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LES INNOVATIONS TECHNOLOGIQUES MÉDICALES

DISPOSITIFS MÉDICAUX
& PROGRÈS EN
SANTÉ BUCCO-
DENTAIRE

ÉDITION SEPTEMBRE 2018


SANTÉ BUCCO-DENTAIRE

Sommaire
28 SOINS CONSERVATEURS
De l’extraction à la préservation des dents

31 IMPLANTOLOGIE
3 Quand l’implant devient dent

4
PRÉFACE
34 CFAO
La dentisterie, une histoire ancienne La réalisation de prothèses assistée par ordinateur

7 HYGIÈNE 39 TRAITEMENTS ORTHODONTIQUES


Des dents saines dans un corps sain Des techniques qui redonnent le sourire

11 PARODONTIE 43 ÉCLAIRAGE
La gencive au cœur des soins Confort et efficacité de l’exercice

13 DÉTARTRAGE 46 INSTRUMENTATION DENTAIRE


Pour des dents et des gencives en pleine santé La précision et la fiabilité à portée de main

16 CAPTEURS INTRA-ORAUX NUMÉRIQUES 49 FAUTEUIL DENTAIRE


Vers une imagerie de précision Le confort du patient et du professionnel

19 CONE BEAM 51 COMPRESSEURS D’AIR


De la 2D à la 3D Les poumons du cabinet dentaire

22 LOGICIELS D’IMAGERIE 53 GLOSSAIRE


L’intelligence numérique au service du diagnostic et du soin Les mots techniques ou scientifiques expliqués

25 sont accompagnés dans le texte du symbole


SCANNERS INTRA-ORAUX
Pour une prise d’empreinte optique rapide et confortable 56 SOURCES ET REMERCIEMENTS

SNITEM • Maison de la Mécanique - 39, rue Louis Blanc - CS30080 - 92038 La Défense Cedex • COMIDENT 31, Square Saint-Charles - 75012 Paris • Directeur de la
publication : Éric Le Roy • Responsables d’édition : Nathalie Jarry, Céline Wurtz • Rédacteurs : Camille Grelle, Laure Martin, Nathalie Ratel, Grégoire Remund • Édition
déléguée : Presse Infos Plus (www.presse-infosplus.fr) • Maquette : Didier Michon • Crédits photos, tous droits réservés : 3M, Actéon, Airel, Biotech Dental, Carestream
Dental, Degré K, Dentsply Sirona, Dürr Dental, Fédération Française de la Brosserie, Ivoclar Vivadent, Komet, Kulzer, Phanie, Philips, Planmeca, Septodont, Straumann •
Impression : Imprimerie de l’Étoile 61190 Tourouvre • Juin 2018 • ISBN : 979-10-93681-22-1
SANTÉ BUCCO-DENTAIRE • PRÉFACE

Préface
La santé bucco-dentaire,
la science des multiples technologies
Pr Martine Bonnaure-Mallet preinte dentaire numérique. L’innovation d’organisation est remarquable
PU-PH en sciences biologiques, université Rennes 1 - Présidente de l’Institut dans les cabinets de groupe où sont mutualisés les différents équipements
français pour la Recherche odontologique (IFRO) de dernière génération (radiologie, chaîne d’asepsie ) pour plus d’efficacité
et de performances. Ces chaînes nouvelles font des cabinets dentaires des
Rédiger un ouvrage sur l’innovation en santé bucco-dentaire est un défi lieux où la médecine des 4P (prédictive, préventive, personnalisée et partici-
de taille à plusieurs titres : ces dernières années des évolutions majeures pative) est omniprésente. Les innovations dans notre profession contribuent
dans toutes les disciplines dentaires ont vu le jour révolutionnant la filière à la mise en œuvre de la médecine de demain. Prédictive avec les nouveaux
« odontologie ». Ces évolutions évoluent au quotidien : comment mettre un tests de diagnostics ; préventive avec les innovations dans les dentifrices,
point final ? allant du dentifrice aux ingrédients naturels au dispositif médical ; personna-
L’innovation en santé bucco-dentaire a ses caractéristiques propres : elle est lisée la médecine bucco-dentaire n’a jamais été une discipline où le semi-
pluridisciplinaire, multi-disciplinaire et multi-échelle. Elle embrasse un large mesure a eu sa place ; participative car le patient reste maître de sa denture
éventail de technologies, alliant les plus nouvelles d’entre elles, notamment avec un praticien à son écoute. Il ne semble pas exister d’autres professions
celles du numérique. L’innovation en santé bucco-dentaire est toujours au médicales où autant de technologies clés sont présentes et répondent déjà
bénéfice du patient. Elle concerne tous les types d’innovations décrits dans aux défis sociétaux de Hôpital 2020. Avec ses multi-interfaces, l’innovation
le Manuel d’Oslo . Ainsi, l’innovation en matière de produits permet en santé bucco-dentaire bouleversera encore la médecine de demain, le
aujourd’hui de penser dentisterie micro-invasive, d’agir vers la régénération patient devant en être le cœur car rien ne saurait être conçu sans lui. Le tout
plutôt que la réparation. Les innovations de procédés sont en particulier doit être vu comme la résultante de partenariats forts entre des patients, des
marquées par la CAD-CAM , technologie digitale qui permet de concevoir et confrères, des scientifiques et des industriels. Cet ouvrage retrace avec brio
de fabriquer des prothèses de restauration dentaire précises et de la plus les innovations en médecine bucco-dentaire et constitue une véritable bible
haute qualité. Elle se complète remarquablement avec les techniques d’em- de la culture scientifique, technique et industrielle. n

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SANTÉ BUCCO-DENTAIRE

La dentisterie, une histoire ancienne


Ancêtres des chirurgiens- L’histoire de la médecine dentaire, étroitement liée LE TOURNANT DU XVI e SIÈCLE
à celle de l'histoire de la médecine, remonte à l’An- Après les « arracheurs de dents » du Moyen-Âge,
dentistes, les barbiers officiaient tiquité. De fait, Hérodote, vers 450 av. J.-C., rap- « vinrent les barbiers et ensuite les chirurgiens-
souvent sur les foires et les portait qu’en Égypte, « chaque médecin soigne une dentistes, poursuit le D r Christine Lalanne dans
maladie et une seule » et que le pays est plein de son article « L'art dentaire à travers les âges ». Dès
marchés, parfois en boutique, médecins spécialistes des yeux, de la tête, du le XVIe siècle, le chirurgien et anatomiste français
pour arracher ou limer des ventre ou encore des dents. « Les Égyptiens rem- Ambroise Paré fit faire d’immenses progrès à la
plaçaient des dents absentes par des systèmes en dentisterie : il permit l'apparition de nouvelles
dents, voire réaliser des ivoire ou en sycomore maintenus par des fils d’or techniques, notamment celle de la prothèse amo-
plombages. Ils disparurent au autour des autres dents, détaille le Pr Pierre Colon, vible alors fabriquée à base de fémur de bœuf. Au
Professeur des universités et praticien hospitalier XVIIIe siècle, le Dr Pierre Fauchard publia le premier
XVIIe siècle. Progressivement, à l’hôpital Rothschild de Paris. L’examen de bouche traité de chirurgie dentaire. Il reconnut le sucre
leurs successeurs, de momies a également révélé la présence de dents comme l’une des causes de la carie, précisa la
aurifiées. » Puis les phéniciens, commerçants et technique de fraisage et de forage des dents et
professionnels de santé grands voyageurs, répandirent les techniques préconisa l'utilisation des plombages pour remplir
diplômés d’État, exercèrent égyptiennes de part et d’autre de la Méditerranée. les cavités dentaires. À la même époque, la

dans des cabinets dentaires


ordonnés, aseptisés, équipés et
ÉGYPTE
médicalisés pour une dentisterie
de qualité.
ANCIENNE XVIe SIÈCLE 1728

Les dents manquantes sont Invention des prothèses Premier « Traité des
remplacées par de l’ivoire ou du amovibles, à base de dents », publié par le
sycomore maintenu par des fils d’or fémur de bœuf Dr Pierre Fauchard

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SANTÉ BUCCO-DENTAIRE

technique de la prise d'empreinte dentaire fut ultérieurement, par la lignocaïne », détaille le


décrite par le médecin allemand Mathias Geofroy Pr Colon. En outre, la découverte des rayons X, en CHIFFRE CLÉ

60 à 90 %
Purman. Dès lors, les dents métalliques firent leur 1895, facilita l'exploration de la mâchoire. Ces
apparition. trouvailles « révolutionnèrent le diagnostic et la
thérapeutique modernes », poursuit-il. En paral-
DENTISTERIE MODERNE lèle, les techniques et matériaux utilisés pour Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS),
« Au XIXe siècle furent créées les écoles dentaires, conserver, restaurer ou remplacer les dents, voire « 60 à 90 % des enfants scolarisés dans le monde
rappelle le D r Lalanne. Il se confirme alors que la pour corriger leur malposition, se perfection- ont des caries ».
dent est bien un organe vivant. » Par ailleurs, les nèrent, notamment avec l’essor des dents en por- (Source : Organisation mondiale de la santé, avril 2012)
premiers cabinets dentaires dignes de ce nom celaine (S.S. White), des amalgames dentaires
apparurent, comprenant un fauteuil à accoudoirs, (G.V. Black), des digues en caoutchouc (S.C.
un crachoir et une armoire pour le rangement des Barnum) ou encore, des appareils à porter la nuit CONSÉCRATION DE L’ODONTOLOGIE
instruments (roulettes, turbines, perceuses, (N.W. Kingsley). Dès lors, l'accent fut mis sur la Les XXe et XXIe siècles achevèrent d’asseoir l’odon-
sondes etc.), lesquels se développèrent considé- biocompatibilité et la durabilité des matériaux tologie comme une spécialité médicale à part
rablement à cette époque. Les progrès de l’anes- posés en bouche, sur le confort pour le patient et entière, à la pointe de la technologie. D’une part,
thésie furent notables. « Le gaz hilarant, utilisé sur l'esthétique. La conservation des tissus buc- les diplômes d’odontologie furent reconnus
depuis 1776, fut remplacé par l’éther et le chloro- caux devint également une priorité, tandis que les comme diplômes d’État, en France comme à
forme puis, en 1905, par la procaïne , anesthé- praticiens apprirent que la dent était constituée l’étranger, des doctorats furent créés et diverses
sique local mis au point par les chimistes d’émail à l’extérieur, de dentine et de pulpe à disciplines dentaires acquirent leurs lettres de
allemands Alfred Einhorn et Emil Uhlfelder et, l’intérieur. noblesse (parodontologie, implantologie,

DÉBUT DES ANNÉES FIN DES ANNÉES


1973 1980 1980 2007

Invention du L’instrumentation dentaire Premier système de radiographie Premiers appareils d’imagerie


concept de CFAO devient électrique dentaire numérique intra-oral extra-orale à faisceau conique
et premiers logiciels d’imagerie de rayons X (Cone Beam)
intra-orale combinant l’imagerie 2D et 3D

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SANTÉ BUCCO-DENTAIRE

chirurgie ou encore endodontie ). D’autre part, perspectives majeures pour l’odontologie, notam-
les fauteuils motorisés ergonomiques, les appareils à ment la réparation de tissus et la dent in vitro LA CARIE,
air comprimé, les microscopes, les lasers, les locali- implantée dans la bouche. L’essor du panel d’op- 3e FLÉAU MONDIAL
sateurs d’apex , les caméras extra et intra-buccales tions thérapeutiques devra aller de pair avec le
numériques (en deux et en trois dimensions) se géné- renforcement de la prévention et du dépistage des « La carie est apparue au Néolithique, lors
ralisèrent dans les cabinets dentaires. Le développe- pathologies dentaires (caries, parodontites, de l’utilisation des céréales », selon le
ment de l’électricité et du numérique ne fut pas lésions, cancers etc). Au-delà de l’hygiène bucco- Dr Christine Lalanne. Ainsi, il n’y avait
étranger à cette évolution. Parallèlement, les condi- dentaire classique (brossage des dents et bain de « pas de carie chez l’homme de
tions d’hygiène et d’asepsie devinrent de plus en plus bouche) et de l’adaptation de l’alimentation, l’ana- Néandertal ». Diverses études « réalisées
exigeantes pour les praticiens. lyse génétique pourrait être envisagée. À partir de sur des crânes d’époques variées »
l’analyse « des gènes codant pour les protéines de révèlent qu’entre 2 000 et 1 000 ans avant
PERSPECTIVES D’AVENIR l’émail et de la dentine », par exemple, notamment notre ère, « 1 individu sur 5 présentait au
Désormais, la conception et réalisation de cou- pour des patients à risque (« 15 % des patients »
moins une carie » et qu’à l’époque
ronnes, d’inlays ou encore de prothèses den- environ), « les mutations à l’origine des maladies
romaine, « 1 individu sur 2 était atteint ».
taires assistées par ordinateur, voire l’impression carieuses et parodontales » pourraient être identi-
De nos jours, « 98 % de la population du
3D bouleversent l’activité des chirurgiens-den- fiées et les patients concernés, faire « l’objet d’at-
tistes comme des prothésistes dentaires. Rapidité tentions particulières », note le Pr Michel Goldberg globe est touchée, ce qui en fait le
et précision sont les maîtres mots de ces tech- dans l’ouvrage « 40 ans de chirurgie dentaire ». Ce troisième fléau mondial derrière les
niques révolutionnaires qui devraient prendre dernier imagine également l’évaluation de la flore maladies du cœur et des vaisseaux »,
encore plus d’ampleur dans les années à venir. bactérienne « à l’aide de sondes moléculaires insiste le Dr Lalanne.
À terme, l’ingénierie tissulaire entrouvre des adaptées ». n

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SANTÉ BUCCO-DENTAIRE • HYGIÈNE

HYGIÈNE À QUOI ÇA SERT ? bonne hygiène et, donc, une bonne santé bucco-
dentaires sont essentielles « pour l’état général et la

Des dents
Dans le domaine médical, l’hygiène est la branche qualité de vie » comme le précise l’OMS.
qui « traite de tout ce qu’il convient de faire pour

saines pour
préserver et pour améliorer la santé », précise le
Centre national de ressources textuelles et lexi- COMMENT ÇA MARCHE ?
cales (CNRTL). Par extension, l’hygiène regroupe

un corps sain également l’ensemble des mesures, procédés et


techniques mis en œuvre dans cette optique. Ainsi,
on entend par hygiène bucco-dentaire l’ensemble
Une bonne hygiène bucco-dentaire passe à la fois
par un entretien individuel et quotidien de la denti-
tion, notamment par le brossage des dents avec
des pratiques destinées à maintenir les dents en des dispositifs (brosse à dents, fil dentaire, bros-
Longtemps négligée, l’hygiène bonne santé, à éliminer la plaque dentaire et à évi- sette interdentaire, dentifrice fluoré) adaptés à son
bucco-dentaire est aujourd’hui ter les maladies touchant les dents et le parodonte . âge, ses besoins ou encore à son mode de vie.
Plus largement, il est aujourd’hui avéré qu’une Il s’agit en outre d’assurer un suivi régulier
au cœur des politiques de santé
publique, à l’échelle nationale
comme mondiale. Les bienfaits
d’une bonne hygiène dentaire sur
l’état de santé général ne sont en
effet plus à prouver.

Ancienne brosse à dent

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SANTÉ BUCCO-DENTAIRE • HYGIÈNE

auprès de son chirurgien-dentiste mais éga- giène des dents puisqu’ils utilisaient également
lement de respecter une bonne hygiène de vie des cure-dents qui pouvaient être en os, en argent
générale : avoir une bonne alimentation, pratiquer ou encore en arête de poisson et des potions à
une activité sportive, éviter le tabac et l’alcool etc. base de plantes ou encore de cendres etc. (voir
encadré p.9). Des nécessaires de toilette dentaire
étaient également employés par les classes
UNE HISTOIRE D’INNOVATIONS sociales les plus aisées. Au Moyen-Âge, les
superstitions et croyances en tous genres régen-
Contrairement aux idées parfois reçues, l’histoire taient la vie quotidienne. L’hygiène dentaire n’y
de l’hygiène dentaire ne date pas d’hier puisque les échappa pas, le curetage restant la pratique la plus
peuples primitifs nettoyaient leurs dents au moyen courante. Cette époque, caractérisée par la toute-
d’outils aussi divers que des plumes, des bouts puissance de l’Eglise et du clergé, ne fut marquée
de bois, des brindilles ou encore des épines. par aucune avancée scientifique significative du
Néanmoins, on ignore si ces techniques poursui- point de vue dentaire en Europe. Durant le XVI e
vaient un objectif d’hygiène, d’esthétique ou siècle, cependant, les choses évoluèrent : de nom-
encore de préservation des dents. Dans l’Egypte breux traités médicaux furent publiés au cours de
antique, déjà, on recourrait à divers procédés pour ce siècle, explorant les divers domaines de cette
se laver les dents : pâtes à mâcher et à recracher science et accordant tous une place plus ou moins
(appelées masticatoires), bâtons de bois, poudres importante à la question dentaire et à l’hygiène.
et même urine ! Les Romains, eux aussi, sem- Citons, parmi les plus illustres, le roi des chirur-
blaient attacher une certaine importance à l’hy- giens et chirurgien des rois, Ambroise Paré. Celui-ci introduisit notamment le principe selon
lequel l’hygiène dentaire n’a pas seulement une
visée esthétique mais qu’elle est également essen-
ANNÉES
1498 1728 XIX e
SIÈCLE 1938 1960
tielle pour la conservation des dents et ce, de
manière quotidienne. Néanmoins, bien qu’énoncé,
le principe ne rentra pas pour autant dans les
mœurs et l’hygiène dentaire resta, au XVIe comme
au XVIIe siècles, une prérogative des classes les
Apparition Publication de l’ouvrage Premier brevet Apparition plus aisées, chez lesquelles elle revêtait toujours
Invention
de la brosse Le Chirurgien dentiste français pour une des brosses à dents une importance purement esthétique. Les plus
de la brosse
à dents en Chine ou traité des dents brosse à dents à poils de nylon à dents pauvres, quant à eux, utilisaient toujours l’urine en
de Pierre Fauchard électrique guise de dentifrice, voire le tabac.

8 • SNITEM • COMIDENT • LES INNOVATIONS TECHNOLOGIQUES MÉDICALES


SANTÉ BUCCO-DENTAIRE • HYGIÈNE

UNE LENTE PÉNÉTRATION agressif, remplaça les soies sur la brosse à dents
DANS LES MŒURS en Occident. Toutefois, l’efficacité de ces poils LE SAVIEZ-VOUS ?
Bien qu’apparue en Chine en 1498, la brosse à d’origine animale était fort limitée et la mauvaise
dents n’arriva en Europe, et particulièrement en hygiène dentaire perdura d’une manière générale L’empereur Napoléon Bonaparte – à qui la
France, qu’au cours de la première moitié du XVIIe au fil du XVIIIe siècle et ce, malgré le rôle de deux légende prête d’être né avec une dent, tout
siècle, probablement rapportée par un explorateur. personnages importants. Sous le règne de comme Louis XIV – attachait une très grande
En poils de sanglier ou de cochon, l’instrument ne Louis XV, tout d’abord, Pierre Fauchard, considéré importance à son hygiène en général et à
rencontra cependant guère de succès, en raison comme le père de la dentisterie moderne, publia celle de ses dents en particulier. Pour
notamment de sa dureté qui la rendait particulière- son ouvrage, Le Chirurgien dentiste ou traité des entretenir son impériale dentition, qu’il avait
ment agressive envers les gencives, et le cure- dents, dont il consacra toute une partie à la conser- de ce fait fort belle, Napoléon possédait de
dents restait encore et toujours le dispositif de vation des dents et à leur hygiène. Dans la seconde luxueux nécessaires contenant des brosses
référence. Peu à peu, le crin de cheval, moins moitié du siècle, de l’autre côté de la Manche, le à dents dont le manche était en or ou en
vermeil et sur lequel était fixée une tablette
de bois ornée de poils de sanglier qu’il
trempait dans de l’opiat . Il utilisait
également des cure-dents en buis ou encore
divers outils à détartrer.

Britannique William Addis fut, quant à lui, le premier


à fabriquer à grande échelle des brosses à dents,
sur le modèle de celle qu’il avait mise au point alors
qu’il était en prison quelque temps auparavant. Il
fallut attendre le XIXe siècle pour voir les mentalités
changer peu à peu par rapport à l’hygiène privée en
générale et à l’hygiène dentaire en particulier. C’est
d’ailleurs au début du XIXe siècle que fut déposé en
France le premier brevet de brosse à dents et que
s’ouvrit la première école dentaire française.
Néanmoins, la diffusion à grande échelle du dispo-
sitif n’intervint qu’à partir des années 1870-1880
Brosses à dents de Napoléon mais, surtout, au début du XXe siècle.

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SANTÉ BUCCO-DENTAIRE • HYGIÈNE

100 %
COUVRIR DES BESOINS TOUJOURS
PLUS DIVERS
UNE PETITE HISTOIRE
Outre le changement des mentalités et des habi-
DE DENTIFRICE
tudes de vie, notamment en matière d’alimentation, C’est la proportion d’adultes qui ont des caries dans le
ce sont les évolutions successives apportées aux monde. Cela concerne 60 à 90 % des enfants scolarisés
dans le monde. Depuis l’Antiquité, et bien avant
dispositifs d’hygiène dentaire qui permirent leur
l’apparition de la brosse à dents, les
pleine et entière adoption, jusqu’à en devenir (Source : « Santé bucco-dentaire », Aide-mémoire n°138, avril 2012,
Organisation mondiale de la Santé) civilisations ont mis au point différents
aujourd’hui des incontournables de la salle de bain.
Ainsi, en 1938, un industriel remplace les poils de remèdes supposés soigner voire entretenir
brosse à dents d’origine animale par des poils de taisie destinée à rendre le brossage plus attrayant les dents au fil des siècles. Parmi les plus
nylon. Ceux-ci, rigides et mal taillés, restaient encore pour les enfants aux brosses à dents aujourd’hui étonnants figurent la terre de Nubie, des
agressifs pour les gencives et un travail fut mené afin connectées, en passant par les brosses à dents éclats de pierre ou des blocs d’or massif,
de les améliorer et les assouplir. Quelques décen- spécialement adaptées aux personnes âgées, celles l’ingestion de souris écorchées et cuites
nies plus tard, dans les années 60, l’apparition de la destinées aux personnes appareillées en orthodon- (pour les enfants ayant eu un accident de
brosse à dents électrique marqua également un tie ou encore celles « chirurgicales » pour les per- la dentition), de la poudre de musc et de
tournant décisif. Depuis, les industriels n’ont cessé sonnes venant de subir une intervention buccale. gingembre pour blanchir, des feuilles de
de rivaliser d’ingéniosité pour adapter la taille, le Les dispositifs actuels (brosses à dents mais aussi myrrhe, de la verveine, des cendres de
design, les coloris, l’ergonomie et les matériaux des certains dentifrices classés dispositifs médicaux) ne
corne de bœuf ou de tête de loup… Et si
brosses à dents afin de répondre à une gamme de se contentent pas de permettre d’avoir une bonne
Fauchard donna déjà en son temps
besoins toujours plus large, de la brosse à dents fan- hygiène de vie mais jouent également un rôle pré-
quelques recettes de poudres, de pâtes et
ventif, notamment contre les caries et ce, toujours
dans le but non seulement de convaincre les popu- d’eaux dentifrices, il fallut attendre le XVIIIe
lations de s’en servir quotidiennement mais aussi de siècle pour que les dentifrices soient
Brosse à dents
connectée couvrir des besoins, des âges et des groupes de fabriqués industriellement. Enfin, une
population toujours plus larges. Ainsi en est-il de dernière grande avancée en matière de
certaines brosses à dents auxquelles peuvent être dentifrice concerne l’ajout du fluor, afin de
ajoutées des solutions contre le tartre, contre les prévenir l’apparition de nouvelles caries
gingivites , contre la plaque dentaire etc. ou l’évolution des caries à un stade
Aujourd’hui, hygiène et prévention sont d’ailleurs précoce.
devenues indissociables, une bonne santé dentaire
étant nécessaire à une bonne santé générale et
vice-versa. n

10 • SNITEM • COMIDENT • LES INNOVATIONS TECHNOLOGIQUES MÉDICALES


SANTÉ BUCCO-DENTAIRE • PARODONTIE

PARODONTIE À QUOI ÇA SERT ?

La gencive au
La parodontie, aussi appelée parodontologie ,
est la branche de la médecine dentaire qui traite

cœur des soins


du parodonte, c’est-à-dire de l’ensemble des tis-
sus de soutien de la dent : soit l’os alvéolaire du
maxillaire (mâchoire supérieure), soit la mandibule
(mâchoire inférieure), le ligament alvéolo-dentaire
En matière d’hygiène ou desmodonte , la gencive, le cément de la
racine dentaire ainsi que des éléments nerveux et
bucco-dentaire, la bonne santé sanguins. Ce domaine traite autant les maladies
de la gencive est aussi pouvant toucher le parodonte ou la gencive que
les conséquences esthétiques de celles-ci. « Les
importante que celle des dents maladies parodontales recouvrent tant les gingi-
elles-mêmes dont elle est le vites ou les parodontites que les atteintes gingi-
vales, explique le Docteur Patrick Boulange,
support. chirurgien-dentiste et trésorier de la Société
française de parodontologie et d’implantologie
orale (SFPIO). Le traitement parodontal est avant
tout un traitement étiologique , c’est-à-dire qu’il
concerne la cause et l’origine de la maladie. Il
traite tout autant de pathologies réversibles, pour Dent saine
lesquelles un simple nettoyage suffit, que des
pathologies irréversibles qui altèrent les dents et
pour lesquelles il existe aujourd’hui diverses solu- rer ce qui a été abîmé, voire qui a disparu,
tions permettant d’y remédier. » c’est-à-dire les tissus de soutien, explique le D r
Boulange. Cela nécessite souvent un acte chirur-
gical combiné à divers dispositifs médicaux : des
COMMENT ÇA MARCHE ? biomatériaux pour réparer ou régénérer l’os, des
gels dérivés de protéines de l’émail ou encore, des
« Il s’agit d’abord d’assainir la bouche, le plus sou- membranes d’origine synthétique pour orienter la
vent via un surfaçage radiculaire , avant de répa- cicatrisation.

SNITEM • COMIDENT • LES INNOVATIONS TECHNOLOGIQUES MÉDICALES • 11


SANTÉ BUCCO-DENTAIRE • PARODONTIE

Il existe également des dispositifs relargués et Pierre Fauchard, qui décrivit « une espèce de maladie parodontale connue (et d’ailleurs traitée à
progressivement afin d’avoir un effet prolongé scorbut qui, sans intéresser les autres parties du l’époque par cautérisation ), au fil des décennies
dans le temps ou encore, des dispositifs insérés à corps, attaque les gencives, les alvéoles et les suivantes, cependant, apparut une nouvelle classi-
un endroit précis qui vont se transformer peu à peu dents », pour que la parodontologie soit l’objet d’une fication des maladies parodontales.
en gencive et qui sont utilisés en alternative aux « approche raisonnée », comme l’explique Philippe
greffes. » A noter que, selon la pathologie ou le Bouchard, dans le premier volume de l’ouvrage UNE PATHOLOGIE, UN DISPOSITIF
degré de dégradation de la gencive, il est désor- Parodontologie et dentisterie implantaire, consacré C’est également durant cette seconde moitié du
mais possible, grâce à ce large éventail de dispo- à la médecine parodontale. Puis, au XIXe siècle, XXe siècle que les dispositifs utilisés en parodonto-
sitifs et de techniques, de combiner plusieurs l’Américain John Riggs décrivit, à la suite de logie connurent des évolutions majeures, conco-
d’entre eux pour à la fois réparer et régénérer la Fauchard, la pyorrhée, une maladie parodontale. mitantes à l’acquisition, par la discipline, de ses
gencive et l’os, le cas échéant (biomatériaux). Dès lors, les bactéries de la plaque dentaire furent lettres de noblesse, comme le souligne le D r
identifiées comme la principale cause des maladies Boulange : « Il y a maintenant une cinquantaine
parodontales. Les progrès en parodontologie, d’années que la discipline est reconnue à part
UNE HISTOIRE D’INNOVATIONS notamment en matière de connaissance scienti- entière et est enseignée dans les facultés. Cela a
fique, se poursuivirent durant la première moitié du marqué un tournant essentiel. En matière de tech-
On trouve des traces de traitement de maladies XXe siècle : « L’unité fonctionnelle et structurelle des niques parodontales, le comblement osseux avec
parodontales dès l’Antiquité, notamment en Egypte tissus » de la gencive fut en effet affirmée et l’on vit l’os du patient lui-même date d’ailleurs de cette
où elles étaient déjà mentionnées dans le Papyrus apparaître à cette époque les termes de paraden- époque. » Puis, les membranes et biomatériaux
d’Ebers, l’un des plus anciens traités de médecine. tium, puis de parodontium », relate encore Philippe sont apparus il y a une trentaine d’années, suivis, il
Il fallut cependant attendre le milieu du XVIIIe siècle Bouchard. Si la pyorrhée était jusqu’alors la seule y a une quinzaine d’années, des protéines et des
matrices alternatives depuis environ 10 ans. « Ces
évolutions successives sont le fruit du travail des
ANNÉES
XVIII e
XIX e
1970
industriels qui ont cherché, au fil des décennies, à
SIÈCLE SIÈCLE apporter une solution adaptée à une pathologie
spécifique, poursuit l’expert. Puis, ces évolutions
ont elles-mêmes mené à d’autres avancées et
d’autres innovations. Par exemple, les matrices
Pierre Fauchard souligne l’importance Identification de la maladie La parodontologie collagéniques, utilisées dans le cadre de greffes,
des soins de la gencive de Riggs, une maladie devient une discipline sont elles-mêmes la conséquence du développe-
parodontale reconnue ment des membranes. » n

12 • SNITEM • COMIDENT • LES INNOVATIONS TECHNOLOGIQUES MÉDICALES


SANTÉ BUCCO-DENTAIRE • DÉTARTRAGE

DÉTARTRAGE À QUOI ÇA SERT ? une calcification de la plaque dentaire. Elle se


dépose sur les collets des dents et sous la gen-

Pour des dents


« Le détartrage, qui relève de la parodontie, est cive. Cette opération a pour but de prévenir des
l’acte principal de prévention en matière de santé maladies dentaires telles que les gingivites (inflam-

et des gencives
dentaire, explique le Docteur Julien Laupie, chirur- mations de la gencive), les parodontites (inflam-
gien-dentiste à Nice et membre de l’Union fran- mations du parodonte) ou encore, des caries. A
çaise pour la santé bucco-dentaire (UFSBD). C’est noter que le détartrage est d’autant plus néces-

en pleine santé un soin indispensable pour garder des dents et


surtout une gencive en bonne santé. » En pra-
tique, le détartrage consiste à enlever le biofilm
saire que certaines caries non douloureuses et
donc insoupçonnées par le patient peuvent par-
fois se cacher sous un dépôt de tartre. Enfin, une
que la brosse à dents n’a pas retiré et donc le accumulation de tartre peut être à l’origine d’une
Aujourd’hui opération tartre qui s’est ainsi formé. Le tartre correspond à halitose, ou mauvaise haleine, chronique.
pratiquée en routine par les
chirurgiens-dentistes, le
détartrage est un acte parodontal
essentiel pour la santé
bucco-dentaire et doit être
réalisé au moins une fois par an.

Une bouche avec de la plaque dentaire

SNITEM • COMIDENT • LES INNOVATIONS TECHNOLOGIQUES MÉDICALES • 13


SANTÉ BUCCO-DENTAIRE • DÉTARTRAGE

COMMENT ÇA MARCHE ? également de prévention. Ainsi, le chirurgien


Abulcasis a beaucoup contribué à l’art dentaire,
Selon les recommandations officielles, il est pré- notamment en dessinant de nombreux instru-
conisé de pratiquer un détartrage au moins une ments pour nettoyer les dents. « Cet éminent
fois par an. En outre, cette opération est réalisée chirurgien parle pour la première fois du tartre,
au cabinet du chirurgien-dentiste, seul habilité à la qu’il a mis en corrélation avec la gingivite, et des
pratiquer en France. Au début de la consultation, moyens de le détacher à l’aide d’instruments dont
le chirurgien-dentiste procède à un contrôle du certains sont encore utilisés aujourd’hui », précise
parodonte à l’aide d’une curette parodontale afin Aude Pasquini dans sa thèse de doctorat en
de vérifier que le patient ne présente aucune ano- Coloration de dents chirurgie dentaire intitulé « L’évolution de l’hygiène
malie et le détartrage peut commencer. En cas de bucco-dentaire au fil des siècles et des civilisa-
complication, c’est-à-dire si le tartre a migré le tions ». Il utilisait pour effectuer le détartrage
long des racines, la procédure peut s’avérer plus d’une part (opérant un mouvement elliptique), jusqu’à 14 instruments différents, principalement
compliquée (voir encadré p.15). piézoélectriques d’autre part (opérant un mouve- des rugines , chacun étant réservé à un usage
Il existe aujourd’hui deux méthodes de détartrage. ment linéaire). spécifique selon sa forme (face externe de la dent,
Indolore et sans effet secondaire, celui par ultra- Le chirurgien-dentiste peut également effectuer le face interne, espace interdentaire) et recomman-
sons est le plus répandu. Le dispositif envoie des détartrage à l’aide de curettes parodontales au dait plusieurs séances. A noter également que la
vibrations sur la dent qui permettent de décoller le moyen desquelles le détartrage est effectué par position du patient qu’il conseillait pour cette opé-
tartre tout en projetant un filet d’eau en continu grattage manuel. A noter également que le profes- ration ainsi que ses préconisations pour les soins
afin de faciliter le nettoyage mais aussi d’éviter une sionnel de santé peut utiliser les deux dispositifs furent appliquées jusqu’au XVIIIe siècle, poursuit
surchauffe du matériel. Les résidus et l’eau sont complémentairement au cours d’une séance. Aude Pasquini qui cite le chirurgien lui-même :
ensuite aspirés par une sonde. Il existe deux types Enfin, un polissage des dents permet de lisser la « Faites asseoir le malade devant vous, et placez-
de détartreurs par ultrasons : magnétostrictifs surface des dents et de faire disparaître d’éven- lui la tête sur vos genoux. Ruginez les dents et les
tuelles tâches de coloration. molaires qui vous présenteront des concrétions
ou des dépôts graveleux, jusqu’à ce qu’il ne reste

ANTIQUITÉ XXe SIÈCLE UNE HISTOIRE D’INNOVATIONS


plus rien. Détartrez aussi là où les dents étaient
noires, jaunes, vertes ou d’une autre couleur,
jusqu’à ce que les dépôts de tartre soient élimi-
Contrairement aux idées reçues, diverses sources nés. Il est possible qu’un détartrage suffise. Sinon,
montrent que, dans l’Antiquité puis au Moyen-Âge, recommencez une seconde, troisième ou qua-
Recommandations d’Abulcasis Arrivée des ultrasons les hommes se préoccupaient de leur hygiène trième fois jusqu’à ce que votre but soit totalement
pour le détartrage pour le détartrage bucco-dentaire (voir chapitre précédent) mais atteint ». Au cours de la Renaissance, plusieurs

14 • SNITEM • COMIDENT • LES INNOVATIONS TECHNOLOGIQUES MÉDICALES


SANTÉ BUCCO-DENTAIRE • DÉTARTRAGE

2015
mais présentent également l’énorme avantage
d’être plus agréables pour le patient et plus indo- LE SAVIEZ-VOUS ?
lores. Peu à peu, d’autres dispositifs sont venus
L’acte de détartrage et de polissage des dents est celui compléter ce détartrage, toujours dans cette LE DÉTARTRAGE
qui est le plus fréquemment réalisé en CCAM recherche d’efficacité et de confort pour le patient : SOUS-GINGIVAL
(Classification commune des actes médicaux) par les brossettes et pâtes à polir ou encore aéropolis-
dentistes en 2015 (23 % du total des actes). (source : Les seurs . Parallèlement, un travail a également été Le tartre peut, dans certains cas, se
dépenses de soins dentaires, Comptes de la Sécurité sociale, juin 2016) mené sur les inserts des détartreurs à ultrasons déposer sur la racine de la dent, à l’abri de
afin d’en améliorer l’ergonomie et les matériaux, la gencive, au niveau des poches
pour rendre l’opération toujours moins désa- parodontales. Il est alors appelé tartre
médecins s’intéressèrent également à la question gréable pour le patient. « Une autre innovation sous-gingival. Dans ce cas, le détartrage
du tartre dentaire, parmi lesquels Ambroise Paré. majeure en matière de prévention dentaire est sous gingival ou surfaçage – qui s’effectue
Néanmoins, ce domaine ne connut pas de réelle l’arrivée de caméra intra-buccale, poursuit le sous anesthésie locale – a pour objectif
révolution jusqu’à la fin du XVIIIe siècle et le début d’éliminer les poches de bactéries qui se
du XIXe siècle, époque à laquelle s’opéra une prise sont formées et réduire l’inflammation qui
de conscience quant à l’hygiène dentaire même
est en train d’attaquer l’os de soutien des
s’il fallut attendre encore pour que les règles d’hy- Détartreur ultrason
dents.
giène pénètrent toutes les strates de la société et
ne soient plus seulement le pré carré des classes
sociales aisées.
D r Laupie. En effet, celle-ci permet de voir sur les
LA RÉVOLUTION DES ULTRASONS dents ce que l’œil nu est incapable de discerner.
« Pendant très longtemps, ce sont donc des Elle est capable d’analyser la plaque dentaire et de
curettes manuelles qui ont été utilisées pour grat- préciser depuis quand celle-ci s’est accumulée.
ter les dents et éliminer le tartre, résume encore le C’est aussi précieux pour l’acte lui-même que
D r Laupie. Mais une évolution fondamentale dans pour la communication des chirurgiens-dentistes
la technique de détartrage survint dans la deu- avec leurs patients : cela permet de leur montrer
xième moitié du XXe siècle. Il s’agit de l’arrivée des ce qui se trouve à l’intérieur de la bouche et, de
ultrasons qui ont grandement augmenté l’effica- fait, de provoquer le cas échéant une prise de
cité du détartrage. » Ces embouts métalliques conscience ». Une innovation en effet essentielle
vibrant contre la dent permettent non seulement au regard du rôle primordial du patient dans son
de mieux nettoyer le tartre, de façon plus précise, hygiène dentaire. n

SNITEM • COMIDENT • LES INNOVATIONS TECHNOLOGIQUES MÉDICALES • 15


SANTÉ BUCCO-DENTAIRE • CAPTEURS INTRA-ORAUX NUMÉRIQUES

CAPTEURS À QUOI ÇA SERT ?


INTRA-ORAUX La radiographie intra-orale est rendue possible
grâce à des capteurs positionnés au sein même de
NUMÉRIQUES la bouche des patients. Ces capteurs fournissent
des images numériques en deux dimensions de la

Vers une denture des patients, d’une définition très fine, c’est-
à-dire de l’ordre de 20 micromètres. Ils permettent

imagerie
d’aller au-delà de la radiographie extra-orale, dite
aussi panoramique, cette dernière étant l’examen

de précision
complémentaire de première intention après l’exa-
men clinique.

Le choix d’imagerie COMMENT ÇA MARCHE ?


bi-dimensionnelle est Les capteurs transforment le rayonnement X, émis
Caméra intra-orale

aujourd’hui large pour les par une source placée à l'extérieur de la joue, en tailles de capteurs qui peuvent être reliés par un
une image numérique qui peut être directement et câble à une télécommande. Celle-ci peut être
chirurgiens-dentistes. Ceux-ci immédiatement transférée sur un ordinateur puis connectée à l'ordinateur par le biais de sa prise
disposent, pour affiner leur traitée, retouchée et archivée via un logiciel USB. L'étape du développement du film radiolo-
adéquat. Ils existent généralement deux ou trois gique est supprimée.
diagnostic, de la radiographie
panoramique, pour une vision
globale de la denture, et, depuis 1895 1950 1987 1994
les années 80, de la
radiographie intra-orale, pour
une imagerie de détail.
Première radio Premier cliché Le premier système Premier système portatif
aux rayons X panoramique dentaire de radiographie dentaire permettant l’acquisition
numérique intra-oral et la visualisation d’images
(RVG) est français sur un écran numérique mobile

16 • SNITEM • COMIDENT • LES INNOVATIONS TECHNOLOGIQUES MÉDICALES


SANTÉ BUCCO-DENTAIRE • CAPTEURS INTRA-ORAUX NUMÉRIQUES

UNE HISTOIRE D’INNOVATIONS la perte de ses cheveux. Dès 1896, l’usage des
rayons X pour réaliser des images médicales se LES CAPTEURS INTRA-ORAUX
Le 8 novembre 1895, le physicien allemand W.C. répandit dans le monde entier, y compris en France. ONT RÉVOLUTIONNÉ L’IMAGERIE
Röntgen découvrit une nouvelle sorte de rayonne- EN ODONTOLOGIE
ment, qu’il appela rayon X. Le 22 novembre, il réa- RÉVOLUTION DU NUMÉRIQUE
Dr Eric Bonnet, chirurgien-dentiste libéral
lisa la première image radiographique : celle de la L’imagerie médicale bucco-dentaire, dont l’essor (Rhône)
main de son épouse. « Quatorze jours après la pre- est lié à celui de l’imagerie médicale en général, a
mière publication de Röntgen en date du 28 connu une « progression inimaginable » ces der- « Les capteurs intra-oraux ont révolutionné
l’imagerie en odontologie. Ils ont permis
décembre 1895 », le chirurgien-dentiste allemand nières décennies, note le Dr Gérard Braye dans
d’obtenir des images instantanées sous
O. Walkhoff réalisa « la première radio dentaire de l’ouvrage « 40 ans de chirurgie dentaire ». Les pre-
format numérique, lesquelles ont remplacé
ses propres dents », en l’occurrence de ses mières radiographies panoramiques argentiques en les images argentiques qui nécessitaient 5 à
molaires, assisté du Professeur de physique dentaire virent ainsi le jour en 1950. Elles furent 7 minutes de développement. De plus, ces
F. Giesel, détaille le Dr Xavier Riaud dans un article capteurs présentent une dosimétrie
sur la première radio dentaire publié sur son site avantageuse et une netteté et une précision
Internet. O. Walkhoff reçut « les premiers rayons très appréciables. Aujourd’hui, tous les
intra-buccaux après une exposition d’une durée de praticiens sont équipés de tels capteurs
25 minutes ». Dans son compte rendu, il évoqua numériques ; l’argentique est devenu
« une vraie torture » pour lui mais aussi « une anecdotique. »
grande joie » en mesurant « l’importance de la
découverte de Röntgen pour la dentisterie du
futur », poursuit le Dr Riaud. Une expérience non complétées, au début des années 80, par les pre-
dénuée d’effets secondaires puisqu’elle provoqua mières « radiovisiographies (RVG) dentaires », réali-
sées à l’aide de capteurs intra-oraux numériques.

1999 2010
En effet, en 1982, le Dr F. Mouyen breveta, en France,
un prototype de capteur de RVG. Cinq ans plus
tard, le premier système de radiographie dentaire
numérique au monde fut commercialisé. « Ces pre-
miers capteurs n’étaient pas d’excellente qualité
mais ils fournissaient une image numérique instan-
Les capteurs proposent Premier capteur RVG
une qualité d’image à capacité Wi-Fi avec une tanée et imprimable en utilisant des doses de
identique à celle du film qualité d’image intègre rayons X moindres que pour une radio panoramique
1992 dentaire », détaille le Dr Eric Bonnet.

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SANTÉ BUCCO-DENTAIRE • CAPTEURS INTRA-ORAUX NUMÉRIQUES

FAIBLES RADIATIONS
Capteur dernière génération
Ces systèmes furent peu à peu améliorés. « Ils UN GAIN DE TEMPS CONSIDÉRABLE
devinrent plus sensibles et plus fins en termes de POUR TOUTE L’ÉQUIPE
résolution », poursuit le D r Bonnet. De fait, dès
1999, les capteurs offrirent une qualité d’image Dr Nicolas Boutin,
identique à celle du film. Leur évolution alla de pair chirurgien-dentiste libéral (Paris)
avec l’essor et le développement d’ordinateurs et « Grâce aux images instantanées, nous
de logiciels d’images de plus en plus performants. n’avons plus besoin d’attendre que le film
En outre, ils s’amincirent, passant d’un centimètre soit développé : nous pouvons
et demi à quelques millimètres d’épaisseur, tout immédiatement savoir si nous avons
en gagnant en robustesse : protégés par un boî- correctement et suffisamment vissé un
tier de plus en plus solide, ils purent mieux résister implant ou une couronne, par exemple.
aux morsures, aux chocs et aux chutes. De même, Par ailleurs, outre la qualité, indéniable,
le câble qui les relie à la télécommande devint plus des images, le numérique permet
l’archivage, le classement et la consultation
résistant (à l’heure actuelle, certains sont capables en un clic des clichés dans le dossier

0,1 à 0,2 seconde


de résister à plus de 100 000 flexions extrêmes, ce informatisé des patients. C’est un gain de
qui équivaut à dix ans d'utilisation intensive). temps considérable pour toute l’équipe du
Certains systèmes fonctionnent même en Wi-fi à cabinet dentaire. »
Le temps d’exposition aux rayons X, lors de l’utilisation l’heure actuelle !
d’un capteur intra-oral, est très réduit : 0,1 à 0,2 Avec le temps, « ils requirent de moins en moins
seconde. C’est un véritable atout en radioprotection. de doses de radiations », ajoute le D r Bonnet.
Les doses de rayons sont, par ailleurs, très faibles. Munis d'un indicateur de dose qui détecte les sur- des patients tout en limitant la corrosion des
Selon l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire
ou sous-expositions, ils permettent d’ailleurs, systèmes. Ils sont également proposés en plu-
(IRSN), les doses efficaces sont comprises en 1 et 8 µSv
aujourd’hui, aux praticiens d’ajuster rapidement sieurs tailles pour s’adapter à toutes les morpho-
(microsievert) pour un cliché intra-buccal,
« équivalentes à moins d’une journée d’exposition les paramètres requis, ce qui réduit la nécessité logies et pratiques cliniques. Surtout, ils peuvent
naturelle ». Les doses délivrées pour un cliché de reprises d’image. être branchés directement sur un ordinateur ou
panoramique (4 à 30 µSv) « sont plus variables mais une tablette numérique à l'aide d'un câble USB
même celles qui se situent dans la fourchette haute ÉTANCHÉITÉ GARANTIE standard, éliminant la nécessité d'un adaptateur
sont équivalentes à quelques jours d’irradiation Désormais complètement étanches, les capteurs USB ou d’une unité spécifique de traitement
naturelle ou à une radiographie du thorax ». supportent l'immersion dans des solutions désin- d’image. Ils constituent ainsi de précieux outils
fectantes, ce qui garantit l'hygiène et la sécurité d’aide au diagnostic. n

18 • SNITEM • COMIDENT • LES INNOVATIONS TECHNOLOGIQUES MÉDICALES


SANTÉ BUCCO-DENTAIRE • CONE BEAM

CONE BEAM À QUOI ÇA SERT ? que le scanner puisqu’il apporte des indications
plus détaillées sur les petites structures osseuses et

De la 2D
« Lorsque les images en deux dimensions, extra- minéralisées, par exemple. » La technologie « Cone
buccales et intra-buccales, sont insuffisantes pour Beam computerized tomography » ou CBCT

à la 3D
appuyer un diagnostic, le chirurgien-dentiste peut (Tomographie volumique numérisée à faisceau
opter pour l’imagerie en trois dimensions (3D), conique) facilite ainsi le dépistage, le diagnostic,
détaille le Dr Eric Bonnet, chirurgien-dentiste libéral l’explication d’une pathologie et le choix de traite-
à Limonest (Rhône). Cette imagerie fut longtemps ments. Il est l’examen de choix en implantologie,
Né en Europe à la fin des années obtenue grâce au scanner médical, à l’hôpital ou en puisqu’il permet de visualiser les volumes osseux
centre de radiologie. Elle peut désormais y être au disponibles et de protéger les structures nobles
1990, le Cone Beam a permis, fauteuil du chirurgien-dentiste grâce au Cone Beam. comme les nerfs mais aussi en orthodontie puisque
en odontologie, de remplacer le Celui-ci a par ailleurs l’avantage d’utiliser de plus les doses d’irradiation utilisées sont moindres que
faibles doses d’irradiation tout en étant plus précis celles du scanner.
scanner médical. Exit le seul
cabinet de radiologie : les
patients peuvent désormais
instantanément bénéficier d’une
image en trois dimensions de
leur bouche sans quitter le
cabinet dentaire.

Logiciel 3D

SNITEM • COMIDENT • LES INNOVATIONS TECHNOLOGIQUES MÉDICALES • 19


SANTÉ BUCCO-DENTAIRE • CONE BEAM

COMMENT ÇA MARCHE ? SPÉCIFICITÉ DENTAIRE


« Par la suite, deux révolutions majeures marquèrent
Le Cone Beam, dispositif médical d’imagerie extra- l’imagerie dans le secteur dentaire : le remplacement
orale, permet, grâce à son faisceau de rayons X de de l’argentique par le numérique et l’arrivée du Cone
forme conique, de radiographier toute la bouche en Beam », poursuit le Dr Eric Bonnet. Cette nouvelle
une seule rotation, de la reconstruire virtuellement technologie d’imagerie 3D, arrivée sur le marché en
en 3D sur un écran d’ordinateur et d’explorer cet 1999 en Europe, s’implanta durablement dans les
espace millimètre par millimètre, coupe par coupe. cabinets dentaires au début des années 2000.
Plusieurs tailles de champ d’exploration existent : « Il s’agissait du premier appareil d’imagerie spécifi-
Panoramique
grand champ (supérieur à 10 x 10 cm), moyen quement dédié à l’imagerie dentaire maxillo-faciale,
3D
champ (10 x 10 cm à 8 x 8 cm) et petit champ (5 x 5 explique le professionnel. Il permit, en un seul cliché
cm). Plus le champ est petit, plus la définition de pris au fauteuil, de radiographier toute la bouche, de
l’image augmente en précision.. la reconstruire numériquement en 3D sur un écran
d’ordinateur et de visualiser les dents, le tissus
UNE HISTOIRE D’INNOVATIONS 1972 », synthétise le Dr Nicolas Boutin, chirurgien- osseux, les principaux nerfs etc. et ce, sans déforma-
dentiste libéral. Le premier du genre fut conçu par tion, sans écrasement des plans et avec une grande
Cette technologie est le fruit d’une longue histoire l’ingénieur britannique Godfrey Hounsfield. Il eut précision. Il devenait aisé d’obtenir une anatomie pré-
d’innovation ayant pour point de départ, tout pour avantage de pallier la perte d’information due cise de l’ensemble des structures dento-maxillaires,
comme l’imagerie bi-dimensionnelle, la découverte à l’imagerie en 2D, qui transforme un volume en de repérer un sinus obstrué, de connaître le volume
des rayons X en 1895. Depuis cette date, « l’image- plan. « Le scanner donna accès à la 3D, en réalisant, osseux disponible pour la position et mise en place
rie connut un véritable essor en dentaire, marqué pour la zone étudiée, des images de coupes fines, d’un implant dentaire, d’analyser les malpositions
par l’invention du cliché rétro-alvéolaire en 1896, du poursuit le praticien. Au prix, toutefois, d’une dose dentaires puis faciales ou encore, de vérifier, en cas
cliché panoramique en 1950 puis du scanner en de rayonnements X supérieure. » de fracture ou de traumatisme sur une dent, si l’os est
également touché. Et ce, tout en utilisant une dose
ANNÉES moindre de radiation par rapport au scanner. » Le

1972 1999 2000 2007 diagnostic et le dépistage de pathologies orales


devinrent plus précis grâce aux coupes plus fines et
aux informations plus détaillées recueillies.

MULTIPLICITÉ DES CHAMPS


Premier scanner Invention du Cone Beam Essor du nombre de Premiers appareils combinant Par la suite, les capteurs des Cone Beam évoluèrent
médical par une société italienne champs d’exploration l’imagerie 2D et 3D et la taille des champs d’exploration se diversi-

20 • SNITEM • COMIDENT • LES INNOVATIONS TECHNOLOGIQUES MÉDICALES


SANTÉ BUCCO-DENTAIRE • CONE BEAM

fièrent. « Les praticiens disposent aujourd’hui d’un d’image quasi exceptionnelle, facilitant ainsi le dia-
petit, moyen et grand champ, de 5 cm x 5 cm pour gnostic et le suivi thérapeutique. Ces nouvelles
visualiser quelques dents jusqu’à 23 cm x 17 cm images nécessitèrent toutefois un apprentissage,
pour englober tout le complexe maxillo-facial , pour lire et interpréter correctement les informations
détaille le Dr Bonnet. Le grand champ est toutefois qu’elles contenaient. » Et ce, d’autant plus qu’avec
réservé aux médecins radiologues et aux orthodon- l’essor du numérique, les chirurgiens-dentistes pas-
tistes. » En parallèle, les doses d’irradiation déli- sèrent d’une image statique à une image dynamique
vrées purent être adaptées au mieux par les numérisée. « Il était désormais possible d’“explorer“,
chirurgiens-dentistes, en fonction de l’âge du sur l’écran d’ordinateur, l’intérieur de tout le volume
patient, de la taille du champ utilisé, de la zone 3D radiographié », poursuit le Dr Bonnet. Peu à peu,
explorée et de la précision de l’image demandée. les Cone Beam furent donc utilisés à des fins théra-
peutiques, pour affiner le traitement d’une infection
IMAGES NETTES ET INFORMATIVES des racines ou des gencives, comprendre l’origine
« Par ailleurs, les logiciels et les techniques de d’une douleur buccale inexpliquée, planifier au
reconstruction 3D et de traitement de l’image se mieux la pose d’un implant dentaire etc.
perfectionnèrent considérablement, note le D r
Jean-Michel Foucart, chirurgien-dentiste spécialisé INFORMATION ÉCLAIRÉE DU PATIENT
en orthopédie dento-faciale exerçant à Eaubonne Avec le temps, les appareils, plus compacts, plus Virtualisation du patient
(Val d’Oise). La résolution d’image la plus fine passa flexibles, plus ergonomiques furent aussi plus abor-
ainsi de 200 à 75-80 micromètres en moyenne. » Le dables en termes de prix, ce qui facilita son fort suc- scanner n’est quasiment plus utilisé : par rapport à lui,
Dr Bonnet confirme : « La netteté et les contrastes cès vers 2010. Ils permirent également aux le Cone Beam permet en effet de diviser la dose d’irra-
s’améliorèrent, pour une précision et une qualité chirurgiens-dentistes d’impliquer le patient et de lui diation par 15 à 25. À terme, dans cette spécialité, le
expliquer au mieux le diagnostic et les solutions Cone Beam pourrait très bientôt remplacer l’imagerie

30 secondes
envisageables. « En voyant l’anomalie sur l’écran 2D conventionnelle, c’est-à-dire l’examen panora-
d’ordinateur, les patients comprennent et adhèrent mique et l’examen du crâne. » Par ailleurs, « la ten-
plus facilement au plan de traitement que nous leur dance actuelle est de développer des appareils
« Le temps d’acquisition d’une image 3D à l’aide d’un proposons », précise le Dr Bonnet. combinant l’imagerie 2D et 3D, à partir d’un ou de plu-
Cone Beam est de 30 secondes ce qui est très court, sieurs détecteurs », note le Dr Boutin. Depuis 2007,
selon le Dr Eric Bonnet. Le temps de lecture et d’analyse COMBINAISON DE LA 2D ET DE LA 3D certains associent en effet l’imagerie panoramique,
de l’image, désormais très riche, est de 10 à 15 minutes « Désormais, les Cone Beam répondent à 90 % des Cone Beam et céphalométrique tandis que d’autres
en fonction de ce que l’on recherche. » besoins d’imagerie 3D, glisse le Dr Foucart. En ortho- combinent l’imagerie panoramique, péricoronaire
dontie, où la majorité des patients sont des enfants, le extra-orale et céphalométrique, par exemple. n

SNITEM • COMIDENT • LES INNOVATIONS TECHNOLOGIQUES MÉDICALES • 21


SANTÉ BUCCO-DENTAIRE • LOGICIELS D’IMAGERIE

LOGICIELS À QUOI ÇA SERT ? quelques mouvements de souris, de régler le


contraste et la netteté de la radiographie, d’agran-
D’IMAGERIE Les logiciels d’imagerie permettent de lire, traiter, dir une zone spécifique, de mesurer les espaces

L’intelligence
analyser, combiner et archiver les images intra- entre chaque dent et l’angle de chacune d’elles,
orale et extra-orale numérisées (photos et vidéos). d’explorer certaines zones capturées en trois
Ils facilitent le diagnostic et la planification théra- dimensions (3D), de combiner plusieurs images et

numérique peutique et, depuis quelques années, assistent la


fabrication des prothèses dentaires.
vidéos etc.

au service UNE HISTOIRE D’INNOVATIONS

du diagnostic
COMMENT ÇA MARCHE ?
L'imagerie numérique et les logiciels informatiques
Les logiciels actuels disposent d’un grand nombre furent introduits en odontologie au milieu des

et du soin de fonctionnalités et de menus, permettant, en années 80. Le premier capteur capable de numé-
riser des images prises à l’intérieur de la bouche
des patients fut commercialisé dès 1987 (voir le
Le numérique s’immisça dans chapitre sur les capteurs intra-oraux). Ce petit
capteur, inséré dans la bouche du patient, prenait
les cabinets dentaires au début un cliché et le transférait directement sur l’ordina-
des années 80 avec les teur du chirurgien-dentiste. Le fichier numérique
était alors enregistré, archivé et imprimable grâce
premiers logiciels de gestion à un logiciel spécifique. Par la suite, en 1998-
informatique des dossiers des 2000, des capteurs de plus grande taille furent
mis au point pour des radiographies panora-
patients, des emplois du temps, miques dentaires numériques. Là encore, les logi-
de la comptabilité etc. Puis, ciels présents sur le marché permirent d’archiver
les données recueillies.
avec l’apparition de la
radiographie numérique, les SUITE DE LOGICIELS
Peu à peu, les logiciels se diversifièrent.
logiciels d’imagerie s’imposèrent Initialement, les chirurgiens-dentistes n’en possé-
jusqu’à devenir incontournables. daient qu’un pour classer et conserver toutes les

22 • SNITEM • COMIDENT • LES INNOVATIONS TECHNOLOGIQUES MÉDICALES


SANTÉ BUCCO-DENTAIRE • LOGICIELS D’IMAGERIE

images intra-buccales et extra-buccales de leurs


patients. Progressivement, furent développées
des suites de logiciels spécifiques pour chaque
type d’images, dotées d’une seule base de don-
nées sécurisée et permettant de traiter numéri-
quement les clichés. « Ces logiciels étaient déjà
très performants, se souvient le D r Nicolas Boutin,
chirurgien-dentiste. Grâce à eux, les fichiers
numérisés apparaissaient quasi instantanément
sur nos ordinateurs et pouvaient être consultés et
analysés sur l’écran. Certains paramètres pou-
vaient être réglés, en termes de netteté, notam-
ment. Après examen, les fichiers pouvaient être
directement intégrés au dossier numérisé du
patient, datés et classés comme il se doit. »

EXPLORATION RADIOLOGIQUE EN 3D
Les logiciels devinrent également de plus en intel-
ligents. Les Cone Beam, inventés en 1996, se
démocratisèrent dans les cabinets dentaires dès
2007-2008 et fournirent des images 3D de qualité Logiciel d’affichage de données
sans précédent (voir chapitre sur le Cone Beam).
FIN DES ANNÉES ANNÉES ANNÉES ANNÉES Certains logiciels permirent ainsi, sur écran d’ordi-

1980 1998-2000 2007-2008 2010-2012


nateur, la visualisation et l’exploration de l’en-
semble du volume radiographié par les Cone
Beam (bouche et dents) dans les trois dimensions
de l’espace. Les logiciels d’imagerie, qui, jusque
là, aidaient les chirurgiens-dentistes à affiner leur
diagnostic et à objectiver le traitement choisi, faci-
Premiers logiciels Premiers logiciels d’imagerie Essor de l’exploration Les logiciels permettent
d’imagerie intra-orale panoramique et 3D ; entrée 3D sur ordinateur une convergence litèrent la détection de certaines pathologies ou
des logiciels d’imagerie dans des images 2D et 3D anomalies (telles qu’une tumeur) et la planification
le secteur du dispositif des interventions chirurgicales.
médical

SNITEM • COMIDENT • LES INNOVATIONS TECHNOLOGIQUES MÉDICALES • 23


SANTÉ BUCCO-DENTAIRE • LOGICIELS D’IMAGERIE

Les logiciels se sophistiquèrent également mieux visualiser leur pathologie, mieux com-
pour traiter les empreintes buccales et physico-
chimiques réalisées par de mini-scanners numé-
riques d’acquisition 3D (caméras intra-orales).
prendre les solutions envisageables et, enfin, avoir
un aperçu du résultat final du traitement choisi
(leur futur sourire, par exemple). Les patients
20 ans
Les premiers logiciels, qui traitaient des images en 2D,
Grâce à eux, il est désormais possible de gérer prirent dès lors une part plus importante dans leur
n’étaient pas des dispositifs médicaux. Ils entrèrent
numériquement les processus de réalisation des prise en charge. dans cette catégorie dès l’arrivée de la 3D il y a vingt
prothèses dentaires (lire les chapitres p.25 sur ans, dès lors qu’ils permirent de faire du diagnostic,
l’empreinte optique et p.34 sur la CFAO ). ERGONOMIE ET INTEROPÉRABILITÉ de la planification chirurgicale et du design de guide
En parallèle, les logiciels s’ouvrirent petit à petit chirurgical.
FUSIONNEMENT D’IMAGES OPTIQUES pour être compatibles entre eux. « Cela a pris un
La bouche et même la tête des patients purent peu de temps mais, aujourd’hui, tous les appareils
être entièrement virtualisées au début des années d’imagerie en 3D et les logiciels associés fonc- à chaque étape du traitement et de la modélisa-
2010. En effet, les suites de logiciels permirent de tionnent avec le même format d’image, le format tion des images. Ainsi, les icônes remplacèrent
combiner différentes images, en deux dimensions DICOM », précise le D r Boutin. Cette uniformité de progressivement les menus déroulants, par
comme en trois, y compris des images issues des format a permis, pour la 3D, de passer de sys- exemple.
caméras intra-buccales. Cette convergence de tèmes fermés à des systèmes ouverts, facilitant
données fut cruciale pour modéliser la bouche ainsi l’échange de données entre praticiens et le VERS UNE AUTONOMISATION PLUS
des patients, en incluant des données - insuffi- changement d’un appareil ou d’un logiciel sans GRANDE
santes avec les seuls rayons X - sur leurs tissus avoir à changer l’ensemble de ses équipements. À l’avenir, les logiciels seront de plus en plus intel-
mous. Ces techniques rendirent la prescription et L’ouverture des systèmes est toujours en cours ligents. Ils pourront, grâce à leurs algorithmes
la planification chirurgicales beaucoup plus aisées mais quelques suites de logiciels sont, à l’heure encore plus élaborés et à leur bibliothèque de
et permirent la réalisation de guides chirurgicaux actuelle, d’ores et déjà totalement ouvertes. dents, reconstruire de manière quasi autonome
sur mesure pour une chirurgie adaptée et moins En outre, l’ergonomie visuelle des softwares a les dents des patients. Les chirurgiens-dentistes
traumatisante. Elles réduisirent le temps opéra- énormément évolué. Les chirurgiens-dentistes n’auront que quelques optimisations et retouches
toire et les complications possibles, pour un plus n’étant pas informaticiens de formation, les logi- à la marge à apporter. Ils se simplifieront encore
grand confort des patients. ciels se devaient d’être simples d’utilisation, intui- plus pour limiter le nombre de clics et tendre vers
Grâce à elles, les patients purent, quant à eux, tifs et protocolés afin d’accompagner le praticien une plus grande automatisation des systèmes. n

24 • SNITEM • COMIDENT • LES INNOVATIONS TECHNOLOGIQUES MÉDICALES


SANTÉ BUCCO-DENTAIRE • SCANNERS INTRA-ORAUX

SCANNERS À QUOI ÇA SERT ? faculté de sciences de Lyon, se souvient-il. À Noël,


en 1970, après avoir discuté avec mes oncles, l’un
INTRA-ORAUX Il est désormais possible d’enregistrer numérique- chirurgien-dentiste et l’autre informaticien, j’ai eu
ment les reliefs bucco-dentaires, c’est-à-dire la l’idée du concept d’empreinte optique. Il m’a

Pour une prise surface des dents et des tissus muqueux, grâce à
un scanner intra-oral ou caméra optique. On parle
ensuite fallu de nombreux mois d’analyses et de
recherches pour en faire quelque chose

d’empreinte
alors d’empreinte optique. Ce dispositif d’imagerie de construit et le décrire dans ma thèse, publiée
intra-orale en 3D, qui facilite la première étape de en 1973. »

optique rapide
fabrication des prothèses personnalisées, évite
l’inconfort de la pâte à empreinte dans la bouche ANALYSE DE LA LUMIÈRE
qui pouvait provoquer des réflexes nauséeux. Il est Le professeur imagina ainsi une caméra compo-

et confortable par ailleurs devenu le complément indispensable


du Cone Beam pour une planification chirurgicale
– notamment implantaire – sécurisée.
sée de quatre fibres optiques, deux pour projeter
de la lumière monochromatique et deux pour cap-
ter les images. En 1980, il imagina un concept
Dès le début des années 70, similaire avec de la lumière polychromatique,
avant de revenir à la lumière monochromatique.
émerge l’idée de remplacer la COMMENT ÇA MARCHE ? « L’objectif était de capter l’interférence de la
prise d’empreinte dentaire à lumière à l’aide de ces fibres », poursuit-il. Le sys-
La caméra projette, à l’aide d’un embout inséré tème du Pr Duret mesurait ainsi la perturbation de
l’aide d’une pâte par une prise dans la bouche, un rayon lumineux sur la ou les la lumière sur la surface dentaire. « L’analyse de
d’empreinte à l’aide d’une dents souhaitée(s) puis analyse, à l’aide de cap- cette perturbation permettait la modélisation
teurs, la déformation de la lumière ou de son inten- numérique de la surface du volume dentaire »,
caméra numérique. Une sité pour la plupart des équipements. Ceux-ci détaille-t-il. Cette empreinte était ensuite fixée sur
révolution est en marche. Depuis, fournissent des signaux numériques à l’ordinateur un capteur numérique (capteur CCD) en
qui reconstitue une surface 3D. quelques dixièmes de secondes.
cette technique s’est enrichie des Cette technique fut publiquement présentée à la
meilleures innovations en faculté dentaire de l’université Paris Diderot en
UNE HISTOIRE D’INNOVATIONS 1983, puis au Congrès de l’Association dentaire
optique, électronique et française (ADF) en 1985. Toutefois, après de nom-
informatique. L’empreinte optique vit le jour en France, dans breuses années de recherches et de développe-
l’esprit du Pr François Duret. « J’avais 22 ans et ment, faute de moyens, ce projet français fut
j’étudiais à la faculté d’odontologie ainsi qu’à la interrompu.

SNITEM • COMIDENT • LES INNOVATIONS TECHNOLOGIQUES MÉDICALES • 25


SANTÉ BUCCO-DENTAIRE • SCANNERS INTRA-ORAUX

2 minutes
CAMÉRAS NUMÉRIQUES affiné et homogénéisé. C’est toujours le cas
Des travaux similaires virent le jour aux États-Unis, aujourd’hui, que les caméras requièrent de la
au Japon ou encore en Suisse. Ainsi, en 1985, les poudre ou non.
D rs W. Mörmann et M. Brandestini développèrent En parallèle, dès les années 90, des systèmes de
En moyenne, 2 à 5 minutes, en fonction de la situation
une caméra buccale 3D pour la prise d’empreinte scanners par micro palpages, ou « scanners
clinique du patient, suffisent pour prendre l’empreinte
optique, surnommée « Lemon » (du fait de sa cou- numériques tactiles », furent initiés. Ils consis- optique d’une ou plusieurs dent(s) d’une même arcade
leur jaune citron). Elle incluait un petit disque d’usi- taient à enregistrer le relief de la dent par contact et reconstruire l’image en 3D sur l’écran d’un
nage pour la fabrication assistée par ordinateur de et balayage d’un micro palpeur sur sa surface. ordinateur.
l’intérieur des inlays. Malgré leur précision très satisfaisante, ils res-
Lorsque les brevets de ces caméras passèrent taient volumineux et nécessitaient que la surface
dans le domaine public, dans les années 2010, le à enregistrer soit parfaitement immobile. Les légers qu’auparavant (100 à 800 grammes, contre
nombre de caméras intra-orales s’accrut. scanners non tactiles, et c’est-à-dire optiques, près d’un kilogramme dans les premiers temps).
Certaines requéraient une poudre à déposer sur connurent donc un réel essor. Ils fonctionnent en mode vue par vue ou en mode
la partie à enregistrer pour pallier la transparence rafale (série de photos prises extrêmement rapide-
de l’émail dentaire, d’autres non. En dehors de UNE VINGTAINE DE SYSTÈMES ment), avec une grande précision (jusqu’à 30
cette particularité, elles reposaient toutes sur le Il existe, aujourd’hui, plus d’une vingtaine de sys- micromètres) ou encore, en mode dynamique
même principe : elles enregistraient un grand tèmes d’empreinte optique commercialisés dans type film continu (environ 30 images secondes). Ils
nombre d’images, lesquelles étaient en quelque le monde. Ils reposent essentiellement sur trois sont en mesure d’éliminer certains éléments indé-
sorte assemblées pour restituer en 3D la surface méthodes d’acquisition de l’image : la triangula- sirables entrés dans le champ, tel que le pouce du
du volume scanné. Le résultat obtenu devait tion , la stéréoscopie et la focalisation/défoca- chirurgien-dentiste, avant tout traitement sur
ensuite, à l’aide d’un logiciel informatique, être lisation. Ils sont plus robustes tout en étant plus ordinateur.

1973 1983 2010 2012-2013 2016

Le Pr Duret décrit Première présentation publique Essor des caméras Premières images Lancement d’une caméra de nouvelle
le concept de l’empreinte du concept d’empreinte optique numériques en couleurs génération capable de capter des images
optique intra-buccale par l’équipe du Pr Duret en 3D sans projeter de lumière

26 • SNITEM • COMIDENT • LES INNOVATIONS TECHNOLOGIQUES MÉDICALES


SANTÉ BUCCO-DENTAIRE • SCANNERS INTRA-ORAUX

de mesurer la lumière déformée, mesure directe-


ment l’objet et ses grains, ses bosses, ses creux
etc. Petite et légère, puisqu’elle pèse 110 grammes,
Empreinte optique elle mesure également les couleurs directement
sur la dent pour un meilleur rendu. Elle a été mise
sur le marché en 2016. » Le choix est donc vaste
pour les praticiens. « À l’heure actuelle, il n’existe
plus un seul type d’empreinte qui nécessite encore
le recours à l’empreinte conventionnelle à l’aide
d’une pâte y compris récemment en prothèse
totale », détaille le Pr Duret. L’équipement des
chirurgiens-dentistes est toutefois encore en
cours.
À l’avenir, les technologies iront vers une plus
grande facilité d’utilisation et une plus grande
maniabilité pour le chirurgien-dentiste pour plus de
confort pour le patient. Plus petites, elles seront
également encore plus précises. Enfin, la combi-
naison des données de l’empreinte optique avec
celles du Cone Beam se généralisera de plus en
plus pour de meilleurs diagnostics et de meilleures
programmations chirurgicales. n

Depuis 2012-2013, certains assurent un rendu des MINIATURISATION ET FLEXIBILITÉ


images en couleur, remplaçant ainsi le traditionnel « Ma fille et moi avons récemment développé, en
noir et blanc pour le diagnostic en 3D. Enfin, les partenariat avec le Centre national d’études spa-
scanners disposent d’un support ou d’une vitre tiales (Cnes), une caméra de nouvelle génération,
chauffante qui maintiennent leur tête à 37°C avant complète le Pr Duret. Nous avons utilisé la méthode
numérisation intra-orale afin d’éliminer le phéno- des satellites, capables de capter des images en
mène de buée qui empêche la prise d’empreinte. 3D sans projeter de lumière. Cette caméra, au lieu

SNITEM • COMIDENT • LES INNOVATIONS TECHNOLOGIQUES MÉDICALES • 27


SANTÉ BUCCO-DENTAIRE • SOINS CONSERVATEURS

SOINS À QUOI ÇA SERT ? taurer à l’aide d’un matériau les tissus lésés d’une
dent pour lui redonner sa morphologie et sa
CONSERVATEURS « L’odontologie conservatrice représente l’ensemble physiologie.
des thérapeutiques préventives et curatives ayant Les matériaux utilisés peuvent être :

De l’extraction pour objectif la préservation et la restauration des


organes dentaires affectés par leurs pathologies spé-
- métalliques (amalgame d’argent, incrustations cou-
lées de type inlay/onlay);

à la préservation
cifiques et leurs complications » à savoir : « la carie, - translucides dont la teinte se rapproche de celle de
les traumas, les érosions et abrasions, les anomalies la dent (composites, verres ionomères , ciments,

des dents
du développement, les lésions iatrogènes », céramiques).
détaillent les Prs Jean-Jacques Lasfargues et Pierre
Colon dans leur ouvrage « Odontologie conservatrice
et restauratrice ». Ces thérapeutiques (détartrage, UNE HISTOIRE D’INNOVATIONS
Depuis le début du XX siècle, e dévitalisation , soin de carie…) visent à préserver ou
à restaurer les fonctions des dents que sont la mas- Longtemps, la réponse clinique privilégiée en cas de
une attention particulière a été tication, la déglutition et l’élocution. Elles veillent, en pathologie dentaire et, notamment, de carie était
portée à la préservation des outre, à l’esthétisme de la bouche et du visage. l’extraction dans des conditions d’hygiène assez
médiocres. Les soins conservateurs prirent réelle-
tissus buccaux et à l’esthétisme ment leur essor au XIXe et au début du XXe siècles,
de la restauration. Les COMMENT ÇA MARCHE ? avec les premiers plombages et inlays et, surtout, « la
première classification et description des formes de
techniques de pose et les Il faut distinguer les soins conservateurs des soins cavités dentaires carieuses par l’Américain G.V. Black
matériaux ont fait l’objet de chirurgicaux, prothétiques et orthodontiques. Ils en 1908 », précise le Pr Pierre Colon, de l’hôpital
consistent le plus souvent à supprimer et/ou à res- Rothschild à Paris. Celle-ci servit de base pour réali-
nombreuses recherches.
ANNÉES ANNÉES
XIX e
SIÈCLE 1910 1970-1980 2000

Premières restaurations Essor du choix Essor des techniques Développement


modernes de teintes adhésives et indirectes des matériaux bioactifs

28 • SNITEM • COMIDENT • LES INNOVATIONS TECHNOLOGIQUES MÉDICALES


SANTÉ BUCCO-DENTAIRE • SOINS CONSERVATEURS

ser des formes de restauration durables, lesquelles


consistaient à éliminer les tissus altérés par les caries
puis à creuser une cavité destinée à recevoir un
matériau d’obturation non adhésif.

MÉTAUX PRÉCIEUX
« Les premières restaurations étaient à base d’argent
ou d’or cohésif, préparées et comprimées dans la
cavité par le dentiste pour obturer complètement la
dent et éviter toute perte de substance dentaire »,
détaille le Pr Colon. Les premiers inlays, eux, « étaient
des pièces coulées rigides, en or, fabriquées sur-
mesure en laboratoire puis posées et scellées par le
dentiste », explique-t-il. Elles offraient des solutions
très durables aux patients. Les inlays en or ne sont
toutefois quasiment plus utilisés aujourd’hui pour
des raisons esthétiques. Ils furent progressivement
supplantés par les inlays en résine composite ou en
céramique qui reproduisent de façon exacte la teinte
et la forme des dents des patients.

RECHERCHE D’ESTHÉTISME
Les industriels et les dentistes s’orientèrent en effet
vers des techniques plus esthétiques. Des restaura-
tions à base de silicates furent développées vers Restauration à l’amalgame
1910. « Ces ciments offraient trois à quatre choix de
teintes, plus ou moins claires et foncées, détaille le Pr grise, remplacèrent les restaurations en or. Surtout, LE TOURNANT DES ANNÉES 70-80
Colon. Ils présentaient toutefois l’inconvénient majeur dans les années 50 à 70, les composites dentaires Jusque dans les années 70, le chirurgien-dentiste
d’une solubilité importante en bouche, qui entraî- (matériaux organo-minéraux types résines) appa- adaptait l’architecture des cavités dentaires en reti-
naient leur dégradation », note le Pr Olivier Laboux rurent, suivis des Ciments verres ionomères (CVI) rant les tissus pathologiques mais aussi des tissus
dans l’ouvrage « 40 ans de chirurgie dentaire ». dont les teintes se rapprochaient de celles des tissus sains, pour que les matériaux restent en place. Cette
Les amalgames d’argent et de mercure, de teinte dentaires. technique de rétention mécanique fut progres-

SNITEM • COMIDENT • LES INNOVATIONS TECHNOLOGIQUES MÉDICALES • 29


SANTÉ BUCCO-DENTAIRE • SOINS CONSERVATEURS

sivement remplacée par des techniques adhé- donc développées des résines composites photo- MATÉRIAUX BIOACTIFS
sives. « Efficaces, elles étaient également beaucoup sensibles qui polymérisaient et durcissaient, uni- Enfin, dans les années 90, de nouveaux matériaux
plus conservatrices puisqu’elles ne nécessitaient que quement sous l’effet d’une source lumineuse de adhésifs relarguant du fluor furent expérimentés.
de retirer les tissus lésés et d’effectuer une prépara- forte intensité ». Les praticiens pouvaient ainsi « tra- Ainsi, les ciments verres ionomères modifiés par
tion périphérique pour assurer une bonne jonction vailler tranquillement le matériau » et « attendre adjonction de résine, combinés à un acide polya-
entre la dent et la restauration », souligne le d’être fins prêts pour le durcir ». crylique, libéraient en bouche des quantités impor-
Pr Colon. Puis, peu à peu, elles se simplifièrent pour tantes de fluor pour reminéraliser les dents et limiter le
réduire le temps de préparation du substrat den- RESTAURATIONS INDIRECTES retour des caries.
taire sur lequel était posé l’adhésif, de l’adhésif lui- Par ailleurs, les chirurgiens-dentistes hésitèrent de « Par ailleurs, nous nous orientions de plus en plus
même puis de la pose du matériau (notamment le moins en moins à envoyer un moulage de la cavité vers des matériaux bioactifs destinés à interférer avec
composite). Il existe aujourd’hui plusieurs types dentaire à un laboratoire pour que ce dernier pré- les cellules vivantes de la bouche et à stimuler les
d’adhésifs, adaptés à chaque indication clinique, pare lui-même une pièce en résine composite. Les mécanismes de réparation, poursuit le Pr Colon. C’est
efficaces sur l’émail comme sur la dentine. conditions de polymérisation des résines y étant le cas, aujourd’hui, en cas de lésion carieuse très pro-
bien meilleures qu’au cabinet dentaire, « la résis- fonde : là où, auparavant, nous dévitalisions la dent,
PHOTOSENSIBILITÉ tance de ces pièces s’améliora », juge le Pr Colon. nous pouvons, depuis 2010, utiliser des matériaux à
Malgré cela, les matériaux et techniques esthé- Les techniques de restauration directe, réalisées base de silicate de calcium, lesquels permettent de
tiques de restauration des dents postérieures entièrement au cabinet dentaire en une seule stimuler la réponse des cellules de la pulpe dentaire à
eurent du mal à rivaliser avec les amalgames et les séance, ne disparurent pas pour autant, notam- l’agression carieuse, par exemple. » Ces matériaux, à
obturations en or en raison de leurs défauts biolo- ment pour la pose d’amalgames, de composites ou la fois biocompatibles et bioactifs, permettent en effet
giques et physico-chimiques. Les premières résines de CVI. Elles ne requéraient qu’une seule anesthé- de reminéraliser des tissus dentaires mais aussi de
(résines méthacryliques ), « une fois préparées, sie et présentaient moins de risque d’infection bac- sauver des dents vivantes. Ils se déclinent désormais
devaient être posées très rapidement en bouche térienne entre la prise d’empreinte de la cavité dans les traitements à l’intérieur du canal avec des
car elles durcissaient en quasiment deux minutes », dentaire et la restauration. produits d’obturation canalaire.
explique le Pr Colon. À partir des années 80, « furent Parallèlement, les céramiques furent plébiscitées Dans cette course à l’innovation, universitaires et
(céramiques feldspathiques , à base de zircone industriels mettent au point les traitements de

10 à 20 ans
etc.), qu’elles soient conçues par le dentiste ou par le demain. En particulier, la dentisterie de demain est
laboratoire, de manière traditionnelle ou assistée par la dentisterie de régénération pour, certes combler
ordinateur. « Collées directement sur les dents à res- des pertes de substances, mais aussi régénérer les
« Les restaurations actuelles ont des durées de vie de taurer, elles permettaient de recréer jusqu’au trois tissus (pulpe, dentine, émail, os). C’est aussi celle de
10 à 20 ans, selon les méthodes et matériaux utilisés », quarts desdites dents », détaille le praticien. Leur la prévention (du tartre, des caries etc.) et de la
précise le Pr Colon. chimie évolua considérablement et « leur résistance conservation accrue des dents, pour répondre à
fut multipliée par dix ». l’allongement de la durée de vie de la population. n

30 • SNITEM • COMIDENT • LES INNOVATIONS TECHNOLOGIQUES MÉDICALES


SANTÉ BUCCO-DENTAIRE • IMPLANTOLOGIE

IMPLANTOLOGIE À QUOI ÇA SERT ?

Quand l’implant
L’implantologie, ou traitement prothétique, a pour Prothèse transvissée
finalité de remplacer des dents endommagées ou

devient dent
perdues afin d’en réhabiliter les fonctions lésées
(mastication et phonation) et l’esthétique. En effet,
les dents sont réparties sur deux arcades (mandibu-
laire et maxillaire) et constituent un équilibre.
L’implantologie moderne, bien Lorsque survient la perte d’une dent, celles situées
alentours peuvent être attirées par le vide laissé. De
que relativement récente, est fait, le remplacement doit être fait le plus rapide-
aujourd’hui une discipline de ment possible afin d’éviter la création d’un déséqui-
libre dans la cavité orale.
pointe dont les dispositifs
permettent une prise en charge
des patients toujours plus COMMENT ÇA MARCHE ?
sécurisée et personnalisée. Diverses solutions existent afin de remplacer des
dents perdues ou abîmées. Le bridge dentaire, qui
nécessite de meuler les dents adjacentes à la

FIN DU XIXe SIÈCLE ANNÉES ANNÉES


DÉBUT DU XXe SIÈCLE 1970 1980-1990

Affirmation des principes Travaux du Pr Branemark Essor de l’implantologie


de biocompatibilité et de stabilité moderne

SNITEM • COMIDENT • LES INNOVATIONS TECHNOLOGIQUES MÉDICALES • 31


SANTÉ BUCCO-DENTAIRE • IMPLANTOLOGIE

dent perdue, peut être une solution mais il les années 30 et 40 que les techniques en implan-
nécessite de « sacrifier » ces dents. L’implantologie tologie évoluèrent de manière significative. Divers
est une excellente alternative puisqu’on ne touche essais, pas toujours heureux, furent menés à la fois
pas aux dents adjacentes. En outre, contrairement sur les matériaux et sur la forme des implants. Mais
au bridge, l’implant ne repose pas sur les dents la discipline restait fortement controversée. Il fallut
adjacentes et offre ainsi une plus grande stabilité. attendre la fin des années 70 pour qu’un praticien
L’implant permet la réhabilitation prothétique. On suédois, le Professeur Branemark, qui travaillait
utilise un onlay (que l’on pose sur la dent et qui va étroitement avec des chirurgiens orthopédiques,
aider à la reconstruction de la dent) ou un inlay (qui mène des recherches sur l’intégration tissulaire
va reconstruire directement une partie de la dent). des matériaux et mette au point le concept d’os-
Ces prothèses, qui présentent l’avantage de préser- téo-intégration en dentisterie. Il démontra qu’une
ver le maximum de tissus dentaires), peuvent être vis en titane peut s’intégrer dans la mâchoire et que
en composite, en métal ou en céramique et sont des cellules osseuses peuvent repousser autour du
posées grâce à une technique de collage et de scel- dispositif. Les avancées en matière de science des
lement. L’implantologie peut également permettre matériaux favorisèrent également la démocratisa-
de remplacer des dents complètement perdues et, tion des procédés métallo-céramiques.
donc, de combler un vide. A noter que, dans le cas
de la perte d’une dent, la pose d’une prothèse amo- Une bouche en pleine restauration implantaire
L’EXPLOSION DES ANNÉES 80-90
vible temporaire en résine est souvent proposée La mise à jour du principe de régénération osseuse
dans l’attente de la pose de l’implant. retrouvés sur certaines momies égyptiennes. Au a véritablement révolutionné la discipline, permet-
Moyen-Âge, l’implantologie consistait principale- tant de s’adapter au volume osseux manquant et,
ment à effectuer des transplantations d’un patient donc, à chaque patient. Dans les années 80 puis
UNE HISTOIRE D’INNOVATIONS à un autre et il n’était pas rare que certains parmi 90, on assista à une explosion de l’implantologie
les plus pauvres vendent leurs dents contre un peu avec trois domaines d’innovation particulièrement
Il semble que les hommes aient cherché à rempla- d’argent. A cette époque et pendant les siècles florissants. La première grande évolution porta sur
cer des dents absentes dès l’Antiquité. Des pièces suivants, néanmoins, les règles d’hygiène et le dessin et la forme de l’implant. Parallèlement,
anatomiques en or utilisées pour remplacer des d’asepsie étaient nulles et les transplantations d’importants travaux furent menés sur le traitement
dents datant de la civilisation Maya ont été retrou- comportaient d’énormes risques d’infection. A la de la surface de l’implant en créant des crevasses
vées. Mais les implants de ces temps reculés fin du XIXe siècle et dans la première moitié du XXe dans le métal afin de créer une passivation et d’aug-
avaient uniquement pour but de restaurer la fonc- siècle, furent énoncés les principes de biocompa- menter la surface de contact avec l’os. Enfin, la
tion de la dent manquante : il n’y avait aucune visée tibilité et de stabilité qui permirent l’apparition des connectique entre les différentes pièces du disposi-
esthétique. Ainsi en est-il également des clous prémices de l’implantologie moderne : c’est durant tif fut également l’objet d’une vive attention et l’on

32 • SNITEM • COMIDENT • LES INNOVATIONS TECHNOLOGIQUES MÉDICALES


SANTÉ BUCCO-DENTAIRE • IMPLANTOLOGIE

250 millions
passa d’une connexion exclusivement passive à a littéralement modifié la façon des praticiens de
une connexion active ou conique. Aujourd’hui planifier la chirurgie en leur permettant d’identifier
encore, le choix entre une connectique active ou les zones dangereuses comme les artères avec une
passive est laissé au praticien, selon sa connais- grande précision, ce que ne permettait pas la vision
C’est le nombre d’implants dentaires posés dans
sance, sa formation et le choix de la prothèse. panoramique. Cette avancée a métamorphosé le le monde à ce jour.
Simultanément, les décennies 1980 et 1990 furent diagnostic, donnant aux chirurgiens-dentistes la
(Source : ADF, Congrès 2017, dossier de presse)
marquées par d’immenses progrès en radiologie possibilité de choisir les implants à l’avance et de
qui furent essentiels à l’essor de l’implantologie : la réaliser des guides chirurgicaux. La technique
technologie du scanner permit en effet de visuali- devint moins opérateur-dépendante et, de fait,
ser le volume osseux en 3 dimensions. Le scanner beaucoup plus sécurisée : l’implant était posé avec effet de concevoir des implants de manière vir-
précision là où il devait effectivement l’être, ce qui tuelle sans procéder à aucune prise d’empreinte.
augmenta également l’esthétique. Autre exemple de progrès apportés par les nou-
velles technologies : il est aujourd’hui possible de
UNE IMPLANTOLOGIE TOUJOURS PLUS concevoir un implant de la même teinte que le
PERSONNALISÉE reste de la dentition. Ainsi, les prothèses sont-elles
Aujourd’hui, les progrès réalisés en matière d’im- de plus en plus adaptées à chaque patient.
Implant dentaire plantologie, notamment de connectique, ont D’autant que les matériaux, de plus en plus com-
abouti à des dispositifs offrant une grande réten- plexes et biocompatibles (corail, bioverre, calcium,
tion et une bonne stabilité tout en évitant les inflam- silicate etc.), participent de cette personnalisation
mations. Néanmoins, des améliorations sont de l’implantologie à chaque patient. Les limites de
encore possibles. Ainsi, le délai de cicatrisation l’implantologie sont sans cesse repoussées. La dis-
pour poser une couronne, qui est de 3 mois, pour- cipline, qui permet d’allier l’esthétique au confort,
rait être réduit. Une mise en charge immédiate offre la possibilité aux praticiens de s’adapter à tous
(c’est-à-dire la pose d’une prothèse provisoire sur les modes de vie et à de nouvelles pathologies telles
un implant très rapidement) avec les implants de que l’ostéoporose ou le végétalianisme, par
stabilité primaire pourrait même être envisagée. exemple. Les progrès des techniques et des dispo-
Cela permettrait d’accélérer la stabilité secondaire, sitifs doivent servir le patient qu’il faut savoir écouter
ou biologique. C’est pourquoi des travaux sont pour connaître ses besoins et ce qu’il recherche afin
menés conjointement sur le dessin de l’implant et de lui proposer la solution la plus adaptée. n
sur sa surface. L’impression 3D sera également
déterminante en implantologie : les technologies
informatiques dont l’impression 3D permettent en

SNITEM • COMIDENT • LES INNOVATIONS TECHNOLOGIQUES MÉDICALES • 33


SANTÉ BUCCO-DENTAIRE • CFAO

CFAO À QUOI ÇA SERT ? COMMENT ÇA MARCHE ?

La réalisation
En odontologie, la conception et fabrication assis- La phase d’empreinte optique, à l’aide d’une
tée par ordinateur (CFAO) est une méthode numé- caméra optique, correspond à la phase d’acquisi-

de prothèses
rique de réalisation des prothèses dentaires. Elle tion des données. Elle s’effectue soit directement
comprend trois étapes : dans la bouche du patient soit à partir d’une
- l’empreinte optique de la bouche du patient ou, à empreinte de la bouche du patient réalisée à l’aide

assistée défaut, la numérisation d’une empreinte conven-


tionnelle ou d’un modèle en plâtre de la bouche du
d’une pâte puis scannée dans un scanner de
table. Les données numérisées (le format stan-

par ordinateur
patient ; dard de fichier est le format STL) sont traitées,
- la modélisation informatique de la prothèse ; analysées et structurées via un logiciel informa-
- l’usinage de ladite prothèse par une machine- tique dédié. La prothèse, totale ou partielle, fixe ou
outil à commande numérique. amovible, est ensuite confectionnée à l’aide d’une
Depuis les années 2000, ont été Celles-ci s’effectuent soit au cabinet dentaire, soit usineuse ou d’une imprimante 3D, conformément
développés des systèmes, au cabinet dentaire puis au laboratoire du prothé- au modèle numérique élaboré.
siste dentaire, soit uniquement au laboratoire (lire Cette confection se fait par soustraction de
particulièrement novateurs, de encadré p.36). Certains logiciels permettent de matière (en partant d’un bloc de matériau) ou par
conception et de fabrication de modéliser non pas des prothèses mais des guides addition de matière (en fusionnant des particules
chirurgicaux sur mesure en implantologie. À noter de céramique, de métal ou de polymères
prothèses dentaires assistées que la prise d’empreinte, qu’elle soit optique ou par microfusion laser ou en superposant, couche
par ordinateur. conventionnelle, reste du ressort du cabinet par couche, des biomatériaux grâce à une
dentaire. imprimante 3D).

1973 1983 1985 1985

Le Pr Duret décrit le Première présentation Réalisation de la première couronne Première


concept de l’empreinte publique du concept complète par CFAO en bouche présentation
optique intra-buccale d’empreinte optique et en congrès par l’équipe du Pr Duret du « Lemon »

34 • SNITEM • COMIDENT • LES INNOVATIONS TECHNOLOGIQUES MÉDICALES


SANTÉ BUCCO-DENTAIRE • CFAO

UNE HISTOIRE D’INNOVATIONS


Imprimante
En 1973, le Pr François Duret, alors étudiant, n’en-
3D
visagea pas seulement le concept d’empreinte
optique. Il décrivit un système complet de fabrica-
tion de prothèse dentaire, impliquant la prise d’em-
preinte numérique des dents à restaurer, la
modélisation desdites dents et de la prothèse sur
l’écran d’ordinateur via un logiciel adéquat puis
l’usinage de la prothèse selon les paramètres et les
mesures définies sur l’ordinateur. « Il posa ainsi les
bases de ce qui allait devenir la CFAO en chirurgie-
dentaire », détaille le Dr Christian Moussaly, chirur-
gien-dentiste. Le Pr Duret et son équipe réussirent
d’ailleurs l’exploit de réaliser et sceller en direct une
couronne une heure après l’empreinte optique, en
novembre 1985.
« Le chirurgien-dentiste suisse, W. Mörmann, et
l’ingénieur italien, M. Brandestini, mirent au point
le “Lemon“, commercialisé en Allemagne avant de
l’être dans toute l’Europe puis dans le monde,
poursuit le praticien. Ce système de CFAO, à la
différence de celui du Pr Duret, n’était, au début,
pas axé sur la réalisation de couronnes, c’est-à-
DEPUIS LES ANNÉES
2010 2010 2012-2013
dire des restaurations complètes, mais sur la réali-
sation d’inlays, c’est-à-dire des restaurations
partielles. »

ESSOR DU « LEMON »
Pour diverses raisons dont l’absence de moyens,
Essor des caméras Les caméras intra-orales se perfectionnent et facilitent Premières images
numériques la première étape de la CFAO ; de nouveaux matériaux en couleurs le système du Pr Duret ne put prospérer. « Les
plus adaptés à la CFAO apparaissent modèles de W. Mörmann et de M. Brandestini,

SNITEM • COMIDENT • LES INNOVATIONS TECHNOLOGIQUES MÉDICALES • 35


SANTÉ BUCCO-DENTAIRE • CFAO

eux, se répandirent et, dès 1994, permirent pour une meilleure qualité des résultats et un meil-

12
de réaliser un plus grand nombre de restaurations : leur confort des chirurgiens-dentistes, qui pou-
des inlays mais aussi des onlays et des facettes vaient retrouver certains de leurs réglages au
puis, en 2000, des couronnes », explique le D r dixième de micromètre près. Avec la CFAO, le
Jean-François Chouraqui, chirurgien-dentiste. Le « À l’heure actuelle, la CFAO dentaire représente caractère aléatoire et empirique du travail artisanal
centre d’acquisition des images (caméra intra-buc- un marché de 12 milliards d’euros dans le monde », disparaissait.
cale et ordinateur) fut par ailleurs séparé de l’unité précise le Pr François Duret.
d’usinage et le système informatique devint évolutif CONFORT DU PATIENT
(comme l’était à l’origine le système du Pr Duret) : il Elle avait également pour avantage d’être rapide et
permit ainsi d’incorporer, au fur et à mesure, des marquantes, l’introduction, en 2003, de l’affichage d’être réalisable en une seule séance au cabinet
mises à jour fréquentes de logiciels. Parmi les plus de données en 3D pour la conception de la pro- dentaire au lieu de deux séances espacées de
thèse sur ordinateur ! « Au départ, nous n’avions sept jours au moins. « Cela n’impliquait qu’un seul
qu’une représentation plane des images que nous rendez-vous, qu’une seule anesthésie et beau-
CFAO DIRECTE, enregistrions. À partir de cette date, nous bénéfi-
CFAO SEMI-DIRECTE
ciions d’une représentation réelle en trois dimen-
Il existe trois types de CFAO en dentaire : sions », insiste le Dr Moussally.
- la CFAO directe : l’ensemble des étapes est
réalisé au cabinet dentaire, le plus souvent en SYSTÈMES OUVERTS, SYSTÈMES FERMÉS
une séance. Par ailleurs, les premiers systèmes étaient fermés
au sens informatique du terme. En clair, il fallait
- La CFAO semi-directe : l’empreinte optique
avoir la même marque depuis la caméra jusqu’à la
est réalisée au cabinet à l’aide d’une caméra
machine à usiner pour que ces derniers soient
intra-buccale et les données sont envoyées
compatibles. En 2005, apparurent les premiers
numériquement au laboratoire de prothèses,
systèmes ouverts grâce au langage de communi-
lequel se charge des deux dernières étapes.
cation universel STL. Il fut, dès lors, possible
- La CFAO indirecte : le chirurgien-dentiste d’acheter des appareils et des logiciels de fournis-
prend une empreinte traditionnelle à l’aide seurs différents. Ainsi, certains cabinets dentaires
d’une pâte à empreinte, le résultat est s’équipèrent de même que certains laboratoires de
enregistré par un scanner de table au prothésistes, lesquels souhaitaient être en mesure
laboratoire de prothèses et le laboratoire de prendre en charge une partie des étapes de la
confectionne numériquement la prothèse. CFAO. Cette technique avait pour avantage d’as-
surer la reproductibilité de certains paramètres Prothèse assistée par ordinateur

36 • SNITEM • COMIDENT • LES INNOVATIONS TECHNOLOGIQUES MÉDICALES


SANTÉ BUCCO-DENTAIRE • CFAO

Usineuse LA CFAO POUR TRAITER L’APNÉE DU SOMMEIL


Couronnes, bridges, inlays, brackets ces orthèses étaient conçues à l’aide d’une
orthodontiques… les applications de la CFAO plaque thermoformable, chauffée et moulée sur
dentaire sont nombreuses. Depuis 2008, les un modèle en plâtre. Cette nouvelle technique
orthèses d’avancée mandibulaire peuvent de conception par CFAO est plus précise et
également être conçues et fabriquées selon plus ajustable à la morphologie dentaire des
cette technique. Ces dispositifs sont indiqués patients, ce qui limite l’encombrement en
dans le traitement des ronflements et de bouche et favorise le confort des patients.
l’apnée du sommeil : elles gardent la mâchoire Depuis début 2017, le procédé de fabrication
inférieure et la langue légèrement vers l’avant de cette orthèse va au-delà de la CFAO : elle
pour maintenir les voies aériennes ouvertes. peut être désormais fabriquée selon un
Mises en place par un chirurgien-dentiste, elles procédé 100 % numérique grâce à l’intégration
sont prescrites par un médecin spécialiste du des empreintes optiques, la conception des
sommeil. Elles se présentent sous la forme de gouttières assistée par ordinateur, jusqu’à
gouttières réalisées à la mesure du patient à l’impression 3D de l’orthèse. Une étude
l’aide d’une imprimante 3D et d’un matériau européenne, menée auprès de plus de 70
coup moins de risques, résume le D r Chouraqui. biocompatible, le polyamide 12, et ce, à partir patients, a démontré les bénéfices de ce
En effet, plus on obture rapidement une dent d’une empreinte dentaire (empreinte physique procédé : moins d’ajustement pour le praticien
vivante, plus ses capacités cicatrisantes sont ou empreinte numérique). Traditionnellement, et plus de confort pour les patients.
importantes. La CFAO facilite donc la récupération
et réduit le risque de réactions post-opératoires.
En comparaison, la technique traditionnelle peu esthétique. Par ailleurs, cette technique, bien rurent les premières caméras permettant d’enre-
implique la préparation de la dent, la prise d’em- qu’efficace, était très praticien-dépendant », gistrer les volumes bucco-dentaires en couleur et
preinte, la pose d’un pansement puis, à la récep- reconnaît le praticien. Toutefois, « dès les années sans poudre à appliquer sur les dents », se remé-
tion de la prothèse, de nouveau une anesthésie et, 2000, les chirurgiens-dentistes, très soucieux de more le Dr Moussally.
enfin, la pose de la prothèse. En attendant cette la qualité de leurs soins prothétiques, se sont per-
deuxième séance, le pansement provisoire peut fectionnés à l’usage de la CFAO, ce qui a amélioré NOUVEAUX MATÉRIAUX
tomber et la plaie dentaire s’infecter. La CFAO est considérablement l’image de cette dernière ». « Dans le même temps, les matériaux disponibles
donc plus conservatrice des dents vivantes. » L’essor de l’empreinte numérique, grâce à l’essor pour la fabrication d’inlays, d’onlays et de cou-
Certes, « dans les premiers temps, la qualité des des caméras intra-orales, renforça l’attrait pour la ronnes ont considérablement évolué », ajoute le
prothèses fabriquées par CFAO était décriée car CFAO dans les années 2010. « En 2012, appa- D r Chouraqui. Effectivement, il était souvent

SNITEM • COMIDENT • LES INNOVATIONS TECHNOLOGIQUES MÉDICALES • 37


SANTÉ BUCCO-DENTAIRE • CFAO

reproché à la CFAO dentaire d’obliger à utili- notamment pour les inlays-onlays, renforcées avec d’empreinte à l’aide d’une pâte – élaboration d’un
ser des matériaux conventionnels peu esthétiques de microcharges céramiques. Des recherches modèle en plâtre – coulage de la prothèse. Elle a
car trop opaques (titane ou composites) ainsi que sont toujours en cours pour identifier de nouvelles en outre vocation, un jour, à fonctionner avec des
des céramiques fragilisées par l’usinage (micro- solutions durables et biocompatibles afin d’élargir imprimantes 3D à commande numérique dont le
fractures). De nouvelles céramiques virent donc le le choix des praticiens. secteur dentaire, depuis plusieurs années, entre-
jour, plus esthétiques et plus solides, ainsi que voit le considérable potentiel. Cela nécessite,
d’autres matériaux utilisables en CFAO : céra- CFAO ET IMPRESSION 3D ? toutefois, que les laboratoires des prothésistes
miques feldspathiques, vitrocéramiques renfor- « La CFAO, qui s’appuie sur une technologie numé- dentaires et les cabinets des chirurgiens-dentistes
cées à la leucite ou au disilicate de lithium, rique, révolutionne le processus prothétique », s’équipent. « À l’heure actuelle, moins de 5 %
céramiques infiltrées de verre et céramiques poly- conclut le Pr Duret, inventeur du concept. Elle rem- des 35 000 chirurgiens-dentistes de France sont
cristallines de type alumine et surtout zircone. placera vraisemblablement, à terme, le « schéma équipés de la chaîne complète de CFAO », évalue
Certaines résines furent également développées, classique » de réalisation des prothèses : prise le Dr Chouraqui. n

Différentes realisations en 3 D

38 • SNITEM • COMIDENT • LES INNOVATIONS TECHNOLOGIQUES MÉDICALES


SANTÉ BUCCO-DENTAIRE • TRAITEMENTS ORTHODONTIQUES

TRAITEMENTS À QUOI ÇA SERT ? Il joue un rôle préventif aussi bien chez l’enfant que
chez l’adulte. Chez les jeunes patients, les dents
ORTHODONTIQUES L’orthodontie est une spécialité qui permet de cor- supérieures trop en avant ont plus de chances
riger les malpositions dentaires et les malforma- d’être fracturées en cas de choc. De plus, les mal-

Des techniques tions des mâchoires afin de redonner une denture


fonctionnelle et esthétique. Un traitement ortho-
positions et les rotations rendent certaines zones
difficiles d’accès au brossage ce qui augmente les

qui redonnent
dontique consiste à appliquer une force sur une ou risques de carie, d’inflammation chronique et l’ap-
plusieurs dents de manière à les déplacer et les parition de tartre sous-gingival pouvant entraîner

le sourire
repositionner pour obtenir un alignement parfait et une perte osseuse responsable, dans certains
un équilibre dentaire harmonieux. cas, de mobilité dentaire.

Vestibulaire, linguale ou sous


forme de gouttières : pour
corriger les mauvaises postures
de mâchoires, il existe trois
méthodes qui, après avoir
connu de nombreuses
évolutions, font aujourd’hui le
bonheur des patients comme
des professionnels.

Technique vestibulaire

SNITEM • COMIDENT • LES INNOVATIONS TECHNOLOGIQUES MÉDICALES • 39


SANTÉ BUCCO-DENTAIRE • TRAITEMENTS ORTHODONTIQUES

Les spécialistes affirment qu’il n’y a pas de contrôle visuel, ne perturbe pas le brossage et de l’appareil entouraient et scellaient les dents. Pas
limite d’âge pour faire appel à l’orthodontie, d’au- offre un grand confort d’utilisation au patient. très gracieux... Mais l’apparition de colles adhérant
tant qu’en vieillissant, les muscles s’affaissent et en milieu humide a bouleversé la donne. « On a
les dents bougent. Plus on intervient tôt, plus le La technique linguale tire son nom du position- alors commencé à coller des boîtiers sur toute
retour sur investissement est durable. Des dents nement des attaches orthodontiques sur la face l’arcade et l’on a mis au rebut les bagues scel-
bien alignées ne seront pas seulement jolies : elles interne des dents, situées du côté de la langue. Ce lées », se souvient le Dr Hitmi. Finies également les
vont mieux vieillir. traitement fait appel aux mêmes principes que les douleurs lors de la pose des brackets puisqu’il
L’orthodontie fait appel à trois techniques : techniques classiques. Sa particularité réside dans n’est désormais plus nécessaire de créer de l’es-
La technique vestibulaire (ou technique clas- le fait que l’appareil n’est pas visible. C’est d’ail- pace entre chaque dent. Les fils ou arcs ortho-
sique) est la plus couramment employée car elle leurs le perfectionnement de cette technique qui a dontiques sont l’une des composantes les plus
est la plus facile à mettre en œuvre et la plus éco- fait décoller l’orthodontie chez les adultes. importantes des appareils multi-bagues. Ils sont
nomique. Elle comporte aussi quelques avantages attachés aux boîtiers et unissent les dents
en termes de résultat : elle traite toutes les formes La gouttière transparente ou d’alignement ensemble pour les guider, les retenir ou appliquer
de malocclusion , permet d’exercer un bon consiste à enserrer les dents dans un sillon de une force qui causera un mouvement dans une
plastique transparent d’un demi-millimètre d’épais- direction déterminée. Il existe plusieurs types de
seur, à la manière d’un protège-dents de sportif. fils qui peuvent varier dans leur alliage, leur lon-
Amovible, il se fixe au moyen de rivets collés aux gueur, leur diamètre et leur forme. Depuis quelques
dents. De cette façon, le praticien s’assure que années, de nouvelles attaches dites auto-ligatu-
l’aligneur, thermoformé aux mensurations du rantes sont apparues sur le marché. L’arc est main-
patient, forcera bien les dents à se redresser pro- tenu dans l’attache à l’aide d’un clip, un système
gressivement. N’utilisant ni bagues, ni fils, ni vis, qui réduit la friction.
cette méthode est discrète et quasi invisible.
TECHNIQUE LINGUALE
Fréquemment proposé aux adultes car il ne se voit
COMMENT ÇA MARCHE ? pas, ce dispositif est considéré comme le nec plus
ultra de l’orthodontie. Ses objectifs sont identiques
TECHNIQUE VESTIBULAIRE à ceux que l’on retrouve dans la technique vestibu-
« Cette technique, qui a vu le jour au début du XXe laire. Pourtant, le fait que l’appareil soit positionné
siècle, a déjà connu beaucoup d’évolutions et c’est « sur la face interne des dents induit de nom-
loin d’être fini », explique Laïla Hitmi, chirurgien- breuses différences, note Laïla Hitmi. La méca-
dentiste spécialiste en orthodontie à Brunoy nique n’est pas la même et l’accès est plus difficile.
(Essonne). Jusque dans les années 90, les bagues L’attache se trouve loin de la surface à aligner et la

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SANTÉ BUCCO-DENTAIRE • TRAITEMENTS ORTHODONTIQUES

distance entre les brackets est plus courte. »


Résultat, il est impossible d’utiliser les mêmes
alliages, les mêmes arcs et la même colle. De plus,
sa proximité avec la langue peut provoquer des
irritations et un zozotement. Enfin, cette méthode
est trois fois plus onéreuse que la technique vesti-
bulaire. « Le temps en fauteuil est plus long, il faut
forcément passer par un laboratoire pour réaliser
le set-up virtuel et la fabrication des attaches…
Tout cela a un coût non négligeable », confirme le
Dr Hitmi.

LA GOUTTIÈRE TRANSPARENTE
OU D’ALIGNEMENT
Cette technique fait beaucoup parler d’elle ces der-
niers temps. Les aligneurs transparents sont des
dispositifs orthodontiques amovibles destinés à
corriger les malpositions dentaires. Portés 22
heures par jour minimum (ils doivent par exemple
être retirés au moment des repas et lors du bros-
sage des dents) et remplacés toutes les 2 à 3
semaines sur une période allant de 6 à 24 mois, ils
exigent une vraie rigueur. « La participation des Un aligneur
patients est essentielle. S’ils ne sont pas suffisam-
ment impliqués, le traitement échouera », prévient le plus attractive. « L’empreinte de la dentition étant UNE HISTOIRE D’INNOVATIONS
Docteur Arash Zarrinpour, chirurgien-dentiste spé- surtout réalisée virtuellement, la pâte sera bientôt
cialisé, entre autres, dans l’esthétique du sourire. En reléguée à la préhistoire. Cela offre un grand confort Science vieille de presque trois siècles, l’ortho-
revanche, contrairement à la technique linguale, les aussi bien pour le praticien que pour le patient. » Les dontie est née d’une grande découverte. En 1728,
risques de blessure et le temps au fauteuil sont éléments sont constitués en thermoplastique, ce un dentiste français, Pierre Fauchard, explique
moindres. Selon le Dr Zarrinpour, l’apparition de la qui les rend très résistants, et sont conçus à la pour la première fois au monde comment redres-
3D, il y a une quinzaine d’années, a révolutionné la mesure du patient. Mais, là encore, la démarche est ser les dents mal placées. En fait, Fauchard ne
discipline et pourrait contribuer à la rendre encore onéreuse. s’intéresse qu’aux dents les plus visibles, qu’il

SNITEM • COMIDENT • LES INNOVATIONS TECHNOLOGIQUES MÉDICALES • 41


SANTÉ BUCCO-DENTAIRE • CFAO

redresse à l’aide de ligatures ou d’une petite le marché d’une kyrielle de matériaux innovants
plaque en métal. Une cinquantaine d’années plus pour voir la profession décoller. « On peut même
tard, John Hunter, un chirurgien britannique, fervent parler de tournant, assure Laïla Hitmi. Par exemple,
avocat de la médecine expérimentale, explique dans le vestibulaire, les fils à mémoire de forme, qui
dans un livre que l’on ne peut pas compter sur la exercent sur les dents des forces douces, légères et
croissance naturelle pour donner de la place aux continues. Ils réduisent la durée du traitement (12 à
dents qui en manquent et qu’il faut extraire une ou 24 mois contre 3 à 5 ans auparavant) et sont, en ce
deux dents pour pouvoir aligner les autres. Il ne sens, révolutionnaires. » Composés de nickel et de
convainc pas tout le monde, et, au début du XIXe titane, ils peuvent changer de structure en fonction
siècle, une lutte oppose les pro et les anti-extrac- de la contrainte mécanique exercée et de la
tion. A la fin du XIXe siècle, les Américains soulignent température.
l’importance des rapports entre les arcades den- Concernant les accessoires, les appareils à appui
taires. Trop souvent, l’une est en arrière par rapport péricrânien, qui servent à faire reculer les dents, ont
à l’autre, ce qui nuit notamment à la mastication. évolué à tous les niveaux au milieu des années
Assurer de bonnes relations entre les arcades 2000. Ils sont désormais dotés de mini-vis d’an-
devient alors, avec l’alignement des dents, l’objectif crage (sortes de mini-implants) qui « permettent,
premier du traitement orthodontique. Dès 1886, dans certains cas, d’éviter l’extraction », précise la
l’Américain Norman Kingsley invente la force extra- spécialiste.
buccale, qui permet de reculer l’arcade maxillaire En linguale, le premier système abouti est apparu en
afin qu’elle soit adaptée à l’arcade mandibulaire. Un 2004, d’après le Dr Hitmi. « L’attache dans sa globa-
dispositif encore utilisé de nos jours. lité et les fils sont fabriqués sur mesure pour plus de
Au début du XXe siècle, les appareils sont faits de précision, de finesse et une absence de gêne. Il n’y
gros fils, attachés aux dents et tenus par deux Palais a plus d’intervention manuelle dans la conception
bagues scellées sur les molaires. Mais un nouveau de l’appareillage. De l’empreinte jusqu’à la réception
matériau apparaît : la vulcanite , qui permet de années 60, en France, les praticiens spécialisés du système de transfert pour installer l’appareil, tout
concevoir des appareils mieux ajustés aux dents et sont encore peu nombreux et la plupart des traite- le flux est numérique. »
que le patient peut enlever pour le nettoyer. Dans les ments sont effectués par des généralistes dont bon Grâce à toutes ces innovations, le marché de l’or-
années 20, Edward Angle, un dentiste américain, nombre sont peu ou mal formés. A cette époque, on thodontie est en plein essor. La demande, émanant
considère que l’orthodontie doit être l’affaire de spé- s’intéresse encore peu à l’occlusion. La norme est aussi bien des adultes que des enfants, est forte. Et
cialistes formés en conséquence. Il élève l’ortho- l’indice de Pont, une expansion de l’arcade assurée ne risque pas de ralentir au regard des pas de géant
dontie au rang de science et contribue, de ce fait, au par des appareils amovibles dits écarteurs. qui ont été faits ces deux dernières décennies dans
développement de cette discipline. Dans les De fait, il faut attendre les années 90 et l’arrivée sur ce domaine. n

42 • SNITEM • COMIDENT • LES INNOVATIONS TECHNOLOGIQUES MÉDICALES


SANTÉ BUCCO-DENTAIRE • ÉCLAIRAGE

ÉCLAIRAGE À QUOI ÇA SERT ?

L’éclairage :
L’éclairage en médecine dentaire est primordial
puisque 80 % des informations collectées par le

confort
praticien à des fins de diagnostic ou de soin, le sont
par la vue. Ce sens lui permet d’effectuer de très
nombreuses observations non mesurables par des

et efficacité machines : la forme, la position, l’aspect et la cou-


leur des dents, des gencives et des lésions. La qua-

de l’exercice
lité de l’éclairage impacte celle du diagnostic, des
soins, des chirurgies et des reconstructions prothé-
tiques. La vision relève donc, en dentisterie, du
domaine de la haute précision. De plus, l’observa-
Élément indispensable à la tion est un exercice continu et intense qui induit des
niveaux de fatigue et de stress élevés. L’éclairage
pratique des soins dentaires en doit donc être de très haute qualité. Son intensité,
cabinet, l’éclairage a les contrastes, les réflexions parasites, les ombres
et la couleur de la lumière émise doivent être parfai-
considérablement évolué au fil tement sous contrôle, sinon, la fatigue du chirur-
des années pour rendre gien-dentiste deviendra intense, la concentration
difficile, les erreurs nombreuses pour aboutir à une
l’exercice moins fatigant et le carrière usante.
geste médical plus exact pour
les chirurgiens-dentistes. COMMENT ÇA MARCHE ?
L’éclairage dentaire a recours à au moins quatre
dispositifs différents :
- un plafonnier pour l’éclairage général de la salle
de soins et des zones de travail, ce qui s’avère
primordial car il conditionne le confort visuel.
- L’éclairage pour le champ opératoire, Éclairage d’un cabinet dentaire

SNITEM • COMIDENT • LES INNOVATIONS TECHNOLOGIQUES MÉDICALES • 43


SANTÉ BUCCO-DENTAIRE • ÉCLAIRAGE

la bouche (improprement appelé scialytique peu de consommation électrique. Mais si elles ne Dans les années 70, l’arrivée des halogènes a per-
du nom d’une marque devenu un nom commun). sont pas choisies avec soin, elles peuvent générer mis la construction de lampes très petites et puis-
- L’éclairage sur chacun des instruments rotatifs, du stress oxydant susceptible d’accélérer le vieil- santes. Les scialytiques ont donc évolué dans ce
destiné à effacer les ombres portées de l’instru- lissement des yeux des praticiens et des assis- sens mais les ingénieurs n’ont pas tenu compte de
ment à l’endroit où le dentiste est en train de tantes dentaires. l’éclairage environnant, se contentant d’exploiter
travailler. la puissance.
- Un éclairage fixé frontalement aux loupes dont
se servent un très grand nombre de praticiens. UNE HISTOIRE D’INNOVATIONS ÉCLAIRAGE « LUMIÈRE DU JOUR »
Chacun des dispositifs médicaux (DM) utilisent Dans les années 70, un éclairagiste, Charles
une ou plusieurs diodes électroluminescentes Dès le début du XXe siècle, les chirurgiens ont Gamain, s’est intéressé à la physiologie de l’œil, à
(LED), des systèmes optiques (miroirs, lentilles, cherché à s’équiper d’éclairages ne provoquant la physique de la lumière et à la colorimétrie. A
réflecteurs) ainsi que des composants méca- aucune ombre portée. Le Pr Louis Verain, de la l’origine, il fabriquait des éclairages pour les res-
niques permettant leur positionnement et leur faculté de médecine d’Alger, a déposé la marque taurateurs de tableaux au Louvre. Il s’est penché
manipulation. Ils doivent pouvoir être facilement « scialytique » en 1919. Sa « lampe opératoire sur la problématique des chirurgiens-dentistes, ne
nettoyés, désinfectés ou stérilisés de façon à pré- buccale » était destinée – et l’est toujours – à éclai- comprenant pas qu’ils se servent uniquement
server un environnement adéquat aux opérations rer le champ chirurgical, c’est-à-dire la bouche, d’une lampe unidirectionnelle pour soigner les
et soins qui se succèdent afin d’éviter la contami- sans ombre et à faire la liaison avec la zone de dents. Il a donc créé un plafonnier professionnel
nation croisée d’un patient à un autre et de contin- travail autour. Cette double fonction est impor- recréant un « éclairage lumière du jour », lequel a
genter les risques nosocomiaux. tante car la vision centrale ne fonctionne bien que considérablement modifié la pratique des chirur-
Aujourd’hui, tous ces dispositifs fonctionnent avec si la vision périphérique est bonne. À noter que le giens-dentistes en France. D’un appareil éclairant
des LED blanches énergétiquement très perfor- nom scialytique a été repris par une entreprise la bouche et pas autour, les professionnels ont eu
mantes puisqu’il y a beaucoup de lumière pour française à Lille. à leur disposition deux appareils pour éclairer le

ANNÉES ANNÉES
1919 1970 1980 1985 2006

Création du premier Arrivée Création La lumière est ajoutée sur Arrivée des LED
scialytique des halogènes du plafonnier les instruments dentaires et le
plafonnier devient multi-directionnel

44 • SNITEM • COMIDENT • LES INNOVATIONS TECHNOLOGIQUES MÉDICALES


SANTÉ BUCCO-DENTAIRE • ÉCLAIRAGE

champ opératoire et le champ périphérique : le


scialytique et le plafonnier. Néanmoins, ils étaient TÉMOIGNAGE
toujours confrontés au problème des ombres por-
tées des instruments dans le champ opératoire. René Serfaty, chirurgien-dentiste, Maître de conférence des universités, praticien
Dans les années 80, la lumière a donc été directe- hospitalier, responsable du diplôme universitaire d’esthétique du sourire à la faculté de
ment rajoutée sur les instruments dont se sert le chirurgie dentaire de Strasbourg.
praticien pour dispenser ses soins. A la même
période, le plafonnier a évolué pour devenir multi- « En tant que chirurgien-dentiste, je pose des proche que si le choix était effectué à la
directionnel afin d’éclairer uniformément toute la prothèses dentaires en céramique et pendant lumière du jour. C’est vraiment important car
salle de soin. L’uniformité de l’éclairage offert par toute ma carrière, le choix de la couleur s’est je fais beaucoup d’esthétique. Même le soir,
dispositif a permis de reproduire un éclairage dans fait plein nord, entre 11h00 et 15h00. Ce qui lorsqu’on rentre dans la pièce de soins, j’ai
la pièce de soins proche de l’éclairage extérieur. m’obligeait parfois à demander à mes patients toujours l’impression qu’elle est très bien
de revenir. Depuis un an et demi, j’ai un illuminée. Cette belle lumière joue sur mon
ARRIVÉE DES LED nouveau plafonnier à LED D65 qui me permet psychisme car je travaille dans des conditions
La dernière grande évolution date du milieu des de travailler comme si j’étais en pleine lumière plus agréables et en fin de journée, j’ai moins
années 2000, avec l’apparition des LED et la créa- du jour, quelle que soit l’heure et directement de fatigue au niveau des yeux. C’est un grand
tion du premier scialytique à LED et non plus à au fauteuil. Je bénéficie d’une stabilité et changement dans ma carrière. »
halogène. Les plafonniers en ont été dotés en d’une reproductibilité de la couleur aussi
2010. Outre la longue durée de vie d’une LED, cela
permet de produire de la lumière avec 5 fois moins
d’électricité. mis le développement d’un plafonnier conforme l’éclairage extérieur pour fixer les rendez-vous de
Cependant tous les éclairages dentaires LED au D65, (étalon normatif de la lumière du jour), et prise de teinte pour les prothèses, par exemple.
entre 2006 et 2010 étaient équipés de LED froides en 2017 que quelques scialytiques ont été mis sur La prochaine étape repose sur la généralisation
à spectre irrégulier comportant une pointe de bleu le marché avec des spectres se rapprochant suf- de ces LED et leur application à tous les dispositifs
toxique. L’Anses (Agence nationale de sécurité fisamment de la lumière naturelle. utilisés par le chirurgien-dentiste. Cette technolo-
sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et Le chirurgien-dentiste peut dorénavant disposer gie devrait déboucher sur une révolution extraor-
du travail) a d’ailleurs lancé une alerte sur ce sujet d’une vision exacte des formes et des couleurs, dinaire : intégrer les LED à la peinture. La création
fin 2010. Au même moment, un premier scialy- son œil fonctionne au mieux de ses possibilités, de l’ambiance des cabinets pourrait donc se faire
tique traitait cette problématique en émettant une il est moins fatigué. Il y a également moins de directement depuis les murs. n
lumière blanc neutre. Pour autant, la qualité spec- réflexion sur les dents et donc moins d’éblouisse-
trale des LED n’était pas aboutie. Ce n’est qu’en ment. Aujourd’hui, les chirurgiens-dentistes n’ont
2014 que les évolutions technologiques ont per- plus besoin de tenir compte de la météo et de

SNITEM • COMIDENT • LES INNOVATIONS TECHNOLOGIQUES MÉDICALES • 45


SANTÉ BUCCO-DENTAIRE • INSTRUMENTATION DENTAIRE

INSTRUMENTATION À QUOI ÇA SERT ? caries. À cela s’ajoutent, bien sûr, les gants,
masques, lunettes et autres blouses nécessaires
DENTAIRE Les chirurgiens-dentistes ont besoin d’outils à l’hygiène du cabinet dentaire.
extrêmement variés, ergonomiques et fiables pour Ces dispositifs médicaux sont, aujourd’hui, réunis

La précision réaliser leurs actes de prévention, de soin, de


pose de prothèse et d’implant mais aussi de
au sein d’un « unit », c’est-à-dire en un seul
ensemble rattaché au fauteuil dentaire « pour

et la fiabilité à
chirurgie dentaire. Les sondes permettent, par rationaliser les circuits de distribution de l’eau, du
exemple, grâce à leur extrémité pointue, de vérifier gaz, de l’air comprimé, de l’électricité et de l’éva-

portée de main
la sensibilité de la dent et de détecter la présence cuation des eaux usées », détaille le D r Claude
de caries. Les contre-angles, grâce à leurs mou- Rousseau dans son ouvrage « Histoire de l’amé-
vements rotatifs, servent, eux, à éliminer les nagement opératoire du cabinet dentaire ».

Pinces, sondes, spatules,


curettes, miroirs, contre-angles,
brossettes, ciseaux, bistouris,
détartreurs, seringues… : ces
instruments, de plus en plus
solides et perfectionnés, figurent
parmi les outils les plus
indispensables du cabinet
dentaire moderne.

Cabinet dentaire

46 • SNITEM • COMIDENT • LES INNOVATIONS TECHNOLOGIQUES MÉDICALES


SANTÉ BUCCO-DENTAIRE • INSTRUMENTATION DENTAIRE

COMMENT ÇA MARCHE ? fond », qu’il s’agisse des tuyaux d’alimentation des bilité et un meilleur accès d’intervention étaient
ustensiles ou de vidange du crachoir, décrit le Dr d’usage dans les cabinets dentaires dès les XVe et
Les instruments dentaires dits de base peuvent, Claude Rousseau. Les instruments étaient, eux, dis- XVIe siècles. Les pinces de fer, de plomb ou encore
pour schématiser, être classés en deux catégories : posés sur une table de travail tandis que sur une d’argent, droites ou courbes, aussi connues sous le
- les instruments fixes, tels que les sondes, spa- autre, « sorte d’établi », « étaient placés limes, scies, nom de tire-racines, tenailles, pincettes ou tiges
tules, ciseaux, bistouris électriques etc. poinçons, marteaux, des fils d’or et des fils de soie, avec crochets, étaient utilisées pour saisir les dents
- les instruments rotatifs à air ou électriques du plomb, de l’ivoire et des morceaux d’os », rappelle et/ou les racines. Des limes, grattoirs, ciseaux,
comprenant, d’une part, une fraise coupante ou Augustin Cabanès dans son ouvrage « Dents et den- burins et sondes en métal, accompagnés de petits
abrasive adaptée au type d’intervention souhaité et tistes à travers l’histoire ». C’est dans les années 20 miroirs, servaient, eux, à enlever la plaque et le tartre
actionnée au moyen d’une turbine (un rotor est qu’apparurent les premiers « units » qui regroupaient, dentaire, bien que les premiers prototypes – de
entraîné grâce à un engrenage lui-même entraîné sur une même colonne fixe, tout l’équipement néces- grande taille et peu ou mal angulés – n’étaient pas
par de l’air comprimé) et, d’autre part, une pièce saire au dentiste. Peu à peu, tous les instruments adaptées à l’odontologie. Des cautères en métal,
droite ou anglée (contre-angle), en titane ou en acier furent rattachés au fauteuil en un ensemble unique. parfois en or, permettaient de cautériser les plaies.
entraînée grâce à un moteur à air ou électrique. Le premier poste de traitement, c’est-à-dire le pre- Entre le XVIe et le XIXe siècles, les instruments
mier fauteuil intégrant tous les instruments dentaires manuels en métal furent peu à peu proposés en
rotatifs comme fixes, vit le jour en 1983. acier inoxydable. Les sondes, de plus en plus
UNE HISTOIRE D’INNOVATIONS petites et d’angles variables, furent adaptées à la
ESSOR DE L’ARSENAL DENTAIRE discipline dentaire pour être facilement maniables et
« L’aménagement opératoire des cabinets dentaires Bien entendu, ces instruments connurent de nom- manipulables en bouche. Puis les instruments élec-
avant 1915 donnait l’impression d’un agencement breuses évolutions. Et ce, avant même 1983. Les triques se développèrent (la première perceuse
désordonné avec ses nombreux bras muraux et ses ouvre-bouches et abaisse-langues pour maintenir électrique apparut en 1887) de même que les ins-
tuyaux gainés qui semblaient suspendus au pla- la langue en position basse pour une meilleure visi- truments rotatifs.

ANNÉES
1863 1887 XX e
SIÈCLE 1957 1970-1980

Invention de la roulette, Première perceuse Essor de la haute fréquence et de l’ultrason ; Première turbine à air Premiers contre-angles
actionnée manuellement électrique baisse du volume sonore et de la taille des électriques
instruments rotatifs

SNITEM • COMIDENT • LES INNOVATIONS TECHNOLOGIQUES MÉDICALES • 47


SANTÉ BUCCO-DENTAIRE • INSTRUMENTATION DENTAIRE

L’ÈRE DE L’INSTRUMENTATION ROTATIVE dentaire, détaille le Dr Gérard Braye dans l’ouvrage


La dentisterie entre dans une nouvelle ère avec le « 40 ans de chirurgie dentaire ». Les fraises lisses
premier moteur à air de G. F. Green, dès 1868. Il servirent dès lors à polir et à nettoyer délicatement
était composé d’un soufflet actionné par une l’intérieur d’une dent cariée ; les fraises à gros
pédale ; l’air était propulsé via un tuyau en caout- reliefs à éliminer des morceaux entiers d’une dent
chouc et permettait de faire tourner la fraise abra- abîmée. Leur usage fut complété par celui du
sive (aussi connue sous le nom de « roulette »). En micromoteur électrique dès les années 70
1871, Green conçut « un petit moteur électrique et 80.
dentaire », « alimenté par une batterie », rappelle le
D r Claude Rousseau. Ce moteur, attenant à la MAXIMUM DE CONFORT
fraise, était toutefois lourd et volumineux, donc Depuis les années 80, les « équipements satel-
peu maniable. La batterie était quant à elle insuffi- lites » des chirurgiens-dentistes « s’imposent en
samment puissante pour tailler les tissus durs de occupant une place de plus en plus importante » :
la dent. Il fut donc abandonné quelques années instrumentation sonique et de haute fréquence,
plus tard. bistouri électrique, localisateur d’apex, lampe à
Un nouveau pas fut franchi en 1957 lorsque J. V. polymériser , injecteur d’air et d’anesthésie ou
Borden présenta la première turbine à air, bapti- encore irrigateurs « font maintenant partie d’un
sée Airotor, dont la vitesse de rotation oscillait arsenal parfois complété d’un microscope opéra-
entre 5 000 et 350 000 tours par minute. Améliorée toire, d’un laser et d’une radio panoramique »,
Fraise et porte instrument dynamique
dans les années 60, elle fut « adoptée unanime- détaille le D r Rousseau. Les fraises intègrent une
ment et très rapidement » par toute la profession source de lumière et d’eau (trois à quatre jets) ;
elles sont en outre plus légères et plus résistantes de travailler de longues heures avec « un minimum

400 000 tours par minute


à la chaleur grâce à l’utilisation de titane (tout en de fatigue » et « un maximum de confort pour
laissant la tête de l’instrument en acier, notam- les patients », complète le D r Gérard Braye. Enfin,
ment), plus ergonomiques et plus complètes en les traitements, rendus plus aisés par ces instru-
Les modèles récents de fraises dentaires, qui termes de choix de vitesse de rotation. Elles sont ments rotatifs, durent moins longtemps : ainsi, un
fonctionnent avec des turbines, peuvent atteindre une également plus silencieuses (certains modèles détartrage standard prend quelques dizaines de
vitesse de rotation de 400 000 tours par minute. Les peuvent désormais produire un son de 2,2 déci- minutes, contre plus d’une heure auparavant. n
contre-angles entraînés par un moteur à air ou un bels maximum avec jet d’eau et 2 décibels maxi-
moteur électrique peuvent atteindre 125 voire 200 000 mum sans jet d’eau). Les contre-angles,
tours par minute (en fonction du contre-angle choisi). plus légers et plus petits de 11 à 12 millimètres,
permettent également aux chirurgiens-dentistes

48 • SNITEM • COMIDENT • LES INNOVATIONS TECHNOLOGIQUES MÉDICALES


SANTÉ BUCCO-DENTAIRE • FAUTEUIL DENTAIRE

FAUTEUIL À QUOI ÇA SERT ?


DENTAIRE Le fauteuil dentaire est l’assise sur laquelle s’as- Fauteuil
soit le patient du chirurgien-dentiste afin de rece-

Le confort voir des soins en bouche. Ce fauteuil, qui peut


s’élever et descendre verticalement et dont le

du patient et du
dossier peut plus ou moins s’incliner, maintient en
permanence la tête du patient dans le même

professionnel
champ afin que le praticien puisse dispenser des
soins dans la position qui soit la plus adaptée pour
lui. Le fauteuil dentaire doit obligatoirement être
stable car sur certaines installations modernes,
Assise du patient pendant les l’ensemble du matériel y est fixé afin de monter et
descendre simultanément.
soins, le fauteuil dentaire est
doté de nombreuses options
de réglage pour le confort du COMMENT ÇA MARCHE ?
patient mais, surtout, pour celui L’ensemble fauteuil dentaire est composé de
plusieurs éléments : le siège sur lequel va
du chirurgien-dentiste.

ANNÉES ANNÉES ANNÉES


1921 1960 1970 1990 2000

Premier fauteuil créé Essor de la motorisation Les praticiens Création du Essor des écrans
par un fabricant électrique avec un élévateur commencent fauteuil à montée tactiles
français à parallélogramme articulé à exercer assis latérale

SNITEM • COMIDENT • LES INNOVATIONS TECHNOLOGIQUES MÉDICALES • 49


SANTÉ BUCCO-DENTAIRE • FAUTEUIL DENTAIRE

s’assoir puis être allongé le patient, le crachoir, pas propre à la pratique de la chirurgie-dentaire, les
l’éclairage, le support aspiration chirurgicale et l’unit fauteuils des coiffeurs étant similaires, à la seule dif- LE CRACHOIR ET LE SUPPORT
où sont installés l’ensemble des instruments néces- férence que ceux des dentistes étaient équipés ASPIRATION
saires aux soins dentaires du patient et qui d’une têtière mobile avec différentes possibilités de Le crachoir est un élément qui tend à
requièrent de l’air, de l’eau et de l’électricité pour mouvement. Le patient était donc assis, avec le disparaître pour des raisons hygiéniques et
fonctionner tout comme le support à aspiration dossier légèrement incliné et le praticien travaillait pratiques. Lorsque le patient est allongé, il
chirurgicale. débout. Il pouvait faire monter ou descendre le est en effet nécessaire de remonter le
Aujourd’hui, quelques fabricants utilisent encore fauteuil verticalement en activant une pompe avec dossier afin qu’il puisse cracher, ce qui
des vérins hydrauliques mais cela est relativement son pied. génère une perte de temps et entraîne le
rare. La majorité des fauteuils sont électriques et Après la Seconde Guerre mondiale, peu d’innova- développement de l’aspiration chirurgicale.
comportent des composants électroniques. Depuis tions sont à souligner. Il faut attendre les années 60 Celle-ci évite donc au patient de cracher
les années 2000, le système électrique permet pour identifier des changements notables dans le pendant la durée des soins.
d’équiper les fauteuils dentaires d’écrans tactiles, fonctionnement des fauteuils notamment parce que A titre indicatif, de nombreuses facultés
fixés sur l’unit. Ces tableaux de commande font les chirurgiens-dentistes ont exprimé la volonté de dentaires françaises sont équipées de
fonctionner les différentes options du fauteuil den- pouvoir travailler assis et non plus debout avec un fauteuils sans crachoir et apprennent aux
taire, notamment les programmes de position de patient allongé. Les industriels ont donc fait évoluer étudiants à travailler uniquement avec une
l’assise mais aussi l’éclairage, les instruments dyna- le fauteuil dentaire avec un système électrique d’élé- aspiration chirurgicale dont le support des
miques et l’aspiration chirurgicale. vation à parallélogramme déformable permettant canules est le plus souvent fixé au fauteuil.
une grande amplitude de montée et une pédale de Cette évolution date des années 70 et tend
commande activant les différents mouvements du à généraliser.
UNE HISTOIRE D’INNOVATIONS fauteuil.

L’existence du fauteuil dentaire remonte au XIXe DES FAUTEUILS OPTIMISÉS sur le fauteuil en position assise avant que le dossier
siècle. A l’époque, il s’agissait d’une simple chaise, De nouveaux modèles de fauteuil dentaire appa- ne s’allonge. C’est là un réel avantage pour les per-
classique, avec des accoudoirs à laquelle n’était rat- rurent dans les années 90, en particulier le fauteuil sonnes âgées qui peuvent parfois avoir des difficul-
taché aucun instrument. Le chirurgien-dentiste dis- à montée latérale qui implique l’absence de parallé- tés à s’installer directement en position allongée.
posait, à côté, d’une armoire pour ranger ses logramme au sol. Une bande sur le côté permet de Enfin, certains industriels ont été novateurs en
instruments. D’ailleurs, le praticien ne soignait pas maintenir l’ensemble du fauteuil, de le lever et de le créant un fauteuil-coque dans lequel le patient s’as-
vraiment les dents mais se « contentait » de les descendre dans son intégralité. Le praticien n’est soit avant de basculer complètement. L’avantage,
extraire lorsqu’elles étaient abimées. donc plus gêné par la base de l’ensemble dentaire pour le patient, est de se retrouver dans une posi-
Le premier fabricant français a créé un fauteuil un dont la taille est également réduite. D’autres types tion extrêmement confortable et, pour le praticien,
peu plus spécifique en 1921. Il n’était néanmoins fauteuils permettent aussi au patient de s’installer d’avoir un meilleur accès au champ opératoire. n

50 • SNITEM • COMIDENT • LES INNOVATIONS TECHNOLOGIQUES MÉDICALES


SANTÉ BUCCO-DENTAIRE • COMPRESSEURS D’AIR

COMPRESSEURS À QUOI ÇA SERT ?


D’AIR L’air comprimé produit par un compresseur den-
taire joue un rôle important dans un cabinet et/ou

Les poumons un laboratoire dentaire : il alimente tous les instru-


ments rotatifs, les systèmes d’aspiration et les

du cabinet
appareils de stérilisation (ou « autoclaves »). Il sert,
par exemple, à sécher le site sur lequel doit inter-

dentaire
venir le chirurgien-dentiste avant le scellement
d’une prothèse ou la réalisation d’une obturation
dentaire.
Il est donc impératif, au nom de la qualité et de la
« Dès 1970, l’instrumentation sécurité des soins, que l’air comprimé soit sans
“tout air“ » et le « travail avec huile, sec, hygiénique (c’est-à-dire dénué de toute
particule et de toute bactérie) et à débit constant.
aspiration » obligent les
chirurgiens-dentistes
« à s’équiper de puissants COMMENT ÇA MARCHE ?
Compresseur
ensembles d’aspiration et de L’air ambiant est comprimé par des pistons puis
compresseur », rappelle le passe dans un radiateur muni d’un ventilateur
Dr Gérard Braye dans l’un des
chapitres de l’ouvrage « 40 ans ANNÉES
de chirurgie dentaire, 1968 - 1950 1965 1974 2007 2010-2011
2008 ». Depuis, les appareils de
compression de l’air sont
devenus incontournables, Premiers générateurs Premiers Nouveaux dispositifs d’air Essor des Premiers
jusqu’à devenir les « poumons » d’air comprimé
en odontologie
compresseurs
sans huile
sec destinés à lutter
contre l’oxydation et le
compresseurs
à membranes
compresseurs moins
énergivores
des cabinets dentaires. développement des germes

SNITEM • COMIDENT • LES INNOVATIONS TECHNOLOGIQUES MÉDICALES • 51


SANTÉ BUCCO-DENTAIRE • COMPRESSEURS D’AIR

qui force la condensation du maximum de d’une pompe hydraulique, chargée de fournir de AIR TRÈS SEC EN CONTINU
vapeur d’eau. L’eau de condensation est récupérée l’huile dans le circuit pour éviter toute friction. Afin Depuis 2007, de nouveaux compresseurs reposent
puis évacuée dans un flacon de récupération. L’air d’améliorer la qualité de l’air, des compresseurs donc sur un système à membrane. L’air passe à tra-
pénètre, lui, dans un sécheur d’air à absorption où exempts d’huile firent leur apparition en 1965. Le vers cette membrane fibreuse, laquelle filtre l’humi-
la vapeur restante est éliminée. Dans d’autres sys- piston, isolé par du téflon, ne nécessitait plus de dité de l’air. La régénération du système s’effectue
tèmes, plus récents, l’air est filtré par une membrane lubrifiant lequel, bien souvent, s’oxydait, se dépo- pendant la montée en pression de l’air et ne néces-
fibreuse. Il est ensuite stocké dans un réservoir avec sait et finissait par se transformer en résine, abî- site plus d’interruption d’activité du compresseur. Ce
revêtement intérieur antibactérien. mant le compresseur et les instruments dentaires système, plus asséchant, est plus hygiénique. La
à air. Sans compter que la moindre pellicule hui- maintenance des compresseurs, mieux protégés
leuse issue du compresseur compromettait l’ad- contre l’oxydation, se réduit désormais à un change-
UNE HISTOIRE D’INNOVATIONS hésion des matériaux d’obturation dentaire ment de filtre annuel…
(amalgames etc) dans la bouche.
Les premiers instruments dentaires fonctionnaient LE SILENCE EST D’OR
selon le même principe que les premières CHASSE À L’HUMIDITÉ Autre avancée majeure, les modèles les plus récents
machines à coudre : les dentistes actionnaient En 1974, un nouveau jalon fut franchi avec le lan- disposent d’une cuve en cuivre antibactérienne. Le
une pédale pour faire tourner la turbine. « L’arrivée cement de compresseurs d’air sec incorporant un réservoir d’air comprimé est ainsi doté d’un revête-
de la turbine à air dans les années 60 fut une révo- système chimique d’absorption à base de sili- ment spécifique destiné à éviter la prolifération de
lution pour l’exercice dentaire », souligne l’Asso- cates. Ce système permettait d’absorber l’humi- bactéries. Avec le temps, la taille et la puissance des
ciation de sauvegarde du patrimoine de l’art dité de l’air, assez importante sous nos latitudes et appareils ont également évolué : ces derniers sont
dentaire. Une innovation rendue possible grâce à qui, malheureusement, favorisait l’oxydation des moins encombrants et plus adaptés à la pratique
l’invention des compresseurs à air. instruments odontologiques et le développement dentaire. Le nombre de pistons varie et certains
des germes dans les réservoirs. Il impliquait tou- modèles en présentent plus de trois. Les dernières
EN QUÊTE D’AIR PUR tefois un temps de régénération assez long pour générations sont également moins sonores, pour le
Les premiers générateurs d’air comprimé en assécher les silicates ainsi que des purges régu- confort des praticiens comme des patients. Plus
chirurgie dentaire, mis sur le marché dans les lières qui, souvent, ne suffisaient pas à assécher design, ils sont aussi, depuis 2010-2011, plus écolo-
années 50, fonctionnaient à l’aide d’un piston et complètement le système. giques car ils consomment moins d’énergie. n

52 • SNITEM • COMIDENT • LES INNOVATIONS TECHNOLOGIQUES MÉDICALES


SANTÉ BUCCO-DENTAIRE • GLOSSAIRE

GLOSSAIRE
AÉROPOLISSANT CAUTÉRISATION
Technique de détartrage consistant à projeter de Destruction d’un tissu afin de supprimer une
l’eau saturée en particules très fines afin de lésion, d’arrêter un saignement ou de faire
désagréger la plaque dentaire solidifiée. régresser une cicatrice.

APEX CÉMENT
Sommet, extrémité supérieure. Tissu calcifié très fin qui recouvre la racine de la
dent et assure la cohésion de celle-ci avec l’os de
ASEPSIE la mâchoire.
Ensemble des mesures et méthodes propres à
empêcher tout apport de micro-organismes ou de CÉPHALOMÉTRIE
virus. Mensuration du crâne par imagerie.

BIOFILM CFAO (Conception fabrication assistée par


Communauté de micro-organismes soudés entre ordinateur)
eux et attachés à une surface. Numérisation de la situation clinique au cabinet
par l’intermédiaire d’une caméra d’empreinte
BIOMATÉRIAU optique intra-orale.
Matériau compatible et toléré par l’organisme.
COLLET
CAD CAM (Computer Assisted Design, Computer Partie rétrécie de la dent intermédiaire entre la
Assisted Manufactoring) couronne et la racine.
Recours à l’ordinateur pour la fabrication de
produits. DENTINE
Tissu dentaire constituant la couronne et la racine
CAPTEUR CCD (Charge Coupled Device) de la dent.
Capteur équipé d’une matrice de cellules
photosensibles qui transfère la charge vers un DESMODONTE
collecteur qui transfère à son tour l’ensemble des Complexe tissulaire constitué par les faisceaux
charges vers le convertisseur. ligamentaires et du tissu conjonctif
interfasciculaire qui fixe la dent dans son alvéole.

SNITEM • COMIDENT • LES INNOVATIONS TECHNOLOGIQUES MÉDICALES • 53


SANTÉ BUCCO-DENTAIRE • GLOSSAIRE

DÉVITALISATION INLAY
Intervention qui consiste à retirer le nerf d’une dent Prothèse venant combler la cavité d’une dent
lorsqu’il est trop atteint à cause d’une carie cassée ou cariée. L’onlay, lui, est une prothèse, qui
profonde ou d’un traumatisme. recouvre une partie de la dent abîmée.

DOSIMÉTRIE INTEROPÉRABILITÉ
Mesure de l’irradiation par les rayonnements Capacité de systèmes, unités ou de matériels à
ionisants. opérer ensemble.

ENDODONTIE IONOMÈRE
Discipline spécialisée dans l’étude et le traitement Se dit d’un matériau utilisé en odontologie pour
des maladies de la pulpe dentaire. obturer une cavité dentaire.

ETIOLOGIQUE LEUCITE
Relatif à l’étude des causes des maladies. Sorte de minéral.

FELDSPATHIQUE LIGNOCAÏNE (ou lidocaïnes)


Qui contient du feldspath, un minéral à base de Anesthésique local.
silicate double d’aluminium notamment.
MALOCCLUSION
GINGIVITE Mauvaise disposition des dents à l’intérieur des
Inflammation des gencives. mâchoires.

IATROGÈNE MANUEL D’OSLO


Troubles associés à un traitement ou un Principale source internationale recensant les
médicament. principes directeurs en matière de collecte et
d’utilisation d’informations sur les activités
IMPLANTOLOGIE d’innovation dans l’industrie.
Branche de la chirurgie dentaire spécialisée dans
la pose d’implants. MAXILLO-FACIAL
Relatif au visage et à la cavité dentaire.

54 • SNITEM • COMIDENT • LES INNOVATIONS TECHNOLOGIQUES MÉDICALES


SANTÉ BUCCO-DENTAIRE • GLOSSAIRE

MÉTHACRYLIQUE RADICULAIRE
Se dit de composés thermoplastiques. Qui concerne la racine des nerfs crâniens ou
rachidiens.
ODONTOLOGIE
Étude des dents, de leurs maladies et du RUGINE
traitement de celles-ci. Instrument de chirurgie, sorte de rabot pour racler
les os.
OPIAT
Médication originellement à base d’opiacés. SOFTWARE
Logiciel.
PARODONTE
Ensemble des structures qui assurent la fixation et STÉRÉOSCOPIE
le soutien de la dent sur les maxillaires. Ensemble des principes qui régissent l’observation
du relief et ses moyens d’obtention binoculaire,
PARODONTOLOGIE notamment à l’aide d’un stéréoscope.
Discipline consacrée à l’étude des maladies du
parodonte. SUBSTRAT
Substance sur laquelle agit une enzyme, qui en
PÉRICORONAIRE accélère la transformation chimique.
Relatif à la région qui entoure le sommet d’un
organe, en particulier l’apex d’une dent. TRIANGULATION
Division d’une surface en triangles pour la
POLYCRYSTALLINE mesurer.
Matériau solide constitué d’une multitude de
cristaux appelés cristallites de taille et d’orientation VULCANITE
variées. Substance inattaquable par les acides et les
dissolvants ordinaires.
POLYMÉRISER
Transformer en polymère. ZIRCONE
Oxyde de ziconium.
PROCAÏNE
Anesthésique local de synthèse.

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SANTÉ BUCCO-DENTAIRE • SOURCES

SOURCES
Principales sources ayant contribué à la rédaction de ce document.

ARTICLES « L’art dentaire à travers les âges », présentée et soutenue publiquement en « Le chirurgien-dentiste ou Traité des
Dossier d’Odonto-Stomatologie 2003 par Michel Pignon, de l’Université dents », Pierre Fauchard, 1728, 1746,
« Première radiographie dentaire
Homéopathique, D r Christine Lalanne. Nancy I - Henri Poincaré. 1786.
(1896) », D r Xavier Riaud, paru sur le site
Internet http://histoire-medecine.fr. « Hygiène bucco-dentaire », « 40 ans de chirurgie dentaire, « La médecine bucco-dentaire à l’aube
http://www.selarl-dr-bres-stephane. 1968-2008 », Gérard d’Arros, D r Gérard du XXIe siècle », Pascal Barrier,
« Histoire de l’aménagement opératoire
chirurgiens-dentistes.fr/conseils-qu-est- Braye, D r Christian Couzinou et al., Mémoires de l’Académie des Sciences,
du cabinet dentaire », D r Claude
ce-que-l-hygiene-bucco-dentaire-1. Privat, 2008. Arts et Belles lettres de Touraine, tome
Rousseau, Bulletin officiel du Conseil
national de l’Ordre des chirurgiens- « Histoire de l’hygiène dentaire et de la « Odontologie conservatrice et 23, 2010.
dentistes, 1991 à 1997. brosse à dents », www.site-du-jour.com/ restauratrice, Tome 1 : une approche « Évolution de l’hygiène bucco-dentaire
dossiers/hygiene-dentaire.html. médicale globale », Jean-Jacques au fil des siècles et des civilisation »,
« L’art dentaire à travers les âges »,
D r Christine Lalanne, in Dossier Traitement prothétique, Lasfargues et Pierre Colon, Éditions thèse pour le doctorat en chirurgie
d’odonto-stomatologie homéopathique, http://www.les-implants-dentaires.com/ CdP, 2009. dentaire, Aude Pasquini, octobre 2002.
2006. implantologie/chirurgie-implantaire.html. « L’empreinte optique au cabinet
« La chirurgie dentaire d’Ambroise dentaire », thèse pour le diplôme d’État
GUIDES DE BONNES PRATIQUES
Paré », Julien Philippe, in Actes de la de docteur en chirurgie dentaire
OUVRAGES ET THÈSES « Guide des indications et des
Société française d’histoire de l’art présentée et soutenue publiquement en
« Dents et dentistes à travers l’histoire », 2015 par Clémentine Bie, de l’Université procédures des examens radiologiques
dentaire, 2014, vol.19.
Augustin Cabanès, Bottu, 1961. Toulouse III - Paul Sabatier. en odontostomatologie »,
« Histoire de l’évolution du cabinet Recommandations de la Haute Autorité
dentaire au cours du XXe siècle », Le « Empreinte Optique », thèse pour le « L’empreinte optique intra-buccale et
de santé (HAS) pour les professionnels
Journal du Dentiste, 2001. diplôme d’État de docteur en chirurgie ses applications dans les différentes
de santé, mai 2006.
dentaire présentée et soutenue disciplines en Odontologie », thèse pour
« Histoire du dentifrice », Sacha
publiquement par François Duret en le diplôme d’État de docteur en chirurgie
Bogopolsky, http://www.biusante.
1973, de l’Université Claude Bernard – dentaire présentée et soutenue REVUES SPÉCIALISÉES
parisdescartes.fr/sfhad/vol5/art02/corps.
Lyon I. publiquement en 2016 par Anne-Maëlle
htm. Le Fil dentaire
« La radiologie numérique en Richard, de l’Université Rennes I.
« Histoire de la brosse à dents », Information dentaire
odontologie », thèse pour le diplôme
www.pharmaciengiphar.com.
d’État de docteur en chirurgie dentaire

56 • SNITEM • COMIDENT • LES INNOVATIONS TECHNOLOGIQUES MÉDICALES


SANTÉ BUCCO-DENTAIRE • SOURCES

REMERCIEMENTS
La réalisation de ce document a été rendue possible grâce
SITES WEB à la disponibilité et aux apports de nombreux acteurs.
www.cite-sciences.fr/fr/ressources/ Qu’ils en soient tous ici remerciés, en particulier, par ordre alphabétique :
Association de sauvegarde du
patrimoine de l’art dentaire - http://www. bibliotheque-en-ligne/ Elodye Antoine, Chef de produit orthèse France, Benelux et Afrique du Nord,
biusante.parisdescartes.fr/aspad/ Conseil dentaire - D Hauteville –
r ResMed - Laurent Audaire, Responsable high tech, Planmeca France -
www.conseildentaire.com/2012/01/05/ Armin Bantle, Directeur général, Dürr Dental France - Pr Martine Bonnaure-
Musée virtuel de l’art dentaire -
le-cabinet-dentaire-par-le-dr-hauteville/ Mallet, DRRT adjoint, PU-PH, Université de Rennes, IFRO - Dr Patrick
www.biusante.parisdescartes.fr/mvad/
Boulange, Chirurgien-dentiste, SFPIO - Dr Eric Bonnet, Chirurgien-dentiste
Institut de radioprotection et de sûreté Orthodontie adulte -
- Dr Nicolas Boutin, Chirurgien-dentiste - Nicolas Brancq, Chef de produits
nucléaire - http://www.irsn.fr/ www.orthodontie-adulte.fr
CAD CAM , Denstply Sirona - Dr Jean François Chouraqui, Chirurgien-
Bibliothèque en ligne de la Cité des dentiste - Dr Pierre Colon, Praticien hospitalier à l’hôpital Rothschild (Paris)
Sciences et de l’Industrie - - Omar Deryan, Responsable du développement de marchés, Denstply Sirona
- Pr François Duret, Docteur d’État, partenaire de l’UFR d’Odontologie de
Montpellier, directeur de son laboratoire personnel de recherche à Fleury (Aude)
SOCIÉTÉS SAVANTES - Dr Jallal Fattouh, Directeur scientifique, Biotech Medical -
Dr Jean-Michel Foucart, Chirurgien-dentiste spécialiste qualifié en orthopédie
ET ORGANISATIONS PROFESSIONNELLES dento-faciale - Dr Laïla Hitmi, Chirurgien-dentiste spécialiste en orthodontie
Fédération dentaire internationale (FDI) - Jean-Marc Inglèse, vice-Président, technologie & innovation, Carestream
Union française pour la santé bucco-dentaire (UFSBD) Dental - Dr Elias Khoury, Chirurgien-dentiste - Jean-Marc Kubler, Directeur,
Degré K - Dr Julien Laupie, Chirurgien-dentiste, vice-Président de l’UFSBD
Société française d’histoire de l’art dentaire (SFHAD)
- Didier Le Bot, Directeur commercial, Ivoclar Vivadent France - Ludovic
Association dentaire française (ADF)
Moreau, Responsable scientifique et relations professionnelles, GC France
Organisation mondiale de la santé (OMS) SAS - Dr Christian Moussally, Chirurgien-dentiste - Gilles Richard, Directeur
Société française d’orthodontie ortho-faciale (SFODF) recherche & développement, Septodont - Henri Rochet, Président COMIDENT,
Ivoclar Vivadent France - Arnaud Rouleau, Président, Airel Quetin -
René Serfaty, Chirurgien-dentiste, maître de conférence des universités,
praticien hospitalier, responsable du diplôme universitaire d’esthétique
du sourire à la faculté de chirurgie dentaire de Strasbourg - Arash Zarrinpour,
Chirurgien-dentiste spécialisé dans l’esthétique du sourire

SNITEM • COMIDENT • LES INNOVATIONS TECHNOLOGIQUES MÉDICALES • 57


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& PROGRÈS EN & PROGRÈS EN & PROGRÈS EN & PROGRÈS EN & PROGRÈS EN & PROGRÈS SUR
IMAGERIE PLAIES ORTHOPÉDIE CARDIOLOGIE DIABÈTE L’AIDE À LA
ET CICATRISATION PRÉVENTION
DES ESCARRES
ÉDITION MAI 2014 ÉDITION MAI 2014 ÉDITION MAI 2014 ÉDITION MAI 2014 ÉDITION NOVEMBRE 2014 ÉDITION NOVEMBRE 2014

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& PROGRÈS EN & PROGRÈS EN & PROGRÈS EN & PROGRÈS EN & PROGRÈS EN & PROGRÈS EN
DIALYSE INJECTION RESPIRATION AUDIOLOGIE NEUROLOGIE UROLOGIE
PERFUSION

ÉDITION NOVEMBRE 2014 ÉDITION NOVEMBRE 2014 ÉDITION NOVEMBRE 2014 ÉDITION SEPTEMBRE 2015 ÉDITION SEPTEMBRE 2015 ÉDITION SEPTEMBRE 2015

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& PROGRÈS EN & PROGRÈS EN & PROGRÈS EN & PROGRÈS EN & PROGRÈS EN & PROGRÈS EN
SANTÉ NUMÉRIQUE HANDICAP OPHTALMOLOGIE ANESTHÉSIE APPAREIL ORTHÈSES
MOTEUR RÉANIMATION DIGESTIF

ÉDITION SEPTEMBRE 2015 ÉDITION SEPTEMBRE 2016 ÉDITION SEPTEMBRE 2016 ÉDITION SEPTEMBRE 2016 ÉDITION SEPTEMBRE 2016 ÉDITION SEPTEMBRE 2016

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& PROGRÈS EN & PROGRÈS EN & PROGRÈS DE LA & PROGRÈS EN
CONTACTOLOGIE PATHOLOGIES SANTÉ ROBOTIQUE
VEINO-LYMPHATIQUES
DE LA FEMME

ÉDITION SEPTEMBRE 2017 ÉDITION SEPTEMBRE 2017 ÉDITION SEPTEMBRE 2017 ÉDITION OCTOBRE 2017
Quand l’épopée de l’innovation des dispositifs
médicaux se confond avec l’extraordinaire
histoire de la santé bucco-dentaire.

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