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Le nouveau modèle de développement : les enjeux et les défis

Depuis presque une vingtaine d’années, le Maroc a réalisé des avances notables dans divers
domaines visant ainsi accroitre un bon niveau de développement économique et social :
grands chantiers d’infrastructures, réformes juridiques et institutionnelles, les stratégies
sectorielles. Tout cela a érigé notre pays vers le rang des pays performants en Afrique et dans
la région MENA. Néanmoins, la réalité de tous les jours a montré l’ampleur des inégalités
sociales et spatiales causées par les politiques de développement dites du haut vers le bas et
fractures causées par le modèle de croissance qui prédominant au Maroc depuis
l’indépendance. En effet, le modèle de développement national s’avère inapte à satisfaire les
demandes pressantes et les besoins croissants des citoyens, à réduire les inégalités et in fin à
réaliser la justice sociale. À cet égard sa majesté le roi Mohammed 6 a mis en place, en
novembre 2019, la Commission Spéciale sur le Modèle de développement (CSMD)
inaugurant un chantier de diagnostic et de projection, qu’il convenait de mener avec “audace
et franchise” et un, souci constant “des intérêts de la Nation”.

Conformément au passage du discours du Trône de 2019 de Sa Majesté le Roi: « … Nous


attendions de cette commission qu’elle replisse son mandat avec impartialité et
objectivité en portant à notre connaissance un constat exact des états des lieux aussi
douloureux et pénible puisse-t-il être. Elle devra aussi être dotée de l’audace et du génie
nécessaire pour proposer des solutions adaptées, plutôt que de s’inscrire dans une
logique de rupture avec le passé. ».

Dans ce sillage, le rapport général élaboré par la Commission spéciale sur le modèle de
développement se base sur une nouvelle ambition nationale à l’horizon 2035 qui s’inscrit
dans une référence commune de développement, comprend des objectifs clairs et mesurables,
dans le cadre d’une série de choix stratégiques ayant une dimension transformatrice. Il s’agit
d’un nouveau modèle de développement, d’un engagement moral, politique, et symbolique
fort adopté devant Sa Majesté le Roi et la nation entière, inaugurant un nouveau chapitre de
l’histoire du pays.

Afin de mener à bien notre sujet, une problématique qu’on peut illustrer comme suit: Quelles
sont les orientations stratégiques menées pour le NMD ? Ainsi, quels sont les leviers de sa
mise en œuvre ?

Pour répondre à cette problématique, un plan s’impose qui comprendra deux parties : une
première partie afin de jeter la lumière sur les choix stratégiques du NMD et une seconde afin
de mettre l’accent sur les leviers nécessaires pour sa mise en œuvre.
1: les choix stratégiques du NMD
Dès le début des années 2000, le Maroc s’est engagé dans une dynamique de réformes qui a
ouvert de larges perspectives de développement pour le pays, des avancées ont été
enregistrées dans plusieurs domaines : politique, économique, sociale. Nonobstant, en dépit de
ces avancées, le Maroc n’a pas pu consolider son élan de développement. En effet, quatre
nœuds ont été identifiés par la CSMD comme étant à l’origine de l’essoufflement du modèle
actuel à savoir :

Le premier nœud réside dans le manque de cohérence verticale entre la vision de


développement et les politiques publiques annoncées et la faible convergence horizontale
entre ces politiques. En effet, l’absence d’une vision stratégique globale et à long terme,
partagée et assumée par tous les acteurs de la gouvernance publique, ainsi que des réformes
élaborées en silos, sans repères ou référentiels lisibles ne favorisent pas la cohérence
d’ensemble.

Le deuxième nœud réside dans la lenteur de la transformation structurelle de l’économie


freinée par la faible ouverture sur de nouveaux acteurs innovants et compétitifs. Ces freins
sont associés à des coûts de facteurs de production non compétitifs et à un système
de régulation peu efficient, mais aussi à des mécanismes d’incitation économique non
optimisés qui réduisent la prise de risque, alimentent les logiques de rente dans les secteurs
traditionnels.

S’agissant du troisième nœud, il réside dans les capacités limitées du secteur public en matière
de conception et de mise en œuvre des politiques publiques et de services publics accessibles
et de qualité dans les domaines essentiels à la vie quotidienne et au bienêtre des citoyens.

Le quatrième nœud tient à un sentiment d’insécurité et d’imprévisibilité qui limite les


initiatives, en raison d’un décalage entre certaines lois comportant des « zones grises » et les
réalités sociales, d’une justice qui pâtit d’un manque de confiance, d’une bureaucratie
tatillonne

Au regard de ces blocages qui freinent le développement du pays, la commission a prôné une
nouvelle doctrine organisationnelle, articulée autour de la complémentarité entre un Etat fort
et une Société forte, ainsi de nouveaux choix stratégiques s’imposent touchant l’économie, le
capital humain et les territoires.

De prime abord, la commission appelle à mettre en place les conditions pour disposer d’une
économie productive , diversifiée ,créatrice de valeur ajoutée et d’emplois de qualité tout en
accélérant la croissance pour atteindre un rythme moyen annuel supérieur à 6% à horizon
2035, pour ce faire le NMD préconise l’encouragement de l’initiative privée et de
l’entrepreneuriat des jeunes porteurs des projets de vif poids pour enrichir la compétitivité du
tissu productif Marocain, l’orientation des grands groupes et des PME vers les secteurs
attractifs et vers la montée en gamme des systèmes productifs, et de l’économie sociale. Ainsi
il est judicieux d’accorder une attention particulière à certains secteurs qui ont une
contribution considérable dans l’économie nationale, et qui ont été fortement impactés par les
effets de la crise sanitaire, notamment, le tourisme et l’agriculture. Dans ce sens, une
redynamisation de secteur de tourisme pourra être faite via la valorisation des atouts des
territoires, autant pour vitaliser le tourisme intérieur que pour attirer de nouveau segment de la
demande mondiale. De même, il est nécessaire de se lancer dans le développement d’une
agriculture moderne, à fort potentiel, inclusive et responsable afin d’assurer une souveraineté
alimentaire.

Conscient de l’importance du capital humain en tant que clé de voûte de toute stratégie de
développement, La CSMD appelle au renforcement du capital humain de notre pays en
exigeant des réformes urgentes des systèmes de santé et d’éducation.

Afin de construire une éducation de qualité il est primordial de revoir les modes de
gouvernance des établissements ainsi que les méthodes pédagogiques appliquées au niveau
des écoles publiques aussi bien que les secteurs privés, de responsabiliser les administrations
pour en faire le moteur de changement, d’investir dans la formation et la motivation des
enseignements, doter les zones rurales des équipements nécessaires pour garantir l’égalité en
matière d’éducation.

Concernant le chantier de la santé, la commission formule des propositions majeures visant à :


accélérer la généralisation de l’accès à la couverture médicale de base, renforcer l’offre
globale à travers l’investissement dans les ressources humaines, le renforcement de l’hôpital
public et la régulation rigoureuse du secteur pharmaceutique.

De plus, l’inclusion est mise également au cœur du développement. Il est ainsi recommandé
d’offrir des opportunités d’inclusion pour tous et consolider le lien social en faisant participer
les populations, en particulier les jeunes ainsi il convient de renforcer la protection sociale des
plus vulnérables, selon des principes de contribution équitable et de consacrer l’égalité des
genres.

S’agissant des territoires, le NMD est porteur d’une nouvelle vision vers des territoires
durables et résilients. En alignement avec la constitution le NMD prône un “Maroc des
régions pour assurer la convergence et l’efficience des politiques publiques, ainsi pour
répondre aux questions relatives aux changements climatiques le NMD implique le besoin
urgent d’ancrer les principes de la durabilité des ressources naturelles en particulier l’eau au
niveau régional.

D’après ces choix stratégiques la commission a instauré un modèle ambitieux susceptible


d’accélérer l’orientation vers un nouveaux Maroc à l’horizon 2035, cependant sa réalisation
effective soulèvera un ensemble de défis majeurs.
2/le nouveau modèle de développement : leviers et défis
Les transformations structurelles prônées par le NMD requièrent des capacités techniques,
humaines et financières conséquentes, en particulier en phase d’amorçage, à cet égard, La
Commission considère nécessaire de mettre l’accent sur cinq leviers importants pour
l’amorçage du modèle et l’accompagnement de sa mise en œuvre dont on peut citer
notamment le numérique comme levier de transformation rapide, et efficace et la
sécurisation des ressources nécessaires au financement des projets transformateurs.

De prime abord, le numérique est un facteur important qui aide le pays à faire face aux défis
socio-économiques qu’il rencontre, en particulier sur trois volets à savoir : l’amélioration de
la qualité des services publics, l’amélioration de la productivité et de la compétitivité de
l’économie marocaine et la réduction des inégalités sociales. En effet, La transformation
digitale des administrations permet d’atteindre une meilleure efficacité et des gains de temps
majeurs pour l’administration publique, avec des résultats probants quant à la satisfaction des
citoyens et des entreprises. Elle permet aussi une réduction des coûts pour l’État, une
amélioration de l’attractivité pour les investisseurs, de même, le digital est un levier de
compétitivité économique important et créateur de richesse économique notamment grâce aux
gains de productivité que permet la transformation digitale.

Par ailleurs, la digitalisation peut ouvrir de nouvelles perspectives en permettant à des


populations moins favorisées d’accéder à l’information, aux bénéfices sociaux, aux services
de soin, ainsi qu’à l’éducation, de même le levier Digital peut contribuer à atténuer les
inégalités socio-économiques.

Certes, le Maroc connait une dynamique de transformation digitale, toutefois, trois


principaux défis sont à relever pour assurer une mobilisation pleine du potentiel des
technologies numériques dans les chantiers de développement du pays :

Premièrement, il faut adopter une stratégie de transformation numérique, portée à haut niveau.
Une équipe de mission sous forme de délégation interministérielle, orientée résultats et dotée
de ressources humaines expertes pourrait être mise en place pour disposer de la légitimité
technique et institutionnelle indispensable à la conduite de ce chantier de transformation
transversale.

En deuxième lieu, il faut renforcer les installations digitales et télécoms, à travers le


déploiement d’une infrastructure haut débit, sur tout le territoire de manière homogène pour
réduire les inégalités numériques du territoire.

Troisièmement, la transition numérique du Maroc ne peut se faire sans le développement des


compétences numériques des citoyens. Il importe donc de donner une éducation numérique à
chaque enfant et de l’inscrire, dès le plus jeune âge, tout au long de cursus scolaire dans cette
approche pour garantir son insertion dans ce nouveau monde digital.
S’agissant du financement, la mise en œuvre du nouveau modèle de développement requiert
la mobilisation de ressources financières conséquentes pour son amorçage. Selon les
évaluations préliminaires faites par la CSMD, les réformes et projets proposés dans le NMD
nécessiteront des financements publics additionnels de l’ordre de 4 % du PIB par an en phase
d’amorçage (2022-2025) et de l’ordre de 10 % du PIB en rythme de croisière à
l’horizon 2030.

Afin d’assurer le financement du NMD, il sera judicieux d’adopter une politique fiscale
efficace permettant d’élargir l’assiette fiscale et d’intégrer le secteur informel tout en
mobilisant tous les potentiels fiscaux pour financer les politiques publiques, cela passera
nécessairement par l’accélération de la mise en œuvre de la loi-cadre n°69-19 portant réforme
fiscale. .

Outre la fiscalité, des conditions propices pour l’accroissement de l’investissement privé


national et international doivent être mises en place , à travers un cadre d’investissement
attractif, à cet égard, il est urgent d’agir pour réussir la mise en œuvre efficace de la nouvelle
charte d’investissement visant à contribuer à la concrétisation de la vision du NMD, en
portant la part de l’investissement privé dans l’investissement total aux 2/3 en 2035 au lieu de
1/3 actuellement, de même les objectifs majeurs assignés à la Nouvelle charte
d’investissement sont la création d’emplois stables, la réduction des disparités spatiales en
matière d’attraction des investissements, l’amélioration de l’environnement des affaires, la
priorisation des secteurs porteurs pour l’économie nationale et le renforcement de l’attractivité
du Royaume en vue de l’ériger en hub continental et international pour les investissements
directs étrangers.

Par ailleurs, l’une des solutions de financement du NMD figure la réaffectation des charges
de compensation pour le financement de la réforme social. A cet effet, le processus de
réforme totale de la caisse de compensation devra se poursuivre pour décompenser le gaz
butane ainsi que le produit alimentaires (le sucre et la farine de blé tendre).cependant, cette
solution reste tributaire de la mise en application du registre social unifié RSU permettant de
cibler les bénéficiaires des programmes sociaux dans le cadre de l’accompagnement des
procédures de réforme globale du régime de compensation.

finalement, il est nécessaire d’accélérer la réforme des établissements et des entreprises


publiques (EEP) notamment à travers la mise en œuvre de la loi -cadre N 50-21 relative à la
réforme des EEP et l’opérationnalisation de l’agence nationale de gestion stratégique des
participations de l’Etat et suivi des performances des EEP ce qui permettra d’optimiser le rôle
de l’Etat en tant qu’investisseur mais également de dégager un espace budgétaire pour le
financement du NMD. Ce financement peut s’effectuer à travers des recettes additionnelles
des EEP (dividendes, recettes fiscales…) et des économies de transfert de fonds envers ces
EEP.
Conclusion

En guise de conclusion, il est légitime d’annoncer que la CSMD a réussi sa mission qui lui a
été assignée par Sa Majesté le Roi avec excellence, en apportant un chantier incitatif au
développement, en effet Le NMD est un modèle conçu par les marocains avec les marocains
pour les marocains afin de créer ensemble un Maroc prospère, cependant sa mise en œuvre
effective appelant à l’union entre les différents acteurs et la consolidation de leurs efforts
pour aboutir à l’inauguration d’un Maroc inclusive et créatif, et d’une population qui jouissent
de l’équité et de la compétence, et des régions avec un fort potentiel.

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