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29/10/2007
L’art vient du latin « ars » qui signifie l’habileté manuelle, à rapprocher du grec « tekné » relatif à la
technique. A l’origine, l’art, c’est ce qui met en œuvre un savoir faire, notamment manuel. C’est à
partir du 18e s que l’art va renvoyer à l’ensemble des activités humaines qui sont consacrées à la
production de ce qui est beau. L’artiste est un créateur d’œuvres qui sont susceptibles d’être estimées
belles.
Pour HEGEL, l’art permet de prendre conscience de nos idées les plus élevées et enfin de leur donner
une réalité par le biais de l’œuvre d’art. Cette relation entre l’art, l’argent et le pouvoir est ancienne.
Elle nous renvoie à la notion de mécénat. L’étymologie de ce terme est intéressante car elle nous
renvoie à Mécène, qui était un ministre d’Auguste qui a encouragé Virgile ou Horace. Andy WARHOL
disait que « l’art des affaires est l’étape qui succède à l’art »
C’est une relation ancienne qui n’a pas qu’une connotation négative. Y’a t il eu une dérive, des
errements coupables, à quoi cela va servir ?
L’art, l’argent, le pouvoir sont des notions a priori étrangères l’une à l’autre mais elles ont toujours été
étroitement liées dans une relation ambiguë, mais cependant nécessaire.
L’art, l’argent et le pouvoir sont des valeurs a priori opposées, mais pourtant elles entretiennent des
rapports anciens
Les valeurs véhiculées par ces notions peuvent paraître antinomiques. Toutes ces valeurs s’opposent à
tout ce qui relève de l’économie, du pouvoir. Pourtant, l’histoire nous rappelle que sans argent, sans
aide officielle, l’artiste se trouve bien démuni.
Les valeurs véhiculées par l’art et celles qui régissent le monde de l’argent sont donc des
valeurs opposées, il est donc difficile de concilier l’indépendance de l’artiste et les exigences d’un
marché, ou encore les attentes de ceux qui voient dans l’artistique un moyen de concrétiser leur
pouvoir.
L’art est porteur d’un certain nombre de valeurs, tandis que l’argent est une
notion purement matérielle qui fait notamment appel à l’idée de rentabilité. Cela s’oppose à l’idée de
création qui doit théoriquement accompagner la démarche de l’artiste. Comment dans un tel contexte
va t on pouvoir favoriser l’émergence de nouvelles formes d’art qui ne sont pas jugées comme
rentables à court terme ou si elles ne correspondent pas à un canon de l’esthétique ?
En effet, valeur marchande et valeur artistique ne concordent pas toujours. Il
existe un marché de l’art, notamment dans le milieu de la peinture. Evidemment, ce marché ne laisse
pas forcément place à la nouveauté. On parle de marché de l’art à partir de la 2 e moitié du 20e s. C’est
par exemple, le rejet de l’école impressionniste au 19e tant par le pouvoir que par l’établissement.
C’est la question de prégnance de l’art officiel. C’est le débat qui a été relancé il y a quelques années
par la « loi musée » qui permettait de déclasser un certain nombre d’œuvres d’art afin de pouvoir les
aliéner. L’idée était de faire tourner les réserves des musées. Certains ont considéré que cette loi avait
un effet pervers, celui d’être une menace pour les œuvres d’art dites « mineures » ou pas
consensuelles.
Il apparaît aussi l’idée de l’inflation des prix. Par exemple, le tableau « les
tournesols » de Van Gogh a été vendu pour la somme de 82 millions de dollars dans les années 1990.
On se retrouve dans certains cas, face à des œuvres qui avait uniquement une valeur d’investissement.
Dans les années 1980-1990, beaucoup de banques et de sociétés d’assurance ont acheté des œuvres
d’art non pas pour les exposer, mais pour investir et les laisser dans des coffres forts.
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L’artiste est confronté au problème lié à son indépendance. Or, comment
l’assurer lorsque l’on est devenu artiste « officiel » ? Par exemple, Molière était présenté comme un
artiste contestataire toute en étant un artiste de la cour. C’est le cas aussi de Mozart. Ou encore
d’Ismail KADARE, écrivain libanais qui a longtemps été présenté comme la réussite d’un pouvoir
politique qui a fuit son pays car, il ne voulait plus être instrumentalisé.
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Ce rapport, certes ambiguë, reste donc nécessaire pour la survie même de la création artistique.
Même s’il faut peut être le regretter, l’art ne peut guère échapper à la logique
économique. L’art a donc un coût, et l’artiste a besoin d’être reconnu, c’est la raison pour laquelle
gravite dans ce monde un certain nombre d’acteurs dont l’entreprise
L’art est un moyen de communication. Il ne peut pas rester confidentiel,
donc il a un coût de diffusion. L’artiste n’échappe pas à une logique de marché, c’est à la fois un
producteur et un vendeur.
Mais le créateur a aussi besoin d’un soutien. C’est le prince qui va intervenir.
C’est du pouvoir que vient souvent l’impulsion. L’histoire de l’art se confond souvent avec la
recherche du mécène. C’est Bramante et Michel Ange qui ont besoin de Jules II, le Pape, pour finir la
construction de St Pierre de Rome. Niemeyer, l’artiste brésilien qui va être sollicité par Kubitschek,
président du Brésil, pour la réalisation de Brasilia. C’est Le Corbusier qui considérait que « seul un
état fort peut être garant de l’intérêt collectif en matière d’architecture ».
La seule évolution notable, c’est l’intervention de l’entreprise dans le monde
du mécénat. Elle nous vient du monde anglo-saxon. Plus de 5% des dépenses de promotion des
sociétés aujourd’hui, est couvert par l’intervention des entreprises dans le monde du sport et de la
culture. Les objectifs sont d’évidence, ils sont de communication, d’image et de motivation du
personnel. On pense à l’achat du tableau de Van Gogh, ou encore à la BNP, Air France ou encore la
fondation Cartier. Cela peut être pour redorer une image positive. En outre, il existe des incitations
fiscales pour le mécénat comme la loi de 2003.
Parce que l’art est considéré parfois comme une marchandise, il n’échappe
pas aux lois du marché, mais parce qu’il participe de notre patrimoine, les pouvoirs publics comme
l’Etat sont justifiés à intervenir pour éviter que l’art ne soit considéré que comme une seule et unique
marchandise.
Art, argent et pouvoir sont liés de longue date sans que l’ont sache vraiment
qui entraîne qui. Cette relation d‘amour est conflictuelle et passionnée, et c’est ce qui la rend pérenne.
Judith Benhamou-Huet : ed Assouline : « art business, le marché de l’art ou l’art des marchés »
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« l’art est un autre nom de la propagande » Marc Fumaroli (sociologue français)