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SALUT L'ARTISTE
,,
DECADAIRE
civilisalwn française
de traditùm catlw/ique
et de
Abonnement
1 an 600 Frs,
à SDB,
139 boulevard de Magenta
75010 Paris
42.80.09.33
Editorial
Salut l'artiste !
Juge-t-on un homm.e à l'aune de ses ennemis ou de ses amis ?
La question se pose, obsédante, devant les réactions à la mort de François
Mitterrand.
Convient-il de se ranger au côté des socialistes corrompus, des histrions
invertis, des intellectuels de brasserie chic, des maquereaux de la mémoire,
pour pleurer en chœur dèvant le mur des lamentations la perte du « big
boss », du « parrain », du distributeur de bonnes planques et de combines
juteuses? "
Vaut-il mieux, à l'exemple des génocideurs islamistes de Yougoslavie_et des
tapettes kagébistes du mouv~ment Vert allemand, cracher sur le cadavre
encore chaud ?
Ou bien, comm.e des millions de Français (ceux qu'en tout cas la télé nous
montre), passerons-nous par pertes et profits deux septennats de magouilles,
de gabegies, de tricheries et de mensonges pour panthéoniser le vieux filou ?
Ensevelirons-nous sous la cendre de l'oubli les nouveaux pauvres, le
chômage, les faillites, la fiscalité écrasante, le totalitarisme administratif, la
loi Gayssot, le sang contaminé, la toxicomanie galopante, l'immigration
déferlante, les comm.unistes installés au gouvernement, les gangsters faits
ministres (et les ministres devenus gangsters), les Tapie, Boucheron, Max
Thé~et, Pelat, Traboulsi et compagnie, le« Carrefour du développement», les
gendarmes sacrifiés à Ouvéa, les tueurs d'Action directe remis en liberté, les
écoutes de l'Elysée ... ?
Aurons-nous à ce point, comm.e disait le Maréchal du temps que le défunt
portait sa .francisque, « la mémoire courte » ?
Certainement pas.
Pour autant, on ne nous empêchera pas de dire que le vieux avait du
panache, du culot, -de la morgue et une formidable réserve de mépris pour la
valetaille qui l'entourait.
On ne .nous fera pas oublierle fameux« Non! Non! Non et non!» qui sonne
encore à de certaines oreilles, ni l'arrogance avec laquelle il parlait de Dieu à
ce monde impie et maçonnisé.
En somme, on ne nous enlèvera pas de l'idée que le seul drame de cet
homm.e est de s'être trompé.
S'il avait écrit des livres plutôt que de gribouiller !'Histoire, nous saluerions
aujourd'hui un écrivain de droite.au lieu de voir partir un politicien de
gauche.
,
1fllll.!.
Un des gags les
plus récurrents
~ auxquels aura
donné lieu la mort de Mit-
Nouvelles d
terrand porte sur les "révéla-
tions". A lire la presse, entre LE CLOWN EST MORT APRES QUA
deux encensements, tout a
été révéli par tout le monde.
"L'Evénement du jeudi" Tant pis pour les conve- Au fond, lorsque l'on dans cette métamor-
aurait révélé "le passé nances : l'homme qui regarde le visage impas- phose le souci constant
vichyste", "Le Monde" vient de disparaître était sible du "sphinx", ne de la gauche pour la
aurait révélé "la vérité sur le plus grand farceur que retrouve-t-on pas l'inef- défense de la dignité des
la maladie", "Match" la terre ait porté depuis fable Buster Keaton ? travailleurs.
aurait révélé "la fille natu- longtemps. De même, le choix des Le prestidigitateur entre
relle" etc. La vérité, c'est que La chose, si l'on veut ministres n.e paraît-il pas alors en piste pour un
ces gens-là n'ont rién révélé bien s'y arrêter un ins- avoir été décidé à la lec- formidable numéro
qui ne fût paru dix ans tant, est évidente et sym- ture de I' Almanach Ver- d'illusion qui, au Salon
plus tôt dans "Minute". · bolisée, d'une façon tel- mot ? Qui peut croire du Bourget, fait dispa-
lement criante que que c'est par hasard que raître les missiles des
GAG BIS personne n'a osé la ce fou des mots qu'était avions de chasse vendus
1fllll.!. A écouter les gens remarquer, par ce simple Mitterrand a placé Cres- par la France.
~ qui racontent fait : Shimon Perez, pre- son à l'Agriculture, Le Puis, c'est la grande
aujourd'hui dans mier ministre israélien, Pensec à la Mer, Lorrain parade. A Bujumbura,
la presse, à la radio ou à la est le seul homme poli- aux Anciens Combat- capitale d'un des pays
télé leur "déjeuner en tête à tique au monde (France tants, Lai umière à la les plus déshérités du
tête avec Mitterrand", on comprise) qui ait été Fonction publique (EDF), tiers-monde, le sommet,
comprend qu 'il ait été en autorisé à assister aux Rausch à l'extérieur? baptisé par dérision "du
mauvaise santé : il devait obsèques privées de Mit- Comme pour montrer développement", sera un
Jaire au moins six repas par terrand, dernier voyage à tout le dérisoire de ce sommet de rigolade.
jour. l'issue duquel il retrou- jeu ministériel où l'on On distribue aux Nègres
vera son ami René Bous- peut mettre n'importe des baudruches qui
A GAUCHE ... quet, chef de la police de qui n'importe où (y com- exploseront, libérant des
1fllll.!. "Mitterrand étu- Vichy. pris Nallet, trésorier du pièces d'or que les orga-
~ diant. Sur la pho- C'est à croire que toute PS à la Justice). nisateurs du spectacle
to, il est à l'action. politique de Mit- Et les choses sont allées confisqueront aussitôt
gauche. " C'est la ligende terrand, depuis l'entrée ainsi pendant quatorze sous les rires et les
d'un vieux cliché publié par de clown du Panthéon où ans, comme a:u cirque. applaudissements.
"Libé"; détail: cette photo a il faisait sortir des roses Roulements de tambour Un des effets comiques
été prise au cours d'une de sa manche derrière et de tonnerre à la Bas- favoris de Mitterrand
manifestation estudiantine les piliers du temple, tille, illumination de la aura été l'antiphrase.
organisée contre l'ouverture jusqu'à cet invité para- piste. Monsieur Déloyal Vieille entrée de clown
de l'université aux étran-
doxal dans le cimetière annonce : "La France qui consiste à dire "je
de Jarnac, en passant passe de l'ombre à la m'en vais par la gauche"
gers. Les banderoles indi-
par le tour de prestidigi- lumière". quand on arrive par la
quaient "Dehors les
tation du cancer annoncé Et le spectacle com- droite.
métèques!"
à la veille du referen- mence. ,Ainsi, le coup de l'anti-
Mais "Libé" ne le dit pas.
dum, semble avoir été Scène d'entrée : le phrase devint-il .un des
placée sous le signe du matraquage en règle gags répétitifs les plus
LE PASSE
"private joke", comme devant une centrale courus des deux septen-
J Cette photo fut
retrouvée dans la
presse des années
disent les Anglais. nucléaire des militants nats. Exemples, les dis-
Regardez sa tenue favo- écolos dont le candidat cours formidablement
rite : ce grand manteau vient de sé désister en hilarants sur "l'indépen-
30 par Vincent Acker, alors
noir et ce chapeau à faveur de Mitterrand. dance de la justice", "la
chef des informations de
làrge bord. Ne dirait-on Puis, les sidérurgistes séparation des pou-
"Minute". Elle fut publiée
pas, vraiment, une de lorrains qui, inquiets voirs", "le respect des
en 1985 dans le cadre
ces "silhouettes" que les pour leur emploi, avaient pauvres", "l'argent qui
d'une série d'enquêtes sur le grands clowns aiment à conduit les cortèges de corrompt", "le progrès
passé de Mitterrand qui imposer et dont la sim- l'opposition à Giscard, social", "intégration et
révélait pour la première fois plicité austère est pro- sont transformés en culture", "morale et poli-
l'engagement à l'extrême portionnelle au talent du Schtroumpfs. Le peuple tique". On en oublie.
""""'=========~ , comique ? applaudit, reconnaissant Au passage, rappelons
J "Le Monde"
n'avait publié, à
['époque, que la
Autres Nouvelles
réaction de Mitterrand à ces
artides : « "Minute m 'enter-
re tous les jours ; ils finiront
par avoir raison"». Cita- Racisme antifrançais : de Karim en Sylla
tion accompagnée d'un com-
mentaire fielleux sur les
'a.~tualité de ces_ der- jeunes Négresses se ser- municipalité d'un Bonne-
"prétendues révélations de
l'hebdomadaire d'extrême
droite".
Non seulement ils sont nuls,
L nieres semaines vent sur un plateau chez
montre encore à un commerçant d'articles
quel point les Français de sport de Vitry-sur-
maison dont on ne se
recommande pas, est
démantelé par la police.
mais en plus ils sont sont persécutés dans leur Seine, d'ethnie cauca- Venue de la sinistre cité
piqueurs. propre pays. sienne, cela va de soi. Salvador Allend, ils
Pas une journée qui Après l'avoir aspergé avec dépouillaient les automo-
PORTRAIT n'apporte son lot de une bombe lacrymogène, bilistes aux feux rouges
J On avait du ·
mal, lundi soir;
à garder son
pillages, de meurtres, de elles lui volent pour plu-
viols, d'agressions. sieurs milliers de francs
Comme si cela ne suf- de marchandise.
(avec une préférence mar-
quée pour les femmes ... ).
Le 28, un gang de vingt
sérieux devant l'oraison L'enquête, menée Turcs est interpellé à Metz
fisait pas, la presse se
funèbre prononcée par Chi-
complaît dans l'incitation directement par la police dans une affaire de trafic
rac en se .s ouvenant du
à la haine, l'appel au au lycée Jean-Macé de drogue.
portrait de l 'intéressé tracé
meurtre permanent (l'habitude ?)permet Le 30 novembre, à
un jour par le défunt :
"Velléitaire, vorace, vulgai- contre ceux qui . ont d'arréter les receleurs, Rennes, un concert de
re et voyou ". décidé, parfois au péril de deux autres mélano- rap est le théâtre de vio-
leur vie, de défendre les dermes lents incidents, alors que
MOT DE LA FIN Français et de lutter pour Le jeudi, tout ce petit des casseurs sévissent à
W. On pensait aussi assurer un avenir meilleur monde est libéré. Paris, à Nantes -et à Mont-
~ au mot que Léon à nos enfants. Le 23, un gang d 'Epi- pellier;
Daudet prêta à Le 21 novembre, six nay-sur-Seine, rancienne Le 2 décembre, un
Zola apprenant la mort de
Victor Hugo : "Enfin !" fAvis de chiens
AVEU
LAC-TV/lud At..€r A"
W. Saisi au vol lors AIOLl!4=/21LI .éN /!w,P$.HC.L
LE.J / 1 ~ P,C c5..€/4'WC&:
/?~ /?..€UX ,I/P$/7T.e:.s 170.LICI~
~ d'un "micro-trot- /./1 Al,?UM,1.t30NP.é:° Ç)tl~HOAI /ltl,<'/;/Pi/T ~ V I A /21M7ra
toir" télévisé, cet ~c5?C.7Z.5. L,,€,.$ VIC7/Al,!:,5.
hommage d 'une Beurette:
"Nous, on aime Mitter-
rand parce qu'il a Jait plus
pour les étrangers que pour
les Français. "
Ben voilà ...
~~t
chanter l ' "Hymne à la
joie" au Panthéon pour
l'entrée en Jonction de Ton-
ton; c'est ['Américaine
Barbara Hendrickx qui a
chanté "Le Temps des
cerises" pour son départ.
ASSOCIES
LESJEUNES SOCIALISTES
W. Or, curieusement, on vous explique sage culturel et ceux
A
~ un autre promo- u mois de· dé-
teur de l'euthana- cembre dernier puisque vous n'êtes ni qui en profitent. Et pro-
s'est tenu à la jeune ni socialiste, les posent de les combattre
sie est Schwartzenberg, le
Faculté des lettres fonctionnaires, ces en leur donnant le pou-
cancérologue politicard ex-
d'Orléans le deuxième modernes esclaves voir.
larbin de Tapie le fameux
congrès du Mouvement contraints d'être pré- C'est ça, la co.h érence
yachtman.
des jeunes socialistes. sents au bureau sept socialiste !
Comme dit ADG, le cancer
Réunion très fermée, heures par jour, cinq Autre exemple : d'une
fait décidément vivre plus de jours par semaine, ce
comme on l'imagine, à même voix encore, les
gens qu'il n 'en tue. qui leur donne à peine
laquelle, pourtant, jeunes PS exigent un
quelques individus sans le temps de faire la "parlement plus repré-
CONNEXION
~
» Autre révélation :
Crozemarie, qui se
scrupules appartenant
au Front national de la
grève payée pour la
semaine de trente
sentatif des courants
d'opinion dans la
jeunesse ont pu assister heures, le mois de société" et condam-
prétend "ingénieur en s'infiltrant dans les quinze jours et la nent, depuis les locaux
conseil", percevait des hono- lieux ( ces jeunes retraite à cinquante ans. de la fac, la distribution
raires pour des études sur fâchistes ne reculent Ensuite, nos jeunes de "tracts et affiches
divers sujets de la part d'une devant rien !). socialistes remarquent vecteurs de l'idéologie
société qui, par ailleurs, Pire : non contents de que, "au cœur même de nationaliste".
fournissait à l'ARC le s'inviter en un 'ueu où l'Union européenne, la Autrement dit, tous les
papier nécessaire à ses formi- ils n'étaient pas bienve- préférence nationale courants d'opinion doi-
dables mailings de dizaines nus (pensez à la tête du connaît un succès
vent être représentés
de millions de prospectus ... doyen si le FNJ préten- inquiétant", ce à quoi ils
sauf le nationalisme,
dait organiser un proposent, comme
"démarche politique qui
BENEFICE congrès dans les locaux remède, de "dissocier la
conduit à la victoire du
L'ARC, présidée de la fac !), les militants citoyenneté et la natio-
J par Crozemarie,
achetait à la socié-
té intermédiaire employeur
du Front de la jeunesse
ont emporté les docu-
ments qui leur ont été
nalité". Simple, non ?
Ils déplorent aussi que
''.l'uniformisation et la
FN à Toulon, à l'épura-
tion ethnique -à Sara-
jevo ou aux incendies
relativisation du fait cul- de foyers d'immigrés à
de Crozemarie. Le papier remis et notamment le
turel (sic) menacent ce Dresde" (pas un mot sur
était facturé vingt mille "Texte d'orientation pro-
lent processus qui fait la responsabilité des
francs la tonne alors qu'il posé à l'unanimité par
le Conseil national". les valeurs d'une nationalistes dans les
avait été payé moins de cinq
Pas moins ... société et l'identité d'un inondations au Bengla-
mille francs. On se demande
Les lecteurs du "Libre pays" et que la "mon- desh).
vraiment où passait la diffé-
Journal" vont donc pou- dialisation, les lieux de Mais, qu'on se rassure,
rence.
voir être informés de la décision et de pouvoir tout céla va s'arranger.
pensée politique des échappent de plus en En effet, assurent les
PRIX FORT
plus à la sphère poli- jeunes socialistes (qui .
W. Autre exemple : la jeunes socialistes en
devraient sortir plus
~ seule mise en page mouvement. tique et au contrôle
Que veulent-ils donc, démocratique". souvent des beaux
de ''Fondamental",
ces gamins roses ? Là encore, ils ont la quartiers), "l'intégration
revue de seize pages publiée
Eh bien, d'abord, ils solution : "transposer est globalement en
par l'ARC, était facturée six
constatent que "la au niveau européen une marche".
cent mille francs ! Alors que,
droite au pouvoir n'a souveraineté qui ne En somme, un docu-
dans la presse, le tarif le plus
rien compris à la colère peut plus s'exercer ment Qien réconfortant
élevé pour ce genre de travail
et aux revendications dans le cadre national". qui démontre qu'au PS
ne saurait en aucun cas
des victimes du sys- En somme, ces jeunes comme ailleurs les tra-
dépasser cinq mille francs
tème dominant". intelligences dénoncent ditions sont sauves : les
par page.
Les "victimes du sys- d'une même voix ceux jeunes sont aussi abru-
tème dominant" étant, qui refusent le métis- tis que leurs anciens.
Croq'50 des
cannibales océaniens
- rrxemple brésilien -
Succulence
et grandeur
consécutives
de l'homme.
~
1par
Carnets
~xpliqu~~m6i. lfo, p '.
Cferre CM~.
Stratég ies
'§açtci•sîijiit de.l'inv
vôûs,sans
.,·...
lâmoindr
,,.• . .
·•.;,.
(première partie)
Gioqo écrivs
C égyptien jusqu'en
de la
Reprenant
guerre froide,
une
1956, le Soudan bonne vieille tradition mique
la
visites
Jacques
pour la junte isla-
celle de
Cheminade et,
desfid;iviiês del d'Afrique, avec un peu junte islamique de Khar- surtout, d'une déléga-
lité .FN' d'Oran~e plus de 2,5 millions de toum finance le Harakat tion militaire russe. Le
;rtsrôpposer?n! a.t kilomètres carrés, dont al-Jihad al-Islami, oppo- Soudan signa avec Mos-
ti.o:p. a~ure:i.d~olo
les deux-tiers de désert. si ti on érythréenne cou un accord militaire
Les deux tiers nord du armée. Rendant la poli- visant à l'entraînement
pays sont peuplés de tesse, Asmara soutient des cadres de son
musulmans arabes et l'opposition noire ... En armée et la fourniture
bedjas (les arabes le janvier 1995, le maré- de pièces détachées. A
long du Nil, les bedjas chai Kadhafi signe un noter que cette ren -
le long de la mer accord avec le Soudan contre eut lieu grâce
Rouge}, le reste étant pour un transit d'armes aux bons offices de
peuplé de Noirs chré- à destination des Téhéran ...
tiens que les musul- milices du seigneur de En mai, le chef de la
mans considèrent guerre somalien Aïdid. junte, le général Omar
comme des esclaves. Au début du mois de Béchir, limogea son
Les Noirs se répartissent février, les chasseurs état-major plutôt incom-
entre nilotiques (ethnies chinois de l'aviation pétent : exit le général
~-
;;. . -.
dinkas, nouers, gouvernementale vio- Ibrahim Souleiman, cri-
•·• ··· un abru:tiss anouaks, shillouks ... ) et lent l'espace aérien minel de guerre notoire,
;~ire. .. ~tpes ·
,gnants. soudanais (Zandés, ougandais pour aller et le général Fayçal
;;ce gtand évén Mourlé, Komas, Bertas; bombarder un camp de Mohamed Sanada, son
( plitiqu~ 1en
Fours). La population du la SPLA (Sudanese adjoint ; remplacés par
Soudan semble être de People's Liberation le général Sayyed
25 millions d'habitants. Army}, la résistance Ahmad Sarraj et le géné-
Récemment, une noire commandée par le ral Mohamed Abdelka-
intense activité diploma- colonel John Garang, der. La ville de Juba,
ét.avanêent. Êt tique s'est déroulée appartenant à l'ethnie située au cœur de l'eth-
b&nnards d'en î dans la capitale souda- dinka qui fut souvent nie baris, importante
iÛlînerçle !...
Â, qe~demes l n ai se, de même qu'à trahie par ses frères de métropole du sud et
<pei:y;erajenr,qu Asmara, capitale de couleurs et qui contrôla pouvant devenir la capi-
l'Erythrée mais aussi de en son temps près d'un tale du Soudan noir,
la résistance noire. Fin quart du pays avant que encerclée depuis avril
décembre 1994, le Sou- le génocide de 198 7 1990 par la résistance,
dan et l'Erythrée sont ( 1,5 million de morts au est confiée au général
entrés quasiment en bas mot) ne soit lancé Farouk Ali Mohamed.
état de guerre, échan- contre son peuple. (A suivre ... )
Ce que
prophétisait
le petit
oui éch
Curé noir. ... ère d'a
uh" !J (
~ ... ·:::
lA POUBELLE OBS
SE DEVERSE SUR TOULON. • •
Par Henri de Fersan
Le directeur de la corn- fecture varoise, c'est se déculpabiliser, hai ne, abasourdi, le
munication de la ville notre seul point corn- "faire un transfert", maire-adjoint à la Cul-
de Toulon l'avait spéci- mun. Soyons plus comme disent les per- ture Louis Soccoja, un
fié dans une missive intelligents que les sonnages de Brete- pied-noir littéralement
aux vieux nazis rouges gens du "Nouvel Obs", cher. Montrer les natio- adorable, chaleureux
de "Charnier Hebdo" : ce qui ne sera pas très nalistes du doigt, les comme le simoun de
"La municipalité tou- difficile, et essayons marquer de la rouelle. là-bas.
lonnaise est chargée de comprendre le Eros et Thanatos, Quand Rudder ouvre
du ramassage des message que veut comme on le dit chez les yeux, elle couche
ordures et non de leur faire passer · à ses les psychiatres, corpo- ses fantasmes meur-
sécurité." camarades de la ration qui fournit en triers peuplés de
Dans cette perspec- .gauche friquée et fli- vrac des lecteurs au haine, d'exclusion, de
tive, la rédaction de quée la susdite. "Nouvel Obs" et des négation, de déporta-
l'hebdomadaire de la. En fait, cet article experts aux Einsatz- tion ... elle ne supporte
gauche caviar "Nouvel révèle la mauvaise kommandos. pas le portrait qu'elle
Obs" crut bon de lais- conscience de la Cinq millions d'élec- fait des gens du Front
ser en dépôt dans la gauche. L'auteur pro- teurs ravalés au rang national, ce n'est pas
préfecture du Var une jette sur le Front natio- d'objet, d'exutoire à d'eux qu'elle parle.
dénommée Chantal nal la vision de sa un ramassis de ratés. Elle s'en moque, ils
Rudder. La notion de propre abjection et de Rudder abomine ces n'existent pas à ses
service (salubrité ?) sa lâcheté maladive gens-là ; cette France, yeux. Ce sont des
public n'étant pas un qui la pousse à refuser la France, elle la hait. objets. Elle ne fait que
vain mot à Toulon, le d'admettre ses crimes. Elle ne peut la suppor- dépeindre son image
ramassage eut lieu... Rudder affiche une ter qu'humiliée, per- dans le miroir, nous
En récompense, les petite cinquantaine. vèrtie, vaincue, l'ana- parler de sa propre
Toulonnais eurent le Elle a eu vingt ans en lyse stylistique le noirceur .. .
droit à sept pages de mai 68. prouve. Elle veut reve- Trois cibles pour Rud-
haine la plus ignoble. Le transfert, la projec- nir à 1944, à l'Epura- der, trois cibles choi-
Analyser toutes les tion de tous les tion. Elle les tuerait si sies selon les critères
saloperies débitées à péchés du monde sur elle en avait le pouvoir. mêmes du racisme
la ligne par cette "jour- le Front national La photo page 16 le fondamental, non pas
naliste" dont les ini- devenu un bouc émis- révèle. A droite, Rud- pour ce qu'elles font
tiales, coïncidence saire permet à la der, la lippe haineuse, mais pour ce qu'elles
sinistre, sont les gauche de se déculpa- le regard dur, le doigt sont.
mêmes que celles de biliser des fantômes tendu comme les pro- Coupables de troubler
la Gestapo cubaine, qui la hantent. cureurs staliniens des la conscience encras-
reviendrait à recopier C'est l'œil de Caïn qui grandes purges. A sée de leurs tourmen-
son texte in extenso. hante Rudder et ses gauche, recevant le teurs : Louis Soccoja,
Rudder a passé trois pareils. choc de plein fouet, les Fraisse, Franck
semaines dans la pré- Charger le Front c'est comme fouetté par la Giletti ; un pied-noir
-•~¼)~f~~~~~i~:;~ ~~~i; ; .
une~·
êçêt\J.c9lâire~ I~s qu~ 19s _.· .
Le premier est "L'Or du
Cristobal", superbe évoca-
tion des aventures de fli -
:ii!\l!r~1ï~;:,
•·•··Q~ffe}$.~q4ér de'fairè·I.~
bustiers transposées à
l'époque moderne.
Le deuxième est "Taïa".
pproê!;îeÇ').ë!')t~vecl'~tùîv · "Ta ï a" est paru en
tif t;es Qf~iet~ µidis Sur }e . 1928, dix ans après
;.tôù:e . natioilal: Rêellemertt··
"L'Atlantide"· auquel il fait
sâht: ·.·. . · . · ., ..
:bûtion: ···. · · · songer parfois et, vrai-
oi) i ·. ment, on ne s'explique
pas quel méchant sort a
voulu qu'il reste à ce
~àhithéèoÙ§tltuê.de '' point méconnu. Pour l'in-
.-îré,ptµJ::'~~
'.~i:J::~i![fü~pjf~ijes•
çl · aspçr .est det/
• •· trigue, il vaut l'œuvre de
Pierre Benoit ; pour le
style, il est digne de Mac
JètË,êiit> . · iw.~J~~ ~àll,ès:;>
l çonvenait oncde ie(lécot). 0
._.·
Orlan (qui fut d'ailleurs le
•. ;~iÎes.~YSPtl¾tS~ sous.forme /.' meilleur ami de T'Serste-
·. êdési!ipsruiip1ê~ de Çr char >.. 0
imagination est puissante vens) ; pour le contenu
.il:fûi\~1!ir;1~;;.tijt~s;•· Albert T'Serstevens subis- et légère . Sa plume est
histo r ique, il dépasse
toutes les vulgarisations
~~t•Â~.i~~~{;~~::s1;t·
qo,;9
êœqpîe~ lij<Ji:;~
•· . s~ ëar~ \ .}
sait depuis l'inévitable
injustice du purgatoire.
Ses livres n'étaient plus
vigour euse et juste. Mais,
comme sa moral e est
aussi exigeante qu e son
du temps et, pour !,'effet
de surprise romanesque,
il l'emporte sur les plus
·ère f 9J1'r~ce n'aj~ais pér~y réédités, son nom n'était refus de la mode est hau- abracadabrantes inven-
·~ à ç~Jjéios d'~tquérir en ·
lJfopeJa·1:<\!9riété•·qu'il <. plus cité . tain, comme son adresse tions de la fiction
·.·• érite. Cettê"Vidéocassetté C'était. d'autant plus à botter les faux culs est moderne.
eyrajt peifu.ettre de réparêi navrant que ce Belge aussi réjouissante què son "Taïa" commence en
Yfübli. . devenu français fut un rejet dédaigneux du politi- Polynésie, dans la moiteur
istrjb'ûti9n: J?ilm Offi9e)
très grand écrivain . Son quem e nt corr e ct, il odoriférante des îles. Puis,
«RIC HOCHET : QUI A PEUR occupé à éviter les rafales de petit cirque et du corbac aux
D'HITCHCOCK? » mitraillette et les coups de basg,uets publie une histoire
de Tibet et Duchateau matraque. Les aficionados de la fantastique et presque
Le Lombard ; 46 p. série ne seront pas déçus. incroyable puisqu'il fait
Le reporter de la Rafale est une
cohabiter rêve et télévision.
nouvelle fois plongé dans une « L'HISTOIRE DU CONTEUR
ELECTRIQUE » Dessinateur et scénariste des
aventure qui va l'emmener sur
la Côte d'Azur. Mais notre héros de Fred plus originaux, Fred a tout
n'aura guère le loisir de se Editions Dargaud ; 60 p. simplement concocté un petit
prélasser sur les plages, trop Le créateur de Philémon, du chef-d' œuvre.
J.-M. FÉNOT
FABRICANT
Bijoux de tradition
@
Opéra
Bastille
~;
e)
.A
Fidèle
par
LESVŒUXDE faisait du lard avec les briques de la Basti!le. Tu
changeras pas l'humain, il te piquera tou1ours tes
M. TEIGNARDIER crocs en jonc pendant que t'agonises la gueule
ouverte et il viendra te chauffer ton linceul pour le
- On parle du cancer mais je suis bien sûr que c'est fourguer au décrochez-moi-ça. Marcel Kébir, rhabille
du pareil au même pour le Sida et pour le Télécon, 1
les gamins ! .. .
disait M. Teignardier, accoudé au zinc devant un j'avais oublié de dire que le rade f a~on de ,
Pican-bière, sa boisson favorite. Si on faisait les M. Teignardier était tenu par un vieux Berbere
comptes, avec tout ce qu'ils nous piquent, on_ timide qu'il avait rebaptisé du nom d'une de ses ,
s'apercevrait qu'il y a davantage de gens qui en défaites favorites et qu'on appelait aussi "le Kabyle
vivent que de gens qui en meurent ! téléphonique" quand on venait y passer un_c~up de
A l'angle du bar, suspendu ainsi que du poisson à grelot. Marcel Kébir était proprement terrorise par
fumer, il y avait un poste_de télé_qui fon_c~ionnait en M. Teignardier qui affirmait voter Le Pen quand
permanence et que M. Teign~r_die:; c~ vie~ll~rd A
bien même sa préférence allait à Barre, méchant du
irascible, surveillait comme s zl s etait agz d une bete type rondouillard.
fauve, aux réactions imprévisibles et dont il aurait - Tiens, voilà l'autre grand couillon! expectora
été le dompteur attitré. Rien n 'atti;?it pou'. le . . M. Teignardier en voyant apparaître Jacques Chirac
'moment sa vigilance fouetteuse: l ecran diffusait un sur l'écran tamisé par la nicotine. Vous avez
dessin animé japonais où les personnages, · remarqué, continua-t-il, que pendant quatorze ans,
soigneusement débridés et déas_i~tiséf; c?mbattaien~ , quand Mitterrand radinait pour filer ses vœux
une créature de l'espace en qui zl n etait pas malaise, . métaphoriques, on disait : "Tiens, voilà le vieux
de reconnaître un démon occidental au long nez. filou", alors que pour Chirac, instinctif, c'est "grand
M. Teignardier considérait comme au-dessus de son couillon" qui vous vient à l'esprit.
acariâtre mérite de s'intéresser à des gamineries. Le président de la République dévidait avec .,
- Vous vous souvenez des publicités de l 'ARC pour application son discours où les nœuds de la vacuite
nous soutirer du pognon ? reprit-il après avoir léché ponctuaient le néant de la pensée. . . .
d'une langue étonnamment rose sa petite moustache - Vous avez vu, commentait M. Teignardier, zl y a
mitée de vieux beau atrabilaire. C'était des anges le texte qui s'inscrit en-dessous, une seconde avant
avec des harpes qui faisaient la retape assis sur des qu'il le dise. Pas si couillon que ça, après tout, le
nuages roses ... Z'auraient mieux fait d 'uti~iser ~es Jacquot, il vient d'inventer le prompteur apparent.
frères Rapetou, ç 'aurait été davantage en sittt:qtzon : Pas de raison que les téléspectateurs soient privés de
tiens, Crozemarie, voilà cent sous, pompe-moi le vœu cette invention qui rend les spiqueurs brillants et les
et garde trois francs! Non, monsieur, c'est bien trop cancres doués d'une mémoire d'oliphant. Premier
peu pour pomper un si gros vœu ... discours en karakoé, tout pour que chacun, chez soi,
Il chantonnait. Le cousinage de son ulcère à puisse dire les couenneries présidentielles à l'unisson.
l'estomac avec le Crabe le mettait de méchante Les sourds ? Un pré-texte! On coupe le son et la
tumeur et l'amertume du Pican n'adoucissait en rien France entière communie en ânonnant à l'unisson
ses crampes. · . ,. . de son gourou. Le grand couillon nous la fait au
- Kif le Sida, pouvez être certain qu zl y en a qui en Temple Scolaire, l'Elysée, c'est le Mandarom et, ce
croquent un max : de la pédale qui s'enrichit . . soir, c'est les vœux de Waco Chirac !
pendant que les copines claboten_t,_ du_ gros r:ialzn 9ui M. Teignardier, pour étayer sa démonstration, fit .
a déposé le brevet du Gamma milu:,o ~nverse _et qui couper le son par un Marcel Kébir empressé et se mit
touche à chaque fois en chantant Viens voir les à diriger la chorale des consommateu_rs plus ou_
~ miliciens"... Pendant l'occupe, faut pas croire,
moins avinés. C'était d'un effet comique assure que
~ c'était un atelier du Sentfer qu~ fabriquait les étoiles d ;entendre une dizaine de voix braillant les phrases
d'.·, jaunes et, pendant la Révolution, un sans-culotte se
i, creuses dévidées par un Chirac muet, presque aussi
~
,_'.,-if\
;~~~ LE LIBRE JOURNAL de la France Courto-ise page 20 N° 85 DU 10 JANVIER 1996
au poste
ADG
rigolo que les Anglais sautillant sur arlequins, qu'elle endosse l'uniforme
place pendant le "Rule Britannia" gris de la misère et qu'elle chausse les
lors des "Prom 's" de l'Albert-Hall. galoches des exclus. On a vu
Le discours s'acheva dans une gaie l'apothéose de ses amitions
cacophonie. chamarrées : dragkouines et
- Des vœux, mézigue, j'en ai cupagnie, "Zozons" de Sébastien.
aussi ... , dit M. Teignardier après Après ça, plus qu'à tirer les chaînes
avoir accepté l'offrande de ma et à repeindre le plafond en livide de ·
tournée et constaté que les la pensée. Faire morne, voilà son
moujingues étaient dûment reloqués. salut, le visage pâle ira bien à sa
Les points de suspension, lourds de langue fourchue. Quand elle rote ·
menaces, et le regard courroucé qu'il d'aise comme un carré-roux, elle est
porta vers l'écran où des publicités insupportable, une cure de thalasso
avaient succédé aux deux pendules sur les brisants d 'Ouessant en
élyséennes, laissaient entendre que compagnie des soupirs des noyés, ça
ces vœux teignardesques lui redonnera de l'âme.
concernaient la télévision. On M. Teignardier défiait du regard le
sentait qu'il y avait conflit entre le poste dont le son était toujours coupé
poste suspendu par un incongru et où le journal télévisé étalait des
macramé et le petit homme plaines neigeuses de Yougoslavie,
moustachu accroché à sa chope aux comme si l'actualité l'avait entendu.
reflets versicolores. Entre ces deux-là, Rien ne lui plaisait davantage que
haine et amour se confondaient, l'apocalyptique et la morbidesse, le
dépendance et soumission champ de cendre et la vieille fille en
s'affrontaient, manque et trop-plein deuil. Il reprit son raisonnement.
s'annulaient. - Il faut que la télé crève un peu
· -Je ne souhaite pas une bonne pour revivre, qu'elle perde ses bonnes
santé à la télé, commença-t-il, joues factices et qu'elle devienne
bicause elle a besoin d'être malade. sans codicille fixe. Fini de distraire,
Une télé florissante, pétante de vie, attristons, terminées les soirées
grasse aux coutures, c'est une télé festives, creusons les mines
satisfaite et qui se laisse aller. Faut d'enterrement. A bas la graisse
qu'elle s'amaigrisse, qu'elle perde du antique, allons où il y a du glas. Et
suif et même des couleurs. Sauf pour surtout, oui surtout .. .
les reportages sur les poissons Nous étions suspendus à ses lèvres
exotiques et le carnaval de Rio, je minces de pénible jouisseur. Il finit
souhaite même qu'elle revienne au d'un geste étriqué la dernière lampée
noir et blanc. On vit une époque de son breuvage et tendit un billet
terne, qu'elle suive le train de chiffonné à Marcel Kébir.
poussier, qu'elle chôme, qu'elle - Qu 'on remette Nounours à vingt
mendie, qu'elle briffe aux restas de heures et dans les couleurs d'origine,
la peur, qu'elle sniffe du smog, conclut-il.
qu'elle se piquouze au sang anémié Je m'en allai d'un air pensif. Je ne
et qu'elle se traîne sur les accords de m'habituerai jamais aux gens
galetas. Qu 'elle cesse d'habiller sa méchants.
médiocrité innée dans des oripeaux
par Olmetta
Champs•Elysées (suite XVH)
Le Second ' Empire, dans le domaine du
luxe, peut être symbolisé par le flacon
semé d'abeilles sculptées dans le verre,
couronné d'une boule, dans lequel Pierre-
François Guerlain présenta à !'Impératrice
Eugénie une fraîche eau de toilette : l' "Eau
impériale", .. Plus tard, !'Empereur eut droit
à la sienne : l' "Eau du Coq" ! Très vite, tou-
te l'Europe des cours s'enticha du parfu-
meur impérial... Sissi raffolait de ses pro-
duits. Devenu riche et célèbre, le premier
Guerlain, par voie testamentaire, se vengea
des parfumeurs-distributeurs parisiens qui
lui avaient refusé de vendre sa production
à ses débuts, Il stipula que la marque Guer-
lain, pour la ville de Paris, ne pourrait-être
vendue . qu'exclusivement dans les maga-
sins portant son nom. C'est pourquoi,
encore aujourd'hui, les produits de la
célèbre maison sont introuvables ailleurs
que dans les boutiques Guerlain. En
revanche, le plus petit parfumeur de ban-
lieue peut les proposer ... La dynastie Guer-
Iain est toujours fière de l'élégante maison-
mère réalisée par Méwés qui a marié har-
monieusement le style classique et l'acier
sur trois étages. La boutique est éclairée
d'appliques de Diego Giacometti et la déco-
ration de l'institut_ de beauté, ouvert en
1939, est l'œuvre de Jean-Michel Franck et
de Christian Bérard ... Ce sont toujours des
jeunes filles du meilleur monde qui nous
accueillent ici délicieusement, même pour
l'achat d'une modeste savonnette ... ·
Cinquante ans après, le commerce
affiche un style bien différent avec le Prisu-
nic et le Virgin-Megastore aux numéros de
56 à 60. L'immeuble fut construit en 1931,
par Arfvidson, pour la First National City
Bank. La monumentale ordonnance des
piliers, les étages en retrait et le spectacu-
laire escalier méritent vraiment le coup
d'œil avant de céder à la fièvre acheteu-
.se.,, Au sous-sol, les "jeux-culturels-vidéo"
sont présentés dans l'ancien coffre-fort de
la banque ... Et cela vaut le détour ! En
1777 avait été édifié ici !'Hôtel. de Massa
qui fut démonté pierre par pierr~ en 1928
et remonté rue du Faubourg Saint-Jacques
pour héberger la Société des Gens de
lettres, .. Clin d'œil du raffinement à la "cul-
ture de masse" ! '
A côté, le cinéma (multi-salles) Ambas-
sade-Gaumont, qui connut les plus belles
files d'attente de l'histoire du cinémato-
graphe lors de la sortie du film "Apocalypse
Now", dernière grande prestation de Marion
Brando .. , L'avidité des promoteurs
explique peut-être, au n° 34, un immeuble
à l'étroite façade à peine plus large qu'une
fenêtre ; l'endroit devait être agréable,
néanmoins, puisque Marie Bell et son mari
Jean Chevrier y vécurent. ..
(A suivre)
CZln
.
JOUr
8 janvier 1917
La princesse
Kilavoudra-Laura
L
e 8 janvier 1917 mourait
Clara Ward dont la vie allait
inspirer la plupart des scéna -
ristes de comédies américaines met-
sés. tant en scène une héritière écerve-
Il faut lée.
ses a A dix-huit ans, la richissime orphe-
line Clara Ward, dont le père, mil-
liardaire en dollars, avait fini ses
jours dans un asile d'aliénés, était
une superbe créature.
Le jeune prince de Caraman Chi-
may, fils du ministre des Affaires
étrangères du Royaume de Bel-
gique, en tomba fou amoureux et
l'épousa. Six ans plus tard; au cours
d'un diner dans un restaurant chic,
elle s'enfuit avec le violoniste tzi-
gane qui conduisait l'orchestre, un
Hongrois nommé Rigo qu'elle
épousa après avoir fait annuler son
union princière mais tout en gar-
dant le titre qu 'elle hü avait
apporté.
Rigo dura le temps d'une czarda.
Clara le quitta pour un cheminot
rencontré dans une gare, Peppino
Ricciardo, qu'elle abandonna bien
vite pour se jeter dans les bras d'un
Levantin du nom de Cassalota.
Sur quoi, elle mourut à trente ans à
peine.
A Paris, Clara Ward avait été sur-
nommée la "Princesse Kilavoudra
Laura".
On assurait, en effet, que chaque
homme qui avait eu l'avantage de
ses faveurs se voyait honoré d'un
porte-cartes de peau orné d'une
couronne princière et d ' un petit
drapeau américain.
Un soir, au cercle, trois beaux aris-
tocrates sortirent en même temps
leur porte-cartes. Il y eut un silence.
Puis, l'm1 d'eux, avec le sourire, eut
ces simples mots : "Eh bien mes-
sieurs, je vois que nous avons servi
dans le même corps ."
Le premier littérateur à s'emparer
du personnage fut Abel Hermant
qui la mit en scène dans "Transat-
lantiques", imaginant pour elle un
"souper du centième amant" .