CRIADERO DE CURAS
, D’ALEJANDRO SAWA,UN PRÉCURSEUR DE
SÉBASTIEN ROCH
?
Comme tout le monde le sait, le genre littéraire du roman portant sur lescollèges tenus par des moines et des curés est né en France avec une œuvreexceptionnelle par sa qualité et son courage :
Sébastien Roch
, d’OctaveMirbeau, publié en 1!" # toute une plaidoirie contre les abus sexuels dans lescentres d’enseignements régentés par l’$glise cat%olique& Cinq ans plus tard, para't une autre œuvre, o( l’intrigue se déroule également au sein d’un collègetenu par des curés # des )ésuites dans les deux cas : elle est écrite par l’ingénieur et écrivain *douard $staunié,
L’Empreinte
+-a %uella./, publié en 1!0&$n 1!1", vingt ans après la publication de
Sébastien Roch
, para't Madrid,
A.M.D.G
&, de 2am3n 4ére5 de 67ala +1181!9/, publié par la maisond’éditions 2enacimiento& ;l su<<it d’observer le titre du roman # les initiales de ladevise )ésuite
ad majorem Dei gloriam –
pour comprendre que c’est avec cetteœuvre que commence, en $spagne, le t%ème du roman anti8 )ésuite, dé)développé en France deux décennies auparavant& =ans cette littérature anti8 )ésuite on devrait également inclure
L’Araignée noire
, de >icente ?lasco ;b@e5+publiée en 1!A, )uste deux ans après
Sébastien Roch
/,
L’Intrse
, du mBmeauteur +mBme si son su)et spéci<ique n’est pas l’en<ance et le collège/, et le<euilleton d’6lberto ;nsa +-a Davane, 10 # Madrid 1!9/,
De n colegio jes!tico. Dlces memorias
+=
’un collège )ésuite& =ouces mémoires./, publié dansla revue
La Rep"blica de las Letras
, Madrid, en avril et mai 1!"E& usqu’ uncertain point on pourrait également 7 )oindre le roman
#amino de per$ecci%n
+C%emin de per<ection./, de 4Go ?aro)a, publié comme roman8<euilleton en1!"A, bien que, dans ce cas, le collège ne soit pas tenu par des )ésuites, mais par des H
escolapios
I +Ordre des <rères des écoles pies, ou Ordre des 4iaristes/&
Juelques années avant l’éclosion de cette littérature anticléricale et avant mBmequ’Octave Mirbeau n’ait publié 4aris son inoubliable
Sébastien Roch
, plus précisément en1, un écrivain espagnol, 6lexandre KaLa +Kéville, 19A # Madrid, 1!"!/ avait dé) publiéun roman que, malgré ses petites dimensions, nous pouvons considérer, d’une certaine <aon,comme le précurseur de tous les romans précédemment cités& Kon titre est
#riadero de cras
+*levage de curés./& Mais, avant d’entrer dans le contenu de ce roman, considéré comme unedes œuvres les plus anticléricales de tout le N;N
e
siècle espagnol, il me semble indispensablede consacrer quelques lignes parler de son auteur&
Alejandro Sawa
6le)andro KaLa utiérre5, <ils d’6lexandre Kabba, nati< de Carmona, et d’6ntoniautiérre5 originaire de Kéville, est né dans cette ville d’6ndalousie le 10 mars 19A& -a première partie de son en<ance se déroule MPlaga& Ceux qui l’ont connu le décrivent commeun petit garon sérieux, de couleur olivQtre et au regard expressi<& =ès l’en<ance il ressent lavocation sacerdotale et il entre au séminaire de MPlaga, d’o( il ressort complètementagnostique& Kon sé)our dans ce centre cat%olique de MPlaga lui a permis de conna'tre leséminaire de l’intérieur, élément essentiel pour le roman que nous allons commenter par lasuite& =e sa lune de miel avec le cat%olicisme dominant est né son opuscule sur
Le &onti$icat de &ie I'
, publié en 1E, o( on peut lire : H
Il dé$end la religion comme la $orce motrice (iimplse les c)rs et l’intelligence *ers tot ce (i représente progr+s, cltre et per$ection
I&Ju’aurait pensé alilée de cette étrange a<<irmation R $t tous ceux qui sont morts dans lesautoda<és de la H Kainte ;nquisition I R $t lui8mBme, quelques années plus tard, lorsqu’ilentrera dans une époque de <ranc agnosticisme RSrès )eune, il ressent la vocation littéraire et, tout )uste quin5e ans, il <onde avec desamis un %ebdomadaire qui sera ép%émère,
Echos de -*entd
+$c%os de )eunesse./, H revuede -ittérature, Kciences et ?eaux 6rts I, dont il en est le principal rédacteur & Cette revue n’aqu’une courte existence et il en <onde aussitTt une autre, avec son <rère Manuel U
El siglo 'I'
I +-e N;N
e
siècle./, H revue décennale de Kciences, -ittérature et ?eaux 6rts I, toutaussi ép%émère que la précédente& ;l <ait une année de =roit renade en 1E98EE et, dix8sept ans, il part pour Madrid avec l’illusion de s’ouvrir un c%emin en tant qu’écrivain&Juelques auteurs dé) consacrés, comme 4edro 6ntonio de 6larc3n, 2am3n de Campoamor ou osé Vorrilla, lui o<<rent leur aide& Kes premières collaborations sont publiées dans
El Globo
& 4lus tard, il collabore
La &ol!tica
et au
Resmen
& =ès ses premiers écrits il montreune %onnBteté intellectuelle qui le démarque dans le Madrid de cette époque et qui, d’unecertaine <aon, en dépassant les <rontières, nous <ait penser Mirbeau& Ceci explique, par exemple, qu’il décrive le poète W@e5 de 6rce, le poète H o<<iciel I du moment, tou)ours gQté par la critique de l’époque, comme H
*ide, ecessi*ement sonore, rectilinéaire et sec
I&Critique qui, l’époque, avait certainement <ait scandale et qui au)ourd’%ui nous semble tout <ait valable et )udicieuse& ;l mène la vie bo%ème du H Madrid de la 2estauraci3n I et, en 10, publie son premier roman,
La mjer de todo el mndo
+-a <emme de tout le monde./, suivi
de près par
#rimen legal
+19/& =eux romans très in<luencés par le courant naturaliste,instauré en France par *mile Vola, en plein essor dans le Madrid de l’époque&
#riadero decras
ne sera publié que deux ans plus tard, en 1& -e portrait que l’écrivain regorioMorales nous o<<re de lui correspond cette période de sa vie : H
/ph+be dégisé en sil+ne js(’0 sa matrité, a*ec des m+ches tombant sr les c1tés, n ne2 classi(e, n grand $ront et d’éternelles mostache et barbiche. Il 3 a, dans ses 3e a*egles, ne brme, n r4*e, (i perce le monde por entre*oir la partie cachée de la réalité.
I
6le)andro KaLa
$n 1!, attiré par le prestige de la littérature <ranaise, en pleine splendeur cetteépoque, il vo7age 4aris& ;l considèrera tou)ours cette époque comme celle de ses H
annéesdorées
I& 4endant quelque temps il travaille pour la prestigieuse maison d’éditions arnier& ;lrencontre quelques écrivains du 4aris de l’époque # entre autres 4aul >erlaine et 6lp%onse=audet, avec lesquels il se lie d’amitié, et d’autres parnassiens et s7mbolistes mineurs #, iltraduit en espagnol les <rères oncourt et se marie avec une Franaise, eanne 4oirier, aveclaquelle il aura une <ille, $lena& ;l retourne en $spagne en 1!9& =ans cette dernière étape desa vie, la plus tragique et bo%ème, il se limite écrire dans les )ournaux : rédacteur de
El Mot!n
,
El Globo
et
#orrespondencia de Espa5a
& ;l collabore également
A6#
,
Madrid #%mico
,
Espa5a
,
Alma Espa5ola
, etc& Kes dernières années sont extrBmement pénibles : ildevient aveugle et il perd la raison& ;l meurt Madrid le mars 1!"!, <ou, aveugle et plongédans la misère& >alle ;ncln dira de lui : H
Il a e ne $in de roi de tragédie 7 il est mort $o,a*egle et $rie
& I ;l nXavait que YE ans& -e NN;
e
siècle montre un remarquable intérBt pour l’œuvre d’6le)andro KaLa& -ac%erc%euse 6melina Correa 2am3n lui dédie une biograp%ie dense, dans laquelle elle apporte beaucoup de nouvelles in<ormations, et les maisons d’éditions de Madrid rééditent ses livres&
Criadero de curas
Comme nous l’avons dé) dit, ce petit roman, qui constitue peut8Btre lZesquisse d’uneœuvre plus longue qu’il n’arriva )amais écrire, a été publié en 1& ;l se compose de %uitc%apitres, tous très courts& -’action se déroule [vila, ville très cat%olique, conservatrice etentourée de murailles& -’écrivain ustave 6dol< ?ecquer, qui la visite en 19Y, la dé<init par ces deux mots : silencieuse et dormante& Federico arcGa -orca, qui la visite en 1!19, nouso<<re d’6vila le portrait suivant : H
La *ille est n bijo d’art, elle est comme si le Mo3en 8ge,a*ait émergé d sol, ses palais et ses mrailles étaient intacts et entoraient tote la *ille
& I+Federico arcGa -orca&
9. #
& t& >; p& EY0/&
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