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Module : GBO Tuteur : Mohamed SOUSSI

Conclusion générale

La réforme budgétaire lancée en Tunisie est mise en place selon une vision globale et intégrée
qui couvre tout le processus budgétaire : élaboration, adoption et exécution budgétaire. Elle
s'articule autour des éléments suivants :

L'amélioration de la programmation budgétaire pluriannuelle par la mise en place d'un CDMT


triennal et glissant qui sert à renforcer la cohérence des politiques sectorielles avec la
politique publique définie et avec l'objectif de soutenabilité d'un cadre macro-économique.
Des CDMT sectoriels ont été préparés par les différents départements ministériels concernés
par la GBO sur la base des prévisions données par le TOFE.

L'architecture de la nomenclature budgétaire qui a été enrichie et adaptée à la GBO ;


permettant, ainsi de présenter à la fois la nature économique, administrative et fonctionnelle
des dépenses publiques. Au surplus, la répartition programmatique des dépenses est devenue
par l'article 11 (nouveau) de la LOB du 13 mai 2004 qui prévoit « La loi de finances peut
autoriser l'affectation des crédits selon des programmes et missions ».

A cet effet, une présentation des indicateurs de performance pivot d'une budgétisation par
programmes semble être nécessaire. Pour mesurer la réalisation des objectifs assignés et le
niveau de performance.

Des guides méthodologiques et manuels ont été élaborés et diffusés au profit de tous les
départements ministériels notamment, celle concernés par la GBO s'intéressent au suivi de la
performance, les indicateurs de performance, dialogue de gestion et le pilotage de la
réforme...dans le but de diffuser les nouveaux méthodes de gestion tournées vers un culture de
résultats et de performance.

Des systèmes d'informations ont été développés permettant la transparence de l'information


budgétaire grâce notamment aux applications informatiques AMAD et ADEB structurés par
missions et programmes, la publication des rapports de la cours des comptes et la cour de
discipline financière.

Le déploiement du dispositif de fongibilité des crédits à travers l'octroi d'une autonomie et une
souplesse de gestion des crédits alloués et ce conformément, aux articles 36 et 37 nouveau de
la LOB. En contrepartie, il faut rendre compte de l'état de réalisation de leur engagement à
atteindre les objectifs prédéfinis mesurés par des indicateurs de performance etc.

En outre, la présence du cadre institutionnel propice à l'évaluation des politiques budgétaires


mises en œuvre peut permettre une appréciation sur le succès et les entraves rencontrées par
chaque ministre dans la mise en œuvre des objectifs qui lui ont été assignées.

Une nouvelle Loi organique du budget de l’Etat votée le 31 janvier 2019 vient couronner un
long processus d’expérimentation de la Gestion Budgétaire par Objectifs de l’Etat entamée en
2004 qui vise à améliorer la performance opérationnelle en vue d’une plus grande efficacité
des activités administratives et des services publics fournis aux citoyens. Cette démarche
passe par la définition de la performance publique qui se mesure en termes d’efficacité pour la

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Module : GBO Tuteur : Mohamed SOUSSI

société, de qualité du service et d’efficience de la gestion. Elle s’appuie résolument sur la


responsabilisation et la redevabilité des gestionnaires qui auront plus de liberté de gestion
mais qui devront rendre des comptes de la pertinence de leur choix et de la qualité de leurs
prestations et de leurs résultats. Faisant suite à la constitution de 1959, la première LOB date
de 1967, c’est-à-dire qu’elle remonte à plus de 50 ans (elle a ensuite été modifiée en 2004 : La
LOB N° 2004-42 DU 13 MAI 2004). L’administration était alors placée dans une logique de
moyens, chargée de mettre en œuvre des dispositifs élaborés par le pouvoir politique et
inscrits dans des plans. Dans le sillage de constitution de 2014, la nouvelle LOB, "véritable
constitution financière de l’Etat", place l’administration dans une logique de résultat. Les
gestionnaires publiques devront maintenant rendre compte d’une performance réellement
réalisée au profit de la nation tunisienne. La nouvelle LOB assure le portage législatif et
réglementaire, après un long processus d’expérimentation lancé en 2004, de la gestion par
objectif pour l’administration. Cela implique une plus grande efficacité, efficience et qualité
de l’action publique. Une administration plus performante et plus transparente est en train de
naître en Tunisie.

A la lumière des avancées réalisées au niveau du déploiement progressif de la réforme, des


leçons peuvent être tirés notamment, en ce qui concerne les limites rencontrées au niveau de
l'expérimentation de la GBO comme suit :

L'exécution budgétaire reste dominée par un cadre législatif et réglementaire qui n'a pas été
modifié. Ce cadre étant essentiellement orienté vers la régularité, en contradiction avec la
logique de performance et de résultats qui est à la base de la GBO ;

La diffusion limitée de la culture de performance chez le personnel notamment, au niveau des


services opérationnels et déconcentrés. La culture administrative reste désormais caractérisée
par la routine, la Bureaucratie et la rigueur ;

Des attributions importantes de la cour des comptes et la cour de discipline financière,


Néanmoins, l'ampleur de la tâche confiée à ces cours constitue un obstacle à la performance,
ainsi que l'hégémonie de l'exécutif remet en cause l'indépendance des cours.

En définitive, la construction d'une nouvelle gestion publique a franchi une étape décisive,
mais elle n'est pas encore achevée. En effet, le bilan dressé permet de conclure que la réforme
budgétaire mise en place en Tunisie progressivement, a atteint un pallier où il devient
nécessaire de réajuster les prescriptions juridiques aux attentes de la nouvelles gestion
publique. Néanmoins, La réforme des cultures administratives nécessite une longue durée
d'apprentissage et d'expérimentation.

Cette réforme constitue une opportunité pour donner une nouvelle impulsion à la
modernisation de l'Etat et au renforcement de la performance de la gestion publique, modifier
en profondeur la gestion publique pour plus d'efficacité de l'action publique et faire évoluer
les finances publiques tunisiennes vers une approche privilégiant la culture managériale au
service du développement et du bien être des citoyens.

MPIF UVT

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