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Vibrations des structures

industrielles

par Jean-François BOISSEAU


Docteur-Ingénieur
Ancien Chef de Groupe de Recherches à l’Office National d’Études
et de Recherches Aérospatiales (ONERA)
Expert près la Cour d’Appel de Paris
et Bernard GARNIER
Ingénieur civil de l’École Nationale des Ponts et Chaussées
Directeur Commercial à la société METRAVIB RDS

1. Généralités................................................................................................. R 3 140 - 3
1.1 Secteurs concernés ..................................................................................... — 3
1.2 Rôles et conséquences des vibrations structurales.................................. — 3
1.2.1 Définitions ........................................................................................... — 3
1.2.2 Normes sur les vibrations et les chocs ............................................. — 4
1.2.3 Effets négatifs des vibrations ............................................................ — 4
1.2.4 Aspects positifs des vibrations structurales..................................... — 5
2. Les outils de l’ingénieur et leur mise en œuvre .............................. — 5
2.1 Représentation des phénomènes vibratoires ........................................... — 6
2.1.1 Impédance dynamique et fonctions de transfert ............................. — 6
2.1.2 Schématisations masses-ressorts..................................................... — 9
2.1.3 Calculs en éléments finis ................................................................... — 10
2.1.4 Maquettages et lois de similitude ..................................................... — 12
2.1.5 Méthodes énergétiques ..................................................................... — 13
2.1.6 Rayonnement acoustique des structures ......................................... — 14
2.2 Approche expérimentale............................................................................. — 16
2.2.1 Accès aux vibrations des structures ................................................. — 17
2.2.2 Essais structuraux sous excitation artificielle .................................. — 20
2.2.3 Post-traitement et obtention des résultats ....................................... — 25
3. La maîtrise des vibrations et des bruits induits.
Exemples de cas industriels.................................................................. — 33
3.1 Actions correctives ...................................................................................... — 33
3.2 Diffusion des techniques d’analyse ........................................................... — 36
3.3 Première étude de cas : suppression des vibrations indésirables
lors de la mise au point d’une machine de série ...................................... — 36
3.4 Deuxième étude de cas : remède à la dégradation structurale
causée par les vibrations d’une installation industrielle .......................... — 37
3.5 Troisième étude de cas : amélioration d’un découplage antivibratile .... — 39
7 - 1991

4. Conclusion ................................................................................................. — 40
Pour en savoir plus........................................................................................... Doc. R 3 140
R 3 140

outes les structures et installations industrielles sont sujettes à des vibra-


T tions, qu’il s’agisse de celles qu’elles génèrent ou de celles qu’elles subissent
de la part de leur environnement.

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■ Le paragraphe 1 présente, outre une description qualitative des principaux


phénomènes vibratoires, un panorama des normes concernant les vibrations et
les chocs.
■ Le paragraphe 2 expose un certain nombre de représentations des phéno-
mènes vibratoires (§ 2.1), aidant à interpréter les observations, souvent fort
complexes, de l’état vibratoire d’une structure industrielle, à prédire le cas
échéant l’effet de modifications, et à guider ainsi le concepteur, l’installateur et
l’exploitant. Il présente ensuite (§ 2.2) les moyens de mesure et d’essai offerts par
le marché, et quelques critères de choix.
■ Le paragraphe 3 présente des stratégies de maîtrise des vibrations et du bruit
induit, à différentes étapes du développement et de la vie d’une installation ou
d’un produit industriel. Cinq qualités, techniques et humaines, sont menacées
par les vibrations des structures ; ce sont :
— la régularité du produit ou du service rendu ;
— la sûreté ou au moins la sécurité de fonctionnement ;
— la tranquillité de marche ;
— la durée de vie de la structure et de ses composants ;
— l’endurance au poste de travail.
Ces qualités, qui doivent pouvoir être quantifiées, sont à prendre en compte
dès le projet, lors de la mise au point et durant l’exploitation de la structure,
jusqu’à sa révision ou sa mise en réforme. Du bilan complet de fonctionnement
d’une structure, il est possible d’estimer la part technique et le coût correspondant
imputable aux effets vibratoires indésirables.
Des exemples d’intervention des vibrations sont présentés au paragraphe 3.
Ils pourraient être beaucoup plus nombreux, car les vibrations sont omni-
présentes. En effet, toute fluctuation de charge, de débit, de vitesse, toute irré-
gularité de mouvement des pièces d’une installation, constituent une source
d’excitation vibratoire des structures avoisinantes, d’autant plus riche et intense
que cette fluctuation est rapide.
En termes de traitement du signal, le spectre vibratoire  (f ) correspond à la
transformée de Fourier de la fluctuation temporelle F(t) relative au système :

1
F ( t ) →  (f ) = -----------


–∞

F ( t ) exp ( – 2 i π f t ) d t

La transformée de Fourier d’une impulsion infiniment brève (Dirac) contient


en égale proportion toutes les fréquences f du spectre : des chocs brefs peuvent
donc exciter toutes les fréquences propres d’une structure.
Les réponses structurales, utiles à connaître, dépendent de la situation des
fréquences dans ce spectre, mais :
— d’une part, les paramètres descriptifs d’une structure ne sont pas toujours
faciles à dénombrer : évalués par excès, ils font état de modes physiquement
inexistants ; évalués par défaut, ils omettent l’existence de modes moins mani-
festes relatifs à des paramètres cachés ;
— d’autre part, le modèle représentatif, unique avec une structure linéaire,
reste à déterminer, cas par cas, dans le cas de non-linéarités, faibles ou fortes,
mais souvent présentes.
De telles difficultés rencontrées en pratique sont rappelées au paragraphe 3,
ainsi que les solutions mises en œuvre.

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1. Généralités efforts imposés à une machine tournante par un rotor mal équilibré,
ou efforts dus à la combustion des gaz d’un moteur thermique),
tantôt sur ses frontières ou conditions aux limites (rafales de vent
1.1 Secteurs concernés sur un immeuble, vibrations transmises par le sol à un équipement,
par les points d’accrochage du moteur à un véhicule automobile,
etc.).
Les techniques vibratoires ont été appliquées aux sciences méca-
niques, au génie civil, aux transports, etc. Il existe donc une diversité
de situations visant à contrôler les vibrations, éventuellement à les 1.2.1.2 Amplitudes et fréquence
générer, le plus souvent à les isoler, ou mieux encore à les réduire À un instant donné, si l’on admet que les phénomènes en jeu
à la source, en vue d’atténuer ces vibrations ainsi que les bruits restent linéaires, les vibrations de la structure sont proportionnelles
qu’elles génèrent. aux efforts qui les génèrent : si, toutes choses égales par ailleurs,
Le tableau 1 donne divers exemples de vibrations soit indési- l’intensité de ces efforts double, la vibration double aussi, qu’on la
rables, soit, au contraire, utilisées pour obtenir une réponse ou pro- représente en termes de déplacement vibratoire (ou de vitesse, ou
céder à une analyse. d’accélération) ou de contrainte dynamique dans le matériau
constitutif.
Par contre, l’amplitude de la vibration dépend considérablement
1.2 Rôles et conséquences de la forme de l’effort excitateur en fonction du temps, ou, si l’on
préfère raisonner dans l’espace dual auquel on a accès par la trans-
des vibrations structurales formée de Fourier du signal temporel, en fonction du contenu
fréquentiel de l’effort excitateur. On serait tenté de dire que la
1.2.1 Définitions susceptibilité de la structure aux vibrations est une fonction extrême-
ment variable relativement à la fréquence de l’effort appliqué : telle
1.2.1.1 Vibrations structurales structure pourra être pratiquement insensible à un effort important
On conviendra d’appeler ici vibrations structurales toutes les qu’on lui applique en tel point au rythme de 100 Hz, et prendre des
déformations élastiques de structure quelconques dont la moyenne mouvements cinquante à deux cents fois plus grands si le rythme
dans le temps est nulle, par opposition aux déformations perma- (c’est-à-dire la fréquence de cet effort) augmente ou diminue de
nentes (ou statiques). Elles sont le résultat d’efforts eux-mêmes fluc- quelques pour-cent (figure 1). (0)
tuants, qui s’exercent sur la structure tantôt en son sein (par exemple,

Tableau 1 – Exemples de domaines d’intervention des vibrations


Secteurs ou thèmes Sujets Référence
Aéroélasticité Flottements : aubages de turboalternateurs ; avions
Amortissement Lanceur spatial ; automobile ; laser de puissance
Analyse vibratoire Analyse modale ; ralentissement de machines tournantes ; SEA
Appropriation Interprétation de fonctions de transfert à pas de fréquence variables
Biomécanique Malaises dus aux très basses fréquences ; modélisation de la pompe cardiaque [1]
Cavitation Turbomachines, hélices, génération d’ultrasons
Centrales thermiques et nucléaires Réfrigérants atmosphériques ; effets éoliens
Contrôles Bornes d’alternateurs contrôlés par vélocimétrie laser
Couplages Structures coques vibrant dans l’eau ; matériaux poreux
Émission acoustique Fissuration de voûtes ; détection de fuites ; contrôles continus [2]
Énergétique Écoulements de fluides caloporteurs ; modèles semi-empiriques
Excitation Barrage ; lâcher par fil coupé
Équilibrage Grands balourds accidentels ; rotor de turbopompe spatiale
Fatigue « Écoute » de matériaux ; suivi de l’état de fatigue ; matériaux composites
Géomatériaux Prospective de calculs d’ouvrages sous sollicitations extrêmes
Hydraulique Butée hydrostatique, rigidité et amortissement en fréquence [5]
Identification Recherche des paramètres structuraux, méthodes proposées [3]
Instabilités Suppression par contrôle actif sur avions
Non-linéarités Structures présentant des jeux et des limiteurs
Prévention Mesures vibratoires des turboalternateurs, des pompes
Roulements Localisation des défauts par résonances en haute fréquence [6]
Séismologie Reproduction « fine » de séismes ; comportement de ponts roulants
Spatial Effet Pogo sur lanceurs ; qualification de satellites
Surveillance Surveillance vibratoire des aubages à risques ; acoustique des calages d’alternateurs [7]
Thermovibrographie Éprouvettes pratiquement « adiabatiques » sous contraintes vibratoires
Transitoires Démarrages et arrêts de pompes ; commande en régime transitoire [4]
Transports Bruits de contacts de pneumatiques ; bruits d’écoulements d’aéronef
Turbulence Flammes : dynamique des fronts de réactions laminaires et turbulentes
Viscoélasticité Propriétés de matériaux en vibration (en fréquence et température)
Ce tableau est une sélection, par secteurs et par sujets, de quelques faits figurant au rang des préoccupations actuelles. Certains d’entre eux seront repris ou
complétés par d’autres dans le cours du texte. Les références sur les sujets cités renvoient à des revues et des colloques, récents, ce qui n’exclut pas la consultation
d’ouvrages généraux, tels que ceux rappelés dans la fiche documentaire [Doc. R 3 140].

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Les normes françaises (AFNOR et UTE – Union technique de l’élec-


tricité) de ce recueil sont en correspondance ou non avec les normes
de l’ISO (Organisation internationale de normalisation) et de la CEI
(Commission électrotechnique internationale). Le degré de
conformité, qui est précisé, est : identique, équivalent ou non équi-
valent entre les normes françaises et internationales sur les mêmes
sujets.
Le Comité technique 108 de l’ISO (ISO TC/108) traite :
— la classification des conditions d’environnement vibratoire ;
— l’équilibrage (y compris les machines à équilibrer) ;
— la mesure et l’évaluation des vibrations et chocs mécaniques
intéressant les machines, les véhicules et les structures ;
— l’utilisation des matériaux pour les structures vibrantes ;
— la mobilité mécanique ;
— les machines d’essais au choc ;
— les méthodes de mesurage et de présentation des résultats
des vibrations et de la résistance aux chocs des appareils sensibles
aux mouvements.
Figure 1 – Cylindre de compresseur. Transfert  /F En outre, le CEN (Comité européen de normalisation) a lancé
en 1988 la création d’un environnement technique sur la sécurité des
1.2.1.3 Modes propres machines qui prévoit l’existence de normes – référencées B1 –
portant sur les aspects des vibrations et du bruit intéressant la
Il est très utile de caractériser cette « susceptibilité aux vibrations » conception et l’utilisation d’un grand nombre de machines.
d’une structure donnée, qui est donc une propriété intrinsèque de Nota : enfin, bien que ne se rapportant pas à une activité industrielle, il peut être utile de
la structure, dépendant de la fréquence et de l’espace (au sens des citer la norme interarmées (guerre, air, marine) GAM-EG13 du ministère de la Défense. Des
coordonnées des points d’observation que l’on souhaite définir sur études, connexes à la partie normative de l’environnement vibratoire, traitent des questions
suivantes :
cette structure). Cette susceptibilité se caractérise par un certain
— interactions dynamiques entre porteur et matériel ; transmission des vibrations par
nombre de comportements extrêmes à des fréquences particulières, voies mécanique et acoustique ; interactions mécaniques aux basses fréquences ;
que l’on nomme modes propres, et peut se réduire à une somme — roulage de chars ; identification des sources vibratoires ; étude et simulation de
l’environnement par excitateurs électrodynamiques ;
de fractions rationnelles dont les modes sont autant de pôles — tir en vol sur avion ; méthode de calcul prévisionnel de l’ambiance vibratoire due
(§ 2.2.3.3). au tir au canon en vue du dimensionnement du matériel ; mesures à bord du Mirage 2000 ;
— missile en vol d’emport ; flexibilité offerte par la simulation en laboratoire de l’envi-
Cette propriété est commode, puisque l’on dispose ainsi d’un ronnement vibratoire sur des missiles en vol porté.
moyen d’exprimer, dans le domaine linéaire, la susceptibilité aux
vibrations d’une structure quelconque à partir d’un nombre minimal
de paramètres qui sont : 1.2.3 Effets négatifs des vibrations
— les fréquences propres, c’est-à-dire les fréquences de chacun
de ces pôles où la structure est susceptible de prendre des oscil- 1.2.3.1 Mise en résonance entretenue
lations d’amplitude extrémale ; La mise en résonance entretenue de modes propres de structures
— l’amortissement modal, qui contrôle l’amplification vibratoire est une source de désordres graves, du fait des contraintes et des
correspondante ; déplacements excessifs qui en résultent : les efforts alternés sont une
— les modes propres, c’est-à-dire les déformations particulières source de fatigue structurale sévère, en raison du nombre de cycles
ou déformées modales de ces oscillations de forte amplitude rapidement cumulés (fréquence propre × temps d’excitation), et les
associées à chaque fréquence propre. niveaux importants de vibrations sont une source de désordres
L’identification modale est la procédure qui permet d’extraire ces multiples (initiation de fissures, desserrage des assemblages
caractéristiques à partir de mesures des vibrations de la structure. mécaniques, des connexions électriques, bruits intenses, etc.).
On reviendra sur ces caractéristiques fondamentales (§ 2.2.3.3). Il Exemple : des phénomènes naturels peuvent être à l’origine de tels
importe de retenir à présent le double aspect fréquentiel et spatial problèmes de mise en résonance : c’est ainsi qu’une plate-forme de
de ces singularités qui signent l’excitabilité dynamique de toute forage pétrolier en mer de Beaufort a dû être évacuée à la suite d’impor-
structure. tantes vibrations d’ensemble provoquées par les chocs d’une plaque de
Bien sûr, les vibrations que l’on observe à un instant donné et pour glace d’environ 2 km2 de surface [8].
un point donné sont le produit (mathématiquement, on dira plutôt Lorsque le hasard fait coïncider une raie d’excitation particulière
la convolution) de l’effort excitateur et de la susceptibilité aux vibra- (vitesse de rotation d’un arbre et premiers harmoniques, fréquence
tions de la structure pour ce point d’excitation ; on dira qu’un mode de passage des pales d’un ventilateur devant des aubages fixes,
propre entre en résonance si l’effort excitateur présente des compo- fréquence de passage des billes d’un roulement devant un défaut,
santes à la fréquence propre du mode ; les mouvements (et efforts d’engrènement de trains d’engrenages, etc.) avec une
contraintes mécaniques) prennent alors des valeurs considérables, fréquence propre d’un bâti, d’un arbre ou d’une structure voisine,
que seul l’amortissement vient limiter, en se conformant à l’allure on observe donc des usures précoces, des ruptures, des pannes
géométrique du mode propre. fréquentes, qui ne trouveront de solution que dans une redéfinition
Nota : pour schématiser, on parlera souvent ci-après d’installations excitées par des de l’installation (§ 3.3).
machines, qui donnent un caractère plus concret à ces notions de structures et d’efforts
dynamiques excitateurs. Que le lecteur n’y voie pas une limite à la généralité des raison- Exemple : l’étude de cas développée au paragraphe 3.4, à propos
nements et mécanismes physiques qui seront présentés !
de la fissuration de tours d’aéroréfrigérants industriels qui présentaient
des fréquences propres à 23 Hz, excitées conjointement par deux raies
1.2.2 Normes sur les vibrations et les chocs à 24 Hz (harmonique 12 des pales) et 24,75 Hz (harmonique 1 du
moteur), est tout à fait typique.
L’Association française de normalisation (AFNOR) a publié un
recueil en deux ouvrages des normes sur les vibrations et chocs
mécaniques [Doc. R 3 140].

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1.2.3.2 Mise en résonance transitoire être souvent sous-traitées à des ingénieries spécialisées, sont d’un
coût fort modeste face à l’avantage qu’en retirera le futur exploitant
Moins grave, et plus fréquente, est la mise en résonance passagère
en termes de fiabilité et de longévité de son installation.
d’une structure lors d’un état de fonctionnement transitoire : c’est,
par exemple, le cas de toutes les fréquences propres balayées lors
de la montée en vitesse ou de l’arrêt d’une machine tournante rapide,
ou encore lors de chocs, d’à-coups de couple, etc. Il est préférable 1.2.4 Aspects positifs des vibrations structurales
de connaître cet état de fait pour vérifier que l’on en contrôle bien
les paramètres et que la mise en résonance est transitoire et suf- De nombreux dispositifs industriels utilisent la génération de
fisamment peu fréquente. Moyennant ces précautions, de telles vibrations comme principe actif : en particulier, dès que l’accélé-
occurrences pourront être acceptées par l’ingénieur. ration vibratoire approche l’accélération de la pesanteur, on peut,
en général grâce à des moteurs à balourd, mouvoir et ordonner des
Exemple : une machine à grande vitesse de rotation, telle que la petits objets (bols vibrants), tasser ou au contraire égrener des
turbopompe du premier étage de la future Ariane 5, tourne en pulvérulents, homogénéiser des suspensions (vibrage du béton). À
conditions nominales à une vitesse dite « hypercritique », en l’occur- des niveaux plus intenses, on peut fracturer des matériaux à rupture
rence entre la deuxième et la troisième vitesse critique. Lors de la fragile (perceuses à percussion, marteaux pneumatiques), relaxer les
montée en vitesse, l’arbre (commun à la partie pompe et à la partie contraintes internes de matériaux ou d’assemblages, désincruster
turbine) vibre donc successivement selon son premier puis son second des dépôts solides (décalaminage). Le bon fonctionnement de ces
mode propre, avant de se stabiliser. systèmes suppose une maîtrise suffisante des vibrations propres de
leur structure sous l’effet des vibrations qu’ils doivent générer.
1.2.3.3 Instabilités Le fait de soumettre une structure, qui ne vibre pas par elle-même,
Un cas plus complexe, rare heureusement car souvent catas- à des vibrations peut être également un moyen de connaître un
trophique, est celui où l’effort excitateur est lui-même modulé par certain nombre de ses propriétés. On développera largement dans
la vibration de la structure et concentre son énergie à la fréquence cet article (§ 2.2.2) l’analyse dynamique des structures par excitation
propre au fur et à mesure que la structure entre en résonance. Si artificielle, mais on peut citer d’autres cas où la génération locale
aucun phénomène physique ne vient modérer cette instabilité, de vibrations fait partie intégrante d’un capteur actif performant pour
appelée parfois accrochage, elle conduit très rapidement à la rupture. le contrôle non destructif : par exemple, le contrôle de niveau dans
les enceintes fermées.
Exemples Enfin, l’observation des vibrations d’une machine ou d’une
■ Des rafales de vent peuvent faire vibrer une structure élancée, mais installation en fonctionnement est une source d’informations d’une
réciproquement les oscillations de cette dernière modifient l’écoule- richesse considérable sur son état mécanique et fonctionnel, dont
ment aérodynamique. Ce couplage est à l’origine de la spectaculaire l’exploitation ne fait que commencer (surveillance vibratoire – ou
destruction du Pont de Tacoma aux États-Unis, en 1940 [9]. monitoring – et maintenance prédictive). Cette richesse tient :
Ce type de couplage a été à l’origine aussi de la rupture des échan- — à la bonne propagation des vibrations dans les structures,
geurs de chaleur de l’usine de liquéfaction de gaz de Skikda. Par la suite, permettant de recueillir, sur un seul capteur fixe, des informations
les constructeurs d’échangeurs de chaleur à faisceaux de tubes ont de n’importe quel élément de la machine ou de l’installation ;
introduit des dispositifs de pincement des tubes et de butées méca- — à la cadence élevée des informations délivrées par un capteur
niques, qui empêchent une telle mise en résonance généralisée des dynamique (accéléromètre ou microphone dont la bande passante
tubes par couplage à l’écoulement. est de plusieurs kilohertz) ;
— à la multiplicité des traitements du signal que l’on peut appli-
■ Les fluctuations dynamiques de volume et de pression dans un quer pour interpréter les signaux et leurs changements.
réservoir influent sur le débit des pompes ou turbines en amont ou en Nota : la croissance considérable de ce domaine de la surveillance et de la maintenance
aval. L’instabilité qui en découle, pour un lanceur spatial, est connue des machines et installations à partir d’un suivi vibratoire (ou acoustique) demanderait un
développement spécifique dépassant le cadre du présent article.
sous le nom d’effet Pogo : une fluctuation de poussée du moteur fait
résonner le fluide dans le réservoir, ce qui accroît la fluctuation de pous-
sée du moteur, etc. Ce problème a affecté le lanceur Diamant mais a
pu être résolu par l’amortissement structural de la paroi du réservoir.
Face à de tels risques d’instabilité, il est indispensable de modé-
2. Les outils de l’ingénieur
liser la boucle de rétroaction entre vibration structurale et effort et leur mise en œuvre
excitateur, d’identifier les paramètres qui permettent d’en contrôler
le gain, et de se placer en dehors des zones instables avec un coef- On décrit ci-après un ensemble d’« outils », qu’il s’agisse d’outils
ficient de sécurité raisonnable, ce qui peut demander un important conceptuels, donc de méthodes, ou d’outils matériels, donc de
investissement en termes de modélisation et de connaissance moyens d’analyse et d’essais, sachant que l’ingénieur, appelé en
physique des phénomènes en jeu, ainsi que de leurs possibilités de général à titre curatif, doit non seulement constater un désordre bien
couplage (l’exemple c du § 3.1). précis (diagnostic ), mais aussi spécifier des solutions correctives :
il lui faut alors faire appel à des schémas de représentation des
1.2.3.4 Conclusions phénomènes vibratoires qui lui permettront, qualitativement ou
Attirons l’attention sur le fait que l’on peut très rarement incri- quantitativement, d’identifier les phénomènes physiques à maîtriser
miner, dans tous les problèmes cités ici, un composant particulier et d’évaluer l’efficacité des solutions techniques correspondantes,
de l’installation : c’est la conjonction de tous les éléments qui rend avant toute modification.
globalement l’installation malencontreuse, et ce n’est pas toujours Les paramètres en jeu sont en effet nombreux : cela interdit de
l’élément dont le mauvais dimensionnement entraîne la mise en rechercher des palliatifs à force d’essais qui se révèlent infructueux,
résonance qui présente pour autant les vibrations les plus intenses comme l’attestent encore trop souvent les retards et les surcoûts
ou les signes de ruine les plus précoces. finalement considérables de la mise au point de certains prototypes,
Avant tout, face à de tels problèmes, il faut incriminer un manque lorsqu’une analyse dynamique appropriée n’est pas conduite en
d’analyse de l’installation sous ses aspects dynamiques et un temps opportun.
manque de cahiers des charges explicites en termes dynamiques
pour les divers fournisseurs ; les précautions à prendre, qui peuvent

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2.1 Représentation des phénomènes On obtient alors la matrice de transfert globale de la structure
assemblée en faisant la synthèse des transferts élémentaires des
vibratoires diverses sous-structures.

2.1.1 Impédance dynamique 2.1.1.1.3 Couplage faible


et fonctions de transfert
On dira que le couplage est faible si l’assemblage ne modifie que
2.1.1.1 Définitions très légèrement les propriétés initiales du transfert dans les sous-
structures supposées isolées. Dans ce cas, le transfert global est
simplement le produit, fréquence à fréquence, des fonctions de
2.1.1.1.1 Fonctions de transfert
transfert élémentaires.
L’analogie entre la transmission des vibrations dans des structures
Cette situation de faible couplage se traduit par le caractère
et la transmission des courants électriques dans des réseaux
diagonal des matrices.
quelconques a été un apport très fécond.
On peut, en effet, décrire la propagation des vibrations entre une 2.1.1.1.4 Couplage fort
source et un récepteur quelconque à travers un ensemble de struc-
tures, si complexe et hétérogène soit-il, en termes d’un réseau équi- Dans le cas où l’assemblage modifie significativement la réponse
valent dont chaque branche est caractérisée par une matrice de aux vibrations des diverses sous-structures, le formalisme mathé-
transfert reliant forces (et moments) et déplacements vibratoires (ou matique se complexifie (§ 2.2.3.4) : il apparaît des termes de
vitesses, ou accélérations) d’une section « entrée » à une section couplage qui expriment la façon dont chaque élément influe sur le
« sortie ». La dénomination normalisée de ces fonctions de transfert comportement dynamique de ses voisins.
est donnée au tableau 2. Cette mathématique reste accessible au projeteur, sous forme de
Si cette structure est indéformable aux fréquences considérées logiciels de synthèse de structure désormais disponibles commer-
(masse pure M ), ou au contraire déformable (raideur pure K ) et de cialement, et permet également de simuler certaines modifications
masse négligeable, un seul paramètre suffit pour exprimer son structurales et d’en observer le résultat.
comportement en tout point, et le transfert sera une matrice pure- Numériquement, les termes de couplage sont les termes non
ment réelle et diagonale de masse (F = M γ ) ou de raideur (F = Kx ), diagonaux des matrices.
les déplacements (respectivement forces) étant identiquement
égaux à chaque extrémité. 2.1.1.2 Remarques
En général, la matrice de transfert n’est pas diagonale, ses coef-
ficients sont complexes et variables en fonction de la fréquence, et 2.1.1.2.1 Critère d’appréciation du couplage
seul le « bon choix » des points d’entrée et de sortie (pattes de la
Pour choisir la méthode appropriée, il est facile de vérifier si le
machine, plots élastiques dans un massif, etc.) permet de l’expliciter
couplage entre deux éléments est faible : il suffit de superposer
de manière précise avec un nombre de paramètres raisonnable. On
fictivement leurs impédances ponctuelles respectives en leur point
se reportera à l’article Vibrations [A 410] du traité Sciences fonda-
de liaison, et de vérifier qu’un facteur minimal de 3 à 10 (10 à 20 dB)
mentales pour les développements mathématiques traduisant et
les sépare à toutes les fréquences susceptibles d’être excitées. On
illustrant cette notion d’impédance dynamique et de fonction de
trouve en particulier cette règle dans la norme d’installation des
transfert.
machines de bord sur supports élastiques pour la construction
Dans le domaine de la représentation des vibrations, retenons les navale militaire (IT 1570), comme critère de qualité des carlingages
propriétés essentielles suivantes : dans un objectif de discrétion acoustique.
— les fonctions de transfert de systèmes linéaires contiennent De manière similaire, le projet de norme ISO/ DIS 9611 sur la
toute l’information nécessaire à la caractérisation des échanges mesure, au niveau des supports élastiques, du bruit d’origine vibra-
vibratoires et acoustiques entre leurs points d’entrée et de sortie ; toire caractéristique d’une machine propose d’exciter mécani-
— elles sont invariantes lorsqu’on échange entre les mêmes quement la fondation de la machine, celle-ci étant arrêtée, et de
points les rôles « entrée » et « sortie » (réciprocité). vérifier que l’écart entre les niveaux vibratoires respectivement en
aval et en amont des plots élastiques dépasse 10 dB. Numérique-
2.1.1.1.2 Couplage de diverses structures ment, on comparera le module des termes non diagonaux vis-à-vis
Chaque structure i étant décrite par une matrice de fonctions de de celui des termes diagonaux, qui devra respecter ce même écart
transfert entre m i points d’entrée et n i points de sortie, il est possible pour que l’on puisse les négliger. Dans le cas contraire, on tiendra
de représenter l’assemblage réalisé en couplant des points de sortie compte de tous les termes de couplage.
de la structure i – 1 à des points d’entrée de la structure i, etc. (0)

Tableau 2 – Dénominations normalisées des relations entrée/sortie ponctuelles en analyse vibratoire


(d’après ISO 7626/1)
Relation Dénomination Relation Dénomination

x Déplacement F Force
----- = --------------------------------------- Compliance ------ = --------------------------------------- Raideur dynamique
F Force x Déplacement

v Vitesse F Force
------ = ---------------------- Mobilité (ou admittance) ------ = ---------------------- Impédance
F Force v Vitesse
γ Accélération F Force
------ = ------------------------------------- Accélérance ----- = ------------------------------------- Masse dynamique
F Force γ Accélération

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2.1.1.2.2 Rôle des résonances des sous-structures


Dans tous les cas (couplage fort ou faible), le résultat final est
dégradé dès qu’un élément de la chaîne présente cette sensibilité
particulière aux vibrations qu’est la résonance d’un mode propre
(§ 1.2.1) : un élément mal conçu peut de plus, lorsqu’il est mis en
série, dégrader les caractéristiques de ses voisins ; lorsque plu-
sieurs éléments sont montés en parallèle, la notion de court-circuit
ou de pont vibratoire illustre bien que l’élément défaillant
l’emporte et fait perdre le bénéfice de toutes les autres précautions
antivibratiles de type découplage. Les valeurs courantes de l’amor-
tissement des vibrations dans les structures industrielles – qui
contrôle seul l’amplification créée par ces mises en résonance –
étant faibles, l’effet final sur la transmission des vibrations corres-
pond à des remontées de niveau considérables, un facteur 100
(soit + 40 dB) étant chose commune (figure 2).
Il est alors intéressant, dans une situation un peu complexe,
d’exprimer la participation de chaque mode propre impliqué au
niveau de telle ou telle sous-structure dans la fonction globale de
réponse en fréquence : plus cette participation sera forte, et plus il
sera simple de définir des remèdes, qui seront spécifiques à cette
sous-structure-là et à ce mode-là.
Ce sont, là encore, des résultats, que fournissent les logiciels de
synthèse dynamique de structures, et que l’on explicitera dans le
cadre des schématisations du type masse-ressort (§ 2.1.2).
Figure 2 – Amplification des vibrations et du bruit
2.1.1.3 Analyse en fonction de la fréquence par les résonances structurales

L’allure générale de la réponse dynamique d’une structure excitée


ponctuellement est donnée par la figure 3.
■ Zone I : comportement en raideur ou en masse
En deçà de la première fréquence propre, on doit observer en tous
points d’une structure un comportement dynamique traduisant :
— la souplesse statique de la structure, si ses mouvements
d’ensemble sont bloqués (fondation rigide, conditions aux limites
encastrées ) : on reproduit alors un mouvement forcé dont la forme
est similaire à la flèche statique que prend la structure sous l’effort
exercé ;
— la masse et les inerties propres de la structure, si elle est retenue
souplement (conditions aux limites libres ) : la structure bouge en
bloc sous l’effet de l’effort qu’on exerce, avec six degrés de liberté
(3 translations et 3 rotations, souvent couplées), associés chacun à
une fréquence propre de suspension (figure 4).
Ces comportements basse fréquence sont donc en général faciles
à prévoir avec les outils courants du bureau d’études. Ils corres-
pondent à la zone I de la figure 3. La notion de conditions libres ou
bloquées se retrouve lors de la définition des paramètres des essais
dynamiques des structures (impédance libre ou bloquée, norme
ISO 7626/1).
Dès qu’apparaissent les premiers modes propres, le compor-
tement dynamique (c’est-à-dire les impédances et les fonctions de
transfert) devient plus complexe, mais il reste possible d’en dégager
des tendances générales : zones II, III et IV de cette même figure 3.
Figure 3 – Allure générale de la réponse dynamique
■ Zone II : comportement modal d’une structure à une excitation ponctuelle
La zone II de la figure 3 correspond à un comportement modal
bien marqué. La dizaine de premiers modes propres intéresse
Une structure présente un mode propre dès lors que l’onde vibra-
l’ensemble de la structure et fait participer une fraction importante
toire peut se réfléchir sur ses bords sans changement de phase : le
de sa masse totale et de sa raideur statique ; la mise en résonance
premier mode d’une poutre ou d’une plaque encastrée libre se
de ces premiers modes est aisée, conduisant à des maximums
produit lorsque la demi-longueur d’onde de flexion égale sa plus
aigus, les amortissements structuraux étant encore faibles à ces
grande dimension L, soit f 0 = 1/2 (cf /L), où cf est la célérité de l’onde
fréquences « basses », sauf dispositions technologiques particu-
de flexion (puis f1 = cf /L, etc.). Il en est de même pour toutes les
lières.
structures : les longueurs d’onde de flexion associées aux premiers
La longueur d’onde vibratoire λ se définit comme la distance modes sont à l’échelle de leur plus grande dimension. On comprend
parcourue par l’onde en une période : λ = c /f, où c est la célérité de alors que les détails de conception ou d’aménagement influent peu,
l’onde et f la fréquence. La figure 5 présente les ondes vibratoires et que n’importe quelle automobile, par exemple, présente des
susceptibles de se propager dans les structures mécaniques de type premiers modes similaires dans la même bande de fréquence.
plaque ou poutre et leurs célérités aux fréquences habituelles
d’étude des vibrations.

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Figure 4 – Identification des fréquences de suspension d’un massif de machinerie (pour II, se reporter à la figure 3)

De même, des objets géométriquement homothétiques se


correspondent par des lois de similitude en général bien vérifiées
par l’expérience (tableau 3), la fréquence à considérer pour observer
un comportement semblable variant à l’inverse de l’échelle géomé-
trique, de façon à conserver le même rapport longueur d’onde/taille
de l’objet. (0)

Tableau 3 – Rapports de similitude. Maquettes


en similitude géométrique, de même matériau
Échelle 1 Échelle 1/n
Grandeur
(réel) (maquette)
Longueur L L /n
Masse M M /n 3
Inertie I I /n 5
Raideur K K /n
Facteur d’amortissement η η
Fréquence f nf
Accélération γ nγ
Vitesse v v
Déplacement x x /n
Force F F /n 2
Pression P P
Impédance F /v F /n 2 v
Réceptance ou compliance x /F nx /F
Inertance ou accélérance γ /F n 3 γ /F
Mobilité ou admittance v /F n 2 v /F
Déformation ε ε
Contrainte T T
Bruit rayonné par une force F P /F 2
n P /F (1)
Bruit rayonné par une force F
ramené à 1 m P /F à 1 m n P /F à 1 m
(1) Pour une observation faite au point homothétique.

Figure 5 – Différents types d’ondes vibratoires dans les plaques


ou poutres homogènes

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Bien entendu, les structures les plus étendues vont présenter les La manière la plus élémentaire de représenter ces échanges est
fréquences propres les plus basses. Toutefois, comme elles sont de considérer l’oscillation d’une masse rigide M (énergie cinétique
conçues avec plus de robustesse vu leur élancement, leur résistance pure) supportée par un ressort de raideur K sans masse (énergie
à la flexion est supérieure à celle d’objets plus petits, ce qui, au sens de déformation pure). Il suffit alors d’écrire l’équilibre du système
des modes propres, compense leur taille plus grande. La plage des pour trouver l’équation élémentaire bien connue, en notant : ẋ˙ la
premières fréquences propres des structures industrielles courantes dérivée seconde du déplacement x (t ) :
n’est donc pas aussi large que celle de leur taille ; la plupart
présentent leurs premiers modes entre 10 et 100 Hz (par exemple Mẋ˙ + Kx = 0
16 Hz, figure 4), comme le lecteur pourra le vérifier dans la plupart
des exemples du paragraphe 3. si le système est isolé ;
Mẋ˙ + Kx = F ( t )
■ Zone III : comportement modal diffus
La zone III de la figure 3 voit les modes devenir de plus en plus si le système est soumis à une force extérieure F variant en fonction
complexes (nœuds et ventres nombreux), et, bien que la densité du temps.
modale augmente, leur mise en résonance par les excitations natu- On vérifie que l’équation du système isolé est identiquement satis-
relles des structures est plus improbable et limitée en tout état de 1
cause par l’amortissement naturel. Ce dernier augmente avec la faite si x (t ) est une raie de fréquence --------- K / M , qui est alors la

fréquence dans les structures métalliques courantes, car : fréquence propre du système conservatif (§ 1.2.1). On est amené à
— la longueur d’onde des vibrations diminuant, l’amortissement tenir compte des pertes énergétiques inhérentes à tout système réel
structural est d’autant plus opérant, toutes choses égales par (frottements, amortissement du ressort) par un amortisseur exerçant
ailleurs ; un effort proportionnel à la vitesse vibratoire ẋ dans le cas le plus
— l’efficacité du rayonnement acoustique des structures aug- simple (viscosité C ), d’où le schéma classique de la figure 6 régi par
mente et l’amortissement par rayonnement devient souvent impor- l’équation :
tant ; Mẋ˙ + C ẋ + Kx = F ( t ) (1)
— les assemblages jouent un rôle toujours prépondérant.
Nota : bien entendu, ce système peut être couplé à d’autres pour représenter un
La connaissance précise de ces modes est de peu d’utilité, ils comportement plus complexe. C’est ainsi, par exemple, que la réponse d’un être humain
dépendent trop des détails de réalisation des objets, des dernières debout à des vibrations basse fréquence peut être déterminée avec un modèle à sept
interventions mécaniques (montages, démontages), des cartes de degrés de liberté (figure 7) développé dans le cadre d’études de biomécanique.
température dans la structure, etc. C’est pourquoi une connaissance L’avantage principal des schématisations masses-ressorts-amor-
statistique de ces modes suffit dans la plupart des cas (méthode tisseurs linéaires est de conduire, dans tous les cas, à un ensemble
statistique SEA, § 2.1.5), et l’on évaluera seulement le comporte- d’équations aisément déterminables et solubles analytiquement.
ment moyen de la structure. On devra en outre vérifier qu’un élément
particulier n’entre pas en résonance, dans certains cas, dans cette 2.1.2.2 Transmissibilité
gamme de fréquence – surtout s’il se trouve au voisinage immédiat,
soit d’un élément actif source de vibrations, soit d’un élément Certains rapports de grandeurs ont un intérêt particulier pour
particulièrement sensible aux vibrations (ou particulièrement apprécier le fonctionnement d’un système suspendu sur plots
efficace pour les convertir en bruit gênant). élastiques : il s’agit des transmissibilités dynamiques respective-
ment en force (force transmise/force imposée), en déplacement
■ Zone IV : comportement local (déplacement transmis/déplacement imposé), ou croisées (déplace-
La zone IV de la figure 3 correspond aux fréquences telles que ment transmis/force imposée ou vice versa). Elles représentent en
les vibrations subissent une atténuation importante d’un bout à effet le filtrage des vibrations associé au montage considéré.
l’autre de la structure, et les réponses dynamiques n’expriment plus
alors qu’un comportement très local. L’analyse expérimentale
devient donc délicate, il en serait de même pour l’analyse par les
éléments finis, mais il est rare que l’on ait à observer précisément
ces comportements haute fréquence dans le cadre des structures
industrielles courantes.

Ce classement par zones est valable pour toutes les structures


mécaniques ; seules la position fréquentielle et l’étendue de
chacune de ces zones dépendent des objets considérés. Le
premier souci de l’ingénieur sera bien sûr de situer vis-à-vis de
ces zones la position fréquentielle des principales raies
excitatrices :
— si elles sont toutes situées dans la zone I, une analyse
statique suffit ;
— si elles sont situées dans la zone II, un soin tout spécial
doit être apporté pour éviter la résonance de tel ou tel mode de
structure ;
— si elles sont situées dans la zone III, des précautions géné-
rales de filtrage par plots élastiques isolants suffisent.

2.1.2 Schématisations masses-ressorts


2.1.2.1 Équation de base
Dans tous les cas, les vibrations mettent en jeu un échange
permanent entre de l’énergie cinétique (associée à la vitesse vibra-
toire et à la masse des éléments en mouvement) et de l’énergie de
déformation (associée aux contraintes dynamiques liées à la rigidité Figure 6 – Système masse-ressort-amortisseur élémentaire
des éléments déformés par le mouvement vibratoire). (à un degré de liberté)

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l’énergie de déformation de la structure. C’est ainsi que les éléments


en porte-à-faux ont souvent une forte contribution en masse, les
assemblages une forte contribution en raideur, etc. On s’aidera, pour
cette identification, de la carte des vitesses vibratoires mesurées sur
la structure, en particulier de ses discontinuités (qui révèlent les
éléments très déformés, donc à caractère de raideur concentrée).
Bien sûr, pour modifier la fréquence propre, il faudra modifier en
priorité ces éléments, en allégeant les masses et en rigidifiant les
raideurs pour élever la fréquence, et vice versa pour la réduire.
■ On veillera à choisir la grandeur la plus pertinente de la structure
et du montage considéré, pour exprimer globalement leur capacité
à transmettre les vibrations :
— au niveau d’une liaison avec un élément de plus grande impé-
dance (plus raide ou plus massif), on exprimera une transmissibilité
en force ;
— au niveau d’une liaison avec un élément de plus faible impé-
dance (moins raide, moins massif), on exprimera une transmissibilité
en déplacement.

2.1.2.3 Absorbeur dynamique


Une application particulièrement intéressante du système masse-
ressort élémentaire est de l’utiliser en absorbeur dynamique pour
dériver sélectivement de l’énergie vibratoire d’une structure : autour
de sa fréquence de résonance f 0 , il fonctionne en effet en « puits
Figure 7 – Modèle biomécanique de l’homme (d’après [29]) d’énergie » du fait de sa très grande susceptibilité aux vibrations de
cette fréquence et localise dans ses battements de grande amplitude
l’énergie vibratoire qui était antérieurement diffuse sur la structure
Ces fonctions sont précisées au § 2.2.3.2. Aux très basses principale (figure 8).
fréquences, la transmissibilité en force vaut 1, et la transmissibilité
en déplacement correspond à la déformation statique du système. Réciproquement, puisqu’il introduit un degré de liberté supplé-
Cela revient à dire que l’énergie de déformation prédomine sur mentaire à la structure initiale, l’absorbeur dynamique introduit un
l’énergie cinétique en tous les points du système. mode supplémentaire, tandis qu’il décale le mode initial. Si bien
qu’en pratique il provoque une amplification dans deux zones
En haute fréquence, la transmissibilité devient inférieure à 1, et fréquentielles voisines, respectivement en deçà et au-delà de sa
l’énergie cinétique prédomine sur l’énergie de déformation. On dit fréquence f 0 (figure 8c ). De ce fait, et compte tenu des fortes ampli-
alors que les différentes masses sont découplées les unes des autres. tudes vibratoires qu’il doit accepter en fonctionnement nominal, sa
Aux fréquences intermédiaires, chaque fois que, pour une des conception reste une affaire de spécialistes en raison des techno-
masses du système, les ressorts qui la portent renvoient une énergie logies à mettre en œuvre, même si son principe est très simple à
de déformation égale à son énergie cinétique, il apparaît un mode mettre en équations.
propre à la fréquence correspondante. La transmissibilité est alors Des applications souvent citées des absorbeurs dynamiques sont :
supérieure à 1, le système amplifie les vibrations.
— la réduction de l’amplitude de paliers à balourds centrifuges
Pour le système simple masse-ressort et amortisseur, le lecteur suivant la direction perpendiculaire à l’axe utile ;
vérifiera aisément l’expression suivante, identique, dans ce cas, — la réduction d’amplitude du premier mode de flexion de tubes
pour la transmissibilité en force ou en déplacement : d’échangeurs de chaleur ;
C ω — la réduction des forces d’inertie dans des mécanismes à
1 + i -------------------- ⋅ -------- transformation de mouvement, tels qu’un rasoir à couteau vibrant
K M ω0 doté d’un ou de deux absorbeurs au sein du boîtier, ou l’ensemble
T (ω ) = ----------------------------------------------------------------
- (2)
ω2 C ω pistons-vilebrequin d’un moteur d’automobile.
1 – -------2- + i -------------------- ⋅ --------
ω0 K M ω0

où ω 0 = K /M , 2.1.3 Calculs en éléments finis


et ω = 2 π f.
La méthode des éléments finis est appliquée en dynamique et
Le rapport C /2 K M est appelé amortissement réduit , permet de déterminer par calcul les modes propres et les fonctions
C c = 2 K M étant appelé amortissement critique. de transfert nominales d’une structure, si complexe soit-elle.
Toutes ces expressions sont développées dans les ouvrages sur Certains logiciels (fiche documentaire [Doc. R 3 140]) permettent
les vibrations et dans d’autres articles des Techniques de l’Ingé- même de simuler une excitation quelconque (vibrations de la machi-
nieur (en particulier, article Vibrations [A 410]). Aussi nous limite- nerie, séisme, etc.) et de prédire la réponse vibratoire en tout point
rons-nous ici à attirer l’attention sur les points suivants. du maillage [15] [35].
■ Il est important de savoir bien identifier, dans une structure réelle Outre l’aide qu’elle apporte au projeteur, cette méthode offre une
présentant des risques de problèmes vibratoires, ce qui est masse référence utile à l’expérimentateur, aussi bien pour optimiser son
et ce qui est raideur à la fréquence d’intérêt , au sens d’une plan d’expérience en le simulant que pour interpréter ses essais et
contribution prédominante respectivement à l’énergie cinétique et à confirmer ses diagnostics et ses conclusions.

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2.1.3.1 Définitions
Dans les résultats fournis par les codes de calcul par éléments finis,
il existe une grande disparité dans la terminologie, la formulation
et la normalisation des grandeurs dynamiques. C’est pourquoi il est
utile de se ramener aux grandeurs suivantes pour caractériser les
différents modes (indicés i ) :
— les fréquences propres f i ou les pulsations ω i ;
— les déformées modales correspondantes Φi (vecteurs) et leurs
T
transposées Φ i .
M étant la matrice de masse et K la matrice de raideur de la
structure modélisée, il vient :
— la masse modale :
T
m i = Φ i M Φ i (ou masse généralisée du mode i )

— la raideur modale :
T
k i = Φ i K Φ i (ou raideur généralisée du mode i )

et l’on doit vérifier :


2 2
k i = m i ω i = mi 4 π 2 f i

Par contre, Φi n’est définie qu’à une norme près (maximum des
amplitudes posé égal à 1, norme du vecteur Φi égale à 1, ou masse
modale m i égale à 1, etc.), que les auteurs de chaque logiciel doivent
préciser.
On notera aussi que la masse et la raideur modales ont la dimen-
sion ML2 et non la dimension d’une masse ou d’une raideur stricto
sensu (elles représentent, au produit T –2 près, l’énergie cinétique
et l’énergie de déformation du mode).
Lorsque l’on calcule la réponse vibratoire de la structure dans une
configuration donnée par cette méthode, il est extrêmement
intéressant de détailler au point d’observation retenu P la
contribution C P, i des divers modes i : c’est un nombre obtenu par
le produit scalaire entre la déformée modale et la transmissibilité
statique ΦP de la structure vis-à-vis du point P :
T
C P, i = Φ i M Φ P

C’est là encore un guide très utile pour orienter l’intervention de


l’ingénieur et choisir les modifications les plus opérantes sur les
modes propres prédominants.

2.1.3.2 Cartes d’énergie


On choisira de préférence des logiciels permettant de tracer
graphiquement les cartes d’énergie cinétique et d’énergie de défor-
mation associées à un mode, qui matérialisent finement les
contributions respectivement en masse et en raideur des éléments
de la structure dans ce mode, et permettent de définir des modifi-
cations efficaces en suivant les indications du paragraphe 2.1.2.2.
Exemple : c’est ainsi que l’on a pu mettre en évidence le rôle
insoupçonné d’une cloison pare-feu, pourtant peu épaisse, dans le
contrôle du premier mode de torsion d’une caisse de char d’assaut : la
figure 9 met en évidence la concentration d’énergie de déformation
dans cette cloison, tandis que le terme de masse est principalement
apporté par la caisse à munitions à l’arrière.
L’exemple présenté au § 3.5 illustre une autre utilisation de la
modélisation en éléments finis pour permettre l’extrapolation de
mesures dynamiques à des parties inaccessibles de la structure
(figure 50 p. 40).

Figure 8 – Application industrielle d’un système résonnant


en absorbeur dynamique

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Figure 9 – Analyse dynamique de la caisse de char AMX 30 B

2.1.3.3 Recalage des modèles et optimisation Tout cela concourt à donner à la méthode des éléments finis une
place essentielle dans l’analyse des vibrations structurales et à
Plus récemment, les logiciels de recalage d’une modélisation
conjuguer étroitement calculs et essais dans un même projet.
dynamique par éléments finis vis-à-vis d’une expérimentation
offrent une approche rationnelle là où l’ingénieur en était réduit à
l’intuition et au tâtonnement : ces logiciels permettent d’exprimer
objectivement la distance (au sens mathématique) entre les défor-
2.1.4 Maquettages et lois de similitude
mées modales calculées et mesurées, puis d’identifier les zones du
modèle les plus impliquées dans cet écart, et enfin de guider la Malgré les progrès de la simulation numérique, il reste de
reprise de la modélisation dans ces zones, jusqu’à obtenir une repré- nombreuses situations où l’expérimentation reste indispensable,
sentation satisfaisante des modes de la structure réelle. sans pour autant qu’on puisse la pratiquer sur la structure réelle :
la solution est alors de constituer un objet simplifié, éventuellement
D’autres logiciels permettent d’optimiser par éléments finis une à une échelle plus commode ou conduisant à une réalisation plus
structure de forme donnée (par exemple un rotor de machine) pour économique, ou à partir de matériaux meilleur marché et plus faciles
répartir ses modes propres dans des plages de fréquence spécifiées à mettre en œuvre. On demandera alors exclusivement à cet objet
(en dehors des plages de fréquence de rotation, etc.), par le biais simplifié, ou maquette, de présenter les mêmes propriétés dyna-
d’algorithmes mathématiques d’optimisation, en jouant par exemple miques que son homologue réel.
sur l’épaisseur de la matière dans les divers éléments du modèle.

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Nota : c’est ainsi que des raisons de sécurité évidentes conduisent à étudier la dyna- localisation de l’énergie vibratoire à proximité des sources excita-
mique de propulseurs à poudre avec des maquettes en matériaux inertes dynamiquement
semblables. De même, des raisons de disponibilité et d’indépendance vis-à-vis des
trices. Le lecteur trouvera dans l’article Méthodes d’études des
contraintes opérationnelles conduisent à étudier la dynamique des structures navales sur problèmes classiques de dynamiques stochastiques [A 1 346] dans
des maquettes ou tronçons parfois à l’échelle 1, plutôt que sur des unités en service à la le traité Sciences Fondamentales un développement mathématique
Marine. Les structures réelles ne font l’objet que des quelques tests dits de référence, pour approprié pour décrire de tels comportements vibratoires.
garantir la pertinence des travaux conduits sur les maquettes.
Moyennant ces précautions, le maquettage apparaît comme une
■ Lois de similitude approche encore irremplaçable lorsqu’on veut maîtriser les aspects
La plupart des phénomènes vibratoires sont indépendants de la vibratoires et acoustiques d’un projet dont ils conditionnent le
pesanteur (exception faite des oscillations pendulaires, de la houle succès, malgré les progrès des approches numériques évoquées au
ou du ballottement des fluides dans des réservoirs), et la similitude paragraphe 2.1.3.
géométrique est a priori l’approche qui garantit le mieux l’identité
des comportements entre la structure réelle et la maquette en
matière de vibrations et de bruit. Nous donnons au tableau 3 les 2.1.5 Méthodes énergétiques
facteurs de similitude à appliquer sur les diverses grandeurs vibra-
toires en fonction du facteur de similitude géométrique. 2.1.5.1 Principe des différentes méthodes
Cette approche suppose de conserver les mêmes matériaux que Les approches évoquées précédemment sont toutes détermi-
ceux de la structure réelle. Toutefois, seuls le module d’Young E , nistes, au sens où elles visent à caractériser précisément l’état vibra-
la masse volumique ρ et le coefficient de Poisson ν importent en toire d’une structure à un instant donné.
fait ; on peut alors, sauf pour des travaux de vérification de la tenue
En général, cette information est plus détaillée que l’ingénieur ne
ultime au séisme ou en fatigue, utiliser des nuances d’alliages plus
le souhaite : peu importe finalement la fréquence précise des modes
communes (en particulier, de moindre limite élastique).
(le plus souvent entachée d’incertitude), il lui faut seulement déter-
■ Simplifications de la maquette, échelle et matériaux miner un niveau vibratoire caractéristique de tel ou tel état de fonc-
tionnement.
En dehors de cette simplification quant aux matériaux, la simili-
tude géométrique conduite avec un souci d’exactitude trop poussée Il est alors intéressant de raisonner en termes de flux d’énergie
ne conduit à aucune économie de réalisation dans nombre de cas entre les divers composants de la structure. On fait ainsi l’économie
où la complexité des détails l’emporte sur la quantité de matière en d’une description point à point des vibrations, tout en s’attachant
jeu (laquelle est réduite évidemment au cube du facteur d’échelle) : à une grandeur significative sur le plan physique et appelée à vérifier
il faut donc s’autoriser à bon escient des simplifications supplé- des lois simples de conservation et d’additivité. Il est de plus aisé,
mentaires dans la forme et dans les détails de réalisation. en connaissant la répartition surfacique de la masse de la structure,
de relier l’énergie cinétique d’un élément de masse m à la vitesse
Dans le cas de structures raidies par de nombreux goussets, il est
vibratoire moyenne <u > dont il est animé :
possible de raisonner en inertie équivalente, mais il faut veiller à ne
pas trop perturber conjointement la répartition de masse. On peut 1
ainsi réduire le nombre de goussets et simplifier leur géométrie pour E c = ----- m < u 2 >
2
se ramener à des profilés standards ou à des tôles pliées.
Des développements sont en cours (principalement à Électricité
Le maquettage de tôles minces est difficile, du fait de l’impos- de France (EDF), à Métravib RDS et au Centre technique des indus-
sibilité de tendre correctement des tôles et clinquants trop minces tries mécaniques CETIM, de manière coordonnée) pour donner une
en construisant la maquette. La contribution en membrane de ces traduction expérimentale directe des flux d’énergie vibratoire dans
tôles ne peut plus alors être reproduite correctement ! C’est ainsi les structures mécaniques, en combinant quelques points de mesure
qu’on a dû renoncer à maquetter en similitude dynamique une caisse et des informations sur la structure dans la zone de mesure (épais-
de TGV à l’échelle 1/20... seur, inertie, etc.).
D’une manière générale, la fidélité dynamique est d’autant plus Nota : l’énergie est portée par les ondes naturelles de la structure (figure 5), qui inter-
facilement obtenue que l’échelle de similitude est faible, et les fèrent avec leurs propres réflexions sur les bords de la structure, recréant ainsi les aspects
modaux.
échelles de l’ordre de 1/4 représentent souvent le meilleur
compromis technique/économique. Certaines de ces méthodes restent déterministes vis-à-vis du
domaine des fréquences, comme la méthode power flow déve-
D’autre part, les phénomènes dissipatifs (amortissement struc-
loppée par Goyder et White à l’ISVR en Angleterre [10] ou la méthode
tural, dissipation dans les liaisons) échappent à la similitude géo-
des coefficients d’influence énergétiques publiée par le professeur
métrique, à l’exception de l’amortissement par rayonnement
Lesueur de l’INSA de Lyon [11].
acoustique. Il faut donc les transposer à l’aide de matériaux
présentant des caractéristiques dissipatives décalées vers les hautes La plus usuelle reste la méthode connue sous le sigle SEA
fréquences. (Statistical Energy Analysis, ou méthode d’analyse statistique de
l’énergie) [12], du fait de sa grande simplicité.
Exemple : pour les études en soufflerie du couplage entre les
vibrations de tours d’aéroréfrigérants de centrales nucléaires EDF et le
2.1.5.2 Méthode SEA
vent, on a pu ainsi ajuster la composition d’une résine de synthèse
pour reproduire au 1/200 les caractéristiques dynamiques des tours La méthode SEA fournit des résultats moyens dans des bandes
réelles en béton, et ce en jouant sur diverses charges introduites dans de fréquences plus ou moins larges selon l’application.
la résine. La similitude fut très satisfaisante, malgré ce grand rapport Le principe de cette méthode est de décrire la propagation et la
d’échelle. Le travail du modeleur a été des plus délicats puisqu’il lui a répartition de l’énergie vibratoire dans une structure quelconque à
fallu obtenir une épaisseur de 0,8 mm au col, sans défaut de répartition la manière d’un flux de chaleur. Cette analogie n’est pas fortuite, la
de la résine lors du moulage... chaleur n’étant elle-même qu’une forme de vibrations, à l’échelle
Dans le cas des structures qui reçoivent un grand nombre de moléculaire cette fois.
machines et d’équipements divers, une approche intéressante pour On pourra donc décrire l’état vibratoire moyen à partir :
le maquettage est de les figurer d’une manière plus ou moins statis- — de la connaissance du flux d’énergie injecté par la source
tique avec des lests distribués irrégulièrement. interne (bruit ou vibrations d’une machine) ou par le milieu envi-
On a pu montrer, en effet, que ces équipements jouent vis-à-vis ronnant (écoulement tourbillonnaire, par exemple) ;
de la structure principale qui les porte, plus continue, un rôle capital — des propriétés modales de chaque partie élémentaire homo-
de diffusion et de diffraction des vibrations, similaire à celui que gène de la structure : densité modale (nombre de modes dans une
jouent les impuretés dans un réseau cristallin. Le résultat global est bande de fréquence donnée) ;
à la fois un effacement des modes propres de la structure et une

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— de l’évaluation des coefficients de couplage entre chacune 2.1.6 Rayonnement acoustique des structures
des sous-structures ;
— de la masse et de l’amortissement global de chaque sous- Bien que l’étude des problèmes d’acoustique industrielle ne soit
structure. pas l’objet de cet article, les préoccupations de bruit induit accom-
L’amortissement est dit global car il inclut non seulement les effets pagnent assez souvent le besoin de minimiser les vibrations pour
dissipatifs au sein du matériau, mais aussi la déperdition d’énergie nous amener à rappeler les traits essentiels du couplage entre vibra-
par rayonnement acoustique. La perte dans les liaisons est, par tions et bruit. Le lecteur désireux d’approfondir ce sujet pourra se
contre, difficile à prendre en compte, les coefficients de couplage reporter à la référence [11], ou à l’ouvrage de L. Beranek [13] qui
entre sous-structures supposant des échanges sans pertes. reste l’un des meilleurs ouvrages de base pour l’ingénieur sur ce
Pour des structures simples, comme des plaques ou des poutres, sujet.
ces différents paramètres sont approchés par voie analytique et
tabulés [12]. Ils sont également mesurables par des essais assez 2.1.6.1 Mécanisme du rayonnement
simples (décréments logarithmiques pour les amortissements,
Le premier élément important à rappeler est que, même si toute
etc.).
vibration structurale ébranle les molécules du fluide environnant (il
y a égalité des vitesses à l’interface), il n’y a qu’une fraction de cette
2.1.5.3 Limites de la méthode SEA agitation du fluide qui se propage au loin (bruit rayonné, champ
Les seules limitations intrinsèques à cette méthode sont dues lointain). La zone immédiatement voisine de la structure (champ
aux hypothèses que sa formulation amène à présumer : proche) est donc le siège d’un réarrangement important entre le
champ vibratoire et le champ acoustique ; les mouvements de fluide
— l’énergie vibratoire est réductible à la somme des énergies
non rayonnants acoustiquement sont souvent appelés pseudo-son ,
modales, donc le comportement modal est prédominant pour toutes
ou encore champ évanescent . Ces mouvements ne sont pas
les sous-structures : cela signifie que l’amortissement global reste
négligeables pour autant, car, vus de la structure, ils contribuent à
faible et que la propagation vibratoire vers la périphérie de chaque
l’accroissement d’inertie qu’apporte le fluide (masse ajoutée ) à la
sous-structure est quasi complète ; la méthode n’est donc pas appli-
structure, d’où un ralentissement des ondes vibratoires par rapport
cable, en particulier, aux structures remplies d’équipements
à une situation dans le vide (quelques pour-cent dans l’air, mais près
irrégulièrement répartis (§ 2.1.4), ni à des cas de très fort couplage
de 50 % dans l’eau dans un cas typique de coque de navire). Une
acoustique ;
méthode approchée pour déterminer la masse ajoutée sur une
— la bande de fréquence d’analyse doit être assez large pour
plaque a été proposée par Lord Kelvin : elle revient à évaluer la masse
que toutes les sous-structures présentent assez de modes propres
du ou des fluide(s) contenu(s) dans le cylindre circonscrit à la plaque
dans cette bande, au sens d’une vérité statistique ; c’est d’ailleurs
qui vibre.
cette hypothèse qui détermine le choix des bandes de fréquence ;
— les phénomènes excitateurs sont supposés régulièrement Le deuxième élément important est que le son se propage sans
répartis fréquentiellement dans la bande d’analyse, ce qui induit une déformation dans le fluide, à une vitesse constante caractéristique
équipartition de l’énergie vibratoire globale entre les différents de celui-ci (340 m/s dans l’air, 1 450 m/s dans l’eau, à température
modes de chaque sous-structure ; cette hypothèse conduit en ambiante et pression atmosphérique normale), tandis que la
général, au contraire de la précédente, à réduire la largeur des propagation dans la structure est beaucoup plus complexe (les
bandes de fréquence d’analyse, le spectre de l’excitation étant rare- différentes ondes présentées sur la figure 5 interviennent concomi-
ment indépendant de la fréquence ; tamment, déforment le signal et créent de multiples interférences).
— le couplage entre les sous-structures doit rester faible, Les ondes qui sont plus rapides que la vitesse du son dans le fluide
c’est-à-dire que leur comportement après assemblage doit rester environnant sont dites supersoniques , celles qui sont plus lentes
similaire à leur comportement intrinsèque en conditions libres ; cela subsoniques , et la situation transsonique intermédiaire, rare,
implique que la propagation vibratoire d’une sous-structure d’égalité, est dite de coïncidence .
à une autre est modérée ; on se reportera sur ce point au
Formellement, sur une structure d’étendue infinie et sans amortis-
paragraphe 2.1.1.2.
sement, les ondes mécaniques subsoniques ne produisent aucun
rayonnement acoustique et créent seulement un écoulement le long
2.1.5.4 Cas d’applications de l’interface qui s’inverse à chaque demi-période (figure 10a ). Les
L’énergie vibratoire se diffuse, bien entendu, des sous-structures ondes mécaniques supersoniques , au contraire, se couplent avec un
à forte énergie vibratoire vers les sous-structures à plus faible rayonnement très directif, dans la direction déterminée par l’égalité
énergie : les structures à grand nombre de modes, donc de grande des projections des longueurs d’onde respectives (loi de Snell,
envergure, jouent alors le rôle de récepteurs vis-à-vis de structures figure 11). L’onde mécanique coïncidente , elle, rayonne intégra-
plus petites ou plus raides, donc à moindre nombre de modes. lement au point de s’amortir complètement sur la structure.
Par conséquent, dans le cas, par exemple, d’une structure de Le rayonnement acoustique des structures apparaît ainsi sous
type plaque ou coque raidie, l’énergie diffuse des raidisseurs vers l’aspect d’un phénomène tout à fait simple : cela est vrai, mais il
la peau, ce qui va d’ailleurs en général accroître le bruit rayonné. s’applique malheureusement à des objets infiniment plus compli-
qués que la structure idéale, infinie et non amortie qu’on vient de
Exemple : une modélisation SEA a pu fournir un guide sûr et précis décrire.
dans un travail de réduction des bruits parasites affectant un sonar sous-
Le résultat pratique reste alors que les conditions aux limites et
marin et dus aux vibrations de son enveloppe (ou dôme) du fait des
les effets de bord déterminent le bruit effectivement rayonné,
turbulences de l’écoulement. Sans modifier le profil hydrodynamique,
beaucoup plus que les mécanismes décrits ci-dessus dans une
on a pu les réduire de plus de 6 dB en modifiant la structure mécanique :
situation idéalisée.
suppression des raidisseurs, abandon de l’acier pour des composites
résine-fibre de verre et accroissement de l’amortissement structural par On pourrait expliquer simplement le mode habituel de génération
introduction d’une feuille viscoélastique au sein du composite. La du bruit dans les mêmes termes, par le fait que les bords ou les
prévision, par le modèle SEA, du gain moyen dans la bande de fréquence singularités de la structure créent des dissymétries qui ne permettent
du sonar a été vérifiée à 1 dB près lors des essais de recette du système pas à l’écoulement pariétal de compenser les effets de vibrations
modifié. subsoniques : il subsiste des zones excédentaires ou déficitaires, qui
se comportent alors en sources de bruit efficaces (figure 10b ). Une
La référence [12] présente de nombreux autres exemples, notam- telle source de fluctuations de volume, géométriquement localisée,
ment dans le domaine spatial, qui a été un promoteur essentiel de correspond à un « monopôle » acoustique et rayonne également
cette méthode. dans toutes les directions.

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structure : en particulier, dans le cas de rayonnements intenses, on


reconnaîtra souvent une situation singulière de coïncidence spatiale
entre l’étendue du mécanisme et la longueur d’onde acoustique.
C’est ainsi que l’on a pu expliquer le rayonnement important
d’équipements électriques tels que des transformateurs ou des
réactances par le fait que, sur les premières raies générées par les
effets magnétiques au sein des noyaux, il y avait coïncidence entre
le tiers de la longueur d’onde acoustique et la distance entre chaque
noyau : s’agissant de noyaux alimentés en triphasé, il y avait alors
coïncidence entre la pseudo-onde de dilatation des noyaux par
magnétostriction et l’onde acoustique, coïncidence qui se renou-
velait bien sûr pour chaque harmonique.
D’une manière générale, les ondes mécaniques supersoniques,
bien que rayonnantes sur toute la surface de la structure (figure 11),
ne contribuent pas significativement au rayonnement acoustique,
car elles mettent en jeu des déplacements des parois sur la normale
qui ne sont que du deuxième ordre vis-à-vis de la réponse élastique
de la structure.
À l’inverse, bien que le plus souvent subsoniques, les effets de
flexion induisent de grands déplacements radiaux et contribuent au
rayonnement de façon majeure du fait des effets de bord et autres
singularités que révèle l’imagerie acoustique décrite au
paragraphe 2.1.6.2 ou les essais décrits sur la figure 12.

Minimiser spécifiquement le bruit rayonné conduira en géné-


ral à concevoir des enveloppes extérieures pour la structure qui
soient aussi continues que possible, et les raidisseurs seront ou
évités, ou découplés mécaniquement. L’introduction d’amortis-
sement structural est loin d’être systématiquement le moyen de
réduire le bruit, car il est inopérant précisément sur les effets de
bord et les singularités, et il amortit surtout la part non rayon-
nante du champ vibratoire : c’est là l’origine de bien des décon-
venues apparemment paradoxales qui justifient le recours à des
spécialistes.

Figure 10 – Rayonnement acoustique d’une onde vibratoire 2.1.6.2 Imagerie acoustique


subsonique
Une technique expérimentale très puissante a été développée
depuis quelques années pour identifier les éléments de la structure
dont la vibration contribue directement au bruit rayonné : il s’agit
de l’imagerie acoustique (souvent appelée aussi holographie acous-
tique). Le principe est le suivant : partant de mesures acoustiques,
il est possible, puisque la propagation du son obéit à des lois simples,
de « rétropropager » mathématiquement les fronts d’ondes acous-
tiques observés, pour retrouver le champ de sources dont ils sont
issus. L’analogie avec l’holographie acoustique tient au fait que cette
image de la source est obtenue comme l’interférence des divers
fronts rétropropagés.
On obtient alors une image des points brillants acoustiques sur
la structure observée, qui permet par exemple d’identifier : les ponts
phoniques d’un capotage, l’effet amplificateur sur le bruit de la réso-
nance de tel ou tel élément, ou les effets de bord et de singularités
évoqués précédemment, plus souvent que l’emplacement effectif
des sources internes.
Cela est illustré par la figure 12, d’origine expérimentale, où le
Figure 11 – Rayonnement acoustique d’une onde vibratoire moteur de la torpille rayonne surtout indirectement par la singula-
supersonique. Cas d’une plaque infinie rité que constitue la jonction mécanique entre deux tronçons de
coque bien au-delà de la tranche moteur.
L’association de plusieurs monopôles avec des relations de phase La figure 13 donne un autre exemple d’une application de cette
stables correspond à des sources d’ordre plus élevé (dipôles, technique pour identifier les sources de bruit sur un moteur auto-
quadripôles, etc.), cette fois directives, mais moins efficaces acous- mobile. Alors que la carte des pressions acoustiques brutes reste
tiquement puisqu’une partie de leurs fluctuations de volume très confuse, l’image holographique identifie clairement à cette
élémentaires peut encore se compenser par un écoulement pulsé. fréquence trois sources prédominantes, qu’il est facile de repérer
Il reste toujours très utile d’évaluer les longueurs d’onde méca- ensuite sur le plan.
niques et acoustiques respectivement en jeu dans un problème
précis, et de les apprécier aussi en relation avec la taille de la

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Figure 12 – Rayonnement d’une coque de torpille aux fréquences de son sonar

Il est possible enfin de combiner mesures vibratoires et mesures de haut rang modal, sont visualisées aisément par le regroupement
acoustiques pour améliorer la résolution de ce genre d’analyse, par de grains fins dessinant les lignes nodales, lieu des amplitudes vibra-
exemple par des techniques de corrélation. toires minimales (figure 14). Cette approche expérimentale remonte
au physicien allemand Chladni (1756-1827).
2.1.6.3 Conclusion Le fonds des travaux traitant de modèles théorico-expérimentaux
raffinés est tel aujourd’hui que tout problème convenablement posé,
Malgré la complexité des mécanismes de rayonnement acous-
moyennant l’introduction des quelques grandeurs physiques néces-
tique des structures mécaniques, l’ingénieur peut disposer de
saires, peut trouver sa solution par calcul, l’essai n’étant bien souvent
moyens très sûrs pour diagnostiquer les sources vibratoires les plus
effectué qu’à titre de contrôle ou encore substitué au calcul parce
bruyantes et les modifier à bon escient. Ces moyens sont accessibles
que plus économique. Mais, dans le cas où un doute subsiste entre
sous forme d’une association entre capteurs appropriés (sondes et
prévision et réalité, le résultat expérimental, s’il peut être atteint et
antennes acoustiques) et logiciels de traitement (imagerie acous-
n’est pas contestable, doit constituer la référence.
tique), tels que MALICE de Métravib RDS.
Une structure industrielle étant un assemblage souvent complexe
formé d’éléments eux-mêmes plus ou moins simples ne peut être
traitée par voie analytique comme le seraient systématiquement les
2.2 Approche expérimentale éléments simples : cordes, chaînes, tuyaux, barres, plaques et
coques [14]. Hormis l’essai, le calcul par éléments finis (§ 2.1.3)
s’impose pour cerner la réalité, toutefois avec des points faibles sur
Des lois ont été énoncées, dès le XVII e siècle, concernant la méca- le choix de modèles d’amortissement ou de non-linéarités pour
nique des manifestations périodiques des cordes tendues, des lesquels on dispose rarement, a priori, de guide rationnel.
pendules, des poutres, des plaques. Les figures vibratoires, même

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Figure 13 – Application de l’imagerie acoustique au diagnostic des sources de bruit sur un groupe motopropulseur (V6-3 litres)

Les sujets traités aux paragraphes 2.2.1, 2.2.2 et 2.2.3 sont limités 2.2.1 Accès aux vibrations des structures
à l’approche expérimentale du contrôle et de la mesure des vibra-
tions structurales dans son ensemble, en renvoyant à des références Ce paragraphe traite des techniques expérimentales des capteurs
bibliographiques : à titre d’exemple, citons les centaines de de vibrations considérées dans leur ensemble, la vibration étant la
communications présentées en langue anglaise pratiquement grandeur de sortie à mesurer et non une grandeur d’entrée artificielle
chaque année depuis 1982 à l’IMAC [15]. imposée à la structure, comme plus loin au paragraphe 2.2.2.

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Un capteur de vibration est bien défini par : la grandeur à mesurer,


le domaine de mesure exprimé en niveau absolu ou relatif, la
précision requise et les conditions d’environnement. Son optimi-
sation est à la fois un problème de mesure et de coût qui ne sera
pas développé ici.

2.2.1.1 Capteur inductif et capteur piézoélectrique


Les techniques classiques de mesure absolue et relative de la
vitesse et de l’accélération sont fondées sur les lois de l’inertie, de
l’induction et de la piézoélectricité.
Nous donnons ci-après l’exemple d’une disposition technologique
originale de capteur accélérométrique utilisé pour les essais de vibra-
tion au sol.
Exemple : accéléromètre à barreaux piézoélectriques
Le relevé simultané des points caractéristiques d’une déformée
d’une grande structure, telle qu’un avion ou un engin, nécessite un nom-
bre important de capteurs (plusieurs centaines pour un essai complet).
Ces capteurs de précision suffisante (≈ 3 %) sont réparables, mais pas
toujours récupérables, aussi doivent-ils être d’un coût raisonnable.
La solution accélérométrique retenue utilise directement des
barreaux piézo-électriques enserrés dans un support rigide (quasi-
suppression de l’effet de contrainte de la base). Quatre barreaux de
même longueur  aux extrémités libres/encastrées sont disposés
symétriquement par rapport à l’axe de mesure pour privilégier la sensi-
bilité aux mouvements de translation. La fréquence propre du capteur
est fixée par le choix de  . La masse du capteur (7 g) est compatible
avec le genre d’application de ces accéléromètres suivis de chaînes
associées à gains alignés (conditionneur de signaux) [16] (Origine
ONERA, industrialisation PRODERA).

2.2.1.2 Capteur à jauges résistives


Pour rester sur l’idée qui tend à montrer à la fois l’évolution impor- Figure 14 – Lignes nodales expérimentales des six premiers
tante des moyens, mais aussi le maintien en usage d’un certain modes propres d’une plaque carrée aux limites libres (d’après [14])
nombre d’entre eux quant aux principes de base, citons l’extenso-
métrie dynamique par jauge résistive, qui donne accès aux défor-
mations en rapport avec les courbures, les contraintes, les
dimensions et les matériaux.
Exemple : la figure 15 est un résultat de calcul portant sur le
mode 2 (deux nœuds) de flexion d’une barre encastrée/libre, de sec-
tion constante et d’épaisseur 2 h. Deux courbes sont représentées en
fonction de l’abscisse réduite ξ :
— la déformée y (ξ ) du mode propre, qui serait donnée par un cap-
teur de déplacement situé en ξ ;
— la courbure de la barre, approximée par la dérivée seconde y ′′ (ξ )
exprimant l’allongement superficiel ε (ξ ) = h y ′′ (ξ ), qui serait donnée
par un capteur à jauge résistive collée sur l’une des faces de la barre
à l’abscisse ξ . Figure 15 – Déformée y (  ) et courbure y ′′ (  )
d’une barre encastrée/libre sur le mode 2 de flexion
Il est possible de passer, par double intégration, de y ′′ (ξ ) donnée par
une jauge résistive à la valeur que délivrerait un capteur de déplacement
ou d’accélération situé à l’abscisse ξ .
Ce traitement effectué sur des signaux vibratoires peut être intéres- Pour être opérationnel dans des ambiances électromagnétiques
sant sur le plan technologique. Un exemple d’application est le suivant. parfois sévères, l’élément sensible du transducteur et ses moyens
d’acquisition et de traitement associés doivent être d’autant plus
Des capteurs à jauges extensométriques ont été proposés comme
rapprochés que la taille des composants s’amenuise (figure 16). Le
transducteurs de vibration grâce à des dispositions géométriques origi-
gain est conditionné pour fixer la sensibilité à 10 mV/(m · s–2), à titre
nales des jauges associées en pont qui respectent, sur plaques et sur
indicatif pour cet accéléromètre, en vue d’en simplifier l’étalonnage.
barres, les dérivées spatiales, permettant ainsi, dans certains cas, de
La courbe d’étalonnage montre clairement la résonance de la contre-
remonter par voie indirecte à l’accélération vibratoire avec une
masse sur la raideur de la céramique en très haute fréquence.
surcharge structurale des jauges inférieure à celle d’un accéléromètre.
La discussion des erreurs introduites dans les deux cas ainsi que des La rapidité d’acquisition et de traitement des mesures incite à
confirmations expérimentales sont présentées dans la référence [17]. augmenter le nombre P de points retenus pour le problème traité
soit P = 10n avec 1  n  3 , ce qui est également rendu possible
par l’abaissement du coût des capteurs.
2.2.1.3 Capteur à électronique intégrée
Un transducteur de vibration à usage industriel appelle les
commentaires suivants.

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Figure 16 – Accéléromètre à quartz


piézoélectrique, à électronique intégrée
Métravib. Fonctionnement en compression

Chaque problème a sa spécificité et ses caractéristiques. Les trans-


ducteurs sont nombreux et diversifiés, permettant de satisfaire à des
normes particulières.
Exemples de vibrations répondant à des normes
■ La valeur efficace V f de la vitesse vibratoire est la grandeur de réfé-
rence des machines tournantes ayant une fréquence de rotation entre
10 et 200 s–1 (NF E 90-300, mai 1978). Les mesures de V f effectuées
sur les chapeaux de paliers de machines sont prévues dans les limites
0,28 < V f (mm · s–1) < 45 et pour les fréquences 10 < f (Hz) < 1 000.
■ L’accélération équivalente a eq , qui tient compte d’un effet de cumul
des vibrations tridirectionnelles, est la grandeur utilisée pour l’évaluation
de l’exposition des individus aux vibrations transmises aux membres
supérieurs. Il s’agit de mesurer les vibrations intenses qui peuvent être
transmises par les machines-outils et pièces vibrantes aux mains et aux
bras des personnes qui les utilisent (NF E 90-402, octobre 1986). Les
limites de la cote d’alerte dues à a eq , soit 6 < a eq (m · s –2 ) < 20,
dépendent aussi de la durée t d’exposition journalière aux vibrations,
soit 0,5 < t (heure) < 6, et de la gamme de fréquence dans les limites
5 < f (Hz) < 1 500.
■ Exemple d’une chaîne de microcapteurs
Dans la perspective d’une réduction importante des coûts d’une
chaîne de mesure accélérométrique, alliée à une compacité et une
légèreté accrues qui multiplient les possibilités d’utilisation, il est
intéressant de signaler l’apparition sur le marché de microcapteurs
sur substrat silicium (figure 17). L’élément sensible, de quelques
micromètres seulement, est réalisé avec les techniques habituelles
de production des circuits électroniques intégrés (micro-usinages Figure 17 – Cellule accélérométrique Vectacell (d’après doc. Vectavib)
par voie liquide ou par bombardement ionique, dépôts alternant des
strates isolantes et des strates conductrices ou semi-conductrices, 2.2.1.4 Vibromètre à laser
etc.). Le même cristal de silicium peut recevoir divers circuits de
conditionnement et de traitement, d’où le concept de capteur intel- La vibrométrie laser s’est développée sur le marché de la mesure
ligent, c’est-à-dire délivrant une information (par exemple, « le avec la mise au point de vibromètres sans contact qui viennent
moteur présente du cliquetis »), et non plus une simple mesure compléter la gamme des capteurs procédant par liaisons méca-
d’accélération (origine Vectavib). niques avec les structures en essai. Les vibromètres à laser pré-
sentent deux avantages sur ces derniers :
— l’absence de contact physique, à la différence d’un capteur de
type classique qui est, soit maintenu à courte distance de l’objet
vibrant (quelques millimètres par exemple dans le cas d’un capteur
de proximité inductif ou électrostatique), soit fixé sur l’objet en le
surchargeant de la masse du capteur, donc de 1 à 100 g dans le cas
d’un accéléromètre ;

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— l’étalonnage par construction, essentiellement lié à la longueur traité : Capteurs [R 410], Accélération [R 1 812], Extensométrie
d’onde du rayonnement servant de référence. [R 1 850] et Capteurs à jauges extensométriques [R 1 860].
Le principe de fonctionnement de ces vibromètres est fondé sur Ce tableau 4 classe les variables vibratoires détectées par
les franges d’interférences produites par les rayons incidents et les l’élément sensible (déplacement, déformation, vitesse, accélération,
rayons rétrodiffusés, dans une même direction, par l’objet : saccades et chocs, en translation et en rotation) selon le domaine
— le déplacement vibratoire est déduit du comptage des franges ; physique d’appartenance, mécanique, électrique ou optique. Les cas
— la vitesse vibratoire de l’objet est proportionnelle à la variation de couplage entre ces trois domaines existent, mais ne sont pas
de fréquence d’un signal de référence modulé par l’effet Doppler. détaillés pour éviter d’allonger l’exposé.
Nota : la saccade (jerk ) est la dérivée γ̇ de l’accélération, soit la dérivée troisième du
Suivant la technologie des composants optiques mis en œuvre déplacement ẋ˙˙ .
(laser, diode laser, fibre optique, filtre, objectif, ...), les particularités
de divers vibromètres industriels diffèrent, ainsi que : En conclusion de ce tableau, on voit que le nombre de principes
appliqués aux éléments sensibles reste très limité, alors que les dis-
— les limites mesurables de déplacement, de vitesse et, le cas positions technologiques sont considérablement diversifiées.
échéant, d’accélération vibratoire ;
— l’étendue de mesure en fréquence ; Pour mener à bien le choix d’un capteur de vibration, il convient
— les limites de la distance opératoire séparant le vibromètre de de préciser :
la cible en un point de l’objet vibrant. — les conditions d’emploi, avec ou sans contact matériel et ajout
de masse tolérés entre le capteur et la structure, etc ;
2.2.1.5 Interférométrie holographique — l’étendue du domaine de mesure ;
— la classe de précision requise.
À titre d’extension des procédés de mesures vibratoires sans Les tableaux 5 , 6 , et 7 montrent, pour différents principes
contact, il faut mentionner l’existence de l’interférométrie hologra- constructifs, l’ordre de grandeur des limites pouvant être atteintes,
phique qui a donné lieu à des réalisations intéressantes conduisant, respectivement en déplacement, vitesse, accélération, dans une
par exemple, après expositions photographiques successives à des bande de fréquence également indiquée.
mesurages de déformées précises à 0,1 µm près sur des structures
d’échelles très variées (de quelques millimètres carrés à quelques
dizaines de mètres carrés). L’ISL (Institut de Saint-Louis), qui travaille
2.2.2 Essais structuraux sous excitation artificielle
de longue date ces problèmes, envisage la mesure de déplacement
3D en temps quasi réel sur sites industriels, avec la possibilité de
mise en œuvre de la cinéholographie interférométrique. Les techniques de mesure qui viennent d’être développées
permettent de réunir de nombreuses informations sur la structure,
à travers sa réponse aux vibrations dont l’origine et le contenu
Remarque : ces travaux, ainsi que d’autres analogues, sont fréquentiel sont multiples :
délicats à rationaliser. Simplifiés au niveau des normes pour en — les machines que supporte la structure l’excitent principa-
vulgariser la diffusion, ils n’en restent pas moins fort complexes. lement sinusoïdalement à leur vitesse de rotation et à ses premiers
multiples. Lors des montées ou descentes en vitesse, on peut balayer
Sur un plan plus général, la diversité des besoins peut se mesurer tout le spectre des fréquences intermédiaires ;
à l’importance des manifestations internationales : citons le Salon — le vent, la houle créent des sollicitations basse fréquence
International des Capteurs de mesure. partiellement aléatoires ;
— les bruits aérauliques (systèmes de ventilation, etc.) ont un
spectre très large.
2.2.1.6 Caractéristiques des transducteurs de vibration
Il est par contre difficile de mesurer l’énergie injectée, donc de
Le tableau 4 situe les principes auxquels il est fait appel ; les déterminer des fonctions de transfert, et parfois l’énergie présente
capteurs sont décrits en détail dans différents articles du présent dans une bande de fréquence donnée est trop faible pour permettre
une mesure. (0)

Tableau 4 – Capteurs de vibration : classement des principaux types (1)


Domaine de référence de l’élément sensible du capteur
Variable détectée Mécanique Électrique Optique
Linéaire Angulaire Linéaire ou angulaire Linéaire ou angulaire

Règle divisée, Disque divisé, Capteur résistif, à piste, A ou N ( ) ; capteur



Holographie et interférométrie
Déplacement comptage N ( ) inductif à transformateur différentiel, A ( ) ; ●
● comptage N ( ) ● laser, N ( )●
capteur capacitif, à signal A ( ) ●

Extensométrie par jauges résistives, A ( ) ; ● Photoélasticimétrie


Déformation Vernis craquelants, moirés, A
jauges piézorésistives, A ( ) ● dynamique, A
Induction d’un conducteur dans un champ Effet Doppler sur lumière laser
Vitesse Stroboscopie, A ou N ( ) ●
magnétique, A ( ) ● réfléchie, N ( ) ●

Masse sismique asservie


Accélération en position neutre, servoaccéléro- Accéléromètre piézoélectrique avec système
mètres, A ( ) masse-ressort à fréquence propre f 0  f , A ( ) ●

Systèmes vibrant à fréquence


Induction avec système masse-ressort
Saccades, chocs propre élevée (105 à 106 Hz), à fréquence propre f 0  f , d’où ẋ˙˙ (t ) , signal A
capteur d’émission acoustique, A ( ) ●

(1) (●) Industrialisation du transducteur, A : analogique, N : numérique.


Remarque : en règle générale, sauf rare exception, pour les mesures 2D (à deux dimensions) et 3D, deux ou trois transducteurs monodirectionnels (1D) sont associés.
(0)

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Tableau 5 – Ordre de grandeur des limites atteintes au moyen de capteurs de déplacement industriels (1)
Déplacement Fréquence
Principe (m) (Hz) Mise en œuvre

Grapho-mécanique (vibrographes) 10–3 à 10–2 10–1 à 103 Stylet sur papier ciré
Résistif
— à piste
• linéaire 10–2 à 1 0 à 10
Pistes bobinées ou moulées
• angulaire 0 à 350o 0 à 10 tours/s
— extensométrique fonction du support Jauges à fil collées
Inductif
— linéaire 10–7 à 10–2 0 à 102 Transformateur différentiel ou inductance
— angulaire 0 à 360o 0 à 102 tours/s mutuelle
Électrostatique 10–8 à 10–3 0 à 104 Métrologie capacitive
Optique et optoélectronique
— à traits
• linéaire 10–7 à 1 0 à 102
Règle ou disque gravés ou codés
• angulaire 0 à 360o 0 à 102 tours/s
— photométrique 10–4 à 10–3 0 à 104 Fibres optiques et réflexion
— interférométrique 10–7 à 10–1 0 à 102 Comptage de franges
— à effet Doppler 10–8 à 10–3 ≈ 0 à 104 Intégration du signal vitesse
(1) Une ligne de ce tableau ne correspond pas à un capteur déterminé, mais indique une performance réalisable par ou moins un capteur fondé sur le principe
énoncé.

(0)

Tableau 6 – Ordre de grandeur des limites atteintes au moyen de capteurs de vitesse industriels (1)
Vitesse Fréquence
Principe Mise en œuvre
(m · s–1) (Hz)

Électrodynamique
— linéaire ≈0à1 ≈ 0 à 103 Champ magnétique et bobine mobile
— angulaire ≈ 0 à 102 tours/s 0 à 102 tours/s Dynamo tachymétrique
Optoélectronique à effet Doppler 10–5 à 1 ≈ 0 à 104 Rétrodiffusion de rayons laser
(1) Une ligne de ce tableau ne correspond pas à un capteur déterminé, mais indique une performance réalisable par au moins un capteur fondé sur le principe
énoncé.

(0)

Tableau 7 – Ordre de grandeur des limites atteintes au moyen de capteurs d’accélération industriels (1)
Accélération Fréquence f
Principe Mise en œuvre
(m · s–2) (Hz)
Résistif
— potentiométrique 10–2 à 102 0 à 102 Capteurs à piste moulée
— extensométrique 10–5 à 104 0 à 103 Jauges à fil collées
Inductif 10–5 à 10 3 0 à 103 À mutuelle inductance
Électromagnétique 10–3 à 102 0 à 102 À zéro asservi
Électrostatique 10–9 à 10–7 ≈0 En impesanteur
Piézorésistif 10–8 à 10 3 ≈ 0 à 104 Semi-conducteur
Piézoélectrique
— tous usages 10–4 à 105 1 à 104
— émission acoustique niveau imprévisible 102 à 106  À quartz ou à céramique

Sensibilité
Optoélectronique à effet Doppler 10–2 à 103 décroissante Dérivation du signal de vitesse
quand f croît
(1) Une ligne de ce tableau ne correspond pas à un capteur déterminé, mais indique une performance réalisable par au moins un capteur fondé sur le principe
énoncé.

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On recourt, dans ces cas-là, à des techniques d’excitation arti- Nota : c’est le cas de deux écouteurs téléphoniques classiques à variation de réluctance
réunis fil à fil et qui sont indifféremment excitateurs et capteurs : application réalisée avec
ficielle, au sens de l’apport d’une source de vibrations auxiliaire aux le Généphone autogénérateur et de sécurité sans pile ni source, conçu pour le Service des
seules fins de cette expérimentation. Il faut alors maîtriser les aspects mines.
suivants : — en mode excitateur, il délivre une force F qui résulte de l’inter-
— savoir faire vibrer une structure avec les moyens les plus action de l’induction B , de valeur constante, et d’un courant i
appropriés au problème posé ; circulant dans une bobine mobile ; la relation F = Bi régit l’effet
— identifier correctement le signal d’entrée délivré à la structure ; électrodynamique ; ce principe est celui de l’excitateur électro-
— relier l’effet à la cause : c’est-à-dire relier la réponse vibratoire dynamique.
à l’excitation artificielle et forcée supposée connue et en déduire le
■ Le tableau 8 présente les générateurs de vibrations fonctionnant
comportement vibratoire de la structure grâce aux mesurages
selon différents principes. Un choix sérieux ne peut être entrepris
suivants :
qu’au regard du problème posé dont les principales données à
• la réponse à une excitation transitoire, aléatoire, périodique considérer sont :
ou autre, à définir,
— la gamme de fréquence d’emploi ;
• l’analyse modale : les valeurs propres (fréquences et modes)
— le modèle du signal d’excitation délivré à la structure ;
des fonctions de transfert (la mobilité, l’admittance, l’impédance
— les limites de force, de déplacement, de vitesse, d’accélération
ou autre fonction à préciser, tableau 2),
nécessaires et admissibles ;
• les paramètres mécaniques d’inertie, de rigidité et d’amortis-
— les perturbations apportées à la structure par le générateur de
sement définissables en un point de référence et pour des condi-
vibrations et dues à son impédance motionnelle électromagnétique,
tions données d’excitation de la structure.
ou à toute autre cause.
2.2.2.1 Générateurs de vibrations Il serait intéressant de présenter des exemples de réalisation réfé-
rencés du tableau 8, lequel est toutefois insuffisant pour conclure,
Du fait de la grande variété des structures industrielles à expéri- le générateur n’étant qu’un maillon de la chaîne complète (§ 2.2.2.2)
menter, il existe un arsenal important de moyens d’excitation qui au travers de laquelle passe toute l’information vibratoire commu-
permettent de générer artificiellement des vibrations. Ces moyens, niquée à la structure.
au même titre que les transducteurs destinés au rôle de capteurs,
sont inventoriés ici. Ce sont également des transducteurs, mais 2.2.2.2 Choix et analyse du signal vibratoire d’excitation
destinés aux fonctions d’excitation.
Nota : en effet, selon le vocabulaire de la NF E 90-001, le même mot peut s’appliquer
aussi bien aux capteurs qu’aux excitateurs :
2.2.2.2.1 Buts de l’excitation artificielle
Transducteur : appareil conçu pour recevoir de l’énergie de la part d’un système et en Les moyens à réunir pour l’étude d’une structure vibrante dans
fournir, soit sous la même forme, soit sous une forme différente, à un autre système de l’un de ces cas les plus complexes sont indiqués globalement sur
telle façon que les caractéristiques recherchées de l’énergie reçue apparaissent à la sortie.
la figure 18. Le signal appliqué à la structure par l’intermédiaire du
En général, le terme de transducteur est suivi d’un qualificatif précisant les types des
énergies utilisées pour la mesure : transducteur électromécanique, électropneumatique,
générateur de vibrations doit être connu et contrôlable à tout instant.
électro-optique... Le choix, sur la partie supérieure du schéma, qui concerne
NF E 90-001 (mai 1972) Vibrations et chocs mécaniques. Vocabulaire. l’ensemble du générateur doit être examiné avec soin pour éviter
Ce mot de transducteur ne doit pas faire croire à la confusion des d’altérer, par des interactions inadéquates, les propriétés de la struc-
principes mis en œuvre même si certains transducteurs, relevant de ture en essai.
principes capacitifs et piézoélectriques ou électrodynamiques, pré- La définition des signaux appliqués au générateur de vibrations
sentent la double propriété d’être indifféremment des capteurs ou dépend de l’objectif à atteindre. Utiliser des mouvements vibratoires
des excitateurs. pour dégager des zones d’accumulation d’amas pulvérulents,
réduire le coefficient de frottement de mécanismes divers, homo-
■ Exemple capacitif : la réversibilité capteur-excitateur existe en ce généiser un agrégat ou répartir le béton dans les moules de préfa-
sens qu’une variation de déplacement ∆x entraîne une variation de brication, etc, ne paraît pas nécessiter de produire un signal aux
capacité ∆C et qu’une variation de tension ∆V entraîne une variation qualités exceptionnelles, bien que ces processus justifieraient sans
de force ∆F suivant la loi de conservation de l’énergie : doute d’être approfondis. A contrario, la connaissance du compor-
2 tement de certaines structures hautement élaborées (domaine de
∆F ⋅ ∆x = ∆ V ⋅ ∆C /2 l’énergie, de l’aéronautique et de l’espace) ne se conçoit, sur le plan
L’application typique, en mode excitateur, est celle de la généra- vibratoire, qu’à partir de signaux d’entrée et de sortie identifiables
tion de forces faibles et, en mode capteur, de la détection de petits et corrélables entre eux dans un sens déterministe, voire proba-
déplacements (du micromètre au millimètre), toutes deux utiles à biliste.
des mesures vibratoires au sol ou en état d’impesanteur. À la limite, tout signal d’entrée peut convenir pour déterminer les
caractéristiques d’une structure linéaire, encore faut-il le connaître !
■ Exemple piézoélectrique : l’effet direct piézo-électrique résulte du L’analyse de la réponse passe par cet impératif, c’est un point impor-
développement d’une charge électrique sous l’action d’une tant parfois négligé. Il est banal de pouvoir exciter une structure,
contrainte mécanique. L’effet inverse permet de créer un déplace- mais plus rare est de bien connaître la sollicitation réellement
ment par l’application d’une tension. Une utilisation classique est la introduite : une force, un déplacement, une vitesse, une accélération,
production d’ultrasons, par exemple pour le nettoyage industriel ou ou une combinaison inconnue de ces différentes grandeurs.
l’échographie médicale.
Cette remarque, vraie pour les vibrations, l’est peut-être plus
■ Exemple électrodynamique : sous divers aspects de réalisation, encore pour les chocs.
un transducteur, très répandu et remarquable, est formé, à la manière
d’un haut-parleur, d’un conducteur de longueur déployée  , en 2.2.2.2.2 Cas des chocs
mouvement par rapport à un circuit magnétique d’induction perma-
nente B. Ce transducteur présente la double propriété d’être utilisa- Une machine de choc à chute de masse (ligne 6, tableau 8) peut
ble comme capteur et comme excitateur de vibrations, mais à partir fournir F, x, ẋ, x˙˙ , pour une impulsion en accélération conformée
de deux lois distinctes : suivant une demi-sinusoïde, par exemple.
— en mode capteur, il développe une tension U aux bornes de (0)
la bobine mobile proportionnellement à la vitesse relative ẋ ; la loi
de l’induction U = d Φ /dt = Bẋ régit l’effet électromagnétique ;

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Tableau 8 – Exemples de principes constructifs de générateurs de vibrations


Principe Repère (1) Réalisation et usage
Mécanique 1
2
L
A
 Réaction vibratoire inertielle, remplace la réaction sur appui fixe
3 A Balourd rotatif, engendre une vibration circulaire
4 L Balourds contrarotatifs, engendrent une vibration rectiligne
5 L Choc, chute de masse : analyse spectrale d’un ouvrage
6 L Choc calibré, machine d’essai de choc sur échantillons
7 L Percussion, coup de marteau sur structure, spectre large
8 L Lâcher simple, excite les premiers modes structuraux de flexion
9 A Lâcher en couple, excite les premiers modes structuraux de torsion
10 A, L Liaisons cinématiques diverses (came, excentrique, etc.), L ↔ A
Électrique 11 L Excitateur capacitif, force faible, spectre large
12 L Piézoélectrique et piézorésistif, force modérée, spectre large
13 L Électromagnétique, large dynamique, spectre étendu, usage répandu
14 A Électromagnétique, large dynamique, spectre étendu, peu usité
15 L Électrodynamique, large dynamique, spectre large, usage répandu
16 A Électrodynamique, large dynamique, spectre large, peu usité
Magnétique 17 L Magnétostrictif, induction forte et faible déformation
18 A Rotor et stator munis d’aimants permanents, vibrations de torsion [18]
Fluidique 19 L
20 A  Débit alternatif d’un fluide (air ou huile) ; vérins oscillants
21 L Portance aérodynamique d’une palette tournant dans le vent
22 A Portance aérodynamique de deux palettes tournant dans le vent
Détonique 23 L Impulseur simple
24 A Impulseur en couple  modes et amortissements d’un avion en vol
25 L Attache explosive, essai de lâcher (voir aussi 8)
Remarque : les limites de force, de fréquence et de déplacement ne sont pas précisées ici, pour deux raisons :
— l’étendue du marché est limitée à des besoins précis ;
— les spécificités techniques sont très diverses suivant les besoins (tables d’étalonnage de capteurs, essais d’avions, etc.).
(1) Déplacement L : linéaire, A : angulaire.

Par contraste avec cette machine de choc bien instrumentée, on 2.2.2.2.4 Moyens d’excitation calibrés
peut opposer le test impulsionnel (ligne 7, tableau 8) beaucoup Deux moyens, aux applications spécifiques, sont indiqués ci-après
moins reproductible, mais réalisé couramment par de nombreux pour montrer qu’il existe d’autres cas pour lesquels les signaux
expérimentateurs, pour faire apparaître globalement, en quelques d’entrée sont étalonnés ou mesurés séparément sur la structure à
millisecondes, le spectre d’une structure. Le défaut de répétabilité analyser, avant de procéder aux essais.
de la percussion d’un marteau actionné à la main tient principa-
lement, à notre avis, au défaut de conception de l’outil, dépourvu Exemples
de panne, qui ne respecte pas la position convenable du centre de
■ Le signal d’entrée est une force (lignes 23 et 24, tableau 8). Des
percussion par rapport au centre de masse, laquelle position per-
impulseurs pyrotechniques sont mis au point et étalonnés en poussée
met d’annuler la réaction du manche dans la main de l’opérateur.
F (t ) au banc. L’évolution, proche du créneau (figure 19) est connue,
Ce contrecoup non supprimé est une des causes premières de
reproductible d’un impulseur à l’autre et adaptée à la recherche des
l’infidélité couramment constatée.
fréquences et amortissements d’avions en vol. Ces impulseurs, dont les
Une impulsion provoquée par un moyen mécanique à commande tirs peuvent être synchronisés, sont aptes à générer des déformées en
électrique (lignes 13 ou 15, tableau 8) est plus avantageuse, car flexion (ligne 23 du tableau 8) ainsi qu’en torsion (ligne 24).
reproductible et continûment dosable en grandeur et en durée.
■ Le signal d’entrée est un déplacement (lignes 8 et 25, tableau 8).
La dérivée de l’accélération, ou saccade, est parfois l’information
En vue de l’analyse expérimentale du comportement sol/structure des
la plus représentative à considérer. C’est le cas dans l’étude de la
éléments d’une ligne EDF (63 kV), un pylône de cette ligne a été expé-
sécurité et du confort des passagers dans les moyens de transport.
rimenté par essai de lâcher. Un câble mis sous tension mécanique est
judicieusement dirigé pour solliciter statiquement trois déformées à la
2.2.2.2.3 Tête d’impédance fois (flexion, torsion, pilonnement). Le créneau de force F (t ) est libéré
Un moyen pratique et bien connu pour mesurer la force introduite par une attache explosive montée sur le câble tendu dont l’autre extré-
dans une structure est d’intercaler, entre celle-ci et la prise de force mité est ancrée avec un dynamomètre au sol. La fonction de réponse
du générateur, une tête d’impédance mesurant ẋ˙ et F au même fréquentielle (qui est le rapport des transformées de Fourier de la
point. Un accéléromètre est monté aussi près que possible d’un réponse sur l’excitation) se déduit de F (t ) et du résultat du lâcher
capteur de force dont la raideur est élevée, pour éviter la naissance (figure 20). L’auteur précise « qu’en pratique on obtient de meilleurs
des modes parasites. L’insertion d’une tête d’impédance dans la résultats en calculant le rapport du spectre croisé entre l’entrée et la
commande mécanique crée une discontinuité de raideur et de sortie au spectre de puissance du signal d’entrée. Ce calcul présente
masse. La discussion des erreurs introduites doit être entreprise, cas l’avantage de fournir la fonction de cohérence qui signale la présence
par cas, déjà en basse fréquence (≈ 10 à 102 Hz) [19]. des bruits vibratoires et des effets de non-linéarité » [20].
De 102 à 103 Hz environ, les attelages mécaniques d’insertion de
la tête d’impédance posent eux-mêmes des problèmes de rupture
d’impédance. La crédibilité des résultats doit être démontrée dans
tous les cas d’emploi et, a fortiori, pour des fréquences atteignant
ou dépassant 103 Hz.

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Figure 20 – Essai de lâcher effectué sur un pylône électrique,


(d’après [20])

Avec plus ou moins de facilité, toutes les solutions adoptées en


essai passent par un asservissement à des grandeurs données
(tableau 9) ou à une combinaison pondérée de ces grandeurs. Des
techniques de commande spécialisées pour les essais de gros
ensembles sur tables vibrantes sont mises en œuvre par voie hydrau-
lique ou électrodynamique.
Pour plus de précision sur les essais fondamentaux relatifs à la
robustesse mécanique, où les vibrations interviennent directement,
il est intéressant de consulter les normes de 1987 : NF C 20-706 et
20-734 à 20-747, relatives aux moyens et aux méthodes d’essais
actuellement normalisés.
À une échelle plus modeste et pour clore ce paragraphe, deux
exemples complémentaires appliqués à l’aéronautique sont donnés.
Figure 18 – Ensemble d’excitation et de mesure vibratoires Exemples
d’une structure S
■ Le déplacement vibratoire structural est illimité (lignes 10 et 15,
tableau 8). Une technique d’asservissement en courant, combinée à
une cinématique de transformation (rotation/translation), a conduit à la
réalisation d’excitateurs imposant la force quel que soit le mouvement
de la structure (avions, figure 21). La liaison cinématique est composée
de deux crémaillères et de deux pignons calés sur les arbres de servo-
moteurs contrarotatifs (de préférence). Ces derniers reprennent, par
leur inertie propre en translation, la réaction des forces vibratoires
introduites dans la structure.
Cette solution se distingue du type « haut-parleur » classique
(§ 2.2.2.1), dont la course admissible est très limitée, et du type à
balourds contrarotatifs (ligne 4, tableau 8), dont la force délivrée à la
structure excitée dépend du mouvement de celle-ci, au point de
présenter des instabilités lors de balayages en fréquence dans certaines
zones près des résonances [21].
■ La fréquence est imposée et la force utile est une portance
Figure 19 – Force F (t ) délivrée par un impulseur pyrotechnique aérodynamique (ligne 21, tableau 8).
(origine ONERA, commercialisé par PRODERA) Deux ailettes identiques, calées également sur le même arbre d’un
moteur pas à pas, tournent dans le vent. La vitesse angulaire ω = 2πν
2.2.2.3 Récapitulatif du moteur est pilotée par un générateur de fréquence ν. Monté sur
avion, cet excitateur (figure 22) est soumis en vol aux forces aérody-
Le problème posé revient, en pratique, à imposer un signal d’exci- namiques instationnaires de portance et de traînée. La fréquence fon-
tation à une structure parmi les cinq cas présentés (sous forme ins- damentale d’excitation, f = 2ν, est égale au double du nombre de tours
tantanée ou non) au tableau 9. Ce tableau sépare les essais de par seconde des ailettes [22].
vibration en deux catégories :
La force introduite F (t ) est mesurée à l’aide d’une semelle dynamo-
— les uns, conduits en valeurs instantanées, pour lesquels les métrique à trois capteurs fixée sur la partie de l’avion à exciter.
modules et les phases sont retenus (régime sinusoïdal) ;
— les autres, conduits à partir de valeurs résultant d’intégrations L’utilisation d’un moteur électrique pas à pas a été rendue possible
en fonction du temps, sous forme de densité spectrale de puissance parce que l’entraînement des ailettes en rotation ne nécessite pas
par exemple, pour lesquels les modules sont seuls retenus (régime beaucoup de puissance et convient bien à l’instrumentation d’un avion
aléatoire, entre autres). léger. Cela est un avantage considérable pour les essais d’avions qui
Nota : pour la définition de la densité spectrale de puissance, se reporter à l’article ne disposent pas d’une installation hydraulique à bord.
Paramètres caractéristiques d’un signal [R 300] dans le présent traité.
(0)

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Tableau 9 – Signal d’excitation imposé à une structure


Grandeurs
Valeurs
Déplacement (1) Vitesse (1) Accélération (2) Saccade (2) Force
Instantanées (fonction du temps t ) x ẋ ẋ˙ ẋ˙˙ F
Non instantanées (fonction de la fré-
quence f, densité spectrale de puissance Φx Φv Φγ ΦF
par exemple)
(1) La mesure est obligatoirement relative (par rapport à un repère fixe).
(2) L’accélération, et sa dérivée, sont définies en valeur absolue.

transfert, etc. Aussi l’industrie de la mesure a-t-elle été largement


mobilisée pour développer des matériels utilisables pour des
besoins diversifiés et pour établir des logiciels adaptés, selon le cas,
à la maintenance, l’exploitation, l’étude ou même la recherche
avancée.
Un effet de cette croissance en matière de traitement du signal
se traduit aussi sur le marché par l’existence de sociétés dont l’objet
est la prestation de services avec des matériels et des logiciels appro-
priés, ou la simple location de moyens pour des actions ponctuelles,
d’expertise par exemple.
Il nous serait difficile de citer tous les protagonistes en ces
matières. Consulter pour cela les organisations professionnelles et
les réunions techniques spécialisées.
Les paragraphes ci-après concernent l’exploitation et la présen-
tation de résultats de mesures vibratoires issues :
— d’un signal isolé (§ 2.2.3.1) ;
— d’un couple de signaux liés par leur fonction de transfert
(§ 2.2.3.2) ;
— de multiples signaux en vue de procéder :
Figure 21 – Générateur de vibrations rectilignes
• à l’analyse modale (§ 2.2.3.3),
à deux servomoteurs équilibrés
• à la synthèse structurale (§ 2.2.3.4).

2.2.3.1 Signal isolé


La reconnaissance d’une vibration par sa signature temporelle ou
spectrale n’est pas nouvelle. Le temps et la répétition des intervalles
de temps (fréquence) ont été naturellement choisis comme réfé-
rences pour procéder à l’analyse d’un signal d’origine inconnue.
Exemples de mouvements vibratoires
■ Le simple tracé d’un stylet sur un papier qui se déplace régulièrement
fait apparaître la fonction f (t ). C’est le cas typique d’un sismographe de
la première génération où le mouvement relatif, entre la terre locale-
ment et une lourde masse suspendue à très basse fréquence (  1 Hz )
est enregistré directement.
Figure 22 – Excitateur aérodynamique rotatif
pour essais de vibration en vol ■ Un fréquencemètre (dû à Frahm) fut aussi appelé tachymètre : il est
en effet apte également à mesurer, avec le balourd résiduel des
machines tournantes, leurs vitesses angulaires. Ce vibromètre, de
conception purement mécanique, constitue un véritable analyseur
2.2.3 Post-traitement et obtention des résultats spectral direct. Il a été réalisé sous forme d’un peigne dont les dents
sont des lames accordées sur des fréquences propres f 0 en progression
Le terme « post-traitement » sous-entend qu’une acquisition des arithmétique (figure 23). Chaque lame répond pratiquement dans le
signaux originaux soit opérée lors de l’essai et disponible en domaine spectral (0 à f 0) sur son mode fondamental comme un système
mémoire, pour pouvoir se prêter à toute analyse et interprétation à un degré de liberté, linéaire, du second ordre.
des résultats. L’étape de mémorisation peut être évitée dans certains La double amplitude qui est apparente sur la vue de gauche de la
cas répétitifs de traitement en ligne bien établis mais, en période figure 23 n’est autre qu’une analyse spectrale du signal à travers les
de tâtonnements (alors que le protocole d’analyse reste à mettre au multiples filtres à lames, résonnant à des valeurs de f 0 décalées et
point), il est préférable, voire indispensable en cas de non-repro- répondant aux composantes du signal d’entrée e.
ductibilité de l’expérience, de disposer, pour des traitements en
temps différé, de l’ensemble des informations acquises au cours de Si cet « analyseur » est réduit à une seule lame de profil constant
l’essai original. et de longueur  variable, il devient un fréquencemètre qui permet de
déceler l’existence d’une composante f du signal d’entrée e par la
Les techniques du post-traitement des signaux vibratoires sont mesure  à la résonance de la lame, d’où f déduite de la loi de variation
souvent issues des méthodes mathématiques applicables au traite- en  –2 et du rang modal excité.
ment du signal : transformées de Fourier, de Laplace, fonctions de

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Le signal vibratoire isolé considéré ici est durable ou passager.


Le but est d’abord sa reconnaissance par une ou plusieurs signa-
tures caractéristiques, puis, à travers ces signatures, la recherche
des causes possibles de son origine.
Les processus d’investigation d’un tel signal isolé, qui sort d’une
boîte noire, portent sur la variable évolutive (le temps T ) ou sur le
spectre de cette variable évolutive (la fréquence). Ces deux signa-
tures, dimensionnellement inverses (T et T –1) l’une de l’autre, se
correspondent par la transformée de Fourier (directe et inverse).
Elles peuvent donner lieu à d’autres représentations R1 , R2 , ..., Rn
significatives selon les cas et très appréciées à partir de différents
traitements mathématiques A1 , A2 , ..., An portant sur des fonctions
s (t ) du temps et/ou g (f ) de la fréquence (figure 24).
Toutes les représentations Rn étant formulées par valeurs dis-
crètes, elles sont limitées par le compromis en résolution temporelle Figure 23 – Fréquencemètre à lames vibrantes L
et fréquentielle à adopter. La transformée de Fourier n’échappe pas
à cette difficulté.
Parmi les variétés techniques Rn mises en œuvre, quatre exemples
sont donnés ci-après.
■ Analyse spectrale évolutive
Une manière synthétique de présenter une vibration évolutive
consiste à disposer des plans parallèles entre eux représentant les
spectres vibratoires g k (f ) aux différents instants t k . Diverses
présentations sont possibles, selon que l’analyse spectrale contenue
dans chacun de ces plans est effectuée à partir du temps origine
t = t 0 (zero filling ) ou dans l’intervalle court (t k + 1 – t k ) de deux
instants successifs t k + 1 et t k .
La plupart des analyseurs de l’industrie disposent de cette dernière
option permettant de présenter les spectres en cascade (waterfall )
pour faire ressortir les fréquences de résonance. De manière simi-
laire, le diagramme de Campbell fournit la carte spectrale de montée
ou de descente en régime d’une machine tournante, mettant
clairement en évidence les vitesses critiques traversées. La figure 25
est un exemple de séquence de ralentissement du bol tournant d’une
décanteuse centrifuge, dont la région vibratoire est analysée de 0
à 12,5 Hz par intervalles de temps de 1 s durant 80 s. Les raies
subharmoniques correspondent au ballottement du fluide.

Figure 24 – Représentations diverses Rn d’un signal


déduites de voies temporelle s (t ) et /ou spectrale g (f )

Figure 25 – Analyse spectrale évolutive :


séquence de ralentissement naturel
d’une machine

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■ Enveloppe des réponses maximales


Comme dans l’exemple précédent, les variations des paramètres
à analyser (fréquences, niveaux, etc.) entre deux séquences sont
supposées modérées, pour pouvoir en suivre la trace. Il est alors
intéressant de contrôler les fluctuations de ces paramètres en vue
d’assurer la maintenance d’un matériel en service. L’échelle de temps
appropriée au problème peut aller de la fraction de seconde à l’année
ou au-delà. L’enveloppe des réponses maximales, disponibles sur
la plupart des analyseurs, est une signature (peak-hold ) utile notam-
ment à une « vue de face » de la représentation précédente
(figure 26). Conduite lors de la phase de démarrage ou d’arrêt d’une
machine, elle permet d’établir, très simplement, la présomption
d’une contribution modale de la structure de la machine en fonc-
tionnement à la vibration qui en résulte.
■ Cepstre énergétique
EDF [23] a suivi sur plusieurs années le calage des barres conduc-
trices dans les encoches de stators des alternateurs, susceptible de Figure 26 – Représentation de la même séquence de ralentissement
se dégrader au cours du temps. naturel que figure 25, en peak hold entre 0 et 50 Hz
Les sources de bruit d’origine magnétique excitent la vibration des
barres, d’où la présence du fondamental à 100 Hz accompagné d’un
nombre important d’harmoniques. La technique de traitement par-
ticulière, le cepstre énergétique [24] défini comme étant le spectre
du logarithme du spectre d’énergie, a été validée en 1983 après
expertise et recalage de l’alternateur (centrale hydraulique de
Beaumont). La double transformée de Fourier permet de visualiser,
sur une seule raie du cepstre, l’ensemble de la raie et de ses
harmoniques ; la répartition logarithmique fait mieux apparaître la
contribution relative des harmoniques de rang élevé.
■ Spectre de choc
Un choc tel qu’un séisme peut être représenté par un tracé de
l’évolution de l’accélération en fonction du temps, mais il est difficile
d’établir sur de telles bases la nocivité de tel ou tel choc sur telle
ou telle structure. Pour exprimer le potentiel qu’a ce bloc d’exciter
une fréquence structurale, on a recours, en analyse sismique, à la
méthode des spectres d’oscillateurs, qui permet de tracer le spectre
de choc de la manière suivante : l’excitation sismique est appliquée
à un ensemble fictif de résonateurs élémentaires à un degré de liberté
(système masse-ressort et amortisseur, § 2.1.2 et figure 6). On trace
à chaque fréquence l’amplitude maximale du mouvement de réso-
nateur correspondant lors du choc, en supposant l’amortissement
égal à une valeur donnée (en général 10 %), qu’il s’agisse de dépla-
cements, de vitesses ou d’accélérations. Ces données sont tabulées
dans des ouvrages spécialisés pour les séismes types retenus lors
du dimensionnement des ouvrages de génie civil (figure 27). Des
méthodes similaires sont employées pour vérifier la tenue des struc-
tures à des explosions sous-marines, des chocs pyrotechniques, etc.
■ Évolutions récentes
Les études dans le domaine des vibrations et de l’acoustique béné-
ficient des progrès relatifs au traitement du signal. Citons :
— la représentation de Wigner-Ville filtrée ou non [25], qui est une
variante de l’analyse spectrale évolutive utilisée en vibrosismique
pour la représentation pétrolière ;
— la transformation en ondelettes, qui consiste à découper le
signal en une somme de fonctions élémentaires du temps, plus Figure 27 – Exemple de spectre de choc
adéquate que la transformée de Fourier pour analyser des phéno-
mènes discontinus ou chaotiques (couches géologiques distinctes
traversées lors des recherches pétrolifères ; vibrosismique ; thèmes générale, recouvre dans la même norme celle de deux autres termes
musicaux ; médecine [26] [27]) ; de récents travaux montrent son susceptibles de s’appliquer aussi à des grandeurs vibratoires non
intérêt pour le diagnostic de défauts affectant des moteurs d’auto- précisées :
mobiles, etc. ● réponse d’un système : expression quantitative de la réaction
de sortie d’un système à une excitation (définition 1.17 de la
2.2.3.2 Fonction de transfert entre deux signaux norme NF) ;
● transmissibilité : rapport sans dimension de l’amplitude de la
■ Définitions
réponse d’un système en régime établi de vibrations forcées à
Selon la norme française NF E 90-001 (3-1972) du vocabulaire des l’amplitude d’excitation. Ce rapport peut être celui de forces, de
vibrations et chocs mécaniques (en large concordance avec la norme déplacements, de vitesses ou d’accélérations (définition 1.18 de la
internationale ISO 2041), la fonction de transfert, liée à la fréquence, norme).
est définie par la relation mathématique entre une grandeur de sortie
D’autres définitions se rapportent exclusivement à des grandeurs
et une grandeur d’entrée d’un système. Cette définition, qui est très
précisées (tableau 2) :

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● impédance mécanique d’un système : rapport complexe de la et la fonction de transfert, définie par le quotient s /e, s’explicite en
force à la vitesse, la force et la vitesse pouvant être mesurées au régime quelconque :
même point (impédance directe) ou dans des points différents du
même système animé d’un mouvement harmonique (impédance s (p) c m p m + c m – 1 p m – 1 + ... + c 0
H ( p ) = --------------- = ----------------------------------------------------------------------------------
-
de transfert) ; e (p) a n p n + a n – 1 p n – 1 + ... + a 0
Nota : dans le cas d’une impédance mécanique en torsion, les mots « force » et
« vitesse » doivent être remplacés par « couple » et « vitesse angulaire » (définition 1.44 de La réponse en régime harmonique s’obtient en posant p = jω . La
la norme NF E 90-001) ; fonction de transfert H (jω ) = H ′ (ω ) + jH ′′ (ω ) est alors une grandeur
● admittance d’un système mécanique, inverse de l’impédance complexe qui ne dépend plus du temps, mais de la fréquence
(définition 1.50 de la norme NF) ; f = ω /2 π. Le module de la fonction de transfert est (H ′ 2 + H ′′ 2)1/2 et
● mobilité (parfois appelée admittance mécanique) [29] : rapport le déphasage Φ de la sortie par rapport à l’entrée est arctan (H ′′/H ′ ).
complexe de la vitesse mesurée en un point d’un système mécanique
à la force mesurée en un même point, ou en un autre point, du même
système en mouvement harmonique. La mobilité est équivalente, Remarque : pour les calculs précédents, la transformée de
sur le plan mécanique et formel, à l’admittance (définition 1.51 de Fourier aurait conduit au même résultat que la transformée de
la norme NF). Laplace, cette dernière étant plus générale et d’un emploi parfois
plus commode. Cependant, le spectre de Fourier, par extension
En dehors de cette norme, divers néologismes apparaissent ici et
des séries de Fourier aux phénomènes non périodiques, se prête
là : c’est ainsi que des auteurs américains [28] appellent trans-
bien à l’interprétation physique des vibrations de nature
mittance le rapport de l’amplitude de la force mesurée à « la sortie »
quelconque, périodiques ou non.
d’un support antivibratile à l’amplitude de la force appliquée à
« l’entrée ».
Retenons, pour la suite, le terme global de fonction de transfert ■ Représentation graphique
qui recouvre tous ces cas particuliers (précédentes définitions La représentation graphique des fonctions de transfert la plus
1.17 – 18 – 44 – 50 – 51). appropriée est choisie selon la nature de la structure et les lois de
comportement des matériaux et des assemblages en fonction de la
■ Mesure expérimentale des fonctions de transfert fréquence. La représentation peut en être faite dans le plan réel, en
Il est toujours possible de mesurer expérimentalement les fonc- module et phase, ou dans le plan complexe, en partie réelle et
tions de transfert caractéristiques d’une structure. On devra toutefois imaginaire. Une telle représentation est donnée en exemple pour
être attentif à la qualité de la mesure des minimums et des maxi- l’impédance Z = F/v d’un modèle à deux masses m 1 et m 2 , à deux
mums, qui correspondent tantôt à de grandes réponses sous faibles rigidités k 1 et k 2 et à deux amortisseurs b 1 et b 2 disposés en
excitations (résonances, § 1.2.1) – et dans ce cas la mesure de l’effort série/parallèle (figure 28), F étant l’amplitude de la force harmo-
excitateur peut être très bruitée – ou, inversement, à des déplace- nique imposée et v celle de la vitesse de réponse au même point.
ments très faibles quel que soit l’effort appliqué (antirésonances) – Il est aisé de construire la fonction de transfert d’un modèle
et dans ce cas la mesure des déplacements (ou vitesses ou accélé- masses-ressorts-amortisseurs donné, comme dans cet exemple ;
rations) est entachée d’incertitude. inversement, il n’est pas évident de déterminer le modèle corres-
Il est également souvent possible de représenter par un modèle pondant à une fonction de transfert donnée. Tel est l’un des buts
mathématique ces mêmes fonctions de transfert, en admettant une de l’analyse modale.
schématisation a priori des effets dissipatifs [amortissement local
ou réparti, représenté par un effort proportionnel à la vitesse 2.2.3.3 Analyse et représentation modale
(modèle visqueux ) ou à l’accélération (modèle hystérétique ), et en
phase avec la vitesse]. C’est par exemple le cas du modèle de L’analyse modale permet d’établir une représentation analytique
transmissibilité T (ω ) donné au (§ 2.1.2). des mesures vibratoires. Un avantage important est la réduction du
nombre de paramètres permettant de représenter le comportement
dynamique de la structure, à toutes fins d’analyse (simuler un
Les calculs modaux (§ 2.2.3.3) et par éléments finis (§ 2.1.3) comportement, mettre au point un prototype, suivre un risque
ne peuvent se comparer aux relevés expérimentaux que pour d’instabilité). Certes, dans un certain nombre de cas, les fonctions
une structure présentant des forces d’amortissement faibles de transfert seules peuvent suffire : mais, spécialement dans le cas
devant les forces d’inertie (masses) et de rigidité (raideurs). des structures continues et peu amorties, le nombre de points
Dans le cas contraire, il est nécessaire de procéder à l’analyse et fréquentiels requis est très élevé, et la manipulation des fonctions
à la représentation spécifique des phénomènes mécaniques de transfert impose celle de fichiers informatiques importants. La
effectivement en jeu et de créer ainsi le modèle particulier de la réduction permise par l’identification modale facilite aussi la
structure en question. comparaison avec des modèles ou des résultats de calculs, l’exploita-
tion des données mesurées dans des schémas de synthèse
dynamique (§ 2.2.3.4) ou des modèles d’instabilité, etc.
■ Exemple d’une fonction de transfert modélisée
À titre d’exemple modélisable d’une fonction de transfert, ■ Modèle mathématique
formulons l’hypothèse d’une structure répondant à un schéma La représentation modale consiste à utiliser la base des fréquences
différentiel linéaire reliant la grandeur de sortie s (t ) à la grandeur et des formes propres de vibration de la structure supposée tout
d’entrée e (t ), donc de la forme : d’abord sans amortissement (structure conservative associée).
an s (n ) + an – 1 s (n – 1) + ... + a0 s = cm e (m ) + cm – 1 e (m – 1) + ... + c0 e Le modèle mathématique dans son ensemble est matriciel d’ordre
(m × m) pour m degrés de liberté et m modes propres. Il est repré-
les symboles (n) et (m) en exposant représentant l’ordre de déri- senté par le système matriciel d’équations différentielles linéaires
vation en fonction du temps ; an ... et cm ... des coefficients constants. du second ordre à coefficients constants [µ], [β ], [γ ], qui s’écrit :
La transformée de Laplace de l’égalité précédente (en supposant le
système au repos à l’origine des temps) est l’équation suivante : [ µ ]q̇˙ + [ β ] q̇ + [ γ ]q = [ F ] (3)

(an p n + an – 1p n – 1 + ... + a0)s (p) = (cm p m + cm – 1p m – 1 + ... + c0)e (p) avec [µ] matrice des masses généralisées (dimension ML2),
[β ] matrice des amortissements généralisés (dimension
avec p variable de Laplace, ML2T –1),
[γ ] matrice des raideurs généralisées (dimension
ML2T –2),

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[F ] colonne des forces généralisées (dimension ML2T –2 ),


q, q˙, q˙˙ coordonnées généralisées, fonction du temps, et
leurs dérivées première et seconde par rapport au
temps.
Par hypothèse, si [β ] = [0], le système [ µ ]q̇˙ + [ γ ]q est conservatif
et les matrices [µ] avec µkk ≠ 0 et [γ ] avec γ kk ≠ 0 sont diagonales,
k étant l’indice de rang modal. Ce système, alors découplé de son
amortissement, est défini par :
— ses valeurs propres (fréquences propres f k ) ;
— ses vecteurs propres (formes propres Φk ).
Les modes propres sont bien indépendants entre eux et peuvent
être traités comme des systèmes masse-ressort conservatifs à un
seul degré de liberté. Il en est encore de même en présence
d’amortissement structural [β ] à condition :
— que cet amortissement suive le modèle rhéologique visqueux
proportionnel à q̇ (hypothèse restrictive qui n’a rien d’évident a
priori ) ; il est d’usage courant de rapporter l’amortissement par équi-
valence à ce modèle ;
— que, selon l’hypothèse de Basile déjà avancée par Rayleigh, Figure 28 – Fonction de transfert (b ) de l’impédance Z du système (a )
les termes de la matrice d’amortissement soient proportionnels à
ceux des matrices de masses et/ou de rigidités imposant que [β ]
soit diagonale, ce qui n’est pas le cas général.
La pratique des essais industriels montre que ces deux conditions
tant bien que mal respectées sont acceptables si les forces d’amor-
tissement [ β ] q̇ restent faibles devant celles d’inertie [ µ ]q̇˙ et de rigi-
dité [γ ]q . Or, au voisinage des résonances de phase de fréquences f k ,
la somme de ces deux derniers termes s’annule et la règle du rapport
des forces n’est plus satisfaite : les forces dissipatives [ β ] q̇ l’empor-
tent sur la somme des forces conservatives [ µ ]q̇˙ + [ γ ]q ≈ 0 .
C’est donc près des résonances que l’amortissement devient
prépondérant et c’est donc dans le voisinage de f k que les termes
βk k peuvent être obtenus avec la meilleure précision possible.
L’accès aux termes non diagonaux β k avec k ≠  , encore plus dif-
ficile que l’accès aux termes βkk , ne semble pas présenter un inté-
rêt pratique important, au moins dans le cas de structures
faiblement amorties.
Le nombre de modes significatifs m à retenir pour caractériser
une structure en vibration est indéterminé a priori, certains modes
étant accessibles, d’autres cachés. D’où une hésitation sur le choix
de l’entier m à introduire dans le calcul. Cette difficulté se présente
pour toutes les méthodes de traitement global multimodes. Dans
l’exemple de la figure 30, m = 3. Le fait d’oublier un mode
physique, soit (m – 1), ou d’introduire un mode fictif, soit (m + 1),
peut conduire à des erreurs d’interprétation importantes, notam-
ment aux extrémités de la plage des fréquences explorées.
Dans les paragraphes suivants, quelques exemples et remarques
générales sont donnés se rapportant à l’analyse modale et à ses
représentations, plus particulièrement dans le domaine aéro-
nautique.
■ Flottement des avions
À la base des calculs de risque de flottement d’avions en vol est Figure 29 – Torsion antisymétrique suivie en vol, précédée de relevés
l’hypothèse que l’avion, bien que structure continue, peut être assi- sur avions au sol (d’après [30])
milé à un système ne présentant qu’un nombre réduit de degrés de
liberté et que toute déformation harmonique d’un avion en vol est
■ Appropriation des modes
bien combinaison linéaire d’un nombre restreint de formes propres
relevées au sol. Faire vibrer une structure sur un seul de ses modes propres sup-
pose son appropriation par l’excitation. Cet état d’appropriation est
Exemple : le souci de vérifier cette hypothèse de la combinaison vérifié par le critère de phase : le déphasage entre la référence de
des formes a donné lieu à des essais en vol limités ici à cinq des modes l’excitation et les réponses en tout point de la structure doit être
relevés au sol (figure 29). égal à 0 ou à π. Ce critère peut être élaboré de diverses façons.
La participation de la torsion antisymétrique en vol dans cet Des méthodes d’appropriation itératives par modifications
exemple est de 45,6 % dans la combinaison linéaire des modes au successives des forces d’excitation et de la fréquence, élaborées en
sol introduite au sens des moindres carrés. Il est intéressant de France et en Angleterre, sont restées semi-automatiques. L’utili-
rappeler le principe de vérification expérimentale d’une des hypo- sation de critères du cumul arithmétique des écarts de phase par
thèses de base des calculs de flottement toujours appliquée par les rapport à 0 ou π conduit le plus souvent à atteindre des minimums
constructeurs d’avions français et étrangers. relatifs sans avoir la certitude de converger vers le minimum absolu
et sans pouvoir démontrer qu’il est atteint.

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Hormis ces difficultés, il doit être précisé que les techniques


d’appropriation comme celles des balayages harmoniques sont
d’exploitation longue mais souvent reprises à titre de référence dans
les essais vibratoires, par exemple pour lever le doute en cas de non-
linéarités.
■ Logiciels d’analyse modale
Nous ne saurions décrire les logiciels existants, publiés ou non,
ceux du marché étant déjà fort nombreux et donnant accès aux
fréquences propres et aux paramètres directs ou généralisés de
masse, de rigidité et d’amortissement.
Il existe des logiciels généraux qui fournissent les solutions du
modèle linéaire tel que l’équation (3) avec la matrice d’amortis-
sement [β ] diagonale. C’est le cas le plus fréquent.
Il existe aussi les logiciels adaptés aux usages particuliers des
vibrations non linéaires à variations rapides ou lentes. À titre
d’exemple, la non-linéarité porte soit sur la masse (masse variable
au cours du temps : fusées), soit sur la rigidité (perte de raideur par
fissuration d’une structure), sur l’amortissement (modification due
à la contrainte, à la température, à la fréquence, à l’histoire des sol-
licitations, etc.).
Devant de telles difficultés, qui excluent une solution générale, il
faut mettre à profit les processus de la simulation numérique
permettant de déterminer par calcul excitation et réponse de struc-
tures. La fonction de transfert est disponible et les limites de validité
de l’analyse modale sont évaluées indirectement sur un tel modèle,
que l’on peut utiliser ensuite pour simuler des modifications portant
sur des points sensibles [31].
Revenant aux fonctions de transfert expérimentales, les possi-
bilités du matériel de traitement informatique conditionnent l’impor- Figure 30 – Représentation modale et fonction de transfert
tance du logiciel admissible. La bonne mesure consiste à équilibrer d’un avion au sol (d’après [32])
les deux. Un matériel sous-exploité entraîne des immobilisations
excessives ; s’il est insuffisant, il ne permet pas d’effectuer un quelques 10–2. Aussi des comparaisons et des références sont-elles
traitement unique et global des données qui seul peut pourtant assurées par des laboratoires publics ou privés dont certains sont
garantir la cohérence du processus d’identification (suppression des agréés en France par le BNM (Bureau national de métrologie). Sans
effets de modes latéraux, atténuation des effets de bruits, et meilleur remonter aux sources métrologiques en usage dans le domaine des
conditionnement de la matrice à inverser). vibrations, nous nous contenterons d’indiquer ci-après des
Les essais de vibration s’orientent aujourd’hui davantage vers expériences d’intercomparaisons menées sur un plan industriel.
l’obtention rapide des fréquences modales issues de chocs non Ces exemples sont donnés pour souligner que la diversité des
contrôlés (percussion au marteau) ou de chocs contrôlés (action élec- principes de mesure et de méthodes de traitement et d’analyse
trodynamique à force ou déplacement imposés), plutôt que vers des modale, librement choisis par les participants, conduit parfois à des
balayages harmoniques complets, mais lents. Des microbalayages écarts cumulés assez importants dans les résultats, alors que les
peuvent être resserrés seulement autour des raies modales ainsi moyens considérés isolément peuvent être bien adaptés. Il y a aussi
dégagées et le temps gagné est important pour explorer les carac- une part importante de savoir-faire et d’interprétation qui intervient
téristiques d’une structure. dans l’élaboration des résultats et dans les différences constatées.
Exemple : la figure 30 n’est pas celle d’une mesure réalisée dans La figure 31 est un schéma synoptique des résultats obtenus par
les meilleurs temps, mais elle montre la qualité de la méthode de des voies différentes.
lissage : une structure, en majeure partie métallique, de type aéro- Exemples
nautique répond bien à un modèle linéaire. Sur la figure, les trois boucles
appartenant à trois modes successifs se distinguent bien [32]. ■ Des résultats de mesure coopératifs obtenus sur une maquette de
référence sont partiellement reproduits sur le tableau 10.
Enfin, le pas relatif en fréquence ∆f /f est variable avec le taux La maquette est une plaque rectangulaire, en matériau sandwich
d’amortissement structural α (ou amortissement réduit, § 2.1.2.2. (tôles métalliques et feuilles amortissantes), suspendue en fréquence
Les valeurs suivantes conviennent en pratique : basse (1,3 Hz). Les mesures contradictoires ont été effectuées
• α ≈ 0,1 % pour une structure peu amortie ; en 1977 par deux industriels et les calculs aux éléments finis (EF) par
• α ≈ 1,0 % pour une structure moyennement amortie ; un laboratoire, permettant ainsi un certain nombre de recoupements
• α ≈ 10 % pour une structure fortement amortie. sur les fréquences propres, les masses généralisées µ et les taux
■ Comparaison des résultats d’amortissement α .
Il est indispensable, pour toute épreuve métrologique, de disposer Des comparaisons reprises aujourd’hui avec les moyens perfec-
d’une référence définissable, reproductible et fidèle. Les techniques tionnés actuels ne fourniraient pas nécessairement des résultats plus
vibratoires n’échappent pas à cette règle, fort difficile à appliquer groupés. Certains facteurs extérieurs qui ne dépendent pas exclusi-
même si l’on se contente d’une incertitude relative de l’ordre de vement du matériel métrologique contribuent aux dispersions (notam-
ment la température de la maquette qui demanderait à être stabilisée).

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■ Une opération d’intercomparaison a été lancée par la DRET (Direction


des Recherches et Études Techniques, DGA) en 1978. L’initiative en
revient à D.J. Ewins de l’Imperial College de Londres qui a préparé
l’opération sous l’égide de l’AMTE (Admiralty Marine Technology Esta-
blishment) et a proposé à la France de s’y associer, l’ensemble
réunissant une trentaine de participants.
Des structures mécaniques ont été mises en circulation dans diffé-
rents laboratoires qui ont procédé à des mesures de mobilité selon une
règle imposée et ont remis leurs résultats sous forme normalisée à
l’organisme technique centralisateur. Un extrait de résultats publiés [33]
[34] est donné sur la figure 32. Il s’agit d’une structure en flèche réalisée
en assemblage boulonné (masse 6,8 kg).
Pour les résultats remis par l’ensemble des participants, les écarts
relatifs maximaux atteignent approximativement les valeurs suivantes :
• 10 % sur les fréquences ∆f /f ;
• 10 dB sur les mobilités ∆Y /Y ;
• 20 dB sur les amortissements ∆ α /α.
Comme pour l’exemple précédent, les causes de dispersion d’un
essai à l’autre sont nombreuses (suspension de la maquette ; attaque
en régime transitoire, aléatoire, harmonique ; moyens d’excitation et
de mesure qui modifient les fréquences propres, les mobilités et les
amortissements) ; ces causes d’erreurs, ajoutées, peuvent justifier
l’importance des dispersions constatées et doivent conduire l’expéri-
mentateur à multiplier les précautions et à comparer si possible
plusieurs montages et protocoles expérimentaux.

2.2.3.4 Sous-structuration et synthèse dynamique


La représentation du comportement dynamique de structures
quelconques en termes de fonctions de transfert (calculées, mesu-
rées, identifiées au sens de l’analyse modale, etc.) ouvre la possibilité
de prédire le comportement dynamique (= calculer la fonction de
transfert globale) d’un assemblage de diverses structures décrites
chacune par leur fonction de transfert propre (= mesurée ou calculée
sur les sous-structures isolées).
Pour être plus précis, il est nécessaire de disposer des matrices
de transfert constituées par les différentes fonctions de transfert Figure 31 – Résultats obtenus numériquement N , physiquement P
ponctuelles et croisées aux points d’entrée et de sortie de la structure, ou théoriquement T . Écarts et erreurs sur les résultats
donc à tous les points où l’on souhaite connecter un autre élément. (0)

Tableau 10 – Caractéristiques vibratoires d’une maquette déduites de diverses opérations


Fréquence propre Masse généralisée  Raideur généralisée 
Mode Opération Taux d’amortissement 
(Hz) (kg · m2) (kg · m2 · s–2)
Excitations
— créneau (3,6 ms) 36,5 – – 12,6 × 10–3
— bruit blanc 36,5 – – 13,4 × 10–3
— harmonique 35,6 8,8 445 × 103 9,6 × 10–3
Calcul par éléments finis
1 122 degrés de liberté 37,1 8,5 470 × 103 –

Excitations
— créneau (3,6 ms) 39,1 – – 15,4 × 10–3
— bruit blanc 39,2 – – 10,2 × 10–3
— harmonique 38,7 31,4 1 880 × 103 6,7 × 10–3
Calcul par éléments finis
1 122 degrés de liberté, 38,8 32 1 820 × 103 –
188 nœuds,
80 triangles à 6 nœuds
E : point d’excitation – : le résultat ne peut être obtenu.

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Figure 32 – Exemple de dispersion du module


de la mobilité sur une structure métallique

Il existe au minimum trois approches mathématiques pour déter-


miner le comportement dynamique de la structure assemblée :
— la synthèse modale à partir des bases modales des sous-
structures dont les points de jonction ultérieurs sont bloqués (Craig
et Bampton) ; cette méthode est rarement appliquable dans le cas
d’expérimentations, vu la difficulté pratique que l’on rencontre pour
réaliser des montages encastrés sur une plage de fréquence suf-
fisamment étendue ;
— la synthèse modale à partir des bases modales des sous-
structures complètement libres dans l’espace (Mac Neal) ; cette
méthode est, à l’inverse, commode pour l’expérimentateur, car des
suspensions très souples (sandows ou chambres à air, etc.) offrent
facilement ces conditions libres dès que la fréquence dépasse
quelques hertz ;
— la synthèse impédancielle, qui revient à coupler directement
les impédances ou admittances des structures, mais qui, nécessitant
diverses inversions de matrices d’assez grande taille, apparaît plus
difficile numériquement et demande de sérieuses précautions, en
termes d’analyse numérique, lorsque les données sont d’origine
expérimentale.
Ces méthodes sont diffusées sous forme de logiciels, le plus
souvent en complément optionnel de logiciels d’analyse modale.
Les principales applications de ces méthodes de sous-
structuration et de synthèse dynamique dans le domaine industriel
sont typiquement les suivantes :
— la simulation de modifications de la structure analysée, en
couplant à la structure de départ des éléments simples (masses, Figure 33 – Application de la méthode de sous-structuration
poutres permettant de rigidifier la structure, etc.) ; c’est une manière et synthèse dynamique à un projet de plate-forme pétrolière offshore
souvent élégante et rapide d’évaluer le glissement de fréquence
propre qu’on va pouvoir obtenir sur une structure par des modifi-
cations simples ; elle suppose seulement que l’on mesure les fonc-
• de coupler des données expérimentales acquises sur des sous-
tions de transfert (puisqu’on étend la base modale) aux points où
ensembles existants (par exemple, des machines déjà construites
l’on songe appliquer ces modifications ;
ou des éléments similaires à des réalisations antérieures) avec le
— la conduite des projets importants où l’on va assembler des
résultat de calculs (le plus souvent en éléments finis) sur d’autres
éléments originaires de fournisseurs différents ou de technologie
éléments encore en projet.
différente, pour constituer l’ensemble final. La sous-structuration
permet alors : Ces méthodes sont ainsi appliquées depuis des années avec
• d’identifier la contribution dynamique propre de chaque succès pour l’optimisation de prototypes de véhicules automobiles,
élément dans le comportement final, ou pour concevoir ou modifier des plates-formes de forage offshore
• de ne reprendre qu’une fraction des notes de calcul ou des (figure 33) [35].
essais si un seul élément vient à être modifié,

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3. Maîtrise des vibrations


et des bruits induits.
Exemples de cas industriels
3.1 Actions correctives
À ce stade, les mesures et leur interprétation ont permis d’identifier
les mécanismes vibratoires à l’origine de la gêne. Suivant le cas, cette
constatation est faite lors des premiers essais d’un prototype ou sur
une installation déjà ancienne présentant des problèmes de
vieillissement.
Ces vibrations sont inacceptables à court ou à long terme, quelle
qu’en soit la raison (risques d’endommagements irréversibles, non-
conformité des produits) : l’ingénieur doit donc imaginer des
remèdes durables, sans pour autant remettre en cause le produit
ou l’installation. Ce paragraphe illustre les solutions ou, à défaut,
les palliatifs les plus efficacement employés dans divers domaines Figure 34 – Accélération  au démarrage d’un réducteur de pompes
de l’industrie. (EDF Saint-Laurent) après étalement de la puissance sur t = 0,3 s

Cela implique successivement deux démarches :


1. remonter aux causes situées le plus en amont ; une analyse
— la raie vibratoire fondamentale est à plus basse fréquence,
plus ou moins complexe fera découvrir les sources (par exemple,
typiquement 15 Hz si le moteur tourne à 900 tr/min, au lieu de 70 Hz
le balourd d’une machine tournante) ;
pour 4 200 tr/min, excitant alors les premiers modes de la caisse,
2. agir surtout sur les causes premières ainsi détectées (dans cet
plus perceptibles physiologiquement.
exemple, procéder à l’équilibrage dynamique de la machine).
c ) Écarter un risque d’instabilité
Exemple : les vibrations et bruits dus au roulage et perçus à l’inté-
rieur d’un véhicule routier sont fonction de la transmissibilité de la Le suivi d’instabilités par calculs sur modèles mathématiques
suspension et de la qualité de l’interface pneumatiques/route. Aussi les procure l’avantage d’être plus économique et plus rapide à mettre
constructeurs et équipementiers étudient le spectre de fréquence lié à en œuvre que de nouvelles constructions. Ce processus est appliqué
la vitesse de roulage, à la sculpture des pneumatiques et à la rugosité avec succès aux études préventives d’instabilités.
de la route. ● C’est le cas des avions, où existe le risque du flottement en vol

La démarche 1 ayant abouti à localiser la source à l’interface, la par couplage de deux modes avec les forces aérodynamiques, et
démarche 2 revient à étudier le mouvement relatif pneumatiques/route, apparition d’un amortissement α négatif. La figure 35 est établie :
compte tenu de la réaction du véhicule et en fonction des principaux — à partir d’une analyse modale expérimentale de l’avion au
paramètres (vitesse, trajectoire, pression de gonflage, rôle de la sol, sans vent (V = 0), et suspendu en basse fréquence (1 à 2 Hz)
sculpture des pneumatiques) influant sur la génération des vibrations et pour assurer un bon découplage avec les premières fréquences
bruits, sur l’adhérence et la tenue de route. propres de l’avion (à cet essai de l’avion au sol peut être substitué
un calcul par éléments finis si l’on dispose des moyens informati-
Une solution d’amélioration apportée à un état vibratoire donné ques nécessaires) ;
doit être particularisée au cas traité. Les exemples ci-après nous — à partir d’un calcul de la vitesse critique Vc résultant de coef-
invitent à distinguer sept actions distinctes, sans que ce chiffre ficients théoriques des forces aérodynamiques instationnaires
constitue une limite ! D’autres exemples nous amèneraient peut- (Kussner) aux fréquences de l’avion ; la méthode des tranches
être à compléter la liste suivante, qui a déjà une grande généralité : indépendantes bidimensionnelles en fluide incompressible est
— réduire une puissance ; appliquée à Vvariable .
— déplacer une fréquence d’excitation ; Écarter un risque d’instabilité, c’est-à-dire repousser la vitesse
— écarter un risque d’instabilité ; critique, conduit, par exemple pour une gouverne, à la suréquili-
— amortir les résonances et les chocs ; brer en alourdissant son bord d’attaque.
— isoler les structures ;
● Un son, détecté vers 140 à 150 Hz, est émis par un détachement
— agir par contrôle actif ;
tourbillonnaire régulier au point P (figure 36). Il s’agit d’un méca-
— surveiller et analyser au moyen des vibrations.
nisme aéro-acoustique qui est à l’origine des bruits éoliens des
a) Réduire une puissance câbles de lignes électriques. Des études expérimentales d’EDF en
Des détériorations de dentures ont été constatées sur plusieurs soufflerie anéchoïque complètent une modélisation numérique du
réducteurs de pompes de centrales nucléaires. Une campagne rayonnement sonore.
d’essais a été menée lors de démarrages et d’arrêts. Les couples, Le remède supprimant 5 dB du bruit (déplaçant P en C) consiste
poussées et chocs ont été mesurés pour diverses conditions de à enrouler en hélice sur le câble (∅ ≈ 16 mm) un cordon (∅ 5 mm)
démarrage. Le remède a été de réduire la puissance transmise, trop au pas de 100 mm.
élevée (figure 34), en allongeant le temps de démarrage du moteur
d ) Amortir les résonances et les chocs
par interposition d’une auto-inductance, le nouveau régime transi-
toire étant acceptable. La littérature est riche dans ce domaine. La notion d’amortis-
sement, difficilement modélisable, est encore souvent issue d’une
b) Déplacer une fréquence d’excitation
démarche semi-empirique. Amortir des chocs et des vibrations, par
Un véhicule, confortable en régime normal sur route, peut se voie passive, en particulier les résonances, transforme la puissance
révéler bruyant et trépidant lorsque le moteur tourne au ralenti mécanique, qui est dissipée intégralement en chaleur. L’élévation de
(900 tr/min) dans les embouteillages. Pourtant la puissance a température qui en résulte risque d’influer sur le point de fonction-
considérablement baissé, mais le système mécanique n’est plus le nement et la réponse de l’amortisseur, dans la majorité des cas
même : rencontrés.
— seule tourne la partie en amont de l’embrayage avec une inertie
et un balourd différents ;

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et de fréquence. Il existe sur le marché des feuilles « sandwiches » à


base de tôles métalliques, utilisables pour la construction de capots
de machines, de trémies soumises à des chocs, etc. (figure 37b ).
● Amortissement électrodynamique : le principe est de dériver
une partie de l’énergie vibratoire sous forme électrique. On distin-
gue les amortissements de type passif et de type actif, qui l’un et
l’autre conduisent à des solutions plus coûteuses que les deux
précédentes :
— l’amortissement passif met en jeu les courants de Foucault
développés par un conducteur en mouvement dans un champ
magnétique permanent (figure 37c ) ;
— l’amortissement actif comprend l’amortisseur passif et un
amplificateur de puissance ; le résultat est un amortissement
visqueux pur, indépendant de la fréquence ;
— l’amortissement piézoélectrique agit de façon similaire. On
couvre tout ou partie de la structure par un revêtement piézo-
électrique connecté à un circuit dissipatif. On réalise alors un
dispositif amortisseur actif ou passif, efficace même à très basse
fréquence [37].
e) Isoler les structures
L’article Isolation antivibratoire et antichocs [B 5 140] du traité
Génie mécanique développe précisément ce point.
Rappelons que le découplage correspond à l’insertion d’un
élément souple qui empêche les vibrations de se propager plus loin
Figure 35 – Essai de vibration au sol et prévention du flottement et les confine côté source (rupture d’impédance). Ce concept a un
en vol (origine : ONERA) sens très large et certains exemples précédents, tels que b ) ou c ),
pourraient être classés ici.
Nous nous limiterons à l’exemple du découplage classique obtenu
par insertion d’une raideur faible. Le résultat optimal est obtenu en
se plaçant au point d’inflexion I de la caractéristique force F -allon-
gement a de la figure 38 dans le cas de matériaux non linéaires
comme le caoutchouc. Des ressorts métalliques, utilisés dans le
domaine linéaire, peuvent conduire à des fréquences de suspension
de 1 ou 2 Hz, ou même plus basses avec une suspension pneu-
matique.
f ) Agir par contrôles actifs
De telles solutions ont été développées dans des domaines
variés, même si les applications industrielles sont encore rares
(principalement faute de technologies suffisamment rustiques pour
les capteurs et actionneurs).
Exemples
— Stabilisation de navires en roulis au moyen de systèmes actifs
antiroulis. Un couple antagoniste est créé par le déplacement de
Figure 36 – Exemple de découplage acoustique par désorganisation
masses commandé à partir de la détection de l’angle de roulis θ et de
d’un détachement tourbillonnaire aéro-acoustique
ses dérivées θ˙ et θ̇˙ .
(pic P supprimé en C)
— Roulement d’avions sur terrains inégaux par détection
« avancée », de 0,5 m par exemple, à l’aide d’un rayon laser émis à bord
Nous limiterons cette présentation à des réalisations fondées sur et réfléchi sur l’obstacle ; puis action de contrôle agissant à l’instant
trois principes différents (figure 37 ) : les amortissements par convenable sur le vérin du train d’atterrissage. Le même résultat peut
frottement sec, viscoélastique, électrodynamique. être atteint par détection et action concomitantes sur le servovalve du
Les termes d’amortissement α ou C sont accompagnés de termes vérin, à condition que le temps de réponse des commandes soit beau-
de raideur non linéaires ∆ F /∆ x ou K , tous plus ou moins fonction coup plus court que dans la solution précédente agissant par signal
de la fréquence et/ou de la température. précurseur en boucle ouverte.
● Frottement sec : il est à réserver aux cas de vibrations d’ampli- — Paliers et amortisseurs magnétiques. Ces dispositifs, sans lubri-
tude importante ; bien maîtrisé, il est mis en œuvre pour limiter le fiant ni frottement, sont applicables dans de très larges plages de
débattement des cuves de lave-linge, et utilisé dans les amortis- température et de pression (article Paliers magnétiques [B 5 345] dans
seurs à câble métallique pour assurer la protection d’équipements le traité Génie mécanique). EDF a vérifié sur un palier magnétique d’une
embarqués (exemple : figure 37a ). En deçà du seuil de glissement, capacité de portage de 40 000 N (réalisation S2M) une bonne
il est inopérant ; les vibrations sont alors entièrement transmises. concordance de la raideur mesurée et calculée pour différents gains de
● Amortissement viscoélastique : pour amortir des structures à
la boucle d’asservissement des électroaimants. Ce palier actif, fonction-
forte rigidité, les meilleurs résultats sont obtenus par des revête- nellement porteur, peut aussi être utilisé en amortisseur magnétique s’il
ments viscoélastiques contraints travaillant en cisaillement. Leur est inséré sur une ligne d’arbre déjà supportée. Les vitesses critiques
mise en œuvre doit être précédée par une sélection rigoureuse des peuvent alors être franchies sans inconvénient. Un banc d’essai existe
matériaux et une modélisation des cas précis d’application : il n’y a à EDF pour en démontrer la faisabilité jusqu’à une force centrifuge de
pas de matériau amortissant « universel » et les élastomères ne balourd de 105 N. De tels paliers sont également envisagés pour rendre
sont très amortissants que dans des plages étroites de température indétectable le balourd de la machinerie de sous-marins.

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Figure 38 – Suspension souple (1 à 2 Hz) par câble élastique

g) Surveiller et analyser au moyen des vibrations


Les vibrations des structures sont, dans de nombreux cas, signi-
ficatives de l’état de celles-ci ; les réponses vibratoires, convena-
blement analysées, sont riches d’enseignement. Le suivi structural
peut s’exercer en considérant deux natures distinctes de signaux :
— les signaux vibratoires internes émis lors du fonctionnement
structural normal et appelés signaux vibratoires naturels ou plus
simplement vibrations naturelles ;
— les signaux des réponses vibratoires dues seulement à des
vibrations forcées extérieures, appelées vibrations artificielles .
Dans le cas le plus banal (vibrations naturelles d’une machine
tournante courante), un accéléromètre associé à un équipement de
collecte et de surveillance suffit dans la plupart des cas rencontrés,
dont un exemple est donné ci-après.
Au contraire, dans le cas des vibrations artificielles, l’entrée est
imposée, connue et définissable. Le traitement, plus complexe, est
celui de l’acquisition des fonctions de transfert structurales et
demande des moyens plus importants dépassant le stade de la
surveillance pour atteindre celui de l’analyse. Deux exemples sont
donnés ci-après.
● Équipement de surveillance de vibrations naturelles : la détec-
tion d’anomalies de fonctionnement d’un parc de machines ou
d’une machine isolée peut être assurée par des installations fixes ou
des appareils portables qui réalisent commodément, dans les cas
courants, l’ensemble des fonctions requises : collecte, analyse et
traitement de données issues de capteurs vibratoires, gérées par
des logiciels appropriés [Movilog et Moviscope de Framatome
Diagnostic].
De tels moyens permettent des auscultations variées (trans-
formées de Fourier rapides, statistiques de tendance, moyennes
quadratiques, facteurs de crête, etc.) opérées sur des signaux de
capteurs fixes ou sur ceux du capteur mobile du rondier.
● Vibrations forcées : contrôle de l’état de fatigue d’une
structure : la figure 39a schématise le cas d’une structure en essai
sous sollicitation mécanique (ici éprouvette en fatigue, équipée d’un
accéléromètre).
Pour établir l’évolution mécanique de l’échantillon, il importe de
mesurer à intervalles réguliers une grandeur qui puisse caractéri-
ser l’état de fatigue traduisant globalement, par exemple, des fis-
sures ou des dislocations imperceptibles. Cette grandeur est ici la
fréquence propre f 0 significative de l’état mécanique structural.
Des tests, opérés sous vibrations forcées de courte durée, avec
ou sans interruption de la sollicitation de fatigue, peuvent être, s’ils
sont bien choisis, significatifs de « l’état de fatigue » structural
recherché. C’est l’objet de la figure 39b . La structure sollicitée en
fatigue par une force extérieure F est assimilée à un système
à 1 degré de liberté à constantes localisées (m, c, k ) répondant au
modèle :

Figure 37 – Amortissement : différents principes [36]. mẋ˙ + cẋ + kx = λ ẋ

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— de la durabilité opérationnelle effective de ces mêmes équi-


pements, dans un souci de rendement accru ;
— de la satisfaction de la demande de plus en plus impérieuse
de confort vibratoire et acoustique, dans les sites de production,
les moyens de transport, l’habitat.
Comme d’autres évolutions technologiques, la maîtrise des vibra-
tions est d’abord passée par la demande des constructeurs
aéronautiques et d’engins spatiaux, et l’enjeu des systèmes d’armes
les plus évolués, tels les sous-marins des forces stratégiques. Ce sont
ces secteurs qui ont motivé et soutenu financièrement le dévelop-
pement de la plupart des outils et méthodes tels que ceux développés
au paragraphe 2 et continuent d’inciter à des développements
nouveaux et complémentaires. Le relais a été ensuite pris par des
industries fortement innovatrices et soucieuses de la performance
de leurs produits et de leurs coûts, comme l’industrie automobile
et ses réseaux d’équipementiers. Les exemples ci-après (§ 3.3, 3.4
et 3.5) visent à démontrer que le stade de diffusion à tout le tissu
Figure 39 – Contrôle de l’évolution mécanique d’une structure industriel est maintenant atteint.
par voie vibratoire
Cette perspective optimiste ne doit pas pour autant se traduire
par un excès de naïveté qui ferait réduire cet objectif de maîtrise
des vibrations des structures à l’acquisition de quelques logiciels et
On établit une contre-réaction de vitesse ẋ , dosée par un facteur d’un analyseur de fréquences. Quelques vérités fondamentales
réel λ tel que F = λ ẋ et λ ≈ c . Cela rend l’amortissement quasi nul, doivent être rappelées :
et la structure oscille alors sur son mode propre tel que : — il faut apporter autant de soin à prévoir les excitations dyna-
miques engendrées au sein d’une structure qu’à contrôler les modes
2
( – m ω 0 + k )x ≈0 f0 = ω0 ⁄ 2 π propres de cette dernière ; or beaucoup de phénomènes dynamiques
inhérents au fonctionnement des machines restent peu élucidés et
On observe l’abaissement de cette fréquence propre f 0 , dû à appelleraient des travaux d’analyse de la part de mécaniciens au sens
l’état d’endommagement de la structure, qui en est un critère strict du terme ;
quantitatif. — les conditions aux limites et les assemblages, dont une part
■ Analyse du comportement vibratoire d’un barrage : mise en vibra- notable des amortissements est issue, ont un poids considérable
tions forcées (action EDF) du barrage-voûte de Laparan par un dans la qualité et la véracité des calculs dynamiques de structure,
ensemble de forces vibratoires de 50 kN dans la bande de fréquences et là encore la connaissance rationnelle est lacunaire ; qu’importent
de 2 à 50 Hz. Le but de cet essai est de suivre le comportement dyna- alors la précision de calcul des algorithmes et la qualité graphique
mique du barrage par sensibilité modale, qui peut traduire un défaut. des « déformées animées » !
Un tel défaut peut être localisé à l’aide d’un modèle 3D de la voûte — le coefficient d’amortissement que l’on définit pour une struc-
et de la retenue, réalisé à cette fin. ture mode par mode dépend physiquement de phénomènes aussi
variés que les réarrangements microgranulaires à l’échelle micro-
Les vibrations artificielles (ou forcées) sont donc susceptibles de scopique, le rayonnement acoustique, les jeux mécaniques, la
faire ressortir de manière sensible et de traduire quantitativement viscoélasticité, le fluage, etc. ; on devra donc garder une certaine
des modifications structurales. La principale difficulté est de pouvoir prudence avant d’en supputer la valeur ou de conclure qu’un apport
discriminer des modifications ténues, mais suffisamment précoces de matériau viscoélastique est l’universelle panacée face à une
relativement à une ruine majeure de l’ouvrage, pour que cette vibration ou à un bruit excessif !
approche soit intéressante et sûre : de ce fait, son application indus-
trielle reste limitée. La maîtrise des vibrations restera donc encore durablement un art
de l’ingénieur, avec tout le sens du diagnostic, l’intuition raisonnée
et l’expérience que cela comporte, au-delà des facilités numériques
qui n’en sont qu’un instrument. De là l’importance des publications
3.2 Diffusion des techniques d’analyse d’études de cas, des colloques et toutes autres formes de diffusion,
qui, dans le domaine expérimental, restent trop peu nombreux,
probablement du fait de la réticence des industriels concernés à auto-
Les principaux concepts de l’analyse vibratoire sont formulés riser de telles publications, malgré les précautions prises pour
depuis plusieurs générations. Mais la maîtrise des aspects vibra- respecter les exigences légitimes de confidentialité.
toires ne connaît son développement actuel que grâce à la diffusion Les exemples que nous avons retenus ont avant tout pour objet
concomitante : d’éclairer les diverses stratégies de contrôle des vibrations que notre
— de logiciels d’analyse par éléments finis enfin bon marché et activité de consultant nous amène à mettre en œuvre, sans souci
ne demandant plus une spécialisation particulière pour leur mise d’entrer ici dans tous les détails techniques de ces applications.
en œuvre ;
— d’analyseurs de signaux dynamiques par transformée de
Fourier rapide (FFT – Fast Fourier Transform), également de plus en
plus économiques et simples d’emploi. 3.3 Première étude de cas : suppression
L’avènement d’une révolution technologique similaire dans le des vibrations indésirables lors de la
domaine des capteurs (qui, jusqu’à présent, n’avaient que peu mise au point d’une machine de série
évolué), grâce aux technologies du silicium en couche mince déjà
évoquées (figure 17), va probablement contribuer à accélérer encore
ce mouvement de diffusion. Ce premier exemple illustre une démarche typique pour faire face
Les enjeux sont considérables, puisque cette maîtrise des aspects à l’apparition tardive de problèmes de nature vibratoire dans le
vibratoires et acoustiques est à la fois la clef : processus de développement d’un produit.
— de l’allègement des structures et des machines, visant à l’éco-
nomie des matières premières et de l’énergie ;

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Il s’agissait d’outillages pneumatiques de type ponceuse orbitale,


destinés à des usages professionnels, mais produits malgré tout en
assez grande série.
Alors que les prototypes avaient présenté un comportement vibra-
toire tout à fait normal pour ce type de matériel, il est apparu
rapidement, lors de la production de série, que plus de la moitié de
l’outillage s’avérait inutilisable en raison de vibrations excessives.
C’est alors que nous avons été appelés à intervenir, avec le degré
d’urgence que l’on imagine.
Le premier test a été de contrôler la qualité de l’équilibrage de
la partie tournante. Il est apparu qu’un gain significatif pouvait être
obtenu en remplaçant l’équilibrage statique antérieur par un
équilibrage dynamique en deux plans (figure 40) (ces méthodes
d’équilibrage des rotors sont précisées dans le traité Génie méca-
nique). Toutefois, les vibrations restaient élevées et nombre de
machines dépassaient encore la norme actuellement fixée à 3 g .
C’est pourquoi nous avons décidé de rechercher si des phéno-
mènes de résonance mécanique n’étaient pas impliqués. Une
analyse modale sommaire, à partir d’excitations par chocs, a été
conduite dans la bande 0 à 500 Hz. Il est apparu que le plateau de
la ponceuse présentait un mode dit de basculement à 112 Hz, qui
semblait effectivement se coupler malencontreusement à un
harmonique de la fréquence de rotation (le mouvement cinématique
orbital induit en effet des raies harmoniques nombreuses et
intenses). Toutefois, cette seule observation, si elle expliquait le
caractère élevé des niveaux vibratoires, n’expliquait pas pourquoi
telle ponceuse était bonne et telle autre inutilisable.
Un examen plus attentif de ces essais modaux a révélé des
comportements largement non linéaires et peu répétitifs de ces
machines. À partir de cette observation, on a pu mettre en évidence Figure 40 – Étude des niveaux vibratoires de ponceuses
un jeu important entre l’axe de la turbine (l’élément moteur) et le
corps de la machine, qui ne se révèle que lorsque la mécanique est
chaude, après un certain temps de fonctionnement.
Une nouvelle analyse en fonctionnement a permis de confirmer
3.4 Deuxième étude de cas : remède
le rôle fondamental de ce jeu dans le phénomène vibratoire gênant. à la dégradation structurale causée
Le délai d’apparition de ce dernier est probablement lié à la fois à par les vibrations d’une installation
des dilatations différentielles des pièces en regard et à la réduction industrielle
de l’amortissement visqueux du film d’huile, lorsque la température
de la machine s’élève et se stabilise en fonctionnement. Le couplage
vibratoire entre le fouettement de l’arbre et le mode propre du Après quelques années d’exploitation, la plupart des six unités
plateau apparaît alors, et les vibrations deviennent intenses. d’aéroréfrigérants d’une importante unité industrielle (figure 41)
Dès lors, la solution de ce problème devenait évidente : il a suffi présentaient des états de fissuration jugés alarmants par l’exploitant
de modifier la procédure de montage de ces paliers et le couple de et nécessitaient, par ailleurs, des coûts d’entretien anormalement
serrage pour réduire la valeur du jeu et les tolérances de fabrication élevés pour parvenir tant bien que mal à satisfaire aux exigences
correspondantes. En quelques jours, ces modifications mineures du de fiabilité et de disponibilité requises par les unités de trans-
processus de fabrication et de montage ont permis de reprendre formation chimique qui en dépendaient. Nous avons donc été
normalement la commercialisation de la totalité de la production. appelés à procéder à une expertise approfondie.
Des mesures en fonctionnement ont d’abord permis de mettre en
Remarque : l’élargissement des tolérances constructives lors évidence un groupe de raies fréquentielles fortement émergentes
du passage du stade prototype à la production de série n’est entre 23 et 26 Hz, ainsi qu’entre 5 et 8 Hz (figure 42). L’analyse de
qu’un des nombreux paramètres liés au choix des technologies la cinématique du système moteur-réducteur-ventilateur met en rela-
de construction des objets mécaniques. Le bureau des méthodes tion ces vibrations avec les excitations provoquées par, d’une part,
vérifie en général avec le bureau d’études que ces choix ne jouent le fondamental de rotation h1 du moteur et l’harmonique H12 du
ni sur la résistance mécanique des pièces, ni sur les perfor- ventilateur, de fréquence très voisine, d’autre part les harmoniques
mances fonctionnelles (rendement, étanchéité, etc.). Mais les H3 et H4 du ventilateur. S’agissant d’un ventilateur à 3 pales tournant
vibrations et le bruit des objets fabriqués peuvent dépendre devant quatre obstacles fixes (les deux poutres en croix qui tiennent
aussi, indirectement, de ces choix de technologie de production, son axe) (figure 40), l’émergence de ces raies H3, H4 et H12 n’avait
comme cet exemple le montre ; et ce caractère indirect rend en rien de surprenant. Mais cela n’expliquait pas leur niveau si élevé
général un tel risque imprévisible, en dépit des conséquences pour du matériel de cette qualité mécanique et aérodynamique.
financières considérables tant directement qu’en termes d’image Nous avons alors procédé à une analyse vibratoire synchrone,
du produit nouveau : en effet, quelque soin qu’on apporte à ana- c’est-à-dire que les mesures en divers points sont référencées en
lyser le bon fonctionnement des prototypes, on ne peut déceler phase (par l’emploi d’un tachymètre) à la position angulaire des
avant l’heure ces aléas de la montée de la production aux grandes mobiles correspondants. Il est ainsi possible de tracer les mouve-
séries... ments et les déformations de la structure spécifiquement provoqués
par ces raies harmoniques, et même de les animer sur l’écran de
l’analyseur.
Du moins cette expérience peut-elle inciter à réagir plus rapi-
dement dans des circonstances similaires.

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Figure 43 – Déformée modale des poutres à 23 Hz

Figure 41 – Schéma d’une unité d’aéroréfrigérants

Figure 42 – Spectre d’accélération en fonctionnement

Ce procédé a permis de mettre en évidence en particulier, dans Figure 44 – Déformées modales mesurées de la dalle
le plan horizontal, une flexion importante des poutres en croix, et de la cheminée
associée à une rotation du nœud central tout à fait synchronisée à
la raie H12 du ventilateur à 23,5 Hz (figure 43), ainsi que diverses
déformations de la cheminée de l’aéroréfrigérant et de la dalle proximité est rendue catastrophique par la quasi-coïncidence avec
supérieure. des résonances structurales majeures des éléments qui leur sont
Pour expliquer ce fort couplage, nous avons alors procédé à une directement couplés.
analyse modale à partir d’une excitation par chocs de la structure, L’état de fissuration du bâtiment et les coûts de maintenance des
moteur et ventilateur arrêtés. Parmi les modes déjà nombreux qui parties mécaniques étaient tels qu’une solution rapide et définitive
ont été révélés, trois d’entre eux présentaient des fréquences propres devait être apportée. L’importance de l’enjeu (économique et
et des déformées voisines de celles observées en fonctionnement : fonctionnel) de cette installation ne permettait de plus aucun
— deux modes en festons de la cheminée associés à des flexions tâtonnement.
de la dalle, respectivement à 5,6 et 7,9 Hz (figure 44) ; C’est pourquoi nous avons étayé par des calculs en éléments finis
— un mode de flexion des poutres dans le plan horizontal, associé la définition d’une solution pour en garantir l’efficacité. Un modèle
à la rotation d’axe vertical de la plate-forme moteur, à 23 Hz. assez simple a permis de retrouver les formes propres observées
Le diagnostic était alors clair : le choix d’un rapport de réduction (figure 45, en relation avec les figures 44a et b ). Les écarts sur les
voisin de 12, qui rapproche h1 moteur et H12 ventilateur, alors même fréquences, dus aux approximations sur les conditions aux limites
qu’H12 est la raie ventilateur prépondérante (3 pales × 4 éléments et aux détails structuraux négligés, ne dépassent pas 10 % et ont
fixes dans la veine aéraulique) est en soi déjà malencontreux ; cette dispensé de procéder à un recalage du modèle.

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Nous avons ensuite simulé diverses modifications structurales et 3.5 Troisième étude de cas : amélioration
retenu avec notre client un raidissement par huit bracons (figure 46).
Cette solution est la seule à garantir un glissement suffisamment d’un découplage antivibratile
important des fréquences propres de la structure vis-à-vis des raies
excitatrices. Des modifications sur la partie mécanique de l’instal- Ce troisième référer exemple est emprunté au domaine ferroviaire.
lation (modification du rapport de réduction) n’étaient, par contre, Nous avons été appelés par la RATP pour remédier à des ruptures
pas envisageables, mais, en principe, elles auraient pu permettre de fréquentes affectant les supports des capteurs magnétiques de
réduire tout autant les vibrations de l’installation. Le résultat final signalisation implantés en porte-à-faux sur les bogies de matériels
mesuré sur l’installation modifiée est présenté sur la figure 47 ; il roulants ; il est à noter que cette rupture intervenait malgré l’effet
se passe de tout commentaire. filtrant attendu des découplages mécaniques (anneaux d’élasto-
mère) interposés entre le corps du bogie et la poutre porte-capteurs
(figure 48).
Il convenait d’abord de caractériser l’ambiance vibratoire présente
sur le corps de bogie dans les conditions normales d’opération. Le
spectre de ces vibrations est apparu beaucoup plus timbré que l’on
ne l’aurait attendu, en raison probablement d’une réponse modale
du corps de bogie aux chocs de roulement (figure 49).
Parallèlement, on a procédé à l’analyse dynamique des poutres
porte-capteurs en conditions libres (puisqu’elles sont découplées
mécaniquement).
Compte tenu de ces deux données, il est apparu nécessaire de
modifier les éléments de découplage proprement dits, qui déter-
minent le transfert effectif entre les vibrations des bogies et les
Figure 45 – Déformées modales calculées
poutres. On a préconisé une nouvelle suspension et vérifié par un
(modèle de calcul en éléments finis)
calcul de synthèse que la réponse vibratoire de la poudre serait, cette
fois, très en deçà de ses limites de résistance en fatigue.
Les essais finals l’ont confirmé. Il est intéressant de signaler que
l’on s’est servi du modèle par éléments finis pour déduire, des accé-
lérations mesurées, les niveaux de contraintes mécaniques dans les
éléments trop difficiles à instrumenter en jauges de contraintes
(figure 50).

Figure 46 – Solution de renforcement retenue (par huit bracons)

Figure 48 – Emplacement du capteur sur le bogie

Figure 47 – Comparaison des niveaux vibratoires Figure 49 – Mesures d’accélération sur le bogie en roulage normal,
en fonctionnement avant et après mise en place au droit du support de poutre, poutre enlevée
des bracons (pour I se référer à la figure 42)

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VIBRATIONS DES STRUCTURES INDUSTRIELLES _____________________________________________________________________________________________

Figure 50 – Redimensionnement des colliers porte-capteurs. Calcul des contraintes dynamiques

4. Conclusion — essayer la structure en vibration ; comparer les résultats


d’essais à ceux du calcul ; interpréter les écarts en reprenant, si
besoin est, les hypothèses de travail pour assurer l’accord
essai/calcul ; apporter les modifications qui s’imposent : c’est l’étape
Les vibrations, les chocs et les bruits rencontrés sur les structures corrective et de mise au point ;
industrielles ont des conséquences internes et externes dans des — contrôler par les vibrations produites ou provoquées la réponse
domaines variés. Il est donc nécessaire de les prendre en consi- de la structure tout au long de sa vie, la signature de sa réponse ;
dération : c’est l’étape de la surveillance vibratoire.
— en théorie, à partir du projet de structure ; Au-delà, faisant profit de l’expérience de ces trois étapes, il est
— en pratique, durant tout l’intervalle d’exploitation de la struc- possible d’imaginer une nouvelle disposition structurale plus
ture, depuis la mise en œuvre jusqu’à la mise en réforme. performante que la précédente, c’est l’étape prospective qui valorise
En simplifiant, trois actions principales marquent les étapes à les résultats de calculs et d’essais obtenus et permet un progrès
franchir : technologique continu.
— concevoir la structure ; au niveau du projet, déterminer par
calcul les zones sensibles et l’importance des vibrations significa-
tives ; c’est l’étape prédictive ;

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P
O
U
Vibrations des structures R
industrielles
E
N
par Jean-François BOISSEAU
Docteur-Ingénieur
Ancien Chef de Groupe de Recherches à l’Office National d’Études
S
et de Recherches Aérospatiales (ONERA)
Expert près la Cour d’Appel de Paris A
et Bernard GARNIER
Ingénieur civil de l’École Nationale des Ponts et Chaussées
Directeur Commercial à la société METRAVIB RDS
V
O
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CAWLEY (P.) et ADAMS (R.D.). – Errors in
mechanical impedance data obtained with
MAN (A.L.) et VOLD (H.). – Simulation de
modification de structures à partir des fonc-
tions de transfert. Matériaux, Mécanique,
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impedance heads. Journal of Sound and
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DAT (R.). – Détermination des caractéristi-
S
1988. test du lâcher. La Revue des Laboratoires ques dynamiques d’une structure par l’ana-
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7 - 1991

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[13] BERANEK (L.). – Noise and vibration control. cation Brüel et Kjaer (1987). plate-forme pétrolière par des machines
McGraw-Hill (1971). [25] MAX (J.) et coll. – Méthodes et techniques de tournantes et alternatives. STRUCOME 88,
[14] BLEVINS (R.). – Formulas for natural fre- traitement du signal et application aux Hermès, Paris, 2-4 nov. 1988.
quency and mode shape. Van Nostrand mesures physiques. 4 e éd., t. 2, Masson [36] BOISSEAU (J. F.). – Amortisseur de vibrations
Reinhold Co. (1979). (1987). réglable. Rech. Aérosp. no 2, mars-avril 1970.
Doc. R 3 140

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College Schenectady, USA. methods and phase space. Springer Verlag Entretiens Science et Défense 90, tome I,
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accélérométriques pour la mesure des carac-

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P VIBRATIONS DES STRUCTURES INDUSTRIELLES _____________________________________________________________________________________________


O
U Normalisation
R Normes françaises — méthodes d’essais applicables aux composants électroniques ;
— méthodes d’essais applicables aux composants et matériels électriques.
Association française de normalisation AFNOR
De plus, de nombreux travaux sont actuellement en cours sur :
Recueil :
— l’instrumentation de mesurage (dans les bâtiments et pour l’étalonnage

E Chocs et vibrations mécaniques. Recueil de normes françaises, tomes 1


et 2, troisième édition 1987.
Ce recueil regroupe l’ensemble de 46 normes nationales portant sur les
des accéléromètres) ;
— l’extension des codes d’essais particuliers de machines portatives
vibrantes ;

N sujets suivants :
tome 1 : Vocabulaire, instrumentation et mesure, exposition des individus :
— l’évaluation de l’exposition des individus aux vibrations ;
— la standardisation de la caractérisation des plots élastiques destinés à
filtrer les vibrations ;
— vocabulaire (index alphabétique, français-anglais) ; — la mesure de la puissance vibratoire qu’une petite machine peut trans-
— isolation mécanique ; mettre à son environnement, par la méthode de la « plaque réverbérante ».
— équilibrage ;
Norme du ministère de la Défense
S — instrumentation de mesurage ;
— mesure des vibrations ;
— évaluation de l’exposition des individus aux vibrations ;
Norme interarmées GAM.EG 13. Personnalisation des essais en environne-
ment. Symposium (7-8 juin 1989). ASTE, Paris.

A tome 2 : Moyens d’essais, méthodes d’essais applicables aux matériels et


composants électriques :
— machines pour essais ;
Normes internationales
Organisation internationale de normalisation ISO
V — guides pour essais ;
— méthodes d’essais applicables aux matériels électriques ;
ISO 7526/1 1986 Vibrations et chocs. Détermination expérimentale de la
mobilité mécanique.
Partie 1 : Définitions fondamentales et transducteurs.
O
I Fabricants et distributeurs de matériels et de logiciels
R Capteurs, excitateurs, équipement d’analyse ■ Générateurs de vibrations, bancs de test, pilotage
(0)

■ Capteurs Électro-
(0)
dynamiques Hydrauliques
Déplacement Vitesse Accélération Force
P BETA (Bureau d’Étude
et de Technologie Appliquée) ..................... ........... ..................... x
Bertin et Cie (Sté).................................................
Brüel et Kjaer France SA......................................
x
x
x

G & Watson (distributeur : Systèmes Indust.)... x


L Brüel et Kjaer France SA......
Mécaptélec
(matériel Columbia) .............
.....................

.....................
x

...........
x

x
Latécoère (Sté Industrielle d’Aviation) .............. .................... x
Ling (distributeur : Systèmes Industries)........... x
U CSI (Capteurs Systèmes
Instrumentations) ................
Druck Sarl .............................
.....................
.....................
...........
...........
x
x
x Métravib RDS .......................................................
Prodéra (Sté).........................................................
x
x
S Endevco France ....................
Entran Sarl ............................
FGP Instrumentation ...........
.....................
.....................
.....................
...........
...........
...........
x
x
x
x
x
Sereme ..................................................................
Servotest...............................................................
....................
....................
x
x
Fogale-Nanotech Sarl .......... x
Framatome Diagnostic ........ ..................... ........... x TESTS À FAÇON SUR GROS MOYENS D’ESSAIS
International Service............ x x x Intespace Ingénierie Tests en Environnement
JPB......................................... ..................... ........... x Spatial ................................................................... x x
Kaman Instrumentation Sopemea (Sté pour le Perfectionnement des
(distribué par Le Groupe Matériels et Équipements Aérospatiaux) .......... x x
Scientifique).......................... x
Lennartz Electronic GmbH
(distribué par Vibrations
Mesures) ............................... ..................... x ■ Analyseurs de signaux, acquisition, traitement
MCB (Éts) .............................. x Acutronic France SA.
Métravib RDS ....................... ..................... ........... x Brüel et Kjaer France SA.
Optilas Sarl ........................... x CCRC (Conseil Commercialisation Regroupement Compétences).
PCB (distribué par PEP -
Techdis SA)........................... ..................... ........... x Corriaz Mesures Sarl.
Phytrans ................................ x Elexo (Sté).
PM Instrumentation Endevco France.
(Schaevitz) ............................ x ........... x Euro Physical Acoustics (Sté).
Prodéra (Sté)......................... ..................... ........... x Genrad (Sté).
Schenck SA. Division HBM Gould Électronique SA.
Mesures................................. x ........... ..................... x
Hewlett-Packard France.
Sensorex SA ......................... x ........... x
Lecroy (Research Systems) Sarl.
Sextant Avionique ............... x ........... x
LMS Sté (Leuven Measurements and Systems France).
Vectavib SA .......................... ..................... ........... x
Vibro Meter (Sté) ................. x ........... x Masscomp distributeur : Concurrent Computer France.
MEIRI (Mesure Électronique Informatique Régulation Industrielle).
Nicolet Instrument Sarl.
Philips Industriel et Commercial (Sté) Division Science et Industrie.
Racal-Dana (Département Marine).
Schlumberger Technologies.
Scientific Atlanta.
SM2I (Sté de Mesure Industrielle Informatisée).

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_____________________________________________________________________________________________ VIBRATIONS DES STRUCTURES INDUSTRIELLES


P
O
TAD (Traitements Analogiques et Digitaux). Effbe France.
U
Techniphone SA.
Tekelec Airtronic SA.
Vishay Micromesures.
Enac (Sté).
Fadier Automation.
Illbruck France SA.
R
James Walker France.
Location de moyens Kléber Industrie.
Leasamétric (Sté).
Locadif SA.
Locamesure.
Liégisol. Liégibois.
Linatex France SA. (Anti Abrasion).
Marmonier (Sté).
E
TAD (Traitements Analogiques et Digitaux).
Technomesure.
Métraflex.
Mupro France.
Optac (Sté).
N
■ Logiciels d’analyse modale Roseaux du Languedoc et de Provence (Sté des).
Acutronic France SA. Serac (Sté).
Brüel et Kjaer France SA.
Hewlett-Packard France.
LMS Sté (Leuven Measurements and Systems France).
Someca.
Syntexill Industrie SA.
3m France.
S
Métravib SA.
Scientific Atlanta.
Laboratoire de Mécanique Appliquée LMA. Université de Besançon.
Vibrachoc SA.
Wattelez Gabriel Usines SA. A
● Distributeurs
■ Surveillance vibratoire des machines Angst et Pfister SA.
Clamagirand (Éts).
V
Bentley-Nevada
Campagna et Varenne S.A.
Framatome Diagnostic.
Décibel France Sarl.
Freudenberg SA. O
Stenflex (Sté).
Métravib RDS.
MVI Technicatome
Vulcain (SA Le). I
Vibro Meter (Sté). ■ Amortisseurs de vibrations et de chocs
Équipements et dispositifs antivibratoires ● Fabricants R
Acaplast (Sté).
■ Supports antivibratiles Acla France Polyuréthane.
● Fabricants Apex.
Activ Sarl (Agence de Contrôle et de Traitement industriel des Vibrations).
Bayoux (Éts).
Céfina Industrie.
Bayoux (Éts).
BDF Tesa (Sté Beiersdorff France).
Céfina Industrie.
P
CF2I.
Domange Jarret.
Domange Jarret.
Dynatest Sarl. L
Effbe France.
Effbe France.
Gamma (Sté).
Gerb SA.
Gamma (Sté).
Gerb SA.
U
Hutchinson SA.
Ikas France (Sté).
James Walker France.
Ikas France (Sté).
IPSO (Isolation et Protection du Sud-Ouest).
Kléber Industrie.
S
Kléber Industrie. Lénisol (Sté).
Linatex France SA (Anti Abrasion). Lifta Sud (Sté).
Lisega. SA. Linatex France SA. (Anti Abrasion).
Métraflex. Marmonier (Sté).
Mupro France. Martin Merkel France (Sté).
Pincet et J. Baratte. Métraflex.
Roseaux du Languedoc et de Provence (Sté des). Mupro France.
Serac (Sté). NSI (Nouveaux Sols Industriels).
SIRA (Sté Industrielle de Réalisations Acoustiques). Sandow Technic.
Someca. SIRA (Sté Industrielle de Réalisations Acoustiques).
Syntexill Industrie SA. SNPE (Sté Nationale des Poudres et Explosifs).
Teknomatic. Socitec SA.
Vibrachoc SA. Socitec international.
Wattelez Gabriel Usines SA. Sonairtec (Sté).
● Distributeurs
Teknomatic.
Teroson SA.
Angst et Pfister SA.
Vibrachoc SA.
Décibel France Sarl.
Wattelez Gabriel Usines SA.
Freudenberg SA.
● Distributeurs
Stenflex (Sté).
Angst et Pfister SA.
■ Plaques antivibratiles CEF (Comptoir Européen des Fabriques).
● Fabricants Clamagirand (Éts).
Doga (Sté).
Bayoux (Éts).
France Air.
Céfina Industrie.
Freudenberg SA.
Comprifalt France.
Stenflex (Sté).
Couvraneuf SA.

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