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Guy GOFFETTE
.
Je me disais aussi : vivre est autre chose
que cet oubli du temps qui passe et des ravages
de l'amour, et de l'usure - ce que nous faisons
du matin à la nuit : fendre la mer,
Ouverte à l’immobilité
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Homme
Avant de mourir.
In La main et l’esprit – Autour de la vision poétique d’Henry Bauchau et d’Almert Palma, Éd.
D’Art, événementiels, films.
Où il est dit, avec des mots très doux, très simples, très purs,
J'ai peur des grands pans d'ombre que les maisons projettent.
Seigneur, rien n'a changé depuis que vous n'êtes plus Roi.
La route fut longue. Le chercheur d'absolu passa maints cols et rivières. Jusqu'à ce qu'il arrive en vue
du village dont son cœur lui dit très fort : « C'est là le lieu ! Oui, c'est là ! » Hélas ! Dans chacune des
trois boutiques il ne trouva comme marchandises que rouleaux de fils de fer dans l'une, morceaux de
bois dans l'autre et pièces éparses de métal dans le troisième. Las et découragé, il sortit du village pour
trouver quelque repos dans une clairière voisine.
La nuit venait de tomber. La lune remplissait la clairière d'une douce lumière. Lorsque tout à coup se fit
entendre une mélodie sublime. De quel instrument provenait-elle donc ? Il se dressa tout net et avança
en direction du musicien. Lorsque, stupéfaction, il découvrit que l'instrument céleste était une cithare
faite de morceaux de bois, des pièces de métal et des fils d'acier qu'il venait de voir en vente dans les
trois échoppes du village.
A cet instant, il connut l'éveil. Et il comprit que le bonheur est fait de la synthèse de tout ce qui nous est
déjà donné, mais que notre tâche d'hommes intérieurs est d'assembler tous ces éléments dans l'harmonie.
Conte soufi.
Michel MONNEREAU
.
Il faut des mains de laine
pour apaiser le cœur.
Ah, poser son front
contre la vitre de l’attente
comme on garde
une parole pour qui l’on aime
et qui viendra peut-être,
si l’amour tourne au beau.
.
La Saison des servitudes, Cheyne Éditeur.
Clarice LISPECTOR - Prends ma main...
. Prends ma main...
Je vais à l'instant te conter
(Traduction libre)
.
Le Dalai Lama
.
Ce qui me surprend le plus dans l'humanité ?
Les hommes...
parce qu'ils perdent la santé pour accumuler de l'argent,
ensuite, ils perdent leur argent pour recouvrer la santé.
Et ils se perdent dans d'anxieuses pensées sur le futur au point de ne plus
vivre ni le présent ni le futur.
Ils vivent comme s'ils n'allaient jamais mourir...
et meurent comme s'ils n'avaient jamais vécu.
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.Arian LEKA - Le thème infini
Tags: poésie
Jusqu'en sa menace
Ma vieille carcasse
Comme du salpêtre
Jusqu'à la fenêtre
Ni la fin du monde
Et le cri jaillisse
C'est l'apothéose
Elsa ma lumière
Sa douceur première
Fouillez fouillez bien le fond des blessures
La source et la rive
Tags: poésie
Martin BUBER
Il est une chose qu’on ne peut trouver
Celui qui a été frappé, sans mot dire, écrit sur le sable :
Celui qui avait été frappé au visage s’enlise dans des sables mouvants, mais son ami le sauve.
Après avoir atteint la rive sain et sauf, il écrit sur une pierre :
Celui qui avait frappé puis sauvé son meilleur ami lui demande :
- Après avoir été frappé, tu as écrit sur le sable et maintenant tu écris sur une pierre.
Pourquoi ?
- Lorsque quelqu’un te blesse, tu devrais l’écrire sur le sable afin que le vent efface cette blessure
de ta mémoire.
Mais lorsque quelqu’un fait quelque chose de bon pour toi, tu dois l’écrire sur la pierre afin que
jamais le vent ne l'efface.
..
Que ma parole pèse sur la nuit qui passe
Et que s’ouvre toujours la porte par laquelle
Tu es entrée dans ce poème
Porte de ton sourire et porte de ton corps
.
Paul ÉLUARD - Nous avons fait la nuit...
.
Foroukh FARROKHZÂD - Il n’y a que la voix qui reste
Une voix
Comme un sourire
Une voix
Comme un soleil
D'océan indien
Une voix
Comme un horizon bleuté
Vers lequel voguent mes mots
Aspirés d'espoir
J'entends
Des rires de palmiers qui se tordent de musique
Des pas de danse qu'invente une plage espiègle
Des chants qui montent sur des braseros ivres
Des crustacés qui crépitent leur saveur pimentée
Ici
C'est le silence gris des bétons déprimés
C'est la glace qui saisit tous les masques
C'est un jadis souriant embrumé d'ombre
C'est l'ennui qui ne sait que recommencer
J'entends
Des guitares rastas aux cris de parfum hâlé
Des bras nus de désir qui dégrafent la lune
Des hanches insatiables que dessoudent la salsa
Des nuits secrètes aux folles sueurs de soufre
Ici
C'est le mutisme morne des grimaces polies
C'est la morgue soyeuse des cravates policées
C'est la cadrature étroite des cercles vicieux
Qui soumet à ses ordres la horde quadrillée
J'entends
Mes souvenirs marins d'aurores océanes
Mes remords nomades de dunes vives
Ma mémoire exilée qui déborde en vain
De tant d'hivers que la chaleur a bafoués
Ici
Le temps se tait s'étire et se désespère
Le temps n'est plus une chimère bleue
Le temps se meurt de mourir de rien
Et chaque ride compte un bonheur perdu
J'entends
Un rêve qui papillonne son corail osé
Un rêve qui murmure un refrain salé
Un rêve qui soupire son souffle de sable
Sur l'éternel instant d'un été sans fin
Une voix
Comme un sourire
Une voix
Comme un soleil
D'océan indien
Une voix
Comme un horizon bleuté
Vers lequel voguent mes mots
Aspirés d'espoir
...Jorge Luis BORGES - Voir...
Voir que la veille est un autre sommeil
Qui se croit veille, et savoir que la mort
Que notre chair redoute est cette mort
De chaque nuit, que nous nommons sommeil.
Voir dans le jour, dans l'année, un symbole
De l'homme, avec ses jours et ses années ;
Et convertir l'outrage des années
En harmonie, en rumeur, en symbole.
Faire de la mort sommeil, du crépuscule
Un or plaintif, voilà la poésie
Pauvre et sans fin. Tu reviens, poésie,
Comme chaque aube et chaque crépuscule.
La nuit, parfois, j'aperçois un visage
Qui me regarde au fond de son miroir ;
L'art a pour but d'imiter ce miroir
Qui nous apprend notre propre visage.
On dit qu'Ulysse, assouvi de prodiges,
Pleura d'amour en voyant son Ithaque
Verte et modeste ; et l'art est cette Ithaque
De verte éternité, non de prodiges.
Il est aussi le fleuve interminable
Qui passe et reste, et reflète le même
Contradictoire Héraclite, le même
Mais autre, tel le fleuve interminable.
...
L’autre, le même.
Bonne et heureuse année à toutes et à tous.
Laissez-moi vous souhaiter, à vous toutes et tous, amoureux de la poésie, une très bonne et très
heureuse année nouvelle.
Que 2008 vous réserve ses plus belles et ses meilleures chances.
Par ailleurs, puissions-nous tous être toujours insupportables de santé, de jeunesse et de joie de
vivre.
Puissions-nous tous être, pour les personnes que nous rencontrons, "humus d'humanité".
Puissions - nous, enfin, élargir sans cesse nos esprits afin d' "envisager" l'autre comme notre
semblable qui toujours a droit à nos meilleurs égards.
ClairObscur.
...
...
En ce jour, un Sauveur est né ! Voilà ce qu’autrefois les chantres et les fidèles proclamaient à
pleine voix par cette nuit et cette journée mystiques – une sorte de nuit royale que suivait un
jour de haute liesse, la nuit de Noël. C’était le plus grand événement de l’année, où toute la
chrétienté s’unissait dans la ferveur, où les foules des cathédrales disaient dans les cantiques
leur volonté d’être sauvées des ténèbres et de la mort. Alors aussi, il y avait l’invariable, la dure
condition humaine : les guerres, les moissons détruites, les pauvres qui pleuraient aux portes
des mauvais riches, les loups chassés des bois par l’hiver, l’épidémie qui dépeuplait les villes,
l’usurier, le spéculateur ; mais alors aussi, il y avait les grandes paroles, paroles d’anges
descendues des nuages, paroles de prophètes taillées dans le granit, paroles du Dieu vivant qui
maintenaient les hommes debout et les confirmaient dans leur destin d’êtres créés pour le
labeur et la souffrance.
Voilà à quoi je pensais en cette nuit, qui s’épandait obscure, angoissante et sans issue, par la
terre entière ; une nuit sans apparitions, les anges étant très hauts, ou cachés très loin, pour
pleurer sans doute sur la misère du monde ; une nuit où le ciel ne s’enflammait pas au passage
de l’étoile ; une nuit qui appartenait au Démon et à ceux qui le servent – aux scélérats, aux
gens de la noce, aux repus, aux crétins qui se coiffent d’un bonnet de fou et vomissent sur des
femmes publiques en l’honneur du Christ naissant – du Christ dont la promesse reste pourtant
la dernière certitude de l’Univers qui vacille... Et j’ai pensé aussi qu’il était providentiel peut-
être que tant de choses vinssent à manquer pour mener notre fête traditionnelle, puisqu’ainsi
nous étions forcés à l’humilité, à la pauvreté ; puisqu’ainsi, il nous fallait fêter la divine
naissance dans nos cœurs, déshabitués des fêtes spirituelles. Car c’est bien dans notre cœur
que Jésus doit descendre, par cette nuit sainte.
Autrefois, il n’eût pas été nécessaire de tenir pareils propos. Il y avait parfaite accordance entre
le ciel et la terre ; dans les villes et les campagnes d’Occident, personne, du plus grand
monarque jusqu’au plus indigne sujet, voire même le prisonnier dans sa geôle qui ne se sentait
l’âme transportée, inondée d’une ivresse surnaturelle. C’était l’heure culminante où l’année
commençait. L’hiver pouvait souffler le froid, blanchir la plaine, on savait bien qu’il
n’amoncellerait pas davantage de ténèbres ; on savait que le soleil, arrivé au fond de l’abîme
sidéral, allait remonter, chaque jour un peu plus haut, et qu’ainsi on allait vers l’enchantement
de la terre, vers la sorcellerie du printemps. Mais pour l’instant, on se souvenait de sa dignité
de chrétien. En ce temps-là, Bethléem n’était pas loin, ou alors, s’il fallait admettre que ce le
fût, on imaginait que ce ne devait pas être bien différent du village de chez nous, enseveli sous
la neige, avec son église gothique, ses arbres morts et sa rivière gelée où patine la marmaille.
Mais oui : En ce temps-là, l’enfant Jésus naissait dans la contrée et la grâce était avec nous. Les
bergers qui bichonnaient leur brebis d’hommage parlaient le terrible patois des très-pauvres,
ce qui n’était pas pour faire honneur à la Sainte Famille. Et les rois mages, on les savait déjà en
chemin, de proche en proche. Leur chanson allait éclater d’une minute à l’autre devant la
porte. Comme ils étaient censés venir de tout là-bas, ils méritaient bien d’être réconfortés,
n’est-ce pas ? Pourtant, que faire en attendant le Minuit plein de mystère, sinon chanter aussi,
et laisser parler les anciens, qui racontaient ce qu’ils pouvaient se rappeler de la fuite en
Egypte, du massacre des Innocents et des jeunes années de ce Jésus, né de la plus belle des
vierges. Le conteur devenait de plus en plus grand au regard des enfants qui l’écoutaient, car
les yeux des petits s’agrandissaient d’émerveillement ou de peur. Il n’était question que de
prodiges, comme de cloches depuis des siècles et des siècles englouties dans l’étang, et qui
sonnaient cette nuit-ci, avec la permission de Dieu. Ecoutez... Les cloches parlent sous l’eau
profonde... Oui, oui, mes enfants, je le tiens de mon aïeul, qui lui-même le tenait du sien ! Et
tout cela était véritable, infiniment plus authentique, plus réconfortant, plus juste que tout ce
qu’affirment les docteurs, vous savez bien, ces docteurs de la loi, avec leurs lèvres minces, qui
sont les mêmes à toutes les époques, et que Jésus devait confondre un jour – le tout jeune
Jésus qui savait tout parce qu’il comprenait tout et qui comprenait tout parce qu’il aimait tout.
Et puis, ajoutaient les vieux conteurs, la science a-t-elle jamais apporté le bonheur à l’homme ?
Autour de l’âtre où flambaient des bûches dont les cendres allaient avoir des propriétés
curatives – car rien qui n’eût pris un tour magique par cette nuit de Noël – se trouvaient
réunies les générations extrêmes, les très vieux et les très jeunes – la Famille que la vie
dispersait pendant les quatre saisons mais qui, magnétiquement, une fois, se reformait comme
pour reprendre la chaleur de l’âtre, la lumière du foyer originel d’où elle avait lentement
rayonné vers le dehors.
La famille ! Cela, il faut le redire, c’était la vraie fête, cette réunion rituelle, l’appel ancestral
autour du feu – le feu dont on célébrait la fête aussi, sans trop le savoir, en multipliant les
chandelles. On voyait clair cette nuit-là. Les frères retrouvaient les frères ; les grands-pères
comptaient le nombre de leurs petits-enfants ; le passé et l’avenir se nouaient ; l’anneau de
chair, la ronde autour de l’ancêtre se formait, et l’on savait que le cercle irait grandissant
toujours. L’ancêtre pouvait rappeler avec humour que si Jésus avait commencé sa carrière sur
la paille, lui, l’ancien, aux premiers jours, il n’avait pour tout bien que la paille garnissant ses
sabots ; pourtant, ses descendants ne possédaient-ils pas la terre ? Cette paille, on la retrouvait
à l’église, à minuit ; elle jonchait le sol, à la fois pour tenir chaud, à la fois en symbole, en
allusion à l’étable sainte. La paille sous les pieds, c’était le privilège des nobles, un signe féodal
; c’était aussi le tapis sur quoi les princes marchaient dans les villes ; on ne l’ignorait pas –
mais en une nuit de si grande solennité, où Celui qui élevait et abaissait les empereurs et rois
vagissait entre un âne et un bœuf, les hommes étaient égaux – dans l’origine et la fin, le péché
et la Rédemption. Voilà ce qu’enseignait la liturgie ; voilà quelle était la leçon de la paille. Dans
l’église aussi, le feu et la lumière abondaient singulièrement. Et sous la nef, les chants étaient
d’allégresse, dont les mots disaient la paix promise aux hommes de bonne volonté. On voyait
arriver les bergers avec l’agneau vivant ; ils traversaient l’église et allaient se poster près de la
Sainte Famille, entonnant leur chanson à eux, avec des mimiques qui faisaient rire. Ah ! le
merveilleux office où l’on finissait par devenir halluciné, ébloui par l’autel tout incandescent et
les cierges comme des abeilles de feu et les éclairs d’or des prêtres ; on entrait en plein rêve,
enivré de musique ; on vacillait dans les brouillards d’encens ; on se sentait couvert de tant de
bénédictions que les mauvais sorts n’agissaient plus et qu’il ne pouvait plus rien arriver de
funeste d’ici l’année prochaine ! Mais encore qu’il faisait bon sur la terre, au retour du paradis,
après ce séjour en religion ! On retrouvait les chambres chaudes pleines d’odeurs culinaires, et
la table était mise. Les femmes avaient accompli leur oeuvre entre-temps. C’était du beau
travail, ce qui bouillonnait, ronflait, écumait, pétaradait sur les flammes ! La nuit avançant, la
famille devenait une troupe vorace ; la tribu mangeait – la tribu qui semblait épaissir, s’élargir,
gagner encore en puissance. Cependant, depuis très avant, veillés par une vieille mère, les
enfants dormaient. Ils le pouvaient, puisque la paix avait été clamée par les anges du jubé, les
voix argentines des soprani ; ils le pouvaient, le méchant Hérode n’osant plus revenir, avec ses
dogues et ses soudards. L’ancêtre, lui, se retirait du banquet et, suivant une très ancienne
tradition, sans rien en dire à personne, entrait subrepticement dans l’étable, pour annoncer
aux bêtes qu’il appelait par leur nom – aux bœufs, au cheval, à l’âne et à toute cette douce
animalité – que le Christ était né, et que la vie – la vie éternelle, avec les saisons, le travail, les
peines trop grandes et les joies trop petites – la vie allait continuer, après cette halte...
Choses et Gens de chez Nous, tome II, Éd. La Rose de Chêne, 2001.
***
On fait alors l'expérience que ce point vers lequel tout converge, ce centre de la
signification de toute chose accessible à la connaissance, ce n'est pas par un
effort d'énergie qu'on y accède, au contraire: toute attitude active d'acquisition
de connaissances doit céder le pas à une paisible attitude de contemplation,
d'écoute, de vision, de descente en soi.
Cette seule chose essentielle, on ne peut pas la forcer, c'est une rencontre,
quelque chose qu'on trouve sans le chercher.
L'unique chose qui soit essentielle est enfin trouvée. Et à partir de cette chose, il
est enfin permis de vivre.
Tags: humanisme, philosophie
Source : helices.poesie@free.fr
Tags: humanisme, poésie
En un soir, tout s’en va : les fleurs n’ont plus d’odeur, plus de vent embaumé pour
frôler des pétales, plus rien ; et souffre un cœur.
En un soir, on est seul. Pleure un pleur le long d'un nez; il roule en un sourire,
sûr, puisqu’il ne faut jamais être triste.
En un soir et pour une ouverture. Ouvrir… On ne voit rien ou bien trop tard, on
ne sait pas, on ne sait plus. En une nuit pour un espoir, qu’on recueille entre ses
bras et qu’on garde bien au chaud, entre ses bras.
En un soir, entre ses bras, en une image qui me fuit, en un rêve qui se détruit, en
fleurs fanées pour un printemps… Pauvres immortelles, vous mourez sous la
poussière.
En un soir, en une pluie, en une larme… Je t’aime bien sûr, le sais-tu ? Je vois un
rire sous ta paupière, et le vieux singe que je suis ravale son mot, en un sanglot…
Non, non, non : c’est un rire.
Je t’aime. Je l’ai dit et bien sûr dit bien souvent. Comme un mot répété, il a perdu
son sens. Je le dis à chaque fois, et je mens.
Je t’aime. Oui, je t’aime pour la nuit blanche et pour le souvenir laiteux d’un soir
de coton. Je voudrais te le dire en souvenir et en rêve. Car mon amour n’existe
pas ; il se construit et se détruit, fidèle à une mort latente et un espoir déçu.
En un cri, je t’aime ! J’entends tes pas tout près de moi et tes yeux noirs, je les
entends me dire mille choses dans un recueillement effronté.
En un aveu : je t’aime ! Tu n’en sauras rien, puisqu’il le faut bien et qu’il faut
oublier qu’on sait et qu’on s’est souvenu. J’attends ton mouvement et te tendrai
les bras, en un grand signe de ma croix. Parce que je t’aime. Où m’as-tu vu et
qu’as-tu su ?
Pour mon désir, je t’aime… C’est sûr. Pour un repos et un bonheur, pour long
temps de malheur. L’amour est malheureux, car le partage ne se peut… on ne le
veut.
J’écris ça, noircissant du papier en mensonge de moi, hésitant par devers moi…
Pourquoi ?
Le temps se bat – avec des âges. Parce que je t’aime et qu’il ne le faut pas, parce
que la glace me renvoie une image, une image qui ne me plaît pas.
Avec un rêve où je suis beau. Même ainsi je repousse mon espoir ; parce que je
t’aime et qu’il ne le faut pas. Tu as vingt ans, j’en ai soixante, j’ai trop vécu et suis
le sphinx. Pour toi j’ai oublié.
Dehors, il y a la nuit, qui frappe sur ma porte, la longue nuit, vêtue de blanc dans
son linceul. Sans mouette ni alouette et sans réveil ; car il pleure, dehors. Il
pleure en un roulement triste et lent, mesuré, timide.
La nuit n’est pas venue, ni son ivresse de gin. Elle s’est assise sur un banc, dans la
rue, à la clarté d’un pâle réverbère. Blanche comme une mariée, mon amour…
blanche comme une morte, pleurant toute sa neige. La plaine se couvre d’un
manteau, car tout est blanc.
La nuit n’est pas venue, en ce soir. Et je suis seul, et je t’aime. J’ai séché le papier
avec un buvard blanc et j’ai perdu mon livre blanc. La nuit… elle n’est pas venue.
Le ciel se meurt, car il fait froid et il fait peur. Parce que je t’aime et me souviens,
et je dois t’oublier demain. Avec toi toute la nuit, à te serrer dedans mes bras, à te
garder tout contre moi, à t’aimer… peut-être malgré toi.
Mais la nuit n’est pas venue et je suis seul avec mes caresses, et la chaleur de mon
amour, et le nid qui n’attendait que toi ; et je suis seul avec tout un rêve, et je suis
seul avec tout un mal, puisque la nuit n’est pas venue.
Puisque la nuit n’est pas venue, puisque les arbres n’ont pas verdi, puisque le ciel
n’a pas blanchi, puisqu’un oiseau n’a pas chanté, puisque je t’aime, je n’ai pas
encore pu t’oublier. Et je t’attends avec la nuit, la nuit des autres, et leur télé, et
leur néon et leur confort, et leur amour, et une lampe qui brille dans une
chambre rouge. Et je t’attends avec le petit matin, avec la rosée, avec le soleil…
mais rien n’est venu.
Rien n’est venu parce que je t’aime, et que mon cœur est dans ton cœur, puisque
ta peine est dans ma peine, puisque ta joie s'est faite mienne. Je t'aime en
souvenir - c'est une belle histoire – : Viens !
En un soir, c’est fini. La nuit est arrivée, le charme s’est rompu, la peine s’est
cassée. En un soir, et sans pluie et sans pleurs. Je ne t’ai pas aimé, pas adoré, toi
le soir qui descend. Toi, l’ombre chère, je ne t’ai pas aimée. Je n’ai pas entendu
battre ton cœur, je n'ai pas entendu ton âme respirer.
Sur tes lèvres, un baiser… Et j’ai goûté ton âme. Saveur triste d’infini, de rose qui
se fane. Comme ton sourire qui vient de se faner. Je ne t’ai pas aimé, souvenir
adoré.
Et tes lèvres sont rouges. Et j’ai goûté ton cœur, l'espace d'un miroir. Et le miroir
m'a dit que je me trompe souvent. Que la vie, la beauté, l’odeur, le goût des
choses, tout passe et tout s’oublie, fors le parfum des roses.
J’ai pris un magnolia fleurissant doucement, j’ai composé ses fleurs, j’ai tué mon
tourment. Sur la table aujourd’hui, un pot de roses rouges. Le parfum m’en
revient, en ce soir, sur tes lèvres. Car je t’aime, si tu veux ; car je mens, mon cœur
dans tes cheveux.
J'effleure tes cheveux, je t'embrasse, je t'aime. J'écris un chant d’amour d’où je
bannis la haine. J’écris mes sentiments, barre la conclusion. Je t’aime, c’est ainsi
: c’est mon absolution.
Sur la table, des roses rouges. Et tes lèvres, en rose rouge. C’est un cœur où je me
noie. Et tes doigts entre mes doigts. C’est ta main dedans la mienne. C’est ton âme
contre la mienne.
En un soir il fait beau. Tu es une clarté. Et ton corps a rosi. Et ton corps est
troublé.
J’ai offert des roses blanches. J’ai gardé un peu de sang – partagé, t’en souvient-il
? Et ce soir dans l’aube blanche, dans un souvenir troublant, je serre sur mon
cœur des roses rouges.
.Illustration : perso.orange.fr/.../acoeurecrit.htm
.Voudrais, moi,
Qu'on me sagesse
Qu'on me délicatesse
Qu'on me tendresse
Qu'on me noblesse
Qu'on me liesse
Qu'on me gentillesse
Qu'on m'allégresse
Qu'on m'enchante
Qu'on me clémence
Qu'on me certitude
Qu'on m'altruisme
Qu'on me concorde
Qu’on me girouette
Voire qu’on me magnanime
Voudrais, moi,
qu'on me philanthrope
Qu'on me miséricorde
Qu'on me nonchalance
Qu'on m'insolence
Qu'on me courtoise
Qu'on m'en-joie
Qu'on m'optimise
Qu'on m'innocente,
Qu'on m'indulgente
Qu'on me complaisance
Qu’on me fervente
Qu’on me gourgandine
Qu’on me tartarinne
Qu’on me tarasconne
Qu’on m’invulnérable
Qu’on me conviviale
Qu'on me gentille
Qu'on me fantaisie
Qu’on me fantasque
Qu’on me lunatique
Qu'on me chatouille
Qu'on me fripouille
Qu'on m'audace
Qu'on m'espérance
Qu’on m’arc-en-cielle
Qu'on m'enthousiasme
Qu'on m'enivre
Qu'on me comique
Qu'on m'épicure
Qu'on m'extase
Qu'on m'envoûte
Qu'on me gâte
Qu’on me fanfaronne
Qu’on me trublionne
Voudrais, moi,
Qu’on me généreuse
Qu'on me fraternise
Qu'on me fascinationne
Qu’on me caméléonne
Qu'on m'ensorcelle
Qu'on me chahute
Qu'on me chambarde
Qu'on me tapage
Qu'on me tumulte
Qu'on me vacarme
Qu'on me bahute
Qu'on m'encanaille
Qu'on me bouffonne
Qu'on me blague
Qu'on m'aventure
Qu'on m'anticonformisme
Voudrais, moi,
Qu’on me rature
Qu'on me poétise
Qu'on me versifie
Qu'on me grammaire
Qu'on me littérature
Qu'on me livre
Qu’on me sémantème
Qu'on m'encyclopédise
Qu'on me dramaturge
Qu'on me littéraire
Qu’on m’itinéraire
Qu’on me romance
Qu’on me romanesque
Qu’on me fleur bleue
Qu’on me lyrique
Qu’on me bel augure
Voudrais, moi,
Qu’on m’océane
Qu'on me lames de fond
Qu'on me navire
Qu'on m'énigmatique
Qu'on m'illusionne
Qu’on me rose pourpre
Qu’on me souveraine
Qu’on me Carnet mondanise
Qu’on me bruxelloise
Qu’on m’athène
Qu’on me perse
Qu’on me france
Qu’on me canadienne
Qu’on me banquise
Qu’on me pandore
Qu’on me polynésie
Qu’on me poussière d'étoiles
Qu’on me romane
Qu’on me gothique
Qu'on m'Aurore... au crépuscule
Voudrais, moi,
Qu’on me recette
Qu’on me proportionne
Qu’on me cuisine pour tous
Qu’on me fromage
Qu'on me poivre
Qu'on me farce
Qu'on me moulinette
Qu’on me desserte
Qu’on me culinaire
Qu’on m’émulsionne
Qu'on me casserole
Qu’on me marinade
Qu’on me poissonne
Qu’on me mollusque
Qu’on me crustace
Qu’on me batrace
Qu’on m’eau douce
Qu’on me moutonne
Qu’on me volaille
Qu’on me canarde
Qu’on me dinde
Qu’on me dindonne
Qu’on me pigeonne
Qu’on me pintade
Qu’on me salade
Qu’om me pâte à choux
Qu’on me sucre
Qu’on me crème
Qu’on me poudingue
Qu’on me friture
Qu’on me glace
Qu’on me feuillette
Qu’on me tartelette
Qu'on me loukoum
Qu’on me rissole
Qu’on me braise
Qu'on me rôtisse
Qu'on m'accommode
Qu'on m'agrémente
Qu'on me réserve
Qu’on m’entremette
Qu’on me déjeune,
Qu’on me dîne
Qu’on me serve
.Almeida GARRETT
.Voici quel est l'unique privilège des poètes :
jusqu'à leur mort ils peuvent être amoureux.
Ces accords sont décrits dans l'ouvrage : Les quatre accords toltèques, Don Miguel Ruiz, Jouvence
Editions
Tags: humanisme
. Illustration : http://anecdot.ouvaton.org/blog/index.php?2006/12
……
"Aussi longtemps qu'existera la superstition selon laquelle les hommes doivent respecter des
lois injustes, leur asservissement existera."
Gandhi.
P.S. Vous pouvez retrouver toutes les phrases de la semaine sur ce site: www.hommesdeparole.org
Illustration: qualily.nl
Tags: humanisme
.Kathleen RAINE - Antienne de la création
.
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Wolfgang Amadeus MOZART
.
.
Je cherche les notes qui s'aiment…
.
.
Tags: poésie
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Zéno BIANU - Je crois...
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je crois
à la vie à la mort
à la grande amour donnée
ou traversée
je crois
à la vraie gravité
à la tendresse impitoyable
je crois
au cœur de la nuit
au cœur de la pluie
je crois qu’il faut mourir
puis vivre
mourir avant de mourir
pour ne plus aimer mourir
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Infiniment proche, Éd. Gallimard, coll. L’Arbalète.
Tags: poésie
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Ahmad SHÂMLOU
*
Tu as contemplé le voyage du corps jusqu'à la terre
Contemple le voyage de l'âme de la terre au cosmos
Si tu me cherches
Saisis l'herbe !
Assieds-toi avec les arbres !
Tags: poésie
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Thierry HUE - SOURIONS...
PASSEREAU
Il vole et il fait cui-cui
Il a une tête d'oiseau
Je supporterai tout de lui
Mais pas ce rot.
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LABEL
Pour les poulets bien nourris
Label poulet fermière
Pour les édiles en leur mairie
Label maire.
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PHARMACIE
Au bord de la mer
J'avais une blessure légère
J'ôtais mes habits
Et près du phare m'assis.
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CINÉMA MUET
Cette fille fait du cinéma
On ne lui en raconte pas
Elle est timide ? Que nenni !
Alors elle est hardie.
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BALEINE
La défense des baleines
Tu dis : c'est assez.
On massacre les cétacés
Et tu t'en bats l'aine.
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CONFIDENCES
Pour pouvoir manger tard
On gavait des canards
C'était quand on y pense
Des confits denses.
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MAL AUX DENTS
Tu as mal aux dents
Et c'est navrant
Mais quoiqu'il arrive
Passe à l'agence Yves.
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PRISE DE TÊTE
Les nains de jardin
Font l'objet de menus larcins
Alors je les abrite
Pour pas qu'on sache où mes nains gîtent.
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SANG NEUF
Un vampire fut arrêté
Avec sa teuf-teuf
A 60 c'était limité
Il se faisait du 109.
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VOLE QU'ANNICK
Dans sa boutique, Annick,
Fait pourtant très attention
Mais les voleurs font irruption
Et ne volent qu'Annick.
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ARQUÉS AU LOGIS
Dans la Rome antique
On ne les trouve pas que dans les lieux publics
Car les dômes sont aussi
Arqués au logis.
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MIDI SIX
Mes quatrines faut que j'les réussisse
Quelle que soit l'heure
Mais la meilleure
C'est la quatrine de midi six.
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DU LARD OU DU COCHON
Mes doigts pétrissent l'argile
Et donnent forme à des canons
C'est pas du cochon, dans ce cas, non
C'est de l'art, Gilles.
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CEINTURE
On peut les vénérer
Pour leur droiture
Et pour la chasteté
Que les saintes eurent.
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MOLIÈRE
Au théâtre cette metteuse en scène
Etait un sacré phénomène
Elle changeait souvent de manières
Dure aujourd'hui, mais molle hier.
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CHROMOSOMES
Elle voulait astiquer les chromes
Mais ses hommes ne voulaient pas
Alors, frustrée, elle laissa
Les chromes aux hommes.
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MENSONGE
La bonne prétend
Que j'ai acheté ces journaux
Mais c'est entièrement faux
Car la bonne ment.
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RUDE HIVER
Pour ne pas avoir froid chez toi
L'hiver on te conseilla
Sans tarder de scier du bois
Alors t'en scias.
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ECHAUFFEMENT
Tu fais de la musculation
Tu muscles un peu le dos
Pour les jambes, tu es très bon
Mais pour les bras, zéro.
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MA VERTE EBRE
Est-ce la colonne vertébrale
De l'Espagne ou du Portugal ?
Toujours est-il qu'elle est célèbre
Ma verte Ebre.
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44
A Nantes un ancien passait sans malice
Souvent au travers des mailles d'la justice
Mais ce n'était pas anecdotique
Qu'à Nantes la loi rate l'antique.
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GROTESQUE
On ne te reconnaît plus
Quand tu passes dans la rue
Tu t'es fait drôlement beau
T'as changé d'aspect, Léo.
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DIOGÈNE
On descend la rivière en canot
Et on se promène
Mais y a quelqu'un dans un tonneau
Et cet idiot gène.
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ON CONNAIT MARAT
Il ne savait rien de l'Irlande
Mais répondant à la demande
Robespierre un jour déclara :
"Moi aussi je connais Marat."
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POTEMKINE
"Le beef est mal passé
Il m'est resté sur l'estomac
- Dans ce cas tu le laisses, Thomas,
J'ai pas dû le faire cuire assez."
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KOALA
En Australie, dans les montagnes
Je vais où ma voix m'accompagne
Mes sons se ref létant plus bas
J'allais donc où l'écho alla.
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LES PIS NETS DES VOSGES
On a du vin, mais on déroge
Parfois au lait on fait la fête
Car chacun sait que, dans les Vosges,
Toutes les vaches ont les pis nets.
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DROLE D'OISEAU
C'était un drôle d'oiseau
Et, par un triste soir
Sans lui dire un seul mot
Il laissa son père choir.
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VA DONC EH PATATE
L'autre jour en Italie
Un accident m'est arrivé
Et ma foi j'ai bien failli
Pas arriver à Parme entier.
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SANSCRIT
Après leur bain dans le Gange
Se grattant où ça les démange
On sait cela par leurs écrits
Les Hindous dans tous les sens crient.
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PARADIS PERDU
Un jour, Eve est partie
Te laissant les bras ballants
Et puisqu'elle s'est enfuie
Pour l'amour, tu te brosses, Adam.
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T'AS PAS 100 BALLES ?
Si tu n'as pas un rond
Et que tu as la dalle
Prends des tapas, c'est bon
Car les tapas emballent.
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À LA MONTAGNE
N'ayez pas peur de l'écho
Et de son ironie
Car jamais dans votre dos
L'écho ne rit.
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EN LOZÈRE
Un dentiste distrait
Dit à un d'ses patients
Dont le dentier restait :
"Ah, c'est bête, j'ai vos dents."
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BERGER
C'est fou comme il bosse
Il a trois moutons
L'hiver il les brosse
Et l'été les tond.
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LES BEAUX VARIENT
Flaubert a posé le probléme
Dans ses romans, ses poésies,
Les moches sont toujours les mêmes
Car souvent, seuls les beaux varient.
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BÊTE RAVE ( PARTIE)
A une bête rave partie
Le DJ avait menti
Ce fut dommage à mon avis
Que toute la salle s'y fie.
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MAIS DORS
Mon père n'est pas un chien
Mais ma mère, qui pourtant l'adore
Lui répète du soir au matin :
" Allons ! Mais dors ! "
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REVERDIR
Elle est drôle ma poésie
Parfois, de la lire, j'en verdis,
Alors je me mets au boulot
Pour qu'on puisse en rigoler tôt.
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AU PARTI SOCIALISTE
Pour citer Jean de La Fontaine
Nos militants, on en prend soin
Je peux vous dire qu'on a des chênes
Mais que l'on a de roseaux, point.
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A ANGOULÈME
Comme nous étions six dans la bande
Que nous avions tous de gros nez,
On nous appelait la Bande,
La Bande des Six Nez.
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L'APPAT QUI S'TEND
Devant la menace inique
Empêchons tant qu'il en est temps
L'Inde, puissance atomique,
De mordre à l'appât qui s'tend.
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BANALITÉS
Le temps est chaud
Dit le croque-mort d'un ton beau
Rien n'est moins sûr
Répond le moine d'un ton sûr.
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BALI VERNE
Et si après tout jules Verne
Etait né un jour à Bali ? Après tout, moi, ce que j'en dis
C'est pour éclairer votre lanterne
Mais c'est peut-être des balivernes.
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PANNE
Vous êtes-vous trouvé un soir
Coincé à bord de votre auto
Au beau milieu d'la Forêt Noire ?
Croyez-moi, c'est pas du gâteau !
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AUTO FAUX-CULSSS
On dit que je suis hypocrite
Quand l'herbe monte, dans le vallon
Je prendrais soi-disant la fuite
Et bien, Monsieur, c'est faux, je tonds.
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LE BARON PERCHÉ
C'était un cas bizarre
Il grimpait dans les arbres
Mais c'était un cas rare
Qui me laissait de marbre.
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HISTOIRE OFFICIELLE
L'U.R.S.S.
A dressé sans faiblesse
A coups de chars et sans pudeur
Ceux qu'elle nommait Etats-Soeurs.
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SERGE ENGARCIA
Serge Engarcia, ce sombre héros,
Etait un élève accompli
Il fut très brillant à l'écrit
Mais se fit planter aux oraux.
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PHILOSOPHE
La reine des fleurs
Superbe se pavane
Mais j'ai bien trop peur
Que cette aristo fane.
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GULLIVER
Gulliver a fait des voyages
Une grande partie de son âge
Il chantait à tort, à travers
Grave l'été, aigu l'hiver.
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Quatrines (Extraits).
Tags: poésie, humour
La Grande Gaîté.
Tags: poésie
Rien n'est mort, rien n'est faux, rien n'est noir, rien n'est triste.
Personne n'est puni, personne n'est banni.
Tous les cercles qui sont dans le cercle infini
N'ont que de l'idéal dans leurs circonférences.
Astres, mondes, soleils, étoiles, apparences,
Masques d'ombre ou de feu, faces des visions,
Globes, humanités, terres, créations,
Univers où jamais on ne voit rien qui dorme,
Points d'intersection du nombre et de la forme,
Chocs de l'éclair puissance et du rayon beauté,
Rencontres de la vie avec l'éternité,
Ô fumée, écoutez ! Et vous, écoutez, âmes,
Qui seules resterez étant souffles et flammes,
Esprits purs qui mourez et naissez tour à tour :
Dieu n'a qu'un front : Lumière ! et n'a qu'un nom : Amour !
Gabriel CELAYA - Cantos Iberos
Cantos Iberos.
Tags: poésie
Pablo NERUDA - Muere lentamente...
Il meurt lentement celui qui ne voyage pas,
Celui qui ne lit pas,
Celui qui n'écoute pas de la musique,
Celui qui ne sait pas trouver grâce à ses yeux.
Il meurt lentement
Celui qui détruit son amour-propre,
Celui qui ne se laisse jamais aider.
Il meurt lentement celui qui devient esclave de l'habitude
Refaisant tous les jours les mêmes chemins
Celui qui ne change jamais de repère,
Ne se risque jamais à changer la couleur
De ses vêtements
Ou qui ne parle jamais à un inconnu
Il meurt lentement celui qui évite la passion
Et son tourbillon d'émotions
Celles qui redonnent la lumière dans les yeux
Et réparent les coeurs blessés
Il meurt lentement
Celui qui ne change pas de cap
Lorsqu'il est malheureux
Au travail ou en amour,
Celui qui ne prend pas de risques
Pour réaliser ses rêves,
Celui qui, pas une seule fois dans sa vie,
N'a fui les conseils sensés...
Vis maintenant !
Risque-toi aujourd'hui !
Agis tout de suite !
Ne te laisse pas mourir lentement !
Ne te prive pas d'être heureux !
*******
Muere lentamente quien no viaja,
Quien no leye,
Quien no oye música,
Quien no encuentra gracia en sí mismo,
Muere lentamente.
Quien destruye su amor propio,
Quien no se deja ayudar.
Muere lentamente
Quien se transforma en esclavo del hábito
Repitiendo todos los dias los mismos trayectos,
Quien no cambia de marca,
Quien no se atreve a cambiar el color de su vestimenta
O bien no conversa con quien no conoce.
Muere lentament
Quien evita une pasión y su remolino de emociones,
Justamente estas que regresa el brillo
A los ojos y restauran los corazones destrozados.
Muere lentamente quien no gira el volante
Cuando esta inféliz
Con su trabajo, o con su amor,
Quien no arriesga el cierto ni el incierto
Para ir detrás de un sueño
Quien no se permite, ni siquiera una vez en su vida,
Huir de los consejos sensatos... ¡
Vive hoy ¡
Arriesga hoy ¡
Hazlo hoy ¡
No te dejes morir lentamente ¡
No te impidas ser feliz ¡
Tags: poésie
Quel est ce feu sans nom, quel est ce feu secret dans l'infinie saillie
de la vie. Quel silence de feu et de glace avant comme après l'incen-
die de la naissance et de la mort
Et l'horreur ?
Et si l'horreur venait de l'homme
coupé du merveilleux
Et l'immense laboratoire
Où les miracles sont humains
Et la colombe de l'Histoire
Entre nos mains
Nous n'appartenons
à personne,
sinon au point d'or de cette lampe
inconnue de nous,
inaccessible à nous,
qui tient éveillés
le courage et le silence
Tags: poésie
Tu déroules en ma nuit
Tes écharpes de roses
Et de cendres,
Puis dans ces douceurs grises tu déposes
L’œuf noir de la folie.
Tags: poésie
SAADI
Îles
Îles
Îles où l'on ne prendra jamais terre
Îles ou l'on ne descendra jamais
Îles couvertes de végétations
Îles tapies comme des jaguars
Îles muettes
Îles immobÎles
Îles inoubliables et sans nom
Je lance mes chaussures par-dessus bord car je voudrais
bien aller jusqu'à vous
Feuilles de Route.
Si chaque jour
tombe dans chaque nuit
il existe un puits
où la clarté se trouve enclose.
Il faut s'asseoir sur la margelle
du puits de l'ombre
pour y pêcher avec patience
la lumière qui s'y perdit.
Annonce-leur encore que l'eau n'est vive que pour ceux qui ont soif.
Déserts.
Tags: poésie
Pablo NERUDA - Je veux toutes les mains des hommes
de pain et recueillir
de l'olivier,
et laisser un cadeau
du jour.
Terre, planète bleue, où un cosmonaute, au hublot de sa navette, nomme les continents des
géographies de son enfance.
Terre, planète bleue, où une asphodèle germe dans les entrailles d'un migrateur mort d'épuisement sur
un rocher de haute mer.
Terre, planète bleue, où un dictateur fête Noël en famille alors que, par milliers, des corps brûlent dans
les fours crématoires.
Terre, planète bleue, où, décroché avec fracas de la banquise polaire, un iceberg bleuté entreprend son
long périple océanique.
Terre, planète bleue, où, dans une gare de banlieue, une famille attend un prisonnier politique
séquestré depuis vingt ans.
Terre, planète bleue, où à chaque printemps le Soleil ramène les fleurs dans les sous-bois obscurs.
Terre, planète bleue, où seize familles ont accumulé plus de richesses que quarante huit pays démunis.
Terre, planète bleue, où un orphelin se jette du troisième étage pour échapper aux sévices des
surveillants.
Terre, planète bleue, où, à la nuit tombée, un maçon contemple avec fierté le mur de briques élevé tout
au long du jour.
Terre, planète bleue, où un maître de chapelle écrit les dernières notes d'une cantate qui enchantera le
cœur des hommes pendant des siècles.
Terre, planète bleue, où une mère tient dans ses bras un enfant mort du sida transmis à son mari à la
fête du village.
Terre, planète bleue, où un navigateur solitaire regarde son grand mât s'effondrer sous le choc des
déferlantes.
Terre, planète bleue, où, sur un divan de psychanalyse, un homme reste muet.
Terre, planète bleue, où un chevreuil agonise dans un buisson, blessé par un chasseur qui ne l'a pas
recherché.
Terre, planète bleue, où, vêtue de couleurs éclatantes, une femme choisit ses légumes verts sur les étals
d' un marché africain.
Le snobisme scolaire qui consiste, en poésie, à n'employer que certains mots déterminés, à la
priver de certains autres, qu'ils soient techniques, médicaux, populaires ou argotiques, me fait
penser au prestige du rince-doigts et du baisemain
Ce n'est pas le rince-doigts qui fait les mains propres ni le baisemain qui fait la tendresse
Ce n'est pas le mot qui fait la poésie, mais la poésie qui illustre le mot. Les écrivains qui ont
recours à leurs doigts pour savoir s'ils ont leur compte de pieds, ne sont pas des poètes, ce sont
des dactylographes
Le poète d'aujourd'hui doit être d'une caste
d'un parti
ou du Tout-Paris
Le poète qui ne se soumet pas est un homme mutilé
La poésie est une clameur. Elle doit être entendue comme la musique. Toute poésie destinée à
n'être que lue et enfermée dans sa typographie n'est pas finie. Elle ne prend son sexe qu'avec la
corde vocale tout comme le violon prend le sien avec l'archet qui le touche
Mozart est mort seul, accompagné à la fosse commune par un chien et des fantômes
Renoir avait les doigts crochus de rhumatismes
Ravel avait dans la tête une tumeur qui lui suça d'un coup toute sa musique
Beethoven était sourd
Il fallut quêter pour enterrer Béla Bartók
Rutebeuf avait faim
Villon volait pour manger
Tout le monde s'en fout
Nous vivons une époque épique et nous n'avons plus rien d'épique
La musique se vend comme le savon à barbe
Pour que le désespoir même se vende il ne reste qu'à en trouver la formule.
Tout est prêt : les capitaux
La publicité
La clientèle.
Avec nos magnétophones qui se souviennent de "ces voix qui se sont tues", avec nos âmes en
rade au milieu des rues, nous sommes au bord du vide, ficelés dans nos paquets de viande, à
regarder passer les révolutions
N'oubliez jamais que ce qu'il y a d'encombrant dans la Morale, c'est que c'est toujours la
Morale des autres.
ON SE BAT
Tags: poésie
Il
dit que c'est aujourd'hui la saison
de sourire. Souriante elle ne dit
rien.
Tags: poésie
Tags: poésie
André ROCHEDY - Garde fidèlement...
Garde fidèlement
le visage de l’aube
Pour la traversée des ténèbres
le passeur cherchera
dans tes yeux
l’obole de lumière
Tags: poésie
Léopold SEDAR SENGHOR - Femme noire
J'ai grandi à ton ombre; la douceur de tes mains bandait mes yeux
Fruit mûr à la chair ferme, sombres extases du vin noir, bouche qui fait lyrique ma bouche
Savane aux horizons purs, savane qui frémis aux caresses ferventes du Vent d'Est
Tamtam sculpté, tamtam tendu qui gronde sous les doigts du vainqueur
Huile que ne ride nul souffle, huile calme aux flancs de l'athlète, aux flancs des princes du Mali
Gazelle aux attaches célestes, les perles sont étoiles sur la nuit de ta peau.
Délices des jeux de l'Esprit, les reflets de l'or rouge ta peau qui se moire
A l'ombre de ta chevelure, s'éclaire mon angoisse aux soleils prochains de tes yeux.
racines de la vie.
L’important n’aura pas été pour moi de guérir à tout prix, mais d’expérimenter le feu
foudroyant de cette expérience de vie, de me laisser évider par la foudre, de saisir un pan peut-
être du terrifiant mystère de la souffrance physique et de voir si on peut en sortir vivant.
Mon expérience est qu’on le peut et que, guérie ou non guérie, je suis dans la pulsation de la
vie. Elle est si intense que je la sens dans mes doigts en écrivant : j’ai vu ce que je voulais voir,
et je suis comblée.
C’est tout. (…)
Les Vivants n’ont pas d’âge. Seuls les morts-vivants comptent les années et s’interrogent
fébrilement sur les dates de naissance des voisins.
Quant à ceux qui voient dans la maladie un échec ou une catastrophe, ils n’ont pas encore
commencé de vivre. Car la vie commence au lieu où se délitent les catégories.
J’ai touché le lieu où la priorité n’est plus ma vie mais LA vie. C’est un espace d’immense
liberté.
et ils n'ont aucun goût pour les belles phrases et les discours.
C'est que la nuit tombe et que les barbares ne sont pas arrivés.
Tu déroules en ma nuit
Tes écharpes de roses
Et de cendres,
Puis dans ces douceurs grises tu déposes
L’œuf noir de la folie.
Quand vers minuit, soudain, tu entendras passer un cortège invisible avec de merveilleuses
musiques et des éclats de voix, ne te lamente pas en vain sur la Fortune qui chancelle, sur tes
œuvres qui ont échoué, sur les entreprises de ta vie qui, toutes, se sont avérées illusoires.
En homme prêt de longue date, en homme de cœur, salue-la, cette Alexandrie qui s’éloigne.
Surtout, ne te leurre pas, ne dis pas que ce n’était qu’un rêve, que ton oreille t’a trompé ;
dédaigne ces futiles espoirs.
En homme prêt de longue date, en homme de cœur, comme tu te dois de l’être, toi qui méritas
pareille ville, approche-toi d’un pas ferme de la fenêtre et écoute avec émotion, mais non pas
avec les plaintes et les supplications des lâches, comme une ultime jouissance, la rumeur, les
ravissants accords du mystique cortège et salue-la, cette Alexandrie que tu perds.
Poèmes anciens ou retrouvés, traduction par Gilles Ortlieb et Pierre Leyris, Éd.
Seghers.
Tags: poésie
Constantin CAVAFIS (Costantino Kavafis) – Ithaque
Quand tu partiras pour Ithaque, souhaite que le chemin soit long, riche en péripéties et en
expériences. Ne crains ni les Lestrygons, ni les Cyclopes, ni la colère de Neptune. Tu ne verras
rien de pareil sur ta route si tes pensées restent hautes, si ton corps et ton âme ne se laissent
effleurer que par des émotions sans bassesse. Tu ne rencontreras ni les Lestrygons, ni les
Cyclopes, ni le farouche Neptune, si tu ne les portes pas en toi-même, si ton cœur ne les dresse
pas devant toi.
Souhaite que le chemin soit long, que nombreux soient les matins d'été, où (avec quelles
délices!) tu pénétreras dans des ports vus pour la première fois. Fais escale à des comptoirs
phéniciens, et acquiers de belles marchandises: nacre et corail, ambre et ébène, et mille sortes
d'entêtants parfums. Acquiers le plus possible de ces entêtants parfums. Visite de nombreuses
cités égyptiennes, et instruits-toi avidement auprès de leurs sages.
Garde sans cesse Ithaque présente à ton esprit. Ton but final est d'y parvenir, mais n'écourte
pas ton voyage: mieux vaut qu'il dure de longues années et que tu abordes enfin dans ton île
aux jours de ta vieillesse, riche qu'Ithaque t'enrichisse.
Ithaque t'a donné le beau voyage: sans elle, tu ne te serais pas mis en route. Elle n'a plus rien
d'autre à te donner.
Si tu la trouves pauvre, Ithaque ne t'a pas trompé. Sage comme tu l'es devenue à la suite de
tant d'expériences, tu as enfin compris ce que signifient les Ithaques.
Tags: poésie
Heather DOHOLLAU - Douceur de marcher sur le sable
Et de plonger en ciel,
Rassurer ma terreur,
L'hiver,
La nuit,