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DES
FRANCS-MACONS
TRAHI,
E T
LE SECRET
DES MOPSES
A AMSTERDAM,
M. DCC. XLV.
rt&ti &9.
y^&nJ **é>
3§S£& V^^Sl >fsas*
$£9^, >^_$V
7?_TÛU mtf^.1 I
PRE FA C E
NECESSAIRE.
Ui dit un Homme ,
dit un Animal curieux *
témoin nos premiers Pa-
rens -, témoin nous-mê-
mes, tous tant que nous fbmmes.
N'examinons pas si cette Curiofîtc
est une Vertu ou un Défaut, niquels
font les caraderes qui la font être ou
l'une ou l'autre : appellons-la Ver-
tu, j'ai mes raisons pour cela. La
chose ainsi décidée, je puis me van-
ter en toute fureté ,d'être l'homme
le plus curieux qu'il yait furla Ter-
re. Depuis que je me connois je * ,
me
II
TREF A C E t
-
3,
3,
dans ce Catéchisme quelques Deman-
des & quelques Réponses qui ont é-
chape à ma mémoire : mais j'ose afTu-
3,
TABLE
XVII
TABLE
DES
PIECES
Contenues dans ce Livre.
LE Secret
Maçons.
Supplément
des Francs-
Page
au Secret des
i
Francs-Maçons.
Réception du Maitre. 116
Abrégé de l'Histoire de Hi-
,
ram, Adoniram ou Ado-
ram. 133
Catéchisme des Francs -Ma-
çons.
Serment des Francs
-
147
Ma-
çons.
Chiffre des Francs Ma-
-
172
pns. - ** 174
Signes 9
Table des Pièces.
XVIII
Signes ,
Attouchemens &
Mots des Francs -Maçons,
ÏRemarquesMaçonnerie.
de la
Lb Secret
fur divers Usage
871
des Mopses
s
reye-le'. 201
"4* Tff
Â-Jî-
LE SECRET
FRANCS-MAÇONS.
r
** % ÂIJ
XXI
AU TRES-VENERABLE
FRERE PROCOPE,
MEDECIN
ET RANC-MACON,
L'un des Vénérables des vingt*
deux Loges établies à Paris.
ENERABLE,
Le vifintérêt que vous pre-
nez à tout ce qui concerne
l'Ordre illustre des Francs-Ma-
çons ,m'a déterminé à vous pré-
senter **
ce petit Ouvrage.
S'il
3
XXII EPI T R E
S'ilpar oit d'abord devoir fai-
re quelque tort à la Confrérie
Maçonne, ildoit, ce me sem-
ble , d'un autre coté engager vi-
vement les Chefs* d'Ordre à ter-
miner au -plutôt le grand ou-
vrage de la Réformation, qu'on
médite depuis longtems. On al-
loit, dit -on, chasser du Corps
un nombre considérable de Frè-
res ', qui le deshonorent par la
bajfeffe de leur caractère &pdr
le vilintérêt qui les anime j de
vingt -deux Loges qui font à
c
Paris, on comptoit n'en
ver que douze.
conser-
Ce coup , également sage é*
terriMe , mais nécessaire , n'a
,
été différé filongtems que par
la crainte que l'indiscrétion des
exclus irrités ne révélât à l'U-
nivers lesfacrés Mysteres ,qu'au-
cun
E P IT R E. XXII
El JJJ l-qi_FUV
AVER-
XXVI
AVERTISSEMENT.
LE
LE SECRET
FRANCS-MAÇO NS
—- - - -
les appelle Cotteries. On y a vu les Cot-
Rois _
—
teries des Gras <&> des Maigres ,
de Saint George ,
des
des Voi-
sins logés dans une même rue, des Ni*
-- -- -- —
gauds &des Buveurs de Bierre de Brunf-
—wick,
--
des Duellifies, de deux fols,
des Laids , des Gands à frange ,
-
des Amoureux, la Cotterie Hebdo-
madaire ; * la Cotterie Eternelle ,&nom-
bre d'autres. La Cotterie Eternelle ,qui
n'a été instituée que vers la fin des Guer-
res Civiles d'Angleterre , & qui a fouffert
quelques interruptions ,avoit pourtant dé-
jà confomméau commencement de ce Siè-
cle ,cinquante Tonneaux de Tabac ,tren-
te mille Pièces de Bierre, mille Banques
de Vin rouge de Portugal ,deux cens Pi-
pes d'Eau de Vie,&c.
14
Le Secret des
„langue
j, soit coupée de ma bouche jus-
qu'à la racine, & brûlée jusqu'à ce que
„le eparfe ,afin que par
„punition l'ait
vent
on perde le souvenir que j'aye
cette
-
Francs Maçons , lorsqu'ils se
rencontrent. On appelle le fécond,
le signe Manuel. Ilest bon ce-
pendant dbbfèrver, que depuis as-
sez longtems , les Francs- Maçons
François ont fait quelque change-
ment à cette façon de se touchen
Selon l'usage qui est aujourd'hui
-
en vigueur , deux Francs Maçons
qui cherchent à s'assurer l'un de
l'autre , ne touchent point la mê-
me jointure ;c'est-à-dire , que file
premier qui prend la main , prefle
la première jointure", le fécond
doit prefler la féconde • ou la troi-
sieme , file premier a pressé la fé-
conde.
Selon les usages observés de tems
immémorial parmi les Francs-Ma-
çons , il y avoit des interfaces en-
tre chaque degré que l'on acquêt
roit dans l'Ordre. Quand on étoit
reçu Apprentis, on reftoit dans
cet
FRANCS- MAÇO N s. y 71
-
Hiram, dont ils'agit chez les
Francs Maçons , étoit bien éloi-
gné d'être Roi de Tyr. C'étoit
un excellent Ouvrier pour toutes
fortes d'ouvrages en métaux com- ,
me or, argent & cuivre. Ilétoit
fils d'un Tyrien, & d'une femme
de la Tribu de Nephtali (a). Sa-
lomon le fit venir de Tyr, pour
travailler aux brnemens du Tem-
ple.
se
nérable : Où tenoient les Sur*
veillans? Réponse : Vénérable,
en Occident. Le Vénérable : Pour-
quoi en Occident ? Réponse :
Parce que , comme le Soleil ft
couche en Occident ,les Surveil*
lans s'y tiennent pour payer les
Ouvriers , &*pour fermer la
Loge. F /
Le Vénérable prononce alors
la Sentence d'Exclusion, en di-
sant : Premier & fécond Sur-
veillans, Frères <& Compagnons
de cette Loge, la Loge efl fer-
mée. Les Surveillans répètent la
même chose. Le Vénérable dit
alors au Frère qui a manqué , que
c'est par rapport à la faute qu'il
a commifè, & qu'il n'a pas vou-
lu réparer, qu'on a fermé la Lo-
ge. Dès -là, celui qui est l'ob-
jet de la réprimande, est exclus
de l'Ordre; iln'est plus fait men-
tion
Francs-Maçons. 103
tion de lui, lorsqu'on invite les
Frères pour aflifter à une Récep-
tion; &on a foin en même tems
de faire avertir les autres Loges
du caractère peu sociable de ce-
lui contre lequel on s'est trouvé
dans l'obligation de sévir ; alors
ilne doit être admis nulle part ,
c'est un des Statuts de l'Ordre.
Au reste , iifaut que l'obstina-
tiond'un Frère soit pouflee un peu
loin, pour qu'on en vienne à une
telle extrémité. Un Ordre qui
ne respire que la douceur ,la tran-
quillité &la paix , ne permet pas
qu'on prononce contre un des
Membres aucun Arrêt rigoureux,
fans avoir tenté auparavant tou-
tes les voies poflibles de conci-
liation.
Une interruption aufliaffligean-
te doit altérer confldérablement le
plaisir que goûtent les Frères à
G 4 chan-
104
Le Secret des
chanter les Hymnes de leur Ordre.
Cependant , comme ilest de règle
de chanter dans les Assemblées or-
dinaires, on reprend le fildes Chan-
sons , lorsque le calme est entière-
ment rétabli. J'ai déjà dit, que
l'on finiflbit par la Chanfoii des
Apprentifs; & j'ai fait observer,
que les cDomeftiques ou Frères*
Servans venoient alors se mettre
en rang avec les Maitres. J'ai dé-
crit au même endroit, de quelle
façon on se conduifoit dans cette
dernière cérémonie; ainsi je me
Crois dispense d'en parler ici da-
vantage. Je pourrai quelque jour
entrer dans un plus grand détail,
lorsque je donnerai une Hifloire
complette de cet Ordre. On y
verra son origine , ses progrès ,ses
variations : peut-être aufli que ce
qui se pafle -aujourd'hui, me four-
nira l'Histoire de fa décadence &
de là ruine. Cet
Francs-Maçons, 105
ABRE-
du Maître. 133
Wk--&**l*&*W(F
/
A B RE G E
DE L'HISTOIRE
DE HIRAM,
ADONÎRA M,
ou
A D O R A. M,
Architecte du Temple
DE SALOMON.
v r comprendre le rapport
PO qu'il y a entre cette Histoire,
-
ce la Société des Francs Maçons ,
ilfaut savoir que leur Loge repré-
I z fcn~
134 Réception
fente le Temple de Salomon , Ôc
qu'ils donnent le nom d'Hiram à
rArchitcde que ce Prince choisit
pour la conftru&fon de ce fameux
édifice.
Quelques-uns prétendent que cet
Hiram étoit Roi de Tyr; &d'au-
tres, que c'étoit un célèbre Ou-
vrier en métaux, que Salomon a-
voit fait venir des Pays étrangers,
&qui fîtles deux Colonnes d'airain
qu'on voyoit à la porte du Tem-
,
ple l'une appellée Jachin, &
l'autre Boaz.
L'Auteur du Secret des Francs-
Maçons a raison de dire qu'il ne
s'agit point d'Hiram Roi de Tyr,
-
chez les Francs Maçons. Mais ii
,
ne s'agit point non plus comme
ille prétend , de cet Hiram ad-
mirable Ouvrier en métaux que,
Salomon avoit fait venir de Tyr,
Ôc qui fit les deux Colonnes de
bron-
du Maître. 135
CA*
147
tà'&^fà***&tâf?wp&i%%
CATECHISME
DES
HD. Pourquoi
-
vous êtes vous fait
Maçon ?
R. Parce que j'étois dans les té-
nèbres, Ôc que j'ai voulu voir
la lumière.
_T>. Quand on vous a fait voir la
lumière , qu'avez- vous apper-
çu?
R. Trois grandes Lumières.
ÎD. Que fignifieut ces trois grandes
Lumières ?
R. Le Soleil ,la Lune, &leGrand^
Maitre de la Loge.
jD. A quoi connoit-011 un Ma-
çon?
R. Au Signe , à l'Attouchement,
& au Mot.
Quel-
Francs-Maçons. 14^
Quelques-uns ajoutent, <&, aux çircon-
ftances de ma Réception. .
. .. , \
<D. 80.
R. Az.
<D. Boaz.
R. Boaz.
0
Ou lSrn après l'autre ,pu tous deux en-
semble. Boat est le vrai nom, & le plus
trfité parmi les-JFfères. : jJl, y en .a pourtant
qui c\ifent Boâz }<$c d'autres f,i<?z.
tV. Que lignifie:1e mot Boaz ?
R. .C'eft; ri©"nom de l;autre Co-
lonne, d'airain qui étoit à la
porte
Francs-Maçons, 151
<D. Quel-
«
156
Catéchisme des
C
D. Quelle est fa longueur ?
R. De l'Occident à l'Orient.
€
D. Sa largeur?
R. Du Midiau Septentrion.
_D. Sa hauteut ?
R. De la furface de la Terre, jus-
<
qu'au Ciel.
D. Et fa profondeur?
R. De la furface de la Terre ,jus-
qu au centre.
D. Pourquoi répondez-vous ainsi?
C
R. Trois.
2). Où
Francs-Maçons, if7
2), , Où font-elles situées?
R. L'une à l'Orient, l'autre au Mi-
di;& la troisieme à l'Occi-
dent.
Pourquoi n'y en a-t-il pas au
Septentrion ?
R. Parce que la lumière du So-
leil ne vient jamais de ce cô-
té-là.
2), Combien faut-ilde personnes
pour composer une Loge?
R. Trois la forment ,cinq la.com-
pofent, & sept larendent par-
faite.
2),
Qui font ces sept ?
R. Le Grand-Maitre, le premier
& le fécond Surveillans, deux
Compagnons, & deux Ap-
prentifs.
Où est placé le Grand Mai*
-
tre ?
R. A l'Orient.
*D, Pourquoi ?
R. Conu
158
Catéchisme des
R, Comme c'est a l'Orient , que
le Soleil ouvre la carrière du
jour; le Grand-Maitre doit
,
s'y tenir aufli pour ouvrir la
Loge, & mettre les Ouvriers
à l'œuvre.
C
D. Àvez-vous Vu le Grand Mai-
tre?
R. Oui.
T>. Comment est-il vêtu?
R. D'or & d'azur. Ou plutôt:
D'un habit jaune, avec des
bas bleus.
-
Ce n'est pas que le Grand Maitre soit
habillé de cette façon: mais l'habit jaune
fignifie la tête &'le haut du Compas, que
le Grand-Maitre porte -au bas de son Cor-
don, & qui est d'or, ou du moins doré;
& les bas bleus ,les deux pointes du mê-
me Compas ,qui font de fer ou d'acier.
C'est ce que lignifient aussi l'or &l'azur.
2). Où se tiennent les Surveil-
lans?
R. A l'Occident.
_D. Pour-
Francs-Maçons. 159
Pourquoi ?
R. Comme le Soleil termine là
course à l'Occident ;de me-*
me les Surveillans se tiennent
à l'Occident , pour payer les
Ouvriers , Ôc fermer la Loge.
2). Où se tiennent les Maitres?
R. Au Midi.
2), Pourquoi ?
R. Comme c'est au point du Mi-
,
di que le Soleil est dans fà
plus grande force; les Mai-
tres se tiennenr au Midi,pour
renforcer la Loge.
2) Où se tiennent les Compa-
gnons?
R. Ils font dispersés par toute la
Loge.
2). Pourquoi ?
R. Comme les Compagnons font
les Ouvriers , & que le tra^
vaii doit se faire par-tout , il
faut qu'ils se tiennent indif-
férem-
160 CATECHISME DES
le au cordeau. - vous
f>. Avec quoi avez tra-
vaillé?
R. Avec la,Chaux (ou, le Mor-
tier), la Bêche, & la Bri-
que; qui ftgnifient, la Li-
berté, la Gonftance, & le
Zèle, . «
..'^ v
L5 Ques*
170
Catéchisme des
,
fj^ueftions que l'on ajoute a
quelques-unes des précéden-
tes, lorsqu'un Franc -Maçon
étranger demande à être ad-
mis dans une Loge.
©. D'où venez-vous?
R. De la Loge de S. Jean. ,
On a vu ci-dessus la raison de cette
réponse.
fD. Qu'apportez-vous?
R. Bon accueil au Frère Vift*
teur.
On appelle Frères Visiteurs, lesFrancî-
Maçons qui ne font point Membres de la
Loge où ils se présentent.
STO
172
Serment des
SERMENT
-
Que font, les Francs Maçons ,
à leur première Réception ,
en tenant la main fur l'E-
vangile.
de Gentilhomme (*), je
FOI promets & je m'oblige de-
vant Dieu ,
Ôc cette honorable
Compagnie, de ne jamais révé-
ler les Secrets des Maçons & de
la Maçonnerie, ni d'être la cau-
se direde ou indirede que ledit
Secret soit révélé, gravé, impri-
mé, en .quelque Langue & en
quelque caradere que ce soit Je
pro-
(*) On a dit ci-dessus, que c'est le ti-
treque se donnent tous les Francs -Ma*
çons, nobles ou non.
Francs-Maçons. 173
¦y^^^të^UB3ftsitë^
LE CHIFFRE
©ES
FRANCS-MACOm
i
On
Ze dtùffre des francs - _Jl(icûns
rendu pu&lic .
<
EL U3nLLFJL ULr LRJELI
A
Francs-Maçons, 175
SIGNES,
179
tâm4®3&-d£^4s^m-i^
SIGNES,
ATTOUCHEMENS et MOTS
des Francs-Maçons»
M *% Tom
Signes et Mots des
184
Tour les Maitres.
Les Maitres employent 1e même
Signe, le même Attouchement t
& lemême Mot, que les Com-
pagnons.
Leur Mot de passe est Gi-
blim.
11 y a pourtant un Mot , un
Attouchement &un Signe ,parti*
culiers aux Maitres. Le Mot est
Mak-benak s mais ilest rare qu'on le
faffe prononcer, parce qu'on le re-
garde comme sacré. On ne s'avîfè
gueres non plus d'en venir à YAt-
touchement de Maitre, qui fè fait
en passant le pouce droit entre le
pouce droit &le premier doigt de
celui que l'on touche, & en
lui embraflànt le dedans du poi-
gnet avec les quatre autres doigts,
écartés, & un peu plies en for-
me de ferre de façon que le
doigt
Francs-Maçons. 185
Wl-
187
W?M''H'frH*i4?i,i'i'frss£'H
REMARQUES
Sur divers Usages de la
Maçonnerie.
I. TL y a des Frères, qui dans
Iles Lettres qu'ils s'écrivenr,
mettent une Equerre, un Com-
pas, ou quelque autre Symbole
de l'Ordre , au dessus , au dessous,
ou à côté de leur Signature.
C'est ainsi qu'en a usé l'Auteur
de l'Epitre Dédicatoire du Secret
des Francs* Maçons. Mais c'est
un abus, introduit par l'ignoran-
ce ou par l'ostentation des No-
vices. Un Franc- Maçon bien
instruit , qui écrit à un Frère ,ne
doit employer que cette formu-
le :Je 'vous salue par U nom*
bu
188
Remarques sur
bre ordinaire, & y joindre trois
ère. ère. &c. Ce nombre or-
-
dinaire est le nombre de trois.
On fait que les Francs Maçons,
en Loge & à table, font tout
par trois. Mais quand c'est une
Loge qui écrit à une autre , alors
on ajoute quelqu'un des Symbo-
les dont j'ai parlé • & de plus,
on écrit en équerre l'lnfcription
ou la tête de la Lettre , com-
me on voit ici le mot de Mon*
sieur.
MON
y—<
M
p*
LE
«
LE SECRET
DES MOPSES
REVELE.
N4
LE SECRET
DES MOPSES
/
REVELE.
ilUo ig v e l'Ordre des
g S Mopfes ne soit ni aufli
•ggrJi ancien, ni aufïi éten-
——'
du, à beaucoup près
- ,
que celui des Francs Maçons ,il
ne laisse pourtant pas d'être con-
sidérable , & de faire beaucoup
de bruit dans le Monde. A pei-
pe sorti du berceau , on le voit
déjà s'étendre hors du Pays où il
a pris naiflance _ & s'il faut ju-
ger de ses progrès à venir, par
ceux qu'il a faits dans un fi court
N f efpa-
202 Le Secret
espace , ii ne tardera pas long-
tems à s'établir dans toutes les
parties de l'Europe.
Cet Ordre doit son origine à
un scrupule de con science. Clé-
ment Xll aiant excommunié les
Francs- Maçons en 1736 beau-,
coup de Catholiques Allemands,
épouvantés par la Bulle Papale ,
renoncèrent au deflein d'entrer
dans leur Société. Mais ne pou-
vant se réfoudre à se voir privés
des douceurs qu'ils s'étoient flat-
tés d'y trouver, ils formèrent le
projet d'en établir une autre, qui,
fans les exposer aux censures du
,
Vatican leur procurât les mêmes
agrémens que la première. Il
faut convenir même , qu'à ce der-
nier égard , ils ont beaucoup ren-
chéri fur leur modèle, comme je
le ferai voir bientôt. Ils trou-
vèrent un Protecteur , dans la per-
son-
DES MO PS ES. 20 203
DESMOPSES. 213
se n'oublie jamais le nom qu'il
porte. Il se contente donc de
gratter, comme font les Chiens:
cela se fait trois fois; & comme
on ne lui ouvre point, ilrecom-
mence à gratter de plus belle ,
& de toute fa force, Ôc se met
à hurler en vrai Doguin. On lui
ouvre enfin, Ôc il entre. Aulll-
tôt on voit sortir de la Lo^e un
Frère, qu'on nomme le Fidèle:
celui-ci met aux mains du Ré-
cipiendaire, non une Epée, com-
me font les Francs-Maçons , mais
une Chaîne, emblème de la Ser-
vitude du Chien à l'égard de
l'Homme : illui attache au cou
un Colier de cuivre , le prend
par la main droite , & l'aiant me-
né dans la Loge , lui fait faire
neuf fois le tour d'un Espace cra-
yonné dont je parlerai tout à
l'heure, & à l'entour duquel les
214 Le Sec R et
Frères fc tiennent debout. N'ou-
blions pas de dire , que la porte
est gardée par les deux derniers-
reçus des Mopfes, qui ont l'é-
pée à la main, pour écarter tous
ceux qui ne font pas de l'Or-
dre.
Tandis que l'on promène ainsi
le futur Mopfe , les autres ont à
la main un bâton ,une épée ,une
chaine, ou autre chose fcmblable,
avec quoi ils font un bruit horri-
ble. Ce carillon sert d'accompa-
gnement à je ne fai combien de
voix difcordantcs , qui crient d'un
ton lugubre, Mémento mori, mé-
mento mori, c'est-à-dire, Songez
qu'ilfaut mourir. Tout cela se
fait pour épouvanter le pauvre No-
vice, & mettre fa fermeté à Yér
preuve: & s'il est vrai qu'il faut
n'avoir pas grand courage, pour
s'effrayer tout de bon de ce
frar
DE S» Mo PSE S. 21 215
;iln'est
fracas pas moins vraiquil
faudroit être tout à fait insensible,
pour ne pas sentir au moins quel-
que émotion. On juge bien que
ce font les Femmes , qui en géné-
ral témoignent le plus de foiblef
se. J'en ai vu une , dans la mê-
me Loge de Francfort ,qui fut sai-
sie d'un fi furieux tremblement ,
qu'on fut obligé de l'emporter fur
les bras ; & les Mopfes furent fi
scrupuleux observateurs de leurs
Règles ,qu'ils ne voulurent jamais
lui débander les yeux, que lors-
qu'elle fut hors de la Loge. Mais
ilfaut convenir , qu'il y a beau-
coup d'Hommes qui se montrent
Femmes dans cette occasion: on
en voit à qui les genoux tremblent
fi fort, qu'ils ont de la peine à se
soutenir; d'autres suent à groftes
gouttes ;quelques-uns même tom-
bent évanouis entre lesbrasdeleur
O 4 Con-
216 Le Secket
Conducteur. Tout cela forme un
lpectacle ravissant pour l'Assem-
blée ; les cris deviennent moins
lugubres , & font entremêlés de
grands éclats de rire ; la gravité
même du Grand-Maitre en est dé-
rangée.
Le dernier tour achevé, le Réci-
piendaire fè trouve vis à vis du
Grand-Maitre, qui d'un ton d'au-
torité demande au premier Sur-
veillant, ce que fignifie le bruit
qu'il vient d'entendre ? Le Sur-
veillant répond : C'est qu'il est
entré ici un Chien qui n'est point
Mopfe,èr que les Mopfes le veu-
lent mordre. Le Gr. M. _Ueman-
-
dez lui ce qu'il veut ? Le Surv.
1/ veut devenir Mopfe. Le Gr.
M. Comment se
peut faire cet-
te métamorphose? Le Surv. En
se joignant à nous. Le Gr. M.
T est-il bien résolu ? Le Surv.
Oui,
DES MoP S.E S. 217
Oui, Grand -Mopfe. Le Gr. M.
-
Demandez lui s'il fera obéifi
faut à tous les Statuts de la
Société? Le Surv. Oui, Grand-
Mopfie. Le Gr. M. Efl*ce la
curiosité , qui le porte à y en-
trer ? Le Surv. Non, Grand-
Môpfie. Le Gr. M. Est -ce quel-
que vue d'intérêt ? Le Surv.
Non , Grand- Mopfe. Le Gr.
M. Quel est donc fin motif ?
Le Surv. L'avantage d'être uni
à un Corps, dont les Membres
font infiniment efiimables. Le
Gr. M. Demandez -lui s'il a
peur du Diable? Le Surveillant
répète la question au Récipiendai-
,
re qui répond oui, ou non,com-
me bon lui semble ;cela ne fait
rien à l'affaire. Le Maitre reprend
la parole, & dit au Surveillant :
Voyez s'il a ce qu'il faut avoir
pour être Mopfe. Alors le Sur-
O f veil-
218 Le Secret
veillant dit au Récipiendaire, de
tirer la langue autant qu'il lui
fera possible. S'il refufe ,on ,
le
reconduit hors de la Loge &il
n'est pas reçu. S'il obéit, le Sur-
veillant lui prend la langue avec
les doigts , & l'examine de tous les
cotés, à peu près comme s'il vou-
loit languéyer un Cochon. Pen-
dant cet Examen , deux Frères
s'approchent, Ôc faifant semblant
de parler bas pour ne pas être en-
tendus ,l'un dit à l'autre : Il efl trop
chaud, il efl trop chaud, laissez-le
un peu refroidir. Celui-ci répond:
Il est bien comme cela, croyez moi,
iln'est pas trop chaud -, ilfaut
qu'ilpuisse faire la marque. Le
malheureux Novice, qui n'a pas
perdu un mot de ce dialogue,
frémit d'horreur à ces dernières
paroles. J'en ai vu qui jettant un
cri d'effroi, fautoient brusquement
en
DES MOPS ES, 2I 219
CONFRERIE
DES
FRANCS-MACONS,
PRECEDEES
DE
QUELQUES PIECES
DE POESIE.
a
NORMA MO RUM.
TRADUCTION EN VERS,
, ,
Le but où tendent nos deflèins
Est de faire revivre Aftrée
a3 Et
Et de remettre les humains
Comme ils étoient du tems de Rhée.
Nous suivons tous des sen tiers peu battus.
Nous cherchons à bâtir, & tous nos E-
diiîces
Sont, ou des prisons pour les vices,
Ou des Temples pour les venus.
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Q_U A TRAIN,
Frère RiCAUT.
J_ Our le Public un Franc-Maçon
Sera toujours un vrai problême ,
Qu'il ne fauroit réfoudre à fond ,
Qu'en devenant Maçon lui-même.
. LES FRANCS-MACONS.
Songe.
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La noble Architecture.
De là ,tout l'Occident
Reçut cette Science;
Et principalement
L'Angleterre & la France,
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Où parmi les loisirs
D'une agréable vie,
On jouît des plaisirs
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De la Maçonnerie.
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Soit célébré ton éloge ,
17
L'Antiquité répond
Que tout est raisonnable,
Qu'il n'est rien que de bon,
De juste & vénérable,
Dans les Sociétés
Des vrais Maçons &légitimes Frères.
Ainsi buvons à leurs santés,
Et vuidons tous nos verres.
* '
Profanes, curieux
De savoir notre ouvrage ,
Jamais vos foibles yeux
N'auront cet avantage.
Vous tâchez, follement
De pénétrer nos plus profonds mysteres j
Vous ne saurez. pas feulement
*
Comment boivent les Frères.
DUO
Pour les Francs
- Maçons.
le Frère Naudot,
Jf__^Orfque fous le règne d'Aftréé,
L'innocence gmdoit nos pas,
L'on ne voyoit point de combats,
Nila terre de morts jonchée.
En voici, Frère, la raison:
Chaque Homme étoit un Franc-Ma-
çon.
Tous
23
Avec équité,
Aimer & secourir son Frère
Dans l'adversité,
Fuir tout procédé mercenaire,
Consulter toujours la raison ,
Ne point se lasser de bien faire,
Cest la règle d'un Franc-Maçon.
4?
Accordez- nous votre fuffrage,
O Sexe enchanteur j
Tout Franc-Maçon vous rend hommage-
Et s'en fait honneur.
C'est en acquérant votre estime,
Qu'il se rend digne de ce nom:'
Qui dit un ennemi du crime,
Caractérise un Franc-Maçon.
4?
Samfon à peine à fà Maitrefïê
Eut dit son secret,
Qu'il éprouva de fa foiblefïc
Le funefte effet.
Dajila nauroit pu le vendre;
Mais elle auroit trouvé Samfon
Plus discret & tout aufïi tendre.
S'il avoit été Franc-Maçon.
POUR
( 25 J
25
LES FRANCS -MAÇONS!,
Décembre 1743.
Sur ÎAir de la Béquille.
«
J_jA lanterne à la main,
En plein jour dans Athène ?
Tu cherchois un Humain,
Sévère Diogène.
De tous tant que nous femmes
Visite les maisons ,
Tu trouveras des hommes,
Pans tous nos Francs-Maçons^
m
I/heureufe Liberté
A nos Banquets préside \
L'aimable Volupté
A ses côtés réside ;
L'indulgente Nature
Unit dans un Maçon
Le charmant Epicure
Et le divin Platon.
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m.
Tu fais afïèz de maux,
Sans troubler nos mysteres;
Tu nous rendrais rivaux ,
Nous voulons être Frères.
Notre chère famille
Redoute les débats,
Qu'enfante la Béquille
Du Père Barnabas.
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Fr. Quels plaisirs, quand le Ciel vous ras-
semble,
Goûtez- vous ensemble?
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LeVénér. Sois sage & discret,
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32
FIN.
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33 équitable .
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AVERTISSEMENT DU LIBRAIRE.
ERRATA.
Pige ißj, ligne 3 £tnbai, an-lieu de pag, 130,131.
Pfex. page 120.
Les autres fauta nt font sas £c ct>nft<pttnct.
(3?)
39 RELIEUR.
T L faut conserver- le papier blanc qui se
& trouve au deflbus de l'Explication des
Planches I,11, IV, V, & VIII,afin de
les faire déborder hors du Livre par le côté.
Les pages , où les Planches doivent être
placées, font marquées ci-defîbus.
AAN DEN BOEKBINDER.
ifet toit papier/ bat onber be îtitlegginj
ban be paaten I,11, IV,V, en VIIIge*
bonben toojbt/ moet men nict affhpben;
maar bie sobamg injetten / bat 3e
ter 3»ben buiten ïjet ï&otk uitfîaan. «De
pagirîaa£ / altoaar be J^laaten gcplaatft
moeten toojben/spn ïjier onber aangetocjeru
H. i.
- mibid.
59
PI. JI. - -
PI. 111.
PI. IV.
PI. V.
- 6t
117
ibid.
PI. VI.
PI. A.
- m
131
174
PI. VIL
Pi. VIII.
- 222
251
PI. B. 1
PI. C. |
- - (II)
(13)
PI. D.
PI. E. |
- " (16)
-. (I7>
PI. F. j «* -(33)
F IN.