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Introduction :

Depuis les années 1980, une transformation profonde s'est opérée dans la gestion des
services et administrations publiques à travers le monde. Cette évolution, connue sous le
nom de Nouveau Management Public (NMP), s'inspire des méthodes et des valeurs du
secteur privé. Initiée notamment par Margaret Thatcher en 1979 au Royaume-Uni, cette
réforme administrative s'est répandue à l'échelle mondiale, suscitant un intérêt croissant
pour l'application des outils et des pratiques du secteur privé au sein des organismes
publics. Dans ce contexte, il convient d'examiner de plus près les implications et les défis
associés à cette transition vers le NMP au Maroc, ainsi que les enjeux inhérents à son
adoption dans les administrations publiques marocaines.
Cette étude s'articulera autour de la problématique suivante : quelles sont déjà les réformes
préalables à l’adaptation de NMP au Maroc ? Et comment le NMP influence-t-il la gestion
des services et administrations publiques, et quels sont ses impacts sur leur efficacité et leur
légitimité ?
Pour répondre à cette question, nous explorerons dans un premier temps les principales
réformes pour la modernisation de l’administration publique au Maroc, avant d'analyser les
applications concrètes de NMP sur le secteur public et finir par évaluer les perspectives
d'avenir du NMP au Maroc.

I - Le Maroc : principales réformes pour la modernisation de la gestion publique et


adaptation de NMP

Le Maroc se révèle être un pays relativement avancé en matière de gouvernance


administrative, toutefois, le fonctionnement des administrations marocaines réside toujours
avoir des faiblesses en termes de gouvernance, d’efficience ou de qualité des prestations
offertes aux citoyens comme le roi Mohammed 6 l’a constaté sévèrement lors de son
discours de la fête de trône en juillet 2017. Par la suite, les ministères étaient obligés de
s’engager dans un ensemble de réformes structurelles à l’échelle nationale afin de hisser
l’administration publique vers un niveau satisfaisant, visant le bien-être du citoyen marocain
et mené par les orientations royales de sa majesté. La question qui se pose donc est surtout
les apports de NMP qui a répandu largement autour de monde et que sa portée et principes
varient d’un pays à l’autre. Cependant, son implication au Maroc va faire l'étude de son
impact sur l’administration publique en entier, mais avant de procéder à cette réflexion, il est
nécessaire de rappeler déjà les initiatives faites pour moderniser la gestion publique au
Maroc.
D’ailleurs, le Maroc n’a pas cessé depuis l’indépendance de moderniser son administration
qui a été dominée par les pratiques de Makhzen ou du protectorat. Ainsi, cette
restructuration a été opéré à travers l’élaboration de plusieurs réformes notamment par
l’adoption du pacte de bonne gestion dans les années 90 sous l’appui de la BM et la FMI, la
mise en oeuvre d’un plan de développement économique et social (2000-2004) pour avoir
une croissance durable et forte, favoriser l’emploi et réduire les déficits sociaux et le
programme d’appui à la réforme de l’administration publique (2004-2011) qui a tracé comme
objectifs la simplification des des procédures du secteur public, l’amélioration de la gestion
des ressources humaines, la réduction de la masse salariale et la consolidation des finances
publiques. Ces réformes ont jeté les bases nécessaires pour l'adoption ultérieure du NMP,
en préparant le terrain pour une gestion publique plus efficace, plus transparente et plus
orientée vers les résultats.
II - Adaptation de NMP avec la constitution de 2011 et la loi organique n°130-13

Malgré les multiples efforts déployés au sein de l'administration marocaine, et en faisant


appel aux orientations de sa majesté le roi Mohammed 6 qui a rappelé, dans son discours à
l’occasion de 20ème anniversaire de son accession au trone de ses glorieux ancetres, la
nécessité de mener des réformes dans l’administration marocaine basées sur la
simplification, l’efficacité et la moralisation, et d’avoir une gestion publique créative et
innovante, un tournant majeur a débuté avec la constitution de 2011 qui a fait appel à la
bonne gouvernance et la nouvelle ère de la gestion publique des services publics. Cette
nouvelle constitution a instauré un cadre juridique et institutionnel convenable à la
modernisation de la gestion publique en mettant l'accent sur la transparence, la
responsabilité et la participation citoyenne. En intégrant les principes fondamentaux du NMP
dans ses dispositions, la Constitution de 2011 appuie sur les services publics de fournir des
prestations de qualité tout en respectant les principes de transparence, de
responsabilité et de reddition de comptes envers les citoyens. En outre, elle prévoit
l'établissement d'institutions chargées du suivi de la bonne gouvernance et de
l'évaluation des services publics. La Constitution de 2011 a également affirmé la
séparation des pouvoirs législatif et exécutif. Ainsi, la Constitution de 2011 a joué un rôle
essentiel en établissant un cadre solide pour l'introduction et la mise en œuvre des
stratégies de NMP.
En plus, la loi organique relative à la loi de finances (LOLF), promulguée en 2015, a introduit
plusieurs changements importants inspirés du NMP dans la gestion des finances publiques
au Maroc. Premièrement, elle a mis en place un système de programmation budgétaire sur
trois ans, permettant aux responsables de planifier les projets et les objectifs à atteindre sur
cette période. Les gestionnaires doivent rendre compte de leurs progrès tout au long de la
réalisation des projets. Deuxièmement, la LOLF a renforcé la mesure de la performance,
évaluant l'exécution des programmes de chaque ministère. Troisièmement, elle a intégré le
concept de région dans la classification budgétaire, permettant une meilleure prise en
compte des objectifs régionaux. Quatrièmement, elle a accordé aux gestionnaires une plus
grande souplesse dans la gestion des crédits pour les responsabiliser davantage.
Cinquièmement, elle a renforcé le rôle du parlement dans le processus budgétaire et le
contrôle des politiques publiques. Sixièmement, elle a rapproché la comptabilité publique
de celle du secteur privé, en introduisant une comptabilité générale et analytique. Enfin, elle
a favorisé l'informatisation de la gestion budgétaire, notamment avec les systèmes
"eBudget" et "GID", visant à renforcer la transparence et la capacité de contrôle.
Dans le même sens des idées, pour atténuer les dépenses de fonctionnement sur le budget
de l’Etat et moderniser la gestion des ressources humaines, plusieurs réformes ont été
entreprises. En 2004, l'opération "INTILAKA" a permis de réduire les effectifs et rajeunir les
cadres dirigeants, ce qui a contribué à des économies. De plus, des mesures telles que la
digitalisation des systèmes de gestion et des changements dans le statut de la fonction
publique ont été mises en place pour moderniser la gestion des ressources humaines. La
LOLF a aussi introduit un cadre pour limiter les dépenses du personnel, afin de garantir une
gestion des ressources plus efficace et efficiente.
Conclusion :

L'introduction de Nouveau Management Public (NMP) a été cruciale dans le processus de


réforme des finances publiques au Maroc. Aussi, le NMP a offert un cadre conceptuel et
des outils pratiques pour moderniser la gestion des ressources humaines, en mettant
l'accent sur la performance, la transparence et la responsabilité. En adoptant des pratiques
de gestion inspirées du secteur privé, telles que la planification stratégique, la gestion par
objectifs et la mesure de la performance, le gouvernement marocain a cherché à optimiser
l'utilisation des fonds publics et à améliorer la prestation des services publics.
Cependant, la mise en œuvre du NMP au sein des services publics n'a pas été sans
défis. Parmi les principales contraintes rencontrées figurent la résistance au changement
de la part des acteurs institutionnels et la complexité des procédures
bureaucratiques. De plus, les ressources humaines et technologiques limitées, ainsi
que le manque de capacités institutionnelles, ont souvent entravé la pleine réalisation
des objectifs de réforme.
Malgré ces défis, les efforts visant à intégrer les principes du NMP dans la gestion publique
demeurent essentiels pour assurer une utilisation performante des ressources publiques. En
surmontant les obstacles et en renforçant les capacités institutionnelles, le Maroc pourra
réaliser pleinement les avantages potentiels du NMP, en offrant des services publics de
meilleure qualité et en favorisant le développement économique et social du pays.

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