et son père Simon
Ires compagnons, les premiers qui entrèrent Morigia étant mort peu de (emps après, on
dans leur société ayant élc deux prêtres de le mit sous la conduite de sa mère Ursipo
la même ville et d'une émincnte piclé, l'un Bartia, et de deux de ses oncles. Sa mère
nommé François Lucco, et l'autre Jacques qui était une dame du monde, avait plus de
Caseo. Mais avant que de passer outre , il soin d'élever ses enfants dans la vanité que
faut dire un mot des doux autres fondateurs de les faire instruire des devoirs du christia-
de celte con-^régalion, Barihélemy Ferrari nisme. Elle ne les excitait pas à la piété ni
et Jacques-Antoine Morigia. par SCS exemples ni par ses paroles; elle se
Barlliclemy naquit à Milan de la noble souciait peu aussi qu'ils fissent de grands pro-
famille des Ferrari, l'an li'j? ; il eut pour grès dans les sciences; et si Morigia, après
père Louis Ferrari, et pour mère Calhcrine avoir fait ses études d'humanités, ne se fût
de Gastiglione. Mais à peine les eut-il con- de lui-même appiiiiué à l'étude des mathé-
nus (juil les perdit, et peu de temps après matiques dans lesquelles il devint habile,
son frère aine mourut ausi c est pourquoi
; toutes ses études se seraient terminées à la
il fut mis, avec soii frère Basile Ferrari, sous rhétorique.
la tutelle d'un de ses parents qui eut soin Le peu de sentiments qu'on lui avait in-
de le faire étudier. Après avoir tini ses hu- spiré du christianisme, fit qu'après ses études,
manités, il alla à Pavie pour y apprendre le il s'adonna aux plaisirs et à la volupté,
^.es
droit; mais il fut bientôt rappelé à Milan jeux, les bals, les danses, les spectacles, et
par son frère, qui, voulant aller à Rouie tous les divertissements que la jeunesse peut
pour s'avancer dans les charges ecclésiasti- inventer, faisaient toutes ses occupations;
ques, lui abandonna le gouvernement de mais Dieu, le voulant retirer de ces vains
leur famille , ce que Barthélémy n'ac- amusements, permit que de temps en temps
cepta qu'avec peine et quoiqu'il n'eût pas
; il allât rendre visite à quelques-unes de
ses
encore vingt ans accomplis, il fut néanmoins parentes qui étaient religieuses dans le mo-
déclaré majeur par un arrêt du sénat de nastère de Sainte-Marguerite, lesquelles par
Milan, et mis hors de tutelle. Il retourna leurs exhortations lui firent concevoir un tel
à Pavie pour y continuer ses éludes de droit, dégoût pour les vanités de ce monde, que,
et quoique maître de son bien dans un âge mettant bas ses habits précieux, il se revê-
peu avancé, il ne se laissa pas pour et- la en- tît d'une pauvre soutane, et voulut être in-
traîner au torrent des plaisirs il les fuyait
; scrit au nombre des clercs par l'évêque do
au contraire, et surtout il évitait la com- Laodicée, sutïragant d'Hippolyte d'Est, ar-
pagnie des femmes couime un écu^iil dan- chevêque de Milan, et qui gouvernait ce
gereux , où souvent les jeunes gens s(j diocèse en l'absence de ce prélat. Il entra
perdent. aussi dans la société de la S igesse-Eternelle,
Etant de retour à Milan, il entra dans la et peu de temps après on lui voulut donner
confrérie de la Sagesse-Eternelle, et prit eu l'abbaye de Saint-Victor, qui était d'un gros
même temps l'habit clérical. Il s'acquitta revenu, et qu'il refusa.
avec beaucoup de fniélité de tous les devoirs G fut dans Cf mémo, temps que s'étant joint
'
Milanais ne lui fournissait que trop de qu'il avait sur l'esprit de ce pontife pour
moyens diff.irents pour exercer sa charité. qu'il leur accordât ce qu'ils demandaient.
Le pays qui servait de théâtre à la guerre En effet au mois de févrierde l'année suivante
se trouvait dans une grande désolati m, et le pape, étant à Boulogne, leur donna un bref
le soldat, enclin à 1.» brutalité, laissait par- par lequel il leur permit d'ériger un nou-
tout des marques de la dissolution et des vel ordre de Clercs .réguliers dans lequel on
dérèglements qui régnent parmi ces sortes ferait les trois vœux de religion en présence
de g'ns. de l'archevêque de Milan, auquel ils étaient
Jacques-Antoine Morigia, troisième fon- soumis, de faire profession solennelle d'y
dateur de la congrégation des Clercs régu- admettre ceux qui se présenteraient, et que
liers de Saint-Paul, qui était aussi de la cette profession se ferait en présence de ce-
même compagnie de la Sagesse-Eternelle, lui qu'ils éliraient pour supérieur, de vivre
servait de second à Ferrari dans roxercice en coummn et de dresser des constitutions
,
de ses œuvres de charité. Il était aussi d'une pour l'observance régulière. La même an-
famille très -ancienne à Milan, laquelle née François Sforze, duc de Milan, leur ac-
çîoiûpte au ooaibre de àes ancêtres les saints corda la' permission d'accjuérir des biens
567 DICTIONNAIRE DES ORDRES RFXiCIEUX. 568
dées par le pape. Il commença p.jr introduire avaient pas encore faits , quoique Clé-
la vie commune. Pour cet effet il acheta une ment VII leur en eût accordé la permission.
petite maison proche la porto de Pavie, oîi Il leur permit aussi de recevoir ceux qui se
s'assemblèrent ses premiers compagnons, présenteraient pour entrer dans leur ordre,
auxquels se joignirent peu de temps après de réciter l'office divin selon l'usage de l'E-
quatre citoyens de la n)éme ville. Là, ou- glise romaine, d'administrer les sacrements,
bliantl'éclalde leurs familleselrenonçantaux de bâtir une église sous le titre de Saint-
commodités dont ils pauvaient jouir dans le Paul qu'ils avaient choisi pour leur patroQ
monde, ils menèrent une vie pauvre sous la et dont ils avaient pris le nom, et les fit
conduite de Zacharie qui était leur supé- participants de tous les privilèges dont
rieur, et qui dressa les premières constitu- jouissaient les chanoines réguliers de la
tions de cet ordre. congrégation de Latran, et qui leur seraient
L'année suivante (lo3i) Zacharie leur accordés dans la suite.
donna l'habit de religion tel que celui qu'il Zacharie, pour exécuter ce bref qui limi-
avait pris lui-même, et qui était commun aux lail la fonction de supérieur à trois ans, et
prêtres séculiers de ce Icmps-lcà, mais d'une y en ayant déjà près de six qu'il gouvernait
étolïe plus vile, avec un bonnet rond, suivant la congrégation fit assembler ses frères
,
lacoutume pour lors de Louibardie, et qu'ils pour procéder à l'éieclion d'un nouveau su-
ont changé depuis en un bonnet carré. périeur; et après être convenus ensemble
Comnie ils n'avaient cherché que la simpli- qu'on lui donnerait le nom de prévôt, le sort
cité d.ins leurs habits, ils la voulurent aussi tomba sur Morigia, qui prit le gouverne-
conserver dans les nécessités de la vie. Des ment de la congrégation le lo avril 1536,
légumes, des herbes et quelques petits pois- en qualité de premier prévôt. Il n'y avait
sons taisaient leurs mets les plus exquis, et pas longtemps qu'il était prêtre, et par un
ils mangeaient rarement de la viande. Quoi- induit de Rome qui lui avait permis de pren-
qu'ils n'eussent pas encore fait les vœux so- dre les ordres sacrés à trois jours de fêtes
lennels, chacun en son particulier était pau- consécutives, il avait été ordonné sous-dia-
vre et n'avait rien en propre tout était en
: cre le 22 juin 1535, avait reçu le diaconat
commun et toutes choses étaient distribuées le 29 du même mois, et la prêtrise le k juil-
à un chacun selon ses besoins. Leurs mortifi- let suivant. Mais il n'avait pas voulu célé-
cations étaient grandes, leurs jeûnes, leurs brer sa première messe qu'après s'y être
veilles et leurs oraisons presque continuels. préparé pendant deux mois par des jeûnes,
On en voyait quelques-uns, le crucifix en des veilles, des oraisons, des mortifications,
main, aller par la ville exhortant les peuples et par l'exercice de plusieurs œuvres de
à la pénitence; d'autres, chargés d'une croix piété. L'estime et la vénération qu'il avait
fort pesante sur leurs épaules, allant dans pour Zacharie fit qu'il lui déféra toujours
les églises et implorant à haute voix la mi- l'honneur de la supériorité, quoiqu'il n'en
séricorde de Dieu; d'autres avec une corde portât pas le nom. il ne faisait rien sans le
au cou, s'alkr offrir aux emplois les plus consulter, et voulut même qu'il donnât tou-
vils, ot d'autres eiifin qui, revêtus de mé- jours l'habit à ceux qui se présentaient.
chants babils, demandaient l'aumône, chacun Sur la fin de l'année 1537, Zacharie entre-
inventant une nouvelle manière d'humilia- prit la première mission dont les religieux
tion pour attirer les peuples à la pénitence de cet ordre font profession ce fut a V"i-
:
et à un changement de mœurs, en quoi ils cence, où il fut appelé par l'évêque de cette
réussirent. Mais le grand fruit qu'ils fai- ville. Il y alla avec quelques compagnons;
saient donna de la jalousie à un prêtre qui il y demeura environ un mois et substitua
les dénonça au tribunal de l'archevêque, à en sa place Ferrari, qui alla ensuite à Vé-
celui de l'inquisition et au Sénat, comme des rone pour le même sujet. Il fit un si grand
novateurs qui tioublaienl le repos public, fruit dans ces villes que celles de Pavie et
,
et qui, sous une fausse apparence de piété, de Venise voulurent avoir de ces sortes de
tramaient quelque chose de funeste à la reli- missionnaires aussi bien que des Angéliques
gion catholique. Ce calomniateur fut écouté : qui accompagnaient les clercs réguliers dans
on informa de leur conduite, et leur inno- leurs missions, pour travailler de leur côté
cence ayant été reconnue, les accusations à la conversion des personnes de leur sexe.
qu'on avait formées contre eux ne servirent Zacharie, étant retourné à Milan, s'employa
qu'à leur attirer de l'estime et de la vénéra- utilement au salut du prochain et à l'avan-
tion. cement de sa congrégation. Quelques affai-
Clément VII étant mort, et Paul IIÏ lui res l'ayant obligé d'aller à Guastalla, l'an
ayant succédé, ce pape accorda, l'an 1535, 1539, il y tomba malade ; et s'étant fait
de nouvelles grâces et de nouveaux privi- transporter à Crémone, qui était le lieu de
lèges à celte congrégation. Il l'exempta de sa naissance, il y mourut quelques jours
la juridiction de l'archevêque de Milan, la après dans sa quarante- troisième année;
menant jo s la protection du saiut-sicge. Il son corps fut ensuite porté à Milan; et commo
"*"
leur permit de porter l'habit clérical, de la congrégation n'avait pas encore de de-
569 BAR liAIl 570
meure assurée ni d'église , il fui enterré les unir à la congrégation des Clercs régu-
dans celle cics Angéliques. liers, qui se serait vue tout d'un coup aug-
La couUune étail déjà élablie dans cette mentée de cent cinquante religieux (jui res-
congrégation de continuer le supérieur à la taient de cet ordre, et de plus de vingt-cinq
fin de son Irininal, comme cela se pratique milie écus de revenu qu'ils possédaient
;
encore lorsqu'on le juge expédient pour le mais les Clercs réguliers ne voulurent poiîit
bien de l'ordre c'est pourquoi Alorigia
; accepter celle union de peur que les Humi-
exerça l'office de supérieur pendant six ans, liés ne corrompissent leur troupeau : ce qui
après lesquels Ferrari lui succéda le dernier fit que cet ordre fut entièrement supprimé
novembre de l'an lo42, et, le même jour, par le pape Pie V. Ils eurent néanmoins de
leur oratoire, sous le nom de Saint-Paul, leurs dépouilles les prévôtés de Crémone,
proche l'église de Saint-Ambroise, ayant été de Mont-Sa et de Verceil, que saint Charles
ou\ort, ils y céléorèrenl publiquement la leur fit donner par le pape, avec les reve-
messe et y chantèrent l'oflice. Cette demeure nus qui en dépendaient.
leur avait été cédée par les Angéliques lors- Les trois fondateurs ne s'étaient pas mis
qu'elles la quittèrent pour aller s'établir en peine, de leur vivanl, de procurer à leur
dans le lieu où elles sont encore à présent ; congrégation de nouveaux e'ahli^semcnls ;
mais l'an lo^jo, ils changèrent encore de de- mais après leur mort elle s'étendit beaucoup
meure, ayant obtenu l'église de Saint-Har- en plusieurs villes d'Italie, où ils ont un
nalié, qui leur a fait donner le nom de Bar- grand nombre de collèges (c'est ainsi qu'ils
nabites. C'est sans doute ce nom de liarna- appellent leurs maisons), qui sont divisés
biles qui a fait dire à Crusenius (1), que les en quatre provinces. Le roi Henri IV les ap-
Clercs réguliers de Saint-Paul avaient renou* pela en France en 1G08, el écrivit pour te
vêlé l'ordre de saint Barnabe et des Aposto- sujet à leur chapitre général, qui se tenait
lins. Nous avons suffisamment parlé de cet celte annéC'là. Ils entrèrent d'abord dans le
ordre au chapitre A 111 de ce volume, et les Béarn en qualité de missionnaires apostoli-
Apostolins ou Barnabites ont toujours été ques députés par le pape Paul V'. Ils rame-
différents des Clercs réguliers de Saint-Paul, nèrent dans cette province un si grand nom-
avec lesquels ils n'ont jamais fait d'union, bre d'hérétiques au sein de l'Eglise catholi-
les Apostolins ayant toujours subsisté jus- que, que plusieurs évoques les souhaitèrent
qu'au temps d'Innocent X, (jui les supprima dans leurs diocèses. LouisXlîI,parses lettres
vers l'an 1650. Ce n'est donc qu'à cause de patentes de l'an 1622, vérifiées en parlement,
l'église de Saint-Barnabe qu'on a donné à leur accorda la permission de s'établir dans
ces Clercs réguliers le noni de Barnabites :
toutes les villes et les autres lieux du royau-
celte église leur fut accordée à la prière de me où i's seraient appelés. Peu de len.'ps
Morigia, qui fut encore élu prévôt le der- après, le cardinal de Kelz, Henri de Gondy,
nier juin loio, après la mort de Ferrari, qui dernier évoque de Paris, leur permit de s'é-
était arrivée au mois de novembre de l'an- lablir dans celte ville; mais sa mort ayant
née précédente, et qui fut aussi enterré avec différé cet éiablissement, ce ne fut que l'an
Zacharie dans l'église des Angéliques. Mo- 1629 qu'ils y entrèrent. Leur première de-
rigia le suivit quelque temps après étant , meure fut d'abord entre les faubourgs de
mort le 13 avril loiG, et fut le premier qui Saint-Jacques et de Sainl-Michel; mais, l'an
fut inhumé dans leur nouvelle église. 1631, ils prirent possession du prieuré de
Nous avons dit ci-devant que Zacharie Saint-Eloi, qui leur lut donné par le cardi-
dressa les premières constitutions de cette nal Jean-François de Gondy, premier arche-
congrégation on en fit de nouvelles dans le
:
vêque de Paris, où ils ont demeuré jusfju'à
chapitre de l'an lo42, où présidait l'évêque présent. Ils onl obtenu d'autres maiso- s à
de Laodicée, comme délégué du saint-siége Monlargis, à Elampes et en d'autres lieux,
et du cardinal de Tolet, pour lors prolecteur qui ont formé une cinquième province. L'em-
de cet ordre; et enfin, dans le chapitre géné- pereur Ferdinand 11, ayant demandé à S'orrie
ral de l'an 1379, on y dressa celles (jui s'o'u- à la congrégation de la Propaganda Fede des
servent encore à présent» lesquelles furent missionnaires pour l'Allemagne, elle députa
approuvées par le pape Grégoire XIII , de ces religieux à qui l'empereur accorda
après qu'elles eurent élé examinées par des établissements à Vienne et en d'autres
saint Charles Borromée, à la prière du car- lieux, d'où ils ont passé dans le royauiîîe de
dinal Jean-Anloine Serbellini, second pro- Bohêine; et le duc de Savoie, Charles lùii-
tecteur et le dernier de cette congrégation, manuel P"^, les fil venir dans ses Etats. Il y a
qui n'en a point eu d'autre depuis la mort de quelques endroits où ils ont plusieurs col-
ce Cardin il. lèges, comme à Naples, où ils en ont deux.
Saip.t Charles avait tant d'estime pour ces Ils enseignent dans les universités de .Aliian
Clercs réguliers, et leur portait lant d'alTec- et de Pavie. Ils sont théologiens des grands
lion, qu'il faisait souvent des retraites chez ducs de Florence, et ordinairement précep-
eux où il avait son confesseur, qui était le teurs des princes, leurs enfants grands pé-
;
P. Alexandre Sauli, qui fut dans la suite gé- nitenciers et consulteurs du saint-office en
néral de celte congrégation. Ce saint cardi- plusieurs villes d'Italie, où il y en a peu
nal, voyant l'impossibilité qu'il y avait de auxquelles ils n'aient donné des évéques; et
reformer les Moines Humiliés et de les ra- les sièges épisconaux de Manloue, de Pavie,
mener à leur première observance, voulut de Novarre, d'Arexaadric, de Noli, de Ven-
(1) Crusen., Monasi. August,
571 DICTIONNAIRE DES ORDRES RELIGIEUX. 372
timiglia et d'Aloria sonl aujourd'hui remplis que nous en donnons (1). Au chœurilsporlent
par dos religieux de tel ordre ils en ont
: un rochct; ainsi cet habillement est bien
aussi donné :\ la Hongrie. Le cardinal Mo- dilTcrenl de celui que Schoonebeek leur a
rigia, de la famille d'un de irnrs fondaliurs, donné, les ayant représentés avec une aube
et qui avait élé archevêque de Florence, est et une chape ou manteau, au haut duquel il
sorti de la même congrégation. a mis un grand capuce ou chaperon doublé
II y a eu aussi ])arnii eux un grand nom- d'hermine, en quoi il a élé aussi peu exact
bre de personnes qui se sont distinguées que quand il a dit qu'outre le nom de Bar-
par leur mérite, leur science et leur piété, nabites, on leur donne encore celui de Clercs-
comme Alexandre de Sauli, surnommé l'a- Réguliers de Sainl-Borromée.U a néanmoins
pôtre de Corse, évêque d'Aléria et ensuite eu raison de dire qu'un leur donne aussi ce-
de Pavie, après avoir élé général de son or- lui de Saint-Paul décapité, ou de San Pùolo
dre. Il mourut le 11 octobre 1592, et son decollato; car il y a plusieurs bulles des sou-
corps repose dans la cathédrale de Pavie; verains pontifes qui leur donnent en effet
on travaille acîuellement à sa béatification. ce nom à cause qu'ayant obtenu l'église de
Charlrs à Basilicn Pctri, et par corruption Saint-Barnabe, à Milan, et l'ayant aussi dé-
Bascapé étant char.oine de Milan se rendit diée à saint Paul, il la nommèrent Saint-
religieux dans cette conu:régation. Jl fut Paul-Décapité pour la distinguer de celle
envoyé en Espa: ne par saint Charles Bor- des Angéliques qui était dédiée sous le titre
roniée , et à son retour il fut élu général de la Conversion de Saint-Paul.
de son ordre, et ensuite évéque de Novarre. Quant à leurs observances, outre les jeû-
Il a fait la Vie de saint Charles Borroméc cl nes prescrits par l'Eglise, ils jeûnent encore
les Annales de l'Eglise de Milan. Cosme tous les vendredis dei'année,lesdeuxdernicra
d'Ossène, après s'èlre signalé à la bataille de jours de carnaval, et depuis le premier di-
Lépanle où il exerçait la charge de provédi- manche de l'A vent jusqu'à Noël. Ils font
teur général, se rendit aussi religieux dans abstinence tous les mercredis de l'année le ;
cet ordre dont il fut gênera!, et en même silence est rigoureusement observé depuis
temps il fut nommé général des Feuillants l'examen du soir jusqu'au lendemain après
en Italie par un bref du pape. Il refusa l'ar- les matines. Ils faisaient dans les commen-
chevêché d'Avignon et l'évéché de Pavie; cements profession d'une grande pauvreté;
mais il fut contraint dans la suiie d'accepter ils ne possédaient aucuns revenus et ne
celui de ïortone, le pape lui ayant ordonné faisaient point de quêtes, se confiant entiè-
de le faire par trois brefs consécutifs. Il rement à la divine Providence ; mais ils
mourut le 14 mars 1620. Isidore Pintonio a ont depuis possédé des biens immeubles
été chevalier grand'croix, commandeur et et des rentes. Outre les trois vœux essentiels
grand prieur de l'ordre de Saint-Maurice et de pauvreté , de chasteté et d'obéissance,
de Saint-Lazare en Savoie étant Barna-
: ces clercs font encore un serment de ne BVi-
bite, il fut envoyé par le duc de Savoie en guer jamais aucune charge ni dedans ni
plusieurs cours d'Italie, et en Espagne, au su- dehors la congrégation, et de no point ac-
jet des premières guerres du Montferrat. Il cepter les dignités qui leur seraient offertes
mourut évéque d'Asti en Piémont. Juste au dehors sans la permission du pape. Les
Guérin, natif de Monluel dans le Bugey, convers ne sont admis à la réception de
après avoir étudié en droit dans l'université l'habit qu'après avoir été éprouvés pendant
de Turin, se fit Barnabile. Sa vertu le fit cinq ans dans les maisons, ils tiennent leurs
choisir pour êire confesseur des princesses chapitres généraux tous les trois ans, où les
de Savoie. Il fut ensuite évéque de Genève et supérieurs qui ont fini leur triennal peuvent
mourut dans son évéché en odeur de sain- être continués pour trois autres années seu-
teté. Barthélemi Gavant s'est rendu célèbre lement. Autrefois ils ne les tenaient qu'à
par son Traité des Rubriques et des céré- Milan. Alexandre VII ayant fait venir leur
monies de l'Eglise, aussi bien qu'Augustin général à Rome, ordonna qu'ils y tiendraient
Torniel par ses Annales sacrées et profanes, à l'avenir leurs chapitres ; et pour cet effet
et Jean Bellarin par sa Doctrine du concile il divisa la congrégation en provinces, afin
de Trente et du Catéchisme romain, son Mé- qu'il n'y eût que les provinciaux et le dé-
morial des Confesseurs et autres ouvrages. puté de chaque province qui y pussent ve-
Christophle Giarda est l'auteur de VApis nir. Mais le pape Innocent XI changea
religiosa; ce lut lui qui, ayant été nommé encore cet ordre et ordonna que les chapitres
par le pape Innocent X évéque de Castro, se tiendraient alternativement à Rome et à
fut assassiné par ordre du duc de Parme Milan. Le cardinal protecteur de cet ordre
lorsqu'il en allait prendre possesssion.Enlin, y présidait anciennement ; mais après la mort
il y a eu plusieurs autres écrivains en celte du cardinal Serbellini, n'ayant plus de pro-
congrégation, comme Vincent Gai de Cré- tecteur, ils prièrent saint Charles Borromée
mone, Albert Balli de Savoie, Romule Mar- de présider à un de leurs chapitres et de- ;
chelli, Anaclet Sicco, Redempl Baranzan, puis ce temps-là les papes leur ont permis
Augustin Galice, Homebon de Bonis, Blaisev d'élire pour président un des capitulants.
Palme, Barthélemi Canal, etc. L'habit ordi- Celle Congrégation a pour armes, d'azur
naire de ces Clercs-Réguliers est un habit à trois montagnes de sinoples surmontées
clérical tel qu'il était en usage dans la Lom- d'une croix accostée des lettres P et A, qui
bardie lorsque la congrégation y prit nais- signifient Paiilus Apostolus.
fance, comme on peut voir dans lu ûguro (\) Foi/., à la lin du vol., u° 67.
573 BAR BAR 57i
Voyez Anaclet, Sicco. et Valer. ?Jadio, faire son grand vicaire, et lui donna le doyen-
Synops de clericor. né de Saint-Je;;p 'le Leoggental. 11 s'acquitta
de ce double cr.:. loi avec beaucoup de pru-
IÎARTHELEM1TE3 BE GÊNES. Voijez Ar-
dence et dechri'é. principal^rnenl à l'égard
méniens.
de plusieurs rcl gM-ux et ecclésiastiques, "qui,
BARTHÉLEMITES. yowv éviter la fureur des Suédois (qi;i pour
Des clercs séculiers vivant en commun , ap- lors ravageaient l'Allemagne), venaient se
pelés Barthélcmites, avec la Vie de dom réfugier dans les lieux de sa juridiction ce ;
Barthélemi llolzauser, leur fondateur. qui augmenta 'estime que l'on avait pour
lui, cl donna des idées avantageuses de son
Quelques prêtres séculiers d'AUemaj^ne, inslilut.L'évêque deCoireouChur,en Suisse,
voulant vivre d'une manière digne de étal 1 publia un mandement, l'an 16'(4, adressé à
auquel Diou les av.iit appelés el assurei'
, tous l:s doyens, ciiambriers, curés, coopé-
leur vocation, se résolurent d'embrasser un rateurs el chapelaiiis de son diocèse, par le-
genre de vie conforme aux canons, et éloi- quel, après avoir loué ce même institut, il
gné de tout ce (jui peut être opposé à la per- leur permeltait de s'y consacrer et les exhor-
l'eclion ecclésiasiique dont les (rois princi-
, tait même de l'embrasser. L'élc leur de Ba-
paux écuoils sont l'oisiveté, la fréquentation vière le recommanda au pape inr.ocent X ,
des personnes de différent sexe, et le mau- l'an 16^6. L'évéqe.e de Ralisboune et d'Os-
vais usaire des biens de l'Eglise. C'est pour- nabruk ayant appris, l'an 1633, que les prê-
quoi afin de prévenir e d'éviter les maux
, tres de cet inslilut faisaient beaucoup de
que produiser.t ces trois désordres, ils com- fruit dans les diocèses de Saltzbourg, de Fri-
mencèrent, vers le milieu du dernier siècle, singrn et de Chiemzée, et que leurs statuts
premièrement par demander à leur évéquo étaient tirés des ancienâ canons, exhorta
de l'emploi en se sonniell;!nt à ses ordres
, aussi tous les ecclésiastiques du diocèse de
avec un si grand détachement qu'ils lui pro- Baiisbonne de les lire et de régler leur con-
mirent de ne plus avoir d'autre volonté que duite sur ce qu'ils contenaient. L'archevêque
la sienne en sorte qu'il pourrait disposer
:
de Mayencc, qui était aussi évêque de Wirtz-
d'eux selon qu'il le jugerait à propos pour le bourg les appela dans son
, diocèse de
bien et l'utilité du prochain secondement
; Mayence , l'an 16oi el dans un décret pu-
,
ils s'associèrent et vécurent ensemble sous blié par ses ordres flans l'évéché de Wirtz-
la conduite d'un charitable supérieur, et cela bourg après avoir (iédaré qu'il ne pouvait
,
dans des maisons où ils ne souffraient au- rien faire de meilleur ni de plus prudent que
cunes fcmmi s, de quehjue qualité qu'elles de faire observer leurs statuts aux ecclésias-
fussent s:lu^ quelque prétexte que ce pût
, tiques de son séminaire, il promit à ceux
être ; troisièmement, ils mirent en commun de ses sujets qui voudra ent embrasser cet
leurs revenu- ccciésiastiqu' s, afin d'être em- ins'ilul qu'ils seraient préférés aux autres
ployés de concert à des œuvres de piété pour ecclésiastiques , mais p: incipnlenK ni aux
la plus grande gloire de Dieu et le salut des étrangers, dans la distribution des bénéfices;
âmes. ordonnant à tous les curés et prédicateurs
Dom Barthélemi Holzauser fut le premier à du même diocèse de Wirtzbourg de le pu-
qui Dieu inspira celle pensée. Il prit nais- blier en chaire afin que ses sujets fussent
,
sance au village de Longaw, à quatre lieues avertis de ces avantages et de la beauté d'un
de Dillengen dans l'évéché d'Augsbourg
, , institut si agréable à Dieu. Le même électeur
l'an 1613 vers la fête de saint Barthélemi
, , donna , l'an 1655 le doyenné et la cure de
,
dont on lui donna le nom sur les fonts de Biiigen à Barthélemi Holzauser mais il ne ;
baptême. Il apprit les premiers principes do posséda ce que pendant trois ans
béi^éfiee ,
la langue latine à Augsbourg. De là, ses pa- étant mort le 20 mai 1638, n'étant âgé que
Ff nts l'envoyèrent à Neul)ourg sur le Danube de quarante-quatr ans et neuf mois. Les
i
pour y faire ses humanités; et, ayant fini sa statuts et règlements qu'il dressa pour le
rhétorique , il alla à Ingolstad en Bavière, gouvernement de ?on institut ont reçu de ,
l'année 1639, dans la chapelle de Notre-Damc- après 'es avoir lus, écrivit, en ICoV, au suf-
de-la-A ictoire, et l'année suivante il reçut fraganl d'Ërfort , Berihold Nihusius qu'il ,
dans ce'te université le bonnet de docteur avait lu le livre qui traite de l'institut dos
en théologie. Clercs vivant en commun, que l'on pourrait
Il quitta quelque temps après celte ville avec raison appeler la moelle des s;jints ca-
pour aller à ^altzbourg, où, avec le secours nons Posset eqnidem appellari medulla sa-
:
de quelques prêtres, auxquels il avait com- crorum canonuir, et dans une autre lettre
;
munique sou dessein, il jeta les fondements qu'il écrivit aussi l'an î6o5, à M. Holzauser,
de son institut le jour de Saint-Picrrc-aux- pour lors doyen de Bingen il dit cju'aprôs ,
la conduite de son séininairo. L'évoque et la troisième, ceux qui sont cassés de vieil-
d'Augsbourcf leur donna aussi plusieurs lesse ou par le travail, ou par quelque in-
cures et autres bénéfices dans son diocèse, commodité. On y a ajouté une quatrième
où il les appela lan 1CG3 , et lour confia le partie qui regarde'laldiroction de soi-même
séminaire de Dilenphen. lis furent reçus et des âmes dont on est chargé, et celle-là
dans le diocèse de Passawl'an 1060, et dans est commune à chaque particulier.
celui de Slrigonie en Hontirie l'an 1676. Les jeunes ecclésiastiques qu'on élève dans
Enfin le pape Innocent XI, sollicité par l'em- les séminaires sont envoyés aux écoles pu-
pereur, et .par plusieurs princes et prélats bliques et on leur donne des maîtres et des
d'Allemagne, après avoir l'ait examiner par répétiteurs domestiques qui veillent sur leurs
une congrégation de c irdinaux cet institut , études et les dirigent. Ils sont partagés en
accorda un bref, l'an 1680 , par lequel il le trois classes différentes qui sont autant de
confirma, et approuva les conslilulions, qui, degrés par où ils doivent passer. La première
ayant été encore amplifiées furent de nou- ,
classe, qui est la moindre, est de ceux aux-
veau approuvées par le même pontife, l'an (luels on enseigne les lettres humaines et les
l68i et imprimées à Rome la même année.
,
exercices de piété capables de les disposer à
Après que cet institut eut été approuvé l'état ecclésiastique. La seconde est de ceux
par le saint-siége, l'an 1680, l'empereur Léo- que l'on fait passer à l'étude de la philoso-
pold I'^ écrivit au pape pour l'eu remercier. phie, et ceux-ci promettent de vivre et per-
11 assura Sa ï^ainteté de la roloclion qu'il j
sévérer dans l'institut. La troisième renferme
lui donnerait et la pria de le vouloir intro- les théologiens, les canonistes et autres qui,
duire on Italie, pai lieulièremcut dans la ville après avoir reçu les quatre mineurs et s'être
de Rome, où ce pontife accorda à ces prêtres appli()ués aux études, sont instruits de tout
un hospice pour leur procureur général, qui ce qui appartient à la conduite des âmes, et
y a demeuré avec six prêtres pendant quel- ceux-ci s'obligent à l'institut par serment, de
ques années; mais cet hospice ne subsiste manière cependant que cela ne les empêche
plus présentement. Ils firent ensuite de nou- pas qu'avant que de recevoir les ordres sa-
veaux progrès ayant passé sur les terres
.
crés, ils ne puissent retourner au monde
du roi d'Espagne où ils eurent le séminaire avec la permission des supérieurs, qui soit
de Gironne en Catalogne . l'an 1682. On les fondée sur une cause raisonnable et légitime.
appela l'an 1683 en Pologne, où ils firent Les supérieurs ont grand soin que les jeu-
leur preraiei" établissement dans l'évêché de nes séminaristes ne soient point oisifs c'est :
Posnanie, et ils en eurent encore un dans pourquoi le matin, d'abord qu'ils sont levés
celui de Lucko. La diette générale de Po- à l'heure marquée, ceux des basses écoles
logne, qui se tint l'an 1685, les prit sous sa emploient un quart d'heure à quelque lecture
protection et approuva leurs établissements spirituelle. Ceux de la seconde classe aussi
dans ce royaume. Ils se sont depuis étendus bien que de la troisième, font une demi-
dans d'autres diocèses , tant en Allemagne heure d'oraison mentale. Ils assistent tous
qu'en Hongrie et en Pologne, et se sont fort ensemble à la messe et emploient à l'étude
multipliés dans les pays héréditaires de l'em- le reste de la matinée. Un peu avant le dîner,
pereur, qui ordonna par un décret de l'an
,
ils récitent les litanies des saints. Pendant le
1680, qu'ils seraient préférés dans la colla- dîner et le souper, ils lisent par ordre l'E-
lion des bénéfices. criture sainte, à dîner l'Ancien Testament et
La fin de cet institut est de former de bons à souper le Nouveau. On lit aussi le Marty-
pasteurs et de bons ministres, non-seule- rologe pour le jour suivant, et ensuite l'His-
ment pour les vi'ks, mais pour la campagne. toire Ecclésiastique, les Vies des saints ou
Pour cet effet ces prêtres ont la direction
, autres livres semblables. Après le dîner, la
des séminaires ils s'exercent aux fonctions
; récréation étant finie , ils s'exercent au
pastorales et aux œuvres de charité spiri- chant; ensuite les théologiens plus avancés
tuelles et corporelles ; et, pour faire le tout apprennent les cérémonies de l'Eglise, et se
par ordre d'une manière qui soit stable,
et remettent après à l'étude. Les vendredis et
ils prêtent un serment qu'ils appellent con~ samedis après le souper on fait un discours
rentionnelf par lequel ils s'obligent à ne point spirituel qui est suivi de la récitation du
se séparer du corps de leur propre mouve- Rosaire. Les fêtes et les dimanches on chante
ment. Ils peuvent avoir trois sortes de mai- la messe solennellement pour les sémina-
sons dans chaque diocèse. La première est le ristes, qui après le dîner assistent au sermon
séniinaire commun pour les jeunes clercs et à une école spirituelle dans laquelle on
qu'on y élève. La seconde renferme diverses leur enseigne la pratique des vertus chré-
habitations particulières pour les curés, les tiennes et morales, et ces mêmes jours pen-
bénéficiers et autres ], rétros. La troisième est dant le souper les théologiens font tour à tour
jiour les vieillards, les vétérans qui ont be- un sermon en langue vulgaire. On les en-
soin (le repos et qui l'ont mérité par leurs voie aux écoles publiques dans les lieux où
services et pour ceux qui ne sont plus ca-
, il y en a, en les avertissant qu'ils doivent
pables de travailler en quelque manière que être séparés des autres. Outre les répétitions
ce puisse être. Selon celte distinction de particulières que font les philosophes, ils
maisons , les constitutions so!;t divisées en sont obligés d'en faire une toutes les semaines
irnis ];arties principales; la première re- publiquement devant les autres. La même
garde la direction des séminaires, la seconde chose se pratique à l'égard des théologiens qui,
les preiies , les curés et autres bénéficiera tous les mois, en ïovA aussi une do tliéolo^-ie
577 BAR BAR 57S
morale. Il y a pareillempnt des jours marqués les prêtres, dans lesquels ils doivent être au
pour l'explication de l'Ecritiire-Sainle,pour moins deux.
la répélilion de ce qui concerne les devoirs Les maisons destinées pour les vieux prê-
des pasteurs, et pour l'école spirituelle. Ils tres, et les autres qui ne sont plus capables
mandent tous ensemble dans un réfectoire des fonctions pastorales , peuvent encore
commun, manière de s'habiller doit
et la servir à d'autres usages, comme à faire les
être uniforme. Quoiqu'elle doive être con- conférences du diocèse, à des retraites, et
forme aux coutumes des pays, elle doit néan- autres exercices de piété. Elles peuvent aussi
moins être éloignée de toute vanité, et se servir de séminaires pour ceux qui sont
ressentir de la modestie cléricale. promus aux ordres sacrés, dans les lieux où
C'est ordinairement dans les diocèses de il n'y en a point, ou, lorsqu'on ne peut les
tïrande étendue que l'on établit ces sortes de placer faute de commodité, dans ceux où on
séminaires qui doivent être dans le voisinage élève la jeunesse. Les ordinaires peuvent
des universités où les éludes fleurissent da- s'en servir pour y exercer de plus en plus
vantage. Que s'il ne se trouve point d'uni- les prêtres dans la connaissance et la prati-
versité dans ce pays-là, c'est aux prêtres de que de ce qui regarde le soin des âmes, pour
l'institut à enseigner les lettres si crées et y mettre les curés qu'ils jugent à propos de
profanes. Il y a dans chaque séminaire un priver pour un temps de leurs cures, et pour
directeur ou régent, un père spirituel, un y mettre en ])énitence les prêtres scanda-
confesseur et un économe. Afin que personne leux, qui y doivent demeurer dans un fiuar-
ne puisse, sans fondement et sans de bonnes tier séparé de celui des vieillards et des au-
raisons, se retirer de cet institut et aban- tres. Ceux qui sont propres à des inissions
donner le bien qu'ils auront entrepris, ceux dans les pays infidèles ou hérétiques, peu-
qui ayant été élevés dans les séminaires sous vent s'y sacrifier d'autant plus volontiers,
les lois de Tinstiut y auront reçu la préirise, qu'ils sont assurés de trouver dans ces sortes
et ceux qui élant dans les ordres sacrés y de maisons une retraite douce et commode,
auront été reçus, font entre les mains du pour y passer le reste de leurs jours quand
supérieurlesermcnt convenlionneldont nous îlsseronlaccablés de vieillesse et d'infirmités;
avons parlé. et ces maisons sont ordinairement la de-
Dans b's maisons destinées pour les curés, meure des présidents du diocèse et des autres
les bénéficiers et autres prêtres, tous les re- personnes qui leur servent de conseil.
venus provenant des bénéfices et de quelque Les supérieurs qui ont la direction de cet
fonction ecclésiastique que ce puisse être institut sont le premier président, qui doit
sont mis en commun; et afin que cela soit avoir soin de maintenir l'uniformité de la
fidèlement exécuté et qu'il ne s'y passe au- discipline, et étendre celte manière de vie
cun abus, ils sont obligés de rendre compte dans d'autres provinces. Il est soumis au
en certain temps à leurs supérieurs do ce saint-siège, auquel il doit prêter serment de
.qu'ils reçoivent et de ce qu'ils dépensent. fidé'ité et d'obéissance, de même que les pré-
Voici de quelle manière doivent être em- sidents subalternes doivent le prêter chacun
ployés ces revenus. Premièrement, chacun à l'ordinaire dont ils dépendent. Le prési-
en peut vivre selon que le requiert la bien- dent archidiocésain doit veiller sur tout l'ar-
séance de son état, faire des charités raison- chevêché, le président d'un évéché sur tout
nables, assister ses père mère, frères et
, le diocèse, un doyen rural dans son district,
sœurs qui sont dans la nécessite autant que un curé dans sa paroisse, chaque bénéficier
cette nécessité le demande. Il peut même chef de communauté dans l'étendue de sa
leur faire des legs après sa mort, comme juridiction, et ainsi des autres qui ont quel-
aussi aux églises qu'il aurait desservies. Se- que direction ou intendance particulière. Ils
condement ce que leurs bénéfices leur ren- peuvent tous exercer les fonctions de vicaire-
dent au-dessus du nécessairt; doit être laissé, général, de doyen rural, ou quelqu'aulre
ou pendant leur vie ou après leur mort pour office que ce soit, lorsqu'ils sont députés
les besoins communs de l'institut c'est-à-
, pour cela de leur évêque. Les supérieurs de
dire pour l'entretien des prêtres cassés de quelque district ou décanal que ce puisse être,
vieillesse, ou que quelques autres raisons y ont sous eux tous les prêtres, curés et
rendent incapables des fonctions ecclésiasti- autres ecclésiastiques de cet institut; ils en
ques, de ceux qu'on a mis en pénitence, des visitent tous les lieux deux fois l'an, et ren-
infirmas, et de ceux qui n'ont p ts en béné- dent compte de ces visites au président dio-
fices des revenus suffisants pour assister césain. Ce président a le soin et l'intendance
leurs pauvres parents. Si après cela il reste par tout le diocèse sur les mêmes prêtres ou
encore du superflu, il doit être appliqué au clercs de l'institut, qu'il doit visiter une fois
séminaire des jeunes clercs pour les faire l'an; et la \i^ile finie, il en fait r.ipport à
subsister honnêtement, conformément aux l'onliiiaire. Tous les ans aussi le même
règles de l'institut, ou à l'entiv lien de ceux présiilent, du consentement de l'ordinaire,
qui ont des cures dans des villages dont les doit s'assembler avec tous les supérieurs du
revenus sont modiques pour le temps seule- district décanal pour traiter des affaires qui
ment qu'ils sont membres ('c l'inslitut. regardent l'institut, tant pour le spirituel
Kxceplé le cas de nécessité et de l'inipos" que pour le temporel. On prend dans ces
s-ibilité du personne ne doit être expose
lieu, assemhlées les mesures les plus convenables
seul d.ins les fonctions pastorales, ni dans pour faire observer les règlenienls; et les
les ci'lléges où on élève les jeunes clercs et résolutions ayant été prises et approuvées
379 DICTIONNAIRE DES ORDRES RELIGIEUX. 3S0
par l'ordinaire, les supérieurs des décanals, On ignore le nom de son aïeul paternel, et
étant de retour chez eux, les font exécuter l'on seulement qu'il eut pour feniBse
sait
dans leurs propres maisons et dans celles Macrine, dont le nom se lit dans le Martyro-
qni ont été coinmises à leurs soins et à leur loge romain le quatorze janvier. Ils se vi-
dirpclion. rent dépouillés avec joie de leurs biens par
.
Constituiion. et Excrclt. spirHunl. (îcrico- la haine des emperenrs païens, et leur grand
rtim in ccmmuni vivoHium. Jacques-Antoine zèle po ir la foi leur avait fait supporter
Valanri, Abrégé de rinstilut duClergé vivant constamment toufes les incommodités et les
en commun, et Carlo. Barlholom. Piazza, misères qu'ils avaient souffertes dans les dé-
serts de Pont, (lù ils s'élaieiU retirés pour
Eusevolog. Rom. part. 2. Trat. 11. cap. 17.
fuir la persécution de ces mêmes empereurs.
BASILE (Ordre de Saint-). Dieu fil voir en celle rencontre combien
§ I.Vie de saint BasUe-le-Grand , docteur de celte conduite lui était agréable, par un cé-
l'Eglisfi. archevêque de César ée cl patriar- lèbre miracle qu'il accorda à leurs prières,
che des moines d^Orient. en leur envoyant des cerfs pour les nourrir,
et pour leur donner un peu de soulagement
Quoiqu'il v ait eu un nombre infmi de dans les peines qu'ils cr.duraienl. La persé-
moines et de solitaires en Orient avant saint
que cution étant cessée, ils retournèrent dans
Basile (1 c'est néanmoins avec justice
,
leur maison , et la divine Providence leur
l'on a donné docteur de rEi,dise le litre
à ce
rendit des biens plus considérables que ceux
de patriarche des moines d'Orient: car, si qu'ils avaient perdus.
saint Antoine a été le restaurateur de la vie
Leur piété passa à Basile, leuV fils, qui
cénobitique, et si saint Pacôme lui adonné
épousa Eumélie et soit qu'ils vinssent de-
une meilleure forme, c'est saint Basile qui a ;
sœur, saint Grégoire de Nyssc et saint Pierre compagnée d'une foi vive et pareille à celle de
ce roi dont il est parlé dans l'Evangile, qui
de Sébaste, ses frères que son père Basile a ;
eu le don des miracles, et qu'il y a eu fort demandait aussi la guérison de son fils à
Jésus-Christ ils méritèrent d'en recevoir
peu de ses parents qui ne se soient signalés ,
par des actions saintes et des vertus écla- une réponse aussi favorable Noire-Seigneur
;
mai, que sainte Eumélie, mère de saint Basile, qu'il lia avec saint Grégoire de Nazianze
dont le nom n'est pas même marqué d'un cette amitié si forte qui dura jusqu'à la mort,
astérisque, avec lequel le P. Menniti a dési- et que rien ne put désunir. Grégoire lui
gné les saints dont on fait l'office avec la rendit d'abord service car ayant représenté
;
messe. Mais quand ses ancêtres n'auraient à ses amis la sagesse et la gravité de Basile,
seulement passé que pour des personnes jointes à la réputation qu'il s'était déjà ac-
d'une vertu éniinente et d'une piété singu- quise il le fit exempter d'un" certaine for-
,
lière, il en pouvait tirer plus d'avanlage et do malité qui allait même à l'insolence et dont ,
gloire, que ceux qui descendent dos empe- les étudiants de cette ville usaient à l'égard
reurs et des rois. des nouveaux venus.
tous les gens de bien, qu'après la mort d'Eu- Les critiques pourront consulter sa Vie
sèbe, il fut choisi pour lui succéder. par M. Hermant, chanoine de Beauvais et ,
A peine ful-il élevé à celte dignité, que les Mémoires de M. de Tillemont, pour ser-
les hérétiques, et surtout les ariens, le per- vir à l'Histoire ecclésiastique lom. IX. ,
Sui l'esprit facile de ce prince, et comme il d'embrasser la vie religieuse, et avant que
n'avait pas voulu selon ses ordres commu- de s'y engager, avait fait un voyage eu
niquer avec Eudoxe, usurpateur du siège de Egypte, en Syrie et dans la Palestine, pour
Constanlinople, ni embrasser la doctrine en apprendre les principaux devoirs, en
des ariins il le condamna au bannisse-
,
fréquentant les saints solitaires qui demeu-
ment. Il on fit dresser l'ordre, et lorsqu'on raient dans ces quartiers-là, et qui, dégagés
le lui apporta pour signer, les plumes dont de toutes les choses de la terre ne s'appli- ,
il se .servit se rompirent par trois fois; quaient qu'au travail, à la prière et à l'o-
comme il persisiait toujours dans sou des- raison. Mais les historiens de son ordre
sein, sa main trembla par un relâchement m'excuseront si je ne m'accorde pas avec
de mrfs, et la chaise sur laquelle il était as- eux louchant le temps où il exécuta son
sis .»e rompit aussi; ainsi, reconnaissant l'im- dessein et le lieu de sa première retraite, et
piélé du décret qu'il voulait signer, il prit si je retranche d'un seul article trois mille
persécutions qu'il eut à souffrir dans la ordre, qui a été suivi par le P. dom Apolli-
suite tant de la part des mêmes ariens
,
naire d'Agresta, général du même ordre, dit
que de la part de quelques évêques catho- que saint Basile, avant que d'exécuter le
liques, persécutions qui durèrent jusqu'à dessein qu'il avait formé d'embrasser la vie
sa mort. Les uns le persécutèrent par ja- religieuse, le cpmmuniqua à saint Marcian
lousie d'autres sur de faux rapports que
;
qui avait été un de ses maîtres dans la vie
ses ennemis faisaient de lui d'autres aussi
;
spirituelle; qu'il se retira ensuite dans la
parce que, ne connaissant pas encore la Syrie, où il assembla auprès de la ville de
malice dEustalhe, évéque deSébasle, il lui Seleucobol trois mille moines (2) qui vi-
témoignait de l'amitié et d'autres enfui
;
vaient dispersés dans ces déserts; et que ce
parce qu'il avait eu quelques commerces fut là où ce saint docteur jeta les premiers
avec l'hérétique Ai)ollinairc et son disciple fondements de son ordre l'an 361, dans la
Dioscore, avant qu'ils eussent fait paraître trente-quatrième année de son âge; qu'il ne
leur venin. A l'égard de ses mortifications, donna pas d'abord sa règle par écrit, mai»
elles étaient presque incroyables, et l'on qu'il la fit pratiquer, l'enseignant de vive
peut attribuer à un miracle comment il a voix pour voir si on s'y accoutumerait; que,
pu résister à tous les travaux qu'il entre- voyant le grand profit qui pouvait naître
prenait avec tint d'austérités jointes à une d'une telle observance, principalement des
complexion délicate et une santé aussi rui- trois vœux essentiels de pauvreté, de chas-
née que la sienne car il ne mangeait
;
teté et d'obéissance, il résolut d'étendre son
qu'une fois le jour, sur le soir, et souvent nouvel institut, principalement dans la pro-
^e contentait de pain et d'eau. Ses veilles vince de Cappadoce, prévoyant le besoin
étaient sans relâche, et s'il prenait un peu qu'elle en avait à cause de l'hérésie dont
de repos, sur un lit fort dur.
c'élait elle était pour lors infectée; qu'il laissa le
11 fallait enfin qu'un corps si épuisé de mon tstère de Seleucobol, et vint à Césarée,
forces par tant d'austérités et accablé de sa patrie, où, avec le consentement de l'é-
maladies eût quelque repos; et l'esprit de véque Hermogène il fondi un magnifique
,
ce grand saint, n'étant animé que de celui monastère proche de cette ville; qu'après
de Dieu, se trouvait dans un état violent avoir assemblé plusieurs anachorètes, et
jusqu'à ce qu'il fût réuni à lui. Ce fut le quelques autres personnes qui renoncèrent
premier jour de janvier de l'an 379 que au siècle il fit le premier profession de sa
,
celle grâce lui fut accordée, et qu'il quitta règle entre les mains de ce prélat, et s'en-
la terre pour aller jouir de la félicité éler- gagea aux trois vœux essentiels, voulant
liplle. C'est en ce jour que les Grecs célè- que ses moines fissent la même chose, leur
brent sa fête mais comme il est occupé par
; persuadant de vivre en paix et en bonne
celle de la Circoncision de Noire-Seigneur union puisqu'ils n'avaient tous qu'une
,
S. l>'«si//o,c. 8, §2. »i)m. Apol. Agros'ia, Vit. di S. (2) Voy., à la (in du vcl.» ii" CD.
,
$.1 sœur, avait fondé à son imitation pour saint Grégoire de Nazianze, et les déserts
des vierges, sur saint Pierre, son frère, qu'il les plus reculés devinrent une ville par la
élat)Iit supérieur de ces deux monastères, et présence de saint Basile, à cause d'un grand
se retira dans les déserts de Pont appelés nombre de personnes qui cherchaient à pro-
Cimer, où il fixa sa demeure dans un lieu fiter de ses instructions et de ses exemples
;
appelé Matazze; que ce fut l;i où son fidèle de sorte que ces déserts se trouvant trop
ami saint Grégoire de Nazianze le vint trou- resserrés pour recevoir ceux qui accou-
ver, aussi bien que saint Amphiloque, où raient à lui de divers endroits, il forma un
ils furent suivis par une infinité de person- monastère vis-à-vis celui de sa sœur.
nes qui, voulant acquérir la perfection Saint Grégoire de Nazianze admirait l'u-
évangélique , se mirent sous la direction nion et la charité merveilleuse qui liait tous
d'un si savant maître. ensemble ces saints moines, aussi bien que
Voilà de quelle manière les historiens de celle ferveur ardente avec laquelle ils s'exci-
l'ordre de Saint-Basile rapportent son ori- taient et s'encourageaient les uns les autres
gine, ce qu'il est impossible de pouvoir ac- à la pratique de la vertu. Ge sàiiit, qui ve-
corder avec les écrits du même saint Basile nait quelquefois passer du temps dans cette
et de son ami saint (jrégoire de Nazianze, solitude avec son ami, se contentait d'y tra-
qui ne parlent en aucune manière de trois vailler à sa sanctification propre, dans le re-
mille moines que l'on prétend que saint Ba- pos qu'il y était venu chercher; mais pour
sile assembla dans la Syrie, proche de la saint Basile, après qu'il se fut suffisamment
ville de Seleucobol; et ce saint n'a pas pu instruit de la vérité, il alla, dit Buffin, par
faire profession de sa règle entre les mains les villes et les villages de Pont , aniiiiant
de l'évêque Hermogène, puisque , selon le par ses paroles et enflammant par ses exhor-
sentiment des plus habiles critiques, ce pré- tations les habitants de ce pays, qui étaient
lat éiait mort dès l'an 3i0 : ce qu'il est aisé comme dans une espèce d'assoupissement
de prouver, puisque l'évêque Dianée (1) qui et de négligence pour les choses qui regar-
fit saint Basile lecteur à son retour des daient leur salut. 11 sut si bien les éveiller et
voyages qu'il fit pour aller voiries solitai- les tirer de cette négligence où ils étaient
res, avait déjà succédé à Hermogène en 340, depuis longtemps, qu'il en porta plusieurs à
et qu'en qualité d'évêque de Gésarée , il renoncer aux soins de toutes les choses vai-
avait assisté au concile d'Antioche, au com- nes et périssables, et à s'unir ensemble pour
mencement de l'an 3il. servir Dieu. Il leur apprit à bàlir des mo-
Il n'est point vrai aussi que saint Basile, nastères, à y établir des communautés, et à
de retour de ses voyages, ait d'abord fondé pratiquer tous les exercices de la vie reli-
un monastère à Gésarée, ni que celui de gieuse. Il prenait le soin des filles aussi bien
sainte Macrine, sa sœur, fût proche de la que des hommes, et il apprenait à ces peu-
même ville. Ge fut dans la province de Pont, ples grossiers comment il fallait élever des
et à quelques milles de Néocésarée qu'il vierges pour les rendre de dignes épouses de
jeta les fondements de son ordre, où sainte Jésus-Christ. Ainsi on vit en peu de temps
Macrine, avant lui, avait déjà fondé un mo- changer toute la face de cette province, qui,
nastère pour des vierges. Et leur frère Nau- d'un désert sec et stérile , devint une cam-
crace ne peut pas avoir été un des disciples pagne spirituelle, couverte de riches mois-
de ce saint, puisqu'il était mort en 357 dans sons et de vignes très-abondàntes. Presque
une solitude de la même province, où notre tout le monde commença à y mener une vie
saint ne se retira que lan 358, qui est le pure et chaste beaucoup de personnes, re-
:
brasser la vie monastique , se retira dans les autres plus courtes, au nombre de trois
un désert de la province de Pont, pour cent-treize. Par le discours qui précède les
éviter le trouWe et le tumulte des villes. grandes, il paraît seulement que saint Basile
H y fut attiré par la considération de sa était chargé de l'instruction des moines ;
sœur sainte Macrine, qui y demeurait déjà mais par la préface des petites, il était chargé
avec leur mère sainte filumélie et qui y , du ministère de la parole de Dieu, et la prê-
avait formé un monastère dont elle prenait chait au milieu du peuple dans l'église ;
la conduite, ne recevant pas peu d'assistance c'est-à-dire (|u'il était déjà ou évéque ou
de saint Pierre, leur frère, qui fut depuis au moins prêtre de (Gésarée. ce qui ne peut
évcquR de Sébaste, dont la vertu rendait être arrivé qu'après l'an 3G1.
déjà célèbres les solitudes de Pont. Son institut se répandit bientôt par tout
Notre saint fondateur fut bioniôl suivi par rOricnl; et quoiqu'il y eût d'autres règles,
. (1) De Tillem., Uni. eccL, \. IX.
387 DICTIONNAIRE DES ORDRES RELIGIEUX. 383
qui soit reconnue parmi les moiiu-s d'O- Clément VHI, i^aul V el Alexandre VU.
rient celle de saint Antoini^ n'étant pas
: y a qu: Iqucs auteurs, entre les autres
Il
même observée par ceux qui se dsenl de B rbosa ('2', qui prétendent aussi que saint
son ordre, qui n'en ont aucune, comme Basile, avanl.que de mourir, se vit le père de
nous l'avons lait remarcjuer. plus de quatre-vingt dix mille moines, seule-
Ce ne fut pas seulement en Orient que la incul en Orient; mais les écrivains de l'ordre
règle de saint B isile fut reçue mas elle ,
de Saint-Basile ne sont pas contents de ce
passa en Occident aussiiôl que i.u!iin l'eut nombre. Le P. Apollinaire d'Agresta dit
traduite en latin el avant que sai.it Benoît
;
qu'en y aj )utaMt tous les moines de cet ordre
eût publié la sienne, il y avait déjà (les mo- qui étaient répandus dans tout le reste du
nastères de l'ordre de baint-Basile eu Italie. monde, il doit être bien plus considérable.
Quelques-uns ont même cru que saint Be- Si on eu faisait néanmoins un calcul exact,
noît s'y était soumis, puisque par le dernier et qu'on en eût retranché tous ceux qui
chapitre de sa règle où il exiiorte ses reli- sont compris dans ce nombre qui n'étaient
gieux à l'observer, il leur recommande celle pas de l'ordre de Saint-Basile, il y aurait
de saint Basile, (ju'il appelle son père, et beaucoup à diminuer, et ce nombre ne serait
dont il parait qu'il a liié la sisnne, suivant pas si excessif. Il faut cependant avouer que,
le sentiment du cardinal de Torrecremata, du vivant da saint Basile, son ordre fit un
lorsqu'il (lit Edacta est régula B. Benedicti
: grand progrès et qu'il devint encore plus
tanqiuun (lavius (/tiidam ex fonte relifjionis, considérable après sa mort. Mais cet ordre,
ex Re'jula illa toli sœculo c'arissima, omnium si florissant pendant plus de trois siècles,
virtulum splendore ornatissimu B. Basi- diminua notablement dans la suite par l'hé-
lii (1). résie, le schisme elle changement d'empire.
apparemment pour ce sujet que le
C'est Le plus grand orage qu'il eut à essujer fut
P. Doni Menniti a mis dans sou Calendrier .sous celui de Constantin, surnommé Coprony-
des saints de l'urire de Saint-Basile dont nous me, l'an 7il car ce prince s'étant déclaré en-
;
avons parlé, saint B noît auîsi bien que saint nemi morîeldes saintes images, aussi bien que
Romain qui lui donna l'habit de l'ordre de Léon son père, il commença par persécuter les
Saiut-Basiie , à ce qu'il di;; mais cette me- moines de Saint-Basile qu'il regardait comme
lotle ou peau de brebis dont saint Benoît les défenseurs de la foi orthodoxe. Il en fit
était revêtu témoigne assez que ce n'était mourir une grande partie, en fit mettre en
pas l'habit de l'ordre do Saint-Ba^^ile qu'il prison, et en condamna plusieurs au bannis-
reçut des mains de sai'it omai.i ; et il sem-
i sement hors de ses Etats ; de sorte que les
blé que le P. Mennili ait voulu avoir sa monastères restèrent abandonnés et dépouil-
revanche, en mettant dans son calendrier lés de leurs biens; et la plupart des moines
des saints qui n'ont jamais été de l'ordre de de Saint-Basile, qui sont préseniem -nt eu
Saint-Basile, tomme saint Benoît, saint llo- Orient, sont schismaliques et hérétiques,
main, saint Jérôme, docteur de l'E^^iise, saint comme nous le verrons dans la suite.
Paulin, évoque de Noie, sainte Paule et sainte Les Ménologes des Grecs font mention de
Marcelle, veuves romaines, et plusieurs au- dix-huit cent cinq tant archevêques qu'é-
tres ; de même que ïrithème et quelques écri- vèques de cet ordre béatifiés ou reconnus
vains de l'ordre de Saint-Benoît en ont mis pour saints, trois mille dix abbés, onze mille
beaucoup de cet ordre qui n'ont jamais été huit cent cinq martyrs, et un nombre in-
Béné iictins. fini de confesseurs et de vierges, dont il y
Dom
Alphonse Clavel elles autres histo- aurait aussi beaucoup à retrancher, la plu-
riens de l'ordre de Saint-Basile prétendent part n'ayant pas élé de cet ordre. Au coiii-
que sa règle fut approuvée par le pape mencement du dis -septième siècle, l'an
Liberius, la même année qu'elle fut publiée 1G23, bienheureux Josaphai Kuucenitius,
le
et écrite par ce saint, l'an 363 , qu'elle le archevêque de Pulocko, fut tué par les hé-
fut aussi par saint Damase, l'an 3Gj et par rétiques el scliismatiques de Vitepski pour
saint Léon, sur la demande de l'empereur s'être réuni à 1 Eglise romaine et cet ordre
,
vinces où le rite grec est toléré. Enfin les do l'Europe, et que depuis que le chrislii-
religieux de Saint-Basile se glorifient d'avoir nisme y a clé introduit [)ar les Grecs il s'y ,
pour procureur-général le 11. P. abbé dom jours, non-seulemeiit restés avec opiniâtreté
Paul \'agliasindi. Nous ignorons où e^t leur dans leurs erreurs qu'ils ont reçues des
maison-méri'. J.e procureur-général nous Grecs mais en ont encore ajouté d'autres :
,
paraît résider à Rome. Les schismatiques ce qui a aussi causé entre eux et les Grecs
et les catholiques orit encore plusieurs de le schisme et la division.
ces religieux dans l'Orient et dans quelques
pays septentrionaux de i'iiurôpe. Les reli-
Il y en a qui ont pré'endu que l'apôtre
saint André leur avait annoncé l'Evangile
gieux schismaliques sont infiniment plus ;
avec Tor-
tuts n'ont ni rapport ni similitude vie monastique y fut introduite. Il y a quel-
de Saint-Basile. Nous ferons connaître ces ques auteurs qui disent que les moines de
deux sociélés nouvelles dans notre Supplé- ce pays-là ne savent de quel ordre ils sont.
ment. B.-D.-E. Il est certain cependant qu'ils ont toujours
suivi la règle de saint Basile. Mais, comme font raser et donner l'extrême-onction ;
le patriarche et les autres prélats moscovites après quoi il n'est pas permis , non-seule-
ont changé beaucoup de choses dans la li- ment de leur donner aucun remède mais ,
turgie des Grecs, quoiqu'ils suivent leur re- même aucune nourriture parce qu'ils di- ,
ligion les,moines moscovites ont aussi sent que ceux qui prennent cet habit, qu'ils
changé beaucoup de choses de la règle de appellent séraphique ne sont plus au nom-
,
saint Basile , quoiqu'ils se disent religieux bre des hommes mais sont devenus des an-
,
ville que le czar Jean Basile , sur la seule ne savent pas eux-mêmes rendre compte de
leur religion; le peuple croit néanmoins fort
,
quel le czar envoya piller le riche temple de qu'à Novogorod ;qu'en arrivante cette ville,
il fit marché avec des pêcheurs pour acheter
Sainte-Sophie, et tous les trésors des autres
églises qu'on y avait retirés. Après le dîner,
tout ce qu'ils prendraient du premier coup
il fit aussi piller l'archevêché et lier indigne-
de filet, et qu'ils tirèrent un grand coffre
plein d'ornements pour dire la messe, des
ment l'archevêque sur une cavale blanche
livres et de l'argent appartenant à ce saint ;
avec des flageolets pendus au cou, une viole
qu'il y fit bâtir une ch ipelle , en laquelle ils
et un cilre, voulant qu'il jouât du flageolet.
Parmi tous ces couvents de Moscovie, il y en disent qu'il est enterré, et que son corps s'y
voit encore tout entier sans aucune corrup-
a qui sont très-considérables comme celui :
se remarie, il se peut faire ordonner prêtre. ils ont trois bandes blanches sur les côtés ,
La cause la plus ordinaire du divorce, ou du pour marquer, à ce qu'ils disent, que de
moins le prétexte le plus plausible, c'est la leur cœur il sort comme des torrents de
dévotion. Quand ils quittent leurs femmes bonne doctrine et de bons exemples. Il y a
pour entrer dans un couvent sans leur con- aussi d'autres évêques grecs qui portent de
hentement,el sans avoir auparavant pourvu jiareils manteaux. Les uns et les autres ne
à leurs entants, ils disent que c'est à cause mangent jamais de viande et observent les
qu'ils aiment plus Dieu que leurs femmes et mêmes carêmes des Grecs les moines jeû- :
leurs enfants, quoique le plus souvent ils ne nent néanmoins plus auslèrement que le
les quittent que par caprice.
peuple on en voit qui se conlenienl d'un
:
Lrs hommes
de qualité, étant malades à petu morceau de pain et d'un ])eu de jielite
cxirémiié. Dicnnent rhubil de moine , se bière, il y en a plusieurs qui vivcat dans
50X BAS BAS 594
des solitudes , seuls dans de pauvres caba- , qu'à ce que Dieu toucha le cTur de Michel
nes ou avec quelques compagnons
,
et qui , Rahoza, archevêque de Kiovie, métropolitain
ne mangent que des herbes et des racines. des Grecs de ce pays-là, qui l'était ussi au-
;
Ils font les trois vœux de piuvreté,de trefois de toute la Moscovie. Ce prélat ayant
chasteté et d'obéissance; quiconque les reconnu ses erreurs, prit la résolution de les
transgresse ou sort du monastère comme abjurer et de s'unir avec l'Eglise Romaine.
apostat et qu'il soit repris est renfermé
, , Il persuada aux aut es évêques de suivie
dans une prison perpétuelle; et quoique son exemple. Il les assembla pour ce sujet
l'autorité des archovèques et des évoques le 2 décembre 1594. Ils prirent tous la ré-
soit fort grande en Moscovic, ils ne peuvent solution de renoncer ;iux erreurs des Grecs
néanmoins dispenser personne d'aucun vœu. et au schisme, et d'embrasser les vérit s que
Fabri dit que la jjrolession monas ique de- l'Eglise catholique enseigne ; et comme tous
mande une si grande chasieté que quoi- , les évêques de ces deux Russies sont moi-
que celui qui a épousé une vierge puisse nes (Ij de l'ordre de Sainl-Basile , ils n'eu-
êlre ordonné prêtre il ne peut jnéan- , rent pas de peine à persuader la même
moins être admis à la profession monasii- chose aux autres moines d s monastères
que. Cola ne s'accorde pas cependant avec qui y sont en très -grand nombre. Ils dépu-
ce que dit Guaguini qu'un prêtre ayant , , tèrent quelques-uns d'entre eux vers le pape
perdu sa témme est suspendu des fondions , Clément V^III, pour le reconnaître eom ne le
de son ordre à. moins qu'il n'entre dans un
, souverain chef et le pasteur de l'Eglise uni-
monastère pour y vivre selon les mêmes verselle. L'archevêque de Kiovie fut chef de
observances des moines et assister aux offi- celte ambassade avec dix évêques et quel-
ces; que, s'iil garde la chasteté pendant son ques archimandrites des monastères. Ils
veuvage il peut assister au chœur avec les
, furent favorablement reçus par le pape, qui
autres ministres de l'Eglise; mais que, s'il leur donna andience, dans un consistoire
se remarie, ce qui lui est j)ermis il est ab- , public, le 22 décembre 1595, où l'on reçut
solument privé pour toujours de la dignité avec beaucoup de joie lotir profession de
du sacerdoce. C'est ce que le P. Possevin foi. -Mais à peine furent -ils retournés en
confircne, en disant que les prêtres mosco- : Pologne, que ceux qui étaient resiés dans le
vites peuvent épouser une vierge avant leur schisme, «ippréheniant que l'union qu'on ve-
ordination de même que les prêtres grecs;
, nait de faire avec l'Eglise romaine ne fit un
que si, après la mort de leurs femmes ils , grand progrès el ne s'inlroduisîldans la Mos-
veulent embrasser la profession monastique, covie, persécutèrent cruellement les catho-
ilscontinuent les fondions de leur ordre ; liques, en firent mourir plusieurs, et ruinè-
en sont entièrement
et s'ils se remarieni , ils rent un grand nombre de monastères.
privés, et ne sont plus regardés comme des Ces persécutions ont duré plusieurs an-
prêtres: seulement il y en a quelquefois qui nées car le bienheureux Josaphat Kunce-
;
servent dans des églises en qualité de dia- vizzi, archevêque de Polocko, zélé déténseur
cres. de la foi catholique et de l'union avec l'E-
De Russorum Moscovit. et Tartar. reli- glise romaine, fut tué par les schismatiquea
^tone. Aut. Possevin, de rébus Moscoviticin. dans le bourg de Wilebsko, le 12 dovembre
Joannes Fabry, Moscovit. Relig. Alexand. 1623, et les miracles qu'il a faits après sa
Guaguinus. Moscov. Description Sigismund. mort l'ont fait mettre au nombre des bien-
Bar. in Merbvslein Reriim Moscovit. iJesciipt. heureux, avec le titre de martyr, par le pape
Adam Olearius , Voyage de Moscovie de , Urbain VIII , l'an 1643. Ces persécutions
Tartarie et de Perse, et Mayerberg, Voyage n'ont pas néanmoins empêché que la foi
de Moscovie. catholique n'ait fait un grand progrès en ces
§ II. — Des moines de Saint-Basile dans la
quartiers; car on dit que Joseph V'elaminus
Rucski, qui était aussi archevêque de Polocko
petite Russie ou Russie Blanche, et dans la
el i-su des grands-ducs de Moscovie, a con-
Russie Rousse.
verti plus de deux millions de schismaliques
Les Grecs étant dispersés en plusieurs el infidèles. Et Meizius Smotriski, archevêque
endroits de l'Europe, il s'en trouve beaucoup dBiéropolis, qui, lors du schisme, avait été
en Pologne, principalement dans la Russie un des plus grands persécuteurs des catholi-
Blanche et la Russie Rousse, qui apparte- ques, après avoir embrassé l'union el re-
naient autrefois aux Moscovites cntièrefnent, noncé au schisme, fut aussi un des plus
et faisaient partie de la grande Russie. grands défenseurs de 1 foi catholique, el est
;
qui sont élus par les religieux de leurs com- di S. Basiliu part. 5, cnp. 9. Bullar. Roman.,
munautés, et tiennent dans le chapitre le tom. 2, ï ef 5, et Philip. Bonanni, Caiulog.
rang que devraient avoir ceux qui les en- ord. religios. part. 1.
voient. L'office des supérieurs ne dure que
BASILE EN Italie (Religieux DE Saint-),
trois ans ils ne peuvent être conlinués, et
;
L'on ne peut donc pas nier que l'ordre de diète ou diffinitoire général, où l'abbé géné-
Saint-Basile ne soit très-ancien en Occident, ral assiste avec les visiteurs, les provin-
principalement en Italie, où il a eu aulre- ciaux, les assistants généraux et les diffini-
«ois un très-grand nombre de monastères;
teurs et c'est dans ces assemblées qu'on fait
;
car il y en a eu plus de cinq cents dans le élection des abbés, des prieurs et des autres
royaunîe de Naples seulement. .M;iis de ce officiers, qu'on y reçoit les novices, et géné-
grand nombre qu'il y avait en Italie, il ne ralement qu'on (raile de toutes les affaires
reste plus présentement que vingt-deux ab- qui regardent l'ordre.
bayes en Sicile, treize dans le royaume de Quoique les généraux doivent être élus
Naples, et quelques autres à Rome et dans tous les six ans, il arrive néanmoins très-
fion territoire, qui composent en tout trois souvent qu'ils sont nommés par les brefs des I
provinces différentes, savoir Ca abre, Sicile
:
souverains pontifes et confirmés dans cet
et Home, qui ont chacune leurs supérieurs emploi pour plusieurs années, comme il est
provinciaux et sont soumises à l'abbé géné- arrivé au R. P. Théophile Pirri, Napolitain ,
ral <le tout Tordre. qui fut créé par Alexandre V^II en 1660, et
L'an 1573, le pape Grégoire XIII, à la confirmé ensuite à vie; mais il fut quelque
prière du ardinal Sirlet, qui était pour lors
(
temps après nommé à l'évêché de Giovinazzo
protecteur de cet ordre, tâcha de le rétablir p;ir le roi d'Espagne. Le K. P. Basile Piiella,
dans sa première ferveur, ayant beaucoup Sicilien, fut aussi créé par bref de Clément X,
dégénéré de sa première institution. Il .is- en 1670, et ensuite contiriné à vie. Et enfin
seiubla en un seul corps tous les iiionastères le R. P. D. Apollinaire d'Agresla, Calabra.is,
de Saint-Basile d'Italie d'Espagne et des
, qui a donné en 1681 la Vie de saint Basile,
antres ];rovinres sujettes pour le spirituel où il parle amplement de la fondation et
4U saint-siége. Il ordonna qu'on tiendrait propagation de son ordre, fut aussi créé en
tous les trois ans un chapitre général, où on 1675 par bref i!e Clément X, et confirmé en-
élirait un abbé général, des visitf urs , un suite par Innocent XI, en 1680. Il gouver-
procureur général et autres officiers pour le nait encore cet ordre en 1698; il avait été
bon goxiVTTnement de cet ordre, et soumit à aussi vicaire gèn.éral de l'archimandrie de
l'obéissance du général toutes les provinces Saint-Sauveur de Messine.
qui étaient unies avec l'Eglise latine. H Ce monastère est le plus célèbre de cet
exempta aussi les monastères et les reli- ordre en Italie il n'y en a point qui puisse
:
gieux de la juridiction des ordinaires, des aller de pair avec lui. Il fut fondé par Roger,
archimandrites et des abbés commendatai-
comte de Calabre etde la Pouille, qui, étant
res, ordonnant que ces derniers seraient
venu l'an 1157 avec une armée considérable
tenus à la réparation des monastères et pour secourir la ville de Messine et en chas-
des églises, qu'ils pourvoiraient d'orne-
ser les Sarrasins, qui s'en étaient emparés
ments et autres choses nécessaires pour le aussi bien que de toute la Sicile, fut si tou-
culte divin. Il sépara les menses abbyiiales
ché du premier objet qui se présenta à lui,
d'avec les conventuelles enfin il leur accorda
;
qui étaient douze chrétiens que ces barbares
beaucoup d'autres grâces et privilèges, qui avaient pendus à l'endroit où est présente-
furent confirmés par Clément VIII et par
ment la tour du fanal qu'il fit vœu de bâtir
,
mais i s se conforment en plusieurs choses à après, lorsqu'il les eut chassés de (oute cette
l'Eglise latine, con acrant avec du pain azy-
île; et ayant appris les rares vertus de saint
me, se servant d'ornements sacerdotaux pa- Barthélémy de Semeri, de l'ordre de Saint-
reils à ceux dont elle se sert, et ils ajoutent
Basile, qui demeurait dans un monastère de
au Credo : Qui ex Pâtre Filioque procedit, ce cet uiu«c aà Rosanne, dans la Calabre, il le
ordre
que ne foni pas les autres Grecs. Néanmoins, ^^^
ec plusieurs autres religieux et
au monastère de Saint-Arpin à Naples, par ,
,,;,lu',V,^hï
bbé de ce monastère, auquel il assi-
'^"l
' ^^'*»'"
un privilège de Paul V, donné de vive voix gna de gros revenus.
en 16Î0, et dans celui de >ocera de Pagani,
Son fils Roger, qui prit la qualité de pre-
par un autre privilège d'Urbain Vlli, de l'an
officient selon le rite laiin; et le
mier roi de Sicile, lui ayant succédé, il
1630, ils
embellit ce monastère par des bâtiments ma-
même Paul V, par un bref de l'an 1608, avait
gnifiques qu'il y fit faire, le déclara archi-
déjà accordé à tous îes monastères du rite
f rec où il y aurait six religieux de famille, mandrital,et nomma pour premier archi-
mandrite saint Luc de Calabre ce qui fut
:
que l'un d'eux pût dire la messe selon le
même
ux religieux où il y en
d approuvé par Alexandre 111, l'an 1175.
rite latin, et
aurait un plus grand nombre, ce qui a été Il y avait plus de quarante abbayes qui
confirmé par InnoFi'.t X, le 2 janvier 1649. en dépendaient; et quoique la plupart ne
Leur chapi've geuoral se tient présente- soient plus occupées par les religieux de cet
ment tous lès ix ans, par un bn IMe Paul V ordre, on ne laisse pas d'y nommer des abbés
du 15 mai IbzO, et les provinciaux, en cha- titulaires que les religieux de Saint-Sauveur
que province, tous les trois ans. Tous les élisent dans leur chapitre avec le consente-
.
ans l'on lient aussi dans une des provinces la liienl de l'archimandrite, pour maintenir U
4(H BAS BAS 4C2
juridiclioi» de ce monastère, qui possède let crosse passée en sautoir derrière l'écu.
terres de Savoc.i, Saltco, San-Anticlo, Ali, Alphons. C\8Lye\. Antiquedad délia Relig.
Alala, Mandanice, Pagliara; Lucade, Casale- (le S. /jfa.st7to, et D. Apolin. d'Agresla, Vit-
(l) Vçy., à îa tin du vol., n«" 74- (i) Voy., à la fin dii vol., n* 75.
403 DICTIONNAIRE DES ORDRES RELIGIEUX. 404
on ne lui trouva qu'un voile, un manteau, dortoir, elles travaillaient en commun et pen-
de vieux souliers, un cilice étendu sur un ais dant le travail une d'entre elles faisait la
qui lui servait de lit, et un autre qui lui ser- lecture. La pauvreté leur était recommman-
rait aussi de chevet, avec une petil<^ croix de dée : elles ne p ssédaient rien en pro])re et
fer et un anneau de même matière dans le- prenaient leurs repas en commun. L'abs'i-
quel il y avait un petit morceau de la vraie nenci^ était quelquefois diminuée aux jours
croix de Notre Sei2;neur. de jeûne, quand il se rencontrait quelijues
Sa nt Basile, qui avait eu la conduite de fêles ce jours-là. l'huili', le vin ou e pois-
:
celte communauté, lui prescrivit des règles son leur étaient permis, et l'usage en était
aussi bien qu'aux autres monastères de filles défen lu ;;ux autres jours de jeûne. Elies
qu'il établit. 11 y m
avait un entr'autres sortaient du monastère pour aller voir l<>urs
dans la ville de Césarée qui eut pour supé- parents malades. Les femmes pouvaient en-
rieures deux de ses nièces, et toutes ces re- trer chez elles; mais pour les homm's, ell s
par les constitutions qui nous restent du queiques-uns qui sont assez considéiables.
monastère que l'impératrice Irène Ducas, L'on en voit un au Grand-Caire où il y a
femme de l'empereur Alexis Comnène, fit ordinairement cent religieuses qui n'y peu-
bâtir à Conslantinople l'an 1118, en l'hon- vent être reçues que dans un âge fort avancé.
neur de la sainte N ierge, sous le nom de A Jérusalem, il y a aussi un monastère de
Pleine-dft-Grâce , auquel elle donna ces religieuses Grecques qui sont sous la protec-
eonslitulions suivant l'usage des Grecs, qui tion du patriarche, et vivent comme les reli-
accordait ce pouvoir aux fondateurs (1). 11 gieux des aumônes que leur font les pèlerins.
devait y avoir vingt-qualre religieuses dans Ce sont toutes vieilles femmes, qui malgré ,
menées prières et les mêmes jeûnes que les damnée sans être entendue, et on lui envoie
nvoines, et ont des supérieures sous le titre quelques religieuses chez elle qui la rasent,
«l'abbesses, qu'elles élisent. Elles possèdent l'habillent en religieuse, et l'emmènent mal-
toutes des logements particuliers, qu'elles gré elle au monastère, dont elle ne peut plus
achètent, où les plus riches et qui sont de sorlir depuis que rasoir a passé sur sa
le
qualitéonl des servantes, et y élèvent des pen- tête. la aussi une cause suffi-
stérilité est
sionnaires qui sont leurs parentes. Elles font sante de divorce, car celui qui n'a point
de beaux ouvrages en broderies, soit bourses d'enfants de sa femme la peut enfermer dans
pour mttre de l'argent, ou sachets pour des un couvent et se marier au bout de six se-
senteurs, en quoi elles sont si adroites que maines. Les grands-ducs de Moscovie se ser-
leurs ouvrages sont fort recherchés par les vent aussi de ce privilège lorsqu'ils n'ont que
Turcs qui, en abordant à celte île, vont d'abord des filles. L^^czar Jean Basili, après vingt-un
aux monastères pour en acheter de ces re- ans de mariage, n'ayant point eu d'enfants de
ligieuses. M. Thévenot dans son Voyage du la princesse Salomée, sa femme, la fit enfer-
Levant conflrme cela ^n partie mais il dit ; mer dans nn monastère à Susdal, et épousa
qu'elles sont peu resserrées, qu'elles ne sont Hélène , fille de Michel Linski, Polonais ,
pas austères, et qu'elle-; peuvent quitter le l'an 1526. Le baron li'Herberslain, qui était
couvent quand bon leur semble. pour lors en Moscovie, dit dans rhi>toire
L'habillement de ces religieuses (1) Grec- qu'il adonnée de ce pays, que, lorsque le
ques d'Orieni, qu'on appelle aussi Caloyères, patriarche eut rasé la tête de la princesse
est semblable à celui des moines excepté , Salomée et qu'il lui présenta l'habit mona-
qu'elles portent un grand manteau dont el- cal, elle fit beaucoup de résistance, ne vou-
les sont couvertes dequis la tête jusqu'aux lant point qu'on le lui mît, et même le foula
p<eds, et elles ne se servent point de voiles, aux pieds; ce que voyant un des seigneurs
de bandeau ni de guimpe, comme los reli- do cour qui était présent, non-seulement
la
gieuses d'Occident. Les cérémonies qui se pra- il réprimanda de résister ainsi à la volon'é
la
tiquent à leur prise d'habit sont les mêmes de Bleu, mais même il la frappa. Sur quoi la
qui s'observent à l'égaril des moines. La no- princes e lui ayant demandé par quelle au-
vice vient dans l'église jusqu'à la porte du lorilé il la frappait, il lui répondit que c'é-
chœur, où elle demeure pendant l'office. tait par orJre du Seigneur; mais, malgré sa
Elle va ensuite jusqu'à l'autel, la tête et les résistance elle fut revêtue de l'habit de
,
pieds nus, et les cheveux épars , accompa- religion, et quelque temps après accoucha
gnée d'une religieuse qui lui sert de mar- d'un fils qui fut appelé Gorges. Elle ne le
raine, et qui a soin de détourner ses che- voulut point montrer, quoique le czar eût
veux qui lui tombent sur le visage lors- envoyé exprès à Susdal pour s'informer
qu'elle est obligée de s'incliner. Etant arri- de la vérité. Paul Oderbon dit dans la Vie de
vée à l'autel, elle se prosterne aux [iieds de ce prince, que Salomée se contenta d'em-
l'évêque, qui, après lui avoir fait quelques brasser l'autel et de jurer que ce fils était du
interrogations et avoir récité quelques czar, et qu'elle lui avait été toujours fidèle,
prières, lui coupe les cheveux que sa mar- et que, sur le refus qu'elle fit de le mon-
raine a soin de rerueillir, ou pour les brûler trer, le czar voulut la faire mourir. D'au-
ou pour les lui donner, afin qu'elle en fasse tres néanmoins prétendent que ce n'était
une ceinture qu'elle doit porter les jours so- qu'une feinte de la part de celte princes e,
lennels et de communion, et avec laquelle on et qu'elle n'eut point d'enfants. Les reli-
la doit enk'rrer. On la r« vêt eui^uite des ha- gieuses moscovites sont habillées comme
bits de la religion, le dernier desquels est L' celles d'Orient.
manteau dont elle se couvre la tête, et qui Nous avons parlé des religieuses Géor-
traîne jusqu'à terre. On lui met sur la poi- giennes et Mingréliennes dans un autre en-
trine le \\\ te des Evangiles que toutes les re- droit (s'il est néanmoins permis de leur don-
ligieuses, qui ont un cierge à la main, vont ner ce nom). Mais les véritables religieuses
baiser. Elle les embrasse, et après toutes ces de l'ordre de Saint-Basile, par rapport aux
cérémonies elle demeure sept jours de suite observances de la règle de ce saint, sont en
d ns l'église en prières, sansôter aucun des Occident. 11 s'en trouve quelques-unes en
hcibils qu'elle a reçus. Pologne, et davantage en Italie, où elles ont
un assez bon noninre de monastères, princi- paravant, des religieux du même ordre dans
palement dans les royaumes de Naples et de ce diocèse, puisque l'on trouve des lettres de
Sicile, dont le plus fameux est à Palerme,et révê(jue Adolphe de l'an 1323, par lesquelles,
qu'on appelle le royal monastère des reli- outre les grâces et induis qui leur avaient été
g euses de Saint Basile, lilles sont toujours accordés p.^r Nicolas IV, ce prélal leur per-
au nombre de six-vjnpts, toutes nobles et des met, par forme de règlement, d'élire entre
principales familles du royaume. Dans le eux un ministre ou supérieur qui les corr ge
conmiencement de leur élahlissemenl, elles de leurs fautes légères (les plus grièves étant
faisaient l'offlce en grec; mais dans la suite réservées au visiteur) :leur défendant en
à cause de la difficulté que les Siciliennes même tenips de soi tir seuls et sans compa-
avaient d'apprendre cette langue, le pape gnon, de manger hors le réfectoire, de dor-
Alexandre VI les en dispensa, leur permet- mir hors ledorloir, de faire entrer aucune
tant d'officier selon le «iie de l'Eglise latine, femme chez eux, et d'exercer aucun com-
et de réciter le bréviaire des Dominicains. me^'e il leur recommanda ensuite le tra-
;
Mais le pape Innocent XI, par un bref de vail des mains comme un moyen très-efficace
Tan 1680, leur ordonna de ne plus réci- pour fuir l'oisiveté.
ter ce bréviaire, et de suivre le romain, leur Jean Erchel, l'un de ses successeurs, con-
permettant néanmoins de célébrer toutes firma ces règlemenis par des lettres de l'an
les fêles de l'ordre de Saint-Basile, et d'en 1272, adressées aux religieux de cet ordre
faire l'office. Toutes les autres rel gieuses des couvents de Liège, Thesmonstes, Diest,
d'Italie suivent aussi le rile latin, et il n'y a Maestricht, Saint-Tron, Lenwoen, Bure-
que le seul monastère de Pbilanlropos à monde, Arschol, Boslednc et les autres de
Messine où les religieuses ont toujours con- son «iiocèse, desquels, par une charité véri-
servé le rite grec, se conform;int en loules tablement pastorale, il justifia la condui e et
choses aux moines de cet ordre, ('.es reli- la pureté de la foi, et faisait mention dans
gieuses d'Occident sont habillées comme les ces mêmes letires de la huile de Jean XXII,
religieux de Saint -Basile on Italie. Elles par laquelle ce pontife avait déclaré en 1319,
mettent ordinairement un manteau qui les que les frètes et les soeurs du tiers-ordre de
couvre depuis la lêie jusqu'aux pieds, et Saint Fiançois n'i talent point compris,
leur guimpe n'est que de toile noire, mais comme quelques-uns le prétendent, dans la
dans les cérémonies elles mettent une coule condamnation que Cléuient V avait faite des
ou ci'cule (1). héréti(]ues Begghards et B guines, qui ne
Apolinair. d'Agresta Vit. di S. Basilio
, suivaient aucune règle approuvée, et ne fai-
part. 5, cap. 10. (Joard, Eucholog. grœcor. saient point d'autre profession que celle des
Sigismund. Baro in Herheslain
, lierutn , vagabonds.
Moscovitarum Comment. Paul Oderborn , , (Jes religieux ayant fait depuis ce temps-là
Vît. Joann. Bnsilid. Olearius, Voyage de d'autres établissements, et entre autres celui
Moscovie. de Zepperen l'au 1425, comme nous avons
BAVIÈRE Congrégation de ). Voyez déjà dit, Jean d'Heysbergen, évéque de Liège,
(
des capuces fails en forme de petite cucule mander au pape Léon X qu il leur fûl per-
avec des scapiilaircs qu'ils devaient porter mis de s'en séparer, alléguant pour raison
sur leurs manteaux. Il ordonna qu'aucun ne de leur demande l'orgueil et la présomption
pourrait être promu aux ordres sacrés que de ces frères laïques, qui, étantsupérieurs en
du consentement de leur général ou des su- nombre dans les autres maisons de la congré-
périeurs qu'il Hurait dépulés à cet effet, et gation, ne voulaient pas souffrir parmi eux
qu'ils seraient oblijiés d'obéir à ce général en plus de quatre ou cinq prêtres ou clercs,
vertu des vœux solennels qu'ils fais;iient, ce auxquels ils prétendaient, contre tîntes
que Nicolas V confirma par une bulle de l'an sortes de bienséance et de justice, comman-
li53. 11 semble que ce pontife révoqiin ce der et imj)Oser des lois, même si contraires
que l'évéque de Liège avait ordonné l'an au bon ordre et à l'honneur qui est dû à la
li43, et qui avait été confirmé par Eu- majesté de Dieu, que, par une jalousie qui
gène IV, touchant l'élection de leur général, n'avait pour fondement que leur incapat ilé
qui pouvait être un prêtre séculier, s'ils n'a- à s'acquilier des sacrés mystères, ils les em-
vaient pas parmi eux suffisamment de prê- pêchaient de célébrer l'office divin en quoi
:
tres, puisque par une autre bulle il dit posi- ils étaient soutenus par le général même do
tivement que leur général doit êlre un prê- la congrégalinn, qui, sétant laissé aller à
tre de leur ordre, qu'ils doivent élire tous une condescendance pour ces frères qui
les ans dans le couvent de Zepperen , lequel avaient troiivé le secret de le corrompre et
général aura pouvoir de recevoir les vœux de le mettre dans leurs intérêts, avait fait
solennels de ceux qui voudront faire pro- une ordonnance par laquelle il marquait les
fession dans l'ordre. Cette même bulle leur jours que les prêtres (levaient chanter l'of-
donne aussi permission d'éliro dans leurs fice divin el célébrer la messe, avec défei se
chapitres généraux des définileurs , à la d'y contrevenir el de recevoir plus de cinq
manière des ordres religieux, qui, conjoin- prêtres ou clercs dans chaque maison : ce
tement avec le général, pourront faire des qui ne lui sulfisant pas pour déshonorer son
règlements pour le bien de la congrégation. caractère de prêtre, il poussa sacomplaisance
Les Begghards d'Anvers furent unis à cct'e pour ces mêmes frères laïques jusqu'à dé-
congrégaliDU en li72. Dès l'an 1228, ils poser le supérieur de la maison de Busieduc,
étaient établis en celle ville, et avaient pris et à l'en chasser avec défense d'y revenir
sainte Beggh pour patronne :ce qui leur fit d'un an.' Le pape, qui d'un autre côté
donner le nom de Begghards. Ils s'occupaient était averti de quelques autres différend,
dans les commencements de leur origine à qu'il y avait entre les religieux du même
faire de la loile, chacun vivant en son parti- ordre des couvents de Liège, Cambrai, Colo-
culier de son travail et élant unis seulement gne, Maëslricht et autres, tant au sujet de celle
par les liens de la charité, sans avoir aucune ordonnance du général louchant l'office di-
règle; mais lorsque le pape Nicolas IV eut vin qu'au sujet de la ceinture que les uns
confirmé celle du troisième ordre de Saint- voulaient avoir de cuir, et d'autres de
François l'an 1289. ils l'embrassèrejit l'année corde ne jugea point de meilleur expédient
,
suivante. Ils furent beaucoup favorisés des poui terminer tous ces différends que celui
ducs deBrabant, principalement de Jean II de leur accorder leur demande, en divisant,
et Jean III, qui les exemptèrent de loules par une bulle de l'an 1516, celle cingréga-
conlribulions et impôts. L'an 1425, ils com- tion en deuv qui avaient chacune leur géné-
menièrent à vivre en commun, et firent des ral. MaisClément VIlI,successeurde LéonX,
vœux solennels l'an 1467, après avoir pris voulant les réunir, ordonna quele général de
l'habit et les constitutions des Tierliaires de celte nouvelle congrégation et le général de
Liège. Enfin l'an 1472 ils furent soumis au
,
celle de Zepperen renoncer lienl tous les
général de la congrégation de Zepperen, à deux à leurs offices dans un chapitre géné-
laquelle ils furent unis par le pape Sixle IV. ral qui se tiendrait au plutôt, et qu'on y éli-
Comme le couvent d'Anvers est devenu dans rait un autre général par les suffrages des
la suite très-considérable, le nom de Beg- religieux des deux congrégations qui se
ghards que portaient les religieux qui y de- réuniraient ensemble et ne feraient plus
meuraient a élé donné à tous les autres qu'une seule congrégation comme avant la
religieux de cétle même congiégation :ce la séparation. Il semble, selon les Pères
qui paraît par la bulle que Clément ^ III François Bordon, Jean-Marie de Vernon, et
donna en 1575, pour les confirmer dans tous quelques autres historiens du tiers-ordre de
leurs privilèges. Nos igitur dilectos fdios Saint-François, que le couvent de Maestricht
minislrum e{ fratres universo^ congregationis avait fait aussi une congrégation séparée
Zi'pperensis in Belgiis ordinis tertiœ Regxilœ avec quelques autres, se fondant en cela sur
Sancli Francisci vulgo Begghardorum nun- une bulle de l'année 1401, par laquelle Bo-
cupalos, specialUni^ favoribus et gratiis pro" niface IX accorda }un général aux religieux
sequi volentes^ etc. et religieuses de la ville el du diocèse û'H-
Nous avons dii ci-dessus que dans la plu- trechl (luils ont apparemment confondu avec
part des couvenis de celte congrégation il ,
celle de Maëstricht, qui en latin est appelé
y avait plus de frères laïques que de prêtres : Trajectum également comme Utrecht Fra- :
ce qui fui une source de division, qui obli- Iribus et sororibus ordinis Sancli francisei
gea 1 s couvents de Midderbourg, de Lou- de Pœnitentia nuncupali, in civi(ate et diœcesi
vain,de Bosleduc et quelques autres, où il y Trajectensi; mais s'ils avaient fait réflexion
avait un nombre suffisant de prêtres, de de-' sur l'année que cette buU« fut expédiée. »•
,
leur aurait été facile de s'apercevoir de leur des couvents situés dans les provinces d'Ar-
erreur puisqu'en liOi il n'y avait point
,
tois, de Uainaut et du diocèse de Thérouane,
d'évêché a Maeslrichl. Il est vrai que celui de dont les principaux étaient Saint-Omer ,
Tongres (après que celle ville eut été ruinée Fumes, Nieuport, Ypres, Bergues, Dixmude
par les Huns), y fut transféré par saint Ser- et Properingue. Le pape Jean XXll ap-
vains qui mourul l'an 38i,mais il fui encore prouva leurs statuts, l'an 1V13, dans lesquels
trai\sporlé à Liège par saint Hubert l'an 721, la formule de leur profession était énoncée :
nom de celte dernièie ville. sance au pape. Mais il ne reste plus aucun
L'an 1121, Grégoire IV unit cette congré- couvent de ces religieux en ces quartiers: il
gation à celle de Loinbardie mais cette ; n'y a que ceux des religieuses qui ont sub-
union n'eut lieu que sous le pontifical d'In- sisté, qui sont en grand nombre et qui se
nocent X, l'an 1G50. Ce pontife ayant sup- multiplient tous les jours.
primé le général de la congrégation de Zep- Francise. Bordon, Chronolog. FF. et So-
peren, tous les couvrnls du liers-ordre de ror. 3 Ord. S. Francise. Joan. Mar. Vernon,
Saint-François dans les diocèses de Liège, de Annal, ejusd. Ordinis. Elzeart de Dombes ,
Malinos et d'Anvers, qui la formaient, furent Académie de perfection; et Mémoires ma-
soumis à la juridiction, visite et correction nuscrits.
du général d'Italie, et érigés en province
sous le titre de province de Flandre. Le Père BEGUINES.
Jean Waden-Berg eu fut élu premier pro-
vincial, et assista en cette qualilé au chapi-
De l'origine des Béguines, avec la vie de
prineipalemeiit celles qui avaient été reçues desquels est le Père Thomassin) qui ont re-
dans le chapitre de Rome et approuvées par gardé ces Béguines comme des espèces de
le pape Urbain VIll, et celles de Bologne qui chanoinesses ou bénéficières, et quelques
avaient été approuvées par Innocent X; écrivains ont prétendu qu'elles avaient eu
q 'ils quitteraient leurs anciens habits, et pour fondatrice sainte Begghe, et que Lam-
qu'à l'avenir ils seraient vêtus d'une manière bert le Bègue n'a été que le restaurateur de
uniforme, savoir: d'une robe grise, un ca- ces sortes de communautés; mais Coëns ,
puce avec une mozette en pointe par devant chanoinede la cathédrale d'Anvers, dans une
et par derrière, et un manteau, et qu'ils ne dissertation qu'il donna, l'an 1629, sur lori-
porteraient point de chapeaux que quand ils gine de ces Béguines, apporte plusieurs rai-
iraient en campagne (1); qu'ils auraient un sons pour prouver qu'elles n'ont point eu
commissaire général, auquel on aurait re- sainte Begghe pour fondatrice, et que bien
cours par appel du provincial ; que le géné- loin de pouvoir être regardées commt' cha-
ral ne pourrait rien décider dans ce qui Boine-ses, elles ont des observances tout op-
concernait la province, qu'après avoir écoulé posées à la vie canoniale.
le provincial et les dilfiuileurs qu'il pour- ; Quoique Rikel, dans son histoire des Bé-
raii y (aire la visite une fois en six ans, et guinages de Flandre, semble être du senti-
que ne le pouvant pas faire, il en doiinerail ment de ceux qui en attribuent la fondaiion
commission ou à son commissaire ou à un à sainte Begghe, il ne veut pas néanmoins
autre religieux na'ional, auquel il donnerait assurer que ce soit elle qui leur ait prescrit
aussi pouvoir 'e présider au chapitre; qu'il la manière de vie qu'elles gardent à présent ;
ne pourrait (aire venir aucun religieux en et il ne fait point de dilficulté d'avouer que
Italie contre la volonté du provincial et ; Lambert le Bègue est le premier qui, par
qu'enfin ces religieux de Flandre pourraient son exemple et ses paroles, leur a f.iil con-
avoir des conservateurs en vertu de leurs naître l'avantage et l'excellence de la chas-
privilèges apostoliques. Cette province n'a teté, et que le nom de Béguines leur a été
présentement que dix ou douze couvents donné par rapport à lui. à cause qu'il bé-
dont les principaux sont ceux d'Anvers, de gayait Lnmbcrlus le Bègue gtiia balbtts prnt
:
qui se sentaient coupables du crime de si- éminenl de contemplation, qu'il n'était plus
monie et des autres vices contre lesquels il besoin après cela n: de jeûner ni de se sou-
invectivait avec tant de force et de zèle, in- mettre à la direction et à l'obéissance des
dignes contre lui , l'accusèrent auprès de hommes mo! tels, le concile de Vienne, l'an
Radulphe de prêeher sans en avoir permis- 1 113, condamna ces erreurs et abolit l'étal des
415 DICTIONNAJKE DES ORDRES RELIGIEUX. 41C
Béguines comme suspect, permeitant néan- de couleur de bleu céleste mais présente-;
moins aux femmes et aux filles véritable- ment elles sont presque toutes habillées de
ment fidèles de vivre en chasteté et en péni- noir. Lorsquelles sorteni , elles portent une
tence, soil sans vœux ou avec des vœux. certaine toque noiie et plate sur la tête,
ayant un toupet de soie au-dessus, et un
Le Père Thomassin remarque que c'est
sans doute à la faveur de celte dernière
manteau noir (jui leur couvre aussi la tête
et descend jusqu'aux talons; celles d'Am-
clause qu'on a conservé ot qu'on voit fleurir
sterdam mettent seulement un voile noir
tant de célèbres et nombreux béguinages
lorsqu'elles sortent (1). Il y avait aussi autre-
dans la Flandre, qui, étant demeurés fermes
fois autant de statuts différents qu'il y avait
('ans la foi, ne furent pas compris dans la
de diflérentes formes d'habillements parmi
condamnation et abolition de ceux qui
privilège dont les Béguines. Celles de Malines en ont de
étaient tombésdans Ihérésie :
protection. Selon cette décrétale, plusieurs églises séparées. Nous donnons ici l'habil-
d'entre elles faisaient profession de chasteté, lement de ces Béguines d'Anvers et d'Am-
vivaient en communauté, et possédaient des sterdam.
biens qui étaient propres à leur commu- Joseph Geldosph. K. Bikel ab Orbeck.
nauté. Enfin ce pontife, dans la même dé- Hist. Beghinasiorum Belgii. Petr. Coëns.,
crétale, et Boniface VllI dans une autre, Disquisit. Hislor.de Orig. Beghinarum. Phi-
mettent les chanoinesses séculières et les lipp. Dontroman. Hist. de Valenciennes. Le
béguines sous la juriiiiction des évêques, et Mire, Chronic. Cisl. p. 168. Le P. Tho.massin,
les exemptent du tribunal séculier, quoi- Discipline ecclés. t. II, part, k, liv. 1, chap.
qu'ils n'approuvent pas expressément leurs 26, iV. et saiv.
instituts. BENEDICTINS (Ordre des).
n'y a presque point de ville dans les
Il
Pays-Bas où il n'y ait des béguinages , et § 1" — Vie de saint Benoît, patriarche des
moines d'Occident (2).
nonobstant le changement de religion qui
s'est fait à Amsterdam, il y en a un for* L'on ne saurait trop donner de louanges
beau dans cette ville. Ces soi tes de bégui- àl'ordre de Saint-Benoît, qiri depuis sa nais-
nages comprennent plusieurs maisons ren- sance a rendu des services très-considéra-
fermées dans un même enclos, avec une ou bles à l'Eglise. C'est a lui qu'une partie du
plusieurs églises, selon le nombre des Bé- monde est redevable d'avoir quitté l'idolâtrie
guines. Il y a dans chaque maison une et d'avoir abandonné plusieurs hérésies
prieure ou maîtresse, sans la permission de dans lesquelles des province* entières étaient
laquelle elles ne ppuveni sortir. Elles font tombées c'est à lui que celles qui n'en
;
seulement des vœux simples entre les mains avaient pas été infectées sont obligées d'avoir
du curé de la paroisse où est situé le bé- conserve la foi orthodoxe dans ces siècles
guinage. C2 vœu est conçu en ces termes : malheureux où la science et la piété ne se
Moi N. je promets à vous, mon curé, et aux trouvaient que dans les cloîtres illustres.
magistrats présents et à venir, obédience et C'est aussi cet ordre qui a fourni à l'Eglise
chasteté tant que je demeurerai davs le bé-
, pendant un long temps un grand nombre
guinage. Elles font trois ans de noviciat de papes, de cardinaux, d'archevêques et
avant que de recevoir l'habit, qu'on ne leur d'évêques, et qui a produitune infinitéd'hom-
donne que lorsqu'elles prononcent leurs mes savants, dont on ne peut assez admirer
vœux ce qu'elles font en particulier et
; les ouvrages, et qui enrichissent encore tous
même au confessionnal celles qui sont dis-
; les jours le public de leurs écrits. Saint Be-
colles et désobéissantes sont chassées de la noît, père et fondateur de cet ordre si célèbre,
congrégation. Le curé de ia p;iroisse est su- naquit à Nursi, ville du duché de Spolette,
périeur du béguinage, et il ne se fait au- vers l'an i80. Il importe peu pour la gloire
cune affaire sans le conseil de huit Bé le ce saint qu'il soit sorti de la famille des
guines. Anicif ns qui a donné à Rome un grand nom-
Elles étaient autrefois habillées diverse bre de consuls, comme quelques historiens
ment. Les unes étaient habillées de gris, les de cet ordre ont écrit, ou qu'il ait été pelil-
autres de couleur tannée, et quelques-unes fils de l'empereur Justinien, comme d'autres
(t) Vo«M à la fin du vol-, n'» 80 etSii (2) Voy.f à la (in du vol., n° &%
il7 BEN BEN 418
l'ont avance , sans faire atlenlion que cet Ivesoin de son serviteur, et lui inspira de
empereur, bien loin d être de la famille des l'aller secourir. Quelque temps après des
Anici^ns, était au contraire llirace de nation bergers l'aperçurent de loin et en eurent
et sortait de très-bas lieu, comme remarque même de la frayeur, ne pouvant pas s'ima-
le P. dom Jean Mabillon, qui rejette aussi giner qn'an homme pût faire sa demeure
les litres de comte de Nursi et de marquise dans ces rochers. Comme il était vêtu de
de Ferrare que Thritème a donnés au père peaux, ils crurent d'abord que c'était une
et à la mère de ce saint londiileur, le titre bêle; mais ils reconnurent bientôt fiue c'était
de comte n'étant pour lois qu'un litre d of- un serviteur de Dieu. Plusieurs en lurent si
ûce (jui n'était pas féodal ni héréditaire, et touchés qu'ils se convertirent, et au lieu
celui de marquis n'étant pas encore connu. Il qu'auparavant ils ne vivaient eux-mêmes
est vrai que les parents de notre saint ion- que comme des bêles, ils commencèrent à
dateur étaient nobles, selon le témoignage devenir des personnes spirituelles. Tout ca-
même de saint (Irégoire, qui a le piemier ché qu'il était dans cedésert,il fut néanmoins
écrit sa Vie. Son père se nommait Eulrope attaqué par la tentation. La pensée d'une
et sa mère Abondance; et ce saint pape dit femme qu'il avait vue à Rome s'imprima si
que le nom de Benoit lui fut donné pour vivement dans son esprit et le sollicita si
marquer mystérieusement les bénédictions fortement au péché que, pour s'en défendre,
célestes dont il devait éire comblé. il fut contraint de se rouler tout nu dans
Ses parents l'ayant envoyé à Rome pour des épines, que l'on voit encore dans celte
y étudier;, il appréhenda que le mauvais solitude, et sur lesquelles saint François,
exemple de ceux qui y faisaient leurs études allant visiter ce saint lieu par un esprii de
ne fit quelque impression sur son cœur, et dévotion, gre^a d^ rosiers qui donnent en-
quoiqu'il ne fit que d'entrer dans le monde, core tous les ans de très-belles roses.
il résolut de s'en retirer, de peur d'être in- L'éclat de sa sainteté, qui commençait à se
fecté de ses fausses maximes, il sortit donc répandre au dehors, l'ayant fait connaître
de Rome sans avoir fait aucun progrès dans aux religieux du monastère de \ icouaie en-
les études, et prit le chemin du désert. Sa tre Sublac et Tivoli , ils souhaitèrent ardem-
nourrice, qui s'appelait Cyrille, le suivit ment de l'avoir pour abbé. Ils le pressèrent
seule jusqu'à un lieu nonwné Asile, où elle avec tant d'instances qu'il y consentit mais ;
lui donna occasion de faire son premier mi- comme ils étaient accoutumés au libertinage,
racle, en réunissant les parties d'un crible et qu'ils ne purent supporter la force de
qu'elle avait cassé ; mais notre saint la ses remontrances ils se repentirent bientôt
,
quitta secrètement, et, continuant son che- de leur choix quelques-uns même d'enlre-
;
min, alla se cacher dans un désert appelé eux se laissèrent tellement emporter à leur
Sublac. Il rencontra un religieux nommé passion, qu'ils résolurent de l'empoisonner,
Romain, qui lui demanda où il allait le : ils mêlèrent donc du poison dans du vin, et
saini se découvrit à lui, et Romain, ayant le saint abbé étant à lable, ils lui présentè-
approuvé sa résolution, lui garda le secret rent ce breuvage pour le bénir, suivant la
et l'aida à exécute r son dessein. H lui donna coutume de ce monastère mais ce saint ;
meure ordinaire, comme quelques-uns ont qu'il a été comme l'Elisée de son siècle,
dit, dans lemonastère de la Sainte-Grotte, qui revêtu de la puissance de Dieu, commandant
est fort éloigné du lac, mais dans celui de en quelque façon à toute la nature, éclairé
Sainle-Scholastique,qui en est voisin. de son esprit, lisant comme les prophètes
Florent, prêtre très-indigne de son carac- dans l'avenir, comme il paru dans la ren-
tère, ayant attaqué la réputation du saint contre de Totila, roi des Goths, qui, voulant
par une infinitéde uiédisances eldecalomnies expérimenter par lui-même cet esprit pro-
atroces, ayant tâché de corrompre la chas- phétique de saint Benoît, l'aborda sous des
teté de ses religieux en faisant entrer sept habits empruntés, et apprit de sa bouche le
filles toutes nues dans le jardin de son mo- sac de Rome qu'il devait faire par la permis-
nastère, et lui ayant même envoyé nn pain sion de Dieu, le nombre de ses conquêtes,
empoisonné, saint Benoît résolut de céder à la chute de son royaume, et la fin de sa vie.
l'envie de ce méchant homme, se retira de Ce grand saint prédit par le même espiil
Sublac, et fut conduit au Mont-Cassin par la ruine de son monastère du Mont-Cassin
deux anges sous la forme de deux jeunes par les Lombards, et le temps de sa mort; et
hommes, qui
le mirent en possession de ce ayant été surpris d'une fièvre violente le
lieu, où adorait encore Apollon. Il fut
l'on sixième jour de sa maladie, il se fil porter
indigné de voir ces restes de l'idolâtrie il : à l'église par ses disciples, où, après avoir
travailla prompiement à les abolir et à reçu le corps adorable de Jésus-Christ avec
éclairer les peuples du voisinage de la lu- les sentiments d'une piété parfaite, il lui
mière de la foi; et après avoir brisé l'idole, rendit son esprit l'an oi3. Son corps fut in-
renversé son autel et brûlé les bois supers- humé dans la chapelle de Saint-Jean-Bap-
titieux qui lui était ni consacrés, il fit con- tiste, que lui-même avait fait bâtir ; mais le
struire une chapelle en l'honneur de saint monastère du Mont-Gassin ayant été ruiné
Martin dans le temple même d'Apollon, et par les Lombards, comme il l'avait prédit, il
une autre sous le nom de saint Jean-Bap- y demeura longtemps inconnu et caché sous
tiste dans la place où était l'autel de cette ses ruines, jusqu'à ce que, l'an 633, ou vingt
fausse divinité. ans plus tard, selon quelques-uns, saint
421 BEN BEN in
Aigulfe, religieux de l'abbaye de Fleury, ap- du jardin autres offices, même dans
et des
pelée présenleinent de Sainl-Beuoîl-du-Loir, la réception des hôtes et des pèlerins", qui
y ayanl été envoyé parMommol, son abbé, avaient leurs appartements, leurs réfecloi-
l'apporta en France, en son propre mona- res séparés, et auxquels on donnait les
stère, où il demeura jusqu'à ce qu'il fut mêmes mets qu'aux r. ligieus, n'étant pas
transféré à Orléans pour la crainte des Nor- permis de servir de la viande à aucune per-
mands, d'où il fut reporté à Fleury dans la sonne, sous quelque prétexte que ce fût, ou
suite. Ainsi la France peut se glorifier de de distinction, ou do dignité.
posséder ce précieux trésor, nonobstant tout Quant aux offices divins, saint Benoît em-
ce que peuvent dire les religieux du Mont- ploie onze chapitres de sa règle pour en
Cassin, qui allèguent une bulle d'Urbain II, marquer l'ordre, le nombre des leçons, des
qui prononce anathème contre ceux qui nie- cantiques et des répons depuis le premier
:
ront que le corps de saint Benoît n'est pas novembre jusqu'à l'âques on se levait à la
au Mont-Cassin mais Baronius et d'autres
:
huitième heure de la nuit, c'esl-à-dire à deux
tiennent qu'elle est supposée. heures ; l'abbé lui-même devait sonner les
Voyez S. Grégor., lib. H Dialog.; Bulleau, offices, ou en commettre le soin à un Père
Abrégé de rhist. de S. Benoît.; Joann. Mabill. très-exact. Il n'était pas permis après ma-
Act. SS. Ord. S. Benedict. sœcul. 1, et An- tines de se recoucher le temps qui restait
;
nal. Benedict., tnm. I, et Bolland., 21 mars. jusqu'au jour devait être employé à la lec-
ture, à la méditation et à apprendre des
§ II. — Du grand progrès de Vordre de psaumes; après prime ils allaient au travail,
Saint- Benoît ,et de V excellence de sa où ils étaient occupés depuis la première
règle. heure jusqu'à la quatrième, c'est-à-dire de-
L'on n'est pas d'accord, ni du temps que puis six heures jusqu'à dix, à commencer
saint Benoit écrivit sa règle, ni si ce fut à depuis Pâques jusqu'au premier octobre;
Sublac, quoique l'on y montre l'endroit où et depuis le premier octobre jusqu'au ca-
l'on prétend qu'il l'écrivit. Quelques-uns rême, le travail commençait à tierce et finis-
n'éiaut point de ce sentiment, disent que ce saità non«. On ne disait aucune messe dans
fut au Mont-Cassin, et d'autres, qu'il l'acheva les premières années de l'établissement de
dans ce lieu, après l'avoir commencée à cet ordre, les jours ouvriers, mais seule-
Sublac. Quoi qu'il en soit, c'est cette règle ment les dimanches et les fêtes solennelles,
S! éminenle en sagesse et en discrétion, si auxquels jours tous les religieux étaient
grave et si claire à l'égard du discours et du obligés de communier. On recommençait la
style, comme parle saint Grégoire, si célè- lecture et le travail l'après-dînée si quel- :
bre dans l'Eglise que les conciles l'ont appe- qu'un ne pouvait méditer, ni lire, on lui
lée justement sainte, comme le deuxième de donnait plus de travail. On donnait des tra-
Douzy tenu en Slk, qui reconnaît qu'elle a vaux plus faciles à ceux qui étaient faibles
été dictée à S. Benoît par le même esprit qui et délicats, on en donnait de plus rudes à
est l'auteur des sacrés canons, propre à for ",eux qui étaient plus robustes ; et si les reli-
mer et conduire un grand nombre de saints; gieux, étaient occupés hors le monastère,
et comme celui de Soissons, qui lui a donné soit à la moisson, soit à quelque autre ou-
par excellence le nom de sainte règle. '
cet ordre qui ne veulent recevoir que des qu'au 13 septembre, on jeûnait les mer-
personnes de noble extraction. credis et les vendredis; et depuis le 13
Les enfants, les novices et les profès dor- septembre jusqu'à Pâques, tous les jours.
maient dans des dortoirs différents chacun
; Le jeûne du carême était plus rigoureux :
avait son lit séparé par des toiles ou dos pendant ce temps-là les religieux se morti-
planches, et chaque dortoir avait un reli- fiaient en retranchait quelque chose de
,
gieux pour veiller sur la conduite des au- leur boire et de leur manj^er de leur som- ,
tres. Le prévôt ou prieur présidait sur toute meil, de leurs conversations et des autres
la communauté qui était divisée en plusieurs commodités de la vie. Dans l'un et l'autre
dizaines, qui avaient chacune leur doyen ; jeûne il n'y avait qu'un re, as : dans les jeû-
et l'abbé avait un pouvoir absolu sur tous nes de la règle il se faisait après none, et
les religieux, qu'il gouvernail plus par son dans ceux du carême après vêpres, c'est-a-
exemple et par sa prudence que par l'auto- dire au soir.
rité. Il aidait le cellerier dans les choses qui L'abstinence de la viande, au moins des
regardaient le temporel, le prieur, les doyens animaux à quatre pieds, était perpétuelle, et
et les maîtres dans le spirituel. Tous les re- n'était permise qu'aux malades. Plusieurs
ligieux s'cntr'aidaient les uns les autres dans ont cru que saint Benoît, n'ayant défendu
le service de la cuisine, de la boulangerie, que la viande des animaux à quatre pieds,
,
avait tacitement permis celle des volatiles : et même d'un an. Elle subsistait encore en
entre les autres, Haeslenius est de ce senli- Italie an7^6, puisque saint Boniface, évêque
1
ment, s'appuyant sur l'aulorité de sainteHil- de Mayence, ayant consulté d ,ns ce temps-
degarde et de Rabau Maur. Mais le P. Ma- là le pape Grégoire II sur quelques doutes,
billon dit qu'il n'y a pas d'apparence que entre autres s'il était permis aux enfants (fui
saint Benoît, qui n'avait ordonné à ses reli- avaient été offerts par leurs parents de re-
gieux que des viandes de vil prix et qui ne tourner au monde, ou de se marier lors-
flattassent pas le goût, eût permis à ceux qu'ils étaient parvenus à l'âge de puberté,
qui se portaient bien de manger de la vo- ce pontife lui répondit qu'il ne leur était pas
laille, que Ton ne servait pour lors que sur permis. Cette pratique subsista encore long-
la table des rois, comme des mets e\quis, temps en Allemagne; car, quoique par le 36'
au rapport de Grégoire de Tours. Cette di- canon du concile d'Aix-la-Chapelle (3) il
versité de sentiments, qui a toujours été dans eût été ordonné que les enfants qui avaient
l'ordre de Saint-Benoîi, a fait que la pratique été offerts par leurs parents dans les mo-
des anciens monastères sur ce sujet a été nastères étaient tenus de confirmer cette
différente ce que l'on doit entendre après
: offrande lorsqu'ils étaient parvenus dans un
la mort de saint Benoît, où ceux qui ont âge de savoir ce qu'ils faisaient, néanmoins
mangé de la volaille ont présumé que ce par le 22' canon de celui de Worms (i), les
saint fondateur n'avait pas exclu ces sortes enfants offerts aux monastères par leurs
de viandes, puisqu'il ne défendait que celle parents étaient encore censés engagés sui-
des animaux à quatre pieds. vant la règle de saint Benoît et le IV concile
Les enfants mêmes que l'on offrait dès de Tolède. Dans la suite du temps, on se re-
l'âge de cinq ans dans les monastères lâcha partout de cette ancienne rigueur, et
étaient aussi tenus à l'abstinence; et le con- on ne reçut plus dans les monastères les
cile d'Aix-la-Chapelle (1) les y obligea en- enfants qui étaient offerts par leurs parents,
core, ordonnant qu'ils ne mangeraient de la parce que ce n'était plus un effet de leur piété,
viande que dans les maladies. La manière de mais de leur cupidité car ils n'offraient plus
;
recevoir les enfants est ainsi ordonnée par aux monastères que ceux de leurs enfants
la règle de saint Benoît, où ce saint, après que la nature n'avait pas avamagés, tini se
avoir prescrit dans le chapitre 58 la formule trouvaient disgraciés, difformes, ou slupides,
des vœux de ses religieux, qui consistent en et nullement propres pour le monde ce qui :
enfants à l'âge de sept ans, de cinq, de deux scapulaire pour le travail. Le scapulaire
hahiis, un niouclioir, un «outeau, une ai- nister mtitjislri Intpns opus propafjnvll; ce
guille, un poinçon [lour écrire cl des ta- que Pierre, diacre du Mont-Cassin, elSigitbert
blettes. Leurs lits consistaient en une natte avaient aussi lu il y a plus de cinq ceiils
ou paillasse, un drap de si'ige, une couver- ans. Hœstenius avait déjà réfuté Callonius
ture et un chevet. dans ses Disquisitions monastiques. Le père
Saint Benoît n'a rien déterminé sur la Mabillon le réfute aussi dans ses Annales (2),
couleur de Ihahillcment; mais il paraît par et cite un ancien manuscrit de 700 ans qu'il
d'anciennes peintures que la rohe que les a vu dans la bibliothèque de M. de la Marre,
anciens Bénédictins portaient était blanche, conseilh r au parlement de Dijon, où, au liea
cl le scapulaire noir. Ce scapulairo n'avait de Latens, on lit Lnle : ce qui change le sens,
pas la même forme que ceux dont on se puisque dans l'un on lit que Simplicius a
sert présentement dans cet ordre. Il ressem- communiqué à tous l'ouvrage de son maître
blait plutôt aux cajioles de matelots, excepté qui était caché, et que dans l'autre on y lit
qu'il n'était point ouvert par devant, mais qu'il a communiqué avec beaucoup d'éten-
un peu par les côtés ; comme on peut voir due l'ouvrage de son maître, c'est-à-dire
dans la figure que nous donnons d'un de ces que la règle de saint Benoît qui n'éta:t con-
anciens Bénédictins (I), el que nous avons nue que dans les monastères qu'il avait
tirée de celles que le père ISlahillon a don- fondés, fut publiée pres(|ue par toute la terre:
nées dans ses Annales bénédictines. Ces clune preuve (jue saint Benoit l'avail écrite
sortes de scapulaires étaient depuis long- pour les monastères, et qu'il avait fait con- I
temps l'habit ordinaire des pauvres et des naître de son vivant, c'est l'autographe de
paysans. la n)ême règle écrit de la main de ce saint
11 y a encore un grand nombre de mona- qu'il donna à saini Maur quand il l'envoya
stères dont les religieux prennent le titre en France, et qui a été conservé dans l'ab-
d'anciens Bénédictins, plutôt po ir recevoir baye de Mnrmoutier jusque dans le onzième
les revenus qui dépendent de leurs mona- siècle. Il esl vrai que Gallonius n'a rapporté
stère, que pour observer la règle de saint ce manuscrit du Vatican que pour prouver
Benoît, qui est presque inconnue dans la que saint Maur n'avait point porté cette
plupart de ces monastères qui se disent du règle en France, ni saint Placide en Sicile,
grand ordre, el qui sont soumis aux ordi- et que plusieurs écrivains ont aus>i douté de
naires des lieux où ils sont situés, ne for- la mission de saitït .Maur; mais, après ce
mant entre eux aucune congrégation, si on qu'en ont écrit si savamment dom .Mahillon
excepte néanmoins celles des Exempts en et dom Thierry Buinart pour la prouver, on
France, en Flandre et en Allemagne. Lors- ne peut rien ajouter, et il faul que les plus
qu'ils sortent par la ville, ils sont habillés incrédules cèdent à la force de la vérité.
comme les ecclésiastiques ; ils portent seu- La première mission qui se lit hors de
lement un petit scapulaire, el dans la mai- l'Italie fut celle de saint Placide, que saint
son ils ont con''ervé quehjue reste d'habit Benoit envoya en Sicile l'an 53V. Tertulle,
monacal, en meltanl un camail par-dessus père de Placide, qui était riche, ayant donné
le scapulaire, et au chœur une grande coule. à ce saint patriarche des terres de grande
Il y a des auteurs qui ont cru (,uc saint valeur, il en prit possession, et commença
Benoît navail écrit sa règle «juc pour le mo- d'en jouir par procureurs mais, ayant ap-
;
(!) Yoij., à 1.1 fin du vol., n' 83. 'i) Prscf. l. I, Annal, benedict.
royaume ; car saint Maur et ses compagnons Le temps que l'ordre de Saint-Benoîi passa
étant arrivés à Orléans, el ayant appris la en Angleterre est plus connu. C'est à cet
mort de saint Innocent, évoque du Mans, et ordre que les Anglais sont redevables de leur
que celui qui s'était emparé de son siège conversion. Le christiniNme y avait à la vé-
n'était pas disposé à favoriser leur entre- rité été annoncé dès le deuxième siècle, lors-
prise, ils allèrent dans l'Anjou, où ils bâ- que lesBretons en étaient les maîtres; mais
tirent le monastère de Glanfeuil, qui a il y avait été presque éteint depuis que les
été une source féconde qui en a produit Anglais et les Saxons, peuples idolâtres, en
une infinité d'autres en ce royaume qui avaient chassé les Bretons, <'l à peine y en
sont (les plus célèbres de cet ordre et si on
; restait-il quelque trace. Saint tlrésoire y
voulait croire les chroniques d'Yepés, et le envoya, l'an 596, saint Augustin, prieur du
raénologe de Bucelm, saint >Jaur en aurait monastère de Saint-André de Rome, avec
bâti jusqu'à cent soixante en France, qui plusieurs autres moines , qui en peu de
en mjins de quarante-deux ans auraient eu temps retirèrent des ténèbres de l'idolâtrie les
plusieurs millions de revenu, et en aurait peuples de ce pays qui était divisé en plu-
réformé un plus grand nombre. Mais comme sieurs royaumes. Saint Augustin prêcha d'a-
ces auteurs n'ont pas été en cela plus exacts bord dans celui de Kent et fut le premier
qu'en beaucoup d'.iulres choses, on ne doit archevêque de Gantorbéry. Non-seulement
pas leur ajouter plus de foi que lorsqu'ils les Bénédictins fondèrent plusieurs monastè-
disent que samt B;'noît envoya de ses reli- res dans le royaume d'Angleterre, mais l'é-
gieux en Espagne pour y multiplier sou glise de Gantorbéry et toutes les cathédrales
ordre. Ycpés dit que le premier monastère de qui furent érigées dans la suite, linrent en-
cet ordre qui y fut fondé l'an 537 fut celui de core lieu de mona-tères à ces religieux qui
Saint-P erre de Cardenas; et Bucelin dit que desservaient ces égl.ses: ce qui a duré pen-
dès l'an 533 saint Turibius, qui fut dans la dant plusieurs siècles, el même jusque sous
suite évêque de Palencia, y fut envoyé par le règne d'Henri V'III, qui commença le mal-
le saint fondateur , avec plusieurs autres heureux schisme qui abolit la religion ca-
moines. II y fait même aller aussi une autre tholique dans ce royaume. Ouelques églises
colonie l'an 539. Ces auteurs, à la vérité, cathédrales, entre autres celle de Gantor-
n'ont parlé qu'après une chronique Fausse- béry, étaient pour lors desservies par des
ment attribuée à Maxime de Sarragosse, Bénédictins el non pas par des chanoines.
qu'Hîestenius a aussi suivie, qui, au juge- Ce n'est pas seulement l'Angleterre que
ment des savants, est pleine de fables el de les Bénédictins ont éclairée de la lumière de
rêveries. Mais le P. Mabillon qui n'a cher- la foi : la Frise eut aussi le même avantage
ché dans ses Annales qu'à développer la vé- par le moyen de saint Willibrod ou Wilbrod,
rité, reconnaît que les Bénédictins n'entrè- qui y prêcha l'Evangile l'an 690. 11 y bâtit
rent dans ce royaume que plusieurs années le monastère d'Elernac, celui de Slurem et
après. El comme Maures, au commence-
les un autre proche Trêves. Saint Boniface, ar»»
ment du huitième une irrup-
siècle, y firent chevéque de Mayence, était aussi Bénédictin.
tion et ruinèrent plusieurs monastères, dont C'est lui que l'Allenjagne reconnaît pour son
les archives furent brûlées, le P, Mabillon apôtre; il y fonda, l'an 773, les monastères
ne peut pas déterminer en quelle année po- d'Omenbourg el d'Ordof, et, l'an 77i, le cé-
sitivement la règle de saint Benoît fut con- lèbre monastère de Fulde, dont nous parle-
nue dans ce royaume il a recours, comme
: rons dans la suite. Enfin il n'y eut point de
bien d'autres, aux conjectures, et il croit provinces où la règle de saint Benoit ne fût
que celte règle était observée dès l'an 633 connue dans la suite, et les monastères de
dans quelques monastères, se fondant sur le cet ordre étaieni en si grand nombre l'an
ténîoignage des Pères du IV"= concile de To- 1336, que le pape Benoît XII, voulant réfor-
lède, qui, comme nous avons déjà dit, or- mer l'ordre de Saint-Benoît, lui prescrivit
donnèrent que ceux qui auraient été offerts des règlements par sa bulle appelée bénédic-
aux monastères par la dévotion de leurs pa- tine, où il le divise en 37 provinces, mar-
rents, et qui y auraient reçu l'habit de reli- quant même des royaumes entiers pour des
gion, ne le pourraient plus quitter, mais de- provinces, comme les royaumes d'Ecosse, da
meureraient religieux !e reste de leur vie. Ce iiohème, de Danemark, de Suède, etc., ce
savant Bénédiclin cr àt que cela ne se peut qui fait comprendre l'étendue prodigieuse
entendre que de la règle de saint Benoît, oiî de cet ordre et le nombre de ses monastères.
il est parle des enfants qui étaient offerts par L'on prétend même que le pape Jeon
leurs parenis, qui promettaient avec ser- XXII, qui fut élu l'an 1316, et mourut l'au
ment qu'ils ne leur donneraient jamais rien, 133i, trouva, après une recherche exacte
soit par eux ou par aucune autre personne qu'il fit faire, que depuis la naissance de
interposée, de peur qu'ils n'eussent un moyen cet ordre, il en était sorli vingt-quatre papes,
de se perdre, c'est-à-dire d'aller contre leur près de deux cents cardinaux, sept mille
vœu ou de retourner dans le siècle; mais archevêques, quinze mille évoques, quinze
comme la règle de saint Basile parle aussi mille abbés insignes, dont 1 confirmation
1
lies enfants qui sont offerts par leurs parents, appartient au saint-siége, plus de quarante
îe quatrième concile de Tolède pouvait aussi mille saints el bienheureux, dont il y eu
bien parler des enfants qui étaient offerts dans a cinq mille cinq cents qui ont été moi-
l'ordre de Saint-Basile comme de ceux qui nes du Monl-Cassin el .jui y sont enterré^.
étaient offerts dans l'ordre de Saint-Benoît. it Voyez Antonio Yepés, Chronica gênerai
429 BEN BF.N
de la orden de S. Bmilo. Gabriel Bucclin, en faveur des Ecoles-Pies et dos Bénédictins»
Annal. Benedict. et Menolog. Benedicliniun. mais ceux-ci n'occupent que lasenle maison
lîuUeau, JJist. de Vordre de Saint-Benoît. du Mont-Scrrat, abbaye célèbre dans toute
Arnold Wion, Ligniim Tf/cp. Joann.Mabillon, l'Europe. Par suite des persécutions quo
Prœf. act. SS. sœcul. /, IV et F.Lemêmo, souffre la religion en Russie, sous l'empe-
Annal. Benedict. tom. /, et Vcter. analect. reur Nicolas, en 1832, dans la seule province
Tom. m. Hœstenius, Disquisit. monast. de Mohilow il y eut deux couvents de Bé-
Nous (lirons, en parlant de l'ordre de nédictins supprima s trois restèrent. En Al-
;
Saint-Benoît en général, que les diverses lemagne, on voit des rcligii uses bénédicti-
congrégations mentionnées par Hélj'ot sont nes, modifiées dans leurs observances, réci-
encore existantes aujourd'hui, lelles^.que cel- ter l'office canonial en langue vulgaire.
les de Cavo, duMonl-Cassin, elc dont nous , C'est un double malheur qui vient de plus
aurons à parler d'ailleurs sous leurs litres d'un principe vicié et qui aura de funestes
divers. Nous ne pouvons dire quel nombre de suites. En France, dans un Irès-grand nom-
maisons possède encore aclnellement la con- bre de diocèses on voit encore des commu-
,
curent des communautés. Malgré les chan- cèse du Mans mais comme cette maison ,
; ,
gements et les destructions qui ont eu lieu devenue abbaye est le chef-lieu d'une con-
,
de nouveau dans cet empire depuis lors, il y grégation nouvelle , désignée sous le nota
a acluellemenl dans les Etats autrii hiens dos de Congrégation de France, nous lui consa-
monastères de l'ordre de Saint-Benoît pour crerons un article étendu dans le Supplé-
les deux sexes. Quand François II rendait ment. 'Sous ne pouvons rappeler ici quelques
ainsi justice aux instiluticns :i,onasliques, tentatives sans consistance et presque sans
son voisin l'électeur de Bavière, il y a plus de but faites, il y a quelques années dans la ,
quarante ans, les anéantissait dans son gou- midi de la France, pour rétablir une maisoa
vernement et confisquait leurs biens. Il serait de Bénédictins. b,-d.-e.
difficile, au milieu du mouvement politi(jue
et religieux qui se l'ait depuis plus d'un
BÉNÉDICTINS ANGLAIS. r
demi-siècle, de suivre et de lixer la position De la congrégation des moines bénédictine
des couvents dans tous les pays du monde. anglais.
Ainsi cette Bavière, blâmée par l'Europe Henri VIII, roi d'Angleterre, s'étant séparé
entière, il y a quarante-cinq ans, pour ses de l'Eglise romaine, supprima, l'an 1536, les
destructions injustes, élevée au rang dos monastères de ce royaume comme nous
royaumes, avait vu son roi actuel, donnant avons dit ailleurs. Ce prince étant mort
l'exomple d'une politique sage avant le (u- en loi?, Edouard VI ou IX, son fils, qui n'é-
ncste exemple d'immoralité dont il l'afilige tait âgé que de dix ans, fut proclamé roi.
actuellement, favoriser certains ordres mo- Quoique son père eût ordonné, par son tes-
nasti(jues. Les Bénédictins se sont rétablis tament, qu'il fût élevé dans la religion ca-
et existent actuellement à Munich, et déjà ils tholique, néanmoins Edouard Seymour, qui
ont envoyé une colonie en Amérique. Ils se s'était créé lui-même son tuteur et protec-
livrent a létude à l'enseignement; mal-
et teur du royaume, étant zuinglien, n'épargna:
heureusement ont peut-être plus les
ils rien pour ruiner la religion catholique et :
habitudes d'hommes de lettres que celles tout ce qui restait de biens ecclésiastiques
de religieux, et nous avons entendu blâmer, fut cor)fisqué au profit du roi Edouard le- ,
non pas leur inconduite, mais leur peu de quel étant mort en 1553, Marie Stuarl, sa
rigidité monastique. Qu'ils le comprennent sœur, qui lui succéda, rétablit la religioa
bien pourtant ce n'est qu'en observant la
: catholique; et ayant rendu les monastères
règle de saint Benoît qu'ils seront vérita- aux religieux qui en avaient été chassés ,
blement utiles à l'Eglise, à leur pays et elle nomma pour abbé du célèbre monas-
même aux lettres. En Espagne, tous les tère de Weslmunster, de l'ordre de Saint-
couvents d'hommes, anéantis à la suite des Benoît, dom Jean Fekcnan, religieux du
spoliations amenées par l(!S concessions même ordre, dont elle connaissait le zèle,
insensées de Ferdinand VII, ont vu néan- et qu'elle fit sortir de la Tour de Londres,
moins une exception depuis quelques années oiî il avait été mis sous le règne précédent.
IZ\ mCTÎONNAIRE DES ORDnES RELIGIEUX. 432
Mais le bonliour des cnlholiqu* s ne dura pngèrcnl d'n^ir indilTcremmcnt sons les or-
pas lonntemps. Ci'lio vorluetiso piin(:os».o dr( s dos supérieurs i\(^s deux con£i:rog.ilioiis.
nioiirul Tan 1558. et \i\ rt ine Élis;ibelli, qui (Jnelque leinps nprès le père tioMi Augustin
lui succéda, fil reiwiilre Ihéresie dans le de Sainl-J 'an, pr. mier vicaire gênerai de la
roxauine el renouve'a le schistue (]uo;- , mi>sion d'Espagne procur.i rcl;.l)lisseinent
,
qn't Ile eût pri lé à sdu sace !' ser enî or- i (ic deux maisons pour ces niissioniiain-s au-
dinaire des roi- chrétiens, de iiiainlenir la foi glais, lune à Douai, en Flandre, eirautre
calliulique el de c.nnseï ver les |)rivilcues el à Dieuiwarl, en Lorraine. La prcniière lut
les libellés de l'Èuli^'. Mais ce n'élail que fondée par Philippe Caverel, ahbé régulier
pour monter plus facilement sur le Irônc, où de Sainl-Waasi d'Arras,(lu consentemenlde
à eine ful-elle qu'elle diinna à connailre ses religieux, à condition que celte maison
I
voulut engager i'abVc de We^lmunster afin des deniers du sieur Gifford, qui avait été
qu'il y attirai ses religicus, et qu'il les obli- disciple du cardinal Guillaume Alain, et qui
geât à célébrer l'ofiice divin conformément renonça à la dignité de doyen de l'île pour
à ses ordonnances. Mais ce sainl abbe, qui prendre l'habil de l'ordre de Sainl-Benoît
avait fait iiaraître un grand zèle pour la re- dans ce (nonaslère, sous le nom du père Ga-
ligion catholique sous les règnes piécédenis, briel de Sainte-Marie.
ne voulut point consentir aux intentions de Les Bénédiclins anglais (1), ayant déjà ces
la reine, quoiqu'elle lui offrît l'arelievêché deux monastères, songèrent aux moyens de
de Canlorbéry. Celte princesse ayant assem- renouveler l'ancienne congrégation d'An-
blé son parlement oiîdom Jean assista comme gleterre. Dom Buclée, qui ér.iii le seul reli-
abbé de Wesimunslrr, il n'hé>ila nullement gieux de celle congrégation, et profè'S de
à préférer rintércl de Dieu au sien propre l'abbaye de Westmunster, y agrégea l'an ,
en s'opposant avec force aux changements 1607, quelques religieux anglais de la cou-
de religion que l'on y proposa, quoiqu'il pré- grégalion du Moul-Cassin ce qui fut ap-
:
vll bien que cela lui allirerail l'indignation prouvé par !e chapitre général de celte
de la reine, el qu'elle ne manqu( rail pas de même congrégation l'an 1608 el confirmé
, ,
s'en venger, comme efTeclivement cela ar- de vive voix par le pape Paul V, l'an 160t);
riva : car il fui remis par son ordre dans la et p ir un acte de la même année, dom Bu-
Tour de Londres, l'an lo60, d'où il fut Irans- clée donna le soin de celle nouvi Ile congré-
féré en différents lieux et il finit enfin glo- , galion à dom Thomas Prcslon, supérieur des
rieusement sa vie dans les fers pour la dé- Anglais de la congrégation du Mont-Cassin :
fense de la foi, l'an 1585. ce qui fut agréé et ratifié par ceux de la
11 ne se trouva après sa mort qu'un seul congrégation anglicane,
religieux de l'ancienne congrégation d'An- Cette nouvelle congrégation anglicane
gleterre, c'était dom Sigebert Buclée, qui étant sounuse aux religieux anglais de celle
était aussi en prison pour la défense de la du .Mont-Cassin, et leur pouvoir augmentant
foi. Mais, sur la fin du S' izième siècle, quel- par ce moyen, ils augmentèrent beaucoup
ques écoliers anglais qui étudiaient en lia- en nombre en sorte qu'en peu de temps ils
:
lie et en Espagne, s'eiant faits religieux de se trouvèrent en état de faire une congréga-
l'ordre de Saiiît-Benoîl dans les congréga- lion assez considérable; mais comme ces re-
lions du Monl-Ca^sin el de Valla !o!id , dom ligieux avaient été élevés dans des pays dif-
Alphonse Cor il général de la congrégation
, férenls, les uns en Italie, les auires en Espa-
de Valiadolid, et queb^ues autres supérieurs gne, el (]uelques-uns en Angletern'; qu'ils
de la même con;:régalion s'adressèrent, , avaient des lois différentes , et qu'ils étaient
l'an 160j, au pape Clément VllI pour en ob- soumis à différents supérieurs, il s'y trouva
tenir la perml^sion d'él.ililir une mission en quelque difficulté car, ayant proposé une
:
Angleterre, composée des reli-iieux anglais union, dont les articles furent dressés l'an
qui élaient proies de leur congrégalion. Les 1610, en Angleterre, ils ne furent pas ap-
Pères de la congrégalion du Mor.t-Cassin se prouvés par les Anglais qui élaienl hors du
joignirent à ceux de Valiadolid pour deman- royaume. O.i en dressa un projet l'an 1612,
der la même grâce en faveur des Anglais de et le pape Paul V, par un bref du 2^ dccem-
leur congrégation ce que le pape leur ac-
: bre de la même ;innée, confirma loiil ce qui
corda le 20 u»ars de la même année. L'on avait été lait pour le rétablissement de la
envoya donc en Angleterre des religieux de congrégation anglicane,
ces congrégations du Monl-Cassin et de \'al- Les Pères de la coniirégalion de Va'lado'id
lado id, et afin de travailler c concert , i
n'approuvèrent néanmoins ni l'un ni l'autre
quoique de congrégaiions nilTérenles, ils fi- de ces projets d'union, el nommèrent, selon
rent ensemble une espèce d'union, cl s eu- leur coutume, un vicaire général pour la
(i) Voy., à la lin du vol., n* 8i.
, ,
terre, et qui ne voudraient pas retourner en firmerait aussi pour présidenl celui qu'il
Esp.igne, formeraient pour lors la congré- voudrait des deux sujets que la congréga-
gation d'Angleterre, cl ({Uo tous ces reli- tion anglicane aurait élus dans son chapitre
gieux anglais, demeurant on Angleterre, se- général el (|u'olle lui aurait présentés: ce qui
raient censés être de celte congiégalion ,
fut aj^prouvé par lo pape Paul V^ qui donn.i
mais que durant le schisme ils seraient vé- pour ce sujet un bref le 23 août 1619. Mais
rilahlcment d<! la congrégation de Vallado- celle dépendance leur étant devenue oné-
lid. Ces conditions furent approuvées dans reuse par ra pporl aux diflicultés qu'ils aval nt
le chapitre général des Pères d'Espagne qui de recL'Vuir des nouvi lies d'Espa^^ne , prin-
se tint l'an 1013, et dom iU)l)ert S.idkr, de cipalement dans le temps de la per.-éeulion ,
la coiirrégali II angiic ne, y consentit aussi, ils eurent recours au pape Urbain VIll, qui,
au nom et comme procuieur de duai Tho- en 1037, les alîi anchit de la dépendance de la
mas Près ton. congrégaiion de V'alladolid.
Mais les autres Pères des trois congréga- Il y eul cependant des religieux anglais
tions ne furent pas do même avis ainsi l'u- : qui, n'approuvant pas l'union de tous les re-
Piion n'eut point encore de lieu pour lors. ligieux do leur nation en un corps de congré-
On dressa on nouveau projet, qui fut reçu gation, ne voulurent poinl y entrer el la
p;ir les pr(icureur> de ces congrégations; combatlirenl p;n' des écrits, dont l'un pirul
mais contesté prir les Pères <!e la congréga- sous le liire ii'Exnmen tropliœorum comjre-
tion du Moiil-C issin. Paul V, voyant que gaiionis prœlensœ auglicanœ ordinis Sancd
toutes ces contestations allaient à l'infini Jicncdictiy impimé Keims en là22; mais le
à
se servit de son autorité pour les lermiier, P. Clément Keiner y répondit par un ou-
en ordonnant, par un décret de l'an 1G16, vrage plus conidérable sous le titre (i'.l/)o-
(ju'on passerait outre à union de ces trois
1 slolalas licnediclinrnim in Avglin, (jui fut
congrég.iiions, nonobstant les oppositions imprimé a liouai en 1636. Le l'. Barne, au-
de celle du iMont-("assin qu On élirait neuf
; teur do VExuman irophœoruin, ne vouant
définileurs de toute la mi^sio^l, (jui S(;raieiit reconnaître ni les supérieurs de la coijgré-
clioisis indilTéremmenl dans les trois ongré- gation d'l{spagne ni ceux d'Angleterre, fui
gations pour la gouverner (ju'ils élir.iient ; accusé d'avoir voulu allier dans l'Angleterre
les supérieurs des monastères, et fera ont rhéré>ie avec la roli;;ion catholique. On lui
ti ut ce <jui conviendrait pour son agrandis- surprit des lettres (ju'il écriva t à ce sujet il
:
sement, et Sa Sainteîé commit son nonee en fut arrêté par or.lre du roi do France, et il
France pour l'execulio de ce décret. Les
i fut remis entre les mains des supériouis de
supérieurs de la congrégation du Monl-Cas- la congrégation d'Angleterre, qui le liront
sin renoncèrent, la mémo année, à toute ju- conduire à Uome, où il mourut dans les pri-
ridiction qu'ils pouvaien protendre sur les sons de l'Inquisition.
rel gieux anglais qui étaient proies de leur Le P. François Wal.;',rave, qui était un de
congrég.itioii, consent;inl qu'ils dépendis- ceux qui avait le plus persécuté la nouvelle
sent uniquement de celle d'Angleterre. Ainsi congrégation anglicane, ayant enfin reconnu
l'union ne se fit, l'an 1017, (lu'enlre la con- sa faute, y entra et lui céda le monastère
grég.it on de Vall.idolid et celle d'Angleterre. de la Celle en Brie qui lui avait été donné
Le cirdinal Uhaldini, nonce en France, avait par les rolin:ieux de Marmoulier, cl depuis
commencé à mettre en exécution le décret ce temi;s-la les supérieurs de la maison
du pape dès l'^mnée précéilentc , et le cardi- qu'elle possède à Paris ont soin d'y envoyer
nal Bentivoglio, qui lui succéda dans la non- dos religieux en nombre suffisant pour y
cia'ure, l'acheva, ayant lait élire les neuf faire le service divin. Le roi les a confirmés
dé'initeurs qui s'assemblèrent à Paris, le 16 dans la possession de celle abbaye par ses
mai de la mémo année, et élurent pour pre- lettres patentes de l'année 1708.
mier président de leur congrégation le R. P. Le R. P. Gabriel de Sainte-Marie, qui
doia Gabriel de Sainte-Marie, qui fut con- comme nous avons dit, fut élu premier pré-
435 DlCTlONNAlliE DES ORDRES RELIGIEUX. iSO
gident de la congrégalion d'Angleterre en trois foissemaine, savoir le dimanche,
la ;
Reims, et peu de temps aprè- il fut nommé à de la viande le lundi , mais jamais le mer-
cet archevêché et première pairie del'rance credi. Les novices font toujours maigre
par le roi Louis XIII il n'oublia pas pour
: pendant leur année de noviciat, afin qu'ils
cela sa congrégation. Dès l'an 1611, il avait sachent que, lorsqu'il plaira à Dieu de ré-
commencé une maison à Saint-Malo, que tablir la foi en Angleterre, ils retourneront
les religieux anglais ont été contraints dans dans l'observance étroite delà règle de saint
la suite de céder à ceux de la congrégation Benoît. Par celte même raison ils ne maj\-
de Saint -Maur moyennant u;ie rente an- gent point de viande les jours de Pâques,
nuelle qu'ils leur paient, Louis XIII ne vou- de Noël et de la Pentecôte mais seulement
,
lant pas souffrir une communauté de re- le lendemain, pourvu que le jour de Noël ar-
ligieux anglais dans cette ville maritime et rive le dimanche car l'abstinence du mer-
;
si voisine de rAngletene mais le même ; credi est inviolable , aussi bien que celle
bienfaiteur leur en procura une autre à du vendredi et du samedi. Ils ont obtenu
Paris qui fui enfln fixée au faubourg Saint- celte dispense par rapport à la pauvreté de
Jacques en lGi2. L'église fut bâtie enl67i, leurs maisons.
et la première pierre fut posée par Marie- Clément Reyner, Apostolatus Bénédictin,
Louise d'Orléans, reine d'Espagne, fille de in Anqlia, et Mémoires donnés parlée. P. Be-
Philippe de France, duc d'Orléans, ei d'Hen- noît SVclàon, religieux de cette congrégation.
riette d'Angleterre; et elle fui bénite l'an 1677, Nous joindrons aux Bénédictins anglais les
par M. l'abbé de Noailles, présentement car- religieux écossais ou irlandais du même
dinal et archevêque de Paris. Ces religieux ordre. Quelques auteurs prélendent qu'ils
ont eu aussi plusieurs monastères en Alle- ont formé une congrégation particulière, et
magne, dont ils ont été dépouillés par les même Tri:hême la qualifie d'ordre des Ecos-
hérétiques, et il ne leur est resté que celui sais. Ce qui a donné lieu de croire cela, c'est
de Lamspring, dans l'électoral de Cologne, que plusieurs religieux écossais étant pas-
qu'ils ont fait éritrer en abbaye, qui est gou- sés en Angleterre, en Allemagne, et en d'au-
vernée par un abbé régulier. Les Pères du mo- tres pays où ils eurent beaucoup de monas-
nastère de Douai donnèrent commencement tères, ils s'y distinguèienl des aulres Béné-
à une nombreuse el iliuslre communaulé de dictins,non-seulement dans les rites el cou-
.^îiesanglaises à Cambrai, l'an 1623. La su- tumes, qui diiTèrenl de beaucoup de ce qui
] érieure a litre d'abbesse mais elle change
; se pratiquait dans l'Eglise romaine mais ,
tous les quatre ans, comme les supérieurs encore dans leurs habits qu» étaient blancs ;
delà congrégalion d'Angleterre, à laquelle ce qui fît donner aux nioines bénédictins
Cette communaulé de filles est soumise. anglais le nom de Moines Noirs, pour Itrs dis-
Elles perdirent beaucoup de biens en An- tinguer des Ecossais qui demeuraient en ce
gleterre pendant les guerres civiles de ce royaume. Comme ils avaient éclairé l'Alle-
royaume , ce qui obligea les supérieurs d'en magne de la lumière de l'Kvangile, ils y fu-
envoyer quelques-unes à Paris pour y faire rent toujours en grande estime, et on leur
un nouvel établissement qui pût décharger donna des monastères à Wurtsbourg, à Ka-
la maison de Garnirai; c'^îst de là que sont tisbonne, à Vienne, à Ertfurd, et en a'aulres
venues les Bénédictines anglaises du Champ- lieux, dont il leur en reste encore sept. Ils
de-i'Alouetteau faubourg Saint-Marcel, (|ui sont présentement hahillés de noir comme
sont sous la juridiction de l'archevêque de les aulres Bénédictins, el non pas de vert,
Paris. comme les a représentés Schooaebeck, après
Quoique ces religieux n'aient pas de mai- Abraham Brun.
sons en Angleterre leur congrégation est
,
fession qu'il n'ajoute à la forniule ordinaire historiens les plus exacts ne sont nullemfnl
un quatrième vœu d'aller en mission en An-
: d'accord sur h' temps qu'elles ont conmiencé,
gle terre et d'en revenir quand les supérieurs les uns voulant qu'il y aii, eu des monastè-
le trouveront à propos. Leur habillement est res réglés et formés du vivant même de saint
semblable à celui des aulres Bénédictins ré- Benoît, les autres beaucoup de temps après.
formés, excepté que le capuce est plus am- Il esi vrai que saint Grégoire le Grand nous
ple, et pend beaucoup par devant (1). rapporie, dans la vie de ce grau patriareiie, i
Quant à leurs observances ils man- , deux faits asse.^ curieux cl assc2 particu-
gent, par dispense du saint-siége, de la viaude liers qui pourraient faire croire qu'il y avait
(1) Voi/., à la On du vol., n° 85.
167 BFN BEN iZ^
de son temps des monaslèros de religieuses, rer qne les premières, dont a parlé saint
sur lesquels il avait une entière autorité. Grégoire, demeuraient dans n: monastère
Le premier est une réprimande très-sévère que le saint avait fait bâtir dans (c bourg,
qu'il fit à un de ses religieux (1), qui avait qui ii'élait pas éloigné du Monl-Cassin; que
reçu, sans sa permission, quelque mouchoir c'était dans ce lieu que sainte Si bolasiiqne
pour son usage de (juelques religieuses qui avait fait profession de la vie religieuse, et
demeuraient dans un bourg à quelque dis- que même elle avait gouverné celte commu-
tance du Mont-Cassin que le saint abbé
, nauté. Mais le père Mabillon, toujours exact,
avait confié à sa direction el à sa conduiie. <»'ose pas l'assurer : il trouve seulement que
La seconde est de deux reli|:ieuses de no- la conjecture est assez probable. Pour
ble fanulle, comme parle saint Grégoire, Yepés, il dit positivement que sainte Scho-
dont un homn)e de piélé vint faire de gran- lastique fonda ce monastère l'an 532, el
des plaintes à saini Benoît pour le peu de qu'elle y vécut selon les règles qui lui fu-
reconnaissance qu'elles avaient des biens rent prescrites par saint Benoît. Il ajoute
qu'il leur avait fai-s, et pour leur indiscré- que ee lieu s'apprlait Piombarole, éloigne
tion et leur mauvaise manière d'agir. Sur du Mont-Cassin de quatre milles.
es plaintes, saint Benoît envoya dire de sa Quant à ces religieuses qui furent excom-
part à CCS religieuses ces propres paroles : muniées par saint Benoît, il y en a qui ont
Betemz votre langue ; car, si vous ne vous cru qu'elles étaient du nombre de celles qui
corrigez, je vous excommunie. En effet, ces demeuraient dans leurs maisons particuliè-
religieuses étant mortes quelque temps après, res et ne vivaient point en coinmunau'é ;
et ayant été enterrées dans l'église sans mais ils ne peuvent se persuader qu'elles
avoir profité des bons avis du saint abbé, et n'aient pas élé soumises à saint Benoît, qui
sans s'être corrigées de leur iidiscrction et n'aurait pu les excommunier s'il n'avait eu
de leurs mauvaises manières, comme l'on y quelque juridiclion sur elles c'est néan-
:
célébrait la messe e' que le diacre, suivant moins ce que le père Mabillon n'ose encore
lusjige, dit à haute voix Si quelqu'un ne
:
assurer, laissant à un chacun la liberté d'en
communie pas, qu'il se retire, leur nourrice penser ce qu'il voudra. Pour ce qui est de
qui avaii coutume de présenter pour elles Piombarole, ce savant Bénédiciin a trouvé
une offrande au Seigneur, étonnée de ce qu'à un ancien manuscrii de plus de 800 ans, dans
la voix du diacre elle les voyait sortir de lequel il est fait mention de deux moaaslè-î
leurs tonibeaux, et aller hors l'église, et se res dont i'un avait élé bàîi pour des hommes
souvenant de ce qu(^ saint Benoit leur avait sous l'invocation de la sainte Vierge, et l'au-
fai: dire pendant qu'elles éliiientcn vie, elle tre pour des filles sous le nom de sainte Pé-
lui fil savoir ce fâcheux événement , qui, tronille; mais ils ne subsistent plus, ee lieu
ayaîit excité la compassion du saint abbé, il n'étant préseniement qu'une métairie qui
donna à ceux qui l'éiaienl venu trouver, une appartient à l'abbaye du Monl-Cassin. Le
offrande, e' leur dit Allez, et faites présen-
:
temps de la fondation de ces monastères
1er pour ces religieuses cette ofjramle au Sei- n'est point marcjuc dans ce manuscrit, el
gneur, et elles ne seront plus excommuniées. sans aucune preuve qu'Yepés a dit que
c'est
Kn effet, celte offrande ayant été ainsi pré- iemonastère de Piombarole avait élé fondé
senlée pour elles, lorsque le diacre vint dire par sainte Scholaslique Tan 532, quoiqu'il
à liante voix à l'ordinaire Que ceux qui ne
: soit vrai de dire, suivant l'ancienne tradi-
communient point, sortent de Véglise, elle tion de l'ordre, que c'était à Piombarole que
ne les vil plus sortir comme ;inparavanl, et celte sainte demeurait, ce qui ne prouve
contint clairement (jne, puisqu'elles ne se pourtant pas qu'elle y ait fondé un monas-
retiraient plus , elles participaient spiriiuel- tère, ceux dont nous avons parlé pouvant
lement aux saints mystères, e! avaient reçu avoir été bâiis après sa mort.
de Dieu, par renlrcmisede son serviteur, le On ne peut donc rien diie de certain tou-
))ardon de leur désobéissa; ce et la grâce chant la vériiable origine des religieuses
de la communion des saints. bénédictines : il y a même suje' de croire
Cependant il est difficile de savoir si ces que ce n'est qu'après la mort de saint Benoît
religieuses, dont parle saint Grégoire, vi^ que quelques monastères de filles voulurent
vûienl djns des monastères ou dans leurs suivre sa règle; puisque, s'il y avait eu des
maisons particulières car dans ces temps-
; filles qui l'eussent suivie de son vivant, il en
là on en voyail quelqut s-unes enfermées aurait fait mention dans sa règle, qui n'a é é
dans des monastères, mais qui ne gardaient faite que pour des hommes. Le père Mabil-
pas une si exacte clôiure qu'il ne leur tût lon reconnaît bien que sainte Scliolasiiquc a
permis d'en sortir quelquefois pour des cau- élé religieuse puisqu'elle est appelée sancti-
,
ses raisonnables, ou pour quelque utilité; monialis par saint Grégoire : il la regarde
j'auties qui demeuraient dans leurs maisons ii.ême comme la mère et la conductrice des
particulières, dont elle pouvaient sortir religieuses bénédictines ; mais en même
ijuand bon leur s miilail ; d'autres enfin qui temps il avoue qu'il n'est pas certain si elle
étaient recluses el (jui ne p uvaienl sorlir a eu d'abord des (iisciples cl des compagnes
ilu lieu de leur réclusion, puisque la porte qui aient suivi son inslilut.
en était murée. Les hisloriens de l'ordre de Le plus ancien monastère de filles que
Saint-Benoît ont été lorL partagés sur ce su- nous ayons en France qui suive présente-
jet : les uns n'ont point fait difficulté d'avan- ment la règle de saint Benoît, est celui do
{1; Yotj., à la Un du vol., ii» 8(i.
*'59 DICTIO.NNAIKE DES ORDRES RELIGIEUX. 440
Sninte-Croix de Poin'ers, que sainte Rade- sait presque plus la règle de saint Benoît,
ponde, femme <le Childeberll",roi de France, lorsque l'empereur Louis le Débonnaire fit
fil bâlir l'an 5ii; mais il csl rcrlain que la assembler le concile d'Aix-Ia-Cbapelle, l'an
règle de saint Césairc y fui d'abord obser- 817, où l'on éialilil une discipline nniformc
vée. Sainte Clotilde, veuve deCIovis I", aussi par des constitutions qui expli{iuèrenl la rè-
roi de France, fil bâtir pou de temps après gle ce qui n'a pas empêché que le relâche-
;
dans les monastères où l'on ne garde pas la les consiitulions de l'ordre de Fontevraud ,
clôture, elles demeureront trois ans en habit comme à Sainte-Croix de Poitiers, à Fare-
séculier, devant être plus éprouvées à cause niouticr, à Jouarre cl à Chclles. Ce ne fut
qu'elles devaient être plus exposées; ce qui qu'en Hîik que Jeanne de Bourbon, abbesse
semble en quelque façon conforme à la règle de Jouarre, y abolit le bréviaire de Fonte-
de saint Benoît, où il est parlé de l'ohlaiion vraud la résisiance des religieuses empêcha
:
des cnfanls et de l'épreuve des novices; mais cette princesse de leur ôter encore l'haltit
comme il est aussi parlé de l'ohlaiion des blanc et le rochet de Fontevraud, qu'elles
enfants dans la règle de saint Basile et dans quittèrent enfin sous l'abliesso Jeanne de
plusieurs autres, le père 31abillon n'a pas Lorraine, l'an 1 026. Les religieuses bénédic-
voulu tirer de là une conséquence qu'il y tines de Sainl-Pierrc de Reims prirent aussi
eût dès ce lemps-là des monastères de reli- cet hibil à la persuasion de leur abbesse
gieuses bénédictines, dont il ne met l'origine Renée de Lorraine, première du nom, qui
que vers l'an G20, auquel temps il croit que avait été religieuse de Fonicvraud, et qui ne
quelques religieuses reçurent la règle de prit possession de celte abbaye (juc l'an l'6'*6.
saint Benoît et pour preuve de son senli-
;
Mais sa nièce Renée de Lorraine, (jui lui suc-
menl, il cite le monastère que Flave, mère de céda l'an 1C02, fit reprendre l'habil noir à
saint Dnnat, archevêque de Besançon, fonda ces religieuses, qu'elle obligea à la clôture.
pour des filles, auxquelles ce saint évéque Il y avait aussi des monastères où les reli-
prescrivit cji quelque façon la règle de saint gieuses se conlenlaient de porter l'habit
Benoît, puisqu'en .lyant dressé une tirée de blanc sans rochet et d'autres où elles
,
celles de saint Césaire, de saint Benoît et de avaient des habits noirs avec des surplis de
saint Colomban, de soixante et dix-sept cha- l'jilc noire, comme il s'en trouve encore
pitres qu'elle contient, il y en a plus de quelques-unes, telles que sont les reliiiieuses
quaante lires de celle de saint Benoît. Peu de Buurbourg, de Messines, et cjuclques
à peu l'on s'accoutuma à suivre la règle de autres en Flandre dont nous parlerons en
saini Benoît seule, soit que les monastères particulier; mais présentement le véritable
l'eussent demandée, ou que l'on les y con- liabillemcnt des religieuses bénédictines con-
traignît; car le concile d'Allemagne tenu siste en une robe noire, un scapulaire de
l'an 7V2 ou 7i3 ordonna que les religieux et même, et une luiii(;ue par-dessous li robe
religieuses qui de cureraient dans les mo-
i d'une étoffe qui n'est point leinte s'il se
nastères ou dans les hôpitaux, se condui- peut {'2) au chœur et dans les cérémonies
:
raient selon la règle de saint Benoît ce (|ui : elles ont un grand habit de serge noire,
fut aussi confirmé dans le concile de Lesli- qu'elles nomment froc ou cuculle, comme les
nes PU diocèse de Cambrai , qui se tint religieux. Il y en a quelques-unes qui ont
l'an 7V3, où les abbés et li s moines qui y les tuniques noires aussi bien que la robe,
furent présents reçurent celte règle. Mais d'anires qui portent une luni<iuo blanche.
elle ne fut pas observée cxaclemenl dans Parmi ces religieuses bénédictines, il y en a
lous les monastères tant d'iiommes que de qui gardent exactement la règle de saint Be-
iilles ce qui fit ()ue, le relâchement s'y étant
: noît, qui n(! mangent de la viande que dans
introduit en peu de temps, l'on n'y connais- les infirmités, qui se lèvent la nuit pour dire
[i) B&iWei, Vies des SS.gVctob. (-2) Voy.^ à la [u\ du vol., n^^ S7 , 88 et 89.
441 BEN DEN 44Î
mnlincs , et qui jpûncnl Irès-cxaclement plois s'appliqua à bien régler ses mœurs
, il
heures du soir, les autres à quatre ou cinq jour de se noyer le détermina entièrement
heures du malin; et, comme elles se sont de se donner u Seigneur il fut encore for-
; ;
aussi dispensées du jeûne depuis le l'i- sep- tifié dans cette résolution par un solittiro
temb;e jusqu'à Pâques, quelques-unes se d'un grand mérite, nommé Wilmar, qui était
contentent de jeûner seulement les vendre- aveugle, mais très-intelligent dans les choses
dis depuis 1,1 Penietôle jusqu'à la nativité divines. Il quitta ensuite ses parer.ls comme
de IS'oire-Dame; depuis ce jour-là jusqu'à la pour aller à Aix.-la-Chai,elleoù était la cour :
ajouteiit encore le lundi, outre les veilles de y embrassa la vie monastique , l'an 77i.
quelques lètes particulières de Tordre. D'au- Il y passa deux ans et dcini dans une abs-
l'ortiLC soit de seconde classe, elles sont dis- Lorsque accablé de sommeil il était quelque-
penvées du jeûne. Ce serait une trop grande fois obligé de prendre un peu de repos , il se
entreprise de vouloir rapporter toutes les couchait sur la terre nue. Souvent il passait
autres observances, chaque monastère de la nuit en prières, nu-pieds, par le plus
religieuses bénédictines ayant presque tous grand froid, et demeurait plusieurs jours
des constitutions particulières. sans rompre le silence. Il portail les plus
Voyez, pour l^oriijine de ces religieuses en méchants habits de la communauté, et ne
général, Antonio Yepés, Chronica gênerai de changeait de tunique que rarement. Il aimait
la ordai de S. Betiil., tom. I. Bulteau, Hist. tant l'humilité que, si sa cuculle était dé-
de l'ordre de Sainl-Benoît, tom. I. Joann. chirée, il y mettait des pièces d'une autre
Mabiilon, Prœf. nd AclaSS. Sœcul. et AnnaL couleur, pour s'attirer la raillerie des autres
7, lib. m.
Bened. Tom. religieux qui crachaient sur lui l'insul- ,
BÉNIGNE DK DIJON (Saint). Voyez saint lui répondait que la règle de saint Be-
Fleuri (Congrégation de]. noît était faite pour les commençants cl les
BENOIT (Ordre de Saint-). Voyez Béné- faibles et il s'efforçait de remonter à celles
,
quitaine et la Gaule Narbonnaisc nommée , fut ce Wilmardont nous avons parlé, qui
depuis Languedoc ; il naquit vers l'an 750. lui avait conseilléde se faire religieux. Be-
Dès sa première jeunesse, son père qui était noît fil ce premier établissemenl vers l'an
coîiitc de Maguelone, le mit au service du 780. Il y passa quelques années dans une
roi Pépin dont il fut écbanson
, il s'atta- :
grarïde pauvreté, dcMuandant à Dieu, jour et
cha ensuite ;>u roi Charles. Pendant qu'il nuit, le rétablissement de la discipline mo-
était ainsi engagé dans le grand monde, la nastique.
t;ràcc lui en découvrit le néant il tourna ses
: Il y avait dans le voisinage trois hommes
déâirs vers le ciel, et sans quitter ses em- ,
de graude vcrlu, Allilion , Nibride el Au-»
443 DICTIONNAIRE DES ORDRES RELIGIEUX. 4?4
nien, qui vivaient fort religieusement sans Crasse et Annien fut fondateur et abbé do
,
avoir connaissance des observances régu- deux autres monastères savoir de Saint- , :
lières. Benoît les consuUait dans ses afllic- Jean d'Extor, et de Saint-Laurent d'Oli-
tions, lorsqu'il avait quelque peine d'esprit, berge.
principalement Âttilion qui clail le plus voi- Celui d'Aniane croissait toujours, et Be-
sin. Tels furent les conimem emenls du célè- noît, aidé par les libéralités de plusieurs sei-
bre monastère qui prit le nom du Sauveur gneurs pour détacher du monde par la
,
du Monde, à cause qu'il lui fut dédié, et ce- beauté de la maison du Seigneur plusieurs
lui à'Aniane à cause de sa situation sur cette personnes qui méprisaient sa pauvreté et sa
petite rivière. Plusieurs personnes se pré- simplicité , commença à y bâtir une église
sentèrent d'abord pour vivre sous la con- plus magnifique , l'an 782. Il renouvela
duite de Benoît mais la nouveauté de son
:
aussi le cloître mettant des colonnes de.
,
genre de vie les décourageait , quand on les marbre dans les galeries, et faisant couvrir
obliseail à prendre le pain au poids et le ,
les bâtiments do tuiles, au lieu que jusqu'a-
Seine. Attilion, qu'il consulta sur cela, lui fit devant l'autel et sept autres dans le chœur :
connaître que c'était une tentation cl l'en- , en sorte qu'aux grandes solennités, l'église
couragea à poursuivre son dessein. Il con- était magnifiqjiement éclairée. Il y avait de
tinua donc dans le même lieu avec un petit grands calices d'argent des habits précieux ,
nombre de moines que sa réputation lui et tout ce qui était nécessaire pour le ser-
attira ,auxquels il montrait l'exemple de vice divin. La communauté d'Aniane s'ac-
tout ce qu'il leur faisait pratiquer. Ils tra- crut tellement, qu'on vit en même ttmps
vaillaient de leurs mains, et ne vivaient or- plus de trois cents religieux sous la conduite
dinairement que de pain et d'eau , ne buvant de saint Benoît , qui fil faire des bâtiments
du vin que les dimanches et les grandes fort vastes, longs de cent coudées et larges
fêtes, et mangeant seulement quelquefois du de vingt qui depuis contenaient plus de
,
lait que les femmes du voisinage leur ap- mille personnes; il établit même encore en
portaient. Ils ne possédaient ni terres, ni divers lieux des petits monastères ou prieu-
vignes, ni bétail , ni chevaux , et n'avaient rés, auxquels il donna des supérieurs parti-
rien de toutes les commodités de la vie. culiers.
Cepeniiant les disciples de Benoît augmen- Desévéques dans la suite lui demandèrent
taient tous les jours sa réputation se ré-
: de ses religieux pour servir d'exemple aux
pandait de tous côtés, et la vallée où il s'é- autres. Il en envoya plusieurs à Leïdrade,
tait établi d'abord étant fort étroite il com-
,
archevêque de Lyon , pour rétablir le mo-
mença à bâtir un peu plus loin un;monaslère nastère de rîle Barbe. ïhéodulfe , évêque
nouveau dans un lieu plus étendu. Le mo- d'Orléans, en demanda aussi pour le monas-
nastère fut grand et spacieux mais les bâti-
;
tère de Mici ou de Saint-Mémin. Alcuin, qui
ments fort pauvres, et convenables à des était lié d'amitié avec notre saint, en obtint
personnes religieuses. L'église fut dédiée à vingt religieux par le moyen desquels il
la sainte Vierge; mais il observa en toute fonda l'abbaye de Cormeri. Mais la plus il-
chose la simplicité religieuse, ne voulant pas lustre colonie d'Aniane fut le monastère de
qu'on s'y servît ni de calices d'argent, ni de Gelone fondé en 80i , par les libéralités de
,
chasubles de soie. On donna beaucoup à ce Guillaume duc d'Aquitaine, qui s'y relira
monastère Benoît recevait les terres mais
: , lui-même ce qui lui a fait donner le nom de
:
de père et les assistait, non-seulement de ses nité, suivant l'usage de ce temps-là. Le roi
conseils, mais encore de ses libéralités il ; donna encore à Benoît des terres autour de
les visitait aussi quelquefois pour les encou- son monastère le renvoya avec honneur, et
,
tres dans des lieux plus éloignés. De ce tous les monastères de Provence de Gothie ,
Belcelle de Maurmonsler
,
et plusieurs au-
,
Languedoc et de Gascogne. Le grand soin
tres dont nous parierons. Benoît fut beau- qu'il prenait des pauvres faisait que cha-
coup aidé par les trois solitaires qu'il trouva cun lui portait ce qu'il voulait leur donner.
d'abord, Attilion, Nibride et Annien. Atti- Il nourrissait dans son monastère des clercs
lion fut abbé de Sainl-Tibéri , Nibride de ^ et des moines de divers iicui , auxquels il
,
mais il ne laissait pas de travailler avec les tourner d'y aller, on 1 eût assuré que l'em-
autres à fouir la terre, à labourer et à mois- pereur était fort prévenu contre lui, il ne
sonner. Nonobstant la chaleur du pays, à reçut cependant de ce princecjue des mar(iues
peine permettail-il à personne de boire un d'esliuK! (t d'affection.
verre d'eau avant l'heure du repas ; ils n'o- L'abbaye d'Aniane, ne pouvant plus nour-
saient cependant en murmurer, parce qu'il rir tous les religieux qui y étaient, dont le
était encore moins indulgent pour lui-même nomhiese multipli.iit cha(jue jour, Louis le
que pour les autres. Soit pendant le travail, Débonnaire lui donr.a les trois monastères
soit en y allant ou en revcnanl on n'ouvrait
, l'e Menât, en Auvergne, de Saint-Savin,
la bouche que pour chanter des psaumes. dans le diocèse de Poitiers et de Massai
,
Depuis lejodrde sa conversion jamais il , dans le Berri. Le saint mit encore, outre cela,
ne mangea de grosse viande; mais d;ins ses douze de ses religieux dans un prieuré de ia
maladies il prenait du bouillon de volaille, dépendance de Menât ; et Dieu donna tant
la croyant plus permise comme n'étant pas de bénédiction à cet établissement, que cette
défendue par la règle. communauté se grossit par la conversion de
Le voisinage de la Catalogne exposant la soixante et dix personnes qui y prirent Iha-
proyince de Languedoc au danger d'être bil de leligion »le sorte qu'oiT fut obligé de
:
infectée de l'hérésie de Félix, évêqued'Urgel, les envoyer dans le monastère même de Me-
saint Benoît empêcha les prélats de son pays nai, (|ui était plus grand et plus commode, à
de s'y laisser surprendre. Iclix soutenait la réserve d'un petit nombre qui resta dans
que Jésus-Chris' n'était Fils de Dieu que par ce prieuré.
adoption. Le roi Charles ayant fait assem- Louis, ayant succédéàson père Charlema-
bler, au sujet de cotte hérésie, un concile à gne à la couronne de France et à l'empire,
Ratisbonne, l'an 792, Félix y fut convaincu Cl venir en France saint Benoît, et lui donna,
d'erreur, et ayant été envoyé par ce prince à en Alsace, le monastère de ]Maurmonster,
Rome, vers le pape Adrien I, il confessa et ab- près de SaVerne, où il mit plusieurs reli-
jura son hérésie ; mais étant retourné à Ur- gieux de son observance, tirés d'Aniane.
gel il la soutint de nouveau ce qui fit que
: Mais parce que ce lieu-là était trop éloigné
Charles fit assembler un concile à Rome, d'Aix-la-Chapelle, qui était la résidence or-
l'an 799, où Félix fut encore condamné. Ce dinaire de l'empereur, et que saint Benoît lui
prince lui envoya Leïdrade, archevêque de était nécessaire pour plusieurs affaires ,il
Lyon, Benoît, abbé d'Aniane, et plusieurs l'obligea de mettre un autre abbé à ce mo-
autres évêques et abbés, pour lui per^uade^ nastère, et de se rendre auprès de lui avec
de renoncer à son erreur et de se soumettre quelques-uns de ses religieux. A deux lieues
au jugement de l'Eglise. On l'invita à venir de là il y avait une vallée qui plut au saint
trouver le roi, et on lui donna parole qu'il y abbé; el l'empereur, par complaisance pour
aurait toute liberté de produire les passages ce saint homme, y fit bâiir un monastère que
des Pères qu'il prétendait favorables à son l'on nomma inde, d'un ruisseau qui y coule.
opinion. Il vint à Aix-la-Chapelle, où roi I Ce prince assista à la dédicace de l'église,
était il
: produisit, dans une assemblée qui qui fut faite sous le titre de saint Corneille,
fut tenue en présence de ce prince, ses auto- pape et martyr. Il y donna plusieurs terres,
rités, qui furent combattues par les prélats, et voulut qu'il y eût trente religieux, qui fu-
et, convaincu, il se rendit une seconde fois et rent tirés de différentes maisons. Ainsi quel-
abjura son rreur ce qui n'empêcha pas
( : que amour (ju'eûl le saint pour la retraite,
qu'à cause de ses rechutes il ne fût déposé il ne put se dispenser de fréquenter la cour.
de l'épiscopat, et relégué à Lyon, où l'on Il recevait les requêtes que l'on présentait à
trouva après sa mort, entre ses écrits une , ce prince, et de peur de les oublier, il les met-
formule de foi conlrairi- à celle qu'il avait tait dans ses manches ou dans le manipule
prononcée dans l'assemblée d'Aix-la-Cha- que les prêtres portaient encore ordinaire-
pelle, ce qui fait croire qu'il est mort héréti- ment à la main. L'empereur le fouillait sou-
que. vent pour prendre ces papiers et les lire, et
Louis, dit le Débonnaire, dernier fils de le consultait non-seulement sur les affaires
l'empereur Charlemagno, et roi d'Aquitaine, particulières , mais encore sur le gouverne-
voulant travailler à rétablir dans son royaume ment de l'Etat. Il lui donna l'inspection sur
la discijline monastique, en commit le soin tous les monastères de ses Etals, el ce fut par
à saint Benoît d'Aniane. Il y avait quelques son ordre qu'il travailla à une réforme géné-
nicnaslires qui étaient entièremnl déchus rale avec plusieurs autres abbés, qui, après
di^ la discipline primitive; l'on n'y connais- avoir longtemps conféré ensemble, trouvè-
sait plus la règle, ni les prati()ues si saintes rent que la principale cause du relâchenjcnt
que l'un avait admirées autrefois, les reli- de la discipline inonastuiue éiai' la vlive.silé
gieux se contentant de vivre en chanoines, des observances. Quoique l'oniU profession
sans oaucoup de régularité. Le saint
'
s 1 de suivre la règle de saint Benoît dans la
ïéîiii fi tous; mais un si heureux succès lui , plupart des monastères, il y avait néanmoins
DICTIONNAIIŒ DES ORDRES RELIGIEUX. -WS
4/i7
faïsal passer les ickV iiomenls pour d'an- prescrit par la règle de saint Benoît; que
cie:nis couUnnes aulorisées par lelcmps, tous les religieux travailleraient cux-ménies
que \\n\ avait bien do la peine à reformer. à la cuisine, à la boulangerie el à tous les
On criil donc que le plus sûr élail d'éiablir autres offices de la maison, el laveraient et
une discipline uniforme p ir des con^lilulion3 ncltoieraient eux-mêmes leurs babils; qu'on
qui expliquassi^nt la règle : ce qui s'exécula ne se ferait point faire le poil dans le cours
par rculcmenls du concile d'Aix-la-Cha-
1( s de l'année que tous les quinze jours, et
pelle qui se Uni l'an 817, dont nous allons jjoint du tout pendant le carême, si ce
parler dans ie chapitre suivant. Monsieur n'était le samedi saint, parce que les péni-
r.ibbc Fleurv met au nombre des abbés qui lenls ce temps-là, suivjint la remarque
di'
assistériMU à"ce concile, Apollinaire, abbé du du P. Mabiilon, ne rasaient point leur barbe
Moni-Cassin; cependant cel ablié ne succéJa et ne coupaient point leurs cheveux, cl que
àfiisulfe qu'au conunenccmenlde l'annéeSlS, les moines, qui élaient dans une profession
et ce serait ph tôt cr Gisulfe qui y au ail pu
i continuelle de mo: lificalion cl de pénitence,
assis er qu'Apollinaire, comme en effet le devaient les imiter. Par cette même raison
il u'éiait pas permis de se faire saigner régu-
père ]\Iabillon le croit vraisemblable. Josué,
abbé de Sainl-Vinccnl de Vulturne, qui est lièrement en ceriaiues saisons, mais seule-
un monastère procheCapoue, dont nous avons ment dans un vrai besoin et pressant; toute-
déjà parlé, fut aussi du nombre de ces abbés. fois ces saignées réglées pour les saisons
passèrent depuis en règle dans les congréga-
§ II.De< règlemnts du cnncile d'Aix-ia-C/ta- tions plus modernes, qui ont même fait insé-
pelle de l'an 817, touchant l'ordre monas-
rer dans les calendriers de leurs Bréviaires
liqne avec la continu ition de la Vie de
,
les jours auxquels il était permis de se faire
saint Benoît d'Aniane. saigner. Il était permis d'user du bain à la
Cliarlemagne signala son zèle pour le bon discrétion du supérieur, mais non pas fré-
ordre des maisons religieuses dans divers quemment, comme il élail d'usage parmi les
capilulaircs et p r plusieurs conciles qu'il fit séculiers. Ils devaient se laver les pieds les
.'issemblcr. C'est ce qui paraît par les capi- uns aux autres par un esprit d'humilité ,
tulaires d'Aix-la-Chapelle des années 789, principalement pendant le carême, en chan-
80i et 811, et par les conciles tenus en la tant des antiennes et des psaumes de péni-
même ville l'an 802, et à Chàlons-sur-Saône, tence.
à Arles, à Tours, à Reims et à Mayence , en Ilétait défendu de faire loger aucun sécu-
813; mais les règlements qui y avaient élé lierdans l'intérieur du monastère, à moins
faits pour ie rétablissement do la discipline qu'il ne voulût prendre l'habil el se consa-
monastique n'avaient pas élé mieux obser- crer à Dieu; les religieux même étrangers
vés que ceux des conciles d'Allemagne et de devaient loger dans un dortoir séparé. Au-
Lestines tenus par l'ordre de Carloman, non cun ne pouvait voyager sans avoir un com-
plus (jne ceux de Suissons et de ^'crneuil, pagnon pour témoin de sa conduite. On ne
convoqués par Pépin. Un des premiers soins devait point recevoir facilement un novice
de Louis le Débonnaire, lorsqu'il fut parvenu sans l'avoir éprouvé par les exercices de la
à l'empire fut de faire observer ces règle-
,
piélé et de l'iiumililé, en lui faisant servir
ments. Pour cet cfTct il convoqua plusieurs les hôtes dans leur logis pendant plusieurs
évoques et plusieurs abbés à Aix-la-Cha- jours. Il devait se reposer entièrement, pour
pelle, où les évé(iues et les clercs dre>sèrent l'ad.'ninistraiion de ses biens, sur ses parents,
des règlements pour les chanoines , et les sans s'en inquiéter aucunement; et, après
abbés et les moines des statuts et des consti- l'année de sa probation, il pouvait en dispo-
tutions qui expliquaient la règle de saint ser suivant l'esprit de la règle. Il ne devait
Benoît, et qui devaient être observés dans prendre Ihabil qu'en faisant son vœu d'obéis-
tous les monastères pour y établir une ob- sance, qui étaii le seul qu'on faisait en ce
servance uniforme. Sainl Benoît d'Aniane, à temps-là, dont on trouve encore quelques
qui l'empereur avait donné la même autorité formules.
sur tous les monastères de France qu'il avait Il était permis aux pères et aux mères
eue auparavant sur ceux de Languedoc et d'dlTrir leurs enfants aux monastères et de
d'Aquitaine, de sorte qu'il en était coniioe le faire pour eux la demande publique au
cbet et le général , présida à l'assemblée des pied des autels; mais si ces enfants étaient
abbés, oùi'on dressa ces statuts ou consliîu- offerts si jeunes qu'ils ne fussent pas en état
tions, divisésenquatre-vinuls chapitres, selon de con)prendre la grandeur de leur engage-
quelq ues éditions, el selon d'aulres en soixante ment, l'oblation ne devait point êlre censée
el douze. valable, à moins qu'elle ne fût ratifiée par
Comme la règle de s int Benoît en esl le celui qui av.iil élé offert lorsqu'il ét.iit par-
fondement, on ordonna d'abord (lue les abbés venu à l'âge de discrétion. Il ne devait point
présents à cette assemblée liraient toute la y avoir d'autre école dan> le monastère que
règle avec allenlion et en pèseraient sage- pour ces enfants, qui, pour leur grande jeu-
ment toutes les paroles pour en savoir par- nesse, avaient encore liesoin d'éducation et
faitement l'esprit, el i\\ic tous les moines qui d'instruction; car, pour les écoles (|ui élaieiU
le pourraient seraient obligés de l'apprendre extérieures et publiques, elles élaient uni-
par cœur. quement pour les personnes du dehors.
449 BEN BEN 450
Conformément à ces règlements, l'abbé ils ne devaient avoir que doux coudées, ou
devait se contenter 'Je la portion ordinaire tout au plus ils devaient descemire aux ge-
des religieux pour sa nourriture, avoir lo noux, l.e roc était un vêlement de liu pour
mémo liabillemeut, n'être pas mieux couché les clercs, et de laine pour les moines, qui
que les aulres, et travailler contmo eux aux entourait les épaules; et les bandes ser-
offices de la maison, j)Our montrer l'oxem- vaient à lier les hauts-de-chausses ou cale-
plr. Il ne pouvait point manger avec les çons et les bas.
ilotes à la porte du monastère, mais seule- ruant à la nourriture, ils devaient faire
D)ont dans le réfectoire, et il pouvait aug- deux repas les jours de fête; et aux gr ndes
menter de quelque chose les portion-; à leur sol(>niiités, c'est-à-direà Noël et à Pâ(iues,
considération. Il semble qu'en cela ces sta- quatre jours durant, on pouvait manger de
tuls aient dérogé à la règle, qui ordonne la volaille, mais elle éiait défendue dans lout
que la table de l'abbé sera toujours avec les le reste de l'année. On ne n angeait ni fruits
hôtes cl les étrangers. Le P. .>la!)illon n'est ni herbes hors les repas. On devait di-tri-
point sur cela du sentiment du P. Hugues buer dans le réfectoire les eulogies pan e ,
Ménard , qui a prétendu que cela devait que c'était la coutume dans les monastères
s'entendre du réfectoire commun, et dit que, que tous les religieux offraient à la messe
si l'on confère ce chapitre des règlements conventuelle des pains, dont on en consa-
d'Aix-la-Chapelle avec le quarante-deuxième, cr.iil une partie pour communier quelques
où il est défendu d'introduire un laïque au frère^; et les autres étaient seulement bénits
réfectoire pour y boire ou manger, on de- pour ( tre distribués au réfectoire à ceux qui
meurera d accord que ces règlemenis ont n'avaient pas communié, et qui devaient
prélendu parler premièrement des moines, commencer par manger ce pain avant que
peut-être même des clercs qui pouvaient être de prendre leur repas, ce qui fut enc('4*c or-
introduits au réfectoire, tuais non pas des donné dans ce coneili; d'Aix-la-Chapelle. On
séculiers. L'abbé ne devait point non plus permettait la graisse dans la nourr:ture des
visiter les métairies sans nécessité, ni y lais- frères. La livre de pain portée par la règle
ser aucun religieux pour les garder. S'il y devait peser trente sous, le sou étant de
avait des prieurés de la dépendance de son douze denicrff ce qui pouvait revenir à qua-
;
monastère, il devait y mettre six religieux torze onces étant cuit, en ne prenant que la
au moins, ou des chanoines, c'est-à-dire des livre commune, et seize à l;on poids, con-
ecclésiastiques qui vécussent en commun. formément à la règle qui dit :Panis libra
On devait user de punition corporelle pour nnn propoisa sufficiat in die; c'est ce qui
les religieux qui s'écartaient de leur devoir sera expliqué dans la suite. Au lieu de l'hé-
et qui ne voulaient pas se reconnaître; mais mine de vin on donnait aux frère> le double
on ne pouvait les fustiger nus à la vue des de bière, aux lieux où le vin était rare. Le
frères, comme il avait élé pratiqué long- vendredi-saint on ne devait prendre (|ne du
temps ; et ceux qui étaient eu pénitence pain et de l'eau; et si le travail y obligeait,
pour de grandes fautes devaient avoir un on pouvait boire après le repas du soir,
logement séparé, avec une cour où ils pus- même en carême.
sent travailler à quelque ouvrage qu'on leur Ce règlement , qui ordonnait qu'on ne
imposait, n'ayant de relâche que les diman- mangerait de la volaille qu'aux fêtes de
ches, qu'ils devaient employer à la prière. Noël et de Pâques, ne fut fait qu'à cause
Pour l'habillement, ces statuts accordaient qu'il y avait plusieurs religieux qui croyaient
à chaque religieux deux chemises de serge, que la règle permettait d'en maniier, ayant
deux tuniques, deux chapes, deux cucules, seulement parlé de l'abstinence de la viande
deux paires de caleçons, quatre paires de d'anim inx à quatre pieds,-et n'ayant point
souliers pour le jour, des pantoullcs pour la désigné celle de la volaille; et comme il y en
nuit, deux paires de chaussons, un roc, deux avait même parmi les plus savants qui
pelisses qui devaient descendre jusqu'aux étaient de ce sentiment , ce fut par une
talons, deux bandeleties dont ils se servaient espèce de condescendance que le concile
dans les voyages, des gants en été, des mou- accorda qu'on en mangerait dans ces deux
fles en hiver, aussi bien (jue des sandales de fêtes quatre jours durant, et modéra l'indul-
bois et du savon. Ainsi ces statuts leur en gence d'i ceux du iMont-Gassin, qui le per-
accordèrent beaucoup plus qu il n'est porté met'aient ces deux fêles pendant huit jours :
par la règle de saint lienoîl, où il n'est point ce qui fait voir, dit le P. M.billon, que les
fait niention de chemises, de chapes, do rocs, Pères de ce concile n'accordèrent ce le grâce
de pelisses, de bandes, de gants, de uioulles, que malgré eux, comme cro}ant cet u>-agc
de sandales de bois, de savon, ni d'aucune contraire à la règle, et laissèrent à l'abbé et
autre onciion. aux religieux la liberté de s'en abstenir s'ils
Les sandales de bois étaient autrefois en le voulaient.
usage parmi les moines d(î France. Les cha- Ce savant religieux fait aussi remarquer,
pes étaient des habillemenls qui descen- au sujet de la graisse qui était permise dans
daioni jusqu'aux tal ms. La cucule dont il la nourriture des frères, que, selon ce (lui
est parlé dans ces règlement-, n'elait aulre est rapf)()rté par l'auteur anonyme de la Vie
que le scapulaire qui n'avait iioinl de man- de saint Meinwerc, évoque de Paderborn, et
ches et qui entourait le corps jusqu'aux par Orderic Vital, au livre vnî diî son His-
reins; il était quelquefois fendu |).ir les cô- toire, il était permis aux religieux de France
tés :il y L-n avait aussi qui ne relaient pas; d'user de graisse au défaut d'huile ; ce qui
451 DICTIONNAIRE DES ORDRES RELIGIEUX. 452
est encore confirmé par un autre auteur Benoît d'Aniane, comme nous avons dit,
anonyme, qui appelle cette graisse de l'huile chef et général de tous les monastères de
de lard. Selon ce que dit aussi le moine de Fraî'.ce. Ces statuts ou règlements furent de-
Saint-Gai qui a écrit la Vie de l'empereur puis en si grande vénération, même dans le
Charlemagne, on pouvait en manger en ce Mont-Cassin, qu'on les y gardait presque
temps-là le \endredl car il rapporte que,
: aussi exactement que la règle même.
logeant chez un ccrlain évéque un vendredi, Saint Benoît d'Aniane voyant que quel-
et n'ayant pas voulu manger de la viande ce ques-uns employaient des prières et des pré-
jour-là, ni d'animal à quatre pieds, ni de sents pour lâcher d'obtenir les abbayes qui
volaille, et ce prélat n'ayant point de pois- servaient de retraite aux moines, et qu'aprè?
son à lui donner, (ît servir un très-bon fro- en être pourvus ils appliquaient à leur usage
mage avec de la graisse de viande. L'abus particulier les revenus destinés pour la sub-
de manger de cette graisse le vendredi du- sistance des religieux, ce qui avait causé la
rait encore à Gluny du temps de Pierre le ruine de plusieurs monastères et en avait
Vénérable, qui l'abolit avec beaucoup de fait passer d'autres dans ies mnins des clercs
prudence et de raison. séculiers, il obtint de l'empereur que l'on ne
Pour éclaircir ce qui est dit dans ce règle- mettrait que des abbés réguliers dans tous
ment, que la livre de pain devait être de les monastère? qui étaient encore en état
trente sous, et le sou de douze deniers, plu- d'en avoir. Ce prince accorda aussi au saint
sieurs auteurs, dit le P. Mabillon, se sont abbé que les monastères qui étaient obligés
fatigués pour donner une interprétation à de faire des présents à l'empereur, el d'en-
ces paroles, et ne se sont point accordés tretenir des gens tîe guerre, et qui n'avaient
dans leurs sentiments. Celui qui paraît avoir pas suffisamment de revenus pour nourrir
le plus approché de la vérité, est Antoine les religieux et s'acquitter entièrement de
Yepés, qui dit que les Pères du concile pres- ces charges, s'en acquitteraient seulement
crivirent ainsi le poids de la livre, pour se selon leur pouvoir, et sans que, pour y satis-
conformera l'usage des Français, qui avaient faire enlièremeni, on fût réduit à rien re-
accoutumé de compter la livre de compte par Iranclier de ce qui était nécessaire pour la
vingt sous, et sou par douze deniers
le ce : nourriture des religieux. Ce saint s'étant en-
qu'ils pratiquaient aussi à l'égard de la livre tremis auprès de l'empereur pour le soula-
de poids. Ainsi cet auteur a cru que la livre gement de ces pauvres communautés , on
de pain devait peser une livre et demie avant dressa dans le même concile d'Aix-la-Cha-
que d'être cuit, et une livre parisis après la pelle un état des monastères de l'obéissance
cuisson; c'est ce qu'il appelle la livre de oc ce prince pour marquer les devoirs dont
poids, dont il est parlé dans la règle Libra : ils étaient chargés envers lui, et on en fit
panis propensa. Le P. Mabillon rapporte en- trois classes : les uns devaient des dons et le
suite le témoignage du P. Lancelot (1), qui service de guerre, d'autres des dons seule-
a remarqué que, suivant les lois de France, ment, et les derniers ne devaient que des
un denier était la vingtième partie d'une prières. Ainsi tous les monastères avaient
once, et que douze deniers faisaient un sou : un prolecteur en la personne de saint Benoît
de sorte que trois onces faisaient cinq sous, d'Aniane, qui régla si bien son monastère
et douze onces une livre de vingt sous, le d'Inde près d'Aix-la-Chapelle que les reli-
sou étant de douze deniers. D'où le P. Ma- gieux qui y venaient de divers pays, s'in-
billon conclut que les Pères du concile slruisaient, sans qu'on leur dît mot, à voir
d'Aix-la-Chapelle ayant ordonné que la livre seulement l'habii, la démarche, et toute la
de pain, avant la cuisson, serait de trente conduite de ceux de cette maison, tant on y
sous par douze deniers, il devait peser dix- observait exactement les règlements faits au
huit onces avant que d'être cuit, quatorze concile d'Aix-la-Chapelle. Pour aider da-
ou seize étant cuit; quatorze si c'était une vantage les moines, saint Benoît fil un re-
livre commune ou légère, et seize à bon cueil de toutes les règles monastiques, connu
poids. C'est aussi le sentiment d'Hiidemar, sous le nom de Code des règles, et divisé en
l'un des anciens commentateurs de la règle, trois tomes, dont le premier contient les rè-
qui dit que la livre doit être de vingt-deux gles dt'S moines d'Orient, le second celles des
sous quand le pain n'est pas cmt, pour être moines d'Occident, le troisième celles des re-
réduit à vingt sous après la cuisson. Ce qui ligieuses. Il fil aussi la Concorde des règles,
s'entend de la livre commune, mais non pas où elles sont toutes rapportées aux chapi-
de la livre bénédictine qui est à bon poids. tres de celle de saint Benoît pour lui servir
Pour l'hémine de vin, nous avons déjà dit en de commentaire.
d'autres endroits que c'était un demi-se- Ses grandes austérités, ses travaux conli»
lier, du poids de huit onces, selon le senti-
nuels, ses jeûnes et ses veilles, et enfin li
ment du P. Mabillon. vieillesse l'ayant rendu très-infirme, il fu{
Tels furent les principaux, articles des rè- attaqué de diverses maladies qui servirent é
glements faits pour l'ordre de Saint-Benoît, éprouver encore sa vertu et à exercer sa pa«
qui fut approuvé dans le concile d'Aix-la- tience. Il ne laissait pas de s'occuper conti-
Chapelle en présence de l'empereur, (jui en- nuellement à la prière ou à la lecture; on lui
voya dans tous les monastères i!es visiteurs lîouvait même toujours le. visage baigné de
pour les faire observer, et qui établit saint larmes, qui étaient un don de Dieu qui mar-
Des frères mineurs des congrégations de Phi- Luc Wading, Annal. Minor. Tom. VI.
lippe J'ierbegal et des neutres.
Dominic. deGuber!iatis,0r6. Seraptàc.Tom.
Philippe Berbegal,qui avait fait profes- I, lib.w, cap. 9, § 3 e^ 4.
sion parmi les frères de l'Observance dans la
province d'Aragon, s'étant uni à quelques
BERNARD EN TOSCANE (Congrégation
autres, obtint du pape Martin V, en li20 ,
DE Saint-)
la permission de recevoir une maison dans la Des congrégations de Saint- Bernard en Tos-
même province sans qu'elle fût pour cela cane et en Lombardie, d'Aragon de Rome ,
sime de Tordre qui se tint l'an JlY30,le même la Vie du bienheureux Joackim, abbé fon*
,
pontife y eût fait publier de nouvelles cons- dateur de cet ordre, uni à la congrégation
titutions pour unir tout l'ordre sous une de Calabre.
même réforme, lesquelles constitutions fu- A l'imitation des religieux (1) de Cîteaux
rent appelées Martiniennes, du nom de ce de la congrégation de Castille ou Je la ré-
pontife, Berbegal se récria contre lies, pré- <
gulière Observance, il y en eut d'autres qui
tendant qu'elles étaient nulles et n'avaient formèrent aussi des congrégations différen-
aucune force, et inventa une nouvelle ré- tes. Les premiers furent ceux des provinces
forme qu'il appela délia Cappiiceiola ou du de Toscane et de Lombardie qui, à la prière
petit Capuce, ayant fait prendre à ses secta- de Louis-Marie Slorce, duc de Milan, obtin-
teurs des capuces pointus et des habits ri- rent du pape Alexandre VI une bulle, l'au
dicules, et leur faisant pratiquer bien des 1497, par laquelle co pontife unissait tous
choses qui avaient été condamnéos par Jean les monastères de l'ordre de Cîteaux des
XXII. Saint Jean Capistran écrivit forte- provinces de Toscane et de Lombardie en
ment contre ces nouveautés , ot Eugène IV, une congrégation, qui porterait le nom de
ayant nommé des cardinaux pour examiner saint Bernard, aOn qu'ils fussent tous sou-
cette affaire, Berbegal et ses sectateurs fu- mis à la réforme, et leur accorda les articles
rent condamnés l'an 1434. suivants qu'ils tiendraient tous les ans le
:
le nomde discret, qui devait être élu par celle de Castille Régulière Obser-
ou de la
leur commnnaiilé; qu'on élirait dans ce cha- vance mais encore de ceux des royaumes
,
on en choisirait un pour gouverner celte Majorque fut le défaut de visite que les ab-
,
Les religieux de ces deux provinces, per- qu'il députe pour la visite des monastères ,
sistant néanmoins dans le dessein qu'ils et envoyer à ce chapitre un abbé toutes les
avaient déformer une congrégalion, s'adres- fois qu'il le célèbre. Le chapitre particulier
gréi:ation, c'est que, lorsqu'il se trouve en former \\v\q. Mais ce décret ne fui exécuté
per>onne au chapitre génér.il de Cîleaux, il que dix ans après, par l'autorité du pape
prend son rang immédiatement après les ab- Grégoire XV, qui, par sa bulle de l'an 1623,
bés de la Ferlé, Ponligny, Clarvaux et Mo- érigea les monaslères de l'Etal ecclésiasliciue
rimond, premiers pères de l'ordre. Celte con- et du royaume de Naples en congrégation,
grégalion n'est pas seulement composée des sous le titre de Congrégalion Romaine. Ces
monastères renfermés dans la Toscane et la monastères furent ceux de Claravale de Cas-
Lombardie , il y en a aussi d'autres qui sont lagnola, Claravale de Clastra, Casamaria ,
de l'Etat ecclésiastique, tels que sont ceux de Fosse-Neuve, Noire-Dame de Ferrare, Val-
Sainie-Croix en Jérusalem, etdes saints V^in- Royal , le Saint-Esprit d Orca el Saint Ber-
cent et Anasiase des Trois Fontaines à Rome. nard de Moro. Il ordonna que le président
Chrysoslom. Henriquez, RefjiiL Consiitut. aurait ti're d'abbé, et jouirait des mêmes
et pruileg. Ordinis Cisleriiensis. Tamburi- privilèges dont jouissaient les autres abbés
nus, de Jure Abbal. Tom. II, dispiit. 24, de l'ordre; qu'il serait en môme temps prieur
quœst. 5, ?i.32, et liull. Rom. d'un de ces monastères, dans lequel il devait
Le prétexte que l'on prit pour l'érection demeurer pendant les quaire années que du-
de la congrégation d'Aragon qui est com-
,
rerait son office; que ces monastères el ceux
posée, non-seulement des monastères situés qui s'uniraient à l'avenir à celle congréga-
(ians ce royaume, qui ne sont pas soumis à tion seraient toujours soumis à lajuridic-
-
labre : c'est pourquoi nous rapporterons ici grand nombre de miracies qui se sonl faits
l'origine de cet ordre. à son to.nbeau. Il y en a même qui ont pré-
Il eul pour fondateur l'abbé Joaehim à <îui tendu que ce livre contre le Maître des Sen-
le martyrologe de Cileaux donne le nom de tences n'est point de lui. Cependant l'opi
bienheureux, aussi bien que les coniinualeurs nion la p us commune est qu'il en est véri-
de Bollandus. H naquit au royaume de tablejuent l'auteur; mis il faut en môme
Naples, dans un bourg noniiné <Jeli<o, pro- temps avouer que, s'il y est tombé dans des
<-.he la ville de (^asenza, vers V.m lHl. Sou erreurs au sujet du mystère de la sainte Tri-
père, qui était notaire de ci' lieu, lui fil étu- nité, il s'est rétracté dans la suite, et a lait
dier les lettres humaines jusqu à l'âge de paraître sur ce mystère une doctrine ortho-
quatorze ans et le regardant comme celui
; doxe dans le P.-autier qu'il composa sous le
(ju'il croyait devoir être le soutien de sa fa- litre Psaltenum decem Chordarum. C'est ce
mille, il le plaça honoratdemenl à la cour que plusieurs auteurs qui ont entrepris sa
du roi de Naples, où il servit quelque temps. défense o;U prouvé, du nombre desquels est
Maiscesainl jeunehoinrne, se déguùtant bien- Grégoire de Laude ou de Lauro, qui prétend
tôt des vanités du rèsolutiin
siècle, prit la que ce fut sur le monl Thabor qu'il com-
de voyager dans la Palestine pour y visit r mença sa Concorde de l'Ancien et du Nou-
(1) V'iy., à la iiii du vol , n" 91.
longtemps après son retour en Calabre. ment ne voulurent pas leur payer quelques
Quoi qu'il en soit, étant retourné en Cala- rentes qu'ils leurs devaient, mais vinrent
bre, il s'arrêta quelque temps dans le nio- encore à m lin armée pour enlever les bii'os
uas'ère di^ Smibuta, où il exerça l'office de de l'abbaye de Flore. La première fois
noriier, et ail ensuite àCor.izzo, au diocèse
i
ils se contentèrent de maltraiter les re-
de Martorano, où il rril l'habit de l'ordre de ligieux qui gardaient les troupeaux, ils en
Cileaux, sous l'abbé Colomban. Il fit de si blossècnt quelques-uns, el n dépouillèrent i
grands progrès dans la vertu que, quelque d'autr.s mais él tnl venus un aulr^; jour en
;
îen-.ps après, il fut fait prii'ur do ce monastère, plus grand nombre et mieux armés djjns un
duquel l'abbé étant uiorl, il fui choisi par autre mniiaslèrc de la dépendance de Flore,
les religieuxpour lui succéder. Sou humilité i s chassèrent les religieux renversèrent les
,
lui fil refuser celle diiïnité; ils'éloigna même bâtiments de l'église el des lieux réguliers,
pour ne pas accepler, mais enfin il y fui et ruinèrent tout ce qu'ils rencontrèrent.
contraint par les remontrances de l'archevê- L'abbé .loachiui et ses religieux s'élanl
que de Cuscnza c' de l'abbé de Sambuca. Il plaints de ces violences, la justice séculière
ne gouverna celte abbaye que quelques an- ciia les religieux du monaslèredes Trois-En-
nées ,
ayant obtenu du pape Lucius IH
el ''anis, et leur défendit de maltraiter à l'ave-
la pcrm.ission de la quitter, il se retira, l'an riir ceux de Flore sous peine de cent sous
1ÎS3, dans la solitude de Haute-Pierre, où il d'or. Mais ceux-ci, indigues de l'éiat qu'ils
composa quelques-uns de ses ouvrages. Mais professaient, bien loin de comparaître de-
p.yanl quitté ce lieu , il vint demeurer, l'an vant les juges, allèrent encore de nouveau
1189, dans un autre nommé Flore, avec deux a\ec des solda s dans les fermes de la dépen-
ou trois compagnons qui s'étaient j )ints à Lii. d;ince de Flore pour y faire de nouvelles in-
lis bâtirent d'abord de petites cellules, où sultes et pou les ruiner. L'abbé Joachim
ils menaient une \ie ermilique; mais Joa- s'en plaignit au roi et à l'archevêque de Pa-
chim, voyant que le nombre de ses disciples lerme, son premier ministre, qui donna l'or-
auTmenlail, fondements du célèbre
jeta les dre à l'archevêque de Cosenza, à llichard ,
nio^naslèrc qui poilé le nom de Flore, ei
a abbé de Sainle-Euphémie, à Siméon de Ma-
qui la donné aussi ta l'ordre que ce saint nistra, grand connétable et grand justicier,
fondateur institua et dont zc monastère a
, el à d'autres juges subalternes, de faire ren-
été le chef. On lui offrit ensuite de nouveaux dre justice à cet abbé el à ses religieux de ,
établissements, dont le premier fut à Case- faire réparer par ceux des Trois Enfants -^
cet ordre, comme il paraît par un pri\ilége les observances, el prit le nom de Sainte-
accordé au monastère de Flore par l'impé- Marie de Nova. L'abbé Joachim fit une autre
ratrice Conslince, veuve d'Henri VI, et que fondation à Albaneto, l'an 1200, qui fut le
les constitutions de cet ordre avaient été aii- cinquième de son ordre. L'année suivante,
pronvées par le pape Célestin 111 de.- l'an l'archevêque de Cosenza lui ayant donné
1196, comme nous avons dit, auquel temps une métairie à Saint-Martin de Jove ou de
il y avait déjà des monastères soumis à ce- Canali il y fit bâtir un autre monas ère il
, ;
luide Flore, ce qui est positivemoul marqué fil encore un septième établissement proche
dans la constitution de ce pape en ces ter- Fiume-Freddo, au diocèse de Tropea, et ce
mes Quasdam constilutioncs de vita vxonn-
: monastère fut appelé Noire-Dame de Fonie
chorum tuoruux el monasteriorum luo cceno- Laurrlano. L'on remarque que, depuis le
hio su'ijectorum et de rebu<: ah ipsis [rnlribns
, commencement de l'ordre deCîteaux en Ita-
fiossidendis, etconim numéro, le fccisse; quas lie, il s'é'ail fondé soixante monastères pen-
rit in eisdem inonasteriis et nb ipsis fratribns dant l'es ace de soixante et dix ans, mais
observentur, cunftrmari a nobis cum instantia (]ue, depuis que l'ordre de Flore eut com-
poi^lulasti. mencé à être connu, on ne fonda plus au-
L'empereur Henri 'N'I avait donné de grands cun monastère de l'ordre de Cîieaux dans le
biens au monastère do Flore, qui furent en- royaume de Naples, ni dans lune et l'antre
core augmentés par l'impératri e Constance, (>alabre ,
quoiqu'il n'y eût point d'a!.uoc9
K\ TA R TER 46-2
qu'il no se fil qnolquos fond.ilions lîc cet or- mvsière de la Sainle-Trinilé, dans son livre
dre dans d'aulies p<ovit)ccs. contre le Maître des Sentences, il v a bien de
Enfin l'abbé Joachim étant c :ssé de vieil- l'apparence qu'ayant eu des sentiments plus
lesse, cl ses grands travaux ses jeûnes catholiques dans le livre qu'il composa
,
en-
et ses auslériîés ayant beaucoup diminué suite sous le titre de Psautier de dix
cordes,
ses foires, il tomba malade an cuvent de
( qui est une espèce de réirartation de ce qu'il
Saint-Martin de Jove <iu de Canale, cl y mou- avait avancé d'abord, il aurait s;ins doute
rut le 3 mars l'202. Quelques années après, corrigé son premier ouvrage s'il avait eu l«»
son corps fut porté dans l'iibbaye de Flore, lemps de le mieux examiner, ou s'il avait
où Dieu a fait connaître la sainteté de son cru être dans Terreur aussi le pape Inno-
:
serviteur par le grand nombre d;> miracles ceul III, condamnant cet ouvrage dans le
qui se sont faits à son tombeau. Il y a de concile général de Lairan, l'an J215, ne pro-
l'apparence qu'ils continuait'iit encore l'an nonça rien contre la personne de l'abbé
13V6, puisque les religieux de l'abbaye de .loachimni contre son monastère, parce que,
Flore et quelques abbés do l'ordre passèrent dit ce pape, il avait ordonné par un écrit si-
en cel'e année une procuration à Pierre, !iné de sa main iiu'" l'on remîi au saini-siége
abbé de Flore, pour demander au pnpe qu'il ses ouvra'ics, et (lue dans cet écrit il avait
lui plût commeltre des évèques et des prélats déclaré qu'il croyait fermement tout ce que
de Calabre pour informer des miracles de l'Egliseromaine croit.
leur fondateur. Il y a (jueîques éi;lises qui Nonobstant celte déclaration du pape In-
possèdent de ses reliques. Les Chartreux du nocent III quelques-uns ne laissèrent pas
,
monastère de Saint-Èlienne dcl Bosco, au d'inquiélrr les religieux de Flore, les soup-
«liocèse de Squillaci conservent une de ses
, çonnant d'hérésie aussi bien que leur fon-
dents. Ce monastère fut bâti p;!r saint Bruno dateur. Un évoque do la BasiHcale fut l'un
leur fondateur ce qu'il fit par les libéralités
: de ceux qui se déclarèrent ouvertement con-
du comte Boger Guiscard , qui en fit toute tre eux mais ie pape Hononus III prit leur
;
la dépense; mais après que les Cbartreux défense, et par une lettre qu'il écrivit à ce
l'eurent possédé pendant soixante ans, il prélat l'an 1-2Î7, il lui défendit d'attaquer da-
passa entre les mains des reliLMeux de Cî- vantage ces religieux sur le fait d'hérésie,
teaux qui en sortirent dans la suite pour
,
p.ir rapport à la condamnation que
le con-
faire place à ceux de Flore. Enfin le pape cile de Latran avaii faite du livre de leur
Léon X, l'an 1513, rendit ce mon;istère aux fondateur, ni de souffrir que ses diocésains
Chartreux étant bien jusle qu'ils fussent
, les dilTamassenl, |.uis(]ue l'on ne pouvait
les dépositaires des sacrées dépouilles de leur soupçonner d'hérésie l'abbé Joachim, comme
fondateur, saint Bruno, qui y avait été en- l'avail reconnu son prédécesseur, aîlendu
terré, et dont le corps y avait toujours été que cet abbé avant sa mort avait soumis ses
tonservé. L'église de Celico, lieu de la nais- ouvrages à la censure de l'Eglise, et qu'il
sance du bienheureux Joachim, conserve avait déclaré ne vouloir en aucune nianièrf
son menton, et quelques aulres parties de s'éloigner de ce qu'elle croit.
son corps furent aussi distribuées à des mo- Comme on ne cessait point de calomnier
nastères de son ordre. ces religieux à ce sujet, et qu'on traitait tou-
Deux ans avant sa mort, il avait écrit une jours leur fondateur d'héréiique le mèn)e
,
protestation de foi, dans laquelle, faisant le pape adressa l'an 1221 une bulle à l'arche-
dénombrement de ses ouvrages dont il avait vêque de Cosenza et à l'évéque de Bisaccia,
écrit la plupart [lar ordre des papes L-i- par laquelle ilieur ordonnait de faire publier
cius HL Urbain III et Ciéinent îll, il déclare dans toute la Calabre (pi'il regardait l'abbé
qu'il n'a pas on le temps de les donner à Joachim comme orthodoxe et attaché à la
examiner pour les corriger et comme il ne
: foi catholique; que l'observance qu'il avait
doute [ioiiit q-.'il n'y ait des choses sujol'.es instituée était trèi-saluloire, et qu'ils eus-
à correction, non -seulement d;ins ceux sent à punir ceux qui auraient la témérili»
qu'il avait achevés, mais aussi dans ceux d'attaquer cet ordre et de lui faire insulte.
auxquels il travaillait actuellement il prie , Celte persécution qu'on suscita aux reli-
les abbés de son ordre, en cas qu'il meure gieux de Flore n'empêcha pas que leur or-
avant (|ue d'y avoir mis la dernière main et dre ne s'étendit et ne fît du progrès; mais
de les avoir donnés à corriger, de les laiie dans la suite les malheurs des "lemps ont
examiner par le saint-siège, se soumettant à aboli la mémoire de plusieurs de ses mo-
la censure qu'il en fera, ne voulant point nastères dont les religieux se «op.î re-
soutenir son opinion contre ses décisions, tirés, ne pouvant pius\v subsister, tant à
condanmant ce que l'Eglise condamne, et cause de la discile que des autres calamités
ne pre'tendiml point s'éloigner de ce qu'elle dont étaient afiligés les endroits où ils
croit. étaient situés. Grégoire de Laude en r.-ip-
Après cette protestation, qu'on peut voir porle seulement trente-quatre dont on a
(oui au long dans les historiens de sa vie, conservé le souvenir, du nombre desquels
il me semble que ce saint homme ne doit sont quatre monaslères de filles, dont celui
point être un problème, comu^e l'a avancé de Sainte-Hélène, dans le territoire dellr
M. Heimaiit dans ,von histoire des Ordres Scale, proche la ville d'AmalpIii, qui avait
religieux. Dans le doute, dit-il, où l'on esi été fondé du vivant de l'abbe Joachin», est
de la pureté de sa doctrine , et s'il s'est le principal. Tous ces monasiétes ohéis—
écarte de la créanre de l'Eglise au sujet du saient à celui de Flore, dont l'abbé était gé-
4C5 DICTIONNAIRE DES ORDRES RKLICILUX. AU
lierai de l'onlre. MattliitMi fut le premier laires lui ont causés par leur avidité et leur
successeur de l'abbé Joacliiin, cl gouverna mauvaise conduite.
l'ordre jusqu'en l'an î23V qu'il le quitta Tous les monasières de l'ordre de Flore
pour mouler sur le siège épisoopal de Ce- ne passèrent pas à celui de Cîtcaux. Le
renza. monastère de Saint-Klienne del Bosco fut
rendu, omme nous avons dit, aux Char-
abbaye de Flore eul loujours des
<
Celte
treux l'an 1313; et les religieux de l'ordre
abbés réguliers jusqu'à la morl de labbé
de Sainl-Dominique ont aussi eu le monas-
Kvangélisle, vers l'an 1V70 que Louis de
tère de la Bagnara,qui était considérable,
.^ainl-Ange en fit le premier commenda-
ayant vingt-six églises de sa dépendance.
Viire. Il commença à ruiner celle abbaye et
L'on ne peut pas dire le temps où les au-
À faire violence aux religieux, qui, étant en-
tres monasières de l'ordre de Flore pas-
core plus tourmentés sous l'abbé Sauveur
sèrent à celui de Cîleaux quelques-uns
Kola son successeur, aimèrent mieux quit-
:
,
croient que ce fut vers l'an 1570. Celui do
ter celle abbaye, et, sous la conduite de dom
Flore, qui était chef de tout l'ordre, appar-
François de Notarion, allèrent demeurer
tient, comme nous l'avons dit, à la congréga-
dans un autre lieu, où ils jelèrent les fonle-
tion de Calabre aussi bien que ceux de
nienls dun monastère qu'on nomme p é-
Fonte Laurelano au diocèse de Tropeia et
s^nlement Notre-Dame du Secours. L'abbé
de Sainte-Marie de Calabre dans la campa-
Ilola voulut cependant dans la suite réparer
gne de Rome.
les loris que lui et ses prédécesseurs avaient
11 y en a qui ont confondu cel ordre avec
faits à celte abbaye. 11 lit réparer l'an iolCy
celui de Cîteaux; mais il est certain (ju'ils
l'église qui tombait en ruine, y mit des or-
avaient des observances différentes, puisque
nements, et fit bâtir le bourg qu'on nomme
le pape Grégoire IX, l'an 1227, défendit aux.
présentement Saint-Jean de Flore. L'abbé
religieux de Cîleaux de recevoir parmi eux
Rota eut pour successeur le cardinal An-
toine Sanctorius, dit le cardinal de Sant^.-
ceux de Flore à cause que cel ordre était
plus austère. Jacques Grec et Grégoire de
Severina du nom de son archevêché. 11 ne
ressembla pas à ses prédéce^seur^ car, au ;
L lude, pour montrer la différence qu'il y
avait entre ces deux ordres, rapportent
lieu de dissiper les revenus de ce monaslète,
l'ordre que les religieux de Flore (1) gar-
il les augn^enta et assigna cent-cinquante
daient dans la récitation de l'office divin, qui
ducats pour la mense des religieux qui
était diflerenl de celui de Cîleaux. Ceux qui
étaient déjà revenus. Alphonse Pisani, son
onl confondu ces deux ordres sont en quel-
neveu, qui lui succéda à l'archevêché de
Sania-Severina, et à l'abbayede Flore, imita que façon excusabh s, puisque l'on peut re-
garder l'ordre de Flore comme une branche
sa piété, embellit son monastère, fil bâtir un
dortoir pour les religieux, augmenta !eur de celui de Cîleaux mais on ne peut excu-
;
titres tic leurs diffcrenles congréiz.ilions, par qui é:ait le quinzième de la fund.ilion de
exemple Ohval, Skpt-Fonts, Kthoite
:
Oii- l'abbaye de Cîleaux, saint Bernard, avec
SKKVANCE Uli CiTEAUV, ClC trente compagnons y entra pour s'assu-
,
sainte Humbelmc, s(cur de saint I^ernanl, en tirer aucune conséquence (jui puisse
Ja gloire d'a\oir été leur institutrice. Ange servir de preuve à ce qu'il avance. Tout ce
ISIanriquc, au contraire, von'anl faire re- qu'il y'a de sûr, selon cet écrivain, c'est que
monter leur origine à quel»iues années avant <e premier monasière a été fondé à Juilly
la retraite de celte saititc, |)rétend qu'elles cl qu'il en a porté le nom, quoique de sa-
ont été fondées par saiul Bernard, et qu'elles vants auteurs, entre lesquels sont ^L Le
ont plus de fondement que les religieux Maître, le P. le Nain et M. Baillcl, dans la
mêmes d'appeler ce saint docteur leur père Vie de sainl Benoît qu'ils oui écrite, disent
et de porter son nom. Dorn le Nain, rcii que ce monastère s'appelait Billetle, fondés
religieux de la Trappe, dans son Histoire de sur certains manuscrits où on lit Villplam.
l'Ordre de Cîleaux est de ce sentiment,
, Mais, outre qu'on trouve dans d'autres an-
îiussi bien (juc M. Baillel et le Père Philippe ciens manuscrits JuUeinm, et oulrt» l'auto-
Bonanni de la compagnie de Jésus, dans son rité de Guillaume abbé de Saint- riiierry
, ,
Catalogue des Ordres religieux. Kl ce der- dont nous avons déjà parlé, le P. Mabillon,
nier, pour ppuyer son sentiment, renvois
;
qui a fait de si savantes recherches sur
îe lecteur à ce (|u'en d:l Manrique dans son l'état monastique, et en particulier sur celui
Méno'.oge de l'Ordre de Clteaux au 21 aoûi ; de Saint-Benoît, dit positivement que ce
ce qui est une erreur visible, puisque Man- monastère s'appelait Jailly : ainsi nous de-
rique n'est pas l'auteur de ce Ménologo , vons nous arrêter au témoignage de l'abbé
mais Henriqués, qui y dit positivement que Guillaume qui, comme nous l'avons dit, étail
sainte Humbeline a été rinslitulrice des n- contemporain et ami de sain.l Bernard et ,
la suite elle persuada aux religieuses de ce le monasière de Juilly n'étail point de l'ordre
monastère d embrasser la réforme de Cî- de Cîleaux, puisqu'il était soumis à celui de
»caux, qu'elle en donna avis à l'abbé de Cî- Molesme qui a toujours clé de l'ordre de
leaux par le moyen du nonre ijui était en Sainl-Benoît. et qu'il aurait été plus naturel
France; que cet abbé y consentit, et qu'ainsi d'envoyer à Juilly des religieux de Cîleaux,
le monastère de Juilly devint de l'ordre de
si ces religieuses en avaient professé la règle,
Cîleaux. que d'y envoyer des religieux bénédictins sous
Manrique qui, comme nous l'avons dit la conduite desquels elles ont été, puisque,
n'est pas de ce sentimeiki , lâche de le dé- selon le P. le Nain, le vénérable Pierre, qui
truire, et pour cela il se sert de l'autorilé élail un des premiers qui sorlirenl de Mo-
de Guillaume abbé de Sainl-Thierri de
, lesme, était prieur de ces mêmes religieux
Ueims ami intime de saint Bernard, dont
.
lorsque sainte Humbeline ntourut, non jias
il écrivit la Vie du vivant même de ce saint à
au monastère de Billetle. comme il le dit,
son insu, laijuelle il ne put achever, élanl mais à celui de Juilly. Knfin, pour terminer
mort avant ce saint docleui-. Mais ce prc- celte difficulté, il suffit de dire (juc le pre-
ii>ier écrivain de la Vie de saint Bernard ne
mier monastère de filles de cet ordre ne fut
lève point la difficulté qu'il y a entre ces fondé à Tari, diocèse de Langres, que l'an
.lulcurs, cl neprouve point le sentiment de 1120, par saint Liienne, et non pas par saint
Manrique; car il dit seulement que l'an 1113, Bernard; ce qui se prouve par les chapitres.
(I) Voy., à \r\ fin du vol., n' 03.
'i'jl DlCTfONNAlKE DES ORDKKS lŒLIGlKUX. 4 OS
•lônéraux des relii>iouses i\e col ortlre en des grands biens (|u'il pos'-ède ( aucun
Krance , qui se tenaient .iiîlrefois à Tari , seigneur en Espagne n'ayant autant ou
comme la plus ancienne abbaye de tout plus de vassaux que ce monastère) (jne
l'ordre. » par l'étendue de la juridiction spirituelbî •
Le cardinal Jiicques de Viiri, dans sou que son abbesse a, non-seulement sur douzo
Histoire d'Occident, dil qne l'auslérilé qne autres monastères qui lui sont soumis, mais
pratiquaient les religieux de cet ordre dans encore sur les frères Hospitaliers de Burgos
l<; commencement de son établissement ne et sur un grand nombre de chanoines, cu-
porrnit pas aux femmes, plus délicates que rés cfmpelains et autres personnes. Ce cé-
,
fondé l'an IHO; de Blandcch, dans le dio- céda immédiatement à Misol, et, dans la
cèse de Saint-Omer, l'an 1153, et Monlreuil- suite il y a eu plusieurs filles de rois et de
les-Dames proche Laon, l'an lî6i. M.M. de princes qui y ont été aussi religieuses.
Sainte-Marthe disent que Marcilii au dio- Le roi Alphonse, ne se contentant pas d'a-
cèse d'Auiui! , où l'abbé do Cîleaux, Gui I\', voir donné de grands biens à ce monastère,
mit des religieux l'an liGO, avait été fondé voulut encore qu'il fût distingué des autres
dès l'an 1130; et entre les monastères qui par quelques prérogatives. Il envoya, l'an-
étaient de la dépendance d'Obazine en Au- née suivante 1188, au chapitre général de
vergne, et qui se soumirent aux !ois de Cî- Cîleaux, l'évéque de Siguença, pour le prier
teaux Tan lliS avec celte abbaye d'Obazine, de permettre aux abbesses des royaumes de
leur mère, il en avait un de religieuses qui Castille et de Léon, de tenir aussi entre elles
est celui de Coiroux au diocèse de Limoges. un chapitre général, ce qui lui fut accordé ;
Le nombre de ces monastères se multiplia et en conséquence de celte permission, lu
si fori da; s la suite que, si l'on veut ajouter roi fit assembler au monastère de las Huel-
fs)i aux historiens de cet ordre, il y en eut jus- gas, l'an 1189, les évéques de Burgos, de
qu'à six mille. Placenza et de Siguença sept abbés de l'or-
;
Henriqués qui, comme nous avons dit, dre de Cîteaux, entre lesquels étaient ceux
soutient que sainte Huiubeline a été l'insti- de Valbuena, d'Hitero, do Buena-\ al, di'
tutrice de ces religieuses (1), n'ayant pu Sandoval, avec relui de l'Eciiel-Dieu en
savoir, di!-il, quels furent les règlements France, qui était député par l'abbé de Cî-
que cette sainte leur prescrivit, rapporte les leaux, pour présider de su part au chapitre
constitutioiss des Bernardines diies de la après les évéques; sept abbesses des royau-
Jlécoileclion ou Déchaussées d'Espagne, qu'il mes de Castille et de Léon s'y trouvèrent
croit avoir été dressées sur les anciennes aussi, savoir: celles de Perales, de Turre-
observances que praliquaienl les premières cremata, de Saint-André-de-Arroyo, de Car-
religieuses de l'ordre de Cîteaux. Nous nous rizo, de Gradefes, de Canas et de Fontal-
réservons à parler de ces constitutions en mesi.Cel es de Sainte-Colombe et de Tulébras
traitant de l'origine de ces Bernardines ré- ne voulurent pas s'y trouver, quoiqu'elles
formées d'Espagne ; mais quoique ces ob- eussent été citées, la première pour des rai-
servances soient très-austères, elles n'ap- sons qui sont inconnues, et l'autre, parce
prochent poini néanmoins de celles que pra- qu'elle regardait comme une chose peu con-
tiquaient les premières religieuses de Cî- venable que son abbaye, ayant donné nais-
leaux, dont Herman ('2) de Laon fait la des- sance au monastère de las Huelgas, elle lui
cription en parlant des religieuses du mo- fût souuiise, au lieu que ce monastère devait
nastère de Monlreuil-les-Dames car il dit : être soumis à son abbaye qui était sa mère.
qu'elles ne portaient point de linge ni de L'assemblée commença le 7 avril ; et
fourrures, qu'elles ne s'occupaient pas seu- comme les abbesses de Perales et de Grade-
lement à coudre et à filer, mais qu'elles al- fes firent difficulté de se soumettre à l'ab-
laient dans !a forêt pour défricher les ronces besse de las Huelgas, à cause qne leurs mo-
et les épines; qu'elles travaillaient conti- nastères étaient sortis de celui de Tulébras,
nuellemeal qu'elles gardaient un grand
,
dont elles étaient filles, il fut résolu que
silence, et qu'elles iniitaient en toutes choses labbesse de Tulébras, eu égard à l'ordon-
les religieux de Clairvau^. nance du chapitre général de Cîteaux, les
Entre tous les monastères de filles de cet relèverait de l'obéissance qu'elles lui de-
ordre, celui de Sainte-Marie la Royale, pro- vaient, ou qu'elle viendrait avec elles au mo-
clie la ville de Burgos. communéimnl appelé nastère de las Huelgas, et que, si elle refu-
l(i3 lluelgas de Boi'gos, est le plus célèbre, sait l'une et l'autre de ces résolutions, on
tant par la magnificence de ses bâtiments et exécuterait l'ordonnance du chapitre de Gî-
[\) Viv., à la lin du vol., ii" 94. (2) Herm. lib, de M'rac. S. M., cnp. 7,
JLGO BEK CER 47T
teaux, qui perniellail à (oulcs les alibcsscs mais d'exemple) elleentendait les confosslons
des rojaufiies de Caslille et do Léon de s'as- des religieuses qui lui étaient soumises. Le
sembler au monastère de las Huelgas, roideCastille approuvait tacitemenlcelabus.
qu'elles reg'iriJeraient leur mèn- comme Constance, sa tilIe, était pour lors abbessc,
éuli^e. Ces deux abbesses allèrent trouver c'élail elle qui avait celle présomption; el ce
celle de Tulebras, qui leur permit ,y élaut pri'.ice qui avait fondé ce monastère croyait
* <onlrainto par l'aulorilé du roi), d'aller <'iii (lue ce serait une chuse qui en relèverait
chapitre général de las Hui.'I|j;.is. L'année beaucoup la gloire, s'il était absolument in-
suivante, ces sef.t abbesses et celle de Sainte- lîépendan!, nîènie pour le spirituel, et qu'il
(]olombe s'a^^seuiblèreiit de nouveau avec li'y eût aucun exemple des piiviléges dont il
trois abbés de l'ordre, et il fut ordonné dans jouissait. Les supérieurs de l'i;rdre n'osèrent
ce chapitre qu'elles s'assembleraient tous d'abord résister à l'aulorilé de ce prince;
les ans le jour de Saint-^Iattin, 11 novem- mais ils en écrivirent au pape lunociiit lli,
bre (lu'elles el leurs successeurs reconnaî-
; (jui commit, l'an 1210, les évéïiues de Hurgos
traient l'abbessc de las Huclc^as et ses suc- et de Palcnça, avec Gui, abbé de Morimond.
cesseurs pour leur mère (|u'elles lui seraient
; qui se trouvait pour lors en Espagne, pour
toujours soumi-es et lui obéiraient, do réprimer l'audace de celte abî)esse et des
même que les abbés de l'oidre obéissaient à autres qui voulaient l'imiter.
l'abbé de Cîleaux et au chaiiitro général; Sanclie d'Aragon ^yant succédé à Con-
,
«|ue l'abbesse de las Huelj;as visilerait les stance de Caslille dans le gouvernement do
monastères qui lui élaient soumis, et que ce monastère vers l'an 1218, obtint de nou-
quatre de ces abbesses, savoir : celles de veaux privilèges pour son monasière, du
Peralés, de Gradefes, de Ganas et de Arroyo. roi Ferdinand, surnommé leSdint. Uraque,
visiteraient à leur tour le monastère de l;is veuve d'Alphonse, roi de Léon, ayant fait
Huelgas, de même que les abbés de La Fcrtr, bà ir, l'an 1222, le monasière de \'ilena à
Pontigui, Clairvaux et Moriraond, visitent sept lieues do Bur;^os, il fut scyumis à celui
labbaje de Ciieaux; et que, si l'abbesse de de las Huelgas, d'où l'on avait lire des reli-
Tulebras reconnaissait lo monastère de las gieuses pour ce nouvel établissement, el six
Uupl<,'as el s'y soumettait, elle serait la pre- ans après, on lui souuiit aussi celui de Vi la-
mière de ces quatre abbes-es qui y feraient Major. Elvire, cinquième abbesse de las Huel-
la visite. Il fut encore ordonné que chaque gas, fixa le nombre des religieuses de son
nbb;'sse, venant au chapitre général, pour- mon stère à ceni, celui des jeunes demoi-
rait mener avec elle six domestiques, ta- t se les (ju'on y élevait à quarante, aussi
serviteurs que servantes avec cinq chevaux. bien que celui des converses (1) destinées
Ces chapitres généraux se sont tenus de cette pour le service des religieuses. Cette abbesse
manière en Espagne jusqu'au temps du n'ayant pas voulu recevoir la visite de Gui
concile de Trente, (\ue la clôture ayant été lli, abbé de Citeaux.l'au 1260, fut excom-
Irès-expressément recoinmandée aux reli- muniée dans le chapitre iiénéral de cet ordre.
gieuses, on a été obligé de les discontinuer; Marie de Gutliérez en étant abbessc, le mo-
cependant l'abbesse de las Huelgas s'est tou- nastère d'Avia lui futaussi souu«.is,et.Mariede
jours réservé le droit de visite dans les mo- Velasco,(jui lui succéda, reçut aussi celui de
nastères de sa dépendance, auxquels elle en- Barria. 11 y cul encore dans la suite d'autres
voie des commissaires, ne pouvant plus le monastères qui reconnurent celui de las
faire par elle-mèm;' pour la raison que nous Huelgas pour leur mère-égliso. Les abbesses
avons dite. de ce célèbre monastèie ont toujours été
L'exemple du roi de Caslille fut bientôt perpétuelles jusqu'en l'an liiST, qu'après la
suivi par d'aulros princes qui obliirentdo mort de l'abbesse Eléonorc de Caslille, fille
l'abbé de Citeaiix une permission semblabe du roi Pierre, surnommé le Cruel, elles com-
à celle des abb. sses de France et d* s pro- mencèrent à être triennales. Nous aurons
vinces voisines, pour tenir aussi entre elles encore lieudans la suite de parbîr de ce mo-
des chapitres généraux. L'abbaye doTart, la nastère. Les autres de cet ordre (jui sont
plus ancienne de toutes celles de l'ordre, et célèbres sont en trop grand nombre pour
qui aval! été fondée, comme nous avons déjà en parler en particulier; celui de Con\ersan;)
dit, dès l'an 1120, pa saint Etienne, trei-
•
torité du pape Urb lin IV. Renschcnius, qui galères, il reprit cette île sur les Turcs, et ';
a donné la Vie de celle sainte dans la conti- Pie II, successeur de Calixle, institua deux
nuation de Bollandus, y a joint une disser- ordres militaires pour s'opposer à ces infi-
tation pour prouver qu'elle n'a jamais été dèles qui menaçaient d'envahir toute la chré-
de l'ordre de Cîteaux , mais bien de celui de tienté. Il yen eut un auquel ildonna le nomde
Saint-Augustin; et pour preuve, il rapporte Notre-Dame de Bethléem, et dont il fit l'ins-
des règlements faits par Robert, évêque de titution à Rome le 18 janvier 1459. Le des-
Liège, pour l'hôpital des lépreux du Mont- sein de ce pontife était que les chevaliers de
Cornillon dans le temps que la bienheu-
, cet ordre s'opposassent continuellement aux
reuse Julienne en était prieure (cet hôpital courses que les Turcs faisaient dans la mer
étant gouverné par des religieux et religieu- Egée et dans l'Hellespont ou détroit de Gal-
ses pour avoir soin des personnes de leur lipoli. Leur principale demeure devait être à
sexe); et dans ces règlements, la formule de Lemnos. Ils devaient avoir un grand maître
la profession que faisaient ces religieux et électif; ils pouvaient avoir des frères che-
religieuses y est énoncée, par laquelle il pa- valiers et des prêtres, comme il y en avait
raît que c'était sous la règle de Saint-Augus- dans l'ordre de Rhodes ; leur habit devait être
tin, secundum ragidum clivini Auguslini, ou- blanc avec une croix rouge, et pour leur en-
tre que les religieuses de cet hôpital ont trelien, le pape unit à leur ordre les biens
toujours été habillées de noir. Mais quand de quelques ordres militaires et hospitaliers
elles auraient été habillées comme les reli- qu'il supprima. Ces ordres furent ceux de
gieuses de Cîteaux, on n'en devrait pas tirer Saint-Lazare, de Sainte-Marie du Château
une conséquence que sainte Julienne eût des Bretons, de Bologne en Italie, du Saint-
été de cet ordre, puisqu'il y a nombre de Sépulcre, du Saint-Esprit, in Saxia , de
monastères de Tordre de Saint-Augustin où Sainte-Marie des Porte-Croix, el de Saint-
les religieuses ont une robe blanche avec Jacques-du-Haul-Pas de Luques. Mais les
un scapulaire noir, comme il y en a deux à Turcs ayant repris peu de temps après l'île
Cambrai, un à Menin, un à Anvers, à As- de Lemnos, cet ordre fui aboli, et la plupart
lenford et en d'autres endroits. Ainsi on des ordres qui avaient été supprimés à sou
peut retrancher du calendrier des saintes occasion subsistent encore aujourd'hui :
de l'ordre de Cîteaux, par la même raison, peul-étre même que la mémoire de cet or-
les bienheureuses Ozile, Sapience, Eve cl dre de Bethléem serait restée entièrement
autres qui ont été religieuses au Mont-Cor- dans l'oubli, si M. de Lebenilz n'avait con-
nillon, aussi bien que sainte Elisabeth de servé dans son Codex gentium la bulle de
Schonaug, célèbre par ses révélations et par linslitution de cet ordre, où on la peul con-
bes écrits, et de laquelle l'ordre de Cîteaux sulter.
le pape écrivit à Charles ^'I1, pour permettre armes de ce pontife. Il leur accorda plu-
à ce Torrelta de quitter son service afin sieurs privilèges, et leur permit de laisser à
qu'il pût accomplir son vœu, lui faisant con- leurs héritiers les pensions qui leur seraient
naître en même temps qu'il avait jeté les accordées, dont les héritiers pouvaient jouir
yeux sur Torrelta pour être le jiropagateur pendant trois ans, après lesquels elles re-
de ce nouvel ordre. Celte lettri' est d.iice de tourneraient à la hambre apostolique. II
(
Manloue, du 3 octobre 14.59, et c'est tout ce ordonna ()ue ces ciievaliers seraient com-
que l'on peut savoir de cet ordre. nipnsaux du pape, que leurs fils aînés se-
Le même motif qui avait porté Pie II à raient comtes de Latran, que leurs autres
insliluer les deux ordres militaires dont rnfanls qui embrasseraient l'étal ecclésias-
nous venons de parler, obligea aussi Léon X liciue porteraient l'habit des notaires apoS'^
à fonder, l'an Lo20, un autre ordre qu'il mit toliques , que ceux qui resteraient dans
sous la protection des apôtres saint Pierre et l'élat laïque prendraient la qualité de cheva-
saint Paul. Les chevaliers portaient une mé- liers dorés, et que lorsque les chevaliers
daille d'or où était l'image de ces deux Laurctans cesseraient d'êire participants, ils
saints, et étaient obligés de défendre la re- prendraient aussi la qualité de comtes de
ligion catholique en combattant contre les Latran. Ces chevaliers, dont le nombre fut
Turcs. Cet ordre subsista quelque temps, fixé à deux cents, pouvaient, quoique ma-
ayant été confirmé par Paul III, qui fut élevé riés, avoir des pensions sur des bénéfices,
au souverain pontifical l'an 153i, mais il a jusqu'à la somme de deux cents écus d'or.
Ils étaient exempts de tous impôts, et en
été supprimé dans la suite; et quoiqu'il
y
ail encore à Rome des chevaliers sous le l'absence de quelques princes ou ambassa-
nom de Saint-Pierre et de Saint-Paul (1 , ils deurs, ils pouvaient porter le dais du pape.
ne portent aucune marque «le cet ordre, et ce Leur obligation était de faire la guerre aux
ne sont que de simples officiers de la chan- corsaires qui infestaient les côles de la Mar-
cellerie. Il y a quaranle-un chevaliers de che d'Ancône, de donner la chasse aux vo-
Saint-Pierre, dont les offices coûtent quinze leurs de la Romagne, et de garder la ville de
cents écus, et deux cents chevaliers de Saint- Lauretle. Mais cet ordre a élé supprimé et ;
Paul, dont les offices coûtent seize cents quoiqu'il y ait encore à Rome des cheva-
écus. Ces offices protlui-^ent huit pour cent, liers Laurclans, ce ne sont que des olficiers
Leur obligation était de donner la chasse tre un lis avec ces paroles Pauli 111, Pont. :
aux corsaires qui venaient sur les côtes de la Maxim, mutins. Ce pontife leur accorda beau-
(1) Voy., à la lin du vol., ii"» 100 ol 101. (") *''^i/-. à la fin du vol., u" 103.
(2) Voy., à la iiii du vol., ri" \[)i.
DICTIONNAIP.!: L):.S ORDKKS lŒLIGlIiCX. -470
nous venons de dire de cet ordre. de celte institution n'a pas eu lieu, ou que si
que
cet ordre a véritablement été institué il n'a
L'on trouve eneore un autn; ortire sous le
,
huit pointes, comme celle des chevaliers de religieux Bethléemtes (2) mais aucun n'a ,
Malte, mais d'or, émaillée de bleu, orée rapporté l'origine de leur ordre, ni en quels
d'or, et au milieu il y avait un nom de Jésus lieux étaient situés leurs couvents si ou eu ;
d'or. Ils la portaient attachée à la bouton- exceple néanmoins Mathieu Paris, qui dit
nière, et dans les cérémonies ils Jivaieni dis que l'an 1257 on leur accorda une demeure
manteaux de camelot blanc, et sur le côté en Angleterre, à Cambridge, dans la rue qui
gauche du manteau la croix de l'ordre de conduit à Trumptou que leur habit était ;
satin bleu, le bord et le nom de Jésus Lrodés semblable à celui des Frères-Prêcheuirs, et
d'or. Il devait y avoir un grand maître, dont que les Bethléemites n'étaient distingués que
l'élection se faisait dans le chapitre de l'or- piir une é oile rouge à cinq ra es avec un
dre qui devait se tenir à Rome; et l'on ne petit rond bleu au milieu, qu'ils portaient à
pouvait élire qu'un des trois sujets qui cause de l'étoile qui apparut aux mages el
avaient été choisis par le pape et par les car- qui les conduisit à Bethléem.
dinaux dans un consistoire. Ce grand maître Alexandre Ross et Rodolphe Hospinianus
pouvait par grâce donner la croix de justice disent aussi la même chose après Mathieu
a Iros chevaliers dans chaque province ou :
Paris; mais ils semblent distinguer, aussi
n'exigeait pas de ces chevaliers de grâce dis bien que quelques historiens, cet ordre des
preuves de noblesse, mais il fallait qu'ils !>elhléeaîites d'avec un autre qu'ils appel-
fondassent une commanderie de deux cents lent des Porte-Étoile. Schoonebeck, parlant
écus de revenu pour le moins, dont ils pou- de ces Porte-Étoile, auxquels il donne le
vaient jouir pendant leur vie, et qui re- nom de moines, dit qu'ils sont de deux sor-
tournaient à l'ordre après leur mort. tes; qu'il y en a (jui portent un habit assez
Ces statuts portent qu il y aura Irenle- honnête oi!i il y a une étoile altaciiée, l (
trois commandeurs ou prieurs, en mémoire (lu'ils sont fort riches, et que les autres ont
des trente-trois années que Noire-Seigneur la même manière de vivre qu'ils sont ha- ;
cet ordre dts chevaliers qui devaient faire subsiste encore. 11 aurait fait plaisir, étant si
preuves de noblesse des chapelains et des
, bien instruit, de rapporter leur origine et ,
frères servants. Ceux de l'état ecclésiastique de nous dire qui était leur fondateur; mais
étaient exempts de tous impôts, et ne pou- je crois qu'il aurait bien de la peine à nous
vaient être jugés, tant pour les alîaires civiles indi(iuer où sont leurs couvents. 11 a seule-
que pour les criminellesque par le grand
, ment c<i|)ié l'habillement «ju'il en a donné
maître ; ceux des autres provinces étaient
et sur les figures (ju'en ont données Abraham
.'^oumis à leurs princes naturels. Les vassaux Bruin en 1577, et Josse Ammanus en 1585.
(le l'Église étaient obliges de se trouver à Cependant Adrien Damman, dans le dis-
liouie pour l'é eclion du ;i;rand maître; mais cours qu'il a fait sur ces ordres, ne qualiîic
les autres n'y étaient pas obligés, el, tant pas ces Porte-Étoile du nom de moines,
ceux de l'état ecclésiastique que des autres mais do celui de chevaliers Equités slellati :
|5rovinccs, faisaient vœu de défendre la proul ipt^is videtiir, ve^titum gérant varii CO'
Église et l'état celésiasti(iue. Chaque
sainte! ( loris, el ci ticis loco slellam oslentanl; quoi-
chevalier de justice de l'clat ecclésiastique que Bruin ait mis au i)as de l'Iiabillement
(1) V(t/., à la lin du ^ol., n" 10 i. {\') V(.i/., il la fui du vol., n" Ko,
477 liKT I5KT 478
tî'uM ilo CCS Porle-Éloilo Steilifcrorum ordo
: (îonzalès délia Hosa,l'undes descendants de
ino7iachori(in astralits, et sous une «lUlre fi- ce Jean de Bélancourt gentilhomme fran- ,
{^ure habillée d'une aulre manière Fratrum : du pays de Caux en Normandie, qui,
e.iis
stelliferorum atro veslilu. Hospiniiinus, par- avec comnjission de Henri III, roi d'Espa-
lant aussi de ces Porte-Étoile, dit, en citant gne, s'empara de la plus grande partie do
les clironiques de Sébastien Frank, que ces ces îles qu'il posséda en propriété sa ;
religieux ont une robe et une cucule noire , mère se nommait Anne Garria. Ses parents
et sur ia cucule une croix étoilée que la ; ne lui firent point apprendre les sciences
croix marque qu'ils ont crucifié leur chair, humaines eurent plus de soin de l'élever
; ils
et que l'étoile si[ïnifie qu'ils sont ensevelis dans la vertu et dans la piété. Il en profila
avec Jési:s-Christ. Il rapporte aussi les vers si bien que, dès l'âge de cinq ans, joignant
que Moiius a mis au-dessous de la fi|jfure déjà la moriificaîion à la pratique des autres
que Josse Animanus a donnée d'un religieux vertus, il comm-nça à jeûner quelques jours
belliléemite, et que nous rapporterons aussi. de i.i semaine. Etant plus avancé en âge, il
Nos quoqi'.e ful^'Ciiem slellam (|u;i i'Iiebus ;ib Lorij en jeûnait quatre au j)ain et à l'eau, et dans
marie viam arpore cogil e(ni( s,
Jiiiip.los (
la suite, trois jours avant les fêtes de la
Prapgressaiiique luagos Sdymaiii geslanuis ad urbem.
^ai:lle Vierge, de saint Joseph, de saint Mi-
Insigne midf t-tiam uoineii liabere juvat.
Idem de reli(|iiu color esl in veslihus, est qui cl;el et de saint François, il ne prenait au-
Stellaloruin aliis. ((iios toga sola legil. cune nourriture. Ayant élé intérieurement
lii:er et hoc solmn est moiiachos quod vesle professes poussé de quitter ses parents et sa patrie , il
Vivere slricla eliam nos mage lege decel.
entreprit le voyage des Indes occidentales.
Il paraît par ce discours de Modius quil Il fit auparavant une confession générale de
dislingue aussi les Forle-Kloile d'avec les tous ses péchés, et demanda conseil à une
Î5elh!éemiles: en effet, Ammanus ayant aussi de ses tantes qui était une femme d'une
donné la figure d'un de ces Porte-Étoile, grande piété; mais bien loin de le détourner
voiei encore les vers de Modius qui acconi- de ce voyage, elle l'exhorta à ne le pas di!-
()agnent celte figure. fc'rer, prévoyant les suites heureuses qu il
Hic placel anle alios, liii; jiivat ora color, de Bélancourt s'embarqua pour ce voyage
média veneiamur luce Deum, sic
CiEleruiii ut in l'an 1050, étant pour lors âgé de trente-trois
Divinam tenebris usque vocamus oj.'cm. ans, et il arriva l'année suivante à Guate-
Et ne nuda parum prosiiîl jejiini:i cœii ,
mala, capitale de la province de ce nom dans
Assidua ad suinmi culmina, vola feruut.
la Nouvelle-Espagne. Après avoir fait (luel-
Mais ces vers de Modius ne nous instrui-
que séjour dans celle ville, il eut dessein
sent pas de l'origine de ces Bethléeniiles et
d'embrasser l'elat ecclésiastique pour pou-
Porle-Etoile; ils parlent seulement de la dans le
voir, étant prêtre, faire des missions
couleur de l'habillemenl qui n'a aucun rap- Japon, et y trouver peut-être par ce moyen
port à la description qu'en a laite Mathieu
l'occasion de répandre son sang pour la foi
Paris. Il se peut faire que ce soient deux or-
de Jésus-Christ. Mais comme il ne savait pas
dres différents. Nous avons fait seulement
le latin, il i»'eut point de honte à son âge
graver l'habillement des Bethléemites sur la
d'aller tous les jours au collège des Pères do
description qu'en a faite Mathieu Paris.
la compagnie de Jésus pour y apprendre les
Voyez Abraham Briiin, Imper, ac Sacerd.
principes de la grammaire. Cependant, quel-
ornât, cum Comment. Had. Dammand. Jodoc.
que soin et quelque application qu'il appor-
Ammanus, Omn. Ord. Il ah. Francise. Mod. tât à l'étude, il ne put jamais rien apprendre
de Oriy. omnium ord. Kospinianus, de Mo-
pendant trois ans; ve qui l'ayant rebuté, if
nacliis. Alexand. Uoss, Ilist. des lielig. Ma-
sortit de Guatemala et s'en alla dons un lien
thieu Paris Ilist. Anglicpag. (i3'J, et Schoo-
appelé Petapa, éloigné de celte ville de div-
iiebeck, Hist. des Ord. relig.
liuit milles, dans le dessein de se retirer dans
BETHLEEM ITESi^RfiLiGiEuxiiospiTALiEns). quelque solitude. Etant à Petapa, il fut atta-
Bcthléemiles aux Indes occidentales, avec la qué par le démon, qui lui inspira quelque
vie du dévot frère Pierre de Bélancourt dit sensualité; mais l'ayant aussitôt reconnue,
de Sainl-Joscph, leur fondateur. el ayant eu recours à Dieu, qui le délivra de
Voici encore d'autres religieux Bethlée- cette tentation, il s'en retourna à Guaté--
mites (1), mais qui sont plus connus que mala el raconta à son directeur ce qui lui
était arrivé. Il lui conseilla d'abandonner
ceux dont nous avons parlé précédemment.
Jls font profession de servir les malades et
l'étude, puisque Dieu ne voulait pas qu'il
de les recevoir dans leurs hôpitaux et avant ;
profilât dans les sciences hun)aines, et de no
tous ses meubles jus(iii'à la chemise qu'il <ela, il allailloutes les nuits par la ville avec
avait sur le dos, n'en ayant plus porlé de- une sonnette à la main pour les recomman-
puis ce lemps-là. der aux prières des fidèles.
L'an lGo5, il prit rhal)ildu troisième ordre Ses austérités étaient surprenantes : il
de Saint-François, et se retira dans un quar- poriait sous sa robe une tunique faite de nalle
tier éloigné de' la ville, nommé le Calvaire,
lissue avec des cordes pleines de nœuds, el
il laserrait encore par dessusavecunecorde.
où, voyant que les cnlants n'étaient pas in-
struits des mxslèrts de la religion il loua ,
Tous les jours il prenait la discipline; outre
une pelile maison et y l:nt une école pour lesjeûnesdont nous a vous déjà parlé, il jeûnait
leur apprendre graluileraent à lire ol leur encore le carême au pain et à l'eau; il ne
catéchisme. Sa charité s'éiendanl sur tou- mangeait rien depuis le mardi de la semaine
tes sortes de personnes, il conçut le dessein sainte jusqu'au samedi suivant, el il redou-
de bâtir un hôpital pour les pauvres conva- blait ces jours-là ses disciplines; le jeudi et
lescente. La maison où il tenait son école ap- le vendreiii de la même semaine, il allait à
partenait à une vielle femme qui mourut genoux au lieu appelé le Calvaire, portant
."ur ces entrefaites, et deux bourgeois de la sur ses épaules une grosse cioix que l'on
ville ayant acheté celte m lison, la donnèrent conserve encore dans son hôp l.tl. Sa cham-
par aumône au saint fondateur, qui y jeta bre était si étroile, qu'il ne pouvait s'y tenir
les premiers fondemcnls de son hôpital, (lu'à genoux, et il dormail seulement quel-
ayant accommodé à côté de celle maison ques heures en cet élat.
une infirmerie qui n'était couverle que de Sa dévotion envers la sainte Vierge élait
paille. La première personne qu'il y recul fut grande: lous les premiers dimanches du mois
uirè femme nègre qu'il y porta sur ses épau- il récitait en son honneur le rosaire, ayant
les bras étendus en croix et il ordonna que,
les; celte femme éianl estropiée et ne pou- ;
vant se serv r d'aucun de ses membres, il la dans l'oratoire de son hôpital, les frères le
traita avec beaucoup de charité jusqu'à sa réciteraient aussi à minuit, pendant neuf
mort, qui arriv quelque temps après.
•
jours avant la fête de la Chandeleur ce qui
:
qui fut dédié en 1 honneur de Nolrc-Dame fin con'rainl de se mettre au lit, el de souf-
de Bethléem. frir que l'on apportât du remède à son mal.
Le frère de Bé^ancourl n'abandoniia pas Comme il avait ir -p lardé, tous les soins que
pour cela l'inslruc ion des cnfanls; car il ela- l'on prit pour le soulager fuient inutiles, el
il mourut le 25 du môme mois, étant âgé de
blil une éc<»le dans son liApilal, ce qui a tou-
jours continué jusqu'à présent. Uulrc srs quarante- huit ans. Le bruit de sa mort
malades, il prenài' encore soin de ceux dos setant répandu par la ville, tout le monde
iSI nET r.FiT 4S2
accourut a rii(*»pil.il pour voir encore uuo gé leur liabillemcnl, et ils ne luient plus in-
fois ci> ^rand serviteur d<' Dieu, f.es uns lui quiétés par les religieux du premier ordre.
haisaiciii !< s pieds, les autres coupaient des
Ces hospitaliers, pour témoigner la véné-
morceaux de ses liabils, et l'on fut obligé ration qu'ils avaient pour leur fonlateur,
'Je nietire des gardes pour empêcher le dé-
voulurent faire son anniversaire avec là
sordre. Le président de l'audience royale, même pompe el la même
magnilicence que
lévêque el son chai itre vinrent aussi pour l'on avait fait éclater à ses obsèques, et
ils ré-
lui rendre les derniers devoirs. Ce saint solurent pour cela de faire une (jnêie dans la
homme avait souiiaité d'être enterré dans ville; mais lesupérieurcrut qu'il serait
l'église du tiers-ordre de Saint-François
hon-
; teux de demander d s aumônes pour un tel
mais le provincial et les religieux du pre- sujel ; et couune ils
mier ordre, ayant demandé son corps, on le y pensaient le moins,
plusieurs personnes vinrent s'offrir d'elles-
leur accorda. Il tut porté dans leur église mêmes pour faire les frais nécessaires de
le lendemain, et tous les religieux de diîlé-
l'anniversaire. L'on prépara pour cela
rents ordres assistèrent au convoi. Le pré i-
l'église de l'école de Christ avec beaucoup
denl et les auditeurs de l'audience royale se d'appareil. L'on dressa un superbe mau-
crurent honorés de porterie corps, et ils fu- solée, avec un grand nombre de lumières,
rent ensuite relevés par les consuls de la el le 18 mai 1G(38, on célébra l'anniversaire
ville. Neuf jours après, on lui fil les mêmes
du saint fondateur, où assistèrent le prési-
obsè^iues que l'on aurait pu faire à un prince, dent de l'audience royale, tous les iriliunaux,
el son oraison funèbre lui |)ronoiicée par le clergé séculier et régulier, et l'on
pro-
le P. Alphonse V^asquez, lecteur en lliéologie
nonça encore son oraison funèbre.
du même couvenl.
Quohjue temps avant sa mort, il avait en- La même année le supérieur do la con-
voyé en Espagne le frère Antoine de la grég;|lion conçut le dessein d'établir aussi
Croix, pour obtenir du roi la confirmation des (illcs el des femmes du même institut,
de son hôpital; mais les lettres-palenles de afin pussent avoir soin des per-
(ju'elles
Sa Majesté catholique n'arrivèrent à Gualé- sonnes de leur sexe; mais dans le temps
m.ila que huit jours après la mort do ce qu'il cherchait les moyens d'exécuter son
fondateur, le 2 mai, veille de la fête de dessein, une dame nommée Marie-Anne, fille
sainte Crois, avec des (ordres au président d'Augustine del Galdo, qui était une femme
de l'audience royale, non-seulement de pro- noble et \ertu(use vint trouver le frère
,
léger cet institut, mais de procurer encore Antoine de la Croix, et lui dit tju'après la
son agrandissement; et l'évoque, après mort de sou mari, elle avait pris l'habit du
avoir aussi reçu de pareils ordres, accorda tiers-ordre de S lint-François, el qu'elle sou-
la permission à ces frères Belhléemites haitait avoir une pclile d'omeure auprès de
davoir une église ouverte, el d'y faire cé- l'hôpital pour pouvoir rendre service aux
lébrer publiquement la messe et l'oftice di- malades en lavant au moins leur linge et le
vin ce qui renouvela la chariié des bour-
:
raccommoder. Le frère Antoine de la Croix,
geois de Guatemala qui fournirent abon- voyant 1.1 bonne volonté de cette dame, fit
,
damment de quoi acheter des maisons, el faire un hôpital pour y recevoir les femmes,
bâtir une magnifique ég i^e à côté de l'hô- à côté de celui de Bélhléem, où Augustine
pital.
del Galdo et ses filles, avec quelques autres
voulut exécuter ses volontés mais ayant saire. L'évèque donna son approbation à cet
;
voulu faire approuver ses constitutions par établissement, qui fui confirmé dans la suite
l'évèque, les rc ligieux du premier ordre de par le saint-siège.
de cet hôpital, el pour d'autres aiTaires con- suivante Moi, frère Itodrif/ue de la Croix,
:
chapoia, Caramarca et Truxillo, établissant ma cette congrégaliou l'an 1707, par une
aussi des écoles daiis tous ces hôpitaux, con- bulle du '27 juil'el,et leur arcorda encore
formément à l'intention de leur fondateur. les mêmes privilèges que ceux dont jouis-
11 retourna en Espagne l'an 1681 avec quel- sent les ordres mendianis, et les con^iréga-
ques compagnons; étant arrivé à Madrid, il lions des clercs réguliers Minisires des In-
obtint du conseil des Indes trois milb; écus firmes, et des hospitaliers de la Cbarilé de
tous les ans pour l'entretien de l'hôpital de saint Hippolyte, martyr dans les Indes, doiit
Notre-Dame du Mont Carmel do Lima, et la nous parlerons dans la suite.
confirmation des autres hôpitaux (\iù avaient Ces frères hospili»liers Belhléemites soni
été fondés depuis ce temps-là. Mais comme habillés oinine les Capucins, avec cette dif^
<
tJ
le frère Rodrigue voulait aller à Home dans férence qu'ils portent des chapeaux, qu'ils
ont une ceinture de cuir au lieu de corde, et
^
le dessein de faire érig' r par le saint-siége
sa congrégation en orJre religieux il de- sur le manteau, du côté droit, un écusson où
,
manda aussi pour ce sujet au conseil des est représentée la Ndlivilé de Notre-Seigneur
Indes des lettres de recommandation auprès Jésu— Christ. Les religieuses ont le même
de l'ambassadeur d'Esp ignc et non-seule- habillement, el gardent la clôture; elles font
;
ment elles lui furent refusées, mais on lui or- aussi vœu de pauvreté, de chasteté, d'obéis-
donna de retourner incessamment aux Indes. sance et d'hospitalité. Leur supérieure a le
Cependant la reine d'Espagne, Anne d'Au- titre de Sœur Majeure.
triche, ayant r.ccordé sa protection à ces Voyez Dom Francisco Antonio de Men-
frères Belhléemites, donna des lettres de re- tal vo. Vida del venerabile flermano Pedro de
commandation au frère Rodrigue adressées San Joseph Betancour fundwlor de la com- ,
au pape Innocent XI qui gouvernail pour pagnia Bethlemiiica en las Jndias occidenta-
lors l'Eglise, et les ay.ml présentées a ce les, et Li P. Philipp. Bonanni Catalog. Ord. ,
de faire des vœux solennels sous la règle de dempteur a prescrit lui-même les règlements
saint Augustin, et d'avoir un général, accor- el les constitutions que les religieux et les
dant à leurs personnes, leurs hôpitaux, leurs religieuses (1) de cet ordr»> doivent observer
maisons et leurs églises, tous les privilèges, pour le mainlicn de la discipline régulière ,
mour pour Jésus crucifié, qu'il entreprit io (juaire fils et quatre files. Wlphon ayant de
voyage de la Tcrre-Sainlf! pour y visiter les lu -même de bonnes dispositions à la piiié ,
saints lieux où s'étaient accomplis les mys- sa femme n'eut pas de peine à obtenir sou
tères de noire rédemption, cl pour mêler ses consentement pour pouvoir pratiquer l.i
larmes avec le sang que Nolre-Scigneur y morificalion. Elle couchait toute habillée
avait répandu. C'était pour le même sujt'l sur la terre, ou sur une planche, employant
«lu'il passait tous les vendredis dans des la plus grande partie de la nuit à la prière
tîvorcices de pénitence et de morliiication ; et à l'oraison elle redoublait si s austérités,
;
ot que muni des sacrements de i)éni'enci! cl se eouvrail d'un rude c lice et vivitait les
d'eucharistie, lâchait *le se mettre ce jour-
il hôpitaux, servant elle-même les malades en
là dans une disposition, quil trouvât
telle l'absence de son mari, qui éiait souvent
en lui assez de force [)our souffrir tous les obligé d'aller à la cour, où le roi le (onsu -
maux qui lui pourraient arriver jusq l'à tait dans les plus imporlanles ailaires.
l'auîre vendredi. Wlphon reconnut néanmoins le peu d'ut -
Sigridc, mère de noire s.iinie, n'avait pas lité de ses occupations lorsqu'il les compa-
moins de i)iété que son mari , et elle la lil rait à celles de sa femme , et soupirant pour
paraître en faisant bâlir beaucoup d'églises avoir la même grâce, il priait I) eu très-sou-
qu'elle fonda et enrichit de gros revenus par vent a*ec elle, et pour le faire plus tran-
une magnificence royale; au^si descendait- quillement il quitta la cour. Ils entreprirent
elle des rois Gollis. Étant grosse de flirgitle le voyage de Saint-Jacques en Galice ave»;
et s'étanl embarquée sur mer, le vaisseau leurs huit enfants. A leur retour, NN'iphon
fut battu d'une si grande tempête, qu'il fut (tant tombé malade très-dangereusetnenl à
sur le point de périr il y eut u)ême plu-
: Arras Birgilte qui n'épargnait aucun soin
,
sieurs personnes noyées; n)ais Sigridc ne fit corporel pour le soulager, eut aussi recours
sauvée que par un miracle; car, la nuit sui- à la prière pour obtenir de Dieu sa guérison.
vante, un homme plein de nnijeslé lui appa- •ISainl Denis lui apparut qui lui prédii beau-
rut pendant son sommeil, qui lui dit que coup de choses à venir, et pour lui donner
l'enfant qu'elle portait dans ses entrailles une preuve certaine de ce qu'il lui disait, il
l'avait garantie du naufrage , l'exhortant lui promit que \N'lphon guérirait au plus tôt,
d'avoir grand soin de son éducation parce ,
ce qui arriva: et à peine fut-il arrivé chez lui
que ce devait être un des plus grands ave<'. toute sa famille que, poussé par l'esprit
ornements de la Suède; mais elle mourut de Dieu, il se fil re igieux dans l'ordre de Ci-
peu de temps après avoir mis au monde no- leaux, en ayant le consentement de sa femme.
tre sainte, qui liérila de sa piélé et de sa sa- Il mourut quelque temps après , avant que
gesse, et qin profita encore beaucoup sous d'avoir achevé l'année de son noviciat; et il est
la conduite d'une de ses tantes, qui éiail une à présumer qu'il fit sa profession avant que
personne d'une grande piélé. de mourir, suivant la praliiiue de toutes les
L'espace de trois ans s'étant écoulé , sans religions de faire faire la profession à leurs
que B rgiite pût articuler la voix, on appré- novices lorsqu'ils sont en danger de mort.
henda qu'elle ne demeurât muette pour tot;- C'est pourquoi il n'y aurait pas lieu de s'é-
jours mais elle commença à parler tout
; tonner, comme quelques-uns l'ont fait, de ce
d'un coup avec autant de facilité et au>si que li'S religieux de Cîteaux l'ont mis au
nettement que les personnes d'un âge mûr, rang des bienheureux de cet ordre dans leur
ce qui fut regardé comme un miracle et un Ménologe (1).
prodige. Dès ses plus tendres années, elle voyant libre, ne pensa plus qu'à
Ijirgilte,se
s'appliqua beaucoup à la prier.-, et reçut dès se servir de sa liberté pour mener une vie
lors des grâces particulières de Dieu. N'ayant encore plus parfaite qu'auparavant. Elle fit
encore que dix ans, elle fut si pénétrée de le partage de ses biens entre ses enfants ,
douleur après avoir entendu un sermon de disposa de tout ce qui pouvait la distraire du
la Passion de Notrc-Seigneur Jésus-Christ service de Dieu, et se donna tout entière à
qu'elle répandit une infinité de larmes. Elle ses exercices de piélé. Elle quitta ses habits
crui, la nuit suivante, le voir comme s'il ne précieux pour en prendre qui fussent con-
venait que d'être attaché en croix. Elle fut formes à la vie pénitente qu'elle voulait me-
frappée de ce triste objet , et eut depuis ce ner. On en murmura, principalement à la
Icmps-là une grande dévotion à la Passion cour, et on latlribua à une faiblesse d'e.s-
du Fils de Dieu, et n"y pensait jamais sans pril ; mais comme elle ne voulait plaire qu'à
verser des larmes. Dieu seul, elle s'éleva au-dessus des juge-
Quelque désir qu'elle eût de demeurer ments des hommes, et ne rougit point même
vierge, elle obéit à son père, qui la maria à dans la suite de manger avec les |)auvrcs
l'âge de treize ans, à Wlphon, prince de Né- dans les hôpitaux, ou dans les rues, cl quel-
ricie, qui n'en avait que dix-huit. Ils passè- quefois même de mendier avec eux. lille ne
rent d'abord une année dans la continence porta plus de linge, se couvrit !e corps d'un
avec un mutuel consentement, et ayant tous rude cilice, se ceignit de cordes pleines de
nœuds ; el a ces morlifiralioiis eHe on ajoii- bannière rouge où d'un côté il y a un cru-
tnil une tous les vendredis, en fais ml tomber cifix et de l'autre l'image de la sainte Vierge,
poulie à goulle sur quehiue partie de soti afin <iue, jetant les yeux sur le crucifix, elle
corps de la cire brûlanlc afin de s'imprimer apprenne la p;itience et la pauvreté, et
davaniaçre le souvenir des souffrances du qu'envisageant l'image de la sainte Vierge,
Fils de Dieu en sa Passion. Ses jeûnes élaienl elle apprenne l'Iiumililé el la chasteté. La
fré(iuenls, el celui du vcnlredi (outre ceux postulante se lient à l'entrée de l'église tan-
qui sont ordonnés par rE;5lise) étaient au dis que consacre un anneau. Ou
l'évê'iuo
pain et à leau. Ses veilles n'étaient pas allutjie deux llambeaux
à côté de la bannièie,
moins austères elle n'accordait du repos à
:
lesquels doivent brûler pendant tout le temps
son corps que dans l'extrême nécessité el de la messe. Après la bénédiclion de l'an-
l'accablemonl du sommeil, n'ayant pour ma- neau, l'évéque le lui met au doigl, et ensuite
telas quun lapis étendu sur le pavé, l'-lle va célébrer la saitite messe. A lOITerte elle
vécut toujours de celle sorte près de trente fait son offrande et retourne à sa place, où
ans depuis la mort de son mari. elle demeure jusqu'à ce que l'évéque ait t)érii
L'on croit que ce fut vers l'an 13ii peu ,
les habits pour lors il l'envoie chercher par
;
qu'elle était encore en possession de son dépouille de ses habits à un coin de l'autel,
bien, qu'elle fit bâtir le monastère de Was- ne se réservant qu'une luniiiue. L'évê(iue la
tein, dans le diocèse de Lincopen, au royau- revêt de ceux de la religion et après lui ,
lalions qui sont sous le nom dExiravti- (juil récite les litanies, après lesquelles el'uî
gantes. se relève pour aller communier. Aussitôt
Selon ces constitutions, cet ordre est prin- quatre religieuses ayant ouvert la porte par
cipalement fondé pour des religieuses qui où elle doit entrer dans le monaslere elles ,
doivent honorer la sainte Vierge d'un culte en sortent pour l'aller chercher, et l'y por-
particulier, et il doit y avoir aussi des reli- tent dans une bière, lévêqiiC la suivant el 1
gieux pour leur donner les secours spirituels remettant entre les mains de l'abbesse et ,
dont elles auront besoin, et leur adminis'.rer pendant huit jours la nouvelle religieuse
les sacrements. Le no;iibre des religieuses n'est obligée à aucune observance régulière.
est fixé à soixante dans chaque monastère, Telle est la cérémonie qui s'observe à la
celui des religieux prêtres à treize (1> selon , consécration d'une religieuse de cet ordre, et
le nombre des treize apô'.res, dont saint Paul qui doit être aussi pratiquée à l'égard d'un
fait le treizième. Il doit y avoir quatre dia- religieux, excepté qu'au lieu de lui donner
cres qui représentent les quatre docteurs de un anneau, revêque lui prend les mains;
l'Eglise, saint Ambroise, saint Augustin, qu'au lieu de lui niitfre un voile, il lui fait
saint Grégoire et saint Jérôme, el huit con- l'imposition des mains sur la tête qu'au lieu ;
vers, qui tous ensemble font le nombre des de lui donner une couronne, il fait aussi sur
treize apôtres et des soixante-douze di>ciples sa lêle une roix avec la inain, en récitant
(
de Jésus-Christ. Les religieuses ne peuvent les mêmes orai-ons el les mêmes prières que
être reçues avant l'à^e de dix-huit ans, el les celles qui sont prescrites pour donner aux
relicicux avant vingt-cin(i ans. Avant que sœurs r.:nneau, le voile et la couronne; et
de recevoir babil, elles doivent postuler
i qu'après la messe l'évéque :itrodu;t le nou-
i
pendant un an. A la première deman le veau religieux dans la demeure des frères,
qu'elles en font, elles doivent être renvoyées d'où il ne peut j)!us sortir (ju pour aller .i
lieu où le monastère esl situé, ou quelque croix, et trois encensoirs, dont l'on servira
autre à qui il eu a donné commission vient , tous les jours, et les deux autres aux joura
à la porte de l'égiise, où il fait plusieurs de- de fête, ei un ciboire pour mettre les hostie^.
mandes à la postulante, après quoi il la fait Le chœur des religieuses est en haut, celui
entrer ilans 1 é;;lise. On portedcvan'. elle une des religieux en bas. LeS religieuses ne doi-
vendredis de l'année, ils ne doivent manger ceux qui seront reçus après eux ne seront
que des viandes permises en carême, c'est-à- point obligés de riesi donner, el le monastère
dire, s'abstenir de beurre, de fromage, d'œufs ne pourra recevoir ni les rentes ni les héri-
et de laitage. Depuis la Toussaint jusqu'au tages qui lui pourraient être affectés; et l'ab-
premier dimanche de l'Avent, depuis le len- besse fournira aux religieux et religieuses
demain de l'Ascension jusqu'à la entecôle, i les vêtements et les autres choses nécessai-
depuis la fête de l'Exaltation de la sainte res, des aumônes qui seront faites au monas-
Croix jusqu'à la fêle de saint Michel, et tous tère, et qui serviront aussi à l'entretien des
les samedis de l'année, ils peuvent user de bâtiments.
beurre, d'œufs et de laitage, et enfin les veilles Lorsqu'un religieux ou une religieuse
des fêles des apôtres, de la sainle Vierge, de mourra, on en recevra un autre à sa place:
saint Jean devant la Porte Latine, de saint les habits du mort seront distribués aux pau-
Jean-Bapliste, de saint Michel, de la Tous- vres, et l'on donnera tous les jours à un pau-
saint, de la fête du saint Sacrement, et le jour vre sa pitance, jusqu'à ce que sa place soit
du vendredi saint, ils doivent jeûner au pain remplie. Si quelqu'un en entrant veut donner
et à l'eau; mais cette rigueur a élé modérée quelque chose de son bon gré, il sera distri-
par le 13° chapitre des Extravagantes, où on bué aux pauvres et aux églises nécessiteuses;
leur permet de manger des légumes ces et si le couvent est obligé de recevo.rce qui
jours-là, et de boire de la tisane ou de la lui est présenté, on examinera très-soigneu-
petite bière. sement si ce qu'on donne a élé bien acquis,
Pour les vêtements, les sœurs auront deux ce qui se doit prouver par témoias; et sur le
chemises de bureau blanc, l'une pour porter, moindre soupçon qu'il y aura qu'il n'appar-
l'autre pour laver une luniqu»- de bureau
,
tient pas légitiiiiement à celui qui le présente,
gris, une coule de même, et un manteau qui on ne le recevra point. Tous les ans avant
s'attache avec un nœud de bois, lequel man- la Toussaint, on doit supputer à quoi peu-
teau sera fourré l'hiver de peaux d'agneau : vent monter les vivres de l'anijce suivante,
pour coiffure, elles auront une guimpe qui el tout ce qu'on trouvera de superflu, tant des
leur couvre le front et entoure les joues, îa- vivres que de l'argent de l'année courante,
(1) Voy., à la fui du vol., n° 111. (-2) Voii., à ht fin dii vol., 1)^ 112.
îera distrib»é anx pauvre» le lendemain de ordre, ou plutôt les constitutions; caries
la Toussaint; en sorli' qu'il ne soit permis de religieux el les religieuses de cet ordre sui-
posséder que ce qui est purement nécessaire. vent la règle de saint Augustin, et les papes
Le jeudi, ra!)bes8e doit tenir le chapitre, ont toujours fait mention de cet ordre,
afin que les religieuses qui ont l'ait quelques comme suivant la règle de saint Augustin
fautes en so enl punies r lie qui a ete con-
;
et les constitutions du Sauveur, qui furent
vaincue d'avoir quelque chose en propre par premièremenl approuvées par le pape Ur-
la dép >sition de trois téui »ins , et n'a pas bain V, et ensuite par ses successeurs, Ur-
avoué sa faute, doit ujanger à terre le pr - bain VI, Jean XXIII, Martin V et Gré-
mier jourdecha;iiire,ayanJsa piUnce comme goire XV ; mais la décadence où cet ordre
les autres sœurs; mais le vendredi elle d(»il est tombé par le changement de religion
manger au pain et à l'eau. Klle ne doit point q ti est arrivé dans plusieurs endroits où il
sortir ces deux jours-là de l'église. Aux possédait des monastères, principalement
heures des oftices elle se doit prosterner aux en Suède, en Allemagne, en Angleterre et
pieiis de lout.s les sœurs qui sortent de l'é- dans les Pays-Bas empêche que l.i plus
,
giise sans lui parler; et après les vêpres, grande partie de ce qui esl contenu dans
l'abbesse, accompagnée detoutes les religieu- celte règle ne soit observée dans tous les
ses, \a trouver celle qui est en pénitence et monastères qui se trouvent dans dilTérentes
prosternée conire terre, elle la relève et la provinces, et qui ont été fondés par dés reli-
conduit à l'aatel du chœar des religieuses, gieux ou des religieuses qui sont venus dans
où ayant reçu l'absolution, elle relourm" à ces mêmes provinces chercher un refuge,
sa place. Si queiqu'aulre est morte pro'^rié- pour mettre leur foi à ci.uverl des persécu-
laire sans s'en être confessée, après qu'on a tions que les hérétiques leur suscitaient.
lavé son corps, on la m
t dans la bière et elle Aussi on en voit quelques-uns en plusieurs
esl portée devant la porie de l'église, où l'ab- endroits où il n'y a pas plus de quatre ou
besse, en présence de toutes les religieuses, cinq religieux, d'autres où il y en a en plus
diï : CfUe-ci, à la persuasion du démon, a grand nombre , mais qui sont destinés pour
grièvrinent péché par la propriété, contre Dieu des religieux seulement, d'autres pour des
et contre ht religion; prions pour elle afn que religieuses, et il s'en trouve encore dix ou
Dieu lui pardonne son péché, parcs qu'il est douze en Ailemagneetun àDantzick, qui sont
miséricordieux; ei après qu'elles ont dit un doubles pour les religieux et les religieuses,
Ave Maria, on l'absout et on la porte au mi- et où ces constitutions peuvent être obser-
lieu du ohœutdes sœurs, ou après les prières vées. Le pape Clément VUl y fit néanmoins
accoutumées pour les morts on la porte dans quelques changements l'an 1603, pour les mo-
la sépulture ordinaire.
nastères doubles qui sont en Flandre, comme
il parait par les constitutions qui furent im-
L'évêque du lieu où le monastère est situé
doit en être le père et le visiieur. Il doit primées à Douai en 1635 mais comme elles
;
veiller à ce que la règle y soit observée de neconviennenlpoini pour les monastères sim-
point en point, et doit juger tou; les diffé- ples tels quesont ceuxqui se trouvent aussi en
rends qu'ils peuvent avoir. Les souverains Flandre, où il y en a six d'hommes et six de
des Etats où ils demeurent doivent êlre leurs filles , les religieux de cet ordre du monastère
défenseurs ou avoues, et le pape leur pro- de Sainte -Marie de Foi, proche la viLe de
tecteur, et sans sa permission on ne peut Poperiugue, en la forêt de Saint-Sixle, au
bà ir aucun monastère de cet ordre. Le si- diocèse d'Ypres, y firent changer par le
lence y doit êlre soigneusement gardé depuis pape Grégoire XV, l'an 1622, quelques arti-
le malin jusqu'à la fin de la messe haute, cles qui ne convenaient qu'aux couvents
qui est céleitrée en l'honneur de la sainte doubles. Ces conslitulions nouvelles con-
Vierge. On le garde aussi pendant les repas, tiennent seulement vingl-un chapitres con-
depus vêpres jusqu'après les grâces du sou- Icwmesaux autres pour l'observance, excepté
per, et depuis la tin de la récréaiion du soir qu'on y a ajouté l'obligation de jeûner au
jusqu'au leniemain nîatiii. Il doit toujours pain et à l'eau les veilles des fêles de saint
y avoir une fosse ouverle, où tous les jours
Augustin et de sainte Birgille; que si un frère
après tierce, l'abbesse et ses religiiuses doi- meurt propriétaire, il est privé de la sépul-
vent alliM-, ei après quelques prières, l'ab- ture ecciésiaslique ;
que tous les religieux
besie doit jeter dans la fosse un peu de indiiîéremment doivent porter une croix
terre, et il diil y avoir aussi à l'entrée de rouge sur leur manteau a liquelle les prêtres
régli^« une bière ou cercueil, afin que doivent ajouter lareprescntaiiofi d'unehoslie;
ceux qui y entrent se ressouviennent qu'ils qu'ils pourront être admis à la profession
(loiveiil mourir un jour. Enfin comme cet à l'âge de seize ans, et qu'ils doivent tra-
ordre esl pariiculièremenl établi pour hono- vailler manueilemenl à certaines heures du
rer la sainte Vierge, l'abbesse doit être su- jour. V^oici la formule de leur profession ;
périeure , non - seulement des religieuses, Moi frère iV. je fais profession et promets
n:ai> encore des religieux, qui sont tous obéissance à Dieu tout-puissant et à la bien-
obligés do lui obéir, el parmi les treize heureuse Vierge, à saint Augustin et à sainte
prêtres elle en choisit un qui a la qualité de Birgitte, eld vous, Monseigneur l'évêque, qui
confesseur général. êtes ici de leur part, au prieur du monastère
Voilà en abrégé la règle que l'on prétond et à ses successeurs, de vivre sans propre et en
que Nolre-Seigueur Jésus-Christ a diclée à chatteté jusquà la mort, suivant la règle de
samle Birgitte pour le gouvernement de son gaint Augustin et les constitutions de cH
493 em RIR 4^4
ordre. L'évéque lui dil ensuite : Avec cette princesse n'ayant pas vécu assez longtemps
inlenlion il vous faut donner vore foi à Bi^ ii, pour le bien de l'Eglise, et la religion catho-
et faire vœu de n'aimer rien comme votr. lique ayant été de nouveau persécutée sous
Dieu; et \l faut que vous lui donniez un en- le règne de la reine Elisabeth, les religieuses
tier eonsenlemeni de tout votre cœur. Pour Birgiltine>< furent obligées d'aller chorcher
lor- le profès répond Je consens à mon Dieu
: un asile à Lisbonne, au rapport de Sanderus.
de tout mon cœur, m'o/front à lui dans loule la Le monaslère de Wastein fondé en Suède
simplicité de mon ânie. L'évéque lui dil: Et par sainte Birgitle, qui était le premier de
nui de la part de Lieu lnut-puissunt e( de son ordre, et les autres de ce royauni' ont
,
son fils unique Jésus-Christ je consens en . eu le même sort que celui d'Angleterre et de
vous, il apre> quelques piièr^^s, il lui prend quelques-uns en Allemagne, lo. sque ;e chan-
les iMums en disant Je vous bénis pour être
:
gemenl de religion y est arrivé.
religieux de Dieu, elc. Il y a aussi des chan- Cependant celui de Waslein (1) s'est con-
gements dans ces nouvelles eonstilulions servé lo,;glemps au milieu de l'hérési -. Elle
louchant l'oKice divin; rar i's le doivent ré- avait été introduite en Suède par Ciustave
citer selon l'usage d l'Eglise romaine, dire
> ^'asa, qui après avoir usurpé la couronne
tous les jours iiu chœur le petit oKice et chan- sur le roi Christiern il, y abolit la religion
ter une messe de la Viergo, excepté les létes catholique e( inlroduisil le luthéranisme
de la première class!\ Af>rès cette messe, on dans le royaume. 11 s'y entrelt/ji durant le
chantera tous les samedis le Salve, R-gina, règne d'Eric XIV, son fils et sucesseur, à la
tous les j>)urs ijprès vêpres, ylv:", mnris siella, faveur des troubles que les npiétés et les
i
miers soins fui de restituer aux religieux les pape Grégoire XllI, pour traiter avec lui de
monastères qui leur avaient été ôlés. Elle fît la réduction du royaume de Suède à l'obéis-
rebâtir en 1556 celui des Birgitlines qu'on sance de l'Eglise sous certaines conditions,
appelait le monastère de Sion. Mais cette et le prier de lui envoyer quelque habile
son. Enfin il les assura, en leur disant adieu, D.Joannes OEcolampadius, professione theo-
que le Seigneur, qui est fidèle en sespromes- loguSf trium linguarum perilissimus, auclor
ses, ne manquerait point de leur donner en Evangelicœ doctrinœ in liac urhe primus et
toutes les occasions, des secours propor- templi hujus verus episcopus, etc. 11 paraît
tionnés à leurs besoins età leur fidélité. C'est par les lettres d'Erasme qui était son ami,
ce qu'elles éprouvèrent quelque lemps après, qu'il s'était fait religieux de l'ordre de Sainte-
quand Magnus d'Oslrogothie, frère du roi , Birgitie, le 23 avril 1520, et qu'il embrassa
s'étant voulu emparer de leur monastère, fut Ihérésie l'an 1523.
frappé tout à coup d'une violente frénésie, Nous avons un volume des révélations de
de laquelle il ne revint jamais; ce que l'on sainte Birgitte, lesquelles furent présentées
regarda comme une punition visible du ciel, par sainte Catherine, sa fille, le prieur d'Al-
qui veillait à la conservation de ces épouses vaslre et le confesseur de sainte Birgitte,
de Jésus-Christ. au pape Grégoire XI, l'an 1377, qui les don-
Quant à sainte Birgitte, elle ne prit pas na à examiner à trois cardinaux et à plu-
l'habit de son ordre, dautant qu'il n'aurait sieurs personnes doctes, qui n'y trouvèrent
pas été bienséant aux pèlerinages que Dieu rien de contraire à la foi. lilles lurent encore
lui ordonna défaire. Elle vint premièrement examinées de nouveau sous le pape Urbain
à Rome où elle obtint du pape Urbain V la VI, par cinq cardinaux et plusieurs autres
confirmation de son ordre l'an 1370; de là elle personnes qui rendirentle même témoignage ,
passa à Naples et en Sicile, d'oiî étant retour- assurant qu il n'y avait rien de contraire à
née à Rome, elle eut une révélation d'aller à l'Ecriture sainte, aux maximes des Pères, et
Jérusalem mais n'osant pas entreprendre
; à la règle des bonnes mœurs. Cela n'empê-
ce voyage à cause de so.i grand âge, ayant cha pas qu'il n'y eût des esprits inquiets qui
pour lors soixanlc-neuf ans, Notre-Seigneur crurent Irouvei- encore des hérésies dans ces
Jésus-Christ l'assura quil serait toujours révélations, et les dénoncèrent comme telles
avec elle, et qu'il lui donnerait des forces au concile de Bâle ; ce qui obligea Eric, roi
suffisantes; elle le fit donc ^vec sa tille Ca- de Danemarck et de Suède, et les prélats de
therine, qui a mérité d'être dans la suite au ce royaume d'écrir<3 à ce concile, l'an 1434,
nombre des saints, et qui avait quitté la prenant leur défense aussi bien que de la
Suède pour se retirer avec elle. Ce fui au règle do cet ordre. Ces lettres furent lues en
retour de ce voyage à Rome, qu'après avoir la congrégation des Pères du concile le 2G
édifié l'Eglise par la sainteté de sa vie, et mars de Tannée suivante, et les comraissai-
^
vatoi'is vulg. S. Birgittœ. Clem. Reyn. Apos- une grande résignation à la volonté de Dieu.
tol. S. Bened. in Angl. p. 166. S. Anton. Ses maux ayant redoublé pendant les trois
Ilht. part. 3 titul. 13, cap. 12. Natal. dernières années de sa vie, et l'ayant obli-
Alexand. Hist, ecclcs. sœcul. 13 et \k. Joan. gée pendant tout ce temps de garder le lit
Mar. Vernon. Annal. 3 ord. S. Francis. sans en pouvoir sortir, elle témoigna tant de
part. 3. satisfaction de souffrir, qu'elle dis;iit qu'elle
§ II.Des religieuses de Sainte-Birgitte dites aurait eu une grande affliction de quitter la
de la Récollection, avec la Vie de la V. M. vie sans avoir enduré ce peu de souffrances ;
Marine Escobnr, leur fondatrice. et toute sa peine au plus fort de ses dou-
Quoique l'ordre de Sainle-Biri^itte se fût leurs était de manquer en quelque chose à
éteitdu en plusieurs provinces, en Frmce, la résignation qu'elle devait avoir à la vo-
en Allemagne, en Angleterre, en Italie et lonté de Dieu. Maltraitée souvent par le dé-
dans los Pays-Bas, il était néanmoins incon- mon qui inventait chaque fois des manièrei
nu en Espaixne au commencement du dernier inconnues jusqu'alors pour lui faire perdre
siècle, lorsqu'une sainte fille nommée Marine la paix et la tranquillité de son âme, elle
Escobar voulut honorer lamémoire de sainte lui résista courageusement et ne s'éloigna
Birgitte à Valladolid, en fondant un monas- jamais d'un moment de la présence de Diea
tère de religieuses de son ordre, à qui elle où elle était continuellement et elle n'eut
;
hors des voies ordinaires, et que son humi- Birgitte elle en conféra avec le P. Louii
;
lité lui voulait faire tenir cachées, si l'obéis- du Pont, son confesseur, qui les mit par or-
sance qu'elle croyait devoir à son directeur, dre et les disposa par chapitres, les ayant ti-
le P. Louis du Pont, de la compagnie de rées en partie des ancienups de sainte Bir-
Jésus, ne l'avait obligée de les découvir à gitte, et en partie de ce qui avait été révélé
ce Père, qui eut grand soin de les recueillir, à Marine Escobar; et elles furent ensuite
et qui dès lors forma le dessein de composer approuvées par le pape Urbain VIIL
sa vie remplie de visions et de miracles, il y a de l'apparence que ses longues ma-
qu'il ne put continuer étant mort avant elle. ladies et SCS grandes infirmités l'empêchè-
L'on prétend que dans le cours d'une si rent de prendre l'habit de cet ordre, et il y
longue vie, elle conserva toujours son inno- a même lieu de croire que le premier mo-
cence baptismale, qu'elle ne commit jamais nastère de ces religieuses, que l'on appelle
aucun péché mortel, et qu'elle ne ressentit de la Kécolleclion de sainte Birgitte, fut fondé
aucune atteinte de mouvements ou de ten- à Valladolid , par la reine Elisabeth tre
tations impures. Son humilité fut si grande France, femme de Philippe IV, roi d'Espa-
provincial de C;istille, qui fut confcsseuf de tion de sa vie, et prit les dépositions par
Ci'Ite loridaliice après la mort du P. du Pont; set ment, afin de s'en servir au procès de
mais ct u\ qui, djiis sa Vie ont parlé de ceîte sa canonis tion après quoi on (it imprimer
,
et continuer le chemin sans s'arrêter da- guerre dans la seule vue d'acquérir de la
vantage ; et quoiqu'on eût pu le faire en et de s'attirer l'estime des hom-
g oire
un quart d'heure dans un .iUtre temps , on mes , que de vivre dans l'obsTvance de
fut néanmoins deu\ heures et demie à le
Si s commandements. Cependant Jésus-Christ
faire à cause de la grande foule de peuple ;
déclara à la Sainte que s'ils voulaient re-
et ce ne fut (ju'avec bien de la peine qu'on
tourner à lui, il était prêt à les recevoir, et
entra dans l'église du collège des Pères Jé-
en même temps il lui prescrivit la manière
suites , où le (orps fut enterré proche le
qui lui serait la lus agréable et les céré-
i
peinte la passion de Notre-Seigneur, afin symbole de l'ardeur de Ijui foi pour ia re"
qu'il apprît qu'il devait prendre la défense de leur charité envers
lipion chrétienne et
n'y avait que la bannière de l'étilise qui de- qu'ils allaient à la guerre, ils portaient dans
vait y entrer, pour montrer que la puis- leur étendard l.i croix de l'ordre d'un côté,
s;ince divine précède la séculière, et que et de l'autre trois couronnes d'or, qui sont
les chevaliers se devaient plutôt mettre en les anciennes armes des fiolbs. Mais le té-
peine des clH>ses spirituelles que des tempo- moignage de ces auteurs n'empêche pas que
re'les. 11 devait entendre la messe , et à la je ne (Toic que <et ordre est supposé «t
communion le roi ou celui qui lenait sa qu'il n'a jamais sub-isté car sainte Birgitte ;
sant qu'il lui donnait celte cpée afin qu'il dès l'an luio ou 1 46, pour sr retirer à Rome
n'éparjinât pas sa vie pour la foi et pour où elle demeura toujours depuis ce temps-là.
^EJrli^e, pour détruire les ennemis de Dieu Elle ne pouvait pas avoir assigné de gros
et protéger ses .miis. En lui donnant le bou- revenus à cet ordre, puisque deux ans apiès
clier il devait lui dire que c'était pour se dé- la iiîorl de son mari, qui anivaen 1343 ou
fendre aussi contre les ennemis de Dieu, en 1344 au plus tard , elle fit le part ge de ses
pour donner secours aux veuves et aux or- bens entre ses enfants , disposa de tout ce
phelins, et jour augmenter l'honneur (t la qui la pouvait distraire du service de Dieu
gloire de Dieu ; et ci suite lui mettant la et que ponr se faire pauvre pour i'amour de
main sur le cou, il lui devait dire qu'il était Jésus-Christ, elle s'était mise dans la dépen-
soumis au joug de l'obéissance. On voit aussi dance tfune p rsonne à qui elle avait aban-
dans d'aiitre^ endroits des mêmes Révéla- donné le peu de bionqui lui était resté, comme
tions la formule des vœux et de ia profes- nous lisons dans la Vie de cette sainte. Elle
sion de ces chevaliers, qui «'ev-iil être con- n'avait point éjiousé un puissant prince de
nue en CCS termes Moi, infirwe{\) créature, Suède, comme M. Hermant ie veut persua-
qui ne souffre mes maux qu'avec jieine, qui der. S'il était prince de Néricie, il ne possé-
n'aime que ma propre voiovt'' , et dont la main dait point cette province en souveraineté, et
n'a point de rigueur lorsqu'il faut frapper, sainte Birgitie n'a jamais eu le litre de reine,
promets d'obéir à Dieu et à vous qui éfes mon comme Schonebeck l'a avaiicé. Enfin s'il était
supérieur, m'olligeant avec serment de dé- vrai que cet ordre prétendu eût été approuA é
fendre l'Eglise contre ses ennenis, d'rncon- pa Urbain V, ia bujle de la c nonisalion de
rager les amis de Dieu de faire du bien aux
, sainte Birgitte en aurait fait mention aussi ,
veuves et aux orphelins, ih' ne fardais ri n bien que de l'ordre du Sauveur, (jui fut ap-
faire contre l'Eglise catholique rt contre li prouvé par le même Urbain V, et dont il est
foi, el me soumets àrecevoir la orrection, s'il parlé dans cette bulle, comme ayant éé
arrive que je ommctte quelque faute, afin que institué par celle princesse.
l'obéissance à laquelle je stm lié me fasse évi- Ce sont donc apparemment les révélations
ter le péché et renoncer à ma propre vdonté de sainte Birgitte, où il est parlé de cheva-
et que j^ puisse avec plus de ferveur ne m'at- liers, des qualités qu'ils doivent avoir, des
tacher qu'à relie de Dieu et à la vôtre. cérémonies qui doivent s'observer à leur
C'est apparemmen ce qui a donné lieu à réception, el de la manière qu'ils doivent
quelques-uns de croire que sainte Birgilte prononcer leurs vœux qui auront sans ,
avait institué nn ordre mi'ilrire pour résis- doute fait croire que celte sainte parlait
ter aux incursions des Barbares, et s'oppo- d'un «irdre n.iliiaire qu'elie avait institué.
ser aux hérétiques, et (jue les autres occu- Mais celle sainte n'a point institué d'ordre
pations des chevaliers de cet ordre étaient militaire; ce qu'on lit dans ses révélations
d'ensevelir les morts, protéger les veuves, louch ;nt les chevaliers ne regardait que
assister les orphelins, el avoir soin des ma- l'ordre de elicvalerie en général el les cé- ,
lades dans les hôpitaux. M. Hermant (2) dit rémonies qui y sont marquées étaient à peu
que ce fut vers l'an 136G, que cette prin- près les mêmes qui se pratiquaient dans plu-
cesse institua cet ordre, qu'il possédait tie sieurs provinces à la réception des cheva-
grandes richesses et de belles commande- liers, qui avaient aussi presque partout les
ries en ^Suèdc% et que le pape Urbain V mêmes obligations.
l'approuva sous la règle de saint Augustin, Nous pourrions en rapporter plusieurs
£t des statuts qui avaient beaucoup de rap- exemples; mais nous nous contenterons de
port à ceux des chevaliers de Malle que ce celui de (iuillaume, comte de Hollande, qui,
;
puissant boulevard de la reliiiion en Suède avant que d'être courouné empereur à Aix-
tomba bientôt après la mort de c; l e prin- la-Cbapelie fut fait chevalier à Cologne,
,
cesse, et que la marque qui distinguait c \s l'an 1-248, parce qu'il n'était encore qu'é-
chevaliers des autres, était une croix émail- cujer, (t que les lois de l'empire portaient
lée d'azur à huit pointes, peu dilTérente de que l'empereur ne devait point être cou-
celle des chevaliers de Malte , sinon qu'au ronné qu'il ne fût chevalier. C'est pourquoi
bas de la croix pendait une langue de feu , le roi de Bohême le fit chevalier; et voici les
M) Lib. n, cap. 7, «t^ib. vni, cap. 32. (3) Schoonebeeck, Hist. détord, milii., iom. II.
ne les fassiez pas sans savoir à quoi vous baudrier qu'on lui attachait sur l'épaule, et
vous obligez , écoutez les règles de chevale- de cette sorte il était fait chevalier. Mais la
rie. Il faudra entendre tous les jours la sainte pratique la plus ordinaire de faire des che-
messe, exposer votre vie pour la défense de la valiers était de les créer sur le champ de
foi catholique, garantir du pillage l'Eglise et bataille après quelques exploits signalés, en
ses ministres, protéger les veuves et les orphe- leur ceignant l'épée, leur mettant des épe-
lins , éviter les guerres injustes^ accepter les rons dorés et leur donnant l'accolade. Les
duels pour délivrer l'innocent, ne point alié- rois mêmes se faisaient créer chevaliers par
ner les biens de l'empire, et vivre devant Dieu leurs propres sujets, comme fit François l**"
et devant les hommes sans aucun reproche. après la batiiille de Marignan, en 1515, qui
Ce sont là les règles de chevalerie, et si vous voulut être fait chevalier par Pierre Bayard,
les observez fidèlement, sachez que vous ac- gentilhomme de Dauphiné, que sa vertu fit
querrez beaucoup d'honneur en cette vie, et surnommer le Chevalier sans reproche, ce
que vous jouirez après votre mort de l'étrrnité qu'ont fait aussi plusieurs de nos rois le jour
bienheureuse. Après cela le cardinal prit les de leur couronnement et lorsque l'empe-
;
mains du comte de Hollande, et les ayant reur Sigismond vint en France, l'an 1416,
serrées dans le Missel où l'on venait de lire sous le règne de Charles Vï (3), qui lui permit
l'Evangile, il lui demanda s'il voulait rece- de prendre séance au parlement de Paris, ce
voir l'ordre de chevalerie au nom du Sei- prince y entendit plaider une cause pour la
gneur, et faire profession de cet ordre con- possession de la sénéchaussée de Beaucaire
formément à la règle qu'il venait de lui ex- ou de Carcassonne, qui était contestée entre
pliquer. Le comte ayant répondu qu'il le les nommés de Poslellan et de Signet. Gomme
voulait recevoir, lui donna sa profession le premier reprochait à Signet qu'il ne la
par écrit qu'il prononça en ces termes
,
: pouvait pas posséder à cause qu'il n'était
Moi, Guillaume de Hollande, prince de la pas chevalier , l'empereur fit approcher
milice, vissai du saint-empire et étant libre, Signet, et prenant l'épée d'un de ses gentils-
fais serment de garder la règle de chevale- hommes, il la lui donna, lui fit chausser les
rie en présence de monseigneur Pierre, cardi- éperons dorés, et de cette sorte le fil che-
nal diacre , du titre de Saint-Georges au valier, en disant à sa partie que la raison
Voile d'or et légat du saint-siége, par ces qu'il alléguait ne subsistait plus, puisqu'il
saints Evangiles que je touche avec la main. l'avait fait chevalier.
Le roi de Bohême lui donna ensuite un
grand coup sur le cou, en lui disant Sou- :
BIBGITTE (Religieuses de Sainte-).
venez-vous en l'honneur de Dieu tout-puis-
Des religieuses de Vordre de Sainte-Birgitte^
vierge, avec la Vie de cette sainte fondatrice.
sant, que je vous fais chevalier et vous reçois
avec joie dans notre société, et souvenez-vous Je mets au rang des chanoinesses régu-
aussi que Jésus-Christ a reçu un soufflet, lières les religieuses de l'ordre de Sainie-
qu'on s'est moqué de lui devant le pontife Birgilte [k] que les chanoines réguliers ré-
Anne qu'il a été revêtu d'une robe, qu'il a
, clament comme leur devant appartenir
souffert des railleries devant le roi Hérode, d'autant plus que les auteurs (5) de l'Histoire
et qu'il a été exposé tout nu et attaché à une monastique d'Angleterre ont confondu en-
(1) Joann. Reka, Chron. VUrajecl., p. 77. Le Cnr- sous Charles Vi,Meun., Equest. ord. symbol. Pierre
pentier, Uist. de CambTay, t. 1, part. 3. Meiiiieii., de S. Roiiiuald, Hist. ciironoloa., t. III.
Equest. ord. symbol., p. 8.
(2) Meiin., Equest. ord symbol., p. H.
m Yoy.,ix la fin du vol., ir 115.
(5) Penot, Hi»\. trip. canonic. ieg„ I. m, c. 49.
(5) Cfironiq. de Monttrelel, Diiliaillanl et Meseray,
505 BIR BLA 506
semble les monastères do ces deux ordres, nombre d'autres saintes filles qui demandè-
ce qui fait qu'on ne peut savoir véritable- rent à vivre sous sa conduite. C'est ce qui
ment quels étaient ceux qui appartenaient à l'obligea de fonder plusieurs monastères en
celui de Saiiite-Birgitle, lorsque le change- différentes provinces de l'Irlande. Le plus con-
ment de religion s'est fait dans les trois sidérable, et celui où elle résidait ordinaire-
royaumes de la Grande-Bretagne. M. AUe- ment, était à Kildar, éloigné de Dublin de
man, dansson Histoire monaslique d'Irlande, sept ou huit lieues, dans la province de La-
avoue qu'il a été très-puissant dans cette génie, aujourd'hui Leinster. La réputation
île mais que quelque recherche qu'il ait
;
de sa sainteté et de ses miracles rendit
faite, il n'a pu en découvrir que deux sa- ,
ce lieu si célèbre et si fréquenté, que le
voir un à Kildar, qui était l'abbaye chef de grand nombre des édifices qu'on bâtit de son
cet ordre ;l'autre à Armag en Ullonie, qui vivant même autour du monastère y forma
était une autre abbaye qu'on nommait le une ville qui devint assez considérable dans
temple de Sainte-Birgilte. Il dit aussi que la suite pour y faire transférer le siège mé-
lorsque la reine Marie fut élevée sur le trône tropolitain de la province.
d'Angleterre, et qu'elle voulut rétablir la L'inspection qu'elle fut obligée d'avoir sur
religion catholique dans ses royaumes et toutes les maisons religieuses qui la regar-
restituer aux religieux les monastères qui daient comme leur institutrice et leur mère
leur avaient élé enlevés, un de ses premiers lui fit faire de fréquents voyages qui occu-
soins fut de faire rebâtir, en 1556, celui des pèrent une grande partie de sa vie et qui fu-
filles de Sion, proche de Brainforti, de l'or- rent toujouis dune si grande ulililé, qu'on
dre de Sainte-Birgitte, Tune des premières peut dire qu'elle ne cessa point jusqu'à la
communautés que Henri VIII avait suppri- fin de ses jours de fonder toujours quelque
mées. Mais ces religieuses étaient de Tordre nouveau monastère par la piété des person-
fondé par sainteBirgitte, princesse de Suède, nes de qualité qui lui donnaient des fonds ;
et non pas par notre sainte Birgilte, vierge de sorte que l'Irlande se vit peuplée en peu
d'Irlande. de temps de religieuses de Sainte-Birgilte.
Celte sainte qui a été un des plus grands Elle avait un grand détachement de toutes
ornements de ce royaume, et qui par la mul- les créatures, et beaucoup de charité pour
titude de ses miracles fut surnommée thau- les pauvres. Ces deux vertus semblent avoir
maturge, naquit vers le milieu du cinquiè- été éminenles en elles et comme son ca-
me siècle, dans le village de Fochart, au ractère. Elle mourut sur la fin du cinquième
diocèse d'Armag, siège de la primatie d'Ir- siècle ou au commencement du sixième, les
lande dans les siècles postérieurs. Elle fut historiens étant partagés sur l'année de son
le fruit d'un adultère que son père Dublach décès, quelques-uns même le mettant dans
commit avec une esclave qu'il fut contraint le septième.
de chasser de sa maison pour complaire à Son corps fut enterré à Kildar, où les re-
sa légitime épouse, avant qu'elle eût mis au ligieuses, pour honorer plus particulière-
monde notre sainte, qui fut confiée à une ment sa mémoire, inventèrent un feu sacré
femme chrétienne qui eut soin de l'élever et perpétuel, appelé feu de sainte Biri-itte,
peu à peu dans la crainte de Dieu et l'amour qui fît donner au monastère le nom de la
de la virginité. Maison du feu. Elles l'y entretinrent par la
Son père, qui était un des principaux sei- tolérance des évèqucs jusqu'en 1220 que
gneurs du pays, voyant qu'elle avançait en Henri Loundres, archevêque de Dublin, le
fit éteindre pour ôter tout lieu à la supersti-
âge, la fit venir chez lui et la mit au nombre
de ses autres enfants jqu'il avait eus do sa tion. Son corps fut transféré de ce monas-
femme. Elle ne se servit de cet avantage que tère dans la ville de Doun, au pays d'Ultonie,
pour s'affermir dans la résolution qu'elle où on avait perdu le souvenir de cette sainte
avait prise de consacrer sa virginité à Dieu. lorsqu'on retrouva ce précieux corps en
Un jeune homme étant venu ensuite la de- 1185, avec celui de saint Patrice et de saint
mander en mariage, elle priaNotre-Seigneur Colomb.
de la rendre si difforme, qu'on ne songeât L'on prétend que l'habillement des reli-
plus à elle. Sa prière lut exaucée, et un gieuses de cet ordre consistait en une robe
mal qui lui vint à l'œil et qui l'obscurcit en- blanche et un manteau noir, et qu'elles
tièrement, la délivra des poursuites du jeune avaient un voile noir pour couvrir leur tête.
homme qui la recherchait en mariage ce :
Un elTet tous les historiens disent que sainte
qui obligea son père de lui permettre qu elle Birgitte reçut le voile des mains de saint
se fît religieuse. 1 rois autres filles du pays Nel, et qu'il lui donna un habit blanc.
se joignirent à elle dans le dessein de se Voyn Colgan, Vit. SS. Hiberniœ, i Febr.
donner aussi à Dieu par les mêmes voies et ;
Baillet et Giry, Vies des SS. Buleau, Hist.
ayant dit adieu à leurs parents, elles allèrent de l'ordre de Saint-BenoU, tom. I, pag. 82. ^
près dans le même tomps quecplui des Tem- demeure, et ils en obtinrent le consentement
pliers fn! établi à Jérusalem. Les rois d'Ar- der»egnauddeCorbei1évéque de Paris, comme
aussi du curé de Sainl-Jean-en-Grève, et de
ménie, qu'on prétend en avoir été les institu-
Boberl abbé du Bec-Helloin, parce que cette
teurs, lui donnèrent le nom de saint Biaise,
maison était de la paroisse de Saint-Jean.,
qui avait été évéque de Séba<te en Arménie,
patron du et à la collation de l'abb;' du Bec.
y avait sopfforl le martyre et él'it
Comme ce nouvel ordre fut l'un de ceux
royaume. y avait dans cet ordre des che-
Il
qui avalent été abolis au conc'le de Lyon
valiers erelé-iastiques et des laïques. LVm-
sous le p 'pe Orégoire X, l'an 127i, le pape
ploi de ces derniers était de s'oppo«er par la
Boniface VIII, l'an 1298, et le roi Philii'pe
forée des armes aux hét éliquos qui publiaient
le Bel l'année suivante, donné ent ce monas-
leurs pernicieux dojjoies dans l'Arméni"; et
lesecdésiasiiques étaient destinés pour faire
tère aux Ermites de Sa nl-GuiMaume qui de-
meuraient pour lors à Monirou-ie |irès Pa-
le service divin et prêcher l'Evano^ile, afin
ris; et les religieux Blancs-Manteaux furent
d" niainten-r les peuples dan^ la foi et dans
oMigés d'embrasser l'insiilul de Saini-Guil-
les pratiques de la relicion catholique Ces
lauiue ou de céder aux religieux de cet
ecclésiastiques étaient devérit iblesreli^ieux,
,
bits et des manteaux blancs. On ne sali point tione divina episcopus Xassovieusis Par.resi-
quel a été le fondateur de -et ordre qui a di'iis in domo religiosorum sancti Guillrlmi
pris son origrne à Marseille l'an 1237. La de diseriis, alias de albis man'ellis. Dans la
première demeure de ces religieux, fut au bulle de Bo iface VllI, ces Serfs de la sainte
faubourg d'Arennes ayant obtenu une an-
,
Vierge sont nommés, les frères de Notre-
cienne chapelle sous le titre de Notre-Dame Dame de Mont'-Verd.
d'Arennes. auprès de laquelle ils fireut bâtir Du Brs uil, Antiquités de. Paris, pag. 895 et
un monastère. Le pape Alexandre IV, à la cellesde Malingre, png. 623;Joann. Baptista
prière du prieur et des religieux de ce mo- Guesnay, Annal, pr ovine. Mussil. et Châte-
nastère, confirma leur ordre par une bulle lain, Martyrologe rom. tom. ï, p. 602.
du 26 septembre de la même année, et les
BON-PASTEUR (Filles du).
adressa à l'évêque de Marseille Benoît, afin
qu'il leur donnât une règle. Ce prélat leur Des ftlles du Bon-Pasteur avec la Vie de
presrrivit celle de saint Augustin qu'ils madame de Covibé , leur fondatrice.
suivaient, et le pape Clémeîit IV confirma Madame de Combé, fondatrice des filles du
encore leur ordre l'an 1266. Bon-Pasteui était fille de Jean de Cyz fils
, ,
une église et des bâtiments propres pour leur tanl marié il eut six enfants, du nombre des-
(1) Voy , à la tin du vol., n* 116. (2) Voy., à la fin d^ yol., |i<> li7
509 BON BON 810
quels fut madame de Combé qui naquit en du se sentant un jour sollicitée par
ciel,
1656, et reçut sur les fonts de baptême le celte même grâce à sortir du fmu'ste état où
nom de Marie. Celle enfant qui quoique ,
elle s'était malhenreusemenl engagée , elle
élevée dans l'iiérésie, éîail choisie de Dieu s'écria « (Jue voulez-vous, Seignt ur ?
: von»
pour l'exécution d'un nouveau des ein de sa savez que je n'ai pas assez d'esprit pour faine
miséricorde pour le âmes éi;iiré<*s de 'a voie Je discernement de la véritable religion. Si
du s.ilut, fit par iJlre tant d'inclination pour je m'adresse à un calviniste il me dit qu'il
,
la relijjion calholinue à mesure que la rai- enseigne \otre doc rine dans sa pure é. Le
son se développait en elle, que cela fx-ita un luthérien me v< ut entraîner dans son parli;
bon prêire caché à Leyde pour y sout<nir les le catholique me soutient qu'il n'y a point
Odè es nui, dans le hangemont de religion,
i
de sslul pour moi hors l'Eglise romaine. Ah 1
, élaicnl demeurés formes dans la foi citho- je ne veux pas me damner; mais que puis-je
lique, à chert her les moyens de l'instruire faire dans celte incertitude, sinon de m'a-
des vérités de noire sainte foi et de la pré- dresser à vous? Eclairez-moi, conduisez-
venir contre les faussetés de l'erreur et du moi, vous êies mon Dieu. » Sentant augmen-
mensonge, en quoi il réussit si bien qu'il ter son agitation el son trouble, elle se jeta
jela dans son cfcur u ir divine semence qui a au pied do son lii, fondant en lai mes et là ;
donné son fruit ilans son temps. Avec la foi, redoublant sa prière, elle disait a\ec la naï-
las vertus croissaient en l'âme de la jeune vefé d'un enfant car c'était son caractère):
(
Marie, principaienieut s n a-uour pour Dieu « Quoi 1 vous ne me parlerez pas. mon Dieu ?
et sa ( harilé pour le procliain : heureuse si il y a si longtemps que je crie et vous ne
elle persévéré dans de si bcsux com-
eût faites pas semblant de m'enlendro? Je veux
menceuients ; mais l'ennemi du genre hu- me sauver, et vous ne le voulez pas ? Je vous
main qui en craignait l< s suites, les troub'a cherche, ce me semble de si bon cœur, et
par le moyen de ses parenis, qui, irr lés de vous ne voulez point de moi ? Alonlrez-moi
ce qu'elle no laissait échapper aucune oc- votre voie, faites-mui connaître la véritable
casion de prendre le parti de l'Eglise ro- religion, mon Seigneur et mou Dieu je vous ;
maine contre les héréliiiues n'oublièren' , rends responsable de mon salut. » Après
rien pour lui faire sentir les effets- de leur avoir passé une partie de la nuil à prier et à
ressenliment ce qui eut un effet si funesie
: pleurer, épuisée et accablée de tristesse, elle
sur son cœur, qu'elle négligea peu à peu ses se jeta sur son lii tout habillée et s'en-
exercices de piété, et sacrifia à son lepos, dormit.
par un amour -propre trop ordinaire aux Soit que son imagination encore échauffée
personnes de son sexe, les vérités que Dieu retraçât les méiues idées que venaient de faire
lui avait fait connaître ; mais aigrie plutôt en elle de si vives impressions, ou que ce
que gagnée par leur conduite à sou égard, fût un de ces songes que Dieu envoie, selon
elle passa en Angleterre où elle demeura le prophète Joël, aux enfants de la nouvelle
trois ans chez une dame amie de sa famille. alliance, madame de Combé demandant à
Ses parents la rappelèrent à l'âge de dix- Dieu avec de nouvelles instances, tout en-
neuf ans pour la marier à un genlilliomme dormie qu'elle était, qu'il ne la laissât pas
nommé de Combé. dm t les richesses étaient dans le sommeil de la mori, elle s'éveilli n <
assez grandes pour faire le bonheur de leur sursaut, entendant ou croyant entendre une
fille, si iJieu , qui est admirable dans ses voix qui lui disai :Levez-vous et allez à la
saînls, n'en eût disposé autrement, en se fenêtre, vous y connaîtrez la véritable reli-
servant de son humeur violente et déré- gion. Frappée de celle vois, elle y (ourUl
glée, pour punir l'infidélilé de celle dont il aussitôt, et vit passer un prêtre qui poitait
ne voulait pas la mort, mais la conversion le saint nalique : alors se prosternant en
et la vie. Comme elle n'avait pas une pa- terre, et adorant le tns-sainlsacrem ni, elle
tience 5 toute épro;!ve, au bout de dix-hi il s'é< ria « Je vous connais, ô mon Dieu
: me 1
mois elle demania sa séparation , et l'oblint. voici calh iii(]ue ; soyez; béni à jamais , je ne
Son mari étant mort six mois après, un an- veux plus servir que vous seul . ^>
tre gentilhomme, considérable par ses biens Son beau-frère ne fui pas longtemps sans
et par son crédii,; harmé de sa grande beauté, s'apercevoir qu'elle était (onvertie parce ;
qui était soutenue d'un esprit solide, d'un» que craignant que Jésrs-Christ ne la renon-
humeur douce, el e manières insinuarit s, çât devant son Père, si elle rougissait de lui
la rechercha en mariage mais ce qu'elle ;
devant les hommes, elle ne s'en fit point un
avait souffert avec son mari l'i n dégoûta i mystère. Le faux zèle du calviniste, joint à
fort qu'elle y ren-Miça pour toujours.
,
un esprit dur, haul.;in el emporté, fil entrer
Quelque temps après sa saMiret son beau- ce gentilhomme dans un tel excès de colère,
frère la nien(èrent eu France, où ses premiers qu'il la menaça de la perte de ses biens
senlimenls de religion se renouvelèrent el ,
qu'elle avait eii Hollande, et la chargea d'in-
lui donnèrent de grands remords de cons- jures et de reproches outrageants. Ces mau-
cience ; mais la commodité de celle qu'elle vais traitements ne servirent qu'à alfermir
avait embrassée par les mauvais traitcmenls et purifier la foi de la nouvelle catholique ,
de ses parenis , et les compagnies mondai- q' i, quoique d'une humeur doue t patiente,
(
çue, rempéchèrent de song4T sérieusement cà lence qu'elle se fit pour ne rien répondre à
sa conversion jusqu'à ce qu'enfin après
,
des invectives qu'elle avait si peu méritées
avoir négligé pendant deux ans les grâces Cette maladie, qui d'abord n'était pas fort
Ml DICTIONNAIRE DES ORDRES RELIGIEUX. 512
considérable, ne laissa pas de la réduire à de souffrir dos injures et des mépris pour la
l'extrémité par la malice ou l'iumoranco de
,
gloire de Jésus-Christ, qu'elle préférait à
ceux qui lui donnèrent une médecine dont ,
toutes les consolations et vanités du monde.
l'effet fut si violent, qu'elle perdit ses dents, C'est pourquoi afin de l'imiter plus parfaite-
et que son tempérament en fut altéré le ment, elle vendit ses habits de soie pour en
reste de ses jours. distribuer le prix aux pauvres, et se fit un
L'état funeste oiî elle se vit réduite iHi fai- habit de bure, si singulier, qu'il lui attira le«
sant craindre que sa mort ne prévînt sa ré- risées de plusieurs personnes et l'indigna-
conciliation avec l'Eglise, elle envoya sa tion de son confesseur, qui, ayant fait son
femme de chambre qui était catholique) à
(
possible pour l'empêcher de prendre un ha-
Saint-Sulpice, afin qu'on lui envoyât un prê- bit si pénitent, et voyant que nonobstant ises
'
l'ayant obtenu par autorité de la justice, qui que scrupule que ce ne fût plutôt un effet de -
lui fit ouvrir la porto de la maison de son son amour-propre qui l'eût portée à cela,
beau-frère, qui était fermée aux catholiques, que de la volonté de Dieu, qui se déclarait
il reçut son abjuration, et lui administra les par la bouche de son confesseur , elle se mit
sacrements de la pénitence, de l'eucharistie d'une manière qui n'ayant plus rien de sin-
et de l'extrome-onclion. Elle les reçut avec gulier conservait la pauvreté et la modestie.
tous les sentiments d'une véritable conver- Elle se retira ensuite dans la rue du Pot-de-
sion à Dieu, qu'elle commença dès lors à re- Fer, où elle loua une petite chambre, dont
garder comme son seul et unique bien et elle se fit un oratoire. Elle n'en sortait que
comme son partage, prévoyant bien que s'il le matin pour aller à la messe, après la-
lui renvoyait la santé, elle n'avait rien à es- quelle elle se renfermait pour vaquer le reste
pérer de ses parents en quoi elle ne se trom-
;
de la journée à ses exercices de piété.
pait pas car irrités plus que jamais de l'ac-
: L'oraison , la récitation de l'office de la
tion qu'elle venait de faire, ils n'oublièrent sainle Vierge, le chant des cantiques de l'E-
rien pour s'en vengtn', en lui ôtant la garde glise et le travail des mains
, l'occupaient ,
tueuses, se chargea de son instruction et de une paillasse pi(juée , avec une simple cou-
sa subsistance, obtint pour elle deux cenîs verture, la charité lui ayant ôté son matelas
livres de pension sur l'économat de l'alibaye pour le donner aux pauvres. La haire, le ci-
de Saint-Germain-des-Prés et se chargea
, liéeles disciplines étaient pour elle d'un
,
du ce qu'il fallait de plus pour son honnête usage fréquent et tous les vendredis elle
;
témoigné un grand désir pour la retraite, on esprit les douleurs de la passion de Jésus-
la mena à la campagne dans un couvent, Christ par celles que lui causait cet instru-
dont supérieure éclairée et pleine de cha-
la ment.
rité servit infiniment à la confirmer dans la La vie que menait madame de Combé ,
foi et dans la pratique des bonnes œuvres : ayant donné une grande idée de sa vertu et
elle revint ensuite à Paris où elle voulut
, de sa sainteté au maître de la maison, dont
demeurer dans la même paroisse où elle elle occupait une chambre cet homme la
,
avait reçu tant de grâces. Le prêtre du quar- vint prier un jour de parler à sa femme, qui
tier l'étant allé voir à la prière d'une pieuse n'était nullement dévote et était fort atta-
,
demoiselle qui la logeait, fut surpris du fonds chée à la terre, la suppliant de la recomman-
de religion qu'il trouva dans cette néophyte, der à Dieu , et de l'exhorter à la piété et à
qui de son côté fut si édifiée de la sage coii- l'amour d s biens célestes ce que cette-
:
duite de cet ecclésiasiique, qu'elle le prit sainte femme entreprit avec tant de zèle , et
ensuite pour son directeur. Le désir qu'elle exécuta si heureusement que cette femme ,
,
avait de s'avancer dans le chemin de la per- toute mondaine, changea de vie et mourut
fection lui fit prendre la résolution de s'as- peu de temps après, avec toutes les marques
socier avec une pauvre fille qui passait pour d'une âme prédestinée Dieu, voulant par
:
qu'elle supporta avec une patience héroïque, dans sa chambre où elle demeura pour la
,
se trouvant trop heureuse d'être estimée digne ^^ regarder avec plus d'attention , jusqu'à ce
5i: BON BON Sl^
qu'ayant été interrogée sur ce qu'elle dési- pénitence en ayant été avertie, alla coucher
rait, elle se mit à pleurer de joie fit la ré- , chez une de ses amies , dans le quartier de
vérence et se relira. Madame de Combé , cette pauvre malheureuse, qu'elle alla trou-
surprise d'une action qui lui paraissait tout ver de grand matin , et elle la persuada si
cxiraordinaire, la suivit aussi à son tour, et bien de la nécessité de la pénitence qu'elle ,
l'ayant pressée de parler, elle lui raconta abandonna tout et la suivit sans différer da-
avec simplicité ce qu'elle croyait que Dieu vantage l'heureux moment de sa conv^er-
lui avait fait connaître. «Un joir, que j'étais sion.
en oraison, lui dit-elle, il me sembla que je Le nombre de ces nouvelles disciples de
voyais Notre-Seigneur Jésus-Christ qui for- la pénitence augmentait si considérablement
mait un nouveau monde, où la justice allait tous les jours , qu'il aurait été impossible ,
habiter. Une troupe de filles pénitentes qui , sans un miracle, qu'une étrangère dénuéede
sortaient de différents endroits , venaient à biens , comme élait madame de Combé , les
lui et se prosternaient à ses pieds. La pre- eût pu entretenir de tous les besoins de la
mière qui se présenta, c'était vous, madame: vie mais sa confiance en Dieu lui tenant
;
vous présentiez toutes les autres à Jésus- lieu de renies et de possessions, elle n'en re»
Christ. Oui, c'est vous-même, je vous recon- fusait aucune, ce qui lui mérita des secours
nais parfaitement. Vous me voyez demi- encore plus extraordinaires que ceux qu'elle
morte de vieillesse et d'infirmités, je suis sur avait reçus jusqu'alors. Car,comme elle n'a-
le point de comjjaraître au tribunal de mon vait plus de place pour les pauvres filles qui
Dieu et je le prends à témoin que je dis
, s'adressaient à elle , une dame la vint voir
vrai. » et s'engagea à fournir deux cents livres par
Madame de Combé encore plus surprise
, an pour louer une maison un peu plus
de ce quelle entendait, alla aussitôt exposer grande qu'elle trouva dans la rue du Cher-
le fait à son confesseur qui pour éviter , che-Midi , où furent jetés les fondements de
toute illusion voulut voir lui-même la per-
, la communauté du Bon-Pasteur dont les ,
sonne, afin d'examiner son esprit et s'infor- filles gagnaient leur vie du travail de leurs
mer de sa conduite, il la chercha et la mains qui ne suffisant pas quelquefois ,
, ,
trouva enfin dans une petite salle basse où obligeait madame de Combé à aller de porte
elle se tenait presque toujours enfermée et en porte demander de quoi les faire subsis-
cachée aux yeux des hommes n'y ayant , ter. Mais un jour que tout lui manquait,
qu'une dame pieuse et son directeur qui sus- voyant fort bien qu'il n'y avait que Dieu
sent le lieu de sa reiraite. Le confesseur de seul qui pût lui donner ce qui lui était né-
madame de Combé l'ayant priée de lui ré- cessaire , elle courut à Saint-Sulpice, où ,
péter ce qu'elle avait dit à celle dame elle , prosternée au pied de l'autel et priant le
le fit d'une manière simple et louchante, lui Si;igneur de ne point abandonner son trou-
marquant plusieurs pariicularités de la mai- peau un homme inconnu lui mit en main
,
reçut avec toute la charité que méritait une à Dieu, qui récompensa cette nouvelle con-
disposition si avantageuse la mena à M. de
, fiance par un songe dans lequel il lui sem-
la Barmondière curé de cette paroisse
, qui ,
blait qu'elle exposait au roi le malheureux
la mit à l'instant sous la direction du confes- état de ses filles, et que ce prince en était si
seur de madame de Combé que ce sage ec-
, louche, qu'il lui promettait une maison et sa
clésiaslique chargea de celte nouvelle péni- protection, et que prenant ensuite à pleines
tente qu'elle reçut avec joie dans sa retraite, mains de l'or et de l'argent il le jetait dans ,
tite communauté de filles qui, renonçant aux jour qu'elle racontait ce songe à son confes-
faux plaisirs du siècle dont elles avaient
, seur, comme une chose fort consolante pour
suivi les maximes se retirèrent auprès
, elle un commissaire entra chez elle et lui
,
d'elle pour embrasser, sous sa conduite, une dit qu'il venait de la part du roi et du lieu-
vie pénitente et mortifiée à laquelle celte
, tenant-général de police la mettre en pos-
sainte femme tâchait d'engager toutes celles session d'une maison appartenant à un
dont on lui donnait connaissance ce qui : calviniste , qui avait quitté le royaume et
'ui réussit principalement à l'égard d'une s'était réfugie à Genève. C'était le 15 mars
jeune fille qui, ayant quelque dessein de se iOc8. Cette maison, qui avait été abandon-
retirer du désordre y trouvait toujours des née était en si mauvais état qu'on estima
, ,
obslacles qui lui paraissaient insurmonta- que les réparations monteraient à plus de
bles. Car cette nouvelle propagalrice de la deux mille livres. Cependant, quoique ma-
, ,
qu'en l'an 1626, qu'ayant embrassé la Iroi- discipline toutes les semaines , mangent à
sième règle de saint François, ils prirent un terre les veilles des fêtes de Noël, de la Pen-
habit régulier consistant en une robe ou tu- tecôte, de l'Assomption de Notre-Dame, et
nique de drap gris, liée d'une grosse corde tous les vendredis de mars, après avoir en-
blanche, avec un manteau de la môme cou- core pris la discipline ces jours là. Tous les
leur que l'habit. Ils se mirent sous la direc- jours ils se lèvent à quatre heures et réci-
tion du provincial des Uécollets de la pro- tent en commun l'olfice de la Vierge. Ils
vince de Saint-André et du directeur du tiers travaillent depuis la messe jusqu'au dîner;
ordre du couvent d'Arras, et ils furent ainsi et depuis midi jusqu'à deux heures, qu'il?
soumis aux Récollets jusqu'en l'an 1670 disent vêpres et compiles , après lesquelles ils
que voyant qu'ils les abandonnaient, ne fai- se remettent au travail jusqu'à cinq heures,
sant plus de visites chez eux et ne les assis- qu'ils vont au réfectoire; depuis six heures
tant plus de leurs conseils, ils soumirent ils travaillent encore jusqu'à huit ,
qu'ils
leur congrégation aux évoques des lieux où font la prière du soir en commun, et se reti-
étaient situées leurs maisons. Elle n'était rent ensuite dans leurs cellules. Dans quel-
pour lors composée que de deux, qui étaient ques-unes de leurs maisons, ils tiennent des
celle d'Armenlières, dans le diocèse d'Arras, écoles pour enseigner à lire et à écrire aux
et celle de Lille, dans le diocèse de Tournay, enfants; ils prennent des pensionnaires, sa-
qui avait été commencée l'an 166i, et les voir des jeunes gens que l'on met chez eux
:
évêques de ces deux diocèses approuvèrent en correction , et d'autres qui ont perdu
leurs constitutions. Cette congrégation fut l'esprit ; et leurs autres maisons servent
augmentée, l'an 1679, par un autre établis- d'hôpitaux. Ils vont aussi dans les maisons
sement qu'ils firent à Saint-Venant, au dio- des séculiers où ils sont appelés pour avoir
cèse de Saint-Oiner, dont l'évéque approuva soin des malades. Voici la formule de leurs
aussi leurs constitutions. Le roi de France, vœux :
Bergue et Ypres. Ainsi leur congrégation saints apôtres, de notre Père saint François^
est composée présentement de sept maisons de saint Louis, patron du tiers ordre, de tous
et hôpitaux, ou plutôt de sept familles, selon les saints et saintes du paradis, moi N., de
leur manière de parler. ma pure et franche volonté, fais vœu d'obéis-
Tous les trois ans ils tiennent un chapitre sance, pauvreté et chasteté à vous mon père,
en l'une de ces familles, à l'alternative. Lors- et d'obéir au saint-père le pape de Rome et à
que le temps du chapitre approche, ils s'adres- SCS successeurs canoniquemeut élus, et au su-
sent à l'évéque dans le diocèse duquel est si- périeur de cette congrégation pour toute ma
tuée la maison où se doit tenir le chapitre , vie, sans pouvoir quitter ou me retirer de la-
afin qu'il nomme une personne pour y pré- dite congrégation sans permission du révéren-
sider en son nom, ce qui tombe ordinaire- dissime évêque du lieu oii je demeurerai^ ou
ment sur un de ses grands vicaires ou le de ses vicaires généraux.
doyen de la chrétienté, que nous appelons Mémoires envoyés par les Bons-Fieux de
en ces quartiers doyen rural. Dans ce cha- Lille en Flandre, et les constitutions de cette
pitre, ils élisent les supérieurs de chaque congrégation, imprimées en 1698.
îamille, les vicaires et conseillers : chaque
famille a un supérieur, un vicaire ei trois
BOURBOURG (Bénédictines de).
conseillers. Le supérieur est maître dans sa Des religieuses Bénédictines de Bourbourg
famille pendant trois ans, et chaque famille Ëslrun, Messine et autres monastères
a aussi un directeur ecclésiastique de la part nobles de cet ordre, en Flandre et en
de l'évéque, pour y faire la visite, auquel on Italie.
a recours lorsqu'il arrive quelques difficul- Nous avons déjà parlé de plusieurs mo-
tés. Dans les chapitres triennaux et dans .«dslères d'hommes de l'ordre deSaint-Benoît,
une congrégation qui se tient tous les ans, où l'on ne reçoit que des personnes nobles;
on rend les comptes de chaque famille, des ily en a eu aussi plusieurs de filles, tant en
mises, achats et acquisitions. Le tout est en Allemagne et en Lorraine qu'en France, en
commun, et les familles se soulagent les Italie et en Flandre. La plupart de ces sortes
unes les autres, car il y a beaucoup d'union de Bénédictines nobles d'Allemagne ei de
,
entre elles. Ces Bons-Fieux ont rarement Lorraine ont renoncé à la règle de Saint
,
recours aux supérieurs majeurs, chaque su- Benoît, et , ne voulant plus s'assujettir à des
périeur tâchant de gouverner sa famille en vœux solennels, vivent en chanuinesses sé-
paix et avec toute la charité possible. Le culières, avec la liberté de pouvoir se ma-
peuple a toujours appelé ces Uertiaires rier : telles sont les abbayes d'Obermunster
Bons-Fieux ou Bons-Fils. et Nidermunster à Ralisbonne, de Sainte-
Ils suivent la règle de Léon X, excepté Marie du Capitule à Cologne , et plusieurs
qu'ils commencent leur Avent à la Tous- autres en Allemagne, de Remiremont, Pous-
saint, quoique par cette règle les tiertiaires say , Bouxières et Epinal en Lorraine , de
de Saint -François ne doivent commencer Maubeuge, Nivelle, Denain et quelques au-
leur Avent qu'à la fête de saint Martin. Ils tres en Flandre , sans parler de celles qui
ne portent point de linge, couchent tout vê- ont embrassé l'hérésie de Luther et de Calvin
tus sur des paillasses, prennent trois fois la en Allemagne. Il est néanmoins resté quel-
821 BOD BOO 5-2?
L'abbaye de Bourbourg, en Flandre, au- selles vont au chapitre doù l'abbesse dé-
,
trefois du diocèse de Térouane et à présent , pute deux dem iselles vers la postulante
de celui de Saint-Omor, est de ce nombre. pour savoir sa d rnière résolution et prier ,
Elle fut fondée parle comte Robert dit le Jé- son père de la conduire à la porte du cha-
rosolyrnitain et la comtesse Clémence, sa
, jiitre elle y est reçue pcir la demoiselle qui
;
la postulante, elles font seulement une révè- dans les cérémonies , elles mettent sous le
rent e. La veille du jour qu'elle doit prendre surplis noir un autre surplis de toile blanche
l'habit, on lui donne du pain et du vin dans qui descend un pied plus bas jusque sur ,
l'église, où se trouvent l'abbesse, les demoi- l'hermine dont leurs robes sont bordées, et
selles et tous les parents de la postulante. leurs manteaux sont fourrés de petits gris
Le lendemain on l'habille le plus magnifi- Pour leur coiffure elle est assez particulière,
quement que l'on peut. On lui laisse les che- comme on la peut voir dans les deux figu-
veux épars, on lui met une couronne de dia- res (2) que nous donnons, dont l'une repré-
mants sur la léle , et elle est conduite dans sente ces demoiselles en habit ordinaiie, et
une salle où on lui donne le bal. Sa famille Paulre en habit de chœur.
danse quelque temps en présence de l'ab-
besse, des demoiselles et du juge de l'abbaye, Mémoires donnés par Mnclemoiselle de Salo,
après quoi la jeune demoiselle demande la religieuse de cette abbaye.
bénédiction à son père et à sa mère leur . Les religieuses de l'abbaye de Messine ,
(1) Voy., à la lin du vol., n° 120. (2) Voy., à la fin du vol. n»« 121 eH22.
Dictionnaire des Ordres relioicux. I 17
5JS DICTIONNAIRE DES ORDUES RELIGIEUX. t)24
lOGopar Adèle, fille de Robert, roi de France, ce que je tiens sous le vœu d'obéissance ,
et femme de Beaudouin, comte de Flandre, tous suppliant Irès-fiumblement de me par-
dit l'Insulaire, qui fonda aussi au même
lieu donner ce en quoi je vous ai offensée, et celles
unecollégialcdedouzechanoincs ctundoycn, qui ne sont pas professes au lieu do dire
,
qui sont à la nomination de l'abbesse de sous le vœu d'obéissance, disent, sous la main
Messine. Elle va à certains jours avec toutes d'obéissance.
ses relijjieuses dans l'église de ces chanoines, Elles gardent présentement la clôture , ne
<;ui leur tèdenl le côté droit du chœur, et peuvent sortir qu'avec l'abbesse, et no peu-
elles chantent avec eux. Robert,
l'office vent aller sans sa permission dans son ap-
comte de Flanîrc, la comtesse Adèle,
fils de partement, qui est séparé, à cause qu'elle y
ooniirma l'an 1180, les donations que cette
,
tionne à manger aux étrangers, qui ne peu-
princesse avait faites à ce monastère et les vent entrer dans l'enclos du monastère.
amplifia. L'abslinence de la viande n'étant pas établie
Gazet , Hist. ecclés. des Pa)fs-Bas, et Chro- dans celte m lison , les relig^ieuscs en man-
nique qénévale de C ordre de Saint-Benoît. gent le dimanche, mardi et jeudi, tant à dîner
L'abbaye d'Eslrun proche Arras , a été
,
qu'à souper, et le lundi seulement à dîner, à
aussi sondée pour des filles nobles on pré- : moins qu'il ne se rencontre, ces jours-là ,
teiîd qu'elle était déjà fondée vers le temps quelque jeûne d'Eglise ou de règle. Outre
de Charlcmagne, mais qu'ayant été ruinée les jeûnes d'Eglise , elles jeûnent encore
par les Normands, elle fut rétablie environ toutes les veilles des fètos de la sainte Vierge,
l'an 1038 prir Gérard II, évoque d'Arrus, qui pendant l'avent et tous les vendredis, depuis
la dota de plusieurs revenus et que Ful- ,
celui qui précède la Pentecôte jusqu'à celui
sende, qui mourut l'an 112G, en fut première de devant le carême exclusivcimenl : le jour
abbesse; que plusieurs filles nobles y prirent du vendredi saint, elles ne mangent que du
l'habit religieux , pour y servir Dieu; sous pain et des pois sans beurre ; elles font la
la rè^le de saint Benoît, qu'elles y donnèrent même chose la veille de l'Assomption de la
leurs biens et que l'évéque Lambert obtint
,
sainte Vierge excepté qu'on y ajoute du
,
du pape Pascal II la confirmation , tant de fruit. Si la fête de Noël arrive un jour d'ab-
Selon ces nouvelles constitutions, elles ne sa chapelaine, et elle y peut appeler quel-
peuvent recevoir que des demoiselles, con- quefois des religieuses de sa communauté.
formément à leur fondation, et n'en doivent II y a une religieuse de cette communauté
recevoir qu'auiant que les revenus de la qui, tous les jours de carême, à commencer
maison sont suffisants pour les entretenir. par la plus jeune jusqu'à la plus ancienne
11 ne leur est pas défendu de recevoir des de celles qui sont en état de le faire , ne
pensions; mais si au lieu de pensions elles mange ni lait, ni beurre, ni fromage. Le pre-
recevaient une somme d'argent, elle ne doit mier lundi de carême, on commence aussi
point cs.céder cinq ousix années au plus de p<ir la plus jeune à aller, après i'Agnus Dei
ce qu'il faut pour le vivre et le vêtir d'une de la grand' messe, se mettre à genoux de-
religieuse. Il ne leur est pas néanmoins dé- vant l'abbesse pour lui dire Madame je
:
,
fendu de recevoir les présents que ks pa- me présente ici pour vous rendre mon nbéis-
rents voudraient faire à la maison, par forme s :nce quand il voas plaira, ce qui se conti-
Elles ne peuvent rien posséder en propre, trois parties, pour en dire cinquante psau-
et,pour éviter la moindre apparence de pro- mes chaque jour, savoir, le lundi cl mercredi
priété, les pensions viagères doivent être après matines, el le vendredi sainl à cinq
reçues par l'abbesse, comme faisant partie heures du matin. Le jeudi saint, après VAgnus
des revenus du monastère, pour en disposer Dei de la messe l'abbesse se met au milieu
,
comme elle le jugera a propoi, et on ne fait du chœur, se tenant debout pour recevoir
aucune distinction de ces revenus et des au- les humiliations de ses religieuses, qui vi;nt
tres. Au commencement du carême, chaque les unes après les autres se jeter à ses pieds,
religieuse fait un mémoire de tnut ce qu'elle en lui disant Dcmna, ego rogo te miserere
:
a en usage dans sa cellule pour le porter à mei, et l'abljcsse en les embrassant leur ré-
la supérieure, quand elle l'apiielle à cetolîet, pond, parcat vobis Deus, après quoi elles
ce qu'elle fait de cette manière la religieuse : vont communier. Le môme jour, après les
se met à genoux devant l'abbesse, ayant les vêpres, l'abbesse va dans la nef de l'é^lise,
mains cachées dans sou surplis , et lui pré- avec toutes les religieuses, pour laver les
ùiiô BOU BOU tî:jè
pieds à douze pauvres femmes ; après midi, Léon V, dit l'Arménien , avec une partie de
'Jvant les ténèbres, elle lave aussi les pieds la vraie croix et quelques autres reliques.
à luutes les religieuses, et la prieure lui lave Ange Parlicipace fit anssi bâtir l'église de
eiisuile pieds et les mains. Le silence
les Saint-Laurent à laquelle Urse , son fils,
,
leur est recommandé au réleclDire, dans le évoque d'Olivolc, joignit en 8^1, le monas-
lieu du travail et depuis les compiles jus-
, tère qu'on y voit présentement qui est lo ,
qu'au Icnicuuiin après primes. Dans toute second de ceux dont nous parions, et qui est
la maison elles s'occupent au travail en un des plus considérables de Vt^nise. Ce pré-
commun chaque jour pendant, trois quarts lat, avant que de mourir, y fit beaucoup de
d'heure. Klles vont au chapitre avant com- bien, y ayant mis pour première abbesse sa
plies pour y faire une lecture spirituelle, et, sd'ur ilomaine Parlicipace ce qui fut con- ;
après coniplies, elles font l'oraison menl;!le. firuié par le pape Léon IV. Ces religieuses
La chariléenvers les pauvres leur est recom- font vœu de clôture, mais elles ont d'ailleurs
mandée, et elles doivent lO'.;s !es jours nour- beaucoup de lilicrté. Les visites sont fré-
rir uue pauvre femme d;ins la maison. Telles quentes à la grille, el leur habillemcni est un
sont les principales observances de ces reli- 1 eu mondain. Elles ont à la vérité une roî e
gieuses qui ont pour habillement (1) une elun scapulaire noir comme les autres Béné-
robe noire avec un surplis de même couleur dictines (3); mais leurs cheveux son! frisés,
fait de toile de coon ou de lin leur guiiiipe ; et ne sont point cachés par une espèce de
est ronde comme celles des autres religieuses, petit voile de gaze jaune qu'elles miltent sur
et l'hiver, aussi bien (lue dans les cérémo- leur robe et (jui se lie sous le menlon. Elles
nies, elles mclleut un grand manieau liuir mettent aussi sur le sein un mouchoir de
bordé de peaux de lapins blancs. L'abbesse mousseline qui ne {cache que les épaules,
est élue par les religieuses qui choisissent laissant le sein à découvert. Au cliceiir et
trois sujets qu'elles présentent au roi, et Sa lorsqu'elles vont à la communion elles ont ,
Majesté noamie l'une des trois ce qui se , uue grande coule qui traîne à terre el un
prj tique de même à Bourbourg et à Mes- grand voile de gaze noire sur la tète. C'est
sine. ainsi que sont habillées celles de Saint-Lau-
Gazet, Uist. ecclés. des Pays-Bas et Con- rent que l'ai vues étant à Venise. Le troi-
slitut. de l'abbaye d'Eslnin. sième enfin est celui des Saints Côme et Da-
L'on ne recuit aussi que des (iiles nobles mien, dont les religieuses ont le même habit
dans l'abbaye de Byghard-1 i-Graude, proche que celles de Saint-Laurent el de Sainl-
Bruxelles. Elle, es! ainsi appelée Byghard-la- Zacharie, qui toutes ne diffèrent que par
Grande pour la distinguer d'une autre ab- quelque peu de différence (|n'il y a dans le
baye, aussi de l'ordre de Saint-Benoît, pro- petit voile qu'elles ont sur la télé.
che de la même ville, qu'on nomme Bigliard- Joan. Mabill. Annal. Bctied., lom. JI, pag.
la-Petile. La grande fut fondée vers l'an 1133 45G ; Philip. Bonanni, Catalog. ord. religion
par sainte Wivine, qui en a été la première sor., part. 2, etc.
abbesse. Celle sainte, après avoir vécu quel-
que temps en solitude auprès de Bruxelles , BOURGACIIARD (Chanoines régd'ukrs db
LA RÉFORME DE EN NORMANDIE.
pria Godefroi , duc de Lorraine et comte de )
Chron., générale de l'ordre de Saint-Benoît, donne cependant une autre idée; car il dit
lome VII. que dans Koumois, pays de la luute Nor-
l •
Il y a à Venise trois monasl-'-res de l'ordre mandie , l'un lies quatre dont le diocèse de
de Saint-Benoîl où l'on ne reçoit qu(! des
, Rouen est composé , l'on voit le fameux
fliles de sénateurs et des premières maisons prieuré daiisiial de Saint-Lô du B 'urga-
de Venise ; on les appelle Gcnlildonne, et en chard. Mais conmie il ne dit rien de l'origine
leur parlant, on leur donne le litre d'illus- de ce prieuré, et que le; chanoines de B lur-
trissimes. S.iinl-Zacharie, qui est le premier gachard sont extrèmemee.l ré crvés dans
de ces monatères fut fondé par Ange et
, tous les lieux où ils sont établis, sur le fait
Jiistinien Participacc ducs de Venise, l'an
, de leur origine qu'ils tiennent bien secrète ,
81i). Ils y mirent le corps de saint Zacharie, n'en voulant rien communiquer à personne,
père de saint Jean-Hapliste , «jui leur avait nous ne pouvons non plus rien dire de l'o-
été envoyé de Conslaalinople par l'empereur rigine de ce pii^uré. Nous savons seule-
(1) Votj., à la fla du vol., n" l!à5. (5) Voî/,, à la lin du vol., n" 125.
(2) Von; à la lin du vol., n» 124. (4) Diction. Géoij.iipli. art. de Bourgacliard.
Bî7 DICTIONNAIRE DES ORDRES RELIGIEUX. m'^
tuent que la réforme des chanoines réguliers, au diocèse du Mans, sur nn simple traite
dont le R. P. Jean Moulin e<t auteur, a pris conclu entre lui cl l'abbé commendalaire de
Je nom de ce prieuré, quoiquVile n'y ait pas ce njonastère il en porta ses plaintes au roi
;
tingue des autrf^s, outre riiabillement, et en réguliers de l'abbaye de Vaast, pour rappor-
quelle année elle a commencé c'est ce que
,
ter le traité fait entre eux de l'introduction
nous n'avons pu aussi apprendre, quelque des religieux de la réforme de Bourgachard
diligence que nous ayons faite aup es des en celte abbaye de Vaast, pour être annulé
religieux de Bourgachard et de l'abbaye
,
et révoqué, comme aussi le P. Moulin, pour
d'Yvernaux proche Hric - Comte - Robert. rapporter les titres en vertu desquels il se
,
Voici seulement ce que nous avons pu dé- pré'endail supérieur d'une congrégation
couvrir du progrès de celle réforme, par les particulière de chanoines réguliers appelés
Facturas qui ont été produits dans le procès de Bourgachard et ceux en vertu desquels
,
de Paris, qui éiail autrefois une dépendance dans le jjrieuré de Beaulieu à trois lieues ,
gachard, où il expose quil a déjà donne des paisibles jusqu'en l'an 1712, que le prieur
marques de sa capacité, par le réiablissement commendalaire de ce monastère, peu satis-
de deux comiunnaulos régulières, lant dans fait de leur conduite à son égard fit assi- ,
perpétuité, et y composera une communauté Novion, ayant appris qu'ils y étaient entrés
de chanoines réguliers au choix et à la no- contre les lois du royaume et sans lettres
mination de la communauté, qui même en patentes de Sa Majesté les fit sortir de ce
,
geant les religieux des maisons sous ses obé- Grès, Labloutière et Beaulieu, pour lequel il
diences, et y exerçant tous les droits de supé- y a instance pendante au conseil.
riurité et de juridiction que les chefs d'ordre, Leur habillemenl consiste en une soutane
îipprouvés du sainl-siége et reconnus en Fran- noire avec un grand collet, comme celui que
ce, y exercent dans les monastères de leurs portent les chanoines réguliers de la congré-
ordres qui leur sont soumis, et qu'il était sur gation de France sur la soutane ils oui un
:
Sainl-Cyr du prieuré de Friardel, laquelle a s'y clant opposés, ils quittèrent la croix et
été produite dans le procès dont nous avons retinrent la tour d'or, qu'ils portèrent seule-
parlé au sujet du prieuré de Beaulicu. ^'oici ment pendant quelque temps pour marquo
celte profession £"(70 /"raier Nicolaus Piel,
: de leur société ; et sous le gouvernotnent
offerens trado me ipsum divinœ pietati snh d'Eve de Mendoza qui avait succédé à Ur-
,
eanonica régula B. patris Augustini servitu- raque de Orosco, l'an 1508, ils obtinrent du
rum, et promitto cnrentlùm proprii, pcrpe- pape Jules II la permission de reprendre la
iuam continentiam et ob'/dienliamy secuiiduin croix de Calatrava, ayant faussement ex-
leyes slriclioris liitjus observantiœ, tibi, ré- posé à ce pontife que le roi Alphonse les
vérende paler, et luis successoribus canonice avait lires de l'ordre de Calatrava pour leur
instituendis. donner le soin de cet hôpital; et les rois
Voyez les Fictums et les Mémoires produits catholiques Ferdinand et Isabelle, comme
dans procès que ces chanoines réguliers
l s administrateurs de cet ordre, leur permirent
ont eus au suj'^t de leur réforme, qu'ils ont aussi de porter cette croix avec une tour
voulu introduire dons plusieurs monastères. d'or au m lieu, afin que par celle tour ils
BOURGES (Communauté de). Vojjez Au- fussent dislingués des chevaliers de Cala-
6USTINS (Krmites de Saint-). trava. Mais l'an 1516, ils eurent un scru-
BOUXIÈRES (Chanoinesses de). Voyez pule d'avoir obtenu cette permission sur un
Epinal. faux exposé , et ils avouèrent leur faute à
BRENDAN (Saint-). Voy?z Irlande. Léon X, qui les releva des censures qu'ils
BRETAGNE (Bénédictins de la société avaient encourues, et confirma la bulle de
de). Voyez Chezal-Benoît. Jules II.
Alphonse VIII, roi de Castiiie, ayant fait frères convers de l'ordre de Cîteaux, eussent
bâtir le célèbre monastère de Notre-Dame la quitté l'habit de cet ordre pour en prendre
Royale, communément appelée de las Hiiel- de soie à la manière des séculiers, et qu'ils
gas, à Burgos, pour des religieuses de l'or- se fussent qualifiés chevaliers c'est pour- :
dre de Cîteaux, fit encore construire un fort quoi il les fil sortir de l'hôpital el les dis-
bel hôpital au même lieu, l'an 1212, pour y persa en différents monastères de l'ordre de
recevoir les pèlerins qui allaient à Saint- Cîleaux leur ayant assigné des revenus
,
par les privilèges qu'il lui accorda, il lui Hospitaliers qui avaient été chassés de cet
soumit aussi cet hôpital, dont il donna le hôpital y retournèrent, et ils ont toujours
gouvernement à l'abbesse à condition , retenu jusqu'à résent la croix de Calatrava
!
qu'elle ne pourrait point vendre ni aliéner avec une tour d'i r au milieu. Chacun de ces
les biens appartenant à cet hôpital, ni les Hospitaliers reçoit tous les ans de l'hôpital
appliquer au de son monastère. Il vou-
profit ciiiq cents écus pour son entretien, le pré-
lut au contraire qu'en cas que les revenus cepteur mille écus, et les autres officiers à
de cet hôpital ne fussent pas suffisants dans proportion. Ce précepteur et les officiers
la suite pour l'entretien des pèlerins le , sont nommés par l'ahbcsse de las Huelgas.
monastère de las Huelgas fournît de son su- Après qu'ils eurent obtenu du pape Léon X
(l) Yoy., à la lin du vol., n" 126.
,
la bulle dont nous avons parlé, ils voulurent é ani de retour dans son monastère, il exposa
Be soustraire à l'obéissance de cetto ahbosse aux re.igieux loiit ce (jue le concile avait
sents et les procureurs de ceux qui étaient furmes à la règle dont ils voulaient faire
absents, de jurer sur leur âme qu'ils les ob- profession. Il n'en reçut pas un grand nom-
serveraient et feraient observer par leurs bre à cause de la pauvreté de sa maison; car
religieux, et qu'ils les feraient recevoir dans quoiqu'il obtînt cncorcdu duc de Brunsviick
la même année. le monastère de Bursfeid, celte nouvelle ac-
Dès l'an UOi, Olhon, abbé de Caslel ea quisition n'augmenta pas davantage ses
Bavière et du diocèse d'Eichslel, avait intro- revenus, puisque ce monastère était si ruiné
duit une réforme particulière dans son mo- qu'il n'y restait aucune trace des lieUx ré-
nastère, qui avait été reçue dans quelques guliers l'église servait d'élable aux bêtes,
:
autres de la Bavière et de Souahe qui l'ormè- tous les biens avaient éle dissipés par les
reni une congrégation que le concile de religieux qui avaient été obligés de les
Constance approuva. Il y eut aussi une au- abandonner; et il n'en restait qu'un seul qui,
réforme qui commença 1 an lit8, dans
tre pour tout bien, n'avait qu'une vache dont
monastère de Méleck et qui fut reçue
le il lirait sa principale nourriture. Ce monas-
par plusieurs monastères d'Allemagne qui t'.re avait été fondé dès l'an 1008, par Henri,
se disaient de la congrégation de Meiock. comte de Northeiin. La beauté de sa situa-
Mais la plus célèbre lut celle de Bursfeid, tion dans une solitude entourée de bois et
dont les fondements furent jetés par Jean de arrosée de plusieurs ruisseaux , engagea
Méden, religieux de l'abbaye de Ilniinhau- l'abbe de Cluse à demander ce lieu ruiné aii
sen. Comme il avait assisté au concile de duc de Brunswick, et l'ayant obtenu, il y
Constance en qualité de procureur de sou vint demeurer avec quelques religieux et
y
abbé, et qu'il avait juré avec les autres de continua la réfurnie qu'il avait couunencée
faire recevoir les constitutions qui y avaient à Cluse. A juger de l'éiat de ce^ deux mo-
été approuvées pour la réiorme <ie l'ordre de nastères de Bursfeid el de Cluse par leur
Sainl-Benoîl dans la province de Mayence, pauvreté, oa u'aurait jamais pu s'imaginer
^
635 ^UR BUR 534
qu'ils dnsscnt être rétablis mais Dieu qui
; tion, qui fut le nom qu'on donna au supé-
promet l'abondancft Je sosbénédictionsàceux rieur général.
qui s'aban'ioiMicnt à sa divine providence , Avant cette union qui forma la congréga-
en ordonna autrement; car la régularité tion de Bursfeld, le pape Pie II, l'an 1V61,
des re'ij^ieux qui vivaient sous la conduite avait tenté de réunir sous une même obser-
de l'abbé Jean, leur attira de toutes parts vance les trois diflerontes réformes de Burs-
des bienfaits considérables qui les mirent en feld,de Caslel et de Méleck, et il avait donné
état non-seulement d'y subsister co)nm()dé- commission à l'évêque d'Eichstot, d'assem-
ment, mais encore d'y entretenir un grand bler pour ce sujet quelques abbés de ces ob-
nombre de religieux. servances, afin de les faire convenir des
Il y avait dans ce temps un autre abbé moyens de procurer cette union; mais les uns
appelé aussi Jean, qui gouvernail le monas- el les autres n'y voulurent point consentir :
tère de Saint-.Malhias de Trêves. Otbon, ar- ceux de Bursfeld trouvaient que les observan-
chevêque de Mayence, l'avait tiré de l'ordre ces des congrégations de Caslel et de Mé'eck
des chartreux pour lui faire prendre l'habit étaient trop relâchées, et les abbés d« ces cou-
de celui do Sâinl-Benoîl, aOn qu'il réformât Çrégalions ne voulaient point se soumettre
ce monastère. 11 en était venu à bout iiprès a celles de Bursfeld, qui leurs paraissaient
plusieurs peines et plusieurs falisïucs el mê- trop austères: ainsi celte union n'eut point
me au péril de |-erdre la v e, à laquelle les lieu, el toutes les diligences du pape el de
religieux qui ne voulaient point entendre son commissaire n'eurent point d'autre effet
parler de réformi; avaient souvent attenté ; que de procurer celle de tous les monastè-
et afin (jue la régularité qu'il y avait établie res de la réforme de Bursfeld qui formèrent
ne fût point altérée par des chaiigements , la congrégation de ce nom sous un chef qui
il avait dressé des constitutions qni y étaient en est le supérieur général.
observées avec beaucoup d'exactitude. L'archevêque de Mayence fit ae (nouvelles
L'abbé de Cluse, avant entendu p.rler de tentatives pour réunir les trois réformes; il
cette réforme, alla à ïri'vcs pour prencîre en avait souvent sollicité les abbés, cl en l'an
conseil de l'abbé de Saint-Mathi s, et apiès 1591, le président et les définileurs du cha-
avoir vu ses constitutions, il le pria de lui pitre annuel de la congrégation de Bursfeld
donner quatre religieuxpour venir à Bursfeld nommèrent quatre abbés pour comparaître
donner la dernière perfection à la réforme devant l'archevêque lorsqu'il convoquerait
qu'il avait commencée. L'abbé de Sainl-Ma- les Pères de ces trois congrégations au sujet
Ihias lui accorda sa demande, et en peu de de celle union. Ce prélat ks fit venir devant
temps le monastère de Bursfold devint en si lui r»innée suivante 1502, mais ce fut encore
grande réputation (jue plusieurs monastères inutilement. Ceux des congrégations de
d'Allemagne voulurent embrasser la même Castel et de Méleck reprochaient à ceux de
réforme. Le premier monastère qui vécut Bursfeld qu'ils avaient pris le nom d'un mi-
sous ces nouvelles lois, fut celui de Cluso, sérable monastère siiué dans une campagne
où la réforme avait pris naissance comme déserte, au lieu d'avoir pris le nom d'un
pous avons dit. Celui de Rhinhausen ,
qui monastère royal, lis n'approuvaient pas ces
n'avait pas voulu d'abord lui servir de ber- chapitres annuels, ni les visites des monas-
ceau, la reçut aussi ce que firent dans la
: tères qu'on faisait lous les deux ans dans la
suite plus de cent quarante autres monas- congrégation de Bursfeld. Ils re^'ardaient
tères non-seulement de la province de
, connue trop austères les jeûnes qu'on y ob-
Mayince, mais encore de Flandre. Mais servait, aussi bien que le silence perpétuel;
quoique les premiers monastères qui reçu- el ils n'approuvaient pas la pratique de re-
rent cette réforme se disaient de la congré- cevoir trois fois la semaine la discipline des
gation de Bursfeld, ils ne formaient pas mains de l'abbé ou du prieur, peiulant les
pour lors un corps sounjis à un même chef temps de l'avent et du carême Enfin ils
ou supérieur général. trouvaient mauvais de cequ'iis ne se con-
L'abbé Jean de Méden étant mort, il eut formaient pas aux autres dans la récilation
pour successeur dans le gouvernement de de l'office divin ainsi celle uni n ne se put
;
Bursfeld Jean de Hagen qui hérita de son faire, et les trois congrégations demeurèrent
zèle pour le maintien de la réforme , et qui chacune dans leurs observances. La congré-
retendit dans plusieurs monastères. Ces ab- gation de Bursfeld s'est maintenue jusqu'à
bés qui l'avaient reçu dans leurs abbayes , présent, et a toujours retenu le nom de Burs-
cherchèrent les moyens de l'y maintenir et feld, quoique ce monastère ait été ruiné par
n'en trouvèrent point d'autres, que de faire les hérétiques l'an loiO. ,^lais elle est bien
union ensemble sous un môme chef, auquel diminuée, et est réduite à un petit nombre
tous les monastères réformés et qui vou- de monastères , la plus grande partie de
draient se réformer dans la suite, seraient ceux qui la composaient s'en étant soustraies
obligés d'obéir. Le pape Pie II approuva pour s'unir aux congrég.itions de Suisse,
Cille union aussi bien que la résolution d'Autriche, de Flandre, de Sallzbourg, de
qu'ils prirent de tenir un chapitre tous les Souabe et de Bavière.
ans pour délibérer des atlaires de la congré- Joan. Trilhem. AnnaL Uirsang., lorn. II,
gation. Le premier chapitre annuel et géné- Arnold Wion, Lig. Vitœ. Ascag. Tauibur.
ral fut convoqué l'an H6/i-, à Bursfeld, et de Jitr. Abb. disput. 2ï. quœst. 5. August.
Jean de llagen qui en était abbé, fut élu Barbosa, de Jitr. eccles.^ et Aubert le Mire,
pour premier président de la congréga- Orig. Benedictinœ,
i35 DICTIOISNAIKE DES OHDKES RELIGIEUX. 650
c
'CADOUIN. Voyez Savigni. imperatoris fîlias, divino amore inspirante,
CALABRE (Congrégation de). Voyez Au- faciu chnrlam do7iationis ci textum scriptnrœ
gustin (I-Irmites de Saint-) in perpetuum valiturum Deo et B. M. et
,
d'Oreto, à laquelle ils donnèrent le nom de inimicis crucis Christi, suo ac nostro adju-
Calalrava, et dont ils demeurèrent les maî- torio. lia, inquam, do vobis et conccdo eam
tres pendant près de quatre cents ans, jus- cum terminis et montions, terris, aquis, pra-
qu'à ce (|u'Alphonse surnommé le Batailleur lis, etc. Cet acte est daté de l'ère 1196, qui
ou le Guerrier, et qui se qua'ifiait empereur répond à l'an 1158.
des Espagnes ayant assiégé celle place
, L'abbé Raymond et son compagnon Ve-
l'an 1147, s'en empara et ia donna ensuite lasquoz proposèrent ensuife au roi de fonder
aux chevaliers Templiers (1), afin qu'ils la un ordre militaire à Calalrava, et après
gardassent et s'opposassent aux irruptions avoir obtenu le consentement de ce prince,
de ces infidèles. Mais ils ne la possédèrent ils communiquèrent leur dessein à l'arche-
qu'environ huit années. Les forces que les vêque de Tolède, qui non-seulement l'ap-
Maures assemblèrent pour reprendre Cala- prouva, mais leur donna encore une grosse
trava les épouvantèrent tellement que, ne se somme d'argent pour fortifier cette ville, et
croyant pas en état de leur pouvoir résister, accorda de grandes indulgences à ceux qui
ils remirent cette ville entre les mains de voudraient prendre les armes pour sa dé»
dom Sanche, qui avait succédé au royaume fense, ou qui voudraient y contribuer en y
de Castille après la mort du roi Alphonse. envoyant de l'argent, des armes et des che-
Ce prince fit publier dans sa cour, que s'il vaux. Plusieurs personnes se joignirent à
y avait quelque seigneur qui voulût entre- ces deux re!i;j;icux, qui avec le secours du
prendre la défense de celle place, il la lui ciel levèrent en peu de temps une armée
donnerait en propriété, et qu'elle passerait considérable avec laquelle ils entrèrent dans
aussi à ses héritiers. Mais personne ne se Calalrava dont ils prirent possession la
,
présenta; l'armée formidable que les Maures même année 1158. Ils firent travailler d'abord
préparaient et qui avait effrayé les Templiers aux fortifications qui furent finies avec tant
ne causa pas moins de trouble dans l'esprit de succès et de promptitude, que les Maures
de ceux qui auraient eu quelque dessein voyant cette ville si bien secourue et for-
d'accepter les offres du roi il n'y eut qu'un
: tifiée, quittèrent le dessein qu'ils avaient de
religieux de Tordre de Cîleaux qui crut avoir l'attaquer.
assez de courage pour pouvoir entreprendre L'abbé Raymond, n'ayant plus rien à crain-
la défense de celle placo. dre de la part de ces infidèles, s'appliqua à
C'était dom Didace Velasquez religieux , former le nouvel ordre militaire qui prit le
de l'abbaye de Noire-Dame de Fitero dans nom de cette ville. Le chapitre général de
le royaume de Navarre. Il était natif de Bur- Cîleaux prescrivit aux chevaliers une ma-
veva dans la vieille Castille, et avait long- nière de \ie, et leur donna un habit conve-
temps porté les armes avant que d'être re- nable à des personnes destinées à la guerre.
ligieux. Il était fort connu du roi dom San- Les historiens ne s'accordent point touchant
che, et c'est peut-être ce qui avait porté la forme de leur habillement. Quelques-uns
son abbé, dom Raymond, qui avait quelques prétendent que c'était le même que por-
affaires à la cour de ce prince, de le prendre taient les religieux de Cîleaux, d'autres di-
pour son compagnon. 11 sollicita fort cet sent qu'il n'était pas différent de celui des
abbé de demander au roi la ville de Cala- séculiers ; mais ils conviennent tous qu'ils
lrava et d'en entreprendre la défense. D'abord avaient un scapulaire blanc avec un capuce
l'abbé Raymond rejeta proposition
celle ; attaché à une mozelte en forme de camail,
mais enfin sollicité par ce religieux, il de- qu'ils ont porté jusqu'en l'an 1397 que l'anti-
manda cette ville au roi. On le regarda d'abord pape Benoît XIII, qui était reconnu en Es-
comme un fou ; cependant ce prince par une pagne pour légitime pontife, leur permit
inspiration divine lui accorda sa demande et d'ôter le scapulaire et le capuce, et leur or-
donna celle ville à l'ordre de Cîleaux, prin- donna de porter seulement sur leurs habits
cipalement aux religieux de l'abbaye de Fi- une croix fleurdelisée de drap rouge qu'ils
tero, comme il est marqué par la donation attachaient du côte gauche.
qui enfui faite à condition que ces religieux la Comme le territoire de Calalrava conte-
défendraient contre les infidèles Quaprop- : nait plus de vingt lieues de circuit, et qu'il
ter ego rex Sunctius Dei r/ratia domini Al- y avait peu d'habitants l'abbé Raymond
,
\>honsi bonœ memoriœ illuslris Hispaniarum alla dans son abbaye de Fileru, où n'ayant
laisse que les religieux infirmes et vieil- s'en emparèrent dans Après la mort
la suite.
lards, il envoya les autres à Calatrava avec de dom Garcias, qui arriva l'an 1168 ou 11G9,
un grand nombre de bestiaux de son ab- dom Ferdinand Escaça fut élu grand maî-
baye, et y conduisit aussi plus de vingt- tre. Ayant appris que le roi Ferdinand as-
mille personnes pour peupler son territoire. siégeait le château de Corita, il lui envoya
11 gouverna cet ordre six ans, et mourut à douze cents hommes, dont les uns étaient
Cirvelos l'an 1103 chevaliers, et les autres vassaux de Tordre,
Après sa mort, les chevaliers de Cala- pour l'aider à s'emparer de cette place que,
trava (1), quoique la plupart ne fussent que ce prince donna cinq ans après à l'oriire.
des frères convers de Cîleaux , auxquels il ^^e grand maître se vit en état d'entreprendre
avait fait prendre les armes, ne voulurent (ie plus grandes choses. Il ne se contenta pas
plus avoir de moines avec eux, ni être gou- de se tenir sur la défensive contre les Mau-
vernés par un abbé : ils élurent pour premier res, il alla les attaquer dans les terres qu'ils
grand maître dom G;ircias, l'un d'entre eux, occupaient, il prit sur eux quelques places
et les religieux de Cîteaux qui étaient à Ca- et les défit même dans une bataille rangée
latrava élurent pour abbé doua Rodolphe, avec un secours de deux mille hommes que
avec lequel ils se retirèrent à Cirvelos, où la ville de Tolède lui envoya, auxquels il
ils intentèrent procès aux chevaliers pour distribua la moitié du butin qu'il fît sur ces
rentrer dans la possession de Calatrava que infidèles. Le roi ayant appris la victoire que
le roi avait donné à leur ordre, principale- ces chevaliers avaient remportée ,donna
ment à l'abbaye de Fitéro. Mais, soit par la encore à l'ordre les terres de Cogoliudo, Al-
crainte qu'ils avaient de ne pas réussir dans moguera, Maqueda, Aceca et quelques au-^-
leur entreprise, ou que ce procès ne durât très.
fort longtemps, soit paramour pour la paix et Ces beaux exploits des chevaliers de Cala-
s'accommodèrent avec les
la tranquillité, ils trava les mirent en si grande réputation, (jue
chevaliers qui leur cédèrent une maison à le roi d'Aragon, Al|)honse, étant en guerre
Saint-Pierre deGumiel dans l'évêchéid'Osma avec les Maures de Valence pria le grand
,
avec toutes ses dépendances, où ils bâtirent maître de lui envoyer de ses chevaliers.
?',n monastère, et ainsi Calatrava resta aux Ceux qui furent destinés pour secourir ce
chevaliers. prince donnèrent tant de preuves de leur
Les chevaliers s'étant ainsi séparés d'avec valeur, que par leur moyen le roi d'Aragon
les religieux de Cîteaux , demandèrent au conquit les châteaux de Favera, Maella,
pape Alexandre III l'approbation de leur Maçalon, Valdelormo, la Fresueda, Valde-
ordre il la leur accorda par une bulle de
: robles, Calanda, Aguaviva et plusieurs au-
l'an 1164-, et conûrma la manière de vie qui tres lieux. D'un autre côté, le grand maître
leur avait été prescrite parle chapitre général entra l'an 1177 par la montagne de Fiera
de l'ordre de Cîteaux. Les historiens de cet sur les terres de Cordoue, où s'étant emparé
ordre disent qu'ils ne devaient porter que du fort d'Ozpipa sur la rivière de Guadalqui-
des chemises de serge leurs tuniques de-
;
vir, et voyant qu'il ne pouvait le garder, il
vaient être faites de manière qu'elles ne les le fit raser, se contentant d'envoyer à Cala-
empêchassent pas de monter à cheval, leurs trava un grand nombre de prisonniers avec
manteaux pouvaient être doublés de peaux un riche butin. Peu de jours après son re-
d'agneaux, et le scapulaire était l'habit de re- tour, se voyant fort âgé, il se démit de la
ligion. Il devaient dormir tout velus, n'avoir grande maîtrise, et dom Martin Pérès de
rien de superfludans leurs habits, qui, quant Siones fut élu en sa place.
à la couleur et à la qualité de l'étoffe, de- Le roi de Castille donna à l'ordre un lieu
vaient être comme ceux des religieux du appelé Massa dans la vieille Castille. Toutes
même ordre, lis devaient garder le silence à ces donations encourageaient les chevaliers,
l'oratoire, au réfectoire et à la cuisine ils : qui sous la conduite de leur nouveau grand
pouvaient manger de la viande trois fois la maître allèrent attaquer les Maures qui de-
semaine. Les religieux de Cîteaux ne pou- meuraient dans l'évêché de Jaën, et aprèi
vaient recevoir à la profession religieuse au- avoir saccagé leur camp et brûlé quelques
cun chevalier sans la permission du grand villages, sachant que ces infidèles étaient
maître; et quand ils allaient dans quelque entrés en Aragon où ils avaient assiégé un
abbaye de Cîteaux, ils n'étaient pas reçus château appartenant à l'ordre, ils allèrent
dans l'appartement des hôtes, mais dans l'in- au secours des assiégés. Mais les Maures
térieur du monastère comme les religieux ayant eu vent de leur marche levèrent io
mêmes, et devaient vivre à la manière des siège. Ainsi il n'entrèrent point en Aragon,
frères convers de cet ordre. Le pape leur et retournèrent à Calatrava, dont ils sorti-
permit aussi de recevoir des chapelains pour rent encore peu de temps après pour aller
leur administrer les sacrements. donner la chasse à ces infidèles qui faisaieni
Le premier grand maître eut des guerres de nouvelles courses dans le pays de Cara-
à soutenir contre les Maures qu'il repoussa vel, d'Alarcos et de Benavente, et se reli-
toujours avec tant d'avantage que le roi raient avec leur butin dans le château d'AU
Alphonse IX pour récompenser les che-
,
madouar. Les Maures à leur approche aban-
valiers de cet ordre et pour les encou- donnèrent ce château, et lurent poursuivis
rager, leur donna la moitié des châteaux de si près, qu'ayant été joints par les che-
d Almeden et de Ghillon; mais les Maures valiers à Fuencaida, prociie la montagne de
(1) Yoy., à la fin du vol., n* 128.
DICTIONNAIRE DES ORDRES RELIGIEUX. bV
Morena, ily en eut iin grand nombre de poursuivit pour le lui enlever et délivrer les
tués dans le comba!,et douze cents faits pri- prisonniers; mais ce prince Mnure fut fait
sonniers ,
que le grand maître ûl sur-le- lui-mêmt' prisonnier, et l'on donna pour sa
champ passer au fil de l'épée. rançon cinquante chré:i''ns, parmi lesquels
Quelques chevaliers murmurèrent contre il y avait quatre chevaliers.
ce grand maître, de ce qu'il avait fait ainsi Martin, archevêque de Tolède, allant pour
mourir les prisonniers, disant qu'il aurait comI)attre contre ces infidèles <jui étaient
mieux valu les vendre pour subvenir aux dans l'Andalousie, passa par Calatrava, où
frais de la guerre ou pour les échanger avec ayant été reçu, selon sa dignité, par le '
autant de chrétiens, et ces murmures allè- grand maître et les chevaliers, ils se joigni-
rent si loin qu'ils le déposèrent, et en élurentrent à lui et remportèrent avec ce prélat de
un autre à sa place. Les prêtres do l'ordre grands avantages. Mais les Maures ayant
qui n'avaient pas été appelés à cette élec- appelé à leur secours ceux d'Afrique, rem-
tion, ea donnèrent avis au grand maître portèrent une victoire considérable sur le
dom Martin Ferez qui faisait réparer le roi de Castille, les chevaliers de Calatrava et
château d'Almadouar. il vint aussitôt à Cala- ceux de Saint-Jacques de l'Epée qui s'étaient
trava avec les chevalers qui étaient auprès joints ensemble pour s'opposer à la formi-
de lui; et c u\ qui l'avaient déposé, ne se dable armée de ces infidèles. Le combat se
sentant pas assez forts pour lui résister, se donna l'an 1193 et presque tous les cheva-
retirèrent avec le grand maître qu'ils avaient liers furent passés au fil de l'épée; ce qui
élu à Salvatiorra : mais peu de temps après ayant donne cournge aux Maures, ils allè-
ils retournèrent sous rt)bc:ssance de Mar- rent altacjuer C.ilntrava, où après s'en être
tin Ferez, qui l'an 1179 fit bâtir un hôpital à rendus maîtres, ils firent encore mourir tous
Guadalhorza pour les chevaliers et les vas- les chevaiers qui y étaient.
saux de l'ordre qui seraient blessés à l'ar- L'ordre de Calatrava se trouva beaucoup
mée. La même année Alphonse, roi d'Aragon, diminué par la perte de cette bataille; car
en reconnaissance des services qu'il avait les infidèles ne s'emparèrent pas seulement
reçus de cet ordre, lui donna la gran le com- de Calatrava, mais ils prirent encore plu-
mânderie d'Alcagniz, dont les rois d'Aragon sieurs autres places qui appartenaient à cet
ont prétendu dans la suite que le comman- ordrj. C'est pourquoi le.'roi xilphonse, touché
deur devait être grand maître de l'ordre en de ses pertes, lui donna un lieu appelé
ce royaume et dans celui de Valence. Dom Ronda, avec ses dépendances, qui avait ap-
Martin Forez mourut l'an 1182 et eut pour partenu autrefois aux chevaliers de Truxiho.
successeur dom Nugno Forez de Quignonez Ce qui restait des chevaliers ds Calatrava en
qui alla l'an 1187 à Cîteaux , où Ion tenait Castille, se relira avec le grand maître à
le chapitre gênerai, auquel il demanda que Cirvolos, où Ion établit le principal couvent
son ordre fût incorporé plus élroiiemenl à de l'ord e, et on y reçut plusieurs chevaliers,
celui de Clteaux. Gui, qui en était abbé, et pour remplacer ceux qui avaient été tués à
le chapitre général prescrivirent à ces che- la bataille d'Alnrcos. Les chevaliers qui
valiers une nouvelle manière de vie, à peu étaient en Aragon, voulant profiter de la
près semblable à la première. Ils y ajoutè- perte de leurs confrères de Castille, s'assem-
rent seulement quelques peines pour ceux blèrent à Alcagniz , où ils élurent pour
qui tomberaient en faute. Celui qui avait grand maître dom Garcias Lopez de Mo-
frappé son frère ne devait point monter à venta, auquel ils donnèrent le titre de grand
cheval ni porter les armes pendant six mois, maître d'Alcagniz de l'ordre de Calatrava,
et devait manger à terre pendant trois jours. et voulurent établir la commanderie d'Alca-
Celui qui n'avait pas obéi au grand maître gniz en chef d'ordre dans le royaume d'Ara-
devait subir la même peine. Celui qui avait gon. Ils furent appuyés de l'autorilé du roi,
été surpris en fornication, devait manger à et s'emparèrent de tous les biens que l'ordre
terre pendant un an, jeûner trois fois la se- possédait dans ce royaume. Les chevaliers
maine au pain et à l'eau, et prendre encore des deux royaumes se réunirent néanmoins
la dfscipline tous les vendredis. Le chapitre dans la suite, et ceux de Castille accordè-
général de Cîteaux ordonna aussi que l'or- rent à dom Garcias Lopez le revenu des
dre de Calatrava serait soumis à la visite de bifus situés en Ar 'gon, avec le litre seule-
l'abbé de Morimond, Sur quoi il est bon de ment de [Trand commandeur d'Alcagniz.
remarquer l'erreur do Schoonebek, qui, dans Comme le grand maître de Calatrava était
son Histoire des ordres militaires, parlant de fort âgé, l'ordre êlait gouverné par dom Mar-
celui de Calatrava. dit que dora Alphonse tin Maiiinez qui en était grand comman-
Ferez, l'un des grands maîtres de cet or ire , deur. 11 assembla quatre cents chevaux , et
fut élu avec Ja permission de Morimond, sept cents fantassins dans les leries de la
abbé de Cîteaux, prenant le nom de l'abbaye dépendance de l'ordre, el il surprit sur les
de Morimond pour celui d'un abbé de Cî- Maures l'an 1198 le château de Salvaliena,
teaux. où l'on transfera le couvent de l'ordre, et
Ce grand maître dom Nugno Ferez de Gui- les chevaliers prirent le nom de ce château.
gnonez porta d'abord ses armes contre les Le grand maître dom Nugno Ferez se démit
Maures du côté .'Anduxar, où il les défit en de sa charge qui fui aussitôt remplie par l'è
plusieurs rencontres. Comme il s'en retour- grand commandeur Martin Martinez , élu
nait avec un riche butin et beaucoup de pri- par les chevaliers à Salvatierra.
sonniers, le frère de la reine de Gordoue le Dom Kui Diaz lai succéda l'an 1206 et les
K41 CAL CAL >i2
Maures s'étant encore rendus maîtres de L an 1296 y eut schisme parmi les che-
il
^.ilvaliorra i'an lilO, ce jrrand m.iîire trans- valiers, les uns ayant élu pour grand maîlre
féra pour la quatfi«''me fois le couvent de son dom Garcias Lopez de Padilla, et les aulres
ordre à Zuriln. Mais ils retournèrent à Cala- dom Gautier Perez. Chacun de ces grands
trava l'an 1212 après que le roi Alpliouse maîtres s'empara des places (jui apparte-
eut conquis sur les Maures celte place qu'il naient à l'ordre, et cette divi ion dura pen-
rendit aux cht^valiers. dant quatre ans, jusqu'à ce que les deux,
Doin llodri^^ue Garcias fut élu grand maî- prétendants, lassés de vivre dans le trouble
tre après Iri niior. de Rui Diaz, et ce fut el la confusion, convinrent de mellre en
sé-
sous son gouvernement que l'ordre militaire questre entre les mains du grand maîlre
d'Avis en Portugal fut soumis à celui de d'Aleaniara les places qu'ils tenaient, pour
Calalrava. Ce grarxl maître donna aux cheva- les rcmpitre ensuite à celui que le pape au-
liers (i'Avis l'an illi deux palais que l'ordre rait reconnu pour légitime grand-maitrc de
de CaK'ilrava avait dans la ville d"l'>ora avec l'ordre de Calalrava. Chacun tâcha de faire
quelques autres héritages, à condition qtie valoir son droit, et l'alTaire fut décidée en
cet ordre serait soumis à la visi e cl à la faveur de dom Garcias Lo|)Cz, l'an 1^:01. Mais
reforme de celui de Caiatiava, el suiviait ses le clavier de l'ordre el les chevaliers qui
statuts et ses lois. Mais îandis que l'ordre avaient favorisé dom Gautier Perez, écrivi-
d'Avis se soumollait à celui de Calalrava, les rcnl la même année à dom Henri, tuteur du
chevaliers de Calalrava en Aragon firent de roi Ferdinand IV, pour lui donner avis que
Douvelles tentatives pour s'y soustraire, en le grand maîlre Lopez sélait ligné avec
voulant encore élire un grand maîlrc en ce ceux qui prélendaienl mettre sur le trône
royaume; ce qui obligea le grand maître Alj.honse, fils de linfaul Ferdinand. L'abbé
Rodrij-ue Garcias (!'} aller, el il y mourut. de Saint-Pierre de Gumicl, qui était pour lors
Son successeur dom Mai tin Fcrnandoz visiieur de l'ordre de Calalrava, recul ordre
transféra pour la cinîjuiè.iie fois le principal du prince dom Henri de s'informer de la vô-
couvent de l'ordre dans un lieu auquel il rite. Il alla à Calalrava acci mpagné des
donna le nom
de Calntrnva-la-Nouvclle, qui abbés de Morervala et de la Spina, et sur les
était éloignée de huit lieues de Calatrava-/a- plaintes du clavier el des chevaliers de son
Vieille, et il donna l'an 1218 aux clievaiiers parti, il prononça une sentence de déposition
de Saint-Julien du Poirier Atcantara (!ont , contre le grand maîlre Lo[jez qui en app la
ils prirent le nom, à condition qu'ils seraient à Rome; mais nunobslant son appellalian la
aussi soumis à la \isite, correciion et rél'or- sentence lut exécutée, et dom Alleman cnm-
malion du grand maîlre de Calalrava et de maiideur de Zuriia fut élu grand maîlre.
ses successeurs. Il mourut la même aniiée, Dom Garcias l.opez ne pnuvanl supporter
et eul pour successeur dom' Gonsalves Yanès cel afiVonl alla à Rome, el ayant représenté
ou Ibagnès, qui fui fondateur des religieuses à Boniface Vlil l'injustice qu on Ini f.iisait,
de l'ordre de Calalrava 1 an 1219. '
' '
le pap(3 renvoya celle affaire au chapitre
Ces r('li5.ieuses furent d'abord établies au général de Cîleaux, qui cassa la sentence
couvent de Saint-Félix proche d'Amaya dans prononcée contre lui par l'abbé de Saint-
un lieu appelé Barrios, où elles ont de- Picrro de Gumiel, cl donna commission à
meuré pendant près de trois (eut cin(iuaule l'abbé de Belhania pour rétablir le grand
ans jusqu'à ce que Philippe II, roi diïspa- maîlre dans sa dignité ce qui fut exécuté
:
gne et administrateur de cel ordre, les trans- l'an 1302, dom Alleman ayant renoncé à la
féra dans la ville de Burgos l'an 1338. Quel- grande maîtrise.
ques filles dévoles, qui portaient l'habit de Quoique le grand maître Lopez fût fort
Cîteaux et vivaient en communauté sous la âgé, il ne laissa pas d'entreprendre la
juridiction de l'évèque de Sigueiiça dans le guerre contre les Maures mais s'élant trop
;
couvent de Saint-Sauveur de Pinilia, se sou- avancé dans leur pays, il fui enveloppé par
mirent aussi à l'ordre de Calalrava vers ces infidèles, qui le défirent après un long
l'an li79, sous le gouvernement du grand combat. Plusieurs chevaliers y perdirent la
maître Pierre Giron, qui leur donna quel- vie, el Lopez fut accusé d'avoir fui dans le
ques hérilages appartenant à l'ordre, et fort du combat avec l'étendard de l'ordre :
formèrent le second monastère des religieu- c'est pourquoi dom Jean Nugnez, clavier,
ses de Calalrava. Mais le plus illustre est persuada à plusieurs chevaliers de ne lui
celui qui fut fondé par Gautier de Padilla plus obéir : non-seulement ils suivirent ce
grand commandeur dé l'ordre, à Almagro,' conseil, mais encore ils se joignirent aux
sous le litre de l'Assomption de Notre- habitants de Ciudad-Real pour laire la guerre
Dame, du temps que le roi Ferdinand avait au grand maîlre. Ils voulurent l'assiéger
radministraiion de cel ordre. Ces religieuses' dans le château de Miguelturua mais Lopez
;
ont le titre de commendalrices, cl doivent ayant élé à leur rencontre, 'eur livra un
faire les mêoies preuves que les chevaliers combat, dans lequel il eut le malheur d'élre
de Calalrava. Les unes et les autres sont vaincu, el fut obligé de prendre la fuite.
habillées comme les religieuses de Cileaux, Dom Jean Nuguez forma ensuile une accu-
el ne sont distinguées que par la crijx de sation de haute trahison contre lui; il fut
l'ordre de Calalrava qu'elles portent siir déposé une seconde fois, el Nugnez fui mis
leur scapulaire et sur Ic"T ''oule du côlé en sa place l'an 1328. Lopez ayant eu encore
gauche (1). .recours au chapitre général de Cîteaux, fui
(1) Voy., à la fin du vol., n»' 129 et 150.
,
la fût réservée en donnant sa démission : peuple; d'un autre côté, considérant que si
c'est pourquoi celui-ci, voyant qu'on ne lui Pierre le Cruel se maintenait sur le trône,
tenait pas parole, reprit le litre de grand ses neveux lui succéderaient, il no savait
maître, qu'il conserva jusqu'à ce qu'il mou- quel parti prendre. Mais pendant qu'il déter-
rut à Alcagniz, l'an 1336. Après sa mort, les minait auquel des deux il s'attacherait, l'ar-
chevaliers d'Aragon, et même quel(iues-uns mée de Pierre le Cruel et celle du comte de
de ceux de Castille, qui étaient pour lors à Tristemare en vinrent aux mains, et la vic-
Alcagniz, élurent pour grand maître dom toire se déclara pour Pierre le Cruel. Pour
Alphonse Ferez de Toro, avec le consente- lors le grand maître envoya faire offre au
ment du roi et l'autorité de l'abbé de Mori- roi de la cavalerie qu'il avait, espérant que
mond, qui était venu faire la visite de l'or- ce prince croirait qu'il lui faisait cette offre
dre. Perez étant mort quelque temps après, avant qu'il eût appris le succès de la ba-
on lui substitua dum Jean Fernandez, qui taille; mais il se trompa, le roi accepta la
fut aussi élu à Alcagniz. Nugnez, étant allé cavalerie, et Garci;is de Padilla ayant été
en Aragon, fit avec ce dernier grand maî- trouver ce prince, il le fit arrêter et conduire
tre, un par lequel il le faisait renon-
traité dans le château d'Alcala où il mourut quel-
,
valiers d'Aragon et de Vaience; ce qui fut prince promit à dom Pierre Giron, com-
confirmé par le pape Clément VI. mandeur de Malos, que s'il tuait le grand
Mais l'an 1355, sur ce que ce grand maître maître, il en sa place Ce com-
le ferait élire
s'était ligué avec le roi d'Aragon contre , mandeur arrêta Martin Lopez, qu'il fît met-
Pierre, surnommé de Castille,
le Cruel, roi tre en prison et avant que de le faire mou-
,
son souverain, ce prince le fit mettre en pri- rir, il voulut donner avis au roi de sa
son, et assembla un chapitre général dans le- détention. Mais le roi de Grenade envoya
quel il fut déposé. Dom Garcias de Padilla dire au commandeur de Matos (^ue s'il ne
fut élu en sa place, et peu de jours après relâcliait le grand mai re, qui était son ami
Nugnez eut la tête tranchée par ordre du il irait avec son armée le délivrer ce qui ;
trene fut pas non plus paisible il eut pour : qu'on mît en liberté le grand maître ainsi :
compétiteur dom Pedro Estevagnez-Carpein- il évita la vengeance qu'en aurait tirée le roi
tero, qui fut aussi élu à la faveur du grand de Grenade, mais il ne put éviter celle du
maître de l'ordre de Saint-Jacques, d'Henri, roi du ciel, qui lui fit sentir la pesanteur de
comte de Tristemare, du duc d'Albuquerque, son bras, et le punit de toutes ses cruautés ;
et d'autres grands seigneurs. Celui-ci prit car la même année, 1369, ce prince perdit les
les armes contre le roi de Castille, et s'em- royaumes de Castille et de Léon avec la vie,
para de la ville de Toro. Mais ce prince qui lui furent ôlés par le comte Henri deTris-
l'ayant reprise tua de sa propre main ce
, temare, qui parce moyen resta seul posses-
grand maître intrus, lorsqu'il se présenta seur de ces deux royaumes. Martin Lopez ne
devant lui, sans que la présence de la reine, voulut point le reconnaître pour roi. Il tâcha
sa mère, pût arrêter l'effet de sa colère. au contraire de faire soulever l'Andalousie
Les troubles dont l'Espagne était agitée, en faveur d'un de ses neveux, que Pierre le
causèrent aussi la mort du grand maitre Cruel avait eu de Marie de Padilla. Mais dom
dom Garcias de Padilla car le comte de Tris-
; Pierre Mugniz de Godoy, que le nouveau
temare ayant été reconnu pour roi par une roi avait fait élire pour grand maître, sitôt
partie des villes de Castille, il alla trouver qu'il eut été proclamé roi du vivant de Pierre
ce prince et lui prêta serment de fidélité. le Cruel, alla attaquer Lopez avec les troupes
Pierre le Cruel ayant appris ce qu'avait fait de ce prince, l'assiégea dans Carmona, où il
le grand maître, et voulant s'en venger, crut s'était retiré, et le somma de rendre la place,
qu'il devait dissimuler pour un temps, et ta- ou de venir combattre en plaine. Lopez ne
cher de l'attirer par la douceur : c'est pour- voul int accepter ni l'un ni l'autre, soutint
8.5 n CAL CAL 5ir,
longtonips le siège; mais voyant que son iln'y eut que lu; qui se servit de ce privilège
inonde diminuait , et qu'il ne pouvait échap- lient pour successeur, l'an lH3,dom Fer-
per d'une manière ou d'une au'rc, il sortit dinand de Padilla et celte élection causa de
,
de la ville pour comb.iltre; mais ayant été nouveaux troubles dans l'ordre car le roi do
;
fait prisonnier, il eut peu de temps après la Castille, Jean IJ, l'ayant appris, envoya ordre
tête Iraiicliée. Ainsi Pierre Mugniz , n'ayant aux chevaliers de déposer dom Ferdinand el ,
gouverné pendant quinze ans, il fut élu été tué par accident par un de ses domesti-
grand maître de celui de Saint-Jacques de ques, sa mort termina bientôt ce différend;
l'Epée en 1383. car dom Alphonse d'Aragon lui succéda à la
11 y eut encore schisme dans l'ordre sous grande maîtrise, dont il n'eut pas plutôt pris
le gouvernement de dom Henri de Villena, possession qu'il se déclara contre son bien-
,
vingt-quatrième grand maître, qui l'ut élu faiteur; car le roi de Navarre, son père, s'é-
l'an liOi. Le roi Henri 111, qui souhaitait tanl brouillé avec le roi de Castille, la guerre
son élection se trouva pour cet effet à Cala-
, s'allunia fortement entre ces deux princes.
lrava, afin de solliciter les anciens cheva- Le grand maître de Calalrava prit avec ses
liers à donner leurs suffrages à Henri de chevaliers le parti du roi de Navarre, qui,
Villena. IMais sur la difficulté qu'ils y ap- malgré ce secours, ne laissa pas d'être vaincu
portèrent, à cause qu'il n'était pas de l'or- en plusieurs rencontres par le roi Jean, qui,
dre et qu'il était marié, le roi leur dit que après avoir chassé entièrement ses troupes
son mariage était nul, parce qu'il était im- de ses royaumes de Castille et de Léon,
puissant, et que pour ce suji l sa femme voulut châtier les chevaliers de Calalrava de
demandait sa séparation, et que le mariage leui infidélité, en portant les armes con-
fût déclaré nul. La sentence de divorce (ut tre lui, qui était leur souverain; et comme
donnée, Henri de Villena fat élu grand maî- le grand maître était la cause de leur rébel-
tre, et le pape le dispensa du noviciat, lui lion ce prince fit assembler le chapitre gé-
,
permettant de faire ses vœux sitôt qu'il se- néral à Calalrava, l'an li4o, où ce grand
rait entré dans l'ordre. Mais les chevaliers maître fut déposé par son ordre. On pro-
qui ne s'étaient pas trouvés à son élection, céda ensuite à l'élection d'un autre grand
ayant appris qu'il y avait eu de la tromperie maître mais les chevaliers ne purent s'ac-
;
dans la sentence de divorce, élurent pour corder ensemble les uns donnèrent leurs
:
grand maître dom Louis Gusman, qui alla voix à dom Pierre Giron d'autres à dona
,
Louis Gusman fut paisible possesseur, et occupa Ossuna, Martos et quelques autres
porta ses armes contre les Maures. Mais places dans l'Andalousie, et Alphonse d'Ara-
après que la paix eut été faite avec ces infi- gon se ronserva le-, places que l'ordre pos-
dèles, l'on vil le» chevaliers armés les uns sédait dans le royaume d'Aragon. Ces deux
contre les autres. Le grand maître étant fort premiers s'accommodèrent la même année
vieux, un faux liruit de sa mort se répan- 1445, car dom Gusman cédant le droit qu'il
dit à la cour; le grand commandeur, qui était prétendait avoir à la grande maîtrise, Pierre
à Cordoue, demanda du secours a l'infant Giron exerça celte charge nonobstant- les
Henri pour se rendre maître des chàleaux places et 1titre de grand maître, (jue dom
2ui appartenaient à l'ordre dans le royaume Alphonse se conserva pendant douze ans,
e Castille. Ce prince lui donna douze cents après lesquels il renonça aussi à ses droits,
hommes de pied, et cinq cents chevaux, el obtint du pape Calixte 111 la permission
avec lesquels il entra sur les lerres d;^ Ca- de se marier, après avoir juré qu'il n'avait
latrava. Le clavier de l'ordre, comme lieu- jamais eu intenlio\i de faire profession.
tenant du grand maître, alla à sa renconlie L'année suivante 144-6, le prince Henri de
avec huit cents hommes d'infanterie et douze Castille voulant ôter la couronne à son père,
cents chevaux. 11 y eut combat entre eux , Jean II, qui ne gouvernai! le royaume que,
dans lequel le grand commandeur fut fail par les conseils d'Alvarez de Luna, conné-
prisonnier, et peu de timps après le grand table de Caslille, qui était fort haï de tous les
maître mo rul. On dit qu'il avait obtenu pen- grands du royaume le grand maitre de Ca-
,
dant son vivant une bulle pour avoir permis- lalrava prit le parti du prince Henri, et la
sion (ie se marier, et les chevaliers aussi, mais fournit des troupes. Les divisions entre 1
r,( ;.^v^«
54Î DICTIONNAIRE DES ORDRES RELIGIEUX. §48
père et le Gis durèrent six ans, et ne tarent ronne sur la tête. Et en effet, l'infante Isa-
terminées que par la mort du connétable, qui belle succéda au royauine de Caslille après
j)erdit tèto sur un écliafaud.
1 i la mort du rryi Henri, son frère. Mais comme
Jean II étant mort in I4ai-, son fils Henri il était en clieinin pour aller à Madiid épou-
lui succéda; il po.la la guerre contre les ser rinlfinle, il lombu malade à ^ illa Uuvia,
Maures. Le grand maître le suivit avec ses où il Ukuurut (lualre jouis après, non sans
chevaliers et ceux dus autres ordres. Mais le soujxon de poison, et rin'anle épousa Fer-
roi n'ayant pas voulu a^siL•g('r la ville de din iiui, prince d'Aragon et roi de Sicile.
Grenade forleresse, les grands du
ni aucune L'on Vîil par celle dispense que le grand
royaume qui étaient .-.vec lui, allribuirent m Jlre obtint de Pie II, que les chevaliers de
cela à lâcheté. C'est pourquoi regardant ce Calalrava n'avaient pas encoe la permis-
prini e connue indigne de porter la couronne sion de se marier; en effet ils ne l'oblinrent
de Caslilli', il voulurent se saisir de sa per- que l'an lo40, au pape Paul 111,
sonne et élire pour roi l'infant dom Alphonse, La mort du roi Henri mit en; ore le royaume
son frère. Le roi ayant su leur dessein, de Gastil e en confusion. La plupart recon-
quitta secrèlemcnl l'armée et vint à Cordoue nurent pour reine Isabell", femme de Ferdi-
où il lui échapp;i quelques paroles de mena- nand, roi et prince d'Aragon; et
de Sicile
ces contre le grand maître de Calalrava, qui les autres, Jeanne, fille du roi Henri, qui
chef de la conjuration ce qui fil que
était le : avait épousé Alphonse, roi de Portugal, son
ce grand maître et les autres seigneurs ,
oncle. Le graml maître de Calalrava pril les
appréhndant l'effet de ses menaces, se li- iniéiéls du roi de Portugal, «^t l'ordre se
guèrent ensemble avec rarchevéque de To- trouva divisé par ce moyen ; car une autre
lède. partie des chevaliers suivit le parti du roi
Cependant voyant combien il lui
le roi, Ferdinand et de la reine Isabelle, sous le
était important d'avoir le grand maître de commandement du clavier de l'ordre, dom
Calalrava d ms ses intérêts, l'attira à son Garci as L; pez de Padilla. Mais la paix qui
service en lui donnant le château de Moron se fil enlre les deux couronnes après que le
en Andalousie et quelques villages aux en- ru\ de Portugal eut perdu la bataille de Toro,
virons de Cordoue, dont le grand maître en 1479, rétablit aussi la paix et la tranquil-
prit possession. 11 suivit ce prince en 14ij9, lité dans l'ordre de Calalrava. Le grand
lorsqu'il fit la guerre à Jean roi de Navarre, maître reconnut sa faute, et le roi Ferdinand
et lui amena (juiiize cents cavaliers, tous et la reine Isabelle, qui prirent le titre (îe
chevaliers ou vassaux de l'ordre; le roi rois catholiques, excusant sa jeunesse, lui
pour lui en témoigner sa reconnaissance lui pardannèren;, et il se réconcilia aussi aveo
donna encore Pegnafiel, Briones, Santiva- le clavier. Il servit les roiscatholiques dans
gnos et quelques auires lieux qu'il avait la guerre qu ils firent aux Maures,
l'an 1482,
conquis sur les Navarrois. il servit encore et y fui tué. Il eut pour successeur le clavier
ce prince en qualité de général de ses ar- don Garcias Lopez de Padilla, qui mourut
mées dans la guerre qu'il fil aux Maures l'an l'an 1486, ayant gouverné pendant quatre
1461. Mais, dans la révolution qui arriva ans cet ordre dont ii fut le vingt-neuvième et
dans le royaume de Caslille, il prit les ar- dernier grand maître. Car comme les che-
mes contre lui s'étant joint pour cet effet à
, valiers se disposaient à faire élection d'un
jjlusieurs seigneurs méconlents du gou\erne- successeur à celle charge, les rois catholi-
nient de ce prince. li fit proclamer roi Al- ques leur envoyèrent signifier une bulle
phonse, son frère, et fit soulever beaucoup qu'ils avaient obtenue du pape Innocent VIII,
de villes en sa fa\eur; mais le roi Henri, qui par laquelle ce ponlife se réservait la nomi-
prévoyait les suites fâcheuses que pourrait nalion de la grande maîtrise «ainsi ils ne fi-:
avoir celle division, fit son possible pour rent point d'élection, et le pape donna l'ad-
l'attirer encore une fois dans son parti en lui ministration de cet ordre au roi Ferdinand,
faisant faire quelques propositions avanta- sa vie durant.
geuses ce qui lui rcu sit, car il entra encore
; Après la mort de ce prince, qui arrivai
avec lui dans une néi^ociation qui fut ter- l'an 1516, les chevaliers voulurent élire un
minée par un Irailé, dont une des condi- grand maître. Le cardinal Adrien qui gou-
tions fui qu'il abandonnerait Alplionsc, et vernait le royaume en l'absence de Char-
que le roi lui donnerait en mariage la prin- les I"% successeur de Ferdinand, et qui fut
cesse Isabelle sa sœur. Comme le grand maî- élu empereur peu de temps après, s'y op-
tre était religieux par les vœux solennels posa sur ce que ce prince avait demandé
qu'il avait faits dans l'ordre, le roi pria le l'adminis!ratian de l'ordre au pape, el (ju'it
pape Pie II de le relever de ses vœux et de en attendait les bulles. Ils ne laissèrent pas
consenlir à ce mariage qui devait apporter de procéder à une élection, et élurent le roi
la paix et la tranquillité dans le royaume : pour grand maître ou administraieur de
ce que le pape accorda l'an 1464, permettant l'ordre; ce qui fut confirmé par le pape
en même temps que dom Pierre Giron rési- Léon X. Ceprmce ayant été couronne em-
p .'ât la grande maîtrise à dom Rodrigue pereur, lini un chapitre généial, l'an 1523,
Telle/ Giron, son bâiard , qui n'avaii que et le pape Adrien VI annexa pour toujours
huit ans, auquel ce poatife, donua pour coaJ- à la ouronne d'Lsj/agne les grandes maî-
(
juteur dom Jean l'acheco, marquis de \ il- trises des trois ordres de Saint-Jacques de
leiia, son oncle. Par ce mariage do.u Pierre l'Ëpée, de Calalrava el d'Alcanlara.
Giron prétendait se mettre uu jour la cou- Cet ordre possède euvirou ciuquante-six
549 . CAL CAL S50
cominanoGrics, dans lesquelles sont com- aussi trois différents habillements pour eux '
prises les di nilés de clavier el d'inleiidant doni nour. parlerons dans la suite. Us so;
des bâlirneiils, qui ne peuvent être données encore divisés en cénobites, anachorètes ot
i]un des personni's du mêir.eordre. 11 a encore reclus. Les reclus s'enferment dans des
environ seize prieurés, dont la plupart sont grottes ou cavernes au sommet des mon-
maisons conventuelles et les autres de sim- tagnes, d'où ils ne sortent jamais, s'aban-
ples cures. Ces prieurés ne se donnent aussi donnanl entièrement à la Providence. Ils ne
qu'aux ciia[ielains de l'ordre, et il est encore viv(>nl que des aumônes que leur envoient
seigneur d'environ soixante-quatre bourgs les couvents voisins, et ne inangent qu'une
ou villages. Les principales dignités sont lois le jour des légumes bouillis dans de l'eau
celles de ftrand maître, de grand comman- sans sel ni huile, et des fruits secs, avec du
deur, de clavier, de prieur, de sacristain ou pain cuit sous la cendre, a la réserve des
trésorier et intendant des bâtiments. La létes solennelles, qu'ils font deux repas; et
grande maîtrise ayant été suppriu^ée et unie de temps en temps, il y a des prêtres qui les
à la couronne d'Espagne, comme nous avons vont visiter et leur administrer les sacre-
dit, les autres ont toujours subsisté. Celles ments.
de prieur et de sacristain ne sont possédées Les anachorètes se retirent de la conver-
que par les religieux chapelains, le prieur sation du monde, et habitent aux environs
se sert d'ornements pontiûcaux dans les des monastères, dans des ermitages, où il
y
fonctions ecclésiastiques et a droit de con- a quelque petit enclos qu'ils cultivent, e(
férer les ordres mineurs aux religieux clercs d'où ils ne sortent que les fêles et diman-
de cet ordre. ches, pour aller au monastère voisin faire
L'habit de cérémonie des chevaliers (1) est leurs dévotions et assister à l'office, s'occu-
un grand manteau blanc, sur lequel il y a panl le reste de la semaine à la prière et à
du côté gauche une croix rouge fleurdelisée. l'oraison, faisant de grandes abstinences, et
Depuis l'an loiO, que ces chevaliers ont eu ne vivant que de leur travail.
permission de se marier, ils ne font que les Les cénobites ont toutes les heures de leur
vœux de pauvreté, d'obéissance el de chas- office réglées, depuis un office particulier
teté conjugale, et depuis l'an 1G52, ils en ont qu'ils chantent à minuit jusqu'à compiles
ajouté un qualrièuîe, de driendre el soutenir qui se disent après le soleil couché. La
veille des fêtes solennelles, ils restent au
l'icimaculée conception de la sainte Vierge.
Ils ont pour armes la croix de l'ordre qui
chœur jusqu'à la pointe du jour, employant
est de gueules en champ d'argent, avec deux toute ia nuit à réciter le psautier, matines et
entraves de sable au pied de la croix. Liudes, et à lire des homélies comme il est ;
Francisco de Radez, Chronic. de las or- impossible que le sommeil ne les accable, il
ne le disent jamais. Il n'y a guère qu'à Mon- présente de petits morceanx de pain d.^ns
tesanto ou Mont-Athos, ou bien à Nearaogni un panier avec de l'eau; mais il n'y a ordi-
dans l'île de Chic et dans quelques couvents nairement que les jeunes qui en prennent
bien réglés, que l'on dit régulièrement cet par nécessité, et ils repassent à l'église pour
office; car tout le reste du clergé grec prend rendre grâces à Dieu et faire la prière du
de lui-même la dispense de ne le p inl dire, soir, après laquelle le supérieur fait le
sans l'attendre du patriarolie à qui on ne signal, et chacun se retire en silence à sa
s'avise pas même de la demander parce que ;
cellule.
n'ayant pas lui-même le loisir de réciter un Ilsont quatre carêmes qui leur sont com-
si long office, il montre aux autres l'exemple
muns avec le reste du peuple de leur même
d'en retrancher une bonne partie, ou de rite. Le plus grand et le premier est celui
toire où l'on fait la lecture pendant le dîner. toute sorte d'espèce. Ainsi leur nourriture
Mais au sortir du repas, tant le malin que pendant ce leraps-là est de choses malsaines
le soir, le cuisinier se rail à genoux à la et de dure digestion, avec des légumes, du
porte du réfectoire, et comme s'il demandait riz, du miel, des olives et des herbages. A
fa récompense de ses peines ou le pardon de Zante la plupart des Grecs ne veulent pas
ses fautes, il dit de temps en temps aux reli- mèine user d'huile, parce qu'elle est grasse,
gieux Eulogite, pateres; bénissez-moi, mes
:
quoiqu'is ne fassent pas de difficulté de
pères, et chacun d'eux le saluant, lui ré- manger des olives; mais en Grèce il n'y a
pond :Theos syncoresi, que Dieu vous bé- que les religieux, les religieuses et quelques
nisse; puis s'élant tous retirés à leurs cham- dévols qui s'en abstiennent. Pendant ce ca-
bres, ils y demeurent s'ils veulent, ou vont rême les religieux ne boivent point de vin,
travailler jusquà quatre heures, qu'ils s'as- ou du moins n'en doivent point boire, ex-
semblent à l'église pour dire vêpres; après cepté le samedi et le dimanche; et leur ab-
quoi ils font quelque petit exercice, et vien- stinence est si grande, que si durant le ca-
nent souper à six heures. Le souper étant rême ils sont obligés, en parlant, de nommer
Oni, ils rentrent à l'église pour y dire un seulement du du bourre ou du fromage,
lait,
office qu'ils nomment apodipho l'après- , ils ajoutent toujours la parenthèse de tiinitis
souper, qui est ce que nous appelons com- ogias saracostis, sauf le respect du saint ca-
piles, lequel étant fini vers les huit heuies rême el le peuple à It'ur exemple en fait
;
servance régulière est en pratique, la plu- tages el des autres choses qui ont rapport à
part faisant consister toute l'observance la viande. Le troisièm carême est celui de
>
dans les austérités et les mortifications car ; l'Assomption de Notre-Dame il dure qua- :
ils ne mangent jamais de viande el jeûnent torze jours, pendant lesquels il ne leur est
trois fois la semaine, le lundi, le mercredi et pas permis de manger du poisson, exce[>lé
le vendredi, pendant lesquels jeûnes et ceux le dimanche et le jour de la Transfiguralion
de leurs carêmes, ils ne mangent qu'à deux de Notre-Seigneur. Le quatrième carême est
heures après midi. Ils retournent néanmoins celui que nous appelons de l'Avcnl, qu'ils
«près compiles au réfectoire, où on leur commencent quarante jours avant Noël, cl
t^AL r,y>^
q.u'i!s ob^Pivcnî de la même manière que le vestibule, ôte ses babils, c'csl-à-dire la
il
comme nous l'avons dit, sont communs avec pendant qu on dit la messe, il a la tête et les
les séculiers, ils en ont encore trois autres, [):eds nus, et n'a poiiil de ceinture. lîn en-
dont le premier rommenco avant la fêle do trant dans l'église on chante des antiennes,
saint Dirniiri, et dure vingt-six jours. Le se- lesquelles étant achevées, il est conduit par
cond est de quinze jours avant la fêle de le sacristain à la poftedu sanctuaire en fai-
rKxaitation de la sainte croix, ei le troi- sant trois génuflexions en trois lieux difl'o-
sième de huit jours avant la fête de saint rcnls. H se lient debout devant le sispérieur
Michel. Tous hs Grecs jeûnent encore les qui lui dit Qu'il faut au'il ouvre les oreilles
:
les lundis; mais ils ont en horreur le jeûne qui dit à ceux qui sont fatigués et chargés,
des Ninivites on de Jonas, que queli]U('s de venir à lui et qui! les soulagera; qu'il faut
Orientaux observent, ils le regardent comme ]!rendre son joug, et appren'lre de lui qu'il est
superstitieux; c'est pourquoi, pendant l.i doux et humble de cœur, et quon y trouvera
semaine que les auîrcs jeûnent, ils mangen le repos de son âme i'i]. 1! l'exhorte à ré-
gi^ux répèlent toujours p;-r trois lois: Que le promet de les remplir, le no\ice l'ayant pro-
Seigneur lui fasse miséricorde. H lui coupe mis, le supérieur récite une oraison, après
les cheveux en forme de croix en commen-
laquelle il lui met enire les mains tous les
çant par le sommet de la tête; il coupe en- habits dont il va être revêtu, et recite d'an-
suite le deviint, le derrière et leà côtés en tres oraisons, après lesquelles il éleod la
<lisant Xotrc frère N. n les cheveux coupés,
:
main vers le côlé de l'Kvangile, en disant :
disons j)o:tr Itii '.Que le Seigneur lui fasse mi- personne ne vous contraint de recevoir llia-
séricorde, lin lui donnant la tunique Notre :
bit, et si vous souhaitez de votre propre mou-
frère N. est revêtu de la tunique de justice vement étrerevétudugage du grand et angélique
pour gage du saint et angélique habit ; di- habit. Le novice ayant répondu qu'il le de-
rons, etc. En lui donnant le bonnet Notre :
mande de tout son cœur et de son propre
frère N. reçoit le casque sur sa tête, au nom mouvement , le supérieur lui présente les
du Père, du Fils et du Saint-Esprit ; disons ciseaux en disant Recevez ces ciseaux et :
pour lui, etc. Voilà en quoi consiste l'habit donnez-les moi. Ce qui se fait par trois fois,
des religieux de la première (lasse, el lors- et le supérieur, en les lui donnant la troi-
«lu'ils l'ont porté pendant trois ans, on Irur sième fuis, dit Voilà que vous les recevez
:
donne l'habit des [)r.>fè', que l'on nomme le delà main de Jcsus-Christ voyez dans quel ,
qui est la couverture d' incorruption et de les épaules par devant et par derrière, ayant
l'honnêteté, au nom du Père, etc. Auv san- un capuce pointu et cinq croix de ruban de
dales : Notre frère N. a pour chaussure^ des laine qui y sont attachées, l'une sur le front,
sandales en signe de la préparation de l'Evan- une sur la poitrine, une autre par derrière
gile de paix, au nom, etc. El enfin Notre : et deux sur les épaules. Celui qui a é:é re-
frère N. reçoit les arrhes ou le gage du grand vêtu de cet habit ne doit point sortir de
et angélique habit, au nom, elc. l'église pendant sept jours, il a permission
Celle cérémonie est suivie de quelques d'entrer dans le sanctuaire, quoifju'il ne
prières, après lesquelles on met en main du soit pas dans les ordres sacrés, et au hui-
nouveau profès le livre des Evangiles, une lième jour on lui ôle dans le sanctuaire la
croix et un cierge, s'il est dans les ordres cucule et les autres habits qui pourraient
sacrés car s'il n'est que laïque
;
on lui , l'empêcher de travailler, ce qui se fait en
donne seulement li croix et le cierge. Le récitant plusieurs oraisons. Tant ceux du
supérieur le baise ensuite, et les autres re- petit habit que ceux du grand et angélique
ligieux qui onl aussi des cierges à la main, habit laissent croître leurs cheveux. Jl y a
vont baiser le livre des Evangiles, le supé- même de ces derniers qui croient que c'est
rieur, et ensuite la croix et l'habit du nou- une plus grande perfection de ne raccom-
veau profès. 11 ne doit point sortir de l'église moder jamais leurs habits, de ne point cou-
pendant cinq jours, employant ce temps à per leurs ongles ni laver leurs mains.
la prière et à la méditation, et il ne doit pas Les cérémonies que nous venons de dé-
même faire de lecture. Outre le bonnet ou crire s'observaient autrefois exactement il;
calotte à oreille, qui est aussi pour les no- se peut faire qu'elles soient encore en pra-
vices, les profès ont encore une cucule, qui tique dans quelques monastères bien réglés;
est une espèce de voile qu'ils mettent par- mais comme il s'en trouve peu présentement,
dessus le bonnei ils le jettent par derrière
;
si ce n'est au mont Atiios, et que, dans ces
sur le dos, et il n'y a que deux morceaux couvents peu réglés, la plupart des supé-
larges de quatre doigts qui pendent par de- rieurs et des religieux sont forl ignorants,
vant sur les épaules. et presque tous hérétiques et scliismatiques,
La cérémonie qui s'observe en donnant le ils ne les observent pas si exactement. Ou
grand et angélique habit à ceux qui le de- en voit peu qui soient revécus du petit et du
mandent, consiste en ce que Ton met les grand l angélique habit, et ceux que l'on
(
habits au milieu de l'aulel et que l'on , voit oïdinairement djus le Levant n'onî
chante à matines et à laudes plusieurs can- ]:our tout habillement qu'un doliman. ou
liques. Celui qui le doit recevoir est, pen- \esle de couleur minime, qui descend jus-
dant la messe sans cucu'e et a les pieds
,
qu'à la cheville du pied. Ce doliman est serré
nus. On lui fait les mêmes inlerrogalions d'une ceinture de toile bi'une qui f.iit plu-
qu'au petit babil; l'inslruclion ou exhorla- sieurs tours autour du corps, et pardessus
lion est plus longue, aussi bien que les ce doliman ils ont une autre vesle ou tu-
prières que l'on chante. On lui coupe lii;ue qui a les manches médiocrement lar-
encore cheveux avec les mêmes céré-
les ges. Cette veste no se ferme jamais, quoiqu'il
monies; on lui donne les mêmes habille- y ait quantité de petits boutons depuis le
ments, et ce qu'on y ajoute de plus est un haut jusqu'en bas; elle descend seulement
anable que le supérieur lui donne, en disant : jusqu'à la moitié des jambes. Par dessous
Notre frère N. reçoit l'annble, au nom du ces habits ils portent des chemises de loile,
Père, du Fih et du Saint-Esprit, prenant la dont les manches qui sont ouvertes par le
croix sur ses épaules et suivant Jésus-Christ ; bas descendent, aussi bien que le doliman,
disons pour lui : Que le Seigneur lui fasse mi-^ jusqu'au poignet, et un caleçon de toile en
séricorde. Cet anable consiste en un mor- été, ou de drap en hiver, i\m leur tombe, eu
ceau d'étoffe carré de la largeur d'une palme, faisant beaucoup de plis, jusqu'à la cheville
que l'on attache sur les épaules avec des du pied. Ils ont des chaussons de maroquin
cordons cousus aux quatre coins, et dans violet allaehés à ce caleçon, et ont pour
lesquels on passe les bras. La croii et les chaussure des babouches ou pantoufles qui
autres marques de la passion do Noîre- seterminenten pointe, commeen portent tous
Seigncur y sont représentées, ou bien une Us Levantins auxquelles il n'y a ni talons
.
grande croix au milieu, et (]ualre petites à n: quartiers. Ils ne portent point la cucule
ses côtés avec ces lellres IC. XC. NC. Jcsus on voile dont nous avons parlé, comme on
Christus vincit. Le P. Goard, qui rapporte peut voir dans la figure que nous avons fait
toutes ces cérémonies dans son Eucologe graver sur un dessin qui m'a été envoyé
des Grecs, a néanmoins donné un office du d'Alep, et c'est proprement l'habit des no-
petit habit, dont l'original est dans le mo- \ices. C'est pourquoi nous l'avons mise la
(1) Voy., à la fin du vol., n^ i"i»
557 CAL CAL 51.8
première des (rois que nous donnons, et qui quelques pénilences, qui ne cor.sisxcnt qu'à
représenleni les diiïérenls liabillcmenls des faire plusieurs génuflexions el à jeûner
religieux grecs suivant les (rois clats de
, (juelquefois : car pour d'autres peines, les
novices, de parfaits et de plus parfaits. supérieurs n'osent pas même seulement en
Tous les religieux travaillent au l)ion du parler. Ils craindraient qu'en menaçant un
monastère pendant qu'ils y demeurent. Les religieux de quelque châtiment, ils ne lui
uns ont le soin des fruits, les autres des donnassent lieu de s'en exempter pour tou-
grains, les autres des troupeaux, cl géné- jours on proférant quelques paroles , ou
ralement de tout ce qui peut appartenir au bien eu levant seulement la main vers le
couvent, lis se servent en cola du secours de ciel pour se faire Turc. Ainsi, la crainte que
leurs novi( es, qu'ils emploient durant leur les supérieurs ont de perdre tout à fait les
noviciat plus souvent à la campagne qa'auv gens en \oulant les châtier un peu rude-
exercices de la médilaton el de la retraite ment, fait que toutes les pénitences que l'on
spirituelle, à quoi ils ne s'appliquent guère, donne sont toutes légères ou volontaires, à
non plus qu'à l'étuilc, ce qui lait que ces moins que l'on n;^ trouve un sujet tout à fait
caloyers sont exlrémemoiil grossiers et soumis, qui se porte lui-même à recevoir de
ignorants. A peine en Irouvc-t-on dans les Ion cœur tout ce que l'on voudra lui impo-
plus grands couvents qui ontondeut quelque ser de plus rude.
chose du grec littéral dans lequel sont
, Après que le supérieur a été élu par les
écrits tous leurs oftices cl toutes leurs religieux, il doit cire confirmé par l'évéque,
prières. ce qui se fait de cette manière. L'évéque
cù sont ces caloyers de culfi-
La nécessité vient au monastère, où, après avoir récité
ver eux-mêmes leurs terres, leur fait rece- quelques prières, les religieux lui présen-
voir quantité de frères laïques, il n'y a tent celui qui a été élu, en lui disant Le
:
guère de couvents qui n'en aient pour le rc'vérendissimc prêtre moine N., élu, est pré-
moins autant que de religieux destinés pour senté pour être confirmé et établi supérieur
le chœur. Ces frères sont presque tout le de ce vénérable monastcre N. L'évéque lui
jour à la campagne, et ne reviennent que le mettant la main ^ur la tête, dit une orai-
soir à la maison où nonobstant la fatigue
, , son on chante ensuite quelques antiennes,
:
de leur trav.iil, ils ne laissent pas d'assister après lesquelles on fait asseoir le nouvel
à une longue prière et d'y faire quantité de élu au milieu de l'église, on lui ôte son
génuflexions, qu'ils appellent Mie/«nai, c'est- manteau, on lui er. donne un neuf; l'évéque
à dire inclinations jusqu'à terre; après quoi dit :Le serviteur de Dieu est mis s\irU siége^'
s'étant contentés d'un souper fart léger, ils et fait supérieur el parleur de ce vénérable
vont se reposer de leurs peines sur un lit monastère N. Les religieux le lèvent en-
qui n'est guère moins dur que du bois, en suite de son siège, en disant trois fois : Il est
attendant que la prière du matin soit sonnée, digne. L'évéque l'embrasse, el les religieux,
el que le point du jour les rappelle à leur en font de même ; et l'évéque, en lui met-
travail. tant en main le bâton pastoral, lui dit :
Sur tous ces religieux il y a des visiteurs Recevez ce bâton qui vous doit servir d'ap-
ou exarques, dont nous avons décrit les pui pour gouverner votre troupeau, parce
fonctions dans le dernier paragraptie de la que Dieu vous en demandera compte au jour
Dissertation préliminaire. Ils n'entrepren- du jugement. On souhaite enfin plusieurs
nent la visite des couvents qui leur sont annévS au pontife cl au supérieur, et on
soumis que pour en tirer la somme d'ar- commence la messe.
gent que le patriarche leur demande et ces ; Nous ajouterons encore une cérémonie
pauvres caloyers ont beau travailler, fati- qui s'observe aux enterrements des reli-
guer el faire suer leurs frères laïques, ils gieux grecs. Comme après leur mort on
ont toujours beaucoup de peine à amasser doit laver leurs corps, mais qu'ils ne peu-
quelque chose, soit pour la communauté, vent pas élre vus nus , celui qui est commis
soil pour ur particulier, d'autant que leur
1 pour cet effet trempe une éponge dans de
patriarche ur envoie souvent ce^ sortes d
li
•
leau tiède, et, en la pressant, en fait sortir
visiteurs pour les décharger de ce qu'ils ont l'eau qu'il répand en forme de croix sur le
de meilleur. Nonobstant toutes ces laxes que front du mort, sur sa poitrine, sur ses
les religieux grecs sont obligés de payer, mains, sur ses pieds el sur ses genoux. On
tan! à leur patriarche qu'aux l'urcs, il ne lui Ole ses vieux habits, on lui en donne do
laisse pas d'y avoir des couvents bien ren- propres, et s'il est du grand el angélique
iés, el des leligieux assez riches en leur habit, on lui met la cucule et l'on fait des-
particulier pour oser quelquefois enchérir dendre son bonnet jusque sur la barbe, afin
SU" patriarche même, el s'emparer du
le <]ue son vis.ige soil caciié. On lui met aussi
siège à force d'argent. l'anable, le manteau, la ceinture el des san-
Les égumènes ou supérieurs des mona- .laies neuves. On étend ensuite par terro
slèies Sont fort estimés et respectés des i;iuîcouverture de laine dans laquelle ou
rcli{;ieux, principalement dans les grands ensevelit le corps, en liant celle couverture
mona>îlères ou couvents bien réglés car ; en trois endroits en forme de croix avec un
dans les petits où il y a quelques autres cordon de laine, sur la tête, sur la poitrine
anciens religieux ils ne sont pas si absolus.
, el sur les genoux seulement ; ce qui reste
Ils ont quelquefois même assez de peine a de ce cordon sert à lier les pieds. Les prières
se faire obéir, surtout lorsqu'ils enjoignent qui sont fort longues, aussi bien qu'aux en-
ûo9 DICTlONNAiUE DES ORDRES UELIGIKUX. .';(;o
<)Q,000 écus de revenu. Les Grecs lui ont aucun dos soixante et dix dont l'Ecriluro
donné le nom de Sainte-Métamorphose, et sainte rend témoignage.
les Latins celui de la Transfiguration de Dans la Palestine, à quatre ou cinq lieues
Notre-Seigneur .lésus-Chri>f. L'abbé de ce de Jérusalem et à trois de Bethléem, il y a le
monastère, qui est aussi archevêque, a sous monastère de Sainl-Sabas situé dans un lieu
lui deux cents religieux, outre ceux qui de- désert et le plus stérile qu'on se puisse ima-
meurent en plusieurs endroits, tant de celte giner, quoique du temps de ce saint abbé il
montagne que de cells qu'on nomme de y eût en même temps une grande multitude
Sainte-Catherine , à cause que le corps de de moines qui se retiraient et vivaient dans
celle sainte y fut porté par les anges, d'où il des lauies ,dont la plupart éiaienl des ca-
n été depuis transporté par ces religieux vernes et des tanières (}ui se voient autour
dans leur monastère à-e Saint-Sauveur. de ce monastère, dans la pente d'une longue
Ce monastère a élô autrefois très-recom- et rude montagne au pied de laquelle pass;;
mandablc par la sainleté des religieux qui y le torrent deCédron. Présen'ement le nombre
onl demeuré, comme s int Alhanase de Sinaï de ces religieux est réduit à quinze, qui sui-
et sainl Jean Climaqne, qui y a composé son vent la règle de Saint-Basile el demeurent
Echelle sainle. Il est au bas de la montagne dans ce monastère, dont l'église esl bclb^
où l'on moulait autrefois, depuis le pied el fort bien entretenue par le moyen des
jusqu'au sommet, par quatorze cents degrés aumônes que les <irrcs y envoient. La
qu'on ptéUnd avoir élé laiis par ordre de porte du couvent est toute couverte de peai.-x
l'impératrice sainle Hélène, et dont on voit de crocodiles , do peur que les Arabes n'y
encore les vestiges. Ce couvent est un grand 1! ettent le feu ou ne la rompent à coups di;
bâtiment (ic figure carrée, entouré de mu- pierres. A trois cents pas de l'église il y a
railles de cinquante pieds de hauteur. Elles une tour sép.'irécjdu couvent par un pro-
n'ont qu'une porte qui est même bouchée fond précipice. Celle tour a douze toises en
pour en défend; e l'entrée aux Arabes ; et, du carré et dix de hauteur, el à trois toises de
côté de l'orient, il vanne f'^néfre par où ceux lerre une petite fenêtre pour passer v.n
de dedans tirent bs pèlerins avec une cor- hnmme. H y a toujours un religieux qui de-
beille qu'ils descendent au bout d'une corde meure en ce lieu , vivant comme un reclus.
passée dans une poulie; el, parcelle fcnèlre Le P. Eugène Roger récollet , dans s»iu
,
tairies dans plusieurs endroits de la cliré dans cette tour depuis vingt-deux ans, et x\<.\
îienté qui apparliennenl à ce monastère. 1 descendait que trois fois l'an, à Noël, a
y on a une entre autres à Messine, nom Pâques et au jour de Sainl-Sabas pour re-
. ,
niée Sainte-Catherine des Grecs, qui a litr- cevoir les sacrements; c.u'il remontait ensuite
de prieuré, et où réside un prieur avec quel dans sa tour, où les religieux lui donnaient
ques religieux qui y sont envoyés parl'abbt^^ .sa nourriture dans un panier, qu'il tirait
du mont Sinaï. Ils y officient solon le rite avec une corde allacliéc d'ut» côté à cette
irrr-c d'Orient; mais, quand ils arrivent, il tour el de l'autre au dôme de l'église, où sont
core sur celte liionlagneun autre monastère était planté l'arbre qui la portait. Ce lieu est
abandonné, etonditque les Ilaliens y avaient enfermé dans l'église. Le couvent est fort
autrefois une église commune avec les Grecs, grand et bâti en manière de châieau. Los
appelée Agios-Giorgios-lto-Konlela^. Ils ont femmes n'y entrent point et il y a ordinai-
,
aussi quelques nionaslères à Athènes. rement deux cents cal yers gouvernés par
A Peiideli ou Penfeli auln* monlatrne de
, un abbé. Ils ne passent point ce nombre, et,
l'Altique, dans le voisinage d'Athènes il y n quand il y a des places vacantes ceu\ qui ,
un monastère au pied de cette oioniagni' dotit les veulent remplir paycr.t cent piastres et ,
il porte le nom. C'e>^t un des plus célèbres portent tout leur bien au couvent , où ils en
de la (r'èce, et il y a ordinairement plus de jouissent toute leur vie sans en pouvoir
cent religieux oui payent lo 's les ans, de donner que le tiers; encore faut-il que celle
cnrach oi\ de tribut, six mille livres pesant donation se fasse àquelqvic parent ou à (lucl-
de miel pour la mosquée neuve que la sul- queami qui se fasse caloyer: de sorte (lue le
tane, mère de l'empereur Mahomet IV, a fait cou''ent ne perd rien du fonds. 11 fournit tous
hâlir à Ccnstanlinople; et ils sont encore les jours à chacun des caioyers, du pain noir,
<tb'igés d'en fournir autinï à raison de cinq d'assez mauvais vin et du fromage pooni ;
,
piastres le quintal. Ils ont rarement moins c'est à eux à se pourvoir pour le re.-^le. Ils ne
de cinq mille essaiins d'abeil es, outre beau- mangent ensemble dans le réfectoire (juo les
coup de terres labourables, des troupeaux dimanches et les grandes fêtes. Le revenu
de brebis et autre bétail, avec de ^ran(!s vi- du couvent est de p'us de 60,000 piastres ,
{^nobles et (|uanli5c d'oliviers. La situation dont ils en payent tous les ans 500 au grand
de ce monastère est fort agréable pendant seigneur. Us ont aus-i d'autres couvents
l'été, à cause qu'elle est entre les croupes dans la même île, mais peu considérables.
(ic !a monlai^ne, d'<iù sortent plusieurs ruis- Dans l'île d'Audra, anciennement Andros,
seaux (jui se rendent dans des réservoirs fuoche des villages d'.trnj et iïAinotacos
j)onr conserver du poisson et pour fiire il y a un couvent de cent caioyers appelé-
tourner leurs moulins. Ils ont une assez Tagia. Il esl bàli en l'orme de forteresse , et
belle bililiolhèque dont la plupart d,s livres une église très-bien ornée, quoique petite.
••1
sonl manuscrits : ils consislent en un grand Ces moines donnent à manger aux étrangers
nombre de volumes de Pères grecs. p(Midant tout le temps qu'ils demeurent là et, ,
.\ Naxe, île de la mer Kgée, Is ont plu- quand s'en vont, ils leur fournissent da
ils
sieurs monastères, dont l'un d's Principaux, quoi retourner, ce qu'ils font f,ic;leinent à
appelé Fcinnromr-ui est dédié à 'a sainte
, cause des grands revenus dont ils jouissent.
\'ierge, à cause d'un tableau où el'e est re- Us ont encore dans cette île qui est la plus ,
présentée, et cju'on trouva en ce lieu-là. (]e lerlile (le lout l'archipel, six autres petits
monastère est bâti depuis peu de temps. Il y uu)nas'ères.
a soixante-dix chambres sans celles (jui sonl A Palras, ville du Péloponèsc. ils ont aussi
jous terre. L'église est i)etile mai-, bien bâ- un couvent, et, sur le chemin de cette ville
tie , et elle n'est desservie que par dix à tjlycana, est le monastère de Ilcerocomium,
moines qui sont fort ignorants. où 11 y a environ douze caioyers et une église
A l'.ir'S, autre île de la mer Kgée, l'une dédiée à la Pdnagin c'est-à-dire à la sainte
,
sept monastères qui !^ont fort beaux, où ils (pics petites colonnes, d'oidrc loniiiue, tiréttS-;
5G3 DI.ITIO.NNAI.IE DES ORDIŒS RLLIGIL:L'X. 5Gi
«les débris de la forlcresse û\icn>/a qui était sent qu'aucun séculier ne peut demeurer
à dix milles de Palras comme il parait par , dans celte péninsule encore moins les
:
une pancarte de ce couvent. femmes, qui n'y peuvent pas même entrer
31 y a dans Amourgo, l'une des iles Spo- Les religieux y vivent si régulièrement, et
rades deux chose-^ curieuses à voir: l'une
, y sont en si grande estime, que les Turcs
est le monastère de No!rc-Dame des caloyets mêmes se recommandent à leurs prières. Il
grecs. Il est pratiqué dans une caverne larfie y a vingt-trois monastères dans lesquels, du
et profonde, sur le pench.int d'une montà|ïne temps de Rellon , qui fit la description de ce
très-haute, du côlé 'iu levant. On n'y peut mont en 1553, il y avait cinq à six mille
aller que par un sentier fort étroit dans le moines, en ayant quelques-uns dans les-
roc, et, pour onirer dans le monastère, il que s il y en avait Irois cents, dans d'autres
faut monter une échelle de quinze ou vingt deux cents, et dans les autres plus ou moins
échelons. Au haut de cette échelle on trouve de cent ou cent cinquante. Mais présente-
une petite porte de fer qui est la seule en- ment le nombre de ces moines n'est pas si
trée. L'église, le réfectoire et les cellules des c nsidérable; il n'y en a guère plus de deux
religieux qui vivent en communauté, et qui mille dans tous ces monastères dont voici,
sont presque toutes creusées dans le roc avec loa, Il eron, Valopr.di, Chilnntari, Dionysion^
un artifice admiral)le. L'autre chose remar- Panto-Craleron, Xeropotani, Cutlumsi, Pro-
quable dans cette île qui a une singularité
,
taton, SI won Petra, Zonraphi, Dochiari,
surprenante 'est l'urne de Saint-Georges.
, ( Ayijs Panlos, Xenoplios Gregorios Philo-
, ,
Cette concavité se remplit d'eau et se vide sont éloignés de la mer et situés dans de»
d'elle-même sans que l'on puisse savoir ce vallées et des bois. Selon Jean Comnène,
qui donne à l'eau ce mouvement , et par où médecin de Valachie, qui a demeuré long-
elle peut passer, le marbre élaiil très-épais, temps au mont Athos dont il a fait la des-
,
et si poli par dedans, avec une si grande con- cription qu'il fil imprimer en ITOI et que ,
sieurs fois. On la voit si pleine en un mo- qu'a :>rès tant d'irruptions des Barbares et ,
ment que l'eau regorge dessus; et elle de- depuis près de trois cents ans que ce lieu est
vient si sèche un moment après qu'il ne pa- sous la domination du Turc, ils n'aient rien
raît pas qu'il y ait eu de l'eau. Les Grecs du perdu de leur magnificence, et qu'étant en
pays qui ont un voyage à faire ont la su-
, , si grand nombre dans un même lieu , ils
perstition de venir consulter l'urne avant aient été tous conservés dans leur entier.
leur départ. Si l'eau y .monte, le succès en Les Grecs y viennent de toutes les provinces
doit être heureux. Si au contraire l'urne est d'Orient pour y visiter <à certain temps de
sèche et que l'eau y soit basse ils en tirent , l'année tous ces monastères, leurs églises,
un mauvais augure et ne parlent point, à les cellules des religieux; cl les Européens
moins que les affaires qui les y obligent ne y viennent aussi tant par curiosité que par
,
soient fort pressées. Ce miracle prétei:du , dévotion. Les principaux de ces monastères
dont il est parlé dans toute la Grèce, est fort sont ceux de la Panagia et à' Anna Laura.
lucratif au papas ou curé de cette église de On y trouve encore plusieurs ermitages avec
Saint-George , où le concours des Grecs est leurs chapelles et des logements, et ceux qui
continuel. On y vient des lieux les plus éloi-
y demeurent sont appelés pères, ascètes, er-
gnés les uns sérieusement pour s'instruire
:
mites, celliotes et anachorètes. Les religieux
de l'avenir, les autres pour être témoins ocu- qui aspirent aux premières dignités viennent
laires de la chose, et quelques-uns seule- aussi de tous les endroits d'Orient faire leur
ment par divertissement et pour se moquer noviciat dans ces monastères , où ils pas-
de la crédulité de ces peuples. sent quelques années à s'instruire de tous
Mais, de tous les monastères des caloyers les mystères de la religion chrétienne et ûcr-
gre( s, il n'y en a point de plus célèbres, ni où devoirs de la vie monastique, et retournent
ces religieux soient en plus grande estime ensuite dans leurs pays où ils sont reçus
que ceux du mont Aliios, dans la Macédoine. comme des apôtres. Il y en vient même do
Les Grecs donnent à celte montagne le nom Moscovie et il y a un monastère pour ceux
,
d'Agios-Oros, c'est-à-dire le saint Mont. II de leur nation et un autre pour les Géor-
,
s'avance dans la mer depuis la plaine par giens. On leur inspire surtout une grande
l'espace de soixante-quinze milles et en a , aversion pour le pape; car les religieux du
cent cinquante de circuit. Les modernes lui mont Athos ne manquent pas de dire aux
donnent la longueur de trois journées et la Grecs qui y viennent, et de leur conter entre
largeur d'une demie. Les caioyers en sont autres fables , qu'un fionlife romain étant
entièrement les maîtres, il n'y a qu'eux qui venu visiter ces monastères en avait pillé et
y demeurent cl il y a des écrivains qui di-
, brûlé quelques-uns à cause que les religieux
,
principnl motif qtii les fait sortir de leur re- nastère de Poitiers, et que ce ne fut qu'a-
traite. Ils ont, ainsi que les autres prêtres, près sa mort que s'y forma l'ordre du Cal-
une manière de pénilence assez nouvelle vaire fl) el ([u'il y prit naissance par le
qu'ils ini) osent aux grande pécheurs qui se changement d'habit, de constiiutions , de
confessent à eux c'est de Ic^ olligcr à pren-
:
pratique el de nom. Ce (\n'\ nous donne lieu
dre l'onction entre les deux épaules un cer- iiu contraire de croire que la mère Antoi-
tain nombre de fois, en donn :nt pour chaque nette d'Orléans n'a point été la fondatrice du
onction les uns un éru les autres plus ou
,
Calvaire, ce sont les dernières dispositions
moins, selon leurs poch^'s. ce <;ui leur pro- de celle princesse, qui demanda qu'.iprès sa
duit de grosses sommes. Lors(ji!e siéri ité 1 i
mort son corps fût porté aux Feuillantines
de la terre ôte la subsistance des religieux de Toulouse, ce qui aurait été une disposi-
qui demeurent au mont Atho^, ils vont quê- tion contraire à l'amour d'une mère pour
ter dans les provinces pour les b'.'soins d(; ses filles, (lu'elle aurait voulu quitter pour
celle sainte montai^ne et reçoivent de grandes aller chez les Fcuillanlines, qui lui devaient
aumônes. Ceux qui ne sont pas dans les élre étrangères, puisqu'elle en aurait quille
ordres sacrés y culliveiit les terres et les les [iraticiues el l'habit en établissant l'ordre
vignes mais les ])rêlres et les diacr' s, que
;
du Calvaire, selon le sentiment de ces écri-
la dignité de leur caractère exemple dos œu- vains, donl quelques-uns prétendent couvrir
vres serviles s'emploient à la lecture et à
,
cette dureté Irop visible de cette princesse
copier des livres d'église. Comnène parie de pour sa nouvelle congrégation, ou, pour
plusieurs bibliothèques qui sont dans ces mieux dire, celte contrariété si opposée à
monastères. On ne nourrit dans celle pénin- leur senlinicnl, en disant qu'elle neut au-
sule ni poules, ni pigeons, ni autres volailles. cune part dans !a translation de son corps à
Les brebis les bœufs
, les vaches et autres
,
Toulouse, qui ne fut faite, selon eus, qîi'à
animaux à manger, en sont aussi bannis, à la sollicilalion des Feuillantines de celle
cause que ces religieux font toujours absti- ville, auxquelles les religieuses du Calvaire
nette d'Orléans, qui, après la mort du mar- celle princesse l'avait demandé peu île temps
quis de Belle-Isle, son époux, se fil reli- avant sa mort au chapilre général, qui dan&
gieuse Feuillantine, et pa-sa ensuite dans la ré.-olulion que celte congrégation avait
l'ordre de Fonîovrault, pour élre coadjnlrice prise de ne point se ciiarger du soin d'aucu-
de l'abbesse Kléonore de Bourbon, sa lanle. nes Fcuillanlines, excepté do celles de Paris
Quelques écrivains, qui ont parlé de l'ordre el de Toulouse, lardant beaucoup à répondre
du t]alvaire, en ont aussi attribué la fonda- à celle demande, donnèrent occasion à léla-
lion à cette princesse, mais à tort car s'il : blissemont de l'ordre du Calvaire par le P.
est vrai qu'où ne peut lui refuser le lilre de Joseph, capucin, qui leur changea le nom,
fondatrice du monaslère de Poitiers, puis- les conslitulions, les pratiques el l'habit,
(ju'il fut bâli pour elle cl qu'elle y vint dc- après la Qiorl de celle princesse, qui arriva
(l) Yoy., il h fm du vol., ii" 15<>.
i;87 DiCTlONNAIRE DKS fiUDllES IlKl.lCn.L'X. îiGS
quelque temps après qu'elle eut f.'iil nie (]u'eile y renoisça gcnércuscniCiKfoulant
; et
lîemande, qu'elle n'aurait sans doute point iiux pieds tontes ses pompes et ses vanités,
faite si elle avait eu seulement la penséi» de elle voulut imiter la pauvreté de Jésus-
quitter Tiiabil et l'ordre des Feuillants, pour Clirist,en quittant tous les biens et toutes
embrasser et fonder celui du Calvaire. Kl les grandeurs de la terre pour se retirer
quoique l'évéque de Nantes I^hiîippe de ,
dans le monastère des Feuillantities de Tou-
Cospean, en appmuvanl les constitutions de louse, nouvellement instituées, ayant pré-
cet ordre lan IG23, selon le pouvoir que lui fère cet ordre aux autres, comme élant alor.*
«n avait donné le pape Grégoire XV l'an le plus austère. Elle surmonta toutes les
1G22, dise que cette princesse avait laissé difficultés qui s'opposèrent à son dessein, et
ces mêmes constitutions aux Filles du Cal- reçut l'habit de religion, sous le nom d'An-
vaire, comme leur fondatrice et institulricc, loinetie de Sainte-Scholaslique, le 1" novem-
cependant cela ne nous empêche pas de bre 151)9. L'évêqiie de Paris, Henri de GDudi,
croire que la mère Antoinelt' d'Orléans ne son beau-frère, alla à Toulouse pour tâcher
les ait dressées comme par forme de règle- de la faire sortir de son monastère; mais
ments pour la maison de Poitiers, en atten- ayant reconnu par ses réponses que sa vo-
dant qu'elle pût avoir le consentement cation venait de Dieu, bien loin de lui per-
qu'elle avait demandé au chapitre général suader de le quitter, il la fortifia au con-
des FeuJlanls, pour se soumettre, elle cl ses tra re dans sci bons desseins, et elle fit pro-
religieuses, à leur juridiction et direction, fession le G janvier IGOl.Noos avons déjà
comme Filles de leur institut, et que le P. parlé ailleurs de l'ordre qu'elle reçut du
Joseph n'ait ajouté beaucoup de cîioses à ces pape Clément "S'III pour aller à FontevrauK.
trèglements et ne les ail réduits en constilu- Ce fui là qu'elle connut le P. Joseph, capu-
•ions, en y donnant la dernière main après cin, qui est aussi reconnu par les religieuses
la mcrl de celle princesse, qui précéda de du Calvaire pour leur instituteur.
trois ans la concession des bulles apostoli- H naquit à Paris le h- novembre 1577. Sort
ques qui érigeaient cet ordre en une nou- père se nommait Jean le Clerc, seigneur du
velle congrégation. Cependant, comme il y a Tremblay, seul président aux requêtes àa
des souverains poaiifes , des prélats de Palais à Paris, ambassadeur à Venise, eî
France et plusieurs écrivains qui ont re- chancelier de François, duc d'Alençon, qua-
connu celte princesse pour fondalrice du trième fils du roi Henri II. Sa mère éait
Calvaire, et que même le P. Joseph, capucin, Marie de la Fayette, qui avait été élevée
que les re igieuses de cet ordre reconnais- dans la religion de Calvin, de laquelle con-
sent aussi pour leur inslituteur, lui a donné naissant dans la suite la fausseté, elle en fil
aussi ce titre, malgré tous t;os doutes nous ai>jura!ion, et fit paraître après sa conver-
ne voulons pas le lui re'user c'est pour- : i'ion de si grands exemples de piété et de
quoi, avant de nous étendre davantage sur vertu, que cela ne servit pas peu à gagner
l'histoire de cet ordre, nous donnons ici sa à Jésus -Christ celui qu'elle avait mis au
î'ie en deux mots, telle que la rapportent monde. Lorsqu'il fut en âge d'étudier, so»
ceux qui sont du sentiment (ju'cile a fondé père lui donna un précepteur habile, sous
cet ordre, dont nous donnons après l'his- lequel il fit de si grands progrès dans les
toire, conformément à ce qu'en disent ces langues grecque et latine, qu'il fut bientôt
mêmes ccriv; ins. regardé comme un prodige. îl demanda en
Cette princesse était fille de Léonore d'Or- grâce à son père qu'il pûi sortir de sa mai-
léans, duc de Longueville, marquis de Rolc- son, de peur d'être détourné dans ses élu-
lin comte de Neufchâtel on Suisse, et (!e
,
des par les caresses de sa mère, qu'il aimait
Marie de Bourbon , duchesse d'Estouleville, avec tendresse et dont il était aimé de mê-
comtesse de Sainl-Pol. Elle naquit vers l'an nîe, et par une infinité d'honnêtes gens amis
1571, et fut élevée dès ses p'us tendres an- de la maison, qui prenaient plaisir à l'en-
nées dans la piélé et la vertu. Quoiqu'elle tendre raisonner. On le mit au collège de
fût une des plus belles personnes de son siè- Ijonconr!, à Paris, sous la discipline de Gal-
cle, son cœur fut toujours à l'abri de la va- landius, qui en était le principal, et beau-
nité; le faste et le luxe ne purent trouver coup estimé par sa probité et son érudition.
d'accès chez elle, et elle ne se laissa point Le progrès qu'il fit dans toutes sortes de
cnîraîner par le torrent des plaisirs et des scient es donna beaucoup de joie à son père,
charmes qui se rencontrent à la cour. In- (jui en conçut de grandes espérances, mais
sensible à leurs Iraits elle en triompha
,
qu'il ne put voir accomplies, la mort l'ayaiiî
toujours par un généreux mépris, et elle ne ravi à son fils, qui n'avait encore que dij;
s'attacha unicjuement f[ti'à plaire à Dieu par ans.
son assiduité à la prière et à loraison, et Les pucrres civiles qui arrivèrent en
par sa charilé et son zèle pour le salut du France (]uel(]ne temps après obligèrent ma-
lirnciiain, dame (lu Trc.'ublny, sa veuve, de se rctiret'
en âge d'être mariée, e'Ie épousa
fêtant avec son lils au château du Tremblay, prêt
Charles de Goiidi niarquis de I?elle-!,s'e
, ,
de M<)i\lfori-i'Amaury, à quatre lieues de
<lont elle eut Henri de Gondi, duc de Uetz. ^'ersailles. Mais cointue ce château n'était
Le marquis de Belle-Isle ayant été tué au pas assez fort ponr se défendre des insultes
mont Saint-Michel l'an 1596, elle demeura des s(ddals, elle trouva une retraite plus
veuve à l'âge de vingt-deux ans; mais a assurée dans celui de Menu, qui n'était éloi.-
peine eut-elle oassé trois ans dans le monde, gné du Tremblay que d'une li.'ue. Ce séjour
30 J CAL CAL ro
h camp»{?ne ne fui point une (iccasioii an
la n.cre y fui aussi; mais le même esprit (jui
baron de IMaflée (c'est insi qu'on appela le
; avait inspiré au frère Joseph de se retirer
jeune du Trcnibhji) de se rolâclier dans ses du monde lui dontia la lorce de convaincre
éludes. Il entrait d ;ns sa qn;)lorzi(''me année si bien sa mérc^ du bon choix qu'il avait
lorsqu'il étudia souscélèbre Muret, fa-
le fait, que non-seulement elle y conseiiiii,
meux jurisconsulte, qui, après lui avoir fait m<iis encore elle le fortifia ii dan<
dessein s<
faire au 'ireniblay son cours de philosophie, et l'exhorta à remplir fidèlement les devoirs
lui donna une idée •jéncrale du droit civil et de lu règle qu'il embrassait. VA\(.\ revint à
canoni(j'io, autant (]u'il en f lut à un homme Paris après avoir obtenu du provincial que
de condition pour en parler dans le tnonde. son fils y viendrait faire ses vomix au cou-
Le haron de Maflée était le chef de sa fa- vent de la rue Saint-Hi noré. (klte cérémo-
niil'c depuis la mort de son pè:e II était nie se fit le 3 février ICOO, avec beaucoup
(ibligé de faire les lionneurs i!e la maison d'éclat. Tonte sa famille s'y trouva, el il lit
auprès d'une mère qui aimait le monde et fjrofession entre les mains du P. Ange, aupa-
en était aimée; mais pour lui il oti conçut ravant duc de Joyeuse.
dès lors du défîoût, cl quoiqu'il n'eût que
seize ans, il songea à se retirer chez les ra-
Comme il avait fait sa philosophie dans le
monde, on l'envoya étudier en théologie à
I)ucins. Il n'exécula pas pour lors son des-
Chartres. A la tin de son cours il prit l'ordre
sein, quelques religieux auxquels il le com-
de prêtrise, et vint ensuite professer la phi-
muniqua lui ayant conseillé, pour éprouver
losophie au couvent l'e la rue Sainl-Honoré,
sa vocation, de ne point quitter le monde < t
à Paris. Après avoir fii\i son cours il fut fait
de s'armer de constance et de courage contre
maître des novices, et s'adonna ensuite à la
ses surpi isos. Les guerres civiles étant finies,
prédication. Il ne prêcha pas seulement des
el Paris ayant été soumis à l'obéissante
carêmes entiers en plusieurs grandes villes
d'Henri IV, le baron de .Mafléc y retourna el
du loyaume, mais il entra en lice avec les
apprit en peu de temps plusieurs langues,
hérétiques el il en convertit plusieurs. Ce fut
comme l'italien , l'ailemand l'espagnol et ,
dans le cours de ses missions qu il eut plu-
l'anglais; il lit une élude particulière de
sieurs conférences avec la mère Antoinette
l'hébreu sous le savant uret, professeur
d'Orléans, qui avait été tirée du monastère
loyal. A la coiuuiissance des langues il fil
des Feuillantines de Toulouse pour aider
succéder l'étude des mathématiques el les
l'abbesse de Fontevrault à mettre la réforme
exercices qui conviennent à lïn genlil-
dans cet ordre. Celte princesse ayant remar-
lionime. Comme il était encore jeune pour qué dans le P. Joseph de grands talents, ob-
prendre un parti, sa mère consentit qu'il iîl
tint de ses supérieurs qu'il fût rappelé du
ii' voyage d'Italie et d'Allemagne. 11 avait
couvent de Rennes, où il était pour lors
dix-neuf ans lorsqu'il partit de Paris. A son
gardien, el mis dans un couvent plus proche
retour en France il fil une campagne sous
d'elle, pour avoir la commodité de travailler
le connétable de Montmorency, son parent.
avec lui à celte réforme avec plus de dili-
Il se distingua au siège d'Amiens cl dans
gence. En effet, il rétablit en peu de temps
ton es les occasions où il fut commandé, el
la régularité dans le monastère de Haute-
donna parloul des marques de son courage
bruyère, el retourna à Fontevrai II pour en
<t de sa valeur, en sorte que la fortune lui
rendre compte à l'abbesse et à la mère An-
tendait les bras et lui donnait tout sujit
loinetle d'Orléans, à laquelle il persuada di^
d'espérer qu'il pouvait parvenir à de grands
<juitter son habit de Feuillantine pour pren-
honneurs; mais ce jeune baron, insensible
dre celui de Fontevrault, et d'accepter la
à des avantages si périssables, n'ét;iit occupé
coadjutorerie, ce qu'elle avait refusé jus-
<|ue de la pensée et du désir de la retraite, à
qu'alors. Il avisa pour cet effet d'un expé-
laquelle il fut encore plus excité par la mort
dient, qui fui d'obtenir du pape un nouveau
il un de ses amis. Il aurait quitté !e monde
bref adressé à la mère Antoinetle d'Orléans,
dès ce temps-là s'il n'avait pas été obligé de
par lequel Sa Sainteté lui ordonna sous ,
;uivre M. de .Merle de Herzeau, son parent,
peine d'excommunitaiion d'accepter cette
,
qui allait en Anj;leterrc en qualité d'am-
charge de coadjutrice el de prendre le gou-
1 assadeur extraordinaire- auprès de la reine
vernement de l'ordre. Ainsi cette princesse,
lUisabelh. Mais à peine lut-il de retour de
fje trouvant obligée de se soumettre, prit
ce voyage qu'il quitta le château du Trem-
l'habdt de cet ordre; et la communauté, qui
blay pour aller cà Paris chez les capucins
avait été fort parlas. ée à son sujet, se trouva
«;•' la rue Sain'-Honoré, qui lui donnèrent
par ce moyen tout d'un coup réunie.
obédience fiour aller prendre l'habit de leur
ordre à Orléans, où était le noviciat; et il le Ce monastère chef de l'ordre ayant été
re.;ut, avec le nom de frère Joseph, le 2 fé- aussi reformé, aussi bien que les autres
vrier 1599. maisons qui eu dépendaient, par les soins
Sa mère, qui était au Tremblay et qui le du P. Joseph, comme nous avons dt en son
croyait à Paris, afiprit bientôt ce change- lieu, l'abbesse de la Trinité de Poitiers le
ment. Elle alla se jeter aux pieds du r.)i, qui pria de lui donner ses avis sur la réforme
lui accorda des lettres de ju.»si(>n aux capu- (]u'ellc voulait introduire dans sa commu-
cins d'obéir à un arrêt du Parlenienl (lui nauté. Il paitit aussitôt du monastère de
ordonnait que son fils serait rendu. Le
lui rEncloitre,où il avait établi la régularité,
procureur génrral s'y Irans; orla de la part et vintà celui de îa Triinté du î'oit'«:s, où il
du roi pour faire c-xéci:tcr sis Oidn::., ?a chaii'fj cn'icrci.ucul le cœur <^;j icli^i' u-
1
ses, qui se souinireul avec joie à celle ré- Le couvent de l'Encloître parut propre au
forme. P.Joseph et la mère Anloinelle d'Orléans,
<à
La mère Anloinelle d'Orléans, qui n'avait pour i'exéculion de ce bref. Il fut bienlôl
acci'pté la roadjulorerie de Fonlrvrault que rempli de novices el de religieuses (lui y vin-
pour cviicr les censures de l'E^îlisr, dont elle rent de toutes parts, atlirées par la répula-
était uu' nic(k% écrivit au pape à l'insu do tion de cette princesse el de celles qui sui-
tout le tiionde, el lui rrprcsonla des raisons virent son exemple avec un zèle qui surprit
si ferles pour en èlre drcliarp;éo ,
que Sa tout le monde. La piélé de ces filles venues
un bref
Saiiitolé se laiss.i vaincre el adressa des autres couvents était si grande, quelles
au cardinal de Joyei se, porlant cnmniission déclarèrent à la mère Anloinelle d'Orléans
d'examiner ses raisons el de lui permellre, qu'elles se senlaienl assez de forces pour
s'il trouvait bonnes, de quiller sa charge
les ;
pratiquer la règle de Saint-Benoît dans sa
et elles parurent à celle Eniiiicnce si pleines plus étroite observance et sans aucun adou-
d'équilé qu'il les approuva et lui rendit
,
cissemenl; qu'elles n'étaient venues la trou-
toute sa liberté, lui permellant de reîourner ver que dans celle intenlion et qu'elles la
,
maisons de l'ordre, qui voulurent embrasser comme le P. Joseph ne doutait point qu'on
la réforme qu'elle voulait établir dans celle n'aci'ordàl ce qu'il demandait, il fit jeter les
de l'Encloilre. fondements de ce nouveau monastère à Poi-
Le P. Joseph alla à Tou's vers !a lin de tiers, dont la première pierre fut posée vers
l'année J611. afin (lu'après s'élie employé la fin de l'année I61i au nom de la mère
,
avec succès à tant de travaux spirituels jiour Antoinette d'Orléans, qui en était la fonda-
le saliîl du prochain, il pût dans la relraile trice.
songer au bien spirituel de son âme; mais Les inirigues et les négociations d Etat
il ne put jouir longtemps de ce repos qu'i; auxquelles le P. Joseph eut beaucoup de
s'était proposé en retournant à Tours; car pari, l'ayatil obligé de faire un voyage à
dès qu'il y fut arrivé, il fat élu définileur Rome par ordre du roi, il eut occasion dans
dans le chapitre provincial qui s'y tinl. Peu les audiences (ju'il eut du pape, de lui parler
de temps après, le provincial ayant été obligé de la fondation du nouveau monastère de
d'aller à Home au chafiilre génér;;l, le P. Jo- Poitiers, qui devait être dédié sous le nom
seph nommé commissaire pour faire
fut 1 de Notre-Dame du Calvaire, et du dessein
visitedans louies les maisons de la pro- qu'avait la n)ère Anloinelle d'Orléans et
vince, el au premier chapitre il fui élu quelques religieuses de Fontevraull d'y pra-
provincial. Pendant qu'il remplissait les tiquer la règle de Saint-Benoît dans toule sa
devoirs de sa charge, il ne laissait pas de pureté. Le pape l'approuva, el promit d'en-
travailler avec la mère Anloinelle d'Orléans voyer à celle princesse un bref par lequel il
à mellre la réforme dans l'ordre de Kon- lui donnerait permission de sortir de la mai-
levrault. 11 lui en procura un p'ein pou- son de lEncloilre pour entrer dans celle
voir dans la bul e qu'il sollicita auprès du qu'elle avait fait bâtira Poitiers, de quitter
pape Paul V, par laquelle, en la nommant Ihabil de Fonlevrault, de prendre celui
coadjulrice de Louise de lîourbon Lavedan, qu'ellevoudrait pour les religieuses de ce
con)me elle l'avait élé d'Eléonore de Pour- monastère, d'y mellre tel nombre de filles
bon, sa tanle, Sa Sainteté lui permcltail de qu'il lui plairait, et d'établir d'autres mo-
nommer, conjointetneiit avec l'ahhesse, des nastères dans les villes d'Angers, de Laval,
supérieures dans les couvents, sans avoir de Saint-Pol de Léon et autres.
égard aux élections, de visiter ou faire visi- Le P.Joseph sortit de Rome le 10 mars 1617,
ter les couvents par les religieux qu'elle ju- cl n'arriva en France qu'au mois d'août de
gerait à propos, et d'établir un si minaire où la même année. Il attendit le bref du pape
seraient reçues celles qui voudraient em- pour la sortie de la mère Antoinette d'Or-
brasser une vie plus réeulièie. léans, cl pendant ce teirps-là il obtint do»
r-r, CAL CAF. .^71
îellros palcnics du roi pour ce noiivci éta- Fonle\r;'.uII, qui avait donné ses ordres pour
blissement. Elles furent expédiées le i nc- les faire arrcier en chemin; mais il prit des
lo' re de la même annc' , avec deux lellres mesures si justes (lucces religieuses arrivè-
(le cacliel adressées, l'une au doyen du cha- rent heureusement à Angers.
pitre de Poitiers, et l'antre au lieutenant L'abbesse de Fontevraull se désista enfin de
particulier de cette ville, commissaire du ses poursuites, et permit à ses religieuses
pape et du roi qui allèrent prendre ceîle
,
de faire profession d'une vio plus austère:
princesse à rKncloître avec vingî-qnatre re- ce qui donna la paix à ces deux couvents. La
ligieuses, et la uiirenl en possession de ce reine-mère qui élail à Angers lors de l'é a-
nouveau monas!èr<> le 25 oclohrt? suivant. bîissement de ce dernier, témoigna 'ant d'af-
C'est ce même monai^tère qui, ayant servi de fection et de bienveillance à cet ordre notr-
berceau à l'oriire du Calvaire, l'a fait regai- veau, qu'elle voulut prendre le litre de fon-
'ler comme sa fondatrice, (|uuiquelle ne s'y datrice de ce second monastère. Le p. Jo-
retirât avec ces vingt-quatre religieuses (jue sei)h, qui s'était servi de la confiance dont
pour y observer la règle de Saint-Iîenoît cette princesse l'honorait pour l'y engager,
avec plus de perfection de même (|ue saint : obtint de Sa Majesté un autre monastère do
Robert est reconnu pour le fondateur de l'or- cet ordre à l'aris; cl celle princesse, pour
dre de Cîteaiix, quoiqu'en quittant l'abbaye plus grande marque de l'estime qu'elle eu
de Molesme pour se retirer avec ses compa- faisait, le fil bâtir dans la maison royale du
gnons dans le désert de Cîteaux, où il jeta Luxembourg l'an 1021. Jusque-là le P. Jo-
les fondements de l'abbaye qui est devenue seph n'avait agi qu'en vertu du bref de
cbef de cet ordre, il n'ait point eu intention Paul V. (Quoique par l'autorité de ce souve-
de fonder un ordre nouveau mais seulement , rain ponlife lesr'-ligieuses eussent quitté l'En-
d'y vivre dans une observance plus exacte cloîlre pour aller observer à Poitiers la
de la règle de Saint-Benoit. règle de Saiiil-Benoîl dans toute sa rigueur,
L'abbesse de FonievrauU, (jui avait donné elles n'avaient pas encore fait de vîpux so-
d'aliord son conseniemcnt pour la s<irlie de lennels de celle réforme. ^Llis quand elles
celte prinoesse, voulut le retirer, se persua- se virent affranchies de la domination de
dant que l'élablissenient de celle maison de l'abbesse de Fonlevrault, elles résolurent d'un
Poitiers donnait alteinle à son autorité et en commun consentement de se lier par des
fcornail l'étendue; et elle prétendait que le noeuds qoe la mort seule pouvait rompre, et
pape n'avait pu lui accorder un bref de s'engagèrent solennellement en prononçant
translation sans snn consentement : c'est leurs vœux entre les mains du P. Joseph
pourquoi s'opposa à tout ce que fit la
elle Il dressa pour lors par écrit les constitutions
mère Antoinette d'Orléans, et appel. comme i de cette congrégation naissante, cl remit à
d'abus du bref du pape, ayant [)orlé l'in- un autre teuips à y donner la dernière main,
stance devant les juges ordinaires mais ; non pas tant à cause qu'il était occupe aux
le roi n'elanl pas conlenl de ce prr.cedé affaires de l'Elal et dans les missions, que
leur eu ôla la onnaissance, el donna corn-
i
pour reconnaître plus à loisir si ces filles
riiission au cardinal de Sourdis, arcbevéque pourraient s'accoulumcr aux austérités qu'il
de Bordeaux, pour terminer ce diflérend. Kur faisait prati(;uer.
La reine-uière se déclara protectrice du Mais commetout ce qu'il avait fait ne pou-
nouveau monastère; mais les procédures vait subsister sans l'autorité du souverain
ayant tiré en longueur, les oppositions ne ponlife, il i^blint une bulle de Grégoire XV,
purent élre levées avant la mort de bi mère (lui érigeait les monasières de Paris, de Poi-
Anioinellc d'Orléans, qui arriva le 25 avril tiers el d'Angers , et tous les autres fondés
1618. sans avoir obtenu le consenlen.enl des et à fonder par les religieuses de la mère
Feuillants pour retenir leur baiiit el être Antoinette d'Orléans , en coi»grégation de
sous leur juridiction. Son lœur el ses en- l'ordre de Saint-Benoît, sous le titre de Notre-
trailles demeurèrent au couvent de Poitiers, Dame du Calvaire, et sous la conduite de
mais son coriis fut porté à celui des Feui'- trois supérieurs constitués en dignilé.
lantines de Toulouse , omme elle l'avail « Celte bulie n'était pa-> assez étendue, et ne
souhaité il y fut accompagné par le duc de
: nommait point les trois supérieurs. Le P.
l\eiz son fils avec tous les honneurs dus à Joseph ne vou'ut pas les choisir, quoiqu'il
une personne de sa naissance. Les religieuses le pût f.iire c'est pourquoi il oblinl une sc-
;
du mona-tère de Poitiers se crurent frus- (onde bulle du iO juillet 1G22, par l.Kiucllo
trées de leurs espérances par la mort de leur Sa Sainteté nomma cette première fois pour
fondatrice, s'imaginanl que l'abbesse dcFon- supérieurs (car jusqu'alors M. du Perron,
tevrault obtiendrait par son crédit ce qu'elle archevêque de Sens, l'avait gouvernée depuis
demandiiii ; mais la présence du P. Joseph le bref lie Paul V) Henri de Condi, cardinal
les rassura: ce bon Père, voyant (jue le con- de Belz, évêque de Paris Victor le Bou-
;
senleuKMit des Feuillants tardait trop avenir, thibier, qui fut depuis archevêque de Tours,
leur fil quitter les observances des Feuil- et le 'Uférieur général de la congrégation
lantines, et leur donna le nom de Filles de de Saint-Maur, avec celle clause, (jue si l'un
Notre-Dame du Calvaire, donnant ainsi com- d'eux venait à décéder, les deux autres en
mencement à cet ordre auquel il procura nommeraient un en sa place et que s'il en ,
une seconde maison dans la ville d'Angers. mourait deux celui qui resterait en pour-
,
inouriJssiMil en rnèaie leinps, le nonce du raie, assislanlcs el prieurés celles qui ont le
pape en élirait deux, qui ensuite en éliraient plus do voix. Voiià ce (iwe le P. Josepli
un troisième. ^ proscrit pour le gouvernomenl de celle
Le P. Josepli, songeant à établir solide- conorégation.
nient sa coiigrégalion l^i procura un nou-
,
Nous nous sonioies déjà trop étendus sur
veau nionasli^Mc à Pdris nu qu.irlier du
,
ce *iui regarde ce fondateur de l'ordre de
Marais. La place fut acii lée des deniers de Notre-Dame du Calvaire, pour parler de tous
la congréix/'lioii ,
n^onastère construit
et le les emplois qu'il a eus à la cour, et des né-
dans par des lois politiques. Ainsi cet ordre l'ouvrit, pour en tirer son cœur qui fut
est gouverné par trois supérieurs majeurs, donné aux religieuses du Calvaire du Ma-
qui sont ordinairement des cardinaux et des rais. Le cardinal de Richelieu fit prononcer
prélats, un visiteur et une générale il est ;
son oraison funèbre par le Père Léon, carme
exempt de la juridiction des ordinaires. Les réformé. Plusieurs princes et princesses ,
sujérieurs majeurs sont pour toujours; le ducs et prélats y assistèrent. Le parlement
visiteur pour trois ans, après lesquels on s'y trouva en corps, avec toutes les per-
le peut continuer; la générale n'est aussi sonnes les plus distinguées de la cour et da
(jne pour trois ans, après lesquels on tient la ville, et quelque temps après, l'évêque
le chapiire général, dans lequel elle peut de Lisieux prononça aussi une oraison lu-
être continuée pour lro;s autres années, et nèbre dans l'église du Calvaire, en présence
ainsi des autres chapitres, où on la peut aussi d'une grande assemblée. Son corps lut mis
continuer; mais elle ne peut pas exercer devant le grand autel, proche celui du P.
son office plus de douze ans de suite, ai)rès Ange de Joyeuse, el le cardinal de Hichelieu
lesquels elle est pendant une année la der- y fit mellre une pierre de marbre, avec une
nière de la communauté, el el e ne peu' être épitaphe qui marque son éloge,
élue prieuie qu'après trois ans. Elic a pcn- La congrégation de iNotrc-Dnmc du Cal-
danl l'exercice de sa charge toujours quatre vairc est composée de vingt maisoiis dont ,
assistantes, dont on en renouvelle deux tous la première est à Poitiers, deux à Paris, et
lis trois ans elles doivent assister la gêné-
;
sept ou huit en Bretagne. Les autres sont à
raie de leurs conseils pour le gouvernement Orléans, à Chinon, à Mayenne, à Vendôme,
c'e la congrégation, et il y en a t tsjours une à Loudun el à Tours. L'abbaye de la Trinité,
qui l'accompagne dans le cours de ses w- de Poitiers, a été aussi unie à celle congré-
sites, étant obligée de visiter tous les cou- galion, aussi bien que le monastère des Bé-
ventsde la congrégation pendant un triennal, nédiclinos, de Rangé. Ces religieuses, comme
ce que doit faire aussi le visiteur. Lorsqu'on nous avons dit observent la règle de Saint-
,
personne élue par chacune de ces commu- sircle .V. , fdle indigne el très-hwnhle servanle
nantés ont droit d'envoyer leurs suffrages de la Vierge mère de Dieu fais vœu à Dieu
,
n lulé où il se lient, après avoir ouvert les /.-/première et exacte règle de saint Hrno'tt ,
Ullrcs cl compté les siiilra;jes, déclare génc- cl p> omets la conicrnon de mes mœurs, clô-
,
signé cette cédille dr ma pr(pre innin, en voire seur de la forél rendait inaccessible aux
présence, noire irès-révércnde mère supérieure hommes: car pour lors, par un elîel de la
de ce monastère de Paris, clc. Leur habille- <;râc(' qui illuiiiinaii son enUMidcnienl ci.
ment consiste en une robe de couleur brune, ochauffail son cœur, il sontrcail au bonheur
avec un scapulaire noir quelles incitent par el au repus dont jouirait une âme qui voii-
dcssus la guim[)e Carmélites
, comme les dri.it s'attacher uniqueminl à Dieu en re- ,
Déchaus.^ée.s ; au mcîtent un
chœur, elles nonrant au monde faux plaisirs, et
et à ses
manîeau noir, et ellt s sont déchaussées de- soupirait après la vie à laquelb' était des-
ii^
puis le premier mai jusqu'à la fèiedt l'Exaî- tinc, quoique pour lors il n'en eût pas eu-
lalion de la sainte croix. cure formé le dessein.
Jeseph Marot, Cistert. reflorcscenl. Cliro- .îusqu'alors il n'y avait eu dans UomuaUl
nolog. IJist. Clirysustom. Uenriquez , Me- qu'une idée !orl légère d'abanil nner le vire,
nolog. Cisl. l'ierre de S. llomuahi. Trésor etde suivre la voix du ge!gr.e;:r, qui se ma-
Chronolog. Tom. III. îlilarion de Cost;' nifcslaU à lui par ses inspirât. ons, et par les
Vies des Dames illustres. iNiqnet, Hist. de bons désirs qu'il excita. t dans so;i cœur;
fontecrault. llichard, fie du P. Joi>eph, tuais le temps auquel Dieu avait dctermi':é
el Mémoires manuscrits. sa conversion étant venu, il se soumit à la
CaMAIL. Voi/ez i»oRi:-Ei'ic.
grâce, recîierclia avec empressement la vie
qu'il estimait sans avoir envie di^ l'cmbras-
CAMALDULES (Ordre des). ser, ne songea qu'à se cousat rer à JJieu et
^ «-foncer au u.onde ce qui arri^a de la
5 l.- De rori<jir.edesCamaldules,avec lavie ;
plusieurs .l.if;cuUes
^
de sainlHomuaUL fondateur de cet ordre.
«'^»'l^-
^^ P*''"*'
"^'»' '''
'
a\ ce un de ses parents au sujet d un héritage
Entre toutes les congrégations qui ont fait dont ils se disputaient la possessio;i. Ne
l'ornement de la vie monastique, et le sujet voyant pointdejourà un accommodement, ils
de l'adujiralion du monde chrétien, par l'au.— résolurent de terminer leur différend par
(érité de leurs pratiques et par la sainteté lie un combat singulier; et elTcctivement eu
leur vie, celle des Camaldules (1) doit tenir étant venus à rexéculion, ïterge tua sou en-
un des pre:niors rangs, puisque les saints n<îmi et son [areut. Uomuall, qui avait été
religieux (jui la composent o; servent tout ce présent à ce combat, quoi(iue malgré lui, ne
qu'il y a de plus rude et de plus sévère, tant l'ayant fait uniquement que pour ot)eir h sou
dans la vie cénobiliqueque dans la vie éré- père, qui l'avait menacé plusieurs fois de ie
inétique, dont ils ont embrassé la péni- déshériter s'il continuait à ne vouloir pas
lence et les njorlificalious sans s'embar- , s'intéresser dans la quc/eiic, sitôt qu'il v.l
rasser des douieurs qui modèrent les peines son parent tué, eut horreur de celte ac-
de ces deux étals, dont ils font cg.ilement lio«i ; et quoiqu'il n'eût point coopéré à sa
(irofessiou suivant en cela l'exemple de
; mort, il ne laissa pas d'eu être si \iveuient
suint Ivomu.ild, leur fondateur, (jui a excelle louché, qu'il en prit sur soi toulu la pésii-
dans iun el dans l'autre par la pratique de lence , et se retira pour cet effet au Mont-
toutes sortes de vertus. Cassin , pour expier ce crime doi.i il était
(]e saint était natif de Uavenne, ( t des(cn- innocent, l'espace de quarante jours, coiumc
dait de l'illustie maison de ses ducs ; son père c'était la co ;tume des assassins,
s'appelait Seige. Ses premières années m; Pendant que Uomuald était «Sans ce saint
lurent pas des mieux réglées car à peine : lieu, où il ne pensait (ju'à Unir sa pénitence
eut-il a'.teint l'âge de discrétio.», (]u'il s'a- pour retourner dans la maison de son père,
handonna aux vices (|ui oiil coutume du il fil amitié avec un frère convers, ciui, dans
s'emparer du cœur des jeunes t^cns, qui s'y les conversations qu'il avait Ions les jours
laisbBut d'autant [)lus empi rter qu'ils sont avec lui, faisait son possible pour rengager
secondés par les biens de la fortune, qui leur à quillei' le monde; mais c'était inutilcmenl :
donnent les moyens de contenter leurs pas- les li(n.()ui l'y tenaient attache étaient en-
tions. Alais Dieu qui avait destiné Uomuaid core trop fori.> pour être rompus par les dis-
])0ur être le restaurateur de la discipline ré- cours qu ce bon irèrc lui fai-ail, autant que
j^ulièrc, et qui voulait se servir de sa voix sa capacité le lui pouvait permettre co :
pour appeler les pécheurs au désert, leur changenienl ne pouvait venir (juc de la droits
"
enseigner et préparer les voies du Seigneur, du Très- Haut. Aussi ce saint religieux,
<'l è se remettre dans le cliemiu du salut, n'a- voyant le peu d'efiel de ses paroles, eut re-
bandonna jamais sou serviteur à ses pro- cours à Dieu, et reuipli de confiance en sa
près passions en sorte (|ue, nonoLstanl les
: bonté et en sa miséiicorde pour les pécheuio,
plaisirs de la chair et les divertissements do dont il était persuadé qu'il ne veut pas la perte
la chasse, qui faisaient toute son occup.i- mais la conversion, il demanda àHomualdee
lion, il lui donnait de continuels remords de (ju'il lui donnerait si la nuit snivante il lui
conscience, qui, le faisant rentrer en lui- faisait voir saint Apulli:. a re loui cesplendis -
même, lui faisaient faire de fermes ri solii- sant de lumière. Celui-ci ne fit jtuie.l do aifii-
lions de s'en retirer, et d'èlre pli"= fulèlc à culte d;» lui promettre que si le ciel voulait la
(1) Voij., :i b (in lin vol., n" l*-7.
t
r>io DICTIONNAIRP; HES ORDRES RKMGIEIX.
favoriser de celle grâce, il renoncor.iit au rcté) que pour vivre sous sa
d'aller le trouver
inonde, cl seconsncrerail entièronifnlà Dieu, conduite. H
en demanda donc la permission
cl que pour col effet il coiisenlail à passer à son abbé et aux religieux, qui la lui accor-
avec lui !a nuit suivanle en prières dans dctent d'autant plus volontiers que sa vie
l'église du monastère où ils resicraienl lous pénitente et auslère était un reproche con-
deux , après que les autres reliiiicux de la tinuel de leurs dérèglements. Il partit donc
communaulc se «eraienl re'ircs. Dieu qui dit fort content, et fut se jeter aux pieds de Ala-
dans son Kvangile qu'il se trouve au milieu rin, qui le recul fort volontiers.Ce solitaire
de deux ou de (rois assemblés en son nom, était doué principalemsnt d'une grande sim-
et qui avait résolu de faire de Uomuald un plicité d'ospril et purelé de cœur, aussi bien
vase d'élection exauça la prière de ce bon
,
(|ue d'un grand amour pour le bien mais ;
religieux, et leur lit apparaître saint Apol- comme il n'avait jamais eu aucun maître
linaire environné df^s rayons de la gloire dans la vie spirituelle il avait peu de ma-
,
dont jouissent h'S bicniieurcuv dans le ciel. nières pour l'enseigner aux autres, en sorte
Une grâic si singulière commenta à ébran- que (quelquefois, après qne sainlRomuald eut
lei Ronuiald, ;iu(iutl c^ serviteur de Di u ne établi son ordre, il racontait à ses disciples
donnait poii.t de relâche, le sommant con- par manière de divertissement ses manières
tinuellenienl d'exécuter sa proinesse , la- rudes et peu polies.
quelle il différait toujours d'accomplir, jus- Knlre autres pratiques de dévotion et de
qu'à ce qu'enfin, ayant eu une seconde vision piété que pratiquait Marin, il chantait tous
scmblal)le à la première, selon qu'il l'.ivail les jours le psautier ; et pour cet eiVel il avait
désiré, il ne put plus rcsisler à la grâce, cl coutume de sortir souvent avec son disciple,
commença à se rendre assidu à la prière, et en se promenant dans sa solitude il chan-
pas^ant les nuits au pied des autels où il
, tait une partie de ces psaumes quelquefois
;
demandait à Dieu p.ir les torren's de larmes il se reposait sous un arbre, et y chantait
qu'il versait, plutôt que par ses paroles, (lu'il cent psaumes; ensuite il allait à un autre,
disposât de lui seloi\ sa sainte volonté. Knlsn où il en chantait un pareil nombre ou envi-
un jour qn'il 1 faisait avec plus d'ardeur et
>
ron ce qu'il continuait juscju'à ce que tout
:
avec tant de larmes qu'il ne pouvait les re- fût fini el pour lors il se mettait vis-à-vis
;
tenir, son cœur fui rempli d'un si grand lli'muald qui, ne sachant pas encore tout
,
amour de Dieu, que, méprisant tout autre le psautier par cœur, à chaque mot qu'il y
chose que lui, et résolu de se consacrer à manquai', Marin lui donnait un coup de ba-
son service, il se prosterna aux pieds des guette sur l'oreille gauche, pour l'accoutu-
religieux de celle abbaye, en leur dciiian- n^er à la morlification et à la pénitence. Le
dant av<'C autant d'en-.prosement que d'iiu- disciple soulTrail ce châtiment avec beaucoup
milité l'habit de religion. Ses larmes n'é- d'humilité; mais s'apercevanl qu'il perdait
taient que trop suflisan'es pour atlendiir ces l'ouïe de ce tôlé-là,il [jria son maître de le
mêmes religieux, et pour les excitera lui frapper à l'oreille droiie. Marin faisant ré-
donner ce qu'il demandait avec tant d'ins- flexion sur la vertu de son disciple, et con-
tance mais la craiiilc (ju'ils avaient de >'on
; sidérant avec quelle douceur et quelle pa-
père, qui était autant violent qu'il avait d'au- tience il avait souffert la rigueur de son aus-
torilé, les empêcha d(î lui accorder sa de- téri é, commença à le respecter.
mande, jusqu'à ce qu'enlin Romuald, ayant Pierre Urséole, duc de Venise, était monté
imploré le secours de l'archevêque de Ra- à cette dignité par le crime, ^'ital Candidien ,
\enne, qui avait été autrefois abbé de celle son prédécesseur, étant devenu suspect aux
abbaye, fut enfin reçu à la recommanda- Vénitiens, ils conspirèrent contre lui, el ré-
lion de c prélat, dont l'autorité mettait les solurent de le tuer; mais comme il se le
religieux à (ouvert de ce qu'ils auraient pu naii sur ses gardes, ils s'avisèrent de brûler
craindre de Serg". la maison de Pierre Urséole , contiguë au
A peine Uomuald fut revêtu de ce saint palais de Saint-Marc, après avoir obtenu
liabil, qu'il commença à paraître tout autre pour cela son consentement en lui promet-
et à servir de modèle de perfection aux plus tant de le faire duc; ce qui lut exécuté. Vilal
anciens religieux, dont plusieurs él;int fort C indidien étant sorti du palais avec sa fa-
relâchés dans les observances régulières, et mille pour éviter les flammes, fut tué par les
ne pouvant souffrir (juil se distinguât si fort conjurés, et Pierre Urséole mis à sa place.
au-dessus d'eux par ses pratiques de piété, Miiis ayant satisfait son ambition, il lut tour-
cl encore moins les reproches (ju'il leur fai- menté par les remords de sa conscience,
sait de leur dérèglement, rés< lurent de s'en el se repentit de son crime. Pour l'expier,
défaire à quelque prix (]ue ce lût, e'. machi- il demanda conseil à Guarin abbé de Saint-
,
nèrent sa mort. Romuald en et;; ni averti par Michel de Cusan en Catalogne, qui se trou-
un des complices auquel Dieu donna un re- vait à Venise, où il avait passé, allant en
mords de conscience, prit ses mesures pour plusieurs lieux de dévotion. Ce saint abbé
éviter l'effet de leur mauvais dessein; et lui conseilla de renoncer à sa dignité mal
ayant appris dans le même temps qu'il y avait acquise. Marin et Romuald, qu'ils consullè-
proche Venise un saiiit solitaire nommé Mo- renl, furent outre cela d'avis qu'il devait
Tj'nqui vivait avec beaucoup d'édification elde embrasser la vie monasli(]ue. Urséole se dé-
sainteté, il crut ne pouvoir mieux faire (tant roba donc secrètement à sa femme et à sa
pourconlenler son zèlepour la perfection, qne famille, et avec un de ses amis, nommé Jean
pour fuir un lieu où sa vie n'élail pas <*.n sû- GmclrniCy il alla joindre l'abbé (iuarin, qui
S8I CAM CA.M 582
avec ces deux sainis ermites. S'é
olait les'.é mettent au nombre des sainis de leur ordre
;
tant cDîbarqués tous cinq, ils anivcrenl on mais cet ordre n'était pas encore commencé
r,alalo:nc au monnslère do Saiiil-Micliel de quand il mourut, et il ne demeurait pas
Cusan. l'ierre Urséole et Jean (iradcnic se dans un ermitage, mais dans le monastère
rendirent religieux dans ce rnonaslère, au- de ^aint-Sévère, qui était situé entre celui
près duquel Marin et Komuald se nîlirèrent de Classe et la ville de Kavenne.
dans un ermitage, où ils continuèrent à me- Saint Uomuald ayant fait changer d réso-
>
ner une vie irès-auslère, et au bout d'un an lution à son père et alTermi sa vocation, de-
les deux autres se joignirent à eux. Ro- meura quelque temps au monastère do
muald se d stingua tellement par son zèie ,
Classe mais l'amour de la solitude (il ou'il
;
ou trois fois la semaine pendant le reste de brûlé depuis [eu ce qui ayant irrité les
:
s'était fait religieux dans le monastère de tre le saint, qui voyant qu'il ne pouv.iit les
Saint-Sévère, proche Uavenne, s'en repen- convertir, vinl trouver larchevêiine de Ua-
tait et voulait retourner dans le monde, il venne et l'empereur devant Tivoli, qui était
résolut d'aller à son secours. Les Catalans, assiégé par ce prince, en présent e duquel il
apprenant que Romuald songeait à quitter jeta le bâton p.isloral, et renonça à l'abbaye :
cellule, il se mit à manger dès le grand ma- abatire une partie de leurs murailles, lui
lin avec tant d'avidité, (jue croyant qu'il donnassent des otages, et livrassent les
avait perdu l'esprit, ils se retirèrent en le meurtriers du duc à sa mère.
méprisant. Le saint, s'étant sauvé par ce Pendant que ce saint demeurait à Péréo,
moyen partit pour l'Italie nu-pieds
, , et l'empereur, à sa suliicitation, y bâtit un mo-
n'ayant qu'un bâton à la main. Liant arrivé nastère en l'honneur de saint Adalberl. Bo-
au monastère de Saint-Sévère, il trouva son leslas, roi de Pologne, ayant envoyé aussi
père qui était toujours dans la résolution dans le même temps des ambassadeurs à
d'en sortir et de retourner au siècle. Ne pou- lempereur, pour lui demander des mission-
vant rien gagner d'abord sur son esprii, il naires qui instruisissent ses sujets des
entreprit sa conversion avec tant de zèle ,
mystères du christianisme, ce prince s'a-
qu'il lui mit les fers aux pieds et l'enferma dressa à saint U<jmuald pour lui fournir
dans une prison, où il le retint plusieurs (Je shommes apostoliques. Le saint ne crut
jours et à force de jeûnes, d'oraisons et de
; pas devoir refuser une demande si juste et
pressantes exhortations, il lui (il enfin con- si avantageuse pour l'avancement du royau-
cevoir une grande douleur et une véritable me de Dieu, et ayant proposé celte œuvre d-e
contrition de ce qui s'était passé, et Serge charité à ses disciples, il s'en trouva deux
mourut saintement dans ce monastère, après qui s'y olîrirent, dont un sap[)elait Jean^
1
y avoir vécu avec beaucoup <l édification. el l'autre Benoit; mais ils n'eurent pas le bon-
Les historiens do l'ordre des Cimaldules le heur do miltrc à exéculi'n bu rs bons desseins,
5;t.5 DICTIONNAIRE DFS (irxDRF.s nr.i.ir.ii.ux. ;-8i
ayant élé tués par tlos voleurs en ce pays-là. njalade lorsqu'il voulait passer plus avant:
Saint Bonifcici% l'un des disciples do ce saint ce qui l'obligea d'abandonner son dessein, il
fondateur, et qui demeurait encore à Péréo, n'y eut que quinze vie ses discijdes qui restè-
fut aussi envoyé pour convertir les Russes rent dans ce pays, où ils souffrirent beau-
à la foi calholiciue. coup de maux. Quelques-uns furent fusli
Mais pendant que les disciples de notre t';és plusieurs vendus et réduits en servi-
,
saint s'employaient à la conversion des infi- tude ; mais aucun n'arriva au martyre.
dèles ,il bâtissait des monastères en Italie. Il Romuald revint à son monaslèred'Orvielte,
en fonda deux en Islrie, l'un à nit'olc», l'au- dont il trouva que l'abbé ne suivait pas ses
tre à Parcnzo il demeura quelque temps
;
Mjaxiuîes. Ne pouvant rien gagner sur son
dans ce dernier, où il reçut un si i,'rand don esprit il quitta ce monastère, et après avoir
, J
de larmes, qu'il n'osait cciébrcr !a messe en ciiangé plusieurs lois de demeure, il vint en- m
public. Il en sortit pour aller à Bifolco, sur core à Val de (Castro, pour tâcher d'obliger
l'instante prière que les religieux de ce mo- aussi l'abbé à pratiquer plus exactement le
nastère lui avaient faite de les venir voir ;
genre de vi;; qu'il lui avait enseigné ; mais
mais y trouvant les cellules trop magnifi- ses remontrances ayant encore élé inutiles,
ques, il ne voulut loger que dans une qui il se retira sur le mont Apennin dan; une
n'avait que quaire coudées, et n'ayant pu pi'tile plaijie appelée Camaldoli, arrosée de
persuader à ces religieux de se soumettre à sept fontaines : et trouvant ce lieu-là propre
la conduite d'un abbé, il les quitta et envoya pour la \ie qu'il voulait fiire observer à ses
demander une retraite aux comtes de Camé- disciples, et que l'on avait rejetée dans les
rino, (jui lui (îffrirent avec joie toutes les autres monasières qu'il avait hât's il
y ,
commun;îuté de pénitentes qui lui cédèrent d'un certain Maldoli, bourgeois li'Arezzo, à
la place. Romuald commença donc à y bâiir qui appartenait, et qui
il donna à saint Ro-
1 •
des cellules et à y habiter avec ses disciples; muald. -Maurolic(I) prétend même que ce
il y fit en peu de temps des fruits incroya- Maldoli descendait des Juifs qui ses-auvèrent
bles. On venait à lui de tous côtés chercher de Jérusalem après que celle ville eut été
la pénitence les uns donnaient leurs biens
: détrute par les empereurs Tite ei Vespa-
aux pauvres, les autres quittaient le monde sien, et que les ancêtres de ce Maldoli étant
entièrement jour embrasser la vie monasti- venus à Aiezzo, a valent embrassé le christia-
que. Et tous, à l'exemple de ce grand homme, nisme et pris le nom de Maldoli, du châtc.iu
n'étaient plus occupés que de leur salut et de Magdelon en Bethanie, qui appartenait à
de l'éternité. sainte Marie Magdeleine. Maisil étaii'nuliie
Saint Romuald quitta Val de Castro, y que Maurolic allât jusque dans la Ju ée
laissant quelques-uns de ses disciples, et chercher l'élymologie du mot de Maldoli,
passa au pays d'Orvielte, où il bâtit un mo- puisque ce Maldoli n'a point donné à saint
nastère sur les terres du comte P^arulfe, où il Romuald le lieu dont tout l'ordre des Ca-
attira un grand nombre de personnes qui s'y maldules a pris le no.m, comuie une infinité
firent religieux. Il y en eut môîiic plusieurs d'historiens l'ont faussen)ent avancé; et qu'il
disiingués par leur noblesse, entre lesquels est certa n que la première 'ioiialion en fut
fut Gui, fils du comte Farulle, qui ne put ré- faite par Tlieo Iald,évéqucd'Arezzo, l'an 1027,
sister aux exhortations et au zèle de saint Il y a même un privilège de l'empereur
Romuald, qui était si grand pour la conver- lienri I!, selon le P. Mabillon, où ce lieu
sion des hommes, qu'il semblait qu'il voulût est appelé Canijuis amabilis. L'on avait tou-
changer tout le monde en désert, et engager jours cru jusqu'à présent que le désert de
tous les hommes à la vie monastique. C mialdoli avait été le lieu où saint Romuald
Ayant appris le martyre de saint Boiiiface, avait jeté les fondements de son ordre. Tous
son disciple, tué par les Russes l'an 1009 il ,
les hi^toriens de cet ordre avaient même été
sentit un si grand désir de rép.indre son da ce scnt!ire;ii usais le P. Gui Grandi,
;
sang pour Jésus-Christ, qu'il résolut aussitôt Oémonais, religieux du même ordre, qui a
d'aller en Hongrie. Mais l'exéeution de son donné en 1707 des disGcrtalions sur les an-
dessein fut un peu retardée à cause de deux iiquilésde cet ordre, prétend faire remon-
monastères qu'il fit bâtir, l'un auprès de la l(!r son origine justju'à l'an 978, que saint
rivière d'Esiiio, et l'autre près de la vilie tlomuald prit sous sa conduite le duc de A'e-
d'Ascoli. En-uite a^ant obtenu la permissio:) n se Pierre Urséole, comme nous avons dit,
du sainl-siégc, il partit avec vingt-quatre avec lequel et ijuelques autres il alla en Ca-
disciples, dont deux avaient été sacres ar- talogne, où il se lit des disciples. Il prétend
chevè(iues [iour celte mis-^iin, ayant tous un aussi que le noi! de Camaidules a été donne
si grand zèle pour le salut du prochain, qu'il aiix religieux de cet ordre, non (jue leur
lui était d'en mener moins. .Mais
dilfieile première demeure ait été à Ca;naUioli , mais
lorsqu'ils furent entrés en Ho;!gr!e, Romuald à cause que la régulaiité s'y est tou-
fut attatjué d'une maladie qui l'obligea de jour ni iintenue niicux qu'ailleurs; de même
s'arrêter 11 se portait bien lorscju'il se met- que, selon lui, les chano'.ncs deLatran ont ea
tait en état de s'en relourtîer, et retombait ce nom de leur introducîion dans l'EglL-e
(l) Silvesf. Manrol. Man. Occ:7i. d'i lut c l^ nfli[i. l ;/'. 2 ]}!']. 101.
C85 CAM CAM 586
d« Latran, quoiqu'ils tirent leur origine du jeûner tous les jours au pain et à l'eau, ex-
temps des;apôtres selon quelques-uns, ou
, cepté les dimanches. Quelques-uns ajoutaienc
de saint Augustin, selon d'autres ; tie même un troisième carême, et tous pendant le reste
aussi que le nom de Grandmont a élé donné de l'année jeûnaient encore au pain et à
à un ordre qui n'a pas pris sa naissance à l'eau les lundis, les mercredis el les vendre-
Grandmont, de plusieurs autres; eu
el ainsi dis, le plus souvent encore le mardi et le sa-
qui lai dire qu'il souhaiterait que le
fait medi : mais le dimanche el le jeudi ils man-
nom de liomualdins fût resté aux religieux geaient des légumes. C'était aussi la cou-
de son ordre , comme celui de Dominicains tume dans ces premiers temps que, pendant
et de Franciscains aux disciples de saint Do- tout le carême, tous les ermites demeuraient
minique el de saint François. Mais il ne faut dans leurs cellules sans en sortir excepté ,
pas s'étonniT si ce père s'intéresse tant pour deux ou quatre au plus, qui demeuraient
donner à son ordre une antiquité plus recu- près de l'église el qui récitaient l'office di-
lée que celle qui lui avait élé donnée jus- vin tant de jour que de nuit. Au reste, l'u-
qu'à présent, puisqu'il ne le fait que pour sage de la viande fut interdit pour toujours
niellre au nombre des saints de l'ordre des dans les cellules, aussi bien que l'entrée des
Camaldules plusieurs disciples de saint Ro- femmes dans l'ermitage, lesquelles n'en doi
rauald, du nombre de ceux qu'il a eus avant vent pas approcher plus près que du lieu qui
que d'avoir fondé son ordre. Mais comme leur est marqué.
nous sommes persuadés que les monastères Saint Romuald, après avoir fondé l'ermi-
que saint Romuald fit bâlir avant sa retraite tage de Camaldoli, où il laissa pour prieur
àCamaldoli ne voulurent point se soumellre Pierre Daguin, quitta l'Apennin pour so re-
au genre de vie qu'il y voulut établir, qu'ils tirer en Sitrie, dans l'Ombrie proche Saxo-
,
se contentèrent de suivre la règle de saint Ferralo. Il y demeura sept ans enfermé, gar-
Benoît, qu'il fut lui-même chassé de quel- dant continuellement le silence. Jamais ce-
ques-uns de ces monaslères qui ne voulaient pendant il ne fit plus de conversions et ne
pas se soumellre aux lois qu'il voulait leur renferma plus de pénilens car en peu de
,
in)poser, et qu'il en abandonna d'autres qui temps la Sitrie parut comme une autre Nitrie.
ne voulaiejil point recevoir d'abbé nous ne
, Tous les solitaires qui y demeuraient mar-
reconnaissons saint llomuald que comme un chaient nu-pieds, étaient pâles, négligés, et
réformateur et propagateur de l'ordre de toutefois contents de leur extrême pauvreté.
saint Benoît avant qu'il eût fondé un ordre Quelques-uns demeuraient enfermés dans
nouveau en 1012. leurs cellules comme en des sépulcres. Per-
Saint Romuald ayant donc jeté les fonde- sonne n'y goûtait jamais de vin. Non-seule-
ments de son ordre à Camaldoli, il bâtit d'a- ment les moines, mais leurs serviteurs et ceux
bord cinq cellules séparées les unes des
, qui gardaient les bestiaux, jeûnaient, obser-
autres, dans un lieu escarpé et de difficile vaient le silence se donnaient la discipline
,
mit pour prieur Pierre Daguin. L'on pré- de bouillon fait d'un peu de farine, avec
tend que ce saint fondateur eut en (C lieu quelques herbes. Il portait continue. lement
une vi»«ion pareille à celle de Jacob, qui fut le cilice, et ne rasait ni sa tête ni sa barbe,
une échelle dont le pied était appuyé sur la coupant seuleiiient avec des ciseaux les
terre et le sommet s'élevait au ciel, sur la- extrémités de ses cheveux et de sa barbe. Si
quelle ses religieux revêtus d'habits blanc* quelquefois on lui présentait quelque viande
montaient vers Dieu , et que ce fut la raison exquise, après en avoir seulement senti l'o-
qui l'obligea à faire changer à ses religieux deur il la rejetait. Pendant l'été, de deux se-
la couleur noire pour la blanche, qu'ils ont maines il en passait une jeûnant au pain
conservée jusqu'à présent. Mais le père et à l'eau, el l'auire il ajoutait quelque chose
Grandi rejette cette vision, quoique jusqu'à de cuit le jeudi. Mais ces austérités n'em-
présent elle ait été universellement reçue pêchaient pas qu'il montrât un visage serein
dans son ordre. La manière de vivre que et une gaîlé continuelle.
saint Romuald prescrivit d'abord à ses er- U eut beaucoup à souffrir dans la Sitrie
mites était telle ils demeuraient tous dans
: de la pan de quelques faux frères, el il
des cellules séparées les unes des autres, et ne fut pas à l'abri de la calomnie , quoi-
se rendaient aux heures marquées à l'ora- qu'il menât une vie tout angélique. Ayant
toire pour y faire chanter l'office divin qu'ils voulu corriger un de ses religieux de ses
psalmodiaient seulement. Les reclus étaient impuretés , non-seulement par des répri-
dispensés de cette obligation, et ne sortaient mandes, mais encore par de rudes disci-
point du lieu de leur réclusion. 11 y en avait plines, celui-ci l'accusa d'un crime de même
qui , pendant les deux carêmes de l'année , genre. La calomnie trouva créance, et les
gardaient un silence inviolable, et d'autres disciples du saint homme le mirent en péni-
pendant cent jours continuels. La loi de l'ab- tence et lui défendirent de célébrer les saints
slinence et du jeûne était que chacun de- mystères. Il s'y soumit el fut environ six
vait manger dans sa cellule, el que pendant mtjis saiis s'approdier de l'aulcl. Enfin Dieu
tuulle temps de chaque carême ils devaient lui commanda de quilier celle simplicité lu-
discrète; et de célébrer la messe. Il le flt le par la faute des copistes qui ont transcrit
lendemain et pendant la messe il fut long-
; les ouvrages de saint Pierre Damien, ou au-
temps ravi en extase, et reçut ordre de don- Iremenl. Car selon M. l'abbé Fleury (2), il
,
ner une exposition des psaumes, que l'on ne peut pas avoir vécu plus de quatre-vingt-
garde encore à Camaldoli écrite de sa main, dix ans ;il peut cependant y avoir aussi de
îl demeura sept ans dans la Sitrie; et (juand l'erreur dans le calcul de cet historien ,
il y Tit un si grand nomt)re de religieux puisque, mettant sa naissance vers l'an 952,
qu'à peine pouvaient-ils demeurerensemble, et sa mort l'an 1027, il ne pourrait pas avoir
il y bâtit un monastère pour les y enfermer ; vécu plus de soixante-qu^a/ie ou soixante-
et leur ayant donné un abbé, il se retira à seize ans. On ne peut pas mettre la nais-
Bifolco, où il garda étroitement le silence : sance de ce saint plustôtquel'an 951 ou 952,
mais ayant voulu obliger l'abbé de ce mo- puisqu'il avait vingt ans lorsqu'il prit l'habit
nastère à suivre sa vie austère, eut beau- i). au monastère de Classe et que ce fut Ho- ,
L'empereur saint Henri étant venu en , aux religieux de le lui donner, lequel évê-
Italie, envoya prier saint Romuald de le ve- que était entré dans le siège de Ravenne l'an
nir trouver, promettant de faire tout ce qu'il 971 , selon le calcul de Jérôme de Labeis ,
lui ordonnerait. Le saint y alla et l'on pré- , dans son Histoire de Ravenne. On ne peut
tend que ce prince lui donna le monastère de pas non plus différer la mort de saint Ro-
Montamiat dont il cliassa l'abbé qui était
, muald après l'année 1027, puisque ce fut
coupable de plusieurs crimes. (Ce monastère, après la mort de ce saint, la même année et
situé en Toscane, dans le territoire de Cluse, au mois d'août que Théodald évêque d'A-
, ,
avait été fondé l'an 7i3, par Rachis roi des , rezzo, confirma à Pierre Daguin , prieur de
Lombards.) Mais le don de ce monastère fait Camaldoli la donation qu'il avait faite à
,
ses titres, par lesquels il paraît que Winison située au milieu des Alpes, qu'il avait consa-
en a été abbé sans interruption depuis l'an crée à la prière de ce saint, qui, ayant trouvé
99G jusqu'en l'an 1036, comme remarque le ce lieu propre pour la solitude y avait bâti ,
jours les papes et les empereurs pour pro- jusqu'à l'an 1037 et pour ajuster les faits
;
tecteurs, et qu'on ne lit point qu'ils lui aient contenus dans la vie de ce saint à l'âge de ,
rien reproché sur ses mœurs et sur sa con- six-vingls ans, qu'il lui donne il le fait naî- ,
revint au monastère de Val de Castro , où , avec l'acte de l'évéque Théodald de l'an 1027,
assuré qu'il mourrait bientôt il se fit bâtir , dont le père Mabillon a vu l'original dans le
une cellule avec un oratoire pour s'y en- ,
monastère de Fonte-Buono par lequel ce ,
fermer et garder le silence jusqu'à la mort. prélat confirma au prieur Daguin la douii-
Vingt ans auparavant, il avait prédit à ses tion qu'il avait faite à saint Romuald de l'é-
disciples qu'il mourrait en ce monastère sans glise de Saint-Sauveur, qu'il avait consacrée
que personne fût présent à sa mort. Sa cel- à la prière de ce saint , qu'il appelle un
lule de réclusion étant faite , il sentit aug- homme de pieuse mémoire piœ recordatio^ :
menter ses infirmités qui , quoique grandes, nispatrem domimim Romualdum? C'est pour-
étaient si au-dessous de son zèle qu'elles ne quoi le père Mabillon n'a point hésité de dire
purent jamais l'obliger ni à se coucher sur que ce prélat confirma cette donation après
un lit, ni à relâcher la rigueur de son jeûne. la mort de saint Romuald. Aussi le père
Un jour, comme il s'affaiblissait peu à peu ,
Grandi avoue-t-il qu'il est difficile de ne
le soleil étant vers son coucher , il ordonna pas penser que saint Romuald fût déjà mort
à deux religieux qui étaient près de lui de quand consécration de l'église de Camal-
la
sortir et de fermer après eux la porte de sa doli se en 1027 lorsqu'on lit encore ces
fit ,
point du jour pour dire auprès de lui Mati- memoriœ domni Ro-
spiritualis patris noslri
nes. Comme ils sortaient à regret, au lieu de mualdi charissmi eremitœ Ut , et ces autres :
s'aller coucher , ils demeurèrent près de sa cum denomirtato saîicto viro, Bomualdo scili-
cellule , afin d'être prêts pour le secourir en cet, parlem in œterna vita habeamus. Le père
cas de besoin ; mais, quelque temps après, Grandi ne donne pas les preuves qu'il allè-
comme ils n'entendirent ni mouvement ni gue pour des démonstrations il est content ,
(^î|
A«nq/. Benedict. l, lv, n, 16, {%) Hist, eccles, liv, vu, n. L
, ,
avait faites furent cor.firmées, l'an 1037, par n'y croît rien que des arbres, et que la terre
son successeur Immon. Cet ordre ne fut ap- est couverte de neiges pendant presque les
prouvé du sainl-siége apostolique que l'an deux tiers de l'année ,fit bâtir un beau mo-
phe, quatrième général, perfectionna cet or- cet ermitage environ quarante cellules déta*
dre qu'il gouverna pendant vingt-trois ans , chées les unes des autres. Les femmes n'en
ayant été élu prieur de Camaldoli en 1082 : peuvent approcher que de trois cents pas :
ce lut lui qui dressa les premières constitu- on les reçoit néanmoins au monastère de
tions de cet ordre l'an 1102. Il modéra un
, Fontebuono.
peu l'ancienne rigueur des Camaldules, car Sous le généralat du bienheureux Rodol-
il ordonna qu'ils ne jeûneraient pendant le phe, l'ordre des Camaldules s'augmenta con-
carême que cinq fois la semaine au pain et sidérablement :on lui donna l'église de
à l'eau, et il leur permit d'user de sel ces Saint-Sauveur, proche Florence. Bernardin
jours-là il voulut qu'on leur donnât une
; deSidonia, comte d'Anghiari, et Imeldine, sa
pitance le jeudi. Il kur permit de manger du femme, laissèrent au saint ermitage ( c'est
poisson et de boire du vin aux fêtes deSaint- ainsi qu'on appelle encore aujourd'hui celui
André apôtre de Saint-Benoît et de l'An-
, , de Camaldoli ) tous leurs biens qui consis-
nonciation de la sainte A ierge le dimanche , taient, entre autres choses, en sept ou huit
des Rameaux et ie jeudi saint auquel jour
, , bourgs avec leurs églises et possessions ; et
les ermites se trouvaient à l'église, où, après pour satisfaire à l'intention des comtes An-
avoir chanté l'office divin on leur donnait , ghiari, Rodolphe fit bâtir le monastère d'An-
un denier un pain bénit, et on leur lavait
, ghiari qui fut déJié à saint Barthélemi, où
les pieds. Après cette céréaioiiie le prieur , il mit un nombre de religieux, l'an 1105; il
lavait les pieds à autant de pauvres qu'il y fil de nouvelles constitutions plus faciles à
avait de religieux dans l'ermitage. L'on des- observer, ou du moins il retrancha quelques
cendait ensuite à Fontebuono, où l'on priait austérités des premières, car il permit à ses
Dieu pour les évéques d'Arezzo qui étaient religieux de boire sept fois du vin pendant
décédés. Pendant le reste de l'année hors , le grand carême , savoir : le premier, le
les carêmes il les exempta de l'abstinence
, quatrième et le sixième dimanche, le jeudi
au pain et à l'eau trois fois la semaine en : saint, et les fêtes de Saint-Grégoire, deSaint-
sorte que ces jours-là ils devaient avoir une Benoît et de l'Annonciation de la sainte
pitance et du vin. Ils ne devaient jeûner que Vierge, comme aussi cinq fois pendant l'A-
le vendredi dans les octaves de Pâques et de vent, savoir le premier dimanche et le jour
:
la Pentecôte. Les fêtes de douze leçons de Noël, les fêtes de Saint-André, de Saint-
pourvu qu'elles n'arrivassent pas un jour Nicolas et deSaint-Thomas,et pareillement la
que l'on devait jeûner au pain et à l'eau, ils veille du jour de Noël, le samedi saint et la
pouvaient manger ensemble. Il voulut que , veilledelaPentecôte, auxquels jours il permit
selon l'ancienne coutume , ils eussent tous qu'on leur donnât du biscuit ou du pain
des balances dans leurs cellules pour peser ,
cuit deux fois. Il obtint du pape Pascal II
le pain qu'on leur donnerait tous les jours ,
la confirmation des biens et des monastères
afin de n'en prendre pas plus qu'il n'était qui avaient été donnés à ses prédécesseurs
prescrit. Il ordonna de plus que tous les re- principalement de ceux de Poppiene , de
ligieux qui tomberaient malades dans l'er- Prato Vecchio, de Saint-Sauveur de Florence,
mitage descendraient au monastère de Fon- de Saint-Pierre d'Arezzo, de Saint-Savin, de
tebuono, afin d'y être médicamenlés, et que Saint-Martin, de Saint-Frian de Pise et d'Aa-
sitôt qu'ils seraient guéris, ils retourneraient ghiari, qui lui avaient été donnés. Enfin ce
à l'ermitage ; que, s'ils mouraient dans le fut lui qui institua lesreligieusesCamaldules.
monastère de Fontebuono, on porterait leur Les généraux firent dans la suite d'autres
corps à l'ermitage , pour être enseveli dans constitutions, où ils adoucirent en quelque
le lieu où ils auraient servi Dieu , excepté chose les grandes austérités de cet ordre. Les
les reclus , auxquels on porterait toujours premières, furent faites parle bienheureux
Martin l'an 12oi, les secondes par le père Bo- manche, le mardi et le jeudi, et toutes les
navenlure,ran 1333, sans parler df cellosqui fêtes doubles, pourvu qu'elles n'arrivent pas
furent faites en llTi. 11 y en eut encore d'au- un jour d'abstinei«ce le lundi et le samedi
;
tres, lorsque les ermites furent unis avec on leur donne une menestro d'oeuTs avec
les moines du même ordre de la congréga- une salade le mercredi ils font maigre, et le
;
tion de Saint-Michel de Murano, par ordre du vendredi ils font abstinence. Ils appellent
pape Léon X, et il y on eut aussi de parti- faire maigre quand ils ne mangent point
culières pour les ermites, lorsqu'ils étaient d'<?ufs, et que ce qu'on Ipur donne est apprê-
unis avec ceux du M mt de la Couronne, té à l'huile, et faire abstinence quand ils
car cet ordre est divisé en cinq congréga- jeûnent au pain et à l'eau.
tions la première est celle de Cama'doli, ou
r
Dans deux carêmes, le dimanche, le
les
du Saint-Era;itage la seconde de Saint-Mi-
;
jeudi et les fêtes doubles on leur donne la
chel de Murano, qui n'est que de cénobites; pitance avec quelque autre chose, le mardi
la troiïiième desermites de Sainl-llomuald et lesamedi la menestre et la salade, le lun-
ou du Mont de laCouronne, dont nous par- di, lemercredi et le vendredi, ils jeûnent au
lerons en particulier, aussi bien que de celle pain et à l'eau, et au sel ils y peuvent ajou-
;
de Saint-Michel de Murano ; la quatrième ter quelques herbes crues d'une seule sorte,
est celle de Turin, la cinquième, celle de et du pain cuit à l'eau sans sel. La veille de
France, qui ont chacune présentement leur Noël, si le jeûne n'est pas d'abstinence, et
général ou majeur. le samedi saint, ils boivent du vin, mangent
La congrégation de Camaldoli ou du Saint- du fruit et quelque autre chose. Outre les
Ermitage a des constitutions particulières, deux carêmes et les jours de jeûne comman-
depuis sa désunion d'avec la congrégation du dés par l'Eglise, ils jeûnent encore la veille I
Montde la Couronne, qui furent approuvées de l'Epiplianie, de la Purification de Noire-
par le pape Clément X, l'an 1671, confor- Dame, de la Nativité de Nuire-Dame et de
mément à ces constitutions. Ils mangent en quelques autres jours.
commun dans le réfectoire aux principales
fêtes de l'année, savoir le jour de Pâques,
:
Cette congrégation n'a que six monastè-
de la Pentecôte, de l'Assomption de la sainte res , y compris celui de Fontebuono , ou
Vierge, de la Toussaint, de Noël, de l'Epi- l'on mène la vie cénobitique ; le général ou
phanie, du jeudi saint, deSaint-Komuald, de majeur est élu tous les deux ans, et se sert
l'une et de l'autre solennité de Saint-Benoît, d'ornements pontificaux. L'habillejnent de
de la Dédicace de Téglise , et pendant le ces ermites consiste en une robe cl scapu-
temps du chapitre général. Quand ils jeûnent laire, serrés d une ceinture de laine ; et
au pain cl à l'eau, ils no mangent point à et .:nt au chœur, ils ont une coule, mais plus
table, mais à terre, nu-pieds, ou les pieds étroite que celle des moines de la congréga-
à demi-nus, sans serviettes ni nappes, sur une tion de Saint-Michel de Murano. Les uns
planche. Le jour de Saint-Marlin, et le di- et les autres ont pour armes d'azur deux
récréer. Depuis Pâques jusqu'à l'Exaltation le monastère de Fontebuono, qui est au bas
de la sainte Croix, excepté le mercredi et le de l'ermitage, éloigné d'environ un mille,
vendredi, qu'il est jeûne, on leur donne le sert d'inûrmcrie aux ermites. C'est là où ils
matin un potage ou meneslre seulement; font aussi leur noviciat, il après l'année de
mais s'il est fêle de la première ou seconde probation, ils montent à l'ermilage avec la
classe, on leur donne une pitance avec permission du majeur; et ceux qui n'ayant
la meneslre, et le soir une pitance le prieur,
; pas l'esprit bien f )rt, ne peuvent pas suppor-
quand bon lui semble, y peut ajouter une ter les austérités des ermites, descendent à
salade. La pitance ne doit pas excéder trois ce monastère, où ils mènent la vie céno-
œufs lorsqu'elle est de poisson frais, elle bitique , étant toujours soumis au prieur
doit être de six onces et de quatre on- de l'ermilage.
ces lorsqu'elle est de poisson salé. Hors les
August. Florent., Hist. Camaldulens. et
carêmes, on leur donne six onces de fromage
munasterioriim ejusd. ord. exord. Thomas
pour toute la semaine.
Minis., Catal. SS. et BB. ordin. Camaldulens.
Depuis le 13 septembre jusqu'à Pâques,
Archangel tiàsHy il., Hist. Camaldul. Silvano
excepté l'Avent, le jeûne perpétuel est à la
Razzi, Vite de SS. cl BB. del ord. di Camal-
volonté d'un chacun. On donne le matin la
doli. Petr. Damian., Vit S.Romualdi. Guido
menestre et la pitance à ceux qui veulent
de Grandis., Dissert. Camaldulens. Joan Ma-
jeûner; et à ceux qui veulent manger deux
billon, Acta SS. ord. S. Bened. ejusd. Annal.
fois le jour, on leur donne le matin la me-
Benedict. tom. III et IV. Arnold Wion, Li-
nestre, et le soir la pitance. Depuis la même
gnumvilœ. Silvestr. Maurolic, Mar. Océan,
fêle de la saine Ooix jusqu'à la Saint-Mar-
di lutte le relig. lib. ii, et constitutioni del
tin, et depuis Noël jusqu'à la Quinquagcsime,
Iruis lois la semaine, on leur donne la me-
sacro Eremo di Camaldoli edil. 1071. ,
pcslrc d'œufs et du IVooiage, savoir ; le di- § II. — Des moines Camaldules de la congr4~
595 CAM CAM 594
gation de Saint-Michel de Murano, et des qui est un des principaux monastères des
religieuses Camaldules. moines cénobites de cet ordre, ne fut aussi
L'ordre des Camaldulos (1) est composé fondé que pour des ermites, car le général
d'ermites eldecénobites. Plusieurs écrivains,
Martin III, voyant qu'à cause du grand nom-
bre de séculiers qui allaient chez eux, ils ne
et môme quelques-uns de cet ordre ont ,
avancé que saint Roniuald avait ainsi divisé pouvaient pas observer exactement les con-
stitutions de l'ermitage de Camaldoli leur
son ordre, à cause du grand nombre do ,
monastères qu'il avait fait bâtir avant sa re-' en donna d'autres qui furent particulières
traite à Camaldoli. Mais il est certain qu'au-
pour ce monastère.
cun de ces monastères ne se soumit au genre 1 Mais après que les monastères qui em-
de vie austère qu'ily voulut établir, el qu'ils brassèrent la vie cénobitique eurent renoncé
se contentèrent de suivre la rèjjle de saint à la graiide solitude et aux austérités de
Bonoît. Nous avons vu même dans sa Vie l'ordre ordonnées par les constitutions, ils
qui! fut chassé de quelques-uns de ces mo- ine se séparèrent pas pour cela des ermites ,
nastères qui ne voulaient pas se soumettre ils firent toujours union ensemble, et les gé-
aux lois qu'il voulait leur imposer, et qu'il néraux étaient alternativement ermites et
on abandonna d'autres qui ne voulaient point .cénobiles. Ils étaient aussi prieurs de Camal-
recevoir d'ab*ié. 11 est vrai que le monas- doli, quoiiiu'ils fussent du nombre des céno-
tère de Classe, proche Ravenne, est présente- bites, car l'office de prieur de ce chef d'ordre
ment de l'ordre des Camaldules mais il n'a ;
était annexé à celui de général. Mais il sem-
été uni à cet ordre par les souverains pon- ble que les moines cénobites étant devenus
tifes, aussi bien que celui de Val-dc-Castro, supérieurs en nombre aux ermites, ils aient
que longtemps après la mort de ce s lint fon- retenu pendant un temps pour eux le géné-
dateur le premior y fut uni l'an H38, à
: ralat sans en faire part aux ermites.
cause que saint Uomuald y avaii pris l'habit, Je veux croire que la raison qui obligea,
le second à cause qu'il y était mort. S'il était la plupart des ermites Camaldules à embras-
vrai d'ailleurs que tous ces monastères eus- ser la vie cénobitique fut, qu'ayant peine à
sent été de l'ordre des Camaldules, il en se- subsister au milieu des bois et des solitudes,
rait fait mention dans la bulh; du pape ils vinrent s'établir dans les villes , où ils
Alexandre II, qui confirma cet ordre l'an rendirent service aux fidèles, soit en prê-
1072 mais il n'y est parlé que de neuf mo-
; chant, soit en confessant. Cette raison que
nastères, qui sont Camaldoli, l'hospice de
: quelques auteurs ont donnée de leur chan-
Fontehuono , Cerrelto, Agna, Soci. Arcina, gement n'est pas néanmoins bien valable ,
Chaliano, Ghio, et S linl-Savin, dont il n'y a puisqu'ils pouvaient se procurer les commo-
que Camaldoli el Fontebuono qui aient été dités de la vie, quoique éloignés des villes,
fondes du vivant de saint Romuald. Ainsi il par les grands biens dont les fidèles enri-
n'y a point de doute ({ue les moines céno- chissaieîîtleurs monastères. Ceux qui étaient
bites qui forment la congrégation de Saint- proche les villes, comme ceux de Saint-Mi-
Michel de Murano n'aient été d'abord chel et de Saint-Malhias de Murano, n'au-
ennites. raient pas pu alléguer celte raison, puisque
Le monastère de Saint-Michel de Murano, le premier était proche Venise el Murano,
qui a donné le nom à cette congrégation, fut et que l'autre était bâti dans Murano même.
fondé l'an 1212. La république de Venise Il y a plus d'apparence que ce furent plutôt
ayant souhaité avoir des religieux Camaldu- ces grands biens qui leur firent perdre l'es-
les, on y envoya le père Laurent, ermite d'une prit de retraite et de solitude, et même aban-
vie exemplaire, avec deux compagnons, aux- donner les observances régulières. L'ordre
quels on donna une ancienne église dédiée des Camaldules était même réduit à un si
à saint Michel, archange, située dans une pitoyable état l'an li31, qu'à peine trou-
petite île entre Venise et Murano, avec tou- vait-on dans les monaslùres des cénol)ite&
tes les dépendances de cette île pour leur des traces de la discipline régulière ; ce qui
« iilreticn, ce qui fut confirmé par le pape obligea le chapitre général qui se tint cette
Innocent III. Ces ermites firent bâtir ensuite année-là par ordre du papo lilugènc IV, dans
une nouvelle église et un nouveau monas- le couvent de Sainte-Marie de Urano, pro-
tère, et l'église étantachevée, elle fut con- che Bcrtinoro, à travailler à la réformation
sacrée par le cardinal Hugolin, l'an 1221. de l'ordre. On commença par le chef dom
('es Camaldules vécurent d'abord dans une Benoît de Forilivio, c;éneral de cet ordre, qui,
grande retraite mais la fréquentation des
; étant accusé de plusieurs crimes, fut con-
séculiers, à cause du voisinage de Venise, traint de renoncer à son office, el lorsqu'on
leur ayant fait perdre l'esprit de la solitude, eut examiné les procès-verb :ux des visites
ils embrassèrent 1 1 vie cénobitique vêts Tan des monastères, on trouva qu'à la réserve
1300, ce que firent aussi plusieurs monas- d'un petit nombre, il n'y en avait pas un
tères de cet ordre situés dans des villes ou seul où il n'y eût du dérèglement. C'est ce
aux environs, qui furent dans la suite éri- (jue nous apprciionsde l'itinéraire du savaiit
gésen abbayes, dont Saint-Michel de Murano. (loui Ambroise de Porlicn, appelé comtnuné-
qu'on appela dans le commencement Siiiiil- meitt le CamaUlnie, (jui fu! élu général de
Michel in Palude, fui du nombre. l'ordre dans ce chapitre, et qui, en faisant la
Saint-Maihias de Murano, près de Venise, visite des monastères, eu trouva plusieurà
»"'.
(' I
Voy., À 11 fin dit vo! , iV" 139 el I
595 DICTIONNAIRE DES ORDRES RELIGIEUX. 596
de filles qui laissaient entrer les hommes vant il était perpétuel. Pierre Delphino, abbé
dans leurs monastères; d'autres qui en sor- de Saint-Michel de Murano qui avait pro-
,
laieiit quand elles voulaient, et qui ne gar- curé cette union, fut le dernier général per-
daient aucune clôture. Il y en eut même un pétuel. 11 avait été élu en 1480 et donna sa
où il trouva de si grands désordres ,
qu'il renonciation l'an 1515, s'étant réservé une
menaça les religieuses de détruire le monas- pension de trois cents écus et le titre de
tère, si elles ne changeaient de vie ; il fil général pendant sa vie. Les généraux furent
aussi observer la vie commune dans plu- ensuite triennaux; ils se prenaient alterna-
sieurs autres où elle était négligée. Ce fut à tivement des ermites et des moines ce qui
:
ce grand homme que l'ordre des Camaldules dura jusqu'en l'an 161G, que la congrégation
fut redevable de sa réforme, par le bon ordre des moines de Saint-Michel de Murano fut
qu'il apporta à faire observer dans tous les séparée entièrement des ermites , ce qui
monastères une exacte discipline pendant le subsiste encore à présent. Ils élisent tous les
temps de son gouvernement jusqu'à sa mort, cinq ans un général, qui prend le litre de
qui arriva l'an 1439, avant que la reforme général des moines et de tous les ermites
de cet ordre eût été bien solidement établie. Camaldules, même du Mont de la Couronne;
L'an 14i6, au chapitre général qui se tint mais ces ermites ne le reconnaissent en au-
au couvent de Saint-Savin de Pise, les su- cune manière ils ont leur général en par-
:
périeurs de neuf monastères firent union ticulier. Celui des moines de Sainl-Michel de
ensemble pour former une congrégation dont Murano fait ordinairement sa résidence au
les supérieurs ne seraient plus perpétuels, monastère de Saint-Laurent et Saint-Hippo-
mais triennaux, et s'étudieraient à faire ob- lyle de Faenza dans la Romagne. Les prin-
server une exacte discipline dans leurs mo- cipaux monastères de celte congrégilion
nastères. Ils commencèrent eux-mêmes à sont ceux de Classe, près de Ravenne, Saiat-
renoncer à leur supériorité pour donner le Michel et Saint-Mathias de Murano, les An-
bon exemple. Ces supérieurs étaient le prieur ges à Florence , Sainie - Croix de Fonte-
des Anges de Florence, le prieur de Saint- Avellano, Saint-Biaise de Fabriano , Saint-
Benoît , l'abbé de Saint-Michel et le prieur Juste et Saint-Clément de Volière, Sainte-
de Saint-Mathias de Murano, le prieur des Marie d'Urano de Bertinoro , Saint-Grégoire
prisons l'abbé de Saint-Savin de Pise , le
, à Rome, et plusieurs autres au nombre de,
prieur de Rose de Sienne, le prieur des An- trente-cinq, avec huit monastères de filles de
ges de Boulogne et le prieur de Saint-Jean cet ordre soumises à leur juridiction.
de la Judaïque. Mais à peine le pape Eugène Leurs principales observances consistent
ly fut-il mort, que la ferveur de ces supé- dans la psalmodie ils jeûnent presque la
;
point renoncer à leur supériorité à la fin de viande, excepté les malades et les vieillards,
leur triennal, et obtinrent du pape Nicolas V ne dorment que sur des paillasses, et ne por-
la permission de conlinuer dans leur supé- tent point de linge. Quant à leur habille-
riorité ce qui dura jusqu'en l'an 1476, que
: ment, i! est plus ample que celui des ermi-
Pierre Donat, abbé de Saint-Michel de Mu- tes ; ils ne portent point de barbe quand ils
;
rano, fit ordonner par le sénat de Venise que sortent, ils ont des chapeaux blancs, doublés
ces neuf monastères seraient unis en con- de toile noire jusqu'aux bords.
grégation, qui commença sous l'autorité du Cette congrégation a fourni plusieurs pré-
pape SixtelVetqui futconfirmée parinnocent lats à lEglise, savoir Ange de Anna, évê-
:
VllI. Cette congrégation, qui prit le nom de que de Sommaripa, et Maphée Gérard, abbé
Saint-Michel de Murano, s'augmenta dans la de Saint-Michel de Murano, et ensuite pa-
suite par le moyen de plusieurs autres mo- triarche de Venise, tous deux cardinaux;
nastères qui y furent joints, et fut séparée de Antoine Picolomini, abbé de Saint-Sauveur
la congrégation de Camaldoli ou du Saint- de Berardinghi , ensuite archevêque de Sien-
Ermitage ce qui dura jusqu'en l'an 1513
:
,
ne Pierre, abbé de Saint-Michel de Pise, et
;
congrégations, dont il n'en fit qu'une sous le de Monte, Antoine Simoni, Antoine de Par-
nom de congrégation du Saint-Ermitage et me, Eusèbe Prioli, Gratian de Gratiani , et
«ie Saint-Michel de Murano. On dressa des plusieurs autres, qui ont été évêques ou ar-
constitutions qui turent communes aux er- chevêques. Mais un de ceux qui a le plus
mites et aux moines. Entre les moines il y fait d'honneur à celte congrégation est le
en avait que l'on appelait de l'Observance ,
docte Ambroise Camaldule, dont nous avons
et d'autres qui avaient pris le nom de Con- déjà parlé, qui fut général de cet ordre. 11
ventuels. Ceux de l'Observance étaient les fut envoyé par le pape Eugène IV au concile
moines de la congrégation de Sainl-Michel de de Bâle, où il soutint avec vigueur les inté-
Murano. Il n'y avait qu'eux et les ermites rêts 'du saint-siége. Il se distingua ensuite
qui pouvaient être prieurs de l'Ermitage de aux conciles de Ferrare et de Florence, où
Camaldoli et le prieur de ce lieu devait
, l'on admira la facilité qu'il avait de s'énoncer
avoir le pas sur les abbés do l'ordre et mar- en latin et en grec; il fut même chargé de
cher immédiatement après le général qui
,
dresser le formulaire d'union enlre l'Eglise
ne pouvait être en même temps prieur de grecque et la latine. Côme de 3!idicis le
l'Ermitage, et devait être du corps des Ob- considérait beaucoup, et les savants de son
servants ou des Ermites. Son office ne pou- temps recherchèrent son amitié. 11 traduisit
vait durer que deux ans, au lieu qu'aupara- le livre de la Hiérarchie céleste , attribué à
597 CAM CAM S98
saint Denis l'Aréopagite, et plusieurs ouvra- cum; Ughell, liai, sacr., tom. II!, pag. 3; De
ges |;recs. On a aussi de lui une Chronique Blémure Année Bénédictine, et le P. Bo-
,
du Mont-Cassin, une Histoire de son géné- nanni Catalog. omn. ordin. relig. Guid. de
, ;
ralat, des Harangues, des Lettres, un Itiné- Grandis, Dissertât. Camaldulenses , dissert. 1
raire, un Traité de l'Eucharistie, etc. et 2.
Outre les huit monastères de OUes Camaldu-
les soumises à la juridiction des supérieurs de
§ 3. —
Des Ermites Camaldules de la congré-
gation de Saint-Romuald, appelée commu^
la congrégation desmoincs de Saint-Michel de
nément du Mont de la Couronne avec la
Murano, il y en a encore davantage qui sont ,
fondateur.
situés. Ce fut le bienheureux Rodolphe, qua-
trième général de l'ordre des Camaldules, qui Nous avons vu que la fréquentation dos
fonda ces religieuses. Ce saint homme, faisant séculiers avait quitter à li plupart des
fait
un jour la visite des terres que quelques par- Camaldules l'esprit de retraite et de solitude
ticuliers avaient données à des monastères de par le voisinage des villes où ils avaient été
son ordre, entra dans l'église de Saint-Pierre établis, et qu'ayant abandonné la vie érémi-
de Lueo in Mugello pour y faire oraison
, ,
tique avec toutes les austérités qui l'accom-
selon sa coutume. On ne sait s'il eut quelque pagnaient , ils avaient embrassé la vie ce-
vision ou quelque révélation mais ce fut au ; nobitique et à l'exception de l'ermitage de
:
sortir de cette église qu'il médita la fondation tamaldoli où la vie érémitique n'a jamais
,
d'un monastère de religieuses de l'ordre des cessé, l'on peut dire que tout l'ordre des Ca-
Camaldules. Il en jeta les fondements l'an maldules, contre l'intention et l'esprit de
1086 au môme lieu , et le dota de rentes de son fondateur, saint Romuald, n'était corn •
fut une excellente fille nommée Béalrix, qui était de l'illustre famille des Justinien, s'ap-
gouverna la communauté avec tant de pru- pelait François, tl sa mère Paule de Mori-
dence et de sagesse, que plusieurs dames de peti qui était aussi beaucoup distinguée par
,
vilèges. Ce monastère en a produit plusieurs une grande modestie, lui attiraient le respect
autres. Il y en a présentement une vingtai- du tout le monde. H était si sobre et si retiré
ne, dont huit, comme nous avons dit, sont que ses amis disaient ordinairement qu'une
sous la juridiction des moines Camaldules de chambre et un peu de pain suffisaient à Tho-
la congrégation de Saint-Michel de Murano. mas Justinien. Après avoir quitté Padoue, il
Leur habillement consiste en une rob et un ' entreprit le voyage de Jérusalem pour y vi-
scapulaire de serge blanche, et une ceinture siter les saints lieux. A son retour, ayant
de laine de même couleur, qui se lie sur le mis ordre à ses affaires domestiques il ne ,
scapulaire, et au chœur elles portent une put être arrêté par les larmes ni par les
grande coule; les converses n'ont point de prières de ses parents et de ses amis, aux-
coules, mais un manteau et un voile blanc quels un dernier adieu pour se retirer
il dit
pour couvrir leur tète, aussi bien que celles dans solitude de Camaldoli où il devint
la ,
qui sont destinées pour le chœur, lesquelles un parfait disciple de saint Renoît, et uï
ajoutent par-dessus le voile blanc un autre zélé imitateur de saint Romuald , en suivani
Toile noir (1) elles ont les mêmes obser-
;
la règle de l'un et la manière de vivre de
vances que les moines Camaldules. l'autre.
Voyez August. Florent., Hist. Camaldul. Justinien avait pour lors trente -quatre
et monast. ejusdem ordin. Exordia; Thom. ans ce fut le 25 novembre le jour de Noël
; ,
Minis., Catal. SS. et BU. ordin. Camaldul. ; de l'année 1510, qu'il reçut l'habit des mains
Silvani Razzi Vite de S. et B. de l'ord. di
,
du général Pierre Delphine. On lui donna le
Cr.maldoli; Archangel. Hastivil., Ilisl. Ca- nom de Paul, au lieu de celui de Thomas
liuildul. ; Ambrosii Camaldul., Uodocpori- qu'il avait porté jusqu'alors. Il devint un si
rent à Rome pour implorer la protection du espérait jouir du repos dans la solitude, il
pape contre un vicaire c;énéral qui dissipait en fut élu majeur l'an 1516, la quatrième
tons les revenus de C.amaldoli, et qui sem- année après sa profession. Après avoir fini
blait vouloir le détruire. Il avait «iéjà fait les trois ans de sa supériorité, il voulut se
abattre tous ces beaux, sapins qui en faisaient renfermer dans une réclusion m<;is bien loin
;
avait dans la Pouille; celui-ci envoya de ses dence que vous vous rencontrez ici, mon
, ;
religieux, et à peine furent-ils arrivés qu'on cher Père, pour me soidagcr dans ces derniers
leur donna encore deux autres ennitages moments de ma vie, et pour me confirmer dam
dans la même province. Cette congrégation la foi par vos exhortations, lorsr/ne 7non
s'augmentant, les ermites de Cam;iUloli vou- âme abandonnera son corps mortel. l'A tour-
lurent s'unir avec elle; ils envoyèrent pour nant ensuite les yeux vers le ciel, il dit :
cet effet à Massacio doux de leurs visiteurs, mon doux Jésus, qui êtes mon unique espé-
qui firent celte union l'an 152^. L'ahbé de rance, ne m'ahandonnez pas. C est pour vous
Castro, vicaire général de tout l'ordie des que j'ai vécu, c'est pour vous que je meurs;
CamalduleSjla confirma ; mais elle ne subsista recevez mon esprit, que Je remets entre vos
que jusqu'au chapitre général de tout l'ordre mains, parce que vous m'avez racheté par le
qui se tint au monastère de Classe, l'année prix de votre précieux sang : et en finissant
suivante. ces paroles, il mourut le 28 juin de l'année
Nous avons ci-devant que Galeaz Ga-
dit 1528,dans la cinquante-deuxième de son âge.
abbé commendataire de Saint-
brieli, qui était Augustin de i3asciano fut élu général après
Sauveur de Wontaigu, proche Pérouse, et sa mort; mais dans le temps qu'il était dans
neveu du cardinal d'IJrbino, avait donné à la la Pouille pour visiter ses monastères , la
congrégation de Paul Justinien le monastère peste qui afdigeait l'Italie l'enleva avec une
de Saint-Léonard de Volubrio, qu'il avait grande partie de ses religieux, et Justinien
aussi en commende; mais non content de de Rergame fut élu en sa place. C'était un
cela, il voulut être aussi disciple de Justi- homme consommé dans toutes sortes de scien-
nien, et en prenant l'habit d'ermite, il donna ces :il avait été autrefois Bénéiiictin, et s'é-
à cette congrégation tous ses biens patrimo- tait relire ensuite à Camaldoli, où il avait
niaux et ecclésiastiques. Par ce moyen elle demeuré pendan! huit ans, avant que de
eut de quoi faire subsister ses eruiitagcs, passer àla congrégation des ermites deSaint-
qui avaient grand besoin de secours; car il Romuald. Un des premiers soins de ce géné-
y venait de toutes parts un si grand nombre ral fut d'affermir sa congrégation, et dans un
de personnes, qu'il aurait été inîpossible de chapitre général qui se tint, on résolut d'é-
les nourrir sans le secours que Dieu leur riger un ermitage comme celui de Camaldoli
envoya. Comme Galeaz Gabrieli n'avail pu qui fût le chef de leur congrégation, afin que
donner cette abbaye de Saint-Sauveur à la dans ce lieu il pût y avoir un plus grand
congrégation de Justinien que sa vie durant, nombre d'ermiles, que les vieillards pussent
Justinien alla à Rome pour obtenir du pape vivre plus commodément et que tous les
,
Clément Vil l'union de celte abbaye à sa autres ermitages en dépendissent. Les uns
congrégation; mais à peine fut-il arrivé à voulaient que l'on prélérât à tous les autres
Rome (jue celte ville fut prise par l'armée de l'ermitage des cavernes de Massacio comme
l'empereur Charles V, commandée par Charles le plus ancien, niais le sentiment de ceux qui
de Bourbon, et Paul Justinien fut fait pri- choisirent le mont de la Couronne prévalut,
sonnier avec ses compagnons. Cependant à cause de l'élévation de cette montagne, de
comme ils n'avaient rien, ils furent mis bien- la bonté de l'air, et que toutes les choses né-
tôt après en liberté. 11 revint à son ermitage cessaires à la vie y venaient en abondance,
de xMassacio, où élaul sollicité de nouveau outre que l'abbaye de Saint-Sauveur, dont
par SCS religieux de poursuivre l'union de nous avons parlé, qui e;-t située au pied de
1 abbaye de Saint-Sauveur à la congrégation, celte montagne,pouvail être regardée comme
il retourna encore à Rome, où élanl arrivé, le monastère de Fontchuono par rapport à
et ayant obtenu la permission de saluer le l'ermilage de Camaldoli que de là on enver-
;
pape, il trouva avec Sa Sainteté l'abbé de rait tous les jours aux ermites ce dont ils
Saint-Paul hors des murs de Rome, à qui auraient besoin, et qu'il pourrait leur servir
appartenait l'église de Saint-Sylvestre du d'infirmerie et en même temps d'hospice
Wonl-Serat; et comme le pape savait que pour recevoir les étrangers. On arrêta donc
Justinien la souhaitait depuis longtemps, il que l'on bâtirait un ermitage sur cette mon-
la lui fit donner par cet abbé. Peu de temps tagne qui était une des dépendances de
après il tomba malade à Rome cependant
; l'abbaye de Saint-Sauveur. On en jeta les
toujours animé du même zèle, nonobstant fondements sur la cime; les ermites, par un
cette maladie, il se mil en chemin pour aller I
travail continuel de quarante années, ont
au Mont-Serat, qui en est éloigné de vingt 'rendu ce lieu une des plus charmantes soli-
milles. A peine y fut-il arrivé que sa maladie- tudes que l'on puisse voir, étant tout en-
augmenta de manière à lui faire comprendre tourée de cyprès et de sapins d'une hauteur
qu'il ne pouvait aller loin; dans ces conjon- prodigieuse; et cet ermitage du mont de la
ctures Dieu permit que Grégoire de Ber- Couronne, qui a donné son nom à toute la
game, qui avait été majeur de Camaldoli, et congrégation, est devenu le chef d'ordre.
autrefois grand ami de Paul Jusli; ien, allant Ainsi ceux qui ont dit que Paul Justinien
à Rome pour quelques affaires de son ordre, avait fondé so:» premier monastère au mont
passa par ce lieu, et vint tout à propos pour de la Couronne se sont trompés, puisque les
lui rendre les derniers devoirs. Paul, en l'a- fondements n'en furent jetés qu'après sa
percevant, s'écria Que le Seigneur est doux
: moit, Schoonebek a donné dans l'erreur de
et agréahle à ses serviteurs, et que ses miséri-\ ceux qui ont cru que ce monastère avait
cordes sont infinies! ce n'est point à cause de', été fondé par Justinien, et il s'est encore plus
ines mérites, mais par «n elfet delà Proii^' trompe lorsqu'il a dit qu'il en dédia l'église
6(>S CAM CAM G06
en l'honneur du San veur du monde, Tan 1555, peuvent être que pour deux ans mais le cha-
;
puisqu'il élait mort en 1528; il a encore con- pitre général les peut confirmer jusqu'à six
fondu Camaldoli avec le mont de la Cou- ans, en renouvelant leur élection tous les
ronne, lorsqu'il ajoute que cet abbé de Saint- deux ans.
Félix de Florence, dont nous avons ci-devant Chaque nation a un noviciat, le mont de
parlé, ruina l'ermitage du mont de la Cou- la Couronne est pour l'Etat ecclésiastique,
ronne par le moyen de plusieurs hostilités; l'ermitage de Rua pour l'Elat de Venise, celui
mais que JustiniiMi obtint du pape que ce de rincoronata pour le royaume de Naples,
lieu serait remis dans son premier élat, et celui de Saint-Joseph de Vienne pour l'Alle-
qu'il serait toujours le chef de l'ordre, comme magne et à cause qu'en Pologne les ermi-
:
cela s'exécuta à Home le 22 août 1520. L'é- tages sont fort éloignés les uns des autres, il
glise fut à la vérité consacrée en l'honneur y en a deux qui servent di' noviciat, savoir,
du Sauveur du monde, l'an 1555, mais non celui du Mont-Argenlin à Gracovie, et celui
par Justinien qui était déjà mort. du Mont-de-la-Paix.
L'an 1540, il y eut une seconde union ; Les observances de ces ermites sont à peu
entre les moines ermites de Camaldoli et près les mêmes que celles des ermites de
ceux du mont de la Couronne les conditions : Camaldoli ils se lèvent à minuit pour aller
:
furent que l'ermiîage de Camaldoli et le ma- à l'église dire Matines, et pendant tous les
jeur de ce lieu seraient reconnus pour chef offices ils se tiennent toujours debout sans
des deux congrégations que l'on tiendrait ;
s'appuyer ni s'asseoir. Ils observent un étroit
tous les ans à Camaldoli un chapitre où on silence, excepté deux jours pendant l'hiver,
élirait le prieur du mont de la Couronne et et trois jours pendant l'été qu'on leur permet
de tous les ermitages de cette congrégation, de parler ensemble; mais ils n'en sont jamais
et que tous les supérieurs des maisons de ces dispensés dans les deux grands carêmes. De-
deux congrégations se trouveraient à ce cha- puis le 13 septembre jusqu'à Pâques, ei depuis
pitre; que ceux du mont de la Couronne por- Pâques jusqu'à la Sainte-Croix ils jeûnent le
teraient le même babil que ceux de Camal- mercredi et le vendredi; mais le vendredi est
doli, et qu'ils seraient entièrement dépen- toujours uu pain et à l'eau, aussi bien que le
dants de ce monastère. Mais celle union ne lundi, le mercredi et le vendredi de chaque
dura que deux ans, après lesquels ces deux carême, ils ont une heure de travail manuel
congrégations furent remises dans leurs chaque jour, dont personne n'est dispensé,
mêmes droits. Il se fit encore une troisième avec obligalion de garder toujours le silence.
union en 1633, sous le pontificat du pape Ils ont aussi chaque jour une heure d'oraison
Urbain VIII, qui confirma, l'an 1639, les mentale; l'hiver, une demi-heurs après Ma-
constitutions communes pour ces deux con- tines et une demi-heure après Compiles et;
grégations, qui furent encore désunies en l'été, une demi-heure après Prime, et une
166'7. Depuis ce temps-là, les ermites du demi-heure après Compiles. Lorsqu'on faille
mont de la Couronne élisent leur majeur, ou pain, ils s'assemblent tous au son de la clo-
général, tous les deux ans, dans un chapitre che où on le fait, et pendant qu'on le pétrit
général qui se tient au mont de la Couronne. et qu'on le met au four, on fait une lecture
C'est là que réside le général avec les Pères spirituelle. Les femmes n'entrent jamais dans
visiteurs, où tous les ans ils tiennent une leurs églises, et n'approchent de leurs ermi-
diète. Tous les supérieurs des monastères, tages qu'à une certaine distance, où il y a
les vicaires généraux et le procureur géné- des croix avec une inscription portant dé-
ral de Rome assistent à ce chapitre; mais fense aux femmes, sous peine d'excommuni-
comme les supérieurs de Pologne sont trop cation, de passer plus avant.
éloignés, il est à leur liberté de venir on : Quant à leur habillement (1), il est à pré-
leur accorde cependant toujours un vicaire sent assez semblable à ceux de l'ermitage de
général qui est dépendant du général. Camaldoli, sinon qu'ils ne portent jamais de
Ces ermites ont vingl^huit couvents ou coule monacale, mais un manteau attaché
ermilagcs, savoir dans l'État ecclésiastique,
: avec un morceau de bois ils ne se servent
:
les cavernes de Massacio, Saint- Jérôme jamais dans leurs ermitages, de souliers ni
d'Egubio , Monte Coneco proche Ancône, de pantoufles; ils ont pour chaussure des
Monte-Giove di Fano, Saini-Benoil de Bou- sandales de bois couvertes de cuir. Ils dor-
logne et Frescati avec un hospice dans
, ment sur des paillasses sans quitter leurs
Rome; dans l'Etat de^'enise, l'ermitage de habits, non pas même dans leurs plus gran-
Rua proche Padoue, Saint-Jean-Baptiste de des maladies. Ils ont pour armes d'azur à
A'ieence, Saint-Bernard de Bresse, Saint-Clé- trois montagnes de sinople surmontées d'une
ment de Venise, Saint-George de Vérone et couronne d'or.
l'Assomption de Notre-Dame à Conegliano; Pierre Quivino, noble Véniuen, très-versé
au royaume de Naples, l'Incoronala, Saint- dans les langues hébraïque, grecque et la-
Salvator délia VediUn , de Noie, délia Terre tine, qui fut nommé au cardinalat, n'a pas
di Greco,de Vico Equense.et dolla Sanl- été de cette congrégation, comme quelques-
Avocatœ; en Pologne, le ÎMont-Argeiilin uns l'ont cru. Il prit l'habit à Camaldoli, et
proche Cracovie,le Mont de la Paix, les Cinq- fut novice avec Paul Justinien; mais il ne
Martyrs et trois autres à ^Mcnne, en Autri-
; vécut que deux ans dans cet ordre et mourut
che, Saint-Joseph et deux .-lutresen Allema- l'an 1514. On a prétendu aussi que le bien-
gne. Tous les supérieurs de ces maisons ne heureux Michel de Florence avait été de
(1) Voy., à la fin du vol., n° Uo.
ce? DICTIONNAIRE DES ORDRES RELIGIEUX. 608
avoir demeuré environ doux ans et demi. conslitutions accordent aux religieux deux
lin 1679, ils entrèrent dans l'abbaye de manteaux, l'un qui est long pour le chœur,
l'île Chauvet. Cette abbaye, que quelques- et un plus court pour sorlir ou se garantir
uns prétendent avoir été fondée par le roi de du froid et des injures de l'air; mais les
Franie Charles le Chauve, et d'autres par Camaldules de France, dans un chapitre gé-
les comtes de Poitiers, est située dans les néral qu'ils tinrent l'an 1635, firent un statut
marais du Bas-Poitou entre les villes de par leijuel il fut ordoimé qu'au lieu de ce
Beauvoir-sur-Mer de la Garnache, de Ma-
, manteau long, ils se serviraient au chœur
checoal et do l'île Bouin, et est sous le litre d'une coule ou cuculle.
de Noire-Dame. Elle appartenait ancienne- M. Corneille, dans son Dictionnaire géo-
ment aux Bénédictins et était possédée en graphique, dit que proche le bourg de Saint-
Gommende par l'abbé Claude du Pui-du-Fou, Sever en Basse-Normandie, il y a un ermi-
gentilhomme poitevin, lorsque Benjamin de tage habité par huit ou neuf ermites qui sui-
Rohan, seigneur de Soubise, en chassa les vent les conslitutions des Cimaldules. Il y
relij^ieux pour y mettre une garnison de a bien néanmoins de la dinérencc enire les
soldats calvinistes. Le roi Louis XIII la religieux Camaldules et ces ermites. Ce qui
donna, après la réduction de La Rochelle, au a donné lieu à M. Corneille de croire que
cardinal Alphonse du Plessis de Richelieu, ces ermites étaient des Camaldules c'est
,
archevêque de Lyon, grand aumônier de qu'un bon prêtre, nommé le père Guillaume,
France, qui y mit quelques prêtres séculiers après avoir été novice chez les Camaldules
pour y faire le service divin. Après sa mort pendant onze mois, et les ayant quittés, ne
celte abbaye fut donnée en 1654 à Henri pouvant soutenir leurs austérilés, se retirji
Cauchon de.Maupeas, abbé de Saint-Denis de avec quelques ermites dans la forêt de Saint-
Reims, depuis évêque du Puy et d'Evreux. Sever, où il leur dressa des règleuienls tirés
Ce fut lui qui établit los Camaldules dans en partie des constitutions des Camaldules,
cette abbaye, par un concordat fait onlre eux qu'il fit approuver par l'évêque de Cou-
et lui le 26 mai 1679. L'évêque de Luçon, tances. Mais dans ces règlements, on n'y re-
dans le diocèse duquel cette abbaye est si- connaît point l'esprit des Camaldules; car,
tuée, y consentit, aussi bien que le Père outre la liberté que ces ermites de Saint-
dom Vincent Marzolle, général des Bénédic- Sever ont de sorlir quand il leur plaît, ce
tins de la congrégation de Saini-Maur, par qui leur est commun avec les autres ermites
un acte du 2 décembre de la même année, qui ne sont pas religieux, leur habillement
reconnaissant les Camaldules pour enfants est différent de celui des Camaldules, eu ce
de saint Benoît. Ce concordai fut aussi con- que le capuce des ermites de Sainl-Sever est
firmé par lettres patentes du roi, du mois de pointu, que leur scapulaire ne descend que
juillet de la même année, et furent enre- jusqu'aux genoux, et quils portent du linge;
gistréos au parlement de Paris le 7 décembre. au lieu que les Camaldules (1) ont un ca-
L'abbé de l'Ile-Chauvet consentit, par un puce rond, leur scapulaire aussi long que la
traité fait en 16S0, au partage des biens de robe et ne portent jamais de linge, non
,
cette abbaye en trois lois, dont l'un échut pas môme lorsqu'ils sont malades. Les ermi-
aux Camaldules, et ce traité a été confirmé tes de Saint-Scvcr logent dans un dortoir,
par tous ses successeurs savoir Gaspard-
,
: cl les Camaldules demeurent dans des cel-
Alexandre deColigny, aussi abbé de Saint- lules éloignées les unes des autres. Enfin les
Denis de Reims, et depuis comte de Coligny, ermites de Saint-Sever mangent de la viande
colonel du régiment de Condé, mortes 169 1.; trois fois la semaine, et c'est un crime chez
Léon d'Yslières, depuis marquis d'Vslières, les Camaldules d'en manger, excepté dans
qui fut tué au combat de l'Ënso, étant pour les maladies, ce qui ne se fait que par l'or-
lors exempt des gardes du roi ; Jacques de dre du médecin qui doit attester que le
Candeau, abbé de Bonnefond, et Amahle- malade a besoin d'en manger. Ce que l'on
Charles de ïurenne d'Aynac, docleur de Sur- peut dire de ces ermites de Saint-Sever, c'est
bonne, député à l'assemblée générale du qu'ils vivent en gens de bien, sans aucun
clergé de France en 1705, grand vicaire de engagement , comme sont tous les autres
Luçon, et nommé a celle abbaye de l'ile- ermites ; mais ils ne suivent point les con-
Chauvet en 17G7. stitutions des Camaldules.
Les Camaldules de France n'ont point fait Mémoires communiqués par le révérend
d'autres progrès en ce royaume. Le Père père Jean-Baptiste Carbonier.
Boniface d'Antoine, fondateur de celte con-
grégation, mourut le 13 janvier 1673 ; elle l'ut CAPEROLANS (Frères Mixeurs).
non-seulement érigée en con;;régalion parti- La guerre ayant été déclarée entre les
culière par le pape Urbain VIII, l'an 1633, Milanais et les Vénitiens, la haine que ces
comme nous l'avons dit ci-de-sus, mais en- peuples conçurent les uns contre les autres
core elle fut confirmée l'an 1650 par le pape passa jusque dans les cloîtres. L -s supé-
Innocent X, qui approuva tout ce que ces rieurs de la province de Miiau des Fièies .Mi-
(1) Voy., à la lia du vol., n" 1-48.
611 DICTIONNAIRE DES ORDRES RELIGIEUX. G18
à Naples, l'on érigea une vicairie particu- même de vin, puisqu'il leur était défendu
lière, sous le nom de vicairie de Brescia, d'avoir aucun tonneau ou autres vases pour
qui comprenait les couvents de Brescia, de le conserver, il est bien plus surprenant
Bergame, de Crémone et les autres, qui ayant que des filles , nonobstant la faiblesse de
été démembrés de l'Observance, avaient été leur sexe, lésaient voulu non-seulement
unis par autoritéapostoliqueauxGonventuels; imiter en se revêtant d'un habit aussi rude
ce que l'on fit en partie pour calmer les et aussi grossier que celui qu'elles por-
esprits et pacifier toutes choses, et en partie tent, mais même qu'elles les aient surpas-
pour satisfaire la république de Venise, sés en austéritéj puisque celles qu'on nomme
qui avait demandé la séparation de ces cou- Capucines suivent encore aujourd'hui à la
vents de la province de l'Observance de lettre la première règle de sainte Claire, qui
Milan. Pierre Mauroceni fut commissaire est bien plus austère que celle des Capucins,
de Brescia, et Antoine de Contolegno, qui et même que celle que saint François donna
avait assisté à ce chapitre en qualité de à ses premiers disciples quoiqu'elle fût si
,
discret et de procureur de ces couvents, y pénitente que le pape Innocent lil^la croyant
demanda pardon des troubles que cette af- au-dessus des forces humaines, eut beau-
faire avait causés dans l'ordre. coup de peine à accorder la confirmation
Cela ne fut pas capable néanmoins de que lui en demandait ce saint fondateur.
contenter l'ambition de Caperole, qui, à la Ce fut à Naples que se fit le premier éta-
faveur du doge de Venise et de François blissement des Capucines, l'an 1538, par la
d'Amson, général de l'ordre, obtint du pape vénérable Mère Marie-Laurence Longa. Elle
l'érection de cette vicairie en congrégation, était d'une famille noble de Catalogne, et
qui fut nommée de son nom, des Caperolans, elle épousa un seigneur napolitain que le
et soumise aux Conventuels, avec permission roi Ferdinand éleva, à cause de son mérite,
de pouvoir tenir, comme les Observants, des à la dignité de l'un des régents au suprême
chapitres et d'y élire un vicaire provincial. conseil collatéral et royal de Naples; qui
Caperole ayant fait ainsi ériger sa congréga- n'est composé que de deux Aragonais et de
tion, ne faisait point difficulté d'y recevoir deux Napolitains qui ont pour chef le vice-
tous ceuxdcrObservance qui se présentaient roi. Cette sainte femme, ayant éié empoi-
à lui ; mais le pape, en ayant été informé, lui sonnée par un de ses domestiques, évita par
défendit, par une bulle du 26 octobre de la la force des remèdes la mort qu'où avait
même année 14-70, d'en recevoir à l'avenir, et voulu lui donner; mais le poison affaiblit
-
tellement tous ses membres, qu'il la rendit que le temps n'était pas encore venu, et que
percluse, et qu'elle ne pouvait s'en servir. Dieu voulait qu'elle continuât à soulager les
Dans ce pitoyable état, elle fit vœu d'aller à pauvres, elle se rendit plus assidue qu'aupa
Notre-Dame de Lorette, où elle se fit trans- ravant à leur rendre service.
porter , et où, par un miracle que la sainte Les Capucins étant venus dans ce temps
Vierge fît en sa faveur, elle reçut l'usage de là à Naples pour y faire un établissement,
ses membres, et fut parfaitement guérie elle s'employa auprès de l'archevêque pour
Marie Laurence fut si reconnaissante de ce leur faire lavoir l'égliNC de Sainte-Euphébie
bienfait qu'elle s'employa le resti; de sa vie hors la ville. 11 y avait longtemps que cette
à des œuvres de charité. Les Théatins en re- pieuse femme avait dessein d'aller visiter les
çurent des effets lorsqu'ils vinrent pour la saints lieux de Jérusalem; mais la charité
première fois à Naples. Les pauvres et les qu'elle exerçait envers les malades l'ayant
indigents se virent soulagés par ses libéra- toujours retenue, et se voyant dans un âge
lités. Les filles et les femmes qui vivaient trop avancé pour pouvoir l'exécuter, elle fit
dans le désordre et le libertinage le quit- bâtir un monastère de vierges, sous le litre
taient par ses exhortations, et embrassaient de Notre-Dame de Jérusalem, lequel étant
une vie pénitente. Son zèle s'étendit aussi achevé, elle laissa l'administration de l'hô-
jusque sur les âmes qui souffraient dans pital des Incurables à la duchesse de Tcr-
les flammes du purgatoire , par les prières moli, Marie d'Erba, qui à son exemple sétait
qu'elle fonda pour leur soulagement. Mais toute dévouée aux actions de piété et de
jamais sa charité ne parut avec plus d'éclat charité, et elle se relira l'an 1534. dans son
que lorsqu'après la mort de son mari, elle eut monastère, où, à l'âge de soixante ans, elle
fondé rhôpital des incurables; car on la vit s'engagea par des vœux solennels à la troi-
avec un zèle qui ne se peut exprimer pour- sième règle de saint François, qu'elle em-
voir à tous les besoins des malades, prépa- brassa conjointement avec dix-neuf filles
rer leurs viandes, faire leurs lits, les panser, qu'elle y assembla.
balayer les salles et s'employer aux plus Les pères Théatins qui è'étaient venus
vils ministères comme une servante, sans établir à Naples l'année précédente, et aux-
aucun égard à sa qualité de fondatrice. Au quels notre fondatrice avait accordé une
milieu de ces occupations, elle ne négligeait petite maison proche son hôpital, en atten-
pas ses exercices de l'oraison. Elle y don- dant qu'ils eussent un monastère, admi-
nait quelques heures du jour et de la nuit, nistrèrent les sacrements à ces nouvelles
et ajoutait encore à ces veilles des jeûnes, religieuses, dont la fondatrice avait été éta-
des abstinences et beaucoup d'autres morti- blie abbesse perpétuelle par bref de Paul III.
fications. Elle jeûnait tous les vendredis au Mais les Théatins ayant pris possession de
pain et et à l'eau, en IhonneUr de la passion l'église de Saint-Paul et du superbe bâtiment
de Notre-Seigneur Jésus-Christ, et passait qu'ils y avaient fait élever, ils quittèrent la
de même le samedi, pour honorer la sainte conduite de ces religieuses, que le pape don-
Vierge dont elle avait reçu une faveur si na aux Capucins par un autre bref de l'an
particulière dans sa chapelle de Lorette, 1538. Ce fut pour lors que ces religieuses,
comme nous avons dit ci-dessus. à persuasion de leur fondatrice, quittèrent
la
Tandis que cette sainte s'occupait ainsi la troisième règle de saint François pour
à toutes ces actions de vertu, la peste qui embrasser la première el la plus rigoureuse
survint à Naples fut un nouveau motif pour règle de sainte Claire, dont rauslérité leur
faire éclater encore davantage sa charité, fit donner le nom de Filles de la Passion et
donnant indifféremment à tous ceux qui celui de Capucines, par rapport à l'habit
étaient attaqués de cette cruelle maladie qu'elles prirent qui était celui des Capucins.
tous les secours et les soulagements dont ils A peine Marie Laurence eut-elle prononcé
avaient besoin. La confrérie des Blancs , ses vœux el embrassé la vie religieuse que
dont le principal emploi est d'assister les Dieu l'éprouva par plusieurs maladies. Les
criminels que l'on conduit au supplice maux qu'elle souffrait n'empêchaient pas
pour les exhorter à faire une bonne mort, qu'elle ne continuât toujours ses mortifica-
ayant été transférée du lieu où elle avait tions; mais, sentant que ses forces dimi-
été premièrement établie dans un oratoire, nuaient tous les jours, elle se démit de sort
sous le titre de Notre-Dame succiirre mi- office de supérieure entre les mains de sa
seriSy qui est aujourd'hui dans la cour àe vicaire, suivant le pouvoir qu'elle en avait
l'hôpital des incurables, ces confrères ré- reçu du pape et, soumise aux ordres de sa
;
solurent de faire tous les samedis une nouvelle abbesse, elle se prépara à la mort
quête par la ville pour le secours des ma- qu'elle voyait approcher et qui arriva eoGo
lades de cet hôpital ce qui ayant excité Ia|
: le 20 décembre 1542. Le bruit s'en étant ré-
piété de plusieurs gentilshommes napoli- pandu dans la ville, une grande foule de
tains à venir servir les malades, et les reve- peuple accourut aussitôt au monastère, et
nus augmentant par ce moyen, Marie Longa,' demanda v^ voir le corps de cette sainte reli-
croyant que sa présence n'y était plus né- gieuse, qui fut apporté à la grille d'où l'on
cessaire , eut quelque dessein, l'an 1530, pouvait le voir et le loucher. On le mit en-
d'en abandonner le soin à cette confrérie et suite dans un cercueil de bois, et il fut en-
de se retirer en son particulier pour vaquer terré sous l'autel. Elle avait prédit la mo^t
avec plus de facilité au salut de son âme; de la duehesse de Tremoli, qui arriva un an
mais ayant connu par inspiration divine ,
après. Cette duchesse avait aussi résolu dç
615 DICTIONNAIRE DES ORDRES RELIGIEUX. 616
prendre l'habit de Capucine; mais le même rut, l'an 1601, et ordonna pur son testament
jour qu'elle voulut entrer dans le monastère que Ton employât vingt mille écus pour la
de Sainte-Marie de Jérusalem, pour s'y con- construction de ce monastère, qu'elle choi-
sacre^r à Dieu, elle fui aliaquée de la ma- sit pour le lieu de sa sépulture.
ladie dont elle mourut. Elle ordonna que Philippe-Emmanuel de Lorraine duc de ,
son corps serait enterré dans ce monastère, Mercœnr , frère de cette princesse fut son ,
ce qui tut exécuté; il fut mis dans le même hérilieruniversel;mais ce prince, après avoir
lombeau avec la mère Marie-Laurence Longa remporté plusieurs victoires sur les Turcs,
dont le corps s'était conservé jusqu'alors contre lesquels il coaibatîait pour lors en
sans aucune corruption. Hongrie, étant mort à Nuremberg l'an 1602,
Le premier monastère de Capucines qui fut sans pouvor exécuter les dernières volontés
fondé après celui deNaples fut celui deRo^me. de la reine, sa sœur, la duchesse de Mercœur,
Jeanne d'Aragon leur donna, l'an 1575, la qui était une dame d'une grande piété, vou-
place où leur monastère est situé, proche le lant suppléer à son défaut demanda au roi ,
vées dans leur Conservatoire sous la direc- dans une maison qu'elle avait à la Roquette,
tion de quelques femmes pieuses. Outre le au faubourg Saint-Antoine, où elle fit accom-
travail manuel auquel on les occupe, elles moder en forme de couvent un corps de lo-
disent tous les jours en commun, à voix gis séparé :on leur y donna 1 habit do Tor-
haute, certaines prières: il y en a toujours dre le li juillet l'IOi, savoir, une robe et une
deux qui tour à tour prient pendant une tunique de gros drap avec un voile blanc,
demi-heure devant le saint sacrement, et comme si elles eussent été novices excepté ,
onze qui tous les soirs prennent la disci- qu'elles ne prirent point la corde, le man-
pline dans l'église. Elles sont habillées de teau ni les sandales, el qu'on ne leur coupa
serge noire: leur robe est ceinte d'une corde point les cheveux quelque temps après elles
;
blanche comme les religieuses de Saint-Fran- y fureui visitées parle cardinalBout'alo, nonce
çois, et elles ont un voile blanc pour cou- du pape.
vrir leur tête. Saint Charles Borromée, ar- Ces douze filles ayant été éprouvées et
chevêque de Milan et cardinal, fonda aussi exercées dans toutes les pratiques delà règle
deux autres couvents de Capucines à Milan; pendant l'espace de deux ans, au bout des-
mais ils ne sont pas sous la direction des Ca- quels le couvent qu'on leur préparait à la
pucins. Un autre établissementse fit à Paris, rue ."5aint-Honoré fut achevé, le provincial
l'an IGOti.Louise de Lorraine, veuve de Henri desCapucins et le Père AngedeJoyeuse, pour
111 ,roi de France et de Polugne ayant , lors gardien allèrent le 2i juillet 1606 à la
,
entendu parler des Capucines qui étaient en Roquette pour savoir si elles persistaient
Italie, voulut aussi en fonder un monastère dans leur vocation et voyant que leur zèlo
,
en France. Elle en écrivit au pape Clément et leur ferveur n'étaient point diminués ils ,
el parce qu'elle souhaitait que les Capucins furent coupés, et on changea leur nom du
en eussent la direction, elle écrivit encore monde en ceux de douze saints, dont on leur
au pape pour le prier de leur commander en donna un à chacune pour leur servir de
de prendre ces filles sous leur conduite. Mais protecteur auprès de Dieu. Madame de Mer-
dans le temps que cette princesse voyait que cœur, qui n'avait rien épargné pour le nou-
ses désirs allaient êlre accomplis, elle mou- veau monastère, dont la dépense excédait de
(1) V«y., à la fui du vol., u" Wù. (2) Voij., à la lia du vol., u" 150.
617 CAP CAP 610
beaucoup la somme que la reine Louise avait servir dans leurs maisons, et quand on leur
ordonnée par son testament voyant que
, portait le saint viatique dans les lieux les plus
toutes choses étaient en état pour y recevoir éloignés, elle l'accompagnait à pied, quoiqu'il
les nouvelles relifjieuses les fit venir dans
, y eût quelquefois une grande lieue, sans que
des carosses à l'hôtel de Mercœur qui était les plus mauvais temps fussent capables de
proche leur couvent, où étant arrivées sur les la rebuter dans ce saint exercice. Dans uu
deux heures après minuit, elles y restèrent séjour de trois mois qu'elle fit à Sisteron, elle
jusque sur les huit heures du matin que les servait tous les jours les pauvres à l'hôpita!,
Capucins, iiu nombre de quatre-vingts, les où sa charité a tlirato lies les dames de la ville,
allèrent quérir en procession pour les con- qui, à son exemple, commencèrent à rendre
duire dans leur église, où le cardinal deRelz, à ces pauvres aftligés tous les devoirs d'une
assjsté de l'évoque de Paris, son neveu, les charité véritablement chrétienne, dans les-
attendait à l'autel, revêtu de ses ornements quels celle sainte veuve continua de; s'exer-
pontificaux. Il y avait auprès de lui douze cer dans tous les endroits où elle demeura.
couronnesd'épines préparées pourmellre sur Enfin elle forma le dessein de bâtir en quel-
la tête des douze novices qui devaient ce jour- que bonne ville de Provence un couvent de
là prendre possession du litre et du nom de Capucines pour s'y retirer quand elle aurait
Filles de la Passion. Après quelques prières, marié sa fille. Le- habilants de Toulon l'ayant
ce prélat leur mil ces couronnes sur la tête, su, la prièrent de faire cet établissemenl dans
et Ja duchesse de Mercœur présenta à cha- leur ville mais le lieu qu'ils lui offrirent ne
;
cune des princesses qui assistaient à la cé- se Irouvaiit pas commode, elle le fiL à Mar-
rémonie une religieuse pour la conduire jus- seille l'an 1625 , ayant employé plus de cent
qu'il nouveau monastère. J^es Capucins mille livres à 1 construction de ce monas ère,
1
continuèrent à marcher en procession les ; où, aprôs avoir marié sa filleau marquis des
religieuses les suivaient, et après elles le Arts elL' se renferma et prit l'habil de no-
,
cardinal de Retz accompagné du provincial vice avec douze ou quinze demoiselles qui,
et du Père Ange de Joyeuse. La messe fut furent toutes instruites de la vie religieuse
célébrée solennellement par ce prélat, et après par trois Capucines que l'on fit venir express
la prédication, qui fut faite par le Père Ange, de Paris pour prendre la conduite do celte
»es religieuses furent introduites dans le cloî- nouvelle communauté. Les austcrilés que
tre. Ce même jour on apporta de Lorraine le cette sainte tbndalrice pratiquait dans celle
cœu;» du duc de Mercœur, qui fut mis dans la maison étaient si grandes, que les Capucins
nouvelle église, où le corps de la reine Louise s'y opposaient comme Ji'étanl pas imi{ables>,
de Lorraine fut aussi transporté du monas- et étant plus capables de rebuter les jeunes
tère des religieuses de Sainte-Glaire de la ville novices que de les encourager. C'est pour-
de Moulins, où il avait été en dépôt depuis sa quoi, dans l'espérarice qu'étant particulière
ïîort. Peu de temps après que ces religieuses dans une autre maison, elle aurait plus de
Capucines eurent pris possession de cette liberté pour suivre son penchant pour ces
maison, on en reçut d'autres, et les douze mortifications, joint à quelque autre incident
premières firent profession le 21 juillet de qui survint ,elle voulut aller au couvent de
l'année suivante 1G07. Paris, où elle arriva après avoir demandé
11 y eut encore un nouvel établissement souvent l'aumône dans les villes et les villa-
de Capucines à Marseille en 1625, dont la ges où elle passait, dans lesquels eile cher-
baror.ne d'Alemagne Marthe d'Oraison fut chait toutes les occasions de rendre aux pau-
fondatrice. LMe était fille de François, mar- vres tous liS devoirs de charité les plus
quis dOraison, d'une maison illuslre en Pro- humiliants et les plus dégoû ants, voulant
vence, et fut mariée à l'âge de IG ans au baron imiter en cela l'exemple de saiiil François,
d'Alema.-ue qui, ayant été lue en duel, la qui ne vivait que d'aumônes et allait cher-
laissa veuve deux ans après leur mariage, cher les lépreux dans les hôpitaux lavait ,
dont elle eut une fille qui fut mariée dans la leurs pieds, nettoyait leurs plaies et les bai-
suite au marquis des Arts. Cette jeune veuve sait, malgré les ulcères doiit ils éaienl cou-
se retira, après la mort de son mari, à Riez, verts. Mais soit que sa fille la marquise des
,
où elle s'appliqua à bien régler ses mœurs, Arts, qui voulait l'obliger de retournor en
à vivre dans une grande modestie, renonçant Provence, ou que les Capucins et les Capu-
peu à peu a l'usage de la soie et des ha'oils cines de Marseille se fussent opposés à sa
somptueux, et à secourir le prochain dans réci^pliou, la supérieure des Capucines de
tous se-^ besoins spirituels et corporels. Non Paris la refusa, et mèaie on lui fit défendre
contente de pratiquer la charité envers les parle nonce du pape et l'archevêque de Paris
pauvres, elle crut qu'il était de son devoir de porter à l'avenir l'habit de Capucine;
d'inspirer de bonne heure à sa fille des sen- ce qui lui fut signifié par la marquise de
fimenls de compassion pour les misérables. Ménelay.
«C'est pourquoi ayant fait venir une petite or- Ce refus, auquel elle ne s'attendait pas, lui
pheline dans une de ses terres appelée Va- fut un nouveau sujet de contenter lamour
lernesy elle la dépouilla elle-même do ses pau- qu'elle avait pour l'humilité et la mortifica-
vres haillons en sa présence, et la revêtit tion ; car la distribution qu'elle avait frjle
d'un habit de celte jeune demoiselle, afin aux pauvres de ce qui lui restait do 1 argent
qu'elle apprît à se dépouiller ello-înême pour qu'elle avait pris pour son voyage l'ayant
rovôiir Jésus-Chrisl dans ses membres. Elle obligée de rester à P.iris avec uiic 'lenioiscilo
aliuil consoler les pauvres lualados et les qu'elle avait amenée avec elle, elle se retira
DlGTlO.N.NAiUE DES OrDUES l\ELI*i!EUX. l. 20
,
chez une boulangère du faubourg Saint-Ho- traduites par Blancnnne, et la Vie de la ba-
noré,quila logea dans un pauvre taudis après ronne d'Alemagne^ imprimée à Paris en 1633.
s'en être bien fait prier. Il y avait longtemps CAPUCINS Frères Mineurs
( ).
qu'elle availrenoncé à l'usage du linge.ayant
pris pour chemise une haire et un ou ciliée, Quoique Capucins soient redevables
les
pour le moins une tunique de grosse étoffe : de leur commencement à Mathieu de Bassi
elle couchait sur une simple paillasse, et elle
cependant le Père Zacharie Boverius, anna-
passa l'hiver sans feu. Son ordinaire pendant listede cet ordre , lui refuse le titre de
tout le carême ne fut que du pain et de l'eau. fondateur aussi bien qu'au i*ère Louis de
Elle se revêtit de vieux haillons et allait Fossembrun auquel il avoue néanmoins
,
mendier pour donner l'aumône. Tous les qu'on aurait pu donner le nom de père et de
jours elle allait du faubourg Saint-Honoré à propagateur de cet institut, par rapport aux
l'Hôtel-Dieu pour y servir les malades; cette peines et aux travaux qu'il a soufferts dans
l'érection de leur congrégation. Les raisons
demoiselle qui lui avait servi jusqu'alors de
compagne, ne pouvant soutenir une vie si que cet auteur apporte pour leur refuser ce
litre , c'est que , quoique le premier ait été
pénible et une fatigue si continuelle, fut en-
l'inventeur du capuce long et pointu (2), au
fm obligée de la quitter après lui avoir fait
quelques reproches sur le peu d'honneur pour me servir de ses propres termes, du
qu'elle se faisait en demandant ainsi l'aumô-
capuce carré et pyramidal , il n'a pas été
l'auteur de leur réforme, et que, quoique le
ne; mais celte sainte femme, au lieu de se dé-
courager et de rougir d'imiter la pauvreté de second y ait beaucoup travaillé et tenu les
Jésus-Christ , en augmenta encore plus sou premiers chapitres généraux dans lesquels
amour pour cette vertu; car se voyant plus on dressa les statuts de l'ordre, il n'est pas
libre par la retraite de cette demoiselle qu'elle
l'inventeur du capuce pyramidal, en sorte
mit en pension, elle se résolut de no plus vi- que, si l'on veut croire cet annaliste, cette
vre que d'aumônes ce qu'elle aurait exécuté
:
réforme n'est point un ouvrage de la main
iii son confesseur ne l'en eût
empêchée. des hommes, Dieu seul en a éîé l'auteur et
Enfin un soir, étant demeurée fort tard à le père (3) Deum ipsuin ab incunabulis auc-
:
l'Hôtel-Dicu et le temps étant fâcheux, la torem et patrem sortita est. Cet ordre n'a
prieure la fit entrer en un lieu proche de l'en- point eu de fondateur sur ia terre; il s'est
clos des religieuses, où, étant tombée malade,
étendu sans propagateur, et ies capucins sont
elle demeura jusqu'à sa mort qui arriva eu
comme Melchisédech , sans père, ni mère,
ni généalogie. Tout y est merveilleux et digne
1627 n'étant âgée que de trente-cinq ans.
,
en terre dans le chariot de l'Hôtel-Dicu avec En ordinem sine parente genitum absque ,
ment quelques règlements particuliers qui résolution d'en porter un semblable. Il fut
leur sont donnés par les Capucins. Leur ha- confirmé dans celle pensée par plusieurs
biili ment ordinaire est semblable à celui que
apparitions , dit encore Boverius , dont la
les Clarisses portent ordinairement dans la
première fut de saint François, qui se mon-
maison, tel qu'il est représenté ci -après ; tra à lui avec un capuce semblable. La se-
celui du chœur consiste en un grand man- conde fut de Jésus-Christ même sous la figure
teau qu'elles mettent par-dessus leur voile, d'un pauvre qui , étant presque nu , toucha
si fort le cœur de Mathieu, que, décousant
et, lorsqu'elles vont à la communion, elles
ont un grand voile qui leur tombe jusqu'aux une des pièces de son habit, et la lui ayant
jambes (1).
donnée, il disparut en même temps ce qui ;
des Chroniques de l'ordre de Sainte François server la règle de saint François à la lettre,
1) Voj/., à la fin du vol., n° 151. (5) Boveriu?, Apparat, aa Annai. Capucin, n. 71.
^^ Vcy., à la fia du vol., n° 152. (4) Ibid. n. 70.
,
l'ayant menacé qu'il irait trouver Mathieu allèrent dans un autre ermitage de Camal-
sans son obédience, il fut mis en prison, d'oùil dules,où on vint encore pour se saisir d'eux;
sortit uéiinmoinsquelques jours après. Il avait mais ils se sauvèrent et se retirèrent, l'an
aussi un Irèredansl'ordre, appelé AV'/j/i«è7, qui 1527, sur une petite montagne proche Fos-
n'était que laïque, qui voulut se joindre à lui. sembrun, où ils furent visités, quelquetemps
Sur le refus du provincial, ils s'adressèrent après , par IMathi'U de Bassi el ui\ autre
au général qui était pour lors François Qui- compagnon qui s'était joint à lui. Ils furent
gnonezqui fut ensuite cardinal. Il approuva tous quatre d'avis que, pour se mettre à l'a-
leur dessein el leur conseilla d'attendre en- bri de la persécution de ce provincial, ils
core un peu de temps mais ceux-ci impa- ; ,
auraient encore recours à la duchesse de Ca-
tients de l'exécuter, eurent recours au car- merino pour obtenir, par son crédit, une
,
cernaient la réforme fussent gérées par les prise el saccagée par les troupes de l'empe-
supérieurs. Les deux frères, encore plus im- reur Charles V, qui retinrent même le pape
patients sur cette réponse, résolurent, à quel- prisonnier dans le château Saint-Ange, n'y
que priv que ce fût, d'avoir un capuce sem- ayant pas moyen dans un temps si fâcheux
blable à celui de Mathieu de Bassi ils en ;
de poursuivre leur dessein, la duchesse pria
firent faire chacun un l'attachèrent à leur ,
le duc de Camerino, son mari, d'accorder à
robe et sortirent secrètement du monastère ces bons ermites une demeure dans son pa-
Ïiour aller trouver Mathieu de lîassi, avec lais, pour les mettre à l'abri des poursuites
equel ils eurent plusieurs conférences. Louis du provincial, qui écrivitplusieurs fois inu-^
de Fossembruu fut d'avis qu'ils allassent lilement au duc el à la duchesse pour les
tous trois trouver la duchesse de Camerino prier de ne leur point donner de retraite et
;
pour lui demander des lettres de recomman- enfin parleur crédit ils furent reçus sous l'o-
dation auprès du pape. Ce dessein lut ap- béissance des Conventuels, en qualité de
prouvé, la duchesse leur en donna, et Louis frères ermites mineurs l'an 1527; mais comme
de Fossembrun avec son frère allèrent à il fallait en avoir la confirmation de Rome ,
rieur, encore bien qu'il ne la leur accordât dédiée à saint Christophe, à côté de laquelle
pas. Louis et Raphaël présentèrent ce bref au était une petite maison où demeurait le prêtre
provincial de la Marche d'Ancône, qui, bien qui la desservait. Ce lu! là que Louis de
loin d'y avoir égard, alla à Rome pour le Fossembrun et ses compagnons, s'étant ac-
faire révoquer; mais ne l'ayant pu obtenir, commodés avec ce prêtre, établirent leur
il demanda un autre bref à la pénitencerie première demeure mais comme ce lieu était
;
pour procéder contre quelques apostats , ce trop petit, et qu'ils recevaient tous les jours
qui lui fut accordé et en vertu de ce bref
; de nouveaux compagnons qui voulaient em-
qu'il n'avait postulé que dans l'intenlion de brasser leur vie érémitique la duchesse de
,
s'en servir contre Louis de Fossembrun el Camerino leur fit avoir un couvent de l'ordre
sou frère il chercha tous les moyens pour
, de Saint-Jérôme presque abandonné à Col-
,
eu' oya des archers qui se saisirent de Louis de sorte que leur nombre s'étant encore aug-
de Fossembrun mais en ayant appelé au lé-
; menté, Louis de Fossembrun fil bâtir un au-
gat C' pape dans la Marche d'Ancône il y , tre petit couvent à Mont-Melon, dans le ter-
lut '>nduil et mis en liberté par ce prélat, ritoire de Camerino. Le grand nombre de
après qJ'' r"l vu le bref qu'il avait obtenu conversions que les Capucins faisaient par
de la pcnilepjceiic. Le provincial continuant leurs prédications, et le secours (ju'ils ren-
toujours ses poursuites les deux tièics , dirent au peuple dau:> la malaiie cunlagiuu:>o
, (•) yoy-, i la tin du vol., u° 155.-
625 CAP CAP 626
dont l'Italie fut affligée la même année 1528, rement, ils en pouvaient recevoir mais ja- ,
et qui emporta leur principal bienfaiteur, le mais en demander, 'loutes provisions leur
duc (le Camerino, leur attira une estime uni- furent interdites, et l'on bannit des caves
verselle, licurs couvents de Colmenzono et les muids, les tonneaux et autres vases à
de Mont-Melon ne furent pas encore suffi- mettre le vin; on leur défendit aussi d'en-
sants pour contenir toutes les personnes qui tendre les confessions des séculiers on leur ;
se présentaient pour entrer dans lour con- ordonna d'aller à pied dans les voya^-es.
grégation; c'est pourquoi Louis de Fosseni- L'usage des calottes et des chapeaux leur' fut
brun,à qui la bulle du pape avait été adressée ôté, et ils ne devaient jamais manger de
et à son frère Raphaël, sans qu'on y eût fait viande les mercredis. On y recommanda la
mention de Mathi«;u do Bassi, en bâtit doux pauvreté dans les ornements de l'église on ;
autres l'an l.'riO, l'un à Alvacina, dans le ter- y (iéfendit l'or, l'argent et la soie; les pa-
ritoire de Fabriaro, et lautreà Fosscmbrun, villons des autels devaient être simples et
dans le duché d'Urbin. Ces monastères se de laine, et les calices d'étain. Les vicaires
bâlissai'nt à peu de frais; il ne fallait ni généraux provinciaux et custodes pou-
,
pierre, ni chaux, ni ciment; on se conten- vaient être confirmés dans leurs offii es aa
tait de bois et de boue, et tout n'y rfissen- temps des chapitres, et, s'ils ne s'en acquit-
lail que la pauvreté :ainsi ces deux couvents taient pas bien, on les pouvait déposer; mais
furent ache\és en peu de temps, Louis de le vicaire général ne pouvait être confirmé
Fossembrun assembla ensuite le premier quetousles trois ans, et les provinciaux tou5
chapitre à Alvacina au mois d'avril où se, les ans, aussi bien que les gardiens.
trouvèrent douze pères choisis entre les Ces constitutions ne furent publiées que
autres, et Mathieu de Bassi y fut élu pour l'année suivante. Elles furent changées eiî
premier général, selon ce que disent les an- quelques choses et plus étendues, dans un
nales des Capucins ; mais ce ne fut qu'un chapitre général qui se tint à Rome, l'an
vicaire général soumis au général des Con- 1536, et enfin, l'an 1.575, elles furent augmen-
ventuels, car, dans les premières constitu- tées de quelques décrets du concile de.
tions dont nous allons parler, il n'y est fait Trente, et de quelques autres qui avaient
mention que des vicaires généraux, n'ayant été faits par les souverains poiiifes, et qui
commenceà avoir un général quel'an 1G19, et regardaient la discipline régulière. Mathieu
étant obligés de marcher aux processions sous de Bassi, qui, comme nous l'avons dit, avait
la croix des Conventuels dans les lieux où il été élu vicaire général dans le chapitre où
yenavail,et sous celle de la paroisse dans les ces premières constitutions avaient été dres-
lieux où il ne se trouvait point de Conven- sées, renonça deux mois après à cette charge,
tuels ce qui dura jusqu'en l'an 1617, qu'on
: et on lui substitua Louis de Fossembrun, qui
leur permild'aller sous leurcroix particulière. alla à Rome pouravoirla confirmation de son
Mathieu de Bassi ayant donc été élu vi- élection. Il obtint en cette ville un couvent,
caire général, on dressa des C'>nsti{utions qui fut c»lui de Notre-Dame des Miracles,
pour maintenir l'observance régulière parmi d'où l'année suivante ils furent transférés
les Capucins. Elles ordonnaient que l'on à Sainle-Euphémie, qu'ils abandonnèrent
dirait l'ofGce divin sans notes ni chant, ma- dans la suite pour s'établir dans un lieu
tines à minuit, selon l'ancienne coutume plus commode. La même année, il envoya
de l'ordre, et les autres heures selon le temps à Naples des religieux qui y firent un éta-
propre; que dans les lieux où il y aurait blissement, et, l'an 15.32, Louis et Bernardin
plusieurs églises, et où les séculiers pour- de Re;j:gio, qui quelque temps auparavant
raient entendre facilement l'office des ténè- avaient eu permi-sion d'établir une nouvelle
bres dans la Semaine-Sainte, les matines ne réforme en Calabrc, et avaient obtenu pour
se diraient pas après compiles, mais à mi- cet effet quelques couvents, les remirent
nuit ;
qu'on ne dirait qu'une messe tous les entre les mains des Capucins, dont ils prirent
jours dans chaque couvent, à laquelle les l'habit et les constitutions. Louis de Rcggio
antres prêtres assisteraient, les supérieurs eut encore en peu de temps six atitres mai-
ne pouvant les obliger de la dire qu'aux fêtes sons, et ayant envoyé en Sicile Bernardin,
solennelles et dans des temps de nécessité, sou frère, pour y faire connaître la réforme, il
et qu'ils ne recevraient aucune rétribution fitunétabiissementà Messine, et peu detemps
pour ces messes. L'on y marqua les heures après deux autres à Palerme: ce qui commen-
de l'oraison mentale le matin et le soir, les ça cà étendre cette congrégation, qui en 1633
jours qu'on devait prendre la discipline, et établit encore de nouveaux couvents dans le
celles du silence. On ne devait servir à lable royaume de N pies, et un autre à Ferrare.
qu'une sorte de viande avec le potage, et les Le nombre des Capucins augmentant tous
jours de jeûne on y pouvait ajouter une les jours à mesure qu'ils augmentaient en
salade cuile ou crue. Si quelque frère vou- couvents , Louis de Fossembrun, leur vi-
lait se priver de viande ou de vin, les supé- caire général, voulant encore dresser des
rieurs ne pouvaient pas l'empêcher, et ils règlements pour mieux affermir cette con-
ne pouvaient pas non plus les empêcher de grégation, fil venir à Rome les principaux
jeûner au delà de ce qui état porté parla d'entre eux mais le pape, qui avait dessein
;
règle, pour\u qu'ils le fissent sans s'incom- de supprimer cet ordre, en ayant été averti,
moder. Il leur fut défendu par ces consti- ordonna à tous les Capucins de sortir de
tutions de quêter de la \ iande, des œufs et du celte ville. Ils trouvèreni néanmoins tant de
fromage que si on leur en offrait volontai-
; protecteurs auprès de ce pontife, qu'il cbau-
627 DICTIONNAIRE DES ORDRES RELIGIEUX. 628
gea de sentiment et les y Gt revenir quelque ainsi permis afin qu'on ne crût pas qu'il fut
temps avant sa mort. 11 eut pour successeur le fondateur des Capucins.
Paul lll, qui, se montrant toujours favorable Bernardin d'Asti était encore vicaire gé-
à la réforme, leur donna lieu de s'affermir néral, ayant été coniinué dans le chapitre
davantage et de faire de nouveaux progrès. général qui se tint l'an 1538. Etant tombé
Les Capucins, dont le corps commençait à dangereusement malade, il fit assembler un
être considérable, ne voulant pis perpétuer autre chapitre général à Florence, la même
la supériorité dans un même sujet, sollici- année, aîîn qu'on pu' lui donner un bon suc-
taient Louis de B'ossembrun d'assembler un cesseur, et l'élection tomba sur Bernardin
chapitre général mais lui qui avait envie de
;
Ochin, qui était entré dans la congrégation en
gouverner toujours, et qui ne voulait point 153'j (re qui fait voir l'erreur de ceux qui
obéir, ne manquait pas de raisons pour s'en lui ont attribué la fondation des Capucins).
dispenser. Gependa!it, en ayant reçu ordre du Il avait pris d'abord l'Iiabit chez les Obser-
pape, il ne put différer plus longtemps, cl il vants, d'où quelque temps après il apostasia
envoya des lettres circulaires dans lous les et se retira à Pérouse, où il s'appliqua à
couvents le chapitre se tint à Rome, l'an
: l'étude de la médecine pendant quelques an-
1535. Louis de Fossembnm espérait qu'il se- nées, après lesquelles, touché de repentir, il
rait conliauô dans son office ; mais Bernar- retourna dans son ordre et reprit son habit
din d'Asti ayant été élu vicaire général, il se qn'il quitta encore peu de temps après pour
plaignit hautement de l'injustice qu'on lui entrer chez les Capucins qui le reçurent
faisait; il exagéra l'ingratitude des Capucins, avec joie, et l'élurent enfin vicaire général.
qui, selon lui, lui avaient tant d'obligations, Il frouverna l'ordre avec tant de prudence,
que la moindre reconnaissance qu'il en pou- et fit observer si exactement la règle et la
vait attendre é{ai d'être conlinué dans son discipline régulière, qu'il fut élu une seconde
office. Le vicaire général et les définiteurs fois, l'an loil, dans le chapitre qui se tint à
0[Ui avaient éîé élus s'assemblèrent et divi- Naples. I! se faisait admirer par son élo-
sèrent la congrégation en provinces ils éta- : quence, et passait pour le plus habile prédi-
Mjrent des provinciaux, disposèrent les fa- cateur de son temps; mais il n'avait que de
milles des couvents.^ élurent des gardiens et belles paroles et point de doctrine, car à
des custodes et firent des règlements pour le peine avait-il appris le latin. Mais lorsqu'il
gouvernement. Mais Louis de Fossembrun parlait sa langue naturelle, il expliquait ce
ne voulut point assister à ceite assemblée et qu'il savait avec tant de grâce et de poli-
porta ses plaintes au pape, auquel il de- tesse , que la douceur et la pureté de son
manda la convocation d'un autre chapitre discours ravissaient tous ses auditeurs.
général. Le pape ordonna que l'on en célébrât Ce n'était pas seulement le peuple qui
un autre. H se tint l'an î53(i, en présence du le regardait avec estime, les plus grands
cardinal de Trani, qui y présida de la part seigneurs, et même les princes souverains ,
de Sa Sainteté. Mais Louis de Fossembrun le révéraient comme un saint, et lorsqu'il
n'y fut pas mieux traité, et Bernardin d'Asti venait chez eux, ils allaient au-devant de
y fut élu de nouveau vicaire général, avec lui et lui faisaient tous les honneurs ima-
les mêmes définiteurs ; ce qui irrita si fort ginables. 11 ne s'était pas moins acquis de
Louis de Fossembrun, que, se laissant em- réputation parmi ses frères par le zèle qu'il
porter à sa passion, il dit tant d'invectives avait pour l'observance régulière il en par-
:
contre l'ordre, qu'il fut chassé du chapi'.re lait si à propos avec tant d'ardeur , et ses
et
par le cardinal de Trani, et Bernardin fut discours accompagnés de l'exemple qu'il en
confirmé par le pape enfin Louis de Fos-
: donnait par la pratique qu'il en faisait , aussi
sembrun refusant de reconnaître le vicaire bien que de toutes sortes de vertus y enga- ,
général, et ne voulant point se soumettre à geaient tous les religieux mais cet homme
;
plus soumis ; il aimait beaucoup i'i.idépeu- si fort de son mérite et de sa vertu qu'il osa
,
dance et n'avait quitte le vicariat général aspirer aux plus hautes dignités de l'Eglise.
que pour avoir sa liberté. Ainsi étant venu Mais comme il vit que le pape n'était pas
au couvent de Rome, l'an lo3T et y ayant, aussi persuadé que lui de sa vertu et de la
appris, selon Boverius, qu'il y avait une bulle grandeur des services qu'il croyait avoir
du pape qui défendait, sous peine d'excom- rendus à l'Eglise, il fut piqué de dépit d'or- ,
pas dans les monastères soumis au vicaire nir, il lâcha adroitement dans ses sermons
général des Capucins, de porter le capuce quelques paroles qui tendaient à décrier ou
pyramidal quoiqu'il en fût l'inventeur, il
, diminuer l'autorité du pape. Lorsqu'on en
n'hésita point de couper la moitié du sien eut eu avis à Rome, il y fut cité; mais se
et de secouer le joug de l'obéissance en sentant coupable, il ne voulut pas y aller,
quittant les Capucins, sous prétexte de con- dans la crainte qu'on ne lui fit subir la peine
tinuer ses prédications, conformément à la qu'il avait méritée; et afin de se mettre en-
permission qn'il en avait reçue de Clé- tièrement à couvert des poursuites quecette
ment VII ce qui, selon le même Boverius,^
; cour aurait pu faire contre lui, il ne trouva
6sL un effet de la divine Providence, qui l'a point de meilleur expédient que de quitter
629 CAP CAP G50
son habit de capucin pour en prendre un sé- France, ayant demandé des Capucins au pape
culier, et se réfugier, l'an loi2, à Genève, où Grégoire XIII, pour leur donner des établis-
il épousa une fille de Lucques qui l'avait sements dans son royaume, ce pontife révo-
suivi mais il en sortit peu de temps après,
;
qua le décret de Paul III et leur permit de
changeant aussi souvent de lieu que de s'établir en France. Ils furent reçus d'abord
créance il courut toute l'Allemagne et toute
: par le cardinal de Lorraine, qui leur donna
l'Angleterre, où dans le dessein de se faire un petit hospice au village de Picpus près ,
premiers hommes de son siècle, tant pour sa même ville, l'un au faubourg Saint-Jac(|ues
pénétration et son adresse dans le manie- et l'autre au marais liu ïem];le. Paul V
ment des affaires que pour son zèle pour la
,
leur permit, l'an 1G08, do recevoir les mai-
foi catholique, l'attaqua et obtint une ordon- sons qui leur seraient offertes en Espagne;
nance du sénat , qui portait que tous les ils passèrent même les mers pour aller tra-
hérétiques étrangers eussent à sortir du vailler à la conversion des infidèies, et leur
royaume : ainsi Ochin fut obligé de sortir de ordre est devenu si considérable qu'il est
Pologne , et étant chassé de tous côtés, il se présentement divisé en plus de ciucjuanto
relira en Moravie où il mourut de peste dans provinces, et trois custodies, où il y a près
une extrême vieillesse, avec sa femme, deux de seize cents couvents et v ngt-cinq milie
filles et un fils qu'il avait. Boverius, dans ses Capucins outre les missions du Brc^il de
, ,
Annales des Capucins, dit néanmoins qu'il Congo, de Barbarie, de Grec* de Syrie et ,
mourut à Genève après avoir rétracté ses d'Egypte. Cet ordre était autrefois gouve^ né
erreurs. 11 en fait même un martyr car il ; par un vicaire général qui était obli.ré de
dit qu'Ochin, à l'article de la mort, ayant demander la confirmation de son élcc ion au
fait venir un prêtre catholique, seconfessa à général des Conventuels en conséquence de
lui, abjura publiquement ses erreurs, et que la bulle de Paul I!I de l'an 1336, par la-
,
les magistrats de Genève, en ayant été aver- quelle ce pontife les soumit à la visite cl à la
tis, le firent poignarder dans son lit. Mais correction de ce général, et leur donna le
l'on doit ajouter plus de foi à Gratiani, évê- titre de Capucins de l'ordre des frères Mi-
que d'Amelia, qui avait accompagné le car- neurs mais. Tan 1619, Paul V^ les exempta
;
tiré ce que nous venons de rapporter de cet ils étaient appelés dans les commencements
à Rome , où ils élurent pour vicaire général même Urbain VIII, qui le fit cardinal, évé-
François de Jessi, l'an 15't3. Deux ans après que de Sinigaglia et grand-pénitencier; le
que là prédication leur eut été interdite, ils P. Joseph Le Clerc du Tremblai, instituteur
furent rétablis dans cet emploi mais le pape ; de la congrégation des religieuses du Cal-
voulut auparavant être convaincu de leurs vaire qui, après avoir,été employé eu plu-
,
sealimeuts louchant la foi orthodoxe c'est : sieurs négociations importantes par icroi de
pourquoi il leur fit proposer, l'an loV5, plu- France Louis XIII, fut nommé au cardina-
sieurs articles auxquels ils furent obligés de lat par ce prince mais i) mourut avant que!
;
répondre. Ces orages ayant été dissipés , le pape eût fait une promotion de cardinaux;
leur congrégation s'étendit toujours de plus elle pèreCasaini qui jouit présentement de'
,
en plus, dans l'Italie seulement; car P;iul cette dignité, à laquelle il a été élevé parj
III, l'an lo37, défendit aux Capucins de s'é- Clément XI qui gouverne l'Eglise depuis
,
tablir au-delà des monts et d'y bâtir des 1700, qu'il fui élu souverain pontife.
couvents. Mais, l'an 1573, Charles IX, roi de Entre les personnes qui ocl préféré l'hu-
631 DICTIONNAIRE DES ORDRES RELIGIEUX. 632
milité et la pauvreté des Capucins à l'éclat son éloquence pendant quelque temps dans
de leur naissance et aux avanta2;es de la for- le premier parlement de France en qualité
tune , l'Italie a vu Alphonse d'Est, duc de d'avocat , et qu'il travailla avec un zèle in-
Modène et de Reggio, qui après la mort de ,
fatigable jusqu'à sa mort , qui arriva l'an
son épouse Isabelle fille de Cliarles-Emma-
,
1685, tant à la conversion des hérétiques
nuel de Savoie, prit l'Iiabit de cet ordre à dont il a purgé une province presque entière,
Munich , l'an 1021) , sous le nom de frère qu'à la composition de plusieurs excellents
Jean-Baptisle, et mourut dans le couvent de ouvrages qu'il nous a donnés , 'aussi bien
Casielnuovo de Garsiviana , le 23 mai 1644. que le P. Bernardin de Péquigni, mort l'an
II avait eu de sa femme, entre autres enfants, 1710, après avoir fini ses beaux commentai-
François d'Est qui lui surcéda dansscs Etals, res sur les épîtres de saint Paul ; le P. Alba-
et le cardinal Renaud d'Est, évêque de Mo- naselMolé, frère de Mathieu Mole, premier
dène, que le roi de France Louis XIV, , président au parlement de Pai is et garde des
nomma à l'évéché de Montpellier et à la qua- sceaux de France ,qui travailla aussijus-
lité de protecteur de son royaume en cour de qu'à sa mort à la conversion des hérétiques
Rome où il signala son zèle dans l'affaire
, et des pécheurs avec beaucoup de fruit, sans
des Corses, sous Alexandre VII. La France parler de beaucoup d'autres qui, en différents
a vu Henri, duc de Joyeuse, comte de Bou- pays, tant hérétiques qu'infidèles, cont'nuent
chage, pair et maréchal de France, chevalier tous les jours à donner des marques de leur
des ordres du roi, prand-maître de sa aarde- zèle pour le salut des âmes et la gloire de
robe, gouverneur des pays d'Anjou , Maine Dieu. Le P. Zacharie Boverius donna les
et Porc he, et ensuite deLanguedoc, qui, après Annales de cet ordre en 1732; mais Wading
s'être distingué dans les armées de Sa Ma- remarque qu'il s'est plus étudié à abaisser la
jesté , se fit capucin le 4 septembre 1587, famille de l'Observance, qu'il n'a tâché d'éle-
vingt-six jours après la morl de sa femme, ver la congrégation des Capucins ; c'est
Catherin de la Valette, sœur du duc dEper- pourquoi ces Annales furent censurées par
non et fit profession sous le nom de frère
, un décret de l'Inquisition de Rome aussitôt
a\nge. 11 demeura dans cet ordre jusqu'en qu'elles eurent vu le jour, aussi bien que la
151)2, que son frère le grand prieur de Tou- traduction italienne qui en fut faite par le
louse s'étant noyé dans le Tarn, aprèsie com- P. Sanbenedetli ; et la lecture n'en fut per-
bat de Villemur, les seigneurs de Languedoc mise qu'en 1652 , après qu'elles eurent été
l'obligèrent à se mettre à la tête de leurs corrigées en plusieurs endroits. Le P. An-
troupes pendant les troubles de la Ligue, toine Caluze en fit une traduction française
sous prétexte de conserver la religion catho- l'an 1675, et le P. Marcel de Pise donna,*l'aa
liqur- dans cette province, et par le crédit de 1670, un volume de la continuation des mê-
.son frère, le cardinal de Joyeuse, il obtint du mes annales.
pape les dispenses nécessaires. Il maintint Zachar. Bover. et Marcel de Pise , Annal.
tant qu'il put son parti dans le Languedoc, FF. Minor. Capucinoruyn. Luc Wading, An-
dont il eut le gouvernement, et fut un des nal. Minor., tom. Vill. Dominic de Guberna-
plus zélés partisans de la Ligue. Enfin, l'an tis Orb. Seraphic. et Silvest. Maurolic,
,
1596, il fil sonaccommodement avecHenrilV, Mar. Océan, di tutt. gli religioni, lib. 5.
qui lui donna le bâton de maréchal de France. On ne peut se dissimuler qu'il y a dans ce
Il avait eu pour fruit du mariage qu'il avait récit du P. Hélyot une petite couleur de cri-
contracté avant qu'il fut capucin, Henriette- tique, qui ne s'accorde point avec le respect
Catherine, duchesse de Joyeuse, comtesse de que possède et que mérite si bien, de la
Bouchage. 11 la maria, l'an 1599, avec Henri part de tout le monde, la réforme des Capu-
de Bourbon, duc de Montpensier;ct après ce cins. Ces religieux ont rendu, dans les di-
mariage touché par les larmes de sa mère,
, verses fonctions du ministère, dans tous les
dame très-dévote, et pressé parles remords pays, des services trop connus et trop
de sa conscience il rentra chez les Capucins,
, appréciés pour que nous les rappelions ici.
où il vécut le reste de ses jours avec beau- En outre, cette réforme a produit des hom-
coup de piété, et mourut à Rivoli, près de mes distingués par leur piété, notre auteur
Turin, le 27 septembre de l'an 1608, âgé de en convient, mais aussi des hommes distin-
quarante-six ans. Son corps fut porté à Pa- gués dans les lettres et dans l'art de la
ris et enterré dans le couvent de son ordre chaire. Nous citerons surtout le succès heu-
de la rue Saint-Honoré, où l'on voit son reux qu'obtinrent au dernier siècle les Ca-
tombeau de marbre noir devant le grand pucins de la rue Saint-Honoré , à Paris.
autel. La princesse de Montpensier, sa fille, L'abbé de Villefroy, célèbre orientaliste, vou-
épousa, l'an 1611, en secondes noces Charles lait donner des leçons élémentaires des lan-
de Lorraine, duc de Guise, et mourut 1" 25 gues qu'il possédait si bien. Ayant eu le
février de l'an 1656, âgée de soixante et onze bonheur de rencontrer parmi les Capucins
ans elle lut enterrée en habit de capucine
: de la rue Saint-Honoré des élèves tels qu'il
dans l'église des religieuses de cet ordre à les désirait, il fonda chez eux, on 17H, la
Paris. société connue sous le nom de Capucins hé-
Nous ne parlerons point de tous les célè- bra'isants, à laquelle on dut bientôt des ex-
bres écrivains que cet ordre a produits ; nous plications nouvelles des livres de l'Ancien
tious contenterons de dire que le P. Yves de Testament. Ce qui est plus glorieux encore
Paris a été un des plus grands ornements de pour ces respectables religieux, c'est qu'ils
tel ordre, où il entra après avoir brillé pat- ont persévéré constamment dans l'obser-
635 CAP CAP C34
yancè de leur austère réforme, et qu'ils ont Eugène dans l'exécution de ses projets ; noua
surtout montré un jîrand atlachoment au voudrions les connaître tous, et rappeler,
saint-siége. Dans les temps malheureux, on eu les nommant, la rectitude de leur juge-
\il, sans doute, quelques-uns des leurs don- ment qui les portait à exercer une charité
ner (juelques scandales, mais la presque si intelligente, et plus utile
que tout autre,
totalité a toujours été fidèle aux bons prin- au bien, mêmematériel, du prochain. Nous
cipes. Les révolutions moderni s les ont ex- ferons de même, autant que possible, en
pulsés de presque toutes leurs maisons en parlant des autres instituts. Monseigneur de
Europe, mais ils ne virent qu'avec peine Bausset, voyant les privations auxquelles le
leur sécularisation. Nous n'en cit<'roiis qu'un pauvre religieux étranger était réduit, le re-
exemple entie mille. Quand la Belgique fut commanda efficacement à un riche et ver-
réunie à la France elle partagea son mal-
, tueux propriétaire , nommé M. Thober ,
heur et fut privée de ses nionastèros. Kn qui seconda le P. Eugène avec un zèle
1797, un ejrand nombre de couvents furent infatigable. L'exemple de M. ïhober fut
évacués dans le département de la Dyle, imité par un grand nombre de personnes
comme dans les autres. Les individus qui les distinguées, qui se déclarèrent ouvertement
composaient refusèrent généralement les les protecteurs du religieux espagnol, mais
bons territoriaux qu'on leur présenta au se déclarèrent d'œuvres comme de paroles.
nom de la république française, et tous pro- Nous citerons M. le marquis d'Albertas, le
testèrent contre la violence dont ils étaient comte de Clapier, madame d'isoard, ma-
victimes, et il fallut la forée militaire pour dame Pradel, etc., etc. L'archevêque d'Aix,
les obliger à rentrer dans le monde. Les Ca- M. de Bausset voulut avoir les Capucins
,
pucins de Louvain se distinguèrent surtout dans son diocèse; leur établissement y fut
par leur fermeté. Un détachement de troupes foîuié. ainsi qu'un monastère de Capucines
alla les prendre dans linlérieur (!e leur cou- suivant rigoureusement la règle de sainte
vent et les conduisit jusqu'à la rue. Là , le Claire. Les Dames do l'œuvre du Refuge, à
gardien s'écria: Je proteste devant le ciel que Marseille, dont la supérieure était madame
lions ne sortons que par force, que moi et mes la marquise de Mongrand, procurèrent au
confrères restons Capucins, que nous souf- P. Eugène une maison et un petit jardin dans
frons pour la religion, et sommes prêts, s'il cette ville, et lui donnèrent pour protecteur
le faut, à en devenir les martyrs. Après ce M. Joseph Chabaud, béni à Marseille pour
discours, tous les religieux s'agenouillèrent sa probité, sa religion et son dévouement aux
et reçurent la bénédiction do leur gardien. bonnes œuvres. Le succès couronna les pre-
Dans presque tous les Etats catholiques de miers efforts et conduisit à la possession du
l'Europe, après la paix continentale, les Ca- local qu'occupent actuellement les Capucins
pucins rouvrirent des couvents, mais sur- dans cette ville. Le P. Eugène s'établit aussi
tout dans les Etats de l'Eglise et ceux du roi à Saint-Jean-de-Garnier, dans un ancien
de Sardaigne, où règne une dynastie qui couvent de Bénédictines, agréablement si-
par ses vertus peut servir d'exemple à tous tué, près de Gemenos, où il resta peu, car la
les princes, et par sa politique sage, de mo- maladie l'obligea à quitter ce séjour. Le suc-
dèle à tous les gouvernants. Les Capucins cès obtenu par cet étranger, dans l'érection
ont été de nou\ eau chassés de l'Espagne, à de ces trois monastères, est peut-être d'au-
la suite des troubles amenés par les actes tant plus surprenant que les anciens Capu-
insensés de Ferdin ind VIL En Russie, ils cins français n'avaient pu réussir dans la
ont participé aux effets de Ifi persécution même entreprise.
susc tée contre l'Eglise catholique par le D'autres établissements de Capucins se
czar Nicolas; et pour faire juger du reste, sont formés ailleurs, sous la direction de Ca-
nous dirons que dans la seule province de pucins italiens. Ces religieu?: desservent un
Mohilow, il y a eu, en 1832, sept couvents pèlerinage dans le diocèse de Grenoble» Aux
de Capucins supprimés, cinq restèrent en- Brotteaux, à Lyon, la chapelle où sont les
core. Dans les Etats autrichiens, où, sous ossements des victimes du siège de Lyon,
l'empereur Joseph II, les religieux soulTri- pendant la révolution, est aussi desservie
rent une guerre si grotesque, les Capucins par les Capucins qui ont une maison atte-
ont aujourd'hui des communautés. Us ont nante à cet oratoire. Leur établissement y
aussi des élablissemenls dans les missions, avait été florissant, et, sous la direction dà
les Echelles du Levant, etc. Nous voulons sur- P. Jean-Baptiste, le nombre des religieux
tout parler de leur rétablissement en France. s'était élevé jusqu'à dix-huit. Les supérieurs
Le K. P. Eugène, religieux capucin du ont cru devoir y envoyer des religieux ita-
couvent de Valence, en Espagne, a été l'in- liens, mais l'autorité civile vit avec peine
strument dont Dieu s'est servi pour rétablir ces étrangers, et on n'en toléra qu'un petit
en France cette édifiante réforme de Fran- nombre pour desservir la chapelle. Néan-
ciscains. Quelques années après la restau- moins l'établissement s'est maintenu jus-
ration des Bourbons, ce religieux vint en qu'à ce jour. Sous la restauration, les Ca-
Provence, et par la protection de monsei- pucins attaqués civilement, à l'instigation
gneur de Bausset, archevêque d'Aix, réussit de lin. piété, furent défendus dans des écrits
A former quelques communautés. Nous de- publics, et la police ne put réussir à faire
vcns rappeler ici et signaler à la reconnais- lérmer leurs établissements. Les Capucins
Soii'ce de la piété, les noms des personnes se rendent fort utiles dans les fonctions du
fêlées et charitables qui secondèrent le P. saint ministère, et ils ont montré à Aix ua
635 DICTIONNAIRE DES ORDRES RELIGIEUX. 656
Origine des religieuses Carmélites, arec la vie à pied les couvents de la province, accompa-
du bienheureux Jean Sorelh, leur institu- gné d'un seul compagnon. On ne peut pas
teur, vingt-sixième général et premier ré- dire le bien qu'il y fit, et la réforme qu'il in-
formateur de l'ordre des Carmes. troduisit partout, à cause qu'il n'exigeait
Lézana et plusieurs écrivains de l'ordre rien des autres qu'il n'eût premièrement
des Carmes prétendent que l'institution des pratiqué. Enfin, l'an 1451, au chapitre géné-
religieuses Carmélites (1) n'est pas une nou- ral tenu à Avignon il fut élu général de tout
,
veauté qui ait été introduite dans leur ordre, l'ordre; et comme l'office de provincial de
et que, comme il y a toujours eu dès les pre- sa province vaquait par cotte nouvelle élec
miers siècles de l'Eglise des vierges con- tion le chapitre n'y voulut point noaimer,
,
sacrées à Dieu , et que leur ordre a com- mais ordonna qu'il gouvernerait toujours la
mencé au temps d'Elie, neuf cents ans avant province de France jusqu'au chapitre pro-
la naissance de Jésus-Christ non-seulement , vincial.
il y a eu, dès les premiers siècles de l'Eglise, Ce nouveau général, ayant senti au dedans
des relifjienses Carmélites, mais même au de lui-même que Dieu l'appelait à la ré-
temps des prophètes. Mais le P. Louis de forme de son ordre, résolut d'y travailler et
Sainte-Thérèse, dans son livre qui a pour d'employer toutes sortes de moyens pour
titre: La successiuji d'Elie, a été plus sin- mettre la régularité en vigueur et rétablir
cère; car il dit que ce fut le bienheureux son orJie dans sa première splendeur. Il
Jean Sorelh, qui obtint du pape Nicolas V les commença le premier; et quoi u'il eût tou-
mêmes privilèges que les ordres de Saint- jours vécu dans une grande perfection, il y
Dominique et de' Saint-Augustin avaient, travailla néanmoins comme un simple no-
'
pour la réception des couvents de religieu- vice, et s'attacha sur toutes choses à la vertu
ses, vierges, veuves et béguines; pourvu d'humilité, comme la base et le fondement
que ailles qu'il recevrait jeûnassent et de toutes les autres.
fissent les mêmes exercices que celles des Les religieuxdu chœurde son temps étaient
ordres de Saint-Dominique et de Saint-Au- vêtus de noir, et les frères laïques, de cou-
gustin le bienheureux Soreth, dit cet au-
: leur minime ou tannée. Il quitta le noir et
teur, estimant que c'était une chose indigne se revêtit de couleur minime, tant à cause
que les autres Mendiants eussent des Glles que c'était l'ancienne couleur de l'ordre qu'il
qui observassent leurs règles , et que le seul rétablit dans ses constitutions, qu'à cause
Carme!, institué pour honorer la sainte que ceux qui étaient les moins estimés dans
Vierge, mère des vierges , n'eût pas des filles son ordre en étaient revêtus. On reconnais-
de son ordre. Ainsi, sans aller chercher une sait toujours ses habits, en ce qu'ils étaient
origine éloignée des religieuses Carmélites, toujours les plus vils et les plus rapiécés.
il est certain qu'elles n'ont été instituées que Son entretien ordinaire était avec les plus
vers l'an 1452, en vertu de la bulle de Nico- simples et les jeunes du couvent. 11 pre-
las V, obtenue par le bienheureux Jean So- nait plaisir d'aller avec eux pour les in-
relh, qui fonda leurs premiers monastères struire, pour leur apprendre à mortifier leurs
en France. passions, à combattre les vices, à acquérir
11 naquit en Normandie vers l'an 1420, de les vertus et à mener une vie conforme à la
parents fort vertueux , qui eurent un grand règle et aux anciens statuts de l'ordre.
soin de l'élever dans la crainte de Dieu, et Avec cet esprit, une grande douceur et
de lui faire apprendre ce qui était convena- beaucoup d'affabilité, il entreprit la réforme
ble à son âge. Ayant fait ses humanités, il de son ordre, qu'il visita dans presque toutes
délibéra de l'état de vie qu'il devait embras- les provinces de l'Europe. Ce ne fut pas sans
ser; et après avoir recommandé cette affaire recevoir beaucoup de contradictions de la
à Dieu il fut inspiré de prendre l'habit reli-
, part de ceux qui s'opposaient à ses bons dos-
gieux parmi les Carmes, dans leur couvent seins. Il fut même obligé contre son naturel,
de Caen en Normandie, où, après sa récep- qui était d'employer ordinairement les voies
tion il fit voir, par ses exercices de vertu et
, dj douceur d'user d'une extrême rigueur
,
de piélé, que Dieu l'avait appelé à cet ordre envers quelques couvents qui ne voulaient
pour sa gloire et pour la réforme de cet pas embrasser la réforme ce qui arriva
:
lettres et la thé logie. 11 se rendit si habile meura avec ceux de sa suite hors du cou-
en l'une et en l'autre, qu'il méri:a le bonnet vent, ce qui l'obligea de les excommunier et
de docteur dans l'université de Paris, et son de mettre le couvent en interdit; et il ne leva
mérite le fît élever en peu de temps aux di- ses censures qu'à condition qu'ils souffri-
,
gnités de son ordre. En 1440, il se trouva au raient la visite qu'il fit avec beaucoup de
chapitre général d'Ast, en qualité de défini- douceur. Mais Dieu prit vengeance de cet
teuretde provincialdela provinccde France; excès une maladie contagieuse emporta en
:
au chapitre général tenu à Châlons, il y fut peu de temps la plus grande partie des re-
(I) Votj., à la fin duvof., n'^* 154, Î55 ctloS.
,
vère à punir les fautes de ses relisieux, il confession générale de toute sa vie, reçut le
pardonnait aisément les injures qui regar- saint viatique et rextrême-onclion avec une
daient sa propre personne, et par ce mélange piété exemplaire, et pardonna à ceux qui
de douceur et de sévérité, il réforma un avaient été cause de sa mort, qui arriva l'an
grand nombre de couvents auxquels il pros- 1V71. il s'est fait plusieurs miracles à son
crivit de saintes lois qui furent observées tombeau, Carmes lui donnèrent le ti-
et les
avec beaucoup d'exactitude. tr'' de bienheureux. Dans le chapitre tenu à
Ce ne fut pas seulement en celte manière Asl en Piémont, en liTâ, on confirma les
qu'il procura le bien de son ordre. 11 insti- constitutions qu'il avait faites, et il fut or-
tua, comme nous avons dit, les religieuses donné que toutes les provinces en auraient
4u même ordre, et obtint pour elles du p.npe un exemplaire.
Nicolas y les mêmes privilèges que les or- Les religieuses sont habillées comme les
dres de Saint-Dominique et de Sainl-Aiigus- reli 'ienx ; elles ont une robe et un scapu-
tin avaient pour la réception de pnreilles re- laire de drap couleur minime ou tannée,
ligieuses. 11 fonda cinq couvents de ces sain- et au chœur elles mettent un manteau blanc,
tes Olles. Il eut toujouîs grand soin dVllcs; avec un voile noir. 11 y a plusieurs saintes
et nonobstant qu'il commit quelquefois à de cet ordre , parmi lesquelles se trouve
d'autres la visite de quelques couvents d'hom- sainte-Marie Madelaine de Pazzi, qui fut ca-
mes, il visitait toujours lui-même les cou- nonisée par le pape Clément IX, l'an 1(369.
vents de religieuses, spétialemcnt celles de Lozana Annal, sacri prophetici et Eliani
,
Liège, dont le couvent fut brûlé l'an li68, ordinis lom. IV. Louis de Sainte-Thérèse,
,
tère était proche de celui des Carmes, et que que celle qui a été faite par sainte Thérèse.
leur église servait aussi aux religieuses, la Elle naquit à Avila, ville du royaume de
princesse trouva que c'était une grande in- Castille, le 12 mars 1515. Son père, qui était
commodité de n'avoir point d'église particu- un gentilhomme des plus qualifiés du pays,
lière. Elle obtint permission du pape de faire se nommait Alfonse Sanchez de Cépède, et
sortir les religieuses Bènéilictines delà con- épousa en secondes noces Béatrix d'Ahu-
grégation de Saint-Sulpice du monastère , made. lis eurent sept garçoi'.s et deux fiiles,
des Coëts, près de Nantes, où elles n'étaient dont la première fut notre sainte, qui jusqu'à
que sept, et ne vivaient pas dans une gramie sa profession religieuse (1) qu'elle prit le
régnl.irité; et avec ses religieuses, elle prit nom de Jésus, porta toujours celui d'Ahu-
leur place l'an li78, après que le pape eut made, suivant l'usage tiu royaume d'Es-
usé de censures envers les Bénélictines pagne, que les enfants prennent souvent le
pour les faire soriir, et qu'elles eurent ré- ncjn de la mère et non celui du père.
sisté pend;inl quatre ans. Elle répara la mai- Comme ses parents joignaient à lour no-
son fit de nouveaux bâtiments, et y mourut
,
blesse une piété solide, et que son père était
en odeur de sainteté l'an li8'3. un homme d'honneur et de probité, droit,
Ce fui en li62 que, ce général tenant son sincère, charitable envers les pauvres, com-
chapitre à Bruxelles on examina et ap-
, passible envers les malades et les misérables,
prouva les constitutions qu'il avait faites et aimant beaucoup la lecture des bons li-
pour la réforme, cl, animé toujours du zèlo vres il eut un grand soin d'imprimer de
,
monrir à ce prix:, pour acquérir en pou de gieuses, nonobstant ses infirmités qui étaient
temps un si grand Irésor, elle délibérait sou- grandes, et la faiblesse de sa complexion, la
vent avec son frère sur les moyens qu'ils reçurent à la profession. Mais peu de jours
pouvaient prendre pour cela. Il leur sembla après avoir prononcé ses vœux, elle fut at-
quo :o meilleur était d'abandonner la maison taquée de maux de cœur si furieux, accom-
de leurs parents, et de s'en aller dans le pagnés de plusieurs autres indispositions,
pays des Maures, afin d'avoir occasion de qu'elle fut réduite à l'extrémité; c'est pour-
perdre la vie parmi ces infidèles. Ils parti- quoi, comme on ne gardait point de clôture
rent à ce sujet de la maison de leur père; dans ce couvent, son père voulut lui faire
mais nu de leurs oncles los ayant rencon- changer d'.-ir et éprouver les remèdes dune
tres, et les ayant arrêtés pour savoir où ils femme qui demeurait à Bécedas, qui avait le
allaient ainsi seuls, les ramena à leurs pa- secret de guérir de semblables maladies»
rents qui en étaient beaucoup en peine. Ro- Comme on était au commencement de l'hi-
dri^'ue ayant découvert à sa mère leur des- ver, elle alla en attendant le printemps chez
sein, elle leur défendit de sortir seuls sans sa sœur aînée qui demeurait à la campagne :
être a(Compa^nés d'un domestique ; c'est elle fit en passant quelque séjour (hez dom
pourquoi, la lestlalive qu'ils avaient faite Pierre Sanchez de Cépède, son oncle qui,
d'aller clierchrr le martyre n'ayant pas ayant reconnu quelle s'adonnait à l'oraison
réussi, ils prirent une aulre résolution, qui mentale, lui mit entre les mains un excel-
fut de vivre comme ermites pour imi'.er
,
lent livre qui enseignait la méthode pour la
les Pères des déserts dont ils avaient lu les bien faire elle le lut avec tant d'avidité, et
:
vies ; ils demeuraient presque les jours en- le trouva si conforme à son inclination, que
tiers dans leur jardin , bâtissant de petits ce livre lui tint lieu de maître et de conduc-
ermitages comme s'ils eussent voulu s'y en- teur. Klle demeura pendant l'hiver chez sa
fermer. sœur presque toujours dans la solitude et la
Mais la lecture des rninans leur fil perdre retraite. Lorsque le printemps fut venu, son
en peu de temps cette satisfaction qu'ils pre- père la mena à Bécedas , où elle devait
naient dans celle des livres de piété; leurs prendre les remèdes qui lui furent inutiles;
bons désirs se refroidirent et après la mort
, mais elle donna la guérisoo spirituelle à un
de leur mère, (|ui ariivi 1' -n 1327, Thérèse, prêtre, qui depuis sept ans se trouvait dans
qui n'avait que douze ans, perdit aussi les un commerce criminel avec une femme de ce
sentiments di; la crainte de Dieu qu'elle lieu elle lui procura l'esprit de componction
:
avait conservés jusqu'à cet âge, cl cela pour et de pénitence, et une mort chrétienne qu'il
avoir souffert des conversations un peu trop fit un an après.
libres avec quelques-uns de s- s parents, et Elle fut trois mois dans ce lieu, où les re-
pour avoir trop donné dans la vanité et les mèdes, bien loin de lui avoir été salutaires,
ajustements, à la persuasion d'une deses cou- l'avaient de nouveau réduite à l'extrémité.
sines qui n'avait que des pensées mondaines. Son père la ramena chez lui en cet état, et
Elle s'entretint dans ces sentiments jusqu'à la voir à beaucoup de médecins qui, dé-
fit
l'âge de quatorze ans, que son père, s'étant sespérant de sa guérison, l'abandonnèrent.
aperçu du péril où ellt^ s'exposait, la mit en Un jour de l'Assomption elle tomba dans une
pension dans le monastère de Saint-Augustin syncope si étrange qu'on la tint morte pen-
d'Avila, où elle entra au commencement de dant quatre jours, de sorte qu'on prépara
l'an 1331. sa fosse dans son monastère, et que les reli-
D'abord ce changement de vie l'effraya, gieuses, qui, comme nous l'avons dit, ne
mais peu de temps après elle trouva de gardaient point de clôture, envoyèrent quel-
grandes douceurs dans la compagnie des re- ques-unes d'entre elles pour enlever le corps
ligieuses de ce monastère elle n'eut plus que
;
et le conduire à la sépulture; mais son père
du dégoût pour les vanités du siècle, et les s'apercevant qu'elle avait encore un peu de
vertueuses inclinations de ses premières an- pouls s'y opposa. En effet elle revint de ce
nées se réveillèrent. Bien loin d'avoir de la- grand évanouissement et voulut ensuite re-
version pour la vie religieuse, elle en conçut tourner en son couvent, où par les mérites
au contraire un grand désir; mais une bonne de saint Joseph, sous la protection duquel
amie quelle avait dans le monastère de l'In- elle se mit, ellecommença à se mieux porter
carnation des Carmélites de la même ville, et à marcher. Cependant à peine fut-elle
lui fit préférer ce dernier à celui où elle était guérie, qu'elle oublia les grâces qu'elle avait
pensionnaire, et qui lui paraissait trop aus- reçues de Dieu, et qui devaient servir de
tère, ne croyant pas que son tempérament chaînes pour l'attacher à lui. Elle se laissa
pût supporter la rigueur de l'observance a. 1er au relâchement, elle se laissa vaincre
qu'on y gardait. Une maladie qui lui sur- par l'esprit du monde, elle permit à quel-
vint obligea son père de l'en faire sortir; à ques séculiers de la voir et de l'entretenir,
peine fut-elle guérie, qu'elle entra d'elle- et elle quitta d'abord l'oraison, n'osant pas
même dans le couvent des Carmélites d'Avila, s'approcher de Dieu durant qu'elle se sen-
l'an 1535. Elle y prit l'habit le 2 décembre tait si fort attachée aux créatures. Mais
153G, étant âgée d'environ vingt el un ans et Noire-Seigneur ne put longtemps soulTrir
demi. Dieu la combla pendant son noviciat l'infidulité de son épouse, il lui apparut deux
de grâces si extraordinaires, et elle s'ac- fois pendant ce temps-là la première avec
:
quitta de ses devoirs avec taut d'exactitude, un visage sévère, el la seconde comme at-
de soumission el d'obéissance, que les reli- taché à la colonne et couvert de plaies, uq
641 CAf. CAR 04-2
morceau de sachair paraissant déchiré et Quoique sainte Thérèse ne pût douter que
comme pendant à un bras. Une faveur si ce ne fût Dieu qui lui eût révélé d'exécuter
prande l;i remplit de confusion elle reprit
; une si saicte entreprise, et qu'elle demeurât
1rs exercices do l'oraison, aidée en cela par très-assurée que le monastère se ferait, pré-
les bons avis d'un relij^ieiix de Saint-Domi- voyant néanmoins toutes les difficultés qui
nique à qui plie s'était confessée elle re- ; arrivèrent, elle eut beaucoup de peine à s'y
tomba dans l'heureuse penlc de son cœur résoudre; mais elle fut encouragée par saint
qui se portail comme naturellement à Uieu.et Pierre d'Alcantara, avec lequel elle avait
Notre-Scijrneur relevait peu à peu au plus contracté une alliance de charité et après
;
haut degré do la conlempliilion il prenait ; avoir pris encore l'avis du B. Louis Bertrand
plaisir à redoubler ses •jrâces et ses caresses. et de son confesseur, elle communlcjua son
L s f.TVPurs qu'elle en recevait fréquemment dessein à son provincial, qui consentit et
devinrent suspectes à ses directeurs. Ils ap- promit de donner dans le temps toutes les
préhendaient nue ce ne fussent des illusions, permissions nécessaires.
ce qui fit que Thérèse, intimidée par ses con- La sainte voyant que son dessein avait
fesseurs, n'opérait son salut qu'avec crainte, réussi si heureusement, il lui semblait que
et faisait de plus grands elTorts pour ac- toutes choses conspiraient à l'accomplisse-
quérir la pureté de sou âme ; mais après ment de ses désirs sa confiance lui faisait
;
quelques conférences qu'elle eut avec saint croire que les mille ducats de sa nièce et le
François de Borgia de la compagnie de Jé- peu de bien que celle dame Guiomar lui of-
sus, qui lui fit connaître que, marchant tou- frait étaient suffisants pour fournir aux frais
jours dans l'humilité, elle n'avait aucun sujet et à l'entretien de cet ouvrage de sorte que,
;
de craindre l'illusion, elle se rassura et se croyant qu'il n'y avait qu'à conclure le
mit sous la conduite de quelques Pères de la tout, elle commença à chercher une place
même compagnie, qui la soutinrent dans et à traiter, quoiqu'en secret, de l'achat
cet'e conduite extraordinaire et qui l'obligè- d'une maison située au même lieu où se
rent de joindre l'exercice de la morlificatioa voit aujourd'hui le monastère. Mais la chose
et de la pénitence à ces degrés si sublimes ne put demeurer si secrète qu'elle ne fût
d'oraison. Elle se défit des amitiés particu- bientôt sue dans la ville. On n'y eut pas plu-
lières qu'elle avait, qui, quoique innocentes, tôt appris que Thérèse et la dame Guiomar,
meltiiient néanmoins un grand empêche- sa bonne amie, voulaient établir un cou-
ment à sa perfection cela lui coûta beau-
: vent de Carmélites déchaussées, sans aucuns
coup, parce qu'étant d'un naturel fort gé- fonds ni revenus, que la nouveauté de cette
néreux, elle avait toujours cru qu'ell devait '
entreprise excita de grands orages entre
aimer ceux qui lui témoignent de l'affection; elle, et ceux qui s'opposaient le plus forte-
mais après cjue, par l'ordre de son confes- ment à ce dessein entraient plus avant dans
seur, elle eut dit pendant un temps quelques lesprit et les bonnes grâces du peuple. Le
prières, celle passion d'amitié s'éteignit et il trouble fut plus grand dans le monastère de
ne lui fut plus possible d'aimer personne Thérèse : la plus grande grâce qu'on pou-
qu'en Dieu et pour Dieu. vait lui faire était, disait-on, de la renfermer
C'était dans l'esprit d'acquérir do plus en dans une prison, comme une personne qui
plus cette perfection et de la procurer à voulait causer le trouble et la division dans
d'autres, qu'elle entreprit la réforme de son l'ordre et le provincial qui avait promis de
;
Pierre d'Alcantara le lit condescendre à re- supérieure, et distribua les charges et les
cevoir le bref et à se rendre comme le fon- offices aux quatre religieuses qu'elle avait
dateur et le protecteur de ce premier mo- amenées. Quelques filles se présentèrent
nastère. ensuite pour être reçues dans ce monastère,
La sainte ne perdit pas un moment pour et le peuple, délivré le la assion qui le pré-
i
profiter des bonnes volonics de son prélat. occupait, n'eut plus que de l'estime pour la
Elle n'avait qu'une fort petite maison pour sainte et pour ses religieuses, et leur en-
composer ce premier monastère elle y : vo3ait des aumônes sans qu'elles les de-,
choisit le lieu qui lui parut le plus décent mandassent. Sainte Thérèse, avec les quatre
pour faire une chapelle une chambre ; compagnes qui étaient sorties du monastère
joignante servit comme de chœur aux reli- de l'incarnation, prit l'habit de la nouvelle
gieuses ; tout y était si pauvre, que la clocho réforme, avec le nom de Jésus, au lieu de
dont elle se servait pour appeler les reli- celui d'Ahumade qu'elle avait porté jus-
gieuses à l'office ne pesait pas plus de trois qu'alors. Elle reçut ensuite un commande-
livres. Ce monastère fut dédié sous le nom ment de l'évêque pour accepter la supério-
de Saint-Joseph. H ne restait plus que de le rité, et, se voyant en paix dans son monas-
peupler de saintes filles. Thérèse fit choix tère, elle fit des constitutions qui furent
de quatre orphelines, dont sa nièce était du approuvées par le pape Pie iV, le il juillet
nombre. Le jour qu'on célébra la première 15132. Sa communauté fut composée de treize
messe dans ce monastère, elles se présen- filles seulement, l'ayant fixée à ce nombre,
tèrent à la grille vêtues d'une grosse serge et elle ne voulut point recevoir de sœurs
couleur minime, la tête couverte d'un gros converses, afin que toutes les religieuses se
linge et les pieds nus. Un prêtre qui en avait servissent réciproquement. Mais cela a été
reçu commission de l'évêque les reçut en changé dans la suite, le nombre de vingt
l'ordre de Notre-Dame du Mont-Carmel, et filles ayant été fixé pour les communautés
elles s'offrirent aussi de leur part de garder qui sont soumises à l'ordre et celles qui
;
inviolablemenl ju^^qu'à la mort la règle pri- sont sous les ordinaires des lieux ne sont
mitive de saint Albert, patriarche de Jéru- point fixées, y en ayant quelques-unes où il
salem, selon la déclaration d'innocent IV. y a près de cent filles et quelquefois davan-
Ce:te nouveauté causa un grand trouble tage l'on y reçoit aussi des sœurs con-
;
dement à la saine d'y retourner; elle obéit allons voir le progrès dans le chapitre
à l'heure même, et partit après avoir pris suivant.
congé de ses quatre novices. Elle renaît
compte de son procédé avec tant de discré- § II. — Conlinualionde l'origine des Carmé-
tion, d'humilité, de soumission et de dépen-
lites DéchiiussccSfoù il est parlé de la ré-
dance, que la supérieure en fut satisfaite. forme des Carmes Déchaussés, avec la Vie
Mais le peuple de la ville s'émut de telle
du B. Jean de la Croix^ premier carme dé-
chaussé et coadjuteur de sainte Thérèse
,
sorte contre cette nouvelle fondation, qu'il
courait en foule pour renverser le nouveau
dans cette réforme.
monastère, lorsqu'il en fut empêché parles Sainte Thérèse, qui avait reçu de grandes
magistrats ; et dans une assemblée de la contradictions de la part des hommes dans
ville qui se Cl à celte occasion , où le gou- l'établissement du premier monastère de
verneur était d'avis qu'on rasât le monas filles de sa nouvelle réforme, ne se rebuta
tère, on se mettait déjà en exécution de ie point pour cela. Elle poursuivit son entre-
faire, lorsque le discours qu'un religieux de prise, et ce cœur généreux, qui venait de
l'ordre de Saint-Dominique fît, pour la dé- remporter une si glorieuse victoire, ne s'ef-
fense de celte réforme naissante, arrêta la fraya pas de toutes les difficultés qu'elle
fureur du peuple et calma les esprits. Il y prévoyait bien devoir s'opposer au dessein
eut ensuite quelques autres conférences à qu'elle conçut aussi d'établir la même ré-
ce sujet , où on proposa des voies d'ac- forme parmi les religieux (1). Il n'y avait
commudement celles qui étaient proposées
: que son humilité qui la retenait en quelque
par le gouverneur de la ville étaient que le façon, et qui lui représentait qu'une entre-
monastère fût rente. Mais Thérèse, bien loin prise si relevée ne devait pas être con' ée à
de consentir à cet accord, obtint au con- la faiblesse d'une femme. L'arrivée du Père
traire, dans le même temps, un autre bref Jean-Baptiste Rubeo, général de l'ordre, qui
de ilome, qui lui permettait, et à ses reli- vint en Espagne pour faire ses visites ,
gieuses, de ne posséder aucuns biens ni en avauça l'exécution de cette entreprise ; car
commun ni en particulier, et de pouvoir elle prit occasion de lui communiquer son
vivre des aumônes
et des charités des fidèles ; dessein dans une conférence qu'elle eut
et elle obtintensu.te de son provincial la avec lui. A la vérité il s'y opposa d'abord, à
permission, non-seulement de retour ;ier au cause des religieux mitigés qui ne voulaient
couvent de Saint-Joseph , mais encore d'y poiat entendre parler de réforme ; mais il
mener avec elles quatre religieuses du mo- ne put refuser aux prières de l'évêque
nastère de l'Incarnation. d'Avila, dom Alvarez de Mendoza, la. per-
(1) Voi/., à ia tin du vo!. n"' 15) et iGO.
! 6i5 CAR CAR (vi(5
patentes de l'autre que quatre mois après , les religieux de sa maison qui étaient dé-
,
le général les lui ayant envoyées de Va- chus de leur ancienne observance, en furent
lence. Sitôt qu'elle les eût reçues, elle chercha alarmés. Sa piété n'était pas moindre que sa
les moyens pour du pre-
faire létablis-^craent morlilicalion il se retirait de la compagnie
:
mier monaslère de Carmes Déchaussés. Elle des hommes pour ne s'entretenir qu'avec
fut encouragée par le général mèaie, qui lui Dieu dans l'oraison; de sorte que les supé-
écrivit plusieurs fois pour poursuivre uiie si rieurs, le voyant si avancé dans la voie de la
bonne œuvre; et ne se contentant pas de perfection, l'obligèrent de recevoir l'ordre
simples lettres et d'exhortations, il crut être de prêtrise, lorsqu'il eut atteint l'âge de
obligé d'employer toute son autorité pour vingt-cinq ans.
faire réussir un si bon dessein, et de faire li ne se vit pas plutôt revêtu de cette
nou-
un commandement exprès à la sainte de le velle dignité, que, considérant les nouvelles
poursuivre. Klle prit donc les mesures né- obligations où il était engagé, il souhaita
cessaires pour cela, et pendant qu'elle y tra- une vie plus austère et plus régulière que
vaillait fortement, l'ocrasion se présenta de celle que l'on menait chez le> Carmes.
faire une nouvelle fondation pour ses fill s Après avoir longtemps consulté Dieu, il prit
à Medina-del-Campo. Elle sortit d'Avila pour la résolution de passer dans l'ordre des
ce sujet, et, la i'ondaliou étant achevée, elle Chartreux : il travaillait actuellement à se
chercha des sujets propres our commencer
j faire recevoir dans Ja Cha;treuso de Ségo-
la réforme d 's religieux. Elle eu parla au vie, lorsque sainte Thérèse vint à Médina
P. Antoine d'Hérédie ,
prieur des Cannes del Campo. Il y arriva dans le même temps
de Médina elle fut fort surprise lorsque ce
: dû couvent de Salamanque où il étudiait
Père, qui était âgé de plus de soixante pour lors, et était venu pour accompagner
ans, s'offrit à elle pour embrasser le pre- un religieux, qui parla do lui si avantageu-
mier la réforme, ajoutant que Dieu l'appe- sement à la sainte qu'elle souhaita de le
lant à un genre de vie plus austère que ce- voir. 11 lui découvrit le dessein qu'il avait
lui qu'il avait embrassé, il était résolu d'en- de se faire chartreux mais elle lui parla de
;
trer chez les Chartreux, dont il avait déjà la réforme des religieux de son ordre qu'elle
obtenu le cons ntemont. Mais la sainte ne méditait, elle lui conseilla de différer sa ré-
trouvant pas dans sa personne r.i l'esprit, ni solution jusqu'à ce qu'elle eût trouvé un
les forces nécessaires pour donner commen- monastère, de ne point quitter soii ordre,
cement à un ordre austère, elle lui conseilla mais de demeurer fidèle dans sa vocatioE, et
de surseoir à l'exécution de son dessein et de f lire servir plutôt son zèle à rétablir cet
de s'exercer cependant dans la pratique des institut dans sa première ferveur. Enfzn elle
choses qu'il espérait vouer. Elle trouva le l'exhorta dans^ des termes si pressants
,
P. Jean de Saint-Mathias plus propre pour qu'il renonça ù sa première résolutjon,
et
son dessein. C'est celui qui a été dans la promit à la sainte de faire tout ce qu'elle
suite si connu sous le nom de Jean de la prescrirait.
Croix, depuis qu'il embrassa cette réforme Sain'e Thérèse ayant ainsi gagné deux re-
dont il a été un des principaux instruments ligieux pour commencer sa réforme, il lui
avec sainte Thérèse. Il ttait lils de Gonçalo sembla que tout était fait mais comme elle
;
d'Yepès et de Catherine Alvarez, et naquit n'avait point encore de maison, elle différa
l'an 15i2, à Ontiveros, bourg de la vieille encore un peu à la commencer. Elle fut à
Castille au diocèse d'Avila. Ses parents , qui Alcala, où on la sollicitait fort d'aller pour
étaient de médiocre fortune tt obligés de vi- régler un couvent de Carmélites qu'une cer-
vre du travail de leurs mains, ne se trou- taine mère, Marie de Jésus, y avait fondé
vèrent pas en état d'envoyer leur fils aux sous une réforme particulière et différente de
étudts-, mais il trouva des patrons qui vou- la sienne. Elle modéra leurs grandes austé-
lurent bien se charger de son éducation. 11 rités et leur donna les constitutions qu'elle
répondit si bien aux intentions de ses bien- avait dressées pour son preuiier monaslère
faiteurs, qu'il se rendit en peu de temps de Syinl-Joseph d'Avila; mais elle ne put
habile dans les sciences, et conserva son in- pas obtenir d'elles de se soumettre à l'obéis-
nocence et la pureté des mœurs parmi tous sance del'ordro. Il y a eu depuis, dans la même
les dangers de la jeunesse. A l'âge de vingt- ville, un couvent de sa réforme, qu'on ap-
un ans, voulant embrasser un genre de vie, pelle les Carmélites du Saint-Sacrement, ou
il crut qu'il ne pouvait pas mieux faire, de Corpus Chrisli, pour les disLinguer des
pour se garantir des pièges que lo monde lui autres Carmélites de la mère Marie de Jé-
tendait, que d'y renoncer entièrement et de su.s qu'on appelle de l'Image. Après avoir
se retirer dans une maison religieuse, comme satisfait aux désirs de la Tondatrice de ce
dans un asile et ud port assuré. Il choisit couveni, elle fut à Malagon pour y faire ua
,
couvent de Paslr.uK! liint d'auslérités et de et lui marqua comme pour prison un cou-
morlificalioiis, qu'il fallut y apporter de la vent où elle devait se renfermer. Mais de
aiudération. Connue le B. Jean de la Croix quelle douleur celte sainte n'aurail-elle point
avait exercé la charge de nuulre des novices élé |)énétrée si elle avait vu la persécution
avec beaucouj) <le |)rudence et de saiicsse à que les Réformés, ses propres enfants, susci-
Durvelle et à Manzère, il l'ut envoyé à Pas- tèrent au B. Jean de la Croix, «ju'iis de-
trane pour y exeicer le niê.ne emploi. Il Vi'ient r( garder et respecter comme leur
parlil pour ce sujet de Manzère le 13 octobre père? Avant que ces désordres arrisasscnt,
1370, et étant arrivé à Paslrane, il trou\a le celle sainle était morte à Albe l'an 1382, en
noviciat compose de qualiirze religieux, sa- revenant de Rurgos, où elle avait encore
voir :dix novici's et quatre profès, à qui il fondé un monastère de lilles. Elle était âgée
donna de si bonnes instructions, qu'ils fu- de soixanle-sepL ans, six mois et quelques
rent dans la suite d'excellents religicu'v. Il jours, et avait passé quarante-sept ans en
ne fut pas néanmoins luniitemps dans ce religion, savoir vingt-sept parmi les Carmé-
:
avait pensé ruiner la régularité par un z '1q semblée comme une peste publique. Ils lé
indiscret. Le B. Jean de la Croix y lit des reléguèrent dans le plus misérable couvent
ctjangements plus confc^rmes à l'esprit de la qu'ils eussent à la campagne, avec ordre
règle. Il ne resta pas encore longtemps dans d'empêcher qu'il ne fût visité de personne-
ce couvent; car sainte Thérèse, qui avait élé et voulant se défaire de lui, ils résolurent de
élue prieure du monastère de l'incariiation l'envoyer aux Indes, sous prélextv; de quel-
d'Avila, son ancien couvent de profession, que mission ; mais Dieu 1 arrêta par une
l'y Ct venir pour être confesseur des reli- violente maladie, et les supérieurs l'envoyè-
gieuses, afin qu'elles pussent par ses bons rent dans le couvent d'Cbeda, ville de l'An-
avis se sounîellre à la réforme qu'elles dalousie. Il y fut porté tout couvert d'ulcè-
n'avaient pas voulu enibrasser, ce qui lui res par tout le corps, et y trouva le prieur,
réussit parfaitement, la sainte ayant vu les homme vindicatif, qui ne put dissinmier la
esprits les plus rebelles de ces religieuses se satisfaction qu'il avait d'avoir en i-a puis-
rendre dociles et se soumettre. sance celui qu'il regardait comme soii enne-
Mais lorsque le B. Jean de la Croix tra- mi, parce qu'il l'avait repris de quel(|nes dé-
vaillait si efficacement pour le bien de la ré- fauts lorsqu'il était son supéri ur. Il lui re-
forme, il eut une grande persécution à souf- fusa tous les soulagements nécessaires, et
frir de la part des Carmes Mitigés, qui, regar- défendit même aux religieux de l'aller con-
dant celle réforme conmie une rébellion soler. Ce fut au milieu de ces maux et de
contre les supérieurs de l'ordre, voulurent ces persécutions que ce saint homuie, après
le traiter comme un fugitif et un apostat. Ils les avoir soufferts avec beaucoup de pa-
envoyèrent une troupe d'archers et de sol- tience, de douceur et d'iiumililé, rendit tran-
dats qui enfoncèrent la porte de l'hospice quillement son esprit à son Créateur, le li
où il demeurait, le saisirent et l'emmenèrent décembre de l'an 1391. Dieu fit connaîlie
en tumulte dans les prisons de leur couvent. après sa mort la sainteté et la gloire de son
L'estime et la \énération publique où élait servi eur par plusieurs miracles qui ont en-
ce saint homme dans Avila leur fit appré- X
fin obligé le pape Clément à le béatifier,
hender qu'on ne le leur enlevât c'est pour- ; l'an 1673.
quoi ils le transférèrent à Tolède et le ren- Sainte Thérèse avait eu la consolation, en
fermèrent dans un cachot où le jour n'en- mourant, de voir plus de dix-sept couvents
trait que par une ouverture de trois doigts. de filles et quinze d'hommes de sa reforme.
]| y demeura neuf mois, traité au pain et à Son institut fut porté d," son vivant aux In-
l'eau, quoiqu'il y lut toujours malade, et ce des, et après sa i^iort il s'étendit en Italie, en
fut par une espèce de miracle qu'il ne mou- France, dans les Pays-Bas et dans toutes les
rut point jnais Dieu se servit du crédit et de
; provinces de la chrétienté. Ces maisons de
l'industrie de sainle Thérèse pour le délivrer réforme demeurèrent d'abord sous l'obéis-
et lui donner la liberté. sance des anciens provinciaux Mitigés, ayant
Il n'y avait pas à s'étonner que des per- seulement des prieurs parlieuliers pour
sonnes qui étaient si fort opposées à la ré- maintenir la nouvelle discipline. Celte union
forme lissent ce qu'elle.^ jiussent pour perdre subsista jusqu'en l'an 1380, que Grégoire
ceux qui en étaient les auteurs. Sainte Thé- Xiil, a la prière de Philippe II, roi d'Lspa-
rèse avait expérimenté elle-même jusqu'où gne, sépara entièrement les Héformés d'avec
pouvait aller leur passion puisque leurs
,
les Miiij:és Sous ro!)éiss;ince d'un provin-
,
calomnies et leurs médisances ayant été cial particulier, soumis néanmoins au ccnc-
DlCTiOANAlUE DES OiiDilliS RELlGIELi. L 21
6Si DICTIONNAIRE DES ORDRES RELIGIEUX. ۥ52
rai de tont l'ordre. Sixte V, en 1587, voyant Rogations. Aux jeûnes d'Eglise on ne leur
que les couvents se multipliaient, ordonna donne à la collation que quelques fruits
qu'ils seraient divisés par [rovincc, et leur sans pain, ou un peu de pain sans fruits, et
permit d'avoir un vicaire généra!, ce qui le vendredi saint ils le jeûnent au pain et à
sabsisla jusqu'en l'an lo93, que le pape Clé- l'eau. Leurs frères donnés ou convers font
raenl Vill sépara entièrement les ïlclormés deux ans de noviciat, après lesquels ils ne
d'avec hs Mlîigés, et permit aux Réformés font que des vœux simples. Lorsqu'ils ont
d'é ire un général. Le même pape, en 1600, demeuré cinq ans dans l'ordre, ils sont ad-
»épara encore les Réformés en deux congré- mis à un second noviciat d'un an, après le-
galinns différentes, sous deux différents quel ils font profession solennelle; mais s'ils
généraux. ont resté six ans dans l'ordre, sans deman-
Dès l'an 1586, ils avaient obtenu un coa- der à faire la profession solennelle, ils n'y
vcnl à Gênes; le pape Clément MI! leur sont plus reçus dans la suite, et doivent de-
offrit un at.tre établissement à Rome, l'an meurer dans leur vocation sous l'obligation
lot)7, qui est celui qu'ils possèdent présente- des vœux simples.
ment sous le nom de Notre-Dame délia Les religieuses sont soumises aux supé-
Sc.'ila. Mais les Espagnols s'y opposèrent, rieurs de l'ordre en quelques endroits, et en
prétendant que la réforme de sainte Thé- d'autres aux ordinaires des lieux. Elles doi-
rèf:e ne devait pas sortir hors du royauirre vent vivre d'anmone et sans aucuns revenus
d'Espagne , et le roi Philippe 11 ordonna aux villes riches; autant que cela se peut
même a son ambassadeur à Rome d'empê- faire commodément, et aux lieux où elles ne
cher que ces religieux ne s'y établissi.'nt. peuvent pas vivre des aumônes seules, il leur
Nonobstant ces oppositions, le pape voulut esi permis d'avoir du revenu en commun.
qu'ils prissent possession de celle égiise de Aux monastères qui sont reniés l'on n'y peut
Notre-Dame délia Scala le 2 février 1596. recevoir plus de quatorze filles , jusqu'à ce
C'est ce qui a donné lieu à la division des qu il y ait du revenu suffisant pour en avoir
Carines Déchaussés en deux congrégations davantage, si ce n'est que quelqu'une appor-
différentes car ce pontife, par un bref du
:
tât à la véture du bien suffisamment pour
2 mars 1597, orJonaa que» les couvents de en nourrir p^us que les quatorze. Aux mo-
Gènes, de Rome, et un autre de religieuses nastères qui sont pour être pauvres et non
qui était aussi à Gênes , ne dépendraient rentes, le noiabre des religieuses du chœur
plus du général ni des religieux espagnols, ne doit être qije de treize, et dans les cou-
et seraient souinis à la juridiction du cardi- vents rentes vl ne peut pas y en avoir plus de
nal Pinei i, pour lors protecteur de Tordre; vingt, y compris les sœurs converses. En
et l'an 1600 il érigea ces trois couvents en été elles se lèvent à cinq heures et font
congrégation, leur donnant un commissaire oraison jusqu'à six; en hiver elles se lèvent
gén'erii!. ils ont eu dans la suite un général, à six lîeures et font oraison jusquà sept, et
et celte congrégation qui se nomme de
,
avant le souper elles ont encore une heure
Saint-Elic, s'est si fort multipliée, qu'elle a d'oraison. EUes jeûnent depuis l'Exailalion
préseniement dix-sept provinces en France, de la sainte croi\ jusqu'à Pâques, ne man-
en Italie, en Allemagne, en Pologne, en gent jamais de viande, si ce n'est dans les
Flandre et en Perse, dans lesquelles il y a maladies; et aux jeûnes d'Eglise et tous les-
plus fie trois mille religieux. vciidredis de l'année, excepté ceux qui sont
Celle d'Espagne, qui a six provinces, et entre Pâques et la Pentecôte, eli; s ne man-
qui s'ejtétenJue jusque dans les Indes, gent ni œufs ni laitages. Le silence leur est
n'est pas moins nombreuse, elles deux, con- recommandé depuis compîies qu'elles disent
grégations ont des maisons professes, novi- après souper, jusqu'à prime du lendemain.
ciats et collèges. Quelques-uns de ces cou- Outre les disciplines de verge au jour qu'on
vents ont des renies, 'd'autres ne possè- fait de la férié en carême ou en avent, et en
dent rien. Dans chaque province il doit y tout temps, les landis, mercredis et vendre-
avoir un ermitage ou désert dont nous
,
dis, elles la prenneat encore tous les vendre-
parlerons dans la suite en rapportant
,
dis de Tannée pour l'augmentation de la foi,
aussi les observances qu'on y pratique. la conservation de la vie et dos Etats des
Qmint à celles des autres maisons, les reli- princes souverains, pour les bienfaiteurs,
gieux se lèvent à minuit pour dire matines, pour les âmes du purgatoire, les captifs et
excepté dans les maisons d'études ou col- ceux qui sont en péché mortel, et ee durant
lèges. Ils ont deux heures d'oraison par l'espace d'un Miserere et quelques oraisons.
jour, l'une le malin, l'autre après vêpres, lis
prennent la discipline tous les lundis, mer- Ces religieuses aussi bien que les religieux
credis et vendredis, après compiles. Ils ne onl une tunique et un scapulaire de couleur
mangent jamais de viande, à moins qu'ils ne minime et un manteau blanc étroit. Les re-
soient sur mer dans les voyages ils peuvent
;
ligieux! mettent par -dessus le manteau
manger des légumes ou herbages cuits avec un capuce, aussi blanc, et les religieuses
la viande. Ils jeûnent depuis la fèfe de l'Exal- leur scapulaire p ir dessus la guimpe. Les
tation de la sainte croix jusqu'à Pâques, tous uns et les autres couchent sur des paillasses
les vendredis de l'année, les veilles des fêtes posées sur trois ais. Los reli-ieux vont nu-
de la Vierge, du prophète Elle, du Saint-Sa- pieds avec des sandales de cuir, et les reli-
crement, la veille de saint Marc, si elle n'ar- gieuses ont pour chaussure des souliers
rive pas un dimanche, et les trois jours des ou sandales de cordes que les Espagnols
653 CAR CAR 6U
appellent alpergates, et des bas a une étoffe tonrs et les Pères de la province de Rome,
grossière comme hi robo. au sujet du gouvernement de ce séminaire,
Oulre les deux congrégations de Carmes le P. Dominique de la Sainte-Trinité, Fran-
Déchaussés dont nous avons parlé, il y en çais, pour obvier aux inconvénients qui
eut une Iroisièmo qui prit aussi naissance. pouvaient arriver de ces différends, qui ne
en Italie, mais qui fut supprimée dans son pouvaient être que préjudiciables aux mis-
berceau. Dès le coriimencrment de la sépa- sions, chercha les moyens de pouvoir trang.
ration des deux conî^régations d'Espagne et férer ce séminaire en un autre lieu, et le
d'Italie, il y eut de la contestation entre rendre immédiatement soumis aux généraux
ellesau sujet des religieux de cette réfor- et à SCS définitcurs. Il y réussit et obtint
me, que les papes Clément VIII et Paul V pour cet effet du cardinal Maildachini, l'an
envoyèrent eu Perse, en 160i et 1605, en qua- 1662, l'église et le monastère de Saint-Pan-
lité de missionnaires apostoliques. Ceux crace hors des murs de Home, qui avaient
d'Espaa^ne prétendaient que, d'envoyer des appartenu aux religieux de Saint-Ambroise,
religieux dans des pays étrangers, c'était dont l'ordre avait été supprimé, et duquel
aller contre l'esprit de leur réiorme ceux ; monastère le cardinal JMaildachini était
d'Italie soutenaient, au contraire, que ces abbé comraendataire. Ce général fit rebâtir
sortes de missions étaient conformes à l'es- l'église et rétablir les lieux réguliers, et les
prit de la réforme. Il y eut même des Espa- bâtiments ayant été achevés en 1665, il
y
gnols qui entrèrent dans leur sentiment, transféra le séminaire des Carmes Déchaus-
entre autr s le P. Thomas de Jésus, qui sés, qui, depuis ce Icmps-là, a toujours été
écrivit en faveur des Italiens. Mais comme soumis immédiatement au général de cet
c'était un saint homme qui avait un grand ordre et à ses définileurs, qui y envoient
zèlii pourlo salut des âmes et qu'il appré- les sujets qu'ils jugent les plus propres pour
hendait que ces contestations n'empêchas- les missions. Ils y apprennent pendant trois
sent le fruii que les missionnaires de leur ans les langues orientales, et, huil jours
réforme pourraient faire, il persuada à Paul V après leur arrivée dans ce couvent, ils doi-
d'ériger une congrégation de Cannes Dé- vent faire vœu d'aller en quelque mission
chaussés, dont la -Mn serait uniquement de que ce soit pour la conversion des héréliijues
procurer le salut des ûmes dans les piys et des infidèles, à la volonté de leurs supé-
étrangers, soit parmi les infidèles, soit parmi rieurs. Ces missionnaires ont déjà des mai-
les schismatiques et hérétiques. Il s'asso- sons à Hispaham, capitale de Perse, ?ii!di
cia pour cet effet avec quelques religieux et Tatah dans les Etats du Mogol, dans le
des congrégations d'Espagne et d'Italie, et Malabar, à Bassara, au mont Liban à Aîep, ,
obtint du pape un bref du "22 juillet 1608, qui à Goa et en plusieurs autres lieux, tant de
les exemptait delà juridiction de ces deux la Syrie que des Indes orientales.
congrégations, et les incorporait dans une Cet ordre a pour armes chape d'argent et
nouvelle congrégation que Sa Sainteté éri- de couleur tannée, ce dernier teri^Tiné en
geait sous le nom de Saint-Paul, pour tra- croix, accompagnée de trois écOiles de l'un
vailler à la conversion des infldèles, et nom- en l'autre, deux en chef et urie en poi îte,
mait le P. Thomas pour commissaire géné- ré:u timbré d'une couro ine ducale, d'où
ral de celle nouvelle congrégation. On avait sort un bras vêtu d'une étoffe de couleur
déjà commencé un monastère pour les reli- tannée, ayant en main une épée à laquelle
gieux de cette congrégation, près de la place est attaché un rouleau avec celte devise :
Farnèze à Rome, lorsque les deux congréga- Zelo zelalus sum pro Domino Deo exerci-
tions d'Espagne et d'Italie, s'élant accordées tuum; la couronne surmontée de huit étoiles
ensemble, obtinrent du pape la suppression d'or disposées de manière qu'elles ferment
de cette nouvelle congrégation par un bref la couronne.
du 7 mars 1613, qui portait aussi que le mo- Voyez les historiens Carmes que nous avons
nastère qui avait été commencé près de l'é- ci-devant cités avec Francisco di S. ?\Iaria,
glise de Sainte-Susanne, aux Thermes de Reforma de los Descalcos de nostra segnora
Dioclétien, servirait pour toujour^de sémi- del Carmen ; la même traduite en français par
naire pour les missionnaires (jui seraient le par le
P. Gabriel de la Croix, et en italien
destinés pourlaconversiondesinlîdèleset des P. Gaspard de Sainl-Michel. Alphonse de la
hérétiques. Ce monastère étant en état d'être Mère de Dieu a donné le catalogue des écri-
habité, le P. Jean de Jésus, qui était pour vains des Carmes Déchaussés, qui se trouve
lors général, obtint du môme pontife l'érec- imprimé à la fin de l'histoire des Hommes
tion de ce séminaire, sous le litre de la Con- illustres de l'ordre des Carmes, par Emmanuel
version de saint Paul, et que les trois mille Roman, imprimée en espagnol et en italien.
écus romains, que le baron Cacurri avait;
laisséspar son testament pour les missions § III. — Des exercices et observances des Car-
des Carmes Déchaussés ,y seraient appliqués. mes Déchaussés dans leurs déserts.
L'on y fit venir, l'an 1620, deux religieux Monsieur de Tillefore, d ms ses Vies des
de chaque province, qui donnèrent com- saints Pères des déserts d'Occident, consi-
mencement à ce séminaire des missions, dans dère les Carmes Déchaussés comme des so-
ce couvent de la Conversion de saint Paul, litaires par état, cl qui par accident travail-
quia clé appelé dans la suite Notre-Dame lent au salut des âmes, pour concourir avec
de la Victoire. Mais comme il y eut quel- les autres religieux à l'oeuvre de Dieu lors-
ques diflerends entre le général, ses déiini- que l'Eglise a besoin de leur ministère; c'est
€55 DICTIONNAIRE DES ORDRES RELIGIEUX. 656
poure^uôi, après avoir décrit les excrcicts jeunes profès, aux malades, aux débiles, aux
réguliers el les observances des Canialiiules, mélancoliques, aux valétudinaires, à ceux
des Chartreux, d.'S religieux de Seplfonds, qui ont peu d'inclination aux exercices spi-
de la Trappe et d'Orval qui vivent en soli-,
rituels. Aucun religieux n'y peut demeurer
taires, il parle aussi de ce qui se pratique moins d'une année, si ce n'était que pour
dans les déserts des Carmes Déchaussés, et se disposer aux prédications du carême ou
a même donné le plan du désert el du mo- à quelqu'autre occupation semblable , on
nastère de ces religieux près de Louviers trouvât à propos de l'y laisser quelques
en Normandie, au diocèse d'Evrcux, fondé mois; mais tout le temps qu'il y demeure, il
par Louis le Grand. Et le P. Cypricn, de la doit assister à tons les exercices sans aucune
Nativité de la Vierge, donna aussi, en 1651, dispense, de même que les autres religieux
la description de ces sortes de déserts, afin qui y sont conventuels, sans s'appliquer au-
d'exciter quelques personnes pieuses à leur cunement à l'élude, mais seulement à l'o-
en fonder un eu Fr.ince, où jusqu'alors ils raisonet aux lectures spirituelles; car toules
n'en avaient point eu car ce ne fut que l'an
; sortes d'études scolastiques, s lit de philo-
iCGO que celui de Louviers fut fondé par sophie, de théologie ou telles autres que ce
le roi. puissent être, sont défendues dans ces dé-
Les constitutions des Carmes Déchaussés (1) serls; et pour y maintenir l'observance en
ordonnent qu'il n'y aura dans chaque pro- sa vigueur, le provincial doit veiller à ce
vince qu'un seul de ces couvents qui sont qu'au moins il y ait ordinairement quatre
bâtis à la man ère de ceux des Chartreux; religieux qui y demeurent toujours, toute-
el com r e l'exlrcme solitude et l'austérilé de fois (le leur bon gré et à leurs instances, afin
ceux qui résident dans ces déserls deman- que par leurs exemples ils puissent instruire
dent que ces monaslcies aient une grande et furmer les nouveaux soiilaircs, si ce n'est
enceinte, ils daivent être situés pour l'ordi- qu'eux-mêmes demandassent enfin d'en sor-
nairo dans des foréls, et être diversifiés de tir, ou que leur santé ou d'autres raisons ne
lieux champêtres et agréabies,de vallons, de leur permissent pas d'y demeurer plus long-
collines, de fontaines el d'autres mélanges qui temps.
sont propres pour le recueillement intérieur. La principale fin de l'inslitulion de ces
A la première entrée, le portier, saluant le déserts est que les religieux qui y demeu-
religieux qui vient pour demeurer dans le rent secourent toute l'Eglise, et profitent à
désert, lui dit seulement ces paroles Loué : tous les fidèles, par leurs oraisons conti-
soit Notre-Seigneur JcsHs-Chrisl, votre révé- nueles, par leurs veilles, leurs mortifica-
rence {ou voire charité) soit la hieiivenue , tions et d'auires œuvres pieuses; c'est pour-
après quoi il garde le silence; mais avant quoi les constitutions ordonnent que dans
que de le conduire au cloître, qui est éloigné ces sortes de monastères toutes les messes
d'environ un de(ni-quart de lieue, et de iré- seront offertes à Dieu el appliquées pour le
sen'er sa patente au prieur, il lui fait lire progrès de l'Eglise, pour l'avancement spi-
quelquesavis qui sont écrits sur une (ablette, rituel de Tordre, pour les obligations et né-
et qui sont, qu'on ne doit point parler en ce cessités du désert, et pour les bienfaiteurs
lieu de nouvelles, qu'il y faut faire ce que de la congrégation, sans qu'on puisse rece-
font les autres, et apprendre à se taire. voir aucune aumône pour les messes; el
Lorsque le supérieur a examiné la patente tout ce qui est nécessaire pour l'entretien
du nouveau solitaire, il as-semble la commu- des religieux et pour leur nouiriture doit
nauté le même jour, et le solitaire, revêlu de élre fondé et suffisamment pourvu, sans
sa chape ou manteau, est conduit dans le qu'on soit obligé de recourir à l'assistance
chœur devant le crucifix, oîi on allume des des séculiers.
cierges; tous les religieux font oraison av^c Le silence y est très-étroitement gardé; il
lui,el après avoir récité l'hymne Ven\ Crea- n'est permis à aucun religieux, tant de jour
tor Spiritus, le mène dans un lieu dési-
on que de nuit, de dire un mot aux séculiers
gné pour réceptions, où le supérieur
les ni aux religieux, si ce n'est au supérieur
commande à quelques-uns des religieux de que chaqtie religieux peut aller trouver
lui donner quelques bons avis pour profiter quand il le juge à propos; et, quoiqu'ils
du séjour qu'il fera en ce désert ce que le ; puissent se servir de signes, et qu'ils portent
nouveau venu écoute avec beaucoup dhu- tous une petite ardoise ou des tablettes qu'ils
mililé, ayant les yeux baissés, quand même se présentent les uns aux autres pour ex-
il serait des plus anciens de la congrégation, primer leurs nécessités, quand il s'en offre
et que celui qui lui donne les avis serait un quelqu'une, il ne leur est pas néanmoins
des plus jeunes; après qu'il a été suffisam- permis d'user beaucoup de ces signes, pour
ment instruit de ses obligations, les Pères et ne point violer par celle voie la rigueur du
les Frères l'erabrassent, el on le conduit en silence. Cependant dans les grandes solen-
silence en sou logement. nités ou aux fêles de première classe, le su-
Le nombre d< s religieux qui demeurent périeur permet aux solitaires de parler après
dans ces déserls ne doit pas excéder celui vêpres pendant une heure et demie seule-
de vingt dealinés pour le chœur pour les : ment, de choses spirituelles, mais personne
frères laïques, il doit y en avoir suffisam- ne peut se servir de catle permission, s'il
ment pour le service de la maison. La de- n'est avec toute la communauté; en sorte
meure en est inierJite aux novices, aux (l^ue les ofiiclers qui sont occupés à leur»
fait avec cérémonie h l'exemple des anciens solitaires, qui sortent de l'enceinle «iu désert
Pères du désert; car le premier dimanche de pour recouvrer leur santé en quelque autre
l'a vent et le premier dimanche de carême, lieu, se présentaientdans cet intervalle ponr
tous les r* lîgi«'ux assemblés, après avoir ouï y entrer, on leur refuserait la [ortc ils n'y ;
une exhorlalion, ceux qui ont obtenu du su- peuvent être admis que lorscjne, étant par-
périt ur la permission de demeurer dans ces faitement rétablis, ils y relournenl pour
y
ermitages, reçoivent publiquement sa béné- demeurer et y faire les exercices comme les
diction et s'y relireiit ensuite, ils n'y voient autres.
jam.iis personne, et ne vivent (lue de fruits Le P. Cypriende
la Nativité de la Vierge,
et de quelques herbes crues ou cuites mal Description de sert s des Carmes Bécliaus-
(/p.f
assaisonnées. Les jours de dimanche ces ses. De \'illefore, Vies des saitits Pères des
anachorètes doivent se rendre au monas- déserts d'Occident, tom. II.
^ DlCTIOiNNAIRE DES ORDRES RELIGIEUX. '650
core tout entière. Madame de Soyecourt, maître des comptes à Paris, et femme de M.
ancienne Carmé ite, y rétablit une commu- Acarie, aussi maître des comptes. Plusieurs
uauté do filles de son ordre et l'a habitée jus- personnes en avaient déjà eu la pensée; mais
qu'en l'année 1845, éijociue à laquelle elle le malheur des temps en avait empêché
conduisit ses religieuses dans une autre mai- l'exécution. M. de Santeuil avait été chargé
son de la même rue. Elle avait eu, dit-on, le premier d'aller en Espagne pour cîmener
l'heureuse pensée de céder son établisse- quelques-unes de ces religieuses en France,
ment aux Cnrmes Déchaussés, pour y réta- mais il n'en put obtenir aucune; M. de Bre-
blir une maison de leur réforme. Malheu- tigny ne réussit pas mieu'? dans un second
reusement elle n'en a rie fait, et le mo- i voyage qu'il fit aussi en Espagne pour le
nastère ef.t occupé aujourd'hui par des prê- même sujet. Ces difficultés ne rebutèrent point
tres séculiers qui s'occu])eni du ministère et mademoiselle Acarie. Comme elle était pour
de l'étude. Les religieux de la maison étaient, lors le premier mobile de tout ce qui se fai-
au milieu du dernier siècle, au nombre de sait de grand pour le bien de l'Eglise, elle
cinquante. La dot était volontaire, mais l'an- engagea M de Béruîc, qui fonda peu de
née du noviciat se payait 400 livres. En l'an- temps après la congrét^ation des prêtres de
née 1814, un ancien Carme Déchaussé, M. l'Oratoire, et fut ensuite cardinal, d'aller
Duménil, dit en religion le P. Bruno de Saint- pour une troisième fois en Espagne chercher
Sulpice, ayant le titre de commissaire géné- de ces religieuses. Il y alla, et malgré les
ral et de provincial des Carmes Déchaussés, oppositions que le démon forma à ses des-
entreprit de rétablir son ordre en France, et seins, les embûches qu'il lui dressa sur les
commença une maisoo à Paris, au faubourt? chemins et les dangers de mort où il le jeta,
Saint-Marceau, entre les rues de l'Epée de il revint en santé à Paris, et y amena de
Bois etNeuve-d'Orléans, sur la paroisse Saint- Madrii six religieuses Carmélites de sainte
Médard. L'époque était favorable, et avec de Thérèse, remplies de son esprit et de son
la constance le projet pouvait être amené à zèle.
une heureuse fin. Déjà le resiaurateur avait Pendant que M. de Bérule était en Espa-
réuni quelques jeunes gens et comptait , gne, mademoiselle .\cirie chercha une fon-
parmi ses novices M. T., aujourd'hui évêque datrice pour le njonastère de ces religieuses;
de M. Les exercices étaient en activité; mais elle trouva la princesse Catherine d'Orléans
le retour de Buonaparte inspira une terreur de Longueville, qui obtint du roi l'agrément
panique au prinlea^ps de l'année 1815, la
;
pour cet établi sèment et une bulle du pape
petite communauté se dispersa pour ne plus Clément Vlll, l'an 1603, qui, en le confir-
se réunir. M. Duménil. homme respectable, mant, fil des règlements pour la conduite et
mais timide apparemment, et qui nous a paru la direction du monastère de ces premières
avoir plus de piété que d instruction, a été Carmélites de France et des autres qui se-
depuis curé de Lonjumeau et est mort à Ver- raient fondés dans la suite. Le lieu où ce
sailles chanoine de la cathédrale. Ce saint premier monastère fut fondé', fut le prieuré
prêtre avait une dévotion tonte particulière de Notre-Dame des Champs à Paris au ,
professeur du roi en lamême faculté, et de curent recours aux Carmes Déchaussés sur
•Bérulle, prêtre; et comme il
était besoin la fin de l'année 1617, et les prièrent d'accep-
qu'outre ces trois sui:érieurs il y eût en- ter ce monastère, ce qu'ils tirent, et sur la
core un visiieur, Sa Sainteté nomma pour fin (le l'année 1619 ils allèrent en Flandre
ect effet le coiiimissaire général (ie Tordre pouren amenerdes religieuses, sur lesquelles
des Carmes Déchaussés, cl en atlcndant qu'il les supérieurs de France n'avaient aucune
y eût de ces religieux en France, le général juridiciioû. L'évéque de Tréguier dans le
,
snraît plus favorahîp; mais ils se Irompè- visite conjointement avec ces visiteurs,
renf. Gréj^oira XV, njant été élu le 2')^ lé- comme nous avons dit, le pape Alexandre
vrier pour sonvomm pontife, et l'atTaire VU, par deux brefs des 2 octobre 1659 et 13
ayant été de nouvrau agitée devant lui, se janvier 1661, déclara que les supéricîurs des
conrormi au jugement do son prédécesseur Carmélites de France n'avaient aucun droit
et confirma le pouvoir du visiteur et des su- de visite dans les monastères de cet ordre,
périeurs de cet ordre, par deuv brefs des 20 non pas même conjointement avec les visi-
mars et 12 septembre 1G2i. Les Carmélites teurs. 11 ordonna que la nomination de ces
de ?>ourires en appel;M-eiit comme d'abus au mêmes visiteurs ne leur appartiendrait point,
parlement do Paris; mais le roi, rar deux cl que les visiteurs seraient perpétuels aussi
arré's du conseil d'Etal des 10 seplembre el bien que les supérieurs , à commencer par
13 dcci-nibre de la même année, après ; voir ceux qui exerçaient celle charge el qui étaient
fait voir el examiner ces au conseil,
brs^fs pour lors M. «le liérule, abbé de Ponl-Levoy,
ordonna qu'ils scr tient exécutés, nonobstant el iM. de la Roche-Chouard de Chandenier,
opposilions ou appoliations quelconques. Il abbé de Tournus, tous deux neveux, le pre-
y eut quelques monastères de Carmélites mier du cardinal de Bérule, el le second du
oppo«ées aux supérieurs, qui obéirent: il y cardinal de la Rochefoucaud. Il ordonna de
en eut d'.iutres qui aimèrent mieux quitter l>lus (lue le nombre des visiteurs ne pourrait
le royaume que de n'être poisit sous la juri- être que de deux seulement, et par un autre
diction et direction des î'ères de cet ordre, bref du 11 avril de la même année, il cassa
comnîe celles de Saintes qui sn réfugièrent à l'élection que messieurs de Gamache et
Nancy, capitale du duché de Lorraine, où Grandin, pour lors supérieurs, avaient faite
elles firent nn éîablisscîr.ent. de M. Gauguelin pour troisième supérieur à
Le pape Urbain ^'IiI, par un bref de l'an la place de M. Charton qui était décédé; et
1G23, conOrnia ceux de ses prédécesseurs Sa Sainteté nomma d'autorité apostolique
po!:rla v site du général de l'Oratoire, ccqua pour troisième supérieur le révérend Père
le roi Louis XllI approuva encore et auto- Aimeras, supérieur général de la congréga-
risa par ses Iet!r;s patentes dn 20 mars tion de la Mission ce qui fut confirmé par
,
lG::'i', portant que ce nouveau bref serait si- deux arrêts du conseil d'Etat des 18 février
gniHé et exécuté, sans qu'il eût et''- homolo- et 12 mai de la même année 1661.
gué anirc pirt qu'au conseil d'sîlat de Sa Cependant, au mépris de ces brefs et de ces
Majes!é. En 1626, quelques religieuses Car- arrêts du conseil d'Etat, messieurs Gamache
mélites ayant voulu s'éîablir en Brolagn*^, et Grandin et monsieur Gauguelin, qui pre-
sous la direction des religieux de cet ordre nait toujours la qualité de supérieur de cet
et de celte réforme, il fut ordonné par arrêt ordre, nonobstant les défenses à lui faites de
du conseil dElat qu'elles retourneraient. prendre celle qualité et d'en faire les fonc-
leur maison de profession. Ainsi la paix et tions, puisque sa nomination avait été cassée
la tratKjiiiiliié farent rétablies dans cet par le bref du il avril et l'arrêt du conseil
ordre en!re les religieux, les religieuses, les d'Etat, el les religieuses Carmélites de Pon-
visiteurs et les supérieurs. toise, de Paris, rue Chapon, et de Saint-Denis,
Mais dans la suite les visiteurs elles supé- qui avaicnl surpris, dès le 30 décembre 1660,
rieurs eurent entre eux des différends au su- des lettres patentes de Sa Majesié qu'ils
jet de la visite des monastères que les supé- avaient fait signer contre les formes ordi-
rieurs voulaient fiiire conjointement avec les naires, par un secrétaire du roi, au lieu
visiteurs. Nous avons dit ci-devant que le qu'elles devaient être signées en commande-
pape Paul V avait nommé, pour visiteurs ment par un secrétaire d'Etat, les firent
perpétuels des Carmé'ites, le cardinal de enregistrer au parlement de Paris, qui par
Bérule pour lors général de la congrégation un arrêt du 5 septembre 1661 ordonna que
de l'Oratoire, et ses successeurs en cette la bulle de Clément VllI de 1603, les brefs
charge. Lerévérend Père Charles de Gondren de 1(.'22 el 1623 et lettres patentes préten-
lui suecédi après sa mort qui arriva l'an dues seraient enregistrés , exécutés et ob-
1629; mais, en 1632 il déclara, du consente- servés, sans approbation de la clause por-
ment des prêtres de cette congrégation, dans tée par la ladite bulle, touchant l'autorité
leur asse.'nblée généra'e, qu'il renonçait pour du nonce en France pour léleclion des supé-
lui et pour ses successeurs, supérieurs géné- rieurs, ni que le nonce en vertu de ces bulles
raux de cette congrégation, à l'office de visi- pût prétendre aucune juridiction dans le
teur lies monastères de Carmélites; ce qui fit royaume sur les monastères des Carmélites
que ces religieuses s'adressèrent la même Déchaussées ni que les supérieurs fussent
,
année au pape Urbain VIIÎ, pour y pour- obligés de s'adresser à d'autres qu'à l'arche-
voir. Sur ces contesfatinns, Sa Sainteté vêque de Paris ou à ses grands vicaires,
donna pouvoir à son nonce de nommer un pour la confirmation de leur élection ce ;
visiteur, et sur ce que les mêmes religieuses qui était contraire aux brefs d'Alexandre VII,
lui représentèrent encore, que pour le grand confirmés par les arrêts du conseil d'Etat
nombre de monastères qu'elles avaient, un qui demeuraient sans effet, si celui du parlc-
seul visiteur ne suffisait pas, le pape, par un uîent subsistait.
second bref de l'an 1633, donna encore pou- Le pape ayant eu avis que ces supérieurs
voir à son nonce de nommer un ou deux etplusieurs nmisons de Carinélites qui étaient
autres visiteurs, ainsi (ju'il le jugerait à entrées dans leurs intérêts >nc voulaient
m'opoR. Les supérieurs ayant voulu faire la point consentira rexccution de ses brefs, er^
i
de l'ordre ^ies Carir^éliles Déchaassécs en elles ne se sont pas limitées comme celles
France, de la correction, juridiction cl visite d'E-pagne et les autres qui sont sous la ju-
de tous évêqups, archovèques, primats et de ridiction des Carmes Déchaussés, à n'en re-
tons supérieurs de l'ordre des Carmes, tant cevoir qu'un certain nombre comme il est ,
Mitiffés que Déchaussés, et de tousautres pré- porté par leurs consti'utions.Il y a en France
lats rép;uliers et séculiers, remetlant de nou- environ soixante-deux de ces monastères,
veau cet ordre sous la protection et inviola- dont il est sorti un grand nombre de filles,
ble conscrviition de saint Pierre et du saint- qui ont fait des établi>^sements dans des pjiys
siégo, déchargi-anl cet ordre et les maisons étrangers, comme en Flandre, en Allemagne
reli'^rieuses , du jjouvernemont cl adminislra- et en d'autres provinces. Mademoiselle Aca-
lion do messieurs de Gamathe, Grandin et rie, après avoir procuré rétablissement des
41ineras que S.i Sainlelé r' voqua et de>tilua monastères, de Paris, de Pontoise, d'Amiens
de ces charges d'administrateurs ou supé- et de Rouen, prit l'habit de cet ordre et ne
rieurs, sans que îcsdiis sieurs Gamache et voulut être que sœur converse, sous le nom
Grandin pussent être jamais élus pour ad- de sœur Marie de l'Incarnation. Ce fut dans
mini>tr.iteurs et supérieurs d'aucune maison le monastère d'Amiens, et elle mourut dans
de cet ordre à chacune desquelles supé-
,
celui de Pontoise l'an 1618.
rieures et religieuses de ces maisons Sa De Marillac, Erection et institution de l'or-
S;iinle!é donna pouvoir d'élire, de trois en dre des religieuses Carmélites en France , et
trois ans, leur recteur ou supérieur immé- plusieurs factums^ bulle:^, brefs et arrêts con-
diat qui serait confirmé par son nonce en ccrn'int cet ordre.
France, ouparlordinairedeslieuxcommedé- Dans le cours du dix-huitième siècle, le
lesuédu pnpe,eten( orelaconfirmationdes vi- jansénisme fit des ravages affreux dans plu-
siteurs qui a valent été au para vaut établis, avec sieurs ordres religieux, ainsi que nous le
pouvoir de visiter toutes les maisons de cet dirons en parlant d'Orval, <t comme nous
ordre, sans que les recteurs(iui seraient élus aurions pu le remarquer à l'article des Char-
pussent s'entremettre de la visite, ni les visi- treux qui en furent victimes. Nous devons
,
teurs f;iirc la fonclion de supérieurs, sinon en dire aus.xi qu'il s'insinua dans plusieurs mo-
casd'ahusou demalversationsdela partdeces nastères de Carmélites, entre autres dans
supérieurs, et fit onfin plusieurs règleinents celui des Carmélites de la rue Saint-Jacques,
concernant la clôture , les parloirs et la ré- à Paris. Il y eut même de ces infortunées re-
ligieuses de l'ordre des Carméli'es que tous leur ordre au monastère de Saint-Denis, en
* autres; nonobstant oppositions ou appella- France, où elle mourut le 23 décembre 1787.
tions quelconques, dont Sa Majesté se réserva Les Carmélites furent, comme les autres or-
la connaissance , l'intfrdisai'.t au parlement dres religieux, en butte aux vexations de
de Paris et à toutes autres cours et juridic- l'empereur d'Autriche, Joseph II. Qi-elques-
tions du royaume, et fitderechefdérenses aux- unes de ces saintes filles, venues des Pays-
dits sieurs Gamache, Grandin et Gauguelin Bas ou de la Belgique en France , furent
de prendre qualité de recteurs, supérieurs
la accueillies par madame Louise, dans son
et adiî.inistra'eurs de cet ordre, d'en faire monastère. Ce monastère est aujourd'hui une
aucunes fonctions, ni de se pourvoir aill» urs caserne, et son église sert d'église paroissiale.
que devant la propre personne de Sa M;ijesté, Le chcpur des religieuses étant conservé, on
Elle envoya en même tem[:s des lettres de y montre encore la place qu'occupait ma-
cachet à révoque de Laon pour lors César
, dame Louise, dite en religion, sœur Thérèse
d'Hstrées,à présent^ cardinal, et à l'évéque de de Saint-Augusiin. Une gloire plus brillante
Mende Hyacinthe de Scroni, pour leur ordon- encore pour l'ordre des Carmélites est celle
ner d'exécuter le bref qui leur était adressé, qu'il relire de la mort édifiante des religieu-
ce quils firent par un mandement du 12 no- ses de la communauté de Compiègne, qui fu-
vembre de la même année. rent guillotinées le même jour à la barrière
Toutes ces divisions et ces contestations du Troue, sous le régime de la terreur, et
arrivées dans l'ordre des Carmélites ne don- sont inhumées dans le cimetière de Picpus.
nèrent aucuiîc atteinte à la régularité. Ces L'ordre des Carmélites est rétabli en France,
religieuses ont toujours été en France en si où il compte plusieurs maisons; toutes, une
gr.inde estime, que les principales villes du exceptée,sont,croyons-nous, de la réforme de
royaume ne se sont pas contentées de n'en sain te Thérèse. Il avait, il y a quelques années,
jivcir qu'un seul monastère, plusieurs en trois monastères à Paris l'un dans l'ancienne
:
66? DICTIONNAIKE DES ORDRES RELIGiEUX. 668
maison fondée par ia lùenlioureuse Marie de lent rorip;ine des Carmes que l'an 1J80 ou
riiîcarn.idon rue Saiut-Jacfjues
, mais ou- , liSl, sous le pontifical d'Alexandre III, les
vrant aujourd'hui suria rupd'i'nfer; l'autre, religieux de cet ordre en Flandre en furent
rue Vauî^irard, dans l'ancien couvent des néanmo ns fort scandalisés, et l'on vit pa-
Carmes Déchaussés, et rét;i')li par madame raître de leur part dès l'année suivante un
de Soyecourt , mais IransTré dans Iî même gros ouvrage, composé par le P. François de
rue , dans lo local occupé et abandonné ré- Boîine-Espérance, ex-provincial de Flandre,
cemment par les religieuses de Porl-Roya! ; sous ce titre Historico thcologicun arma-
:
le troisième , rue Cas^ini. Celui-ci est trans- tnentnriiim proferens omnis generis scuta, sive
féré actuellement à Autuu. Il en a aussi à sacrœ Scripturœ,snmmorum ponti ficnm, sanc
Orléans, à Sens, à Nantes, etc. Dans la no- torum Patrum, geogrophorum et doctorum
menclaluie des commsuiaulés de lemmos à tam antiguorumquam récent iornm, auctorita-
Rome, nous voyons leaThérésitiines, dirigées tes, tradi'.iones et radoncs, quitus amicorum
pnr les prêtres séculiers; puis les Caméiiles dis>,idefttiur/i tela sive argumenta in ordinis
,
Bécfiausséefi ,û\r\<^ées par des réguliers. Nous Carmelilarum antiquilaten originem, et ah,
ne savons quelle est cetle disliciclion entre Elia sub tribus essenlialibus votis in Motite
Carmélites Déchaussées et les Tliérésicnnes, Carmelo hœreditariam succtssiGrtem et laïc us~
puisque les lllies de la réforme de sainie que légitime n'in inlerruptain^ vibrata, oier-
Thérèse sonl aussi Déchaussées. Lo désert rantar : L'arsenal historique théologique^ qui
des Crirmes, dont il est parlé au paragraphe fournil des boucliers de toutes espèces on des
précédent, et existant près deLouviers, avait autorités, des traditions et des raisons de la
été rétabli et restauré par madameLouise au sainte Ecriture des souverains pontifes, des
,
Charles II, tendantes, de la pp.rt des Carmes, règle qu'il avait donnée aux Carmes, ils con-
à ce qu'on imposât silence à tous ceux qui sultassent le Père Daniel de la Vierge-Marie,
leur disputent leur antiquité, qu'ils font historiographe de leur ordre et que quand
;
monter au temps du prophète Elie, qu'ils re- ils citeraient l'autorité du cardinal Baronius,
gardent comme leur patriarche et leur fon- ils ne le fissent pas si nûment qu'ils avaient
dateur. fait dans le mois de mars mais qu'ils modi-
,
Ce qui donna lieu à ce différend furent les fiassent un peu les paroles de cet annaliste
trois volumes du mois de mars, de la conti- par quelques commentaires. C'est néanmoins
nuation des Actes des saints, du P.BoUandus, ce qu'avaient déjà fait les c ntinualeurs de
Jésuite, décédé l'an 1665, que les PP. Hins- Bollandus, qui avaient consulté le Père Da-
<^henius et [apebroch, ses confrères, et qui niel de la Vierge-Marie sur ce qu'ils avaient
lui avaient été associés dans ce travail, don-
dit <ie saint Berthold, et qu'il avait approuvé.
nèrent au public r.;n 1668 , où au six de ce lis donnèrent l'an 1673 trois volumes du
mois ils avaient inséré la Vie de saint Cyrille, mois d'avril; mais les Carmes ne furent pas
et au vingt-neuf celle du B. Berthold, ayant
peu surpris lorsqu'au huitième de ce mois,
donné à celui-ci le titre de premier général dans la Vie du B. Albert, patriarche de Jéru-
de l'ordre des Carmes, et à saint Cyrille celui salem, leur législateur, ils y virent que le
4e troisième général. Père Papebroch, qui s'en était déclaré l'au-
Quoique ces savants Jésuiies n'eussent en teur, y avait non- eulcwent avancé que la
cela suivi que le sen'.iraent de Jean le Gros, tradition de l'ordre des Carmes, qui regardait
l'un des généraux de cet ordre, et de Jean
le prophète Elie comme son fondateur, souf-
Paléonydor, religieux du même ordre; qu'ils frait beaucoup de difficulté par les contra-
eussent cité un Traité de I origine et progrès dictions que l'on y trouvait depuis Elie jus-
de cet ordre, attribué au mêoio sain" Cyrille, qu'à Jésus-Christ et depuis Jésus-Christ
,
dont il y a un exeinplaire de l'in ikïQ dans jusqu'au B. Berthold et qu'il
, fallait des
la bibliothèque du collège de Navarre à Paris, preuves solides pour la soutenir; mais qu'il
flue le P. Daniel de la Vierge Marie a inséré prétendait en avoir trouvé une convaincante
dans sa ^ igné du Carmel, et qu'ils eussent que cet ordre n'avait coiumencé que dans le
aussi rapporté le sentiment des savanis car- douzième siècle, apportant pour ia justifier le
dinaux liaronius et Bellarmin, qui ne mct- témoignage de JeauPhocas, témoin oculaire,
(1) Voj/,, à la fin du vol., n" 165, 104, iO;>, lOvi c ilG7.
j669 CAR CAR 670
qui dans sa relation d'un voyage qu'il fit dans néanmoins terminé par la mort de ces doux
la terre sainte l'an 118j dit, en parlant du adversaires des boUandisles; et nonobstant
Diont Carmei, qu'on y voyait la caverne ou le second Arsenal du P. François de Bonne-
grotte d'Elie ; qu'il y avait quelques années Espérance, ils demeurèrent dans le silence
qii'un certain moine revêtu de la dignité de jus(|n'en l'an 1680, qu'ils donnèrent les trois
prêtre , vénérable par ses cheveux bl;incs et premiers tomes du mois de mai. Les Carmes,
ralif de Calabre, étant venu sur cette monta- dans le cours de l'impression de ces trois
gne, après une révélation qu'il eut du pro- volumes, sachant qu on y devait parler de
phète Elle, fil un petit retranchoment autour saint Ange, martyr, de leur ordre, deoiandè-
d'un !iou où l'on voyail encore les vestiges rent au P. Papebroch communication de -
d'un monastrre; et qu'y ayant bâli une tour cette Vie, afin de l'exaininer avant que ces
et une p(tite église, il dejacurait dans colle trois tomes fussent publiés. Il fit d'abord
e«icein(e avec dix religiouxquis'élaiont joinls difficul lé de la leur montrer; mais enfin,
à lui. Cv Phocas avait d'abord servi dans l'ar- voulant les contenter, il l'envoya à Kome à
mée de l'empereur Emmanuel Comnëne. il son général pour la faire voir à celui des
C|uilta ensuite le parti d; s arn-ei;, et s'étant Carmes. Cet examen traîna si fort en lon-
fait moine, il visita les saints lieux l'an 1183, gueur, que les trois premiers tomes de mai
el écrivit la relation de son voyage. Léon Ai- furent achevés avant que l'on eût réponse
latius, natil de la ville de Chio, y tiouva un de Home. Le libraire s'eiinuyant de ne les
manuscrit de ce V03 âge, qu'il crut être l'auto- point débiter, et le P. Papebroch, étant pressé
graphe et dont il envoya une traduction à de partir pour aller en Westphalie, c< nsen-
Amsterdanî à Borthold Nihuse, son ami, qui tit enfin que le libraire exposât en vente ces
le Gt imprimer en 1G53. On le trouve à la tête trois tomes du mois de mai; mais à peine
^es opuscules d'Allatius, et les continuateurs fut-il parti, que le général des Jésuites en-
de Boliandus l'ont mis i<u commencement du voya ordre de retrancher de ces volumes la
second {.orne du njois de mai. Comme il avait Vie de saint Ange, comme il en était convenu
d'abord été imprimé en Hollande ,il parut avec le géi-éral des Carmes. Le P. Hinsche-
suspect aux Carmes, qui lui opposèrent un nius en donna aussitôt avis au P. Pape-
autre voyage fait en lerre sainte par un saint bro( h, qui à son retour aurait satisfait les
Aiîtonin, marîyt Mais ies mêmes conlinua-
. Carmes s'il n'y avait déjà eu plusieurs exem-
teurs deliollandus prétendent que ce voyage plaires de débités, et si ceux qui en vou-
rempli de fables,qu'i.soiit mis aussi au com- laient acheter, et même des Carmes, n'a-
mencement du second toiiie du mois de mai, vaient déclaré qu'ils ne voulaient point
n'a été inventé que par un écrivain du dou- prendre ces trois tomes si la Vie de saint
zième siècle. Ange en était retranchée. On avait su ce qui
Carmes furent surpris que ces conti-
Si les s'était passé à Rome et l'ordre que le géné-
nualeu! s de Btillandus, après la prière qu'ils ral des Jésuites avait donné c'est ce qui
:
leur avaient faie, avaient eu si peu d'ég^ird, excitait davantage la curiosité et l'envie que
dans le prem er tome d'avril, à la tradition l'on avait do voir cette Vie. Le P. Papebroch
de leur ordre, dont le P. Papebroch n'avait consentit donc que ces volumes fussent dé-
hit remonter l'origine que jusqu'au dou- biles tels qu'ils étaient, et s'excusa auprès
zième sjècle, ils ne le furent pas u>oins lors- de son général, qui reçut ses excuses. I\îais
que, dans le second tome du môme mois, ils il s'attira en même temps de nouveaux ad-
virent que le P. Papebroch leur disputait versaires, tant à cause qu'il avait regardé
d'anciens couvents qu'ils prétendaient leur comme apocryphe tout ce que l'on disait de
avoir appartenu avant le douzième siècle, saint Ange, que parce qu'au commencement
et qu'il regardait comme faux et supposés de la Vie du B. Louis Rabata, religieux du
les titres sur lesquels ils appuyaient leur même ordre il avait donné une espèce
,
culum Carmelitanœ historiœ. Mais en com- Carmclilanum sive Historia Eliani ordinis
battant le P. Papebroch, il l'avait fait dune FF. B. M. V. de Monie Cr.rmcio, in qua a
manière honnête, telle qu'elle se pratique sancto propheln Elia origo, per filios prophe-
entre gens savants Le différend ne fut pas
. tarum propagodo, per Essenos, eremitas et
671 DICTIONNAIRE DES ORDRES RELIGIEUX. 674
monachos diffusio et continunta successio né avec modération ; tiré d'un plus grand
exponuntur ; sonctoritm acta aliaque propo- ouvrage, qui a pour titre : [^'héroïque Elle,
nuntur; contra impugnatores propugnacnla par le zèle et les soins du R. P. Vaientin, etc.
et armamentariaj etc-, pcr nyiniodnm R. Pa- Le second était IJeroica Cnrmeli
intitulé :
trem Danielem a Virgtne Marin : Le miroir Régula, a sonctissimo propheta Elia, vita et
du Cartnel, ou Histoire de tordre d'Elie, des eximplo tradita, ab Hierosotymilanis Joanne
Frh-es de Notre-Dame du mont Carmel, dans et Alberto conscripta , ab cujusdam mustei
laquelle Von montre son origine par le pro- scriptoris vilipendiis vindicata per R. P. Va-
phHe Elle, sa propagation par les enfants des lentinum, etc. : La règle héroïque du Carmel,
propli'tes, son étendue et s;i successiori sans donnée par le très-saint prophète Elle, sur sa
interruption par les Esséniens, les ermites et vie et ses exemples, écrite par les patriarches
les moines, etc. Ceux qui avaient eu soin de de Jérusalem, Jean et Albert, et vengée du mé'
ressi n de cet ouvrage, depuis la mort
l'iniî pris qu'elle a reçu d'un écrivain lâche. Le
du P. Daniel, n'avaient pas gardé la même troisième était Ln pomme de discorde, ou
:
modération que lui et y avaient ajouté beau- l'origine du différend entre le P. Papebroch,
coup de choses contre le P. Papebroch et "-es son progr's et son fruit : Pomum discordiœf
confrères, où il paraissait beaucoup d'ai- sive dissidii inler Patrem Papebrochinm ori-
greur. go, progressus et fructus. Enfin le quatrième
Mais quoique les PP. Hinschenius cl Jean- avait pour titre Ilarpocrates Jesuiticus P.
:
ning eussent ou pai t aux volumes des Actes Danielem Papebrochinm, Jesuitam salutaris ,
des saints des mois de mars, d'avril et mai silentii, debitœque palinodiœ monens.
qui avaient déjà paru, et que le P. Baert Toutes ces choses se passaient en Flandre,
travaillât aussi à ceux du mois de mai qui et les Carmes de France étaient trop raison-
furent imprimés dans la suite, néanmoins on nables pour entrer dans ces querelles. Mais
rendit responsable le P. Papebroch seul de MM. Wion d'Hérouval et du Gange, si célè-
tout ce qui éiait dans ces Actes des saints et bres parmi les savants de leur temps et ,
de toutes les criiiques de ses associés et de dont la mémoire sera toujours en grande
leurs commentaires. On vit pour lors un vénération , s'y trouvèrent mêlés malgré
grand nombre de libelles contre le P. Pape- eux. M. d'Hérouval avait envoyé à M. da
broch ,tous également injurieux et sans ; Gange des vers que le P. Jagher, IJénéilictin
pat 1er de ceux qui avaient pour titre Sna- : de Saint-Lambert en Styrie, avait faits en
da Ilarpocratis, Preco Marianus Legis evan- faveur du P. Papebroch, au sujet de son dif-
gclicœ, Amielœ jcsuiticœ, papile Jesuiticum férend avec les Carmes. M. du Cange lui
et non papale Jesuiticum, et plusieurs au- écrivit au mois de septembre 1682, pour l'en
tres, aussi bien que des lettres anonymes, remercier. Il lui marquait dans sa lettre qu'il
des pasquinados et des vers saiiriques, que ne croyait pas que le P. Papebroch dût ré-
r<»n voyait courir de tous côtés contre ce pondre aux libelles que l'on faisait contre
savant Jésuite, on publia en 1683 colui-ci : lui, et qu'il devait négliger ces sortes d'in-
Novus Ismael cujus manus contra omnes, et vei lives ; il du travail im-
faisait l'éloge
omnium manus contra eum, sive P. Daniel mense des Actes des saints; et après avoir
Papebrochius Jesnita omnes oppugnnns, orbi parlé des préientions des Carmes au sujet de
eocpositus per domnum Catnum : Le nouvel leur antiquité, il disait à M. d'Hérouval que
Ismatl, qui otta/ue tous et est attaqué par ces Pères devaient plutôt s'attacher à la vé-
tous, ou le P. Daniel Papebroch, Jésuite, rité, que non pas aller chercher des origines
attaquant tout le tnonde , exposé à runivers fabuleuses, comme faisaient les Grecs et les
par dom Juste Came. On s'y plaint que le P. Romains lorsqu'ils travaillaient à l'histoire
Papebroch ait pris à tache de décrier les or- de leurs villes et de leurs provinces.
dres de Saint-Benoît, de Saint-Augustin, de Cette lettre de M. du Cange ayant été di-
Saint-François, des Minimes, et principale- vulguée, l'on y fit une réponse l'année sui-
ment celui des Carmes. Ces derniers se plai- vante. L'on supposa que c'était AL d'Hérou-
gnent surtout de ce qu'il a remarqué que val qui y répondait; le nom de M. du Cange
c'était ])OUT se divertir que le P. Collandus était désigné sous le titre de conseiller N., et
avait saint Jacques l'Ermite, qui vivait
fait l'on feignit que cette réponse était imprimée
dans le sixième siècle, de l'ordre des Car- à Rome, chez la Roche, à l'enseigne de la
mes. Ce livre était sous un nom supposé; Vérité, quoique effectivement elle eût été
mais le P. Vaientin de Sainl-Amand, histo- imprimée à Liège. Il n'était pas nécessaire
riographe de l'ordre des Carmes, voulut bien que M. d'Hérouval se justifiât et la désa-
que quatre autres parussent sous son nom. vouât le style faisait assez connaître qu'elle
:
Le premier avail pour titre z Prodromus n'était point de lui il était trop ami de
;
Carmelitanus, site li. P. Danielis Papebro- M. du Cange, et ce qu'on y disait contre lui
chii Jesuitœ, acta sanctorum colligentis, erga ne pouvait lui convenir, étant un des plus
Elionum ordinem sinceritas velitalim et re- savants hommes de son temps. L'auteur de
missive discussa, e nutjori opère Elias heroi- celte réponse y a joint une proteslaion où il
CLS inscripto, exccrpta, zelo et studio R. P. dit qu il aurait bien voulu se dispenser de
Vahntini a Sancto Amando ejusdem ordinis, répondre à cette lettre (juc le scandale ;
hisioriograpfiiy antehac sacrœ théologien pro~ qu'elle a causé ne lui permet pas de dissi-
fessoris : Le prodrome du Carmel ou la sin- muler ses sentiments- mais qu il le fera avec
cérité du R. P. Daniel Papebroch, recueillant toute la modération possible. L'on peut ju-
/cç actes des SS. envers l'ordre d'Elie^ exami,' ger 4a cçtie modératioi) par çç qu'\l ajoui^
673 CAR CAR 674
de lui dire, comme Daniel à Nabuchodonosor : parlies. On trouve daiis la première un dis-
Votre demeure sera avec les bêtes. M. d'Hé- cours, (ralernel, dit-on, adressé à l'ordre de
rouval, qui avait méprisé celle méchante la soc été de Jésus, mais qui est bien rempli
piùce, (lunna néanmoins, au mois de décem- de fiel et de bile et dans la seconde partie il
;
bre 1683, un certificat par-devant no. aires, à y a un ôulre discours adressé au P. Pape-
Paris, (ju'il n'y avait eu aucune part, ni di- broch, que l'on représente comme un Her-
rectement ni indirectement, et l'envoya au cule commodien, et sur lequel on fait tom-
P. Papebroch, ce qui mil dans la coiilusion ber tous les coups que son confrère a portés
ceux qui avaient abusé du nom de }i\. d'Hé- à M. de Launoy. Ce discours est fort satiri-
rouval. Cela n'empêcha pas néanmoins que que et est suivi do seize demandes et répon-
l'année suivante les Carmes ne donnassent, ses, dont voici quelques-unes:
sous le nom emprunté de Pierre Fisclier Quis Launoyus ? Papebrochius procellosus
Francon, un libelle intitulé Jesuiticum nihil
: et musca advolans ad exulcerata.
Pntri Papebrochio Jesuitœ, super ipsius cum An Launoyus breviarii romani impugna-
Carînelitis quoad ordinis historiani ,
illius tor? Papebrochius breviarii dilacerator fu-
controversia, Carmeliticis scriptis convicto rentissimus.
et ad silentium redacto, demonstratwn : Le Num Launoyus mendax? Papebrochius
néant jésuitique dans la controverse du P. mendaXf mendacissimus.
Papebroch avec les Carmes, sur l'histoire de An Launoyus, garrulus, inquietus, turbi-
leur ordre, convaincu par les écrits des Car- dus? Papebrochius instar feminœ garrulus,
mes, réduit à garder le silence, où ils insérè- instar Ismaelis turbidus.
rent la réponse supposée de M. d'Hérouval Num Launoyus ignorons? Papebrochius
à la h'ttre de M. du Cange, avec quelques slupidissimus ignorantissimus.
et
autres libelles qui avaient déjà p.iru. Le P. Papebroch et ses confrères, mépri-
Comme on avait rendu le P. Papebroch sant tous ces libelles, avaient gardé un grand
responsable de tout ce qui était dans les silence, et travaillant plus utilement pour le
Actes des saints, quoique ses confrères, as- public, ils donnèrent la même année les deux
sociés à ce grar.d ouvrage, y eussent aussi derniers tomes du mois de mai, qui avec
travaillé, ou lui en demanda compte en deux autres qu'ils avaient dom. es en 1G83,
1688, par le nouveau libelle qui parut sous le Propylœum du n.cme mois, qui contient
ce tilre Débita Papebrochiana, sive palino-
: l'histoire chronologique des papes, et les
diœ cantatœ et canlandœ a Pâtre Daniele Pa- trois premiers tomes qui avaient paru dès
pebrochio. Computo primo per D. J. S. : Les l'an 1680, faisaient en tout huit volumes du
dettes de Papebroch, ou les palinodies que le mois de mai. Ils eurent à la vérité une petite
p. Papebroch a déjà chantées et qu'il chan- alarme la même année, lorsqu'ils virent
tera. Premier compt^ arrêté par D. J. S. Il que le P. Sébastien de Saint-Paul, provin-
en parut un autre à peu près dans le même cial des Carmes de Flandre, qui avait écrit
temps, sous le tilre de Papebrochius Jesuita, en faveur de son ordre, avait mis au com-
historiens conjecturalis, bo7nbardisans in (uiis mencement de son ouvrage une supplique
scmctorum S. Lucum et sanctos Patres, S. adressée au pape Innocent XI, par laquelle
Thomam, summos pontifices, cardinales, anti- il priait ce pontife de terminer leur différend
quas indulgentias et bullas, breviaria et vete- avec les Jésuites. Coumie il avait allégué
res fundationes monasticas, reslinctu^ a domi- beaucoup de choses contraires à la vérité,
no Christiano del Mare : Le feu du P. Pape- les Jésuites se crurent obligés de prév enir les
broch, Jésuite, historien conjectural, bombar- prélats de la cour de Rome , et le P. Jeanning,
dant dans les Actes des saints saint Luc, les l'un des associés du P. Papebroch, répondit
saints Ptrcs, saint Thomas, les souverains aux faits allégués dans la supplique, pour
pontifes, les cardinaux, les anciennes indul- justifier la conduite des continuateurs de liol-
gences et les bulles, les bréviaires et hs an- landus. Mais celte supplique ne fut point
ciennes fondations des couvents, éteint par présentée pour lors, elle avait été imprimée
dom Chrétien del Mare. à Francfort sans marquer l'année de l'im-
Il fallait bien que M. de Launoy, qui avait pression, afin que quand un trouverait l'oc-
écrit contre la bulle Sabbaline, le scapulaire casion de la présenter au pape, elle parût
et la vision du B. Simon Stock, parût aussi toujours nouvelle. Klle fut même réimpri-
sur le Ihéâire. Les Carmes l'y (irent monter mée à Venise quelque temps après, et en
la même annéf, en donnant cet antre libelle : même temps ptoscrile par la républi(|ue, ce
Epistola inf.rinatjr\a ad socielatcm Jesu , qui rassura le P IV'pebroch et sis coni;^.es.
super erroribus Papebrochianis, sive Hercu- . i Mais l'un 1690,leaCurmes, voyant que tcufc
67:5 DICTIONNAIRE DES ORDRES RELIGIEUX. 676
Ce qn'its avaient écrit contre le P. Pape*' Ecriture; d'avoir nié que les Carmes eussent
bioch n'avait pas pu l'obliger à se rétrac eu ce prophète pour fondatiur; d'avoir nié
ter de ce qu'il avail avancé contre l'anti- que les Carmes eussent assisté aux conciles
quité de leur ordre, changèrent de bat'erie, qui se sont tenus depuis Tan W8, et d'avoir
et au lieu qu'aaparaviot ils avaient seule- nié aussi que ces Pères eussent ea des cou-
ment défendu leur cause, ils devinrent les vents en Europe avant le quatorzième siècle.
accusalcurs et les dénonciateurs du P. Pa- L'a!T;;ire alla plus vile en Espagne qu'à
pebrocii, qu'ils cilérenl au tribunal du pape Pi0nie,et l'on fut étonné d'y voir paraître, le
Innocent XIJ , l'accusant que les quatorze 14 de novembre 1659, un décret de l'inqui-
Yolumes des Actes des saints, à la tète des- silion, portant condamnation dos quatorze
quels son nom se trouvait, et qui compre- volumes des Actes des saints des mois de
naient les mois de mars, avril et mai , étaient m rs, avril et ni ù , parce qu ils contenaient
remplis d'erreurs. Le papr^ en renvoya l'exa- plusieurs propositions erronées, héréliques,
men à la congrégation de Vîndi'x; mais les sentant l'hérésie, périlleuses dans la foi,
Carmes, croyant qu'ils auraient pins de cré- scandaleuses, impies, olïensant les oreilles
dit en Espagne, y dénoncèrent aussi ces li- pieuses; schismaliques, séditieuses, témé-
yres à l'inquisilion de ce royaume, l'an 1691, raires, présomplueu?es, offensant plusieurs
et pendant que l'on travaillait à cette aiïaire, souverains pontifes, le saint-siége, la sacrée
le P. Sébastien de Saint-Paul donna, en 1693, congrégation des Rites, le Bréviaire et
nn gros volume des erreurs dont il accusait le Martyrologe romain, méprisant l'excel-
le P. Papebroch, sous le titre iVErpositio er- lence de quelques saints et plusieurs écri-
rorum r/iios P. Daniel Papebrochius Soc. Jcsu vains ; peu respectueuses à l'égard de plu-
suis in notis ad Acta sanctorum commisit, etc. sieurs saints Pères et de très-graves au-
Le P. Sébastien de Saint-Paul prétendait teurs ; et parce qu'ils contenaient aussi des
sn avoir trouvé deux mille, dont les princ - propositions offensant l'état religieux, plu-
pales étaient d'avoir avancé qu'il ne parais-
: sieurs ordres spécial nient celui des Car-
,
sait pas que Notre-Seigneur Jésus-Christ eût mes et plusieurs écrivains de difterentes
,
regardant comme supposés les actes de saint les savants de l'Europe s'intéressèrent dans
Sylvestre, et comme une fable le baptême la défense de l'ouvr&ge que l'Iufiuisition
de l'eniperear Constantin par ce pontife ;
d'Espagne venait de condamner. L'empereur
d'avoir été de l'opinion de Luther, eu assu- Léopold 1", plusieurs princes et prélats d'Al-
rant que la donation du même empereur est lemagne, écrivirent en leur faveur au pape
une pièce supposée; d'avoir douté que la Innocent Xli et au roi d'Espagne et les Jé-
;
sainte face de Noire-Seigneur Jésus-Christ suites ayant présenté une requête au grand
eût été imprimée sur le mouchoir de sainte inquisiteur de ce royaume, p;)ur être écou-
Véronique, eld'avoirmêmedouté aussi qu'il y tes dans leurs défenses, et que leur ouvrage
eût une sainte de ce nom de son tenir que saint
: fût de nouveau examiné ,ils obtinrent ce
sentiment du P. Alexandre, qui prétend que Baert de répondre aux censures qui avaient
Jésus-Christ a vécu trente-sept ans; d'avoir été portées contre leur ouvrage, et qu'on
nié, avec le même historien et les hérétiques, leur donnerait une copie des propositions
que le droit que les électeurs de l'empire qui avaient été dénoncées et censurées. C'est
ent d'élire un empereur leur ai' été donné ce cjui obligea le P. Papebroch de répondre
par le saint-siége; d'avoir encore soutenu, article par article à toutes les erreurs
avec le même P. Alexandre, que le pape Ni- dont le P. Sébastien de Saint-Paul l'avait ac-
colas I^'' s'était trompé en recevant et ap- cusé. Cette réponse contient trois volumes
prouvant les actes du conci'e de Siuuosse; in-quarto, dont le premier parut en 1696,
d"i^voir dit avec les hérétiques que les actes le sec md en 10^8, et le troisième en 1699.
de ce concile étaient faux et supposés d'a- ;
Les Carmes écrivirent de leur côté pour jus-
voir dit au3si, avec M. de Launoy, qu'il ne tifier ie décret de l'inquisition d'Espagne; ils
fallait point ajouter foi à la bulle Sabbaline dénoncèrent même à ce tribunal la lettre de
de Jean XXii d'avoir donné des louanges à
; l'empereur Léopold au roi d'Espagne, comme
M. de Launoy, au P. Alexandre, à M. ne hérétique et schismatique , la prétendant sup-
M srca au chevalier Marsham, à Gérard
, posée, et présentèrent divers écrits au pape
Vossius, à Claude SHaœai:<e et autres sa- et au roi d'Espagne.
vants, dont il avait suivi les sentiments de ; Il y a de l'apparence que l'Inquisition de
n'avoir pas mis dans son Propylœum du ce royaume n'avait pas encore fini la revue
mois de mai, l'année de l'impression; d'a- de ce pro -es l'an 1707, puisqu'ayant fait un
voir nié, contre l'autoritéd; l'Ecriture sainte, index i\e,?, livres défendus, dont la publication
que le mont Carmel fût ancienrremeni \\n se fit celte année à Madrid avec beaucoup
Weu de dévotion d'avoir regardé com:ne
; fa- de cérémonie, les Actes des saints, des con-
ble tout ce que l'oa dit du prophète Etie, tinuateurs de Bollandus, ne se trouvent point
et qui n'est poini marqué dans la sainte dans cet index. Ils eurent un meilleur sort
,,
à Rome où ils ne furent point ftéfris par la ciali etinrUridnafi nota dignis , tum in
censure, et il n'y a eu seolement que le Pro- scriptis dissertationibus et libris inposterum
pylœitm du mois de mai, qui contient l'his- tijpis edendis, tum in pubUcis disputationi-
toire chronologique dos papes, qui y a été bus, ac tliesibus, sub pœna excommwiicatio-
condamné. L'inquisition d'Espagne donna nis latœ sententiœ a transgressoribus ipsd
encore un autre décret le 11 juin 1C97, par facto incurrendœ.
le(inel elle défendit tous les livres, concer- Rursus eensuit, lHiros, thèses, seu scripla
nant le différend des iésuiles avec les Car- quœcumque, contra formam prœfatarum lUte-
mes cl parmi ceux qui sont spéciliés dans ce
; rarum apostolicarum inposterumedenda, eo
décret, l'on y trouve Cflui du P. Sébastien ipso, et abaque alla declaratione, fore et esse
de Saint-Paul, contenant Texhibition des er- prohibila, sub eisdem, pœnis contentis in regu-
reurs dont ii accusait lo P. Papebroeh , et lis indicis librorum prohibitorum; ca tamen
sa supplique au pape innocent XI. Dès l'an- adjecta declaratione, ut per hujusmodi silen-
née précédente Innocent XII avait fait dé- tii imposiionein, nullum majus pondus accé-
fense à ces deux ordres d'écrire l'un ci.>nlre dât uni tel alteri ex dictis sibi adversantibus
l'autre; mais le géncr(^I des Carmes présenta opinionibu.i, sed maneut utraque in statu ac
une supplique à ce pontife, pour le prier terminis quibus modo reperitur, donec aliter
de mettre fin à celte dispute ordonnant , sedi apostolicœ visum fuerit delerminare.
qu'on ne parlerait plus de ces questions et En vertu de ce décret, le pape, par un
qu'on laisserait les Carmis dans leurs pré- bref du 20 novembre de la même année, im-
tentions d'avoir eu pour fondateurs les pro- posa silence perpétuel sur la question de la
phètes Elle et Elisée; puisque. les étaient primitive institution et succession de Tordre
fondées sur les bulles des souverains ponti- des Carmes par les prophètes Eiie et Elisée,
fes, l'Office martyrologes ei au-
divin, les défondant sous peine d'excommunication à
tres pareiid titres.Le pape renvo\a la sup- ceux qui la soutiennent ou la combattent,
plique à la cons:régalion du concile, qui lut de quelque état et condition qu'ils soient, de
d'avis que Sa Sainteté, pour éviter le scan- l'agiter à l'avenir dans leurs écrits ou dans
dale que causait celte dispute, imposerait si- l 'S disputes publiques. Voici la teneur du
lence sur la question de la primitive institu- bref.
tion de l'ordre des Carmes par les prop.hètes
iNNOCENTiUS PAPA XII.
Eiie et Elisée, et elle donna le 8 mars 16i>8,
le décret suivant :
Ad perpetuam rei memoriara.
Redemptoris , ac Doniini nostri Jesu
DECRETUM CONGREGATIOXIS CONCILII.
Christi qui caritas est et JDeus pacis, vices
Cum sanctissiinus nostsr , non sine gravi licet immcriti gerentes in terris, Christi
fide-
animi sni molestia , nuper intetlexerit , acres lium quorumcumque, potissimum vero divinis
obortus fuisse dispulaiiones super primœva obsequiis sub suavi religionis jugo mancipa-^
insticutione ordinis B. Mariœ de Monte Car' torum, uberesque bonorum operum fructus
melo^ iliiusque successions a prophelis Eiia adspirante superni favoris aura proferre ju-
et Elisœo , cum magna Christi p.delium scan- giur satarjcniium quieti et relif/iosœ tranquil-
dalo, ob hujiismodi minus necessarias conCen- iHati, sublalis jur^jUs atque altercadonibus
tiones , pra'sertim inter viras religiosoSy de quœ fraternœ caritatis serenitatem obnuhilare
reôus alioquin minime ad fidei veritatem aut passent, quantum nobis ex alto conceditur^
morum disciplinam pertinenlibus , atque ob consulcre, commissœque nobis a Domino po-
quam plures libros et libellas , acerbiori st}/lo testatis partes desuper interponcre studemuSy
hinc inde desuper conscriplos : adeoque séria sieut omnibus maturœ consideralionis trutina
perpendens , in quantam malorum segetem p^rpensis salubriter expedire in Domino arbi-
hujusmodi dissidiorum zizania succrescere tramur. Cum itaque , sicut non sine gravi
possint, nisi sollicite ex a jro dominico evel- animi nostri molestia accepimus, ex acribus
lantnr ; volensqite apportunum remcdium de- super primœva instilutione ordinis fratrum
super ad'nbere, debitaque citm maturilale in Beatœ Mariœ Yirginis de Monte Carmeloy
hujusmodi negotio procedere, illius examen iliiusque successione a prophetis Elia et Elisœo
sacrœ congregationi Cancilii sedulo discutien- dudum cnalis conteniionibus magnum Christi
dtim remisit. fidelium cjusmodi minus necessarias quœstio-
Quocirca eadcm sacra congregntio die nes, utpote do r(bus ad fidei veritatem, seu
Smarlii WM prœvia diligenti negotii discus- morum disciplinam minime pertinentibus
sione, ac re mature pcrpensa, cemuit, si eidem prœsertim inter religiosos virosy quos vota
sanctissimo D. N. placuerit pcr ejus litteras
,
sua altissimos in sanctilate, ctjustitia, pacc^
apostoticas in forma brevis, molu proprio, et que fraterna reddere decet, summopere impro-
ex certa scientia expediendas et de tnore in
, bantium, scandalum obvenerii, illudque, ob
locis solitis pronnûgandns, imponi passe ac quamplures libros ac libellas acerbiori stylo
debere perpctuum silenlium super prœfata desuper hinc inde conscriptos in dies pluri-
guœstionc, de primœva instiliitione, ac suc- muni augeatur. Jlinc est qitod nos ex injunclo
cesHone ordinis Carmelitarum a prophelis nobis divinitus pastoralis sollicitudinis mu~
Elia et Elisœo; ac hujusmodi silentium perpé- n^re serio considérantes, in quantam malorum
tua servandnm esse a defensoribus utriusque segetem ejusmodi dissidiorum zizania succres-
srntentiœ, ncc non ab omnibus et quibuscum- eere possint, nisi protide ex agro Domini
que aliis cujaslibct gradus status, condition
, evellantur, ac proinde gravioribus perturba-
nis, ordinis, societatis et instituti, etlamlspe- iionibus, quœ prœmissorum occasione in dies
^
oriri passent^ omnem ansam prœcidere, et op- et aliis dec7-etis, eliam motu scientia et po-
,
porlunuin jam exorlis remedium adhibere testatis plenitudine paribus, in génère, vel in
cupienles, habita super iisdem prœmissis cutn specie, seu alias quomodolibet in contranum
venerabilibus fratribus noslris S. R- E. car- prœmissorttm concessis, confirmatis et inno-
dinalibus concilii Tridentini interpretibus ^ vatis. Quibus omnibus, et singulis, etiamsi
qui rem mature discusserant, de illurum con- pro illorum sufficienti derogaiione de illis
silio, ac eliam motuproprio et ex certd scien,' eorumque totis tenoribus specialis, specifica^
tia, ac matura deliberalioue tiustris, deque expressa, indiiidua, ac de verbo ad ver-
et
apostolicœ poteslatis plenitudine, super prœ- bunif non autem per clausulas générales idem
fata quœstione de primœva institutione, ac importantes, mentio, seu quœvis alia expressio
successione ordinis suprndicti a prophetis hnbenda, aut aliqua alia exquisita forir\a ad
Elia et Elisœo, perpetuum siletitium lenore hoc servanda foret, illorum omniuni, et singu-
prœsentium imponiinus; illudque a defensori- lorum tenores , ac si de verbo ad verbum
bus ulriusjue sententiœ, necnon ab omnibus exprimerentur, et insererenlur, nihil penitus
et quibuscunque aliis cujuslibet gradus , sta- omissOy et forma in illis tradita observata,
tus, conditiunis, ordinis, congregationts, so~ ei^dem prœsentibus pro expressis , et insertis
cietatis et instituli, etiam specifica et indivi- habentes, illis alias in suo robore permansu-
dua tnenlione et expressione diynisy tam in ris, ad prœmissoi tim effectum hac vice dun-
scriptis dissertationibus et in libris in p;stc- taxat specialiter, et expresse derogamus, cœtC'
run edendis, quam in publicis disputationi- risque contrariis quibuscunque. Aut si prœ-
bus ac thefibus, sub excommunicationis latœ fatis, vel aliis quibusiibet communiter, vel
sententiœ pœna per contrafacicntes ipso facto divisim ab eadem sit sede indultum , quod
incurrenda^ perpétua servandum esse decer- intcrdici, suspendi, vel excommunicari non
nimus et orditiamus. Prceterea Ubros, thèses possint per litteras apostolicas non facientcs
seu scripta quœcunque contra earumdem prœ' plénum, et cxprcssam, ac de verbo ad verbum
sendum formam in posterum cdenda, motu, de indulto hujusmodi mentionem. Votumus
scientia, deliberalioue et potestatis plenitu- autem, ut présentes lilterœ in valvis ecclesiœ
dine simiiibus, harum série prohibemus sub Lateranensis et basilicœ principis Apostolo-
pœnis et censuris^ in regulis indicis librorum rum, nec non cancellariœ apostolicœ, curiœ-
prokibitorum contentisy illa:jue eo ipso absque que generalis in Monte Citatorio, et in acie
alia decl<iratiompro expresse prohibitis ha- campi i'iorœ de urbe, lit moris est, publicen-
beri volumus et mandamus. Non intendimus tur et affigantur, sicque publicalœ et affixce
tamen per silenlii hujusmodi impositionem omnes et singulos, quos tllœ concernunt, pe-
uni, seu altcri ex dictis sibi adversantibus rinde arctent et officiant ac si unicuique
,
turos; sublala eis, et eorum cuilibet quavis saieiit par les invectives dont ils étaient
aliter judicandi et interpretandi facultate et remplis, qui ne conviennent point à U cha-
auctoritale ubiquejudicari, et definiridebere; rité chrétienne dont les religieux doivent
ac irrituni et inane , si secus super his a quo~ l'exemple par leur profession, et il aurdit
quam quavis aucloritate scienter, vel ignoran- été à souhaiter que le pape en eût été in-
ter contiyerit attentare. Non obstantibus con- formé plus tôt pour y remédier, comme il fit
stitulionibus et ordinationibus apostolicis, par son bref du 20 ^novembre 1698. Je suis
ac qiiatenus opus sit, ordinum , congregatio- trop soumis aux décisions des souverains
num, societatum et i7istitutorum quorumcun- pontifes pour'agir contre leurs intentions. Ce
que , aliisve quibusvis etiam juramento , con- bref d'Innocent XII, m'imposanl silence sur
Jirmatione apostolica , vel quavis firmitate la question de la primitive institution des
alia roboralis statulis et constitutionibus ; Carmes par les prophètes Elie cl Klisée ,
privilegiis Iquoque , indultis, et lilteris apo- m'empêche de rapporter les raisons que je
stûlicis, illis, eorumque superioribus, et perso- pourrais avoir pour la combailre. Aiasi , si
nis quibusvis , sub quibuscunque rerborum les Carmes ont eu ces prophètes pour fon-
tenoribus, et formis, ac cum quibusvis cliam dateurs je ne leur dispute pas cet honneur,
,
trouver qu'ils sont enfants d'Elie et d'E- l'an 1285, et il y est aussi parlé du manteau
f
isée, principalement celle du pape Sixte IV, blanc et du capuce qu'ils n'ont portés qu'on
de l'an U77 , disent qu'ils descendent des 1287 ou li:88, sans parler dos fables dont ce
prophètes Elie, Elisée et Enoch ac jugi- livre est rempli, qui l'ont fuit regarder par
ter cœteros regularium ordinum professores tous les savanis comme un ouvrage faux et
in firmamento catholicœ fidei militantes, tan- supposé , dont l'auteur ne peut avoir vécu
quam reliyionis spéculum et exemplar , spe- que dans le douzième siècle. C'est à l'occa-
cialicaritate fulgentes , sanctorumque pro- sion de ce livre supposé que Pierre Wasiel,
phetarum Eliœ et Elisei et Enoch, necnon et carme réformé d'Alost et prieur d'Anvers,
aliorum sanctorum patrum qui monlem sanc- attribue à ce même patriarche plusieurs ou-
tum Carmeiiy juxla Eliœ fontem inhabita- vrages qui sont, ou sans nom d'auteurs, ou
runt, successionem hœreditariamtenentes (l).ll faussement attribués à d'autres qu'il a re- ,
est vrai que les Carmes nient que cet Enoch cueillis et fait imprimera Bruxelles en (leux
dont il est parlé dans ces bulles soit le volumes in-folio, l'an 1643 , svus le nom
même Enoch qui fut enlevé du commerce d'œuvres de Jean de Jérusalem « mais quoi- ;
des carmes dans l'arche, et s'il y avait eu nullement à son sujet de sorte que tout ce
;
quelqu'un des enfants de Noé qui eût été grand édifice, manquant par le fondement,
carme, il n'aurait pas pu avoir fait le vœu est bientôt tonibé en ruine et est devenu la
de chasteté , puisque tous les enfants de Noé risée de toutes les personnes qui se mêlent
entrèrent dans l'arche avec leurs femmes, et de littérature. »
qu'après être sortis de l'arche, ils eurent tous Les Carmes sont si peu d'accord entre eux
plusieurs enfants. touchant leurs prétentions , que Jean Le
Gros de Toulouse l'un de leurs généraux,
§ H. — De primitive des Carmes ^ et
la règle
,
succession de l'ordre des Carmes par les pro- Joannes eremita Montis Carmeli, qui regu-
phètes Elie ei Elisée, n'ôte pas la liberté de lam Basilii recepit quam fratribus tradidit
,
disputer à ces religieux leurs autres préten- observandam. Il ajoute que ce patriarche de
tions S'ils trouvent une preuve de cette suc- Jérusalem fut élevé à cette dignité par le
cession héréditaire en la personne de Jean II, pape Adrien 1, l'an huitième de son pontifi-
quarante-quatrième patriarche de Jérusalem, cat, à cause de la sainteté de sa vie Jstutn :
qui a imposé silence sur celte matière. Mais rosolymitana fuit episcopiis XLIV post B. ,
ils sont mal fondés lorsqu'ils lui attribuent Jacobum. C'est ainsi qu'il parle dans le Ver-
ie livre de l'Institution des moines qu'ils , ger du Mont-Carmel. Mais dans la Clef de ce
prétendent avoir été la règle qu'ils ont sui- V erger, il s'explique encore plus distincte-
vie jusqu'à ce que le patriarche Albert leur ment et dii que les ermites du Mont-Car-
,
en eût donné une autre. Car Jean ne monta mel ayant été baptisés par les apôtres , se
,
Jérusalem, à Acre et en d'autres lieux de 'a de dire que les Carmes, jusqu'à Jean le Gros,
terre sain-te ; et que, prêchant partout la général de cette ordre vers l'an 14-11,
foi de Jésus-Christ il arriva que Basile le
,
croyaient que leurs anciens avaient suivi la
Grand, qui était aussi ermile, écrivit une règle de saint Basile avant que le patriar-
rèçle pour certains ermites qui s'attachèrent che Albert leur en eût donné une autre.
à lui que quelques-uns do ceux qui tlemeu-
;
Cependant ils n'ont point eu pour règle
raient nu Mont-Garmel suivirent cette rè- ni celle de saint Basile, ni le livre de l'Insti-
|rle ;
que dans la suite du temps le pape tution des Moines, faussement attribué à
Adrien I, l'an huitième de son pontifical Jean deuxième du nom, et le i4« évêque
V'îev.i sur le siège patriarcal de lérusalem de Jérusalem que quelques-uns , comme
,
frère Jean, ermite de la même montagne du nous avons dit, croient n'avoir été que le
Carinel à c;iuse de la sainteté de sa vie;
,
i2', et ils n'ont point eu d'autre règle que
que ce patriarche Jean donna à frère Ca- celle que leur donna le patriarche Albert, le
praisc, son ilisciple bien-aimé, et aux autres douzième d'entre les Latins qui fut élevé à
ermites du Mont-Carmel, la règle de saint cette dignité, l'an 1204. Ce fut Brocard, su-
Basile pour l'observer qu'il ne leur en ;
périeur des Ermites du Mont-Carmel, lequel
donrui point d'autre plu grande, mais qu'ils
^ ;ivait succédé à Berthold, qui la lui demanda,
vécurent selon celte règle jusqu'en l'an 1023. voyant que le nombre de ses ermites aug-
(Jiii dictiix F. Joavnes patriarchn F Capra^ . mentait. Le patriarche Albert lui accorda
sio suo discipiUn dileetissimo cœterisque ere- , ce qu'il demandait, et écrivit une règle qu'il
mi'is Movtis Carmeli dictawrcgnlam Basilii adressa à ce Brocard et aux ermites qui
(radidit obserrandam; nu'lam tatneneis dédit vivaient sous son obéissance, et demeuraient
majorein, ard juxta regulam eis datnm et bo- auprès de la fontaine sur le mont Carmel :
nam consci''ntiafn 'juibns Deo famulabontiir : Albertus Dei gratia Hierosolymilanœ EcclesioB
et sic steterunt usfjue ad anmim Domini rocntns patriarcha, dilectis m
Christo filiis
MXXIIL Brncardo et cœteris rremilis qui sub ejus
C'est ce que l'on lit dans un ancien ma- obedienlia juxta fontem in Monte Carmeli
nuscrit de ce Verger du Carmel qui est con- moranlur, saltitem in Domino.
servé dans la bibliothèque du couvent des Je m'étonne que le Père ?'onanni (2), de la
Carmes de Francfort, selon ce qu dit le P. ' compagnie de Jésus, ait suivi le sentiment de
Papebroch (1). Mais dans le Miroir du Car- ceux qui ont cru que cette règle avait été don-
mel imprimé à > enise en 1507, où on a in- née l'an 1171 par le palriarche Albert, puis-
séré ce Verger, on a retranché ce qtie 1" P. Le qu'en 1171 il n'y avait point de patriarche de
Gros avait dit de l'élection que le pape Jérusalem de ce nom. Il est vrai que Laerce Ché-
Adrien 1 lit de ce frère Jean, ermile du Car- rubin, qui a inséré dans le Bullaire romain
mel pour patriarche de Jérusalem. Appa-
,
cette règle, l'a datée de l'an 1171, et que les
remment qu'on a vu que le temps où vivait Carmes ont été longtemps dans cotte erreur,
ce pa])e ne pouvait convenir avec celui au- que quelques-uns ont voulu corriger par
quel vivait ce patriarche de Jérusalem car ;
une autre erreur, en disant que ce fut l'an
Adrien n'étant arvenu au souverain ponti-
)
1199, ce qui ne pouvait pas non plus con-
iicat que l'an 772, il ne pouvait avoir élevé venir au temfis (ju'Albert fut palriarche de
ce frère Jean à la dignité patriarcale que Jérus.îlem. Ils ont bien va dans la suite que
Tan 780 puisque ce fut la huitième année
,
cette opinion ne pouvait pas se soutenir,
de son poniiiicat; et cependant ce même pa- comme le Père Théodore Stratius, général
triarche était mort dès l'an 416, après avoir de cet ordre, l'avoua de bonne foi. La con-
gouverné cette Eglise pendant j)rès de trente- grégation des Rites leur ayant permis de
six ans. Mais si les Cannes ont retranché faire l'office de saint Albert comme ils ,
cela, ils ont ,tu moins laissé ce que le même avaient demandé, ils se trouvèrent embar-
Le Gros avait dit, que ce patriarche Jean rassés sur ce qu'ils mettraient dans les le-
avait donné la règle de saint Basile aux er- çons de l'office de ce sain!, qu'ils ne con-
mites du Monl-Carmcl et ont encore ajou'é
, naissaient pas bien, et la congr.gaticîu ne
au catali'giie des saints de cet ordre, dont voulait pas approuver ce qu'ils voulaient y
Le Gros avail parlé, saint Basile s; int Cy- , insérer ; c'est pourquoi le générai Stratius
rilled'Alexandrieetsainl Louisroide France; écrivit sur cela à Auherl le Mire, doyen da
car Le Gros avait mis d'abord les saints pro- l'église d'Anvers, pour avoir son avis et
phètes Elie Elivée, Jouas et Abdias
, le ; quelque éciaircissemeiît sur ce saint qu'ils
cinquième saint qui suivait était saint Jean ne connaissaient pas beaucoup, ne sachant
de Jérusalem Quintus fuit S. Joannes ere-
: qui il était Non bpne constat quœ aut quai s
:
mita; le sixième était saint Berlhold et, dans ; persona sit ille Albertus quem colimus (.3).
les additions, saint Basile est le cinquième , Si nous disons , ajoutait-il que cet Albert
,
saint Cyrille d'Alexandrie le sixième saint , est celui quinous a donné notre régi % cela
Jean de Jérusalem le septième et le hui- , souffre de la difficulté, parce que la règle
tième saint Louis, roi de France. On s'éton- nous a été donnée l'an 1171 et dans ce ,
nera sans doute de voir saint Loui au nom- s temps-là n'y avait point de patriarche de
il
bre des saints de l'ordre des Carmes; mais Jérusalem qui se nommai Albert, puisque
au moins on verra par ce que nous venons celui qui porta ce nom ne fut élevé à cette
(1) Papebroch, Hisl. pairiarcli. hierosolymil. apud (ô) ilisi. palriarch. Iiierosol. apud BoU. Àct. SS.
BoU. Ad. SS.Trm. III MrM. tom. lil Mail.
(^) Ëonaniii, Catalog. ord. relig. p. 1.
685 CAR CAR 68$
dignité que 120i Si enim dixerimus
i1»ii^ : qu'à tierce du jour suivant. Le quinzième
istum Albertum fxtisse qui nobis reijuiam tra- exhorte le prieur à être humble et le sei-
,
didit, premimur hac difficitltale , quod re- zième exhorte aussi les religieux à respec-
gul'i nostra tradita nobis est anno 1171, (/no ter le prieur.
lempore nuUiis erat Albertus Flierosolymild- Voilà ce que contient en substance la
71US patriarch:, quia isle intlironizolux fuit rè^le primitive des Carmes, qui leur lut
anno 1-20'i. 11 dit encore qu'en 117! il r.e lioiinée par 1 patriarche Albert. Nous avong
pou^ait y avoir en Syrie qu'un Albert, vu ci-devant que, pour prouver leur anti-
évêqne de Bethléem, qui vint avec Guil- quité, quelques-uns de leurs anciens avaient
laume de Tyr ;iu concile de Latran, tenu cru qu'ils avaient d'abord suivi la règle da
sous Alexandre 111. C'est pourquoi coinme saint Basile, et que d'autres avaient supposé
Auberl !e Mire, dans son Origine de l'ordre un livre de l'Institution des moines, qu'ils
i es C;îimes, avait dit que cet évéque de attribuaient à Jean II, quarante-quatrième
Bctliléein était le même que celui qui fut é\ êque de Jérusalem, et qui leur avait servi
dans la suite patriarche de Jérusalem, et de règle ; mais ils ont encore prétendu de-^
que cela ne pouvait s'accorder avec ce que puis que celle qu'ils avaient reçue du pa-
l'on disait qu'Albert, patriarche de Jérusa- triarche Albert avait éié tirée des écrits de
lem, avait été premièrement évêque de Bo- saint Basile et de ce Jean II, quarante-qua-
bio et ensuiie de Verceil ce général priait
, trième évêque de Jérusalem, comme il pa-
cet auteur de chercher des moyens pour raît par le titre de cette règle, qui se trouve
prouver qu'Albert, évêque de Bethléem, ot à la fin de leurs constitutions, qui furent r -
Albert, patriarche de Jérusalem, n'étaient vues dans le chapitre général qui se tint à
qu'une même personne (ce qui était fort du Uomo l'an 1G25 liefjula ex sancii Basilii et
:
goût des Carmes), et pour faire valoir aussi Jounnis XLI\' ,episcopi Hierosolymitani tcri<
son sentiment, que ce p;itri;irche de Jérusa- ptis, ub Alberto patriarcha Hierosolymilnno
lem avait été pendant un temps de leur cxtracta, et fratribus beatissimœ Dei (jrnilri-
ordre. Mais les Carmes ont été obligés d'a- cis et Virginis Mariœ de Monte Cannela
bandonner cette opinion qui ne pouvait se data, ab Jnnocentio IV confirmala , atquâ
soutenir, et de reconnaître que leur règle auctoritate ejusden per IJugonem tituli
ne leur avait été donnée par le patriarche S. Sabinœ pr^sbyterum cardinalem, et GuiU
Albert que l'an 1205, comme Lezana et quel- lel :uin Autcrmiensem episcopum declarata t >
ques autres écrivains de cet ordre on: dit mitigaia, correc'a et mitigata. Ils ne lais-
depuis. C'est néanmoins ce qui leur est saient pas néanmoins de reconnaître saint
encore contesté par le P. Papcbrocii qui ,
Basile pour leur père : entre les autres, la
croit qu'elle ne leur a été donnée que l'an Père Didace Corria, qui est de ce sentiment,
1209. appelle en plusieurs endroits saint Basilo
Elle coniient seize articles. L,e premier son père il recommande entre antres
;
traite de l'élection d'un prieur et de l'obéis- choses aux frères et sœurs du tiers ordro
sance qu'on lui doit rendre. Le deuxième des Carmes , d'avoir des habits de drap vil
parle des cellules des frères, qui doivent et grossier, comme leur Père saint Basi.e
être 'Séparées les unes des autres. Le troi- l'ordonne Finalmenle vuestro habilo sea di
:
sième leur défen<i de changer de cellules puno vil baxo y grossiero y corne dize il B. S.
sans permission. Le quatri>lMne prescrit l'en- Bdsilio nueslro padre.... y aviso a vuestras
droit où doit être située la cellule du prieur. cliaridades con nueslro pùdre S. Basilio (1).
Le cinquième leur ordonne de demeurer Cependant, quand ils reçurent leur règle da
dans leurs cellules, et d'y vaquer jour et patriarche Albert, ils ne songeaient point;
nuit à la prière et à l'oraison, s'ils ne sont encore ni à saint Basile ni au livre de l'In-
point légitimement occupés. Dans le sixième stitution des moines. Et lorsqu'on les in-
il est traité dos heures canoniales que doi- quiéta quelque temps après la publicaliou
vent réciter ceux qui sont destinés pour le du concile de Lalran, tenu l'an 1215, sur ce
chœur il y est aussi marqué ce que doivent qu'ils avaient um^ règle qui était inconnue
;
dire ceux qui ne savent pas les heures ca- en Europe , et qu'en cela ils allaient contre
noniales. Par le septième, tl est défendu aux les déciets de ce concile, qui défendait l'éta-
frères d avoir rien en propre. Le huitième blissement de nouveaux ordres religieux
ordonne de bâtir un oratoire au milieu des sans le consentement du sairit-siége, ils de-
cellules, où ils doivent tous s'assembler le mandèrent au pape Honorius 111, l'an 122i,
matin pour entendre la messe. Le neuvième l'approbaiion de la règle qui leur avait été
parle de la tenue des chapitres locaux et de donnée par le patriarche Albert, et pour
la correction des frères. Le dixième recom- l'obtenir et en même temps s'excuser sur le
mande l'observanre du jeûne, depuis la fête retardement qu'ils avaient ap[)orté à obéir
de l'Exaiiation de la sainte Croix jusqu'à aux décrets du concile, ils n'exposèrent
Pâques, excepté les ^din)anches, et l'absti- point l'antiquité de leur ordre et une infinité
nence de la viande en tout temps est ordon- de raisons qu'ils eussent pu alléguer pour
née dans le onzième. L" douzième les ex- lors et dont ils se sont s rvis dans la suite ;
,
horte à se revêtir des armes spirituelles qui ils ne dirent point que leurs anciens avaient
leur sont proposées. Le Ireizi me les oblige eu pour règle le livre de l'Institution des
au travail des tnains. Le quatorzième leur moines, parce qu'il n'était pas pour lors
impose un silence étroit, depuis vêpres jus- composé ils ne parièrent point de la règle
;
(!) Did. Marlinez Coria. Manual de las Beat, et Herman. Terceros del Monte Carme/.
es7 DICTIONNAIRE DES ORDKES RELIGIEUX.
fle ils n exposèrent seulement
saint Basile ;
que, dans leur église, l'on vît le prophète Elle
que énoncé dans la bulle d'Hono-
ce qui est habillé en Carme, ce qui pouvait porter pré-
rius lii, savoir, qu'ils piiaioiit le pape de judice à l'antiquité de l'ordre de saint Basile.
conûrmer la règle qui leur avait été donnée L'archevêque do Messine ayant rejeté les
par le patriarche Albert. demandes des Carmes, ils eurent recours à
Ces prétentions que les Carmes ont eues Rome à la congrégation des Rites, à laquelle
d'avoir suivi la règle de saint Basile, et ils présentèrent une supplique pour lui re-
d'avoir eu pour père ce patriarche des moi- présenter l'injure que les Basiliens avaient
nes d'Orient, ont donné lieu aux Basiliens faite à leur ordre d'exposer dans leur église
de les regarder comme frères. Les Carmes le prophète Elle, leur père et leur patriar-
voulaient bien reconnaître celte alliance , che, avec un mantv au et un bonnet rouges,
mais ils prétendaient avoir le droit d'aînesse, comme si c'était un pacha turc, et joignirent
ne regardant sainl Ba^ile que comme un des à cette supplique un dessin colorié de ©e
enfants d'Elie, puisqu'ils l'ont mis au nom- tableau. La congrégation des Biles, voulant
bre des saints de leur ordre; mais ils n'ont contenter en quelque façon les Carmes, or-
pu s'accorder sur ce sujet, et les Carmes in- donna qu'on ôterait ce tableau et qu'on en
lenlèrenl procès aux Basiliens, l'an 1G70, mettrait un autre à la place représentant le
sur ce qu'ils avaient tlans un de leurs cou- même prophète, mais qu'on ne lui donnerait
vents un tableau représentant le prophète pas l'habit de carme, La difficulté fut de sa-
Elle qui n'était pas habillé en Carme. Roger, voir quel habillement on lui donnerait. Les
premier comte de Sicile, fit bâtir, vers l'an carmes en donnèrent de plusieurs façons
1080, une église sous le titre du prophète qu'ils présentèrent à la congrégation et ,
religieux de saint Basile. Ce monastère me- mais ils avaient représenté ce prophète
naçant ruine à cause des fréquents tremble- ayant la tête et les pieds nus. La congréga-
ments de terre causés par le mont Etna qui tion ordonna qu'il serait ainsi peint et ex-
n'en était pas éloigné, ils obtinrent l'an , posé dans l'église des Basiliens, et termina
Î070, les permissions nécessaires pour s'éta- ainsi ce procès le 16 mars 1680, après dix
blir proche les murs de Troyna en un lieu , années de contestations. Le Père Pape-
où il y avait déjà une église dédiée à saint broch (2), dans sa réponse au Père Sébas-
Sylvestre, moine de ieur ordre, et empor- tien de Saint-Paul n'a pas oublié de lui
,
tèrent avec eux une copie du tableau de parier de ce procès, dont le récit lui avait été
saint Elle, titulaire de leur ancienne église , fait à Rome par le Père dom Pierre Men-
dont ils n'avaient pu lever l'original, qui niti ,
procureur général des religieux de
était une peinlure de plus de six cents ans, Tordre de Saint-Basile et qui est assez con-
,
défendu pour toujours l'usap^e de la viande, y renvoie le lecteur, on y peut voir dans uno
excepté dans le temps des maladies et d'ex- bulle de Sixte IV, du sept des calendes d'a-
trême débilité les commissaires ôtèrent les
: vril de l'an 1477, et du sixième de son jjon-
mots de toujours et d'extrême; et afin que les tificat, que Rodriguez rapporte dans toute sa
Carmes ne fussent i)as à charge à leurs hô- teneur, Sirgilius III et Sergius V au nombre
tes, ils ordonnèrent que dans les voyages ils des papes qui oui accordé ces indulgences.
pourraient manger des herbages cuits avec Il y a bien de l'apparence que le P. Pape-
la viande, et même manger de la viande étant broch (3) a lu la même chose dans cet au-
sur mer. Ils prescrivirent le silence seule- teur ou dans quelque autre; cir, en voulant
ment depuis Complies jusqu'à Prime du jour combattre ces indulgences, il cilc les bulles
suivant. Ils leur permirent aussi de manger où il est parlé do ces papes supposés, el dit
dans un réfectoire commun, au lieu qu'au- que ce Sirgilius III est inconnu dans le ca-
paravant ils devaient manger chacun sépa- talogue des papes, et qu'il espère que dans
rément dans leurs cellules. Ils firent encore la suite il y en aura quelqu'un qui prendra
quelques règlements touchant l'office divin, le nom de Sergius V, puisque l'an KiOO, le
et leur accordèrent la permission d'avoir quatrième dv ce nimi fut élu pour souverain
des ânes ou des mulets, et de nourrir des ani- pontife, et que, depuis ce temps-là, il" n'y en
maux pour leur usage. Cette règle avec ces a point ou. .Mais, pour faire connaître da-
corrections et mitigations fut approuvée par vantage l'orrour, dii ce savant jésuite, il no
Innocent IV, i'an 12i7, et confirmée dans la faut que faire attention au sommaire de la
suite par plusieurs papes. Elle fut encore bulle de Léon iV", rapporté dans celle de
mitigée par Eugène IV' et Pie II, qui y firent Sixte [V, du sept des calendes d'avril do
aussi des changements, comme nous dirons i'an li77; que ces trois mots Léo papa
:
en ion lieu. Ceux qui l'observent ainsi mi- quartus , suffisent pour la convaincre de
tigée sont appelés Conventuels, et ceux qui fausseté, puisque toutes les bulles des pa-
suivent la règle avec les changements et les pes, longtemps avant el après Léon IV, com-
miligations qui y ont é(é faites par les com- mencent toutes par ces mots iV. episcopus
:
missaires d'Innocent IV sont appelés Obser- servus servorum Dci i), et que depuis ce
vants. Les Carmes et les Carmélites Dé- pape jusqu'à présent il né s'en trouve qu'une
chaussés l'observent aussi; et elle est re- de Pelage 11, où il ne prend point celle qua-
gardée dans l'ordre comme la première et la lité de serviteur des serviteurs de Dieu, et
primitive :ainsi,s'il était vrai que Jean XLIV, dont il fait voir aussi la supposition.
évêque de Jérusalem, eût donné une règle Le P. Papebroch remarque encore (|uo
aux Carmes, ou qu'ils eussent suivi celle de dans toute la vie de Léon IV (5j, qui contient
saint Basile, avant que d'avoir reçu celle du plus de vingt-cinq pages, il y est parlé fort
patriarche Albert il s'ensuivrait que les
, amplement de toutes les grâces et privilèges
Carmes et les Carmélites Déchaussés, aussi qu'il a accordés aux églises, aux monastères,
bien que les Observants, ne suivraient pas aux oratoires, aux autels et aux villes qui
la règle première et primitive An l'ordre. dépendaient de sa juridiction, mais qu'il n'y
La bulle d'Honorius III, de l'an j22i, par paraît pas la moindre apparence de quelque
laquelle il approuve la règle des Carmes, indulgence qui ait été demandée à ce pontife,
est la première de celles que les souverains ou qu'il ait accordée à ceux qui aidaient à
pontifes ont accordées en faveur de leur la construction et réparation des églises, ou
ordre cependant ils prétendent en avoir de
; qui seraienl présents à leurs dédicaces;
plus anciennes, et Silvera 1), entre les au- qu'entre les autres édifices qu'il fit faire pour
tres, dit que les papes Etienne V, qui vivait l'embellissement de Rome, il fit bâtir la ville
l'an 816 Léon IV, l'an 8V7 Adrien 11, l'an
; ; neuve, qui fut appelée de son nom Léonine,
8G8; Sergius III, l'an 908; Jean XI, l'an 931, et qu'où appelle présentement le Bourg de
cl Alexandre II, l'an 10151, ont accordé par Sainl-Pierre; el que, lorsqu'elle fut achevée,
leurs bulles de grandes indulgences à ceux il ordonna que les évoques,
les prêtres el les
qui visiteraient à certains jours de l'année différents ordres du clergé de l'Eglise ro-
les églises des Carmes, lesquelles bulles fu- maine, après avoir chanté les litanies et le
rent confirmées par le pape Sixte IV, l'an Psautier, feraient avec lui tout le tour des
1W7. Mais Silvera ne s'accorde pas en cela murai les de celle nouvelle ville, en chan-
p. 225. n. 32.
(3) Papebroch, apud Boll. aci. SS.t. l aprUis, (5) Ibid. num. 26.
,
Carmes
tant rentre dans Saint-Pierre, il fit plusieurs
présents aux gentilshommes romains, qui L'ordro des Carmes (2) est trop illustre
«onsistaienl en or, en argent et en îles étoffes dans l'Eglise pour ne pas parler dn B. "Al-
^6 soie. C'était la manière dont les papes, et bert, patriarche de Jérusalem, qui lui a pres-
Vïincipalement Léon IV, en ont usé dans les crit des lois qui ont servi à le maintenir
cérémonies de dédicaces, de bénédictions et dans la régularité et cette oyacte observance
de translations de corps saints; ce tjui a sub- où il s'est maintenu depuis tant d'années;
sisté jusqu'à la fin du onzième siècle, que et avant que de rien dire de son grand pro-
les papes, au lieu d'argent et d'autres pré- grès et de cet agrandissement qui lui a [)roi
sents commencèrent à donner des indulgen-
,
curé la gloire et l'avantage de tenir un des
ces pour animer ceux qui prenaient la crois, premiers rangs parmi les ordres religieux
et s'engageaient diins ce>i fameuses guerres nous donnerons un abrégé de la vie de son
qu'on a appelées croisades, et qui étaient législiteur. Le bienheureux Albert n'était
destinées pour le recouvrement de la terre point Français d'origine, ni petit neveu de
sainte. Pierre l'Erniite, d'Amiens, comme plusieurs
Lezana, annaliste de l'ordre des Carmen, écrivains l'ont avancé. Il prit naissance à
rapporte une auîre bulle d'innocent IV, de Castrôdi-Gualteri en Italie, dans le diocèse
l'an 12'i^5, qui exhorte tons les fidèles à sou- do P;rme, et fut destiné à l'étude des lettres
lager les religieux du Mont-Carmel qui ne et au service de l'Eglise par ses parents, qui
possédaient rien qui vivai 'ni dans une
,
avaient rang parmi la noblesse du i)ays. A
grande pauvreté, et qui n'avaient ri^n en peine eut-il achevé ses études, qu'il renonça
propre; et qui accorde à ceux qui leur fe- au monde pour se donner entièrement au
ront quelques aumônes, et qui étant vériia- service de Dieu. Il prit l'habit de chanoine
blement contrits se serop.t c nfessés, dix régulier au monastère de Sainte-Croix de
jours seulement d'ind ilgences à diminuer Mortare dans le Milanais, où il fil en si peu
sur la pénitence qui uv aura été enj^intî'. de temps un si prand progrès dans la vertu,
i
\
Commenlse peut-i! faire, ilit ne )re lo P. Pape- ; qu'étant encore jeune, il fut élu prieur decQ
broch, que les Carmes eussent demandé une monastère.
petite indugence de dix j lurs avec obliga- Sa ré[jutation s'étant répandue au dehors,
tion de se confesser, si cinq cents ans aupara- il fut choisi trois ans après pour être évê-
vant ou environ, ils avaient obtenu pour le que de Bobio et dans le temps que sa mo-
,
même sujet des indulgences à perpétuité de destie et son humilité lui faisaient naître de
sept années et douze quarantaines, s ius au- jour en jour de nouvelles difficultés pour ne
cune charge ni obligation, comme il est point accepter celte dignité, et qu'on lui
énoncé dans ces prétendues bulles de Léon IV voulait faire violence pour l'enlever de son
tt de ses successeurs? monastère, l'évêché de Verceil étant venu à
Crescenze (1) dit qu'en t6il, dom Hila- vaquer, il fut aussi élu pour gouverner cette
vion Mazzol:ri de Crémone, religieux de église; mais ceux dv Verceil eurent avec
l'ordre de Saint-Jérôme, chercha daos les ar- beaucoup de difficulté le consentement que
chives de Rome, dan^ les bullaires et dans ceux de Bobio n'avaient pu obtenir, et pen-
les bibliothèques, e» qu'il ne trouva rien dant vingt ans qu'il fut leur pasteur, il en
concernant cetij bulle de Léon IV et les remplit les devoirs avec toute la vigilance
autres alléguées par les Carmes. H faui sans qu'on pouvait attendre d'une personne qui
doute que les originaux de ces bulles aient n'instruisait pas moins ses peuples par les
eu le même sort que celui de la bulle sabba- exemples de sa vie que par ses discours ce :
line, qui fut portée en Angliîerre à ce que qui ne servit pas peu à la réforme de son
disent les Carmes avec l'original d'une
;
clergé et de ses autres diocésains (jui ,
bulle d'Alexamire V, par le P. Alphonse de avaient honte d'être dans le désordre lors-
Tbérane, où ils ont été perdus. Mais quoique que leur pasteur pratiquait toutes les vertus
Sixte IV, par sa bulle de l'an 1477, ait con- dans un degré éminent.
firmé celle de Léon IV et les autres contes- Son principal soin fut de procurer à son
tées, ce n'est pas une conséquence iju'il les église biens spirituels, mais en même
les
ail vues; il s'en était rapporté seulement, temps leur en procura de temporels, en ac-
il
comme font les autres papes, à l'exposé que quittant ses dettes dont elle était beaucoup
lui avait fait le P. Christophe Marlignon, gé- chargée, et en augmentant ses revenus. Il
néral des Carmes Sane sicut exhibila nobis
: rembellit par de nouveaux édifices, il en dé-
7iUj)cr pro parte Christopfiori Mariignoni fendit les droits, conserva ses immunités;
di-ti ordinis generalis magistri petitio conti- et, comme s'il n'était pas moins habile ju-v
nehcit, {'le. Ainsi ce n'est pas au pape SixtelV risconsulte et caoonistc que bon théologien,
à qui l'on s'en prend, c'est à c.'lui qui a mal il ne poursuivit aucune cause dont il ue fût
exposé. Mais c'est assez parler de ces prc- pleinement persuadé de la justice, ce qui
(1) Pie<. Crescenze, Presid. Rom. Lib. \, vag. 165. (2j Koy., à la iiii du vol., iV 170.
033 CAR CAR 091
fai9;ii( que, dans tontes les poursuites, il en triarcat de Jérosalem. Saint Albert vécol à
oblint toujours le succès qu'il en avait Acre dans un martyre continue!, joignant
espéré. aux travaux et aux persécutions du dehors
Il fut choisi par le pape Clément III et par qu'il eut à souffrir, la mortification de sa
l'empereur Frédéric I pour être médiateur chair, les jeûnes, les veilles et plusieurs au-
entre l'Kglise romaine et l'empire, et l'arbi- tres austérités ce qui lui attira l'estime et
:
tre de leurs différends. L'on ajoute même le respect, non-seulement des chrétiens, mais
qu'il fut honoré du titre de jirince de l'em- même des infidèles
pire par Henri VI, successeur de Frédéric, Ce fut l'an 1209 que Krocard, supérieur
qui accorda aussi, à sa considération, plu- des ermites queBerlhold avait ramassés sur
sieurs grâces à l'église de Verceil. Le pape le mont Carmel, comme nous avons dit pré-
Oélestin IIL successeur de Clément le com- , cédemment, s'adressa à lui afin qu'il leur
hla aussi de bienfaits, et limocenl III imi- , prescrivît une règle qu'ils pussent suivre.
tant se* prédécesseurs, l'employa pour mé- Il leur en donna une fort courte (lu'il ren-
nager un accommodement entre les peuples ferma en seize articles et qui fut dans la
de Parme et de Plaisance qui étaient en suite divisée en dix-huit chapitres, après les
guerre. additions et mitigations qui y furent faites
Sa réputation passa les mers ei, soit que
, par les commissaires députés par le pape
la sainteté de sa vie et les mplois qu'il avait
( Innocent IV. Cette règle primitive du pa-
eus l'eussent fait connaître en terre sainte riarche Albert fut adressé à Brocard el aux
ou qu'il y eût fait lui-même un voyage ,
ermites qui demeuraient avec lui, qui em-
il fui nommé, l'an l'iOV, patriarche de Jéru- brassèrent celte règle avec joie et, pour
;
salem, d'une voix commune , par ceux qui saisfaire au premier article où il est parlé
s'assemblèrent en Palestine pour donner un de l'élection d'un supérieur, ils se soumi-
successeur à Monachus, onzième patri.irche rent à l'obéissance de Brocard, qui fut établi
latin de Jér salem, sur le refus que fil le prieur de cette petite congrégation, qui a eu
cardin;il Soffredo. légat du pape en Palestine, depuis de si grands accrcjissemenis et qui
,
Cet ordre a pris un si grand accroisse- pourquoi le pape Pie II permit, en 1459, aux
ment dans la suite, qu'il est présentement généraux d'en user à cet égard selon qu'ils
composé de trente-huit provinces, outre la le jugeraient à propos ,ayant égard à la
congrégation de Mantoue, qui a cinquante- qualité des personnes, des lieux et des
quatre couvenîs et un vicaire général, et les lemos.
leur succédèrent lorsqu'on 131!) ils quittè- fait mourir plusieurs religieux, ils obligè-
rent ce lieu pour aller à la place Maubert où rent les autres do quitter leurs manteaux
ils sont présentement, et que lorsqu'ils firent blancs, et d'en porter d'autres barrés de noir
peindre leur cloître dans ce couvent de la et de blanc.
place Maubert, ils avaient si fort oublié la Ils ne sont pas aussi d'accord entre eux
première figure de leur habit, qu'au tableau touchant la couleur noire ou blanche de ces
qui représente saint Louis les recevant à barres; car celles des manteaux des anciens
Paris, i\\\ port Saint-Paul, à la sortie du Carmes, tels qu'ils sont représentés dans les
bateau, leors chapes y sont barrées en pal couvents de Louvain et de Cologne, sont
et non \ai en fasce il ajoute qu'il doit cette
:
blanches et noires, et celles des autres qui
remar/fl.^ à M. l'abbé Châtelain, chanoine sont représentés dans l'ancienne cathédrale
de l'Ef/ir/e de Paris. de Salamanque, à Anvers, et dans le cloître
Il e I frai que la plupart des carmes n'ont
desCarmesdela place Maubert, sont blanches
jnmaf bien su quelle était la véritable et tannées. Le Père Daniel de la vierge Mario,
form.'de leur premier habillement, comme dans un traité qu'il a fait contre le Père Pa-
onf'ut voir par les différentes figures que pebroch, et dans son Miroir du Carmel, a
nous en donnons, qui sont ainsi représen- donné, à ce qu'il prétend, la véritable figure
tées dans plusieurs de leurs couvents ; mais de leur ancien habillement, telle que n<^«is
je crois que ceux qui ont mis les barres en la donnons aussi, et les barres de la chape
pal et non p'*..^ ^n fasce ont mieux rencontré,
y sont blanches et noires. Ils ne sont pas non
quoique •'^..''--k'ur Châtelain ait été de sen-
timent » '.faire puisque l'abc dos Oricn-
;
mmet et quelques autres se sont imaginés sainteté que par leurs dignités et leurs
que lorsque le prophète Elle fut enlevé dans écrits, car ils sont en trop grand nombre;
un char de feu, et qu'il jeta son manteau à on peut consulter Jean Le Gros, François de
son disciple Elisée, ce manteau, qui selon Saint-Ange, Jérôme Tontat, et Emmanuel
ces auteurs était blanc, ayant passé par le Boman,qui ont donné des volumes entiers
feu, les parties extérieures furent noircies, des personnes illustres de cet ordre. Le père
et ce qui se trouva dans les replis conserva Dominique de Jésus en a donne aussi un
la blancheur; et que c'est pour ce sujet qu'ils autre des personnes qui en sont sorties pour
ont porté des chapes avec des barres noires remplir les premières dignités de l'Eglise.
' et blanches. Ils portent pour armes chape d'argent et de
couleur tannée, Técu timbré d'une couronne On sait aussi que c'est le célèbre monaslèrâ
ducale. du mont Carm qui a donné son nom à tout
l
Voijpz Joann. Baplist. Lezana, Annal, sacri l'ordre. La maison bâtie sur celle montagne,^
Prophetici et Eliani ordinis D. V. M. de pillée et privée de religieux pendant quel-
monte Cannelo. Antonio Gonçalvcz, Compen- ques années, vient d'être rétablie par le zèle
dio das Chronicas da ordem de Nossa senhora d'un frère convers, le frère Charles, qu'on a
de Carmo. Marc. Anton. Alegro Casanatc, vu, et après lui un de ses confrèr.s, quêlcr
Paradi''. Carmelitici ordinis. Mathias de saint fructueusement en France et en toute l'Eu-
Jean Histoire panégjfrique de l'ordre de
, rope, il y a quelques années.
Notre-Dame de Moni-Carmcl. Daniel à Vir- CARMES DÉCHAUSSÉS. Fo^e* Cmsiâ-
gine AI iria, Vinea Carmeli el Spéculum Car- LITES DÉCHAUSSÉS.
melitanum. Louis de Sainte-Thérèse, Succes-
sion du prophète Elle. Falcon, Placent,, Chro-
CARMES.
nicon Carmelitanum. Daniel Papebroch, apud De Vétroite Observance et autres réformes
Bolland. Tom. f aprilis. Scbast à S- Paulo, faites en cet ordre.
Exhiba. error.P. Danielis Papehrochu. Fjus- Nous avons vu dans précédents
les articles
deni Papebrochii Respons. al P. Sebaslia- comme les PP. Jean
Soreth el Baptiste
num, et Pietro Crescent., Presidio Bomano o Mantouan, étant généraux de l'ordre des
vero délia milit'a Ecclesiastica, etc. Carmes, avaient lâché d'établir la réforme
L'ordre des Carmes de la commune ob- dans tous les couvents de l'ordre; ils s'é-
servance a exisié en France jusqu'à la ré- taient contentés aussi bien que les PP.
volution. Il avait à Paris d^ux maisons: celle Martignogni, Renar el Terr.îssc, qui av;uent
de la place Mau' eri, dont l'église est rem- précédé Bap iste M;\nlouan dans la même
placée aujourd'hui par lo marché de ce quar- charge, de f tire observer exactement la rè-
tier, et qui était le collège général de l'ordre gle du bienheureux Albert, avec les mitiga-
en France, où les élèves étaient nourris, tions du Pape Eugène IV. Il y eut néan-
sauf à s'entretenir à leur- frais; celle des moins, sous le généralal du même Mantouan,
Biliettes, si connue par l'hisloire du juif qui un reigieux plus fervent, nommé Ugolin,
avait, demeurant sur cet emplacement, ou- qui entreprit de rétablir la règle avec les
tragé la sainte hostie. L'église de ce dernier déclarations d'Innocent H", laquelle, quoi-
monastère avait été rebâtie au dernier siècle, que corrigée par ce pape, passe poi. r la
sur les dessins du frère Claude, dominicain, première et la primitive. Mais ses bonnes
qui se mêlait d'architecture, et qui, là, ne flt inicntions n'ayant pas réussi, son grand
pas preuve de talent, disent les connais- dessein fut reluit à la seule fondation d'uit
seurs. Cette église, où avait été inhumé, en couvent auprès de Gênes, auquel il donna
1611, le célèbre érudit Papire Masson, el où le nom de Mont-Olivel, qui ne dépend que
étaitdéposé le cœur de l'historien Mézeray, du général, el qui, quoique unique, prit
frère du P. Eudes , subsiste encore et néanmoins le titre de Coisgrégatiou sous le
est maintenant au service des luthériens, ponlificat de Léon X
quoiqu'on lise toujours au-de>su,s de l'en- Gomme le P. Baj^tiste Mantouan était
trée qu'elle a été bâtie en l'honneur du membre de la congrégation de M.irloue qui
saint sacrement. On sait que celte maison, était réformée, et qu'il ne souhaitait pas
depuis le 2i juillet 1631, appartenait aux mieux que de vor une réforme général;
Carmes réformés de l'observance de Ren- dans tout l'ordre, il donna volontiers les
nes. Il n'y avait de noviciat dans au- mains, étant encore général, à l'établisse-
cune des deux maisons de Paris les pos-
: ment en France d'une congrégation de Ré-
tulants le faisaient en province et pour
;
formés, sous le noni de Co.^.gréj,alion d'Alby,
l'observance de la place Maubert, la pen- qui étai' gouvernée |)ar un vicaire géiiéral
sion pour ce noviciat était d'environ 400 fr. qu'on élisait dans le chapitre général de
La dot dépendait des facultés des parents. cette congrégation c'est pourquoi elle fai-
;
Dans la maison de la place Maubort, ii y sait un corps séparé de l'ordre, mais elle
avait, au milieu du dernier siècle, soixante- ne subsista pas longtemps , et ell fui réu-
dix religieux et plusieurs frères convers. En nie à l'ordre par le i;ape Grégoire Xlil,
l'année 1832, l'empereur deRussie supprima l'an 1380.
dans la seule province de Mohilow, vingt- Le P. Pierre Bouhourt fut plus heu-
cinq monastères de cette observance; sept y reux dans réforme qu'il entreprit aussi
la
restent encore. Cet institut subsiste aussi en France, au commencement du dernier
actuellement dans plusieurs contrées de siècle, vers l'an 160't, dans le couvent de
l'Europe. Il a cinq couvents dans les Etals Rennes en Bretagne car elle subsiste en-
;
autrichiens qui renferment en tout tren'e- core, s'étanl élendue non-seulement dans
quatre sujets, sauf erreur. Le R. P. Joseph plusieurs provinces du royaume, mais même
Calaldi est prieur général acluellemeni, et en Allemagne, en Flandre et en Italie. Quoi-
le P. Joseph-Raymond Lobino est procureur que ce soit le P. Bouhourt qui en ait jeté
général. Tous deux rési ie:;t à Rome. Le R. P. les fondements elle doit néanmoins sa
,
Félix Garzia était vicaire-général des Car- gloire el son accroissement au P. Mat-
mes des provinces étrangères et résidait à thieu Thibaut qui lui a donné toute sa er- j
douta du succès de cette entreprise, et prit veau provincial, voyant les difficultés qui se
la résolution de quitter Tordre des Cannes rencontraient dans l'exécution e ses bons
pour entrer dans celui des Chartreux. desseins, aima mieux quiller son office. 11
Comme il était sur le point d'en prendre eut pour successeur le P. Jean Bavay, qui,
l'habit, le prieur de la Chartreuse de Paris, étant auparavant supérieur du couvent de
qui avaii promis de le recevoir, ayant ap- Valenciennes, s'était uni avec quatre jeunes
{iris qu'il y avait depuis peu des Carmes prêlres pour faire recevoir dans ce couvent
)échaussés à Rome, ne voulut plus les re- la même réforme et les mêmes observances
cevoir et crut qu'il ne devait pas ravir à que celles qui avaient été inlroluiles
dans la
rdre des Carmes un homme si zélé, qui
l'v province de Touraine. Ces religieux zéics
ne quittait son ordre qu'à cause que la li- implorèrent d'abord l'autorité de Tévêque
cence y était grande, ne lui ayant promis d'Arras, dans le diocèse duquel le couvenl
de le recevoir dans celui des Chartreux de Valenciennes se trouvait; ils ol)tinrent
qu'au cas qu'il n'y eût point d'espérance de aussi celle du duc d'Arschot , et l'archidu-
réforme parmi les Carmes, et il lui conseilla chesse Claire Eugénie d'Autriche, gouver-
d'entrer parmi les Déchaussés. C'est pour- nanie des Pays-Bas, voulut bien écrire au
quoi le p. Thibaut entreprit le voyage de P. Sebastien Franton pour lors général,
,
Rome; et, s'étant présenté au couvent des afin qu'il envoyât dans ce couvent des reli^-
Carmes Déchaussés pour y être reçu. Dieu gieux de la province de Touraine pour y in-
permit que le général Henri Silvius s'oppo- troduire leurs observances. Les PP. Phi-
sât à sa réception; de sorte qu'il fut con- lippe Thibaut, Luc de Sainl'Anloînc et Ni-
traint de retourner en France, où, conti- colas de Castres, recommandables par leur
nuant ses éludes de théologie qu'il avait in- piété et par leur science, lurent nommés
terrompues, il fut promu aux degrés par le par le général. Ils arrivùent au couvent de
même général en attendant les disposiiions Valenciennes le onzième du mois d'août
de la volonté de Dieu sur lui. 162i, et trois jours aprè«, tous les religieux
£nGn le temps arriva que la Providence de ce couvent, en renouvelant leurs vœux,
divine ;ivail marqué pour se servir de ce s'engagèrent à l'Observance de la province
Père, aûn de perléclionner la réforme que de Touraine. Comme ces religieux, en em-
le Bouhourt avait commencée. Ce fut
P. brassant la réforme, avaient quitté leurs
l'au le prieur de Rennes, qui sou-
1G07 que habits noirs pour en prendre de gris ob-
haitait aussi beaucoup que cette réforme se scur, peu s'en fallut que ela ne causât un
(
maintînt, appela à son secours le P. Thi- soulèvement dans Valenc ennes ; car une
baut, qui fui aussitôt établi maître des no- personne qui avait l'autorité en main vou-
vices, et deiix ans après il fut élu prieur de lut contraindre les religieux réforiiiés
ce mêine couvent. Quelques années ap.ès même par la force des armes, à reprendre
la réforme fut introduite dans celui de Dol leu s habits noirs ; mais le peuple s'é'anl
et dans quelques autres. Il y eut même de mutiné à cette occasion , l'on n'inquiéta
nouveaux couvents qui lurent fondés sous ]i!us ces religieux. La réforme s'étendit
la même observance, et qui formèrent la dans plusieurs autres couvents, et il y en
province de Touraine, composée d'environ eut même cinq qui furent fondés de nou-
vingt-cinq couvents d'hommes, de deux hos- veau sous la même Observance.
1 ices et de quatre monastères de filles. Le L'an 1619, le P. Didier Plaça de Catane
couvent de Carmes qu'on appelle communé- et le P. Alphius Licandre, tous deux reli-
Hîent à Paris les Rillettes dépend de cette gieux de la province de Saint-Albert, entre-
province. prirent une réforme en Sicil?. Ils obtinrent
Dès l'an 1603, dans le chapitre provincial les permissions nécessaires des supérieurs,
de la province de Flandre, qui se tint à et en peu de temps ils londèrent neuf nou-
Gand, et où le général Silvius présida, l'on veaux couvents de cette réforme en Sicile ,
lit plusieurs décrets pour y établir la ré- deux dans l'Etal ecclésiastique et trois dans
forme. Le P. François Potel, qui fut élu le royaume de Naples. Voyant ensuite que
provincial dans ce chapitre , employa tous ces couvents étaient en nombre suffisant
ses soins pour Us faire exécuter, mais ce pour former une province séparée, ils s'a-
fui in.ililemeiil. L'on fil de nouvelles tenta- dressèrent au chapitre général qui se tint
tives en 1015 qui n'eurent pas un meilleur l'an 16ii, et lui demandèrent son consente-
succès; et même l'an Hili quoique le P.
,
ment pour l'érection de cette province, où
Richard de sainl Rasile et cinq auties reli- les religieux, étant de différents pajs, pour-
gieux se fussent unis ensemble pour faire raient apprendre les langues orientales
réussir cette réforme , il s'y trouva encore afin de pouvoir aller en mission dans la
tan' d'oppositions de la part des auties re- terre sainte. Le chapitre y ayaiJ consenti,
ligieux, qu'ils furent obligés pour lors de se le P. Léon Bonfîlius, pour lors général de
désister de leur entreprise. Mais l'année sui- l'ordre, s'adressa au pape Innocent X, pour
vante, dans le chapitre qui se tint à Bruges, lui demander l'érection de cette nouvelle
(fuelqwes autres religieux s'étant joints en- province, ce que ce pontife accorda par un
core au P. Richard et à ses compagnons, bref du 16 février 16i6 ; et l'on donna le
ils élurent pour provincial le P. Marc nom de Monte-Sanlo à celte province, à
Calliau, ijui avait beaucoup de zèle pour les cause que le premier couvenl où la réform.e
observances régulières, i qui souhaiiail pa-
l avait été commoucec élail situe s.ur une
reiileuient la réforme. Cependant ce nou- montagne ainsi appelée , oroche de la ville
704 DICTIONNAIRE DES ORDRES RELIGIEUX. 70*
réformés s'abstiennent de même que les le fit encore confirmer par le pape Ur-
Carmes Déchaussés. Comme celte province bain VIII, l'an 163i^, et sous le généralat du
était composée de Siciliens, de Napolitains P. Léon Bonfilius, il fut ordonné, dans le
et do Romains, ils avaient souvent des dif- chapitre général qui se tint à Bome l'an
férends entre eux; c'est pourquoi ils deman- i&À, que CCS constitutions seraient obser-
dèrent à la congrégation des Réguliers que vées dans tous les couvents réformés de
leur province fût séparée en deux, ce qui l'Ordre et qui le pourraient être dans la
leur lut accordé l'an 1709 et les deux pro-
,
suite, afin do garder l'uniformité ce qui fut
:
Eliani ord. Marc Anton. Alegru. Casanale, à Rome, dans le desseiu, à e qu'il disait, do (
doctrine, qui, selon quelques auteurs, n'était Hoc quoque prai cunclis coiiqueriiur aijieiis.
pas orthodoxe. Etant arrivé à Lyon, il y Thomas Conecte est même qualifié martyr
prêcha avec tant de fruit que plusi urs dans ces autres vers :
dames de qualité, renonçant au luxe et à la Non nocuii flamma isla Thomae, sed marlyrium dat :
vanité, lui apportèrent eu phnne assemblée Imiiiorlalis ei parla t orona manet.
leurs ornements et leurs bijou v, qu'il lit Per lorrneula plus, sibidanl quae carcer etigiiU
brûler sur un échafaud dressé exprès. Les Martyr aii aîlhereas conyolat ipse doiuos.
jeunes gens abandonnaient ie jeu, les ivro- Mais comme Lézana n'a donné qu;; deà
gnes fuyaient les cabarets, et il s'acquit une fragmenls de l'éloge de Thomas Conecte, de
si grande estime parmi le peuple, que celui- la composition, à ce qu'il dit, de ce Jean de
là s'estimait heureux qui pouvait conduire Harlem qui nous est inconnu, ou de quel-
(1) Voy., à la fin du vol., u° 175. (3) Lézana, Annal, sacr. ord. Carmelit, ^ t. IV.
(-1) Vuy., à la On du vol., n" 174.
707 DICTIONNAIRE DES ORDRES RELIGIEUX. 7C3
<]u'au'.re, en ayant supprimé plusieurs vers qui eut aussi pour successeur d'autres fran-
t]i,i étaient injurieux au sainl-siége, Baleus, çais, comme le P. Guigne, l'an H27 ; le P.
cie qui Lézana es a lires, étanl d'ailleurs un Jean de Vienne, l'an U29; Rubin, l'an
le P.
aposl'il de l'ordre des Cbrraes, un hérétique, 1V33, et le P. Etienne de Toulouse fut élu
grand ennemi de l'E|îlise. qui dans ses ou- premier vicaire général la même année.
vrages a témoigné beaucoup d'aigreur et (]ela supposé, il est à croire que cette ré-
d'emportement contre les papes et la cour forme n'a ommencé que vers l'an liai ou
I
romaine, et qui se mêlait aussi de faire des IV'25, que Conecte continua ensuite ses pré-
vers, Baleus pourrait bien lui-même avoir dications, étant venu en Flandre l'an 1428,
été l'auteur de ceux que Lézana a rdppurtés qu'il prêcha à Lyon en 1*132, et qu'il retourna
à la iouang' de Thomas Conecle, et par con- en Italie l'an li33, où il flnil sa vie par une
séquent le témoignage de cet hérétique apos- mo; t honteuse.
tat ne serait pas recevablc lorsqu'il dit que Quoi qu'il en soit, les couvents de Man-
le pape Eugène IV se repentit d'avoir f;iit toue, deGironne et de Forêts, s'étant unis et
mourir ce religieux. Celui de Baptiste Spa- ayant élé gouvernés par un supérieur que
gnoli surnommé le Manlouan, qui a été l'un Vow appelait président général, il y eut plu-
des 01 nemonls de l'ordre des Carmes par la sieurs religieux qui s'opposèrent à leur ré-
sainteté de sa vie et par ses écrits, et qui forme, ce qui ohligea ceux de ces trois coa-
même a été plusieurs fois yicaire général de \enls d'avoir recours au pape Eugène IV
la rongrégati ju de Mantoue, et général de pour approuver cette réforme et leur pro-
tout l'ordre, serait d'une plus grande auto- curer les m *yens de la maintenir. C'est pour-
rité. Il dit que ce qui procura la mort à (luoi le pape, informé de la vie exemp aire
Conecle fut l'envie que l'on conçut contre qu'ils menaient et du dessein qu'ils avaient
lui, à cause qu'il reprenait les vices avec formé de persévérer dans c^tte étroite ob er-
trop de liberté et trop de zèle. Il compare v;!nce qu'ils avaient embrassée, les exempta
même les flammes auxquelles co religieux de l'obéissance des provinciaux, et les soumit
fut condanmé, à celles qui procurèrent le seulement à cel e du général de tout l'ordre,
martyre à saint Laurent Hujus flammas, : leur accordant la permission d'élire un vi-
dit-il, non Scevolœ rogo, scd Luurentii posse caire général pour les gouverner. I! leur
comparari non dubito : dicant qnod vdint, donna aussi d'autres privilèges qui sont
o' strrpant, clamitent et insaniant, ille siunni) en jucés dans la bulle de ce pape de l'an li33.
vitii Olympo (1). Mais nous entrerons dans Ain ces trois couvents s'étant assemblés à
i
(I) î>;iiiiisi, Mantuan. Dia.og. de Viiu beala, sub (i) Philip. Rouanni, Cfl(a/oç;. ord. religios., p-^Ll,
709 CA.R CAt 710
son titre de Sainle-Balbine pour prendre celui dessous c'est pourquoi Crescenze dit que
;
Tiutres couvents; il travailla par paroles et Tlien'ro degli liuoinini illuslri délia famiglia
par exemple à la mettre dans tous Ks cou- di Man'oin.
vents de l'ordre. Mais comme il vil que son CARTAGE (Saint-). Voij. Irlande,
dessein ne pouvait pas réussir, il résolut de CASTEL. Voy. Molck.
quitter sa charge et de rcMioncer au eénéra- CASTEL SAINT-JEAN. \oy. Antoine db
lat, afin de vivre en repos el se disposer à la Castel SiiNT-JÉAN (Frères Mineurs de).
mort, ce qu'il fit V;in 1515; el dans le temps CA^TIGLIONE (Vierges de). Voij. HIll.
qu'ilcomposaii les Vies des principaux saints CATHERINE (Hospitalières de Sainte-),
de chaque fiiois, il soriil de ce monde pour Voii. Chanoinesses Hospitalières.
aler en leur compagnie le 2 mars 15 IG, CATHERINE DE SIENNE (Dominicains de
étant âgé de soixanle-huil ans. Son corps LA congrégation DE SaINTE-). Voy. LOMBAR-
s'esl conservé jusqu'à présenl sans aucune DIE.
corîuplion, et on le voit dans le couvent de
Mantoue, où on lui a érigé un tombeau ma- CATHERINE AU MONT SINAI ^Chevaliers
gnifique. Il était bon ttiéologieu bou phiio- ,
DE Sainte- ).
soplie et passait pour le plus excellent
, La manière miraculeuse dant Dieu se ser-
poêle de sou temps; ce qui fil que Frédéric, vit pour manifester aux hommes les mériies
p euiier duc de Mantoue en lo-JO, ayant fail de sainte Catherine , en faisant après sf»n
ériger un arc de triomphe dans la plus belle mariyre transporter son corps par les angt s
place de la ville, y fil porter les sialues de sur la montagne de Sinaï, oiî il avait auire-
^ irgile et du P. Baptiste Muiloain. fois donné la loi à son peuple fit que
,
plu-
Les religieux de cette congréjration sont sieurs personnes se rendaieni i! tous les
îiabillés à peu près comme les autresCarmes. endroits du monde sur celte sainle monla-
(le qui les di-tingue, c'e^l qu'ils portent un gue |)0ur rendre leur culte aux reliques de
ihapeau blanc avec une coiffe de treillis noir celle illustre martyre. Mais comme les cour-
tn dedans, qui couvre aussi les bords en ses des Turcs incommodaient fort les pèle-
sainte Catherine qui pouvaient être reçus dien de leur couvent à Jérusalem et com-
dans cet ordre, on luidonua le nom de cette missaire apostolique en terre sainte, n'au-
sainte. Les chevaliers (1) reçurent, pour rait pas manqué d'attribuer ce droit à son
marque de leur dignité, une roue à demi ordre; mais, bien loin de l'avoir fait, il dit
rompue , avec une épée teinle de sang ; et au contraire qu'on voit peu de ces cheva-
selon quelques-uns une roue à six raies ,
,
liers ,soit que cet ordre soit peu connu
traversée d'une épée qu'ils portaient sur ,
à présent, ou que l'on aille rarement en pè-
des manteaux blancs. Ils s'obligèrent à gar- lerinage au mont Sinaï, ou enfin à cause que
der le corps de celte sainte de rendre les , les Crées qui demeurent sur cette montagne,
chemins sûrs pour les voyageurs de défen- , et qui ont pouvoir de conférer cet ordre ,
dre l'Eglise, d'obéir en toutes choses à leurs étant scliismatiques, il n'y a aucun catholi-
supérieurs, et suivaient la règle de saint Ba- que qui veuille recevoir de leurs mains le
sile. sacrement de l'eucharistie qu'on est oîdigé
y a quelques auteurs qui ont prétendu
Jl de recevoir avant que d'être fait chevalier.
que cette institution n'avait été faite que l'an Que si ces schismatiques le donnent aux
1067, et d'autres la mettent l'an 10G3 ; mais Grecs, c'est ce qui n'a |)as été connu au père
elle ne peut avoir été faite plus tôt que dans Quaresmo , et que j'ignore aussi. Ainsi on ,
le douzième siècle. H y en a aussi qui pré- peut dire quecct ordre est entièrement aboli,
tendent que la principale obligation de ces et nous ne vo}ons point qu'il ait été ap-
chevaliers éiait de pourvoir à la sûreté des prouvé par aucun souverain pontife.
chemins pour les voyageurs qui visitaient Francise. Quaresmo, Elucid. terne sanc-
le saint sépulcre de Notre-Seigneur mais, ; tœ, t.l, tib. I, cap. 62. Mennenius , Deliciœ
puisqu'ils portaient le nom de Sainle-Galhe- equesC. ord. Herman et Schoonebeck , dans
rine, et qu'ils étaient créés chevaliers sur le leurs Histoires des ordres militaires. Ber-
tombeau de cette sainte , de la même ma- nard. Giusliniani, Hist. di tutti gli ord. mi'
nière que les chevaliers du Saint-Sépulcre , litari. And. Mendo, de ord. milit., et Favin,
dont nous parierons dans un autre lieu , en Theat. dlionn. et de chevalerie.
traitant des congrégations et des ordres mi-
litaires qui suivent la règle de saint Augus-
CAVE (Dk Là Congrégation de).
tin, il y a bien de l'apparence que ces che- L'abbaye de Cave au territoire de Sa-
,
Yaliers de Sainle-Catherine avaient d'abord lerne, dans le royaume de Naples a été au- ,
été établis pour la sûreté des pèlerins qui trefois chef d'une célèbre congrégation de
allaient visiter le tombeau de sainte Cathe- l'ordre de Saint-Benoît. Elle eut pour fonda-
rine. Présentement ces chevaliers ( supposé teur saint Alfère ou Adelfère , qui était de
qu'on en fasse encore) sont fort inutiles et , Salerne , de la maison des Pappa-Carbons ,
les pèlerins n'en retirent aucun secours , qui (à ce qu'on prétend) descendait des rois
non plus que des chevaliers du Saint-Sépul- lombards. Ayant fini ses études, il fut mis à
cre. Favin se trompe , lorsqu'il dit que les la cour de Guaimar III prince de Salerne
, ,
du martyre de cette sainte, savoir: une roue de Saint-Michel de Cluse, il y tomba dange-
percée, à six raies de gueules, clouée d'ar- reusement malade. Pour lors faisant ré- ,
gent, comme il l'a fait graver dans son Théâ- flexion sur les vanités du siècle , il prit la
tre d'honneur et de chevalerie, sur une pa- résolution d'embrasser l'état ecclésiastique ,
reille qui lui avait été donnée par M. Dau- et de consacrer à Dieu ce qui lui restait
bray, secrétaire du roi , baron de Bruyères d'une vie languissante, il demanda l'habit de
et prévôt des marchands à Paris qui était , saint Benoît à saint Odilon, qui se trouvait
chavalier du Saint-Sépulcre et de Sainte-Ca- pour lors à Cluse et ce saint l'ayant mené
:
therine; car M. Daubray portait ainsi la avec lui à Cluny, lui accorda ce qu'il avait
croix , à cause qu'il était chevalier de ces souhaité avec beaucoup d'empressement.
deux ordres mais ceux qui étaient seule-
; Autant qu'Alfère avait été attaché aux cho-
ment chevaliers de l'ordre de Sainte-Cathe- ses de la terre autant prit-il affection pour
,
rine portaient la roue seule ou entière ou , toutes les choses qui regardaient le service
brisée, traversée d'une épée. de Dieu ; et il parvint en peu de temps à
Schoonebeck s'est aussi trompé lorsqu'il une très-grande perfection. La réputation de
dit que les religieux de Saint-François ont sa sainteté s'étant étendue jusque dans son
le pouvoir de faire des chevaliers deSainte- pays le prince de Salerne l'engagea d'y
,
Catherine,et que c'est par cette raison que, retourner, et lui donna le soin de faire obser-
sur le mont Sinaï , ils joignent la croix de ver la discipline monastique dans tous les
Jérusalem ou du Saint-Sépulcre à la roue de monastères de la ville de Salerne. Mais ce
sainte Catherine, eu quoi cet auteur a peut- saint homme qui était accoutumé au repos
,
être suivi l'opinion de Favin. Mais s'il était et à la tranquillité^ impatient d'en jouir,
vrai que les religieux de Saint-François , abandonna lu ville et se relira sur un cô-
que l'an 1025; mais ils prétendent que l'acie gène III.
de cotie donation favorise leur sentiment , Ce monastère avait trois cent trente égli-
puiî-qu'i! y est marqué que saint Alfère y ses de sa dépendance*, (jui sedisiienl ioutes
avait déjà fait bâtir une église. Cependant le de la congrégation de Cave, dont il y avait
P. Mabillon n'e.^t pas de même sentiment il : cent vingt monastères, savoir: viiigl-ncuf
dit que ce .«nonastère ne peut avoir été bâti abbayes et quatre-vingt-onze prieurés; et
qu'au commencement du onzième siècle , les autres églises n'étaient que des paroisses,
tant à cause que saint Alfère reçut l'habit la plu; art desservies par des religieux de
des mains de saint Oiiillon qui ise succéda
,
celle congrégation. Ce n'était pas seulement
dans le gouvernement de Cluni à saint dans le royaume de Napîes,
il y en avait en-
Mayeul qu'après l'an 990, qu'à cause que Liu- core en Sicile en plusieurs autres provin-
et
tius, moine du Monl-Cassin, avait demeuré à ces. Le monastère de Saint-Laurent /n/jan/s
Cave avant que ce monastère fût bâti du , sperna, à Rome, était autrefois membre de
temps de ]Mauson,abbé du Mont-Cassin qui ,
cette congrégation.
ne fut abbé que l'an 986. Quoi qu'il en soif, Mais entre tous les monastères de sa dé-
le monastère de Cave, bâii par saint Alfère, pendance, il n'y en a point eu de plus con-
fut dédié à la sainte Triniîé, et prit le nom de sidérable que celui de iMoul-Réal, en Sicile,
Cave à cause de celte carrière ou cavée où
, fondé par le roi Guillaume 11, surnommé
il fut bâli. le Bon, l'an 117i. Il y fil venir des religieux
Ce saint qui comme nous avons dit ne
, , de Cave, et saint Benincasa, qui en était j)our
voulut recevoir d'abord que douze disciples lors aîjbé, y en envoya cent, auxqiic;s il
dans celle solitude , se voyant près de r/iou- donna pour abbé Thibau-l ce qui fait voir
:
rir, les avertit qu'il avait eu révélation qu'il le grand nombre de religieux qui étaient
y en aurait dans la suite une très-grande pour lors à Cave, j iiisque l'on n'en prenait
multitude. La chose arriva coiHîiie il l'avait pa-; moins de cent pour aller établir de nou-
prédit et Dieu lui ayant fait connaître qu'il
; velles colonies. Le monastère de Mont-Réal
sortirait de ce monde le jour du jeudi saint fut érigé n archevêché par le pape Lucius
(
ordinaire, el Angre de Fondi y célébrn ,en 1G28, dateur, saint Pierre, surnommé f/eMwrow,
lin synode nalion.il dont his conslilulions eut été élevé au souverain pontifical, souj
fureiil itnpriniées l'année suivante, à Naples. l" nom de Célestin V, Ce saint naquit à Iser-
Les premiers abbés de Cave ont ou le litre nia ou Sergua, petite ville du royaume de
de saints ou de bienheureux , et ce monas- Naples, dans le comté de Molisse, l'an 1215,
!èrc fait l'office double de ses quatre pre- selon la plus commune opinion. Ses parents
miers alibés qui sont: saint Aiière, saint étaient d'uneaudition médiocre, mais re-
Léon, saint Pierre, et saint Consla'ole.
y On comm.indables par leur vertu; car, outre la
fait aussi mémoire de quatre autres, qui ont [)!élé dont iU faisaient profession, ils étaient
seulement le titre de bienheureux, qui sont: fort charitables envers les pauvres. Ils eu-
le bien';:cureux Simon, cinquième abbé, le rent, coir.me le patriarche Jacob, douze fils,
bienheureux Faucon, son sacccsseui, le euire lesquels Pierre se montrait Cumme un
bienheureux Beniiicasa, huitième abbé, et autre Joseph envers ses frèies. Il perdit son
le bienheureux Léonard, onzième abbé. père fort jeune, et des sept fils qui restaient
Saint Pierrç, troisième abbé, était neveu de viAanls à sa mère, après la mort de son
saint Alfère. H avait été tiré de ce monas- mari (qui avait été précédée de celle de cinq
tère pour être évéque de Policastro; mais de SCS enfants), il fut le seul qu'elle destina
il quitta celte dignité peu de temps après aux études, à cause de sa sagesse et de sa
poisr retourner dans sa solitude, où saint piété extraordinaire. Il y fil de grands pro-
f.éon le choisit pour son successeur. Ce fut grès, et après les avoir achevées, il se sen-
de son temps que le pape Urbain II fit la tit intérieurement pressé d'un ardent désir
sonnes qui menaient une vie toute ce. este, de sortir de ce lieu soiiiaire el d'entrer dans
cl qui ne marchaient qtse nu-pieds dans ce l'état ecclésiastique peur y travailler au sa-
même lieu. L'est pourquoi ils descendirent lut des âmes. Il écouta ce conseil comme une
lous de cheval, et allèrent à pied jusqu'au inspiration de Dieu, qui le destinait à ce
monas'ère. grand ministère c'est pourquoi il en sortit,
;
Voyez Ughell, Jtal. Sacr.^ tom. VII, pag. et alla dans ce dessein à Tonie pi.ur y pren-
5lo. Arn;)lu.Wion, lib. v. B )IIand. il janua- dre les ordres sacrés. Mais à peine les eut-il
rii, 17 februarii, et 14 r.iartii. Pietr. Anton. reçus, que l'j.mour de la retraite se réveil-
Toriiamira, Orig. et progress. délia coug. Cus- lant en lui à mesure qu'il voyait le faux
«inense. Joaun. Mabillon. Acla SS. ord. Be- éclat de la grandeur de celle capitale du
ned. sœcul. (î,et Annal, cjusd. ord, ^ tom. IV. monde, il en sortit cl retourna dans la
Pouiik', où il se relira sur le Mo it do Mou-
CÉLESTES. Voyez Ar>^'0HCîADES célestes.
ron ou de Mourono, cl y prit pour sa de-
CÉLESTINS (Ordre des). meure une caverne, où il y avait un grand
serpent qui en sortit lorsqu'il y vit entrer le
Des Moines Céleslins, avec la vie de saint
saiul, et qi;i ne revint plus depuis. Il i'ul fa-
Pierre Célaslin, leur fondateur.
vorisé dans ce lieu de beaucoup de grâces
L religieux dont nous allons parler, et
s célestes : cepcmdant plus il en recevait, plus
donl congrégation est ur.e des lus iUus-
la j il s'humiliait devant Dieu, en sorte que se
Ircs de Tordre de Saint-Beuoît, furent d'a- jugeant indigne de célébrer les divins mys-
bord nommés les Ermites de Saint Dnmien, tères, il résolut de ne plus dire la messe de
O;!, clor. d'aulres, de idurox.', ol i,c jurent
.
ses jours, eLd'allo- à Rome pour en obtenir
appelés Célestins (l), qu'après que leur foa- la dispense du sai.it-siége ; mais comme il se
vant plus assez cacbé, il l'abandonna, et qu'il était malade, n'ayant aucun égard aux
passa au Monl-Majella, où il demeura d'a- prières qu'on lui faisait de modérer de si
bord seul dans une caverne car deux soli-
: grandes austérités, au moins pendant la
taires qui y vinrent avec lui ne purent se maladie.
résoudre à y rester, ayant trouvé ce lieu C(>pendant une vie si austère el si capable
trop affreux. Néanmoins quelques jours de rebuter les gens du monde ne laissa pas
après ils relournèrenl vers le saint, et s'atta- de lui procurer de nouveaux imitateurs qui,
chèrent à lui comme à leur propre père, le animés par son exemple et touchés d'un
priant de leur servir de guide dans la vie spi- secret mouvement de la grâce, quittèrent
rituelle. 11 n'y avait rien de plus uni que toutes les délicatesses du siècle pour le sui-
cette petite société. Si les compagnons de vre dans le chemin étroit de la perfection.
saint Pierre le regardaient comme leur père, Le nombre de ses disciples se multiplia si
il les aimait comme ses enfants; il compa- fort, que le monastère qu'il avait été obligé
tissait à toutes leurs faiblesses, et leur don- de bâtir sur la montagne de Majella avec un
nait tous les secours spirituels et temporels oratoire n'étant pas capable de les loger
qu'ils pouvaient attendre de lui; mais l'en- tous ils furent contraints de bâtir de nou-
,
nemi commun, ne les pouvant voir si unis, veaux monastères aux environs. Dom Lelio
tâcha de les troubler par des inquiétudes, Marini, qui a été général de cet ordre, dit
des craintes et des tentations. Il fil paraître dans la Vie de ce saint que son ordre fut pre-
un jour leurs cellules tout en feu; saint mièrement approuvé, l'an I26i, par le pape
Pierre s'en étant aperçu le premier, avertit Urbain IV, qui l'incorpora à l'ordre de Saint-
ses com[iagnons d'en sortir avec ce qu'ils Benoît par une bulle adressée à l'évêque de
pourraient emporter, (.eux-ci n'eurent pas Théate pour la mettre en exécution en cas
plutôt aperçu les flammes, que s'imaginant que les choses fussent comme on les lui
que le feu était tombé du haut de la monta- avait exposées ce que le prélat exécuta,
:
gne, ils murmuièrent contre le saint, de ce comme il paraît par un acte du 28 octobre
qu'il les avait fait demeurer dans cet en- de la même année, qui est conservé avec la
droit; mais saint Pierre ayant reconnu l'il- bulle de ce pontife dans les archives du mo-
lusion du démon, éle«a les yeux au ciel, nastère du Saint-Esprit de Sulmone; et ce
demandant à Dit u le secours de ses grâces même général ajoute que cet ordre fut con-
contre cet esprit de ténèbres et de diviion; firmé par le pape Grégoire X, l'an 1274, dans
et ce feu imaginaire disparut tout d'un coup. le concile de Lyon. Le cardinal Pierre Daily
Quelques personnes qui le vinrent visiter dit que ce saint, ayant appris que toutes les
dans cette solitude pour le consulter sur les congrégations r* ligieuses qui n'étaient pas
moyens de travailler à leur salut, el rece- approuvées par le saint-siége seraient cas-
voir ses instructions, voulurent aussi le sées dans le concile général qui devait bien-
porter à quitter celte demeure, qui était de tôt se tenir à Lyon, alla avec deux de ses
difficile accès pour eux, ce qui les empê- disciples trouver le pape Grégoire et qu'il X
chail d'y venir plus souvent; il leur répon- en obtint plus qu'il n avait même osé espé-
dit que s'ils en trouvaient pour lors le che- rer; car ii n'approuva pas seulement sa nou
min difficile, il leur paraîtrait doux et aisé velle congrégation, mais il lui donna encore
dans la suite, aussi bien que la demeure la règle de saint B 'uoîl ce qui détruirait le
r
agréable. En effet il y en eut plusieurs d'en- sentiment de Lelio Marini ; mais, nonobstant
tre eux qui renoncèrent au monde, el qui ce que dit le cardinal, je crois qu'on doit
quittèrent tout ce qu'ils avaient pour se ve- plutôt s'en rapporter à cet écrivain, qui,
nir renfermer avec lui dans celle solitude, selqn quelques savants, est un auteur exact
et s'yconsacrer au service de Dieu sous sa qui n'avance rien qu'il ne prouve par des
conluile. actes authentiques. En clîet il n'y a pas
C'est ainsi qu'il forma une communauté d'apparence que saint Pierre eût aftendu si
Yers l'an 12ai. Il ne prescrivit point d'abord tard à demander l'approbation de son ordre,
de règles particulières à ses disciples, il était puisqu'il y en avait déjà seize monastères
lui même le modèle et l'exemple qu'ils sui- en 1274, el il paraît même par la bulle de
vaient. Il passait le jour et une partie de la Grégoire X
adressée au prieur du Saint-
nuit à la prière. II se levait à minuit pour Esprit de Majella, qui était pour lors chef de
diremntines, et après !; s avoir dites, il réci- l'ordre, que la régie ci, sain; Benoît y était
tait er^core le psautier entier. Lorsqu'il déjà observée : In primis siquidem (dit ce
ccssaii de prier, il s'employa'* à quelque pape) ul ordo rnonasî'cis ^ gui seciindut^t
wuvtiil, il buvait rarement du via, il jeûnait Deum et B. Benedlcti Regitlam in eodem mo~
presque tous les jours. Il faisait ordinaire- nasUrio onstitutus esse dignoscitur^ perpetais
ment six carêmes par an, durant lesc^uels il ibidem temporibus inviolabiliier observetur.
,
Ce pape lui accorda encore beaucoup de ter à des intérêts humains, et de chercher
privilèges. l'exempta de la juridiclion des
Il le meilleur sujet qui se pourrait trouver
ordinaires el de payer la dime dos terres et pour remplir la place de saint Pierre, et, à
des troupeaux. Quant à la suppression des la persuasion du cardinal d'Ostie, ils nom-
ordres religieuv ordonnée par le concile, mèrent d'une commune voix saint Pierre de
elle ne regardait que ceuv qui navaient Mouron , qui passait pour le plus saint
pas reçu leur approI)ation du saint-siége, et homme de son temps.
ceux qui par leur règle el leurs constitu- Chacun se réjouit de cette élection ; mais
tions ne pouvaient rien posséder, excepté saint Pierre de Mouron, qui ne souhaitait
les quatre ordres Mendiants, savoir, ceux de qu'une vie privée et que de demeurer dans
Saint-Dominique, de Saint- François , des une solitude, caché aux yeux des hommes,
Carmes, et des Auguslins ; ncore le concile
t bien loin de s'en réjouir, en fut fort chagrin,
ne permit-il ces deux dtrniers qu'en atten- el s'e!?limant indigne d'une si grande dignité,
dant qu'on en eût autrement ordonné. il s'excusa de l'accepter; et parce qu'on ne
Après que saint Pierre de Muron eut ob- voulait pas recevoir les raisons qu'il allé-
tenu cetle seconde approbatioo du saint- guait pour ne pas se charger d'un fardeau
siége, son ordre fit de nouveaux progrès, cl si pesant, il prit le parti de s'enfuir; mais
l'on prétend qu'en passant à Mantoue, à son ayant été rencontré par une foule de monde
nlour en Italie, il y fonda encore un rao- qui le cherchait, il se vit contraint de céder
naslèrc. Il gouverna cet ordre jusqu'en malgré sa résistance. Les rois de Sicile et de
l'an i2SG que, préférant la solilude à ce gou- Hongrie se rendirent près de lui, et voulu-
vernement, il s'en démit aussi bien que de rent l'accompagner avec plusieurs seigneurs
sonprieuiédu monastère du Saint-Esprit de jusqu'à Aquila , où se devait faire la céré-
Majella. Ce monastère fut d'abord dédié en monie de son couronnement. 11 ne voulut
Ibonneur de la sainte Vierge, et il est jamais monter qu'un âne, quelques instan-
appelé dans la bulle de Grégoire X
le mo- ces que lui fissent d'en user autrement les
nastère de S .inte-Marie de Maje.ia ; mais princes et les cardinaux, qui l'accompa-
un pii,a^on blanc étant venu dans ce lieu , et gnaient. 11 fut sacré el couronné dans un
s'étanl rendu si fajuilier qu'il se trouvait monastère de son ordre, nommé Notre-Dame
dans tous les lieux où les religieux étaient de Collemadio proche la ville d'Aquila, le
assemblés, ce qui dura pendant trois ans, 29 août, el prit le nom de Célestin V, nom
cela donna lieu au saint fondateur de don- que Ion donna depuis aux religieux de son
ner le nom du Saint-Esprit à ce monastère, ordre qui avaient été appelés jusqu'alors
et d'en fonder plusieurs autres sous le même les Ermites de Saint Damien.
litre. Après s'être démis du gouvernement Il demeura à Aquila pendant tout le mois
de l'ordre, il élaLlit en sa place un nommé de septembre, el ce fut pendant ce lemps-là
Roi ert, tant en qualité de prieur du Saint- que le roi de Naples, pour montrer l'estime
Esprit de Majella que de général de l'ordre. qu'il faisait de ce pontife, donna le vingtième
Ce monaslorc fut ainsi gouverné par un de ce même mois, au monastère du Saint-
prieur jusqu'en l'an 12S7 que les religieux, Esprit de Sulmone le bourg de Pautolle, et
s'étant assemblés dans un chapitre général à celui de Collemadio d'autres terres avec
élurent pour premiar abbé général François beaucoup de privilèges que ce pape amplifia
d'Adiia, qui mourut peu de temps après, et par des juridictions spirituelles, qu'il accorda
eut pour successeur Rainaud Riga-Nigro et , aussi à ces deux monastères, sur plusieurs
après !;!i Onuphre de Côme, qui fut élu dans bourgs et villages, indépendamment des or-
le chapitre général de l'an 1293, où il fut or- dinaires. Après avoir créé divers officiers
donné qu'à l'avenir le monastère du Saint- pour reiiiplir les charges du temporel de la
Esprit de Majella, qui avait our lors le titre
[ cour de Rome et de l'Elat ecclésiastique, et
d'abbaye, ne serait plus regardé comme le lait dans une promotion douze cardinaux
chel de l'ordre, à cause de sa situation dans parmi lesquels il y avait sept Français et
un lieu dé ert de dificile abord et qui n'était cinq Italiens, dont deux étaient religieux de
pas commode pour la tenue des chapitres son ordre, il songea aux moyens d'affermir
généraux, el qu on s'assemblerait dans la cet ordre dont il était le fondateur, et par
suite dans celui du Saint-Esprit de Muron, une bulle donnée à Aquila au mois d'octobre,
appelle communémeul de Sulmone à cause el qu'il adressa à Onuphre, abbé du monas-
de la proximiié de cette ville, el qu'on le tère du Saint-Esprit de Sulmone, il en ap-
ferait ériger en abbaye. prouva les constitutions qu'il avait dressées,
Ce fut sous le gouvernement de ce troi- et confirma tous les monastères qui étaient
sième général que saiul Pierre de Mouron, au noiubre de vingt. 11 ordonna que l'on
qui depuis sa démission avait été de solitude tiendrait le chapitre général tous les ans,
en solitude pour se dérober à la foule du mais que tous les trois ans l'abbé général
peuple qui le venait cheicher de tous côtés, serait obligé de donner sa démission. Il lui
fut élu, le l«f juillet 129i, souverain pontife. accorda l'usage des ornements pontificaux,
Le pape Nicolas IV était mort dès le 4 avril lui permit de donner la bénédiction au peu-
12^'2, et depuis quatorze mois tous les car- ple, et de conférer les quatre ordres mineurs
dinaux assemblés à Perouse pour lui donner à ses religieux el aux clercs des terres qui
un siîcc^ssi'ur n'avaient pu s'arrordcr pour dépendaient de l'ordre pour la juridiction
réieclion. i.as des biigaes el des coalesla- spirilui'ile: il alla au Mont-Cassio, obligea
tions, ils couviurenl euda do ne plus s'arrè- les religieux de ce mua::slèie d'embrasser
7-21 CEL CEL m
son ordre, y envoyant pour cet effet cin- où, après avoir souffert pendant dix mois
quante «le ses religieux. Il consarrn l'Efrlise tous les mauvais traitements dont les soldats
du Saint-Esprit d" Sulmone mais il fut Irnp
; commis à sa garde furent capables, il y
peu de teni[)s sur la chaire de saint Pierre mourut le 19 mai de l'an 129G, étant âgé dé
pour faire de grands biens à son ordre car : quatre-vingt-un ans. Boniface fit célébrer ses
après avoir gouverné l'Eglise pendant cinq funérailles avec grande solennité dans l'é-
mois et quelques jours, reconnaissant que le glise de Saint-Pierre de Rome el s'y trouva
fardeau dont il était chargé n'était point avec tous les cardinaux. Il envoya le car-
proportionné à ses forces, et voyant d'ail- dinal Thomas d'Ocre, qui était de la création
leurs qu'un grand nombre de personnes du saint el son religieux, avec un camérier
n'étaiont point contentes de son administra- d'honneur pour faire transporter son corps.
tion, il renonça solennclleincnt au ponlTical Ils le conduisirent eu grande cérémonie, ac-
dans un consistoire qu'il avait assemblé à compagné de tons les évêques et d'un grand
Naples le 13 novembre de la même année, nombre de religieux de sa province, cl le
et en quitta dès le lendt^main toutes les mar- portèrent dans l'église du monastèr de Saint-
•
exercé leur office, ils ne pourraient être élus scrvanco répulière, ce qui leur a été accordé
que neuf ans après. par leurs pères d Italie cl confirmé par les
Cet ordre a passé encore en plusieurs pro- papes Martin V et Clément VIL En vertu de
vinces d'Allemagne, mais les hérésies qui se ce pouvoir et conformément à ce <|ui fut or-
sont glissées dans les lieux où ses monas- donné dans leurs chapitres provinciaux des
tères étaient silucs en ont fait périr la plu- années 1661 et 1664, ils dressèrent de nou-
part. Il y en a environ quatre-\ingt-seize en velles constitutions qui furent reçues dans
Italie, et vingt -un dans la province de le hapitre provincial de l'an 1667, et impri-
(
France, qui ont tous lilre de prieurés, n'y mées à Paris l'an 1670. Elles sont divisées
ayant dans cet ordre que la seule abbaye du en trois parties : la première traite des cha-
Saii t-Espril de Sulmoiie à causée que ce mo- pitres provinciaux et des éledions des supé-
nastère est chef de l'ordre. Dans la province rieurs, la seconde des observances réguliè-
i\e France sont compris bs monastères d'A- res, et la troisième de la visite et correction
vignon, de Notre-Dame de Heuvre, proche des religieux. Tous les trois ans, le quatrième
Louvain, et de Sainte-Catherine de Villar- dimanche après Pâques , le chapitre pro-
salet, en Savoie; elle est gouvernée par un vincial se tient au monastère de Paris; tous
provincial qui a le même pouvoir sur les les prieurs et un discret de chaque maison
monastères de France que le général dans doivent s'y trouver, et élisent le provincial
ceux de l'ordre. Le monastère de Paris est qui doit avoir les deux tiers des voix. Après
comme le chef de cet ordre en ce royaume. son élection, on procède à celle de cinq dif-
II fut fondé l'an 1318, par Pierre Martel, liniteurs qui, avec le provincial et celui qui
bourgeois de cette ville. Les religieux y sort de charge, composent le diffinitoire qui
jouissent des mêmes droits et privilèges que élit les prieurs des monastères, et ceux-ci
les secrétaires du roi, et ils ont une bourse élisent les sous-prieurs et autres officiers de
semblable à celle de chacun de ces mes- leurs maisons. Tous les religieux se lèvent à
sieurs. L'origine de ce droit vient de ce que deux heures après minuit pour dire matines.
Robert de Jussi, après avoir été reçu novice Ils ne doivent point manger de viande en
dans le monastère des Céb slins au mont de aucun temps, à moins qu'ils ne soient ma-
Chartres, et ayant quitté l'habit avant que de lades. Us jeûnent tous les mercredis et ven-
faire profession, s'attacha au service du roi dredis depuis Pâques jusqu'à la fêle de l'Exal-
Philippe de Valois, et fut du nombre des se- tation de la sainte croix, et depuis cette fêle
crétaires de ce prince. L'< iïection qu'il avait jusqu'à Pâques, tous les jours. Us ne man-
conservée pour cet ordre le porta à proposer, gent ni œufs ni laitage pendant l'Avent et le
dans une assemblée des secrétaires du roi, Carême, principalement dans le monastère,
d'ériger une confrérie dans l'église d(S Cé- ce qui leur est permis hors ces temps-là.
lestins de Paris. La proposition fut acceptée, Tous les vendredis de carême on ne leur
et, pour donner moyen aux religieux de sub- donne que la moitié de la pitance, et le Ven-
sister, parce qu'ils n'étaient pas fort riches dredi saint ils jeûnent au pain et à l'eau.
en ce temps-là, ils leur donnèrent chacun Quant à leur habillement (1), il consiste en
tous les mois quatre sous parisis sur l'érao- une robe blanche, un capuce et un scapu-
lumenl de leur bourse. Depuis ce temps-là, laire noir. Au chœur, et quand ils sortent
en 1358, Charles, dauphin de France, qui hors le monastère, ils portent une coule
était régent du royaume pendant la détention noire avec le capuce, ou, autrement dil, le
du roi Jean, son père, en Angleterre, leur chaperon par-dessus la ceinture tant de
;
donna une bourse semblable à celle de jour que de nuit est de laine ou de cuir blanc,
chaque secrétaire du roi ce que ; le roi ratifia et ils n'ont que des chemises de ^erge. La
après son retour, en 1361, ce qui fut encore différence qu'il y a entre l'habillement des
confirmé par le mcrae dauphin, en 1368, Français et dos Italiens, c'est que ceux-ci
lorsqu'il fut parvenu à la couronne. Du portent des capuces plus amples et que leur
Breull s'est trompé dans ses Antiquités de capuce est attaché au scapulaire qui est
Paris lorsqu'il dit que liobert de Jussi avait aussi beaucoup plus large. Les corners ou
pris l'habit dans le monastère de Marcoussi, oblâts sont habillés de couleur tannée, à peu
qui se nommait, à ce qu'il prétend, CastrensCf près comme les frères de Cîteaux, et ils por-
à cause qu'il n était pas éloigné de Châtres tent sur leur scapulaire une croix blanche
sous Montlhéri. C'était au moni de Châtres avec une S entrelacée dans le pied de la
dans la forêt de Compiègne; ce qui est facile croix. Cet ordre a aussi pour armes une croix
à prouver, puisque, selon ce même auteur, de sable avec un S d'argent. Les Français la
dans un autre endroit de son livre, le mo- portent d'or en champ d'azur accompagnée
nastère de Marcoussi ne fut fondé que l'an de deux fleurs de lis de même. Il y a eu de
ikOh-, et le monastère de Paris jouissait déjà cet ordre plusieurs prélats et autres per-
'Je ce droit avant l'année 1358 : d'où il est sonnes qui se sont rendus recommandables
évident que ce ne peut pas être au monas- par la sainteté de leur vie. Le P. Célestin
tère de Marcoussi que ce Robert avait pris Telera de Manfredonia en a donné une his-
l'habit. toire particulière.
Les Céleslins de province de France
la Bollandus, tom. III, maii. Dionis, Fab.
peii\cnt, quand boa leur semble, faire de Vila S. Pelri Cœlestini. Dom Lelio Marine
Lodeggiano, Vita e miracoH di S. Pietro dell, Bonagr.itia lui avait succédé dans le géné-
Murone. D. Celeslino Telcra di Manfretionia. ralat dès l'an 1279, et gouverna l'ordre avec
Hislor, Sfic. de gli huomini, illuslri per beaucoup d'édificaiion et de prudence jusqu'à
santila, délia congreg. de Cœleslini. Bened. sa mort, qui arriva l'an 12S'i^. On mit en sa
Gonon. Vit. PP. Occideni. Silvosl. Maiirol. place Ariot du Pré, qui fut élu dans le cha-
3]or. Océan, di iutt. gl. Rclig. lib. I. cap. 30. pi.re qui se tint à M lan, l'an 1285 mais la
;
que le pape Grégoire X le fît cardinal dans Pierre, demeurèrent ainsi en pri'on jusqu'en
la suite, il ne laissa pas de gouverner l'or- l'an 1290 que Raimond Gaufredy, qui avait
dre jusqu'à sa mort. Son successeur Jérôme été élu général dans le chapitre qui s'était
d'Ascoli, (|ui fut élu général dans le chapitre tenu l'année précédente à Assise, après que
qui se tint à Lyon l'an lilk, et qui fut aussi le cardinalMathieu d'Aquas Sparias eut
revêtu de la dignité de cardinal par le pape enfin renoncé au gouvernement de l'ordre,
Nicolas 111, l'an 1278, gouvernii l'ordre avec leur donna la liberté, voyant qu'ils n'avaient
tant de sagesse et de prudence qu'après la été persécutés que pour avoir pris la défense
morld'Honorius IV, les cardinaux aiseuiiilés de la pauvreté et de l'observance régulière,
dans le conclave lui déférèrent le gouverne- pour laquolle il était lui-même fort zélé et :
ment de l'Eglise universelle, et il prit le nom pour faire voir l'estime qu'il faisait de Pierre
de Nicolas IV. de Macorala il l'envoya avec qi;elques au-
,
in DICTIONNAIRE OKS ORDiŒS RELIGIEUX. 728
fâchés de celte séparation; mais ils n'osè- de famine el si fâcheux par rapport à la mi-
rent inquiéter ces pauvres ermites jusqu'à sère dont les peuples étaient accablés, que
ce que ie pape Célestin ayant abdiqué la ces pauvres religieux furent exposés à souf-
même année le yionlificat, IJoniface Vlïl fut frirdegrands maux dans leur voyage, surtout
mis à sa place. Pour lors ils commencèrent lorsqu'ils passèrent sur les terres des Latins
à chercher les moyeris de faire rentrer dans qui les regardaient comme des schismati(]ues.
l'obéissance de l'ordre les ermites Célestins, Ils furent un peu mieux traités sur les terres
qui, craignant les efl'els de leurs poursuites, des Grecs, où ils demeurèrent pendant deux
se relirôrenl en Grèce où iis demeurèrent ans assez tranquilles; mais le patriarche de
quelque temps dans une île de l'Achaïe. Le Constantinople, étant revenu de Venise, les
pape cepend int nomma Uaimond Gaufredi à excommunia deux fois, parce qu'ils ne se
l'évêché de Padoue mais le refus quil fit de
;
soumettaient pas aux supérieurs de l'ordre,
l'accepter, ne se croyant pas capable de sou- ce qui causa de grands troubles entre eux
tenir un si grand fardeau, irrita tellement et les religieux de la vicairie d'Orient. Mais
Boniface qu'après qu'il l.îi eut fait réponse ces saints solitaires ne manquaient pas de
que, puisqu'il ne se sentait pas assez de forces protecteurs qui, connaissant leur innocence
pour gouverner un évéché, il n'était pas ca- et leur vertu, les consolaient dans leur af-
pable non plus de gouverner l'ordre de Saint- fliction. L'archevêque de Patras s'inléressail
François, il le déposa de son office, et ayant particulièrement pour eux, el ce procédé
convoqué le chapitre général à Anagni violent qu'on exerçait à leur égard lui fit
pour le 22 juin de l'année 1296, Jean de Muro concevoir une grande indignation etun grand
y fut élu général. Sa piété et son zèle pour mépris pour ceux oui les persécutaient si
les observances régulières lui firent entre- injustement.
prendre la réforme de l'ordre ; ce qui lui au- Au commencement de ces troubles, saint
rait peut-être réussi, si, ayant été fait cardi- Jacques du Mont et saint Thomas de Tolen-
nal en 1302, il n'eût été employé dans des tin, qui étaient du nombre de ces ermites,
négociations et des affaires importantes qui, ayant demeuré quelque temps en Arménie
demandant toute son application, empêchè- sans rien savoir de ce qui se passait à leur
rent l'effet des bonnes intentions qu'il avait sujet, retournèrent en Italie et reconnurent
de faire vivre les religieux dans une exacte le général auquel ils exposèrent le fruit
pauvreté et une parfaite observance des rè- qu'il y avait à taire en ces quartiers-là pour
gles, dont il voulait faire renaître le premier le salut des âmes, si on y envoyait des mis-
esprit dans tout l'ordre que le pape avait sionnaires zélés el fervents. Le général, con-
laissé sous sa conduite jusqu'au premier tent de leur soumission et édifié de l'ardeur
chapitre, nonobstant la dignité à laquelle il qu'ils témoignaient pour l'augmentation du
l'avait élevé. royaume de Dieu et la propagation de l'Evan-
Avant qu'il fût revêtu de cette mêmedi- gile, leur permit de retourner en Orient pour
gnité, il avait convoqué un chapitre général prêcher aux infidèles, avec frère GonrarJ
à Gênes, dans lequel les pères de la pro- d'Offslda et douze compagnons à leur choix.
vince de la Romague firent tant de bruit con- Etant arrivé à Négrepont, et ayant apprii
tre ceux qui se disaient ermites Cchslins, la persécution que l'on avait suscitée aux
qu'on y résolut de supplier le pape de révo- ermites Célestins, frère Jacques du Mont,
quer le privilège qu'ils avaient obtenu de comme supérieur des missionnaires, entre-
Célestin V: ce qui fut exécuté; mais la ré- prit d'accommoder ce différend, et traita
ponse de Boniface (selon le sentiment de cette atîaireavec tant de prudence que les
quelques uns) n'ayant pas été favorablo à PP. delà Romagne consenlireiit que touscej
7i9 CEL CEL 750
qui était le priiicipal de ces solitaires, de cution. Frère Libéral suivit son avis et
revenir en Italie pour faire connaître au partit avec un compagnon; mais comme il
pape que c'était à tort qu'on les calomniait, était en chen)in pour venir .trouver le pape
2l que lui et ses frères avaient toujours été en France, il tomba malade, et s'éiant fait
Sdèies à l'Eglise à laquelle ils étaient très- porter au couvent de Saiiit-Ange-Dellavena,
dttachés comme ses véritables enfants. 11 il y mourut après un an de maladie qu'il
aborda, l'an 1303, avec quelques-uns de ses souffrit avec beaucoup de résignalion à la
compagnons, ù un port de la Fouille, où ils volonté de Dieu.
obtinrent d'André de Segna une petite de- Les autres religieux qui étaient restés
meure dans un désert qui lui appartenait. dans le royaume de Naples, frustrés de
l'espérance qu'ils avaient conçue du frère
Le cardinal Jean de Muro s'étant démis
Libéral, dont la mort leur fit perdre courage,
du gouvernement de l'ordre dans le chapitre
ne croyant pas être en sûreté dans ce
général qu'il assembla à Assise l'an 130'*, on
royaume où le roi s'était déclaré ouverte-
y élut pour général Gonzalves de Valbonne ment contre eux à la sollicitation des Frèrrs-
en Galice, qui, quoique fort zélé pour la
Mineurs, prirent la résolution de se retirer.
pauvreté, les observances et la pureté de la
Mais l'inquisiteur, gagné par les ennemis de
règle, qu'il s'efforça de conserver en renou-
ces ermites, leur ordonna de rester, les fit
velant et confirmant les décrets que ses pré-
citer de nouveau devant lui, et mêlant 1 ur
décesseurs avaient faits à co sujet, se laissa
cause avec celle de quelques hérétiques que
tellement prévenir contre les ermites Céles-
l'on appelait de Saint-Onuphre et de la <;ecte
lins, sur lesquels il lui semblait n'avoir pas
des Apôtres, sans aucune distinction, il les
assez d'autorité, qu'il chercha tous les
condamna comme hérétiques et schisma-
moyens et toutes les occasions de les persé- tiques, menaçant de censures ecclésiastiques
cuter, sous prétexte qu'ils étaient héréti(iucs
ceux qui les protégeaient et leur donnaient
et schismatiques c'est pourquoi, après avoir
:
asile. Le seigneur de Segna qui les a\ait éta-
tenu un chapitre général à Toulouse, l'an
blis sur ses terres fut fort indigné de celte
1307, où se trouvèrent neuf cent quatre-
sentence, et écrivit à l'inquisiteur qu'il ne
vingt-dix religieux, il pria Charles II, roi de
devait pas agir avec tant de passion coniie
Naples, d'écrire à frère Thomas d'A versa, do-
des personnes qui étaient innocentes dos
minicainot inquisiteur de la foi dans cet Etat,
crimes dont on les accusait ; mais les lettres
pour l'obliger d'agir contre le frère Libérât de ce seigneur ne firent quaigrir l'esi/rit de
et ses compagnons. Cet inquisiteur les inter-
l'inquisiteur, qui fitcoiiduire sous sûre garde
rogea, et, les ayant trouvés innocents, leur
ces ermites Céleslins dans la ville de Tri-
conseilla de le suivre pour éviter la persécu-
venlo, où étani arrivés, il les fit jeter dans
tion de lours ennemis. Comme ils passaient
une prison obscure. Ils y restèrent pendant
par-devant le petit hospice qui leur avait été
quinze jours, après lesquels l'inquisiteur,
donné par André de Segna, il s'éleva un voyant que l'évêque et les principaux do la
furieux orage avec des tonnerres etdes éclairs
ville n'approuvaient pas un traitement si
qui effrayèrent l'inquisiteur. Il crut que le
indigne , il les transléra dans un autre lieu
ciel s'armait pour prendre la défense de ces
où il les fil tourmenter pendant cinq mois,
saints religieux c'est pourquoi il voulut les
:
jusqu'à ce qu'enfin deux de ces ermites ayant
renvoyer, craignant que Dieu ne voulût avoué par faiblesse et par les douleurs qu'ils
venger sur sa personne l'injure qu'on leur souffrirent dans la torture, qu'ils étaient
faisait; mais frère Libérât lui dit qu'ils vou-
véritablement schismatiques et hérétique?,
laient le suivre et subir l'examen le plus
quoiqu'ils se rétractassent étant en liberté,
rigoureux pour être purgés des calomnies illes condamna tous à être fouettés tous nus
atroces que l'on avait inventées contre eux,
parles rue? de Naples, et à être bannis du
afin que leurs ennemis ne les insultassent
royaume. Mais Dieu, qui est juste et qui se
plus et ne les traduisissent plus aux lril)u-
réserve la vengeance de l'innocence oppri-
naux des princes, comme coupables des mée, punit l'auteur de cette sentence: car il
crimes dont ils étaient innocents.
mourut peu de temps après, confessant hau-
Ils vinrent donc avec l'inquisiteur jusqu'à tement son injustice et l'innocence de ces
Anciano, où ils demeurèrent quelque temps saints religieux. Ceux qui échappèrent aux
sous sa protection, dans un petit hospice; tourments (car il y en eut quelques-uns qui
mais les religieux de l'ordre qui avaient un en moururent] allèrent en France pour se
couvent au même lieu redemandèrent frère présenter au pape et faire connaître leuf
Libéral comme un apostat qui avait fui de innocence; lorsqu'ils y furent arrivés, ils se
chez eux sans aucune permission de ses joignirent à d'autres religieux zélés qui se
supéiieurs, regardant comme nuls les privi- séparaient du corps de l'ordre, parce (lu'oa
lèges qu'il avait obteiius du pape Céleslin V, y transgressait ouvertement la pauvreté, ce
qui, selon eux, avaient clé ré\oqués par qui donna occasion à deux partis qui divi-
73i DICTIONNAIRE DES ORDRES RELIGIEUX 732
ièrent l'ordre, Vun qu'on nomma des Spiri- ensuite observées dnns les monastères de cet
tuels et l'autre de la Comimiiiaulé. ordre Mais ces religieux ne peuvent pas
Luc. Wading. Annal. Miiiorum., tom. II a>oir obtenu (cUe confirmalion du pape
et III. Dominic. de Gubornalis, Orbis se7-a-- Sixte IV en liC2, ni l'avoir obtenue cette
pliicnn. année à la prière de Charles, duc de Bour-
CELLE (Soeurs de la). Voyez Grises gogne, puisque Six!e IV ne fut élu pape que
(SOKUKS !. l'an li71, el que Ch.irles le Hardi, duc de
CELLE-VOLANE. Voyez Latrax Boiirgogne, ne succéda aux Kials de son
père, Philippe le Bon, qu'en l'iOT; à moins
CELLITES (Religieux). qu'il n'( ûl oblenu celle c(^nfiiinalion, en qua-
Des relifjieux Alex\en<^ on Colliîes comme li;é de c('!!i'.(> de Ch rolais, de Pie II (jui éiait
aussi des elif/ieusrs CcUitrs ou Collestines,
i
pape n liG2. En eflel, Schoonebeck met ce
(
appelées vuhjairemeti' Us Scsnrs Noires. souverain pont fe au nombre de ceux qui ont
L'on ne sait pas qui a été le fondateur des accordé des grâces à cet ordre, et qui ont
Colites ou Alexicns (1), qu'on
relif;i''ux approuvé la forme et la manière de vie de
appVll en Flandre Cclbhroiders : le nom
• Ces rclijzieux sous la rè^le de saint Augustin.
d''lexiens leur a été donné à cause qu'ils Mais comment pouvoir ajouîcr foi à cet au-
ont pris pour leur p Iron cl proler.teur saint teur, qui dit encore que ces relij'Jenx, vou-
Alexis, chevalier roniiîin, dont la fè(e se cé- lant affermir leur odre, enrcnl recours à
lèbre le 17 juille mais pour le nom de Cel-
; Sixte IV, et obtinrent de ce pape, par le
liles, François Modius dit qu'ils l'ont pris à moyen du duc de Bourp;ogne, d'être mis au
cause des chambres ou c("IIuK'S où ils pansent nombre des ordres religieux, de jouir des
les malades. Cependant comme ces religieux mêmes firiviléges que les autres ordres, et
ne sont pas si sédentaires dans leurs chaiii- d'élire un général entre les mains di^quel
bres ou cellules, qu'ils n'ont point de mala- ils devaient faire profession ;et qu'enfin le
des chez eux, et qu'ils vont dans les maisons même Sixte IV, le 12 juillet loOG, mil la der-
particulières pour avoir soin de ceux auprès nière main à cet ordre en lui donnant loui<3
desquels ils sont appelés, je ne trouve pas sa perfection ,
puisque Schoonebeck n'a pas
que Modius ait rencontré juste d'ailleurs, : fait atleniion que Sixte IV était mort en 1 V84-,
comme ces religieux ne savent point la rai- et qu'en 1506 il avait déjà eu quaire succes-
son pourquoi ce nom leur a été donné, et ceurs, qui étaient Innocent VIII, Alexandre
qu'ainsi il est permis à chacun de dire son Vi, Pie ill etJu'es H? Le père Bonnani, dans
sentiment, je crois que ce nom de Cellites son catalogue des ordres religieux, dit que
vient du mot latin ce'/a, qui signifie en gé- ce fut le paj.e Pie II qui, par un bref du 3 jan-
néral tout ce qui sert à renfermer quelque vier lio9, leur permit de faire des vœux so-
chose ; qu'en celle occasion il ne doit pas lennels, et qu'il y en eut douze qui les pro-
élre pris pour une chambre ou cellule, mais noncèrent en présence du prieur du couvent
pour un tombeau et sépulcre, parce que la de Malines, comme il est marqué dans un
principale obligation de ces religieux est livre eu langue flamande, imprimé l'an 1637,
d'enterrer les morts (2). En en"el,Tertullien (3) dans leijuel l'on a inséré une bul e de Sixte
s'est servi de ce mot pour signifier un sépul- IV, de l'an li72, qui leur prescrivit la règle
cre lorsqu'il dit Adeo nobis quoque suppelit
: de saiiit Augu tin el leur accorda des privi-
allegorica defensio coi pondis Resurrecdonis; lèges qui furent dans la suite confirmés par
nam et ciim legimus populus 7neus, i).lroitt in les papes Jules II et Urbain VIII.
cellas promas (juantulum, donec ira mea prœ- Le Mire dit aussi que Sixie IV leur permit
tercat : sepulcra erunt cellœ promœin quibus d'élire un général : mais que ce soit ce pape
pnulisper requiesccre habebunt, qui in pmbns ou un antre, et qu'effedivement
il y ail eu
sœcuU sub nltima ira per Anlicitristi vim un général de tout l'ordre des Cellites, cela
excesserijit. n'a pas subsisté jusqu'à présent car j'ai
;
Quoi ignorent
qu'il en soit, si les Celliles appris d'un de ces religieux, qui élail à Paris
i'étymologie de leur nom, ils n'ignorent pas en 1705, que leur ordre est divisé en deux
moins l'origine de leur ordre, que quelques provinces l'une d'Allemagne el l'autre de
,
auteurs, comme Ascagne Tambourin, niellent Brabant; que les religieux de celle d'ALema-
vers l'an 13C9. Ils n'étaient d'abord que sécu- gne ont pour commissaire ou pour supérieur
liers, unis ensemble, sans être liés par aucun provincial un religieux de l'ordre des Porte-
vœu, et ils a\ aient soin des malads. Autert Croix ou Croisiers, qui préside à leurs chapi-
le Mire dit que leur inslilut fut approu\é par tres et fait la visite de leurs couvents el que;
Boniface 1\, Eugène IV, et quelques autres ceux de la province de Brabant élisent un
papes; mais que dans la suite ils embrassè- d'entre eux pour présider à leurs chapitres.
rent règle de saint Augustin, et firent des
la Outre ces deux provinces, il y a enc' re quel-
vœux solennels ce qui fut confirmé l'an
: ques couvents qui sont immédiatemcni sou-
1462, par lei pape Sixte IV, qui le .r accorda mis aux évêques, el d'autres qui ont pour
cette grâce a la prière de Charles le Hardi, supérieurs majeurs des religieux de quelques
duc de Eourgogue el de Brabai t, el que leur autres ordres, comme ceux de Fumes (dont
premier chapitre se tint à Liège, l'an Îi6*, éiait ce religieux de qui j'ai appris ces par-
où l'on dressa des conilituiious qui furent ticularités) qui reçoivenl obédience el recoil-
(1) Voy.f à la fin du vol., ii° 182. (5) Terlul. de Resur. Carn. cap. 'il.
(2) Voy., à la lin du vol., n»^ 185 et 184.
735 CEL CEL 754
naissent pour supérieur majeur et visiteur car est bien différent quant à la forma.
il
l'abbé de Saint-Nicolas de Fumes, de l'ordre Pour ce qui est du nom d'AlexandrinSv qu'il
de Prémoiilré, et ceux de Gand ont oour su- leur donne, je v* ux croire que c'est une faute
périeur révcQiiie même. d'itnpri'ssion,puisque dans un antre endroit
Ces religî£ux sont tous laïques et ne reçoi- il que leur ftindalour a été un saint
(lit
vent point de prêtres parmi eux. Ih ont soin homme nommé Tobie. qui prit pour protec-
des malades, servetit les pestiférés en temps teur saint Alexis, ce qui a fait donner à ces
de [teste, enlorrent les morts, ont aussi soin rdigieux le nom d'Alexiens.
des fous et la plupart de leurs couvents ser-
,
plis au collet, et descend jusqu'aux talou-s. Alexiens de Liège sont appe es Nollard.-i, ei
Chaque couvent a des armes particulières, furent fondés, l'an 1507, par Erard Marka,
mais ils y joignent presque tous un escalier, cardinal qui mourut, l'an 1538. Quelques-
,
pour montrer qu'ils ont pour patron saint uns ont aussi confondu l'ordre des Vespillons
Alexis, qui fut si longtemps inconnu dai»s la ou enlt rreurs de morts avec celui des
maison de ses parens, et y demeui a ( à ce Alexiens qui par leur institut sont aussi
,
que l'on prétend ) pendant dix-sept ans sous obligés d'ent( rrer les morts. Il y a néan-
un escalier qui se conserve à iv)nie dans moins de l'apparence que c'étaient deux or-
l'église qui porte son nom, et qui fut bâtie dres ditîérents . car François Modius, Abra-
sur la maison du sénateur Luphétnien, sou ham Bruin et Michel Colyn ont donné les
père. Je ne sais sur quoi fundé, M. Her- habillements difl'érents de ces deux ordres ;
mant (1), curé de Mallot, dit que les Celliies mais ils n'ont point dit quelle était l'orilne
sont présenleiDcnt unis à l'ordre des Servilos. de celui des Vespillons sinon qu'ils étaient
,
Ce ne peut être assurément par rapport aux habillés de noir, et un sujet de raillerie au
observances; et si c'est à ca-se de lliabilie- peuple, comme le témoigueul les vers que
mcnt,ce ne pcuL cire que par la couleur: iModius a faits à leur sujet :
(!) Henn. Ilisi. des Ord. rclig. lome II, pag. 347,
, ,
Vespillonum Ordo viilgo despeclus, el ometi dent, à l'exception de celle de saint Basile
Trisie ferens, cui nos obvia pompa sumus :
qui a toujours été gardée dans plusieurs mo-
Hoc humeros atro el lolum velnmus auiiciu
Corpus, ut olBcio congriiat ifise color.
nastères, comme nous avons dit en parlant
Nec nos irisle inoveul popiili cJicleri;i, cujus de cet ordre. 11 se peut laire que la règle de
Fuiieali S'.îito iucimur arbiirio :
saint Benoît ait éclipsé quelques-unes des ré-
Nani fr.nc'-OS s: s'.î'erre pium sub lege pulatum est; gîtes d'Irlande, dont nous parlerons dans
Nunc quoqiie eur non sil cciidere meruhra (lium?
l'Histoire des Chanoines réguliers, quoique
Il y a aussi des religieuses Celliles que l'on
la plus grande partie des monastères de ces
appelle eu quelques lieux CoUestines, el plus différents ordres d'Irlande fussent occupés
conimunéiuent Sœurs Noires (1). Elles ne par des cbanoines réguliers lors de la des- ,
gardent point la clôture, et elles ne sa- truction de ces monastères. Il nous reste à
vent pas, non plus que les Alexiens, quelle voir les autres règles d'Occident qui ont été
a élé leur origine. Elles suivent la rèjle de suivies dans des monastères , ou conjointe-
saint Augustin, et elles font un quatrième ment avec celle de saint Benoît ou seules ,
vœu d'assister les malades, même j^endant le et dont il ne reste plus que la mémoire. La
temps lie pesie , el dans plusieurs endroits,
,
première qui se rencontre est celle de saint
elles ont soin des filles repenties. Elles ne Césaire, qui, ayant passé de l'état monasti-
gardent point la clôlure, quelques-unes ont que, dont il avait fait profession dans l'ab-
des hôpilaux, d'autres vont seulement dans baye de Lérins, sur le siège épiscopal d'Ar-
les maisons des particuliers pour soigner el les , fonda une communauté de religieuses
panser les malades lorsqu'elles y s-mt appe- dans cetie ville, dont sainte Césaire, sa sœur,
lées. 11 y en a qui sont soumises aux évê- fut première abbesse.
qucs , mais la plupart sont sous l'obéis- A peine ce monastère , auquel on donna
sance des provinciaux des Alexiens ou Cel- d'abord le nom de Saint-Jean, était-il com-
liles des pro\ inces «l'Allemagne et de Bra-
mencé, que les Français et les Bourguignons
bant. Elles sont aussi bahillées de noir avec ayant assiégé Arles, après la mort d'Alaric,
un scapulaire. Quelques-unes ont des voiles ce qui était déjà élevé des bâtiments fut pres-
blancs^ d'autres des voiles noirs ; mais quand que entièrement renversé. Le siège de l-i ville
elles sortent elles mettent sur leur tète une
étant fini, saint Césaire fit achever le monas-
huque ou manteau qui leur couvre presque tère où il y avait une grande église, qui en
tout le corps. contenait trois petites, dont l'une était con-
Voyez Aubert le Mire, Histoire de Vorig. sacrée sous l'invocation de la sainte Vierge ,
des ord. de Sainl- Augustin. Creusen. Mo-
et les autres dédiées en l'honneur de saint
nastic.August. Tainhur. de Jur.Ahb.JHsp. 2i. Jean et de saint Martin. Il fit venir ensuite
Bonanni, Catalog. Ord. relig. Jod. Amman. sa sœur de Marseille où il l'avait envoyée,
Omn. Ord. hahitus. Francise. Mod. de Orig. pour s'instruire dans un monastère de filles
omn. Ord., et Schoonebeck, Hist. des Ordres des observances régulières. Il lui donna le
religieux. gouvernement du monastère d'Arles et y ,
faisait que l'on passait aisément d'un monas- depuis le 1"^ septembre jusqu'au l^"" octobre,
tère à un autre, non-seulement de latins aux et tous les jours depuis le l*"^ novembre
latins, de grecs aux grecs, mais encore de jusqu'à Noël, excepté les jours de fête et I ''i
latins aux grecs et de grecs aux latins. Mais samedis. Avant l'Epiphanie, il y avait encor..
comme la règle de saint Basile prévalut à la sept jours de jeûne, et dcjuis ce jour-là
fin sur toutes les règles d'Orient, la règle de jusqu'au carême, elles jeûnaient les lundis,
saint Benoît prévalut aussi sur toules les rè- le» mercredis et les vendredis. Il n'y avait au-
gles différentes qui étaient suivies en Occi- cun jeûne depuis Pâques jusqu'à la Ponte-'
(1) Voy., à la fin du vol., n"* 18o et 18G. (-2) Vo!/., à la fin du vol., n° 187.
757 CES CES 738
pour des filles, auxquels il donna aussi des qu'en voulant prendre des bêtes ils ne de-
règles tirées de celle de saint Césaire en par- vinssent eux-mêmes la proie du démon. Le
tie, et qui s'accordeitt aussi en beaucoup de travail des mains était en usage parmi eux,
choses avec celle de saint Benoît. Dans celle et ceux qui ne pouvaient pas soutenir des
des hommes, il ordonne que les moines ne travaux pénibles et laborieux s'occupaient à
soiliront point sans compagnon, qu'ils ne écrire des livres, ou s'appliqi aieiit plus que
pourront point être romus aux ordres sa-
i
les autres à la prière. Personne ne pouvait
crés sans ie consentement de l'abbé, qu'au- a\oir une cellule à part, soit pour y demeu-
cun ne pourrait être reçu dans le monastère rer, soit pour quelque autre usage, si ce
avant l'âge de dix ou douze ans. Si quelque n'était l'abbé ou quelques ouvriers et trois ,
moine avait lait une faute qui méritât une fois l'an l'abbé était obligé de faire la cui-
sévère punition, telle qu'était celle d'être sine, savoir, le jour de Noèl, le jour do Pâ-
fustigé, on ne pouvait pas passer le nombre ques et le jour de Saint-Ferréol, martyr, pa-
ordinaiie, qui était de trente-neuf coups. tron du monastère et afin que les religieux
;
de ceux qu'ils commettaient à cet effet. Leur ticle de la règle de ce dernier monastère,
habil'enient était blanc ou de laine naturel- où il est défendu de passer la rivière sans ia
lement noire. Quant aux jeûnes, ils éiaient permission du supérieur. La psalmodie per-
à peu près les mêmes que ceu:v qui sont pétuelle était établie dans celui d'Agaune,
ordonnes par la lègle de saint Césaire. L'un et il n'en est point fait mention dans la règle
et l'autrede ces monastères ont été détruits de Tarnat, où, bien loin que les religieux
dans le huitièn.e siècle par les Sarrasins, à fussent dispensés du travail des mains
ce que l'on prétend, et il n'en reste plus que comme dans celle d'Agaune, ils rievajei»' au
la J.oir.JÎre. coiiir .ire s'y occupe/ , ci é aica' mémo exe:::jj-
'6n\u\. tcrréoî , évcque d'Uzès . ayant lés du jeûne au temps oc -a. myissju et Ucs
, ,
que l'on appelle la discii)line qui s'observait nopie, où il apprit la langue grecque avec
dans ce monastère, qui fiil rédigée par écrit la latine. Dix-sept ans après il retourna en
par un religieux de Coudât, qui composa Espagne, dans le lemps que Leuvigilàe per^
les Actes de saint Oyan mais la règle de
; sécutait les catholques. Ce prince, qui était
Taruat était tirée de celles de saint Pa- arien, ne pouvant l'engager dans son héré-
côme , de saint Augustin et de saint Cé- sie et dans sa secte l'exila à Barcelone, où
,
Fulgencc évêquc d'Asligite, avec leur sœur sericordiam pcrgratœ in Chrislo mihi filiœ et
Florentine, avaient pris naissance, étant sorori Florenlinœ.... Perquirenti mifii soror ,
neur de colle province, dont la métropole cumulis hœrcdem facerem, etc.; ce qui se
était Tolèiie. prouve aussi par plusieurs chapitres de celte
Saint Isidore, ayant succédé à son frère règle. Celle de saint Isidore au contraire ne
saint Léandre sur le siège de Séville, com- fut faite que pour des hommes et adressée ,
posa une règle pour les religieux du mo- aux luoines du monastère d'Honori comme ,
nastère d'Honori, laquelle est contonuc eu il paraît par la préface qui commen e ainsi :
vin. Ils jeûnaient pendant le carême au pain était dédié à saint Juste et à saint Pasteur
,
cl à l'eau. L'abbe d vait toujours manger qui avaient souffert le martyre a Complote,
au réfecloire r.vec les rcli;^ieux, à moins ville du royaume de Castille, qu' .n a depuis
qu'il ne fût malade. Pendant le temps de la appelle ,4/(a/n de Ilennares. Il s'y forma une
rélection les portes du monastère devaient
, cumin\;iiaulé lorl nombreuse de i»ai;ies, aux-
être fern^ées poiir n'y point donner entrée quels saint Fructueux donna une règle et un
anx séculiers. Le travail d s mains y est or- abbé. Kul.c les autres monastères qu'il fonda
donné. Les religieux devaient eux-mêmes depuis , celui de None fut de liné pour des
faire la cuisine , cultiver le jardin ,
pétrir le filles, dont la bienheureuse Benoîte fut ab-
pain qu'ils dcvuent minger; mais y avait il besse. Noa-seuîement les personnes de l'un
des aïques qui étaient employés aux bâti- el de l'autre sexe qui étaient libres et qui
ments à la culture des champs, et à faire le
, n'élaicnl point engagées dans le mariage,
pain pour les malades. Quant aux habits mais même les personnes mariées accouraient
saint Isidore ordonne que les religieux n'en de toutes p iris à saint Fruclu ux pour em-
porteront point qui soient remarquables par brasser avec leurs enfants la profession mo-
leur prix ei par leur propreté ni qui soient , nastique. Ce t pourquoi il établit une nou-
vils etpauvres les vêlements précieux i-es-
; velle observance régulière accommodée à
senlanl le luxe et la mollesse, et ceux qui l'inlirmiié de Tua el de l'rutre sexe. Les
sont grossie s ei méprisables pouvait cau- hommes et les garçons demeuraient dans les
ser du chagrin ou mémo de Sa vanité selon monastères d'iiommes et les femmes et les ,
le différeni caractère des esprits. 11 marque filles dans des monastères de leur sexe ce ;
la forme et la qualité de leurs habits (i), qui ne se praiiquait pas dans plusieurs faux
qui sont une tunique, un capuce, un scapu- monastères d'Espagne, où, sans aucun- dis-
laire ou peli'.e robe de peau
, un bon , tinction (!e sexe les hommes demearaieût
,
manteau ou froc; mais il leur défend de por- avec leurs femmes, el les enf nls avec les
ter du linge, ni de se servir de certains vê- serviteurs donnant le titre d'abbé à on
,
temenis et decertaines chaussures qui étaient supérieur qui ne leur co;umandait que ce
en usage chez les antres moines ce qu'il : qu'ils voulaient: et s'ils recevaient de lui la
impiouve comme un abus. Ils devaient aussi bénédidion c'était pour satisfaire plus im-
,
avoir la tôle rasée. Le P. Bonanni dans -szr. , puué.iieat lenvs ciipidilés ce qui avait été :
Catalogue des Ordres religieux a donné , inventé afin eue ces sorlej de pcrsonues
,
(i) Voy., à, a lin do vol., n* 180. ^2) Voy., à là fin du vol., n" 100
, ,
bliques. Les prêtres qui fondaient ces sortes comme il est ordonné dans la règle de ?a'\iii
de monastères y étaient poussés ou par un Benoît ; le jeûne était pareillement prescrjt
désir de passer pour vertueux ou par la ,
depuis le li septembre jusqu'à Pâques, et
crainte de perdre leurs dîmes et d'autres dans le monastère de Complute ou de Saint-
gains, s'ils ne les assuraient par ces éta- Juste et de Saint-Pasteur, on y jeûnait un
blissements qui étaient agréables au peuple. carême avant la fête de ces saints martyrs,
Mais saint Fructueux, pour empêcher que qui se célèbre le G août, lequel carême com-
ses distîiples ne se portassent au relâche- mençait le il juin.
ment leur, défendit d'avoir jiucun commerce n'y a dans le Code des règles une règle,
avec ces faux monastères. L'on vivait bien du Maître, dont l'auteur est inconnu; mais
d'une autre manière dans les siens, comme il il est certain qu'elle a été écrite dans le sep-
paraît par la règle commune qu'il a écrite tième siècle et qu'elle a été tirée en partie
,
moines qui vivaient dans une observance s'écarte de sa discipline en divers points im-
Irès-élroite. Parla rè«ïle commune, il est dé- portants. 11 y a de l'apparence que cette rè-
fendu à qui que ce soit de bâtir à sa volonté gle du Maître a été dressée en France, parce
un mona>tère sans en avoir auparavant con- que l'on y remarque des expressions et des
sulté îa congrégation et sans en avoir la
,
termes singuliers qui étaient alors en usage
permission de l'evêque qui devait approu- ,
parmi les Français. L'auteur d'ailleurs fait
ver la règle et la manière de vivre que l'on assez connaître qu'il n'était pas d'Italie, puis-
devait pratiquer dans ce monastère. Si des qu'en parlantdes moines vagabonds qui pas-
personnes mariées se présentaient avec leurs saient leur vie à courir d'un pays en un au-
enfants our embrasser la profession mo-
[
tre, il observe qu'il y en avait parmi eux
nastique les hommes et les garçons étaient
,
qui feignaient de venir d'Italie. L'on ne sait
envoyés dans des monastères d'hommes , et point si elle a été observée dans aucun mo-
les femmes et le» filles dans des maisons de nastère de France mais il y a bien de l'ap-
,
préceptes des apôtres et conformément à la qu'un repas ce jour-là, non plus qu'aux
règle des Pères s'ils faisaient le contraire ,
:
jours de jeûne toute la différence consistait
;
ils consentaient d'être punis selon la qualité en ce que, au lieu de manger le soir, on man-
de la faute, et même d'être dépouillés de geait à midi.
leurs habits religieux et chassés du monas- La règle d'un certain Père est pour le
tère s'ils y persistaient avecopiniâtreté. Qui- moins aussi ancienne que celle du Maître ,
conque avait été excommunié pour quelque et exigeait une grande perfection de ceux
faute était renfermé dans une chambre ob- pour qui elle fut dressée; l'on ne sait dans
scure , où on ne lui donnait que du pain et quel pays elle était en usage , n'y ayant rien
de l'eau. Il n'est fait aucune mention dans dans cette règle qui le puisse faire connaître:
cette règle commune des jeûnes et de la qua- elle défend aux religieux l'usage do la
lité des aliments , sinon qu'elle ordonne que viande et du vin. L'indulgence dont elle use
ceux et celles qui auraient commis de grands envers les frères qui demeuraient dans les
péchés dans le monde seraient privés de montagnes stériles , et où on ne trouvait
viande, de bière et de vin. L'autre règle, qui point de pain est seulement de leur per-
,
était pour les moines en particulier, avait mettre de boire du lait mêlé d'eau. Si quel-
beaucoup de rapport à celle de saint Benoît. que religieux était désobéissant et q-i li mur-
Ils devaient s'abstenir de viande. Les vola- murât, s'il disait des mensonges , s'il jurait,
tiles n'étaient permises qu'aux malades et ou seulement s'il était sujet à tenir ^zz dis-
aux voyageurs : l'on ne servait à la com- cours oisifs et inutiles, on le mettait en pri-
nnHianiéqne des lég-imes et des hf>rbages, et son et s'il ne se corrigeait pas, on le chas-
,
gle fut dressée . était double , ou près d'iin mon (2) rapporte rexem;)Ie de quelques ab-
autre de car la règle porte qu'on verra
filles : besses parmi les Grecs qui demandèrent au
rarement les sœurs, et défend de leur par- patriarche d'Antioche la permission d'en-
ler souvent. Elle ordonne néanaioins qu'on tendre les confessionsdes religieuses qui leur
les assistera par des aumônes ou par des étaient soumises ce que ce prélat ne vou-
:
présents, qu'on leur fera t nir par des per- lut pas accorder, avec rnison, disant que ca
sonoes sûres et de vertu éprouvé^. G'e^t ce pouvoir ne devait être donné qu'aux prê-
qui pourrait donner lieu do croire qu'une tres. Nous parlerons dans la suite de cette
autre règle qui >e trouve aussi dans lo Code histoire d'une abbesse du monastère de la
des règles , et qui a pour titre la Règle d'un : lluelgas , de l'ordre de Cîlcaux en Espagne,
certain Père y laquelle a été dressée pour des quiprélendant avoir le même pouvoir que les
filles, pouvait aussi avoir eu pour auteur abbés de l'ordre et que tout ce qui leur ét;.u
,
des lois monastiques pour les deux sexes , novices, expliquait l'Evangile , montait en
qui demeuraient séparément dans ce mo;ias- chaire pour prêcher, et entendait les confes-
lère double mais ces deux règles n'ont
: sions de ses religieuses.
guère de rapport ensemble celte dernière : Il y a aussi une règle smus le nom de Saint-
après midi, et le carême le soir. Elles ne tient des instructions quil donne à sa sœur,
mangeaient d'ordinaire que des légumes , et qui s'était retirée dans un monastère mais :
ne buvaient (|ue de la bière. On leur donnait ce saint vivait encore dans le treizième siè-
un peu de vin aux fêtes ou lorsque l'ab-
, cle. Holsténius fait encore menlion do quel-
besse leur en accordait à cause de leur grand ques ancion;ies règles, dont on n'a plus de
travail ou de l'arrivée de quelque hôte. Dans Connaissance.
le chapitre Vil de celte règle, ils est dé- Enfin il y a eu encore en France la règle
fendu à l'abbesse, à la prieure, ou à celle d'sGrignans, qui est aussi piésenlement
qui aura été commise par l'abbesse, de révé- inconnue. Elle était observée par une con-
ler les confessions des sœurs, donl les pé- giégation de muines qui étaient au nombre
,
sions , ou d'enjoindre une pénitence sans était bâti hors des murs de Vieiine en Dau-
ordre de l'abbesse. Mais ces sortes de con- phiné , sur le bord du Rhône.
fessions n'étaient pas des confessions sacra- Voyez Holsténius, Disquisit. Monasl. Bul-
mentelles et la règle de ces religieuses ne
; teau. Histoire de l'ordre de Saint-Benoît.
prétendait sans doute les obliger qu'à décou- D. Jean Mabillon Annal. Benedicl.^ tom. I.
,
Jonas, dans la\'ie de sainte Fare, abbesse de Le relâchement ayant été introduit dans
Faremoutier , dise que les religieuses de ce Tordre pendant le gouvernement du P. Ho-
monastère étaient aussi obligées de confes- lie, il se trouva de temps en temps des reli-
ser à l'abbesse les péchés, même les plus gieux assez zélés pour l'observauce de la rè-
griefs, qu'elles avaient commis dans le gle qui lui résistèrent ; car, l'an 12î',9, après
monde, ne lasse pas mention du
et qu'il la canonisation de saint François , ce géné-
prêtre; néanmoins le ministère du prêtre ral ayant reçu ordre du pape Grégoire IX,
n'é ait pas pour cela exclus, comme reuiar- de fare bàlir une église en l'honneur de ce
que le P. Mabillon (1); puisque saint Gu- sainl fondateur, il exigea de loules les pro-
lomban donl l'inslitui était observé dans ce
, vinces de largenl pour poursuivre la fabri-
monastère de sainte Fare, après avoir mar- que de celle égliï-e qu'il fit faire avec une
qué dans le chajjitre premier de son Péniten- magnificence qui ne convenait, ni à l'humi-
liel que l'on se confesserait et que l'on dé-
, lité dont le sainl avait loujours fait profes-
couvrirait sa conscience avant que de se sion, ni à la pauvreté qu'il avait ordonnée à
metlre à table , et avant que de se coucher , ses disciples et par une transgression for-
,
ordonne dans le chapitre XXIX., que l'on melle contre la règle, il lit mettre des troncs
déclarera ses fautes à un prêtre. Il s'est néan- pour recevoir les aumônes des fidèles. Les
moins trouvé des abbcsses tant en Orient compagnons de sainl François auxquels il ,
qu'en Occident , qui ont eu assez do témé- avait laissé en mourant son esprit et ses
rilé pour croire qu'elles pouvaient entendre vertus, no pouvantsouffrirune transgression
les confessions de leurs religieuses. Balsa- si manilésle de la règle, consultèrent cq-
'i) .Mabillon, Annal. Benedict. t. ],pag. 357. (-2) lîalsain. Jurij GrœcUal.inlerr. ô4.
Dictionnaire des Ordres religieux. Ii
'
24
,
qu'il n'y aurait pas de moiileur expédient division entre les vocaux: caries religieux
que celui d'aller rompre les tronc:? que Ij zélés , qui avaient à leur tête leur dernier
général avait faits à la poric, de l'église ce : géfiéral, ne voulaient point reconnaître Hélie
qui fut exécuté par quelques-uns des plus pour chef de l'ordre, le regardant comme in-
fervenîs et des plus zélés pour l'obsorvance digne de posséder celte charge; mais les au-
de la règle. Les privilèges qu'il obtint en tres qui soutenaient son parti, s'adressè-
,
1230, e! qui tendaient à eiilreleiiir le relâche- rent au p pc,qui, s'élant repenti d'avoir dé-
ment firent soulever saiut Antoine de Pa-
, posé Hélie, qu'il croyait véritablement con-
doue, et quelques autres, qui lurent obligés verti, fut ravi de trouver celte occasion pour
d'avoir recours au pape pour le prier de ré- le rétablir dans sa dignité; ainsi, il le con-
voquer ces privilèges. Ce quils purent obte- firma dans l'office de général mais cet am- :
nir de ce liontile, tut la déposition de ce gé- bitieux fit bientôt paraître que tout ce qu'il
néral ; Cl 1« P. Jean Parent ayant été élu à , avait fait n'était que par hypocrisie car il :
sa place, fit des règlements pour rétablir les favorisait en toutes choses les relijiieux por-
observances régulières auxciuelles la mau- t's au relâchement el persécutait ceux qui
,
vaise conduite du P. Hé ie avait donné at- é aient zélés pour l'observance de la règle.
leinie. Le parti le plus fort était celui d'Hélie qui ,
goire IX , pour empêcher qu'il ne se préva- douceur , et les renvoya avec de belles pro-
lût encore de cette restriction mentale qu'il messes ; mais au 1 eu de leur tenir parole en
disait avoir eue en s'engageant à Dieu et à remédiant à ces abus il alla trouver le ,
la religion, l'obligea à faire de nouveau pro- p ipe, à Pérouse et lui fil entendre qu'il y
,
fessi )n en sa présence de la règle de Saint- avait plusieurs religieux dans l'ordre , qui
François c nîirinée par Honorius, Hélie ,
,
sous U!ie apparence de saititeié,qui leur at-
feignant p;)i;r lors une véiitable conversion, tirait l'estime de loul le monde, semaient la
fit ce que le pape souhaitait et afin de le , , division cl ne voulaient point obéir. Gré-
,
mieux su prendre et de réussir avec plus de goire IX , toujours persuadé que la conver-
BÛrelédans lesdesseinsquelui inspiraient son sion d'Hélie avait été véritable lui donna ,
voiilail plus se mêler des affaires de l'ordre , défaire de ceux qui s'opposaient à son esprit
mais qu'il voulait passer le reste de ses jours de relâchement et qui condamnaient les
,
dans la retraite el dans l.i solitud Par là il . désordres de sa conduite par la sainteté do
loucha le cœur du souverain pontife, qui lui leur vie , retourna à Assise fort content et ,
tife, etpour en imposer aux âmes simples cl nom de leur chef Césaire); il en envoya
dévotes, choisissant pour sa diMiieure les Cel- quelques-uns en exil il en traita d'autres
,
menant une vie si austère, que tout le monde subir quelques peines el fit jeter dans une ;
le regardait comme un saint. Mais ces idées, prison obscure le P. Césaire, chargé de chaî-
avantageuses pour lui, ne durèrent pas long- nes, comme s'il avait commis quelque crime
temps car on s'aperçut bientôt qu'il ne lais-
: contre les lois divines el humaines et pré- ,
sait pas d'entretenir sous main un parti com- judiciables à l'honneur de la religion.
posé de religieux, enncniis de la pa;ivreté Ce saint homme demeura deux ans dans
»]ui, dans le chapitre général que le P. Jean celle prison, et toute la grâce que le général
Parent convoqua l'an 1236, demandèrent tu- Helie lui fit pendant ce temps, fui de lui faire
•îîuUuairement pour général le même P. Hé- ôlvr les fers qu'il avaii aux pieds et aux
pour lors fort rigourousa) (jue des autres fut déclaré privé de ces privilèges dans le
peines de sa captivité sortit de s;i prison , , ciiapitre général toute l'autorité qu'il pré-
,
sans aucune autre intention que celle de se tendait avoir reçue du pape Grégoire IX. lui
réchauffer à la fa\eur des rayous du soleil ;
fut ôlée et l'on fit défense à tous les reli-
,
mais son aeôliir, homme inhumain et tr:aiid gieux de l'ordre de le reconnaître pour su-
ennemi desCésarins, l'ayant aperçu, croyant périeur; on lui ordonna de ne plus courir de
qu'il n en éia.t sorii que pour prendre la côté et d'autre comme il faisait, et, comme
fuiie ,alla au devant de lui avec un bâton à membre de la religion d'obéir à son chef.
,
celui qui l'avat frappé aussi bien qu'à ses , quitta par une honteuse apostasie, et se re-
persécuteurs, dont i ne souhaita point d'au- tira près de l'empereur Frédéric.
tre vengeance que celle de leur conversion. Hélie, ayant été déposé, el Albert de Pise,
Les Annales de l'cudre disent que Grégoire aussi bien qu'Haymont de Feversham , qui
IX eut un songe dans Itquel il lui sembla
, lui avaient succédé consécutivement étant
<ïue les anges portaient au ciel l'âme d'un morts, les zélés «.uGésarins, quoique divisés
serviteur de Dieu , et qu'un ange lui dis lit dans de pauvres ermitages et dans des lieux
que c'était celle de Césaire de Spire, qui solitaires, ne laissant pas d"êt:e toujours
avait été mis à mort pour avoir défendu les unis pour ce qui regardait les observances ,
observances de son ordre; elles ajoutent qu'à demeurèrent tranquilles, jusqu'après l'élec-
son réveil, il fit venir les religieux de l'or- tion de Grescenze de Jesi qu'ils se virent,
dre de Saint- François, qui étaient à P^- forcés à sortir de leur tranquillité et de leur
rouse, auxquels il raconta ce sunge qui se ,
solitude pour s'opposer au dérèglement de sa
trouva vérifié le lendeaiain par un courrier. (onduite car bien loin u'ôter les abus qui
: ,
qui lui apporta la nouvelle du meurtre com- avaient été introduits dans l'ordre par le P.
mis en la personne de ce saint religieux. Hélie, il les augmentait au contraire, aban-
Le pape reconnut mais trop tard , qu'il , donnaiît les lieux pauvres el solitaires pour
avait été trompé par Hélie c'est pourquoi -, bâtir des couvents magnifiqufs dans les vil-
afin de ne pas différer plus longtemps le les , procurant à l or. ire des legs pieux et ,
juste châtiment que méritaient des impaslu- des sépultures dans les églises , qu'il ne
rcs ïi indignes non-seulement d'un reli-
, cherchait qu'à enrichir et orner magnifique-
gieux , mais même d'un hoinu te homme, il ment , sans s'embarrasser beaucoup de la
lit assembler à Kome tous les provinciaux pauvreté de son état ni des défenses de sa
de l'ordre le 15 mai de la même année
, et , régie; en sorte que les religieux , dans le
déposa pour la seconde fois ce général, au- dessein d amas^er des biens temporels , n'a-
quel on substitua le P. Albert de Pise, reli- vaient point de honte en plusieurs endroits
,
sa bonne conduite, empêcha que le relâclie- mais le général ayant prévenu le pontife, et
menl augmentât te qui n était pas peu, car
: lui ayant exposé des faussetés pour des vé-
les religieux qui y étaient portés étaient en , rités, il reçut ordre de punir ces religieux ,
plus grand nombre que les autres. Après la qu'il traitait de rebelles el de séditieux. Il y
mort de ce général, qui arriva l'an 12ii on , en avait soixante el douze qui avaient forte-
assembla le chapitre, dans lequel ces mêmes ment résolu de défendre la pauvreté; mais
partisans du dérèglement el de la liberté fi- n'ayant pas élé écoutés ils retournèrent
,
rent de nouveaux efforts pour faire tomber dans leurs pauvres maison?, vivant toujours
le gouvernement de l'ordre entre les mains sous l'obéissance de Tordre sans vouloir ,
ral. Le pape Innocent IV avait pour lors el ayant retranché les abus qui s'étaient
de grands différends asec l'empereur Frédé- glissés dans l'ordre, toute la communauté,
ric II. Le P. Hélie qui n'oubliait rien pour , c'est-à-dire tous les religieux de l'ordre
contenter son ambition à laquelle il sacri- ayant été réformés , l'on ne parla plus de
fiait ce que l'honneur et la confiance ont de Gésarins, et c^e nom fut aboli par le retour
plus cher, employa la tromperie et le men- de tous les mêmes religieux qui reprirent
songe pour se rendre ce pontife favorable , avec beaucoup de ferveur le premier esprit
lui voulant persuader qu'il était chargé de la de leur règle et la sainteté de leur pratique.
part de l'empereur de lui faire des proposi- l-'rancisc. Gonzag. ds Orig. scraplticœ re~
tions de pais et lui promettant même beau-
, ligionis Kodulph. Tussinian. Tlistorin sera-
coup de choses au nom de ce prince mais ; phica, lib. n.Wading. Annal. Minor., [om.l.
tjI dictionnaire des ORDRES RELIGIEUX. 7o2
des inlîrmeries; et ayant porté leurs mains niach qui était le plus jeune de ses Irères,
sacrilèges jusque sur les choses les plus sa- dont il lut si satisfait qu'il le choisit pour sou
crées, ils abattirent aussi l'église dont il ne successeur. Il se démit de son abbaye eatre
resta aucun vestige. Les revenus avaient déjà les ma.ns du roi, et supplia Sa Majesté d'en
été aliénés ou usurpés par la néglig" nce de faire expédier le brevet en faveur de son ne-
ceux qui devaient en avoir soin, et atin qu'on veu, ce que ce prince accorda.
ne pût les recouvrer, on avait pillé les ar- Il avait alors vingt-deux ans , et n'av.it
chives et enlevé les litres. Le spirituel était jamais eu la pensée d'embrasser cet état. Ce-
encore dans un état plus déplorable que le pendant il ne fit aucune résistance", el reçut
temporel, el au lieu de soixante chanoines le brevet, non comme venant de la main des
qu'il devait y avoir dans celte abbaye, et qui hommes, mais comme venant de la main de
donnaient même des religieux à l'abbaye de Dieu. Dès-lors, il se sentit fortement inspire
Fontenelle au diocèse tie Luçon, à plusieurs de mettre la réforme dans cette abbaye et d'y
prieurés dans les diocèses de Bordeaux, de rétablir la discipline régulière. Ses bulles
Périgueux, de Sarlac et de Rhodez, qui se di- étant arrivées de Rome, il prit 1 habit des
saieul tous de l'ordre de Chancellade, et se Chanoines Réguliers comme il était porté
irouvaient tous à ses chapitres généraux, il par la bulle, et se mit en possession de l'ab-
n'y avait dans cette maison, lan 1617, que baye. H n'imita pas les religieux dans leur
l'abbé avec trois chanoines, dont toute l'oc- dérèglement. Il commença d'apprendre la
uupation était la chasse ou le jeu. Au lieu du méthode de l'oraison mentale qu'il fit ensuite
et fut capable d'fulrer en pluiosophie. Son été procurée par des personnes pieuses et
noviciat étant achevé , il se consacra à Dieu charitables qui n'avaient pas voulu être
par ks trois vœux de religion. Peu de temps connues.
après il partit de Chancellade, au mois de Dans le temps que l'on travailla'! à rebâtir
.«•eplembre 1018, et vint à Paris, où il étudia celte abbaye, il proposa aux religieux les
en pliilosoi>liie au collège d'Iïarcourt, et Ht (liangemenls qu'il voulait faire dans leur
cnsu te son cours de théologie sous les fa- conduite, et les obligations de leur état aux-
meux professeurs MM. Gamacho el du Val, quelles il voulait qu'ils s'engageassent en
qui conservèrent tdujours pour lui une es- réformant tous les abus qui s'étaient intro-
time particulière ; il ûl suus b ur conduite duits dans cette maison. Mais le nom de ré-
un si grand progrès dans ce le science, q l'il forme effaroucha les religieux, qui voulant
fut capable de l'enseigner qu.lquei années vivre dans le dérèglement comme ils avaient
aprè, à ses rt ligie ix. commencé , mirent tout en usage pour s'op-
Comme il méditait toujours la réforme de poser aux bonnes intentions de ce saint ré-
son monastère, il voulut avant que de l'en- formateur. Son oncle mêrar-, l'ancien abbé,
trepreniire travailler à sa propre perfection. qui y devait donner les mains el approuver
Pour Cet effet, dans le cours de ses étudi s, il celte réforme, fut le premier à s'y opposer;
choisit pour directeur le P. Gaudier de la mais le jeune abbé, toujours inflexible, se
compagnie de Jésus sous la conduite duquel
, crut obligé d'envoyer les anciens religieux
il fit une retraite de dix jours, et ce directeur dans les bénéfices dont ils était ni pourvus et
lui apprit tout ce qu'il fallait faire pour s'a- qui demandaient résidence. Son oncle s'était
vancer dans la vertu. Il joignit à la prière et déjà retiré dans leprieuré de B. «m, dépendant
à la méditation les austérités et les morlifl-
, de l'abbaye, avec une pension qu'il s'était
calions. D'abord il retrancha quelque chose réservée, il contraignit les autres d'en faire
de sa nourriture ordinaire. Il jeûna trois fois de même, et il n'y en eut qu'un seul qui se
la semaine, quelque temps après la semaine soumit à la réforme. Ce fut le P. Pierre Lauve
entière, et se réduisit enfin au pain et à l'eau, qui en procura même l'avancement, ayant
montant ainsi de de.gré en degré à celle ab- été employé pendanl trente-sept ans, soit en
stinence admirable qu'il a pratiquée toute sa qualité de vicaire général de l'abbé, soit en
vie. Cette rigueur extraordinaire dura cinq celle de prieur de Chancellade, ou comme
ou six ans; mais i'évêque de Bazas,qui avait visiteur des monastères de sa dépendance.
beaucoup de crédit sur son esprit, obtint de Le réformateur reçut ensuite des novices
lui, après d'instantes prières, qu'il prendrait avec lesquels il commença à vivre en com-
deux fois lasemaine du potage et des œufs, mun. Il régla les heures de l'office, princi-
el rougirait son eau avec un peu de vin. palement celle de minuit pour les matines.
Ses éludes étant achevées, il se relira dans il détermina une heure pour l'oraison men-
son abbaye pour y jeter en même temps les tale, et généralement pour toutes les obser-
premiers fondements de la réforme et des vances régulières. Il était le premier à tout
lieux réguliers. Ce fut au mois de septembre afin d'animer les autres par son exemple. 11
1622 qu'il y arriva; mais avant que de rien faisait sa s< maine au chœur. 11 servait à ta-
entreprendre il voulut recevoir la bénédic- ble à son tour, et il n'y avait point d'offices
tion abbatiale dont la cérémonie fut faite l'an bas et humiliants qu'il n'exerçât avec plaisir,
1G23 par I'évêque de Périgueux, François de comme s'il avait été le moindre de tous. Ainsi
la Béraudière. A peine cette cérémonie fut- commença la réforme de Chancellade, l'an
elle achevée que, tout rempli de zèle pour 1623 dans le temps que la congrégation de
,
celte sainte maison dont l'état déplorable lui Notre-Sauveur du même ordre prit naissance
louchait sensiblement le cœur, il ne voulut en Lorraine par le zèle du R. P. Pierre de
,
nent dix chapitres. Le premier règle tous les qui ava:t été nommé commissaire apostoli-
exercices de la journée. Le second traite de que par le pape Grégoire XV pour la réfor-
l'office divin. Les trois suivants prescrivent mation d' plusieurs ordres religieux en
tout ce qui est nécessaire pour une exacte France, lui envoya une autre commission au
et parfaite observance des trois' vœux, de commencement de l'année 1630, pour visiter
pauvreté, de chasteté et d'obéi-sance. Le en son nom les monastères de chanoines ré-
sixième recommande le soin de l'homme in- guliers situés dans les diocèses de Périgueux,
térieur et l'exercice de l'oraison mentale. de Limoges, de Saintes, d'Angouléme, et de
Dans le septième, il est parlé de la mortifica- Maillezais; ce qu'il fit aussi.
tion. Le huitième règle l'habillement que l'on Ces emplois firent connaître de plus en
doit porter. Le neuvième comprend quelques plus les vertus de ce saint abbé. Il fut établi
règlements pour les voyisgeurs et enfin le ,
la même année par un arrêt du conseil, ad-
temps après il passa un concordat avec le ni les contraindre de s'unir à eux, en vertu
prieur de Sainl-Gcrard de Limoges, qui (ul des sentences du cardinal de la Rochefou-
approuvé par le cardinal de la Rochefou- cauit; et qu'il ne serait pas permis à l'abbé
cault, el autorisé par lellres patentes du roi. de Chancellade de prendre de nouvelles mai-
Il y envoya de ses chanoines, el commença sons de l'ordre.
aussitôt à faire bâtir l'église. Son intention Cependant les vertus du saint réformateur
était d'y établir un noviciat, et d'y faire un el les soins extraordinaires qu'il prenait de
séminaire de l'ordre; mais K'S choses clian- sa réforme, lui acquirent tant de réputation,
pèrent dans la suite, et ce prieuré avec l'ab- que le roi Louis Xlil jeta les yeux sur lui
baye de Notre-Dame de la Couronne furent pour lui faire remplir la chaire épiscopalo
incorporés à la congrégation do France. de Lavaur qui était vacante. H fil tous se»
L'année suivante l'archevêque de Bor- clTorls pour ne point se charger d'un si pe-
deaux, Henri d'iiscoubleau de Sourdis ablié sant fardeau. H alla môme en cour se jeter
commcndalaire de Notre-Dame de Sablon- aux pieds du roi , pour le prier de l'en dis-
ce.Tux en Saintonge, demanda des chanoines pensrr; mais toutes les oppositions qu'il
de la réforme de Chancellade pour peupler apportait pour ne point recevoir l'épiscopal
son aliba}e qui était presque déserte, ce qui l'en rendaient encore plus digne ce qui fit
:
lui fui accordé. L'abbé de Chancellade passa que le roi, au lieu de recevoir ses excuses,
un concordat avec lui, et lui envoya doue jugea que l'évêché de Lavaor était trop petit
religieux. Après ces établissements II se pour un prélat si vertueux, el le nomma à
présenta d'autres occasions de porter la celui de Cahors l'un des plus grands du
môme réforme en d'autres monastères. Les royaume, et qui vaquait aussi. Cela aug-
chanoines de Saint-Ambroise de Buurges té- menta ses peines; mais enfin reconnaissant
moignèrent au saint abbé qu'ils souhaitaient que c'était la volonté de Dieu, il s'y soumit
avoir de ses re'igicux. L'évéqne de l'amiers, el le brevet lui fut expédié le 17 juin 1636. 11
Henri Etienne de Caulet lui en demanda voulait se démettre de son abbaye, mais le
aussi pour l'abbaye de Foix. M. Olicr, curé cardinal de Richelieu fut d'avis qu'il la devait
de Saint-Sulpice à Paris et abbé de Pebrac en garder pour l'avancement de sa réforme et
Auvergne, fil beaucoup d'instanc( s i)our eu la conduire à sa perfection. L'on y trouva
avoir, et on en demandait en d'autres en- des difficultés en cour de Rome, et il ne put
droits, même jusque dans les Pays-Bas. Mais obtenir ses bulles que plus d'un an après sa
comme dans ce temps-là les chanoines régu- nomination, ce qui lui donna plus de temps
liers de la réfoime du R. P. Charles Faure pour s'instruire des devoirs d'un évêque; et
avaient été unis en congrégation par le ca - il fut sacré le 27 de septembre 1637 dans
dinal de la Rochefoucauit, sous le titre de l'église de Sainte-Geneviève-du-Mont à Paris,
Congrégation de France, on voulut aussi par rarchevê(|ue de Toulouse, assisté des
unir à cette congrégation les maisons de la évêques de Senlis et d'Auxerre. On voulut
réforme de Chancellade. Quelques religieux aussi l'obliger de quitter la soutane blanche
proies de cette réforme y donnèrent les pour prendre le violet; mais il répondit que
mains, et le cardinal de la Rochefoucauit, sa robe blanche ne lui faisait point de honte,
comme commissaire apostolique, ordonna qu'il l'estimait plus que la pourpre des rois,
que les abbjyes de Chancellade, de Sablon- el qu'il ne la quitterait point.
ceaux, et de la Couronne, avec le prieuré de Avant que d'aller dans son diocèse, il fit
Saint-Gérard de Limoges, seraient unis à la une visite dans les monastères de sa ré-
Congrégation de France. L'abbé de Chancel- forme, pour dire adieu à ses enfanis, et les
lade s'opposa à cette union, et on plaida en consoler de la perte qu'ils faisaient de leur
plusieurs tribunaux pour en empêcher l'ef- Père. paitit de Chancellade le 31 janvier
11
fet. Dans le cours du procès, quelques reli- 1638 après avoir donné l'habit à quatre pos-
gieux de la Couronne et de Saint-Gérard, tulants, et prit le chemin de son diocèse où
ennuyés du gouvernement de l'abbé de il arriva le 2 février. La première chose
Chancellade, appelèrent les religieux de la qu'il fit, fut de dresser des statuts et des rè-
congrégation de France, et se trouvant les glements pour sa famille, qu'il fit observer
plus forts, ils chassèrent ceux qui ne voulu- avec beaucoup d'exactitude. Elle était com-
rent point quitter la réforme de Chancellade. posée de huit chanoines réguliers qu'il avait
Enfin ce procès ne fut terminé que plusieurs menés avec lui, de deux prêtres séculiers
années après la mort du réformateur, et qui lui servaient d'aumôniers, et des offi-
l'an 1G70 il y eut un arrêt rendu au conseil ciers el valets qui lui étaient absolument
privé, qui ordonna que les religieux des nécessaires, retranchant tout ce qui ressen-
abbayes de Chancellade, de Sablonceaux, de tait trop la pompe el l'éclat. De ces huit cha-
Saint-Pierre de Verteuil au diocèse de Bor- noines réguliers, il y en avait seulement
deaux, du prieuré de Notre-Dame de Cahors, trois qui demeuraient continuellement avec
que le réformateur avait fondé étant évêque lui, dont l'un était son grand vicaire, un
lie Cahors, et du prieuré de Saint-Cyprien autre son secrétaire, el le troisième était
.u diocèse de Sarlat, seraient maintenus préfet spirituel de la famille. Les autres
dans leurs anciennes observances et maniè- étaient presque toujours à la campagne pour
res de se gouverner, conformément à la instruire les peuples, d'où ils ne rev( naicnt
réforme de Chancellade qui y avait été in- qu'au temps des moissons, afin de prendre
(roduitr, sans que les religieux de la Con- un peu de repos, el pour donner le loisir
grégation de France pussent les inquiéter, aux paysans de faire leur réLulte.
759 DiCTIOMN.URF. DES ORDRES RELIGIEUX. 7G0
le temps que son diocèse fut attaqué de la qui fut exécuté. Les merveilles que Dieu a
maladie contagieuse, exposant sa propre vie opérées depuis sa mort par son intercession,
pour la conservation de son troupeau; nous et qui continuent encore tous les jours à son
renvoyons donc le lecteur à la Vie de ce tombeau, ont fait connaître la sainteté de ce
serviteur de Dieu, qui a été donnée au pu- serviteur de Dieu; c'est ce qui obligea les
blic l'an 1663. Le poids de ses travaux, de sa prélats de France, dans une assemblée géné-
pénitence et de ses aus'éritcs ne donnant rale du clergé, de prendre la résolution do
761 Cil A CIIA IG'2
poursuivre sa canonisation en cour de R» mo. être ses légitimes descendants, et, dans la
M. rarchevêti^e d'Alby s'oiïril de faire pour suite, nous parlerons des autres congréga-
ce sujel le voyage de Rome; mais la conli- tions, qui ont cru ne pouvoir pas suivre un
nualion de la guerre et les grands subsides iiodèle plus parfait et plus accompli de la
que le clergé a élé obligé de donner au roi, vie religieuse que ce saint docteur de l'Eglise.
ont interrompu ce projet. Parmi ces congrégations se trouveront ceuv
Quoique par l'arrêt du conseil de l'an 1G70, qui se qualifient ermites de son ordre , qui
il fût défendu aux religieux de la léforme prétendent être aussi ses véritables enfants,
de Chancellade de prendre de nouvelles mai- et même dispn'er aux Chanoines réguliers
sons de l'ordre autres que celles mention- le droit d'aînesse.
nées dans l'arrêt, ils sont néanmoins entrés C'est donc en qualité de fondateur d'ordre
depuis dans l'hôpital d'Aubrac, au diocèse de et de père d'une nombreuse postérité reli-
Rodez, y ayant été appelés par M. l'évêque gieuse, ()ue nous donnons ici un abrégé de
de Châlons-sur-Marne Louis Gasiou de
, la vie de ce grand saint et sans entrer dans
;
Noailles, pour lors dom d'Aubrac, sur le re- la dispute de ses enfants , ])our savoir si ses
fus que les religieux de la Conmégalion de premiers disciples étaient chanoines régu-
France Grent d'accopler cette maison, l!s liersou ermites, nous conformerons entiè-
obtinrent à cet elTet, du consentement du rement cet abrégé de sa vie sur celle que les
général et du procureur général de celte RK. I*P. Rcnédictins, de la congrégation de
congrégation, des lettres patentes du roi, ^ainl-Maur, ont donnée au public en 1700, ,
l'an IGitT, et l'année suivante ils furent mis et qui est à la tête de VIndex général de ses
en jossession de cette maison, le 2i juin ,
ouvrages, que cette savan'e congrégation,
par l'évêque de Ro !ez. Cet bôpital élaii dc^- par une élude et un travail dont on ne ^au-
servi ar des religieux Hospitaliers, qui for-
j
rait trop lui avoir d'obligation, a rendus
maient un ordre particulier. dans 11 ur pureté, en séparant le vrai d'avec
Quant à l'Iiabillemcnt des Chanoines Ré- le faux el comme ces savants religieux ont
:
qui est leur supérieur général, est le pre- autrefois si peu connue, que l'on ignorerait
mier à leur donner l'exemile, vivant en peut-être qu'elle eût été, si saint Augustin
commun avec ses religieux, mangeant avec n'y avait pris naissance. Ses parents vivaient
eux dans le réfectoire, logeant dans le même honorablement; son père exerçait une
dortoir et il ne porte Us marques de sa di-
; charge de magistrature dans cette ville, et
gnité que quand il officie les jours solen- se faisait distinguer parmi les citoyens plus
nels. par son intégrité que par ses biens qui
Léonard Chaslelet, Vie de M. Alain de étaient médiocres. 11 s'appelait Patrice; et
Solminiach. Celle du P. Jean Garai abbé de , ayant vécu longtemps sans les lumières de
Chancellade. Du Moulinet, Figures des diffé- la foi. Dieu lui til la grâce, un peu avant que
rents liabils de Chanoines réguliers. Philipp. de mourir, d'en être éclairé et de recevoir
Bonanni, Calalog. ord. religios.^ part. 1, le saint baptême. Il eut de Monique, sa
Hermant, Histoire des Ordres religieux, femme, plusieurs enfants, du nombre des-
tom. Il, et Mémoires envoyés, en 1712, par quels était Augustin. Elle le mit au monde
M. Belair, abbé de Chancellade. le 1" novembre de l'an 35i, el elle ne l'en-
gendra pas moins selon l'esprit que selon la
CHANOLNES REGULIERS (Institution des). chair, puisque c'est aux larmes coniinuelles
§ I". —
Vie de saint Augustin, évêque d'IIip- qu'elle répandit pendant plusieurs années
pone, en Afiique, et docteur de l'Eglise devant le Seigneur, que l'Eglise est redeva-
ble de la conversion de ce lils, qui ne sut
La réputation que sainl Augustin (1) s'est pas prolilcr pendant sa jeunesse des bons
acquise dans l'Eglise par la sainteté de sa exemples et des avis charitables de cette
vie après sa conversion, et par ses écrits sainte femme.
admirables a été si grande, que plus de
, Quelque bonne éducation qu'elle lui don-
cent cinquante congrégations religieuses se nât dabord quelque soin qu'elle prît d(
,
sont fait honneur de combattre sous ses en- l'élever dans la piété, quelque autorité
seignes , et de le prendre pour leur patriar- qu'elle eût prise sur son esprit, et à laquelle
che et leur père. Nous traiterons ici des Cha- il s'était soumis plutôt qu à celle de son
noines réguliersen parliculier,qui prétendent père, qui ne pul jamais prévaloir sur celle
qu'elle s'y était acquise, comme il le dit lui- Ire son erreur; mais il était bien éloigné de
même (1); tout cela n'empêcha pas qu'il ne l'abandonner, la nouveauté de cette hérésie
s'abandonnât à des rxcès de débnuclie, dont lui avait, au contraire, enflé le cœur, et l'a-
il n'a point eu de honte de se confesser pu- vait rendu plus superlie.
bliquement coupable devant Dieu. L'unique ronsolaticn que cette mère dé-
Le plaisir qu'il prit à la leciuro des pesetas solée pouvait prendre, c'était dans la con-
remplie de fables et de ficlions, fut le com- liance qu'elle avait que Dieu exaucerait ses
mencement de son dérèglement. Etudiant à prières et ses larmes. En effet, elle eut une
Madaure (-2), au lieu de s'.tpplii]uer aux pre- vision où Dieu lui fit connaître que son fils
miers éléments des lettres dont il avait un rentrerai! dans le sein de l'Kglise. Mais
grand dégoût, il était vivement touché des Augustin fui pendant neuf années dans son
aventures d'Enéo. il chargeait sa mém<>ii»e aveuglement, sans qu'il ouvrît les yeux aux
des infortunes de ce prince, pendant qu'il lumières de la foi. Il enseigna, pendant ce
oubliait les siennes; et pleurait la mort de temps, la grammaire à Ihagaste, où il était
Didon, qui se tua par un excès d'amour retourné; d'où ayant fait un second voyage
pour ce Troyen, au lieu de pleurer celle à Carthage, il y professa la rhétorique.
qu'il se donnait misérablement à lui-même C'était peu de choses pour son ambition :
en se remplissant de ces folies. C'est ainsi ainsi, dans l'espérance de plus gros émolu-
qu'il décrit ses premiers égarements, qui ments, et de s'attirer plus d'honneur, il ré-
s'augmentèrent à mesure qu'il avança en soldt de passer en Italie et de venir à Rome. »
âge. Sa mère fit tous ses efforts pour le retenir,
A l'âge de quinze ans il revint de Madaure ou au moins puur le faire consenlir qu'elle
à Thagaste, où il interrompit ses études; fût du voyage. Elle ne voulait point l'aban-
parce que son père qui n'était pas des plus donner, et le suivit jusqu'au port; mais il
aisés, travaillait à faire un fonds pour l'en- usa de tromperie pour s'en débarrasser. Il
voyer étudier à Carthage. Tout le monde lui fit accroire qu'il voulait seulement ac-
donnait des louanges à Patrice, de faire de compagner un de ses amis jusque dans le
tels efforts pour donner moyen à Augustin vaisseau et lui ayant persuadé de passer la
;
d'aller au loin continuer ses études. Il était nuit dans un lieu qui n'était pas éloigné du
zélé, dit ce grand saint (3), pour tout ce qui port, où il y avait une chapelle dédiée à
pouvait servir à m'établir dans le monde; saint Cyprien, il se déroba, partit la même
mais il ne s'informait pas si j'étais chaste, nuit pendant qu'elle était en prières et en
pourvu que je fusse éloquent. Comme il fal- larmes, et arriva enfin à Rome; où, peu de
lut bien du temps à son père, qui n'avait pas temps après son arrivée, il fut attaqué d'une
grand bien, pour amasser le fonds néces- dangereuse maladie dont il guérit par les
,
saire pour ce vo\ âge, ce fut dans sa seizième prières de sa sainte mère qui, quoique ab •
année qu'Autiustin, qui n'entendait plus par- sente, ne laissait pas de l'accompagner par-
ler ni d'études ni de leçons pendant qu'il tout de SCS vœux. Dès qu'il se vit en santé,
demeura à Thagaste, s'abandonna à toutes il donna des leçons de rhétorique, et eut un
sortes de voluptés; et ses compagnons se grand nombre d'auditeurs.
vantant de leurs débauches, il avait honte de Dans ce temps-là, les habitants de Milan
n'en a^oir pas fait autant. ayant envoyé à Symmaque, préfet de Rome,
11 alla enfin à Carthage, où il fut aussitôt pour lui demander un professeur de rhéto-
assiégé d'une foule d'amours impudiques qui rique, et ayant même donné les ordres néces-
se présentaient à lui de toutes parts. Il n'ai- saires pour son voyage; Augustin employa
mail pas encore, mais il demandait à aimer, ce qu'il avait d'amis parmi les manichéens
et une misère secrète faisait qu'il se voulait pour avoir cet emploi, et Symmaque s'éiant
mal de n'être pas encore assez misérable. Il assuré de sa capacité par un discours qu'il
sp trouva enfin ngagé dans les filets où il
t fit devant lui, l'envoya à Milan.
s^Hhaitait être pris. 11 fut aimé, et arriva Dès qu'il y fut, il "alla trouver saint Am-
même à la possession de ce qu'il aimait. Ce broise qui en était évêque, qui le reçut favo-
lut peut-être la seconde année de son séjour rablement et avec une charité vraiment épis-
à Carthage, c'est-à-dire à l'âge de dix-huit copale. C'était Dieu qui le menait invisible-
ans, qu'il eut un fils qui fut le fruit de son ment à ce saint homme, et son cœur touché
péché, et à qui il donna le nom d'Adéodat. de l'éloquence de ce prélat, s'ouvrait à la
Monique, qui le voyait plongé dans de si vérité de ce qu'il disait. Il trouva que ce
grands désordres, ne cessait île verser des qu'il enseignait pouvait se soutenir. Il croyait
larmes et de prier le Seigneur qu'il l'en re- auparavant qu'il n'y avait rien à répondre
tirât. Mais quelle fut la douleur de cette aux arguments des manichéens il commença :
sainte mère, lorsqu'elle le vit embrasser à s'apercevoir qu'on les pouvait combattre ;
trouver à Milan, ce Iress^illement de joie [deiiienierit qu'il n'avait aucune pensée pour
que les bonnes nouvelles à quoi on ne ,
le mariage où elle avait voulu l'engager, 1
s aitend point, ont coutume de donner; parce qu'il rennnçaiî à tous les avantages qu'il au-
qu'il n'était p.is encore établi il.ins la \érilé, rai! pu espérer dans le monde.
et qu'elle ne le voyait pas encore fidèle ca- Comme le temps des vacances approchait,
tîiQlique. 11 en coûta encore bien des larmes et (ju'il n'y avait plus que vingt jours, il
à celte véritable mère qui n'avait point d'aulro voulut finir ses leçons afin que sa retraite se
ambition que de voir son fils réconcilié avec fît avec moins d'éclat. (]e temps étant arrivé,
Dieu; et il fallut qu'Augustin essuyât bien Verecundus, qui était aussi son ami, lui prêta
(les combats de lui-même contre lui-même, sa maison de campagne où il fut accompagné
avant qu'il renonçât entièrement à ses éjja- de sa mère, de Navigius son frère, de ïri-
remenls el à ses voluptés, pour ne plus gète et de Licentien ses disciples, de Lastinien
suivre à l'avenir que les ailrails de la et de Rustique ses cousins, d'Adéodat son
grâce. fils et de son ami Alippe. Ces deux derniers
Enfin le temps arriva que Dieu ptrmit reçurent avec lui le baptême ])ar les mains
qu'il ouvrît les yeux pour voir son iniquité de saint Ambroise, lorsque le temps de le
et on concevoir de l'horreur. Un de ses amis, conférer fut venu, il retourna à cet efl'et à
nommé Pontilien, qui l'était venu voir, lui Miîan pour se faire inscrire sur le catalogue
ayant raconté la vie admirable de saint de ceux qui le dt;mandaicnt, et après qu'il
Antoine, il en fut si vivement touché qu'il l'eut reçu, il renonça tout-à-fait aux vaines
ne fallait pas une plume moins éloquente que espérances qu'il avait eues de s'avancer dans
celle d'Augustin même (2) pour décrire le le moude. Femme, enfants, richesses, digni-
trouble et l'agitation que ce récit causa dans tés et honneurs, tout cela n'occupa plus
son âme; mais cela ne suffit pas, il fallut son esprit, il ne s'appliqua uniquement qu'à
une voix du ciel pour le résoudre entière- servir Dieu ; et afin de le faire plus tranquil-
ment. lement et que rien l'en détournai, il forma
Occupé plus que jamais de mille réflexions une petite société de quelques-uns de ses
qui avaient pénétré les replis les plus secrets amis et de ses compatriotes, avec lesquels il
de son cœur qui était percé de douleur, il se vécut. Monique eut soin d'eux comme s'ils
relira dans un jardin, où s'étant assis sous eussent été tous ses cnfanls, et avait d'ailleurs
un figuier et ayant donné cours à un torrent pour eux autant d'égard et de soumission que
de larmes, il entendit une voix du ciel qui si chacun d'eux eût été son père. Us avaient
Ainsi tous les ecclésiastiques étaient pau- ce qui a duré jusqu'à la fin du dernier
vres avec lui et attendaient la miséricorde siècle, que leurs différends s'étant renouve-
de Dieu par la charité de l'Eglise et par les lés au sujet du corps de saint Augustin que
olTrandes des fidèles qu'on leur distribuait à l'on crut avoir découvert dans celte église,
chacun selon leurs besoins. Ceux qui avaient ils la desservent à l'alternative pendant huit
quelque chose étaient obligés, ou de le dis- jours.
tribuer aux pauvres, ou de le mettre en La découverte du corps de ce saint se fit
commun, ou de s'en défaire de quelqu'aulre le 1" octobre 1G95, ou du moins d'un corps
manière que ce fût. iMais ceux qui n'avaient que quelques-uns ont prétendu être vérita-
rien apporté, n'étaient point distingués de blement le corps de saint Augustin. Les Au-
ceux qui avaient apporté quelque chose. guslins ne firent aucune difficulté de le
Quand ils étaient maldades ou convales- croire, et donnèrent plu leurs écrits pour
cents et qu'ils avaient besoin de manger prouver leurs prétentions. Les chanoines
avant l'heure du dîner, saint Augustin souf- léguliers qui soutenaient, au contraire, que
frait qu'on leur envoyât ce qu'ils (deman- le corps qu'on avait trouvé n'était point celui
daient mais pour le dîner et le souper, il
; de saint Augustin , firent aussi des écrits
voulait qu'ils le prissent dans la commu- pour appuyer leur sentiment : cette dispute
nauté et de la communauté. Il mangeait tou- n'était pas encore finie en 1G98, lorsque je
jours avec eux. La dépense de la table et des passai par Pavie au mois de juin de la même
habi:s était commune. Il ne voulait rien année. Le P. Jules Baudin de l'ordre des
e ,
cleaiœ magistri, ac Augustini Ticinii rcgii plus anciens que les clercs ou chanoines,
protectoris difsertalione hislorico-canonica puisque ceux-ci n'ont été institués que la
illustratxis. veille de la passion du Sauveur du monde ,
Le P. dom Bernard de Monifaucon passa lorsque dans la dernière cène qu'il lit avec
aussi à Pavie (O 1G98, et a donné l'histoire ses apôtres, il les revêtit de la dignité du sa-
de cetlî découverte dans le Journal de son cerdoce, en leur donnant pouvoir de con-
voyage, imprimé à Paris l'an 1702. 11 nous sacrer son corps et son sang; et qu'il y
assure qu'ayant prié les Augustins de lui avait déjà du temps (jue les mêmes apôtres
montrer ce qu'on avait trouvé, ils le lui professaient la vie monastique par l'abandon
refusèrent c'est en quoi ces religieux sont
: qu'ils avaient fait de tous leurs biens pour
dignes de blâme, puisque le P. doni de Mont- suivre Jésus-Christ. C'est ce que dit Cres-
faucon habile dans l'anliquilé, aurail pu
, cenze {'*} dans son Histoire des Ordres reli-
découvrir dans cet ancien monument des gieux, qui, pour appuyer son sentiment ,
choses qui auraient fait plaisir aux curieux, apporte ce passag" de saint Vincent Fcr-
et peut-être aurait-il donné quelque certi- rior (5) :Clericos exslilisse antequnm monn-
tude, si c'était le corps de saint Augustin clii essent, derici osserunt :quod non ila est
qui y était renfermé ce qu'il n'aurait pas
; nam non fuerunt derici usquein finem cœnœ,
jugé par le mol dWgoslmo écrit, à ce que et tanitn prius fuerunl religiosi monarhi.
l'on prétend, en deux endroits, et qui avait Le cardinal Pierre Damien dit que ce sont
disparu aussitôt qu'il avait vu le jour. des moines et non pas des chanoines qui ont
Voyez, pour la Vie de saint Augustin, le fondé l'Eglise universelle, qui l'i/nl gouver-
dixième volume de ses ouvrages donnés par née et purgée de plusieurs erreurs. Noua
tes PP. Bénédictins , et le treizième volume nous étonnons, dit ce cardinal parlant aux
des Mémoires de M. de Tillemonl Dour l'IIist. chanoines, de ce (]ue vous \ouliez nous sé-
ecclés. parer de l'union et de la société de l'Eglise
H. — Je
universelle jjuisqu'il est constant que l'E-
,
§ origine ues tnanoines réguliers^
glise universelle a été fondée, gouvernée eî
Ce que nous avons dit de l'origine, anti- purgée de plusieurs erreurs par les moines,
quité et progrès de l'état monastique dans et non par les chanoines. Les apôtres, ces
la Dissertation préliminaire, devrait regar- fondateurs et conducteurs de l'iiglise, vi-
der aussi les chanoines réguliers, puisque vaient à notre manière et non pas à la vôtre;
plusieurs auteurs leur ont donné le nom de et Philon, le plus élo luent d'entre les Juifs,
moines, qui est un nom générique pour dans les livres qu'il a composés en faveur
toutes sortes de personnes qui fonl profes- des nôtres appelle les premiers chrétiens
,
sion de la vie religieuse. Penol (1), rha- des moines, et non pas des chanoines, et
noino régulier de la congrégation de La- leurs maisons des monastères (Gj Multum, :
tran , a prétendu prouver par dix-huit té- fralres cliarissimi, si digni estis a (dire, mi-
moignages que ce nom leur appartenait ramiir quomodo ,vel ob quan cnusom ,
aussi bien [que celui de chanoine régulier. conamini nos a consortio et unitale uni-
Laurent Landmeler (2;, chanoine Prémonlré versalis Ecclesiœ separare : cnm constet a
(t) Penot, Hist. tripart. Canoniç. Reqid. l. l, c. Voy., à la fin du vol., n" 195.
(3)
38,n.4. (4) Piei. Crescenz., Presidio liomano.
(2) Laurent Landnicler de Cler. Monacli. vêler
,
(5) S. Vincen. Ferr. in term. de Dom.
xnMimo part. 5, c. 5. Ue Cunonic. Ord. Disquh. (6) Pelrus Danii:uius, opuscul. 2'6.
7Î DICTIONNAIUE DES ORDRES RELIGIEUX. frfi
monachis, non a canonicis iinu-e>salem Eccle- communauté des apôlros, des disciples et
siam fundatam, gubernntan, et a diverso er- des fidèles, ne consistait que dans la desap-
rore cribratnm. Apostoti nempe fundalores proprialion que plusieurs particuliers em-
et redores Ecclesiarnm^ iwstro, non vestro brassaient, et dans la distribution qui se fai-
more viiebant, tit Luc s evungelisla in Ac- sait à chacun selon ses besoins; mais qu'ils
tibus Apostolorum reffrl : et Philo disertis- ne logeaient pas, ni ne prenaient pas leur
si.», us Judœorum, in iibiis quos in laudein réfection en commun quoique cette com-
; et
nostrorutn conscrips t, pnmitivos christiunos munauté de biens conservée entre les
ail été
nionachos non canenicos tocal^ et liabitacula ecclésiastiques durant les premiers siècles,
eorum monasler.i nuncupnt. Fclinus (1) et qu'on distribuât à chacun une portion
semble être de in^ine senliment, lorsqu'il dit des revenus de l'Eglise proportionnée à sou
que la vie monastique a été confirmée avant besoin, à son rang et à son travail, que c'est
la canonique, et rapporte plusieurs téii.oi- cela même qui peut servir de preuves que
gnages pour prouver que les moines doi- les clercs ne vivaient pas en commun; car,
vent précéder les chanoines réguliers. lîo- ajoute-lil, si le clergé eût vécu en commun,
sius (2) diL que saint Augustin, inspiré de on n'eût pas appelé les clercs, sportulantes
Dieu, prescrivit une manière de vivre aux fratres ; on n'eût pas appelé les distributions
clercs qui, volontairement, voulurent vivr(i qui se faisaient tous les mois, divisiones
en commun et ne rien posséder, à l'exemple mensurnas ; on n'eût pas distingué les distri-
des moines Sanctus Augustinus divino lu-
: butions des prêtres de celles des clercs infé-
mine afflatus, clericis qui sponte vellent sim d rieurs, et on ne les eût pas adjugées par un
vivere et nihil habere propriwn^ sed oumia privilège singulier aux jeunes clercs, qui
communia cxemplo monachorum, normam s'étaient signalés par la confession du nom
Vivendi dédit. Enfin il y a une infini é d'au- de Jésus-Christ Sporiulis iisdem cum pres-
:
leurs qui disent la même chosp, 2I qui coii- byteris honorentur. S. Cyprien n'ordonne-
vionnenl qu'il n'y a point eu de communau- rait pas de faire de certaines aumônes de la
tés de clercs dans les trois premiers siècles portion qui lui était échue de quantitate ;
de l'Eglise, et qu'elles n'ont commencé que tnea prupria. Eusèbe ne dirait pas que les
dans le quatrième. novatiens attachèrent à leur parti l'évêque
Nalallis, en lui promettant cent cinquante
En M. de Tillemont (3) prétend que,
effet
pièces d'argent par mois et les constitutions
pour chercher la première de ces commu- ;
nautés, il ne faut pas remonter plus loin apostoliques ne régleraient pas les portions
inégales qui se devaient faire des biens de
quà saint Euscbe évêque de Verceil, qui
l'Eglise. C'est ce qui ne se voit pas, dil le P.
renferma tous les ecclésiastiques de celle
ville dans une même maison, oii il vécut
Thomassin, dans les congrégations où toutes
choses sont communes.
avec eux dans la pratique et les observances
de la vie monastique; et comme saint Am- Ce savant écrivain (7) remarque encore
broise dit que ce fut avant son bannisse-
que le pape Syrice dans sa lettre à Hymé-
rius, évêque de Tarragone, propose un
ment qu'il fit de son église un monastère, il
faudrait que ce fût avant l'an 355, puisque
grand nombre de règlements pour la disci-
pline du clergé, qu'il y parle des moines et
ce fut celte année-là que se tint le concile de
des filles consacrées à Dieu, et de leurs mo-
Milan, où ce saint évêque fut exilé pour li'a-
voir pas voulu souscrire à la condamnation
nastères; mais qu'il n'y a dans cette lettre
de saint Anaslase. aucune apparence qu'il y eût dès lors des
ecclésiastiques vivant en communauté. En-
Mais le P. Thomassin [k) attribue à saint fin, pour la plus grande preuve, le P. Tho-
Augustin la gloire d'avoir le premier établi massin (8j ajoute que saint Augustin, dans
des communautés eccléiastiques après qu'il son livre des mœurs de l'Eglise, qu'il écrivit
eut été fait évêque d'Hippone, à laquelle di- avant que d'être prêtre, n'aurait pas manqué
gnité il tut élevé l'an 395. Il avoue bien que de donner un rang honorable aux commu-
saint Eusèbe lui pourrait disputer celte nautés ecclésiastiques, s'il en avait connu
gloire; ir.ais comme il fit prendre à son
des
quelques-unes: car il y fait une excellente
clergé (5) l'habil, la profession et l'état
peinlure des monastères d'Egypte et d'Orient,
moines, et que saint Augustin laissa son habités les uns par des hommes, les autres
clergé dans l'état des ecclésiastiques, n'ayant par des filles. Il assure qu'il a connu des
ajouté à la vie et à la piété cléricale, que la
personnes séculières à Rome et à Milan, qui
vie commune cl la desapproprialion c'est ;
vivaient, priaient et travaillaient toutes en-
donc à ce sainl docteur de l'Eglise qu'il faut semble dans une môme maison sous la di-
rapporter insiitutioo des clercs qui ont
1
rection d'un prêtre, et qu'il y avait de pa-
vécu en commun. reilles communautés de femmes séculières;
Les raisons que le P. Thomassin (6) mais parlant des ecclésiastiques, il ne mar-
donne pour ne rapporter l'origine des com- que point qu'ils vécussent dans des commu-
munautés ecclésiastiques qu'à saint Augus- nautés; au contraire il admire d'autant plus
tin, sont très-fortes. 11 dit que la première leur piélé, qu'elle était à l'épreuve de tant
de tentations qui se rencontrent dans ta Mais comme dans la suite du !• inps, prin
conversation du naonde. cipalemenl dans l'Occident, les chanoines (6)
Quoiijue saint Augustin (t) soil aonc con- s'étaient relâchés à un tel point, qu'ils étaient
sidéré comme le père et le premier inslilu- comme abîmés dans la saleté dune inconfi-
teur des communautés ecclésiastiques, il ne nonce universelle, et qu'ils acquéraient leurs
dressa pas néanmoins une régie p.irliculière bénéfices par un commerce infâme de simo-
pour son clergé, se contentant de la règle et nie; saint Pierre Damien, emporté par l'ar-
de l'exemple des apôtres, qui avaient en- deur de son zèle, sollicita fortement le pape
seigné la pratique de la vie commune et de Nicolas II, pour remédier à ces désordres,
la désappropriation parfaite et comme dans
: et bannir entièrement la propriété d'entre
la suite la plupart des évéques firent vivre les chanoines, qui semblait leur avoir éU,
aussi leurs clercs en commun dans l'obser- permise par la règle d'Aix-la-Chapelle,
vance exacte des canons des conciles; n'eU puisqu'elle ne les obligeait point à renoncer
ce qui fit qu'on leur donna le nom de cha- à leur patrimoine. C'est pourquoi ce saint
noines, que les Grecs donnaient aussi indif- pontife assembla à Rome un concile de cent
féremment aux ecclésiastiques, aux moines, treize évéques, l'an 1059, où, après avoir
aux religieuses etaux vierges consacrées à condamné la simonie et le concubinage, il
Dieu, comme remarque Balzaraon sur le ordonna que les clercs logeraient et vi-
canon M
de la première épîlre canonique vraient ensemble, et mettraient en commun
de saint Basile à saint Amphiloque; et \iar ce qu'ils recevraient de l'Eglise, les exhor-
lenom de chanoine ou de chanoinesse, les tant à la vie commune des apôtres, c'est-à-
Grecs désignaient les personnes inscrites dire à n'avoir rien en propre.
dans le canon ou catalogue de la commu- La même chose fut ordonnée dans un
nauté. antre concile par Alexandre IJ, l'an 1063;
(^e nom de chanoine était encore commun ainsi ces deux conciles ayant imposé à tous
a lous les officiers de l'Eglise, même jus- les clercs la désappropriation et la vie com-
qu'aux plus bas; comme sonneurs, fos- mune, il fallut pour l'autoriser, remonter à
soyeurs , et autres qui étaient employés l'iiislilution de saint Augustin, dont les clercs
dans la matricule ou catalogue (2), in Ca- vivaient en commun dans une pauvreté vo-
none, et entretenus aux dépens de la fabri- lontaire. L'on se servit pour cola de deux
que c'est pourquoi on a aussi donné ce
: discours de ce saint, que saint Pierre Da-
nom à des domestiques qui servaient et mien cite et qu'il nomme de moribus C'eri- :
étaient nourris dans les monaslères. 11 y en corum; et comme il fallait opposer une rè-
a à la vérilé qui prétendent que le nom de gle à une autre qui était celle d'Aix-la-Cha-
chanoine vient de canon, et que ce mot si- pelle, l'on donna le nom de règle à ces deux
gnifie la mesure ou quantité de sa ration de discours de saint Augustin. C'est néanmoins
blé, de vin et autres choses nécessaires à la une dispuie qui est entre plusieurs écri-
vie, qu'on distribuait par jour, par semaine, vains, qui n'ont jamais pu s'accorder en-
par mois ou par an à chaque clerc pour sa semble louchant la véritable règle de saint
subsistance proprement sa paye, sa sol le,
: Augustin, pour savoir si c'étatt ces deux
sa prébende ou livrée, sa pension, sa portion sermons, ou son Epître cix, adressée à des
autrement exprimée par saint Cyprien (3], religieuses. Quoi qu'il en soit, tous ceux qui
par le mol de spordila, le panier où les clercs sui\ent la règle de Saint-Augustin, tant reli-
mettaient leurs vivres et leurs provisions. gioux que religieuses ne reconnaissent
,
Livrée, du latin liberata, c'était ce qu'on li- point d'autre règle que cette Epître cix.
vrait à un c'.erc pour vivre et s'habiller, d'où Les règlements que firent ces deux con-
on appelle encore livrée l'habit qu'un maître ciles pour obliger les chanoines à la désap-
livre à ses domestiques, qu'on appelle gens propriation ne furent pas reçus par tous
,
Ce ne fut cependant que vers le douzième continuait toujours parmi eux c'est ce qui ;
siècle (Vj que l'on revêtit l'ordre des cha- obligea quelques chanoines de l'Eglise d'A-
noines (lu nom et de la gloire de saint Au- v gnon, de former dans le même siècle la
gustin, pour distinguer ceux de ces derniers congrégation de Saint-Rufin. Sur la fin du
siècles d'avec ceux du temps de Louis le Dé- même siècle, Yves de Chartres réforma ceux
bonnaire, pour lesquels ce pieux empereur de Saint-Quentin de Beauvais, et sa réforme
qui employait tous ses soins à régler et à fui introduite dans plusieurs autres églisis;
réformer le clergé et les moines, fît composer mais ils ne se disaient pas encore chanoines
par le diacre Amalarius une règle qu'il fit réguliers de l'ordre de Saint-Augustin. Il y
approuver par le concile d'Aix-la-Chapelle, en avait au contraire qui se disaient de
assemblé l'an 816 (5 laquelle est à peu près
, l'ordre de Saint-Sylvestre pape, et d'autres
la même que celle qui avait été dressée par de celui de S.iint-Urbain, pipe et martyr.
saint Chrodegand, évéque de Metz, qui était Mais de savo.r quelles étaient les règles de
liréc des saints canons, des ouvrages des ces deux papes, c'est ce que l'on ignore. Il
Pères, et [)rincipalemcnt de la règle" de Saint- se peut l'aire que ces chanoines, qui se di-
Benoît. saient de l'ordre de Saint-Sylvcs're et do
(!) Thomstss. Discipl.Ecc. pari.w.l. i, c. 48, n. 0. (4) Thomass., comme ci-dessus n. 81.
(2) De Vert, Lxplic. des CéréinonUi de rkyiise, (5) Ibid. part. 3. /. i, c. 30, u. 10.
lom. I. p. liA.
(6) Ib':d. part. i. l. i, c. 48 n. l. et c. -59 u. â.
(ô) Cypr., epUt. 3(3 et CC.
775 DICTIONNAIRE DES ORDRES RELIGIEUX. 77§
Saint-Urbain, eussent pris ce nom à cause articles ou paragraphes, qu'il voulut être
que leurs églises élaient dédiées en l'hon- observés universellement.
neur de ces deux saints pontifes, de niême Il y en a qui prétendent que ces constitu-
que quelques auteurs de la Vie du B. Michel tions furentabrogéespar Clément VI, succes-
Gedroc, polonais, de l'ordre des chanoines seur de Benoît (2). Penot, qui a fait V Histoi-
réguliers de la Pénitence des Martyrs di- , re des Chanoines ré fj/uliers de Lntran. dit avoir
sent qu'il entra dans l'ordre de Saint-Marc, vu une copie des lettres qui les annulent et ,
à cause que leur monastère de Cracovie, qui et dont l'original est conservé dans le monas-
est le principal de ceux qu'ils ont en Po- tère de Sainte-Marie de Sarragosse cepen- :
loffne, porte le nom de Saint-Marc l'évan- dant comme Boniface IX a ordonné dans la
géliste. suite la tenue des chapitres provinciaux ,
On pourrait dire néanmoins quo, dès le conformément aux constitutions de Benoît
onzième siècle, il y avait des chanoines ré- XÏI,el que Martin V dispensa les chanoines
guliers qui avaient pris la règle de Saint- régxiliers de Latran de l'observance de ces
Augustin, tirée de son Fpîlre cix, puisque constitutions, il y a bien de l'apparence
Gervais, archevêque de Reims, dans une qu'elles ne furent point annulées, et qu'elles
charte donnée en 1067, pour le rétablisse- ont subsisté longtemps après.
ment de l'abbaye de Saint-Denis de Reims , Les chanoines réguliers ont de temps en
dit qu'il y avait établi des chanoines qui fai- temps des différends au sujet de la préséance
saient profession de la règle et de l'ordre de qu'ils prétendent avoir sur les moines et les
Saint-Augustin Canonicos ibidem ad hono-
:
autres réguliers, et que le P. Thomassin (3j
rem et laudem Dei conslitui, Beali Auguslini leur donne comme faisant, dit-il, une partie
regu'am ordinemque profilentes. Cela se pour- du clergé. Ils la prétendent, non-seulement
rait encore prouver par une lettre que le par rapport à l'antiquité, comme ayant eu,
pape Urbain II écrivit à la fin de ce siècle à à ce qu'ils disent, lesapôlres pour fondateurs ;
l'abbé Roger de Soissons, où il suppose qu'il mais encore en vertu d'une bulle de Pie IV,
qui accorda aux chanoines réguliers de la
y avait des chanoines qui suivaient la règle
de Saint-Augustin mais le P. Ghaponel (1),
: congrégation de Latran, la préséance sur
chanoine régulier de la congrégation de des moines du Mont-Cassin. Mais il faut
France, avoue que ce pape et col archevêque remarquer que, sous le pontificat de ce
ont voulu seulement parler du genre de vie pape, ces chanoines ayant fait des tenta-
conforme à celui des clercs de saint Augus- tives pour rentrer dans la possession de l'é-
tin, ou de quelques constitutions particuliè- glise de Saint-Jean-de-Latran dont ils avaient
res, tirées des ouvrages de ce Père, et qu'il éé chassés plusieurs fois, ils ne purent ob-
est certain que ce ne fut que dans le dou- tenir ce qu'ils souhaitaient. Cependant lo
zième siècle que les chanoines réguliers pape les établit dans l'église de Nolre-Dame-
commencèrent à faire des vœux solennels. de la Paix, à Rome, comme pour les conso-
Quelques églises, dit-il, commencèrent dès ler de ce qu'ils ne rentraient pas à Saint-
l'an 1110, à prendre la règle de Saint-Au- Jean de Latran, et termina aussi en leur
gustin tirée de son Epître cix ; elle se com- faveur le procès qu'ils avaient depuis près
muniqua ensuite peu à peu à quelques mai- d'un siècle avec les moines Bénédictins de la
sons de l'ordre, jusqu'à ce qu'Innocent II, congrégation du Mont-Cassin, au sujet de
dans le concile de Latran, l'an 1139, ordonna cette préséance qu'il accorda aux chanoines
que tous les Chanoines réguliers se soumet- réguliers de Latran par une bulle de l'an
traient à cette règle; et ce fut alors qu'ils 156i par laquelle il ordonna que dans les
,
prirent tous le nom de chanoines réguliers processions et les actes publics, ils précéde-
de l'ordre de Saint-Augustin. raient les moines du Mont-Cassin, et que les
L'on vit après cela l'ordre canoniiiue dans abbés de ces deux congrégations se trouvant
un étal florissant, l'observance qu'on y pra- sans leurs religieux aux conciles provin-
tiquait le mit en répulalion. Plusieurs évê- ciaux ei synodaux, et dans les actes publics
ques rétablirent la régularité dans leurs et privés où les abbés ont droit de se trou-
églises. Ceux qui fondaient des monastères ver, ils prendraient le rang selon l'antiquité
de leur promotion, el non selon l'antiquité
y mirent des chanoines réguliers, et quel-
ques-uns (le ces monastères devinrent chefs do leur congrégation. Mais celte bulle n'est
de célèbres congrégations. Celles de Saint- qu'en faveur des chanoines réguliers de La-
Victor, à Paris, de Sainte -Croix de Co- tran seulement, et non pas des autres con-
nimbre en Portugal, et plusieurs autres
,
grégations du même ordre ce qui est si
;
plus tard, a été cause qu'il s'y est fait plu- sont de la congrégation de Saint-Sauveur de
sieurs réformes, dont la plus générale et Bologne, sont précédés par les moines Béné-
qui regardait tous les diiVéreuts corps de dictins du Mont-Gasssin, les eamaldules, les
chanoines réguliers, fut faite l'an 1339, par Silvestrins, les Cisterciens, les Feuillants, les
le j)a|,e Benoît XII, qui dressa à ce sujet des moines de Vallombreuse, et ceux du Mont-
couslilulions qui contiennent soixante-quatre Olivct.
CInponel, lUst. des Cliaiioiues t. i, c. ^Oet H. (3) Tliomass. , VU'ipl. Eccles. 4 vurt. /. I c. 48,
(1)
Can. lieg. (ib. u, c. 43, ». 1. n. lu.
(2) Penol, Hisl. irip.
,
de Sainl-^ annes en Lorraine, au sujet du dif- lors la couleur noire, on les appelait iesCi)a-
férend qui était entre eux touchant la pré- noines Réguliers noirs, pour les distinguer
séance, dit quil n'était pas instruit de celle de ceux des congrégations de Sainl-Victo^
que les moines d'Italie ont sur les chanoines d'Arouaise et de Prémonlré,qui étaient dans
de Saint-Sauveur, mais qu'il sait que cela le même royaume, et qu'on appelait Chanoi-
est contraire au droit , si le fait est tel qu'on nes Réguliers blanc-. Il est vrai que le pape
le débile. Je ne prétends point examiner s'il Benoit ne permit ces couburs qu'aux Cha-
est contraire au droit ou non mais je puis , noines qui étaient en possession de les por-
assurer le P. Hugo de la vérité de ce fait ter et voulut qu'à l'avenir ceux qui vou-
,
pour en avoir été témoin , comme ayant as- draient faire des changements dans leur ha-
sisté pendant six ans à ces pro( essions , et billement prissent la couleur blanche mais :
pendant les conclaves d'Alexandre VJlI et cela n'a pas empêché qu'il n'y en ait qui
d'Innocent XII, le clergé séculier et régulier n'aient pris des robes violettes et des con- ,
de Rome étant obligé d'aller aussi tous les grégations entières des robes noires.
jours en procession autant de temps que L'on peut voir par la figure de l'habille-
dure le conclave jusqu'au jour de l'élection ment d'un de ces anciens Chanoines Régu-
du pape. liers avec sa chape et son capuce qu'il n'y ,
Les Chanoines Réguliers prétendent qu'il y avait pas grantle dilïérence emre l'habit ca-
a eu deux mille sept cent soixante-sept nonial et 1 hai)it monacal et l'un et l'autre ,
cardinaux de leur ordre , vingt mille cent n'étaient pas difl'érents de celui des ecclé-
trente cinq archevêques et évèiiues , et plus siastiques, et même de celui des laïques :car
de cent mille a!»bés ayant l'usage de la mitre dom Claude de Vert (1) remarque que cette
et de la cro'^se. C'est le calcul qu'en fait le P. longue chape n'était dans son origine qu'un
Le Paige, dans sa bibliothèque de Prémon- capuceoucapuchon, servaniàcouvrirla tête;
tré ,
qu'il donna en 1G33. Mais il y aura proprement, un coquelucbon cucullio ou ,
beaucoup à retrancher de ce nombre, si l'on cucullus, du mot ^rec koukoW lion, et en pre-
considère qu'il n'y a nas eu peut-être deux mier lieu kuklos qui veut dire un cenle ,
,
mille sept c^nls cardiiiaux jusqu'à présent. parce que le capuce ou capuciion couvrant
Nous parlerons des diiïérenls habilieinen's la léle forme en eiïet un cercle autour du
des Chanoines Réguliers en parlant des diffé- visage. Ce capuce ou capuciion s'étendit
rentes congrégations de cet ordre. Nous don- bientôt après sur les épaules en forme de
nerons ici seubMiienl l'ancien habillement scapuiaire ou plutôt en manière de mante-
,
qui était commun à tous les Chanoines Régu- let ou c imail p.is il tomba sur les reins et
,
liers dans le commencemi'ut de leur institu- sur les genoux coinme le portent les mate-
tion, c'est-à-dire à la lin du onzième siètle et lots, qui appellent cette espèce de capuce un
au commencement du douzième, auquel capot, et on le nomme aussi cape de i>earn.
temps les Chanoines prirent le nom de Ré- Knfin, il descendit jusiju'en bas, couvrant et
guliers , et se mirf'ut sous la proleciion de enveloppant toute la personne telle est en- :
saint Augustin, qu'ils reconnurent pour leur core la cape ou capot des senline.les, le plu-
père. Cet haiiilement consistait en tout vial ou chape ecclésiastique la chape des ,
temps ei en tous lieux en une aube qui des- cardinaux, des évêques, dt's chanoines sécu-
ceidail jusqu'aux talons , et une aumusse liers et réguliers, des religieux de l'ordre de
qu'ils portaient sur les épaules en forme de Saint-Dominique , des Charireux et autres.
manteau ilsavaent encore par-dessus l'au-
;
Dom (ie trompé, lorsqu'il dit que
Vert s'est
musse et laube nue cha])e noire, à laquelle telle est encore la chape commune et ordi-
était attaché u!\ capuce dont ils se cou- naire du pape puisqu il n'y a que la seule
,
vraient la tète. D'abord la chape était fermée nuit de Noël que Sa S.iiuielé (jorte un capu-
de tous côtés il n'y avait qu'une ouverture
,
chon et une cape de velours rouge ainsi , :
sur l'estomac pour passer les mains ; mais c'est plutôt son habillement extraordinaire;
d;ms la suite on la fendit par d vaut jusqu'en car, pour habit ordinaire il a toujours une ,
bas pour une plus grande commodité, et le soutane de soie blanche, un rochil à dentel-
ca|iuce y fut toujours attache. Quant à la les par-dessus, l'eié, un camail de salin in-
couleurdela robe, les uns la portaient noire, carnat, et l'hiver, un camail de v lours rouge
d'auties blanche b'S uns prirent le rouge ,
,
avec le bonnet de même qui est doulilé ,
d'autres le violet. En un mot il n'y avait , d'hermine, aussi bien que le camail; mais
point lie couleur affectée pour les (Chanoines dans les fonctions publiques il a la calotte
Réguliers. Le pape Benoît XII, dans la ré- blanche sous la mitre ou la tiare, et a tou-
forme générale qu'il ûl de cetordre, ordonna, jours une élole au cou. Cela s'appelle l'habit
par sa bulle de l'an 1.139 que les chanoines ,
privé du pape et quand les cardinaux sont
;
réguliers ne pourraient se servir dans leurs li;:billésde violet, comme l'Avent, le Carême
habillements que des couleurs blanche , et les jours de jeûne le pape porte la sou-
,
(1) De Yen, Exi^Ucaiionn des céré.nonies de l'Kglise, lo:ii. Il, |>. û^O
DlCTIONNAllu: DES (.'.RDRliS riKHGl!:U\. I.
,
sur les épaules et des épaules sur les reins , quitta premièrement la chape, et on ne laissa
et ensuite jusqu'aux talons, traîna enfin jus- que cette peau, à laquelle on donna le nom
qu'à terre en sorte que les chanoines qui
, d'aumusse, comme qui dirait hautement mise,
s'en servent encore l'hiver sontobligés de la selon le sentiment de Severt (3) dans son
retrousser sur les bras et celle des cardi-
; histoire des archevêques de Lyon quel- :
naux est si loiîgue, qu'ils la font porter par ques-uns dérivent ce mot du latin amicintn
des officie, s qui sont nommés caudalaires. ab amicire à cause qu'elle couvrait les
,
Elle fut changée en manteau par les laïques, épaules, el d'autres du vieux allemand hoosl
el le collet de ce manteau n'est autre, comme mutsen, qui veut dire un bonnet (4). Gomme
remarque dom de Vert , que le capuce ren- celle aumusse, qui couvrait la tête el les
versé sur le manteau le long des épaules, et épaules et descendait jusqu'aux reins, était
ce qu'on nomme présentement porte-man- encore un habillement peu propre pour l'été
teau chez le rui s'appelait autrefois porte- à cause de la chaleur, il y a eu des chanoi-
chape. L< s chanoines ayant enfin enlière- nes (o) qui l'ont mise en travers sur les deux
nunt quitté l'usage de la chape, allant par la épaules, comme la portent en été les Cha-
ville, ont pris celui du manteau. noines Réguliers de Saint-Victor, ceux de
Cette chape qui , comme nous avons fait Sainte-Croix de Coïmbre et quelques au-
voir, était autrefois fermée de tous côtés ,
tres. Ceux de Marbac la portent aussi sur les
n'ayant qu'une ouverture war devant pour épaules; mais elle descend en pointe par
passer les mains , était incommode ; c'est ce derrière un peu plus bas que la ceinture, et
qui fit apparemment qu'il y eut dos ecclé- est attachée par devant avec un ruban bleu.
siastiques qui en portèrent où il y avait des D'autres l'ont portée sur l'épaule gauche en
manches, et qui n'étaient autres que la forme d'un chaperon de docteur, comme les
coulle et cucuUe des moines ; c'est ce qui Chanoines Réguliers de la cathédrale d'Uzès
obligea le quatrième concile de Latran (1) , et plusieurs cathédrales ont retenu l'an-
tenu sous le pape Innocent III, l'an 1215, de cienne coutume de la porter sur les épaules
défendre aux clercs de porter ces sortes d'ha- en forme de manteau, principalement les
billements, ni à l'église ni ailleurs dppas : chanoines de l'Eglise de Lyon, qui n'ont rien
manicatas ad divinum officiu a intra eccle- innové. Enfin comme il y en a qui ont trouvé
siam non gérant, nec alibi, et les obligea d'en que de la porter sur les épaules, cela les in-
porter qui fussent fermées de tous côtés : commodait encore trop en été, ils l'ont fait
Clausa déférant desuper vestimenta , nimia descendre sur le bras gauche où elle est res-
brevitate tel nimia longitudine non nolanda. tée plua «ommunéioent quoique pour se
,
Les anciens statuts synodaux du diocèse débarrasser de cet habit, étant arrivés au
deCoutances, qui peuvent avoir été faits peu chœur, ils le jettent sur leurs formes, d'où
ils ne le prennent que lorsqu'il s'agit de
de temps après ce concile, par l'évêqueCon-
rad d'Andegs, ordonnent la même chose (2 , faire quelque fonction particulière. Cet ha-
et ce prélat se plaint de ce qu'il y avait des billement n'était pas seulement pour les
prêtres qui allaient par leurs paroisses avec ecclésiastiques, il élait encore commun aux
des espèces de sout;inelles fendues par de- laïques pour couvrir leur tête, et l'on trouve
vant et qui n'avaient pas de honte de se
,
dans un registre de la chambre des comptes
présenter en cet équipage devant lui res- de Paris un article de trente-six sols pour
,
semblant plutôt à des arbalétriers et à des avoir fait fourrer l'aumusse du roi. Il semble
athlètes qu'à des clercs ou des prêtres: Unde même que les pauvres gecs aient ramené en
reprehendimus pretbyteros qui perparochias France, depuis quelques années, la coutume
vadiint insuper tunicalibus apertis nimia de porter ces sortes d'aumusses, la plupart
,
talons; et c'est ainsi que les Chanoines Ré- à une bande de deux doigts de large
petite
gulier» de Saint-Pierre de Mâcon (1) sont qu'ils portent la plupart, on seulement par
représentés en habit d'église dans un ancien d. vant, ou aussi par devant et par derrière,
L'aube qu'on portait sur ces aumusses et ne s'en servaient pas encore en 1330, puis-
par dessus la robe a été aussi commune que le pape Benoît XII, dans ses constitu-
aux clercs et aux laïques, aux hommes et tions pour la réforme >ie cet ordre, n'en fait
aux femmes. Les clercs la portaient conti- aucune mention, et ordonne qu'ils porteront
nuellement et en changeaient pour le ser- des capuchons et des aumusses pour couvrir
vice de l'aulel (4), ainsi (jue de chasubles. leurs têtes. Les aumusses étaient pour la
Cet habillement s'est maintenu pendant plu- maison, et Ils les devaient porter à l'église,
sieurs siècles dans toute sa longueur mais ;
au cloître, au chapitre, au réfectoire et au
dans la suite on jugea à propos, pour la com- dortoir, et ne point se servir de capuces ou
modité et peut-être pour l'épargne, de rac- capuchons dans ces lieuv; mais ils les pou-
courcir, hors de l'usage de l'autel. On la ré- vaient porter ailleurs Intra eccle^vis, cluus-
:
duisit d'abord à deux ou trois doigts du bas trum, capitulum, refectorium ac dormiturium
de la robe, ensuite à mi-jambe, enfin jus- non capuliis, sed almutiis honestis utantur.
qu';iux genoux et en cet état on l'appelle
;
Caputia vei Oy si ea per ipsos extra loca prœ-
rochel, lorsqu'il y a des manches étroites, ou dicia deferri conligerit sint honesla (6). Il
,
surplis quand elle a des manches larges ou n'y a pas longtemps qu'ils ont introduit par-
longues, ouvertes et volantes. La plupart mi eux l'usage du chapeau et du manteau ,
des Chanoines Réguliers portent ces sortes ce qui leur était défendu par les constitu-
de rochets pour habit ordinaire par dessus tions que le cardinal de la Rochefoucault
leur soutane. Il y eu a d'autres, comme ceux dressa, en 1623, pour les Chauoines Réguliers
de Pologne, qui ont encore ôté les manches de France, qui furent imprimées à Paris
à ce rochet qu'ils appellent saracium; et la même année, car il leur ordonna de
ayant encoie accourci la chape jusqu'aux porter en tout temps la chape, allant par
genoux, ilsont aussi ôté les manches, et
lui la ville.
l'ont réduite en forme de raantelet, sembla- Nous finirons ce qui regarde l'origine des
ble à celui que portent les prélats de Rome. Chanoines Réguliers par une réflexion que
Il y en a d'autres qui ont tellement accourci fait dom de Vert (7) sur l'abandonnement
l'aube, ou plutôt le rochet, qu'ils Vont réduit de la chape à l'égard des clercs, et de la
(1) Jacob Severl, C/jron. hisl. Episcop. Mariscon. glise, lom. II, p. 263,
Louvei, Antiquilés de Beauvais. (o) Du Moulinet, comme ci-cksaus, p. 20.
!2)
3) Lobineau, hist. de Bretagne, tom.IT, p. 10<i, 1. (6) Bull. Roman, comiitut. Bened. XII, §40.
i) De Veri , Explication des cérémonies de l'E (7) De Vert, comme ci-dessus, loni. Il, p. 287.
785 DICTIONNAIRE DES ORDRES RELIGIEUX.
coulfi ou froc par rapporta certains moines, rent, on les en ôta pour y metlre des moi-
et qui peut regarderies Chanoines Réguliers nes à leur place, et que le roi Kthelbert en
en pariioulier; c'csl (jue ce changetnenl leur tîomanda la permission au papeBonif;ice IV :
cl entièrement transformé l'extérieur aux uns il devait plutôt dire que ce prince demanda à
et aux autres, car de là, le rabat de toile fine et Boniface la confirmation de ce qu'avait fait
empesée, les longs cheveux frisés et poudrés, saint Augustin. Il aurait dû auparavant
etaudélautdecheveux naturels, la perruque, prouver qu'il y avait dans l'Eglise des (cha-
la calotte de maroquin, le chapeau de cas- noines Réguliers au commencement du sep-
tor, lesmanchettes, des boutons à la robe , tième siècle, et c'est une mauvaise raison
la ceinture de st>ie, etc., tous ornements que de dire que si l'en n'a guère parlé de
inutiles ou ajustements superflus à ceux Chanoines Réguliers en Angleterre avant ,
qui ont conservé la chape ou la coule. que les Normands eussent conquis ce royau-
C'est en cil équipage qu'on voit quelques me c'est parce que les Chanoines Réguliers
,
Chanoines Réguliers, et même quelques- n'ont rien laissé par écrit , ou que leurs
uns qui n'ont pris ce litre que depuis écrits ont été perdus lorsque les Danois
vingt-cinq ou trente ans, qui étaient au- ruinèrent presque tous les monastères de
paravant vêtus comme des moines. A la ce royaume.
vérité quelques-uns n'ont pas encore pris le n'y a pas d'apparence d'en croire les
il
rabat empesé, mais cela vit-ndradans la suite. Chai.oines Réguliers sur leur bonne foi,
Pour les noms de pères et de frères que se lorsqu'ils n'apporteront point de titres pour
donnaient les uns aux autres les chréiiens prouver leur antiquité en Angleterre on ne :
de la primitive Eglise, et qui témoignaient pourra leur accorder tout au plus qu'une
l'union et la charité qui étaient entre eux, antiquité de six cents ans ou environ dans
ces noms paraissent odieux à ces chanoines ce pays, aussi bien que partout ailleurs ei :
métamorphosés. Ce serait leur faire injure on reconnaît qu'ils furent introduits à Glo-
que <îe ne pas les appeler Messieurs aussi bien cester vers Tan 1109, et ensuite a Lt)ndres.
que les anciens Bénédictins et je lie crois ; On les appelait les Chanoines noirs pour
pas que dom de Vert ail consulté la modes- les distinguer de ceux des congrégations de
tie des Chanoines Réguliers dv îa corigréga- Sainl-\ ictor, d'Arouaise et de Préiuontré.
lion de France, lorsque parlant d eux il les Nous ne savons pas si depuis ce lefcips-là
appelle Messieurs de Sainte-Geneviève. jusqu'aucommeneementdu seizièmesiècle ils
avaient toujours mené une vie réglée et con-
CHANOINES REGULIERS en Angleterre;
forme à ieur état. Mais l'an l5i-9, le cardi-
Et de leur réforme par le cardinal de Volseij. nal de Volsey entreprit la réforme de tous
Il paraît par le grand nombre des monas- les monastères eu vertu d'une bulle de Léon
tères de Chanoines Réguliers donlDodworth X, qu'il avait obtenue la même année, soit
et Dugda e nous ont conservé la mémoire vérilablemeni qu'il y eût beaucoup de dé-
dans l'histoire monastique d'Angleterre , sordre parmi eux, ou que ce cardinal am-
que cet ordre était beaucoup puissant en biticLix, qui de très-bas lieu était devenu
ce royaume. Les Chanoines Réguliers pré- archevêque d'York, ministre d'Etat, chan-
tenilent que leur ordre n'y est pas moins celier et légat a latere du saint-siège en
ancien que la religion catholique, qui fut Angleterre, eût voulu profiter des biens de
annoncée aux Anglais par saint Augustin, queiijues-uns de ces monastères en les fai-
que le pape saint Grégoire y envoya avec- sant supprimer et par ce moyen satisfaire
plusieurs religieux qui établirent, à ce qu'ils sa vanité el son ambition, comme écrit un
disent, des Chanoines Réguliers dans la plu- auteur moderne (2). il commença par la réfor-
pas l des églises qu'ils fondèrent; mais les me dis Chanoines Réguliers, et dans les règle-
Bénédictins n'en demeurent pas d'accord, et ments ou statuts qu il dressa à cet effet, il
prétendent que saint Augustin, apôtre d'An- aiïecta un grand zèle pour le rétablissement
gleterre, avait été prieur du mon;iStère de de la discipline régulière.
Saint-André de Rome, que ceux qui lui 11 ordonna entre autres choses que tous
furent associés étaient aussi religieux du les Chanoines Réguliers d'Angleterre, même
même monastère, et que ce saint qui fut des cong. éiialions de Saint-Victor, d'Arouai-
le premier archevêque de Cantorbery fit de se, de Prémontré, et de quelque nom qu'ils
sa cathédrale un véritable monastère où il s'appelassent, s'assembleraient tous les trois
établit ia vie monastique. Le P. Thomas- ans dans un chapitre général, conformément
sin (1), M. l'abbé Fleury et quelques autres au décret du pape Honorius 111 et aux
célèbres écrivains ont décidé en faveur des constitutions de Benoît XII. Il prescrivit la
moines Bénédictins, et prétendent que saint formule des vœux et les conditions que de-
Augustin établit des moines dans sa cathé- vaient avoir ceux qui se présentaient pour
drale. M. Smith, évoque de Chalcédoine, est être reçus parmi eux, les moyens d'extirper
iavorable aux Chanoines Réguliers, tt dit que le vire de propriété, la manière de réciter
c'étaient des Chanoines Réguliers que saint l'office divin, et les heures du silence. Il en-
Augustin mit dans son église. Il avoue né<?'»- joignit sous des peines de ne point manger
mon\s que sous son successeur, saint Lau- hor« les uionastères, de n'y point laisser en-
trer les t'emnies, <]e ne leur point donner à formule était fort longue, aussi bien que
laver leurs habils, dont la couleur devait quelques prières qu'on disait ensuite, ce
êlre blanche, bruae, Udire ou presque noire; qui ne pouvait causer que beaucoup d'in-
et afin que ces règlements pussenl èlre exé- commodité à celui qui voulait avoir le
cutés dans le même
temps, et que tous les jambon.
monastères de Chanoines Uéguliers ne les La cérémonie étant finie, on mettait ce
pussenl pas ignorer, il ordonna qu'ils n'au- jambon sur les épaules de queltiues person-
raient lieu qu'après la fête de la Trinité de sonnes, qui le portaient autour du prieuré
l'année 1521. et du bourg, étant suivi du prieur, de ses
Mais ces beaux règlements ne purent pas chanoines et de tout le peuple qui faisait
éire pr ali(iués pendant un long temps à cause de grands cris; et l'on prenait ensuite acte
du malheureux schisme, dont ce cardinal lut de la délivrance du jambon ou du morceau
le premier auteur par le pernicieux conseil de salé, comme il paraît par les registres de
qu'il donna au roi Henri Vill de répudier ce monastère.
sa lemmi', la reine Calheiine, ce qui attira Voyez Monnsticon Anqlicanum^ tom. 11,
tous les ujalheurs dont l'Aiigleleire fut affli- et Alleman, Hist. monastique d'Irlande.
gée, et dont le cliangemenl de religion fut
une suite. QueKjues ,;bbcs et relii',ieiix, par CHANOINES RÉGULIERS en Fhanck.
un esprit de libertinage, remirent Uîurs mo- De leur réforme par , le bienh' urciix Yves ,
nastères enire les mains du roi, d'autres y évéque de Chartres , avec, un abrégé de sa
furent contraints par la force, quelques-uns vie.
tinrent bon jusqu'à la fin, et ne cédèrent Un des plus illustres réformateurs de Tor-
qu'en 1539, que le parlement acheva de dre canonique a été le bienheureux Yves, pré-
supprimer tous les monastère , et il y en vôt de Saint-Ouenlin, de Heanvais et ensuite
eut qui aimèrent mieux soulïiir un glorieux, évéque de Chartres. 31 était fils d'an gentil-
martyre ()ue d'avoir lait paraître le moindre homme de Beauvais nommé Hugues d'Au-
consentement et la moindre soumission aux trwyle ou d'Auteuil, et de Hilemburge ou
ordres irnpies et sacrilèges de ce malheureux Kilteniberge et naquit avant le milieu du
,
nière, dont il tiraun grand nombre de cha- recomeiander Yves, qui fut élu d'une com-
noines, qu'il envoya à divers évêques pour mune voix pour remplir ce siège épiscopal ;
fonder d'autres semblables colonies de la mais on eut bien de la peine à obtenir son
vie commune. Vincent de Beauvais, saint An- consentement.
tonin, Onuphre et plusieurs autres lui don- Richer, archevêque de Sens, offensé de ce
nent la qualité de restaurateur des Chanoi- que Geoffroy avait été déposé saiiS sa parti-
nes Réguliers de Saint-Augustin ; mais le P. cipalion , s'opposa à la consécration d'Yves,
Thomassin (1) prétend qu'ils se sont trompés, qui fut trouver le pape Urbain pour être dé-
qu'il n'en paraît aucun vestige dans ses let- livré du fardeau dont on le voulait charger;
tres, que la 280% qui se trouve dans les der- mais le pontife n'eut point d'égard à ses rai-
nières éditions, ne se trou e pas dans les an- sons, et l'ordonna lui-même évêque de Char-
ciennes, et donne sujet de douter qu'elle est tres à Capoue. où il se trouvait sur la fin de
supposée. Il ajoulc que Philippe , évêque de l'année 1092.
Troyps voulant faire un établissement de
,
A son retour d'Italie, il fut mis en posses-
chanoines vivant en commun dans sa ville sion de cet évêché ; mais il ne fut pas long-
épiscopale, fil venir Yves même avec quel- temps en paix. L'archevêque de Sens, qui
ques-uns de ses chanoines, et qu'ils convin- prétendait qu'on avait violé les droits de sa
rent qu'ils dépendraient pour le temporel de métropole dans la déposition de Geoffroy,
la cathé irale de Troyes, et pour les règle- qui n'oubliait rien pour se faire rétablir,
ments spirituels de Saint-Quentin de Beau- convoqua un synode à Elampes où il cita ,
vais. Cet auteur prétend prouver par là qu'ils Yves pour rendre compte de tout le procédé
n'eurent pas la règle de saint Augustin mais ; qu'il avait tenu contre Geoffroy, comme s'é-
je lie trouve p is que ces preuves soienl suf- tant saisi du siège épiscop 1 de son vivant.
fisantes ; car il y a beaucoup de congréga- Les évêques de Paris, de Meaux, de Troyes,
tions qui suivent la règle de saint Augustin, se trouvèrent à ce synod •, et, sans s'irrêier
et qui ont des constitutions différentes (lui aux protestations d'Yves, ils le déclarèrent
servent de règlements à ces congrégations. exclu de l'épiscopat. Mais le pape, à qui Yves
Ainsi le bienheureux Yves établissant des en appela, le maintint dans sa possession, in-
c'ianoines vivant en commun, leur aurait pu terdit l'usage du pallium à rarchevê<iue Ri-
donner la règle de saint Augustn , et fait cher, el confirma la déposition de Geoffroy.
pour eux des règlements particuliers , s'il Ces différends étant pacifiés, on lui suscita
était vrai que, lorsque l'évêque de Troyes de nouvelles affaires du côté de la cour, non-
d manda cà Yves d<'S chanoines, on eût déjà seulement pour n'avoir pas voulu se trouver
parié de Chanoines Réguli-rs qui suivissent au mariage scandaleux du roi Philippe, qui
la règle de saint Augustin. Mais nous avons s'était séparé de la reine Berlhe de Hollande,
montrédans le chapitreli que, de 1 aveu même sa femme légitime, pour prendre Bei trade de
des Chanoines Réguliers qui font remonter Montfort, qu'il avait enlevée au comte d An-
leur antiquité le plus haut qu'ils peuvent, ce jou, Il ne se contenta point de n'y pas aller;
n'a été que dans le douzième siècle qu'on a mais il fit tousses elïorts pour s'opposera ce
commencé à donner le nom de Chanoines mariage. On le mit en prison on saisit les
,
Réguliers de l'ordre de Saint-Augustin à ceux revenus de son église , on le traita avec tou-
qui ayant renoncé à la désappropriaiion se tes sortes d'indignités; mais il fut invincible,
soumirent à la règle de ce saint docteur de et sa modestie parut toujours au milieu de
l'Eglise, et il se peut faire que le bienheureux son grand courage. Il fut n anmoins élargi à
Yves de Chartres fut des premiers à faire re- la prière de Hoël, évêque du Mans mais sa ;
cevoir celte règle par ses chanoines au com- délivrance ne diminua rien des persécutions
mencement du douzième siècle.Quoi qu'il en qu'il avait à souffrir au sujet de cet adultère
soit, le bienheureux Yves gouverna cette ab- pour lequel le roi fut excommunié dans le
baye de Saint-Queniin de Reauv lis pendant concile de Clermont en Auvergne, l'an 1093,
l'espace de quatorze ans, et la rendit si flo- où !e pape se trouva avec treize archevêques
rissant«»y qu'elle devint la mère de beaucoup el plus de deux cents évêques, et ce ne fut
d'autres maisons où l'on voulut avoir de ces qu'à la prière du bienheureux Yves qu'il en
chanoines ce qui a peut-être donné lieu à
; reçut l'absolution, le2déceml>re de l'an 1105,
plusieurs d'i-n parier comme d'un chef de par Lambert, évêiiue d'Arras délégué de
,
con-irégatiou sous le nom de Saint-Quentin Pascal II, successeur d'Urbain, après avoir
de Beauvais, quoique les monastères qui en promis avec serment, devant les prélats as-
soient sortis n'aient jamais fait de corps par- semblés, de ne plus voir Bertrade et de ne lui
li( uiler sous un chef, t qu'il ne se soit point
* parler qu'en présence de personnes non sus-
tenu de chapitres généraux. pectes.
Ce fut après quatorze années de gouverne- Yves eut dans la suite quelque diEférend
ment que Geoffroy, évêque de Chartres, qui avec le pape Pascal, parce qu'il refusa d'ev-
avait déjà été accusé de simonie sous le pape communier par son ordre Roîrou, comte du
Grégoire Vil, fut encore accusé de nouveaux Mans, quoiqu'en une autre occasion il n'eût
crimes sous le pape Urbain II, et, en ayant pas fait difficulté de le faire. Toutes ces affai-
été convaincu, il fut déposé cl chassé de son res n'empêchaient pas que pour sa conduite
siège par ce pape, qui écrivit en même temps particulière il ne deoieurât toujours aussi re-
au clergé et au peuple de Chartres pour leur cueilli eu la présence de Dieu que lorsqu'il
sieurs siècles la meilleure partie des hôpitaux Sainte-Catherine que vers l'an 1222, après
de France sont desservis par l'ordre desCha- qu( ces religieux eurent eu permission d'a-
noines Réguliers de l'un et de l'autre sexe; voir une chapelle qui fut dédiée à<ette sainte
que les hommes \ ont la direction du spiri- vierge et martyre.
tuel pour l'administration des sacrements Dès l'an 1.J28, i! y avait aussi des religieu-
aux ma'ades, et que les files ont soin de ses avec les r< ligieux pour servir les pau-
toutes leurs nécessités corporelles. Il avoue vres car il esi parlé des frères et sœurs de
,
néanmoins qu'en plusieurs endroits les Cha- l'hôpital de Sainie-Calherine dans une trans-
noines Rép:nliers ront k présent changés en action passée entre eux et les doyen, chapitre
prêtres séculiers, comme au grand Hôtel- et chanoines de Saint-Ciermain-l'Auxerrois,
Dieu de Paris; mais qu'au contraire les Cha- au sujet du droit que cet hôpital a de faire
noinc-^ses se son! si fort multipliées, qu'il se enterrer au cimetière des Saints-Iunocer)ts
trouve à présent peu d'hôpitaux en France
fort les pauvres qui y meurent, lequel droit lui
où envers les pau-
elles n'ex< rcent leur zèle était contesté. Mais dans la suite des temps,
vres. Si le P. du Moulinet avait fait cepen- les religieuses sont restées seules dans cet
dant un calcul exact de tous les hôpitaux de hôpilal. Il paraît qu'en 1558 il n'y avait plus
Fiance, il aurait trouvé que ceux qui sont de frères dans cet hôpital el que la qualité
,
desservis par des Chanoinesses Régulières de m.-!Îlre que prenait le supérieur de ces
Sont en plus petit nombre que ceux qui sont fi ères était déjà donnée dès ce temps-là à un
gouvernés par des religieuses des ordres de prôfre séculier par l'évêque de Paris ce qui
,
les malades, pour n- pas gâter leurs habits anciennes religieuses; mais Euslache du Bel-
noiis, elles mettent par-dessus un sarreau lay, évoque de Paris, qui mourut l'an 1565,
de toile, et voilà ce qui les a fait ])lacer par leur ayant donné des constitutions, ordonna
li! P. du Mouliml au rang des Chanoinesses qu'elles se conformeraient ])Our l'habillement
Régulières. L'on en voit Ixaucoup de cette aux religieuses de l'Hôtel-Dieu ou à celles
sorte qui se prétendent Chanoinesses parce de i'hôpilal Saint-Gervais. Sur <juoi le P. du
qu'elles ont mis un surplis par-dessu* leurs Rreuil, dans ses Antiquités de Paris, et qui
robes. De ce nombre sont les Hospitalières écrivait eu 1612, dit que, bien loin que celles
de Sainte-Catherine à Paris, qui étaient au- d,' Sainte-Catherine se dussent conformer à
trefois habillées de noir et qui portent pré-
, celles de Saint-Gervais, les chosesclaienl telle-
sentement la robe blanche avec le rochet ment changées que c'était au contraire à celles
une maison de récréation qu'elles ont près raient logés. 11 paraît par une bulle de Nico-
de la porte Saint-Denis, au lieu que celles las IV, de l'an 12 0, adressée au maître et
de Saint-Gervais ne sortent jamais et ne par- aux frères de l'hôpital, de !'«)rdre de Saint-
lent qu'au travers d'une i-rille, où elles sont Augustin, qu'il les preiul sous la proteclion
toujours accompagnées d'une écoule. Il n'y du saint-siége et la sienne avec tous leurs
a présenlement «jue la clôture qui puisse biens présents et à venir, et cet hôpital fut
mettre quelque différence entre les religieuses desservi par des religieux (1) jusqu'en l'an
de ces deux bôpiiaux, qui cxerceni également i'Wô ou environ, que Foul<|ues II, évêque de
ThoS; italité avec beaucoup de cbarilé et d'é- Paris, ordonna qu'il y aurait quatre reli-
difiratiou, et qui vivent dans une grande ob- gieuses avec un maître et un proviseur pour
servance de leur règle. l'administration d itemporel, lesquels maî-
Ce fut dans cet hôpital de Sainte-Catherine tres ont gouverné ce', hôpital jusqu'en l'an
qu'une sainte fille nommée sœur Alix la Bou- 1608, que les religieuses de l'ordre de Sa ni-
golte d(Mt)eura quebiues années au service Au;^uslin au nombre de quaiorze en prirent
des pauvres; m;ns, voulant mener une vie enlièresnent le gouveriuMuenI par ordre de
plus retirée sans avoir aucun commeree avec Pierre de Gondy, cardinal el évêque de Pa-
les créatures, elle fut pour ce sujet renfer- ris, qui, informé du m.iuvais gouvernement
mée dans une chambre haute de cet hôpital des maîtres el proviseurs, exempta les reli-
pour y faire l'épreuve de ce genre de vie pen- gieuses de leur dépeiidance, et se réserva de
dant un an, après lequel elle fut conduite au commettre qui hon lui semblerait pour rece-
cimetière des Saints-innocents ei re fermée voir leurs vœux et ouïr les comptes de l'hô-
comme recluse dans un peut logis joignant pital, ce qui subsiste encore à présent.
l'église sur laquelle ré|.on(îait une fenêtre Le nombrtî des religieuses s'étant beau-
d'où elle entendait la sainte messe et 1 offlce coup augmenté et n'ayant pas assez de loge-
divin. Elle vécut si saintement dans ce lieu, ment où elles étaient, elles ont acheté l'hôtel
que le roi Louis XI lui fit élever un tombeau d'U, dans la Viei.le rue du Temple, où elles
de broîize où elle est représentée avec l'épi- demeuraient et étaient au nombre d'environ
taphe suivante :
soixante. Elles exerçaient à l'égard des hom-
mes la même charité que les hospitalières de
Eu ce lieu gist Sœur Aliz la Bougolte
A sdii \iv;int, recluse très dévoie Sainte- Catherine exerçaient à l'égard des
Kendue Dieu feniuie de bonne vie
:i femmes. Les religieux qui demeuraient an-
Eu cel l!o-iel voulut esir" asservie , ciennement dans cel hôpital étaient habillés
On a rci^née humbleiiieul long lems
de vert, ils av;)ient une robe, une chape et
Ri denieu é bien quaranie-six ans
Eu servant Dieu auginaulé en renom. un petit capuce. L'on voit encore la repré-
Le Roi Louis unziérne de ce nom senlalion d'un de ces frères hospitaliers, à
Considérant sa très graudo parfecture genoux au pied d'un crucifix, en relief sur la
A t';iit lever ici sa sepidlure.
blanche avec un rochet de toile blanche c'est pourqu(»i Marguerite, reine de Navarre,
par-dessus, serré d'une c<îinture noire au ; sœui" de François premier, roi de France,
chœur et dans les cérémonies elles mettent voyant la grande pauvreté et la misère
un giaad manteau noir. extrême de l'Hôtel-Dieu de Paris qui, outre
Les religieuses de l'hôpital de Saint-Ger- les malades, entretenait encore les enfants
vais, anciennement appelé l'Hôtel-Dieu-Saiui- (le ceux qui y mouraient, et ayant lait bâtir
un hôpital pour y recevoir ces orphelins, le nes eten d'autres monastères de Flandre, et
roi voulut qu'ils fussent habillés dn dr.ip qi:i ne prétendent point être Chanoinesses
rouge en signe de chnrilé, el qu'ils fussent Béu'ulières.
toujours nooimés les Enlants-Dicu. Ily a eu Pour moi je crois que l'hermine, le petit-
plusieurs maisons sous le nom de Filles- gris etautres fourrures précieuses qui
les
Dieu. Le roi s;«int Louis en établit une à Pa- n'étaient permises qu'aux princes et aux
ris en 1232, où il mit deux cents religieuses. grands seigneurs, n'appartiennent pas plus
Il avait eu d(>ssoin de les établir au lieu où à l'ordre Canonique qu'à celui de Sainl-Be-
l'on a bâti depuis le célèbre collège de Sor- noit, et qu'elles ne conviennent nullement à
bonne; mais par l'avis de son conseil, il les la simplicité et à la ])auvreté qui doivml pa-
mil hors de la ville, entr»» Siinl-Lazare el raître dans un habit religieux. Si quelques
Saint-Laurent, el leur assigna quatre cents fondateurs d'ordre ont ordonné des fourru-
livres parisis tous les ans pour leur entre- res, elles n'étaient que de peaux de mou-
tien, prendre sur son trésor, linviron cin-
.1 lons ou d'agneaux, qui étaient aneieniie-
quante ans après leur établissement, l'évê- menl l'habillement des paysans, dont ceux
que de Paris, qui avait toute juridiction sur d'Italie se servent encore à présent sous le
ces religieuses, voyant que la plupart étaient nomdepelisses, comraenous avons remarqué
mortes de pesie, el que la cherté des vivres en uu autre lieu. Saint Augustin n'aurait
et de toutes autres choses était augmentée de pas sans doute porté de ces hermines et
la moitié, réduisit ce grand nombre de reli- tourrures précieuses, puisque, se recomman-
gieuses à soixante, sans diminuer leur renie dant avec ses ecclésiastiques aux charités
de «quatre cents livres parisis: mais les tré- des fidèles, il les exhorte de ne lui point don-
soriers des ois Philippe et Jean de Valois ne
I ner d'habit qui ne convienne à Augustin ;
voulurent plus payer que la moitié de cette c'est-à-dire à un homme pauvre et né de
somme, ce qui dura jusqu'en l'an 1350, que parents pauvres. Si vous voulez avoir, leur
le roi Jean ayant compassion de la misère de que je porte un habit
dit-il (2;, la satisfaction
ces religieusrs, leur accorda C( lie somme en- de vo:re part, donnez-m'en un qui ne me
tière de quatre cents livres parisis pour cent lasse pas de honte car j'avoue (jue j'ai
;
religieuses. Ce monastère ayant élé démoli, honte de porter un habit précieux, parce
de peur qu'il ne servît de retraite aux An- qu'il ne convient pas à ma profession, a mes
glais qui étaient entrés eu France, elles fu- paroles et à mes cheveux blancs.
rent transférées dans la rue Saint-IJeiiis, dans C'était sans doute des Chanoines Réguliers
un hôpital qui avait été fondé pour loger que Hugues de Hazardis, évêque de Toul,
pendant une nuit les pauvres femmes men- voulait parler, lorsque dans le synode qu'il
diantes, auxquelles on donnait le matin , tint lan 1515 il se récria fort contre les four-
lorsqu'elles s'en allaient, un pain el un <le- rures précieuses (}ue portaient certains reli-
nier. Les Filles-Dieu eurent soin de cet hô- gieux, et prévit bien dès lors que ses paroles
pital jusqu'en l'an li9o, que les religieuses et ses remontrances seraient inutiles. Comme
de l'ordre de Fonlevraud furent introdui- les statuts faits en ce synode ont élé impri-
tes dans leur monastère ei hôpital, en ayant més en latin et en français, nous rapporte-
obtenu le don du roi Charles \\l\ dès l'an rons en français l'endroit du statut où il en
1483, attendu que ce grand nombre de Filles- est parlé, et qui en fera coiinaître davan-
Dieu était réduit à quatre seulement, qui tage l'auiiquité. Ce prélat, après avoir parlé
vivaient dans un grand relâchement-, el les du relâchement dans lequel étaient tombés
religieuses de Fonlevraud ont toujours re- les religieux de son diocèse, et en avoir f lit
tenu dans ce monastère jusqu'à présent le le détail, ajoute (3j Si nous considérons le
:
reçu de grands bienfails du roi saint Louis el niainttnant nous ne sçaurions dire que se
de la reine Blanche , sa mère. Le P. du soient reii(jieux; tnais plus tâchiez et plus
Moulinet a donné la représentation d'une de élargis que séculiers. Sçacitent doncques tous
ces religieuses telle que nous la donnons religieux à nous subjets que se dorennarant
aussi. H dit qu'elles ont toujours suivi la telles erreurs et tels defaux en leur reqh du
règle de sauil Augustin, qu'elles étaient au- uiuins notables el scandaleux, sont déclares et
trefois habillées de blanc, et que ee n'est manifestés envers nous noies procéderons
,
iubjets et compagnons à chacun selon son Ce n'est que depuis l'an 166'i^ que les reli-
degré, ils administrent leurs nécessités tant gieuses de l'Hôtel-Dieu de Peauvais sont
en vivre comme en vestir, etc. restées seules dans cet hôpital, qui depuis le
Voyez pour les Filles-Dieu de liouen, le P. treizième siècle avait été desservi conjointe-
du Moulinet, fig. des hab. des Chan. RéguL ment par des religieux et religieuses jusqu'à
L'on a aiissi donné le nom de Filles-Dieu ce temps-là. L'on ne sait point qui en a été
aux hospitalières de IHôlel ou Maison-Dieu le fondateur ni en quel temps il fut fondé.
dOrléans. Gel hôpilal était autrefois l'inflr- Louvet, dans ses Antiquités deRsauvais, dit
merie des chanoines de la cathédrale au qu'il était déjà établi l'an S^iO, mais il n'y
temps qu'ils étaient Chanoines Réguliers ; en a aucune preuve, et les plus anciens ti-
mais ayant été sécularisés ils laissèrent
,
tres qui se trouvent dans les archives de cet
cette inlirmerie pour les pauvre^ malades de hôpital r.e sotit que du douzième si cle. Il y
la ville. Les dons et les fondations qu'on y a entre autres une bulle d'Alexandre III de
a faites dans la suite l'ont rendu considéra- l'an 1167, qtii confirme et amortit les biens
ble, et il a pris le nom de Maison-Dieu. Ces qui avaient été donnés à cet hôpital ; une au-
chanoines ont néanmoins retenu une espèce tre bulle de Lucius III, adressée à fiarnier,
de supériorité sur cet hôpital. 11 y en a maître, et aux frères de cet hôpital, par la-
toujnuis deux ou trois qui sont administra- quelle il paraît qu'ils vivaient en comrnun :
teurs. Le chapitre nomme la supérieure des Dilectis fillis Garnerio et fralribus hospitalis
relip:ieuses qui » si perpétuelle. Il reçoit aussi Domus D i Belluacensis tamprœsenlibus qunm
les filles qui se présentent pour être reli- futuris communem vitam degentibus etc. ,
gieuses, et on les conduit pour cet effet au Cette bulle contient un dénombrement des
chapitre de ces chanoines dans le temps de biens qui appartenaient à cet hôpital. Cé-
leur prise d'habit oiî de leur profession. lestin III par une autre bulle de l'an 1 19.3,
,
Ces Hospiialières ont pour habillement accorda aux religieux et aux pauvres la per-
une robe blanche avec un rochet de toile mission de manger du beurre et du fromage
par-dessus et une ceinture de laine. Lors- pendant le carême, et l'an 1199 Innocent III
qu'elles sont à l'église ou qu'elles sortent, prit cet hôpilal sous sa protection.
elles ont un manteau noir de drap ou de Il paraît par ces bulles qu'il n'y avait pas
serge, ayant au côté droit une croix dans encore de religieiises en celte maison; mais
un croisant, faite de soie blanche et rouge ;
elles y furent introduites dans 1^ treizième
et quand elles ont ce manteau, elles mettent siècle pour y servir les pauvres conjointe-
par-dessus leur voile ordinaire, qui est noir ment avec les religieux; car le cardinal Eu-
6' doublé d'une toile blanche, un autre grand des, légat du pape Innocent IV, était venu
voile d'étamine, qui descend par derrière à Beauvais l'an 12i6, pour assister à une
jusqu'à la ceinture, et qui leur couvre le vi- assemblée de plusieurs évêques, les frères
sage p;ir devant. Outre ce manieau, les jours et sœurs de l'Hôtel-Dieu de cette ville s'a-
de Pâques, de la Pentecôte, de l'Assomption, dressèrent à lui pour avoir, outre la rèîle
de Saint-Augustin, de la Toussaint et de de saint Augustin qu'ils avaient suivie jus-
Noël elles ont au lieu de surplis une rob?
, qu'alors, des règlements partieuliers pour
noire avec des manches larges redoublées leur institut de religieux et religieuses Hos -
par-dessus le poignet elles ne portent cette
: pitaliers. Ce prélat en donna la commiss on
robe que pendant tout le jour, lorsqu'elles à Guerrin, archidiacre de Beauvais, et à F.
la doivent [)orter; maiâ la supérieure la Vincent, religieux de l'ordre de Saint-Do-
porte t !us les dimanches et les fêtes. C'est minique, qui dressèrent des règlements sur
Jiinsi que leur habille;. lent est décrit dans le modèle de ceux qui avaient été donnés
iours lonstilutions imprimées à Orléans en aux frères et sœurs de l'Hôtel-Dieu de Noyon
18t)G, qui marquent au -si qu'elles ne sont par Etienne, leur évêque, l'an 1217, jar
point obligées de jeûner, non pas même Thierry, évêque d'Amiens, l'an 1160, aux
aux jours ordonnés [.ar l'Eglise, à cause de religieux et religieuses de l'Hôtol - Dieu
leurs Cinplois pénibles auprès des malades, d'AbbeviPe, et par Godefroy, aussi évêquft
mais qu'elles doivent g.irder les abstinences d'Amiens, l'an 1233, aux maître, frères et
ordonnées par 1 Eglise ; cependant elles sœurs de l'Hôtel-Dieu d'Amiens. Le cardi-
observent présente .ent les jours ordonnés nal légat approuva ensuite ces règlements
|jar l'Eglise, et el|i s font encore abstinence sous le litre de Rèile des maîtres, frères et
les veilles des fêtes de l;i sainte Vierge et de sœurs de l'Hôtel-Dieu Sainl-Jean-Raptiste
s iint Augustin. Elles ne chantent ni ne ré- de Beauvais, telle que nous l'a donnée Lm-
citent aucun (ifiice, soit en commun, soit en vet dans ses Antiquités de Be.iuvai^; et on
])arliculier. Celles qui savent lire di-eiit au les trouve aussi au tome XII du Spicilége
liinins une fois la semaine les psaumes de la de dom Luc d'Achery.
pénitence, et tous les jours elles doivent dire Ces règlements contiennent quarante-
le chapelet.Elles gardent le silence très- deux articles, dont les principaux sont (lUe
éiraitenieiil en tout temp^ dans l'église, au celui qui s présenta t pour prendre l'habit
•
réfectoire pend.int le diner, dans le dortoir devait être éprouvé en habit séculier l'es-
dopnis six heures du soir jusqu'à huit du p ice d'un an ; et avant que de recevoir
Diatin du jo.ir suivant, et au chapitre pen- l'habit, il devait jurer que, par lui ni par
dant le temps du chapitre. aucun autre, il n'avait donné ni promis au-
Voyez les Constilutions de ces religieuses, cune chose à l'hôpital, ni fait au un vœu d'y
imprimées en 1666. servir pour obtenir d'y être re(;u. Les pré-
,
ni aux femmes d'entrer dans celui des hom- religieux, un rochct par-dessus et leur ,
mes, si ce n'était en présence de ceux qui voile noir était doublé de toile blanche.
étaient désignés par le maître, ils pouvaient Elles avaient aussi un tablier noir, et por-
manger de la dimanches, les mar-
viande les taient à l'église et lorsqu'elles sortai-nt de
dis el les jeudis. Ils devaient toujours avoir la maison, une chape noire. Les no\ices
au couvent du potage et une sorte de viande, étaient vêtues tout de blanc, sans rochel ni
quelquefois du IVouiage, du fruit et des her- manteau afin d'être distinguées des pro-
,
bes crues, avec une mesure de vin, de fesses. Ces religieuses professes ont con-
bièie ou de quelque autre boisson, selon servé la robe blanche jusqu'au temps que
que le maître le jugeait à propos. Leurs ha- les religieux ayant abandonné les observan-
bits ne pouvaient pas être teints, excepté ces régulières, elles les imitèrent aussi dans
les chapes du chœur el les aumusses deserge leur relâchement, el prirent, comme eux, la
dont les prêtres se sirvaient à l'église, il robe noire, ce qui a duré jusqu'en l'an 16*6,
était défendu aux. frères el sœurs de se ser- qu'Augustin Potier, évéque de Beauvais, les
vir de peaux sauvages. Le. irères avaient obligea de se réformer, el fit venir pour ce
des scapulaires el les sœurs des voiles noirs. sujet trois religieuses de l'Hôtel-Dieu d'Ab-
Les religieux ne pouvaient pas sortir de la beville. Ce prél il établit parmi elles la clô-
maison sans robes, el les religieuses sans ture; et, pour garder une observance plus
leurs chapes, et il était défendu aux uns et étroite, il Iteur donna de nouvelles co.,slitu-
aux autres de manger dans la ville. Voilà les tions du consentement du maître, sans dé-
principaux règlements qui avaient été don- roger néann^.oins aux anciens règlements
nés à tes hospitaliers, ils furent confirmés qui avaient été approuvés par le cardinal
dans la suite pur Alexandre IV, l'an 1260, Eudes, cl confirnjés par plusieurs papes,
parïïonoriusiV, l'ail 1286, el par Jean XXil, comme nous avons dit. Ce iul lians cette
l'an 1320, comme il paraît par les bulles de réforme qu'elles quittèrent le rochel et pri-
ces papes. Louvel dit que les frères et rent une robe noire dont les manches étaient
sœurs éla eut de l'ordre des Chanoines Ré- plus larges que celles de la robe (ju'elles
guliers de iSainl-Augusiin, el comme tels quittèrent, el leurs réformatrices leur d n-
qu'ils étaient capables déposséder es béné- nèrenl aussi le voile el la guimpe qu'elles
fices de cet ordre, omme il fut jugé par ar-
<
portent à |)résenl de la manière qu'ils sont
rêt du grand conseil au profit de frère .Mar- dans i'eslampe qui représente une de ces
tin Lucian, prieur de Hemeviller, l'an 1614. religieuses. Enfin il y avait des fière^ Con-
Il ajoute cependant qu'ils n'en portaient pas vers dans cet hôpilal, qui avaient des robes
rriattil, à cause, dit-il, (ju lorsque cet or- de couleur brune .avec un scapulaire noir
dre fui introduit dans cet hôpital, il fut per- sans capuce, el ils portaient une bourse assez
mis à ces frères el sœurs , suivant leur le- large, pendante à leur ceinture.
quéle, de retenir l'habit qu'ils avaient. Mais Ce qui est reslé à ces religieuses de leurs
il ne marque point en quelle année l'ordre anciens privilégies, c'esl d'avoir conser\é le
des chanoines réguiiers } fut introduit, il y droit d'élire leur supérieur; et, comme il y a
a bien de l'apparence néanmoins que lorsijue déjà du temps qu'il n'y a plus d'anciens re-
le card.nal Eudes leur donna des règlements, ligieux de leir maison, puisqu'ils furent sup-
(1) Foi/., à la tin du vol., u*^ 201 ei202. (2) Voy., à la fin du vol., n"» 205 el 204.
,
primés en 166i, elles ont toujours choisi et ne disent tous les jours que le petit office de
^' jusqu'à présent un Chanoine Régulier de
' la Vierge, et ne sont obligées au grand of-
seul qui était l'rémontré. C'est le R. P. les fêtes et les dimanches. Outre les jeûnes
,
Mel.u de Beaujeu, qui fui supérieur de cette ordonnés par l'Eglse, elles jeûnent encore
les veilles des principab s (êtes de la \'ierge.,
maison, el qui a donné les dessins des diffé-
ren s habillemenls des religieux et religieu- de Sainl-Auguslin, de Saint-Louis, et tous
les vendredis, comme aussi pendant l'Avenl,
ses de cet hôpital (1).
et elles font abstinence tous les mercredis
Voyez LouvET, Antiquités de Benuvnis
pag. Os el seq., et Mémoires envoyés de Brau- de l'année. V^)ici la formule de leurs vœux :
vaisen 1713 /iar leW. P. Mehu de Beaujeu, Je, sœur N., roue et promets à Dieu tout-
Chanoine HéyuUer et supérieur de l Hôtel- puissant, à In glorieuse vierge Mnrie^ à saint
Dieu. Nicolas, patron de cette église, à tous les
Comme les religieuses Hospitalières de saints et saintes, et à vous, révérende mère
l'Hôtel-Dieu d'Abbeville ont réfora.é celles prieure de céans, de vivre en chasteté, pau-
de l'Hôlei-Dieu de Beau vais, nous rappor- vreté et obédience, selon la règle de notre Père
terons aussi la fondation de cet Hôtel-Dieu saint Augustin et les constitutions de cette
(rAbheville. Jean II, comte de Ponthieu, en maison, et d'être toute ma vie pour l'amour
fut le foiKi-ileur en llo8, et donna tout le
de Jésus-Christ servante des pauvres maindes^
terrain sur lequel l'église, le couveni el ies tant comme à moi appartient faire et tenir
salles des malades ont été bâiis. Thibaut, jusqu'à la mort. En témoignage de quoi, etc.
évéque d'Amiens, l'érigea en Hôtel-Dieu l'an Leur habillement consiste en une robe
IIGO, el Arnould, l'un de ses successeurs, de drap blanc, ceinte d'une ceinture de cuir
donna aux Irèi es et sœurs qui ledesservaient bianc, et un rochel de toile par-dessus la
des règles et des constitutions l'an 1243; les robe, la guimpe et le voile, comme les autres
religieux y sont restés jusqu'en l'an it)i7,que religieuses, et lorsqu'elles soni à l'église,
l'évêque d'Amiens les supprima el donna le elles ont des manteaux noirs de serge. Elles
gouvernement de cet hôpital aux religieuses sont appelées Filles de Saint-Louis, religieu-
seules sotis la direciion d'un prèlre séculier ses Hospitalières.
qui a le litre de maître de l'hôpilai. Le pre- Voyez leurs constitutions imprimées à Pa-^
mier fut Alexandre de Ribeaucuurl. qui per- ris en 1639.
suada à ces religieuses d'embrasser la clô- Voici encore des Hospitalières qui se disent
ture, et l'an 16-29, elles ajoutèrent à leurs pre- Chanoinesses Régulières, et dont l'haiiille-
miers vœux celui de clôture perpétuelle. Ces n)ent consiste en une robe blanche el un
religieuses élaient autrefois habillées de noir scapulaire noir, sur lequel elles mettent, les
avec un rochel de toile blanche par-dessus bannes fêtes, un rochel. Il s'en trouve en
la robe, el une guim;:e qui descendait seu- plusieurs endroits, comme à Cambrai, à
lement jusqu'au milieu de l'estomac. Pré- Menin et en plusieurs villes de Flaïuire.
sentement elles n'ont point de rochel, et Elles desservent deux hôpitaux àCambrai :
observées jusqu'en l'an 1G29, qu'elles en fi- mais elles se conformèrent à celles de l'hô-
rent de nouvelles où elles retranchèent pital de Saint-Julien, vers l'an 1503. Il y en
quelque chose des anciennes et y en ajou- a qui prétendent que les anciennes religieu-
tèreut d'autres. Ces nouvelles constitutions ses étant mortes de peste, vers lan 1500,
furent approuvées, le 30 avril 1629, par l'ar- celles de Saint-Julien prirent leurs places.
chevêque de Rouen, François de Harlay, et II y a aussi à Cambrai un autre hôpital,
confirmées par le pape Urbain VJll, l'an sous le nom de Saint-Jacques le Mineur,
Ï635. Conformément à ces eonstilulions, elles qui est desservi par des religieuses dites
(lui dit
On ne peut rien dire de certain touchant que la mère de sainte Gerirude lui coupa les
l'orijîine des Chanoinesses Séculières, dont il cheveux pour empêcher que la corruption
y a plusieurs <liapitre.> en Lorraine, en Alle- du eiècle ne s'emparât de son cœur, la met-
magne et en Flandre; car s'il y en a quel- tant pour cet elTel entre les mainsdes prêtres,
ques-unes qui di'S le commencement de leur afin qu'ils lui d(mnassent le voile de religion,
iusiilut n ont point été obligées aux vœux de aussi bien qu'à ses compagnes dont elle fut
la religion, ni soumises à ladésap[)ropi iation, abbesse, et sanclo gre/i cœnobitnrum prœesse
on n'en a que des doutes, fondés sur l'état constituil : i\'où il faut conclure, selon
ce
présent de ces Chanoinesses; et il est sûr au savant Bénédictin, que les Chanoinesses de
contraire qu'il y en a plusieurs qui ont été Nivelle ont été véritablement religieuses
véritablement religieuses dans leur com- puisque celte cérémonie du voile n'e'st autre
mencoment, et soumises à la règle de saint chose que l'engagement à la religion ce :
Benoît, conformément aux conciles, dont qu'il confirme par des anciens actes et mo-
nous parlerons en traitant des Chanoinesses numents de Nivelle, où il diî qu'on voit que
Régulières. les tilles qui y étaient, étaient appelées
vier-
telles sont aujourd'hui celles de Lindaw, ges, servantes de Dieu et religieuses Vir- :
diction abbatiale sans cela; car si le plus sacras in servilutem divimm perpétua stabi-
souvent elles diffèrent à le faire, sous pré- litate firninret, ayant fait venir pour
cet effet
texte de dispenses qu'elles obtiennent, ce des religieuses de Nivelle, afin d'y établir la
n'est qu'une suite d'irrégularité qui leur fait discipline régulière et monastique 5cn«orfA":
craindre cette cérémonie, parce quelle est in sanclo habitu spirituales sorores qiiœ ipsum
toujours accompagnée des vœux, après les- Andanense monasterium docere passent regu-
quels elles ne peuvent plus se marier, étant laris vilœ disciplinam normamquc religionis.
véritablement religieuses; et si elles le fai- Cet engagement où elles étaient de la vie
saient, non-seulemi nt le mariage serait nul, religieuse nous est encoie confirmé par les
mais elles seraient encore punies comme termes du concile de Leptines, qui, en les ex-
apostates. Il y en a un exemple dans la der- hortant à régler leurs monastère s et à
y
nière abbesse des Chanoinesses de Seckingen faire observer la règle de saint Benoît,
les
sur le Rhin, M.ideleinedeHausen, qui, ayant appelle Ancillœ Dei monasterialis, étant cer-
été élue l'au 15V2,gouYerna ces Chanoinesses tain que jusqu'à ce concile, qui se
tint vers le
pendant cinq ans, après lesquels, sélant milieu du huitième siècle, on ne
connaissait
laissé abuser p;ir un diacre, qui lui promit poiul en Flandre de servantes de Dieu
en-
de l'épouser, elle le suivit et abandonna son fermées dans les monastères, qui ne
fussent
abbaye; m;iis ayant été poursuivie par ordre véritablement religieuses. Ainsi tout cela fait
de Ferdinand, roi des Romains, elle fut con- croire avec justice que la plupart
des Cha-
danmée à nue prison perpétuelle. noinesses Séculières ne le sont que par relâ-
Celte obligation où sont res abbesses et chement; do même que plusieurs moines,
les autres qui occupent les premières digni- même les plus austères, sont lombes peu à
tés nous porte à cioire que lou es les Cha- peu de leur état, en se faisant d'abord Cha-
noinesses ont été dans la même obligation, noines Réguliers et enfin Séculiers, telles que
et qu'elles ne sont venues à cet état de liberté sont présentement plusieurs collégiales,
qui
qu'elles ont présentement, que par le relâ- dans leur origine étaient régulières et mo-
chement qui s'y est introduit peu à peu. Ce nastiques.
qui nous confirme dans ce sentiment, c'est Ce qui nous oonne encore lieu de croire
803 DICTIONNAIRE DES ORDRES RELIGIEUX. 804
qu'il en est de même de ces Chanoinesses donna aux abbesses des Chanoinesses de ne
Séculières, c'est que, selon le cardinal Jac- point sortirdeleur monasière, afin de mieux
ques de Vilry, dans son Histoire d'Occident, veiller à la conduite de ces vierges qui lui
chap. 31, De irrcgularitute Sœciitnrmm Ca- étaient soumises, et de prendre garde qu'elles
nonissarum^ quoique dès ce temi)S-là, c'est- ne découchassent point du dortoir, qu'elles
à dire, dès le treizième siècle, elles ne vou- fussent modestement habillées et qu'elles
lussent plus qu'on les appelât religieuses, observassent leurs règles.
mais demoiselles elle ne laissaient pas mal-
,
Cet état de Chanoinesses Séculières a si
gré la pompe i-t la mollesse de leurs habits peu de fondement que, quoique le pape Bo
d'avoir encore quelques restes de régularité, niface VllI semble (comme a remaniué le
couchant dans un dortoir, chantant réguliè- P. l'horaassin) approuver tacitement leur
rement Toffice, et y en ayant plusieurs qui institut par les règlements qu'il a faits pour
persévéraient jusqu'à la mort dans une con- la discipline de ces chanoinesses, et pour
tinence et une piété très-édifiante, «luoiqu'il l'âge que doit .ivoir l'abbesse, qui doit être
y en eût déjà j)lusieurs d'entre elles (selon de trente ans au moins, il déclare positive-
ce cardinal) qui quillaient leurs prébendes ment qu'il ne prétend point pour cela ap-
pour se marier. prouver leur institut. C'est ce que dit aussi
Le P. Thomassin prétend se servir de ce le pape Clément V, en les souuiettant à la
que dit le cardinal de Vitry, pour appuyer le visite des évêques, comme ordinaires, si elles
sentiment de ceux qui disent que les Cha- ne sont pas exemples. Quant à ce que le
noinesses Séculières qui subsistent aujour- pape Boniface ordonne touchant l'âge de
d'hui sont de celles jsour lesquelles le con- trente ans pour les abbesses, cela ne s'ob-
cile d'Aix-la-Chapelle fit des règlements en serve pas exactement car la princesse Di -
;
d'une manière plus large et plus commode, comme donnant occasion à une infinité de
mangeant de la viande, ayant chacune leur parjures.
servante et autres semblables privilèges, !1 paraît néanmoins, par un titre qu'Aubert
qui ne leur donn.iient pas le droit de renoncer le Mire (2) a donné, que ce fut Philippe, mar-
aux vœux de religion, d'en quitter l'habit, de qui^ de Namur, qui, l'an 1207, ordonna qu'à
convertir leurs places en prébendes, de re- l'avenir on ne recevrait à Andenne que les
1
tourner au siècle et de se marier quand bon chanoinesses nobles et qui auraient fait
leur semble, comme elles font aujourd'hui. preuve de leur noblesse.
Ainsi, tout bien examiné, quand bien Il y a plusieurs de ces chanoinesses en
même elles seraient de celles pour lesquelles Alleuiagiie, en Flandre et en Lorraine il y ;
car l'an 1549, le second des deux conciles de Metz, avec la Vie de ce saint fondateur.
Cologne (qui furent tenus sous Paul IH) or- Quoique le diacre Âmalarius dise c^ue
(1) Rainald., Annal, an. 1285, h. 81. Notii. Eccl. Belg. c. 188.
(2) Auberl le Mire, Diplom. Belg. lib. i, c. 70, et
805 ÇHA CHA S06
saint Clirodegand est le premier qui ait mit en monastères , saint Nabor à
trois
donné commencement à la vie communedes Saint-Hilaire, aujourd'hui Saint-Avol au ,
clercs, et qui ait dressé pour eux une règle, diocèse de Metz ; saint Nazaire à Loresheim,
on ne peut pas néanmoins ôter à saint Au- fondé près fie Worms, dont le premier abbé
gustin la gloire de l'avoir devancé mais il
; fui Gopdelan, frère de saint Cbrodegand, et
y a bien de l'apparence que le clergé de il mil les reliques de saint Gorgon dans le
France avait abandonné ces saintes prati- monastère de Gorze.
ques et était tombé dans un grand relâcbe- Il fut encore envoyé en ambassade près
menl, lorsque saint Cbrodegand monta sur d'Asluplie, roi des Lombards, pour le porter
le siège épiscopal de Metz, l'an 7i2;etla à restituer les villes el le pays qu'il avait pris
vie commune iju'il Gt observer au clergé do au sainl-siége. Ce fut au retour de ces né-
son diocèse, pour lequel il dressa une règle gociations qu'il s'appliqua avec beaucoup do
particulière, lui a fait donner le titre do soin à réîablir la discipline de son Eglise dans
fondaleiir et de restaurateur de la vie com- sa pureté. H rassembla tout le clergé de son
mune parmi les clercs, puisque celte règle Eglise en un corps, et le fit vivre en com-
ne fut pas seulement observée par les clercs mun dans un cloître semblable à ceux des
de sa catbédrale et les autres de son dio- monastères, el -ifin que ses prêtres, étant dé-
cèse, mais qu'elle servit de modèle à la ré- barrassés des affaires séculières el des choses
forme de plusieurs Eglises de France, d'Al- de la terre, s'appliquassent uniquement au
lemagne cl d'Italie, et qu'elle est à peu près service de Dieu, il pourvut à tout ce (jui
la même qui fut dressée par le diacre Âma- était nécessaire pour leur subsistance. Ce-
larius par les ordres de l'empereur Louis le pendant il eut besoin du crédit qu'il ava t à
Débonnaire, lorsqu'il voulut réformer tout la cour pour vaintre la contradiction qu'il
le clergé dans le concile d'Aix-la-Chapelle , eut à souffrir de la part des Chanoines, qui
l'an 816. s'opposèrent longtemps à celte réforme.
Ce saint sortait d'une des premières no- La règle qu'il composa pour eux conte-
blesses d'Austrasie. 11 naquit d;ins le pays nait trente chapitres, et était tirée des saints
d'Hasbaing ou Haspengaw sur la Meuse ,
canons, des ouvrages des Pères, et princi-
d'un père nommé Sigram et d'une mère nom- palement de la règle de saint Benoît. Il ne
mée Landrade, que plusieurs croient avoir les engagea pas à une pauvreté absolue,
été fille de Cbarles-Martel et sœur du roi mais il voulut que celui qui entrerail dans
Pépin. On l'envoya d'abord au monastère de la communauté fît une donation solennelle
Saint-Tron, pour y être élevé dans la piélé de tous ses biens à l'église de Saint-Paul de
et y apprendre les sciences humaines. Lors- Metz, permettant de s'en réserver l'usufruit,
qu'il fut en âge d'être produit à la cour, on le et de disposer de ses meubles pendant sa
fil connaître à Charles-Martel, maire du pa- vie ; que les prêtres auraient aussi la dispo-
lais de nos rois, qui le retint près de lui, et sition des aumônes qui leur seraient données
conçut pour sa vertu et sa science une si pour leurs messes, pour la confession ou
grande estime et une si grande affection, pour l'assistance des malades.
qu il le fit son référendaire et son chance- Les Chanoines avaient ia liberté de sortir
lier, et se servit de lui comme d'un excellent le jour, mais à l'entrée de la nuit ils devaient
mini-tre d'Eial. I! fit paraître dans ce poste se rendre à Saint-L^tienne, qui est la cathé-
tant de sagesse et d'équité, que le siège épi- drale de Meiz, pour chanter compiles, après
scopal de Metz étant venu à vaquer vers lesquelles il n'était plus permis de boire, ni
l'an 74^2, ar la mort de Sigebald, peu de
|
manger, ni parler mais on devait garder le
;
jours après la mort de Charles-Martel, il fut silence jusqu'après prime. Ils logeaient tous
demandé par le clergé et le peuple de la ville d.ins un cloîlre exactement fermé, el cou-
pour être leur évèque. chaienl dans des dortoiis communs où cha-
Pépin, qui ne le chérissait pas moins que cun avait son lit. L'entrée du cloîlre était
son père avait fait, eut de ta peine à accor- interdite aux femmes, el aucun laïque n'y
der leur demande, ne voulant pas se priver pouvait entrer sans permission.
d'un ministre si éclairé ;mais à ia fin il y Ils étaient obligés de se lever la nuit à
consentit, à condition que Cbrodegand serait deux heures pour les nocturnes, comme les
toujours ministre d'Etat. Cetie double élec- moines, suivant la règle de saint Benoît,
tion n'apporta aucun changement dans le el mettaient entre les nocturnes et les ipa-
cœur de noire saint. Il ne perdit rien de son tines ou laudes, un intervalle pendant lequel
humilité et loin de modérer ses morlifica-
, il était défendu de dormir
; nuiis on devait
lions et ses austérités, il les augmenta, et sa apprendre les psaumes par cœur, lire ou
charité fut sans bornes. chanter. Après prime ils se rendaient tous
,
et se délivrer ainsi de la vexation des Lom- pitre chacun allait au travail manuel qui lui
bards. Notre saint exécuta sa commission el était prescrit.
conduisit lui-même le pape, le garantissant Quant à la nourriture, depuis Pâques jus-
des dangers dont il était menacé. 11 oblint qu'à la Pentecôte on faisait deux repas, et
de ce pontife les corps des trois martyrs, saint on pouvait manger de la viande, excepté le
Gorgon, saint Nabor et saint Nazaire, qu'il vendredi seulement. De la Pentecôte à Ifi
807 DICTIONNAIHE DES ORDRES RELIGIEUX. 808
Sain,-»ean, on faisait encore deux repas, règle, l'a quittée pour se séculariser. La dif-
ni.iis sans man er de viande. De la Sainl- férence qu'il y avait entre les disciples de
Jean à la Saint-Martin deux repas et ahsli- saint Augustin et ceux de saint Chrodegand,
ncnco de viande le morcredi el le vendredi. De c'esl que les premiers avaient renoncé à toute
la Sainl-Martin à Noël, abstinence de vi;;nde propriété, ce que n'ont pas fait ceux de saint
etj'Mjnp jusq-u'à nonc. De Noël au carême, Chrodegand.
jeûne jusqu'à none le lundi, le mercredi el Ce saint ne fit pas paraître un moindre
le vendredi, avec abstinence de viande ces zèle pour le rétablissement de l'état monas-
deux derniers jours; les autres jours deux ti(iue dans son diocèse. Il bâlil deux mo-
repas. S'il arrivait une lêle en ces leries, le nastères, l'un sous le titre de Saint-Pierre,
supérieur pouvait permettre la viande. En qu'il dota de gros revenus, et l'autre appelé
carême on jeûnait jusqu'à vêpres, avec dé- Gorze, où il lut enterré après sa mori, qui
fense de manger hors du cloître. Il y avait arriva le sixième de mars de l'an 766, ayant
sept tables au réfectoire la première pour
; gouverné son Eglise pendant trente-trois ans,
l'évêque avec les hôtes el les étrangers, l'ar- cinq mois, cinq jours.
chidiacre et ceux que l'évêque y appelait ; Voyez Dominique de Jésus Monarch.
,
la seconde pour les prêtres; la troisième sainte de France, tom. IL Meurisse, Hist.
pour les diacres la quatrième pour les
;
des Evêq. de Metz. Sainte Marth., liail.
sous-diacres ; la cinquième pour hs autres Christ., tom. IIL Thomass., DisvipL eccles.,
clercs la sixième pour les abbés et ceux
; tom. II, part. 3, liv. i, chap. 29, et part, h-^
que le supérieur voulait el la septième ; chap. H. Baillet, Vies des saints, 6 mars.
pour les clercs de la ville les jours de fêles. Bolland., 6 Mari., et Fleury, Hist. eccles,,
La quantité du pain n'était point bornée, totn. IX, pag. 420.
mais boisson était réglée à trois coups
la CHARDON. Voyez Ecu n'oR.
pour dîner, deux pour le souper, el trois
le
quand ii n'y avait qu'un repas. L'on donnait
CHARDON (Des Chevaliers de l'ordre du).
un potage el deux portions de viande à deux On de Saint-André en Ecosse.
le matin, el le soir un.- seule, el les Cha- Nous avons déjà parlé d'un ordre m'ii'aire
noines faisaient ia cuisine tour à tour, ex- sous le nom de Chardon, institué en France;
cepté l'circhidiacre et quelques autres offi- en voici encore un antre sous le même nom
ciers occupés plus utilement. qui a pris naî>sance en lùosse, et que l'on
A l'égard des vêtements, l'on donnait aux nomme ordinairement l'ordre de Saint-André,
anciens, tous les ;ins, une chape neuve, et à cause qu'il fut mis sous la protection de ce
aux jeunes les vieilles les prêtres et les dia-
; saint apôtre. Ceux e,ui ont Irailé des ordres
cres qui servaient continuellement avaient militaires lui donnent une aniiqnilé chimé-
deux lunique- par an ou de la laine pour en rique, préiendanl qu'Achaïus, roi d'Ecosse,
faire, avec deux chemises. Pour la chaus- en a été l'instiluieur, et que ce prince ayant
sure, tous les ans un cuir de vache el quatre fait alliance avec Charlemagne, prit le char-
paires de panionCles. On leur donnait de don el la rue pour devise, avec ces paroles :
l'argent pour acheter lo bois, et toute celte pour ma déf nse. Mais il y a bien de l'appa-
dépense du v. stiaire el du chauffage se pre- rence que Jacques V, que l'on prétend avoir
nait sur les renies que l'Eglise de Metz levait été le restaurateur de cet ordre, l'an 1534,
dans la ville el ia campagne ; mais les en a été pi* tôt l'institmeur. Les chevaliers
clercs qui avaient des bénéfices devaient n'étaient qu'au nombre de douze, et ils s'as-
s'habiller, et on appelait encore alors des semblaient dans l'église de Saint-André, à
bénéfices 'a jouissance de certains fonds Edimbourg, lorsqu'ils célébraient les fêles de
accordés par l'évêque. l'ordre, ou que l'on recevait quelque cheva-
Colle règle fui reçue dans plusieurs Egli- lier. M. Ashmole attribue aussi l'institution
ses (1), el lorsque l'empereur Charlemagne de cet ordre à Achaïus, roi d'Ecosse mais :
eul commencé de contraindre tous les Cha- nous ne pouvons pas ajouter loi à cet auteur,
noines à vivre en commun, il leur proposa puisque les ordres militaires n'ont commencé
de vivre selon la règle de saint Chrodegand. qu'au douzième siècle; nous nous conten-
Le concile de Mayence leur ordonna la même tons de croire ce qu'il dit du collier de cet
chose, car lorsque ce concile et Charle- ordre qui était composé de chardons entre-
magne leur prescrivent l'observance de la lacés ensemble, au bas duquel pendait l'i-
règle des Clercs, le P. 1 homassin (2) est de mage de saint André, avec ces mots nemo :
senliment que c'est de la règle de saint Chro- me iinpune lacesset, comme on le voit au por-
degand qu'ils veulent parler , puisqu'un trait de Jacques V, roi d'Ecosse, qui est dans
des canons du concile de Mayence renferme le palais de Whilehall, et à ceux de plusieurs
un chapitre entier de celle règle. chevaliers (3), aussi bien que dans des sceaux
Le relâchement des temps postérieurs a de l'ordre; ce que Favin confirme, ayant vu
encore aboli la pratique de cette vie com- un sceau de la reine Marie Sluart, qui avait
mune parmi les Chanoines, presque dans épousé en pretnières noces François II, roi
toutes les cathédrales et collégiales ; el le de France, où l'on voit le collier de cet ordre
chapitre même de Metz, pour lequel saint autour des armes de cette princesse, avec
Chrodegand avait dressé principalement sa cette légende Maria Dei yratia Francorum
(1) Cap. Aquisgran. ann. 789, can. 12 et 75 ; ann. (2) Thomass., Disc. Eccles. part. 5, liv. i, c. 29.
815, can. 9. (3) V#y., à la lia du vol., n" i07. ^
,
et Scotorum, etc., 1560. L'abbé Giusliniani l'an 168ft, et fit au château de ^Yindso^ quel-
dit que ce collier était de chardons entrela- ques chevaliers de cet ordre, qui furent le
cés d'anneaux d'or; mais ce qu'il prend pour comte de Murray, le comte deMelfort, secré-
des anneaux est comme de petites branches taire d'Etat, le comte de Sénafort, le comte
de quelques arbustes qui forment ensemble de Domparlon, le comte Belk, grand chance-
un ovale et que Favin prétend être des
,
lier d'Ecosse, le duc de Gordon et le comte
feuilles de rue; ce qui est assez vraisem- d'Aran. Les quatre premiers reçurent les
blable, puiscjue cet ordre se nommait aussi marques de cet ordre des mains du roi, qui
(le la Rue et ainsi on aura joint les chardons
;
les dispensa des anciennes cérémonies prati-
avec des (cuilles de rue saiivage, qui dilVère quées à la réception des chevaliers. Les autres
pour la forme et pour la couleur de celle que furent seulement nommés pour être leçus
l'on cultive. >ï. Ashmole dit encore que, dans dans la suHe avec solennité, et ce prince* se
les cérémonies, ces chevaliers portaient des réserva à nommer les autres dans un autre
robes semblables à celles que portent les dé- temps, pour faire le nombre de douze; et
putés du parlement, sur lesquelles il y avait comme l'église de Saint-André d'Edimbourg,
un cercle d'or romj)li d'une broderie de soie où les anciens chevaliers de cet ordre s'as-
bleue, avec une croix de saint André, d'ar- semblaient autrefois, avait été ruinée par les
gent, au milieu de laquelle il y avait une hérétiques, illeurassigna pourlc lieu de leurs
couronne d'or fleurdelisée; et que hors les a'^semblées la chapelle royale du Palais
cérémonies ils avaient pour marque de leur d'Holyvord-Housc en Ecosse. Mais les chan-
ordre une médaille d'or, au milieu de laquelle gements arrivés en c
royaume, après que
il y avait un chardon couronné d'une cou- ce princceutéléchasséde ses Etats, l'an 1089,
ronne impériale, avec ces paroles, nemo me ont encore aboli cet ordre qui ne subsiste plus
impune lacesset, et cette médaille était atta- que dans les personnes que le roi Jacques II
chée à un ruban ver,'. fit chevaliers, et (jui le suivirent en France
Après la mort de François II, roi de France, où le roi Louis XIV lui donna un asi e.
qui arriva l'an loUO, Mai ie Stuart ayant été Favin, Thédlre d'honneur et de chevaUrie,
obligée de repasî^er en Ecosse pour prendre Josef Michieli , J/jesoro militar de cuvaleriaf
le gouvernement de ce royaume, qui était Bernard Giustiniani, Hist. di tutt, (Ai ordim
extrêmement divisé; elle épousa en secondes Militari part. 1 et 2, Ashmole, Traité de l'or-
noces, et pour faire plaisir à ses sujets, dre de la Jarretière. Mennenius, Herman et
Henri Stuart son cousin germain. Ils ne fu- Schooncbeck, dans leurs Histoires des Ordres
rent pas longtemps ensemble sans prendre militaires.
quelque dégoûi l'un pour l'autre. Le comte
CHARITÉ (Filles de la).
de Murray, frère naturel de la reine, qui l'a-
vait portée à l'épouser, avait des desseins se- Des Filles de la Charité, servantes des pauvre$
crets qui l'obligeaient à enlreienir le roi dans malades, avec la Vie de mademoiselle le Gras,
.
1587. la plupart des enfants et des serviteurs,
Sitôt que cette princesse fut au pouvoir de étant tombés malades, manquaient de tous
la reine Elisabeth, les Ecossais mirent sur les secours les plus nécessaires, qu'après la
le trône son fils Jacques V'I âgé seulement , prédication un grand nombre de persoimes
d'un an, et qui fut ensuite roi d'Angleterre, sortit pour aller visiter ces malades, leur
sous le nom de Jacques 1 '. Lq royaume portant du pain, du vin de la viande et
,
d'Ecosse fut pour lors en proie aux cahinis- d'autres secours. Une si heureuse disposition
les qui élevèrent le jeune roi dans leurs er- dans les habitants de cette ville lui donnant
reurs. La religion catholique y fut presque lieu de tout espérer de leur charité, il conféra
toute ruinée, et l'ordre du Cirardcn l'ut |)ar avec quelques femmes des [>lus zélées et des
ce moyen aboli; mais Jacques II, roi d'An- Mjieux accommodées de la paroisse, sur les
gleterre, d'Ecosse et d'Irlande, le rétablit .moyens de mettre quelque oriire dans l'us-
sistance que l'on rendrait à ces pauvres ma- toujours en état d'eniorasser, iorsqu'aprèa
lades et aux autres qui se trouveraient à une plus ample délibération, Dieu lui au-
l'avenir dans une pareille néccssiié, en sorle rait fait connaître que c'étiil sa sainte vo-
qu'ils pussent être secourus pendant tout le lonté. Mais sa divine maj-slé en disposa
temps de lonrs maladies; et il dressa à cet autrement; car peu de temps après ayant
effet un proict de quelques règlements, afin perdu son père et se trouvant obligée de
qu'elles tâchassent de les ol server après prendre un parli, elle s'engagea dans le ma-
qu'ils auraient été approuvés par les supé- riage i'an 1613, et eut pnur époux à l'àgs
rieurs; et il choisit entre elles quelques oriî- de vingt-deux ans, M. le dras, secrétaire de
cières qui devaient s'assenbler tous les mois la reine Marie de Médicis, dont la famille
devant lui pour rendre compte de ce qui s'é- s'était signalée par rameur des pauvres en
tait passé. fondant un hôpital dans la ville du Puy.
Les hons effets que produisit rétablisse- Dès les premières années de son mariage,
ment de celte première confrérie ou assem- elle s'appliqua à visiter les pauvres malades
blée de charité, encouragèrent ce pieux mis- de la paroisse où elle demeurait. Elle leur
sionnaire à faire son possible pour procurer donnait elle-n.ême les bouillons et les re-
les mêmes avantages corporels et spirituels mèdes, f.iisait leurs lits, les instruisait, les
aux pauvres malades de tous les lieux où il consolait, les exhortait à recevoir les sacre-
allait et envoyait faire la mission, et Dieu ments, et Ls ensevelissait après leur mort.
donna tant de bénédictions à cette œuvre de Elle ne se contenta pas d'assister les mala-
piété, que quoique le premier dessein de ces des dans leurs maisons; elle allait les visiter
confréries ue fût que pour la campagne, il dans les hôpitaux, et y attira plusieurs da-
s'en établit néanmoins une à Paris, dans la mes par ses conseils et par ses exemples,
paroisse de Saint-Sauveur, eu 1629, et elles faisant pour lors l'essai d'un grand ouvrage
se répandirent dans tant de villes, que quoi- qu'elle devait entreprendre pour le soula-
que leur instituteur leur eût donné des rè- gement de tous les pauvres.
glements propres pour leur conduite, et qu'il Dieu bénit son mariage par la naissance
allât de temps en temps les visiter ou qu'il y d'un fils qu'elle éleva avec un soin particu-
envoyât des prêtres de sa congrégation, elles lier, et qu'tlle fit pourvoir dans la suite
auraient néanmoins manqué des secours doist d'une charge de conseiller en la cour des
elles avaient besoin, si Dieu, qui n'abandonne monnaies. Elle perdit son mari sur la fin de
jamais les siens n'eût inspiré à mademoi-
, l'année 1625, et elle commença dès lors à
selle le Gras de se dédier particulièrement à n'avoir point d'autre époux que Jésus-
ces œuvres de charité, sous la direction de Christ, conformément au vœu quelle en
M. de Paul. avait fait le 4 mai 1623, lorsque voyant son
Celte demoiselle naquit à Paris le 12 août mari dangereusement malade, elle forma
1591, et eut pour père Louis de Marillac, le dessein, si Dieu en disposait, de garder
sieur de Ferrières, et pour mère Marguerite la viduité, selon le conseil de saint Paul,
le Camus. Elle reçut le nom de Louise sur comme effectivement elle l'exécuta après que
les fonts de baptême, et perdit sa mère dans la mort le lui eut enlevé, ne songeant plus
son bas âge. Son père s'en voyant chargé pour lors qu'à redoubler ses dévolions et
lui seul, prit un soin particulier de son édu- ses prières, et à se sanctifier de plus en plus
cation. Il la mit en pension dans le monas- par la fréquentation des sacrements, par les
tère des religieuses de Poissy, où il avait œuvres de charité, parles lectures, les mé-
quelques pa; entes, afin que par leurs soins ditations, les jeûnes et les austérités.
elle y reçût les premières teintures de la L'évéque du Belley, Jean-Pierre Camus,
piélé et dé la vertu. L'ayant retirée quel([ue sous la direction duquel elle s'était mise, la
temps après, il la mit entre les mains d'une voyant dans le dessein de s'appliquer uni-
maîtresse habile et vertueuse pour lui ap- quement aux œuvres de piété, et ne pou-
prendre des ouvrages convenables à sa con- vant toujriurs être présent pour la conduire
dition et ; n'oubliant rien de tout ce qui
, à l'état de perfection où elle souhaitait ar-
pouvait lui faire acquérir un mérite distin- river, ne crut pas la pouvoir confier à un
.gné, il lui fil apprendre la peinture, et lui meilleur directeur, qu'à M. A'incent de Paul,
donna des maîtres de philosophie , afin qui commençait pour lors sa congrégation
qu'elle pût s'éle\er au-dessus des connais- dans le collège des Bons-Enfants; ce qui
sances ordinaires aux personnes de son obligea mademoiselle Le Gras, de venir de-
sexe. meurer en 1626, dans la paroisse de Saint-
Les lumières qu'elle accjuit par l'étude Nicolas du Chardonnet ,
proche ce collège,
et par la lecture qui faisait une de ses
,
dont le voisinage lui donnant occasion d'ê-
plus grandes occupations, lui donnèrent un tre informée des actions de cet homme apos-
si grand mépris pour, les vanités du mon- tolique qui s'occupait incessamment dans
de, et un si grand goût pour la vie re- tous les exercices de la charité, elle se sen-
ligieuse, qu'elle se serait faite Capucine, lit plus animée que jamais de consacrer sa
si le P, Honoré de Champigny, Capucin qui vie au service des pauvres. Elle communi-
viviiit pour lors en odeur de sainteté, ne qua son dessein à ce sage directeur, qui ne
l'en eût déiournée, en lui représentant que jugeant pas à propos de seconder pour lors
la faiblesse de son tempérament ne lui per- ses désirs, et voulant connaître si c'était
mellraii pas de soutenir les austérités d'une l'esprit de Dieu qui agissait en elle, eu dif-
vie si duf€ et si péniteole, qu'elle serait féra l'accomplissement jusqu'en 1629, qu il
8i5 CHA CHA 8U
l'envoya vlsifer les confréries de cînrité fût plus digne de cet emploi que mademoi-
qu'il avait établies dans plusieurs villases selle le Gras dans laquelle il avait rft-
pour le secours dos pauvres malades. lille ^ connu depuis tant d'années une prudence
reçut les ordres de M. de Paul avec beau- consommée et une piété exemplaire, il lui
coup de joie et de soumission, et elle lui mit entre les mains quelques filles pour les
rendit une obéissance si parfaile, que depuis loger en sa maison et pour les faire vivre
elle n'entreprit rien que par ses avis et par en communauté. Elle demeurait pour lors
son ordre, le reg.irdant comme le ministre proche Saint-Nicolas du Chardonnet, où elle
et l'inlerprèle des volontés de Dieu. commença celte petite communauté le 21
Le premier voyage qu'elle fit pour ce su- novembre de l'an 1G33.
jet fut à Montmirail, dans le diocèse de Après que mademoiselle le Gras se fut
Soissons. Avant que de faire ces voyages, chargée de la conduite de ces filles, elle
elle prenait une instruction par écrit de la eut tant d'amour pour cette vocation que
niain<lcce saint fondateur, louchant cequ'elle l'année suivante, le jour de l'Annoncia-
avait à faire. Le jour de son dé()arl elle com- tion de la sainte Vierge, elle s'y engagea
muniait pour recevoir de Jésus-Christ une par un vœu qu'elle fit pour cet effet, re-
coinmunicalion plus abondante de sa cha- nouvelant en méu>e temps celui de viduité
rité, el un gage plus assuré de sa proiection qu'elle avait fait dès l'an VJ'IS. Ce fut pour
et de sa conduite. Elle était ordinairement lors que cette sainte femme se voyant en-
accompagnée, dans ces voyages , de quel- gagée plus étroitement avec Jésus -Christ
qu'S dames de piété; et elle les faisait qu'elle venait de prendre par ses vœux
dans des voitures pénibles, souffrant beau- pour son partage et son hérilage, rappela
coup d'incommodités, vivant et couchant toute sa ferveur et ne chercha plus qu'à
fort pauvrement, afin que se conformant à s'unir à lui par tontes sort s de bonnes
la misère des pauvres, elle pût les encourager œuvres; mais particulièrement par la sainte
à souffrir patiemment leurs peines. Elle pro- communion qu'elle lui offrait très-souvent,
cura de pareils éiablissetnents à Paris. Le tant pour le remercier de la grâce qu'il
premier fut a sa paroisse de Saint-Nicolas lui avait faite de l'appeler à cet et it, que
du Chardonnel l'an 1630. L'année suivante pour attirer sa bénédiction sur ce que soa
il y en eut dans celles de Saint-Benoît et amour pour sa divine majesté lui faisait
de Saint-Sulpice; les autres suivirent leur entreprendre pour le soulagement des pau-
exemple, et ces établissements se répaa vre s. De saintes disp sitions soutenues
si
dirent aussi p;!r ses soins à la campagne. d'une parfaite confiance en la Providence,
Ces confréries n'ayant été établies jus- ne pouvaient pas manquer de lui méri-
qu'alors que d ms des villages ou au plus ter un heureux succès. Aussi , Dieu qui
dans des petites villes, les fommes qui s'y se plait à faire sentir les effets de sa bonté
engageaient, assisiaient elles-mêmes les ma- à ceux qui ont le cœur droit et qui se lais-
lades, faisaient leurs lits, et leurs prépa- sent conduire par les dispositions adorables
raient les nourritures et les remèdes néces- de sa volonté, fit bieniot paraître combion el-
saires; mais après que l'établissement en les lui étaient agréables, en lui procurant ies
fut fait à Paris, il s'y introduisit quelque fonds nécessaires p;)ur soutenir les dépen-
chatigemenl dans le service des malades. ses convenables tanlà sa communauté qu'iux
Car comme il y entra un grand nombre de œuvres de miséricorde à l'égard des p iuvres
dames de la première qualité, qui ne pou- malades, et cela par l'érection d'une com-
vaient par elies-n;émes rendre aux malades pagnie de dames de Taris, dont la qualité et
les Si rv.ces nécessaires, il fut résolu qu'il les richesses étaient plus que sulïisantes
fallait établir des servantes des paiivres pour pourvoir, non-seulement aux pauvres
qui fussent emplovées à ce ministère sous de laville, mais encore à ceux des provin-
la conduite des dames. Cela fut exécuté par ces les plus éloignées, auxquelles elles fi-
les seins de M. de Paul, qui ayant proposé rent sentir dans la suite les effets de leur
ce desïcin à des filles dans la campagne, charité
il s'en trouva plusieurs qui s'(;ffrirent de Le premier dessein que cette assemblée de
se consacrer toute leur vie à cet eniploi. dames se proposa, était de donner quelque
Ces filles, (quoique dépendantes des dames soulagement aux malades de l'Hôtel-Dicu.
de la paroisse, n'avaient aucune liaison ni Mademoiselle le Gras el quelques autres
aucune correspondance entie elles ce qui : ayant reconnu dans les visites de ces pauvres,
fai-i;iit qu'elles ne pouvaient être bien in- qu'il leur manquait beaucoup de douceurs
struites pour le ^ervice des pauvres, ni pour que l'hôpital ne pouvait leurfournir, en com-
leurs exercices de piété: en sorte que lors- muniquèrent avec M. de Paul, qui leur con-
qu'il en fallait changer ouelques-unes ou seilla de faire des assemblées pour hercher
(
en donner pour de nouveaux établisse- les moyens de pourvoir à ces besoins. La pre-
ments, on n'en trouvait pas aisément qui mière se fit l'an 1634 , chez madame la pré-
fussent toutes dressées. C'est pourquoi sidente Goussaut, où se trouvèrent mes-
M. Vincent de Paul crut qu'il était néces- dames de Viiie-Savin et de Bailleul avec ma-
saire d'unir ces filles en coiimunauté sous demoiselle Polaillon, fondatrice des Fil'ei de
la conduite d'uaé supérieure, afin qu'elles la Providence. La seconde fut pluy graade
lussent dressées aux exercices de charité que la première. IJadame la chancelier© ho-
i
et qu'il y en eût toujours peur en four- nora de sa présence avec madame Fou(juet.
nir au besoin : et, ne trouvant personne qui Elles y résolurent que l'on donnerai! t us
m DICTIONNAIRE DES ORDRES RELIGIEUX. 816
les jours aux malades de cet hôpital des con- une trésorière qui avait les aumônes en
fitures, de la gelée, et autres douceurs par dépôt, et une garde-meuble qui avait soia
manière de collation, qui leur seraient pré- du linge et des autres meubles nécessaires..
sentées par les damos, chacune à leur tour, Mais la plus grande partie des dames n'étant
accompagnant de quelque consolation spi- pas en état de servir elles-mêmes les ma-
rituelle celte action de charité et pour ren-
;
lades, on leur donna aussi des filles de la
dre rassemblée plus réglée, on y établit trois communauté de mademoiselle le Gras enga-
oflicières, une supérieure, une assistante el gées par leur profession à ce service chari-
une Irésorière. Cela resta ainsi jusqu'à ce table. Le nombre des filles qui y entraient
que M. de Paul ayant remarqué [)Hr expé- s'augmentanl lous les jours, elle acheta une
rience qu'il était (lilticile que les mêmes per- maison au village de la Chapelle, près de
sonnes pussent s'occuper aux œuvres de mi- Paris, qu'elle trouva un lieu très-commode
séricorde spirituelle et corporelle, jugea qu'il et très-confoime a ses inclinations, tant pour
fallait choisir, lous les trois mois, quatorze avoir l'avantage de s'approcher de M. de
dames entre celles qui seraient les plus ca- Paul qui avait obtenu l'an 1G32 la maison
pables dexhorler et d'instruire, lesquelles de Saint-Lazare pour les prêtres de sa con-
"visiteraient les pauvres deux à deux, cha- grégation, que pour y élever sa communauté
cune leur jour par semaine, el leur parie- nai>sanle dans un esprit de servantes des
raient des choses nécessaires à leur salut pauvres et la former dans la vie pauvre,
d'une manière louchante familière. Tous
et humble, simple et laborieuse de la campagne,
ces exercices lie piété se faisaient avec d'au- sur laquelle elle réglait leur nourriture,
tant plus (le ferveur que loulcs ces dames leurs hab;ts et leurs emplois. Celte sainte
étaient animées far l'exemple de mademoi- fondatrice y alla loger au mois de mai 1(336,
selle le Gras, qui s'y appliquait avec tant et y établit un catéchisme qu'elle faisait elle-
d';irdeur, (!ue M. de JPaul fut obligé de mo- même aux femmes etaux filles, les dimanches
dérer son zèle. avec des écoles où ses filles en-
el les fêles,
Tvhiis pour bien exécuter celte œuvre de seignaientles enfants de leur sexe: ce qu'elles
ch.'irilé,il fallait avoir des servantes qui coniinuent encore dans les lieux ou elles
prissent le soin d'acheter et de préparer sont établies. Mais coinme les emplois de
toutes les choses nécessaires, et qui aidassent charité se multipliaient tous les jours et
les dnmes dans hurs visites et dans la dis- auL^menlaient la nécessité d'un commerce
tribution des collations. Mademoiselle le plus fréquent avec toutes les personnes qui y
Gras qui commençait d'en élever pour les prenaient part, mademoiselle le Gras résolut,
dévouer à toutes les occasions où il s'agirait par l'avis de -M. de Paul, de quitter la Cha-
de l'inlérél des pauvres, en donna quelques- pelle et de venir loger avec sa com.munauté
unes à la prière des dames qni les logèrent au faubourg Saint-Denis vis-à-vis Saint-La-
,
près de l'Hôlel-Dieu. Dés la première année zare, où elle loua d'abord en IG'tl une mai-
de l'inslilution de celle assemblée, elle fit son qu'elle <;clieta queltiue temps après.
tant de fruits dans l'hôpital par les visites Ce fut dans cette maison qu'elle commença
et les inslruclions de ces dames, qu'outre un d'exercer l'hospitalité, y recevant un grand
grand nonibre de catholiques qu'elles dis- nombre de filles des frontières de Picardie,
posèrent à une bonne mort, ou à un chan- qui ayant été obligées d'abandonner leurs
gement de vie dans ceux auxquels Dieu maisoïis par la crainte des ennerr.is qui
renvoyait la santé, elles eurent la consola- étaient ejjtrés dans celte province, et qui
tion de convertir plus de sept cents héré- avaient assiégé la ville de Corbie élaieni .
tiques et quelques infidèles qui embrass'rent venues se réfugier à Paris. Non contente de
noire sainte foi, dont ils rec nnurent la vé- leur fournir par charité le logement et la
riié dans les productions d'une chariié si nourriture du corps, elle voulut y ajouter
ardente et si étendue ; l'aris n'étant pas l'aumône spirituelle, par une mission qu'elle
assez grand pour la contenir, elles se char- leur procura. Cette maison fut aussi ouverte
gèrent dans la suite, non-seulement de toutes pour les personnes de son sexe qui y vou-
les provinces du royaume, mais encore de lurent faire des retraites spirituelles à ,
l'enlreiien de quelques missions dans les l'exemple de celles que M. de Paul avait éta-
pays des infidèles qui se sont ressentis de blies pour les hommes dans sa maison de
leurs bienfaits. Saint-Lazare. Ce serviteur de Dieu ayant
Pendant que celte assemblée générale de donné coiumencement à l'hôpital des En-
dames de tous les quartiers de Paris s'appli- fanls-ïrouvés, en donna le soin à mademoi-
quait à ces œuvres de piété dans l'Hôlel- selle le (jras el à ses filles; el, l'au 1639, la
Dieu, il se formait dans les paroisses de la ville d'Angers ayant eu recours à elle pour
même ville des confréries particulières de obtenir.aussi de ses filles pour le service des
chariié pour assister les pauvres et les ar- malades de son hôpital, elle alla elle-même
tisans malades dans leurs maisons. M. de faire cet établissement au mois de novembre,
Paul voyant le progrès qu'elles faisaient, y nonobstant ses infirmités et la rigueur de la
mil la dernière perfection secondé du zèle
, saison.
de mademoiselle le Gras. Elles étaient com- Ce fut pendant ce voyage qu'elle apprit
posées les dames des paroisses, et gouver- que la reine Anne d'Aulriche avait aussi
nées, sous la conduite des pasteurs, par Iroi» demandé de ses filles pour le service des
ofUcièrcs choisies d'entre elles, qui éli.ient malades de Fontainebleau. Celte princesse
une supérieure qui recevait les malades, entretenant pendant le siège do Dunkcrque
81-; CH\ CHA SIS
un hôpital pour les soldats malades et bles- pauvres et sous la direction du supérieur
,
sés, leur en confia encore le soin. Quoique général de la Mission, et de ses successeurs,
mademoiselle le Gras vîl sa compagnie char- aveccelte condition, néanmoins, (lu'elles de-
gée de tant d'occupations dans Paris, à la meureraient à perpétuité sous la dépendance
campagne, et dans les provinces , elle ne des archevêques de Paris. Après que ce»
perdit point pour cela courage; au contraire, lettres eurent été obtenues M. de Paul fit
,
redoublant son zèle et ses soins, elle em- une assemblée de toutes les Filles dans la
brassa encore des emplois dans les royaumes maison de la communauté, le 8 août de la
étrangers, en donnant de ses filles à la reine même année, pour faire l'acte de leur éta-
de Pologne , Louise-Marie de Gonzagues , blissement, et leur communiquer les statuts
qui les établit l'an 1G52, à Varsovie. Coite et les règlements qu'il leur avait dressés et ;
ville étant pour lors afiligée de la contagion, après avoir pris les nomsde celles qui avaient
fut un rude apprentissage et une dangereuse été reçues, et qui désiraient persévérer dans
épreuve pour ces charitables filles, qui, à l'institut, il nomma les officières, dont la
leur arrivée, se virent chargées du soin des première fut mademoiselle le Gras, qu'il
pestiférés. Celte princess;' ayant encore fondé pria de continuer sa charge de supérieure
un hôpital dans la même ville pour y rece- pendant sa vie. Il nomma ensuite une assis-
voir les pauvres filles orphelines ou iélais- tante, une économe et une dépensière, et
sées de leurs parents, en commit aussi le conclut par une exhortation qu'il leur fit
soin et la conduite à ces servantes de Jésus- à toutes, de rendre grâces à Dieu de leur vo-
Christ, hlles furent pareillement chargées à cation, et d'être exactes et fidèles à l'obser-
Paris du gouvernenient et de l'économie, vance de leur règle. Cette congrégation fut
aussi bien que du service des pauvres de ensuite autorisée par lettres patentes du roi
l'hôpital du nom de Jésus, que l'on fonda l'an l(i57, et confirmée l'an 1660, par lo
l'an 16^3 dans cette capitale du royaume, cardinal de Vendôme, légat en France du
pour quarante pauvres de l'un et de l'autre pape Clément iX.
sexe ce qui a été l'origine de l'Hôpital gé-
: Tel a été l'établissement des Filles de la
néral. 11 ne restait plus à nïademoiselle le Charité, et la manière dont Dieu s'est servi
Gras, pour remplir l'élemîue de son zèle, pour conduire à sa perfection cet ouvrage si
que de se charger des pauvres aliénés d'es- utile à l'Eglise. Il ne restait plus à la fonda-
prit, et renfermés dans riiôpilal des Petites- iriie que d'en aller recevoir la récompense
Maisons. Elle accepta cet emploi l'an 1645, dans Dieu la lui accorda le quinzième
le ciel ;
Bur la prière qui lui en fut faite par l'assem- jour de mars de l'an 16!j0, étant morte le
blée du grand Burea*u des pauvres , si cé- lundi de la semaine de la Passion, à l'âge de
lèbre dans Paris, par la quali é et le mérite soixante-huit ans. Son cosps fut exposé
des personnes qui la composent; et comme pendant un jour et demi pour satisfaire aux
il y a dans cet hôpital, outre les insensés, désirs de plusieurs dames qui voulurent
un grand nombre de vieillards, qui y sont avoir la consolation de la voir encore après
entretenus par ordre de ce Bureau, elle s'en- sa mort, et lui rendre les derniers témoi-
gagea encore de les faire assister dans leurs gnages de leur vénération et de leur amour.
maladies Le mercredi suivant, elle fut enterrée dans
Il ne suffisait pas à cette zélée fondatrice l'église de Saint-Laurent, dans la chapelle
d'avoir formé une compagnie de filles pour de la Visitation de la sainte Vierge, où elle
les employer au service des pauvres, et de faisait ordinairement ses dévolions, quoi-
les avoir unies ensemble par les liens de la qu'elle eût destiné sa sépulture dans un ci-
charité; son amour pour ces mêmes pauvres metière près de Saint-Lazare. Comme elle
lui ayanl suggéré d'assurer et affermir avait demandé que l'on mît proche de sou
pour toujours cette œuvre de piété elle en
, tombeau une croix avec celte devise Spes :
écrivit en 1651 à M. de Paul, qui approuva mea on en attacha une vis-à-vis, au mur de
,
de (es filles ; secondement, leur manière de deux cent quatre-vingt-dix, tant en France
vie jusqu'alors et en troisième lieu les sta-
; qu'en Pologne et dans les Pays-Bas et on ;
tuts et règlements qu'il leur avait dressés, compte plus de quinze cents filles dans tous
ayant été présenté à ce prélat, elle obtint de ces établissements (jui sont soumis à la prin-
lui l'approbation et l'érection de sa compa- cipale maison, située à Paris au faubourg ,
gnie, dont il lui fit donner des lettres par le Saint-Denis, vis-à-vis Saint- Lazare. Os
cardinal de Kelz, son coadjuteur;et ces lettres filles n'ont ordinairement aucun fonds d'hé-
ayant été perdues dans la suite, lorsqu'elles ritage ni de maisons eu propriété. Le loge-
furent présentées au parlement pour y être ment où elles demeurent, à l'exception du
enregistrées, le cardinal de Retz étant pour séminaire de Paris, appartient aux pauvres,
lors archevêque, en donna de nouvelles au ou bien aux confréries de charité qui en
mois de janvier 1655, par lesquelles il ap- louent lorsqu'elles n'en ont point en pro-
prouva cette société, avec ses statuts et rè- pre. Elles sont nourries dans les hôpitaux
glements, et l'érigea par son autorité en où elies demeun;nt comme les pau\re^ ou
congrégation, sous le titre de Servnnles des les malades et on leur donne à chacune
,
819 DICTIONNAIRE DES ORDRES RELIGIEUX. 6Sb
pour Ipnr pntroliei), une somme fort modi- cette époque, fut élue supérieure générale
qiie: ailleurs elles vivent et s'entretiennent une femme d'une grande force dame et d'une
aussi (iiiiic soiiime assez modicjue on vertu grande présence d'esprit, telle enfin qu'il la
du contrat d'établissement stable et irrévo- fallait polir ces temps malheureux. C'était la
cable. Celles tjni veulent entrer dans cet sœurBuleau, entrée dans l'institut à l'âge de
institut sont reçues nu séminaire, c'est-à- \ 19 ans, et pour lors âgée d'environ 60 ans.
dire à leur maison du faubourg !^aint-Denis, EU eut plus d'une occasion de signaler ces
sans dot. On se contenie d'une petite somme deux qualités que nous venons de rappeler,
pour leur premier li bit et leur ameuble- et qui formaient son caractère. Sa vie fut en
ment, et tout ce qu'elles ont apporté leur danger plus d'une fois, mais son courage et
est rendu en espèce o.i en valeur, si elles son aliachement à sa communauté, la dé-
sortent. On s'informe avi'.nl que de les rece- termiiïèrent à ne la quitter que la dernière.
voir s'il n'y a aucun reproche dans leur vie Forcée à cette séparation, son cœur et son
et diins leurs mœurs depuis leur bas âge, ou esprit furent toujours au milieu de ses chères
dans leur famille. A|.rès avoir demeuré dans filles; elles les consola par ses avis durant
leur habit ordinaire au séminaire pendant la persécution, et eîle encouragea sans cesse
six mois, on leur donne celui de l'institut, et celles qui étaient auprès des pauvres, à ne
on les forme aux exercices de piété, à l'ob- pas \e^ abandonner jusqu'à ce qu'elles y fus-
servance de leurs règles et aux emplois de sent absolument forcées. Ce fut à sou zèle et
l'insliiui. Quand elles sont suffisamment à sa sallicitud;' que plusieurs hospices du-
instruites et dressées en tout ce qui regarde rent leur conservation, et même au milieu
leurs ol)ligalions, on les disperse dans les des plus grandes lempéles de la révolution,
villes et les villages selon qu'il en est besoin. elle sollicita de nouveaux établissements. A
Après leur entrée au séminaire, elles font peine le calme commença-t-il à renaître,
cinq ans d'épreuves, lesquelles finies, elles qu'elle procura des sœur^s à des maisons
sont admises à faire des vœux simples seu- nouvelles et qu'elle se rendit à Paris pour
lement pour un an, et toute leur vie elles être à portée de correspondre avec ses sœurs.
les renouvelient le 25 mars après en avoir Sentant que si la congrégation ne faisait
obtenu la permission de leurs supérieurs. point de sujets, toutes ses espérances se-
Elle sont sous la direction du supérieur gé-
V raient évanouies elle obtint dans ce dessein
;
néral de la congrégation de la i\Jission qui une maison que lui loua une dame respec-
les conduit par lui-même ou par un direc- table. On voit par ce récit abrégé que la so-
teur prêtre de la même congrégation rési- ciété des Filles de la Charité n'eut presque
dant à Saint-Lazare , et par les visiteurs des pas d'interruption dans ses exercices régu-
provinces. Il leur nomme des confesseurs liers et dans ses bonnes Œ'uvres. Bientôt la
externes approuvés par les ordinaires des Providence vint au secours de la sœur Du-
lieux, et il les retire et les change quanti il leau. En 1801, le gouverneuient consulaire
juge à propos, des maisons où elles ont été donna une sorte d'existence légale à sa mai-
envoyé, s. De temps en temps on les fait ve- son et à l'institut tout entier, par un arrêté
nir au séminaire pour s'y renouveler dans favorable et bienfaisant du ministre de l'in-
l'esprit et la sainteté de leur institut par les térieur. Nous allons donner les articles de
exercices spirituels d'une retraite de huit cet arrêté; mais nous ne pouvons résister au
jours. Outre le grand nombre de paroisses désir de faire connaître quelques considéra-
à Paris oiî il y a toujours deux ou trois tions motivant l'arrêté. « Le ministre de l'in-
sœurs qui y résident pour avoir soin des térieur, considérant que les lois du li octo-
pauvres, elles sont encore établies à l'hôtel bre 1790 et 18 août 1792, en supprimant les
royal des Invalides, aux Incurables aux ,
corporations, avaient conservé aux membres
Petites-Maisons et aux deux maisons d'En- des établissements de charité la faculté de
fants-Trouvés de cette ville. Elles ont en- continuer leurs actes de bienfaisance, et que
core soin de nourrir et assister les galériens ce n'est qu'au mépris de ces lois que ces
elles prisonniers de quelques prisons, et de institutions ont été désorganisées;
préparer et donner la collation aux pauvres « Considérant que les secours accordés
malades de l'Hôte'-Dieu de la même ville. aux malades ne peuvent être assidûment ad-
La supérieure du séminaire est élue tous les ministrés que par des personnes vouées par
trois ans, et peut être continuée pour trois état au service des hospices, et dirigées par
autres années. Quant à leur habillement, il l'enihousiasme de la charité;
est d'une étoffe grise, mais d'une manière
« Considérant que parmi tous les hospices
simple et modeste, et ont pour coiffure une
de la République, ceux-là sont administrés
cornette blanche.
avec plus de soins, d'intelligence et d'écono-
Louis Abelly, évêque de Rodez Vie de ; mie, qui ont rappelé dans leur sein les an-
M. Vincent de Paul. Gobillon, Vie de made^ ciens élèves de cette sublime institution, dont
moiselle le Gras. Herman, Hist. des Ordres le seul but était de former à la pratique de
Religieux, tom. IV, et Mémoires donnés par tous les actes d une charité sans bornes;
les Filles du séminaire de cet institut e?il711.
Considérant qu'il n'existe plus de celte
c(
«Art.I. La citoyenne Duloau(l), ci-devant sans indemnité. Plus tard, les Sœurs de la
SU] crieure des Filles de la Chariié, est auto- Charité allèrent ailleurs. En la même année
risée à loruier des élèves pour le service des 1807, par un décret rendu à Fontainebleau,
hospices. le .".O septembre, Buonaparie, après avoirdit :
rue du Vieux-Colombier, est mise à cet effet, avantages qui résult(^nt pour nos peuples de
à sa disposition. l'inst'.tulion des Sœurs de la Charité el autres
« III. Klle s'adjoindra les personnes qu'elle éiablissements consacrés au service des ma-
croira utiles au surcès de son inslilulion, et lades el des pauvres reconnaissanlavec sa-
;
elle fera choix des éièves qu'elle jugera pro- tisfaction que ces utiles et pieuses associa-
pres à rcmj)!ir ce but. tions ont répondu à notre attente, etc.... »
« IV. Tous les élèves seront assujettis aux ordonne de tenir à Paris , dans le palais et
règlements de discipline intérieure de la sous la présidence de sa mère, avec l'abbé
maison. Boulogne pour secrétaire, un chapitre géné-
« V. Le gouvernement payera une pension ral des étîiblissement^deSœursde la Charité,
de trois cents francs p.ur chacun des élèves et autres consacrés au service des pauvres.
dont les parents seront reconnus dans uuétat Ce chapitre se tint en effet, et la singularité
d'inditrence absolue. de la chose en elle-même et de la forme
« VI. L('s fonds nécessaires pour subvenir gardée, nous engage ici à quelques détails,
aux besoins de l'insUtution seront pris sur précieux pour l'histoire et intéressants pour
les dépenses générales des hospices. Ils ne toutes les autres congrégations, qui, avec
pourront pas excéder la somme de douze les Filles de la Charité, participèrent à ce
mille francs. Signé Chaptal. » bienfait. L'ouverture s'en fit le 27 novembre;
Les considérants qui accompagnent les les députées se réunirent d'abord dans la
dispositions qui constituent cet arrêté, ont chapelle, où elles entendirent la messe célé-
lieu (le surprendre, si on réfléchi! qu'ils ont brée par l'évéque de Yerceil, premier aumô-
été donnés en 1801, avant même que la reli- nier de ^îme Laetitia (ou îMme Lajoie). Fn-
gion eût pu relever officiellement ses autels. suite elles furent introduites par le cham-
En moms de trois ans, la supérieure géné- bellan de 5on j4//e.v5e, dans la grande salle
ral^ éleva sa congrégalion au nombre de destinée à la tenue du chapiire. Chacune
près de deux cents sujets, qui furent distri- des dames ayant pris séance, Mme Lajoie,
bués succes;ivemenl dans les départements. mère de Buonaparle, assistée de Son Allcsse
La sœur Duleau mourut dans sa maison de éminenlissiîr.e M. le cardinal Fesch, grand
la rue du Viru^-Colombier, le 30 janvier aumônier de l'empire, annonça que l'abbé
1804-, à l'âge de 76 ans; il y avait cinquante- Boulogne, secrétaire, allait faire conn.ître
sepi ans qu'elle était au service des pauvres. le but et les motifs de celle asseiiiblée, ainsi
Son convoi funèbre se fit à l'église Saint- que les grands avantages qui pouvaient en
Suipice, sa paroiss". Plus de cent Filles de la résulter pour la prospérité et la propagation
-Charité, tant de la capitale que dos environs, des associations religieuses de chariié. 11 s'a-
formaient le corlége de ce convoi, et par gissait de demandes, de représenlaiions par-
l'expression de leur vraie douleur, faisaient ticulières des différentes congrégations, etc.,
le plus bel éloge de leur mèr>', Quand celle-ci pcurêtre présentées à l'empereur, pouraviser
fut enlevée à sa congrigation, les Filles de aux inlérêts de chaque société. Les mémoi-
la Charité desservaient deux cent cinquante res contenant toutes les demandes, etc.,
hospices et hôpilaux. Le nombre des sujets avaient élé discutés dans des conférences
et (les étabiissemeuls alla toujours en crois- particulières, tenues chez madame et chez le
sanl. Le 6 janvier 1807,Buonaparte rendii à cardinal; trois séanees lurent donc suPosan-
Varsovie deux décrets dont la 1" disposition tes pour la lenue du chapiire, (lui finit le
K'tail ainsi conçue La maison dite de la
: <( 2 décembre, par le Te Deum d'actions de
Croix, sise, rue de Charonne, faubourg grâces, que les députées dirent dans la cha-
Ça.int-Anloinc, à Paris, sera mise à la dispo- pelle. Toul' s les sœurs retournèren,t à leurs
Sïlion de madame la supérieure générale des divers établissements, enchantées des procé-
Sœurs (le la Charité deSaint-Vincent de Pauî, dés dont on avait usé à leur égard. Le dis-
par notre ministre de la guerre, le 1" juin cours de l'éloquent abbé Boulogne, depuis
1807. Cette maison sera la maison chef-lieu évêque de ïroyes. lut publié dans le temps.
de l'association. Les novices y feront leur Le rapport de la mère de l'empereur le fut
temps de probalion, et les sœurs qui, à aussi. Nous reviendrons sur ce rapport et
cause de leur âge et de leurs longs travaux, ce chapiire général, dans le travail élendu
ne pourront continuer un service actif, y qui précédera le supplément. Il nous suffit de
trouveront un asile dans leur vieillesse. » dire ici que les députées au chapitre se plai-
Grâces à Dieu, ce décret n'eut point d'effet, gnaient à Buonaparte de certaines vexations
au moins quant à la possession de la rue de el entraves de l'autorité civile et administra-
Charonne. Cette maison, dite de la Croix, tive, qui s'immisçait à ce qui regarde le ré-
ap[>arlonait aux Dominicaines, (jui, réunies gime des communautés, etc. car il paraît ;
par leur propre zèle, tenaient alors une qu'à l'ombre de la protection intéressée
autre maison à loyer. C'eût été une vérita- qu'accordait à ces éiablissements l'étrange
lablc injustice que de les en dépouiller ainsi gouvernement de l'époque, se mêlaient de
(i) Ailleurs nous la trouvons nommée Deleau, et c'est ainsi, à ce qu'il paraît, que sou nom doit s'éerire.
,
singulières Inlitudcs d'une part, et de singu- « général, les renseignements que vous avez
lières exigences de l'autre, par exemple, « demandés sur la communauté des Filles de
d'obliger en certaines localités les sœurs « la Charité.
hospitalières à manger avec les servantes « Le nombre actuel des sœurs peut être
des hôpiiaus. Ilyavait un vœuexjirimé dans « ])nrté de six à sept mille. Elles se trouvent
ce rapport, que nous ne pouvons (qu'il fût <(. réparties dans cinq ou six cents maisons,
ou non, celui des députées] nous abstenir de « établies en France, en Pologne, en Galli-
blâmer ici, le vœu de réunir sous une « cie, en Prusse, en Espagne, dans les divers
même supérieure générale h^s établissements « Etats de l'Italie, au Mexiqa-, et dans Je
hospiialiers de chaque diocèse. Par un dé- « Levant, àConstantinople, Smyrne, Alexan-
cret dn 3 février 18U8, en réponse à ce rap- « drie, etc. »
port, Buonaparte accordait toutes les mai- « Le noviciat compte habituellement de
sons que les députées avaient demandées, etc., « deux cent soixante à deux cent soixanle-
et il était dit dans l'article 1'' : « Il est ac- « dix sujets, à Paris; il y en a deux autres,
cordé.... pour présente année 1808, une
la «l'un à Madrid, l'autre à Turin mais ilâ ;
somme extraordinaire de 182,500 IV. aux « sont beaucoup moins nombreux que celui
différentes maisons de Sœurs de la Charité, « de Paris, a
pour frais de premiers établissements, etc. « Leur constitution, leurs règles et leurs
2" Une somme de 130 fr. sera portée tous « usages sont absolument le? métnes que dû
les ans sur le budget... pour les dépenses « temps de saint Vincent. Pendant le règne
annuelles de ces maisons. » « de la Terreur, les sœurs furent obligées de
Ce fut surtout après la restauration de la « quitter leur habit, et même de se disperser
dynastie des Bourbons que l'institut des « dans plusieurs endroits. Elles purent ce-
Filles de la Charité prit un grand développe- « fendant rester au service des pauvres,
ment. Au mois de mars en 1815, elles allè- « dans un assez grand nombre de maisons,
rent s'ttablir dans la rue du Bac, où e'ies « soii à Paris, soit en province, en adoptant
sont actuellement et où elles occupent une « le costume séculier. Sous l'empire, Napo-
maison d'une étendue immense qui leur « léon leur permit de reprendre leur costume
avait été donnée par Buonaparte. Le diman- « ordinaire. »
che, G août, fête de la Transfiguration, leur « Veuillez agréer, Monsieur l'abbé , les
chapelle fut bénite par M. Hanon, préposé « sentiments respectueux de votre très-hum-
général des congrégations de Saint-Lazare « ble serviteur.
et de la Charité, qui reçut les vœux de trois Salvaire ,
novices, donna l'habita vingt et une postu- Secrétaire général des Lazaristes.»
«
lantes, et y déposa les reliques de saint Vin- Le projet d'envoyer en Chine les Filles de
cent de Paul, transférées, en 1830, dans la la Charité semble arrêté par leurs supé-
nouvelle chapelle des Lazaristes, rue de Sè- rieurs, ei une colonie doit partir, dès l'année
vres. Après la révolution de juillet, quelques prochaine, dit-on, pour cette mission méri-
administrateurs, dans les premiers temps, toire et périlleuse.
suscitèrent en certaines localités, à Paris B —D— E.
surtout, des tracasseries à ces saintes filles. CHARITÉ (Frères de la ). Voyez Jean
Ainsi, sur la plainte insensée de quelques DE Dieu ( Saint ).
voisins de la rue du Bac, le commissaire de
CHARITÉ DE NOTRE-DAME ( Hospi-
police du quartier fut assez niais pour défen-
talières DE LA )
dre aux sœurs de sonner le matin leur clo-
che, qui troublait le repos et réveillait trop Des religieuses liospitalières de la Charité de
vite, comme si la cloche d'une communauté Notre-Dame, avec la Vie de la vénérable
ne devait pas jouir de la latitude laissée à mère Françoise de la Croix, leur fondatrice.
une cloche de fabrique ou de manufacture! La charité fut le motif qui porta la Mère
Dans tel arrondissement, on les vexa sur un Marie-Elisabeth de la Croix à fonder l'ordre
point, ailleurs sur un autre, et deux jîdmi- du Refuge. Ce fut aussi cette même charité
nislrations en vinrent même jusqu'à leur qui, dans le temps que cet ordre prenait nais-
signifier de se retirer à telle époque. Les tra- sance à Nancy, l'an 1624, en forma un autre
casseries et les vexations n'empêchèrent à Paris, qui a pris le nom de Charité, comme
point l'institut d'augmenter en nombre et en ayant été produit par la charité même qui
établissements. Dans le même temps, on les embrasa le cœur de la Mère Françoise de la
demanda en Belgique et même à Genève, où Croix, laquelle est reconnue pour fondatrice
nous les avons vues nous-mêmes établies. de cet ordre. L'un a pour lin de procurer la
Kilcs sont aujourd'hui établies même en santé de l'âme à une infinité de filles et de
x\sie, etc.; et pour faire apprécier l'éten- femmes que le dérèglement et le vice con-
due de leur zèle et de leur société, nous duisent à une iuort éternelle, et l'autre de
allons terminer cet article additionnel par la procurer la santé du corps à une infinité de
lettre suivante, qui contient les détails que personnes du même sexe, que les maladies
M. l'abbé Etienne, général des Lazaristes, a et les infirmités conduiraient à une mort
bien voulu nous fournir, et une statisti- naturelle, si elles ne trouvaient du soulage-
que abrégée de la congrégation : ment à leurs maux.
A !\î. l'abbé Badiche, prêi readministrateur : La Mère Françoise de la Croix, fondatrice
« Monsieur l'abbé, j'ai l'hoîîueur devons de l'ordre de la Charité de Notre-Dame
Iransuuttre, de la i)art de M. le supérieur était native de Pâté au diocèse d'Orléans,
IÎ5 CHA CHA 'ita
malades et cet établissement avait été fait autre que celle fondatrice vojant ces désor-
par les religieux réformés du tiers ordre de dres dans un lieu où devait régner la sain-
Saint-François de la congrégation de France. teté, se serait dégoûtée de son étal. Mais
Il avait été soumis à leur juridiction par une fidèle aux grâces qu'elle avait reçues de
bulle du pape Paul V, autorisée par lettres Dieu, elle se souvint de sa parole et de son
patentes de Louis XIll, qui furent véiifiées engagement, et comme elle s'élait donnée à
au parlement de Normandie, et ils avaient lui de bonne heure, elle voulut y demeu-
obtenu le consenlement de l'ordinaire. Deux rer inviolablemcnl attachée par des liens in-
religieuses du monastère deiiainte-Elisabeth, dissolubles, l-llle affermit la \ocaliou chan-
à Paris, du uiême ordre, y avaient été en- celante de Irois ou quatre novices, elle les
voyées pour conduire treize ou quatorze exhorta à la persévérance, et sans se dé-
filles et veuves, du nombre desquelles était pouiller des livrées de l'humble saint Fran-
la mère Françoise de la Croix, que l'on y çois, dont elles étaient revêtues, elles quit-
827 DICTIONNAIRE DES ORDRES RELIGIEUX. 623
allaient pour en avoir soin, et on même religion, revêtue d'habifs séculiers, et en-
lenips pour y prencire Tair, ces doux mai- fermée pour le reste de ses jours, danj les
sons ne f.iisanl qu'une même communauté ; cachots des prisons ecclésiastiques de l'off;-
ce qui a duré jusqu'en l'an 1G90 que le
,
cialtlé. Le parlement de Rouen ayant pris
nombre des reli;;ieuses de ces deux maisons connaissance de celte exhumation fit de ,
étant de plus d;' q-.ialre-vingls, eiles furent nouvelles informations dans le monastère, et,
entièrement séparées, et les biens pariajïés. par un arrêt du 21 août lGi7, toutes les
Les religieuses eureni le choix d'npier l'une chambiTs assemblées, il ordonna que le ca-
de CCS maisons et depuis ce temps, il no
; davre de ce magicien qui avait été déterré,
leur a plus éîé permis de sortir pour aller de et un autre prêtre aussi magicien complice
l'un à l'autre de ces deux hôpitaux qui pié- de ses crimes, seraient traînés sur la claie,
sentem nt n'ont rien de commun entre eux, pour être, ledit prêtre brûlé vif, après avoir
La Mère Françoise de la Croix fil un qua- lait ameniie honorr.ble, et le cadavre do
trième établissement, l'an 1G2 ), à Paie, lieu l'autre niagicien jeté dans le même feu. Ei le
de sa naissance; et il s'en est fait d'autres même arrêt portait que la Mère Fraisçoise
dans la suite, conmie à Toulouse, à Bé- de la Croix, ci-devant supérieure de ce mo-
liers, à Bourg en Bi esse, à Pézénns, à Saint- nastère , serait piise et appréhendée au
Ktienne en Forez, à Albi, à Gaillac et à Li- corps, amenée et constituée prisonnière en la
Eioux. conciergerie du palais, paur être interrogée
Ce ne fut pas sans mystère que celte fon- sur les charges porlées contre elle par les
datrice reçut le nom de Françoise do la informations, le jugement de la sœur con-
Croix, lorsqu'on lui donna l'habit de reli- verse diiïéié.
gion. Ce fut un effet de la Providence qui C'était cette infâme magicienne qui avait
ipermil que ce nom fût imposé comiiie
lui accusé la Mère Françoise, comme complice de
devant être fllle de
croix et participer
la ses crimes, disant qu'elle n'avait rien faitque
aux afllietio s et à la patience de .lésus- de concert avec elle ; que sa dévotion n'était
Christ. Les heureux progrès que l'ordre des qu'hypocrisie, et qu'elle s'en était lait un
religi(>uses Hospiialières de la Cha'ité de art, pour plus finement tromper le peuple et
Notre-Dame lit dans son commencement, imposera ses religieuses. Mais il n'y a per-
une marque que cet ouvrag!> n'était
létaient sonne qui soit à l'abri de la calomnie. Les
point un ouvrage des hommes, mais bien bons peuvent être accusés de crimes au^si
l'ouvrage de Dieu qui s'était servi de la bien que les méchants; et comme c'est une
Mère Françoise de la Croix pour exécuter marque d'innocence d'être absous, l'arrêt
ses Vfdonlés; l'on peut croir' qu'il les lui d'aiisolution qui fut prononcé en faveur de la
avait communitjuécs dans ses oraisons, puis- Mère Françoise de la Croix, et les éh ges qu«
que ce fut aussi dans ses oraisons qu'il lui l'on donna dans la suite à sa vertu, sont de»
fit découvrir jusqu'aux plus secrètes pen- preuves convaincantes de son innocence.
sées de qi:elques-unes de ses religieuses et Mais que n'eut-elle pas à souffrir aupara-
de plusieurs personnes de dehors qui la ve- vant que l'on en vînt à la justification! On
naient consulter comme une personne d'une l'enlève de sou monastère pour la faire com-
éminente vertu et très-capable de leur ser- paraître devant les juges, une foule de peu-
vir de guide dans le chemin du salut; mais ple accourt de toutes parts pour la voir.
le démon, qui voyait le grand nombre d'â- Chacun montre au doigt comme une sor-
la
mes qu'elle lui enlevait, déploya contre elle cière cl une magicienne les huées et les
;
magiciens, que par le ministère d'une au- dernier adieu, et elles attendent le moment
tre magicienne (ju'ils avaient fait recevoir qu'on leur vienne annoncer sa condamna-
dans ce monastère en qualité de sœur lion. Car les ennemis de ces religieuses, noa
converse. L'évéque d'Evreux, François de contents de leur faire un détail des crimes
Péricard, y alla pour faire les exorcismes; les plus atroces dont ils noircissaient la ré-
et les démons ayant déclaré qu'ils n'étaient putation de la fondatrice, donnaient à des
entrés dans les corps de ces religieuses qu'à colporteurs des libelles contre elle, et avaient
la soliiciiaiion de ces magiciens et de cette soin (le les a\erlirde les aller crier à la porta
magicienne, ce qu'elle avoua, il ordonna, du monastère. Tous les jours il y en avait de
par une sentence du 12 mars î6i3, (joe le n uveaux et tous les jours Paris retentis-
,
de contraire au concile de Trente. Ces reli- dans l'hôpital, où il est permis de parler.
gieuses ayant eu une maison dès l'an 1628, Elles font abstinence tous les mercredis et ;
à la Rochelle, comme nous avons déjà dit, outre les jeûnes ordonnés par l'Eglise, elles
l'évêque de Saintes, sous la juridiction du- jeûnent encore les veilles des fêtes de Notre-
quel cette ville était pour lors, approuva ces Dame, de saint Augustin et de saint Fran-
mêmes constitutions pour les religieuses de çois d'Assise.
cet ordre établies dans son diocèse, révo- Quant aux malades, elles ne peuvent re-
quant, par son ordonnance du 10 décembre cevoir dans leurs hôpitaux aucun homme;
1636 , les constitutions qu'il pouvait leur mais seulement les filles et les femmes qui
avoir données, et qui n'étaient pas confor- n'ont point de maladies incurables. Elles ne
mes à celles-ci, qui sont observées dans tous doivent point recevoir de femmes grosses
les monastères de l'ordre, excepté dans ce- d'enfant, ni qui aient des maladies pestilen-
lui de la Raquette, à Paris, qui en a reçu tielles, comme peste, Hux de sang, petite
d'autres qui n'ont pas encore été approuvées vérole , chancre ,teigne , épidémie, folie,
par le saint-siége. mal caduc, ecrouelles et mai que l'on ap-
Quoique ces religieuses aient quitté la pelle feu de Saint-Antoine ou feu sacré, et
troi>^ième règle de saint François pour pren- cet article est essentiel à leur institut.
dre celle de saint Augustin, elles se recon- Elles ne doivent point aussi recevoir d'hé.-
naissent néanmoins toujours filles de saint- rétiques qu'après qu'elles auront abjuré
ïrançois , qu'elles appellent leur Père leurs hérésies,
835 CHA CHA 854
Nous avons dit ci-dessus que l'habille- fouettée par cet impie et ce sacrilège , ré-
nient de ces religieuses (l) est gris, et quoi- pandit une grande quantité sang et de ;
que par les constitutions il doive être de ayant été enfin jetée dans une chaudière
drap en hiver néanmoins dans la plu-
, d'eau bouillante s'éleva toujours au-dessus
,
part des monastères de cet ordre elles ne en l'air, jusqu'à ce qu'elle eût été recueillie
porlent que de la serge de gris de More, tant dans un vase par une femme chrétienne qui
en hiver qu'en été ; leur robe doit être la porta à l'église de Saint-Jean en Grève ,
ceinte d'un cordon blanc à trois nœuds, et où elle a été conservée jusqu'à présent, el
lorsqu'elles vont à la communion ci dans les où elle est exposée à la dévotion des fi-
cérémonies, elles ont un manteau de la dèles.
couleur de leur habit, attaché par-dessus la Le P. du Breuil, dans
ses Antiquités de Pa-
guimpe avec un morceau de bois. Quoi- ris , dit bourgeois de celle ville
qu'un ,
qu'aussi dans les constitutions il ne soit nonjmé Reinier Flamingh voulant convertir ,
point parlé de scapulaire, elles en porlent la maison de ce juif en une chapelle eut re- ,
néanmoins un de serge blanche dessus leur cours au pape Boniface Vlli pour en obte- ,
robe, ce qui s'observe dans tous les monas- nir la permission; mais que ce pape par sa
tères de l'ordre, excepté dans celui de Paie. bulle du 27 juillet 129i où il est aussi fait ,
Les armes de cet ordre sont un cœur chargé mention du miracle de celte sainte hostie ,
de trois larmes, enfermé dans une couronne l'adressa à l'évêque de Paris auquel il or- ,
en partie de plusieurs anciennes religieuses qu'il acquerrait la place si elle n'était pas
qui ont reçu de ses mains l'habit de reli- à lui. Le P. du Breuil ajoute que ce fonda-
gion, el (|ui ont vécu du temps avec elle. teur donna peu de temps après cette cha-
On peut consulter le livre intitulé La Piété pelle aux frères de l'ordre de la Charité de No-
affligée imprimé à Rouen en IGol pour la
,
ire-Dame, à la prière de Gui de Joinville, leur
première fois, où Ion voil l'histoire des dés- fondateur, comme il est marqué dans une des
ordres arrivés dans le monastère dont elle leçons de l'office qui se dit dans celte église
fut supérieure étant novice, et i'arrèt du le jour de la tète de la commémoraison du
parlement de Rouen contre les magiciens, miracle de la sainte hostie que l'on célèbre ,
auteurs de ces désordres. Il est fait mention tous les ans le premier dimanche après l'oc-
de cet ordre de la Chanté de Notre-Dame tave de Pâques , où l'on voil aussi que cette
dans les Anliquiiés de Paris, par Malingre, cha[)e!le se nommait la chapelle des Mira-
nag. 068, et dans les plaidoyers de M. le cles : Qao tom immane facinus
auteni in loco
Maître pag. 13'*. palratuui est , civis Pa-
Rainenis Flamingiu^
risiensis cupellam^ quœ miraculorum namine
,
hôpital pour y recevoir les malades et les juillet 1294 comme dit du Breuil , puisque
,
pauvres passants, en donna le soin à quel- ce pontife ne fut élu que le 24- décembre de
ques personnes séculières, qui dès lors for- la même année et couronné au mois de
,
mèrent entre elles une communauté, et pri- janvier de l'année suivante. Par cette bulle,
rent la sainte Vierge pour leur patronne et adressée à l'évêque de Paris le pape dit que ,
protectrice ; et conmîe la charité était le celle chapelle sera bâtie dans le lieu où la
principal motif qui les unissuit ensemble sainte hostie fut outragée In quo quidatn :
pour la pouvoir exercer à l'é^^ard des ma- judœi inventam venerandam euchuristinm,
lades et des passants, cet hôpital de Bouche- cuUello pungentes , in ferventi aqua calduriœ
raum )nt fut nommé la Charité de Nolre- igni superposilœ immiserunt quœ quidem ,
Dacne. Peu de temps après, ils Grent un nou- aqua, divine miruculo in sanguinem noscitur
vel élablissoment à Paris, qui leur fut encore fuisse conversa : après quoi Sa Sain elé or-
lirocuré par leur fondateur le sei^^neur de , donne à l'évêque de Paris de permettre à ce
Join ville. Ce fut dans la rue appelée pour Reinier Flamingh de bâtir ladite chapelle, si
lors des Jardins et présentement des Bil-
, le fonds lui appartient el de lui en réserver ,
Ict'ies , au lieu mémr où demimail un juif aussi bien qu'à ses hériliers le droit de pa-
qui, l'an 1290, lit beaucoup d'outrages a la tronage. 11 se peut faire que lorsque le P. du
sainte hostie, laquelle après avoir été percée Breuil écrivait, il était fait mention, dans les
de plusieurs coups avec un canif el une lance, leçons de l'office de la commémoraison du
alUvChee avec un clou conlre la muraille, et miracle de celle sainte hostie , que la cha-
(\N Yoy.f à la Ud du vol., ii''' 209 el 210. (2) Voy., à la fin du vol., n* 211.
835 DICTIONNAIRE DES ORDRES RELIGIEUX. 836
pelle fut bâtie l'an 129i, et qu'elle fut don- ville que ce fut lui qui fil ces règlements du
née ensuite aux irères de la Charité de No- con entemenl de ces religieux assemblés ea
tre-Dame mais dans les leçons qui se disent
,
leur chapitre général tenu à Boucherau-
présentement, et que j'ai vues, il n'en est mont, et que ces mêmes religieux établirent
faitaucune mention. Quoi qu'il en soit Bo- , cet hôpital pour chef de leur ordre.
niface VIII conGrma cet ordre l'an 1300. Il Le roi Philippe IV, dit le Bel leur donna, ,
>st parlé de cette confirmation dans une l'an 1299 une maison joignant leur église ,
,
bulle de Clémenl VI, du 27 juillet 13i6, par comme il paraît par les lettres patentes de
laquelle il paraît que le papo Boniface mit ce prince données à Poissy, et depuis confir-
sous la protection du saint-siége l'hôpital mées à Longcharnp et à Vaucoulenr. Et soit
de la Charité de Notre-Dame sous Rognon que leurbôpi:al de la Charité de Notre-Dame,
avec ceux qui en dépendaient, et les exemp- qui a été ensuite appelé Saint-Louis de Bou-
tait de la juridiction des évoques , ordonnant cheraumont , fût aussi appelé l'hôpital de
qu'il y aurait dans cet hôpital de la charité Dongiez, C! prince da is ses lettres les nom-
un prêtre pour maître et recteur qui aurait me les frères de l'hôpital de Dongiez de l'or-
tout pouvoir et juridiction spiritut'Ue sur dre de la Charité de Notre-Dame. Pro redem-
ceux qui y demeureraient : que cet hôpital plione (inimarum charissinù genitoris noslri;
et ceux qui en dépendaient pourraient avoir noslrarum , et charisaimœ consorlis nostrœ^
des cimetières, pour eux, leurs serviteurs , fratribus liospiUdis Dongiez, ordinis Chari-
et les pauvres passants que Gui de Join- : tatis B. M. pro culludtvini officii et ipsorum
vil'.e, qui en é'.ail fondateur, et ses héritiers inhabitatione pietalis intuitu, sub prœdiclis
,
pourraient aussi y avoir leurs sépultures ; et censu et onerz conferimus , concedimus eîc. ,
que pour reconnaissance de ce que cet hô- Cette donation fui ratifiée trois ans après
pital étaitsoumis au sainl-siége, il serait par Jean Arrode , censive duquel cette
en la
obligé de payer tous les ans à la chambre maison était , commeparaît par une sen-
i!
de ces hôpitaux à des séculiers du tiers or- mes le Maitre, et les Frères de la Charité de
dre de Saint-François qui à sa prière firent
,
Nôtre- Dame.
les vœux de chasteté de pauvreté et d'o-
, Ce Pierre les Jumeaux, prévôt de Paris,
béissance, de leur propre autorité , et sans est le même qui, deux ans après, l'an 1304,
avoir eu permission du saint-siége. C'est ce ayant condamné un écolier de luniveisilêà
qu'ils exposèrent au pape Ciéir^ent VI, lors- être pendu, et ayant agi en cela contre les
qu'il leur donna la régie de Saint-xiugustin, privilèges de celte université, fut obligé de
et quod deinceps prœdictns miles dictum hos- s'absenter et d'aller à Avignon demamler au
pitale cum omnibus memhris et pertinentiis pape Clément V l'absolution de l'excommu-
suis eisdem magislro et fratribus viventibus nication qu'il avait encî>urue (1). Pendant
sub régula terlii ordinis B. Francisci tradidit sou absence l'ofricial, le siège épiscopal étant
ad regendum, ac etiam donuvit, qui fralres vacant, donna un mandement adressé à tous
régentes prœdictum hospitale et ejus membra les curés de Paris, par lequel il leur ordon-
tune ordinarunt inler advcquisitionem fan-
i<e, nait, sous peine de suspension et d'excom-
daluris , quinqunginta annis jam elapsis , munication, d'avancer le jour suivant, qui
quodipsi et eorum successores iaprœdicto hos- était la fêle de la Nativité de Notre-Dame,
pit(di dicto Charilas et memhris tmiversis leur office à l'heure de prime, pour se trou-
cjuadem eœistenlss votum caslilatis., pau-
, ver à l'heure de tierce à Sainl-Barthélemy,
pertatis et obedientiœ facerent et scapularia en procession avec leurs paroissiens, chaque
porlareat et sic tcdem vivendi modum procession portant sa croix et de l'eau bé-
tenuerunt auctorilate propria , et absque se- nite, et aller de là tous ensemble jeter des
dis apostoUcœ licentia. Ils élurent aussi un pierêes cor.tre la maison du prévôt, en criant :
général et un visiteur, ils gardèrent les Recède, recède, maledicle Satana, recognosce
mêmes observances que les religieux non nequiiiam luam, dans honorem sanclœ Matri
mendiants, et tinrent des chapitresgénéraux, Ecclesiœ, quam, quantum inteest, dehonestasli^
où ils appelaient, pour y présider, des reli- ac etiam in suis libertatibus vulnerasti : alio-
gieux des ordres de Saint-Dominique et de quin cum Dathan et Abiron quos terra vivas
Saint-François. L'on conserve dans les ar- absorbuit, nccipies porlionem. Ce prévôt fut
chives du couvent des Billettes un acte en encore obligé de fonder deux chapelles de
parchemin du 9 septembre l'iOO, contenant quarante livres tournois de revenu, et le roi
des règlements ou constitutions, tant pour Philippe le Bel, par ses lettres du mois de no-
les religieux que pour le gouvernement de vembre de la même année , assigna ces
l'hôpital de Boucheraumont , et il paraît par quarante livres tournois à prendre sur son
cet acte scellé du sceau du seigneur de Join- trésor.
(1) Du Boullay, Hisl. univers. Paris., tom. IV, p. 73. Du Breuil, Andii. ae Paris et Chastelain MurliiroU
Romain, tom. 1, p. 51
857 CHA CHà 83S
L'an 1314, Jean de Sève, seigneur duOef de à cause que le pape Jean XXII, ayant con-
la Brelonnerie, confirma la ralificalion de damné les Beghards comme hérétiques, qui
Jean Ârrode par ses lellres sous seing privé la plupart se disaient du tiers ordre de Sainl--
en ces termes A tous ceux qui ces présentes
: François, plusieurs personnes confondaient
Lettres verront, Jfiean de Sève Ecxiier, Sallt. injustement tous les Tierciaires Ucguliers
Sachent tous ceux que vueil, Iode et ralif(ief (
quoiiiue orthodoxes) avec ces hérétiques.
consens eC accorde pour tant comme à moi C'est pourquoi comme les religieux Hospita-
louche ou toucher pnel iadmortissement que
, liers de la Charité de Notre-Dame étaient
Jhean Arrode Boanieois de Paris a fet d'une aussi ci)nfondus avec les lîegliards, par des
place assise en la viïie de Paris en ta rue des personnes mal intentionnées qui leur repro-
Jardins, en laquelle le corps de JSôlre-Seiqueur chaient qu'il ne leur était pas permis d'ob-
futb( iiilli des Juifs, et en laqudle est édifiée server la règle du tiers ordre de Saint-
une Eglise oii hahilenl et demeurent à pré- François, puisqu'ils ne l'avaient embrassée
sent serrans Dieu les Frères de la Charité de que de leur propre autorité depuis environ
Nôue-Vame, laquelle place est es mêles du fié cinquante ans, sans en avoir eu permission
que leditBourgeois tient de moi par foi et du saint-siège, comme il est expressément
hommage fet à moi, et lequel fié est nommé le porté par la ulle de ce pape, et sic talem
i
fié de Ut Brelonnerie qui fut jadis aux Flam- Vivendi ritum tenuerunt auctorit :te propria
mens, et prometz en bonne foi, etc. fet le Lundi et absque sedis aposlolicœ licentia, ils le priè-
après le Dimanche que l'on chante LsRlàrc Jé- rent de pourvoir à leur état, lui protestant
rusalem, l'an Joli. L'on conserve aussi dans que quand ils avaient embrassé la troisième
les arcliives dos B llelles plusieurs titres, où règle de Saint-François, ils n'avaient pas
eu pariant de celle maison où la sainte hostie prétendu introduire une nouvelle secte, ni
fut outragée, il esi dil dans quelques-uns là : présumer que ce fût une nouveauté; mai»
où le S. Sacrement, dans d'autres là ou Nô- ;
que ce n'était qu'afin qu'ils pussent servir
tre-Seigneur il y en a (jualre qui di ent là
; : Dieu d'une manière plus convenable et stable,
ou Uieu fut bouilli par le Juif, et Clémence et s'acquitter aussi avec plus d'exactitude de
de Hongrie, reine de France, seconde femme leurs obligations, et servir les pauvres avec
de Louis îiutin, par son testament du o octo- plus de ililigence. Non intendentes noiam
bre 13:28, laissa au couvent où Dieu fut bouliz seclam inducere aul novitatcm prœs auere; ^d
de Paris, dix livres parisis, ut dccenlius et firmius possint Deo débile fa-
Ces reiigieux sont encore appelés de l'or- mulariy et obligabilius et diligtniius paupe-
dre de la Charité do Notre-Dame par les let- ribus deservire. Clément VI les ayant écou-
tres de revécue de Dragonaria, qui l'ont foi tés favorablement, les adressa à l'évêque de
c mme, en vertu de la commission do Foul- Chalons afin qu'il leur donnât la règle de
ques évêque de Paris, il a bénit et consacré Saint-Augustin, sous laquelle il voulut qu'ils
la ch.'!; elle du chapitre, le cloître nouvelle- vécussent à l'avenir, et qu'il leur prescrivît
jîient bâti, et trois autels dans l'église; et dans un habillement honnête, en quittant la troi-
ces lettres, qui sont de l'an 1330, le supérieur sième règle de Saint-François, et les autres
a la qualité de prieur, et l'iiôpital est appelé observances qu'ils n'avaient prises que de
couvent Jn ecclesiu religiosorum virorum
; leur pro[)re mouvement depuis près de cin-
priaris conventus hospitalis de Charitate B.
et quante ans, sans en avoir consulté le saint-
M. domus miraculorwn in vico Jardinoruni. siége.
Tous ces anciens litres prouvent iissez que Jean de Mandevilain qui était pour lors
c'est à tt»rt que les religieux Servîtes pré- évfque de Cbâlons, et à (jui celte bulle était
Icndeiil que ce monastère, (jui a été depuis adressée, voulant cxé( uter les inleniions du
appelé rsotre-Dame des Billetîes, leur a souverain pontife, donna, le 13 avril i3't7, la
appartenu; et que dès l'an 130;), c'était un règle de Saint-Augustin avec un habit noir
collège où ils envoyaient étudier leurs jeunes consistant en une robe, un scapulaire et une
gens au nombre de douze, dont il y en avait chape ,à Cuiliaume l'Oison supérieur ou
deux de chaque province, n'en ayaul pour maître, Matthieu Ménardi, Vincent de Séque-
lors que six, comme le dit Archange (îiani ville, et Pierre de Dansenet religieux de
dans ses Annales des Servîtes. Mais bien l'hôpital de la Charité de Notre-Dame sur la
loin que ce monastère ait appartenu aux rivière de Koignon, et leur donna couimis-
Servîtes aussi bien que les autres monastères sion pour donner la même règle et le même
de Tordre de la Charité de Notre-Dame, qui habillement aux autres religieux de l'ordre
est un nom que le P. (ijani prétend enci re quand ils en seraient requis, leur enjoignant
qu':ls oui pris en quittant celui des Servitos, de quiiler les anciennes observances, comme
c'e<t que ces mêmes religieux de l'ordre de il parait par l'acte qui en fut dressé par
la Charité de Notre-Dame ont suivi pen- Pierrelîertbeniénoiaireimpérial.en piésencf;
(iaiit plusieurs années la Iroisième règle de de Gui de Chaumont sous-chantre, et Jeai
Sainl-François qu'ils prirent peu de temps de Ctiudenelie, tous deux chanoines de l'i-
après leur établissement, comme nous avons glise de Châlons, Jean de Boissi, Simotj Je
déjà dit ; et comme il parait par la bulle de .Morfonîaine Guillaume de Noinlel, et plu-
,
Clément \1, du '27 jiiillet 13ij, qui leur per- sirurs autres.
met de quitter cette règle pour prendre celle Cette buile de Clément VI, du 27 juillet
de Saiiil-Augnsiin. 13î^G, et cet acte de l'évêque de Châlons du
Le sujet qui porta ces religieux à avoir 13 avril 13i7, détruisent bien les prétentions
recours au pape pour ce changement, ce fut des religieux Servîtes puisque celle bulle fut
;
859 DICTIONNAIRE DES ORDRES RELIGIEUX. m
obtenue, non-seulement à la prière du géné- étudiants, et qu'il y en nvait deux de chaque
province, ex quo nrbit: andum est duos tan-
ral et des religieux hospitaliers de l'hôpital
de la Charité sur Koignon, mais encore de tum illuc missos ex singulis provinciis
ceux de la rue des Jardins, à Paris, de Saint- ad nnmerum duodecim sludenlium (2), et
Louis de Scnlis, et des autres hôpitaux de cet dans l'an 1328 il insinue que les Servîtes
ordre Snne diieclorum fiUorum Magistri et
:
venaient à la vérité étudier à Paris, mais
qu'ils n'y avalant pas encore de maison,
fratrum Hospitalis super fluvium de Roignon
quod Cfinritas B. M. vidgnriter nuncupatur, puisque par un des règlements qui furent
faits dans le chapitre général de cet ordre,
ac de Vico Jardinorum Parisiensis et beati
Lndovici Siivanectensis, cœterorumque hospi- qui se tint la même année à Sienne, il est
talium, liospilalitalis ejusdcm dicti Charitatis porté que l'on tâchera de procurer à l'ordre
membroriim petilio conlinebat, etc. Ainsi une maison à Paris, en faveur des frères étu-
,
vents de cet ordre, y met celui de Notre-Dame quatre religieux qui y demeureraient pendant
des Billettes, qui tut, dil-il, fondé vers l'an trois ans, et auxquels tout l'ordre fournirait
1303. Consurrexit circa hœc tempora cano- des livres, des habits, et ce qui serait néces-
M. quod usque ad hanc noslram saire à la vie, et qu'enfin l'undeces religieux
bium S.
Uiem, Gallorum linjua, Nostra-Dam de Bi- qui demeurerait dans celle maison serait élu
gliet (1).
pour supérieur In civitale Pnrisiensipropter
:
Le P. Giani prétend encore que les reli- sludium fratrum nostrorum qui jam ibi tan-
gieux Servîtes en France ayant fait schisme topere proficerc cceperunt, procuretur aliqua
dans l'ordre, et s'en étant séparés, quittèrent dumus , ubi ad minus possint quatuor fratres
le nom de Servîtes pour prendre celui de la
residere per irienniuni ad studendum, el sic
Charité de Notre-Dame. C'est en parlant en- de triennio in triennium eligantur magis apti
et bonis moribus inslructi quibus providsa-
core de ce couvent des Billettes, qu'il écrit ,
qu'il n'en peut rien dire, à moins que ce tur de Biblia, de senlentiis, et aliis in victu
et vestitu necessariis a loto ordine, et unus
ne soit en rêvant, depuis que les religieux
français faisant schisme dans l'ordre, s'en
,
magis idoneus ex illis prœficiatur aliis qui ei
étaient séparés, et avaient quitté le nom de tau'juam suo Prœlato in omnibus obsdiant
Servîtes, pour prendre celui de Frères de la (3). Il y a encore d'aulrcs contradictions que
Charité, Cœterum de hoc luco, nisi (ère som- nous passons sous silence, et qui font con-
mantes quidquam referre possumus ab eo tem- naître que Giani a eu raison de dire, parlant
pore quo, schisiuate omnia dévastante, Franci- encore dans un autre endroit du collège
genœ frutres ab ordinc usque adeo recesse- qu'ils prétendent avoir eu à Paris» qu'il n'en
runt, ut etiam indigne rejecto Servorum no- pouvait rien dire à moins que ce ne fût en
mine, fiodie velint nuncupnri frutres de Cha- rêvant Cœterum de hoc loco , nisi fere
:
Serviles envoyaient-ils des religieux au cou- Dame, qui l'ont possédé, ont pris ce nom en
vent des Billettes, qui, selon Giani, leur ser- quittant l'ordre des Servîtes, puisqu'il est
vait de collège, et pourquoi faisaient-ils des certain que ces religieux ont plutôt dans
règlements pour ce collège, comme ils fi- leur origine appartenu au tiers ordre de
rent dans leurs chapitres généraux des Saint-François.
années 1308, 1328 et 1330, auxquelles an- Le P. Jean-Marie de "^'ernon religieux de
nées il n'y a point de doute que les religieux ce tiers ordre de Sainl-François , dans les
qui demeuraient aux Billettes ne fussent Annales du même ordre, dit tout le contraire
appelés les Frères de la Charité de Notre- de Giani; car il prétend que ces religieux de
Dame, qui jusqu'en l'an 13i7, avaient tou- la Charilé de Notre-Dame quittèrent le tiers
jours suivi la troisième règle de Saint-Fran- ordre de Saint-François pour prendre celui
çois, comme il paraît par la bulle de Clément des Serviles. Mais ce qui a trompé cet auteur
VI, et l'acte de l'èvêque de Châlons au lieu ;
aussi bien que les écrivains de l'ordre des
que les Serviles ont toujours suivi depuis Serviles, c'est que ces religieux de la Cha-
leur institution la règle de Saint-Augustin ? rité de Noire-Dame avaient un habillement
Quand bien même l'on ne serait pas con- à peu près semblable à celui des Servîtes,
vaincu que les Servîtes n'ont jamais -possédé car leur habillement consistait aussi en une
le couvent des Billettes, et que les religieux robe noire, un scapulaire, une chape ou-
Hospitaliers de la Charité de Notre-Dame verte, el un capuce un peu évasé par-dessus
n'ont jamais été de l'ordre des Servîtes, la chape ce qui se voit encore aux vignettes
:
comme les litres que nous avons rapportés de leurs anciens graduels, que les Carmes
ie prouvent assez, c'est que l'on ne peut pas qui occupent présentement leur maison de
ajouter ioi a Giani, qui parlant dans l'année Paris ont conservés; et comme les Serviles
1^07 du collège que les Servîtes avaient à ont eu effectivement une maisOi! à Paris, soit
Paris, dit que l'on y envoya d'abord douze en propre, soil à loyer ; el que l'on n'a plus
(1) AnnaL Servor., p. IGG, in Iract. Cœnob. (3) Annal. Oïd. Servor., cent, i, lib. vu, cap. 12.
(4) Ibid., trucU de Cœnob. add, 1. el cent.
"2.
{'!) Annal, Savor., centur., i. lié. vi, cap. G.
m CHA CHA 842
aucune connaissance du lieu où elle était - ms Churitatis A/. V. seu tertii ordints S.
siluce, non plus que de quelques autres Francisci in suburbiis Bajocensibus admi-
qu'ils ont pu avoir en France, et dont il est sit (1). Chopin parle aussi de cet ordre , et
fait aussi mention dans leurs Annale:.-, lors- dit que dans le chapitre général qui se tint
qu'ils ont voulu faire la recherche de ces l'an 1547, on y fit des statuts qui furent ré-
couvents qui avaient appartenu à leur ordre, digés par écrit par le P. Jean Chaillou l'an ,
lis se sont sans doute imaginé que ceux des 15i8. Ces statuts ont pour titres Constitu- :
Paris au nombre de cinquante, qui eu t309 , chapitres, celui qui se présentait pour être
approuvèrent la doctrine du bienheureux ; reçu dans cet ordre disait au prieur qu'il
Raymond Lulle, du nombre desquels doc- I
demandait du pain, de l'eau, l'amour de
teurs étaient le P. Clément, prieur des Servî- Dieu et la fraiernité de cet ordre et après ;
tes de Paris, et un frère Amase du même l'année de probalion il prononçait trois lois
lieu, Frater Cleir.cns, prior Sercoriim sanctce ses vœux en ces termes Moi', F. N., fais:
Mariœ Parisiensis^ F. Amasius ejusdem hci, profession dans l'ordre des Frères de la Cha-
lequel ac(e se trouve dans le Recueil de rité de Notre-Dame, sur la rivière de Roignon,
toutes les procédures qtii ont été faites pour diocèse de Châlons , sous la règle de saint
J'ustifler la doctrine et la sainteté du bien- • Augustin , et promets à Dieu à la bienheu" ,
leureux Raymon'l Lulle, imprimé à Paris reusc Vierge, à saint Augustin, à tous les
en 1676, sous le litre de SenCentia defini- saints et au maître général de cet ordre, au
liva in favorem pietntis et doctrinœ Raij- prieur de cctle maison et à le-urs succès, curs,
mundi Luilii. Mais le P. du Breuil n'a point de vivre selon la règle de saint Augustin
,
fait mention de ce couvent de Serviles dans leur obéissance , en chasteté et sans pri pre ,
ses Antiquités de Paris; et ce couvent de- et de garder leurs statuts jusqu'à la mort. Si
vait être différent sans doute de celui des M. Hermani (2;, curé de Maltot , avait lu la
Hospitaliers de la Charité de Notre-Dame, bulle de Clément VI qu'il cite, il n'aurait pas
puisque ce frère Clément dont nous venons «iit que Gui de Join ville, en fondant l'hôpital
de parler prenait le litre de prieur des Ser- de Boucheraumont , y mit un prieur et des
vîtes de Notre-Dame de Paris, et que le cou- chanoines réguliers, ni que Clément VI, en
vent des Hospitaliers était sous le titre du îipprouvant la règle de ces Hospitaliers de la
Saint-Sacrement. Il est vrai qu'il y a eu une Charité de Notre-Dame changea leur habit
,
espèce d'association entre ces Hospitaliers et gris en noir, à la façon des Servites ou ser-
les Servîtes, commeil paraît par l'approbation viteurs de la Vierge dont ils professaient
,
de Sens, et un autre à Bayeux , qui leur fut Loges, qui appartenait aussi aux frères de la
donné par Pierre de Lévis, de la maison de Charité de Notre-Dame.
Mirepoix et de Marlî , qui, après avoir été 'L'an 1652, le frère Alexis Langan, reli-
pourvu de Tévéché de Cambrai, fut transféré gieux de cet ordre, profès depuis trente ans,
à celui de Bayeux l'an 132i, sous le ponti-
, et le seul qui restait pour lors, voulut intro-
ficat de Jean XXII. MM. de Sainte-Marthe, duire dans le prieuré de Saint-Louis de Bou-
parlant de cet évêque, font mention de cette cheraumont chef de cet ordre, les religieux
,
fondation , et disent qu'il établit les Frères du tiers ordre de Saint-François , comm«
de la Charité de Notre-Dame ou du tiers il y en avait eu dans le commencement de sa
ordre de Saint-François , dans un des fau- fondation ; car ce Père Alexis Langan, par
bourgs de la ville de Bayeux , Fratres ordi- un acte passé par-devant Boïart, notaire à
(1) Gall. Christ., loin. II!. p. 5iO. (2) Hermant, Hist. des ord. rclig., tom. II, p. 214,
Dictionnaire des Ordres religieux. I. 27
,
de l'apparence que les religieux de la Gharilé dans la réforme qui fut faite de ce Bréviaire
de Notre-Dame, comme religieux du tiers par ordre du pape Urbain VIII, donna lieu à
ordre de Saint François donnèrent le nom
, plusieurs savants du dernier siècle de mettre
de Saint-Louis à leur premier hôpital lors- , au jour quelques écrits,, les uns pour soutenir
que saint Louis fut canonisé par ie pape Bo- la vérité de cette histoire, et les autres pour
niface VIII. Nous avons dit ci-devant quel la combattre. Le preinier qui en prit la dé-
était leur liabilleueni. fense fut le P.Théophile Raynaud, de la com-
Du Breuil, Antiquités de Paris, pag. 977. pagnie de Jésus, dans une préface qu'il ap-
Les mêmes, par Malingre, liv. m, pag. G2o. pelle le premier mur contre les esprits forts,
Chopin, dts Religieux et Monast., liv. i, et qui se trouve à la télé desa dissertation
litr. 11, n. 6. Archang. Giani, Annal. Servor. sur saint Jean Benoît, que les Avignonais
B. V. Joan. Mar. Veinon, Annal. 3 ord. S. croient avoir été envoyé de Dieu à l'âge de
Francisci Constitutiones FF. Charitutis B.
; douze ans pour bâtir leur pont. Comme
M. V.^el Mémoires manuscrits, communiqués Théophile Raynaud était un peu satirique,
par le R. Père Léonard, Carme du couvent et que M. de Launoy se trouvait maltraité
des Bill et tes. dans cette préface, où ce Père vengeait quel-
CHARITÉ DE PAIOLO. Voyez Gonsort. ques histoires qu'il avait combattues, celui-
CHARITÉ DE SALNT-HIPPOLYTE. Voyez ci donna en 1646 une dissertation sous le
HiPPCLYTE (Saint). Jilre de Defema Breviarii romani correction
CHARTREUSES (Religieuses). Voyez çirca Itistoriam tancii Briinonis, seu de vera
Chartreux, § lit. causa recessus sancli Brunonis in eremum,
dans laquelle, pour détruire l'histoire de ce
CHARTREUX (Ordre des).
docteur ressuscité , et montrer en même
§ I". — Origine etprogrès de l'ordre des Char- temps le sujet de la conversion de saint
treux , avec la Vie de saint Bruno , fonda- Bruno, il se sert d'une lettre que ce saint
teur de cet ordre. fondateur écrivit de Calabre à Raoul, pré-
Personne ne révoque en doute que saint vôt de Reims, dans laquelle, pour l'exhorter
Bruna, accompagné de six de ses amis qui à l'imiter dans sa retraite, il le fait souvenir
à son imitation, avaient résolu de vivre dans de la conversaLou qu'ils eurent ensemble
la solitude, nait clé trouver saint Hugues, avec Fulcius dans le jardin d un nommé
,
évêque de Grenoble, et que ce prélat ne leur Adam, où, s'entretenanl des faux plaisirs du
ait accordé le désert de la Cliartreuse, situé siècle et des délices de la vie éternelle, ils se
dans son diocèse, où il jeta, Fan 1086, les promirent et même
firent vœu de quitter le
fondements de son ordre (2) , et où il mena monde et de prendre l'habit religieux, ne lui
avec ses compagnons cette vie pénitente et parlant nullement de ce spectacle, dont, selon
austère qui a été pratiquée jusqu'à présent M. de Launoy, il n'aurait pas manqué de lui
par ses disciples avec tant de zèle et de fer- parler pour 1 exciter plus efficacement à
veur, qu'ils n'ont voulu recevoi." aucune dis- abandonner le monde, si citte histoire avait
pense ni mitigation; mais les écrivains ne sont été véritable et qu'elle eût été la cause de sa
point d'accord sur le sujet de la retraite de ce retraite. Il s'appuie outre cela sur ce que
saint. S'il faut en croire l'ancienne tradition Guigues , cinquième pr eur de la grande
de l'ordre, ce qui le détermina à embrasser la Chartreuse n'en a point parlé lorsqu'il a
vie solitaire, fut iin événement singulier, marqué les commencements de son ordre
arrivé en sa présence, à l'enterrement d'un dans la Vie de saint Hugues qu'il a composée,
(l) Aux Archives du couven. ae Yaucouleurs des '2* Yoy., à la fin du vol., n"» 2i2 et 215.
Pères du 5^ ord. de S.-François.
,
que des psaumes, sans ajouter aucune leçon suffît pas pour déruire le sentiment de ceux
de l'Ecriture sainte. qui en combattent la vérité: d'ailleurs tous
Le P. Colomhi, aussi de la compagnie de ses raisonnements ne sont appuyés que sur
Jésus, répondit à cette dissertation par une des suppositions; car, après s'être efforcé de
autre qui a pour litre : Dissertatio de Car- désrihuser ceux qui croient que l'abstinence
thusianorum initiis, seu quod Bruno adactus de viande, même dans les maladies et les au-
fiterit in eremum vocibus /lominis reditivi tres austérités des Cliarlreux, abrègent leurs
Parisiis, qui se accusatiwi, judicalum et dam- jours, en prouvant le contraire par l'expé-
natum eœclamabat. 11 y rapporte le lémoigna- rience de plusieurs vieillards décrépits, qui
ge de quelques historiens qui ont pjirlé de vivent quatre-vingts ans et quatre-vingt-dix
cette merveille avant l'an 14-00, principale- ans, dont ils en ont passé souvent plus de
mont de l'auteur qui a écrit en UoO une rela- soixante en religion, dans une parfaite obser-
tion du commencement des Chartreux; dun vance, il en tire des conséquences qu'il est
religieux du même ordre de la Chartreuse très-possible que cette tradition soit venue
de Meyria, en Bugei, dans une char».> de descompagnonsde saint Bruno jusqu'à nous,
Tan 1293; de Guillaume d'iirbura ou Ypo- faisant pour cet effet plusieurs suppositions
régia, qui écrivit en 1313, lib. de Oriqine et que je passe sous silence comme aussi en-
,
Yeritate perfe lœreligionis; de l'auteur de la nuyeus.'s qu'inutiles, me contentant de rap-
Chronique des prieurs de la Chartreuse, qui porter la suivante à laquelle toutes les au-
a fleuri depuis 1383 jusqu'en l'an 1391 ; et tres se rapportent. Supposé, dit-il, qu'il
y ait
enfin Je Henri de Kalkar, qui composa en eu des compagnons de saint Bruno qui aient
1398 un Traité de l'origine des Chartreux. vécu trente ;ins depuis leur arrivée au dé-
Le P. Innocent Masson, général de cet sert de Chartreuse , et qu'ils en aient reçu
ordre, qui en avait commencé les annaks quelqu'un qui ait vécu soixante-dix ans
dont il donna le priuiier volume l'an 1687, dans l'ordre , voilà déjà près de cent ans
sous le litre d'Annales ordinis Carthusiensis^ écoulés jusqu'en l'an 1184 auquel si l'on
, ,
«I «lue l'on changea, l'an 1703, en celui
de ajoute l'âge de quatre vieillards de soixante-
Disciplina seu slaluta et constitutiones ordi- dix ans chacun de religion qui se soient suc-
nis Carihusiensis, reconnaît que cette his- cédé les uns aux autres qui font ensemble
,
toire du docteur ressuscité est l'ancienne deux cent quatre-vingts ans, l'on se trouve
Iradition, à l'exception de quelques circon- en l'an ik~k qui est le temps auquel vivait
,
stances qu'il fiul en retrancher, comnie, doin François du Puy docteur célèbre et
,
par exemple, celle du lieu où arriva cette personnage d'une grande érudition qui ,
histoire, qui, selon un récit qui se trouve à étaut général de l'ordre fit imprimer, en
,
la têtedes anciens statuts, fut dans la mai- 1510 les anciens statuts , à la léte desquels
,
son du défunt, et non pas dans l'églis^^, se trouve l'histoire de ce docteur ressuscité^
«ommo le dit la tradition or iiuaire Paralis
: avec une estampe qui représente ce prodige;
autem et ordinatis omnibus, funus ad sepe- d'où il conclut que si elle avait été une fa-
liendum dpporiatur. Tune subito defunctus ble un homme aussi éclairé que dom Fran-
,
in fam tertio altissimo et molestissimo cla- çois du Puy n'aurait pas permis qu'on l'eiit
more personuit dicens, etc., d'où ce Père con- faitgraver, et qu'il n'est pas croyable qu'elle
clut que toutes les objections que l'on fait ait étéinventée à plaisir par des personnes
pour en combattre la vérité tombent d'elles- d'une aussi grande piété que les premiers
mêmes, puisqu'on disant que ce prodige ar- Chartreux.
tu DICTIONNAIRE DES ORDRES RELIGIEUX. 843
Celle supposition, et les autres que j'ai Quant à Ciuibert, abbé de Nngont, proche
omises , par lesquelles il nous fait reinonler Coucy en Lannois,que M. de L lunoy regarde
de ce siècle jusqu'au temps de l'impression comme le plus amien des auteurs qui ont
de ces anciens slaïuls, qui fut comme nous , tn uvé et écrit le vrai sujet di> la re'.raile de
vouons de le dire, en IblO, el de cette même saint Bruno, qu'il ijt!ribu(> à l'état déjlorable
année jusqu'au temps de saint Kruno et de où se trouva ITglise de U< ims sous Manas-
ses cumpagnons font bien voir qu'il ne se-
,
sés l"",qtîi, aprôs la mon de l'arclievêque
rait pas imj oss.ble que la connaissance de Gervais, s'était iniras sur le si ge épi-co^>al
cette histoire lût venue jusqu'à nous ; mais par dt s voies simouiaques el y v vail d'une
,
elle n'en prouve pas la veriié, qui est ce que manière si peu conforme à son étal et à sa
le P. Masson a intention de faire , quoique , dignité, qu'ayant éié fra!)pé d'anathème par
sans en prendre les moyens , il donne au Hugues de Di ', archevêque de Lyon et lé^^àl
contraire tout sujet d'en douter par la con- du saint-siése,il fut déposé el chassé de sou
Uadiction qui se trouve entre le temps où il Eglise par le clergé et la noblesse de Reims
fixe l'arrivée de saint liiuiio dans le désert en 1079, ce sentiment paraît sonlïiir encore
de Ch;arlreu>e, qui fut , selon lui, en 10815 : beaucoup de difficultés, puisque s'il est vrai
Ointiino con-lal... ad Carifiusiam vfinisseanno que saint Bruno sortit de Reims la même an-
1086, et entre celui où il est tixédans le ré- née il est aussi très-certain qu'il ne se re-
,
cit qui '"sl à la léte des anciens statuts dont tira dans le désert de la Chartreuse q:ie l'an
nous avons parlé, qui fut en iOS2:Cnm Pa- 1(J86, ce qui tioiinc sujei de ne point ajouter
risiis circa annum Dominicœ incarnationis foi à cet aul<^ur, im'siiue les six ou sept ans.
nin'lesitnuni octogesiinum secundum.-. quidam d'intervalle qui se trouvent enue la sortie do
doct r,.. ultima praventas infinnitate dtein ce saint de la ville de Reims el sa retraite
clausit ulumum : û'où l'on peui faire ce rai- daîis le désert sont un (irand préjugé que
sonnement que saint Hruno et ses compa-
,
les désorilres de Mana<sès n'en furent pas la
gnons s'étant retirés en 108j,et ce chanoine cause , étant probable que si ces mêmes
étant mort en 1U82, il n'est pas probable (lue désordres en avaient été le sujet, il ne l'au-
ce speciacle ail été la cause de la retraite de ra. t pont dilTérée jusqu'en 1C8G. Aussi l'abbé
ces saints sol.taires, puisque, selon ce même Guibert ,
pour autoriser son sentiment, mi t
réeil, il n'y eut point ou peu d'interviilie en- celte rcira.le immédiatement après sa sortie
tre elles c'esl-à-ilire , entre cite retraite et
, de Reims ; niais c'est justeiueut en ela qu'il «
dum divinum evadere passent judicium au- , aux religieux de son ordre, dont voilà l'iiis-
dierunt : Ecce elongavi fugiens, et mnnsi in toire , sans m'altacher à aucun des senti-
soiitudine.Unanimiter igitur amure soUtudi- ments que je viens de rapporter, n'étant pas
nis accen^i, adieruni S. Hugonem Gratiano- appuyés sur des autorkés assez solides
pohtunœ Ecclesiœ anti^titem, precantes nt in pour prouver le véritable sujet de sa retraite
cjus diœcesi quœ midtis desertis montihus
, el de ses compagnons.
abundabat , congruiim suo proposito loctnn Ce saint uaquil à Cologne, peu après le mi-
concederet, etc. Ainsi le P. Masson, eu ad- lieu du onzième siècle de parents illustres
,
meltant la retraite de saint Bruno en 1086 , par leur noblesse mais encore plus recom-
,
donne lieu de croire lui-même que ce ne peut mandables par leur p. été. Dès son enfance
pas être cet éveneu)ent, arrivé en 1082, qui il ne fil rien paraître de puéril. Ou le vil
en est la cause puisqu'il y aurait eu quatre
,
toujours élevé au-dessus des faiblesses ordi-
ans d'intervalle , ce qui est contraire à ce naires aux pers Munes de son âge; el l'on dé-
que nous venons de citer de ce récit sur l'au- couvrait dès lors en lui tant de prudence et
lorilé duquel il se fonde d'où l'on peu; con- : de modestie , qu'il était aisé do juger que le
clure qu'étant faux que ce même événement Seigneur l'avait prévenu de ses grâces et de
ail été le sujet de !a retraite do ce saint et de toutes les qualités nécessaires à l'étal au-
ses compagnons l'on a fort sujet de dailer
, quel il le destinait. Les sentiments sont par-
de la vériié du
puisqu'il n'a jamais été
fait, tages sur le licn où il fil .«-es premières étu-
altiibué qu'à ces saints solitaires, et qu'il ne des de gTarumaire. Les uns disent que ca
se trouve point autre part que dans i'iiis- fut à Laon d'autres dajis l'abLaye du Lee,
,
.toire que quelques écrivains oui faite de sa viq. en Normandie. U y en a qui prétcudcnl qu'il
S49 ClIA CHA 85iJ
fut ensuite envoyé à Paris pour se perrec- Chartreuse, et sept étoiles qui s'élevaient de
liorner dans l'université de cette ville, où il terre, et qui, étant disposées en rond, mar-
parut avec dislinclion, y ayant même ensei- chaient devant lui jusqu'à ce lieu, comme
gné la philosophie; ei il y on a d'autres qui pour lui en frayer le chemin. 11 n'eut pas
croient qu'il apprit cttlc science sous le fa- plutôt entendu Bruno et ses compagnons
m'ux fcérci'ger, chanoine de Saint-Martin s'expliquer sur leur dessein, qu'il leur ap-
de Tours. Ouoi qu'il en soil il s'appliqua
, piiijua sa vision, et ne doutant point qu'il»
aussi à la thé'>lo;îii*,el liî uneéluilo particu- ne fussent les sept étoiles mystérieuses qui
lière des saints Fèros et des saints canons. s'étaient avancées vers le temple bâti de la
Ayant été rappelé à (À^logne par son évo- niain de Dieu dans le désert de Chartreuse,
que, saint Aiinon, il fut pourvu par ce pré- il les embrassa avec beaucoup de tendresse,
lat d'un canonicat dans l'église de Saint- ne pouvant assez louer leur généreuse entre-
Cunil>ert et il reçut dans celte ville les
, prise ;il leur assigna ce désert pour re-
premiers degrés de l'ordination. Quelque traite, et leur promit de leur donner tous
lenips après, saint Ainiou étant mort, il fut les secours dont ils auraient besoin pour s'y
fait chanoine de l'Ki^lisc do Reims et on , 1 établir; mais afin qu'ils se précaulionnassent
cro qu'il en lut aussi théologal ou ocolàlre,
l conire les diincultcs qu'ils y trouveraient,,
pour présider à !'in>truc;ion des clercs. Dé- et qu'ils n'entreprissent pas l'exécuiion de
g(?ù!é enlin par ses sér euses et fréquentes ce grand dessein sans y avoir fait toutes les
réflexions des faux plaisirs du monde, e! pé- reilciions nécessaires, il leur représenta en
iié ré de la vérilo des hiens solides de l'éter- même temps l'horreur de celte solitude, qui
nité, il renonça à son bénéfice, à ses con- était tout hérissée de pointes de rochers
naissances et à tout ce qui l'aurait pu atta- qui, s'éle vaut jusqu'au milieu de l'air, étaient
cher dans le siècle, et résolut de vivrf- dans presque toute lannée couverts de neiges et
la solitude. 11 porta six de ses amis à le de brouillards qui les rendaient inhabitables.
suivre c'étaient Lan*!win qui fut ai)rès lui
: , Ce lécil ne les rebuta point au contraire,
;
prieur de la grande Chartreuse; Etienne du il parut sur leur visage une joie qui téinoi-
liourg et Kticnnc de Die, tous deux ha- ( gnail leur satisfaction d'avoir trouvé un lieu
noines de Saint-Iluf en Dauphiné un prêtre ; si propre et si convenable au désir qu'ils
déjà avatué en âge, nommé Hugues qu'ils avaient d'être entièrement séparés du com-
appelaient le Chapelain, à cause qu'il était le merce des hommes. Saint Hugues, charmé
seul prêtre qu'il y oût parmi eux. et deux de la constance de ces sain's solitaires, les
laïques, André et tiuérin. Comme ils délibé- retint quelques jours dans son palais épisco-
raient du lieu où ils devaient se retrcr, saint pal, d'où, comme on était pour lors dans le
lîruno leur représenta qu'il ne leur suffirait temps des chaleurs qui avaient fait fondre
pas de trouver un désert pour les recevoir, les neiges et rendu les abords de la (Char-
s'ils n'avaient en même temps quelque treuse plus accessibles, ils partirent, ac-
homme éclasré et de sainte vie pour leur compagnés de ce saint prélat, qui voulut les
servir de guide. Sur cela, les deux cha- y conduire lui-méjne, et les mil eu posses-
noines de Saint-Ruf dirent qu'ils connais- sion de tout ce qui lui appartenait dans ce
saient dans leur pays un saint évêque dont désert, où peu de temps après Seguin, abbé
les soins ne tendaient qu'à sauver tout le de la Chaise-Dieu leur fit don aussi de ce
,
monde par la pénitence, et qu'il avait dans qui dépendait de son abbaye dans le même
son diocèse beaucoup de bois, de rochers et lieu.
de déserts inaccessibles aux hommos, l'as- Bruno et ses compagnons y bâtirent aussi-
surant qu'il ne manquerait pas de favoriser tôt un oratoire et des cellules fort basses et
leur dessein. Ce prélat était saint Hugues , fort pauvres, à une dislance médiocre l'une
évêque de Grenoble, qui depuis trois ans de l'autre, comme
les anciennes laures de la
avait repris les fonctions épiscopalos, qu'il Palestine.Us se logèrent d'abord deux à
avait quittées en 1082 pour se retirer dans deux dans chaque cellule comme ils ,
l'abbaye de la Chaise-Dieu, où il avait pris croyaient qu'en avaient usé les anciens so-
l'habit religieux, et où il a\ait mené une vie litaires de l'Egypte. Tels furent le> commen-
très-austère pendant près d'un an, jusqu'à cements de Tordre des Chartreux, qui a pris
ce que le pape Grégoire \\ï lui commanda son nom de cette solitude de Chartreuse et ,
noble, par ordre Je Grégoire Vil, pour y re- comme ils l'avaient déjà fait dans son dio-
prendre le gouVérnemenl de son Eglise, cèse.
lorsque saint Bruno el ses compagnons l'al- SaintBruno fut reçu ou pape avec tous
lèrent trouver. Or il est certain que saint les témoignages d'estime et d'aiîectinn ima-
Hugues fut élu évêque de Grenoble l'an ginables. Il fut retenu auprès de sa personne
1080, et que deux ans après il quilti l'épis- et .'idmis dans le conseil ecclésiasliiiue, pour
copal pour <e retirer eu l'abbaye de la être consulté sur les affaires de la religion
Chaise-Dieu, où il demeura près d'un an : et de la conscience. Ses conipagnons eurent
ainsi, étani retourné à son Eglis*' l'an lu83, aussi un logement dans la ville, où ils tâ-
et saint Eruno et ses coinp ignons l'ayant été chèrent de pratiquer les mêmes exercices
trouver trois ans après sun retour, c'était que dans la Chartreuse ; mais ils sentirent
donc en 108G, el non pas en 108+. bientôt la différence de la ville de Home et
du désert qu'ils avaient quitté. Ils n'y trou-
Il est difflcile d'exprimer la vie admirable vèrent point la farililé de s'occuper à ces
que ces saints solitaires mersèrent d'abord saintes méditations, à ces pieuses lectures,
dans leur soMuiie. Ils s'engagèrent à un à celte douce psalmodie et à ces oraisons
silence perpétuel. Toute leur conversation ferventes qui faisaient toutes leurs délices.
n'était qu'avec Dieu. Ils employaient une Ils ne purent introduire chez eux ce silence
grande partie du temps à chanter ses louan- qui rognait dans leurs rochers et qui leur
ges. 11 semblait qu'ils n'eussent plus de était si nécessaire ce n'étaient au contraire
:
corps que pour le tourmenter et l'accabler que troubles et dislractions, que les visites
d'austérités. Le travail des mains succédait trop fiéquenles leur causaient. Ce change-
à la prière ; celui auquel ils s'occupaient le ment leur tirait à tous les larmes des yeux
plus volontiers était à transcrire des livres el les faisait soupirer après cette soIHude
de piété pour gagner de quoi subsister sans qu'ils avaient quittée. Saint Bruno souhai-
être à charge à personne. Saint Bruno, tait avec ardeur de les y remener, mais
comme celui qui leur avait inspiré le désir n'ayant pu obtenir la permission dé sortir
de la solitude, était regardé comme le supé- de Rome, il obtint au moins que ses six
rieur. Outre qu'il av.iil pitis détude et de compagnons retournassent à la Chartreuse.
doctrine que les autres, il les surpassait en- Il leur nomma Landwin pour être leur prieur
core par ses vertus c'est pourquoi saiiit
;
en sa place, et écrivit en leur faveur à l'abbé
Hugues, qui l'avait reçu comme son enfant, de la Chaise-Dieu, qui, en exécution d'un
le prit ensuite pour son directeur et son bref qu'il reçut du pape, les remit en pos-
père spirituel ce qui faisait que, sans avoir
;
session de leur première demeure, en pré-
égard à la difflcullé des chemins, il se trans- sence de saint Hugues, évêque de Grenoble,
portait souvent de Grenoble à la Chartreuse, et de Hugues, archevêque de Lyon, légat du
pour jouir de la conversation de notre saint saint-siége.
et profiter de son exemple. Quoique saint Bruno fût demeuré à Rome,
Pendant que saint Bruno ne songeait qu'à il n'abaridonna pas pour cela ses disciples,
goûter les célestes douceurs dont son âme leur écrivant très-souvent pour leur donner
était remplie dans un si saint lieu, le pape de salutaires avis, et les instruire de toutes
Urbain 11 lui ordonna de venir le trouver à les pratiques de la vie solitaire il répondait ;
Rome. Ce pontife avait été son disciple, et le à toutes leurs difficultés et les consolait dans
souvenir qu'il avait de son rare uiérite, joint leurs peines, les animant à li persévérance
à ce qu'il avait appris des merveilles qui se et à la vigilante contre les attaques des en-
pratiquaient dans la sclilude de Chartreuse, nemis de leur salut. Quoique ces charitables
le porta à vouloir lui donner des marques avis eussent loul le succès possible sur
de sa reconnaissance el se servir encore de leurs cœurs, ils se virent néanmoins sur le
ses lumières. Il n'y avait pas six ans que point de succomber à une tentation que le
saint Bruno s'était renl^ermé dans ce dé- démon, jaloux de leur avancement spirituel,
sert avec ses compagnons lorsqu'il reçut
, leur suscita, se servant pour cet effet de cer-
ce bref qui l'obligeait d'en sortir l'affliction
: taines gens qui, ne voyant qu'avec peine et
que ses disciples reçurent d'un tel comman- avec envie la sainteté el la bonne odeur de
dement ne se peut exprimer. Le saint eut cet ordre nassant, firent leur possible pour
beau les consoler et leur promettre qu'il re- leur persuader qu'ils n'étaient nullement
viendrait au plus tôt les rejoindre, ils pro- dans la voie de Dieu, et qu'il y avait de la
testèrent tous qu'ils ne se sépareraient ja- témérité à sortir comme ils faisaient des rè-
mais de sa personne, et qu'il fallait néces- gles communes de la vie religieuse, pour s'é-
sairement ou qnil demeurât à l;i Chartreuse, lever au-dessus des forces de la nature, en
ou qu'ils le suivissent à Rome. Saint Bruno, menaiit une vie qui ruinait leur santé et
voyant leur résolution, consentit qu'ils l'ac- abrégeait leurs jours par des austérités in-
compagnassent, et pria avant son départ discrètes leur représentant l'horreur de
;
Séguin, abbé de la Chaise-Dieu, d'avoir soin leur solitude, la longueur de leurs jeûnes,
de son ermitage et de le lui conserver pour l'éloignement où ils étaient de tous secours
son retour. Saint Hvgues bénit ces saints humains, el beaucoup d'autres choses qui
voyageurs, et quoiqu'il fût viven ent touché leur donnèrent beaucoup d'inquiétude; mais
de leur dép/irt, il se consola néanmoins par Dieu leur rendit le calme, et les fortifia dans
l'espéranco qu'il avait qu'ils répandraient leurs saintes résolutions par une vision cé-
jparlout la bonne odeur de Jésus-Christ, leste qui, en leur faisant connaître la malice
,
Celle de Cologne en eut aussi une portion, étant mort, on le mit en sa place, qu'il oc-
aussi bien que celie de Paris. Le pape Gré- cupa si dignement, qu'on peut le regarder
goire XV éiendil la télé de ce saint au delà comme le second fondateur de l'ordre, tant
de l'ordre des Chartreux il fit insérer
;
à cause de la sagesse de son gouvernement
son office dans le Bréviaire romain sous le que de la solidité des lois qu'il y établit.
rit semi-dou le. Clément X ordonna qu'il il y avait déjà environ quarante-quatre ou
serait double. L'histoire du docteur res- quaranle-cinq ans que l'ordre était com-
suscité, auquel on avait donné le noai de mencé lorsque ce général écrivit ces con-
Raimond Diocres en lut , retranchée par Ur- stitutions sous le nom de Coutume de la
bain Vill, comme nous l'avons dit plus haut. grande Chartreuse, pour les rendre commu-
Innocent Masson Annal, ord. Cartlnts.;
,
nes aux ai 1res maisons de l'ordre, afin que
Carol. Joseph, Morstio. Tlicat. cftronulog, les observances fussent uniformes, déclarant
ord. Carthus.; Petr. Orland, Chron. Carthus.; en même temps qu'il ne le faisait que pour
Camil. Tutin., Prospectus hist. ord. Carthus. obéir à saint Hugues, évêque de Grenoble,
et Chronicon monci'iterii Sancti Stephnni in qui l'en avait soliicilé, et pour satisfaire
nemore; Jacques Corbin, Histoire sacrée de aussi les prieurs des maisons des Portes, de
Vordre des Chartreux; Ju.m de Madariaga, Sainl-Sulpice el de Meirac qui l'en avaient
Vida de san Bruno, opéra ejusd. sancti; prié. Selon ces anciennes coutumes, le rit et
Laurent. Surius, Vit. SS., tom. VI; Baillet les cérémonies de l'ofiice divin étaient les
et Giry, Vies des saints, 6 octobre. mêmes qui sont encore en usage dans cet
ordre, à la réserve du chant, qui était pour
§ IL Continuation de l'histoire de l'ordre
lors différent. Les veilles sont présentement
des Chartreux.
plus austères qu'elles n'étaient dans ce
ne parait pas que l'ordre des Chartreux
Il temps-là; car, tant l'hiver que l'été, ils
de grands progrès dans ses commen-
ait fait n'interrompaient pas leur sommeil pour dire
cements, puisqu'il n'y eut que la grande matines; comme les nuits sont plus courtes
Charireuse en Dauphiné, et celle de Saint- en été, leur olfice était aussi plus court et
Etienne en Calabre, qui furent fondées du ils dormaient moins aussi; mais il leur était
\ivanl de saint Bruno; et que sous le géné- permis de reprendre entre sexle el nonc ce
ralat du bienheureux Guignes , qui mourut qu'ils avaient perdu du sommeil de la nuit.
en 1137, il n'y avait encore que les trois Tous les jours de chapitre, c'est-à-dire les
chartreuses, des Portes, de Saini-Sulpice et fêtes solennelles, ils s'entretenaient ensem-
de Mériac, que dom Innocent Masson recon- ble après none, et ils avaient permission de
naît dans ses Annales pour les plus ancien- parler au cuisinier, lequel tenait lieu d'éco-
nes maisons de l'ordre qui subsistaient avec nome el de sous-procureur. En considéra-
celle de la grande Chartreuse , celle de Saint- tion des hôtes religieux, on leur accordait
Etienne de Calabre ayant déjà été enlevée un colloque avec les mêmes hôles el le ,
parler; n.ais ils gardaient le silence quand ciioses, rendait visite aux hô^es, recevait leS
il veii.iit qui Ique iiersunnt' de dehors. On relgieux étrangers, d rump.iil le jeûne de
Jis jj uvail (Mivo.ycr pour cause de nial;idie à reliiiion avec eux à cause de l'hospiia ilé. 'ke
Ja mais. in d'en bas; car il y avait pour lors procureur tenait sa place el élail son vieaire
dans toutes les aneiennes cliarirous s doux dans la maison d'en bas. Le prieur y allait
nui. sons, l'une en haut, où douicuraicnt les passer une semaine a|»rès avoir demeure
moines, el l'auire en bas, où demeurjicnt qua re autres semaines avec les moines de la
le- convers ce qui se voil enc ore a la grande
: maison d'en haut, el il ne lui élail pas pernsis
Cliarlreuso, où la correrie cs' la n.aison U'on de sortir des termes de la cj.a- Ircuse; les re-
bas. 'i'oules lis veilles des ièles ils s'assern- ligieux de cet ordre entemiaient par lé mot
1) aiont au colloque sous le cioître pour les de termes les limites des ierre.s qu'ils possé-
recordalioiis , c'eal-à-dire pour lire el repé- daient dans cha(|ue maison, qui, par une or-
ter les leçons que l'on devait dire à nialincs donnance qui lut f.ite au conimencement de
à l'éj^lise le doilre où ils s'assenihl ient el
: l'ordre, devaient être en irlle quantité, que
tenaient le col oque n'était pas le grand cloî- ces mêmes religieux, ne fussent j)as obligés
tre où sont les cellules mais le petit cloitre
, de sortir pour ch rcher ce qui leur aurait
que l'on voit d;ins presque taules les char- élé nécessaire pour la vie. De ces termes il
treuses à côté de l'église, dont le côié où il y yen avait de deux sortes, les uns qu'on ap-
a des bancs élail appelé colloque, parce qu'ils pelait les termes des moines, les autres Ui
étaient destinés our y parler.
|
terhics dis possessions : les termes des moines
Aux fêles de chapitre et en quelques au- étaient compris dans un espace qu'on leur
tres, ils naangeaient ensemble au rétectoire, désignait pour se récréer el promener en-
tant le malin que le soir. Ils observaient la semble, soit en présence du prieur ou en son
lucme chose le jour de la mort d'un reli- absence. Celle promenade a retenu le nom de
gieux, el n'étaient pas obligés de demeurer spatiament, du mol latin spatiari, qui signifia
ce jour-là dans leurs cellules, aGn de se con- promener : les termes des possessions étaient
soler ensemble de la perle de leur frère. 11 y ceux qui comprenaient le reste de leurs
avait certains jours auxquels ils faisaient terres. Non-seulement le prieur de la grande
eux-jnéuies leur cuisine dans leurs cellules. Chartreuse ne pouvait pas sortir des termes
Ou leur donnait pour cela des provisions, et de sa maison, comme il ne lui est pas en-
quand elles etaienl finies, ils en demandaient core permis aujourd'hui, mais les autres
d'autres. Ils recevaient au^si, à certains prieurs ne pouvaient pas non plus sortir des
jours, des mains du cuisinier, le pain, le vin termes des leurs.
el les itances d'œufs, de poisson et de fro-
} Quant aux frères convers, le procoreur
mage; ils buvaieiit du vin a tous leurs repas, récitait en leur présence l'office divin qu'ils
excepé aux jours d'abstinence; mais ils ne devaient écouter avec beaucoup d'atlenlion
pouvaient rien réserver de leurs pilances en s'inclinanl et faisant les mênies cérémo-
pour un autre repas; c'est pourquoi chaque nies qu'il faisait. Aux veilles des fêles so-
jour ils rendaient ce qu'ils n'avaient pu man- lennelles que l'on appelait lêles de chapi-
ger, excepté ce qui leur restait de pain et de tre, la moitié de ces convers allait à l'église
vin qu'ils ne rendaient que le samedi trois
; d'en haut pour y entendre matines el les au-
fois la semaine il leur était libre de faire ab- tres offices, el après que les moines avaient
stinence au pain, à l'eau el au sel, pourvu tenu le chaptre, assistaient à l'exhorta-
ils
qu'ils en eussent permission du prieur. La tion que faisait le prieur ou un religieux
même abstinence leur élal aussi permise de qu'il en avait charge, et ils demeuraient à la
la même manière aux veilles des huit fêles maison d'en haut jusqu'à vêpres, qu'ils al-
principales, savoir de tous les Sains, de laient entendre dans la chapelle de la mai-
Noël, de Pâques, de l'Ascension, de la i-enle- son d'en bas. Ln 1 absence du procureur ils
côle, de sainl Jean-Baptiste, de saint Pierre disaient eux-mêmes leur office, qui n'était
et saiiit Paul, et de l'Assomption de Notre- pas si long pour lors que celui qu'ils disent
Dame. Ils se faisaient saigner cinq fois l'an- à présent; car ils n'avaient pour l'office de Ja
née, el ces jours-là on aiigmenlait leurs pi- nuit que cinquante-huil Pater et douze Glo^
lances el on leur donnait récréation. Le n'a Fatri , et pour Toffice du jour vingt-cinq
jeûne de ia religion commençait à la fèlc de Paler et vingt-quatre Gloria Pntri, nélant
l'Exaliiition de la sainte Croix el durait jus- pas obligés comme à présent de dire avec ce
qu'à Vaques. Ils ne prenaient pour iors qu'un nombre de Pnter l'oftice de la sainte A ierge.
repas par jour, et s'abstenaient des jeunes, Ils ne faisaient point leur cuisine comme
disciplines el autres austérités particulières, les moines la faisaient à certains jours dans
à moins qu'on ne les fit par obéissance. leurs cellules. Un frère élail préposé pour la
L'on accordait aux novices, au commence- faire :ce qui n'empêchait point (lu'il n'eût
ment de leur année de probation, quelques soin de la porte, de l'église el de tous les
libertés mais on les éprouvait en^uile (or-
; oulils el nieubles de la mai. on et si quel-;
lemenl. S'ils ne pouvaient pas sup()orter les qu'un en perdait, il rcconnaissail sa faute
austériiés de l'ordre el qu'ils voulussent sor- étant prosterné conlrc terre. Il y avait aussi
tir, ils ne devaient pas relourncr dans le un boulanger, uu cordonnier, un maître de*
859 DICTIONNAIRE DES ORDRES KELIGIEÎJX. S60
avait inspection sur les terres labourables, saint Anlhelme, qui introduisit l'usage des
les granges et les bœufs ceux qui demeu-
: chapitres généraux dans l'ordre, et fut dans
raient à la maison n'avaient du vin qu'une la suite Belley. Dom Innocent
évêqije de
fois le jour, exreplé le jeudi et les fêles so- Masson dans ses Annales qu'avant ce
dit
lennelles, qu'on leur en donnait le soir et !e général on en avait déjà tenu: mais ce n'est
matin. Les vendredis ils faisaient abstinence que sur des conjectures qu'il s'appuie; il
au pain , à l'eau et au sel, aussi bien que avoue même que les plus anciens actes qui
tous les mercredis pendant l'A vent, le Ca- se trouvent aujourd'hui des chapitres géné-
rême, les Quatrc-Temps et les veilles des raux qui ont é'é tenus dans 'ordre sont
fêtes de Pâques, de l'Ascension, de la Pente- ceux du chapitre que saint Anthelme convo-
côte, de saint Jean, des apôtres saint Pierre qua l'an llil. 11 paraît par ces actes quo
et saint Paul , de l'Assomption de Notre- dans toutes les maisons des Chartreux le
Dame, de Noël et de tous les Saints. Aux nombre des religieux était fixé à celui qui
veilles des fêtes des apôtres saint Jacques, avait été déterminé par le bienheureux Gui-
saint Barthélémy, saint Matthieu, saint Simon gues, pour la grande Chartreuse ((lui était
et saint Jude, de saint André et de saint Lau- de treize ou quatorze moines et de seize
rent ils ne mangeaient qu'une fois le jour.
,
convers), puisqu'il y est marqué qu'atlendu
Aux aulres jours que les moines jeûnaie^it, que le nombre des religieux de toutes les
ils mangeaient deux lois; mais leurs mets maisons est déterminé, on doit aussi fixer ce-
n'étaient pas diiïérents do ceux des moines ,
lui des domestiques et des animaux, afin que
qui, à raison du jeûne, n'étaient assaisonnés la modestie et l'uniformité soient également
qu'au sel. Le jeudi et les fêles solennelles, observées partout, et qu'ainsi aucune maison
outre l'ordinaire, on leur donnait quelque de l'ordre ne pourra avoir plus de vingt do-
chose de meilleur, excepté le jeudi de Pâques, mestiques, plus de douze cents, tant brebis
de la Pentecôte et celui qui suivait la fête que ehévros, sans compter les boucs, plus de
des saints Innocents, qu'on ne leur donnait douze chiens, plus de trente-deux bœufs et
que du vin sans pitance leurs mets ordi-
: vingt veaux plus de quarante vaches el
,
naires à dîner ou à souper , quand ils ne plus de six mulets. Mais les revnus de la
mangeaient qu'une fois le jour, étaient des plupart des maisons étant augmentés dans la
herbes crues, des fruits ou des racines. De- suite par les terres et les rentes qni leur ont
puis le premier jour de novembre ju«qu'cà étédonnées ou qu'elles ont acquises, le nom-
Pâques, ils mangeaient du pain d'avoine; bre des religieux, des domestiques cl des
mais en avenl et en carême on leur donnait animaux a été aussi augmenté, en sorte que
toutes les semaines une torte ou petit pain dans l'ermitage de la grande Chartreuse, qui
de froment. Ils ne se faisaient saigner que renferme dans ses termes trois maisons unies
quatre fois l'année, et on leur donnait pour ensemble, qui sont la grande Chartreuse, la
lors, pendant trois jours, une pitance le Correrie et Chalais, il y a aujourd'hui envi-
matin , du vin deux fois le jour et pendant
, ron cinquante-cinq moines et autant de frè-
les deux premiers jours des œufs le soir; res convers, el plus de cent quarante do-
s'ils avaient soif l'après-dinée , on leur per- mestiques qui subsistent de ses revenus, qui,
aietlail de boire du vin. On les exemptait ces selon le P. Masson, se montent à environ
jours-là du travail; depuis le dîner jusqu'à 30,000 liv. de fixe et 6,000 liv. de casuel, qui
vêpres ils s'entretenaient de bonnes choses, proviennent de la vente des bois, des av\~
et ceux qui n'avaient pas été saignés étaient maux et autres choses semblables, ce qui,
ebligés de manger comti e les autres enfin : sans une disposition secrète de la Provi-
pendant Pavent et le carême ils recevaient la dence divine, ne suffirait pas aux grandes
discipline toutes les semaines. dépenses qu'ils sont obligés de faire dans ce
Telles étaient les principales observances saint lieu, nim-senlement pour l'entretien
de la grande Chartreuse, marquées dans les des religieux et des domestiques , mais encore
coutumes du bienheureux Gnigues, qui ont pour tous les hôtes qui y viennent tous les
servi de règle et de loi à toutes les maisons jours, el quelquefois en fort grand nombre,
de l'ordre : il est vrai qu'il n'y est point parlé auxquels on donne à manger fort honnête-
de l'abstinence de la viande, à laquelle les ment ce qui n'empêche pas qu'ils ne fas-
,
grandes maladies: mais dom Innocent Mass-n qu'à l'avenir on ne recevrait plus parmi eux .
attribue le silence de Guignes sur ce sujet à des religieux de l'ordre de Cîteaux, de (^luny
ce qu il ne voulait pas apparemment donner et de Prémonlré ; et qu'en cas qu'on en reçût
lieu de parler à certaines gens qui ne ces- contre cette ordonnance, ils seraient ren-
saient point d'inquiéter l'ordre sur ses ob- voyés, même après leur profession et enfin ;
servances. Ce général étant mort l'an 1137, que, pour avoir deux autels dans l'église, il
on lui donna pour successeur Hugues 1", faudrait avoir le consentement des couvents :
qui deux ans après se démit volontairement ce qui marque qu'au commencement de
de sa charge pour vaquer librement à l'orai- l'ordre il n'y avait qu'un autel dans les égli-
,
ses des Chartreax. Dom Basile, ayant suc- maison, et qui ne pouvait parvenir qu'au
cédé à saint Anlhelme, l'an 1151, ajouta diaconat ces nouveaux statuts ordonnèrent
,
quel(fues choses aux Coutumes du bienheu- qu'on en pourrait recevoir plusieurs qui
reux Guigues, et, dans un chapitre général pourraient même être promus au sacerdoce
qu'il convoqua, il fut résolu que toutes les et montera l'état de moine. Du novice qui
maisons se soumettraient à ses décisions. 11 no pouvait pas supporter les austérités de
paratl qu'il n'y avait dans ce temps-là que l'ordre pouvait entrer parmi ces Rendus.
quatorze maisons; mais il y en avait cin- Ceux-ci devaient faire un au de probalion,
quante-six cent dix ans après, lorsque dom et faisaientleur profession comme les moi-
Bernard de la Tour, en 1258, lit la seconde nes, mais on ne bénissait pas leur hai it, qui
compilation des statuts que l'on appelle à consistait on une coule ou cuculie sans
présent les anciens Statuts, où sont renfer- bande aux côtés ; et s'ils montaient de l'état
mées toutes les ordonnances faites aupara- de Rendu à celui de moine on devait les
,
vant dans les chapitres généraux lesquels , éprouver dans leur habit de Rendu avec la
statuts furent confirmés dans un chapitre chape, et en faisant profession de l'état de
général, l'an 1259. moine, on bénissait pour lors leur habit
Par ces anciens statuts, le même nombre mais non pas leur personne, ayant reçu la
des moines et des convers, déterminé par les bénédiction à la première profession. Lors-
Coutumes du bienheureux Guigues pour que ces clercs Rendus demeuraient avec les
chaque maison subsistait toujours; mais on moines, ils étaient obligés aux mêmes jeûnes
y avait ajouté encore sept autres convers ou qu'eux; mais lorsqu'ils étaient à la maison
oblats, que l'on notimiait lîendus, auxquels d'en bas avec les convers, et qu'on les en-
on ne donnait point le nom de frères, dont voyait dehors , ils n'étaient tenus qu'aux
l'un élail clerc et même pouvait être promu jeûnes des convers. Chaque maison pouvait
au diaconat ; mais vou ail être prêtre, il
s'il avoir deux ou trois de ces sortes de clercs,
fallait qu'il passât dans un autre ordre. Dom qui se trouvaient à l'église, au réfectoire et
Masson dit qu'on ne sait point quel était au chapitre avec les moines. Lorsqu'ils de-
l'emploi de ces Rendus, mais que l'on peut meuraient dans la maison d'en haut, ils ser-
conjecturer qu'ils étaient destinés pour les vaient à l'autel avec les moines, faisaient la
a£faires qui regardaient le dehors ; qu'ils lecture au réfectoire comme les autres ; et
avaient été premièrement établis pour gérer quand ils avaient pris l'habit de moine, on
celles des maisons de filles de cet ordre, et leur permettait de lire l'épitre, l'évangile, et
qu'ils avaient été introduits ensuite d ms les même de célébrer la messe s'ils étaient prê-
maisons d'hommes. Cependant l'on trouve tres. 11 est aussi parlé pour la première fois
dans le Bullaire romain une bulle de Gré- dans ces nouveaux statuts des iJonnés et des
goire IX, de l'an 1232, qui, approuvaiit l'in- Préhendaires. Les uns et les autres étaient
stitution de ces Rendus, dit positivement séculiers. Les Donnés portaient quelquefois
qu'ils étaient employés pour la culture des un habit religieux, comme ils font encore à
terres ; Cum
igifur, dit ce Père, sicut vestra présent ; mais les Prébendaires n'en por-
petitio nobis exhibita continebai, septem obla- taient point ils ont été supprimés dans la
:
tos qui Redditi vulgariler appellantur, in quo- suite, aussi bien que les Rendus. Lorsque ces
libet domo vestri ordinis habeatis aqricul- statuts furent dressés, l'usage était dans cet
turœ vestrœ operi deputatos, etc. Ainsi il est ordre, aussi bien que dans plusieurs églises,
surprenant que dom Masson dise qu'on ne dédire des messes sèches, c'esi-à-dire sans
sait pas quel était leur emploi, qui est suffi- offrir le sacrifice, ce que l'on faisait princi-
samment désigné dans cette bulle : quoi palement lorsqu'il y avait deux messes assi-
qu'il en soit, ils faisaient un an de noviciat gnées pour un même jour, comme il arrive
comme les moines et les convers, lequel en carême lorsqu'il se trouve une lête avec
étant fini, ils faisaient leur profession au le jour de jeûne; mais cela ayant été abrogé
chapitre des convers, sous la même formule dans la suite, présentement les Charti eux se
que les convers. Ils avaient aussi le même contentent de dire tous les jours dans leurs
habillement, excepté le clerc qui avait un cellules une me^se de la Vituge, c'est-à-dire
capuce carré et une chape noire, et ils ne qu'ils récitent seulement le texte de la messe,
disaient pour matines (lue dix Pater, et pour comme elle est le missel, en commen-
dans
les autres heures, trois. çant p;!r ces mots
Salve, sanctaparens.
:
Dom Guillaume Rainaldi ou Rainaud, qui Le schisme qui arriva dans l'Église après
fut élu prieur de la grande Chartreuse en la mort de Grégoire XI, l'an 1378, et qui di-
jl3(>7, et qui refusa la dignité de cardinal, visa les fidèles, mit aussi la division dans
dont le pape Urbain V voulut l'honorer, fit l'ordre des Cliartreux, une partie reconnais-
de nouveaux statuts en 1368, que l'on peut sant pour chef de l'Eglise Clément \ll, et
appeitr la seconde compilation des ordon- l'autre s'étant soumise à l'obéissance d'Ur-
nances des chapitres généraux, puisqu'ils bain VI; ce dernier, qui avait de son côté les
renferment celles qui avaient été faites dans Italiens et les Allemands, nomma de son au-
les chapitres généraux (|ui s'étaient tenus torité pour \isiteur général de l'ordre, l'an
depuis la publication des anciens statuts. Il 1379, dom Jean de Barri, prieur de la char-
y est encore lait mention des religieux de treuse de ïrisult, et l'an 1382 il fut tait gé-
cet ordre qu'o» appelait Rendus, et au lieu néral par le chapitre qui se tint la même an-
que, selon les anciens statuts, il ne devait y née à Rome, et établit sa demeure dans la
aruU' au'ua clerc de cet étal dans chaque chartreuse de Florence dont il avait été
863 DICTIONNAIRE DES ORDRES RELIGIEUX. 864
prieur Ces Chartreux de l'obéissance d'Ur- règle ( qui est comprise sous ces mots et
bain tinrent tons les ans leur chapitre gé- autres semblnhles ), comme étant différents
néral, de même que ceux de rolicissnnce de des Chartreux, qui, quoiqu'ils aient plusieurs
Cément le tenaient à la grande Chartreuse. observances coumiunes aux ordres qui sui-
A|)rès que les prooiiers l'eurent tenu à Konie vent la règle de saint Benoît, ont néanuioins
l'an 1382, coiiune nous avons dit, ils le tin- un institut particulier. Nous avons repen-
rent l'aimée suivante à la charireiise de dant remarqué ci-devant que dans le premier
Manrb.ic, proche de Vienne en Autriche; chapitre général, qui se tint l'an 11 VI, il y fut
l'année d' prè>' à RouIo;,Mie, en llilie, et ordouné qu'on ne recevrait plus à l'avenir
ainsi les antres années <lan- diiïérentes mai- dans l'ordre des Charlreux de relis'eux de
sons, jusqu'en l'an 1391, (|u'i!s résolurent ceux de Cîteaux, de Cluiy et de Prémontré:
de le tenir toujours à l'avenir dans la chjir- acpareaiment que celte ordonnance ne fut
treuse de Saint-Jean de Seiîz, comme la p!us pas exécutée , j)uisque par (es siatuts de
ancienne de «oUes qui étaient unies ensem- l'an 1509 il est ordonné que ces n;êmes re-
ble et avaient d'à'otd retonnu Urbain YI ligieux ne pourraient avoir aucun ofdce
pour soiiver;iin pMilife, et ohéisxaitut pour dans l'ordre qu par dispense du chapitre
'
lors à Boni!a''e IX, qui lui av'.it succédé. général outre ces ordonnances dont nous
:
Dom Jean de Barri étant mort la néme an- venons de parler, il fut encore rég é par ces
née 1391, ils mirent en sa place dom Chri- mômes statuts que l'on ne recevrait point
stophe, prionr de Maiîgiani, avee le titre de les uovi esàla profession avant leurannéede
vicaire ^'é :;éral, jusqu'au chapitre de l'an- probalion finie que les frères convers et les
;
née suivante 1392, qu'ils le iiommèr( nt Rendus laniues pourraient servir les messes
général ; et ayatil exercé cet office pen- basses, ce qui ne leur était p as permis au-
dant six ans, il mourut l'an 1398. Après paravant; que dans les lieux oii il n'y avait
sa mort, les rel gieux de la chartreuse de point de vignes, les frères convers ne de-
Seitz, usant du même droit que. ceux de la vaient point boire de vin, sinon les jours
grande Chartreuse, élurent pour général de fêle, et devaient se contenter de bière
Etienne Maçon, prieur de la chartreuse de les autres jours et enfin que les religieux
,
Milan ; mais il n'accepta cet ofiice qu'à con- pourraient dormir dans leurs lits. Cette or-
dition qu'il y rencaiceioit quand l'occasion se donnance fut faite à l'occasion des Coutumes
prést nierait pour le bien de l'ordre. de Guigues et des anciens statuts, qui leur
D'un autre côlé, les Trançais, les Espa- défendaient de retourner à leurs lits après
gnols et (eux qui leur étaient unis, élurent matines, ce qui avait été pratiqué jusqu'alors
pour général, l'an îV02, après la mort de da«s cet ordre ; c'est pourquoi dans toutes
dom Guiliaume Raynaud, Booiface Ferrier les cellules il y avait de grands bancs, sur
de Va!ois, f ère de saint Vincent Ferrier; lesquels ils dormaient après matines; mais
mais l'an 1410, Grégoire Xlî et Benoît XIII le teujps du sommeil ayant été considéra-
ayant été dép ses dans le concile de Pise, et blement interrompu dans la suite pir les
Alexandre V ayant été élu pape par les Pères matines, on jugea à propos de retrancher
du même concile, tous les Chartreux se réu- cet usage, qui aurait été trop rude, princi-
nirent pour le rec<»nnaîlre comme souverain palement en hiver à cause du froid.
pontife. Dom Boniface Ferrier et dom Etienne II y eut encore une autre compilation
Maçon renoncèrent chacun à leur office, et sous le généralat de dom Bernard Garasse,
on élut pour général dom Jean de GrifFo- qui succéda à dom Pierre Sarlel en 1566;
niont. Saxon, prieur de la chartreuse de Pa- car le chapitre général qui se tint l'an loT-S
ris et par ce moyen l'union fut rétablie dans
, ordonna que les Coutumes de Guignes et les
l'ordre. statuts qui se trouvaient dispersés, tant dans
Dom François du Puy succéda dans cet lesanciensquedans les nouveaux, seraientas-
office à dom
Pierre Ruffi, qui mourut l'an semhlés avec toutel'exactiludeel toute la briè-
li9o il fit encore un Recueil des statuts et des
; veté possible, afin qu'ils fussent plus tôt trou-
ordonnances des chapitres généraux, que l'on vés et en même temps plus faciles à revenir
appela la troisième compilation des statuts, dans la mémoire. Quelques religieux, ayant
qui fut publiée l'an 1509, Il fut ordonné par appris les résolutions du chapitre général,
ces statuts que la fêle de la Conceptioii de la causèrent du trouble dans l'ordre, en em-
sainte Vierge, que l'on célébrait dans l'ordre ployant le crédit des séculiers pour obtenir
sous le nom de Sanctification de la Vierge^ quelques dispenses des austérités de leurs
se céiéhrerait à Tavenii- sous le nooi de pratiques. Mais le chapitre général n'y vou-
Concp/jon, comme l'Eglise l'availdélcrminé; lut point consentir. Ces irout les furent cause
que les religieux profès de l'ordre de Cî- néanmoins que les nouveaux statuts ne furent
teaux et autres semblables ne pourront dressés qu'en 1578, et publiés en 1581, sous le
avoir de charges ni d'emplois dans l'ordre titre de Nouvelle collection des statuts, après
des Chartreux sans dispense du chapitre avoir été confirmés par trois thapilies géné-
général. Sur quoi dom Innocent Masson fait raux, suivant la coutume de cet ordre, où au-
une reînarqvo, et dit q^e par col endroit cune ordonnance faite dans les chapitres gé-
des statuts l'on voit que l'usage parmi les néraux ne peut être reçue et ne peut passer
Charlreux était de recevoir des religieux pour loi qu'après celte lormalité. Le chapi-
proies des autres ordres qui suivent la tre général qui se tint en 1679 ordonna que
rcj^le de saint Benoît, puisque le slatut ex- l'un ferait une seconde édiliou de ces statuts^
clut des charges ceux qui suivent cette ce qui fut exécuté eu 1681, uouobslant les
165 CHA CHA 866
elle consiste en ce que rcfiicc divin, avec aux prêtres de dire trois messes à leur dé-
ses riies et cérémonies, y est plus spécitié votion pour chaque psautier, pourvu que la
et le «haut plus long. La iiicsse conveniuelle première soit une messe de Requiem. VAgen-
se dit tous les jours, et les r* ligieux prêtres ile est Toflice des morts à neuf Icoons, et le
cé.èbient l us les jouis Vx mes e, s'il n'y a Triceiiaire consiste en une messe qi.'e l'on
quelque raison qui en dispense. Les
les d,t pendant trente jours de suite, à compter
veilles sont plus austères (|uMles n'étîient du jour de ia sépulture de celui pour qui
anciennenient, les religeux se levant avant l'on fait le tricenaire. Les clercs étaient
minuit pour les ma'ines. Ils retournent en- obligés de dire cinquante psaumes ,et les
suite au lii; mais i>s ne peuvent plus dormir couvers cent cinquante Pater; mais ce
pendant le jour. Les agendes pour les dé- lîouibre a été réduit «lepuis à \ingt psaumes
fiiiiis, que l'on disait dans les cellules, se pour les clercs, et cinquante Piutr pour les
disent présentement à l'église, et sont tou- ccnveis, qui, pour chaque monachat, les
jouis a n uf leçons, au lieu qu'autrefois anniveisaires, les brefs et les messes De
elles n'élaienl le lus sou\ent qu'à trois
i
BcatQy doivent dire aussi certain nombre de
leçons. Le colloque se tient eue >re, les jours Pater.
de (êtes de chapitre ou solennelles ; mais ils Quant à ce qui regarde les observances do
n'oni plus la liberté de parler au cuisiniei". ces couvers, au lieu qu'autrefois le procu-
On n'accwrde plus de co loqu o en faveur des reur récitait l'office en leur présence et qu'on
hôt s, ni pour les r^cordaiions ; toutes les n'exigeait d'eux (jue l'attention et les mêmes
semaines il y a un spatiament, au li.>u cérémonies qu'ils lui voyaient faire, et qu'é-
qu'aup ravaul le prieur ne accordait que
l tant à la maison d'en haut ils devaient seu-
quand il voulait. Il n'est plus fait men ion de lement assister à matines avec les moines
récréa;ion po. r les malades. Les jours d ab- pour les entendre; présentement, soit que
stinence on donne du vin aux religieux, le procureur soit présent, soit qu'il soit ab-
excepté à ceux à qui le [-rieur aurait accordé sent, ils doivent eux-mêmes réciter leur of-
d'oliserver en toute rigueur l'ancienne absti- fice,qui est bien plus long que du tem[)s du
nence. Les luadi^, mercredis et vend edis, bienheureux Guignes, puisque, selon les
il tst permis de ne manger que du pain et Coutumes de ce général, ils ne lievaient dire
du sel, et de ne boire que de l'esu mais ; en l'absence du procureur que cinquante-
tous les moines y soiit obligés au moins une huit Pater et douze G orin Patri pour l'ofiice
fois la semaine. Les jouis qu'ils cnt été de nuit, avec vingt-c nq Pater et vingt-(iua-
saignés ils peuvent se pomeuer dans le Ire Gloria Patri pour les offices du jour,
jar lin ou dans l'enclos de la maison. Le et que présentement outre l'office de
,
procureur peut aller à chenal quand les la Vierge auquel ils sont obligés, ils ont
affaires do ia maison le requièreni, au lieu encore presque autant de Pater à dire et en-
qu'auparavant il fallait qu'il en demandât viron vingt Gloria Patri. A la mort d'un re-
la permiss.on au général. ligieux, soit prêtre, clerc ou convers de la
11 y a encore pirmi eux d'anciennes pra- maison de leur profession pour chaque mo-
tiques au sujet de roffice divin, qui sont nachat, ils disent trois cents Pater avec ie
digues de r<'marque. Quand on a c )mmencé Veniain. Chaque semaine ils disent sept fois
le Glorii Patn du premier psaume du pre- Pater avec le Verinn, pour sept anni-
ui'iiï
mier nocturne des uiàtines et des autres of- versaires,soixante P 1er avec le Venian
fices, ils ne peuvent plus entrer à l'office pour deux brefs, et cinquante pour chaque
sans permission du président, et personne messe De Betiti, que les prêtres sont oi.ligés
ne peut entrer au chœur pour la u.esse de dire, sans parler de ceux qu'ils disent
quaitd l'évangile est commencé. Si l'on sort pour d'autres oifices des défunts. Ceux qui
au dernier psaume du second nocturne et demeurent dans la maison d'en haut avec
que l'on tarde si longtemps qu'on n'assiste les moines doivent se lever avec eux pour
ni aux Prrces ni à VExultabunt, ou si les aller à matines dans le chœur des conveis,
jours de douze leçons on son aux canîi- et y deineurer jusqu'à ce que les matines
ques, on ne peut assister à iudes, à moins
1 soient dites, à moins que le prieur ne leur
qu'on ne revienne devant le Gloria Palri du fasse grâce; et ils ne doivent jamais tenir
premier psaume des lauJes. Kl pour les fau- aucun livre ui lire à l'égl se, mais seulemeui
tes qu'ils conmictent au hœur, ils pien-
i avoii un chapelet à la main. Touies les se-
nenl le Vemaw, c'est-à-dire le pardon, ils j ^maincs ils doivent faire une ab^tineuce, ou
m DlCTlOxNNAIRE DES ORDRES RELIGIEUX. 868
se contenter de pain, d'eau et de sel, si, par çus, l'ordre peut annulerleur donation et
miséricorde, on ne leur sert quelque autre les renvoyer sans leur donner aucune ré-
chose, excepté les infirmes et les vieillards. compense pour les services qu'ils auraient
Aucun ne peut être dispensé de celle absti- rendus pendant qu'ils auraient été dans la
nence, mais ceu\ qui veulent qu'on leur maison. Quant à leurs observances, ils sont
fasse grâce la demandent à celui qui pré- obligés de dire pour matines dix Pater
side. Ils ne peuvent manirer ni œufs ni lai- et autant d'Ave, trois pour chacune des
tage pendant l'Avent ni pendant le Caiême. autres heures canoniales , trente pour
L'abstinence leur est encore ordonnée aux. un religieux nouvellement décédé, et dix
veilles des fêtes de Noël, de Pâques, de la toutes les semaines pour les anniversai-
Pentecôte, du Saint-Sacrement, de toutes les res. Us ne sont point tenus aux jeûnes
fêtes de la Vierge, de saint Jean-Baptiste, de l'ordre, et ils jeûnent seulement le
des apAlros saint Pierre et saint Paul et de vendredi par dévotion. Leur pitance n'est
la fête de tous les Saints. Aux autres se- pas si forte que celle des convers, on ne
maines où il n'arrive aucune de ces veilles, leur donne point non plus tant de vin. Il
ils doivent faire l'abstinence le vendredi , à leur est permis de manger de la viande hors
moins qu'il n'y eût ce jour-là une fête de le couvent seulement, excepté pendant l'A-
chapitre ou de douze leçons, et pour lors elle vent et les mercredis, et ils n'en doivent jar
est remise à un autre jour à la volonté du mais donner à d'autres, ni permettre qu'au-
supérieur. Dans l'Avent, la Quinquagésisne cune personne en mange dans la maison.
et les joûnes des Ouatre-Tenjps, ils lad;i- L'habillement des moines ou religieux
vcnt faire aussi le vendredi. Aux veilles des consiste en une robe de drap blanc, serrée
apôtres saint Jacques , saint Barthélémy, d'une ceinture de cuir blanc ou de corde de
saint Matthieu, saint Simon et saint Jude, chanvre, ou de l'un et l'autre mêlés ensem-
saint André, saint Thomas,
saint Mathias et ble, avec une petite cuculle à laquelle est
de saint Laurent, comme
aussi aux jeûnes attaché un capuce aussi de cirap blanc. Au
des Qualre-Temps, le lundi et le mardi des chœur et quand ils paraissent en public, ils
Regalions, ils jeûnent en ne faisant qu'un mettent une cuculle plus grande, qui des-
repas par jour. Pendant l'Avent et la Quin- cend jusqu'à terre, à la;iueile est aussi atta-
quagésime ils jeûnent tous les jours, excepté ciié un capuce aux côtés de celte cuculle il
:
le dimanche, et font l'abstinence de laitage, y a des bandes assez larges. Ces cucuîles
comme <iussi tous les vendredis de l'année, sont proprement ce que l'on appelle dans
à moins qu'il n'arrive quelque fête de cha- Il antres ordres des scapulaires el lors-
s ,
pitre, hors l'Avent et le Carême, car pour qu'ils sortciit ils portent des ihapcs noires
lors ils peuvent faire deux repas, sans tou- avec un cap ;ce de même couleur, attaché à
tefois manger de laitage. Les autres jours de une moselle ronde par devant, et se termi-
l'année ils peuvent manger 'leux fois le nant en pointe par derrière. 11$ portent con-
jour; mais on ne leur sert qu'une pitance tinuellement le cilice el un lombar ou cein-
par jour, si le prieur n'en ordonne autre- ture de corde sur la chair nue. L'usage
ment. L'ancienne coutume étant dans l'ordre du linge leur est interdit. Ils n'ont pour che-
de faire de deux sortes de pains, l'un plus mises que des tuniques de serge, couchent
blanc et plus pur pour les moines, et l'autre sur des paillasses, et n'ont que des lin-
d'une autre sorte pour les convers, quand le ceuls de laine. Voici la formule de leurs
prieur trouve à propos de faire observer vœux : Moi, iV., promets stabilité, obéissance
cette coutiime dans sa maison, les convers et conversion de mes mœurs devant Dieu et
doivent s'y soumettre sans murmurer. ses saints et les reliques jde cet ermitage qui
Par ces nouveaux statuts, il est drfendu est bâti en llionneur de Dieu, de la bienheu-
de recevoir à l'avenir qui que ce soit à l'état reuse vierge Marie et de saint Jean-Baptistêf
ëe R ndus, soit clercs, soit laïques, ni des el en présence de dom iV., prieur. Quoique
prébendaires mais il est ordonné que toutes
; l'église ne soit pas bâtie en l'honneur de la
les personnes de l'ordre seront moines, con- sainte Vierge, ni de saint Jean-Baptiste, ils ne
vers. Donnés et religieuses. Les Donnés sont laissent pas de prononcer leurs vœux sous
reçus à condition qu'ils vivront en commun, celte formule, à laquelle ils ne changent riea.
sans avoir rien en propre, el la maison Lhabillement des convers (1) consiste ea
pourvoit suffisamment à tous leurs besoins. une robe longue aussi de drap blanc, avec
Ils doivent être obéissants et fidèles à tout un chaperon de même, c'est-à-dire une es-
l'ordre. Ils ne doivent rien cacher au prieur, pèce de scapulaire auquel est attaché un ca-
et l'avertir de tout ce qui lui est préjudicia- puce, avec une ceinture de cuir ou pareille
!)ii= el à ceux de la maison. Us doivent être à celle des religieux; et quand ils sortent
affectionnés à leur honneur el à leur avan- ils ont une chape de couleur de châtaigne oa
tage, soumis à la correction de l'ordre , grise; ils laissent croître leur barbe; l'usage
oxîiets à rendre au prieur el au procureur du linge leur est aussi interdit, et ils portent
raison de leur administration, toutes les fois un lombar. Voici la formule de leurs vœux :
qu'ils en sont requis. Ils doivent garder la Moiy frèrr N., pour l'amour et h crainte d$
coiïlinence, et si par malheur ils pèchent Notre-Seiyneur Jésus-Christ et le salut de
contre ce devoir, ou qu'ils manquent aux mon âme, je promets obéissance, la conversion
autres condi ons sous lesquelles ils sont re- de mes mœurs et persévérance en cet €rmitag$,
A l'égard des Dijnnés (1), leur habit doit Dieu, pour remettre les premiers disciples de
être de coukur grise ou de châtaigne, et de saint liruno en possession de la grande Char*
telle longueur qu'il couvre et passe les ge- treuse, comme la première confirmation que
noux. Ils doivent toujours porter un chape- cet ordre a reçue du saint-siégp ; mais Gui-
ron de la menât; couleur que leur habit; gnes II, neuvième général, en obtint une
néanmoins les jours de fête quand ils mon- ,
plus authentique du pape Alexandre III, par
tent à la maison d'en haut pour assister à une bulle du 17 septembre de l'an 1170; ce
l'ofûce divin, ils portent une robe longue pontife mit aussi cet ordre sous la protec-
sans ceinture, et un cliaperon comme les tion du saint-aiége. Honorius III, l'an 1218,
convers. Quoiqu'ils nefassent point de vœux, écrivit à tous les évêques qui avaient de ces
IL» ne peuvent pas sortir de leurs maisons, maisons dans leurs diocèses, pour empêcher
sans ordre du prieur ou du procureur; et que ces relii^i^ux ne fussent inquiétés dans
s'ils vont dans une autre sans obéissance , leurs soliiudes, et qu'on ne les obligeât d'en
ils n'y peuvent être reçus que pour être mis sortir pour rendre témoignage. Boniface IX,
en prison. On les renvoie ensuite à leurs l'an 1391, les exempta derechef de la juri-
prieurs, ou bien on les avertit de leur dé- diction des évêques, et les mit encore sous
toîition; si on néglige de le faire, celui qui a la protection du saint-siege.^Martin V, Tau
manqué à celte obligation est réduit jjoursa liiO, les exempta de payer les dîmes des
nourriture à la rigueur de l'ordre, jusqu'à ce terres qui leur appartenaient ; et Jules II,
qu'il ait renvoyé ces Donnés, ou qu'il ait l'un ioOS, ordonna que toutes les maisons
averti de leur détention. Ktre réduit pour sa de l'ordre, en quelque partie du monde
nourriture à la rigueur de l'ordre, c'est n'a- qu'elles fussent situées, obéiraient au prieur
voir que du pain et du potage les lundis et de la grande Chartreuse et au chapitre gé-
its mercredis; les mardis et les samedis, du néral de l'ordre.
pain, du vin et du potage; les jeudis et les L'on compte cent soixantc-aouze char-
fêles de douze leçons et de chapitre l'ordi- , treuses, dont il y en a cinq de (illes. Elles
naire du couvent. sont divisées en seize provinces, qui ont
Toutes les cellules des religieux sont dans chacune deux visiteurs, lesquels sont élus
le grand cloître, et à une distaace égale les tous les ans dans le chapitre général ; et de
unes des u-utres. 11 y a dans chacune toutes toutes ces chartreuses, il y en a environ
les commodités nécessaires à un homme soixante-quinze en France, dont il y en
qui renonce entièrement au commerce du a trois renfermées dans les termes de la
monde , étant composée d'une chambre à grande Chartreuse, qui contiennent environ
cheminée, d'une chambre à coucher, d'un trois lieues de circuit. Nous ne ferons point
cabinet pour étudier, d'un réfectoire, d'une ici la description de ce chef d'ordre, que l'on
galerie de quelques garde-robes, d'un gre-
, peut voir dans les Annales de cet ordre de
nier ei d'un jardin. Les uns travaillent à dom Innocent Masson , dans les Vies des
leurs jardins , les autres à des ouvrages de saints Pères des déserts, de M. de Villefort,
mx?nuiserie, de tour ou autres semblaliles. et dans le Dictionnaire géographique de
Un leur donne toules sortes d'outils pour M. Corneille, où il est sufûsamment parlé
travailler, et des livres pour étudier. Ils ne de ses bâtiments, qui, quoique très-consi-
sortent que trois fois le jour de leurs cel- dérables, le seraient encore davantage, si ce
lules pour aller au chœur, à matines, à la monastère n'avait pas été six fois consumé
grand'messe et à vêpres le reste du temps ; par les flammes. Le premier incendie ar-
ils demeurent enfermés et mangent chez riva sous le généralat de dom flaimont,
eux, où on leur apporte leur nourriture, dans le quatorzième siècle le second sous
;
qu'on passe par une ouverture qui est en celui de dom Guillaume llaynaldi, dans le
dehors, ce qui se fait sans interrompre leur même siècle le troisième sous celui de
;
silence. Les jours de fête ils vont dire au dom François Marcome, dans le quinzième
chœur toules les heures de l'ofOce. et man- siècle ; le quatrième sous celui de dom An-
gent ensemble au réfectoire commun. Non- toine de Charno ou de Berno, dans le même
seulement l'entrée de leur clôture, mais celle siècle ; et le sixième, l'an 1676, sous le gé-
de leur église, et même
de la cour, est in- néralat de dom Innocent Masson. Il y a d'au-
terdite aux femmes autrefois même ils n'ex-
; tres chartreuses qui sont d'une grande ma-
ceptaient aucune personne de ce sexe ; et gnificence, telles que sont celles de Pavie,
l'an lil8, le chapitre général imposa une dans le Milanais ; de Gaillon en Normandie;
sévère pénitence à un prieur de Paris, pour de Nancy en Lorraine, et celle de Naples (2),
(1) Voy., à la fin du vol., n° 215. de Naples; et Fi-ançois de Seine, Voyage d'Iialie,
(î) Pompeo Sarnelli Yesc. di Biseglia, Descripu
871 DICTIONNAIRE DES ORDRES RELIGIEUX. 87»
qoi, quoique pelile, surpasse les .iutres en l'i83, unsiècle plus tard que ne le dit Hélyot.
ornemenls et en richesses. 11 suffit de dire On ne doit pas non plus mettre au nonU)ie
que les re igieux de celle maison ont em- des cardinaux, Dominique de Bonnefoi Es- ,
ployé, sous un seul prieur, plus de cinq cent pagnol , prieur de la chartreuse de Monta-
niille écus en peintures dorures, sculptu-
, lègre, près de Barcelone, p'»rce que, en re-
res et argenterie. L'on ne voit dans l'église nonçant au parti de Benoît XII , antijiape, il
et dans la maison que marbre et jaspe. Le renonça en li29 à la dignité de cnrdinal , que
cloîlre est enlièrenii.'nt com[iosé de m;irbre celui-ci lui avait conférée en 1415. L'ordre
très-Gn de Carrare; l'on y voit une infl- des Chartreux se maintenait toujours dans
nité de bases, piédestaux, frises, statues ^ son excellent esprit néanmoins dans quel-
,
demi-bustes et autres ouvrages soutenus ques maisons les usages semblaient moins ri-
par soixante colonnes de marijre blanc. Le goureux. Nous prendrons pour exemple le
cimetière des religieux, qui est au milieu, est monastère de Paris, oii tous les ans les en-
fermé de belles balustrades et frises de mar- fants de chœur de la métropole allaient
bre. Le pavé du cloître est de diverses sor- chanter un motet on l'honneur de saint
tes de m;irbres mêlés, ainsi qu'une galerie Bruno, etc.; ils étaient accompagnés d'un
qui conduit à une terrasse ou l'on jouit de grand nombre de musiciens, et tous, après
la plus belle vue qu'il y ait en Europe; et l'exercice, trouvaient uneamplecollalion pré-
de là on entre dans le magnifique appar- parée dans une salle de la maison. Ainsi en ,
tement du prieur, où le marbre, l'or et l'année 1736, le 16 août, cette musique fut
les peintures qui le couvrent entièrement, exécutée par plus de quatre-vingts person-
font croire que c'est plutôt l'appariement nes, et avec grande symphonie de toutes sor-
d'un prince que d'un pauvre religieux. On tes d'instruments timbales , trompettes , ,
bons religieux, y attire la curiosité des étran- viens qu'étant placé dans une des hautes
gers et des voyageurs. stal es, du côté opposé à celui du R. P. Dom
Cet ordreadounéàlEgliseplusieur- saints, prieur, j'étais auprès d'un grand religieux,
dont les principaux sont saint Hugues, évê- qui me parut plus occupé de quelques pieu-
que de Lincoln saint Anlhelme, évêque de
; ses méditations que des charmes de celte
Belley ; saint Etienne, le bienheureux Ulric musique. » Ce grand religieux , dont parle le
et le bienheureux Didier, tous trois évêquesde journaliste, était dom ee Larnage, d'une fa-
Die. Il a eu qual:e cardinaux, Jc^in de Neu- mille distinguée du Dauphiné , Ie(]uel fut élu
château, en 1383, Nicolas d'Albergoti, en général de l'institut l'année suivante, 1737,
14.17, Dominique de Benne-Espérance, en le 10 avril; par malheur pour les musiciens,
1424 et en 1605; Lnuis-Alphonse de Riche- mais par bonheur pour le bon ordre et la
lieu, qui a été aussi archevêque de Lyon et décence, il avait été peu édifié de ce tinta-
grand aumônier de France, sans parler de marre. Les motets cessèrent à Paris, d.t le
Jean Birel, qui , ayant été proposé par les journalisle à partir de l'époque de cette élec-
cardinaux pour être pape après la mort de tion. Il se trompe , les enfants de N.-D.
Clément VI, refusa le chapeau de cardinal, continuèrent d'aller chanler une fois dans
aussi bien qu'Elzéart Grimoaldi,et liuillaume l'été les Chartreux
chez mais le grand ap-;
Kaynaldi. Cet ordre a dwnné à l'Egiise soixan- musique n'eut plus lieu. Plût à Dieu
pareil de
te-dix, tant archevêques qu'évêques. il s'est que dom de Larnage vînt mettre un peu de
trouvé aussi des prélais qui ont quitté leurs réforme dans quelques églises de Paris, "où
Eglises pour embraser cet institut; et il en aujourd'hui on l'attend en vain de ceux qui
est encore sorli plusieurs écrivains célèbres, devraient prescrire une tenue décente aux
dont l'un des plus distingués est Denis musiciens. Si l'esprit monastique était con-
Bikel, nommé communément Denis le Char- servé chez les Chartreux, leur ordre perdait
treux et le Docteur extatique. Dom Martin, au dernier siècle un grand nombre de ses
onzième général de cet ordre, lui donna maisons. Sous l'administration de D. Hila-
pour symbole une croix posée sur un monde, rion Robinet, élu général en 1778 et à ce (
avec celte devise : Stat crux dum volvitur q;îe nous croyons, avant-dernier général ),
or bis. 1 ordre perdit environ vingl-neuf chartreu-
Innocent Mass., Annal, ord. Carthus.; Petr. ses. En 178'i., les Chartreux d'Espagne ob-
Orland., Chron. ejusd. ordin.; Garol. Joseph tinrent un bref pour être indépendants de
Morstio, Theat. chronolog. ord. Carlhus. la grande Chartreuse, et avoir un supérieur
Nous avons quelques corrections à faire national, ce qui fit comme deux branches
au récit du P. Helyot, mais elles sont sur dans l'ordre. Voici la liste des maisons de
des points peu importants. Ainsi, dans la Chartreux qui furent supprimées daus le
précédente nomenclature de cardinaux tirés cours et surtout sur la fin du dernier siècle :
de l'ordre des Chartreux, il compte à tort 1^ Anvers 2" Bois-Saint-Martin, près Grand-
;
ean de Neui hâteau. En elYet, Jean de Neu- mont 3° Bruiçes; 4° Bruxelles; 5" Capelle,
,
châleati , qui fut évêtpie de Nevers , ne fut près d'Kn'^hien ; 6° Gand ;7'' Liers, près d'An-
jamais Chartreux, qu.iqu'il soit inhumé à la \ers; S^' Nicupjrl; 'J° Lotivai.i ; IG Tournay ;
chartreuse de Villeneuve. Il fut cardinal ea 11° MUan; l:i' la belle el spleudiUe chur-
s^s GHA aïk m
lreu<!e do Pnvic ; 13" ; Manloue li" Fribourg renirée, la général dom Ro-
mort enleva le
en Brisgau 15° La Val-S-iiiilf , dans le dio-
; muald Moissonnier, qui semblait n'atlendie
cèse de Lausanne (ic'esl dans colle maison que ce retour |)our dire son Nnnc dimiitis. La
que l>. Augustin de rKslrango clablit les maison, malgré sa pauvreté, s'est mainlenuc
Tiappislcs cl son cdifianle rcloime dont nous jus(]u'à ce jour. Elle a lachelé l'une des
parlerons au supplément ) ; IG" P.idoue ; maisons enclavées dans montagne Car-
la
17" Parme; iS-Maj^giano on Toscane 19' \ i- ; rières, qu'elle possédait jadis l'autre mai-
;
dane.danslcdioccscdoliellunc; '20 May once; son Chalais, a été acquise par les Domini-
,
21" Puniiiiiani, près de Sientie 2i" Afîgspach, ; cains, Aujourd'hui le ntimbre dos re!i;iieux
en Auli iclio ;2i"l}rinn,cnMoravio; 2V" Froid- cloîlriers est plus élevé à la Grande-Cliar-
nilz en Carniolo 25" Gcmnico, dans 1^ dio-
, ; Ireuse qu'il ne Téail à ré[ioijue de la révo-
cèse de Pass lu 2G"Hiidoslioim dans la basse
; , lution, el le supérieur général actuel dom ,
Saxe; 27° Maurbac, en Aulriche; 28° 01- Jean-IJapliste, a déjà formé plusiiiirs éla-
mulz, en Moravie 29" Soilz, dans le diocèse
; blissemenls. Nous reviendrons sur l'Itistoirc
d'A<iuilce; 30" Snols, dans li^ Tyiol; 31° Wal- des Chartreux en France depuis leur retour.
dilz. La suppression do tant de inonaslères fît Voir Cdartreux, au suppléaienl.
que, dans les dernières aiinécs avant la révo- B-D-E.
lution, le chapitre n'était composé, pour ainsi
dire, que de prieurs français. De toutes les § III. — Des religieuses Chartreuses.
chartreuses supprimées, celle de Pavie cau- Si le P. dom Innocent Masson, général de
sait peut-être les plus
regrets, el l'on
vifs l'ordre des Chartreux, aval donné la cunli-
voyait avec une peine indicible ce monu- nuaiion des Annales de son ordre, il aurait
ment admirable d'une générosité plus que fait connaître l'origine des religieuses Ciiar-
royale, dont le plan seul était el est encore treuses, suivant la promesse qu'il en avait
un objet de curioi.ilé dans les corridors de la faite dans le premier volume de ces Annales
Granoe-Charlreuso, enlevé à sa destination. qu'il donna au public l'an 1G87. Mais les
Il vient de lui être rendu ; des Chartreux Chaîtreiix s'élanl oi)posés à la continuation
français y sont rentrés en l'anné Î8V3. Dans de cet ouvraj;e p )ur des raisons qui nous
,
convers et rendus, pour leur administrer les les convers. Le nombre des religieuses rtait
sacrements et avoir soin de leurs affairés fixé dans chaque maison; elles ne prenaient
temporelles, la fondation dont nous venons point de dot et ne recevaient de filles (ju'au-
de parler fut faite pour un de ces petits cou- lant (jue les revenus de la maison suffisaient
vents, ou l)ien qu'il y a eu doux différen- pour leur entretien mais présentement elles
;
tes chartreuses, sous le nom Dcslorges ou reç'ivenl des dots, ne sortent plus de leur
des Escuugcs qu'on nommait en latin
,
clôture pour aller au spaliamenl, et ne font
Exciïbiœ, l'une pour des hommes, l'autre point profession avant l'âge de seize ans.
pour des filles mais qu'il y en ail eu d. u%,
t
Comme les Chartreux ont toujours con-
eu qu'il n'y en ait eu qu'une, il n'y en a servé les anciennes pratiques de l'Eglise, les
plus préseniement (!e ce nom, et elles ne sub- religieuses de cet ordre ont aussi conscr\é
sistent plus, non plus que celles de Bertaud, ju-qu'à présent l'ancienne consécration des
de Prébayon, do Poletle, de Souribes, de Ka- vierges, qui se fait en la manière prescrite
mièves ou Ramires, de Parvalon et de Sallo- dans les anciens pontificaux elles ne la re- :
bi'aïul, qui avaient éiô aussi fondées pour çoivenl qu'à l'âge de vingt-cinq ;ins, conser-
des rfelig'iouses. Celte dernière était située en vant toujours le voile blanc jusqu'à ce temps-
Provence, au diocèse de Frcjus, et avait eu là. Celte consécration se fait par révêquc, qui
pour fondateur,! an 1320, Elie de Villeneuve, leur donne l'éloie, le uianipuie et le voile
grand mailre de Rhodes sainte Roseline sa ;
noir .1) le manipule s'attache au bras droit,
;
sœur s'y fit religieuse et y fut inhumée. Son et l'é'. éque, en leur donnant cette élole et ce
corps s'est conservé sans aucuiie corruption maïupule, prononce les mêmes paroles qu'il
jusqu'à présent mais il est en la possession
;
dit à l'ordination des diacres <t des sous-
d;'S religieux de Sainl-François tie l'Obser- diacre-i. Elles portent ces ornements le jour
vance, à qui ce monastère de religieuses de leur consécration et a leur année de ju-
Chartreuses a été cédé dans le quinzième bilé, c'est-à-dire quand elles ont cinquante
siècle. ans de religion, cl on les enterre aussi avec
Il n'y a plus présentement que cinq mr— les mêmes ornements. Les prieures et les re-
nastèrcs de filles de cet ordre, qui sont Pré- ligieuses promettent obéissance au chapitre
mol, à deux lieues de Grenoble, fondé l'an général de l'ordre, et sont obligées d'y en-
1234, par Béatrix de Montferrat, épouse du voyer tous les ans une lettre de leur pro-
dauphin André; Melan, dans le Faucigny en mcise d'obéissance outre cela les prieures
:
Savoie, et du diocèse de Genève, fondé l'an sont tenues d'obéir aux Pères vicaires, c'est-à-
1288; Salctle,sur le bord du Uhôno, dans dire aux directeurs de leurs maisons mais les ;
la baronie de la Tuur, fondé par le dau- religieuses et les converses promettent seule-
phin Humbert I ', Anne son épouse et Jean mentobéissanceàla prieure, quoique les unes
leur fiis, l'an 1239 Marie de Viennois, aussi et les autres fassent leur profession en la pré-
leur fille, s"y fit religieuse et en fut prieure) ;
sence du vicaire eu le nomnicftit avec la
Gosné, au diocèse d'Arras, fondé par Tévê- prieure, et qu'elles soient obligées de lui
que Thierrv Hérisson, en 1308, et Bruges, obéirentoutesles chosesqui sontliciteset rai-
fondé en 134i. sonnables. Les monastères de ces religieuses
Quoique du temps du bienheureux Guigues ont leurs termes aussi bien que ceux des re-
il y eût déjà des religieuses de cet ordre, il ligieux, au delà desquels les derniers statuts
n'en est pas fait mention dans ses Coutumes, défendent aux vicaires et aux prieures de ces
et ce n'est que dans les anciens statuts rédi- monastères de filles d'envoyer les religieux
gés par écrit par le général dom RiCfer, lan qui demeurent chez eux, sans la permis>i()n
1258, qu'il en est parlé pour la première du chapitre général, sous peine à ces reli-
fois, mais sans marquer quelles étaient leurs gieux d'être déclarés fugitifs, et à ceux qui
observances ce que le P. Innocent Maison
: les auraient envoyés, d'être punis sévère-
attribue à la conformité et ressemblance ment. Il y a ordinairement quatre ou cinq
qu'elles avaient avec crlles des religieux. relij^ieux, tant prêtres que convers, qui de-
Cependant, s'il en faut croire Camille Tutin meurent avec le vicaire des religieuses. S'il
dans son Histoire de l'ordre des Chartreux, n'y a pas un plus grand nombre de monas-
les religieuses de cet ordre du monastère de tères (le ces religieuses, on doit l'attribuer
Prébayon ayant été fondées l'an 1230, le à défense qui fut faite par les nouveaux
la
bienheureux Jean l'Espagnol leur donna des statuts colligés par le général dom Guillaume
constitutions particulières. Ce qui est certain, Rainaldi, l'an 1368, d'en recevoir à l'avenir
c'est que présentement toutes les religieuses ou d'en incorporer à l'ordre, ceux qui sub-
Chartreuses se conforment en toutes choses sistaient pour lors étant apparemment assez
aux religieux du même ordre, tant pour à charge aux religieux. Cette délcnse fut
l'office divin, les rites et les cérémonies de encore insérée dans la nouvelle collection
l'Eglise, que pour les abstinences, les jeûner, des statuts faite par le général dom Bernard
le silence et les autres austérités, excepté Garasse, qui fut publiée l'an 1581, lesquels
qu'ell'e* mangent toujours en commun soir statuts sont présentement en usage dans
El malin, et jamais en particulier. Avant le l'ordre, et ont été confirmés par le pape In-
concile de Trente elles faisaient profeision à nocent XI, qui y fit quelques corrections.
l'âge de douze ans, et allaient au spatia- L'habillement de ces religieuses (2) con-
mentavec les Chartreux, leurs directeurs, et siste en une robe de drap blanc liée d'une
(l) Voy.f à la fin du vol. n» 2I(j. (2) Yoy., à la lin du vol., n"» 217 el 218.
871 CHA CHA 87S
cpinture pareille à celle des religieux aussi Beauregard, près Voiron, à quelques lieues
bien que la cuculle ou scapulaire, ayant des de Grenoble et de la Grande-Chartreuse.
bandes à tôle. Ce qu'elles ont de particu- Ce lieu, éloigné de toute habitation, leur
lier, c'est qu'elles poiienl un manleau blanc. offrit la solitude qu'elles cherchaient. Elles
Lpiirs voiles cl leurs guimpos sont sem- parvinrent à payer le tiers de l'acquisition,
blables à ceux des autres religieuses. Elles et altendirenl pour le reste les secours de
ne parlent jamais aux personnes séculiè- la Providence. On a disposé le château de
res, si proches parentes qu'elles puissent la manière la plus convenable; on
y a pra-
être, que le voile baissé et accomp.rgnées de tiqué une chapelle, un chœur pour les reli-
la priv'^ure ou sous-pricure, ou bien dune gieuses, et une clôture régulière pour sé-
ou deux autres religieuses. Quoiqu'elles parer ces filles de la partie qu'habitent
doivent se cotiformer en toutes choses aux les deux Chartreux, dont l'un les dirige pour
observances dos religieux, on a néanmoins le spirituel, tandis que l'autre est chargé
égard à la faiblesse de leur so\e, en modé- du temporel de la maison. Ces disposilions
rant principalement l'auslérilé du silence faites, I\I. l'évéque de Grenoble se trans-
et la demeure des cellules. porta le 6 juin de l'année 1822 à Beaure-
D. Innocent Masson, Annal, ord. Carthus. gard, avec M. l'abbé Bouchard, vicaire gé-
Pelr. Sulor, de Vita Carllius. Camil. Tulin, néral, cl M. le chanoine Goaffrey. Les re-
Prospectus histuriœ oi'dinis Carthus. Pctr. ligieuses avaient repris leur habit, et une
Orland, Chronic. ord. Carthus. et les Con- nouvelle prieure avait été établie, madame
stitutions des rcliqieuses de cet ordre. de Coloaibet. M. l'évéque célébra la messe,
\\ restait en elTct , comuie le dit ci-dessus et toute la communauté communia de sa
le P. Hélyot, cinq maisons de religieuses main. L'après-midi, on reçut deux novi-
Chartreuses, elles religieux n'en désiraient ces, qui étaient depuis longtemps postu-
pas davantage. Un des Fères de la Grande- lantes et dont la ferveur ne s'était pas
Charlreuse, dom Charles, coadjuleur du pro- démentie. M. l'abbé Bouchard prononça un
cureur, nous a dit que jadis les religieux discours sur la reprise d'habit des religieu-
appelaient ces maisons les cinq plaies do ses, et adressa une exhortation aux novi-
l'ordre. Cette plaisanterie venait de la ré- ces, auxquelles M. l'évéque coupa les che-
pulsion qu'avaient les Chartreux à se char- veux, et mit le voile sur la lête. Malgré
ger de la direction des religieuses. Ceux de l'affluence des personnes du voisinage que
Paris refusèrent, il y a deux siècles, de se la dévotion ou la curiosité avait attirées,
charger de lu direction des G.irmelites, nou- tout se passa de la manière la plus édi-
vellement arrivées d'Espagne et établies fiante, soit au dedans, soit même au de-
dans leur voisinage, que la confiance du hors de la chapelle, qui n'avait pu rece-
pape voulait leur donner. On sait que saint voir tous les étrangers. La plus parfaite
Ignace ne permit poinl aux Jésuites de pren- clôture a été établie dans la maison; les
dre, d'office, la direction des communautés religieuses n'ont plus aujourd'hui d'autres
de femmes. Il faut pourtant que ces saintes soins que de vaquer à la prière et d'obser-
filles, portion la plus recommandahle du ver leur règle. Cependant, pour se rendre
troupeau de Jésus-Chris!, trouvent des di- encore plus utiles, elles se proposent d'ou-
recteurs qui puissent les conduire, et elles vrir une école gratuite pour les jeunes filles
en trouveront malheureusement peu entre de Coublevie, qui est la paroisse du monas-
les prêtres séculiers. Un religieux a mieux tère. H ne manquerait à ces religieuses
su comprendre et saura toujours mieux don- qu'une chapelle un peu plus grande et un
ner la leçoa du cloître et de la perfection. bâtiment extérieur pour recevoir les reli-
Quoi qu'il en soit, les religieuses Chartreu- gieux qui les dirigent, le local qu'elles oc-
ses avaient l'avantage d'être conduites par cupent dans le château ayant été fort res-
des Pères de leur oriire, et des cinq inaisons serré par les dispositions qu'il a fallu y faire.
existant au temps d'Hélyol, une avait encore Nous savons que les Chartreuses ont et;
été détruite avant la révolution :c'était la effet ouvert celle école dont elles avaienw
maison de Bruges , qui fut supprimée en d'abord le projet; l'insiruction de la jeu-
1783. Il n'en restait donc que quatre quand nesse n'est ni dans le plan ni dans le but
l'Europe fut bouleversée par la révolution de leur institution c'est donc un ac(e de
:
est na bas de la chapelle, cl sur la grille or- pas ensemble, et que les Lombards profi-
dinaire, on replie, afirès l'o ficc, une IVrmc- taient de leurs divisions, pendant <iu'ils per-
luie cil volels. Viw ci lie grille, tion encore daient le temps à coMteslcr les uns avec les
cnlicrement r( cou ver(c, nous \îniesles Char- autres, le peuple, ennuyé de toutes ces lon-
Iri u^cs réci'cr à voix b.issc cl en pelils gueurs, ne voulut plus obéir qu'à un maître.
Il créa un duc. au(iui-l i. abandonna la sou-
grcHipes de deux sœurs, cl peuî-ôre trois,
l'olfice de la sainte \ icrge. que les Char- veraine puissance, dont il jouissait depuis
treux rceilciil toujours si tils cl dans leurs plus de deux cent soixante el dix ans. 11 y
cellules. C( s petits eriiupcs n'étaient point en eut trois de sui:e, jusqu'en l'an 737, (|ue
tournes vers l'autel. Non- eûmes dnix mots le peuple s'étant encore las^é de ces ducs,
à dire, à celle grille, a l'une des mères, et en abolit le nom cl la «liginié, ayant été si
nous ne vîmes point (elle relijiieuso parce mécon'enl d ï r Sol ou Orse Spato,le dernier
d(i inanleau de chœur comme nous la repré- de cej, ducs, que l'on l'assassina pour mettre
seiilons ici, d'après le P. Héljol, qui dit plus lot lin à son gouverne ment, et auquel on
qu'elles le portent à l'offne. Penl-ctre ne subsiilua un tribun des soldats apj)elé Jl/n-
le prennent-elcs qu'à certaines solennités, c/istcr militiim, el par corruption stro- M
peul-éire l'avail-o;» déjà qnil é, ce «luc nous Miles, dont la charge était annuelle. L élec-
ne croyons pas. Le monastère des Chartreu- tion se fil à Mal inH)co, el c'est ce qui a donné
ses est sur le penchant dune montagne peu lieu à Schoonebeck de prendre le nom de
élevée, à deux pas du bourg de Coublevie, celle ville pour le nom du tribun des soldats
sa paroisse, cl à trois quarts de lieue de qui fut élu, ri à qui il donne le li're de maître
la ville de Voiron. Comme ci îte montagne des chevaliers el de la noblesse, a\anl sui\i
n'est pis couverte de l'orêls, la vue s'étend l'abbé Giusliniani. qui lui donne aus^i ce
fort loin cl le monastère dnil jouir d un air
,
titre.Mais en prenant Malamoeo pour ce
excellent. Une partie du châte;u awini été maîirc préiendu de ces chevaliers el de la
détruite, les lieux réguliers sool un peu ré- noblesse, il n'a pas traduit fidèlomenl cet
trécis, et la solitude des deux Tères qui des- auteur, qui dit (lu'apiès la mort d Orse, der-
servent cctie maison est si resserrée, que les nier duc, le corps du gouvernement, c'est-
désagréments de l'exiguïlé du l;eu ne peu- à-dire ceux qui devaient gouverner la ré-
vent êire compensés que par la sainteté de publique, firent leur résidence à Malamoeo,
l'endroit, les charmes de ce désert cl la belle et qu au lieu d'élire un nouveau doge ou
vue dont on jouit, et qui avait sans doule oc- duc, on élut tin maître des chevaliers et do
casionné la dénomiiuition de ce lieu sous la noblesse: Pf;s,<tfi/o il corpo del (joverno i7i
L'épouvante qu'.Maric, roi des Goths, rc- blique, qui ne signifiailque tribun des soldats,
Î)and;l dans loulc l'Italie. 1'. n V09, donna cl (|u'on ap[ielait par con uplion Mna/ro-
:
ieu à la lond;iii,n de la république de \'e- Mil s.Schoonebeck dit (>r.core que le cheva-
nise. Plusieurs lam.lies de (lilVérents endroils lier Foravanii prétend que l'institution de
croyani qu el>s S'-raienlà l'abri de la fureur Cl l ordre s'est faite au même temps (|ue celle
de ces b.irbares dans bigunes de \ cnise,
les de l'ordre de la Bande en h^spau'ne, cest-à-
s'y réfugièrent cl ybâiircnl des maisons dire ian 13G8. Mais si l'ordre de la Bande a
dans !cs difl'erenics iles (|ui s"v trouvaient. élé instiiué Ian 13(i8. pourquoi Sclioonebc\k,
Les premières (jui furent haliilees furent dans le ch.ipitre où il traite de c t ordre en
C( Iles de Malamoeo, Cliioz.i et lliviilta, cl les pariieulier, en a-t-il mis rinstilulion l'an
autres formèrent dans la suite la superi;c 1332? Il devait au moins faire remarquer i'er-
ville de Venise. Elle ut jiiemièiemcnl des
< reur de Fioravanti, qui dit (ine ce fut Al-
consuls dont l'aditiinisiralion fut de peu de pht)nse, roi de Casiille, fils de Ferdinand et
duice, et puis apièsdes tiihuns, qui s'cli- de Constance, qui en lut linsliluteur; ce-
saient tous les ans par le peuple de chac|uc pend.inl ce prince mourut l'an 13o0. et avait
llef (iui faisait aloiS une réiniiilitjue sép irée, succède à son père Ferdinand l'an 1312 par ;
u [jeu près comme les cantons de la ^uis^e conse(|uenl il ne peut pas avoir institué
ou les l'rovinces-Unies des Pays-Bas. .Mais l'ordre de la Bande l'an 13G8. Mcnnénius
parce que ces magistrats ne s'accordaient prétend aussi que celui de la Chausse fut
881 cnA ClIA S82
inslitiié siir lé morlèle de celui de l.i Bnnde, comme que dans un si bas âge nous
frères, et
el qu'il fut renouvelé l'an 1562. Aînis ce qui avons toujours vécu en paix et entretenu
e.sl rertciin, c'esl (lu'on ne sail point quelle rnnion entre nous, il est juste de se donner
est l'origine de cet ordre. plus anciens
I.es It-s uns aux a}itrcs drs preuves de ce lien
in-
monuments qui juger de son
piiissenî faire dissoluble de notre éternelle amitié, sans la-
antiquité sont quelques portraits de cheva- quelle ni les Etats, ni les empires , ni les ré^
liers de Cet ordre qui se trouvent à Venise, publiques ne peuven' subsister ; c'est pourquoif
el qui sont peints par Gentil et Jacques Bel- coulant suivre les vesliqes de nos prédécesseurs
lini. Carpuccio, et Jean-Bapiisle Concgiiano. et laisser à la postérité un monument qui con-
Mais comme Gentil Bolluii, le pins ancien de serve la mémoire de ta disposition de nos
CCS pcinlies, est mort l'an 1501, âgé de cœur.t, nous contractons par ces présentes une
quatre-vingts ans, on peut mettre l'étahli-se- société siius le nom de compagnie des Setnpi-
ment de cet ordre dans le (luinziè ne siècle. ternels, po>tr être instituée et confirmée par
On appelait cet ordr(! délia Cniza, on de In 7?f'U»'.suus les obligations ci-aprè.< spécifiées^
(^lianssr, à cause que les chevaliers portaient et prions le souverain Seigneur qu'il lui plaise
depuis la cuisse droite jnsiiu'au |)ied une donner nn heureux succès à ce projet, afin
chausse, divisée par bandes de plusieurs cou- qu'il puisse durer jusqu'à la fm des siècles, et
leurs les unes étaient en travers, et les au-
; cpte par la célébration de nos fêtes et par nos
tres de haut en bas; et aux solennités celle réjouissances nous puissions contribuer à
chausse était brodée d'or et d'argent, avec rendre notre ville illosfre, et lui acquérir une
des perles et autres joyaux. gloire qui dunra éternelle) ent.
L'abbé Ginsliniani dil avoir trouve <à Ve- Ces statuts contiennent quarante-deux ar-
nise, dans la bihlioihèquc du sieur Jérôme ticles, et portent nîreaulres r lioses que cette
<
Duodo, deux tiîres concernant cet ordre le : société pourrait être composée de vingt per-
premier est une estampe gravée en enivre sonnes qui en y entrant payeraientcinqu mte
l'an 1529, représenlanl un de ces chevaliers, ducats. 1,0 j> ur ((u'ils (ievaient prendre la
avec celle inscripiion en italien Compnqnui : chausse, ils devaient être vétns de soie et
dci Floridi :o\î\ c.à'c est écrit au>>si en ilalnn : porter la chausse f)endant vingt jours. Ceux
J)ivisio7i de la Chaussr, celi- de la jambe droile qni n'éi.iicnl pas vêtus de soie et n'avaient
est d'e'carlate en dedans, et moilié violette et pas la cha<is<(; au temps marqué, exce()lé
grise en dehors. De l'autre côic de l'eslami c lorsqu'on portail le deuil, devaient payer
il y a aussi en éeril : Broderie sur la Chausse, cent due.iis. Celui qui était élu chef de la
et an bas 1520, le mai on célébra la messe compagnie ne potnail r Tuser cet emploi,
dans l'éf/lie de saint On trouve ensuite sous jieirie de cent dncals d'amemfo.fl y avait
les noms de vingt cinq chevaliers, tous pa- encore deux conseillers et un camer!i:igue,
Irices vénitieîis, excepié trois qui éiaient qui ne pouvaient pas non plus refuser ces
étrangers savoir Gui Ubald, dite dUrhin,
, emplois, sons pe ne de vingt-cinq dncals
Bolierl San Severino, conie de Gajazzo, et d'aimude. Si quehjn'un de la 'cciclé se ma-
"V^ictor Gonella. rous ces chevaliers portaient riaii, les autres étaierit obligés de port r lo
une chausse de trois couleurs, comme nous jour des noces un habit d'écarlale, et lo
avons dil, el l'autre était verte; quant à leur marié un h.ibii de soio pendant trois jours,
habiliement, le haut de ch uisse était fait en sous peine de vingt-cinq ducats d'amende.
formede trousses de pages, taillées par bandes Le marié donnait un repas au son des tr m-
comme les ci loties (h; Sui>se, le tout en bro- pellrs (>t d'autres instruments de mus!(]ue,
derie, aussi bien que le pourpoin', (lui était l'un dans la maison de la mariée, el l'autre
ceint d'une petite ceinture et par-dessus cet
; dans la sienne; et ces deux repas devaient
habit ils avaient une grande robe traînant être yuivis d'un troisième avec la représen-
à terre, avec de grandes manches, et une lali<in d'uno comédie. Le marié était aussi
étole sur l'épaule; cette robe était quelque- obligé d'envoyer à tous ceux de li sociéié,
fois violette, qu Iqiielois de labis craiisoisi, au chapelain et au notaire, un massepain de
en quelques occasions de damas, cl dans les six livres et un pain de sucre, ol de plus au
solennilés de drap d'or. notaire un ducal, sons peine de vingt-cinq
L'autre lilre coi cernant ces chevaliers, ducats d'amende. Si dans la maison de celui
qui se trouve dans la même bibliolhèiiue, est où se laisail le répal qnclqii'un des associé»
un mannscril où sont les statuts et les règlc- coupait , déchirait ou brisai! quelque chose
mems de la compagnie d.'s Sempiternels qni dût servir au repas, il était tenu de
fondée l'an 15V1, et (]ui commencent ain^i : payer cent ducats à la cotnpagnie, et de rem-
Jn vomine sanctœ et individuœ Trinitatis, bourser le prix de la cliO'-e qui avait été
Pntris el lilii et Spiriitis saucli, el divi gâtée. Quand quelqu'un mourait, les antres
Marci l^vavfjelistœ protectoris nostri felici- portaient le deuil pendant quatre jours. Ceux
ler. Amen. Anno .\ativitails Domini nostri qui étaient reçus dans celte compagnie
Jesn Christi miltesimo (/uingrntesimo q^iadra- étaie'.l obliges, après avoir pris la chausso
gesimo primo, indict. siv die vero 15 mcnsis
, de donner à souper aux autres et à vingt-
Junii, principal us nostri srrenissimi principis cinq dames, outre leurs compagnes, au(^uel
et I). U. l'etri Lundi Dei gratia nclyti Vrne- repas il devait y avoir des violons, et cela
torwn ducis anno 3. Ces statuts sont écrils de» anl le huitième jour de sa réception, sous
ensuite en italien, dont voici le préambule peine de soixante ducats d'amende, s'il n'é-
traduit en français Considérant que dès notre
: tait pas marié, ou de payer six vingtsducats à
enfance nous avons commencé à nous aimer la compagnie s'il était marié. Le temps da
883 DICTIONNAIRE DKS ORDRES RELIGIEUX. 884
quitter la chausse étant arrivé, chacun des aucune autre société publique, sous peine de
associés devait faire quelque présent pour la même amende, lui effet, il y avait la so-
faire un feslin à la broderie de la chausse, ciété des Florides, et César Vecellio, frère du
selon que la compagnie le jugeait à propos. Titien, qui donna en 1589 les différents ha-
Après avoir quitlé la chausse on était encore billements de tout le monde, a donné celui du
tenu de la porter pendant trois ans à toutes chevalier de la Chausse différent de ceux des
les fêtes de la société. Le secrot touchant les Florides et des Sempiternels, comme on peut
affaires qui étaient traitées dans les a«sem- voir dans la figure que nous avons fait gra-
blées ne pouvait être révélé sous peine de ver (1). Ces derniers portaient, au lieu de la
vingt-cinq ducats d'amciuie chaque fois qu'on robe vénitienne, un petit manteau avec un
y contrevenait. C'est pourquoi, en entrant capuce par derrière, où il y avait en dedans
dans la compagnie, ils juraient do garder le une figure en broderie au gré du chevalier.
secret. Si quelqu'un avait proposé une per- C'était souvent un pallas, un petit cupidon ,
sonne pour y entrer, et cju'ayant été acceptée, un soleil, un petit animal ou autres cho-
elle refusât d'y entrer, celui qui l'avait pro- ses semblables. Ils avaient la tête couverte
posée devait payer une amende de vingt-cinq d'un bonnet rouge ou noir, avec quelques
ducats; et si la proposition avait été faite pierreries à côté. Le pourpoint était de ve-
par écrit, il était condamné à payer cent du- lours ou d'autres étoffes de soie à manches
cats. Tous ces chevaliers Sempiternels por- tailladées, liées avec des rubans relevés d'or
taient des chausses différentes; car il est et de soie, et des aiguillettes d'or. Les chaus-
marqué dans le même manuscrit que les ses étaient de diverses couleurs par bandes
chausses tant du prieur que du sieur Jérôme de haut en bas, et il y en avait une qui était
Vallier et du sieur André Gontarini, conseil- brodée. Plusieurs princes souverains et des
lers, seraient ainsi partagées, la droite d'é- seigneurs des plus qualifiés d'Italie se sont
carlate, et la gauche d'incarnat en dedans et fait honneur d entrer dans ces compagnies ,
grise en dehors. Le sieur Jérôme Bernardi et il y en a eu des maisons de Gonzague,
en d; vait porter une b'anche. et l'auîre écar- d'Esté, d'Urbin, de Colonne, de Sanseverino,
lalc et d'argent; le sieur Louis Grimani avait et autres. Mais ces sortes de compagnies
celle de la droite écarlate et celle de la gau- ont été abolies dans la suite, et les. cheva-
che en partie incarnate et en partie bleue ; liers qui subsistent à présent dans la répu-
le sieur Laurent Soranzo en avait une grise blique de Venise sont ceux de l'Etole d'or,
et l'autre violette, et ainsi des autres. de Saint-Marc et du Doge.
Après qu'ils eurent tous signé ces statuts, Cette république s'étant attribué le droit
ils s'engagèrent d'assister le lendemain au de faire des chevaliers, les plus considéra-
grand conseil et de s'asseoir tous sur les bles qu'elle fait sont ceux de l'Etole d'or, ne
Bancs d'en haut, avec des robes de damas conférant cette dignité qu'aux personnes
cramoisi, et tous les jours ils portj.'ient un qui sont de familles patriciennes ou qui s'en
bonnet en forme de capuchon pointu de ve- soiii rendus dignes par les services qu'ils ont
lours cramoisi. Lorsqu'ils quittaient la robe rendus dans les armées, dans les ambassades
de damas cramr)isi, ils en prenaient une ou dans quelque autre occasion importante.
autre de tabis noir, avec un bonnetde velours On les appelle chevaliers de l'Etole d'or
de même couleur. Leur chef à pareils jours à cause que sur l'épaule gauche ils portent
portait un manteau de velours cramoisi avec une étole d'or en broderie de la largeur d'un
une veste d'or, une chaîne d'or au cou et un pied, descendant par devant et par derrière
bonnet ducal; il lui était permis d'orner sa jusqu'aux genoux (•>). C'est le sénat qui leur
gondole comme il voulait. Le jour qui était accorde cet honneur, et après avoir été re-
destiné pour prendre la chausse étant arrivé, çus, ils paraissent en public pendant huit
ils s'assemblèrent dans la place de Siint- jours de suite avec une robe ducale de drap
Elienne, qui était ornée de belles tapisseries rouge ou de damas selon la saison, et l'hiver
et de tableaux des meilleurs maîtres. On celle robe est fourrée d'hermine comme celle
y
avait dres'-é un échafaudsur lequel on célébra des sénateurs. Dans la suite ils ne portent
la messe. Il s'y fit un grand concours; et le cet habillement rouge que lorsqu'ils sont du
soir la compagnie donna une grande fête à sénat, et que la seigneurie le porte dans
plusieurs seigneurs et dames qui s'étaient les solennités ; aux autres jours
ils ont seu-
trouvés à la cérémonie. Quelques mois après lement comme autres nobles, une robe
les
ils ordonnèrent que toutes les chausses se- noire et ce qui les distingue des autres, c'est
;
raient à l'avenir d'une même couleur, et la que l'étule qu'ils portent sur l'épaule, et qui
broderie uniforme. est aussi noire, est bordée d'un galon d'or.
Il paraît par le vingt-sixième article de ces L'hiver cette robe est ceinte d'une ceinture
Sempiternels, qu'il y avait plusieurs compa- de velours noir avec des franges d'or. L'on
gnies de la Chausse car il y est marqué que
; ne sait point quelle a été l'origine de ces
si quelqu'un des membres de la société de- chevaliers. L'abbé Giastiniani dit qu'on ne
mande d'en sortir, on fera publier sa re- peut rien trouver qui la fasse connaître, les
quête dans la place de Saint-Marc ei à anciennes archives de la république ayant été
Kiallo ; qu'il payera cinq cents ducats d'a- brûlées, et que la tradition est qu'ancienne-
mende et qu'il ne pourra à l'avenir être reçu ment les nobles vénitiens portaient pour
dans aucune société de la Chausse, ni dans couvrir leur tète un grand chaperon qui'
(*) Voy., à la fia du vol., n» 219. (2) Voy., à la fin du vol., n° 220.
S85 CHE CHg 886
descendait sur les épaules, comme l'on voit honneur ordinairement conféré par le
n'est
encore clans des ligures anciennes; que ceux sénat qu'aux sujets de la république ou
qui étaient de familles patriciennes ornaient quelquefois aux étrangers qui lui ont rendu
ce chaperon de broderie d'or, ce qui étant service dans les armées et s'y sont distin-
incommode pour l'été, on le quitta et on le gués par leurs belles actions. La marque
mit seulement sur l'épaule. Cet auteur ajoute de cet ordre est une médaille d'or où est
encore qu'autrefois il était permis à chacun représenté le lion de saint Marc, tenant en-
de s'habiller comme il voulait mais que, tre ses pattes un livre ouvert où sont ces
pa-
l'an IGol le sénat lit un décret, lo 15 mars, roles: Pax libi, Marce evangelisia 7?ieus. Ces
par lequel il fixa l'habillement, ordonnant chevaliers ne sont point obligés à faire des
que tous les nobles porteraient des robes preuves de noblesse. Ceux qui ont été reçus
noires à grandes manches; que les sages sont conduits au sénat, où, se mettant à ge-
grands porteraient cette robe violette, aussi noux aux pieds du doge, ils le supplient de
bien que les sages do terre ferme pendant les faire chevaliers. L- doge, après les avoir
le temps seulemont qu'ils exerceraient ces exhortés de continuer à rendre service à 1%
charges que les clicfs de la quaranlie cri-
; république, frappe avec une épée nue sqr la
minelle et les sages des ordres auraient des dos de chacun de ces chevaliers, en lui
robes violettes à manches étroites, vulgai- disant £sto viilcs fidelis ; on lui attache les
:
rement appelées maniche a comio ; et qu'on éperons d'or aux pieds, et le doge lui met au
precrivit aussi celles des autres magistrats, cou une chaîne d'or où pend la médaille.
qui dcins les fonctions publiques devaient Comme le doge est prince et chei de la ré-
porter la robe rouge. Le même décret déter- publique, il confère aussi de sou autorité
mine encore l'habillement des chevaliers de un autre ordre qu'on nomme l'ordre du Doge
l'Etole d'or, au'iquels il ordonne de quitter ou du Prince de Venise. Il le donne dans sa
la robe rouge huit jours après leur récep- salle d'audience, etla marque que portent les
tion, sous peine de cinq cents ducats d'a- chevaliers de cet ordre est une croix à douze
mende, et de prendre la robe à manches pointes, comme celle des chevaliers de
étroites comme les autres il leur permet
;
Malte. Elle est émaillée de bleu, orlée d'or
seulement d' porter pour marque de leur di- avec une ovale au milieu où est représenté
gnité sur leurs habits la ceinture et l'étole le lion de saint Marc.
bordée d'un galon d'or, excepté ceux qui se- César Vecellio, Uabiti antichi e rnoderni
raient députés pour accompagner le doge,re- di intto il mondo; Bernard Ciusliniani, llist.
cevoivlcsambassadeurs, ou paraître dansles di tnlt. qli ord. militari ; Vvancsc. Menné-
fondions publiques, qui pour lors porteraient nius, Deliciœ egiiestr. ord.f et Schoonebeck,
dea robes rouges. Histoire des ordres inilitaires.
Lorsque ceux qui ont été en ambassade
au, rès de quelque prince ont reçu d'eux CHEZAL-BENOTT ( Congrégation de ).
semlde pour ne faire qu'un mènic corps. Le brève s nomination n»^ pourraient êtro
^\^'.
cardinal de Luxembourg, qui était aussi ab- expédiés en faveur de ceux que Si Majesté
bé de Saint-Martin de Scz, agré^jea cette nommerait, qu'après que les chap très et vi-
abliayc .lux (|u itrc aulres, et s'en démit pa- siteurs de la congrégation auraient certifié
reillement en f;ivrur de a réforcne entre les que ceux (jui auraient été nommés étalent
mains do dom Jean de Rans, et en IblO la dignes de ces emplois, et qu'ils pourraient
célèbre abbaye de Sainl-Gerniain-des-l*rés y être firi^és de leurs abbayes en cas de n>al-
fu! encore unie par le zèle et la piété de ver>>ations, Ce traité fut homologué en cour
GuilliiuniL' Briçonel, évéquc de .Meaux. qui de Rome par une bulle de Paul III.
en él.iit abbé. Mais comme celte réforme Les choses detneurèrent en cet état sous
n'aurait pu subsister sans l'approbation de la le règnedeFrançoisI"';mais son fils, Henri II,
cour do Rome, les supérieurs des cinq pre- lui ayant succédé en 154-7, révoqua tout co
miers monastères, s'élanl assemblés l'an L51t, que son père avait fait en 15^2, et cassa l'ar-
résolurent de faire confirmer leur union par rêt du grand conseil de la même année, t^c
le sainl-.iége, ce qu'ils n'obtinrent du pape prince se réserva seulement le droit de don-
Léon X que l'an 1616, à la prière du roi ner des lettres d'attache et d'approbation aux
François I". abbés triennaux qui seraient élus par les
Léon X, en érigeant celte congrégation, chapitres généraux de la congrégation, et les
supprimâtes tilresdescinq premières abb.iyes, religieux obtinrent l'an 1551 une bulle de
et ordonna qu'à l'avenir les abbés ne seraient Jules III, conforme aux lettres patentes du
que triennaux et élus dans le chapitre géné- roi, qui accorda en 1552 de nouvelles lettres
ral de la congrégation. La bulle d'érection pour l'exécution tie cette bulle, qui fut enre-
fut autorisée par lettres patentes du roi du gistrée au pai loment et au grand conseil sans
19 mai 1517, qui furent enregistrées au opposition.
grand conseil au mois de janvier de l'année Le relâchement s'étant introduit dans la
suivante 1518; mais ce prince ayant nommé, suite danscette congiégaiion,leroi Louis XHI
l'an 1535, le cardinal du Bellay à l'abbaye de nomma des commissaires pour faire la visite
Saint-Vincent du Mans et ce prélat en ayant
, des monastères qui en dépendaient, et sur
obtenu les bulies la même année, dom Jean de leur rapport, Sa Majesté, par un arrêt du
Bans, qui en était pour lors abbétriennal, s'op- conseil d'Klat du 28 août 163i, déclara les
posa à la prise de possession. L'opposition fut religieux do Chezal-Benoîl déchus de tous
portée au grand conseil, où les religieux in- leurs privilèges, et dunna les cin(] abbayes
terjetèrent appel comme d'abus des bulles de celle congrégation au cardinal de Riche-
obtenues par le cardinal du Bellay, et le pro- lieu, minisire d'Etat, et le nomma général
cureur général de cette cour, par ordre du administrateur au spirituel et au temporel
roi, appela aussi comme d'abus de la bulle de cette congrégation pour la réformer. Les
de Léon X, de l'an 1616, (lui, en érigeant la projets de reforme n'ayant point réussi, cette
congrégation do Cliczal-Benoît, avait or- congrégation fui unie à colle de Sainl-Maur
donné que les abbés seraient à l'avenir trien- par un arrd du conseil d'Etat de l'an 1636,
naux et élus dans le cliapitie général de la ce (jui ne se fil pas sans opposition de la part
congrégation; et le roi déclara en 15't2, par des religieux de Gbezal-Beiioit, qui mirent au
ses lettres patentes véritîées au grand con- jour p'usieurs écrits pour leur défense. Les
seil, qu'il n'avait point inlercélé pour la sup- religieux de Saint-Maur obtinrent l'an 1650
pression des titres des cinq abbayes et cass.i des lettres p;itentes du roi Louis XIV, (jui
l'arrêt d'enregistrement de la bulledeLéon X, confirmaient l'union de ces deux congréga-
comnie nulle cl donnée à son insu. Il y eut tions et cledion triennale des abbés des
1
prince, nvcc lequel 11 avnit en quelque diffé- de ces religieux pour meltre la réforme
rend pour le soutien de l'immunilé ecclésias- dans labbaye de l'ronchet, située dans son
tique. diocèse. Ils y furent introduits l'an 1607, et
Outre les abb.iycs d'horomcs qui rompo- y établirent la réforme. Ils furent ensuite
sniont cetic coniïrcsation, il y en avait aussi appelés pour réformer l'abbaye de Lantenac,
de filles, s.ivoir
ciiii] Saint-Pierre <lc Lyon,
: et eurent encore huit ou dix monasières qui
S.iiiit-Laurcnl de Bnur<;cs, Notre-Dame de formèrent tous ensemble* la société de Bre-
Nevers, Isoure à Moulins en Bourbonnais et tagne. Ces religieux firent plusieurs tenla-
Charenlon en Bcrri, qui sont présenlrmont tives pour s'unir à la congrégation de Saint-
sous la juridiction des ordinaires. La plus Alaur, mais ne l'ayant pu obtenir, ils dépu-
considcrabîe de ces abbayes est celle de Saint- tèrent à Rome pour que leur société pût être
Piorre de Lyon, où l'on ne reçoit que d( s ériKéf en congrégation, ce que le pape llr—
Oies nolilcs, et elle f.iil un des plus beaux bain VIII, qui régnait pour lors, leur refusa,
orni menls de celle ville par la niagniOccncc voulnnl (ju'clle fût unie à la congrégation do
de ses bâiirnenis Sainl-Maur, et écrivit pource sujet un brclau
Cl Midc Blondc.'m, Bibliothèque cannn'que, cardinal dcBérulleel à son nonce en France.
tome II, paye 080, et procédures jiotir runion L'union fut signée au collège de Cluny, le
des (tbljoyes du Sainf-Vincent du Mnvs et de 17 juillet 1628, et fui ratifiée dans le chapil'rô
Snint-fiermain-deit-Prés, de ta conf/réf/alion général de la congrégation de Saint-Maur,
de Cltcz(d-IhnoU à celle de Snint-Maur. 1(» 28 septembre 1628; c'est ce que j'ai appris
du père général fussent homologués, cequ'ils noît et aux constitutions de Citeaux que ,
mais l'an 136G ils furent transférés àTho- plus de quinze cent mille livres de revenu.
mar, à sept lieues de Santarem, sous legoii- Personne n'y peut prétendre qu'il n'ait com-
vcrnemenl de dom Nuf^no Rodriguez sixiè- , battu pendant trois ans contre les infidèles.
ïv.e grand maître, et le principal couvent de II y a parmi ces chevaliers des comman-
et ordre y a loujours élé jus([u'à présent. deurs des grands-croix de simples cheva-
, ,
donneraient le tiers du revenu annuel de l'administration l'an 1522 et Jules III, l'an ;
leurs commanderies poiir bâtir le couvent 1550, uîîil pour toujours la grande maîtrise
de Thomar il leur permit
: aussi do se ma- et colle de l'ordre d Avis à la couronne de
rier. Portugal. L'habit de cérémonie de ces che-
Ces chevaliers se rendirent recommanda- valiers (1) consiste en une grande robe de
tles par les victoires qu'ils remportèrent laine blanche qui s'attache autour du cou
sur les Maures, dont ils occupèrent plusieurs avec deux cordons blancs qui pendent jus-
terres en Afrique, qu'ils soumirent à la do- qu'à terre et ils portent sur la poitrine la
,
mination du Portugal : mais le roi dom croix de l'ordre qui est pattéc de gueules, au
Edouard en gratiSa l'an 1433 ces mêmes milieu de laauellc il y en a une autre d'ar-
chevaliers, et leur en donna même la sou- gent.
veraineté , ce qui fut confirmé par le pape Sous le règne du roi Jean III Antoine de ,
Eugène IV, qui leur accorda aussi les déci- Lisbonne, religieux de S.nnt-Jérôme, ayant
mes, non-seulement des terres qu'ils avaient été nommé commissaire apostolique pour
conquises , mais de celles qu'ils pourraient faire la visite du couvent de Thomar éta- ,
conquérir dans la suite. L'ordre fu' redeva- blit une réforme de l'ordre du Christ dans ce
ble de cet agrandissement à l'infcint dom couvent , du consentement du roi et du
Henri, qui en était u;rand maître. Il était nonce apostolique en ce royaume. Il déposa
frère Ju roi Edouard et ce fut à sa considé-
, Didace de Rego, qui en était prieur, et obli-
ration qu'il fit tant de bien à cet ordre, que gea tous les clercs de cet ordre à vivre en
ce grand maître réforma aussi l'an 14'i9, commun et à porter un habit monacal avec
en ayant obtenu la permission du même la croix de l'ordre du Christ sur la poitrine,
pontife Eugène IV. tel que nous le représentons ici (2). Il fil \:à\iv
Le Alphonse
roi V
ne fut pas moins libé- un dortoir , un réfectoire et autres lieux ré-
ral envers lui car il lui donna la juridic-
; guliers, et y reçut des novices auxquels, après
tion spirituelle sur tout ce qu'il possédait au l'année de probation , il fit faire les vœux so-
delà des mers, ce qui fut confirmé l'an 1455 lennels de pauvreté, de chasteté et d'obéis-
par le pape Calixte III, qui permit au grand sance. Il dressa des statuts, fit plusieurs rè-
prieur de cet ordre de nommer aux bénéfices glements et cette réforme, à la prière du roi,
;
situés dans les terres qui appartenaient à fut approuvée par le pape Jules III, qui per-
l'ordre, et d'y fulminer des censures, des in- mit à ce réformateur de quitter l'ordre de
terdits et autres peines ecclésiastiques Saint-Jérôme et de passer à celui de Christ,
avec la même autorité que les évêques ont l'établissant prieur du couvent de Thomar.
dans leurs diocèses. Cette réforme s'étendit en plusieurs en-
Le grand maître Emmanuel, qui succéda droits , et le réformateur Antoine de Lis-
au royaume de Portugal après la mort de bonne obtint du pape Pie V la confirmation
Jean H, sous le nom d'Emmanuel I«s aug- de tous ses couvents par une bulle de l'an
menta beaucoup cet ordre car après avoir : 15G7, qui les exemptait de la juridiction de
conquis plusieurs provinces en Orient avec l'abbé d'Alcobaza et de toutes autres visites,
le secours de ses chevaliers il leur donna , hors des visiteurs qui auraient été élus dans
plusieurs commanderies dont il y en avait , les chapitres de cette congrégation dont le
trente pour ceux qui demeureraient en Afri- couvent de Thomar fut établi chef. Comme
que à la défense des places qu'ils avaient en vertu de cette bulle ces religieux ne pré-
conquises. Entre ces commanderies , les tendaient point dépendre des clievaliers, on
plus considérables furent celles de Sainte» voulut les supprimer dans la suite. Le roi
Marie d'Afrique, et d'Aguin. Il leur en donna Sébastien s'adressa pour cet effet au pape
aussi trois autres dans les Indes qui furent Grégoire XIII, l'an 1576, qui, pour empê-
unies à la maison de commerce qu'il y éta- cher celte suppression , ordonna que le roi
blit pour lenlretien des chevaliers. Il as- comme grand maître de l'ordre de Christ au-
sembla plusieurs chapitres généraux, où il rait juridiction sur eux ; que la mai-on di
réforma plusieurs abus qui s'étaient glissés Thomar et le coUégede Conimbre serviraient
dans l'ordre. Le plus considérable de ces de séminaire où les prêtres de l'ordre se-
chapitres fut celui qui se tint l'an 1503, où raient élevés; qu'ilsy apprendraient la gram»
l'on fit plusieurs règlements pour le bon maire, la philosophie et la théologie; qu'on
gouvernement et pour prévenir les abus qui y ferait leçon des cas de consciinco, et
pourraient s'y glisser dans la suite. qu'à la fin de l'année le prieur de Thomar el
Cet ordre possède plus de quatre cent le recteur de Conimbre donneraient avis au
cinquante commanderies, qui rapportent roi du progrès qu'ils auraient fait ; qu'à l'a-
(1) Voy., à la fin du vol., n' 222. (2) Voy., à la fin du vol., n" 223.
Sd3 cm CHY 894
venir aucun ne pourrait être reçu ni faire afin que personne ne pût lui disputer le titra
profession dans l'ordre autre part que dans de roi de Jérusalem, il Guy de Lu-
l'acheta de
le couvent de Thomar que ceux qui avaient
;
zignan , lui donnant en échange l'ile de
ffiit profession dans la réformo persévére- Chypre. Ce dernier prit le titre de roi de
raient dans cet étal ; que tant qu'ils demeu- Chypre, que ses descendants ont conservé
reraient dans le couvent de Thomar ils ne jusqu'en l'an li73, et à peine eut-il pris pos-
pourraient pas quitter leur habit monacal, session de son royaume, l'an 1192, (îu'il insti-
mais que sile roi les envoyait hors du tua un ordre militaire pour s'opjjoser aux
royaume, pourraient pour lors porter un
ils descentes et aux irruptions que les infidèles
habit clérical avec un scapulaire , et qu'en- pouvaient faire dans cc'.tc île, espéranl que
Cn il serait à la liberté du roi de fixer le les chevaliers de cet ordr(î n'auraient pas
nombre des frères , pourvu ou'il n'excédât moins de valeur et de courage que ceux des
pas celui de trois cents. ordres militaires de la Palestine établis pour
Jl y a aussi en Italie un ordre militaire la défense des saints lieux, et qui avaient
sous le nom de Jésus-Christ (1), qui fut ins- fait des actions héroïques dont il avait été
titué par le pape Jean XXII à peu près dans lui-même témoin.
le même temps que celui de Portugal. Mais Il donna à ces chevaliers (2) pour marque
les chevaliers d'Italie ne sont pas obligés à de leur ordre un collier composé de lacs
faire preuve de noblesse, comme ceux de d'amour de soie blanche , entrelacés des
Portugal auquel ils ont été atrrégés , sans lettres R et S en or, et au bout de ce collier
pouvoir néanmoins prétendre à leurs com- pendait sur l'estomac une médaille d'or d.ms
mandcries. Ils ont aussi les mêmes statuts laquelle il y avait une épée nue, dont la
et sont seulement appelés Chevaliers à bre- lame était d'argent, et la garde d'or, avec
vet. L'abbé Giustiniani, dans son Histoire des cette devise tout autour: Securitas regni ^
ordres militaires, dit qu'il servit de parraina pour montrer à ces chevaliers qu'après
un de ces ciievaliers , auquel le patriarche Dieu il assurait la conservation de son nou-
de Venise donna Thabit de cet ordre , en veau royaume sur leur valeur et leur fidélité,
vertu d'un bref du pape Innocent Xï. et c'est pour ce sujet que, selon quelques
Angel. Manriq. Annal, ord. Cister. Chry- auteurs, il donna à cet ordre le nom de
soslom. Henriq. Rcgul. Constitut. et privi- ïEpée.
leg. ord. Cisler, Andréas Mendo , de Ord. Il y en a néanmoins qui tiennent que cet
militar, Laurontius Perez Carvalho, Eluci- ordre fut appelé du Silence, ce qui est si-
dât, ord. LusHnniœ. Mennénius , Bernard gnifié, diseni-ils, par la lettre S, et que la
Giusliniani et Schoonebeck, dans \e\\T Hist, lettre R marque qu'il était royal, ce que l'on
des ordres militaires. peut entendre ainsi Regium silentium.
:
d'Angleterre, s'étant embarqué l'an 1191 H ajoute, sur le témoignage de plusieurs au-
pour combattre les Sarrasins et recouvrer la teurs, que Pierre de Luzignan, roi de Chypre,
terre sainte, fut jeté par la tempête sur les allant trouver le pape Urbain V l'an 1363,
côtes de Chypre, où, loin de trouver un asile, logea à \ enise chez Frédéric Cornaro et ,
(1) Vey.f à la fin du vol., n° 224. (2) Yolj., à la fin du vol., n° 223.
895 DICTIONNAIRE DES ORDRES RELIGIEllX. 895
service du roi, l'appui de la jiistico, la pro- deux cent cinquante demoiselles d'extraction
IfClion des pauvres et la tranquillité pu- noble, et de vingl-(iualre sreurs converses,
blique. Cet ordre, que quelques-uns niellent pour y vivre suivant les règles et les con-
aussi sous la règle de saiiU B isi e, fui fort stitut ons qui leur devaient être prescrites
illusire pendant que la maison de Luzignan par l'évéque de Chartres, à l'autorité du-
posséda re royîinme; mais il fut aboli après (luel cl de ses successeurs cette maison
que Callierine Coruaro, veuve de J.icques de doit éire toujours soumise, pour tout ce qui
Luzignan, eut cédé ce royaume au\ Véni- dépend de la visite, de li correciion et de
tiens, qui en onl été les maîtres jusqu'en lan la juridiction épiscopale, comme étant si-
1571, (jue les Turcs s'en etnparcrent. tuée dans le diocèse de Chartres.
Mennénius, Deliciœ efjuest. ordin. Favin, Dès l'an 1682, madame de Mainlenon,
Tlicdt. d'honu. et de c^ieiuler. Bernard touchée du triste élal où se trouvait la no-
Giusliniani, flist. di 'nui gli nrd. milit Her- blesse du royaume dans ces derniers temps,
man et Schuonebeck, dans leurs i/<5^ des avait eomiue jeté les fondements de ce pieux
ord. milit. établissement, en assemblant à Uueil,à deux
licuis de Paris, plusieurs jeunes demoiselles
ClGNEou CYGNE. Voyez Ampoule (Ste.). quelle prit soin de faire élever el entretenir
CIR ou CYU, PRÈS DE Versailles (Dames à ses dépens, sous la conduite de la révé-
RELIGIELSES DE ijAlNT-LoUlS A SaINT-). rende mère de Brinon, religieuse Ursuline.
Nous croyons n'avoir omis aucune con- Cela réussit si heureusement, que le roi, à
grégation de l'ordre de Saint-Augustin ; mais la persuasion de tnadame de Mainlenon
quoi(|ue nous ayons tâché d'observer la et du B. P. de la Chaise, de la compa-
même exactilude à l'égard <lc tous les mo- gnie de Jésus, confesseur de Sa Majesté,
ni.slères particuliers du même ordre, qui voulut cooj)érer à une si sainte œuvre.
Si mblent foinier autant d'ordres différents, Ce prince paya d'abord la pension de cent
pur rapport aux liabillemenls (]ui les disiin- demoiselles, el donna l'an 1G84 le château
guenl les uns des autres, et à 1 iirs obser- de Noisy pour les loger. Le progrès que ces
vances pariiculières, il e^l impossible qu'il ne demoiselles faisaienl de jour en jour porta
nous en soit pas ccbappé qm Iques-uns. Peut- Sa Majesté à rendre cel établissement solide
être salisferons-nous la curiosiié du lecteur, par la fondation de la royale maison de
en lui fuiant ci-nnaîtro plusieurs de cct:e Saint-Louis à Saint Cyr (2), dont la mère de
espcc'3 (jui lui étaient inconnus; mais nous Biinon lut la première supérieure et ma- ;
croirions fare tort à la gloire qui est encore dame de Mainlenon par ses soins el sa con-
due à l'ordre de Saint-Augustin si nous , duite en a formé le gouvernement.
passions sous silence les Dames religieuses Pour cet effet le roi donna des lettres pa-
de la royal.; maison de Sainl-Louis à Saiul- tentes en forme d'édit au Diois de juin 168G,
Cyr (1), dont rétablissement est un des plus enregistrées au parlement et à la chambre
be.iux monuments de la piété de noire in- des comptes de Paris les 18 el 28 du même
vincible monarquo Kouis \\V. mois, portant fondation de celte royale mal-
Ce prince, toujours attentif au bien de ses son. Ces lettres contienuenl quinze articles
sujets, après avoir fait b.itir le magnifique de règlements, (jue Sa Majesté veut être ob-
hô el des Inva ides à P.iris pour y loger les servés dans cet établissement. Elle ordonne
ofdciers et les soldais blessés et estropiés à que le nombre de trente-six Dames ne pourra
son servic(> et lui a\ oir assigne di-s fonds suf-
, cire augmenté, pour quelque cause el occa-
fisints |)our leur fournir toutes sortes de sion que ce soit que l'une des places ve-
;
secours .spirituels et temporels; après avoir nant à manquer, elle ne pourra être rem-
Ctai)li des académies pour apprendic aux plie (lue par l'une des deux cent cinquante
jeunes genlilsliouimeo tous les excreices qui demoiselles qui sera choisie par la commu-
lonvimnent à la noblesse, pour cu'liver eu nauté à la lui allié des suflrages, et âgée au
I
eux les semences de courage el d'Iionncur moins de dix-huit ans accomplis, pour être
que leur donne la naissance, pour les former reçue au noviciat, et le temps du noviciat
par une exacte et ïévéro discipline aux passé, à la profession ; <iue ces Dames feiont
exercices militait es, et les rendre capables les vœux simples ordinaires, de pauvreté,
de soutenir la réputation du nom français , de chasteté el d'obéissance, el un vœu par-
crut qu'il était aussi de sa piété de pour- ticulier de consacrer leur vie à l'éducation
voir à l'éducaliun des demoiseiles, surtout et à l'instruclion des demoiselles; que les
de celles dont les pères étant morts au ser- vingt-quatre sœurs converses seront pareil-
vice de l'Klat, ou s'éiant épuisés par les dé- lomeni reçues au noviciat el à la profession,
penses qu ils y avaient faites, se trouve- en faisant les mêmes vœux de pauvreté, de
raient hors d'état de leur donner les se- chasteté et d'obéissance, le tout suivant les
cours nécessaires pour les faire bien élever; constitutions.
|)Our ce sujet, il fit bâtir !a maison de Sainl- L'evcque de Chartres doit commettre, pour
Louis, à Sainl-Cyr, près de Versailles, el y le temps jugera à propos, un supérieur
qu'il
fonda une communauté qu'il mit sous la ecclésiastique séculier, qui suit agréable au
protection de la sainte Vierge el de sainl roi, pour régir celle communauté dans le
Louis, roi de France, qui devait être com- spirituel.Sa Majesté s'est réservé et à ses
posée de Irenle-six Dûmes professes , de successeurs rois la nomination el enlière
(1) Voy., à la fin du vol., n^ 226. (2) Voy., à la fin du vol., n° ^27.
S97 CIR cm 898
disposition, parsimpli'e brevet, des deux cent pour la suppression du litre abbalial et
rinquanlc places de demoiselles el a ordon-
, pour l'union des revenus en dépend mis, à
né qu'aucune do ces denioisollcs ne pourra cette communauté, sans néanmoins f)réju-
élrc admise, qu'elle n'ait fiit preuve de no- dicier à la mense conveuluelle des religieux,
blesse de quatre degrés du côlé paternel, el sans (jue leur nombre, ni \ô service divin
dont le père fera le premier degré. Aucune et les loiidations, en pu-senl élre diminués.
demoiselle ne pourra élre reçue, si elle n'est Au cas que les charges cl la dépense de
âgée au moins de sept ans , cl si elle eu a la communaulé de Saint-Louis acciuitlées,
plus de douze. Celles qui auront été reçues el après avoir laissé la somme decintiuante
ne poui ront y demeurer que jusiju'à vingt mille livres en réserve, pour les cas in)pré-
ans accompli'^. L'une des deux cent cin- Tus et les besoins de la communaulé, 1 se
quante places venant à v.Knier, le supérieur trouvât, par l'arrêté des comptes des reve-
et la supérieure seront tenus d'en inl'oimer nus de la maison, à la fin de cliaque année,
le roi pour remplir la plaee vacanie. Les des deniers revenants-bons, le roi ordonna
deux cent cinquante demoiselles seiont in- qu'ils seraient employés à marier quelqu'une
struites par les dames de tous les devoirs de des demoiselles, suivant le choix qui en se-
la piété chrétienne et des autres exercices rait fait par Sa Majesté et les rois ses suc-
convenables à leur quali'é, suivant les règles cesseurs, sur la proposition de la supérieure
el les constitutions de maison. Les |)ères
l<'i el de la communauté, voulant même qu'au
et les mères de ces demoiselles, leurs luleui s défaut de fonds il fût pris au trésor royal des
et proches parents, les pourront retirer deniers pour contribuer à la doi des demoi-
pour les marier, ou pour d'aulres considé- selles qui se seraient distinguées dans la
ralions et intcréls de famille. La supérieure, maison ()ar leur piélé cl leur bonne conduite,
lorsqu'elle le jugera à propos, pourra, de el qui seraient recherchées en mariage par
l'avis de la omniunaulé, renvoyer l'une des
i des partis agréables à Sa Majesté; voulant
demoiselles à ses |)arenis, en les faisant en outre que celles qui seraient appelées à
avenir de la retirer; el en cas de refus ou la religion fussent préférées dans la nomi-
de délai, la leur renvoyer sans aucune for- nation aux places des religieuses, dont la
malité. Les trente-six dame-, les deux cent disposition appartient au roi, dans les
ciuquante demoiselles et les vingt-(|ualre abbayes de fondation royale, et qu'elles y
sœurs converses, seront reçues et entrete- seraient reçues gratuitement. Par des lettres
nues gratuitement dans la maison, de toutes patente!* du mois de mars 1G9Y, le roi a or-
les choses nécessaires ])Our leur subsistance, donné que ces places seraient dorénavant
tant en sanlé qu'en maladie, Sa Majesté dé- réservées et afl'eetôes prélérab cmenl à loule
fendant, tant au supérieur (ju'à 1 supé-
1 autre, aux demoiselles élevées dans la mai-
rieure de la communauté, de souffrir qu'il sou de Saint-Louis, qui seront appelées à la
soit reçu ni exigé aucune s-omme de deniers, religion; voulant <|ue, vacation arrivant,
renie ou autre chose pour l'entrée (ians la les provisions leur en soient expédiées. Le
maison, ou pour la réception au noviciat et roi a fait défense à cette communauté de re-
à la profession, sous quelque prétexte que cevoir ni d'accepter à l'avenir aucune
ce puisse être. augmentation de dotation et de fondation,
Pour dotation et fondation de celle com- dequebjue nature de bien que ce puisse élre,
munauté, le roi, par les mêmes lettres pa- si ce n'est de la part des rois ses successeurs,
tentes, lui céda cl transporta la maison de ou des reines de France; de faire aucune
Saiut-Cyr, les bâtiments el les meubles que acciuisitiun en fonds, ou d'accepter aucun
Sa Majesté y avait fait faiic, cusemble la don, legs ou oblations, sous quelque pré-
terre et seigneurie dudil Saint-Cyr, et pro- texte que ce soit, même à titre de confrérie;
mit en outre de donner cin(]uantc mille mais en considération de ce i\uc c> tic mai-
livres de rente en fonds de lerrc, quille et son a éic formée par les soins el la conduite
déchargé de tous droits d'iimortissements de (Madame de Maintenon, le roi ordonna
el d'indemnité envers les seigneurs de fief; qu'elle pourrait faire au profil de la miison
et en attendant que ce fonds fut rempli. Sa de Samt-Louis telles dispositions ei dons
Majesté ordonna que l'on payerait tous les que bon lui semblerait, tant en meubles
ans à celle communauté la somme de cin- qu'immeubles, que la communauté serait
quante mille livres, en deux termes égaux, tenue d'accepter, sans tirera conséquence;
qui serait employée dans les étas des ce que Sa Majesté confirma par un brevet
charges assignées sur le domaine de la gé- du 15 juin de la même année, dans ic(|uel il
néralité de Paris, au chapitre des fiels et est expressément marqué qu'elle aura, sa
aumônes. vie durant, l'appartement que le roi a fait
El d'autant que ce revenu n'était pas suf- construire pour elle dans celte maison,
fisaul pour satisfaire aux charges d'une qu'elle y pourra entrer, loules fois elquantes
communauté si nombreuse, poar plus ample illui plaira, el y demeurer autant de leiaps
dotation et fondation, le roi confirma son que bon lui seu)blera; voulant de plus
brevet du 2 mai de la même année, pour qu'elle jouisse dans celle maison et commu-
l'union de la mense abbatiale de l'abbaye de naulé de toutes prééminences, honneurs,
Saint-Denis, en France, de l'ordre de S liul- prérogatives, el do toute l'auiorilé el direc-
Benoît à ladite communauté de Saint-Louis tion nécessaires , telles qu'elles peuvent
à Sainl-Cyr, Sa Majesté ordou nanl qu3 loules appari«Mii- à une foud.itrice, et que taul.
<lili;;cnces seraient failes en cour de Rome celle dame que les personnes de sa suilc
890 DICTIONNAIRE DES ORDRES RELIGIEUX. •i/0
sur la maison royale et sur ses Etats, vou- tre sœurs converses pourrait être augmenté
lant qu'à la fin de la messe de la commu- jusqu'à quatre-vingts, si l'évêque de Char-
nauté il soit chanté le psaume Exaudiat le tres le jugeait à propos, sur la réquisition
Dominus, à la fin des vêpres Domine, sul-
et de la supérieure et de la communauté à la-
vum fac regem, etc. El comme Sa Majesté a quelle Sa Majesté laissait la liberté de
mis cette maison sous la protection de la n'augmenter que le nombre des Dames ou
sainte Vierge et celle de saint Louis, roi de celui des sœurs, ou d'augmenter l'un et
France, elle a voulu aussi que l'on dise un l'aulre en telle proportion qui serait jugée
salut toutes les fêtes de la sainte V'ierge et nécessaire, pourvu que le nombre des Da-
celle de saint Louis; que l'une des deux mes et des sœurs converses n'excédât pas
messes basses qui doivent être dites chaque celui de quatre-vingts.
jour soit célébrée pour le repos des âmes Le roi, par d'autres lettres patentes du 10
des rois, ses prédécesseurs, et de la feue avril 1707, enregistrées au parlement le 6
reine, son épouse, Marie-Thérèse d'Autri- mai de la même année, ordonna que dans
che qu'après la mort de Sa Majesté cette le nombre de quaire-vingts il y aurait tou-
;
messe soit pareillement célébrée à son in- jours au moins quarante Dames pour va-
tention, et que les Dames de Saint-Louis se- quer assidûment à l'éducation et à l'in-
ront tenues de dire à la fin de la messe de la struction des demoiselles, et pour remplir
communauté et du salut, les jours ci-dessus, les autres charges de la maison. Sa Ma-
un De p7-ofundis pour le repos de son âme ;
jesté permit de plus à ces Dames que quand
enfin, pour rexéculion canonique de ces let- dans les deux cent cinquanle demoiselles
tres patentes, le roi ordonna qu'elles se- élevées dans la maison, il ne se trouverait
raient présentées à l'évêque de Chartres, pas de filles qui eussent les latents néces-
pour être par lui décrétées en la forme pre- saires et la vocation pour y faire profession,
scrite par les règles de l'Eglise. elles pourraient choisir d'autres personnes
Mais comme, par l'article quatorzième de pour remplir les places des Dames, pourvu
ces lettres de fondation, le roi s'était ré- qu'ells eussent le consentement de l'évêque
servé la faculté d'expliquer quelques-uns de de Chartres, sur la réquisition qui lui en
ces articles, si dans la suite ils avaient be- serait faite par la supérieure et par les
soin d'explication, et qu'en effet celui par Dames du conseil de la maison, et que cel-
lequel Sa Majesté avait fait défense aux Da- les qu'elles choisiraient eussent l'âge de
mes de Sainl-LoUis de recevoir ni d'accep- dix-huit ans accomplis avant que d'être re-
teraucun don ou legs, si ce n'était delà çues au noviciat, ainsi qu'il était porté par
part des rois ses successeurs, ou des reines ses lettres patentes du mois de juin 1686,
de France, ni de faire aucune acquisition en et elle ordonna aussi que les Dames auraient
fonds, avait besoin d'être expliqué, la diffi- la liberté de ne prendre et de ne recevoir
cuHé étant de savoir si le roi avait entendu qu'autant de sœurs converses qu'elles ju-
^ar cette défense rendre la communauté de geraient nécessaire, sans élrc astreintes
m CiR cm <)02
supérieur; et qu'elle pourra renvoyer les y fut nommé par le roi, comme conseiller
domoiselies à leurs parents lorsqu'elle le d'Etat, l'an 1709, conformément aux lettres
jugera à propos, sur l'avis des ]);iraes de patentes dont nous venons de parler. 11 n'en
son conseil sans qu'il soit besoin de pren-
, abandonna pas le soin, quoique chargé des
dre celui de la communauté. affaires de la guerre, lorsque le roi le fit mi-
Le roi, par ses lettres de f >ndalion, avait, nistre et secrétaire d'Etat, l'an 1709, con-
*',omrne nous avons dit, confirmé son bre- sidérant cet établissement comme l'un des
vet du 2 juin 1G8G, pour lunion de la mense plus grands que le roi ait faits de son règne.
abbatiale de l'abbaye de Saint-Denis en Le choix que Sa Majesté a depuis fait de sa
France à la maison (;e Saint-Louis, et avait personne, l'an 171i, pour remplir la charge
ordonné que toutes diligences seraient fai- de chancelier et de garde des sceaux de
tes en cour de Rome pour la suppression du France, vacante par la démission volontaire
titre abbatial cl pour l'union des revenus de monseigneur Phelippeaux, comte de Pont-
qui en dépendaient ce ne fut néanmoins
; chartrain, et le grand nombre d'affaires dont
(|ue l'an ÎG92 que le pape Innocent XII il est chargé, tant par cette importante di-
donna une bullo le 23 janvier, pour l'appro- gnité que comme ministre de la guerre, ne
bation et confirmation de rinstitut de cette l'empêche pas de donner encore une aiten-
maison et communauté de Saint-Louis, et tion toute particulière à celles qui regardent
pour l'union de la mense abbatiale de l'ab- la maison de Saint-Louis. Les autres per-
baye de Sainl-Denis à la même maison. sonnes qui composent aussi présentement
Celte bulle fut adressée à l'official de l'ar- ce conseil sont M. Noiiet, ancien avocat au
cbevêque de Paris, qui, sur la réquisition parlement de Paris, et M. Maudhuyt, inten-
de la supérieure et des Dames de Saint- dant de celte maison, qui est aussi commis,
Louis, la fulmina le 15 septembre de la par un arrêt du conseil d'Etal du roi, pour
même année, et du consentement des reli- délivrer les expéditions des délibérations du-
gieux de l'abbaye de Saint-Denis, il sup- dil conseil.
prima le litre et la dénomination d'abbé Le roi,par deux lettres patentes des mois
dans leur monastère, et unit à la maison de de mars de juillet 1G98, a encore aug-
et
Saint-Louis la mense abbatiale de celle ab- menlé la fondation de la maison de Saint-
baye , sans préjudii ier néanmoins à la Louis, et a assigné un fonds annuel pour do-
mense conventuelle des religieux, et sans ter les demoiselles qui auront été élevées
que leur numlire ni celui des fondations en dans cette maison jusqu'à l'âge de vingt ans
fussent diminués. Conformément aussi à la accomplis, voulant que celles qui par leur
même bulle il accorda au roi, du consen-
, mauvaise conduite auraient obligé les Da-
lemont des mêmesreligieux, l'induit pour mes de les renvoyer avant vingt ans n'eus-
nommer aux bénéfices non cures, ni offices sent point de pari à celte grâce; à l'égard de
claustraux qui étaient à la disposition de celles qui seraient renvoyées avant cet âge
l'abbé de Saint-Denis, pour dédommager Sa pour cause d'infirmité survenue di puis leur
Majesté de la p( rtc qu'elle faisait du droit entrée dans la maison, Sa Majesté veut
de nommer à la plus célèbre abbaye de son qu'elles soient dotées comme les autres ;
royaume. Le roi autorisa celle bulle par ses mais comme depuis ce temps-là l'on a vu
lelires patentes du mois de noveuibre de la que le cas d'infirmilé arrivait fréquemment,
même année, qui furent enregistrées avec la et que les demoiselles que l'on renvoyait
bulle du pape et le décret de l'offiiial de perlaient à leurs héritiers l'effet dune grâce
Paris, au parlemniii le 21 no\cmbre, et au que le roi avait seulement accordée aux de-
grand conseil le 30 décembre, aussi de la moiselle* qui ne sortiraient qu'après vingt
même année. ans accomplis. Sa Majesté donna une décla-
Pour la conservation des biens de la fon- riilion, le IG mai 1712, enregistrée au parle-
dation de la loyale maison de Saint-Loui^, ment le 27 du même mois, par laquelle elle
le roi, par l'article Vlll de ses lettres pato!- ordonna que les demoiselles qui seraient
les du mois de mars IGU^, a établi un conseil renvoyées de la maison de Saint-Louis pour
«05 DICTIONNAIRE DES ORDRES REFJGIEUX. 804
cause d'infirmité avant l'âge de vingt ans, ct.fit d'une lornio cxtrêmemont niodesîe. Il
jouiraient seulement par forme de pension consisl.iil on un manteau el une jupe d'éla-
alimenlaire, du revenu de la dot, jusqu'à ce mine noire ce mantciu était ceint il'uuc
;
qu'elles eussent atteint l'âge de vingt ans, ceinture de tissu de même couleur, à la-
auquel temps seulement If fonds de la dot quelle était atl.iclié un cliajîdet noir: les
leur appartiendrait; et qu'au cas qu'elles manc';es (!c ce manlr.ni (leseontiaieut prés
vinssent à mourir avant cet âge, leurs hcri- du poigne! clli s avaient un mouchoir do
;
tiers n'y pourraient rien piélendre. cou de t.ilîetas noir a\ec un lior de moris- I
L"S Dames de Saint-Louis, depuis la fon- seline blam he empotée, (lui était doulde,
dation de leur mai-on jusqu'en l'an 16S8, large d'environ (|uatre doigls, el noué pai'
eurent pour supérieure la révérende Mère de petits cordons d" soie noire, et, sur leur
de Brinon, religieuse Ursuline, dont nous poitrine pendait une croix d'or, dont nous
avons déjà pailé. Ce fut elle (jui forma ces parlerons dans la suie. Pour coifure, elles
Dames dans les observances des vœux sim- avaient un bonnet de taffetas noir, avec un
pies dont elles faisaient profession. Elles bord de pomillc ou prisonnière qui devait
s'appliquèrent toujours avec un grand soin être si modeste, que l'on ne vît r'as leurs
et une grande édification à l'éduciition des cheveux outre cela une pctiie coiffe de po-
:
demoiselles qu'on leur avait confiées mais ; mille ou prisonnière assez profonde pour
Toyanl que leur institut avait été approuvé couvrir le visage, (jui se nouaii sous le mrn-
par autorité apostolique, elles renouvelèrent Ion. Ellc> portaient aussi une grande c ùffe
leur zèle; el voulant tendre à une plus haute de tailVlas, et sur celle coilTe, lorsqu'elles
per!ec ion, el s'engager à l'édocalion des allaient au cliteur, un grand voile de poinille
demoiselles par des vœux solennels, elles ou priiouîiière, fort large, pour K? pouvoir
supi)licrent le roi de vouloir bien consentir baisser dins les temps convenables. A lé-
qu'elbs poursuivissent en cour de Rome un glisi", aux jours ordonnés, elles mettaient
bref, pour changer leur état séculier en ré- un grand manteau délamine iégère, des< cn-
gulcr sous la règle de saint Augustin: à dant jusqu'à terre p;ir devant, et traînant
quoi Sa Majesté ayant consenti, elles ob- d'une demi-aune par derrière.
tinrent encore du pape Innocent XII un Les sœurs converses (2 avaient pour ha-
bref, le 33 septembre 1G92, ad essé à l'évé- billemeul uiiî* bongreline d* serge; de Lon-
que de Chartres, par lequel Sa Sainteté com- drcs brune, et une jupe de mcuje étoffe, al-
mit ce prélat, pour ériger avec connaissance lant à Heur de terre les manches de la :
vie^ pour y vivre conformément aux vœux h s ne voulurent pas d ffércr plus longtemps
simples qu'elles avaient fuis, ou d'entrer au à profiter do cette grâce qu'elles avaient
noviiial, et après l'année de probalion, d'y toujours désirée avec beaucoup d'empres-
fairc les trois vœux solennels de pauvreté, semeni, el regardant comme un grand avan-
de chasteté et d'obéissance, et un quatrième lage de tenir leur nouvel habit de madame
vœu de consacrer leur vie à l'éducation des de Mainlenon, leur pieuse institutrice, elbs
jeunes demoiselles d'exlraction noble. présentèrent requête à l'évé^iue de Chartres,
L'habit que ces dames (1) portaient dans au mois de juillet 1707, pour que ce prélat
leur état séculier, et que le pape leur per- consentit à ce changement, ce qui fil piiv
mit de conserver après les vœux solennels, un aclc du 7 août suivant, ci, confonuémeut
(l) Yoy., à la un du vol., n'« 228 et 229, (-2) Voij., à la fm du vol., n«» 230 et 231
m cm ciK i)OG
;iu modtMe que madame de Mainlcnon avait tuUons aux Dames d- Saint-Louis. L'an 1G95,
il fit encore des règlements et composa aussi
disposé, et qui avait été approuvé par lo
roi, cllc's furent revêtues de l'Iiabit r!l;<2;icux un polit traité qui a pour litre L'Esprit de
:
qu'elles portent prcsenlomeni, la veille de la l'institut des Filles de Sninl-Lonis, qui fut im-
féle de l'Assomption de la sainte Vierge de primé à Paris l'an IfiOO. Ce prélat, a rès y
la même aimée. avoir ramassé avec soin ce qui distingue ces
Cet habit est d'étamine du Mans ou de Dames des autres congrégations, et ce qui
serge de Londres noire, suivant les saisons, fait le caractère de cet esprit principal, qui
et consiste en une robe et un scapulaire. Les doit les animer en tout, leur fait voir 1 o-
manclies de la robe sont retroussées deux bligalion qu'elles ont de remplir les int( n-
ou trois fois, de manière qu'aies descendent lions du roi, leur fondateur; et comme cet
à trois doigts près du poignet, et sont .ibat- établissement est singulier dans 1 Eglise, et
tues au chœur et au chapitre. Le scapulaire que les constitutions et les règlements rcn-
est toujours de la môme étoffe que la robe, ferment plusieurs pratiques du chtislia-
il y a au haut, de chaque côlé un pli large
. nisme, communes aux autres religions, ce
d'environ un bon poure elles ont deux
: prélat dislingue dans ce petit traité ce
ceinlures, l'une pour attacher la robe, et qui est propre aux Dames de Saint-Louis,
l'autre qui prend le scaptilairc par devant et afin qu'elles en fassent une étude continuelle»
par derrière: celle de dessus est un tissu et qu'elles ne puissent jamais confondre Ten-
de Liine noire de la lirgeur de deux doigts, gagement parliculier qu'elles ont contracté
effi ée par les deux bouts, descendant jus- avec Dieu. Le roi, après avoir lu ce îrailé,
qu'aux genoux, et s'altachant avec une en fut si satisfait, qu'il \oulut lui-même y
agrafe, sans aucune façon à celte ceinture
: donner son approb tinn par ces paroles qu'il
est allaché un chapelet noir, où il y a un y écrivit de sa propre main J'oi lu ce traité
:
pelit crucifix et une tête de mort avec quel- qni explique parfaitement les intentions que
qucs médailles ou reliquaires; le tout sim- fai eues dans ta fondation de la maison de
pie et sans orneir.cnt. Pour coiffure, elles Saint- Louis ; je prie Dieu de tout mon cœur
ont un bandeau, une guimpe ronde, un pe- que les Dames ne s'en départent jamais. è\^né:
lit voile de toile blanche, un autre voila Louis.
d'étamine noire, et, par de-sus, un autre Conformément aux constitutions, les Da-
grand voile, aussi d'élamine légère, assez mes font quatre vœux, savoir, de pauvreté,
épaisse néanmoins pour qu'étant baissée, on de chasteté, d'obéissance et d'éducation des
ne puisse bien distinguer les traits du vi- demoiselles. Les sœurs converses ne font
sage, et assez profond pour le couvrir cntiè- que les trois premiers, et ne doivent ja-
rement. Les croix qu'elles portent sur la mais être employées à l'éducalion des de-
poitrine sonl d'or m issii' d'un côté est gra-
: moisell5s. L«s unes et les autres renouvcl-
vée l'image de No're-Seigneur crucifié, et lent tous les ans leurs vœux le jour de la
de l'autre l'image de saint Louis, roi de Présentation de la sainte Vierge on éprouve ;
France, afin de les faire souvenir qu'elles les postulanles au noviciat pendant quel-
se sont consacrées à Dieu sous la protec- ques mois avant q'.:e do leur donner l'ha-
lion (le ce grand saint, pour foruîcr Jésus- bit; elles sont novices deux ans entiers, et,
Christ dans les âmes qui leur sont confiées, après leur profession elles demeurent en-
,
Ces croix sont semées de fleurs de lys, pour ct>re quatre ans sous la maîtresse des novi-
les avertir de prier souvent pour le grand ces ,pendant lequel temps elles n'ont ni
roi qui les a fondées. Celle de la supérieure voix active, ni passive.
a ce le différence, que le Christ, l'image de Les constitutions défendent aux Dames de
saint Louis, et les autres ornemenis y sont consentir jamais à être tirées de leur mai-
en relief. Ces croix s'a'lachent sous la son, pour être faiîes abbcsses ou prieures
guimpe avec un peiit tissu de laine noire, en d'autres monastères, ni pour quelque au-
Klles ont conservé le grand manteau d'é- Ire bénéfice que ce soit, afin (qu'elles ne
glise qu'elles portaient auparavant. soient point exposée^ <à la lenlaiion de se
L'habillement des stcurs converses est à décharger du vœu de l'éducation des demoi-
peu près semblable, quant à la forme, à ce- selles, et que ri; n ne les puisse délourm r
lui des Dames pour la qualité de l'étoffe; de s'appliquer, comme elles le doivent, à
elle esl dune serge brune plus épaisse ou l'accomplissement de ce vœu c'est pour l.i
:
plus lé-èrc suivant les saisons. La ceinture même raison qu'il leur est encore défendu
esl un rouleau de laine brune, qui s'allacbe de sortir jamais de leur maison, sous pré-
avec une agrafe, dont les deux bouts doi- texte d'aller poursuivre des affaires, ou pour
vent pendre d'environ une demi-aune leur t prendre les eaux par raison d'infirmité, ou
guimpe, leur bandeau et le peùl voile blanc pour prendre d'autres remèdes exlraordi-
sonl d'une toile plus grosse que ceux des naires.
Dames religieuses les autres voiles sont
: Tous les jours elles font en commun une
d'élamine noire leur croix est d'argent
: demi-heure d'oraison le malin, et une demi-
avec les mêmes ornements que c^^lles des heure l'après-midi el'es récitent au chœur
:
DaniiS, s'attaehant aussi sous la guimpe l'office de la Vierge, celles qui ne peuvent y
avec un pelit tissu de laine; et elles ne por- assister le disent en parliculier elles chan-
;
tent point de manteau d'église. lent les vêpres les fêles et les dinianches.
Dès l'an IGd'i, l'évêque de Chartres, Paul Tous les ans elles prennent huit jours pour
de (lodet Desmarais, avait donné des consli- se retirer et faire les exercices spirituels;
Dictionnaire des Ordres religieux. L 29
9ù1 DICTIONNAIRE DES ORDRES RELIGIEUX. 908
elles paavciU encore demander à li supé- de profession. Pour être élue ou continuée
rieure un jour tous les mois pour se recueil- supérieure, il faut avoir plus de la moitié
lir en parliculier. des sulYrages de celles qui peuvent et qui
Le besoin (Qu'elles ont de ménager leurs doivent assister à l'éleclion. La veille du I
forces el leur sanlé pour rempi r leurs em- jour de l'élection, celui qui y doit présider
plois et travail qui
pour soutenir le, Lïr.imi asscml)le les cinc] officières qui composent
se trouve deux, cent cin-
dans l'éducation ile le conseil, el avec elles trois anciennes pro-
quanîc demoiselles a fait éviîer de leur fesses, qui choisissent par voix secrète de
prescrire les ausléri es qui se pratiquent scrutin, au moins trois, et jamais plus de
dans les autres communantés mais elles ; cinq Dames, sont proposées le lende-
(]ui
et à qui Dieu donne dos mouvements parti- charges deux ou trois personnes, et lélec^
culiers di* pénitrnce mais celte permission ne
;
tlon s'en fait à la pluralité des voix par
doit s'accorder qu'avec beaucoup de prudence. scrutin. Ces quatre officières sont aussi élues
Elles observent une exacle pauvrelc tout : pour trois ans, et peuvent être continuées
est eu commun parmi elles, et, selon leur dans les élections suivanscs autant de fois
règle, il ne doit y avoir rien dans leur ha- que la communauté le juge à prop )S. La su-
bit, leur nourriture, leurs meubles, qui ne périeure a droit de nommer toutes les au-
soit conforme à la simplicité religieuse, tres officières de la maison, e-, selon lea
n'ayant ni or, ni argent aux choses qui sont constitutions, elle n'est point obligée d'avoir
à leur usage, comme aux médailles et aux égard à l'âge et à l'ancienneté de profession.
reliquaires, excepté la croix d'or qu'elles Dans tous les actes publics les religieuses
portent devant elles, et les cuillères el four- de Saint-Louis sont ap( elées dames ; mais
chettes d'argent doiit elles se servent au entre eih s et en parlant les unes des auties,
réfectoire et aux infirmeries. elles se nomment ma sœur, avec leur nom de
Elles ne vont point .m parloir sans une famille; il n'y a que la supérieure qu'elles
compagne, à moins qu'elles n'en soi:^nt dis- appellent ma mère, el entre elles lorsqu'elles
pensées par la supérieure. Elles tiennent parlent de cette supérieure, elles disent ni tra
leur voile baissé devant les hommes, si elles mère. Elles appellent les demoiselles ma
n'en sont de même
disptmsces, excepté sœur ou ma fille, ou du nom de leur famille;
qu'aux évoques, à leur supérieur et à leurs mais quand elles parlent d'elles au dehors,
proches parents elles parlent le voile levé. ou qu'elles en écrivent, elles les appellent
Elles observent deux sortes de silence : mademoiselle (1) ; on appelle les sœurs con-
l'un qu'on nomme le grand silence, où l'on verses ma sœur avec leur nom de bap'ême,
ne parle que dans une absolue nécessité il : lesquelles sœurs appellent les demoiselles
se garde depuis b.uit heures et demie du soir mademoiselle. Les demoiselles el les sœurs
jusqu'au lendemain après six heures et de- converses appellent toutes les religieuses
mie l'a'ulre qu'on nomme simplement si-
;
du chœur ma mère. Voici les cérémonies qui
lence, (jui s'observe pendant la journée, et s'observent à la vêture el à la profession de
consiste à ne dire que les choses nécessaires ces dames el des sœurs converses.
pour leiir^ charges et pour leur travail. CÉRÉMONIE DE LA. VÈTDRE DES DAMES.
Elles ont une heure de récréation en com-
mun aprèslediner,(>t autant après le souper. Après que l'on a chanté le Veni, Creator,
Les princip:iles charges de la maison el que le sermon est fini, le célébrant, étant
sont celles de supérieure, d'assistante, (!e assi< devant la grille du chœur, fait à la
maîtresse des notices, do maîtresse géné- postulante quelques demasides auxquelles
rale des classes et de déposil.àre et ces , elle répond en la manière suivante :
huit de profession. S'il ne s'en peut trouver chrétienne des jeunes personnes qui sont ren-
dans la nuiison de cet âge cl de celle qualiié, fermées ici. Etes-vous dans la volonté d'ac-
qui soient propres pourlasupériorité,elledoii complir tous ces devoirs, et persévérez-vous
avoir au moins trente ans acco:nplis, cl cinq dans la demande que vous avez faite?
(1) Voij., à la fin du vol., n« 252.
009 cm cm 910
Alors le célébrant se lève pour dire l'orai- hommes, que vous vous engager pour
allez
son suivante : toute la suite de votre vie. Persévérez-vous
OaAlSON. dans la volonté que vous venez de témoigner?
La novice. Dans la confiance que j'ai en la
Domine Jesu Christe, sine quo nihil possu-
bonté de Jésus-Christ, mon Sauveur, et en la
nius facere, da huic famutœ tuœ, et semper
puissance de sa grâce, j'espère accomplir fidè-
velle quod te inspirante intendit, et illud
lement les vœux que je lui aurai faits, et J9
ipsum te adjuvante perficere. Qui vivis, elc proteste que je continue dans la volonté sin-
BÉNÉDICTION DES HABITS. cère de les faire.
Adjutorium, etc. Le célébrant. Et moi je prie Dieu instam-
Domine, exaudi, etc. ment que, pour achever en vous ce que lui^
Dominus vobiscum, elc. même y a commencé, il vous donne la force de
vous engager à lui et de le servir dignement
ORAISON.
jusqu'à la mort dans la profession religieuse;
Adesto, Domine, supplicationihus v.ostris, et pour récompense de votre fidélité, je vous
et hoc genus vestimentorum quod famula tua promets dès à présent en son nom, la vie
,
in perpetuœ servitutis signuin quam tihi pro- éternelle.
fitetur exposcit , bene f die et snncti f fica, Il lui donne ensuite un cierge allumé en
dumque illo exterius tegetur, mcliore interius disant :
ornetur, et quam sacr s indui vestibus deside- Accipe lampadem ardentem ut sis virgo
raSy beota facias immorlalitate vestiri. Per sapiens, et exeas obiiam Sponso Dom no : in
Chris tum, etc. nomine Pa f tris, et Fi y lii et Spi f ritus
Après la bénédiction d< s babils, la postu- sancti.
lante va s'en revêtir hors du cbœur, et pen- P«Midanl que la novice reçoit le cierge, on
dant ce leraps-là, l'on chante au ciiœur plu- en distribue à la commun.iuté, le chœur chan-
sieurs antiennes marquées dans le cérémo- tanl le pssmmc Dominas illuminatio mea,e[c.,
nial quand la novice est revêtue de l'habit
:
que continue pendant la messe. A l'élé-
l'on
de religion, elle vient recevoir du célébrant vaiion ou chante un motet, et leDomine, so/-
le voile et le cierge.
vum fac regem, pour le roi. A VAgnus Dei,
EN DONNANT LE VOILE. l'on chanle quelques antiennes. Après cela
Accipe hoc vélum a Domino benedictum in le célébrant vient à la grille, et la novice
signum humilitalis, obedientiœ et inviolabilis prononce ses vœux en la manière suivante :
croire, etc., le reste comme à la profession soumise aux ordres de la première maitres>e.
des dames. Les maîtresses se partagent pour assister
La novice. J'y persévère de tout mo7i tour à tour aux exercices de la communau'c.
cœur. Celles qui demeurent a la classe ne quillciU
913 CIR CIR 914
ipoint les demoiselles, elles prient Dieu avec rapports nécessaires avec la supérieure, la
elles, elles inangcnlàleur réfectoire, el loules maîtresse générale et les autres ofiicièros
couclient dans leurs dortoirs el se lèvent de la maison.
quelquefois la nuit pour y faire la visite, n'é- Les maîtresses subalternes travaillent
tant pas même dispensées durant ce temps- conjoiniement avec la première, lâchant de
là de la vigilance continuelle qu'elles doi- prendre son es[)rit elde ne rien faite qu'avec
vent avoir sur les demoiselles. dépendance. Elles président dans la classe en
La première classe estordin lirement com- l'absence de la première, elles font observer
posée de cinquante-six demoiselles, la se- l'ordre du jour, elles donnent les permis-
conde classe est de soixante-deux ; les filles sions communes; mais elles ne font rien
de madame de IMaintcnon sont comptées de d'extraordinaire sans la première maîtresse.
la classe dont elles portent le ruban qu'el- Quoi<iu'elles doivent se donner de bonne foi
les ne quittent point, quoiqu'elles en aient au travail des class; s c'est néanmoins avec
,
un couleur de l'eu qui s'attache sur la tête liberté, allant aux bandes sans contrainte et
au-dessus de celui de la classe les deux ; sans alieclalion, y demeurant plus «m moins,
petites classes sont chacune de cinquante-six selon le bien quelles troiivent à y faire, et y
demoiselles. employant tout ce que Dieu leur a donné
Toutes les classes sont partagéc^s par ban- d'esprit, de talents et d'.idresse, pour con-
des ou familles de huit ou dix chacune, et duire les filles à l'esprit de 1 institut qui n'a
sont à des tables séparées. L'on fait dans élc établi que [)Our en faire de bonnes chré-
chaque classe cin(|, six et sept bandes, selon tiennes et des personnes raisonnables. On
le nombre des demoiselles qui y sont. On met ne saurait donner une idée plus juste des
à ces bandes trois demoiselles des plus sa- piinoipes qu'on inspire à ces demoiselles,
ges, pour veiller sur les autres, l'une en que de marquer ici le précis que madame de
qualité de chef, l'autre d'aide, et l'autre de Maintenon en a écrit en vingt-trois arides,
suppléante. Elles sont distinguées des au- que nous rapporterons, tels qu'ils se trou-
tres par une croix d'argent attachée sur la vent dans les règlements el usages des
poitrine avec des rubans de couleurs diffé- classes.
rentes, le chef porte celui de la classe. Les « LL'éducation (1) est chrétienne, raison-
qualités essentielles à ces filles, surtout du nable simple. IL On les instruit de la re-
et
chef, sont la fidélité pour rendre compte de ligion, et on tâche de leur inspirer une piété
tout à la première maîtresse. On lâche d'y solide, accommodée aux différents étals où il
joindre rintelligence, et d'y mettre les plus plaira à Dieu de les appeler. 111. On les élève
âgées. Les bandes demeurent séparées ar- |
en séculières, bonnes chrétiennes, sans exi-
tout, si ce n'est au chœur où chaque demoi- ger d'elles les pratiques religi .uses. IV. On
selle prend le rang de sa taille pour la déco- leur donne une grande estime pour le caté-
ration qui est très-agréable ; le chef ou la chisme, y. On leur inspire un grand respect
mère de famille est chargée de tout ce qui pour le saint-siége, pour les évoques et pour
regarde sa bande, comme des livres, pa- tous les ministres de Jésus-Chri^t. VI. Ou
piers, etc., elle se sert de son aide et de sa leur enseigne qu'il n'y a rien de si important
suppléante pour apprendre le catéchisme, sur la terre que la réception des i-acremenis.
à lire, à écrire, à compter et à travailler à VU. On leur inspire particulièrement l'hor-
celles qui ne le savent pas. KUe se sert reur du péché, la pratique de la présence do
encore de quelques-unes de la bande, si elle Dieu, la docilité et une grande modestie.
en a d'avancées dans ces exercices, et elle ^'111. On leur forme autant que l'on peut
regarde de temps en temps le progrès de ces une conscience simple, droite et ouverte.
filles pour en rendre compte à la maîtresse IX. Elles ne lisent de l'Ecriture sainte que
de la classe qui en est chargée. Par ce les évangiles de l'année. X. On les réduit à
moyen, ce sont les plus sages el les plus un très-petit nombre de livres. XL On évite
avancées qui instruisent celles qui le sont tout ce qui pounail trop txciier leur esprit
moins et les Dames de Saint-Louis veillent
; et leur curiosité. XIL Un v< ut qu'elles par-
sur leur conduite pour voir si elle est
, lent et écrivent simplemc:»!. XIIL On ne
fidèle, et s'il n'y a aucune demoiselle négli- leur laisse ni lettres, ni manuscrits, ni bons
gée. On leur montre tous les ouvrages ordi- ni mauvais. XIV. On lait tout ce qu'on peut
naires el utiles, qu'on diversifie, afin qu'elles pour les rendre silencieuses et laL)orieus( s.
sachent un peu de tout et pour les rendre
; XV. On leur inspire l'horrenr du monde,
intolligentes et laborieuses, on les envoie sans vouloir les contraindre à être religieu-
quelquelois dans les charjics aider aux offi- ses; mais on leur explique les .ivautages de
cières. Quoique les demoiselles doivent être celle condition. XVI. On les instruit des de-
entièrement soumises à toutes les maîires- voirs des femmes du monde et de tous les
ses, elles n'ont rapport qu'à la première états où elles pourront se trou ver. XVII. Elles
pour leur conduite particulière c'est cette ; sont toutes traitées également; il n'y en a
première qui est chargée du gouvernement pas une de négligée. XVlli. On ne les dis-
de la classe, elle en partage les soins avec lingue que par la sagesse, sans égard au
les autres maîtresses selon le talent de plus ou moins de naissance, ni aux protec-
chacune, elle est subordonnée et elle a les tions qu'elles pourraient avoir, ni aux agré-
(1) Rèfjleinenli et usuges des classes de la Maison de Sahil-Loins.Ture de l'éducation des Deinoi$eUe$
pag. 28. ' '
915 DICTIONNAIRE DES ORDRES RELIGIEUX. 91G
ments naturels. XIX. On les rend simples et contribuer à leur imprimer agréablement
insrénues à tout d re, en les reprenant avec les sentiments rie religion, de piété, d'hon-
raïson et douceur. XX. On essaye toujours neur et de probité, qu'on tâche de leur ins-
de douceur, avant de venir à la rigueur. pirer en toute occasion.
XXI. On diversifie leurs instructions, on les A l'égard de la maîtresse générale, elle est
fait courtes, parce qu'elles sont (réquenles; chargée de tout ce qui regarde les demoi-
on les égayé souvent. XXII. On se sert de selles dès qu'elles sont hors de la classe,
tout, jusque dans les jeux, pour former leur comme les maîtresses en sont chargées au
raison. XXIII. On lâche de les n-nilre fran- dedans , afin qu'y étant renfermées elles
ches, simples, généreuses, s;ins finesse, sans puissent donner tout leur temps, tous leurs
mystère, sans respect humain, voulant bien soins et tout'; leur application à les former
que toutes voient que celles qui sont char- et à veiller :iur leur conduite.
gées des autres avertissent les maîtresses de Elle a une inspection générale sur tout ce
tout. » qui a rapport aux demoiselles. Elle prend
Quant à l'habillement de ces demoi- gardi' qu'elles soient élevées et traitées selon
selles (1), il n'a rien qui ressente l'aiTecta- la fondation , qu'il ne se glisse rien d'immo-
tion et la vanité des modes. Il est uniforme, deste, ni ri< n de particulier dans leur habil-
dune éiaraine brune, et fait cà peu près se- lement, et qu'elles soient uniformes en tout.
lon l'usage du temps mais beaucoup plus
;
C'est elle qui donne les ]>ermissions de faire
simple et plus moiieste. Elles gardent la voir les demoiselles à leurs paenis dans les
même uniformité et simplicité dans leur temps marcjués, et elle a soin qu'elles soient
coiffure; et les petits ornemenis qu'on accompagnées au parloir. Le temps où l'on
ajoute à l'un et à l'autre en rubans, en den- voit demoiselles est pendant les huit
les
telles, en gants, etc., non-seulement le ren- jours qui suivent les quatre fêles annuelles,
dent très-propre, mais y donnent aussi une à commencer le lendemain <ie ces fêtes on :
sorte d'agrément qui le rend moins singu- ne leur permet point d'aller au parloir hors
lier. On n'est pas moins attentif à leurs be- ces lemps-là, qu'avec la permission de la
soins corporels, qu'à tous les autres soins supérieure, et que pour les parents proches
de leur éducation. Elles sont bien nourries qui viendraient de loin et ne pourraient se
en santé et bien soignées en maladie. Elles rendre aux temps marqués. Elle lit toutes
ont du linge blanc deux fois la semaine , des les lettres qui sont adressées aux demoi-
corps (le jupe au moins tous les ans, et plus selles, et les leur fait rendre par la première
souvent, s'il en est besoin pour la conserva- maîtresse, de qui elle reçoit celles que les
tion de leur (aille. Elles sont habillées chau- demoiselles écrivent, et elle les cacheté
dement en hiver, plus légèremeni en été. d'un sceau différent de celai de la commu-»
Elles ont chacune leur lit, et on lient leurs uauté après les avoir lues, si elle le juge à
,
rend à leurs parcnls le brevet du roi pour un placel au roi contenant de celle
le nom
leur entrée. La maîtresse générale a soin de pour laquelle ils postulent,celui de ses père
retirer du jzénéalo'giste les preuves des de- et mère, son âge, le lieu de sa naissance et
moiselles et de les faire payer. t)ubique celte les emplois que son père a ou a eus dans
dépense soit considérable, le roi a voulu en les armées de Sa Majesté, et qui contient
faire une charge de la fondation, pour sou- aussi le nom et l'adresse des personnes qui
lager les familles, et dans la vue de donner le présentent. Ceux qui ne peuvent venir
à la noblesse de France un moyen de sup- eu\-n:éme'<, peuvent rcmellre leurs placets
pléer en quelque façon à la perle de leurs aux intendants di s provin'ps pour les ren-
titres, par les cerliticats que l'on donne à voyer au conseiller d'Elai, direeleur du tem-
ceux qui en ont besoin. Ces certificats sont porel de cette maison, qui en lait son rap-
signés de la supérieure, de la maîtresse gé- })ort au roi. Après qu'il a plu à Sa Majesté
nérale et de la secrétaire et on y appose le
, d'ordonner que la demoiselle soit admise,
sceau de la maison. les parenls ou amis (}ui ont présenté les pla-
Cette royale maison est proportionnée à la cets en sont inforuiés sur-le-champ, et la su-
magnificence de cet établissement sa beauté : périeure de la maison donne les ordres né-
néanmoins ne consiste pas tant an ce qui cessaires pour faire travailler à l'exanicn des
po irrait orner un édifice de cette impor- l)reuves de noblesse. L'intention du roi est
tance, qu'en la grandeur de ses bâtimenls, que les preuves soient faites, et que la de-
qui sont très-vastes et très-spacieux, cf^la moiselle se mette en étal d'entrer avant trois
étant nécessaire pour contenir un si grand mois, à compter du jour que la grâce aura
nombre de personnes. Le roi et madame de été accordée par Sa Majesté, et ()ue, passé ce
Maintenon ont voulu que tout, jusqu'à l'é- temps, elie ne soit plus reçue si ce n'est en
,
glise même, respirât un air de simplicité et vertu d'une prorogation accordée de même
de modestie, qu'ils ont jugé plus convenable par Sa Majesté. Les titres de noblesse doi-
au dessein de la fondation. \ent être envoyés au généalogiste nommé à
Cette église est desservie par des prêtres cet effet par la supérieure el les Dames de
de la congrégation de la mission, et le géné- Saint-Louis. C'est présentement M. d'Ho-
ral de celle congrégation est le supérieur de zier, conseiller du roi, généalogiste de Sa
cette maison nommé par l'évêque de Char-
, Majesté juge général des armes et blasons
,
Ires, Paul de Godet Desmarais, pour tant el de France, chevalier des ordres de Saint-
si longuement que le roi et ses succisseurs Maurice et de Saint-Lazare. M. d'Hozier do
le trouveront bon. Ce prélat s'est aussi ré- Serigni, chevalier de l'ordre de Saint-ÎMichel,
servé la liberté, pour lui et sts successeurs, son neveu, a la survivance.
de les changer pour de bonnes et justes rai- Les pièces qui doivent être représentées
sons. Ils sont au nombre de huit, et quel- pour établir les preuves de noblesse sont
ques-uns d'entre eus vont faire des missions les contrais de mariage du père, de l'aïeul,
dans les terres dépendant de la maison. du bisaïeul et autres ascendants en ligne
Les Dames de Saint-Louis ont pour armes directe et masculine, en remontant jus-
d'azur à une croix haussée d'or, semée de qu'aux cent quarante ans au moins ; et afin
fleurs de lis de mémo, et sommée d'une cou- que les filiations et qualifications soient
ronne royale aussi d'or le croissant el le
, d'autant plus clairement et incontestable-
bas du fût de la croix terminés chacun par ment justifiées, l'on dnii joindre à chaque
une fleur de lis d'or. Ces armes leur furent contrat de mariage deux autres actes dans
accordées par le roi, par des lettres patentes lesquels les mêmes qualités que celles qui
du mois de décembre de l'an IGO't, enregis- sont prises dans les contrais de mariage so
trées au parlement de Pa:is, le 13 août 1701, trouvent insérées: comme testaments, élec-
par lesquelles Sa Majesté l<;ur permit de les tions de tutelles, garde-nobles partages, ,
de 1G67, suivant lequel la preuve en pourra la Poype de ^"ertrieu, supérieure des Dames
être fa- te, tant parles registres ou papiers (le la nyale maison de Saiul-Lonis, et par
domestiques dts père et mère d. cédés que , M. Mauduit, intendant de cette maison. L'on
par témoins, qui déposeront devant le juge peut consulter les constitutions de ces Dames,
du lieu, tant du défaut ou i.erie des regis- leurs règlements, l'esprit de leur institut et
tres, que du jour de la naissance Les pa- les rè,lemenl.< et usarjes des classes.
rents, parrains ou marraines pourront ser- Aussiiôt après rentrée des Bourbons ,
la
vir de témoins en cette occasion. les Dames maison royale
religieuses de la
11 est aussi nécessaire d'apporter un cer- de Sainl-Gyr pensèrent à rentrer dans leur
tificat de ré\éque diocésain ou, en cas de maison el à servir de nouveau la religion
vacance ou d'absence, du vicaire général, et la patrie. Dès le mois de juin 181i elles ,
qui fera mention de l'absence ou de la va- présentèrent au roi Louis X^'lll une requête
cance et qui contiendra une
,
attestation pour demandera rentrer dans leur commu-
comme la demoiselle est pauvre et que ses nauté et se consacrer de nouveau à l'édu-
père et mère n'ont pas de biens suffisants cation. Quand la révolution les força à ren-
pour l'élever selon sa condition. La sœur trer dans le monde, elles étaient quatre-
germaine, c'est-à-dire de père et de mère, vingts religieuses, toujours dirigées par les
d'une demoiselle qui a déjà été reçue après Lazaristes. Les années qui s'étaient écoulées
les preuves fail<s, ne doit raiiporter que son jusqu'à la restauration avaient nécessaire-
extrait baplislair^^ et le certiilcat de pauvre- ment décimé leur nojnbre. Dans la requête
lé ; mais il faut insérer dans le placel qu'on dont nous parlons quatorze dames pro-
,
présente au roi qu'elle a eu une ou plusieurs fesses, six sœurs converses el .huit demoi-
sœu s reçues dans la maison, dont il faut selles élèves offraient de se réunir pour le
marquer le nom et le nombre. A l'égard de rétablissement de la règle. Elles exposaient
la sœur consanguine ou de père seulement, que la maison n'était point aliénée et qu'il
il baptistaire
faut rapporter, outre l'extrait était digne de la piété du roi de relever un
et le certificat contrat du
de pauvreté, le des plus honorables établissements du règne
second mariage du père, et marquer aussi de Louis XIV. C'était un hommage à la mé-
le nom ei le nombre des sœurs qu'elle a eues moire de ce grand prince, et en même temps
ou quelle a encore dans la maison. La nièce un moyen de donner une éducation chré-
ou cousine germaine paternelle d'une de- tienne aux filles que Sa Majesté jugerait à
moiselle reçue rapportera aussi, outre son propos d'admettre dans cette maison. La
extrait bap'iistaire et le certificat de pau- requête fut présentée par madame d'Elpey-
vreté, le contrai de mariage de son père, le ron, supérieure, et mesdames de Mouslier
partage fait entre lui et son frère des biens el de \ illefort, religieuses, qui eurent aussi
des aïeux communs, ou quelque autre acte l'honneur de saluer madame la duchesse
suffisant pour prouver la filiation et la qua- d'Angouléme. Le roi et la princesse les ac-
lificationavec les extraits des rôles depuis cueillirent avec bonté, et Sa Majesté leur
trente ans ainsi qu'il a été dit ci-dessus.
,
promit de prendre leur demande en consi-
Les titres et pièces servant à établir la dération. Ces dames ne manquèrent pas de
noblesse doivent être rapportés en bonne faire valoir le vif imérêl que madame Eli-
forme savoir les actes passés par-devant
, : sabeth avait pris à la maison de Saint-Louis,
notaires, par expédition signée des notaires et elles se flattèrent qu'un établissement si
qui en ont la uiinute, les copies collation- utile pour l'éducation et si glorieux pour nos
nées n'étant pas suffisantes. Les Secondes rois renaîtrait à la voix d'un prince qui ré-
expéditions délivrées sur les minu'.es, les vérait les institutions de ses illustres an-
extraits baplistair s ou certificats et pièces cêtres, et qui voulait faire le bien de ses
servant à justifier la naissance, doivent être peuples double motif pour elles d'espérer
:
qui a été une (rès-norissanle et tros-illuslre l'avaient demandé avec tant d'iisslance, le
conî;rcg;ition de l'ordre de Sainl-Benoît, a reçurent comme un ange envoyé de Dieu
niérilé les louanges qui lui ont été données pour leur servir de guide dans ce désert.
par tant de souverains ponliffs d'empe- , Néanmoins, parce que cette solitude était
rt'urs, de rois cl de célèbres écrivains; et malsaine Robert les conduisit dans la
,
(]uoique cet ordre soit beaucoup dcchu de forêt de Molesme, où de leurs propres mains
^on aucienne splendeur, il ne laisse pas en- ils bâtirent des cellules avec des branches
tore de laire un des plus l;e;jux ornemonls d'arbres et un petit oratoire en l'honneur
de l'élal nionasliquc. S;iint Uobert en fut le de la sainte Trinité.
premier loiidaleur; il était originaire de La pauvreté de ces religieux était extrême
Champagne, et ses parents étaient également dans les commencements ils étaient prescjuc
;
nobles et vertu, ux. Sa mon', nommée Ermen- nus cl ne vivaient que de légumes. Mais
garde, étant grosse de lui, vil en songe la plusieurs seigneurs du pays , par une
sainte Viergu qui, tenant un anneau d'or sainte émulation, leur ayant donné à l'envi
dans la main, promettait d'épouser le flls ce qui était nécessaire pour leur entretien,
qu'elle portait en son sein. C'est pourquoi et le revenu temporel étant augmenté nota-
à [)eine eût-il at'eint l'âge de quinze ans, blement les
, richesses les firent tomber
que pour se donner tout entier au service de dans un si grand relâchement que sainl ,
celle reine des an^es qui l'avait destiné pour KobcrI, ne pouvant ni par prières ni par
son épous, il s-i fit religieux dans l'abbaye remontrances arrêter leurs dérèglements
,
son monastère et de quehiues anciens reli- tant de ce qu'ils avaient été la cause de sa
gieux , qui appréhendaient de le perdre, retraite, interposèrent l'autorité du pape et
rempéchèrent de rendre ce service à ces de l'évéque de Langres pour le faire revenir
pauvres ermites, en sorte qu'il se contenta chi z eux, et pour les gouverner en qualité
de les consoler par letir-- s. Ces religieux de d'abbé, comme il avait fait avant sa retraite.
Tonnerre, qui devaient profiler des avis sa- Cela leur réussit; mais comme ce repentir
lutaires et des bons exemples de leur sainl n'était fondé que sur la considération du
abbé, continuèrent à vivre dans un si grand temporel qui n'allait pas si bien depuis
,
Aloniier-la-Celle, ;:fin d'y servir Dieu avec réflexion que leurs usages ne s'accordaient
moins de trouble et d'inquiétude, aimant pas avec la règle de saint Benoît, qu'ils en-
mieux obéir (|ue couimander; mais son Uié- tendaient lire tous les jours en chapitre, et
rilc ne permit pas qu'il restât longtemps qu'ils avaient promis d'observer, commen-
dans cet état, car il fui bientôt après élu cèrent par s'en entretenir en particulier, se
prieur de Saial-Aiguiplic, qui était un mo- plaignant de leur infidélité, cl cherchèrent
nastère de !a dépendance de celte abbaye. sérieusement à y remédier. Le bruit s'en
Quelque temps après, les ermites de Colan ,
étant répandu dans la communauté les ,
qui, malgré la mauvaise issue qu'avait eue auires religieux, qui n'avaient pas le même
la première demande (ju'iis avaient faite de zèle, se moquèrent de ceux-ci et voulaient
saint llobe;l pour leur su;jérieur, avaient les détourner de leur dessein par toutes
résolu alisolumenl de se soumettre à sa con- sortes de moyens; mais les zélés, sans
duite, alin de mieux réussir et qu'on ne pût s'en mettre en peine, demandaient à Dieu
pas le leur refuser, s'adressèrent au pape, par de ferventes prières de les conduire
duquel ils obtinrent un bref qui ordonnait à en quelq:ie lieu, où ils pusent fi ièlement
l'abbé de Montier-la-Celle de leur donner le accomplir leurs vœux , voyant bien (jue
saint, puisqu'ils l'avaient élu pour les gou- tant qu'ils seraient en la compagnie de
verr.er. L'ubbé ne put se dispenser d'obéir, ceux qui ne voulaient point de réforme, il
et Robert accepta cet ordre avec plaisir, tant leur serait difficile d'y réussir.
pourol'.éirà ses supérieurs que pour conten- Us ne voulurent rien entreprendre sans
ter ces bons ermites, et vivre avec eux dans la en avoir consulté l'abbé, conforuiément à
retraite et l'éloignemeut du monde. 11 par- la règle qui défend de rien faire sans saper-
lit donc et arriva dans la solitude de Colan
,
mission, ils furenl donc trouver Robert et
où les ermites , qui y dcuicuraienl cl qui lui dirent qu'ils élaiejit résolus de se retirer
923 DICTIONNAIRE DES ORDRES RELIGIEUX. 92 \
avec sa permission dans quelque lieu soli- lors), de ceque la religion élait renversée
taire, oîi ils pussent sans aucun ompêclie- dans leur monastère et que par la rclrailo
,
chement observer ce qu'ils avaient voué à de Robert ils éîaient devenus odieux aux
Dieu. Non-seulement ce saiiU abbé loua seigneurs et à leurs autres voisins, et
leur dessein, mais il promit de les aider et qu'ainsi priaient Sa Sainteté de l'obliger à
ils
de pratiquer exaclemeist la règle de saint Lyon, de tirer, s'il était possible, Robert de
Benoît, lui demandant pour cet effet son se- sa solitude pour le renvoyer à son mona-
cours et la protection du saint-siége, et en stère de Molesme, sinon de faire en sorte que
particulier la permission de sortir de Mo- ceux qui aimaient la solitude (qui étaient
lesme, où ils ne pouvaient exécuter leur des- apparemment ces voisins auxquels ils
sein, à cause du relâchement qui s'éiail in- étaient devenus odieux) demeurassent en
troduit dans le plus grand nombre des re- repos, et que ceux (lui étaient dans le mo*
ligieux de cette abbaye. Le légat la leur ac- nastère vécussent régulièrement. L'arche-
corda, et pour cet effet leur donna des let- vêque de Lyon, ayant reçu celte lettre du
tres-patentes, où il leur conseillait et leur i;ape, et étant sollicité par l'abbé Godefroi
ordonnait par l'autorité du pa;je de persé- et par les religieux de Molesme, assembla
vérer dans leur sainte résolution. Les six quatre évêques, Norgauld d'Autun, Gautier
qui accompagnèrent l'abbé en ce voyage de Châlons, Bertrand de Màcon, Pons de
étaient Albéric, Odon, Jean, Etienne, Lé- Belley, et tous ses suffragants. 11 s'y trouva
talde et Pierre. aussi trois abbés, Pierre de Tournus, Ja-
Eteint doiic retournés à Molesme, ils choi- renton de Dijon, et Gosseran d'Ainny, avec
sirent les plus zélés pour l'observance, sor- Pierre, camérier du pape, auxquels ayant
tirent au nombre de vingt et un, et allèrent communiqué la lettre de Sa Sainteté il ,
s'établir dans un lieu appelé Cîleaus, à cinq écrivit par leur conseil à Robert, évêque de
lieues de Dijon, dans le diocèse de Ghâlons. Langres, qu'il avait résolu de rendre à
C'était un désert couvert de bois et d "épines, l'église de Molesme labbé Robert, à condi-
arrosé par une petite rivière ([ui prend sa tion qu'avant (jue d'y retourner il irait à
source d'une fontaine qui en est éloignée Châlons pour remettre à l'évêque le bâton
d'une lieue, appelée S«/(sFon(/, à cause qu'on pastoral qu'il avait reçu, lorsqu'il lui avait
n'en a jamais pu trouver le fond, et qui a promis obéissance, de laquelle obéissance il
cette propriéié que, quand il pleut, elle di- le décliargerait, de même que Robert de son
minue notablement et qu'elle déborde dans côté déchargerait les religieux du nouveau
les temps de sécheresse. Quelques-uns monasière (c'est ainsi qu'on appelait d'abord
croient que le nom de Cîteaux fut donné à celui de Cîteaux ) de celle qu'ils lui avaient
ce lieu à cause des citernes qu'on y trouva. promise en qualité d'abbé, et qu'il permet-
Ces religieux cou;mencèrent à défricher trait aussi à tous ceux du nouveau mona-
cette solitude et s'y logèrent dans des cel- stère qui voudraient le suivre, de retourner
lules de bois qu'ils flrenl avec le consente- avec lui à Molesme, à condition qu'à l'ave-
ment de Gautier, é\cquede Châlons, et de nir ils ne s'attireraient ni recevraient les
llainaud, vicomte de Beaune, à qui la terre uns les autres, sinon en tant que saint Be-
appartenait. Ils s'y établirent le 2 mars noît permet de recevoir les moines d'un
1098, jour de saint Benoît, qui se rencon- monastère connu. 11 marquait ensuite à ce
trait cette année-là le dimanche des Ra- prélat que lorsque Uoberl aurait satisfait à
meaux. Ce lieu était s-i stérile que Tarehe- cela, il le lui reiivoyât pour le rétablir abbé
vêque de Lyon, jugeant qu'ils n'y pourraient de Molesme, à condition que s'il quittait en-
subsister sans le secours de quelques per- core cette église sans de justes raisons, on
sonnes puissantes, écrivit à Eudes, duc (ie ne lui donnerait point de successeur du vi-
Bourgogne, pour l'exhorier à leur faire du vant de Godei'roi. Quant à la chapelle de
bien. Ce prince, touche du récit que l'iirche- l'abbé Robert, et tout le reste qu'il avait ap-
véque lui laisait de leur pauvreté, et édiOé porté de Molesme, il ordonnait que tout de-
de leur ferveur, acheva à ses dépens le bâ- meurerait aux frères du nouveau mona-
timent du monastère de ce qu'ils avaient stère, hormis un brévi;iire qu'ils garderaient
commencé, et les y entretint longtemps de jusqu'à la saint Jean, pour le transcrire,
toutes les clioses nécessaires à la vie. 11 avec le consenîeuient des religieux de Mo-
leur donna même abondamment des terres lesme.
et des bestiaux, et l'évcque de Châlons don- Robert acquiesça à tout ce que l'on deman-
na à Robert le bâton pastoral en qualité dait de lui; il déchargea les moines do
d'abbé, érigeant ce nou\eau monastère en Cîteaux de l'obéissance qu'ils lui avaient
abbaye. promise, soit dans ce lieu, soit à Molesme,
L'année suivante 1099, quelques religieux et l'évéque de Châlons le déchargea aussi
de Molesme, du consentement de Codefroi, du soin de celle église, qui lui avait été con-
leur nouvel abbé, allèrent à Rome et por- fiée. 11 s'en retourna donc à Molesme, avec
tèrent leur plainte au pape Urbain II (qui quelques religieux qui le voulurent suivre,
était à la tête du concile qui s'y tenait pour se sentant plus portés à la vie monastique
925 CIT CIT 0-26
rent mille outrages, jusqu'à le jeter dans comme ils avaient établi en quelques lieux
une obscure prison ; d'où ayant clé tiré quel- des métairies, ils ordonnèrent que l'on y
que temps après, il quitta aussi ces religieux enverrait des ccnvers pour en avoir soin,
rebelles pour se retirer dans un désert, à el non pas des religieux, puisque, confor-
l'exemple de saint Robert, el il ne retourna mément à la règle, les religieux devaient
à Molesme que quand il eut appris que les demeurer dans le cloître pour y vaquer à
religieux de ce monastère avai<nt redeman- l'oraison et au service divin. L'habit de ces
dé leur abbé. Lorsque ce même abbé les religieux (1) était de couleur tannée, aussi
quitta pour la seconde fois pour aller dans bien que celui des religieux de Molesme;
les solitudes de Cîteaux, il fut du nombre de mais l'on prétend que la sainte Vierge ayant
ceux qui l'y accotnpagnèrer.t, et mérita par apparu à saint Albéric, elle lui donna un
son zèle et par sa ferveur d'être fait prieur hibit blanc, et que depuis ce temps-là ils
de ce nouveau monastère. changèrent leurs habits tannés en habits
A peine < n euî-il été élu abbé, qu'il en- blancs, ayant seulement conservé le scapu-
voya deux de ses religieux, Jean et llbod, laire tanné, et qu'en mémoire de ce miracle
vers le pape
Pascal II, pour mettre son on célébrait dans cet ordre une fêle de la
église sous protection du sainl-siége. H
la Descente de la sainte Vierge, que Chrysos-
leur fil donner des lettres de recommanda- tome Henriquès a mis dans son ménologe
lion pour ce pontife par l'archevêque de au o août, sous ce titre: Descensio bealœ
Lyon, l'évèque de Châlons et deux légats de Mariœ Yirginis in Cistertium et tniraculosa
Sa Sainteté, qui étaient pour lors en France, mutaiio habitus de nigro in album colorem
et qui témoignèrent au pape que 4es reli- sub sanctissimo abbate Alberico. Mais en di-
gieux de Cîteaux n'étaient sortis de Molesiiie sant qu'ils avaient auparavant des habits
et ne s'étaient transportés au nouveau mo- noirs, il ne s'accorde pas en cela avec les
nastère que pour y mener une vie plus mor- autres historiens de cet ordre qui prétendent
tifiée et plus retirée, suivant la règle de que leurs babils étaient de couleur tannée
saint Benoît, et pour s'éloigner des coutumes ou brune, comme remarque Ange Henriquès,
que quelques-uns avaient introduites contre qui ajoute que les religieux de cet ordre
l'esprit de cette règle, dont le poids leur allant en campagne portaient des manteaux
semblait trop pesant à supporter. Ils le priè- el des coules de couleur grise, ce qui leur
rent d'affermir par son auiorité l'établis- fit donner en Allemagne le nom de Moines
sement de ce nouveau monastère et de con- gris. Saint Albéric, soit à cause de cette ap-
firmer ce que son prédécesseur, Urbain II, parition ou pour la dévotion qu'il portait à
avait fait. Ces recommandations eurent leur la sainte Vierge, mit son monastère sous h
effet, el le pape Pascal, par une bulle de protection de celte reine des anges ce qui â
,
l'an 1100, mit co monastère sous sa pro- fait que dans la suite cet ordre lui a été par»
tection. licultèremenl dédié.
Albéric et ses religieux, ainsi autorisés Ce saint abbé, après avoir gouverné Cî-
et confirmés par le pape, dressèrent les pre- teaux l'espace de neuf ans el demi, mourut
miers statuts de Cîteaux, qui ne furent pro- l'an 1109, el eut pour successeur saint
prement que des règlements pour cette seule Etienne, troisième abbé et principal fonda-
abbaye (ce saint abbé ne sacî'.ant pas le teur de cet ordre. ï>on surnom était Har-
dessein que Dieu avait de faire de ce mona- dingue, cl il était Anglais. Son zèle pour les
stère le chef dun ordre très-célèbre). observances régulières l'avait fait suivre
Aussi ces règlements ne sonl qualifiés dans saint Albéric dans la solitude, lorsqu'il
les premières histoires de cet ordre, que quitta Molesme, et il ne retourna avec lui
d' Institutions des moines de Citeaux sortis dans ce monastère que lorsqu'on y eut rap-
pelé sainl Robert. Saint Albéric, ayant élé ronne et ces chandeliers à bras éloient inu-
élu abbé de Cîleaiix, il en avait élé fait tiles etcontre la pauvreté
prieur. Quoi(iue l'austérité do la vie qu'on La seconde reuiarque c'est ce règlement
y menait eût empêché que le nombre des re- qui ordonnait que le chalumeau avec lequel
ligieux ne s'augiuenlâl sous son prédéces- ceux qui devaient communier sous les deux
seur, il ne dimmua rien pour cela de ces espèces tireraient le précieux sang, ne se-
austéiilés; l'amour qu'il avait pour la p;iu- rait que (i'argenl doré : d'où il est facile de
vrelé lui fitrèg'emeiUs qui mar-
faire des conclure que (juoique la communion sous
quaient l'csiime qu'il taisait de celle voriu. les deux espèces fût déjà abolie, l'ordre de
Il voulut qu'oie parût jusque sur les autels, Cileaux ne laissa pas de conserver cet usage
dans les ornements dej^lise et les vases sa- encore plusieurs années pour ceux qui ser-
crés qui servent au plus auguste de nos vaient à l'autel; ce qui dura, selon les ap-
mystères; car il défendit les croix d'or eî parences, jusqu'en l'année 1/i37, puisque
d'argent, et n'en voulut que de bois peint. H Martin de Vargas , auteur de la réforme
retrancha le grand nomi'.re de chamleliets, d'Espagne, dont nous parlerons dans la
et n'en réserva qu'un de fer. Il condamna suite, ayant consulté sur ce sujet le pape
les encensoirs précieux et n'en permit que Eugène IV^, aussi bien que sur quelques
de cuivre ou de fer. Les chasubles ne de- autres difficultés, Louis Barbo, évêque de
vaient être que de futaine ou de lin, aussi Trévise, fondateur de la congrégation de
bien que les aub^s et les amicls, sans or ni sainte Justine de Padoue, que le pape avait
argent. Il retrancha l'usage des chapes, des commis pour en décider, ordonna qu les '
Ifldiocèse de Cliâlons, où il mit pour ab!)é et les autres du même ordre pour éviter
Rerlr;ind. L'année suivante il fonda Ponli- toute division et tout scandale entre les
gni, au (iiocèse d'Auxerrc, cl y envoya saint évéques elles religieux. Après cette confir-
Husues pour le gouverner. Clairvaux, dnns mation des évéques, saint Ftienne eut aussi
le diocèse de Langres, ayant élé bâti l'an recours au pape Calixto H pour oblenir
1115, saint Bernard en fut le premier abbé ; c lie de ce pontife qu'il lui accorda la même
i-l, la niènie année, Arnaud, frère de Fride- année 1119; ce que fit aussi Eugène 111, par
ric, arclievéqwe di; Cologne, fut <'iivoyé à une bulle de l'an 1152, où tous les articles
Moriniond, aussi d.ins !c diocèse de I.anp:res, de ce statut sont insérés, et à son imitation
pour y taire un nouvel élablisscinent. L'or- plusieurs de ses successeurs, comme Ana-
dre f(it encore augmenté, en 1118, par la stasc IV, Ad.'ien lY et Alexandre 111, accor-
fondation de quatre autres monastères, (jui dèrent des bulle-, où ils approuvèrent dere-
furent Prully la Cour-Ditu
, l'rois-Fon- , chef ces règlements.
tnines et lîouiievaus et l'année suivante
; C'est une chose surprenante de voir le
îll'}, Rouras, Fontenai, Cadovin et Ma^an grand progri^s que fit cet onlre. Cinquante
lurent aussi fondés. Pour lors saint Etienne ans après son établissement il y avait déjà
forma un corps de ces monastères, et vou- cinq cents abbayes, et dans le chapitre gé-
1 inl les unir par les liens de la cbarité et néral qui se tint à Citeaux l'an 1151, on fit
d'uniformité d'observance, aîin qu'ils pu-;- un décret par lequel il fut défendu d'en re-
sent se secourir les uns les autres, dressa cevoir davantage pour ne pas augmenter ce
avec les abbés cl (nielques religieux de ces nombre qui paraissait déjà trop excessif à
monastères le premier st.Uut de l'ordro, ces religieux (1). Cependant ce fut inutile-
qu'il appela la Carte de la charité, laquelle ment qu'on fil ce décret; car cent ans après
contient en cinq chapitres tous les règle- il y avait plus de dix-huit cents abbayes de
ments nécessaires pour l'établissement et la cet ordre, dont la plupart avaient élé fondées
conduite de cet ordre, et pour maintenir la avant l'an 1200, saint Bernaid en ayant
régularité, l'union, lu dépendance et la fondé lui seul environ soixante toutes rem-
charité. plies de religieux tirés de Clairvaux.
Le premier chapitre de celte carte or- L'on doit attribuer un si grand progrès à
donne l'observance littérale de la règle de la sainteté des religieux de cetordre,qui par
saint Benoît sans glose et sans dispense, leur vie exemplaire étaient l'aduiiralio:! de
ainsi qu'on l'observait à Citeaux. Le second tout le monde, en sorte que, comme il n'y
détermine le pouvoir des abbés, celui de avait personne qui ne se fit un honneur de
l'abbé de Cîteaux. sur les monastères de la posséder de si saintes âmes et qui ne se
Ferté, Pontigîiy , Clairvaux et Morimond, trouvàtheureus d'avoir de si puissants amis
qui sont ses quatre premières filles, et celui auprès de Dieu, on leur offrait des établisse-
des ab')és de ces quatre premiers monastè- ments de tous côtés. Cette exacte observance
res sur l'abbé et le monas'ère de Gîteaux. qu'ils prati'iuaient était encore dans toute
Le troisième règle la manière de tenir les sa vigueur dans les n)onastères de cet ordre
chapitres généraux, le pouvoir de ces cha- vers le milieu du treizième sièc e, lorsque le
pitres, l'obligation qu'ont les abbés de s'y cardinal de Vilri écrivit son Histoire d'oc-
trouver, la manière d'y lerminor les diffé- cident ; car parlant de ces religieux, il dit
rends, «t les causes pour lesquelles on peut qî:e toute l'Eglise de Jésus-Christ était rem-
s'en absenter. Le quatrième règle les élec- plie de la haute répsitation et opinion de leur
tions des abbés, l'autorité du Père immédiat sainteté, comme de l'odeur d'un baume tout
au temps de la vacance et de l'éleclion, l.i divin, et qu'il n'y avait aucun pays ni au-
qualité des personnes qui doivent élire et de cune province où cette vigne remplie do
celles qui doivent être élues. Le cinquième bénédictions n'eût étendu ses branches. Et
et dernier traite de la cession et déposition en décrivant leurs observances, il dit qu'ils
des abbés, mé.'iie de celui de Cîteaux, des ne se servaient ni de peaux ni de chemises,
causes et sujets pour lesquels il peut ctie ne mangeaient de la viande que dans les
déposé, des personnes qui le peuvent dé- grandes tnala lies ;
qu'ils ne mangeaient
poser et la manière de procéder à cette point non plus ni poisson, ni œufs, ni lait,
déposition. ni fromage, sinon quelquefois par extraor-
Après que ce statut eut élé dressé, saint dinaire et quand on leur en donnait par
Etienne le présenta aux évéques qui avaient charilé; que leurs frères convers qui demeu-
des monastères de l'orilre dans leurs dio- raient dans les fermes à la campagne, hors
cèses, afin qu'ils lui donnassent leur appro- l'abbaye, ne buvaient point de vin que les ;
baye dans le diocèse d'un évèque qu'après prime et la messe, et dit leurs coulpes au
que ce prélat aurait ratifié et conlirmé ce chapitre, ils s'occupaient tout le jour au tra-
décret passé entre les monastères de Citeaux vail, à la lecture ou à l'oraison, sans jamais
donner lieu à l'oisivelé ni à la paresse, el ce que devaient observer ceux mêmes qui
que dans lous ces exercices ils observaient étaient obligés de manger dans les monastè-
un exact continuel silence à l'exception
el res d'un autre ordre ou en quelque lieu que
de l'heure qu'ils prenaient pour la confé- ce fût, hors l'infirmerie, el plus particuliè-
rence spirituelle. Leurs jeûnes éWiient conti- rement dans les monastères de filles, et ceux
nuels depuis la fête de l'Exaltation de sainte qui avaient transgressé cette loi devaient
Croix jusqu à Pâques, et ils exerçaient avec être privés de vin pendant un jour. On ne
beaucoup de charité l'hospitalité envers les devait jamais servir de viande aux évêques
pauvres. ni aux autres personnes qui venaient leur
Sous le pontificat d'Urbain IV il commença rendre visite, quoiqu'ils ne fussent pas de
à y avoir quelques divisions dans cet ordre l'ordre, soit dans l'enceinte du monastère,
au sujet de la carte de charité que quelques- soitdans les maisons contiguës, el on ne de-
uns inlerprétaii nt dans un sens qui leur vait pas permettre que des personnes sécu-
était favorablo, au préjudice de quelques lières ou religieuses vinssent demeurer au-
autres qui lui donnaient un autre sons. Ce près des cimetières et y manger de la viande.
pape nomma pour arbitres de ce différend Ni- Tous les abbés qui auraient servi ou fait
colas, cvêque de Troyes, Etienne, abbé de servir de la viande à quelque personne que
Marmoulier, el Godefroi de Beaujeu, de l'or- ce fût dans l'enclos de l'abbaye ou dans ies
dre de Saint-Dominique, confesseur du roi maisons contiguës (à l'exception des pauvres
saint Louis. Mais ce pape étant mort avant et des iiifirnies), en demanderaient pard(tn
qu'il eût été terminé, Clément IV, qui lui au chapitre général et en seraient grièvement
succéda, voulut en prendre connaissance, et punis el pour ce qui est des olfic.ers et au-
;
pour remédier de bonne heure aux suites tres religieux et convers qui auraient com-
fâcheuses que pourraient avoir ces divisions, mis celie faute, ils jeûneraient au pain el à
il ordonna à l'abbé de Cîîeaux, aux quatre l'eau lous les vendredis jusqu'au chapitre
premiers abbés et à plusieurs abbés et reli- général prochain.
gieux de cet ordre, de le venir trouver à Pé- Ce fut dans le quatorzième siècle que quel-
rou s , afin d'apprendre de leurs propres
f^ ques monastères et collèges commencèrsnt
bouches le sujet de leur dilTérend; et après à perdre l'esprit de ferveur des premiers
les avoir enlendus.il régla, l'an 1263, toutes Pères de l'ordre, car se relâchant peu à peu
leurs difficultés, en interprétant et changeant de la première observance, sous prétexte de
quelque chose de la carte de charité en ce quelques dispenses et privilèges, contre les
qui regardait la police et le gouvernement de instituts diî l'orde et la règle de saint Bc--
l'ordre et la juridiction des supérieurs, y noît, ils mangèrent de la viande à certains
ajoutant mémo quelques nouveaux règle- jours, s'abstinrent de quelques jeûnes, et
ments ; mais il ne fit aucun changement dans tombèrent insensiblement dans un plus grand
les observances. relâchement. jMais le pape Benoît XII, qui
Celle constitutiondu pape, appelée dans avait été religieux de cet ordre el abbé de
l'ordre Clémentine, f :t acceptée par ces
la Fond-Froide, étant monté sur la chaire de
abbés dans Pérouse, et depuis reçue unani- saint Pierre l'an 1334^, voulut remédier à
mement dans l'ordre. L'an 1289, dans un cet abus et à d'autres qui s'étaient glissés
chapitre général, 0!i ordonna que l'on ferait aussi dans cet ordre c'est pourquoi il réso-
:
une compilation de toutes les ordonnances lut de taire venir au Pont de Forgue, dans la
des chapitres généraux célébrés depuis le diocèse d'Avignon où il était, l'abbé de Gî-
commencement de Torde jusqu'en cette an- teaux et les quatre premiers abbés de l'or-
née ; ce qui fait voir que l'esprit des institu- dre; ils y allèrent tous, à l'exception de celui
teurs s'éiail conservé jusqu'à ce temps-ià. de Pontigni, et après plusieurs conférences
On y menace d'excommunication ceux qui sur ce sujet, il fit une conslitulion la même
auraient obtenu des privilèges ou qui vou- année 133'4-, qui porte plusieurs règlements
draient s'en servir. On défend d'y jamais concernant cet ordre il défend entre autres
:
parler de nourriture ni d"y faire aucune choses à lous les abbés et religieux de man-
mention de l'usage de la viande, et l'on con- ger de la viande el autres mets cuits avec de
damne celui qui serait si hardi que d'en par- la viande, ^oil hors les monastères ou autres
ler, à jeûner ce jour-là au pain et à l'eau et lieux conventuels de l'ordre, soit dans le
à prendre la discipline au chapitre. Les abbés monastère, dans des chambres particulières
et les ri ligieux de l'ordre, soit qu'ils fussent ou en aucun autre lieu (à l'exception de l'in-
(!n voyage, ou qu'ils demeurassent dans les firmerie commune), révoquant les perniis-
fermes ou autres dépendances de leurs ab- sions de manger de la viande que quelques
bayes, devaient observer les jeûnes prescrits abbés et religieux disaient avoir obtenues
par la règle, de même que ceux qui demeu- du saint-siège, lesquelles ne pouvaient cau-
raient dans le cloître. A l'égard de l'usage ser que du scandale; el que si quelque re-
de la viande, on devait s'en tenir à la règle ligieux ou convers transgressait celle dé-
de saint Benoît, el personne n'en devait man- fense, pour chaque fois qu'il aurait mangé
ger qu'à l'infirmerie, sinon ceux qui devaient de la viande, il jeûnerait irois jours au pain
faire un grand trajet sur mer. Elle devait el à l'eau, et recevrait la discipline chacun
même être bannie de l'infirmerie depuis la de ces jours-là dans le chapitre ; que si un
Scpluagésime jusqu'à Pâques, el tous les sa- abbé était tombé dans la même faute, il ne
medis de l'année on en devait point user non subirait pas la discipline, mais qu'il obser-
plus que de mets assaisonnés avec la graisse ; verait les mêmes jeûnes; que personne ne
933 GIT CIT 934
pourrait afccordér la dispense de ces peines ce dont on les accusait et de donner meilleur
ou de parues d'icellos, et que si queliju'un exemple ce qu'ils ne pouvaient faire (]u'en
(
rendu inhabile à toutes sortis d'oKîces et ordonna de s'appliquer avec plus de soin et
emplois dans l'ordre. de diligence qu'aup ravant, à la reforme des
Celte conslilulion du papo, appelée dans monastères et d'y iaire mieux observer à l'a-
l'ordre bénédictine, y fut reçue et acceptée, venir les consliiutions apostoiiciues et les
comme il se voit dans la seconde compila- observances des chapitres gé;iéraux.
lion des ordonnancesdes cbnpitrese;énéi;iux, Ces remontrances des souverains pontifes
faite par autorité du chapitre de l'an 13o0, étaient inuiiles dans un temps où les guerres
laquelle fut appelée les nouvelles Conslitu- qui ailligeaienl plusieurs provinces euipê-
tions. il y est ordonné à tous le^ ab'ués de chaienl les abbés de l'ordre de Cîleaux de
l'ordre d'avoir en leurs monastères les statuts remédier aux abus qui s étaient introduits
et ordonnances du pape Benoît pour la ré- dans leurs monastères. Les fureurs de la
formation de l'ordre, et de 'es f.j ire exacte- guerre et l'insolence des soldats qui n'épar-
ment observer et relier avec la règle et le gnaient pas même les temples du Seigneur,
livre des Définitions. Ces règlements empê- commettant mille indignités à l'égard des
chèrenl les abus qui s'étaient glissés dans prêtres et des vierges \m s'y occupaient à
cet ordre mais ce ne fut que pour un temps,
; chanter les louanges de Dieu, obligeaient la
car ils augmentèrent dans la suite, et le dé- pluparldes religieux el des religieuses de cet
sordre y était i grand eti 1390, que le cha- ordre d'abandonner leurs monastères pour se
pitre général, qui se tint la même année, se réfugier dans les villes et ces guerres, qui
;
crut obligé d'y a|iporter quelque remède. Ce durèrent plusieurs années, causèrentdans la
fut encore pour peu de temps, car les chapi- suite une si grande cherté et une si grande
tres généraux, qui suivirent celui-là, non- diseltedetoutes les choses nécessairesàla vie,
seulement autorisèrent ces règlements, mais qu'elles contraignirent plusieurs religieux à
encore permirent la prupriélé aux religieux. manger de la viande qu'ils trouvaient plus
Car celui de l'an 1396 donna commission ex- commodément que d'autres choses. D'autres
presse à l'cibbé de Fonlen.ii de se transporter plus scrupuleux s'en abstenaient mais ils ;
à l'abbaye de Cbéseri pour ratifier une trans- refusaient les charges de cellérier,de procu-
action passée entre l'abbé de ce monastère reur et les autres offices (lui les pouvaient
et sa communauté, par laqm lie il assignait obliger à sortir du monastère, à cause que
à chacun de ses religieux une somme pour partout où ils allaient, soit aux champs ,
leur vestiaire (Ij. Celui de l'an 1399 permit soit à la ville, ne trouvaient que des vian-
ils
tifia et confirma un bail à ferme fait par mentaient, et le défaut de nourriture ren-
l'abbé et la communauté de ral)baye de Bon- dait lusieurs religieux malades, et ceux qui
j
neval à un rc igieux de la mcu;e abbaye, par restaient en saute étaient si faibles, que ni
leiiuel on lui cédait la ferme des Laudrins, les uns ni les autres ne pouvaient observer
appartenant à ce monastère, avec défense à leur règle ni leurs statuts.
l'abbé et à la communauté de la lui ôter. Le chapitre général s'étant assemblé, et
Jusque-là l'ordre avait toujours été uni , ayant reconnu l'impossibilité qu'il y avait
etquoique répandu dans toutes les parties de faire observer la régularité dans un temps
du monde, il ava t toujours été soumis aux si misérable, pria Imbert de Ciieaux de faire
supérieurs qui étaient en France ; mais le voyage de Rome avec dom Jean de Cirey,
quelques religieux d'Kspagne, qui avaieiit abbé de Mé^ières, pour demander au papo
conservé l'esprit de l'ordre voulant se , qu'il eût la bonté de remédier à tous ces
garaniir du naufrage dont il était me- maux, en leur accordant quelque dispense
nacé, firent comme ui\ corps à part, en for- de cetie grande abstinence à laquelle leur
mant une congrégation dont Martin de Var- règle et leurs constitutions les obligeaient.
gas fut l'auteur en H-2G, de laquelle nous Ces deux abbcs allèrent à Home en 1473
parlerons en particulier, aussi bien que des ( Sixte IV gouvernait pour lors l'Eglise ) ;
autres congrégations, qui à l'exemple de y éiant arrivés, ils eurent audience du pape,
celle d'Espagne voulurent vivre dans
, imbert lui représenta la misère et la désola
une étroite observance; mais ce ne fut que lion des monastères, les difficultés d'avoir
plusieurs années après (lue celle d'Espagne des \ landes conformes à leur perpétuelle
eut été commencée. abstinence, et les désoidres quecela causait,
Le désordre continuant toujours, Eugèiîc puisque malgré le bon exemple des plus zé-
["V, sur les plaintes qu'il en recul do France lés, el nonobstant les oppositions et reujon-
et d'Espagne, avertit, par sa constitution de trances des supérieurs plusieurs religieux
,
pénitences portées par la bulle de Benoît Xli S'il n'y avait eu (lue ce dérèglement dans
conlreceuK(',uiseraientassez téméraires pour cet ordre, il y aurait eu lieu d'espérer qu'a-
en manger. Le pape ^ixte, sur ics remon- près cette ordonnance le scandale aurait fini,
trances de cet abbé, réitéra les défenses el les la paix et l'union y aur;iient régné , et
peines portées par la bulle de Benoît contre qu'ainsi, à l'exemple de leurs premiers pères,
«eux qui présumeraient de manger de la vian- i s seraient devenus la bonne odeur de Jésus-
(ie sans dispense et permission ;mais faisant Christ; mais il y avait des monastères où les
réfiexi-nsur cesdifGculés,etqnelcdroit natu- religieux vivaient d'une manière si licen-
rel l'emporte sur toutes sortes de lois d'auto- cieuse, que l'on pouvait leur atlribuer ces
rilé apostolique, il donna par une tmlle plein paroles du Psalmiste , qu'ils s'étaient mêlés
pouvoirauchapitregénéraletau\abbés de Cî- avec le monde dont ils avaient pris toutes les
teaux lie disj.enser, selon leur conscience, de manières ,
qu'ils idolâtraient leurs mêmes
rabstinence de viande, en cas de nécessité, tou- pissions et qu'ils en étaient devenus le scan-
tes et quanles fois que besoin serait, les per- dale en sorte que les souverains, dans les
,
sonnes religieuses de cet ordre qui deniar.de- Etats desquels ils étaient situés, ne pouvant
raient ccttedispeiise.La seule nécessité avait souffrir de tels dérèglements , sollicitèrent
contraint cet abbé de dem.;nder cette dis- le pape Innocent Vill de les supprimer;
j)ense, et il ne la demanda que pour autant d'autres se contentèrent de deman er à co
de temps que durer. lit la nécessité espérant
, ponîife qu'il les fil réformer. C'est ce qui
qu'on pourrait reprendre l;i première ob- obligea ce pape, l'an li87 d'ordonner aux ,
servance lorsqu'il y aurait lieu de le faire. supéiieurs qu'après la tenue du chapitre gé-
11 ne fut pai plutôt retourné de Rome avec néral, ils ewssei.t à vi^ter exactemeiil tous
celle bulle, qu'il fut importuné de plusieurs les monastères de cet ordre et à les réformer;
particuliers et même par des communautés mais ce pape ne fut pas obéi. Le mal aug-
entières, qui demandaient la dispense de mentant tous les jours, Charles VlîJ, roi de
l'abstinence, sous le prétexte de la nécessité. France, fil de nouvelles instances auprès du
Peu de temps après, il fit un second voyage pape, pour l'obliu'cr cà employer de plus puis-
à Rome où il mourut. Dom Jean de Cirey, sants moyens que les ordinaires pour réfor-
qui lui succéda, pour se délivrer des impor- mer cet ordre, et à ne pas s'en rapporter aux
lunités qu'il recevait de tous côtés au sujet chapitres généraux et aux visites orlinaircs
de la dispense fit assembler le chapitre gé-
,
des premiers abbés. Le moyen qu'on trouva
néral en iiSl, où, la bulle du pape Sixte IV pour lors fut de convoquer une assemblée
ayant clé examinée, on renvoya à la con- extraordinaire des abbés de l'ordre à Paris.
science, jugement et discrétion des abbés Elie se tint au collège des Cern :rdins, l'an
partie. liers ,visiteurs et autres supérieurs, li93, et on y dressa des articles de réformé,
le pouvoir, occordépar celte bulle, de dispen- qui portent entre aulres choses que les ab-
ser sans scrupule de l'abstinence de la viande bés quitteraient la vanité et la pompe sécu
les religieux quand ils en aura eut besoin.
,
liére avec liqueile ils marcha eut, les super-
Mais le chapitre généial, qui avait commis fiuiîés et les excès de leur train et de leurs
les a!)bés particuliers pour accorder cette habits, et qu'ils ne pourraient plus posséder
dispense, reconnut bientôt qu'elle n'était deux abbayes de l'ordre s ns la permission
qu'une source de brouilleries qui causeraient du chapitre général qu'on ne donnerait plus
;
beaucoup de scandale et qui pourraient aller à chaque ar'.iculier son pain, son vin et sa
[
à la ruine de l'ordre; car (juclques abbés trop pitance, mais que tous mangeraient en com-
indulgents accordaient trop facilement cette mun dans le réfectoire; que chaque abbé,
dispense; d'autres, irop rigoureux, la refu- quinze jours après son retour en son monas-
saient absolument, et cependant traitaient tère sous les peines portées contre les [.""O-
,
mal leurs communautés, ce qui excisait priétaireSjôteraità tous ses religieux ce qu'i s
beaucoup de murmures. Dans un même cou- posscdaieiit en propre, soit en bestiaux ou
vent, les uns mangeaient de la viande, les en vignes, en terres, jardins ou granges, soit
autres du poisson, des csufs et des légumes, qu'ils les eussent à ferme, ou leur vie durant,
et C' tte diversité engendra parmi eux des cl que tout^'s sortes de revenus seraient ap-
haines, des divisions, des parliaiités et des pliqués à la bourse commune; que les portes
ligues. C'est pourquoi , afin d'ôter la source des monastères en seraient exactement fer-
d'un si grand i^al contraire à la charité et
, mées aux heures marquées, pour empêcher
à l'union fraternelle, après le rapport (jui en les sorties et les entrées à des heures peu
fut fait selon les formalités ordinaires aux convenables à la régularité et au bon exem-
président et définileurs généraux de ce même ple; qu'il n'enireraii plus de feuiUK s dans les
chapitre, après une mûre délibération, ils or- lieux réguliers, à moins que ce ne lu sent
donnèrent par un décret de l'an IjBj, que
, de grandes dames, ou de vieilles femmes pour
dans tous les monastères de l'ordre de l'un avoir soin de la basse-cour et des la.tages;
et l'autre sexe l'on garderait à l'avenir l'u- (iue les religieux ne marciieraient plus dans
niformité, tant dans le vivre que dans les ha- le pays qu'avec leurs habits réu:uliers, ou
bits, et que pour le vivre on servirait de au moins avec un manlecU cl un chaperon
la viande trois fois la semaine pour la réfec- dessus; qu'ils ne fréquenicraietst plus les fê-
tion, savoir ledimancbe, le mardi et le jeudi, tes publiques, les spectacles el les charets,
et qu'à cet effet on bâiirail en chaque mo- et ne porteraient plus d'armes offensives et ,
nastère un lieu séparé du réfectoire ordi- s'il en était besoin pour se défendre des
naire. chiens, que ce seraient des armes qui resscn-
937 OT CIT 958
lissent la gravite religieuse; qu'aucun reli- noît XH. Il y a en aussi environ quarante
gieux ne pourrait tenir les enfants sur les cardinaux, un grand nombre d'archevê-
fonts de baptême, ni avoir des compères et ques, d'évêques, et d'illustres écrivains;
des commères , et ne pourrait proférer des dont on peut voir les noms dans Ange
serments ou paroles déshonnêtos; que sui- Menriquès et Charles Vich qui en ont
,
vant les ordonnances du pape Benoît XII, donné le catalogue. Plusieurs rois et rei-
toutes les cheminées des chambres à feu qui nes ont préféré l'habit de cet ordre à la
sont dans les dortoirs seraient ruinées , et pourpre et au diadème. Plusieurs princes
qu'à l'avenir ils n'auraient plus de lits de et princesses les ont imités; et dans le seul
plume de matelas, de draps de toile, ni de
, monastère de Trebnitz , en Silésie , l'on
chemises de lin, mais seuiemenl de serge ; compte plus de quarante princesses de Po-
quant à l'abstinence de la viande, qu'ils se logne qui y ont pris l'habit. Ce qui rend
Cfinformeraient à l'usage introduit dans la encore cet ordre rccommandable, ce sont les
plupart des monastères, où l'on ne mangeait ordres militaires de Calalrava, Alcantara,
point de viande les lundis, les mercredis, les et Montesa, en Espagne, d'Avis et de Christ,
vendredis et les samedis de chaque semaine. en Portugal, qui lui sont soumis.
La confirmation et l'exécution de ces articles L'abbé de Cîteaux est seul chef, supé-
furent renvoyées au premier chapitre géné- rieur général, ei [lère de l'ordre deClleaux,
ral qui se tiendrait à Cîteaux; mais bien loin qualité qu'on lui a <lispulée et dans la-
qu'ils fussent reçus, quelques religieux firent quelle il a été maintenu par arrêt contra-
sous main donner un arrêt par le pail'.ment dictoire du conseil d'Etat du roi du 19 sep-
de Dijon, sur les remontrances du procureur tembre 1681; mais son pouvoir est plus
général de ce parlement, par lequel ces arti- limité que celui des autres généraux d'or-
cles furent cassés , comme ayant été faits à dre, car il ne peut souvent rien faire qu'a-
Paris au préjudice des statuts de l'ordre, et vec le consentement du chapi!re général.
des arrêts de cette cour, qui veulent que les Il est premier conseiller-né au parlement
assemblées générales de l'ordre se tiennent de Dijon, et a séance aux Etats de Bour-
à Cîteaux. Ainsi ces articles demeurèrent gogne. Il y en a eu jusqi'.'à présent cin-
sans effet, et la réforme g- nérale de cet or- quante-iiuit, dont vingt-quatre sont recon-
dre ne se fit que sous le pontificat du pape nus pour saiiils et bienheureux. Jean de
Alexandre \'1I. Cirey,42' abbé, obtint du pape Innocent VIII,
Cependant plusieurs monastères, qui ne que l'abbé de Cîteaux et ses successeurs
souhaitaient que la régularité etle bon ordre, pourraient donner à tous les religieux de
eurent recours à la puissance des princes, l'ordre, le sous-diaconat et le diaconat, et
pour s'exempter de la juridiction des pre- que les quatre premiers abhés les pour-
miers abbés de l'ordre; tels furent ceux des raient conférer aux religieux seulement de
provinces de Toscane et de Lombardie, qui leurs filiations. Cette abbaye a vingt-six fil-
par l'entremise de Louis-Marie Sforce, duc les immédiates, qu'on appelle de sa géné-
de Milaij, firent une congrégation sé[)arée ration, qui en ont produit d'autres, et sa
l'an 1497, à l'exemple de celle de Castille : filiation s'étend en France, en Espagne, en
d'autres les imitèrent (ians la s;!ite. Dom Savoie, en Flandre, en Angleterre et en Dane-
Jean de la Barrière, abbé de Notre-Dame de mark, où l'abbaye d'Hareswal au diocèse
Feuillans en France , commença en ce de London en avait produit trois autres;
royaume la réforme (jui a pris le nom de mais l'hérésie qui domine dans ces deux,
celle abbaye. Dom Denis l'Argentier, abîjé derniers royaumes y a causé la ruine des
de Clairvaux, établit aussi en France une monastères de cet ordre.
autre réforme sous le nom A'é^oite obser- Entre les filles de la génération de Cî-
vance. 11 s'en est encore formé plusieurs teaux l'on compte l'abbaye d'Obasine, qui
autres que nous rapporterons en particu- a été chef d'une congrégaiion. Le hien-
lier dans la suite de cet ouvrage. beuroux Elienne en fut le fondateur. Il
Nous croyons avoir suffisamment parle était né de parents de condition médiocre
jusqu'à présent de tout l'ordre en généra!, dans le Limousin. Après avoir fait ses élu-
qui pendant plus d'un siècle fut si puissant, das, il fut ordonné prêtre, et voulant se
qu'il gouverna presque toute l'Europe pour donner entièrement à Dieu, il se retira avec
le spirituel et pour le temporel. 11 a aussi un compagnon dans la solitude d'Obasine,
rendu de grands services à l'Eglise, par où en peu de temps il eut plusieurs disci-
les grands hommes qui en sont sortis. Ces re- ples. Il y fonda un monastère et reçut la
ligieux furent employés par le pape Inno- bénédiction abbatiale, l'an 1142, des mains
cent 111, pour la conversion des hérétiques de Géraud, évêque de Limoges, qui donna
albigeois. Arnaud, abbé de Giteaux, avec l'habit monastique à tous ceux de ses disci-
Pierre de Châteauneuf et Raoul, furent lé- ples qui étaient clercs, laissant les autres
gats ae ce pape dans la croisade que l'on dans l'habit qu'ils portaient auparavant.
fit contre les hérétiques. Foulques, arche- Comme il avail aussi reçu des femmes, dont
Têque de Toulouse, qui était religieux de il avait converti un grand nombre, i'évê-
cet ordre, y fit paraître son zèle, aussi bien que, le nouvel abbé el ses moines menèrent
que Gui, abbé de Vaux-Cernai. en procession les religieuses au monastère
Quelques auteurs disent qu'il en est sorti qui leur était préparé, où l'abbé les en-
six papes; mais on aurait bien do la peine à ferma pour n'en sortir jamais, sous quel-
en trouver d'autres qu'Eugène III et Be- que prétexte que ce fût. Leur église était
DlCTlONNAIRE DES OruHES HRLkGIEUX. I. ao
t»39 DICTIONNAIRE DES ORDKES RELIGIEUX. <Ki(»
disposée comme nous voyons encore celles avec les vingt-six filles de sa génération, ne
des anciens monastères de filles, c'est-à- font que quatre-vingt-seize monastères, dont
dire ,
que la parîie orientale comprenant toute sa filiation est composée.
l'autel était séparée du reste par une mu- Le chapitre général se lient toujours à
raille et avait une porte du côté du septen- Gîteaux autri fois on le convoquait tous les
;
trion, par où entraient les moines pour ans ce : fut saint Etienne qui, en prescrivant
chanter les nocturnes et la messe. Le mur les lois de cet ordre, voulut que tous les
de séparation avait une fenéire grillée avec abbés des monastères vinssent tous les ans
un rideau au dedans, par où les religieu- à Gîteaux rendre compte de leur conduite et
ses recevaient la comnuinion, même les ina- de celle de leurs religieux; et celte institu-
lades qu'on y apportait, en quelque élat tion parut si belle et si avantageuse à l'E-
qu'elles fussent; caries religieux leur ren- glise, que tous les autres ordres, qui dans la
daient tous les services spirituels, sans ja- suite tinrent aussi des chapitres généraux,
mais entrer dans la clôture, et elles avaient prirent celui de Gîteaux pour modèle et en ,
un frère laïque pour leur procureur^ qui tirèrent leurs principaux règlements. Elle
les servait quant aux besoins temporels. fut aussi ai-prouvée par le concile de L;!lraii,
L'abbé Etienne avait fait venir dans son qui se tint sous le pape Innocent 111 ,
Rainard, abbé de Gîteaux, et lui recom- les uns d'y venir, empêchèrent la tenue du
manda Etienne, pour le regarder comme chapitre en sorte qu'on le différait de deux
:
Aigue au diocèse de Limoges. Obasine a s'y trouver. Les abbés de France n'y pou-
encore produit depuis la Frenade au dio- vaient mener que deux serviteurs et deux
cèse de Saintes, et Gros -Bois au diocèse chevaux jusqu'aux (juatre premières mai-
d'Angoulême. Le bienheureux Etienne vé- sons de l'ordre, c'est-a-dire jusqu'à la Ferlé,
cut encore onze ans et mourut !e 8 mars Pontigni, Clairvaux et Morimond; et les au-
1139. L'abbaye d'Obasine est la quinzième tres abbes des provinces étrangères, deux
fille de Gîteaux, et toutes les filles de sa gé- serviteurs et trois chevaux; il n'y a que les
nération, à l'exception de la Ferté, Pontigni, quatre premiers abbés d'exceptés, avec les
Clairvaux el Morimond, qui ont leurs filia- abbés de Savigni el de Prulli qui peuvent
,
tions séparées, n'ont pas produit plus de entrer dans Cîleaux avec quatre chevaux
cent soixante et dix autres monastères, qui, et mener avec eux leur secrétaire. La langue
&41 GIT CiT 942
Inlino est seule en u'jage dans ce chapitre en rond le capuce est semblable à celui
:
géuéral; et celui de 12i2rit un décret par le- que les prêtres mettent par -dessus leur
quel il fiit arrêté que si quelqu'un, qui n'a- coule , excepté la couleur; au chœur ils
vait pas l'usage de la langue latine, était élu. portent un manteau qui tombe jusqu'à terre,
Bon élection serait nulle, et les électeurs et el qui est de la même couleur que l'haljil.
celui qui y aurait présidé seraient au pain et Les novices clercs ont le même babil au
à l'eau pendant un fort long temps. Ce cha- chœur, mais il est tout blanc; leur scapu-
pitre ne laisse rien d'impuni, de sorte que laire n'est pas partout également long, c ir
si quelqu'un a fait quoique l'aute, il doit s'en il y a des endroits où il ne va que jusqu'à la
accuser, et s'il ne le fait pas, un aulre le moitié des cuisses , en d'autres jusqu'à mi-
proc'ame, c'esl-à-dire le dénonce, et l'abbé jambe, el en quelques auirrs jusqu'au bas
lui donne pénitence. de la robe. Celui que nous représentons ici
L'ahbé de Citeaux, conjointement avec les est tel qu'il nous a été donné par l«s reli-
définileurs, juge et règle toutes les affaires gieux de cet ordre, qui sont au collège des
qui se proposent dans l'assi mbléo ce sont ; Bernardins à Paris.
eux qui composent tribunal du chapitre
le Ord. Cistert. Exord. Maq. et Exord,
général, et c'est dans les définiteurs que ré- Parvum. Ang. Manriq., Annal, ord. Cisler.
side la pleine autorité du chapitre, L';ibbé Barnabas de Montalvo. Chronica de l'ord n
de Citeaux nomme le prem er, quatre de ces de Cislert. et Institut, de S. Bernard. Chry-
définiteurs, de sa génération spéciale; en- sost. Henriques, Menelog. Cisler. ejtisd.
suite les quatre premiers abbés lui pr<=sen- Fascicul. Sanct. ord. Cistert. Gaspar J(Jn'»e-
lent chacun cinq abbés de leurs généra- lin., Origines ac proijress. nbhnlinrum ord.
lions, dont il en choisit quatre de chacune, Cisler. Juiianus Paris., Nomnslicon Cistert.
qui avec les quatre qu'il a choisis de sa gé- Robert Rusca.,Orî ///ïc del sacro ord. Cislert.
nération font le nombre de vingt, et chacun Le Nain, Hi>t. de l'ord. de Citeaux. LE prit
de ces quatre premiers abbés, avec l'abbé de de Citenux. Le (louvernemcnt de Citeaux. Le
Citeaux, tenant aussi lieu de déGniteurs, le Vérital'le Gouvernement de Citeaur. Béponse
defiiiiloire est composé de vingt-cinq défi- au Véritable Gouvernement de Citeaux La
nileurs. manière de temr le chajiitre général de Ci'
une chose ordinaire de voir autre-
C'était teaux. Défense des rèi/leinents pour la réfor*
fois dans ce chapitre des cardinaux, des ar- motion de l'ordre de Citeaux. Différents fac
chevêques et des évêques. Le pape \iu- tums concernant les différends de cet ord.
gène 111 voulut bien lui-même l'honorer de Silvest. Maur<»l., Mar. Océan, di tiitt. le
sa présence en lihS. Les princes en faisaient Relii}. Pielco Crescenz, Presidio Romano.
une si grande estime, qu'ils se faisaient aussi Arnold. Wion., Lig.Vitœ, Philippe Bonanni,
un honneur de contribuer à la dépense de Cntalog. de gl. ord. relig. Bollaud., Act. 26
ceux qui y .issistaienl. Richard, roi d'Angle- januarii 17, el 29 apriïis, Giri cl Baillel.
terre, donna à ce sujet à l'abbave de Citeaux Vies des SS^
l'église de Schanieburg et tous les giands
revenus qu'elle avait, pour fournir aux frais § H. — Des abbayes de la Ferté, Pontigm\
du chapitre ejénéral pendant les trois pre-
Clairvaiix et Morimond, premières filles de
Citeaux.
miers jours des cinq qu'il se tenait. Alexan-
dre il, roi d'Ecosse, à l'exemple de celui Nous ne pouvons pas nous dispenser de
d'Auîîlelerre, donna, peu de temps après, parler en particulier des qua re premier, s
pour 1/1 dépense du quatrième jour, 20 liv. filles de Citeaux dont les abbés, conime les
,
sterling, et Bêla IV, roi d'iiungrie, pour le premiers Itères de l'ordre, ont droii de visi-
reste tic la dépende, donna quatre éi'lises et ter l'abbé de Cileaux quoique général et ,
tous leurs revenus. Enfin plusieurs princes chef de tout l'ordre, et sont eux-mêmes,
el seigneurs s'adressaient à ce ciia itri» gé- comme généraux, dans leurs filiations. L'ab-
néial pour lui recommander le succès de baye de la Ferlé, comme nous avons déjà
leurs plus imporlantts affaires, et lui de- dit, fut fondée l'an 1113; Berlrand en fut
le
mander la participation aux prières des re- premier abbé et ne fil point de nouvel éta-
li.'ieux. blissement. Mais Pierre 1", son suc(esseur,
Leur habillement (1) consiste en une robe fon a les abbayes de Éiletto el de Lncedio :
bl;inclie avec uu scapulaire et un capuce la prcMiière en Lombardie el la seconde en
noir; leur robe est serrée d'une ceinture Piémont. Mazières, Barona el San-Serjç o,
de laine noire ; au chœur ils mettent une furent fondées dans la suite, el celle pre-
coule blanche et par-dessus un capuce avec mière fille de Citeaux n'a pu pr> duire
(lue
une mosetle qui se termine en rond par de- ces cinq d'où sont sortis dix autres monas-
,
vatil jusqu'à la ceinture, el par derrière en tères. Ainsi sa filiation est la moins consi-
pointe jusqu'au gras de la jambe; et quand dérablo d ne s'étend qu'eu France el en
ils sortent, ils ont une coule et un grand ca- Italie, Ce le abbaye souffrit de grands dom-
puce noir, qui est aussi l'habit de chœur mages par la fureur des calvinistes, l'an 1532,
dans les maisons où il y a collège. Les frè- el ils ruinèrent entièrement l'an 15G7, en
la
res convers sont habillés de couleur tannée; ayant démoli de fond en comble tous les bâ-
leur scapulaire tombe de la longueur d'un limants, profanéles vases sacrés et couronn;'»
pied au-dessous de la ceinture et se termine du martyre les religieux qui ne prirent ^las
la fuite. Depuis ce teaips-là elle a été répa- incroyable que des religieux pussent man-
rée, et depuis quelques années on l'a rebâ- ger un si mauvais pain. Mais cette fameuse
tie de nouveau, et elle est maintenant une abbaye fut bientôt dotée par les libéralités
des pl:is belles abbayes de France par la du comte de Champagne, et le nombre des
magniticence de ses bâtiments. Elle a ])our disciples de saint Bernard devint si grand
armes parti d'argent et de iiaeules à une qu'il n'eut jamais moins de cent novices,
tour massonnée de sable, de laquelle sort qu'il envoyait dans les antres monastèreg
un bras revêtu d'une manrl.io r.onacalc et qu'il avait fondés ou réformés, selon les con-
tenant une crosse d'or. stitutions de Cîteaux, jusqu'au nombre de
Ponligni, à quatre lieues d'Auxetre, est la cent soixante de sorte que c'est avec raison
;
seconde fille de Cîteaux. Elle fui fondée qu'on donne à ce saint le titre de propaga-
l'an 1114. Saint Etienne, qui souhaitait ar- teur de l'ordre de Cîteaux, et que les reli-
demment l'agrandissement de son ordre, ob- gieux de cet ordre en France portent son
tint d'Hériborl, chanoine de la cathédrale nom. Il a eu l'avantage d'avoir vu assis, sur
d'Auxorre, un lieu qui lui appartenait, où la chaire de saint Pierre, un de ses disciples ,
l'on bâtit d'abord une petite église el un pe- qui fut Eugène 111, six cardinaux et plus de
tit monastère pour douze religieux qu'il trente archevêques ou évêques, qui avaient
y
envoya sous la conduite de saint Hugues, été aussi ses disciples. Saint Bernard laissa
qu'il y établit abbé. Mais le nombre en aug- en mourant dans Clairvaux sept cents reli-
mentant tous les jours, Thibaut, comte de gieux; ce qui fait connaître quelle était l'é-
Champagne, fit jeter les fondements d'une tendue de ses bâtiments du vivant même de
superbe église que l'on voit encore aujour- ce saint. Cette célèbre abbaye a quatre-vingt
d'hui, quoiqu'elle ail été emiomniagée par et une filles de sa génération. La première
les hérétiques, aussi bien que du monastère, est Savigni, au diocèse d'Avranches, qui fut
qui fut aussi bâti par ses libéralités. Ce qui unie à l'ordre de Cîteaux. Trois-Fontaines,
relève beaucoup la gioire de cette abbaye, seconde fille de Clairvaux, a produit entre
c'est que la plupart de ses abbés en ont été autres abbayes, celle de Haute-Combe et des
tirés pour être cardinaux, archevêques et Alpes, au diocèse de Genève, celle de Sainte-
évêques, et qu'elle a servi d'asile à saint Marie de Colombas, au diocèse de Plaisance,
Thomas et à saint Edmond, tous deux ar- de Calamario, au diocèse de Verulo, de
chevêques de Canlorbery. Saint Hugues, qui Chiaravalle, près de Milan, et de Saint-
en fut le premier abbé, était parent de saint Vincent et Saint-Anastase dans Rome. Les
Bernard, et fut évêque d'Auxerre. Son corps, Trois-Fontaines, proche de la même ville,
qui s'était conservé sans corruption dans sont aussi filles de la génération de Clair-
cette abbaye, pendant plus de quatre siècles, vaux aussi bien que celles de Lespine,
,
sept filles, dont les premières furent Bouraz au diocèse de Trêves, et Aine dans celui de
au diocèse d'Auxerre, Cadouin au diocèse de Liège. Mais la plus riche abbaye, fille de la
Sarlal, Dalone dans celui de Limoges, Fon- génération de Clairvaux , est celle de Alco-
taine-Jean près de Monlargis; et Eçrés, en bazar en Portugal. Elle fut fondée par Al-
Hongrie, était la dernière de ses filles, et phonse 1", roi de Portugal, l'an 1148, en
avait produit les monastères de Cinq-Eglises mémoire de la victoire qu'il avait remportée
et de Wesprim; mais les Turcs ont ruiné ces sur les Maures l'année précédente, par les
trois monastères; en sorte que la filiation de prières de saint Bernard. Ce princo donna à
Ponligni ne s'élend qu'en France, où elle a cette abbaye plusieurs terres de grands re-
environ quarante monastères. Cette abbaye venus. Les abbés de ce royal monastère
a pour armes un pont d'or, surmonté d'un sont toujours grands aumôniers des rois de
arbre, sur lequel est un oiseau dans son niH, Porturjal. Ce fut le même Alphonse qui
l'arbre à côté de deux fleurs de lis dor. l'an 1143, rendit son royaume feudataire de
Ce n'est pas un petit avantage pour l'ab- l'abbaye de Clairvaux, et obligea ses succes-
baye de Clairvaux d'avoir été chef de plus de seurs de lui payer tous les ans, au jour de
huit cents monastères qui lui étaient soumis, l'Annonciation de la sainte Vierge , cin-
el d'avoir eu pour premier abbé saint Ber- quante marabilains d'or. Ce fut apparem-
nard, qui a été le propagateur de l'ordre de ment sur quoi les religieux de Clairvaux
Cîteaux, et qui a donné son nom en France fondèrent leurs prétentions au royaume de
aux religieux de cet ordre, quoiqu'il n'en Portugal, après la mort du roi Sébastien, qui
eût point été le fondateur. Cette abbaye fut avait été tué à li bataille d'Alcacer, l'an 1678.
fondée, l'an 1115, par Thibaud, comte de La filiation de Clairvaux s'élendil autre-
Champagne, dans le diocèse de Langres. La fois en Angleterre, en Ecosse, en Irlande,
pauvreté y était si grande dans les commen- en Suède et en Danemark, avant le chan-
cements, qu'ils ne faisaient souvent leur po- gement de religion arrivé en ce royaume, el
tage qu'avec des feuilles de chêne, et le pain présentement elle s'étend eu France , en
qui n'était que d'orgo ou de millet était si Hongrie, en Italie, en Flandre, en Espagne
noir, qu'un religieux d'un autre ordre, à qui et en Portugal. Cette abbaye porte pour
l'on en servit, ne put le voir sans verser des armes d'azur semé de fleurs de lis d'or aux
larmes, et en emporta secrètement un mor- armes de Champagne en cœur.
ceau pour le montrer à tout le monde, Il nous reste encore à parler de l'abbaye
comme un sujet d'admiration, étant presque de Morimond quatrième fille de Cîteaux,
,
f
,
borne des trois Evêques , et qui marque que ejia^d. ordinis, et Sam mar th., G^a//. Christian,
les diocèses de Toul de Besançon et de , tom. IV.
Langres s'étendent jusqu'à cet ndroit. Cette
abbaye fut fondée par Oldéric d'Aigremont,
(
Observance.
l'an 1115. Le premier abbé qui y fut envoyé
fut Arnaud!", que saint Bernard appelle dans La réforme dont nous allons parler a causé
une de ses lettres une forte colonne de l*ordre. de si grands troubles et de si grandes divi-
11 sortit de Citeaux avec huit religieux , sions dans l'ordre de Cîteaux, qu'il n'a pas
pour prendre possession de ce monastère ; fallu r)ioins de cinquante années pour les
mais leur nombre s'augmenta beaucoup et pacifier. Nous avons vu, dans le § I", com-
en peu de temps car, par ses prédications,
, ment le relâchement introduit dans
s'était
il convertit plusieurs personnes qui embras- cet ordre, et que le désordre y
était arrivé
sèrent sous sa conduite la vie religieuse. 11 jusqu'à un tel escès, que plusieurs princes,
fonda abbayes de Bellavaux dans le
les , voyant que tous les moyens qu'on avait
comté de Bourgogne, el de la Chresle, en apportés pour y rétablir la régularité avaient
Lorraine et ayant été appelé à Cologne par
;
été inutiles, en avaient demandé la suppres-
sou Irère Fridéric, qui en était archevêque, sion , donna lieu aux réformes dont
ce qui
il y Gt un nouvel établissement ayant bâti , nous avons parlé. Dom Denis l'Argentier,
par les libéralités de ce prélat le célèbre abbé de Clairvaux en voulut aussi intro-
,
plus de soixante et dix qui sont de sa dépen- mença par son abbaye, l'an 1615, et, après
dance non-seulement dans plusieurs pro-
,
en avoir banni les abus et les scandales, il y
vinces d'Allemagne mais encore dans la
, rétablit les anciennes austérités de l'ordre,
Pologne; il y en avait même jusque dans la c'ost-à-dire l'abstinence perpétuelle de la
Livonie. viande le jeûne continuel depuis la fête de
, ,
Trois ans après qu'il eut ainsi travaillé l'Exaltation de la sainte croix les paillasses ,
avec tant de succès à l'agrandissement de pour lits, la simplicité des habits , les che-
son ordre et au salut des âmes il aban- , mises de serge, le travail des mains, le si-
donna Morimond avec quelques autres re- lence exact, les veilles et autres semblables
ligieux , sous prétexte de vouloir aller en exercices de pénitence.
terre sainte. Saint Bernard fit ce qu'il put Plusieurs maisons de sa filiation et d'au- ,
par ses lettres pour le faire revenir, mais ce tres même qui n'étaient pas de sa dépen-
fut inutilement. 11 mourut en Flandre, l'an dance, résolurent de suivre son exemple, et
1126, sans qu'on ait jamais pu pénétrer le d'observer les mêmes pratiques qu'il avait
sujet de sa retraite. Après sa mort,V^autierl"", rétablies à Clairvaux, en sorte qu'en moins
son successeur, fit revenir à Morimond les de deux ou trois ans, les mêmes observances
religieux qui en étaient sortis pour le suivre, se trouvèrent introduites dans sept ou huit
et donna l'habit de l'ordre à un grand nom- monastères de sa dépendance, qui étaient les
bre de personnes de la première noblesse abbayes de Loogpont, de Cheminon, de Châ-
d'Allemagne entre lesquels furent Henri ,
, tillon de Vaucler, de la Charmoie, de Prières,
comte de Carinthie, et Othon, fils de Léopold, de la Blanche et des Vaux de Cernai ; ce qui
marquis d'Autriche, lequel Othon fut ensuite fut appuyé de l'autorité de dom Nicolas Bou-
son successeur dans la même abbaye de Mo- cherat, abbé général de Cîteaux. Le chapitre
rimond, dont il fut tiré pour remplir le sié^e général de cet ordre de l'an 1618 feignit d'ap- ;
épiscopal de Frise. 11 s'est rendu recomman- prouver cette étroite observance; mais bien i
dable par l'Histoire qu'il a donnée de tout ce loin qu'elle lui plût, il chercha tous les
qui était arrivé dans le monde jusqu'à son moyens de la supprimer dès le commence-
temps. Cette abbaye a vingt-six filles de sa ment de son origine, et pour y réussir avec
génération , et sa filiation comprend tous les plus de facilité, il cacha son véritable dessein
monastères de Bohême, de Moravie, Silésie, sous les apparences du zèle pour la piété et
Misnie, Autriche, Styrie, Carinthie, Carniole, le bon ordre. C'est pourquoi, après avoir
Saxe Bavière , Franconie , Brandebourg ,
, loué ceux qui avaient embrassé cette obser-
Poméranie, et généralement tout l'empire vance, il proposa un tempérament qui pût
romain , et quelques autres en France, en contenter les zélés pour la réforme , sans
Italie , en Espagne en Pologne ,
en Sa- , épouvanter ceux qui n'étaient pas portés à
voie , etc. , outre les ordres militaires de une si grande austérité, et cela sous prétexies
Calatrava Alcantara , Avis , Montesa et
,
d'établir une uniformité dans tout l'ordre ;
Christ , en Espagne et en Portugal et de , il exhorta tous les abbés les abbesses , les
,
Saint-Maurice en Savoie. Celte abbaye porte prieurs, les prieures, les supérieurs et gé-
pour armes d'argent à la croix de Calatrava néralement tous les religieux et religieuses
qui est fleuronnée de gueules et accompagnée de l'ordre, d'observer dans la suite l'absti-
de ces quatre lettres de sable R. S , MO nence continuelle de la viande , depuis le
m DICTIONNAIRE DES OUDKES RELIGIEUX. M&
premier septembre jusqu'à Pâques, tant au pari, ils étaieni bien éloignés de tenir pa^^
deitans qu'au dehors des monastères, et tous rôle au cardinal de la Rochefoucaut ; au
les jeûnes de l'ordre pendant ce temps et
, .
contraire ils proposèrent au chapitre gêné-'
pendant tout le cours de l'année, à l'excep- rai, qui se tint deux mois après, de casser
tion senlemenl des dimanches et des fêles tout ce qu'ils avaient fait; çt le chapitre, (jui
solennelles et de sermon et ils en firent une
, était couîposé de gens qui n'étaient pas fort
ordonnance, souhailani que ceux qui avaient portés pour la réforme, écoula favorable-
€u permissiott de «rarder l'abstinence perpé- ment celle propasilion et déclara qu'ayant
tuelle s'y sivumissent et se conformassenl en eu connai-sance que l'abbé de Gîteaux avait
cela à tous les monastères de l'aidre. consenti à l'élection d'une nouvelL' congré-
Ma s comme il y avait longtemps que les gation composée des monastères de la filia-
chapitres cénéraux de cet onire se conten- tion (le Claii vaux,, il estimait que celle pré-
taient de faire de belles ordonnances sans les tendue congrégation , qui tendait à un
f;iire exécuter, il en fut de même de celle-ci, schisme dans l'ordre, n'avait pu être faite
qui ne fut pas même publiée. L'ordre de légitimement, et par conséquent qu'il cassait
Cîtoaux n'était pas le seul qui se trouvât et annulait tout ce que l'abbé de Citeam
avoir besoin de réforme tous les anciiMis
: avait fait dans cette affaire.
ordres vivaient à peu près dans le même re-
lâchement , et avaient tous abandonné la
La mort du pape, qui survint dans ce
règle et l'esprit de leur première institution.
même lemps, donna occasion aux religieux
de la Commune Observance de persévérer
Le roi Louis XIII, qui souhaitait la réforme de
dans leur relâchement, et prétendant que le
ces ordres, s'adress au pape Gréj^oire XV,
i
rendus auprès de celte éminence, on dressa accorda volontiers et leur fil expédier une
des articles de réforme, et afin de les faire ordonnance du 4 janvier 1625, portant dé-
mieux exécuter, on jugea qu'il était néces- fense de rien innover en la conduite de l'ab-
saire de réunir tous les monastères de la baye, avec une commission adressée à l'é-
liizne de Clairvaux en forme d'une noiivcle vêque de Langres, pour se transporter sur
congrégation, où le général et les quatre les lieuxet faire cesser les troubles qui y
abbés leraient accepter les règlements et les Mais les religieux de la Commune
étaient.
articles susd ts, qui furent signés le 11 mars Observance étant en plus grand non)bre, re-
1G23. Le général et ces abbés assurèrent le fusèrent d'ouvrir les portes à l'évêque de
cardinal , avec de grandes protestations , Langres, el appelèrent comme d'abus de
qi.ils seraient les premiers à les garder, et l'ordonnance du cardinal et de sa commis-
qu'ils les feraient observer exactement ainsi ;
sion au parlement de Paris , où personne
cette éminence ,
quoi qu'on pût lui remon- n'étant comparu de la part de ceux de l'E-
trer, leur en confia l'exécutiou. troite Observance, ceux de la Commune
Comme ce n'était qu'une feinte de leur Observance obtinrent des arrêts par défaut.
949 CIT CIT 950
(roile Observance fut encore confirmée, et abl'és de ces abbayes auraient toujours la
011 ordonna que dans les monastères où elle même aulorilé,^ sans préjudice de celle des
était en prat que, on n'y pourrait envoyer su[)érieurs de l'Etroite Observance, de la-
aucun religieux qui ne l'observât, et que quelle on donnerait quatre assistants à
dans tout le reste des monastères on obser- l'abbé de Cîleaux , qui ne pourrait ri^n
verait les jeûnes de l'ordre. faire sans leur consentement à la pluralité
Les désordres continuèrent cependant des voix ; que jusqu'àcequel'undes religieux
dans l'ordre de Citcaux, et ils étaient si de l'Etroite Observance fAt élu abbé de
publics, que le roi se crut obligé de deman- Cîleaux , on établirait un vicaire général
der un second bref au pape Urbain VIII ; il avec deux assistants, qui seraient pris
l'obtint le 10 septembre 1632. Il était encore des monastères Réformés et !e cardinal
;
Les soins que ce cardinal apporta pour qui se présenter;iienl pour recevoir l'habit
engager les religieux de la Commune Obscr- de l'ordre ou pour \ faire profession» ne
,
Tance à se réformer furent encore inutiles. pourraient être reçus que par les supérieurs
Quoiqu'il n'eût aucun lieu de douter des de l'Etroite Observance aux monastères ci°
mauvaises intentions des premiers abbés, il dessus nommés e' autres, où la mémo Obser-
ne laissa pas de les inviter par des mande- vance serait rétablie; et que les autres
ments exprès à se rendre auprès de lui pour monastères de la Commune Observance ne
agir de concert. Il n'y eut cependant que pourraient recevoir personne à l'habit ni
l'abbé de Ponligni qui obéit ; ceux de Gî- à la profession sous peine d'excommuni-
teaux, la Ferté, Clairvaux et Morimond s'en cation à encourir de fait par les supérieurs
excusèrent sous divers prétextes. qui les auraient reçus ; que le procureur
Ils avaient cru qu'on ne ferait rien sans général en cour de Rome serait pris du
leur participation, à cause du rang et delà nombre des Réformés, et le cardinal nomma
grande autorité qu'ils avaient dans l'ordre, pour le premier dom Octave Arnolfini, abbé
mais ils se trompèrent dans leur idée; car le de Châtillon; enfin que tous le> supérieurs,
cardinal, qui n'était pas obligé par sa com- ofilciers et régents du collège des Bernardins
mission de prendre leurs avis, indiqua une à Paris seraient pris du corps des religieux
assemblée générale de tous les abbés et su- de l'Etroite Observance, qui auraient pou-
périeurs de l'ordre qui s'ét lient rendus à voir de renvoyer les religieux qui ne vou-
Paris; et afin qu'on ne pût pas dire qu'on draient pas vivre selon c tte Observance.
n'avait consulté que l s s ipérieurs, il y in- Les premiers abbés, pour traverser l'exé-
vita aussi les évéque> de Scnlis et d'Auxerre, cution de cette ordonnance, en appelèrent
messieurs Févre de Lézeau et de Verla-
le au saint-siège , se pourvurent devant le
mont, d'Etat, deux religieux
conseillers roi et s'adressèrent enfin au cardinal de
Bénédictins de la congrégation de Saint- Richelii^u, pour lui demander sa protection.
Maur, deux Pères Feuillants, deux Pères Ce cardinal, qui n'avait pas de^^sein de la
Jacobins Réformés, deux Pères Jésuites et leur accorder pour favoriser le dérèglement
deux Pères Capucins. de l'ordre, la leur promit, à condition qu'ils
Conformément aux délibérations de celte recevraient les articles de réforme qui
assemblée, il fît la visite du collège des Ber- It'ur seraient proposés de sa part. Pour
nardins de Paris, accompagné des évêques avoir la protection du premier ministre, op-
de Scnlis et d'Auxerre, des deux conseillers poser son autorité à celle du cardinal de la
d'Etat et et des deux abbés de l'Etroite Ob- Rochefoueaull, et faire ainsi une diversion
servance ; et il rendit ensuite, au mois de qui retarderait au moins la réforme géné-
juillet 163i, une ordonnance générale tou- rale, si elle n'en détruisait pas le projet,
chant la réforme de cet ordre. Elle portait ils promirent tout ce que le cardinal de
entre autres choses, qae révê(]ue de Sentis, Richelieu jugea à propos d'exiger d'eux. Les
ou celui d'Auxerre, ou quelque autre prélat articles en furent dressés, acceptés et si-
qu'il déléguerait, ferait la visite de l'abbaye gnés au mois de mars 1635, dans l'abbaye
de Gîleaux, et que si celui qui ferait la visite de Royaumont.
reconnaissait que cette abbaye ne fût pas Ils portaient, entre autres choses, que l'ab-
dans l'exacte observance de la règle, on y baye de Cîteaux, ses quatre premières filles et
mettrait un nombre suffisant de religieux les monastères de l'Etroite Observance se-
pour former la communauté, lesquels se- raient visités par des religieux Bénédictins,
r;iient lires des monastères de Vaucler, qui seraient nommés par le cardinal de
Châtillon, la Charmoie, Prières, l'Etoile, la Richelieu , et qu'ils assisteraient ensuite
Colombe, Géreanceaux, Saint-Aubin des Bois, comme amis à une assemblée qui serait
951 DICTIONNAIKE DKS OKDRKS KELIGIEUX. 952
les novices seraient élevés, et feraient leur les supérieurs de ces monastères pourraient
profession de l'entière observance de la faire des assemblées entre eux au lieu qu'ils
règle et même de l'abstinence de viande, jugeraient le plus à propos pour y statuer et
sous la conduite des Pères de la même Ob- ordonner ce qui serait nécessaire pour le
servance que dans la même assemblée les
;
bien de la congrégation et le soutien de la
statuts de l'Etroite Observance seraient régularilé; qu'ils y pourraient élire un vi-
examinés et approuvés, et qu'on y convien- caire de leur Observance; que l'assemblée
drait du temps el des lieux des assemblées ou le vicaire pourraient seuls instituer les
des Pères de l'Etroite Observance, dans les- prieurs, qu'ils pourraient aussi recevoir à
quelles ils pourraient faire élection d'un vi- leur union tous les religieux de l'ordre qui
caire général d'entre eux pour être présenté le demanderaient, oî y agréger aussi les mo-
auchaiitre général qui ne le pourrait refu- nastères de l'ordre, même ceux des reli-
ser sans cauve raisonnable; que les pre- gieuses qui voudraient vivre dans l'Obser-
miers abbés ou supérieurs de l'ordre ne vance, et que les religieux de cette Obser-
pourraient visiter les maisons de l'Obser- vance auraient l'entière administration du
vance qu'en personne, assistés de quelques collégedes Bernardins, sans néanmoins sous-
Pères de la même Observatice qui seraient ,
traire cette congrégation à l'autorité du gé-
nommés dans leurs assemblées, et que dans néral et des premiers abbés de l'ordre, qui
ces visites les supérieurs ne pourraient rien ne pourraient visiter qu'en personne les mo-
innover dans leurs statuts; que dans les nasièrcs qui seraient ainsi unis et vivraient
maisons de l'abstinence qui sont en com- dans l'Etroite Observance. Le roi donna
mande, les Pères de cette même Observance dans le même temps ses lettres patentes
ou le vicaire général, institueraient seuls pour l'exécution de l'ordonnance générale
les supérieurs! qu'ils se pourraient intro- de réformation et voulut que l'Etroite Obser-
duire dans les autres monastères de l'ordre vance fût établie dans le collège des Bernar-
où ils seraient appelés, pourvu que les deux dins de Paris, ce que le cardinal de la Ro-
tiers de la communauté y consentissent el à chefoucaut exécuta le 6 septembre 1635.
condition que la permission en serait de- Ce coup d'autorité fit comprendre aux
mandée au supérieur de la maison ou au premiers abbés qu'ils ne pourraient à la fin
chapitre général, laquelle ne pourrait être éviter la réforme, s'ils ne trouvaient le se-
refusée; qu'ils pourraient pareillement re- cret de regagner la protection du premier
cevoir dans les maisons de l'abstinence les ministre. Dans cette vue ils persuadèrent à
religieux de l'ordre qui la voudraient em- Dom Pierre de Nivelle, alors abbé général
brasser; enfin, que dans le collège des Ber- de Cîteaux, de se démettre de sa charge, et
nardins de Paris, les religieux, écoliers pour son successeur le cardi-
ils firent élire
déclarée abusive, en ce qu'elle av.iit ordonné étaient portées selon les différents incidents
que les anciens religieux de l'abbaye de Cî- qui s'y formaient, tantôt à Ri me tantôt au ,
teaux seraient privés de voix passive en parlement et au conseil du roi, i'abbé de Cî-
l'élection de l'abbé général de cet ordre. Sa leaux ayant trouvé moyen de porter la ré-
Majesté ordonna qu'en présence d'un com- publique des Suisses à intervenir dans ses
missaire qui serait par elle député, les re- différends avec l'Etroite Observance, par une
ligieux profès de cette abbaye de l'une et supplique qu'elle Gt présenter à Sa Sainteté;,
l'autre Observance procéderaient à l'élection sur celte intervention le pape donna un
d'un abbé et général de tout l'ordre de Cî- bref par lequel il cassait les sentences de la
leaux en la forme et manière accoutumée. réforme laite d'autorité apostolique et ,
En ce qui concernait le noviciat, Sa Majesté déclarait nul tout ce qui avait été fait en
ordonna que les parties se pourvoiraient France en conséquence par le cardinal de
par-devant le pape, afln que le pape réglât la Rochefoucaut.
ce qu'elle jugerait à propos, et que jusqu'à L'abbé (le Cîteaux, étant allé lui-même
ce que le pape en eût ordonné, on ne rece- à Rome, obtint un second bref qui confir-
vrait aucun novice que dans les maisons de mait celui dont on vient de parler. Par ce
la réforme, destinéis pour le noviciat; que bref le pape ordonnait à l'abbé de Cîteaux de
les anciens religieux seraient rétablis dans faire trouver à Rome des personnes de l'or-
Cîleaux pour y vivre conjointement avec les dre de toutes les nations où il se trouvait
religieux de la réforme, suivant la règle et établi, pour donner leur avis sur le sujet de
les statuts de celte même réforme , excepté la réforme générale que le pape voulait faire
en ce qui regardait l'abstinence de viande et de so'.i autorité. Le joi ayant permis l'exé-
l'usage du lii'ge à quoi ils ne devaient pas
,
cution de ce bref par un arrêt du 3 juillet
être obligés, et qu'aux jours d'abstinence, 166i, les religieux de l'Etroite Observance,
tous les religieux de l'une et l'autre Ob- se trouvant dans la nécessite d'y envoyer
servance prendraient leurs repas en com- des députés, choisirent pour ce sujet l'abbé
mun dans le réfectoire que le service divin
; duVal-Richer et l'abbé de la Trappe Dom ,
de Cîleaux, les eût obligés de s'assembler caire général de l'Etroite Observance, y avait
avec les anciens pour procéder à celte élec- assisté et ne l'avait point désapprouvée. On
tion, ils demandèrent toujours acte de leurs en fit des plaintes au nonce, et l'abbé de Cî-
oppositions et protestations , déclarant qu'ils teaux qui était à Rome ne manqua pas de
ne s'assembleraient que pour faire une élec- s'en prévaloir; et enfin, nonobstant le cré-
tion conforme aux ordonnances contenues dit de la reine mère qui s'était déclarée la
dans la sentence des commissaires aposto- protectrice de la réforme et qui avait em*
,
liques, et non suivant l'arrêt du conseil. ployé ses sollicitations en cour de Rome,
En effet, l'assemblée s'étant faite le 10 mai le pape Alexandre VII donna un bref le
164d, les religieux Réformés, ayant encore 10 avril 1606, qui fut entièrement au désa-
réitéré leurs protestations , élurent pour vantage de celle réforme.
935 DICTIONNAIRE DES ORDRES RELIGIEUX.
Ce qu il lui accorda fut seulement que vertus, était tombé, comme on vient de le
dans les chapitres généraux l'abbé de Cî- voir, dans un relâchement presque général.
loaux et les quatre premiers Pères de l'ordre, Néanmoins, comme leP.Hélyot vient de nous
fiiisanl élection comme à l'ordinaire drs dé- l'apprendre et comme il nous le dit encore
finiteurs généraux, il y en aurait dix de. l'E- en j)lusieurs endroits de son ouvrage, une
Iroile Observance, en sorte que chacun de édifiante réforme s'élaii établie en France,
ses abbés en élirait deux que les religieux
;
ainsi qu'en d'autres contrées. En France, au
qui avaient embia>*sé l'abstinence de la moment où il écrivait, cette réforme était
viande seraient obligés de la garder toujours, déjà bien refroidie dans la presque totalité
sans qu'il leur fût permis de passer à la des monastères. Al'éioque où il mourut, l'or-
Commune Observance, à moins qu'ils n'en dredeCîleauxavail pour général un religieux
eussent demandé permission et qu'elle ne rempli de l'esprit de son état, dom Edme
!
leur eût été accordée par le pape ou par le Perrol , qui gouverna paisiblement et sage-
chapitre général, ou par l'abbé de Cîteaux, ment pendant treize ou quatorze ans , et se
el qu'aucun ne pourrait pareillement passer montra toujours favorable à la reforme. Sa
de la Commune à l'Etroite Observance qu'a- mort, arrivée au quart d'un siècle tel que
près en avoir obtenu la permission , du celui qui vient de s'écouler fut un malheur
,
moins de son Père immédiat; que personne d'aulani {)las grand pour l'ordre de Cîteaux,
ne pourrait être contraint parles supérieurs que son successeur ne partagea point son
à embrasser l'abstinence, à moins qu'il n'y afl'eclion pour la réforme. Aussi l'esprit reli-
eût été élevé; qu^ 1' n ferait une séparation gieux, pendant le reste du dix-huitième siè-
des maisons de l'Etroite Observance en deux cle, s'en alla-t-il graduellement, mais pres-
provinces, et que l'abbé de Cîteaux les ,
que généralement, de toutes les maisons de
quatre premiers Pères de l'ordre el les dix dé- cet ordre jadis si vénérable. Clairvauxmême
finiteurs de cette Observance éliraient deux n'était plus reconnaissable. Néanmoins quel-
visiteurs provinciaux de la Obser- même ques maisons particulières gardaient la ri-
vance, qui auraient chacun juridiction sur les gueur de la disciplme et formaient un con-
monastères de leur province. Le pape ce- traste frappant avec le reste des monastères;
pendant déclara ne vouloir préjudicier en mais ces saintes maisons se réduisaient à un
aucune manière à la réforme, voulant que très-petit nombre , la Trappe, Sepl-Fonts,
les religieux de l'Etroite Observance conti- le Val-des-Choux ou Saint-Lieu , etc.; mal-
nuassent à vivre de la même manière qu'ils heureusement nous ne pouvons y joindre
avaient fait jusqu'alors, et il commanda par Orval, où la régularité s'élaii grandement
la sainte obédience à l'abbé de Cîteaux et modifiée Les monastères de Cisterciens
I
aux quatre premiers Pères de l'ordre, non- étaient en général des asiles peu édifiants,
seulement de protéger de toutes leurs forces d'où l'élude comme le travail des mains, l'ab-
cette Observance mais de l'étendre et de
,
stinence et quelquefois même les convenan-
l'augmenter autant qu'ils pourraient: les au- ces étaient bannis. Il ne faut pas laisser igno-
tres articles contenus dans ce bref regardent rer poui tant qu il y avait presqu en tous les
la réforrne de l'ordre en général et sont con- monastères quelques religieux plus réguliers
formes presqu'en tout à la règlo de saint Be- el d'une bonne conduite. Cet ordre célèbre
noît et aux constitutions de l'ordre. Les su- fut moins en butte que quelques autres aux
périeurs s ont fait observer jusqu'à pré-
\ tracasseries que la prétendue commission de
sent avec beaucoup d'exactitude; ce qui a réforuie des Réguliers fit souiTrir à tant de
rétabli cet ordre dans sa splendeur, en sorte congrégations et de monastères. Il s'éteignit
que ses religieux sont redevenus la bonne eu France presque sans bruit: ses nombreuses
odeur de Jésus-Christ, édifiant autant les abbayes perdirent leurs habitants , les unes
peuples par leur\ie réglée et exemplaire plus loi les autres plus tard; ses membres
,
que leurs prédécesseurs avaient causé de ne donnèrent pas de bien grands scandales,
scan laie par le relâchement où ils étaient vu le peu d'importance dont jouissaient
tombés. ceux qui embrassèrent le parti constitution-
Buliar. Rom. t.V, Constitut. 113. Alexand. nel. Tous, grâces à Dieu, ne se donnèrent
VIL Défense des règlements faits par les car- p is à ce arti schismatique, et ce fut alors
i
dinaux, archevêques et évoques pour la ré- qu'un homme, que ses confrères actuels n'ap-
formation de l'ordre de Citeaux. Plusieurs précient point assez mais à qui la postéiilé
,
pièces etfactums, concernant les différends en- rendra justice, animé d'un esprit qui aban-
tre hs religieux des deux observances, et Mar- donnait tous les autres, alla porter le leu sa-
sollier, Vie de Cabbé de la Trappe. cré de Cîteaux sur les montagnes de la Suisse
Une chose qui devrait autant affliger que et en ditlérenies contrées de i'Euro;ie, p.iur
surprendre, et qui néanmoins se représente le ranimer en France plus lard, dans ces mo-
pre'*(|ue à chaque chapitre de l'histoire des nastères de Trappistes que nous voyons , et
ordres religieux, c'est que ceux qui ont qui ne se maintiendront dans la régularité
voulu les réformer, les ramènera l'esprit des et dans l'estime dont ils jouissent qu'autant
foiidaleurs ont toujours été en butte aux
, qu'ils marcheront sur les pas de celui qui
ressentiments de leurs confrères, à l'abandon leur a sauvé l'existence. Nous parlons du
el souvent aux persécutions de l'autorité soit vénérable abbé dom Augustin de Lestrange,
civ Je, soit ecclésiastique. L'ordre de Cîteaux, sur lequel nous reuendrons dans le corps
ladis si puissant en Europe, qu'il avait pour de l'ouvrage, à l'article de la Trappe, et dans
ainsi dire subjuguée par raulorité de ses le supplément, à l'article de la CoxaRÉtiATiON
957 CIT CIT 058
çisTKRCiE*N?iE , éUblie en 1834-, et que nous embrasser cette mitigation. Le coucher a lieu
aurons à faire connaître. à 9 heures, après la récréation du soir, et
Quand l'anlique abbaye de Cîleaux chef
, est précédé de la prière en langue franc lise,
de l'ordre, fut îlélruile, le souverain ponlife que le prieur récitait dans sa chambre ave<
nomma présideni général l'abbé des Cisler- la communauté et les étrangers. La ceinture
citns de 11 'me , et il en const-rve ju>qu'à ce noire que les moines poiteni est celle que
jour l»s fonctions et l'autoriié; tout l'ordre portent les ecclèsiastiqu. s. Le capuce de leur
dépend de lui. Cet ordre (jui, par les ravagea scapu'aire est à peu près réduit comme celui
de la réioriiie du seizième siècle, avait perdu des mosettes , et ils portent habiluelli ment
un firand nombre de ses monastères en di- une barrette à forme élevée, usitée en plu-
verses contrées, m
a perdu plusieurs autres sieurs lieux de la Sa^ oie. Avec tous ces adou-
par suite de l'extension de la révolution fran- cissements à la règle ces relgieux mènent
,
çaise en dilTérrnls p lys. Néanmoins il existe une vie régulière tranquille et édifiante, et
,
pos ède encore dans cette seule province ec- agrégé plus ou moins légalement à l'ordre de
clésiastique. Le roi de Sardaigne, ce modèle Saint-Bernard, en Italie, se dit autorisé à
des souverains de l'é, oque actuelle, a conlié former des communautés, s'associa quel-
aux religieux de Cîleaux la garde des tom- ques jeunes gens, et commença en elïet les
beaux de sa dynastie dans l'antique abbaye exercices de la vie monasliqueà Mende, se-
de Haute-Goinbe, au diocèse de Chambéry, condé par l'aulorité ecclésiastique , qui crut
en Savoie, rétablie à cet elîet. Il avait d'abord devoir plus tard relirer son autorisation. La
appelé <ies religieux piémonlais, qui n'ont communauté essaya alors de s'établir en Au-
point oflert les garanties désirées. On établit vergne, dans un lieu nommé Laval, où elle
depuis des religieux savoyards, et la commu- a achevé de se dissoudre. Un de ceux qui
nauté est en exercice et édifie depuis plu- avaient partagé celle entreprise Léonard ,
sieurs annéi s. Les religieux , qui semblent Guy, laïque, à peu près sans éludes, voulut
appaften r à la congrégation de Saint-Ber- encore essayer de la réaliser dans le diocèse
nard d'Italie, ne gardent point l'abstinence de Lyon il avait engage à venir diriger celle
;
et ne se lèvent point la nuit. Ils récitent ma- maison, déjà occupée par lui et quelques au-
tines et laudes le suir avant le souper, lis tres, un religieux de Haule-Goukbe, (jui goû-
joignent un peu du travail des mains à l'é- tait cette idée, et avait déjà écrit un projet de
lude ou la lectur ', et à l'exercice du minis- constitutions particulières qu'il nous commu-
tère dans leur église, et font même des mis- niqua. Nous connaissions assc:;: les person-
sions dans les paroisses. L'arche\êque de nes pour lui communiquer notre soupçon
Chambéry s'est la nommer commendalaire
l sur l'incertitude d'une entreprise que nous
de ce te abbaye. Nous louons les inien- croyions faite sans l'aveu de lautortlé diacé-
tions qui ont amené à Ci tle mesure, car elles saine, et dépoursue de tout élément de vie.
ne sont point autres que le maintien de la Cette communauté n a point eu de succès et
règ'e et de la discipline à Haule-Combe ; nous la croyons dissoute actuellement. Le
mais nous dirons franchement que non-seu- président général actuel de l'ordre est le R.
l^jnienî il y a là pluralité de bénétices, mais P. domNivard-MarieTassini,abbé dela Mai-
obstacle au développement de la maison. son de Rome, procureur général est le
et le
Nous avons reçu une touchante hospitalité P. D. Jérôme B ittmo. L'ancienne abbaye de
dans cette abbaye, au mois d'octobre 1839, Cîleaux fui mise en vente il y a sept ans.
époque a laquelle les réparations faites à la Prévenu nous-même de celle circonstance,
riclij et éleganle ég ise n étaient point encore et priéd'en faire part à un Trappiste inlluent,
terminées. Les re igieux faisaient provisoi- il nous réponditqu"<7 avait bien d'antres cho-
rement l'office dans une élégant' chapelle. ses à r occuper que l'abbaye de Cîteauxi Celte
Nous dirons que nous fiimes peiné de ne pas indifférence nous peina, car il convenait de
leur voir la coule, qu'ils ne prirent même sauver et de rétablir une maison si vénérable
pas le jour de la Toussaint. Le prieur était et si riche en souvenirs. Le zèle et les se-
un ancien Trappiste, autorisé par un bref à cours de la charité y auraient peu i-étre réussi.
celle mutation. Aux élections suivantes, son Les phalanstériensaclietèreni cette maisouet
successeur était aussi un Trappiste <ii l'ab- y ont prouvé, par des dépenses énormes, le»
baye du P<irt-du-Salut, autorisé également à folies et l'Impuissance do leurs leutalives.
,
Elle a élê acquise depuis par une société de de deux monastères ou ermitages (comme
Frères qui s'y livreront à l'inslruclioD. C'est Vargasles appelait) dans les royaumes de Cas-
tille et de Léon, où la règle de saint Benoit
bien; mais si on y avait vu des Cisterciens,
c'eût été mieux. A l'époque de la révolution, et les constitutions de Cîteaux seraient ob-
l'abbé de Cîteaux élait le R. P. dom François servées à la lettre; que les supérieurs de ces
Trouvé, qui a été le dernier successeur de monastères ne seraient pointperpétuels, mais
saint Robert. b-d-e. pour mi temps; que ces mêmes monastères
seraient exempts de la juridiction du chapi-
CITEAUX EN ESPAGNE (Congrégation de
tre général et même des abbés de Cîteaux
l'Obseuvance de). aussi bien que de celle de l'abbé de Piédra ;
Des moines de Cileaux de la congrégation
, qu'ils obéiraient seulement au supérieur qui
dite de l'Observance en Espagne, avec la Vie prendrait le titre de réformateur, et serait
de Martin de Vargas, leur réformateur. élu par les religieux de ces deux monastères,
et choisi entre eux; que dans les difficultés
La discipline régulière étant beaucoup re-
lâchée dans l'ordre de Cîteaux au commen- qui surviendraient, ils auraient recours à
cement du quinzième siècle, Dieu suscita l'abbé de Poblète, Père immédiat du monas-
Martin de Vargas ou Bargas pour la rétablir tère de Piédra, et que les religieux des au-
tres monastères de l'ordre pourraient passer
en Espagne, et faire revivre le pretnier es-
prit des fondateurs de cet ordre. Il naquit dans ceux de celte réforme sans en avoir ob-
dans le bourg de Xérès de la Frontera, de la tenu la permission de leurs supérieurs,
province d'Andalousie. Après avoir fait un Le pape commit celte affaire au cardinal
progrès merveilleux dans toutes les sciences de Sévilie, abbé de Salas, et sur le rapport
divines et humaines ,il se fit d'abord reli- qu'il en fit à Sa Sainteté par un actedu7juia
gieux parmi les ermites de Saint-Jérôme d'I- li2o, ce pape accorda une nouvelle permis-
talie (selon l'opinion d'Ange Manrique, au- sion puur ériger ces monastères. Le P. de
teur des annales de Cîteaux), où il s'acquit Vargas, muni de ces permissions, retourna
une si grande estime auprès du pape Mar- en Espagne. Son retour consola beaucoup
tin V, qu'il le choisit pour son confesseur et les compagnons qu'il avait laissés à Piédra,
pour son prédicateur. Mais soit que son hu- fort chagrins d'une si longue absence et fort
milité ne lui permît pas d'exercer ces em- en peine de savoir s'il pourrait réussir dans
plois, ou pour quelque autre raison, il quitta son entreprise; mais lorsqu'ils apprirent de
l'Italie et vint en Espagne, où, pour vivre lui-même l'heureux succès qu'il avait eu
plus retiré et plus inconnu, il fixa sa demeure dans tout ce qu'il avait demandé au pape, ils
dans le royaume d'Aragon, où, avec la per- en conçurent une sainte joie et ne pensèrent
mission qu'il obtint du souverain pontife il ,
plus qu'aux moyens de mettre à exécutiou
prit l'habit de l'ordre de Cîteaux dans l'ab- leur pieux dessein, en quittant le monastère
baye de Piédra, au diocèse de Tarragone. de Piédra le plus tôt qu'il leur serait possi-
Le même Ange Manrique n'ose pas assurer ble, ce qui ne larda guère; car peu de temps
qu'il soit passé parmi eux dans le dessein après l'arrivée de Martin de Vargas, ils en
d'embrasser une vie plus austère puisque
,
sortirent tous pour aller jeter en Castille les
l'observance régulière était entièrement ban- fondements de la réforme dans le lieu qu'ils
nie des couvents d'Espagne; mais il y a bien trouveraient le plus convenable à leur des-
de l'apparence qu'il y fut conduit par l'esprit sein. Ils trouvèrent en passant à Tolède Ude-
de Dieu pour y rétablir cette même ob- fonse Marlinez, chanoine et trésorier de cette
servance. Ce qui l'anima à entreprendre la église, qui leur donna l'hospitalité , et qui,
réforme de cet ordre fut que dans le même ayant appris le sujet de leur voyage, voulut
couvent de Piédra il trouva dix ou douze re- les y accompagner, leur promit de leur don-
ligieux qui gémissaient continuellement des ner ce dont ils auraient besoin pour acheter
dérèglements qui y régnaient. 11 leur com- le fonds qu'ils trouveraient propre liour leur
muniqua son dessein qu'ils approuvèrent, et établissement et de leur fournir encore suf-
ayant pris un compagnon, qui fut le P. Michel fisamment pour bâtir un couvent. Comme ils
de Quenç i, il alla à Rome afin d'obtenir les cherchaient ensemble quelque endroit soli-
permissions nécessaires pour exécuter leurs taire sur le rivage du Tage, ils trouvèrent
bons desseins. Lorsqu'il y fut arrivé, il de- un lieu qui leur parut assez retiré, qu'on ap-
meura quelque temps caché dans le monas- pelait Venghalia, autrefois la Vega de san
tère de Sainte-Cécile , ne s'occupant qu'à la Roman, et qui n'était pas éloigné de Tolède.
prière, pour demander à Dieu l'heureux suc- Alphonse Marlinez ayant demandé au P. de
cès de son entreprise ; enfin, rempli de con- Vargas ce qu'il lui semblait de ce lieu, il lui
fiance en Dieu, il sortit de sa retraite et alla répondit par ces paroles du Psalmiste Hœc :
5-e jeter aux pieds du pape Martin V, qui lui mea in sœculum
requies sœculi, hic hahitabo
fit un accueil favorable; et lorsqu'il eut en- quoniam elegi eam. Ainsi cette terre fut ache-
tendu le dessein de Martin de Vargas, non- tée des deniers d'Alphonse Martinez, et Mar-
seulement il l'approuva mais même il l'en-
, tin de V^argas et ses compagnons y bâtirent
couragea à poursuivre une si pieuse entre- de petites cellules avec des branches d'ar-
prise et lui donna des lettres datées du 2i
,
bres.
octobre li25, par lesquelles il lui octroyait Ils firentbien paraître quel était leur dé-
tout pouvoir pour exécuter son dessein, lui sintéressement dans ces commencements;
accordant tout ce qu'il demandait pour cet car dom Alvarès de Luna leur ayant voulu
effet, et en particulier pour l'établissement bâtir une superbe église, qu'il voulait desti-
961 CIT CiT 9G9
ner pour le lieude sa sépulture, ils le remer- Le même Eugène IV révoqua, l'an 1437, le
cièrent ;et ce seigneur, surleurrefus, fit bâtir privilège accordé par le pape Martin V, qui
une chapelle dans l'église cathédrale, qui est soumettait les religieux de cette nouvelle
regardée comme un des plus beaux édifices Observance à l'abbé de Poblete après le ré-
d'Espagne, ctqui fait connaître par sa magni- formateur, et lui donnait le droit de confir-
ficenco quels étaient les biens et la qualité de mer l'élection de ce réformateur ce pon- :
son fondateur. Ces saints religieux aimèrent tife ordonna qu'à l'avenir ce droit appartien-
mieux se contenter d'une pauvre église et drait à l'abbé de Cîteaux, qui ferait en per-
d'un monastèrequi ressentît la pauvreté dont sonne la visite des monastères de l'Obser-
ils faisaient profession. Ils ne mangeaient le vance, sans qu'il pût en donner commission
plus souvent que des herbes. Ils étaient vê- à un autre. Comme l'on espérait que le nom-
tus des étoffes les plus viles et gardaient un bre des monastères augmenterait dans la
silence ])resque continuel. Ils n'ont encore suite, on fit des règlements pour lo gouver-
dans cette congrégation qu'un jour de la se- nement (le la congrégation. On ordonna que
maine où après le dîner il leur soit permis de les chapitres généraux se tiendraient tous
parler et d'aller se promener ensemble; ce les trois ans, que tous les supérieurs s'y
qui leur est très-élroitementdéfendu dans les trouveraient avec dos procureurs qui seraient
temps de l'avcnt et du ciréme. Leurs jeûnes élus par chaque monastère (ju'afin que l'au-
;
sont très-fréquents, aussi bien que leurs au- torité du réformateur, qui pour lors élait en-
tres mortifications. Leur clôture est très-ri- core perpétuel ne fût pas si grande, on don-
goureuse; car en trois ans ils ne peuvent nerait six définiteurs au président du chapitre
sortir qu'une fois hors du monastère, et pour faire les règlements qui convien-
quand ils sont dedans, il ne leur est permis draient pour le bon régime de la congréga-
de sortir de leurs chambres que pour aller à tion, du nombre desquels définiteurs le ré-
l'office, au travail des mains et aux autres formateur serait le premier: que tous les re-
exercices. Les supérieurs changent souvent ligieux du corps du chapitre éliraient celui
les religieux d'une maison à une auîre, afin qui y devrait présider, et que, pour la pre-
que, détachés de tontes ciioses et convaincus mière fois, ce serait l'archevêque de Tolède.
par eux-mêmes qu'il n'y a point de demeure Quoique Martin de Vargas travaillât avec
fixe et permanente en ce monde, ils s'atta- un zèle infatigable pour l'avancement spiri-
chent uniquement à acquérir celle qui est tuel et temporel de la congrégation dont il
promise particulièrement à ceux qui auront était le fondateur, il eut néanmoins beau-
tout abandonné pour Jésus-Christ. coup à souffrir, soit de la part de ses religieux,
Martin de Var;,^as donna le nom de Mont soit de la part de quelques autres qui
di' Sion à ce nouveau monastère, et il en fut n'étaient pas de l'Observance. C'est ce que
élu prieur avec la qualité de réformateur (\ug les écrivains de cette congrégation n'ont
les généraux de celte congrégation ont con- point expliqué. 11 y a néanmoins bien de
servée jusqu'à présent. L'an 1430, comme l'apparence que la persécution lui fut susci-
le relâchement était grand dans l'abbaye de tée de la part de ses propres religieux, puis-
Val de Buena, elle fut soumise par l'autorité que ce fut dans le couvent de Mont de Sion
du roi et de l'évêque de Placenza au monas- qu'il fut mis en prison et où il mourut l'an
tère de Mont de Sion on dispersa dans d'au-
;
1446.
tres les religieux qui ne voulurent pas em- Après sa mort, on ordonna qu'à l'avenir le
brasser la nouvelle Observance, et Martin réformateur ne serait plus que pour trois
de Vargas prit possession de celte abbaye, ans dans cet office, et on élut Martin de Cu-
l'ajant choisie pour le deuxième des crniita- bas. La congrégation ne fit pas grand pro-
ges qu'on lui avait permis d'ériger :il sup- grès pendant quarante-cinq ans et ne fut
prima la qualité d'abbé, dont les supérieurs composée que des deux maisons de Mont de
de ce monastère avaient joui jusqu'alors , et Sion et ûo Val de Buena. Mais sous le gou-
ilen fut fait prieur; il substitua en sa place vernement de Baptiste d'Ocana, qui fut élu
: au Mont de Sion Martin de Longrogno, et en- l'an 1469, les moines de l'abbaye de Huorta,
[
voya à Rome, l'an 1432, deux de ses religieux au diocèse de Siguença, après la résignation
'
pour obtenir du pape Eugène IV la confir- de l'iibbé commendataire, embrassèrent
mation de la construction du monastère de l'Observance. Dar.s la suite celte congrégation
Mont de Sion et do l'union qui y avait été devint considérable par le grand nombre des
faite de celui de Val de Buena. Deux ans monastères qui s'y soumirent, et ces reli-
après il obtint du même pontife la permis- gieux obtinrent des collèges dans plusieurs
sion d'ériger encore six autres ermitages, en universités d'Espagne. Le plus considérable
conservant toujours à l'abbé de Poblete le des monastères qui embrassa l'Observance
droit qui lui avait été accordé, de terminer fut celui de Palacuelos, au diocèse de Pa-
les différends qui surviendraient dans cette lenza. Le cardinal Antonio, évêque de Pa-
congrégation. Le pape ordonna de plus lestrine, qui en était abbé commendataire,
qu'après la mort de Martin de Vargas, les re- le remit entre les mains du pape J ules 11, qui
ligieux de Mont de Sion, de Val de Buena et l'unil à la congrégation de la régulière Ob-
des autres monastères ,
qui dans la suite servance, l'an 150.). Il fut le premier qui lui
viendraient se joindre à ces deux monastè- fut donné au delà des huit que le pape Eu-
res pour faire avec eux une même congréga- gène IV accordés, et dans le chapi-
lui avait
tion, éliraient un réformateur auquel ils se- tre général qui se tint en 1550, il fut ordonné
raient soumis. aue le réformateur y forait toujours sa rési-
.
l'ordre de Cîteaux, c'est que ceux de la con- voulait continuer à se jusiifier, mais le pape
grégation dEspagno porient une ceinture de lui imposa silence, ce qui hn parut si rude,
laine blanche, et que les autres en ont une qu'il ne put s'empêcher de lui dire qu'il
de laine noire. Ceux d'Espagne ne font point écoiîtcit avec b aucoup d'attention ses ca-
vœu de stabilité, et les abbés des monastè- loïKniateurs et qu'il ne voulait pas recevoir
res ne sont que triennaux; ils mangent seu- sa justification. Le lendemain le pare l'obli-
lement trois fois la semaine de la viande à gea de recevoir l'absolution par préc;iution,
dîner, et jamais à souper, et cela à cause et comme il se relirait, il lui ordonna de re-
qu'il y a peu de poisson en Castille. Cette tourner à l'obéissance de ses supéiieursou
congrégation porte pour armes d'azur à une de passer dans un autre ordre approuvé.
barre chiquelée d'argent et de sabie, accom- Frère Ange répondit toujours avec la même
pagnée de deux fleurs de lis d'or, l'une eu soumission, qu'il était d'un ordre approuvé,
chef, Tauire en pointe. puisqu'il avait fait profession d'Ermite de
kn^M'A\\Y\(\wc,Atmnl.ord.Cistert,ytom.\Y Célesiin V entre les mains mêmes de ce pape.
Cbrysost. Henriq, Menolog. et FuscicuL Ces réponses furent trouvées si justes, qu'on
sanct. ord. Cistsr, Barnabas de Montalvo, ne l'inquiéta plus; il fut renvoyé en paix,
Chronica de Vord. de Cisier. et Institut de et après avoir beaucoup augmenté sa con-
S. Bernordo grégaliou, il mourut saintement à Naples,
CL\iRE (Ordre de Sainte-). Voyez Gla l'an 13i0. Il avait enseigné la théologie au
RISSES. bienheureux Simon de Cassia, de l'ordre des
CLAIRVAUX. Voyez Citeaux, § II. Ermites de Saint-Augustin, qui par recon-
naissance voulut faire son oraison funèbre.
CLARENINS (Frères Mineurs).
Ange de Clarène étant en Achaïe avait appris
Après les [lersécutions que l'on suscita ;.ux la langue grecque et avait traduit quelques
ermites Célestins pour détruire leur congré- ouvrages grecs et latins. H a aussi composé
gation, le frère Ange de Cordon, étant de d'autres ouvrages de piété.
retour en Italie se retira dans la Marche
, Après sa mort, sa congrégation subsista,
d'An(ône, entre Ascoli et les montagnes de et s'étant entièrement soustraite à l'obéis-
Norsia, près de la rivière de Clarèrje, où, sance des supérieurs, elle se mit sous la ju-
Tan 1302, ajant assemblé quelques disciples, ridiction des ordinaires ; elle s'élendil dans
il commença la congrégation des Clarenins(l) les diocèses de Fermo, d'Ascoli, de Spoletle,
qui furent ainsi appelés à cause de celte ri- d'Amerina, de Narny, d'Aquila et de R aie.
vière. Il vécut assez tranquillement dans Il y avait aussi plusieurs monastères de filles
cette solitude avec ses compagnons jusqu'en qui y éiaienl unis et avaient les mêmes Ob'
l'an 1317, époque où Jean XXll Ht citer les servances que les Clarenins. Cependant, l'an
spirituels à comparaître en sa présence pour 1472, les principaux de cette congrégation
y rendre compte de leur conduite, et princi- voulurent se joindre aux Frères Mineurs et
palement du refus qu'ils faisaient de se sou- obéir au ministre général de l'ordre. Pierre
iieltre aux supérieurs de l'ordre; le frère l'Espagnol alla trouver, au nom des autres,
An^o y fut aussi ciié comme étant séparé du le pape Sixte IV, et ayant reçu de ses mains
reste de l'ordre dont il ne reconnaissait pas l'habit de Frère Mineur, il en obtint une
les supérieurs. Ce saint religieux, qui n'a- bulle au mois de mars de la mémo année,
vait pris la conduite de ses frères que sous par la juelle ce pontife leur accorda la per-
l'autorité de Gélestin V qui avait approuvé mission de se mettre sous l'obéissance du
les ermites de ce nom, ne fit aucune diffi- général de l'ordre de Saint-François et d'élire
culté de comparaître, d'autant plus qu'il un d'entre eux tous les trois ans pour vi-
était dans la disposition d'obéir au souve- caire général, (jui serait tenu de demander
rain pontife auquel il répondit toujours avec au général la confirmation de son élection.
beaucoup de soumission, nonobstant la sé- Par une iiutro bulle du mois de novembre
vérité avec laquelle il l'interrogea sur plu- aussi de la même année, il permit aux reii-
cnngrégalions qui se disaient de l'ordre des sailli Evangile ou du Capuce, et sous quel-
Mineurs eurent ordre de se trouver, ce pon- que autre nom qu'elles se trouvassent qui ,
tife fit tout ce qu'il put pour réunir tout vivaient dans la réforme sous des provin-
l'ordre; mais voyant (jnela cbosc ét;iit im- ciaux non réformés , d'élire dans chaque
po:>sible, il voulut au moins qu'il n'y eût province où ils demeurai* nt des prêtres de
que les deux principaux membres de l'ordre leur réforme pour les envoyer à ce chapitre;
de Saint-François qui restassent, savoir les et dans une bulle de ce pape, de la même
Conventuels et l'S Observants et que les
, année 1514, par laquelle il sépara les Con-
autres congrégations , comme Clarenins ,
ventuels d'avec les Observants, il ordonna
Amadéistes, (>)ietans, du dpuce ou du saint qu'à l'avenir il n'y aurait que les réformés
Evangile, eussent à s'incorporer dans l'un ou qui auraient voix au chapitre général de tout
dans l'autre de ces deux membres, et fît l'ordre, el que, sous le nom de réformés, il
pour ce sujet expédier une bulle de la même entendait les Clarenins, Amadéistes, Cole-
année 1500. Les Clarenins et les Amadéistes lants du saint Evangile ou du Capnce, et
,
obtinrent néauir.oins des lettres contraires à sous quelque autre nom qu'ils fussent, vou-
cette bulle, qui leur permettaient de rester lant qu'ils quittassent tous ces noms pour
dans leur étal. Le pape, ayant su qu'ils les prendre celui de Frères Mineurs ue la Régu-
avaient obtenues par surprise, les révoqua lière Observance.
pnv une autre bulle de l'an 1510, voulant Cependant il y a bien de l'apparence que
qu'il n'y eût dans Tordre de Saint-François ces réformés ne restèrent pas longtemps
que les Conventuels et lesObservants, el que Sous la juridiciion des provinciivux non
les Clarenins et les Aiuadéisles eussent, dans réformés: car il paraît par les annales de
le terme de 5 mois, à se déterminer sur le l'ordre et par une autre buUo de Léon X,
choix des uns ou des autres pour s'incor- que dans le chapitre général, qui se tint à
porer ave:: eux, lei:r permettant néanmoins Lyon l'an 1518, l'on érigea une province
par la même bulle de rester dans leurs cou- pour les Amadeislt s sous le titre de Saint-
vents et d'y vivre dans leurs ohservanccs Pierre au Moiit-d'Or ou in Montorio
, à ,
selon leur réforme , sous l'obéissance de cause que le principal couvent qu'ils avaient
leurs gardiens, jusqu'à ce que le général et à Rome portait o nom, et que l'on en érigea
les provinciaux auxquels ils se soumettaient aussi une autre pour les Clarenins, sous le
en eussent ordonné autrement. Un ordre si litre de Saint-Jérôme, auquel l'église de leur
absolu et si bien signifia par cette seconde principal mouastor à Rome était dédiée ce ;
bulle ôla aux Clarenins et Am.idéistcs toute qui fui confirmé sous le généralat du car-
espérance de pouvoi;- s'exempter de vivre dinal Quignonez et sous celui de l'aul Pisoti
sous la dépendance des uns ou des autres qui lui succéda l'an 152). L'an 153G, le pape
c'est pourquoi ils commencèrenl à penser
;
l'an 152V.Les Observants possèdent encore mitigation la règle que saint François donna \
aujourd'hui cette église avec un magnifique à cette sainte, mais aussi celles qui suivent la
couvent qu'ils y ont fait bâtir. même règle avec les mitigations et les adou«
Enfin le pape saint Pie V, pour couper la cissements que les souverains pontifes y ont
racine à toutes les divisions qui survenaient faits.
encore tous les jours au sujet de ces diffé- Ce 1212 que commença ce second
fut l'an
rentes congrégations, donna un bref le 123 ordre par renoncement général que fit
le
mai 1566, par lequel il abolit entièrement les cette sainte fille au monde et à toutes ses
congrégations des Glarenins, des Amadéistes vanités pour suivre Jésus-Christ pauvre et
et généralement celles que l'on appelait de humilié, à l'exemple de saint François. Elle
la Bêcha, ou de quelque autre nom qu'elles était de la \ ille d'Assise et naquit l'an 1193.
fussent, supprimant leurs statuts, leurs rites, Elle eut pour père Favorin Sci/fo d'une no-
,
leurs cérémonies, et les relevant des obliga- ble et riche famille, qui n'avait presque pro-
tions qu'elles avaient contractées, voulant duit jusque-là que des généraux d'armées,
que les religieux de ces congrégations, pour et pour mère Hortolane, qui se distinguait
le bien de la paix, pussent être élevés aux particulièrement par sa piété. Claire fut
emplois et offices honorifiques de l'ordre de prévenue dès son enfance de la grâce de
Saint-François, et eussent la préséance in- Jésus-Clirist. qui la préserva de ioiUns l<s
différemment avec les Observants, comme faiblesses ordinaires aux enfants de son sexe.
s'ilsavaient reçu leur habit et fait profession Lorsjue sa raison se fut développée, elle
parmi eux dès le commencement. Par le s'adonna aux exercices des jeûnes, de l'au-
même bref il supprima aussi la province de mône, de l'oraison et de toutes les vertus.
Saint-Pierre in Montorio, qui avait été assi- Le désir qu'elle avait de la perfectfv)n fit
gnée aux Amadéistes, et celle de Saint- qu'entendant parler de la vie admirable
Jérôme ou de Saint-Barlhélomi de Home, qui que menait saint François dans son petit
avait été érigée en faveur des Glarenins. Par couvent de la Portioncule, elle souhaita de
un autre bref de l'an 1570, il confirma le le voir et de communiquer avec lui sur les
précédent et le rendit commun pour les moyens qu'elle pouvait prendre pour exé-
Amadéistes et les Glarenins qui élaieiU dans cuter le dessein qu'elle avait de se consacrer
la province de Saint-François, ce qu'il éten- à Dieu. Elle l'alla trouver avec une confi-
dit aussi à ceux de Brescia par un autre dente et lui exposa ses désirs avec des ter-
bref. Enfin Grégoire XIII ordonna encore mes si pénétrés de l'amour de Dieu, que le
que toutes ces congrégations seraient incor- saint, ravi de voir que la grâce opérait en
porées parmi les Observants, et celle des elle ce qu'elle avait déjà opéré en lui, la con-
Clareiiins fut par ce moyen supprimée en- firma dans la résolution qu'elle avait pris î
tièrement. de vouer à Dieu sa virginité et de quitter
Néanmoins comme cette incorporation ne tous les biens de la terre pour n'avoir plus
plaisait pas à tous ceux qui étaient inté- d'autre héritage que Jésus-Christ. Gomme
ressés, les censures et la défense de Pie V Claire lui rendit ensuite d'autres visites , il
n'empêchèrent pas qu'il n'y en eût quelques- la forma de plus en plus .selon son esprit
uns parmi les Glarenins et Amadéistes, et les qui était un esprit de pénitence, de pauvreté
même parmi les Gapucins Observants, et les et d'humiliation, et lui inspira de faire pour
qui ne passassent chez les Conventuels sans les personnes de son sexe ce qu'il avait fait
aucune permission; ce qui fit que Grégoire pour les hommes. Ainsi le jourdes Rameaux,
XIII, par un bref du 20 décembre 1581, pour qui tombait au 19 mars de l'an 1212, elle
éviter tout scandale, permit pour celte fois parut dès le malin avec ce qu'elle avait de
seulement à ceux qui avaient ainsi passé joyaux et d'hahils précieux, et sur le soir
chez les Conventuels, d'y rester. Ce pontife elle se rendit dans i'eglisede la Portioncule,
donna permission aux provinciaux de les où ayant été reçue par saint François et
absoudre de leur apostasie et fit défense aux tous ses religieux qui l'attendaient chacun
supérieurs des Observants de les inquiéter. avec un cierge allumé à la main, elle se
Luc Wading, Annal. Minor. Dominic. de dépouilla de tous ses ornements de vanité,
Gub-^rnatis, ord. Seraphic. leur donna ses cheveux à couper et se laissa :
première religieuse de cet ordre qui com- rents en furent extrêmement irrités et firent
prend non-seulement celles qui font pro- tous leurs efforts pour la faire revenir chez
fession de suivre à la lettre et sans aucune eux et la faire consentir d'accepter une al-
faire passer du monastère de Saint-Paul la sainte lui accorda, en ayant (nvoyé quel-
dans celui de Sainl-Anfie-de-Panso, aussi de ques-unes sous la conduite de Marie de Braye,
l'ordre de Saint-Benoit, proche de la ville qu'elle leur donna pour supérieure, quoi-
d'Assise, où il crut qu'elle serait plus en qu'elle n'eût que le titre de vicaire, comme
sûreté contre les attaques que l'ennemi du il paraît par son épitaphe, où il esL aussi
génie humain lui livrait par le moyen de marqué qu'elle élail d'une noble maison de
se-; parents. Ce fut dans ce saint lieu que, Lombardie et qu'elle mourut l'an 1230.
,
seize jours après sa conversion, sa sœur Saint François n'avait né inmoins donné au-
Agnès, qui avait toujours été son affedion cune règle à ces religieuses, sainte Claire
dans le monde et qu'elle demandait à Dieu s'é:ait conlentée de faire vœu d'obéissance
dans ses oraisons pour compagne dans sa entre ses mains, et ce saint fondateur s'était
retraite, l'a la trouver pour pratiquer avec seulement chargé de sa conduite et des au-
elle les exercices de la pénitence et de la tres religieuses qui vivaient avec elle dans
mortifica'.ion. Leurs parents, beaucoup plus le monastère de Saint-Damien, où il leur
irrités de celle retraite qu'ils n'avaient été procurait aussi ce qui leur était nécessaire
de celle de Claire, vinrenl en fureur jusqu'au pour leur entretien. xVussitôt que le cardinal
nombre dedouzeau monaslèrede Saint-Ange, Hugolin eut fondé le monastère de Pérouse,
d'où, sur le refus que fit Agnès de les suivre, il conféra avec saint François surlaformedu
ils lu tirèrent avec des violences si peu con- gouvernement qu'il voulait donner tant au
venables à son sexe et à la délicatesse de monastère deSaint-Damien.qa'aux autres qui
son âge, que, se voyant obligée de céder à se muili|diaient tous les jours; maisle sain'.,
la force, elle a[)pela si sœur à son secours, j^uineséiait chari;é que du monaslèrede Saini-
en la conjurant qu'elle eût pitié d'elle et Damien, s'excusa dedonner aucune forme de
qu'elle n'endurât pas un enlèvement si iii- gouvernement auxaulresdont il'n'availpoint
jusie. Claire se mit aussitôt en oraison, et il procuré l'établissement, et lui témoignant le
arriva par un miracle du Très-Haut que la chagrin qu'il avait de ce qu'en quelques en-
petite Agnès, que l'on descendait de la mon- droits les Frères Mineurs avaient fait de ces
tagne, devint si pesante, que ni ces douze sortesd'établissements,et avaientmême don-
hommes, ni des laboureurs qu'ils appelèrent né leur nom à ces religieuses, il le pri d'em-
i
vit un silence perpétuel, no pomaiit se par- 2h.eval serré d'une cord do trois nœuds;
ler les unc's aux aulrcs sans la permission l'aiJre, d'une peau de porc dont less'iies étant
«le la supérieure. Il ordonna (;u''lles au- coupées court, lui entraient plus aisément
rai< nt cli.irunedeux tuniques ctun manteau, (!rns la chair comn-e autant de pointes (jui
ouire leci!i:e ou la chemise de serge, avec lui causaient une douleur continuelle. Pen-
un scapulair-e pour le travail, et pour lit dant le carême et l'avent, que l'on conunen-
deux planch :\s sur lesquelles il devait y avoir çail à la Saint-Martin, Ion la règle, elle ne
.s<
une n it!e ou un morceau d'éloffe avec un vivait que de pain et d'eau, et passait les
peu de foin ou de pailc, et pour chovt^t un lundis et les vendredis sans rien piendre.
oreiller de paille. On les appela 'es reli- Elle fut plusieurs années sans avoir d'autre
gieuses Damianisles, à cause quelles avaient il que la terre nue, se contentant d'un petit
pris leur origine du monastère de Saini-Da- fagot de sarment pour chevet; mais saint
inien où vivait sainte Claire sous la direc- François modéra son zèle, employant [tour
tion de sainl François ; et elles vécurent sous cet effet l'autorité de l'évêque d'Assise. Elle
larègle de saint Benoît ei les consliiutions du fut donc obligée pour leur obéir de se servir
cardinal Hugolin, jusqu'à ce que saint Fran- d'une paillasse pour prendre son repos, et do
çois, ayanl donné unerè;;le par écrit à siiinte ne plus passer des j urs entiers sans manger;
Claire, la plupart deces nionaslères l'c-rnhras- mais les lundis, les mercredis et les ven-
sèrent aussi en quittant celle de saii'tBcnoU. dredis, elle ne prenait qu'une once et demie
Ce fut Fan 12i4 que saint Franco s donna de pain et une cuillerée d'eau.
à sainte Claire et à ses religicu'-es une i-rme Si ses mortiiicaîions el ses austérités
de vie par écrit, confaniié.ncnl à la deman- étaient grandes, son huuililé ne l'était pas
de qu'elles lui eo avaient faite, afin qu'en moins; car, dès l'an 1215, elle fit ses eiïorts
son aliseivee el a; rès sa mort, elles pussent pour se démettre de sa charge d'abbesse,
toujours être gouvernées selon cette règle alléguant que le grand nombre de sœurs
qui contient douz<^ chapitres. Les austérités dont la maison de Saint-Dati:ien se remplis-
auxquelles le cardin;il Hugolin avait obligé sait tous les jours, la lui rendait trop pe-
les Damianisles furent un peu uioditiées ; sante, et qu'elle en connaissait plusieurs
car sainl François ne les f»bligea pas à jeû- dans la communauté qui avaient plus de
ner au pain et à Feau trois !o;s la semaine vertu et de capacité qu'elle mais saint Fran-
;
pendant le carême, ni deux fois pen.iant co s ne voaiut jamais écouter ses raisons;
l'avent, comme il était porté par les cons- au contraire, sollicité par l?s autres reli-
titutions (ie ce cardinal ; il Its obligea seu- gieuses, il la confirna dans sa supériorité
lement à jeûner tous les jours , e?^ceplé pour toute sa vie elle se soumit, mais die
:
à la fête de Noël, quelque jour qu'elle arri- ne regarda plus cette charge que comme un
vât, auquel jour il leur permit de f lire deux assujettissement qui la rendait redevable à
repas. L'Office divin leur fut prescrit, selon toutes ses sœurs. Loin de s'élever de sa préla-
l'usage des Frères Mineurs, auquel elles lie- ture, elle ne s'en servit (jue pour s'iiumilier
vaient ajouter tcas les jours au ciiœur celui davantage; les emplois les plus bas étaient
des niorls. Il leur défendit e lecevoir r.i re-
( ceux qui lui semblaient les plus agréables
tenir aucune possession, suit par elles ou et qu'elle reclieichait avec empressement,
\):.r d'autres personnes qu'elles auraient pu laissant aux autres ce qu'il y avait de plus
comm"l;re à cel elïet ; il leur ordonna le ;i- facile et de moins désagréable; elle lavait
lence dep^iis Compiles jusqu'à Tierce du jour les pieds aux lies de service qui venaient
;
suivant, au>-si bien qu.' ie travail cîs co-n- de (:ehors, cl quelque sales qu'ils fussent,
mun t l'obéissance aux sui)ér:eurs de i'or-
( elle les baisait avec bcaucouj) d'huu:ilité.
dre. Il leur accorda pour halnil-nienl trois '^ La rcputal on de cette sainte se répan-
tuniques el va\ manteau, cl ordonna que le dant dans les pays les plus éloignés, Agnès,
Visiteur serait toujours de l'ordre des Aii- de Primislas, roi de Bohème, voulut em-
filie
neurs. Celte régie l'ut premièrement api)rou- brasser un mêm;' genre de vie. Ce prince
vée par le cardinal Hugolin qui en avail re- étant mort presque dans ie même temps
çu le pouvoir du pape Ho orius ; il la con- qu'elle eut formé ce dessein, et se trouvant
ûrma de vive voix lorsqu'il fut parvenu au par ce «noyen maîiresse de (iisposer de son
souverain pontiticat, sous le nom de Gré- bien, elle en (iistribua aux pauvres une par-
goire IX, et elle le fut par écrit par Inno- tie, et de l'autre elle fit bâl:r deux monas-
cent IV, l'an 12'j-G. tères à Prague, l'ua pour les religieux Croi-
Les monastères des religieuses Damia- siésou Porte-Croix, avec l'éioile, dont nous
nisles se multipliaient tous les jours, lionob- parlerons dans la sui:e, auxi|uels elle donna
sîant leur grande pauvreté el leurs mortifi- aussi le suiîi d'un hôpital qu'elle fonda, afin
caàons que des persoimes riches el de que les pauvres y lussent nourris et enire-
distinction embrassaient préiérablement aux teiius; et l'autre pour elle, où elle prit
plus grands avantages de la fortune et aux __ l'habit de Clarisse l'an 123i, avec plusieuis
CM CL.% nTî
975
filles de qualilé qui la voulurent imiler. murs da monastère furent tellement aveuglés
Celle princesse lui la premit^re issue de sang qu'ils en tombèrent avec précipitation et don-
royal que l'on vil fouler aux pirds loules les nèrent l'épouvanîo aux autres, qui par leut
vanités du siècle pour se revèlir du pauvre fuite laissèrent les serAanles deDieucnpaix.
h.iiiii de Sainl-P>ançois, et ce fut A sa solli- La même ville d'Assise étant une autre
cil.iliiiii que sainte «>laire envoya, l'an 1237, fois extrêmement pressée p;ir V'ilal d'Aveisa,
d s reli<^ienses en Boliêmo et en Allcmaiine, capitaine de l'armée impériale, qui, ayant
où elles firent dans la suite plusieurs éla- ruiné lous les environs et réduit toute la
blissenients. A peine ces saintes filles fti- c mpagnc en une tr sic solitude, avait juré
renl-ellcs arrivées à Prague, que la bi;'nhcu- qu'il ne relournerait point qu'il n'eût em-
reuse Aiinè< de Bohème, (jui jusqu'alors porté cette ville de force, où qu'il ne l'eût
avait (.ris la sulisistane pour son monas- obligée à se rendre; la sainte, touchée de ce
tère sur les revenus de lliôpilal qu'elle avait maih ur, assembla toutes ses filles et leur
IVindé, y renonça eniièrtnient à leur sollici- remontra que ce sérail une grande ingrati-
taiiou et dcnianra an pape (iré'^oire IX i;n tude à elles ii, après avoir reçu lant de cha-
priviléije par lequel il ne pouvait à rav(>riir rités des habitants d'As&ise, elles n'em-
élre contraint de recevo r ni renies ni pos- ployaient le secours de leurs prières auprès
sessio:;s, ce quil lui accorda, dispcnsaiit en de i) eu pour obtenir la délivrance de cette
tnêiiic temps les reli;.'ieuses de ct; monas- ville. Elle fit apporter de la cendre, s'en
tère de quchjucs austcnlcs de la règle, prin- couvrit la Icte la premièe, en couvrit aussi
cipalement a l'égard des jeûnes et de Tlia- ia tête à toutes les autres, et elles répan-
billement, ce que d'autres n)o:iastères accep- dirent tant de larmes devant le Seigneur, le
tèrent aussi : ce même pontife, jupeatit priant de regarder celte ville d'un œil dé
qu'une pauvreté aussi grande que l'élait pitié et da miséricorde, que la nuit même
c ile que pratiquait sainte Glaire <lans le tonte l'armiée ennemie fut mise en déroute,
couvent fie Sainl-Da i.ien était trop rigou- et Vital, obligé de se n tirer avec confusion,
reuse pour des filles, voulut la inifigcr et ne fiorla pas loin le châliu)ent que méii^
dispenser cette sainlo et ses religieu-^cs du talent les désistres q:<'il avait faits dans la
vœu qu'elles en avaient fait; mais elle Ini fit pays, ajanl élé puni d'une mort violente qui
des inslan:es si pressant' s, non-seulement l'enleva de ce monde dans le temps qu'il s'y
pour l'engager à ne rien changer aux pre- attendait le moins. Enfin le temps auquel
mières dispositions de so;» étanlissenieiit, Dieu avait déterminé de récompenser lei
niais encore |)(>ur qu'il lui en accordât la travaux de cette sainte pénitente s'appro-
cor.firnjati; n dans l'élat oij clle'l'avait mis, chant, il voulut encore éprouver sa fidélité
que le pont.fe se laissant persuadi^r, crut
, et sa constance dans son anmur par une
ne devoir pas refuser ce: te g. âce à son zèle et longue (t pénible maladie, pemlanl laquelle
àsiin amour pour celte grand'' iauvrcié,do«!t elle fut visitée par llainmnd, cardinal d Oslie,
Dieu releva le mérite, puiscm'en plusieuis ren- proîecleur de l'ordre, qui lui aciminislra le
contres sa divine providence poui vnt à lous s iinl viatique. hWe lui recommanda loules
ses hesoiris dans le temps qiselle s-nihlait ses tiiles et le pria de faire confirmer par le
le plus abandonnée do tout secours buma n. pape, avant qu'elle mourût, la règle telle
Celte sainte avait tant de crédit auprès de qu'i'lle l'avait reçue de sa m Fr;:nçois il lui
:
Dieu , qu'elle obtenait aisétent tout ce promit d'en |)ailcr au paj)e, qui était our
i
(jtj'clle lui ilcmaiidail : ce serait trop entre- io;s Innocent IV, cl l'alla trouver pour C2l
prendre que de vouloir écrire tous les î!;i- ei'i'et à Porouse. Ce pohlii'e lu! doiina toute
racles cl princi|>alemenl les guétisons que son autorité pour confiriner celle rèj;!-, et
Dieu a accordées p ir son iistcrccssion à ceux voulul bien, à sa solli; iia'ion, visiter cette
qui se recommandaient à ses prières; mais sainte qui lui demanda par grAce que la régie
la f.îveur qu'elle reçut dii Dieu pour emjié- (le saint François put èlre observée dans
clier (jue son monastère ne lût pillé par les toute sa pureté dans lous les monastères de
Sarrasins que l'cniperesir FréJéric II avyit reli^ieu-es de son ordre, et qu'il lui plût
lail venir en Haiie ,est trop considér .ble révoquer toutes les m dificaiions que (jré-
pour l;j passer sous silence, (jes haraares goire IX y ava l apportées el (ju'il avait lui-
étant venus pour assiéger la ville d'A^-sise, ir.écne auto: isées ce que le pape lui accorda,
;
tentèrent de |<iller lecouvent deSaint-Damicn. et par un bref (iu'il fil expé li er le 15 avril de
Tout était à craiu !re pour les religieuses qui laniiée \'2o3, il défendit au général des
n'auraient pu résister à la violence qu'on Frères Mineurs et à tous les autres de con-
aurait pu leur faire. Mais elles euienl re- traindie les religieuses Damianistes à lob-
cours à leur mère, qui leur dit de j»c rien servance d'une autre règle que celle qui
appréhender, et dans la confiance dont elle avait été donnée par saint François et ,
était re.nplie, quoique malade, elle se fit donna coiomis-ion au cardinal proîecleur de
porter à la porte du monastère avec, le saint f.iire observer cette règle dans les monas-
sacrement enfermé dans un ciboire d'argent tères où elle aviiit d'abord élé reçue. Quoique
et une boite d'ivoire. Silôl qu'elle y fut arri- ce cardinal eût confirmé celle règle par auto-
vée, elle se prosterna devant sou souverain rité apostolique, coujmo nous avoiis dit ci-
I
et le l'fia a ver tant de larnics de ne p is i.er- dessus, la sainte souh 'ila avoir une confir-
mettre (|u'eiles toinhassent entre les mains mation du pape même; ce qu'il lui accorda
des infidèles, que sa prière fut exaicée; encore par un bref du 9 aoûi do la même
car lesSarrasins,q«i avaieni> déjà escaladé les année. Après celte confirmation la sainte, no
975 DICTIONNAIRE DES ORDRIS RELIGIEUX. 97C
souhaitant plus rien sur la terre, fil son obligés à la conduite des religieuses Damia-
testnment, à limitalion de son P. saint Fran- nist( s, et afin de prévenir toutes les con-
çois, par leq icl elle laissa à ses (illcs. non testations qui pourraient survenir dans là
des i)ieiis lemp;>rels, mai> la pauvreté qu'elle suite à ce sujet entre elles et los religieux,
avait reçue de lui, cl qu'elle souliaiiail de ce pontife Irur donna à chacun un protec-
transmettre à toute sa postcrilc religieuse teur p.Mliculier, qui furent pour les reli-
comme le propre héritage de son ordre, et gieux le cardinal Jean Cajetan, et pour les re-
elle rendit son âme à Dieu le il août, l'an ligieuses, le cardinal de Palestrine, Etienne
1253, étant âgée de GO ans ou environ, après d'Hongrie. .Mais ces deux protecteurs, au
en avoir passé 42 en religion, dans la pra- lieu de faire cesser ces difficultés, eurent
tique de toutes les \ertus chréli'nnes et contestation ensemble; carie protec'.eur dcfc
religieuses, et dans los exercices de la plus religieuses demandait pour elles l'assistance
tTustèrc pénitence. Au bruit de sa mort, lous des religieux, et le protecteur des religieux
les habitanls d'Assise, de tout sexe, de tout soutenait qu'ils nodevaientpoint êtrcengagés
âge et de toute condition, acconrurcnt au derechef à leur conduite, y ayant renoncé
monastère <n si grande foule, qu'il semblait avec le consentement du pape; enfin les af-
que la ville lût abandonnée et déserte : l'air faires arrivèrent jusqu'au point que le car-
retentissait de lous côtés des cris d'allégresse dinal de Palestrine se démit de la protection
de ces peuple^; qui publiaient sa sainteté et des religieuses, qui fut donné;' au protecteur
son grand pouvoir auprès de Dieu. Le pape des religieux ; ce qui fut le seul moyen de
môme, en ayant eu la nouvelle, vint à les acconmioder, car ce prélat, se voyant
Assise avec tous les cardinaux, prélats et égilement chirgé des uns et des autres,
olficiers de sa cour, pour assister à ses funé- pria saint Bonaventure de vouloir reprendre
railles. Les religieux de Saint-François le soin et la direction des sœurs, (ju'il avait
furent appelés pour faire l'office dans l'église quittés; ce que ce saint ne pauvant refuser
de Saint-Damien; comme ils entonnaient au protecteur, qui était fart affectionné à
celui des morts, le pape les inierronipit, l'ordre, il le lui .iccorda, mais à condition
voulant que l'on chantât plutôt l'office des que toutes les religieuses donneraient une
Vierges; mais le cardinal d'Ostie, protecteur reconnaissance ])ar écrit que lous les servi-
de l'ordre, remonira à Sa Sainteté qu'il ne ces que les religieux de son ordre leur ren-
fallait rien précipiter dans une affaire de draient, ne leur seraient point d:;s par jus-
celte importance, en sorte que l'on dit la tice, mais que ce serait seulement un effet
messe des morts, après laquelle le même de leur charité. Depuis ce Icmps-là les reli-
cardinal fil l'oraison funèbre de la sainte, gieuses de sainte ("laire demeurèrent iaimé-
dont le corps fut ensuite porté à la ville pour dialement soumises à l'autorité du proleC'
être déposé dans l'église de Saint-Georges, leur de l'ordre de Saint-François; et elles
que le pape Grégoire IX lui avait donnée et étaient vis técs par les provinciaux et les
où on avait aussi porté d'abord le corps de Frères Mineurs que ce protecteur leur don-
saint François. Innocent IV, étant mort sur nait pour les gouverner et diriger. Ce qui
la i\i\ de l'année suivante, et le cardinal n'étant pas fort agréable aux religieux, ils
d Oslie lui ayant succédé sous le nom firent plusieurs tentatives sous les papes
d'Alexandre IV, elle fut mise au nombre des Boniface Vllf, Jean XXII, Boniface IX et
saints par ce pontife qui, étant bien informé Eugène IV, pour être déchargés de cet em-
ds tous les miracles qui se faisaient tous les barras, mais toujours inutilement; car tous
jours à son tombeau, fit la cérémonie de sa ces souverains pontifes obligèrent le général
canonisation avec toute la solennité possible, et los supérieurs de l'ordre de se char-
et fixa sa fête au 12 d'août. ger de la conduite de ces religieuses, qu'ils ne
L'ordre de Sainte-Claire, qui avait fait commencèrent cà diriger volontiers que
beaucoup de progrès du vivant de cette lorsque Jules ayant exemptées de la
II, les
sainte fondatiii-e, en fit encore davantage juridiction immédiate et du gouvernement
après sa mort, puisque, nonobstant le grand du cardinal protecteur, les soumit entière-
nombre de monastères qui ont été ruinés ment au général et aux provinciaux dos Frè-
dans lous les Etats inf-cios de l'Iiérésie, il res Mineurs, auxquels il donna sur elles la
ne laisse pas d'y ei avoir encore près de même autorité qu'Lrbain IV avait, donnée
neuf cents, qui sont soumis aux supérieurs au cariinal protecteur de l'ordre.
de l'ordre de Saint-François, dans lesquels Lorsque saint Bonaventure eut repris la
il y a plus de vingt-cinq mille religieuses, direction de ces religieuses, l'an 1264, à la
et presque un aussi grand nombre qui sont prière du cardinal Cajetan, protecteur de
sous la juridiction des ordinaires. Dans le tout l'ordre, auquel elles étaient soumises,
chapiire général {]ui se tint à Pise l'an 1263, comme nous l'avons dit ci-dessus, ce prélat,
sous le généralal de saint Bon iventure, on voyant que plusieurs de ces religieuses sui-
y prit la résolution de quitter la direction vaient la règle étroite de saint François,
de ces religieuses, qui prétendaient pour d'autres celle du pape Grégoire IX, quel-
iors que les services que les Frères Mineurs (jnes-unes la règle d'Innorent IV, et d'au-
leur rendaient étaient de droit, et que ces tres enfin celle d'Alexandre IV, et qu'en
religieux était obligés de les gouverner. Le conséquence de ces différentes règles on les
pape Urbain IV, qui régnait pjur lors, re- appelait los Recluses, les pauvres iJames, les
çut la renonciation de saint Bonaventure, et sœurs Mineures, les Damianisles et les
déclara que les Frères Mineurs n'étaient point Clarisses, résolu de les réunir toutes soui
977 CLA CLA 978
feront leur profession en ces termes Je IV. : unes ont dos socques ou sandales, d'autres
voue et promets à Dieu, à la bienheureuse sont toujours nu-pieds. Il y en a qui portent
Vierge, àsaint François, àsainte Claire, à tous des manteaux descendant jusqu'aux talons,
les saints et avons, révc'rrnde Mère, de garder et d'autres fort courts, les unes et les autres
tout le temps de ma vie la forme de vie pres- ont leurs robes ceintes d'une corde blanche
crite aux pauvres sœurs de suinte Claire par à plusieurs nœuds. Il y a encore do la diffé-
saint François à la même sainte Claire, ap- rence dans la coiffure, les unes ayant des
prouvée par le pape Innocent JV, vivant en voiles noirs, les autres les ayant en forme
obé Uence, sans propre, en chasteté et gar- de capuce.
dant la clômre perpétuelle. Anciennement Nous ne parlerons point en par!iculier de
elles promettaient seulement d'observer foules les saintes et bienheurpusos que cet
toute leur vie la règle des pauvres sœurs de ordre a produites. Les principales, après
Saint-Damien. sainte Claire et sainte Colette, sont sainte
Saint Jean Capistran, étant vicaire géné- Catherine de Bologne, dont le eorp? s'est
ral de l'Observance, fit des commentaires conservé jusqu'à présent sans corruption ;
sur cette même règle, et déclara (juil y avait sainte Cunegondc, sainte Hedwigo, reine do
cent trois préceptes qui obligaient à péché Pologne, et la bienheureuse Saïomé, reine
mortel; mais le pape Eugène IV, jui:!:eant de Hongrie. Un grand nombre d'autres prin-
que cela était trop rigoureux pour des filles, cesses ont aussi foulé aux pieds toutes les
déclara, l'an liV7, qu'elles ne seraient point vanités du siècle pour se revêiir du pauvre
obligées, sous peine de péché mortel, à au- hal it de saint François en entrant dans cet
cun point de leur règle, sinon en ce qui ordre , comme Catherine d'Autriche fille,
coucernait les vœux essentiels de pauvreté, d'Albert, comte de Habsbourg; Anne d'Au-
d'obéissance, de chasteté et de clôture, et ce triche, reine de Pologne ; Agnès fille do
qui regardait l'élection et la déposition de l'empereur Louis de Bavière Blanche, fille
;
l'abbesse. Il déclara aussi qu'elles ne se- de saint Louis, roi de France ; une autre
rnient point obligées à d'autres jeûnes , Blanche, fille de Philippe le Bel, aussi roi do
qui soutiennent qu'elle a toujours fait, avec serve son nom jusqu'à présent, eL qui est
SCS Diembies quicii dépendent, un or<ire par- uni à la dignité de t^rand prieur de l'abbaye
licuiiiîr et séparé; nous ne la rojiardons au de Sainl-Glauiie. Ce saint bàlit encore un
conlraire que comme un de ces moiiaslères quairièmo monastère eu Allemagne dans
que l'on n'appelait dans l'ordre de Sainl-He- le pays de Vaux près de Lausanne, (jui fut
noil thi'l" d'ordre. (|ue parce ({u'ils avaient aussi appelé de son nom Romnn-Mouslier.
dans leurs dépendances plusieurs maisons et Gomme ce saint, en se retirant dans la
prieurés conventuels. Cell;' prérogative lui solitude du mont Jura, avait apporté ayec
était commune avec les abbayes de Mar- lui les institutions de Cassien, il y a bien de
moulier, de Fleuri ou de Saii.l-BonoU sur l'apparence qu'elles servirent de r gles à ces
Loire, de Sainl-Bénij^ne de Uijou» de Fuldes, solitaires de Condat et des autres monastères
de Lérins et de S lint-Vicior de Marseille, dont nous venons déparier, mais principale-
dont nous avons déjà parlé, et avec celles de ment d.ins celui de Gundat,oùia vie était tiès-
Sauvc-.Majour, de Gave, de S.;sso-Vivo, de austère. On n'y mangeait point de viande, on
Cluze et quelques autres dont nous parle- n'y buvait point de vin, et si l'on permettait
rons dans la suite cl les mêiiies r. lisons qui
; le lait et les aui's, ce n'était qu'aux malades.
nous ont purté à ne parler de l'abbaye de Du pain émietté dans di: l'eau froide, que l'on
Saint- Victor qu'après avoir rapporté les prenait avec une cuiller, était leur me s le
rèi,Mements faits au concile d'Aix-la-Gba- plus ordinaire. Leur babillemenl était fort
pellc, l'an 817, nous oblij,^eut d'en user de pauvre, ils se contentaient d'une luniqiie faite
même à l'égard de celle de Sainl-G aude. de peaux de diver>esbètes.Dans l'enceinedu
Gette abbaye, que l'on appelait ancienne- monastère ils portaient de-; socques ou san-
ment de Saint-Oyan et de Coudât, recon- dales de bois, et prenaient seulement des
naît pour fondateur sainl Romain, (jui, vers souliers, lorsqu'ils étaient obli;i:és de sor ir
l'an i25, se relira dans les déserts du nionl pour le service du procbain. Telle élait la
Jura eu Bourgogne, où il vécut en ermite, manière <ie vivre des religieux de Coiulat ,
dans un lieu appelé Coudât, à cause de la que sainl Lupicin gouverna seul après la
joncliou des rivières de Bienne et d'Alière ,
mort de saini Romain, qui arriva l'an kGQ
qui se fait en cet endroit, les anciens Gau- ou environ.
lois appelant Condat ci; que nous aiipelons Il semble qu'il n'y avait dans le monastère
Confiait. Quelques aiinées après, son fièro de Condat que ceux qui désiraient tendre à
Lupiciu avi'rti par une vision, alla se join-
, une plus grande perfection et imiter en tout
dre à lui; ensuite deux ccelésiasliques et les solitaires do 1 Egypte; (;ar à leur exemple
quantité d'aulr s personnes se rendirent ils demeuraient daii^s des cellules séparées les
auprès d'eux et se soumirent à leur cundui'c. unes desaulres, el il y onavait plusieurs d'en-
J^a stérilité de la monlague o!>ligea ces soli- tre eux qui étaient arrivés à une ;i grande
taires de se reiirer dans un lieu voisin plus sainleté, qu'ils avaient le dou des miracles.
co.iunode, où la leire leur fournissant plus Mais quoi iue saint Lupicin lût d'un" aus'é-
abondauiinenl leurs besoins, ils y jelèrenl rité surprenante, cl que ces religieux de
les fondeuienis d'un inouastère qui ne peut Coudai ne pr.iliiiuassent ({U3 le-> inorliû-
avoir él.; bâti que veri l'an i30. Le nombre calions dont il leur donnait l'exemple, il
des soliioires augiDCUl.inl de jour en jour, usait néanmoins de plus grande iudulgenca
ils lurent oLligés d'en bàlir un second, éloi- envers ceux du monastère de Laueonne. Ils
gné de celui do (]ondat de deux milles, dans ne subsistaient pas seulement du travail de
Un lieu appelé L'urunne, et ces de ;x com- leurs mains, car le saint abbé les nourris-
munautés étaient iudiîïcrenjun'nt gouvernées sait de l'argent d'un trésor que Dieu lui dé-
par les deux frères Romain et Lu;)iciu , couvrit. Comme ce trésor était caché dans
quoique d'bumeur diiîereuti', l'un étant très- lé désert , il ne le Iransporla point dans le
sévèrc et Irès-cxacl, l'autre au contraire cluUre ; mais, sans en parler à personne, il
ayant beaucoup de douceur et de facilité. Ils y prenait chaque année ce qu'il fallait pour
en bâtirent un Iroisicius^ dans ces monta- l'entretien de sa c mimunaulé. Cela ne suffi-
gnes pour des lilies que l'on apj)ela de Beau- sant pourtant pis pour tous leurs besoins,
me ou de la Roche, le mol de Beaume étant Saint Lupicin représenta à Chilpéric, roi de
encore lin vieux mol gaulois, qui signifie Bo- Bourgogne, que ses religieux manquaient
che. Leur sœur, qui avait aussi suivi leur quelquefois des choses nécessaires. G" prin-
èxempl'', y gouverna une comaïunautc de ce lui Olïril des terres et des vignes; mais il
cent cinq religieuses (jui gardaient une con- le remercia, ne voulant pas les accepter, de
tinuelle et ex;icle clôiure. Un ne les voyait crainte que les richesses jrinspirasscnl
jamais que pour les porter eu sépuliure dvtns de la vanité à ses disriples ; ce qui lit que le
le cimetière, et quoique ce mona-ilèrc fût roi ordonna qu'on lui donnât tous les ans
bâti fort prociic de celui de Lauf.onue, oiî la Iroi^i cents mesures do blé el atilaul de via
plupart de ces religieuses avaient leurs pa- pour la nourr.ture de ses rcligitax, et cent
rens ou leurs frères, ou ne pcrmeUail point pièces d'or pour b-ur acheter des habits.
auxreligieuxdece monaslèredcparieràlcurs Ainsi, comme la vie élait moins austère au mo-
parentes. Mais ce lieu étant trop désert pour nastère de Lauconno qu'à celui de Condat, le
pouvoir fournir la subsistance a ces religieu- nombre des religieux y étailaussi plusgiand;
ses, elles rabaudoniièreul peu de temps ils étaient cent cinquante, lors ;uc saint Lupi-
après, etcomme saint Romaia y fut enterré, il cin ymourul, vers l'an 'iSJ. 11 fut enterré dans
a été chctngé depuis eu un prieuré} qui a cou- ce monastère, qui a porté depuis soa nom.
983 DICTIONNAIRE DES ORDRES RELIGIEUX.' 98i
comme celui de Beaume a pris celui de snint dans gouvernement de cette abbaye, qui
le
Romnin, à cause qu'il y avait eu aussi sa sé- sont reconnus pour saints tels furent saint
:
pullurp. Saint Injurieux, onzième ai)bé de Anlidiole, qui fil bâtir une église sur le tom-
Condat, fit hver de terre, l'an 6kS, les corps beau de saint Oyan saint Olympe, qui fit
;
de ces doux saints pour les nicltre dansl'é- venir à Condat dos séculiers, auxquels, sous
fïlise de son abbaye. Il crut au moins y
avoir certaines redevances, donna des places pour
il
reconnu depuis qu'il s'était trompé, car, sur la que l'on y voit à présent; saint Sapient, qui
fin du dernier siècle, comme on ôta le maî- fit bâtir une chapelle qu'il dédii à saint
tre-autel de l'église de Lauconne pour Etienne, premier martyr, pour servir de pa-
agrandir le chœur, en fouillant dans les fon- roisse aux habitants de Condat saint Tha-
;
de suivre les coul urnes des Orientaux, ne Cliarlema^ne. son fils, qui, à la prière de
laissèrent pas de faire lire à leurs religieux saint Hippolyte, qui en était pour lors abbé,
les règles Pacôme elde saint Bijsile,
de saint renouvela tous les privilèges de celte abbaye.
les institutions de Cassien et même les cou- Ce prince lui soumit aussi le prieuré de
tumes des moines de Lérins, qui suivaient Beaume ou de Saint-Romain. (Juelques-uns
la règle de saint iMacaire. Ces premiers ab- prétendent que ce fut aussi lui qui la main-
bés de (]ondat eurent des disciples que l'E- lint dans la possession de celui de Lauconne,
glise honore et dont elk' fait la foie, comme ou de Saint-Lupicin, que Gédéon, archevê-
saintPal a<le et saint Sabinien, qui vécurent que de Besançon, voulait soustraire; mais
sons le gouvernement de saint Romain, saint le P. Mabillon prouve que ce ne fut pas
terré Tan 696, et où son corps s'est conservé et libertés qui avaient été accordées par les
jusqu'à présent sans corruption, lui firent comtes de Bourgogne à celte abbaye et qui
donner dans la suite le nom de Saint-Claude, n'appartenaient qu'aux souverains, comme
qu'elle porte encore aujourd'hui. de faire battre monnaie, de donner des sauf-
-
Saint Oyan eut aussi plusieurs successeurs conduits, des rémissions et des grâces en
crimes capitaux, de légilimpr les bâtards, Benoît était reçue dans l'abbaye de Saint-
d'anoblir, et autres choses semblables. Claude au commencement du neuvième siè-
Quoiqu'on ne puisse pas précisément dé- cle, si elle n'y était pas même dès le hui
terminer le temps où la règle do saint Be- tième.
noît fut reçue dans celte abbaye, il y a néan- Cette abbaye, bien loin d'avoir été chef
moins bien de l'apparence que ce fut plutôt d'un ordre particulier, comme il y en a qui
sous le règne de Charlem;igne, dans le hui- le prétendent, était unie, dès le treizième siè-
lième siècle, ou au commencement liu neu- cle, avec les monastères de l'ordre de Saint-
vième, que dans le dixième, quoi qu'en Benoît de la province de Lyon, ce qui se fit
disent les religieux de cette abbaye, qui se après la tenue du k' concile général de La-
sont opposés aux nouveaux hiatuls laits pour tran sous le pape Innocent 111, où il fut or-
ce monastère par M. le cardinal dTslrces, donné que dans chaque province on tien-
en qualité de commissaire et de visiteur drait, tous les trois ans, un chapitre général
apostolique, dans l'une do leurs requêtes de tons les abbés et des prieurs des monas-
présentées au roi en l'instance qui a été tères qui n'avaient point d'abbés, et qui
pendante au conseil de Sa .Majesié; puisque n'avaient pas accoutumé de tenir de pareils
dans l'assemblée d'Aix-la-Cliapelle, convo- chapitres, et que, dans les premiers chapi-
quée par les ordres de Charlemagne, l'an tres, ils y appelleraient quatre religieux de
802, on convint que les dercs vivraient se- l'ordre de Cîleaux, pour leur apprendre com-
lon les canons, et que les moines auraient ment il s'y fallait comporter. L'abbé de Saint-
la règle de saint JJenoît j)(!ur modèle; que Claude présidait à ces chapitres; car, par
par le premier des capilulaires du même une bulle du pape Innocent IV, de l'an 1252,
prince, faits aussi à Aix-la-Chapelle, l'an adressée aux abbés de Saint-Bénigne, de
804, qui sont plutôt des questions que l'on Dijon, et de Saint-Oyan ou Saint-Claude,
propose que des obligations qu'on impose, présidents du chapitre général de la province
on demande s'il peut y avoir des moines do Lyon, qui s'étaient plaints au pape de ce
autres que ceux qui suivent la règle de saint qu'on ne leur tenait pas compte des frais
Benoît; que dans les conciles d'Arles, de considérables qu'ils faisaient pour assembler
Châlons-sur-Saône, de Tours, de Reims et ces chapitres généraux, le pape leur donna
de Miiyence, tenus encore par les ordres de pouvoir de contraindre par censures ecclé-^
Charh magne, en 813, on y lut les canons siasliques ceux qui étaient obligés de s'y
pour les clercs, et la rèsile de saint Benoît trouver, de les rembourser de leurs frais.
pour les moines, et qu'il fut ordonné aux Benoît XII ayant donné dans la suite des
abbés de faire vivre leurs religieux, ou selon règlements sur la discipline qui devait être
les canons, ou sous la règle de saint Benoît. observée dans ces chapitres généraux, par
Mais comme à la vérité plusieurs monastè- sa bulle appelée Bénédictine, de l'an 1336,
res ne suivirent pas ces règlements, et que ordonna que ceux auxquels il oblige le su-
feul-être l'abbaye de Saint-Claude fut de ce périeur de l'abbaye de Saint-Claude d'assis-
nombre, on ne peut au moins disconvenir ter, seraient composés des supérieurs des
qu'elle n'ait reçu ou la règle de saint Benoît, monastères de l'ordre de Saint-Benoît, des
ou que l'on n y ait vécu, selon les règles provinces ecclésiastiques de Lyon, de Besan-
prescrites par les canons, après l'assemblée çon et di! Tarantaise. Ce pape y distingue
d'Aix-la-Cliapelle tenue par les ordres de
,
trois sortes de chapitres qu'il veut être tenus
Louis le Débonnaire, l'an 817, d'autant plus dans l'ordre de Saint-Benoît, les provin-
que l'abbaye de Saint-Claude se trouve dans ciaux, les généraux et ceux des maisons
l'état des monastères de l'obéissance de l'em- particulières. Les provinciaux étaient les
pereur, qui fut dressé dans le même temps, plus solennels et qui avaient plus d'autorité,
et qui marquait les devoirs dont ils étaient puisque les chapitres généraux leur étaient
ch.irgés envers ce prince, l'abbaye de Saint- subordonnés, et ceux-ci ne devaient être
Claude se trouvant dans la première classe, composés que de l'abbé d'un principal mo-
comme devant faire des présents à l'empe- nastère, auquel d'autres abbayes et prieurés
reur et entretenir de la milice. De croire que étaient soumis, et ceux des maisons particu-
les religieux de cette abbaye eussent vécu lières n'étaient que pour y entretenir la ré-
selon les canons, c'est-à-dire qu'ils eussent gularité et devaient se tenir tous les jours.
été chanoines pour lors, et qu'ils n'eussent Ainsi les chapitres généraux tenus dans une
embrassé la règle de saint Benoît que vers albaye paiticulière, de laquelle dépendaient
le dixième siècle, l'exemple serait singulier; plusieurs monastères, ne constituaient pas
car bien loin de voir des chanoines embras- pour cela un ordre particulier, qui fût une
ser la règle de saint Benoît, l'histoire monas- branche de celui de Saint-Benoît, tel que
tique ne nous fournil au contraire que trop ceux de Cluny, de Citeaux, de Camaldules,
d'exemples de monastères de l'ordre de Saint- de Vallombreuse, etc.; au contraire, ces
Benoît, dont les religieux trouvant le joug
, maisons n'étaient regardées que comme com-
de la règle de ce sainl irop dur, l'ont quit- posant tout l'ordre de Suint-Bcnoit, compris
té pour se faire chcinoines, et d'autres qui, sous le nom d'ordre des Moines ÎNoirs.
trouvant encore la vie des chanoines régu- Ce n'est pas que la plupart de ces monas-
liers trop sévère, se sont entièrement sécu- tères, quoique soumis à la règle de saint
larisés pour se mieux conformer aux mœurs Benoît, et composant tout l'ordre des Moines
du siècle et vivre à leur volonté. Ainsi il y a Noirs, n'eussent des usages et des pratiques
beaucoup d'apparence que la règle de saint différents les uns des autres, de même que
r)87 DICTIONNAIRE DES ORDRES RELIGIEUX. 9S8
les dilTérenles congrégations de l'oriirc des veaux statuts qui furent publiés l'année sui-
Frères Prêcheurs ou de Sainl-Dominique, vante, lesquels po:ient entre autres choses,
qui, quoique également assujctii" s à la ic^lc que l'on tiendrait tous les ans, au dimanche
do saint Augu^in et obligées d'assister aux Cantate, c'est-à-dre le quatrième après Pâ-
chapitres généraux de leur ordre, ne lyis- ques, un chapilre général, selon la forme
seul pas d'avoir entre elles des usages el dos contenue dans la bulle du pape Benoit XII,
pratiques différents les unes dos autres, et auquel assisteraient tous les prieurs des mai-
forment iiéai-.moins toutes ensemble l'ordre sons dépendant de celle abbaye; que lo
de Saint-Dominique. 11 en est de même des nombre des religieux serait de trente-six;
diiïérenles congrégations de l'ordri» des Er- qu'ils dormiraient tons dans un dortoir com-
mites de Sainl-Augu.slin el de plusieurs au- mun, excepté les ofiiciers du monastère et
tres ordies particuliers. ceux qui avaient la garde du corps de saint
Pendant que ces chapitres provinciaux de Claude, qui, à raison de leurs olGces, pou-
l'ordre de Saint-Benoî!, ordonnés par le pape vaient dor.'uir dans leurs chambres, et les
Benoît XII, se sont exactement assemblés, malades dans l'infirmerie; qu'ils mange-
r<'bservai'.ce régulière s'est maintciice dans raient acissi ensemble dans le réfectoire,
les nionaslères ; mais ceux qui se dispensè- ne pourraient sortir hors le monastère
q;:'ils
rent d'y assi-tcr tombèrent insensiblement avec des armes oiTensives ni avoir de*s
,
dans le relâchement, et l'abbaye de S;ùnt- chiens et des oiseaux de chasse; que le si-
Claudo fut apparemment do ce nombre. Dès lence serait ex; clément gardé dans l'église,
Vi'.n 1^71, le chapitre de Lyon, composé peu le cloitre, le que per-
réfectoire et le dortoir:
d années auparavant de soixante-viualorze sonne ne pourrait sortir hors monastèrele
ch.inoines, conl l'un était fiis d'empereur, sans la permission de l'abbé ou du piieur;
neuf (Ils de r^ is, qu :torze ûls de ducs, trente qu'il ne leur serait pas permis d'aller seuls
Ois de (Otntes, el vingt (ils de barons, avait dans le bourg de Sainl-Claude et qu'enfin ;
accordé à l'abbé de Saiut-Cl.iude et à ses suc- ils ne pourraient pas quitter leurs habits
cesseurs le droit de chanoines honoraires de monasliques, c'est-à-dire leu-'s coules où
leur église; ce qui fait croire que cette ab- cucules, auxquels étaient attachés des capu*
baye ne recevait déjà que des personnes de ces, et se re\êtir d'hibils séculiers, comme
la première noblesse c'est aussi, selon les
: plusieurs avaient accouîumé de faire, pour
apparences, C3 qui contribua davantage au courir armés de jour et de nuit dans le bourg
relûcliement ; car bien loin que les religieux sans permission.
de S iinl-C!audo imitassent Carloman, duc et On trouve en suite de ces règlements l'état
prince des Français, et liachis, roi des Lom- des revenus el des charges de l'abbé el des
bards, qui, en se f lisant reliaiaux au mont officiers de ce monastère, comme du sacris-
Cassin, s e;r:plo}aieni aux [;lus vi s ministè- tain de l'église de Saint-Pierre, du chantre,
res, el même à cultiver la ti rre et la vigne, du chambellan, du ref.clorier, du canjérier,
et tant d'autres rois et prince-- cui se sont de laumônier, du pitancier, du grand cellé-
faits plus de l'habil monacal
d'îionneur I
rier el de l'infirmier. Le sacristain était
que de leurs sceptres de leurs couronnes;
( l obligé de fournir des cierges à tous les offi-
bien loin aussi de suivre l'exemple de Si- ces du chœur, tant de jour que de nuit, dans
mon, comte de Valois et de Manies, seigneur les deux églises de Saint-Pierre et (!e Saint-
d<; Vilry et de Har-sur-Aube, qui, peu de Claude, la coutume étant [lour lors de dire
temps après qu'il eut pris l'habit à SaiiJl- ,Maiines à minuit, il devait encore fournir
Claude, demamia permission à l'abbé OJon les cordes des cloches et donner à chaijue
de se reîirer dans une solitude, où il ne vi- religieux, le jour de saint Jean, de\ant la
vait que du travail de ses mains, Iu>ieurs [
porte Latine, deux pois de vin et sept œufs,
au contraire crurent que ce serait faire tort au cas que l'on ne maageât point de viande
à leur noblesse s'ils en abandonnaient les ce jour-là; et si ou en mangeait, il devait
exercices. Plus occupés de la chas-e que de donner les œufs au pilaucier. Le chantre
l'observance de leur règle, ils entretenaient devait entonner les psaumes, l'invitiloire de
dans l'enceinte du monastère nombre de ^latines, et les répons des autres Heures,
chevaux, do chiens et doisciux. lis ne gar- excepté les fêles de deux leçons. II devait
daient ni clôture ni stabilité; ils prenaient aussi écrire sur une table d'ans le doître
des habits séculiers les jouis mêmes des létes l'ordre que l'on devait observer dans l'olûce
de Saint-Claudt-, lorsque le concours du peu- divin el fournir les aiiliplionaires, les gra-
ple était plus granii en ce lieu; et rebeiles à duels et quidques autres livres à l'usage du
leurs supérieurs, ils renoncèrent à l'obéis- chœur. Le chambellan devait faire les afiai-
sance qu'ils leur devaient; ce qui Gt que res de i'abbé, four:îir d'essuie-mains ou ser-
Philippe le Bon, duc de Bonrgo "ne, informé vielles pour I' lavement des pieds du jeudi
de ces désorares, en donna avis au pape saint, et servir les soixante pauvres à cpii
Nicolas "V, qui, pour y remédier, nomma, on les devait laver. Il était encore oblik:é de
l'a» l'»i7, les abbés d'Aulun, ce Saint-Béni- fournir de la jiaille pour le^ lits des novices
gne, de Dijon et de Beaume, pour visiter et des jeunes riligieux. Le réfectorier devait
celle abbaye. Ces commissaires crurent, par fournir les nappes et les servieUesdu rclec-
l'étal où iis Irouvèrcnl ce monastère, et par toire, et les laire blanchir. Le camcrier de-
le.s transgressions que comnictlaieit vait donner le vestiaire a trcnie-six reli-
les re-
ligieux contre la règle (ju'ils avaient vouée, gieux, sa\oir une certaine quantité de drap,
qu il était neeessaire de leur donner de nou- ou deux florins on argent, avec une coule
9S9 CLa CLA 990
ou cuculle, et des souliers, excepté à l'au- pape Urbain VIII supprima aussi l'office
niônicr et au prieur (le l'onçin mais il de- ; d'.iumônicr qu'il réduisit en admiiiislr.ition
\ail donner deux paires de soulers par an Irienn.'ile, accurdaiit la somme da deux cents
au prieur de ('>oulure. L'aumônier était francs par an, poir les soins et 'es peines de
oblif^é à l'entreJien et aux réparations de celui qui l'exerrerait : il y eut encore une
quelques lieux réguliers de l'abbaye, de don- attire visite, en liG2, par le grnnd prieur de
ncr tous les jours du pain aux pauvres à la Cluny, comme commissaire député par le
porte; de n cevoir et io;ier les pauvres pèle- pape Pie li.
rins de l'un et de l'autre sexe, jieiKJant une Deux cents années étaient un temps trop
nuit. S'ils tombaiciit malades, il devait les considérabie p mr
qu'il ne se fût pas intro-
faire médicamen.'er. et entretenir un cou- duil quelque relâchement dans lob^ervation
vers et une converse pour les servir, y ayant des stituis faits par les commissaires de
ua logis sép iré pour les hommes el les lem- Nicolas V. En effet, l'an 1GG8, les religieux
mes, qu'il devait pourvoir de lits, de lin- de Saint-Claude, voyant que ces statuts
ceuls, de couvertures, de nappes et de ser- étaient peu observés, en dressèrent d'aiitr(S
vielles. Entre les charges auxciuelles le pi- qui sont des adoucissements à ceux de Nico-
lancier était tenu, qui consistaient dins ia las V, quoiqu'ils prétendent qu'ils soient
distribution de viande, de pain, de vin, de des a-iditions qu'ils y 0!;t apportées. Ils v
pois, de riz et autres denrées à certains ont néanmoins conservé certaines praliiiucs
jours, il était obligé de donner à chaque de mortificalion en usage dans ce inoiiastèrc
religieux» le jour de Pâques, un po:s.'-on depuis un très-long temps, qi;i avaieni peut-
nommé Hoinbrs, qui se pêche dans le lac de êire été interrcmpues; car, outre l'aii^linence
Genève. D'où l'on peut conjecturer qu'avant du mercreii, il y ordonné que le reli-
est
que l'usage de la viande eùi é é iniroduit gicux qui aura dit grand'messe ne sortira
la
dans cette abbaye, elle n'avait pas voulu se point c^^ jour-là de l'abbaye et ne mangera
servir de la permission que le concile d'Aix- [loint de viande pendant tout le temps (ju'il
la-Chapelle, tenu l'an 817, avait accordée sera de semaine. La mémo déiense est laite
aux religieux de Saint-Benoît, de manger au\ nouveaux prêtres qui, suivant l'a.cien
aux fêles de Noël el de Pâques de la volaille u âge, doivent dire la grand'u;esse six se-
pendant quatre jours, le concile ayant laissé maines de suite. Ces statuts tixeut le nombre
la liberté aux abbés el aux religieux de s'en des religieux à vingl-qualr seulement, au
abstenir, s'ils voulaient. Ce qui se prouve lieu que les statuts de Nicolas Y avaient or-
encorc par un droit qui app;!rtenail au réiéc- donne qu'il serait de trenic-six. Ces uoi;-
torier, de recevoir, le jour de Noél, outre la veaux statuts furent approuvés par le cardi-
prébende q-ji se distribuait à lous les reli- nal Louis, duc de Vendôme, légat u /a/c/c, en
gieux, une autre i^rande prébende de pain, France, du pape Clémenl IX, et ce prince,
de vin et de poissons; el cumu»c ces dislribu- voulant donner des manpies de sa boalé et
lions élan nt établies avant que l'usage de la de sa bienveillance à celle al baye, tant à
viande eût é!é introduit, il y a bien de l'ap- cause de son ancienneté, ses [)rérog;!lives et
parence qu'elles subsistaient encore après; ses privilèges, qu'à ciuse de la noblesse de
puisque les olficiers en étaient cba.gé^ sur ses religieux, qui n'y peuvent élre reçus
leurs revenus, et que peut-être elles se qu'après avoir fait preuve de s ize quarti'ers
payaient en argent. L'on voil anssi. par les de nol)lesse, lant du côté paternel que ma-
charges aux(iuelles le pilancier éiait tenu, lernel, en présence de quatre genlilsh;mmes
que les novices et les jeunes religieux ne de la province, accorda à ces religieux (1) le
mangeaient que dans des écuel. es de bois au droit de porter une croix d'or sur la poi-
réfectoire, puisqu'il était encore obligé de Iriue, attachée au cou avec un ruban noir,
les fournir. Le grand ccllérier comme juge el sur laquelle esl l'image de saint Claude,
ordinaire du biurg de Saint-Claude et de la M. le cardinal César d'Esirées évcque
,
cellérerie, était obligé d'exercer la justice d'Albano, ancien évéque de Laon, duc, pair
par lui ou par un lieuleuant, el de faire tenir de i'rauce et commandeur des ordres du
à ses dépens les assises des vill iges de la roi, ayant été pourvu de celte abbaye l'an
dépendance de la cellérerie. Il fournissait 1G79, après la mort de dom Jean d'Autriche,
encore 'es linges el les serviettes pour le qui eu était abbé commeudalaire, témoigna
lavement des pieds du jeudi saint. Les char- son zèle poi.T v maintenir l'observance ré-
ges de l'oKice d infirmier ne sont point m.ar- gulière, en approuvant, en IGO'i-, les règle-
qeées dans ces siatu's, cet officier n'en a\ant menls faits par M. Dandelol, grand prieur et
point encore donnj l'état aux commissaires grand tellérier, pour les dislribulions ma-
du pape, l(trs']ue ces statuts cl ces règle- nuelles et journalières, pour les assistances
ments fureul dressés, parce qu'il s'était ré- aux offices divins, afin d'oiili-er les religieux
voilé conlre les commissaires, qui prononcé' à s'en acquitter plus réïulièrcment qu'ils ne
renl une sentence contre lui. Tous ces offices faisaient et ce caidinaT, ay. ut été délégué,
;
étaient amovibles et ne furent rendus perpé- en 1G98, par le pape Innocent XII, eu qua-
tiels que par le pape Calixle III, qui déclara lilé de commissaire apostolique, p»ur faire
qu'on ne pouvait ilestituer sans de bonnes la visite de ce monastère, crut que, pour
raisons ceux (jui en étaient pourvus. Celui rétablir la discipline monasli({ue dans son
de sacristain fut supprimé, el, l'an 1G28, le étal primitif, il était à propos de faire de
Ces nouveaux statuts, qui fixent encore usage chez les anciens Bénédictins; mais
le nombre des religieux à vingt-quatre, pres- l'usage des habits de soie on d'autre couleur
crivent les conditions suivantes requises pour que la noire leur est interdit. Ils seront tou-
être reçu dans cette abbaye. Drs qu'il y jours en habit long dans le monastère et dans
aura une place monacale vacmle, l'abbé le bourg de Saint-Claude, el jamais sans
aura soin de la remplir on examinera les
;
scapulaire. L'usage des perruques est aussi
preuves de noblesse de celui qu'il présentera, banni du monastère, et ils ne doivent point
s'il est de bonnes mœurs, s'il a de la santé, entretenir de cheveux longs et frisés.
s'il n'a point de dettes qui excèdent la valeur La vie commune ayant cessé dans le mo-
de son bien, si! n'a point quoique empê- nastère de Sainl-Claude depuis plusieurs
chement qui l'exclue de la religion, selon siècles, les religieux sont exhortés à se
les saints canons et s'il n'a pas les conditions
;
servir de Ta prébonde séparée et des distri-
requises, on en donnera avis à l'abbé qui butions particulières dont chacun jouit,
,
en nommera un autre à la place de celui qui comme n'en ayant que l'usage. Il leur est
aura été exclu. Ceux qui auront été reçus, défendu de mettre de l'argent à intérêt, soit
ayant pris l'habit de religion, doivent loger en leur propre nom, soit en celui de leurs
dans le dortoir, sons la conduite de leur j)arents ou de leurs amis, et d'emprunter,
maître et n'en point sortir sans sa permis- d'aliéner ou de prêter quoi que ce soit sans
sion. Il leur est défendu de loger chez les la permission de l'abbé ou du prieur, sous
autres religi> ux du monastère et de manger peine d'excommunicalioui II leur est défendu
à leur table, quand même ils seraient leurs de tenir chez eux des femmes ou filles, quand
parents. Après l'année du noviciat, on ne même elles seraient leurs parentes au pre*-
doit point les contraindre à f;iire d'abord mier degré, et de souffrir qu'elles habitent
profession; on leur peut permoltre de la dif- dans l'enclos du monastère. Tous les jours
férer jusqu'à la vingt-cinquième année de après prime, ils vaqueront à l'oraison men-
leur âge mais ceux qui dilTèreront, feront
; tale pendant une demi-heure, et après l'office
seulement d'abord six mois de noviciat, et divin, à la lecture et à la méditation de la
seront obligés ensuite d'en faire une année sainte Ecriture, de la règle de saint Benoît
entière avant leur profession. Au commen- et des constitutions. Les jeux défendus par
cement de leur vingt-cinquième année, on les saints canons leur sont interdits, comme
les obligera de faire leur profession, et s'ils aussi les excès dans le boire el dans le man-
refusent de la faire, ils doivent être mis de- ger, el les sorties fréquentes pour alb r dans
hors. Les jeunes religieux doivent demeurer le bourg de Saint-Claude. On gardera l'absti-
dans le dortoir sous la conduite du maître nence de viande tous les mercredis de l'an-
des novices, jusqu'à la septième année après née et pendant tout le temps de l'avent. On
qu'ils auront été admis au noviciat, et ils jeûnera aux vigiles des fêtes de la sainte
doivent faire les mêmes exercices que les Vierge ce que les religieux pratiqueront
:
novices. L'office divin se doit faire avec hors le monastère, excepté dans les infirmités
piété, décence et modestie; aucun ne doit et dans les longs voyages, avec la permis-
s'entretenir avec son voisin; personne ne sion du prieur; et celui qui aura célébré
peut s'en absenter, sans raison, à peine de la grand'messe dans l'église ne pourra, ce
perdre les distributions manuelles. On leur jour-là, ni sortir du monastère, ni manger
accorde trois mois <le vacances pour visiter de la viande.
leurs parents et pour prendre l'air à la cam- L'office du sous-prieur, pour gouverner le
pagne, pendant lequel temps ils jouiront des monastère en l'absence du prieur, est réta-
grandes distributions seulement. Les jeunes bli ,aussi bien que celui du maître des no-
religieux, qui ne sont pas prêtres et nui vices, qui seront tous deux nommés par
n'ont point de part aux distributions, sont l'abbé, et l'auiorité qu'avait ci-devant le
privés de leur portion de vin ou punis de la prêtre hcbdomadier, de tenir la place du
manière qu'il plaira au prieur, s'ils n'as- prieur absent ou malade, est absolument
sistent point à l'office. Les jeunes prêtres, abrogée. Les procureurs auront soin du bien
après avoir chanté leur première messe, du monastère, et seront élus tous les ans au
chanteront, pendant six semaines consécu- chapitre général, à la pluralité des voix. On
tives, la messe conventuelle, et seront beb- en établira deux pour la mense conventuelle
domadiers pendant le même temps à l'office el deux autres pour les biens de l'église, qui
divin. L'on commencera les matines à cinq sont séparés de la mense, el ils ne pourront
heures du malin laudes el prime se diront
; exercer leur office plus de deux ans, à moins
consécutivement tierce à neuf heures et
: que, par le consentement unanime des reli-
demie, ensuite la grand'messe et sexle, et à gieux, on ne juge à propos de faire autre-
trois heures et demie de relevée, none, vê- ment. Les gardiens de l'église de Sainl-
pres et compiles. A tous ces offices les reli- Claude seront élus tous les ans par des suf-
gieux (1) doivent assister avec l'habit reçu frages secrets. L'aumônier recevra avec
dans l'ancien usage; en hiver, c'est-à-dire beaucoup d'humanité les pauvres et les pè-
depuis la fête de la "Toussaint jusqu'à Pâ- lerins, el aura soin des domestiques
traire aux constitutions. iTous les iroiî ans, l'Anglelerre, Ja Savoye, la Hollande et au-
au chapitre général, les diiiiniteurs éliront tres princes. La paix fut conclue à Ulrecht
des visiteurs pourlos monastères dépciulant l'an 1713, et le cardinal d'Estrées mourut
de l'abbaye, et tous ceux qui seront nommés au mois (le décembre de l'an 1714, sans que
par l'abbé ou par la communauté, suivant celte affaire ait été décidée
qu'il appartiendra, pourôlre religieux dans
les prieurés sujets à l'abbaye, feront leur
H est a remarquer que pendant le cours
de ce procès, la noblesse du comté de Bour-
noviciat dans l'abbaye avec les autres no-
vices. Tels sont en partie ces nouveaux sta-
gogne députa vers le roi le comte de Mou-
tier pour prier Sa Majesté de faire ériger
tuts qui, ayant été confirmés par des lettres
l'abbaye de Saint-Claude en évêché. 11 y eut
patentes du roi Louis XIV", et enregistrés au
parlement de Besançon par un arrêt du une requête présentée à ce sujet au roi, où
13 juillet 1701 furent ensuite publiés au cha-
,
on lui exposait que ce nouvel evêché pour-
rait ê're formé de la partie du comté de
pitre de Saint-Claude, par iM. d'Aiigcville,
i
grand prieur de celte abbaye. Quel jues re- Bourgogne (jui dépend du diocèse de Lyon
et di' 200 cures de celui de Besançon. L'on
ligieux, suivant l'exemple de leur grand
représentait à Sa Majesté que la nécess té de
prieur, s'y soumirent; mais les autres en
séculariser l'abbaye de Saint -Claude était
plus grand nombre demandèrent d'être re-
d'autant plus grande, que l'on n'y pouvait
çus opposants à l'arrêt du parlement du
plus établ r une parfaite régu arité; que les
13 juillet, et appelants comme d'abus des
lieux réguliers sont presque tous ruinés
statuts qui leur avaient été donnés par M. le ,
les constitutions, les pnviléj^es et les usages règles de chancellerie et des réser\es apos-
de cette abbaye , l'affectation de ces places toliques, reçues et suivies dans le comté de
à la noblesse ne fût détruite, et qu'elle ne Bouigogne. Le prieuré de Neuvi!le-Ie--Da-
perdît de même les abbayes de Beaume de ,
mes, dans la Bresse, est aussi de toute an-
Gigni et les autres du comté de Bourgogne, cienneté de la dépendance de l'abbaje de
qui ne sont pareillement affectées qu'à la Saint-Claude, et depuis (|uelques années !es
noblesse. Le cardinal d'Estrécs obtint des dames de l'abbaye de Châieau-Châlons ont
lettres d'Etat le décembre de la mêiwe an-
'i.
aussi été soumises à Saint-Claude
née, portant surseance pour six mois de ce Joan. Mabillon , Annal. Bencdict., ton;. î,
procès, avec défense aux parties do faire lI^MlI,et Mémoires communiqués par les
aucune poursuite; ce qui dura jusqu'en religieux de Saint-Claude.
m DICTIONNAIRE DES ORDRES RELIGIEUX. 396
ait pas porté l'habit, la mort l'ayant prévonn tout d'un coup il ciiangea de \ie, quitta les
dans le temps qu'il travaillait à c<'(te sain'e bénéfices dont il é ait pourvu, et pour répa-
entî éprise; et il en peut ê re retranlé comiiie rer le sciindale qu'il pouv.iii avoir donaé par
le foiidateur, puisque les clercs de la Vie la vanité dont il avait fait proT'î-sion jus-
Commune (1) qu'il avait institués auparavant qu'alors, il coupa ses cheveux en furme de
ont donné le commenceinmit à celte c .na, re- couronne monacale et se revêtit d'une robe
lation de Windeseim, suivant les inientioiis crise et fort simple sur uu cili> e qu'il porta
de leur instituteur. C'est pourquoi, eom-iie toujours. Au lieu de bonnet de docteur, il
les clercs de la Vie Commune ont clé établis prit un capuce noir qui descendait par der-
avant les chanoines d»; Win leseim. nous rière jusqu'à la ceinture, et lorsqu'il soi tait
parlerons premièrement de la Vi' Commune, il avait un uianteau qui allait jusqu'aux ta-
et nous rapporterons plus ioin ce qui regarde lons d'une étoffe vile et grossière. Ceux qui
les chanoines de Windeseim. ignoraient son changement de vie et qui le
Gérard, fondateur des uns et des autres, virent avec cet habit, !e prirent pour un fou,
naquit à Deventer, ville des Pays-Bas et du mais il supportait patiemment leurs insul'es,
diocèse d'ïtrecht, l'an J3i0, de parents fort et comme un vrai serviteur de Jésus-Christ,
riches, qui eurent un grand soin de son édu- il était ravi de souffrir des injures et des op-
de Pr.'iiïiie. Il éla.t pour lors elianoiiie dans Uir(<hl, Anvers, Munster, Wese! Colo- ,
réalise de Sainl-Pinrre d'Ulre* ht, qu'il quilla gne, Lmmerik, Rruxelles Malines, Bolduc, ,
qu'il coniia s ail. Sou grand talent pour lo accorda des privilèges l'an i'^M aux mai- , ,
salut dt s âmes rohlis"'»"! à [)rendre la prêtrise, sons (le Devriïter Swol Hulsbergen et à
, , ,
es'.iîner par sa piélé ( t par sa ver'u, (jui Le même pontife t Pie II donnèrent encore
(
ohlig;èreril encore les clercs de Ja touiuiu- d'au Ires privilèges à tous les frères de la \'io
nauîc de Gérard à l'élire pour supérieur Commune, en l'M el 14G2, et ils en ont
après la mort dit ce saint homme,
qui arriva reçu auï«si de plu> leurs autres pontifes. Ils
l'a. 1384-, dans la quarar.tc-qualricme année étaient soomis aux évcques ; c'est pourquoi
de son à<ïe. ils ne suivaient pas les mêmes règlements
Avant que de mourir, il avait air-^si élahli dans toutes les maisons, car les évoques
daiis une de ses maisons une cun)muuauté dans les diocèses desquels étaient situées
de nile<, auxquelles il avait prescrit aussi leurs maisons, y faisaient tels changements
biin qu'aux clercs, des rèfrl'nienls, et, ho:s (jue bon leur semblait. Ils ont perdu beau-
le temps (h; leurs exercices spirituels, elles Ci up de leurs maisons, quelques-unes ont
s'orcupaienl à c .udre, à tiler et à d'autres éié<!onnéesà d'autres ordres, comme celle
ouvrages qui onvienuent aux personnes de
(
de Liège qui fut donnée aux PP. Jésuites en
ce sexe. H avait aussi eu dessein d'éfahlir l'J81, et celle de Rruxelles aux religieuses
des «naisons religieuses où les clercs de sa de Sainie-C'aire ;eld'autres ont été changées
communauté par lies
se sei'a'enl en'^^agés en séminaires comme celle de Malines, l'an
,
entrelien, qui était mis dans une bourse Tfinité dans la même ville.
commune sans q'i'aucun pût se rése.vor Peu de temps après que sa'nt Philippe de
quelque cho e pour lui en particulic, et Néieut je è les roulements delà congre-»
celle manière de vivre les fit appeler les galion de Oratoire à Rome, le P. /iiallh eu
1
frères de la \ ieCou^mune. Il n'él.iil pas per- Guerra qui était lié d',',mitit^ avec lui éta-
,
,
mis à (|ui «{ue ce fiU de briguer ni l,i précise, blit aussi une compagnie de prêtres à Sienne,
ni des bénéfices, ni aucun emploi sons l'es- l'an ioG7 à 1 ^quel e on donna le nom de
,
pérance d'un gain, et s'il y en avait (|i:el- congrégation du Sacré-(Mou, à cause qee ces
ques-uns (jui se rendissent dignes du sa- prêues s'assemblèrent d'abord dans une cha-
cerdoce, le supérieur les faisait ordonner pelle de l'église de l'hôpital d lia Scaln^ où
prélre-i. Ils ne faisaient point de quctt;, et l'on couse: ve , à ce que l'on prétend, un des
.afin qu'ils n'y fussent pas réduits par la pau- rious dont Jésus-Christ fut altachéàla croix.
vreté, ceux (jui étaient capables, transcri- Le pape Grégoire XIII leur accorda, l'an
vaieni des livres, comme nous avons dit, et 133V, l'églisede Saint-tjeoiges et approuva
enseignaient la jeunesse. leur congrégaliou, qui fat confirmée par
Rudiyivius neeha sgearien aux rè;ilements .^ivle V, 1j8G. Ils vivaient en commun
l'iiu
qui avaient élé fails par Gérard ni à Thi- , sa.ns avoir rien en propre et dressèrent des
billemenl qui était tel que nous l'avons dé- constitutions qui furent approuvées l'an ,
Néri, une congrésat:oii de prêlres séculiers pose quelques cas deconscience ou uneques-
dans Home, l'an 1620, qui fut approuvée tion de théologie, et chacun dit son senti-
par le pape Paul V, et de qui ils obtinrent ment. Une fois le mois, ils reconnaissenlleurs
un oratoire proche de l'église collégiale de fautes devant le supérieur. Ils sont assidus
Saint-Laurent in Damaso. L'intention du P. au confessionnal, font, toutes les fêtes et les
MoUa fut (le former des ecclésiastiques qui, dimanches , le catéchisme, des conférences
sans oublier leur propre perfectiois , tra- spirituelles et des exhortations ; ils visitent
vaillassenl continuellement, sous la direc- les hôpitaux et s'employeni à plusieurs au-
tion et l'obéissance du pape et de son vicaire tres œuvres de charité. Ils ne sont point en-
dans Rome, à édifier et instruire les peu- gagés par aucun vœu. Leur maison est
ples sans aucun intérêt humain , oiitciulre comme un séaiinaire, qui sert aussi du re-
les confessions leur prêcher la parole de
,
traite à d'autres ecclésiastiques qui veulent
Dieu et les encourager à la pratique de plu- vivre cà Rome éloignés du bruit cl du tu-
sieurs exercices spirituels ca[)ables de pro- multe du monde. Il est sorti de cette congré-
curer le salut de leurs âmes. Les prêtres de gation plusieurs personnes distinguées par
cette congrégation ne vivaient pas d'abord leur vertu entre autres le cardinal Michel
,
en coumiun; mais , l'an 16V6 , sept d'entre Ange Ricci, qui mourut l'an 1682 quelques
,
eux donnèrent commencement à la vie com- mois après avoir été élevé à celle dignité par
mune et achetèrent l'église de Saint-Panta- le pape Innocent XI.
léon-des-Monts, avec un monastère atle- Carlo Rartholom. Piazza , Eusevolog.
nantà cette église, que les religieuxde Saint- Rom. y
part. \, Trait. ^, cap, 3i, et part, n,
Basile avaient abandonné pour aller demeu- Trutt. 2, cap. 24, et Philip. Bonanni, Cala^
rer dans un autre lieu qui leur parut plus log. ord. relig., part. m.
convenable. Ces bons prêlres donnèrent des Nous avons déjà dit , à l'article Sainte-
rentes pour l'entretien de l'église et afin que ,
Trinité, que saint Philippe de Néri institua
leurs héritiers n'y pussent rien prétendre, à Rome, l'an 1548, cette confrérie pour
ou que l'un d'eux , venant à sortir de la avoir soin particulièrement des pèlerins qui
congrégation , ne pût redemander la portion viennent de toutes parts dans c Mte capitale
qu'il pouvait y avoir en conséquence de ce du monde pour y visiter les tombeaux des
qu'il aurait donné ils se firent les uns aux
,
saint apôires ; que pour cet effet les con-
autres l'an 1647, une donation mutuelle de
,
frères eurent une maison où ils les rece-
celte maison et des rentes qu'ils y avaient vaient pendant trois jours , aussi bien que
affectées ; ce que le pape Innocent X con- les pauvres convalescents qui, le plus sou-
firma l'an 1649, en approuvant leur congré- vent, pour être renvoyés trop tôt des hôpi-
gation qui fut transférée avec la permission taux, retombaient malades faute de secours
de ce pontife, de l'oratoire près de Saint- pour les aider à reprendre leurs forces; et
Laurent m
Damaso, dans l'église qui dépen- que le pape Paul IV , leur ayant donne,
dait de leur nouvelle maison , dans laquelle l'an 1558, l'église de Saint-Benoît près du
le P. Paul Motla se relira et mourut le 22 pont Sixte, ils donnèrent à cette église le
janvier de l'an 1650, lui laissant une riche nom de la Sainte-Trinité, auprès de la-
bibliothèque qu'il avait. 11 ne restait plus ,
quelle on a bâti depuis un hôpital fort ample
l'an 1669 que deux de ces sept prêtres à
,
pour recevoir les pèlerins et les convales-
qui celte maison appartenait c'est pour- ; cents. Cette confrérie, qui est devenue dans
quoi , n'étant pas en nom'ore suffisant pour la suite si considérable, que la plus grande
y remplir toutes leurs obligations , ils la partie delà noblesse de Rome de l'un et de
cédèrent à la congrégation ; ce qui fut ap- l'autre sexe s'et fait un honneur d'êtredu
prouvé parle pape Clément IX, qui ordonna nombre des confrères , est c lie qui a donné
qu'elle appartiendrait à perpétuité aux prê- comn)encement à cette congrégation de la
lres (jui y vivraient en commun. Le P. Marc Sainle-Triniié,par lezèleellapiétédeses gar-
Soccini , de la congrégation de l'Oratoire de diens et administrateurs qui, voyant que le
Rome, ayant dressé les constiliilions de celle fréquent changement des prêtres qui desser-
de Saint-Joseph, elles furent approuvées, l'an vaient leur église, causait du trouble et de la
1681 , par le pape Innocent XI qui ordonna confusion dans le gouvernement du spiri-
encore que celte congrégation ne sérail com- tuel, qui changeait de figure autant de fois
posée que des prêtres qui vivaient en com- qu'il en venait de nouveaux, parla difl'érenLe
mun , ayant seulement accorde aux autres qu'il y avait entre leur méthode et celle tic
1001 CLO cm «002
leurs prédécesseurs, principalement dans recevoir aucune aumône sous quelque pré-
l'instruclion et dans la conduile spirituelle texte que ce soit. Quoiqu'ils aient pour su-
des pèlerins qui étaient leur jjrincipal em- périeur le primicier de la confrérie de la
ploi, résolurent d'établir un gouvernement Sainte-Trinité, qui est ordinairement un pré-
ûxe, par l'éreclion d'une nouvelle congré- lat dépendent, ils ne laissent pas
dont ils
gation de douze prêtres qu'ils logèrent dans eux un supérieur tous les trois
d'élire entre
un quartier de l'hôpital, comme dans un ans, avec d'autres officiers pour leur congré-
monastère où ils vivaient en commun selon gation
les slaluls et règlements qu'ils dressèrent et Cari. Bartholom. Piazza, Eusevolog. Ro~
qu'ils flrent approuver par le pape Inno- mano, part i, Trallato 5, cap. 32, et Philip.
cent XI, l'an 1677; ce qui leur a si bien Bonanni, Catalog. ord. relig. part. ui.
réussi que cela subsiste encore aujourd'hui. CLUNY (Ordre de).
Afin de mieux s'assurer de la persévé-
rance des prêtres qui se présentent pour § 1". — De Vorigine progrès de l'ordre de
et
être reçus dans celte congrégation, ils doi- Clung, première branche de celui de Saint-
vent avoir les conditions suivantes l" Il :
Benoît.
faut qu ils soient véritablement appelés à Le P. Mabillon s'étonne avec raison de ce
cet institut sans aucun intérêt ni respect hu- que les religieux de Cluny aient fait si peu
main, en quoi ils doivent s'éprouver par les de mémoire du bienheureux B rnon, pre-
exercices spirituels , afin de connaître la mier abbé de Cluny, et de ce qu'ils ne l'ont
volonté de Dieu; 2" que ce soient des per- pas mis au nombre de leurs premiers fonda-
sonnes d'une vertu singulière, qui aient une tours comme saint Odon saint Mayeul
, ,
,
bonne réputation, qui ne soient d'aucun or- saint Odilon et saint Hugues, qu'ils se glori-
dre religieux, non plus que de race néo- fient d'avoir eu pour chefs et pour maîtres.
phyte; 3" qu'ils aient la science et la piété « Si l'on a égard à l'avancement et au pro-
requises pour les fonctions de l'institut, grès de cet ordre (1), dit ce savant Bénédic-
comme pour confesser et prêcher; k° qu'ils tin (2), c'est avec justice que l'on en doit
aient l'esprit de communauté; 5° qu'ils sa- donner la gloire à saint Odon, que Pierre le
chent le plain-chani; 6° (ju'ils n'aient aucun Vénérable dit avoir été le premier Père de
emploi incompatible avec ceux de l'institut; l'ordre de Cluny; mais si on a égard à l'ori-
7" qu'ils soient dans la volonté de vivre et gine et au commencement de cet ordre, il
mourir dans la congrégation, dans la vue faut avouer aussi qu'on ne peut refuser au
d'acquérir le ciel par les œuvn s spirituelles bienheureux Bernon la gloire d'en avoir été
auxquelles ils s'emploieront 8" qu'ils aient; le fondateur. Odon a perfectionné el aug-
beaucoup de charité, d'humilité et de pa- menté l'ordre de Cluny, Bernon l'a heureu-
tience, ayant occasion d'exercer souvent ces sement commencé et l'a gouverné pendant
vertus; 9" qu'avant d'être reçus ils aient plusieurs années. On
a donc sujet de s'éton-
pratiqué pendant quelques jours les exer- ner davantage de ce que quelques écrivains
cices de l'institut et aient postulé quelque de cet ordre ne l'ont pas même mis au nom-
temps pour entrer dans la congrégation. bre des abbé^ de Cluny, et que personne n'a
Les fonctions de ces prêtres à l'égard des écrit la Vie de ce saint fondateur, qui a eu le
pèlerins sont de les recevoir avec beaucoup même sort que saint Roberi, saint Albéric el
de charité et de civilité, principalement les saint Etienne, premiers abbés de Cîleaux,
pauvres prêtres ce qu'ils font revêtus d'un
: dont la gloire et les mérites ont été obscurcis
sac pareil ceux des confrères, qui est
à par saint Bernard, tous les religieux de Gî-
rouge, sur lequel, du côté gauche, il y a teaux en ayant pris le nom. »
l'image de la sainte Trinité, les conduisant à C'est donc en suivant cet illustre écrivain
l'église en procession deux à deux pour y de l'ordre de Saint-Benoît que nous recon-
adorer le saint sacrement et y réciter quel- naissons le bienheureux Bernon pour fon-
ques prières prescrites par les statuts, après <ateur de l'ordre de Cluny. Il sortait des
lesquelles doivent leur apprendre à faire
ils comtes de Bourgogne, et peut-être avait il
l'examen de conscience et les instruire de la eu pour père le comte Audon qui garda pen-
manière qu'ils doivent se confesser et s'ap- dant quelques années dans l'une de ses ter-
procher de la sainte table ; ce qui étant fini, res le corps de saint Maur pour le mettre à
ils les mèn nt eu chantant le Te Deum, à couvert de la fureur des Normands. L'ano-
l'endroit où on leur lave les pieds, et de là nyme, qui a écrit la Vie de saint Hugues, re-
au réfectoire, où l'un des prêtres fait la bé- ligieux de ce monastère, dit que Bernon re-
nédiction de la table et la lecture spirituelle. çut les premières teintures de ia vie monas-
Après le repas ils les conduisent aussi en tique dans le monastère de Saint-Martin
procession au do. toir, d'où, après avoir dit d'Auluu, et il ajoute que ce fut de ce mon -s-
les prières du soir, ils se retirent jusqu'au tère qu'il sortit pour aller réformer celui de
lendemain matin, qu'ils y retournent pour y Beaume. Il est vrai, dit aussi le P. Mabillon,
faire la prière et réciter l'itinéraire avec que Kodolphe ou Raoul> roi de la Bourgogne
ceux qui doivent s'en aller, après avoir été Transjurane , donna gouvernement tie
le
trois jours dans l'hôpital, lis exercent la l'abbaye de Beaume Bernon; mais c'était
à
même charité envers les convalescents, et il dans le temps qu'il bâtissait le monastère de
leur e.*' défendu, sous de grosses peines, de Gigni , et il est vraisemblable qu'il ne
(1) Annal. Bctiedicl. loin. II. (2) Voii., à la tin du vol, n" riol.
prit point l'habil monastique autre part qu'à naire des saints apôtres, comme il paraît
Gigni, la coutume étant en cetemps-làqueles par l'acte de la donation qu'en fit ce prince,
princes, qui voulaieul renoncer au monde, uu par son testament, comme on appelait eu
faisaient bâtir des monastères où ils se reli- ce temps-là ces sortes d'actes. Bernon, sui-
raient pour y faire profession de la vie mo- vant l'exemple de saint Benoît, ne mil d'a-
nastique. bord que douze religieux dans ce monastère
On le temps auquel Bernon
ne sait point qu'il amena avec lui di; Gigni elde Beaume.
jeta fondements du monastère de Gigui
les Tels furent les commencements de l'ordre
eu Bourgogne, situé entre Lons-le-Saunier deCluny, qui est devenu si célèbre dans la
(l Saint-Amour, au diocèse de Lyon mais ;
suite et qui s'est si fort étendu, que dans le
il est certain qu'il était déjà
bâli l'an 895 ;
douzième siècle il y avait près de deux mille
que le pape Formose accorda à Bernon, qui monastères decel ordre répandus en France,
eu était déjà abbé, un privilège par lequel il en Allemagne, en Italie, en Angleterre, en
mil ce monastère, les prieurés et les biens Espagne ,et même jusque dans l'Orient.
qui en dépendaient, notamment le prieuré Louis IV, dit û'Outre-mer, roi de France,
de Beaume, sous la puissance et le pouvoir confirma la fondation de Cluny l'an 039, et
le pape Agapet 11, l'an 9W, déclara celle
du saint-siége, auquel Bernon l'avait sou-
mis ce mêm.' pontife accorda aussi aux re-
:
abbaye et lous les monastères de sa dépen-
ligieux de ce mona:îlère la permission d'é- dance, exempts de toule sorte de juridiction
iire un abbé, conformément à la règle de des ordinaires, el voulut que cet ordre fût
saint Benoît, il paraît, par les lettres qui immédiateaient soumis au saint-siège.
en furent expédiées, que Bernon et Laifiu, Bernon cependant gouvern;iit ses monas-
son cousin, avaient fait bâtir ce monastère à tères avec tant de sagesse et de conduite, et
leurs dépens dans le territoire de Lyon, et y faisait observer une si exacte discipline,
que l'église avait été dédiée en l'honneur de qu'Abbon, seigneur de Deols en Berri, ayant
l'apôtre saint Pierre. fait bâtir, l'an 917, dans sa lerre un monas-
Rodolphe ou Raoul était roide la Bourgogne tère enlhoniicur de la sainte Vierge et des
Transjurane; Bernon l'alla trouver l'an 904, apôtres saint Pierre et saint Paul, en doniia
pour le prier de vouloir faire quelque bien à aussi le soin à ce saint abbé, ordonnant
son monastère de Gigni, dont les revenus qu'après sa mort les religieux auraient la
étaient fort modiques. Ce prince lui accorda liberté d'en élire un autre, tel qu'ils vou-
le prieuré de Beaume que Bernon et ses re- draient, pour', u qu'i fût de l'ordre de Saint-
1
Cluny. Il y avait déjà une église en ce lieu, conjecturer que Bernon n'avait pas eu in-
el même deux l'une dédiée à la sainte
,
tention d'unir ses monastères en corps de
Vierge, Taulie à saint Pierre, où quelques religion, puisque, s'il eût eu cette intention,
prêtres célébraient les divins ,ofûces. Gluny, il n'en aurait pas donné l'administration à
silué dans le tenitoire de Mâcon, sur ia ri- deux abbés différents.
vière de Grosne, appartenait pour lors à Odon, ayant pris !e gouvernement de l'ab-
Ave, sœur du duc d'Aquitaine qui en fit baye de Cluny, perfectionna ce que son pré-
un échange avec elle, afin d'y bâtir un mo- décesseur avait commencé. 11 fil achever l'é-
nastère où les religieux vécussent sous la glise dont la dédicace se fit avec beaucoup
règle de saint Benoît, ce qu'il fit l'an 910. d'appareil et de magnificence, en présence
II en commit le soin au bienheureux Bernon d'un grand nombre de prélats qui y furent
et soumit ce monastère au saint siège auquel invités. Après avoir mis ordre à tout ce qur
il obligea les religieux de donner tous les rci^ardait les édifices matériels du monas-
«ins dix. sols d'or pour i'çalrelien du lumi- tèrcj il travailla avec soin à l'édifice spiri-
1008 CLU CLU 1006
luel. Il établit dans ce monastère une si gie , les hosties non consacrées qui avaient
belle discipline que plusieurs monastères en été seulement 1/énites: mais aux messes so-
Fr.ance, tant anciens que de nouvelle fonda- lennelles des Morts , et les trois jours des
tion, s'y soumirent. L'observance était si Rogat ons, l'un et l'autre chœur offraient les
fort déchue, surtout dans les anciens mo- hosiies. Aux fêles solennelles, le diacre com-
nastères, tant en Frincc qu'en Angleterre muniait de l'hostie du célébrant, el le sous-
et en Espagne, que non-seulement la règle diacre des autres; mais les trois jours qui
de saint Benoît n'y était point observée, précédaient la fête de Pâques, on donnait la
mais même que l'on en ignorait le nom: ce communion à tous les religieux. Si quelqu'un
qui a fait croire à quelques écrivains con- voulait célébrer la messe le samedi saint,
temporains de saint Odon, qu'il avait été le avant que l'on eût dit la messe solennelle,
premier qui avait promulgué celto règle : il ne se servait pas de luminaire, à cause que
entre autres l'anonyme de Monslier-en- le nouveau feu n'était pas encore bénit. La
Der, qui a écrit les miracles de saint Bur- préparation qu'ils apportaient pour faire le
chaire, abbé de ce monastère, dit que, du pain qui devait servir au sacriûce de l'autel
temps de saintOdon, la règle de saint Benoît est (ligne de remarque. Ils choisissaient pre-
litail inconnue en France, et que l'on suivait mièrement le froment grain à grain , et le
dans les monaï^lères les observances qui lavaient avec grand soin. Etant mis dans un
étaient en pratique dans celui de Luxeuil; sac destiné uniqueuienl pour cela, un servi-
mais ces gens-là, dit le P. Mabiilon, igno- teur reconnu pour homme de bien le por-
raient-ils les ordonnances des anciens con- tait au iiioulin, il lavait les meules, les cou-
ciles et des capilulaires, qui dès le septièaii^ vrait avec des rideaux dessus et dessous; et,
siècle avaient proposé la de saint
règle revêtu d'une aube, il se cachait le visage
Benoît pour modèle aux moines, et ne se d'un voile, n'y ayant que les yeux qui pa-
ressouvenaient-ils plus de ce que saint Benoît raissaient. On apportait la même précaution
d'Aniane avait fait dans le concile d'Aix-la- pour la farine. On ne la passait dans le crible
Chapelle, l'an 817, pour faire observer que lorsqu'il avait été bien lavé; et le gar-
cette règle dans tous les monastères ? Si dien de l'église , s'il était prêtre ou diacre ,
quelqu'un a n)érité le nom de premier réfor- achevait le reste, étant aidé par deux autres
mateur de l'ordre de Saint-Benoît, continue religieux qui avaient les mêmes ordres , et
le savant annaliste de cet ordre, c'est sans par un convers nommé exprès pour cela. Ces
doute saint Benoît d'Aniane qui a été géné- quatre religieux, à la Gn des matines, se la-
ral de presque tous les monastères de France, vaient les intins et le vi âge. Les trois pre-
dont il avait formé comme un corps de con- miers se revêtaient d'aubes , i'un lavait la
grégation monastique. Ce saint abbé étant farine avec de l'eau bien claire et bien nitte,
mort, et personne n'ayant hérité de son et les deux autres faisaie: t cuire les hosuea
zèle pour le maintien de la discipline régu- dans le fer, tant était grande la vénération
lière, l'ordre de Saint-Benoît retourna dans et le respect que les religieux de Cluny
le même chaos et dans la même confusion où avaient pour la sainte eucharistie.
il était auparavant, tant à cause des guerres Quant à leurs exercices réguliers, le silencci
qui surs inrent entre les entants de Louis le était si étroitement gardé entre eux , tant de
Débonnaire qu'à cause des fréquentes incur- jour que de nuit, qu'ils auraient plutôt souf-
sions des Normands qui, ayant causé la
,
fert la mort que de l'avoir rompu avant
ruine de la plupart des monastères, y appor- l'heure de prime : aux heures de silence
tèrent le relâchement et abolirent même jus- l'on se servait de signes au lieu de paroles.
qu'au souvenir de la règle de saint Benoît. Depuis le 13 novembre, les anciens restaient
La gloire d'être le soutien et le restaurateur au chœur après matines, et lesjeuncs allaient
de de Saint-Benoît près de tomber
l'ortire au chapiîre pour y étudier le chant. On ré-
était réservé'eà saint Odilon. En effet, à citait les psaumes en travaillant. La procla-
peine les coutumes de Cluny eurent-elles été mation des coulpes était en usage parmi eux.
connues, par ses soins, qu'un grand nombre Après compiles, on ne recevait paint les
de monastères voulut les embrasser; quel- hôl. s
, el après d; temps-là on n'aecordaiP
ques-uns se contentèrent de les recevoir sans jamais aux religieux la permission de man-'
se soumettre à Cluny d'autres s'y soumirent
; ger. Udalric en rapporte un exemple en la
de bon cœur et formèrent avec l'abbaye de personne d'un ce lerier qui, (quoiqu'il eût
Cluny cet ordre si illustre qui s'est si fort élé occupé tout le jour à recevoir le vin qu'on
étendu dans la suite par toute la terre. amenait pour la provision , ne put néan-
Mais pour faire connaître quelle était la moins obtenir la permission de manger après
sainteté des religieux de Cluny (1) dans le com- compiles. Depuis le 13 septembre on ne fai
men jement de cet ordre, voici quelles étaient sait qu'un repas, excepté aux fêtes de douze
leurs principales observances : Tous les leçons el dans l'octave de Noël el de l'Epi-
jours ils disaient deux messes solennelles, où phanie qu'on en faisait deuv. Les restes liu
chaque religieux d'un des chœurs otTrait pam et du vin que l'on desservait au réfe-
deux hosties, quoiqu'il n'y en eût que cinq ctoircétaicnt distribués aux pauvres pèlerins.
qui y communiassent les dimanches, el trois On nourrissait outre cela dix-huit pauvres
seulement le^jours de fériés. Les autres :. jau- tous les jours, el la charité s'y faisait le Ca-
geaient avant le repas et par forme d'eulo- rême avec une si sainte profusion, qu'en une
des maîtres pour les enfants, un préchanlre, mari, s'étant aussi donnée en servitude, l'an
un armarier qui conservait dans une ar- 1022, au monastère de Saint-Mihiel elle e't
,
moire, dans le cloître, les livres à l'usage de ses descendants, laissa, pour marque de son
l'église, un chambrier qui avait soin du ves- olïranie à Dieu un denier percé et le ban-
,
cilier ensemble Hugues, roi d'Italie, et Albé- des autres abbayes et prieurés qui en dépen-
ric prince de Rome qui se faisaient la
,
daient. Ces lettres, qui ne sont point datées,
,
retour de son quatrième voyage, il mourut premier acte où il est parlé de saint Mayeul
à Tours le 10 novembre 942. en qualité d'abbé, étant de l'an 9i9, fait con-
Avant que de partir pour ce dernier naître qu'il pouvait avoir été fait coadjuteur
voyage, il avait nommé pour son coadjuteur dès la fin de l'an 9i8. Aymard vécut jusquen
dans le gouvernement de Cluuy, Aymard, l'année 965.
qui était déjà fort âgé. Ce lut du temps de Berthe, veuve de Rodolphe ou Raoul, roi
cet abbé que, vers l'an 9i8 une personne
,
de Bourgogne, ayant fondé, l'an 962, le mo-
noble, avec sa femme nommée Dode, du con- nastère de Payerne, dans le diocèse de Lau-
sentement de leurs nfants, renoncèrent au
(
sanne en Suisse, entre Fribourg et EverJun,
siècle et se donnèrent à l'abbaye de Cluny, en donna la conduite à saint Mayeul, qui
avec tous les biens qui leur appartenaient fut en si grande estime auprès de l'empe-
dans les villages de Macère et de Norond sur reur Othon le Grand, qu'il lui voulait sou-
la Garonne. Le P. Mabiilon croit que ce fut mettre tous les monastères qui étaient sur
là l'origine des donnés ou oblats (Ij (ju'il y a les terres de l'empire, tant en Allemagne
eu dans la suite dans plusieurs monastères qu'en Italie, afin d'y établir une plus exacte
Pompose, ei tout ce qui était à Comacle et ; Hugues, fils du comte de Vale- an rerul un
,
pour affermir cette donation, cette princesse troisième soufflet. le P. Mabillon ajoute que
donna un couteau. Il est à remarquer que c'est le seul exemple qu'il ait trouvé de ces
c'était anciennement l'usage de marquer sortes de donations par «oufflets.
ainsi chaque disposition stable par quelque Au sujet de ces donations nous rapporte-
acie extérieur. L'on se servait de différentes rons une chose assez particulière énoncée
manières pour mettre en possession les do- dans une fondation faite , l'an li26 , au
nataires. Le plus souvent on donnait un prieuré de Saint-Marlin-des -Champs à Paris
gant, un couteau, le manche d'un couteau, ( l'unf» des filles de Cluny ) par Philippe de
un bâton, un brin d'herbe, une branche Morvillier, premier président du parlement
d'arbre, un morceau de bois, un livre, ou de Paris, et par Jeanne du Drac, sa femme,
quelque autre chose. Quelquefois on rom- par laquelle ils obligent les religieux de ce
pait ou l'on pliait son couteau ou celui d'un couvent el leur maire de donner tous les
autre. On apportait de la terre du lieu même ans, la veille de la fête de Saint-Martin
que l'on donnait, et que l'on pendait dans d'hiver, au matin, avant midi, au premier
l'église devant l'autel, nouée dans un linge. président du iiarlement de Paris, qui sera
La donation se faisait aussi par le toucher pour lors en charge, deux bonnets a oreil-
des cloches ou par les cordes des cloches, les, l'un double, l'autre simple, en lui di-
par une déclaration publii^ue prononcée à sant Monseigneur Messire Philippes de
: ,
haute voix, par la courroie dont le donateur Morvillier, en son vivant pnmier président
était ceint, ou par le baiser de paix; céré- au Parlement, fonda, en l'église el monas-
monie qui paraît avoir été essentielle, et tère de monsieur saint Martin des Champs,
dont les religieux s'acquittaient par des sé- à Paris, une messe perpétuelle el certain au-'
culiers, lorsque la bienséance ne l(>ur per- tre service divin, et ordonna pour mémoire
mettait pas de s'en acquitter envers des et conservation de ladite fondation , être
personnes d'un autre sexe. C'est pourquoi donné et présenté chacun an ù monseigneur
un nommé I^îainon, du consentement de son le premier président de parlement qui pour le
fils et de sa bru, ayant donné la terre de temps sera, par le maire desdits religieux et
Breschiot à l'abbaye de Saint-Aubin d'An- un d'iceux religieux, ce don et présent, le-
gers, lui et son fils embrassèrent en témoi- quel il vous plaise prendre en gré. Le même
gnage le moine Wautier(1), qui recevait la fondateur ordonna aussi que l'on donnerait
donation mais comme il n'était pas de la
; le même jour, au premier Ijuissier du par-
bienséance que ce Wautier donnât le baiser lement, des gants el une écritoire, en disant :
de paix à une femme, il ordonna au prévôt Sire, Messire Philippes de Morvillier, etc.,
de l'abbaye de le donner pour lui à la femme ou bien vingt sols parisis pour les bonnets
du fils de Mainon. Le P. Mabillon (2), dans du premier président, et douze sols parisis
ses Annales Bénédictines apporte deux
, pour les gants et pour l'écriloire du premier
exemples assez singuliers de ces sortes de iiuissier.
donations, l'une faiie par des soufflets, l'au- Pour revenir à saint Mayeui, dont nous
tre en se coupant l'ongle jusqu'au sang, nous sommes un peu écartés au sujet de ces
comme il paraît par les actes de donations donations, les religieux de Lérins, désirant
faites à l'abbaye de Moissac, par Ponce, embrasser les coutumes de Cluny, prièrent
comte de Toulouse, el par un nonmié Hon- ce saint abbé de prendre soin de leur monas-
froi, au monastère de Préaux en Norman- tère; mais comme Lérins et Cluny étaient
die. Car Ponce, comte de Toulouse, ayant également soumis au saint-siège saint ,
donné une terre, l'an 10^5, à l'abbaye de Mayeui eut recours au pape Benoît VI qui
lui accorda, l'an 978, le monastère de Lé- il fut reconnu r i)i, et se maria, sans néan-
rins avec celui d'Arluë que saint Honorât moins pour cela oublier sa profession reli-
avait fondé pour des religieuses. Dans le gieuse , dont le souvenir lui faisait em-
même temps, Amblard, archevêque de Lyon, brasser les exercices de la plus solide piété
donna aux religieux de Glun} quelques ter- et lui donnait de l'amour pour la beauté et
res qu'il avait en Auvergne, pour y bâtir un l'ornem -ni de la maison du Seigneur; c'est
prieuré en l'honneur de saint Pierre. Saint ce qui le porta à faire bâtir plusieurs mo-
Mayeul fut fait encore abbé de Marmoulier, nastères, où il mit des religieux de Cluny.
et réforma les mon.slères de Saint-Bénigne Mais afin que les Polonais n'oubliassent pas
de Dijon de Saint-Maur-des-Fossés et de
,
la grâce qu'ils avaient reçue du souverain
Saint-Germain d'Auxerre, et étant mort à pontife, ils furent contraints de payer Ions
Savigni, l'an i)7i il y fut enlerr
,
. les ans au saint-siég unécu, et de couper
-
Saint Odilon succéda à saint Mayeul dans leurs cheveux en forme de couronne. Ce
le gouvernement de l'ordre il avait é!é éiu
; fut l'an 10V1 que Casimir prit le gouverne-
abbé de Cluny peu de temps avant la mort ment du royaume, laissa en mourant,
qu'il
de saint Mayeul. Les religieux de Cluny, qui l'an 1058, à Bolesias H, son fils. La chroni-
se trouvèrent à son élection, étaient au nom- que de Cluny, qui est peu exacte, raconte à
bre de cent soixante-dix-sept, 11 y eut aussi peu près ce fait de la même manière; mais
des princes, des évêques, des abbés, des elle confond les noms, en disant que ce fut
seigneurs qui y furent présents, entre les- Bolesias, fils de Brasimire, qui se fil reli-
quels furent Raoul, roi de la Bourgogne gieux de Cluny, d'où il fut tiré pour monter
Transjurane Burchard
, archevêque de
, sur le trône de Pologne, et que cela arriva
Lyon, Hugues, évêque de Genève, Henri ue sous l'abbé Hugues II, qui fut élu l'an 1122,
Lausanne, Hugues de Mâcon, Vautier d'Au- et sous le pontificat de Bf-noît VIII; ce qui
tun, Teuton, abbé de Saint-^laur-des-Fos- est une autre erreur, puisque ce pape était
sés, et quelques autres. C'est à ce saint que mort dès l'an 1024.
l'Eglise est redevable de l'institution de la
Saint Odilon, après avoir gouverné l'or-
commémoraison générale des morts. Le dé-
dre pendant cinquante-six ans, comme il se
cret qui en fut fait à Climy porte que comme
disposait à la visite de ses monastères, ayant
dans toutes les églises on célèbre la fête de
tous les saillis le premier jour de novem-
commencé par celui de Souvigni, il y mou-
rut l'an 1049, et y fut enterré, aussi bien
bre, de même on célébrerait solennellement
que saint Mayeul, dont il avait imité l'humi-
dans le monastère la commémoraison de
lité en refusant l'épiscopat; car saint Mayeul
tous les ûtlèles trépassés qui ont été depuis
,
avait refusé l'archevêché de Besancon et
le commencement jusqu'à la fin, en celte
manière Ce jour là, après le chapitre, le
:
même la papauté, qui lui fut oftérle par
l'empereur Olhon , et saint Odilon refusa
doyen et les celleriers feront l'aumône de
aussi l'archevêché de Lyon. Le pape Jean
pain et de vin à tous venants, et i'aumonicr
recevra tout le reste du dîner des frères. Le
XIX lui avail même envoyé le Pallium et
l'anneau qui demeurèrent à Cluny. Il ré-
même jour, après vêpres, on sonnera toutes
forma ie monastère de Saint-Denis en France,
les cloches et on chantera les vêpres des
et eut le gouvernement de ceux de Saint-
morts ; la mess; sera solennelle, deux frè-
Jean d'Angeli, de Saint-Flour et de Thiern.
res chanteront le trait De profundis et on ,
Miceslas, roi de Pologne, ayant été exclu de n'avaitque quinze ans lorsqu'il prit l'habit
la couronne anrès la mort de son père qui ,
à Cluny quelques années après saint Odi-
:
arriva en 103i, et se voyant contraint de lon, voyant son mérita» extraordinaire, le fit
siiilir du royaume, vint en France, et après prieur, et toul jeune qu'il était, i! l'envoya
avoir fait ses études à Paris , se relira à en All(>magne, pour réconcilier avec l'em-
Cluny, où il se tii religieux et fui ordonné pereur Henri les religieux de Poyerne, qui
diacre. Mais les gra; ds de Pologn , voyant avaient encouru la disgrâce de ce prince. Il
dans la suite que les troubles qui furent ex- trouva à son relour à Cluny les religieux
cités en ce royaume ne pouvaient s'apaiser dans l'aflliction, à cause de la mort de leur
qu'en rétablissant le prince Casimir sur le abbé, et lorsqu'oii fut assemblé pour lui
trône de son père, le proclamèrent roi en donner un successeur, Adalman, le plus an-
lOil, et envoyèrent des ambassadeurs à cien de la comiMunauté, nomma Hugues.
Cluny, qui le saluèrent en celle qualité et Tous suivirent son avis; malgré sa résis-
le demandèrent à saint Odilon. Mais suï le tance il fut élu, n'étant âgé que de vingt
refus qu'en fil le saint abbé, ils eurent re- cinq ans, et fut soixante ans abbé de Cluny.
cours au pape Benoît IX, qui, ayant égard L'ordre augmenta beaucoup sous son gou-
aux maux dont la Pologne était affligée, vernement. A peine en eut-il pris posses-
leur accorda ce prince. Ainsi son \œu <!e sion, qu'un particulier ayant fait bâtir l(>
chasteté ayant été dissous, quoique reli-' monastère de Moyras, pour lors du dio-
gieux et diacre il retourna en Pologne où cèse d'Agen, et maintenant de celui de Con-
1013 CLL cm 1014
Ce saint abbé maintint avec beaucoup de ments pour l'office divin el entr'autres pra-
,
viïuf'ur les privilégies de son abbaye, contre tiques, il ordonna quele jour de la Pentecôte,
Droi^on ou Dreux, évêque de Mâcon, qui y on chanterait à Tierce l'hymne Veni Crrator,
avait voulu donner quelque .itleinle. Hu2;ues cequi a été depuis reçu par tonte l'Eglise qui
en porta ses pl;iinles au pape Alexandre II, l'a encore fait chanter pendant toute l'octave.
qui, pour pacifier leur différend, envoy.i lé- Il ordonna aussi que ce j )ur-là on f'rait une
Jeûne de sept jours au [)ain et à l'eau, et cou- mais ses mœurs s'étanl dans la suite cor-
firm.i tous les privilèges de Cliiny, qui furent rompues, el les religieux, voyant qu'il dissi-
aussi confirmés par le pape. Le cardinal pait les biens du monastère, en murmurè-
Pierre Damien, ayant demeuré quelque rent hautement. Les esprits s'échauffant de
letnps à Cluny , et n'étant pas édifié des jour à autre, la division y dura pendant près
richesses de ce inonas ère, et des différents de dix ans, jusqu'à ce (,ue Ponce, s'étanl dé-
mets que l'on servait à table aux religieux, mis de celte abbaye «ntr les mains du pape
•
exhorta l'abbé Hugues de retrancher au moins Calixte II, les religieux élurent pour abbé
deux fois la semaine la gi aissequ'ils mettaient Hugues I! qui ne vécut que trois mois
,
,
gues, archevé(]ue de Lyon, ne put jamais les quoique Ponce eût fait beaucoup de mal à
obliger d'en sortir. Ce monastère subsiste Cluny, et qu'ayant été souvent averti de faire
encore, on n'y reçoit que des filles nobles, pénitence, i l'eût toujours refusé, il n'avait
qui sont ortiioaireioeiU au nombre de (lua- pas néanmoins laissé de le faire enterrer
ranle. Saint Hutiues fut encore abbé de Fi- honorablement, à cause de la vénération du
geac; on lui soumi. aussi les monastères monastère dont il avait été religieux. Apres
d'Agere, de Saint-Giiles, de Saint-Antonii», cela il y a de quoi s'étonner qu'il ait été mis
de Fredoliz et Saint Oïent d'Ausches, de
,
dans quelques martyrologes et dans quel-
Gordiniac, do Lezat, de Tarbes en B gorre, ques calendriers de l'ordre d Sainl-Benoît,
de Saint-Martial de Limoges, de Moissac, de au nombre des saints de cet ordre.
\ abres et quelques autres : il y avait pour Pierre le Vénérable, sous le gouverne-
lors un si grand nombre de religieux dans ment duquel ces brouillerics arrivèrent, réu-
cet ordre, que dans un chapitre général que nit bientôt les esprits qui étaient divisés el
saint Hugues tint à Cluny, il s'y trouva trois réiablil la disciii ine régulière; il donna la
mille religieux, au rapport de messieurs de dernière perfection h cet ordre par les statuts
Sainte-Marthe (li. Enfin, cet abbé, après qu'il dressa avec autant de sagesse une de
piété. De son temps, le nombre des religieux défendu den manger le mercredi et le sa-
était si considérable à Gluny, qu'au lieu que medi, excepté aux malades et aux infirmes,
dans le commencement de
sa fondation il à cause que les séculiers s'abstenaient même
n'était que de douze, y en avait pour lors
il d'enmanger ces jours-là. Cette défense d'en
près de qualre cent soixante. Gel ordre passa manger les mercredis et lessamedis fui re-
par son moyen dans la Palestine, où il eut nouvelée par l'abbé Henri I, qui fut élu l'an
les monastères de la vallée de Josaphat et 1308; car, par ies statuts qu'il dressa, il dé-
du mont Thabor; il en eut aussi un dans un fendit non-seulement de manger de la viande
des faubourgs de Constanlinople. Plus de le mercredi et le samedi, mais encore pen-
trois cents églises, collèges et monastères y dant l'A vent, dans la Septuagésime ei aux
furcnl soumis. Cet abbé fil plusieurs voyages quatre principales fêles de l'amiée, comme
60 Espagne et en Angleterre, pour les atîai- aussi en tout temps dans les hôtelleries et
res de son ordre. Il assista hu concile de chez les séculiers, lorsque les religieux
Pise et combattit les erreurs de Pierre de seraient en voyage.
Bruïs, chef des pétr brusiens, qui, vers l'an Jean de Bourbon (fils naturel de Jean de
1126. s'étant répandus dans la Provence, le Bourbon, comte de Clermont), qui avait été
Languedoc el la Gascogne, soutenaient, en- religieux du monastère de Saint-André d'A-
tre autres erreurs, que le baptême était inu- vigiion, d'où il fut tiré pour monter sur le
tile aux enfants avant l'âge de puberté; qu'il siège épiscopal du Puy en Velay, ayant été
fallait iibaltre les églises, que le sacrifice de pourvu en titre de l'abbaye de Gluny en
la messe ne servait de
rien, que la prière des lVi3, fît encore de nouveaux statuts l'an
vivants ne soulageait poinl les morts, et sur- 1458, pour le maintien de la discipline ré-
tout que l'on devait avoir les croix en abo- gulière, ou du moins pour empêcher que
mination , à cause que Notre-Seigneur y le relâchement n'augmentât ordonnant
,
avait été ignominieusement attaché. En effet, entre autres choses que les religieux di-
ce Pierre de Bruïs en brûla un grand nom- raient matines la nuit ne porteraient point
,
bre le jour du vendredi saint, et avec ce des chemises de lin , coucheraient avec
feu fît bouillir des marmites pleines de leurs babils , dormiraient dans un même
viande, don il mangea publiquement, con- dortoir, mangeraient dans un même réfec-
viant les pauvres d'en faire de même. Pierre toire, el ne porteraient point d'habits qui
le Vénérable poursuivit de près chef des c ressentissent la vanité, ce qui fut encore
hérétiques, qui fut brûlé vif dans la ville de observé sous les abbés Jacques d'Amboise,
Saini-Grilles , aussi bien i|ue son disciple Aimard de Poissy et Godefroy d'Amboise,
Henri, moine de Toulouse, qui, vers l'an qui étaient encore régul ers. Slais le cardi-
1147, prêcha les mêmes erreurs que j^ierre nal Jean de Lorraine, ayant été postulé pour
le Vénér;ible réiuta Irè^-solidement par un abbé de Gluny en 1528, à la recommanda-
traité qui se trouve dans ses ouvrages. En- tion du roi François 1", et cette abbaye
fin, après avoir beaucoup travaillé à l'agran- étant tombée en commende les religieux
,
dissement de son ordre et à y établir une tomb rent aussi bientôt après dans le relâ-
bonne (iisciplne, il mourut l'an 1157. chement, el les autres maisons de la dépen-
Les statuts que ce saint abbé dressa pour dance de Gluny suivirent malheureusement
le gouvernement de l'ordre de Gluny con- l'exemple de leur chef.
tiennent soixante-seize articles ou chapitres, Le cardinal Charles de Lorraine ayant
et à chaque article il rend compte des raisons succédé à Jean de Lorraine, voulut à son
qu'il a eues de faire les règhMnenis qui y retour du concile de Trente réformer cet
sont portes. Par exemple, il défend que l'on orare en vertu du décret de ce concile qui
mange à l'avenir de la graisse le vendredi, avait ordonné la réformation des mona-
excepté le jour de Noël. La raison qu'il en stères. 11 fit assembler pour cela un chapitre
donne, c'est que non-seulement les < lercs, général où on fil des slatuis mais l'inter-
;
les laïques, les enfants el même le» infirmes, ruplion de ce chapitre en empêcha l'exécu-
dans l'Eglise romaine, s'abstenaient ce jour- tiou. Dom Claude de Guise, abbé régulier,
là de manger de la viande à cause que Je-
, bâtard de la maison de Lorraine, succéda
sus-Ghrist a souffert la mort pour nous à au cardinal de Lorraine, et le cardinal de
pareil jour qu'il n'y avail que les seuls re-
;
Guise, Louis de Lorraine, succéda à dom de
ligieux qui mèl.issent de la graisse dans les Guise. Ce cardinal chargea dom Jacques de
légumes el les autres met^ ; mais que cela Vesni dArbouze, pour iurs grand prieur de
paraissait si déraisonnable à tout le monde, Gluny, de travailler au rétablissement de la
que les pauvres mêmes, à qui l'on donnait discipline régulière. 11 fit quelques règle-
les restes de ce qui avait élé servi au réfec- ments pour ce sujet, qui furent approuvés
toire, réservaient au lendemain aies manger en 1621, et ce prélat étant mort peu de lemps
ouïes jetaient avec indigna lion. Ce qui fait voir après, djm d'Arbouze lui succéda, poursui-
quedu lemps de Pierre le ^ énérable on man- vit son projet et introduisit à Gluny la ré-
geait ncore de la graisse le vendredi dans les
< forme dont nous parlerons dans le para-
rac^astèrcs de la dépendance de Gluny. graphe suivant. Dom d'Arbouze, qui fut le
11 défendit encore aux religieux de man- tlernier abbé régulier, se voyant avancé en
ger de la viande; mais l'usage d'en man^'or âge, demanda pour coadjuteur le cardinal
(même les samedis) s'introduisit bientôt dans Armand-Jean du Plessis de Richelieu, mi-
cet ordre, puisque, par les statuts d'Hu- nistre d'Etat, qui eul pour surcesseur, l'an
gues V, qui lurent dressés l'an 120i il est , 1642, Armand de Bourbon, prince de Conli>
1017 CLU CLU 1018
Le cardinal Jules Mazarin, sur la démission général l'an 1085, et obtinl enfin ses bulles
de ce prince, fut postulé pour abbé, l'an du pape Alexandre VIII, l'an 1690. Il fut dé-
1654. Le cardin;il Renard d'Est fut aussi abbé légué, en 1693, par le pape Innocent Xll,
de Cluny en 1601 ; mais après sa mort, qui pour travailler à la réformalion de cet ordre,
arriva l'an 1672, le siège abbatial tut va- et présida en celle qualiié au chapitre qui se
cant pendant quelques années ,el l'ordre tint la même année, où il crut être en droit
pendant ce temps là fut gouverné par la de changer quelque chose aux règlements
Voûte de Cluny , c'est-à-dire par le conseil du chapitre de 1676. -mi avaient éié confir-
de l'abbé, composé de douze ofticiers ou més dans celui de 1678. Il tinl encore quatre
sénieurs de l'abbave de Cluny, parce que aulres chapitres en 1697, 1701, 1704 et 1708,
toutes les alTaires qui surviennent pendant qui ne se passèrenl pas sans conleslations,
l'intervalle des chapitres généraux passent et même celui de i708 fut rompu pour les
par le tribunal, en l'absence de l'abbé hors raisons que nous dirons pins loin. Ce cardi-
du royaume ou pendant la vacance du siège nal, étant obligé d'aller à Rome en 1697, par
abbatial, et il a sur tout l'ordre toute juri- ordre du roi, demanda un coadjuleur pour
diction spirituelle et temporelle. l'abbaye de Cluny. Sa Majesté envoya ses
Pendant la vacance du siège abbatial on ordres à .M. Ferrand, maître des requêtes et
tint, par ordre du roi Louis XI V% dans le intendant dans la province de Bourgogne et
collège de Cluny à Paris, deux chapitres de Bresse, afin qu'il permit aux religieux de
généraux en 1676, en 1678, en présence de celle abbaye de s'assembler pour nommer
l'archevêque de Paris, François de Harlai, un coadjuleur au cardinal de Bouillon. Les
du P. de la Chaise de la compagnie de Jésus, religieux s'élant assemblés le 22 avril de la
confesseur du roi, et de M. Pélisson, maître même année, M. Henri Oswald de la Tour
des requêtes, auquel Sa Majesté avait donné d'Auvergne, grand prévôt de l'église de
l'administration générale du temporel de Strasbourg, fut postulé pour coadjuleur avec
l'abbé. Ces chapitres furent convoqués par fu ure succession au cardinal de Bouillon,
doin Pierre du Laurens, grand prieur de son oncle. Quelques religieux do l'Etroite
Cluny, depuis évêque de Belley. On reçut Oiiservance s'opposèrent d'abord à celte pos-
dans celui de 1676 les statuts de Jean de tulation, ce qui n'empêcha pas le pape Inno-
Bourbon, faits en li58. Les religieux de cent XII d'accorder des bulles à l'abbé
l'ancienne observance promirent de les d'Auvergne, au mois de septembre de la
suivre, à l'evceplion des explications, mo- même année. Quatre ans après, c'est-à-dire
difications et resiriclions dont ils convinrent l'an 1701, les mêmes religieux, qui avaient
dans leur delinitoire, cesl-à-dire en retran- formé opposition à la coadjutorerie, interje-
chant tout ce qui leur parut trop austère el tèrent appel comme d'abus de l'acte de pos-
trop gênant, el les réformés romirent réci-
[ tulation faite de M. l'abbé d'Auvergne pour
proquement de les exécuter en ce qui serait coadjuleur, et de tout ce qui s'était ensuivi;
conlorme à leur observance, c'est-à-dire en mais par un arrêt du grand conseil du mois
ce qui ne diminuerait rien de leur auslérilé, d'avril 1703, l'abbé d'Auvergne fut maintenu
sans que ni les uns ni !es autres pussent dans la coadjulorerie. Le chapitre général
être obligés à davantage. Le roi approuva que le cardinal de Bouillon avait tenu l'an
les règlements de ce chapitre, par ses lettres 1701, comme nous avons dit, ne fut pas plu-
patentes du mois de septembre de la même lôL terminé, que les mêmes religieux, qui
année , et en accorda d'aulres au mois avaient interjeté appel comme d'abus de la
d'avril 1679, pour confirmer ce qui s'était postulation de l'abbé d'Auvergne pour coad-
passé au chapitre général de l'an 1G78. juleur de Cluny, internèrent aussi un procès
Après que le sège abbatial eut élè vacant au cardinal de Bouillon, son oncle, et le fi-
pendant onze ans, l'on procéda à l'élection rent assigner au grand consi il, pour voir
d'un nouvel abbé l'an 1683 ; le cardinal de déclarer nuls et abusifs tous les (hapitres
Bouillon, Emmanuel- Ihéodose de la ïour généraux auxquels il avait présidé depuis
d'Auvergne, pour lors grand aumônier de qu'il avait été postulé abbé de Cluny, attendu
France, qui est mort doyen du sacré collège qu'il n'avait aucune juridiction c'e»t ce qui
:
l'an 171i, fut postulé et reconnu pour abbé donna lieu à l'arrêt du même grand conseil,
chef de l'ordre, le 5 mars de la même année rendu le30 mars 1705, dont ce cardinal de-
1683, el, sur le refus que fit le pape Innocent manda lacassation au conseil d'Etat du roi,
XI d'accorder des bulles à ce prélat, le roi, comme ne lui étant pas favorable mais ;
par un arrêt du conseil d'iUal du mois de comme celte affaire regarde parliculièremenl
décembre de la même année, lui permit de les religieux de l'Etroite Observance, nous
prendre possession de celle abbaye, en vertu en parierons plus amplement dans le para-
d'une bulle du pape Léon X, de l'an 1518, graphe suivant.
qui donne pouvoir aux religieux de Cluny Il ne nous reste présentement à parler que
de procéder à l'élection de leur abbé, le siège de quelques [)riviléges dont jouit l'abbaye
étant vacant, el à l'abbé le droit d'en prendre de Cluny. Nous avonsdéjà dit que Guillaume,
l'administration et de disposer des bénéfices duc d'Aquitaine, par son testament, l'avait
à sa nomination, sans attendre aucune con- exemptée de toute juridiction épiscopale, la
firmation, pour laquelle il se pourvoirait en soumettant uniquement au saint-siège, ou
cour de Rome dans les six mois après son comme il dit, la donnant aux apôtres saint
élection. Pierre et saint l'aul, au souverain pontife et
Le cardinal de Bouillou tint ua chapitre à ses successeurs. Aussi ne reconnait-elle
W t^'^
lois niCTIONNMRE DKS ORDRES HEUGIEUX. 1(20
point d'autre évôq'e que le pape, sous qui forme de croix patriarcale ayant deux
,
elle jouit d'une juridiction absolue, lant de- croisées. Elle était autrefois en possession
dans que dehors la ville, en une certaine d'un des plus bi aux et des plus riches tré-
disfance de teniioire que l'on nomme les sors de France. Ce trésor fut pillé jusqu'à
sacrés bans. Urbain II, près le concilo de trois fois du temps des guerres des calvi-
Clermont, étant venu à Cluny, établit et fia ni tes, qui brûlèrent quantit de saintes re-
ses limites qui ont été depuis confirmées liques et emportèrent plusieurs châsses de
par pi sieu- s papes. !>ans to'te cette été - vermeil, un grand nombre de calices, de va-
due sa juridicticîn esi comme épiscopale et ses d'or et d'argent, et une infinité d'orne*-
«'exerce par un a chiiia* rc do t la nomina- ments en broderie; de sorte que l'inventaire
tion appirtient à l'abbé. C'est un office en dressé du dernier pillage qu'ils firent au châ-
tiire cet archidiacr. fait toutes les fonctinns
: teau de Hourdon, où l'on avait porté ce qu'il
d'évèquc (!ui ne dép«^ndenl p;;s du carac- y avait de plus précieux dans l'abbaye,
tère épiscopal, et dans les matières conten- monte au moins à deux millions de livres.
tieu^-es, l'appel de ses sentences est porté La bibliothèque ne fut pas xempte de la fu-
<
en France ,anciennement de Cluny et de son autorité fut jugée nécessaire pour ap-
Saint- ?Jaur, en laciuelle on garderait la puyer et pour maintenir celte congrégation
rèizle de saint Benoît, les déclarations faites dans sa naissance, il devait, sa vie durant,
sur celte règle, le régime et les statuts, ainsi donner commission et vicariat à un religieux
qu'il fut accordé entre les religieux de ces de celte même congrégaiion qui lui devait
,
deux congrégations. Après la mort du cardi- être présenté et élu par le chapitre général
nal de Rii helieu. l'abbé devait être régulier, de trois en trois ans, pour faire la visite en
pris du corps de la congrégation de Saint- son nom de tous les monaslères, des piieuiés
Benoît et élu par les chapitres généraux. cl des membres et dépendances de l'ordre
Les abbés, prieurs, doyens autres, pourvus
t de Cluny.
de quelques offices ou bénéfices, ne pou- Ce concordat fut homologué au grand
vaient avoir aucune autorité ni juridiction conseil par un arrêt du 9 février 1636, à la
spirituelle pour le régime et gouvernement charge que les religieux de la congrégaiion
des monastères et des religieux de la con- de Saint-Benoît rapporteraient dans six
grégation, si elle ne leur était expressément mois des bulles du pape. Ils tinrent leur
commise i)ar les chapitres, les diètes, ou les premier chapitre général, le i octobre de la
supérieurs , selon les constitutions de la même année, dans l'abbaye de Cluny, où la
congrégation et ceux qui n'étaient pas de la
;
co:igrégation fut divisée en six provinces,
congrégation ne devaient jouir que des droits savoir, de France, de Normandie, de Bour-
lOfiS CLU CLU 1026
Comme les religieux de Cluny avaient pro- chapitre de 1676 il n'y avait plus de défini-
testé contre le changement ue lieu et formé teurs du .•:hapitre précédent, au moins dans
opposition à la tenue de ce chapitre de Ver- l'ancienne Observance, à cause que l'on
dun, ils refusèrent d'en approuver les actes n'avait point tenu de chapitre général de
et ne \oulurent point en reconnaître l'au- tout l'ordre depuis l'an 1600, les définiteurs
torité ni celle des supérieurs qui y avaient dans ce dernier chapitre furent élus par les
été élus. Ils poursuivirent la dissolution de vocaux, et l'on convint q l'il serait pris sept
l'uiiion et eurent un succès si heureux, que définiteurs de l'Etroite Obscr\ance, les an-
ie contrat qai en avait été fait fut cassé, le ciens et les réformés ayant élu leurs défini-
16 décembre de la même année, par un ar- teurs et leurs supérieurs séparément, les
rêt du conseil d'Etat, par lequel !e roi, non anciens sans le concours de ceux de l'E-
content de remettre l'ordre de Cluny dans son troite Observance, et réciproquement ceux
premier étal, permit aux religieux de l'Etroite de l'Etroite Observance sans le concours des
Observance du même ordre de s'assembler anciens, ce qui a continué jusqu'à présont
dans le prieuré de Saint-Martin-des-Champs que les uns et les autres ont eu le même
à Paris, pour y aviser ensemble à tout ce nombre de définiteurs dans les chapitres
qui pouvait être nécessaire pour l'affermisse- généraux; mais comme les religieux de l'E-
ment de leur réforme et son agrandissement. troite Observance du comté do Bourgogne,
Les religieux de l'Etroite Observance de dont nous parlerons dans la suite, assistent
Cluny, étant donc séparés de ceux de Saint- présentement aux chapitres généraux, ils di-
Vannes, firent approuver leur réfornie. l'an minuent quelqu lois le nombre des défini-
IfiB'f, par le cardinal FabioChigi, légat en leurs de Etroite Observance en France.
1
choses, par un arrêt du 30 mars 1705, que étant malade, un autre de la nouvelle étant
le cardinal de Bouillon serait maintenu dans mort, en sorte qu'il n'y en avait que sept
la qualité de supérieur général et de perpé- de l'ancienne Ol)servance et six de la ré-
tuel administrateur de l'ordre de Cluny, et forme. Le cardinal de Bouillon propos d'a-
i
dans le droit d'exercer la juridiction spiri- bord l'élection de quinze nouveaux défini-
tuelle dans cet ordre, conformément néan- teurs; mais comme on ne poiivait procéder
moins aux bulles de provision à lui accor- à cette élection qu'après avivir choisi des
dées le 3 mars 1G90, lettres patentes el ar- scrutateurs, on en prit quatre de l'ancienne
rêt du conseil, sans préjudice des statuts, Observance el on en proposa deux pour l'E-
pratiques régulières et règlements concer- troite Observance. L'un des définiteurs de
nant l'Etroite Observance de cet ordre, et la réforme représenta qu'il l'ai! it se confor-
suivant le chapitre général de 167G, comme mer à l'arrêt du 30 mars 1705, qui porte que
aussi sans préjudice de l'exécution des con- les réformés procéderaient à l'élection de
cordats faits avec les religieux de l'Etroite leurs définiteurs par des scrutateurs qu'ils
Observance du comté de Bourgogne; qu'il choisiraient eux-mêmes Le cardinal de
serait aussi maintenu dans la possession Bouillon ayant fait faire lecture de cet ar-
de présider au chapitre général de l'ordre, rêt, i'avis du plus grand nombre des défiai-
et pareillement au déûnitoire, à l'exception teurs fut que, comme cet arrêt ordonne
toutefois des temps auxquels il serait pro- l'exécution des chapitres généraux des an-
cédé dans ce dehniloire aux élections, tant nées 1676 et 1678 , et que ces chapitres
des nouveaux dcûnileurs de l'ancienne Ob- avaient ordonné qu'oa se conformerait
servance par les déOniteurs de cette ob- dans les élections aux bulles des papes
servance du chapitre précédent, que de tous Grégoire IX, Nicolas IV et Calixti 111 que ;
les supérieurs et autres de la même obser- Nicolas IV, voulant réformer l'ordre de
vance par les nouveaux définiteurs, suivant Cluny, avait fixé le chapitre général el dé-
les bulles des papes Grégoire IX, Nicolas iV terminé le nombre de quinze définiteurs
et Galixle 111, et que les religieux de l'E- pour être conjointement juges de la police
troite Observance seraient aussi maintenus el de la discipline régulière de l'ordre, ce qui
dans le droit et possession d'élire dans le avait été confirmé par Calixte 111 ;
qu'il ne
déûnitoire, hors la présence du cardinal de s'agissait que de concilier l'arrêt de 1705
Bouillon et sans qu'il y pût assister, leurs avec les bulles auxquelles il renvoyait^
nouveaux définiteurs, supérieur vicaire gé- qu'il fallait laisser les religieux de l'an-
néral, visiteurs, supérieurs locaux, procu- cienne Observance dans le droit de choisir
reur général el autres officiers, par les nou- leurs définiteurs, et les réformés de choisir
veaux définiteurs, par la voie de scrutin et les leurs, hors la présence de l'abbé géné-
par des scrutateurs par eux choisis et sans ral, et de référer les deux élections dans le
le concours des définiteurs de l'ancienne Ob- déûnitoire commun pour y être insérées con-
servance, comme il avait été pratiqué dans formément à l'arrêt, et que les quinze défi-
les chapitres généraux de l'ordre des années niteurs insérant les élections de l'une et
1676 3t 1678, et d'y faire pareillement par l'autre Observance, on concilierait par ce
leurs définiteurs les règlements nécessaires moyen l'arrêt avec les bulles des panes et
pour le maintien de la discipline régulière les chapitres généraux.
de l'Eiroite Observance, pour être lesdites C"t avis fut rejeté par quatre définiteurs
élections et règlements référés et iasérés de la réforme, qui dirent qu'ils s'en tenaient
dans les définitions du chapitre général, et à l'arrêt du grand conseil, sans examiner
le tout exécuté par son autorité et que les
; s'il élait contraire aux bulles des papes et
religieux de l'Etroite Observance continue- aux chapitres généraux. Le cardinal de
raient de tenir des assemblées ou diètes an- Bonillon proposa ensuite ses raisons pour
nuelles intermédiates aux chapitres géné- persuader aux Pères de l'Etroite Observance
1051 DICTIONNAIRE DES ORDRES hELlGIEUX 1054
de faire leurs élections dans le définitoire aussi comme d'abus au grand conseil de
commun ; mais les définiteurs, tant ceux qui l'élection des nouveaux définit' urs et de tout
lui étaient attachés que ceux qui lui ét;iient ce qui en était ensuivi sur quoi il y eut un
;
opposés, persistèrent chacun dans son sen- arrêt rendu le 12 novembre, qui permettait
îimeni, et un de l'ancienne Observance aux suppliants de faire assigner au grand
ajouia que, pour marquer de la déférence conseil les définiteurs opposés au cardinal
pour l'arrct du grand conseil et jusqu'à ce de Bouillon, qui avaient élu los nouveaux
qu'il plût au roi et au pape de s'expliquer définiteurs et tous autres qu'il appartiens
sur la manière dont cet arrêt devait être drait, et que toutes choses demeurer;iient
exécuté, il ét;iit nécessiire et plus conve- cependant au même état. La diète fut convo-
nable de dissoudre le hapiire général, sauf
< (|uée au 18 novembre de la même année, par
à en convoquer un autre quand les doutes le P. dom Ildclonse Sarrasin; m;iis s'étant
seraient levés : les autres définiteurs, à l'ex- présenté à la porte de l'abbaye le même jour
ception des quatre de l'Etroite Observance, avec quelques-uns de ceux qui devaient
qui demandaient l'exécution de l'arrêt de composer la diète, l'entrée de l'abbaye leur
1705, furent d' cet avis , ce qui fit que le fut interdite par le prieur claustral, qui leur
cardinal de Bouillon déclara le ch;ipilre dis- dit que bien loin d'assister à cette diète, il
sous le 9 du même mois. 11 confirma les su- s'y opposait, attendu qu-* l'arrêt du grand
périeurs de l'ancienne Observance jusqu'au conseil, du 27 octobre précédent, ordonnait
chapitre prochain; et à égard de ceux de
I que toutes choses demeureraient au même
l'Ktroite Observance, il les confirma seule- état, et qu'ainsi on ne pouvait pas tenir de
ment jusqu'à l'assemblée ou diète particu- diète sur le nuindement île dom Sarras n ce:
lière qu'il leur permit de tenir, dans laquelle qui n'empêcha pas qu'elle ne fût tenue dans
ils pourraient faire les changements qu'ils lo palais abbatial. Les sept nouveaux défi-
jugeraient nécessaires. Pour cet effet il com- niteurs y furent destitués de leurs offices et
mit le P. dom Ildefonse Sarrasin, vicaire gé- supériorité, aussi bien que les quatre défini-
néral de cette reforme, pour convoquer cette teurs du chapitre de 170i, dont l'un était
diète et choisir les supérieurs pour la com- prieur de Saint-Martin-des-Champs à Paris,
poser. un autre, prieur deSouxillanges, le troisième,
Le cardinal de Bouillon et les définiteurs prieur deSainl-Kiienne de Nevers, et le qua-
attachés à lui, s'étant retires, les quatre dé- trième, prieur de Nanleuil. On établit aussi
finiteurs de l'Etroite Observance op; osants dans cette diète des supérieurs à la place de
procédèrent seuls à l'élection des sept défi- ceux qui étaient décèdes, et on confirma les
niteurs de la même Observance Le lende- autres du chapitre de 170i ; mais de tous
main, 10 octobre, le cardinal de Bouillon les supérieurs élus dans cette diète, il n'y en
publia une ordonnance par laquelle il cassa eut qu'un qui put entrer dans les fonctions
l'élection de ces sept définiteurs et leur fit de l'exercice de sa charge, ceux qui avaient
défense de faire aucune fonction ni assem- été élus par les nouveaux définiteurs ayant
blée, sous peine d'inlcrdiciion et de suspense pris les devants et étant déjà en possession.
a dii'inis, qui seraient encourues ipso facto Les définiteurs du chapitre de 1704, opposés
par les contrevenants, et à tous les supé- au cardinal de Bouillon, poursuiv rent tou-
rieurs et les religieux de l'une et l'autre Ob- jours, au nomdes autres religieux de l'Etroite
servance de les reconnaître, ni de déférer et Observance, et ayant refusé pour juge le
obéir aux élections, statuts et règlements grand conseil, s'adressèrent directement au
qu ils pourraient faire. De ces sept défini- roi qui, par un arrêt de son conseil d'Etat
teurs il y en eut un qui obéit au cardinal de du mois de décembre de la même année,
Bouillon, mas les six autres ne laissèrent renvoya les parties au parlement de Paris,
pas de s'assembler le 13 du même mois, de pour leur être fait droit et juger leur diffé-
laire des statuts et des règlements, et d'élire rend en dernier ressort.
un vicaire général, des visiteurs, un procu- Au mois d'avril de l'an 1709, le parlement
reur général et des prieurs claustraux pour donna un arrêt d'appointement à mettre au
tous les monastères de l'Etroite Observance. rapport de M. Le Nain, conseiller. Cepen-
C'est ce qui obligea le cardinal de Bouillon dant le cardinal de Bouillon demanda que le
de donner une autre ordonnance, par la- procès-verbal du chapitre de 1708 et la diète
quelle il déclara ces six définiteurs interdits tenue en conséquence fussent exéculés par
et suspens a divinis, et fit défense sous provision. Les religieux de l'Etroite Obser-
la même peine, aux religieux de l'une et vance opposants demandèrent aussi que les
l'autre Observance, de reconnaître le vicaire supérieurs élus de leur part fussent mainte-
général, les visiteurs, le procureur général nus par provision. Sur quji il y eut un ar-
et les supérieurs qu'ils avaient élus. Il en- rêt rendu le 18 mars 1710, qui ordonna que,
joignit de [dus aux supérieurs majeurs et sur les provisions demandées réciproque-
aux prieurs claustraux de l'Etroite Obser- ment par les parties, en attendant le juge-
vance, élus dans le chapitre de ITOi, df! con- ment du fond et l'instance principale con-
tinuer leurs fonctions, comme avant ladite cernant la juridiction du cardinal de Bouil-
assemblée, jusqu'à ce que la diète qu'il avait lon, comme abbé et chef de l'ordre deCluny,
permise eût été convoquée. Les définiteurs tous les religieux, tant de l'ancienne que de
de l'ancienne Observance et les deux de la nouvelle Observance, se retireraient,
l'Etroite Observance du chapitre de 1704-, chacun à son égard, par-devant leurs supé-
attachés au card.nal de Bouillon, appelèrent rieurs actuels et naturels, pour y vivre sous
1035 CLU CLU 103i
leur désobéissance, toutes choses demeurant premier qui ait réformé en ce (emps-Iâ l'or-
cependant en même état jusqu'à la fin du dre de Saint-Benoît (1); Bernon y avait tra-
procès. Le cardinal de Bouillon, étant sorti vaillé avant lui et Odon continua ce que'
Ju royaume à l'insu du roi, au mois de mai Bernon avait con:inencé.
de la même année, les poursuites cessèrent, Outre les religieux du l'Etroite Ob8er>-'
et, le 26 avril de l'jinnée suivante 1771, l'on vance de Cluny dont nous venons de parler,
tint le chapitre général de l'ordre dans l'ab- il y a encore s€pt monastères dans le comté
baye de Cluny, avec une grande union entre de Bourgogne qui font une provin' c sépart e
lesdeux Observances. Les règlements con- de ceux-ci el dont les religieux prennent
Grmés par le roi furent exécutés, et les élec- aussi le titre d'Etroite Observance de Cluny.
tions dfS supérieurs de chaque Observance Ce comté de Bourgogne ayant pnssé sous lu
furent faites séparément en toute liberté : domination dos rois d'Espagne, plusicms
ainsi la paix fut rétablie dans l'ordre. monastères de l'ordre de Cluny s'étaient
Tels ont été les principaux événements soustraits de la juridiction de cet ordre, en-
arrivés dans l'Etroite Observance de Cluny, tre lesquels furent les mouastères de Saint-
depuis son origine. Elle fut d'abord introduite Jérôme de Dol de Notre-Dame des Val ées,
,
temps-là ils ont toujours assisté aax cha- Couriui, supérieur a Saint Martîn-dfeâ
tiste
pitres généraux de l'ordre. Champs el vicaire général, et d'un autro
Voyez Plusieurs faclums et ménioircs con- dignitaire de la maison. Celle maison de
cernant la juridiction du cardinal de Bouil- Saint-Marlin, qui avait été abbaye, avant de
lon, et ceux qui ont été donnés à ce sujet passer, au onzième siècle, à l'ordre de Cluny
par les religieux, tant de l'Ancienne que de (on sait que toutes les maisons drpendantes
r.'troite Observance. de Cluny n'étaient que des prieurés), était |
abolie avant les décrets de l'assemblée cons- : La maison de la place Sorbonne était le col-
tituante. Le 17 octobre 1787, il était inter-
"
Icge de l'ordre fondé pour les religieux qui
venu un arrêt du conseil, qui dispensait les viendraient étudier à Paris. Ce collège esf
religieux de l'ancienne Observance de Cluny actuellement détruit, ainsi que son église
de l'exécution des édits du mois de mars qu'on a vue disparaître il y ,a quinze otf
1768 el du mois de février 1773. Ces édits seize ans. Il occupait la partie de la place
avaient, conséquemment aux prétendues Sorbonne qui longe la rue des Grès. Cet
améliorations amenées par la commission ordre ou congrégation célèbre, comme on
des Réguliers, été rendus pour obliger les voudra l'appeler, auquel s'était rattachée<
religieux à certaines réformes, à prendre la quelques années avant la révolution, la cé-
vie conventuelle, etc. L'arrêt du conseif du lèbre abbaye de Sainl-Wast, d'Arras, a dis-
17 octobre ordonnait en outre que, sur les paru pour toujours. b. d. e.
revenus qui dépendaient des monastères, il
I CLUSE EN PIEMONT (Congrégation de).
serait assigné à chacun des religieux de
Cluny une pension de retraite qui serait ju- I Après l'établissement de la congrégation
gée convenable. L'ordre do Cluny avait de Cluny, la première et la plus considé-
trois maisons à Paris; l'une sur la place rable qui fut érigée fut celle de Cluse, qui
Sorbonne, et elle était, croyons-nous, de prit son nom de son premier monastère si-
l'ancienne Observance. Les autres, à Saint- tué à l'entrée des|Alpes. Elle redevable
est
Denis de la Charire, rue de la Lanterne, de son commencement à la pénitence de
dite aujourd'hui rue delà Cité, près du pontde Hugues de Scousut, Auvergnat de nation,
Notre-Dame; et à Saint-Martin-des-Champs, seigneur de Montboissier qui ayant en-
,
rue Saint-Martin, près de l'église de Saint- trepris le voyage de Rome avec Isengarde,'
Nicolas. Les bâtiments de cette dernière sont sa femme, afin d'obtenir du pape l'abso-
en partie conservés, et son église est au- lution d'un crime qu'il avait commis, pro-
jourd'hui le conservatoire des Arts-et-Mé- mit en expiation de son péché, de faire'
tiers. Ces deux dernières étaient de la con- bâtir un monastère qui, servant de retraite
grégation de la Réforme de Cluny. Cette à de saints religieux, lui fût un moyen pour
Kéforme on Observance subsista jusqu'à la attirer la miséricorde de Dieu par la partici-
suppression générale, mais l'esprit philoso- pation qu'il aurait à leurs prières et à leurs
phique y avait malheureusement fait des mortifications. En effet, sitôt qu'il eut ob-
ravages. Au mois de septembre 1789, les tenu la grâce qui avait fait le motif de son
jeunes religieux s'avisèrent d'adresser à voyage, il reprit le chemin de son pays dans
l'assemblée constituante une supplique oiî ,
l'intention d'y mettre à exécution ce qu'il
ils offraient les biens de leur ordre à la na- avait promis; mais Dieu lui en donna l'oc-
tion, demandant pour eux la liberté et la cr.sion plus tôt qu'il ne le croyait; car en
facilitéde servir l'Etat en se livrant à l'in- passant par Suze et ayant été loger chez un
struction de la jeunesse. Le style et les choses de ses anciens [amis qui était habitant de
qui composaient cette adresse se ressentaient cette ville, il lui fit confidence du sujet de
de la malheureuse époque qui l'avait oc- son voyage et de la promesse qu'il avait faite
casionnée. Elle portait la signature de seize à Dieu et au souverain pontife.
religieux. Les anciens religieux, fidèles à Il y avait sur le mont Epicare, éloigné de
leur vocation, furent indignés de ce procédé. Suze de quatre lieues, une église qu'Amiz,
De leur côté, ils envoyèrent une adresse à évêque de cette même ville, y avait consa-
l'assemblée pour désavouer ce que disaient crée en l'honneur de saint Michel; ce lieu
ces jeunes gens, qui avaient agi sans con- était très-propre par sa grande solitude à
sulter leur supérieur et qui avaient mis à servir de retraite à de saints religieux qui,
leur supplique des signatures supposées. désabusés de la vanité du siècle, voudraient
Cette réclamation était digne, et disait que s'y consacrer au service de Dieu et renoncer
les religieux de Cluny voulaient sans doute entièrement au monde. Hugues ayant dé-
servir leur pays, mais qu'ils ne voyaient pas claré son dessein à son ami, celui-ci lui con-
de moyens plus fructueux et plus nobles seilla de l'exécuter en cet endroit, et Dieu
que de suivre les règles de leur saint état. fit connaître à Hugues et à son épouse par
Elle portait la signature de Dora Jean-Bap- plusieurs songes que c'était sa volonté. C'est
«057 CLC CLU <o-s
pnnï-quoi, sans hésiter, c( nprr-i? avo'r r'sifé une erreur fort grossière; car est 'certain
il
de leur qualité, et leur accorda leur demande lomps-là , il n'est pas vraisemblable qu'il
de la manière du monde la plus gracieuse, eût attendu si longtemps après la fondation
sans pourtant refuser lolTrc qu'ils fai- do ce monastère pour demander au pape la
saient de lui payer son terrain , plutôt permission de faire cet établissement, d'au-
pour empêcher qu'on ne leur en disputât tant pins que Willaume, en parlant de la
dans la suite la possession que par raison construction des offices et autres lieux ré-
dintérét. guliers de ce même monastère qui, selou
Hugues , aprc": avoir si heureusement lui, fut terminé en 966, nous donne à en-
réussi, et après en avoir confércavecun saint tendre qu'il avait déjà obtenu des lettres pa-
solitaire nommé Jean qui, abandonnant son tentes et autres privilèges, tant du pape que
évêcbé de K.'ivenne, s'était re'iré sur le mont du souverain. Voici ce qu'il n dit : Anno
<
Ctprase, voisin de celui que Hugues avait igitur DGCCLXVi Incarnat ionis Dominicœ ,
ciioîsi, retourna fort consent cliez son hôte constrnclis, ut fertur, in eodem (oco felici^
et songea à qui il pourrait coufiftr la garde de ter officinis cœnobialibiis prout erat possi~^
te lieu, pendant qu'il iraiî en France pour bile, cum ille vir iliaslri.i Hugo , in armis
prendre les mesures nécessairr^s pour former slreniius, sed in Dei rébus circa fine>n nxagis
son établissement. Il crut ne pouvoir mieux dévolus, locum, quem sibi ut proprium vindi-
faire que de le mettre entre les mains d'un cuverai et nposlolicu aucloritate scu prœceplis
saint religieux nommé yîr/tv?rf, on, selon quel- regnlibus municrat , aObali diintaxat ac j?io-
ques autres,^rt)««,qui, ayant été abbé du mo- nnchis habendum tradidiiset. Ainsi, il est fort
nastère de Saint-Pierre de Leza en avait été , douteux que le pape de qui il obtint ces pri-
chassé parles moiucs qui ne pouvaient ouf- vilèges portât le nom de Silvestre, puisque,
frir la sainteté de sa vie et les rcj) roches qu'il comme je l'ai déjà dit, Silvestre H ne monta
leur faisait du dérèglement de icur conduite. sur le trône apostolique que l'an 999, trente-
Ce saint religieux, se trouvant par hasard t; ois ans après cette fondation.
à Suze et n'ayani point de monastère, ac- Le P. Mabillon taxe cet auteur d'obscu-
cepta très-volontiers l'offre que lui fit Hu- rité, et avec justice, puisque dans la suite de
gues, se relira sur celle montaiine et y fit son di-icours il fait naître encore une autre
quelques petites maisons champêtres, autant difficulté au sujet de l'établissement de ce
que l'irrégularité du lieu le lui put permet- monastère de Cluse ; car immédialemeni
tre, se contentant de fort peu de choses et vi- après avoir dit que Hugues le donna à un
vant dune manière très-simple, en atten- abbé et à des moines, il ajoute ces paroles :
ddnl le retour de son bienfaiteur qui ne Poslqunm etîam sanctun Joannes eremita, nec
manqua pas de retourner dans le temps non et bonœ memoriœ Advertus abbas migraS'
qu'il avait promis, ien muni de toutes les
i sent ad iJominum, successit ei in regimine fra-
sommes nécessaires pour la construction de trum consensu et electione vir simplicitatis
son monastère. Il examina de nouveau le ac prudentiœ merito Benedictus et nomine :
terrain; mais reconnaissant qu'il était fort ce qui donne lieu de douleur si c'est la fon-
inégal et ainsi fort incommode po r y faire dation du monastère ou l'élection de Benoît
quelque bâtiment régulier, il fut retrouver qu'il met en 966. Mais, comme le remarque
le marquis et le pria de lui vendre une pe- fort bien ce savant bénédictin, il est plus
tite métairie appelée Clusr qui en était
, probable qu il veut parler de la fondation
peu éloignée, comme étant plus agréable du monastère, et non pas de l'élection de
et plus propre à exécution de sou des-
I cette abbé, qui, n'ayant gouverné ce monas
sein. Il l'obtint avec la même facilité qu'il tère que pendant quarante-quatre ans, n'au-
avait eu le premier terrain, et acheta en rait pu assister en cette qualité au concile
même temps les héritages qui eu élaieut ks de Limoges, qui se tint en 1031, où il est cer-
plus voisins. tain qu'il assista la quarante et unième an-
Tout réussissait scion les désirs de Hu- née après son élection qui fut en 990.
gues; mais craignant que dans la suite les Hugues, ayant donc mis la dernière main
religieux qu'il voulait mettre dans ce mo- à son ouvrage, fit venir dans ce nouveau
nastère ne fussent inquiétés, non coulent monastère de saints religieux qui y vécurent
d'avoir l'agrément du prince, il voulut avoir dans l'observance de la règle de Saint-Be-
celuid'Âmizon, évéque de Turin, et celui du noit, sons la conduite d'Advert qui en fut le
pape, dont nous ne savons pas positivement premier abbé, auquel succéda Benoît, dont
le nom; car Willaume, moine de Cluse, de la vie était si innocente et si sainte, que ses
qui nous avons les mémoires de la fondation actions semblaient plus angéliques qu'hu-
de cette abbaye, lui donne quelquefois le maines. Sa charité était si grande qu'il re-
nom de Silvestre, et d'autres fois celui de cevait sans distinction tous ceux qui lui ve-
Nicolas. Pour ce qui est de ce dernier, c'est naient demander l'hospitaliié. Aussi Dieu.
1059 DICTIONNAIRE DES ORDRES RELIGIEUX. 104(^
qui dit dans son Evangile que cenx qui don- bonne éducation lui faisait espérer beanconp'
neront un vprre d'eau froide en son nom en de docilité à écouter ses instructions et en-
recevront la récompense, donna l.i consola- core plus à les suivre. L'effet seconda bien
tion à ce saint abbf non-seulement de rece-
, ses esjtér mces ; car ils reçurent toutes les
voir nn grand noiîihre d'ullramontains, qui, pratiques de pié é qu'il leur prescrivit cL
attirés par sa sainlelc, venaient embrasser les observèrent d'autant plus volontiers, que
lo cbemin de la pénitence sous sa conduite, non-seulement il leur servait d'exemple et
nais encore de voir augmenter son monas- de modèle, mais même qu'il en observait
tère en biens et en honneurs pendant les plus qu'il ne leur en prescrivait conservant
:
vingt-quatre ans qu'il h^ gouvertia avec tant toujours, nonobstant sa grande régularité,
de sagesse et de prudence, que ce même mo- beaucoup de douceur et de charité pour ses
nastère était l'admiration de tout le monde frères et une grande dureté et rigueur pour
par la régularité et la sainteté de ses prati- soi-même; ne mangeant jamais ni viande, ni
ques. œufs, ni fromage ; fuyant le vin fort et
Mais qaolle que soit la ferveur d'un mo- agréable conmie autant préjudiciable à l'âme
nastère dans son établissement, elle diminue qu'il était délicieux aux sens.
toujours à mesure qu'i! s'éloigne de son Il ne dormait jamais sans son habit qui
origine, si les supérietirs auxquels Dieu en consistait en une tunique, une coule et une
a confié la conduite n'ont soin de s'opposer ceinture; il évitait le sommeil autant qu'il
aux moindres abus, et d'en éloigner les lui était possible, et passait ordinairement le
«sages et les pratiques étrangères, qui, temps qui lui restait après Matines, dans
quand elles y sont une fois introduites, ne l'église, aux pieds des autels, à prier la ma-
peuvent plus en être déracinées, sans en jesté de Dieu qui était tout l'objet de son
venir à des remèdf^s extraordinaires, teis amour. Son remède dans les maladies était
fu enl ceux que l'abbé Benoît (surnommé /e le jeûne; il faisait trois carêmes pendant les-
Jeune, pour le distisiguer de celui dont nous quels il ne quittait point un cilice fort rude
venons de parler) fut obligé d'apporter dans et fort long, il disait la messe avec tant de
celui de Cluse, qui avait déjà eu le malheur dévotion qu'il paraissait hors de lui-même
de «e relâcher de ses observances, dans l'in- el tout absorbé en Dieu, et il ne souffrait
tervalle du temps qui s'était écoulé entre la point qu'on dît d'autres messes pendant la
mort du premier Benoit, successeur d'Ad- conventuelle, afin que tout le monde pût as-
vert, et l'éleciion de Benoît le Jeune, qui se sister à un même sacritice. Il avait tant dei
fit en 1036, par tous les suffrages des vo- charité pour les hôtes et les pèlerins, que
caux qui, partagés en deux (les uns voulant non-seulement il les gardait des semaines,
un nommé Bertrand, estimé pour ses bonnes des mois et des années; mais encore à leur
mœurs et sa grande science, les autres sou- départ, il avait soin de leur fournir de l'ar-
haitant Aie, prieur du monastère, qui se gent et des commodités pour faciliter leur
distinguait par sa sévérité pour l'obser- voyage. Aussi mérita-t-il d'en recevoir des
vance) so réunirent enfin en sa faveur. lettres de congratulation de Grégoire Vil et
Ce saint abbé étaii de la ville de Toulouse, de lavoir pour défenseur contre l'évêque
noble d'extraction et neveu du dernier abbé Cunipert, qui persécutait son monastère,
de Cluse, dont on ne dit pas le nom. Il avait f t auquel ce souverain pontife écrivit une let-
cher le moment de sa mort, qu'il avait pré- ont droit de pourvoir aux cures de leur dé-
dite, et qu'il souhaitait avec autant dardeur pendance, et les évéques .luxquels ils pré-
que les gens du monde la fuient et la crai- sentent ceux qu'ils ont choisis pour curés,
gnent, il commença à chanter d'une manière sont obligés de les approuver, s'ils les trou-
tout à fait mélodieuse, celte antienne de l'of- vent suitisammeul capables. Celle abliaye
fice de Saint-André, Domine Jesu^ viagister est exempte par ces mêmes privilèges de
hone, suscipe spiritiiïn meum in puce; et après de payer aucune dîme.
l'avoir répétée trois fois, il rendit l'esprit à Les droits temporels de l'abbé de Cluse ne
sou Créateur, regretté de tous les religieux cèdent en rien aux spirituels tar il possède
;
de son abbaye, doai il avait rélahli l'hon- le bourg et château de Saint-Ambroise avec
neur par la piété et le ze!e avec lequel il y plusieurs terres qui dépendent de la même
avait remis la régi!l;uité et l'observance châtellenie, comme sont la Cluse, V^^yes,
aussi lieu que juir la sainteté de sa vie. Saint-Anlonin, Celles, Chavres, Novarel la ,
Cette abl)aye devint dans la suite tort cé- terre et le château de Javen et quelques
,
lèbre et puissante par les libéralités de plu- terres qui dépendent de sa juridiction et de
sieurs empereurs, rois et princes, qui lui son fief, comme est Valioya, une partie de la
donnèrent de grands privilèges et augmonlè- Coasse, qui est de son arrière-fief, et quel-
beaucoup ses revenus ; les évoques de Turin ques autres terres qui sont dans le voisi-
ijie contribuèrent pas peu à .son agrandisse- nage, il est vrai que les guerres et les trou-
ment en lui soumetlanl plusieurs autres ab- bles dont ces pays ont été accablés, ont bien
bayes et plusieurs églises eu st)rle que, se-
: apporté du changement tant dans le spiri-
lon la bulle de contiruiation que lui donna luel que dans le temporel car outre que
;
Innocent III, en \1\(), il y avait plus de cent p!usi(urs monastères qui élaient de la dt-
quarante églises qui en dépendaient entre , iiendance de cette abbaye se sont soustraits'
lesquelles il y avait les abbayes de Piiznerol, de son obéissance ses abbés ne jouissent
,
loplie, dans le diocèse d'Ast en Piémont, et ils ne laissent pas de jouir de beaucoup de!
«n France l'abbaye de Saint-André-lès-A\ i-
, privilèges, nonobstant le grand cliangeineiiL
gnon, Saint-Jean de Narbonne, Sainl-Uilaire de cette fameuse abbaye qui après avoir
,
est réduito à servir de logement à un seul Mabilldn, Annaï. Ordinis Bend. tom. , III,
prêtre séculier, qui y esl enlrelenu par le k" et 5». Mémoires venus de Piémont.
chapitre de Gavcnne, auquel elle a été don- COLETANS Frères mineurs
( )•
née. Elle a élé gouvernée depuis son établis-
Dei Frères Mineurs ColelanSy avec la Vie de
sement premièrement par des abbés élec-
,
la bienheureuse Colette de Corbie leur
tifs, qui se sont distingués par leur mérile et
,
réformatrice.
par leur sainteté, el dans la suite, par des
nbbés, que leur titre rendait respectables, Ce ne sont pas seulement des monastères
étant pour la plup;!rt cardinaux, princes, ou de religieuses de Sainte-Claire que la bien-
au moins de grande qualité, comme il est heureuse Colette a réformés comme quel- ,
facile de le. voir dass un livre in' 'iln\é: Uisto- ques écrivains ont avancé mais il y a en-;
Ouam à la mavière dii vivre de ces icli- qui était presque sexagénaire lorsqu'elle !a
gicii\, il est fort oil'Ociie d'en avoir aucune mil au moide. Une naissance si extraordi-
connaissance. Les guerres conlinuellvs de naire et si opposée aux règles de la nature
ce pays ayant ruiné cette fameuse abbaye et lit conjec urerque Dieu la voulait distinguer
dispersé ses religieux, les inonàstùres qui du commun des hommes et la destinait à des
en dépendaient ont cbanyé leurs anciennes choses surnaturelles. Elle reçut au haptéme
pratiques et observances, en sorte qu'on le nom de Colette, c'esl-à-dire petite Nicole,
n'en peut rien découvrir, non plus que de à cause de la dévoiion que ses parents
rhabiilement. Tout ce que nous en avons avaient à saint NicoUis. Elle donna dès son
pu savoir par des mémoires venus de Pié- enfance des marques d'une grande sainteté ,
mont , c'est qu'ils élaien' habillés de noir, et se distinguait principalement par l'amour
comme on le voit encore dans la sépulture qu'elle faisait paraître pour les buniiliation*
de ces anciens moines, où on les trouve en- et les austérités. Elle était si scrupuleuse
core en chair et en os, revêtus de leur habit sur le fait de la chasteté, qu'ayant entendu
monacal ; mais ie tenip* qui a épargné les faire l'éloge de sa beauté, elle travailla p.îr
corps n'en a pas fait de même des habits, touies sortes de mortilications à la détruire,
dont il est (liiliLile de pouvoir bien liistin- autant pour se précauiionner contre la pre-
guer la forme. Ce que nous avons de plus soij-plion et la vanité si ordinaires aux per-
positif sur cet article, est tiré de certaines sonnes de son sexe, que pour ne point ser-
constitutions et ordonnances que !e priiice vir de piège à la pureté de ceux, qui la re-
Maurice, cardinal de Savoye, qui en était- gardaient. Elle y réussit si bien que l'on vil
abbé en 1631, fit pour les moines de celle avec élonnement la vivacité de son teint t la <
ils ne pouvaient aller aux champs sons leur qu'elle tâchait d'expliquer aux personnes de
soutane et sans leur scapulaire. Outre cela, son sexe, afin de les exciter à i'amour de
les jeux de caries, le œailie, la chasse et au- Dieu et à la pratique de toutes les vertus.
tres exercices et jeux scaadaleux leur étaient Ses patents étant morts, elle distribua
défendus. M. le Clerc, conseiller et ai-'cnt de aux pauvres le peu de bien qu'ils lui avaient
son altesse royale de Savoye en la ville de laissé, cl setrouvant parlaileraent dégagée
Lyon, el secrétaire en chef de ladiie aiibaye de tout ce qui l'avait retenue jusqu'alois
et ses dépendances, rapporte ces statuts con- dans ie monde, elle se retira d'abord chea
jointement avec d'autres qui concernent le les Bégu!ne!4 ; mais n'ayant pas été satisfaite
gouvernement de cette congrégation, aussi de leurs observances^ «Ile alla chez les Urba
bien qae h'S bulles de cinq papes, en con- nisîes; n'y ayant pas encore trouvé ce qu'elle
(hniaiîou des privilèges qui lui avaient été cherehait, non plus que dans quelques mai-
at coi dés par quinze de leurs prédécesseurs , sons de Bénédictines où elle passa depuis
oulre plusieurs arrêts du roi en faveur de successivement, lie prit l'habit
( du tiers
ces abi)és. Nous donnons ici l'habillement (1)) ordre de Saint-François, par l'avis de Je in
des religieux de l'ijUbaye de Cluse, tels qu'ils Pinet, pardien du couvent des Frères Mi-
sont représentés dans quelques anciens mo- r.ciirs de liesdin, et fit profession selon la
nuaienls de l'abisaye de ^aint-And^é-lès- règle prescrite pour les personne»; séeulières
Avignon, (jui était de sa dépendance. 'e CCI ordre.
Le Clerc, Clironica Pedemontana. Joann. Colette, st; voyant revêtue de cet habit de
(1) yoi'., à U (in du vol., n« Co;', ^oÙ cl SCO.
,
obligation d'en observer la règle à la lettre leslins et des Chanoines Réguliers, quillèr<nt
et sans aucune modification et la seconde,
; ces ordres pour passer avec permission dans
qu'il lui accordai le pouvoir de réformer celui de Saint-François, dans le désir de
l'ordre de Sainl-Francois. Ce dernier point tendre à une plus haute perfection. Lîi
souffrit d'abord des difficultés c'est pour-
; sainte fut secondée dans une si grande entre»,
quoi le pape rerail à une autre fois à lui ac- prise par son confesseur Henri de la Beaume,
corder sa demande mais la peste qui dé-
; religieux de la province de Bourgogne. L'on
sola la ville de Nice dans le même temps, et voulait qu'elle se soumît elle et ses monastè-
qui emporta plusieurs personnes parmi , res à la juridiclion des vicaires généraux
lesquelles il s'en trouva qui avaient été du de l'Observance ; mais elle ne voulut point
nombre de ceu\ qui s'étaient opposés aux se séparer de celle du général de l'ordre.
desseins de Coletle, lui fit obtenir ce qu'elle Enfin cette bienheureuse fille, après avoir
domaodait car Benoît, qui comme ses cour-
; travaillé si utilement pour la gloire de
tisans appréhendait que ce ne fût un effet de l'ordre de Saint-François, mourut à Gand,
la vengeancedivine, à cause du délai dont on le lundi 6 mars 1446, comme l'on comptait
usait envers la bienheureuse réformatrice , alors, c'est-à-dire l'an VikT, âgée de 66 ;!!:s
la fil venir en présencede plusieurs personnes et quelques jours. Il s'est fait beaucoup <:e
fier le bref apostolique qui lui donnait per- ment Vlll permit aux Clarisses de Gand, en
mission de prendre des mo:iastèrcs, princi- 1604, de faire solonnellemenl sa fê'e le 6
palement dans les diocèsesde Paris, de Beati- mars avec l'office et la messe du commut»
vais, de Noyou cl d'Amiens; mais elle y des vierges ; Paul V élcndil celle permission
DICTIONNAIBE DES ORDRES RELIGIEUX. 1048
1047
maisons de sa reforme
l'an 1610, à toutes les
sauce qu'ils avaient promise à ces provin-
dans les P;JYs-Bas. Les papes Grégoire XV ciaux, et d'autres, parce qu'ils s'ennuyaient
et Urbain VIll allèrent encore plus loin,
et déjà dos austérités de la réforme et qu'ils
ce dernier donna enfin permission, l'an 1625,
espéraient vivre avec plus d'indulgence sous
la juridiction des conventuels, qui toléraient
jà tout Tordre de Sainl-François et à tout le
plus aisément les fautes, que les vicaires
royanme df» France, de célébrer aussi publi-
quement sa mémoire. généraux de l'Observance. Mais le pape les
'
Après la mort de celle bienheureuse refor- contenta tous, accordant à ceux qui vou-
laient vivre sous l'obéissance des vicaires
maiiice, Cernard d'Ar.i:aj,'n;)c, comte de la
Marche, de Pardiac et de Caslres, prolégea généraux de l'Observance, la permission de
passer sous lur juridiction, par un bref du
milaui qu'il pul les couvents, laut d'hommes
qui suivoienl sa reiorme, ii8 février li52, et peruiellaiit aux autres,
que de filles .
COLLlIiR. Voyez Anxoncmde ew Savoie. quelques-unes qui le firent, mais les autreg
COI.LIER CELESTE. Voyez Rosaire. restèrent dans le monde. Sainte Adelde
,
, ;
et autres en Allemagne et en Alsace.
sœur Berlrade étant morte l'an 1012 , elle
L'abbaye de Notre-Dame-du-Capitole , à eut le gouvernement de ces deux monastères
Cologne reconnaît pour fondatii ;e Plec-
, pendant trois ans. Elle mourut dans celui de
Iriide , femme de Pépin Héristal , maire du Cologne l'an 1015; les religieuses de Vilike,
pillais en Neuslrieel souverain en Auslrasie. à qui elle avait fait savoir sa maladie, et
Ce prince , enflé de ses prospérités , s'aban- qu'elle avait invitées à la venir voir, ayant
donna à toutes sortes de plaisirs , et se lais- diffcréau IcndemaineU'ayant trouvée morte,
sant vaincre par l'amour impudique qu'il ne purent se consoler qu'en obtenant le
,
portait à Alpaïs , il répudia Pleclrude et , corps de leur sainte abesse, que l'archevêque
épousa Alpaïs dont il eut le fameux Char- , de Cologne leur permit de porter à Vilike
les Martel. Pleclrude souffrant généreuse- pour lui donner la sépulture. Ce monastère a
ment cette disgrâce , et avec une vertu véri- été brûlé deux fois la première dans la
;
tablement chrétienne se retira à Cologne, , guerre que Gebhard Tructzcff { qui quitta
dans le palais qu'on nommait le CapitoUf l'archevêché de Cologne pour épouser ujie
vers l'an C89 et le convertit depuis en un
, religieuse de la maison de Mansfeld) déclara
monastère de fliles elle le fil bâlir en l'hon- : sur la fin du seizième siècle à Ernest de Ba-
neur de la sainte Vierge et y vécut dans une vière , et à l'éleciorat de Cologne ; et la se-
grande réputation de sainteté, avec Noet- conde fois, par les Suédois, lorsqu'ils vinrent
bur^e sa nièce , fille de sa sœur, jusqu'à ce
, en Allemagne avec leur roi, G usla\e-Adolplie,
qu'elle fut rappelée par Pcpin. l'an 1630. il fut réparé par l'abbesse Amène-
La règle de Saint-lienoîl fut observée dans Marguerite de Burscheidt qui oblint des
,
ce monastère, et il y a de l'apparence que les Chanoines Réguliers de Budingen , des reli-
religieuses y vivaient encore dans une ob- ques de sainte Adelde, parce que le pillage
servance exacte de leur règle au commence- et le feu n'avaient pas épargné celles qui
y
ment du onzième siècle puisque sainte , étaient avant sa destruction, quoique l'égliso
Adelde, avant que de prendre l'habit monas- de la paroisse à laquelle le monastère était
,
tique, et avant même que de se retirer dans joint soit toujours restée dans son entier.
,
le monastère de Vilike , fut instruite des ob- Il n'y a dans celte abbaye que douze chanoi-
servances régulières par les religieuses de nesses, outre l'abbesse, qui , à l'exemple de
Cologne qu'elle alla trouver pour cet effet. plusieurs autres, ont renoncé aux vœux so-
Celte sainte était fille do Megengoz, comte de lennels et peuvent se marier. Il y a encore
Gueldres que l'Eglise honore aussi comme
, cinq chanoines, dont l'un fait l'office de curé,
saint. Ce comte, entre plusieurs monuments et sept chapelains. Aux environs de Vilike
de piété qu'il fil ériger à la gloire de Dieu , on trouve aussi un chapitre de Chanoines-
fonda un monastère de filles à Vilike, sur le ses, et un autre proche de la ville de Bonne,
Kliin dans le duché de Berg , et, conjointe-
, séparée seulement de Vilike par le Rhin
ment avec sa femme, (îerberg, il lui assigna Quand ces chanoinesses vont au chœur (i)
des fonds considérables. Ce monastère étant elles ont par-dessus leurs robes des aubes
achevé , saint Megengoz le remit entre les qui leur vont jusqu'à mi-jambe , et par-des-
mains de l'empereur Olbon 111 qui lui ac- , sus ces aubes de longs manteaux noirs; elles
corda les mêmes privilèges dont jouissaient ont sur leur tête une espèce de coiffe de nuit,
ceux de Gandershem, Quediimbourg elAsin- sous laquelle leurs cheveux flottent sur de
de. Sainte Adelde, après la mort de sa mère, longues fraises. Elles ne peuvent sortir du
n'ayant plus rien dans le monde qui pût monastère sans la permission de l'abbesse;
l'enijêchir de se donner à Jésus-Christ ne , mais, dans la maison, elles vivent et sont vê-
voulut plus différer à prendre l'habit monas- tues en séculières. Le chapitre des chanoi-
tique; mais afin de ne rien faire avec préci- nesses de Nolrc-l)ame-du-Capi!ole est plus
piialion elle voulut s'éprouver pendant un
, considérable que les autres dont nous ve-
au. Elle ne mangea point de viande pendant nons de parler. 11 y a deux nefs dans leur
ce temps-là et usait des mêmes mets qu'elle église , dans l'une desquelles ces chanoines-
aurait pu avoir dans le cloître, et quoiqu'elle ses font l'office , cl dans l'autre des chanoi-
parût vêtue à l'extérieur comme les autres nes qui dépendent d'elles ; à certains jours
dames elle ne portail sur sa chair que des
, de l'année , les chanoinesses vont an ctiocur
cliinî»ises de laine. Après celle épreuve d'un des chanoines , où , étant les uns d'un côté
au, elle alla trouver Berlrade sa sœur qui , , et les autres de l'autre , ils psalmodient en-
était abesse du monastère de Notre-Dame du semble. L'église de Sainte-Ursule , dans la
(^apitoie à Cologne , où les religieuses vi- même \ille, est aussi une collégiale de cha-
vaient dans une grande réputation, et elle noinesses, qui out aussi des chanoines. L'é-
s'y fil iuslruire des observances régulières. glise n'est pas grande, mais elle est considé-
Elle voulut persuadera toutes les filles qui rable par le grand nombre de reliques qui
y
la servaient de suivre son exemple et de re- sont.
Joan. liàbWL Annal, ôrd. S. Bened., tom.l dont l'un des principaux est que l'abbesse
et IV. Bolliind. Act. SS., tom. I, februarii ad nouvellement élue peut délivrer un criminel
diem o, in Vit. S. Adhelaide. Heruian Stan- condamné à mort. Ce chapitre n'est composé
porol, Amal. Circiil. ^^estphal ; cl Audifret, que de l'abbesse et de quatre cbanoinesses,
(jcograph.f iom. ill. qui sont obligées de faire pre<jve de noblesse
î/opinion la plus commune louchant l'ori- de trois races. Elus sont vêtues aussi en sé<
{jine du monastère de Lintiaw, situé dans la culières, et lorsqu'elles sont à église elles
l
ville qui porte ce nom ,eu une lie du !ar de ont uu grand mauleau noir doublé d'her-
Constance, est que le comte Albert, maire du mine.
palais deCharlemaune,c!> a été le fondateur Joann. Mabill. Annal, ord. S. Bened., t. II.
iîvoc ses frères Mangold et Udairic et oq ,
Gaspard lîruscb, Chronolog. monaster. Ger-
rrt)it que la réputatiou que les religieuses man. Thomns Corneille, Diction, géographi-
r.ônédictines qui y furent établies s attirè- que; et Francisq. Petr. Siievin ecclesiastica.
1 eut , fut si grande , que l'on bâtit autour da
Les cbanoinesses de Buchaw sont plus
monastère la ville que l'on voit présinte- considérables que celles de Lindaw, par rap-
inent,qui est devenues! considérable, qu'elle port à la noblesse; leur abbcsse est aussi
a été mise au rang des villes impériales. princesse de l'empire et envoie aussi des dé-
Ceux qui sont de ce sentiment l'appuient sur putés aux Etats de l'empire él;uU pareille-
,
d'anciennes pointures et sur une ancienne ment compri'ie dans le cercle de Souabe.
charte de Louis le Débonnaire , que quel- L'abba^ e de îiucbaw fut fondée sur la tlu
ques-uns prétendent être de son fils Louis , du neuvième siècle par Adelinde , fille
roi de Germanie. Les religieuses de Liu- d'Hildebrand, duc de Souabe, et sœur de
daw, qui dans la suite des temps se sont sé- la reiue Hildegarde. Elle fit cette fonda-
cularisées et ont pris le nom de chanoines- tion pou'" le saïul de l'âme d'Othon, comte
rcs, ont prétendu, sur la On du dernier siè- de Kesselbourg, son époux, cl de trois de ses
cle , en vertu de cette charte de l'empereur nis qui furent tués dans une bataille conlro
Lonis le Débonnaire, rentrer dans la souve- les Hongrois. L'on portail aussi autrefois
raineté de cette ville et soumettre les habi- l'épée nue devant l'abbesse dans les cérémo-
tants à leur obéissance dont ils a'elaient liies, et elle fournil pour àon contingent pt-n-
soustraits ; mais \\> s'y sont opposés, et il n'y dant la guerre, deux cavaliers et six fantas-
î! pas lieu de s'en étonner, puisque ayant re- sins. Ces cbanoinesses ne reçoivent parmi
noncé à la foi de lenrs pères pour embrasser elles que des filles de comtes ou barons et ,
les erreurs de Luther, et s'étanl soustraits les simples demoiselles ne peuvent pas pré-
de l'obéissance qu'ils devaient à l'Eglise ro- tendre à ces prébendes. Il y a de l'apparence
maine, ils ne veulent point e soumettre à la que ces cbanoinesses ont eu autrefois la sou-
domination de ces cbanoinesses qui sont ca- veraineté de la ville de Buchaw, et que les
Le P. Mahillo'.i,dans le deuxième
Iholiiiucs. habitants, comme ceux de Lindaw, .^e sont
tome de ses Annales Dénédiclines parle des
,
soustraits à leur domination. Cette ville si <
écrits qui ont été donnés de part et d'autre, iiupériale et située dauâ la Souabe. sur le lac
p )ur combatire ou défendre cette charte de Feder.^ée, à deux heures de Biberach.
l'empereur Louis le Débonnaire il apporîe
: Joann. Mabill. Annal. Bened., tom. iil.
aussi son sentiment; le procès entre les cba- Gaspard Brusch, Chronolog. mono>fcr. Ger-
noinesses et les habitants de Lindaw n'était nian.; et Audilrct, Géog.. tom. IIL
pas encore îorminé on 1705. Les cbanoinesses de Nidenr.unsicr et d'O-
Il est certain que la ville de Lindaw a été bermunsler, à Ralisbonne, étaient aussi au-
f ujelte de l'abbesse pend^snt (|uelque temps. trefois religieuses de l'ordre de Saint-Benoît.
Elle appartint ensuite aux ducs de rouabe et Celles d'Obermunster ou du mona.stère d'en
l'ut enfin reçue au rang des villes impériales. haut sont plus anciennes. Leur abbaye fut
Elle obtint plusieurs privilèges principalement fondée par la reine rlemme, femme de Louis,
Jcelui de battre monnaie. Les cbanoinesses roi de tîermanie, fils de l'empereur Louis le
ontété autrefois très-puissantes; l'abbes&e de- Débonnaire. Ce prince, à la prière de sa
vint non-seulement princesse de l'empire, femme, fit un échange de ce monastère avec
mais elle avait encore son maire du palais, celui de Mansée, qu il donna à Baiuric, évê-
qui demeurait à V'asserbourg, et il marchait que (.ie Ralisbonne, comme il paraît par ses
ordinaireiiient en si grand équipage, qu'elle lettres expédiées à Rrgens[)urg lan 831, e il
fiit contrainie d'ordonner qu'il ne viendrait donna ensuite celui eu fiaut-Munsler à sa
à Lindaw qu'avec douze chevaux. L )rsque femme qui i'ampliîla d lui assigna de gros
l'abbesse sortait du monastère pour quelque revenus, ayant choisi ce lieu pou. sa sépul-
cérémonie, l'on portait toujours devant elle ture. Sou (ils l'empereur Cb.'.rles le Gros p il
une cpée nue. Elle a retenu jusqu'à présent ce juonasière sous sa protection l'an 886, et
le droit d'envoyer des députés aux Etats de entre autres privilège., qu' accorda aux re-
I
l'empire, étant comprise dans le cercle de ligieuses, il leur permii dé ie leurs abbes-
Souabe;el, dans le l mps de guerre, elle doit ses. Les guerres survenues en Allemagnf;
fo iinir pour son contingent cinq fantassins, ayant causé le relâeherrieut dans la plu[)iin
v^clic abbaye, par un privilège spécial des des jnona'jtèros, celui d'Où, rmunstcr n'en fut
empereurs , sert d'asile aux criminels. L'an pas exempt; les religieuses avaient aban-
1689, l'empereur Léopold I" nomma quatre donné les observances monastiques et com-
seigneurs allemands pour conservateurs de mençaient déjà à vivre en cbanoinesses
cette abbaye, et pour en défendre les droits, lorsque Wolfang, évéquc de Ralisbonne, y
1053 COL COL lOcîi
où l'on ne re evait que des iilles de [jriucfs. origine. 11 y en a encore d'autres en Alle-
L'abbaye dtvNideinjunsier ou du nionaslère magne que nous passons sous silence, comme
d'eu bas eut pour io.)dalrioo Ju iiib, fille dAr- peu consiiléi ailes, et nous parlerons dans la
iiuuid ie AL:uvais, duc de Davi* ro, !<iquelle suiie de celles qui sont protestantes.
épousa Henri, unssi duc de Bavièro, Irère de .îoann. Aiabill. Annal, ord. S. Bened., tom.
i'euijiereur Olbon le tjranù, et <e nionaslère lli, pag. 26l); e Gaspard Brusch, Cnronolog.
i'dl dodié eo rbonueur de saiai Uér^rd. L'em- monaster. Germ.
pereui Otbou li , à la prière de sa fciuuie Les ciiaiioiucsses de Hombourg n'ont pas
Adéiaide et de la princesse Judith, en aug- moins proies^é ia régie de saint Benoît que
liienia les revenus. L evéque Wolfang y ré- les autres d<>nl not s venons de parler. Ce
tablit aussi la discipline régulière, el Tenipe- monastère fut ioiidé vers le uiilieu du sep-
reur Henri 11 couGtuia, l'an lOOi, lous les tième siècle par Allie, duc de Germanie, qui
privilèges dont jouissait ce luonaslCiC fondé le donna à sa fille sauilc Odille. Ce monastère
}jar son aïeule, cl te prit sous sa protection alla , étant ^itue sur une montagne fori escarpée,
que les religieuses qui y étaient pussent qui en tendait l'accès très-difûcile, celle
mieux observer la règle de saint Benoît. Les sainte eu lit bâtir un autro au pied de la
«ibbesses de ces deux uionastères tout prin- moniagnc , auquel on donna le nom de Ai-
cesses ue l'empire et du cercle de liavière. dermuHster ou monastère d'en bas , et elle y
i.iles envoient leurs liépulés aux Klats de joign t un hô^dlal pour recevoir les pèlerins:
1 euipirc el elles fournissent chacune pour eilri était aussi sUjérieure de ce monastère.;
leur contingent en leinps de guerre deux ca- mais elle demeurait ordinairement à celui
valiers et six faniassins. qui était sur la montagne. On célèbre la fêle
Joann. Mabilion, Annal, ord. S. Bened,, de cette sainte le 13 décembr ; ce qui a fait
toui. lil el IV. Yepès,Clironig. général, de conjecturer à quel.ues-uns qu'elle était
l'oid. de Saint-Benoît, l( m. IV, m jrlo cejour-ià, vers l'an 7G0, selon l'opi-
Il y a de l'uiparence que les chanoio -sscs nion do ces mêmes écrivains fou es en cela , i
d'iiibsensont plus considérai)les que celles sur quelques ancirus litres, où il parait
dont nous venons de parler , puisque leur quelle vèiut jugquà l'âge de 103 ans el
abbesse^ qui est aussi priucesse lie l'empire (juelie vivait encore l'an troisième du règne
el comprise dans le cerc e de Westplialie» de l'épi il le Brcj, roi de France ; c'est ce que
fouMiil pour son contingent en lem|)S de rapporte Jean lluys dans ses Antiquités de la
guerre deuxtavaiiers et ireize faut issins. Elle FoA(ye, qui prclend aussi r,ue ces religieuses
députe auisi aux Elals de i'em ire, et son vivaient sius la régie de saint Augustin.
chapitre est compose de cinquante-deux cha- Maii ie P. dom âî<ibi.ion, en réfutant un au-
uoioesses et >iugt chanoines. Je u ai pu Irou- teur anonyme, qui d.sail que saiale Udille
v. r l'origine de ces chanoinesses. Leur ab- avaii prefer.; i ; vie canonique à la monasti-
bay(; est située daiis la ville du niéme nom, que, d,i posiliveuieiit (lu'elle et ses biles pro-
que quelques- liiis meitent dans le comlé de fessaient ancicnnemeut la règle de saint Be-
la ÀJarek cl d au'res dans le diiché de lierg. noit, et q e cet aut> ur parlai, apparemment
£ii.e est sur une petite rivière qu'on nomme selon l'étal où était de son temps le monas-
aussi £ssen, à trois milles du Uhin cl de tè- edeHoinbourg,donl les religieuses avaient
Duisbourg, el à un peu plus de Dorslen, vers déjà quitté : de ce saint fondateur
i stitut
le midi. Celte ville est impériale et sous la pour se faire c.;anoinesscs séculières. L'ha-
protection des ducs de Clèves. billement de ees religieuses consistait en une
ïiiom. Corneille, hiciion. géograph., t. 11. robe, un manleau et un voile noir elles por- :
L'ori^;ne des chan inesses d Andlaw, en taient aneieniiement leurs cheveux cordon-
Al ace, est |-Ius connue. Elles ont eu pour nés en deux liesses, qui paraissaient par-
toudalrjce, vers l'an b80, Uicharde, femme dcvau' dans la suile elles ajou èrent l'her-
;
de l'empereur Ciiarles le Gros. Ce prince, mine à leurs manteaux, comme les anciinncs
qui avait l'esprit faible, conçuide la jalons e religieuses de Sli asbuu g, dont l'habiUemeut
conlte sa femme et la SiHipçouna même d'a- est le même que celui des religieuses de
dultère avec LiutvNard, évéque de Verceil, Hombourg.
qui tenait la première place dans la faveui' On ne sait pas positivement le temps au-
de 1 . mpercur. H
répudia dans une assem-
la quel les religieuses i e Sanl-Ktienne de Slras-
blée des Eialsqu'il lini en Allemagne, el jura bour quilérent la règle de saint lienoîl pour
qu'il ne l'avait jamais touchée ; quoiqu'il y se fie chanoinesses sécuiières. Ce monas-
eut dix ans qu'ils lussent ensemble. L'impé- tère fut fondé par Adelbert, fils aioc du duc
ratrice voulut se purger de ce crime par un Altic, euviroo dans le oiéme temps que celui
,
bou- g s'élant alors soumise à Louis XIV, leurs, ce qui se passa dans le concile,de Ma-
çon, tenu l'an 623, prouve assez que saint!
ce prince, dont le zèle pour la foi catholique
rendra la mémoire chère et respectable jus- Colomban avait fait une règle, puisqu'elle y
qu'à la fin des siècles, défendit à ces chanoi- fut examinée, qu'elle y fut défendue conlie
les calomnies d'Agreslin, moine de Luxeuil,
nesses de recevoir des novices à l'avenir et
et qu'il n'y est fait aucune mention de la
donna leur maison aux religieuses de la Vi-
règle de saint Benoit, non plus que dans le
sitation de Notre-Dame. Il y en a encore que!-
pénitentiel qui l'accompagne; ce qui fait
quos-unes qui prennent toujours le titre de
chanoinesses de Saint-Etienne de Strasbourg; voir que la règle de saint Colomban ne peut
mais elles n'ont plus d'église ce qui est à
:
pas avoir servi de supplément à celle de
remarquer, c'est que leur abbesse, quoique saint Benoit. Ainsi, il est vrai de dire que
hérétique, était installée par l'évéque de l'ordre de Saint-Colomban a été différent de
Strasbourg et qu'elle ne pouvait se marier. celui de Saint-Benoît, à moins que l'on no
Voilà leur habillement qui leur était com- veuille dire que dans ce tea»ps-là l'ordre de
mun avec les religieuses de Hombourg, Saint-Colomban, celui de Saint-Benoît et le»
comme nous l'avons déjà dit ci-dessus cel- :
autres ne formaient qu'un seul ordre monas-J
les qui restent présentement sont habillées
tique, quoiqu'ils eussent des règles diffé-
comme les séculières ; aussi nous n'en don- rentes, puisqu'ils étaient institués pour une
nons point de dessin. même fin, qui était la séparation du mon 'e
Joann. Mabill. Annal. Bened.y t. I, p. 490. et du commerce des séculiers, l'abandon
Jean Ruys, ^Inf. de Vosge^ liv. iv, chap. 8. de toutes choses et le désir de tendre à une
COLO.MIJ (Saint). Voyez Irlande. plus grande perfection. Quant à l'observanco
des règles de saint Colomban et de saint
COLOMOAN (Odre de Saint-), Benoît dans un même monastère, les fon ia-
Uni à celui de Saint-Benoît. tions de Sainl-Basie, l'an 620; de Bèze
C'est compléter le cours de l'Histoire de l'an 629, deSolignac, l'an 631;de Fleuri, vers
l'ordre de Saint-Benoît que de parler de celui l'an 6i0; de Haut-Villiers, l'an 662, et de
de Saint-Colomban, puisque présentement quelques autres qui sont du même temps,'
ces deux ordres sont unis ensemble. Y-pès, font foi que ces deux règles étaient observées
Bucelin et plusieurs autres écrivains n'attri- dans ces monastères et prouvent en même|
buent point d'institut particulier à saint Co- lemps que les règles de saint Benoît et de
lomban.II» prêt ndenl mêmequ'avant quede saint Colomban étaient conjointement gar-j
sortir d'Irlande, il embrassa la règle de saint dées dans 'ces monastères avant le huitième
Benoit, et que s'il prescrivit à ses disciples siècle. Mais enfin, dans la suite, la règle de
des lois monastiques, ce ne fut que pour saint Benoît prévalut sur celle de saint Co-
servir de miidification ou de supplément à lomban et fut observée seule dans les mo-
celte règle. D'autres tiennent pour certain nastères de son observance. i
Benoît, se sont trompés, puisque ce saint ture sainte et composa même quelques trai-
sortitd'Irlande avatJt que celle règle yeûtélé tés, entre autres un Commentaire jur les
connue, et que sitôt qu'il cul fo:idé son pre- psitnmcs. '
mier monastère en France, il fit pratiqueras Son amour croissant pour Dieu de jour en
mé«ies observances qu'il avait apprises dans jîur, il quitta entièrement le monde et se fil
le monastère de Biuchor, où il avait été dis- religieux au monastère de Benchor, sous
labbe Comgal ou Commogclle, où ayant d. -
ciplede saint Comgal. D'ailleurs ses religieux,
avaient les mêmes sentiments que les Irlau- meuréplusieurs années, et voulant, à l'exciu-
1057 COL COL loôS
pie d'Abraham, passer dans une terre étran- taine, comme nous l'avons dit, les gouver-
gère, il conimuninua son dessein à l'abbé, nait en qualité de général ; et, afin que la
qui avec beaucoup dp peine lui accorda même discipline y fût également observée, il
douze re!ii;Jeux, avec lesquels il alla d'abord leur donna une règle qui ne contient que
en Anf,'lelerre, d'où il vint ensuite dans la neuf chapitres. L'obéissance aveugle en tou-
Gau.'e. Il élail pour lors âgé de trente ans : tes choses, quoique dure et répugnante, y
Contran régnait en Bourgojjne et Gbildebert est expressément rccomman lée le silence;
gnaient tous les exercicos de la profession prenaient-ils que le soir, et elle devait être
religieuse. Leur austérité était si grande firoporlionnée avec le travail à l'égard de
:
qu'ils ne vécurent d'abord que d'herbes et a psalmodie, elle était ou plus longue ou
d'écorces d'arbres de sorte qu'un frère étant
: plus courte, selon la diversité des jours oa
tombé malade, il ne put être soulagé que des saisons. i
par la prière et le jeûne des autres ; mais il Après la règle suit le pénitentiel, c'est-à-
vint un homme envoyé miraculeusement de dire les corrections des fautes ordinaires des
Dieu, qui leur apporta du pain et des vivres, moines. La punition la plus fréquente sont
les priant de demander au Seigneur la gué- les coups de fouet, six pour les fautes légè-
rison de sa femme qui et lit malade. Une au- res, et pour les autres à proportion, quel-
tre (ois, ayant encore été réduits pondant quefois jusqu'à deux cents ; mais jamais
neuf jours à ne manger que des horbes et plus de vingl-cinq à la fois. Souvent on con-
des écorces d'arbres, Caramtoc, abbé du damnait au silence ou à des jeûnes extraor-
monastère de Salice, fut averti en songe de dinaires ce qui s'appelait simplement Su-
;
du jour, après en avoir demandé p'>rmi sion veautés qu'il avait introduites dans ses mo-
Haslèrcs, le trop de secret et la grande re-
à chaque fois. Ils demeuraient a-isis tandis
traite que l'on y gardait el qu'au lieu de
que l'on sonnait l'office, e:;ccplé les péni-
tents qui se tenaient deb >ut. Ils se lavaient
laisser entrer les séculiers partout, il y avait
souvent la tête et il n'était permis aux pé- un logis séparé du monastère, destiné pour
nitents de la laver que les dimanches. Saint les recevoir ; mais le saint, ne voulant rien
Colomban dans ce pénitentiel distingue deux changer dans ce point de discipline, fut re-
sortes de péchés les péchés mortels, que
:
légué à Besanron, où la délivrance miracu-
l'on devait confesser au prêtre, et les moin-
kuse qu'il lit de tous les prisonniers de la
ville lui ayant fait donner la liberté de re-
dres péchés que l'on confessait souvent à
l'abbé, ou à d'autres qui n'étaient pas prê-
tournnr à Luxeuil, on l'en tira de force pour
le conduire à Nantes en Bretagne, au milieu
tres, avant que de se mettre à table ou au
lit. Il paraît aussi par ce pénitentiel que dans
d'une troupe de soldats, dans le dessein iid
lo laire rej^asser en Irlande.
ce temps-là la communion sous une feule
espèce était quelquefois en usage car il est;
Mais Dieu en disposa autrement par «n
ordonné que les novices n'approcheront pas grand noobrc de miracles qu'il fil pour s'op-
du calice à la communion. poser à son exil. Eitre auires le vais-
Saint Colomban qui, en passant de l'Ir- seau préparé pour son passage ne put jamr: •%
lande en France, avait changé de pays, mais monter en pleine mer et fut toujours reje'à
non pas de discipline, principalement au su- sur ie riyaiïe;desorle que scsgardes, touchés
jet de la Pâque qu'il célébrait au jour mar-
de ce miracle, le laissèrent en liberté. Il vint
qué dans le calendrier des Hibernois, donna trouverClo:aire, fils de Ch Ipéricqui régnait
uccasion aux ecclésiastiques de son voisi- dans la France oc identale qu'on appeV it
nage, qui s'en aperçurent, de blâmer ouver- Neaslrie, et il en fui reçu avec une bo:;!é
tement sa conduite; parce que, selon ce ca- exlraord naire. Il refusa de s'établir dan»
lendrier, on célébrait quelquefois celte pes Kta's el d'y bâtir un monastère , sachant
grande fête le même jour que les Juifs, bien que Dieu l'appelait ailleurs, il passa à
comme nous l'avons dit ci-dessus c'est ;
la cour de ïhéodebert, roi d'Austrasie, qui
pourquoi ce saint écrivit sur ce sujet deux le reçut avec la même bienveillance ce :
lettres à saint Grégoire, qui ne lui furent pas pri'.ce lui offrit avec une bonté et uoc gé-
rendues, il écrivit aussi aux prélats de nérosité royale et chré'ienne (ie lui donner
France, qui tenaient un synode dans quel- dans ses Etais quelque lieu commode pour
ques villes [de Bourgogne mais on ne s tit
;
lui elpour ses disciples proche de quel-
point si ce concile fit quelque décrel tou- ques peuples encore infidèles , auxquels
chant la fête de Pâques, il écrivit, l'an 605, il pourrait prêcher la foi el les grandes
au pape Boniface III sur le même sujet, el vérités de la religion. Ce saint, toujour»
lui envoya copie des lettres qu'il îvait écrites plein de zèle , ayant accepté ces offres ,
à saint Grégoire, priant de lui permettre
le passa à Mayence, et remontant toujours le
de ne point recevoir la-dessus le*-- règles des tieuve, entra dans l'Aar, de là dans la Lei-
Français, mais de célébrer toujours la Pâqae nalet s'avança juqu a l'extrémité du lac de
avec ses disciples, comme ils l'avaient appris Zurich. Ktant venu à Zug, il trouva cette
de leurs Pères. On ne sait point non plus solitude si agréable qu'il résolut de s'y arrê-
quelle réponse lui fil le pape ; mais il est ter. Les habitants de ces lieux étaient cruels
probable que ce saint, étani en Italie, comme et impies ;^ls adoraient encire des Idoles ,
nous le dirons dans la suite, avait abandonné leur ofiFiaiciU des sacrifices el observaient
pour lors la tradition des Hibernois; c'est ce les augures et les divinations. Ce saiol en
«lui paraît tant par les lettres qu'il écrivit du
convertit plusieurs par ses prédications ;
monastère de Bobio au pape Boniface IV, mais sainl Gall, qui l'accompagnait, ayant
a» sujet des trois chapitre^, que par le con- brûlé les tem: les des idoles et jeté dans le
cile de Mâcon, dans lequel il n'est faH au- lac foules les offramles qu'il y trouva, cei
cune mention de la célébration de la Pâque, barbares en furent si irrités qu'ils eé&^^la-
quoique Agrestin y eût fait des plaintes de rent deletueret de chasser de leurpa/s saiui
])lusieurs singularités que saint Colombaa Colomban après l'avoir fouetté et maltraité.
avait introduites dans ses monastères. Leu! dessein ayanlété connu du saint, il réso-
Ce saint donnait librement des avis aux lut d'abandonner ces cœurs endurci, el passa
princes et aux rois; et Thierri, roi de Bour- avec ses religieux à un bourg nommé Arben
gogne, qu'il r-^prit de plusieurs crimes infâ- sur le lac de Constance. Là, il trouva un
mes et scandaleux, en aurait heureusement prêtre nomtné Willimar, qui lui indiqua un
profilé, si la reine Brunehan', sa (iirand'mè- lieu îeilile et agréable environné de mon-
fe, qui i eniretcnaildans le vice, n'y eût mis tagnes, où éluicût les ruines d'une petite
!06l COL COL 1069
sans prendre de nourriture; mais Dieu, pro- leur usurpation ), il y envoya saint Eustase
tégeant visiblement ses serviteurs, leur en- pour gouverner celte communauté. Ce saitil,
voya de peliis oiseaux extraordinaires que relira des mains des usurpateurs les bien»
Ion pouvait prtMidre aisément à la main, et qui appartenaient au monastère, et pril un
ils en vécurent ju>qu'à ce que Caudence, grand soi d'y maintenir la dlscii-line établie
;
évêque de Constance, leur ayant envoyé du par saint Colomban. 11 eut un grand nom-,
blé, ces oiseau\ s'envolèrent. bre de disciples entre lesquels éiait saint Bo4
Cependant la guerre s'élant renouvelée marie, qui fonda l'abbaye de Keiniremonl :|
entre Théodeberl et Thierri , et le pre- il y en eut môme plusieurs qui furent évê-^
mier ayant été fiit prisonnier dans la ques. Mais la paix de son monastère futi
bataille de Tolbiac, on lui coupa les che- troublée par Agrestin dont nous avons déjà),
veux et un peu après on lui ôta ia vie parlé; car cet homme, inquiet et turbulenCl
par les ordres de Brunchaul. Comme Thierri, (qui ayant été secrétaire de Thieni s'était
par le moyen de cette victoire, devenait faitmoine par une chaleur de dévotion qui.
maître du pays de son ennemi, saint Colom- ne dura guère ), ayant embrassé le parti de)
ban jugeant qu'il n'y avait plus de sûreté
,
ceux d'Aquilée, qui étaient alors dans le
pour lui de demeurer dans le monastère schisme, qu'avaienl excités les défen.seurs des
qu'il avait fait bâtir, puisque ce prince s'éiait trois chapitres, n'oublia rien pour perverlic
déclaré son persécuteur, se détermina à les disciples de ce saint. 11 écrivit à ce sujet à'
passer en Italie où il fonda l'abbaye deBobio Al aie, abbé de Bobio et successeur de saint
au mont Apennin. Mais à peine y eut-il fixé Colomban , l'accusant d erreur de ce que,
sa demeure, que Clolaire ( qui s'était rendu restant dans la communion de lEglise ro-
maître de toute la France, après la mort de maine, il condamnait les trois chapitres. Il
Thierri, qui arriva peu de temps après ), retourna ensuite à Luxeuil , où il tâcha
ayant su sa retraite, envoya chercher saint d'atiirer saint Eustase dans son erreur. Maig
Ëustase qui gouvernait le monastère de comme ce saint abbé élait trop éclairé pour
Luxeuil, et le pria d'aller trouver saint Co- donner dans ses sentiments , et qu'au con-
lomban et de mener avec lui ceux qu'il traire bien loin d'y entrer, il l'avait chassé
voudrait de sa noblesse pour être les cau- de son monastère comme un perturbateur et
tions de sa bonne volonté, afin d'inviter ce un séditieux, Agrestin entreprit de faire con-
saint homme à le venir trouver. Eustase damner la règle de saint Colomban : il attira
s'acquitta fidèlement de sa commission. pour ce sujet dans son parti Abellin, évêque
Saint Colomban le recul avec une grande de Genève, son parent; ils allèrent tous les
joie, et le chargea de l'excuser auprès du roi deux trouverleroiClotairepour l'attireraussi
sur l'impossibilté où il était de retourner en de leur côlé mais ceprince avait toujours eu
;
France et de lui dire qu'il lui demandait seu- trop d'estime pour saint Colomban pour con-
lement sa protection pour le monasière de damner sa doctrine. H leur remontra au con-
Luxeuil. 11 donna une lettre à saint Euslase traire l'injure qu'ils faisaient à la mémoire
pour ce prince qui, l'ayant reçue avec bien de ce grand sainl, et comme ces remontran-
de la satisfaction ( quoiqu'elle fut pleine ces furent inutiles, il renvoya cette affaire
rt'.ivis pour le corriger ) accorda sa protec- au jugement des évêques, ne doutant point
tion au monastère de Luxeuil, l'enrichit de que lorsqu'ils seraient assemblés dans ua
grands revenus et en étendit les limites au- coiicile ,saint Eustase ne défendît bien la
tant que saint Eustase le souhaita. Pour ce cause de saint Colomban.
qui regarde saint Colomban, ayant demeuré Le concile se tint l'an 623, à Mâcon où
un peu plus d'un an à Bobiu, il y mourut le plusieurs évêques de Bourgogne se trouvè-
22 octobre 615, au grand regret de tous ses rent. Les plaintes qu'Agreslin porta au con-
disciples, qu'il avait formés avec un zèle cile contre la règle do saint Colomban fu-
incroyable à la vertu et à la perfection. Ce rent que les religieux faisaient souvent le
fut de ce monasière de Bobio qu il écrivit, signe de la croix sur leurs cuillères, sur les
l'an 913, au pape Boniface IV, au sujet des pots et sur les vases dont ils se servaient
troi» chapitres ( c'est ainsi qu'on appelait pour boire ou pour manger ; qu'en entrant
les écrits de Théodore de Mopsueste , de et en sortant du monastère, ils demandaient
Théodoret contre ceux de saint Cyrille, et la bénédiction ; qu'ils ne se conformaient
la lettre d'Ibas à Maris Persan , que le point aux autres religieux de Tliglise, el
cinquième concile général avait condam- qu'ils avaient plusieurs singnlarilé?» dins la
nés , comme favorables à l'hérésie de Nés- célébration delà messe eldans le chant de
torius ). Mais saint Colomban était mal l'ofiice. Mais cet apostat , ayant été con-
instruit du fait et prévenu par les schismati- fondu par les répon es de saint Eustase^
ques, puisqu'il supposait que le pape Vigile forma une autre plainte contre les moine*
dtait;iuort hérétique et qu'il s'étonnait que - de Saint-Colomban, de ce qu'ils différaient
«083 DICTIONNAIRE DES ORDRES RELIGIEUX. 1064
des autr-es dans la tonsure qu'ils portaient habillés de blanc. Nous donnons ici la figure
à la manière des Irlandais. Il est à remar- d'un de ces religieux, telle que l'a donnée
quer que les Irlandais ne se rasaient la tête Abraham Brun, et telle qu'elle a été copiée
que par devant en demi-cercle, c'est-à-dire, par Schoonebeck et le P. Bonanni (1) nous :
d'une oreille à l'aulre, le dessus de la tête ne y .ivons seulement changé la tonsure, que
l'étant point. Ce qu'ils faisaient, disaient-ils, nous avons mise selon l'ancien usage des
pour imiter l'apôtre saint Jean, au lieu que Hibernois, qui fut un des sujets de plaintes
les Romains qui prétendaient imiter l'a-
,
d'Agrestin dans le concile de Mâcon.
pôtre saint Pierre, se rasaient tout I'î dessus Voyez Yepèset Bucelin, Annal, ord. S. Et"
de la télé, et laissaient en bas des cheveux nerfîcf.,Hulteau, Hist.de V ordre de Saint-Be-
en forme de cercle, et que les Grecs se ra- noit, lom. 1 Mabillon, Annal. Benedict.^
;
saient toute la tête, sans y laisser de che- tom. !,et Fleury, Hist. de l'Eglise, tom. jVIII,
veux, voulant être semblables par-là, à ce COLO.MBE. Voyez Bacde (Chevalier des
qu'ils disaient, à saint Jacques , frère de ORDRES DE la).
Jésus-Christ, et à l'apôtre saint Paul; mais COSME, ETC. (Chevaliers de l'ordre
apparemment que ceux-ci ont changé de DE Saint-).
sentimentdansla suite, puisqu'ils ne serasenl
Des chevaliers de V ordre militaire de Saint-
plus et laissent croîtie entièrement leurs
Cosme etde Saint'Damien, ou des martyrs
cheveux.
dans la Palestine.
Le concile n'eut point d'égard à ce re-
proche d'Agrcstio, et les prélais, qui s'étaient Comme ce ne fut que l'an 1096 que les
laissé surprendre par son faux zèle, ayant princes chrétiens se liguèrent pour la pre-
été désabusés, ils l'obligèrent de se récon-- mière croisade, afln de retirer des mains
cilier avec son abbé qui l'embrassa et lui des infldèles les saints lieux qu'ils occu-
donna le baiser de paix. Mais ce témoignage paient dans la Palestine, il n'y a pas d'appa-
d'amitié ne fit aucune impression sur le rence de croire ce qu'on nous veut persua-
cœur de ce misérable, qui, conservant tou- der de l'ordre de Saint-Cosme et de Saint-
jours de la haine contre le saint, et conti- Damien (2), qui, selon plusieurs écrivains,
nuant de blâmer sa conduite et son obser- commença l'an 1030. L'air de la Palestine, à
rance , recommença à troubler les mona- ce qu'ils disent, qui était malsain, causa
stères. Il alla à Remiremont, oii l'on gar- beaucoup de maladies parmi les chrétiens
dait la règle de saint Colomban ; il porta qui y étaient accourus de toutes parts pour
saint Amé et saint Romaric à mépriser cette tâcher de retirer des mains des infldèles les
règle et à introduire une nouvelle obser- saints lieux dont ils s'étaient emparés, et
Tance, protilanlde la mésintelligence qu'il y donna lieu à quelques personnes charitables,
avait entre eux et saint Eusiase. Il alla vers l'an 1030 de bâtir un hôpital à Jérusa-
aussi trouver sainte Fare à Meaux, pour lem et dans d'autres villes, sous l'invoca-
l'exhorter d'abandonner cette règle ; mais tion des saints martyrs Cosme et Damien,
en ayant été méprisé, il retourna à Remire- qui, durant leur vie, avaient exercé la mé-
mont où il trouva que saint Amé et saint decine. Tous les malades, les pauvres, elles
Romaric avaient repris les observances de esclaves qu'on rachetait y étaient indiffé-
saint Colomban. Il y eut néanmoins plu- remment reçus, et la charité de ceux qui
sieurs religieux de ce monastère qui se lais- avaient soin de ces hôpitaux n'était pas seu-
sèrent séduire par ce misérable; mais ta lement bornée à secourir les malades, elle
vengeance divine se Ot sentir sur plus de s'étendait encore sur tous les nécessiteux,
cinquante de ceux qui favorisaient son parti ; les veuves elles orphelins, auxquels on four-
deux furent déchirés par des loups enragés, nissait des aliments, des vêlements etde
qui entrèrent de nuit dans le monastère ; un l'argent; et on prenait encore le]soin de faire
autre, nommé Plaurelius, se pendit; la foudre enterrerlesmorlsqu'on trouvait abandonnés/t
tomba sur la maison et en tua vingt; les Ces hospitaliers s'employaient aussi avec
autres moururent de frayeur, ou autrement. beaucoup d'ardeur au rachat des chrétiens
Enûn Agreslin lui-même fut tué d'un coup qui avaient eu le malheur de tomber entre
de hache par son valet, à cause qu'il abu- les mains des infldèles, ce qui flt que peu
sait de sa femme, et périt ainsi un mois de temps après leur institution ils furent
avant la fin de l'année, dans laquelle saint élevés à la dignité des chevaliers comme les
Eustase l'avait cité au jugement de Dieu. antres hospitaliers. Le pape Jean XX, en
Saint Amé et saint Romaric, étonnés de cette conflrmant leur institut, leur ordonna de
mort, se réconcilièrent avec saint Eustase. suivre la règle de saint Basile et leur donna
Abellin, évêque de Genève, et les autres pour marque de leur dignité un manteau
évoques de France , qui avaient favorisé bh'inc sur lequel il y avait une croix rouge
Agrestin , devinrent les protecteurs de la au milieu de laquelle était un cercle qui
règle de f^aint Colomban. L'on fonda dans la renfermait les images des saints mar-
suite plusieurs monastères, où elle tut éta- tyrs qu'ils avaient pris pour patrons. Ils
blie comme à Solignac, près de Limoges, à
;
s'acquirent beaucoup de réputation dans les
Corbie, à Sales et dans d'autres monastères combats où ils se trouvèrent; mais lorsque
qui furent fondés dans le Rerri et dans plu- la Palestine fut contrainte pour la dernière
si^t.r» autres provinces. fois de subir le joug des infl tè!es, cet or-
Les religieux de S;iint-Colomban étaient dre s'éic-gnit einicrcinc.'it. Voila ce quo^l'uH
i\) Voy.f à la liu du vol., n' 2C2 ei 2G3. (2) Voy., à la tiii du vol., n' 2Gi.
s 005 COM COM 40G5,
a écrit de cel ordre et que nous ne pouvons mis en France où la religion prétendue rJ>-
p;js crohc, le regardant comme supposé. formée était pour lors tolérée) de faire un
Giuslini.ini cile pour garant de ce qu'il partage entre le père et la mère dc> enfants
avance Wennénius mais cet auteur ne
;
de l'un et l'autre sexe pour les élever cha-
parle que des religieux de la Pénitence des cun dans sa religion. Selon cette coutume,,
martyrs, qui sont des chanoines réguliers ou plutôt selon cet abus, cette jeune fille
dont nous avons parlé ; et l'on a conlondu devait êlre sacrifiée à Ihérôsie; mais ma-
sans doulc tes prétendus chevaliers avec dame do Lestonac n'osa jamais faire aucune
les chanoines réguliers de la Pénitence des proposition sur ce partage à son mari, con-
martyrs, qui porlent une crois rouge sur naissant son grand zèle et son attachement
un habit hianc. pour la religion catholique, qui étaient el-
Andr. Mendo, de Ord. inilit.; Joseph Mi- fectivement si grands, qu'il aurait plutôt sa-
rhieli, Tesor. MÛit. di Caval.; Bernard (lius- crifié ce qu'il avait de plus cher au monde
tiniani, y^jsf. di intli gli ord. milU.; Her- (jue d'avoir consenti à un partage si inju-
inan el Schoonebeck, dans leurs Uist. des or- rieux à Dieu et si préjudiciable au salut de
dres miUlaires. sa fille, sur laquelle il avaii une si grande
CO.ME-LKS- TOURS (Saint-). Voyez Eco- attention, que tous ses soins étaient delà
liers de Bollognk. prévenir contre les surprises dune dange-
COMPAGNIE DE JÉSUS. Voyez Jésuites. reuse éducation ce qui lui réussit si heu-
:
regarde le général, si le premier projet d'é- mença à aimer la retraite et la prière; elle
tablir aussi une générale dans leur ordre faisait paraître en toutes rencontres son es-
avait subsisté. Nous aurions pu remettre à time el son adachement pour l'Eglise ro-
parler de ces religieuses , après avoir rnp- maine, et elle voulut donner les mômes im-
porlé Porigineet le progrès de celui des Jé- pressions à celle qui tâchait de l'en séparer.
suites; mais comme les religieuses de la Ce ne fut pas une petite surprise pour ma-
compagnie de Notre-Dame sont agrégées à dame de rÊstonac de voir sa fille si opposée
celui de Saint-Benoît, et qu'elles jouissent de aux principes qu'elle avait tâché de lui
<ous i-es privilèges, nous avons cru qu'il inspirer : alors sa tendresse de mère dimi-
était plus à propos de les ranger au nombre nua, en sorte qu'elle ne pouvait plus souf-
des congrégations de l'ordre de ce saint pa- frir sa fille, quoiqu'elles continuassent de
triarche. vivre ensemble.
Cet ordre eut pour fondatrice la révé- Mademoiselle de l'Estonac avait atteint
rende mère Jc.nnne de Lestonac, sortie l'âge de quatorze à quinze ans, lorsque son
d'une maison illustre par son ancienneté, frère entra chz les Jésuites de la province
ses emplois el ses alliaiices, mais encore de Guyenne, où il se rendit célèbre par sa
plus par une piété singulière envers Dieu et vertu cl par sa capacité, par les talents de
par une constante lidélilé à son prince, la prédication et du gouvernement, et sur-
malgré tous les troubles dont la religion et tout par la dirociion de sa sœur, à laquelle
l'Etat furent agités pendant plusieurs an- il avait déjà servi de guide dans le chemin
«écs. Elle naquit à IJordeaux, l'an îoo6, et de la vertu, et qu'il continua d'assister de
fut l'aînée de quatre enfants que Richard de ses avis et de ses conseils dans tous les états
l'Estonac, conseiller au parlement de Bor- où la Providence la mit dans la suite de sa
deaux, eut de Jeanne Deyquem de Monta- vie. Elle aurait bien souhaité suivre son
gne, son épouse, sœur du célèbre Michel de exemple en se retirant dans un cloître. Elle
RIontagne. Sa mère eut le malheur de se s'y sentait naturellement portée mais le ;
séparer de l'Eglise et d'embrasser les er- désordre de l'hérésie qui, entraînant alors
reurs de Calvin c'était la coutume de ce
: le commun des fidèles, n'épargnait pas dans
lenips là (auquel les mariages entre per- les maisons religieuses les épouses de Jésus-
sonnes de différenics religions étaient per- Christ, lui fit différer le dessein qu'elle avait
DlCTiON>"AlRE DES Or.DI'.rS nELÎGIE! X. L 34
Î0G7 DICTIO.NNAlC.n DF.S ORDRES RKLÎGIF.IJX. Î0G8
traçant les qualités et le mérite de la poslu-
de se consacrer à Dieu par des vœux solen- l.inte.
nels, et dans le (emps qu'elle croyait favora- Pendnnt que le provincial faisait reussii'
ble pour rexéculcr, et qu'elle s'y disposait, .«:on dessein, elle se disposa à l'exécuter el lo
l'obéissance et la soumission qu'elle avait découvrit au marquis de Montferrant, son
pour son père l'engagèrent dans le mariage lils, aucjuel elle recommanda sa jeune sœur
à l'âge lie dix-.scpl ans. Klle épousa Gas- dont elle lui laissait la conduite et le soin
ton de Monlforrant, soiulan do Lalrau, sei-
gneur de Landiras, de la Molle et de p!u-
de son établissement. Le marquis de Mont-
ferrant lui opposa loules les raisons humai-
I
sieu s autres lieuA, et Hls du marquis de nesque'.anature clsa douleurluisuggéraient:
Monlferrant, lieulenanl de roi eu Gujenne ne pouvant rien gagner sur elle, il lui de-
el gouverneur de Bordeaux. manda au moins la permission de l'accom*
La jeune marquise ne perdit rien de sa pagner dans son voyage; mais elle la lui
modestie ni de sa reicnue dans le haut rang refusa, sot parce que sa présence aurait pu
où ce mariage lavait placée elle ne dimi-
: troubler son recueillement, soit parce que
nua rien aussi de celte piété solide dont elle ce voyage n'aurait pu qu'augmenter la
avait toujours fait profession, et elle cou- I
eine do son fils qui ne quittait qu'avec re-
prrva toujours son cœur à Dieu, en rendant {iret une mère pour laquelle il avait beau-
riïonncur et le respect qui étaient dus à son coup lie tendresse. Llle ne voulut donner
mari qui n'avait pas pour elle moins d'ad- aucune connaissance de sa résolution à sa
miration que d'amour. Elle était habile dans (il'e; néanmoins les précautions qu'elle prit
l'économie, tranquille dans les embarras des })our (]u elle ne fût pas informée de son dé-
filîaires domestiques, patiente dans les acci- part firent inutiles. Madame de Montferrant
dents de la vie, honnêtp dans le conversations, partit au point du jour pour se rendre au
enlretenant toujours l'ordre etia paix dans sa [ orl de la Garonne, cù le provincial des
maison, et répandant la bonne odeur de ses Feuillants se rendit aussi pour la con-
vertus dans tonte la province. La marquise duire à Toulouse. Elle s'embarqua avec
<le Montferrant eut de son mariage sept en- deux demoiselles de sa suite et quelques
fants, savoir quaire fis et trois filles il lui : autres domestiques; mais sa trop grande
resta un nis pour le soutien de sa maison. diligence trahit son secret. Elle lut obligée
La mort en enleva trcis de bonne heur*'. daltendre quelque temps dans la barque et
Deux filles furent religieuses dans l'ordre de se vit exposée par ce retardement aux atta-
l'Annonciade, et la septième fut mariée et ques de sa fille qu'elle craignait beaucoup
eut une fille qui suivit l'exemple de son plus que loute la violence de l'élément sur
aïeule en se faisant aussi religieuse dans lequel elle était portée. En effet la barque
l'ordre dont elle fut fondatrice, et où les était encore à l'ancre, lorsque mademoiselle
deux qui étaient déjà Annonciades entrèrent de Monferrant, qui s'était éveillée au bruit
aussi avec la permission du pape. La mort des cris et des soupirs des domesliques,
du marquis de Monl!\'rrant, qui arriva vingt- arriva au port sans être accompagnée do
quatre ans après son mariage, mit sa veuve personne, et tout en désordre, elle se jeta
«n lib rlé de rentrer dans la retraite cl dans aux pieds de sa mère. Les pleurs et les gé-*
la solitude; elle en goûta mieux que jamais missemenls furent d'abord tout le langage de
les douceurs. Si's premiers désirs et ses an- celle fille; mais sa mère, dissimulant autant
ciennes espérances d'être religieuse se ré- qu'elle pouvait le coup qui lui perçait le
vcillèrcr.i dans son cœur, et elle demanda à rœur, pressa le pilote de la délivrer au plus
Dieu par de ferventes prières la grâce de tôi des violences qu'elle se faisait à elle-
voir ses désirs accomplis. Deux de ses filles mi^me. Ma mère, où allez-vous? s'écria alors
qui, comme nous l'avons déjà dit, s'étaient cette (ille affligée; à qui me laissez-vous? el
consacrées à Dieu dans le mouastère des An- pourquoi ne ni es t-il pas permis de vous suivre?
nonciades de Bordeaux, étaient pour elle un Consolez-vous, lui dit madame de Montfer-
objet qui renouvelait continuellement dans rant, je ne vous abandonne pas : Dieu sera
son cœur le désir de la vie religieuse; mais voire père; ayez confiance en lui, votre frère
l'e'îemple d'une grande princesse qui, dans sera votre protecteur, soyez-lui obéissante:
la fleur de son âge, renonça aux charmes et allez, ma fille, il faut que je parte.
tiux grandeurs du monde pour se retirer Le combat cessa quand la barque s'éloi-
chez Feuillantines de Toulouse, déter-
les gna du rivage, et les rameurs usant de dili-
n.iiia madame de Montferrant à ne plus dif gence eurent bientôt dérobé à la vue de celte
férer l'exécution de son dessein c'était An-
; iriste fille relie mère victorieuse des gran-
toinette d'Orléans, sœur du duc de Longue- deurs du monde et de tous les sentimenis de
ville,veuve du marquis de Belle-Isle, dont tendresse si naturels à une mère à l'égard
liODs avons déjà parlé enun autre endroit, d'une fille aimée et chérie. Madame de Mont-
et dont nous aurons encore lieu de dire ferrant arriva heureusement à Toulouse:
quelque chose en parlant de la congrégation mais elle fut bien surprise d'y trouver le
de iSuIre-Dame du Calvaire. Madame de marquis de Montferrant, son fils, qui n'avait
Monlforrant, voulant suivre celle princessa pu obtenir d'elle la permission de l'accom-
ïi.'ins la môuie pour ce su-
retraite, s'adressa pagner. Il la joignit au moment où elle alla l
>i an provincial des Feuillants, qui était pour entrer dans le monastère et il renouvela un
Hors à Bordeaux il fil agréer sa réception
: comh.il dans h quel il trouva qu'il s'él ii
a la suoéricure des Fcuillanlincs. en lui re- trop lui rendu la i>reuiière fois que sa m rc_
1
mi déclnra son dessein; mais sa prô^enco et aussi de g gn^^r dans une rnfrcvue les deux
ses discours ne servirent que »!c nouvelie filles du seigneur de Pnyferrnt. Ce voyage,
mntière aux triomphes de celle oame qui où il semblait qu'elle n'avait à mén.'iger que
entra ciiez !es Femllanlines le 11 juin de les intérêts de sa famille, lui donna occasion
l'année 1G63, et y prit ri>abit ucs mains de de commencer à former celle de Notre-Dame,
domne Charlotte do Sainlt-Ciaiie aiec le en même temps qu'elle achevait d'établir la
nom de sœur Jeanne de Saint-Bernard; elle sienne.
élail pour lors àpée de. «juaranle-sii an-;. Elle laissa M. d'Arpaillant dans sa maison
Riais Dien nui i'j»aii destinée pour élre la pour retourner au château de Landiras ;
fondatrice d'ui\ nouvel ordre de re igieuscs, sitôt qu'elle y fut arrivée, elle dédara à son
ne permit pas qo'elle (îl profession dans cet'e fiU le dessein qu'elle avait formé de se reti-
m;iison, où il l'avait •oncJuile seulement rer dans quelque lieu pour y vivre éloignée
pour y prendre resf-rit de religion et en étu- du tumulte du monde. Elle choisit pour sa
dier les pratiques avant i,ue de les commu- relraile la terre de la Mothe, éloignée d'une
niquer à une nonvcllc famille. La maladie lieue de Landiras, dor.l elle est une dépen-
dont el'e fut otlaquoe et nui fut causée par dance; elle ne retint que quelques domes-
la grande austérité d<.s rclii,icuses l'euillan- tiqnes cl lit une seconde fois divorce avec le
tincs ,
qui était contraire à son tempéra- monde : elle entretint néanmoins l'amitié et
ment, l'obligea, par i'a\is dos médecins, à la société qui était entre elle et son fils,
sortir malgré elle de ce monastère après y qu'elle vo\ait de temps en temps. Ce fut dans
avoir demeuré Six mois. Kilo arriva à Bor- celte solitude qu'elle forma dans son esprit
deaux au commeiicemcnt de l'année IGGt, où ie plan d'un ordre nouveau, qui devait être en
elle porta la j-)ie dans sa maison, et on ne même temps un asile pour toutes celles qui
pensa qu'à se féliciter de son retour. Le voudraient s'éloigner des dangers du siècle et
marquis de Montlerranl était alors dans son chercher la perfection chrétienne, et um;
châieau de Landiras; elle l'y alla trouver école de doctrine cl de sainteté pour le bon-
et elle y fut reçue avec tout le respect et la heur des tamiles. Dans cette vue, (die re-
tendresse qu'un fils doit à sa mère. Toute la garda la sainte Vierge comme le modèle d'
noidesse d'alentour prit ])art à sa joie, lis cette vie cachée cl apostolique, et se mit sous
lui parlaient de sa maladie comme d'uu sa protection.
coup de la Providence qui la voulait faire Le même zèle qui l'avait condui!e dans 1
rentrer dans le monde; mais qiioiqu'dle ri-- solitude, l'en fit sortir, afin de porter pins
çût de bonne grâce leurs civilités, et que l(jin leleu de l'amour de Dieu qui l'embra-
pour s'accommoder aux manières du monde, sait; cl ailn d'en faire part à toutes les p r-
elle se trouvât dans toutes les {)arlies de sonnes qiji devaient concourir à son dessein
divertissement on ron fils l'engageait, elle ou qui devaient suivre son exemple, elle alla
songeait néanmoins à ui:e nouvelle retraite; à Bordeaux cherchir des personnes de piété,
mais avant que de communiquer sou des- pour avoir d'elles de l'éclairci.semen' el du
sein à personne, afin de no plus avoir aucun hccour*. dans ses pensées el dans ses pro-
obstacle qui en retardât ou troublât l'cxécu- jets, î-lle s'adressa d'abord au P. Margues-
liou, elle maria madomoisL-lIc de Montfer- laud, Jc^nile, qui fut depuis confesseur do
rant, sa fille, avec le bat nn d'Arpaillant, gen- la roinc dEspagne, et au P. Ménage, du
tilhomme de Périgord. '{u'olle prclera, du même ordre; mais ils ne donnèrent pas dans
consentement du marquis, à un grand nom- hon sentiment louchant la fondation de l'or-
bre de concurrents qui prétendaient à l'hon- dre qu'elle voulait instituer, soit qu ils vou-
neur de cette alliance; et elle alla l'établir lussent i'éjirouver pour en faire sous leur
dans la maison de son époux. Dieu permit conduite la première novice de son ordre,
ce voyage de notre sainte veuve pour l'en- soit qu'ils eussent de la peine à se persuader
gager dans les visites de la noblesse de (iu'une personne, qui avait quitté depuis peu
ce pays , où en s'atlirant l'amitié et les l'état religieux, fût propre pour en augmen-
respects des personnes les plus considé- ter la gloire de la manière qu'elle se le pro-
rables, elle jeta les semences tie cette haulo posait. Elle demeura néanmoins sous leur
réputation qui dans la suite du leii;ps lui conduite et reprit par leur avis ses an-
fut si utile pour les intérêts de son ordre. ciennes pratiques de dévotion, en visitant
Entre les maisons illustres qu'elle visita, les hôpitaux et les prisons, et soulageant
elle lia une amitié et une grande
étroite par ses aumônes les pauvres honteux et
correspondance avec celles du comte de ii;endianls ; mais la Providence, qui l'avait
Curson cl des seigneurs de lîriançon et de mise sous la direction des Jésuites, la fit
Puiferrat. La comtesse de Curson était fille bientôt elle-même directrice de quelques
de la comtesse de Lauzun. (jui aidèrent l'une filles dont elle gagna le cœur par l'éclat de
et l'autre la m'ir(juise do Monlferrant de ses vertus cl par les charmes de ses entre-
leurs lumières cl de leur crédit dans l'exécu- tiens, dans loquels, quand l'occasion son
tion de ses desseins. Elle prépara dès lors présentait, elle leur insinuait toujours quel-
mademoiselle de I!riam;on par la force de que hosc du d. ssein qu'elle méditait.
1
ses persuasions et par la sagesse de ses con- Les Pères de Horde et Kainiond, aussi Jé-
seils à remporter sur elle-même une double suilci. et du même collège de Bordeaux, cher-
iVictoi:e, en ;ibjurant riiérésie et en renon- chant les moyens de remédier au mal que
çant au monde pour être une de ses princi- causaient les écoles publiques des hérétiques,
pales filles spirituelles : elle commença où l'on enseignait les jeunes fines, soubai-
ît):i DlCTiONNAlRS DES ORDRES UELiGiEUX. 4ÛT2
tylon' que l'or, pût clabiir un ordre de reli- chcvéque pour apprendre !a rèirolulîon qu'il
gieuses sur le modèle des jésuites dont avait prise; mais elle trouva dans l'esprit
eiles imiteraient la fin et les pratiques, afin do ce prélat un grand changcncnt, car il
que cet ordre fût élevé comme une uouvelle prit un air sévère, et sans lui parler de la
forteresse pour résister à l'hérésie et ouvrir décision de son conseil, qui avait approuvé
par ce moyen un asilo de sainteté à toutes son entreprise et qui la mellaii <mi liberté
les ClIcs qui y seraient appelées, et une école d'agir auprès du saint-siége pDur l'exécuter,
de doctrine chrétienne à toutes les autres. il lui dit qu'elle devait plutôt penser à la
Ces deux religieux, ayant outcndu parler des réforme des anciennes maisons religieuses
rares vertus de la marquise f'c Moniferrant qu'à en établir de nouvelles; que h s Ursu-
et de l'arilent désir qu'elle avait pour la re- lines de Bordeaux, qui avaient une vooaiion
traite et pour rétablissement d'une maison semblable à la sienne, avaient besoin de sou
religieuse, allèrent la trouver ils lui expo-
: secours et de sa conduite; que son zèle trou-
sèrent leur dessein , et le grand mérite verait parmi elles l'emploi qu'elle chcrchail
((u'elles'actjiicrrail devant Dieu, si elle vou- et qu'elle aurait la gloire de rendre à leur
lait entreprendre l'établissement de cet or- institut son premier éclat, en qualité de su-
dre, dont la lin et l'inslilul seraient si utiles périeure cl de fondatrice. La marquise pa-
au prochain et si avantageux à la religion rut d'abord surprise de la réponse du car-
catholique. Celte dame lui bien surprise de dinal; elle lui représenta qu'elle n'était
voir ses vœux exaucés elle leur avoua qu'il
: point appelée à la congrégation des Ursu-
lines el que le ciel lui avait toujours inspiré
y avait plusieurs années quelle avait formé
Ile même dessein dont ils lui parlaient et rétablissement d'une autre compagnie, sous
iqu'elle n'attendait que le moment favorable un autre notn et sous une autre règle; qu'elle
tpour l'exécuter. Elle laissa toute la con- ne devait pas abandonner un ouvrage pour
duite de l'entreprise au P. de Borde, et il se lequel decroyait que la main de Dieu l'avait
'trouva en peu de temps neuf ou dix filles deslinée, ni en entreprendre un autre pour
[disposées à s'unir à notre sainle veuve, tant lequel elle ne se sentait aucune vocation. Elle
de celles à qui elle avait déjà parlé, comme laissa i'avchevêque avec celte réponse, et se
nous avons dit, que do quelques autres que retira sans perdre l'espérance de le voir
'le P. de Borde dirigeait. Elles la reconnurent bientôt revenir à ses premiers sentiments.
pour leur chef et se fircnl un honneur de la En effet, le 2o mars de la même année, il
suivre et de lui obéir. Mais avant que de lui donna la liberté de s'adresser au pape,
Tien entreprendre, ettes firent par !e conseil approuva son ins'àlut et écrivit même à S j
'du P. de Boide une retraite de dix jours, afin Sciinleté pour en avoir la confirmation, el
d'attirer sur elles les grâce.^ dont elles avaient lui fit en môme temps l'éloge de la fondatrice.
ibesoin dans cette sainle entreprise. Paul V gouvernail pour lors l'Eglise; il
Tandis que le Saint-Esprit coaimuniqnail reçut favorablement celui qui fut envoyé
SOS lumières el répandait les giâces et les à llornc pour solliciter celle affaire ; le car-
vertus dans les âmes de ces saintes solitaires, dinal de Souîdis n'était pas le seul qui eût
leur directeur composait en particulier les écrit au pape, plusieurs personnes de qua
règles de leur institut sur le modèle di s lité s'élaieiit intéressées pour la marquise
conslilulions de saint Ignace, dont il prenait de Monifcrrant, et le maréchal d'Ornano,
la fin, l'esprit et les praliques, autant qu'elles gouverneur de Cordeaux, .ivail joint sa rc
pouvaient convenir à dos filles religieuses. comm.inJalion à celle du cardinal de Sourdis.
Le cardinal de Sourdls tenait alors le siège Paul V accorda ce qu'on lui demandait, el
archiépiscopal de Bordeaux. Le P. de Borde par un bref du 7 avril 1807, il confirma
al a trouver celle éniinenco pour lui coni- l'inslilul de l'ordre de Notre-Dame pour for-
.muniquer le dessein formé par la marquise mer les jeunes filles aux bonnes .mœurs cl
de Monifcrrant. de fonder ce nouvel ordre. aux vertus chrétiennes, permettant à 1 1
Elle y alla ensuite, munie de deux cahiers marquise de Montferranl et à ses compagnes
dont l'un contenait la forme de cet institut, d'être reçues à la profession, après deux
et l'aulre le sommaire des constitutions et ans de probation accomplis, con'ormémcnt
les règles communes des Jésuites, aux- aux statuts de cet ordre, qu'il approuva
,quelles elle ; elle-même de sa propre
vait fait par la même bulle, dont il commit l'exécii-
imain les changements nécessaires, aÂn que lion au cardinal de Sourdis, tant pour l'é-
ce prélat vît en môme temps la finetles molif^ rection et l'établissement de cet ordre que
de son entreprise. Le cardinal de Sourdis pour le choix de l'habit de ces rcligieusts
donna de gran :s éloges à sa vertu et à son et du iieu où îo monastère devait cire blli.
dessein, el lui promit de communiquer celle Ainsi ce cardinal, le 29 janvier 1G08, leur
affaire à son conseil, la priant de revenir permit de commencer leur noviciat aussitôt
^pcu de jours après pour en apprendre la que la clôluro serait établie dans leur mo-
résolution. Le jour de celte entrevue fut le nastère, qui fut bâti dans la ville de Bor-
septième mars de l'année 1G06, deux ans deaux, et de prendre l'habit et le voile de
après le retour delà marquise du monastère religion do l'ordre de Saint -Benoit, comme
de Toulouse. Celte vertueuse veuve se re- conforme et propre à cel institut, consentant
lira pleine de grandes espérances, et afin qu'après qu'elles auraient fait profession,
qu'elles pussent réussir, elle redoubla ses jeû- elles seraient déclarées religieuses de l'insti-
nes, ses aumônes, ses communions el toutes tut de la bienheureuse et toujours \ icrge
ses actions de piôlé. Elle retourna chez l'ar- Notre-Dame.
,
Tout ayant été disposé dans ce nouveau premières, ces uix religieuses aliirérent par
monaslère ijuur y observer une exacte ré- la sagesse de leurs règlements cl par l'odeur
Lularitô, le cardinal de Suurdis donna l'ha- de leur vertu un grand nombre de filles qui
bit de ce nouvel ordre à la marquise de se présentèrent, ou pour être instruites dans
Moni ferrant et à qua're de ses compagnes, les classes et parmi les pensionnaires, ou
le premier jour de mai de la même année pour être reçues dans Tordre de Notre-Dame,
i608; mais il distingua la fondatrice, en lui l'endant que le nombre de ces filles aug-
donnant d'abord le voile noir et l'éiablissant mentait tous les jours, la fondatrice tra-
supérieure des quatre autres no\ices. Elle vaillait de son côté pour aflérmir le bien
était pour lors âgée de cinquante-cinq ans. spirituel de son ordre. Elle pria le P. de,
Quoiqu'elle n'eût rien perdu de sa première iiorde de réduire à une juste forme les règles
vigueur, la joie qu'elle eut de se voir au terme communes, les constitutions, les instructions
de ses désirs lui donna (ie nouvelies forces; et les coutumes de l'ordre. 11 prùrait d'y
elle remercia Dieu avec ses ClIcs d'un si mettre la dernière main; mais ne le put il
fieureux succès, et elle cs;jéra que sa bonté, faire si promplement que la Mère de Mont-
qui s'était manifestée en iaut rie manières, ferrant aurait souhaité; car ses supérieurs
continuerait de verser sur elle et sur sa l'envovèrent à Pau, capitale de la Navarre,
maison ses bénédictions. La Mère de Monl- pour y travailler à la conversion des héré-
lerrant fut pendant un temps l'entretien de tiques. Ainsi, n'ayant pas reçu le livre de
toute la ville; les uns l'accusaient d'ambition, l'institut, corrigé par le P. deBorde, qui ne
d'entreprendre la londation d'un ordre, lui fut remis que quelques années après,
après avoir quitté la qualité de simple reli- elle fut obligée, à la première visite qu'on fit
gieuse dans un autre. Il y en avait d'autres dans sa maison, d'en demander une nou-
qui disaient qu'il était de la charité de dé- velle confirmation, sur un exemplaire moins
tourner cette dame d'un dessein qui était au- correct qu'elle en avait et qui en contenait
dessus de ses forces cl qu'elle y succombe- la substance dans tous les points essentiels.
rait. Quelques-uns s'en moquaient ouverte- Cette visite se fit par ordre de l'archevêque,
ment, cl son fils même, le marquis de Mont- qui nomaia à cet eflet son grand vicaire, au-
térrant, osa faire des railleries de la con- quel il donna pouvoir de résoudre quelques
duite de sa mère. Mais cette sainte fonda- difficultés touchant certains articles du
irice persévérait toujours avec ses filles dans bref de la fondation. Mais comme cela mé-
l'oraison et la prière. La conCance qu'elle ritait quelque réflexion, le grand vicaire
avait en Dieu la uietlait au-dessus des ju- ne voulut pas donner sur-le-champ une ré»
gements des hommes et de leurs reproches. ponse préLÏse. Il assembla quelques théolo-
L'on silence attira l'admiration de ses adver- îîiens, et entre autres quatre Pères Jésuiles;
saires et ils furent bientôt obliges de chan- il s'agissait de l'élection de la supérieure,
ger de langage, quand ils virent les bénédic- de II dilîérence des degrés qui sont dans
lions dont le ciel récompensa le courage de l'ordre, et de la promotion à la qualité do
cette femme forte. L'orage commença à se Mères. Le cardinal de Sourdis, par un acte
dissiper par le retour des premières disciples de l'an 1614, approuva les décisions de celte
de la fondatrice, qui l'avaient abandonnée, asseir^blée, confirma de nouveau les consti-
ou par légèreté, ou par les soliiciialions de lulions de l'ordre, et nomma à la qualité do
loi rs arents. Il y en eut cinq qui vinrent
! Mères la fondatrice et sept autres, pour
demander son institut; le cardinal
l'habii de les mettre en étal de pouvoir procéder à
de Sourdis voulut encore faire lui-même l'élection d'une supérieure , quoiqu'elles
cette cérémonie , et elles le reçurent des n'eussent pas encore les années marquées
mains de ce prélat le jour de la Conception par le bref.
de la sainte Vierge, sept mois après la vê- La réputation de ces religieuses se ré-
lure des premières novices. Au mois de pandant de tous côtés, plusieurs personnes
mars de l'année suivanle 1G09, la fondatrice de qualité s'adressèrent à la Mère de Mont-
obtint des lettres patentes du roi H( nri IV, ierrant, ou pour lui présenter leurs filles efr
qui confirmaient l'établissement de cet ordr*. les consacrer sous sa conduite à la religion,
Les vœux de religion étant comme le sceau ou pour la prier d'établir dans leurs vill's
qui devait l'affermir et y donner toute sa des maisons semblables à la sienne. Ces pro-
perfection, elle les prononça le 8 décembre positions lui étaient infiniment agréables, et
^de l'année IGIO, fêle de la Conception de la elle reçut un si grand nombre de novices
sainte Vierge, entre les mains du cardinal que la maison ne se trouvant pas assez
de Sourdis, aussi bien que les quatre au- grande pour les contenir toutes, elle songea
tres qui avaient pris l'habit avec elle. Dès le à changer de demeure dans la ville de B or-
premier mai de la même année, le temps de deaux et à satisfaire les personnes qui dé-
leur probation était expiré; mais comme ce siraient l'établissement de son ordre dan s
cardinal, suivant sa première idée, voulait d'autres villes. Il y avait déjà vingt ans qu e
que la fondatrice et ses compagnes se joi- deux des filles de la fondatrice avaient lai 1
gnissent aux Ursulines congrégées, qui vou- profession dans l'ordre de l'Annonciale ,;
laient aussi former un corps de religion, comme nous avons dit; mais ayant souhaité
leur profession fut différée jusqu'au mois de passer dans celui que leur mère avait fondé,,
décembre, que le cardinal y conseulil , et pour y vivre sous sa conduite, elles en ob-
reçut leurs vo?us, Les cinq autres novices tinrent la permission du pape et commcncù-
ayant ensuite fait profession comme les icnl uu no>icial de dcu^ ans dans l'ordre de
l()-5 DICTIONNAIRE DES ORDRES RELIGIEUX. I07G
Nulre-DaiDC, après lequel el!es firetil une Scdcrs ; le Laiiguod.ic, Toulouse, l'cziers,
nouvelle profession. La Mère de Montlerrant Narbonne, Saint-Gaudeiis Agde, Uzès et ,
se Iranspoita avec toutes ses religieuses Gaignac le Velay, celles du Puy, Pradelle,
;
dans une maison grande et spacieuse qu'elle Is^^engeaux el Langonne;le Kouergue, celles
avait achetée à Bordeaux ; el la mémo année de Rodez Saintc-AlTrique, Sainl-Sernin et
,
elle en sortit à l'âge do près de soixanîe ans Nanl le Vivarais celle de Tournon, An-
; ,
les choses en l'élal qu'on lui avait mandé, la Provence, celle d'Avignon le royaume ;
celte maison ne put être établie que quatre de Navarre, celle de Pau, et le Rousillon,
ans après. Elle retourna donc à Bordeaux, d'où colle de Perpignan, Cet ordreestencore passé
la mèmeannée elle envoyaquatrereligieuses sur les terres d'Espagne, où il y a un mo-
à Béziers, où les Ursulincs congrégées éta- nastère à Tudelle, dans la Navarre, et dans
blies en celle ville embrassèrent son institut la Catalogne deux autres, dont l'un est à
el reçurent le voile le jour de la Visitation Barcelone el l'antre à Tarragone.
de Notre-Dame. Celte zélée fondatrice ne La de cet institut est d'enseigner les
fin
s était pas trouvée en état d'aller faire cette jewnes y ayant pour ce sujet plusieurs
filles,
de l'ordre, et après les vêpres on fait le pa- été exécuté. Ces religieuses n'ont que le pe-
négyrique de la fondatrice. Lorsqu'on trans- l.t office de la Vierge qu'elles chantent lous
féra son corps, ou trouva qu'il était entier, à les jours de fêles et les dimanches, etqu'elles
la réserve de quelques os des bras qu'on récitent à voix basse tous les jours ouvriers :
avait donnés à quelques-uns de ses mona- elles chantent tous les jours les litanies de
stères ; le visage n'avait ni peau ni chair ; la sainte Vierge et récitent trois fois le cha-
mais le crâne de la tète et le reste du corps pelet, c'est-à-dire, le matin, à midi et le
était couvert de sa peau desséchée et tout en- soir. Outre la confession générale de tonte
lière. 11 s'est fait beaucoup de miracles à son leur vie qui se fait à l'entrée de la religion,
lombeau, qui continuent encore tous les il y en a une autre de trois mois en trois
jours. mois pour les sœurs, el de six en six mois
Après sa mort son ordre se multiplia en- pour les Mères, dans laquelle confession
core, et il y a peu de provinces en France elles s'accusent de lous les péchés qu'elles
où il n'y ait des maisons de cet institut. La ont commis pendant ces trois ou ces six
Guyenne possède les maisons de Bordeaux mo s, quoiqu'elles les aient déclarés dans
Agen, Villeneuve, Saintes, Périgucux, Sar- K'urs confessions particulières. La rénova-
lat, Limoges, Saint-Léonard Saint-Junien , tion des vœux est établie deux fois l'année
et Mesin le Poitou celles de Poitiers, Fon-
; , aux fêtes de la Purification et <!e l'Assomp-
lenai Puyberlan et Richelieu; l'Anjou,
, tion de Notre-Dame. Elles font une fois l'an
celle de la Flèche ; la Normandie, celle d'A- les exercices spirituels pendant huit jours.
lençon le Maine, celle de la Ferté
; l'Au- ; 11y a des lectures spirituelles en commun et
vergne, celles de Brioude, Issoire, Aurillac, en particulier. Elles ajoutent à toutes ces
Saint Klour Chaudcsaigucs
, Langeac el, pratiques des jeûnes qu'elles observent exac-
1077 CON CON 1078
lemenl tous les same.lis de ranncc cl loules d'arg. nt au milieu de laquelle serait un
,
les veilles des fêies do Nulre-Damo il y a : ovale, dans lequel il y aurait un chiffre,
aussi chaque jour un lemps dcsliné à un composé d'un S. et d'un M. couronnées,
examen particulier pour comb:Utrc quelque avec ces paroles à l'oiitour : In hoc signo
vice ou pour acquérir quelque vertu. vinces. Aulour de l'ovale , entre les quatre
C'est ainsi que le P. Jean Bouzonie , Jé- branches de la croix il devait y avoir douzo
,
suite de la province de Guyenne, qui a wjyons d'argent, trois de chaque côté, pour
donné l'Histoire de cet ordre en 1G97 et en représenter les douze apôires sur chaque ;
1700, décrit les principales observances de tranche de celte croix il devait y avoir auss"
ces religieuses suivant apparemment les neuf autres rayons d'argent pour marquer
,
constitutions que la fondatrice fit de nou- les neuf chœurs lies anges. Les branches
veau approuver l'an 1638 par l'archevê-
, ,
devaient se terminer en fleurs de lis poui ,
que de Bordeaux , Henri de Sourdis, neveu signifier quccel ordre était institué en l'hon-
du cardinal de ce nom mais quoiqu'elle ; neur de la sainte Vierge, le vrai lis des
eût lâché de faire observer une même uni- vallées, et au bout des quatre fleurs de lis
formité dans tous ses monastères il paraît , on y devait mettre quatre étoiles entourées
néanmoins qu'elle n'y fut pas gardée, comme de rayons en mémoire des quatre évangé-
,
on voit par l'épître dédicaloire qui est à la listes. Les chevaliers de la troisième classe ,
tétc des constitutions qui furent imprimées qui étaient les chapelains et servants d'ar-
on 1642. Il se trouve un exemplaire de ces mes, devaient poner seulement la croix sur
constitutions nouvelles dans la bibliotluquc le manteau et non au cou.
du couvent de Picpus, cl un exemplaire des L'élection du premier grand maître de ce
règles communes dans celle du collège des ordre devait être à 1 nomination du pape
1
Jésuites de Paris. Le P. Bouzonie n'a p;;int pour la première fois, et il devait toujours
parlé dans son Histoire de ces conslllulions, élire le général de l'armée de terre qu'on
et il y a bien de l'apparence qu'il y a plu- devait appeler le maréchal de l'ordre. Ainsi
sieurs monastères qui ne les ont pas reçues, les souverains ontifes devaient êlic pro-
j
et qu'ainsi l'uniformité dans les observant tecteurs de l'ordre, il devait y avoir des
ces n'est pas gardée dans tuul l'ordre : Ja chevaliers à la grande croix dans citaquo
différence néanmoins n'est pas grande. province, ci on devait fonder des comman-
Quant à l'h;;billement de ces religieu- deries des deniers provenant de la récepliou
ses (1), il est de serge noire et propre , mais des chevaliers.
simple et modeste. Elles portent un grand Ces art des portaient encore que t us les
manteau de même éloffe à la communion et grands maîtres de l'ordre, à commencer par
«lans les cérémonies. Leur voile est de sim- le premier, seraient tenus, après leur élec-
ple toile ou de coton qui descend jusqu'à la
,
tion, de prêter serment de fidélité et d'obéis-
ccinlure. L'habit des sœurs compagnes ou sance à toi!S les souverains pontifes et au
coadjutrices est plus court, et elles n'ont saiul-siége apostolique, et qu'ils prendraient
point de manteau. Elles ont pour armes connaissance de loules les causes des che-
d'azur à un nom de Marie d'or. val ets tant civiles que criminelles; que les
Jean Bouzonie , Histoire de l'ordre des re- chevaiicrs laïquci pourraient so marier et
ligieuses filles de ISotre-Dame. épouser des veuves aussi bien que des filles,
et pourraient après la mort de leurs femmes
CONCEPTION DE LA BIENHEUREUSE passer à de secondes noces; que tous les
VIERGE LMMAGULÉE {Chevaliers de chevaliers, quoique mariés et bigames,
l'ordre de la). bé-
pourraient avoir des pensions sur cies
L'an 1617, trois frères gentilshommes de néfices ; que les chevaliers et leurs servi-
Spcllo en Italie, de la famille des Pétrignans, teurs pourraient porter toutes sortes d'ar-
tirent le projet de l'institution d'un ordre mes, conformément aux privilèges accordés
militaire, sous le nom de la bienheureuse aux autres ordres militaires, et que ron
Vierge Marie, INlère de Dieu, et la règle de pourrait recevoir dans cet ordre des per-
saint François d'Assise, pour la défense de la sonnes de toutes sortes de nations indiffé-
f ti catholique , l'exaltation de la sainte remment; que le pape, comme chef et pro-
Eglise, et pour s'opposer aux incursions des tecteur de l'ordre, leur donnerait son palais
Turcs. Hs en dressèrent les articles qu'ils de Latran pour leur servir de maison con-
publièrent en diverses langues, afin d'excilei ventuelle et de demeure ordinaire, et le port
toutes les nations à entrer dans cet ordre. 11 de Civila-Vecchia pour y faire leur arsenal
devait y avoir trois so. tes de chevaliers sa- , de galères. Enfin, dans ce couvent de l^ome,
voir des gentilshommes laïques, appelés
: il devait y avoir des maîtres de toutes les
Chevaliers de justice ; des gentilshommes ec- façons pour apprendre aux chevaliers les
clésiastiques et des chevaliers chapelains et exercices qui conviennent à la noblesse.
servants d'armes. Ceux de la première et de Ce projet ne fut point exécuté; mais au
la seconde classe devaient porter au cou une moins il servit de modèle pour l'institution
croix, d'or émaillée de bleu, en mémoire de d'un autre ordre niilitaire s jus le titre de la
la robe de la sainte Vierge, et sur le côté Conception de la Bienheureuse Vierge Ma-
gauche de leur manteau, qui devait être rie Immaculée. Quelques auteurs ont avancé
blanc une autre croix de satin bleu bordée
, que Jean-Baptiste de Télrignan , l'un des
Irois frères qui avaient dressé la premier donna aussi pouvoir au grand maître et au
projet, élanl venu on France au couimen- chapilre général :de faire des statuts et
crment de l'année 1G18 pour le publier, conslitudons qui devaient êlre observés in-
passa ensuUe à la cour de l'empereur, ei Tiolablement tan! par les chevaliers que par
que conjoinlemenl avec Charles de Gonza- les frères religieux de cet ordre; et comme
içue de Clèves, duc de Nevcrs, et Adolphe, ce chapitre génér<,;, pour de justes causes,
iomte d'Alhl.in, il insli.na l'ordre de la ne pouvait se îeuir qu'à la Pentecôte de l'an
Conception. Ils ajoutent que la première as- 1623, il donna pouvoir aussi au duc de Ne-
semblée se tint en pleine c;unp,îgne, à qua- vers, en attendant ce temps-là, d'établir un
tre lieues de Vienne en Autriche, le 8 mars couseil de douze chevaliers dans les districts
(le la même année; que ces trois instituteurs d'Orient, du Midi, de l'Occident et du Sep-
firent accommoder un endroit en forme de tentrion, pour gouverner l'ordre et faire les
parc avec une enceinte de cordons de soie règlements qu'ils jugeraient à propos. Enfin
où se rendirent dix-huit tant ducs que com- il exempta cet ordre delà juridiction de tous
<iuer en quelque façon que rien ne les em- qu'ils eussent voix aclive et passive dans
pêcherait d'exécuter ce qu'ils veuaient de les cbapiîrcs généraux et qu'ils eussen! les
-promettre à Dieu. mêmes privilèges dont les autres chevaliers
Cet ordre fut confirmé, l'an 1G23, p?ir le jouissaient. Il donna encore une autre bulle
pape Urbain Viiî, qui, ayant donné pour cet l'année suivante, le 10 mai, par laquelle il
eilet une bulle en date du 12 février, dans
prorogeai! pour un an, àcoiviplerdujour de la
laquelle, s<*ns fi.'re aucune mention de ce Pentecôte, la convocation du chapitre général
3oan-Baptisle Peirignan , comme l'un des qui ne pouvait se tenir celte année à Rome,
lundaieurs de cet ordre, et n'attribuant cet à cause des guerres qu'il y avait en Europe.
l.'onneur qu'à Ferdinand, duc de Mantoue, Pendant ce lemps-!à le conseil suprême de
Cii;irles, duc de Nevers, et Adolphe, comte
l'ordre que ce pontife avait établi à Rome
d'Aihlan, le mit sous la règle de sainl Fran- avait dressé des conslitutions que ce pape
çois et la proteciion de saint Miciicl, ar- confirma encore à la prière du duc de Ne-
diange, et de sainl Basile, ordonnant que le vers, par une bulle du 2i du même mois
grand maître serait élu dans un chapilre gé-
1623 ; elles fureiit imprimées à Rome la
jiéral, et que trois mois après son élection il
même année, et ayant été tr. duiles en fran-
serait tenu d'en demander la connrmalion çais par l'abbé de Maroles, elles furent aussi
au saint-siég<^ ; qu'il pouvait assigner un imprimées à Paris l'année suivante;
lieu coaven b!e pour élre le couvent et chef
de l'ordre; qu'il pouvait fixer le nombre des Conformément à ces constitutions l'éten-
chevaliers et des officieis que ce grand
;
dard général de l'ordre devait être blanc et
maître et les chevaliers seraient obligés de avoir d'un côté l'image de Jésus crucifié et
porter l'habit de l'ordre; que ch icisn d'eus au-dessous un mont de Caivaire au côté ;
donnerait à sa réception deux cents écus droit du crucifix la sainte Vierge compatis-
d'or pour son passage ; qu'il ferait un novi- sant aux douleurs de son Fils, et à gauche
ciat dans quelque maison régulière de l'or- I archange saint Miche!, perçant de sa mai'»
dre, et qu'ensuite, outre 1rs vœux de chas- gauche avec une lance en forme de crois, le
teté conjugale et de pauvrelc, selon lis sta- dragon renversé sous ses pieds et tenant à
tuts de l'ordre, il ferait profossion de foi et la droite une épée où ces paroles devaient
serment de fidélité au saint-siégc et au pape, êlre écrites Quis ut Deus; de l'autre côté
:
avec promesse que toutes les fois qu'on lui de l'étendard il devait y avoir une grande
ordonnerait ou que l'occasion se présente- croix bleue semblable à celle que portait le
rait, il serait obligé de combattre les infidè- grand maître, au milieu de laquelle devait
les et les hérétiques. Ce même pontife permit êlre une image de la sainte Vierge, con-
au grand maître de recevoir des chevaliers venable au mystère de sa conceplion, en-
Boblcs ou de famille honorable, mariés ou tourée d'un soleil, ayant la lune sous ses
non mariés, sans même en excepter ceux pieds et portant sur la tête une couronne
qui, après la mort de leur première. femme, entourée d'étoiles. L'image de saint Fran-
seraient passés à de secondes noces avec des çois avec ses stigmates devai' être au côté
filles ou des veuves; et consentit qu'ils eus- droit de celle de la sainte Vierge, et à la
.scnt des pensions sur des bénéfices jusqu'à gauche saint Basile habillé à la façon des
la somme de trois cents écus r( m-iins. Il pariurchc^ grecs.
1031 CON CO>i 1082
Les clicvaliers (1) por'aiont nu cou \\\\c coinuK' les autres clievaliois. Les compa-
croix cmaillée de hie», où d'un côié élail gnons d'armes donnaient seulement des ai-
l'image de la Conce(.lion d(^ Il sainte Vierge teslniions de vie et de mcenrs, cl qu'ils sor-
entourée d'un cordon de Saint-François, et taient de parents honnêtes ; ils ne payaient que
de l'autre l'image de saint Tùichcl, t -l qu'il la moitié du passage.
était représenté d.îns rélendard, et cetie En
attendant que l'ordre eût des églises
croix était attachée à un cordon bleu lissu particulières, celui que l'on avait reçu n«
d'or. Ils portaient outre cola sur leurs man- pouvait être revétn de Ihabit que dans un
teaux UU'3 croix pareille, au milieu de la- couvent où l'on observait la règle de saint
quelle était l'image de la sainte Vierge en- Fr;inçois. Le supérieur, après avoir béni l'ha-
tourée c'a C'U'don do Saint-François. Entre bit selon la coutume, le présentait au che-
les anglfs do la froix il y avait comme de valier qui avait reçu commission de lo don-
petiti's lanj^nes de feu d'où sortait un loudre ner i<n postulant ; et quand il l'avait vêtu du
ou une pointe de diird. Les compagnons manteau de l'ordre, il lui mettait le baudrier
d'armes pnriaicnl une croix de velours au et l'cpée, lui faisait attacher les éperons, et
milieu de laquelle il y avait l'image de la en l'embrassant, il lui disait :
sainte Vierge avec une bordure d'or. Je vous reçois en Vorclre et religion de la
}'.
Ceux qui voulaient être admis dans l'ordre milice chrétienne, érigée sous le litre de la
pouvaient recevoir l'iiahit des mains des Coiiceplion de la (nenheureuse Vierge Marie^
instituteurs de l'ordre ou du conseil suprême toujours Vierge Immaculée, et sous la protec-
établi a Rome dms ic palais de Latran , ou tion de la même Vierge, de saint Michel, ar-
de ceux à qui !e pape en avait accordé îe change, de saisit François et de saint Basile ;
pouvoi" mais quand le chapitre général au-
•
afin que la sainte Trinité vous préserve pnr
rait été icnu, et que le gr.ind maître aurait leurs intercessions et vous fortifie pour avan-
été élu, l'aulorilé devait lui apparienir, ou de cer la gloire de son nom, procwer la paix des
donner l'habit lui-même, ou de commettre chrétiens et les délivrer de la captivité des in-
à cet effet d'aulrcs personnes. En attendant fidèles.
(jue ce chapitre général se tînt, les institu- Il mettait ensuite la 'croix au cou, où
lui
teurs pouvaient en leurs détroits ou districts il attachée à un ruban blanc jus-
la portait
assembler un conseil de douze chevaliers, qu'à sa profession, et il était aussi velu d'une
dont quatre «devaient être ecclésiastiques, et robe blanche. 11 demeurait trois jours dans
les huit autres laïques ; lequel conseil avait le monastère où la cérémonie avait été faite,
droit de nommer deux chevaliers de justice pour y vaquer aux exercices de l'oraison et
pour examiner les preuves de noblesse des à des Gîuvres pieuses. L'année de probalioii
prétendants et quand les prouves avaient
, étant finie, il faisait une retraite de quinze
clé admises dans ce conseil parliculier, on jours, ou au moins de huit, pour se préparer
devait les envoyer au consf»iI snprême établi à recevoir plus dign- mrnt les sacrements de
à Rome, avec ï'.'^'gcnl du passage. Jl fallait pénitence et d'eucharistie, et il faisait en-
au moins être nobb» de quatre races, tant du suite profession entre les mains du supérieur
côté paternel que matrrnel. Ceux néanmoins du monastère, en présence du chevalier qui
que leur propre vertu ou que celles do leurs en avait reçu commission. Voici la formule
ancêtres avai-.'nt élevés a îa dignité de prince des vQMix :
ou de générai d'aimée de l'empereur ou d'un Moi N., je voue et prompt à Dieu tout-
<(
roi étaient exceptés de celle loi. Les per- puissant, à la bienheui euse Vierge Marie, à
sonnes nobles du côté palerpcl seulement saint Michel, archange, à saint François, à
ne laissaient pas d'être admises avec dispense saint Basile, à tous tes saints et au grand
du grand maître et le consentement du pape. maître, gu'avec i'uule de Dieu [en toutes les
On ne laissait pas aussi d'en recevoir, quoi- choses qui concernant notre ordre suivant les
qi)'ils ne fussent point nobles, pourvu qu'ils Statuts), je rendrai tout le temps de ma vie
eussent rendu service à l'ordre ou fondé obéissance an supérieur qut me sera ordonné
«i«ipli]ue commande: ie. Aucun bâtard n'y par la religion de la milice chrétitnne érigée
pouvait être reçu, à moini qu'il ne fût fjls sous le titre de la bienheureuse Vierge Marie
d'empereur, de roi ou de prince qui eût pour Immaculée, et qusje garderai la chasteté con-
vassaux des marquis et de>, comtes, il fallait jugale et le vœu de pauvreté aux choses qui
avoir au moins douze ans .lîcomi.ii ; m.îis sont du même ordre. Je jure et promets de
on ne pouv it faire profession avacl seize comballre par terre et par mer contre les infi-
ans. Personne ne pouvait être aussi reçu, dèles et tes ennemis de la sainte Eglise ro-
s"it parmi les ecclésiastiques, soit parmi tes maine, lorsqu'il me s^ra commandé par le
laï(iues, s'il ne jouissait au moins de deux grand maît' e, pourvu que je n'en sois point
cei.ls écus d'or de revenu par an, excepté les empêché par drs causes légiiimes de quelque
ccijnpagnons d'armes auxquels il suffisait notable intérêt ^ pour ie sujet d'une charge
d'avoir cent écus d'or de revenu. Les ecclé- publique ou de maladif-, lesquelles causes je
siastiques qui voulaient porter ^la croix au déclarerai au grand maît't; je promets aussi
cou ou sur le manteau, et parvenir aux di- qu'en tant qu'il me sera possible et que j'en
gnités de l'ordro, comme de prieurs ou com- aurai les moyens, je m'emploierai à la propa-
mandeurs, étaient obligés de faire des preu- gation de la foi catholique, au recouvrement
ves de noblesse et de payer leur passage de la terre sainte, à um jvste paix entre les
j)rinccs et les peuples chréiiens. à leur déli- entendre tous les juurs la messe, assister
vrance du joug des infidèles età la défense et aux sermons et à d'autres semblables exw-
augmentation de cette sainte milice, et que je cici^s.
tnaintiendrai toujours la vérité de l;i Concep- Le conseil suprême établi à Uome par au-
tion Immaculée de la Vierge Marie, it en cela torité apostolique devait se tenir le mardi
et en toutes choses je procurerai la gloire de la de chaque semaine. Le grand maître ne de-
très-siinte Mère de Dieu^ selon l'opinion de vait exercer son office que pendant six ans,
l'Eglise romaine. et il pouvait être élu sans distinction de
Après avoir prononcé ses vœux on le re- pays, étant choisi à l'alternative dans l'un
vêtait du manicau bleu avec !e ruban da (le> quatre détroits ou districts qui compo-
même couleur tissu d'or,auflui'l élaii atta- saient l'ordre, savoir d'Orient, d'Occident,
chée la croix qu'il devait porter au cou. Ou de .Midi et de Septentrion. Mais cet ordre n'a
lui mettait l epée au côié; on lui attachait les [las subsisté longtemps.
éperons, et il donnait deux ccnls érus d'or Luc Wading, Annal. Minor., tom, VIII;
pour son passage, couformémenl à la bulle Dominic. de (jubornalis, Orô Seraph.,tom.
du pape. II ; Mercure français, tom. V
Articles de la
;
Aient lorsqu'on le portait aux malades et appréhendant que la reine ne les eût cn-
qu'ils lo reoconlraienl daas leur chemin, voyéi après cilc peur la faire revenir, elle
\on$ CON CON lOSG
ser dans cette entreprise, que cette princesse l'habit de l'i^rdre, firent leur professi )n so-
lui donna, pour comm ncer cet établisse- lennelle et furent soumises à la juridiction
ment, le palais de Galliana où il y avait une de l'archevêque de Tolède.
chapelle dédiée en l'honneur de sainte Fo', Le cardinal Ximenès, qui était pour lors
vierge et martyre. La bienheureuse Béatrix archevêque de Tolède, voyant que le nom-
en prit possession l'an liSi, accompagnée de bre de ces religieuses augmentait et que cet
douze filles qui sortirent aussi du monastère ordre pourrait faire de plus grands progrès
de Saint-Dominique et voulurent embrasser s'il était sous la direction des Frères Mineurs
son institut, auxquelles elle donna un habit qui ont toujours été les défenseurs de l'im-
<',ui consistait en une rube et un scapulaire maculée conception, convint avec la reine
blanc avec un manteau bleu. Ces religieu- Isabelle de soustraire ces filles de la juridic-
ses (1) portent sur le scapulaire une image tion de l'archevêque de Tolède et de les met-
d'argent de la sainte Vierge, et lorsqu'elles tre sous celle des religieux de Saint-François,
^ont dans l'intérieur de la maison, elies ont en leur donnant la règle de sainte Claire.
un petit scapulaire qui leur tombe jusqu'à la Celte princesse en ayant obtenu, en 1501, la
ceinture, sur lequel elles ont une petite mé- permission du pape Alexandre VI, Tabbesse
daille aussi d'argent qui représente la sainte de ces religieuses, nièce de la fondatrice,
Vierge; mais sitôt quelles vont à la grille avec quelques autres ne voulurent pas rece-
ou qu'elles se trouvent à quelque assemblée voir celte règle et passèrent au monastère
de communauté, elles couvrent le peiit sca- de Sainte-Elisabeth, après avoir donné le
pulaire avec un autre qui leur tombe jus- corps de la bienheureuse Béalrix aux reli-
qu'au bas de la robe; ce qui fait qu'on ne gieuses de Saint-Dominique. Celles qui res-
voit plus la peliie médaille. Cet ordr.i fut tèrent et qui voulurent bien embrasser la
formé cinq ans après que le pape Innocent règle de sainte Claire furent unies avec les
VllI en eut accordé la permission à la prière religieuses Bénédictines du monastère de
de la reine Isabelle, par une bulle de l'an Saint-Pierre de las Duenas par ordre du pape
l'iSD, qui leur permettait aussi de prendre la et le consentement de l'abbesse et des reli-
règle de Cîteaux, de réciter tous les jours le gieuses de ce même monastère, qui voulu-
petit office de la Conception de la sainte rent bien se soumettre à la règle de sainte
V'ierge et de demeurer sous l'obéissance de Claire et embrasser l'ordre de la Conception.
l'ordinaire. L'on prétend que celte bu le Ces deux monastères ayant été unis, le car-
a^anlété perdue fut retrouvée miraculeuse- dinal Ximenès transféra ces religieuses au
couvent lie Sainl-Fiançois de la mènic ville, qu'elles furent près de huit années de suitî
que les convenlucls, ausqueîs il appartenait, sans recevoir de novices, le pape Clément X,
nviiit nt abandonné, et le premier monastère à la prière de la reine, permit aux parents
dos religieuses de la Conception fui changé de ces religieuses au premier degré, de leur
en un hôpital. parler deux fois le mois, excepté dans les
L'an 150G, Jules II confirma ce que ses temps de l'Avent et du Carême, comme il est
prédécesseurs, Innocent VIII et Alexandre porté par son bref do l'an 1673. Nous avons
VI, avaient tait touchant les changements ci-devant dit quel est l'habillement des reli-
arrivés en cet ordre, et l'an 1511, il leur gieuses de cet ordre. Entre autres obser-
donna une règle particulière. Ces reli- vances, outre les jeûnes ordonnés par l'E-
gieuses l'nyant reçue, le cardinal Quignonez, glise, elles doivent encore jeûner depuis Ja
qui n'était pourlors que provincial des fêle de la Présentation de la sainte Vierge
religieux de Saint-François de la province jusqu'à Noël; et tous les vendredis de Pan-
de Caslille, leur fit faire de nouveau pro- ne;' : il leur est permis de jeûner aussi le
fession, conformément à celte règle, et elles samedi; mais on ne peut pas les y contrain-
prononceront leurs vœux entre les mains de dre. Outre le grand office de l'Eglise, selon,
ieiir abbesse, en celle manière et selon cette l'usage de Pordre de Saint-François, ellesj
forme prescrite par la même règle. sont encore obligées de dire le petit office de,
Je N., pour Vumour et le service de Notre- la Conception de la sainte Vierge el de dire*
Seigneur et de la suinte conception de sa glo- le même office, selon l'usage du Bréviairtij
rieuse Mîre^ fais vœu et promets à Dieu, à la romain, toutes les têtes simples et les di-
bienheureuse Vierge, au glorieux P. saint manches où il ne se rencontre point do
fr<nçois et à tous les saints^ et à vous, ma fétt s doubles.
Mère, de vivre tout le temps de ma vie en Luc Wading, ^InnaL Minor., tom. VIIÏ;
obédience, sans avoir de propre, en chasteté Dominic. de Gubernatis Ord. Seraphic.
, ,
et en pn-pétuelle clôture, selon la règle du to7n. Il; Franc. Gonzaga, de Origine Seraph.
pape Jules II, concédée et confirmée à notre iielig: Marc de Lisbonne, Chronig. de l'or-
ordre el le même Quignonez leur donna,
; dre de Saint-François, tom. III; et Marian.
l'an 1616, des constitutions particulières. ab Orscelar., Francis. Rediiiv. sive Chronic.
Ces religieuses, étant paisibles dans la Obser, strict. Reparut. ^ liv. i. cap 9.
possession de leur monastère , firent des CONDAT. Voyez Claude (Saint).
instances pour avoir le corps de leur fon- CONGAL. Voyez Irlande.
datrice, el obtinrent un bref du pape qui or- CONGRÉGATION DE NOTRE-DAME.
donna aux religieuses de Saint-Dominique (Chanoinesses régulières de la).
de leur rendre ce sacré dépôt. Le second
Des chanoinesses régulières de la congréga-
couvent de l'ordre fut fondé en 1507, à Tor-
rigo, dans le diocèse de Tolède, par Thé-
tion de Noire-Dame , avec la Vie de la
rèse Henrique, veuve d'Alphonse de Cardenas,
V. M. Alix Clerc, fondatrice et première
le
religieuse de cet ordre.
grand maitre de l'ordre de Saint-Jacques de
l'Epéf Ce monastère en a produit sept au-
. Quoique le R. P. Fourier soit l'inslituleur
tres, dont le premier fut celui de .Madrid, qui des de la congrégation de Notre-Dame
filles
fui fondé l'an 1512, et comme on y recul cl qu'on ne lui puisse pas disputer ce litre,
dans la suite plus de religieuses que le cou- puisque c'est lui qui a dressé leurs consli-
vent n'en pouvait entretenir, elles obtinrent lulions, qui leur a prescrit leur manière de
des lettres patentes du roi d Espagne, qui leur vivre et qu'il a employé tous ses soins pour
défendait d'en recevoir plus de cinquante. leur établissement, néanmoins la V. Mère
Cet ordre passa 'a même année en Italie, oii Alix le Clerc, qui a été la première reli-i
on leur fonda un monnsière à Assise, dans gieuse de cet ordre (i), a eu tant de part à
lequel il y a présentemenl qua'-ante reli- celte sainte œuvre, qu'on ne peut pas aussi
gieuses. Il y en eut un autre fondé à Valla- lui en refuser le titre de l'ondatrice.
dolid en 1521, un autre à Rome en 1525, et Elle naquit à Remiremonl, petite ville de
un à Milan en 1539. Lorraine, le 2 février 1576, et ses parents,'
Enfin Marie Thérèse d'Autriche, reine de qui éiaieiit des premières familles de ce
France, femme de Louis XiV, voyant qu'il lieu, relevèrent dans la piété et dans la
n'y avait point de religieuses de cet ordre en vertu. Elle était d'un naturel fort doux. La
France, persuada aux religieuses de Sainle- modestie qui paraissait sur son visage lui
Gîaire du monastère de la Conception de attirait l'admiration de tout le monde, et sai
Notre-Dame au faubourg Saint-Germain, à présence imprimait du respect el de la re-
Paris , qui étaient sous la direction des tenue à tous ceux qui la regardaient. Elle
Pères Récolîets, d'embrasser cet ordre de la lut occupée néanmoins pendant sa jeunesse
Conception, co qu'elles exécutèrent mais ; des vanités du monde el elle s'ennuyait dans
comme entre les autres austérités de ces cet état sans en savoir la cause.
religieuses, elles ne pouvaient parler aux Son père étant tombé malade et étant ré-
personnes séculières après leur profession, duit dans une espèce de langueur, on lui
non pas même à leurs parents, ce qui fai- conseilla de changer d'air pour le recou-
saw que les pères et mères s'opposaient à vrement de sa santé. H vint avec toute sa
rentrée de leurs filles dans ce monastère, et famille demeurer au village d'Hymonl qui
tournait toujours et lui conseillait d'entrer deLouvroir et Claude Chauvenel mais lei.r ;
plutôt dans un institut déjà approuvé parle nombre s'augmenta peu de temps après.
saint-siège, sur la difficulté qu'il y aurait de Madame d'Apremont leur donna tous les
trouver des filles qui voulussent embrasser meubles nécessaires, avec une bonne pro-
cette nouvelle vocation. Mais les révélations vision de blé, et ordonna aux marchands de
qu'elle eut, jointes à celles du P. Fourier, la villedene leur rien refuser de ce dont elles
lai firent connaître que Dieu api^rouvait sou auraient besoin, promettant de les salisiaire.
1091 DiaiONNAlRE DLS ()I\DRLS RELIG'EUX. <0r'5
Elles ouvrirent cnsuilc leurs classes cl on Pendant qu;î par les orJros de rc cardinal
lie peut comprendre les auslérilcs qu'elles on bâtissait ce premier monastère, la Mère
pratiquèrent pomlant les si\ ])remièrcs Alix avec une compagne alla à Paris chez
rsnnées de leur éla!)lissomenl. Elles no marb" les Ursulines du faubourg Saint-Jacques ,
geaienl leplus souvent qu'un pcude pain bis^ alin d'apprendre !a méthode qu'elles obser-
lies fruits, ou de la salade, quelquefois des vaient en joignant avec la clôture l'instruc-
Ic^un.es ou un potage assrz mal assaisonne, tion des petites lilles exicrnes. Elle partit de
et ne buvaient jamais C-c vin. Elles soulfrirent Nancy le 12 n^.ars IGIo, et fut reçue chez les
beaucoup de pauvreté dans le commencement Ursulines par mademoiselle de Sainte-
(uirce qu'elles no voulurent pas se sorvir Beuve, leur fondatrice, et par madame de
(les offres de madame d'Apre nont et qu'elles Villiers de Saint-Paul, qui y avait été en-
ne voulaient pas qu'on sût leurs besoins, afin voyée de l'abbaye de S lint-Eiienne de Sois-
de nôtre point à char^'C au public et avoir tons pourélablir parmi elles la régularité, et
sujet de souflVir pour l'amour de Dieu. Elles (|ui fut dans la suite abbi ssede Saint-Etienne
l'an IGli, pour traiier avec le P. Fourier les cérémonies furent achevées, Son Emi-
des ;iff lires de leur congrégation, le prièrent nence les conduisit processionnellement dans
instamment de songer aux moyens qu'il le cloître en chantant le Te Dcum. Quelques
hiudrait prendre pour obtenir du saint- jours après, les Mères de Siint-Mihiel et
sicge la confirmaliou de leur congrégation, de Châlons s'en retournèrent chez elles
la permission d'ériger leurs maisons en pour faire ériger leurs maisons en monastè-
menas ères, avec celle de pouvoir faire des res, et l'année du noviciat étant expirée, la
vœux solennels. Le cardinal de Lenoncourt, mère Alix et ses compagnes firent leurs
primai de Nancy, voulut bien se charger de vœux solennels entre les mains du R. P.
cette négociation cl être le prolecteur de ces Fourier, le deuxième jour de décembre 1618.
bonnes filles. Il sollicita si fortement les Ces trois maisons de Nancy, de Saint-Mi-
i)ulles nécessaires, qu'il en obtint une du liiel et de Châlons ont été les premières éri-
pape Paul V, le premier février 1615 ;mais gées en monastères, d'où on a tiré des reli-
a cause des difficultés qu'on apporta à Rome g euses professes pourcommencer laplupart
de joindre l'instruction des petites filles des autres monastères de la congrégation, qui
externes avec la clôture, Sa Sainteté n'ac- se sont tellement multipliés, qu'il y en a présen»
corda par cette bulle que les pensionnaires. tement plus de qua re-vingts tant en France
Le cardinal de Lenoncourt sur de nouvelles qu'en Lorraine, en Allemagne et en Savoie.
instances en obtint une seconde le 6 octobre En 1641, quelques monastères ont reçu de
ItilO, qui leur permettait l'instruction des nouvelles constitutions ; les autres sont de-
tillesexternes. Cette éminence fit encore da- meurés dans l'observance des anciennes,
vantage en faveur de cette congrégation qui avaient été dressées par le P. Fourier.
naissante, en voulant bien être le fondateur L'archevêque de Sens, Octave de Belgarde,
du premier monastère qui fut établi à Nancv; obligea les monastères de Provins, de Joigny,
car quoique celui de Sainl-Miliiel soit la d'Eiampeset de Nemours, de son diocèse, de
pr mière maison où la congrégation a élé les recevoir. Son successeur, Louis-Henri de
forn.ée, c'e>t néanmoins celle de Nancy qui Gondrin, dicssa des éclaircissements ou lè-
la première a pris la clôture. glements sur ces mêmes conslilulions tirés ,
^0?)3 CON
(le tous les livres et écrits ùu P. Fouriiîr, une de filles séculières, qui ont pour fin d'ho,
lesquels règlemcnls furent imprimés à l'aris norer l'iramaculce conception de la sainu'
on IGT'i ces différentes constitutions et es
;
\'ierge. Pour ce sujet elles font tous 1rs ans
règlements n'ont pas cmpôrhé que tous les protestation en public, rt tous les jours en
rnoM.isières ne soient demeurés dans une pnr- particulier, d'honorer toute leur vie l'im-
fa'le union, entretenant toujours une granJe maculée conce[)t;on de la sainte Vierge; et
roncsponcJance entre eux. pour marque extérieure qui les distin^^ue,
Après la solennité des vœux, la Mère elles portfiut un petit scapulaire qu'elles ap-
Alix ne vécut que trois ans. Les grandes pellent un collier, qui et d'étolTc de couleur
îiuslcrilés et les macérniions qu'elle exer- bleu céleste, où d'un côté est l'image de la
ç.iit sur son corps ayant abrégé le cours de Conception et de l'autre sont écrits ces mots
,
sa vie , elle mourut dans sa quarante- en lettres d'or ou d'argent: Marie a été conçue
sixième année, le 9 janvier 1G22. sins péché. Ce scapulaire peut être aussi de
coul ur blanche, et pour lors celle devise
Pendant sa dernière maladie, la ducliosso
doit être ou soie bleue. Les jours qu'elles
de Lorraine, les princesses ses filles et plu-
font leur protestation, des ont un cier;;e de
sieurs personnes de la première quaiiié ia
cire blanche à la main, auquel est attaché
visitèrent tous les jours. Le bon duc Henri
un écusson, contenant la même devise écrite
avait une si grnn.le estime pour cette sainte,
en lettres d'or ou d'argent. Elles ont des rè-
lille, qu'il fut lui jeter de l'o,;U hénile aprùs
gles et constitutions qui ont été dressées par
!;a mort dès le premier jour qu'elle fut cri-
le II. P. Fourier , et approuvées pir le pape
posée ; et quoiqu'il eût une horreur nnlu-
Innocent X, Tan 1G45. Ce pontife accorda
reile de voir les mort^, il ne pouvait se las-
beaucoup d'indulgences à celte dévote con-
ser de la regarder, la considérant comme
grégation de filles séculières, éîable suos le
une sainte. Le duc Charles et les autres prin-
nom de l'Immaculée Conception d la 13. V •
ges, de Vernon,deMonlfort, de Châteaudun et dire de leur origine. Wading dans ses An-
«(uelques autres. Sa Vie a été écrite avec celle nrdes des Mineurs parle des deux premières.
di' la Mère Aliv, comme ayant été l'un des or- Tout ce qu'il dit de celle du Consort, c'est
neoients de celte congrégation par la pu- que l'on confiait aux frères et aux sœurs de
reté de ses mœurs. cette société le soin d'exécuter toutes les
La principale fin de cet institut est à peu (euvres et les legs pieux que les fidèles fai-
près conforme à celui des Ursulines, en ce saient, en faveur des pauvres et des ainii;és.
qu'il regirde linstruclion gratuite des pe- lis s'en acquittèrent pendant u temps con-
i
tites fiUts. Elles n'ont que l'office de Notre- sidérable avec beaucoup de fidélité mais ;
Dime, quelques jeûnes particuliers, princi- Michel de Carcano, vicaire des Frères Mi-
palement les vendredis et les veilles ,des neurs de l'Observance de la province de Mi-
fêtes de la sainte Vierge. Elles suivent la lan, et quelques autres religieux, voyant que
règle de saint Augustin et sont habillées de quelques personnes mal intentionnées en
noir conformément à la figure que nous en murmuraient sous prétexte que ces frères et
donnons. Les religieuses de cc t ordre à Paris ces sœurs tiertiaires s'appropriaient les legs
rt en quelques autres lieux prennent le titre et les autres choses dont on leur confiait la
de chanoinesscs fondées apparemment sur
,
distribution, persuadèrent au supérieur cl
ce que le P. Dumoulinel croit qu'on les peut aux autres frères de cette société de remet-
mettre au rang des chanoinesses régulières, tre la distribution de ces mêmes legs et de<
puisqu'elles en ont reçu de leur Père la règle autres aumônes entre les mains de quelque s
et l'esprit. laïques de la même ville. Mais expérience I
Voyez la Vie de la mère Alix le Clerc ^ tm- ayant fait connaître dans la suite que ces
priitiéeà Nancy en IGiG, et celle du P. Fou- frères et ces sœurs tiertiaires s'en acquit-
rier, /e P. Bedel ; Hermant, IJisL des
par taient avec plus de fidélité, les Milanais s'a-
ordres rel. ; et Schoonebeck, Ilist. des ord. rel. dressèrent, i'an li77, à Sixte IV, suppliant
Presque dans tous les monastères des re- Sa Sainteté qu'il voulût bien ordonner à ci s
ligieuses de la congrégation, il y en a ausbi tertiaires de reprendre le soin de la distri-
1055 DICTIONNAIUE DES OllDRES RELIGIËIK.' !096
bulion des aumônes et des legs pieux. Ce ils n'en pouvaient sortir sans sa permis-
pontife CMinmil les prévôts dos églises de la sion.
ëainte-Trinilé de Milan, de Pontivolo et de Tous les jours en leur particulier ils de-
Pampiaco, pour exnniiner colle affaire; mais vaient faire l'oraison mentale el l'examen
Wading ne dil point ce qui fut ordonné ni de conscience. Aux fêles de la Vierge ils ré-
ce qu'est devenue lelte soi.iéfé. citaient son petit ofiice, cl s'il leur était pos-
Le même auteur, parlant de la jociété de sible tous les dimanches de l'année; mais
la Ciiarilé de Pajolo, instituée ilar.s la ville de ceux qui ne savaient lire, récitaient au lit u
Kegaio en Lombirdie, dil que i'ati 1493, le de cet office deux fois le chapelet. Tous
pape Alexandre Vi confirma un accord qui les confrères étaient encore obligés de le ré-
avait clé fait entre l'évêque et les sénateurs citer tous les jours en l'iionneur de la sainte
de la même ville louchani lo droit de nommer Vierge. Ils jeûnaient toiiles les veilles des
des conservaleurs, des massiers, un notaire fêtes de la sainte Vierge, de saint François
et autres ofGciers de celle sociéîé, quoique el de sainte Claire, aussi bien que tous les
cette affaire eût été déjà terminée par le vendredis de l'année; mais ce dernier jeûne
cardinal lîessarion, évcque de Frescaii cl lé- n'étail que de <onscii, do même que la dis-
gal do Cologne. C'est loul ce que nous sa- cipline qu'ils prenaioîit ces jours-là, et les
vons de celle société. veilles des fêtes de la confrérie.
Quant à la îroisième elle fut éîa'ulic à Pa- Ils faisaient fo. s les an; trois processions,
ris p ndant le règne d'Henri 111, sous le nom tant pour implorer la miséricorde de Dieu
de i'énilcais Gris du tiers ordre de Sainl- que pour engager les peuples à la péni-
François mais je n'ai pu trouver com.nent
;
tence. La première se faisait la nuit du
ils oui commencé ni en quel iicu ils faisaient jeudi saint, en laquelle ils visitaient les sé-
leurs assemÎ3léos. Le P. Llzéart de Dombes pulcres el y fais lient des stations, pour y
et le P. Jean-Marie de Vernon , dans leurs méditer sur les mystères de la passion de
Histoires du tiers ordre de §;int-Frunçois, Nolrc-Seigneur ;la seconde, le jour de l'oc-
parlent de ces Pénileiits Gris, cl diseni que tave de la fêle du saint sacrement, et la
le P. Vincent Mussart, avant qu'il entreprit troisième le jour de l'Exaltation de la sainte
la réforme de cet ordre en France, était de croix. Pendant ces processions ils marchaieni
celle confréiie dans laquelle il y a\ail plu- aiu-pieds, exceplé les sexagénaires et les in-
sieurs personnes de considération, comme firmes, qui avec la permission du supérieur
M. de Bérulle, qui fut ensuite fondateur des pouvaient porter des sandales.
Pères de l'Oraloire et cardinal, aussi bien Qunnd quelque frère et lil mort, tous les
que M. de Marillac, qui fut dans la suite autres l'accompagnaient à la sépulture, vê-
garde des sceaux. tus de leurs sacs et chaussés, excepté celui
Les slaluls de celle congrégation ou con- qui portait la croix. Tous les ans, le lende-
fraternité sont en manuscrit dans la biblio- main de la fêle de saint François, ils chan-
thèque de Picpus et contiennent douze ciia- taient, l'office des morls pour tous les fré-
pi res. Celui qui voulait être reçu au nombre ri's el les sœur.s, parents el bieniaileurs dé-
des confrères devait s'adresser à un cen- cédés, el tous les mois chacun disait en par-
seur qui l'cxaminail sur sa religion, et après ticul er le enêmc office à celle intention. Une
l'avo r éprouvé pendant quelque temps, il de leurs obligations était d'entretenir des
le faisait proclr.mer par deux fo s dans l'as- séminaires pour y instruire à la piété de
scmuléc, afin que les confrères s'informas- pauvres orpbei ns et dos jeunes gens qui vou-
sent sccrètemeiil de ses vie et mœurs. S'il laient embrasser l'é al ecclésiastique. Cha-
n'y avait r.ucun reproche contre lui, il était que coiîfrère douiinit pour cela une aumône
r eu et on lai donnait l'habit, après avoir en -entrant, et lou5 s ans, la veille de saint
1
élé* instruit des règles et avoir fait une con- François , ils é aient encore obligés d'en
fession générale. Avant que son nom fût faire une pour la même sujet.
écrit dans le registre cl qu'il pût avoir voix Ces confrè.es avaient pour supérieur et
dans les assemblées, on le mettait en pro- pour principaux officiers un recteur, un
bation pendant un an sous la conduite du vice-recteur, un maître des novices, qua-
maîlrc des novices. tre censeurs el un maître de chapelle, dont
Les confièrcs s'assemblaient tous les pre- l'élection se faisait tous les ans et afin que
;
mirrs vendredis du mois dass leur cha- toutes les congrégations et sociétés parti-
pelle pour y chanter le pelit ofMcfî de la culières du même inslitul ne fissent qu'un
Vierge, et tous les autres vendredis après même corps et fus ont toutes gouvernées de
midi ils disaient les (ornplies do l'oflice de la même manière, elles devaient reconnaître
i'Fgliso
; aux fêles de l'Annonciaiion de la pour leur général le recteur de la congréga-
sainte Viergo, de saint François cl de sainte tion de Paris, comme la première établie, et
Ciaire, ils disaient le grand olfice de l'Eglise ellesdevaient recevoir les visiteurs qui leur
tout entier, à coinmoncer dès les premières étaient envoyés de sa part, se soumcUant à
vêpres, ci r<iirice des ténèbres les trois der- leurs réformllions, aux conslitulions et aux
niers jours de la semaine sriintc. Lorsqu'ils ordonnances du chapitre de Paris. Si ces
étaient assemblés pour l'ofiice, en attendant (ongréaations panicolières avaient quelques
que l'heure en fût venue, on leur faisait une diificuliés, ou qu'elles trouvassent à propo.s
exhortation qui était suivie d'uîie lecture spi- de laire quelques nouveaux règlements pour
rituelle. Fiant dans la chapelle ih devaient leur gouvernement, elles ne devaiCiit ricndc-
faire loul ce que commaadaH le supérieur, el lerminer que par manière de provision, jus-
1097 CON CON iQVS
qu'il ce qu'elleseussent reçu l'approbalionct là (rompent ou, levoulant bien, sont trompés,
le consciiloMHMii du cliapiire de Paris, au- qui, portes p.ir un dé>ir de lliilerie, vont
quel elles devaient se conlormer en toutes chercher l'origine des ordres militaires avant
clioses. le douzième sièele Fnltunt nui volcnti's faU
:
(Juinl à ri)nl)il!enionl (1), il consistait en luiitur (ululatorio sluiio plnccndi 'lOrepli ,qui'
un s.ic de Irciilis gris, ayant un capuclion cunijue mililnrium rcUgionnm urincipia avtt
él{'\é dcnu-j)ied par dessus la lèie , cl
(!e sœciihim duodccimum reiitirinil (:2i.ll ajoute
petidaiil m
pointe par devant jusqu'à la que la pierrede m irbre que l'on piélcnd qui
ceinture, quiciail une corde detrins blancs et fut trouvée à Rome cl qni représente le
noiis eiilrel ces cnseiniile a\ec trois nœuds. grand Consl inliu assis sur u:i lrôn;\ et don-
lis portaient sur l'cpuile gaudie l'unage de n.nt le collier de cet ordre à nn gr^ind nom-
saint François, et un ciiapeiot aUaciié à la bre de rhe\aliers, est une pure iict^on que ;
corde; mais les novices, avant que d'être les figures qui y sont représenîées ne sont
inscriis au nombre des confrères, ne pou- que l'ouvrage d'un sculpteur moderne, el
vaient porter l'image de saint François, aOn que tous ceux (|ui ont connaissance des an-
qu'il y eût quelque distinction cuire les ciennes insri {plions romaines en convien-
Uns et les autres. dront parcelle (jui est gravée sur ce mar-
Les fcmaics cl les Glles dévoles qui étaient bre, et qui est en ces termes : Constantinus
associées k la coniréi ie d 'vaient p:aidcr les Jilaxiinus impcralor, posiguam mundatiis a
inêines règles que les confrères, excepté ce lepra per mcd'um baplimnlis milites site ,
qui regardait les enterrements el les (iroces- ecjuit:s deauratos créât in tulclam clirisliani
sioiis aux(iuellcs elles n'asistaient pas. ï^i nominis.
elles éiaieni mariéos, ou qu'elles eussent Si l'on voulait cependant ajouter foi à ce
pères et mères, cl'es ne pnuvaient y cire que dit liisly (o) dans son lli-^ioire des com-
retues qu'avec leur permission. Files n'a- tes de Poitou, il y aurait en un ordre mi i-
vaient aucune communicaliou avec les con- taire dès le neuvième sièce; car il prétend
frères, cl leurs cha|ielles devaient être sé- que Guillaume le Pieux duc d'Aquiiaine cl,
parées par un mur d'avec lecliœir des frè- comte d'Auvergne, qui succéda à Guérin.son
res, de lelle manière néanmoins qu'elles frère, l'an 887, avait fondé vingt-cinq che-
pouvaient entendre les offices cl les cxhor- valier^ dans l'église de Saint-Julien de
lations. Elles élisaient entre elles une su- Brioude, en Auvergne, pour faire la guerre
périeure cl des officières, qui les devaient aux Normands, lesquels chevaliers lurent
gouverner selon les règles et conslituiions, ch.'.ngés dans la suite en chanoines. Il
et selon les ordonnances du chapitre des ajoute qu'il a eu en main le tiire de elle
frères. fondation; mais il ne l'a point produit parmi
vianuscrile des frères pénitents du
lièfjle ce grand nombre d'auîrcs titres qu'il a rap-
tiers ordre de saint François; et pour les portés pour servir do preuves à son His-
couf/régalions de l'Ann'jncialioii et de Snint- toire ;4j, ce qui aurait été néanmoins fort
férôme, voyez le P. Uaimond Auger, dam sa nécessaire pour que l'on pût ajouter foi à ce
Mélanœlogie au sujet de ces congrégations. qu'il a avancé de ces prétendus chevaliers.
Cela n'a pas empêché Justel de citer cet au-
CONSTANTIN (Chevaliers de l'ordre de),
teur dans son ïlisloire de la maison d'Au-
Appelés aussi Dorés^ Angéliques et de vcrgney el de dire après lui que ce Guil-
Saint-Georges, laume, duc d'Aquitaine, a été le premier d( s
C'imme il y a des ordres monastiques qni princes chrétiens qui ait inslilué une milice
ont cru se faire honneur en allant chercher ou société de chevaliers pour la défense et
une antiquiié foi t éloignée, il se trouve aussi l'exallation de la foi chrétienne, el que c'est
des ordres militaires qui ont pareillcnicnl pout-clre pour cette raison et à cause des
fait remonter leur origine le plus liant qu'ils grands biens qu'il fil à l'Eglise, qu'il est ap-
ont pu , ];our tâcher d'avoir, par quehiuc pelé par saint Odilon en la Vie de saint
antiiiuié chimérique, la préséance au-dcsuis Mayeul Cliri<lîanissimus Aquitanarum prin-
:
des autres. Tel est l'ordre impérial des che- ceps. 11 ra[)porle néanmoins, parmi les preu-
valiers de Conslaiilin , ap[)v>lés ausii Anu;c- ves de s;»n Histoire (o), un acte qui prouve
lH]ues , Dorés el de b-jinl-Gcorgcs que , au contraire que, l'an 808, auquel ien;p»
l'abbé (iiusiiniani qui se qualifie chevalier
, quel(jues-uns prétendent que l'inslilulion de
et grand-croix de cet ordre piétend ôtr(> le
, ces prétendus chevaliers fut faite par ce
plus ancien des ordres ii)ilil<.iies (îans l'Hi - prince, il y avait déjà des chmoines dans
loirc des tnénies ordres qu'il donna au pu- l'égl.j^e de ^ainl-Julieu de Brioude, et qu'il
l«l;c en iGiî2. cl qui tut imprimée- à Venise en en elail même abbé , suivant la coutume de
deux \olnnjes in-folio. Mais il est inutile do ces lemps-là, (]ue les ^jIus grande scigneursi
clu'i cher loriginedes ordres militaires avant et même des femmes mariées jouissaient des
le douzième siècle, et c'est au sujet de l'oiiirc revenus des abbayes coiJiine de leur patri-
dont nous parlons, cl dont Ton [ir. lend que moine. \'oici cet acte Wtllelmus cumes^
:
l'empereur Constantin le Grand a c(o le lon- marc'iio algue dux cedo ecdesiœ Sancit
,
daîeur, que le P. Papebroch dit que ceux- Jaliaiii qui requicscit in vico Jirivatensi, xiOi
(1) Voij., à 1.1 fin du vol., n» 270. (4) Jiislt 1, Uisl. de la maison d'Auvergne, p. iZ.
('2)Apitd Uullanduni, tom. 3, .4pn7is, p. 155t (5) Ibid. 12 , des preuves.
(5) liysiy, Hisl. de Poitou.
Dictionnaire des Ordres religieux I. 33
1099 DICTIONNAIUE DES ORDRES RELIGIEUX. 4100
?,/od&no regia abbatiali videor fungi officio; desquelles l'on voit 'son nom, et qui furent
ut ifjse locHS tutior sit inomnibus, prœposi- imprimées par ses ordres, l'une à Rome el
i.umxiuey uomine IJelfredum,ad cuslodicndain l'autre à Trente en lG2i ? Si ce grand maî
,
canônicam vilam, cum canonicis sub nobis tre était un intrus, il sembb^ que l'abbé
^onstitiitis habere videar. Domino cum uxore Giustiniani devait rapporter de quelle ma-
«laaJngelberga, res proprietalis nostrœ, vicle- nière il avait usurpé la grande maîtrise ; et
licet curicm nostram indominicatam quœ dici- s'il élait lé',Mlime, il ne devait pas rometlr.?
lui-Maceriaca etc. Ainsi l'on ne (eut tirer
,
dans la chronologie des grands maîtres.
aucunavanlai^e dece que Bisly el d'autres Peut-être que l'abbé Giustini.ini, par quel-
•Après lui onl^avancé, qu'il y a eu , dès le que li -ison d'amitié avec la (liaison tles Com-
neuvième siècle, des chevaliers institués par noues, ou par quelque autre raison qui nous
Guillaume le Pieux, duc d'Aquitaine, dans est inconnue, n'a pas voulu faire connaître
l'éîçlise de Brioude. l'clat où cette maison, qui avait autrefois
Ptiur prouver rcinliquité de celui de Con- possédé l'empire d'Orient, se vil réduite lors-
stcintin, l'on apporle des lettres du pape que les infidèles s'en emp trôrent, ei qui l'o-
sainl Léon, de l'an 450, adressées, à ce que biigea do chercher sa subsistance auprès des
l'on i?rélend, à l'empereur Marcien, par les- princes chrétiens.
quelles il conûnue cet ordre sous la règle Cette maison fut comme ensevelie sous les
de saint Bas le, et d'autres lettres deTempe- ruines de cet empire ; à peine on resla-t-il
reur Léon I'', de l'an hS9 ; il est vrai qu'elles quelques rejetons qui, bien loin d faire sub-
•
déposa dans ces archives , avec quelques avait assigné une pension décent écus d'or
autres litres et privilèges prétendus de cet par mois, en étant mal payé, lui étant dû
ordre, qui furent imprimés à Plaisance, l'an ju>qu'à 2800 ducats d'arrérages el n'ayant
io75, par les soins du docieur François pas d ailleurs de quoi subsister, recevait de
Maluezzo. C'est ce que nous apprenons du l'argent de toutes mains pour faire des che-
comte Majolino Bisacciani , chancelier du valiers, et, entres autres, il donna la croix de,
même ordre, dans le discours qui est au l'ordredeConstantinà d(!us fripons, dont l'un
commencement des statuts de cet ordre, se nommait tieorges da Céphalonie el l'autre
imprimés à Trenie, en 16-2i, et qui le furent -Nicolas d'Alessio, qui tous deux se disaient
aussi allume la même année, par ordre du de la maison de Comnène; ce qui fil que le
grand maître, dom Marin Garacciolo, prince conite André, comme grand maître de l'or-
li'Avellino, qui avait tenu celle mêaie année dre» leur accorda beaucoup de privilèges,
un chapitre de l'ordre à Avellino, dans le en vertu desquels ils prétendirent aussi dans
royaume de Naples, oii ces statuts avaient la suite avor droit de créer des chevaliers.
été dressés et qui n'étaient auues que ceux Mais le i-rand-maître , Pierre Comnène ,
qui avaient été ordonnes par l'empereur prince de Cilicie, père de Jean André et neveu
Isaac Ange Gomnèue, l'an 1130, et que l'on du comte André, s'y opposa. 11 y eut à ce su-
jet un procès à Rome en 1591, et par la
y renouvela.
Cet empereur, que l'abbé Giustiniani ap- sentence qui fut rendue la même année par
pelle le réfurmaicur de eel ordre, pourrait i'^rosper Farinacéi, vicaire dans les causes
bien en avoir été lui-môme l'instituteur et criminelles, de Cauiille de Borglièse, audi-
lui avoir donné le nom de Constantin , par teur de la chambre apostolique, confirmée
rapport à l'impereur Constantin dont les l'an 11594 par Pompép Malolla , vicair-' au
Gomnènes prétendent être les descendants. criminel, do François Àldobramlin, commis-
H pourrait aussi lui avoir duiiné celui d'An- saire en cette affaire, nommé ar le pape
;
gélique, à cause du liom d'Ange qu'il portait Clément Mil. Ce Georges de Géphaloiiie fut
lui-mêmi', cl enfin celai de saint Georges, à condamné aux galères à perpétuité pour
cause qu'il se m'a sous la protection de ce a; oir fait des chevaliers de cet ordre, ce
saint martyr. Mi comme la règle de sainl droit appartenant à la maison des Comnènes.
Basile était la seule qui eût cours en Orieni, C'tie sentence fut exécutée, et il demeura
il pout encore les a> oir soumis à ceKe règle. aux galères jusqu'en l'an 1597, qu'il en fut
Voila, eenie semble, loute l'antiquité la plus retiré a cause de son grand âge; mais on
raisonnable que l'on puisse accorder à cet lui fit défense, sous peine t!e (a vie, d." créer
ordre. à l'avenir des chevaliers. Quant à ce Nicol s
Il y a lieu de s'étonner de ce que lah- d'Alessio, il fut seulement banni par sen-
bé Giustianiani ne parle point de ce ;;rand teni e de la même année 1597.
maître Garacciolo. Serait-il possible que cet Ce grand maître Pierre Co nène ; qui
,
dans sa chronologie des grands maîtres il l'ordre, d'être humbles autant qu'il leur sera
lui donne quarante-deux ans de gouverne- possible, do garder la chasteté conjugale,
ment qui doivent avoir commencé l'an 1592, d'exercer la charité, enfin de laisser en mou-
et dans le corpsde l'histoire, il d t qu'il obtint rant quelque chose à l'ordre; et dès lors ils
pour son ordre, l'an 1630, des privilèges s'obligent, en cas qu'ils meuient sans faire
du pape Urbain VllI et de l'empereur Ferdi- testament, de lui laisser cent écus d'or, pour
nand II. lesquels ils obligent el hypothèquent loa»
Cet abbé, pour faire plus d'honneur à son leurs biens.
ordre, y introduit tous les souverains de L'habillement du grand-maître (1), quand
(1) Voy., à la On du vol., n»» 271, 27-2,273, 274, 9.'l\, 276 el 277.
ÎÎ05 blGTIONNAlUE DES ORDRES RELIGIEUX. HQP>
il paraît en public dans les cércnionic:, ou frères servants ils ont setitement une écharpe
'^u'ilassistp au cousait do col OMirc, (iwi est bleue de lanVias qui passe dep^iis l'e anie
C(!tnpos6 (le cincjii.iiilo cons''illtM-s ou séîia- droite jusqu'à la li.inrhe giiucKe ;ivec une
(eur>, (jiii sout auUuit do clH^valicrs graïuîs- demi-croix au mil eu, à l.tqurllc il manque
croix, (o^si^l!' en i»n |>our[)<>inl tt un haul- le ctoisou d'en haut; el lorsijue les cheva-
de-cÎ!ausse roug<";, aussi li; n que la bas cl liers sont à la guerre el comballenl pour la
les soijiicrs, el iiar de-sus une vcsie de loile foi, ils doivent |.oilcr une supra-veste en
d'arj^enl descendant jusqu'.iux g(>noux et forme dc ;-ca; ulairc de dr;ip blanc, ayant au
ayant des man;lu's assiz laif^os. Celle veste milieu une cr;)ix rouge.
est ceinte d'un ceitihiron de velours roui;e, Les souverains jiontifes avaint accordé à
auquel est alUichée ré|)é(', et pjir dessus celte pei jiétuité la grande maîtrise de C(t ordre à
vest' il porle un ffiatid niauleiu Iraîu'iil à la m.iisou des Cunincnes; mais André- Ange
terre, de vélo us bien doublé de lole d' r- Flave (^omnène. prince de Macédoine, le der-
gent, et alla hé au cou avec deux cordof.s nier ijui rest. il de celte maison, .iprès avoir
tissus d'or ei di» soie rou^^'» descendant jus- gouverné Tordic pendant plusieurs années,
qu'à te:re. A côlé du nianlcau est la croix céda, lan 1099, la gratde maîtrise au duc de
de l'ordre, r0L''>,!\ or!ée d'or, tcrniinée aux Panne, François Farnèse, pour lui el ses
quatre coins en (leurs de lis, sur lesquels succe.'-seurs à perpétuité; ce que le pape
sont ces quatre lettres 1. H. S. V. qui veu- Innocent XII a confirmé la même année par
lent dir In hoc signo vinces. Le nom de
'
: un bref du 29 octobre, el depuis ce temps-là
Jésus-triirist exprimé par ces de:ix autres le nouveau grand n)aîiro a fait quelques
lettres grecques X
el P est au milieu, et à ch.'ingemenis nux .staluls.
côté ces deux autres leftrcs A et n. Le grand Bernard Tiiustiniani, Hist. chrnnolog. de
collier qu'il porte sur le manteau csl com- gli ord. militari lum. I; Joseph M;chii'li y
posé du uiéme monogr;imme X et P dans Marquez , Te^oro milUnr. de Covnlleria ;
quinze ovales d'or émail'cs de bleu; celui du Fraiicesco Maluezzi, Priiilrg. ord.S.Georg.;
n^ilieu, auquel pend un saint Georges d'or à Miijolin ) Bisaccioni , Staiuti et privileg.
cheval et terrassant un dr;igon, est plus délia sacra rcliij. conslantiniatia. Les ihémes
graod que les autres et est eulouré d'une s lut lits iiiipri'iiés à Itavcnnes el à Rome. Phi-
guirlande dont la moitié st de feuilles de
i lip. Bonanoi, 6V/^o/rt^. ord.mililarixim ; Dom
chêne, et l'au're moitié de feui les d'ol vier. Apolin. d'Agresta, \ it. di S. Jîusilio et Bol-
Le bonne! de ce grand maître est à la Macé- laud., lom. lllyAprilis^ die 23, pag. 155.
doine, de la hauteur d'un palme el de ve ours
cramoisi, doublé de satin blanc; il est re-
CONVENTUELS (Frères Mineurs).
troussé en quatre endroiîs avec le même Le nom ùa Frères Mineurs Conventuels (1)
monogramme X et P en broderie d'or, cl orné ayant clé donné dès l'an l'250, par le pape
d'une plume d'autruche noire. Inuocenl IV à tous les religieux de l'ordre
Les grands-croix, qui sont au nombre de de Saiiil-François, qui vivaient en commu->
cinquante, ont un pourpoint el un haul-de- naulé, pour les distini^uer tant de ceux qui
chausse bleus, et pardessus une veste blanche se retiraient dans des solitudes, pour y vivre
descendant jusqu'aux genoux. Leurs bas et et observer la règle dans une plus grande
leurs souliers s ;nt blancs aussi, le ceinturon perfeciiou, (jue de ceux qui étaient hôtes
de velours rouge; cl le manteau, qui n Cst ou étrangers, comme il paraît par les con-
pas si long que celui du grand maitre, et à sliluiions dressées, l'an i3o6, sous le géné-
côlé duijuel e^t la croix de l'ordre, est de raîat dc Géraud do Odonis , on l'atiribuait
dansas lileu doublé de blanc, lis ont droit également à ceux qui, étant portés au relâ-
aussi de porter le grand collier, et leur bon- chement, s'y opposaient. Mais lors(jue le
net orné de plumes blanches est de salin pape Léon X, qui ne put exécuter le des-
bleu, ayant aux quatre côlés le monogramme sein qu'il avait de réunir tout l'ordre dans
X el P en broderie d'or. une uièmi> observance, eut donné par les
Les chevaliers do justice ont le même ha- bulles de l'an 1517 le nom de Conventuels
billement, excepté que le manteau est d'ar- à ceux qui persistèrent à vivre dans le relà-
liiO'sin bleu onde el qij'ils ne peuvent pas chî'iiient, et qui voulurent jouir des privilè-
porter le grand collier. Ils ont seulement au ges l'ju'ils ai aient obtenus, de pouvoir pos-
cou une petite chaîne d'or d'où pend la croix séder des fonds et de.s renies, l'orJre se vit
de Tordre émail ce l'e louge. Les chevaliers comme partagé en deux corps, cl on com-
ccclésias'.iques, qui sont nobles aussi, ont mença a eu dislii'.guer les religieux sous
un grand manteau bleu el nn bonnet carré deux noms dilléreuis ; ceux dont nous ve-
de velours de la même couleur avec le mo- nons de parler sous le nom de Conventuels,
nogramme X el P aux q.iaire côlés. Les el les autres sous le nom ^S' Observants ^ cha-
prélrcs d'obédience ou chapelains oU dans cun de ces deux orps ayant un supérieur
<
les cérémonies un surplis de taffetas bleu di;ïerent, (jui avait le tilre dc général, avec
avec des franges (ont autour, et «t côlé la celte difi'erence, que relui de l'Observance,
croix de velours rouge; mais hors les céré- comme ministre général de loul l'ordre de
monies ils portent au cou une crois d'or et S.iinl-François, retint la prééminence et
sur le manteau une croix de laine rouge Paulorilé sor ct-Iui desCon\ euîuels, puisqu'il
ornée d'un cordon de laine jaune. Quant aux devait couUruicr son clecUou et que les Cou-
néral de ceux-ci prît If liirc de niini-lrc ter les iouilations que les 01>sprvants, qui
général de tout l'ordre. Ils coiumeDcrnnl faisaient vœu d'une élroile pauvreté, ne pou-
par contester la préséance sous le poniifical vaient pas posséder. Il ne se trouvait pas
de Sixie V, croyant qut^ ce pontife, (jui avait moins de dilTicuilé à Home, où Ton objectait
été religieux Convcnluel, déciilerait en leur les concord.ils qui avaient été faits enlre les
faveur; mais leurs poursuiic^ Curent inutiles, Conveniuelj et les Obscrvapts, et qui avaient
aus^i bien que cclb s qu'ils firent sous le été confirniés par Paul II, Sixte IV cl Inno-
pontifical de Clément Vlil, on 1593 et 16)2; cent Vill, p;;r Icsiiucls il était dcfei du aux
car les Observants furent m
intcnus daîis Observants de s'emparer dos maisons des
leur privilège. Les Conventuels, n'ayant pu Conventuels sous quelque prétexte que ce
réussir de ce côté-là, les attaquèrent l'an fût. Le pa; Alexandre VI écrivit en même
1(525, sous le pontificat d'Urbain Vlil, au temps un bref aux rois calh(diques pour
?ujct du lilre de ministre général de tout empêcher que l'on ne procédât à la réforme
Tordre do Saint-François, lis mirent au des Conventuels jusqu'à ce qu'il en eût or-
jour des écrits pour fai;e valoir leurs pré- donné autre enl; mais le cardinal Ximciiès
I
tentions. Le P. l'aber, leur procureur gé- ne perdit point courage pour toutes ces op-
néral, eu donna un sous le lilrc de Spccii- posii ons; illravaill isieflicaccment (ju'il vint
Iiin status Ileligiovis Frnncisc!:nœ : il tâ- heureusci.'îOnt à bout de sot» entreprise et
tbait d'y toprésentcr au n.ilurcl 1 état de surmonta enfin toutes les dilficullés que l'on
l'ordre de Saint-Franc )is et les justes pré- formait lous les jours. L'on 6(a aux Conven-
Icnlions des Conventuels qu'il ïondail sur tuels presque loutes leurs maisons. On les
ce nom, le premier qui eût été donné aux donna aux religieux de l'Observance. Les
religieux do l'ordre, et qui, leur ayant été biens en fonds et en renies, quirépngnaicnt
conservé par Léon X, b s mettait en drcif, à la règle de saint François, (iireni vendus
à raison de l'ancienneté , d'être préférés cl employés en partie aux réparalions des
aux Observants. :\Sais ToiTaire fui aussi églises et des maisons, qui la plupart et i-ent
décidée en faveur de ces derniers par un dénuées des cho es nécessaires, el l'on ad-
déncl de la coni^régaiion des cardinaux, jugea l'autre partie à de [auvrcs monai-tères
du '22 mars le P.
1(331; aber a^ant de-
i de religieuses, afin que n'él.inl jjIus o!)iigées
mandé d'ctreécouté c.icorc une lois, ses n mendier, elles pussent pics faeilemenl gar-
raiscuis panirenl si faibles, qu'il fut derc- der la clôture ce (lui avait été le pi iuclii.al
:
dii'f condamné le 12 avril; et enfin h; pape motif dii c;!ri!in il Xiuicnès en entteprenj'.nt
lui imposa un silence perpétuel ainsi qu'à celle réforme. On apidiqua aussi quelque
tons les Convcnlucs, par un bref du 21 du chose des dépouilles des Conventuels à des
menu» mois. cathédrales, à des collèges cl à d'antres œu-
Avant qu'ils cuisent été entièrement sé- vres pieuses, cl la plupart des bienfaiteurs
pares d'avec les Observants par la bulle de retirèrent les fonds qu'ils avaient donnés
Léon X, ils avaient déjà beaucoup perdu de pour des fondation?.
couvents qu'on les avait obligés de céder Léon \, par deux brefs dos années lolii'
aux Olscrvanls qui éilifiaicnt autant par la et iol7, confirma tout ce qui avail été Itit
sainteté de leur vie. que ceux-ci scandali- au sujet de celle réforme, el Clément VU,
S'ii nt par leur rclâcbemenf; m.iii deptiis voulant l'elendrc davantage, donna ordre au
celte bulle, le nombre en fut encore plus provincial de l'Observ.înce de IJur^os, l'an
grand, priueiialemcnl en Es[)aQ,ne où, .'^ous 152'i', de réforner t de réduire sous les lois
»
le règne des rois calboliiiucs , Ferdinand et de la régulière Observance, tous les cou-
Isabelle, ils en avaient de magnilicjnes qui vents des Convouluels dans le royaume de
leur furent ôtés dans la suite, à raison de IS'avar;e et toutes les religieu'^es qui leur
leur relâchement qui et ;it arrive à un tel étaieit souinises. F.nfin le pape Pie \', vou-
de: ré que, ne se contentant pas dc> dispen- lant y melhcla d rnièrc main, ordonna, Fan
ses qu ils ava eut obtenues des souverains lo(i(>,que tous IcsConvciituels d'Espagne elles
pontifes poîir pouvoir posséder en commun, religieuses qui étaient sous leur juri liciion,
il y avait do^ pariiculiors (lui avaient en pro- embrasseraient la régulière Observi^nce. Le
pre des terres, des maisons et des revenus, roi de Portugal, dom S^'bastien, ne fut pas
les uns se disant Conventuels, les nutres moins favorable à l'Observance que l'avaient
Claustraux. Le cardinal Ximenès, qui avait clé les rois calholiques Ferdmand el Isabelle.
élc religieux de l'Observance avant que d'être Car après la bulle de concorde de Léon X,
i
Tordre de Snint-Françoîs y avait é(6 divisé antre sous le titre de Saint Jean-Baptiste
en deux provinces, l'une d'Observants et et qu'il y aurait encore en France une pro-1
l'autre de Conventuels; mais le gr.ind cou- vince de Tonraine pour les réformés, et un©
vent de Saint-François de Lisbonne fut aus- autre sous le nom de l'ouraine Pictaviennè
sitôt réformé par les Observants, et les Con- pour ceux de la Faniillc; mais on ne leur
ventuels furent transférés à l'orlo, dont leur permit pas de se servir des privilèges et des
province prit le nom. l'eu de temps après, dispenses dont ils avaient joui; on leur ac-
saint Pie V ordonna encore que les Conven- corda seulement un définilcur général.
tuels de Portugal aussi bien que ceux d'Espa- Quelques couvents delà custodie de Liège,
gne seraient réformés sa sainteté, n'ayant
: qni appartenaient à la province de France,
aucun égard aux représentations qu'ils hû ayant voulu se soustraire de la réforme qu'ils
adressèrent au sujet des concordats qu'ils avaient embrassée, le pape Léon X, l'an 1519,
avaient faits avec les Oi)servants, soit avant, ordonna au provincial de les contraindre par
soit après les bulles de Sixte IV etde Léon X, censures, de rentrer sous son obéissance.
nomma le cardinal Infant Henri, l'an 15G8, La même année, le roi François I"" ordonna
son commissaire apostolique pour réforr.ier que tous les couvents des Conventuels de la'
incessamment leurs couvents ce qui fut exé-
: province d'Aquitaine pa-seraient aux Ob-
cuté et la même année la province de Porto,
;
servants, et, à la prière de ce prince, LéonX
qui comprenait tous les couvents que les Con- donna encore une bulle l'an f 521, paria-
ventuels avaient enPortugal, fut éteinte entiè- quelle il nommait des commissaires aposto-
rement. Ils firent néanmoins tant de plaintes liques pour réduire tous les Conventuels de
contre l'injustice qu'ils prétendaient leur France à la régulière Observance: ce qui fut
être faite ,qu'on leur accorda d >ns le di- premièrement exécuté dans les provinces
strict de Porto neuf couvents, dont ils for- d'Aquitaine et de Saint-Louis, où on leur
mèrent une custodie. Mais le roi d'Espagne, ôta plusieurs couvents. Les Conventuels, qui
Philippe II, étant devenu maître du royaume ne pouvaient s'opposer à l'exécution de cet o
de Portugal, François Gonzague, ministre bulle, ne laissèrent pas de tenter s'ils ne pour-
général de tout l'ordre de Saint-François, raient pas la faire révoquer par le pape Clé-
obtint de ce prince que le^ couvents de cette ment VII, qui avait succédé à Léon X , en se
custodie et les religieux qui y demeuraient plaignant à sa sainteté de !a manière avec
seraient dispersés dans les provinces de l'or- laquelle on l'exécutait, espérant par co
dre, à condition que dans chaque province moyen le mettre dans leurs intérêts. Ce pon-
ils pourraient a^oir un déûniienr et quel- tife n'approuva pas les violences que l'oa
ques gardiens mais comme il ne leur était
; avait exercées pour les faire sortir de leur»
plus permis de recevoir des novices, ils fu- maisons, mais il ne leur fut pas pour cela
rent abolis dans ce royaume après la mort de pius favorable; au contraire à la recomman-
Ceux qui res'aient. dation de la duchesse d'Angoulême, régente;
Quoique Ion ne les traitât pas avec tant de du royaume pendant l'absence de Fran-
rigueur en France et en Allemagne, ils y furent çois I" et de la duchesse d'Alençon, sœur
,
néanmoins beaucoup inciuiélés. Les princes de ce prince, il conGrnia, par une* bulle <!u
et les peuples, édiOés de la vie exemplaire des 3 novembre 1323, les Observants dans la
Observants et scandalisés du relâchement possession des couvents qui avaient appar-
des Conventuels, voulant rétablir l'ordre do tenu aux Conventuels. Jean Pissotti, géné-
Saint-François dans sa splendeur, obligeaient ral de l'ordre de Saint-François étant venu
,
ceux-ci à céiier leurs couvents aux Obser- faire ses visites en France l'an 1332, fut sol-
vants. Les provinces de Tourainc etde Saint- licité par le roi de réduire toute la province
Bonaventure, avec celle de Saxe, voulant d'Aquilaine sous son obéissance et à la ré-
prévenir ce qu'elles ne pouvaient évileraprès gulière Observance : ce qu'il exécuta. Quoi-
la bulle de concorde de Léon X, passèrent qu'il eût pris toutes les précautions né-
volontairement sous la juridiction du mi- cessaires pour ne rien faire contre la bulle
nistre général de l'ordre de Saint-François de concorde de Léon X,on ne laissa pas de
et furent reçues dans le chapitre qui se tint porter des plaintes à Clément Vil de ce qu'il
à Lyon, l'an J518, sous le général Lichetot, avait violé cette bulle. Ce pape lui écrivit
à condition qu'elles embrasseraient l'Obser- fortement sur ce sujet, et lui ordonna de ne
vance et renonceraient à tous les priviicges rien faire qui pût troubler la paix et l'union;
de pouvoir [lossédcr. Mais comme il y avait mais il se justifia si bien, que tous les sujets
beauconp de ces Conventuels qui voulaient de plaintes que l'on avait faites contre lui
toujours jouir de ces privilèges et ne point ob- retombèrent sur ses accusateurs, et qu'il fui
server la règle dans toute sa pureté, il fut or- même nommé commissaire apostolique, avec
donné dans uu autre chapitre général que Pierre de Verduzzano, pour réforujer les
les anciens couvents des frères de la Famille couvents de l'ordre : ils firent, en vertu de
(qiii était le nom que l'on donnaitàces Conven- celle commission, un concordat avec Jacques
tuels qui s'étaient soumis à la juridiction de d'Ancône, vicaire apostoliijue des Conven-
l'ordre) auraient une province sous le nom tuels de France, par lequel ils convinrent
de France Parisienne, et que les autres qu'on que leurs différends ne seraient point portés
appelait /î^/'ormes en auraient aussi une sous aux tribunaux séculiers, et que la province
ie nom de France ; que ccax de la Famiiic en d'Aquilaine serait entièrement incorporée!
Saxe auraient une provirtcc sous le nom do dans l'Observance : ce qui fut ratifié par le
Mainte Croix de Saxc,el les réformés uno chapili'cgénéralde l'ordre de Saint-François^
^
laires ; elle consiste environ en (mille cou- pape et les cardinaux le second dimanche de
vents et quinze mille religieux. Enin- les î'Avcnt. Ils ont aussi toujours un des leurs
provinces il y en a quelques-unes qui sont qui est consulteur du saint ofilce. Ils ont des
peu considérables, comme celle jde Homaniiî chaires do théologie dans les universités de
qui n'a que trois convrnts, celle de Liège {{ologne, de Padoue , de Pavie , de Piome , de
qui n'en a aussi que trois , 1 Orientale oii il Peronse, de Macerala, de Turin, de Ferrare
n'y en a que deux, et celle de Transylvanie et d'Urbin, et de célèbres collèges à Rome, à
où il n'y en a qu'uu. Bologne, à Assise, à Padoue, à Naplcs,à Mé-
lida et à Prague. Enfin ils enseignent à Rome
Tout l'avantage dont les Conventuels peu- l'Histoire ecclésiastique dans le collège delà
vent se glorifier dans l'ordre de Saint-Fran- Sapience , et ils y ont une chaire de théolo-
çois, c'est de posséder le corps de ce saint pa- gie positive; mais ils ne les possèdent pas de
triarche dans leur couvent d'Assise , aussi droit. Leur habillement consiste en une robe
bien que celui de saint Antoine de Padouo, de serge grise serrée d'une petite corde blan-
dans la même ville de Padoue. Les dispenses che, avec un petit capuce attaché à une
qu'ils ont obtenues des souverains ponlifes grande mozelte ronde par devant , se termi-
pour pouvoir posséder des fonds et des reve- nant en pointe par derrière ; et quand ils
nus et se relâcher parce moyen de l'cxacle sortent, ils ont un chapeau gris. Ils ont les
observance de la règle n'onl point empêché mêmes armes que celles de tout l'ordre de
qu'il n'y ait eu parmi eux des personnes re- Saint-François.
commandables par la sainteté de leur vie, Dominic.de Gubernatis, Orb. Seraphic. ,
comme le cardinal Elic de Bourdouille, évo- tom. II,;i6. ix; Fortunat. llosp\[e\^ Antiquio"
que de Péiigueux , ensuite archevêque de ritns Franciscnna , et Gabriel Faber, Specul.
Tours, qui mourut l'an lV8i ; Jacques d'An- Francise. Religion.
cône, qui après avoir été général fut fait Le 19 février 1730, l'Assemblée nationale
évêque par Paul m ; Jacques de Poliiio de avait décidé que la pension qu'elle destinait
Calatagirone, Jérôme Pailanterio, évêque de cl assignerait aux religieux mendiants se-
Vaison; Philippe ticzualdo , évêque de la rait différente de celle accordée aux reli-
Charité en Calabre, et quelques autres dont gieux non mendiants. Ceux-là , dans quel-
on a poursuivi la béaliticalion II y en a eu ques instituts se hâtèrent de réclamer pour
aussi un grand nombre que leur science et obtenir une part aussi avantageuse que celle
leur mérite ont fait élever aux premières di- destinée à ceux-ci. Les religieux Conven-
gnilés de l'Eglise. Outre les archevêques et tuels furent du nombre de ceux qui récla-
évéques tirés de leur corps, ils ont en quel- mèrent par une Adresse des religieux Corde
ques cardinauxdepuis le ponlitical d'Eugène liers du grand couvent de Paris ^ à r Assem-
IV, dont le dernier a été Laurent Brancace blée nationale. Ils commençaient par dire quo
de Lauria , qui après avoir exercé toutes les pénétrés du plus profond respect et de ta plus
charges de son ordre, et avoir enseigné la parfaite soumii<si n pour les décrets émanés
théologie dans le collège de la Sapicnce à de VAssembtée nationale, ils se croyaient
Kome, fut fait consulîeur du saint office et de fondés à présenter quelques observations
la congrégation de l'index, examinateur sy- sur la teneur du décret. Ils cherchaieni à
nodal examinateur des évéques , préfet des
, établir qu'ils devaient être comptés au nom-
études dans la congrégation de la propaga- bre des reiiuieux non mendiants , ayant tou-
tion do la Foi, premier garde de la hihliolhè- jours posséilé des immeubles par autorisa-
que Vaticane, et enfin cardinal en 1681, par tion de l'Eglise. Eu conséquence de ce droit
le pape Innocent XI, qui le fit ensuite biblio- de possession, ils affiliaient, avant l'émissioa
thécaire de là même bibliothèque. Les pa- de ses vœux , chaque religieux à un couvent
illl DICTIONNAIRE DES ORDRES RELIGIEUX.
déterminé; ac!e tellement nécessaire, que Marigni-le-Roiun établissement qui ne peut
son omission seule eût entraîné la «ullilè que contribuera l'avantage de ses diocésains
des vœux. Son oiïcl poliliquc était de n'ad- etde ri<;gli<e de France, et qui sans doute
mettre dans l'ordre que le nombre do sujets sera béni de Dieu par un heureux succrs.
proporlionnel au revenu de chaiiue couvent. Le ministre général de cet ordre est actuel-
Ils al éguaicnt les conslitulions des Corde- lement le U. P. Ange Bigoni , et de lui dé-
licrs de France rédifïées sous les yeux des
,
pendent aussi plusieurs observances de
commissaires du roi et enregistrées en par- Franciscains, disUnctcs des Conventuels.
lement en 1771. Us arguaient de ceque, pre- B. D. E.
nant sur les biens de la m.iison pour cha- CONVENTUELS RÉFORMÉS ( Frjîres Mi-
que relisieux comme s'il était sur le pied
,
NEUUS).
des non-mendiants, la nation tirerait encore
plus du reste (ie leurs biens que de plusieurs Apres que le concile do Trente eut permis
maisons de Bénédictins et de Bernardins. à tous les Réguliers, même aux mendiants
Ils exprimaient l'espérance de pouvoir au
(excepté ceux qui se disai'^ntFrères Mineurs
(le rObservanco et Capucins), de pouvoir
moins mourir dans leur maison et y c!re
ensevdis avec leurs pèros. Cette adresse posséder en commun les Conventuels dans
,
faires du jansénisme. Dansp'u ieurs de leurs t!onna une bulle au mois de jiin de la
maisons, ils se livraient à ronseignomonl, et même année, parla.îuelle cp pape priva tant
par toute l'Eglise, ils conliiiu:iient l'œuvre les supérieurs que L s inférieurs de tout ce
du ministore et des mis-ions. Lors du qu'ils (lossédaieut on particulier , révoqua
schisme de l'Eglise conslilulionncllo celle ,
tontes les dispenses et permissions qui pou-
congrégation vil un ceriain nombre de pré- vaient leur avoir élé données de relenirdes ,
varicateurs, r.lle existe encore dans pres- maisons ,dcs fermes et des terres, sous pré-
que toutes les contrées cillioliquos a'Eu- texte d'infirmité , de vieillesse, d'assislei
rope. L'empereur de Russie supprima en ,
leurs pauvres parents, de marier leurssœurs,
1832, en la seu/o métropole (ic Mohilow ,
ou autres choses semblablr s ordonnant au,
ce nombre ne sont pas compris les Capucins. dortoir et de soufl ir (|ue les religieux s'at-
Le convenl des GrandsCordelicrs (aujour- tribuent rien en particUMor, prétendant pour
d'hui l'Ecolo de la Clini(iue. rue de l'EcoIe- cet effet qu'ils soient pourvus de tout ce qui
dc-Médecine ) élait le collège général de leur est nécessaire pour les vêlements et le
l'onire à Paris ; les seuls Français y étaient vivre, et cela dos biens du couvent et pat
admis, mais autrefois il y venait des jeunes ordr(' du supérieur auquel réciproquenienl
religieux de toutes les nations. Il y avait au ils sont obligés , en venu de celte même
dernier siècle plus de cent Pères et Frères nulle , de porter, dans l'espace de vingt-
dans la maison. On sait ([uc c'est à ces reli- quatre heures, tout ce qui leur est donné
gieux qu'est toujours donnée la fonction de par présent ou par legs, soii argent ou au-
pénitencier, à Saint-Pierre de Uome. Au- tres choses, lesquelles il veut et ordonne que
jourd'hui cet ordre lait des ten'atives pour lesupéàieur remette entre les maii s du dé-
se rétablir en France. Deux Conventuels pi sitaire , soient distribuées à
afin (ju'elles
français , les Vl\ Charles Pouzot, du diocèse données , selon que
celui à qui elles ont élé
d'Orléans, et Ségretaiu, du diocèse (iu Mans, la nécessité le requerra. Enfin ce pontile,
ont été ehari;ésdc cette mission parle P. gé- voulant prévenir les fâcheuses suites que
néral. Ne trouvant pointa Paris le concours pourrait avoir l'avarice des supérieurs, leur
que la religion devait leur faire espérer, i.s défend parcetîe même bulle de prendre eux-
l'oiil cherché dans le diocèse de Langrcs et mêmes l'adminislration des biens des mo-
l'ont trouvé dans un évéïjue dont le zèle naçlères , qu'il vcîtt être remi-ie entre les
courageux et les vertus .«eront bénis dans maiiis de ceux qui sont nommés our cet (
les siè< les qui suivront le nôtre. Mgr Pari- eilet par le général. Los Conventuels avant
sis les a accueillis comme il convenait à tenu leur chapitre général dans le mcuie
un prélat aussi instruit et aussi dévoué au temps, on y lut la bulle du pape, et pour so
•aint-siége, et leur a permis d'essayer à micuK conformer aux intentions do sa said'-
1113 CON CON 1114
lelc , ils des constitutions nouvelles
firent de leurs provinces; 2' d'avoir on syndic dans
qui furent .approuvées par le même ponlife chaque maison conformément à l'ordonnance
par un bref du premier noût de la même au- de Ni'.olas ill , pour avoir soin des affaires
iiéo el iiiipriniécs ensuile à Bolojine.
,
temporelles 3° de faire de nouveaux éta-
;
(jucIques-UMS, fondés sur celte bulle, ont blissements et de recevoir dans leur réforme
prétendu que la con[î régalion des Conven- les Conventuels qui en auraient obtenu la
tuels Réformes (1) avait été insUluce par ce permission de leur général , avec défense de
saint pape, m;iis à tort ; car outre qu'il ne recevoir les religieux des autres ordres. Et
s'est point formé de nouvelle con|irégalion afin que ces réformés fus eut toujours unis
ou réforme de Conventuels sous son pontifi- avec les Conventuels , et qu'ils ne fissent en-
cal, il esl certain que les ordonnances qu'il semble qu'un même corps, sous un même
fit par ceite liullc regardaient loul le corps général et les mêmes provinciaux , ce pon-
des Conventuels en général. Léon X avait life ordouiia par cette même bu'.le (juils
déjà accordé longtemps auparavant à quel- marcheraient sous une môme croix dans les
ques rclig eux Conventuels la permission de processions ; enfin voulant prévenir les diffi.
pouvoir foniser une lélbrme particulière, à culté> qui pourraient survenir au sujet de
condition qu'ils dilTéreraient dans l'habille- l'iiabillement , il voulut m prescrire la
ment des Réformés de l'Observance; mais forme el la qualité, qui devaient consister en
Ton ne sait ni le lemj)s , ni de quelle ma- une étoffe vile et grossière de couleur cen-
nière cotte coiigrégalion fut érigée , per- drée. Le capuce deva t être en forme de
sonne n'en ayant donné l'histoire. Celle dont grand cimail, avec la têtière en rond sé- .
nous allons parler ne commeni^a que sons le paré de la tunique. Ils devaient être nu-pieds,
pontificat de Sixte V. Nous rapporterons ce et ils avaient le choix de porter dos socques
que le V. Dominique de Gubernatis en a de bois ou des sandales de cuir.
écrit, qu'il a tiré, à ce qu'il dit , des chro- Les Conventuels Réformés ayant obtenu
niques de la province de Païenne des Pères celte bulle firent de nouveaux progrès el
de l'Eiroite Observance , composées parle augmentèrent le nombre de leurs couvents
P. Pierre de Palerme. par ceux de Pierre de Pesaro , Italien de na-
La congrégation (!es Ermites qui avait été tion et proies de la plus Etroite Observance
instituée par Jéiôinc de Lanza, pour prati- des Déchaussés en Espagne, qui étant venu
,
quer à lu lettre et dans toute sa pureté la en Italie dans l'espérance d'y faire plus d'ou-
règle de saint François, ayant été su|. primée vriers évangéliques pour envoyer aux mis-
par le pape Pie IV , l'an 156:2, et les reli- sions des Philippines , de la Cliine el aulr.s
gieux de cette congrégation ayant été dis- pays où il avait été employé, et ayant obtenu
pensés des austérités auxquelles ils s'étaient pour cet effet plusieurs couvents dans les-
engagés avec permission de pouvoir passer
, quels, après avoir introduit sa réforme, il re-
d;iiis d'autres ordres il y eut néanmoins
, cevait non-seuiemcnt les séculiers à l'habit
parmi eux quelques zélés qui, ayant été au- et à la profession religieuse, mais encore les
paravant religieux Conventuels et voulant religieux de quelque ordre qu'ils fussent et ,
reprendre leur premier état s;ins en suivre tout cela sans la permission du saint-siége ,
les dérèglements , commencèrent une ré- eu fut enfin chassé aussi bien que ses reli-
forme particulière séparée des autres Con- gieux ; car le pape , en ayant été averti ,
ventuels. Les principaux furent Antoine Ca- cassa et annula les professions de ceux qui
lascibale, Bonaventnre do Partanne, Marlin avaient été reçus dans ces sortes de cou-
de Tauromine et André de Novclle ; celle vents qu'il donna aux Conventuels Réfor-
réforme s'étendit en It.ilic où ces religieux
, més qui gardaient la règle de saint François
oblinrcnt des maisons en Sicile, enLombar- dans toute sa pureté, donnant permission à
die et dans l'Etat ec( lésiaslique, sans au- ceux qui y avaient fait profession et qui
cune opposition des Conventuels ils y res- ; avaient été auparavant religieux de quelque
tèrent quelque temps sans mémo pensera autre ordre, de retourner à leur premier or-
demander au saint-siége la confirmation de dre ou d'entrer parmi les Conventuels Réfor-
leur réforme; mais ayant été inquiétés par més , en recommençant leur profession et ,
les Capucins au sujet de la couleur de l'iia- aux autres qui n'avaient pas été religieux
billemcnl , et ensuile par les cvcques et les avant que de prendre l'Iiabit des Déchaussés,
ordin ires des lieux ou leurs maisons étaient de p;isser aussi chez les Conventuels Re-
situées, sur ce qu'ils n'avaient pas éié ap- formés ou dans un ordre plus austère eu ,
prouvés du sainl-siége, ils furent obligés recommençant leur noviciat et leur profes-
d'y avoir recours el uniinient dii pape Sixle sion.
V une bulle en date du mois d'ociobre de Pendant que ces Conventuels faisaient
l'an 15S7, par laquelle il confirma leur ré- ainiîi (lu progrès en Italie el s'étudiaient à
forme (t leur permit , 1° de tenir des chapi- prati(iuer la règbî de s.iint François avec
tres dans chaque province et d y élire des beaucoup d'exactitude, ils furent de nouveau
custodes, dont l'ofiiee ne devait dun r qu'un inquiétés par les Capucins au sujet de leur
an, el qui , quoique sous l'oléissance du haliillement. Grégoire Xl\', par une bulle
général eldes provinciaux des Conventuels, dii G juillet l.'Sni, leur défendit de porler des
devaient avoir le même pouvoir sur les ré- habits semblables à r.eux des Capucins , el
formés que les provinciaux, sur les religieux ordonna que leur habillement serait de cou- X^
^sf^""
,
Alexandre VU, et confirmés par Clément iX, sent au moins la cinquième partie de leur
l'an ÎC67. Mais nonobstant ces approbations bien. Lorsque ce monastère hérite de tout
et confirmations, les Conventuels, qui vou- le bien de ces courtisanes, il se charge de
laient avoir les maisons de ces Réforriiés l'éducation de leurs enfants, si elles en ont.
obtinrent par un décret de la congrégation Ces religieuses Converties étaient fort res-
des Réguliers, du 15 novembre 1608, la sup- serrées, n'ayant pas beaucoup de bâtiments ;
pression entière de ces religieux , ce qui fut mais il semble que Dieu voulut pourvoir à
confirmé par un bref de Clément IX, de leur agrandissement, en pertnellant que,
l'an 1669, par lequel ce pontife accorda aux lan 617, leur monastère fut brûlé entière-
Conventuels ces quatre maisons de Lici ment; ce qui porta le cardinal Aldobrandin,
fjrumi, RipaUia et Caldarola, permettant aux qui en était prolecteur, et sa sœur, la prin-
Réformés de passer chez les Conventuels ou cesse Olimpia, à leur iairede grandes aumô-
dans un ordre plus austère et en cas qu'ils
, nes, et le pape Paul V fit bâtir ensuite leur
ne le fissent pas dans le terme de deux mois, monastère avec beaucoup do magnificence et
il ordonna aux évéques et aux Ordinaires l'agrandit de beaucoup.
des lieux où leurs maisons étaient situées Ces religieuses sui\cntla règle de saint
de les contraindre d'en sortir, et après leur Augustin et sont habillées de hoir avec un
avoir fait quitter l'habit de la réforme de les scapulaire blanc (1); elles portent au chœur
o! liger de prendre celui des Conventuels et un manteau noir. Ce qui est particulier dans
de dt meurer avec eux sous peine d'aposta- cet ordre, c'est que les religieuses n'y font
sie, s'ils lesquittaient. Cependant Clément iX, point de noviciat et qu'elles s'engagent par
ayant donné la môme année au\ religieux des vœux solennels , en y prenant l'hat^il.
Déchaussés de la plus Etroite Observance de Voici ce qui s'observe dans cette cérémonie ;
Sainl-Pierre d'ÂIcantarale couvent de Naples La postulante ayant été reçue par les dé-
que le pape Urbain VIII avait réservé par putés de la congrégation, qui a soin du
sa bulle, les Réformés Conventuels aimèrent temporel de ce monastère, et ayant été re-
mieux passor chez eux que chez les Conven- connue pour courtisane, qui est une condi-
tuels, et, à lasollicitalion du vice-roi de Naples, tion requise pour entrer dans le monastère
le pape donnaaussiauxmêmes Déchaussés ics elle y demeure quelque temps en habit se
culier. Lo jour qu'elle doit prendre celni dfl nne observance encore plus étroite que celle
la religion, elle sort du cloilre, accompagnée qu'on suivait dans ce même tnonastère, et
de la prieure et de la sous-prieure, pour al- voulant faire une pénitence plus rigoureuse
ler à l'église. Le prêtre, ayant dit la messe de leur vie passée, en obtinrent la permis-
où elles communient, bénit les babils et pré- sion du pape Urbain Vlll, Tan 1628, et, pour
sente un crucifix à baiser à la postulante, cet effet, elles en sortirent pour aller dans
qui retourne ensuite dans le monastère, ac- une maison qu'elles achetèrent à la Lon-
compagnée par les mêmes qui l'ont conduite gare, joignant l'éiilisc de Saint-Jacques qui
à l'église. F^es religieuses la reçoivent à la avait servi de première demeure aux reli-
porte en chantant l'antienne : Veni, sponsa gieux français du tiers-ordre de Saint-Fran-
Christi. La novice est conduite au chœur çois, appelés en France Pénitents ou Pic-
où, après qu'on lui a ôté ses habits mon- pus, qui furent alors transférés à Notre-Dame
dains, la supéiieure lui coupe les cheveux des Aliracles, près du Tibre. Elles vécurent
à la grande grille et lui met un voile blanc d'aumônes dans les commencements ; mais
sur la télé. La novice ainsi revêtue se met en dans la suite elles ont été reniées par la li-
croix sur une grnnde table .sur laquelle il y béralité de plusieurs personnes pieuses, et en
a un drap mortuaire avec deux cierges allu- particulier par Hippolyte Mérenda, avocat
més, l'un à la tête, et l'autre aux pieds. L'on consistorial , qui leur laissa, en mourant,
sonne comme pour les morts, pendant que' vingt mille écus romains. Ces religieuses,
les religiruses chantent le Miserere mei , comme nous avons dit, sont du même ordre
Deus, lequel étant fini, la novice se met à que celles delà ^Jadeleine. Elles ont la même
genoux devant la supérieure, et joignant les règle el les mêmes pratiques. L'on n'y reçoit
mains dans les siennes, elle (iit tout haut : au<si que des courtisanes ; leur réforme crn-
Selon Vordre établi et ordonné dans celte re~ sisle en ce qu'elles ont un habit plus gros-
îigion^ et confirme par les souffr^ins ponti- sier; elles couchent sur des paillasses, elles
fes, je renonce à Vannée de probcition, et pro~ n^ portent que des chemises de serge, ex-
nonce présentement et fais ma
profession cepté dans les grandes chaleurs, savoir, aux
comme ont fait toutes les autres qui sont en- mois de juin, juillet, août et septembre. Elles
trées dans celte religion. ne mangent de la viande que trois fois la
semaine ; elles prennent la discipline les lun-
FORMULE DES VOEUX.
dis, nurcredis et vendredis, et elles ne par-
Je,nommée au monde N.^et à présent sour lent à personn'^^de dehors qu'à leurs pa-
N., de ma propre volonté, me donne moi- rents au premier et au second degré, ce qui
même à ce monastère de Sainte-Marie-Made- ne leur est permis que trois fois l'ai; née.
leine et de sainte Licce, vierge et marti/re, ap- Elles font élection de leur prieure tous les
pelée des Converlies, promets à Dieu, à
et trois ans. Ce monastère, aussi bien que ce-
tous les saints et à vous, vénérende Mère^ lui de la Madeleine, est gouverné par une
sœur N-, présentement prieure du même mo- congrégation de personnes pieuses, dont un
nastère, et à celles qui vous succéderont el se^ cardinal est chef et protecteur, avec un pré-
ront élues tanoniquement en votre place, sta^ lat, qui ont soin de leurs inlérê'.s temporels
bililé, changement de mœurs, obéissance, con- el spirituels.
tinence et pauvreté, selon la règle de notre H y a encore d'autres maisons à Rome
Père saint Augustin, qui est observée dans ce pour servir de refuge aux pécheresses publi-
monastère. Ainsi Dieu me .'^o^"f en aide et les ques; mais quoique celles qu'on y reçoit ne
saints Evangiles de Notre-Seigneur. soient pas religieuses et ne fassent pas de
La prieure lui met ensuile un crucifix en- vœux , nous ne pouvons pas néanmoins
tre les mains, avec un cierge allumé et sur nous empêcher de parler de celles du mo-
la tête une couronne. Les religieuses chan- nastère de Sainte-Croix, situé aussi à la
tent encore : Veni, sponsa Christi et le Veni, Longare (1), qui, quoique eéculières, vivent
Creator, le prêtre dit plusieurs oraisons, et, sous la régie de saint Augustin, el portent
après avoir donné la bénéiiiction à la nou- l'habit d" cet ordre. Elles furent fondées l'an
velle professe, on chante le Te Deum. La 1615 par le P. Dominique de Jésus-Maria,
nouvelle professe fait ensuile un acte d'hu- Carme Déchaussé, que la charité porta à
n ilialion, en demandant pardon publique- rassembler dans une petite maison plusieurs
ment de sa vie passée; elle embrasse les reli- courtisanes qui voulaient se convertir, son
gieuses qui chantent Ecce quam bonum, ce
: dessein étant de les y entretenir par les
qui est suivi de quelques oraisons ; ftinsi fi- aumônes qu'il leur procurerait jusqu'à ce
nit cérémonie. Elles gardent le voile
la qu'eles fussent mariées ou qu'elles eussent
blanc pendant un an, après lequel on leur été reçues dans quelque monastère. Il fui
en donne un noir. Ces religieuses n'onl pas» aidé dans celle œuvre charitable par un gcn-
beaucoup d'yustérilés; mais celb s de Saint- lilhomme, nommé Balthasar Paluzzi, qui
Jacques de la Longare, dans la même ville, contribua par ses aumônes à l'entretien de
qui sont du même ordre, en ont davantage. ces pauvres filles. Quelque temps après leur
Ce monastère de la Longare, sous le nom retraite, elles souhaitèrent porter l'habit re-
de Saint-Jacques, a été produiî par celui de ligieux, SJins néanmoins f-ire de vœux so-
la Madeleine, dont nous venons de parler, lennels. Elles embrassèrent les observances
où vingt-sept religieuses voulant vivre dans régulières sous la règle de saint August'n,
,nvcc la liberté de chnngcr d'élat, quand bon on remet une autre fois au novici U. si
les
leur semblerait, sot pour se marier ou pour elles le demamlent avec empressement et
entrer dans quebiuc autre monastère. Le qu'elles fassent paraître beaucoup dedouleur
pipe leur ayant accordé un cardinal pour de leur vie passée. Mais si, celte seconde
protecteur, elles reçurent l'habit des mains obligé de les remettre à la cor-
fois, l'on est
ûo.ce prélat avec les nicmos cérémonies qui rection, l'on n'ajoute plus foi à toutes les
se praliiiuent à la vêlurc des rclij^icuses. Cet promesses qu'elles pourraient faire une troi-
habillement co isisle en une robe blanche, sième fois, et on les relient toujours dans le
sur laquelle elles en mettent une autre noire, quartier de la correction, en veillant sur
ccinîr d'une ceinture de cuir. Lcuî voile est leur conduite pour les empêcher de retour-
do toile blanche, aussi liicn que la guimpe; ner à leur mauvaise vie, et on les marie si
e lis ne portent point de scapulaire, mais elles le souhaitent, le monasière ayant des
elles ont un tablier blanc, et elles se servent revenus alTei tés pour ce sujet. Ces religieu-
de sandales. ses converties suiveni la règle do saint Au-
Les ru mônes dont elles étaient entrete- gustin; elles sont habillées de noir, et ont
nues ayant cessé, l'on ordonna que celles sur la poitrine un nom de Jésus. Nous
qui voudraient entrer dans ce monastère ap- pourrions ennuyer le leclenr si nous vou-
porteraient une dot dont quelques-unes fu- lions parler de toutes les différeivles religieu-
rent em.doyées au bâtiment du monastère, ses qui portent le nom de la Madeleine ou de
et le duc de îiavièro fit faire l'église. Un de Repenties et Converties, qui se trouvent en
leurs principaux bicnf.iilcurs fut le cardinal plu-ieurs endroits. Nous nous réservoiis de
Barberin du lilrc de Saint-Onuphre, frère du parler en un antre lieu de quehiues ordres
pape Urbain VIII, qui leur laissa six cents particuliers institués pnur avoir soin de ces
ccus par an, dont il chargea le collège de la pécheresses publiques qui se convertissent
Propagation delà Foi, son léi^ataire univer- ou que l'on renferme nialgré elles, comme
sel, qui leur paie tous les mois cinquante de celui de ^Notre-Dame de Charité, où les
érus. Elles rrçoivent aussi dos jeunes religieuses sont employées uni(|uement à
filles pour les instruire et les élever dans leur conduite, et de celui de ÎNotre-Dame
la \erlu, et qui paient leur pension. Ce mo- du Refuge, où des files d'honneur, qui s'y
nastère (St gouverné par une congréga- font religieuses, veulent bien non seulement
tion lie personnes pieuses, parmi lesquelles il en prendre la conduite, mais encore admet-
y a un caniinal qui a le;tilre de prolecteur, tre parmi elles celles qui se veulent consa-
et un prélat qui a ce'ui de vice-protecteur, crer à Dieu par des v(pu\ solennels, et oiî
outre le confessmir et deux cliapclains. il n'y a que les filles d'honneur qui puissent
Rome nous joindrons cciles de Séville '(1), avoir vécu dans le mon le avec trop de li-
don! le monastère fut fondé, l'an looO, sous cence et de déréglemeni, se sont retirées
rinvocalion du saini nom de Jésus. L'on n'y d ms la solitude du cloitrc pour s'y consa-
reroii aussi que colles qui ont mené dans le crer à Dieu par des vœux solennels et y ti:e-
momie une vie licencieuse ot déréglée en ner une vie pénitente, à l'exemple de sainte
prosUtuaul leur honneur, et qui, touchées Marie-Madeleine qu'elles ont prise pour leur
de repeiil r, désirent se convertir à Dieu. La patronne. Toutes ces communautés de filles
porte de ce monasière est toujours ouverie Péiiiî(!nles suivent la rè^îe de saint Augus-
pour ces sortes de personne?, où elles trou- tin; mais il s'en trouve à Orvirle (2), en
vent des maîtresses qui les instruisent de la Italie, qui suivent celle des Carmes; c'est
})iélé et leur apprennent à lire, à écrire, à pourquoi nous allons en faire mention.
(hanier et à faire oraison. 11 est séparé en A n loi ne Si moucelli, gentil homme d'Or vie te,
trois quartiers , lun pour les religieuses qui avait beaucoup de pieté , fit bâtir dans
professes, un autre pour les novices, et le celte ville une maison qui fut d'abord des-
Iroisièiie pour celles qui sont en correc- tinée à recevoir de pauvres filles aban-
tion. O-.iand ces dernières donnent des mar- données de leurs parents, et en danger de
ques d'un véritable repemir et qu'elles dé- perdre leur honaeur; mais l'an 1GG2, sous le
sirent cire religieuses , o\\ les fait passer au pontificat d'Alexandre VII, cette mai>oji fut
quartier (les novices, où elles sont éprouvées érigée en monastère pour y renfermer sous
avant que de faire profession. Si, dans le clôture les filles et femmes qui, après avoir
temps de leur noviciat, l'on s'aperçoit qu'elles prostitué leur honneur dans le monde, vou-
ne snient pas vérilabliMiient converties, on draient faire pénitence de leur vie déréglée
les renvoie au quartier de la correction et et se consacrer à Dieu par des vœux solen-
(I) Voy., h la fin du vol., n" (2) Voy., il la (In du vol., n' 283.
un COP CUP il'-l'i
nels. îl s':'n trouva plusieurs qui deman- déserfs de cette partie de TAfrique, et que
dèrent à éire roçues dans ce monastère, et les moines Copies (1), qui les habilcnl encore,
on leur donna In règle dos Car mos, approuvée reconnaissent sainl Antoine pour leur Père
par Innocent IV el niiligée par lùigèiie IV, cl Itur fondaîeur, en p.irlanl d'eux nous ,
avec des conslilulions particulières, qui traiterons plus .implemenl que nous n'avons
furent aiiprouvces par l'évéquc d'Orviclc. fait de leurs obscr\ances el des cérémonies
Ces religieuses ne font point de no\icial ; qui se praliqur^nl à la votnr." et à la profes-
seulement quelques mois dans
elles restent sion de ces reli-.ieux; mais il faut parler au-
le monastère en habit séculier, et lorsqu'on paravant de l'origine du nom ('opte, et
leur donne l'habit de religion, elles r. non- quelles sont les erreurs de colle nation dont
cent publiquemer.t à l'année de probalion et les n;oines sont aussi infectés.
prononcent en môme temps leurs vœux Il est dilficilc de savoir d'où vient le nom
solennels, ce qui a lieu en celle manière : Copie, que l'on a donne aux chrétiens de
celle qui doit faire profession , après avoir l'E-jpie qui ont suivi les erreurs de Dios-
été revêtue de l'hahil de religion, élant à core. (.hacuna donné sur cela carrière à ses
genoux devant la supérieure, dit tout haut conjectures. Scaliger a cru <iue (e mot
ces paroles Selon l'ordre établi dans celte
: Copte n'était que le mot grec JEgyptos, dont
religion, et confirmé pur les souverai'm pon- on avait relranché la première S}llabe, et
tifes, je renonce a l'année de prubation et que c'esl de là que les Egyptiens sont appe-
prononce des à présent et fais ini profi^ssion lés encore aujourd'hui par les Ethiopiens
comme ont fait les anlres qui sont entrées en Giptu et Gibelu. et ar les arabes Elc/uOih
i
cette religion. El niellant ensuite les mains ou Elciipti. Le P. Kircher prétend que 1-s
sur les saints Evangiles, elle prononce sa Copies ont pris leur nom de Ccplos, vile
profession en ces tenues: Je, nommée dans d'Egyple, célèbre auirefuis par le co;i:mertc.
le siècle N. et à présent sœur N. de ma propre Le P. Morin semble afipuyer celte conjec-
volonté, me donne moi-même à ce monastère ture, en disant (jue tous les marchands in-
de Sainte-Marie-Maleleine, de Sainte-Marie- diens, éthiopiens d
arabes (au rapport do
Egyptienne et de Sainte-Thérèse, appelé des Slrabou ), lianquaicnl !*ur la mer Uonge à
Converties^ et pronets à Dieu, à ions les Coptos, c! (lu'il elaii probable que les A rai, es
saints et à vous, révérende Mère, sœur N., qui allaient souvent dans celle ville, après
présentemnt prieure du même monastère, et avoir embrassé les réveri^'S de M.ihoinet,
à celles qui vous succéderont et seront élues avaient appelé Coptes les chrétiens de ce
cunoniquement en votre place, slabiLté, chan- pays-là. Cependant le P. Morin se déclara'
gement de mœurs, obéissance, continence et en faveur du senlimcnt de Scaliger.
pauvreté, selon la règle du sacré ordre de Le P. Vansleb (2;, appuyé apparemment
Piolre-Dumt du Mont Carmel, que l'on doit sur la (radilion mêmes qui
des Coptes ,
observer dans ce monastère. Ainsi Dieu me comme autres Orientaux donnent beau-
les
soit en aide tt les saints Evangiles de Nolre- coup dans la fable, dit : que les Copies ont
Seigyimr. élé ainsi appelés de Copt, fils de Misraïm et
La prieure lui met ensuite un crucifix pelil-fi'.s de Noé lequel Misraïm (si on en
;
entre les raains avec un cierge allumé, et veut croire les historiens arabis), ay inl
sur la télé une couronne. Les religieuses choisi l'Egypte pour sa demeure, y laissa
chantent des anlienncs, le prêtre dit les orai- quatre fils qiii ne pouvant convenir entre
,
sons, et après avoir donné la hénédiction à eux de celui qui aurait la souveraine auto-
la nouvelle professe on chante le Te Deum.
,
rité, résolurent de terminer leur différend
La professe fait ensuilc un acte d'humilia- par un combat qui devait décider en l'avenir
tion en demandant pardon publiquement de de celui qui resterait vainqueur des ir is
sa vie passée. Elle g.irdc le voile blanc pen- autres; que la victoire se déclara pour Copt.
dant un au, après irqucl on lui en donne un qui était le cadet; qu'ainsi les trois autres
noir. le reconnurent, et que c'est de lui que lei
Ces religieuses ont les mêmes obsprvances Egyp:icns ont voulu être appelés Copies
cl le mêiiie habillement que les Carmélites pour se distinguer des autres fialinns (|ui
Déchaussées ; mais au lieu d.; sandalos ou habitent aussi l'Egypte. Le P. iu So:ier a un
ù'albergales, elles ont des panloufles .'issez senliuient plus raisonnable. I! dit u.ue comtne
élevées el leur voile noir csl doublé d'une le nom de Copte n'est eu usage que de.uis
toile blanche. le dixième ou le onzième siée! •, ayant leiiuel
Philipp. Bonanni, Calalon. ord. relig., nul é rivaiu (à ce qu'il préicndj ne s'est
part, m,
png. 2G , et Mémoires envoyés servi de ce mot, et que ce nom ne désigne
d'Orvièle en 1712. que les chrétiens ég}pticns, liéréii(iues et
~
schismatiques, appelés aussi Jacobiles les
COPTES OU EGYPTIENS (Moines).
Mah()inéians oui a[)pareinnicnl relranché ia
§ I"". — Origine des moines Coptes. première syllabe du mol Jacobile, et en ont
Comme dans l'Egypic que la vie mo-
c'est r;rmé Cobite, Coble, Copte ou C"phle. H i;ou<
nastique a pris S"n accroissement sous la appr> nd aussi le seulimenl du P. du Barat,
conduite du grand saint Auloine el dune in- son confrère, inissioimaire en {'i^yple, qui
ûnile de sainls solitaires qui ont peuplé les croit que ce mot Copie vient du mol grec
(1) Voy., à la fin dnvol., n* 284. (:) Avant- propot de l'IUuoire de l" Eglise d' Alemn-
di.e
ms DICTIONNAIRE DES ORDRES RELIGIEUX. im
Kopiein^ coumr^ inciser , et que les .inciens sent les filles en retranchant une certaine
Melchlles d'Kgyple n'ont donné ce surnom superduité nommée en arabe Ar-ur et que ,
aui Jacobites que par dérision, à c.iuse qu'ils la modestie empêche d'expliquer en fran-
ont emprunté des Sarrasins la pratique de la çais; ils estiment que celte superfluité est
circoncision. Mais M. l'abbé (1) Ronaudot un vice de la nature et qu'elle nuit à la con-
fait voir que ceux qui voudraient tirer l'é- ception et à renfantement. Celte cérémonie
tymologic do Coptes du mot Koptein, qui si- se fait par une femme turque dans un bain
gnifie couper ,
parce que ia circoncision est public ou dans une maison particulière, sans
en usage parmi ces chrétiens d'Egypie , qui y observer aucune cérémonie religieuse, et
ont suivi los erreurs de Dioscore, ne font pas ïa circoncision doit être faite avant le
réilexioQ que cet abus ne s'éiait pas encore baptême, et j.imais après. Hors la nécessité,
introduit lorsque le nom de Copie leur fut ils ne baptisent les garçons que quarante
donné. Selon ce sav.inl écrivain, co mot est jours après leur naissance, elles filles que
corrompu de celui à'/Efjijptos, et a élc afieclé quatre-vingts jours après; ce qui ne se fait
aux Jacobites égyptiens, parce que depuis le point durant le grand carême, et encore
concile de Calcédoine, les Egyptiens natu- moins d ms la semaine sainte, à moins qu'il
rels demeurèrent tellement attachés à Dios- n'y ail aussi une très-grande nécessité. La
core et à ses sectateurs, que les lois des em- circoncision s'abolit insensiblement aujour-
pereurs furent inutiles pour les réduire à la d'hui parmi les Copies, et il n'y a guère quo
communion de l'Eglise. les gens ignorants et grossiers qui la reçoi-
Ouoi qu'il en soit, les Coptes, si on excepte vent.
l'hérésie des monophysiles, c'est-à-dire de La profession monastique est en grande
ceux qui croient qu'il n'y a qu'une nature estime parmi eux. Ils la regardent comme la
en Jésus-Clirist n'ont aucune erreur parti-
, philosophie de la loi de Jésus-Christ, et les
culière; mais ils conviennent avec les catho- moines, comme des anges terrestre» ei des
liques et avec les Grecs orthodoxes et schis- hommes célestes, ressemblant aux apôtres,
nialiques, de tous les autres points qui en ce qu'ils ont abandonné aussi bien qu'eux
concernent la religion. Ils ont seulement in- tout ce qu'ils avaient pour l'amour de Jésus-
troduit quelques abus parmi leur rite, dont le Christ. On ne reçoit point dans la religion
principal est la circoncision à l'égard des ceux qui n'en ontpas obtenu la permission
garçons et des filles, non pas qis'ils l'obser- de leur évêque; et celui qui se veut faire
vent par un commandement judaïque ni par religieux doit auparavant <lisposer de ses
un précepte de religion, mais par une cou- biens car après qu'il a fait profession, il»
;
ûuiaisantcm 1 quan in laudem gentis suœ , li- après s'être levés, ils font à chaque fuis le
brum super eorum conversalione scripsit. Ce- signe de la croix. Outre ces cent cinquante
pendant ils ne font pas la circoncision le prostrations ils en font encore sept autres à
,
huitième jour, comme les Juifs , et même ils léglise, une avant chaque heure canoniale.
lie sont pas tous circoncis, mais seu cment ils partagent le jour en trois parties :
ceux qui le veulent, regardant celle pral que l'une est destinée pour les prières, l'autre
icomme une chose iuditlérente. Ils circonci- pour la rcleclion, cl la troisième pour le tra-»
vail. Les religieux étrangers sont admis à Barat, que de treize jours pour les laïques ,i
juge à propos de les adiiicllrc à sa table. i::oins long, selon que l'intervalle entre Noël
Le P. ('opiii dans son Bouclier de V Europe, et le carême est plus grand ou plus petit. Ils
parlant du couvent de ^ain(-Antoiiic, dit appellent ce temps la Refaa ou Réfection, et
que les religieux y mangent dans des plais c'est pour eux une espèce de carnaval; car
de b)is et toujours dans lesmèinrs de sorte ; cet intervalle et ce jeûne doivent faire en-
qu'on ne metjatnais devant un religieux un semble quatre-vingt-un jours c'est pour-
:
plat qui a servi à un autre on ne les net-; quoi si le temps de carnaval a été court, le
toie j.imais, on les laisse toujours sur la ta- ji^ûne des apôtres est long, parce qu'il doit
ble; el lorsqu'il y reste quelque cliose, la durer autai^t de jours qu'il en manque du
frère qui a soin d.» servir remet ce que l'on carnaval pour faire le nombre de quatre-
a préparé de nouveau sur ce qui restait dans vingt-un jours; mais si le temps de carnaval
le plat, jusqu'à ce qu'il y en ait assez pour a été long, le joûne des apôtres est court,
une portion. Il y a bien de l'apparence que parce qu'il y a déjà une grande partie de ces
dans les autres monastères ils mangent aussi quatre-vingt-un jours passés; pendant tout
malproprement que dans celui de Saint-An- ce teinps ils jeûnent jusqu'à noue et man-.
toine. gent du poisson.
Si les religieux sont occupés à travailler Le jeûne de l'Assomption delà sainteVierge
aux champs, on leur donne denx fois le jour dure depuis le premier jour d'août jus-
à manger, la première à sexte ou à midi, et qu'à cette fêle; pendant ces quinze jours ils
l'autre à la fin du jour; et s'ils ne sont pas jeûrent aussi jusqu'à none et mangent du
occupés à des travaux rudes et pénibles, ils poisson. Celui de Noël est de vingt-trois
doivent se contenter d'un seul repas, soit à jours pour les laïques et de quar;iiite-lrois
nonc, c'est-à-dire sur les trois heures après pour les ecclésiastiques, à l'imilation, à co
midi, soit à la fin du jour. On leur donne qu'ils prétendent, de la sainte Vierge qui
des habits d'hiver à la fêle de l'Exaltation de jeûi;a depui-^ le septième mois de sa gros-
la sainte croix, et alors ceux d'été se met- sesse jus ju'à son accouchement à cause de
,
tent dans une armoire commune avec cha- la cvainte qu'elle avait de saint Joseph. Ils
cun une marque pour les reconnaître quand avaient autrefois celui de Ninive ou de Jouas,
il les fautreprendre. qui durait trois jours, en mémoire des trois
un autre demeure ex-
Celui qui a frappé jours que ce prophète demeura dans le ven-
communié pendant quarante jours et si , tre de la baleine, et ils ne mangeaient point
l'autre a rendu le coup, il est aussi excom- qu'après none ; mais selon le P. du Barat, un
munié autant de temps. Celui qui a été as- patriarche l'a incorporé dans le grand ca-
sez hardi de lever la main contre son supé- rême. Ils avaient aussi celui d'Héraclius, qu^
rieur pour le battre, doit recevoir quarante avait été institué à cause que cet empe-
coups de fouet et être ensuite envoyé dans reur, selon ce que disent aussi les Coptes,
un autre monastère, où pendant un an en- passant par la Galilée pour aller à Jérusa-
tier il doit jeûner et vivre dans une retraite lem, fut prié par le patriarche et par les
continuelle et daus la pénitence l'année : chrétiens de faire passer les Juifs au fil de
étant expirée, il peut retourner à son mo- lépée, à cause des cruautés qu'ils avaient
iiastèrt.', mais il est privé du ran;; qu'il te- exercées contre eux, en se joignant avec les
nait auparavant el de l'office quil avait; et Persans, etsaccageant avec ces infidèles la
si celui qui a voulu frapper le supérieur est ville sainte;mais cet empereur ayant scru-
un des principaux du monastère, on lui itoit pule de rétracter sa parole qu'il avait con-
donner le dernier rang parmi tous les reli- firmée par ses lettres patentes, les chrétiens
gieux. s'obligèrent pour eux et leur postérité de
Quant à leurs jeûnes, ils leur sont com- jeûner une semaine entière pour lui jusqu'à
muns avec les autres chrétiens Coptes. Outre la fin du monde. Cette semaine était celle qui
le carême de l'Eglise universelle, qui dure précédait le grand carôme, pendant laquelle
parmi eux cinquante-cinq jours, pendant ils ne r.iangeaient ni œufs, ni fromage, ni
lequel ils ne boivent point de vin ni eau-de- poisson, comme c'était alors la coutume d'en
vie, et no mangent aucune chose vivante m;inger, afin que Dieu pardonnât à cet em-
q' ait du aiig, se conlcMilant même de pain
i •
pereur Tinfraction de sa parole; ce que ce
et de sel pendant semaine sainte, ne pre-
1 1 pi incè accepta, et Tt massacrer tous les Juifs
nant leur repas pendant ce ;emps-là qu'après de la Palestine; mais ce jeûne a été enccre
qtie les étoiles par.iissenl, ils jeûnent en ore incorporé dans le grand carême, dont i s
tous les mercredis et les vendredis, excepté destinent la première semaine à cette satis-
ceux qui se rencontrent entre l'âques et la faction.
Pentecôte, et ceu^ dans lesquels les fêtes de Comme le patriarche et les évêques Copies
Noël et de l'Ep phauie airivmt. Le caiême aussi bien que les auires prélats d'Orient
des apôtres, (juils observent, à ce qu'ils di- font mouler avec eux sur le siège épiscopal
sent, à leur imitation, à caue qu'ils ont la continence et les austérités de la vie mo-
jrùné quarante jours a: rès la descente du nastique, nous parlerons aussi du patriarche
^aint-Esprit sur eux, n'est, s.-lo i 1 V. du de cette m u'on jui se dit successeur de saint
1127 DICTIONNAIRE DES ORDRES RELIGIEUX. ilî:«
Marc, le vicaire de JésDS-Chrisl, son apAtrc chair une chemise de serge et sur celte che-
et le jupe qu'il a établi sur la terre , avec lo mise une camisole doublée dej coton , sur
pouvoir de lier et d'absoudre de toutes sortes cette camisole une espèce de soutane, et
de cas. Si on en veut croire le P. Vans- sur telle soutane une veste noire avec do
leb (1), celle dignité est toujours accompa- grandes manches, et par-dessus celte veste il
gnée de tant de peines, qu'il n'y en a guère a une espèce d'habilleinent nommé en arabe
qui l'accepl' nt de bon gré, et ceux qui soup- bornus, qui est un manteau noir de serge
çonnent qu'on les doit proposer, s'enfuient au<iucl est attaché un grand chaperon; c'est
dans le déseit. Mais ceux qui doivent pro- proprement riiabillenient des niahométans
céder à l'éleclion se fout donner un ordre du de Barbarie. 11 a sur la tête un turban rayé,
Bâcha pour les gouverneurs des lieux où ces et au-dessus de ce turban une manière d'é-
personnes demeurent, qui les font prendre charpe qu'ils api)cllent bellin : elle est aussi
par des janissaires, leur font mettre les fers rayée et fort belle, large d'un pied, et longue
aux pieds et aux mains, et en cette manière de quatre aunes; et après avoir fait avec
les font conduire jusqu'au grand Caire, où cette éciiarpe quelques tours autour du cou,
l'assemblée se lient et où ils soniîsoigneuse- ou autrement, s'il le trouve plus commode,
monl gardes jusqu'après l'éleclion. Selon le il rejette les deux bouts sur ses épaules, les
comme il est marqué dans un pontifical i!e mônes ses revenus fixes peuvent monter à
;
une peau de mouton avec la laine, qui est par des poulies. Il y a trois églises dont la
étendue sur un tapis. Sa vie est une ahsli- principale est celle de Saint-Antoine, qui
nence continuelle car il ne mange jamais
; est petite et fort ancienne la seconde est
:
de viande. On le sert sur une table de bois dédiée en l'honneur des apôtres saint Pierre
qui est ronde, de la hauteur d'un pied. 11 et saint Paul, et la troisième en l'honneur
boit tiès-rarcn eut du vin parce qu'il est de saint Marc, qui était un frère la'ique de
trop cher pour lui. Ses plats sont do terre, ce couvent. Les cellules de ce monastère
ses cuillères de biis, et il ne se sert ni do sont toutes .«énarcea les unes des autres :
couteaux nide nappes, il portetoujourssursa elles sont mal bâties avec de la terre ; leur
(1) Ilisi. de VEgt. tfAlexand.^ part. chap. 5. (2) Perpétuité de la Foi, loin. IV, 1. i, ch. 9.
im COP COP lî30
couverture esl en leirasse, ei eiles ne rc- trefois remplie d'un grand nombre de reli-
roi\en! du jour <iue par âe petites fcnêircs gieux, a été délrui e parle malheur des lenjps»
00 la grandeur d'un pi(M! en carré. Auprès du el il n'y demeure présentement que peu do
rcfccloirf, qui esl un Heu sale et obscur, il roliiîieux. C;^ qu'il y a de meilleur dans le
y a un bâlimeiit assez propre pour y rece- bâtiment qui reste est une tour carrée où lOii
voir les étrangers. Au m lieu (le ce couvent entre p.ir un petit pont-levis. C'est là que les
esl une tour carrée dont les murailles sont religieux tiennent toutes leurs provisions
de pierres. On n'y entre que p.ir un pont- aussi bien que leurs livres, el ils s y retirent
levis. C'est dans ce lieu que les religieux quelquefois lorsqu'ils sont tyrannisés par les
conservent ce qu'ils ont de [«lus précieux et Arabes. Il y a de par( illes tours dans les
où ils se défen !enl à coups de pierres contre trois autres monastères, dont les portes, aussi
les Arabes (jui les veulenl insulter. Le jwdin bien que celles du couvent de Sdinl-Macaire,
esl fort grand et proiluit beaucoup de friiiis sont couvertes de lames de fer.
et de légunu s. L'eau (]u'<)ii y boit est fort Le monastère de Saint-Macaire (2) a tou-
claire, mais salée comme d.ins la plus grande jours été en si grande vénération parmi les
partie des couveiHs du désert de Sainl-Ma- Coptes, que le patriarclie, après son ordina-
caire (1). Le P. Vansleb qui fait ainsi 11 tion, ayant fail la visite de l'église d'Alexan-
de^criplion de ce couvent, dit qu'y étant drie et de la principale du Caire, y ayant été
on 1G72 il n'y avait que d x-neuf religieux, proclamé et y ayant célébré la liturgie, était
donldeux étaient prêtres, maistellementmai- aussi obligé d'aller faire la même cérémonie
gros et abattus par leurs jeûnes et leurs mor- à ce monastère il y allait monté sur un âne.
;
tifications, qu'ils ressemt)laient plutôt à des A quelque distance , les religieux venaient
squelettes qu'à des bommes vivants. au-devant de lui el se prosternaient trois fois
A deux lieues de Musie il y avait le mo- jusqu'à terre. 11 descendait et se prosternait
nastère de ^aint-Georges, qui était autre- une fois devant eux. Il remontait sur son
fois fort riche et possédait de grands reve- âne el l'archimandrite du monastère le con-
nus. Il y avait orJinaireinent lus de deux | duisait; les autres religieux marchaient de-
cents religieux qui logeaient les étrangers et vant chantant des hynmes et des psaumes,
envoyaientcequi leur restait des revenus au jusqu'à ce qu'il fût arrivé à l'église où on le
patriarche d'Alexandrie, qui les distribuait proclamait comme à Alexandrie et au Caire»
aux pauvres ; mais étant tous morts de la Le nouveau patriarche célébrait ensuite la
peste, le gouverneur y alla demeurer à liiuririe, avec cette circonstance que c'était
«•ause de la beauté du lieu, après l'avoir l'archimandrite qui prononçait la première
fortifier, et y logea des marchands et des
f.iit absolution; au lieu qu'en d'autres lieux et en
artisans dans les vergers et les jardins d'a- d'autres temps, celle fond. on était faite par
lentour, que les religieux avaient cultivés. le plus ancien évêque.
Le patriarche s'en élanl plaint au soudan, il Ce respect pour le monastère de Saint-Ma-
fonda un autre monastère au lieu où était caire venait en partie de ce que depuis le
autrefois rancienne ville, ils ont aussi quel- concile de Chalcédoine, les patriarches élus
ques autres monastères, comme à Equivan, après la mort de Dioscore, et qui n'avaient
où les s sont nourris en passant, de
étrange; pas voulu se soumettre aux orthodoxes,
même que dans celui d'Asiote où ils les re- , n'ayant pu paraître à Alexandrie, sinon sous
çoivent pendant trois jours;ct pour les mieux les empereurs qui favorisaient leur hé-
• ils nourrissent des pigeons, des pv)u-
égaler, résie, s'étaient ordinairement retirés dans ce
les des oies , et autres animaux quoique
, ;
monastère, et que pr( sque tons les religieux
pour eux ils fassent pauvre clière, ne man- avaient été fort atlachcs à la mémoire do
geant jamais de viande ni de poisson, mais Dioscore et à la créance des monophysiles.
seulement des herbes et des légumes. Celle cérémonie était t(>llement passée eu
Il y a encore quatre célèbres monastères coulume qu'on en avait fail une loi en ;
(1) Voy., à la fin du vol., n''2S5. (ô) llenaudoi. Ilist. l'atr. Alcx.'nd.^ pag. 437
(2) Reiiaudot, Perpélnité de la Foy, t. 4, I., c. 9.'
î»rer la prcai!i''re lilijryio suIcMinclIe à l'an- rèrent, lorsque, suivant le conseil de l'an-
toi de saint Macaire ; cf^ qu'il lit. Les pa- ge, ils s'enfu rcn! de Bethléem en Egypte
triarches ci'Aiexandrif élaicMit encore obligés pour éviter la persécution d';!érode. Cette
.iiilrefois d'aller demeurer pendant le carênio maison esta une bonne 1 eue du grand Gaira
«îans ce couvent, afin d'y caiploycr ce Icnips dans un lieu appelé iMalarée, et a été con-
aux jciînes et à la prière. vertie en une ch;ipeile où il y deux autels
De ce monastère de Sainl -Macaire l'on va séparés l'un de l'autre par un balustre. L'un
i\ un aiîîre nommé Auibacltiorhe <;ui n'en est
, de ces autels a[>pariient aux religieux de
«'^Joigneque de quatre liourcs de chemin. Saint-François et l'autre aux religieux
En venant du couvent de Sainl-Macairc à Coptes, et celte maison ou chapelle est au
celui d'Ambachiochc ,Ton trouve de petites milieu d'une grande église où cinq ou six
éniiiicnces Iari.';es de deux ou trois pieds et rel gieu^ ("optes font l'ofllee et célèbrent eu
disposées par inîervalles le long du ehemin. langue arabe, qui est le langage ordinaire
Les religieux disent qu'elles furent faites par de l'Epypte.
les anges pour servir de guides aux soli-
,
Le P. Eugène Roger, dans «on voyage de
taires lépanJus dans le désert , qui s'éga- la (erre sainte, dit que ces religieux sont
raiesit fort souvent en venant le dimanciio les [)lus ignorants de tous les Orientaux;
pour cniendre la messe à quelques-uns des qu'on ne entend jamais parler de reli-
les
monastères, dans le temps qu'il y en avait gion; ne savent que lire et point
qu'ils
peu d'établis , ce qui leur arrivait principa- écrire , et que dans les monastères des dé-
icment quand le vent soulevait les saldes do serts , ils sont aussi ignoran's que des bo-
la plaine. Lorsqu'on la traverse on décou- tes qu'ils travaillent comme d-s esclaves,
;
vre de tous côlés diver-es ruines qui sont et que leurs églises sont fort sales et fort mal
les restes de (rois cents maisons de religieux propres. Mais l'on aura peine à croire ce
ijU'on assure avoir été autrefois dans ce que dit ce Père, qu'il n'a vu dans que'qucs-
désert; niais l'on comptait parmi ces mo- unes de leurs églises pour tout ornement
r.asiéres des espèces d'ermilages où quel-, qu'un vieux morceau de salin no r sur l'au-
ques-uns des plus zélés se retiraient deux tel qui leur servait de nappe pour célébrer
,
uij trois ensemble, pour y vivre dans une la messe, et au lieu do burettes une sale
,
pius grande solitude et d.ins une plus grande (ab'bassequi tenait plus de trois chopines; et
lolraile , et où ils pralicruaient de plus gran- que dans un autre monastère ils ne se .'er-
<!c8 austérités que dans les communautés. vaient pour paicne que d'un vieux couver-
Entre toutes ces masures l'on remarque cle de marmite ébrécbé, et si enrouilifJ
encore un petit dôme qui faisait partie d'ur.e qu'on ne pouvait juger de quilie n)alière il
église dédiée à saint Jean le l'etit, et tout était.
.auprès l'on montre un arbre que produ sit , Le P. Vansleb(l) nous en aonne cependant
à ce que l'on prétend , le bâîon sec qu'il ar- une autre idée, loisque parlant de l'Heikel ,
ros?. par l'ordre de son Ëupéiicur. On l'jtp- qui est le lieu où ils célcbront la messe, il
licWe (hadgeret et Taa , ccsl-à-dire arbre dit que celui qui y cracherait passerait pour
d'obéissance. Am''achiuche est le cnuvenl le abominable, qu'il n'est pas permis à aucun
mieux liâli et le plus agréable des quatri- ; d'y entrer sans se laver les pieds aupara-
l'église , qui est d'une l)elie structure , est vant et qu'on n'y peut porter aucune chose
,
consacrée à la Viei^e sans tache, que vingt qui ne soit consaciée , même l'essuic-mau»
religieux dosservciit ordinairement. dont le prélrc se sert après la messe ce qui :
Le troisième monastère , appelé dos Su- niarque le respect qu'ils portent au lieu où
riens, éloigné d'Ambachioehe seulement ils célèbrent les divins mystères et (jui doit
,
d'un mille ,"cst dédié à saint Georges. Ces être vraisemblablement plus proprement
trois cuvcnts font comme un triangle entre orrié que ne le dit le P. Eugène Uoger. Jl
eux et se regardent l'un l'autre. Celui-ci est n'y a pas d apparence que le prêtre consa-
peu habité et lomlie en ruines, il y a deux crât avec le saint chrémeune calebasse pour
«'giises , dont l'une sert pour les Suriens qui servir de burette, puistjue rien ne peut ser-
viennent en rc désert. L'eau y est bonne et vir à l'autel pour le saeritice de la moise
douce, au lieu qi';e dans les autres moiwis- qu'il ne soit consacréel oint avecle chrême.
Jè.cs elle est sa ée. Le quatrième nionaslèic il y avait autrefois un monastère à Sff/a-
est éloigné do celui des Suriens d'une jour- ment où les religieux disaient tous les jours
,
iutre,dontles religieux font Iralic. ily a une vivent très-pauvrement. Tels sont les rester
assez [telle éjÀlise avec un beau jardin. de cette multitude innombrable de m.oines
Ces religieux Coptes sont en possession qui ont autiefois peuplé, notj-seuiement les
delà maison où Noire-Seigneur Jésus-Christ déserts, mais encore les villes de rLg\ pic ,
avec sa sainte .Mère et saint Jo.>epii demeu- cl (jui s'étaient si fori multipliés dans loà au-
l'on ne peut compter sûrement sur leur fii gneur Jésiis-Ciirist, auquel soit tout l'hon-
tieur, etc. 11 lui met ensuite le chaperon, en
d'auiant plus que c'est souvent l'intérct qui
les lait agir.
disant: Recevez le chaperon de l'humilité et.
le casque du salut: faites-en un bon usage en
Peut-cire que le respect que les Coptes ont
toujours eu our le rnonasière deSaint-Ma- l'iotre-Seigneur Jéms-Christ. Quand il !r.i
[
caire , comme nous avons dit , aussi bien que met la ceiiîiure, il lui dit: Ceignez vos re ns
pour la mémo re de ce saint qui y a sa sé- avec toutes les armes de Lieu et avec la fer-
l'UUure a porté les religieux de ce monas-
veur de la pénitence. Ce qui éiant fait, s'il ne
,
lère à prendre pendiut un temps le litre do demande p;is i'askim, qui est un habit ap-
[icle angélique, qu'on ne donne qu'àcciix
religieux de l'ordre de S.iint-Macaire, et il se
peut faire aussi que la règle di; ce saint qui qui le dem.iniient, parce qu'il engage à ujicl-
,
se trouve dans le code dos règles , y ait clé qnes austérités particulières, et que ceux,
observée car Sylvestre Maurulic, sur la re- qui en sont revêtus ne pouvent pas se mêler
;
dans son Catalogue des Ordres religieux (-3), é ernelle, moyennant Cassistance du Père, et
a donné l'habillement d'un de ces religioux du PilSyCt du Samt-lîsprit. Après cela il lui
de Saint-Macaire, tel que nous l'avoiis f;it n:et le bornus ou la chape, en lui disant :
et le Voyage de la terre iuinie, du P. Eugène cher frère, la grâce que vous venez de recevoir
Itoger. de Dieu, étant rcvdtu d-^ i'askim des anges, et
(I) ï.:ic d'Acliery, Sp'cileg., tom. 13. p:is;. 114. (3j Oualofj. Oïdin i\tig. [mg. 1,
même' saint on lit encore^ qu'un jour il vit l'oraison de l'imposition des mains, dont
son âniequi était sortie de son cups, p ur voici lformule
» Saint ! qui reposez dans
:
aller an jiigcment de Dieu, que les dé- et les saints. O Eminenll qui demeurez dans
mons l'avaient arrêtée dans l'air pour lui léminence pendant toute l'éternité. Sri-
faire rendre compte dos péchés qu'il avait gnenr ! qui rctjardez les humbles; vous qui
f.iils, et «^uc ce saint n\ ait entendu une voix épurez les cœws, qui sondez les abîmes de
•lans l'air qui leur avait dii, que les péchés lâ:np, qui aimez la pureté et qui êtes le sceau
qu'il avait commis depuis sa jeunesse jus- de la virginité, le refuge et la forteresse dr
qu'au temps qu'il s'était fait re.i-iouK lui tous ceux qui s'adressent à vous avec vérité :
avaient été pardonnes, lorsqu'il avait reçu nous vous prions et vous supplions, 6 délices
16 saint askim, et qu'ils conjul;:ssent seule- des hommes, de vouloir regarder d'un visage
ment depuis le ton. ps qu'il s"élait iail reli- bénin votre servante qui baisse la tête devant
gieux; ce que les démons ayant fait, ils l'a- vous; bénissez-la, nettoyez-la et établissez sur
vaient trouvé net et sans aucune tache : elle votre paix, et dans son cœur votre dilec-
ce qui vous doit maintenant s rvir d'à guil- tion. Dunnez-lui votre crainte et faites-lui ta
IdV, afin que vous tâchez aus i dorénavant grâce qu'elle suive toujours votre parole.
de conserver rolie ânir w tle de toutes les or- Eveillez son esprit, afin qu'elle pense loujoui .%
dures du inonde. Rendez-vous un parfait sol- et qu'elh puisse vaincre toutes les tentations
dat de Jésus-Ciirist qui est le roi des rois, et qui pourraient la détourner. Conservez son
faites la guerre conln'. le diable, notre (n- âme et son corps purs de toutes taches, et
nemi commun et secret, et contre ses soldats; faites que sa lampe ne s'éteigne jamais. Bénis-
soyez ferme dans la j)romesse que vous avez sez le travail de ses mains et sa nourriture
fat le de servir Dieu avec crainte et irewlde- journ<d,ère. Assurez la de ta voie élervellr,
menl, en lisant les psaumes et les pf^almodiis dans laquelle on n'a besoin d'aucune chose, et
veillant les nuits, récilanl les prières de cela par la grâce rt les mérit-s de Jésus-
l E.jlise et accompliisant tous is autres de- Christ, votre fils unique, auquel soit tout
voit s auxquels vous êtes obligé. Outre ers honneur et gloire, ense.nble au Samt-E.'<prit
o'digalions il est encore nécessaire que vous qui vous est égal, etc.
observiez les jeûnes avec dévotion et pureté, Quand ils font un reclus, l'évêque dit sur lui
pour causer de la joie aux anges, et que vous une oraison particulière, suivie de l'oraisoa
soyez humble et obéisfui.t. Ayez soin d'écou- de grâces. Ensuite il dit la messe, et après
ter jusqu'à la mort celui qui vous conduit la messe i! récite encore sur lui l'oraison
dans le ciiemin de Dieu cl (jui vous en.-eigne pour les morts, puis le reclus monte au lieu
ses sa nts commandements, afin que vous de sa prison volontaire, pendant que les
puissiez recevoir la c^nironne des enfants de prêtres chantent ies psaumes li8, li9 et
Dieu et devenir héritier du royaume des deux, loO, après quoi i'é^éque lui donne sa béné-
avec bs bienîiiurcux qui lui ont plu de toute diction.
éternité. La manière dont ils reçoivent les aposin's
Que bon Dieu vous assiste dans toutes
le et les fornicaleurs est assez particulière. Le
vos bonnes œuvres, qu'il vous préserve de tou- prêtre bénit une cuvette pleine deau. H
tes l(S ttnialions jusqu'au dernier moment de jette par trois fois de l'huile dedans en forme
votre vie, et qu'il vous jasse la grâce d'enten- de croix, au nom de la sainte Trinité. Oii
dre un jour cette voix pleine de joie : Venez lit ensuite !e premier chapitie de la premier»;
lea élus de mon Père, etc. ; ainsi soit-il, par é,')îlrc de saint Paul à ïimothée, depuis lo
^intercession de tous les saints. Amen. 3' verset jusqu'au 16% le psaume 2i, le
il y a aussi dei re igieusos Copies (1), qui quinzième chapitre de l'Evangile de saint
ont des cérémonies paiiiculières. Lo:squ'on Luc, depuis le 3-^ verset jusqu'au 10% après
doit donner l'habit à quelqu'une, le supé- quoi il dit une oraison et lit sur lui la prière
rieur dit l'oraison d'action de grâces ; en- de l'absolutiou. 11 le bénil, faisant le signe
suite il encense l'aiilel ; on récite l psaume •
de la croix et disant Unns sanclus, etc. il
:
1 18 tout entier; on fait la lecture du 7' ciiap. lit ensuite le psaume 150. Il le dépouille tout
Je la preiiiière épîlre de saint Taul au\ Co- iHi. Il jette trois fois de l'eau sur lui, en di-
rinthiens, depu s le vers. 25 jusqu'au 3V. On sant : Je vous lave au nom de Dieu le Père, le<
fait aussi la lecture du psatane iï et du -o' fils et le Saini-Esprit. Amen. 11 lui f.iit rc-'
thap. de l'Evangile de saint Mathieu, de- uiel're ses habits, lui fait baisser la tê'e, li-
sanl encore sur lui une oraison, et ensuile que si un chevalier se trouvait en peine, ou
'la prière ilc l'absolution du Filsde Dieu, puii que la nécessité le pr<'ssât, il devait y avoir
il lui dit : Sanatus es, noli ampliiis peccare; un fonds prêt pour l'assister. Rien davan-
il le communie et lui donn;» sa l)éuéciirli"n. tage, ceux qui n'avaient point de chevaux,
Voyez Vausicb, Uist. de i Eglise d'Alexan- pouvaient en aller prendre librement dans
drie lécurie de leurs compagnons, même en leur
Le vice-roi d'Ejîyplo, pour reconnaître les absence, pourvu qu'ils leur en laissassent
services parliculiers qm* remlenl les reli- un. Si quelqu'un manquait d'argent, il lui
gieux Copies de Saint-AïUoine vient (en , était aussi permis daller prendre à un autre
18i7) de faire de riches présents au couvent chevalier jusqu'à cent écus, sans qu'il osât
de ce nom, dans la hauie lîgyple. Les luoi- les redemandtr ni s'en offenser, à peine pour
ues de cet et iblissomcnt s'otcupenl de la la première fois d'une rude réprimande et ;
préparation de certains remèdes contre les en cas de récidive d'étro dégradé de l'or-
,
ophthalmies, lali'pre et autres maladies ilece die,si le général le trouvait à propos. Ils
genre, qui désolent les populations pauvres étaient encore obligés d'assister ce général,
du pays. C'est en outre de e monastère que < contre qui que ce fût, excepté contre le roi
sortent les patriarches Coptes du Caire et de seulement. Ils devaient aussi réeipro(iue-
lAbyssinie. 11 ne faut pas oublier qu'ils sont ment se donner secours les uns aux auire»^,
schismatiques. b-d-e. non-seulement contre leurs meilleurs amis
CORDELIÈRE. Voijez Hache. et leurs parents, mais contre leurs frères et
CORDELIÈRES. Voyez Urbanistes. leurs propres pères, à moins que d'en être
CORDELIERS. Voypz Convextlels, Obser- dispensés par ceux de l'ordre, à qui ce pou-
VAHTiNS, Franciscains. voir aurait été doimé. Enfin tout ce qui se
CORDIERS {Voyez Augustines de Saixte- passait entre eux dans le chapitre et ailleurs
Gatherine des). ilevait ê:rc secret cl ne pouvait être révélé
que du consentement de quatre chevaliers
CORDON JAUNE EN FRANCE (Chevaliers assemblés.
DE l'ordre du). Henri IV ay.int eu avis de l'institution f'e
Dansle temps que Henri IV, roi de Fr-nce cet ordre, qui était ridicule, voulut remédier
et de Navarre, songeait à établir l'ordre do à un tel abus; c'est pourquoi Sa Majesté
No:re-Damc de Mont-Carmel et de Saint- écrivit au sieur d'Inteville, lieutenant gé-
Lazare, il travaillait encore à abolir celui néral d-' Cliampagne et de Brie, pour qu'il;
du Cordon jaune que le duc de Nevcrs venait s'informât des particularités de cet ordre ,
d'insliliier et dont il é'ait chef et général , surtout des curés qui avaient assisté à la
comme il se qualifiait. C'était une compa- création de ces chevaliers, pour en dres-
gnie de chevaliers catholiques et hérétiques ser un état tel que l'afiaire le méritait, .ifin-
qu'on recevait néanmoins dans l'Eglise, en qne, punissant ceux qui faisaient de pareil-
présence des curés. Pour cotte cérémonie les entreprises , leur exemple retint les
on prenait un dimanche, et après avoir ouï autres et les empêchât de tomber dans de^
la messe, on sonnait une cloclie, et tous les j»areils inconvénients. Voici la lettre de co
chevaliers de l'une et l'autre religion s'ap- prince :
prochaient de l'autel , prenant leurs places Monsieur d'Infeville , je désire que vous
sur des bancs sans garder de rang. Le géné- mandiez quelques-uns des curés qui ont assiste
ral, ou celui auquel i! en avait donné com- à la création d\nicun de ces prélendu<< cheva-
mission, faisait un discours à celui qui de- liers du Cordon jaune, et ont tenu le livre des
mandait le cordon jaune, touchant l'ordre Evangiles, sur lequel Us ont fait le serment
qu'il allait recevoir, et le discours étant fini, contenu au mémoire que vous m'avez envoyé,
l€ gi elfier lui lisait les statuts, après quoi le et appreniez par ce moyen la vérité de leur»
prêtre, qui avuil célébré la messe, ouvrait statuts et cérémonies, et bref de tout ce qui
le livre des Evangiles, et le prétendant, un s'est fait à ladite création, pour m'en donner
genou en terre et sans épée, mettant les avis : car encore que certainement il soit à
mains dessus, promettait avec serment d'ob- croire que ce sont choses ridicules et qu'il
,
server les statuts dont on lui venait de faire semble qu'elles accusent les esprits qui s'y la t'
lecture. Le général ou celui auquel il en fent aller plutôt de légèreté et inconsidéra-
avait donné commission prenant ensuite
,
lion, que de méchanceté et mauvais dessein, il
une épée qu'on tenait toute prête, la lui est néanmoins à propos de les savoir pour en
mettait au côté et le cordon jaune au cou, faire l'état quelles méritent , cl en donnant à
puis l'embrassait. connaître à ceux qui commettent tcVes fautes,
Ils étaient tous obligés par leurs statuts ce qui leur en arrive, à leur honte et désavan-
de savoir le jeu de la mourre. Leur équi- tage, faire qu'il: se repentent et empé'-her li^
page était un cheval gris , deux pistolets, autres de tomber à l'avenir en sembldbles in-
deux fourreaux de cuir rouge et le harnais convénients, à quoi il sera à propos que vous<
de même, autrement il ne leur était pas per- travailliez de votre part, témoignant combien
mis de venir au chapitre. Comme ils étaient se sont fait de tort ceux qui se sont trouvés
de différentes religions, il n'y avait rien de embrouillés en cette affaire, et combien il et,
plus extravagant que l'article concernant prend toujours à ceux q ni font de telles par-
leurs femmes. Il devait y avoir entre eux ties. De Fontainebleau, le 20 novembre IG'.G.
une si grande union, qu'elle s'étendait jus- Signé Henri et plus ba^ Potier.
, ,
qu'à la coraniuîiaulé de biens; en sorte Le roi ccrivil une seconde fois à ce licule-
1139 DlCTlONNAlRt: DES OKDRLS RELIGIEUX. lliO
nnnt général pour le même sujet; en voici la de son apprentissage à l'égard de son maî-
leilre: tre, et aux obligations du christianisme è
Monsieur (Vînieville, le cnpilaine de Saint' regard de Dieu , auquel il tâchait de se
Auhin m'a fait entendre qu'il avait charge de rendre agré.ible par la pratique des ver-
me dire de votre part, et m'a rapporté fort t'.ss dont il faisait son étmle principale, l'out.
particulièrement ce qu'il a appris de mon ne- son plaisir, les fêles et les dimanches,
v^a le duc de A'ivers ; tn quoi je connais mon- était de visiter le; églises, d'assister au ser-
(lit neveu fort éloigné de son devoir , voulant vice divin et dentetîdre la prédication et le
cacher par artifice ce qu'il devrait ingénu- catéchisme, il aimait la prière, s'appliquait
ment avoir confessé aussitôt qu'il a su que à la connaissance de soi-raénie, à mortifior
la chair et à la soumettre à l'esprit; desorie
f avais mécontentement de se-; actions. J'eusse
(tien reçu toutes ses raisons et eusse pris en (ju'en peu de temps il arriva à une hnuie
bonne part ses excuses, s'il eût procédé perfection. 11 acquit tant de réputation ,
#n cela comme il devait; mais considérant qu'on lui donna le t)om de Bon Henri qui ,
combien il s'est oublié , et que les voyages lui est toujours demeuré, n'ayant jamais
qu'il a faits à présent et ses déportemenls ^ dégénéré de sa première ferveur.
confirment s jH c.essdn, ou bien qu'il devait Gomme il était jeune et qu'il avait besoin
par SCS actions t'moigmr le contraire, je ne de quelque exemple sur lequel il pût régler
pu s que je n'aie beaucoup de mécontentement ses aciions , tant à l'égard de Dieu qu'à l'é-
de lui, ce qu'il ne peut répare'' qu'en faisant gard de son prochain ,ii choisit pour mo-
ce qui est de son devrir. Cependant j'e désire dèles saint Ciépin et saint Crôpinien, {)a-
{/W, vous veilliez ses actions et que le sieur Irons des cordonniers. Le premier honneur
jHihdclot se tienne près de lui le plus long- qu'il leur rendit fat de les imiter, en dél;i-
leritjs qu'il pourra, pour après me venir chantcomnie eux son affection des biens de
trouier et me rendre compte de ce qu'il aura Il terre, en renonçant à soi-même, et allant
appris, et principalement pour le regard de de ville en ville, aiin de gagner des âmes à
ceux qui ont pris le cordon jaune, qui l'au- JHcu par le moyen de son travail, à rex<'m-
ront visité pendant son voyage, de.^queis je ple de ces deux grands saints qui, étant
désire que vous m'envoyiez le rôle, et s'il se uubles , s'abaissèrent à faire le métier de
fait aucune chose par ensuite du prétendu cordonnier, pour convertir [ilus facilement
or. ire du Cordon, en fuir'' informer. De Fon- les païens à la faveur de ce métier qui, étant
uiineblcau,le i" décembre IGOG. Stf^ne, Henri, assez incompatible avec la science, ôlait
e plus bas. Potier. aux ennemis de Jésus-Ciirist les soupçons de
ftjémoires communiqués par M. de Clé- ce qu'ils eîilreorenaient pour la gloire de
rambaut. son saint nom qu'ils prêchaient à ceux qui
,
entrer dans la pratique des vertus chré- mais principalement M. de Uenli, qui trou-
tiennes. vant dans le bon Henri un fond de lum'èros
Dieu avait si abondamment répandu dans pour le discernement des choses les plu*
le cœur de ce Lon artisan son esprit et sa saintes et les plus intérieures, et une forco
charité, qu'il semblait qu'il l'eût établi dans capable d'encourager à l'exécution les plus
le monde comme un père au milieu de sa timides, n'avait rien de réservé pour lui.
famille, po;ir écouter les plaintes , examiner Il est marqué dans la Vie de M. rf,*
les misères et soulaiçer les peines de tous les Reyxli que ce fut lui qui, touché de l'igno-
pauvres et de tous les afdij^és II donnait sou- rance de la plupart des pauvres passants,
vent ses habls, et même jusqu'à sa che- qui sont reçus pondant trois nuits dans Ihô-
niise pour les revêtir, et il était quelquefois pital de Saint-Gervais, à Paris, et dont en
si mal habillé, qu'il faisait conifiassiou à négligeait les besoins spirituels, sous pré-
ceux qui le \oyaient. Il retranchait tout ce te.vle qu'ils y arrivent le soir et en sortent de
qui lui paraissait superflu, et il se coïiten- prand ma'in, entreprit le premier de nour-
tait de pain et d'eau, afin d'épargner de quoi rir leur âme de la parole de Dieu, en leur
soulager son prochain. Mais ses épargnes faisant de petites exhortations el en leur en-
étant trop petites pour égaler la grandeur et seignant leur catéchisnjf'. Celte sainte prati-
l'étendue de sa charité, quoiqu'elles fussent que fut continuée par plusieurs ecclésiasti-
assez considérables, parce qu'il faisait lui ques el autrc>s personnes de piété qui, à sou
seul autant de besogne que deux autres, il exemple , s'y rendaient avec exactitude ;
résolut d'ajouter la nuit au jour, afin de mais principalement le bon Henri qui,
trouver par un travail continuel de quoi les voyant les fruits qu'il y avait à faire dans
mieux assister; et quand il se voyait hors ci-t hôpital, où venaient des enfants prodi-
d'état de leur rien donner, il persuadait à gues, des soldats et des gens d'une vie scan-
de jeunes cordonniers, ses compagnons, de daleuse, s'y trouvait le soir à l'arrivée d.s
suppléer à son impuissance. pauvres, particulièrement les fêtes el di-
Le zèle qu'il avait pour la gloire de Dieu et manches qu'il n'était point occupé de son
pour le salut de son prochain n; pouvant travail. Il les instruisait des principaux
se borner dans les provinces du Luxembourg mystères de la foi il les encourageait à bien
.-
Ce fut pendant le temps qu'il s'employait mais voyant que ces frères, qui n'av.iieui
S' uii'eracnl à détruire ces £ibjminaS)les as- pas encore de maison à eus, étaient expo-
semblées, que M. de llenti et plusieurs per- sé:» à changer de directeurs, selon qu'ils
sonnes de piété lui conseillèrent d'établir changeaient de paroisse, il leur donna pour
iine sainte société de gens de sa profession directeur spirituel un abbé dont la vertu, la
qui, en gagnant leur vie du travail de leurs science et la capacité éîrîieot connues, et
luains, servissent Dieu en observant certai- qui, les sui\ant partout où ils allaient de-
nes pratiques de dévotion qui leur fussent meurer, pût les maintenir toujours dans
communes. Le Ion Henri avait déjà sept une parfaite uni n d'esprit el sous une
garçons qui raccompagnaient dans toutes même règle. Ce même prélat approuva le
ses œuvres de piélé, el demeuraient conli- chois qu'ils avaient fait de M. de Mesmc,
niicUement avec lui sans autre intention que président à mortier au parlement de Paris,
celle de s'animer réciproquement à la pratique pour leur protecteur.
des vertus; mais son iiumililé ne lui per- La société étant ainsi formée, le directeur,
|rnc:tait pas de songer à cet établissement, le protecteur et les frères déclarèrent d'une
jusqu'à ce que Dieu, voulant se servir de lui commune voix pour supérieur le bon Henri,
et de ses comp.'ignons pour en attirer d'au- qui ,accoutumé à regarder ses garçons
tres à son service, lui donna de si fortes in- comme ses frères, continua à les traiter de
spirations de ônlreprcndre, principalement
1 même que s'il n'eût point eu celle qualité,
dans le temps de ses oraisons, qu'il se réso- les considérant plutôt comme ses maîtres
lut d'obéir à la voix du Seigneur. 11 con- que comme ses égaux. On ne peut s'imagi-
bulia néanmoins son directeur et plusieurs ner avec quel soin et quelle charité il les
personnes de science et de probité, qui tous servait. 11 achelail loul lui-même, il prépa-
d'un commun consentement , après avoir rait à manger, il lavait les écuelles , il ba-
examine sou dessein, rapprouvèreai et jugè- l.iyail la maison, el il n'y avait rien de pé-
rent que c'éliiil la volonté de Dieu et qu'il nible à quoi il nç se crût obligé le premier.
devait s'y soumettre. Il ie fil enfin, ayant H faisait toujours l'office d'infirmier, et sa
demandé par de ferventes prières les secours tendresse était admirable dans le soulage-
du ciel pour réussir dans celte sainte entre- ment des malades. Nonobstant toutes ses
prise qui comnionçj de la uianièie sui- charitables orcupations et ses sorties fré-
vant^.'. (juentes pour faire des achats, communiquer
M. de Rer,ti, qui priait aus.^i jour et nuit ses affaires au protecteur, consulter le di-
pour ce sujet, vint prendre le i;o.i Henri et recteur sur les grâces el les inspiratiors
ses compagnons le jour de la Purification de «iu'il recevait du ciel et sur ce qui regardait
ia saille \'ier;;e, de l'.in 16V5, et les mena I étal de sa conscience, il ne laissait pas de
cbez le curé de Sainl-t'aul, qui .'uec son vi- travailler encore plus que pas un des, frères,
caire, tous deux doclei rs en liicologie, les comme ils l'onl eu -mêmes reconnu. Plu-
v;
(;ui tous ensemble chantaient les louanj^cs uns autres ont le même habillement, qui
et les
de Dieu, passant ainsi ce temps de débauche consiste en un justaucorps, un manteau de
et de dérèglement dans des occupations si serge de couleur tannée et un rabat. Leurs
agréables à sa ma esté divine. Une condu te exercices sont aussi communs i s se lèvent,
:
si chrétienne coiitirina des tailleurs dans la le malin, à cinq heures; ils font d'abord la
pensée que cette assemblée était une œuvre prière en commun et vont ensuite au tra-
du ciel ils se sentirent enflammés d'un nou-
; vail , p( ndant lequel, lorsque l'horloge
veau désir d'entreprendre l'exécu ion de sonne, le supérieur prononce tout haut en
leur projet qu'ils communiquèrent à ce saint langue vulgaire une oraison courte et propre
homme, avec lequel ils conclurent que lui, à l'heure, ils vont entendre la messe selon
M. de Renli, et les deux maîtres tailleurs, l'ordre du supérieur, font leurs exercices
iraient consulter le curé de Saint-Paul et son spirituels sans cesser de travailler, récitent
vicaire ce qui fut exécuté. Ces deux doc-
;
le chapelet, chmlent des cantiques spiri-
teurs ayant élé d'avis que ces garçons tail- tuels et gardent le silence de temps en temps,
leurs vécussent à la manière des frères Cor- ne le rompant qu'à voix basse et pour la
donniers, et se missent en communauté, elle nécessité. Un peu avant le dîner, ils font l'o-
commença, comme l'autre, par sept person- raison mentale. Pendant le repas il y a lec-
nes le jour de sainte Prudentienne, de l'an ture spirituelle, et tous les ans ils font une
ÎGi7, et le bon Henri leur ayant laita\oir retr.iile de quelques jours. J!s ont souvent
les mêmes observances et les mêmes règle- des conférences spirituelles. Les fêtes et di-
ments, les unit par les liens de la charité chré- manches, ils sont assidus aux offices divins
tienne avec les cordonniers dans une même à l'église, vis tent souvent les hôpitaux, les
maison, où ils pratiquaient les mêmes exer- prisons et les pauvres malades dans leurs
cices, mais jugeant dans la suite qu'il était maisons. Voilà de quelle manière ils passent
plus à propos, pour éviter l'embarras, que la journée jusqu'à neuf heures du soir qu'ils
ces deux communautés fussent séparées, il vont se coucher après avoir fait la prière en
s'appliqua à former celle des Tailleurs, qui commun.
répondirent si ndèlement à sa charité, à ses Commeon a aussi donné à M. de Penti le
ordres et à ses conseils, qu'il les mit en état titrede fondateur de ces communautés,
de se conduire eux-mêmes: ce qui lit qu'ils avant de terminer cet article, nous dirons
le regardèrent toujours comme leur père, un mot de ce grand serviteur de Dieu, il
l'appelèrent dans leurs affaires importantes, naquit au château de Béni, du diocèse de
et demandèrent tous ensemble sa bénédiction Rayeux,en Normandie, l'an IGll, et fut fils
bliger à prendi e du repos, il entreprit à pied des pauvres, elle permit que ses parents le
deux cents lieues de (hemin pour se rendre fissent tenir sur h s fonis de baptême par
à Toulouse, où l'appelait une affa re impor- deux pauvres il y reçut le nom de Gaston,
:
îOùO, pour aller à Notre-Dame des Ardil- d'Assi;e, clerc séculier, avec la permission
liers, où il ne put néanmoins arriver car sa
;
d'Alexandre Vincioli de Pérouse évéque de ,
mère ayant envoyé après lui, on le trouva Nocéra en Ombrie , qui lui accorda une pe-
à Aniboise, où l'on eut assez de peine à le tite église près de Guaido , dans un lieu ap-
reconnaître, ayant changé son habit avec pelé la lionne-Mère. 11 donna à celte église
felui d'un pauvre. 11 fut ramené au château le nom du Corps de Jésus-Christ et fit bâtir
,
de Boni, où son père lui fit apprendre les à côté un beau monastère qui était devenu
exercices convenables à sa naissance, et lui chef de celle congrégaiion et où les géné-,
11! épouser, à 1 â^e de vingt-deux ans, Eiisa- raux faisaient leur résidence. Ces religieux
hcih de Balzac, fille du comte de Graville, de faisaient prof ssion de la règle de saint B<«-
la maison d'Entragues. Il se signala ensuite noîl et avaient des constitutions panicnliè-
dans les armées, et il mérita par ses belles res qui leur furent données par leur fonda-
manières l'esliuie du roi Louis Xlll. Mais, à teur, et que cet évéque de Nocéra approuva.
J'âge (le vingt-sept ans, lassé des vanités et Jl les obligea de porter le saint-sacrement
des intrigues de la cour, il la quitta pour se dans les processions solennelles et de celé -,
du prochain. 11 s'appliqua à l'exercice de l'o- révérence el de pompe , afin d'exciter les fi-
raison, il disait tous les jours le grand office dèles par leur exemi^Ie au cuhe de cet ado-
de l'Lgiise, eise levait la nuit pour dire ma- rable mystère; et afin qu'ils s'y portassent
tines, aijrès quoi il faisait une heure de uié- plus volontiers , ils publiaieiit de temps cm
dilalion ; de sorte que toutes les nuits il de- temps les indulgences que le pape Urbain iV
meurait deux ou trois heures en prières , avait accordées et que Martin V accorda
incme dans la plus grande rigueur de l'hi- aussi dans ia suite à ceux qui assisteraient
ver. II n'y avait point de bonnes oeuvres |'U- à l'oHice qui se dit et aux processions qui se
Lliqu'^s auxquelles il n'eût part, ni d'entre- font le jour de la fête du Saint-Sacrement.
prise qui regardât la gloire de Dieu el le sa- Comme le monastère de ces religieux fut
lut du prochain, dont il ne lût l'auteur ou le dédié sous le titre de Jésus-Christ , on leur
[
ronioleur, ou qu'il n'eséculAt. Il était de donna le nom des moines du Corps de Christ.
toutes les assemblées de piété, dont il était Grégoire XI approuva leur ordre par un
comm.e l'âme et le premier mobile en plu- bref duo juillet 1377, et Boniface IX, par
sieurs endroits, et il avait des correspondan- un autre bref de l'an 1393, en ie confirmant,
ces par tout le royaume pour toutes les œu- lui accorda tous les privilèges et toutes le»
vres de charité qu'on voulait (aire, princi- indulgences dont jouit celui de Cileaux.
palement pour rétablissement ou l'avance- Cet ordre était composé d'environ quinze
ment des hôpitaux , des séminaires , des monastères, savoir celui de Guaido, qui en
:
l.eux (le dévotion et des compagnies de per- était chef; Saint-Gervais et Saint-Prolhais.à
sonnes vertueuses. Il s'applujua aux besoins un mille de Guaido ; Saint-Ange de Morone,
des Anglais catholiques, des Irlandais, des le Corps de Christ à Sainte-Anatolie , le
ciiplifs de I5arbarie et des missions du Le- Corps do Christ de Bosco , el Saint-Jérôme ,
vant. Son zèle et sa charité n'avaient point au diocèse de Camerino le Corps de Christ
;
.de bornes et s'clendaienl sur toutes sortes de Todi S; inte-Marie in Campis , hors les
,
de Citeaux, el où les religieux vivaient dans fort large, et avaient pour armes deux anges
une observance exacte de leur règle: ce qui qui soutenaient un calice avec une hostie au
fil que le monastère de l'érouse ("ut aussi dessus. Jacobilli, (jui adonné V Histoire du
soumis à la même aubaye par le même pou- monastère de Sainte-Marie in Campis, où il
lile. parli; de la fondatioîs de cet ordre, dit qu'ils
Maiscelle abbaye de Sainte-Marie Cam- m avaient pour armes ce calice surmonté d'iiue
pis,après avoir été plusieurs fois soumise lio lie, à cause qu'ils ont été les premiers à
aux autres, devint enfin maîtresse. Car célébrer la fêle du Saint-Sacrement et à le
l'abhaye de Guaido étant réduite à une ex- porter en procession ; (cpendanl il est cer-
trême pauvreté causée par les gui nés, et tain que celle fêle se célébrait à Liège dès
le monastère de Foligni étant au contraire i'an 12'iG, et qu'elle lui rendue publique
fort riche et en état d'e-atretenir un grand dans TLgIise par l'autorité du pape Ur-
nombre de religieux (jui y demeuraient, le bain IV.
même ponlile supprima, l'an 1397, le titre 11 y a eu aussi un monastère de rcligieu es
abijalia! el de chef d'ordre que le uionastère de cet ordre à Foligni. Il fut commence, Tau
de Guaîdo avait, cl le transfera à celui de 1379, par trois saintes lilles des environs de
Sainte-Marie in Campis, voulant qu'il fût à celle ville, qui furent inspirées d'y fonder
l'avenir le chef di tout l'ordre et qu'il jouît un monastère elles se soumirent à la juri-
:
de tous les privilèges et immunités dont diction de l'abbé et des religieux du monas-
jouissait Tordre de Cîleaax auquel il l'incor- tère de Sainte-Marie in C impis, qui leur
pora de nouveau, voulant néanmoins que donnèrenl une maison qui n'était pas éloi-
l'abbé de Sainte-Marie in Campis, nonobstant gnée de ce monasière, où elles demeurèreut
celle incorporation, eût lnule juridiction en environ un an dans les observances de la
qualité de général sur les monastères de règle de baint B.noîl. L'évêque de Foligni
l'ordre du Corps de Christ. Le même Uoni- leur accorda, l'année suivante, une maison
lace, continu j ni à favoriser cet ordre, con- dans la ville où elles bâtireni un petit mo-
firma tous les privilèges, indulgences et nastère qui fut nommé le Monastcre des pau-
immunités que le pape Alexandre IV avait vres Dames de Morbida de la pénitence, à
accordés à tout l'ordre de Cileaus en gé- cau^e de la sup; rieure qui se nommait Mor-
néral, el aux monislères de celui-ci en p.ir- bida; mais avant fail bâlir ensuite une ég.iie
liculicr qu'il prit tous la proleciinn du saint sous le riom de Notre-Dame de Belhléeui, co
siège, l'exempianl pour toujours de la juri- nom resta aussi à ce monastère. Dans le
diction des ordinaires. commencement elles ne prirent point d'ha-
L'an l'iC2, il unit au monastère du Corps billemcnl difiércnl des séculières, se con-
de Christ de Todi le prieuré de Saint-Syl- lenlant d'élolîes viles el grossières elles re-
;
vestre de la même ville, où ces riMiçiieux connurent pour leur supérieur le prieur de
Dâtireiil un monablère,et l'an li03, il af- Sainte-Marie in Campis, el lui promi;< ni
rancliil les munastèrcs de cet ordre de la obéissance. i)oniface IX leur accorda beau-
(iéj)endance de ceux de Saint-Sauveur de coup d'indulgences par deux brels des an-
Riontaigu el de Saint-Galgan, de Tordre de Cî- nées 1398 el 1399, el coniîrma, Tan IVOO,
îeaux, et les obligea seulement a l'obser- toutes les donations qu'on leur avait faites,
vance de la règle de saint BenJl et aux les relira de Toliéiss.mce du prieur de Sainle-
statuls de T' rdrej de Cîteaux et de celui du Marie in Campis et les mit sous la direction
Corps de Christ; ce qui fui conûrmé par les d un prêtre séculier qui devait êlre à la no-
j.apes Martin V et Eugène IV, Pie 11, PielîJ, mination de Tévéq<je de FoTgni. La mèra
et Pie IV, qui accordèrent encore des pri- Moibida étant morte eu l^OV, les religicu es
de ce moiiask^re, vouînnl vivre sous une ce prince, dit que, fan i-23S, il donna cet or-
règle parliculièri' et porter l'hatjit religieux, dre à Ro' ert (le France, comte d'Ai lois, dans
résolurent d'embrasser les observances (!e l'église de Sainl-Corneille de Compiègne, et
l'ordre du Corps dt^ Christ et voulurent se que ce sa-nl roi ayant tenu les Etats du
,
soumettre derechef à labbé de Sainte-Marie royaume à Paris, l'an 12G7, donna, le jour de
inCampis, qui avait été déclaré général par la Pentecôte, en l'église cathédrale, le collier
le même Boniface. FréJéric Frez/i, de l'or- du même ordre à Philippe de France son ,
dre de Saint-Dominique, qui clait pour lors CIs aîné, à Robert, son neveu, fils de Rol)erl,
évêque de Foligni, y consentit, et le l'ère (loin comte d'Artois son frère
, qui mourut en^,
gation, leur donna un habit blanc pareil à grande et la cuur magnifique que la fêle ;
celui des religieuses du mont Olivet, et les dura huit jours, que les rues de Paris étaient
oDligia aux mêmes observances que l'ordre tapissées , les boutiques fermées , et qu'il y
du Corps de Christ. Elles prononcèrent leurs avait des tables dans les ru s pour y donner
vœux solennels entre -ses mains, et il leur à manger à tous les passmis. Anno Domini
tlonna pour supérieure Luce Petruccio: ce qui 1267, jn Pentecoste f pralalis et baronihus
fut confirmé par le pape Boniface IX, et elles fere lotiiis regni Franciœ Parisiis congregalis^
élurent dans la suite leur supérieure. L'an Lu'ioiicus, rex Franciœ, videns ftlium shidu
li36, Jacques Elmi, évêque de Foligni, en prhno^jrnilum Phitipp ivi juvcncm, foitem et
ronfirmani l'abbe^se qui avait été élue, con- iwùilissimum, algue Robei tuni nepotcm suui/t'
firma en même temps la permission que son filium Roberii fralris sui AlVibatensis comi-
prt'déc sseur leur avait accordée de vivre tis, qnondam apud Massurum interfecli; eus
sous les observances de l'ordre du G.irps de cumpluribus aliis,inililes novos genislillœ p-
Christ, sous la juridiction de l'iibbé, général cil, tanta fuit lœtitiœ solemnitas , quoi
tibi
de cet or Ire. Mais, l'an IVGI, Jérôme Gas- poputus civilatis Parisiensis ab onini opère
para de Foligni, qui était pour lois général, vacans, solummodo lœtiliœ et exsultalioni in-
ayant renoncé à la juridiction qu'il avait sur tentus per ocio dies et amplius civitate pcr
,
ce monastère, le pape Pie II le soumit à cella totutn cnrtinis pnnnornmrarii coloris et or-
de lévéquc de Foligni. \
namentis pretiosis mirabditer palliata abis- ,
Ludovic. Jacohilli, Chronic. délia Chiesa que publicis soleinnilatem protendercnl. Ainsi,
è Monaster. di S. Maria in Campis. selon le témoignage de Guillaume de Nangis,
l'ordre du Genêt ou de la Cosse de Genêt
COSSE DE GENÊT EN FRANCE (Chevaliehs subsislait du temps de saint Louis ; mais ou.
DE LA ). ne peut pas assurer qu'il en ait été l'instilu-
Les écrivains ne sont pas d'accord loa* leur.
citant l'instituteur de l'ordre de la Cosse de Favin dit aussi avoir vu des leltres du rci
(ieiiét en France uns prétendant que et
, les Charles V dit le Sage, accordées l'an 1378 à
fut le roi saint Louis, et d'autres Charlcj VL un de ses chambellans , GeolTroi de Belle-
F'avin qui prétend que ce fut saint Louis
, ,
vi le, d'une ancienne maison de Poitou , par
dit que ce prince ayant épousé Marguerite les(iuelles il lui perniei de porter le collier de
<:e Provence, Fan 123i,les cérémonies de ses la Cosse de Genêt. Les \oici toiles qu'il les
;)oces se firent dans la ville de Sens et que , rapporte dans toute leur teneur CA^r/es, par :
p )ur les rendre plus augusles il institua , la grâce de Dieu roi de France , à tous ceux
i ordre de la Cosse de Genêt ayant pris cet , qui ces présentes lettres verroîH, salut. Sçavor
a; buste, qui porte des pelit'S leuilies vertes faisons, que pnir la bonne relation qui fuite
t'I des fleurs jaunes pour eaiblème, avec celle nous a esté ae Geoffroy de Belleville , notre
Aiivise : J-Jxallat humiles ; qu le collier do ; féal clianibellan et de sa bonne et noble (jéiié-
cet ordre était composé de cosses f'e cenêt ration , nous lui avons don)~é et octroyé de
émaillées au naturel entrelacées de fieurs
, grâce spéci'de quil puisse et lui loise eti tou-
,
de lis d'or, enfermées dans des losang- s per- tes fisies et compagnies porter le collier de la
cée> à jour, et émaillées de bleu le tout at- , Cosse de (Jenest, scnsqii'tl puisse estre repris
taché à une seule chaîne, au bout de laquelle en aucune manière. Donné à Tours sous no- ,
pendait une croix florencée d'or ; que le roi tre scel, le sixième jour de juillet , l'an 1378,
reçut le premier cet ordre de Gautier, arche- el de noire ri gr,e le quatorzième.
vêque de Sens, la veille du couronnement de Ces lettres jointes au témoignage de Guil-
la reine qno les chevaliers (1) portaient la
;
lanme de Nangis prouvent assez que cet
cotte de damas blanc, avec le chaiieron vio- ordre avait été institué avant Charles Vi ,
let; et que leur nombre n'etail pas fixé. que plusieurs écrivains prélendenl en avoir
Mais messieurs de Sainte-Marthe disent que été le véritribie instituteur. Quoi qu'il en soit,
saint Lou s n'institua aucu:i ordre militaire, Favin n'a p.;s (apporté fidèle.nent la descrip-
et le P. Meneslrier lient pour fabuleux et de tion du collier de cet ordre. Le P. Meneslrier
pure imagination ce que Favindilde celui a plus approché de la vérité, lorsqu'il dit,
de la Cosse de Genêt. qu'il étaitcomposé de deux gousses de ge-
Guillaume de Nangis moine de l'a'biye
, nêt, l'une blanche et l'autre verie, avec le
de S lint-Denis en France, qui a éi rit la Vie mot Jamais: il y avait néanmoins plus d'or-
de saint Louis quinze ans après la mort de
,
nement à ce collier , dont on voit une des-
pense faite pour le collier du roi, une autre Alexandre 111, Alexandre VI, Pie
V,' (ire-
j,our ceux que l'on envoya au roi d'Angle- goire XV, et de qu» Iques autres, où il est
lerre cl à qiieliiues seigneurs anglais, et parlé de celle prétendue antiquité.
d'autres pour des seigneurs français. Voici Quant à s.iint Quiri.ice, que quelques-
«e t(ue contient le compte lait pour les col- uns ont voulu faire passer pour un certain
liers qui furent envoyés en Angleterre. juif nommé Judas, qu'ils disent avoir montra
Audit Jeun Compère, orfèvre, ilemeurant à à sainte Hélène le lieu où était la croix du
paris, pour quatre autres colliers d'or l'un , Sauveur du monde, lorsque cette pieuse inj
pareil au collier du roi pour le roi d'Angle-
,
pératrice alla à Jérusalem, et qu'elle flt lirci
terre : c'est à sçuvoir irtlui collier fuit en fu- de terre ce glorieux trophée de notre ré-
çun de deux gros tuyaux ronds, et entre ii eux demption, ils ont aussi preten. lu qu'ayant
(uyanx cosse de gineste doubles eniretenans élé louché par les miracles qui se firent à
par 1rs queuis, et aulour d'icelui siir les cos- 1 allouchement de ce sacré bois, il se conver-
ses fait neuf potences, autour chacune de neuf tit, et qu'il prit au baplême le nom de Qui-
(;rosses perles, et en l'entre-deux d'icelles po- riace ou Cyriaque; qu'ensuite il fut choisi
tences aulour dudit collier a cinquante lettres par sainie Hélène pour chef de ceux qu'ell:;
il or, pendant à l'un d'iceux tuyaux, gui font commit à la garde dune parlie de ce précieux
par dix fois le mot du roi Jamf/s ; et au de- trésor, qu'elle déposa entre les mains do
vant d'icclui Collier, a un gros bulay quarré , saint Macaire, évêque de cette ville, auquel
e)ivironné de huit grosses perles, pareilles aux sainl (Juiriacc succéda et que dans la suite
;
prrles du collier du roi, et au derrùre a deux il reçut la couronne du mariyre sous l'em-
cosses en forme de cousse de gcneste, ouveites pire de Julien l'Aposlat, lorsque ce prince
eiiiuillces l'une de blanc l'autre de rert et a
, , alla à Jérusalem. Mais le P. Papebmch, M.
dedans chacune d'icelles cosses trois grosses de Tillemonl, M. Bailiet et quelques autres
jieiles, et lesdits tuyaux poinsonnez de bran- savants (I) traitent de fabuleux tout ce quo
ches fleurs et cosses de gcneste. Et les trois Ion a écrit de ce saint. Car les actes apo-
autres colliers , l'un pour le duc de Lancas- cryphes sur lesquels se sont fondés ceux qui
Ire, l'autre pour le duc de Gloreslre,et l'autre l'ont cru le successeur de saint Macaire, (l
pour le duc d'Vhorst, semblables à celui-ci, à celui qui avait découvert à s linte Hélène le
(/i elques perles iin peu moins fortes : pour c, lieu où était la croix de Notre Seigneur
pour tout 830 francs 3 k deniers. s. Jésus-Clirist, disent qu'il fut baptisé par
Favin Théâtre d'honneur et de chevaleyie ;
,
saii'.l Eusèbe, pape, qui mourut l'an 311,
Bernard Giustiniani , //jsL di tutt. gli Ord. c'est-à-dire quinze ans avant que saine Hé-
Milit.; De BcUoy, de l'Origine et institution lène lût élé a Jérusalem pour y hei cher la (
.des ordres de chevalerie; Schoonebcck, Uist. vraie croix. On lait ce Judas ou Cyriaciuo,
des Ordres Militaires; Herniant, Hist. des qui, à ce qu'on prétend, pril ce nom après
OrdresMililaires;Mi'n\)ei\'n\ii, Deliciœ Eqnest. son baptême, évêque de Jélu^al m et suc-
Ord. Milit. ; le P. M.'ncslri: r, Tra'Ué de Che- cesseur de saint Macaire qui mourut l'an 331,
valerie ; et différents mnxuscrits. eton donne à ce sainl Cyriatjuc pour père,
COURONN'i. VoyezUos. Simon, et pour aïeul Zachée, qui vivait du
GOUUOiNNÉS (Les quatkesaints). Voy. temps de Jésus-Christ. Enfin l'on préten 1
AtGUSTINES DE SaINTE-CaTHERINE DES Cou- que Julien rA[)(;slal elant à Jérusalem le lit
DIERS. mourir en s.» présence; cepeuilant ce princo
CKlîSCENZAGO. Voyez Latran. ne »..l à Jérusalem que l'an 382 ou 303, au-
quel temps sainl C}rille élait pour lors
CUOISIERS ou PORTE-CHOIX (Rlligielx). évêque de Jérusalem. N'ius pasons sous
silence les autres raisons qu'on a de croiiH
§ 1". Des religieux Croisiers ou Porte-Croix
que saint Quiri ce ou Cyri ique ne vivait
en Italie.
point S0U3 l'empire de Constantin, auquel
L'ordre dos religieux Croisicrs ou Porte- temps sainte Hélène trouva la vraie croix;
Cioiv en Italie, qui est préseiiteuienl suppri- et que s'il y a eu un évêqu'^ d(^ Jérusalem
mé, a élé différent de deux autres du même de ce nom, il doit avoir soulTert le martyre
«OUI, dont l'un a pris son origine aux Pays sous l'empire d'Adrien, l'an 13i. Ainsi c'esl
bas et l'autre dans le royaume de Bohême, à tort que les religieux Porle-l^roix se xan-
dont nous parlerons plus loin; mais tons les tent d'avoir eu un saint Quiriace ou Cyria-
lri,ii; ont prétendu avoir saint Clet pour pa- que, évêiiue de Jérusalem pour fondateur
triarche et fondateur de leur ordre, et que ou restaurateur de leur ordre.
saint Quiiiace, évêque de Jérusalem et mar- Ce qui esl certain, c'esl que cet ordre
lyr, dont l'Eglise solennise la fête le i mai, était déjà éiabli avant qu'Alexandre II! mon-
H été le restaurateur de cet oriire. Mais tât sur la chaire de saïui Per. e puisque e,
(
*onime les Porie-Croi\ d Italie ne sont plus pontife, fuyant la perséculion de remijcreur
Duur soutenir ces prétentions, c'esl aux au- l'rédéric Barberousse, trouva un asile dans
plusieurs nionaslères do cet ordre, et qu'a- Ces monastères étaient an''si liôpiinox, et il
près que l'Eglise fut en paix, il le renou- y en avait environ douze qui étaien en coni-
vela, pour ainsi dire, l'an 1169, lui r'onnant niendc. ils ne mangeaient point de viande
onc règle et des conslilulions, et le prenant tous les mercredis de l'année, jeûnaient tous
sous sa protection. Herman Schetlel, dans les vendredis, n'usant ce» jours-là que de
ses Chroniques, dit qu'Innocent IV, élan? à viandes quadragésiraaies , c'est-à-dire ne
Lyon, fit encore des règlemenls pour ces mangeant ni beurre, ni fromage, ni œufs,
r(lip;ieux, et qu'il orJonna qu'ils auraient ni aucun laitage. Tous les trois ans ils te-
toujours une croix à la inain, et Clément IV naient leur chapitre général : les prieurs y
établit le monastère et ri)ôpit;il de Sainte- étaient proposés par le général, pour être
Marie de Morello, à Boulogne, pour chef de élus par voix secrètes; et si piM^dant le
cet ordre. triennal il en mourait queliju'un, il en sub-
Il souiïrit beaucoup dans par les
la suitf^ stituait un autre à sa pbîce. Voici la formule
guerres qui désolèrent Sous le pon-
l'ilalie. des vœux qu'ils faisaient :
t fical d'Eugène IV le rclâchoment y était Erjo frater N., considérons mores et régula'
fort grand, la plupart des monastères furent rem observant am fiujus sacri ordinis Cruci-
donnés en conimende, et le cardinal Bes-^a- prorum in qno cum ejiis hnbitu surn certo
rion eut celui de Venise. Pie II tâcha d'y teinpore conversatus et certa sri^ntia et spon-
rétablir la discipline régulière. li fit encore tanea roinntate. vohns, et intendens in liac
à ce sujet de nouveauK règlements, confir- sacra religinne Domino perpetuis temporilms
ma les privilèges qui lui avaient été accor- famulari, profiteor, promilto ac voveo Deo,
dés par ses prédécess: urs, et ordonna, dans beatœ Mariœ semper rirgi-iti et patri nostro
le concile de Mantoue, l'an 1459, que les re- Clelo, tibiqiie reverendissimo domino patri iV.,
ligieux (1) porteraient à l'avenir une tuni- totius ordinis generaii minislro, me temper et
que avec un scapulaire, un manteau p?.r omni tempore qno mihi fiierit vita cornes, in
dessus et un erand camail, le tout de cdu- Imc sacra religione Cruciferorum in hoc mo-
Icur bleue, au lieu qu'auparavant ils élaieut nasterio et aliis sub vestra et siiccessorum obe<
habillés do gris, voulant qu'ils cusï^ent tou- dientia, fidelitate mansuriim, servaturtimgne
jours en main une croix d'argent comme ils in quantum Dominns largiri dignabitur, hujus
avaient accoutumé. C'était sans dou'e un sacri ordinis regulam et laudabiles conslitn-
abus que la vanité de quelques supérieurs tiones et mores, ûc prœcipiie illasubstanlialia
avait introduit, car ils ne portaient dans le viddicet obe iientiam, paupertatem et castita-
cornmenceuieut que des croix de fer. Ils no tem, quiv omnia et singiila prœdieia, sponte
prirent celte sorte d'habillement que l'an 1i02, bona fide, et sincera intenlione profile ir , vo-
dans leur chapitre général, où le P. Tha- veo ac promitto, et de his omnibus vos pres-
dée Galgilclli, qui avait été autrefois i!e sentes erilis testes. îl y a eu dans cet ordre
l'ordre des Servilcs, fut élu général. fdusieurs personnes distinguées, comme Jean
Peu à peu le relâchement s'élaiit encore Gamberti, patriarche de Grade; Vincent,
iulruduil de nouveau dans cet ordre, Pie V évéque do Catare, et Benoît Leoni, évoque
le remit en meilieur état en 1518, l'approu- d'Arcadie qui a f ,it V Histoire de cet ordre.
vant derechef et confirmant ses privilèges. M. Alieman, dans son H istoire monastique
Mais apparemiuent que le désordre y était d'Irlande, dit qu'il y a de l'apiuirence que les
bien grand en lGo6, et qu'Alexandre VII religieux Porte Croix, qui avaient quatorze
perdit Tespérauce de pouvoir y rétablir la monastères dans ce soyaume, et qui furent
régularité (]ue ces religieux avaient si sou- supprimés dans le cbarîgement de religii n
vent abandonnée; car il les supprima tout qui s'y fit, étaient de la congrégation dei
à fait et donna les biens qu'ils possédaient Porte-Croix d'Italie, puisque ceux de France
dans l'Etal de Venise à la république, pour et des Pays-Bas ne les connaissent point
s'en servir dans la guerre qu'elle avait alors pour avoir été de leur oriire. il y a néan-
avec les Turcs; et présentement les Rll. PP. moins lieu d'en douter et M. Alieman s'est
;
de la compagnie de Jésus occupent le mona- trompé lorstiu'il dit que ceux d'Italie n'é-
stère qu'ils avaient dans la ville de V'enise, taient pas hospitaliers , mais militaires ou
où xVy a encore des tableaux qui représen- chevaliers, et qu'ils é'aient habillés de noir;
tent ces religieux, tels qu'on peut les voir puisqu'il n'y a qu'à lire les bulles dont nous
daiis la figure que nous en donnons. Ils avons parlé pour cire convaincu qu'ils
avaient pour armes d'azur à trois montaïnes étaient hospitaliers, et la buîle de Pie li,
de sinople surmontées de trois croix d'or, aus>i bien que les tableaux qui sont restés
avec ces mots pour devise :5u;;cr omnin. dans leurs anciens monastères , font assez
Ces religieux, à qui on a donné aussi la connaître la couleur et la forme de leur ha-
qualité de chanoines réguliers, étaient sou- biiiament qui était bleu, et auparavant ils
mis à la règle de saint Augustin, et ne s'éten- étaient habillés de gris. Les ciievaliers du
daient pas hors de Kilalie. Ils étaient divisés Saint-Esprit, dont nous parlerons dans la
en cinq provinces, qui étaient celles de lîo- suite, prétendaient que leur ordre avait été
logne, de Venise, de Kome, de Milan et do russi appelé l'ordre des Croisicrs, Porte-
Naples. Ils avaient autrefois deux cent huit Croix et Chevaliers bleus, et pour faire va-
couvents, dont il ne leur en restait qu'envi- loir leur anti{juilé prétendue, ils citaient une
ron cinquante lorsqu'ils furent supprimés. bulle d'Urbain 111, de l'an 1187, ad^ess^e aux
aient fait déshonneur aux ordr( s de Saint- en même temps 1 élever dans les maximcâ
Augnslin et de Saint-Benoit, ont été de leurs du cbristianis{ne. 11 lépondit parfaitemeiit
principaux membres, et en ont relevé au aux espérances de son père. Il fit un égal
contraire la gloire et l'celat par les saints et progrès et dans les sciences et dans la piété ;
les personnes illustres qui en sont sortis. et ce qui servit encore à l'augmenter fut
Dofisworth et Dugdale (2) parlent de deux la fréquentation des chanoines de Celles qui
luonastères de cet ordre en Angleterre, l'un rcntrclenaienl dans cis licureux sentiments
à Londres et l'autre au bourg do iîigat, et de vertu qui lui étaient si naturels, il assis-
disent que cet ordre était confondu avec lait avec eux à l'oflice divin el récitait en-
celui des Trinilaires. Clément Ileyner (3j dit core tous les jours en son particulier l'office
qu'on les appelait Cronceclfïers, que leur pre- de Notre-Dame.
ni ère maison fut fondée à Higat l'an 12V5, Après qu'il eut ach; vé ses études et qu'il
Cl celle de Londres, Tan 1293, p.ir Uodolplie eut appris dans les acadéniies les exercices
ïlosiar et Guillaume Scborn, qui prirent ha- 1 convenables à la noblesse son père l'en- .
l)it de cet ordre sous le prieur Ad.im. Celle voya à la cour de Kadulpho ou luaonl de
maison a toujours rctena le nom do ces re- Zeringcn, évêque de Liège, où au milieu des
lii^ieux, quoique après le changement de embarras qui se trouvent oriiiiiairement
religion qui est arrivé dans ce royaume dans les cours des princes, le jeune baron
elle ait élè convertie en une verrerie qui fut jouit du repos et de la tranquillité d'esprit ,
toute brûlée en 1575 , ji'y étant resté que les et conserva la pureté de son cœur, en évi-
quatre murailles. Ils en avaient aussi une tant en toutes choses les libertés présomp-
à Oxford, où ils furent rrçus l'an 13'i9. tueuses des courtisans, par une vcilu inté
Voyez Benedctto Leoni, Origine è fonda- rieure produite en partie par la dévoiiun
tione dcWordinc de Crociferi. ; Sy\\csl. Ma- qu'il portaii à la sainte Vierge.
lul., Mar. Océan, di tat. gli relig. lib. i, Le pape Clétnent 111 ayant envoyé en IIS?,
cap. 31; Tauibur., deJur. abbat., lora. 11, îlenri, cardinal d'Albano, et Guillaume, ar-
num. 3V Herman, Hist. de i établissement
; chevéïiue deTvr, en (jualité de légats ve. s
des ordres relig., tom. L, cap. 40. l'empereur Fiédéric Barberousse el les prin-
ces d'Allemagne, pour les solliciter do join-
§ II. — religieux Porte-Croix en France et
/)cs-
dre leurs armes à celles des autres prmces
aux Pays- lUis, appelés communément Croi-
chrétiens, pour le recouvrement de la tcr.o
siers, ou de Saint; -Croix, avec la vie du
sainte, l'é\è(iue de Liège lut un des premiers
R. P. Théodore de Celles, leur fondateur. qui prit la croix des miins des légats, cl
L'ordre <îes rol-gieux Porte-Crt)ix , qu'on joignit ses troupes à celles des autres prin-
nomme comniunéinenl Croisicrs ou de Sainte- ces (i'Allemagne (\m formèrent une armco
Croix aux Pays-Bas (4-) fut fondé sons le
, de cent cinquante mille bommes sous la
pontîticai du pape Innocent 111, l'an 1211 commandement de i'empereur Frédéric. Le
(1) Mail). P;iris, Hht. i4(^,f/^, p.4j9, sub Ucnr. VA. irnct. 1, sect. 1, p. 16
(2) Moncnt. Anglican., t. II. {i) Voy., à la lin du vol., n° 191
(ô) (Jlem. Ileyjicr, Aponol. Dcncdict. in A>uilia,
Siva-^»''
, ,,
suivil son prince dons colle expédition, et co que les infidèles aient ouverl leurs portes à
lui dans ce voyage que le P. Vendue, leli- un de leurs ennemis, el qui était du corps
t:i(»ux porle-croix, qui a écrit la vie du P. d'une armée de cent cinquante mille hom-
Théodore, dit qu'il fréquenta les religieux mes qui n'avait passé la mer que pour s'em-
de Sainte-Croix qu'il trouva en Syrie, qu'il parer de leur ville. Nous omettons quantité
apprit d't'ux de qulle manière cet ordra d'autres faits de même nature rapportés par
avait été institué par le pape saint Clet, el cet auteur, el nous ne nous arrêterons qu'à
rétabli par sainte Hélène et par sa nt Oui- ce qui a quelque apparence de vérité.
1 iace ; il ajoute qu'il n'y avait pas plus de L empereur Frédéric étant mort l'an 1190,
(|uatre-vingt-huit ;'ns que Godefroi de Bouil- les Allemands reconnurent tour leur chef
lon et son frère, rois de Jérusalem, avaient Frédéric de Souabe, à qui l'empereur, son
obligé ces religieux de sortir de l'église du père, en mourant, avait recommandé l'armée
Saint-Sépulcre, parce qu'ils reconnaissaient dont il lui laissait le commandement; mais
le patriarche grec de Jérusalem, el que le ce prince étant mort aussi que'que lejnp>i
P. Théodore ayant aussi vu qu'Henri de après,lesAllemand>, désespérés d'à voir perdu
Waljjol avait institué une nouvelle réforme el leur empereur et leur prince, ne voulant
de rel'gicus Groi.siers, sous le titre de Notre- plus reconnaître de chef, s'en retournèrent
Dame dos Allemands, qui suivaient le même en leur pays. Raoul évoque de Liège fut de,
institut (ie l'ordre de Sainte-Croix établi pai' ce nombre; et comme, dejjuis qneThéodore
saint Clet, il conçut liès lors le dessein d'em- était à sa cour, il avait re( onnu qu'il était
brasser cet institut el de le porter en son enclin à la vertu, que toutes ses conversa-
pays. tions el ses entrelien-; n'étaient que de cho-
Mais pour croire cet auteur, il faudrait ses piouses et édifiantes, el qu'il étail beau-
qu'il pût persuader auparavant que l' rdie coup porté à la retraite, il jugea que Dieu
de Sainte-Croix oui été établi par saint Clet, le de>linail pour l'E'^iise plutôt (|ue pour l a
et c'est ce que les religieux mêmes de cet or- armes ci croyant que son Eglise perdrait
;
souffert le martyre par ordre de Julien l'A- Henri V;, qui prétendait maintenir sur le
postat ni en sa présence, étant évéque de siège épiscopal de iJége Lo;haire prévôt de ,
Jérusalem , puisque, lorsque cet empereur Bonn; car dans ce temps-là il se trouvait
alla à Jérusalem, saint Cyrille était évéquo trois prétendants à cet évéclié, Albert, fr ro
de celle viile. Entin, si le P. Verduc prétend du duc de Lorraiiie, qui avait été canouinue-
que l'ordre Teuti)nique ou de Notre-Daa^.e n)enl élu; Albert de Reytestan qui n'vait éé
des Allemands était une réforme de l'ordre nommé par Bauflouin, comte de Hainaul et
des Croisiers, c'est qu'apparemment il met au de Namur el Loliiaire aussi nommé par
;
nombre des religieux de son ordre tous ceux l'empereur, qui jjrétondait avoir le droit de
qui ont yorlé des croix sur leurs habita, nom ner les évéques dans les évêchés qui re-
principaloment ceux qui avaient pris la croix levaient de l'empire, lorsque l'élecl on de
pour le recouvrement de la terre sainte ; ceux qui avaient été élus étail contc'^tée.
puisqu'il n'y avait point d'autres croisiers Ainsi Lo haire, appuyé par l'autorité de l'em-
en ce temps-là en Syrie que ceux qui com- pereur et de Baudoum, comte de Rainant
battaient dans ces lameuscs guerres qu'on qui s'était déporté de sos prétentions en f -
appel lit ctoisades auquel tomps lui insti-
, veur d'Albert de Iloylestan , s'empara par
tue l'ordro Tentonjiiue l'an IIO'J. force (les terres de Liège. Le cierge s'y op-
L'on ne peut guère non plus ajouter foi à posa el appela de ces violences au sain'-
ce que dit le P. Verduc, que le P. Théodore, siége. Albert de Louvain fil le voyage de
après avoir sisité les roiigicux Croisiers qui Rome et obtint la confirmation de sou élec-
étai ni en Syrie ,
passa ensuite aux actions tion du pape Célesliu 111, (jui le mil méu o
do piété en visitant les saints lieux, ayant au 'ang des cardinaux diacres, ce qui ini'.a
liOtivéle moyen d'entrer lui seul dans la fort l'empereur, et obligea l'évêque Albcil
IIAt cno cno ncà
«le »c retirer en rr.tiii e. Il ne put néanmoins que l'evéque en leur donnant celte église nu
lellrnicnl <^^(re à l'aUri de l.i pcrsécuti<n dans leur avail alTecle aucunes lenies tii r<venns,
la ville de Ucinis, qu'il n'y rcçûl la niorl le 24 et qu'ils avaient renoncé à toutes leurs
novembre 1193. pai les mains sacrilèges de possessions. Mais ce prélat chargea par son
iroii gcnlilslioinm(>'> allemands, qui, croyant testament Jean d'Aj.pia de Tlorines, son
faire plaisir à l'cnipcreur, lui casyèrcnl la successeur, d fournir à l'enlrelien <fe ces
•
létc ol le porcèrenl de treize coups morlels ; religieux, et Dieu a suscité dans la suite plu-
ce qui l'a liiil mcllre au cataluguc des sains sieurs personnes pieuses, qui par les dona-
avec le li(rc de tnarlyr, coiiniic éUinl mort tions (ju'el es onl faiies a ce monas'ère, et
pour la d( feiise des droits et des libérien de par les bâtiments somptueux dont on l'a
son K';Ii>e. embelli, l'ont lendu un des plus célèbres ei
Après la mort d'Albert il y eut encore d<nv un des plus riches du i^iys.
prétendants à révê<Ijé de l.iége, Simon, fis Le P. Théodore deoianda, l'an lil V, la con-
d'H<-nri, dnc de Lorraine et do iirabani, qui firmai on de son oriire au cardinal Huzues
avait élé élu par le chapitre, et Albert de de Sainl-(>liar, légal en Allemagne du pape
Cuyc , que le conjle de Hainaut voulait hinocent III, mais il le renvoya au papo et
mettre par violence sur le sié^^c cpiscopal. au concile général, (ini était convoqué pour
Us allèrent tous doux à Rome pour soutenir ranncc suivante et (|ui se tint dans le (lalais
leurs rétentions. Simon y mourut, cl Alht ri
1
de Lalran. Le P. ^'crduc prélend que ce p;:[)e
fut évêquo d«i Liège l'an llOO ce prélai re-
; 01 il les congrégations de l'ordre de Saïuto-
connaissant (jUL' le P. Tiiéotlore claii un Cioi\ en un S( ul corps, sous !egou\erne-
homme d'une vertu consommée, il k' prit incnt de Théodore de Celles, par des bnlh s
pour son conseil de conscienc'. Notre ^..inl que Uenii de Gueidres, év6<iue de Liège et
fondateur, profitant de celle cccas on, lui ct)mmissaireapostoli(iue, vèrilia trenie-denx
persnatla de réformer lesdianoines de la ans après, et que ce saint fondateur com-
«alhédrale, qui vivaient avec trop de licence. mença par faire !a visiie des religieux Croi-
L'évoque ne se lontenta i»as d'employer siers d Italie, qui se soumiienl à son ohéis-
pour cela >on autorité, il Ql encore inter- sance que cet emploi le retint en Italie
;
venir «elle de Gui, cardinal et légal « latere presque toute l'année 1215, et qu'avant son
du sainl-sicge dans celle |)joviiice. Il n'o- départ pour relourner à Liège, il alla dere-
1> igea pas seulement les chanoines de Saint- chef à Rome demander au pape la confirma-
Lamberl de vivre en commun, mais il con- lion de son ordre, sous cette union des
traignit tous les chanoines di s colli giales dilTèrentCN congrégations de Croisiers qun :
de ce diocèse de faire la même chose, ce qui le pape la lui accorda, mais que la mort
ne dura pas longtemps, car les chanoines, se ayant prévenu ce |)onlife avant que l« s
lassant de celle manière de vivie, firent bulles fussent expédiées, l'union de ces con-
tant d'instance aupiès du légat, (|u'il les grégations demeura imparfaite. Théodore
dispensa de celle vie commune. Théodore oblini encoie du pape Honorius III la con-
ne se rebula point pour ela ; il ersuada à
(
|
firmation de son ordre; mais ce fut sans
quatre chanoines, entre lesquels était Pierre celle union, et Dieu répandit tant de benc-
de \ alcourt, de la maison des comtes de dictions sur celte nouvelle congrégaiion,
Hochefort, de Lessen et de Cinien, de ne qu'elle s'augmenta lrès-cons;dérabiem ni
point abandonner la vie commune, ils fiient par lessoinsdecesainl fondateur, qui necessa
ensemble une sociélt^, et 1 héodore, méditant pointdelravaillerà son agrandissement jos-
une plus grande retraite, voulut les éprou- qu'à sa mort (|ui arriva le 17 août de 1' u
ver pendant cmq ans dans le renoncement 124.G, selon qu hjues-uns, el, selon d'aulies,
de leur propre volonté et dans un abandon de l'an 12ii, étant âgé ie quatie-vingis ans.
i laides choses du monde. Il consulta sa nie Il avail envoyé de ses religieux à Tou-
Marie d'Oignies et saine Christine de Liège, louse, (|ui se joignirent à saini Dominii|uc
qui a|)prouvèrent sa résolution. p(»ur comliaitre l'hérésie des Albigt ois, el lU
Dans te n)éme limps, le pape Inn )cenl 111 se conformèrent de telle sorte à ce saint pa-
ayant invité le roi tie I lance à une croisade triarche de l'ordre des Prêcheurs en ce qui
contre les Albigeois, il y alla en qua ité de concerne l'observance de la règle de saint
missionnaire, d'où étant retourne en son Augustin, comme aussi en ce qui reg.ndo
payseï 1211, et ayant trouvé ses quatre l'office divin, lesconstitutions et les slalnis
compagnons qui persévéraient dans le des- de ordre, que le révérend P. Pierre de
.'on
>ein d'abandonner le monde, il mpat la à Vauelourl , second général et successeur de
Hugues de Pierre-Pont, alors évéque de Théodore de Celles, voulant encore obtenir
.
Liège, qui non-seulemenl y donna son con- du pape Innocent IV, au concile de Lyon, la
senlement, mais v>iulant aussi conlribuer à confirmation de cet ordre, ne la dema'.da
leurs bons desseins, il leur donna l'église que suiv*nt la conformilc qu'il avait déjà
de Sainl'Thibaut , située sur une colline et a toujours eue depuis avec celui de Saint
appelée Clair Lien, près de la ville d'Uuy. Dominique, comme il parait par la bulle de
Ce lut là où le l)ieni.eurenx Ihéodoro et ses ce pape du 23 octobre 1248.
Compagnons jetèrent les fondements de Après celle confirmation l'ordre de Sainte-
l'ordre de Sainle-Croix, qui s'est beaucoup Croix s'elendil en France par Ls prédica-
d-jns la suite répandu en Frame et dan.-, les li«)ns du P. Jean de Sainie-Fontaine, qui
Pays-Bas. Ils ne veenrent d'abord qt.c des succéda au P. de S' luctourl dans la chargo
itutiiôui s (l des t>.enla.lN des fi'ièles. paice d« gênerai i et cuuimo ce« religieux, eiaicut
37
1105 nir.TfONN.MiiK nr.5 ordres ukugif.ux. 4 ICI
lalion de la s.iinte Cioix, qui relient enrorc cl hospitalier, et prétendent mal à propos
le nom du lieu où était uncienneuienl la que les congrégations des chanoines régu-
Monnaie. liers de Sainte -Croix de Coïmbre cl de
Le pape Jean XXII rcrnt cet ordre sous Sainte-Croix de Mortarc, aussi bien que
la protection du sainl-sie^e l'an 1318, dé- l'ordre de Saint-Pacôn.e étaient des con-
,
findant expressément aux oïdinaires de grégations de leur o die, qui selon eux a
prendre connaissance des alTaircs de cet or^ été réformé par le P. Théodore de Celles, cl
dre, auquel il confirma Joules les {;râces el non pas fondé.
les privilé.es qui lui avaient été aecordés Vuycz Pierre Vcrduc Vie chi P. T/ico^,
par les papes liuiocent IV el Clénneiit V, qui dore de Celles , imprimée à Périgueux en
lurent amplifiés dans la suite par Martin V^ lG81i Du Bieuil et Malingre, Antiquités de
Eugène IV, Sixte IV et Innocent VIU. 11 y Paris. Chopin, Traité les droits des relig. et
eut dans la suit' des commissaires nommés monast., liv. i, Irait. 2, § i7 et 22, et liv. ii,
par l.éon X et Clément VIII, pour travailler Irait. 1 , § 21. Hermant , Etablissement des
le général des Trinitaircs ; il peut donner à cevoir les pauvre», cl liient bàlir une église
«es religieux les quatre ordres mineurs. sous le nom de sainl Pierre; que la bienheu'-
Ces religieux portaient dans le commence- reuse Agi es de Bohême fit venir de cet hô-
ment une soutane noire avec un scapulaire pital de Saint-Pierre les religieux auxquels
gris, et par-dessus une grande chape noire elle (onfia le soin de celui q l'elle fonda à
pas perdre le souvenir de leur ancien liahil- cunduin Denui et li. Aiigu^tini rcguhnn in
lemenl, les novices portent la soutane noire eodem hospitali de mandato nostro instiiulus
pendant deux n»ois. esse di(/uosciliir, oie. Ce qui prouve encorn
11 y monnslèrcs de cet ordre
a plusieurs que l'hôpital de Sainl- François de Prague
aux Pays-Bas en Allemagne, comme à
et est le premier que ces religieux Crois ers
Liège, Cologne, Aix-la-Chapelle, Namur, aient possédé, et que c'esi la que leur ordre
Venio, Tournay, Bruges, Maestrichl Bois-te- a commencé, c'est (|ue Crugerius, dans la
Due, etc. Les principaux de France sont à Pa- V^ie de celte Agnès de Bohême, parlant do
ris, à Toulouse, à Caen, an \ erger en Anjou, l'hôpiial (ju'elle fonda à Prague, dit que les
a Buzançais, à Narenms en Bourbonnais, à Croisiers (lu'elle y mil, dont quehjues-ans
Charny en Picardie, eic. Ils oui pour armes a\aieiit l'adminislralion do l'hôuital et d'au-
çois foiulés par sa sœur; par un bref tiu pape jusqu'en l'an 1238, (lue la bienheureuse Agnè«
Grégoire IX, du moisileseplembredelamème de Bohême, voulant pratiquer la pauvr. lé
année, adi-essé à l'évêque de Prague, par exade dont les religieuses de Sainie-Claire
lequel il l'exhorle à ne point souffrir que l'on fiisaicnl profession, et voulant être vérita-
inquiétât les religieuses de ce monastère; blement fille de Saint-François, remit entre
et par uu nuire bref do ce pape (!u 18 mai les mains di p ipc cet hô, ilal ; et ce pontife,
1235, par lennel il confirma une donation à du recteur et des frères, commit
la prièie
faite à l'hiijiial de Saint-François de Prague pour cinq ans seulemenl, le provincial des
par le marquis de Moravie de laseigneuriede religieux de l'ordre de Saint-Dominique en
Rakscice, avec toutes les terres et les bois Pologne, el les prieurs du même ordre
qui en dépendaient, laquelle donation, du à Prague, pour faire la visite de cet hôpital
2 octobre 123i, est insérée dans ce bref un" lois ou deus l'année, leur permettant
adressé au recteur et aux frères de cet hôpital. de faire tels changements qu'ils voudraient
Le P. Vadihg dit, après Poulanus, que dans les règlements qui avaient été dressés
celte princesse fonda un hôpital à Prague en par le provincial des Frères Mineurs de la
l'honneur du Saint-Fspril près du pont, province de Saxe.
pour les religieux Croisiers; <iu'ensuite elle Peu d'années après que la bienheureuse
fil bâtir un monastère où elle se retira, et Agnès eut fondé cet hôpital, Anne de Bo-
qu'elle y jo gnit un hôpital qui fut dédié en hême, sa sœur, et veuve d'Henri II, duc de
l'honneur de saint François. 11 est vrai que Breslaw, fils de sainte Hedwige. lequel fut
Pontanus, dans sa Bohême Sacrée, dit dans lue par les Tarlares l'an 12V1, fonda aussi à
un endroit que cette princesse fonda un Breslaw avec ses enfants un autre hôpital,
hôpital pour les religieux (>roisiers près du sous l'invocation de saint Malhias, qu elle
ponl, en l'honneur du Saint-Esprit; et tians dota de gros revenus, avec le conseRloii.ent
un autre endroit il dil aussi que la bienheu- de levéque Thomas, et qu'elle donna aux
reuse Agnès ayant pris l'habit des leligieii- religieux Porte-Croix. Innocent IV confirma
ses de Sainie-Claire, ou du second ordre de cette donation el écrivit aux évêques de
Saint-François, elle fit bâtir un hôpital en Prague et d'Olmulz, afin qu'ils ne permis-
l'honneur de ce saint, qu'elle donna aux re- sem pas que les religieux de cet hôi)ital fus-
ligieux Croisiers, pour y recevoir les pau- sent molestés. Il y en a qui pi étendent
vres et les indigents; mais le P. Crugérius, que ce pape approuva l'ordre des Porte-
dans la Vie de celle sainte, ne m;ir(iue qu'un Croix il
: se peut faire qu'il ait approuvé
seul hôpital fondé par celte princesse pour en particulier celui des Porte-Croix avec
les Croisiers, et dil que cet hôpital et l'églis." l'étoile, en Bohôme ; mais ilapprouva aussi,
qui y était jointe onlpiis le nom de S.iint- comme nous l'avons dil, celui des Porte-
François à cause qu'ils avaient été fondé-i Croix dans les Pays-Bas ;el les continuateurs
par les libéralités d'une religieusi' de l'or- de Bollandus disent que ce fut ce ponlile qui,
dre de ce saint; et il y a bien de l'apparence à la prière de la bienheureuse Agnès de l!o-
que cet hôpital du Saint-Esprit, dont a parlé héme, accorda une étoile rouge à ces Croisiers
Ponlanus est le même <iue celui de saint de Bohème pour joindre à leur croix, afin
François. En effet, le bref de Grégoire IX est d'être distingués des autres Croisiers. Ponta-
nc7 n:cTioNN.\iiiK t»r.s onnnrs r»Ki.icii:i x. lies
n«is ajoute qne plusieurs personnes riclics accepter cette dignlié A nioins qu'il ne
lieBohêtne élant eniréi's ilniis cel ordre «l y fût général des Croisiers, ou au moins que
ayant aussi donné letiis biens, lonl rendu l'empereur ne le dédoiiuïiagcAl îles douze
Uès-)tuissant. mile florins que ses prédécesseurs avaient
Les conlinu'itenrs de linllnndus disent reçus de cel ordre en qualité de généraux.
au^^si que ces religieux Croisiers r oonn.ii - Mais ce piince accommoda co dilTérend en
seul il('U\ gciiérnux; que ceux <lfs liô[iii.iiix faisant crJer c\êque in p n t,bus le nouveau
de Matouis. du Mise, de Pont, do Ljtomeritz, général des Cioisiers pour ôîrc suffragant
d'Ausi, d'Kgra, de Znoima, do Poliimlierg cl d rarclii'vèqiie, afin par ce moyen de (ouj-
•
de quelques autres lieux de HoliêMio locon- pcnscr les douze mil!e florins que l'ordre
naissont p'tur général le mailr de l'Iiôp lai donn.iil aux' archevê(|'!es , ..vcc pareils
de Prague, et que les hôpitaux de Cruizberg, douze mille florins que l'archevêque dcm-
Swidniiz, Lignilz, Boleslau, Monlisheig cl nait à un suffragant. Peu de temps après, ce
quelciues autres, aussi bien que ceux île Po- nouveau général mourut, cl les religi, ux
|.»i.Mie cl do l.i huanie,obc sscnlau maître do é!urenl encore un général de leur corps ,
riiôpilal de Sainl-M.ilbia^ de lire^law. Il so qui ne voulut pninl être suffi agint de Pra-
peut faire que ces hôpi'aux aient élé pen- gue, c( t'e dignité ne convenant point à un
il/int un Icmps désunis; mais il y a p'us d'ap- général d'o/dre (|ui est obligé de vi^iler les
parence qu'ils se sont tous réunis, lorsque maisons qui eu dépendent ainsi ils sont
:
cet ordre a eu pour généraux s arcècvé- I pré enlemeut déchargés des douze millo
quesde Prague. Poiilanus,danssa Boliême Sa- ilttrins (ju'ils donnaient aux arclievêqucs de
crée, faisant le dénombrement de ces arche- Prague, et sont en posses-ion d'e.ire un gé-
\éques, en met deux de suite qui étaient néral de leur corps.
généraux de cet ordre avant que de parve- (>'e<t a'nsi qtie portent les mémoires qui
nir à coite dignité, et qui ne quittèrent pas m'ont été envoyés, cl qui ajoulem (jur ces
pour cela le gouvernement de cet ordre; le religieux oui [dosieurs maisons eu Bol.ème,
i)remier iul Antoine de Muglilz, à (\u\ Wm- eu Auiriclie, en Silésie et en Moravie. Non-
pcreur Ferdmaïul l" coulér.i «et .irchc» c- seueaienl ils sont seigneurs tempore s do
cbé; le second fil Marliudc Muii ilz, qui y fut p!u-> curs terres , mais ils en uni encoie la
nommé par lUxIolphc H, qui le coulera ans i direction spirituelle. Lorsqu'ils sortent ils
après la mort de ce prélat à Spines de Hcrka, sont habii es de noir comme ecclésiasti-
les
que les religieux Croisier> eurent pour ques, avoe une croix rouge à huit pointes ,
leur généra', quoi<iu'il ne fût pas de leur au-dessous de laijuelie est une étoile do
oriîre, ce qui a dojuis p issé eu coutume. Cet même couleur, cl qu'ils attachent sur le
ordre donnait tous les .ins douze mille llorins côté gauche. Nous avons dit ci-devant qu'ils
;iu\archevéquesde Prague, coinm»' généraux préloi.d.nt que c'est Innoient IV qui Lura
d •
cet ordre, cl le prieur de l'hôpital de accordé cette étoile. J ai des mémoires qui
Prague grand viiairc-né du dioièse.
était marquent que ce n'esl que depuis qnchiues
JMiiis, l'an 1697s après la mort de Jcin-rie- années qu'ils la porUnl, pour lénioij,ner
i\> rie, comte de Wallenstein, le prieur de cel leur reconnaissance envers le com e de
hôpital ajant l.iil .isscmbler h s supérieurs Slenibeig, vice-roi de Bohèuje, qui a\ait
des auîrcs liôpil.iux de l'ohème, d'Aulrici;e, beaucoup protégé ces religieux, el «jui portait
di' Silésie et de Moravie, ils tin. eut un clia- dans ses armes une étoi e mais il n'y a pas
;
piirt' généra! où il lui proposé de procéder d'apparence que ce soit le S'jei (|ui ait olhi;;c
a réle<:li(Mi d'un général de leur corps, cii ces Croisiers a porter ce.lcéloile,pui (ju ils la
qui lut accepte ; cl rél'clion tomba sur le portaient plusieurs annéesavauliiue leciunlo
pr (Ur de cel hôpital de Prague. Ils ne purent de Slerni erg eût é é vice-roi de Bohème ,
pas néanmoins tenir leur assemblée si s» crête PoulaïUis, Vadii'g et quelques autres au-
que l'empereur ujmi lûlavcili c'e>l pourquoi : ti urs ayant p.irle de ces leligieux sous o
il envoya des ordres pour ne [loinl tenir nom de Croisiers ou Porle-Croix avec une
celte assemblée, les menaçaul de puiiilion, étoile rouge. Ils ne se servent point au
s'ils procédaient, à une élection, et sis ne chœur de sitrplis; mai^ ils mettent une espè-
Voulaient pas reconnaîire pour genér.il l ar- ce de petit manteau de>ceudant jusqu'aux
chevêque de Prague qui serait nomme. Ces gfiioux, qu'hs rejellent derrière le doa (1).
religieux, ayant siil'arri\éi; <!ucjurrier, vin- i-c Athanase de Sainle-Aguès, religieux
P.
rent aussitôt à l'ég ise, où ils eniounèrent le Augustin dcchaussé, fait mention de cer-
Te Deum, pour rdeeliou de leur n tuv( au tains religieux Croisiers en Bohême, qui oui
général, et s'excusè;ent ensuite auprès de sur li côle gauche un navire, et qu'il dit
l'empereur, sur ce «ju'ils n'avaient reçu avoir élé é ablis en l'iCO. Pouianus parle
•sf^s ordres qu'après leur él •( linu, et (|u'iis aussi de ces Cioisiers avec le navire, qui, à
irauraient pas mamiue tie déférer aux or- ce (}u'il dit, ont tio s maisons en Bohême.
drcf de Sa Âlajesle Impériale, s'ils les avaient louroet dans sa notice des arthoêchés tt
reçus plus tôt. é\êclié' fait aussi mention de »es Croi>iers
C la fut cause que le siège épiscopal de a\t'C l'oioile, sous e nom de m lire et frères
Prague fut quelque temps vacant, parce (jue de riiôp.tal de Saint-François, dis :eliL;ieux
le comte Bramer, ayant élé nommé par iem- portant la croix avec l'étoile, ajout. mt en-
pereur puur le remplir, ne voulait point bui.e, Cniciicrornm cumslelta in /.lite Puulis
h'retitzherren, contenant trente-neuf per- pinione, dit-il, di chi scrive il présente ope-^
sonnes. U.-D.-E. rue che Carlo J d'Anyio prmdes&e a riformare
il collare délia dopia lu)ia cressenle. Mais
CUOISSANT, OnuuES militurks
F.TC. ( commentée prince aurait-il réformé le col-
sous LE NOM UV ). lier de l'ordie du double Croissant et du Na-
vire, l'an 12G8, comme il a avancé à la pig.
Des (lifférenls ordres militaires tous le nom
597, puisqu'il re(0!in îl qi e saint Louis ne
du Cioissunt, tant supposés (jne vériCahles,
caminc aussi des chevaliers du Dévidoir fonda cet ordre que l'an 12u9, el comment
et
cet ordre aurait-. 1 été approuvé par le pa(!e
de la Lionne.
CleinenllV, commerabhetiiustiniani avance,
Si l'on veut ajouter foi à quelques histo- aussi, puisque ce pontife inourul l'an 11G8.
riens qui ont éi rit des ordres utilitaires, A.nsi l'on doit regarder ces ordres du dou-
lorsque saint Louis entreprit son second ble Croissant, ou du Navire el du Croissant ,
\o\;îge d'outre-mer l'an 12G9, pour aller comuie supposés et ehiméiiques, «1 aulant
délivr. r les hretiens de l'oppression des
( plus que Cliaries d'Anjou, roi de Naples et
infid les , il in->titua un ordre militaire de Sicile, pour récoinfienser la noblesse i|ui
&0US nom du double Croissant ou du Na-
le s'était déclaiee pour lui, lorsqu'il aila pour
vire, dont il donna le collier à plusieurs prendre poisession de ces loyaumes, insti-
seigneurs françiis, pour les encourager à lu.i l'ordre de l'Iperon d'or, comme nous
l'accompagiser dans son voyage, (^^e collier, dirons en un autre endroit.
à ce qu'ils prétendent, ct.iil entrelace de Voyez pour ces ordres supposés, l'albô
coquilles et df douliics croissants , avec (jiusuniani, llisl. di luili gli ord. Milit.
un navire qui pendait au bas. Li* navire el Schoonebeck, llisl. dis ord. militaires. Fa-
les coquilles reptés( niaient le voyage par vin, Théâtre d'honneur ci de chevalerie ot ,
aussi aux chevaliers de cet ordre de mettre ment plus auguste, par rinstitution de l'or-
au chef ou au cimier de l'écu de leurs arn)es dre du Croissant el du Navire. Le collier de
un navire d'argent, aux banderoles de cet ordre élail composé de coquilles et de
France sur un champ d'or, qui étaient des croissants, au bas duquel élail attaché un
armes à enquérir qu'il leur donnait par hon- navire avec celle devise. Non credo teinp<t-
neur. Les premiers qui reçurent cet ordre ri. L'habillement de ces chevaliers (1), selon
furent les trois fils de saint Louis, Philippe le P. Bonanni, consistait en un grand mante..
1" Hardi, Jean Tristan, comte de Never.'!, et parsemé de (leurs de lis en hroder.es, sur le
Pierre, comte d'Aknçon, son IVcrc A'i'hunse, côté gauthe duquel il y awiii un oaviro
vire. L'on préleml (jue ce pr-ince avail ti-ïé Au nom du Pive^ du Fils et dit Sain!-
le nombre des clie\aliers à trois cents et Esprit, un Dieu en
trois personnos seul et
qu'il avait ordonné que, lorsqu'il en monr- omnipotent; avec l'aide de sn très-benoisle et
rait quelqu'un, vini^t-neuf dos prinripau^ glorieuse Mère la VierijC Marie, aujour-
prorédassenl à l'élecli in d'un nouveau clio- dlnii onzième jour du mois d'août de Van
valier. Mais ce prince mènio, qui prétendit iV'iO, (ennnl en sninle JùjUsc le siège aposto-
au royaume de Hongrie après la mort du roi ti me IS'icolfts Pi'pe Quint, a esté enrornmencé
Louis son frère, ayant clé lue à liude, l'.in el mis sus un ordre pour perpétuellement à
138G. l'ordre du Croissant ou du Navire fut jamais durer an f^aisir de Dieu par chevaliers
aboli à Naples, par les troubles dont ce et escuyprs qui seront et pourront estrejusques
royaume fut ajiiié. Car Ladislas, son fils, au nombre de cinquante. Lequel ordre sera
uyantété proclam roi après sa mort et ayant
' appelle' et vommè V ordre du Croissant ; parce
éié couronné à Gaële, les Napolitains appe- que lesdits chevaliers et escuyers porteront
lèrent Louis 11, duc d'Anjou ; ce qui causa dessous le bras dextre un croissant d'armes
des guerres sanglaiiles. camaille', sur lequel sera escript de lettres
Ce fut pendant ces troubles que la noblosse bleues Loz i;n Ckcissant et sera fait par la
du royaume se trouvant divisée on deux fic- façon ec manière que ci/ devant est figuré et
tions , il y eut plusieurs genlilsltommes de ponr trait, duquel ordre est pris pour chief,
ceux qui s'étaient déclarés pour la maison patron, conduisruret deffenseur monsieur saint
d'Anjou, qui prirent pour devise un dévidoir Maurice, chevalier, très glorieux martyr. De
d'or qu'ils porlaient sur le bras gauche dans laquelle fraternelle utiion et compagnie
un fond rouge, et d'autres qui prirent une dpssusd, Ifs points de la règle à garder et à
lionne qui avait les pieds liés , qu'ils por- observer s'ensuivent cy après par articles.
laient sur l'estoinac, attachée à un ruban (1), Ces arlieles contenaient entre autres
Les uns et les autres se (jualifiaieni cheva- choses qu'aucun ne pouvait être reçu dans
liers du Dévidoir ou de la Lionne. Ceux qui cet ordre s'il n'éîait duc, prince, marquis,
portaient le dévidoir pour devise le firent par comte ou vicomte, ou issu d'antienne che-
mépris ponr la reine Marguerite, tcuve de valerie et giMilillioiunie de quatre races, et il
Charles III, qui voulait gouverner pendant la fallait que sa personne fûl sans reproche.
minorité de son fils Ladislas, voulant faire Ces cheval ors faisaient serment sur les
entendre par celte devise qu'ils étaient ca- saints Evangili s d'ciUondro Ions les jours la
pables de démêler les brouilleries de Naples ; messe quand ilsle pourraient; lorsiju'ils y
et ceux qui portaient la lionne ayant les manquaient, devaient donner en aumône
ils
pieds liés voulaient faire connaître par là aulriut (|ue l'on donnait à un chap lainpour
qu'ils tenaient la reine Margiior le comme dire une messe, et ils ne dcvaieiîl point boire
liée par les pieds. Ladislas eut dabord l'a- de vin ce jour-là. Ils promeltaienl aussi do
vanlage, et Louis II ne fut pas plus heureux dire tous les jours rolficede la sain'e Vierge,
que l'avait été son père Louis 1"', lorsqu'il s'ils le savaient, et y manquant ils ne de-
voulut chasser du royaume Charles II!. Ce- vaient point s'asseoir à table C' jour-là, ni
pendanl la victoire se déclara pour lui; mais au dîner ni au souper. Ceux qui ne savaient
ce prince n'en ayant pas profilé, son com- pas l'oTice de la Vierge étaient obligés de
pétiteur demeura maîlrcdu royaume auquel dire à crcnoux (juin/e Paier et autant li'Ave,
Jeanne II ou Jannelio, sa sœur, sucréda. el en cas de maiatiie, de les faire diio par
Louis III, aussi duc d'Anjou, lenla inulile- d'autres. Ils promettaient de s'aimer les nus
menl delà déposséder; mais celle princessi^. et les autres comme ils étaient obligés à
l'ayant appelé dans la suite et l'ayant fait l'égard de leurs propres frères, père el mère,
reconnaître par ses sujets pour roi de Naples, de dcfendic l'honneur des chevaliers en leur
il chassa du royaume les Catalans et les absence et de ne porter les aritu s tiue pour
Aragonais qui y étaient entrés avec Al- leur souverain se i;neur. Tons les dimanches
phonse leur roi, dont l'ingialiiude obligea et les félos, ils devaient avoir, étant à l'é-
cel'e princesse, {[ui l'avait adopté pour son glise, le croissant sous le bras droit; ils de-
fils, «à annuler son adoption et à appeler vaient obéir au chef de l'ordre que l'on nom-
Louis 111 d'Anjou qui uiouriit sans enfants mait sénateur, en toutes les choses qu'il or-
l'an ikik. donnait pour le bien du nicme ordre. Ce sé-
Son frère René, à qui la reine Jeanne nateur était élu loas les ans le jour de saint
avait laissé ses Liais par son testament, eu Maurice. La seconde fiersonne de l'ordre
piit possession après la mort de celle prin- après ce chef élait le rhapelain ou auinô-
cesse, qui arriva l'ai» liOa; mais .\lphonse V, nier, qui devait être arclievcqac, évéque
roi d'Aragon, retourna en Italie et chassa ou personne notable constituée en dignilé
Uené d'AUjOU du royaume de iNaples, dont il ccclésiasliquc. Il y avail aussi un chancelier,
se rendit maître l'an 1^42, Uené, qui était un maître des requêtes, ua lrésori( r, un
aussi comte de Provence, s'y rciira et institua, grefner et un roi d'armes. Le jour de saint
ou \kkS, étant à Angers, un nouvel ordre du Manrirc ils portaient des manleiux lonss
Croissant qu'il inli sous la piolcction dç jijstpià terre, savoir: le prince, un manteau
bien il lui éi.iil lib'e de s'en dispinser. Le tion avec beaucoup de fru t , observant tou-
clianceliir avait un manleau ion;; d'ccail.i e jours les règlemenis qui leur avaient élé
doublé de menu vair aussi bien (|ue le tré- prescrits par leur premier directeur, que
sorier et le gieKier, et le iré oricc pnriait à madame de Villeneuve fil venir à Paris, lui
?on côté une gibi cière. Le lendemain de la ayant procuré par le moyen du comman-
fêle de saint .Maurice, l'on célébrait uiu' deur de Sillery , Noël Brulard, une pension
messe solennelle pour les chevaliers décédés ()Our son entretien. Mais ci* directeur el
dans l'année, ei pour lors ceu'v (|ui y assis- madame de Villeneuve ne s'accordèrent pas
taient avaient des robes noires fouirées de longtemps ensemble car celte dame \oulut :
peaux d a ncaux de la même couleur. Nous introduire beaucoup de no: yeautés parmi les
donnons ici trois esiautpes (1) <iui repré- filles, l le directeur ne
« voulut rien changer
sentent riiabillement de ces cliivalier^ , iil d.tns les léglemenlsiiu'il avait d'abord pres-
que nous l'avons Irouyédans la bib.iolhèciue crits ,n'approuvant point surtout les
^u roi. vœux , auxquels madame de Villeneuve
Messieurs de lin'enne, à du la bibliothèque voulait engager ces lilles , et qu'elle voulut
roi, vol. 274, pour l'ordre du
fol. k'*; et faire elle-même pour donner exemple aux
Croissant ou du Navire des Argonautes à autres. Le nombre de ces filles augmentant
Naples, on peut c msullir les auteurs que de jour en jour , celte dame obtint l'au
nous avons ci-devant cités. IGV'v), de Jean- François de Condy, archevê-
que de Paris lereclion de celle compagnie
CROIX (Congrégations diverses des Filles ,
confia le soin; et ces quatre filles formèrent Mère Angélique fondatrice el pre-
Luillier,
alors enire elles une petite communauté , mière supérieure du premier monastère des
sous la direction de M. Guérin l'un des cu- , Filles de la Visitation de recevoir au novi-
,
rés de celle ville, qui leur prescrivit des rè- ciat dans son mona>lère deux des quatre
glements. Mais à peine six semaines s'écou- premières filles qui avaient
,
commencé
lèrent, que le démon, jaloux, des grands l'inslitiit des Mlles de l.i Croix, pour prendre
biens qu'elles faisaient par la bonne éduca- mieux l'esprit de cit inslitut el se foriner ,
tion qu'elles donnaient aux jeunes filles, leur dans la prali(|Ui' des observances régulières.
suscita et à leur directeur des persécutions File acheta l'hôtel des Tournelles dans la
qui durèrent jusqu'en l'an 1G3G que les , rue Sainl-Anioine au cul de sac de l'hôlcl
,
guerres et leurs propres aff.iires les obligè- de (juemenée, où les Filles de la Croix ont
rent d abandonner la ville de Uoye et de se , toujours demeuré jusqu'à présent ; et celle
réfugiera Paris, où le P. Lingendes , jé- maison en a produit plusieurs autres. Celte
suite , les adressa à madame de Villeneuve , acquisition causa de nouvelles brouilieries
Marie Luillier, veuve de M. Claude Marcel entre M. Guérin le premier directeur , el
,
seigneur dc\ illeneuve-le-lloi, et maître des madame de N'illeueuve, à cause qu'elle l'a-
requêtes ordinaiie de l'hùlel du roi. Cette vait faite sans sa |)arlicipalion, el que sans
dame que saint François de Sales avait sol-
, son conscnteinenl elle avait obligé (luelques
l'ei'ée plusieurs r)is d'établir une couimu- unes des filles à faire des vœux ce <|ui fut :
c.insc que. les filles qui (le:noiinienl à Hrio- des règlements pnrtirulior.4 , qui leur furent
Conite-lloberl el celles de Paris se srparè- donnés par M. l'évêque tle Ro.Uz, Luu s
reiil el forinèrenl comme doux congrég i- Abi lly , pour lors leur supérieur cl leur»
;
dans leur première siinpli«i é el ne vou- des Tournelles à Paris, sont celles de Ituel,
lahl point s'engager par di s mcux , s'uUa- de Moulins en Bourbonnais d(; Narbonne ,
,
chèronl toujours à RJ. Guérin el suivirent 'rrcguicr, Aigtii Ion . Saiut-Briouc, Saiut-
SCS règlements, cl les antres obéirent à nia- Flour et Lim()L!;es, sai s compter plusieurs
«laine de Villeneuve, cl se soumiienl aux hi»s|jices qui dépendent d- quelques-unes de
changements qu'elle avail introduits dans ces maisons, co mne celui du faubourg Sainl-
l'inslituf, l'avis el le conseil de plusieurs
par JMarccl à Paris, qui dépend d la maison de
erands serviteurs de Dieu , el entre autres l'hôiel des Tournilles, Monlluçon cl Ai-
ue W. Vincent de Taul , iuslilulour de la con- vaux, qui dépcudenl de JMoulins. E les ont
i^iégation des prêtres -le la Mission qu'elle ,
aussi passé dans le Canada , où elles ont à
consultait en toutes choses, ei (\ui reudil de Québec une communauté de plus de «eut
grands services à la congrég.iliou des Filles (illes , avec une église ouverte au lien que
,
seul qui s'y oppnsa «lans plusieurs assem- la messe cl l'office divin. Le cardinal de Ven-
blée? que l'on liut sur ce ^ujel soutenant , dôme éiani légal a laiere du pape Clément
toujours qu'il fallait au contraire pour je IX, en France, confirma celle congrégaion,
bien public chercher tous les moyens pnssi- et la bulle qui fut adressée aux maisons de
bles pour la soutenir cl la faire subsister. Paris el de Ruel , en 1G6(S s'cxpriu)C d'une
,
t"esl pourquoi il conseilla à une vcriueuse manié e fort honorable et aNaiila„eu?>c poar
dame, donlil connaissait le zèle et la charité, cet institut.
d'entreprendre celte bonne œuvre et de «ic Les filles de celte congrégat on, tant relies
rendre prolectrice de ces bonnes filles. Co qui font des vœux que celles <|ui n'en font
fut nîadame de Traversay , Aune Petau , point , s'exercent à toutes sortes d'œuvres
veuve de M. Renaud, seigneur de Tra versa v, de chariié spirituelle qui leur sont convcna-
conseiller au parlement de Paris , laquelle 1 les à l'égard des personnes de leur sexe et .
d«' la Croix en d ITenii es \ilUs de Fi. ne . aie décima n^ensis noi cidjrîs , pontificatas
Celles de la vil.e de l'.iris avaient repris sniiciissimi in Cfiristo palris et domini noslri
leur habil en 181G, mais depuis longiemps Innocenta divina Providmlia papœ deiimi,
elles vi\ .lifiil en eommuiiauie el .n aietii re- anno eins primo, el (•ni>uiie est écrit Sigil-
:
commence leurs exercices. NoosneleN trou- lenlnr F. Joannes Firrandus, inquisilo^ çe-
vons |!o:nl sui" la liste des élablissemenls uni nira'ia sunctr fidei (itii mpra, ei plus bas:
oblinrt iil des secours en 1808 et qui avaient Manda: eljussn ejusdem admodum recerendi
dépiilé au cliapilre lenu l'amiée piéciiliMite pa r s inqmsitoris. (jonuraty, serreinrius S.
chez la mère de empereur. Au milieu du
I offnii, el scellé d'un sceau de cire rouge en
dcrner siècle la con)munaulé île Paris com- lacs de soi(; noire et blanche, le sç< au repré-
piait trente .sujets, et demandait la somme de seniant un cruciiix au pied duquel est saint
800 livres our Ihabillement tl le noviciat
(
Doi. inique à 'genoux, et au dessous il y a
des postulâmes. Un établissenjciiidépe. danl un é. usson à une bande chargée de trois
de celui-ci, el composé de six sœurs, se eioiles el deux croissants, l'un en chef, l'au-
' oyait aussi à Paris, rue Neuve-d Orléans, tre en pointe. Au ImuI de ces lettres sont les
faubourg Sainl-Marccau. armes de ce chevalier, blasoniiécs el en-
tourées d'un collier d'or con)posé de triples
CROIX DR JKSUS-CimiST. DR SAINT DO- couronnes lune sur laulre, au milieu dcs-
MlNIOlK ET DE SAINT PlEKUE, MAR- (;ueli(S il y a une épee nue et un llanibeau
TYR (Chkv »LiEr.s DE I.AJ.
allumé mii «n s.iuloir ces couronnes posées
;
L'on trouve aussi des ihevali(>rs d'un or- sur uni' chainelle où pend une croix fleurdi-
dre militaire de la Croix de Jésu>-Clnist, do lisée avec un X soU"* la croix.
Saint-Dominique et de Saiiit-P.erre, m r'yr, Cependant les statuts de cel ordte, <jni
i)Ue des inquisiteurs Dotnini<:ains donnaient m'ont clé aussi communiqués, ont poui li-
encore, comme il paraît par les letires d'un tre: Rèijle et statuts des chevaliers du saint
chevalier de (et ordre miiilaire. que j'ai co- empire de la Croix de Jésus. 11 n'y est po.nl
piées sur l'original ii pan homin qui m'a elô
< fait mention de ce collier qui entoure les ar-
lommuniqué par un des d S(endanls de ce mes de ce chevalier dont nous venons de
chevalier, et que je rapporterai ici F.Joaii' : par er, il y est seulement marqué que les
1 es Fctraiidus, orJints Fratruin Prtedicnlo- irères seivants de cel ordre porteront sur
f u/«, docCor el professer llienlogns, imjxusitor le manieaula croix, noire el blanche fleurde-
yeneralis sanctœ fidei in civiutte et legnCione lisée, el au cou une roix d'arjzent émaillee,
(
ivenionis. Dilcclo nolns in CItrislo fdu) no- , iii«)ilié de noir cl moitié de blanc , avec un
liili Joanni Fleury domino de Fontaine l'uri' ruban noir, à la dilîér(nce des chevaliers
s'oisi , sutuleni in Domino sc7Uijitiru<im. nobles, docteurs cl coMiuiandeurs giands-
Exigii jiistttiœ et dnnandalœ nobi^ suncli croix, qui la porleronl d'or émaillee de blanc,
officii ratio ut quos pins el fervidus ertjd nia-
, avec celle devise, in hoc signo vinces. Il n'est
tris Ecclesiœ propagation' m (idfiquf auginen- point non plus marqué dans ces slainis que
ium zelns arctins continendat, congruis liono- l'ordre poriera le nnm de Saiul-Dominiqiie el
ribus prosrquamur : quain opter le ditectum de Saint-l'ierre, maityr. 11 est seuleimnl dit
nobilem dominum Joanncin Fliurg, de cujiis qu'oulie les assemblées exlraordiuiiires il y
doctnna, nteriiis , /idei'jiie integritale el ar- en aura d'ordinaires (jui ne pourront être le-
dentissimo erga Romanani Fcilesiam studio mi>es et qui se feronlà certaines fêles qui y
aatis omn bus constat^ ordims tnilit'.ris Cm- sont spéciliées , entre autres à celles de
cis Jesu Clir.sli, ac saneti.^simi Falri- noslri saint Dominique et de saint Pierre, mari} r,
DominicI , algue divi Pe^ri marly is, eqnitetn pour y faire ses dé\olions dans la ciiapellc
lorquatiim lenore prasenliiini iiiStiluimus et il est aussi porté par ces statuts qu'il y aura
creamus , tx fuculmte n>ibis in koc per san- un grand maître, restaurateur el comman-
clam sedem aposloUcam a^ncessa, duntes tibi deur général de l'ordre, à qui seul appartien-
Incultatem yeslandi cruC'nn ullmm videlicel el dra le pouioir de rec voir les hevaliers, ou
t
ordres n'étaient autres que celui de la Milice habillement le jour de la fêle du saint sa-
de Jesus-Christ, dont nous parlerons dans crement et de celle de saint Dominique, de
la suite, qui en etYet a été rétabli au com- saint Pierre, martyr, de saint Raymond, el
mencement du dernier siècle et auquel, lorsque l'on tiendrait l'inquisition. Il ordon-
chaque inquisiteur aura donné des noms nait aussi que cet ordre serait institué dans
différents, el aura ajouté de nouvelles mar- tous les couvents de l'ordre de Saint-Domi-
ques d'honneur selon sa volonté. Car dans nique, et que les religieux assisteraient aux
le chapitre général de l'ordre des Frères processions des chevaliers. Voilà ce qui peut
Prêcheurs (t) qui se tint à Valladolid Tan avoir donne lieu à l'origine des chevaliers
160), l'on fit un décret par lequel on dé- dont nous venons de parler.
clara qu'allenda que l'inquisition d'Espa^^ne, CROIX DE SAINT- PIERRE. Voyez Foi
par l'aulorilé du pape et du roi, avait or- DE JÉSUS-CllRlST.
donne que l'ordre de la Milice de Jésus-
Chrst, institué par saint Dominique pour
CHOIX D\j SAUVEUR. Voyez Passion ue
JÉSLS-CURibT.
combattre contre les hérétiques, serait réta-
bli et même insîitué de nouveau que les as- ;
CKOIX (Sainte-). Voyez Croisiers.
semblées des chevaliers se feraient dans les CYR (Saint-). Voyez Cir (Saint-).
iMk
^»" '• — Mdiiic Accir.èlc, ou Sluililo, \ 2. Religieuse Acéméle, ou N' 3. — Bénédicliiie de l'Atloration
Studiie. perpétuelle du Saint-Saereinenl, eu
habit oi'diiiaire dans la maison.
N° -4. — Bénédicline de l'Adoralioii N-^ 5. —
Chevalier de Saint-Michel en N" 6. — Chevalier d'Aicanlara comme
perpétuelle du Saint-Sacrement, en Portugal, en habit de cérémonie. ils étaient autrefois,
habit de chœur.
t. Chevalier d'Aicanlara en ha- N* 8. — Religieux de l'ordre de Saint- N" 9. -- Keiigieux de l'ordre des Apo-
bil de rëiCinonic. Aiiibrnisc, ad iicmns. slolins.
N« 10. —Religieuse de l'ordre da N" 11. — Religieuse de l'ordre de >* 1"2. Religieuse de l'ortke des
SaiiU-Àmbroise ad nemut. Saiiii-AnibroLse el de Sainle-Marcel- Angéliques.
Une.
^_N' 18. — Rehgieuse Annonciade Ce- N" 19. — Religieuse Annonciade Ce- N" 20. _ Sa^ir converse de l'ordre
leste, cil habit ordinaire. leste,en habit de chn-ur ol d;ins les dos .\imunciadt'S Célestes.
cérémonies.
N» 21. — Saint Antoine, patriarche V 2-2. — Clicvalier supposé de l'ordre V 23. — Grand maître supposé de
des racines cénobites. de Saint-Antoine en Etinopie. 'ordre de Saint-Antoine en Ethiopie.
W" 50. — Moine arménien de l'ordre N*31. Religieuse arménienne en M" 52. — K< ligicusc arinenienne.
«Je Sainl-Anloine dans la Morée. Perse.
No 55, — Moine Arménien ou B.irl!»é- V 7>i. Chevalier de rilôpil;»! tl'Au- .N" 3r.. — Ancien religi'ïi bo>i>i'aiiei
leuiite, de Geimes. brac, en France. d'Anhriic.
1 ililiii^liK^^f-^
N» 42. — Religieux ermiic de Saint- N 43. — Frère convers de l'ordre des N* 44. — Ancienne religieuse de l'or-
Augustin de la congrégation des Co- Ermites de Saiiit-Auguslin , de !a dre de Saint- Augustin.
lorites. communauté de Bourges, faisant la ^,„— _,^
^ _ , «luête à Paris. yf^Ui^TO
x^^— —.fc^/^
.
N* 45. — Religieuse de l'ordre des N* 46. — Religieuse Aiigiisline, en N* 47. — Religieuse Augnsliiie du
Ermites de Saint- AugusUn. quelques nionaslèies d'Italie. monastère des Vierges à Venise.
W 48. ^ Religieuse Augustine de N* 49. — Religieuse Augustine en N' 50. —Religieuse Augustine du mo-
Dordrccht. quclques monastères de Flandre. nastère de Sainte-Marthe à Rome,
en habit d'hiver.
N" 51. — Augustin déchaussé de N" 52. — Augustin déchaussé de la N" 53. — Augustin déchaussé de la
congrégation li'Espagne. congrégation d'Italie congrégation de Fiance , en habit
ordinaire dans la maison.
N* êO. —Fille orpheline du mon.-.sltrc l\' ("»/. — Chevalier d'Avis, romme ils N* 62. — Chevalier de l'ordre d'Avis,
doè Quaire-CoDroiiiiés, à Uoine. élaienl anciomicmeiit. en habit de cérémonie.
N*65. —Chevalier du Bain. N» 64. — Clievalier de la Bande. N* eS. — Chevalier de la ColoiiiLo
N» eo. - Clievalier de lEcaillo. N' 07. — Clerc régulier Barnabiie N ' GS. — S. Basile le Grand, archevô-
<iue de Césarée, docteur de l'Eglise
Cl ]iauiarche des moines dOiieui. '
N° ay. — Mo!r>e grec, avec l'habit or- N' 70. — Evêque moscovite. rso 7j, — Moine de l'ordre de Saint-
dioaire. Basile en Pologne.
Ir 75. — Ancienne religieuse de lor- 1N° 76. — Religieuse de Tordre de M' 77. — nfeligieiisc de l'ordre Hq
dre de Sainl-Basilc. Saint HaMlc en Orit nt. SaiasBasile en Occid<Mit, sans coule.
N* 78. — Religieuse de l'ordre de N" 70. — Religieux du Iroisième ordre N" 80. — Béguine d'Anvers.
Saint-Basile en Occident, avec la de S. -François delà congrégation de
coule. ll.oniLardic, hors du nionaslcre
N""^ 81. — Dé,Miine d'Amslenlnm, N* 82. — Saint Benoît, patriarche des N° 83. — Ancien Bénédictin.
moines d'Occicfont,
fT 81. — Bénédictin airglais en habit N" 85. ïiénédictin anglais, en hal)ii IS'" S6. — Autre ancien Bénédictin,
ordinaire dans la niai&un. de chœur.
N* 87. —Ancienne Bénédictine de N° 88. — Religieuse Bénédictine ré- N" 89. — Religieuse BiMiédiciiiie ré-;
France, avant la réforme. formée, en habit ordinaire dans la formée, en habit de choeur.
maison.
N* 90. — Religieux de Citeaux de la N" 91. — Religieux de Uteaux de la N* 92. Religieux de l'ordre de
coii|^réi;alioiide Rome, en habit or- congrégation de Rome en h:>bit de Flore.
diuaii'c dans la inaison. choen»' et de ville.
W» 93. — Religieuse de Cîteaux, en N" 94. — Religieuse de Clteaux, en 95. — Novice de Cileaux, en habil
babil ordinaire dans la maison. habit de chœur. ^ .r ordinaire dans la maison.
N" 96. — Novice de Cîteaux, en habit N* 97. — Sœur converse de Cîteaux N" es. — Sœur converse de Cîteaux
de chœur. en habit ordinaire dans la maison. en habit de chœur.
N* 99. — Religieuse de Citeaux , en N° 100. — Chevalier de Saiiii-rierre. N° ICI. — Chevalier de Saint-Paul.
Portugal.
N' i08. j-^..J\eligiejisc dc Tonlre di N- ion. — Religieuse de l'ordre de N'' HO. — Religieux prêtre de l'ordre
Saillie ni-2)ilo,avec le manteau. et Sainte-Birgilte.
Saie
Saiote'Tlilr^iU?>en liabit ordinaire.
/
^^4
^^
N- l M. — Religieux diacre Je roivlrc N" 1 12. —R, rmionx (oincis^lc lordrs N" 113. — Religieuse de l'ordre de
deSainlc-Iîirijiilc. de Sainlc-Bjville. Sainle-Blrgille, dilc de la Recollec-
tioii.
N'ill. — Chevalier suppose de l'or- N'' IIS. — Aiicieim:^ rcli^'ioiise de N" 110. — Chevalier de Tordre dj
dro de Saiiilc-Birgillc. l'orJnîde Saiîilc-Iîi'giUo d'Ii'.amlo. Saint-Blaisc.
N" H7. — Religieux de l'ordre des N'^ 118. — Fille du Bo:i-I\isloiir, ^" 119, —
Frèr«> pénitent du tiers or-
Serfs ou Serviteurs de la sa nie dre d^ Saint-François, appelé com-
Vierse.
munément Bon-Ficiix.
N" 120. _ Rénédiclme de IJoui bourg, N" 121. — Bénédictine de Bourbnurg, N" 1-22. — Bénédictine de Bourbôurg,
e:i h.ib.l de novice. Cii habit ordinaire dans la maison. en habit de chœur
i" 123. — Benédicline ilTTsiiim, \» |2l. néiiéilictiiic
lii.'l.ini
'•^'^"-
(le l'abbave de
""^"-^jeue N» 19^
i> 1-^^. —
nA^n-^,-
Bénédictine j
du monastère
^ '^ Je Saint Zacharie à Venise, en
babit
de chœur.
grauJ *t
W iSÎ. — Moine grec, avec l'habit de V 133. - S\om?. c^roc, avec le rolit N' 13i.- Moine grec
aitgeiiMKC habit.
avec le
li.iij';i,
novice.
N" 155. — Patriarche yrcc, de Jéru- N' 136. — Religieuse de Nolre-Damn N" 157. — Ermite Camaldiile en habit
salem. du ('alvaire,en habit ordinaire dans or-linaire.
la maison.
ft<^
.-<*
-A v«
N* 141. — Religieuse Camaldule en N» 142. —Religieuse Camaldule en N» 1-43. — Sœur converse Camaldult
babit ordinaire dans la maison. coule ou habil de chœur. e.i liabil de chœur.
V
K^'Z C^'^^aldule de Fiance ou de
Noire-Dame de Consolation, en ha-
N* U8. — C maldule de France nu dr N" 149. — Fille du Conservatoire Ao
Noire Dame de Consolaiion, en ha-
bit de chœur. Sainle-Euphéniio.
bit de campagne.
Pi* IKO. — Capucine en habii de N* 151. — Capucine avec le grand N° 152. — Frère Mineur Capucin sanç
chœur. v(Mle noir dont elles se servent pour manteau,
aller à la communion.
N' 132 bis. — Frère Mineur Capucin N" 153. — Frère, Mineur Capucin, N' \5ï. —
R<;Iigieuse Carniélile de
sans niaiiteaii. . - .
avec le manleau. l'ancienne Oliservance, en habit or
dinairc.
N° 155. — Rfligieuse Carmélite de !S° laG. —r Ancienne religieuse Car- N" 157. —
Religieuse Cannéliie dé-
l'anciennc Observance en habit de
, inélite, en Fiance. chaussée, en habil ordinaire,
chœw.
s* 158. —
Religieu>e Carmélilc dé- N" 1j9. — P.elis^iciix Carmo déoli;ui>sc, N" lUO.— Rfli-icii\ CariKc d diiuissé,
chaussée, en habit de chœur. en haliil ordinaire, avec le inanleaii.
y ifii. —
Frère conver» de l'ordre N' l(»-2. — Sœur converse de l'ordre V IG5. —Ancien li;d>illemeiit do> Car-
- dfs Carmes déchaussée, faisant la des Carmélites déehanssécs. mes, tel (|n il ('>t rf|ircsi>nlo ilmis l(>
^^ 67. — Ancien babiliement des Car- N« J68. —Le prophète Eli»-, lel quMl N 169. — Le prophète Elie, tel qu'il
inos, tel qu'il ost repr. dans l'égl. du élailreprésenté dans l'église des rrli- est représenté dans l'église des reli-
(OiivenJ de Sio-r,;illioiine, àLonvain. gieux Basiliens de Troïna, avant lour gieux Basiliens de Troîna, depuis
procès avec les Carmes. Icnr procès avec les Carmes.
N* 170. — Anciea habitlemenl des Car- >' 171. —
Religieux Car.iia de l'an- N" 172. — Religieux Carme de lan-
ines, selon lesenlimeni du P. Daniel cienna Observanco, en habil ordi-
cienneObservance, avec la cliape ou
de la Vierge Marie, dans son livre naire.
manteau.
intitulé l« Miroir du Carmel.
:
N* 175. Moine de
diens.
l'ordre des In- N' i'i. — Religieux Garnie do la <<iq- N" ITo.— Rcligirux Garnie d*>rÉrrflftê
giégalion do Manioue. Ol^ervance, do la province de Mon-
lo-^nlo.
\j 176 _ Clievalier de l'ordie de N° 177. — Célesiin on li:il)ii urdiiiaire N' 178. — Célestin en habit de chœu*
Sainte-Cailiei iiie, du mont Siiiiii. et de ville.
rf^^^;-/ (
N" 182. Religieux Aloxieii, ou K» 185. — rU'Ii;,'ioiix Alexien ou Ccl- N" 184. — Ancien habillement des re.
Ccllilo. liio, :i Gaiiil, iillniii aux enterre- ligieiix Alexiens ou Celliles.
nuiUs.
\S' is:;. — Rclii^'iense dilc Sœur noire, > • 1' t.. — Urii.'icusc dite Sdiir noire, N IHl. — Religieuse de Sainl-Césak'}
en (]'u'l(nve.s villes de Flandre. en queliines vill -s de llaiidre.
N" i88. — Girondin , aulreinent dit N- 189, — Religieux de S:iini-Isidore. N" 190. — Religieuse de Sainl-Uidor».
Moine de Biclare.
N* 191. —Religieux Césarin, sans N' 192. — Religieux Césarin, avec le N' 193. —Chanoine régulier de la rt(-
manteau. manteau. forme de CItanoollade.
N° 494. — Saint Auguslia. évêque N" 195. — Ancien Chanoine régulier N* 196. — Ancien Chanoine régulier en
.l'Hippone et docleur de l'Eglise. en aube eiavec la chape lerniée. aube et en auniusse.
N" !97, — Chanoine régulier, en An \ 198. — Ancienne religieuse de l'hrt- N' 199. — Ancien religieux Hospitalier
glt't<^'""'- pilai de Sainle-Calherine à Paris. de l'hôpital de St Gorvais à Paris.
fsjo 200. — Fille-Dieu de Uoiioii. ?<ûC)oi —Ancien Chanoine régulier de N* 202. — Ancien Chanoine réguliei;
rUôiel-Dicu Sainl-Jean-Baptisie de de IHôtel-Dieu Saint-Jean-BaplisiK u6
Beanvnis, avec raumnsse de serje snr Beauvais.
In lêie, en loOO.
K 203 - Ancien habillement des reli- N" 204. - ancien habdlement des re
reli- V 205. — Religieuse Hospilalière de
u^-enses de Hotci-Dieu Sa.ntJean
1
I Hôiol-Oieu Sainl-.Tean-Baptiste, àj
gieusesdel'Hotel-DienSi-Jcan-Ba,»-
Haplisle de P.canvais, en 12.6. Rcaiivais.
ti.te de Beauvais, avani !a •.rornV>
i!c ]';n\ liiîfi.
N° 206. — Ancien frère convers de N" "207. —
Chovnlier de I'oiiIk^ du N» 2 m. — Sœur de la Charité.
l'Hôtol-Oi.'u Sa ntJeaii-n.iptisie i\o. «Chardon on de Saint-Amlré.
Heaiivai.s.
.;7f^^!y..,_ Frore donné de l'ordre de? N* 216. — Religieuse Chartreuse en N» 217. — Religieuse Chartreuse en
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Charlreux. habit de rérémonie, le jour de sa habit ordinaire dans la maison.
consécration.
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religieuse de la mai- N" 229. _
Dame religieuse de la mai-
\^ '"' ''' '.'"' ''^ ^=>"'l-i^>r, en habit ordinaire, son de Sl-Cyr, au cl.au.r, les «liman
fan fpV^-lri^^^'iK.^
lanches o*. fêléi ava>w^l /07. depuis lan 1707. ches et fétos, -dopnis l'an 170/7.
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|tV 230.
23(». —
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Ancien liabil.'cmcnl dos N'23l. —
Anricnli.fhiil.nicMi dos ^œiirs N» -^V Hpmnîcniu i-
sœurs converses .le
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Cyr, avant l'an 1707.
In maison ,!o Si- .onvorse^ .le Si-Cvr, ;u. ch.pil.e "m
ni,"(.ir
pai.cii h I ,1. h
M ounur,
(uiHir.im.^ii.
iir^i.
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S^mi T'y, iloMlenv
^.nnt-Ç)!, '
f f premières
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"''"'"•' I lie
clas.-
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SCS, allant an chœur.
i" 25S. — Demoiselle de Sl-Cyr, des lS° 234. — Religieux de Mo!er-me, N* 23". — Religieux de Clteanx, ei
tieux Iff» classés, qui porlenlla croix
liahif ordin;iirc «lans la ma son.
riiio Ion donne aux chefs de famille
N' 159.— Novice de Cileaiix, en habit N* 240. —Frère convers de Cîteaiix, N' 241. — Frère convers de Ciieaui,
de chœur. en halùt ordinaire Jaus la min^ion. ei) Iiabit de chœur.
N' 2i2.
'
— Religieux de SniiuFranfoi-i N" '210. — Religieuse Clarisse en h:(l)il N" î'i ï. R-lisiense C!ari??e or luufw
or>linnii-o «lan^ mr.ion. lea t.
(!e la relonre <i.-s (:i:»tenii,s. I.!
>" 24.'). — Religicuçc Clarisse de la [Itis N' 2iG. — Rpligieiisc de la n lorni. \' -217. — Religieux de ialibave de
imi Italie Sti'it (' r , .!' \l::rilar:i. S:iiril-Claiidt>, l'.i lia!)it ordiii.iue .Ijtis
•
t'iroile Oltservaiieo,
la iii:ii>OM.
\i" iiS. — Reli^'inix .le TaliUaye d ; .N -249. — l'»f!i^'ifiix île TaltlMy.- rie IN* -200, — Clerc de la Vie commiMi*
Sainl-Citiitle, en lialiiule ( liu'ùi. Sai'.il-Claiule, m liaitil de vilt.-. ..
.N' -i.'il .
—
Ancien I>.»!n''<li( lin .leCliuiy, N" -loi. Ancien Oiilal de l'didre do >" 255. —
Ancien Bénédiclin de Cluny,
tonnne ils é;ai<' .1 aiiiicl n^. Sa,i:ii lîciuiil. en habil de cliaHu. C(nnine ils soîil
préseittônie^iiU
n^, en lulMl cl.' v,ll.>. nv,c.h:.l,i..ri,:n:n. U :.h, :,:,;•...,. -n . r„ Im!mI -m .ImutrcJa,,,!. m;.i>a.,.
de
V iU 1. — lîeiio Ii( lj:i de l'al.bave lit' N- -261. riiftuoiiif^-ise (le Cologne en N» 5G2. lieligieuse do S:iinl-Co-
Cluse liui> ttii mi)îî:iti!èro.
li;i!)it lie c!:;r;i!-. lombari.
'^
K« mZ. — Religieux de Saiiil Co- >'<» "204. — Chevalier Mipposé de l'ordre N' 265. — Religieu-e Bénédictine diie
loinbaii. de Saiiit-Cosmc el dr S;ui'i Oaiiiieii, de Notre-Da!!>.t\
tluiis ia Tiiii.'ûlii.c.
N° 266. — Chevalier de l'ordre de la N' 2G7. — Religieuse de l'ordre de la V 2^8. — Re1i2;ieii>e de l'ordre de la
Conception de la sainte Vierge. Conception de Nolre-Damo, sans Conception do Ni)ire-Damc, en ir.tn-
manteau. "leaii on liabit de chœur.
N'a -2(j9. —
Religieuse de l'ordre de la N'270. —Péniiei.i gris du troisième N* 271. — Grand maître Je Tordre do
Congrégation de Notre-Dame. ordre de Saint-François. Constantin.
-
rerdie do CorHi.i-ijii.
^ Sœur
*2HI.
{'.uni tie la
<lu innmsiércdi-
l,(»:tg:»t;a, ii li.:i:.e.
S, N 2^^
2^^. - R.'îiginjse du monnstère rVs N -28^. _ Roligieiisc l'éniionle dt)r-.'
>;n ^281. — Moine Copiste jv" 28.*;, — Moine tic Sainl-Macairo. N" 2SG. — Ancienne religieuse Coplitc.
N" i87. — Frère Cordonnier. ^' -28S. — Relis;- uv de For.lrc de N° -289. — Ciievalier de la r;>;o de
Ciiiisl. Genèl.
N" i^^. — Rt'ligii'iix ( joisior ou Porle- N' 201. — Urli?iei:x Criii-icr on Porie- N" —
"21)2. .\ncien habillemenl des relig,
Croiv, III ll:dio. Cioiv.cn riaïue cl ati\ l\i»-IJns. Croisicrs, en France ei aux Pays-
H:», tant au clioenr qu'à la ville.
N 293. — Religieux Cioisicr oti l'orto- N "-91. — R(!li?icnx Cioisier on Torlo- N" 20^
r.roix, avec l'éloilt', en Boliônie, en ("rni\ avi^c léloilo, en Ruliênio, en
Im' ildo vilîo !,;iL)il l'e <.!:œi:r.
N« 296. — Chevalier du Dévidoir. N* 207. — Clievalier dp !,i Lioimf». .N 298.— Clievalier du Croissant, e«
habit de cérémonie el le croissait
sous le hra?.
N° *î>9- -- [rb^vaiier^ftiGrpiAa^Tà, en N° 300. _ Prin. p on dicf de lordrre N" 501. _ Fille delà Croix.
luûit>d«>eeréraonT8.y 7 du Crris-àrii. <n Imhii lie fcrcffîonie
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