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1.1 Définitions
Deux définitions complémentaires permettent de cerner le concept d’investissement. Selon
l’approche comptable, un investissement est une acquisition de biens ou de services non
consommés au cours d’un exercice.
Cette définition vise aussi bien les biens matériels comme les constructions, terrains,
équipements, titres de participation, que les biens immatériels comme les brevets ou les fonds
de commerce.
Elle englobe également les services tels que les programmes de recherche et développement,
ou encore les investissements commerciaux tels que les campagnes de publicité et la
constitution de forces de vente, dont les effets ont une portée de longue durée.
Selon l’approche financière, l’investissement se définit comme un échéancier de décaissements
et d’encaissements. Cette formule brève s’applique parfaitement à un investissement technique
en équipements de production. Elle s’applique de la même façon à un investissement
commercial ou à un investissement en titres, c-à-d en actifs financiers.
Concrètement, elle signifie ceci : à une succession initiale de dépenses, fait suite une succession
de recettes résultant de ventes plus fortes, de marges améliorées, ou constituées par les
dividendes escomptés.
1.2 Classification
Ces investissements que nous proposons de sélectionner avec discernement, concernent
l’environnement des entreprises comme celui des particuliers. Dans le contexte de l’entreprise,
une classification courante des projets d’entreprise distingue :
- Les investissements d’expansion (accroissement de capacité et/ou développement de
marchés) ;
- Les investissements de productivité (visant essentiellement la réduction des coûts) ;
- Les investissements stratégiques (liés à la diversification, à l’innovation ou à la qualité) ;
- Les investissements de simple renouvellement d’équipements ;
- et les investissements obligatoires dictés par la règlementation (protection de
l’environnement, sécurité) ou par des exigences sociales.
1.3 Méthodologie de choix d’investissement
Il s’agit de présenter une méthodologie susceptible d’être appliquée à l’analyse de toutes les
catégories de projets d’investissement. Elle repose sur l’idée que la performance financière d’un
projet d’investissement doit s’apprécier au regard de sa contribution à la valeur de l’entreprise.
Autrement dit, indépendamment des justifications stratégiques qui président par ailleurs à la
décision d’investissement, un projet ne doit être accepté que si sa réalisation a pour effet
d’augmenter le patrimoine des actionnaires. De même un projet donné ne sera préféré à un
projet concurrent que si contribution à la valeur de l’entreprise est plus importante.
Si l’on se retient aux seuls critères financiers, la question de valeur constitue le nœud central de
la décision d’investissement. L’appréciation de la valeur d’un projet s’avère particulièrement
délicate, car elle doit prendre en compte ces deux dimensions essentielles en finance que sont
le temps et le risque.
Dans un souci de clarté pédagogique, ce chapitre ignore délibérément le problème du risque et
montre comment valoriser les projets en supposant que toutes leurs caractéristiques sont
connues avec certitude.
Disposer d’un critère de choix adéquat pour arbitrer entre plusieurs projets d’investissement est
évidemment fondamental. Tous les critères utilisés ont cependant un point commun : ils
combinent les flux générés année après année tels qu’ils ressortent de l’analyse prévisionnelle
de chaque projet d’investissement. La qualité des décisions résultant de l’utilisation de ces
critères est donc directement fonction de la qualité des données retenues pour déterminer les
flux annuels liés à un projet et que l’on désignera de façon plus précise par "flux nets annuels
de liquidité".
Sans même évoquer le problème de l’incertitude qui frappe toute prévision économique, la
détermination de ces flux est une tâche beaucoup plus délicate qu’on pourrait le penser. Il s’agit
d’abord de reconnaître clairement les éléments à prendre en considération et d’en bien
comprendre les raisons. Mais il importe aussi d’identifier les éléments dont il ne faut pas tenir
compte et qu’une appréciation trop rapide ferait considérer à tort comme des flux de liquidité
liés à un projet.
Schématiquement, les flux de liquidité caractéristiques d’un projet d’investissement se
rattachent aux trois périodes suivantes :
- la période initiale qui se caractérise essentiellement par le décaissement des sommes
nécessaires à la réalisation de l’investissement proprement dit ;
- la période intermédiaire, qui s’étend sur la durée de vie du projet, est principalement
marquée par les encaissements et les décaissements liés à l’exploitation courante de
l’investissement ;
- la période terminale, qui intervient à la fin de la durée de vie du projet, est marquée par
les encaissements correspondant à la liquidation des divers actifs qui constituaient
l’investissement (immobilisations, mais aussi stocks, créances clients, etc.).
La typologie définie par ces trois étapes permet déjà de préciser la nature des flux de liquidité
liés à un projet d’investissement.
3.1 Les flux liés à la réalisation de l’investissement
Ils comprennent les décaissements liés à l’acquisition des éléments constitutifs du projet et, le
cas échéant, les encaissements liés à la revente des équipements rendus disponibles du fait de
la réalisation du nouveau projet.
3.1.1 Les dépenses d’acquisition initiales
C’est le montant de l’investissement initial, c-à-d par exemple le prix des immobilisations
(locaux, équipements, matériels) nécessaires au projet. Ce prix d’acquisition s’entend hors taxe
(HTVA), puisque celle-ci – bien qu’effectivement décaissée – est susceptible d’être récupérée
rapidement. Les dépenses directement liées aux acquisitions effectuées, tels que les frais de
transport et d’installation, sont naturellement à prendre en compte. De même, les frais d’étude
qui seront engagés ou encore les dépenses nécessitées par la fabrication de produits prototype
font partie intégrante de l’investissement initial.
Parallèlement, on n’omettra pas de considérer les dépenses que le projet déclenche par
"contrecoup", comme la formation du personnel rendue nécessaire pour maîtriser la nouvelle
technologie impliquée par le projet, ou encore les frais d’agrandissement des installations
sanitaires et sociales de l’entreprise rendus inévitables par le supplément d’effectifs apporté par
le projet.
3.1.2 Les dépenses d’acquisition ultérieures
De même nature que toutes celles évoquées précédemment, des dépenses d’acquisition
complémentaires peuvent être engagées au cours de la durée de vie du projet. C’est le cas
lorsque l’investissement est programmé selon plusieurs tranches annuels, ou lorsque des
remplacements partiels d’équipement doivent être effectuées à intervalles réguliers. Dans cette
hypothèse, les flux correspondants se retranchent simplement du flux d’exploitation de l’année
concernée.
3.1.3 Les dépenses d’acquisition au coût d’opportunité
Lors de la réalisation initiale de l’investissement, il peut s’avérer que certains matériels
disponibles ou certains locaux vacants de l’entreprise soient susceptibles d’être utilisés par le
projet.
On aurait tort de considérer ces différentes ressources comme "gratuites", c-à-d entrainant une
dépense nulle.
En effet, en termes d’opportunité, on se prive de revendre les matériels ou les locaux concernés
ou de les donner en location, ou encore de les utiliser dans le cadre d’un projet concurrent (qui
de fait ne sera pas réalisé). La perte de recettes qui en résulte représente un coût d’opportunité
qui doit venir s’ajouter aux dépenses d’investissement initiales.
Selon les hypothèses envisagées, ce coût correspond au produit de la revente des matériels, au
montant des loyers ou à la valeur actuelle nette du projet concurrent. Dans le cas ou les trois
possibilités d’utilisation des locaux ou matériels existent, c’est bien évidemment le coût
d’opportunité le plus élevé qui doit être pris en considération.
3.1.4 Les recettes provenant de la revente des équipements rendus disponibles du
fait de la réalisation du nouveau projet
Si l’option est prise de revendre les équipements rendus disponibles par la réalisation d’un
projet, les recettes correspondantes viennent compenser en partie les dépenses initiales
d’investissement.
A titre d’illustration, considérons un projet dont les dépenses d’acquisition initiales sont de
10 000. Le prix de revente du matériel rendu disponible est 3 000, acquis 3 ans auparavant pour
4 000 et amorti en linéaire sur 5 ans.
VCN = 4 000 – (4 000 x 3/5) = 1 600 ;
Plus-value sur cession = 3 000 – 1 600 = 1 400 ;
Impôt sur la plus-value = 1 400 x 0,25 = 350.
Le flux de l’année 0 s’établit comme suit :
Année 0
Dépense d’investissement - 10 000
Prix de revente de l’équipement + 3 000
Impôt sur la plus-value - 350
Flux net de liquidité - 7 350
3.3 Les flux liés à la liquidation finale des éléments constitutifs du projet à la fin de
la durée de vie
A la fin de la durée de vie prévue du projet d’investissement, une valeur finale doit être prise
en compte. On suppose, qu’à la fin de la durée de vie, on arrête l’exploitation de
l’investissement. Cette valeur finale est composée de plusieurs éléments.
3.3.1 La valeur résiduelle des immobilisations
La valeur résiduelle est estimée comme étant égale à la valeur de revente probable des
immobilisations, compte tenu de l’imposition sur les éventuelles plus ou moins-values.
3.3.2 La récupération du BFR
Il s’agit du BFR de la période. A la fin de la durée de vie prévue du projet d’investissement, on
considère que l’ensemble des clients règlent leurs créances, les stocks s’épuisent naturellement,
et les fournisseurs sont réglés.
3.3.3 Montant de la remise en état du "site"
Ce sont les sommes nécessaires et probables pour remettre en état le site tel qu’il était, au départ.
Par exemple :
- l’étude de rentabilité d’un magasin, doit intégrer le coût lié au démontage des rayons ;
- la STEG doit tenir compte du coût de la remise en état du site sur lequel une centrale
électrique a été construite ;
- une société d’exploitation de carrières doit tenir compte du coût de la remise en état du
site en fin d’exploitation.
3.4 Application
La société ABC, spécialisée dans la menuiserie PVC projette de compléter ses activités par le
lancement d’une nouvelle ligne de produits : les éléments de clôture modulaires. L’étude
réalisée courant l’année 0 montre un potentiel de chiffre d’affaires jugé intéressant :
Année 1 2 3 4 5
Chiffre d’affaires 6 000 + 50 % + 45 % + 10 % - 10 %
Les taux de croissance indiqués correspondent à des prévisions de croissance en volume et
ignorent l’évolution possible du prix de vente qui a été fixé pour l’année 0 et sur lequel repose
la prévision du chiffre d’affaires de 6 000 effectue cette même année.
- les coûts de production seraient constitués de matières (40 % du chiffre d’affaires) et les frais
de personnel (40 % du chiffre d’affaires) ;
- les coûts de commercialisation marginaux seraient nuls, tandis que les autres coûts
d’exploitation seraient accrus du fait d’un contrat d’entretien spécifique concernant le nouveau
matériel et dont le coût annuel serait de 500 ;
- le fournisseur de matériel propose un prix de 5 000. Il s’agit d’un matériel amortissable sur 5
ans. A la fin de la 5ème année, il est prévu d’arrêter l’exploitation du projet et de revendre le
matériel pour environ 20 % de sa valeur à neuf.
3.4.1 Les flux liés à l’exploitation
3.4.1.1 L’excédent brut d’exploitation
Le calcule de l’EBE est donné par le tableau suivant :
Année 1 2 3 4 5
Chiffre d’affaires 6 000 9 000 13 050 14 355 12 920
- Matières 2 400 3 600 5 220 5 472 5 168
- Frais de personnel 2 400 3 600 5 220 5 472 5 168
- Contrat d’entretien 500 500 500 500 500
= EBE 700 1 300 2 110 2 371 2 084
Une seconde méthode de calcul des variations du BFR consiste à exprimer dans un premier
temps l’ensemble des composantes du BFR en pourcentage du CAHT :
- stocks : 1/12 des consommations annuelles qui représentent elle-même 40 % du CAHT, soit :
1/12 x 0,4 = 3,33 % du CAHT
- créances clients : 1/6 du CATTC annuel, lequel correspond à 1,19 du CAHT, soit :
1/6 x 1,19 = 19,83 % du CAHT
- TVA à récupérer : 19 % d’un mois d’achat HT qui représente lui-même 40 % d’un mois du
CAHT, soit :
0,19 x 1/12 x 0,4 = 0,63 % du CAHT
- dette fournisseurs : 1/6 des achats annuels TTC ou encore 1/6 x 1,19 des achats HT (40 % du
CAHT), soit :
1/6 x 1,19 X 0,4 = 7,93 % du CAHT
- TVA à payer : 19 % d’un mois du CAHT, soit :
1/12 x 0,19 = 1,58 % du CAHT
Le BFR exprimé en % du CAHT s’établit donc à :
3,33 + 19,83 + 0,63 – 7,93 – 1,58 = 14,28 % du CAHT
Il en résulte que la variation du BFR d’une année à l’autre est égale à 14,28 % de la variation
du CAHT pour la même période, soit : Δ BFR = 14,28 % Δ CAHT
Soulignons néanmoins que cette méthode n’est correcte qu’à la condition que toutes les
composantes du BFR varient parallèlement au CAHT.
Année 0 1 2 3 4 5
CAHT 0 6 000 9 000 13 050 14 355 12 920
Δ CAHT 6 000 3 000 4 050 1 305 - 1 435 - 12 920
Δ BFR (14,28 % Δ CAHT) 857 428 579 187 - 205 - 1 846
La valeur actuelle des disponibilités futures s’élève à 5 698 qui est inférieure au décaissement
initial : – 6 057 + 5698 = - 359. Par conséquent, le projet devrait être rejeté.
Cependant, une dernière incohérence subsiste dans les données qui ont été rassemblées pour
analyser la rentabilité du projet. Jusqu’à ce niveau d’analyse, le problème de risque est
volontairement ignoré. Dans ces conditions le taux de 12 %, représentant le taux d’opportunité
de placement de la société, est la somme des deux éléments suivants : le taux de rendement réel
correspondant au "prix du temps" et le taux d’inflation prévu pour les années à venir. Donc, le
taux d’actualisation utilisé dans l’exemple est un taux nominal incluant l’inflation. En revanche,
les prévisions du chiffre d’affaires sur lesquelles s’est fondé le calcul des flux de liquidité liés
au projet, ont été exprimées en unités monétaires constantes de l’année 0, date à laquelle l’étude
de faisabilité du projet est effectuée. Ainsi, l’incohérence de la démarche qui a été suivie réside
dans le fait que l’inflation est prise en compte au niveau du taux d’actualisation, mais pas au
niveau des flux de liquidité.
3.5 La mesure des flux de liquidité et l’impact de l’inflation
L’existence de l’inflation modifie sensiblement la valeur nominale des flux de liquidité d’un
projet. Deux approches, cohérentes l’une et l’autre, autorisent une analyse adéquate. La
première consiste à exprimer les flux et le taux d’actualisation en termes courants ou nominaux.
La seconde exprime ces mêmes éléments en termes réels en corrigeant les valeurs nominales
pour l’inflation.
3.5.1 l’approche fondée sur une mesure des flux et du taux d’actualisation en
termes nominaux
Soient les taux d’inflation spécifiques annuels suivants qui s’appliquent aux différentes
composantes des flux de liquidité :
- prix de vente et prix d’achat des matières : + 8 %
- frais de personnel : + 12 %
- contrat d’entretien : + 3 %
- prix du matériel : - 6 %
on suppose par ailleurs que le taux d’inflation général s’élèvera à 8 % par an pour l’ensemble
de la période d’étude.
Les valeurs nominales des flux de liquidité liés à l’exploitation sont données par le tableau
suivant :
Année Taux 0 1 2 3 4 5
spécifiques
Chiffre d’affaires +8% 6 480 10 498 16 439 19 530 18 984
- Matières +8% 2 592 4 199 6 576 7 445 7 593
- Frais de personnel + 12 % 2 688 4 516 7 334 8 610 9 108
- Contrat d’entretien +3% 515 531 546 563 580
= EBE 685 1 252 1 973 2 912 1 703
- dot. aux amortissements 1 000 1 000 1 000 1 000 1 000
= BAI - 685 252 973 1912 703
Impôt/bénéfices - 171 63 243 478 176
Δ BFR +8% 857 462 675 236 - 279 - 2 712
Flux d’exploitation - 857 394 514 1494 2 713 4239
Flux d’investissement(*) - 5 200 0 0 0 0 551
Cash-flows - 6 057 394 514 1 494 2 713 4 790
VA des flux à 12 % - 6 057 352 410 1 063 1 724 2 718
(*) L’investissement initial est déjà exprimé en unité monétaire de l’année courante, c-à-d
l’année 0 : sa valeur nominale reste égale à 5 200. La valeur à neuf du matériel à l’année 5,
année de la cession, aura chuté de 6 % par an soit 3 670. La plus-value est donc égale à 734 (20
% x 3 670) et l’impôt correspondant est 183. La cession d’actif nette d’impôt à l’année 5 s’élève,
en unité monétaire courante, à 734 – 183 = 551.
La valeur actuelle des disponibilités futures s’élève à 6 267 qui est supérieure au décaissement
initial : - 6 057 + 6 267 = + 210. Nous remarquons que la prise en compte de l’inflation modifie
la décision. L’ignorer risque de rejeter des projets rentables ou d’accepter des projets non
rentables.
3.5.2 l’approche fondée sur une mesure des flux et du taux d’actualisation en
termes réels
Avec le même souci de cohérence, il est également possible de calculer les flux de liquidité liés
à un projet en actualisant les flux exprimés en termes réels à un taux d’actualisation également
exprimé en termes réels.
Les flux en termes réels se déduisent des flux exprimés en valeur nominale en divisant ces
derniers par un facteur d’inflation qui est habituellement calculé à partir de l’évolution
prévisible de l’indice général des prix de détail. De la même manière nous déterminons le taux
d’actualisation réel à partir du taux nominal.
- Selon l’approche en valeur nominale, la somme des flux actualisés est donnée par la relation :
𝑛
𝐹𝑡
∑
(1 + 𝑇𝑁 )𝑡
𝑡=1
- Selon l’approche en termes réels, la somme des flux actualisés est donnée par la relation :
𝑛 𝐹𝑡
(1 + 𝐼)𝑇
∑
(1 + 𝑇𝑅 )𝑡
𝑡=1
1 1
Pour que cette relation soit vérifiée, il faut que : 1+𝑇 = (1+𝐼)(1+𝑇 , ce qui permet de déduire
𝑁 𝑅)
La valeur actuelle des flux exprimés en valeur nominale et en termes réels sont donnés par le
tableau suivant :
Année 0 1 2 3 4 5
Flux nominaux en u.m courante (1) - 6 057 394 514 1 494 2 713 4 790
Facteur d’inflation à 8 % (2) 1 1,08 1,1664 1,2597 1,3604 1,4693
Flux exprimés en termes réels (1)/(2) - 6 057 365 441 1 186 1 994 3 260
Valeur actuelle à 3,7 % - 6 057 352 410 1 064 1 724 2 718
La valeur actuelle des disponibilités futures s’élève à 6 268 qui est supérieure au décaissement
initial : - 6 057 + 6 268 = + 211. Nous remarquons que les deux approches (en valeur nominale
– en termes réels) sont équivalentes au niveau du résultat.
Un projet d’investissement ne doit être accepté que si sa réalisation a pour effet d’augmenter le
patrimoine des actionnaires. De même un projet donné ne sera préféré à un projet concurrent
que si contribution à la valeur de l’entreprise est plus importante. La question qui se pose :
comment mesurer cette contribution ? Pour répondre à cette question, l’investisseur a besoin de
critères permettant de décider de réaliser l’investissement ou non ou de pouvoir choisir entre
plusieurs projets concurrents.
En pratique, il existe deux catégories de critères : ceux qui tiennent compte de la valeur
temporelle de l’argent et ceux qui l’ignorent.
4.1 Le critère de la valeur actuelle nette (VAN)
4.1.1 Définition
La VAN d’un projet d’investissement mesure la contribution de ce projet à la valeur de
l’entreprise, c-à-d l’augmentation (ou la diminution) de valeur qui résulterait de la réalisation
du projet. Le calcul de la VAN débouche sur un critère de choix d’investissement : critère
d’acceptation ou de rejet dans le cas d’un projet unique ; critère de classement dans le cas de
projets multiples.
4.1.2 Calcul
La VAN est égale à la somme algébrique des flux relatifs au projet d’investissement exprimés
en valeur actuelle. Les flux sont des flux de liquidité appelés aussi cash-flows et qui peuvent
être négatifs ou positifs.
𝐹 𝐹
𝑉𝐴𝑁 = ∑𝑡=𝑛 𝑡
𝑡=0 (1+𝑘)𝑡 ou 𝑉𝐴𝑁 = −𝐼𝐼 + ∑𝑡=𝑛 𝑡
𝑡=1 (1+𝑘)𝑡
Avec :
- 𝐹𝑡 : le cash-flow de l’année t
- 𝐼𝐼 : l’investissement initial (le signe moins reflète qu’il s’agit d’un décaissement)
4.1.3 Règle de décisions
Le critère de la VAN constitue un critère de choix dans le cas d’un seul projet :
- Un projet est accepté si sa VAN est positive. Ceci signifie que le projet augmente la
valeur de l’entreprise et par conséquent la richesse des actionnaires ;
- Un projet est rejeté si sa VAN est négative.
Le critère de la VAN constitue également un critère de classement : il s’agit de préférer le projet
qui a la VAN la plus élevée.
4.1.4 Comportement de la VAN
Le montant de la VAN d’un projet évolue en fonction du taux d’actualisation utilisé. En toute
logique, plus le taux d’actualisation augmente, plus la valeur actuelle des flux diminue et plus
la VAN diminue. Ceci est parfaitement exact lorsque le projet d’investissement s’effectue
chronologiquement selon la logique courante, c-à-d : une mise de fonds initiale suivie par des
gains retirés de l’investissement tout au long de sa durée de vie, soit un flux négatif suivi par
des flux positifs.
En revanche, il en va tout autrement, lorsque le profil des flux de liquidité de l’investissement
s’écarte du schéma traditionnel qui vient d’être décrit. La VAN évolue alors en fonction du taux
d’actualisation selon des courbes de comportement dont il importe de connaître les
caractéristiques.
4.1.4.1 Le profil de décroissance continue
C’est le cas de l’investissement traditionnel, illustré par l’exemple suivant :
Année 0 1 2 3 4
Flux - 1 000 + 400 + 400 + 400 + 400
VAN
600
VAN>0
Taux d’actualisation
20% 25%
VAN<0
Nous remarquons que la VAN diminue à mesure que le taux d’actualisation augmente. Elle
change de signe pour un taux d’actualisation compris entre 20 % et 25 %. La VAN se comporte
selon un profil de décroissance continue.
4.1.4.2 Le profil de croissance continue
Ce deuxième cas est illustré par l’exemple suivant : le projet examiné consiste à construire une
piscine publique et à l’exploiter pendant 4 ans pour en faire don ensuite à une collectivité locale.
L’investissement se monte à 2 000. Il est amortissable sur 4 ans et ne dégagera donc aucune
plus-value lors de la cession finale à titre gratuit.
De son coté, la collectivité locale concernée donne dés le départ une subvention de 3 000. En
contrepartie, elle exige cependant que la piscine fonctionne pendant 4 ans avec deux fois plus
de personnel que nécessaire, si bien que le solde entre les recettes et les dépenses d’exploitation
sera déficitaire tout au long de la période et atteindra – 360 / an. Les données relatives au projet
sont résumées ainsi :
Année 0 1à4
Investissement initial - 2 000
Subvention reçue + 3 000
Recettes d’exploitation 900
Dépenses d’exploitation 1 260
Flux nets annuels + 1000 - 360
VAN>0
VAN
15%
Taux d’actualisation
20%
VAN<0
- 440
Nous remarquons que la VAN augmente à mesure que le taux d’actualisation augmente. Elle
change de signe pour un taux d’actualisation compris entre 15 % et 20 %. La VAN se comporte
selon un profil de croissance continue.
4.1.4.3 Le profil cuvette
Reprenons le cas de l’investissement traditionnel et supposons que les fournisseurs proposent
d’accorder un délai de paiement sur 2 ans pour une partie du matériel. Parallèlement, les clients
proposent d’effectuer un paiement d’avance dès l’année 0 pour les produits qui leur seraient
livrés dans les 2 premières années à la condition qu’une réduction de prix leur soit accordée sur
les produits concernés. Les flux relatifs à cette variation du projet sont alors :
Année 0 1 2 3 4
Flux + 805 - 800 - 800 + 400 + 400
VAN
VAN>0
5% 15% 20%
Taux d’actualisation
0
VAN<0
Nous remarquons que la VAN diminue puis augmente à mesure que le taux d’actualisation
augmente. Elle change de signe deux fois : une première fois pour un taux d’actualisation
compris entre 0 % et 5 % et une deuxième fois pour un taux d’actualisation compris entre 15 %
et 20 %. La VAN se comporte selon un profil cuvette.
4.1.4.3 Le profil Alpin
Le projet consiste à installer et exploiter un réseau de remontées mécaniques pendant une durée
de 2 ans. Il est entendu qu’au terme de ces deux années, l’investisseur doit démonter les
installations à ses frais, procéder au reboisement des pentes et plus généralement remettre le
site en état. Le projet se caractérise par les flux suivants :
Année 0 1 2 3 4
Flux - 8 000 + 14 000 + 14 000 - 14 000 - 14 000
VAN
VAN>0
30% 100%
Taux d’actualisation
40% 90%
VAN<0
Nous remarquons que la VAN augmente puis diminue à mesure que le taux d’actualisation
augmente. Elle change de signe deux fois : une première fois pour un taux d’actualisation
compris entre 30 % et 40 % et une deuxième fois pour un taux d’actualisation compris entre
90 % et 100 %. La VAN se comporte selon un profil Alpin.
4.2 Le critère du taux de rentabilité interne (TRI)
4.2.1 Définition
Le TRI est un taux d’actualisation pour lequel la VAN du projet est nulle. Il représente le taux
maximal pour lequel le capital investi à ce taux dans le projet n’engendre aucune perte ni aucun
bénéfice.
4.2.2 Calcul
Le TRI est le taux d’actualisation pour lequel la VAN est nulle. Ce qui signifie que le TRI
𝐹
correspond au taux k pour lequel ∑𝑛𝑡=0 (1+𝑘)
𝑡
𝑡
= 0.
Exemple :
Soit un projet caractérisé par les flux suivants :
Année 0 1 2 3 4
Flux - 1 000 + 400 + 400 + 400 + 400
En faisant varier le taux d’actualisation (voir ci-dessus), nous remarquons que la VAN change
de signe pour un taux d’actualisation compris entre 20 % et 25 %. Pour calculer le TRI, nous
allons utiliser la méthode de l’interpolation linéaire :
k = 20 % VAN = 35
k=x VAN = 0
k = 25 % VAN = - 55
𝑥 − 0,2 0,25 − 0,2
=
0 − 35 −55 − 35
Le TRI = 21,94 %.
4.2.3 Règle de décision
Le critère du TRI constitue un critère de choix dans le cas d’un seul projet :
- Un projet est accepté si son taux d’actualisation est inférieur au TRI car ce dernier
constitue un taux limite d’actualisation ;
- Un projet est rejeté si son taux d’actualisation est supérieur au TRI.
Le critère du TRI constitue également un critère de classement : il s’agit de préférer le projet
qui a le TRI le plus élevé.
Cette règle de décision devrait être utilisée avec prudence. En effet, le critère du TRI présente
un certain nombre de faiblesses.
4.2.4 Les faiblesses du TRI
Les faiblesses du TRI sont :
1- Le TRI est insensible aux signes des flux
Considérons deux projets A et B dont les flux sont identiques en valeur absolue, mais de signes
opposés :
Année 0 Année 1 Année 2
Projet A + 1 000 - 1 500 + 100
Projet B - 1 000 + 1 500 - 100
TRIA = 43 % ; supposons que le taux d’actualisation soit égal à 15 %, alors le projet A serait
acceptable. Or, le TRIB = 43 % alors que les flux du projet B sont de signes opposés à ceux du
projet A. Quel projet retenir ?
Représentons graphiquement l’évolution des VAN des projets A et B en fonction du taux
d’actualisation :
VAN
TRIA=TRIB=43%
Taux
15%
Projet A Projet B
Nous remarquons que la VAN du projet B se comporte selon le profil de décroissance continue
alors que celle du projet B se comporte selon le profil de croissance continue. Pour k = 15 %,
c’est le projet B qui sera accepté.
2- Un projet peut présenter plusieurs TRI
C’est le cas du projet dont la VAN se comporte selon le profil cuvette ou le profil Alpin.
Dans l’exemple du projet dont la VAN se comporte selon le profil cuvette, la VAN s’annule
deux fois. Une première fois pour un taux compris entre 0 et 5 %, soit un TRI1 = 1,4 % et une
deuxième fois pour un taux compris entre 15 % et 20 %, soit un TRI2 = 17 %. La VAN est
positive pour des taux d’actualisation inférieurs au TRI1 ou supérieurs au TRI2.
Dans l’exemple du projet dont la VAN se comporte selon le profil Alpin, la VAN s’annule deux
fois. Une première fois pour un taux compris entre 30 % et 40 %, soit un TRI1 = 32,8 % et une
deuxième fois pour un taux compris entre 90 % et 100 %, soit un TRI2 = 95,2 %. La VAN est
positive pour des taux d’actualisation supérieurs au TRI1 ou inférieurs au TRI2.
3- Un projet peut n’avoir aucun TRI
Considérons un projet défini par l’échéancier de flux suivant :
Année 0 1 2
Flux + 1 000 - 3 000 + 2 500
VAN
Aucun TRI
Taux
Dans ce cas le projet est accepté quel que soit le taux d’actualisation.
Considérons un autre projet défini par l’échéancier de flux suivant :
Année 0 1 2
Flux - 1 000 + 3 000 - 2 500
VAN
Taux
Aucun TRI
Dans ce cas le projet est rejeté quel que soit le taux d’actualisation.
4- Le TRI peut contredire la VAN
Considérons deux projets A et B dont les flux se présentent comme suit :
Projet A B
Coût de l’investissement - 38 100 - 38 100
Flux année 1 18 100 0
Flux année 2 18 100 18 000
Flux année 3 18 100 40 620
1- Quel projet retenir en se référant au critère de la VAN si le taux d’actualisation est égal
à 10 % ?
2- Quel projet retenir en se référant au critère du TRI ?
En se basant sur le critère de la VAN, il faut retenir le projet B car : VANB = 7 292 > VANA =
6 912.
En se basant sur le critère du TRI, il faut retenir le projet A car : TRIA = 20,032 % > TRIB =
17,45 % > k = 10 %.
Nous remarquons que le critère de la VAN et le critère du TRI peuvent aboutir à des décisions
contradictoires. Dans ce cas quel critère retenir ? Et quel projet choisir ?
Afin de pouvoir répondre à ces questions, nous allons présenter sur un même graphique les
courbes d’évolution des VAN des projets A et B en fonction de l’évolution du taux
d’actualisation.
VAN
Projet B
VANA = VANB
TRIA = 20,032 %
Taux
TRIB = 17,45 %
TP : Taux pivot
Projet A
Pour un taux d’actualisation égal à TP, les deux projets ont des VAN égales. Ce taux constitue
ainsi un taux d’indifférence. On est indifférent entre le projet A et le projet B.
Pour un taux d’actualisation inférieur au taux pivot, le projet B est préféré au projet A comme
pour le critère de la VAN.
Pour un taux d’actualisation supérieur au taux pivot, le projet A est préféré au projet A comme
pour le critère du TRI.
Le taux pivot correspond au taux d’actualisation pour lequel les VAN des deux projets sont
identiques, soit : VANA = VANB ; ou encore : VANA – VANB = 0
[18100(1 + 𝑡𝑝 )−1 + 18100(1 + 𝑡𝑝 )−2 + 18100(1 + 𝑡𝑝 )−3 − 38100]
− [18000(1 + 𝑡𝑝 )−2 + 40620(1 + 𝑡𝑝 )−3 − 38100] = 0
−3
18100(1 + 𝑡𝑝 )−1 + 100(1 + 𝑡𝑝 )−2 − 22520(1 + 𝑡𝑝 ) =0
La recherche du taux pivot s’effectue de la même façon que celle pour le TRI, c-à-d en utilisant
la méthode de l’interpolation linéaire. Ce qui nous donne un taux pivot (ou taux d’indifférence)
= 11,28 %.
4.3 Le critère de l’indice de profitabilité
4.3.1 Définition
L’indice de profitabilité (IP) exprime une rentabilité relative par rapport au montant de
l’investissement initial.
4.3.1 Calcul
Le critère de l’indice de profitabilité consiste à rapporter la somme des flux de liquidité
actualisés générés par le projet au montant de l’investissement initial. Soit :
𝐶𝐹𝑡
∑𝑡=𝑛
𝑡=1 (1 + 𝑘)𝑡
𝐼𝑃 =
𝐼𝐼
Ou encore :
𝑉𝐴𝑁
𝐼𝑃 = +1
𝐼𝐼
4.3.3 Règle de décision
Le critère de l’indice de profitabilité constitue un critère de choix dans le cas d’un seul projet :
- Un projet est accepté si son indice de profitabilité est supérieur à 1 et/ou supérieur à une
norme fixée par l’entreprise ;
- Un projet est rejeté si son indice de profitabilité est inférieur à 1 et/ou inférieur à une
norme fixée par l’entreprise.
Le critère de l’indice de profitabilité constitue également un critère de classement : il s’agit de
préférer le projet qui a l’indice de profitabilité le plus élevé. Il est surtout utilisé pour comparer
plusieurs projets d’investissement ayant des montants d’investissements initiaux différents.
4.4 Le critère du taux interne de rentabilité intégré (TIRI)
Certains auteurs préconisent de remplacer la méthode du TRI par la méthode du TIRI. Celle-ci
suppose le placement des cash-flows intermédiaires dégagés par le projet à un taux de
placement donné. Le TIRI est le taux d’actualisation qui donne l’équivalence entre le
décaissement initial et la valeur actuelle de la somme acquise en fin de période du placement
des cash-flows intermédiaires.
Soit g : le taux de placement
La valeur acquise du cash-flow de l’année 1 placé au taux g pendant n-1 périodes est :
𝐶𝐹1 (1 + 𝑔)𝑛−1 ;
La valeur acquise du cash-flow de l’année 2 placé au taux g pendant n-2 périodes est :
𝐶𝐹2 (1 + 𝑔)𝑛−2 ; etc.
Soit A : la somme acquise en fin de période
𝑛
𝐴 = ∑ 𝐶𝐹𝑡 (1 + 𝑔)𝑛−𝑡
𝑡=1
Quel serait le TIRI du projet sachant que les cash-flows intermédiaires peuvent être placés au
taux de 10 % ?
A la fin de la 5ème année, les flux de trésorerie obtenus sont :
99(1 + 0,1)4 + 257(1 + 0,1)3 + 379(1 + 0,1)2 + 430(1 + 0,1)1 + 675 = 2094
Le TIRI est le taux auquel il faut placer le montant correspondant à l’investissement initial pour
obtenir 2094 en fin d’année 5, soit :
2094(1 + 𝑇𝐼𝑅𝐼)−5 = 1096
Ce qui donne un TIRI = 13,82 %.
Le critère du TIRI constitue un critère de choix dans le cas d’un seul projet :
- Un projet est accepté si son taux d’actualisation est inférieur au TIRI et/ou inférieur à
une norme fixée par l’entreprise ;
- Un projet est rejeté si son taux d’actualisation est supérieur au TIRI et/ou supérieur à
une norme fixée par l’entreprise.
Le critère du TIRI constitue également un critère de classement : il s’agit de préférer le projet
qui a le TIRI le plus élevé.
Les critères présentés jusqu’à ce niveau tiennent compte de la valeur temporelle de l’argent. En
pratique, il existe également d’autres critères qui ignorent la valeur temporelle de l’argent dont
le délai de récupération et le taux de rendement comptable.
4.5 Le délai de récupération
Appelé aussi : délai ou période de remboursement, délai de recouvrement, pay-back period, …
4.5.1 Définition
Le délai de récupération (DR) d’un investissement est le nombre d’années nécessaires pour que
les encaissements cumulés compensent le montant de l’investissement initial.
Exemple : soit le projet caractérisé par les flux suivants :
Année 0 1 2 3 4
Flux - 1 000 + 500 + 500 + 400 + 400
Selon le critère du DR, on indifférent entre les deux projets car DRA = DRB = 4 ans. Or, au taux
d’actualisation de 15 % par exemple, VANA = - 237 > VANB = - 336.
Pour pallier à cette limite, certains auteurs calcul un délai de récupération en utilisant des flux
de liquidité actualisés.
- Les flux postérieurs au DR sont exclus de l’analyse
Soient deux projets caractérisés par les flux suivants :
Année 0 1 2 3 4 5 6
Projet C - 1 000 + 250 + 250 + 250 + 250 0 0
Projet D - 1 000 + 100 + 200 + 300 + 400 + 400 + 350
Selon le critère du DR, on indifférent entre les deux projets car DRC = DRD = 4 ans. Or, au taux
d’actualisation de 15 % par exemple, VAND = + 14 > VANC = - 286.
- Le seuil fixé pour le DR n’est pas un seuil de rentabilité. La VAN du projet ayant un
DR inférieur au seuil fixé par l’entreprise n’est pas nécessairement positive.
4.6 Le taux de rendement comptable
4.6.1 Définition
Le taux de rendement comptable (TRC) mesure la rentabilité générée par unité de capital
investi.
4.6.2 Calcul
Le TRC (appelé aussi : Return On Investment (ROI)) est défini par le ratio des deux grandeurs
suivantes :
- le résultat d’exploitation comptable après impôt que le projet dégage en moyenne sur
l’ensemble de sa durée de vie ;
- la valeur nette comptable de l’investissement mesurée en moyenne sur la durée de vie du
projet.
Exemple :
Considérons un investissement qui nécessite au départ l’acquisition d’un matériel au prix de
10 000 amortissable en linéaire sur 3 ans.
Année 1 2 3
Chiffre d’affaires 6 000 8 000 10 000
- charges d’exploitation (hors
amortissements) 1 576 2 849 4 122
= EBE 4 424 5 151 5 878
- dotation aux amortissements 3 333 3 333 3 333
= Résultat d’exploitation avant impôt 1 091 1 818 2 545
- impôt 272,75 454,5 636,25
= Résultat d’exploitation après impôt 818,25 1 363,5 1 908,75
Le résultat d’exploitation après impôt moyen est don : (818,25 + 1 363,5 + 1 908,75) / 3 =
1 363,5.
L’investissement moyen est déterminé ainsi :
Année 1 2 3
Valeur en début d’année (1) 10 000 6 667 3 334
- dotation aux amortissements 3 333 3 333 3 334
= valeur finale en fin d’année (2) 6 667 3 334 0
Valeur moyenne de l’année [(1) +(2) /2] 8 333 5 000 1 667
Lorsque des projets ont des durées de vie différentes, les critères utilisés précédemment
deviennent moins pertinents. Il est courant de retenir des critères très empiriques pour évaluer
le projet le plus intéressant, tel que :
- Le critère du plus petit commun multiple des durées de vie (PPCM)
Soit un projet A d’une durée de vie de 3 ans et un projet B d’une durée de vie de 5 ans. La durée
sur laquelle les projets devraient être évalués est égale à 15 ans (le PPCM de 3 et 5). On suppose
que le projet A se répètera 5 fois à l’identique et que le projet B se répètera 3 fois à l’identique.
Cette procédure parait irréaliste dans une conjoncture difficilement prévisible sur 15 ans.
- Retenir la durée de vie la plus courte
Retenir la durée de vie la plus courte des deux durées de vie à condition de prendre en compte
la valeur résiduelle de l’investissement le plus long à la fin de l’année d’étude lorsqu’on évalue
le projet ayant la durée de vie la plus longue.
- Retenir la durée de vie la plus longue
Retenir la durée de vie la plus longue des deux durées de vie à condition de considérer que les
sommes provenant de l’investissement le plus court seront placées jusqu’à la fin de l’année
d’étude lorsqu’on évalue le projet ayant la durée de vie la plus courte.