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Education Comparée : l’Historique de l’Éducation Comparée

Cours 1 – Partie 2

Les évolutions historiques dans les autres régions du monde

Dans l’ouvrage collectif dirigé par W.D. Halls (1990), nous trouvons, dans des
contributions par ensemble géographique dans le monde, un panorama assez complet de
l’histoire de l’éducation comparée jusqu’aux années 80.
En Amérique du Nord, USA et Canada
Après l’œuvre pionnière des fonctionnaires du gouvernement qui cherchaient des
informations sur l’éducation à l’étranger (XIXe siècle) ; après les travaux des « anciens »,
Kandel , Ulich , et l’École normale (Teachers Collège) de Columbia, l’éducation comparée en
tant que domaine d’étude organisé naît en Amérique du Nord lors de la création d’une
association d’éducation comparée aux États unis, la « Comparative Éducation Society » (R.F.
Lawson, 1990). Ce modèle associatif d’organisation d’éducation comparée va au-delà de
réunions occasionnelles de congrès mondial, il établit des liens opérationnels avec d’autres
entités engagées dans des études internationales. C’est dans les contenus des articles de la
revue « Comparative Education Review » (Bereday), éditée au Teachers Collège de
Columbia, que l’on peut observer les directives prédominantes dans la recherche, ainsi dans la
période 1975-1986, R. F. Lawson (1990, p.163) note que sur 301 questions, 50 ont été
classées dans la catégorie des articles relatifs à la méthode. les articles qui prédominent à
l’époque sont ceux sur le développement avec une nette augmentation sur le développement
international, avec un intérêt pour le tiers monde. Les travaux quantitatifs font une apparition
en force. La nature est plus pluridisciplinaire, sociologie et histoire dominent, mais ils sont
suivis de près par l’économie et la politique.- Les thèmes touchant les politiques et
l’administration n’ont cessé de se multiplier depuis les années 80, (théories et méthodologie,
problème budgétaires, la reproduction et la retransmission culturelles; l’enseignement
supérieur; les études concernant les femmes), la planification et la réforme sont des thèmes
également récurrents dans cette période.
Dans les « Pays socialistes », l’article évoque la période d’avant 1989 -90, il indique
que l’éducation comparée était partie intégrante des sciences de l’éducation dans les pays
socialistes, (H.G. Hofman, Z. Malkova, 1990, in D. Halls, 1990 (108-147)
L’Amérique latine est une région importante du monde qui a produit un grand nombre
d’études concernant l’éducation comparée dans la deuxième moitié du XXe siécle (A.
Oliveros, 1990 in D. Halls p.178-200), (Garrido, 1982)
En Asie, (Chine, Japon, Corée et Inde). Historiquement, il y a eu de riches contacts et
échanges interculturels à l’intérieur de cette région, mais également avec d’autres contrées du
monde, ils témoignent de l’intérêt pour les études comparées (Kobayashi T. 1990) in D.Halls
1990 (pp234-258)., le système éducatif de l’empire chinois a servi de modèle pour les nations
voisines, en 607, le prince de la cour du Japon, avait envoyé en chine une mission
diplomatique et universitaire qui déboucha sur le premier système national d’éducation au
Japon.. Mais, il va falloir attendre la fin du XIX siècle pour voir apparaître l’éducation
comparée à la faveur de l’établissement de systèmes nationaux d’éducation sur le modèle des
systèmes occidentaux.. Des pressions aussi bien internes qu’externes poussaient à la
modernisation. Et, dans celle-ci la comparaison allait jouer ce rôle de « profiler » les
jugements comparés quant aux systèmes les mieux aptes à satisfaire leurs besoins.
Au Japon, les universités joue un rôle central dans la promotion et la recherche en
éducation comparée, cinq universités nationales ont dans leurs facultés d’éducation, une unité
d’éducation comparée, (pp.240), un certain nombre d’autres universités publiques et privées
proposent des programmes relatifs à l’éducation comparée. Kyushu est la seule université
possédant un centre de recherche spécialisé en éducation et culture comparée., elle a sa propre

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équipe de recherche ( équivalent à deux chaires). Hiroshima possède un institut de recherche
pour l’enseignement supérieur et l’Insttitut de la recherche pédagogique est richement doté en
personnel dont l’éducation comparée et l’étude de l’éducation en Asie sont les spécialités.
En Corée de nombreuses universités (Seoul, Ewha Women’s , Hanyan, Yongsei,Seikinkan,
Reinan, proposent des cours en éducation comparée). L’université d’Ewha Women’s possède
un centre de recherche pédagogique qui réalise des recherches en éducation comparée et en
anthropologie de l’éducation.
En Chine, la recherche en éducation comparée se fait dans les sections ou instituts
d’éducation comparée regroupés au sein de l’Insttitut central des sciences de l’éducation et un
certain nombre d’universités. Depuis 1979, sept universités proposent des programmes
d’éducation comparée au niveau de la Maîtrise. En Inde, la plupart des départements
universitaires d’éducation se consacrent à la recherche et à la formation dans le domaine de
l’éducation comparée. L’Institut central d’éducation de New Dehli réalise des études
internationales et comparées sur l’éducation.
Dans les états arabes, (K.Benhamida, 1990) in D.Halls 1990 pp.296-319
Selon l’auteur, le contexte culturel homogène constitué par la religion islamique,
l’intérêt pour l’éducation qui apparaît dans le premier verset du Coran, les mosquées devenues
centre d’enseignement fréquenté par des étudiants venus des diverses parties du monde
islamique, sont autant de traits caractéristiques d’un désir de connaître des vues et des
pratiques autres que celles qui prévalaient dans leur environnement immédiat, et cela dès les
premières décennies de l’Islam. Pendant le califat des Abassides,(Baghdad) VIIIe et IX
siècles, les principaux ouvrages étrangers (Grecs, Perses et hindous) ont été traduits en arabe
et ont servi les à améliorer les programmes d’enseignement de l’époque.. Par la suite le Caire
et Kairouan allaient prendre la suite et( des érudits Ibn Jubayr, Ibn Batuta et Ibn Khaldoun
(XII au XIVe siècle) effectuaient de longs voyages dans le monde arabe. Les récits d’Ibn
Khaldou, constituent les premiers documents arabes d’éducation comparée, auxquels il
consacre un chapitre de son Al Muqadima (vol 2 p.700-703 1984). Ce n’est qu’à fin du XIX
siècle que les autorités de l’empire ottoman va commencé à créer un système d’éducation
séculier et public.(Kheiredinne en Tunisie fonde le Collège Sadiqi en 1876), prototype de
l’école franco-arabe de la période coloniale et qui allait constituer l’ossature du système
national d’éducation. En 1964, L’ALECSO, et la charte de l’unité culturelle arabe, conférence
de 1970 au Caire
Le chapitre relatif à l’Afrique (A.B.Fafunwa 1990, in D.Halls 1990 pp.259-289 ; porte
beaucoup plus sur les contributions des Africains à l’éducation internationale et comparée,
avec une référence particulière aux institutions, au personnel et aux publications. L’éducation
comparée en tant que discipline d’études va faire partie des contenus d’enseignement
universitaire pour les étudiants en éducation après les indépendances. Une seule association
d’éducation comparée est citée pour cette période, celle du Nigéria.

Internationalisation de l’éducation et éducation comparée

L’étude internationale des systèmes éducatifs dans le champ de l’éducation comparée


se réfère à l’État national, les réformes, les politiques éducatives, et par la suite les
mouvements et les institutions pédagogiques, qui vont constituer un savoir encyclopédique
sur les différents systèmes nationaux d’enseignement. À partir de 1933, des annuaires
statistiques (BIE et ensuite l’UNESCO) vont venir compléter le cadre international de
l’approche comparatiste dans les espaces de coopération et de décision politique. J. Schriewer
(1992) cité par A. Novoa (1998)- distingue ainsi deux moments dans cette
internationalisation : une réflexion réformatrice internationale ; et la tentative d’ériger une
science de l’éducation comparée (référence à Durkheim). Au sein de l’université de Stanford,
de nombreux auteurs vont développer une thèse qui aura une grande influence dans les études
comparées en diffusant internationalement la nécessité d’abandonner la référence à l’ »État-
Nation » car les systèmes éducatifs convergeraient plus vite que les contextes économiques
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dans lesquels ils s’insèrent, au moins en termes d’objectifs et d’organisation. Et,
paradoxalement, cette déconnexion par rapport à l’économie est largement influencée par
l’idée que l’éducation est un facteur central dans la croissance économique. (Meyer, J.W.;
Boli, J.; Thomas, G.M. ; Ramirez, F.O. (1997). Après les années 1950, on note un essor sans
précédent de l’éducation comparée, qui à travers divers phénomènes : explosion scolaire,
allongement de la scolarité obligatoire, et le développement des organisations internationales,
(UNESCO, OCDE, Banque Mondiale), va s’étendre aux pays du Tiers monde par la
diffusion à l’échelle planétaire du modèle de formulation des politiques d’éducation sur la
base d’une rationalité scientifique issue du modèle positiviste. Ce modèle est relayé par la
création de nombreuses associations internationales de comparatistes et leurs activités,
réunions, congrès… etc.

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