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l~TRODCCTIOX ,\ L'ÉTC"DE CO\lPMt-\ TffE

DF.S

LANGUES 1~ DO-EP RO PÉE~l\'ES


D[ :\I t ,1 E ..\ l TE UH

J:echerches sur L'emploi du génili(-accusatif en 1·ieux sla1•e, 189ï,


Paris (Bouillon; Champion, successeur).

ne indo-europrzea radice *men- cc 111P11fe agi tare », 189ï, Paris


(Bouillon; Champion, successeur).

Études sur l'étymolo;;ie et le vocabulaire du 1•ieux sla1•e, 1re partie,


11302 ; 2e partie, 1903, Paris (Bouillon; Champion, succes5eur).

Es111isse d'une grammaire comparée de l'arménien classique, 1903,


Yienne (Autriche), chez les P.P. :\lékhithariste:- .

De quelques i11110,•atio11s de la déclinrzison latine, r9of,. Paris


( Klincb..5ieck).

Les dirdecles i1tdo-europée11s, sous pre~sc, Paris (Champion).

C n ~ R TRES. - 1 \l PR i \l ER Ir D 1: R -~ '.\ D. R 1: E F 1: L DER T.


A. MEILL ET
PROFESSEl Il AU COLLÈl~E DE FRA~CE
DIRECTEt·n ADJOl~T .\ t'ÉcOI.E DES HAUTES ÉTIJDES

INTRODUCTIOX A L'l~TLHE cmJPAHATffE

DES

LANGUES INDO-EUROPÉENNES

DEUXlbJE ÉDITION COHHIG.ÉE ET A l .G )I EXTÜ:

PA.HIS
L lBRÀ l RIE HA C IIETTE ET C e 1

,.. iV, BOCLE\. AHL> S..\1.:-iT-GEID I..\I ~, j~)


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in 2010 with funding from
University of Ottav:va

http://www.archive.org/details/introductionlOOmeil
A \1 0 :\ \L\ITRE

~I. FERDL\A~D DE SAUSS URE

_.\ L'OCG..\SIO~

DES Yl~GT-CüQ ..\~S ÉCOCLÉS DEPLIS L..\ PCBLIC..\TIO~ DC

.l/ É.IJOIRE SCR LE s1·:,TÈ.I/E PRl.lf/TIF DES rornLLES

D.\.~S LES L..\~GrES nDO -EC HOPÉE~~ES


A YA:\T-PHOPOS DE LA 1re ÉDITIO:\ (1903)

Ce liue a un objet très limité: celui clïndiqner brièYement


les concordances qu'on obsene entre les diYcrses langues
indo-européennes et les conclusions qu'on en peut tirer.
II n'est pas destiné aux personnes qui saYcnt la grammaire
comparée des ·langues indo-européennes : elles n'y trouve-
raient ni une idée nouwlle ni un fait nouYeau. Il présente
seulement un aperçu de la stnrcture de l'indo-européen, telle
que la grammaire comparée l'a réYélée.
La connaissance du sanskrit est utile pour aYoir une Ylie
même superficielle du sujet, et ceux qui Yüll(lraient pousser
un peu arnnt ces études ne sauraient s'en dispeuser non plus
que de celle du grec: mais elle n ·est pas nécessaire pour lire
le présent 01.iuage, et bien qu'on ait dù naturellement citer
des faits empruntés aux cliwrses langues de la famille, on
s'est efforcé de rendre l'exposé intelligible à tout lecteur qui
a étudié le grec.
l' ne esquisse de la grammaire comparée des langues inclo- .,J
européennes n'est pas un traité de linguistique générale: les
principes généraux de la linguistique n ·ont clone été indiqués
que clans la mesure oü il a paru indispensable de le faire et
Ylll A Y ..\'.\T-PROPOS DE L..\ l re ÉDITIO::X

auraient été entièrement pa~sés son'- silence sïl existait un


bon précis ::,Ur la matière.
Ce qui forme l'objet du présent exposé, ce ::;ont unique-
ment les traits particuliers et caractéristiques d'une famille
de langues définie. :\lais on n ·a pas cherché à sui ne le
déYeloppement de telle ou teile langue indo-européenne ;
c'est affaire aux grammaires comparées de l'indo-iranien, du
grec. du latin, du germanique. etc. d'exposer cette histoire ;
ce line ne porte que sur le~ concordances entre les diYer,es
langues de la famille.
Ce n'est pas non plus une grammaire de lïndo-eurnpéen:
lïndo-europérn e'-t inconnu, et les concordances sont la
seule réalité qu'ait à étudier le comparatiste. La grammaire
comparée n·a pas pour but de reconstruire l'indo-européen.
mais, gràce à la détermination des élémen ts communs indi-
qués par les concordance:-. de mettre en éYich'nce cr qui. dans
cliarnn des idiomes hi::,toriquement atteste'-, c:-t la conti-
nuation d'une forme ancienne dP la langue: Pl C'C qui est dt'i
à un déYeloppemen t propre et origirntl. Elle se propose moins
encore d'expliquer l'indo-européen: aucune méthode connur
ne permet de faire. pour explique r Jïndo-curopéen~ autn·
chose que des suppositions inYérifiables.
Toutes les h)pothès<'s r<'latiYes à la formation du système
morphologiqm· indo-cn ropéen 011 t donc été omises, et il
n ·a pas 5emblé ntile de mentionner même celles qui passent
pom le moins Jouteuse~: i1 qui a le :--ouci de la certitude et
d'une rigueur scientifique, ce q11i importe aYant tout en
pareille matière~ c·e:-l de saYoir beaucoup ignorer.
On s·est abstenu de mèler aux problèmes précis rt aux
solutions certaines de ]a lingui5tiquP les questions obscures
A VA~T-PROPOS DE LA l rc ÉDITIO~ IX

relatives à la ra ce, à la religion, aux usages des peuples


de langue indo -européenne : ces matières ne peuvent ètre trai-
tées avec succès par les mêmes méthodes qne la grammaire
comparée ou par des méthodes analogues.
L'intérêt d'une matière ainsi réduite risque de paraître
mince à beaucoup de lecteurs ; il est pourtant très grand. En
effet nul phénomène social n'est plus universel ni plus essen-
tiel que le langage, nulle manifestation de l'esprit humain
n'en traduit plus complètement ni d'une manière pins déli-
cate et pins variée toute l'actiYité; le sociologue. et le psycho-
logue ont donc bPsoin d'arnir sm la linguistique des notions
précises; el la famille des langues indo-européennes, de
tontes la mieux étudiée et d 'ailleurs la plus importante, est
celle qui peut leur fournir les témoignages les plus utiles. Or,
on ne saurait, d'une manière quelconque, en tirer parti sans
faire un départ exact entre ce qui appartient à tontes les
langues de la famille el ce qui provient d'innovations propres à
chacune. Le grammairien qui étudie une langue indo-euro-
péenne, s'il ne connait pas la grammaire comparée, doit se rési -
gner à la pure et simple constatation des faits, sans en jamais
tenter l'explication; car autrement il s'expose à expliquer à
l'intérieur d'une langue, et par des particularités propres i1
celle-ci, des faits antérieurs à cette langue et qni reconnaissent
de tout autres causes. Un helléniste par exemple peut noter
la coexistence de i1:: cc il est » et de s't1i « ils sont », mais il
n'a pas le moyen de rendre compte du rapport de ces deux
formes; il peut aperèevoir l'alternance de s·1, :,·1 et x clans
-rs·,w, -:~•1:;, -:x:b;, mais il n'en saurait donner aucune inter-
prétation. On le voit, le grammairien n'a le droit d'ignorer la
grammaire comparée qu'aulant qu'il est capable de s'arrêter
X .-\ Y ..\:XT-PROPOS DE L ..\ J re ÉDITIO:X

à la simple obserYation des faits bruts el de ne jamais essa_yer


de les comprendre.
Les exposé::; élémentaires qui permettent d<' s'initier à la
grammaire comparée répondent donc à un besoin urgent.
~I. Y. Henry a donné satisfaction à ce besoin du public fran-
çais pour les langues les pins comnrnnémen t étudiées par ses
Précis de gram111aire ro111parée du grer et du latin, d'une part,
de l'anglais et de l'allemand, de l'autre. ll restait à fairr une
esquisse d'ensemble qui permit d'embrasser d'un coup d'œil
tout le groupe indo-européen, sans s'arrêter parti culièrement
sur l'une des langues qui le composent: r ·est l'objet que l'on
s'est proposé ici.

Comme pnnr lou te autre langue, les diflërentes parties du


f'.y::;tème linguistirp1e indo-européen forment u11 ensemble
oi1 tout se tient et dont il importe aYant' tout de bien com-
prendre le rigoureux enchai11ement. ln lino de grammaire
comparée n"est pas fait pour ètre consulté à l'occasion
comme une gram maire descriptiYe , mai::; pour ètre lu d'un
bout à l'autre, et il est impossible de tirer 11n profit quel-
conque de la lecture d'un fragment isolé. Demander à la
grammaire comparée l'explication d'une dillkulté de détail
d'une langue donnée arnnt de saYoir exactement en quoi la
~trncture cl'en:-emble de cette langue diffère de celle de lïndo-
européen, c'est déjà n'aYoir pas compris. Chacun des trait~
de l' indo-européen a donc été analysé ici :nec tonte la préci -
~ion r1u'o11 a pu y 111ettre, mais il n'a son ~ens que dans
l'ensemble dont il fait partie.
Outre cette néce::;sité cl 'embras:-:er 1111 grand groupe de
faits~ la grammaire cornparéc présente une autre difficulté
AYA:\"T-PROPOS DE L.\ I re ÉDITTO:\" :XI

toute technique : dans les formes considérées, on ne doit


jamais envisagerqne le point en discussion, en faisant abstrac­
tion de toutes les autres questions, toujours tres multiples,
r¡ui peuvent se poser a propos de ces memes formes. Si par
exemple le grec i,s(;:w, le lituanien lekz't « je laisse )) , le latin
linquo sont cités an point de vue de la gutturale finale de la
racine, il ne faut fixer l'attention que sur la correspondance
de grec 7., lituanien k, latin qu, en oubliant provisoirement la
différence de fonnation, et par suite de vocalisme, des présents
grec et lituanien d\me part, latin de l'autre. Les personnes
qui possedent la grammaire comparée sont celles qui, dans
un cas de ce genre, peuvent se représenter rapidement tout
le détail de ces formes et <le leurs variations depuis la période
indo-européenne; les délrn tants ou les personnes qui veulen t
se borner aux éléments doivent concentrer leur attention
sur la partie du mot qni est étucliée, en négligeant tout le
reste: ceci est surtout nai d'un ounage général comme
celui-ci oú il était impossible de justifier clans le Jétail les
rapprochements cités el d'expliqner les menues particularités
propres a telle ou telle langue.
La tuche d'exposer des faits aussi complexes et aussi déli­
cats n'aurait pas été réalisable si les maitres clonl l'anteur clu
présent line a re<;u les le<;ons ne l'avaient des longtemps
facilitée: M. �lichel Bréal qui, par ses livres et par son bril­
lant en�eignernent au College de France, a su imposer la
grammaire cornparée au public frarn;ais et a toujours soulenu
depuis l'attention qu'il a si heureusement éveillée; le regretté
A.bel Bergaigne et son éminenl snccesseur, :\l. Yictor Henry,
qui ont institué l'enseignemenl de la gram maire com¡�arée á
l'L"niversité ele Paris; 11. Ferdinancl de Saussure enfin de
XII A Y_-\:'i"T-PROPOS DE L\. Ire ÉDITIOX

qui l"on s·est surtout efforcé de s·assimiler et de reproduire


la doctrine précise et systématique et la méthode rigou-
reuse: les personnes qui ont eu le bonheur d'entendre ]es
leçons de )1. F. de Saussure ou qui ont médité ses trop
rares publications apercenont aisément tout ce que ce liue
lui doit. On a usé sans scrupule du riche répertoire de faits
bien controlés et bien classés et dïdées judicieuses qu ·est
le Gru11driss de JDI. Brugmann et Delbrück. Si le présent
line est capable de rendre quelques sen-ices, c'est surtout à
ces saYants que le mérite en est dù.
_\11 cours de !"exposé il n'a été intercalé aucune indication
bibliographique: les questions controYersées ont été autant
que possible éYitées, et l'on s~est efforcé de s'en tenir aux
résultats dont tout le monde doit conYenir. En appendice
sont ajouté~ un bref historique de la grammaire comparée,
indispensable pour co111prernlre comment cette science s·est
constituée. et une sériP d'indications sur ]es omrages à con-
sulter. En outrf': un index renYerra aux définitions de termes
techniques données au cours de l"ouuage.
Des per:-onnes amies ont bien voulu consacrer une partie
d'un temps précieux it conseillPr l"auteur ]ors <le l'établisse-
ment de son manuscrit et durant la correction des épreuves :
il lui sera permis de remercier ici d"un concours dont seul
il sait le prix, son ancien maitre, )1. Y. Henry, ses amis et
camarades d"études, )Dl. P. Bo~-er et JI. Grammont, et
enfin deux jeunes linguistes qui ont Jéjà fait brillamment
leurs preuYes; JI\I. H. Gauthiot el J. Yendr~-es.
A YA~T-PROPOS DE LA 2c ÉDIT1Œ\

L'ou\Tage a gardé la rnèrne physionomie générale; mais


beaucoup de corrections de détail y ont été apportées, et
aucune page ne reproduit exactement une page de la pre-
mière édition. L'auteur s· est naturellement efforcé de mettre
le texte au courant des dernières découYertes, de corriger
les fautes qui lui ont été signalées ou qu'il a reconnues lui-
mème, et d'améliorer la rédnction en la précisant.
La morphologie a été, pour plus de clarté, di visée en
trois chapitres. Quelques exemples et quelques détails sans
importance générale en ont été effacés: maintenant que
l'Abrégé de grammaire comparée de )l. Brugmann est entiè-
rement paru, et traduit en français, il est facile de se ren-
seigner sur toutes les particularités notnbles de l'indo-euro-
péen; l'objet du présent ouYrage est seulement de faire
appara1tre les grandes lignes de ce système linguistique.
Un chapitre nouveau a été ajouté : Sur le dlueloppement
des dialectes i11do-mropiens ; il est pen étendu, mais il suffit
peut-être à montrer en quel sens ont évolué les langues de
la famille. Le principal objet de la grammaire comparée est
de rendre compte des formes attestées; un livre sur l'indo--
..\ Y ..\~T-PHOPOS DE L.\. 2e ÉDITIO~

européen doit donc fournir l'amorce des ouuages ot1 est


exposée l'hi:-loire de chacune des langnes ou de chacun
de~ groupes de langues consenés .. \ u surplus. le parallélisme
du dén:!loppement des langues indo-e uropéennes e::;t chose
remarquable. el sur laqnrlle il importe d 'attirer l'attention
dt'.,~ l'aburd.
:\o,embre 1~10-;.
ABRÉ\-IA TI 0:\ S

Dans les traYaux relatifs à la grnmmaire comparée, où


des mots appartenant h des langues diYerses se trouwnt côte
ù cùte, on est conYenu cle faire précéder chaque mot cité
<l'une abréYiation indiquant la langue à laquelle il appar-
tient: ces abréYiations s'interprètent aisément et n'arrèteront
sans doute jamais le lectet\r: les principales sont

alb. a]b[tnt1is. gr. {!l'eC.


al 1. allemand. h. [I. haut allemand.
angl. anglais. liom. homérique.
arm. nrménien. 1.-C. indo-européen.
att. attique. 1011. 10men.
hait. baltique. iran. ira men.
béot. béotien. irl. irlandais.
cclt. celtique. isl. islancfois.
clor. dorien. lat. latin.
éol. éolien. lesb. lesbien.
fr. français. lit. lituanien.
gall. gallois. ombr. ombrien.
gàth. gàthique. osq. osque.
germ. germamque. pers. perse.
got. gotique. pol. polonais.
_\. :\IEII LE ï. b
xn ABRÉYI\TIO'iS

pràkr. prâkrit. sl. slaYe.


pruss. prussien. tch. tchèque.
sax. saxon. Yéd. Yédique.
skr. sanskrit. zd zend(languede l'AYesta).

L"n Y. placé dernnt une abréviation signifie neux; ams1


, ... sl. signifie vieux slaYe, v. J)russ. vieux 1)russien, etc.;
m. signifie moyen.
11 est inutile d'expliquer en détail lles abréviation:-; tC'lles
que nom. pour nominatif, aor. pour aoriste, elc.
L ·abréviation cf. (co11fe1) signifie « co;nparrz ».
Les chants <les poèmes l10méric1ues sont désignés par des
lettres, majuscules pour l'Iliade, A, B, l', 1 , etc., minus-
cules pour l'Odyssée, 7., ~- y, 3, elc.
lne astérisc1ue indique toujours une forme restituée pour
la clarté <le l'exposition, mais non attestée, une forme imlo-
européenne, par exemple, une forme préhellénique ( ou
hellénique commune), etc.
ln petit trait placé aYant ou après une forme indique que
celle forme n'est pas cilée au complet, ainsi skr. sylÎt cc c1u'il
soit » est un mot complet, mais on écriras- pour la racine,
-yâ- pour le sullixe et -t pour la désinence de ce mot.
TRANSCRIPTIO:\'S

Suivant l'usage ordinaire en linguistique, toutes les langues


autres que le grec sont citées non dans leur alphabet origi-
nal, mais dans des transcriptions.
Tl importe de définir d\me manière précise les transcrip-
tions qui ont été adoptées ici.
La difficulté essentielle de la question des transcriptions
provient de ce qu'un phonème est chose trop complexe et
délicate pour qu'un signe unique en puisse exprimer la
valeur exacte. Par exemple le t latin indique une occlu-
sirn dentale sourde, et le d latin une occlusive dentale so-
nore, et l'on peut convenir de n'employer t et d qu'en ce
sens ; mais le contact de la pointe de la langue et du palais·
qui caractérise t et d peut se produire en des points très
différents depuis les dents jusqu'à la courbure du palais; on
peut convenir de désigner part et d les dentales dont l'occlu-
sion est réalisée plus on moins près des alvéoles et par les
lettres pourvues d'un signe diacritique t et çl les dentales
prononcées en arrière, mais ceci mème ne définit le point
d'articulation que par un 1.1 peu près grossier. La YO}elle
qu'introduit le t peut commencer immédiatement après
l'explosion ou en èt1'e séparée par un souille plus ou moins
~\Ill

prolongé : la clifffrence sera incliqui,e, nrn1s toujours sans


précision~ part el th. Les lettres nr notent jamais directement
le degré d Ïn tensité de !"articulation.
En cc qui concerne les langues anciennes auxquelles la
grammaire comparée a surtout affaire. la question se pose
d'une manière particulière. En effet la prononciation n'en
est pas connue aYec la mème précision qne celle d'une lang-ue
YiYante, et, si l"on Yeut se tenir ::rnx faits sans y mêler
d'interprélatinn. la transcription doit purement el simplement
calquer J'a1phabet original. sans rien ajouter à ce qu'en-
seigne celui-ci et sans en rien ôter : les transcriptinns don-
nées ici sont conformes à ce principe général ; elles ne ren-
ferment qu·un minimum d'interprétation et permettent par
suite de retrouYer la graphie originale.
)lais les transcriptions n'ont pas été faites suiYant un
sy~tème :urèlé et de la même manière pour Lou les les langues,
el il résulte de là les plus fùcheuses et les plus singulières
incohérences : dans la transcription du slaYe et de l'armé-
nien. le r e:-t employè pour transcrire une consonne simple
mi-occlnsiw non clrninlante, celle par exemple du mot rns._e
car' « roi » qu ·on f··crit en français tsar} et è est la dmin-
tante correspondante, c'est-à-dire le c de l'italien ri; au con-
traire, dans la transcription du sanskrit, c transcrit un pho-
nème identique non an slaw r} mais au slaYe è. La lettre y
~ert presr1ue partout i1 noter l'i consonne, mais. dans la
transcription du si.ne, elle note une Yoyelle particulière, snrte
fl'i postpalatal et, dans l'orthographe du lituanien, elle note
la rn;Yelle i long. El ain::-i de beaucoup d'autres cas.
Enfin les ling-uisles ne snnt pas rncore panenus i1 ~c
mcllre entièrement d'accord; et, po11r 1111c seule et mème
lang-ue, il r\Ïslr des s:stèmes de transcriptions dillérent,
dans le dc'-tail. On a adopté ici ceux qui sont employés dans
les meilleurs manuels de chaque langne et qni son l usuels
T R.\~SCRI PTIO~S XII.

en France. Une entente internationale serait chose urgente,


et, semble-t-il, facile.

SA~SKRIT

L'alphabet sanskrit est syllabique, mais les voyelles y sont


indiquées d'une manière précise, si bien qu'il peut se tran-
scrire sans difficulté avec les caractères latins. Le système
employé ici est en principe celui qu'a recommandé le
rx_e Congrès des Orientalistes (à Genhe) et qui a été adopté
généralement; il n'en diffère que par des particularités
d'importance secondaire (en partie signalées entre paren-
thèses) :
Voyelles brhes : a, i, u, r (1), [.
Voyelles longues : a, i, ü, t·
Anciennes diphtongues à premier élément bref: e, o (pro-
noncés ë, 6, toujours longs).
Diphtongues à premier élément long : ai, au ( c'est-à-dire
ai, au).
Sonantes consonnes : y, v, r, l ( ce sont les consonnes qui
répondent respectivement aux voyelles i, u, r, l; toutefois v
n'est plus u consonne, mais labio-dental, comme le v fran-
çais); le védique a aussi 1(cacuminale ).
SOI:RDE~ SOI:RDES SOXORES SOXORES XASALES
ASPIRÉES ASPIRÉES

Occlusives :
Labiales p ph b bh m
Dentales t/J d db 1l

Cacuminales ( ou cérébrales) t th ~ dh {l

Gutturales k kh b
(!
gh li
)li-occlusives :
Palatales C ch J jh_ ,ï
(prononcées chuintantes : c, ch, j, jh).
Tfi..\~$CnIPTIO~S

Trois sifl1antes s·articulent à peu près aux mêmes points


que ]es occlusiYes dentales: cacuminales et pa]atales : s, f et ç
(transcrit par s' dans les propositions du Congrès des Orien-
tali,tes); f et ç sont des cJmintantes, telles que s.
Le h safükrit n ·est pas un souflle sourd, mais une articu1a-
tion sonore du lar:-nx. Le bau contraire est un souille sourd;
c·est toujours par b que sont représentées les sifilantes à la
pause : toute sifilanle finale sera donc indiquée par b dans
les mots cités isolément.
On désigne par 111 une émission nasale qui se produit sans
point. d'articulation propre dam la bouche et sans doute en
grande partie dans la position articulatoire de la ,,oyelle pré-
cédente.

L.-\~GCE DE L'.\ YEST.-\ ET YIELî PERSE

L'écriture du texte de l'_\Yesta rst alphabétique : l'ancien


alphabet pehh-j, qui n ·est qu · une forme de l'alphabet ara-
méen. en comtitue le fond, mais. outre leur forme ancienne,
la plupart des caractères y sont aussi représenté;;; par des
formes modifiées qui serYent à noter, aYec toutes sortes de
nuances: les unes les rnyelles, qui dans l'alphabet pehh-i
et dans la graphie originale de L-hesta, n'étaient pas notées
d'ordinaire. les autres divers détails de l"articulation des
consonnes: il est impossible de déterminer aYec précision
quelle" articulations indiquent certains des signes.
Les signes des Yo;-elles sont : a, a) i, ï) u, a, e) è, o, 6
(la difJérence entre e et è1 o et 6 n'est pas une différence de
quantité): ~) J (sortes d"e muets); ç (a nasal): a (sorte de
diphtongue ao à premier élément long).
TRA:\'SCRIPTJO~S XXI

Le système· des_ consonnes est le suivant:


0

• ·OCCLUSIYES OCCLUSIVES SPIRA'.';TES Sl'!RANTl:;S N.\SALES


SOURDES S0'.';0RES- SOURDF,_;l' ~b:-;ORES ·

Labiales. p b f U/ - ·Jli
Dentales. t d" f.) "
, -' JI;

Gutturales .. k g X "( Ji

A quoi il faut ajouter ; le t, sorte de t employé seulement à


la fin des syllabes deYant des consonnes et surtout à la fin
des mots; les mi-occlusives chuintantes c et j, avecJa nasale
correspondante n', et les siffiantes et chuintantes : ·

SOURDES S0'.';0RES

Sifflantes. s ~
Chuintantes. s (avec plusieurs notations) z
l'aspiration h, écrite avec plusieurs caractères dont on ne
connaît pas la valeur précise, et les.sonantes ~ y, v, r.
Le vieux perse, écrit en caractères cunéiformes, a à peu
près le même système phonétique, mais on n'y trouve pas
de notation des spirantes sonores w, o, 1 , et les nuances vo-
caliques n'y sont pas distinguées avec autant de détails.

SLAYE

Le vieux slave est écrit au moyen de deux alphabets : l'un,


le glagolitique, tiré de la minuscule grecque, est encore em-
ployé par quelques Dalmates catholiques; l'autre, le cyril-
lique, tiré de la capitale grecque, est demeuré en usage chez
XXII TRA~SCRIPTI0~5

tous les peuples appartenant à l'église orientale qui parlent


slave.
Les voyelles ( sans quantité rigoureusement déterminable)
sont:
Série dure: a, o, 11, )', û, rJ,·
Série molle : è, e, i, i, i, {·
{J, et { désignent des voyelles nasales qu'on prononce à peu
près comme o,z et in en français dans pont, vin; û et i sont
des voyelles très réduites de timbre mal détërminé, et non
pas u et i brefs ; y est une sorte de i postpalatal : la position de
la langue est presque celle de u, mais les lènes ont la position
de i; le è est un e très ouvert. Les deux séries de rnyelles se
répondent exactement : devant les rnyelles de la série dure,
les consonnes se prononcent dures, devant celles de la série
molle, elles se prononcent molles, c'est-à-dire avec une
mouillure : let de to n'est pas le même que le t de te;
l de lo est l « vélaire »(t), l de le est/ palatale; devant les rnyel-
les de la série dure on trame k et g, dernnt celles de la
z
série molle è, (aussi deYant a) etc, d:;_ (z), etc.
Le système consonantique est :

SOt;RDES SO:\ORFS :;A SALES

Occlusives labiales p b 11l


dentales t d 1l
gutturales k a
ô
))

~Ii-occlusiYes sifflantes C d~'\. ))

chuintantes è )) ))

Les sifflantes et chuintantes sont :

S0t;RDES SO:'iORES

Sifflantes. s
Chuintantes. j
T fi.\ '.\5CRI1'Tl0:\~

Il y a une seule ::-pirantc. la gutturale sourde, lran:,crite


ordinairement par ch, et non par x, qui serait préférable
à tons égards: il faut ajouter la labio-dentale -z.•: les liquides
r et /. Le yod joue un rùle immense dans la langue, mais
n·a pas de notation propre clans l'alpliaheL parce qu'il ne
s'isolait pas de la consonne précédente et de la rnyelle sui-
Yante: il est indiqué de manières trè:- compliquées, en com-
binaison aYec cc q11i précède et ce qui suit : clans la tran-
scription, on lïndique par j, pour simplifier, quelles que
soient les notations comple:\es des originau:\.

UTL\:\IEX

Le lituanien s \~crit en caractères latins : comme en polo-


nais. ~ y note la chuintante sonore, et
allemande ~) ln chuintante sourde s:
s,cz(
ou la lettre double
la mi-occlusi,·e é.
Les rnyellcs ë et o sont longues et fem1ées: y est i long : ù est
une sorte de diphtongue prononcée uo: é" est il: ç el q sont
d'anciennes rn_yelles nasales qui ont perdu leur nasalité dans
le lituanien occide:1tal, forme sous lacp1elle le lituanien est
citè ici en principe.
Les rnyelles el diphtongues lituaniennes sont souYent
surmontées de signes qui indiquent J"accent11ation : une
rn)·elle :,Împle accenlu<~e brhe reçoit un accent graYe. soit à;
une rnyelle longue simple accentuée reçoit l'accent aigu si elle
a dè-, le début le ma:\imum de hauteur et d'intensité et qu'en-
suite la hauteur et l'intensité décroissent, soit par e"\.cmpl<'
ô: elle re(oit le signe - , soit par e-xem pie à, si elle a dem:
sommet-. d'intensité l'un au commencement et l'autre ~1 la fin,
et un sommet de hauteur à la fin. Il en est de mème dans les
TR \"'\~f:IUPTIO~S

diphtongues : on a ainsi â11 et aii) ân ( avec a demi-long en


lituanien occidental) et a,\ ir (avec i bref en lituanien occi-
dental) et ir, etc.

L'alphabet de l'arménien classique a toutes les lettres de


l'alphabet grec, aYec de nombreuses additions. Le système
consonantique, noté aYec une remarquable précision, est le
suiYant:

snt·noEs ~Ol ROES ~O'.\ORt:s :\.lS.\LES


.\SPIRÉES

Occlusives labiales p ph b Ill


dentales th d JI
guttmalcs k kh o·
::,.,
))

)li ocrlusiYes siff1an les ( ( J ))

chuintante~ f ç } ))

li y fout joinJre les sifllantes sourde s et sonore Z, et les


cli11intantes sourde s et sonore z,
tle plus la spirante gu t-
tnralc sourde x, un 'l' sans cloute labio-dcntal, et un w qui
t~tait sans don le plus près den consonne, y qui est i rnyelle, 1el l
(ce dernier était 1 Yélaire), r (dentale) et f (r plus roulée)
cl l'aspiration h. - Lrs rnycllcs sont a) {') ë) i) o; de plus
u est {,crit ou,) d'après le grec :"J; ce ~igne double est tran-
~rrit ici par u. Les Yoyelles arméniennes n'ont pas de distinc-
tions de (Juantité : la différence entre e cl ë n'est pas une
différence de durée, mais de timbre, ë étant plus fermé ; la
transcription ç serait donc meilleure, mais elle est inusitée.
TRY~SCRIPTIO"\"S

GER'.\1.-\"\"IQCE

Le gotique est écrit aYec un alphabet dériYé de l'alphabet


grec; les signes employés ici pour le transcrire n'appellent
presque pas d'observations. Les rnyelles e et o sont longues
et fermées. Le caractère p désigne la spirante dentale sourde
(th anglais sourd) : le w (qu'on transcrit aussi par -r•) est u
consonne, très voisin par conséquent du w anglais : j est i
consonne; enfin le groupe hw transcrit un caractère unique
de l'alphabet original, et q dtSsigne un phénomène com-
plexe analogue au qu latin. Le 1:ro11pe ei note i long: ai et
au notent des diphtongues ai1 au et aussi, dans certaines
conditions déterminées, e et o brefs ouYerts.
Dans lïslanclais 1 un accent mis sur une voyelle marque
la c1uantité longue et non pas l'accentuation : â est donc a
long. Les lettres barrées t, et d inclirp1ent en principe les
spirantes sonores labiale et dentale; toutefois à est écrit afü~i
pour la sourde en Yieil anglais.
Lez du vieux liaut allemand est une mi-occlusiYe sourde,
comparable au c slaYe.

IRL.\."\"D.\.IS

L'alphabet irlandais n'est qu'nne forme de l'alphabet latin,


et la transcription ne présente aucune difficulté: th indique
la spirante dentale sourde notée en germanique par } : ch la
spirante gutturale sourde (ch de J"allemancl). Entre rnyelles,
b, ,( g notent en général les spirantes sonores û, à, ·;; en
TR.\ ,SCJUPTIO~S

reYanche une sourde i11terrncaliq11c comme le / de creti111


« je crois » note l'occlusirn sonore ·d, prononcer kredi111.
La Yalcur des rnyelles est difficile à préci<-er; la prononcia-
tion Yarie suiYant leur position clans le mot.

IT .\I . IQl E

Le latin a été reproduit te] qucL sans aucune part d'inter-


prétation, par snite sans Jistinction de i et j, u et i•: dans
beaucoup cl\nnrag-es, i Yoyelle et i consonne sont également
notés pari, tamlis q11c u Yo;ve1le est noté pnr u, cl u consonne
par ·z: : celle différence u·c<-l pas justifiable; il faut consener
la graphie originale ou foirr la Jistinction dr la YO)·elle rt de
la consonne dans ]es deux cas également. - La quantité a
été· 111arg11L~e snr les Yo~·elles.
Les mots osquesetombriensont t'·té transcrits en lettres ita-
liques s'ils sont emprnntés à des i nsrriptions écrites en carac-
tères latins, en romain espacés 'ils sont empnmtés ù des inscrip-
tions ècrites dans les alphabets locaux ( qui tous remontent
au gTec , directement on indirectement). Dans les alphabets
locaux osques, / et 11 notent c et o.

Pour le détail de la prononciation el de la graphie des


diYerses langues, on se r<:'portera aux 8Tam111c1ires cl aux
manuels de chacune.
1\TIWOl CTIO\ .\ L'tTCOE Cff\IP.\IU TlYE
l>E~

LAXG UES IXDO-E UROPtE\XES

Cl I.\PITIΠPRDII ER

\I ÉT IIUDE

L.\ :\OTIO'. DE L.\ \ï.CES 1"DO-El IIOPÉE~:\ES

Le sanskrit, le perse, le grec, le latin, Iïrlandais, le


g11tique, le YÎetn slaYe, le lit11anie11 1 l'arménien présentent
d.:111-. lem grammaire cl leur Yocabulaire des concordances
frappante:',; l'hébreu, le s,yriaque, l"as:',:,·rien, l"arabe. l'é-
thiopien coïncident de mènw entre eux, mais non aYec le~
' langues prt~cédentes: de mème encore les Cafres. les habi-
tants dn bassin du Zambèze et tle la plus grande p::.rtie du
bassin du Congo ont dans leurs parlers de nomhreu\. traits
com m1 rn'- qui ne se retrouYent ni c.lan.;; l\m ni dan:-- l'autre
des de11 \. p rem iers groupes. Ces concordances et ce:- Jiffé-
rences obligent i, poser trois familles de langu·es : lïndo-
curopfrn, le sémitique. le bantou, et ùcs faits analogues
permettent d'en déterminer plusieurs autres. L'objet de la
grammaire comparée d'un groupe de lang11e:-- est l'étude
des concordances que ces langue:- présentent entre elles.
Cette étude est possible. et l'ob'-enation des ressemblances
du san:-- krit, du grec: etc. con<l11it ù des conclusions préci-
.\ . >l EILLEr.
C.11 \ PITlff Pllf.\11 r:n
ses. 11 n'<'n Ya pns de mê1ne de ternies Je:-; coïncidences
nnalog11rs cp1e IH'l'senlrnl <lc11x pop11lntions: pnr e\cmplr. en
d{>pit des rcssrmblanccs qnc l'on cnnslnlf' entre les religions
llcs llindo11:-., des Iraniens. des Grecs. des Gcn11ains. clc .•
on n'a pu conslitncr un cnrp~ de doctrines d<· rrligion
l'0111parrc de ces diwr:,; penplc:-;. \lais lrs condition~ g<~llt'-
ralrs 1..l'r\.istcncc de:.- langues Jo111wnl an li11g11isle des (;1ci-
lités q11r n'ont pas les liislorirns des mn•m:-. d d<'s r<'li-
g1nns.
Bien c1uïls ne soient pns propres :111\ lnnt!'urs indo-rnro-
ptçennes, il imporlr de poser dt·s d'ahunl q11rlq11rs principe~
grnfranx: il scrn nis{ rns11ilc de dt·lînir C<' cp1~on <·nlcnd par
11nc langu<' indo-e11ropfrn11e.

1. \. \R \CTi:nE DE :--1,r.1 L \ IIITI': nr:s I' \ITS 1.1\('";USTHJI l'.S. -

Entre les id<'·es rl les 111nls considfr{s ;\ 1111 rnomcnl 1p1el-


conq ll<' il n'y n n11c1111 lien néccssairr : ;1 qni nr l'n pas appri~,
rien ne pr11l indiquer q11r fr. rhc·ml. ;1]1. pfrrd, :rngl. htir.ff,
l'll'.-:-;. lâJ,Tii'. gr. f-;:-;:;; dt':.-i;.rncnl nn rn<\m<' nn i mal : rien dan:-

l'nppo:-i tion de fr. rbn.•,17 cl rbn•a11x ne mnrq11r pnr soi-111<\mr


1'1111ilt'· <'l la plnralit<\ rien dans l'nppo:-;ition dr fr. rhi'",•al <'I
j11111c11t ne marq11c la dill<'·rrncr d11 mùlc cl dl' la f<'mell<'.
\l1..\111 c pnur ks 1110ls c\prc~sil's. l:1 li1rmc ne pr11l 1..\ln' pnçrn('
a priori : fr. sij}lcr diffi.·rr br:rnconp de ail. pfc1}·11 n11 de
rns~c siiistlt' par r\CJnplc. Dt· ];', , ien l q11 '1111 trxlr t'·cril rn
une b11g11e inconnrn· r:-l i11tl<~cltiffral>ll' :-ans trad11ction : :-i
1'011 a p11 lire }p:,; in~criplicins dr D:1ri11s. c't·sl (]11<' le YÏ<'ll\.
prrsr dans lcqtll'l clics sont t·crilrs <'SI la forme :rncit·nnr d11
pcrsnn, q11ïl diffi·rr .1ssrz pc11 cl<- la bng11e dt· l'..\wsla dunl
,11~T1l0DE

des traductions liurnt la ch\ rt enfin quïl est étroitement


apparenté au sanskrit; au contraire. en l'absence dïnscrip-
tions instrnctiws, on n'entrr,oil dans lrs restes de l"étrusque
autre cl1ose que ce gui est indigné par diYers détails C\.té-
rienrs. et, malg-n~ Ir nombre Lks inscriptions rt l't~lendur d11
lr'\lc décom erl sur lrs liandcJ1.,ttrs d'_\gram, la langue
t'.·trusque reste incomprise.
Dès lors Ir système plicrnétiq11r, la llr\.ion, las~ nla\r, Je
,ocab11laire qui caractéri:-ent un idiome nr peuwnt sr re-
produire lorsquïls ont t'.·té transfonut'.·s 011 quïls ont dis-
parn: les moyens d"rxprr:-:-Îon n·onl aYrc les idées qn'nnr
relation de fait, non une relation de 1111/11re et de 11ércssiti, el
rirn nr saurait par suite le, rappeler à l'existence lorsq11ïls
nr sont plus. Ils n'e'\istenl donc q11·11ne fuis: ils sont rmi-
nrmment singuliers, car, même indéfiniment n;pétés. un
mot, une forme grammaticale. nn tour dr phrase sont tou-
jours les mèmes en principe. ~ans doute il peut arriYer qnc
de11x langues expriment indépendamment la rnème idt'.·r par
un lllL~me mot : ainsi rn nnglnis et rn prrsnn le rnèmc gronpr
d"artic11latiom bad e\.prime la mème idée c, mauYai .. », sans
que le mot persan ait rien à frlire aH'C Ir mot anglnis: mais
c'es t 1111 pur « jeu de la nature »: !"examen d'ensemble Lln
, ocalmlairr anglais et dn Yocabulaire persan montre qn ·on
n'en peul rien conclure.
~i donc clrnx langnes présrnlen t dans leurs formes gram-
maticales, leur syntrne rt leur Yocalmlairr llll ensemble de
concorùances définies, c'est que ces drnx langues n'en font
en réalité qu'une: les ressemblances Llr lïlalirn cl de l'cspa-
f!llOl proYiennent Je cr que ces <leu'\ iLliomrs sont tou-; deux
<les formes modernes dn latin : le français, q11i leur ressem-
ble déji1 moins, est pourtant aussi du latin 1J/thÙrne, mais plus
modifié; ainsi les JiYergrnces peuwnt ètrc plus cn1 moins
grandes, mais tout ensemble Je coïnciùencrs Jans la ~truc-
CIL\PITnE PnE,1IEn

Lure /!rarnmaticalc de deux. langues suppose qu ·elles sont


des formes prises par une mème langue parlée à date anté-
neure.
De là résulte la définition de la parmté de deux langues:
deux langues sont dites parentes quand elles résultmt l'une et
l'autre de deux évolutions différentes d'une mëme langue parlée
a11tlrieure111ent. L'ensemble des langues parentes forme ce
que l'on appelle une fiwzille de langues. Aimi le français et
le persan ~ont parents parce que tons deux sont des formes
Je l'inclo-enrnpéen; ils font partie de la famille dile iH<lo-
européenne. En ce sens la notion <le parenté de langues e~t
chose absolue et ne comporte pas de degrés.
"\fois, à l'intérieur d'une mème famille, une langue qui
est de,enue différente de la forme ancienne peut se différen-
cier li son tour en plusieurs langues: ainsi~ aprè~ la dissolu-
tion <le l'empire romain. le latin tle Home qui est une forme
de l'indo-européen s'est différencié en italien. espagnol, pro-
,ençal, français, roumain, etc.; il s'est créé par );\ une fa-
mille romane qui fait partie <le la famille indo-européenne.
et tlont on pourra dire que les membres sont pins étroite-
ment apparentés entre cu:x: qu'ils ne le sont aYec les autres
langues indo-européennes: ceci signilie seulement qur les
langues de la famille romane, étant toutes <lu latin trans-
formé. n'ont commencé à tliYcrgC'r qu'en un temps où les
diYers /,,!T011pes indo-européens étaient deYenus cfo,tincts lrs
uns dPs antres. Cette seconde définition n'est rp1'unc cofüé-
rp1enœ tic la pn·mit'•re.
Enfin quand une lang-ue érnlue sur un tlomaine continu
et <jllP diaquP groupe social y introduit des changements
d\me 1rnmière indépen<lante, on obscne que le:-- rn«~mcs in-
110,ations et les 111èmes con~er~·ation~ ont lieu en des régions
plus 011 moins étendues ; ainsi se produi:--ent les dialectes; les
parlers qui sonl employés c11 des régions Yoi-;ines les unes
"\ll~TIIODE 5
des :mtres et qui se sont déYcloppés en des conditions ana-
logues présentent des pélrticularités communes; il y aura
lien de reYenir sur ces faits qniont clc grandes conséquences:
ils sont d'une espèce absolument différente de celn qu'ex-
prime le terme de 1rnrenté de langues. Les ressemblances par-
ticulières qne l'on peul constater entre le français et le pro-
Ycnçéll par exemple ne tiennent pns à cc qnc, à un moment
quclconque 1 on ait parlé en Gaule une langue essentielle-
ment différente <lu latin ,ult!"aire représenté par les autres
langues romanes; mais, sur le teni toire français et snr celui
clu proYençal, les conservations et les innoYations ont étP,
dès l'époque rornainei en partie pareilles, sinon identic1ues.
- En pratique. il n'est pas toujoms possible de discerner
ces ressemblances dialectales de cc qui est d,'i .'i la parenté
proprement dite des langues, c'est -à-dire à l'unité du point
de départ.

2. C-o:xn:nnf.: LJ:\GUST1QUE. - .\u point de nie de lïn-


cli, iclu, hl langue est un système complexe d'associations
inconscientes de mo11Yements et de sensations, au moyen
desquelles il peut parler et comprendre les paroles émises
par d'autres. Cc système est propre à drn.qnc homme et nr
se retrouYc exactement identique chez a11c1111 autre; mais il n ·a
nm· Yalcur q11'a11tant fJllC les membres du groupe social au-
quel appartient lïndividu en présentent de sensiblement
parcib : sinon <"elui-ci ne sC'rait p[ls compris et ne com-
prr-ndrait pas aulrni. Ln langue n'existe donc que clan:-,
les centres nencux, 111otcurs et sensitifs, de clrnq11e indi-
, idu: nwis les 111·t111es associations s'imposent ;1 tous les mem-
bres d'trn groupP a\e(~ plus de rigueur qu'[lncune autre insli-:-
tution sociale; cl1:1cu11 1~Yite tonte déYiation dn t~-pe normal
et se s<·nt cl1oqué de tn11tc clé,iation qu'il aperçoit chez les
autr<>s. Immanente aux indi,idus, b langue s'impose d'autre
CIi \l'ITnE l'IIE,11En

part ù eux; cl c'est par là qu'elle est une réalité, non pas
scukmenl ph~ siologiquc el psycl1i(p1c, mais aussi sociale.
CP S) stèmr crassociations ne se transmet pas directement
dïndiYid11 à indiYill11; comme on l'a dit, le langage n·est pas
11nc tellHC, un rF"el l c'est une acliYité, une s·1iF":~i:x; lors-
CJII 'il apprend à parler, chaque enfant doi l se constituer à
lui-mè 111 e 11n système d'associations de mouYemcnts cl de
sensations pareil ù celui des personnes qui l'cnlomcnl; il ne
reçoit pas des autres des procédés d'articulation : il panicnt
à articuler cn111me eux après des tùlonne111c11ls qui durent
de longs mois ; il ne reçoit pas des paradigmes gramnrnti -
ca11x : il recrée cliaq11c forme sur le modèle de ccl lPs qn \m
emploie a11lo11r de lui, cl c'est pour aYoir longlcmps entendu
dire : 110/lS 111a11gt'01ZS, 'VOUS 1/lalZgez ,· llOUS je!OllS, 1..!0llS jetez CJIIC
l'enfant saura dire au besoin ·vous levez.. s'il a entcnd11 nous
levolls; cl ainsi pour toutes les formes. \lais on conçoit rp1c,
malgré l'effort intense cl constant qu'il fait pour se confor-
mer à cc qu'il entend, l'enfant. q11i doit refaire le systè111c
entier des associations, n'arriYe pas il reproduire d'une ma-
nière complète 1:t lang11c des membres dn groupe dont il fait
partie : certains détails de prononciation on t échappé à son
orei ll e, certaines particularités de la flexiun à son allcntion,
cl surtout les systèmes q11'il s'est cnnstit11és ne rcco11nenl
r1u'cn partie cc1n des adulte~; à cltaqne l'ois q11'11n enfon t
apprend ù parler, il sïntrod 11it «l<·s innon1tion~.
~i ces innorntinns sont des a<·cidents indiYid11cls, elles
cfo,paraisscnl aYcc la mort dP la personne chez qui elles se
son t produite:-. ; les prirtic11larités qui <·n n~snltcnl pr<woqnenl
la rnillrric et non l'i111itatin11. \lais il ). a d<'s in110Yali<111S q11i
unl df's ca11s<'s prul'undes et q11i apparaissent chez ln11s ll's
<'nfanb nr~ en 1111c mènw luralité , de paren ts i1H.lig·1\ncs, du
rani 1111 ccrt:iin laps de temps; ;\ pnrtir d'un moment donné,
to11'- les cnfanh nés a11 111L\111c <'ndroit ont tdl c 0 11 telle arti-
\l(TIIODE -
I

rnlation différente de celle de leurs ainés, et sonl incapables


d'émettre l'articulation ancienne; par exemple, dans hi
France dn :\ord, le:-; en fonts sonl nés, à p::irtir d'un «~Prtain
moment, différent pour chaqne localit,\ incapables dc prn-
nonccr / mouillée et y ont substitué le y qui en tient a11jour-
d"hui la place dans lrs parlers françai:-: le mol vailla11t ;:i éll~
prononcé 'Ua)'tJ et non plus ual'q comme anlrcfois: on pent
encore ubserYer tel parler où Je.;; génfrations ;:inriennes ont /
monilléc. 0t'i les enfant.;; de 18:10-1833 par exemple ont
tPnclu i, :-ubstituer y ù l mouillée, cl ot'1 ceux de 183~> , ~60
ne connaissent plu:-; / mouillée. pronon,ée par leur:-; ainés.
De mènw les enfants nés à partir d'une certaine date pré-
sentent t«-lle 011 telle nom eau lé dans la llexion; ainsi le
nnrnbre d11cl s'c:-;t consnYé en \ttique jusq11"à ln fin du
, ·· siècle, mais, wrs '1, () aY . .J .-C .. il commence il «~tre né
gligt'· ,lans les inscriptions; et en effet les a11tems nés de 'i 'io
à '123 qni, comme Platon l'l :\.énoplron, écriY«'nt le dialecte
attirp1<', l'emploient encore, mais sans constanc<' absolue:
puis il cesse d'ètre emplo: é an numinatif-accn~atif t~rndis
que, sons lïnt1uence de :".J:-.:·1, il s11hsi.;;te au g«~nitir: Dt'·mos
tliène (3S:)-322) dit ~·J';S:i,;:. m::ii, ~·J;r'.·1 ;::i.:r'.·1; enfin il dis -
parait entièrement m«\me .111 génitif cl. i, partir de ::bu, ne '-P
rencontre pl11s :-11r les inscriptions .1ttiq11es. Les rlrnnp-ements
de cc genre, étant communs à toute:-. les génrratiuns Llep11is
1rn certain marnent, se transmettent anx génért1tions 11011 -
wlle:-: il~ s·acrnmul<'nt donc, et, ~uiYant b rapidité a,ec
l.1q11rlle il~ ont lie11, tran:-forment la langne au bout d"1111
temps pl11s uu moins long . .\lais il ~ a ro11ti1111ité: les d1an -
~<'nwnls q11i ()nt lie11 ne proYiennent pas d\111 dé~ir dïnno -
H'r: ils ;;e prnd11i~ent au contraire malgré l'cffurt fait pour
rcprod11irc exac~fement la l::ing11e des ::idultes, et i1 a11cun
in:-tant ils ne sont si grands ni si nombreu'\ que les ~énéra
lions dont les représentant::,; ,iYent simultanément perdent le

1~ CII.\PITRE l'RE)IIER

sentiment de parler une mc\rnc langue. - Dans certaines


langues, à certains moments, les innoYations se précipitent
tandis que, ailleurs, les générations successiYes consencnt
prcsrp1e intact le même parler.
Tel est le type normal de J"érnlution linguistique. Il ré-
sulte de la succession naturelle des générations el de lïden-
tité de tendances rl d'aptitudes que présentent les membres
d'une suite de générations pendant une période de temps
donnée. Bien qu'ils se produîsent indépendamment dans
cliac11n des parlers d'une région, on doit s'attendre à cc q11c
les clrnngemcnls de cc l.) pc aient lieu, à des dates différen-
tes, mais Yoisines, et aYcc de légères ,ariantes, "dans tontes
les localités occupées par une population sensiblement ho-
mogène parlant la mèmc langue et placée dans des condi-
tions semblablrs; ainsi / mouillée est dcYe1111c y dans toute
la France du \ord ; le duel a disparu dès aYè111t la période
historir1ue dans l'éolien et l'ionien cl' Asie .\Iincurc et dans le
dorien de Crète, et an 1y() siè·clc aY .. J .-C. en attique, en do-
rien de Laconie, en béotirn. en delpltique, c'est-l1-dirf' dans
les parlrrs de la Grèce continentalr. Les causes - r-n géné-
ral inconnues - des changements ne sont pas propres i, une
localité et agissent sur des domaines étendu::-.
A côté de ces changemcn ts, réalisés cl'nnr manière propre
dans chaque parler, mème q11and ils en dépassent de bea11-
co11p les limites, il en est d'antres très rnri<!S d'asprcl, mais
qni tous se ramènent à un même phénomc'.·ne : l'emprunt ~,
d'autres langues. En effet. aus:-;itt',t que les n1emhrcs d'un
groupe social sont en rapports commrrcia1n. politif1urs, rc -
lig·icux, intellectuel:,,; aYcc les membre:-; cl'a11tres groupes, et
que certains hom111cs acquièrent la ,onnais:-;élncc d'une langue
étrangère, apparait la possibilité d'introduire dans le parler
indigène des <'·léments nouwaux. Si la langue en question
est essentiellement difTércnte du parler local, on ne l11i pomra
\ll~TIIODE

prendre que des mots isolés : le grec a pris aux Phéniciens


des termes commerciaux comme le nom de la toile d'em-
ballage, 7Y.,.,.:;, de l'or, zp':J7:;, d'un Yètement, le zi:c~·,, etc.;
de même le français a emprnnté des mots anglais ; quel qu'en
soit le nombre, ces emprunts ne changent rien à la struc-
ture d'un idiome. II n'en est pas de mèrnc s'il s'agit d'une
langue assez proche du parler indigène pour que l'on recon-
misse l'identité foncièn· cles deux : le parler de Paris étant
seul employé clans les n·btions entre les populations de lan-
gue française, tous les autres parlers français empruntent <le
plns en pins des éléments parisiens, non seulement du Yoca-
lmlaire, mais aussi de la prononciation et de la ilexion ; s'il
a cons ta té par exem pie que toi, moi, roi, prononcés t-wé, lllîué,
rwé dans son dialecte sont. en français normal ( au fond pa-
risien), l'wa, mwa, rwa, un paysan ({Ui pourra n'ëwoir jamai-;
enten du prononcer le mot loi saura substituer naturellement
lwa à la forme de snn parler lwé ; des substitutions de cc
genre aboutissent à un résultat qui peut ètre pareil à celui de
changements du tJpe normal, et, une fois qn'elles sont opé-
rées, il devient souvent impossible de les en distinguer ; clics
n'en sont pas moins différentes: car clans le second cas il
s'agit d'emprunts à un autre parler. Sous l'une el l'autre
formes, l'emprunt n'est pas un phénomène rare et acci-
dentel; c'est un fait fréquent. ou, pour mieux dire, constant,
et dont les rcclierclies récentes font de plus en plus apparai'lre
l'importance capitale. Chacun des grands groupes (germa-
nique, slaYe, hellénique, elc.) résulte de l'extension d'une
langue commune li un groupe d'homme plus ou moins con~i-
dérablc, et celte extension n'a pu se produire (jllC par des
emprunts. )lais on n'a pas le moyen de déterminer quelle a
été la part- certainement très grande - de l'emprunt dans
les faits étudiés ici f[Ui sont Lous anlfrieurs à ]a période lii-.-
toriqne.
1 Cl 1 Il \l'ITHC l'HE,tlER

Ln troisième typP de trnn~forrnation a lieu rnfin Jnr . .


rp1'une population change de lan3·11c. Quand de-. rircon::.-tanrcs
politiques amènent une populatioù ~ apprendre la langue de
,ainqueurs, de colons étrangers 011, comme il arriYc an~si,
de populations sujettes plus ci Yi lisées, les adultes qui la co111-
posent ne s·assimilent jamais e\actement la langue nouYelle:
les enfants qui apprennent à parler une fois q11e la langue
nouYelle a pénétré ré1;ssis:-ent mieux; car ils l'apprennent
comme une langue maternelle : ils tendent alors à reprn -
d uire non le parler cléfectneux de leurs compatriotes adulte .. ,
mais le parler correct des étrangers, et il-; y réu::-sissent sou-
Yent dans une large mesure : c'e::-t ainsi qu'un enfant né d'un
Français et d \me étrang·ère nP reprocluil guère les cléf::rn ,~
du parler de sa mère et s'exprime comme son père. \'éan-
rnoins, ponr diYerses raisons, il suhsi,te des particularités: et
mèmc, si une population apprend une langue profondément
différente de la sienne~ elle pourra llP jamais s'assimiler CPr-
tains traits e-.sentiels : les nègres qui se sont mis ,\ parkr
français ou espagnol n'ont pu acqufrir ni une prononciation
e\acte ni remploi correct des formes grammaticales : les pa-
tuis créoles ont gardé le caraclt.,re de langues africaines ..\ u
contraire, lors des nombreuses s11b~titutiuns de langues qui
ont eu lieu an cours de l'lti:-toirr. cl qui ont lif'u actuelle-
ment encore~ les pnp11Jatic,ns e11ropéennes se sont montn~e:-,
('apahlc:- d'acquérir ln langue les 1rne-. des autres. Hien ne
jlf'rI11et de rruirr que Je.., pnrtir11larit1'·-. qui cc1ractéri:-:cnt lc:-:
Lrngne-; rnmane.;; datent p11ur l.i plupart dn rnonwnl où le
latin a pénétré clan..; If' pa~" 01'1 on Je._ parlf'. Il ne fa11t d1111c
pas f'Xa?érer lïmporlance clc CP t~ pc de cl1angeme11ts. -
\11 ..;urpl11s. di·s q11c ln :--11b . . tit11tiun de lc1ng11e est ac'complif',

1111 rentre clan~ le en, du changement normal par dé,eloppe-

111rnt r1111tinu : :-eulc111e11l le c;iracti·rl' propre de la pop11la-


tiun qui a accepté une antre langue prornque de:- change-
'1 ÉTIIO()E 11

menls relatiYemcnl rapides et nomhreu\., qui pcuYenl ne ~c


manifester que longtemps après le changement de langue. -
P our apprécier lïmporlance de ce facteur, il suflît de
conslat<'r que toutes les régiofü qui ont une l1istoirc un
peu ancienne ont cli:.ingé de lan gue au moins une fois, cl
som ent deux ou trois fois.

En faisant abstraction de ces deux derniers genres de chan -


gements qui ont pour ca11~e des accidents historirp1cs, tout
le déYeloppemcnt des bngues est continu et se réduit à la
somme des altérations qui i11tcnienncnt cliaque fois (1ue
les enfants d'une mèmc locnlitl'.· npprenncnl ù parler. Ccst ce
déYclopperncnt qui forme le premier objet de la linguistique;
les autres ne sont pas le produit d'un déwloppcment régu-
lier et continu, mais des phénomènes acci.dcntels, dont il
importe d'ailleurs de tenir grand compte, car ils ont som·ent
une part cnpitale aux transformations obsenées.

3. DE L.\_ RÉGUL\RITÉ Dl- DÉYELUPPE'IIE\T DES L\.:XGl:ES.

L"étude du dé,·eloppcmcnt des langues n'est pos::-ihlc que


parce que les conscnations de l'état ;rncien cl les innovations
ont lieu suirnnt des règles définies.
Les règles suiYnnt le::-qu ellcs ont lieu le:- conserrntions et
Jcs innovations relatiYcs au\. nrticulations s'appellent les loi:-.
phonl~tiqucs. Si un e articulation d'tme lang11e e"-t comenrP
dans un mot, ell e est con,enéc é1:rnlcmcnt dans to11..; le:-i
mols rn', elle se présente clans les mêmes conditions: ainsi f
initiale latine c~t ronscrvéc en français dans fid (Je!\ four
(f11m11111) et dnns tous les mots comparables : elle dnient h
en espag nol dans hic!} hvm11) etc .. \11 moment 011 lïnnoYali,111
apparait, il arri,e pnrfois qu 'elle se manif'c-.te d'nbonl dan,
quelques mot:-- seulement, mais comme au fond elle porte s11r
le procédé d'artirnlation et non sur tel on tel mot, clic ne
12 Cll.\l'lTHE f'RE)IIER

manque bientôt en ~ 1 ~as et, pour les longues périodes


qu'étudie la grammaire comparée, cc flottement des premières
générations où se manifeste l'innovation est dt~pourn1 d'in-
t<.~rèl. li y a eu un temp!'- oi1 les anciens p) t) 7:.: de l'indo-
curopéen sont dc,cnus en germanique pb) th) l,b) c'est-à-dire
p, /) k séparés de la YO}Cllc suirnnle par l'émission d\rn
so11me; dans res occl11sÎYcs suivies de ·soull1e, l'occlusion est
faible; elle a été ~uppriméc, cl le germanique a eu f) p, x (x
scnant à noter ici la spirante gutturale, c'est-à-dire 11n pl10-
nè111e de rni'·me ~orle q11c le rh de l'alle111a11d moderne) :
il y a clone en un certain nom hre de généra lions g·crmauiqncs
pour lesq11cllcs p) t) k étairnt imprononçables et en effet p)
t, h initiau\. ou intenocalicp1es de l'indo-européen ne sont
jnmais représentés en gotique par p) /, !.·) mais toujours par
f, f) h (011 rcspectiYc111c11t par~ ~ 'g_ dan:,; des condition<"i> ,â.:\·
bien déter111inécs). Tel csl le principe de la constance des
luis phonéticp1cs.
S'il n'intervenait auc11nc autre action, on pourrait, avec
la simple connaissance des lois plionétiqurs, déduire cl'un
étal donné d'une lan2·11c :::.on étal ~l un moment ultérieur.
\lais les choses sont en réalité hea11coup pins complexes. Le
détail de !unies les actions particulières qui, sans contrarier
1}cllcment le jeu r/·g11li(~r des lois 1il1onétiques, en masqncnt
au prrmicr abord la c< 11bla.ncc, serai l infini : iI cunYÎcnl sc11-
le111enl de signaler ici q11elq11e:-- p11i11b importants.
To11t d'abord, les furrn1drs des Jnis pl1onétiq11cs ne s·appli-
qncnl. pardéfîniLi,,n, qu'il des r1rtic11laliuns C\aclement com-
pnrnhJcs lrs 1111cs aux a,llrcs. Les 1110h qui ont une pronon-
ciation partic11lière /.cli:-1ppe11l donc en p.1rtic ù lem artio11.
\i11si lrs 111ols 1·nf:rnti11s~ comme papu) llll1lll1ll1) etc., sont;\
pari. Les lel'll1c:- d1· pulitessc ou d'appel sont sujets à des
nbrège111cnts qui les rcndc11l méconnaissables: 111syii n'est pas
un trnitemcnt pl1onétiq11c rég11lier de lllOII sieur; il en est de
\IÉTIIODE I~

mèmc tlc tous les motsq11ïl suffit clïndiqucr pour qu'on les
comprrnnc et qu'on ne prend pa-; <lès lors la peine d'arti-
culer complètement: Y. h. a. hi,1/11 (all. hmte) n'est pas un
traitement normal <le hi,, tagu « ce jour ». D'une manière
générale, 1111 rnème i·lément phonétique est plus bref dans
un mot long que dans un mol comt (l'd de pdtisserie est plus
bref cpw cclni <le pdté), clans un mol accessoire de la phrase
q11C' dans un 1not principal ; le traitement risque di.·s lors
d',\trr difft'rcnl. Certaines articulations, notamment celle <le
r) sont sujettes i1 ètrC' :mticipée..;, comme dans le fr. trlsor
représentant lat. thcsaunm1 1 ou transposées, comme dans
gr. mod. -::Fi,.:.; de -:::,..::;. -;an~ qu'on puisse toujours rame-
ner à des formules générales ces altérations qui tiennent à
la strncture particulière cl au\: ronditions spéciales d'emploi
des mots 01'1 clics se rencontrent. D'autres articulations enfin
se continuent trop longtcmp:--, ainsi l'abais..;cment du Yoile
du palais de l'n de ail. genug est maintenu, si bien que le
mot ,.HTiYe à sonner dialcctalcment gt'llu11g 1 etc. l;ne inno-
Yation phonéticpic résulte la pl11part du t~mps de la coïnci-
dcncr <le plusieurs actions disllnctcs et indépendantes ; et il
pcnt arriYcr qur Je.; c.rnses soient trop complexes et trop
particulières à un mol donné pour se laisser formuler en lois
phonétiques défi nies.
En !-ccond lieu, des associations de formes introduisent
des changements: ain~i, en attique 011 s iniliale c..;L représen-
tée par 1111 esprit rmle. c'est *s~-;: (issu d<' *~,,-:-:) qui deuait
répondre à skr. stinti 1 gol. si11d « ils sont >); en fnit on
lrouYc l'esprit dom;:, s:.-;:, <l'après s'.:1.:, s~, etc. C'est ce c1uc
l'on appelle les changement~ par analogie.
Enfin certaines dérogations apparentes sont dues à des
emprnnts. Ainsi, à Home. 1m ancien 011 deYient û et un an-
cien dh après 1t dcYicnt b entre rnyellc:- : il lit. raiïdas 1 got.
raups) '"· irl. nïad « rouge », etc. répondrait donc *rzïbus;
Cil \l'ITHE rnn11En

mai:- dans d"antres parlers latins ou e~t repn'.·scnlé par il, par
rxemple ;\ Préne:'-lr : rob,,s n'est pas un mol romain el a <'·lé
pri~ ,', l'un lle ces parlers; en samnite, dh est représenté par f
rnlrc ,o:wlles: n7fus e~l sans doute samnite: le mot romain
*nïb!ls snhsi~le tl:rns les dfriré:-. n7bïgô (h cùté de ràbïgLj) cl
rttbidus. Quand les ci rcnnstancrs liistoriqnes déterminent
beaucoup d'emprunts de cc genre. la phonétique d"une langue
finit par offrir 1111 aspect incohérent: c'est le cas du latin 011,
parmi les langues modernes, de l'nnglais. Les emprunts i,
la l:rngue écrite sont clan~ la période histori<]ne une autn•
cause de tro11hlr.; ainsi le français a pris an latin écrit une
q11a11tité de m ots: par exemple fmgilis a nalurelle111ent
abouti à fré'le, mais pl11s tanl on a pris au latin écril le mtmc
mot en en faisant fragile; cette canse de trouble n ·existe pas
ponr les périodes pdlirstoriqucs considérées par la gram-
J1l[lire comp[lrér.
Hien dans lo11t cela ne rn conlre le principe de la conslancr
drs lois phonétiqurs: rc principe exige seulement que, lorsque
d:111s l'apprentissage dr la langue pnr le~ générations 11011,ellcs,
un procédé nrticulatoire se maintient nu se lrafüforme, le
maintien 011 la tramfurnrntinn ait lieu dans tous les cas nt1
crtte articulali1111 est emplo~éc de la mème manière, el non
pas i:c;olément dans tel 011 tel mot. Or l'expérience montre
q11·en effet les rl1nses se passent ainsi. Ce q11i doit èlre consi-
dt'·rr. cc n'est pas le résultat, c'r-.t l'a(te. Les effets d'une loi
prment ètre entièrement détruits au hout d'tm certain temps
pnr lles changements propre:- ù certains mots, par des actions
analogiques, par des emprunts: la loi ne perd pour cela
rien de sa réalité, car toute celle rénlité est transitoire el con-
~i;-;lc en la manière dont les enfants né~ pendant une période
tlélcrrninée ont fixé leur artic11lali0n: mais la loi po11rra
/·cl1appcr a11 ling11iste; il : a aimi de~ lois plw11éti(1ues
inconnues el <Jlli re:-ternnl inconnues, rnème Jans des
~1t'.:T11nnr. 1J

langues bien étudiées, pc,ur peu qll ·on n·ait pas une série
continue de documents.
Toutefois, il e"t rare qu'on puisse obscn-cr racle d"oi'i
résulte le changement phonétique: on constate qu'un e
français répond à un a latin -aeïcnt11é (pâter: pi1re) amâtum:
aim/) etc.), qu · 11n ? grec n~pund ~1 1111 /,/; sansl-. rit 1 à 1111 /,
Q"ermanic1uc ou arménien (!!r. d:w. skr. bhérrami) i:rot. bain,,
V 1...,, • l · L.

ann. berem). et rien lk plus. Cc qu'on appelle d'ordinaire


cc loi phonétiqne J> est Ll()nc ::ceulement la formule d\1nc ror-
respo11d,111rc régulière, snit entre deux forme3 successiws. soit
entrP deux dialectes d'une 111è111e langue. Et celle correspon-
dance résulte la plupart du temps non d'un acte unique, mnis
cl't1rtes m11ltiplcs et complc-.:es, qui 011t demandé un temps
plus ou moins long pour s·accomplir.
Cc qui est vrai de la phonétir1uc l'est aussi de la morplio-
lo/!Îe; de mème que les mouvements nrticulatoires doi,-ent
ètrc combinés à nouveau toutes les fois qu ·on a ~1 émett!'e un
mol, de mème toutes Jps formes grammaticales. Lous les grou-
pements syntaxiques sont créés inconscie11101ent li 110uYea11
pour chaque phrase prononcée sui,-ant les lwbitudes fixées lors
de l'apprenli:-sage du la11gage. Lorsque !Ps lial1itudes d1an-
t!·ent. tnutPs les fonnes qui n·c-.:istent q11·en vertu de l'e\Ïs-
lcncc généralP du tn)(' changent donc nécessairement: qnand.
par e-.:emple, en français. nn a <lit. cl'apn'_•s tu aimes) il
aime (t), à la 1 rc personne j'aime au lieu clc l'ancien j' aim
(représentant le lat. am<1), tous les verbes de la rnème conj11-
gai,on nnt reçu au-;si e .:1 la 1 r•' personne: l'cxlen::-ion de e .'.1
la Ir,, personne est donc une loi morphologique aussi rigou-
reuse c1ue n'importe quelle loi phonétique. Les innorntions
rnllrpliologiqucs ne sont ni plus capricieuses ni moins régu-
lières que les changements phont',tiqucs. Et les formules qne
l'on possède n'e\primenl allSsi qne des rorrespo11da11ces) et
non les actes eu\.-mèmes d'oi'1 résultent les in110Yatiuns.
CII.\PITl\E Pl\L\IIU\

Tontcfois il , a une différence entre les lois phonétiques


cl les lois morphologiques : qnancl une articulation est trans-
formée. elle ne tarde pas à l"èlre dans tous les cas où elle
appnrrdl, el les générations nouYcllcs naissent incapnbles d'en
n'..1li,cr la prononciation antéricnre; par exemple ancnne 1
monillée ne subsiste clans les pnr1ers de l'lic-cle-Franre nprC:.·s
le pa.;;sage de I mouillée ,'i y; an contraire qnand un type
morpl1ologiq11e est transformé, il en peul subsister certaines
forn1es très employées (JUÎ sont fixées clans la mémoire; ainsi
1ïndo -cmopéen aYait un 1~ pe ,crbal de présents caractérisé
par l'aJdition dirccl_e des désinences à la racine cl l'altcr-
nnncc d\m Yocalirn1e c an singnlier el d'nn Yocalisme snns c
nu pluriel dans celle racine ; par exemple. gr. ~:-:1.:. pluriel
r-:J.~·,, et ,kr. / mi « je Ynis n (nncien */1i-mi), pluriel i-111âZ,
« 11011s nllons »; celle ,érie, nutrefois imporlnnte, a été éli-
111int'·e de rn:-;ngc dan:-; lonlcs les langue:-; i11do-enropécnnes;
mais de:-. formes du verbe « èlre >> ont subsisté ju.::.qu'an-
jo1mrl111i pnrce qne la fn'·qnencc de lenr emploi l<'s nYnit
li\t~c's clnns la mémoire. et c'c::-l ninsi que le 1ntin n encore
es-! : s-u11t) d. oi'1 le fr. il est : ils so11t ; de rnèmc l'allemnnd
n cr ist : sic siud. Le type n disparn, nwi.::. 1"1111c de ses
formes demeure.

Le fait que les lois phonétiquL'S el morphologiques s 'nppli-


qncnt ;1 lou. les mols 01'1 fignrcnt les éléments Yisés clnns
le11r fornrnle e~l nnl11rel: le fait qu'elles s'appliqnenl ~1 tous
Je:,; <'nfanls d'une rnème série de générations c:-;t moins
allcnd11, q11oiq11'n11 fond peu snrprcnnnl : il exprime en cffel
si,nplemenl ceci cp,e les mc'·mes cause:,; produisent les 1rn\mes
effets sur tous les enfants qui npprcnnenl une mème lnngne
dnn:,; les mèmes conclilions. La circonslnnce, a11 premier
nhonl frnppanlc, que tons les enfants d'une mt·mc locnlité
pn.:•:,;cnl<'lll ·\"ers le 111l\111e te111ps les 1rn\rnes i1rnun1liuns d'une
,1ÉTIIODE Ij

nrnnièrc indépendante n'est fJll 'une conséquence d'une grande


règle, au fond plus remarquable : tous les enfants placés
dans les mèmes conditions apprennent la même langue de
-la même manière ( sauf anomalie individuelle), et cette règle
essentielle s'explique bien dans l'ensemble. En effet :
1° S'il est Yrai que les éléments de la langue n'ont avec
les idées à exprimer aucun lien nécessaire, du moins ils sont
liés entre eux par une infinité d'associations, et chaque lan-
gue forme un système dont toutes les parties sont élroilc-
mcnl unies les unes aux autres. La phonétique du slaYe four-
nit de cc principe nne bonne illustration. Le slaYe commun
possédait deux séries de rnycllcs, les unes dures) précédées de
consonnes dures: a) o) 11, y) 11) les autres molles) précédées de
consonnes molles : é) e, i) 1,; les langues qui) comme le russe
et le polonai ... , ·ont conservé la distinction des deux séries onl
aus-;i consené la dislinclinn de y ( sorte de i prononcé Yers
la partie po~téricurc du palais) et de i et la distinction des
Yoyellcs zt et z, sous la forme de o et c en rnssc, e ( dur) et ie en
polonais : le russe a donc sy11 « fils » cl si/a « force » : dm'
« jour » ( de *dinz) el svn « sommeil >> ( de s111111): mais les
langues sla\·cs qui, comme le sf'rbe, ont perdu la distinction
des deux séries ont confondu y cl i, 11 et z : l'i de serbe siit
est le mèmc que celui de si/a ; le l de dinl est représenté par
a tout comme le 11 de Sztllll : serbe dall et smz ; la distinction
de y et de i, de û cl de z n'était donc qu'une conséquence du
système et n'a pas persisté une fois le systè.•me détruit; il est
dès lors naturel que cc changement se soil produit dans tous
les parlers serbes et qne clcs changements analogues aient en
lien dans les autres langues slaves méridionales et mèmc en
tcl1èquc. - On conçoit donc bien que toute altération graYc
d'une partie du système phonétique ou grammatical d'une
langue ait des conséquences pour tout le reste; en germa-
nique, ce n'est pas une série cl"occlusivcs qui a été transfor-
.\. ~ILILLET. 2
CIL\PITRE PnE,nER

méc. cc sont toutes le:- séries, cl, cc cplÏ montre quïl 1(y a
là rien de fortuit, l'arménien présente des innorntions exacte-
ment parallèles : les occlusi,cs sourdes indo-européennes
p) t) /.,) y sont représentées par des aspirées *ph (d'oi1 h): th)
kh qui présentent le premier degré de l'altération suppo:-é
en germanique, et les sonores i.-c. b) d, g par des sourdes
faibles p) t) k) comme en germanique. De mèmes certains
dialectes han tous ont pour p) t) li du héréro et dn souahéli
par exemple, ph) th) kh) ainsi le kondé, cLrntrcs 011t déjà f) r
( notation d:unc ,ibrante sourde de ces dialectes), x ( spirnn te
gutturale sourde), aimi le péli: enfin le do11ala a des sonores
à la place de sourdes: par exemple l répond à t dn héréro 1 r
du péli, de rnème q11e le lia11 l allemand d est issu du J, ger-
manique (th anglais so11rd); par exemple le norn de nombre
cc trois » est héréro -ta/11) kondé -thatlm) péli-rarr) douala
-la/9. Ce qui changr dans les cas de cc genre, cc n'est pas
une articulation isolée: c'est la manière générale d'articuler.
2° Les combinaisons d'articulations par lesquelles, dnns
une langue donnée, sont réalisés les phonème'- sont cho'-r
particulière it celte langue: mais les mournmcnts élémentaires
qui figurent dans ces combinaison-; sont Mtcrminés et limité-,
par des conditions générales anatomiques, pliy:-iologiq11e,;
et ps~-cl1iqucs; il C::,t donc possible de fixer de quelle manière
peut en principe érnlucr une articnlation dans un ca:- donn,~.
~oit par exemple le pl1on,\me s) qui s11pposc une élé,atic,n
de la langue prè:-- des dents. a,cc écoulement d"air con:-lant.
et qui est co11stitué par 1m sifllcmcnl : :--i la langue est rele-
,ée d"une manihe ins11'Tîsante, il de, ient un simple soutllc,
le bruit du frottement de l'air entre la langne cl le:- dent~
disparai:-isanl: c'cst-lt-dire h: si la langue est rclcn'·e avec
cxcè~, s sera remplacé par p (le th anglais) ou m,~me p:u l'or-
clusivc t; cnfi11, ~i J"on ajoute à s des Yilm:itions glottales f't
~i l'un affaiblit en conséqncncf' lïntcn:-ité du so1dllf', on
'\IÉTTIODF

aboutit ~1 la sonore z: en y ajoutant le passap-c a s) ce sont


les Yariations possibles d'un phonème s) quelles que soient
les particularités d'articulation. Soit encore un groupe tel
c1ue a1za11a ou ana111a où un même mouvement articulatoire,
l'abaissement du mile du palais, est exécuté deux fois : si,
comme il arriYe, l\m des deux mouYements est omis, ce sera
en principe le premier; le phonème où figurait le mouw-
ment supprimé subit des altérations qui le rendent pronon-
çable et lui permettent de figurer dans le systè.,me cle la
langue: mzaiza ou aiza111a dnic1111cnt alors alana) ala11,a 011
ara,,a, ara111a. - Les pos::iibilités de changements de formes
grammaticales ne se laissent pas formuler d'une manière
aussi simple et aussi générale que celles des changements
phonétiques, mais, dans chaque cas donné. elles ne sont pas
moins limitées.
En somme les possibilités de changement sont définies
par le systt'_,me propre de chaque langue et par les conditions
générales anatomiques, physiologiques et psychiques: quand
une 1111?111e cause Yient à proYoquer des innoYations, elle ne
peut clone produire que des effets ou identiques ou très pa-
r~ils les uns aux autres citez les hommes qui parlent une
même langue, et il est naturel que les enfants d'un même
groupe sociai présentent indépendamment les mèrnes con-
servations <Je l'état ancien et les mèmes innorntions.

Il. - .\pplication des principes généraux à la définition de


1·i n<lo-européen.

I. DÉFDîTIO~ DE LA ~OTIO~ DE L.\-XGl'ES l~DO-El'ROPÉE:\'~ES.

- Certaines langues qni commencent ,'t apparaitre clans


l'histoire nrs 1000 aY. J .-C., depuis l'Ilin<loustan ~1 l'Est
jusqu·aux rives <le L\tlantique ~1 l"Ouest, et depuis la Scan-
20 Cil \PITIΠPRf\lirH

dinaYie an \onL jusq11·~1 la :\[éditerrnnéc au Sud: présentent


tant de trait~ communs qu "elles se dénoncent comme étant
le:, formes di ,·erses prises par un mème idiome, parlé anté-
rieurement : celles <]Ui sont encore représentées aujourJïrni
par un au moill:3 de leurs dialectes sont: lïndo-iranien, le
baltique et le slaYe. l'albanais, I"arménien, le grec, le germa-
nique, le celtique, l'italique (latin et osco-ornbrien). On est
conwnu c.l"appcler illdo-curopéen (les .Allemands disent i11dv-
gcmw11ique) cet idiome inconnu dont les langues qui viennent
d"êtrc énumérées sont les formes historiquement attestées.
011 appellera donc langue indo-e11ropée1111c toute langue qui, ti
1111 mv111mt q11elco11que) m un lieu quelconque) a u,z degrt! d'al-
tératiou quelco11que) est une forme prise par cet idiome.
Cette définition est purement historique: elle nïmpliqnc
aucun caractère commun aux diYerses langues, mais sirnplc-
mcnt le fait que: à un certain moment dn passé. ces langues
ont été une seule et mème langue. Il n·y a donc aucun trait
auquel on puisse reconnaitre en tout cas une bngue in<lo-
européenne. Par exemple lïndo-curopéen distinguait trois
genres ; mais certaines langues. comme les langues romanes
et le letto-lituanien: u'en ont plu:, que deux , d'autres, comme
l'arménien et le persan, ignorent toute <li~tinction de g<>nres.
Pour établir qu·une langue est indo-européenne, il faut et
il suffit qu·on y montre un certain nombre de particularités
fllli sont propres ù lïnJo cui·opéen et qui par suite seraient
inexplicables ~i cette langue n'était pas une forme de lïndo-
eurupc.~cn. Les coïncidences grammaticales sont très pro-
bante-.: les coïncidences de YOcalrnlaire ne le sont au contraire
prc·sqnc pas : de cc que le finnoi~ renferme beaucoup de
mots indo-europ,~ens il ne :-uit pa:,; quïl soit indo-e11ropée1L
car ces mol:- sont empruntés au gennaniquc. au baltifp1e et
au slaYc: de cc que le persan renferme une foule de m()ts
sémitiq11e:-, il ne :-nit pas cp1ïl 11e snit pas i11du-curopécn, car
\IÉTIIODE 21

tous ces mols sont cmprnntés à l'arabe. En rernnrhe, si


différent de l'indo-européen que soit l'aspect d ' une langue,
il ne résulte pas de l~ que celle langue ne soit pas indo-euro-
péenne: aYec le temps, les langues indo-européennes ont de
moin:- en moins de traits communs, mais, aussi longtemps
qu"elles subsisteront, ces langues ne pourront perdre lenr
q1wlit1'• cl<' langues indo-européennes, car celle qualité n'est
que l'expression d'un fait historique et ne tient pas à tel ou
tel caractère défini.
Par exemple, si l'on {1e possédait pas le latin et si les dia-
lectes italiques étaient représentés seulement par le français
qni n'a plus du lont l'aspect général d'une langue indo-euro-
péenne. il ne serait pas impossible de démontrer que ces dia-
lectes sont indu -emopéens. La meilleure preuYe serait fournie
par la flexion Jn pré,enl wrbe (( ètre » : l'opposition de (if)
est : (ils) so11t (prononcés il ç : il :011 plntùl i] sr) répond
encore ~1 celle de skr. ,zsti « il est» : s!rnti <( ils ~ont», de
gol. ist : si11d, cle Y. si. jcsf1t : S(Jfit; les pronoms personnels
lllùi) toi, soi) 11011s, ·vous, qni rappellent si exactement skr.
111it111, tn1111) s·myâ111, 11af1, vab et Y. sl. lllf, t~, sr, 11y, vy, com-
plètent la prem-e. que plusieurs Jétails de la ilexion Yerbale
Yiendraient confirmer. )lais le français ne présente plus que
peu de traces pareilles de la forme indo-européenne. et il ne
faudrait plus beaucoup de changements pour quïl n'en rcs-
tàt aucun. La qualité indo-européenne du français n'en subsis -
terait pas moins, mais elle de, iendrait indémontrable direc-
lcmenl.
li se pent donc qnïl y ait dans le monde des langues indo-
emopéenncs mécunnur.;; et qui ne peuYent pas ne pas èlre
méconnues : c'est c.l'ailleurs assez peu probable: ainsi, malgré
la date récente 0t'i il est attesté, l'albanais a été facilement re-
connu ponr indo-européen.
li se peut au,si cprn l'inclo-e11ropéen soit une forme d'une
22 Cil\ l'ITIΠPRDIIER

langue antérieme représentée par telle 011 telle antre langue


:-llb"istanl a11jourcrlmi 011 attc,tée par de, ieux textes, et c'est
11ulllle n.-iis,·mblabl<'; mais a11:-si longten1ps q11·011 11·aura pas
releYé entre la gram maire indo-européenne et celle d. un an-
tre groupe des coïncidences qui ne puissent ètre fortuite:-;,
cette communauté d'origine est comme si elle n·aYaitjanrnis
t'·té; car elle e:-t iI1llé111ontrable. ~i l'on arriYe nn jour ù éta-
blir une série probante de ronconbnce:- entre lïnclo-européen
<'t un autre groupe, il n ·)- aura cl".-iilleurs rien de changé au
sy:--trme; seulement une noun~lle grammaire comparée :-e
superposera à celle des langues imlo-europi>nnes, exactement
comme la grammaire comparée des langues indo-européen-
nes se superpose à celle <le:-:. langues néo-latine~ par e~em-
ple: on ren1ontera d"tm degré cle plus dans le passé, mais la
méthode restera la même.

2. L.-\. « HESTJTCTIO~ » DE ,: I~D O - ECROP(:D. - La parenté


de plusieurs langues unr fois établie. il reste à d{,terminer le
cléYeloppement de chacune depuis le moment 01'i tontes {,(aient
iclentiq11esjusr111"i1 une date donnée.
~i la forme ancienne est attestée, c<' <p1i e~t le cas 1lu ro-
man, le problème est relatiYement simple : on :-'aide de tous
le:- renseignements historiques ponr suine d11 pins près pos-
sible les tra11sformatiuns <le la langue dans les cliYcrs lieux,
aux diYers moments. - ~i la forme ancienne n"est pas con-
nue) cr rp1i est le cas de~ langues iI1llo-eurnpécnne:-, on n'a
d'autre resso11rce que de déterminer tontes les corre:-pondan-
ces q11'on peut constater. _\11 cas où les langnes unt très for-
tement diYergé et oü les correspondances sont rares et en par-
tie incertaines, on ne peut grn~re foire plus r1uc de constater
la parenté. Pour les langues inclo-curopéennrs, le~ circon-
stances ~ont l1 e11re11sement pl11s faYurahles: ces lang11es pré-
sentent en effet des concordances nornbre11sc:-- et précises;
\IÉTIIODE 23
deux d'entre elles, l'inclo-iranicn et le grec, sont atlc:-.tées à
datc·a:-scz ancienne el sous une forme assez archaïque pour
que l'on pui:-:-e e11trcrnir cc qu ·a dù être l'indo-européen. Le
:;y!-tèmc de toutes l<>s coïncidences présentées par les langues
indo-européennes permet ainsi une étude méthodique et dé-
taillée.
Cn exemple tiré des langues romanes donnera immédia-
tement une idée du procédé employé. Soient les mols:

italien pçra tçla i·çro pçlo


espagnol pcra tcla 'i.'l'J"O pela
sicilien pira tila i•iru pilu
YÎeux français pcirc teilc 'l'Clr peil
(fr. mod. pt)Ïre toile votre poil)
Étant conuu que ces langues sont parentes, il n'est pas dou-
teux que l'on a ici quatre mots de la langue commune, en
l'espèce, <lu latin rnlgaire; la rnyelle accentuée étant la rnèmc
clans le!- quatre, 011 peul poser qu'on a affaire à une Yoyclle
de celte langue. qu ·ou définira par les correspondances :

il. ç==esp. e==sic. i==Y. fr. ei (fr. mod. oi).

On pourra co11Yc11ir de désigner par e fermé le phonème


défini par celte correspondance. 1Iais certains dialectes clr
:Sardaigne out d'une part pira) pilu) de l'autre 7.'l?lïl : comnw
la différence entre i cl c ne s'explique pas par l'influence clr~
articulations rni:--incs, elle doit èlre ancienne, et l'on c:--l amen(:
it poser deux correspondances distinctes :
sarde i == il. ç == csp. c == sic. i == Y. fr. ci
:-.ar<le e == i t. ç == csp. e == sic. i == ,·. Ir. ci

et l'on distingue ainsi deux sortes d'e fcrh1é du latin rnl-


gairc. Si le latin n'était pas connu, on ne pourrait aller plus
loini et la grammaire comparée des langues néo-latines n'au-
Cil \PITRE PRDIIER

torisc aucune autre conclusion. Le hasard qui a comené le


latin justifie celte conclusion en la précisant : le premier e
fermé est un ancien i bref du latin: pïra) pz/11111, le second esl
nn ancien e long : 11ël11111) têla.
La grammaire comparée des langues indo-européennes esl
dan:::i la :--iluation oü serait la grammaire comparée <les lan-
gues romane:::i si le latin n'était pas; connu : la seule réalité ù
laquelle elle ait affaire) ce so11/ les rorrespo11da11res entre les la11-
g11es attestées. Les correspondances supposent une réalité
commune. mais cette réalité reste inconnue, et l'on ne peut
s'en foire une idée que par des hypotl11\ses, et par des li~·po-
th&ses im frifiahles : la correspondance senle e~l donc ohjet
de science. On ne peut restituer par la comparaison une
langue cli::-parue: la comparaison des langues romanes ne
donnerait du latin Yulgaire ni une idée e:x:arte, ni une idée
complète; il n'y a pas de raison de croire que la comparni-
son des langues indo-européenne:-- :-oil plus instrncti,·e. On
ne restit11e pas lïntlo-européen.
Ceci posé, il est permis: ponr alm~ger le langage, de dé-
signer par 11n signe chaque correspondance tléGnie. Soit par
e:xemple:

skr. mâdlm « miel » et (( hydromel»== gr. ;1.irb, cf. Y. isl.


111iç,dr (,·. h. a. 111eto)
-.kr . adhat (( il a posé )) == arm. ed, cf. gr. s(J·r,,.::, gol. (ga-)-
de-ps acl ion >>
(<

il rérnlte de là une correspon<lance:

(,) sk r. dl~-=== gr. fJ =-=arm. d == germ. d (got. d) Y. h. a.t)

Soit maintenant:

::-kr. b/JarfllllÏ « je porte», arm. bere111, got. baira, gr. 1::;;h)


skr. 11ab/Ja(1 « nnage »==gr. •1{-;;:. cf. Y. Sél'\, 11CPlll
~IÉTIIODE 2.J

il résulte de là une correspondance :


~kr. bh == ur. :; == ann. b == ucrm. b.
L ' L,

On pourra comcnir de désigner la première par dh) la


seconde par bh) puisque sans doute il s'agit d'occlusiYcs so -
nores, l'une dentale, l'autre labiale, suiYics ou accompagnées
d'une certaine articulation glottale; mais les correspondances
::-ont les seuls faits positifs, et les (< restitutions » ne sont que
les ::-ignes par lesquels on exprime en abrégé les correspon-
dances.

La régularité des correspondances <1uc fait attendre le prin-


cipe Llc la constance des lois pl10nétirp1es est :-;om ent lruu-
hlée en apparence. ~\ part le:-- anomalies dues I, l'analogie, à
l'emprunt , etc., il y a dcU\. grandes causes d'irrégularités
apparentes:
1 ° Deux phonèmes anciennement distinct:-- se confonclen l
:-oll\cnl; on a Yll comment i cl ë d,1 latin aboutissent dans la
plupart des langues romanes à un mèmc résul lat; à 11n rnèmc
phonème d'une langue, d'autres répondent par deux. pl10-
nèmcs différents; aifüi en iranien, en baltir1uc et en slaYc, en
celtique, le phonème d rp1i répond au système :
sh.r . dh == gr. () == arm. d == gcnn. J

répond aussi au s~ stèmc:


skr. d == gT. ~ == arm. t == gerrn. t.

par exemple, le Y. si. dari't « don,> répond à gr. ~wp:·1, et Y.


sl. mcdù « miel, hydrom el )> à gr. ;1.i()·;.
1° Cn même phonème peut a,oir deux traitements dis -
tincts s11iYant la position qu'il occupe; en latin par exemple,
c'est J qui, à l'initiale, répond à skr. bh ==gr.?, mais entre
Yoyellcs on a b; de là le contraste de ferô et de 11ebula.
CIL\l'ITIIE l'HE:\IIEll

L"application de cc second prin1·ip<' ohlig·e à des combinai-


:--nns :-011\cnt subtiles el délical<'s. _\in:--i quand on rapproche
r!"ul. bi11dmz « lier », skr. ba 11dh!t(1 « lien », bâ11dlm(J cc parent ii,
3·r. -::s·,û:.;;S; « beau-père d11 cùlé maternel i> (littéralement
1< allié ii), on esl tenté de poser une correspondance:
skr. b == germ. h == gr. -;:

q111 supposerait un phonème particulier */,2 : car elle e::-l


dillërente cle celles qu'on ohscrYe par ailleur::-:
(1) skr. bh == germ. b ==gr. 1
(2) b p i5
'i
1J

(3) p f (re:--p. b) == - .:

)lais, si l'on :--e souYienl que, en sanskrit et en grec, une


aspirée c11 dissimilc une autre (le fait est antérieur a11x
plus anciens textes), on mit que skr. ba11dhd[1) b!t11dlm(1
pem<·nl représenter de plus anciens *bha11dhizb) ""bhiz11dlm(1)
cl que gr. -::::10s;;:; peut représenter un plus ancien *~:.·10:.;;:;:
on rentre dune e~aclerncnl clan::- le cas de la première cor-
respondance, cl comme, <'Il dcl1ors des ras oi'1 il .' a deu~
a-.pirées dans le mot, il 11·y a pas de correspondance skr.
b == gcrm. b =gr . .: , il n'y n lieu de poser ici aucun pliu-
nème indo-e1irop('•e11 dis li net.
En tenant 1·omptc de .. luis particulières à chaque langue)
11n peul dire q11'11n phonè111c indn européen e:--l défini par
1111 :,;.' stt'_·me régulier de currespomla11ces. Le nomhrc de cc:-
:--.' sti,mcs i11<lir1ue le nombre mi11i1111m1 de phonèmes indo-
e11ropécns distincts ; l'in<lo-curopécn en a pu distinguer
cl\111tres, mai" la grammaire c0111parfr n·a aucun 1110.'en de
les déterminer et n'a d'aillclll's pas intérêt ;1 le faire. puis-
q 11c son objet n'est pas la cl1iméri(JUe rcstitulion d'une lan-
g11c disparue, mais l'examen rnélliodique des coïncidences
en lre les la11g11es al testées.
"'~ l"IIODE

En morphologie on procède de la mome manière. Ainsi la


désinence de 3e personne sing. primaire active du présent
athématique est skr. -ti, gr.-:: (<lialect. -~:),Y.russe -Il, Y. lit.
-ti, cclt. *-li, lat. -t(z); si l'on esl une fois con,eni1 de dési-
gner par *t le phonème défini par la correspondance skr.
t= gr. := balto-slaYe t, etc., et par *i le phonème défini
=
par la correspondance skr. i .:.:. .-: g-r. i =
v. rnsse 'i lit. i, etc.,
on peut dire que la Jésinence en question est i.-c. *-li: skr.
âs-ti « il est », gr. s~-:(, ,. russe jcs-ll, ,. lit. es-li, got.
is-t, lat. es-/: l'exemple qui ,ient d'ètre cité penneltrait de
mème de définir 1111 thème ,crbal (q11i est en mèrne temps
une racine) i.-e. *es-.
Beaucoup de coïncidences n;s11ltcnt de clén~loppe111ents
parallèles dans plusieurs langues et dès lors ne prouvent pas
pour lïndo-eurnpéen; ainsi la Ire personne sing. primaire
active Llu présent Llu verbe « porter » est: skr. bhârâ111i, serbe
bërë111, arm. berem, v. irl. beri111 et l'on serait tenté de con-
clure de là que; clans les verlJes dits thématiques (les verbes
grecs en -uJ), cette personne était caractérisée par une dési-
nence *-,ni; mais ceci e:-.t contredit par gàthique banï,
gr. 9t;;(•J, lat. fcnJ, got. baira ; cl en effet on constate que
-mi est une addition récente dans tontes les formes; le Y. si.
bcrg n'a pas *-111i, et bhëm n'apparatl qu'a ..1 cours mème de
l'histoire du serbe; le vieil irlandais, qui a berim, a aus:-.i
do-biur, qui suppose *bhcnJ: l'arm. bcrem ne prouYe rien po11r
diverses raisons dont le détail serait trop long à donner:
enfin le gàtliiq11e barii suflit à montrer que skr. bh!trâmi .ne
représente pas la forme indo-iraniennc. On ne doit clone uti-
liser une correspondance qu'après une critiq11e serréè.
L'ensemble des correspondances plionétif1ues, morpliolo-
giques et syntaxiques permet de prendre une id<'-c générale
de l'élément commun des langues indo-européennes ; fftrnnl
au détail, soit de l'indo-européen, soit du développement de
Cll.\l'ITl'I: l'llE'IIEH

l'inLlo-curopéen cntrr la période d'unité el les formes histo-


riquement attestées de char1uc langue, il échappe nécessaire-
ment dans une large mesure. Et surtout, comme on vienl de
le mir, cc que fournit la mL~tlrndc de la grammaire comparre
n'est janiais une restitutinn de l'indo-européen. tel qu'il a été
1
parlé: re n'est rim a11/re rhosc qll 1111 systhnc défi11i de rorrcs-
pondonrcs mire les la11g11cs historiqucmmt atlcslées. Tu11l cc
qui est exposé dam le pr1~se11t ouvrage, so11s qnelq11c fi,nne
<pic cc soit, doit ètrc 0ntcnd11 en cc sens, mème dans les pas-
sag<'s cn'i, par e.\ccplion f'l pour abréger, l'inclo-c11rllpécn
c~l posé comme connu.
Suns le bénéfice de celle n'·scne, la grammaire comparée
est la forme gu 'affect<' la µ-ran11nairc historique pom les par-
ti0s d11 dé,cloppcmcnl li11311istiquc q11i ne p0m cnl être s11i,ic:c-
ë'1 l'aide de doc1rn1cnb. Toute gra111maire historÏ<jllC est du
r<'sle a11ssi comparati,c, car, lllèmc pour les langues lesmic11\
c,111n11cs, il s'en faut de bcanconp que les détails de l'é,olutio11
dC' cha<p1c parler soient attestés par des texte~, cl ron ne peul
11tiliscr les di,crses langues modernes, surtoul les parlers
loca11x, qnc par les prorL·dés c0111paratifs. Jfois, ce qui fait
l'originalité et la difficulté de la gnrn1mairc Îümparéc g1;né-
r11lc des langues indo-européennes, c·csl qu'elle est purr111e11L
rnmparnti,e: c'est puur clic q11c la méthode a été crééf', cl
clic reste le mcillcm modèle de l'application de cette
m0lhodc.

Lrs dMînition~ qni , ienncnt d'ètrc donnée~ permctl<'nl


d'écarter en peu de 111nts dc11\: conceptions erronées cl con-
trnir0s ,\ l'c~priL mèmc de la 1111'·tl1odc:
1 ° Un a long·tcrnps n11 flue l'indo-curopé1'n (~tait 1mc

langue primiti'l'l': (}Il enlc11dait par là que la gra1111iiairc Î11t11


parée pcrmcllail d'C'11trc\0Îr 11nc période « organique» où ln
lunguc se serait conslitnéc et ü1'1 sa forme se serait établie.
'11~TII0DE

::\fois l'indo-européen n'est pas par rapport an sanskrit, an


grec, etc., autre chose que ce qu'est le latin par rapport à
l'italien, an français, etc ; la seHle différence est qu'on ne
possède aucnn témoignage, ni direct ni indirect (par rnie
cornparatin) qui enseigne rien sur le préinclo-européen .
.\ssnrément les popubtions qui parlaient l'indo-européen
devaient ètre à un ninan de ci,ilisation assez analogue à
celui des nègres de l'Afrique on des Indiens de l'.\mériqne
<ln \ord: mais les langues Lles nègres et des Indiens n'ont
rien de « primitif>> ni d' « organique » ; chacun de leurs
parlers a une forme arn\tée, et le système grammatical en
est souvent trè.·s délicat et complexe ; il en était de mème de
l'indo-européen . .Aucun linguiste ne pent croire aujourd'hui
que la grammaire comparée des langues indo-européennes
fournisse la moindre lumière snr les commencements du
langage. Lïndo-enropéen n'est sans doute pas plus ancien
- il l'est mème probablement beaucollp moins - et, en
tout cas, pas plns cc primitif» que l\~gypticn des pyramides
et le vienx babylonien.
2° Sans avoir l'illusion que ln gramn1aire comparée puisse
rien rén~ler sur la manière dont s'est constituée nne langue,
on essaie souvent de donner des formes indo-européennes des
rxplications historiques. Par exemple on s'est demandé si les
désinences per::-onnelles <les wrbes ne rnnt pas d'anciens pro-
noms suffixes on si le, alternances ,ocaliqnes telles que celJe
de sl:1.:, t:1.s·1 ne seraient pas dues à certains chanë'ements
phonétic1ues. :\fais les explications de cc genre sont de pures
hypothèses et échappent à toute démonstration. En effet on
ne pm1t expliquer historiquement une forme que par nne
forme plus ancienne; or, ce qui mnnqne ici, cc sont préci-
sément les formes plus anciennes : non seulement elles ne sont
pas attestées, mais on ne peut les « restituer » par aucune
comparniso1~: on n'anra le moyen Ll·expliqner historiquement
')
..)c , Clf \PlllΠPfl['llEH

lïndo-curopécn riuc dans la mesure où l"on aura démonlré


sa parenté aYcc d'autres familles de langues el où l"on
pourra pŒer ainsi des systèmes de correspondances, et,
par cc moyen, prendre une idée de ]a période préindo -
c11ropéenne. Toul cc que J"on sait du déYcloppcmrnl des
langues montre que les faits :,ont trop com11lcxcs pour :a,c
laisser dnincr: personne ne doute quïl serait puéril d"ex-
pliqurr le français :,i l"on ne connaissait ni les autres langues
romanes. ni le latin; il n'est pas moins puéril cre\plir1ucr
lïndo-curopécn, et c·csl pl11-. abs11nle encore. puisqu"on ne
possède pa:-: lïndo-curopécn mc\mc, mais seulement des sys-
tèmes de corrcspoI1llances qui en donnent indirectement
une idée. Toutes les hypothèses qu'on a faites et qu'on con -
tinue de foire pour e:xpliquer les délails de la f1e:xion indo-
curopéennc :-cront donc simplcmenl passées sous sile nce dans
ce li\Te.

On n ·cnYisagcra ici qu'une seule chose: cc11es de-. concor -


dances entre Jr.s cli,crses langues iI1l1o-europécnncs qui s11p-
po-.enl d'anciennes formes cornnrnncs : l'euscmhlc clc ces
concordances con-,tituc ce q11c ro11 appelle lïl1llo-curopécn.
CHAPITRE II

LES LAXGUES IXDO-EUROPÉE~XES

Dans chacune des diYisions du groupe social où elle est


parlée~ une même langue présente certnines particularités de
prononciation, de grammaire et de Yocabulaire; ces particu-
larités s'héritent de génération en génération. et chaque géné-
ration nonwlle tend à y ajonter. Ce fait est nniYersel; on
doit donc considérer comme certain a priori que, mème au
temps ot', lïmlo-européen ne formait à proprement parler
qu'une langue et où ceux qui remplo) aient n'étaient pas
encore dispersés, les parlers indo enropéens présentaient entre
enx des différences plus on moins notables.
Quand on obsene le déYeloppement des idiomes histori-
quement attestés, on reconnait que la plupart de ces particu-
larités ne sont pas propres à nne seule localité, mais se
retrouYent dans plusieurs groupes d'hommes Yoisins les uns
des autre~. Par exemple la prononciation c de l'a accentué
latin (cnntârc donnant rba11ter) se relrouYe dans tous les
parlers du "\"ord de la France; de même la prononciation 't.'
dn p latin entre Yoyclles ou phonèmes de caractère semi-
Yocaliqnr ((l1pm donnant chèvre). )lais chacune de ces parti-
cularités a ses limites propres: par exemple l'a latin accentué
deYient e dans des parlers où le p latin entre rnyelles on
éléments rncaliques deYient non pas v comme dans le \ord
de la France, mais b comme clans .le :\ficli : tel parler brrri-
')
,)2 Cil.\ PITRE li

chon a, dans le mot lat. râpra) e comme le français rhè1re


el b comme le provençal cabra) cl dit syeb. On dresse ainsi
des cartes de France 01'i est marquée la limite propre de
chacune des innorntions qui se sont produites au cours de
l'hi~toire de la langne latine sur le territoire français. Les
din'rses particularités des parlers indo-européens aYaicnt
de mème lems limites géographiqncs, et l'on en reconnail
anjonrd"lrni encore les indices: ainsi les gnllurales se pro-
nonçaienl aulrcmcnl dans les parlers d"où sont sortis lïndo-
iranien, l'arménien, l"albanais, le lrnltiqnc et 1P slaYe q11e
dans ce11x d"oi'1 sont sortis le grec, le germanique, le celtique,
1·osro-ombrien cl k latin; après r el lt) la consonne s c::-l
repré:-cntc'.·c en indo-iranicn, en haltiquc. en slaYe antrc-
menl qm· dans les anlrc:c- langues; s initiale esl traitée en
iranien, en arménien et en grec :rntremcnt qu·en sanskrit
et dans tontes les autres langues: lPs type-. de verbes tels
que ëT. :s('llo, cl de noms tels qnc gr. ::·1:;; jouent en indo-
iranien, en balticp1c. en slaYc cl en grec un µ-rand ri',le, nn
très petit Jans IPs autres idiomes ; lwa11coup de mots :-ont
communs au halto-slan• et à lïndo-iranien et ne se retrouwnl
pa:.- aillems. par exemple skr. l'}nui(1) Y. :-:l. énï1111.) Y. pruss.
kirS1111/1 « noir>>; d'antres n'existent qu'en germanique, cel-
tiquP et i taliquc, ain-:i lat. utÏsl us, irl. Jas « , ide )>, Y. li.
a. 'Zu11osti (( wi"lst » .
Jf ordinairc un certain nombre de parler-: lncam;: présentent
des caractères romrnnns: on appelle dialecte un ensemble llP
parlers qui, sans être identiques le:- uns an\: autres. présen-
tent llcs particularités communes Pt nn air général de rr~scrn-
hlancc sensible aux suj<'ts parlants. On oppose ainsi en grc,·
lP dialecte ionien a11 dialecte cloriPn, an dialecte (~olicn. etc. :
mais le <loricn par exemple ne forme pas pour cela une
unité, et, en fait, le parler laconien différait de celui d'_\rgos,
de celui de GorlJne, etc. \nssi lnngtcmps quïl nïntcrYicnL
'l'l
LES L.nr.rES J'iDO-EU\Ol'ÉEViE~ ,)J

pa~ (raccidenls l1i:-toriques, les dialectes n'ont pas de li,nites


définies, pnisr1ue chacune de leurs particularités a son exten-
sion propre; on ne sa11n1it dire où commencent les dialectes
français du \ord cl où fi.uissen L les cli..1leclcs proYençaux nu
les clialectes gallo-ronrnns du Sud Est (le moyen rhocla11ien);
certains groupes sonl franchement du ~ord, d'au Ires fran-
cl1emcnt du )lidi, mais il y a des zones intermédiaires.
Seuls Lles accident, historiques déterminent la création de
frontiè·res précises : le langage de Paris tend à se n'.·pandrc
sur toute la France; il Yient ainsi à la rencontre de la forme
du toscan sur laquelle repose l'italien littéraire el qui tend à
se répandre sur toute rTtalic: il y a dès lors contact de deux
dialectes autrefois très éloignés l'tm de l'autre: et la limite,
qui coïncidcaYCc une frontière politie_p1e, peul être tracée aYec
rigueur, tandis que, entre le parisien <'t le Loscan, les parlers
locaux présentent une série de transitions presque insen-
sibles.
Les dialectes indo -européens n'ont été fixés par l'écriture
el ne sont connus qu'ù des dates où depuis longtemps les
groupes de populations qui les parlaient s' étaient absolnmrnt
séparés, oi'1 chacun des dialectes ami t subi dans son déYc-
loppemenL isolé des changements profonds inconn11s à tous
les autres, et Oll enfin les idiomes ainsi ronstit11és s'étaient
étendus par emprunt à des groupes d'hommes plus ou moins
nombreux. La distinction des principaux dialectes ne pré-
sente donc aucune difficulté de l'ordre de celles qu'on ren-
contre en roman par exemple, et le nombre de:; dialectes
indo-européens conscnés ne prête ù aucune contestation.
Ou a, en partant de !"Orient, sept groupes d'importance très
inégale: lïndo-iranien, l'arménien, Ic baltirJLie et le slaYc,
l'albanais, le grec, le germanique, l'italique (latin et osco-
ombricn) et le celtique (formant un groupe un: lïtalo-cel-
tiquc ) .
•\. )lr:11.LET, 3
"'
,Lj CIi U'lTl\E Il

Trois groupes seulement sont connus par des documents


suivis antérieurs l1 rère chrétienne: lïndo-iraniPn, le grec
et lïtalir1ue. Tous les antres ne sont attestés qu"i1 partir dn
moment oi1 l'apostolat chrétien y a frxé la langne par écrit,
c'est-à-dire l1 une date de plusieurs siècles au moins plus
basse qne celles des premiers textes des groupes précétlents,
cl après que lïnf1nencc des civilisations hellénique et
romaine s·est exercée.
Quelle que soit l'époque d'où datent les plus anciens textes,
chacune dl:'s langues indo-européennes présente dès le délrnt
1rn système phonétique cl morphologique tont différent <lu
système indo-européen commun ..\insi. ponr ne parler que
<le la prononciation, lïndo-iranicn a confondu dès le délmt
dans le seul timbre a les trois timbres rncaliqucs a) c el o de
l'indo-européen; le germanique et l'arménien ont une nmta-
tion complète de tontes les occlusives; le grec a transformé s
et y, deux des phonèmes les plus importants de lïndo-euro-
pécn. Chacun des groupes est donc caractérisé par des inno-
vations étendues et systématiques.

I. - lndo-iranien.

Lïndu-iranicn comprend deux groupes distincts, celui de


l'Inde et celui de riran. Ces deux groupes présentent un
grand nombre <le particularités commune~ cl ne diffèrent pas
plns l'un de l'antre que le haut allemand du bas allemand par
exemple. Les populations qni les parlaient se désignaient
également par le nom de ilrya-, et le nom mème de l"Iran
représente encore aujourd"lmi ce nom ancien : c'est le génitif
pluriel aryil11ii111 qui a fomni le pluriel {rit11 cln moyen per-
san, prononcé ensuite ïril11. l -n nom propre correspond.inl à
celui-ci ne se trouve clans aucun autre dialecte indo-européen;
senls les dialectes i11do-ira11ims dui,·ent donc porter le nom
LES L~XGCES l~DO-ECROP(EXXES ....
,),)
-
de aryms, et en effet en ..\.llenrngnc on désigne correctement
par arisch cc qui esl appelé ici indo-irnnien. Le mot aryen a
été entièrement éYité dans ce liue pour parer à toute ambi-
guïté.

I. L'noo-m.nmx o.ns L'hnE. - Le plus ancien texte


daté d'une manière précise ne remonte pas au delà dn milieu
du mp siècle aY. J.-C.; ce sont les inscriptions du grand sou-
verain bouddhiste .\çoka. Ces inscriptions, qni se trouvent
clans les régions les plus diverses de l'Inde et jusqu'en plein
Dekhan. présentent des rédactions locales qui diffèrent sen-
siblement suiYant les régions, mais qui ont ce trait commun de
n'ètre pas en sanskrit et de représenter une forme plus récente
de la langue : le plus ancien texte daté de rlnde n'est pas
dn Yieil indien. c'est du moyen indien. Car on possède toute
une série de textes non datés, mais qni, par leur langue et
par lenr contenu, se dénoncent comme antérieurs aux inscrip-
tions d'.\çoka : cc sont les textes Yécliques; en premier lien,
la grande collection des l1ymnes récités clans les sacrifices
par l\m des prètres, le hotar : ces h~·nrncs, composés ·en
strophes, ont formé d'abord plusieurs recueils différents arnnt
d'être réunis dans le recueil qui est connu sous le nom de
fl.g·ueda (Yéda des chants); c'est de tous les textes de l'Inde
celui qui présente la langue la pins archaïque. Les autres
recueils d'h,Ymnes, sans être peut-ètre moins anciens au point
de Yue du fond, ont nn aspect moins archaïque au point de
\ïie linguistique; c'est le cas dn pins important d'entre eux,
l'AthanaYcda. Les textes en prose des bralmza~ws où est
exposée la théorie de la religion Yédique prés<'ntcnt un aspect
d11 sanskrit plus récent encore. La langue des brâhmar_ias se
rapproche progressiYcmcnt de celle dont le grammairien
Pai_1ini a donné les règles et qui, aYec de menus change-
ments, est celle des grandes épopc'·cs, le Jlahabhârata et le
JG Cll_-\PlTI\E II

Ra111ëtyau,1, cl enfin celle de la littérature artificielle Llc rindc:


la littérature classic1ue est tout entÎl'rc postérieure au me siècle
aY. J .-C.: c'est-à-dire à un Lemps où l"t~tage sanskrit était
dépassé clans le langage parlé par le peuple ; la langue
dans laquelle elle est rédigée cleYait clone l'existence à une
tradition littéraire cl grammaticale et ne fournit pas un té-
moignage linguistique direct cl immédiat; bien qu'il soit loin
d'ètre exempt de fortes influences littéraires et traditionnelles.
le texte des Yédas et celui des hralunanas tlonnenl <les témoi-
gnages d'une tout antre Yaleur, et les linguistes ne se sC'r-
Yent des textes <lu sanskrit classique que là où par liasarJ les
textes plus anciem font défaut. - Le -{?gwda semble arnir
été composé clans le :\orcl-Ouest de rincle, nommément clans
le Pendjab et la région immédiatcrncnt rnisine à l'Est : les
particularités des texl<>s plus récents ne remontent pas en
gé·néral à des différences Jialectales antérieures à la composi-
tion des Yéclas et ré:rnltent pour la plupart du <léYeloppement
linguistique au cours de:, siècles. Le sanskrit classique n ·est
q11 · un cumpromis traditionnel et réglé par les gramrnairiefü
entre la langue Yédiquc et la langue parlée ensuite. Pour
aucun te::-..tc san:,kri t, on n ·a le moyen de définir des diffé-
rences dialectales.
Le mo.' en indien c:-L représcn tr par les inscriptions les
plus anciennes depuis "\çoka, par le pàli, langue religieuse
du houJdhisme du SmL et par les tex tes prù krit:- : les prù-
k ri ts sont des langues littéraires cmplo:écs par certains au-
teur:-, notamment les auteurs dramatiques qui mettent dans
la bouche de leurs personnages soit le san:-krit, soit tel nn
tel pràkrit, suiYa11l leur condition sociale. La langue des plus
anciennes inscriptions a Yisiblcmenl un ('araclère local, mais
:-ans rigueur: d'autre part les prâkrits portent pour la plu-
part <les noms locaux, comme 111ëtbëtrâf{ri « langue du 1\1-aha-
rëtf{ra »: çaurasml « langne du pa) s de Ç1ïrasc11a ", etc.
I.ES L \ .\ï.lES l"\1)0-EI.IWPÉE.\.\ES

Qnoi qu'on puisse penser ck• l'exactitude a,ec laquelle les


tC'xles reproduisent telle ou telle langue locale, il est certain
qu'on n'y tro11Ye presque rien q11i ne s'explique par la langue
Yédique. Les documents du moyen inJien donnent une idée
du déYeloppement de la langue, mais ils ne permettent pas
de supposer qu'il y ai L jamais eu dans l'Inde ii date ancienne
un dialecte notablement différent de relui que représente le
Yédiqne.
Tous les dialectes indo-iraniens employés act11cllemenl
clans l'Inde, de l'l limalaya à Ce_ylan (le singhalais est un dia-
lecte indo-irnnien), se111hlent provenir de l'extension progres-
siYe i.1 lra,ers la péninsule des <lialecles dont le représentant
le pl11s ancien est le te\te cln {?gwda el (jlii étaient parlés clans
le Pendjab par les Ârps qui s'y sont établis. Aujourd'hui
encore les dialectes indo-iranicns ne couvrent pas l'Inde en-
tière, et des langues non indo-européennes sont parlées, sm-
tout dans les régions les plus éloignées du Pendjab, i.i sarnir
la cùtc orientale d'une part cl le sucl du Deklrnn de l'autre.
1

2. L' noo-m.DJE\' D .\\'S L'I1u.\'. - Ici on rencontre dès le


début deux dialectes distincts :
a. Le 1.:icax perse des inscriptions de Darius (mi de 521 ù
1186 av. J .-C.) et de ses successeurs est écrit en une écriture

cunéiforme très si111ple; les inscriptions de Darius sont lrs


plus anciens te\tes datés de gTancle étendue qu'on ait d'une
langue indo-e uropéenne . Une forme plus récente et complè-
ment transformée dll même dialecte est consenée dans les
inscription:-. pehh•ics <les rois sassanides ; la plus ancienne
fjll 'on possèdP r'-1 d11 fondateur même de la dynastie sassa-

nide, Ârf11xs11tr i Pâpal,a11) ,'est-à-dire .\rdascliir (22Îl-2 'i 1


ap. J .-C.): il existe de plus lonle une littérature mazdéenHP
dalls le peblYi ciui a été fixé i1 l'époqne sassanide; et on a
décu11,erl récemment dan~ l'.\sic centrale des débris de texlPs
CIL\L'ITIΠ11

rnanich«'·en:,; en un pclthi un peu dillërent, donl la graphie est


plus simple et plus claire que celle dn pchhi des \lazdéens;
le persan littéraire apparait lorsque, aprè::-- la conquète arabe,
il s'éli_,,c des d.) naslies mu::--ulmanes nationales, au ne siècle
ap. J .-C. : il ~- a e11 depuis cette date des cliangements Je
détail, mais aucune transformation de la langue.
b. Pn dialecte oriental est conservé dans le ,ieux texte
religieux du mazdéisme, I'A.1•esla: l'Awsta, Jonl il ne sub~iste
qu'une assez petite partie, n'a été fixé d'une manière défini-
tive qu'à l'époque des Sassanides; on n'a pas la moindre
notion précise sur les dates auxr1ucllcs les Lli,erses parties
ont pu être écrites, non plus que sur le pa:s Llcs auteurs. Le
texte comprend deux parties distinctes: d'1111e part les gâthâs)
presque toutes en strophes analogues aux: strophes ,édiques,
cl dont l'archaïsme ne le cède pas à celui du ]Jg,eda mème,
de l'autre tout le reste du liHe, écrit en très grande partie,
sinon en totalité, en une lang·11e <p1i n'était pas la langue
usuelle des auteurs, mais un idiome sarnnt, comparable au
latin méro,ingien ou carolingien.
lndépenda11lmcnt de ces <lem: dialectes attcslt•s ::--ous fol'llle
relati,eme11t ancienne, et qui ont une littérature, on a décrit
1111 grand nombre de parlers modernes emplo: é:,; depuis les
rn11ées Lhr Pamir j11sq11 'au Iùmlislan cl depuis le Balulcl1islan
cl l' \fghanistan jusfjlI 'l, la mer Caspienne; ces dialectes pcr-
mcllcnl de combler en quelque mcsme les lacunes que lais-
sent subsister l'obscmité cl la brièveté des anciens textes.
~f't/b/

Lïndo-iranicn est de tous les dialectes celui qui a le moins


profondément altéré l'aspect général de la 111orphologic indo-
européenne; c'est le seul qui permettre d'enlrernir le rùle
ancien des racines ; le seul qui ait conscné la distinction des
huit cas de la décli11nison indo-européenne: elc. C'est pour-
LES L\'\'Gl.ES 1'll<J-U HOP(F.Y\'E~

quoi la gramBrnire comparée des langues indo-européennes ne


s'est con:--tituée qne le jour où l'on a rapproché lïndo-ira-
nien du grec, du latin et du gerlllanique, et, sans une sérieuse
connaissance de l'inJo-iranien, il est impossible de pours11iuc
sur cet ordre de q11estions aucune recherche personnelle ou
mème <l'arriYcr à posséJer sur le sujet autre chose que des
notions générales.

l I. - Le grec .

. . \ la date 011 commencent la tradition littéraire et la tra-


dition épigTaphiq11e, c ·est-à-dire du Yll e au , e siècle a,.
J. C., chacune des ,illes greccp1cs a son parler propre ;
mais ces parlers ne différaient pas assez les uns des autre-,
pour qu'on ne reconnùt pas l'unité fonda men tale de la langue
et pour qu'un Hellène ne pù t se faire comprendre en 1rn
point q11elconq11e du domaine hellénique. Les principaux.
groupes dialcctau\. sont les suirnnl::; :
1. I011im-attiquc. - ;(, L'ionien était employé : dans la
Dotlécapolc tL\.sie Jlincure : Hérodote y distinguait quatre
dialcdcs, ceux de .\I ileL d"Ephèsc: dr ~amo:-, et de Chim,,
que les tc\.tcs actuellement connus ne permettent plus de
caractériser, - dans nne partie des Cyclades : Paros, Thasos,
\ .i\.os, Ccos, - dans l'ile d'Eubée; les inscriptions, pe11
nombreuses, indiquent peu de particularités propres à clia-
etrne des ,illes. Le dialecte ionien a été écrit dès le ,11" :-iècle
par des poètes tels que _\rchiloque de Paros et Callinos
<l'Éphèse. dès le '1 .. par des prosateurs, notamment Hérodote
(emiron 481-423 a,. J. C.).
~- L'attique est à beaucoup d'égards trè:-- proche de l'io11ien;
il e:--t connu par <les inscriptions depuis le, 11•· siècle a,. J .-C.
et par une riche littérature en ,ers et en prose.
2° Dorien. - Les parler:- doriens diffèrent plus entre eux.
Cil \l'ITRt: Il

qur les parler~ ionien,, s11it qn ïl~ aient été en réalité plu,
différents les um des autres. soit que l'absence d"un dialecte
litt ~raire con:--titué de bonne heure ait permis à chaque ,illc
de noter plus e:rnctement la manière locale ..\ ppartiennent
:rn dorien : la Laconie et les colonies laconiennes, Tarente
et Héraclée - la "\Iessénie - \rgos - Corinthe et ses co-
lonies, Corcyre et S:Tacuse - "\! égare et ses colonies -
la Crète - les iles dorirnnes : l:gine: Cos, etc. Le dorien est
smtout connu par des inscriptions dont les principales sont
a loi de Gortyne (en Crète) et le:- tablP:- d'lléraclée. Le:,
texte:- littérnires ne donnent q11"tme idée assez trouble du
dialecte.
Des parlers du Xord-011cst ( l:pi re~ ttolie. Locride, Pho-
cide, etc.) on n'a que des inscriptions : le mieux connu est
celui de Delphes. L'éléen est au :'.'si connu seulement par des
inscriptions. Ces diYers parlers ne se distinguent du dorien
par rien d~essentiel.
3° Parlers du Xord-Est. - Béotie, Thessalie, Lesbos et
,illes éoliennes d\\sie )[inenre. Les poètes lesbien:-, Alcée et
Sapho, qui écriYaient à la fin du nt sii.·c1e aY. .J .-C. et au
com mencement tlu ne 1 ont écrit le parler de leur ile natale.
Le,bos : c'c:'.'t le dialecte littéraire éolien. Le th2ssalien et le
bfo ti en sont surtout connus par des inscriptinn:- : les in:'.'crip-
tions béotiennes sont rendues particulièrement intére~:--antes
par le rnin awc lequel la prononciation locale y est notée à
chaque époque.
~
0
.drcadien et rypriotc. - Les inscriptions dialectales de
Cypre, bien qu"clles ne remontent pas pour la plupart au delà
du n-e et du,~ :-i ècle a, . .J .-C .. sont écrites dans un alpl,abet
s: llabique absolument différent de J"alphabet grec ordin aire
el présentent par là 1rn intérèt spécii1l.
Les poèmes l1omériques, l'lliade et l"Od.,ssée, dont les
parties essentic1le:- sont antérieures ;1 tn11t le re.te de la
LES L.\:\"Gl'ES l"\()0-El'R!lP(:EY\'ES

littératme grecque, sont rédigés en une langue liltéraire qui


a au premier ahonl l'aspect général cle l'ionien, mais qui ren-
ferme de nombreux. éléments éoliens ; bien qu'elle ne repré-
sente le parler c.l'a11c11n lien ni d'aucun moment dNini, cette
langue est d'un ex.tr,\me intérèt pour ie linguiste parce que
c'est une ancienne langue littéraire qni a consené par tra-
dition bcancuup de formes préhistoriques.
Les parlers locaux. n'ont pas subsisté; dès le n-e siècle aY.
J.-C., il se constitue une langue comnrnne (z:!·rr,) fJlli ~liminc
progres:-iwment les particularités locales , et c'est sur la
z:\·r~ que reposent les diwrs parlers ùu grec moderne.
Le grec ancien est la scnle langue indo-européenne connue
à peu près llè:-; la même date que l'inclo-iranien ; la morplw-
logie y est moins bien consenée, mais le rncalisme ) a sub-
sisté sons une forme beaucoup plus claire; et la connais-
sance llu gTcc ancien n'est pas moins indispensable an
linguiste que celle de l'indo-iranicn.

III. - Dialectes italo-celtiques.

Très différents entre eux., an premier aspect, les dialectes


italiques et celtiques semblent cependant arnir eu une certaine
période de dérnloppement commun attes'tée par des particula-
rités singulières : le génitif en -i des thèmes en -o-) Je passif
et Je déponent en -r) etc.

1 ° Dialec te, ilaliq11 es.

Le seul groupe de langues indo-européennes autres q11c


lïnclo-iranien et le grec qui soit attesté antérieurement ;\
l'ère chrétienne est celui des dialectes italiques. L "étrnsqnc,
qu'on n'a aucune raison de raltacl1er à lïndo -europécn, n'a
en tout cas rien de commun aYcc ces llialectes, dont les prin-
cipaux. sont le latin, l'ombrien el l'osq11c:
Cil\ l'ITI\E li

1" Le latin. représcnl,~ par le parln de Home cl des e1ni-


ro11s immédiats de la Yillc, n'est réellement 1111 peu connu
q11'à partir de la seconde moitié dn 111e sii.·clc av. J. -C.; les
textes plus anciens, non datés , ont tr<'.·s peu d ' importance;
on sait peu de chose des parlers ruraux, qui, à en juger
par les anciennes inscriptions de Préneste, différaient assez
notabl ement de celui de Home mème. ,\ la :·mite de la con-
quête romaine, le latin est deYenn la langue de toute la partie
occidentale de rempirc ronrnin cl, quand l'empire s'est dis -
sous, il s'est déYeloppé d'une manièTC indépendante dans
chaque localité ; aYcc la constitution des nouvelles nations
européennes, il s'est constitué ainsi un e sfrie de langues in-
dépendantes les un es des autres q11i reprrsentcnl autant de
l'ormcs dn latin: l'italien, l'espagnol, le portugais, le fran-
(ais, le proYcnçal, le roumain, elc. Depuis le xn" siècle, la
colonisation europt~en 11e a donné i1 ces formes récentes du
latin nne extension nouYcllc : le portugais est la langue du
Brésil , !"espagnol celle d 11 reste de L\mt'.·rir1uc du Sud et de
1
1' .\mériquc jusqu'a ux Ét::1ts-l nis nu nord. le frnnçais csl
parl6 au t.anacla, en Alg-c'•rie et :-ur un grand nombre de
p< ,ints cL\mériquc, cL\frique et d',\sic. (; rùcc ù ces exlcn-
:-;ion::; succest--iYes, le parler de la ,illc de Home s'est ainsi
n'·pa11d11 sur pre:-;que Loule:-; les régions dn monde.
:2° L'ombrien n'est plus guère connu r111e par les tables

r11guhines, rituel de sacrilicc, nu11 datL\ untt'.Tieur à l'ère


rltrélien11e.
3 L'osque n'est ,··gaiement cunn11 que par de~ inscrip-
11

tions qu 'on a trnuYées à ,1essinc , clans le BrnLtium, en L11-


<'anie, en Campanie (notamment it Pompéi, .\belln, Capoue),
cl a11 \ord j11scp1r dans le ~amniu111.
L"o:-;quc et l'ombrien dillèrent prufornl,~menl dn latin: ils
se ressemblent entre eux <lans une ccrl::iinc mesure, mais nou
pas d ' une manière telle rp1\111 Ombrien d1'il comprendre
,.,
1,)

immé<li:.llement l"osque 011 inYersement. Les <liYers parlers


italiques ont tous cécl1~ la place au latin au commencement
de u~re chrétienne.
On rapproche souwnt le latin du gTec, mais c'est unique-
ment pour des raisons historÏ(Jlle'- et parce que l"édncation
classique a longtemp-- compris l"étnde des deu\. langues; a 11
point cle rnc linguistiqu e . le latin n'est pas particulièrement
proche du grec, et, s'il e..;t un groupe <le dialectes qu:il y
ait lieu de rapprocher de ceu\. de l'Italie, ce sont les dialectes
celtiques.

2° Dialccles celtique,.

Dn celtique on possède trois dialectes :

1" Le gaulois, que des e\.péditions militaires ont répandu

sur la Gaule et l'Italie du \ord et jusqu'en s\sie :\l ineure, a


été éliminé partout dès les premiers siècles de l'ère chré-
tienne: il n'en reste aucun texte étendu : de nombreux noms
propres transmis par les historien, grecs et latins permettent
cependant d'arnir quelque idée de sa phunétique dont l'as -
pect est remarquablement archaïque; les inscriptions sont
trop rares et trop obscures pour qu'on pénètre la morphologie
et la syntaxe.

2° Le brittonique, langue de la Grande-Bretagne, a été


refoulé par le germanique et n'est plus représenté que sous
trois formes relatiYement récentes :
a. Le gallois, dan:- le pa_ys <le Galle'-, atte"té par des textes
littéraires depuis le :ne siècle; très Yirnce:
b. Le cornique, en Cornouaille, connu par un glossaire
du :îllle siècle et quelques textes l1 partir cln ~Yp : mort de-
puis le XYllle siècle :
c. Le breton, dans l'_\rmorique française, connu par quel-
r.IL\PITRE Il

q11cs gfoscs dès le ,rn" sit'·cle, par des textes littfrairPs depuis
le xn ", encore parlé dans les parties rurales de l'.Armorique.
Le breton n'est pas un reste du gaulois: c'e:--t la langue
d"émi,i:mrnts ,enus de Grande-Bretagne, surtout au moment
de la conquète saxonne.

3" Le gaélique: attesté par de nombreuse, gloses ir1an-


cbises dès le ,u·· ::,ièc1e ap. J .-C. et ensuite par une littéra-
l11re aliondanle en Irlande; parlé aujourd'hui encore dans
une partie de l'1rlande et de rI:cosse cl dans l'ile de )lan.
L'irlandais est la seule langue celtique qui. sous ses formes
les plus anciennes, ait conscné une flexion riche el archaïc1ue.
et c'est par suite celle dont on se sert constamment en gram-
maire comparée.

IY. - Dialectes ger111a111ques.

Les dialectes germaniques forment trois groupes distincts :

1° Le gotique, n·présenté par les restes de la traduction


de la l3ihle qu ·a faite J'é,èque Tl',dfila) au 1,e siècle ap. J .-C.;
quelques chartes écrilt's a11 n" siècle en Italie sont rédigées
ù pcu prb dans la m1\me langue. Au x, 1" siècle. le Ilollandais
Busbcck a tromé en Cri111ée une population parlant encore
1111e langur sans doute µ-otic1ue et a rcle,é quelque::- mnts de
cet idiome: ailleurs le gotique est mort de bonne heure.

2" Le germanique septentrional, représenté tout cl'abonl


par des inscriptions runiques, dont les plus anciennes ne
remontent pas .111-dcU1 du rn·· siècle ap . .1 .-C. Il comprend
plusieurs dialectes :
a. L'islandais: le~ pl11s anciens nrnnm,crits <latent de la fin
d11 ~11" sièc1c: c'est la langue conscnée dans ces manuscrits
LES LA~GlES J~nO-ECBOPfE~~ES

qu'on appelle ,ieil islandais el qui est citfo <l'on.linaire en


grammaire comparée con11ne le repr6sentant du germanique
septentrional on norrois.
b. Le nonégien, très proche de l'islandais, qui n'en est
qu'un dialecte, el attesté tl peu près à la mème date.
c. Le suédois.
d. Le danois.

:) Le germ'.lnique occidental, beaucoup moins nn que le


0

germanique septentrional. On y distingue:


a. Le haut allemand, qui n 'a lui-mème aucune unit<-~ :
chacun des textes représente un parler différent; du nur siècle
on n'a guère qne des gloses; la littérature commence au
nt' siècle ; le haut allemand proprement dit comprend le ba-
varois et l'alémanique, ce dernier représenté notamment pm·
la r,,gle des llénédictins ( u'' si<'_·cle) et les œunes de .\otl-.er,
moine de ~aint-Gall (xe siècle): le franconien est. sous ses
di,erses forme'-, la langue de TrèYes, Cologne, Fulda.
\Yürzburg, Bamberg, :\la)Cnce, Francfort, \Yorms, Spire.
- L'allemand littéraire moderne rrpose essentiellement sur
Je franconien.
b. Le bas allemand a pour texte le plns ancien le poème
du Hëlialld) composé Yers 830 el consené clans des manus-
crits du n_r el. du xP, siècles; on désigne sous ce nom la langue
de cc poème et de quelques autres de date postérieure. La
seule langue littéraire qui repn~sente aujourd'hui le bas alle-
man<l est le néerlandais ou llamaml : mais clans toute la
plaine allemande à l'est de la région cln Hhin les parlrrs
locaux sont <lu bas allemand : les ancirns colons européens
Je L\frique du suJ, les Boers. parlent aussi un dialecte
néerlandais.
r. Le frison et le vieil anglais. La langue des Angles et
Jes Saxons e~t Je,cnue celle de la plus graucle partie de la
, .Il \PITP.E 11

Grancle-Ilretagnr: elle e~t alle'-léC', awc cl<'s formes dialr·c -


taks sen,iblement cfü·er:-e,. clepui:- le n" ~iècle, C'l l'on
clé:-,igne particulit'_.remcnl ,ous le nom dr Yieil angfoi, ou
:rnf."lo-saxon la langue J· _\elfreJ le Crand cl d"_\elfric. L'an-
glais c~t deYenu à dal<' r6cenlc lïdiome de l" \méricp1e au
nord d11 \lc'.\.iq11e: de r .\11-.tralir el de bcanconp de rrgions
plus 011 moin:- l'.·tC'ndue~ dans le monde entier.

Y. - 13altiq11e rt :-la Y<>.


li y a ici dcm langues Jistincles: le Lalticp1r et lr sla,e:
I(•:-- re,-:cmhlancc::i as~ez n1Jrnhre11~e~ qu ·e11es présentent entre
clics tiennent au paralléfüme Je km drYeloppement autant el
plus q11·~1 une srpar.1lion larJiYe des den\ gro111ws: car ün
Y rencontre des innoYation:- pareille.; plutùt qu'identiqncs.

I. BALTI•Jl E. - _\. Yi<>1n prn:-sicn. aujourd.hui mort.


et connu :-eulemrnt par un Yocalrnlaire d11 :n·e sii.·cle con-
t,·nant Soo mol~ et par une traduction de trr,is petit~ caté-
chisme, et de rEncheiridion de Luther (cette dernière datée
de 1jG1).
13. Lctto-lituanicn: comprenant den\ gro11pes de dialectes
encore m1jourcl'lrni parlé~ :
a. Le lituanien: le plus ancien te\le est seulement de
1:)'1j ap. J.-C.; les principales diffrrences qu·on oh:-:ene
rrnjourcl'lrni entn· les parler:- c.les cliYer..;es n~g-ions de la
Lituanie apparaissent <lt'..•s les pl11~ ancif'm textes du x, { C'l
<ln x, 11e :c:iècle, et. sanf la perle de quclq11c:-: archaï:-mes. la
langu<' actuelle ne dillt·re que pe11 <le celle du xn° siècle. Le
lil11anicn c--t remarr1uablc par snn aspect lrantiquitr in<lo-
c11rnpéenne: il r,t frappant cl"~ lromer encore au n 1r siècle
et jmqu'a11jo11nl"liui des formb qui recnuncnl e\actement
des formes , édiq11es on homériques cl qui reproduisent pres-
que parfaitement Je:- formes in<lu européenne:- :-uppo::-ées, par
LES L.\XG[ES l';DO-Elî\OPl~E\":\ES

exemple êsti « il est » == skr. asti, gr. Ë:;:t, on gfvas « vi-


vant >> (y est la notation cle i long)== skr. jïv!rf;) lat. 11ï11os.
Le vieux prussien n'a pns un caractère moins archaïque,
mais il n'est connu que trop imparfaitement., cl c'est sous
la forme du lituanien littéraire occidental q11'on cite d'ordi-
naire le baltique en grammaire comparée.
b. Le lette, parlé an nord de la Lituanie, est connu à pcn
près à la même date, mais sons un aspect un peu plus
altéré que le lituanien.
Sons la fnrmc moderne :-:ous Iaqne11e on les cite ordinai -
rem en L, le lituanien et le lette ne donnent pas moins d'ensei-
gnements utiles que le latin et le gotique, connus tant de
si<',cJcs auparavant : par l?t, on peut entrevoir le merveilleux
archaïsme de ces langue::..

2. Suu. - Dès les premiers textes, dont le plus ancien


ne remonte d'ailleurs pas au tlclà dn l"-'' siècle np. J .-C., le
sbnc présente une grande rnriété de dialectes. Les trois prin-
cipaux groupes sont les s11ivants :
A Groupe llléridio11al. - a. ~Iacédonien et bulgare. Les
apôtres orientaux des Slaves, Cyrille et )ilétho<lc, originaires
de la région de Salonique, cl leurs disciples ont traduit au
,xc siècle dans leur dinlcclc natal ]']~vangile et d'autres textes
nécessaires an culte cl à l'enseignement du christianisme;
c'est la langue de ces textes conservés Jans quelques manus-
crits non datés des ,r_:\,e siècles qu'on nppcllc viem:. slave el
q11i représente d'ordinaire le slarc en grammaire comparée;
on ne doit pas oublirr q11c cette lang11e a de nomhre11sn
particnlarités dialectrdes, cl il serait erroné de considérer les
autres dialectes comme en étant is~us; c ·est seulement le
dialecte slave le plus ancien el le plus archaïq11c qui soit
attesté. La langue des vieux traJuctcnrs est restée pendant le
moyen ùgc la langue religieuse cl saYanlc de tofü les ~laYes
Cll.\l'ITJU: II

nppartenanl à r<\disc cl'Orirnt; mais elle a pris un aspect


:-périal dans chacun des pa)·s où on ra emplo)·éc, si bien qu ïl
y a 1m Yiem: slaYc de Bub·::nic, de Serbie cl de Hussie; par
~ ~ G

~11ile aucun documcntttlc ces pa) s ne peut passer pour rcpré-


scnlcr exactement le parler local: la tradition du ,ieux slaYe
domine toujours plus 011 moin:-- le~ t.'·criYains et les scribrs ... \11-
jnurd'lrn i encore, l'orthographe rnssc présente des anomalies
ducs à J'influence du Yic11x shn-c. Les parlers ùe :\Jacédninc
el df' Bulgarie onl beaucoup ùiwrg·é les uns des a11lrcs, el
aclucllcment lr bulgare est l'une des langues slaYes les plus
:-iltén~cs.
/,. Serbo-croate (Serbie: :\Jonlénégro, Dalmatie, Bosnie et
Croatie.)
r. Sl<wène; ù part quelques pages isolées des monuments
de Frcising, atlestl; seulement depuis le \.Ye siècle; les parlers
sloYèncs (dans le sn<l de L\utrichr) sont assez différents les
11ns lles autres.
H. R11ssf. - < )n y distingue le petit russf' et le grand
russe: il pnrt le blanc rnssc, i1 l'Ouest, les parlers du grand
rnssc :-ont restés remarquahlen1ent Yoisins les uns des autres.
Le gTand russe n'est d'ailleurs deYenu qu'à date toute ré-
cente la langue de la plu pari des régions où on le pa rlc :
:\Ioscou date du ,II,. siècle et \ijni -~oYgorod a été fondé en
1220 au rniliru de populations monhcs (donc Jinno ougrien-
nes); l'extension <lu russe aux populations finnoises du
bas:-in de la Yolga se pours11it encore maintenant; d'autrè
pari. les limites du ru:--sc du cùté de l'est reculent :-ans
cesse : en Sibérie il a atlcint les bords de l'Océ:rn Pacifique,
d f'll même temps il se d·pal1ll rapiclcnwnt sur le YPrsant
sud <lu Cancase cl en Transcaspie.
C. Groupe orridf11tal. - a. Tchèque (cl slornqne).
b. ~orabc de Lusace, parlé seulement par tiuclques dizaines
de milliers dïrnliYicl11s.
LES L .\ ,GC:ES I,DO-EU\.OPÉE,,ES !,g
c. Polabe, sur le cours inférieur Je l'Elbe, dam; le Ha-
none; sorti de l'usage au cours dn xnue siècle; représenté
par diYers textes récents.
d. Polonais (et diYerss parlers, très différents du polo-
nais, notamment le sloYincc et le kafob).
Les populations qui parlent ces langues sont on étaient
· catholiques romaines; par suite les textes tchèques cl polo-
nais du moyen àge qu'on possède sont écrits en caractères
latins et présentent sur les tc\.tcs Je même époque des
autres dialectes slaYes l'avantage cl'arnir en général échappé
t, l'influence du Yieux slaYe et cl'ètre une notation sincère <le
la langue des écrÎYains el des scribes.
Comme les dialectes baltiques, les dialectes slaves onl
conserYé 1111 aspect arcl1aïqne, malgré la date relalÎYement
basse où ils sont attestés, et, an moins au point de me de
l'accent fp1i n'est pas noté dans les Yieux textes, on est
constamment amené à utiliser des formes modernes russes
el serbes : le balto-slave est, aYec I1albanais et dans une
certaine mesure le celtiqnc, prc~quc le seul groupe dont on
emploie les parlers actuels pour la grammaire comparée des
langues indo-européennes.

YJ. - Albanais.

L'albanais n'est connu qu'..\ dater du Hile siècle, et sous


des formes extrêmement altérées : la plus grande partie du
rncahulairc se cornposcde mols empruntés au latin, au grec 1
au turc el au slaYe.

\ li. - .\rménien.

L'arménien est attesté depuis le ye siècle ap. J .-C. par


une traduction lles le\.tes sacrés el par tonte une littérature;
A. .\IEILLET.
JO CIL\PITRE 11

seule cette langue écrite est connue à date ancienne, et les


dialectes modernes, qui ne diffèrent d'ailleurs pas assez les
uns des autres pour empêcher les Arméniens de s'entendre
entre eux: ne supposent pas l'existence de dialectes nette-
ment distincts à la date où commence la littérature. - On
a pendant longtemps rattaché l'arménien an groupe indo-
iranien avec lec1uel il n'a en réalité rien à faire.

Les sept groupes qui ,ienncnt d'être énumérés sont repré-


sentés à la fois par des textes littéraires ou épigrapliigues
plus ou moins anciens et par des parlers actuellement
vivants. Les autres dialectes in<lo-européens sont inconnus.
Des noms propres cl quelques inscriptions donnent une
i<lée des dialectes illyriens, notamment du vénète cl du
messapien (en Calabre), mais trop vague pour qu·on puisse
déci<ler ~i ces langues doivent ou non être rapprochées de
l'albanais; le peu que l'on sait du phrygien ne permet pas
d'affirmer ou de nier que l'arménien soit, comme le disent
les anciens , une forme du plir)-gien; les rapports du thrace
et du phrygien, aussi indiqués par les anciens , ne sont pas
mieux reconnaissables avec les documents dont on dispose.
On n'arrive pas à déterminer si le macédonien est ou non
un dialecte hellénique; s'il est Yrairnent hellénique , il est en
tout cas très aberrant. Les noms propres et les gloses que
l'on connait ne suffisent même pas i1 rendre certain que le
ligure soit indo -européen. De mème la question de sarnir si
la langne des inscriptions lycicnnes est ou n'est pas indo-
européenne n'est pas définitÎYement trancliéc ; mais, si le
l ~-cien est indo-européen, ce qu'on a réussi à en déchiffrer
montre <ln moins qu'il serait infiniment plus altéré qu'au-
cune autre langue attestée à même date et qu'il divergerait
tlu reste des dialectes beaucoup plus fjlle les sept sùremenl
in<lo-enropéens ne diYergent les uns des autres.
LES L~~GCCS l~DO-ECROPfE~~ES JI

Le trait le plus saillant de }"histoire <les langues indo -euro-


péennes est leur extension croissante snr toute la terre : la
pénétration de lïndo-iranien dans l'In<le est en grande partie
un fait historique qui se poursuit actuellement; encore
au y e si«'.·cle av. J .-C., il y a,ait en Crète d es populations
de langue non helléniqu e, qu 'o n appelle les Etéocrétois, et
l'on en possède des inscriptions, dont le sens est inconnu;
c'est seulement le latin qui a éliminé l'ibère de la péninsule
ibérique; le basque estjusqu 'aujourd'hui un témoin du carac-
tère non indo-européen des langnes parlées autrefois dans cette
p~rtie de l'Europe; enfin l'ex tension des langues romanes
( espagnol, portugais et fran ça i~), de l'anglais et du russe
date des derniers siècles; sur certains points , elle commence
seulement depuis quelques années. U1 même Ott l'indo-euro-
péen a reculé devant des langues non indo-européennes, il n'a
pas disparu : en _\sic ::\Iineure , le turc n'a éliminé -ni le kurde
( dialecte iranien), ni le grec, ni l'arménien: et lïmmigration
juive : a introduit l'espagn ol.
On ignore comment l'indo-européen s'est répan<lu sur
l'Europe presque entière où on le rencontre dès le seuil de
I1époque historique; les peuples de langues indo -e uropéennes
n'ont en effet appris l'écriture que <les peuples de langue
sémitique, et à une date où ceux-ci écrivaient déjà depuis
de longs siècles; ils apparaissent pour la première fois
peul-être sur une inscription égyptienne du :n·c siècle
av. J .-C. qui relaterait des incursions de pirates achéens,
mais la chose est douteuse ; les Perses sont mentionnés
parmi les peuples contre lesquels a combattu le roi LL\s-
syrie Salmanassar Ilf en g3;J av. J. -C. ::\lais, si aucun
texte ne permet d'établir en fait comment les dialectes
inùo-emopéens ont couYert l'Europe, il n'y a du moins
pas de raison de supposer que cette ex.tension ne se soit
pas opérée comme ce1lcs rp1 'on peut obsencr liistorique-
CHAPITRE II

ment : par comp1ète, par infiltration lente, par colonisation


et par élimination de la langue des n1incus au profit de celle
des conquérants et des colons; on ne saurait naturellement
dire dans clta(JUe cas particulier quelles ont été les parts
respectiYes de la colonisation d'une part, de l'absorption
des vaincus de ]'autre. De plus un peuple résultant d'un
mélange de colons et d'indigènes parlant autrefois des lan-
gues distinctes cl parvenu à l'unité de langue peut devenir
à son tour conquérant el colonisateur : ainsi le peuple
anglais, autrefois de langue celtique et qui a reçu le germa-
nique des envahisseurs .Angles, Saxons et J11tes. La la11guc,
qui dépend d'événements historiques, est indépendante de
la rare) qui est une chose toute physique ; la définition
des langues indo-européennes est précise, mais purement
historique; la définition d'une « race indo-européenne »
pourrait être obtenue si l"on reconnaissait que tous les mem-
bres de cette race sont issus de parents présentant les mêmes
particularités anatomiques, ou si à un moment donné tous
présentaient certains caractères anatomiques et physiolo-
giques particuliers: mais il n'y a aucune raison de croire
que les limites des langues imlo-européennes et des races
ainsi établies coïncideraient; en fait les diverses population~
de langue indo-européenne ont des aspects très diilërents, et
on ne leur a trouvéjusqu'à présent aucun caractère physique
commun (jlli les distingue des populations parlant d'autres
langues. On évitera donc d'une manière absolue de parler
<le rares dans ce livre consacré mn langues .
.\u surplus, on ne sait ni où, ni quand, ni par qui a été
parlé l'idiome qui a abouti aux langues historiquement
rittestées et qu'on est convenu d'appeler l'indo-euro-
péen. On a cm longtemps; san::- raison sérieuse, (JUe c'était
en 1\sie ; il parait plus Yraisemblable aujourd'hui que lïn<lo-
européen a été parlé en Europe, non pas dans la région
LES L\:\G t·Es l'd>O-El"ROPÉD::W~

méditerranéenne ni à l"Occident: mais dans les régions du


:\or<l-Est. Cette question, intéressante pour l'historien, est
an fond indifférente au linguiste : le linguiste n'a en efTct
q11'à examiner et i1 intrrpréter les systèmes de correspon-
dances qu'on peut con:--tater entre les diwrses langue:--:
or, le fait que lïndo-e11ropéen ait été parlé en Europe ou en
.\sie ne change rien à ces systèmes qui sont la se11le réalité
saisissable et par suite le ::-cul objet de la grammaire com-
parée des langues indo européennes.
On peut. par conYcntion, qualifier de tribus i11do-e11ropém-
11cs les groupes d'hommes qui parlaient l'idiome cc indo-euro-
péen » supposé par ces currcspondances. ,Jai::-, pour 11ne
période l1istoriq11e quelconque, ancienne ou moderne: on ne
peut parler qne de peuples de la11g11e i11t!v-europée1me: l'expres-
sion peuples i11dv-mroplells (on improprement .dryms) est
dénuée de sen,. 11eaucoup des hommes qui actnellcment
parlent la langue indo-européenne descendent de parenb qui,
à la date ot'.1 se parlait l'indo-européen, arnicnt une autre
langue, et l'on ignore absolument quels sont p::irmi ces
homme ceux qui ont parmi leurs ascendants une prnpor-
tion plus ou moins forte cl'I11do-e11rvple11s, et ceux qui sont
de pnrs allogènes. Le, expressions de peuples sémitiques.
finno -011gricns: etc. sont éga lement dénuées de sens,
comme aussi celle de pcupbs latins; il y a des langues néo-
latinc:-. il n·y a pa,; de peuples néo-latins: il y a des lan-
gues indo-européennes, il n ':;, a pas de peuples indo -euro -
péen:-.
En rahscnce clr> tout document écrit, on n'a a aurnn
mn:·cn de définir, à Yingl siècles près, la date de sPparation
de~ dialectes indo-curopécm. :\lai:- on ne mit pas pourquoi
celle d::itc sr>rait antérieme par exemple ~, relie des pin,
anrir>n" textr>s é-crits de la Bah~ Ionie et de l'J~g:·ptr, cl il y
a lieu de croire qu'elle c::l bien postérieure: lïndo-curopécn
j ', C.11.\PITRE II

est la forme a11cie1111e des langues indo -européennes; cc n'est,


à aucun degré, on l'a n1, une langue pri111ilÎ'ue.
De même que le français est une forme prise par le latin,
que le latin est une forme prise par l'indo-européen au cours
d'nn long déYeloppement historique, l'indo-européen est la
forme prise par une langue parlée antérieurement. Pour l'ex-
pliquer, il faudrait découuir d'antres langues apparentées
et qni seraient à l'indo-européen cc que le grec cl le sanskrit
sont au latin par exemple: ainsi, si l'on pancnait à établir
c1ue l'indo-européen, le ~émitigne et le finno-ougrien sont
issus d\rn mème idiome, il pourrait se constituer une nou-
YCllc grammaire comparée pour une période antérieure. ~lais
on n'a jusqu 'à présent rien prouYé de pareil, cl l'indo-euro-
péen est le dernier terme cp1 'atteigne maintenant sur ce
domaine Ja linguistique historique.
Cll.\PITRE III

PIIO~ÉTIQCE

l. - LES PIIO~bIES

Les: stèrne phonétique de l'indo-enropéen comporte trois


sortes d'articnlations : 1 ° les consonnes proprement dites
comprenant deux espèces de phonèmes différents au point de
Yue du mode d'articulation : les occlusi,-es cl ]es sifflan tes ; 2°
les rnyelles; 3° les sonantcs.

I. ÛCCLUSI\"ES ET SIFFL.\~TES .

Occlusives.

Les occlusÎ'ves- anssi nommées muettes ou 1110111enta11éeJ -


sont caractérisées par un arrèt dn passage de l'air en nn
point quelconque de la bouche: an moment où a lieu l"occlu -
sion, rémission de l'air s'arrète, c·est l"i111plosio11: au moment
où cesse l'occlusion, ]"émission de l'air reprend brusquement ,
c'est I'explosio1z.
Si la pression exercée par la langue ou par les lhres pour
réaliser l'occlusion est intense, les occlusiYessonl clitesfortes,
ainsi p) /) k en français : si la pression est faible, elles sont
Cll.\PITIU: III

dite~ do11rts, ainsi b, ,( gen frarH~.ii~. ~i. i1 un moment qu<'l


conque depuis l'implosion j11,q11"i1 l"explusion (comprise),
l'occlu,ion est accompagnée de , ihrations glottales, ]a con-
sonne e::it sonore, ainsi fr. b. ,( g, accompagnés de Yibration:-.
dès le commencement de lïmplosion. ou :irm. b, d) g) pour-
n1, dr Yilm1tions se11lement au moment de rexplosion <lans
certain:- dialectes : <il n'_y a pas de Yihrntions glottales, l'oc-
clu,iYe est sourde) ainsi fr. p) I, k. Les sonores sont to11joms
douces et le, fortes toujnurs ,011rdes. mais l'i1n-erse n·c::-t
pas uai: les Al:a-aciens par exemple ont des douces qui ne
sont pas sonores. ~i l'émis,iun d'air continue après l'explo-
sion, san::; Yibrations glottale::-. ayant que la rnyclle com-
mence, l"occl11siYc est dite aspirée: 11ne occl11siYc aspirée est
ordinairement Llouce.
~i l'occlusion est produite par le rapprochement des lè, re:a-.
on a des labiales, si e11e l'e:a-t par le contact d11 horcl de ]a lan-
gue et du palais, des dmtales, si enfin elle l"est par le contact
de la surface de la langue et du palais, cl<'s gutturales : le~ or-
clu::-ion::; pe11Yent aYoir lien <'n di,ers points du palais : les
dentales sont produites à hauteur des ahéules. au-<le,sus des
ahéoles 011 plus loin encore en arrière : Je français a ain::-i
des dent.iles proprement dites, l'anglais des cacurninales (di-
te:- cérébrales): de rnème, suÎY:rnt que le dos de la langue tou-
che la partie antérieure. médiane ou postérieure du palai,, on
di,tinguc des prépalatales, des médiopalatales et <les postpa-
latales ( ordinairement nornmérs Yélaires. parce que le con-
tact ::-c produit au niYeau du rnil<' du palais): il n\ a pas de
limites préci::-es cl"tme série à l'autre. Par suite de la brusque
courhur0 de la partie antérieure du palai::;, il est rnnlaisé de
réaliser <lan, cette n'·gion une occlusion complète par contact
de la surfare de la langue : le~ prépalatales ne comportent que
difficilement une occlu::-ion parfaite, elles se mouillent, ce
qu'on inclicp1e par un accent après la lettre (ainsi k' pour
l'l!O:Xl~TIQI.E

!.~ prépalatal mouillé), et tendent enfin à dewnir des mi-occlu-


sives, telles que si. cou c.
Les occlusiws forn1ent la partie la plu s complète cl la pl11s
développée du système phonétique de l'indo-européen. Au
point de vue de l'intensité, de la sonorité el de l'aspirntion,
on y distingue trois séries principales: les sou rdes, les sono-
res, les sonores dites aspirées et, en outre, une série moins
importante de ~01mlcs aspirées. ,\ l'égard du point d'articu-
lation, il y a aussi quatre séries : lahiales, dentales, prépa-
latales, vélaires.
.A. Svurdrs simpfrs.

Abstraction faite des altérations particulières à certaines


si tuations, les somdes (non aspirées) sont définies par ce
tableau de correspondances :

I.·I.. ~b.H. ZD \ • SI.. LI r. .IU\l. (;!\. L 11 • 11\L. hUl'.

-- -- -- - - -- - - -- -- 1

*p p p p p h (w) 2 . p ))
f (bl
-- -- -- - - -- -- -- -- - ---

*t t I t t th -; t I p (d)'
-- -- -- - - -- - - -- -- - 1

*k1 ç s s s~'\. s "/. ( C /J (g/'


-- -- -- - - -- - - -- -- -

*kw k(c)' k:(è)' 1.·(r,c)1 /, kh CY


r: -: ljll ( ln.u (u0·1
1 .

, otes :
I. skr. c} zd c) sl. c dcrnnt la rnyclle i.- e.è et la sonante i
(voyelle ou conson ne).
2. arm. h à l'initiale, w (v) entre rnycllcs.
3. : devant::, ·r,.
'i. les sonores germaniqu es, entre voyelles ou sonantcs,
quand la syllabe précédente n'était pas toniqne et initiale cl u
58 î.11.\ PITIŒ III

mut (il s'agit ici d11 ton indo-européen. nnn de racccnl germa-
nique). Les sonnre:- b, d, g cl11 germanique étaient spirantes
entre rnyclles. Le hw gotique est 1111e consonne une.
Exemples ,les <liYerses occlusÎYes sourdes:
*p:
skr. pâtib « mailrc, époux », lit. pat(i)s « l11i-n1<~me »,
gr. ï.::;:; « époux n, lat. polis (<l'o,', possum), gnt. -faps dans
(hmp-)fafs cc fiancé >>.
::;kr. pnt- cc :n-anl n, :-1. pro, gr. -;:F:, lat. pro, got. fra -,
irl. rn.
skr.!tpi« au:-si », zd aipi, gr. fa: «à cùté,cnpl11s»,arm.
av << a11s:-i, cl »
*t :
skr. ta,ui(J cc 1ui11cc ))' ,. :-;). ti1111ki't, gr. :Y.'l'J - (dans :Y.'1~-
·.-i.,,>;;;; « gui a la langue mince »), lat. ll'll11is, Y. i:-;l. pu1111r
« dn1111 », irl. fana.
*/.:, :
sl\.r. çrtim(.1 « gloire », gr. ,.i.i.(F):;. Y. irl. rl11 « gloire >>
lnt. cl11or « ~:;.x » (glose); zd sramh- « parole n, Y. si.
slo·vo « parole n : ~kr. çrut!,(.1 « entendu », gr. zi:r::;, lat.
(i12-)rlut11s, Y. irl. cloth << célèbre»; ,·. 11. a. h!IÏI « haut (en
parlant de la rnix) ».
*/.,":
lit. ldî!i « je laisse >>, gr. ,.s'.ï.<,> << je l.:ii:-sc », got. lâhwa
« je prêle>>: skr. rhl{1/.:ti « il lai:-se >> (aYec un infixe nas.:il
=
llt1 ). l.:il. !illtJIIÔ: arm. elil.·h (( il a laissP )) gr. si.i-;:~.
:-kr. rârnte « il punit n~ gr. :s[;<,i c, je paierai >> (c.' pr.
-;:~:;c,J): zcl l.·aë11a « p1111Îtion >l, gr. -;::i·rr, cc rançon, prix cl11
s,111g i>, Y. si. d11a « prix. >> (le r dcrnnt c~ issu deoi représente
en :,]aYe 1rn a11cicn k).
L'acco rd de l'inclo ~iranicn, du l,alliquc , du sla,c, du grec,
du latin cl dn ccltiq11c, am.quels il fn11t encore ajo11ter l'alha·
nnis, donne lieu de croire c1ue les pl1onèrncs de celte sc'-rio
l'llO:\ÉTIQl.E

étaient en indo-européen des occlusiYes sourdes non aspi-


rées; l'arménien en a fait des sourdes aspirées, le germani-
que des spirantes f, f, h (ancien x), hw (ancien x"), issues
sans doute d"anciennes sourdes aspirées.

B. Sùnores.

Tableau des correspondances:

----- -- -- .:J
1,-E. S!.R. ZD , .• ~L. Llr. .\li\!. GR. L.\T, !RI..

-- --
1
1

*b b b b b p ')
ÎJ b b p
-- -- -- -- - - - - -- -- 1
1
*d d d d d t .., d d t
-- -- --- - -- - - - - -- --
*g,
,~
1 I '\. '\. '\.
C 'Y ,..,tT (T
b
/, 1

--:
1 *gw g (jy g (j) btT(::,'\) d-y
'\ b
(T
,. er
iJ J li (gu) b q .
i

Xotes :
1. si.r. i, zdj, sl. z
deYanti. - e. êet la sonanle i, rnyelle
ou consonne.
2. gr. ê deYant sou ·r,.
Exemples des diYerses occlusiYes sonores
*b :
Le b est relatiYemenl rare : il ne figure clans a11c11n sumxe
important ni clans aucune désinence: il srmble secondaire
dans une partie des mots ot1 on le rencontre , ainsi skr. pibâ111i
cc je bois », , . irl. ibim cc je bois ». lat. biba ( aYec b initial par
a~similation) a l'air <l'une forme à redoublement e~1 regard
de skr. pâhi cc bois», gr. ;;~(j:, , . sl. piti (< boire», bt.pacu-
lum c( coupe ))' el le *b y réimlte sans doute d'une altération
~econdaire; d'autres mots sont imitatifs, ainsi gr. ~i. :Szr:;, 1
C.11.\PITTIE Ill

Jat. f.a/b11sJ etr .. et ]c b n":· a peut-être rtr introduit (]_lie :--C-


COlldaÏr<'lllC'nt: cJ"autres :::ont ]imité:- b peu de langues cl ont
rair d"emprunts récent:- .
*d:
:-kr. dti11wl1 « maison». gr. 2::1.:;, Y. sl. dùm11, lat. dù11111s.
accu~atif skr. pâdalll << pied », gr. -:::2 z. ]at. pcdm,, got.
(tJ/11, arm. otn .
*gl :
skr. jâ1111[1 « rare», arm. ri11 « nai:-:--nnce », gr. ·,·0:;, 1at.
ge1111s: skr. ja11t11(.1 « race », zd za11t11s « tribu )t; got. k1111i
c, race. famille)>.

*i.,r''Ç":
-.kr. gây11b « étal de m :11:-nn ,i: z<l gayJ « ,ie ,>, :-erbe gôj
« pros périté >i: sk.r. jïl·âli « ,i,ant », zd j(Uz·o, ]it. g_{·-;:as, ,.
s1. ~Ïï..'ii, 1at. uï11c1s, o:-q. hiYus « 11ini » (nomin. p1ur.), Y. îrl.
bM, got. qi11s: cf. gr. :,::; « ,ic », arm. J,cam « je yj.., ».
Cettr :-éri e repré~entc d·ancirnnes ~nnore~: J'arrnénien en a
fait c.le-: ~omdes duuC<''-, et le germanique, qui pou,sP le clwn-
rrmen t 11n degré p]u..; loin qu e l'arménien, de~ sourdes for-
t<'~.
C. So11orcs dilt's aspir/es.

Tahlca11 des corres pondances :

1
l.·I.

-- -----
'.'KR.
1
zn
1
, . ,1..

1:J.::. ô.R . 1 \T. IRI..

----
ô.l R,1.~

*bh bh b b b b J(bY b b·
-- --- -- -- - -- - -
,, - - -- --
*dh dh d d d d f(d/ d ir 1

-- --- -- -- - - -- --
*g)J h '\ -
'\.
,:.
'\. J z h tT
;:,
tT•
::-.
-- - - -- -~ -- --- -- --
*lT"1J
',..., gh(h) 1 g(j)' s7(;_v 1 , 1-y cr
;:, g{j)' '.?C'Jt f(11)1 lT
..... (?)
1 1
PW >~ÉTlQ l 'E

Xoles :
1. s1'.r. h) zd J, sl. z,
arm. j deYanl i.-e. é et deYanl la
sonante i) Yoyelle 011 consonne.
2. gr.O<levant s ou·r,, commeplns haut-;- clè.
3. lat. b, d, 1t (consonne) entre rnyelles.
!,. En position interrncalirp1r, les spirantes t,) d, '(, w, au
lieu d'occlnsives.
Exemples des cl iYerses sonores a spi rées :
*M:
skr. b/Jdrâ111i « je porte >>, z<l baràl/lÏ, arm. bere111, gr. 9sp1.d,
lat. fera, got. bai ra) Y. irl. bcri111, v. si. bcr{l.
skr. 1zâbhab «nuage))' gr. ·d.9:;, v. sl. nebo <<ciel»; gr.
nq;si:r,, lat. ncbula, v. sax.. nct,a/ « 11uage)).
*d/J:
skr. dha111âb cc fnmée ))' lat. f1ï11111s) lit. d1i111t1i) v. sl. dy11111:
peul être anssi gr. OJ;1.6; c< so111lle ,ital, courage>>.
*g/1:
skr. i•âhati « il va en char ,, , zcl ·va:::_aiti, Y. sl. 'Ve;:;_etiî, lit.
1., ë~a, Jal. 11chit; got. (ga -)r.,·igmz « mettre en mou,emenl )) ;
1

gr. :z;; cc char >>==,.si. wz.11.


*g"'/1:
skr. htinti « il frappe », glm!mti « ils frappent>>, zd Jaiizti
cc il frappe >> ; gr. Osi·1w, faq,•1;·1, 9b'I:; « meurtre »; arm.
gmz « coup >> ; lat. (vf-)Jm -(do) ; irl. gv11i111 « je blesse ,, .
zd snaëzaiti (( il neige)) (a,ec z issn de j entre ,oyelles)'
got. 51/aÏius « neige))' lit. 51/i'fgas, ,. sl. snègii. ; gr. (accus.)
'l'.? :l == lat. niumz (nomin. 11ix).
Dans les deux séries précédentes, le seul exau-1en d11 tableau
des corresponllances ré,élait la nature du phonème imlo-
européen. 11 n'en est pas <le mème ici. Il s'agit de sonores,
car, en iranien, slaYe, baltique, albanais, celtir1'1e ( sauf un
reste <le distinction pour la vélaire), les sonores di les aspi-
rées sont confondues a,ec les sonores simples; en arménien
CIi \PTTRF TH

et en germanique, les anciennes sonores asp1recs sont seules


sonores, les anciennes sonores sim plcs étant <leYcnucs sourdes ;
en sanskrit elles sont représentées par <les sonores suiYies .
d'une résonance gloLLale sonore, désignée pnr h} qui répond
à elle sr11le à *gJ1 et aussi à *g""/1 deYant un nncien *ê el deYant
*i: en grec on trouYe les sourdes aspirées 9, O, z, et en itali-
que les spirantes sourdes *j (anciennement bilabiale), *p} *x,
qui, en latin de Rome, ont abouti à f} h b à l'initiale. Les so-
nores aspirées de l'indo-européen se distingnaient assurément
des sonores simples, sans doute par une articulation glottale
qu"on n'a pas le moyen de déterminer exactement.

D. Sourdes aspirées.

_\ux trois g·randes classes précédentes qni présentent au


total douze groupes de correspondances distinctes définissant
autant de phont'_·mes indo-européens, s'ajoute une q11atrii•me
catégorir, d'importance moindre. celle de;;; sourdes aspirée;;;,
Le sanskrit a pb, th} li'11} à quoi répondent en zenclf, O. x} en
arménien,· ph} tb ( en partie confondu aYec le reprPsentant de
i.-c. *t), x cl en grec? (identique au rrprésrntant de i.-c.
*M et *g"b). : (identique au repri·sentant de i.-e. *t), z
(identique au représentant <le i.-e. *g,b), en slaYe p, t (iden-
tiques aux représentants dei.-e. *p} *t), sans doute x (ce qni
est contesté). Dans les autres langue;;;, i.-e. *pb} *tb, *kb ainsi
dé-finis semblent se confondre aYCc i.-e. *p, *t, !.·. Ce rp1i rend
olJ;;;cure la question des sourdes a;;;pirécs, c'est q11e les exem-
ples sont peu nombre11\ el ne se présentent pas en toutes con-
ditions: on lrouYe des sourdes a:-.pirées not:imment :
1° dans des mols imitatifs :
sl"r. l,·aklmti (mot de lexiq11es) « il rit >> (par dissimilation
d'a~pirée au lieu de l'ancien *kbakbati), gr. ;,.xzi~c,) (de
*zxzx~<·>): arm. xaxankb « rire brnJant >>, Y. si. xoxotù
l'IIO~ÉTIQrE G3
(même sens), v. h. a. huoh « raillerie», lat. cachim111s (rh
est une orthographe liellénis~rnte).
skr. phât-lwrab cc action de souiller, de sifUer >>, arrn. plmkh
c< souflle », gr. 1:jn cc souille», lit. pnsti c< soufller ».
2° après s :
skr. sl,haliimi cc je fois un faux pas», arrn. sxalim (même
sens); cf. peut-être lat. sec/us.
3° en alternance avec une sourde aspirée à la fin de cer-
taines racines (v. chap. IY).
/4° dans quelques mols isolés :
skr. prtlJ//lw?J cc petit d'un animal >>, arm. orth c< vean >>
(avec th issu de i-e. *th; après r, le th, issu de i.-e. *t, de-
vient arm. d), gr. -::::ip:i; cc veau >>.

Remarques rnr les gutturales. - I. Chacune des langues


indo-européennes a deux séries de phonèmes issus de guttu-
rales; les Jeux correspondances principales, telles qu'elles
résultent des tableaux ci-dessus, peuvent se résumer dans les
formules:
~ 1° lat. c == skr. ç (i .-e. */.:,)
( 2° lat. q11 == skr. !.'(r) (i.-e. */,")
La première série de correspondances définit des prépab-
tales *k,, *g 1, *gJJ, <p1i sont représentées p;-ir des cc gu llurales >>
en grec, italique, celtique el germanique, c'est-à-dire dans
le groupe occidental, ainsi gr. z, 1 , z, lat. r, g, h, etc., et
par des mi-occlusives, des silllanles ou des chuintantes en
inJo-iranien, slaYe, baltique, arménien, el albanais c'est-à-
dire dans le groupe oriental. ainsi arm. s, c, j; dans le pre-
mier groupe de langues, cc cent >> se dit gr. (t-);r.:x:;·1, lat.
ce11tum, irl. cët, got. lmnd, rl, dans le second groupe, skr.
çat!t1J1, zd sa/J111, v. si. s11to, lit. szJ1ï1tas.
La seconde série de correspondances définit des postpala-
G', CIL\ PITI\E Ill

talcs i.-c. *l.·"", *gw, *g"'h, accompagnées d'nne émission lnhio-


,;laire qui en faisait partie intégrante. Dans Je groupe occi-
dr11tal, ces consonne<- consenent leur aspect ancien, ainsi en
lntin et en gerrnaniqnc: lat. quis, got. hwas; ]à où J'articn-
latinn lnbiale se tr:rnsformc rn occln~iYc, il y a passage am.
bbiales, ainsi en osco-ombrirn, osqnc pis« qui», cl en grec,
-::::~,::; « lequel d<'s tl<'ux » : rn celtique le pas<:agc à la la-
bi.de est panceltiq11c pour la sonore simple, mais ne s·e.;;t
prod11it pour la so1mlc qn'en gaulois et en brittoniq11e: en
rrgard de lit. À't'/11ri c1 quatre», lat. q11t1tluor, le Y. gallois a
pctguar, I<' gaulois pctor , consené dans l'e111prunt lntin
petor-ritum « cliar l1 q11atre ronrs >> : ces dinlectes ont ainsi
restit11é 11n p, alors que 1c p indo-européen arnit disparu en
celtique commun : au contraire le gaélique a conscné q (at-
le:-t<~ Jan<: les inscriptions ogarniq11cs) et en n fait r arnnt la
date des plus anciens tex.tes littéraires: Y. irl. athir <c quatre l>.
Da11s Je groupe oriental, on a de simples gutturales, deYe-
Jl\H's mi -occl usÎYes dcYanl i.-c. *ê ou i (yoye1Ie ou consonne)
dnns une partie des <lialectcs: skr. kdb cc qui », cit (== fat.
quic/); zd fis; Y. sl. kil /0 CC f}lli », é, /O CC CJUOi », lit. kàs
c1 q11i », arm. khan« que )). - Les postpalatales labio-Yélaires
~ont des phonèmes uns et non pas des groupes de consonnes;
*//'. est tout antre cll()se que *l.· 17..u: le *k,w, attesté par slr.
Ç'Z', lit. S{'l', dan~ Sh.r. l1('U11(J « cJ1cva] », lit. asz_và C<,Îllment n,
c~l repré~rnté en grec par-::-:: dam ~-::-:::;, el non par 1111 sim -
ple -:: comme le *k" de ~i.i-:=:·1. cf. ar111. clikh << il a lai:-sé ».
Le~ langues ind,, européennes ne :,;'nppn~rnt pas ici une i.1
11nc; mais groupe t, gronpe, et J"on e~t amrn1~ ~l tracer 11nc
ligne d11 traitement phorn'·tiq11e <les gutturales, ligne rp1i sé-
pnre un gro11pc occidcntnl (lat. rmluJJJ), et un gro11pe orien-
tal (zd sa"1111) à cc point Je , ne. C1~1te do11hle coïncidence
n ïmplique pa~ que les mèmrs dialectes coïncident ù d'autres
égar<ls.
PllO:.\'ÉTTQl E

lT. Ontre les <leu\. correspondances qui définissent, l ' nnc


les prépalatales, l"autre les postpalatales labio-Yt-laires, il en
e\.iste une troisième: à un ç sanskrit ne répond jamais un qu
latin, mais on peut ayoir:

lat. r == skr. /. (c)

ou, ll'une manière plns générale:

lat. r == gall. c == germ. h ==gr. "I.


==skr. l.'(r)== sl.l.'(ë)==lit. k==arm. kh.

Beaucoup Je lingnistes ont conclu de là que l'indo-euro-


péen aYai t une série Je méclio-palatales intermédiaire entre les
deux séries établies ci-dessus. :\lais, en fait, aucune langue
indo-européenne ne présente la coexistence de ces trois types.
D'autre part le type de correspondance lat. r == skr. /, appa-
rait surtout <lans certaines conditions particulières, notam-
ment:
Jeyant r: skr. kraz•/(1 « ,ianJe crne », ,. sl. À'ri'tî,11 «sang·»,
lit. lm11i,jas « sang », en regard de gr. "l.(i(F):x; « YianJe »,
lat. cruor) gall. cra11 « sang », Y. isl. hr!tr « roh >) (qui n 'est
pas ctiit);
dernnt a : lat. carzï11ze,1) sk r. kaln1p « sommet »;
après s: lit. sl.iriù « je sépare», en regard de Y. h. a.
scennz « couper, tondre >> et de gr. "/.;.[(w « je tonds >> (pour
l'alternance sl,-: 1,-) Y. le chap. n-);
à la fin des racines, surtout après u : skr. r6cate « il
brille », zd raoëah- « lumière», lit. laiïkas « qni a une tache
blanche», v. sl. /un « lumière>>; en regard de gr. i,;.-.,"/.:;,
lat. hïcëre) got. liubap « lumière >> ; il y a souYent, Jans le
groupe oriental, alternance entre les représentants de i.-e.
*k, et ceux de i.-e. *k'", ainsi skr. n1çant- « brillant», arm.
loys « lumière >> à cùté des mots cités.
A. ~IEILL!èT. j
tiG en\ PITIΠIll

Dans la pluparl de ces cas. les J.,) g) gh dn groupe oriental


sont donc suspects de résulter <le situations particulières, cl
il peul s'agir d'anciens *k 1) g 1, gJ1 traités d"11ne mani«'~re spé-
ciale par suite de leur position. Di·s lors, l'existence d'une
série intermédiaire de gutturales indo-européennes ne sau-
rait passer pour prouvée, et, sans perdre de ,ue la difficulté
==
que pose la correspondance lat. r s~r. k(r), on s'en tic·ndra
aux quatre séries d'occlnsi,es ainsi définies:
==
labiales: skr. p lat. p
dentales: skr. t ==lat. t
prépalatales: skr. ç (et k) c) == laL. r
postpalatalcs lahio-vélaires: sh. k(r) ==lat. q11.

Siill:rnles.
Si, en indo-europL·en, le système <les orclnsi,·es est riche
cl com plet, celui des consonnes continues formées par simple
rétrécissement <lu passage de l'air, des fricatiYes, esl au con-
traire cxtrèmement pauuc. Il ne comprend, tl propre111eut
parler, qu'un seul phonème , la si111anlc s, <lont l'emploi est
d'ailleurs fréquent. Le lraitemenl de i-c. *s est une des par-
ties les plus compliquées de la phonétique indo-européenne,
parce que lïnilucnce <les artic11laLio11s rnisines y joue un
grand n'>lc .
,\ l'iniLiale, les correspondances sont: sen sansl\.rit, slarr,
baltique, germanique, gaulois et gaélique, italique; h en ira-
nien, arménien, grec (peut-ê tre fait dialectal indo européen en
ce qui concerne les trois langues), brillonicp1c (fait récent
-c l indL~pendant); le trailemrnl albanais 11·esl pas clair:
skr. sdnab « vieux », lit. sèuas) got. si11ista << le pins
vieux », Y. irl. sm , gaul. seuo-, lat. se11ex, mais zd ha11t\ an11.
hi11) gr. h'i (dans "i·rfi ,.:x~ ·1b:), brcl. hm.
L 'artirnlaLion de la silllantc s est consenée en certaines po-
siLion-, dans toutes les langnc--, notamm ent entre t' el t:
PJIO:\(TJQI E

skr. 'l.'l1Sfe « il se Yèt n, zcl i•,,ste, gr. f'f.-;-:J.:; lat. uestis,


arm. (:::._ -)gt'st « Yètemenl ».
L'une des particularités du traitement de s se rclrouYe
sous une forme presque identique dans des dialectes contig11s
les uns au'\ autres cl sollicite l'attention par le fait qu'elle
incliq11c ainsi <les parentés dialectales. ~\près k, r, i, 11, en
indo-iranien, l'arlic11lalion de s se transforme en ce11c des
chuintantes: slr. f, z<l s; par C'\cmple le futur en -sya- de
la racine indo-iraniennc -val,- « parler » csl: skr. 'i.'t1l.·fy11111i
« je parlerai», g.àth. iaxsyt1 (aYcc la spirante x remplnça11l
rég11lit'·remenl k deYant s); le locatif pluriel en -s11 des thèmes
pitl- « père », â·vi- « brebis n, s1ï1111- « fils l> est skr.
pitlf11, Ô'l.'Ïfu; s1ï1111ftt. Dans les 111(\mes conditions) on trouw,
nu lieu de s des autres langues, des clrnintnntes dans cer-
tains mols baltiques; ainsi, en regard de gr. -:iF,:;;:1.J.: << je
me desskhc >), Y. angl. pyrst) Y. li. a. durst « soif i,, on a
:--lr. tlfyati « il a soif», lit. tifs:::._tas « pùtcux, à demi dessé-
ché » ; en slaYc, rh a pris la place de l'ancienne chuintante:
l'aoriste <'11 -s- de rek{1 « je dis » csl rèrhiï (Lle *,-ë'/,.·-ch,t.); les
locatifs de thèmes en -ï- et en -if- sont -1-rh11 = skr. -i-f11,
=
-iï-rbit ~1.r. -11-fu: etc. )lais, si le slaYe a rh deYanl rnyclle
dans lo11s les c:is où IC' sanskrit a f el lïrnnicn J, le b:il tique
a ~ou,·cnt s après i} u (sans qu'on connaisse la règle), par
exemple la « p11ce » est en lituanien bl11sà en regard <le Y.
sl. hliïrha, et, en arn1énicn, ü1'1 l'on a trace de la pronon-
ciation J après k; le trailcnwnt de l'interrncaliqucest *h, d'rn'1
zéro, et nnn s, après i cl 11, ain~i ù lat. 111tr11s « brn » (de
*u11zus; *1111s11s), Y. angl. S/10/ïl («Je *s11ttSt1) Cl sh.r. SJll{f/t, Y.
~1. s1111rht1) l"arménicn répond par lttt (dc*1111hos), géuit.1111oy
(de *11uh<>hyo), tout comme gr. 'l'J:;. En somme, la chuintante
apparait rn indo-iranien, en slaYc, en baltÎ(jllC cl un pcn en
arménien, c'est-à-dire dans les langt1cs du gro11pe oriental
c111i concordent <lans leur manière de traiter Je:; gutlnr:ilcs.
tiS CIL\PlTIΠIll

Entre rnyelles, s est très sujette à des altérations: dans


les trois langues où s initiale a donné h) elle cleYient h) qui
subsiste en iranien, el tombe en arménien et en grec; elle
cleYienl sonore en italique, et le z ainsi produit deYient r en
latin: etc., par exemple au génitif-ablatif skr. 111!111asa(1 « <le
1'esprit >> répondent zJ. manmiho) gr. :J.in:.;, :J.t.1:~.;; au gé-
nitif-ablatif Y. sl. 11cbcse « du ciel » répond gr. ,,i7s;.;; an
skr. j!wasafJ cc <le la race » répondent gr. ~ri·1s;; et lat. gene-
ris, etc. I1 n ·y a pas lieu de donner ici le détail infini des
faits dans les diYcrscs langues.

La sonore Lle s, le'\.) n'a pas en indo-européen d'existence


par elle-mèmc; clic n'est autre chose que la forme sonore
prise par la sourde s dans certaines conditions. Soit par
exemple la racine de lat. sedëre) gr. B:; « siège », got. sitmz
« ètrc assis », etc. ; aYec le vocalisme an degré zéro, clic
est *sd-) d'où, par assimilation <le la sourde s à la sonore
sui,·ante, *;d-; lïndo-iranien la fait précéder très souyenl J.u
prèYerbe *ni- qui n'a pas subsisté par ailleurs, sauf peul-être
en arménien: sl'-r, 11i-.yïdati « il s'assied », persan 11i-Jastm1
cc s'asseoir », arm. 11-stim cc je m 'assied~ »; le grec le
remplace par ,.r;;,:- (par exemple ,.;,:f:H~w ), mais il était
indo-européen, el il y a eu un substantif i.-e. *ni-z.do-
« lien ot'1 l'on est assis, établi »: *11iz.dos donne indo-
iranien *11izdas (awc cl111intantc sous l'influence llc z' pré-
CL·<lcnt) , d'ot'1, clans l'I ndc, *m'ttJas) ·,1ï~lâ[i) et Yécl. 11ï/â[1;
en arménien 11ist) aYec la silllantc consenée après i) le d de-
Ycnant t s11irnnl la règle générale et par suite z étanl changé
en s; aillenrs le mot s'est fixé au sens de cc nid » : lat. 11ïdus
(<le *11iz..dos), Y. irl. 11ett (tt notant d occlusif entre rnyclles),
v. h. a. ncst; le lit. lizdas cc ni<l JJ a subi une altération de
l'initiale, mais a consoné le -;;_d intérieur qui n'est pas clai-
rc111ent maintenu ailleurs. - La forme ~u11urc z.. Je s csl
aussi employée deYant les sonores aspirée'-: Y. si. m1i;_da (de
*JJ11::._da) (( salaire
l)' gnt. 111i::._do, zd mïzdJJJJ, n~d. Jllï/hâm
« prix ( du combat) » (de *11Ii~{jhâJJ1); en grec~ la sonore as-
pirée étant représentée par une sourde, le ;_ est dcYenu ~ .
:1.i:;(J:;.
La sifUantc s est donc la seule fricatiYe qu ·on soit en
droit de tenir pour indo-européenne; toutefois tandis que le
grec a :~;'.:; « droit n et le Yieil irlandais dess en regard de
~kr. dakfÏ{la(.1 << droit », zd dasÏJla-, Y. si. derna << main
droite ll, lat. dextcr, ë"nt. taibsmz, on obserw une tout autre
corrc..,pondancc dc1n"- quelques mob, par exemple dans gr.
i?z::; << c11us n. ,. irl. art en regard de skr. (kfa(1, zcl arJsô,
lat. 11rs11s (d'un plus ancien *orcsos): il semble clifiicile d'cx-
pfü1uer cc contra:-te :-ans poser des fricatiw:- différentes dans
les deux cas. Cc détail. dïmportance minime en 1ui-rnèrne.
montre r1u'on ne peut fixer aYec précision Je nombre de'- pho-
nèmes emplo)-és par l'indo-européen.

2, \ OYELLES PROPRE:\IE:\T DITES.

Les deux rnyelles essentielles de lïndo-européen sont les


hrhes *e et *o: leur importance en morphologie ressortira des
alternances exposées au chapitre l\'; leur fréquence réYè]c
du re::-te à clic seule l'étendue du rôle qu'elles jouent. Ellr::-
sont définies par les correspnndances s11i,ante"-:
i.-c. *c: gr. z, lat. c, celt. e, germ. e (attesté par Y. li.
a. e==,. isl. e==got. i), hait. c, si. c, ann. c, alb. c, indu-
1ra111cn a.
i.-e. *o: gr. :, lat. o, œlt. o, arm. o, germ. a, balt. a, si. o,
alb. a, imlo iran. a.
Exemples:
*t': ::-kr. sâcatl' " il suit )) ==gr. I-::~-:.1: (aYec .. cl"après
ï.11.\l'ITfiE Ill

t;::::1.:.c), lil. scl,·11 << JC s111s ))' lal. scquitur) Y. irl. -sl'Chctar
« ils suiwnt ».
*o: lat. rota) Y. irl. rolh),. h. a. rad (de gcrm. *rapa11),
lil. ràtas « roue », skr. n1thal1 «char», zcl ra()o.
gr. :~:~ « branche » (de i.-c. *o;;,,_dos), arm. os!) gol. asts.
Le seul i<liomc ot'1 e el one soient plus distincts est lïnd(l-
iranirn, mais l'existence antérieure de la distinction ~ est
attestée par le fait q11c i.-c. *k"o y a donné skr. /.a) zd ka)
et i.-c. *k""c skr. ca) zcl fo:
skr. lwtarâb « lequel Llr-s deux n, zd katilro) en regard de
gr. -;:;-;::p::;, gol. hî.ut1par) lit. katràs) Y. :--1. kofc>r)ïÏ el kotcry;ï;
skr. ca) zd èa « cl », en regard de gr. :::, lat. que.
_\.t1 parfait oi, ]a rn) c11e d11 redoublement rst cella'°} elle

de' la racine o au singulier, l.' pC' gr. ·ti·;::n, :E::pu, ètc., l'in<lo-
iranicn a donc une oppositinn de la guttur;:ilc pure deYant l'a
radical représentant o et de la gutturale mouillée cleYant l'a du
rccl(lublernenl rC'présentant c: véd. cakâra « j'ai fait», jagara
<1 j'ai aYalé », jagha11a « j'ai frappé ».

Outre *c el *o) lïndo européen arnil une troisième rnyelle


brèn', IJcaucoup plus rare, el qui ne joue pas de r,'ile dans
les alternances cm ployées en morphologie, c'est *a) défini par
les co rrcspondances :
gr . .x, ital. a) cclt. a) genn. a) lit. a) si. o) arm. a) alb.
a, inclo-iran. a)
c'cst-.'i-dire di::-tinct de *o seulement en grec. en latin, en
rclliquc cl en arménien : ]a confusion de *a et de *o dans
une grande partie des langues indique que le *o indo-euro-
péen était très ouvert.
Exemples:
:,;kr. âjami « je conduis ,>, zù azi1111i) ::ll'lll. ace/Il) gr.:i·rw,
]al. aga; v. irl. aga! (subjonctif) « aganl »; Y. isl. aka
« conduire » ;
PllO:XfTTQl E

sh.r. tatdb ~c papa». gr. :i-: .i, lat. .ata) moy. bret. lat
« père >> ; le mème mot du langage enfantin a une autre
forme clans gr. :ï:: .i, lat. alla) Y. irl. aile cc père nourricier»,
got. alfa <' père », Y. sl. otzd cc père » ( aYec un snflixe de
dé,fration); cf. skr. alfa « maman >>.
En ce qui concerne les brèYes, le rncalisme peut donc être
résumé par le tableau suirnnt de correspondances :

_c_ ~ _e___"_ __e___e _ __e___c _

------
*o :
*
o,o
--
*a x a
o a a o
-- -- -- -- --
a a a a o
4 a
a
a

La YOJelle *a) telle qu ·elle Yient d'être définie, n ·est pas


tonjour::- ai::-ée ?.t distin3·uer de deux antres phonèmes indo-
européens: *J et *".
1 ° Dan..; heauconp de mots, skr. i) zd i répondent à gr. .i,

lat. a) celt. a) germ. a (en s~·llahe initiale), arm. a) lit. a)


Y. si. o; on désigne par *,1 le phonème indo-européen que
suppose cette corre(3pondance; exemple:
skr. pitâ « père »: zd pila) en regard de gr. -;:1.:i,~, lat. pa-
ter) Y. irl. athir) ftOt. fadar) arm. hayr.
En !,!rec cc phonème peut être aussi repré::-cnté par~ 011 :
son~ l'influence (_1"11n ·r, ou d'un {,> aYec le1uel il est en alter-
1iance régulière : ,le 1~, les trois séries :
;:..(:;; :.:= sh.r. sthit,z?\ cf. dor. f;:'i:1.~
o~:;; = shr. bita?) (altéré de *dhita?J)) cf. dor. :'.f)q.~
~;::;=lat. dlitus) cf. ~Ell):1.:.
Cette particularité met en relief le trait caractéristique de
i.-e. *.1) qui autorise ?.1 distinguer ce phonème de la rnyclle *a)
j2 CIi \PITIIE Ill

bien q11ïl ne soit distinct de a q11'en indo -iranicn: *a est en


nllernancc régulière aYcc *il, *ê, *ô, tandis c1uc *a e~l isolé,
comme on le Yerra dan'.' la théorie Lles alternances ; là
111<.~me où il s·agil d'un mol non atte lé en indo-iranien,
l'alternance aYcc une Yoyell c longue indique en principe
qu'on est en présence <le *J, ainsi dans lat. sittus «semé))'
moyen breton hat «se mence» , en regard de lat. sè-111m, sè-ul,
lit. shi «semer)) . Quand on n'a ni la forme indo- iranienne
ni une alternance rncaliq11c, il est impossible de déterminer
:-i l'on est en présence de a ou de J, ainsi dans le nom du
«sel»: arm. rd, gr. ~i,.;, lat. salës (pluriel), Y. irl. sala,111,
got. sait, Y. si. solï.
En seconde s~·llahc non finale de mot , i. -r. *.1 tombe en
iranien , shne, baltiqu e, arménien cl gerrnaniquP; ainsi à
skr. duhitlï «fille», gr. fJTrx:·r,( (avec 1111c currcspondancc
ine.\pliquéc cle skr. b et de gr. J répondent: gùth. dugJdâ
(dissyllabif1uc), persan duxt, Y. si. di'ulG lit. dnktl, ann.
dustr, gol. daubtar. Dans la s:Yllahc finale du lllOl, J subsiste:
Lli . a. a11ut.(cle*mwd) <<canard», où u représente *a, en re-
gard de lat. auas . •\près les son:rnles y, iu, r, l, 111, 11, la chute
de *J a e11 po11r conséquence en baltique~ en slaYe, et pe11t-
ètre mèmc en germanique, une intonation particulière de la
diphlongnc que formait dès lors la sonante aYec la Yoycllc
précédente: l1 une dîpl1tong11e samh.rile a11 répond nne
cliphtong11c lituanienne montante et ù dn11blc somrnel
( douce) e1ï : :-;h.r. 111â11tra(1 « formule de prière », lit.
(pa )mc1ïklas c< monument » ; a11 co ntraire. l1 un groupe
tel que skr. a11/ iss11 de i. -c. *m,1 répond une diphtongue
lituanienne dcscellfhnle ~1 u11 seul sommet (rnclc), éu; ain~i,
aYcc 111 : ~kr. 1.:â111iti cc il ,<,mit », nrnzitvâ « Yomir »: lit.
i·à11ti « Ynmir >>. on, pour 11) lit. â11tis «canard>) en face
de lat. a11as. Le slaYe présente des faiis tout pareils i1 ceux du
lituanien. Le ~anskril n'admet pas le rcprésPnlant i de J
après y; il a a en première et en dernière S) llabe du mot et
J n'., est pas rqm~:,,;enté après y par ai lleurs. Le grec n'admet
pas le représentant de J après une syllabe à rncalisme (1, d'oi1
-dp:1.:; « trou », en regard de :ips--:p:·1 « ta ri ère », .::;~'l'fi
« courtisane en face de ·dp:.<-;;:.<t « Yendre »,etc. L'élément
)! ,

J est donc très sujetù s'amuïr.


Dernnt Yoyelle, *,1 n ·c:--t consené dans aucune langue: la 3e
personne du pluriel de skr. 7)t1111iti est 1.rn11-!rnti « ils vomis-
sent»; en regard de skr. ja11i-tiÎ « parens », gr. '(:.'1:.-:·~p, lat.
gmi tvr(de*gc1111/or),ontrouveseulementskr.jlt11 a{, « race»,
gr. 1 i·1-:;, lat. gm-us.
2° A cùté de \1, quelques correspondances cr11i autrement
seraient inexplicables engagent il reconnaitre une YO)-elle rô-
d11itc désignée ici par * qui est en _alternance non pas aYec
0
,

ë, c\ il, mais avec c\ o.


ann. !am (< dix l>, si. *-d1sçt-(supposP par rus:--c dm-drât',
tch. dva-dret ,c vingt >l, etc.), Y. h. a. :::..._wei11-:;__llg « ,ingt ll,
en regard de gr. 2b.:.<, lat. dermz, etc.
lat. q11att11or, si. é1tyr- (supposé par tcli. ëtyi"i << quatrr »,
etc.), hom. 7Ct7'Jps;, en regard de gr. :i-:-:Y.,2s;, skr. cat1Jâra(i,
lit. kl'lllri' y. si. cetyre, etc.
Les voyelles de timbre:-- e, o, a existent aussi ,nec la quan-
tité lon1ue et sont attestées a,·cc rette quantité par les cor-
respondances suivantes:

1 1

1.-1. r.n. 1 L\T. l Ct: LT. 1 \ 11\l. J ,.r11,1. 1 LIT. Y. ,1.. (\[)0-IR.\~ . I
-- -- -- --- -- -- -- -- ---
*i: 'fi ' l' ë il é IÎ
- - - - 1- - - - - - - - - - - - -

fla j_lÏ__a_Ü_o___a_:
2
1 *ô toJ tÏ 11 v 11, (zi) o a , â
i *à i'
il
rll\PITJΠIll

\1 tic,. - 1 ° gr. Y. dc111:-- loU::- les dialectes autres q11e lïonien-


atlir1ue. uLt il est représenté par ·r, (d"abord di~tinct de l'an-
cien ·r,).
2° ,ï en syllabe intense, 1ï en syllabe inaccentuée.

Exemples:
*ë:
skr. 111â (négation proliihitin~), gr. (panhellénique) :J:l,.
aJïll. 111i;
lat. së111c11} Y. sl. sèm( ,, ~cmence >>, lil. stmenys << semence»,
Y. 11. a. sil1110 (aYec il représentant normalement f[f'flll. ë);
f!OI. l111a11a-]scps cc hunia11ité », littéralement « semence
<l'I1ommes »: Y. irl. sïl 11 semence ,>.
*a:
skr. d1111a111 " don ,>, lat. dô,111111) E,'"all. dm.L'I/ (awreprésen-
tantcell. a} lui-mème issu de ô en syllabe intense)- Y. sl.
dariz « don ». gr. ~ii>~::1, arn1. fur - lit. dzÎti « donner».
*à:
:-h.f. lllir/(l 11 fflt•re », flor. ;J.j,:·r,~. /Hill. lllt1)'/'J lc1t. lllilfcrJ Y.

i ri. 111ilthir} Y. isl. 111ôâer} Y. si. 111ati} lit. 111Ô!è « femme ».


Dans le-.; périodes rclalin'11H'11t rérentc:-oi'i le r~ tlime quan-
titatif a tendu à di,pnraitre et 01'1 il :-:.·c . . t dé,·cloppé un al"ccnt
dï11tensil1~ iml1~prndant, k:-- YO_\(·llcs long11es manifc,te11t 11nr
tendance à ..;c fermer: ë rt 6 ,ont de:-- ,o)elles plu, ferr11érs
quel' et o dans les dialeclc:-- italir1ue:-:; en celtique e dc,ir11t
i: en goti1p1e, c et ,1, c'r-.t-l,-dirr ë el tï. si,nt très ferrrn~~:
r11 litunnicn. 1\ rt o (ë cl o) sont aus-.i fermé..;; en annénien,
i.-c>. *ë rl *ô ~ont repré~enté:- par i f't 11: l'·r, du r-'re, ancien
r-.t dcYe1111 i dè:- ~rnnt l'épnqur byzantine. Là a11 ,nntrairc
1111 la la11gue a cnn'-cné ..;on r:·tlrrne q11antitatif ancien. les
'".' ellr..; longuf>-. s()nt trait(~e:- en g«'-11éral comme les hrèYes
et pcuwnt m1~me de,e11ir plu~ omertes: *ë} *ô} *il aboutissent
c'·gétle111enl l1 11 en indu ira11ien.
PIIOXl~TlQL'E

Le fail que le timbre ê a été connu de I1indo iranien est


0

attesté par le traitement des gutturales; les gullurales pures


sont employées clernnt *a : skr. kttsate (< il tousse », cf. lit.
1,osiu « je tousse »,Y. angl. hwtista « toux>>, et deYant *6: accus.
=
sl\.r. gtÎ111 « bœuf >> dor. ~ùl'I; mais les gutturales altérées
se trouYent cleYant l'ancien *ë: skr. -jiinfb « femme >>, cf. got.
qe11s « femme >>. Les langues qni tendent à confondre 6 et â
sont les mèmes q11e relies qui confondent a et à; toutefois
l'albanais distingue entre â et (Ï; en indo-iranicn, en slaYe,
en baltique, en gen11aniquc, ti et 6 onl un mème Lrailement,
mais l\m des deux groupes cln baltique, le lctto-litnanicn,
représente sonYent un ancien *6 par 11 alors que *a est lou-
jonrs représenté par lit. o, lette â, comme les autres *6. Ce
traitement 11 de certains *iï en lctto-litnanien a conduit à
attribuer à l'indo européen deux sortes de *6 ~ 1 1 x
_,1 .... '-'---"' , . , . ~ ,1~:.• •
~ ~ L ~ r v ~i-s1gnatee;; mais
i, • l'l 1~ pot l1csc
, ne lrmnc
en dehors d11 lctto-lituanien aucun appui, et il n'e:c-;l pas
impossible cl'cntrernir u~ moyen d'expliquer la différence de
leUo-lit11an. ,, et de lit. 0 1 lette â à l'intérieur du dialecte:
lit. o est régulier dans la partie radicale de:-- mots toutes les
fois q11'il est en alternance aYec un é: stigiu «je comTc » :
stogas « toit >>: ,, es t la forme isolée, ainsi dans dtJti « don-
ner », clans les premières personnes en - ,, de Ycrbcs comme
*lë}â « je laisse_» (représenté par lëkù), en face de gr. ),d;:c,,,
et dans d'autres formes grammaticales. On n'a clone aucun
droit de poser deux sortes de *6 en indo -européen.
En lituanien, les anciennes longues sont rcprésentre~ en
syllabe intérieure par des lon2·ucs rudes (d'intonation clcs-
ren<lante, à un seul sommet) t1) ô, â ; à la finale, outre ces
longues rudes (altérées sccomlaircmcnl en tJ1 à) li), il y a
des longues douces (d'intonation montante, ù deux_ :-0111rnct~)
e) o) 11: or, on constate que, dans la syllabe finale cl11 mot ,
aux longues rudes lituaniennes le grec répond par des longues
ï.ll \ PITRE III

qui sont ox.'tonées, si cites ont le ton. el a,,.,_ long11csdo11ccs


par des longues périspomèncs (entant qu 'clics sont toniques).
Ce cunlraslc est smtoul net dans les thèmes féminins en *-a:

nom. sing. *-a: lit. *(111crg-)â, d'oi1 (111erg)-à, f!f. c~i'.:J?-)1.


gén. sing. *-as: lit. (111crg-)às, gr. (b.:;p-)5:;.
Di,ers faits de quclq11cs antres langues, dont le détail ne
saurait être reprod11il ici. notamment df's faits germaniques,
montrent qne l'opposition d'intonation de lit * 6 (-à) et -à,
de g-r. -1 Pt -i remonte I1 l'indo-c11rop<'·en: le plus remar-
quable dr tou-; est g11e lrs long-ues de l'indo-iranien qui
répondent, llans la S}llabc finale du mol, à des long11es douces
d11 lituanien et périspomèncs du grec, comptent parfois pour
tleux syllalws dans les wrs v<'·diq11rs et a,estiques: on recon-
nait ici l'intonation lituanienne i, double sommet et le pé-
rispomènc grec: ces longues semblent d'ailleurs être issues,
en grande partie, tle co11lractions indo-européennes; ainsi le
génitif lit. -ôs, gr.-~; rq)ose sur i.-e. *-as qui représente sans
donte *-à- du thème plns *-es, désinence d11 génitif.

~. LES SO'\ DTES.

On comprendra sons Ir nom de sn,zmztcs l'cnscmhle des


formes ,ariécs que prennent, sni,ant leur position 1 les pho-
nèmes y, ·w, r, !, "', 11.
Lf's snnanlcs ocrnpenl 11ne situation intermédiaire entre
les vo, elles rt les consonnes.
Comrnc les ,o.'·cllcs, les sonanles comportent e:--senticllc-
mcnl dans la prononciation normale i, voix hante une réso-
nanrf' s-lottalc, rnndifiée par le résonatcm que constituent
les organes de la bouche el d11 nf'z, cl exclnf'nl toute ocrlu-
sion complète : 11 et "' se prononcent avec occl11sion de la
l'IIO~ÉTIQCE 11

bouche (dentale ou labiale), mais aYec nn abaissement <ln


rnile dn palais qui permet une émission continue de l'air
par le nez; l'occlusion buccale est LL1illeurs la plus faible de
toutes, pins faible m~me qne celle de d ou t.le /,: pour /, la
pointe de la langue touche le palais, mais les bords sont
abaissés ( 011 au moins hm tles bords) de manière que l'émis-
sion de l'air ne soit pas interrompue; r est caractérisé par une
Yibration de la pointe de la langue, sans aucun arrèt durable
de l'émission ; enfin y el w sont les formes consonantiques de
i et n qui sont dans la plupart des langues les plus fermées
Je toutes les rnyelles, mais des rnyelles.
Comme les consonnes. les sonantes y, -zu, r, !, m, 11 intro-
duisent les mye lies proprement dites ê. v, ,î ou des sonan les
Yoyelles, comme i, 1J, etc .. el peuYent serYir à marquer les
limites des syllabes: ce sont des phonèmes caractérisés par un
resserrement plus grand d11 passage de l'air que celui emplo: l'
ponr les Yoyelles prop1:emenl dites el comportant par suite
une articulation plus marquée.
Il rés11lte de là que les sonanles peuvent jouer le double
rùle Je YOJelles el de consonnes suirnnl qn'on met en évi-
dence leur résonance cl leur continuité ou le mouYrment
articnlatoire de fermeture. Le parti que lïndo-européen a
tiré de cette partirnlarité constitue l'un des traits les plus
originaux t.le sa phonétique.
li y a quatre traitements différents des sonanles .sniYant la
position, el ces quatre traitements indiqnen l autant de fonctions
distinctes des sonanles en indo-européen : 1 ° Consonne : à
l'initiale du mot, ùernnt rnyellc on dernnt sonanle : entre
deux voyelle~: el anssi entre rnnsonne proprement dite el
rnyclle. - 2° ~ecollll élfo1enl de diphtongue: entre rnyclle
el consonne. (proprement dite on sonanle consonne). -
3° Y o: elle devant une autre rnyelle. - /2° Yoyelle : à lïni-
tiale deY ..rnl consonne, on entre ùenx consonnes. - La ra-
Cll .\l'ITHE Il l

cine *pieu- « couler, flotter, naviguer » fournil des exemples


des quatre enlplois de w :
1° w consonne: sl\.r. plâmtc « il flotte», v. si. plo-ve/11, gr.
-::i.t(f)~i.
1° w second élément de diphtongue: skr. plo,ïyati (deindo-
iran.*plauJyati) « il flottera», gr. -::i.s~:;::J.:ti , Y. s1. plucb11 «j'ai
m1, igue'· » ( de *ploucbit, cC. gr. fr i.s·J~:l ).
:)w rnycllr dcrnnl vo:'·clle , noté ici u'Zl': skr. parfait pu-
0

pl11ve « il a flotté » (de *p11pl 1.uai); cf. pcllt -êtrc lat. pluit
11

<< il pleut >>.

YO~ellc, c'rst-n-clire: 1t: skr. p/ut/2l1.


11° 'W

Ces quatre traiternents doiwnt t'·tre pnssés en re,11e succes-


siwment, et il conYicnt d'.' ajouter lr cas trè:- important de:
sonanle sui,ie <le *,1 .

:1. - Sonantes consonnes.

T \BLEAl' DES COHRESPO:\D.\ ~CES

l.·E. ~ldl. -Z ll 1· .\lm. ~1.. 1.11'. (;fi. L\I'. Jill.. ,;,n.

-- --- -- -- -- -- -- -- -- --
*y )' )' ? J J ,(( ((
J
*w V V 'l' f Il f 'll'

*r r r ,. r r r r r
- - - -- --- -- -- -- -- -- --
*l r /,

*n Il Il Il Il 1/ 'I Il JI Il

Ill Ill Ill Ill Ill Ill Ill Ill


PllO~ÉTlQl 'E i9
Les nasales m) n sont conserYées sur tous les Llomaines.
- De rnème aussi r et l; l'in<lo-iranicn seul tend à confon-
dre r el / ; et encore Je sanskrit consene- t-il l <lans nornbre
d'exem pics ; on n'a pa.;; encore réussi ,\ déterminer en
quelle mesure la consenation de l et le passage à r en ~an-
skril tiennent à des dillërences de position dans le mot et
en qnellc mesure à des emprunts à des dialectes qui con-
serwnt ou altèrent l.
Les deux sonantes les plus vocaliques, y et w) sont celles
dont la forme consonantique a subi le plus d'altérations.
A l'initiale, *y a subsi~té en indo-iranien, en slaw, en
litnanien, en germaniqne. en italique, en brittonique ; la
tendance à augmenter l'étendn c du monYernent articulatoire
de fcrmetnre n'apparait qne postérieurement a11x plus an-
ciennes périodes connues Je la langue, par exemple dans le
passage du vieux perse an persan, 011 du latin au roman :
lat. iarct est devenu fr. git : en grec, le y est dcYcnu sourd
et la fermeture du passage <le l'air est devcn11e moinJ·re;
aussi y est représenté par h (noté l I sur les anciennes inscrip-
tions, 'chez les ..:\lexandrins) , qui a disparu de très bonne
heure dans certains Jialectcs et que la z:t'rf, n'a consené
nulle part; le y initial est tombé de la mème manière en
irlandais. A l'intérieur du mot, entre voyelles, y est consené
en irnlo-iranien, slave, baltique, germaniqne, mais tombe en
arménien, grec; latin, irlandais. Le grec ignore entièrement
le phonème y: <lu yoJ Lle l'alphabet sémitique on a fait la
notation de la , oyelle :.
Le *,w a une histoire pins complexe encore qnc celle de
*y il cau.;;e de sa double articulatinn : le Jos de la langue rap-
proché de la partie postérieure du palai.;;, et les deux lènes
rapprochées l'une de l'autre cl arrondies: la tendance à sub -
stituer ù la sonante w la spirante laliio-dentale v est très an-
cienne: déjà pour les grammairiens de l'Inde, le 1/ sanskrit
CII.\PITHE Til

est une labio-dentale et non plus un w: le 11 latin est clewnu


'l'dans les langues romanes : de mème le germ. w en alle-
manJ: en haltique et en sla,e on prononcP au:--si ·v; là oi1 le
rapprocl1emenl de la langue et du palais a été augmenté, ,zu
est dewnu *g''", g : ainsi i1 l'initiale en arménien cl en britto-
nique : là 011 c'est le rapprochement Jes lènes, w c~t devenu b
à lïnitiale, ainsi en persan dans certaines conditions. En
grec. le F qui représente i.-e. \.u a une articulation très fai-
]Jlc: entre ,oyelles, il a disparu prc:--que dans tous le, dia-
lectes a,ant ln date des plus anciennes inscriptions; à lïni-
tiale1 il n'a cessé d"ètre émis que ,ers le yP el le n•· sit'clcs
a,. J .-C., sauf en ionien-attique où il n·existe plus Llès les
plus anciens textes; dans certains dialectes: notamment en
laconicn, il n ·est sans cloute jamais tom hé. - Presque par-
t,,ut on entremit encore le temps où )' et w étaient de pures
sonanles: a.insi en iranien, le persan repri·sente w initial
tantt\t par gJ tanll',t par b, cc qui supjJOse que lP ,ieux perse
~nait encore la sonante H' cl non un ·ï:' labio-Jrntal: en celti-
que. le ,z~, initial est représenté par f en irlandais, par g en
brittonic1ue : le celtique commun a,ait llonc encore ru.

Ewmplc:--:

*y:
skr.yâht « foie i> (génit. y1dwt1b), lat. iernr (it'cin1iris), lit.
jck11L1s: zJ yal,11r.1, gr. ·r,-:::<,: (r,-::r::;).
skr. }liï:'t1Çtt(1 « j<'unc >>. got. juggs, gall. Ù'u1111r, irl. ôac
lat. iu1U'11rnsJ ombr. iumga.
*-yc- dans les ,crlJes drnominatifs: :-:kr. (Prfa11it)yâti « il
combat, », ,. :-l. (l[.1!.a)jc'tlÏ « il trompe». lit. (/a11k6)ju « JC
plie », µ-r. (:::J.:t.)c,i « j'honore».
skr. 111âdhyt1(, « qui est au milieu >l, ganl. Jffdio-(liï1w111))
« , illl' qui l'~t) au milieu ( de la plaine) » lat. 11:1:dius ( a,ec
PIIO~{:TJQCE

y représenté pari rnyelle après consonne) et osq. mcfiai


dat. fém. sing., got. midja (féminin); la consonne précé-
dente est altérée par le y Jans : gr. :Jhj':;, :J.sj':.; ( de
*:J.Hly:;); ann. 111è) « milieu >>; Y. sl. 111C~da «limite», russe
1
JJ1ez_â, polon. meza) serbe JJ1Ma (prononcrr 1llt'g a),
*w:
skr. 'l'ÎÇ -) zd ·vïs- « Yillage », Y. sl. i•1s1 << uicus », alb.
,:isc « lien\. » ; gr. F : 1.'z.:; « maison >>, lat. uicus) got. weihs
«bourg».
skr. 'l:ïrlrb « homme». zJ ·I:ïn>. lit. 'ïj·ms: lat. uir, irl. fer,
gall. gwr) got. wair.
skr. 11âm?J « neuf >>, gr. ·1i.(F):;, lat. nouos, Y. sl. 11m•1ï.
*r:
skr. rudhir!rb << rouge », gr. s?'J6?:; (aYec prothèse Yoca-
li(1ue deYant i.-c. *r initial, suirnnt une règle constante du
grec). Y. sl. r1driî (de *n1dr(1), lat. rubcr (aYec b représen-
tant t, issu Je f après 11); lit. ra1Îdas, got. raups, Y. irl.
rlÏad.
*! :
gr. Î.2.(zw « je l<'·che », lat. linga, Y. irl. li'gilJI, got.
(hi-)la(g-oll « lécher », lit. liiz_Ïl1 « je lèche n, Y. si. liz.r:t, arm.
lizcm) skr. rlhJJli et lehlJli (zd riz-).
*11 et *m.
skr. Jllllllil «nom», zd 11it11111, lat. Jl(JJJ1t'11; got. 11aJJ/O) gr.
:·1:;J.;(,

Hemarque. - Dans quelques cas. le grec répond par nn


~ et non par un /; ( noté ') à un y des autres langues, _::1 insi :
gr. ~-;·.-:·1i en regard de skr. yugâm « joug », lat. iug,1111)
got. jul,) tchèque jho (de *jigo) ;
gr. ~<,)j'::.;, en regard de zd yitstô, lit. j11stas « ceint d'une
ceinture»: Y.~l. (po-)jt1s11 << c('inture >> :
A. \11 ILLET.
Cil \PITIΠIll

on a suuYcnt conclu de tt que lïndo-européen possé,lait 11ne


sorte de spirante: différente Llu *y défini ci-dessus, et qu'on
pourrait désigner par *j. :\fois ce lrailemenl ~ n'apparait q11Ï1
l'initiale du mol, cl aucune langue ne confirme la distinction
de *y el *j suggérée par le grec; il est donc possible que
l'on soit ici en présence Ll'une innoYation bclléniqur dont
les conditions ne se laissent pas di·terminer.

b. - Sonantes dans les diphtongues.

lne diphtongue est une émission Yocalig11e continue dont


le commencement cl la fin sont articuk~s d'une manière
netle111ent différente cl dont la partie médiane est comtituée
par la transition de l'une des deux articulations ~ l'autre.
L'indo-emopéen forme des diphtongues aYec ses voyelles *e)
*o) et aussi *a, sniYies de l'une quelconque de ses wnanles ;
dans ton les ces diphtongues, la rnyelle, c 'esl-it-dire la partie
la plus ouverte <le l'articulation, est au commencement,
el la sonante, qui est la partie la plus fermée. à la fin.
Un résene souYent le nom de diphtongues aux groupes
forlllés par *e) *o) *a) aYcc les ::-onanles *y et *iu) mais il n'y
a pas de ditlërence <le nature entre ces /Jl'Ollpes et ceu\. qui
sont formés aYec les antres sonantes: *r) *!, *111) *n. Ce paral-
lélisme des diphtongues formées arec les six sonantes est
particnlil·rcmcnt clair en lituani en ()t\ les diphtongues telles
que ar) al) a11) a111 sont susceptibles des deux intonations,
douce et ru<le , corn me ai et au) soit:

{1 / il IÎ ar aï {11/ (1 Ill

âi ân âr !tl t11l li Ill

Dans lit. tlll le passage continu de la rnyelle a à la nasale 11


se manifeste par CCL'Î que la lin e_lc l'a esl nasale, el, drn1s les
PIIO:\"ÉTIQCE 83
parlers orientaux du lituanien où l'ancien ç (a na,al) est
représenté pur 11, il rérnlte de là que ail est représenté par
11n: l'a d<' an était donc. du moins en partie, nasal. En grec,
une diplllongue :.·1 e~t smceptible d"ètre péri,pomène com111e
une dipl1tongue :.i par exemple : ce qui le montre; c·est que
les deux groupes jouent le mème rôle cluns le cas d'addition
d·un mot enclitique : il se déYeloppe un ton seconcluire dans
s·lJ:i ::. comme duos :.!::1. ::..
Les sonanlcs employées comme seconds éléments de diph-
tongues ont des traitements spé,,iaux et cleHaient en bonne
méthode être désignées par des signes particuliers. Confor-
mément aux usages de l'ulplrnbet grec et latin, elles seront
désignées ici pari, 11) r, 1) 11, 111: ces notations ont toutefois le
défaut de présenter une inconséquence f!raYe : les sonantes
)' et w y sont désignées pur leur forme rncalique, les
autres par leur forme consonantique; pour être conséqnent,
il fauLlrait écrire : ey) e·u,1) er) cl) en, e111) ou ei, t'll) q, cf,
eti) e11z.
Les diphtongues indo-européennes sont définies par les
correspondances suirnntes ( on obsenera que l'élément Yoca-
lique initial a en principe son traitement normal; c'est-à-dire
<Jlle i .-e. *eJ *o) *a sont également représentés tous les trois
par indo-iran. a) que i.-e. *o et *a sont représentés pur lit.
a, etc.):
= '"·
CJL\PITIΠIII

!1.-F. ~I_:_ "L. rn. \R,1. GR., ur. _,_RL_._


1
\". II • .\.
_ _ _ __ 1

1
1

1 !

*ci e1 (]{' ,11 l::, - ('))


,- , ,'l • =· i
1
*cli 01 ao a li jU ÏalÎ O\' ::·; 1/ 1ï, /Ïll {'0) 111

*er ar ar ar rè cr cr =: cr cr cr
- - - - - - - - - - - - - - - -- - - --1---
*el ar' ar ar lè el cl ::1, ul cl cl
- - - - - - - - - - - - - - - -- - - ---1---

*m mz an a(11) r 01 111 ::·1 Cil ({'Il) 111


1

*cm am J111 am f e111 zm ::;,i. ern (e111) 11l1


-- -
--- --
- - --
- ----
-- --
-- -- --
- -
-- - - --- -
-- - 1

*oi c' ai è(i/ t,ai l' oe ar' Cl, ë


-- -- -- --- -- -- - - - --1-----11

)f.Oll ù' ao au 11 mï oy :·; 1/ t'i, zïa a 11, ou, ô


-- -- -- --- -- -- - - -- --
*or ar ar ar ra ar- or
- - - - - - - - - -- - - - - -
·,- -
or
--
or ar
1

*ol ar ar ar la al ol :, /, 11! ol al 1

-- -- - - - - - - - -- - - -
*vn an l/11 a(n) (7 a11 l/11 :·1 ()/1 (on) llll
-- -- -- --- -- -- - - - --
*0111 am ,1111 li Ill I.J am 11111 :·J. 11111 (0111) (1111 1
-- -- -- - - -- -- - - -
*ai c aë
1
az è(zY t,ai ay 7.'. ac ae az, cz, i' '
-- -- -- --- -- -- - - - --1-----
au 11 au aw 7.'J au ô, 1111 a11. Oli, ô
-- -- -- - - - - - -- - - - --
*ar ar ar ar ra ar ar ::t.F ar ar ar
-- -- -- --- - - -- - - -
*al ar ar ar la al al 7./, al al al
-- -- -- --- -- -- - - --
1
*an a Il ll Il a(n) I.J tlll {1// 7.'I {1/1 tlll a11
- - - - - - - - - -- - - - - --
*a 111 tllll Jm li 111 (1 am aIJI 7.;J. li 111 am li Ill
!

\otc-::
° Skr. cet o :-ont des longues issues d'ancienne:-i di pli-
1

longurs in<lu-irauiennes ai, au consenéc:- en YÎc11x perse;


le fait qn 'elles représe ntent des dipl,tongues est rccon nui ss:.iblc
en sanskrit même et a été rn par les grammairiens indi-
gènes. - Les diphtong·nes indo-européennes en */ donnent
régulièrement des diphtongues sanskrites en r.
2° Les condition:-; de la différence de traitement ë d'une
part, ci} ai de l'autre , en lelto-litnanien ne sont pas con-
nues.
3° Les diphtongu es ci, oi, 011 so nt encore écrites sur les
plus an ciennes inscriptions l:.itines et n'ont pas été entière-
ment réduites à l, tï, tï. avant la fin du m "' siècle av. J .-C.
1~0~I. i représente i.-e. *ai, *ai ù la fin dn mot dans
certains cas.
Exemples de quelques diphtongues:
*et :
gr. s~;~ « il ira)) , skr. éti (< il va)) ' Y. perse mtzy, zcl al'iti.
lat. it (de *u, *cit[iL cf. ls), v. lit. citi << il rn ,, .
v. prnss. deiws << Dieu )) , lit. dêvas « Dien )) ( et deivè cc fan-
tùme n), lat. dms (de *dcios} *deiuos) pluriel dï11ï, osq.
deivai « dinae ))' Y. h. a. Zïo et Y. isl. TJ'r (de germ.
*tïwaz), irl. dia, skr. dcz:/2(1 « dieu )) , zd daèvo « démon ,, .
*1711:
lat. a11g111en « accroissement n, lit. aug1111~ génitif aug11wis
c< croissance,,, _:-;kr. oj111/i génit. oj111âna(J «force)) : lat. a11-
g1'/t', got. ,111k1111 «croitre,, ; gr. ;c;;Y.·1w.
*oil:
Y. ~1. p(lt1 « chc111in ll, arm. hun « passage ll, skr. pâ11th11(,,

zd pa11tâ (avec t i~su de th après 11) «chemin,,; lat. po11s


<< pont >l, et san:- dùl1 le gr. ï.b·r:;; « mer >).

*om:
gr. ·,-6:1.?;; <' dent ll, Y. si. z_(lbiî « dent », lit. ~mizbas
« angle formé par les ïÙtés d'une poutre )>, Y. isl. ka111br
« peigne 1> (ail. ka11111,), skr. jlz111bbab « dent Il.
Sfi CIL\PITRE Ill

*cr et *or :
lat. 11crto cc je tourne>>. slr. -z•ârte cc je rne tourne i>, gol.
imirpa11 cc dncnir », lit. ·z·dsti << tourner>>; Y. sl. 1.!rèteno)
irl. ferlas) gall. giucrthyd cc fuseau ».
lit. 1.•artj'ti cc tourner i>, Y. sl. 7.'ratiti (russe 7.:orotft') polon.
wrôcic'), got. fra-wardjan cc gâter i> (cf., pour le sens, all.
7.•er-dcrben), skr. 1.:artâyati « il fait tourner >>.
*al :
gr. 7.1,r:(r,, lit. alga «salaire», skr. argbâ[J (( prix, Yaleur ))'
ossète ( dialecte iranien du Caucase) ttr·; cc prix »; cet cx:cm-
ple est incertain, parce que gr. :ù peul représenter i.-e.f)
cl lit. al) indo-iràn. ar, i.-e. *ol.
Après une Yoyelle el dernnt une con~onne, une sonante
ne peut en principe arnir d'autre forme que _celle de second
élémen l de diphtongue : ainsi. en face de Y ?·r.·ti':J :J.( cc je brise i>,
l'éolien a un aoriste ~jFi-tr, et non *IFF:1:rr,, un adjectif
' ... ' . ~ ' -
le parfait moyen de skr. yétjati « il sacrifie>> n'est pas *ya-Jf-c,
.
;(~:·l'.1z-:::et non *7.-t :·I'.,,.-::: (hom. 1.::·I'.,,.-::: est refait sur ~·f.,·1·,~·,J.()·,
'
1
mais yeje, c est-à-dire *:yâ-ij-ai.
Outre les rorresponclances précédentes, il en existe une
seconde série qui esl surtout claire en indo-iranien, et, dans
une moindre mesure, en grec :

skr. (1 l l1ll àll à/Il ilr


zd ili l1li (l Il (! Ill itr
·r,~ ((
"lj'I ((
'f1?

gr.- 'lj( (( 'lj'I ((


~?
{J)~ (( (J)'/ (( (J)?

Ce sont les diphtongues à premier élément long, soit i.-c.


*ëi, ë11) *t11) *ë111) *ër ( cl *ël), etc.; 011 ne saurait déterminer
a,·ec précision en qu0i *ëi se distinguait de *ei) mais il ne
faut pas croire que ces lliphtongues aient eu la durée de
voyelle longue plu~ ~unantc, c'c~t i1 dire trois temps, nlors
~-
L /

que les diphtongues à premier élément ·bref auraient eu deu:x


temps seulement; dans les Ycrs Yédiques et grecs anciens.
une diphtongue à premier Lqément long compte pour deux
temps comme une longue ou une diphtongue à premier
élément bref; or, d'autre part. pour que le premier élément
d'une diphtongue semble long: il suffit qu'il soit plus long
que la moitié d11 groupe total formé par la diphtongue, et
que la sonante soit relatiYement brèYe ; la différence entre
*l'i et *ei peut donc arnir consisté simplement en ceci que,
dans *fi. l"e était plus long el lï plus bref qur, ne l"étaient
respectÎYement e et i dans 't'i. Ce qui rend probable quïl en
était aifüi, c'est que la :--<.,nantc des diphtongues à premier
élément long est so11wnt tombée soit au cours de l'histoire
des diYerses lang11es, soit déjà en indo-européen mème.
_\insi la diphtongue *-ôi clu datif zd 7.•j/Jrkai, gr. i:~,.uH (écrit
i.~zc:1). lit. ,_.iikui ( awc -ui représentant *-6i1 tandis que -ë.
i.. ,11 de -ai, représente *-(11) s'est réduite à -ô en grec oi'1 la
prononciation -à de l'ancien - tù'. est générale au moins dès le
n° !:-iè.·cle aY. J .-C. ; de mème en latin ]e datif correspondant
est lupô ( de *luptïi).
Dan~ les dialectes antres que l'indn-iranien, les diphton-
gues à premier c'•lément long ont été trnn:'-formées en diph-
tongues l1 premier élément bref deYant consonne suiYanl«->
du mème mot : ainsi à la finale *-ois de lïnstrnmental pluriel
allt'sté<' par skr. ·z'llwil1, zd vJbrkais, le grec répond par--;:;.
Ir lituanien par -ais, le latin par -ïs (issu de -cis, ancien-
nement *-ois) : gr. i.-J;,.;:;: lit. ·z'lÏkais, lat. lupïs. Le grec
réponJ à skr. dyâ11(1 «ciel», gâu(_1 « bœuf n, 11!rnb <<bateau>>
par z~~;, ~::i;, n":J;. a,ec ~·), :J, ;/.') et non *·r,:J, *l,)'J, *i): si
l'ionien a -rr,':J;, c'est f{Ue la longue des autres cas. ace. sing.
*·6.F :1. 1 ;énit. *·6.F :;, etc., :· a été intrud11ite par analogie:
el en effet z~~; et ~:'J; dont la flexion n ·a de mye lie lon;ue
qu'au nominatif (et it raccusatif) ::-ingulier ont consené ~·J,
88 ï.11.\ PITRE Ill

::·; dans tous les dialectes. Les diphtongues à premier élément


long ne snbsi-;tenl donc qu'à la finale, ainsi ;::1.--:·f,p, ii'.:J.w·1,
·~:1.spi·1; dans l'Inde mêrne, les diphtongnes à premier élé-
ment long, encore nettes en sans"krit, se confondent avec les
antres dans les prâkrits.
Dès l'époque indo-européenne, ]'élément sonantique relati-
vement bref des diphtongues à premier élément long a disparu
dans certains cas; par exemple, l'accusatif pluriel des thèmes
en *-a- én-ait, du moins clans certaines position:--, *-as issu
d'un ancien *-{t-11s : skr. -ab, lit. -às ( d\rn balti(1ue ancien
*-6s); le grec a réintroduit la nasale (d'après les autres décli-
naisons) et abrège en conséquence la rnyelle i , d'oi'1 *-i·1 ;,
consené en crétois par exemple, el c'est ainsi qne l'accusatif
pluriel de î~:d, ion. att. -=~:1:f,, est *-=~:â·1 ; , d'où ion. all. :i°p.Y..;,
lesb. -;t;1.:J.i.;. De même i el u sont tombés dans les acctisatifs indo-
européens des thèmes *dym- « ciel, jour))' *g'-rou- « hœuf ))'
*rëi~ « richesse ,> : skr. dyâm, giÎm et hom. Z·1i·1 , dor. ~,-;')·1,
lat. rem, c'est-b-dire *dyëm, *g""ôm, *rëm, de *dyëum, *g""c5un,,
*rëim.

En indo-européen , le point d'articulation de la sonante


nasale était inclépendan L de celni de la consonne suirnnte : le
li tuanien a m dernnt t, par exemple clans s:;_,ïntas ,, celll »,
re1Î1ti ,, appuyer ,, , le gotique devant p, ainsi dans ga-qll!nps
,, arri,ée >l, et dernnt s, ainsi Llans a111s « épaule >l. Si donc
on trouve , pour une ancienne m, 1111e 1l dev.rnl dentale, c'est
par suite d'une innmation : ainsi deYa11t / dan'- lat. cmlnm et
devant d dans got. lm11d ,, cent ». De mème il e:-l possible qne
la nasale gutturale prm ienne d'unr innoYation de chaqu<' dia -
lecte, l?ien q11 'elle soit as~<>z générale:~]"·· mil.·db cc crochel »,
gr. :'[i'.::.;; lat. qllï11q11e (avec i is:-11 de c devant naf;ale guttu-
rale tandis que c s11hsi:-te de,·ant 1Z d<>n tal<> , par exemple dans
ccnt11111); le sanskrit a une nasale palatale deYanl palatale cl
une nasale gutturale devant gutturale : skr. pâ,ïca « cinq >>
et pa,ikti?J « groupe de cinq >>.

c. - Sonantes rnyelles deYant rn~-elles.

Il arrive souYent qu'un groupe phonétique constitué par


une soI1ante suiYie d'une rn:-elle forme deux syllabes ; alors
la sonante est représentée dans toutes les langues indo-euro-
péennes par une rn:
elle brhe ~uiYie du phonème qui repré-
sente en règle générale la sonante comonne intenocalic1ue.
On peut donc désigner ces groupes) par exemple deYant la
voyelle e, de la manière suirnnte:

)lais comme, en fait, *0 y et *0 H 1 se comportent toujours Je


mème •1ue *i el *u YO~elles suiYies de *y et *w 1 on écrit dans
ces deux cas :
*iye, *ml'e.
Exemples:
*iy:
gr. ~::; « arc >> (le y interrncalique tombe en grec), Yéd.
j(i)y/1 « corde d"arc >> (écrit h'â 1 mais encore dissyllabique
dans plusieurs passages du iJgYeda), lit. gijà « fil de trame ».
*ww:
,-éd. d(u)zia11, d(11)v/i « deux » (orthographiés di•itu, dvii,
mais dissyllabiques dans les vers), hom. :~w, att. :0:, lat,
duv, Y. si. dit'l't1.
skr. génit. blmn. •â(.1 « du sourcil >>, gr. :~F~::; de *:r,::~ F::;.
v. sl. accusatif bri'ti•z, lit. accus. bnh'f.
Le traiterneul des autres sonantes Yoyelles dernnt Yoyelles
est résumé clans le tableau suiYant:
C:11 \l'ITHE Ill

11.-1.
--
-hll. 1 /.Il =1:.1 "'· "" --------1
'·"' 1 "' ,. ,,. 1

1
1
*"r tr. 11r t1r ar r t1r ar ntil'~ tr . ur~ Ïll, 111Z 2I

;_*_"!_ tr. 11r (il. 11/)1~ _a_l 1,;'. _i_tl_ _a_l _1_t1_, __il_._11_I -,-.',-ùl-1 1

* 0
11 '.t 'J a11 1.'1 ,111, iJ/ aJI wz JJl. 1111 111. 1111
- - -------1-- - - - --- - -- ----
')
., t1 Ill 2:,. ll Ill, i111" li/Il 11111 //11. Ill// )111 • IÏ/11;1

\ utes:
1 ° Les timbre~ i et Il Pn :--ans krit son t <'ll f!l'a11de pa rtie

déterminés par les consonne:- précédente~.


'1° Le-; timbres i et II en baltif1u e et en ~!.ne appnrai~sent

clans des conditiofü Pncore inconnues pour la pl11parl.


Lat. i11) i111 devnnt 1111 i de la SJllabe :-11ÎYante, par
:)
0

P\emple dans si11c de *s 0 ni) cf. v. irl. sain ( celt. *sani) « sé -


parément i> .
1
Got. anr) parce q11e gerrn. 11 dcYient touju11rs au (nutant
1"
o c_111vert) dC\ant r en gutiq11<·: 11r suh~i~te dans les autres
dialectes gernrnniques (11 pa:-sant à o dan:- le:- conditions
f!énérales 01'1 le drnng<'lnent a IÎ('tl dans cPs dialectes.)
Exemple::--:
*or :
:-kr. p11n1(1 cc a\èrnt ». z<l pL1rô) gr. -;:i.;::; ; v. h. a. _(uristo
" prince ii; irl. t1r « dPvant », ga11I. .A rc-morim (région
pri•s de la mer).
*of ,'
gr. ~J.Î.2'.·., « jeter >>~ )il. gulhi << 1\trP rn11clié 11 (puur le ~en:-
cf. Ir rapport de lat. iadrc H jeter » d de iarêrc <( èlrc cu11-
cl1é »):
1'1111:\ t: fl(l l E !) 1

*o Il :

, . sl. 111t1LNÎ « pcnsf'r », lit. 111i11hi) got. 11111,urn « pen-


~cr », gr. 11.:cr~'1:x~ « être 1'11 ricux ».
*0,11 :
g:r. *-i:1.: -, dans :0? :q.:( « aurn ns n, got. s11111s « quclqu 'un n;
v. 11. a. s11111,zr « été », arm. a111alll: "· irl. sa/Il.

d. - Sonantcs YO.) clics.

P lacées f'Htrc deux con~onncs Olt à l'initiale devant une


consonne, les sonantes scrYcnl de YO,' elles. Les sonantes
rnycllcs sont définies par les correspondances suiYantcs:

J.-1.. SKII. ZD GR, ,. :--1 . UT. ,;or. \R\I , 1.. \T, !RI..

-- -- - --- --- --
*"l i i ( j i i i i i
- - -- --- --- -- --
*u li Il 'J li Il li li Il li
- - -- --- -- -- --
*r [ JrJ p:x, :x.,: l
lï/ iF, u r 1 li/li"~ ar or lï
-- - -- --- --- -- --
l j' li/ ii' ulJ
• • 1
'-*l r JrJ /,7.., :xi, ul al ul li
-- -- --- --- -- --
*lz (1 ll Y. r(,,y i,i' ll lÎ2 /lit (1/l eu ( ,-. 11olc:1)
- -- -- --- .- -- -- --
*Ill (1 ll Y. f(,,y 1111, li lÎt
2
//Ill tl/Jl Clll (Y. notc 3)

.\otcs.
, " Les conditions dans lesquelles le grec a ~:x. 011 :xp, i,x Olt
û. 11c sont pas exactement déterminées.
2° Les conditions clans lcsqnPlles le , ieux slaYe a li ou li,
(c'est-à-dire/ rnyclle 011 / YO)Clle), etc., le lituanien il on 111,
etc. , sont inconnues.
Cil \PITRE Til

~)" Le lrailenwnl de *11 cl *111 en irlandais PSt trop comple.\e


pour r\trf' résumé dans Jr. tableau.
'I° Got. a11r représente f.'erm. *11r.

Exemples:
*i:
::-kr. diç- (< direction, ré3·ion )) , lat. die- clan~ dicis ra usa:
Ffr. ::;,:r, ,, droit, justice>>; !nt. dic/11s (itaJ. della), ~kr. di.ytâ(J
« montré » : Y. angl. tigm « rnuntré n.
*11 :
~kr. gén. ç1,nab « du cl1ien ))' gr. z·;-1:;, Y. irl. ro11 (de
celt. *ku11os), lit. sz.uu(e)s.
*r:
:-kr. prcch!tti « il dcnrnndc », zd p,1osa1/1) arm. har(aHem
« jïntcrrogc J>, lat. pose{, (rlf' *porcscô): Y. h. a. forsra « de-
mande >> ( awc or de gcrm. *11r) ; Ji 1. pirs:;Ji « fiancer >>.
hom. 'l.FY.:(·r, (cl ZY.F::·r,) « cœur ))' lat. cor} cordis} "· ::-1.
sriîdke) , . ir1. rride.
*l :
skr . . ,_./ka[1 « loup>>. zcl 1•.1hrko (awc notation par h c1·1111e
particularité dur san:- dontf' a11 ton). lit. i·iÎkas) ,. si. 7.,lz/,11}
;:.rot. 1.u11lfs (a,cc une f duc i1 une influence parlicu]ièrc).
*u :
~kr. â(-jiïâta[1) << incon1111 ». gr. i(--:·1r.r::;). lat. ig11tJ111s)
c·e,l-Ù dire Ïli1iJ/11s) de *i11(-g11ôtos)) Y. irl. i11(-g11ad)) f!Ol.
1111( lm11ps)) arm. a11(-ca11awth).
*111 :
~kr. ça/11111 « cent >>. zd sa/, 1111) f.'I'. 0 )zY.-::ï, lit. s:;J111!as)
Y. ~1. s1i/o (a,cc un lrnile111cnl 11 cnnle:-l<'· .'t tort). got. lm11d

(de *h11111da11), lat. an/11111 (dr *cm/0111). gall. mil/),. irl. rel.
Un le ,nit. *i Pl *u nr· :-nnt pa~ au point de ,11c indu-eurn-
ll(··cn de~ ,oye1le~. niai:- sf'1dcment ]r .. forme::, Yoca]iq11c, des
::,Onélnlr:- *y cl *œ) e~actr111ent commr *ry *!, *1!1, *u :-ont ]es
l'IIO~ÉTlQCE

formes vocaliques des sonantcs *r, */, *m) *u : skr. supt!tb


« endormi », gr. G;:•1:;;, Y. sl. sz,1111 « sommeil» (de *sz,pm,)
sont it skr. s,z•âpnab « sommeil », Y. isl. suefn « sommeil >>,
ce r111e skr. P[tebâti « il t.lemancle »,etc.sont à skr. pr!tç11a{1
« question », lat. prccës) got. frai/ma « j'interroge >> ; skr.
di.y(!tb « montré ,,,.etc. sont ,'t gr. E~i;:x « j'ai montré», lat.
dico (de dciro) et ce qne skr. baddhâb « lié », got. b1111dazzs
<< lié » sont ù skr. bândlml1 « allié », gol. binda « je lie »,

lit. bciïdms « associé >>.


Les sonantes voyelles *i) *11, *r) *!, *{1) *,li sont brhcs au
point de vue indo-européen : le sanskrit les représente tontes
par <les brhes i, u, r, r, a, a; le grec également, sauf *r et
*l dont il fait px ( ou :xp ), i.:x ( ou :ù) : le gr. -::x:pi:r: est, chez
Ilomèrc, un dact) le, tandis que le locatif pluriel vécl. pit{f11
« chrz les pl'res >> Yaut trois brèves: le traitement si. i't de *u,
*1l1 (par exemple dans sztlo) présente aussi nne brl'Ye; presqrn'
partout ailleurs c1u'en intlo-iranien 1 i.-e. *r) *l, \z, *zll étant
représentés par une rnycllc suivie de r) 1) 111, n et devenant
par là mèrne t.les diphtongues, comme gr. 1.p, :xi., ont pris
valeur de long·ues; mais les traitements indo-iranien, hellé-
nique et slave de *{z et *,zz in<liquen t bien que celte quanti té
longue résulte <l'un <léveloppemen L postérieur à l't~·poque de
l'unité indo-européenne.
On a beaucoup discuté la question de savoir si ces brèYes
i.-e. *r) *l) \z) *,lz étaient <le pures sonantEs vocalisées
comme i et u) ou si ces articulations comprenaient une
voyelle extrèmemcnt brève précét.lée ou suivie de r, 1, m,
,z consonnes ou seconds éléments de diphtongues. Cette
question n'a qu'une importance secondaire, car l'essentiel
n'est pas <le déterminer si *rJ *l, *,lz, \z se sont prononcés de
telle ou telle manière, mais c1nels en sont les représentants
dans les diverses langues et quelle en est la place clans la
structure <le J1in<lo-européen. - L 'exislence d'un élément
a'1 Cll.\PITRE Ill

,ocaliquc lrL'S hrrf. indéprndant de la sonantr, ne pomrail


ètre solidement établie que par des coïncidences de timbre
de:- représentants de cette w,yelle dans les cliYcrscs langues;
le fait le plus remarquable à C('l ègard rst le double traitement
lwl tique if et ui\ auquel répondent les deux traitrrnen ls sla\C'S
communs *fr cl *11r) confondu, dans ,. st. n,, mais distincts
dans rn~::-c cr et or, et qui ont entrainé des formes différentes
des ~utturalcs en sla,r comnrnn ; ainsi on trmne d'une part
,. :--1. lïïlllll (de *étnz11) « nuir », russe éënz)i, ,. pruss.
ldrrna11, cf. ::.kr. krf1,1!tf.1 <( n.,ir >>, mais Je l'antre ,. sl.
1...,-,,ma « poupe n (de *kun11a). rnsse À'onnâ, et. à ce dernier
mol le /!rec répond peut-ètrc par ;: :j:J:1:1.. -::F"J:J:rr, « poupe »,
1

awc un traitement F'J de *r qui rappelle le sl. *iir, cl rp1i


diffc'·rc du traitement ordinaire FY.· LPs fait:; de cc genre sonl
trop isolés pour qu'il soit licilC' Je rien affirmer.
Le caract<'_•re essentiel à rC'tcnir C':--t celui-ci: *i, *11, *r, */,
*111, *IJ sont des éléments ,ocaliq11rs parallèles le:- uns aux
autres el jouent un mèmc r,',le clans la langue.

,.. - Sonant<>s devant \1.

Dans les groupes de la forme: w,yellc + son ante+ *,1


+consonne, soit *-mJI- par cxcmplr, la sonantf' co11::-01111e
et *,1 ont leur traitement normal, et il ne se pose aucune
quc·stir,n, c'c:-l le type:

<kr. ja11ittÎ, gr. ·.-=-·,s:·f.F, lat. ge11itor

011, Jans une langue ~. chute Je J intc'·rieur (iranien, nr-


mt'•nit·n: :-lan~ baltique 1 germanique), ,. :-ax. J,ind (< cn-
lant » de *g,e11J/o-.
Dans les grnupcs <le la forme: con:3onnr (011 initiale du
mr,t) + ,011a11te + ,, + co11:-onne, il c~t trè:, clifficile Je
PIIOXJ'.:TIQUE

déterminer le traitement. La sonante sera désignée ici abstrai-


tement par y) w) r) l) m, n, sans que celle graphie implique
aucune hypothèse sur ::;on c.1ractère vocalique 011 consonan-
tique.
Pom y cl w + J, il y a une l'orme bien établie: *ï et *11 ;
tontes les langues concordent:
skr. 1.-rïtâb « acheté », irl. crïthid << emax ».
skr. liÎyab cc furt », lit. t1tlt1s cc plus d'un, maint », Y.
prnss. tala Il « beaucoup » ; gr. -::6):fi «enflure».
l\Iais le grec connait, ù côté du traitement ~, ~ représen-
tant i.-c. *ï) *a) des formes telles que t'l., u:.<, qui semblent
représenter i.-r. *ip) *mw, par exemple dans .. Fb;:0:.<: << acl1e-
ler ))' en face <le skr. l.Tïtlt{i « acheté· n.
Pour *r) *l + J, on a en sanskrit ïr ou /Ïr (r représentant
à la fois r et l), cl pour sl\r. *Il +.J, â; le traitement de
*m + .1 en sanslrit est mnl connu. On a élé conduit ainsi ù
poser i.-c. *L *D *"ïjj, *Jj parallèlement ù *1 et *1ï.
Dans un certain nombre d'exemples, le grec répond par :t.pY.,
:.<Î-7., :1.;1.i, :1.n, c'est-.\-dire que tout se passe comme si l'on par-
tait de i.-e. *0 rJ) *0 /J) *0 ,m, *0 11,1. ~lais à cùlé de ces traite-
ments, on en trotne un autre: ?'l., Î,'l. ( et peut-être, en cer-
tain cas, Fl:..', i,<ù ), :â, 'l'l., souYCnt ambigu parce fJu'on ne
saurait dire s'il ne s'agit pas de i.-e. *ra) *la, *mâ, *na, et
dont par suite on est tenté de douter; toutefois, a priori, cc
traitement est vraisemblable; car, à côté de *0 rJ) lïndo-eu-
ropéen a dù connaître *r,1; or, le grec ne présente guère Fi
que dans des cas Oll l'analogie justifie 1111e forme nouYellc de
cc l) pe, créée en grec même.
Le cel tiq uc a des formes d li type a ra) a la) etc., qui cor-
respondent nu type gr. x~:.c, ù:.c, etc., et le latin, de mèmc
ari) ali, etc., mais le plus souvent a rcc syncope latine de la
rnyellc intérieure. A côté, on a celt. râ, lat. râ) cl cclt. lâ) lat.
lâ) etc., qui répondent à gr. ;:'l., i,i, etc. Il semble do11r que
CII.\PlTllE Ill

les dc11x lrailcrncnls grcrs se relrnuYenl en celtiq11c cl en


italique.
Quant a11x langues où ;, intérie11r lombf' (". p. ï 2 ), les
<lem. lrailemcnls disling11és par le grec, l'italique cl le cel-
tique se confondent en tre c11x. et de plus se confondent aYec
1~ lrailcmcnl ordinaire de *r, *l, \1, *,lI; to11lcfois le bal-
tique el le slaYc distinguent pnr lïntonalion *i cl *r:
*r: lit. Îf Oll llJ" serbe f (sous J'acccnl).
*[': - ir Oil li/" j-
f'I de même pom toutes les séries. L'imlo-iranicn di~ting11c
a11ssi *vel -;;, d'où :
*fi: lit. in ou lllÎ serbe l indo-iran. à.
*iï: - i11 ou ÙJJ è ou f't [t.
On entend ici par *r, *T, *ïj, *,jï l"ensemblc de ces trai-
tements complexes de*,-, */, *111, *n +,1.
Les exrmplcs suiYanls donnent une idée des faits:
*,--:
:-1'1·. gïn.1âb « :nalé JJ, lit. girtas « inc >> cl g1irldf (accusa-
tif) « gosier», Y. sl. gnzlo (serbe gNù) « gosier»: gr. ~:xp7.-
fJp:·1 (I"t,> de ~'.~?<;J:;'l.uJ peul repr{-scnlcr i.-c. *J).
Y. sl. (s11 -)tri'ttù « 11sé, froll<'.• >>, ~crbe trti « frotter, 11scr »~
gr. -:px·rf.; (( pérn'.·lranl )) (l'exemple parait s11rJ; '. irl. lt1rt1-
tbt1r « tari ère ».
sl. . r. splJJÎrjoti <( il éclnlc, il se montre, il fait du bruit >>,
gr. :;?7.px-;ic,J, lit. spiirgas « boulon, pousse >), lnl. spargô (de
*sparagtï :1).
*l:
sl. . r. dïrgbâb « long n, ztl dar,1·:cJ (diss~ llabiquc), Y. si.
dl1gù (serbe d1ïg).
gr. -;:ù1.:1:r,, lat. palma (de *pal1111w :1), Y. irl. là111 « main»,
Y. ,mgl. fù/111 (de germ. *J11l111â) « plat de la main ».
skr. pan1àb « plein », v. si. pli11111 (serbe p1i11), lit. pil11as,
got. fulls (<le genn. *Ji1'11az.), Y. irl. lit11.
PllO~ÉTIQlT !)j

*ïj:
skr. jât!zb << né », z<l :/tfJ, lat. (g)11iî/11s, gaul. (Ci11tu-)-
g11tïf11s.
skr. ylitâ « femme du frère <lu marin, lit. (;)inti!, lat. ia11i-
triccs.
lit. (pa-kintas << connu », got. k1111fs.
gr. O:x·r,c:;; « mort », à cùté de O-rr.::; (<lor. 6·,i-;-)
*,jï :
el ::1:r.:;; (dor. ::â::;).
gr. (7.-):.x:1.x::;
]il. timsras « couleur alezan brùlé i>.
l]ne forme comme gr. ,,:,. clans :UJn:,,21 1 à côté de -:tO·rr.,.:x,
s'explique par analogie; cf. I:-::x:1.2'1, à cùté <le I:-:·r.:,.1.. D e
même lat. gmuis, qui présente ra issu de *,-;,, repose sur un
féminin *gowï-, analogique d'une forme telle que *pftlmuï-
( skr. prthit( gr. lli,:x::x!.z:). Les cas <le ce genre sont assez
rares.

Les correspondances notées par *t, *7, *,j, *ïjï n'existent


pas en dehors cles combinaisons *r+J, *l +
;1, etc. On n ·en

saurait <lire autant de *ï et *,,.


En effet ces sonantes longues
allernent parfois aYec *i el *u brefs:
skr. vïr!z?1 « homme », zd vïrJ, lit. irjTas, mais lat. u1r,
Y. irl. ftr (de *w1ros), got. 1.mir (de *wiraz.).
skr. 11/i « maintenant », gr. ,,"':J·1, Y. ::-1. 1Zy11é, mais sh.r. llll,
gr •.,:;, lat. 1w(-diüs), Y. irl. 1111, Y. sl. m,.
Dans ces mots, l'emploi <le *ï ou *1, *IÏ ou *11 était sans
doute déterminé par des misons rythmiques; par exemple,
<lan~ les aoristes à redoublement, l'i <lu redoublement est long
dernnl syllabe brhe dans slr. rïrifaf « il a nui n et bref
<leYanl sy1laLe longue dans didïpat « il a brillé ». Ces longues
résultent d'ai1leurs en grande partie de cléYeloppements indé-
pendants propre:- ;\ chariue langue; on en a la preuYc par
.\, ~[t:: ILLET, Î
98 Cll\l'JTfΠIll

ceci que, en sanskrit, le i représentant i.-e. *J est souYcnt


long; or ce i est purement indo-iranicn.
En ::rncun cas, ces *ï rt *1ï ne sont autre chose qne des so-
nantcs Yoyellcs; ainsi le zÎ de *mÎ est w dans le mot de même
famille skr. 11ava(1 (( neuf l>, gr. ·1€(f):;, lat. 1101/0S, etc.
Remarque sur les sonantcs.
Les conditions dans lcsqnellcs apparai~sent les din~rscs
formes des sonantes ne pourront être étudiées qn 'à propos de
la syllabe et, au chapitre IY, à propos Jcs alternances Yoca-
liqncs: mais on Yoit <lès maintenant que ce jeu des formes
Yariées <les sonantcs est l'un des traits caractéristiques
Je lï ndo-européen ; a11rnne langue attestée ne l'a con-
scné au complet; le sanskrit mèrnc, rp1i l'a le mieux gardé,
en a cléjlt perdu quelq lie chose; l"aspect archaïque ùu
lituanien est dù en grande partie à la conscnation du sys-
tème des sonantes, dont, seul de toutes les langues indo-cnro-
pt:ennes YiYantes, cet idiome llonnc aujourd'hui encore nne
idée approchre.

li. - L, SYLI.\BE.

Cnc suite de phonè·mcs comprend 1111e série de Jirisions


naturelles qu'on appelle syllabes; les i•oyelles (rnycllcs pro-
prement llitcs 011 sonantcs yoyelles) représentent llans la série
les tenues, et l0s consonnes (consonnes proprement dites ou
sonantes con::ionncs) les mouYc111cnts de passage; les YO}cllcs
ont polir l~lérncn l rssenticl, dnns le parler normal l1 haute
mi\, la ,ihration glottale modifiée par le résonateur buccal
cl nasal, les co11--onncs le mouvement :1rticulatoire d'ouYcr-
tnre et <le fcrnwture: il y a donc des tenues de sons, les
'°.' clics, séparées pnr des mouYcmcnts articulatoires d'on-
,crlllre et de fermeture, les consonnes. Soit par e\emple une
::,éric scl1éuwli11uc de plinnt'.·111cs telle rp1e:
l'IIO~ÉTIQL E fl9

atesoyo111zgiwu pe.

Les tenues sonl a, e, o, o, u, i, i1, e; les consonnes qui


séparent ces tenues sont t, s, y, 11, g, w, p: dans les unes la
fermeture est totale, ainsi dans t, g, p, dans les autres elle
est partielle, ainsi dans s, y, 11, w; dans les unes il y a <les
Yibrations glottales, ainsi y, u, g, w, dans les autres il n'y en
a pas, ainsi t, s, p; mais, cc q11i est commun à toutes les
yoyelles 1 c'est qu'elles sonl essenticllcmenl <les tenues, et ce
qui est comm11n à toutes les consonnes, c'est qu'elles com-
portent un mouYement de fermeture sniYi d'un mouYement
<l'ouYerturc; cl un mème élément rst Yoyelle ou consonne, i
ou y, u ou w, ti ou u, sui,ant que, d'après sa position clans
Ir groupc 1 il srrt de tenue ou d'articulation de fermeture cl
ll'OnYerture; le point d'articulation, la qualité sonore restent
lr·s mèmes, mais cc qui est mis en é,idencc est dans un cas
la tenue, dans l'autre le mou,ement articulatoire.
La rnyellc appartient tout entière lt la syllabe dont elle
forme le centre; a11 contraire la consonne est partagée entre
les deux syllabes qu'elle limite: sa partie de fermeture ou,
autrement dit, d'implosion termine une syllabe, el le moment
d'ouYerlure ou d'explosion en commence une aulrr ; dans
1111 groupe tel que epe, la fermeture des lhrcs termine la pre-

mière syllabe, qui comprend aussi la durée de l'occlusion,


el l'ouYerlure des lènes com111ence la seconde syllabe.
La même définition s "applique a11x consonnes sonores: dans
cbc, il n"y a pas de m11menl de silence, d'arrêt complet <lu
son, puisq11c les ,ibrations glottales continuent, mais il y a,
lors de l.t fermeture <le~ lèHcs, 1111 arrèt clr l'émission tl11
~ou file qui marque la limite des deux syllabes. Quand il
s'agit de sifllantes, comme s, ou de sonantes, comme y, iu,
r., l, 11, 1;1, de continues en 1111 mol, il ne se produit pas
1011 Cll.\.PITIIE llJ

cl"arrèt du soufllC', mai~ il ~ a un rnonYcment tendant au ré-


trécissement du passage de l'air, un tC'mps de fermeture rela-
tiYe el un mouYement de réouYerture: la définition de la
limite de la syllabe s'applique donc ici aussi: et. en un sens
étendu, on peut encore parler d'implosion et <l'explosion.
Dans le cas de h) qui e--t un simple souille C'l ne con1porte ni
fermeture ni rétrécissement du passage de l'air en aucun
point, il n·y a pas à proprement parler cl"ouYerture et de
fermeture. mais seulement arrèt ( ou absence) des ,ihrations
glottales de la rnyelle: c'est ce qui fait sans doute que cc
phonème est souYcnt peu durable et que, en trc Yo_yelles, il
tend en général à être rapidement éliminé: ehe tend à dèYe -
Yenir ë: rien n '.indique du reste l"existence de h en indo-eu-
ropéen.
Certaines langues n'admettent pas d'antre forme syllabique
que le type simple constitué par une série de rnyelles sépa-
rées les unes des autres chacune par une consonne. Tel n ·est
pas le cas de l'indo-européen. L'élément consonantique peul
y être complexe : outre la forme simple décrite ci-dessus,
il peut se composer de deux occlusiYcs, par exemple kt, pt:
de sitllante et occlusiYe, ainsi si, ::.._d; cl"occlmirn et sifllantc,
ainsi ts: d'occlusiYe ( ou silllanlc) el sonante consonne. ainsi
ty, s11. La graphie ne doit naturellement pas faire illusion
sur la nature des éléments qui composent ces groupes : le l..·
et le/ d"un groupe ekte ne penYent ètrc illenticp1es au k de
ckc et au t de etc : le!? de cl.te a une implo:-ic,n pareille à celle de
eke, mais l'explosi.nn se fait dans la plupart des langues pendant
l'implo~ion de t et Il 'est accompagnée d'aucune émission d'air;
el lïmplosion de t ayant lien pendant l'occlusion de k n'est
pas préddée d"un arrêt de l'rmissinn d'air: il y a donc dans
ekte deux articulations consonantiques distincte ... , mais
toutes deux difTérenles il quelques égards de celles de l..· el
de t i II lcnocalic1uc~.
PHO~ÉTIQl"E 101

Que l"élt~menl consonantique soit simple ou comple:x.e)


étant donnée une série de phonèmes, la syllabe est la
tranche comprise cntre deux ter/Iles extrêllles des mo11i•e11ie11ts
d'om•erlure et de fcrJJ1elure.

Ceci posé: il est possible de définir les notions de syllabe


longne et de syllabe brève, telles que la comparaison Je la
pro~odie du sanskrit et dn grec, et aussi, dans une moindre
mesure, des autres langues, permet de les fixer.
Est brè, e toute S) Ilabe dont l'élément rncaliqne est une
hrhe (yoyelle ou sonante) sui,ie d'une consonne simple,
ainsi la premit.'re syllabe de skr. sâcate « il suit >>, gr.
i;::.-::>:'., lat. seq11il11r (oi'1 qu note une articulation une), lit. sck1i
« je suis », got. saih·wa « je ,ois » (!nu nutant une articu-
lation une): de s1. r. in1â(1 « nous allons », gr. !;1.:.·1; de skr.
prtlJ11(1 « large » (th est une consonne simple), etc.
Cne S) llabe est longue en <lem. cas :
1 ° Quel (JUC soit l'élément consonantique suirnnt, quand
son élément Yocalique est une ,oyelle longue: une sonante
longue on une diphtongue, ain~i la première syllabe de skr.
blmîta « frère », gr. ??=~-:c,i_:, lat. frater., , . irl. brâthir, got.
brofar, lit. broler(-ilis); de skr. p/ttib « pourri», lat. pltlidns,
Y. h. a. Jal « pourri ». gr. -::60(,J cc je fais pourrir >l, lit.
p11t i cc pourrir » : de gr. F:t?,:>:, sh.r. ·z•éda « je sais », got.
wait: de skr. pâ,îra, gr. ;:{·1-:s, lit. pml.i (lëm. penkios).
~~ 0 Quelle rp1e soit la quantité de Pélément rncalique, quand
l"élément con:-onantique qui suit celui-ci est un groupe de
consnnnes: ainsi la première S)llabe de ::-h.r. sapt!t, gr. ~ï.-::t.,
lat. septe//l: de skr. pitré cc à nn père >>. hom ... :x-:1:c:,,, cc des
pères n; de skr. 1.·!tste « il se Yèt >l, gr. Ft-;-::x:, lat. ueslis; de,
L'élément consonantique qui précède une :;) llahe ne con-
tribue en rien h en déterminer la quantité : la première
") llabe <le -;-:{~1,,, -:F:'.~1.tJ, ;-:Fi?<•> n·est pa:; moin:- une brèYe que
102 Cil \l'JTHE \Il

celle dr ~i~ on de ·1i~:;; le compte de la quantité parl tou-


jours du commencement de la Yoyelle.
La quantité longue de la première s:~IIabc de groupes
comme cptc, este :-·e:\pliqne aisément : dans este, toute la durée
de la sifllante fait partie de la première s,yllabe cp1i ne :-e ter-
mine qu ·a\"Cc l"explosion du t: dans les groupes de deux
occlu,i,·es, par exemple dans eptc, la première syJlalJe com-
prend, outre la durée de la rnyellc, le temps nécessaire
pour articuler la labiale el sans doute aussi rocclllSion de la
dentale.
Le cas d"un groupe comme cire ou etye est plus embarras-
sant ; la première s: llabe se termine ici aYec l"occlu:-ion du /
comme dans ete. et en cffeL dans les groupes Je cc genre,
la première s_yllabe est brèYc en attique ou en latin ; mais
en prosodie Yédique comme en prosoJic homérique, elle e:-t
longue, et ceci demande une explication que fournil la phoné-
tique du sanskrit : les descriptic,ns des grammairien:- de
l'Inde montrent en effet r1u'un mol p11tra{1 « fils )> se pro-
nonçait en réalité puttrâ(1 , 011 du mc,ins de manière à donner
lïmprc:-sion cl"un t géminé; de là Yient que, en pnihit, oi1
les groupe:- de consonnes sont -.implifiés: le skr. p1itrâ- est
représcnt1~ par putta , et non par puta- : de même, en grec.
le groupe *-h{w-. attesté par :-kr. âr,:ab « cbcYal ». lil. as;'l:ti
<< jument », abo11Lil non pas 11 ;:-. com111e if• *-li"- de ~;::;1.1.~,

mai:- à-;:;:-: :;:;:;;: *-dhy- deYCnu -ûy- aboutit en grec comm11n


à-;;- cl non 11 -;-, cl cc· -;-;- est encor" consené dan:- certains
clialccles cl partiellement chez Ilomère : lwm. ;J.i;;:; de
*;i.~rl;, cf. :-kr. mâdhya{1 <c q11i e~t a11 miliru ». ~ile gru11pe
cunsonnc plus :-unante con::;unnc :-uffit ù déterminer la q11.:in-
tilé longue de la :-) llabe q11i la termine en indu-e11r11pécn,
c'est q11e ~on premier élément e:-t plus long qu'une conrnnnc
interYocaliq11c : il ne ::-uit pas <le là que celte consonne
géminée :-oit a11,si longue qu'une c11nsonnc géminc'.·e inter-
PIIO\ÉTIQIT I cl;)

vocalique et doiw arnir le mè111e lrailrment; le de *l'ire esl


traité autrement que le tt de *ettc.
Il résulte de cc fait une conséquence : si une racine se
termine par une consonne et qu'il lui soit ajouté un suffixe
commençant par la mèmc consonne :--uiYie de sunante, tout
se passera comme si le s1111ixe co~nmcrn:ait par la sonante :
a11 point de rnc de la phonétique indo-européenne, *pet-tro-
( avec sufTixc*-tro-) n'est pas distinct de *pct-ro- (avec sullhc
*-ro-) : dans les deux cas la prononciation est *pettro-. Si la
racine est terminée par une sonore et que le suffixe com-
mence par une sourde, la différence apparait : *111eil-ro reste
*,uedro (prononcé *mcddro), mais *111cd-tro deYient *met-tro,
qui se conlt.rnd aYcc *mctro, el c·e~t ainsi que, en regard de
lat. 11w1fos <<mesure» el de got. 111itau, Y. angl. 111etau
« mesurer », le grec a r1,{:p:·1, prononcé :1.f":p:·1, dont la pre-
mière S) lia be est encore longue clans les plus anciens Lex.tes
grecs.
Sur le 3Toupc ,oyellc longue plus consonne plus sonantc
consonne, soit le type etre) la prosodie n'enseigne rien, car
skr. atra· cl dtra) hom. s:ps et ·fi:ps ont mèmc valeur en mé-
trique; mais il est l1 peu près évident a priori que la consonne
). était simple et non pas géminée. Tl semble d'ailleurs q11c
certaines sonanle::; au moins aient en dans cc cas, non la forme
consonantique, mais la forme de sonanle Yoyellc deYanl
'°)-elle; le , édique a d'ordinaire consonne pins y consonne
après n1yellc l>rc'~, e, soit atya; mais consonne plus iy après
YO)·elle longue, dipl1tong-11e ou voyelle plus con'-onnc : 11tiy11)
11rt1)·a) astiya; ainsi, des 120 cas où la désinence s1._r. -bhyaf., de
datif-ablatif plnriel a dans le 8gvcda la prononciation -bhiyaf.,,
dissyllabique, deux seulement ont une simple ,o)-elle brèYc
arnnl le M: tous les autres (v sont après ~yllabe longue, comme
par exemple dan.., tlbh(i)ya(, << i, ceux-ci » ; le y est toujours
con:-onne dans skr. satyâ{1, zd haiOyô « nai ,, , YO}clle dans
Cll .\l'LTRE Ill

,c',11. mârt(i)ya{1. ,. per~e mt1rtiya « hnrnme >> ; tel était sans


don le l'étal imlo-enropéen, ;\ en ,iuger par le contraste de skr.
I/Uldhyaf1 « ()Ili esl au milieu », hom. ;1.s;;:;;, OU Sh.r. padya{J
«pédestre», gr. -::s~:;, aYec *y consonne. el de skr. veç(i)yalll
« maison », gr. (f);:,.~;·1. aYec *t)'. Quant aux :-onantes
autres que y, les faits sont peu clairs.

En dehors de l'emploi dans les groupes d11 type consonne plus


sonante tels que *ty ou *tr, il semble que l'indo-euro-
péen a tendu à éliminer les consonnes géminées. Le groupe
*ss se simplifie là où il était amené par des circonstances mor-
pl10logiques : ainsi la 2 8 pers. prés. sing. de la racine *es- est
*lsi (skr. /2si, zd ahi, gr. êI), et *essi, qu'on lrouYe aussi
(hom. i::t, arm. es, lat. tss dans la prosodie des anciens
auteurs), s'explique, ou du moins peùt s'expliquer, par ana-
logie. Le groupe tt n 'est pas conserYé tel quel entre ,oyelles
à l'état isolé : en iranien, en baltique, en sla,e et en grec, il
donne si; en latin, celtique et germanique, ss; le sanskrit a
Il, mais comme *tst -y aboutit aussi à Il, cette consonne gé-
minée n'y représente pas l'état indo-enropéen, qni, à en
juger par toutes les autres langues , comportait une altération
cle l'occlusi ,e t. Ainsi de la racine *sed- et du suffixe *-to-,
donc de *sella-, on a skr. sntt/2{1 « assis », zd hastâ, lat. ses-
rns; de *wid- et de *-to-, on a zd -1.:istâ- « connu», gr.
-f L:-::;, ,. irl. -Jess, Y. h. a. (gi)wisso; cf. aussi gr. f!~;1.s·1
« nous sa,ons », f[;-:s « ,ous san•z )>, el , . sl. 'l'èsle « Yous
sayez >>. De même pour les sonores, le zd da~di « donne »
repose sur *ded-dhi. et le gr. fl:0: «sache» :-ur *.wid-dhi; le
skr. dehi << donne )> suppose aussi )Fda~dhi, forme attestée
par Je zend daz.di; cette forme montre q11e le san5 kril n'a
n'a pas échappé à l'altération.
L'alté ration des groupes *tt, *ddh est d'antanl pl11s remar-
fprnhle f}u 'elle n'a pas lieu dans les termes propres au langage
enfantin, dans le'- hypororistiq11e:-, et dans les onomatopées,
c'est -à -dire dans les mots qui sont en q11elq11e sorte en dehors
de la langue normale, ainsi gr. i.::~, lat. a/fa (got. alla)
« papa >>, gr. :[:O·r, « nounou », gr. x~z:::w hypocoristique
de );" i;r.::D,si~. Dans les mots de cc genre, les consonnes sont
souYent géminées, ainsi encore dans skr. aX·kâ <c maman »,
gr. ',hzw, lat. Âffa (Lârentia); gr. 7.7:7:~ (( papa)); Y. h. a.
Siffo hypocoristique de Sigbert; gr. i'.nzi~<i) « je ris aux.
éclats » ; ;;r. ·/J'l'I'.; cc être efiëminé l> ( cf. "/'J'rf.): etc. La
voyelle à qui se rencontre dans beaucoup des no1ns enfan-
tins indique à elle seule quïls ont une place à part; car â
n'est pas fréquent dans les mols indo-européens.
Les groupes de consonnes sont soumis aux règles sui-
vantes:
1° Chaque phonème conserYe le point d'articulation qui lui
est propre, ainsi k reste une gutturale devant /: lat. dictus.
2° l-ne consonnnc proprement dite ( occlusive ou sifllan te)
est sourde ou sonore devant consonne proprement dite, sui-
vant que celle-ci est sourde ou sonore. De la racine *yc11g- de
lat. iu11go, i11g11111, l'adjectif formé avec suffixe *-to- est: skr.
yukta{J ((joint)), zd yuxto, gr. ~~'Ji'.:;;. lat. i1111ct11s, lit. jttllli:-
tas; l'aoriste en *-s- est : skr. âyukfi « j'ai attaché l>, gr.
s~s'J;~, lat. ÏllllX/. L'impératif en *-dhi de *,~s- est zd zdï
« sois », gr. ('-;fh.
3° Dcrnnt les so nantes consonnes, les occlusives sourdes
et *s gardent an con traire leur qualité <le somdes comme
elles le feraient deYant une voyelle. Exemples :
skr. tdsya « de celui-ci », gàtl1. tahyiï, hom. :::·: (de
*::hy:): arm. -oy (de -ohyo).
skr. catvltrab «quatre», lat. q11att11or; lit. lœtvir-tas, Y. ~1.
fe/1.n"t/11 « quatriè1J1e » ;
skr. dçma « pierre », gr. !i."1-:;.<JYJ « enclume » ; cf. lit.
ak11111 « pierre » ;
J06 r11\PITRC Ill

:::-kr. S'i.:tip1ra(1 cc sommeil ». zd x-..:a(nt\ lit. s,i pnas, , . i:::-1.


suc/11, gr. ~-::,1::.;:
:-kr. ç-vaçn,(1 cc mère du mari (aYec s initiale deYenue ç
)>

par assimilation au ç intériem). lat. sooïtS:


:::-h.r. p,îtra111 cc rn-.e », lat. pt-,rn/11111 (de *ptit/o111).
Le groupe com plexe *-ptlll- a cepend:rnt cc abouti n à *-bdm-
dan:- *scbd1110- « septième >> 1 atte:::-té par Y. si. st'dnnï, gr.
~:~:::.;1.::.;, en regard de :-kr. saptlt, gr. ~-::-:i, lat. septem.

'1 Q Les groupes du t.' pe : snnnre aspirée plu:; consonne


sourde ( occh1siYe 011 s) . font une difficulté particulièrP. En
indo-iranien il-. aboutis:,ent. non pas an groupe: "our<le plus
:-ou rde, attend.u cl"nprè, la ri.·gle générale. mais à un L-ro11pe:
,on orc plll:::- ~onore aspirfr: ainsi de *drbh-, aYec s11ffi\e
indo-irani<'n *-ln- (i.-c. * to-). skr. drbdlJ!t(, u attaché )>, zd
d<1r,1ï.u:~1: de *blmdh-, a,e,· le mème :::-ulli\e *-ta, skr. b11ddhlt(1
11 l~,eillé i>: Pte. L"e.xisten ce à date ancienne <l'un groupe ù

, nnrJ re a,pirée est rend ne rntaine par gr. z'ir:r, en regard de


-:kr. ltfiÎ(1 « terre ». local. (râmi (aYec :::-kr. l.·f i:-su de *g~b),
C'O regard dn doublet it *g)J initial zcl :;/i cc terre n (loc. :;,_m1i),

gr. zY..;1.Y.:. lat. lm11111s. ,1 ai s. c1·11ne manière générale. le trai-


te111rnt indo iranien n·e"t pa, repré,enlP dnns le..;; antres dia-
kl'le~: en iranien m,~mr. cl:rn, r he"la récent; ce traitement
e"l ,~Ji miné par des action, analogicp1es; ::iin,i de inclo-iran.
*mrgh- cc dire » la ;)•' per:-,,nne 111n~enne de J"aori~tc e.:t
d,111:-: Jp-. g:itlr.i, nog,1d11 « il a Jit i, (c·,,,t à dire 11ogd11). mais
dan, L\Hsta ré·cPnt aoxt,t, d".rprès to11le:- le, tr,,i,iè111e:- pcr-
:-11nnr:::- :-ccondaire..; 111C1,,Pnn,·s en ta. L<'" a11trrs l:in;..r11es ne
pré:-Pnt<'nl pa:- 11n :-clll e\rrnple :-t'rr d11 trnit ement d11 f!l'011pe
tel ,p1ïl appaniit en incln-irnnicn: le ?re,· p,ir cxcnrple a cun-
"tnmmenl ~~i'.-::;. -::'.~-::; , rk. en reµ,ml dP ~:~z::;J.J:: , 7::.ifJ:;1.Y..:, etc.

Lürsq11e dcu~ sonante~ :-ont en contact, la q11c:-tinn se pusc

'
PHO\{:TIQt·E IOj

de sarnir quelle est la forme employée ponr charune. Il } a


cinq cas à distinguer:
1° Entre denx consonnes après syllabe lm'.·rn ou dans la
s: llabe initiale <lu mol : la première sonante est consonne,
la seconde mye Ile : ainsi s.k.r. srutâb « coulé l>, gr. ~·J'-::; ;
skr. ç·vâbhib « par les chiens )) (lle *l, 1wt1bhis) et nnn *çulllbhi~J;
gr. ~2:d (lle *bhrtw) citez Pindare cl en Yieil attique, etc. ;
lit. kct·virtas «quatrième>,, Y. sl. cet-vri'tlii) gr. :t:2J.::; rcpn'·-
sentanl *l,"'ctwrtos; le traitement phonétique de *-wr- entre
consonnes est d'ailleurs le renversement *-ru-) tel qu'il est
attesté par zd caûrn- (dans fo'Jrn ra/us (( qui a quatre
maîtres >> ), gr. "7?"J- (de*-;::?;-), lat. q1lt1drn (ainsi quadru-pes)
avec 1111 d énigmatique), gmd. pctru- (ain~i Pl'lrn -corii à
cûté de Tri-corii); el c'est pl11tàt *rntruthal 1 que *catvrthab
que remplace la forme analogique skr. calurthttb (c quatrième »
(d'après l'accusatil' (t1/11rab cc quatre »); r.e rcnwr:,;emenl
reste conforllle à la rè.•glc Pn ceci que la sonantc YC1yelle suit
la :-<mante consonne. - Après syllabe longue, il semble
difficile de trouwr des exe111ples clair:-- penncttanl de définir
le traitement.
He la règle générale i I ré:mlte qu'il n'existait pc:b en indo-
européen de diphtongue ronstituée par sonante rnyelle plus
sonanle second élément de diphtongue; quand donc, dan:,;
un mol de date indo-européenne, le lituanien air) ur dernnt
consonne, il ne s'agit jamais d'ancien:,; *i + r, *u + r) mais
toujour:,; d'anciens *r· ·Les seules exceptions à ce principe
prm ienncnl de rirconst:rnces morphologiques: ainsi les ,crbes
ù na~alc inlhée présentent des diphtongues telles r1ue in :
skr. ri-11-dnti « ils laissent)), ;1 cùtt'· de ri~1,1kti (< il laisse))'
lat. li-n-qnt.5) ,-. prnS'-. (po )li 11-l.·a cc il reste >>, uu !-kr. kr-
11-lt1 Il c1 tournant n (participe présent ch• knu711i cc il tourne >l).
2° Entre consonne précédée de S) llabe brèrn et VO) ellq:
la première sonante est ,oyelle, la seconde consonne : skr.
1118 îll.\PITRE III

ç1111a(.1c< du chien »: gr. i'.'J·,:;: ,k r. (accus.) rat 11ra(.1 «quatre>>,


lit. (nomin.) À't'luri (le gr. :t::1.Fs;, :i::,:?1.; est analogiqne;
cf. dor. :i-:=?-=-; et ion. :{:;:;s?s;): skr. dh.'âb « dn ciel », f!r.
~ '. f" :; : zd :;_i111<ï « d0 ll1iYer ». gr. -z'.:1.;;. skr. him!r{1 « hiYcr n.
Donc skr. pitr(m{1 « paternel »: gr. d:F'.:; sont embarras-
~anl:-: on attend i.-e. *pJtryos: on est sans cloute en présence
de quelque altération duc ù l"analngic. D'ailleurs. d'une
manière générale. l"application de la règle est limitée pnr
beaucoup d"actions analogiques, ainsi le sanskrit a çuçru1•c
c< il a été entendu »: et non *çuçr1•e) sous lïnflucnrc de
çuçrâ-va « j'ai entendu », çuçn,yât cc qu'il entende », etc.:
mais le lituanien oppose très bien /1.•irtas cc solide », de
*twttos) à turhi « aYoir » (littéralement« tenir,,). de *turë-;
de mème skr. cakn·â11 « nyant fait » a correctement pour
génitif caÀT11-1a(1.
3° Aprb rn~-elle: deYant con::;nnnc ou à la fin du mot: la
première sonante est consonne, la seconde Yo,yellc; ain,i skr.
11â-va « neuf», lat. 11oue111) gr. i·r1i(Y)1.: de *néw~z) 011 skr.
1w1.·atib « fJO », de *nrï.l'Flis),. prn,,. llt'H ï11ts c< ne11Yième ».
1

got. niu11da (de *11C'Z.L'llllift1-) << ncmième >>.


11° Entre deux Yoyellcs: la première ,onanle c,t scrnnd

élément de dipl1tong11c cl Lrntrc est comonnc: a111'1 Y.


pcr::sc aÏ'l.'l1 « 1rn », c_ypr. :1f":.; « seul » et,. lat. oiuos (d\n'1
1111us) « un », got. aius) Y. prn,-.. aina11 (accus.), gr. :::·rr,
<< un » ; lit. dt'r1.·à (nrc11:-:. deh:~1) « bois de "npin n. Y. :--1.

drt;VO (rnsse d/n·,:o). gall. di:rm·11 « d1ène ». hom. (génit.)


::·J~:; (lire san, doute ::Ff":;). - Le *y a, pour des rai:-on,
physiologiq11f',, une plarc it pnrl. cl certain:- de~ groupe, ui1
il figme ne -.c,nt pas conforme~ ù la rt·glc g1Snéralc: ninsi 1111
~ro11pc tel r1ue C'il~\'C a u second él,~mcnt de diphtongue et y
consonne en iranien, :--law, lituanien, gotique, rnais ·w et y
tnus deux con::;onncs en ~afükrit, grec, itnliquc, celtique;
pnr exemple ~1 lit. 11mijas « no11Ycn11 » (aYcc au nu lieu de
mg
iau par dissimilation), got. 11iujis (<le *,zeuyos), le san:5krit
répond par 11âvyab cc nonwau >> le grec par ·1s!:; ( de *·1sf y:;)~
le gaulois par Novio- (No·vio-d1ï11um « la nouYelle cita-
delle ))), etc.
5° A l'initiale: il n'y a pas de rt·gle générale, Ainsi y n'est
consonne deYant aucune autre sonante, mais w, r, l, m, 11
peuYent être consonnes devant y; w peut être consonne de-
Yant y, r, l, ainsi gr. F p·fi·t,~[J,i, mais est toujours voyelle de-
Yant 1z et w; etc. Les exemples sont d'ailleurs rares et man-
qnent mème entièrement pour la plupart des groupes.

lll. - LE 1IOT ET LA PHRASE.

AccE~TUATIOx.

Le mot n'aLlmet pas, comme la syllabe, une définition


phonL{tiquc précise; en effet l:i. notion de mot n'est pas pro-
prement pltonétiqnr, mais surtout morphologique et syn-
taxique ; et, s'il est possible de déterminer an•c rigueur où
commence et 01'1 finit un mot 111orpltologique indo-européen,
il n'est pas toujours aussi aisé de marquer la limite exacte du
mot phonétique. Soit le vers d'HomtTe:
.\ 8'.l
Tpc.'>c,J'I et -es y sont deux mots indépendants, le premier iléchi,
le second in~'ariable, jouant dans la plirase 1111 rL,le indépen-
dant, et ils ont chacun leur signification propre; mais au
regard de la pl1onétique Tp:,'ic,>·1 :s ne forme qu 'nn mot. D'au-
tre part, mèrne les mots qui ont leur indépendance pl1oné-
tique ne sont pas tous également isolés ; -r7i.x; 'Az.xic0·1 forme
un groupe dont les deux termes sont plus unis que si;:p:cù·1
T,:ww·1 ,S.
I 10 ('. 11.\PITIIE Ill

~éanmoins, gdce à la structure morphologicp1c de l'indo-


curopérn, le nombre des mols de cliaque phrase se laisse
assez bien ÙPlcrminer. En frnnçais il est difficile .de dire
cornhicn il y a de mols dans il est 'l'Cllli à Rome, car il est
'i.'t'llll n'c:-l en un certain srns r1u'nne forme 1111c exprimant
une ccrl[linrîdée, el pourtant on peul dire il ,/es/ pas 'l'l'llll
011 il y est ·z·cnu ou il n'y est pas mrore ·vmu cl les trois élé-

ments dr il est 'Uflllt sont alor:-- sépart'·s dnn:-- ln n;alité rn,\mr


de la phrasé. l'ornme ils le sont par l'écriture: nu contraire,
dnns le latin umit Ronwm, représentant è\acle111c11l ici 1111
typr. indo -européen, ln fl)rme ~Tamrnaticnle ne pcrn1cl aucun
doute sur le nombre des mols.
On ne saurait donc ètre smpris de constater que le mol
indo européen est limité d'une rnanit',rc prc'·cise, mème au
point de YllC pl1011étirl'1e: il est terminé par un phonème
qui a nnr prononciation particnlit'.·rc à celle position, cl , en
second lieu, il comprend nnr sy11abe q11i porte k Ion on cp 1i
c::-l ~nsceptible de le porter.

Le caractère parlicnlicr de la fin de mot est attesté tlès


l'abord par la métrique: dans tous les Yers dC' pins de llllil
:--~ llabes, le Yédiqne~ l'aYestique cl le g-rec ancien ont nnr
,·oupe, qui con:-isle simple111cnl en une fin <le mol obligée,
:'i une pince définie; d0 mème a11ssi le sat11rnicn latin; la
cn11pe des Yers antiq11cs diffère essentirllemenl de la césure
de l'alexandrin classique frn1H:ais, laquPllr cnrnpnr!P une cer-
tairw suspension de sen:--.
Les occlusÎYes finales sont traitée:,; a11!rP11wnl q11e lcsocclu-
:--ÏYe~ intériemr:,; ; pom le sanskrit, l0s dt~lînitions des gram-
mniriens montrent qn'elles étaient n~duites lt l'élémrnl im-
plo~ir cl qu'elles paraissnient (( écrasfos » (pï{fila-); elles sont
sonrdes ou sonores sniYanl qu'elles sont s11iYics d'une rnurdc
ou Ll\mc snnon· (co11~onne, so11a11lc ou ,n:, Plie), lamlis
111

que, sauf dernnt occlusive sonore. les occlusin~s de lïnté -


rieur du mot conservent leur qua li té propre : le sanskri l op-
pose donc -at ta-, -ad da-, -ad ra-, -ad a- de la finale it
-atna-, -ata-, etc. qui ~ont licites à lïntéricur du mot: en
grec, en slave, en baltique. en germanique, en celtique: en
arménien, les occlusiws finales ainsi réduites à la simple im-
plosion ne sont plus représentées : ù skr. ltbharat cc il portait»
le grec répond par s 1 ~~~ (et l'arménien par eber), à skr. t,1!
cc ceci» par : ;, cf. v. sl. tv; clans les ca s de ce genre le latin
a toujours -d) ainsi istud) Y. lat.-Jtced; le -t des troisièmes
personnes comme uehit (d"où prit par analogie) prmient de
cc que ce sont cLrnciennes finales en *-eli (cf. skr. 'i.'ithati
<1 il rn en char: », v. russe ,,.e::._etï) dont le *-i final est tombé

en latin.
La sifflante finale est traitée d'une manière parallèle aff\
occlnsiws. En sanskrit. ,\ la fin d'nn mot qui n ·est pas uni
clans la prononciation à un mot suivant 1 il n·~ a pas;_\ prn-
prement parler de -s) mais 1111 simple soulllc qu'on dtisigne
par -[1: et tandis que, il l'intérieur, s reste sourde deYant les
voyelles et les sonantcs (indo-iran. *-asa, *-asya-, *-arna-)
*-asra-, etc.), à la fin -s est sonore en indo-iranîen devant
toute sonore, voyellè, sonante ou consonne, et cc *-z final,
absolumen t différent de *-::._- intérieur, comme *-s finale est
différente de *-s- intérieure: subit diYers changements et pro -
duit clirerses altérations: *-a::._ dernnt consonne donne skr.
-o: ltçvo « chnal » : le pàli a générafüé le -ti correspondant.
et le nominatif ordinaire <ln mèmc type est en -cî: pùli asso:
la chuinUrnte finale qui, après *i et *u, représente i. -e. *-s
est en inJo-i rani en *-z dernnt sonore: ainsi le corrcspornlant
tlc gr. ~-;J- au premier Lenne des composés (aYec traitement
tlc la finale el non de lïntérieur) e:St dernnt toute sonore ztl
duz_-, Sh.r. dur- (avec r repré;;entant ~ final): zd duz-Ï!fl·
« mal )) («où l'on YU mal»), skr. d11r-itâ-: ztl ,foz-,:aèah-
I 12 Cil\ PIT HE JII

« q111 a une rna11Ya1sc parole », :-kr. dur-'i.'tffas-: rtc. En


slaYc. *-s finale disparait en principe: mai~ ~·est cofüervée
api i.•s consonne dans rp1elq11e'- prépositions et pré,erbes mo-
nn~.' llahiq11cs uni" dans la prononciation au mot suÎYant,
cn1111nr 'i.'IÏSJ 'l'ttz- ( <le *11ps, *11/JJ, rt la répartition <le S Cl Z
n~pcm<l C\aclemenl à la répartition in<lo-iranicnnc : -;.•11s-rhoditi
<c monter», mais ·v,,z-iti « montrr ». Le latin a généralisé la

snurùc -s, m:1is aYec une prononciation si nffoihlie que: dafü


le~ plns anciens tr\les. la silllante n 'e:-t pas écrite et que lrs
poètes de l'époque républicaine ont pu n·cn pas tcnircomple
a11 point c.le Yue prosodique: Ennius écriYait couramment
drs Yers comme ceh1i-ci :

postq11c1111 lz1111i11c1 sis om.1is bt)//US A11rn(s) reliquit.

En germanique, la '-Onorc finalr: usuelle <lrvant les sonores.


a été généralisée au moins dialeclalemenl : elle est conservée
r·n islandais sous la forme -r et aussi dans les dialectes occi-
ùcnlaux, dans les monosyllabe~, par exemple Y. 11. a.· !nuer
<< qui >J, cf. skr. ktib, el en gotique de,anl les enclitir1ucs à ini-

lialc sonore : lnuaz-ei. Le lrailcmcnl de -s finale dans tous


les <lialcctès est trop compliqué pour être traité ici avec plus
ùe détails ; on rnit q 11 ïl e:-t lr(\s différent <lu traitement de
*-s- intfricurc.
\ la fin du mot, les na~alcs ont aussi un traitement à part:
lr grec ne connait que -·1, ainsi (';:;::·1 en rcgarù de lat. equo111,
skr. âç-;,u111 « cheval »; le , icux pru~:-ien cl l'irlan<lai:,; ~·ont
a11:-si que -11, et, dans des langues comme l'arménien, le ~laYc,
le grrrna11icp1c, oi'1 la nasale finale est tombée, on trouYc, en
certaines positions particulières, des traces <le -11, cl 110n pas
de -111. Le -111 ùu latin est un ~ignc de na;;alisation plutùt
q11·11ne labiale nasale, car -111 finale n'empècl1e pas l'éfüion:
a11i111 -atluerlcrc <le a11i11111111-aducrlerc; dr mème: eu ::-amkrit
PIIO:'\l~TlQLT I I3

la nasale finale n'est, à l'intérieur de la phrase: qu ' un prolon-


gement nasal de la rnyelle précédente, l'a1111S1.!t1ra-, et non un
phon&me ayant nn point d'articulation propre .
.\près rnye1Ie longue les sonantes finales étaient même
sujettes à disparaitre en indo-européen : le sanslrit a 111ii liî
cc mère », le lituanien 111âl1\ en regard de dor.- :1.:x:·fiF, lat.
miiler; de même skr. âç111ii cc pierre » et lit. ak1111~) mais gr.
i.:t.;1.c,)·1, cf. le type latin ho111J1 ho111Îl1is; en Yédique v/kii-v « les
deux loups » ( aYec -âv de i .-e. *-Jw) alterne aYec i'/Ht (llc
*wl7,,...J1 cf. gr. i,~;,.w, lit. 1.:ilkù de *i·ilkâ) et le *-w final de slr.
d(u)vâ·v « deux » se retrouYc dans Y. irl. dau, en face de
Yéd. d(u)vtÎ 1 hom. 3~w, Y. sl. d11va.
Enfin, la rnyelle de syllabe finale du mot est sujette à cer-
taifü allongements; par exemple le Yédiquc a bata et batâ
«frappez>> ; la préposition ( et pré,erbe) i.-e. *pro a aussi une
forme *pri\ par exemple véd. pra- et prà- 1 sl. pro- et pra 1 lat.
prô- et prô1 gr. -::F: et -::Fe,)- (d?·J-::). Le g!'f'C a en général une
quantité fixe à cette place; mai~ cn n~dique la quantit(· flotte
l1 la finale dans la plupart des formes entre la longue et la
brè,c, et ceci semble indo-européen. Le rncatif lit. ·vill,c « o
loup», dont l'e repose sur Hne ancienne longue, s'oppose ~t
l'e final de skr. 1.•/lw 1 gr. i.~:t.:., lat. l11pe1 Y. sl. i•l1ée.
Tôut concourt donc à établir que la fin de mot était mar-
quée en indo-européen par des particularités caractéristique-.
de la prononciation. Le mot aYait son indiYiclualité phonPti-
quc dans la ph rase.

Dans cc groupe d'articulations, terminé par des phonèmes


prononcés cl"une manière particulière, qu'on appelle un mot
phonétique, l'une des syllabes peut être prononcée plus haute
011 plus intense que les autres. L'acuité particulière d'une
sy1labe sera appelée ici !oil el la syllabe la plus aiguë du mot
la syllabe tv1Zique; le nom d'accent sera résené à lïntcnsité,
_\. \I1:1L1 Er. 8
11'i Cll \PITIIE 111

cl par suite la ssllabc intense ~cra dite affmfuée; le mot atone


désignera l'absence de ton et le mot i11acceutué l'absence d'in-
tensité.
Chaque syllabe <lu mol porte dans les textes véJiqucs un
signe qui, d'après les indications des grammairiens, marque
Ja hauteur i1 laquelle doit se prononcer l'élément vocalique
<le celte s}llabe; sauf un certain nombre de petits mols, par-
ticules ou prnnoms, qui sont tonjours alonrs, tout mol
1 écliqnc porte, on du moins pe11 l rcccYoi r, en certaines con-

ditions, le ton sur l'une de ses SJllabcs qni csl dite rnla11t1-
« {lcYéc >) ; ainsi b/Jarati « il porte n peul suiYanl les cns
ètrc atone ou tonic1uc et, quand il est tonique, a le Ion sm
bha : bhlrrati. De mèmc chaque mol grec ( exception fa ile
d'un petit nombre d'atones) a nnc syllabe oxytonéc, pro-
noncée pins lwnl que les antres, à un inlcrYalle d'une (jlli11tc
<l'après Denys d'Halicarnasse. Or, on obsenc aisément que
la syllabe oxytonéc du grec répond à l'udii!ta- Yédiquc; par
exemple, pour les thèmes neutres en *-es-) la syllabe radicale
a le Ion dans: sl,r. uâbhab « nuage », gr. ·1€9:;; slr. sâdab
« siège ll, gr. I~:;; etc. ; au contrnirr le suflixc a le Lon dans
le ft'\minin sk.r. uf!ïb « aurore n, hom. "'i<:i;; parmi les tl1è111cs
<'Il *-o-, les ahstrnits ont le ton sur la racine, les adjectifs et

noms d'agents s11r *-o-, ainsi gr. -:-::1,:;; « co11p11rc » rt :::1.:;


« coupant », skr. i·ârafJ « choix >> cl 1•arlrf_1 cc prélen<lant >>;
gr ...),~(F):; cc 1iaYiga lion » cl sl r. plai•â{, <c bateau ». Le
ton i ndo-cu ropérn défini par cet te corrc~ponda nec d II n~-
d iq11c et du grec ancien fait pnrlir i11tégranlc d11 mot, et
les dc~saccorcls que présentent à cet égarJ les drux langues
apprllcnl chacun llllC c'\plication comme tonte m1lrr ano-
malie.
Dr mêlllc q~1c l'a,'ccnt d11 grec 1nodC'rnc occnpc rn
principe' la place dn to11 gn·c ancirn. l'accent <lll lilua-
11ien, du mss(', cl11 srrlw. rie. ncc1qw C'nrorc Li pbce du Lon
PTIO\ÉTIQI'E J ),)

que possédaient le baJtique commun et le slaYe commun.


Ainsi russe 11ébo, serbe 11èbo «ciel>> sont accentués à la même
place où gr. ·1[ 1:; et skr. n!tbha(J ont Je ton. )lalgré de très
nombreuses divergences qu'on a d'aillenrs en partie réussi à
expliquer, l'accent de certains dialectes baltiques et slaves re-
présente donc le ton indo-européen. Cet accent coïncide du
reste avec une très notab]e élévation de la rnix.
Enfin si le ton indo-européen ne s'est pas maintenu dans
les dialectes germaniques, du moins sa persistance en germa -
nique commun est attestée par un de ses très rares effets pho-
nétiques : tandis qu'une si filante on spirante sourde y devient
en règle générale sonore entre deux. éléments sonantiques
( rnyelles proprement dites ou sonantes), la sourde est con -
senée après le Lon, au moins après le ton frappant la syllabe
initiale du mot. De là deux traitement~, par exemple pour
1.-e. *k:

Y. li. a. swelmr « bea11 -père ))' en regard de:


skr. Ç'l dç11ra(1, russe s·vfkor :
1

v. h. a. n.uigar « belle-mère n, en regard de:


skr. çz•açnîb, russe svfkrôv' ;

pour/:
v. angl. 7.,:..:eorpe « je deviens », wcarp « je suis <lcwnu »,
mais wurdon « nous sommes dcvem1s >>, iuordm « devenu >>,
en regard de:· skr. -z•ltrtale « il se tourne))' 'Vt1'l !trta « je me
1

suis tourné», mais 'l'(l'i![lmâ « nous nous sommes tournés » ,


vrttâb ((tourné));
pours:

gol. amsa- « épaule », cf. skr. â111sa - .


111i111za- « viande », cf. - 111a111slt-.

De la comparaison du véJiqne, du grec: des d inlecles


JIG Cil \PITRE Ill

slaYcs cl balliqucs. et Ju germanique commun il résulte que


le ton indo-européen a trois caractéristiques essentielles :
1 ° Chagne mot possède nn seul Lon. Si, dans les mots

longs, il a existé un ton secondaire. on n 1 en saurail rien dire:


aucun fait sùr ne le réYèle.
L Le ton peul occuper dans le mot une place quelcon-
0

c1ue : les e-xemplcs cités ci-dessus suffisent à illuslrer ce


principe. La limitalion <lu ton au-x dernières syllabes
du 111ot, telle qu'elle apparait en grec, est une innoYalion
proprement hcllénilJUe; ni le vé<liquc, ni le baltique, 11i le
slaYc, ni le germanique n'ont rien de pareil: Je Yédiquc a le
parlici pe moyen bhâramt11.1ab « portant » en face de gr. 9s~:-
:J.:.·1;; cl. au féminin, bhâramâuâ en face de gr. 9=-~;;J.i·rr,: les
différences d'intonation du type b:.i~.:x: ~,:;~i; (,. p. ,G)
sont rnises en éYidencc par le ton, mais en sont indépendan-
tes; clics existent là même 011 le ton ne les fait pas ressortir.
3 Le ton n'a exercé sur les ,oyellcs de~ anci<'nncs lang 11 es
11

indo-européennes, et en particulier sur celles du ,éJiquc, du


grec ancien, <ln sla,e commun, du baltique commun, du ger-
manique commun, aucune action comparable l1 l'action exer-
cée par l'accent sur les voyelles des dialectes 11én-latins, cel
tiques, germaniques. sla,cs moJernes, grecs modernes, elc.
C'esl que l'ac,·ent de ces dialectes a une furte part d'inlensité,
tandis que le ton indo-européen rnnsislail cssenLiellemenl en
une l'lévation lle la rn1x.

Le ton des mols n ·a aucune in 11uencc sur le r.' tlime de la


pl1ras(' i11Jo européenne ; ni en inù.o-irnnien, 11i en grec com-
111un, ni en slaYc cornmun, ni en baltique commun, ni en
germanique, donc <lans aucune des langue~ où l'on en con-
state la per:-;istancc. il ne proyoqne ces cliangements du tim
bre et de la quanlilé des YO,'elles qui n~:,;ullenl onli1wirement
de la présence Je IÏ11lcnsilé; il n,~ serl ja111ais de temps fort
PIIO"\FTIQl E J] 7
du wrs comme l'accent d11 français, de l'allemand, llu russe,
etc.; il n'en est tenu anrun compte dans la métrique Yédique
ou clans crlle du grec ancien. Quant an.\ multiples actions
du ton sur les yoyelles qu'on suppose ::-ouYent, tant d'abord,
il n'est pas certain que ces actions supposent un élément d'in--
tensité, et en second lieu, rlles font partie de ces phéno-
mènes pré-indo-europécns dont l'examen est exclu du pré-
sent ouuagc par définition.
En reYanchc, toute syllabe de l'indo-européen ayant,
d'après les principc:c; posf's ci-dc::-su::-, une quantité brhe ou
longue rigoureusement fixée (sauf, en une ccrtainr mesure,,\
ln finale), les oppo::-itions qnantitatiYes étaient très sensibles
;\ l'oreille et constantes: c'est donc seulement sur le retour
régulier de syllabes brhes cl de syllabes longues ~1 des pla,,e:--
déterminées, _joint ,1 certaines obsenances relatiYcs à la fin
de mot, que repose la métrique cln Yédique et du grec
ancien : en cl'autres termes, le rythlllc de l'i11do-curopéc11 était
1111 rythlllc qua11titat1f) 11011 1111 1Jlh111e d'i11tmsité.
JI n "y a pas trace que l'intensité ait jom~ dans la pl10né-
tic1ue indo-européenne. telle qu'elle apparait clafü la période
ancienne de tons le:-- dialectes san-. e.\.ception, aucun rc',lc
défini. abstraction faite naturellement des différences de force
déterminées par le désir d'insister sur tel 011 tel 1110!, diffé-
rences accidentelles, propres ù une phra:-e donnée émisr
;\ 11 n moment donné, et qni n'ont rien ;\ faire aYec le système

de la langue, seul en que:-tion ici. L'intensité initiale q111'


l'on obsene en germanique, en irlandais (mais non en brit-
tonique), en latin prt'.·historique proYient dïnnoYations de
ces langues 011 elle a prornqué une multitude d'altérations
de tontes sortes.
Les syllabes du mot indo-européen ne se groupaient donc
pas autour cl'11n sommet d'intensité comme en allemand, en
anglai::-: cll ru~sc moderne, ou comme les notes d'un motif
1I ,q ( li \l'J rHF. Ill

m11sical e\éc11té ~m 1111 piano; elles ,ariaient -.e11lement de


hauteur et de durée, comme les notes d'un motif exécuté sur
l"harmonium ou l"orgue.

Le !'-y:::-tèrne phonétique q11i ,ient cl'ètre décrit a drs traits


originaux : la richesse de son système d'occlusi,es, le man-
que de spirantes: la monotonie de son rncalisme borné en
principe aux timbres e et o et parfois a) le jeu comple\e de
ses :-onantes et du J, la ,ariété des formes de ses syllabes à
quantité toujours déterminée, la limitation précise des mots
les lins p,ll' rapport a11x autres. la grande place faite au'<
différences de hauteur, le caractère quantitatif du r)·thme.
L'aspect phonétique de l'indo-européen était to11 l autre que
celui de l'un quelconque des représentants actuels de la fa-
mille.
ClL\PlTH.E lY

PHI\CIPES DE LA )I0RPHOLOGIE

I. - GfaÉR.-\.LITÉS.

Pour exprimer ce qu 'ex prime le français par« le donateur


est yenu », le grec a ; :c~:wp ·l.),Os; pour « les donateurs sont
, enus », il a :;[ ;(:r::;p=.; ·l.iJ):;·1 ; pour « la maison Ju dona-
teur J>, ; :;~ :c~::p:.; ;{,.:;;, el pour << la maison des dona-
teurs )>, ; :c~r, ~uJ::;Fur1 :h;;; pour « j'ai Yu le donateur >>,
::·1 ~,0:;px s::;·1, el pour (< j'ai YU les donateurs >>, -:;~; 3C:>-
-::px:; s:~:·1; pom « je donne au donateur » -:(:J 3uS::t 3{:uJ;1.i,
et pour « je donne aux donateurs », -::-r; :w-::p-;: :{3c0;1.:;
dans tous ces cas, le nombre singulier ou pluriel et le rôle
dans la phrase du mol « donateur >> qui sont exprimés en
françai:, (l'orthographe mise à part) par l'article, par la pré-
po~ition et par la place respectiYe des mots sont indiqués en
grec par la fur111e même du nom 3w:cl)p : le grec représente
à cet égard, avec fiJélité, l'état indo-européen c1ue le latin
représenterait également bien.
Quand 011 exaiuine ces formes de 3w-:w,:, on y reconnait
imméJiatement un élément commun ~uJ-:;p- ou ~<,J:wp- et un
élément variable : zéro, -x, :;, -: ; -s;, -x; , -w·,, - j'i. Cet
élément v~riable , qui sert ~l marquer le nombre , le rôle dans
la phrase ( et aussi, pom les noms , le genre masc ulin-férni -
120 CIL\PlTRE lY

nm 011 neutre; pour les Yerbrs, la YOi\, etc.) se relrouYc


dans un nombre indéfini d'autres noms~ ainsi <lans O·f,p
c< animal », (J·7ip-:x. O·r,p-:;, O·r,p-~; Û'l;p-s;, O·rip-x;, fJ-r,p-w,,, O·r,p-
~l; on I"appelle la dési11f11re : la partie du mot qui précède
la désinence cl à laquelle est attaché le sens se nomme le
thh11f. Le thème peut ètrc irréductible, comme <lans O·f,p;
ailleurs, il est. analysable, ce qui est le cas de 2C.:):(,)p : rn effet
l'élément 2w- se rctrouw, joint à l'idée de « donner )) , dans
2C:(,>:J.:, 2,;>;(J), s:(,)i'.:x et dan:-- 2i:')p:·,, 2,:>;, :t,d·rr,, et rélémcnt
--:;?- (--:i,):;-) clans toute une série de noms d'ag<'nts, comme
h:l,)p cc conducteur » en regar<l de i·,·(t) c< je conduis >>, û·r,pz-
":(•>F cc chasseur » en rcgar<l de (J-r,p::xü) c< je chasse », etc. Le
thème :(ü::F- se compose donc de drux éléments, l'un :1,>-
q11i indiq11e l'idée générale de « donner », I'a11trc --::;p- au-
quel est due la Yale11r précise du mot comme nom d'agent :
le premier est la racine) l'autre le rnffixe.
Le mol imlo-curopérn comprend ainsi troi:-; parties : la
racine) le snffi.w et la d/si11c11[{') dont chacune a un rùlc dis-
tinct : la racine incliq11c le sefü g-énéral tlu mot, le suflixc en
précise la Yaleur, et la désinence en marque ( concurremment
aYcc les alternances rncaliq11es cl la place du ton) le rùlc
clans la ph ra:::-c.
De ces trois partie~ aucune n'existe à l'étal isolé, en dehors
de l'unité du mol : la désinence -:; de :(:>::;F:;.; n'est pas 11n
petit mol c1ui s'ajo11le an thème :i:r;:p- cl qui en p11i:::-sc jn-
mais ètrc sfparé comme la préposition de rn frarn:ais <lan:::- :
la nwisou dt' ce riche et gént!rmx donatmr; le thème :(,'1-::p-
n'e\i:-tc pas da,antagc isolément : au :::-ingulicr, le nominatif
:(~:,,>,: cl le rncatif 2,7i::p n'ont pa:::- de dé:iincncc~ il est ,rai,
mais, C<' q11i caractérise ces dc11\ cas. c'c~t précisément
l'absence de désinence, par contraste aYcc les autres cas qui
on l telle 011 telle désinence ; la désinence est zéro ; considé-
n~~ dan:-. l'ensemble de la firxion, 2,:>:t,> cl :0>::,: ne sont pas
:
1
PRl:\CI PES DE L.\ '10RPIIOLOGIE I 21

des thi.·mes nus, cc sont des formes à désinence zéro. Enfin


il n'y a pas de racine nue: il y a seulement des thèmes qui
sont caractérisés par l'absence tlc sutlix.e, ou autrement dit
par le suffixe zéro: tel est le cas de O·f,p-. Le nominatif O·f,p
est une forme à sutlixe et à désinence zéro. - La racine, le
suffixe el la Llésincnce ne penYent clone ètre isolés par le
linguiste que comme les organes d'un animal le sont par
1
l'anatomiste: par le fait mème qu on les isole pour les ana-
lyser, on leur enlève la vie.
De ce que les trois parties du 111ot indo-européen forment
nnc unité cl ne sont pas séparables autrement que par Dna-
lysc scientifique , il ne résulte pas qu'elles n'aient pas été,
dans nn passé plus ou moin~ lointain, trois mols imlépcn-
danls les uns des autres. La ressemblance tlc la désinence
*-111i des premières personnes d11 singulier, gr. s:.;J.'., skr. as111i}
Y. sl. jcs1111 « je sui~ », cl du pronom personnel de première
personne Llu sing11lier gr. [J,s, sl\.r. 111it111} v. sl. "'f« moi >>
(à l'accusatif) a naturellement suggéré ridée que la tlt~si-
nencc *-111i serait un ancien pronom. )lais comme celle dési-
nence est à pen près la seule dont la ressemblance aYec 11n
pronom soit frappante, la coïncidence pent rtrc fortuite ; el
puisque, en tout cas, l'h~ potlièse écliappe à la vérification,
1 1
on s accorde en général à la négliger entièrement aujourd ltui.
- On peut imaginer aussi que tel élément morphologiq11e
a été détaché d'un type de radicaux dont il faisait originaire-
ment partie intégrante, par exemple que le *-ë- de thèmes
d'aoristes passifs grecs comme ~-=?7.t'f,'JY.'. en regard de 'j:pstt•>
on dïnfinitifa latins comme 11ll/11l're en regêlnl de gT. (J.i-11,i
(:J.s:èrr,z.7.) aurait été emprunté à une ~éric de mols où il ..111-
rait appartenu à la racine; mais ccllr hypotltèsc, plausible
1
en clle-mème, n e~t pas davantage susceptible de vérification
cl sera par suite également négligée ici, malgré l'importance
c1uc certains linguistes y allacl1cnl depuis quelques années.
122 ïll \PlTllE l\

Toutefni~, si l'on ignore la façon dont s'rst cofütituée


J"11nité <lu mot indo-européen, l"analyse en racine, suffixe et
désinence n'est pas pour cela un procédé arbitraire dont on se
serYirait afin d'éclaircir el de faciliter l'étude. Elle n'enseigne
rien sur les origines cl sur le développement de la flexion
indo-européenne, mai:-; rlle est le seul mo}Cn correct cl con-
forme à la ré·alité à l'aide duquel on puisse exposer cette
flc\ion telle que la comparaison la révèle. Qu'on e\amine fr.
ai111cr, j'aime, nous ai111ons, vous ai111ez., j'aimais, etc., cl rou-
ler, je roule, nous roulo11s, vo11s ro,tlc::._, je roulais, etc.: il n'y
a pas en français de rndical irnlé aim- ou roui-, ni de
désinence i:-olée -cr, -e, -ans, -l'z, -ais, rtc. ; mais l<'s élé-
ments aim-, roui- d'une p.:irt, -er. -c. etc.: <le l'nutre, sont
ceux qui sont substitués le-. uns aux autres -.ui,anl le
sP11::i à exprimcr 1 ai111- c'·tant associé à lïclée c1· cc nirner », -ans
Z1 l'idée de cc moi cl d'autre:-: », etc., aimi aill{-, ro11!-, etc.

c1·11nc parL ·OIIS, -ez, etc. de l'autre <:-ont réels en tant qu'élé-
ments de s11bstitution. De même: la racine, le ~11ffixc cl la
dé-:-inence <le l'in<lo-curnpécn, dont le rôle est <l'ailleurs dif-
fc'.·rrnl (le celui des radic.111:x. et <les tf'r111i11ai:-ons du français,
n·1rnl pa-. à rire enrisa~<'·-. autrement que comme dr~ Mérncnt:-:
clc rnbstit11tio11: par exernplc -; et :~ ~e s11bstit11cnl r1111 à
l'autre dan:-. gr. r~~:~-; f'l it:::'~·:: s11irnnt qu'on \"C11l dire
c< l11 portai~ » ou cc ,nus pnrtiez » ; mais, :1insi ronç11s, il:-.

:-ont des rblités. II appart if'nt aux 11": chnlngues de détermi-


ner co111mrnt :,;'opèrent le-s s11bstit11tinns dnns le ccnea11 des
:,;11jeh parlants; le grammairiC'n a p(lm t.iclie propre de re-
connaitre ces éléments, de les clns-.er et <l'e11 sui, re les tran:,-
li1r111atinns; il a affaire il la langue d"11nr manière ohjccliYc,
,ans d'nillenrs arnir le droit cfu11blicr jamai::- q11e les élé-
ment:- c.lc ~nh::-titution q11ïl isole rcpn~~rntent des procès psy-
chiques complexes .
. \in::-i les élé111cnl:, rnurpl10lugicp1c:-- c11 lcs(p1cl, un analyse
PRL\CIPES J)J: L \ ,rnnl'IIOLOGIE 123

le mut irnlu emopéen ne sont pas lie simples abstraction-. des


·grammairiens : ce sont les s~-mboles an moyen desquels le
linguiste exprime les S) stèmes d'associations communs au\:
divers membres d'une mème communauté linguistique. ln
paradigme n'est que la traduction grammaticale d'un ensem-
ble de faits psychiques qui se rrlrouYent sensiblement iden -
tiques dans nn groupe d'l1ommes.
La raci11c sera Luujours entendue ici comme un élément
corrélatif du suffixe et de la désinence, et jamais comme un
élément (( primitif JJ dont les mots seraient dériYés par ,oie
de composition et de clérÏYation : une manière historique
d'enYisager la racine n'aurait aucun se11S ici, puisque lle la
prél1istoire de l'indo-e uropéen on ignore tout. .\insi 1m mot
appartie11t à une racine, c'est à-dire qu ïl fait partie d'un en-
semble de mols ayant en commun un groupe <le phonèmes
auquel est associé un certain sens général, mais il n'est pas
tiré, il ne sort pas d'une racine.
La racine, le suffixe et la désinence sont les éléments essen-
tiels de la morphologie indo-européenne. La comparaison Lles
formes françaises ai11wns, rou lù11s, etc., indiquées ci-dessus,
donne une première idée générale de leur nature , mais n'en
fait pas même soupçonner l'importance non pl11~ qu'elle n'in-
dique à aucun degré le caractère propre de leur emploi. En
français, en effet, ce sont des pronoms non autonomes, mais
encore séparables qui indiquent les personnes et Je._ nombres;
d'une manière générale, chaque mot français est entouré de
petits mots, plus ou moins indépendants et toujours sépara-
bles, qui expriment ce qne l'indo-européen marqne dans le
mot lui-même à l'aide de ces trois éléments et de certains
autres procédés: la Yaleur du mot indo-européen est donc
extrèrnement complexe. Soit par exemple liorn. ~{;x:; « il a
reçu)}' la racine ~~z- y exprime l'idée de t< recernir », - le
suffixe -·n-, la notion de l'aoriste, - la désinence -:;, q11ïl
CII.\PITfl[ T\

:-'agit d'une trui~i,~me per~onne, d'un singulier, d\111 rnnyen,


d'un passé, etc. ; rahsence d<' sullhe aprè:-- -~x- montre qn 'on
n'rsl pas <'n prés<'HC<' d'un suhjonctif 011 d'11n nptatif, mais
d'un indicatif: mil.'! tout cc quïndicp1c n l11i se11l le mot
3i;;c;:: et le grec repré:--ente exactement ici l'état indo-européen.
L'ordre des trois éléments : racine, suffixe, désinence, est
fixe : la racine est an commencement du mol, la désinence à
la lîn, et le ou les sulli:xes dan::; la partie médiane.
L'indo-européen ignore la préfixation : le seul préfi:xe q11 'on
pourrait alléguer est l'nugrnenl: ~kr. â-hbarat << il portail»,
gr. r- ?~F~, arn1. c-btr << il a port,~ " : mais l'augment ne foi-
sait p,,s partie intégrante de la forme Yerbnle. A cet égard,
lïnclo-europécn se distingue profondément cL111lres langues
ù flexion riche, comnw le sé111itig11e cl le géorgien, qni font
granLl usage de la préfixation.
Quant 11 lïnfi:xation, un 1a renconlr<' dan:-: 1111 seul type, ce-
l11i des Yerbes .'i nasale: la racine *frik"'-,*lik"'- « bisser, ètrc
laissé », pnr exernpl<', a un thème de présent *li-11e-k"'-, *fi-
n-/,"'-. attesté par skr. riuâl.·ti << il laisse », ri1ïra11ti « ils lais-
~rnl », lat. li11qut\ Y. prn~s. (po-)lïulm « il reste».
Le 111ol indo-européen est donc IJi en clrlimité an point de
, 11e morphologig11e par sa racine d'une pari. par sa dt·si-
ncncc de l"aulre .
.\bstrn cli on foil<' des rompos<~S'. un mol ne comprend qu'nne
rarinc cl q11'11nc d{·sin rncc; :-i rnin forme russe telle (Jll<' poi-
dë111tc :< allons tni d mni », d'aillem:-- e\ccplionnclle en ru::-se
rnème, 1·0111prend 11u ~cmhle comprendre del!'\ dé~inenccs :
-111 - de première per:-onne cl -le de sernn<k, c'est nnc innn-

Yation d'm1 caraclt•rc <'.• lran gc cl imprt·rn.


\l ai::; 1111 même m11l peul nn,ir 1111 nfl111hrc ind(•fini cle ~11f-
fÎ\cs. Des ll1èmcs *s,wep-w-, *szuop-110-, *sup 110-, allcslrs par
:-kr. Sï. âp11a(.1 « so111111cil », !al. SOll/111/S) gr. -~-;:·,:;. \', si. SIIJ/11)
1

sont tir,~s, a,·cc 1111 s111Ti \C secondaire *-iyo-) cl'autn_ ' s tl1èmcs
PlllXCIPES DE L\ \IOIIPIIOLOGIE 12j

attestés par skr. svdp11(i)ya11t « rèYe », lat. so11111iu111, gr. 0·1-)


0;:,1::'1, v. sl. s1111zje. r\ la racine i.-c. *tcwJ- « être fort >> .1p -
partie11t skr. tâvi -.y- ï « force», aYec deux suffixes, d'où, aYec
nn troisième, tkz. i -.y- l-vft11 « pourn1 de force », et, aYec un
1

quatrième, ftzvi-.y-l-vat-tara - b « plus pounu de force >>; dr


même en grec zip-~-; « grùce », zy.p~-f' :.r:- « pourvu de
grùce n, avec deux suffr..:es, d'où, aYec un troisième, zy_pi-
f'b--::.r>; « plus poun u de grùce >>. Chaque sullixe s'ajoute
au thème, comme nn premier sufl1xe it la racrne ou comme
une désinence au thème. ·

Outre l'addition drs éléments morphologiques, l'indo-eu-


ropéen disposait de deu '\ caractéristiques grammaticales : la
place du ton et les alternances rncaliques .
Cliaq11e mot pournit avoir nne S.' llabe tonique; el comme
la place du ton n'était limitée pnr aucune règlr phonétiqne,
elle rnriail suivant les mots et lrs formes grammaticales et par
suite constitunit 1m mo., en Ùt' caractériser chaque mot et
chaque forme. Tuut d'abord le ton peut manquer : beaucoup
de mots sont caractérisés par le ton zéro, par l'atouie : ainsi
des particules comme sl""r. ra u et», gr. -::., lat. q,œ, ou, dans
certain cas, des verbes, comme skr. asti., gr. b--::, etc. Le
vers suivant du .{?gveda (\, Gï, ï ), qui comprend onze syl-
labes réparties entre quatre mots, n'a qu'nn seul ton

prâçasfÙfl 1w(.1 lq1,1uta rudriyasaf1

« faites pour nous célébrité, ù Iludriyas >>. Ailleurs , la place


<ln ton varie suirnnt le sens, ainsi dans gr. -:6;1.:; « la coupe »
opposé à -:::1.:; « coupant >> ( cf. p. 1 1 -'i), ou sninrnt la forme
grammaticale, ainsi dans le nominatif pluriel gr ... :a:.; « les
pieds )>, skr . .pâdafJ, opposé an génitif singulier gr. -:::a:;,
skr. pad!,(> << du pirtl n, dam russe lj11di « les gens >> (nomi-
na Li!), opposé au g(~nitif liudij << des gens ». ln mot imlo-
! '. Jl.\l'lTI\E IY

européen n·e:-t donc d,~fini q11e lor:-q11"on connait la pfoce nc-


cupée par le ton dans chacune des formes de sa ilcxion.
Les alternances appellent une discussion spéciale.

II. - .\ LTER:X..\:XCES .

. \ . . hTER:X .\:XCEs , OC.\LIQL"ES. - Les alternances Yocaliq11cs


snnl ks seules ernploy/·e-- dan::i la morphologie indo-euro-
péf'nne.
C'est cla11s les langues sémitiques qu"on mit Je mienx qnel
n\le peuYent jouer dan:-: 1111c grammaire ces sortes d'altf'r
r
nnnces. ne racine arabe n ·e:--t caractérisée que par ]c!' con-
::iOnne ~ : quant mn w,yellcs, chaque cnmonne de cliaqne
racine pe11t être sui,ie de t\ rï, 'i, ï, 11, 1ï ou zéro, soit en tout
~rpt forme:-, et chacune de ces sept formes sert à caractériser
la fonction grammaticale. ~"il la racinr arabe q t 1 cc tuer Jl,
:-1J11 parfait actif est qatala, :-:nn imparfait actif ya-qtulu, son

parfait p,1~:-if qutila, son imparfait pa:-sif y11 -tjlal11, son par-
fait actif de troisième espèce qatala, l'imparfait correspon-
dant y11-qatil11, le parfait pa:-sif q1ïtil,1, l'imparfait y11 q1ïlal11,
lïnfinitif du premier type qatl,,11, le particip<· qiitilu11, etc.
Dans les nom::-, au singulier, le nominatif e:-t caractérist'.· par
1111, raccu:-atif par -a11, le /.!l'nitif par -i11 et. ::in plllriel. le
11n111inalif par -1ï1za, J"accll~ntif-/!t'·nitif par ï11a. Le:- rn~ell1·s
ne :-erYent fju'i1 la formation de~ mol:- cl ù la llr.\Ïon, C'l la
:-.ignification de la racine est ntlaclu'·e seulement mn con-
:-nnnes.
L ïnùo-européen emploie ~es , oyelles c>,artcment de la
mème manièrC'. t nr racine 011 1111 ~11lli\e n'est jamais carnc-
téri~<'· par les rnyellcs, mais seulelllenl par les con~onnes et
les somrntes; et c'est uniquement le type de formation qui
e:-t i11diq11é par le ,ocali,me. J>ar C'.\ernple: le Yocali::-me c Je
PIH~C.lPES DE I. \ :\IORPIIOLOGTE 127

la racine indique le présent dans gr. -::{:::1,;ci <( je vole )>, le


rncalisnie zéro l'aoriste dans s-..
-:::1:r,·1, et le vocalisme o l'ité-
ratif dans .. ;:.x::1.;ci; le rncalisme è de l'élément prédésinen-
tiel sert à caractériser le nominatif singulier dans -;:;c:·~F, le
rncalisme c le nominatif pluriel dans -;:;c:iF2.;, le rncalismP
zrrn le gl~nitif pluriel dans .. ;c:F0)·1 : etc. -
Les phonèmes qui forment la partie fixe et significative des
t'·léments morphologiques sont les consonnes, les sonantes
(el, en un certain sens, *,1) ; les phonèmes vocaliques em-
ployée dans les alternances ( avec rnlenr purement gramma-
ticale) sont *e et *o et les voy0lles longues *a, *l~ *cJ ( avec *J).
La voyelle *tt ne figure p~b dans Jt.s alternances régnlirres 1·t
doit c.\tre négligée ici.

Le type normal des alternances peul t'·tre résumé en une


formule simple:

Tout élément morphologique comprend une vowlle qm


apparait sous l'une dPs formes suivantes :
e ( Oll ë) () (011 ô) zéro.
Les degrés ë et (Ï sont bornés à quelques cas clt'·terminés
(presque tons dans la fin du mol), et la formule essentielle
est :
e 0 zt'·ro
pnr exemple en grec :
-;:;:-:x;:1,Y.t
sz-û) (de *sz-(,) :z-;; « celui qui tient )>

i .-e. *seg 1h-)


La rnyelle réduite *0 ( délînie ci-dessus, p. 73), n 'esl
qu'un des aspects du degré zéro, ainsi dans lat. pt1tërc, en
face de gr. r-::-d·r6:1.i «j'étends,>.
Les sonantes compliquent l'aspecl du vocalisme, sans rien
ï.11 \PITIIE J\

cliangcr n11 fond. Dan:-- le c::-1s c.Ïes <li ph longues: Ir:-. nlternances
ont l'asprct sui,anl (en rcprésenl::-1nl la son::-1nle du degré
zéro pnr s::-1 forme Yocalique):

Cl 01 l
CIi OIi 11
cr or r
cl ol
Cil ()// y
Clll ()//1 111

Exemples:
~ gl'. ;.~~o <,> « je persna<lc >> -::i--:::tO-Y. i;:{- ;: ~0-:1.~·1
/ lnl. fïd t'ï cc j'ni confinn1~c » foed-11s fid-i's
g11t. J.,i11s-a11 « éprom er n kt111S kus-11111

f!r. ~iFi'-- ::1..1.i « je ,oi:-- » 2i-2:p.-.1. r-~F:li'.-:·1


lit. tclp-,i cc j'ai cle la pl:-ice pour» /11/p-à tiÏp-ti
gr. -::i·,0-:; cc clo11lc11r » -::i--;::·1fJ-.1. f--;:.1.0-:·1
lil. l.·c111sz-11 (( .Ï nppnir )) ka111sz-aù l.·i111s;_-ti
un, <'Il utilisn11I des rnpprocl1r111rnls entre plnsicurs bng11es:

lit. ci't-ilas cc <'·- gr. ;Fz-i; n lesliculr » zd .1r.1:::._-i- <l trs-


Lalon » nnn. (1111)orj-i « (:1.:·1):Fzi; » lic11le n
Dans 1<' cas de sonnn le cnn:-.011 ne plus YO.' <·llr , nn n:
Zl't' 'Zl'O 11

J"t' f() r

etc., pnr rxcmplr :


, . i:-1. smf11 « ~oinmeil :-irm. J.,Jm11 (,k -tS'i.l'op11os) gr. 0-::-·1:;
•>

la l. prcrës proms pc>.ffci


\ <« prièr<' n cc prélc11da11l (d<' *torrS((ï)
>)

/ , . isl. fr1'g1 1tt , . si. prositi ~k r. P[rrhâti


~ cc de111nmler » « clc111a11der » « il tlcmnndc »
PRl~CIPES nE L.-\ \101\l'llOLOGIE I 2 !)

Quand l'ék~mcnt morpliolog·iq11c se termine par la sonante,


celle-ci est snjette à apparaître sous ses di,·erses formes:

gr. zi.(F)-(t) « je Yerse n z:(F)-1 z€--z'J-:Y.~


~-z;(F)-1 « j'ai Yersé » skr. j11-hv-c « il a été sacrifié n
011 :
gr. ,i.-1-w·1 « tendon n -:::·1-::
skr. tân-fm111 cc fil » ta-tâ11-tha ta-! 11-t' cc il a été
cc I u as tendu ,> tend11 >>

gr. -:::x·1-1:;
c< mince ».

Un 111/n,c /lé111cnf /llorphohigiq11c ne pmt pas rcnfer/1/er aprils


/'0 dl'llx so11a11tes co11s/cntÎH'S: il n'y a dnnc pas de racine
indn-européennc de la fnrnw *tt'll!- n11 *tcirp-) etc., mais
*t lm- *t lo11- f l 11-

est possible. Dans *tfo- , les deux sonantes sont en contact,


acriden tellement, parce qu0 le rncalisrne 0sl an <le gré zi'·rn.
Il n'existe pas de racine *dhfllrgh-J mais il ~ a 11ne racine
*dhrmgh-:
v. sax: . drioga11 « tromper >> isl. dra11gr cc fantùme ))
'" ·

skr. dr6gh11l1 cc offense J>


Y. sax. dmg,111 cc ils ont trompé »

skr. dn,hyati cc il n11i J>.


Si donc on rencontre Y. lat. (rolll-)llloi11is (lat. co11111ui11is),
µ-ot. (ga-)11,ains cc commun n, lit. lllt1iuas cc échang·e n, Y.
sl. 111ë11a c< changement, cnntrat n, 011 peut affirmer a priori
que la racine est *111oi-) non *,noill-) et cp1'il y a 1111 suffixe
co mmençant par 11 : et en effet skr. lllt1)'C cc j'échange »:
lette lllîj11 ne laissent pas de dontc sur la forme de la racine.
Les deg-rés longs t'- cl 6) sans être fréq11cn ts (sauf à la
fin de mot) dans les racines où ib alternent aYcc ë et o) se
rencontrent ; ainsi :
. \. ~fEJLLET.
130 CII.\PlTl\r. I\"

*scd *sëd
gr. i:-:; cr siège 1) lit. Stttf-,ui << je suis assis »
got. sita « je mi..: assis » p-ot. st'f-1111 « il .. ..:e ,ont assis »
*sod- *sôd-
got. sat << il s·est a:,sis » v. :-l. saditi « planter »

En tenant compte de tous les degrés et des diYerses for-


mes des sonantes. on peut donc trouYer pour un mème élé-
ment morphologique les aspects suiYanls :

De la racin<' *kJeu- « entendre » :

*"/.;/ 1e11-: got. hli11111a << ouïe », zd srav111a1z- " nuïe ».


*/, 1leëu-: gr. zii(f):;~ skr. çrâë.·a(.1 «gloire».
*k 1lë11-: skr. (â)i;ra11Jif « il a entendu».
*"kJëw-: sans exemple sùr dans cette racine.
*kJ011-: skr. ç11çrotha << tu as entendu ».
*kJozu-: skr. çrâï:a(.1 « résonnant, ouïe».
*/.;JJ11- : sans e:xPmple sûr dans celte racine.
*kJM.u-: Y. si. slm.'tl (<gloire», lit. szlo·1.·c (rnèrne sens).
;,.kJ11-: :-kr. çrntâ(.1 « entendu i>~ gr. zi:J-::;, lat. -cl11t11s.
*kJwzu-: :-kr. ÇIIÇlïlI't.? « f ai été enlend11 ».
De *sem- « un, nH'>me » :
*se111- (*c111 cliphtongm·) : gr. I·,;( ~'.;), I·,, got. simle « r111-
trefoi~ ».
;,.se111 : lat. smrrl C:,).
;,.so111-: gr. ::J.:.;: got. sa111a « mème irl. som <1 lui-
1).

mème ». ar111. 011111 « quelq11·un n, c.kr. sa111â(1 <c mème n.


*so111- (*0111 diphtongue):,. si. s,J (sM,ï) « H1i~in », :-kr.
sa111-(sâd-) « assemblée».
*sô111-: Y. :-1. sa11111 « mème n, zd ht1111t1- << Iltl\me ,>.
*s111- : gr. :1h. an 11. mi « 1111 •>.
*s111- : gr. i-(::.1'.;). sl-. r. sa-(1,it) " une foi., ».
"'s 111-: gr. i;1.:.c et -:.c:1.:- (:~: -::1.·1.:- << pas 1111 >>), gül. s11111 s
0
')
PHI~r.IPES nE L.\ \101\PIIOLOGIE l.>I

« un (incll·fini), quelqu'un>>;,. ir1. samllil '< ressen1bl :111ce »


(Plsans doute lat. similis), arm. ha111-.

. Du sutlhe *-ter- des noms de parenté :


*-ter-: gr. ;::x:ips;, skr. pit!tmZ, «pères>> (nominatif plur.) .
*-ter- (cr diphtongu e): gr. d:sp. skr. pltar (,"ocatil).
*-tër- (lr diphtongu e) : gr. ,.7.:·fip.
*-tor-: gr . .:b:i:;ps; , skr. (tüzt-)pitâra{, (( qui t'ont pour
pt.·rc » (l'â sanskrit atlrste indireclemenl 1111 ancien tirnhre o).
*-tor- (or diphtongue) : gr. i;::x:;p.
*-t(ïr- (iir diphtongue): /!r. 3:,.i:Cr)p.
*-tr-: gr. ;::x:piJ:, skr. pit/$11 (loca tif plnrirl).
*-tr-: gr. T.J.:?<~l'I (gc'·n. plur.), ~kr. pitrt!(dat. sing.).

La formule génrralc :
o(ô) zéro
ne suffit pas :1 rendre compte <le tous les types cl'alternances
indo curopérns. Soit en effet l'opposition <le skr. :

bf-bhar-mi << je porte » bhr-tâb (( porté )) .


on n'en saurai! séparer les oppositions parallèles de :,;kr. :
dâ-dhâ-mi (cf. gr. :[-O·r, -:1.i) « je pose >i, (d)hi-tâ Z, (cf. gr.
~::-::;) « posé >> ;
ti-f{hâ-mi ( cf. dor. ~·-J:Y. -:1.i) « c mr tiens », sthi-tâZ, << se
tenant >l ( cf.. gr. c::x-·d;) :
dâ-dâ-mi (cf. gr. ~Hûl-:1.i) << je donne n, df-tib (cf. gr. ~=-
;i;) « action de donner >> .
A Iï du sanskrit le lalin répond par â dans ft1c-t-11s) stàtiô,
da-tus. Soit encore l'opposition de gr. :

on n'en sa urait séparrr gr.:


( ;,,i)f}r,-:1.J.
Cll\l'TTHE n-
Donc ,\ ct',té dn type général d"allernances rnca]iques:

I. e (ë) o (o) zéro

i] y a trois autres types :

II. ë ô
III. â ))

IY. ô ))

qu'on peut illustrer par des exemples tels que les suiY::mts:
1
gr. ~urz:1.~;
II. U?-)t-un.'.;(
1 lat. së-111e11 got. sai-so (< i] a semé » lat. sftt-11s
III. dor.
}Y_ lat. dô-1111111 dft-tus

L<' fait d'appartenir au type général t!"altcrna nces, c, o,


zéro, ou à run dPs types ,\ n,~-elle longue e~scntieJle ( awc
degré J): è, (J, J: a, 'J; ô, ,J, caractérise le sens d'nn
élément morpho]ogigue an m(\m,· titre <pie le> fait d'a,oir
telle 011 tPII<' consonne on sonante: 11ne racinP *wr<'g-
*wrJg- (tell<' que> ce]]c <ln gr. ~-r,·,"1=j:1.~) rst difîérente d'un<'
racine *wreg-, *1.l'rg-; seule, l'alternance dPs ,oye]lcs n l'in-
térieur <l<' chacun cl,·s <pwlrf'~ type:- a 11nr ,al('t11· gramnrn-
ticale.
Quand un<' sonantr précède la YO~ <·Il<' longu<', 1(' J d11 Ù(·gré
zéro s<' comhine en principe awc l'ile de la m:rniL·rc indi-
quée. p. 9 11 cl sui,. : ainsi I<' d('gn'· zi·ro dn ~ullîxr de l'op-
tatif :-kr. -yiï-, gr. -:·r,-. lat. -ië- e:-l ~kr. -ï-, lat. +, ,. ::-1.
-i-, etc. ; cl l'on s'cxplicp1<' d<' m(\llle l'alternance de :
,éd. t!râgh-111,î (< longueur » t!ïrgh-/2{1 <( long >J
zd drâj-tï darJ-r-o
, . si. dlig-11 (::-erbe dtig)
l'HJ"\"f'.IPE:-- DE L.\ 'IORPIIOLOGIE 1 3.1
Le forme gr. (F)2rr1in: 1 eiléc ci-dessus, 11 ·est donc pas
phonétique.
DeYant rnyelle , *J tomhr suiYant la règ]e générale, de là
la 3" pers. plur. skr. d!t-d-ati « ils donnent >>, Y. s1. da-d-çtû
« ils donneront», et, sans doute par analogie de cette formr,
skr. da-d-111â(J (< nous donnons », en regard de gr. 2(-2:::-;1.~·1.
Valternance:

e 6 J

nù le:-: Iongn<'s *ë et *v ont une autre signification que dans


le type ë(ê), o(ô), zéro, est para]lèlc à l'alternance:

ci oi

par e\emple : et al()rs qn 'il n 'e\iste aucune rncmc de ]a


forme *tf- 1 tti-, t-: *sê-} sô-1 s- ; <'te., une série de racines se
terminent par i' (resp. â, o), (\ ainsi gr. O·'i-(Oû>-), ·r,-(<ü-), ?Y.-,
;:Y. . :t,i-, etc.
l'ne nntah1c partir des racines indo-européennes com-
pr<'nrl un élément cl<' plus: ]a cnns()nne ot1 la son:rnte qui
termine la racin<' est suiYie d'une 1ongue *t1 1 *ë on *ô} altrr-
nant .nec *i; alors, en wrtu d'une règ]e généra1c d'après
laq11clle un mè111e Mémont morpho]ogique ne renferme pas
,le11\ c sim11ltanémf'11l, si la première partie est au degré c
ou o} la s<'cnnclr partie est nécessairement an degré zéro,
c'<'st-à-dire a ici la forme *J (qui tombe deYant rnyelle), el.
si la seconde partie est au degré e ( ou o), c'est-à-dire si elle
a ici la fornw *1•, *a ou l\ la première est au degré zéro. Les
raci,ws <l<' cclt<' forme sont dites dissyllabiques. Cnc racine
dont les consonnes sont p et t et. qni admet une rnyclle de
seconde ::-)·llabc *t1 alternant nature11ement aYec *o et J 1 peut
se présenter sous ]es aspects suiYants:
'l f
1,) 1 î ll\l'IIHE 1\

llL\' \\T \OlEll 1".

*pct<l- (*pë!J- l:iJ) *pèt- (*pi:!-)


*pc>tJ- (*pôtJ- PD *pot- (*pôt-)
~ptë-
*ptâ-
""'ptJ- *pt-
*p"tJ- *pn,_

Cet le racine est en effet attestée au sem de « tomber»


*pet,>- : *-:::::s: :u~, d"où -;:s;i::1.1~, -;:s;:".i;u: « je tomberai ».
*pet- : lat. pi:to.
*ptë- , dans hom. -;:s-:::·r,w;.
*pto- : gr. -;:i--;::w-z1:, -;::D'., -;~;.
*p !J- : sam doute dans skr. patitâb
0
« tombé », s1 1.-e.
* est bien représenté en sanskrit par a.
0

*pt- : gr. -::t--;::-c,) « je tombe».


Li'l nasale infixée du type Yerbal skr. riuâkti << il laisse »,
lat. liuquô e:-t intercalée immédiatement arnnl la ,o)·elle
finale de la racine, d '01'1 un thème gr. *-::~: ·0- représenté par
le ,erbe en -1.,J -::::·,u> « jr tombe».
La longue finale n'e:-l par lia:-ard pas attestée dans la
racine:
*pfrthJ-: ::-kr. pmthi-1111111 « large11r ».
*pleth- : '-kr. prâth-ab « largenr ». zd frafJ-ô.
*plotlJJ-: ,. si. plos/.:11 (de *plothJskos) ,, lnrge. plat».
-;,.ploth-: lit. plat-z'ts « large ».
*pftlP : skr. P[lhi ·~:i « terre ,, (litt. « la large ,i), gr.
l li.:x::,.!.l: (de *-::i..l:1.fy.l:), ,. g.111. lita-11 « large>>.
""'p!th- : skr. prth-1,{1 « large ,1 et f!r. -::i.1:·J;.
;.pl"th-: arm. larll «large'», lit. splis-ti «::-'étendre"·
Le:- racines dis~) llabi(JllC~ le:- plu:, nornhre11ses sont celles
PRI\Cll'ES DE LA 'IIORPIIOLOGIE 135
qui ont une sonante avant leur longue finale; elles présentent
un aspect très complexe par suite des formes di\'erses que
prend la sonante el des combinaisons 0t'1 elle entre avec *J.
Qurlques exemples feront apparaître cette variété:

Racine *pd1-, *pll- « emplir, ètre plein »:


*pel,1-: skr. p!trï-ma11 - «abondance» (avec ï au lieu dei).
*pel- : got. fil-11 «beaucoup», irl. il.
*pol-: gr. -:::ï.-~;, v. angl. feal-a.
*ph·- : gr. s--::ï:r.-::, skr. â-pra-t « il a empli », lat. plë-nus,
arm. li c< plein».
*plô- : véd. pa-prâ « il a empli>>.
*pl- : skr. p11r-1.tâb « plein », v. si. pliî-1u1 (serbe pù-11),
lit. pil-11as, v. irl. lâ 11} got. ful-ls.
*pl- : skr. pi-pr-ati << ils emplissent>> (cl'oi, pi-par-li « Îl
emplit>>, par analogie des racines monosyllabiques).
*p··l- : skr. p11r-11b « abondant >).
*pl-: dans le Yerbe ù nasale infixée skr. pnzâti « il emplit»,
pn1î11111{1 « nous emplissons n ; la sonante a la forme brhe
puisqu'elle est séparée de *J par la nasale. La racine ne perd
d'ailleurs son J qu'en apparence; car J est compris dans la
Yoyelle longue qui suit l'infixe nasal, el cle mème dans les
antres cas analogues cités pins has.

Racine *g 1ci1,1-) *g 111l- « cng·endrer, naitre »:


*gi01,1- : skr. ja11i-tâ} gr. ·ta.·li.--:<.I)?, ·.-s·1:.--:·lj?, _lat. gmi-tor.
*g 1e11- : gr. 1{·1-:;, lat. gm us) arm. ciu « naissance n,
~kr. j!t11-ab «race».
*giOII-: gr. ·r{-·r:·1-Y. (p}ur. · -i-·e--:J,:.•1, d'après le type ;J.i;J.:;'IY.,
1

=•1) ' .,;,)-"-


IJ ': 1) . , , )
~ ·-, '""'• ·- '.., ,.; =.
*g 111ë- : gr. ·rr/j-;::;, d pent-ètre skr. jiia-t0 « parent ».
*g 11zcJ- : gr. ·.,-1<,)·-:5; «frère», !elle z..110-ts <<gendre», gnt.
kno-f s « race ».
136 ï. lL\l'ITRE 1\

*g 1 1)- : skr . ja-td{1 c< né », zd z.iHà) lat. (g)11â-t us) el sans


doute got.-kunds.
*g 111- : gr. y(- 1·1-:.,1.:1.~, lat. gi-gn-à.
*gi"n - : got. sama-k111zs (,le *lwnaZ), « :;1.:-r1::.-; ».

La racine *g 1c11J-) *g 1nê- « connaitre )> ne se distingue de


la précédenle que par le sens:
*g 1e11:J- : lit. ~én-klas « signe ».
*g 1om- : gol. ka JJ-JJ « il sai L ».
*g 111ê- · Y. li. a. lmâ-l'll « connailrc n (aYec Y. li. a. a
représe nlanl germ. *t); el sans clo11 le ::-hr. jr1â tunz « con-
naîlre >l.
*g111J- : gr. ·;:-;'1{0-';"/.w, lat. (g)11J-srtïJ Y. sl. ::,_na-/ Ï « con-
naitre l>.
*gi) -: lat. (g)nitrns) cl san:; cloulc lil. (f'aki11 las« connu >l,
gol. l.unps.
*g/11-: lit. ~in -ôti «co nnaitre », arm. ran -mutb « connu l>.

Racine *g""erJ-(*g""rJ-: 1) « a,aler, engI011lir »:


*g"crJ - : arcaclicn ~ip~-()p:.·1 (de ~ip~-fJ;;:.·1) « go11ffre », lit.
gfr-ti « boire n.
*f'°c'J:-: arm. 1.·er, gén. lm·-oy « nuurril11rc l>.
*g"lr- : lit. gér-é « il a bu ll.
*g"·or-: gr. ~=-2-:; « gourmand >> 1 ::-kr. gar 11(1 << boi::-:-un »,
lat. 11or-drt',(carni-)11ùms.
*g"l-: ~kr. gïr-uâb « rl\al<~. l>, lit. gir tas« ÎHc » (le ~?(t)-
cle gr. ~t-~?<;) '.ii'.t,1 peul l'.trc *g"l- uu *g"'ro-).
*g""rJ- : gr. r~:xp1.-0p:.-·1.
*g""r-: :Ar. gir-âti << il amie », Y. si. tir clu « il amie».
*cr"'r-: !!mâti
::-kr. vc., 1< il a,ale » (,crbc ~1 infi.\c nasa l).
ô o •

Hacine *tcrJ ) *trè- « frotter, 11ser en frottant » :


*tcr,7- : gr .. :..,:.-.,... ,, Jal. tcrc bra.
PRL\CIPES DE L\ \IORl'll O LOGIE

*ter- : la l. ti:r-J.
*tor,1- : gr. :::;:1.;; « trou )) ,·. isl. pam1r) v. h. a. dar/Jl
« intestin i>.
*tor-: gr. :;F-;; «perçant>).
*trt!-: gr. ::;·r,-::;, ,·. h. a. drâ -jall « tornare ».
*trJ- : gr. ::-:?:)-j"i'.w.
*tr- : g r. :Fi-'rr,; « perçant ))' Y. sl. tnïti (serbe trti)
« frotter >>.
*t°rJ- : Y. irl. tara -t/Jar « tarière l).

*1°,--: Y. sl. tzr-{1 « je frotte ».


*tr- : gr. :F-t~üJ, lat. tr-ïlus.

Racine *pen.P- « purifiee i> :


*pew,1- : skr. pa·1.'f-tra111 « ce qui sert;_\ purifier >>.
*peu 1- : skr. pâ,.'-ale (< il purifie ».
*piw-: skr. â-p1Ï'l'·Î.fu(1 « ils on t purifié ,i.
*pow- ~kr. p11v-ây11ti << il purifie >i, rn. b. a. i·ae1uw (de
*faw-jmz).
*pa-: skr. pa-tâb << pmifié ))' lat. p1ï-ms.
*pww-: skr. pu-pu-i•;,{1 « ils ont purifié ».
*pll-) dans le Yerbe à infix·c nasal skr. pmz/ui « il purifie >>,
Plilzi111!tb << nous purifions ».

J1acine *g"(yJ-J *g''y{- « YÏHe » :


*g"'cy-: hom. ~t-::1.,:: « je YÏHai >>.
*g'"ciy-: s1.r. gây-ab <( étal de maison », zd gay-ô (\ ,1e »,
~erbe gôj << paix n.
*g''j'ë-: gr. ;·f,-;w « je ,iHai )), zd jycHw' « ne >>.
*g"i'.yJ-: gr. ~'.L)-·œ.
*g"yJ- : gr. ~<:>;·1.
*g"z-: skr. jï-'l. â{1 << YiYanl »: \. sJ. ::_i-VilJ Jit. g)'-7.'tTSJ Jat
1

li Ï-l/OS.
*g"ïr- : gr. ~(-;;.
r:11 \PITRE 1'

Les racines cli-.s~·I1abiq11cs se terminent par leur , oycllc


longue: il : a des racines d11 t:-, pe *pct,1- : *ptë-, il n·y en a pas
du l: pc *pctil..·-: *ptëk- ou *pet,1s-: *ptës-. Les e\.cmples qu'on
ponrrait alléguer contre cc principe sont en général limités à
une seule langue el trè:- peu clairs pour la plupart.
Étant donné que *a, *ë, *ù ont la mème Yaleur que ,o:-,cllc
plus sonantc, on dnit s'attendre à rencontrer des racines ter-
minées par Yü: clic plus sonanle, el en fait 011 trouYc quelques
racines de la forme: *pctu-: ptw-, par exemple celle de
gr. Fi.i.-J-:(;·1 <, enYeloppc n, lat. uolu-6 cc je tourne i>, an11.
gelu-111 cc je tourne », el du Yerbe à infixe nasal corrc:,;pon-
danl skr. 'U[l,IÔIÎ c, il conne i>, c'est-à-dire indo-iran. *·ur-11t1-
11-t Î.
Outre la complication de leurs formes que le bref cxpo::-é
précédent a permis d'entrevoir, les racines dis::i)·llabic1ucs
présentent celle diflîculté que l"usagc de leurs degrés YOca-
liques ll rnycllc longue finale tels que *g 1 w•- ou *g 111ii- dans
la morphologie indo -européenne 11 ·est pas encore déterminé
d'une manière suffisamment précise. Ce degré fournit notam-
ment des aorÎ:,,;tes tels quc·gr. ~·j"H•), i:(0), f:i;r,, etc., des par-
faib comme skr. paprâ, paprau cc il a empli)>, !tom. :s:i.-r,z1.,
:i.-:.i,:,..:1.:.·1~ etc. ; et les cas à YOcalisme e ou ode noms racine:--
au de1nièmc terme de compos~:,,; tels que gr. :1.·t11:,;.
Le:-- alternances gui , icnncnt d'ètre décrites n 1 c\.plicp1cnt
pas tous les ras qu'un peul rencontrer, mais clics sont les
-.,cules q11i aient nn rc',lc <l<'-fini dans la morphologie indn-
curopéennc. On 11e :-aurait par exemple rendre ïülllptc ain,i
de gr. i:1-:.'/Z-:.•':1 cc l'orlcr ». :-kr. â11-ttlfl(t1 << il a atteint >J,
Y. ::-1. 1zcsç cc je porte n, lit. llt'S~ti cc je porte n, etc. : il est

impossible d'entrer ici dans l<' détail ùc ces faits qui est
infini. Q11el<)'I<':- oppo,itin11, comme celle de gr. :..:,u:.1
~1 :::.·r,=~·1, lat. tcrrcô cl de :-kr. tr,1sati « il tremble i>, gr. -:Ffo,
trmncront lem C:\l'licatiun ùan~ la théorie des racines: de
PRL\Cl PES DE 1. \ :\IOIWIIOLOGIE

mème qne l'on a en principe *g 1c,z,1- et *g,në- , on a 1c1 *tcrs-


et *t rcs-, toujours anc un seule actuellement présent.
C ne racine à dmn Yoyelles alternant simu Itanémen t
comme gr. i'.Û,s'..10- , ;,.:i,:·JfJ- llans 'l.D,s'..lfJ:;, 7.-'l.:),:·JO:; est
chose exceptionnelle et limitée à une seule langue, contraire
à l'usage indo-européen.
En tenant compte de l'équivalence morphologique de *â,
~,., \ï et de *e plus sonante établie p. 133, on peut toutefois
poser en principe que toute racine on tout suffixe comprend
an moins une Yoyelle de la forme: e (ou ë), o ( on o), zéro.
La rnyelle *a n'apparaît guère qne dans certaines con-
ditions spéciales :
1 ° Dans le langage enfantin, comme :
gr. i.::Y. « papa » , lat. atta, got. atta, Y. sl. ot-'icï «père»,
irl. aite « père nonrricier », skr. tata « 1x1pa », gr. -:i-:Y., lat.
tata, brel. tdd.
Ce lmgage présente, on l'a vu, p. 1 o5, des consonnes
géminées qui ne sont pas normales en indo-européen.
2° Dans des mots isolés et, par là mème, suspects d'être
des emprnnts ( en partie de date indo-européenne), comme:
lat. faba, v. si. bobzï « fhe », v. prnss. baba.
lat. barba (le premier b, an lien lle f, par assimilation), Y.
h. a. bart, lit. barz.da, y. si. brada (( barbe )) .
lat. far, farina ; . got. bari::;_âns « ll'orge » ; \'. si. brafü10
« nourriture >>.
\11c11n de ces trois mots n'a de correspondant en indo-
iranien, en arménien, ni en grec; on rencontre pourtant a
dans quelqnes exemples attestés en indo-iranien, ainsi :
skr. hm11sâ(.i « sorte d'oiseau aquatique», lit. ~(His« oie».
v. li. a. galls, lat. a11ser (forme rnrale an lien de *hanser) , gr.
génit. z·r,-1:; (de * zx1:;- -6;).
3" Dans quelques désinences, notamment celle de 3P per-
<:11 ..\PJTHE l , .

sunnc prinwirc mo_, cnne du sing11licr *-tni: gr. -::.ci, skr. -te,
gol. -da.
11° A l'initiale de certains mots, rn regard de formes sans

a par exemple :
gr. !J.j-:f,p, !h-:p:,·1 cl arm. astl « a~tre J> : zd star- <<étoile))'
skr. st/-bhib « par les étoiles », Y. h. a. stcmo « étoile», el
lat. s!ella.
gr. :iO,; << feu », sld·. ldha(1 « bois à hniler », lat. acslâs:
gr. 10:xp:; « clair », skr. idhlllâ(1 « bois à briiler ».
lat. an1111s, gol. t1r111s cc bras», Y. sl. raJ110 <<épaule»
(tous les trois rèr,osenl sur *ar,11110-): skr. Tn11â(1 << bras »,
Y. pruss. irJ110 <i bra:; ».

gr. i·tz<•>, lat. a11g6, ang11slus) got. aggims << éfroit »,


Y. sl. g,z.1ïJ.,,ï) arm. a11j11k, skr. m11hti(1: "· si. (1..)r~JJ « je lie »
(q11i suppose *1gJ1-).
Cc type anomal cl'altcnrnnces *a : zéro, propre 11 l'initiale,
se rencontre concurremment aYec le type normal *c, *o, zéro:
lat. auge,\ got. a11ka1t « croitre », lit. â11g11 « je crois »,
~kr. ôja(1 « force )> : skr. 11grlzb « fort »; gr. i(F)t;c,) « je
croîs i>: skr. nil.·fafi « il croit », gut. 1.l'ahsja11 « croitre »;
gr . :x~;1,1. lit. duh::Jas « grnnd n: skr. 11kfa11t- « rroiss:rnt »;
c'c..;l-à-dire
. *·zucir-
b (wcks-) } *·wo,r-
b (*iuol?s-) } *111r-(*11hs-)
b •· *a1.uc1r-
b)

*a·mJg-, *aug- (*muel?s-, etc.).


L'alternance de *a : zéro lt l'initiale est d1~n11éc de toute
,a leur rnorphologiq11c. - Elle 1w se relrouYe pas ~t l'intérieur
du mot: le rapprochr111cnl de s\...r. yâjati « il sacrifie ))' i,rtâ(1
ci s:icrifié » cl de gr. i~:::1.:1.: << j'ai 1111 respect religieux po11r n,
qui supposerait 11n *t1 intéric11r c1ll<'rna11I awc zéro, est
borné !, drm lang11cs, cc q11i l11i t>te a priori toute certitmlc,
et d'ailleurs il est pc11 satisfaisant pour le sens.

B. ALTE11\.\'\C1-:s cu,SO"\.\YflQt i:s. - Les ,dtrrnanccs con-


snnanlir[ues n'ont pas de rnlem 111orpl1ologique, mais certainc:s
PHIXCIPES DE L.\ )IORPIIOI.Oï.TE

Yariations de forme des sonantes et des consonnes apparais-


sent dans les racines, les suffixes el les désinences.

1° .-\lternances des sonantes.

En sanskrit védique, la finale du nominatif-accusatif duel


masculin a trois formes qui, clans les parties les plus an-
ciennes du _.{?gYeda, se répartissent ainsi: -au à la fin de la
phrase ou du Yers, -ftv devant rnyelle initiale- d\m mot sui-
vant, -fi <leYant consonne ou sonante initiale d'un mot sui-
vant, soit: ubh,îv !tçi•au « les deux cheYmn », 11bhiÎ dtvâu
« les deux dieu\ >> . ubhiÎ çymâu « les deux faucons », ubh/t
yam!tu « les deux jumeaux >>. Cette alternance est ancienne;
si, en effet à skr. â répondent ztl -a} \". sl. -a} lit. -Il (de
*-11), gr. (.,}, lat. -J (dans ambv), l'autre forme -au} -ft-z,, a ses
correspondants Ju moins Jans Y. irl. dâu} Y. isl. tuau
« deux » : et lle même, si gr. :,::c:J et lat. or!J sont identiques
à véd. 11${11 <• huit », c'est i, ,·éd. a;{âu) t1${iÎ-;.: que répond
got. ahtau} et le latin a trace Je *·w Jans le dériYé octauos.
D'autres diphtongues, finales Je mots: à premier élé111enl
long présentent la rnème alternance de longue plus sonante :
longue simple. Le thème en -i- indo- iranien *sakhai- « com-
pagnon » a pour nominatif skr. s,zkhâ) zd haxa : en grec les
nominatifs ~\·r,-:c~~ (écrit ~\·p(J) et ~\·r,-:c~ du thème ~\·r,-:;:-
(rncat. . . \·r,-::r) semblent alterner. - En regard de gr. :1:r,-:·r,F i
lat. mftter, arm. ·nwyr « mère », le sé:lnskrit a mtttâ et le
lituanien 1116/ë; en regard de gr. ,:~c,y1, le sanskrit a Ç't.'tÎ) le
lituanien sz1~; le lé:ttin f1écl1it ho111{1) htJ111inis) etc. L'élément
son:rntiquc par lec1uel se terminent les diphtongues ( ou plutùt
certaines diphtongues) i1 premier élément long finales de
mots était donc sujet à manquer.
Cne sonante second élément de diphtongue à premier élé-
ment long est aussi sujette ù manquer dernnt sonante ou
consonne finale de mot: les nominatifs skr. dyâu(1 « ciel,
Cll\Plrl\E 1,·

jour ». gr. Z:.~; (de *Z·r,·;;) cl skr. girnb c, bœnf », gr. ~;J;
(de *~1,r;;) sont accompagnés d'accusatifs skr. dyiÎm, hom.
Z-l/1, lat. dic111 et sld·. g/1,111, dor. :~<~>·1. Le thème *rëi , allest~
par le nominntif pluriel slr. riîy-a(1 << le-- richesses », n un
nccnsntif singulier sk r. riÎ111, lat. rc111. - La ch~sincncc d'ac
C11sntif pluriel '111i est *-ns apn':s rnycllc hrèw, ninsi dnns
\p démonstrntif crét. ::-·1;. gol. f>a-11s, ,. pruss. sta-ns
« ceux. ci », est scnlcmcnl *s- dnns les thi'_·mes en lÏ-: ,kr.
_,-,z,, lit. -as (de *-os): de mèmc le snnslril [I 1111,Z1 H lm1<.·.
mois » <'l le sl..n<' 111ès-rd (nièmes s<'n:--) en face de lal. 111m-
sis cl de gr. :1.-f,·1 (:.rénil. lesb. :û;·l'I:; snpposant *:1:r,·1;:;): le
!'-/l11slril n nuîb << clrnir >) en focc de skr. 111ii11is!tm << clwir ».
Y. :--1. ll1(SV, got. IIIÏJJIS.
Quelques racines ont une altcrnnncc ùc ;/)', ,·i, iii 1\ û,
/lllbl:

skr. dMy-nti c< il telle », ,. si. doj-(J << je telle », gol.


d11ddja11 cc téter » n,ec degré zc'.·ro *-.Jy-, car a,nnl ou après y,
en s~ llah<' initiale, i.-e. *J est représenté par a en indo
Iramcn.
sk r. dhi-11tï c< ,ache )) .
skr. dh/ty-ase cc ponr téter », Y. 11. a. tâ a11.
::-kr. dhà-nib « télnnl », gr. O·r,-i:;; « femelle», lat. ft lârc
« téter >>, lit. (pirm)dêlè c< pri111ipnre >> (se dit d'une ,ache').
~kr. dhï /11l1 cc lc'.·té >l, lat. fï -lius.

U11 e11corr :
v. si. poj {l cc je fois boi rr ».
s 1. . r. pày !t yu I i « iI foi t bo i rc n .
skr. plt-ti << il boit », pâ tram « co11pc ,', hoir<' n, lat. pô
rn/11111, lit. pô-la « lmwric ». éol. 7:<:>-·11,>.
skr. pï-t,1b H b11 », Y. si. pi ti cc hoire », gr. 7:'C-0: ((bois».
li s11flil df' signaler ici cc type d'altcrrnrnccs. L'absence
<le I a so11n11tc s'c~plicp1c par la lm~,ilé rclatiYc de l'élémcnl
Pnt,ClPES nE L \ \IOllPIIOLOGIE

sonantique dans une Jiphtongue à premier t'·l{>rnent long


(cf. p. S6 et suiY.).

A l'initiale, le grnupe consonne plus sonante con son ne


alterne aYec la consonne simple. sans sonante:
skr. locatif l1'i « en toi l>. gr. <lat. loc. =-:~ ( <le *·:f :'.) : sk r.
g{>n. dat. atone te} Y. sl. ti : accusatif skr. f-7.,•a111 tva « tni )) .
gr.=-~ (de *:F~): Y. sl. If (cf. lï:ojz «ton))), Y. h. a. dih.
gr. 'Fi; « six », gall. ch-wcch (de *nucks), zc.J xs-z•aJ (de
*Ji:as): lat. sex} got. saihs (de *seh), skr. .Jâ{ (de *saks).
skr. syzïtâb « cousu »: lit. siztlas « cousu l>, Y. sl. siti (de
*sjyti) « coudre » : skr. s1ïtr11111 « fil n, lat. szïtus.
skr. prâti « contre ». f!l'. -::(;-:'.~ -::F:;, Y. si·. proli-1.·11
<J contre »: Y. perse patiy) clor. -:::-:'., -:::;, lit. pas (de *pats).

got. brikall « briser », bruk111LS « brisé ». lat. fra11g1ï, fra-


gilis (de *bbr g-), frëgl: skr. bbâjati « il partage», bbr111dfo
0

« il brise », arm. beka11c111 « je bri:--e » (cl gr. '?'l.',';."i.·1


« manger » :i).
skr. prathi111â1L- « largeur )), lit. platzis « large ll, gr. -::i,'l.-
::J.:J.<:r,, -::i,;c0;. (c.:,;J.:-)-::1.:r.-:·r., Y. sl. pldte « épaule » : zd
paOa11a- « étendu », gr. -;:~:i·n:j:1.: « j'étends ,,, lat. patërc
<· ètre éten<lu », lit. petjs cc {>paule ».

Enfin dans les racines qui ont un redoublement inten'-if


( comportant répétition de la sonante radicale), on rencontre
des alternances des troi:-; sonantes r} l) 11: ainsi à cùté de r r
(Ie gr . •r~~:p<,)=-1.c.),
" ' 1at. uorarc)
- 11t. · ger/1
· . (c f . CH.
. 1essus, p. r ,>') G) •
il y a/ dans lat. g11rg11liô « gosier », Y. h. a. q11erccbt'l11
(mème sen-;), lit. gargaliz}ju cc je fais entendre un bruit du
gosier», el Il dans gr. ·ri-rrp:1.i·1:1.: des mots à redoublement l
a pas:;é i_i des simples: arm. l.:lt11Lc111 « j'arnlc », elwl « il a
aYalé », Y. h. a. chela "gosier», Y. irl. gelim << je dérnre »,
lat. gula) gr. 1.:z)i,i~: ·1.i-:7.--;:(·1~: Iles. Ces alte~nances provien-
Cll\PlTI\E l\"

nenl de dissimilations : par exem ple un type srhérnatiq11r


*g"er-g"er-c- est devenu *g""er-g""el-e-, el *g""er-gr-c- est de-
Yenu *g""en-gr-c-: r second él<~mcnt de diphtongue a, on le
Ynit. un autre traitement que r consonne, cl le passage ~t 11
semble indiquer pour ce phonème 11n rclhernent très incom-
plet du mi le du palais : le traitement de la conrnnne initiale
dam irl. gclim, Y. 11. a. rhcla, gr. ;':t.',''.'Fxr1'J. indique que la
gutturale était aussi nltfrée et quïl <est produit une dissi-
milation c0m pnrnble à ce lle de lat. q11ï11q11c dnns lat. rnlgairc
*rïnquc (fr. ri11q), soit *ger-g"cl-t'-, *gcn-g""r-e-, d·où générn-
lisation de g an lieu Je g"' dans certains cas. Les alternances
Je r cl / sont nornbreu~es , et on en rencontre là rnème où
lr rrdoublemcnl intensif ne s·est pas consen é, ninsi en rc -
ganl de sl.. r. (Ï-(Îr-til1 « froid », Y. isl. h//11 ( de *hc hl an)
«geler>): lit. s::._anzà. « gine »: arm. sa/11 << le froid», Y.
isl. hjam « neige solidifiée». on n d'autre part lit. s:::._11!111i, v.
si. s/111111 « giHc >>. )l ais il ne suit pas de lù q11e les son:rnles
r, l (cl n) sr substituent arLitraircmenl les 11ncs aux autres.

1° \lternanccs de, cnnsnnnrs.


l ne initial e *s plus con,onnc (ou sonantc) alterne sou-
vent nyec une conson ne ( 011 sonante): ain:-i:
*sp, *p-: skr. spâ(- << e~pion n. zd spasyi·iti « il mit n, lat.
spericï, Y. li. a. spchâ11 « nbsrrYCr n: skr. pti(_\'t1li << il Yuil ».
*si , *1-: gnt. sla11!11 cc jr lic11rtr »: skr. t11d11ti « il hC'11rle »,
1::it. /1111dcî.
si, , */,'- : , . h. a. sker1111 cc tn11d rr ». Y. si. skor11 « peau »,
lat. srorl1t111: gr. i'.~[~1i> cc je tnnd" ». , . ::-1. J.,ora cc Pcorcc, »
lat. rori11m.
*rn,-, 111- : Y. 11. :1. smel:::._1111 « fond rc » : Y. nngl. 1Jlflta11
<< fllndrf' >>, ,. 11. él. 111alz « malt,,. gr. :J.ii.:c,,.
*sw-, gr. 'Fi; . gal!. rh'i.l't'Ch c, six>>: arm. 'l't'( <(six »,
*'i.l'-:

et, aYec ln forme~, ,ncnli--inc zc'·ro: Y. prnss . usrhts <<sixième ».


Plff~ï.lPES DE L .\ 'lif>BPIIOLnr.n:

En tenant compte de l'alternance *sw- : s- déjà constatée


p. I/23, il apparaît unr alternance: *s·zueks (gr. '.ft~), *seh
(lat. sex), *weks (arm. ·z•eç): dans un cas cl(• cc genre, la forme
complète peut par hasard ne pas ètre attestée; on aperçoit
ainsi le moyen <le rapprocher gr. D.,.<,1 «.je tire» (an'c es-
prit rude, mais sans Y initial), lat. rnlms « sillon >> (de *sol-
1,os) de lit. 1.xlk1i, Y. sl. vlèl,,.z « je traine » en supposant un
ancien *su:- initial.

,\ la fin des racines, les ocrlnsiYes sonores aspirées alternent


parfois a,·ec des sourdes aspirée:-:
*g"}J : *fdJ: gr. :·rJ;, :·nz:;, lat. llllgllÏS, Y. irl. Ïllgt'll
« ongle », lit. 11àgt1s << ongle », ,. sl. 11ogi'tl1 << ongle » :
skr. 11akh,z?1, persan nâ.\ïlll <c ongle ».
*dh: *th: skr. ftdha: !ttha << et, alors ».
*bh : *ph: skr. mîbhib « nombril. moyeu de roue », ,.
pruss. 11ahis « nombril», lal. 11111bilïrns, irl. i111hli11: zd 11i1fi5,
l)crs. 11tîr
r._/
« nombril ,, ; le ~ cle !!r. :•1.ni.:= et le b cle , . h. a.
t L , i •

11abvlo pc11Yent reposer soit :--11r *M, soit sur *ph.


Il :· a aussi qnelqncs cas d'alternances cle sonores aspirées
et sonorrs simples, ainsi *dh el *d dans sl~r. b11dlmâb « fond >>
gr. -;::iJ;i:f,·,, aYec dh, et ,. ang-1. bà/0111 « fond », a,ec *d. On
doit mettre à part une série clc cas ohscnrs oi1 :-kr. h répond
à un *g des autres langues :
skr. ahâ111, zd a:;_J111 << moi nominatif» : gr. ~-.,<:> lat. ego,
irot. ik.
skr. 111ahtÎ11 « grand » : arm. lllff, gr. :1.t· got. 111ikils,
1
';(;.

lat. 111ag1111s.
skr. h/21111b « menton »: arm. rnawl, gT. ·;t-rJ;. lat. gm11-
ï1I11S (dms), got.. ki111ws.
skr. d11hitâ, gàth. dugJdn (a,ec gd issu clc *g/Jt, ce qni at-
teste que la sonore aspirée e.;;t indo-iranienne) : gr. O·r;i-:·r,?-
Dans le nom du « cœur ,>, l'inclo-iranicn a une sonore as-
A. )IEILLEf, IU
f:11.\PITnE n-

pirée: skr. !Jld- el zd ~JrJd-, skr. h/dayalll cl zd z:7ri?,aëm,


pers. di!, en regard de la sourde simple des autres langues :
arm. sirt) Y. sl. sn1dzce, lit. s:zirdls, gr. ,.:x,::Ci et,:,:(, lat. cor,
Y. irl. cride, got. hairto.
Cne sonore sin1ple alterne parfoi:- awc snnrde, notamment
d aYec t:
gr. :s,.;:- « dizaine » : skr. daçlrt-, Y. sl. des(t-.
v. sl. t1 1n1diÎ << ferme » : lit. t-L'irtas.
skr. pibati « il boit », v. irl. ibid, lat. bibi! (sur le b v.
p. 5g).

III. - DE L-\ FOR'1E DES ÉLÉ:\IE:XTS :\IORPIIOLOGIQCES.

Les règles génL;ralcs du vocalisme déterminent d'une ma-


nit're déj;1 étroite ln forme des racines el des suffixes indo-
européens. De plus chacun de ces éléments présente des
particularités qui doivent ètre signalées.

1. Forme des racmes.

Le consonantisme est soumis ù deux rt'glcs:


:x. C ne racine ne penl commencer et finir par une occlusive
sonore non aspirée : *bhl'lldh-, *g""mdh- et *bheid- sont pos-
sibles, ainsi dans gr. -;::: ·~ fJ;pi (de *1 ::·;0;:J.:xi, cf. skr. bôdhati
(( il ohscnc » de *bhaudhati. gnt. -biwlau): ;~:xO~; (de *g"tidhils),
9::'.~::J.:xt; mais *g"ed- est impossible, cl en effet skr. gâdati
« il dit » par exemple 11 'a pas ltors du snnskril de corres-
pnnùanl certain.
;~. Une rncine qui commenc0 par 1mc occln~ÎYc sonore aspi-
rée ne peul finir pnr une sourJ0, 011 inYersement : *bheudh-
el *blxit!- sont po:::.sibles, comme on YÎenl de le voir, mais
*bhmt- ou *tmbh n'e\i~lcnl p;1-,, En rcYt111cl1e, une racine
Pn~ï.IPE~ DE 1. \ ,ronPIIOI.Ofar:

qui commence par s plus consonne sourde peut finir par une
sonore a::-pirée,· ain::-i : ~kr. stiglmute « il monte ». Y. sl.
stigng « j'irai », gr. ~-:ézw, Y. irl. tïagu « je Yais >>.

A11cHne r:icine monos}llahiqHe nr sr termine par la rnyelle


proprement dite e, o, zéro: une racine peul aYoir la forme *ci-,
*ten- *pek""-, etc., mais non la forme *F-, *té-, *pê-, etc. Si,
comme on le fait souvent, o n tient pour une p~rtie de cer-
taines racines le e des formes dites thématiques l<'lles que slr.
7.•/tb-a-ti « il conduit en char». pluriel 'vâb-a-11ti, Y. sl. 1·ez-e-
li1, plmiel r·ez,.7!11 (c"est-à-dire *1·e::._-o-11t11), lat. ueb-i-t, 11eb-u-11t
( cf. gr. ~i? -s-::., ~i?-: -:J.:.'I pour la flexion). la n\gle subsiste.
car il reste uai q11 'auc11ne racine Yerbale n'a la forme *è-,
*té-,*/,"}-, etc. : on ajoutera simplement qn'il y a des ra-
cines dissyllabiques terminées pare, o, zéro. Du reste, qu'elle
qu'ait été la nature de 1:i voyelle thématique en pré-indo-
européen, cette rn_yelle joue dans la morphologie indo -rmo-
péenne le rôle d'un élément Jp fornrntion et apparait dam
Jes racines où elle n'es t sùrement pas radicale , ainsi Jans la
racine *g 1c11,1-, *g1 11i': skr. jâ11ate « il engendre », gr. i·,01:.:: :
gr. ·,+r1:.::1.i, lat. g(i:11it; gr. 1 :·1:;, skr. jâ1ml1: etc. Le cas
des racines en *?: *;:1, ü* : *;:1, \i: *.7, comme : '.O.,;;J.~: : '.0:.;1.:.·1;
.,:;:.,;:J.: (d or. .,:;:Y.;J.~
- ) : ..~;::c:1,:.·1 : :i:u>:J.t : "''
:i::;1.:.·1, est d"il"
111erent,
On ra YU p. 133.

Le nombre cles types possibles de racines monos}llabiques


rst dès lors assez réduit :
1° Consonne ( ou sonante) plus c (e étant le symbole de l'al -
tr.rnance e, o, zéro) 1-ilus consonne ( on sonante): *tep-: lat. tep-
or, slr. tâp-a(1 « chaleur >>: *ten-: gr. :i.·1-,,r1, lat. trn-ëre;
*/egb-: Y. si. lez.-ati « être couché », got. lig-a11 « être
conclu~», gr. i,iz-:;.
2° Consonne (ou sonante) plus e plus sonante plus con-
1:11 \PITl\t: I\"

sonne: gr. -:tF-;:- <,J, sk.r. ta,p-!tyati « il rassasie, il satisfait >>.


3° Comonne ( ou sonantc) plus sonanlc plus c plus con-
sonne (ou sonante): gr. --:~i-;:- <,J, lat. trep-it « uerlit »; sk.r.
trâv-ah « trois>>, 00-r. -:::â!: (de *-::i)'-:â:).
,I • • ' • ' ..

!1 ° Consonne ( ou sonanlr) plus sonante plus e plus sonanlc


plus consunnr: sk.r. rz,e.y-!tl1 << agité, Yiolenl >> (de *twois-ôs),
gr. ;sf<t>.
Chacune <les consonnes peul être remplacée ÙD11s ces
fornrnles par *s plus occlt1si,c nu occlusi,·c plus s (ou ln frica-
tiYc indiquée p. 6g).
sl"r. t!tl,.y-iï « charpentier», gr. -:b.-:-c,r,.
gul. -ski11b-a1t « déplacer))' Y. si. s/.:ub-[J «j'arrache))' lit.
skub-nis « rapide >>.

Dans chacun des types, la consonne initiale peut man-


quer, ams1:
*es- : sld·. âs-li « il est >>, gr. s;-:i, lat. es-/ ( cf. type 1).
*ms-: sk.r. Ôf-ali « il brùle ))' gr. sC-<ü. lat. 1ïr-ô (cf.
type :2).
Dans tous les cas, les longues *a, *1\ *iï rn alternance aYcc
*J peuYenl ètre substituées à e plus sunanlc, suirnnl Ir prin-
cipe général posé p. 133.

En lant qu'elle s·oppose au s11ffi:xe cl tt la désinence, la ra-


cine for111e une unité, mais, considérée en elle-même, elle s<'
laisse sonvcnl anal.' ser.
Ainsi gr. F ii,-;: -û>. F t-F ;Î.-;: 7., F Ù7.-[; supposent une racine
*wclp-; mais le rapprochement de lit. 'Uil-ili << j'espère »,
7.'lÏ-lis « cspL·rancc » permet d'isoler 1111 élément \ucl- « es-
pérer» et, d'une manit'.·rc plus gént'.·ralc, «désirer» : lat.
uelle) gol. wilj1111) '"· si. velai c< or<lorrncr »,etc.; dans ]a
racine *wel p-) on disling11cra donc 11ne racine plus simple
*wel- cl un élargi:;scmcnl *-p-; la 111è111c racine ::,i111plc ap-
PHL\rtPES DE 1..\ ,10RPIIOLOfilE

paraît aYec un autre élargi:-sement *-d- dans gr. f u,:-::ui ,


hom. l(f){i,:-l,)?,
Certains élargissements se rencontrent dans des séries de
Yerbes de sens Yoisin'-, ainsi -t- dans:
1° lat. plcc-1-ô) (,1111-)pler-h11·) Y. h. a. fieh-1-t111 « tresser»,
Y. si. plcl(1 « je tresse n : cf. gr. -::i,b.-<,J, lat. (d11-)plcx:
2° gut. fal-j-a11 « plier n, gr. (::-)-::.xi,-:-:;, 0:-)-::i.x:,::;;

cf. *pcl- dans lat. (1fo -)pl-11s, gr. (::-)-;:i,-:; :


3° lai. pec-t-o pcr-1-l'll: g:r. -::b.-:-c,); cf. gr. -:::z:;. arm.
asr « tuison » (de *p k1 ur )) :
0

1° lat. IICC-1 ô :
5° got. (ga -)~l'Ï-d-a (aYecprétérit (ga-)wa-j), v. h. a. wi-t-u
« je lie ».

Dans les exemple:-- 1, 3 el 1, le groupe final l,t suffi l ~,


ré,éler la présence d'un élargi:-sement; car une racine ne se
lt'rmine pas par deux occl11sives, non plu'- que par Jeux
sonanlcs.
Puis,1uc l'élargissement est un élément morphologique, il
duit rentrer dans les règles générales du rncalisme et pré -
senter la YO.' elle alternante e, o, zéro. Et en effet, si l'on
compare les racines *pie!.- el *pclt- el qu'on isole la partie
commune *pel-, *pl-) on Yoit que *plck- renferme un élar-
gissemen l *-ck-) avec alternances: gr. -::i,b.-t,J, -;:Î,;z-·r,. omhr.
( l 11 - ) pl a k « donhle >> (de *pl0 k-). Le *-t- des exemples
citès ci-tlcs:-ns esl donc a11 degré z6ro.
L'élargissement peul a mire au:-si bien que la racine: mai:-;
snu:-- la forme où elle se présente actuellement, la racine n ·a
qn'un seul C'est ce que montre la série des élargissernenh
1'.

de *ter c( trembler > (attesté par skr. taral!,(1 « agité, trem-


hlant »):

*trep-: :-kr. trprà(1 « agité ", lat. trepidus) '"· si. trepetù
« tremblement ".
lJO rJI \PITRE ff

*tt'rs- : gr. ~-;;.;,-;;.·1· i 1:~·r,-;;.·1 chez llesychius, lat. /erreà.


*Ires-: skr. trâsati « il s~Înblc ))' gr. -:,:{rtJ, ltom. -:tf.;,t,Y1
épithète du pigeon (de *-;;,7.-;;,(,)'1).
*trek 1- : gr. (=t.-)-:;,;.1:f,;. zd /Jr,1saiti ,, il tremble ))' lit.
triszii « je tremble ».
*Iron-: gr. -:;,{;1.t,). -:;,:;1.:;, lat. lre111J) lit. tri1111111 je tremble».
*trt'lns- (011 *trens-?): Y. si. /l'[S(! (< je tremble>>.
f)p mème, à côté de *prel, 1- attesté par lat. prt'Cls, prvrns 1
got. frai/mail << demander », Y. h. a. fritgë11 1 ,·. si. prositi
( mème sens), on trouYc lit. persz1i << je demande ». Y. h. a.
fergôll « priPr », nmbr. persclu << precatione », qui ~ernblent
supposer *po-lt 1- ; mais nulle part on ne rencontre *perd· 1-.

Les racines indiquant des bruits et ayant une rnlcur ex-


prcssi YC se présentent a Y cc les élargissements les pl us Yariés,
ainsi *kr- de lat. coruvs1 cvmïx1 gr. 1.:;,:x;, 1.:;,w-rr,, skr. kara·va~J
« corneille >> (mot <le lexiques), etc .. dans:

,. si. kralmti «crier», lat. crociô1 Y. isl. hrokr «corneille»


et gr. 1.?i~c,J, 1.b.;,7.·.-7., 1.;,<~~c,>;
Y. si. kriéati « crier ,,, hom. 1.;:h.;. - el gr. 1.?[~r,>, 1.;.'l.?~-
-;:-;;.;; Y. isl. hrfka <( craquer >> ;

skr. krôçati « il crie», lit. kraukiù (< Je croasse», Y. si.


l,ruldt II corbeau )) , et gr. 1.p:x·;'(f., gol. hr11/,·ja11 (< croasser » ;
lit. hankiii « je croasse >>;
lat. crepô:
et <le mèmc le synonyme *kl- clans gr. ·ùw~w, Y. si. klikn(lli
<< crier », etc.

La racine indo-curopécnn<' n'est <lune pas un élément i r-


rédnrtiblc cl fixe; mais il c:,,;t impossible de donner une théo-
rie compl<'·tc de toutes ses Yariation:-;; on rencontre tous les
cas intermédiaires compris entre les deux types extrèmes
suirnnts:
Plll.\"CIPES DE L\ )IOHPIIOLOGIE I.) l

x. Élargissement d'une racine connue et bien définie au


1110)en d'une sorte de suffixe, ainsi élargissement par *-s-
de *k 1leu- « entendre » dans skr. çru-f-{[(1 « obéissance >>,
zd srav-s-t.5 « obéissance », v. si. slu-ch-i't « audition n,
sly-s-ati <<entendre»,,. h. a. hlv-s-ë11 « écouter », v. sa~.
hlu-s-t << ouïe », gall. clu· s·t « oreille ,, . Ces élargissements
rappellent les suflixe_s; dans ce cas particulier on rapppro-
chcra s1.r. çrâ'lhfS-) f!r. zi.tF-:.-;- << gloire >> et zd srav-ah-)
Y. si. slo-I:-es- << parole >>.
~- Simple comnrnnaulé (rinitiale dans des mots de sens
,oisins; ainsi *st-, *t- dans une série de mols signifiant « ap-
puyer sur, heurter » :
lat. tzl!ldt.5 el st11de1\ got. sta11ft111 « heurter», skr. tud!zti
<< il heurte»,,. si. studit « honte >J, stydNi Sf « a,oir honte>>:
gr. :·.;-;::<,), cl -;::J-;::r.~si glosé par ~?;·1:?,, •}:: 1:.-r, c~O:.t: lat.
stup{re, stuprum :
skr. t111îj!zti « il_hcurte », Y. h. a. stoc « bàton », lit.
t11z.giu << je claque n, gr. 'x-:0~(!);
gr. 'j::.[;r,), arm. stipem « je presse >>;
gr. -;:i;1.6<,i, ,. li. a. slalllpfàll « frapper » (la terre du pied);
gol. stigqa11 « heurter n, lit. sténgtis « résister;
et d'autres encore.
Ces élargissements sont un(' des principales causes d'inexac-
titude en matière d'étymologie, car il est également impos-
sible et de les · négliger et d'en faire nne théorie précise cl
complète.

HEnornLDIE.\T. - La seule modification des rarmes q111


ail 11n emploi régulier est le redvuhlemmt.
Le red011blcmcnl ne consiste pas dans la reproduction
pnre el simple d'un lllol ou <l'une racine: il a des forme~
définie:;, a11 nombre de de11\., le redoublement intensif et le
redoublement normal.
IJ2 Cil \l'i IRE 1\

7.. Redo11blc111mt i11tms1f. - Le redoublement le plus


rn111plet, cl celni r1ui a le sens le plus fort. est celui qui carac-
térise lrs wrbes dits intensifs cl qui se rencontre aussi dans
quelques noms. Il comprend : 1 ° la consonne ou sonantc
initiale de la racine; 2° une rnyellc; 2° la sonantc qui sui L
la YO)·ellc de la racine 1~, où il en existe une. La consonne finale
n'est pas répétée: une racine *ter- et une racine *1erp- seront
donc redoublées de la rn.èn1e rnanièrc, *tor-tor-) *tor-torp-. Ce
type n'est largement représenté qu'en indo-iranicn, mais les
autres langues en ont des traces.
skr. jo-!J1ru-,111ab « appelant », zd ~ao-z.ao-mi «j'appelle»;
sk.r. 1.·!rr--z·ar(t)-ti « il tourne», 3,· plur. 'Z.'âr--z·rt-ati;
skr. dé-di,î-fe « il montre», zd daë-dôd-t cc il a montré».
Le timbre de la rnyelle de ce redoublement est difficile à
déterminer; le grec a : dans -;::F 16F<·>~ :J.:F:J.6Fw et Y. dans -;:Y.;J.-
17.{·1(t), "/l.F'/Y.[Fw, etc.: l'o slave de Y. sl. glogolj{l (si. co111mtm
*golgoljç_z) « je parle >> ou de russe toro-tJr-1Ï == lch. tr!z-tof--
iti « havarcler » ( si. commun *tortorïtï) pent représenter *o
011 a; l'arm. cimlim « je ris >> suppose *g 1oig 1°l-, aYec Yo_yelle

o dans le redo11ble111ent, qui a la forme de diphtongue en


-i- attestée par ailleurs; la rnyclle dn rcdonblernent tend
som enl à reproduire celle de la racine.
~- Rcdoublemmt normal. - Le redoublement ordinaire
se co111pnsc de la consonne (ou sonnnle) initiale de la racine
s11i,·ic d'11n élélllenl ,ocaliqnc (Yuycllc proprement dite 011
~onanlc Yuyelle).
L'<'.·IPmenl vocalique e:-,t d'ordinairr *i n11 *,,:
i) notamment dans des présrnls comme : sk.r. pi-par-mi
« j'emplis ))' gr. -;:[ -;:1:r,-;J.'.: gr. ·/ ·,"1::u'., lat. gi-g11(>;
c: a11 parfait: gr. :J.i-;J.:;n, lat. lllC 111i11ï) skr. 111a mmîte
(3'' per:-,. cl11el moyen) « ils ont pensé>); lat. cc ri11ï) Y. irl.
ce-cba11 >) j'ai clianlé >>; skr. ja gbâ11a « j'ai frappé», moyen
ja-glmé) gr. -;:i- 11.:1.:, Y. irl. (ro)ge-gon « j'ai tué n; et au pré-
PR1'CIPES Ill: L\ \IORPIIOI.c1GIE

sent (senant aussi de prétérit): skr. d!t-dhâllli « je po:-e ))'


lit. dc-dzi} Y. sl. de-~d{7} et, a,ec Yaleur de prétérit, ,. sax.
de da « j'ai fait >> : le grec est seul à présenter i pour ce
Yerbe: -:[- O·fi:J.:. li ~- a d'aillems soUYent hésitation enfre e
et i: le ,éclique a si ,1akti « il suit >> au singulier et sâ-çcati
cc ils sui,ent H au plmiel, et cette dernière forme rappelle
l'aoriste grec s-;;:-{;0:x: cc suine ,>.
Les racines qni comprennent les sonantes i et u sont su-
jettes à présenter i et u dans le recloublement du parfait en
indo-iranien et en latin: le grec a s tlans les parfaits i,0,: 1;;::x,
-;:t;:-".J;::xi, mais le sanslrit a i clans ri-réca << il a laissé >> et
dans bu-bôdha c< il a obsené » : le latin a tu-tudï en regard
cle skr. tu-tudé cc j'ai heurté », mais il a aussi pe-pugenJ à
d,té de pu-pugeri5: lïnclo-iranien mème, où le redoublement
par i et u de-, racines à sonan tes i et u est de règle, pré-
sente skr. ba-bhit'l'll} zd ba-'l.'l1'Ua cc il est dCYcnu ».
Enfin, en sanskrit, les racines commen<:ant par 11 ou y
sui,i de à ont souYent pour redoublement normal seulement
la forme rncalique de la sonante: 11) i: ainsi sh. u-·vâca
cc il a dit », plur. 1ïn1b (de *u-urn(1) à côté de ,éd. 7.'ll-'l'ilrn
cc il a dit ». Cette particnlarité ne peut guL·re être tenue
pour une inno,ation indienne.

Dans tous les types de redoublcmcnL quan<.1 la racme a


une initiale complexe, cette initiale tend à se simplifier.
Si la racine commence par consonne plus sonante, la con-
'-Onne seule figure dans le redoublement:
skr. çu-çrà·m « il a entendu », gr. ,.€-zi,:/4: cc écoule».
~i la racine commence par une sifllante sni,ie d'occlusi,e,
le gotir1ue et le latin redoublrnt au parfait le grnupe tout
entier:
got. skai-skaz} cc il a séparé )) , lat. sci-cidï ( aYec manque
des intérieur, comme clans stctï).
CH.\PlTllE IY

Le ::-anskriL ne redouble que l'occh1si,e , les autres langues


que la sifllante:
skr. tf-,5{hii111i « je me tiens ». 111ais gr. ~·- ~-:·~:J.i, d'accord
aYec zd hi-stii111i) lat. si slô) "· h. a. se-s/6111) Y. irl. sc-ss,1111
<< fait de se tenir>>;

skr. /n sthi111â « nous nous sommes tenus )). mais gr. i - ;-:;(;J.s·1;
Je latin a sic Il) d'après ce qui Yient cl'ètre dit.
Dans les racines commençant par une ,oyelle, le redouble-
ment intensif conscne sa clarl<\ ain~i f!T. 7.F-~~:;z<,> << j'a-
juste» , ann. ar-nri « j"ai foil », ou hom. iÎ,-Û.zs « il a écarté>>:
le redoublement normal à i 011 e se réduit ù son élément rn-
calique; ainsi i dans skr. fy-m-ti c< il met en monYement »,
en regard du présenl intensif âl-arti « il se mrt en mou,e-
ment ))' et c) qui se contracte aYec la rnyelle initiale du mot,
p,1r exemple, dans le parfait skr. àsa « il a été)>, hom. ·r.=- « il
était». Le l}pc =~-c,);;( , :-::-lt)':::i aYec répétition d' une occlnsirn
terminant la racine est se11lemcnl hellénique.

Le redoublement indo-européen n'est dune qn 'accidc11-


tellemenl la rc'·pétition p11r0 et simple de la racine. C'est un
procédé grammatical emplo.' é soit pour renforcer le sens,
soit pour marquer la répétition 011 la dnn'.·e de l'action , soit
enfin pour en indiquer l'aclièYement rornplrt.

2. Suflhcs.

Chaque sulli,e s'njonle ù 11ne ra cin e 011 ~ un thème dont


le , ocalismc est déterniiné par la rè.·gle de l'orniatiun du 1) pe:
ain;-;i le s11Jlixc des 110111s d'ï1gr.11ts * la se joint i, la racine
au degré c: skr. 111a11/tt « celui r111i p<'ll:- C », gr. ~li·r:c,JF, 011,
dan::- l< ·s rncines di::,.s_, llabiques, ~1 la rari1w ~,., ocalismr c de
la pn·rn ière s)ll;ihc: skr. jani /11 <( rel11i qui engendre H,
gr. ·.-s·d.-:w(, ·{:.·1s--:·f.'F, lat. gmi tvr; au con traire le sullîxc
PRI:\f"I PES nr 1. \ \IORPJIOLOGIE

*-to- de skr. 111at1i{1 « prnsé », got. mwzds rt de se.kr. jâ tâ{1


c< né », lat. na-tus s'ajoute à la racine au degré zéro (l1
double degré zéro dans le-. racines dissyllabiques). )fais le
thème étant une fnis posé~ le seu] élément <lont le rnca-
lisme ait des alternances significatiYes pour la flexion est
l'élément prédésinentieL c ·est-i1-dire celui qui précède im-
médiatement la clé::-inence: il n'importe d'ailleurs nulle-
ment que cet élément soit un sufü\.e comme dans le cas
de ·t:.·1!:-::w;;. ou la racine comme dans -;::~; ; là où il y a
un suflîxe, l'ék~ment présuffi\.al e:-t posé pour toute la flexiun
nominale ou Yerbale. _\insi le sanskrit a : nominatif singu-
lier ja11i-tiÎ, ace. ja11i-târ-am, locat. ja11i-târ-i, dat. jani-tr-l;
le grec a: nom. ·.-:.·d--:w,:, ace. ·t:.·ii.--::,:Y., aYec Yariation de la
prédésinentielle et fixité de la présnfli:rnle; de mème il y a alter-
nance é, c, zéro dernnt les désinences zéro, -Y., -:; dans
-;::.i:f.:, -::1.:i?-Y., -:::1.:F-:;. mais -::.x- reste constant. - Les noms
anom:i.m: qui, comme skr. d/tr-n « bois » génit. dr-11-u-a{1,
ont une variation du rnéalisme de la présuffü:ale présentent
aussi des Yariations des suflh:es, en l'espèce addition d'un
sutlix.e *-m- ( au degré zèro ), et par suite ne con tre<lisent pas
le principe général.
Les thèmes nominaux 011 ,erbaux. sont dits thématiques
ou athématiques suivant q11ïls se terminent par la rnyelle c
alternant aYec o, 011 par une consonne ou sonante quel-
conque; les thèmes terminés par une Yo)·e1le longue *a, 'f-ë,
*o occupent une situation li part. Donc 9:.?=--, 9:.?:- de gr.
ti?:.-::., ti::-;1.:.·1 est thématique, au contraire 9=-?- de hom.
tir--==- est athématique; 9:F:-; est thématique, mais ~wF est
athématique. On nc,tera qu'il y a de nombreu:-cs alternance:;
des l)·pes thématiques et athématiques, et la tendance de~
diYerses langues indo-européennes est de substituer des
formes thématiques à de plus anciennes formes athématiques;
ainsi, malgré sa Yaste extension, la forme thématique de slr.
IJG îH \PITRE lY

N1tirt1-li u il porte », gr. ~iF:'.'.: ,. :--1. bffc-lu, F!"U!. bairi-p,


,. irl. bcri-d, nrm. ben·(de *bt'rc-y) e:-it suspecte d'ètreune al-
tération de la forme athématique attcstéP pnr ,éd. bhar-ti « il
porte >>. lat. fer-/ <'thorn. ~i.F :::.
La distinction des types thématique et athérnafürue est
essentielle à plu,icur::- égards :
;c. Dans les formes athématiques: le ton se tramporte à des
places différentes au cours de la flexion : ainsi il e:-t sur
lïnitiale du mot dan, skr. /-111i « je ,ais>> et "llr la désinence
dans skr. i-111â(1 « no11s allon::; >> : dans Jcs formes tliérnn-
tiqucs le ton a une place i1nariahle cl n ·e:-t jnmais sur la
désinence, i, moins que celle-ci ne soit contractée a,cc la
rnyelle tliéméltique : slr. bhân111Li << je porte »: bhân111wb
<c nous portons », ou tud/imi « je heurte 1), tud/1111a?.1 « nous

lieurtons ».
~- Dans les forn1<'s athèmatiqucs, la désinence reste prcs-
q11e toujo1Irs bien i~olée du thème; dans les forrnes théma-
tiques. il y a somcnt des contractions. ainsi le datif :-ingu-
lier cl<' l'atliérnatiq 11c ~1. r. pitâr- << père >> est pit r-é, mai::- le
datif du nom thématique intlo-iranien *a'lka- cc loup » est
f'll zend ·i•,1/JrktIÏ, Cf. lit. 'i..'ÏUW·, {!L Ï,ji'.C:>· OÙ il e,t impossible
de faire le départ entre le tl1èm<' et la dt~sincncc.
·,'· Les fnrn1cs atliématiqncs ont des désinences en partie
distincte:- des tliL:11wtiqu<':-: :1in::-i en reganJ de la dé:-inr·nce
"':...111i dr la 1 r,· personne sing. acti,c de l'atl1èmatiq11c *es-:
,kr. âs111i, '"· ~1. jes1111, 3T. ~::J.'., le ,crbe tliérnatiq11c a un
*-c.1 final: gùth. barâ c, je pnrte », gr. ri?•>, lat. ferô, gnt.
baira, etc.
Le:- ~,dlixc:c- ~ont llit:-: primaire:-: 011 ~econdnire:c- -.uirnnt
(}UÏ], <ajoutent ù la racine ou ù 11n tl1i·nw e111plo)t; dan:::: la
1ang11e : le snflÎ\<' *-es- d11 tliè.•111e ... kr. çrâr·-as- « gloire »
= gr. :1.i.i.(F)-:::- e:--t primaire parï(' f111'il :--'a,io11te ;1 la raci~1e
*k1 /rn-, an contraire le s11fli~e i. - e. *-yo- de skr. çrtrms-(f)ya-
Pnl~ClPF.S DE L\ \I()HPllOLOGIE

« digne de gloire » est secondaire parce qu'il s'ajoute au


tl1ème *k,le'i.l'CS-. Il est inessentic1 qHe ce thème soit composé
d'une racine et d'un Oll plusieurs suflixes, comme dans
]'exemple cité, on qu'il soit Hne simple racine : skr. pâd-ya-
« pédestre » et gr ... ~~:-( *.. ~:- ~·:-) ont 1111 suflh.e secondaire
*-yo- ajouté au t11ème *ped-, *pod-, de skr. p/it, gr. ;.:~;, kit.
P<'S. Par suite Je départ est souYent impossible entre les
thèmes primaires, rattachés immédiatement à la racine, el
les thèmes secondaires, tirés d'autres thèmes existant dans
]a langue. Car, pour qn.lln thème secondaire dériYé d"un
thème à sutTixe zéro, comme ::--kr. pâdyab, gr. ï.~~:;, pHisse
passer pnur prnnmre, il sutTII que le nom dont il est tiré ::-orte
de l'usage.

3. Désinences.

On n'ohserYe d"alternances Yocaliques proprement dites que


dans certaines dt'·sinences, notamment celle du génitif singu-
lier: *-es (lat. -is, v. lit. -es, Y. sl. -e), *-os (gr. -:;, lat. dial.
-us), -s (lit. -s, sl\.r. -b, gol. -s, dans le type lit. sü11a!Îs, skr.
sauôb, got. s1111a11s « du fils », etc.). - Des oppositions
comme celles des désinences de 3e pers. sing. :
actiœ primaire *-ti: skr.-ti, gr. ::. v. russe -tï, v. lit. -ti.
actiœ secondaire *-t: skr. -t, gr. zéro, Y. s1. zéro.
moyenne primaire *-tai: skr. -te, gr. :.:xi, got. -da.
moyenne secondaire *-to: skr. -ta, gr. -::. lat. -!11-(r)
ne rentrent pas dans les formules générales du rncalisme indo-
européen.
D'ailleurs les désinences admettent les formes les plus Ya-
riées; elles peuYenl comporter la présence d'Hne Yoyelle,
comme la désinence du nominatif pluriel *-es (skr. -a{1, gr.
- ~;, v. ]il. -es), on se composer simplement d'une YC1yelle
comme la désinence de 3e pers. sing. act. <lu parfait : gr.
Cil \PITI\E l \

-s == skr. -a; mai~ il peul également n ': an1ir pas de , oyclle


proprement dite, comme dans la désinence du nominatif
::iingulier skr. -{1, gr. -;, lat. -s, lit. -s, Oll clans celle du
locatif singulier skr. -i, gr. -:. La désinence peut mème
s'Jtrrnlre sur deux syllabes, comme r0llc de 3e plur. acl.
*-m/1. ( si,..r.
1
s-antz
' ·1 s sont», cor.
• « 1 l .
s·,-::: d r *' -s·1::. gol. s-111,
. /) .
La lihertP de forme des désinenc0s présente awc la rigueur
de~ n\d e-. relati,es au\ racines 11n cnntrasle frappa11l.

Hrmarq11rs générales sur les <'·léments morphologique'-.


1 ° Les trois éléments: racine. sullhe cl Jésinence, sont
nettement distincts les uns des autres; den\ d'entre eux ont
dans chaque forme gramniaticale un rncalisme défini, cl
1"1111 des trois reçoit - on peul recernir ù !"occasion - Ir
tc,11 ùont la place a toujours nne ,alcur st'.·mantique: ces par-
ti,·1ilarités sr conçoi,ent dans nnc Jang11e qui n·a,ait pa:-
d'acccnl dïnlensitè , ou du 111oins ü1'1 l'intcnsitè n'était qu'ac-
cr:--:--oirr, cl donl le rythme t'.·tnit quantitatif et la prononciation
unie; C'll1•s seraient impossihl0s dans un idiome 011 chaque
111nt aurait nn fort accent d'intensité q11i mettrait en évidence
l'une des s:, llabcs cl lui ~11liordonnerail k·s antres. Il y a
donc nccorcl entre la description phonétique dnnnér p. 1 1 G
cl s11i,. (•! ln slrndure rnorpholc)giqne d0 I'indo-e11rnpéen.

2° ,\lors que la rarinC' sémitique n en principe trois rnyrlles


l1 altcrnnnre~, la racine indo-ruropèennC' n'C'n a qu'une. ca r,
Jans les rrwines clis~yllabiqnes, l'une Je~ <lem. ynyrlles est
rn~cessaire111ent au degré zéro. La racine cl les alternances de
son vocnlisme onl tlonc dan-. le mot indo-européen une
place l)ien moindre que clans le mol sélllitiq11e: la préfixa-
tion ohscmcirait par suite la racine indo 0uropéenne, tandis
qu'elle ne ~aurait empêd1rr le sujet parlant de perccrnir
ncllenwnt la racine sé11 1itiq11 r ; <le Ili l'rn1ploi <le la préfixa-
PnI~CIPCS DE L.\. ,ronPIIOLOGIE

lion en sémitique cl l'absence de cc procédé en indo-euro-


péen. D'autre part l'indo-européen, ayant dans sa racine
moins de ressonrce.;; d'expression c1ue le sémitique, recourt
dans une beaucoup plus large mesure aux suffixes et aux
désinences.
On ne remarque pas assez à _quel point tout se tient dans
la structure d"une langue.

IY. - DES DIYERSES ESPÈCES DE ,IOTS.

L ïndo-cmopéen a deux flexions absolument distinctes :


celle des noms et celle des ·verbes. \ ulle part, pas même en
sémitique, la distinction n'est aussi nette qu'elle l'est en in<lo-
européen. Le Jétail des différences entre les flexions nomi-
nale et Ycrhalc ressortira de l'exposé de chacune. Les faits
généraux sont les suivants:
La flexion nominale et la flexion verbale expriment toutrs
deux le nombre, et toutes deux ont les trois nombres : singu-
lier) pluriel et duel. L'emploi du singulier el celui du
pluriel n'appellent pas d'obserYations. Quant au duel, à en
juger par lïndo-iranien, les anciens textes des diYcrs dia-
lectes slaves cl le YÎcil attique, il était de rigueur toutes
les fois qu'il s'agissait notnirement de deux personnes ou
de deux choses : sans doute véd. i'/kà) Y. sl. dïka) Y. att.
i.~'l.<JJ ne signifient pas à CU\. seuls « <lem: loups » ; car le
duel n·e\primc pas le nombre par lui-mème, et l'on ne peul
employer ces formes sans les faire précéder du nom de
nombre « deux i> que si les interlocuteurs saYent <léj,\ qu'il
s'agit de « deux loups »; mais dans ce cas, et naturellement
aussi là où le nom de nombre « deux i> est exprimé, on ne
rencontre pas d'autres formes que celles du duel ; par suite
r11, Pl rHr I\"

les orgr111es pairs sont nommf.s au duel, ainsi « les Yeux ":
4r. âkJï, Y. si. oéi, hom. ::-:;~.
Ln fle\ion Yerbalf· indigne les perstlllllt'S, celle qui parle,
Cf'lif' ù qui ron pari<' rt rrllc dont on parle : lat. dir<J, dïris,
ilicit.
La flc\.ion nominale indique le ras, c·c:;t-à-dirc que les
noms ont de:- formes différentes suinnt le rùlc quïls journt:
il : a une forme ponr le sujet: le 110111i11atif; une pour le
complément direct : l'armsatif ; une pour le complément
d"11n nom: le gé11itif; 11ne pour le nom indiquant le lieu ou
le temps oi'1 une chose se foit: le loratij~ 011 d"oii elJc Yient:
1"11/,lotif: le datif indique à '}Ili ou à quoi l'action est dcstim~c.
rt l"i11stru111c11tal awc qni 011 awc quoi elle est accomplir;
Je twatif désigne la personne qni est interpellée. li: a ain~i
huit cas.

Le:- ,.:erbes sont d«)nc rn indn-r11ropérn les mots dont la


llr\.Ïnn indique la perso1111c, le, 110111s les mots ùont la flexion
inùiquP le ras. L"empl()i et la Yalem de cc::- ùeux espèces de
mot:- ne se laissent pas résumer en une définition. et ressnr-
lirnnl des usages qui seront anal~-:-és an cl1apitre de la tJhrasc.
Certaines f.Jrme-. nominales npparticnncn L il des tltème:-
Ycrbanx: ce sont les participes; elles présentent le sens propre
de res tliL·mes. mais rentrent Jans la dc'.-finition générale drs
nom:-. Les participes ne :--auraient tenir dans la plira~e la
pl are d"11 n Ycrbc i1 forn 1c personnelle: la :-éparation d"ayec
le nrbe est donc j11~ti11éc rnème a11 point de ,11c ùc la struc-
ture générale de la plira~r.

Outre les ca~. le~ noms ont aus:-i cks distinctions de gmn·s.
Le 11mfrl' rst caracthi:-é- par la flrxinn, c·c:-l-à-d1rr par cer-
taines désinence:-, par un certain ,ocali~mc Je la pré<lési-
11cnticl]e (et sans tloute aussi autrefois par une certaine place
<lu Urn): ain:-i lat. aliu d se di::-tinguc de aliu s par la clési-
PIU\"CIPES DE I. \ ,1onPllOLOGlE

1wnce, gr. :;.:i::·, se distingll c de ·r.::c,r, par le Yocalisme tlc la


prédésinentiellc, etc. Le sens propre d11 nclltrc se rnit dans
les démonstratifs comme lat. id « ceci », ou les adjectifs
pris substantiYcment, conmH' lat. aliud « autre cl1osc » :
le neulre serl pour les choses el ne désigne des personnes
qu 1autant qu 1 elles ne sont pas cmisagées comme prrsonnes,
ainsi lal. 111t111npi11m « csclaYc >>; il est aussi employé dans
les <liminulifs, ainsi /:!T. i,:;;b, diminutil' de i,f,~, gol. gai-
tei11 « clteneau >,, diminutif de gnits « clièHr », Y. pruss.
w1>sistit111 « chcncm1 », .'-1 cûté <le 'i..l'Osce << cl1ène ». Le neutre
1
n a de marque propre qu'à trois cas: le nominatif, le Yncatif
et l'accusatif, et, pour cha cun des trois nombres, ces trois
cas n'ont au nenlre qu'une se ule forme. Tl est donc caracté-
risé par ses formes propres et par l' indistinclion des nomina-
tif, ,ocatir et accusatif.
La distinction c.111 masmli11 et du Jé111i11i11 n'es t pas expri-
mée par la llexion et par :;11Îtc n1 cs l pas li omogènr a,·ec celle
d11 neutre: tons les type~ de substantifs admellenl indilTé-
rem men l les deux genres masculin cl féminin; ainsi les mots
1
.:x--:·f,~ el :J.{tr,.:, n 011l rien dans leur forme qui fosse reco nnaitre
dans l'un un masc11lin , dans l'autre un féminin : -::r:-f,::, est re -
connu pour masculin à ce q11 ' il est précédé de;, :J:f,--:·r,? pour
féminin à cc qu'il csL précédé de ·r,. Dans les adjectifs, le
féminin est caractérisé par un sullix:e, ainsi au thème masculin
skr. sâ11n « ancien », lit. sma, gr. "i:1: - s'oppose trn tlième
féminin s1..r. s!mii-, lil. sma, gr. l·1x-: un substantif mascnlin
csl celui qui demande la forme masculine du thème de l'ad-
jectif qui s'y rapporte, un substantif féminin celui qni dr-
rnande la forme féminine du thème de I1adjectif. La distinc-
tion du masculin et du féminin appartient donc d'une part
à la théorie de 1a formation des thèmes nominaux d'aJjPctifs,
de l\rnlrc l1 la syntaxe, tandis que le ne11tre relève de la
déclinaison .
.A. )h:1 LLET. I l
I l,2 CII.\PITIΠIY

Ln trait caractéristique de l'indo-européen est que les di-


verses ca tégorics grammaticales n ·ont pas chacune une ex-
pression propre: par exemple, il n·y a pas une marque du
pluriel, ;1 laquelle ~:ajouterait la marque du cas ( el du genre)
pour les noms. de la personne el des aulrrs catégories pour
les Yerbc~ : ain:-i -:; de gr. -:::~-6; indique à la fois le génitif
el le singulier, -u>'I de gr. -;::;~-0r1 à la fois le génitif cl le
plmiel : -i dans skr. pad-i « dans le pied » est la marque
du locatif et du singulier, -rn dans s1..r. pat-s11 « dans les
pieds » la marque à la fois du locatif cl du pluriel, etc. De
mème pour les Yerbes. --:: de dor. -:UJ·r,--:: (== ion.-all. -;:
de -:'.fJ·r,;:) indique i1 la fois qu'il s·agit d\m singulier.
d"une 3e personne, d"un actif (non d'un IllOJen) et d'un
présent (non cl"un imparfait). La valeur d"tme forme fléchie
indo-européenne est donc complexe, cl ce n-csl que par
abstraction qu'on peut l'analy::,cr: il n'y a de marque géné-
rale ni du nom ou du verbe, ni du singulier, du pluriel ou
<lu duel, ni du nominatif, de l'accusatif, etc., mais seulement
des marques du nominatif singulier masculin férninin, du
norninatif-accn:-.alif rncatif singulier neutre. du génitif plu-
riel, etc., el enco re ces marques ditli'_·renl suirnnl que le thème
est tlH'·matiq11c, atliérnatique, etc.

En dP110rs des verbes cl des noms, q111 con:-;tituenl les


de11 \. grandes classes de mots 11écliis, lïnclo emopéen a 1rn
assez grand nombre <le mols non fléchis. <lo11l beaucoup se
dénoncent co11rn1c des forn1r~ IÎ\fr..., cl is(Jlt'·cs Llc mols an
cirnnemenl iléchis:
1 ° Des adverbes, indiquant. diver~es circonstances de lieu,

de temps, etc. :
dur. -::i? ·;-::, ion. atl. d.F'J;:, arm. hern, m. h. a. vert, v.
irl. (01111-)uraid cc ab anno priorc >>; ~1..r. parut « ran der-
nier » (locatif ~l llé::-inc11ce -i dans les premières langues, à
PHI~î.IPE:-. DE L.\ ,1 onP ITOLOï.rn IvJ
,:.-.

désincncP zfro en sansl-rit, d·11n co mposé *pt'r-lll- << l"autre


année», cf. skr. p!tra{1 « éloigrn\ de li1 -bas )) et gr. Fi:::..;
« année )> ) .
skr. â11ti « en face, dcYant », gr. 7.·1-:~. lat. ante, locatif
d'un thèm e *1111!- dunt le gr. i.-r::J. présente l'ac cusatif.
sl r. k1ibt1 ( <l'un plus ancien *b1dha ). gùth. lwdiï, Y. sl.
ki'illc (( où ;l )) - lit. lwr, ann. li/" ((où? )).
Les ad ,·erbes de cette sorte sont nombreux. Jans chaque
langue , mais p0u se retronYcnt identiques clans plusieurs cl
peuYent être attribués à lïndo-européen.
2° Les prépositio11s et pré-verbes, comme:
skr. prâ, Y. si. pro, lit. pra-, got. frt1-, Y. irl. ro, lat. prô-,

Au cours du déYeloppement <les langues indo-européennes,


ces éléments ont eu tendance à se grouper soit aYec le nom,
ainsi gr. -::,:.; ~::J.ûr1 ou ' li,::Oi -;:F; , cl on les appelle alors
pdpositio11s, 011 aYec le verbe, ainsi g r . -::F:7ipûJ, et on les
appelle alors pré-1:crbi•s; mais, en indo-européen, ils é taient
d Ps rnob distincts e t n 'é•taient rapprochés ni d'un nom ni
d'un Yerbe : les anciens dialectes indo-i rnniens, la lang11 e
ltomériqne, le baltique, le celtique, le germanique et aussi
le latin ont conscné Je nombreux restes de cette inJépen-
dancc, ainsi ;:p: 2i ;J. ' 7,1.:: O:::x chez ll omèrc,.\ 208. ou sub uos
plaro en latin. à cùté de rnpplico uos. Les trois places po:---
~ibles Je -::,::.;: isolé, dcYant nom , dernnt verbe. se Yoi,·nt
dans ces ,ers d ' ll om,'>re:

E G32 -::·1 i'.'J.:. Ti:ri;::i,:::J.:.; -::;;:-:s.;;:.; ;:F:.; :J.'J0:·1 s(F)::~;:::·1


cc ~ celui-ci Tlepolcmos le premier dit >)

E 2j '1 i:i; : t :û-1 ::; :1.:î-:1. -::p:.; Y.Î,Î:f.Ï,:; ·J ; Y.",';ps.J:'I


cc ainsi ils disaient les uns aux. antres >)
F"' 2-G
/
_.._, _,..; __ ,..,.. _ _ ,..,.._:(F)-:..,..:.
• .,, I ... '(.., .:.,..,..,-: ,.t..,"':.
,-- .. \·'J'/·.. 7...,
:,...1..,-:
-- 7.~-,·i /,"Y...,-:
;._ ·J ;..:• .,,-:.•_
<< à ce lui-ci le Lrillant fils de Lycaon <lit le premier >)
CIL\PITIΠl\

Par un déreloppement qni :/est proJuit <le manière pa-


rallèle et isolément dans toutes les langues indo-euro-
péennes. ces mots d "abord indépendants ont été rattachés
soit i1 un nom. soit à un Yerbe : le type de construction <lu
wrs E 632 a ainsi été éliminé tandis que le:'.- lieux autres
subsistaient.
Le~ prépositions et prérerbes, comme les adYerbes, sem-
blent ètre des formes fixées <le nom s plus anciennement dé-
cliné:-- : mais tous ne sont pas clairs.
3° Des partimles qui serYent à la cofütruction de la phrase
comme skr. ra, gr. :~, lat. tj lle << et n ou :;kr. nit, Y. sl ne,
lat. ne(quf) « ne pas » .
Bien que les particules ne soient pas actuellement réduc-
tibles à des formes fléchies, on ne saurait guère les séparer
de la déclinaison, et les mots inYariables seront étudiés ici
i1 la suite des noms.
D'une manière générale: lïndo-européen ne distingue que
deux grandes classes de mols : les noms el les ·i,•crbes.
CIIAPITRE Y.

LE YEHBE .

•\ . GfaÉR.\.LITÉS.

Pour se faire du système wrbal indo -européen une iMc


exacte, il faut d'abord oublier la conjugaison, telle r1u'ellc
apparait en latin, en germanique, en baltique, en sla,c, en
arménien, en grec moderne, etc. ; seules les formations
compliquées homérifp1es et Yédiques on aYestiqucs ont con-
sené les traits essentiels de ce système.
En latin par exemple, un même thème fournit d'une part
le thème du présent t111/(J) amâs et celui du parfait a11u111ï de
amdre : il y a une conjugaison de amdre dont toutes lrs
formes se commanden l les unes les autres; étant donné a mat)
on peut déterminer, sauf anomalie, les autres formes du
,erbe.
En indo-enropéen, au contraire, chacun des thèmes Yrr-
baux était indépendant de tuus les autres. .\ la racine
*Ici/.:"'- « laisser, rester » se rattachent par exemple:
1° Ln thème paroxyton, ù rncalismc e de la racine, indi-
quant l'action qui dure, *léik"'e-: gr. i,~[ï.s\·1, ï.s[ .. u>, lit. lëkù
« je laisse » ( avec déplacement de l 'acccnt), got. lcihwa « je
prête».
2° Ln thème oxyton, à Yocalisme zéro de la racme,
inclic111a11l l,aclio11 tJt1rc et si1111Jle, */ikwé- : gr. i,t~~1°'1,
166 r:tl..\PTTR.E Y

si.:-:::'.= arrn. clikh « il a laissé», ,. li. a. li•l'i cc ln as


prêté ».
3° l. n thème à nasale in fixée, encore athématique en indo-
iranicn: skr. ri{1âl,ti << il laisse». n1icâllli « ils laissent »:
de,cn11 thémati(Jue dans lat. linquô et v. pruss. (po)lïnkn
« il reste »: ce thème semble indiquer le commencement de
l'action.
'1° Cn thème de causatif à rncalisme radical o cl suflixe
*-r!yc, *loik"'-éyc-: sJ..r. 1w!tyati « il fait laisser »; cf. lit.
lail,f'ti « tenir», c'esl-11 -dire cc faire rester>>.
5° { n parfait: gr. i.0.::-:::x, skr. ridca « j'ai laissé >>.
G° Cn thème en *-ye, it rncalisme zéro de la racine, indi-
f]Uant un état 'lui dure: skr. ricyâtc « il est bissé >1,
j 0 l'n thème cl"éwriste sigmati'luc, *lâk""s-: skr. lt.raik cc il
a laissé », moyen nrik..ri cc j'ai laissé ».
_\ucune cle ces formes ne s11ppose l'c,i:--tcncc des :rntrc,,
cl à ct,té d'elles il a pu exister toutes sortes d'autres tlu\mcs.
Les formes verbales secondaires, tirées de mols existant
clans la langue et no11 p[ls rattachées dirrctement n des ra-
cinrs, n'ont donc q11'1111 seul thème: 1wr exemple le dt'·nomi-
natif skr.11a11ws-y!t-ti « il aclorCJ> n'a que le thL·mcd<' présent,
cl la conjugaison c'o111plL·lc que présente un dénominatif
cornrne gr. :~:dc.i, aor. s:;:1:r,;x. parf. ::::;;i;r,;,.:xi etc., est une
inncwatinn helléniq11e. P:1r snite. la formali()n de thèmes
antres qne c<"lni d11 pr6:--<"nl dans les ,erhcs dr110111i11atifs rô-
~mll<" de dé,elnppcmcnls indépendant:-- des di,crscs lanp-ucs:
et en effet la forme de re, thèmes ùiffL·re de !"une ,\ l'autre:
l,11. t11J11\ tllllllliÏ: got. salbo cc j'oins i,. salfoda « .i'ni oint >>;
lit. pàsa/.:oju « ,ie raconte )>, pàsali·ojt111 « j'ai rarn11lé l> ~ , . ~1.
dèlaj{l « je f.1is >>, dèlaclm « /ai fait >>; 11rm. yusam cc j'es-
]•èn· »,y11sn(t1y «j'ai espéré n.

Qu'ils soient prinwire, nu seconcbire,, les lliè111es tempo-


LE YERilE

reis inclo-enropéens n'expriment pas le temps: un thème ùe


présent grec indique l'action qni dnre, nn thème d'aoriste,
l'action pure et simple, 1111 tht'_,me de parfait, l'action accom-
plie: et, l1 cet égard, le µTee repdsentc l'état indo-europ<~en.
Dans la mesure 011 le temps est exprimé, c'est par la flexion
cl par l"ang·rncnt: le tli&me de ),sr::u) et de frs~ï.::·, est le
mème : mais ï.s:ï.t,) indique le présent, et n,s:;_:;•1 le passé.
La Yaleur des « thème:-; temporels» indo-européens est donc
scmblahle ~1 celle des aspects slaws, non à celle des temps
latins.

B. Fon"\TIO\ rr Y\LECR DES nrÈ:\ms YEiwu· "-·

1" Thèmes temporels.

Lf's tht'_·111es tc111porPls forment drm;: grm11ws dï111p1)r-


lan,·1' très inégale, cdui d11 prhC11t-aoristc) et cdui du parfait.

a. Présmt aoriste.
Lf's l,Ypcs dn présent-aoriste snnt di,crs; tous admctll~nt
le:-; mt\mes désinencPs ( en partie différentes suiYant q11c le
type Pst tl,ématiqne 011 athénrn tiqne) cl les m,\mcs formatinn:-;
du participr: Ir jcn dn ,ocalisrnc est aussi Ir mème dan:--
tons. Entre le présent rt l'aoriste, la différence n'c:--t pa:--
dans la natttrf' du thème: on appelle présCllt nn t!tèmr qni
admet ;\ la foi:-- les dé·sincnces primairr-s et :--ccomlaircs,
aoriste nn thème qui admet Sf'nlemcnt les désinrnccs s<·con-
dain·s (,. ci-dc>ssous l'étude des dé:--incnccs).
LPs thèmes cl'anri-.!Ps se rattachent tnns dirPclement à ,lrs
rnci11rs : des thème-; de présent:--, le:-- uns SP rnllachent ;\ des
racines, ks aulrr'- sont déri,és de noms. ou d'autres th,'>-
me:-- Ycrha11x. )lais. si certains types de formation ne fr111r
nisscnt pas d'aoriste:--. en rc,anche, toutes Je:,; fornwtion:-;
I 68 f:11.\PITIIE ,·

ll°anrÎ:,;les, i, l'e\c<'ption d'une ,c11le. fourni:,;::-enl a11'-si des


pn··~e11l:-:.
L nr racine <lunnée ne cnmpnrle pas ton:-- le:,; l,' pes de for-
ma lion, mai:,; Plie en présente prc::-q11c lrn1jn11rs pl11sieurs.
La racine indu-e11ropécnne n·csl par cllc-111ème ni trami-
liYc ni inlransitiYc. el les thème, ,crhaux qui :-:"y rattachent
admellenl par suite les deux Yaleurs: f!r. "izc,) signifr<' « je
tien:-:. j\1i ». mai::, au::-:--i cc je lllC tÏ{'nS » dan'- i'.:a.,~>.; sz1,> <c je
!'-11is mal >): ~i,:l,) ::-ignifre <1 je porte ». mai:-- ::.x~{Fc,) je t(

::-11is différent >> (littéralement « je me porte clitlën'nlment »,


et ck mèmc lat. fen> et dijfcro: lat. nortc id :-ignifie 1< tourne
ceci >L mais uorti: hile « lo11rne-tui <le cc c,\Lé n: lit. lël.·1i
:,;Ï~nifrc << je lai:--se ». mais isz-lèl;ti « j<' reste » (<1 je :::-11is
lais~,·· hor~ »): skr. 1'lihati peul SP trncl11ire également par
lat. 11chit (aliquid) cl par nchitur: got. "i.uasja11 par « ,ètir
(quclqu "tm) •> et « :a-e Yèlir >).
Le~ forn,cs tl1émaliqucs el athrnrn.Liq11cs des mêmes t.' pc,
ont été rapprochées, parce que la prés<'nce ou l'absence de
la YO) elle thématique ne change rien au ,ens.

1. Tl1ème5 <le présents cl cl"aurisles à s11ffi\.c zéro. - .\in::;i


(JU·on doit l'allendr<', ces lh1?mes notent. sansaurune nuance
spPciale. l'action indiquée par la racin<'.
Si la racine indique une actio11 q11i d11re, on ohlient ain . . i
11n thème de prt!smt q11i admet ù lïndicalif .·, ln fnis les dè
sincnce~ primaires (type, grecs en -:1.: et en -1,1) et les clési.
nencc-. ::-rcondaircs (types grecs en -·, 011 -:l cl l'n -;·,): ainsi
skr. âd111i « je mange», i111parfoil 111fa111 «,ic mangeai . . », lat.
ëst <e il mange>). lit. ht(t)) ,. si. jas/11 (111èmc sens); 011 gr.
~:tiJ (imparf. !tom. ~:;·,), lat. cdtï, µ-ot. ita « je nrn11ge n, arm.

11tc111 H je mange >). Si la racine i11diq11r l'action pure d


~irnple. sans durée, le thème n'admet d'ordinaire q11e les
dé::-inrncc~ sc,·ondaircs h l'indicatif: c'est 1111 aoriste; tel est
\
LE YETI.BE

le cas de skr. !tsthttt = gr. s:;:·r, « il s'est mis debout , il s'est


dressé, il s'e:-.t arrèté ». r.ertaines racines ont les deux valeurs
et fournissent à telle langue nn présent, à telle autre un
aoriste: *g 1mJ- donne au sanskrit un présent jâ11tl111i « j'en-
gendre » et au grec 1111 aoriste ~~·s·1: :;:r,·1 « je suis cle,em1 ».
Quand le thème à snffixe zéro a la ,alenr d'aoriste, on obtient
le présent en recourant à une antre formation, notamment
à la racine aYec redoublement, ainsi skr. tff{hâ111i « je me
tiens n, gr. ~·:;:·r,:;.:. lat. sisft1) etc., en regard de skr. dsthtllll)
gr. s:;:·r,v, ou gr. '{'.'('1:.:;,::1.i en reganl de ~~·s·1:;;:r,·1. Il arri,e aussi
que le présent et l'aoriste qui rendent un mème sens appar-
tiennent h des racines différentes, l'une durati,e, l'autre
exprimant l'action pme et simple: ainsi la racine essentielle-
ment durati,e de skr. âd111i « je mange 1>, gr. Eu>, arm.
ulelll ne fournit rpw des présents ; l'aoriste est exprimé par
des racines din'rses: en sans1'.rit par dgba(.1 << il a mangé», en
grec par sqr(S- en arménien par cl,t'r. La racine *es-« exister»
fournissait un présent (et 11n parfait), mais pas d'aoriste, et
c'est ce qui fait que l'on a recouru dans une large mesure
à *bhewJ-: skr. âblnït « il a été n. , . sl. by et bys/11, lat. fuit)
elc. La racine *ei- « aller i> ne fournissait pas d'aoriste , ni
sans doute de parfait, d'oi1 en grec :r,iJj:,·1 et ;_i:r,i,'J6::1. en foïe
de sr:J.:, en sla,e füiù « étant allé >> en face de jidg « je ,ais,
j'irai >l.
::1.. 1~vpe athé111atiquc. - Ce t:ype n'est représenté dan.;; la
plupart des langues qne par pen de ,erbes 1 mais tous très
usités, et, d'autre part, le~ nemples en sont d'autant plus
nombreux dan..; une lang·11e que celle-ci a un aspect pl11~
ancien, aimi le ,édiqne en a plus d'exemples que le grec,
et le lituanien, si archaïcp1e à plusieurs {g-ards. en a des
formes relati,ement abondantrs, ~urtout dans les ,ieux te\tes
( des XTlp et --n11e :-iècles). Les principaux exemples sont les
sui,ants:
1 1n ï,U \PITRE Y

*ci-} *i : . . kr. l111i « je Yni:-. ))' imd{, « nous nllons n, vâ11ti


<( il:- Yonl ))' 11yt1111 « j'allais »: gr. ::~:J.:, i'p·1: lit. eimi t< Je
Yélis )) ; lnl. ïs, if} ÏJJJIIS} ifis.
*es-} *s-: slr. ltsJJJi « ,ie s11i-; », s111â(1 « nous sommes »,
sânti « il" :-onl ))' its111J1 t< .ï<'·tais n; gr. s::J.: (lr:,b. ~:J,:J.:),
..
:::;-:•., . (d e ::·,-::,
::::;: . a tl es t'e en c.1oncn,
. . *·::·,-::) , 11t.
ancien · CS/JI/,,.
~

sl. jt?s1111 (pl ur. s1.zti'1 « ils :-ont»), lat. est, s111Jf, got. istJ sind.
*wt'l- , *'il'[- : lit. (pa )1.•clJJ1i (< .ïordon11e n, lat. 110/t (de
*'ieclti} cf. le subjo11rlif 11ehJJ1), slr. a-'l'{-fa <( il a choisi ».
*cd-} *l'd-: skr. âd111i t< je ma11,3·e >> . lat. l'S!} lit. éi/1111
« je mange», ht(i) « il mange » : Y. sl. jaJJ1Ï} jastiL
*blxr-, *bly-: skr. bharti « i] porte », lat. fer!, lion1. ?(:-::::
le t., pe tl1érnatirj11e c:--t plu:- ordinaire: gr. ?(:!iJ, etc.
*reud,1-} *md,1- : sk.r. rôdi-ti t< il gc.~mil 1>, rndi-1u11l1 << nous
gémissons 1>, rnd-itnli << ils gémissent ,>, lit. rlllldllli « je
plcnrc >>.
*iueid-, *wid-: sk.r. 'l:éd111i « je sais )) 1 impératif 'l:iddhi
<< sncl1c l): gr. n:;():: lit. 'l'l'Ïzdi « YOis ll Ct ·z•/i:;._d111i « je
YOi::- l l : Y. sl. 'l'Ïzdz « mis » (impérntif).
*sthit-} *sth1- (rncine non tlurntiYe, fourni . . sant un aoriste:
Ir pn'·sc11t est u11c l'orme ;'1 rcd011bkmrnt): ~k.r. itslhitt « il
:/est tenu ,,. nrn.'rn asthita: ~r. ~:;-:·r,.
*dh?-, *dlP- (rarinr non c.lnratiYr: le pré-;cnt rsl 1111c forme
à rPdoul,lcmcnl): ~kr. âdhiïl « il n pns<'· ll, moyen âdhita:
arm. ed << il n posé )>: gr. ~fJ:.-:: (moyen).
*dcï, *d,l- (rarÏnr ll<>ll d11rnti,c, COllllllf' la précrdc11tc):
~i...r . itdat << il a c.lonn<~ », 111<1.,cn âdita: arn1. l'i<< il a donné » :
gr. ~~:-:: (mn:, rn): cl". a1h:--i lat. dà11111s << 1wus c.lo11nons H.
*!, 1ci-: ~kr. çhe « il c~t co11rl1<; », zd saëtc == gr. z:.Y-:.:1.:.
\l'i'S-: ~k.r. 1.•izs/1' << il ~c ,èl n, zd 'i.'tlS!t' == gr. Fh-:.:t.:.
Lr::- formr" qui prfrèdc11t ~n11l ntt<•..;tfr~ par l'n<'cnrcl d'au
moi11" de1n lallf!'IIC:--: c.l'nntr<'~ q11i Ill' . ; e tro1nrnt q11c dan~
une seul e sont ::im::-i inc.ln -europécnncs, cl ron en a parfois
LE YERBE I j' I

la pren ve : ain'-i la forme athérna tique ,,~d. 'i:âçmi « je wu:x »,


11çmlzsi « nous ,oulons )) , gùth. 'l'aSJ111ï) 11s111ahï n'a pas de
correspondant en dehors de lïnùo-iranien: mais l'adjectif
gr. f :.zw1 « ,olontier~ » ,.qui a le ton à la mème place que
:,~., « aJlant », est le participe d\m présent, non consené,
qni correspondrait à skr. 1'l1Çllli.
~- Type tbé11111tiq11e. - .Au contraire du précédent) C('
type est largement repré.;enté, el l'on a ni~ p. 1 ;=,:=,) que des
thèmes appartenant au t: pe athématique :- sont entrés au
cours du déwloppement linguistique, ainsi peut-être gr.
-/-Fu), etc. : le latin nïdJ et le ,. h. a. ri11zz11 « je pleme >)
sont issus des formes à Yocalisme e du présent athématique
correspondant ù :-kr. rôdi111i « je gémis » et le lat. n1.dô de
formes à ,ocalisme zéro: lat. n,dwrt répond à peu près
exactement à skr. rndâ11ti « ils gémissent ».
Le t:vpe thématique a deux formes principl'lles : racine
tonique mec rncalisme t', et rnyeJle thématique tonique
aYec racine au degré zfro, et ces deux formes ont des ,aleurs
différentes: lon,qu 'une rnème racine a les deux, le thème
parox~ ton est duratif et sert de présenL le thème oxyton
indique l'action pure el simple et sert smnent d'aoriste :
ams1:
skr. bôdhati « il tient son attention dirigée sur », hom.
-:::.~0:.:-'b i (présent) « comprendrr, sai..:ir >). , . si. bljlllf~1
« .Ï ohsene >l, got. -bi11d11 « j" ordonne >> : ,éd. budhànta « ils
se .;ont éwillé:- », gr. -::J f)i :-0:x: (anri~tc).
gr. i.:.~-:::.~·, (présent). lit. lë!n, « je laisse >>, got. leihzm
« je prèle»,,. h. a. lïlm: gr. i.:-:::.:·, (aoriste). arm. elikh <1 il
a laissé >>, , . h. a. li'll'i « t11 a~ pr«\té ».
Le ton est comrné !'-Hr la ,o:-elle thématique dans quelque..:
impératifs grecs comme (f}:i, i.:x~L etc.
Le grec oppose de m,~me le prt'·:-rnt :irz:.:-l';i:1.: « ,oir » ù
l'aoriste :r:xz:.'.°·1; mais la racine correspondante du samkril
Ij'2 C:fi\PTTRE Y

n'l':-l p::i, dnrnti,P. d ,\...r. âdarça111 « j'ni ,11 >) ,ert cl'aori,te
au pré::-cnt pâçvati « il ,oit >> qui appartient à une autre racine.
Les présenb (formes à désinences primaire:- et secondaires
concurremment) que fournit le type oxyton ont un aspect
moins nettement clnratif que IPs présents du type paro\:yton;
aimi sk r. Jdrati cc il e:-t en train de pa:-:-er >> a à côté clc• lni
tirâti qui c:,;t la seule forme emplo~-éc a, ec le préwrbe pra :
prâtirati « il tra,·ersc >>: le ~\...r. girâti H il a,ale » et lev. si.
~rretit (mème sens) indiquent 1rn0 action qui n'éwille pas
lïdé0 d'une durée: le skr. diçâti signifie « il inclicp1e » (cf.,
awc rnème place du ton,,. nonég. tega «montrer»), en re-
gard de lat. dïrô ( de dcirt1) « je <lis », got. tciba 11 « mon-
trer»; le skr. j11fltte « il trnu,c plai:-ir ;1 » a 1rn imparfait dont la
,alem est celle c1·1111 aori:-te dans le IJg,eda. JL 37. 't. tandis
qnt> gr. ·.-~J~;~z~ e:-1 1111 pl'é:-ent siënifiant « goùter » Pl le got.
ki11san iltbsi un présent :--ignifiant « éprou,eL choisir».
<]11clq11e:-- thèmes ont le ,oc::i)i:-;me o de ln racine, ain:-i :
got. 111alt1, lit. 111alti « j<> mnn<l, », en regard de, f«1rrnc, ,\
vocali::-rne c: irl. 111eli111 « je moud:, >>. et il ,or.:ilisrne zéro:
g.ill. 111alaf, arm. 111alcu1 « je rnomls » : l'o de lat. 1110/ô
peut représenter c ou o.

2° Thè111es de pr<~::-0nls cl cl"aori,tes ii rP«lrn1hlc111cnt <'l à


s111li\:e zéro. - Ces tlièrnes ne Sf' diqinµ-uent dPs précédent~
que par la préscnre ,If. la forme nnrmale dn redonhlf'menl
(,. p. 1 ~>~): cnm111e cein ci, il:- fo1trnis,ent i, la fois des
pré,enls et de:- ::i,,rist0,.
En q11alit~ de pré:-ent:-. il:- indiqu0nt l'action q11i d11rP par
uppnsition ù l'aori,te rndical, 1~-pc {!f, :;:·r,:J,:. i.;:·r,·1: ·,0,"1::J.1.:,
~-.. ~·1:::J:r,·1: ::Y::u) (d0 *:::Y.<,)). ~:~Y.:·, : etc'. ( cr. p. I 6u). En
qualité d"anri,te,. ib inJiq11('11t que l'on fait foire l'action ou
CJlle Cf'lle action se répète: gr. i.1.z~._., :-ignific « obtenir en
p.irl.igc ,, et i.ùzz~0 u foire obt1·11ir <'11 part::igc » : ~kr. ltsif-
LE YEIU3E

1.•apat signifie » il a f'11dormi». La valeur du redoublement


esl parfois pen sensible , ainsi dans skr. âvora/ << il a dit »,
thème *1.ue-11kwe-, cf. hom. s(F)stT.S ( de *é-1.ue-ukw-ct).
En dehors de lïndo-iranien, le type athématique n'esl
g11èrc conservé cpw dans les racines terminées par vo_yelle
longur, telle que skr. dddbii111i << je pose», gr. 1W·ri:J.t. l\lais
11indo-iranien conserve des LhèmC's de ce genre pour d'autres
types de racines, ainsi skr. shakti <c il suit »==ni hishaxti
(racine i .-e. *sel~"-).
Dans les formes thématiques, la racine a le vocalisme zérn,
ams1:
skr. sâ-rc-ati (présrnt) « il suit » en regard de sârate << il
suit», gr. s :-.. - i70~t (aoristr) en regard Je l .. ë70~t.
skr. ja-glm-t111 « Luant » (participe présent), gr ... s-?'1-sY·1
( aoriste).
gr. rl-·ti-;;J.~t, lat. gi-gll-Ô,
Fonl seuls exception quelques aoristes i11do -iranie11s comme
skr. jtjmwt « il a engendré » == zd zïza11a{.

3° Intensif. - L'intensif est constitué par la racine muuic


du redoublement intensif et le suffixe zéro ; il n'est con-
servé qu'en indo-iranicn, d'ordinaire sous forme athéma-
tique:
skr. dedif-{e « il moutrc n, 3e plur. dMir- ate « ils mon -
trent », zd daëdiiiJ-t « il a montré »,
rarement sous forme thématique :
zJ llt1èllÏ{t1Ï/Î « il nettoie n (il) en regarJ de skr. IIC1lik-te
« il se lave >>.
Si l'on ne possédait en del1ors de l'indo-iranien quelques
exemples de ces thèmes élargis par le sufiixe secondaire *-ye-,
comme Y. sl.glagoljçt «je parle », gr . .::p96pc,), .:~[J,9~[·1c,), etc.,
on pourrait contester le caractère indo-eurupéen ùu t) pe. En
1.11 \l'ITltr: \

~an,kril mèmc. les inl<'nsif:.:. fréquents en Yt·<licp1<', de, ien11cnt


h<'aucoHp plus rar~s clan , les le\ les postérieurs.
La Yale11r Ll<' lïnl<'nsif n's:--ort de la formatin11: il inJique
la répétition 011 l'éncr;:ic de l"aclion: les participes d'inten-
:-if:-- san:--krib actif r/rih-at rt 1110}<:n rùih-â(lll- ~ignifienl << lé-
cl1:rnl il pl11,ic11rs rq>ri~cs ,>. tantlis q11e réhJJ1i Wlll dire (( j<'
li·cl1c »; skr. l,âJJil.rr111(1)-1i insiste s11r l'i11lcn~it<'· du brnil
q11ïmlique le simple lm111da1i ,, il crie, il mugit». La Yalc>nr
propre Ù<' lïnlrnsif n'est re:--lé·e :-cnsible q11·aulanl f]U<' la
li1r111e nnn inlC'n,iYc a s11hsislé: l<' :-kr. rt1rkar-JJ1i (( je rap-
pelle.je dlèhrc », q11i bl i:-:-olé, n 1 a rien ÙÏnlcnsifdans le sens,
11011 plus fjlie les aoristes gr. ·r,pip-~ << il a arran,!!é )): arm.

arar« il a fait ».

11° Tliènws !1 rnyclle longue finale. - .\ la fin d'un tl1è·me


Yerhal, le-. voyelles *ii} *i\ \ï sont an_1biguës. ~011Ye nl cllf's
snnl ln lon~11c finale d'une racine di.;;s~-]labiq11e. ains i dans
dor. ~-:Î.Y.·1 « j" ai -.uppnrlt'· » en rc,!:rnrcl de :ù:1.-;J.<0·1. -:.xi.i; :
linm. -::i:r,::, sld·. âpnïl « il a rmpli n, en rrgard de skr.
p1ïr1.11i[1= lit. pilnas «plein»; gr. ('·1u>·1. skr. j1iiÏ-yâl \( q11ïl
connni:-sc ,, en rcgnrd de lit. ~énklas c< :--ig-nc » (,nir p. \li
<'I 13fi). D"a11trc.;; foi:-;. *ë cl *a ~llnl de:- :-1illi\c:-. ce q11'u11
n·cnnnaîl it 1"1111 d<'s caracll.·rc:-; :-11ÏYanls: 1° le:- ,qr111<'11l:-
c11 *-?- 011 *-â- ont une Yaleur ~émantiq11c d,~finic. -
:-! La racine it laq11cllc il:- s'allnrl1cnt n'c:-l pas diss)·llabiq11c.
0

- :-3° L ne 111<\nw racine a des fnrlll(':; en *-a- cl <'n *-1·-:


com1ne *a n"nltcrne pas avec\\ l1 u1w de:- deux fnrmcs a11
moi11:-- r<'nfcrn1e un :--111lhc. _\i11s i de la racine 1110110s) ll,il>i-
q11c *111e11- « n,oir dan~ l'c~pril » il cxi:-le ;\ la li>i:- un tht.·mc
*m Jli"-, indiquant rl;lat, attesté par\". si. 1/llllfli (( penser»,
0

lit. milrhi} gol. 111111wip « il pense » (cl pc11l-èlr<' par gr. :u·rr,-
·1:,,::) cl 1111 thème *11111â- « rappcJ«.r >> dans l'oplntif skr. 1111uï-
)'ill (( COIIIIIICIIIOrcl )) cl dans lc5 <léri\l~S dor. ;1:d-:;:1.:1.:.
LE YEnilE

:1.s:1:6:1.x:. De la ra cine monosyllal)ic1ue *men- « rester n il


e.\i:--le de mème *m 11l- dans lat. manlre (cf. gr. :1.s:J.t·rr,zx par
0

contamination de *mm-, consené dans :û'l<r) el de *111° në-) c-t


une forme en -à- dan s arm. 11111,1111 « je reste » (de *m61111- 011
* ,11lwï-). De la ra cin e di-,sylln.hiq11P *bhtwJ- « de,·c nir n, il y
a d'une part gr. ?'.J·r,·11.i, Y. ::-l. bè « il était » (thème exprimant
l'état) et lat. -bâ- clans le type (1JJ1àbàs. Il y a donc bien
lieu de poser des sullixes *-ë- cl *-a-.
;.c. Type en *-ë-. - Bien représenté en slaYc, en baltic1uc,
en germanique, en latin cl en grec, ce type manr1ue en indo-
iranien. Au grec il fournit les ao rist es passifs à rncalisme zéro
portant le ton sur ·r, : b.i.i-;:·r,·1, ,.i.x-;:·r,ni, ,.i,:c:s(;: zi.i-::s~·1;
au slave , le th ème d'aoriste et d'infinitif co rres pon<lanl d"or-
dinaire à un thème de présent en-i-: m111-é-ti « penser n, m111-
é-rhù « j'ai pensé n : m111-i-l11 « il pense n : Md-é-ti « être
éYcillé n: Md-i-t11 cc il est éYeillé n (de *b11d-é-ti, *ln"td-i-tù):
s11m1d-ë-ti cc pu er n : s11zr11d-i-t11 cc il pue » : etc.; au litua-
nien de mc~me les th èmes d'infinitif co rres pondan t aux pré-
sents en -i- qni indiquent l'étal, ainsi smird-è-ti « puer >> :
s111ird-i « il pue i>, mais aussi ël d'antres, ainsi lit. tcl,-è-ti
« comir n : t?k-a« il co mt >>. En ge rmaniqu e et en lat in , où
ropposition du prése nt et de l'aori~te ne s'est pas mainten ue' ,
le s11flîxe *-1'- a donné des présent s: lat. tarl'ff, Y. h. a . dagë-ll
(de ~crm. *pa·;é-). Ces th<'.- mes indiquent 1111 état, et len r Yaleur
propre est bien défini e par l'opposition de lat. i11drc cc jeter)>
c l iar?rc cc t'-t,:e g·isant ». lit. guÏtis « se coucher n et gulhi
« ètrr couclié >i. Par suite la plllpart sont intransitifa , mais
ceci n ·est pas essentiel, cL par exemple, le tl1ème *wid-ë - est
transitif dans lat. 11idt're, got. witt1i-p « il obscrrc n, gr. f '.~·r,-
( du futur dori en ':~·f, - :;c.)) et dans Y. si. 7.'l°dL;-ti c( Yoir » (aYcc
ci radical, par suite d'une contaminati on aYcc le thème à
sullhc zéro *weid-, cf. p. 1 ïü); de mèrn e le Y. h. a. habi-m
(< je tiens , j'ai » s'oppose à got. haf-jt1!l « saisir, lernr » ( cf.
Cil \PITJU: Y

lat. rap-io). lit. t111)-1i « aYoir » à trér-ti cc prrnLlrc », lat.


habi'-rt « av<Jir ;) l1 Y. irl. gaibim « je pren<ls >>. rt le ~rec
mème a -:z·f,-;<,> « j'aurai >> ~ cc',té de ~ï.<•J <( j'ai n. aor. ~-;z:·1.
:~. Type en *â-. - Le·~ tli<'.·mcs Pn *-,ï- ~ont moin-- clairs
(Jll<' les pn'·,·édcnt;;; et ne ~on I cnn:-en1~s pre~q,H· nul)C' part
sou:- leur furme ancien1w. C'est le slaYc qui en pré:-l·nte lts
meilleurs c:\emples: Y. ~1. jin1t1n11, polnn. nwm cc j'ai »
snppnsrn t * ,11-a- c·n rcganl du , erhc ex primant J'acti11n
0

pnre cl ~impie jin1~1 (tl1<'_•111e *0 11,c-) << je prends » rt du du-


ratif jt·JJilj~r « j<' prend~ » (th,'>me *cJ11ye-). cr. lat. rmô
(1 j'nch<'t(· ,, (ex ÏJJ1cï « .ïenlL'\"C »). C'e:-t peul ètre le th,'_.me
1·n *-â- qui fournil au ~lave le thème d'infinitif et d'aori~lc dr
::-<':- duratifs :p7sa-ti «(~crire n (thème *pik 1 -ii-'.>) en reg.ml du
prl'~enl pisti « j'écris n (thème *pcik 1-yc-): dans ce cas comme
dans le prèddcnl, la racine a le Yocalisme zéro. Et surtout
c'est le snflixr *-iî- q11i d,,nne au sl.1,0 ses it<'.,ratifs onlinaÎn"s
ù , o., elle ra<licale lc)11g11e: - g11elt1/ i « presser » en rc•gard de
g11c'ltL << jC' pre,:e;e ». JJ1a11ti cc jeter »: Ir lelte a aus:-i 111ët1ï-l
« jc,ter » et le latin c{/11-rc rn regard de (or-)rnlo (de *kelô), <le
Y. h.a.hda11<1cnclier»el dc,.irl.a/imc<jecachen. LaYnle11r
durnti,·c se rctrou,c llan:-: lat. (or-)rnp,ïrc, cf. rapcrc: (11r-)m-
bârt, cf. (ar-)rn111bat, rie., cl clans arrn. ket1-JJ1 « ,ie ,i~ »
(1hèmr i.-c. *g"iy-,ï-). oi1 le rncalismc c:-:t a11 ùrgn'• zéro
comnH' dnns ,. :-1. pisati. L<' yocali,me o d<',. 11. a. 111m1Li-11
« awrtir n <'t de lit. (f-)11w11oii « je cn111pr<'1H.l:-. ». (f-)mà110
« il comprend » e:-:t :-nns doute emprnnti· au l> pr r11 *-cye-
dc latin 1110111·,1, rf. lit. (f-)1111111_,·ti « cc,mprcndrr >>: l'arm.
(i-)maiwm « je comprend::; )1 a le Yncali:-111e zt~ro <"I ~nppo~e
prut-,~trc *m 0 11ü-.

G S1111ixc *-yc-: *-i- (*-ï-). - Le hnltiq11r ri le slaYe ont


0

unf• ~t~rir <le pr<'·sents atlié1naticp1<':::- intliqunnl l'c~lat, qui :,;ont


caractéri::,és en lituanien par-i- (Lref). L'II ::,l~1Ye par -i- (long,
YEnnt
1.r.
,'
1--

mais d'intonation douce et non pas rude comme les an


ciens ï):

lit. IJll/l-l- Y. sl. 111111-i-tù cc il pense »


Slllird-i- s11m1d-i-tû cc il pue i>
)) bid-i-tù << il est éYeillé >l

En latin et en germanique. ces présents sont presque tons


remplacés par les formes en *-ë- qui répondent au\ thèmes
tels que lit. budhi} Y. sl. bzdèti « ètrc é,·ci1l,S >l: toutefois le
latin en a une trace dans les dériYés en *-slît'- comme (rt'-)-
111i11ï-scvr, (co111-)111i11ï-scor. Le grec et l'indo-iranien n'ont
qne la forme thématique: le sens et le rncalisme radical zéro
de gr. z~'.?C.J, 1~(·1::u: ( aor. z.x?·r,-n:, 1~·17,-·1.x:), bien distincts
du sens et <lll Yocalisme de :~:?t•J. -:d·1(,J, etc., dénoncent une
formation parente à celles du baltique el du slnYc: en sanskrit,
les pas:-ifs en -ya- n ·en sauraient être séparés: budh-yâ-te « il
est t,·cillé » rnppelle éYidemmcnl Y. sl. li/di-lit (de *bùdi-tr'î):
de mème skr. p1l-ya-ti « il pue >l c~t formé comme lit. s11Lirdi}
Y. sl. s111n1ditù cc il pue n: le Yocnlisme zéro et le sens con-
cordent C\actement. ~ur la place du ton il y a quelque
incertitude: le sanskrit a d'ordinaire le ton :-ur le suffixe.
mais parfois aussi sur la racine, ainsi 1111kyllfe I, cùté de lllll-
cyâte << il est laissé >l, cl en lituanien on lrouYe t11rjs c< nynnt »
~1 e<',té de regis « voynnt >l. Enfin il faut citer les passifs ar-
méniens tels que beri111 <c je suis port,S >l, aYec -'/- comme le
baltique et le slaw, en regard de bcrelll « je porte ».

G° Causatifs cl itératifs en *-éye-: -1- (-ï-). - Les Ycrbcs


primaires indo-iraniens en -aya-} portant en sanslrit le ton
sur le premier a du suffixe -âya-} ont en tous cas le vornlisme
indo-iranien a <le la racine dcrnnt sonanlc plus con:-onne,
a111s1 :skr. 1:artâyati cc il fait tourner >l; ils ont dernnt une
12
Lli \PlTllE Y

seule consonne ou ,onantc finale de racine le Yocalismc indo-


iranicn fi} sï] s'agit d'un causatif: skr. sviïp-!tya-ti « il fait
dormir». le Yocalismc a} sïl s'agit d'un itératif: skr.pat-!tya-ti
« il Yole)> (.iction qni se continue cl ~c répète).
Le grec répond par le type ~:Fiu> « je porte constamment >>
en regard de 1 i~c,>). 1:~foJ « je fais peur » en regard de
;t::;J.:x~ cc j'ai peur », le latin par moneô cc je fais penser,
j'aYcrtis », 1zorn..> « je fais du mal ù >i (cf. nex cc meurtre»),
spo11detï ( cf. gr. :;-::h:cù). Dans ces formes grecques et lati-
ne,, le suffixe e:-:t *-éye-} thématique comme en sanskrit, et
le rncalisme radical est 6.
En slaYe le rncalisme est aussi v, mais le suffixe est athé-
matique et a la forme -i- (i long, dïntonation douce) sauf ù
la 1re personne du singulier: Y. sl. 1Tati-ti1 cc il fait tourner i>
en regard de :Ar. 7.:artâya-ti: lmdi-t11 cc il éYeille » eri regard
de skr. bodh!tya-ti} etc.: mais la 1Ft' personne du singulier est
7..!1'1151(!,} buzdç (de *i•ort-j(J} *bud-jg). Le latin a aussi St>pï-s
cc tu endors i> en regard de skr. s1:iipâya-si} mais Ire pers.
st"',pù>: <le même got. (fra-)wardeif> « il fait périr i> (à côté
<le [fra-]wairpip « il périt »), mais 1re pers. (fra-Jwardja:
c'est le sullixe qui porte le ton comme en sanskrit, et le rnca-
lismc radical f'st également v. Les formes de lïrlandais,
guidim « je prie » ( cf. gr. -:::Ofo>), guirim « je chauffe i>, etc.,
pcuYent s'<'xpliqucr soit p:u *-e_re- soit par *-ï-.
Le Yocalisme radical tï des cnu,ntil~ comme skr. 57.•âpâyati
<< il foit dormir 1> el de lat. sJpit ,(' rctrou,·e aussi en slaYc, par

rwmplf' dans (jiz..-)lia·i'Ïtii « il saU\-cra quclqu · nn " (il fera en


-;,,rtc que quelqu'un soit hors) en r<'gnrd Je skr. bhat•ayati
<< il fait être ))' et en germanique là 011 le pré~enl non rnu-

~alif a le Yocalisrne o (gcrm. a): Y. 11. a. fuorm (germ.


*}ï1ja11) ,, conduire >> en face de fara11 c, aller ll •
.\ bstraction faite des <litTrrences de détail rclatÎYcs à la forme
tl11~·matiq11c ou athématicp1e <lu sullhc et au rncalisme i5 ou ô
LE , EllTIF.

lh- la rarrne, ce type de verbes est clair; les C\:cmples en


sont nombreu\:, ainsi:
gr. (F):zst,) « je fais aller en char », got. (ga -)wagja « Je
mets en mouYemenl », v. sl. 1.•o::Jtù « il va en char » (ité-
ratif).
skr. lobhâyati « il éYeille le désir », got. (us-)laubjan
« permettre ».

7° _\oristc sigmatique. - L'aoriste sigmatiquc est 11nc


formation qui présente plusieurs partic11larités singulières:
:.<. Le suffi:œ est *-s-, sam aucune voyelle. L'e d'un aoriste
tel que hom. iz.~p~;J.x n'appartient pas an suffixe; il est le se-
cond élément de la racine dissyllabique, aussi attestée par
l'intonation de la syllabe radicale de lit. sz._érti « nourrir »
( voir ci-dessus p. ï2 ).
~- La racine est au degré ë à l'actif: skr. lt-vâk111m « j'ai
mené en char » (3e p2rs. sing. avttt), v. si. vès11, lat. w·xï;
au mo:-en le vocalisme est t' comme clans skr. 11w111si << j'ai
pensé », ou zéro, comme dans skr. adik1i « j'ai montré ».
La racine est donc traitée ici non comme présuffixale, et
par suite invariable au cours de la flexion, mais comme pré-
clésinentielle, et par suite sujette à alternances. - ]l est im-
possible de déterminer si ~i dans gr. E~i;.x, =? clans gr.
I-:~p--1:.<, etc. représentent *t>i, *1·r, ou *ei, *er, etc., car, en
pareille position *ti, *ër, etc. et *ei, *er, etc. aboutissent éga-
lement à ;.:, ;.p. Soit par analogie de ces formes, soit par
extension du Yocalisn1e du moyen cl du subjonctif actif, le
grec n'a pas trace de l'ancien Yocalismc ë à l'aoriste en -s-.
·r· Quoique la flc\:ion soit athématique, le ton reste inrn-
riablcment sur l'élément présuffi'\al, c·cst-à-dire sur la racine,
dans la forme sans augment: ainsi la df-sinenf'C moyenne
ne porte pas le ton dans ,-éll. .. •â111si « j'ai gagnt'· », non plus
Lli \PIT11E \

(JUe le snllixe du parlicipe ùans ,éd. dâl..'fal « ayant lmilé ,, ;


cf. la place llu ton dans gr. ~d;.i;. ~~:;.xi.
Les aoristes de dénominatifs, comme gr. i:t;J:r.-:.x. Y. si.
dèlach11 « j'ai fait >) el ,. irl. ro charus « j'ai aimé J>, ré-
sultent <le <lh·eloppemrnls in<lépendanls Pn ~rC'c, en slaYe
el en celtique: la phonétique '.'-ullîl ;_1 l'indiquer, car ni le ;
inle1Tocaliq11e de gr. i:(J:r.-:.x et de ,. irl. ro charus} ni Je ch
aprè:-: a de Y. sl. delacbz, ne sont conformes aux lois phoné-
tiquC's du traitement dP i.-e. *s Jan..; ce-- di,er:,;e~ langues.
rne forme *-is- du ..;ullh.e <le l'aoriste e:-:l attestée par
d'assez nombreux exemples sanskrits tels que !tpâ'i. Ïft1111 « j" ni
1

purifié », ab/JlirÏflllll H j'ai pnr[é », par g-ùtJi . ."\:j'lllZ'ÏSIÏ « que


je satisfasse>> (subjonctif) et par le -is- dn type lat. {g-is-ti}
ëg-is-tis) ,·g-er-11nl.

8° Formes C'll *-sye-) *-se-. - Le fülur in<lo-iranien en


*-sya , allesll; par skr. 1•ak-fyâ-111i, gàth. 'Uax-s_wï « j<' par-
lrrai », c:,l ;.1 rapprocher c.111 f"11lnr lituanien : lil.·-siu << je
laissrrai ))' clau..;-.i clusnllixC' *-se-de g-r. i.~i·}u) «je laisserai n.
lat. >ilïxô, etc. : l'alternance <le * syc- et *-si·- 11 'est pa:- plus
~urprrnanle que cC'lle Ùi>s désinence:,; de gPuitif *-syo <'l *-so
dans µ-.'ilh. éa-hya u de qui n cl,. :-l. éc-so « tlr quoi>). Y.
li. a. lrwc-s « de qni )) . Celle correspondance -.e pré~enlc
t1·1111e 111:rni&re parliculi<'·rr. D'une pnrl J,, 1"11l11r e::-l 1111e rarPlé
dans les plu:- a11ci<'ns l<'xles indu irallirn-.: le Rg·,etla lo11l en-
tier 1ù1 qn ·une qui11wi11e d"c•\e111ple:- lle forme-. per-.onnclles cl11
f11l11r (le parlicipe c'-1 1111 IH'tl moins rnr<'); de 111c··111c )!' :-1,ne
11·e11 a qu'un seul c\elllplc. le parlil·ipc· bys(st1jc « ce '{Ili d11il
ètn· ». 1l'autre part le l"t1lt1r lit11a11ien ne répond pas exacte-
rnenl au ful11r i)l(lo irn11ie11 : la llc\iu11 e::-1 en -si- ou e11 -s-
s11i,a11l IPs <lialeclc:,; ; par exemple la I pcr:,011ne <lu pluriel
ri·

csl liksi111e rn1 /flw11c) clifffrcnlc du l) pe skr. 1.·1zli-fyiÎ-nwb


cc 11011-. parleron:; n. La place du Lon ulle:,lée par gr. i.~i·}E:·1,
LI:: YERIIE

i,::i•}(ù'I ne s'accorde pas a,ec celJe quïndi<1ue le skr. 7.:akfy!tfl


« il parlera » , mais avec celle du participe lit. liksfS « devant
laisser».
\u latin et à l'irlandais, la formation en -se- fournit des
subjonctifs, type lat. faxit, ,. irl. -tcss (de *stei/.:-sc-t « (Juïl
aille n) .
.\ cùté de * se-*, il existe une formation en* -,1se- :skr. kar-
ify!t ti « il fera >>, gr. :1.::·1-su).
De même qur le futur grec des wrhes à racine tenninée par
·1-F-:1.-i, -est rn-::c<J (ancien *-,Jsô), le désidératif sanskrit a pour
-.uffi.xe i. -e . *-se après consonne, et i.-e. *-Jsc- aprè~ sonante;
en face de ririkfafi « il désire laisser », on a ainsi riklrfafi « il
llésire faire », oi1-irf- représente * r +*Js (la racine est mo-
nosyllabique, comme le montre ht!t(1 fait »); le lituanien
a de mème l,,f!tusiu « j'interroge >> (je veux entendre) Je
*ldow-,1s-, en regard de klafüo « il entend ,>, de *.klou-s-.

9' Thèmes à nasale infixée. - Les thèmes à nasale infixée


ne sont nettement consen-és qu'en indo-iranien ; tout se
passe comme si un élément -Ile- était infix.é arnut le dernier
élément phonétique de la racine; la racine a le rncalisme
zéro et, comme ces formes sont athématiques, l'élément -nc-
sui,i de la finale de la racine con:-titue la préclésinentielle el
pré:-ente l'alternance e: zéro clans les mêmes conditions f(lle
clans les autres formes athématiques. Ainsi:

rac. *yeug- : skr. yu-11!t-k-ti « il joint >>. 3e plur. yu - iï-j


!t,lfi.
rac. * bhcid- : skr. bhi-1u1 -t-ti (< il fend », 3e plur. bhi-11-d-
tl Il f Ï.
rac. *hilî''. - : :-kr. ri-1,1â-k-ti « il laisse », 3P. plur. ri-1i.-c-
â11ti, zd iri-,w-x-ti « il laisse ».

Cu111me toutes les l~Jrmrs comparables, ces thèmes ne


t .Il \PITI\E ,

sont conscn~s nnllc part nillcurs :-:-011-, lc11r a~pcd ath{>ma-


tiquc : dans le déwloppcmcnl mèmc des langues de l'Inde
ils sont clcn' nns thématiques, cl le pùli a par C\:Cmpleb/Jiir-
dati (l il fend » : c'est cc q11i s'est passé aussi en latin m'i,
l'on tromc : i1111gô (cr. lit. j1i11gi11. aYcc sulfü:c *-ye-),Jindâ,
linquJ-. rl en baltique 01'1 l'on a par exemple Y. prnss. (po-)
lï11ka <( il reste ».
Soit mainlcnanl une rac111c terminée par 11, telle que
*l(ifcu- ; la forme à infixe sera */.:,l ne-11-) */.:,f-11-11-) attestée
en effet par skr. çruômi cc j'cnlends », çn111111d{i « nous enten -
dons>> en rcg,ml de çm-tâf1 « entend11 >>. Si la racine est
diss) llahi<1uc, les choses ne se pnsscronl pas autrement : de
*zuc!zt (lat. uolui5, etc. , cf. p. 1 38), le t ltèrne à nasale scrn
*wf-ne-11-: skr. vn1ô111i « je counc, j'c1wcloppe »; de *stcr11-,
*strm- (gol. strauja << je répands))). *str-11c-11, *str-11-tt-: skr.
stn1ô111i ((j 'étends», str1.1111111ib (( nous 6!cndons >>, gr.
i:;-;:;p·,J:J.'. (aYcc J an lien de S'J pnr suite d'11nc action analo
g·iquc ), -:-:; :'l'J;1.s·, ; de *(iJ)rm- (t!'r. ~p:~,,), *r 11e u-(\1r-11c u) :
1

skr. r -uô-111i « je mets l'll IIIOllYCIIICll( », gr. :p·1J:J.'.. i\


la s11ile de Jin'rses actions annlngiq11cs , *-11c11-, * 1111- est
apparn co11111w 1111 snrlLxP, cl le ;!l'CC s'Pn sert nola111ment
com111c d'un s11bstil11l de l'nncicnnc l'orme atl1é111atiq11c ;1
i11flxP, nin:-;i ;s~·;-1:i;1.: en rcµ-:ml de :-kr. y1111âl,·ti) Lit. iw1gô.
~oit encore 11ne rncinr dis~yllahiq111• lnmin<~<' par m.' i!IIP
]11ng11r ,dtcrn:111t nYPc *,1, par C\e111plc *111c11tlJ.1, *111~1/ha -
nttesléc pnr skr. 1nâ11thi-tü c< n·l11i q11i ngitP » , 111athi1-,·11ti
cc il agile n. lllathi /11(, « ng·itc'· » , "· ::-1. 111(1() <<j1· trouble >>;
on allPncl *111i1th-11e-J -, * 111~,1/h -11-.1. -, d en effet la prcmi('.rc per-
sonne d11 pluriel c:-;L sl,r. 111ath 11ï llltil• « nous ngilons (awc
ï :rn lieu dei pour repré~cntrr *.,); qunnl ë', *111 t1lh- 11c-,1- , tout
se pnssc comme si *c,1 se cunlract;iil en à, cl l'on n skr.
11,atlmâ111i ; il conYirnt de rnppelrr .'t cc propus q11e *y.1) *,wJ
sont rcpn':sPnlc'·s par *r, *1i (cf. ci -dessus p. ~lj) el rp1e, .111
LE YERBE

point de Yne morphologique, *t1 jonc le mème rùle que


rnyelle plus sonantc (cf. ci-dessus p. 133 et suiY.). De
mème, de *pûJ-(Y.p. 13J), on a *p{llâ-, *p[,u-: skr. pp,1!iti « il
emplit», Pr1.1ï111â(1 « nons emplissons >) ; de *pewJ-, *pwzâ-
("· p. 13 1), *pun,1- : skr. pwzlimi « je purifie >), pu1Lï111ét(.,
« no11s purifions >> ; de mèmc, en grec, dor. ~i:1:1x:1.i,
~i:1:1::i:11.~; en regard de hom. ~:i:1.:c-j'x, dor. E:1.i0;,·1 ; 7:f.:,·r'i:1.i
( 7:{.:·ii:1.i), d.pn:1.~·1, en regard de ~7:ipx'j'j',:, 7:i-;:pf,1.w ; de
mème a11ssi en Yicn:x haut allemand gi116111 « je bàille » en
face de lat. hiiï re, lit. ~iJ-ti « être béant >). - Comme
*-11m-, le *-11ii- ainsi produit s'est t'·tendu ù des racines non
dissyllabiques, et de *bhendh- par e:xemple le sanskrit a
badlmâti cc il lie >).

1 o" Suffixe *-ye . - Le suffixe *-ye- est de tous les suffixes

intlo-curopéens celui qui a en la plus grande fortune : c'est


lni qui fonrnit la plupart des formations Yerbales en usage
dans les langues historiquement attestées.
Il sert à former la plupart des Yerbes tirés de thèmes nomi-
naux, les dé1zomi1111tifs, ainsi :
de thèmes en * s-: de skr. étpas- « œmre >) • .1pas-yâ-ti
cc il est actif >> : de gr. :D.~'j'- cc fin », :ù~:<i) « j'achhe >)
(de *:ù~'j'-Jh)); de got. riqis « ténèbres», riqi;_-ja « je
m'obscurcis >);
de tht'·mes ·en *-11 - : de skr. 'l. '_(îall- « mùle >), 'l.'{ft11,z-y11 ti
« il Pst en rnt >) ; de gr. *:~;,.:s·,- (:b.:1,1·1 cc charpentier »),
-=~;,.:x{·1h), de *:·1:;1.~·1-(:·1::1.x). :·1;:u{·1c,>: de got. 11a111Ï11·(11a1110)
cc nnm >), 11a11wj11 << je nomme >) :
de thème:- en -i- : Ùf' skr. jmzi- cc femme )) , jmzi-yâ ti cc il
chercltP fc•111me n, cf. Y. sl. {l'llÏfzi S( CC il SC lllarÏP »; de gr.
:1:r,·1i;, (J."fj'l:-1,, ;
de tl',èmf':- Pll *-e-, -o-: de skr. varna- << prix de wnte ».
~kr. 'l.'tlSllLZ-yét -ti « il trafique », cf. gr. ~·,:; el ,'.1·d:;1.Y.~; de
fïl\PITRE \'

*st'llt' - « ,ie11\ n (:-;kr. s1111a(\ lit. s1;11lls), lit. Sl'/111 ju « je ,icil-


li~ », lnt. smc-ô ; gr. :·fiÎ,:u> de :·r,Î.:.;, lil. dagâj11 « je moi:,;-
sonne » de dàgar «mois:,;on » :
cleth<~me:- en *-il-: de sl-.r. p/ta11â- «combat», ptta11â-yd-ti
-:~:J.:x-c,); <le lit. (pà -)safo- «récit»,
« il co111hal >>: de gr. -:~:;,;.-,
(pà-)sako-j11 << je rnconle » ; de "· si. lwtom - cc combat»,
lwtora-j{J « je combats ».
L'ensemble formé par la rnyelle finale du thème et par le
~uflhe *-ye- a été ~onYent traité comme un suffixe nou,eau et
a ~eni à de nonrnlles formations) ainsi, en latin, on a operârl
cléri,é de opera ; el, d'après le rapport <le opus cl opcn1~·ï) on
a tiré 1101/1{:rtïre de uolnus) elc.
Le sufihe *-yc- fournit aussi <les wrbes déri,és de ,erbes,
des déverb11t1fs; ainsi des cléri,é~:
tlïntensifa, comme skr. dediç-yét-te « il montre » <le
dàiif-{e: très so11Yent la forme primaire 11 'esl pas consenée,
comme clans ,é<1. cofk11-yét-l1' « il protège >> : en grec et en
sla,e, ln forme munie du sullixc secondaire csl la seule at-
testée: v. si. glagol-j{z cc je parle », gr. -;:::?'.1:;;u> (de
*-;:::?n-yu>), -=::t.;J. 1 x[·1u, (de *;.x;i. 1 ,.·1-yc,i);
de thème~~, infixe nasal, co111111e lit. jti11g-iu « .ïattach<' n
en regard de skr. yw1âkti) lat. i1111go; atl. z).0(t), lesb. ,.,.fr,c,i
(c'e;;;t-ù-dirc *,.Î.~·1-ycv) de *klina-, *k/i11,1-, cr. ,. ~ax. hli11ô11
« s'appn ycr >> ;
rie thètn(':,; ;t yoyelle longue' li11nlC', co111m<' gr. :J:1x - ;:J,1.'. de
*11111a- (cf. ci-dessu:-, p. 1ï '1) el les itératifs sl.nes du type
-g11èta-jç « je pre:-:-c ».
Quand *-yc- :,;nit imm<'.·diate111c11l la racine, il n·., a pas lieu
pour cela 11<' considérer le thème cnm111c pri111airc: 1111 pré-
sent tel que :-kr. pâç-J 11-ti « il ,oil >>, lnt. spcr-io peul ètr<' 11n
1

dénominatif du tliènwh s111Tixczéro*spd.: 1- (< c<'lui q11i r<'garde »,


par ex<'mple dnn-; lat. a11 spc.\· << q11i reg:1rdr les oiseaux » ;
Lr YERBE

1111 présent lcl qlle v. sl. 'l't;-h « je souille ))' got. wai-a

(mèmc sens) peut t\lre un déYcrhatif du thème ù sullixe zéro


*wë-) attesté par skr. vâ-ti « il souille l>, grec i.(F)-r,:.\; gr.
0:.'.'JCJ> est un dérivé de la forme aLl,ématique conscnée par skr.
=
hâuti zd Jai11ti « il frappe. Et l'on peut interpréter de mème
Lous les verbes comme gr. -:d·I(,), 'j/~<ù, Y. si. li~{1J lit. lè~iù
(( je lèche ))'etc.: celle formation est particulièreme11l fré-
quente en grcc, en baltique el en slaw.
\insi que le montrent lcs exemples 1'ités, *-ye- n'a aucune
ntleur s1~rnanlique propre : il sert simplement à la dérivation.
En irnlo-iranien, Cil grec, Cil armt~uien, en slaYc, en hal-
tiquc, le suffixe est conslamnwnt thématique : en latin, en
c<'ltiquc et en germanique seulement, il a des formes athéma-
tiques it côté des formes thématiques lat. rapio) rnpiu11!, got.
baffa« je prcnds >>, hafiand: mais lat. rnpz-s) rap1-t) rapï-111us)
rapz-tis: sâgï-s, st1gi-t (de *sagH), sâfi-11ws, sagï-tis : g()t.
hafji-s « ln prends » (au lieu de *hafi-s; la forme ancienne
e::-t consenéc en germanirpic occidental : v. 11. a. hcvis) v.
sax. hcjis), etc., sol..·cis « ln cherches n. Le Yieil irlandais a
-gaib « il prend >> (de -gabll), gaib « prends » ( de *gab1;
cf., pour la finale, lat. rapr) de *cap!), et -lëiri « il _laisse »
(de *-lërït), l1•ic « laisse » (de *lëcï) cf. le type lat. siîgï) : il
présPntc donc des formes pareilles à celles du germanique et
de l'italique.
Les dénominatif"~ san~krits ont d'ordinaire le ton s11r le
~nflixe, ainsi dan~ les exemples cit1~~ P[lallâyâti « il com-
hat », etc., mais parfois aussi sur la présullixale ou à une
a11Lrc place du thème.nominal: 11w11trâyatc « il dit 11ne prière>>
(1111 /llrllllra-): cl c'est cc qu'on retn,uYc ailleurs: russe (~r,t-
ju II je juuc », de igrit; lit. pàsah1-ju de pàsaka; gr. -:'.;1.Y.-c0·1,
-:'.;1.c~i·1 (participe) de -:'.:1:f, : c'est sur la présuflixalc q11·est le
Inn dans l<'s Ycrhcs où *-ye- suit imrnédialement la racine:
skr. pâç-ya-ti « il mit », russe liz.ct (tlièmc *liz.-jc-) « il
ï.lJ \l'ITHI ,

lèche », liL. s-:;_t11il,-ù,1S c< crianl » (participe), ;:r. -:s(·,s:·1,


";S'.'IW'/.

11° ~11mxc *-sl.e-. - La for111c dc> cc s11ffixc est fixc~c par


la corr<'s pon<lancc : 1 r,· pers . sing . .lei. gr. -:,1.t,) == laL. -srv
== Y. h. a. -slw: lr san4ril a -aha- cl le zend -sa-, par
rxcrnpl<' skr. gâahati, zcl jasaiti « il ,a » en r<'gard de gr.
;~x:;1.L); skr. P[ahltti, zd p.7r,1saiti << il inlerrog<' » en rq.rnrd
de lat. pt1srô (df' *porc-scv), ,. h. a. forscLÏll « ff'C'ltf'r'Chcr )>;
skr. icchâli, zd isaiti « il désire n en regard de,. h. a. eiscô1t
« dcmamlcr », ombr. eisrnrmt H popnsccrinl »; 4r. -ah-
== zd -s- rst le lrniterncnl phonétique normal <le indo-iranic>n
*-sk- devant i.-c. *e; le /, de rr groupe est 1111 k nricnlal
(,. p. G5) et non/,',, car, f'l1 :--law, c'csl jish; « je d1crchc »
qni n'·pond il skr. iahà111i << je désire i, ; de même skr. iffbâti
a sa f!Ulluralc traitée comme ullc de v. sl. jiste/11 « il
chrrcl1r i> (de *jiséetiJ), cl iffhâ11ti « il~ dé:-ircnt », où -a11ti
rcpréscnl0, un ancien *-011/i, dnil l'altération de :--a 1:!'11ll11ralc
t1 l'a nalnf!ÏC de iahâti.
Le suffixe *-ske- est sccnnd.:iirc: ain--i en gr<·c ·twj_ :;ï.c,>
cc je ,icillis » cle ·rr,,:1.;, :1.s(J~-;ï.c,> << j'enivre » de :J.t(J·J; IP:,;
pré;.:,cnt:,; cléri,('•s <le lhl·mc:-- en *-i- (rf. c-i-d<>ssns p. 1 ïï),
t<-ls que s0p'.-:;zw à côlé <k thè111es <'Il *-/-- comm<' ~~.:·f. (:;,,,),
:ù( n:;:1.1: .à cÙL<S dc- th ème~ f'll - <,> - com11tc 1.1,0·i-·11.:, <'le. ; f'n
la lin hitï sce re de hiiirc, mbi·-sct-rt' <le rub?re, (ob-)dorntï -sa-re
d«' dorl/lï re, clc.; <'Il irnni<·n le llii!nw zd ·rri-sa- « s'(~\«'ÎIIPn>,
d<'·ri,é <1'1111 thèm e en *-i-, cl<· ruè111c q11e gr. ~·'.ip(:;z,,>, etc. ;
zd t11f-sai1i c< il s'/·d1:111ffc ,, (k;ri,P cl11 tl1è111c tl ~11!1ixc zrro
allf'sl<~ par h· parliri1w mn: f'Il --kr. tap ti1111(1 H s'érlia11lfonl »,
tandis qn c le lai. tcpe-scerc f'st d,'•ri,,~ <If' tcpt're. 1· 11 tlu'.-nH~
«~0 1111110 c0lui clc> skr. gdahati « il ,a », zcl jasaiti, gr. ~:1.:;ï.<,>
f'sl déri,,', du !lif'nlf' i'i :--11!1hc zc~rn nllf'..,lt· p:ir skr. !tga11, arm.
dw « il c,t "''Hl l> ; f'I, si !'1111 ne renconlre n11IIP part le
LE \"El1BE

thènw à suffixe zéro d'oi'.1 es t dériYé skr. P{cchâti « il <lc-


mande 1>, zcl pJrJsaiti, lat. poscô, arm. harçi « j'ai demandé ll ·
(aYec ç représentant *sk), c'est sans doute par hasard.
Pour le sens, *-ske- a dans la formation secondaire ù peu
près Ir même rùlc c1ue l'infixe nasal d[lns la forr11atio11 pri-
maire ; il indique le commencement de l'action cl a fourni
drs inchoatifs; il ne ma11CJUC pas de racines qui présrntcnt
conrnrremmcnl une forn1c en *-sl,c- cl une forme à infixe;
ainsi en reganl de la forme i, infixe de skr. ja,t/tti <( il con-
nait l>, got. kulllza Il << connnilre ,, , Ir latin a (g)ll(>-scJ cl le
grec '('H~-;zw (et ·t·t11:J-:,.t,>), tirés du thème *g 111J- attesté par
gr. ·r1w-·11.i; en regard de la forme i1 infixe de gr. "1.'.-'1-·;--:1.i
« il se met en mournmcnl n, le zend a fosaiti (de iran.
*éy11-sa-) d11 thème à sullîxe zéro *l(ym-, allrsté par Yéd.
cyâv-t11f{1b « cp1i se meut ll et par hom. ?-:-:·r:: ( de *e-1.~vu-to);
cf. skr. cyâi·ati:. « il se meut )) cl gr. lj'duL

1 2° Suflixe *-Ile-. - Ce sulftxc sert à tirer des présents


inchoatifs de thèmes radicaux, notamment de thèmes
d'aoristr.s. Il existe sous la forme *-ne- smlo11l en arménien,
slaYe el germanique, et isolément ailleurs: .trm. dite/Il « je
pose>> (de *dinent) fait sur le thème d'aoriste di-=skr. dha-;
Y. sl.sta1t~1. (< jeme dresserai>,, de s/a-=sir. st ha-,dor. lj'-:i-;
f!'Ol. frai/ma « j'interrog<' », gT. ï.'. Ju>, 1it. amui c< je m lm-
bille H, etc. Une forme *-0 1/c- a la mème fonction en bal-
tique, en arm<~nicn et en grec: lit. Mdinu « j'éveille ll;
arm. lkhalll'lll « je lai~sc ))' fait sur le thème d'aoriste *likhc-
=.: gr. i,~..t- (la l'orme ù suffi,c licnl ici la .pk1ce de l'a ncienne
forrnc tl infi\.e: :--kr. riuâÀ·ti (< il laisse» , lat. lillq11ô); gr.
;<t,?i,w, fait sm ~'·?~r-,, Le grec joint c<' ~uffixe ù la forme à
infixe d'o1'1 ï.J'JOi1::1,li, en face de lit. blllui,i « je m'éYcillc >l.
Q11clques présents en *-ne résultent <l11 passage de présents c11
*-11a- au type tliématiquc , par ex. gr. ;r.i:J:10) , à coté de
r11 \PJTl\f Y

,.i;.i.:r.::;. z:,:r,:::; (,.:i-.'l.::;) et de \"C~d. \·a111nï,rt « 111 prcn<l,


de la peine H. Les typ(:, 0n *-ne- et en*. 0 nc'- r1u'on rPn,~onlr<:
clans ,fo·crses langue~ ré,ultcnl dïnno,·.itions cnmpliquées et
ne repré,entent pa~ directement un étal indo-européen.

])p r1u"l<Jt1Ps formation, pe11 cl.1ires. - 011trP le:- trois


-.1dli\.e, ::,,econdaires précédents, il parait .'° en an,ir eu plt1-
sirurs a11tr0:- dont l'PxtPnsion 0t la ya]Pur ne pPuwnt pins
ètre dé-tcnninée, . .\insi le .!...'T<'C a trace de * dhc- dans le -'n-
de dor. ~=·'Jû>, cf. {~<,) et ~k r. âd-111i cc j0 man;:..-e » : -::i:I; fJc,,.
cf. ~--::,:r,-:: 0t skr. !rprâ! H il [l empli )) : -;z {-fJ,,l. cf. f-;z:·,:
-:::.i.ifJc.> cc j0 m·apprc1cl1e » <le -::ii.i;i etc.: et ,·e mème * dhc-
,e rrtroU\r dans got. 'i.calda cc je domi1w », Y. si. 'ï.•lad(l
(m(~me sens), lit. 1:éld11) m rerard tir '"· irl. _flailh cc :-uuve-
raineté >> et lat. uo/J) uolt) etc. - Lr *-k-<le gr. ffJ·r,,..'l. (pl ur.
~'Js:1.:.·,). laL. Jt-c-ï (en face de ,kr. !rdhitt ct il a po:-é )>) et d0
-r,-z-.'l.. lat. ië-c-ï e~l aus~i un '-ullixe SC'Condnire. mai:, athé-
111atir1uc. - On pourrait nrnltiplin les exemples de cc
genre.

b. Par/ail.

\ ln dill'l;rc·11re d11 pré,rnl a11risl<'. q11i f':-l trè, ,ari,'·, If'


parfait ne comp"rte q11·1111 :-e11I t., P" de fnrr11e:-. Il :--<' rnttad1e
to11j1111r, direde1ncnl à une racinr. Et, :-a11f <'\cepti()n (c0lle
de la rnrine *â- «aller)). pnr <'\ernple). to11le~ Je::; rnci1w:- c•n
pn:-,i•<lcnt nn.
C'est 1m t~·pr atli~matici11e c,iract,~ri,é: 1°,par :-on rc(lu11-
l)le111C'nt (,. ci d0:-,11:- p. 132): :11) par le ,ocnli:-111e o dc· la
r:ll'Î1w a11\ pPr:-1,m1c~ cpri 0111 d'11rdinaire au pré~f'nl l,· ,oca
li,111e pn~dc~,i1wntid e dan:- le l)ï1e nthc~m.1lÎ<JIIC : :-; pnr 0

cPrlninc:- dt'.•:-inenc,·~ . . p,~rialt·:- ("' a ;'i la ,r" per:-. :-Îllf!., Pte.),


c·I pnr le ,11ffixf' de ::iOll participe actif. Lï11du-ira11icn fourni l
LE YERnE

le plus d'exemples de ces thèmes cl les plus nch, mais le


vocalisme est plus clair en grec:

-::sf()w : -;:'i':::i0:.c -::i'::i6;J.s·1


~i.d~::J.Y.t: hom sii:f.i,:'JfJ:x all. s.1:f.i,'J6:J.s·1
;û·1:;; : :J.i:J,:;'IY. tJ.S;J.:.C;J.S"I
d·1f):;: : -::i';::vO:.c liom. -::s:::x():A·ri (participe)
'?Osfpù) : f-;0:::x Iihp;J.Y.:
:pitw : :i:F:9:x :ifJF:-c:;.~J.=<~
(F)rf.~"1~:J.: : I~pw·.-:x i>
z{~(J) : ziz:::x ))

Le rncalisme radical o est confirmé par l'opposition <les


palatales et des gutturales dans les formes inclo-iraniennes:
skr. mkâra « j'ai fait », jagama « je suis venu ». jagbâua
« j'ai frappé » : par lïrlandais où (ro)gcgù11 « j'ai frappé »
répond à skr. jaghl111a el où (ro)reraig « il a tendu )> sup-
pose *reroge; par le germanique enfin ot1 il subsiste quelques
formes à redoublement <le racine;; ù Yu,elle lonzue a,ant an
• L, •

prétérit le YOcnlismc tl :

got. let a « je laisse » : lailot « j'ai laissé ))


saia « je sème » : saiso « j'ai semé ))
et ot'1 les prétérito présents et les prétérits ordinaires des
ancien~ wrbes primaires inclo-cnropécns, tout en n ·a) ant pas
le rc<loublement, ont consené le ,ocalisme o, ams1 en
gotique:
1re pers. sing. 111t111 « je pense», plur. mu1111111.

beida « j'attends » : baip « j'ai attendu ». bid1i111 (cr., au


moins 11our la fonn0- ' 0crr • -, .. =
_,-,
..... •0:.c
. .. -, .. =-•f)•J =·i) .
_, ... '·-

biuda « je commande » : -bt111p « j'ai command1~ », -blidlim.


biHda « je lie » : baHd « j'ai lié », b1111d11 Ill.
Il y aYai t <lès lïndo-c·uropéen qnclqncs parfaits :-ans re-
doublement Llunt le principal e~l :
C:ll \PITRE Y

gr. J',;(:x << je ~ais >,, fl::J.:.·,. skr. ,z•Ma, Ire pers. pl11r.
1.•id111â, gùtl1. 1·ntd{t, gol. 1.mit, wi/11111, Y. si. ·vèdè « je sais»
( ancienne forme à dé~inence moyenne), Y. prnss. wnissei « tu
sais ». 'i.l't1idi111ai « nous savons ».
Le latin et lP germanique ont conslilné leur prétérit par
un mélange cl"anciennes formes <Je parfaits et d"aoristes inclo-
enr()péens : , . h. a. liwi « tn as prèté » répond il hom. i.[-
-;::.;, got. bitun' « ils ont morclu » peut ètrP la 3" personne cln
pluriel actil' ÙP l'aoriste athématique attesté par ,éd. bha « il
a IPndu ». partici1w bbidâ1lf-, etc. : l'inlluencP de ces formes
a p11 contribuer à la perle du redoublement dans les formes l1
vocalisme o dP parfaits, comme,. h. a. lëb « j'ai pn\té »,
g·Dt. bail « .ïni mordu » ; lle même le ,ocnlismc ë cle lnt.
frëgï, ,. 11. a. brahlnm « ils ont brisé » est sans <lonle celni
d'anciens noristes ntlténrnticp1es compnrahlcs ponr la forme
:'i lat. i'st, ,·stis, lit. ht(1) « il mange », etc. \éanmoins l'a
(is,u de i.-e. * ô) des pn'·térits irlandais tels que tair/1 (qui
i,:d0!3e ro11f11git), cle *tôke, rappelll', malgré le manque de n·-
dn11lilcment, les 3,·, personnes indo-irnniennes à if (i.-e. *o)
pré-désinentiel comme skr. raidira « il a fait». Et il y a lien
de croire qlle les formes :-nns redoublPment des dinlcctrs n11-
tres que le grec cl lïndo iranien rPprésc11tcnt un t_,pc i11dn-
e11ropéen dinlectal.
Le parfait indique le rés11ltat actuel d"une action nccom-
plic: gr. :.r1,1'h ~ignifie c< j"ni nppris ctj"ai encore lïrnbitmlc »,
:-:kr. çip·âya c< je reste appu~é », etc. L'e\emplc sllirnnt,
rmprunté ï'1 Ilnrnère, montre la ,·nlenr précise de ces thèmes.

1') .'..-1,-c:2. . ,(.,1) ,- • ..,,..


,.' - .....
,. ' , ·r.~, .....
·r. ,'J, ·'J (,.·'. ' '( l''"J
,.J - - =''J - =
"'""""--:-"" J / ,Y.'. (f) :-'(F) ,.... (,. •.'=-
' - r.
:,;·Ji.:i.; : 'i;;,.,:z1,)'/ ~p0:t.; -;::;i.~;;.:;·1 ::. z:,0:;w·,.
"l:J"I ~~ :6:~ :1.{·_'' i.p~;-;-;'I i"I '.\?"/!~:~:;~'/ ~.:::~::·1,
..,. - _,.,,
' .J u'"·r-·r.,.
" " ' : " ...
" "'"',·,(
;( (f) =-=-,-- J ,.., =,..z
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_ ,,._J,J,J
..
...... •""i"" :xw·, •
' :J.'I,.,.
' '

Le poète ,,ppo:-e l"e11se111blc des belles actions qu'Llysse a


LE YEHilE

acrnmplies (f)t(f):F·,'=-) et par lesq11elles sa renommér s'est


établie à une chose particulière qu'il Yient de faire (s,::.'.;:.·1) :
le parfait indique ici ce qui est acquis une fois pour toutes.
Le parfait grec est accompagm~ d'un passé : -:iffrr,z:. « il
est mort », i-:&r;.'l.:.~ cc il était mort », et le sanskrit a quel-
ques plus-que-parfaits analogues.
Lorsque l'expression du temps a pris plus d'importance au
cours rln déYcloppemcnt <les langues indo-européennes, le
parfait a fourni à la fois des présents et des prétérits : lat.
tutndï est un prétérit, mais 111c111i11ï est un présent: got. band
« il a lié >> est un prétérit, mais man « je pense >) est un
présent; et partout la forme de parfait sans redoublement
citée plus haut gr. f : Y2x, sl'"r. vida, got. 'l.l'ait, etc. signifie
simplement « je sais », c'est-à dire << j'ai acquis et je pos-
shle la connaissance ».

2° Thèmes moraux.

Il y a des formes spéciales pour trois modes :


r 0 Lïudimtif, caractérisé par l'absence de toute aJJition
au thème temporel tel qu'il Yient d'ètre décrit.
2° Le sulifv11ctzf1 caractérisé par l'addition de la rnyelle
thématicprn *-e- (-o-) au thème temporel.
3° L'optatif, caractérisé par l'addition <-l'nn suffixe secon-
daire *-yë- :· *-ï- aux formes athématiques et, dans le type
thématique, d'un suffixe *-i- formant diphtongue aYec la
rnyelle prècéclentc (type gr. 1:..::-i-).
Lïrnpél'atif et l'injonctif n·étant caractérisés par :rncnne
forn1e particulière Llu thème ne sauraient ètre mis sur la
mèrne ligne que les trois modes ainsi définis.

1 ° Indicatif. - L'indicatif' sert à indiquer qu 'nnc chose


est ou n"est pas, a lien on n'a pas lieu, aiusi chez Homère:
Cil \PITRE Y

"\ 1 ;8 ~~ Î"~i,:t z~p::.?:; ~:;~~'I o~:; -;::·; ,;:~ :: . .,,s:(t)i'.~'/


cc si lu es fort, c'est c1ue r'esl un dieu qui le l'a donné ».

2° Subjonctif. - La formation du subjonctif est transpa-


rente Llans le type athématiq11e:
indicatif prl·sent , skr. âs-ti « il est ) l ' ]al. es-t: subjonctif.
skr. ds-a-ti, 11s-a-t == ztl 111ihaiti) lllihat cc c1uïl soit >1, lat er-i-t
« il sera l> (l'ancien subjonctif sert ici de futur).
noriste sigmatiquc: subjonctif, skr. llé$-a-ti) 11é$-t1-t « qu'il
conduise >l (awc le Jegré e comme an moyen. cl non le
dcpTl' ë clc l'indicatif skr. lllltlÎ$l111l «j'ai conLluil l>), 110111.

parfait: subjonètif, sl.. r. tatâ11-ati, tatâ11-a-t cc qu'il tende n,


11nm. 7::..:dO-:-:J.::·,. Le rn calismc préclt'·sinentiel est e, ainsi
skr. vàl-a-t « qu'il sache l>, hom. (F):.l-?.; -:J.::·1, f ::[?.- ::-::: en
r<'gnrd de (F);Y?.1.: le Yocalismc o de liom. -;:::;::[O::J.::·1 <'Sl
cmprnnté à d-;:;~01.. Le ton es! sur l'élément présuOi\al.
J>ans le type tliématiquc, tout se pass<' romme si la ca-
rnctéri~tique *-c-, *-o- se combinait an'<' la YO:cllc finale du
tliè111 c, cc qui donnerait *-ë-) *-t.ï-, ainsi f!.T. ~iF<•l-:J.::·1, ~ip-r,--:::,
skr. bh!trâ-ti) bl1!trtt-t « qu ' il porte», lat. ferl-s « lu porl<'-
ras ll (sulijonctif ancien serrant de l'ut11r); le Yocali:-111c prt'·-
suflixal cl la place d11 ton sont l<'s rnè111es qn '.'t l'indicatif.
L<' suli,ionctif indigne une at'lion q11·011 corn pie Yoir S<' d·a -
lis<'r, :-oit q11 'on la Yc11ill<', ain:-i ,{d. agnh11 sta'l'IÏIIÎ « j<' wm.
loncr .\gni (Ir fr11) », (!ï.Jll'I't1d 1,•11rtt111si me « q11 'il entend<'
me~ p:irol<'s ))' cl chez l lo111c'·r<':

Y./ I
.. C,IC') ' '
,._ . , Y.·'= . =.. '<.) ,., <l ..• =''I'
Z.. 1.'•
~ , "''I
• ~ " •• - .., • - ' 1 .... ' "!: -· • .,,

soit q11'011 l'attende si111plernenl, ainsi Yt'•d. 1:fç1,•à(1 ptta11tÏ


jayâsi « ln ,as t'·lrc Yicloricnx dans tons les combats J>, hom.
Z '1jf) z1.l ;:::i -:i; (F)::l-;:·r,Ji « cl q11<'lq11'1111 ,a clirc l> on s .1,Gj
ûJ:J.;: ~-;,:,. :( -:::i.<)c,i; « h1'·lns, q11c rn-t-il 111't1rri,cr :1 l>.
LE YEI1nE

3° Optatif. - Dans le:,; formes athématique:-, l'optatif est


caractérisé par le sulli1e *-yë-: * -yJ- (c'est-à-dire *-y- devanl
YO: elle, *+ devant consonne); l'élément présuffixal a le vo-
calisme zéro; le ton est, suirnnt les cas, sur le sullixe *-yë-
ou sur la désinence :
thème *ts-: skr. s-yiÎ-1) s-(i)y/i-t « qu'il soit ll, s-y-11(1)
s-(,)y-11(1 cc qu'ils soient » ; lat. s-ië-s c< que tu sois il, s-î-11111s
cc que nous soyons» (d'où sim par analogie). Le gr. zrr,·, a
pris le rncalisme radical Je f;:i.
thème *dedô-) *didô-: skr. dad-yiÎ-1 cc quïl donne», moyen
dad-î-tâ cc qu'il donne >l; Y. sl. dad-i-11111 << donnons » (du
thème *dôd(J)-); gr. ::::-{·r,-·,, :i::+;J.~·1.
thème de parfait *·weworl-) *·,uewrt-: sl\.r. 'l'avrt-yiÎ-I cc qu'il
roule», moyen va·vrt - î-fâ; Y. h. a. Ire pers. plur. Wllrf - Ï-llll'S
cc deYenons ,, (de gcrm. *wurd-î- Jont le d suppose une pré-
~ullhale atone).
Dans les formes thématiques, l'optatif csl caractérisé par
*-i- formant diphtongue aYec la rnyellc thématique qui a le
timbre -o- ; suivant la règle générale du tJpc thématicp1e, le
rncali:-me et la place du ton propres au thème ne ,·arien! pas:
tht.•me *bh/z-o:..: sl-.r. bhâre-t << <p1ïl porte ))' gr. ~ip:i, got.
bairai, v. sl. beri (2e pers. plur. berL;·fe << portez ll), cf. lit.
te nes::} cc il peut porter».
thème *drk,ô-: skr. drçé-1 « qu'il voie >l, gr. ~2:fz:~.
L'optatif a deux Yalcurs sémantiques distinctes:
1 ° Il indique une chose possible) par contraste avec l'indi-
catif qui indic1ue une réa lité. Ainsi skr. kiïmâyt'/11 cc il peut
dé~ircr >l clans cette phrase védi<p1e: kâ111!tycta nîjâ ·"a111riÎ{i
bhâ·r•i/11111 cc un roi peut désirer devenir roi suprèrne >l 011 gr.
·/-F::2.·1 Jans ce pas&age homérique:

E 3u3

.\. ~(Eli.LET.
CIL\PITHC Y

En ce sens, l'optatif sert à indiquer une condition: ams1


chez Homère:

K 536
"'
!;;r:::;; "~wp~r,~:x~:~.
,

« un dieu qui le rnudrait pourrait aisément donner de meil-


leurs cheYaux que ceux-ci », cl Jans cette phrase Yédique :
ylrt plrcey11?-1 kravy!rdm11 k11rJ't1l1 « s ïls faisaient cuire ( de la
Yiande), ils le (le feu) rendraient carnirnre >>.
2° L'optatif indique une chose souhaitée, ainsi chez Ho-
mère: ~ 98 Y.'.r:{zy_ -:~f)n:·ç1 « puissé-je mourir à lïn.;;tant ! »
et Yéd. viçe rn kfatnîya ca sa111âdm11 lmrylïm « entre le peuple
et la noblesse puissé-je créer une inimitié! » De là l'emploi
de l'optatif dans les prescriptions: YéLl. dâ111patï aç11ïyiltilm
« que les ( deux) maîtres de maison ( c 'est-h-dire le maitre et
la maitresse) mangent ».
La traduction française par « puissé-je » montre comment
la seconde Yaleur peut sortir de la premi«:_·rc.
Les nuances de sen-; exprimées par lïmlicatif, le subjonctif
et !"optatif sont Jonc respecliYemen t cr·lles de l'artion : posi-
tin•mcnt affirmée - attendue - nu :--implemcnt possible.

C. F'Ln.10-" DES ,·EnnEs.

Trois procédés sont (•mplo~ és concurremment: désinences,


alternances nwaliqnes, place cl 11 ton.

a. Désinences.

Le systè111e <les désinences Ycrbalcs indo-européenne-. com-


prend :
LE Y[IWE

1° Deux séries complètes de formes, <lites les unes arti·ves


et les autres 111oye1mes) qui caractérisent ]es. deux Yoix arti'Ve
et 11zorm11e, actif dor. -:rn·r,--:: (ion. att. -:~~·r,:-:) et moyen -:[~::-:x:.
Crs deux séries n 'e:\istenl clairement qu ·en grec ancien,
en gotique el en imlo-iranien. De plus lïtalique et le Yieil
irlandais en ont trace dans l"opposition <le l'actif et du dé-
ponent (et aus-.:i dans le passif latin).
2° Dans les deux séries actiYe el moyenne, deux séries
dites l'une prilllaire) l'autre Sffo11daire) ainsi en grec au
moyen, primaire :W::-:x: , secondaire i:~fJ::-::; il ~- a de plus
certaines désinences propres à 1'i111pt!rat1f et d'autres propres
aux thèmes de pa,faits.
3° D.rns chacune <le ces huit série~, il~- a une forme propre
pour chaque pcrso,me) à chaque 110mbre.
l ne désinence est ùrfinie qnanJ on a marqué si elle est :
1" actiYe 011 mo:-enne; 2° primaire ou secondaire ( ou d'im-
pératif ou <le parfait) ; ~" de Ire, 2e ou 3e personne; 1° de
nombre singulier, pluriel 011 duel: ainsi la désinence -:i~ <le
!fr. :~0::-:i: est une dé .. inence de 3e personne - du singulier
- mn: enne - primaire. De plus les désinencrs diffèrent
en partie suirnnt quïl s'agit <ln type thématique ou athéma-
tique.

Dr~inences primaire:-.
~ingulier. - r re personne. Dans les athématiques, *-111i:
sl..r. às-mi cc je sui-.: », '"· sl. jes-1111) gr. ::~:;.:, arm. e111) alb.
jam) gol. im (et lat. Slllll). - C'est;_\ cette désinence q11e les
pré:-enb athématiques doi,·ent le nom de Yerbes en *-mi :
t)1)e5 ;:;w, :f:u):J.!, :UJ·r,:J.'., ~':;:·r.:;.r., :;:[;,:6:J,(, :i:;:rr,:;.:, etc.
Dan~ les athématique-., la 1re personne correspondante se
termine en* v: gr. 1iFw, lat. ferô, gut. baira, Y. irl. (do-)biur
c11 \PI rnc ,

(dr*-bm1): lat. 11eho) lit. Z't'~Ù (de *vc~u); giill1. p,1r.1sa «je
demande », lat. posco: en sanskrit cl dans une partie de
l'iranien, la finale -111i n été :mrnjoulée, (!"où skr. bhâra111i
« je porte )>i 1·!thq111i « je mis en char», prcchà111i « je de-
mande».

2e personne: *-si: skr. é-fi « tn ,ns », gr. ::[ (Je *:::-:-:);


hom. s:--=: « ln es))' v. lal. es-s) arm. es (<le *cssi).
sk.r. bhâra -si « lu portes ))' got. bairi-s) lat. legi-s ne re-
pré~enlenl .. an:- doute pa:- l°élat indo européen pour le type
thématique: l.i finale était plutôt *-èi r1u'atteslenl lit. 11cs:;.J
(de *11cszi_i) << lu porte~ », gr. 9s?:::-;, Y. irl. (tfl>-)bir et bt'ri
( <le *bcrei-s ou *bcrci-si ?). Comme à la Ire personne, gr.
9i?<d , etc., on ne peut marquer Jans celle forme théma-
tique le point de séparation entre le thème et la désinence.

3e personne : *-ti: skr. !ts-ti << il est », gr. ?:·-::, v. russe


jes Il) ,. lit. es-li,,. irl. ù (de *es-ti). got. is-t, lat. es-!.
:-h..r. ·z•t1/J11-/Ï « il Ya en char». Y. l'US~C' 'L't'{_C-IJ, gol. -H•Ïgi-p,
lnl. 1tt:hi-t, ,. irl. bcritl ( de *bereti) s'accunlenl ,', indiq11er que,
it la :3•· per:-onne du ~ingulier primaire, h <lé,iucnce :--erait
la mèrne dan.;; le t~·pc thématique cl le t~·pc all1ématiquc:
mais le grec 9iF::: et le lituanien 1·è~t1 « il conduit en char>)
snppn:-enl une finale· *-t, com111e aus~i v. irl. (do-)bt'ir; cl
c·e . . t pcnl-èlrc la ,irillc forn1P tl1érnatiq11c: aux trois per-
snnnc, arti, e, prinwircs d11 :,;ing11licr, le l,, pe tl1ématiq11C'
a11rail .iin:-i d<•::, forme:- di:-ti11c!P:- de celles du l: P" athc'.·111a-
tiq11e.

Pluriel. - :1·· pcr:5011ne: *-mti (cl *-011/i :>) dans les furmes
athématique . . sans rt'duublemcnl: ~kr. s-â11ti « il:- sont >i, dor.
::·1-:: (n11 lieu de *~·,::), ion.-att. :::;:. 0111hr. s-mt) µ-ol. s-i11d)
lat. s-1111!, , . si. s-t1f11 (,. rns:-:-e rnti).
LE î'ERilE

"'-11ti llnns les formes athématiqnes à redoublement : skr.


d!td-ati « ils donnent >> (i.-e. *déd-uti), Y. sl. dad-{t 11 (v. russe
dad-jatz) << ils donneront », clor. 3~3:-·r:: (i .-e. *didJ-11ti), et
clans les formes thénialicpies : skr. b/J!tra-11ti « ils portent »,
clor. iip:-·1:: (att. ii?:"J:;i), got. baira-11d) lat. uelm-11!) v. si.
'VC~JJftt (v. russe 'l'e~u/1).

~. Désinences secondaires.
Les désinences, thé11iatiq11es 011 atl1ématiq11cs. des trois
personnes du singulier et de la 3e cln pluriel ne diffèrent des
dé:-inenccs primaires correspondantes du type athématique
que par l'absence de *-i.
Singulier. - 1 rc personne *-m ou *-11 suivant la phonétique
de chaque langue: :-kr. âbhara-111 « je portai>> », gr. s~sF:-·1;
Y. sl. padi't « je suis tombé» (de *pt1do-11); skr. âsthtï-111 « je

me suis mis debnut », gr. s:;:·r,-·1 : skr. syiÎ-m « que je sois »,


lat. sit!-m) gr. s(r,-·1: gr. s:s::;-,:, Y. sl. 11ès-û « j'ai porté )>
(aYec -tï représentant *-~t).

2e personne: *-s: skr. âbh1m1-(1 « tu portais », gr. s1 sFs-;:


v. si. pade « tu es tombé » (de *pMe-s); skr. âsthâ-(1 « lu
t'c:- mis debout». gr. h:-·r,-;; skr. syâ-b « qne lu sois». lat.
sù!-s) gr. sr-r,-; ; got. witei-s « q11e tn saches ».

3~ personne:- -t : skr. âbh11ra-t « il portait >> gr. s1 sFs (les


ocd11~iYes finales tombent en grec): Y. si. pade « il est tombé n
(de *pôde-t): :--kr. âsthii-t « il s'est mit debout », gr. s;-:·r, :
skr. sytÎ-t « qu'il soit », v. lat. sië-d) gr. sr-r,:

Pluriel. - 3,· pl'rsonne : *-en! et *-11t (dans les conditions


uù la désinence primaire esl *-mti ou *-nti) : skr. âs-an ( de
*11sa11t) « ib <:laient » - ~kr. âbhara-1J ( de *âbhara-llt), gr.
t1sr:·,; , . si. p11d1.z « ils sont tombés » ( de *podo-nt); le *-t
CII\PlTRE Y

linal 11·c~l daire111enl co n!"-ené nulle pilrl, n1.11s sa présence


est indiqnéc pnr diYers faits d<' phonétique syntactique d11
Yécliquc cl par le traitement sla,c.

La cfrslinctinn des désinences primaires cl secondaires <'sl


moins nette aux autres formes.
Pnm la 1 n· personne du pluriel, lïndo iranien distingue:
primaire ,éd. 111asi =zcl -111ahi, skr. -111a?1, el secondaire
Yéd. - IJlil == zd -ma ; partout aille11r-; il ~· a conf11sion: en
s-rcc, -;i~ ; en dorien, -:E·1 dans les autres dialectes; en latin,
-11111s; en ~l:ne , des f'ormrs Yariécs sui,anl le clialcctc, tm1lcs
d'origine plus ou moins amhigni·: -mtt (forme du ,ic11x
slaw), -mo, 111e, -JJL)'; en lituanien 111a; rtc.
Pour la 1re personne dn d11el, il y a un certain accord de
lïndn-irnnien cl du gotique: primaire skr. -va(.1, zd -'l'a/Ji,
gnt. bidjo! <c nous (deux) prions ». cl secondaire: skr. -i•â, zd
-·va , got. JJU1g1t << nous (deux) pouvons », sitahl'l1 cc q11c nous
(tlcm:.) so~-ons assis >); le viem. slaYe a -'l'è partout; le lit11a-
rnen -va.
Pour la 2t' pcrsunne du pluriel , l' indo iranien a une distinc-
tion q11i consiste sr1ilemcnl dans le co ntraste de th cl / :
primaire skr. -!ha== gùt1i. - Ûll, sccnndaire skr. -la== gùth.
-là. Comme th cl/ sont confo11d11~ p.irto11t nillr11rs , on 11c
saurait rien rcconnailrc: gr. --=~: Y. si. -te, etc. sont ù la f'ui~
pri111airrs cl secondaires, el 1'011 ne saurait dire si gr. ~iF~-:~,
Y. sl bcrc/e r<\)ondcnl l1 skr. bh!rratha (primaire) on bhârala

(secondaire). Lo !.::.!in a -lis.


J>our les 2e cl 3'' pcrsonnl's d11 du cL on constate de fortes
diYcrgcnccs; le sans!, rit di~tingnc 2c pers . -!hab, 3~ -ta{,, pri-
maires, <le :2° -/am, :>t' -/am secondaires; le grec '. ~(' -::'I pri-
maire et secondaire, 111ais 3,· -::·1 primaire, dor. -·6·1 (att. --:·r,·1)
sec()ndaire: le gotique cl le lituanien n'o nt q11c ]a 2e pers. :
gul. -ls et lit. -la, à la fuis primaires cl secondaire~: le vieux
LE , ERBE

sla,e a 2•' -ta, primaire et secondaire, 3e -te et -t,1, sans


distinction de rnlenr ( - te a été éliminé à la 2e personne parce
qn ïl se confondait aYec le pluriel); il y a donc une forme
spécialement secondaire de ;~·· personne du duel *-fit, aYec ou
sans nasale füwlc; cette forme a été transportée par analogie
à la 2e personne, partiellement en grec, en tièrement en
lituanien et en slaYe.

2° Désinence~ moyennes.

i..Dé:-inencrs primaires.
Le:- dé:-inences de:-. trois personnes dn singulier et de la
3e personne du pluriel se distinguent des désinences actiYes
correspondantes par la présence de *-ai là où celles-ci ont -i.

~inrulicr. - 1 n· personne : gr. -:J.J.: (thématicpw et athé-


lllatique). el dé::-inencf' athématique du baltique, Y. prn,s.
-J11ai 1 lit. -111i ( tle *-JJ1ë): gr. t:-::l-:1.,::. ;;i.:;::-:1..zi, Y. prnss. as-
JJlllÏ << je ::-uis >>. lit. CJ-mi (de *es-Jll°i); les formes baltiques
prouYent peu, parce qne la forme actiYe du type athématique
n'est pas attestée: la désinence est simplement *-ai en indo-
iranien : sk r. brzru-/ « je dis » ; la finale thématiqne est de
mèllle *-ai1 ainsi skr. bh11rc << je porte n.

~~·! personne·: * sai: skr: -se, gr. - :-:l:, lit. -si (de -së), got.

-:;.a : :--hr. dhat sl « lu po5es », gr. :ro;.-';Y.'., lit. de-si (de *det-sii):
skr. bhâra-sc « lu portes», ::rr. ~i; ::-J.i, g-ot. baira-::a «· ln es
, l.., ' ' '-' '-

porté"·

]•·personne: *-lai: skr. çl-te « il est rouché », gr. ,.;.~-::l::


:-kr. bhdra-te « il porte ». gr. ;;ip;.-:,::. got. baira-da.

Pluriel.- 3" personne: *-11/ai: skr. ç!ty-ate « ils sont con-


20(1 ï.11.\PITRE Y

cité:- i>. hnm. Y.i. :cY.'.: 4r. bhâra -111t· « ib portent i>, gr.
1 i.F=-·1:i.i, got. baira-11da.
Ire pcr:-01me: le gr. -;1.s(JY. de zd-;i.sfJY.. 1 s,=~-:1.sfJY. csl à la

fois primaire el secondaire; lïnclo-iranien oppose la d<'.·si-


ncnce primaire * madh(li (skr. -mahc, par exemple dans
dad-11whe (( nous donnon~ », zd -J11aide) à la dé::--ine11ce sccon
daire *-madhi (skr. -lllahi, gùtl1. -111aidï), de i.-e. *-111edfo, cc
qui peut ètre une innoYalion de cc clinlecte. Les formes dépo-
nente:-. lat. loquimttr cl ,. irl. labri111111ir, -!tllwa11111U1r << nous
parlons >> sont des créations nom·elles fi.1ite~ snr Je.;; formes
acliYcs correspondantes.

2P personne: la désinence primaire esl en inclo-iranien


* dh-wai: sl-.r. -dhvc, gàtl1. duy{: la désinence sccundairc
*-dhwa111: skr. -d/Jî'(llll, ;!,lll1. -dü111, zd -~'U.9111: le grec a (-fJs),
-:;0:., à la fois primaire et secondaire. Le lat. loq11i111i11ï est une
forme nominale: Y. irl. labri the, -fobraid << ,ous parlez >>
:--nnl identiques au:x formes acti,·es. Lc·s dialectes occidentaux,
germanique. celtique, italique, ne pré:-.enlcnl aurunc forme
propre;1 la Irf' cl ;1 la :le personnes d11 plmiel pour le IIIO_'IP11.

D11cl. - L'indo-ira11ic11 et Je grec ont des formes diYer-


re11 lcs. inllumcées d'aillc11r:- i, la fois par les clé:-incnces tlu
duel actif et du pluriel rnn.' en.

:~. Désinences ~econclaires.


Plusi c11 r:- dé~i ncnce:-- sr·con<bi rc~ 011 t *-o ( el *-c :1) li, oü les
dé~i11ences pri1naircs du lllO_'IC'll ont *-ai.

~ingulier. - 1r, pcr--onn<'. L<' gr<'(' et lïnclo-iranie11 diYer-


genl. cumme pour la clé~inence primairP rurresp1 ,ndanl<'. Le
gr<'c a di,r. -:ü:1, i()n. alt. -:1:r,-1: dC1r. lOi.-:1.Y.·1, irs,::-:1.Y.·1, ion.
nit. UJi.-:rr,·1, irsr=:-:1:r,·1. Lïnd o-iranicn a -1 : :::kr. â-kri cc j'ai
LE YERBE 20I

fait », gùth. ao)-l « j'ai parlé n ; ce -i forme diphtongue a,ec


la rnyelle thématiqne précédentr·: *(a)bbara-i: skr. !tbhare
« je portais », zd baire) cc qui semble indiqner un i.-c. *-i;
mais à l'optatif la désinence est -a) ce qui est en indo-iranicn
la forme normale de i.-c. \1 après y: skr. bh!trey-a) zd baray-11
« je pourrais porter n. L'étal indo-européen ne saurait donc
èlre déterminé.

2°personne: gr. -~: dans i:U:h-~:, s0~-:, i?iF~-:, etc. ;


indo-iran. *-sa) dans Je subjonctif gùtl1. dâ1ihâ « qnc t11
donnes « (de *da-sa), zd baraë-:i'tt << tu po11rrais porter)>: lat.
-rc (de *-se:1) dans scquc-re, cf. hom. {;:~-:;. - Le sanskrit a
généralisé 11ne désinence -thiib) qui rappelle la désinence de
2e pers. sing. act. parf. skr. -tha) et le déponent ,. irl. no
labrither « ln parle:- >>.
3e personne: *-to: skr. âdi-ta << il a donné>>, f.!l'. E:-::;
skr. âbb11ra-ta << il portait n. gr. ~~iF~-::; lat. scqui-tu-r.
Plmicl. - ~p personne: *-11/0: skr. çâya-ta << il-. étaient
co11clu~s 11. liom. :.d-:c: : skr. âbhara-nta << il:-; portaient >L gr.
s1i;;:-'1::: lat. sequo-11/u-r) cf. l1om. i-;::'r::.
Désinences particulières au parfait.
_\ctif.

Sin2·11lier. - 1 rc personne: *-a : ~kr. 'l.'M-a « je sais », gr.


f :Y::-x. got. wai"t: Y. irl. cechan dans forroichan « j'ai en--e1-
gné n suppose 11n primitif terminé par une ,oyelle finale
*-a ou *-o et exclut soit *-e) soit *-ll.
2epersonne: skr. -/ha: 'V/1-tha tn sais >> ; gol. -/ (traite-
<(

ment régulier seulement dans certain:-; cas spéciaux) : u·ais-t;


gr. -0x: f :O:,-fb.; cf. aus,i le-/- de lat. uïdis-t-ï. Le f) du grec
~upposc i.-e. *dh en regard du *th indiqué par les autres l,111-
gues.
.202 ï.11 \l'ITHE \

3,· per:,;1)11l1C: *-r: -.kr. 7.•a-11 11 il snÎI ». gr. f: '. ;-~. !-"(Il.
. . ~·.1il: 1,, , . irl. achai11 ::upposc une rnycllc finale prépala-
talr. tell,· que -t'.
Pl miel. - L ïnd, 1-i rnnien a de-; désinences différente-. de
cel les dn présc11t, ~1 la :~p pcrsorrn e *-a : skr. 7.'Îd-,1 H Yous
... avez >> ( en regard <le gr. f:-:;-::.) et ~1 la ~e: skr. -u{1 (-ur),
cf. gùth. -.1r.1J', zd -ar,1) skr. ,:id-11{1 11 ils :-aYent >>.
\loy en.
La 1 r•' personne avait la drsincncc *-ni.~, en juger par -.kr.
/11tud / 1< j'ai liPurlé n. lat. lutud ï) el par Y. si. 7.'èd-è « je
sai:-- ». - L'indo-iranien a aus,1 *-ai pour la 3~ 1wrsonne:
~kr. / 11J11d é « il a l1emlé >).

lm pératif ( ac tif Pl 1110.H·n ).


Le . . désinences dïmpératir :,; 'ajoutent au thème de l'inùi-
cat if; l'i111péraLif. au point de me 111 orpl1 ologiq11c, neco11-.Li-
t11e don c pa-. un nwdc co mpara ble à !"optatif et au 5llbjonctif
qui nnl de-; thèmes propre~: quant au sens. il exprime un
ordr1 · ferme et participe nin,i a11 sen-. anirnrntif de l'indicatif
auquel il appartient pour la forme.
La :,i•· personne du sin~ulicr à l'actif est cnracléri:-ée par la
dé,inence zéro :
t_, pc ath1: matigu c: thème *â- : gr. ~~-~: « ~or-. >>. lat. ï
(t'.\" ï), lit. ei-k « va » (a,cc 1n1c particule , -ki) -k): llit'..·me
"".ïlr11eu : -.k r. struu « ,~tends », gr. -:;::~'/j.
t,,pe tli é11wtique: -.kr. bhâra 11 porte ». ;:-'T. riF~· arm.
f,a) f!'Ol. bnir) Y. irl. ber: ::,h..r. âja « conJuis », gr. i.-:~.
lnt. age) arm. ar.
Lrs athéma tiqu e:- peuvent aus-.i r<'<'CYoir une désinence
*-dhi: thi•111e *t'i- : ::-kr. i-hi (de *i-dhi) 1< Ya » . zd i-:i, gr.
~'J~ - th i.•me *es- : zd ;-dï « !-uis J), [:L ('-:;- 'J: - tlièmc *,wcid- :
. . Jd-. 1:id-dhi « ,Jcl1r >), gr. (f}-:;-'J:. Cne autre désinence
Jïrnpéra tif c::-l : skr. -lâl, Y lat. -lôd, lat. cla::-~. -ltL ;;r. -:c,J:
LE YERflE 203

en sanskrit et en latin, elle sert à la fois pour la 2P et la 3c


personnes; en grec, seulement pour la troisième, nrnis,
élargie par -; . aussi pom la seconde dans certains parlers,
ain~i ii.0:.:<~·1;· iiJJi. à Salamine cl'aprL'S l [es:d1ius; skr. bhâra-
ldl « porte, qu'il porte >>, gr. 1:.Fi-:<,J: skr. i•!tha-làt « Ya en
char, qu'il aille en char l>, lat. uehi-ltï: skr. 1 it-liÎI << sache,
1

quïl sache »; lat. cs-hj << suis, r1'1'il soit ». Cette finale i.-e.
* /M) q11i :--'ajoute li la forn1e à désinence zéro, esl suspecte
d"ètre 1111 mot isolé, pc11t-èlre l'.,blatif <111 démonstratif i.-e.
*10-: *-dhi pourrait ètrc une ancienne particule; alors la seule
,éritahlc désinence de l'impératif sernit la désinence zéro de
:le personne <l11 si ngulicr actif.

La Jésinrncc de 2e pers. pltfr. actiu· de l'impératif ne se


distingue pas de la 2P personne secondaire : skr. bhâra-la
« portez ». f!r. 1i.F:.-::., lat. fer-le.
DiYrrses lang11cs incln-r11rnpéennes ont au singulier moyen
et au pluriel et a11 duel actifs cl mo~ en-; cl<·s désinences spé-
ciales i1 l'impératif, mais sans accord entre elles.

Dé:--.i nencrs en *-r-.


Les dialectes inclo-iraniens et italo-celtirp1es ont des dési-
nences en *-r-.
Le sanskrit a une clésinencf' de 3,· personne du pluriel i,
l'actif -ub (-ur dc,ant ,o,-yplle), an mo~ en -re) -ire; le zend
répond pnr -aN et -,1rcs Ù l"actif, -rc a11 rno:·cn: skr. tÏS-11(1 << ils
ont été », zd â,ih-arJ; skr. rikit-11(, << ils <aperçoiwnl », zd
èilivif-,7/"Js; skr. çé-rc) zd sôi-rc << ils sont co11cl1<~s )> ; le -11(1
safükrit peut ètrf' soit *-r) soit *-rs) awc un traitement ::-pécial
it la fin <l11 rnot; il est employé allS::-i à l'imp:-.rfait, à l'aoriste
et ù l"optntif, ai11si sy-11(; << q11 ïl:-:. soient » ; au mo:cn, sk r.
-ra11 sert cl(· désinence secondaire dans q11clq11es forme,
COIIII!le !tdrç-ran (( ils ont YII )) .
En brittonique, les formes en -1r) -âr) -er ont une Yalcur
f'.JL'lPITRE Y

irnpcrsünndk. la pcr:-c,rnw c'·lanl illdi<111<'·c par 1111 111·0110111


n\.rimc: cornique en tas a m:/ym gyhi~,.,. « on m'appcll<' père
du riel ii, breton armoricain 11m1 guelcr « on ne me Ycrra
pas )) , ou ez. consacrer « on te consacre ». - En , ic·il irlan-
dais: les formes correspondantes ont la ,·aleur de W' prrso111ws
passi,cs : bcrir « il es t porté >> : on n pnr s11i le formé une
3" personne du pluriel. ainsi bcrtir « ib sont purtés ii, cl,
même au singulier, -r csl parfuis ajouté à 11ne fllrmc pnurn1e
de dési11rncP, ainsi ga ibthi-r <c il P~l chant<', >J ( cf. gaibi111 c< je
chante»); le déponent seul a tir6 de Ili une flc,io11 conle11:rnt
-r ,'1 ln pluparl des rwrsonnes. - En italique, le suhjonclif
ornhricn fcrar « on p<lrlera >> cl l'indicatif présPnl ombrien
icr « on ,n » alle::-lc11L l'<':xÎstcncc d\m impersonnel co1T<'s-
po11da11l ;1 lïmperscinnd ccltiq11c; f•n latin, -r n'nppnrait
plus r1u'aj.n1tc'• ?1 clc:,; fr.1rn1cs Mjà pommes Je désinences, à la
;)~ personne 11chi-tu-r) en rPgard (k ln 3•' pers. sing. sccon-
dnirc moyenne ,è<l. vâha-ta) el de mèmc an pluriel 11dm-11lu-r
l'i nussi ù d'autres personnrs: uchor et 11chi11rnr; cetlr flexion
rn -r tient la place des anciernw:-. (l<'•sincncrs 1110.' ennc:-.: lf's
déponents lai. scq11it11r Pl Y. irl. scchithir rèpondcnl :111 thème
cnnsta111111c11t sui, i dr d<~sincnccs 1110.' enncs de gr. {;:~:~i d
dr skr. sâra/1: « il suit>>.
11 csl pussi hic q11r *-rail caraclc'.•risé un imper~n1111cl indo-
européen; la :v! personne dn si11g11licr en -r a c·ncùrr sn11-
, e111 la ,,dr11 r inql<'rsonneJle rn liltin: 1/ 11r « on Ya i>. - Ln
disp:1ritio11 de la 1iirmr c11 *-r dan~ la pl11p:ul <ks di.ilrclrs
s'expliquf'raÎl par le caracl<'~r<· a1w111al d<· cet i111perso1rnel
qui e::-t isl)lr dans la 111orpl1nlc)Fic indo c11rop<~c11nc cl q11i n'a
:--11hsisté presque 1111lle pnrl an·c :-.a Yalc11r n11cic1111c

D,111s le 1., pc tlic'.·111<1licp1<', la Y<>) cll<· qui lcrn1i111· le lht.•11w


LE YEBBE 20J

a l'allPrnancc de timbre~ c: ù; cel lt· allemance es t conserYée


dernnt les désinences primaires actiœs dans les paradig-
mes suirnnts(où l'on a supprimé les formes altérées n cc point
de me):
GRF.C G OTJ Q l "C LATl'.'i Y!El'X Sl.\\"E

sz(J) -'l.l'Tga uehJ ve-a '\.,

Kz:::; -wigis uchis 1.·ez.esi


sz::: -wigif uchit 'vc::.__et i't
rz:;1.::·1 -'I.l'Tgalll )) ))

Iz:::s -zui,rip
.::,
)) 'l'c;;,_etc
tlor. sz:·1:: ,.,
-'Zl'Ïo1111d 11dm11t 'l}C'"'/1/11
'\.,

sz:.::·> )) )) ·vez.eta
sz:.::·1 )) )) i•e-::.._eta
et deYant les désinences secondaires acl ÎY<>s :

GR EC HFP, ~!. .\YI:

padiÎ « je suis tombé )) ( -11 de *-011)


pade (-c de *-es)
p{/dc (-e de *-et)
pado1111ï
padcte
pad(l (-(1 de *-out)
padi:ta
p(/deta

Le sermon de Cambrai , qui est le plus ancien texte irlan-


dais, a encore o à la 3r. pers. plur. t11thcgvt « (qui) rnnt )J.
Dr mèm e au moyen : gr. 7€2::1.:.i:, 7(:::.x:, q€2::::x:, 7::p:-
pdh, ?ir::-;0::. 9€2:·1:x:, cl s9::,:;;1:r,·1, s9ip:::, S?S?E,;, È9::p:11.::0;,:.
s9(:::-;0s. s9i2:·1::. Donc la rnyelle thématique a le timbre o
à la 1 rc personne du singulier .et aux I rc ('[ 3 e du pluriel, le
:wti CII.\.l'ITHE Y

timbre e aux 2c rl 3'~ personnes du singulier, à la :2c ùu plu-


ri<'l, aux 2e et 3° du duel.
Üall~ le> type alhématicJ11r, l"«'·l•~mrnt prédésinenlicl a le
,ncalismc e (ou, au parfniL o) aux trnis prrs()Jlfl<'S du :--ingu-
licr actif primaire 011 scco11daire el dans certains impéralil's
ù clé:-;incncc zéro, le rncalismc zéro clans lrs autres li,rmcs .
.\in:-;i pour la Or\Îon pri11wirc acti,e:

~Ill;!. é-mi « 1c , ais »


é-~i si-(<l C *"
CI-SI.)

i -ti =;--, (tlc =;--,)


-· .J. -· ••

pl 11r. i- 111M1
i-thâ
r-lr11ti
clud i-t/Jà{1
i tâb
))

i hi

011. d<' mt·mc , dan~ Ir I> pc en 1111 - de :-;h. pn1â111i u .1 em-


plis ». Jnr. ~.7.:J:l'l.;J.i. ~r. ~i;J:11j;J.'.:

!--KR, I>~n ,TT.

~1np-. - /1(/.-1111 -·1i-:J.'. --rr, -:J.~


- /lt/ - SI -'1'l.-; -·11;-;
-11tÎ-li -'/'l. -, 'l'r,--;:
11lm. Il Î li/li { 1 ·11. :1.~; 'l'J. :J.S'I

IIÏ tbii ·17. .- -·1 1.:::

-/l-l/11/ Ï -·17.-·1 :i -·1'l.-;:

d11el -11î-thâ{, )) -·11.-::·1

-11Ha{1 )) -·11.--::,·1
LE YERBE

Ou, an parfait:
SKR. GR, GOT,

smg. 7.'M-a « je sais » wait


'l'ét-tha ,F :X;-Ox wais-t
1.M-a ,F :-r:.-:: 'Wl1Ïl
plur. vid-mâ fl:.-:J.:'.'/ 'l.l'Ïf-lllll
'Vt'tf-â r[-;--;;:: wit-up
t·id-tib (Fi-;7.-;:) wit-uu

ou, dans les parfaits à reclouhlement, skr. jagr!tbh-a « j'ai


saisi )) , jagrbh-ma « nous avons saisi)); gr. :1.t:1.:·1-x, p.i:1,x-:J,:'.'/.
Am: 1re et 2e personnes du pluriel à désinences secon-
daires, lïndo-iranien et le grec ont sonYcnt le rncalisme c là
où, d'après la règle générale, on attend le rncalisme sans e
que présente en effet la 3e personne : ainsi skr. âgitt « il est
venu n, clnr. s?Y., att. s~·r,, 3 1• pers. plur. skr. !tg-ub « ils sont
Yenus ,, (aYec ,ocalismc zéro), mais skr. âgâma « nous iOm-
mrs Yenns ))' gr. s~·r,:1.::·1; skr. !tkar << il a fait ,> et !tkr-a,t
« ils ont fait )), mais Ire plur. âkar-ma, 2° plur. !tlwr-ta;
skr. syâ-t « qu'il soit » et sy-11{1 « qn'ils soient », mais
Ire plur. syi1-111a, 2e plur. sytÎ-lcl. Et, au présent même, PH

face Je skr. s-thâ « Yous ètes >>. on tronw: gr.~-;-:::, v. sl.


jes-fc', lat. es-fis, avec rncalisme préclésinentiel au degré e, en
regard de dor. h::, v. sl. s-q/11, lat. s-zmt.
Certains thèmes à suffi-xe zéro ont de plus trace d'une
alternance ë: e; ainsi véd. tâf{i « il construit )), 3e plnr.
tâkfati « ils construisent J> (attesté une seule fois); lat. ësl :
cdfllzt ; l'une des deux formes cln thème tend alors à se gé-
néraliser : le s:mskrit a !ttti « il mange >> d'après adâ1zti << ils
mangent))' et le rnsse Mjat (v. sl. jadrtii.) « ils mangent »
<l'après êst « il mange i>.
Devant les ùésinences moyenne~, primaires ou secon-
20~ Cil \PlTf\E Y

claire..;, rl~lémrnl préd,~:-.inenlicl a le rncalisme sans r, nnlnm-


111r11I dans l0s présent..; radicatn à rrdoubl<'ment. les préscnls
,'i infi"-e nnsal. cl Je..; parfaits: ai11..;i, dans le type en -11il- de
s1..r. P[utÎ111i, gr. ~ip.'l"r.:1.: :
~h.R. GR.

Primaire.
~ing-. -11-é -·1x-:1.Y.'.
-11ï-fé -'/Y.-;Y.:

-11ï-lé -'/Y.-';l.'.

Plur. 11ï-111âhc -n-:1.db


-11-at/ -'/Y.-'/';Y.'.

~rcondairc.
Sing·. 3,· pers. -1ZÏ-!1i -'/Y.-::

L'opposition des rncalismes préclt'·~inrnliels d0 l'actif cl du


moyc11 est nette en sansl. . rit :
.\CTIF "OYE\

prrnia1rc bnh•ï-ti << il parle >> bnH/


j11hô-ti <( il foit libation » j11IJ11-té
y1111âl.·-ti « il nnil >> )'lllih' !/
aç11ô-ti « il atteint >1 t1Çll ll-l é
secondaire fiç,10-t « il a atleinl » llÇllll-/(1
âkar-(t) « il foisail » âh-ta
/,r,ïytÎ-t t< il pourrait dirr » bnn·ï-t,i
parlî1it rik/t-n <( il ;1 aprrç11 >> (Ïh'ÏI-/

La mêm<' oppo..;itinn se ,oil am,si <'Il grec <bns:

prnna,re -:W·r. lJ.i .UJ~-:1.:,::


srcondaire s-:'.O·r.-·1 s-::Ot-p:r.·1
parfait
LE YEirnE

Toutefois cer tains thèmes radicaux simples qui n 'allmet-


tent qne les désinences moyennes avaient le rncalisme e de
la prédésinentielle :

s kr . (i-te cc il est couché »


7.!âs-te cc il se Yèt »
âs-te cc il est assis »
et de 1rn\me gr. '·(;.:1.:1.:1.:1.i, ;:;.:î::t.:. etc., zù staota cc il a
loué >), r ie.

c. Place dn ton.

Toute forme Yerhale pouYait , sniYant la position et le role


dans la phrase. être tonique ou atone; cet état est encore
conscrYé en Yédique) et le recul constant <ln ton en grec s 'ex-
plic1ue par là. Le ton, pouvant toujoms manquer, doit pas-
ser p our un élément accessoire de la flexion.
Da ns le type tl,ématilJUC, le ton frappe l'une des syllabes
dn thème, la mème clans toute la llexion de chaqu e tl,ème,
ain:--i skr. bhâra-ti cc il porte », bhâra-11ti « ils portrnt » :
s]jâ-ti cc il émet », s1jâ-11ti cc ils émettent », szjâ-tha cc mus
<'·mettez » .
.\u contraire, dans le type atliématiqur, le ton peut frap -
per le thème ou la désinence , et sa place peut ,·arier au
coms de la fl exi o n. Dans la plupart des formes sanskrites et
germaniques qtii donnent des témoignages sur la place an -
cienne du to n, la prédésinentielle est tonique aux trois per-
sonnes du singulier actif, et la désinence aux autres n ombres
de l'actif:

sk r. /-111i cc je vais » imâb cc nous allons >)


iM-a cc je sais >) ·vid-m/2 cc nous sayons >>
y1111/2k-ti cc il unit » ym1j-/211ti cc ils unissent »
jagrâbh-a cc j'ai saisi » jagrb/J-111t1 CC llOUS f1YOl1S SaISI >l
A. JIEILLET, 14
:~ 1 ü Cil\ PITHE \

De mème Y. li. a. :;_ëh (de germ. *taih) « ïai montré i>, en


rrganl <le ~kr. didéç-a) cl Y. 11. a. -::._~~-u11 « ils ont montré», en
rl'gard de slr. didiç-11[1) suppn:--ent *d6ik 1 -a: *dil~ctz't.
Dans les présents à redoublement, le ton se place lantùt
sur le redoublement el tantùt sur la <lésinl'nCP : ~kr. bibhar-111i
,, jr porte i>. bibhr-11111[1 cc nous portons ii ; dâdha-111i cc je
pose i>: dadh-rnâ[, « nous posons ii. dâdh-ati « ils posent ».
Dans la Oc\Îon Yerbale grecque: la place du toni fi\ée par
une règle générale, n'a plus de rnleur ~ignificatiYe: seules
les formes nominales, participes et infinitifs, consenent
trace de l'ancienne place: :-c~·1 « allant » s·acrorde aYec skr.
i-111!tb cc nous allons, >i, ::rJ~:; awc skr. dadh-111âl-1i etc. Si
<lonc. à l'aoriste sigmatique sanskrit. le ton reste inYariable-
ment :-ur le thème, ainsi au moyen i·d111-s-i « ïai gagné »,
et si en grec le:- participe~ et infînitifs corre~pon<lanb ont
toujoms le ton sur l"élément radical (:~:-;:xi, -:~:-:-i; et nou
*:~:-;:x{. *:~:-;1:;): on peut conclure dr là q11'à LlOristP '-igma-
tique le ton nP passait pas sur la désinence l'n indo-européen
( rnir p. 1 ï9)
En cr qui concerne le, désinences mo.' enncs: elle~ ont en
rénéral le ton en san~lrit, ain~i )t11ikti cc il unit »,jagrbhé
cc j'ai saisi »: toutefoi .. le l.' pc çât a le ton sur la S,' llahe ini-
tiale: comme k p,uticipc gr. ;,.s'.:J.s·1:;. tandis que la place
du ton du participe gr. i.Ù~'.:J-:è,:; p-arantit l'antiquité du
parfait ~lr. jagrbhé) ux: ton; <lan . . le typr de présenh à re-
doublement. gr. :~::;fJ:x'.. ~'.::;J.s·1:; co11cordcnl aYcc ~kr. dâde
«j<' donne», cl tend1·nl à promcr q11e, au pré,ent du moins,
le:-. 111011wments du tC)n aYaicnl lic11 no11 entre pré<lésincntiellc
et dt;sinencr. mais entre initiale du mot cl désinence.

d. .\ ugml'n l.

L·nugmcnl consiste en un élément *c::- qui peul ètre placé


Li= , EBBE 211

drY~rnl c<'lles des formes cle lïndic[ltif qui ont l<"'s désinences
secondaires.
li n'apparaît qu'en indo-iranicn, en arménien et en grec;
les autres langues l'ignorent ; en védic1ue il a le ton dan:;
les formes toniques :
Yéd. a-bbt1ml (( il portait)) arm. e-ber (( il a porté)) gr. s-·?=-F=-
â-dhtït « il a posé » e-d « il a posé » s-O·r,;,.s
skr. a-rira! << il a laissé » e-lild1 « il a laissé » s-1,:-;:s
Parfois, surtout deYant *w , il e!'.-l t' , ainsi dans Yéd. lt-1·n.111!,
cc il a tourné » , hom. ·r,(f)si:s:; (( 111 saYais ».
Quand le thème commence par une rnyelle proprement
dite, l'aug-ment se contracte a,·ec cellC'-ci dès l'époque indo ·
européenne:
tl1èmc *<'s-: skr. âb <c il était », gr.-~;.
thème *âg 1e- : skr. /tjat « il c0nd11isnil », dor. i·t;. nit.
·l,-;;., nrm. ac cc il a conduit ».

L':rngnwnl ne fait pas partie d11 ,crbe: dans la l:1ng11e


homérique rt dans la langue Yédique, \"ernploi en est faetil-
lntiL rl !"on trouYe , aYec le ml\mc sens, des formes comme
110111. s~s.:s et 1{?;., ,éd. nbbarat cl bhnral c1 il portail » ; <'Il
ann<'·nien, l'augment est f'lllJ>loyé seulement dans celll~s des
formes de l'aoriste qui, sans celte nddition, seraient mono-
~yllahiques: e-ber cc il n porté » s'oppose ù ber-i «j'ai porté));
111c~me chez Hom<'.'rc, en ,édique cl dans les pràk rits, la
pr•'·scncc· 011 l'absence de l'nugmcnt est en r.:ipport aYec l'étcn-
dm· du mot: on lit toujoms liom. s;zs. j.:imais *;z:.·
Il c~I probah]e que., l'augment indo-emopéen était une par-
ticule iudé-pendante marqunnl le passé·; en effet, en grec, la
rè•glc ~uivant laquelle le ton ne peut pas reculer au <lcfa
d'un prr.rnier préverbe (-..:r.F- t·1 -0;.; ri non *·dF-s·i-0:.;) s'.:ip-
pliqllc ù J"augrnent, cl l'on lromc -;:1.p-i. ;z:·1 el 110n *-;:7.F-::-
CIL\PITRE Y

cz:·1. k·1-r,;x·1 et non *l·1-·r,-::1.·1. A cet égard, I1augmenl est donc


traité en grec comme un préYerbe, c'est-li-dire comme un mot
anciennement indépendant.

e. Signification drs formes <le la flexion Yerbale.

Chacune des distinctions reconnues dans la morphologie a


sa Yaleur sémantique propre.
1 ° Nombre. - Lïnclo-iranien, le ,1eux sla,e et aussi Je
lituanien el certains dialectes grecs (principalenwnl le ,ieil
attique) ont consené la distinction des trois nombres in<lo-
européens: singulier. pluriel et tlucl.
La forme Yerhale se suffit à cllc-mème: ?iF :.i; ne s'adresse
qu"à une personne: 1 iF:.7:. à un nombre de personnes indé-
terminé, 9i.F:.::.·1 à deux : aucun pronom n ·Pst nfre:a;saire.

2° Pcrso1111e. - De rnème que le nomlJre: la forme indo-


curopécnne indique la personne sans l'addition d'un pronom.
Là où un pronom figure dans la phrase, il a tonte la Yaleur
d'un mot indépendant: lat. amas 11! csurio :-.ignifiC' cc lu fais
l'amour, mais j'ai faim ». cl tu 11111as al ego es11rio, << toi, tu
aimPs, mais moi, j'ai faim » .
•\u point de nie d'un moderne, 11n cc impersonnel>) tel que
gr.~=-: cc il pleut» signifie que cc de la pluie lomhc », mais
le sens ancien est autre: alors que chaque phL~nomène natu-
rel était tenu pour le résnltal <le l"activité de quelque génir,
:i:.'. signifiait « le <lien, le génie plrnt »; en fait. Homère n'a
pa~ 'J:.'., mais seulement <lell\ lois \[ :2j ==; /4C>, :

Le latin a Io11e to11a11te, etc. L'expression ,i·diqne ·ï.·âto ·ï.•ati


« le ,enl Yenle » est pins caractéristique encore. Ce ne son t
donc pas <les impersonnels qui expriment les phénomènes
LE YERHE 213

naturels, nrnis des troisièmes personnes dont le sujet, qui est


un génie plus ou moins Yaguement conçu, n'est pas indic1ué
aYec précision. - Les seuls vrais impersonnels indo-euro-
péens étaient sans doute ceux dont les formes en -r- étudiées
p. 203 et suiv. font entreYOÎr l'existence.

3° Voix acth:e et mvye1111e. - Les désinences actiYes pré-


sentent le sujet comme faisant l'action purement et simple-
ment: slr. sârpati, gr. Ip.:a.•. signifient « il rampe » ; les
désinences moyennes indiquent que le sujet est intéressé d'une
manière personnelle à l'action : skr. 'Uaste} gr. (f"):fo:1.: « il se
,êt )> ; gr. û~w nut dire « je fais un sacrifice )) , 01:;;J.7.: << je
fais un sacrifice pour obtenir quelque chose » ; le prêtre qui
fait un sacrifice pour autrui dit skr. y!tjami « je fais un sa-
crifice )> ; l'homme qui prend part, avec le prêtre, à un sa-
crifice fait à son profit dit skr. y!tje « je fais un sacrifice (puur
moi) >>; gr. i:;:.:, skr. !tjati signifient « il conduit », i.·r=--
:1.:, âjate « il conduit pour lui, ou aYcc lui », ainsi cl1ez
Homère:

En grec, ù ).:;~(J) (( je laYe)) s'oppose ).:~:.:7.: :x; ï.=-~p1.; (( il


::-e laYe les mains >> et de mème Yéd. pa~IÎ a'm nmikte « il se
Ja,e les mains». L'actif skr. gâcchati « il rn » s'oppose au
moyen Slll!l- gacchatc << il se rencontre aYec ... ». Le mo~·en
n'est donc pa:s un réflfrhi, mais il exprime souvent des sens
rnisins de celui du réfléchi. La nuance de sens qui sépare
le 1110) en de l"actif, nette dans des exemples comme les pré-
ddents, de,ient parfois très fuyante, et l'on ne saurait dire
par exemple pourquoi gr. s;::J.7.~ sert de futur à :.l:J.:, E::J.Y.:
ù i:%0. etc.
Les désinences moyennes senent à exprimer le passif:
~iFw el 9ip:;J.:z: signifiaient h la fois cc je porte » et cc je me
porte », com111c on l'a YU p. 168 ; la forme moyenne 9(:;:-
CII\l'ITIΠ,

il :-il :-ignilication parlic11lièrc. :-c pn~tait bien ;1


;1.:xi. r!TilCC
l"c~pression dn pas:-if; le:- f'ornws à désin<'nccs n10~-cnnes
fournissent aussi le pa--sif Llu gotique: 11asjada << il est :-auYé »;
cc rôle est moins frécp1cnt en indo-iranicn.
Par ._,1itc de leur :-cns, certains tht'·mcs , erhau \. ont rcc:11
c,cl11-.iwmcnl n11 presque e\cln:-iwmcnt les dé:-incnces
moyennes, ainsi :-kr. sltcate cc il ..;11it », z<l haèaitc) gr. I-::~-
:z~. lat. scquitllr) Y. irl. -scchethar (t.Ypc déponent du la tin flt
du vieil irlandai-., combiné aYcc les dé-.incnces en -r).

'1" ralmr des désinences primaires et servlldaires et de l'11llg-


111ent. - L 'opposi lion de valeur des désinences primaires cl
secondaires ne se laisse pas, comme les précédentes. ramener
,\ une formule :-impie.
ll n'y a lieu de tc11ir compte ici que de l'indicatif: l'optatif
n'a que le-. désinences secondaires: skr. sytÎt cc c1u'il soit»,
gr. frr, : au suhjnnctif le grf'c n'a qu<' les <lé--incnc<'s pri-
maires, aÎn:,i 1i,:t,), 1 i~w-;!, L'I lïndll-iranien présente à la fuis
les dé:--incncc:- pri111aire-; cl les désinences secondaires. véd.
ltsati et âsat) zd a1ihaiti et t11iht1( « q11 'il suit ». :-ans diffé-
rence de s1·ns appréciablr.
\ l'indicatif. l<'s désinences primaire-. indic111c11t 1111c cl1osc
q11i est ,-raie au moment ni'1 l'un parle, s,,it q11"cllt> ait lic11
actuell1·mcnt. gT. 9i~<,) « je suis en train de p11rler », :.;o il
qu ·cl!P mille d'1111c rna11it'.·rc r!·t'·néralc, com11w lat. hv111v 111or-
talis est. l'nc forme h dé::-incnce primaire peut t\lre <'mplo>1~c
c·u ~an:-ld·it awc punî « a11paraYant » et clwz llomèr<' aYec·
-::i,::; pour noter 11nc cl10::3e naie d<'puis un certain temps cl
qui n'a pa-- Ct'ssé de l"ètrc, ain~i:

Les d1~sinPnïcs :-ccon1Jaire~ indiq11cnt souvent le passé:


,éd. bhitrati) 110111. :=:=· -.ir!"11ificnt cc il porte». ,·éd. bhârat)
LE , ERllE ~~ l •)

hom. 'tt?s signifient<( il portait»; horn. il;:s, « il a lai~sé »; etc.


)lais, comme cc n'est pas le seul emploi des désinences se-
condaires, cette expression du passé est ambiguë; elle peut
tlonc être prfrisée par l'augment, mais ceci seulement dans mi
groupe de dialectes contigus: indo-iranien, arménien et grec :
lù où les désinences secomlaires sont accompagnées de l'aug-
ment, la forme n'exprime que le passé: ainsi skr. !tbharat « il
portait»: gr. s'tsps, arm. eber « il a portt~ )>; gr. si.~-;:s, arn1.
elikh « il a laissé >). Quallll un rnème thème admet à la fois
ks désinences primaires et secondaires, les formes à dési-
nences primaires constituent le présent proprement dit :
skr. bhârati « il porte >> , gr. 9ips~, et les formes à désinences
secondairesi précédées ou non de l'augmenL l1imparfait :
skr. (â)bharat (( il portail )) , gr. (s)?S?S- En slaYe, où ra11g-
ll1ent u 'niste pas, 1il subsiste quclrrues formes d'indica-
tif i1 désinences secondaires exprimant régulièrement le
pass,~: ainsi l'aoriste Y. sl. pade « il est tombé >) (aYcc -e
de *-c-t) en regard de padetù « il tombera >>. C'est donc au
mnyen des désinences secondaires et, accessoirement, clans
1m groupr tlc tlialcctcs, de l'augment que l'indo-européen
exprime l'opposition du présent et du passé.
En Yédique, les formes d'indicatif à désinences secondaire~
sans augment admettent aussi nn sens à peu près identique
kt celui du subjonctif: bh!trat « qu'il porte )), smtout aYec la
négation prohibitiYe J/Il1 : J1Iâ bhara(1 « ne porte pas >), nllÎ
bharat « qu'il ne porte pas)); et de même en iranien, dan~
les gàthùs de l'_hesta; c'est cet emploi que l'on appelle
l'mjo11c/ 1/: le grec en présente peut-ètre une trace dans le~
.unpcratI
' ·rs comme ('\sT.~-' )'jzs-; « arrcte c· ' )
. ))' s-1~- :;-;:~-.; « (1·1s »,
etc. L" 11-.age <les désinence:- secondaires dans les formes de
l'indicatif qui :--erYent ù exprimer un désir ou une défeme
concorde aYec l'usage fait de ces mêmes désinences à l'op-
tatif et, dans une partie <les cas, au subjonctif.
2 16 Cil \PITHF.

Hcmarque rnr la, alcnr d<'s thèmes de pré~ents et d'aoristes .


- D'ordinaire chaque racine fo11rnit à l'inclo-iranien, au grec,
l, l'arménien cl au s]aye 1111 ou plusieurs présents et un
noriste: qni ont chacun un thème différent; ainsi en grec
~:.~·r:.:·1, ~'J"[:.!·1; :J.t-1:.:·1 et 11,{:1:1:.:·1, ;1.:.tn:; "()''l:.70:/4:, y:.·1fo6~:;
i"(:.'.'1, i·ey:.t'I; ïP:X'f:.'.'I, -yp:x•}:/4t: è:.tY.'l~'IY.t, ê:.t;:/4t ; :tOs·œ,
fJ:.",:'n:t; etc.; en Yédique riuâkti « il laisse ))' âraik « il a
laissé )) ( aYec augmrnt iï); dltdhati « il pose i>, âd!Htl (< il a
posé i>, etc.; en arménien a/,1e111 « je fois n, arari « Jat
fait i> ; !11ana111 « je ]ave » (cf gr. i.c~w, lat. lauô), !11açi
« j'ai 1:wé » ; en slaYe, stanç « je me lèYerni >>, stachi,. « je
me suis leYé », elc. ~fais, cc r1ui caractérise l'aoriste au point
de me morphologiqur, ce n'es t pas la forme du thème, car,
sauf les formations sigma tiques, tons les types de thèmes
ernployés i1 J"aoriste se retrouYcnt au présent; ainsi qn'on l'a
n1 p. 1 OK, Ill! thhm d'aoriste est, dalls chaque lallg11c, celui
qui, à l'illdicat1f, pn:scllle smle111mt les 1h'sinmces sccolldaires;
dans les lnngues qui, comme le slaYe et l'arménien, ont un
imparfait c.1rnrtérisé par nn suffixe particnlier, le même
thème peut senir de présent aYec les désinences primaires
cl d'aoriste aYec les désinences secondaires : an11. ben: (de
*h/Jcrc-ti) signifie« il porte l>, el l'ancien irnparfoit c-bcr (de
*c-bhcrc-1) « il a porté » ; le présent Y. sl. padc/11 signifie « il
Lomhera )> (le présent d' un wrlw perfectif ~l.1Ye se trnd11it
par 1m . r111ur), ct l'aoriste pade (ancien i111parfoit) « il est
tornh<~ ». - l rn tl1è111e de prlçm/ inclo-europt'·en sera llonr
défini, par oppo~itinn à l'aoriste: /Ill thhne q11i, à l'indicat{(,
adlllel les désinmccs /1riJl/aircs et scco/ldaircs: le parfail qui a
de:- désinences ~p<'·ciales n'est pas 1m présent ; au contraire 1111
th<~· me il infixe na~al, rommec1'li1i de skr. (r~1âti « il entend»,
1111 causatil' tel que skr. çnï·v11yati « il fait entendre >> sont des

pn~scnts, parce cp1 'on peut dire, aYer les désinences secondai-
res: âÇ[IJO/ « il entendait», â(rtt·myat <cil foi::.ait entendre».
tE YERBE

Bien que Lwriste :-oit défini unic1 uement pnr l'emploi


exclusif des désinences secondaires, tous les types de
thèmes ne sont pas susceptibles de fournir des aoristes ; il
n'existe d'aoristes r_[lle dans les types radicaux comme gr.
os·:°n'., i,'.-:-:s:'·1, -::s-::'.Os:'-,, dans le type en -s- et les types en
-lÏ- et ·l'-) comme :u·rr,-·1.i'.. )lai:- le type à infixe nasal, les
types déri,és i_1 *-ye-) *-sl,x-, *-Jle-, les cau:-atifs en *-eyc-
fournissent exclusiYement des présents. far rapport au pré-
sent, l'aoriste est d"ordinaire une forme plus brhe et plus
légère, ainsi les présents gr. -::s~Os;Û.x'. et -::-;·,fJi·,s;~.x! en
face de -::-;Oi.;&.x'..
Les thèmes cle présent fourni:-scnt: 1° un indicatif, com-
prenant un présent proprement dit, un imparfait et un im-
pératif - :l un subjonctif - 3° un optatif, ainsi en grec
0

i,d-:-:w (i,s{-::s!;), ~Ï.s'.-:-::;·1. i.st-:-:s - i,s'.7:u) (i,s{-::·r,;) - Ï,S'.7:::'.:J.'.,


soit cirn1 :-éries de formes. Les thèmes d'aoriste fourni:-sent
de mrme : 1° un indicatif, comprenant !"aoriste proprement
dit cl lïmpératif - 2° un :-uhjonctif - 3° un optatif:
gr. Û,'.-;::;·,. i/-;:s - i.'.7:(,J (i,i-;:ç) - i,'.7:::'.:J.'., soit quatre série:--
de formes. De mème en Yédique: pré:-ent, indicatif: pré-
sent proprement dit çp1ôti <c il entend n, imparfait !tÇt(1tJf
<< il entendait >). impératif çp111dhi « entends >> ; subjonctif

q~1!t1.·at « qu'il entende >> : optatif çr~111y1J! « il pourrait


entendre >>, - aoriste âçn,t « il a entendu », impératif çrudhf
« entends n: snbjonclif çrân1/ « quïl entende >>: optatif
çn,yât (écrit par IÏ) « il pourrait entendre >>.
Les thèmes de pré~e1ll cl d"aori-tc n ïncliquenl pas des
temps différent:;: un imparfait ri.~:-;::·, qui appartient au
thème du présent n·est pa..; moins un passé qu'un aori:-te si,'.-
-;::;·,: et un subjonrtif aoriste i.(-::<,) n·en e:-l pas plus un (jUC
le ~11hjonctif présent i,s:-;:uJ. Le mol présmt, qui est tradition-
nel, ne doit pas induire en erreur: un distinguera toujours
le sysleme du prést'JII) qui comprend di,erses formes. parmi
:, 1~ î.11 \ l'ITTl E \

lc--quelle::- 1111 prétérit Lei q11e ~i.s:-;::·1 cl u11 --ubjonclif tel q11e
1
i.s:-;:w (i.s:-;:·r,.;) appliq11i• surtout à l aYcnir, et le prt!smt pro-
prement dit i.:.{T.w (i.s:-;:s:.;), (jlli seul exprime un fait actuel
cl a11quc] le système doit son nom.
Le thème de présent indique l'action· considérée clans son
déYeloppcment, dt111::; sa dur/·c; Je thème d'aoriste, l'action
pmc el simple: l'tm peul èlre symholi"L~ par une ligne, l'au-
tre par u11 poinl. Cc C(Jntrasle d11 présc11l et de l'aoriste est
clair en grec; soit la pli ras<' s11i,,:111tc de \.énophon ( llcll. 1,
1 '.1) · =•J izr·1-r 'J !zr•
'"'t. • -~· .. "" • ..; ri '\.()·r.-17.•r•
i""· .,,,..
~·- ...... • .. .,,,. ~-I-j
, .. _, .... ~.'"' le ...sen::; t•st ·•
=r7.•1
« ils oni combattu .(action c,n isa gfo dans son dé,cloppe-
mcnl cl sa duréc, d'oi'1 lïmparfail) j11squ·a11 Mpnrl des
\tbéniens ii (le fait pur et simple Llu départ est cmisagé :
<l'où l'emploi de l'r1orisle). Tous k~ emplois du prés(·lll cl
de J'aori--tc se ra111ènc11l ù cc~ notions générales: t1i11si ipz:.:·1
--ignifîc (< ètn· cl1cf n (Ll'unc 11ianit\rc tlurabl<'), J.F;.x: signifie,
e11tre autres choses. (( prc11<lrc le cumrnarnlcnwnt » (fait pm
cl simple). On exprime ::;011,cnl i1 l"aoriste une d1osc qui a
duré, mai~ <Ju'on emi~t"lë"e dnn~ snn ensemble sans songer
e~pres~é 111 enl it la d11réc, ainsi chez Jléro<lolc, Il , 1:,ï:
·r, ''~\~c,r:-:.; Y.-;::x;fo,·1 -:::i.:w1 ~-;:: -;:Î.:.!;::•1 1.f,·1:·1 -:::i,:: 1:1.:.::û·rr,
7.•1:i-:z:. « Azolos a n'·--islé (1:,it cm i:-a8·é dans son cnsc111ble)
pl11s lun,!!lc111ps que tu11le~ lcs a11frc..; , illcs n. L'aoriste pc11l
111t'·mc i11diqr1cr 1111 foil gt'·1d·ral, po11n 11 q11'rn1 ne le co n~i -
dèrc pns dan..; son déYCluppr111enl. mai~ sc11 lc111 enl en ta11l
q1l<' foi!, c1·aillt·111'~ ,11::-c<'ptihlc· de se répéter indi·fî11i111cnt:
Tli éogni--, :-b~):

<'1111 lio111nw lent, rn.ii-- adrnil, prend 1111 lio111111c rapide q11ïl
JHlllI'Sllil». La mrme opposition d11 présent ri de raori<-tc
~e rccon nait. moins nr1t,~mrnl, c11 arménien, moins encore
en indn-iranicn, et dans 1111e foiblc 111c::-urc en ~la,c. C'est sans
I.E , EIIIIE 21 \1

doute celle llcs particularités des wrbcs inclo-curupécns qui


a eu pour le tléYcloppcrnent ultérieur de la fle\.ion Yerbalc
les conséquences les pins importanlcs.

Dans l'exposé sommaire qui précède, il 11 a pu' ètrc tenu


compte que des formes atteslécs par l'accord cl'a!1 moins
deux langues, et un grand nombre de traits des formations
Ycrbales ont été pa-.sés sons silence. \"éanmoins ces indica-
tions donnent une première idée de cc qu'a ét<'· la co111 -
plcxité clu H:·rhe indo;europécn, a,-cc la multiplicité de ses
thèmes et la richesse de sa flexion: c'e~t par ccntain~s q11e
se curnptent les formes possibles d'une mèmc racine dans la
langue Yédiquc ou la langue homérique, si l'on fléchit tous
les thèmes à tons les nombres . .i1 toutes les personnes) it
toute-, les Yoix et awc toutes les sortes de désinences: pri-
maires, sccunclaire-; 011 dï111jJératif. _\in'-i la racine ~kr. bhar-
<( porter ,, fournit dans le lJgYcda: un présent bhârati cc il
porte )> (et b forme athématique bhârti). un présent ù rc-
dunblcment bfbharti, un pn~scnt intensif' bh!tribharti, un ful11r
bhariuati) un parfait jabhâra (altéré de babhâra, a11--si
attesté), un aoriste sigmatirp1e âbhâr ( 1 personne !tbhilrft1111)
ri·

et un pré--enl en -ya- bhriyaft', chacun aJmeltant, cl'nnc ma-


nii.·re plus u11 1110Ïn'- fréquente. les diYcrs mndcs, les cliYerses
personne--. etc., soit c1niron 'io formes ( ou Ko en comptant
l'artif et le moyen Et où ils c-..istcnt concnrremmenl), c'est-
i\-dirc un total de cinq (t :--ix cents, à quoi il fa11t ajouter les
participe~ rattacl1és à chaque thème. Cette complexité j 111-
mcn:--c, dont tn11tes les langues conserwnt encore au moi11-;
q11dq11cs trace--, a été· simplifiée au cours de l'histoire de
drncnn des l~ialcctcs et n'apparait pl11s clairement qn ·en
samkrit, en ancien iranien et en grec.
CHAP ITRE \1

LE \ÜJ[

L'indo-européen aYait trois espèces de noms distinctes el


pour le sens el pour la forme :
\. Les suh(santifs cl adjectif:-.
U. Les démonstratifs, interrogatifs el mols as,imilés.
C. Les pronoms personnels.
Outre le nombre, qui appartient à toutes les formes fléchi es,
ces trois ::;orles de mols ont en commun la flexion casuelle el
présentent, dans la me:-ure où leur sens le comporte, les huit
cas: nominatif, rncatif, accusatif, géni tif, ablatif, datif, ins-
trumental, locatif.

\ . ~l!IST DTIFS ET .\l>JCCTlFS.

Lrs adjectifs n 'c111l pas de lle'i.ion dillërcnle de celle des


..:.111,~tantil's; le s<'11l lrait qui Jt,, caractérise est la prése nce
des trois genres: ils ont .·, cùté du thème de masculin-neutre
1111 thème de féminin. cl le thème de masculin-neutre admet
la flexion ;1 la fois d11 masrnlin et du neutre aux trnis cas
011 ce:- flexions ,ont di,tinctcs. t.1ndi~ q11 c les snb:-tanlifs
n'ont qu<' rune d,·s deu'>, au muins a11 . . ing11li<'r; l'emploi
de la forme de cliac1111 de:- trois g<'nres d"un adj,~c tif est dé-
terminé par le subst antif a11q11el il se rapporte ; 111ais ,
comme le..:. l'nrnrntio11::- de fé111inin el la fl exio n Ju ma::-c11lin
LE '\'O\I 221

et dn neutre que présentent les adjectifs n'ont rien qui soit


propre li ceux-ci, il n'y a pas lieu dïnstituer pour eux des
diYisions spéciales, et ils seront étudiés ici aYec les substantifs.

a. Formation des thèmes.

Les thèmes primaires nominaux se rattachent à la racine


au mème titre que les thèmes primaires Yerbau-x:: aussi leur
rtile est-il à peu près pareil à celui des noms Yerhaux dans les
langues plus modernes. Par exemple en sanskrit un nom
d'agent en -far- peut se cofütruire aYec l'accusatif comme le
verbe correspondant : dlttiï 'l.YlS/l « il est le donneur de bien » ;
le lat. dator est également primaire, quoique influencé par
le. vocalisme du verbe dare: sur le modèle de ces noms pri-
maires ont été formés des noms Yerbaux comme p11g11ittor de
pugJllïrc, etc. : la formation de noms wrbaux de cette sorte
e-.t un des traits caractéristiq11es de presque toutes les lan-
gues inclo-enropéennes historiquement connue~; ainsi an
lieu dn nom primaire en *-tei- attesté par skr. jâf!i(1 « fa-
Yelll\ satisfaction », got. (ga-)kusts « épreuve », (Jni serait
*y·J:;. ::.;, le grec a ·;~:::i;:.;, dérivé de ·,·dto): ces noms verbaux
ont d"ailleurs hérité de certaines des propriétés des thèmes
primaires, et en latin par exemple on les trouve avec des
accusatifs, ainsi chez Piaule : quid tibi ha11c rnratiost rem? -
On <explique par là que les infinitifs qui se sont déwloppés
dans les diYerses langues soient issus de thèmes primaires,
ain:-i skr. ,1je (< pour conduire » est le datif d'un thème à
suffixe ûro *ag 1- « conduite » : skr. 1.·idm!111e « pour savoir>>
le datif d'un thème *r.l'idmm- « connaissance » : etc.
Le nombre des types de formations nominales est grand.
La seule racine *111en- « penser » présente les thèmes suivants
attestés par raccord <l'au moin~ deu\. langues:
Cil-\ Pl TIIE \ 1

*111én-cs-: skr. 1nâna{1 (gt~nit. mâ11asa(1) « pen:-ée i), zd


111t111i\ gr. ;1.b:; (gén. ;1.b:::;).
*111én-111m-: .:kr. 111!tn11w (gé11it. 111â111n,mal.1) « pensée,
pri<'.rc ii, Y. irl. 111e11111e H esprit n : cf. lette 111ï111t1 tt énigme».
*111°11-ci-: skr. 1111111ib << persùnnage inspiré )), got. mu11s
(ace. plnr. 111unins) << pensée ».
*111m -fc'I"-: skr. 1na11/tÎ « celui qui pense », gr . .\fsT: h>F·
lat. 111m tor, co11m1t11 l,>r.
*111l11-tro-, *1w!11-tlo- : skr. 111ântrt1b « formule religieuse».
zd 111t18riJ (rnèrne sen'-), lit. (pa-)111e1iltlas << monument ».
*111p-tô-: skr. 111at!t(1 << pensé ». zd 111alô, lit. 111i1îtas, got.
11111nds, lat. (co111-)111mt11s, peut-ètre gr. (x~-::-):u: :;.
*11n,z-tti-: skr. 111atf(1, 111âtil1 (( pensée ». lat. mens, Y. :-l.
(pa-)mrti << sunwnir », lit. (at-)111intis (rnème sen:-). got.
(1:;a-)111u11ds (même sen--).
Et c'r,t sans doute par hnsard que le thème *mlnt-m- d0.
:-k r. 1111t11tu(1 << acte de pen~er >> et le tht.·rne *111tm-o- de lit.
-111,111as ne :-ant pa:- atte,tès dnns dein bngue'-.
li rntlîra de donner nn aperçu de q11elq11e,-rn1, de:- prin-
cipnux types. ~1 titre d"e.\emplr,.

1" Thème:- i, s110ixe zéro: type atliémaliqur. - L:élément


pn'·désinentiel ,011111is aux nltrnwnces Yocnliqnes df' la fle\.Î011
est la racine. et il en résulte que ces mots se présent0nt par-
foi, son.; des aspect, clillërents dans les diYersrs langues:
*ptd- (( pied » : ::-kr. plu, nom. pl11r. pltda(1, gé:1. :-ing. pad/2(1:
f!L dnr. 7:t~>;, -;:::~;. -;::::; (pn'.·dé:,inentielle ~ dans l'ad,·erbr
k:-b. -;:{:x << aprè-. ))) ; arrn. 0/11 (nominatif-accusntif, Ïs'-11 de
l'acru::-atif), nom. plur. otkh: lnt. pi·s, pl'dl:ï, pl'dis: gol. fotus
foil rnr l'ace. sing. i>tu. Flexion indo-européenne: nom.
:-ing. *pots, nom. plnr. *tod-ts, gén. alJI. ~in[.!. *ptd-és, *pt'd-os.
\,•tkw- «parole»: 5kr. 1.:/il,, ni i'tÏXS (in::-lr. 7.•aëa): lat. litÏX:
110111. gén. ~-:::.;, ace. ;-;::.(.
LE :\0\1

*1.ucil, 1- « clan, Yillaµ-e » : sl"r. ace. sing. vfçam, v. pers.


·z:i<i-, v. si. visl; le gr.f :1{,_7.-a~ signifie« à la maison » (avec
mo1nernent); lit. 'l'i;sz.(-pats) «seigneur» (littéralement« chef
de clan »), Y. pruss. ·wais(-pattin) « maitresse ».
*n>g 1- «roi>> : sh. dtj- (nom. sing. nit); lat. ri'x, rë"gis:
v. irl. rï, rïg; gaul. -rïg- par exemple <lans Dnm,w-rïx,
c'est-à-dire « cheC de la vallée >>.
*s11c(!('11- « neif!'e »:gr.ace. sing. 'lt?x: lat. 1ux, 111uc111.
*lmk- « lumière»: skr. ml..·-, dat. sing. mc-é: lat. fox,
llÏcis.
gr. 1:r,p, arm. sir!, v. pruss. sïra11 « cœur »:lat.cor, confis;
lit. génit. plur. sz.ird(t.
skr. k1â(1 cc terre», ace. sing. kfl1ma111, loc. sing. k1a111i,
gén. jmâb (de indo-iranien *gzlmws): gr z0(;,,,, zO:n: z<l z/i,
gén. sing. z:7mi5 (*z.mi5, monosyllahirpie), loc. sing. z,1mi(*-::.._a111i,
dissyllabique), rf. gr. z=<:1.;<'.. L'alternance gr. zO (= skr. k1):
=
z ( zd z) de z01,'1,, : z=<t1,:<: est exactement para1lèle à celle de
1.: (= skr. h, iran. s): ,. (= iran. s) dans ip,.::; (= skr.
lk1ab, z<l ar,1so, Y. ci-dessus, p. Gg) : ip,.;; (= persan xirs).
ski-. gânb « bœuf, vache», ace. sing. gàm, loc. sing.gâ·vi:
gr. ~;::iç, ace. sing. dor. ~c0•1 : dat. loc. sing. ~=(f)l: lat.
(emprunté à un dialecte mral non latin) bôs, bonis; v. irl.
bti; Y. sax. ko; arm. kov «vache».
skr. 1111îb «souris», nom. plnr. 1111Îfab: gr. p.::i;, :1.:J:;: lat.
1111ïs, 1111ïris; Y. h. a. 1111ïs; Y. si. my.n (ancien accusatif).
,\11c11ne alternance vocaliqne n'est. attestée dans ce mot, pas
pins <1uc dans le s11iYant; cet crnplni llu se1il degré ZL~ro est
frt'·q11ent dans le cas <les sonantes longncs.
skr. blmîb (< sourcil ll 1 gén. blmn.!t1(1; gr. ~7p:.1;, ~??~=;; Y.
sl. bri"ti•l ( ancien accusa tir sing.).
gr. O·f,p ( éol. 9·f,p ), O·r.p6;: lit. ace. sing. ~vérf: cf. la forme
thémati<1ue lat. fi!ms.
Les ll1èmes à suffixe zéro sont fréquenb en indo-iranien;
ï.lL\PITRE YI

le grec en présente encore nomhrc d'exemples, comme -::-:,:,;.


-;:-:c,);,.:.; « craintif » et -::-:i;, -::-:n:.; (issus d'une ancienne
Jlexion ;:-:w;) ;:-:.x;,.:.;) en regard de ;:-:·f,;;<,) : i'.Î,c:,,}, i'.Î,w;::.;
« rnleur ». en regard de ;,.i.fr:-:u) ; i.(,~. i.i~::.; << ce qui goutte,
source l>, en regard <le i.s{~u); ou, isolés de tout Yerbe, -.-~·~,
·.·~-:::.;: z!.;. ;,.::.;; etc. On en tronYc surtout au deuxième terme
des composés, ainsi gr. zip-·n·~. zip-·1:~:.;, en face de ·1(~&>.
fotnr ·1:'"1uL cf. skr. 11ir-ufj- « ornement >>: l;:;--:s; « qui est
sur le point d'accoucher », en foce <le -:s;,.s-.:·1; lat. t11bi-ct'11) en
face de ct111ô: t111-spcx « qui examine les oisean~ », en face
de spctiô) cf. skr. sp!tç- « qui mit >> : etc. Souwnt le thème
indo européen à suffixe zéro n 'esl alle::;té qu ïndirectement
par la présence de thèmes à suflixes secondaires, ain:-i un
thi.•rne i.-e. *111e11s- «mouche» est ~uppos,~ par les dérin~s:
lat. IIIIIS-Ctl: lit. 11/IIS-f) gr. ?"J'.): (de *:J."Jb-_,·::1.), '· si. ll/115-Ïttl
(de *1n11s-ï-hï): arrn. 1111111 (de *11111s-110-): Y. :--1. n111cha (de
*,11011s-â): par exemple lP Y. si. 11111cht1 « mouche » est tin'·
<le *111011s-) ,omme Y. si. j11cht1 c, ragoi'it cJp Yiande, sonpP 11
d'une forme ù Yocalismc () du tlit'·me !, ~nflixe zéro allest[. par
lat. Ïlïs, ~kr. JIÏ?, « ragoùt, ~a11ce de Yiande », et dont on a
::n1~si ]es déri,és lit. j11sz.-1 1 « soupe», Y. pruss. jusc.
Les thème,~ sufiixc Zl~ro du type athématic1u<' sont d'au-
tant mieux représent<'·s dans unP langue que celle-ci f''-t
a ttest<'·c sous une forme plus ancienne, et ils ùisparaissenl
rnpi<lPment h J"époque historique. Ils ocrnpaient parmi les
fnrmalinn:-: norninalPs la place dP toute:-; la plus importante.

~. TlH\mes caractéris<'·s par la rnyclle tliémaliqne. - C,~


l)JW 1w ùiffèrc d11 prt>cédcnt <jllf' par la présence de la rnyelle
tht'.·matiq11e i1 la suite de la racine: cette rnycllc change d'ail-
lems tout l'aspect de la formation, car clic Pntra,nc fixité d11
yocali,rne de la racine et de la placr du ton ùans la flexion.
Le cas )p plu::- importnnl P::-l celui des thèmes i1 rncalisme
LE \ff\l

radical o et ton sur la racine, inclic1uanl l'action : fréquents


en inclo-iranien, en slaYe, en baltique el en grec, ces noms
sont peu représentés clans les dialectes ocêi<lentaux: germa-
nique, italique, celtique. Exemples :
gr. :;::·,:;, russe stô11 génit. stôna « gémissement,, : cf.
gr. -::i.·10), Y. sl. stenjç « je gémis>>.
skr. j!uu1b « race >> (thème j!t11a-), f.rr. ·,0,:;. cf. skr. j!t11atc
« il engendre », gr. ·;2·1i.:;01.~.
zd takô <<courant», Y. sl. tola"t « coura nt » (génitif sing.
russe tôlw), cf. Y. sl. tekç « je cours ». •
C'est le type de gr. ~:F;;, 9i.F0); i.:·,,:;, i,i·.-c,): -::i,:(F):;.
-::i.t(F},>; :;:;!ï.;;, :;:::[z0>; etc. Assez souYcnt, il sert à nommer
ch':-. objets, ainsi skr. j11111bba{1 « dent »: Y. sl. zçbiî (génitif
rn;;se ::.._11ba), lit. ~a/ùbas, gr. ·t0,9:;, Y. h. a. ka111b «peigne»,
en rerard de skr. j!t111b/Jafl', Y. sl. ;;._rbcfit « il décJiirc ll, Oll Y.
sl. 1.!o:;/1 « rniture » (génit. russe H1za), gr. (F):z:;, en regard
de , . si. ·1.·cz._1.1 « je conduis en ...-oit ure >>.
Les mêmes thèmes, aYec le ton sur la Yoyelle thématique ,
indiquent l'agent de l'action, le résHltat de l'action. cl ont
souYent le caractère cl"adjectifs: gr. :::1.:; « coupant », à
cûté de ::;1.:; << coupure », cf. :i:1:10> ; : F=z:; « roue », à
côté de :,::z;; « course >>, cf. :Fiz0): i,;:-:::; cc reste >>, cf.
}d;:w : ,;;,,;;::; « guetteur. s11neillant )) , ~, côté de :;1.i.;:-:; ;1.:x~,
:i.;,.:; cc cc qui est tiré, trace », cf. SÏ,;,.c,); skr. 1,•ar!tb « pré-
tendant n, à côté de 1,•!trab « choix i> ; çok!tb « brillant >>, à
dité de çôlw{1 « éclat i>; ~kr. gha11!t{1 « massue », à cLité de
gr. 9S·1;; « meurtre», rnssc go11 (génil. gô11a) «chasse>>, etc.
( cf. ci-dessus, p. T 1 'i). Le lat. p,wus << prétendant >> ( cf.
prcds) repose sur un thème indo-européen de cette forme.
La place du ton sur la fin du mot semble d'aillems carac-
tériser d'une manière générale la rnlcur acljectiYc, concrète,
par opposition aux ahstraits gui ont le ton sur la racrnc,
c'e::it-à-clire ~ur le commencement du mot.
.\.,. :\lEILLET.
en \PITI\E n

Les thèmes qui ont le ton sur la Yoyellc thématicJIIC' ad-


mettent d"autres Yocalisrnes de la racine que v: ain,i le voca-
lisme zéro. comme dans skr. yug!u11 «joug», gr. ~·J-;:,·1, lat.
i11g11JÎ1, got. jul, - skr. dïrgb!tl1 « long )) . Y. si. dlig1ï - etc ..
le vocalisme c, dans gr. i.s'.J,.:; (;1 côté de i.:".c;:·, « point
blanc <ln bois de sapin » cl ~;1. 1:-i.~,:~). ou le rncalisme Lï.,
ainsi: gr. ;<.ü,::; cc monceau ». à c,',té de -;:?:; (cf. pour 6
le féminin lit. l'i!Orà cc clùturc i> : la racine *tr.l't'l'J- signifie
« saisir. emhra,sPr »); c:i:1.:;. ~kr. a111âl1, arm. ('1)11111 « cru »
(à cùté de irl. 0111, aYcc v): Y. :-1. 11ag11 «nu» (russe nornin.
féminin 11ag1t), lit. 11âgas : ::.rot. frofs (dal. froda111111a)
,, --age >>, il cùté de fra}ja11 (( corn prendre » ; skr. mïyâb
c< conducteur », it d,té de 11âya?1 cc conduite » : bbiid1l1
« fardeau i>. à ec',té de bh!tral1 « action de porter », gr. ~:F:;
(( tribut "· Le-- t\1èmcs à ,ocali:--rnc radical zéro se rencon -
trent notamment au second terme des cornpo~és, comme
gr. ·1s:-·,"1:-; « nouYcau-né » : i.-e. *11i-;;_dâ- (--kr. 11ïçlâ{1,
ann. 11ist cc lien où l"on c--t établi ». lat. 11ïdus, "· h. a. nt'st)
de la racine *Sl'll- cc être assis ».
Souwnt Je.;; nom" thématiques ,cmblent Jérin~s dt> noms
athématiques, nin~i ~kr. pad,1111 cc pris, trace ». zd pa?.Jm
« lrncc », gr. -::E:·, << .;;o] », Y. isl. fi'/ «pas», ann. bel« trace
de pas ». de *ped- <<pied» : skr. hi111âb « lii, cr ))' lat. bï111us
( de *bi-hi111os) « de de11x. ans ». de *![JJyc111-, attesté par lat.
hie111s, zd ;;_y/i (g{·nit. ;;_i111ô) « liiYer »: gr. -:::sF:.;. -::::tF:.;. ~hr.
p1varâl1 << gra~ )>. i, cùté tlP gr. -::'::tF ; :-h. 11drâb, zJ 11driï
« ~orle J'ani111al aquatiq11c », gr. -~:F:;. , . isl. otr « loutre »,
à cùté de gr. ~:Ci>F, ,. 11. a. 'i.l'l1~::._ar cc eau>): etc. On remar-
quera dans les langues orientales les dériYés de noms de
nombre emplo.' és a,ec les noms q11i n ·ont pa:- <le singulier:
::,kr. tray1Î(1} ,. sl. troj1, lit. trcji « trois », aussi collectifs
neutres Y. sl. troje, russe trâje « groupe Je trois »; , . si.
Ülï.!Ori « <prntre i>: ru~~e éélï.'t'l'ù « groupe de <1ualrc », skr.
LE ~ml

wtwrâm « pl:1cc qnadrang11l:1irc ». Dans ces dt'.·rivés, ni le


rncalisme présuflh:11 ni la place du ton ne sont bien définis :
les désaccords entre les langues sont fréquents. - L'indo-
iranien :1 largement développé les dérivés de ce genre ~l
vocalisme long (qu'on nomme rn sanskrit vrddhi-) de l'élé-
ment initial du mot : skr. 11uï1wsâb « c1ui a rapport à l'es-
prit » de m!tna{J « esprit », st1i11dha-v!tb « qui a rapport à
l'Indns », de sfndlmb « fleuve, Indus n. En de li ors de l'indo-
iraoie11, l'allongement de l\qément initial est mal attesté;
néanmoins il y en a peut-être q11elq110s exemples, notam -
ment en baltique el en slave.
Beaucoup de mols thématiq11es ne rentrent dans a11c1111e
catégorie dt'.·linie, ainsi skr. 'u/htb « loup », zd 'lJJhrhî) Y. si.
'l'llkiï (g<~nit. sing. russe 1ôfü1), lit. 11it/.:as; skr. sâ nab «, ie,n »,
1

lit. s?nas) v. irl. sm) ann. bill) gr. s·1;;; on, avec des diff<'·-
renres de rncalisme, c dans gr. f"sp 1 ;v, v. h. a. wcrc) o dans
arm . .eorc « œtnTe » (cf ~-r.·J''"'"J'"'":.._
....J ""n ... .., ..., • .,.1-: de *-::i•J•'"'-f '"''"''''"'-) zéro
• ,J .. ~ h..,; ..,,.., ' " ' ~ ,

dans gol. iu,wrl~ - une brhe d:111s skr. çaphâf.1 << sabot (de
cl,ernl) » el zd sa}\ une longue dans Y. isl. hôfr et v. h. a.
lmof.

3. Suffixe *-es-. - Le suffi'\e *-es- fournit des noms primaires


abstraits, de genre neutre, i1 vocalisme e de la racine, ton
sur l'élément présuffixal :
*/.: 1 /m-: skr. (r!tvaZ, «gloire>> (génit. sing. çrâfüsab), gr.
"l.i,t(f"):; ; zd srm.•ah- « mot », , . si. slovo << parole » ( awc o
issu de c dernnt vo), russe slàvo.
*g 1m,7- : skr. jâ11ab « race » 1 gr. ytv:;, lat. gmus.
EL de même, là où Ja rncine est moins nette:
sl'"r. ll!tbhaZ, <<nuée))' gr. ·1s9:;, ,. si. llcbo « ciel n, russe
11ébo.
skr. r!tjab « espace sombre >>, gr. tps6~;, got. riqis << té-
nèbres >>, arm. crcl\ << soir» (passé aux tlit'·nws rn -o-).
Cll.\PlTHf. 'I

Le Yocalisme zéro d'un mot comme gr. Oxp-;::;, Op;.-;::; est


dti à l'influence <le l'adjectif 0:t,F-:j;, Û?Y.-;:;;, et le nom propre
éolien '1..-::::-0ip-:·r,; consene le rncalisme e ancien : le rnca-
lisme ode hom. ;zs7.. ;zs-:~:·1 est ùt't à (F):z:;. et Hesychius
allcsle la forme attendue, ~zs,;:;,:·1, <lans une glose: l'o de lat.
pa11d11s ( cf. le Ycrbe pe11dii) proYicnt de *panda-) conservé dans
l'ablatif pondo; clc .
•\ côté <les abstraits neutres ayant le ton sur la racine, il
y ayait des adjectifs ayant le Lon sùr le suffixe, cc qui rapp~llc
c:rnclcment le contraste <le ::;J.::; cc coupure » et ::::J.:;; « cou-
pant » (p. nj), ainsi skr. apâb « actif>> à d,té de âpab
« œmre », gr. ·~s·;~·r,.; « menteur » à côté de •}s:ia::.;; le
type apparait surtout en composition, où J'a<l,ieclif en *-/s-
s'oppose.\ un adjectif non composé, d'autre formation. ainsi:

skr. dtab << éclat )) cit râb « éclatant » acctâ).1 « qui n'a pas
d'éclat »
prâtha(1 « largeur » P[thllb (( large )) saprâtha{1 « poun u
<le largeur ))

' ,
gr. ;:J,Y.::.; ( <l' apres
• ï.Î,Y.:J.; ~;:i.r:·r,:;
.. h::;;)
zd drà)iî (( Ion- darJ·tô (( long )) za1111-driij/i «quia la
gucur )) longucurdu.gcnou >>

Il , a anssi quelques alislrail:-, masculins et féminins, 011


le rnnix.c est tonique et a, au nominatif cl à quelques autres
formes, le ,ocalisrnc <le timbre o:
skr. u,dt[1 ((aurore», horn. 'fi(:):;, att. ~(J); (<le *iïllSvs); cf.
le drrivé lat. {IJ{f()f(7.
gr. ace. 7.(17> de *7.:(f);/J7.: loc. :.c:(F)i:; et :.c:.(f)s[ ( de *:1.tFsh:)
« toujours ».
gr. :.ci.~<:J;, cl'. l'adjectif i1-Y.:3·r,; et le Ycrbe déri,·é Y.i~i::J.Y.!,
futur 110111. ~t~i;~::J.:-<!.
lat. augor (et allg11s-t11s), en regard du neutre skr. â111hab,
ztl r;zt1 « angoisse » et de lit. a11l,-sz-tas « étroit ».
Les formes masculines (ou féminines) et neutres ont pn
exister concurrrmment, ainsi qu'en témoignent lat. dems et
dccor, tmus et tmor.

1° ~uffixe *-m-. - A ,ec *-m- sont formés de nombreux


adjectifs, ayant le ton sur le suflixe: le rncalisme radical
ordinaire est zéro, ainsi :
slr. g11r-11{1 « lourd », gr. 13:,:p-0-;~ got. lwur-u-s (irl.
bair); cf. lat. grauis ( de *gr,1-'w-is; "- p. 9ï)-
skr. tu-11-b cc nssoiflë », got. ,paurrns cc sec n (a,ecscl'après
la forme ,erba le -pairsau; le z ancien, représenté par r, est
comen·é dans ,. isl. ,purr, Y. h. a. durri).
f!r. ~x0-1-;, en regard de ~hfb;.
Le , ocalisme radical est o dans d'antres cas, ams1 :
gr -:::i,-0-;, Y. angl. feal-a « beaucoup », en regard de
--kr. pur-11-b cc abondant >>, et du ,ocalisme e i111pré,u cle
got. fil-u cc beaucoup », ,. irl. il.
Les substantifs en *-eu- ne forment une catégorie une ni
pour le sens ni pour la forme (plusieurs n'appartiemwnt
tl11 reste pas ù des racines connues par ailleurs):
skr. paç11b (masc.) et pâçu (neutre) cc troupeau J), gut. failm
« pt•sscs~ion, arf:ent »,lat.pecus et pccu, L lit. pelws.
slr. hâ1111l1 « màchoire » (sur h initial, ,. p. 1 'i5), gr.
-.-i·1'J;, got. ki///1us, ,. irl. giu (génit. gmo), lat. gmu-(luus)
cc de la mùchoirr >).
skr. kct11{.J cc apparition, signe l ) ' arec ,ocalisme o de la
racine et ton sur le snffi-,;.e, ,·omme got. haid11s cc manière )>.
, . ~1. do11u1 f,!"én. domu cc maison », lat. doll///5 grn.
dom1ïs sont ~u~perts de dernir ]Pur ,ocalisrne ~, *d6lllo- (skr.
dlu11ab et maison », gr. ~::J.:;), a,ec lequel ils sont conta-
111inés.
Cil \l'ITHE YI

Lr sullhe *-m- !'-ernble secondaire dans 11ne p;utie de :-es


emplois: ain~i skr. 11w11y11(.1 << colère ll =
zd mai11yus << es-
prit l> a l'air d'nn déri,é du tl1t:me *m 0 11ei- attesté par gol.
JJJIJJI S << pensée » : les mols grecs en -·r,'J- dn type 1 :2s0;,
t=?'r,(F):; (al!. 1:2fw;) sont en principe des déri,és de noms
thématiques, rf. gr. 1S2:;.

3° S11fii\r *-yo- (*-iyo). - Le s11ffixe *-yo- (*-iyo-), secon-


daire, fournit des a,ljf'ctifs cl des abstraits déri,és de noms.
*g"oru- « b<r-nf >) : skr. gâc•-ya-b « de hn•uf ». zd gao-ya-}
arm. kog-i <<beurre», ;:r. O·r1d-)S:::; (de *-~:F y:-;).
La rnyellc qui termine un thème de forme thématiq11c n'est
pas con:-erYéc devant cc suffi\.e:
skr. S'i!âp11-(1)ya-111 « songe ll de svâp11a-(1 « sommeil )) , lat.
SOJ/JIJ-iJJ-/1/ de SOJJJIZJJ-S} Y. si. Sl/ll-tjc (( songp }) dP Sl//Jl/} gr.
0·1-}.i::·1i:·1 de ;-;:·1:-;.
skr. âç-u-iya-{.1 « dr chernl » de ÔÇL't1-b « cheYal )), t!"r. ?::::-
i:; de ~·::::: ; .
Le suŒxc *-yo- (*-iyo-) a continué de fournir des mot-. à
l'inclo-iranicn, ,m grec, an :--l.tw, ;111 l,ilin, etc., ainsi gr.
-:D,s::; (*-:ù;::;-_r:-;) de -:fr:;, ûù,.-:0-:: ·1 clc ûsi.,.:·r,2, Pic.
I..J, m', il :-f·rnble l«>11rnir des tltème..; primaires, comme p-r.
:;:0·.--i:-; « haïssable », \. :-J. /iïz] « lllf'll!elll' » (/i'1z-jc-), i)
<.,git en n~alité dr (fori,és dr- tl1è111es ,'1 s1tllhr- zérn *stng-,
*lugb-} qui par ha,an.l Il<' ,ont pl11:- altr,té,.
Le :-111li:xe *-yo- (*-(w-) manpw !"opposition rnln' pl11siP11r"'
ppr,nnncs 011 pl11-.ie11rs dwsr--., tnndis q11c *-cro-) *-tcni- mar-
quent 1111r opposition de dP11:x, ainsi :
*al-yo- << autre » clans gr. 7.i.i,:;;, lat. alius} µ-ot. aljis) ,.
i ri. aile, et *trn yo- dan:- skr. t1ll)'âb « ~u lrc », zd llll)'<Ï, en rc-
;:anl de lai. alter ri de 0 ol. t1llfar, lit. ini-tra-s « autre >) (en
parlant de de11x), « 1'11n (de~ de11\) ».
Le gr. ~::; ,~-- cl le lai. de.Y-Ier unl donc luus <le1n des
LE \O'.I

sufllxes marquant opposition, mais avec une nuance de ~ens


originairement différente clans les deux cas. - Dans skr.
nâ-i•-ya-b « neuf >), lit. 1w1t-ja-s) got. uiu-ji-s) gaul. uov-io-)
le suffixe *-yo- sert ù marquer la « nouveau lé n en l'opposant
ù tout cc qui n'est plus neuf.
Au nominatif, la rnyelle thémati<Jue peut manquer; le
nominatif du thème iranien ahznya- « d'Ahura )) en zend est
iïlmir-i-s; le nominatif du thème lit. zim-ja- ({ pois )) ( dérivé
de *g 1 /"IIO- : lat. grt7lllll/lJ V. si. z_rz'tllOJ clc.) est zim-Ï-SJ et le
nominatif de lit. o~-ja- c< houe >) (dérivé de *ag 1-) *ag 1-) est
o~-_v-s: le nominatif de got. har-ja- « armée >J et de haird-ja-
<< berg·er ll est ht11jis (:rn lieu de *har-i-s) aYcc le j des

autres cas) et haird-ci-s: le gall. ail « second >) sort de *ali-


et non de *alyo-) etc. En latin, le nominatif en ·Îs a d'ordi-
naire entraîné le passage du mot tout entier à la flexion athé-
matique des thèmes en *-ei-) d'où i111bcrb-i-s) exso11111-i-s) etc.
L'alternance de *-yo- cl *-'/,- cfans ces formations secondaires
c:-t parallèle li l'alternance de *-yo- et *-'t- dans lc·s formations
comme lat. sâpiâ) s11pïs; got. satja « j'établis )) , satjis ( altéré
de *satis); etc. ( cf. p. 1 85 et 1 j8).

(\" ~ullixe *-c11-. - Comme le précédent, le su nixe *-m-


cst secondaire; ainsi clans got. g11111a génit. g11mi11s « l1omme »,
lat. ho1110) ho11zi111\ dérin~ du thème *gJ1c11t- de zd ;;_,111i- «terre»,
gr. z:1.:J.-7.~, lit. z?111-l « terre ll, lat. fmlll-ll·S : l'hon11nc est
l'~trc « terrestre >l par opposition a11\ dieux « célestes n ; dan~
skr. riÎj-a11- « roi » (nom. sing. nîja) génit. ràjlÎab) <lériYé
dr rhj- cf. lat. rtx. Tonlc la déclinaison faible du germaniq11c
renferme ce sullÎ\ç secondaire, ainsi Y. h. a. (hcri-);;_ogo
7énil. (hcri-)z.ogm « clicf d'armée n, en regard de lat. d11c-
(nom. dux). Contracté aYec la rnyelle finale d'une forrne thé-
matique, le s111lixe dnnnc 11nc voyelle longue dans c:,n6c,J·1
génit. -;-:F1.Sc~·>·1:;, de ;:FY.~:;, dans z<l lll{l~r{TJl- « celui qui dit
ïll.\Pllî\E ,1

la p,m>lc sainte » dériYé <le 111~1'm1- cc f,1rnrnle :-amlc »: de.


(type cp1i ~:e:::-t d11 reste étendu hors de se:-- li miles ancienne").
Q11clq11ei;; mots isolés. :--ans doute dériH~s d"ancien:-- tlième:-
:1 snffi\e zéro, ont cc mème suffixe. ainsi :
skr. tâkf-all- « cl1arprntier ». zcl tas-a11-) gr. :b.:-: ·,-.
skr. ul?J-!lll- « taureau », gol. auhs-i11-.
zd arJ-a11- « màlc )>, hom. i.-;, -;-:.·1 - , ion. ~F=-:.·1-.
skr. y1iï:-an- << jeune », zd y(u)-u-a11-) h1l. iuu-,:11-(is).

ï" Snilîxc *-110-. - L'emploi le plus clair e~t l"elllploi sccun


dairc altc:::-té par des forrnatiofü comme lat. at!J111s (*ayes-110-s)
de aes) t'bur-1111-s de t'bur-) gr. :ii:t:::·1~; (*~i.ï: :-·1:-;) <lev.y:;;
-;:.i.·i,rr,, dor. ;:.i3.·ô.. lesb. -;:.i3.·r6. (*-;::i.;(-;-·6.) « lune >> (litté-
ralcmcnl c< pourn1e d'éclat ») de -::.,.;(;. elc. : 1111 exemple
indo-cnropéen e~t :
zd rao.d-,za- « brillant ))' Y. prnss. faux-nos cc a-.tres », lat.
lz111a (/oSlla à Préneste),,. irl. lzït111) Y. si. /,ma) « lnne >>
c'est-à-dire un thème *louks-110-: [!L i.~z·,:; représente *luks-
-110-s: dani;; les deux formes: on a affaire à un dériYé d'un
tht·rnc *fruk-es-) attesté par v. perse ra11cah- « jo11r », zd
raoéah- « lumière ».
~ouYcnl anssi le suffixe *-110-) portnnl le toni s'ajoute à la
forn1e sans t de la racine et fo11rnit des adjectifs :::-ynon:·mcs
t:
clcs adjectifs en *-to- du pe skr. çru-t!r-(, « entrndll »: gr.
zi.·;-::-;, lat. (i11 -)r/11-tus) qni seront étudiés p. 2;)G, ainsi :
!-ikr. p11r-u!r-b « plein », ~1. pli't-,111.) lit. pil-na-s) got.
Y.

fulls (de *ful-,w-z.), Y. irl. litn: cf. lat. plë-1111-s) aYec un


antre rncnli:--mc (Y. p. 135).
Cc type Pst fréquent en srn~krit : tïr-utz-l1 <c traYer;a;é »,
bhi,z-11,i-{1 « fendn ,,, etc.: de même gr. ;:".J·,,-·,=.-:; «haï,>.
Le même suffixe ajouté à la racine ( ou plutôt à 11n thème
ù ~uffi ,e zéro) portant le ton cl aYec de~ degrés rncali qnes
1." NO\l

mal définis, mais nolammenl awc le vocalisme v) fournil llcs


110111s d'action :
*swâp-110-) dans lit. sàp-na-s, arm. kln111) sl\l·. svâp-na-(,
(< sommeil n, lat. sv111-1111-s (les deux derniers pouvant aussi
représenter *siuép-110-, comme v. isl. S111f-11 « sommeil n);
*s11p-1w-) dans gr. 0ï.-·1-:;, , . sl. stt-lllÏ, Y. irl. szïilll) gall. lni11
« sommeil ».
skr. dâ-,w-m « don n, lat. dv-11u-m.
skr. sthil-1ll1-lll << lie11 de repos )) , lit. st6-11i1-s « sil11ation ,, .
011, avec *-nft- :
*li'\}i-,uî- : zd ka/-1ll1 « vengeance ,, , , . si. d-1w « prix. ,, ,
gr. ï.':.t-·rf,.
Le vocalisme o de la racine est normal dans le type grec :
z:(f)-Y.·1:-;, cf. zi(f)-(1); (f):p·r-:1.·1-:.-·1, cf. (f)tp·.--:.·1; etc.
Le suffi:\e d'alljectif admet aussi la forme *-mv- dans got.
f11lg-Ïl1-s << caché )J à cèM de fi/ha « je cache ,, et tlans le
t., pe des participes slaves tels que , . sl. vlzc-eniî « tiré ,, ~1
cùté de vlèl.v « je tire n, lit. 'Velld1, d la forme *-01/0- dans le
t_) pe des participes germaniques tels q11e got. bit-1111-s « fen-
du ,, I1 côté de bcita « je fonds » ( cf. skr. bhù1-111t-b cité ci-
de~sus ), v. 11. a. (gi-)iuorf-all « <levent1 ,,. -L:i forme *-01/ù-
a :iussi fourni des subsla11tifs sur le type clcsc1uels repose
l'iufi11itif germaniq ue: gol. ita11 « manger J>, cf. ~kr. âda-
lllllll; le grec a *-ona-, ainsi ·ij3:·rf., en regard de ·ij3~;.

8° Suffixe *-1110-. - Avec le suffixe *-mo- sonl formés des


adjectifs secondaires, comme gr. ~:1.:;'.-[J,:;-; « 011 l'on peut
passer,,, f-:J-:1.:-;(cf. s,s(f);;), lit. ârty-ma-s «proche,,, skr.
ruk-nzlt-{i « brillant >) (d11 thème à suffixe zéro */cul.·- : lat. lzix,
sk r. me-); clans q11elq11es ~uns, comme gr. o~p-[1,;-;, arm. jcr-nz
«chaud,, (et zd garc1-ma- « chancl », lat. for-n111-s) irl. gvr/ll
« brillant ))' aYec vocalisme v de la racine), le th<'·mc pri-
maire d'o1'1 est dériYé I1adjectif en *-n1v- n'est par l1asard pas
C.ll-\l'ITl1E YT

atle:,té. - Cumme *-yv-, cc ~111li:-.e 111,H<p1c une oppo::-1t1on


rntrc plu-; de Jr11x ohjcts, ainsi lit. pir-nw-s << premier», got.
jrullla, lat. prïmus, gr. -;:~:;;.:;.
En outre, le même rnflhe fournit des substantifs, les uns
nettement secondaires, comme :
skr. dm-111tt-{1 « arbre », gr. ~p:;-;;.i « forêt »; cf. skr.
dârn. b'énit. dn1ua{1 « arbre », et gr. ~:pJ ~p:i;. 1

les autres difficiles ù anal_yser précisément, comme :


skr. dlJ1ï-111â-{1 << fumée », lit, d1i-lllai (au plmiel), ,. sl.
dy-11111 « r11111éc », lat. fiï-11111-s.
skr. ïr-111â-{1 << bras)), zd ar,1-111a-) got. ar-111-s) lat. ar-11111-s,
, sl. ra1110 << rpaulc », Y. pruss. imzo <<bras».
,. isl. hal111r c, paille », lat. ml11111s, lette salms, Y. si.
slama) russe sol6111a, serbe sltïllla (le suflhc sla,c rst ici
*-mit-), a,ec ,ocalismc o d11 premier élément de la racine
clis:-yllaliique, soit *-lt 1olJlllo-, cl gr. ,.fb;;.:;, ,.û.i;;:fi rnec
vocalisme radical zéro.
Enfin, 11n type (r abstraits c11 *-rn1v-, sans don te à vocalisme
prés111lixal o et ton s11r *-s,110-, e:-t attesté par les mots litna-
niens tels que ll11ik-sma-s << actinn <le plier », cf. lmhù (( je
plie ))' i•aU·-rn1a·s << action de tirer», cf. ü'll.·1i. << je Lire », et
µ-rccs, tels que -;:i.:z;;.:; (<le *-;:i.:,.-j;J.:-;), cf. -;:Î,s:!.(1); ;z:;p.6.;
(de *;z:~ j:J.:-.;), cr. -;/~û); etc.

~1- ~111li \C *-cr-. - Cc :-111li \n Il 'était :-ans don le pins pro-


d11ctif dès 1111c date a1wicnne. Il fournit :
Y.. De~ noms dP parenté 1iun anal) snhle5, co111111c :
~kr. S'l'ttsa (( ~œnr » (tl1èn1c s,:âsar-), zd hz'lllihar-} arm.
khvyr (dr *sœcstïr, donnant *J.,/Jclmr, khmr, d'où khoyr), lit. scs1i
(g<'·n. scsds). lat. soror) , . irl. si11r) got. swistar.
-;kr. dcn1 « frèrP cl11 11rnri » (111<'.nw devltr-). ;;r. ~~à;p, arm.
taygr, lit. dë't'cris, , . si. dêz'crL
I.E XO\I ., -
')
,),)

r DL'S llOlllillatifs acc11satil's ne11lr0s singuliers de nums

dont le resto de la flexion a le suffixo -cil- :


skr. âdhar « sein », génit. âdlmab) gr. :30\:, :'.JOi::;; lat.
zïbcr) ,. 11. a. 1ïtar.
Les dériYés de ces mots ont aussi *-r-) ainsi :
gr. -;:r(f)iF (à d,té de ·d<,l'I, skr. pivà « grns ») : -;:{f)sp~;,
sh.r. pi'l'llrtlb « f!TaS » el féminin : gr. d(f)s(px., skr. pl'l'llr/.
·,'· Des adYerbes indiquant opposition de den\. choses:
:--kr. up-âr-i << an-dessus >J, ~T. ~-;:-s~, lat. sup-tr) en regard
de skr. upa111âb <( supérieur », lat. rn11111u1s.
zd a~-air-i « en bas », en regard de skr. adha111â(1, lat.
(d'origine dialectale) injim11s.
De U1 sont clériYés des adjectifs en *-<'l'o- marq11.:int oppo~i-
tion de deux objets :
skr. ttp-ara-b « supérieur >>, gr. ~T.-SF: -; (( pilon », lat.
sup-cm-s.
skr adh-ara-(i « inlërieur », lat. (dialectal) i11J-cm-s.

1 o. Suffixe *-ro-. - Le suffixe *-ra- ( ou *-cro-) sert à for-


mer des adjectifs synoll) mes de ce1n en *-m-) ainsi gr.
,.2z:-:;-; f'l '-Fr:-s2=. -; « fort »; il esl souwnt secondaire, ainsi
dans gr. i.i~"rp;-;, t:Ss-p;-;, de.; mais il s'al!~che a11ssi à des
racines d'une manière immédiate, et alors le ,ocnlisme radi-
cal est o 011 zéro : f!'OL bait-r-s « amer » (littéralement « mor-
dant >l), de *bhoid-rô-s) cl Y. b. a. bittar « amrr », df' *bhid-
râ-s; v. h. a. hcitar « brillant ))' de *k"oit-r6-, et skr. cit-râ(,
« hrillanl »; lf' rncalis111c zéro c~t le plus fréquent : skr.
ÇIÏrâ(., « fort l>, zcl sl1-ni) gr. (;.-}ô-p:-;; cf. ~kr. ç/2v-LZ(,
« force ».

1 r. ~ufiixe *-la-. - Lf' ~uOi\f' *-lù- ne fait guère qu 'élar-


gir le mol dont il (•si d(~ri,,'. dans :--h. balm-lâ-b << abon-
dant )) , gr. -;:iz·J-Î,;; de ::-kr. bahzt(\ gr. -;:x.z~;; skr. 11abbï-la-11t
ï.n \PITRE YI

« noml,ril ))' gr. =.i-~7. i.:-;, lat. r1111/>i-l-(ïn1s)) Y. 11. a. 11ab-


t1lo) etc. Cn mnt tel que µ-c,t. sit-1-s << ::-ièp-<' » (c f'. lat. sella)
laconien ùi.i) pr·11t ètrr ten u pn11r dériYé cl"nn tl1rrne ~.t_11fli:\P
zfro *s,·d-) cf. ::-kr. accu:-. sing. s!td-0 111) <lat. s!td-e « pour
::-·a::-'."'eoir » et le composé latin (prae-)st's, comme gr. :;1.~i.: ;
:-ort de ::1.:;: et lat. similis) irl. sa111t1il « re:::sPmblanrc ,1 de
*sm,- {( un. pareil )) (gr. :::;, s·,).
Le '."'11 fli'\c *-lo- a fourni J05 nom:- d'agent:- comme lat. bib-
11/us) crld-11!11s) trmz-11/us) d'<.11'1 les participC's :-laYc:-- d armé-
niens en * lo) tel:- q11e Y. ::-1. 11cs/(1 (jern11) « .ïai porté 1> et
:mn. gcrcal (mz) ,< j'ai pri~ ,, et lïnfinitif arménien. gad
« pr<'n<l rc n.
Enfin il a donn,~ des dimin11tifa : lat. agt'l-l11s de aga:
p()rczz-lu-s) lit. p11rs::. /-l-(is)) Y. h. a. farhi-l-ï « petit porc ».
12. ~11ffhe *-et- (*-ed-). - Le :-11ffixe *l'i-a :::11rto11t pour
r/ile <l"élargir de~ thl·mr·::-. trt>::i so11Ye nl <le::- th<'•me:- ~, :-uffiœ
zér<,: dan, ::-kr. stzi-t- « lo1wn~e ». zd st1ï-t- « cPl11i qui
loue »: :-kr. snr;_•-ât << co11rn nt ,>: gr. <J-r, :- : ,kr. (bht1ra-)
-bh/-/- u porteur dr fardeau >>: gr. (y.-}:·ll;} :- ; 011 d'autres
th,~m", : . . k r. daçâ-1- u d iza inP ». Y • ._J. dtsç-1-, lit. des-:;,_i111 /-) 011,
(aYec-,/- J"'r( · ""
~=z·~-:::-
-.J.• ·· i",,r ·1.1.1.,-.J
,:,., ~ -.:;--_(,:,.,~:-r.-)en
• .,. . ,JJ.._-J.,':" re<•·irddc
;:::<. ,kr •
gurutû " lu11rdc11r »: '."'h.r. Stir'i.'tl lû-1-) zd ha11n.·t1-lâ-l- « in1é-
f!rÏté JJ, gr. :i.(F):-:i-: (:i.::·r,;) dériYé c1·11n tltl·mc *sohl'o-lû-,
etc., l'lc.
Il e,t difiirile cL111ah ,n :
lat. 110c /- (11ox) 11odis) : ~r. ·,~;. ·1·.Jz:;;: /!lit. nabis cc 1111it »,
lit. ët;nit. plnr."11c1l,t z1,
,kr. 11âp-a1 « petit-fil, »: l.,t. 11,·pt1s) 11tp(ïtis: '"· lit. 11cf><.1/is;
Y. irl. 11ic1e génit. 11iatb « ne, r11 ».

1:-L ~111li,e * /11- (*-t/11-).- Lr· ,111li\f· *-to-) pr,rtant le t"n,


,'a_jontr· ;1 la racine a11 dP/..'T é zéro pn11r for111rr de, adjectif:- :
:-kr. çrn-t,1-f.1 c< en tenJ11 », zd srntt,, gr. ·û,".J::;, lat. (i,1 -)r/11-
LE ~0\1

tus, irl. cloth, Y. h. a. Hlot-(han), nom propre(« q111 a une

armée célèbre »).


skr. sy1ï-tà-b « cousu n, lit. sù,-ta-s, Y. sl. Ji-t1i (de *sfy-tit),
lat. sa-tu-s, gr. ,.r::~-::-.;: (*,.r:-Jy::i-:;-;).
Cc type est rcpré:-rnté par nn nombre indéfini d'exemples.
Le même suffixe donne des dérivé~ de noms, indiq11ant la
pos:-rssion de telle on telle cl1ose : lat. srcles-f 11-s, ck sa/us;
bnrbà-tu-s, Je barba, cf. Y. sl. brada-fit« barbu », de brada
et lit. barzdô-t-ns « barhn », de barzdà; gr. i'.;•1:(,)-:;-;: de
,.:;·1:;;; lit. lw/1117-ta-s «quia des colline:- n, de k!tl11as « col-
line >>: got. (uu-)qmi-p-s « non marié », etc.
Ces deux emplois sont erncte111ent identiques à ceux de
*-110- (Y. p. :l32); par exemple lat. fissus (de i. -c. *b!Jit to-s)
se comporte com.rne skr. bhi1111âl1, el lat. srclcs/us comme gr.
:Xi~. .r~~,,:.;.
ll } a aussi des substantifs en *-to- à Yocalisme raJical o et
ton sur la raci1w : gr. 9~p-::-; « fardeau », à cùt<'· de 9tpw;
•1:;-::-; « retour >>, tl cùté d<' ·1fo;1.:zi (th<'~nw *llt'sc-); z:{-::-;
« couche ». ù côté de zs-.:-;1..:zi; Y. pruss. dnlp-ta-11, Y. sl. dla-to
« ci~ea11 n; Y. pruss. pau-to « rntraYr. >> (féminin), Y. sl.
P{l-/o (serbe pi'tto ), à côté de,. sl. Pfti, 0tc. Q11elqnrs nns ont
J'autres Yocalisrncs, ainsi gr. ,.:X[J.~-::-.; el Y. sax. lllOrth
« meurtre »; ers derniers noms pe11Ycnt d'ailleurs répon<lrc,
an moins en partie, Z1 de:- noms en *-tha- de lïndo-iranirn,
ainsi skr. uk-thlt-111) zcl ux-?,,1-m « parole >1. Les substantifs en
*-to- (un *-tho-) sont c,acte111e11t parallèles, po11r le sens et
pom la fon11c, an type *siuôp-110-) *s11p-110, cité p. 233. -
L"cmplui sccc,ndaire exi~lc aussi pour les substantifs:,. sl.
zivo-/(z « YÎC », gr. ~'.:;-::-; Î s11rto11t au féminin: lit. g)'Vll-fl1
<< ,ic », lat. 11ï-ta (<le *uïuo-tit), gr. ~i:-:·f..

Linc forme ,,,._efv- est atlrstée par <liYcrs mots, corn111c gr.
i:T.-~:;-·1: ga11l. um1-cto-u, Y. iri. 11c111-cd « sanctuaire » : <'t
*-otv- par got. naq-af-s « nu >i.
ï.II \ PTTnE n

Par[lll<'>lrment ;\ J"altrrnanrr-/- :-d-dc :-kr. dwût-: gr. ~::;,3:-,


011 obsene une alternance de *-lù- rt *-dù-) ainsi lit. l'ï.!ir-ta-s
« fr•rme n et,. sl. ti•n1-dù (rnèrne sen:-); gol. 11aq-af-s « nu »,
et Jal. mïdus ( de *11og"'-cdos); le -do- dr lat. jJr-da sr retrouve
dans le déri,é v. :-1. brè~da (dP *bh,·o-d-ya) « plein<> ». Le latin
[I toute une :-érie : rnlidus) hùrrid11s) etc.

r 1. ~11ffixe *-kù-. - Le suffixe *-ko- est la forme théma-


tique de -ck- : skr. 111arya-kâ b « petit homme », rst à rappro-
' - ,-. si. 1wz:akiï de '--g-r. ·,t(f)x::
cher de ,~r. 'J.=.Y:.i:;
' . sl...r. !t11tt1-
l.·11-b « qui est i, la fîn » est dériYé de !t11ta(J << fîn »; Y. si. ji11ù-
l.11_, got. t1Ïllll-b-s) lat. 1ï11i-rn-s) de i.-e. *oi110- « seul » ; ,·. si.
kra/11-ki't « cn11rl ». d\rn thème *J.,or/11-) cf. lil. fortùs; gr. (J-r,i:r
z:-;, ?J~~-;,.:-; etc. s'nnalysenl d'cm;_-n1èmcs; on notern en
pnrtinilirr *-slw- dan:- i-rr. -;:.i:::-7,.:-;, got. }imli-sl.·-s
« payrn » cl(~.

1 J. ~1111î,cs *-yt's- (*-ïyts-) et *-istbo-. - Ce sont ]f's sulli\e.;


primaire:- qui scncnt ï', ln formation des <"0111parntifs rt super-
latifs; la racine a le ,ocali--mc c cl le tnn : skr. 7.!its-yas-) z<l
'Ut11!'h-yt1h- <( mcille11r »; att. acl'us. :i.:::~û) (-(,) de -:.i, ancien
*-os1,1) , Y. si. gorjisi (( pire »; skr. n•âd-ïyas- « pl11s <l()u\ ».
att. ncc11s. {:-tû): -iôr- dn lat. rna11-ior) sc11-ior) ek. peul rc-
pr<'·se11tcr *-y(ïS- 011 *-ïy<ïs- indillï·rcmment. Le germ:rniquc n'a
le :-111li,e *-yt's- q11e :--1111s ln f11rme :-an:-- c, *-is-, s11i, ic d'un
s1111ixe :--ecn11dai rf' *-m-: gnt. s1ïl-i-::._-a11- « plus dou \ n, rxac-
te111cn t comparable :111 th«'_·me i11nicn .,,:-:-:·,- ; l'opposition
attique d11 l}p<' en *-ïyos- de l"acrns. sing. ·rYû> et d11 110111.
pl11r. ·r,:~:·J; et Ju t_ypc en *-is-011- de:-- a11lrcs cas, g(~n. sing.
-r,':~:·1:;. etc. (aYec ~ <l"après ·r,~t<,>, ·r,~t:'J;) repn~scnte snns doute
l'étal indo-c11ropé·cn. com111c on le wrra plus loin.
Le vocalisme et la place d11 ton ressortent des exemples
suiYanl::i :
LE :XO\I

skr. ur-11- « large » i·ar-1yas- « plus large »


,hï-râ- « éloigné » dâv-lyas- « plus éloigné »
tig-111a- « aigu )) tlj-ïyas- « plus aigu n
11/2-z•-a- « neuf » 11k-1}-yt1s- « plus neuf n
zd as11a{ « de près » JJt1{!l-yah- « plus proche »
(de \ 1;_d-11a-)
,. '
gr. c1.t·t:,; èi,s(~c,r1
ZFX:~.;, , . pz:~r:; ion. ,.:i-;~c,>·1 (de *,.:s:-)·w,).
' ' -
Ces mols ne sont pas dériYés de-; adjectifs correspondanh,
mais se rattachent imm éd iatement ain racines; ce ne sont
pas des cornparntif~. mais des sortes d'intensifs: Yéd. yâj-
fw1s- signifie « qui sacrifie particuliL~rement !Jien ».
Le superlatif en *-isthv- est dériYé des thèmes précédents
par aJdiLion de *-tho-; ;1insi skr. svtÎd-i,r{ha -(J « le plus doux» ,
gr.:r,~-icr::-;, ,. li. a.rno~-isto.

TG. Suffixe *-tcn>-, *-toro-, *-trv-. - Le suflÎ\P secondaire


*-tcro- marque une opposition dP deux ohjets, ninsi :
thème *k'\1-: skr. ka-tarâ-b « lequrl des deux », gr ... : -
:sF:-;. got. hwa-par, v. ~1. l,o-tcryjï, ko-toryj1, liL. ka-trà-s
Jal. 11-tcr.
lat. al-ter, cf. alins: gr. s:sp:;, i:sF:; ; cf. la vnleur tout
antre de ii,i.:;, elt'. (v. p. 230).
sl\.r. /211-tara-b <' intL·rieur », gr. r-,-:s?:-·,, lat.. i11terior([ncc
addition de -ior, qui est de,·c1111 la caractéri~tique de· tous les
comparnlifs en latin).
Ln Ynleur aneien ne du suffi \.C est consenée par cxcmpl~
dans ces mols d'une inscriptiori éléenne: [J.:t.:~ i?,;s·1:t.::ip:t.·1
:J.1.::: ()-r,Î:;:ip:1.'1 « ni miile ni femelle i> ; le skr. arva-tarâ-~1
« mnleL » désigne une sorte <l'animal, analogue au chenil, et
qui s'oppose au chernl ; le lat. niater-tcm (( sœur de la mère»
une personne prnclte de la mère cl (p1'on oppose à celle-
Cil \PlTnC rr

ci ; etc. G rùcc à cc sens, *-tcro- est <leYcnu -uOhe secondaire


de rnmparatif en grec, c:):1.:-:sF:-; Je c:>;1.;;. el en indo -iranien,
:-kr. tî1J1!t-tara-fJ « plus crn )) dP t1J11!tf1 « crn ,> : en irlandais, il
a pris le sens parti culier <le comparatif <l'égalit,~; le sens an-
ric·n n'était pas << plus cru ))' mai:,; << rrn >) par opposition à
rc q11i ne l'esl pas : gr. ;,:h :sp:-; ne signifie pas « plus mon-
tn~ncux )>, nrnis « de la mo11taµ-ne », par opposition à « de la
plaine)),
Le :-uffi,c *-tcro- sP compo:,;c dP deux suffi\cs: *-t(o)- Pl
*-cro-; un suffixe corrcspond .1nl qui 111nrq11e opposition de plu-
~Îcllrs objrts a pour prc111iPr ,<'-1/·mrnl *-t(o)-, co111mP crlui-ci,
cl pn11r srcond élémrnt *-1110- :
:-kr. l.·a-tm11â-b << lcr111el (J,, plusieurs) n. lat. ljllcH111m1-s.
:-kr. t1J1-t{1111a-b « q11i est 11 lïntéric11r », lat. ù1-ti11111-s.
Le Jat. 11l-ti11111-s signifie ainsi le << dernier » (de tou~), cl
fî11iti11111-s c< qui C'-1 !0111 au bout ».

lj. Suffixe *-ter- (et *-tel-). - Le suffixe des noms <l'a-


/l•·nb sc pn~sente en grec sous les deux formes -::;,- (nom.
- ':c,>~- µ-én. -'::p:;) cl -:·f.F- (nom. -:(:, gén. -:·t;p:;), 1111 f«:,mi-
nin -:si,:.1 (de *-:~F-yù); rn latin sons la forme -hir-, ft'·rnin.
-tr-ï-x; en slaYc, au conlraire , :-011s la forme -tc/-(c'•l.irrie par
-je- au\ <'ns du ,.ingulicr); r de indo-iranien -lar- (4r. nom.
-tà) a<'<'. -taram, dat. -tr-c) pc11I rcpn~sPnler soit i.-c. *r)
:-C1ÎI i.-c. */. Ln ra<' Ïnc ,m1il I<' nH·ali:-111(' c: dan~ ],,s racines
di:,;~-yllnbicp1es, c'est la prcmihc partie du vocalisme. qui
('~t n11 degn~ l'; la plarc d11 1011 r-;l Î11<'rrtai11(' cl ,ariail sans
d011le [111 ro11 rs d.- la fl<'\ ion :
skr. ja11i-tâ « l'<·lui qui Cllf!'c'tldrP », gr. ·;sn-:·r,~ (,s·1~-:·7,?:;}
·,=·1=--,o)~
l - - .. ( (·.,=·,=-~~~-)
' - - ..... r' . . . ~ ' bl
( • ~ami-for .
skr. bJddhâ « qui obscnc ll, f!r. *,.s'J(ï:·r,p (<Jans 7:S'J-::f,F-
~=;), Y. sl. bljmtclj1 « nb:--cnall'm >l.
L.'oppusition J11 , ocalis 111l' radical c et du YOcalis111e snns
LE ~mr

c tlan~ gr. ~,:r:u>~, ~l:r:u)t, S-;:~-:-;,: w~ et :::·',?~ ~::·/,~ et ~'J.:·f,~


n'e:,:.t pas fortuite, car on retrouye un contraste pareil entre
i.~~:J.w·, et i,t:J:f,·1, fr:-:J.:.c et i·;::rf.·,.
18 . ...__ufihes *-trv- (*-tlo-) et *-dhrv-, *-dhlo-. - Les deux
formes *-tro- et *tlo-, désignant l'instrument <le l'action, sont
attestées et apparaissent comme les formes thématiqu<>s des
suffh:es précédrn ts : sk r. 11zlrn-l ra-l1, zcl 111(1-~ro << form n le re-
1igieu:-e, prière», et lit. (pa-)11wï-ldas «monument» ne 1w11-
wnt ètre séparés de skr. nzanliÎ (thème 111an-t/2r-) ; le rnca-
Jisme radical e est le même, le ton est :,:.m la racine ; .:lÏnsi
skr. çrJ-lra-m « orrille », ~t c,\té de crâ-liï « celui qui entend»
(tlièmeçrJ-tar-); le grec n'a que -:;:,:-: i.b.-:;:,:-·,, ·/-;;--:;:,:-·,,etc.;
le slaw a trace de -trv- dan:- ·vè-lriî « wnl » : le lituanien a
*-tlv-, représenté phonétiquernrnt par -kla- : iu-kla-s « si-
t!"ne i> (racine dissyllabique, Y. ci-dessus p. 136); le latin a
les deux formes, ainsi ros-lm-n1 et fer-rn-lznn: de m~me
lïrlandai:-:.: crla-thar « crible », et cë-tal « chant » (<le
*kt111-tlv-), et le germanique: got. Slllair-pr « graisse n et
Y. h. a. sta-dal « grange» (<li> germ. *sta-pla-). On conçoit

dès lors que, pour un seul et même mot, on rencontre les


denx formes du suffixe, ainsi:
gr. fi,::-:?:-·,, arm. arawr (de *arâ-tro-) << charme >>, ]at.
ara-tru-n1, mais lit. ar-kla-s << charrne ».
Un autre rnffixe, exactement :,:.ynonyrne, *-dhrv-, *-dhlo-,
p.;;t représ<>nté par des mot-- comme lat. crl-bm-m et sta-bulu-nz
(<>n r<'gard de irl. crïatbar « crible » et <le,·. h. a. stadal),
etc.; gr. yb~-8i.-:-·1, z~-:i.:-·, (de *z~8i.:-·1, par <lis-.imilation),
etc.; tchèque râ-dlo (Y. :-1. ralo) « charme»: etc.
19. Suffix<' *-lt'Î ·. - Le ~ullhe *-tei- sert i.t former <l<·s
noms d'action, à YOcafüme zéro de ]a racine: la place du ton
Yariait --an'- doute an cours <l<> la flexion :
1 •7 a)q11111-J..-s "" ,,J;-
:-k r. ,-.üâ-ti-h• et ,-.cra-ti-h• « wnue », ~/!' ,t. 1,..., r,ê·t
1G
CJI.\PJTf\E YT

ci-;; pe11t-êlrr lit. (pri-)gimtis « qualité innée >) (cf. lit.gi,iz-


ti (( naitre » , littéralement <( wnir )) ?).
skr. bhr-tff.1 <( a r tion de porter ))' gol. (ga-)baur-p-s cc nais-
sance >l (de *bh/-tei-), Y . li. a. (gi-)bur-1 >) naissanre » (dr
*bhr-téi-), Y. irl. bri-th (infinitif) (( p o rlrr )>.
En latini ce sullixr n'est plus représenté que par des mols
isolés rt d'asperl altéré, trls que lllt'IIS rn regard dr sk r. 11u1tifJ,
l/lt1tff1 (( pensée )) : dans l'nsag<' ordinaire . c'est une forme
élargie par -cïn- qui rsl employée, ainsi 1J1cntio, lllenfio11is;
(ron -)uentio, en reganl dr skr. gati(1, gatf(1 ; etc. ; dP mèrnr
en irlandais el rn arménien.
Le mème suffi\.e *-tei- est so11wnt secondai rr, ainsi clans
skr. palil,-tf-b, Y. sl. Nil (( groupe de cinq )> ; lat. sëlllm-ti-s; .
, . sl. QZOS-tz, Y. h. a. angus-t (( angoisse )) , en focr des tlit'mes
rn *-s-, skr. d111ha(1 el lat. angor, angus-(tus).

20. Suffixe *-tm -. - Le suflhr *-teu- donne aussi <les


noms d'action, mais 01'1 l'idée de l'acte est plus rn éYidrncr;
skr. g!111-t11-f1 indique cc l'acte clr marchrr ))' plutôt que la
(( wnue l> ; de là ,ienl rp1r cr sont les mols ainsi formés r1ui
ont fourni le supin en latin: il rnbitznn, f'll lituanien: ciks::._
1.•afg)'l{t (( Ya manger )) 'C'll sla,e: fcso jiz_idctc 'UÏdëtii H q11'êlrs-
Y0\1S allés ,oir? n, rl rn sanskrit des infinitifs rn -tu111 (idrn -

liqu<'s pour la fornw anx supins précétlrnls), -tofJ (génitif-


ablatil), -tm.:e (datif), -ta·I'tlf. A en j11grr par l'indo- ir:rnirn, Ir
, ocalic:.mr radical rsl c (ou o), rt Ir Lon <'sl :rnr la rnrinr. ~lais
quelques mols isolés onl Ir Yocali~nw zéro:
zd PJS!h' (de *pt-tu -s) (( gué )), p,1,-,1-tu-s (( pont >l (de *Pt-
/11-s) , lat. por-tu-s, ,. 11. a. fur-t (µ-rr111. *fllr-du- tlc *P[-111-),
µ-aul. Rit11-(magus), 110111 dr li(·11 (a11jounl'l111i Radepont)
qui signifie cc (champ dn) gué n . ,. breton rit, glosant lat.
uadunz.
lat. gus-tu -s) gol. lws-tu-s (( essai )) .
LE '.0\1

2 1. Suffixe *-mm-. - Le suffi \e *-men- sert tt former des


noms d'action neutres ou rnasculins; les neutres sont fré-
quents: ils ont le rncalisme e de la racine (el le degré c du
premier élément des racines dissyllahiqu0s) cl le ton sur l'élé-
mrnt pré<lésinrntiel. Ainsi :
skr. bh!tr-11rn « action de porter», gr. 1ip -:u ; ou, awc
nne forme diss)·llabiq11c de b. rarinc, skr. bh!trï-111a11- cc action
dt' porter », , . sl. b1i111r (rnssc berémja. serbe brème) t< for-
dt'a u >>.
La forme masculine a souwnl le mème Yocalisrne et la
111è1ne place dn ton, ainsi. à cû té de :--kr. tâmw « e\tr?mité du
pilirr dt' sacrifîce », gr. :tp -:J.1, lat. ter-mm, 011 a gr. :sp-:1.w1,
lat. lcr-1116: i1 cùté de l.1t. lrïmm (de *lmks111~1). on a Y. sa\.
/ùl 1110 (de *lioh-mo) <1 rnyon dr lmnit'·rc » . etc. :\lais le Yoca-
li:--11H' zéro de la racine et le ton sur le suflhe se lrom rnl
a11:--si Jan:-: gr. :/.'J::J:f.·1 i1 cù té dr h::a: -;::.i)-:J:f.·1: 0-:J:f.·1. Le
mè111r sullI\e donne 0galement cl0s noms d'a/:!'ents, co mnw [tr.
~-~-:J.<,r1 et qui sait », :--kr. dhar- m1Î « qui tient »: le :--kr. brâh-
111t1 (neutn') :--ignifie « pri<\n, » el brt1IJ111ll (masculiu) << pn\ln',
brahmane >>.
Le'- noms de ce type semblent aYoir été ;;um cnt élargis par
)p '-tdÎI\<' '-eronclairc *-to- , ain..;i :-kr. çr6-111a-ta- 111 H répu -
tation ». ,.h.a. (h)li11 1111111-I, c-n regard de zd 5mo11um-
<t 011ic ». got. hli11111a: rn latin. cc fait e~t fréquent: mrgmm
l'i llllgmmlllm; etc.! <l'où le type en -/1/l'IIIIIIII de 11/0/lll/llt'll-
lll m, etc.
De 111ème que !"on a *-51110- i1 cùté de *-1110-, on lrou,e
* 51111·11- i, cù tt'· dr *-111c11 - : gr. ·,'F1.-;:J,J. H éni t me >> U• Argos)
de \F:x~--;:u, , . :-l. fi5mç <t nomhrc » en l:1cP de èïf1J <t je
co111 ptP », lat. hï111en <le *lmk-5mtr) etc.

:>.:..i. ~11flixc *-went-. - Le suffixe secondaire *-'Wl'lll- e'-l


atl<·:-té p,11' raccord cl0 imlo -irn11. * 'ë.l'(lllf - Pt dr f.!'1'. (F)~·17:
Cll.\PITRE YI

skr. putrâ-vant-) zd pu0ra-vant- « qui a un fils », gr. z:1.p[-


(f}. r.- << qui a de b gràcc » ; en latin, il est élargi par *-ta-)
soit 11l11orns de *il'Oi110-'ll ~1t-to- en regard de gr. *(F)::·1:-
1

F,.:r:c..

RDIARQCES GÉ:\ÉR.-\.LES. - I. L'énumération précédente ne


comprend qne des suffixes simples on (Jlli fonclionnen t corn me
tels : un suffixe *-wen- n'y figure pas, parce qu'il peut ètre
conçu comme nn suffixe -u- (forme ~t vocalisme zéro) élargi
par -m-) ainsi : gr. :1.~-F i.·1, en regard de lat. ae-110-111) 8'01.
ai-1.0-s « dnrée, éterni té >> et de skr. tÎyu -J- « Jurée ». )lais
certains des suffixes qu·elle compr0ncl et qui apparaissent
romme simples résultent sans Joute <le l'accumulation <le
suffixes secondaires; c'esl notamment le cas <lu dernier
sllllixc indiqué, *-went- (*-w-e11-t-?).

Il. Dans les formations secondaires, l'élément <1ui précède


immédiatement le suffixe secondaire a. en règle générale, le
vocalisme zéro, ainsi:
i.-e. *-is- et non *-yes- dans *-is-tho-) skr. -iJ-[ha-) f:!1'.
-L:;-::-, got. -is-ta-) Y. ci-dessus p. 23S et su1v.
i.-e. *-11- et non *-eu- Jans skr. gum-ta« lourdeur », gr.
~Y.p~-:·r,;.
i.-c. *-i- et non *-ei- dans skr. avi-kit « hr<'bis », v. si. ovt-Cll.
i.-e. *-r- et non *-cr- Jans skr. pltr-iyab « patemel », gr.
-;:.7.:p-i:;, lat. patr-ins.
Dans les thèmes secondaires tirés <l'un mol cp1i renferme
déjà 1111 suflixe, non seulement l'élément présu!lixal nouveau,
mais aussi l'antre, c'est-à-dire l'élément radical, tendent à
avoir k vocalisme zéro: les exemples sont rares, mais ceci
tient sans Joute à cc que l'analogi0 en a éliminé la plupart,
et à cc <p1'ont seuls subsisté ce ux qu e des circon~tanccs par-
ticulières ont conserYés, ainsi:
LE :\"0.\1

de *lî''.ctiwr- ( skr. cat-vltr-a{1 « quatre », clor. ,h:ps;, etc.):


*k"tur-yo-) nl (i1-)xflïirï111 « pom la quatrième fois », Uliryo
« quatrième )), skr. turiyab « quatrième)).
de *dci-wo- « dirn )) (skr. dev!t{\ lat. deus, etc.): skr. dii•-
yd-b « diYin )). gr. ~1':; (de *~I-y;-:;), lat. dïus (de *dill-
io-s), soit i.-e. *dhu-yo-.
Lr:- verbes dénominatifs ont dù présenter aussi cette parti-
cularité, témoin nit. ~,.€::w « je coupe le miel » (de *111/it-
yo-) (1'cnve
. , de p.u.::-.
,,

Il 1. Le redoublement joue dans les formations nominales un


ràle moindre que dan:-- lrs formations Yerbales, et il n'y a pas
de Yalenr bien définie:
redoublement intensif, par exemple dans skr. kar-lwr-f-b
(sort«' d'instrument de musique), Y. sl. kla-koli't) r. ltôlo-kol
« cloche )) (de *kol-folo-), lit. nomin. plm. kan-kl-és (sorte
dïn:--trnmenl à cordes), kaiïkalas << clochette )) ; ou skr.
lwr-À·a-tal1 (forme pràkrite d'un ancien *kar-kr-ta-b) « écre-
, Î:--:--e >), Jat. rnnccr (thème *kan-kro-).
redoublement ordinaire, avec *c 011 *i) comme dans skr. ca.-
kr!rm) zd èa-xr.im cc rone ))' Y. angl. lnucohbol, lnuc01.uol) lnuéol
cc rone )) (cle */ywe-hla-) *lnue-7.ula-, ancirns *ll''"é-k"ïo- rt
*k""c-k"ïâ-), gr. ,.0,J,;; ( de *!?"°é-k"ïo-s), lit. kii-klas cc cou ))
(rp1i penl représenter 11n plus ancien lit. *kc-ldas), à côté de
la forme sans rf'do11blement v. sl. kolo c< roue)); ou lat. Je-ber
« «'a'."-tor n, lit. bè-brns, cornique be-fer, skr. ba-bhni{1 « brnn ))'
i1 coté dn redoublement awc *i dans lat. fi-ber « ca'-tor >),
ganl. Bi-br-(ax), ,. :--1. b1-hnt, Y. h. a. bi-bar.

Participes. - Untrf' les thèmes nominaux précédent:-, pri-


maire·:- et :--ernnda.ires, l'indo-européen aYait des thèmes 11omi-
1w11x tirés de thèmes 1.wbaux, on participes. Des adjectifs
comme gr. ,.,:r::-; 011 -;:·;-;-·1:-ç ne sont pa-; des participes
CJJ\PITHE YI

indn e11ropi'·e11:-- parce qnïl-. llf' -.uni pa-- d6riH~..: de tliè111e~


Yf'rba11\; •. ·f'-.t -.eulemf•nt lor, du déYeloppernC'nl df', diwr5<'~
lan;-'llf':- que de, tliè111e, pré,cnl,rnt rf', :--uflh.c:- ont été in-
1·nip ,rc'.-. :rn Ycrbc. ain--i n11uï/w f'll latin.
Tn11tefoi, If'~ rn11--atif:- ont de-. ad,icl'lil':- en *-11>- q11i pré .. cn-
tenl 1111 *-l- appartenant au tliè111e Ycrhal:
:-kr. t!arrârnli << il fait Yoir »
" ~
darâ-lâ-h « montré n
.J •

got. (ga-)larhja11 « cli--ting11er » (ft1-)larhi-f-s H mal famé »


lnt. 1110/ICÔ lllùlli-1 ll-5
lit. laifo11 11 ,ie tien-- i> lnik}-ln-s (( tenu ».
Pl c'c-.t à Cf':-- furme, que ._e rallachC'nl J.,._ inl.inilif-. 1·u111mc
lit. laik}li « tenir », Y. ,l. b11di1i « éYeiller ». 011 gr. i'.:;J.{-~<JJ
à c<',té de i'.:;J.iuJ.
Le, pnrti .. ip<> indo-européen-- proprement dits :-ont le~ ::-11i-
Yant5:

1 ° P:utiripP-- actifs de pré,<'nls et d'aorÎ'-tf•:-- en *-ml-. -

Quand il --·ajoute am:. thè111r..; athé111aliq11e-. ,an-. rcdoublc-


ment.1c ,111lixe c,t *-ml-) *-0111-, *-ljl-) nin:--i ,kr. s-â11 u étant 1>,
110111. pl11r. s-â111-a[>, gén . ._ing. s-nl-!t[i, en face de ..;kr. tis-li
« il c:-l ». s-lmli « ib :--ont n;,. :-l. s-y « étant » (de *s-0111-s)
en face de jcs-111 11 il C':-t 11. s-t1l11 « il:-- "uni ,, : pT. <~l'i (a11 lien
de\;,.,): lat. (prac-)s-cns, etc. : quand il :-'a,iunlP aux thèrnf'"
t1lliématiq11f', à redu11blc111e11t (l'l ~1 celui d'aori:--lf' en -s-). il
a la forn1c *-111- ~1 ton._ le, ca._: "kr. nom . ._ing. d!td-al (de
*dcd-ljl-s) « donnant ». ;:rcc -;~0:.~; (de *<HJ:.-·1:;); dan:- lc:--
df'11\ ca .. , l'élément q11i préd•df' le :-1Illi\e dn participe a le
,ol·ali:--mc zéro. - Quant am:. thè111c~ tlié111atÎ<JllP:--, le t~ pe
~kr. bhltra11 « purt.~nt ». nom. pl11r. bbiiranl-a[>) génit.
~ing. bhltral-0[1; gr. 'tiFùrl. 'ti.F:r::.;, 'ti.t:·1-:;;: lat. 11chc11s)
uchcnlis: lit. 1't'Z6s) , . :--l. vczy « cowlui:-ant en d1ar » ad111et
fkux interprétation:--: *bhlrc/0-111-) *u•1:g 1he/o-111- ou "'bhér-
c_ 011/-) *idgJ1-e, 0111-) s11ÎYnnt f1'1·011 ron5idère l'élément c/o
LE \'0'1

comme la Yü)-rllc thématique des thèmes *bhire-, *wég 1he-, ou


comme la voyelle du :-.uffixe. - Quoi qu'il en soit, ce suf-
fixe s'ajoute à Lous les thèmes de présents, de futurs et d'ao-
ristes; .iinsi gr. .d·1u1, .~:·1u)'I 'te[v:·rr:;; ôx:1:rr,p.i, oxp:d;
~xr1.,,:X,rr~; ~ !/ . t-;:='1, i,!T:(~'1 i,~7:6v-r:;; i,z{•}w, i,~l·}w'> ),e[,~:,r::;;
I-:!!lj"X, 't':.f~i; --=~f:r.x'1-r:,; ~ etc.

2° Participes actifa de parfaits en *-wes- (*-wet-). - Le


suffixe a deux l'ormes qui :-.ans doute alternaient an cours de
la flexion; l'nne, *-1.ues-, est attestée par skr. nom. sing. -vâ.u,
nom. plur. -'l'l11!1S-ab (a,cc intercalation d'une nasale qu'il n'y
a pas liru d'rxpli<l'H'I' iri), gén. sing. -11f-a_b, féminin nom.
sing. -11f-l; gr. neutre -(f):.;, fémin. -·;h (de *-:.n-y.x); Y.
sl. fémin. -iH-i, lit. fémin. -usi; l'autre forme, *-wet-, f'st
attestée par skr. instrumental -vad-bhib, loc. plur. -·vat-Sil;
gr. génit. -F6:-:;. L't'.-lémcnt présuffixal a d'ordinaire le \ ' O-
calisme zéro; ainsi :
skr. ririk-1.'â11 c( ayant laissé l>, lit. fémin. lili-us-i _:
skr. 11u1111r-vâ11 <( étant mort », férnin. 11za111r-11,rï, lit.
fëmin. mir-us-i, Y. :,;}. féminin -1111r-11J-i.
gr. !E[J.a-(f}:);, ~~~(f}-(F)cü;, etc.
L'opposition de gr. Tëiow;, Fi2-'J".:i (rn regard de skr.
1.:id-'vâ11 c( sachant », fémin. vid-ztfl) suggère l'idée que le
ma:,;rnlin a peut-être c11 e11 indo-européen le vocalirnw c de
ln présuffix.ilc, Pt lr féminin le rncalismc sans e: cetle cliffé-
rrncc:,; 'explique par Ir fait que le féminin renferme 11n suffixe
~econd.iirc ajouté au thème du masculin. el l'on rentre ain:-;i
dan:,; le cas général :-;ignalé p. 2ft 'i; le vocalisme e de la pré-
rnffixalr se rctro11ve dans got. weitwops cc témoin » qui
parait ètrc un ancien participe parfait répondant à gr. f :.'.-
2cü;. \

3° Participes mo~ cns du présent-aoriste et d11 parfait. -


ï.11 \PITRE \ 1

Lr :-ullÎ\c du participe moyen ,:uir s11i,anl les langur,.


Dnn~ le type thématique. le grrc a (9sF:-)p·1:-;, le :-anskrit
(bhara-)ma~1a-b « portant i>: le zend (ya'-J-)11ma- « sacrifiant»,
le latin (Vertu-)11111u-s (:-rulPment de:- tracr~ isolér'-). le ;;;Jaye .
(zx::;,o-)mit << conduit Pn char», 1P litnanien (l'ts;~a-)ma-s (mêmr
"en'-), <'l Ir Yir11x prussien (po-k!ausï-)11uma-s « entendu ».
- Üafü le t~·1)C athématique. Jp sanskrit a -ana - au pré:-ent
duh-t111â-[1 « trayant » <'nmnw an parfait bubzufh-an!t-b « :-'é-
tant é,eillé »; le grec a -;J.s·,:-, comllw dans le t~pe théma -
tique: -:-i/}i-:J.S'J:-;. i'.S{-:J,SI:-;, 7:S? 'J ':-:è,:;. etr.

Le, parti<·ipes consenent toute la ,al<'ur --émantique de..;


thème-:. ,erbnux dont ils sont tiré'-, et i!" ont. de plu,, la
di.:tinction dr préscnt-aori'-tP et de parfait et des rni::-. acti,c et
mo;yenne; le ton est maintenu à la place où il est dans le
thème Yerbal.

Infinitifs. - Le'- racines présentent. à coté des thèmes


wrhaux, des thèmes nominaux q11i ne sont pas déri,és de
ceux-ci, mais qui, faisant partie du mème groupe <le mot:-,
ont Lles sens ,oisins: cc:- thème-:. nominaux ont clone la ,a-
leur qu~ont pri'-e par la suite Jr;;; noms déri,é" de":- thèmes
,erbaux et pe1ncnt jouer le mème rôle que jouent ailleurs
des rnb:-t~ntif-. ,erball\. ou des infinitifs; ninsi un datif, éd.
aj-t' cc pour la co nduite >> d11 thèm e ù ::-11ffixe ûro :-kr. aj-
éq11i,nut au françai-:. cc po11r conduire »; Ir d::itif d'11n thème
:-k r. 7.:id-m!t11- (< connai---.anc<' » ~ soit ,!Îd-11uz11-t') siµ-nifîe na-
t11relle111ent « pour :-aYoir » : 1111 infinitif comme 2:-:J.S'I rc-
pn~:--ente le locatif ù d<;,incnc~e zéro dP thème, en *-mm-
c·nmmr ,é·d. t!hâr-111a11 « clans le fait de tenir, PO tenant ». etr.
En rcYanchr rien ne prome que l'indo-<·11rnpéen po:-:-édùt
de ,érital)le, infinitif, , <~·est -à-dire de:- forme-- no111inalr,,
fléchies 011 non, tirées clc thèmes ,erbaux. rommc on a gr.
LE '\0\1

1.si .. s:·1. i.t .. s!·1, i.d•.:is:·1, i.ù:,i-;-: f:ni, lat. li11quere et lîquissc, esse
et fuisse. Les seules formes de ce grnre qui sont peut-être
d<' date indo-enropéenrn· sont celles de lïndo-irauien en
*-dhyai, par exemple skr. 'Uâha-dhyai « conduire en char >>
du thème 'l'âha- de 'l'âhati « il conduit en char >>, qui rap-
pellent le type des infinitifs mo)-ens du grec. q,ips:;01.i. -
Tl conYient aussi de mentionner le::- formes qui figurent dans
les juxtaposés qni fonrni;;;sent certains thèmes temporels
anx divers dialectes: lat. ferê-ba111, 111011t-ba111, 1110J1ê-bo; got.
salbo-da « j'ni oint », salbo-dcdu111 « nous aYons oint»;
Y. sl. vedé-achtt « je conduisais », etc.; le premier membre

de cesjnxtaposés e-;t une sorte d'infinitif, et le ::-econd une forme


wrhale personnelle acces::-oire signifiant «être>> ou« faire l>.
En somme, lïndo-enropéen ne semble pas arnir en d'in-
finitifs, ou du moins les infinitifs n·y ont en qu'une très
petite place. La forme de l'infinitif diffère d'une langue
indo-i:-uropéenne à l'autre.

La formation du fémi11iJ1 et les suffixes *-a-, *-ytï-, *-yë-.


, lême quand ils désignent des ètres sexués, les substantifs in-
do-européens n'ont pas la marque du masculin ou du féminin:
les noms de parenté tels qne lat. pater et frater, 111ater et so-
ror n'ont, soit da11::, leur thème, soit dans leur flexion, rien
qni lPs caractéri::-e comme masculins on comme féminins.
Les thèmes en *-o- :-ont, il rst nai, le plus sonwnt masculins
et neutres; mais le grec et le latin en ont cepenJant Je fé-
minins, ain::-i les noms d'arbres comme Ug-r. -:,r,.·16.:
• 1 ..
(clor. -:,.1.·1;.:),
1 ' •

lat. fûgus (le mot p-ennaniqnc correspondant étai! un thème


en -a- q11e ::-uppose le,. h. a. buohha): et l'arménien en a en
an:--.i, comme le montre 1u1, g-énil. 11uoy « br11 », en n·ganl
de gr. 'l'J:; (féminin); il y a donc eu de..; thèmes en -o- indo-
enropéen.; de genre féminin; mais il-- ont été éliminés d:rn..;
la plupart <les langues; ainsi i.-e. *suuso- « bru » est de,enn
C:11 \PITI\E ri

thè111e en -ti- dan:-- ,kr. s1111fâ} , .... ). s1uiti111, '"· nngl. snorn,
et tl1ème en -11- dan:- lat. 1111rt1S :-011, ]ïnl111ence de socrns.
Ln 110111 te] que gr. i~z::; <lé:--igne à la foi, 1' « 011r:- » et
}" cc UIIJ"5C », et le] étnit )'c•tnl indo-e11ropéen j a11,,i ]p lë-
lllinin ursa d11 latin eq-i] formé tout autrement que le fémi-
nin 4r. 1-kfï de //..·,>a(1. Le gr. :-::;::; dé~igne à la foi .. le
,, cheval )> et la « jument n, et. tn11lcs concordantes qu 'e1le~
~oient, le, dé:-ignation, clc la j umcnt, ~kr. âçz:a. lit. as::,rà ( de
cszi·a), lat. cqua} doi,cnt pa, .. er po11r des création..; in<lépen-
(1:rntc:-:- du :-an:-krit, du lituanien et du latin. De m~mc IP-:
thi.·mcs en *-a- et *-ya- :-ont pour ]n plupart frminin:-. mai ..
il ne manque pa:- d0 thèm0:- Pn *-a- et *-ya- q11i désignent
de, ètrcs màlc:- et :-ont par ,11ite ma,rnlin5, ain,i lat. scrïb-a,
Y. :--1. sluga ,, scnitcur n, (n>jc-)i•1)d-11 « conductc11r d'ar111éc »,

gr. :~:;--::::-i- (n()Jnin. ~~;-::::·r,;), 011 Y. s1. bal-ïji (arc. b11l-


lj~1) 1< médecin »: :-k.r. rat hi- (nomin. rathî{1) « cond11ctc11 r dP
clwr ». etc.
:.\1 ème les q1hstantifs tl1èmc, 0n -o- 011 en -il- n ·ont donr
pa:-: par Pll~-111,~me, dP genre défini: ~auf clan-: les nom~
d'agents, 10 genre rna:-Clllin 011 fc_'.minin c1·11n ,ubstantif indo-
c11rupéPn nP ,f' reconnait ;1 rien autre q11\1 l:1 forme de l'nd-
jel'lif q11i .. c rapporlP Oll pr11l :-c mppnrtcr à cc :-11h-tantif
(rf. ci-de:-~11s. p. 1 Gj).
Le:- ad,icl'lif, :-:cul, c:1radéri,1·nt le féminin par l"addition
de'- ,11nîxc,. c~,cntic1J.,111cnt :-<'1'onclairc,. *-a- et *-ya-. et c·c:-t
1'11niqne trait q11i cli , tingnc l'adjPl'lif d11 :-:11h-t:1nlif:

1''*-,î- (,ucali:--nw zéro -,1-).-C'0:-:t au mn.,cn d0 *-d- que


,unt for111é'- le~ féminin.;. cL1d,i0ctif, du t~ pc tltém:1tiq11c: à
--kr. s,i,w-} ;fi'. ~·,;-. lit. sma- ,, ,ic11x » répond un f{,minin
:-h.r. Sl1IIIη, gr. z·1i-. lit. St'llù-: Ù --kr. Çru!â-J gr. zÎ;J4;:-, ]al.
-cluto-} un féminin :Ar. çrutâ-, gr. 'l.Î:J:Y.-, 1a l. -clu!tÏ - : etc.

2° *-ya- (*-iyft-): :l\C'C \OCali:-llle zéro, *-l - (-Ïy.1.-). -


LE :'iO\l 2.J 1

Le :,;111Tixc *-yâ- est en u::-age pom les adjectifs tlu type


athé11lalirp1e. La différence de *-yii- cl *-iyii- semble arnir tcn11
11niq11e111cnl en indo-e11ropéf'n tl la quantité de l'élément
précéd<'n l : gr. .. ~~ipi-, de *,.~,F 2.p-yi-, cl ,.:;:·1:i-, de *,.:;:•1-
:yi-, représentent :--ans <lo11lr l'étal an<'Îcn: le nominatif de
l'un :-crait *,.'.~?~ (aYr<' -~ de *-y,1), cl celt1i de l'autre ï:::·1:.z
(a,·ec -:.x de *-(v,1), 111ilis le 3-rer a généralisé l'â d11 type T.::·1:x
el a 1111 nominnlif .. t~:2.z en reg.inl de skr. pivarï; imcrse-
mcnl lïndo-iranirn a gén6ralisé - ï, cl le non1inatif corres-
pondant h gr. ï:S:·1:1. c:--1 :--1-.r. pât11 -î « 1uailres:--e >l; de mê111r·
dans les antres langue:--.
Dernnl *-ya-, l'ék~ment tcrn1inal du thi.·me <l<' 111asrnlin a
d'ordinair<' le rnL·alisme z<'.•ro , 111ais a11ssi parfois d 'antres:
thème des pnrliripes tel:-: qnc *bhéront-: lëmin. *b/Jcro11t -y11 -:
skr. bh!tm11t-yii-, gr. \2.p::·1:-yi- (nolllin. ail. 'r'ip:;:;,x, dor.
:=.:!:t,),1., lc:-:b. ~i:;:;::;1.),
i -~ ' l •
"· :-:1. bt'J"asta- (de *bcrat -;'a-), tle 111êmc
L L

lit. *7.'l'tt1Jll-jô- (11ornin. ve~illtt-i) et got. fn/011d-jo- (nomin.


frijond-i) « [unie >l.
:-:kr. thème lllasc. y1h 11J1- « jeune n, fémin. non1in. y1111-ï,
1

cf. ln!. ÎIÏll-Ï-(-_\).


:--1-.r. thème ma:--c. svâdâv-:no111.lë111in. S7.'âdt•-f; gr.·r,~0;,
·r,a~YY. (cfo *'Y:iasf'-y.x).

Le:-. snlli\e~ *-il- <'l *-ya-, q11i :--rrYenl à fon11Pr le féminin


de~ mljectif:,;, l'o11rnis~e11l a11sc.;Î dec.; dérivés de snbstantifa.
De*-â-, on a ain~i beaucoup de nom:,; féminins parallèles a11x
ma:--rnlins du type tlié11iatique, ain:--i gr. T.i.:z·ij ù côté de ,.),b.::;,
Hec un contraste de la place du ton entre le tht.•me masc1din
cl le thrme féminin ; cl de 111ème 1:ii.:·1: -::':Ji:fi; n:jp:;·1: 'l~'Jp:i.;
:--kr. svâdanam << goùt »: gr. ·r,a:·rfi; le type gr. ~2:r:-r; en
regard rie ;,,:;!::;; etc. La flc\Îon de:-- thèmes en *-â- co111 -
portait d'ailleurs, au moine.; po11r une partie dec.; mol:--,
Yariation de la place du ton sniYanl les cas, comme on le
ï.11 \PITRE \ 1

Yerra dans la flexion. Le type de -:-:i.::,:f. :-e rctro11H' d:rns


l:lt. toga) lit. rmzkà et Y. :-1. rglw «main», go!. staiga << ch0-
min ». etc. - Le mèmc s11llhe fournit de nombreux dé-
riYés de thèmes de sub:-tantifs du type athématique, ainsi gr.
·i;:J.tp-i en regard de liom. ·~:J.Y.?, '·?~0-·f. en regard de ,.pt ( an-
cien *,.p~6), lit. 'l.'asar-à << printemps >J cf. gr. f'b.p, Y. sl.
'l'CSJl-tl << printemps ii cf. sk r. 'l'ltsan(-tltfJ) « prin tr1nps >i ;

lat. ôr-a cf. ôs: etc. - Et c·est encore cc rnffi\.e '}Ile présente
le collectif qui tient lieu de nominatif-accusatif pluriel ne11lrr,
thème Yé<l. yugâ « jougs ii, gr. ~·;·r:x, etc.
Le i:,nflhe *-yii) dan~ les sllbstantifa, ne sert, s11rto11l .;ous :-a
forme principale, (JII 'à fournir des iëminins à des nom:--
d"agents ( cas où la formation d\m féminin de substantif est
imposée par le sens, et a été· réalisée d'après le modèle des
adjectifs):
skr. thème ma:--c. jmzitltr-) jltnitar-: nomin. fémin. jltnitr·ï;
cr lat O'('J!Ït(J}' ÔÜ/'llet,·1-(-'·).
• ( • Ô ) .. \. ' 0O"f • --='!'::-·:.,..
1 - 4°r'., •1=·1{-(ù".
- -. 1 w i - -
~.J •
•r=·r;-=
' - -
1
"-•~A•
""

skr. thème masc. tltkfan- « charpentier i> : fêmin. nom.


taknz-i: gr. :b.:w·1, :b.:Y.tv.x; :-kr. thème ma"c. râjmz- cc roi)):
fémin. nomin. ràjiï-ï « rcin0 i>, cf. irl. rïgain (de *r~f;lZ-ï);
En ontre on notera 1111 collectif te] que gr. ~pi:p{i, Y. sl.
bratrïja « les frère:- ».

Dè~ l'époq1H' 'indn-0m(1pé .. nn1·, il ~PmblP q11<' *-ya- ait été


fléchi dP dc11'. ma11ièr0~. ilYel' alt .. rnancc· *-yti-) *-yJ-(-ï-))
,n111m0dan .. skr.b/Jânm/-l- génit. bh!rra11t-y11-{1) on,--:111 ... allcr-
11:mr0, cnn,tamment a, cc If' wwali~1110 zéro. ~oit *-l- ain,i },. fr~-
minin dr :-kr. 11!tp,11 << pelit-lîl:-- », <jlli c:-t skr. napti-b génit.
11apt(i)y-al.1, cf'. lat. 11cpt-i-s) Y. lit. nept-i-s: c·c--t cc ~rcond
t.' pc, :I\Pc' s a11 110111irwtif. qui a été gc'·nérali:-é Pll ];ilin ];'1
uù }P ,111TixP ,0rondair0 -k- n'a pa, été ajo11té conune dan:-
genctrl-x, izï11ï-x) 0t ain~i c'c·-.f rnàuis qni rc'·prnHl Z1 4r.
svâ1h·i: fcrms ùr *fcrentis (cu11111H' mms de *mt'nlis), b :-kr.
LE ~ü:.\l 2.33
bhtlrantï, etc. : par ce procP<lé certains adjectifs et tous les
participes latins en sont wnus à perdre la distinction du mas-
culin et <lu féminin.
A côté du féminin normal en *-yit- du type skr. tan-11-(1
cc mince » (littéralement « tendu » ), féminin ta1tvï) cf. lat.
tennis, il a pu y en aYoir un autre caractérisé par *-â- (dont
la forme à vocalisme zéro est -,1-) soit *-'WJ-, d'où *-a-; le
rncalisme zéro a été généralisé dans toute la flexion comme
dans le type skr. JJaptib, et ainsi l'on a skr. tanlï-(1 «corps»,
génit. tan(1t)v-a(J. C'est de cette manière qu ·est formé le
féminin remarquable du mot skr. ç-vàçura(J ( de *s-v!tç11ra(1)
« père du mari », zd xvarnrô, hom. '(F):."1.'Jr:;, lit. sz.èsz..11ras,
lat. socer: skr. ç1..•açr/ib « mère du mari », Y. sl. s1.Nkl)', lat.
sorrus) Y. h. a. s1.uigar, c'est-à-dire i.-e. *sweknÎ- de *swe-
krwJ-, aYec w après r en regard de -JLr- dans le masculin ;
de mème, *g?lllî- ( de *gwrJ-JlW-J-), attesté par Y. sl. ~nt11y,
got. -qaimus « pierre à moudre », est un déri,é en -tÏ- : -,1-
du thème atte:-;té par skr. gràvm1-, Y. irl. bro, gall. brella/!
(mème sew-); la métathèse de w est analogue aux faits si-
gnalés p. 107. On entrrrnit ici une série de faits trè.:. com-
plexes.

Enfin il existe un antre snflîxe, rnisin du suffixe *-yii-) et


se confondant mème a,ec celui-ci au degré zéro: *-yë-, dont
la forme à rncafüme zéro est *-ï- (c"est-à-dire *-p-) et qui
n'e:--L resté distinct de *-yii- flu ·en latin et en baltique : lit.
tèm-é « terre» (de \e111-jë), Y. sl. zemlja, dé1iré <lu thème
alle~té par skr. l,fam-) gr. zOw·,, et zd z_J111- (cf. ci-dessus
p. 223): on lat. temper-ifs déri,é du thème tempes- de tem-
p11s; c'e:--t à la mème série que le sens conduit à rattacher le.:.
formatiofü tellrs qur skr. taviJ-i « force », ou gr. :i1:f.6:.!x
(-:.tx de *-:.!1-yx). Dans lat. sper-ië-s, lit. tJn-ë « connai:-:-ancr »,
gr. 9~~,: (Je \;·;·.--p), rtc., 011 ne doil pas ,oir des thèmes
Cil \l'ITIIE YI

primaire-. f'Jl *-yl-, mai.: d1·-. dériYés O<' thème~ à :-111lixe zéro
*spek 1-, *g 1°11J-) *blmg-) etc. - Les thèmes en *-yë- ne serYent
d·ailleur-. pas d·abstraits seulement: lit. dci-..•-è (( fantôme ))
<'l ,kr. d,~·,_1-ï (( <lées:-:p )) (grnit. dcî.'(1))'!;,[1) sont lr-. frminim
de, rnbstantifs lit. dlrns, ~kr. J,,,.:tfb cc diPu »; lit. i•ilkë)
,kr. vrkil-1 << lo11Y<' » (aYec générali.:ation de ln forme à Yocn-
li,me zéro +, dan, génit. 7.'{k(f)yafJ) ~ont les féminins des
~ubstantif-. lit. i·iÎkas, skr. i'/kal1 cc loup »: ces fémi11ins ont
été Jhc·loppé:- i~olément dans chaque langue: aimi le latin
a dta, qui Psl un<' mitre fonn .. tion.
L'ndjedif a soit le thème de masculin ( Pt neu Ire). soit le
thème de féminin: :-llÎYant qnc le s11b.:tnntif nrnp1f'l il se
rapporte appelle 1'1111 ou l'autre. Le genre e:--l mas.-,ilin lors-
qu'il .:·agit (r un mùle. féminin lor::quïl ~·agit d"11ne frme1lc•
( ùU d" un arbre), <p1elle que soit la fonnP: en dehor:- de ce

ca,. il c-.t ùilficile dP po,er ,111c1111 princir": et 1'11,age senl


décide.

Compùsitio11. - Üf'll\ thè1np, nominaux pPuYrnt par leur


rt>11nion former 1111 tlit'·me co111po:-:r. En principe. et sou-: le
hénéficp d"trne ré,erw faitr ci-de,,on:--. I<', , erbe.;; n ·entr<'nl
pa-. r·n co111position.
~eul. le <leu \.Îènw lennr du 1'omp0sé. qui f'~l 111~1'e-.-.ai re-
nwnt 11n -.ub:-:t:111Lil" 011 11n adjectif (d ja111ai~ 1111 <l{>nwn--tratif
011 1111 pronom 1wr.:onn('l), r,t fléchi.

Le premier l(·rme d11 rnmpo,é re:-:t,· i11rnriablr, <·t c·e,t cr


qui Jrfi11Ït k COlllpo,é: llll 1·0111po,é Î11Ju-enrupérn r:-l 1111
µ-rnup(' de Jeux. mot-. dont le ~econd sf'1d e-.t llérlii; rt'·lé111e11t
q11i knninr lt> prr111iN l<'rmc a en général lP Yocafümr zéro
<la11-. I<':- thème.: dr typr athéma!Ï(p1e qui ont 11nr ~onantr.
c·e::L-ù-dire un c.'·lé111e11t ~u:-cc·ptible de :-c· rncafüer:

sl-.r. tri-plrd-, gr.-:,:{--::::-, lat. tri-ped-, '"· angl. ~ri-Jé!t' cc qui


n trui-. pie<l::- »: <le mè111f' lit. tri-kâjis cc i, lroi::- pir<ls », etc.
LE ~O\J 2J:J

fYl'. ·r.~·;-:.r:·f.,: (*'fx~'J-f :.ï.:.7-); skr. S'uâdu-nïtfh- cc c1ui a des


0 1 • , •

dons agréables ».
*stll- dans skr. sa-lrlt cc unP fois », gr. :c-;:),;:'.i;, lat. sim-
ple.Y.
\1- (en regard de *11f, attesté par skr. 11/t « ne ... pas>>, Y.
sl. 11,', ·lat. m[que], etc.) , dans skr. d-j11Ma(.1, gr. i-y·1w-:;-;,
lat. ix11ü/11s ( c'est-à-dire Ùi1ii5t 11s de *m-g11Jtos), got. u11-
À'tlllps) ann. a11-ca11t1îulh « inconnu ».
skr. 11r-hdu- cc tuant les homrnes », Y. att. :r.·1ç2;c- ?:·1;;.
*d11s- <lans gr. 3'.J~-;1.s·1f,;: ~kr. d11r-11ta11à(1 cc qui a un mau-
Yais esprit ».

En l'absence d'une sonanle, *c subsiste dans les tltèmes en


*-es-, t1ÎnsÎ gr. (f)s;::;7-[~;i.,;, z<l 'Z'(1((1S-ft1SfÏJ « le\l<' » (litlé-
rnl<'ment « conslruc tion cl<' p:nolrs n ).
Un thème thématiqur a au prPmier l<'rmc <l'un composé
le YOcalismc *-o-: gr. 1..d-3:.c:1.;.;; Y. si. dobro-dëjz cc qui fait
lP bi('n »; lit. gera-d11/ÏS (mème sens); f!'Ot. g11ila-fi111rhts
« qui a la craintP de Die11 » ; gaul. ri//do-mag11s, nom pro-
pre, signifiant <l qui a 11n cham p blanc >>. Le cas où le se-
cond mol commence par u1w ,oy<'lle fait diffi culté.
Quand le premier Lenne esl un ndjectif, le snllhe de l'ad-
jectif, quel q11 'il soit, peul êt rc rem plan', par-i-, ainsi gr. y_:j3:-
:xn:p;c à rôt<'.· de ;,_:j3p6; , zd /J,1r,1-;_i-caxra- cc :rnx roues élrYées »
b d,té de b.1r,1za,1/- (( élc,é )), cr. skr. br/Jd11t-, Y. irl. Brigit
(nom propre, lill. la « linul<' »).
li cst do11lc•11x qu<' le pre111i<'l" ternw ail ja111ai~ été 1111 mot
Jléchi, notamm<'11t 1111 lncalif, en indo-européen , comme il
J"esl par <'X<'mplc dans gr. fbi.::-,~'l'fi; « né ,\ Py lus » 011
dans skr. agri'-gab cc qui marche i1 la tète n.
Les Ynleurs sérnantiq11es Lles composés sonl diYerses:
1 ° La Yaleur grammaticale propre du second l<>rme est

conscrYée: le rapport des <leu\ ternies pouY:rnl être tiuekon-


CII.\PITRE \1

q110; appo:--ition d,111, gr. ii:_:;:-;1.:.cr::.; (< clc,i11-médeci11 »,


<:.kr. nzja-rfi(.1 « prètre-roi »; mljectif et substantif: gr. ::c;,.F:-
-;::i.:;, <:.kr. adhar,z-hm111[i << 1rnkhoire inférieure >>; complé-
111 e11 t et substantif: gr. -::1.:p -:x~û.7:;. :--kr. miitr-svasâ << sœur
tlr L, mère >> ; c·est clc re d<'rnicr cas que rrlèYe le type fré-
q110n t de'- composés dont le <:.ecuml terme est nn thème à suf-
fi\r d·ro, portant le tun, atlié11wtiq11(' , co mme cl:ms gr. ~:'J -
-::i.{;, lat. Ùï-dex (*y1ïs-dik 1- ) , ,1. *medv-èd- (nomin. Y. :-1.
111c,hùll) (< ours >>, littér,dnmr11t « mangeur de 111icl », cc
q11i r ,t le sens de sJ...r. madh(n)v-dd-) 011 thématique, comme
da11, /.!r. :-;:i.:-7:p::;. lat. anni-gcr, ru<:.se 't'<>do-z,•ô:;_ « porteur
t1·ra11 ». skr. ku111bbt1-À·âni(1 « foisr11r de Yasrs »: lrs thènw:-
<jll i fi1:-·1Ircn t au second terme de ces composé-: nr ~ont s011-
, rnt pa, attestés en Jehor, de la rompo,ition, el plusieurs
011 t pn ne jamais exister i,olément.
2° Le rompo,é a hi Yale11r cl'1111 adjnctif indiquant quel<'
:-<•co11d .trnne e-:t tel ou tel I1omme. ou telle ou tdlc cl1ose:
r"r. :,1.fJ~-;,.:i.-;::; « rp1i a 1111 :--ein profon<l », lat. 11wg11-t111i11111s
cc qui ;1 une grande ùme », -:.kr. hin11.1ya-keça(1 << qui a unn
cl1f'H•l11rr d'or », Y. -:.1. èri'mo-1..•!11S11 << q11i n de:- chewnx
noir, »: gr. '?.:.r;-;1.:.-rr,;, skr. d11r-ma11itf1 <( qui .:1 un ma11Yais
rsprit ))' etc. Ce sont les composé:- possessifs. Le Ion n:-l ln
pl 11, souYcnt sur le premier termn) et ceci perlllet pnrfois tk
111arrp1rr la différence llP:- ('0111po:-és pos:-e:=.:-if:=. et des antrrs:
p-r. -;::i.0-:p:-;::; est ,rn c(lmpo:=.é possr'-:-if. mais -::1·1--;F: -;::;
"i/!nifü, « qui tourne tn11t >>; skr. nïjt1-p11trâ(1 signifin « fil:=.
cl0 roi », 111ai, râja-p11tra(1 « dont k lil, rst roi. qui a pour
fil, 1111 roi )) <·st II n rompo:-é pos,p,~jf. Le :-t'cond termr d11
co111posé posses:c-if garde au fund sa ,:dr11r <le ~11hstantif el
p:1r ::;11itc ne prend pa:- la marque cl11 frmi11i11: :-kr. rn-111â11ii(J
« l>irmeillant ))' gr. :.:i-:1.:.rr,; :=.rnrnt 11 la fuis pour le mas-
culin cl féminin, de mêmr gr. ~::~:-~i1.:·;i.:;, cr. .d rta.wrxès
lv11g11cmaù1.
I.E ~ml 2Jj

3° C n t roisièmc type. plus obscur, rcnfcrmc <lcs mols


dont k premicr terme a le caractèrc d'11n thème YerLal ;
ainsi gr. ~;;zi-'l.'Y..z:; cc qui commcnce le mal , auteur du
mal n. cf. i.,:z:.~·,, awc rnyelle *e à la fin du premier terme,
?".rr:-':7::i,:.:J.:; <( qni fuit la trncrrc n, cf. '!:'J'(:.t·1, awc Yoyellf'
*o à ln fin d11 premicr tcrmc: cn imlo-irnnicn, lc prcrniPr
tcnne rsl cl"or<linairc rcmplacé par un thème de participe :
sl"r. 7.'idâd-vasub 1c qui trouw lc birn ». zcl frftdt1(-gatûô
<( q11i fait prospércr le mondc ».

Des sullhes secondaires pement ètre ajouté...; an\ thèmes


dr:-- compo-:.é::., com111c à tous lc:-- autres. ainsi *-yo- <lan...; gr.
i'l'ld- ~:'.:.; (*i·r1:.f :x ~:;F-y::-) cc qui Y:111t neuf hœnfs ii.
La grnncle. importance de la rompo:--ition en in<lo-c\lro-
pé<'n ressort <le cr que les noms proprr:-- d'h om mes étairnt
onlinairenwnt clcs composé::. tel::. q11e gT. 'k-;:::-:J.eur1. skr.
Âp. •,1-111cdht1(1 ( qui a [fait I lr sarrificc d11 chenil). ganl. Epo-
pm1111s (tc~tf' de d1cYal). Y. angl. Eô-111a'r (céJL,brc par se::. che-
,aux), Y. prrsc Aspa-èa11ah- (qui Llé:-ire <les chcnnl\). Dans
l'usagr familier ces composés étaicnt accompagrn'.·s cle formes
brèYes (ou h)-pocoristiqurs). telles quc gr. '[ .... (x.;. "'[-;:;:'J;,
''h: .. :.ii.i.::.;, etc.

b. Flexion.

La flexion des snb:-tantifs ct aJjcctifs se présente sons trois


a:--prcls différents. suiYant que le thème se termine: 1° par
co nsonne ou sonantc; 2° par *-â- (*-ë-): 3" par -e/o-.
Lr µ-rnrr neutre p-:.t carartérist'.· par la llnion. mais la forme
sr ('Onfon<l awc crlle. du rnasl·ulin-f'érninin à tous les ca:--
a11tre~ que le nomin,1tif, le rncalif cl l'accusatif, et. pour ces
trois ras, il n'y a à chaqur nombre qu'une seule forme, ainsi
en grrr nom.-rnc.-acc. ~ing. (:.i·1:·,. plmicl ~-J·r~: en latin
i11gu111 rt iuga, etc. La l'orme qui ticnt lirn de nominatif-
.\. \IF.ILUT .
CIi \PITHE Yl

Yocatif-accmalif pluriel neutre est ce11e ù"un ancien col-


lectif neutre thème en -â- (-J-) : la flexion d'un neutre au
pluriel se compose de ce collectif en -11- au nominatif-rncatif-
accusatif singulier, et lle formes pareilles à celles du mas-
culin-féminin pluriel pour les autres cas; Je là Yient que, en
indo-européen. le Yerbe qui aYait un snjet a11 pluriel neutre
:-c mettait au singulier; la règle subsiste en grec ( :;( ~<:>:x
-:,:izs:), dans les gàthùs de L\ Yesta C't clans quelques cxernplrs
Yédiques: en baltique: C'llc a eu pour conséquence que la
3e personne du pluriel des Ycrhes a disparu: la forme cle
singulier en usage aYec le collectif neutre a été généralisér.

1° Thèmes terminés par sonanlc ou consonne.

Font partie de cc type les thèmes en *-yâ- ou *-yè- cl *-wâ-


où le rncalisme zéro du rnffixc a été généralisé ( v. p. 253),
ainsi skr. 11apttb « petite-fille>> cl ('i:açrâ(i « mère du mari»,
Y. s1. Sï:ek,)', lat. socrns, etc.
L'ablatif se confond ici, pour la formr, au singulier awc
le génitif, et au pluriel ayec le datif.

o:. Désincncrs.

Singulier.
~ominatif (masrnlin, féminin). - La désinence est *-s
pour les thèmes terminés par nne consonne on par les so-
nante:; *i, .. 11 et *m:
z<l 'l.'QX-S << parole » ( Cl skr. ·v/tk, de \:âkf), lat. IIÔX
(mïc-s).
gùth. fn.uâ-i•q-s cc tel qnc toi » (-ç-s- <le -ant-s), gr. ~;:.Î.;
(-:i.; de *-;('1:-,;), lnl. feren-s (-ms de *-mt-s), lit. 1:c~ft-s- (-ti-s
<le *-ant-s), Y. prnss. rnu111mt-s << homme».
skr. âhi-b, zJ azi-s (( serpent )) ' gl'. =?:-;; lit. m:i-s (( mou-
lnn >l. lat. oui-s: norrois rnniqur -·tasti-R, gol. gast-s
cc hôte ». lat. host..i-s.
skr. /,[t/Jzi-(1, zd bii:;,_u-s « bras ». gr. -;:-7,z:r;; got. Sll1ZU-S.
« fils », lit. szï1111-s (mème sens): lat. 11za1111-s.
skr. ,wpti-b « petit-fille», lat. ncpti-s, Y. lit. nepti-s.
skr. n·açnÎ-(1 « mère dn mari». lat. sorm-s; gr. : 1 2:j-;.
skr. dyltu-[1 « ciel », gr. Z::~;.
zJ ::._)'ll (de*_zya-S, thème *~)'ll11l-) CC lJÏYC'I' », lat. /Jfr111-S.

La désinence est zéro dans lrs thèmes en *r et en *n, cl la


sonanlc rnanqnf' alors dans nnr partie des langues:
skr. ç(u)và (thèmr ç(u),:an-) « chien l>, z<l spà, lit. s~11
(génit. s~wïs), gr. z~cd'I (a,cc -·1 final), de mème laL hc)l/lLJ
(sans -11 finale), got. auhsa « bœuf » génil. auhsi11s.
skr. matiÎ (thème mat!tr-) « mère », lit. môti\ cc femmr »,
Pl gr. :J:f,-:r,p. lat. ml1fer, Y. irl. mMhir, arm. mayr, etc.

Vocatif (masculin, féminin). - Désinence zéro:


âhe, zd qze ((serpent))' gr. =?:: lit. a-ve (( mouton )) ..
!-h.l'.

Accusatif (masculin, féminin). - Désinence *-111 en indo-


iranien el italique, *-11 dans les autres langues: aYe(' les so-
nanles yoyelles *i rt *u, la na,alc forme diphtongue: ailleurs
elle est ,oyelle:
Sh.l'. /,[l/Jtt-1/l .(( bras », gr. î:"(,ï_'J-'I: }al. llll111ll-//l; Y. pruss.
Sl/Jl li-Il « fils ».

:-kr. a/Ji-Ill « serpent l), ztl az_Ï-111, f!J". :?'.-'I: Y. prusS.llllkfÏ-11


« nuit » : lat. a11g11e-m.
gr. 1 ±2:·r::-:l, lat. fcrmt-em:,. prus.;, S11llÏllt'11f-in «homme».
\ominalif-accmalif-Yocatif neutre. - Désinence zéro :
skr. m!tdlm cc miel, hy<lromel », gr. :J.i.Q·J, v. pruss. 111cddo
cc miel »; lat. gm11, skr. jâ,w (c genou », gr. ·1·:,·rJ.
skr. 11t111ia <( nom », lat. nomm) gr. :·,:;J.~.
Cil\ PlTHE YI

Génitif-ablatif. Désinence *-es, *-os, *-s : la forme


poun·uc de rnyelle (c ou o s11iYanl les langue~) apparait en
principe après prédésinentielle à vocalisme zéro, la forme
sans rnyelle après prédésinentielle pourrne de rnyelle :
skr. ç11-11-ab « du chien )) , zd s11-11-ô, Y. lit. sz.11-11-cs (mo-
derne szmis} gr. ,.:;-·1-;.;, Y. irl. COI/ (de */,11-:11-os): lai. pat-r-is
(de *pat-r-cs), ou aussi lai. dialectal -Ils (de *-os).
skr. s1ï11-ô-l1. cc du fils »i zd hJ1J1-ao-J, lit. s1ï11-,111-s, got.
s1111-t111-s: lat. 11w111ïs (-,ï-s de *-on-s), osq. castrons.

Datif. - Dé~inence *-ci: indo-iranien *-ai (~kr. -c, zd -c,


cl -aë deYanl lrs e11ditiq11es), Y. sl. -i, lat. -ï (ancien -l'i),
osq. -ci.
skr. s1ï11kv-c « pour 1r fils >>, Y. sl. sy11m.•-i : skr. pit r-é
« pour le père>>, lat.patr-ï, Y. lat. regci,osq. palcrei.
Le grec a -i, .. 7.::~{, c'est-i,-clire une forme à degré zéro du
,ocalisme 7 qui semble se retrouver en germanique.

Instrumental. - Les désin<'nces diwrgenl d'une langue à


l'antre, peut-être *-ê: skr. pitr-lï, lai. patr-r.

Locatif. - Désinence *-i alterrnrnl nYrc désinrnrc zéro:


véd. 1111ïrdbâ11-i cl 1111ïrdhlt11 « sm la tète », gr. :x(f):::{ (-si
de *-cs-i) cl :xt(F)t; « toujours » : le grec a aussi conservé la
désinence zéro dan:- l'ndvcrbc 1.:(F)b «toujours », mais n'em-
ploie pins dans h déclinaison normal<' que -i, identique à la
désinence du datif (la forme tient anssi la place de l'inslrn
rne11tal indo européen): .. :i:J,t·,-i; de IIH~me lat. homin-c (-cr-
va11l de locatif', d'i11slrn111<'ntnl cl <l'ablatif) cl got. gumin
« ( dan:-.) l'homme l>, qui peul aussi èlre un ancien datif b
désinence *-i <'l un ancien instrumental ,'1 désinence *-t cl sert
également <l'ahlatif; le v. si. kamm-e « (dan-- la) pierre>/ a
la dé:-i11enrc zéro , :rni,·ie d'une prèpo::;ition c.
LE :\mI

Pluriel.
\'ominatif cl rncatif (masculins, féminins). - Désinence
*-es) distincte de celle du géniLif par le fait qu'elle ne pré-
sente aucune trace d 'alternance vocalique:
skr. s1ï11ku-ab « fils >>, v. sl. sy1wv-e (toutes les consonnes
finales sont tombées en slave) , got. smzjus (de *rnnew-es);
zd b11z.av-ô) dor. ï.jz{F)-s; ; v. lit. mater-es « femmes >>.
skr. 111ilt!tr-al1 « mères >>.

\rcusatif (ma:-:.culin , féminin) : Désinence *-11s, awc -11 -


scrond élément de diphtongue après *-i- el *-11-, ailleurs-u-:
crétois 'J'.'J-'J; « les fils », got. s111rn-11s cc les fils >>.
f!"Ol. gasti-11s « les hotes >>, Y. pruss. a11si-11s « les oreilles >>.
skr. ç1111-al1« le~ chiens », gr. ;,.~·,-;,:;, ,. irl. co1z-a) lat.
ho111i11-ës (-ë"s de *-ens représentant *-ys), , . pruss. s1111ï11mt-i11s
« les hommes ».

\"ominati f-rnca tif-accusati f neu tre. - La place du nomi -


11atif-rnc::itif-accusatif pluriel neutre esl tenue par le nomi-
natif-rncal if-accn satif neutre singulier d'un dériYé en -11-, à
,aleur ro]]e1'ti rn (,. p. 25j el sui,.). La finale a le rnca-
lisme zéro cl la désinence zéro dans :
-.kr. si1-nt-i « étant n, gr. :v:-~, lat. silmt-à.
Co11n11e partout , *.1 se combine a,ec une sonanle précé-
deJl te ; Lle là : .

*tri: ,éd. tri « trois ))' Y. si. tri) lit. t1"5'- dans lrf lilw
« treize )) ), lat. trl- dans trî-gi11tii « trois douzaines », ,. irl.
tri, en regard de *trfy-,1: gr. -:2{;.:, lat. tria.
,éd. 1111111a 1< les no111-. >> (avec iî final is,u de i.-e. -*~,
c'est-à-dire *-11J).
Le-. formes à désinence zéro comme zd mana « espri ts >>
(-a de indo-iranien *-âs) s'expliqu ent par des faits de phoné-
Cil \PJT11E YI

tique.;~ nlartiqne: 1.- c. *,, lomhanl de,anl ,oyelle. *ôs-,1 ~c


réd11i:-ait à *·ôs deYanl YOJrlle initiale cl'11n 11101 --11i,ant.
La finale *-â, atte~tée par,. ~1. jimm-a « nom~ >> el par
got. 11a11111-tr « no111:,; »~ hair/011 a << cceurs », c5l la forme 11
,oca]i--me c du mème norninalif; *-a :-e rclrou,c dans laL. tri-
gint-à << troi-- dizaine:,; ».

Génitif. - Désinence *-6,n ou *-011, ~uiv:rnt le traitement


de la nasale finale :
,kr. ç11n -il111 « de-: chien:- », zd s1ï11-(11JJ, gr. zy1 -i7r1, lit.
s:;_1111-U 1 Y. irl. con 11 (de,anl rnyellc), lat. ran-11111.
On nolern que le grer a -w·1. péri:-pomènc; el Je lituanien
-ij, dïntonation douce, cl que ,éd. -ir111 1 gâlh. -(1111 comptent
souwnl pour deux ~yllabc-: en ,ers.

Locatif. - Cne désinence *-su est attc.;téc par l'arcorcl de


lïndo-iranien, du sln,e et clu b.tltique: le grec a-:;: qui n'a
pa5 de corre:-pondanls ailleurs :
4r. tri-Jr1 1 , . sl. tri-c/111 1 , . ]il. tri-rn; cf. gr. :p:-:;:.

Datif-ablatif et in:--lrumcntal. - Désinences en *-bh- et


en *-111- : elle:,; seront étudiées dans une note :-pécialc ci-
de:-50US.

Du el.
\ orninalif YO<'atif arc11,atif(111a:-culin 1 féminin). - Le grec
a -z. ain:-i d:111'- -;-;:l:ip -~. le ,écliq11c -IÏ (alternant a,cc -a u).
ain,i dan:-: pitûr-lÏ « dell\ père, »; le ,·icil irlandais athir ~'ex-
plique bien pi!r m1 ;1n1·ien *p,1tcre 011 *p,1tcrl': il :-ernblc donc
que la d/•,incn<·c ail été i. -e. "'-,:,; l'allern.rnrc quanlitatiYc de
* c ë e,t p:uallèle ù celle qu'on ob:-enc p[lr C\emplc dan:- la
dé5Încnrc ~ccou<lairc acti,c de 1 rr per:-onnc du pluriel ,éd.
ma et nui.

'
LE '\0:11

Les thèmes en *-i- el en *-u- ont des finales particulières


*-ï el *-zï 01'1 il est impos~ible de retronver la désinence *-ê pré-

cédente. mais q11i pomraient ètre analogiques des formes


thématiques, skr. l'/ka « (dell\) loups», Y. sl. i•/1ka) gr. i,~;,.w:
skr. âhï « (cleu\.) serpents ll, Y. si. nvfü· « (cle11x) nuits»,
]it. 1zal.:ti (même sem) de *11akl5') Y. irl. faith « (deux)
poètes i> de *iualï.
skr. SlÏ!llÎ « (dem-) fils l>, Y. sl. syny, lit. sâ1111 ( de *sâlllï).

~0111inatif-rncatif-acc11satif neutre. - Désinence *-ï: skr.


jânas-ï « (cleu\.) races n, 1liÎ11urn -ï « (deux) noms)), ,·. si.
slo·ves-i « (denx) pamles », ji111en-i << ( deux) noms >) : zd
(vï-)sail-i « deux. dizaines », lat. (uï-)giut-ï : le grec, béotien
(fl-):1.~:-:, att. ( s~-):1.:-;-:, est seul à indiquer *-i bref.

Génitif-locatif. - Le skr. -of1 répond à Y. sl. -u : skr.


jâuas-0{1 « de (den\.) races ))' Y. sl. slo·vrs-u << de (deux) pa-
roles )).

Datif-ablatif(:)) -instrumental. - Désinences en *-bb- el


*-111-.

Remarques générales sur les désinences en *-bb- el en *- 111-.


Les désinences en *-bb- el en *-111- n'ont ni la forme ni la
Yalenr rigoure11sement définies de ceHes qui Yi-ennent cl'ètre
énumérée-:.. Dan-:. le texte ho111ériq11e, le se11l document grec
où. à part quelques glo-:.es éoliennes et béotiennes, on puisse
les ohsener, elles sont représentées par la se11le désinence
-i{,), qui sert à la foi" pour le singulier el le pluriel, pour le
datif. l'ablatif, l'in'-trurnental et le locatif. D'autre part il est
rare que dem:. formes de ce~ désinences se recounent exac-
tement d'un dialecte à l'antre; le germanique, le baltique et
le shne ont III là ot1 l'inclo- iranien , l'arménien , le grec, lïta-
ï.11.\PITRE n

liqne et le rcltir111e ont de, repré .. entants de *bb, et, cette dif-
férence mème mise ~1 pari: le, formes ne sont pas iclentiqur'-.
On trouYe en effet :
[mtrumental :-ingulier: arm. -b (-w après Yoyelle), ainsi
hars-a111-b cc par la fiancée»; srtÎ-'W <c par le cœur » (cc -b,
-w peut répondre à gr. - 1 ~) : lit. -111i, Y. sl. -1111: lit. s1ï1111-
mi, si. synii-1111 cc par le fils ».
Instrumental pluriel: skr. -bhi(1, Y. per,c -bis, zcl -bïs:
'-kr. szï1111-bhi(1 cc par le, fils », zd bàz.11-bïs <( par les bra'- » :
arm. -bl,h (-'wkh après rnyelle): harsa111-Mh cc par le, fian-
cées )>, srli-iukh cc par les cœnr, »: c'e.;;t-à-dirc la mème
forme qu'au sing11lier aYec le -lth qui marqnc le pluriel : Y.
irl. _ib (clr *-bhis): flzthib cc par les poète, » (senant au:-:-i
de datif. d'ahlatif el clïnstrumental), lit. -mis, Y. ,J. -mi
dan, lit. sttllll-//JÎS, Y. sl. sy1111-111i cc par les fils ll; ces deux
formes :-11pposent *-mïs, qui rappelle zd -bïs : enfin la dé:-i-
nencc de datif-instrumental Y. i:-1. -mr (got. -Ill) de Y. isl.
pri-lllr (got. pri-111) cc par !roi-. l> atte-.tc la présence d'une -s
finale.
Datif-ablatif pluriel : skr. -Myal.1, zd -byô: ..:kr. s1i1111-bhyab
cc pour le:-- fîl:-- ». zd bit::;_H-byv cc pour les bra:-- ,>: bd. -bw:
OJIÎ-blls: ~1. -11u1 (de *-111as:I): spu"t-11u1 cc po11r le:-- fil:- n, Y. lit.
-11111s: sli1111-11u1s cc pour le, fil:-- ».
Datif:-in .. trnmental duel: .. kr. -bhyt1111, zd -bya (aYec un -a
final qui rcpn',....:ente 11n i11do-iranien *-â). , . ..:1. 111t1 : :--kr.
SIÏ/l/i-b/.J)'fllll, Y • ._J. S)'JJ/1.-1/Ia cc pour (clet1\. fjJ..,.) », zcl t1zi-b_yt1
u ponr (cleln) :c-crpen!:- )>: le lituanien n'a que -111 : datif'

11akti-111 ,, pour (de11\) nuit-. »; instr. 11akti-1ï1. •


11 e:--t i111po:-~iblc de ·110,rr ici clc:- forme:- indo-e11roprcrn1<'",
car les dirdecle"' cli'"ergcnt cl'11ne 11ianic',rc C"' .. entiellc: l~"' mé-
thodes de la grammaire comparée 11e permettent pa'- de di:--
cerner Je-. formes anciennes et la ~ui te de, tran'-formations
q11c pré,e11tc chafJIIC langlle.
LE ~O~l

En grec -1~(-,) a la valeur d'une forme d'ablatif, de locatif,


dP datif et d'in:-trumental, lt la foi.:. pour le singulier et le plu-
riel: le:- dé:-inences en *-bh- ou en *-m- de l'italiq11e 1 de lïr-
landais et du germanique ne senent que pour le plurirl,
mais ont au:-_;si la Yaleur de ce.:. quatre cas, ce qui a contribué
à entrainer des confu:",ions de cas au singulier. Les désinence..;
en *-bh- et en *-m- ont ain,i en quelque sorte, au moins dans
les dialectes occidentaux, le caractère de fonnes adwrbia]e-.,
pl11tùt q11e de formes casuelles semblables aux autres.

~- Yocalisme de l"élément prédésinentiel.

Le rncalisrne de l'élément prédésinentiel caractérisait les


formes casuelles au même titre que les désinences, et le grec
le montre encore dans une flexion comme celle de 7.7.--;·f.2 ;
ï.Y."":~?, ï.7.--:ip-:1.: ï.7.-:2-:;, -::1.-:;::x;~ - Y.d-:-w;:; Y.-:::x-::p-7.. ~Jais il
est impossible de déterminer complètement quel était l'état an-
cien, parce que tous les témoignages se trouvent obscurcis. Le
grec a conservé le timbre des rnyelles indo-européennes, mais
il a :-;implifié la flexion nominale, et, de même que le nombre
des formes casuelles distinctes s'y est réduit de huit à cinq,
le:-; alternances vocaliques y ont été réduites il <leu'\ 011 trois
au rnaximmn dans rlaaque fle\Îon. En indo-iranien, les tim-
bres des rnyelles *e et *o ont été confondus dans l'unique
tilllbre a: il subsiste, il est Hai, une trace de la différenre:
tout se passe dans la déclinaison comme si i.-e. *6 en SJl-
labe onverte était représenté par indo-iran. *a, et i.-e. *e par
in<lo-iran. *tz: lllais, si re traitement de *J lais"e entrernir
le rôle des alternances de timbre, il a obscurci d'autant celui
des alternances quantitatives. Les autres langues sont con-
nues à date trop ba~se et sous des forme.:. trop altérées pour
<p1 'on ) puisse lrouwr plus que des traces de l'état indo-
CH\ PITRE YI

européen. Les alternances YOcaliqucs de l'élé1nent pré<lési-


nentiel dans la flexion nominale sont donc mnl connues. Les
faits suinrnts en font néanmoins entrernir l'importance.
Cc n ·est que dan'- certains ca:- spécinm: que l'élément pré-
désinentiel n·a pas d'alternances rncaliq11es. Ainsi:
1° Les participes des ,erbcs à redoublement: ~kr. nom.
d!tdat « donnant» (de *dc-d- t1!-s), génit. d!tdat-ab: gr. 2i2;·~;
( de *~,;::--r--) ;::,;::;_,r-- -
.,J,..,J.., " ': ' ..,_..,..,,, ..... ':.

2° Les thèmes ü1'1 un ,1 a été cornhiné awc une so nantc


précédente en une « sonanlc longue)> (cf. ci-dcssm p. 2j3).

~k r. çi·açnÎ-(.1 "mère du man )) ace. smg. ('l'açr 1h•-a m


gén. sing. çmçn1v-a{1.
Y. sl. S'Ul'J.J)' (( mère du man )) ace. srng. S'l 't'ÀTJ/V- l
1
\
gén. srng. svekrfrv-e.
gr. :tF:J-.; ace. smg. ))

_,_ . (F) - .--


gén. smg. --:r.,J . -=.
gr. ,.!~ ace. srn g. ))

gén. smg. z,(r)-:-


... ..,,_.
~kr. nadi-(, ri,ièrc (( )) ace. srng. nad( !)y-am
gén. smg. nad( i)y-a(1.
skr. gïr « chant)) ace. :-ing. gir-am
gén. smg. gir-â(J.

~" Des noms dériYés en* ô11-(1·f. p. 2~ 1 ), conrnic gr. -;-::1.-


6,;l'I,
-;-:F::1.6,7)·1:.;, lat. Calô, Calônis, rf. ,. ~1. gra~dau-c « le~
citoyen, )>.
En principe, l't'·lc'·mrnt prrdé•:,;incntiel drs thèmes trrminé~
par con:-nn nc ou pnr :-onnnte présente des alternances voca-
liqne:-, et l'on rencontre tous les t~ pcs possibles, c'e::; t-ù-
dire :

l' v 1.éro.
ë
LE :\"ml

L'alternance de timbre, e: o, n'était pas commune à tous


les mots; par exemple, parmi les thèmes en -11-, il en est
dont le nominatif pluriel est *-m-es, le locatir *-e11-i et lïns-
trnmcntal *-ti-bhi(s), tandis qu'il en est d'autres dont le nomi-
natif pluriel est *-oil-es, en regard du locatif *-m-i et de l'ins-
trumental *-t1-bhi(s) ; c'est le contraste de:

XO)I. Sl:XG. \Oll. Pll'R. LOC. el\G. I\STR, PLl"R.

skr. vlfà mâle »


cc ·vlf-au-a(1 ·zù-a u-i vlf-a-bhib
itç111â « pierre >> âç111-à11-a(1 âç111-a11-i âç111-a-bhi(1
auquel le grec répond par:

i.Frs·r,·1 &p;-$.'J-ê; i2;-~·1-~


.Xi'.:J.(ù'I i.zp.-:·1-~; .xz.:J.-~·1-: (remplaçant i.-e. *almzmi)
Le grec a étendu le timbre o de certains cas à toute la
flexion dans le t~pe ù.:J.w·1. D'autres langues n'ont gardé o
q11 'au nominatif singulier et ont généqi.lisé e par aillems :
lit. ak11d1 « pirrrc » nom. plur. âk111-m-(e)s lac. ak111c1z-(Jjé)
Y. s1. lw111y lwm-m-e À·a 111-m-e.
Les langues oi1 l'état ancien transparait le mieux sont le
germamque :

got. auhsa c< bœnf » nom. plur. auhs-a11-s dat.-loc. srng.


auhs-in (gén. plm. auhs-11-e)
cl surtout l'arménien qni offre :

,o,t. ~I\G. \0\1. Pl.l"R. D~T.-IOC, ~I\G,

11 (< personne >>


t1 llj a11j-i11(-kh) t1llJ-lll a11j-a111-b
harSll « fiancée » hars-un-(kh) hars-in hars-a111-b
(en arménien, i et tt devant Il représentent i.-e. *e et *o).
CII \PITRE YI

L'alternance de e et de o tenait une gra 11de plr11'r : 011 la


rctromc par exemple dan:- le:- thèmes en *-r-, ain:-i:

:\0\1. ,J~G. :\0\1. l'LrR. LOC. Sl:SG. 1'5TR. PLlR.

skr. sz•asa (( sœur )> s1·âs-âr-ab s1•âs-ar-i S'l'l1S-f-b/Ji(1


lit. SCS!Î (sès-er-s) ses-er-(}jé) ))

en face du thème san-- alternance e/o :

skr. 111âtâ « mère » 111ft t-!t r-a b 111ëtt-!tr-i 111ëtt-f-bbi(1


lit. 111ôU « femme » 111ôt-er-(e)s 1110/-er-(,Jé) »

Le latin a maintenu l'oppo:-i tion dans soror et 111ëtter, mais


rn étendant rô du nominatif à tonte la flexion de soror. -
L'opposition de e et o n'est comcnéc dans la déclinaison
nominale E-'Terque que p,ir les neutres en *-es- :

gr. ·li.?-:; « nuée >> génit. ·d. 1-s(h)-:;


Y. ~ l . mb-o « ci r l n neb-cs-e.

En rrgard d'11n :-implr qui n le ,ocalisme prédésinenticl e


ù l'accn~atif sing11licr cl au nominatif pluriel mascnlins-
féminins, lr rompo:-i'· a "'omcnt o, aimi gr. 7::1.:·f,F, 7:r::ips;:
7.7:7.:WF, 7-7:i::Fs; (aYec o µ-énérnfüé d,rn, toute la fü·:x.ion);
?F·r,·1, ?Fin: i 1 F1.ir1, i 1 F:v:,. (aYcc : généralisé dans toute la
fle:x.ion s11innt rusnge grec); en l"f'ernrd dr pit !tr-ab « le-.
pères ))' le ~anskrit pré:-ente l'ï.·ltt-pit-âr-ab « q11i t'ont pom
père » nYec 1111 iï q11i indirp1c un nnricn o, et l'arménien, plus
nrt encore, a rntre a11 tres le con tra.;te --uiYant de mzjJL « per-
~onne » et cl11 co111po:-é 111i-a11j11 <r moine >> (littéralement
<< pcr,onnc seule >>) :

lor. 1111;-111 nom. plnr. a11j-i11-(kh) inc;tr. a11j-aJ1J-b.


1111-a11;-u1 111i-a11j-1111-(kb) Jlli-anj-amb.
LE '.0\1

Les cas où la rnyrllr prédésinentirlll' aYtlil lr timbre o


étaient au sing·ulier le nominatif, l'accusatif ( el peut-être le
rncatif?) du masculin-féminin. an pluriel le nominatif mascu-
lin-féminin et neutre, an duel le nominatif-rncatif-accusatif
masculin-féminin.
Pour l'\.pliqnrr les rapprocl1e111cnt:,- d'une langue à une
autre, il fout tenir comp te d rs altrrnancrs; ainsi la flexion du
tht.·ml' i.-e. *pl'd- tt pie<l » e--t: nom. ::;ing. sl r. pftt) dor. -:::t:) ; ,
c'est-à-di re i.-e. *pM-s; nom. plnr. skr. pltd-a{1) gr. ï.::-s;.
arm. ot-(kb), c'est-à-dire i.-e. *pôd-es; génitif sing. skr.
pad-!tb) lat. ped-1\ c'est-il-dire i.-e. *pcd-é/ôs ; le timbre c
est généralisé par le latin, d'oi1 pës, pcdc111, pedës) etc. : le
timbre o par le grec, d'où -:::::~; , -:::~J. , -:-:::::; ,etc.~ et au::;si par
l'arménien : le germanique a étendu à tons lrs cas l'o dt1
nominatif. aimi à l'accusatif singulier gol. /0111 (de *pôd-{1) rnr
lequel a été refait le reste de la fl exion du 11101. Par rel
exemple, qui est celui d'un des mots les mieux. consenés,
on rnit combien le rncalisme de l'élément prédésinentiel est
trouLlé dans les diwrses langues.

Dt·vmzt toute dési11mre co111111e11ça11t par co11so1111c (y co111pris


frs so11a11tes co11so1111l's), l'élé111mt prédésinmticl a le vocalis111e
::,_éro) pour au tant que le su ffix e présente une sonan te qni
puis:-e se Yocaliser:

Y. att. 9FJ.-~f (an~si chez Pindare), awc J. reprrsentant \1,


en rep-ard de 9p·f,·,, 9ps·,-:;.
gr. -:::x:r:i-:~ en regard de .:J.:·fi? , .:1.:iF1.·
local. plm. skr. ,1ï1111-fll te chez les fils ». Y. sl. sy1111-cbi't.
instr. plur. skr. s1ï1111-bhib t< par les fils », Y. sl. synit-llli;
cf. got. s1111 u-111.
inslr. sing. ann. bars-am-b tt par la fiancée » (-am-b
de *-{1-bhi).
2jO ï. ll \ PITlff YI

Lr rncali:-mc zéro d<' l"élc''m<'nt prédé:--incnlicl dam l<'s no-


minatif, :-ingnlier:- à ùé, in enre *-s est co nform e à cette règle:

:-kr. s1ï111i-l1 << fils )). lit. sa111't-s, got. sm111-s en regard du

nominatif pluriel skr. Sltlll1 U-af1, Plc-.


4r. s1.!tÏd11-{1 « <lon\. » . µ-r. ·i;2J-; en n·t!"ard d11 nominatif
pl11rirl skr. S'l itdt1z•-ab, gr. ·r,2:.t; (d<' *' fi2:. f -s;).
1

~kr. âbi-f1, f!l'. : 1t; <'11 rf'gard d11 nom. plur. !zbay-a(,, f!I'.
:~:.:.; (Je *~1 9 •-:.;): Y. ~1. Nil, nom. pl11r. Ntij-f (awc -zj-f
n·pré~<'nlanl ~ans clou!<' *-ey-fs).

F ont e\.ccption: J'11n<' part, les nominatifs mnno--yl1:l.-


hi,p1es qui ont une , oy<'lle longu<', co111111e sk r. dyâu-b << cirl >i,
!fi'. Zs~;: skr. gâ11-(, « hœuf)), f!L ~=~-;; zd ::._tÎ << lrrrc >l , cl<'
*z.â-s (nominatif du thème iranic·n ori<·nlal *::._am-); <le J'aulr<'
l<''- tlièm <'s en *-nt-qui ont la ,o., ellP d<' l'élément prc'·dé:.;;inr11-
tirl au nnrninatif. comnw :.;;k r. btb/211 (de *brb-m,t-s) c< haut >i.
gr. :::~; ( de *:2:-r:-.;). lit. 7.'l'~ÎJS ( Je *.zul'gJ;ont-s) << condui:--anl
une yoit111·c )) . etc.

Cen\. des nominatifs rn:1.:.c11lins-féminins qui ont l:i ùési-


1wncr zéro sont rnrnctérisés par ln ,oyrlle longue de l'élé111cnl
]>l'L'dL•:--inenticl ; /lÎ11SÎ qu'on J"c1 \Il p. 1 'J 1. IIIIC :-1)11.llltC
finnlc p<'nt nlor:- nianqu r r:

4r. 11uïtfï « mèr<' ~> (110111. pl11r. 11uilâr-a(J). lit. 111âll


(11c,111. plnr. Y. lit. 1110/cr-fs). F[I'. [J:r,-:·r,?, :J:r,-:i?-:.;.
gr. 2~>:u>~ . ~,.'r::p-s.;.
~kr. 1•b,ï cc mtik >l (nom. pl11r. v/..wu -11{1), gr. i.'F;·r,·1, i,:-:::.·1-:.;.
µ-r. iz:J.t,r1, :à.:J.:·1-:.;; lit. afo11,.
:-:kr. durma11al1 « q11i a 1111 111,111,ai:-:. <':--prit ,, (110m. plur.
dur111a11as-al1) : gr. ::;-::;;.:.·rr,;. ~:;-; 1J.:.·1:.":.; (-st.; d<' *-sh s;).
hom. ·r,<:,;. ace . ·r,:1. (cl<' *aus-os-u).
ùur. -;:,:,;, -;-,:2-:.;; lat. pës} prd-e,,1.
LE :'\O~I 2jl

L'auusatif et I<' rncatif singnliers, le nominatif-rncatif


pluriel et le nominatif-rncatif-accusatif duel masculins-fémi-
nins ont un mèmc vocalisme: *e bref ou *o bref suivant les
thèmes:
ACC, ~I\G . \"OC. Sl~G. ~O\I. PI.lR, ~0\1. ACC . Dt.:EL

gr. [J:r,:sp-x p.·,::sp ~J/f;'tip-2; wr,:sp-ë


véd. 111atâr-a111 111âtar lllâllrr-al1 111[{/ar-â
lit. lllÔfer-f )) 111ôter-(e)s 1116/er-[i]
i Y. si.
gr.
lllater-1
' '
J!~~--=-~2-,:
))

J.7::l::.p
lllafer-U]
' '
J.7:.x::; ,::-z.;
lllaler-[i]
' ,
~-;:,:::?-~

et <le même:
véd. )) S111 JO « fil S )) SIÏ/Ul'Z'- {l(i ))

lit. )) SIÏIWIÎ )) ))

Y. si. )) S)'lllt S)'l/O'l'- l' ))

dor. )) )) dzsF-s; dzsF--s


ou, pour les tltèmes en *-i-:
skr. )) !the « serpent » âhay-ab ))

1i t. )) nakti « nuit >> )) ))

Y. sl. )) pgti (( chemin )) p(lt'ij-c ))

gr. )) )) :7s(y)-ë; :72())-s


:\lais ici à l'accmatif singulier, au lieu des formes à rncalisme c
de l'élément prédésinrnticl, on trouw , cl1après les nominatil's
en *-us et *-is, des formes à Yocalisme zéro; ainsi à l'accusatif
dès l'indo-rnropéen: skr. s121111-111, lit. s11111_t ( \". prnss. su,w-11),
V. ::-J. S)'lllt, clor. ï.iz'J-'I i skr. lz/JÏ-111 1 lit. nii/tfj (Y. pruss.
Mkti-11), v. si. pgtI, gr. =?~-·1 : au rncatif singulier dor. dz:;,
: 1t ; nu nominatif-rncatif-acrnsatif duel dès l'indo-européen
skr. s1ï111Î, v. si. syny, lit. s111111 (de *s11ml); ~kr. !thï, lit.
11akti (dc*,wktj•), v. si. N,ti.
C'est au~si à l'inlluc1H'C' du nominatif ~i11g,tlier q11 'c~t duc
2j2 ÇIL\PlTRE \ I

la lull;.!'11<' déjl1 i11do-c·11ropéernw. 1nai-- anomalr• , de l"a<' <'ll


satif skr. gâ111 (( bœuf' ll, dor. ;,i:r1, i. -e. *g"ô111, ancienne-
ment *g""ôu-111, d'après lf' nominatif *g''ôu-s (skr. glw(.1), et de
skr . dyâ 111 « ciel », hom. Z·r,·i(:t), lat. diem) i.-e. *dyëm, ancien-
nern ent *dyë11 -111 d'apn\, 1<' nomi1wtif *dyë11-s ( ~kr. dy/211 -(.1):
si la loni:w e était itn<'Îc·nnP , ra~pel't serait autre, L'Omrn<' 1P
montrent les fornws de *11â11- « balca11 », dont l'a <'sl co111 -
rn1111 ;\ to11te la lle'\Î on clu th<'·me; J'arcusntif' est iri : ~kr.
11itu-a111, gr. *·1iF:1. (hom. ·rr,z, ion. ·1iY.).
Le 110111i1wtif-rncalif arc11Salif ne11tr<' sinftulicr a d'or<li-
nairf' le rncalisme Z(~l'O de l'6lé111enl prédésincnticl (la dési-
11r,11ce étant zérci); ainsi :
~kr . 111!tdlm c( mi<'l. l1ydronwl ». !:fi'. :JAO·; , Y. prnss. 111cddo
« mic•I )1 (it,Cf o représentant 11): skr. si 'frt/11 H do11\ J1.
~r. ·i;3'.5.
~kr. ntÎ111a 11 nom >) (n,ec a r<'prè~<'11ta11t *u), gr. :·1;:J.i,
Ja l. 1UÏ l/!Cll.
Sh.f'. yâf.t/ te foie l> . gr. ·,;-;::1.~, lat. lCCli/'.

)lais on trouvP- aussi , san'- qu'on p11isse détPrminer dans


q11<:llcs co ndition.; ~le degré long: gr. ~:<üp , Y. ~1. jimç cc 110111 »
(aYe1' -( i~sn de *-ë11). - Le Y<walis111c o 011 c n'apparait que
li't où l<' :;110ixe n'a pas clf' sonantc qni pnissc 5<' ,ocali--rr:
skr. mâ11-nb c1 esprit >l g r. :J.S'i-;;
skr. d1m1w11 -a(.1 « q11i :1 1rn111\ai~ c·~prit >) gr. ~·;-:;;J.S'i-i.;.

"t , 111t111P dnn:-; ce <',1:- , le vorali:-;m e zéro de l'élément pré-


<lé:-i11e11tirl apparnil parfois apn'.:,; une rnci1w <liss}llabiq111~
do11t le *,1 fo11rnit la ,nycllr n{•ct•s:-airc à la pro11onriatio11:

skr. krm.'i-b « chair crne » gr. ,.pt(f),: ;

011:rnssi apr<'·s 11 <'li: skr. !iy11-(_J « <lnrée » (cf. le local. gr.


~tF-i;), cl lat. cini-s (génit. ci11 -cr is) a,ec -cr- issu <le *-is-).
LE :\'0:\1

Le no111inatif-YOcatif-accusatif pluriel neutre a le rncali~111e


au degré long dam une partie des cas deYêll1l la finale *-J ou
zéro~ ainsi :

skr. ghrtaï!âllt-i « ponrn1s de ghrta (beurre fondu) )) ,


zd 111ïz_daI'(lll « pourn1s de salaire » (:nec -(111 r<'pn~sentai:I
indo-iran. *-ânt); dans gr. (:Fd-):1.:'r:-:.i: el arm. (ere-)s1111
« trois dizaines », le second élément est un plmirl neutre;
celui-ci arnit pe11t-ètre le Yocalisme ô, mais, en par(•ille po-
sition, le grec et l'arménien ne distinguent pas *ô de *o•.
skr. catvâr-i « quatre >>, got. fid-iuor.
skr. 1Za111âzz-Î, zd llt111U;W (-(Ill de Îran. *-â11) << noms »,
got. hairton-a « cœurs >>.
zd mana (-/i de iran. *-âs) « esprits n, v. angl. (northum-
brien) calf11r « waux >> (aYcc -11r de *-or, ancien *-osâ).

Dans d'autres cas, l'élément prédésinentid a le rncalisme


zéro :

Yéd. tri, Y. sl. tri, lat. trï-(gintâ), etc. (awc i.-e. -ï, c'est-
, d.1re *-J-J) , et gr. :F'.l,
a- c
· 1nt. /na· awc *-zy-J · ).
Yéd. mltdhzï (aYec i.-e. *-IÏ, c'est--à-dire *-w-.1): lat. gmu -a
( a ,·ec *-uw-J).
Yéd. 11â,11a « nom'- n ( a ,·ec i .-e. *-fi, c'est-à-dire *-n-,1).

Le locatif singulier a un YOcalisme prédésincntid caract1'·-


ristiq11e : rnyrlle hrè·rn 1\ ainsi dans skr. netlzr-i « chez le
condnclenr >> avec a représentant *e, en regard de l"accnsatif
mtâr-am, qui a 1m â supposant un ancien *o, et du datif
netr-é à rncalisme prédésinentiel zéro: de même 1<' locatif
véd. dJ!t-v-i « au ciel », identique à lat. Iou-e (de *dye'w-i).
s·oppose au génitiU1 vocalisme prédésinentiel zéro YéJ. div-lt(1,
cf. gr. i.l~F-:;. Ce rncali:--me est consené dan:-- le:-- d('tn:
locatif, grecs i1 dé::-inence zéro den•nus adYcrbes : :J(F)i-1,
qm rappelle le type skr. ltbaJl « de jour », et :c{F)t; (en
.\. )fo1LLET.
CIUPITIΠYI

regard de~:&°), c'est-à-dire *~tF:[:-J-~). on, aYec désinence *-i,


~icn~[ c-~i de -~[=]-} - D'autres locatifs singuliers, à
désinence zéro, ont un Yocalisme long, ainsi: skr. '7.}asâu,
zcl 1.•mibâ11 « dans 1e hi<'n »: aYec un ancien *-ou ( ou *-ëu :,).
qui alterne, suirnnt ce qui a été e:xpo5é p. d I et sui Y., aye,,
Ir *-6 attesté par l'adYerhe Y. sl. dvma « à la maison >> (du
thème en *-11- *dv111-eu-): Yéd. girâ, zd gara « dans la mon-
tagnP >> (du thème indo-iranien *g0 rai-) dont le *-â final indo-
iranien représent<' un ancien *-ë ou *-6, alternant aYec *-ëi on
*-ai: zcl ayç11 « de jour » (aYec *-ç11 de *-an, ancien *-ë11 ou
*-611): peut-être l'adYerbe gr. ,,~ï.: w,:, etc. C'e5t 5ur ce Yoca-
lisnw long que paraît repo5er la longue du type hellénique
en *-i-: hom . .. :i:r,'.: att. .. :i:r,, ot1 la désinence *-ide datif-
locatif a été ajoutée suiYant l"usage grec.

Les cas restants ont tous nne désinence commençant par


une Yoyelle ou une sonante YoyeHe, et <1ui n'est jamais la
désinPn ce zéro: génitif-ablatif singulier: *-es, -os, -s : datif
singulier: *-ei, génitif pluriel *-6111, *011, accusatif pluriPI
masculin-féminin *-ys, génitif duel *-011s (on *-eus, ou *-aus ?),
nominatif-rncatif-accu5atif duel neutre *-L On trouYe pour
ces cas deu\. types de rncalisme prédésinentiel bien distinct-.
sui Yan t les mots: ·

1° Yocali-. 111 e e, et an moms au génitif-a]Jlatif, clans les


1hi·111es en *-i- et *-11-, Yocalisme o de l'élément prédésinen-
tiel.
c·«'st Il' Yocalisme en usage pour les thèmes en *-men-,
;1in . . i dans Yéd. brâh-111a11- « prière » (neutre) et brah-111/w-
« pn\tre » (11nsculin): génit. sing. brâh-11wu-ab, brah-111!t~1-ab:
(_ht. :-ing. br!th-mau-e, brah-m!tu-e: arc. plur. masc. brah-
111âi1-af1: f!énit. plur. br!th-111a1.1-am, brah-mau-ëtm; génit.
dnPI br!tb-11wu-ob, brah-111!t{1-0(1: nominatif duel neutre br!t-
LE :XQ:\l

JJUl{ZÏ. D e mème en :a-law, le neutre brëmf « fardeau », génit.


:'-ing. bré-mm-e, <lat. sing. bré-mm-i, gén. plur. bré-men-iï,
gén. duel bré-mm-u, nom. du el bré-me11-i. De m ême encore
, , , ,
-en grec. ;.::-11.s·1-:;, -;:;i-:1.s·1- :x;, -;:::-:1.s·1-cùv , -;::i-:1.s·1-:iv 1 ou,
aYec e:x. tension de ro de l'accusatif singulier et du nominatif
pluriel, ,;:·f.-:1.:·1-:;, ,;:·f,-'.).:'1- :x; , ,;:·r.-:1.6·1-w·1, c:·r.-:1.:v-: iv.
C'est aussi le YOcalisme de la p-lupart des thèm es en *-u-
<'l en *-i-, ainsi :
génitif-ablatif singulier: skr. s11116-?1 « du fils>>, lit. s1ï1za17-s,
, . sl. sy11u, got. s111za11-s (aYcc timbre o de la Yoyclle prédé-
-sinentielle); cf. gr. y),'J 'l.tf'- :; , aYec la forme *-os de la dési-
nence généralisée en grec.
datif singulier : skr. szïnlw-e, Y. sl. syno-v-i (aYec o issu <le
.e devant v).
génitif pluriel: Y. sl. sy11ov-iî, got. swziw-e, cf. gr. yim.-f.-
( f') (ù'/.

génitif duel: Y. sl. sy1wv-11, cf. gr. y)m.i(f')-: :v.


ou pour les thèmes en -1- :
génitif-ablatif singulier: skr. 111!rte-(1 « de la pensée». got.
.[J11stai-s « de la fayeur » (aYec rncalisme prédésinentiel o) .
génitif pluriel: zd 0ray-g,m « de trois », v. sl. tr'fj-t (de
*trey-on ), etc.
Seul, l'accusatif pluriel des th èmes en *-i- et en *-11- fait ici
difficulté, avec sa forme *-u-ns, *-i-11s: crétois :.itu-·1;, gol.
.s1m1t-11s « fils » ; got. gasti-1zs « h ô tes », Y. pruss. a11si-11s
((oreilles»; ce tte forme est analogique de l'accusatif singulier
en *-um, *-1111; *-im, *-in.

2° Vo calisme zéro de l'élément prédésinentiel.


C'est le Yocalisme normal dans les thèmes en *-n- antrP:-:.
que ce ux en *-men-, ainsi :
génit. abl. ~ing. sk.r. ç1't-11-a(1 « du chien », gr. 'l."J-·1-6;, lit.
s~11-1ï-(e)s, Y. irl. con (de *lm-n-os).
CIL\l'ITI\E YI

<lat. :-mg. :-kr. ç11-11-e) '"· irl. coin.


nec. plur. skr. ç11-11 -a!1) gr. ,.~-·1 -:t.;. lit. s::._1i -11-is) Y. irl. co-11-a.
ëén. plur. skr. ç11-11-a111, gr. zr·1-c'71·1, lit. sz..11-11-1]) ,. irl. co-11 11.
ëén. dncl skr. ç11 -11-o!\ gr. z".J-'1- :½.
C0 , oc:ili sm e. nssez birn con ,0né en ,édiqne. e:-l r:ire par
aillc·11rs; nénnmoins le grec en n tra ,'r par e\ emplc dnns ln
tlc·\Ïon du uénit. sin!!. f':t.: -·1-::. << n!!nea11 » (nom. sin~.
L l... \ • L v
ait
a

!t.p·r.·,), le go tiq11 e dnn:- des forme-. co mm e g<'.·nit. plm. auhs-11-(:


« de-. bœufs » (gén. sing. auhsin): etc.
P our les th èm es en *-u-) outre le gén itif-ablatif skr. di-i•-
ttli ,c du r iel » . gr. ~ :-f'-:;. lïnclo-irani rn a plusi eu rs bons
evm pl"', notmnm en t celui de : _!!én it. -:i bl. sin)!. skr. paç-1,•-
t1[1) z<l pas-v-o « du tronpea n » . cla l. :r-ing. :--k r. paç-'u-l, :ll"C.
plur. skr. paç-1.• a)i) z<l pas-'v-o: gén. plnr. zd pas-i'-(JIIJ. Pou r
les th èmes r n *-i-) on peut ci ter génit.-nlJl. :-kr. Gi:'-)' ab« ùn
rn ont on » . gr. :::; ( Je *: f'-y-: ;).
De 111ê111e pour les thèm es en *-nt-) ainsi en snn,krit, en
rrgnnl de:i cc . sing. brhlmt-a111 « haut », on a: gén.-abl. sing.
b[hat-lt{1 (.l\cc -at- de *-i1t-), dat. sing. b[hat-é) ace. plur.
brhat-l,(1, gén. plm. brhat -â111) nom. du el ,wntre brhati . En
lï 'f.'il!"<l t!<' J"acc. sing. danf-GJ/1 <( <len t », le Si1n:-h.l'Îl .t génit.
.ibl. dat -â!J, etc. : le nJCafüme de l"accu,atif :-ingulirr :-kr.
dâ11t-an1) cun ~rr,t~ dan'- gr. :~:T:-:l et lit. dmitf, a été étendu
a11\ a11tre~ Cil :- cln grrr c•t d11 litnanien, d"uù génit. plur. gr.

:::·,:-<.ti·,. lit. dant-ij : rn rrY,rnrhe l"a cru ~. sing. got. tzmpu


a reçu Ir rncali:-me du gL·n itif. tandi:- qu e Y. ::-a\. ta11d gard~
relui de J"a crn:-atif singulier; m de lat. dms (thème dmt-:
ëén. plur. Y. l.it. dmtum ) C' t ë de ,. irl. dët peuwnl rrpré-
-.,,nt cr *m) mais repo:-ent plntùt sur *i, gt~nérafüé. - Le YO-
ca li:-Ill <' zéro tlr l'élémen t préùé~incntir l au nominatif duel
11<'11tre est cnn :-r n é <lnn::. :
zcl (7!ï)sait-i ) béo t. cn-),.:x:-! , arrn. (ld1-)san « deux
clizai,w, >> . l'lc.
LE :XO:\l

dont le Yocalisme *l, 11i1t- s'oppose à celui du pluriel gr. (:pd-)


,.:,r:.x, arm. (cre-)rn11 « trois dizaines ».
Les noms de parenté en *-r- ont aussi aux ms indiqués
le rnrnlisme zéro, ainsi an génitif gr. ;:x:p-:;, lat. patr-is,
ann. hawr (aYec -1,ur représentant *-tr- suiYi de Yoyelle).
Les noms d'agents paraissent aYoir en à ces mêmes cas une
Yoyelle, ainsi gr. '2w::p-:;, etc. ( aYCc o an lien de e ancien).

Conformément à la règle générale énoncée p. 15/1 et suiv ..


la rnyclle de l'élément prMésinmtiel est seule sujette à rnria-
tion dans les formes normalPs. Ceux des thèmes dont la
flexion comporte nne Yariation dn YOctdisme prérnjfixal sont
(_'eux qui onl en mème temps Yariation de sullixe et qui
par suite sont de Lons points anommn:.
Cette Yariation cle s1111i:xe a lien presque uniquement dans
des noms neutres, entre le nominatif-accusatif et les autres
ms; ceci s'explique aisément ; seul en effet, le nominalif-
;1crnsalif a une forme spéciale au neutre; il s'isole ainsi du
reste de la flexion; cl même le nominatif-accusatif pluriel
neutre appartient normalement à un thème en - {!- dériYé de
celui des antres cas, et dont on ne forme pas le reste de la
flexion .
.x . .Neutres.
1° ThèmPs en *-eu- et en -es- aYCc addition d'un suffixe

*-en-:
skr. d/irzz << bois », génil.-abl. sing. drzt-(z-ab: gr. è:p'J,
gén. '2:p(.F)-.x-::;, les anciens thèmes neutres en -11- étant
n·présentés en grPc pnr les thèmes en -.x-:-(*-ut-). Soit: *dor-,
*dor-, *der- (lit. dervà « bois de sapin »), *dr-; l'addition du
s11llixe *-m- entraine le Yocalismc zéro de l'élément présuf-
fü:nl, suiYant le principe indiqué p. 2ft '•: le Yocalis11w radi-
cal zéro de skr. drz1-(1-ab « du bois >> est le rnème qt1e celui
dP hom. èp'J-:1.x « forêt >> et de skr. dm-111ét-{1 « arbre » en
LIL\.PITRE n

regard Je gr. ::p'J et de skr. d/tru, ou fjll<' celui du collectif


à suffi\.e *-tt : *-J : gr. :p:i ; (de *drw-J-), cf. le pluriel neutre
Y. ~1. driiv-a « arbre-- )) en face de drë'rn « arbre l) ( de *derrn,

cf. lit. dervà).


Yé<l. jli.1111 « genou )), duel no111. ace. jâ1111-11-ï, gén.
jà11u-11-ob: jiï11- dans le composé j1111-bâdh- « qui presse les
:-renou\. )) : gr. y:.·1'J, y:.·,(F)-;,:-(::;): '{'/'J- dans le composé
'td- T.~::;; et dans '('1~;: lat. gen11, awc e.
skr. ây11 « durée ll , local. sing. âyu-11-i: gr. 7..[f'-i·1 (locatif
dewnu adYerbe): zd dat. sing . yav-e « pour la durée »~
in~ tr. yav-a.
skr. çfr-a{1 « tète ))' gén. çlr-f-y-!r[1, local. çïr-f-lr~1i.
gr. ::};, Y. sl. nchv « oreille » (de *ausos} - génit. got.
,u1s-in-s, hom . :: 1;-;,:- (:::;). Un duel neutre du thème à suffixe
zé ro est attesté par zd us-i « les deux oreilles l> , Y. sl. us-i,
lit. aus-i, et c'es t sans doute sur de pareils du els qu 'ont été
faits le singulier lit. aus-i-s « oreille» et le plur. lat. aur-ès.
Le YOcalisme a don c les alternances: *011s-, *us-, *aus- ( ce
dernier aYec *a prothétique, cf. p. 14 0 ).
2° Thèmes en *-er- et *-en- alternant:
Type assez fréquent :
gr. TiT.-Y..p, "i;T.-;,:-(:::;) « foie », zd yttkaN, awc *ë; skr.
y!rk-r-t, génit. yak-11-!z{1, pehh-i jalwr, lit. jek-n-(vs), lat. iemr,
iecinoris (au lieu de *icc-in-is), aYcc edans l'élément présuffixaL
horn. shp (c'est-à-dire -~:i:p) « sang>), aYec ë: skr. !zs-r-1,,
génit. as-n-!z{1: lat. ( dialectal) asir, arm ari'Wll, aYec *a initial.
gr. 0~-wp, G:-;,:-(:::;) « eau », skr. (ud-ak!r -m) gén. ud-n-!rb,
aYec rncalisme zéro de l'élément présuffixal; v. angl. wceter
et Y. h. a. 'Waz_z.-ar, got. génit. iuat-i11-s aYec un Yocalisme
radical o qui se retrouY~ dans Y. sl. 'l!Vda « eau » ; le slaYe a
aussi è dans le dériYé 'l!èdrv << Yase >) (primitiYement à eau),
et de même le Y. isl. 1•!rtr (aYec a représentant *è) « mouillé>);
arm. get (de *,wedvs) signifie « flemc >).
LE ~o:u

gr. f' bp « printemps », lit. vas-a r-(a) : sl r. 1.ms-an-(t!t(J)}


Y. sl. ves-n-(a), tous aYCc Yocalisme e; un Yocalisme ë appa-
rait <lans lat. uër, Y. isl. i•!tr (aYCc chute <le *s entre Yoyelle
longue et *r).
Dans ces noms, *-er- et *-en- sont sans <loute <les suffixes
~econ<laires ajoutés à un thème à suffixe zéro, souyent non
attesté; par exemple de *alk-} attesté par le datif gr. !t.ï;1J, on
a &1,1.Y.p, an c suffixe *-er- (et 7.Î."l:fi, aYec suffixe *-â-).
L'alternance <le *-r- el *-11- peut se cumuler avec les pré-
cédentes, et ainsi l'arménien a un nominatif-accusatif nmr
« genou » de *giti11-11-r, dont r alterne aYec la nasale de gr.
1 6,;-f-!l-(-:;;) et de Yéd. duel jâ1u1-11-ï << les genoux ». L'ar-
ménien a même des adjectifs comme canr « lourd >l, aYec r
(issu d'un neutre en.,*-11r) au nominatif, un génitif ca1111 (gé-
nitif normal de thème en -u-)} sans *r ni *11} el un nominatif
pluriel canzt-11-(kh)} aYe c *-11-.
Les suffixes *-el- et *-en- alternent dans:
Yéd. s(z,)v-ar « soleil » (et le dériYé szÎr-ya-{J) - gr.
·r,ï,i:;; (de '3.F-D,-i:;;). got. sau-il} lit. sau-l-(è)} lat. sôl} v. irl.
szïil (signifiant « œil »), Y. sl. sli't-n-ke - gâth. lnN11g (de
*sv-mz-s), got. su-11-(110).
~- ~lasculins-féminins.
Les exemples sont rares: *-er- et *-en- semblent alterner
Jans:
gr. :fa:1,-W'1, i1.:1,-:;·1-:;; « enclume », lit. almH~ « pierre »,
génit. akm-âi-s, skr. açma «pierre», génit. sing. !tçnz-mz-a{i,
- Y. sl. kamy} génit. lwm -m-e} - Y. isl. ham-ar-r « mar-

teau ». Les alternances sont complexes: *kom- (v. sl. kamy),


*kom- (v. isl. hamarr), *akm- (avec prothèse *a: skr. âçma}
gr. i"l.:1.w·1, lit. ak1111~); on notera de plus l'opposition des gut
turales, skr. ç} mais lit. et sl. k.
Le comparatif primaire en *-yes- recernit un suffixe se-
condaire aux cas obliques : att. ace. sing. ·r,3tw (de *'f'3.3~n,
2~0 C IL\PITRE YI

*'F:1.:~:hx). génil. :-ing. ·i;:b:; (dr *'F i::h;·1:;. :m:c ~ d'après


·i;:{c,,): lïndn-iranien. ]e latin et le celtique ont généra-
lisé la forme ,ans ,1111i\.e seconda ire, d'où génit. sing. skr.
svltdïyasa?1, lat. rnâuiôris : Ir germaniqu e et la plupart des
dialecte-:. grPc:--. la forme ù :-u llix r seco ndaire d'où ace.
sing. gnt. s1ïti;;_a11 « pl us don\ >> . ion. ·i;:[:.n. ( awc ! bref).
La syllabe présulli\.ale ne prL·:--ente pas d"alt emance Yoca-
liq11P.
un rnflî\e zéro alternai t aYec un s11ffi\c *-ci- clans:
skr. pâ11t/Jâ-l1) zcl pa11fa « cltrm in » ( *-{t-5 de Î.-P. *-ës Oll
*-os, isslt de *-ëi-s 011 *-oi-s~). in:-tr. pl11r. skr. patÏ1f-bhib:
génit. sing. (du th ènw ,\ s1dlî\ P zéro) skr. patb-ab, zd parJo;
an YOCa]i:-me de skr. fant/Jâ(i n'•pond en t: Y. s]. p{Jfl) Jal. po11S
(gén. plur. po11ti11lll) et aussi arm. lm11 « passage ii : au YO-
cafürn r de skr. pathi-bhib et patb-al1 n~pond '" · prnss. pintis
« chemin n : c f. aus,i Je dériYt'· grec tltématiqne ::i::;.

·,'. Place d11 ton.

LPs seu]Ps Jangu Ps qui fo11 rnissen t de-:. témoignages sur


1cs Yariations de pin ce du ton a11 co urs de la ll r \.i on d'un
m ême th ème nomina] sont le yc'•clique. k g rec, le lituanien
et cem: des <.li:-d cc te, slaYes q11i n'ont pa'- 1111 acccn I h pJa ce fi\P ,
prin cipa] P111 Pnt Je rns,e r i Jp , erbe. LP t<'·m oig nagr grec est
ob,rurci par la règl e qui limite la placP cln ton n·lntiYcment
i.1 la fin d11 mot, Pl k tt'·m oignage cl11 lit11anien Pt des dialectes
._JaYr>s. pa r des innoYat ion.;; no111brP11ses propres ù CPs langues.
En grrc. l'an cienn e mnb ilit<~ d11 ton es t très simplifit>e comme
tn11t P la f1e\.ion · nominale. LP Yécliquc même e~t loin de re-
prc'•,,•n tPr i'<'· tat nncirn. ro mm r on Ya le Yoir. On est donc
moin:- rPns,·ignt'· enco re s11r les mo11,r111ents cl11 ton dans la
d<'·clinai~on i11do-P11ropt'·Pniw que ~nr ]Ps alternances Yorali-
<JIIP:- de l'élément prédésinenti el.
LE :\'O:\I

Le cas le plu~ clair est celui des thèmes monosyllabiques;


soit le thème *ped- cc pied ,, :
'fÉD. GR.

Sing.
\om. pltt -;::0: (dor. -;:c~;)
.,
.\cc. p/td-am -;:::-:.<
Gc'-n. ahl. pad-ab
__ .-
,,.__,.
,,...,,..,' ......

Loc. pad-i _,..,.._,


' '
Plur.
.,
'\'om. pâd-al1 7:::-;:.;
Ace. pad-âb -;:;:-:.<:
Gén. pad-!tnz ;::~-W,;
Loc. fat-Sil horn. o;::~-~~
Duel.
\0111. ace. pltd-a 7::~-;:

Gén. pad-6{J -;:::-:t,,

L1accord d11 Yt·diq11e C't dH grec sur la place du ton est


parfait, à la seule r:\ception de l'accnsntif pluriel où le désac-
cord sr laisse facilement expliquer, qu'il résulte d'une inno-
Yation grecque ou indienne; on notera seulement quel 'accord
dr skr. pad-f et de gr. -;:::-i ne prouYe pas que le locatif elÎt
originairement le ton sur la finale, car d'autres locatifs ont le
ton sur l'él<~ment prédésinentiel, ainsi skr. kfam-i « sur terre ,, .
Le lituanien fournit 11ne légère confirmation des fait:-- Yédiq11es
et helléniques par son opposition de l'nccnsatif singulier tfzs-f
<< oie ,> et du génitif pluriel ~gs-1] en face de gr. zr,n ( de

*zx'J';-.x), z-r,'/0)'/ (de *z.xr;-û}'/).


La mobilité du ton définie par l'exemple des thèmes mono-
s~ llahiques admet deux interprétations: mobilité entre l'élé-
ment prédc'.-sinentiel et la désinence, ou mobilité entre l'élé-
ment radical et la dc'-sinence, comme dans le présent des
CHAPITRE YI

wrbes (Y. p 2 w). L·e:x.amen des thèmes qui comprennent


une racine et un suffi:x.e denait permettre de décider la
question. }lais ici commencent les difficultés.
La mobilité entre l"élément prédésinentiel et certaines dé-
, inence, est atte5tée en Yédique. par ex.. :
PLrR. Dll:L

\ om. masc. brh-â11 « haut » brb-â11t-a(1 brh-ânt-ët


_\ cc. masc. brh-â11t-a111 brh-at-lz(1
Gén .-ab!. brh-at-âl1 brh-at-â111 brh-at-ôb
Dat. brh-at-é brh-!zd-bhJal1 brh-!zd-bhyam
\0111. neutre brh-!zt brh-ânt-i b[h-at-Î
\lais. à cet égard . le Yédique est isolé. et le, autres langues
ne présentent rien de pareil. sauf le mot gr. ·rJ·1i; . ace. sing.
·,'·;·11.:"1.-J.. génit. sing . ·,r;·,,.:z-: ; . Car on ne saurait inYoquer

ici -:: x: i.,: -1.. -:: r :,: -ë;)'I. où le YOcafüme ex.dut le maintien du
ton à une mème place.
Les dialectes baltiques et slaYe~ ont au contrai re une mo-
bilité de l"accent (qui représente le ton indo-européen) entre
l"initiale et la finale du mot. ainsi en lituanien dam le,
e:x.emples suiYants de thèmes en -i-} - 11-} -r- et -11-:
Singulier.
\ om. s::Jrdis « cœur n slÏl11is « fil, » 111Ôtè « femme >> ak1111~ << pierre »
..\cc. s:;Jrdf Sttll(t môta-f àkmen-i
Gén. szirdes SlÏllalÏS 11wtds ak111e1ïs
Pluriel.
:\om. szirdys SlllllÏS môters àkmms
.\cc. szirdis Sltlll/S môtais àkmmis
Gén. szini~itJ s1ï11iJ lllOfffÏij ak111eniiJ
Duel.
~ om. s~Jrdi Sltllll motai tikmeuiu
LE ~0-\J

De même en russe: nom. plur. /.:J_çti « os », gén. lwstéj)


<lat. kostja111; en serbe i·akavien: nom. plur. kàsti «os», instr.
kos'cà111i; etc. ; en rnsse plur. nom nJvosti « nouvelles »,
gén. 1zovosfl'l°, Au singulier, on notera l'accord de russe désjat'
«dizaine», gén. desjati et de lit. dèszimtis) gén. desz..imtês.
II y a donc contraste entre l'état védique et l'état baltique
et slave. Le grec n'enseigne presque rien, parce que le ton
y est devenu immobile clans les thèmes polysy1lahicp1es.
Toutefois l'opposition de 11-t=w, p:r,:p6ç et de O'Jy:l:·r,p (sans.
doute de *60-y;c:-r,p ), 0'Jp-rp:; confirme le caractère ancien du
type baltique cl sl,we. En sanskrit même, le fëminin du nom
de nombre (c quatre » e~t au nominatif et à l'accnsa_tif cata-
sra(1, à l'instrnmental rntas/bhi(J ; cf. les formes lituaniennes
masculines ace. kèturis cc quatre ))' inslr. keturiaîs. D'autre
part, on s'explique par la mobilité du ton entre l'initiale et la
finale du mot beaucoup d'hésitations dans la place du ton.
Ainsi les thèmes en *-tei-) qui en grec ont le ton sur la ra-
cine, type ~.foi; , ont le ton à deux places différentes en vé-
dique et en germanique : le védique a tout à la fois mati(J et
111atib c< pensée >>, le germanique *burpi- ( <le *bhfti-) et
*ôurâi- (de bhttf-) dans got. (ga-)baurps et v. h. a. (gi-)burt
c< naissance » (v. h. a. t représentant germ. â); une an-

cienne mobilité du ton expliquerait ces faits, par exemplo


une flexion skr. ace. sing. JJUlfÏ1J1) gén. 111atéb, comparable
à lit. ace. uàktf «nuit», gén. naktês. On s'expliquerait de
mèmc le contraste de gr. -::7,z'J; et de skr. btih11(1 « bras »,
de gr . .. D,~,.'J; et de skr. paraç11(1 «hache», par une oppo-
sition comme celle de lit. ace. s1,11zt «fils», gén. süJ1a1ts.
Un grand nombre de noms védiques, grecs, slaves et bal-
tiques ne présentent ancnnc variation de la place dn ton:
c'est alors la syllabe présuffixalc qni porte le ton, ainsi skr.
ace. sing. n1ç-a11t-auz « brillant ll, gén. n1ç-at-al1 en face de
brh-ant-a111 « haut )) , gén. bth-at-a(J.
CIL\.PITRE YI

Au point de Yue de la place du ton, le rncatif e::=-l à part.


En .;;anskrit i] e-.t atone en principe: quand il est au com-
mencement de ]a phrase, i] a un ton, mais sur la première
sy1labe: ainsi pitar << père », d11hitar << fi11e >J en regard des
nomina tifs pit!t, dnhit!t. Le grec présente encore de nom-
hreu-x restes de cette place dn ton sur ]ïnitia]e: -;::x:sp:
;::,.:-f,,: 00p:sp: "~\;:;Î,Î,:,•1: 'A ;::i,i,w1 : etc. La rL'g]e s'appli-
que à toute-. ]es sortes de th1'. me-. , ainsi gr. 2sj;:;: Y. : 2sj;::-
:·r,; : Bsi,ç;s: Eùç;:; : etc. Le petit russ e oppose de mème
le Yocatif séstro « sœur ii au nominat if sestr!t, et le serbe éa-
kavien le rncati f sèstro nu nominatif sestra.

2° Th èuws terminés par *- {t- ( 011 *-ë--).


La plupart de ces thèmes sont féminins , et l'on a même
Yu, p. 200, que *-{t- était l'une des caractéristiques des ad-
jectifs féminin.s. Le nominatif-rncatif-accusatif neutre en
* -à(-,1) à valeur co1lec tiw sert de nominntif-rncatif-accusatif
pluriel nu:x noms neutres.

:.c Désin ences.


Les désinences so n I lcs mèmes qu e dans le type précéden l ,
mais cell es qui co mmen cent par un e Yoyelle se co ntra ctent
aYec la rnyelle finale d11 th<'·me.
Le nominatif -.ingulier a la d{,sinence zéro, de sorte qn e ]a
fin ale est: skr. -à, Y. si. -a, lit. -a (issll de -o d'intonation
rntle : ain ~i mcrga « j eun e fill e i>. de *mergô), dor. -i (avec
o:\yton quand ]e ton est sur ]a finale: aiJJsi clor. ;::'.·d), got.
-a. - Le -; final des ma-.rnlins grecs tels qne -;:;i,f.:·r,; provient
d'11 ne inno\'n lion hellénique, cr. lat. scrïba.
L'a!'Cll'-atif singulier est: skr. -à-lJl , Y. :-1. -r, dor. - i-·1
(--1-·1 dan s l:i. forme toniqu e).
Le g<~ nitil'-aht1til' singulier est: :--kr. -ab (par exemple dans
brhaty!t(1 << liante »), lit. -os (avec v d'int onation douce: -os),
LE ~o:n

tlor. -Y. ; (périspomène quand la final e portr le ton ; -i;),


g-ol. -os, lat. -ils (par exemple dans pater jallliliiis); l'into-
nation douce proYient sans <loute <.!"une contraction indo-euro-
péenne de *-il-es.
Le <lat if singulier est: skr. -ai (par exemple dans brhatyâi),
lit. -ai (d'intonation douer: -ai), dor. -i:, écrit -::- (périspo-
rnène quand il porte le Lon : -~), got. -ai; ici aussi, il ) a
eu sans doute contraction de *-a-ci en *-ai.
Le nominatif pl11ricl est: skr. -al1) lit. -os (awc o intoné
doux). g-ot. -os, osq. -as: sans dontr con tra ction de *-a-es.
L'accusatif plurirl est: skr. -ab) zd -a (de *-as), lit. -as
( de *-os a ,·cc o intoné rndr) ; l"abscncc de II de la désinence
*-11s a été expliquée, p. SS.
An génitif pluriel, il a clù y a mir une contra ction de *-a-tïm
(on *-a-ô11). attestée par lit. -~) got. -a: rnnis la pl11p~1rl des
langues onl des fornws noun'1les: skr. -anfrlll) gr. -Y.t,J'I ( de
*-5.hw·,), d'où att. -0n, lnt. -arn111 (de *-lisô111), etc.
Le seul cas qui ail une désinence propre est le nominatif-
Yocatif-accnsatif duel: skr. -c) zd -e (c'cst-ù-<lirr indo-iran.
*-ai) , lit.-i (de-ë d'intonation rndc, -é, représentant *-ai rnde),
Y. sl. -ë. La désinence *-i qui sr lro11Yc ici semble identique
à celle du nominatif-rnca tif-acrnsatif duel neutre.

~- \ocalismc.
Les thèmc_s dont le s1dTi\e est *-â- ne présenten t presque
aucune alternance <lan::; le vocnlis1ne préclésincntirl. Au no-
minatif-Yocatif-accusatif sing:ulirr neutre, la forme à voca-
lisme zéro *-J a été affectée à rexprrssion du nominatif plu-
riel neutre, concurremment aYcc *-a, ainsi qu ·on l'a Yu
ci-dessus p. 261, et ne sert pas dans la flexion des thèmes en
-fr-. La brèYc finale des rncatifs hom. ·10:J.?~ cl Y. sl. scstro
<< ù sœur n peut représenter *-J; on y Yen! Yoir souYcnl un

i.-e. *-à) à cause de skr. amba « maman », mais cc YOcalif


CHAPITRE YI

san:-l.ri t est un terme du langage rnfan tin, et son -a final est


à rapprocher de celui de gr. :i::x, etc. Le suffixe a la forme *-ët-)
c·est-à-dire le degré e) mème LkYant les désinences à initiale
con-.onantiqne, ainsi au datif, skr !ttuët-b/Jyab « pour les ju-
ment-. », lat. equët-bus : Y. sl. rgka-1111, « pour les mains >1,
lit. ra11kù-ms (mème sen.;;). - En rernnchr le nominatif
duel a le rncalisnw préclésinentÎPl zéro et semble devoir ètre
posé sons la formr i.-e. *-,1-i) t'ar i. -e. *J donne indo-iran. a
deY:rnl i.
Les tli<'·mes en *-yët- ri en *-yë- ont le drgré rncalique zéro
de l'i·lémrnt prédésinenticl ,111 nominatif:
skr. brhat-t « hante >i: lit. i•etant-i (-ide *-f) « mrnant Pn
Yoiture >i, got. frijond-i « amie » : gr. -:: ::·1::.c, 1 tp:'J:-::.<.
gr. ;i.·;-rx (de *:1:1h-yir) rn rrgard de lit. 11111sè (de *musp)
« moud1e » .
Lr Yocalisme prédésinrntirl zéro apparait anssi en indo-
i ranicn tlans ces thèmes dernnt les désinences i, initiale con-
sonantiq1w: Ar. local. plur. l,z-hnt-Î-fll) dat. plnr. b[hat-i-
bhynZ,.
On n'ob,erYe une Yariation YOcalique de l'élément présuf-
fixal qne dans le mot sianifiant « femme » : nomin. , sing.
Y. pru,s. ge1111a, Y. sJ. Z.,fll-aJ Y. Ïrl. /Jeu, arm. ki,z, de Î.-f'.

*g'"t'u-â: génit. Yéd. gults (pâtib), v. irl. 11111ii, de i.-e. *g"11-às:


or, ce mol comportait Yaria lion <le suffixe: la flr\.ion grecque
-est att. '('J·1f,, -r·1·1Y.Y,.:x, ·:'J·1:x,.;,.:;: béot. ~Y.·d, ace. plnr. ~Y.·17,-
'l.Y.; ( de *.?,:.c17.'.°u;), ·:'J·rf, el ~;cd rrposant snr *g"" 0 11â; la

flexion arménienne est kiu (dr *g"mii), nom. plur. ka11ay(kh),


de *gwo1zni- (cf. gr. -r·;n-r-;,.:.;). Le germanique a le thème en
"*-i-, got. qms « épouse », en regard de skr. -jtwi- et le
thème en *-a- awc élargissement -11-: got. qi110 « frmme »,
_génit. qi11v11s (rncalisme radie.il *g\'m-) à cùté de Y. isl. ko11n
(vocalisme radical *g"" 0 u-). Le sanskrit a le thème en -i- j!znib
« femme ». On ne saurait, tians CPS rondi tinn,, restituer nn
I.E ~0,1

prototype indo-<'nl'Opée11, mai~ la Yariatiun de ::iuffixc est éYi-


ch·nle et rend com pl<' cl,· l'nltern::inc" Yo,~a]iq111· *g""en-, *g''"ên-,
*gw/l _ OU g"° 0
l/ -,

'{· Place d11 ton.


Dans nne partie au moins des no111::, Je cc type, le ton
changeait de plac<"' au cours de la fl exion. C'est ce qn'attcs-
tcnt le baltique cl le slaYc : ainsi lit. gah•a cc tète ))' russ<"'
golovlt, serbe caka, ien gJa.và (le dé:-a ccord d'intonation ra-
dicale résulte d'une innorntion slaYc):

LIT,

:\"om. sing. gal-va golova g li11)à


Ace. sing. bu!t h:a
• golo-vu cr/â1.!ll
i')

Gén. sing. ga/1.!ÔS golo·v5' glavî


\" om. plur. git lz,os gôlovy gldvi
lnslr. plur. gah•o111is golo·vâ111i glavalJli

Les thèmes en *-il- n'ont rien de pareil en grec: pour


ceux en *-ya- ou *-yë-, on a: :Jhi, ph:·1, mais :J.~i.;, p.i~: ion.
i.·;-J~J., i.y'J:~'I, mais Y."(J'.'1,;, ~'{'Ji·?,; .:i.:x-:~:,:, .:i-.1.:,::,:·1, mai~
.:i.,::,:i·,:;, .:i,,:::l!i'?j, en regard de lit. ltis~ki cc claire », accus.
sg. ltiszkig, mais gén. sg. aiszkiàs.

3•) Type thématique en -e/o-.


Le ton a une place inYariablc au cours de la fl exion (cf.
p. 156). Le rncatif seul est à part : gr. :Eùt~ en face de Y.~Ù-
9:.;. - La rnyclle thématique a tantùt le timbre 0 1 tantùt
le timbre e suirnnl les cas. - Les désinences, en partie dif-
férentes de celles des deux types précédents, ne se laissent
pas toutes isoler de la voyelle thématique.
Dans les adjectifs, le thème en -e- / -o- caractérise le ma::-
CIL\PITI\E \l

rnlin et Ir ne11lre, mais on a ,u p. 2 'i!). q11 'il Y a a11.;si de::-


s11b~tantifs fé111ini11:-- de celle forme.
La Orxiun Pst la s11ivante:
~ingnlier.
\ omina tif masculin-féminin: *-o-s: skr. v/1,-a-{1 « loup»,
z<l v.1hrkü (dcrnnt éa « et »: ,:Jhrkas-ëa « cl le loup »), lit.
i•iÏk-a-s) gr. i.01.-;-;, lat. lup-11-s, got. wulfs (de *wulj-a-z).
- 1·:1b-.ence de la rnyclle thématiqu e au nominatif des thèmes
en *-yo- dan.; certaines formes, ainsi dans zd âlmiri-s, du
thème iilmrya- « cL\hnra ». a été signalée p. 23 1.
Yocatif ma:--culi11-féminin: *-e: skr. i'/k-a, zd v.1hrk-a) L
sl. dzë-e) gr. i.01.-:., lat. lup-e. Le lit. i•ilke a un ancien -ë .
.Acr u:-atif masculin-féminin : *-0111) *-011 : skr. ,.:/À:-a-111,
z<l 7.p/Jrk-.1-111) lit. ·uiilaJ (a,ec -(J de -a-11 : cf. ,. pruss. dcfr.u-all
« dieu » Cil fa ce (l(' lit. deV{J), f!!". Î."J"/.-;- ·1, Jal. /11p-11-111; de
même Y. irl. fi'm - « lionrnw n cn fa ce de lat. uir-u-111.
\ominalif-,o ca tif'.-a cc u-.atif neutre : *-0-111) *-v-11 : skr.
yug-!t-111 « joug », gr. ~·;·.--;-·,, la l. iu;-11-111) got. j11li : de mèmc
zd xfo~r-J-111 « sou,·eraineté », Y. prn-..;. la!,b a-n « le bien»,
,. irl. dligcd Il-« dette >>. - Cette dé-.inence est différente
de la désinence zéro du typ e athématique.
Génitif (distinct de l"ablatil). - La forn1P indo-iranierme:
skr. -a-sya) gùtl1. -a-hyii) concorde a,ec la forme grecque,
ltom. -:~;, ion. ail. -;:) (contra ction de -:;, issu de -;~;),
dor. -w (ans~i contraction): d la forme arméniennr -oy) soit
skr. i•l/,-a-sya) hom. Î.0z;i;, ion.-atl. i.~1.;:;, dor. 1.01.w, nrm.
gailoy. Le germanique a: gol. -i-s) ,. 11. a. -e-s) soit got.
1.u11lj-i-s) Y. h. a. wolj-e-s, cc qui repose sur *-e-sv. -Le latin el
le celtiq11c ont une forme énigmatique: -ï final, lat. uir-ï)
Y. irl. ogamic1ue 111aqi « du fils », ganl. Segv111ar-i (génitif de

Sego111aros), :-;ans la rnyelle thématique, Y. irl. fir (supposant


\uirl) « <le rhomme >>. Le slaw et le baltique ont perJu
l'ancienne forme Je génitif el) par analogie du type athéma-
LE ::XO:U

tique, emploient la forme d'ablatif qui sert n la fois de géni-


tif et d'ablatif.
Ablatif: *-M: skr. -itt} zd -à( (tons deux avec il comptant
souYent pour c.leux syllabes), v. lat. -éd (lat. class. -o), lit. -o
(d'intonation douce), Y. sl. -a: skr. vfkitt} zd vJ/JrkitL v. lat.
Iupvd} lit. villw} v. sl. vllka. - La possession d'une forme
d'ablatif singulier distincte de celle du génitif est l'une des
caractéristiques du type thématique.
Instrumental: *-ë, et peut-ètre aussi *-o: skr. v/kit ( seule-
ment c.lans quelques mots archaïques), zcl 1.:Jhrka} lit. 'Vilkù}
(avec -ù de *-â): le timbre *-ë est indiqué par les adYerbes
latins c.ln type certë qni semblent issus d'anciens instrumen-
taux, et p~r l'a<herbe ( ancien instrumental) skr. paçciÎ} v.
perse pasit} zd pascii «après)) en face de l'adverbe (ancien
ablatif) zd pasl.:it( « après » : l'opposition de zd c et k suppose
*-ë dans nn cas et *-ot dans l'autre (v. p. 70). De mème,
dans la flexion des démonstrn.tifs, on rencontre got. hwe
« comment ))' clor . .:f.-(:::;,..x). - 11 y aYait aussi une forme
ù dé~inence en *bh ou *111 : c'est celle que représentent arm.
get-o-·v cc par le fleuve >) et v. sl. 1,1/zk-o-111t cc par le loup n :
et alors la rnyelle thématique pcut-ètre e} ainsi arm. -het-e-·w
« après », ù cùté de het-o-v « par la trace ».
Locatif: *-ei et *-oi: skr. vlk-e} zd v,1hrk-e} v. sl. iiflc-é;
lit. adverbe 11.1111-e « à la maison)); gr. ad\·erbes :;~z-:t et:;(";,.-:::;
lat. do111-ï. - La désinence *-i du locatif singulier forme
diphtongue avec la rnyelle thématique; l'intonation de cette
diphtongue est douce, comme le montrent lit. 11a111i.i, gr. i~ep.:!
( et aussi l'accentuation gr. :~z::, en regard du nominatif
pluriel :t.:i, cf. 6:::~ cc dieux »).
1

Datif: *-ai: zd vJhrk-ai} gr. d;,.-c,): ( écrit i,~;,.-t:>), 0::-~,


lit. viÏk-ui ( avec -ui d'intonation douce), v. lat. dial. N11111a-
sioi} lat. lup-o (-ode *-01). - La désinence du datif est con-
tractée avec la voyelle thématique.
A. :\IEII.LET.
290 Cll.\PITRE YI

Pluriel.
\"ominatif-rncn.tif masrnlin-féminin *-os: skr. 1.:/k-a(.1, zd
'l'3hrk-â (li tle *-âs: forme vieillie et peu usitée), got. iuulfos ~
omhr. ll,11,inus « lwbitantsd'Iguvium », osq. ~tivlanÙ:3-
cc habitants de \ole » ; Y. irl. fir-11 (-u dP *-os), sPrrnnl seu-
lement tle rncatif. La désinence *-es du nomirrntif pluriel a
été contractée aYec la ,oyelle thématique. - La finale *-oi
du nominatif pluriel des démonstratifs s'est substituée <lnn:;
hea11C'oup de langues ,\ cette forme: gr. i.0; sl. vllr-i,.
1. - ; : , ,.

lnt. lup-ï (-ï de -oe du latin ancien, représentant -oz), v. irl.


fir (de *wir-oi), serrnnt de nominatif; le germanique a le
type got. blind-ai cc anuglcs » dans les adjectifs seulement;
c·est en effet par les adjectifs que la flexion des démonstra-
tifs s'est ~ubstituée ù celle des rnbstantifs cl adjectifs; le ca-
ractère récent de la substitution ressort du maintien en ir-
landais de \eiros) représenté par firu, comme vocatif, et de
la création de *wiroi (fi,), comme nominatif: en osco-om-
brien, la finale *-os s'est maintenue, et a été étendue au\.
démonstratifs, de sorte que le germanique et l'indo iranien
sont seuls à établir rcxistencc de la distinction inc.lo euro-
péenne entre la forme des substantifs et ccllP des démons-
tratifs.
Accusatif masculin-fé111inin *-o-ns; crétllis i.0z-:.-·1; (att.
i.0z:'.J;, lesh. i.0:-.:~;), gnt. 1.culj-a-11s; Y. prus:-. dciw-t1-11s
cc dic11x ») arm. get-sc< tlen,·cs » (-sde*-o-11s).
~ominntif-vocatif-accu~atif neu lr<'. - Ln finale *-a: *-J n'est
autre chose que celle du nominatif singulier d'un collectif
en *-à (cf. P· 2;>7 et SllÎ\'.): Yéc.l. yug-à ((joug~», got. ju/.:-a>
Y. sl. jig-a; et (lf' rnèmc zd xsaOr-a cc domination~ n; et f!l'.
~'J'{:X, lat. iugit. L 'irnlo.:. inrnien oppu:,,;e le type tltémntiqne
en *-a, véd. yugâJ au t: pe athématique en *-,1: 1ziÎm i7JZi
« noms »; mais rien ne prourn que cette opposition ait été un
fait indo-européen commun. Il y a deux preuYcs du caractère
291

particulier de la tinale *-ii (*-Jj: 1° Le déplacem ent <ln ton


attesté par le slaw et qui serait contraire à un e règle ah-ol ne
du type thématique: russe sing. st!zdo « troupeau », pluriel
stad!z; pis'111ô « écriture », pluriel pfs'ma ; ces deux opposi-
tions re co uHent ex.actement celles de gr. 9":Ji.:·1: 9"0i:f,: n":Jp:·,,
·,s·;p~~ et celles de skr. bhriitr!z111 H confrérie n : gr. 9pi-:,:j;
skr. 1.:arfalll « pluie n: hom. Hp:·r,. - 2 ° Le pluriel en *-a
(*-J) se rencontre mème en face de singuliers ma::- culins :
gr. :J:r,p:;, ;J.f,?:x (:.nec le déplacement caractéristique du ton);
lat. lorns) Jom; russe rôg (génit. rôga) « corne»: pluriel
rog!z (aYec le dépla ce ment d'acce nt). - La ya] eur <le coll ec-
tif est parfoi..; sen,ible encore à l'époque histo rique. ainsi
dans le plmiel 1.0.i.1. «ro ues >> du mas culin 1.~1.i.:; « cerde »:
dont le pluriel ordinaire est "1.0.i.o: ; à 1.~"1.Î.7. répond Yéd.
cakrà « roues >l sur lequ el a été refait un singulier neu tre
cakralll « rou e». Le serbe oppose de même le singuli er l,vlo
<< roue>> au pluri el neutre ( collectif) kvla « Yoitme >l.
Génitif: *-0111, *-011 : gr. i.~1.ur1 ( et ijs,7>·,); lit. 'Vilkz]) Y. ::-1.
i·likf't; Y. irl. fer 11-; Y. lat. deu111.
Instrumental : *-ôis : skr. 'u/kaib, zd ·uJhr/,iizs) lit. vilkais,
Y. sl. 1.:lïky, lat. lupïs; et sans doute aussi gr. i.~1.::; (rJs:!;).

Locatif: *-oirn, d'après l'indo-irnnien et le slaYe: :-kr.


v{kefu, z<l ·vJhrkaëfo, Y. sl. 1. 1ltcèchit; cf. hom.: lesb., ion. i.~1.::;:.
Datif-ablatif; ca:=. en * bh ou en *111 : skr. 'l.'/kebbya{J) "· ::-1.
'l.'!lko11u1, etc. On ne saurait restituer une forme co m1111111e.
Duel.
\ominatif-rncatif-accusatif masculin-féminin. L ï11do-irn-
nicn a une al tcrnance Yéd. vtkau, i'/kii. ( zd vJhrka) qui ~11p -
pose *-ou : -o (peut-être analogique de celle du no11L de
nombre Yéd. du-vau: dm)à « deux » qui est sùrcment indo-
curopéenne): les autres langues n'ont que *-o: gr. i.·.11.u), Y.
sl. vlika, lit. 'Uilkù (-ù de *-u).
\ o minatif-rncatif-accusatif neutre: skr. yugé, Y • ..;). jid:.f
202 CIIAPITHE Yl

cc (dcu\:) jougs»: zd XJ'aOr-e cc (dcm.) dominations » ; la dé-


sinence est la mème que dam le t_', pe athématique.
Génitif. Le Y. sl. ·v!tlm représentr la forme ancienne; le
s"kr. i f kayob a la forrnr drs démonstratifs.
Datif-ablatif. Cas en bh ou m, pom lequel il est impossible
<le rcstituer le protot_',pe: skr. i'fkitbhyitnz, zd ·vJhrkaëibya,
Y. si. vlzkoma.

B. Dfat0'.\"STRATIFS, L\DÉFl'.\"IS, L.\TERROï..\.TIFS, ETC.

Les démonstratifs, indéfinis, interrogatifs et quelques autres


mots assimilés aYaicnt en indo-européen une flexion spéciale,
à laquelle on donne souwn t le nom de fle\.ion pronominale;
ce terme est doublement mal choisi, cl"abord parce que les
plus importants des pronoms, les pronoms personnels, ont
1111e tout autre flexion, et ensuite parce que les démonstratifs,
indélinis, etc., sont tantôt adjectifs el tantôt pronoms.
Pom le féminin, cette flexion est cel le de thèmes en *-a-,
pour lc masculin el le neutre celle de thèmes en *-o-; elle
est donc thématique, mais les désinences sont en partie dif-
férentcs de celles de la flexion des rnhstantifs et adjectifs. De
plus - et c'est là son caractère le plus original - cette
flnion comporte, au moins pour les mots les plus employés,
dt>1n thèmes distincts, l'un qui sert au nominatif singulier
masrnlin ou féminin, l'autre pour le reste des formes, y
compris le nominatif-accusatif singulier neutre.

a. Thèmes.

l..Ps principaux mols ainsi fléchis sont les suivants :


1° r n démonstratif rem·oyant à une personnr, à une chose
prérédcmmrn t nommées ou d{-jà connues :
LE :\"0:'1

~ominatif singulier. Thèmes des autres formes.


:IU.SCl"Ll'i FL:111~l'i ll.\SCl"Ll'i-'iECTRE FL:lll'il'i

skr. sa sâ ta- tâ-


<lor. .., 'i (att. ·r.) . ., :Y.-
got. sa 50 pa- po-
Le baltiqne et le slave ont étendu au nominatif les thè-
mes: lit. masc. ta-, fém. to- ; v. sl. masc. neutre ta-, fém.
ta-.
La valeur un peu vague et faible de ce démonstratif se mit
dans cc wrs homérique :
A 43
et l'on conçoit qu'il soit dewnu un simple article en grec
(postérieurement à l'état linguistique représenté par Homère)
et en germanique (postérieurement à ,Y ulfila).
2° Démonstratifs indiquant l'objet rapproché. - Dans les
langues autres que l'indo-iranien, l'objet rapproché de la
personne qui parle est indiqué par *k 1- sans qu'il soit facile
de fixer le thème indo-européen et sans que l'ancienne forme
de nominatif masculin et féminin soit connue: formes flé-
chies dans lit. s:;Js} génit. s;;_ià; Y. sl. s1} génil. sego; arm.
ays signifiant lat. « hic i> et sa signifiant « is » (pour l'objet
le plus rapproché); got. ace. masc. hin fa)} neutre hit-(a)}
<lat. him111a ; seulement des ad,-erbes dans: lat. ci-trâ << de
ce coté»; Y. irl. cë (mèmc sens). Le sens précis de *kc est
bien défini par le fait que c'est le démonstratif qui, uni au
mot «jour», donne le sens de« aujourd'hui»: Y. sl. di111-s1}
lit. sz..e1ï-dé°11} got. hi111111a daga} Y. sax. hin-dag} v. h. a. hi11t11
(forme mutilée), arm. ay~-awr} att. -:r,:J.:.F:'1, gr. -;f,:J.:.;:,:·,
( de *k1yà111ero11).
Le démonstratif indiqu:rnt l"ol>jct rapproché a en indo-
iranien une forme compliquée: skr. nom. masc. ay itm}
ï.11.\PITl\E Yl

f<~m. iy-!t111 d aussi, du mèmc thème, par <'xcrption, neutre


id-âm; L1cc11satif masculin sanskrit est i111-!t111 et le nrutrr
zrnd rst i111-at ; le génitif et la plupart des cas sont fonrnis
par un thème a-: skr. a-sy/2, zcl ain'he (de *a-sya); cl c'est
au--si ce t a- qui a la forme du tlièmr dans le composé skr.
a-dyâ « anjonrd'lrni ,, . Le latin répond par un anaphoriqur:
is, id, ri m111, ea, ea111, rie.; dr mènw k W'rmaniquc: got.
is, it-a, génit. is, etc; le thè~mc e- c:-;t clair dan.; le datif:
omhr. csmci << huic >). - Enfin le latin a nn démonstratif
dont l'élément radical ne peu t être rapproché d'aucun radical
des autres langues, mais dont la fl exion r:-;t analogu<> à ccll<>
du précédrnt, awc i au nominatif et o aux autres cas: nom.
hi-c, ace. lm11-c, neu tre hoff, hoc (de *hod-cc), thème ho- <lans
le composé ho-dië « a11jonrd'lrni ».
3° Démonstratifs indiquant l'ohjet éloign é.
On rcncontrr troi s caractéristicp1cs principal es: *w, *11, *f.
La caracté ri stiqu e *w est orientale: nom. sing. rnasc.
fém. skr. asâ11, zd hau, ,. perse hituv; ace. :-;ing. skr. all1-11m,
gén. a111-11$)'a; lïranicn a 1111 thème ava- dont l"équi,alent
se rctrouYc dans v. si. o·vù ... , O'Vli ... << l'nn ... , l'antre ... »
(dans les langues slaws modernes où ils se rencontrent, Je.,,
représentants d<> m1it désignent l'objet rapproché).
La ca ractéristique *n figmc dan"- v. sl. ùlllt, lit. a,ï(a)s,
arm. ay11 « illc », 11a « is » (pour l'objet éloié!"né), sans doutr
aus:-;i dans v. 11. a. jc11ër « celui-là >) <>l gr. I:rri « surlende-
main ». - C'est de ce démons tra.til' qnc sont déri,és les mot:-;
suirnnts signifiant «aut re»: skr. à11-/art1-b « différent de,,,
lit. aiHra-s «second))' got. a11rpar c< antre (en par1a.nt dr
deux), :-rcond ))' gr. i-::: ::- ; .(al téré <'Il nttiq11e rn I-:zp:-;).
1

La carac téri:-; tiqu e*/ apparait notamment dans v. lat. oll11s,


lat. illc Pl ul-trft « a11 del.\ » (oppo:-é.'i ci-tnï); dans irl. t-all
« ultra n, an-ail, etc. ; clans ~1. *ol-11l « rannée dernière»
c'c~t-ù-dire 1< l'autre année,, (Y. :-;]. la11i, pol. lo11i, etc.).
LE :XO.U

De là sont tirés les mots suiYants signifiant «autre » : gr.


5.,J,:,;. lat. alius, irl. aile) got. aljis, arm. ayl.
!1° .Anaphorique el relatif.
Le thème de skr. ya-, zcl ya-, Y. sl. je- (quand il est suivi
de la partirule ze: nom. ji;_e, gén. jegoz_t'; etc.), gr. ·=- sert
{le pronom relatif; il fournit, par exception au principe gé-
néra], Je nominatif aussi bien que les autres cas. - De plus
il a en slaYe la nleur d'anaphorique, c'est-à-dire qu:il sert
.à rem·oyer à une personne ou à une chose connue ou
précédemment indiquée. et c'est cette Yaleur seulement que
présente le lituanien ; comme anaphorique, il est enclitique
,et peut alors s'ajouter aux adjectifs pour indiquer que le
nom auquel il se rapporte est déterminé: Y. sl. dobri't-j1 ( écrit
dobry-jz) « le bon ... », dobra-ja « la bonne ... », dobro-je
(ne11tre) «le bon»; de mème en lituanien, masc. geràs-is
« le bon ... », fém. gerô-ji; en zend, le thèmeya-, mis en
principe au mème cas que le nom auquel il se rapporte, et.
par suite démon:,;tratif et non relatif, sert à unir 1m nom à un
antre nom ou à un adjectif, ainsi à l'accusatif start1m yim tis-
lrïlll « l'étoile Tistriya ».
5° Indéfini et interrogatif.
Deux thèmes, tous deux caractérisés par */iw, ont le double
rôle <l'indéfini el d'interrogatif:
*k"'e-) *k"'o- (féminin *k\\li-): skr. ka- (nom. Htb), zd èa-
(génit. gàth. ëa-hya), lw- ( neutre lm-t), v. sl. ée- (génit. ée-so
« de quoi?»), ko- ( <lat. ko-mu « à qui? >) ) , lit. ka-) gr. -:~-
( dans génit. :s:., ::.~ ), -;:;- ( clans des adwrbes comme -;:;':i),
lat. quo- (neutre quo-d), got. !J'lua- (nom. hu'l1S «qui?»).
*k\'ei- : skr. cit ( ancien neutre, deYenu adYerbe ), zd éi-s
<<qui? l>, Y. sl. éz-to «quoi?», lat. qui-s) gr.::-;.
Il n'est pas facile de déterminer la répartition des deux
thèmes dans la flexion : *k\\"ei- (masculin-neutre et féminin)
-fournissait un nominatif singulier masculin-féminin et un no-
Cll.\PITRE YI

minatif-accusatif singulier neutre: zd èzs, èit, gr. -:€;, ..•


lat. quis, quid, Y. sl. èl, èt-(to) (seull·ment neutre), mai~
skr. ka{J « qui ». Y. si. h,- (to), lit. !.as, got. /nuas, el le
féminin correspondan t skr. kà, lit. kà, got. hwv, lat. quac
(de *qua-i) ne paraissent pas moins anciens ; *k\\"e-, *ll'\o-
se trouYe notamment au génitif gàth. èa-hya « de qui :) », gr
-:i: (-:::i), Y. sl. èe-so « de quoi? ».
Les formes toniques, au début de la phrase, sont interro-
gatiws, ainsi gr. -:€;; les formes atone:-;, à lïntérienr, indéfi-
. . .
mes, ams1 gr. -:i;.

Comme on l'a vu par les exemples cités de skr. an-ya-(,


lat. a l-ius, etc., ces thèmes admettent des suffixes secon-
daires, et c'es t ainsi que le sankrit a t-y/2- à côté de t/2-, i-tara-
« autre» à côté <le ay-!wz, i-d-am, cf. lat. i-teru-m ; etc.
De ces mots les uns ont entièrement la flexion des démom-
tratifs: c'est le cas du mot« autre>> (par rapport à plusieurs):
skr. a11-ya-b «autre», mz-y/2-t, lat. al-iu-s, al-iu-d, gr. ![û:;,
lùi,:, etc.; d'autres ont quelques formes de cette flexion, c'e:-l
le cas de « autre » (<le d enx): lat. alter, altern-111 (avec la
fle'>":ion nominale\ gén. alter-ius et <lat. alterl (flexion de
démonstratif), et en général de tous ce ux qui sont formés an'c
le suffixe *-tero-.
D'autres mol:-, notamment ce11x signifiant« un» et «tout»,
empruntent aussi certaines formes à la flexion des démons-
tratifs: tel est le cns pour skr. éka(1 «un», z<l alvv, Y. si.
jcdiniï, arm. mi, lat. zïnus; ~kr. 'Viç-va(1 et s!trva{; « tout», zd
i•lspt'î) Y. si. i·zsz, lnt. tôfllS,

h. Flexion.

Les formes ::-ont en partir identiques à celles des substan-


LE ~O)l 2Qï
tifs et adjectifs en -e / o- pour le masculin-neutre, en -a- pour
le féminin, en partie ditiércntcs.
:Masculin et neutre.
Singulier.
:;\'ominatif masculin. - La particularité caractéristique de
l'existence d'un thème particulier à cc cas, type skr. sâ,
== gr. :, a été signalée p. 293. On notera que cc thème n'a.
pas la désinence *-s, particularité qui se retrouve dans , . lat.
quo-i (lat. quï), et dans lat. hi-c, ille, iste. - Quand le thème
reçoit une désinence c'est *-s: skr. ylz-b cc qui », gr. ë-;; le
nominatif correspondant du lituanien ponr ce même thème
est -i-s dans gerlts-is cc le bon », ji-s « il », rom me celui des.
autres thèmes en *-yo-.
Accusatif masculin. - La désinence est la mème qne celle
des substantifs: slr. ta-m, gr. :6-,,, got. fan-(a), etc.
Xominatif-accusatif neutre *-t : skr. t!t-t, zd ta-t, gr. ,6.
( ave c chute de la d_e ntalc finale, normale à la fin du mot 7
comme aussi en baltique et en slaw) ; v. prnss. sta, , . sl
to, got. pat-a (avec t n·présentant d, qui est la forme <le la
dentale finale <ln mot dcnrnt rnyc1le commençant le mot
suirnnt, en l'espèce la particule représentée par -a), lat.
(is-)tu-d. - Cette désinence se rrtrouw clans le mot« autre l>
(relativement à plusieurs) qui appartient à la famille des.
démonstratifs en l ou 1l (v. p. 291): skr. mzy!z-t, zd mzya-t;
lat. aliu-d, gr. !D.i,:, mais non pas dans les mots signifiant
« un ll et cc tout»: lat. zï1w-m, tôtu-m, skr. éka-111 cc un » 7
'l)IÇVa-m (( tout », sarva-l/1 (( tout », gr. ë,.(F):-v.
Génitif. - Les formes divergent d'une langue à l'autre:
skr. flz-sya, hom. -;-:,!:,, (att. -;:,:;, dor. :1;)), got. pÏ-S, V. h. a.
de-s, comme clans le t~ pe thématirp1c ; le timbre e de la.
voyelle thématique est attesté par la concspondancc : gàth
éa-/Jyfl CC de qui:> », V. sJ. Cf-SO cc de quoi! >l, hom. ,{-:, (att.
:::î), v. b. a. hwe-s.
CTI.\PlTRE YI

_.\. blatif (di ;;tinct du géni tif. comme dans le type théma-
tique de.;. sub.;.tantifa): .;.kr. tilt (deYenu adYerbe) . zd ii( (de-
,enn acherbe). lit. tà) Y. lat. istiid, lat. isto.
Datif *-s111ôi ()) : .;.kr. tâ -smai) zd affa-lm1âi ; cf. Y. prus.;..
Stt'-SJ111J el got. }a-mma (a,ec 111111 n<' *s111): arm. or-u111 « .·,
qui?» (awc *-11111 de *-tJ-Smi1i ?) : û! nbr. csmei « hni c », Y. sl.
lo- mu (san.;. trace des) .
Locatif *-smi (?): skr. tâ-smin, zd t1t'tt1-lm1i) arm. or-u111
« dans lequel )) (-11m de *o-smi :1) : 0111hr. ts111e : Y. sl. to-111i
( ~an.;. tra ce de ""s) .
fo.;.trnm ental : zd t{r : ad,erbe dan .;.: gr. -:: w et dor. -::·,;-(-:::;,.~).
got. }1' (ad,-erbe). Y. prns.;._ ste « d"antant >l.
Pluriel.
\ ominatif masculin *-i: skr. té (de indo-i ran. ""ta -i). horn.
:::. Y. sl. ti, lit. tê (-l de hait. *-ai: Y. pmss. stai), lat. istï.
Lï ndo-iranien aYec le germanique réYèlent l"opposition <lu
nominatif en "'-tïs de.;. substantifs (.;.kr. âç-ï.itb « cheYaux )) .
.got. dagos « jours n) et dn nominatif en *-oi de.;. démon.:.tra-
tif:- (.;.kr. té, got. fai) : les an tres langues ont généralisé
l"nn des deu-x type..;~ ain:--i le latin a cquï comme istï, mais
l"o:-que a pù :- « qni >> ro mme \ i'nlan1'1s tt habitants d<'
\ olc n. - Comme le féminin co rre.;.pondant 11· a pas de
formr propre am: démomlratif.;. ( skr. tâ{1 , lit. tos, got. pos,
(' fc.) . le no mi na tif pluriel rn *-oi de:-- démon:-tratifs a été
étendu aux adjectifs en lituanien et en f!'<'rmaniqne. et à t011.;.
les noms en -o- dam la plupart des lanf!'11e.;. .
.Accn.;.atif ma:-culin. co mm e dan .;. l<' :-- :--nh:--tantif:-- : crétoi :-
-;: -·, ; (a tt. :: ; ; ) . got. pa-ns, Y . pru.;.:--. sta-11s.
\ omi natif-accu .;.atif neutre. comme dans )c3 snbstantifa :
Yéd. ftÎ , Y. .. }. ta, et d·antre part 7r. : :i (aYec :i bref). lat. ista.
Génitif *-isô111, *-isô11 : skr. tlfâ111, zd aëlaës(J111, Y. pmss.
sti-iso11, Y. sl. techii (de~ *to-isôn ) : cf /!ot. pi::,.e rt lat. isto-
n1111.
2 09
Locatif *-irn en indo-iranien cl f'n :,;Jan·: skr. téfll) zJ
aètaêsu) ,.. s1. tèrhzï; cf. hom., ion.-::;,..;:, :iYec -;i.
Datif-ablatif: skr. tébhyab) zcl taëibyc\ ,. lat. hibus; Y. si.
tèlllit) Y. lit. tënrns),. prnss. stei-maus) gol. fai111 (?).
Instrumental : skr. t/bhib) zd taëibïs) ,. si. tè111i) got.
paim (?).
L'o du thème est sniYi <lei an génitif, au locatif, an Jatif-
ablatif et à l'instrumentai du pluriel, comme le montrent les
formes cilées.
Le <lue] ne présente pas de formes diOërentes de celles des
substantifs.
L'hésitation sm la place du ton indiquée par le génitif skr.
asyâ) en regard cle asya el <le tâsya) datif asmâi, en regard dr
!tsmai et de tâs111t1( etc., con:-;titue une dérogation à la règlP
de l'immobilité <ln ton clans )p type thématique. Â as111ai)
aYec le ton sur la finale, répondC'nt les formes sla,es (rnssc·
tomzi) f't germaniques : got. fam111a de *fazme~ supposant
*to-s111é; au contraire att. -::;:i suppose *tô-syo) car *to-sy6
aurait donné*-::;~; Je Y. prnss. stëiso11 a l'accenl sur l'élément
radical.
Féminin.
Au féminin, les formes propres aux démonstratifs sont
moins nombreuses et moins nettes. On trouw :
Singulier.
Génitif-ablatif *-e-syëts) *-e-sas : skr. t!t-syâb) zcl aëtan'hâ,
Y. prnss. ste-ssias: got. fi-z..os.
Datif: *-e-syai) *-e-sai: skr. t!t-syai) zcl ai11l/11i ( de *a-syâi),
Y. pruss. ste-ssiei: got. fi-z.ai.
On remarque clans ces deux formes : le thème *te-; l' é]émen 1
*-sy- alternant ayec -s-, comme dans la désinence de génitif
masculin neutre *-syo: *-sa (cf. p. 29j); les finales *-as et*-ai)
identiques à ce1les des substantifs en *-a-) comme au mascu-
lin )p *-ôi de *-.rn16i est idrntirp1e à la finale *-ôi du datif thé-
300 CII.-\ P ITRE YI

m a tiqn e . La pl ace d u ton supposée p ar got. pi\.os1 pizai es t


en d érnccord a , ec cell e de skr. tasyâ~J} t!tsyai} mai s co n co rde
avec cell e d0 ~kr . asyâb1 asya i .
L'inslrn 111 ental :A r . tayiî 1 zd aët,1ya ra ppell e l'in strum en tal
Y. sl. !Oj(l.
P lu rie l.
Génitif : *-â-S0 /11 }*-â-SO/l : skr . tâ-sâ111 ( e t àsâ111)} zd a,ih(llll
(tle *à-sfwz), h om . -;:x-w·1 ( ail. -;è:>·1, d o r. -;i·1). !nt. istà -rm11 1
osq . ei;.a-::._1111(-r) « ea rum ». Ce tt e fin ale a é té é tendu e ,rnx
substa nt ifs e n g rec et en italique.

C. PRO '.'i û:\ IS J>E RS O '.'i''iEL S.

L es fo rm es d es pro nom s p erso nnel s diffèrent trop d ' un e


lang ue I1 l'antre p our qn 'on puisse res titu e r l'état indo-eu ro-
p ée n . "\l ais o n y reco nn a ît d es p a rti cularités cara c téri stÎlJUCS :
1 ° D ' llne part , le sin g uli er , el , d e l'autre, le pluriel ( et
le du el) d ' un e seul e cl m èm c p ersonn e sont notés par d es
m o ts di s tin c ts : la t. ego e t 11os 1 t,ï e t 110s . C 'es t qu 'e n effet le
pluri el a ici un se ns sp écial : nos signifie « m oi e t d 'a utres ».
2° Le no mina tif a en prin cipe un th èm e d ifférent d e ce lui
des autres cas : lat. ego e t më} go t. weis e l 1111s « nou s », e tc .
A ce t éga rd les p ro no m s p e rso nnels so nt trnit és co mm e les
drmons t ra tifs.
3° ,\u cun e différen ce d e ge nre n 'es t e:xprirn ée 1 cc qui
co nco rd e a ver l'abse nce de di s tin c tio n direc te du ma sculin e t
<l11 fé minin dan s les substantifs : lat. /(t s' adresse également
:1 un h o m111 C' el à un e femm e.
/,
0
La fl e xi o n es t différent e et d e rcllc d es substantifs el de
cc llt· d es d émo ns tratifs.
5° J>l11 sie11rs cas présentent d es form es Io niques el des
fo rmes 11 to1ws.
LE :\"ü:\l

La série des pronoms personnels comprend des pronoms


de Ire et de 2 e personnes aux trois nombres. et un réfléchi
qui sert pour tous les nombres et toutes les personnes. Il n'y
a pas de pronom personnel de 3e personne.
Les formes suiYantes, dont le caractère indo-européen est
attesté par la correspondance appro:ximatirn d'au moins deux
langues, donneront une idée de la flexion.

Singulier .
.\ominatif. - Ire pers. : gr. sy01, lat. ego (o abrégé de ô),
got. ik, arm. es (<le *ec), lit. àsz. (ësz); Homère a s·;'c~·1 <lernnt
Yoyelle et syt~ deYant consonne; le *ô ( ou *â ?) initial supposé
par Y. sl. a::._11, v. russe ja::.} est isolé, ainsi que l'aspir~e de
skr. ah!tm, cf. zcl a::._Jm, Y. perse adam (Yoir p. d5).
2P pers.: gr. -;~ (et ;1), lat. t17, got. pu, Y. isl. et Y. angl.
pzt, "· h. a. d1ï, lit. tù, Y. pruss. tou) Y. sl. ty; et skr.
1(u)-c-â111, zd f'Z!Jlll, t1t111 (aYec une particule indo-iranierrnc
#am).
Il n'y a pas de forme atone en sanskrit, grec et latin, parce
que, dans ces langues, le nominatif <lu pronom person nel
était toujours un mot isolé, à sens plein : lat. ego ue11io « c'est
moi qui Yiens i>. )lais certaines formes, qui sont générale-
ment postposées au Yerbe ( ou à un autre mot) dans plu-
sieurs langues, indiquent l"existence de nominatifs enclitiques:
gàth. flî (la notation ü ne prom-e pas qu 'il s'agisse ici d'une
ancienne longue), Y. pruss. tu, Y. isl. du, Y. angl. pu, v.
h. a. du (-t après s dans des formes telles que bis-t) pour la
2e personne ; le germanique a aussi un pronom atone tle
l re personne.
Les autres cas ont pour thèmes *e,11-, *m- à la première
personne, *te·w-, *tw- et *t- ( cf. p. 1 !i3) à la seconde.
~\ ccusa tif. - lnclo-iranien tonique skr. 111â111 « moi »,
tvâm «toi», zd mqm, 6vq111, atoneskr. mâ, t-vâ, zd mii, 6wii;
302 CH.\PITHE Yl

Y. sl. 111(, tr; , . pruss. 111im, tim; lat. më, të; gr. tonique
i:JA, d ( <le *-:F :} atone :J.~, :;~; le *em- initial de gr. s:J.t se
retrouve dans arm. is (de *illl-s), et le *twc :mr lequel repose
d, dans arm. khe-z; Y. h. a. mih (gcrm. commun *mi-k, de
*me-g 1c, cf. gr. i:J.i-·t~), dih (gcrm. commun *pi-k, de *tc-g 1c,
cf. Vi::?"r. d-"~)
1
·, les formes lituaniennes 111a11e,
'-
tave" sont isolées.
Génitif tonique (distinct de l'ablatif) : *méu.e. « de 1~10i »
dans zd mana (et skr. 111!t111a avec 111 intérieure au lieu
c.le 11), v. si. mme, lit. 111a11è, et *tewe « de toi>) dans sk.r. t!t-va,
zd tara, , . si. tebe (altéré de *ttvc <l'après le datif tebè). lit.
la'i.!é; une forme *e.me (< de moi » est supposée par arm. im
cl gr. i;J.~t~, i;J.::j (*i:J.~ plus une finale *-y; dr génitif d'après
le type::~;); *twe, *two « de toi>> par arm. kho, gr.:;~:;, j':;:j .
Datif tonique : skr. 111âhy-a(m) « à moi >>, lat. mihl, omhr.
mehe, de *megJ;i, cl arm. i11j Je *mzgJ;i; skr. t1tbhy-a(111)
« à toi » ( a,cc u d'après les autres cas, au lieu de a), gùth.
taibya, v. si. tebe, Y. pruss. tebbei, lat. tibl, omhr. tefe.
Génitif-datif atone : *moi, *toi: skr. me, te; zd më, tè; v. sL
mi, ti; gr. :J.:i, liom. ::: (et ail. j':i).
Ablatif, toujours toniqu e : skr. 111/tt, tvât; zd mat, c,wat;
lat. 111ë(d), të(d).
Locatif, toujours tonique : skr. 111é, tvé, gr. fJ,;f, 0:J.:{), ~=~
( Je *:F:}
lnslnuncntal. - Il n'y a pas de correspondances tout à
fait exactes: le skr. mâya ne rappelle que de loin v. si. 1111ïnojlJ,
el le skr. t-n1ya, ,. si. tobojr;.

Pl miel.
~nminatif. - 1 r,· personne. Il y a c.lcux correspondances:.
sk r. ·vay-!t111, zcl vaèm (dissyllabiq 11e, ancien *vapm ), got. 'Weis,
v. h. a. iuir, et d'autre part lit. 111ès, v. pruss. ll1t'S, Y. si. 111y
(aYcc y c.l'aprè~ i•y << rnus »), ar111. 111ekh, lcsh. cf. (i:J.-) fJ,S,;
( de *[~1s-j111cs d'aprè~~ l'accusatif). - L111e forme enclitique *mi's
LE :\O~l 3o3
« nous », JOmte au Yerbe, rend compte de la dés:nence -m-
111i de la flexion absolue ·en Yieil irJandais, type bt'nni « nous
portons » cl peut-ètre de -111ës du Yieux liaul allemand :.
beramô; la formation est exactement comparable à Y. h. a.
bis-! « tu es », aYcc pronom enclitique fixé.
2e personne *yzïs, clans : zd )'IÎS (enclitique), Jlïz-Jm, skr ..
yay-!tm (awc y au lieu der attendu, d'après 1.·ay-!t,11 cc nous))).
Jit. jns, Y. pruss. ivus, got. jus; le:-b. 0:1.:1.::;. de *:.,;-(:1.:;),
d'après i;1.:1.::; cc nous » et l'accusatif ~:1.fJ.:: cc ,ous ».
Les autres cas ont des thèmes dont les formes rnnl *11ô(s)-)
"'iz(s)- pour la première personne, *wo(s)- *u(s)- pour la
seconde. Le génitif-datif-acrnsatif atone est skr. 11al1, 'ë.:al1)
zd m\ 1.•ô) Y. si. 11y, 1.•y; l'accusatif tonique latin est uôs nôs;
le gotique a pour la première personne uns) wzs-is (de *izs).
Vne particule *-s111e s'ajoute en grec et en indo-iranien à
la forme tonique, au degré Yocalique zéro, d'où *tzrnze) *11s111e)
attestés par lesb. i:1,:1.:, 0:1.;1.::; des caractéristiques d'accusatif
pluriel ont été ajoutées dans att. ~:1.~;~ ~;1.~; el dans skr.
asmàn, )'llfllltÎll (aYec y initial d'après le nominatif). et c'e:il
sur la forme de l'accusatif qu'ont été refaits tous les autres
cas toniques en grec el en sanskrit, ainsi gr. génit. ·r,:1.w·1,
':i:.,.w·1. Cne flexion ancienne est indiquée par le Jaye : génit.
1wst1) 1. 1as11; <lat. 11t111n1) ra111l! ; instr. 1zami) 1·a111i) à rappro~
cher de lat. 116bïs, 116bïs: on y constate l'absence de l' *s que
présente l'accusatif. - Le n',le du thème *m,1-J *s- de Y.irl.
sib « Yous », gall. chwi (de *swes )) got. i:zwis « Yous » (accu-
satif et datif), cf. aussi le duel gr. :- 1 <,~, obscur.

Duel.
\omÎnatif. - J r e personne: Y. si. 7.'eJ lit. 7.:e-(du), Yéd.
i•,1m (c'e~t-à-dire *i•ti-am), Y. angl. wi-(t).
'.l
0
personne : Yéd. ym 1-!t111) Jit. jzi-(d11). , . angl. gi-(t)
(awc i d'après la première personne).
Cll .\PITRE YI

Pour l'accu--atif-génitif-datif atone (et aussi sans doute


tonique dès lïndo-europ<'.·en) on trouYe : skr. ,wu « nous
(deux.) », gùth. 11â) Y. si. na) gr. 'IW c~eulernenl accusatit);
:--k r. 'lJâlll (*·z:it-am?) << Yous ( deux) », Y. sl. 1·a.

Réfléchi.
Le thème de réfléchi *sew-) *sw- (*s-) est para11èle au thème
--*te'Z.u-) *tw- (*t-) du pronom de 2 e personne au singulier et
se fléchit de mème: il n'y a naturellement pas de nominatif.
.Accusatif: Y. si. sr; v. pruss. sieu: hom. '(f)i (et atone
'[f]::) et &(f)i: got. si-(k): lit. sa-r'f.
Génitif tonique : Y. si. sebe (altéré dr *scve), lit. sm.'è) arm.
iw-r (de *sewe-r ?) : hom. ::;::;. :;~ ( de *'f ::-hy: ).
Datif tonique : Y. sl. sebé) Y. pruss. sebbei) lat. sibï) osq.
sifei: cf. gr. ~9{·1).
Génitif-datif atone *soi: prùkril se, zd hë (et sè après i) u)
r). hom. d (et '[f]:;i), Y. sl. si.
Le lat. së(d) représente l'ancien ablatif, le gr. '(f):: (cf.
sk.r. svay-!t,11 << pour soi-mèrne), l'ancien locatif (et datif?), et
le Y. sl. soboj(!) en une certaine mesure. l'an cien instrumental.
Le ~ens de ce thème -est « propre à une personne », et il
s·appliqne en indo-européen à tous les nombres et à toutes
les personnes, ainsi que l'adjectif possessif qui en est tiré :
skr. s1:lzl1, s(u)u!tb) gr. '(F):;, lat. suas, etc.: cet ·é tat est
encore conserYé en indo-iranien, en slaYe, en baltique et
mèrnc en grec homérique. Ainsi, pom ne citer que quek1ues
exemples : le génitif de possessif lit. siivo se traduit par
« de moi » dans : àsz. taî sàw th•ui pas1il(j•siu << je dirai ceci
à mon (propre) père » : le poss<'ssif Y. s1. S'i.'l1JZ se traduit
par « de toi » dans : jidi vi't domtï s·,Jt1;1 << Ya dans ta (propre)
maison » : Y. ~1. rde kn sebé << il s'est dit à lui-mèmc » et rèsç
kzï sebé << ils se sont dit à cux.-mèrnes » sont également pos-
sibles.
LE :'\0)1 3o5
Homère, t, 27 ='J::: i:yc,> y:.
'(F)'r,; ·::xf·r,; 20n;J.:xt ·ri,Ji'.:.pw::.p:·1 i.û: (F}~fo0xt
où '(.f )r,; se traduit par « ma propre ».
~0
1
'') .,_,
.,,, .Jl ·""·'·
'(F)-t-, (F).,,, ~---, -
.,,, • ..J.. J. J.-'.J.,;.':'

où '(f);~;: se traduit par « tes propres n.

~ 206

où '(f}li.; se traduit par « notre propre» ; le réfléchi a été


éliminé par une partie des copistes dans ces diYers passages
(Yoir les variantes des éditions).
Un mot signifiant « propre à une personne» ne se rapporte
pas nécessairement au sujet de la phrase, comme dans les
exemples précédents, mais peut aussi figurer dans des types
de phrases comme ceux-ci :
lat. mm suas pater ... ab a111ira abduxit.
(eum et suas « son propre » sont rapprochés.)
lat. eos in ciuitates quemque suas dilllisit.
Homère, I 1 753 b1 -d !J.!'I wÎ,ê.'J:.'I &à·~
« c'est sa propre force qui l'a perdu >>.

véd. 11abf. sv!t111 nyuç cikité j!tneJu


« non, la durée de leur propre Yie n'est pas connue aux
« hommes >>.
Les formes atones, qui ne constituent pas un mot phoné-
tique isolé dans la phrase, ont par là même un sens plus
effacé, mais la valeur de « propre à une personne » s'y laisse
entrevoir; hom. '(F):. et '(F);: sont des pronoms anapho-
riques, mais s'emploient seulement si le mot auquel ils ren-
Yoien t est voisin :
A320

A. )IEILLET. 20
306 Cll.\PlTJΠn

Le sens carartéristic1ue lln thème *sew-) *sw- (*s-) se re-


trouYë dans ses dé ri rés, ainsi clan,;; sk r. svadh/t « particula-
rité ))' gr. (.f)ifJ::; « mœurs (particulières à un groupe
d'hommes) », got. sidus c< mo~ur-. i>: Y. sl. s·rnti't << proche »
(« homme de son propre groupe>)), gr. s: Y.r?::; (de *set-),
,F br,.; « ami i,. lat. sëd- « à part n, gr. ',F ê.'lJ.:;, ',F b.Y.c-::.;.
l.at. sodir lis ( a Yec sod- de *swcdh-), got. sibja « famille ii. etc.

Ü. E1tPLOl DE L.\ FLE~IO~ ~O)ll~.-\LE.

L'emploi de ln catégorie du nombre, qui est commune an


Terhe el au nom, a déjà été indiqué ci-dessus p. r 5g. li suf.:.
fi.ra d'ajouter que le pluriel indique souyent un objet unique
co mposé de plusieurs parties, ainsi gr. ii.::.; « du sel i> en
regard de ].i . .; « sel ii (matière ) el « mer ii, - 'l.pii << de la
YÎancle )) , lle mème lal. ranll'S) - hom. ~six( « du grain ll,
·réel. ynvâ(1 (mais aussi )'tH'ltb\ - hom. =ï.P « un char ii, Y.
51. lwla) lat. bïgae,. quadrïgae (mê me sens). Et ceci s'applique
là m~me où il s'agit d'un objet composé de deux partie~
principales, comme une « porte i> : Yéd. dâra(1) Y. sl. d·z:ïri)
lit. dtirys, gr. O-:ip:xi ( et di,::t..~), lat. fvrès; de mème : lat.
?!·1::.; cl lit. nasmi « nez ii (les narines), Y. sl. usta (pluriel
11culre) « bouche ii en regard de skr. Ôf{hab « lhre ll, etc.
On conçoi t dès lors la possibilité de mols employés scule-
n,enL all pluriel, ainsi des noms de Yilles, comme gr. 'A<H;·1,::,
l l ,, ,.:1,1.'J.'., ou c.l'objcls complexes comme lat. mztae, Yéù.
r
àtti(1 ( cr. arm. dr-]aJld (( montants et encadrement de
11nrt e »).
LE :\0:\1

Qnant au genre, l'opposition du neutre d"une part, du


masculin-féminin de l'autre, est la seule ex.primée par la
déclinaison : pour les adjectifs non accompagnés de substan-
tifs, le sens du neutre est précis : il désigne les « choses >l
par opposition aux « personnes » : aliud veut dire c< autrr
chose» par opposition à alius, alia qui désignent une autr,.
personne (homme ou femme sui...-ant le genre). La valeur d11
neutre est moins claire dans les substantifs. qui ont un seul
genre: ont sou...-ent - mais non exclusi...-ement - le genre
neutre les noms d'objets comme skr. yuglwz « joug », gr.
~·rr:·1, lat. iugzwz, v. sl. jigo, got. juk (à coté de traces du
rnasculin : gr. ~·J·;: ; , et peut-ètre aussi skr. yuglll1 et clu1
<léri...-é lat. iugulzzs); des ab:-traits, comme gr. ·):1:; 1 skr.
jlrnab cc race», lat. geuus ou skr. s'mpu(iJyam «songe»,
lat. so11mium) gr. 0-1-)~;:-1::·1, v. si. s11u1je: des diminutif,
comme gr. !t.-1:?(:·1 de 7.·rr,?, v. prnss. wosistian cc cheneau >>
de wosee cc chhre », got. gaitân « cheueau » de gaits
,<bouc)).

Les huit cas forment autant de groupes distincts : le fait


que quelques-uns ont des formes communes n·entraine p,1:-:
confusion. Ainsi l'ablatif est distinct du génitif. parce qu'il a
une forme propre au singulier dans le type thématiqu<'
(tant dans les substantifs que clans les démonstratif:::) et dan--
les pronoms personneb:, mais aussi parce que le cas aYe1·
lequel il a des formes communes au singulier. le génitif.
n'est pas le mème que celui avec lequel il se confond to11
jams au pluriel, le datif.
La valeur des cas ne peut être exprimée aisément par de ..
formules abstraites; elle se définit surtout par les types de
phrases dans lesquels on emploie tel ou tel cas. Ces rnlcm,
sont souvent complexes: et les mèmes cas figurent dans clc·--
groupements qu'il est difficile de ramener à une formule u11i
3oS CIL-\.PITRE YI

que, si Yague qu·on la fasse. Enfin lïndo-iranien est le seul


dialecte qui présente au complet les huit cas indo-européens;
partout ailleurs des confusions en ont obscurci la Yaleur an-
cienne
C'est sous le bénéfice de ces résen-es générales que sont
présentées les obserYations sui Yan tes sur ch acp1e cas.

~ominatif.
Le nominatif indique de quoi il est question dans la phrase,
le « sujet» : lat. pater bonus est - pater uocat.

Yocatif.
Le YOcatif désigne la personne à laqnelle on s"adresse. Quand
on s'adresse à deu.x. personnes, la seconde est désignée au no-
minatif en Yédique : 1·âym! indraçca « ô Yàyu et In dra! », et
H omère a un e.x.emple analogue :

r 2ï G Z:::; -=::l::.p , ''I:·r, 8::·1 l.t::~Sw·, ,.~~~=-=-:: µ. i y! :::. ,


·i;ii.::; fJ ' : ; -::ir : ' l t=F ~; ,.:/: -::::c r: ' s-::~;,.: ~s:.;.

Accusatif.
L'accusatif sert à déterminer le ~ens d"un w rbe ; soit gr.
szw« je tien:::, je me tiens » : sans accusatif, le sens est « je
me tiens » : :~-:w; szw « je suis ainsi », aYec accusatif. « je
tiens >> : szw-:: « j'ai quelque chose »; de même Yéd. étparo
dari se traduit par « l'autre a crevé >>, mais p11ro dart « il a
creYé les citadelles » (Y. p. 1 G8). On trou Ye au ss i, aYec un
sens un peu di fférent, p.iz·r,·1 i;J.1:z:·1-:: « ils ont combattu un
combat» ; : ~;·, DJJ{;J.sn: « faire un Yoyage » (littéralement
« aller en route »), et skr. pétnthàm eti « il Ya en rou te».
La distinction d'un accusatif« de l'objet intérieur » et « de
l'objet extérieur » est factice; dans l'trn comme dans l'au tre
on a affaire it une simple détermination du sens d u Yerbe,
LE ~o:u 3og
et il est impossible de marqner la limite des deux emplois;
ainsi dans ce Yers d'Homère :

A 108
Les Yerbes rp1i admettent plusieurs déterminations de ce
genre penYent les présenter simultanément, ainsi lat. rogare
aliq11en1, rogare aliquid el rogare aliquid aliqurnz; de même
chez Homère :

z 17
Î, 54'.

et en Yédique ; ainsi dans le _.{?gYeda :

IY, 20, 3 f'vltyii 'lJay!tm arylt âj111z jayenza


« par toi, c'est nous qni allons Yaincre les ennemis dans le
combat » (littéralement« Yaincre les ennemis la bataille »).
Le gr. ~:xiJ,<ù montre dans les exemples homériqnes sui-
Yants la rnriété des sens possibles suiYant les compléments :

<c se jetant ii.

" l'a frappé i>.

~ So

« a jeté >>.

ê~p~ èl r:,, ·r:. ...


IÏ.';,.:::; ~·,x·}~z=v~x, d 11.:·1 ~Xl,S IH-,~x(:::; t0
« dont l'aYail frappé >J (double accusatif).
Comme complément d'un wrbe indiquant un mouvement,
310 Cll.\PITRE YI

Liccu:-atif marque le terme de ce mounment: lat. eo Ro111am;


chrz Homère :

Le sem est alors précisé a·ordinaire par un préYerbc, mot


originairement indéprndant (Y. p. 163). mais qui a été rap-
proché du wrhe. aimi :

ou par une p réposition rapprochée du nom :

.\ I 69
E 230 ! - :' ,. 1 - .. - ,.. , •
:..,, -:1.,, .J.Y. .:J. .. .; .'/•• /,Y.
:... I'; , .. - .. -
t'Y. I . :..,, .

Le complément d irect sert à indique r l'extension dans une


phrase comme celle-ci: H érodote: YI, 11g, :b.:,. z:,.: ::·r.z:;[: 'J;
; : x::::.,; i :: €z:·,: ~. L·accmatif homérique B 292 In ;i.?.n
:1.hu)'1 n ·est pas différent de ;1.huJ -= ~«j'attends quelque chose»
ou de ;1A·1c,J -::·1i « j'attends quelqn 'un ». Par des extensions
secondaire" on est arriYé à dire en latin qui11deri111 pedes
latus ou en grec Thucydide, IY, 118, ï x: :- -:::·1:-:1.~ i·g:1.:.i: ;·,
i ; :·r::1.:. - Et même l"accusatif dit « de relation » que le grec a
tant déYcloppé n ·est peut-être qu· un cas particulier de l'emploi
ordinaire: ainsi dans cette phrase de Platon Ciu. /4j3 b :::,. 1€-
p~: '('.fff, i,:p:; :·r,·1 1~;:·1. l"acrnsatif :·r,·1 1~;:·1 est de même es-
pèce que :::·, dans : ::·, iiJj{;1.~n:; le sens est « a une diffé-
rence de nature ».
Les diYers emplois de l"accusatif se ramènent donc tous en
dernière analyse à celui de complément d"un Ycrbe, et l'on ne
saurait opposer le tour gr. ,.~,.i.w-::~; : ':·1 : ;1.' ·f, ; :,.·1, skr. ka
11â111asi (nâma as1) « quel est ton nom? », "· perse kambu-
ji)'a J1ama « un nommé Cambyse », car il paraît spécial au
mol cc nom>).
LE :.\0:\1 3 Il
Génitif.
Lr génitif a clru\ rmploi-; <listinrts: r'est 1c cas :rnquel se
rnrt le complément d'un substantif, et c'est celui qui indique
le tout dont on prend une partir.
a. Génitif adnominal.
Tout complément d'un snb.;;t,rntif se mrl a11 p-énitif, que1
que soit 1P lien logique· des de11x noms: lat. 111etus hostium
signifie, s11irnnt le contc\lr: « la crainte qn'éprouYent les
ennemis >> ou « la craintr qu'inspirent les ennemis » ; on peut
dire Marri do111us) 1\1arri pater) J.vlarci uxor) Marcijilius, gL
,P~9'fi Y.i,:;;:·,;;, è,.:<:) ::,:x~:tiJ'I :~!z:.;, etc. ; deu\' génitifs expri-
mant des relations différentes peuYent être juxtaposés: :·r.·1
::;-0 Aii'.'r;::; :10·1 ·1~w·1 ;pz·f.·1 « le commandement sur les Yais-
s-eaux qn 'êwai t Lachès » : le génitif exprime simplement qn 'nn
nom détermine un substantif, rl il est inutile- autant qu'im-
praticahle - d'essayer de passer rn renie tontes les nuances
de sens que le génitif permet <le rendre. - Le génitif marque
d'aiUeurs unr dépendance du même genre dans les phrases
nominales, rt de même que Ir latin a Marri do11ms) il a aussi
ea do11111s 1vlarci est ; le génitif a donc une constrnction paral-
lèle de tous points à celle de l'adjectif; et telle langue
emploie un adjectif, là ot1 une autre emploie le génitif, ainsi
lat. do11ms Petri se traduit par Y. sl. dolllzt Petro1 11t, et Ho-
mère, consenant un usage éolien, a des tours tels que 11:ti•r;-t:·1
~\~·1, ~{·r; 'Hp~1.1:r.s[·r;, ·rr,' 'A·y~:J.::[J:1:·1i"r;·1. Le substantif n'est
pas nécessairement csprimé dans la phrase, ainsi chez Ho-
mère:
-;: 300

b. Génitif parti tif.


Le génitif indique 1c toul dont on prend une partie el sert
alors de complément à un 1pot qnelconqne, nom ou yerbe:
lat. wms eomm, fortissimw 11irorw11, 11bic1111q11e tcrramm) gr.
CIL\l'lTHE \l

:pl; :'r,; "f,:J.spx; et sk r. dz.ofr ltlma{.i « den\ l'ois le jour » ; grec,


cl,ez Il omè•rf' :

gr. 'l'J,.::.;. got. 1whts) skr. kJaplt(J « lle nuit » (c'est à-dire« à
11n momrnt de la nHit »), lit. d,1k lllall dl11zos « donne-moi
cl11 pain » (l'acrnsntil' d!111g signifierait « le pain »), - hom.
:'J;:,0r1 :c'.·o,û 1:;·;:; « prenant des fromages » - ou :

« ay:rnt pré~enlé beaucoup dr mrt~, donnant de cc qu'elle


aYait » : le contraste de l'acrn:-alif cl du génitif' partitif est net
ici. Génitif partitif ayrc « boire. manger» :
t 10:l

cr. ~kr. apà111 açnilti « il con~ommc de l'eau » ; aYec « em-


plir )) : gr. ·1.x~:; .. i.·r,p:~·1 :t.·1~pÏ::)'I, Yécl. SOl/lasya jatharam pz-~1ilti
<< il emplit son YCntrr de soma», lat. aquae plmus; anc
« dominer»:

A 38

lat. potiri rcrn111: Y. h. a. waltmz himiles « régner sur le ciel».


AYCl' le wrbc «entendre», en grec el en Yédique, le bruit

entendu est inJiqué à l'accu~atil':

gr. ::·1 i.:-y:·1 h.:0::i·,, Yéd. 'l.'tÎca1!1 çnzoti « il entend une pa-
role », mais la source du bruit au génitif:

« sa mère l'a entendu », de même ,·r.;


-:;Y.Î,-;:iïï:;; ~;,.:;0:::•1 « en-
trndrc la trompette » cl Yécl. devltsya çruoti « il entend le
3d
dieu >>. - L'emploi du génitif partitif a Ycc un Ycrbc s'oppose
<lonc à celui de !"accusatif.

Datif.
Le datif indique à qm ou à qu01 une rhos0 est destinée.
Dans hom.

E q4

dans lat. Ro111a11is de muro 111an11s t1:11deba11t 011 dans ,-éd. prà
'Uffua-ue ... etn 111!t1w,a « que la prit·rc s'en aille pour Yishnu »,
le datif ne marque pas le terme du mouYcmcnt, comme le
ferait un accusatif, mais la personne ( ou l'objet) en nie de
qui (ou de quoi) le mouYcmcnt est fait. L'c.xrmp1e typique
est lat. alicui aliquid darè ou hom. E 396 à:-t :;.:•, ... ~:~-rr,:;w
~:w;,.::·1. Et tous les emplois se ramènent si aisément à cc sens
général qu'il est inutile d'in~ister: le datif aYec les Ycrhes
signifiant « entendre » fair bien rc~sortir le sens : le datif in-
dique alors la personne r1u'on écoute pour lui obéir:

n 335 Y.l: :s i'.i.~s; <~ --=, ~~D:r,;iji

IJ.. Y. nr, 68, 8 rttlt çrnta111 çayltve h1ïy!t111a11a

« et YOus (<leu\.) ayez écouté Çay11, étant im-oqués » : Y. lat.


alirni atlsrnltarc; arm. 1ww lse111 « je l"écoute (je lui obéis)».
Le datif n'est d'ordinaire déterminé par aucun préYerhe;
on trouYe cependant awc le datif Y. sl. kit) skr. Mm) ce der-
nier po~tposé (et zd a) Y. sl. po) arm. 'Jst).

Inslrnmcntal.
L'instrumentai indique aYec qui ou awc quoi l'action est
faite (d'où le sens de: par qui, par quoi) : Yéd. dev6 devébbir
iÎ gantai « que le dieu Yienne aYcc les dieux », et plus sou-
n ·nt, en ce sens concret, aYcr préposition, ainsi slaYe sii. to-
Cil.\l'I fRE YI

bt)Az « a,ec toi »: de mèmr ,éd. 11t slÎryo jyôtifiï de·v!t eti « le
<lieu :-oleil monte a,ec éclat )>. ou , . sl. bë élcn:ëkü neéistom1
duchomz « il y a,ait 1111 homm e a,ec 1rn esprit impur»; lit.
akimi àldas « a,euglc crun œil )> : ,éd. sÔIJJeJUl jath!tra/Jl
pn1a!i « il em plit :-on ,rntrr de soma )) , Y. sl. jisplù11iJr sr
strachomz « ib ont été c·Htplis <le terrem )) ; ,éd. ad!tnti
d!tl,fiJJma hâstma « on mangc· a,ec la main <lroi te )> ; mzt!t.-
rikmw patati« il mie par les airs>); ,. sl. sùchoditi't pçtzmz
thnz « il descend par ce chrmin )) : Y. sl. trzmi dtJZlJJli si't::./1-
dati « bùtir en trois jours )) : etc.
Ablatif.
L'ablatif' indique le point de départ : question 1111de. Au
sen~ propre il est presque toujours déterminé par un pré-
, erbe : , é<l. à gahi divâ rocmz/td !tdhi « ,icns de re:::.pace lu-
mineux du ciel )) ~ lat. ex illo loco 1wzit) mais amsi Roma ue11it)
sans préposition. Au sens figuré, il n'y a sou,ent pas de pré-
wrbe, ain:--i ,éd. tasmad ga~1!t(J chidyatc « la foule se sépare
de lui )) ; de rnème a,ec les ,erbe:::. signifiant « craindre »
,éd. hzdrad bhayatc « il craint Indra )> . , • sl. baga bojiti1 sç
« il craint Dieu >> . et a,ec les comparatifs : gbrtàt svàdïyab
<< plus <loux que le ghrta (beurre fondu)», littéralement « par-

ti culièremen t clou\.. » en partant du ghtta (comme mesure),


zdakat aj)'o « plus mal que le mal», lat. mellc s1w11izts) gr. p.D.i-
-;:; ~~i:·1, got. mai:;...a imma « plll" p-rand que lui )) ( où le
« <latif' » tient la place cl"tm ancien ablatif), etc. Quand l'abla-
tif indique « jusgu·où s"étencl 11ne action )>, c'est amsi qu'on
compte à partir du point indiqué : skr. éti giribhya à sa1Jll!-
dnît « il rn <les montagne:-: ii l"odan >): de même Y. si. do,
lit. iki) gr. :1.szpi, aYec le f!l~nitif-ablatif, représentant un abla-
tif indo-européen.
Locatif.
Le locatif indique oi'1 :-e fait une action : question ubi de la
I.E ~ml

manière la plus générale. "\insi skr. sfndhau signifie << dans


le fleuYe, sur le fleuYe. prè:- du flenYe » suirnnt le contexte;
skr. devéfll signifie « chez le:- dieux, parmi les dieux » : skr.
11fltsi « à l'aurore ». Y. sl. tonzl éasé « en ce temps» : de même
lat. Romae, domï, l'adYerbe gr. :t;,.::, etc. Le locatif est sou-
Yent déterminé par des préYerbes 011 préposition:- : mais chez
Homère, le datif grec: qui. pour la forme, est en notable
partie un ancien locatif. est encore employé librement :

II /483
.,.,
s;~-:-:t: :1.:·1.

E. )l oTs nYARL\BLES.

Les formes de mots fléchis sont sujettes à se fixer dans


certains emplois particuliers, et alors elles échappent aux
règles générales de la morphologie de la langue dont elles
font partie. Elles peuYent subsi~ter, par exemple, alor~ que le
type qu'elles représentent a disparu, ainsi les instrumentaux
du type lat. certë et les locatifs du type gr. : I,.: :, :rzsi. Ou
si le type général subsiste, elle~ admettent des traitements
particuliers ; ainsi le ô final de lat. modô, ablatif de modus, a
conserYé sa quantité longue, tandis que le ô final de l'adYerbe
modo s'est abrégé (pour des raisons bien déterminées), d'où
modo. D'antres fois, l'adYerbe a exactement nne forme de la
déclinaison, mais le thème quïl présente ne subsiste plus
ailleurs, ainsi 9~;:t:-~s renferme l'accusatif d'un thème 1"J 1-
non fléchi en grec historique. Chaque langue a fixé ainsi
<les adYerbes au cours de son déYeloppement propre.
Les adYerbes qui remontent à l'indo-européen et n'ont pas
CIi.\ PlTHE YI

ck forme cn.;uelle ùéfinie sonl rares. Les principaux ont


cl \jà été signalés p. 1 63: zd lnï << oii :i », skr. k{11)i•-a cc où? » ;
k11-ha (de *kit-dha), gàth. ku-dir) Y. si. kû-de, ombr. puje
« ni'1 :i >>; lit. lm-i\ arm. u-r « où? ».
Des faits analogues aux fi.rntions de formes casuelles qu'on
ohsene dans ]'histoire particulière <l11 grec, d11 Jatin, etc.
se sont produits en indo-européen. Beaucoup des préYerbes
~c laissent reconnaitre ponr de. formes casuelles; ainsi :
Th ème *pere- cc deYanl >J :
loca tif (à désinence *-i 011 zéro, rnca]isme *-e de ]'élément
prédésinentiel) : skr. p!tri) zd pairi) gr. ï.i.F:: lat. per) gol.
fair) lit. pd) Y. sl. prè- (russe peré-);
génitif-ablatif (à rncalisme préclésinentie] zéro) : skr. purlt(1)
zd parô) gr. dF:; ( aYec place anomale du ton):
ca, de forme obscure : d'abo rd un cas en ô) dont on re-
lrou,e l'équiYalent dans plusieurs autres préYerbes: skr. pra)
zclfra) gr. ï.,::, lat. pro (et pro-), lit. pra- (et prô), v. si. prv
( et pra-), et quelques autres formes : gr. ï.:XF:X el .:1.F1.[; skr.
purâ ; gol. fa11r; arm. é; ]al. prae.
Thè.·me *ep- « à côté >J :
loca tif: sh. ltpi) gr. s;::, arm. ew (cc dernier signifiant« et
au~si >J, sens que présente I1 peu près ::-kr. !tpi) ;
µ-énitif-ablatif: *pas} clans sk.r. paç-ctÎ, lit. pas-k11i} lat. pos-t)
pom (de *pos-11e): el pcnl-êlre a,ec prothèse *a- et désinence
*-s} gr. i.·}, lat. abs :
cas en *-ô: Y. si. po (et pa-) , lit. pa-) po} ]at. po- (dans
pü-situs), et, avec prothèse *a-} sk.r. !tpa) zd apa) gr. i-;;:i; cf.
lat. ab.
Thème *m- « intérieur » :
Inca tif: gr. ~·1'.. ~·1 ( et, a,ec un-.; qui :--e retron,e clans beau-
co up d 'acherhes grecs, s·1;, c1·01'1 s; rle,ant consonne, ~:;
de,ant rnyelle), lat. i11) gol. i11.
A 11c11n autre cas de *m- n'est alte!-lé clairement; le pré-
LE ~0.\1 3q
verbe *JZi- qui indic1ne mouvement de haut en bas a un sens
trop divergent pour être cité ici avec certitude; il est l'réqnent
en indo-iranien; le mot *ni-z.do-) étudié p. GS et 226, en
atteste l'existence en indo-européen, et en effet le slave et le
germanique en ont des composés et des dérivés : l'adjectif
v. sl. JZiâ ( ainsi pade niâ « il est tombé la face contre
terre »), en regard de l'ablatif véd. 11lcât « d'en bas », et
les adverbes v. sl. niz/1 « en bas» et v. h. a. JZidar « en bas)).
An groupe de gr. s•n « clans )) , etc., se rattachent les déri-
vés skr. ant!tr (mztitn)) lat. inter) et, avec une prothèse *a-
qui se retrouve dans v. pruss. ail et v. sl. g-) ombr. aJZder
et v. sl. gtrt « à l'intérieur » ; au groupe de skr. ni- sem-
blent se rattacher, à cause du sens, gr. s·1sp:; «inférieur)) et
arm. i ner-khs « au-dessous ll, tons deux avec suffixe *-ero-.
Thème *et- « au clel~1 )) :
locatif: skr. !tti) v. perse atiy) gr. sî: 1 lat. et) got. ip;
génitif-ablatif: sans doute v. sl. ot11. de *at-os, avec prothèse
*a-; en regard de lit. orient. ata-) comparable, pour la forme,
à gr. àï.:, et de v. sl. at-, lit. at-J cas de forme obscure,
formé comme lat. ab.
D'autres prérnrbes ne se ramènent pas à des formes ca-
suelles définies. On a déjà rn que les formes en *-ô du type gr.
ï.?: et :xï.:) *..:pw- ne ressemblent à aucun cas connu; leur -ô
alterne avec e dans hom ..-3s, en regard de v. sl. do) lit.da-) v.
ta
ang1. (v. h. a. zuo); et les formes sans finale caractéristique,
comme lat. ab en face de gr. :xï.:, lat. (s)ub en regard de skr.
ûpa « sous ll, gr.·;;_:, v. sl. u) en regard de indo-iran. a'l'll,
(indiquant mouvement de haut en bas), peuvent représenter
le degré rncaliqne zéro de cette désinence, qui serait ainsi *-e)
*-o (-o)) zéro, et par suite parallèle à celle de génitif-ablatif
*-es) *-os) *-s.
Sur des préverbes tels que skr. 11t « en dehors de )>, zd
1-ts- ( de *uts), got. zït-) us-) v. sl.
'l')'-) ou gr. cc du dedans
318 CIi \PITHE YI

de », lat. t'X) el ,·. :--1. ji::._) j1\ lit. Ïs::._, OU hom . .. ,J J Sh.r.
• • ,

prlrti « c0nlre » : 011 Y. perse patiy) clor. -::::-:: (mème sens),


il n·y a rien à dire.
L0rsq11e les préwrbes se :-ont s0udés étroitement aux
wrbes au cours de !"histoi re des diYerses langues, les forme,
munies de préYerbes ont tendu: clans certaines de ces langues.
à prendre une rnleur si'·mantique à peu près identique à celle
d'un tlième d'aori:-te là oi'1 les forme s correspondantes sans
préYerbe ont la rnleur cle thèmes de présent: ceci est pai-ticu-
lièrement fréquent en :c.la,e 0ù, par exemple, Y. sl. moliti Sf
traduit gr. -:: ;;:::-::·~z:::-fJ.:t.~ et Y. sJ. pomo]Ï/Ï Sf, gr. -::;;:::-::~~:ÔJ.:t.::
cet effet est plus ou moins limité dans d'autre:::i idiomes à cer-
taifü pré,-erbes; surtout pa- en lituanien. ga- en gotique.
rnm- en Yienx latin. Les formes sans préYerhe ( et toute:--
celles qui ont la mème Yaleur ::-éman tique) sont dites alors
illlpe,fecth:es: les formes à préYcrbe ( et toutes celles qui.
comme '". si. dati « ::::;·1:1.: )>, got. giball « :::::;n: )) , lat.
dare) ont. mème sans préYerbe, une Yaleur pareille, cf. p.
1 69) sont dites pe,fecth:es. Le grec ancien: l"arménien et

lïndo-iranien ne présentent pas cette action des préYerbes


sur le :-ens.

Les particules ne sont jamais identifiables à des forme,


casuelles connues. Cc :-ont :-ouYent des sonantes isolées ou
précédées d'une prothèse *a) ainsi :
*{;: skr. {;) lit. (ba-)u) got. u) et gr. :.c}, gnt. au-k « car )>.
lat. au-t;
*r : gr. Y-(, F:.c· i.(:.c: lit. ir « et )) ; pràkr. ira.
D'ordinaire c'est 11ne consonne suiYie de la rnyelle ë i5:
une particule composée d"une sonante peut s'y ajouter, et alors
la rnyelle précédente peut s'élider. Exemples :
skr. ca « et >>, iran. ca.,
gr. -::: , lat. que) got. -h dans 11ih
« et. .. ne ... pas », cf. lat. ne-que: cette particule, qui signifie
LE 'it°l\l

« et ,> 1 n'était peut-être pas différente originairement d'une


autre particule de forme identique appartenant i1 la famille
de l'indéfini et interrogatif: skr. ra dans Htçca « quelqu'un»,
lat. quis-q111\ arrn. o-1.b cc quelqu'un ))' gr. :2. dans beaucoup
de phrases homériques. AYec addition d'une seconde par-
ticule, lat. q11-om; lat. qu-a111) arm. kh-an « que » : lit. -k-i.
*wê c< on»: skr. 1.•ft) zd 1. ft) gr. (f):. dans hom. ·r,-i cc ou»,
1

léit. tll'.
skr. -gba et ha) Y. si. gv (dans m-gv cc comme )>) et ~:CJ
gr. -0:., dans s~-02., ;,:r-02.; aYec addition d'autres particules,
lit. -g-i) Y. si. -z.-1) et lit. g-u.
La négation de l'indicatif: skr. Jlâ) Y. si. 11c) lat. ne-(scio))
ue-que) got. ni(b) c< et. .. ne ... pas >l, etc.; aYec une autre
particule *JJe-i: zd naè(-lis)) Y. si. 11i(-ldHv) c< personne», lit.
ne, « ni », lat. 11ï. La négation prohibi tiYe est *mé dans
un groupe de langues: skr. mâ) zd mit) gr. :1:f,, arm. mi (le
latin a nè). - De la nc~gation *ne il faut distinguer *ne
« comme >l : skr. 11â) et, aYec *ei, lit. 11éi cc comme ll, et
aussi gùth. (fos-)ntt c< qui?)) thessalien (::-}1:., lat. (sicci-)ne)
Y. si. 110 cc mais l); arnc addition d'antres particules, ]nt.
n-um et 11-a111) Y. sl. Il-li) etc.
gr. z2., lat. (hoc-)ce) got. (sa-)b « celui-ci >>, lit. (cik-)s::._
« (Yiens)ici >).
gr.'(:., got. -k) dans (mi-)1~ « moi l>, (au-)k cc car l>.
lat. (quip-)pe cc car >l, lit. (kai-)p cc comment>>; aYec ad-
dition d'une scèonde particule, gr. -;::.-p; lat. (q11is)-p-i-am.
russe é(-tot) <c celui-ci », osq. e(-ta11to), ombr. e(-tan)tu
« tanta », skr. a(-s!w) cc celui-là ))' gr. i(-;,.2.1'.,1:;).
Les particules de ce genre sont nombreuses; plusieurs se
rattachent à des thèmes de démonstratifs, d'indéfinis, etc. :
d'autres sont isolées; elles jouent clans la phrase inclo-
européenne un rôle important. Un très grand nombre sont
atones.
Cll.\PITHE Yll

LA PITH_\SE

A un point de nie purement linguistique, el abstraction


faite de toute considération de logique ou de psychologie, la
phrase peul être définie : un ensemble d·arliculations liées
entre elles par des rapports gram maiicaux et qui, ne dépen-
dant grammaticalement d,aucun autre ensemble, se suffisent
à elles-mêmes.
Le nombre el la nature des éléments qui constituent cet
ensemble pcuYent Yarier d·une manière indéfinie: un simple
Yocatif tel que lat. Aule, employé pour appeler quelqu'un,
ou un Yerbe tel que lat. uenit, employé pour annoncer que la
personne attendue « Yient >>, suffisent à constituer une phrase
dans le type linguistique indo-européen, el d'autre part i}
n·} a pas de maximum au nombre des éléments que la
phrase peut comprendre.

J. L\ l'llfUSE Sl\11'1.E.

1 ° Généralités.
Cne phrase indo-européenne se compose d'un nombre
variable d'éléments impénét rables, autonomes, significatifs
par eux-mêmes, q11·on appelle mols.
L.\ PIIR _\SE 3:n
Les mots sont définis au point de \'lH' phonétique par le trai-
tement spécial de la fin de mot (v. p. r 1 o et suiv.) et au point
de vue morphologique par les règles de formation des formes
grammaticales. Ils sont impénétrables, en ce sens qu'il::; n'ad-
mettent cl'infixation d'aucune sorte ni aucun déplacement de
leurs éléments composants. Qu'on compare le gr. ),fl,::tT.;c; et
le fr. tu as laissé. Le mot français est un, car aucun des trois
éléments, que par tradition on écrit séparément, n'y a un sens
propre ni d'existence séparée, et, en particulier, tu n'existe
pas isolément et indépendamment d'une forme verbale; mais
on peut intervertir l'ordre de tu et de as pour exprimer l'inter-
rogation as-tu laissé? on peut intercaler divers éléments entre
tu et as) entre as et tu) soit : tu l'as laissé) tu 11e l'as pas
laissé., tu as déja laissé) tu 1te l'as pas eucore laissé) ne l'as-tu
pas laissé? etc. Rien de pareil en grec : ).D.::iT.x; demeure
identique clans tontes les phrases où il figure et n'admet ni
insertion d'éléments étrangers ni interversion.
Outre le sens exprimé par le thème, la flexion marque le
rôle joué par chaque mot dans la phrase ; le mot est donc
autonome et suflit par lui-même à indiquer son sens et son
role clans le discours. Cette autonomie complète de charpie
mot est le fait capital d'où dépend toute la structure de la
phrase indo-européenne.

2° Phrase nominale et verbale.

La morphologie fait apparaitre une ~istinction profonde


entre deux séries de formes, les unes nominales et les autres
verbales. Si la phrase ne comporte que le rapprochement de
deux noms, elle est dite nominale; si elle comprend un verbe,
ou du moins 11n verbe autre que le verbe « être )) , elle est
dite verbale.
::\fEILLET. 2I
322 CHAPITRE YI

La phrase nominale sert à affirmer qu \me qualité, une


manière crètre, appartient à quelque chose. Ainsi, chez
Homère:

.\ So ·r.i? ~7.:;:1,::;; << car le roi est le plus fort )>.


,.:::(:;:;ur1
1
1 ï 1 ;;iF' I;J.::·r~ , ..il i,J,:~ << auprès de moi il y en a
d'autres encore ».

en vieux perse, lllallil pitii Vistaspa « mon père est Yistaspa >> :
en védique, Jj... Y., H, 1, 2 tâm ... hotrétm << à toi est à la
qualité de hotar >> : en latin, haec admirabilia) etc. Des phrases
de ce genre ne comprennent aucune idée verbale, et aucun
verbe n'y figurait sans doute en indo-européen là où il n'y
avait à exprimer ni mode, ni personne, ni temps, c'est-à-dire
là où un verbe éventuel serait à la 3e personne du présent de
l'indicatif. )lais, comme le mode, la personne et le temps
n'ont pas normalement d'autre e:\:pression que la flexion ver-
bale, il a fallu partout ailleurs introduire un Yerbe dépourrn
de sens propre et qui sert simplement à porter la flexion en
nie d'exprimer ces diverses notions: par exemple, on lit en
vieux perse: tyaiy parumm xsâyafJiyâ âha « ceux-ci étaient rois
avant >> avec « étaient » exprimé par aha) à côté de adam
1un•a11w « moi, je suis le neuvième », oi1 la Ire personne élan t
exprimée par adam) le verbe cc être >> à la Ire personne ne figure
pas; chez llornèrc, on a de même pour exprimer lïmpératif :

A.id

La phrase nominale comprend essentiellement deux mem-


bres nominaux; mais l'un des deux, celui qui énonce à quoi
appartient la qualité indiquée, peut être remplacé par le verbe
« ètre » dont la flexion sufiit à indiquer de quelle personne
il est question, par exemple chez Aristophane, Ach. 5g 1, t:;:z'.J-
~;; ::: . Le seul cas où une phrase ~ominale puisse se co m-
LA PIIR.\.SE

poser d'un seul membre est le cas tout spécial du rncatif ser-
Yant il appeler, ainsi lat. Aule.

Quant à la phrase Yerbale, son seul élément essentiel et


constant est le rnrbe; en eITeL le Yerbe indo-européen com-
prend l'indication de la personne et du nombre, el se suffit
ainsi à lui-mème : lat. umio, uenis, 11e1Limus, etc., n'appellent
aucun autre mot et peurnnt constituer chacun une phrase
entière.
De même aussi les verbes dont le sujet était une perrnn-
nalité divine plus ou moins définie, comme skr. 1:dr;ati, gr,
0s~ « il pleut» (cf. ci-dessus , p. 212 et suiv.): c'est l'origine
de la plupart des Yerbes impersonnels (p1i, dans les langues
indo-européennes, n'ont pas de sujet exprimé.
Le verbe admet une série de déterminations par des noms
à divers cas : lat. dolllun fero, tibi placet, Tusrnlo proficiscor,
Romae maneo, ou par des adverbes : lat. heri 11e11i, ou enfin
par des préverbes qui, comme on l'a vu (p. 163), servent ~1
la fois à déterminer le Yerbe et le nom complément du verbe
et qui ont été rapprochés tantôt du verbe et tantôt du nom ,
prenant en ce dernier cas le rôle de prépositions. Toutes ces
déterminations pouvaient s'accumuler en une seule et même
phrase; par exemple, chez Homère :

~\ 369
où il y a un préverbe el deux compléments.
Les déterminations ne sont pas régies par le verbe. Les pré-
verbes sont des mots autonomes qui peuvent être juxtaposés ;\
un verbe et à un nom, mais qui peuvent aussi bien s'en trou-
ver distants d'une manière quelconque et dans des proportions
(p1elconqu es. Le cas auquel sont mis les complémenls ne
dépend en rien du verbe, mais seulement du sens à exprimer.
Soit le verbe gr. zi.~w, qui signifie toujours et partout « j'en_
CII.\.PlTRE YI

tends >>; il pourra être employé absolument, ainsi Escli.,


Prom.} SGS

cc passer pour faible plutôt que pour scélérat » ; ou aYec ]°ac-


cusatif indiquant la chose entendue : F.,.i:;;·1 7.·'.J?,·f,·1 (Hom.),
011 aYec le génitif indiquant de quoi l'on attend le bruit :

f,.,,'J:.'1 ,:'.J:;;, ou aYec le datif indiquant en me de quoi on


écoute: sJz:.:èn:) :1.;~ f,.1,'J:.·1 (Théognis), Y. p. 313: l'emploi
de l'accusatif, du génitif ou du datif dans ces phrases ne
dépend pas plus du Yerhc que remploi de l'instrumentai
(non distingué du datif en grec) dans :.~7.j! ·ù~w cc j'entends
aYec mes oreilles », ou celui du locatif dans;:;,.;: "l.i.~w cc j'en-
tends à la maison ». Les préYerbes n'exercent également
aucune action sur le cas auquel sont mis les noms; ils pré-
cisent seulement le sens; ainsi -::?:; dans les e:\emples cités
p. 1 63. Chaque mot indo-européen a par lui-même la
forme que demande le sens à e:\primer, non une forme com-
m?nclée par un autre mot de la phrase: l'autonomie <ln mot
est le principe fondamental qui définit la structnrc de la phrase
indo-européenne.

C ne phrase nominale et une phrase Yerbalc peuYent ètre


j1ntaposées et combinées en un e seule phrase à la foi:-- nomi-
nale et Yerbale; ainsi lat. uictor uictornm c/11et} Yéd. i'lfa
çru1.:Îfe cc tu es appelé un mùle », gr. ;,_:;),:xzs; ~;, ;~:·;j:·1 cc ils
~ont appelés flatteurs », etc., ou gr. ·r.~:-::s -;:;:r,·1·f,;. Y. si. pade
11id cc il est tombé contre terre », lnt. praeceps cadit) etc. Les
appo:-itions de cc genre penwnt être moins entièrement sou-
dées, comme dans :

H om. A 13
LA PllR.\SE

on n 'in<liqner qu'une circonstance accessoire, ainû :


zO:::; ~~-r, z..x:~ 3.x::.x « il est allé hier à
un festin n.

C'est dans ces phrases à la fois nominales et Yerbalcs que


le Yerbe *es-, dont la valeur propre est <l'affinner l'e:xistence,
a pris le role de simple copule qui a été <lécrit ci-dessus.
La phrase nominale peut aussi se combiner aYec la phrase
Yerbale d'une autre manière, quand l'nn de ses composants
est un complément, ainsi lat. creat aliquem conrnlew, gr. ::·,
~I-t;::·, f:.;J.:.·1 D,0;·1:.x « nous sarnns que le )Iècle est Yenu »,
skr. hat!t11i 'l.'[fr/2111 i•1'd11za « nous saYons que Y rtra est tué ».

Il y a ainsi une grande Yariété de types de phrases: phrase


nominale pure ou accompagnée <ln Yerhe « ètre », phrase
Yerbale pure on accompagnée de compléments <liver:-, phrase
à la fois nominale et Yerbale, l'élément nominàl étant apposé
soit au verbe, soit à 1m complément.
Qnaud on vent insister sur la personne ou qu'on tloit
introduire une personne que le wrbe ne suffit pas ù indi-
quer ou nne chose qui a besoin d"être nommée, la phrase
comprend un second groupe, apposé au wrbc et i, ses déter-
minations, celui du cc sujet » ; ainsi chez Homère :
A 180 cJJ:.'I 3' s·;c:> :'.i;,. ~L/:(,) << m01, JC ne t'en
empêche pas ».
A Ij8 û:.:; ;:;·; :.;l : : / Ewi'.:.'1.
A 31ï z·b·r, : ' : JFY.'1:·1 ti'.:..
C n pronom tel qne gr. ~'{t;> a en indo-européen la
Yaleur d"un mot isolé, d'une apposition, fr. moi, et non
celle d'une simple détermination du Yrrhe, comme fr. je.
Chacun des nom:-. qui fignrent i, un titre q11elcomp1edans
une phrase nominale on Ycrbale peut, comme le Yerbc, être
CIIAPITHE \î

précisé par diYerses déterminations: ainsi, pour prendre des


C\ernplcs chez Ilornèrr, par un nom an µ-énitif:

.\ g

par nn adjcrtif on par un démonstratif:

2r;; 'A ztD.:.:i;


-:: ·1 Xp:i-:·'i'I
par un nom en apposition (ce nonYcan nom ponnnt lni-
mème être déterminé par un autr0 nom et par nn adjectif):

par un nom de nombre:

.-\ 309
Les adjectifs admettent éga lemrnt des déterminations:

A 215 ;:62:.c; w:t.~ ; 'Azin:.u;


A 122 . ' X';:. ï.'Y.'I
9t1.: i'.'E:.C'HJ)-: ' t"C,)'I
A 107 9[h7p2-:!
.\ 1i!, '"~ '(f)::!0::•1 ;,.,.~,
..., - -
ï.::"={<ù'I
-..JII • • - .. - ·

'""' ,
;:;~:. 9:;·'i"·
Ces <liYerses détrrminations penYent s'accumuler autour
d ' un même mot, cl chacun des mots de la phrase en peut rerc-
YOir, si bien que la complexité d"une phrase indo-européenne
n ·a aucnnc limite précise:
,\ 101 -
-:::c;: "' ' ,
o 'Y.'l:.v-r·r,
TiFc,); 'A-.pdè·'i; :.~pnp~{w-1 '..A·.-.xp.ip:1w·1
o:z·dp.2·1:;.
(f)spoc·1 0'

~, 1,s l
LA PJIR.\.SE

Enfin chacnn des éléments de la phrase peut être mul-


tiple; il peut y arnir deux on plusieurs « sujets »: deux ou
plusieurs compléments de chaque espèce, deux on plusieurs
adjectifs (lat. Iuppiter optimus 111axi11111s): on peut alors unir
les deux éléments jonant le même rôle par des particules
atones signifiant « cl », « ou », « comme », etc.
Le mot signifiant « et )> est skr. ca, gr. -:s , lat. que; il
s'ajoute, soit au premier mot de chacun des groupes qu'il
unit, soit au premier mot de chaque groupe, à l'exception du
premier:

(f')sl~·r, ::x -: ' i:r:7. ::x:' s;:;::-,.sn: -;;p: -: ' i:·1-::x


s,,f:}' f-;;-;:::.>; s:;:·r,:;s -;::x:·r,p i·1'.:pi:r1 -:s Osw·1 -: s
. .., ~~
a·'.i-~~~
~ - ,w~•a
..,_ '(F)=i r· -= ..,_ :.iz=
. . - ,.1·1=----..
. -.J"· 1

A 156

Le mot signifiant « on » est skr. va, gr. -(f)s, lat. ue;


il s'emploie exactement comme le précédent:
lat. dei hominesue ou deiue bominerne.

Jj... V., 1, rnS, 7 bralmzaui rlijmzi va « chez le brahmane


ou chez le roi )>.
Ji._. V., 1, 6, 10 it6 va satim îmahe
divô va pârthivad adhi
fndram 111ab6 va rajasab
« nous nous adressons (tmahe) à Indra en Yue d'une fayeur
(satfm) ou bien d'ici, ou bien du ciel terrestre, ou bien du
Yaste espace ».
On Yoit combien est Yariéc la phrase indo-européenne. La
lecture d'une page d'un texte Yédique ou grec ancien affer-
mira cette impression.
ClUPITRE YI

3° _-\ccord.

Chacun des mots de la phrase ayant .;a pleine autonomie,


le lien entre ces mots est marq11é par certaines concorJances
de forme.
Dan:a; la phrase Yerbale, la concordance entre le Yerbe et
le nom apposé qu ·on nomme sujet n 'cx.iste que pour une
seule catégorie. celle du nombre. puisque c'est la seule qui
soit commune au nom et au Yerbe, et que le Yerbe inclo-
européen n'a pas de genre; et cette concordance ne rés11lte pas
de ce que run des éléments serait régi par l"autre, de ce que
par exemple le nom apposé déterminerait le nombre du
Yerbe, mais simplement de cc que la notion <l"unité, de dua-
lité ou de pluralité considérée est la même pour le nom et
pour le ,'erbe. Si on lit chez Homère -: r:> . .. i r;-:·i; -:·r,·1, : ~... -;: t-
v:·1-::, : ... .. ,: ::; i~:-;: ~, ce n'est pas que -:t~, :1, : déterminent
le duel, le pluriel, le singulier, mais on a -:w et ~·1 :;-:·i; -:·r,·1
parce quïl s'agit de deux personnes, :: et -;: i:1:.·r; :. parce quïl
s'agit <le plusieur--, : et -;: ,:: :; fa:-;:~ parce qu'il s'agit d'une. On
emploie le duel s ïl :-·agit de Lieux personnes nommées sépa-
rément, par ücmple po11r le duel en Yélliq11e:

Jj.. Y., IY 7 51, 11 t!td dya11çca dhattâmfrthh•i ca deî.•Î


cc que le ciel et la déesse terre posent (dhatt/im) ceci n.
Sïl s'agit de <leu\. on plusieurs choses, le singulier est
possible:

De même aussi quand il s'agit d'une collection d'objets


désignée par le collectif neutre qui tient la place de nomi-
L.\. P1IIU.5E

natif pluriel neutre (cf. p. 25ï el suiL), cfoi'1 la règle -:~


½<:>): -=.=~zs:.
Il n'y a proprement accord qu'entre deu\: noms, soit dans
le cas de la phra~e nominale ou nominale et Yerbale à la fois,
soit dans le cas d'un nom serYant à en déterminer un autre
en qualité <l'apposition ou <l'épithète.
Dans la phrase nominale, il y a 011 il n'y a pas accord
suiYant lP sens à exprimer. L'accord en nomhrc, cas et genre
est de règle dans une phrase telle que :

r 56
« mais les Troyens sont très craintifs ll. L ·accord en cas est
essentiel dans le type lat. aliquem facio heredem. En reYan-
chc, il n'y a aucun accord si le nom indiquant la chose affir-
mée doit être à un cas autre que le cas où es t l'autre nom:

A 63 :n.F b. ~ ~:; ; fo::·,


]!._. Y. I, 1, G syânzéd indrasya ç!trmaui « sornns sous la
protection d'Indra. ll

et il pcnt )- arnir accord en cas seulement dans une phrase


telle que:

f' Iï8
:x;J.7:-:s,:;:;·1, ~x::i,s~; -: ' :x·pO~; "1.px:sp:; -: ' xiï.:J:r.-:·f,;.
cc ••• Agamemnon esl les <lc11\:, roi et... l>

Dans rapposition, l'a ccord en cas es t nécessaire. mais le


genre el le nombre peuYent différer, ainsi dans ce Yers:

Seul, l'adjectif épithète concorde nécessairement en nom-


bre, en cas el en genre aYec le nom qu'i~ détermine. On a Yu,
p. 250, que c'est même l'adjectif seulement, ou les démons-
tratif:,, , qui déterminent si un mot est masculin-neutre ou
330 CII.\PITHE YI

féminin. Ln mot qui ne s<'rait jamais accompagné d"un


.adjectif et amp1el ne rcnwrrait aurnn démons trati f n 1 aurait
.aucune marque de g-cnrc masculin-ncnlrc on féminin. lei
l'accord est de règle absolnr. et c'est raccord qui indique
(jucl nom détermine un adjectif donné. ainsi :

r 200 -;::i\~:1:r.:t; '()~'J~;~ U.;,


:; -:,::x7r, b ~-f.:1.·:> ' IfJi,:r,.;, ~·-?:xnr;; ï.:.p s:0:;·r,; 1
( F )=•--;,:,-
-·"" \.U ': -·"1-·:~·;·
, .. .,., •-'•-' ': -=
· - --;,.:.·, ~·,· .,.,;
""""" \..,,.,': ,.J... •1·:.--;,=.,
.,,.,_.,., -,,.,,1.:,
~ , .. ..,,. .,..

11 y a it·i 1<' nominatif masrnlin singulier 7.;),0:1:r,-:i; qui se


rapporte h ·o:·;:;:;:.0; et Fs:~w; à·: ; (qui rcmoic à 'O:·;:;:;d;),
les génitifs féminins singuliers i:0 :;·r, ; et z;:,x'1rr1 ; qui se rap-
portent à 'IO:x;,:r,;, et le nominatif-arcnsatif pluriel neutre
7.:n:1:x qni se rapporte à 11:f.~:.x.
Qu'elles soient, suinnl 1<' cas, partielles ou totales, ces
concordances son t le principal mocled'arlirnlation des membres
de la phrase indo-européenne.

'i Ordre d<'s mots et emploi du ton.


0

Les rapports entre les diverses parties de la phrase étaient


~m flîsarnmcnl indiqués par la flexion <'t l'accord; l'ordre des
mols ne scrrni t donc pas à indiqu er ces rapports com me il le
fait dans la plupart des lang11P'- modernes de l 1 fü1rope; les
mots étaient placé-- de manit'rr à attir<'r l'attention sur les
parties de la phrase cssenlirllrs pour Ir sens. Ainsi l'ordre
des mots arnit une Yalcur exprcssiw, et non synlaxicp1e ; il
relevait de la_ rhétorique, non tlc la grammaire.
Aurnn mol n 1 a dans la phrase une place définie et con-
stante; ainsi r he,. Homère :

~\ 207

le verbe ·r,)JJ;,1 est en tête <le la phrase, parce que Atliènè


LA PHRASE 331
insiste sur sa ,e1111e; dans la phrase suiYante, c'est le pn~-
Yerbe qui est en tète :

A 208

pour la mème raison; .\thènè interdit alors à .\chille de tirer


l'épée:

.-\ 2IO

e t le complément ;[7;; est mis en éYidencc: puis elle dit q1H'


c'es t « ceci » qui doit ètre accompli :

_\ 212

c'est donc le « sujet » .... qni est le premier mot.


Des mots unis par le sens peuYent être séparés : a111 ~1
chez Platon :

Phédon, 178 c

où les mots essentiels :J.~·r[;:w·1 ~'(l.61-:'>·1 sont mis en tète, pré-


cédant -r.;J.1'·1 qui est important par le sens, tandis que ;,:b:;
i:-::·1 reste à la fin ; et, plus nettement encore :

ib., 18/4, b

où l'adjectif :Jh es t séparé de son substantif :3=; par tout le


reste de la phrase. )lais tel n'est pas l'usage ordinaire, et les
mots qui se déterminent les uns les autres sont d·habitude
rapprochés.
Lorsque plusieurs mots forment ainsi un groupe, le déter-
minant se place assez ordinairement ayant le déterminé: lat.
très homilles, gr. ~-p~;; id,p, skr. de1.!âllët111 dfk « région d0s
dieux », etc. En renversant cet ordre, cp1i est le plus habituel,
on attire l'altention sur le déterminant, aifüi lat. homiuès
lrês signifie cc des hommes au nombre d0 trois >> plutôt que
<C trois hommes ».
33:2 CIL\ PITIΠ' 1

.\ ussitùt après le premier mot de- la phra,e figurent d·abord


l('S parti cule ~ alonc,, el le:- indélln is atones ou toniques: pui,
k , p ronom, p<'rsonnc•J -. cnclitiq11 c,: ces mols accessoires :-'in-
tr·rralenl mèmc <'nt rc le, mot, principau-x les pl11, naturclle-
mc·nt uni .;. par le sc·n~ : ain-.i cl1 ez ll on 1è.• re :

.\ 101 : : --· ~: '( F)·· - J •~ ·I. 7. ·/,.- :.--:.


~ , J;;, J :. J. .. .J • • r,; ·I -,
J • . ( F)-:. :·
. '/. -·
. ', ·I

.\ IOG
_\ I ~>0 -.. w- -, -:-
.. ,. -·
.~.· -.:., • . ( F): _._,
,.,~~:-,~(,JI .. :.J. I -.. :.
~ -:<:,
. .f,.:J.
- ··• '\·
.: z:1..,,- ..
.WI,

(le, groupr, de sen , :-:on t '.\zx'. w·, ::; cc l"11n de:- .\ chéens >> c-l
(F):::;.;:·, :;: c< à te, pnrole~ »).
La pl11part des mut~ de la phra :-C' pouYai ent ètre soit loni-
q11e, . ~oi t nlone, . On a p11 lire. p. 1 2j, un Ycr:- Yédiquc
uù le prc-mier mol , eu l porte un ton. tou, le, a11lrrs étant
atones .
La q11 e-.tiun <le saYoÎ r qu and l,· rn nt hl loniq11e el quand il
c:-l ntone :-r po--e surtout pour le Yerbe: quand le Yerbe est
pla cé r n tète de la phra,e, il r ~t toniq11r en général : à lïn-
tfrie11r: il e.;;t général,·mcnl :1tnnr en :-an~krit (:-n11r un cer-
tain nombre df' rrstrirtion, quïl n·: a pn-: lieu d" r \aminer
ici . p:ul'c qu e Jc, ri.·glc:- san,kril f' s n<' ,r relrouY cn l Jans
:rnnme a11 trr langu r) : cc <'On lrasle r ,t cnn scné par Ir grec
chn~ 1rn cns: s;:: a: anl le sr n, dr ,, il :· a » cl commençant
la phrase est toniqu e : b:: senanl de copule 11 lïntéricur de
la pl1rase est alon<': d"aill c11 r, la pla cr fixe du ton dans la
plupart de::- formrs , rrbales p(' r~onn elles d11 grec a été bien
(' \pliq11 ée par la fréquen ce de ratonie dans cc - formes en
indo-européen.
Lorsqu e den \: mots unis au point de Ylie du sens étaient
j11\l.1posés dan-, la phra~e , il arriYait souwnl qur r11n <le,
d,·11\ seulement eti t le ton, el q11r- rautre ftit atone. Ceci est
parliculière111 ent clair pour Ir préw rbe rt le wrhc: en sans-
L:\ PIIR.\SE 333
krit, si 1111 -..-erhe bharati est tonique, le préYerhe qui le pré-

cède immédiatement rsl atone: pra bh!trati; si le Ycrbe rsl


atone, le préwrhe précédent est tonique: prâ bharati. En
grec, le prénrbe déterminant un YCrbc est toujours alonr,
qu'il précède immédiatement le Yerbe on qu'il en soit séparé;
si, dans un cas tel cp1e -;;;J.ï.p~::;, un préwrbc a le ton, c'est
qu'il reçoit un Lon d'enclisc, comme le montre ;c-;:62:; (et non
*i.. :2:;); il y a clone désaccord entre le grec et le sanskrit.
S'il précède nn nom cl joue le rùle de « préposition l>, le
préYerbe est toujours atone en grec, cl forme groupe a-..-cc
le nom suirnnt: :3c .. ~ ï.::;qJ.:} (le baryton marquant absence
d'éléYation de la YOi"-), en regard de .. :::x:J.:'J i...: qui pré-
sente la forme tonique :Ïï.:; en slaYe, il arri-..-c sonYcnt q\l(·,
au contraire, ce soit la préposition qui soit accentuée el le
nom qui soit inaccentué : russe 11!t bereg « sur le bord >>, pô
morju « sur mer l>, cl quelques rares formes fixées, comme
gr. ~dï.::·1-:-s et 0-::i.p:J.:p:·1, montrent que pareil usage n'a pas
été étranger au grec à une date très ancienne.
Quand il s'agit de deux noms, les exemples con se nés
sont moins nombreux et moins clairs; mais il est remar-
quable que skr. dvâ-daça 1 gr. :t~-2::;,.x « clonze ll, littérale-
ment « deux-dix >>, n'aient chacun qu'un seul ton, sur le
premier des deux mots juxtaposés; tel est aussi le cas ponr
gr. ~ d .. :i,:;, ;r:J'l~-::'Jp:x, etc.; le Yédique a à la fois jâs-p!rtib,
« chef de famille >>, aYcc les deux mots toniques, et jâs-
pati(J1 ayec le premier mot tonique seulement. Tel démon-
stratif qui est souYent tonique, ainsi le génitif skr. asy!t 1 ou
le relatif slaYe ji-(z.e) 1 est enclitique et atone sïl est simple-
ment anaphorique: génitif skr. asya 1 Y. :31. fi 1 par exemple
dans Y. sl. viditù j'i « il le Yoit >>.
Le principe a donc une -..-alcnr nniYCrsellc. Les e'-0mples
mon lrent assez que le ton n'a pas pour cfîct d'attirer parti-
.cnlièremcnt l'attention sur le mol qu'il frappe: le fait cssen-
334 ClIAPITHE YI

Liel esl qnïl ~ a pour l'ensemble du gruupc une seule élha-


tion <le la mi\, cl non pas deux..

"Cn mol atone n·esl pas nécessairement pour cela un mol


encliticp1P. L'enclisc consiste en ce qu'un mol se groupe dans
la prononciation aYcc ce qui précède de manière quïl
11·y ail qu'une seule fin de mol: les enclitiques sont atones,
si le mol précédent ne l'est pas, d'après le principe qui Yicnt
d'être posé; mais Lous les mols atones ne sont pas encli-
tiques: les Yerbcs atones du sanskrit ne se groupent pas d"11nc
manière intime aYec le mol précédent, et, en grec, l'atone
9w.: peut mèmc commencer la phrase: les préYcrbcs
grecs, cp1i sont toujours atones, sauf ]à où ils rcçoinnt
un ton d'cnclisc comme dans 3:d~,;, ne s'appuient sur au-
run mol précédent 011 suiYant; le mol atone ii.i.~ peut aussi
commencer la phrase. L'indo-européen ne possédait qu'un
nomhrc reslrPint d'enclitiques, tous monosyllahiqncs ou loul
a11 plus clissyllabiq11cs; par C".\.cmplc la particule sl.r. ca) zd
éa) gr. -:~, lat. que) gol. -h: lïndéfini gr. -::;, lat. quis
( dans në quis) sï q111\ etc.), etc. ; le" pronoms tels
que skr. 111e) gr. :J.::, lit. 111i) etc. Rien nïndiquc l'cxislencf'
de proclitiques, c'est-à-dire de mols accessoires atones grou-
pés aYcc 11n m o l s11iYanl, de telle sorte que le proclitique
n'ait pa'- proprement de fin de mot phonétique. Sauf le cas
parti culier de l"cnclisc~ les mols atones frar<laienl <lonc le111·
pleine autonomie phonétique cl morphologique.

La liberté grammaticale <le l'onlrc des mols principaux,


la disposition des particules, des indéfinis et des pronoms.
atones après le premier mot <le la phrase, et l'emploi des
formes atones on toniques pour indiquer l'union plus ou moins
étroite des mols groupés ensemble sont parmi les traits les
plus caractéristiques de l'indo-européen. Ils résultent de la
L.\ PHRASE 33&
structure morphologique de la langue et de la nature du ton,
qui diffère essentiellernenl de l'accent d'intensité des lan-
gues modernes de l'Europe; aussitot que cette structure
morphologique et la nature du ton ont changé, ces carac-
tères se sont effacés, et l'on peut presque mesmer la fidélité
d'une langue au type indo-européen par ce qu'elle conserYe
rles trnits indiqués ici. Les langues romanes ou germaniques
modernes, aYec leur ordre de mots fixe, n'ont presque plus
rien <l'indo-européen dans la construction générale de la
phrase; les langues baltiques et slaYes, an contraire, aYec un
ordre des mots rclatiwment libre, <les enclitiques encore pla-
cés après le premier moJ de la phrase, des alternances de
formes accentuées et inacccn luées, sont celles qui ont gardé
le plus <le surYÎYances du type indo-europé<'n.

5° Phrases négatiYes et interrogati,es.

Rien n'indique que les phrases interrogatiYes et les phrases


négatives aient été soumises à des règles par!iculières el aient
eu un caractère propre.
La phrase négati,e n'est m.arqnée par rien autre que pai~
la négation *ne (skr. nit}\. sl. 11e} etc.): lat. ue-scio} lit. asz
11ègeriu cc je ne bois pas » : skr. :

JJ.. V., 1, Sr, 5 11/2 tvâ·vim indra k!tç can!t


nâ jM6 11/2 jmzhyate
cc pas un pareil à toi, û Indra,
n'est né, ne naîtra »,

on par *mê dans les prohibitions en grec, arménien et indo-


iranien, en grec et en arménien aYec l'impératif, gr. wi; 7:'.ps,
arm. mi berer cc ne porte pas>>, en sanskrit, aYec le subjonctif
ou les formes dites d'injonctif, mâ bhara(1.
336 CIL\PITRE YI

La phrase interrogatiYe est caractérisée simplrment par la


maniè·re générale de prononcer, p:u rxemple :

Le thème de l'interrogatif (E,'r. :[; 1 lat. quz\ etc.) ne se


distingue en rien de celui de l'indéfini: -:[; s'.ê·t;; représente
une c\:pression qui à l'origine signifiait sans doute seulement
« quelqu'un esl Yenu? »; mais il s'est établi cette distinc-
1
tion que l interrogalif csl tonirp10 (gr. -:(;, jamais harytonné)
el l'indéfini atone (gr. -::;, toujours atone)i si bien que, là oi1
1
figure le tl1ème de l indéfini-intcrrogatif sons sa forme toniq11r,
l'interrogation a une marque propre; toutefois skr. Mb reste
tonique mème dans le sens indéfini.

[{. U~IO:\" DE PLUSIEl'RS PIIR_\SES.

li n'y a trace d'aucune particule indo-européenne serYant,


suiYant le Lenne technique, à coordonner deux phrases. Dans
un grand nombre c.le cas, dans la plupart sans doute, dans
tous pcut- ètrr, les phrases étaient simplement juxtaposées,
comme elles le sonl dans le zzeni, uidi, uici de César, on dans
ces den\: Yers d ' Homère:
, . ..... ,, ' , ' , ;-
.\ 106 :J.::c1-:i i'.Y.i'.(,)'I, ::; 7.(\) . . : . ~ :J.:: î: i'.ff'((:.>:'I E~;:s;,
:;,::s[ -::: -:x i'•.h.' sn': 70,::,: ?FSJl p.Y.'l':dsv0Y.~.
Les particules qui, dans les dialectes historiqnement
attestés, marquent lr passage d'une phrase;\ l'autre aYaicnt,
plus anciennernrnt, pour rolc d'attirer l'attention sur un
mot partirulier: mais, comme cc mot était placé en tète de la
ph rasr, d'.1près ce qui Yient <l'<\tre yu (p. 330 ), el immédia-
temcn l sHiYi de la partic11lr, celle-ci a semblé marquer le pas-
!'-nge d'une phrase,\ 11ne autre. Ainsi 3s scrYaiL li insister sur nn
L .\ PI11\ .\5E

mut, et cette Yalc11rr:-l reconnaissable dan:-. le démonstratif:-:::,


r,-:::,
ou dan:- t111f' ph rase comme la :-uiYan te:

A IJ ih-;:::: -::.x·r: x; 'Az.l::~;.


'A: .:::::.i :~ :1.ii.i-;:1 :~1,>, z:-::i:r,::;;:: i.-::.<7)1

m:1i.;;. tlè:-- l"époqne homérique, cc 111è1nc :i tonique a pour rùlr


C'-sentiel en grec d"oppo:-erune phra--e ;\ 11ne antre. Le gr. -z:
dan-.:~/. :1:r,z:. n'.z: sert '-eulement i1 insi,ter sur :1. :1:r,, ·1::x:.
cl de mème le correspondant ,kr. hi de cette particule dans
nahi « non pas » : mais sk r. hi (toujours tonique) :-i gnifie
tl' or<linai rc H car »
Toutefois il es t au m oins possible que !"emploi de skr.
ca) gr. ::., lat. que, got. -h, ou de lat. lie, :-kr. ·ï:ii, pour unir
de:- phrases, remonte à J"indo-européen. 11 n'y a pas une
différence ab:-oluc entre l"union de plusieurs mots ou groupes
df' mots,\ lïntérirur d'une phra:-r et l'union de deux phra:-es
diff<'-rrntes: deux phrases distinrtcs penwnt en efTet arnir
de:- mots commnns: ainsi chez Homère:

A 108

D"autre p:ut J"11nion <le deux mots peut être f'll mème temps
celle de <leu\ phrases: ain~i

- .,. "'"'
1\.'/ .1,:·1
, ·-
-= V
~
Cl ,
,:,,=·r:1
- ,' .. ._. '·-= (F) :,,
' 'l' =·1=--•-
- _., ·-.:·
(F) :,:r,-'-~"'-·":·
,--= •-

Il n'y a pas lieu dïmister sur CC'- fait:- qni ne pré:-entent pas
de particularité:- caractéris tiqu e,.

L"ne question plus graw est celle de s.n01r ùan:- qnclle


mesure les phra:-es s11hordonnt.'·es sont de date indo-euro-
péenne.
Beaucoup de choses qui s'expriment ailleurs ù l'aide de
subordonnées pouYaient être indiqnéf'::-: en indo-européen, ;\
)[EILJ.ET. 22
338 Cll.\PITRE Yll

I1intérienr de la pl1ra5e mème. par diYerses formes nominale:=:. .


Et en effeC d'une part. chn cu n des thèmes Yerbaux antil, .'i
côté des formes p e rs onnelles, un adjectif, qu'on nomme par-
ticipe : ce participe e~t une fo rm e n ominale, mais il admet
les mèmes co mpl ém ent:-:. qu e les formes personnelles d11 thè1ne
wrbal auq uel il appartient: d"antre pa rt , les racines auxquell es
se rattachent le.:. wrhes non déno mina tifs fournisse nt en
même temps de.:. noms, et ces noms ont, de par leur nature.
une rnlcur Yoisine de cell e des Yerhes ; enfin, ces mènws
noms en trent en co mposi tion. Grà ce lt ces trois cirrons lan res,
il était inutile de recomir à des suhordonnées dan s nombre
<le ras où la plupart des lan gues indo-européennes modernes.
et no tam m en l le fran çais . en prése nt eraien t. Quelc1ues exe m -
ples le montreront.
Lïmportance du participe dans les plus ancien textes
des langues indo-européennes es t immense. Le participe,
comme lont adjectif. peut se rapport er à un membre quel -
conqu e de la phrase : au <c suj e t » :

;\ un co mplément du H'rbr (qui n'est pas néccssaircnwnt


e xprinu'):
A 56 ,.-r,3~::; '{~F ~1.n.C.:r1 ;:: ~:t. 0·rfi;,.:;•1:x; =F~::;
« parce qu'elle Yo~-ai t quïls mouraient »; au co mplément
d"11n nom:
A 'i 6 rùr('.;:1.·1 ~' i;,' ::;::;': i-::' i0:J.(J)'I zw:: :J.{·1:;i:; ,
1.~:::'J ,.~·rr,ûi·1 :::;
1l peul è trc le second élément d ' une phrase nominal e comhi-
rn'·0 aYec la phrase Yerbale, comme dans skr. stity!w ma11yate
« il croit quïl es t caché », et Y. sl. tajt; sr 111111itit « il croit
q11ïl se cacli e ». Grâce à la liberté <le l'ordre des mots, le
. p:1rlici pe ~c prèle au récit d ' une action: skr. (Çat. Brah. ) T.
L.-\ PllR .\SE

8: 1, 1) tâsyâ'l!a11é11ijtmasya (lire t!zsya ava11émïa11asya) 111/zt-


syab pru.zi à pede « tandis qu'il se laYait, un poisson lui <':-l
,·cnu dans les mains», littéralement: << de celui-ci se lan.nt
un poisson aux mains est Y<'n11 ». Il se prèle aussi à marquer
cks contrastes; ainsi en Yédiq11c :
If.. Y., nn, i4, 8 ztd gâ ajad !z 1igirobhya
a-vif knn·!z11 g1,hii satib
« il a fait sortir les rnchcs pour les Angiras, en mettant <'JI
éYidence celles-ci qui étaient cachées », littéralement: « d<'-
hors les Yaches il a conduit pour les Angiras, en éYidcnct·
faisant ( celles-ci) en cad1ett<' étant "· On denait multipli<'r
le exemples pour donner nnr idée de tout cc que les parti-
cipes permettent d'exprimer el de l'extrême Yariété de lem,
emplois.
Si les anciens texte~ permettent de se faire nne idée nctlt·
du rôle des participes, il n'en est pas de mème pour l' em-
ploi <les noms primaires ; aucune langue n'a conscrYé nn
emploi libre des noms ù suffixe zéro et des autres noms pri-
maires immédiatement rattachés à des racines. Tontcfoi:- le:-:
te~tcs védiques laissent encore entrernir quelque chose de r el
mage. Soit par exemple :
Ji.. Y., nn, 65, 3 à trii gïrbhfr 111ahâ111 1m,11i
hu-vé gâm Î7.:a bh6jase
flldra s6111asya pït!tye
c'est-à-dire, littéralement, et en consenant l'ordre général
des mots:
par mes chants, toi, grand, large,
je t'appelle comme une Yache pour la jouissanc<'.
Indra, en vue de boire le soma.
Celle phrase renferme trois noms verbaux primaires: gïrbhili,
instrumental pluriel de gir- << chant », cf. j!zrate) gndui « il
CHAPITRE Yll

cliantc, il loue »~ lit. giri1i « _jf' loue »: bbôjase) datif d0


bhojas- « jouissance », cf. le ,crbc i, nasale blm1ikté « il
jouit)); pïtaye) datif de pïtay- (( action de boire )) ' cf. gr. -::hw
<c je bois )) . P our d eux au m oins de ces noms, on emploierait
en français une subordonnée, et l"on pourrait traduire: cc Par
mes chants, toi qui es grand, large , je t'appell e comme [on
appelle] un e ,ache afin q11 'elle mange. ô Indra , afin que
tu boi,es le soma )). Lïndo-iranien est le seul de to us le::i
dial ec tes indo-européens qui présente encore i1 date historÎ(JU e
un pareil emploi des noms primaires.
Partoui aillcnrs, qu elques-unes de ces formes on t été fixées
pour chaqu e wrbe : dans ée rtaines langues clics ont gardé
un ca ractère presque purement nominal : c'est le cas du
,iPil irlandais. En général elles ont été ratta chées aux thè-
m es wrbaux et ont fourni des infini tifs (rnir p. 2/48). En
germanique occidental et surtout en arménien, l'infinitif se
d écl ine encore. En gre c et en latin, chaque thème wrbal a ainsi
reçu son infinitif; -;J.~·1 ( dans ~;;J.~·1) est le lo catif d'un thème
en *-men-; cf. le datif skr. dâmane du thème dâ111an- cc ac-
tion de donner )> ; lat. -se (issu de *-si), dans es-se) lege-re)
lëgis-se) etc., es t le locatif d"un thèm e en -s-. En slaw,
-ti) par exemple dans pi-ti cc boire >>. est lP datif d'un thèm e
en -t-) et en lituani en, -ti) par exemple dans gér-ti « boire)),
le loca tif <le la même sorte <le thèm es. L'infinitif. dont la
form e prm·ient dans chacp1e langu e d'un dé,eloppemcnt
réce nt , joue en unc certaine m cs11rc le rôle des anciens noms
primaircs , mais d. un e manière moins libre. et a,e c un caractère
plus 011 moins ,erhal.
Enfin cp1clq11cs exemples h om ériq ues suffiront h indiquer
ro mment les composés dispcmcnt d 'e mployer dans certain~
cas les phrases rclati,es :

A 231
L.\. PHRASE

« un rm qm cléYorc son peuple >> ;

Nfo:wp

littéralement « Xcstor qui a de do11ces paroles », c' est-à-dire


« \estor qui parle bien». De même 90~-:lt1.Sp=::; « qui détruit
les hommes >>, etc. Ici encore, le fait que les noms indo-
enropécns primaires sont étroitement associés aux Yerbes tirés
des mêmes racines a rendu facile l'emploi des formes nomi-
nales nYec Yalenr presque complètement Yerbalc.
D'un autre cûté, un démonstratif placé en tète de la phrase
suffît b. en marquer 10 lien aYec une phrase précédente; le
démonstratif *ta- joue souwnt cc rôle; ainsi chez Homère:

'(F)·r.'>'J(F)=-·r.-
,.., -"' ~~
3:,,;,..,..r=
""';'""' ""'-, •""( ,. ,':,
i "·•,-,~-':' l bi,.:w,, 3:v-,..·r.--f,-
:;:) 'l.;el 7.-;:; -yi,(~c;;·r;; ;1.fr::;; -yi,'J'l.:W'I pfa-1 ;e·;3-IJ°
:~) a' ·r,a·" è~~ tJ.S'I ·r~·1~~l :1.~.:6-;:up) ~'J~pc~T.W')
i90:;eO ' ...

Le démonstratif ainsi employé a pu par la suite prendre


la Yaleur d\m relatif; c'est cc qui est arriYé en allemand
pour le démonstratif der) qui, dnns l'usage ancien, était
encore un _simple démonstratif.
Toutefois il ne semble pas que l'indo-européen ignoràt les
phrases relatiYes proprement dites. En effet, au relatif indo-
iranien skr. ya(J) yâ) yat) zcl yo) )'â) yat, le grec répond par
~;, :~, ~, et le YiCHX slaYe, par ji-z_e, ja-zeJ je-z_e; et toutes les
langues indo-européenne:-; font dès les plus anciens textes nn
usage régulier et fréquent de la phrase relatiYe. Le relatif
apparnît tantùt awc un démonstratif corrélatif clans la phrase
principale :
Cll.\.PITRE Yll

J!.g Yeda, lll, 53, 2 I )'j JIO di•ém• ad/Jarab slz{J padif[ll
« celui c1ui (y6) nous hait , qn ïl (sd{,) tombe en b as ».
Ya--na (gà th:.\), xxxIY, 13 tJ111 advr111Jm ••. .• yJ111 mtJi mrao1
« ce (tJ111) chem in que (yJm) tu m'as dit ». •

Ilom. E 31g ,'.i3'u~:; K.:x;::.c,7i,; D.-f.ij:.-:; j'J'lij:.: i:h,r1


-:fo·1, ;; id-::.1.i.:. ~;·r,·1 3:1 :xij~; 1:;;J:lj3·~;.
A 218 ô; ,.:. ~:.;1; i;::;::.{O·r.-:x: , [J.J.Àx -::. ,.1.~:·1 i'.i-::.~.
tantôt sans aucun corréla tif:

R. Y., x, 1 4, 10 !ttha pit(n rnvid!ttraî'1i zzpebi


yanzéua yé sadhamâdam 111!tda11ti.
littéralement: cc et Ya w rs les pères qui p ar tage nt de
beaux dons,
qui s'eninent dans lenr festin aYec
Yama . »

.\ 1 Ô1 ,.il è·f. p.;: ·rtp:x; :x·'.i -::; ~?Y.ip·iJ·;:.: 0:x~ ~ ... :.:i.:.t;,
(~ lr:t 7::Î,i,1 :J.~';a~,;~.

La phrase relatiYe se place à rnlonté aYant ou après l'an-


técéden t, et le relatif peut être ou ne pas l\tre immédiatement
rnisin <ln mot auquel il se rapporte: simples applications du
principe de la liberté de l'ordre des mots.
Les relatiYes sont les seules subordonnées qu'on ait des
raisons de fait de tenir pour indo-européennes. Les autres
types de subordonnées, et no tamment les phrases condi tion-
nelles, ont <les formes différentes dans chacun des dialectes.
Cll .-\PITH.E Yll 1

SCR LE YOCABUL\IHE

Quand on rencontre dans plnsi<'nrs ]ang·ucs - parentes


ou non - des mots qui se rcss<'mblent de près et par la forme
C'l par le sens, on doit tout d'abord se demander s'il n'y a
pas crnprnnl de toutes ces langues il l'nne c1·cntre elles;
ainsi ponr cc la rançon, le chùtimcnt, la peine», on tronw: gr .
.. :,:·d11 lat. poma, Y. irl. pia11, ga1I. poen, Y. h. a. pïl!a (a11.
pein), Y. nngl. pî11 (angl. pille, pai11). 11 ne s'agit pas ici d'un
mol indo-européen consené indépendammrnt par chacune
de ce:- langues: nn p <ln cdti1p1c n 'e::-t jamais 1rn p indo-eu-
ropéen, non plus q11 'un p d11 germanique; le~ mots irlandais,
gallois, allemand. Yicil ang]ai:- ont été empruntés au latin,
rt le mot latin lui -mème au grec, dor. -;::;:·d. En effet le sens
premier du mot esl le prix.payé en compensation d\m dom-
mage cau-;é à nne famille. par exemple ponr le meurtre d'un
de ses membres; le m ot indo-européen *k'"oinâ, qui expri-
mait cette notion, est représenté par zd kat/la-, gr ... :,:·d- et sl.
cèJw- (cf. le clériYé ]it. fainé « ndenr, prix »): il appartient
i1 la mème racine qnc le n•rhe gr. -:f·{F)r.,J « je paye, j'expie )) ,
fut. -:sf;w, dont le -: initial n'est pas nn ancien t, mais nn
ancien *k"': comme l'indique la forme -;:so'.;1.: der aoriste dans
un dialecte qui, comme le thc::-::-alien, représente à l'initiale
du mot kw par .. , n1~mc <leYant s; et en effet gr. 3'.::--::;~;
(an~c - ;:- issn de *-ti-) répond exactement à :-kr. !tpa-citib
CIJAPITRE nu

« r0pr~sailJ,,s »: cf. aussi zd éi0a « expint1011 )> (cf. p. 5ï);


si le 111 ot inllo-europécn était directement rrpréscnté en latin,
il y .111rnit ln forme *quoina, d'où *nï11a.
Quand on a une fois éliminé les mots dont la ressem-
blance s'explique par des emprunts, il en reste un grand
nombre qui, en tenant compte de l'action des lois phoné-
tiques, se laissent identifier les uns aux autres, comme zd
kaë11t1, ,·. sl. chza, gr. 7::i·1f,. De ces concordances, ]a plnpart
proYicnncnt sans cloute de cc qne les mots correspondants
c:\istaicnt déjà en indo-européen, mais d'autres pc11Ycnt s·cx-
pliqucr par l'extension plus ou moins tardiYc clc certains
mots sur tout ou partie du domain0 indo --curopé0n : ainsi il
n'est pas douteux que skr. t(u)v-!1111, v. si. ty, lat. t1ï, etc.
supposent un mot i.-c. *flï « toi », exactement comme fr.
tu, ital. tu, csp. tu, etc. supposent ]al. tzï, : nrnis diYcrs faits
arclréologiqucs et philologiques ne permettent pas de douter
que gr. Y.i·r1 i~i; (pom la première fois, chez Hérodote, l Y,
ï !,) et v. isl. haupr, Y. h. a. hauaf <1 chan ne», bien que
présentant des correspondances phonétiques correctes, n'aient
été empruntés indépendamment par le grec d'une part, par
le gcrmanic111c de l'autre à une langue du Sud -Est de l'Europe.
Ces dcm: cas, celui de l'identité originc1le et celui de l'ex-
tension postérieure à la division dial ectale ( c'cst-.\-dirc de
l'emprunt) , sont au fond absolument différents, mais il est
irnpossihlc la plupart du temps clc faire le départ de cc qui
appartient l1 l'un et à l'autre; et l'on en est réduit à entendre
par mots indo-européens les mots communs à plusieurs dia-
lectes indo-cmopécns, à la seule condition qu'ils présentent
toutes 1cs altérations phonétiques cl morphologiques carac-
téri~tiques des dialectes ,rnxqucls ils appartiennent, el que
des témoignages historiques n'en attestent pas le caractère
récent. Toutefois, il importe de ~c jamai::; l'oublier, le tcnnc
ùc mdts indo-mropéens recomTe deux cho::-cs hétérogènes et qui
sen LE VOC~B~L~IRE

ne restent confondues que par suite de l'absence d\m critère,


donnant le moyen de les distinguer: et la part des emprunts
préhistoriques d'un dialecte indo-européen à un autre ou de
plusieurs dialectes indo-européens à des langues d'autres
familles n'est certainement pas négligeable.
Il y a au moins un cas particulier qui doit ètre em·isagé
ù part: c'est celui des mots qui 1 entre toutes les langues
indo-européennes, ne se trouvent que dans les dialectes les
plus voisins les uns des autres : il y a ainsi des mots qui ne se
rencontrent qu'en indo-iranien et en balto-slave, d'autres qui
ne se trouvent que dans les langues d'Europe ( et en armé-
nien), ~l l'exclusion de lïndo-iranien, d"antres qui se sont
que slaves, baltiques: germaniques: celtiques et italiques. On
verra ci-dessous quelques exemples de ces diwrs cas : il est
clair qu'avec de pareils rapprochements on ne prut conclure
qu'à l'existence du mot dans certains dialectes indo-euro-
péens ( ou à l'emprunt par un groupe de dialectes). et non pas
dans l'ensemble du domaine.

Les rapprochements qui ne s"étendent pas à plus de deux


dialectes cloiwnt être tenm pour plus ou moins su--pects,
sauf raisons particulières : car la ressemblance de deux mots
exprimant le mèmc sens clans deux langues différentes peut
être duc à unr rencontre fortuite : c'est ainsi que l'anglais
bad « maurnis » n'est pas apparenté, mème de loin, avec le
persan bad signifiant aussi « mauvais » : mais ce serait un
hasard étrange que bad signifü\t « manvais » dans une troi-
sième langue. La coïncidence de trois langues non conti-
guës suffit donc pratiquement à garantir le caractère « indo-
européen >> d'un mot, sous le bénéfice des réserves indiquées
ci-dessus.
On peut toutefois affirmer la certitude d'un rapproche-
ment, mème limité ~t deux dialectes, dans certains cas par-
346 Cil .\ PITRE Y III

ticuli er--: ain~i le gr. -::lw·1 el le --kr. pivâ « gras» ne se re


troU\ en t pa-- en dehor, «lu grec et de l'in<lo-irnni en : mais la
formation carac téri--tiq11 (• du féminin, gr. -::t:.i,::c skr. pi,varï,
jointe~, la parfaite identité de sens, de flexion, de place du
ton, e\.cJn t toute espècr de doute : de mème lev. perse râdiy
el le Y. ,). radi « n ca11 :-e de >> ne s<' lrouYenl pas dans une
troisième langue, mai:- :-ont employés d"une manière id<'n-
tiq ue . cl fon t partie d"une a,,ez longue série de trrmes parti-
culiers au slave et à lïranien.
U, où il n 1 exi,te pa:- de raisons spéciale:-, on doit, en
bonne méth ode , teni r pour doiift'llX tout rapprochement de
mols qui ne porte que ,11r deux dialectes : si mème le gr. i~:.-
::ci << il a un respect religieux pom » était :--Ùremenl identi-
fialil e ù skr. ylzjati « il sacrifie » - ce qui n ·es t pas , car
):f. ' peu t répondre à autre cho:-e que skx. y, skr. a à
autre ch ose qu e gr. :c, la formation de, deux wrhes n'est
pas la mème, les sen, ne concordent pas, etc. - . il faudrait
se garder <l"ailirm er que les deux mols son t parent,, et le rap-
prochement ne saurait «'·Ire tenn que pour :-Împlemenl po::--
sible.

Enfin. il n·e,t pn, ua1. mème son:- le bénéfice des ré,er-


n·s précèdenles. q11<' la --omnw dr-s rapprochements ent re les
diwrs dialectes indo-em opéens, telle qu· on la trouYe dans
un dictionnaire étym ologique, <lunne du vocabulaire <les
tribu:- de langue indo-e~1ropéenne nne idée exac te. fùt-c e ap-
proxi matiYement.
Sm1f trois, l'indo-iranien, le grec et l'italique, ton~ les dia-
lectes in<lo-européem :-ont att rs tés seulement plusieurs
$iècles aprè~ J é,11~-Chri,L el par des littératures romanisées
ou hellé nisées el christianisée~: les langu es italiques elles-
mêmes n ·apparaissen l qu'après avoir subi l"influence hellé-
nique: r exrmplr. ci té ci-de~sll5, du lat. poma qui s'est étendu
s~n LE YOCABUL~IRE

sur toute l'Europe occidentale, et gui lui-même est un emprunt


au grec, montre qu'il y a nn vocalmlaire européen dont
l'extension coïncide avec celle <le la civilisation gréco-romaine.
Le sanskrit, l'iranien, le grec, le latin présentent, dès le
début, des formes littéraires cléjh développées : aucun dialecte
indo-européen ne donne une idée de ce qu'a pu être, au
point de vue du ,ocalmlaire, la langue de populations demi-
civilisées.
Le procé<lé même par lequel on détermine le caractère
indo-européen d\m mot exclut dès l'abord la connaissance de
ce qui dans le rncabulaire était concret et précis, de ce qui
srnait à la vie de tous les jours : les seuls termes qui aient
subsisté dans plusieurs dialectes différents sont les racines
qui indic1uaient les actions banales et universelles : « goù-
ter », « porter », « aller », « connaitre >>, « lier >>, etc., et
les noms des notions les plus générales : le« père,>, l' « œil », le
« bœuf ,>,etc .. en un mot cc qui était conunun ù tons les parlers
du domaine indo-européen, et non ce qni était propre à l'un
ou à l'autre d'entre eux.
De plus, ponr rapprocher les mots des divers<'s langues,
on doit considérer ce qu'ils ont de commun, et par suite
élimin<'r les nuances de sens dues à l'évolution propre <le
chaque dialecte : il ne reste plus alors qu'une abstraction qui
fournit le moyen de justifier le rapprochement, mais non
pas pour cela le sens premier du mol. A parcourir un dic-
tionnaire étymologique, on a l'illusion que la langne indo-
enropéenne aurait procédé par mots et par racines d'une
valeur abstraite et très générale, alors qu'on doit au con-
traire se représenter chaque parler indo-européen 11 l'image
<l'un parler lituanien moderne, pauvre en termes généraux et
plein lle termes précis indiquant les actions particulières et
les détails des objets familiers.
Enfin les t<'rmrs technicp1es diffèrent pour la plupart
Cil.\ PJTH E \ lll

J" un r langue à l'antrr parce qur, en tre l'époque indo-euro -


pée nn e et le mo ment où chaqu e dialrcte es t a ttes té, la ciYi-
lisa ti on a subi des lran :-- for mations p rofo ndes r t qu e les mots
dr cr genre ont changé à pl11si em s reprises awc les teclm1-
q11es clles-mèmes.
Cc qu i représe nt e, pour Ir ling11isl c d'a uj ourd 'hui , le rnra-
lmlai rc indo-euro péen n ·es t f111 ' un petit noya11 <le termes géné-
rmn: , précieux it ca use des co nclu sio ns q11ïl perm et de tirer
e n phonéti c1u c et en morph ologie. mais absolument im-
propre ;\ donn er un e idé·e de cc qu 'é tait en réa lité le lexiqu e
d' un pa rle r inclo-r n ro péc n. D11 rcs tr le Yoca hulairc de cha-
cune des langues inc.l o-c11 ropée nn es diffère profondément de
celu i d'u ne aut re langue quel co nqu e llc la fa mille, el cc
n·es l fJn 'n nr petite minorit é des mots de chaqu e idiome qni
a un e étymologie indo -europée nne. Les ét>·mologistcs rai -
onn ent souYent co mm e ~i tons les mots des lan gues att estées
q11i ne so nt pas notoirr ment emprunt és à des idiomes con-
n11 s derni ent être <l'o rigin e ind o-europée nne el utilisent pour
fo urni r un e étymologie ind u-européenn e de chaque mot
d'u ne des lang acs de le famill e tontes les ressonrces de leu r
science et <le leur ingé ni osité : c'est oublier qu r, entre la pé-
riode in do-e uropéenne el les plus :rnciens tex. les <le chaqu e
di alec te, il s'es t écoul é pl11 sie11rs ce ntai ne~ d'a nnées, dura nt
lesq nclles il a pu ètre fai t un nom bre illimité d'e mprunts
~t des langues auj ourcl' ltni inconnu es.
On juge ra de tout ceci par 1111 ex:un en. rapid e des prin ci-
pn11x é-lé111 r nts dn Yoca b11lairr inclo-<'ll !'O pécn .

1" Hac inc~.


Peu dr racin e~ i ndo-e uro péc nnrs dé:-ig nen l des acti on~
lrcl111iq11es, et Ir se ns dr cr:- q11 clqn r~ racines e~t en partie
a:,,;,rz Yag11 c.
La racine de slr . tâkfali « il fohriqn c n parait s'être appli -
SLR LE YOC.\BULAIIŒ

guée à la confection de toutes sortes d'objets, et cc sens très


général est con se né dans le gr. -:!..z-rr,. Skr. talîfati et zd
taJat ont le sens général de << fabriquer », mais désignent
surtout cc c1ui se fabrique aYcc la hache ; skr. tlzkfii, zd tasa,
gr. -:b.-:w·, désignent le «charpentier», Y. h. a. dchsala et
irl. tiil, la «hache», et Y. sl. tcsati et lit. tas:;,Jti signifient
« traYailler aYec la hache ». On pourrait être tenté de croire
cc sens le seul ancien si le lat. te.wre n ïndiquait une autre
industrie: le tissage, et si m. h. a. dehseu ne signifiait « bri-
ser (le chanue) ». Le zd tastJ111 « écuelle », dont on peut
rapprocher lat. teJfa « objet en terre, Yase, etc. n, ne prou YC
pas que cette racine ait seni à indiquer le modelage de la
terre; car ces mots ont pu désigner anciennement des Yascs
en bois.
La racine qui signifie « donner une forme à la terre » est
celle de got. digan, lat. fi11gere: mais il peut s'agir, ou de
fabriquer de la poterie: lat. figulus « potier », got. daigs 7
Y. h. a. teig « pùte »: ou, plus ordinairement, d'entasser
de la terre pour élcYer des murs : skr. dchi « rempart », zd
daëzayeiti « il amasse », Y. perse dida «fortification», arm.
dt;_ «monceau», gr. -:::Yz:.;, -::Yz:.;, osq. feihùss « mu-
ras».
Cne racine *rnê- « filer» est attestée par lat. 11ërc, gr. ·,tllJ,
aor. s·,·rr,, ·17i:1.x « fil», irl. s11ïm « action de filer n, snathe
« fil », peut-être aussi par skr. rnâva « lien », Y. 11. a snuor
« lien»; mais Y. h. a. 11ajan signifie cc coudre ».
La racine de Y. h. a. 'Webmz « tisser n a son sens précis en
grec, 01 ~~·,w, et en iranien, zd ubdaë11a- « tissu >>, persan
biifad « il tisse »; mais Yéd. unap signifie simplement « il
attachait n, et le sens de « tisser» n'apparait nettement en
sanskrit que dans (zïnza-)'vâbbib « araignée », littéralement
« qui tisse ( de la laine) n.
La notion de « coudre » est nettement indiquée par: skr_
CH.\PITRE YJII

syat!r?J (( consu >>, sivyati << il coud n, lit. sùl!i ((cou<lre», ,. sl.
siti) got. siuja11, lat. rnere) gr. 'l.,:-:--:~~i·, « comlre ii: lat. s1ïb11lll
(de *s1ïdblir) et , . sl. silo ( pol. sz.ydlo) « alène ».
« Conduire un char» est exprimé par skr. 'Virhati) zù
·mzaiti) ,. sl. 'l!CZJJ) lit. i·e~li) lat. 11ehv: le «char ))' par'"· sl.
l'ùz_ftJ gr. (f ):z:;, Y. }1. a. Wt1gt11zJ,ÎrJ. fë11; le chemin Olt
passent les cliars, par got. iuigs) Y. 11. a. wcg et lat. uia ; le
,erbe germanique signifie simplement « mettre en motne-
ment » ainsi got. ga-wiga11. o·autre part le skr. ylui) le ,.
sl. jadg) le lit. jôju indiquent l'idée de « aller dans un ,élii-
cule rchar ou bateau] )) : et en regar<l de cette racine qui e.;t
senlemc:it indo -iranienne et halto-slarn, un mol occidental
pour celte idée de « aller dans un ,éhicule » est attesté par
,. h. a. rïtmz) ,. angl. rfda11) Y. isl. rida) irl. rïadaim, et
par gaul. rëda « char ».
<( Ha mer » se dit : Y. isl. nia, 1il. irti ; c< rameur » : sk r.
arit/2r-. gT. s,:t-:·r.;: «rame»: lat. rë11111s) v. li. a. rnodar.
Les langues de l'Europe ont pour « labourer i> une mème
racine attestée par ,. sl. orj(J,) lit. arili, got. arja) irl. airi/11,
lat. llrô, gr. :tF;c,), et l'arménien mème a arawr (<charrue»
= lat. ariltrnm. )lais l'indo-ira nien ignore ce mot, san:-
doute, parce qne les tribus de langues indo-iraniennes l'ont
perdu à la suile d'une période transitoire de ,ie nomade.
Pour « moudre», la racine *111l'IJ- de gr. p.~i:r,, lat. 1110/ô
(v. p. 172) est inconnue il l'indo-iranieu: mais en face de
gr. :iti,tc.ü, arm. alam « je mouds », l"hindi a il{il) et le per-
san fmi « farine » ; une racine indo-européenne signifiant
« mou<lre ,, est donc attestée en indo-iranien.
Le ,crbe qui signifie « forger»: ,. sl. l.ovç) lit. k!wju)
,. h. a. ho11wa,1) el aYec un élargissement) lat. clÏdo, e~t,
comme un certain nombre d'autres mots « de civilisation n,
inconnu au grec, à l'arménien et à l'inclo-iranien, el limité
aux dialectes septentrionaux et occidentaux de l'in<lo-euro-
SLR LE YOC~DCLAIRE 351
péen. Le sens. non technique, de « frapper » lran:-paraît en-
core.
Skr. /.:rïuâ111i, Y. ru~se krI1111, Y. irl. crmi111, gal!. prynaf
attestent l1existencc d'un Yerhe à infixe nasal signifiant
«j'achète», d'une racine dont skr. lm1yâb « achat » et le
gr. -::p[x;f:Jxi « acheter» fournissent d'autres formes. :\[ais il
ne suit pas de ]à, que les notions de « YCndre >> et « d'ache-
ter » fussent nettement opposées; les mêmes langues ne
présentent pas pour « Yendre >> un terme commun.
La racine *peik 1- signifiait sans doute c< faire des marques»,
au moyen d'incisions, et aussi au moyen de taches de cou-
leur; elle a fourni : skr. pi11zç!zti « il orne, il arrange >>. Y.
perse ni-pis- «écrire», Y. s1. pis{l « j'écris », skr. péçab et zd
paèsà « forme, couleur>>, lit. pesz.as « tache de suie», Y. h. a.
fëh, Y. angl. f!zh, got. filu-faihs « de couleurs rnriées », syno-
nymes de gr. -::;i;,D,;; et de Y. sl. pïstrz1 (tandis que gr. -::::1.-
F;; signifie « amer >>, littéralement « mordant, coupant >>,
comme got. baitrs, all. bitter).
Skr. anâl?h" « il oint>> (3e plur. a1îjd11ti), lat. mzguv omhr.
u m tu « anguito », et sans doute arm. awca,zel « oindre »;
skr. âjyam « graisse de sacrifice>>, Y. pruss. anktaiz « beurre>>,
Y. h. a. a,zchv, Y. irl. i111b, lat. 1mg11m, zmgumtum, ombr.
u men.
Hien n'est plus imprécis ni plus fuyant que les renseigne-
ments que pourrait fournir un examen des racines de lïndo-
européen à qui rnudrait tenter de déterminer par là les con-
ditions d'existence des populations qui parlaient cette langue.
La plupart des racines n'enseignent d'ailleurs rien, sinon
que la langue distinguait « Yivre >; et « mourir », « boire n
et c< manger », « dormir >> et c< Yeiller », « lécher >> et
c< mordre », c< prendre >> et « laisser», « Yoir >> el « enten-
dre>>, etc.
Cependant quelques racines présentent des séries rei:nar-
CIL\PITRE \"III

q11ables de dé,eloppements de sens remontant à lïnclo -euro-


péen : la plu.;; curieuse ii rel égard est *bh:udh-: le sens pre-
mier est sans doute celui de « willer >i, qui f'st conscrYé
dans les dialectes orientaux: skr. budhy!tte « il est éreillé, il
~'éŒille », , -. si. Mditù « il reilk· » (infin. bzdéti), lit. budhi
« willer >i: slr. bodh!tyati « il éYeillc ». Y. si. buditt"t « il
éYeille » (infin. buditi): Y. si. b111u;ti « s'éYeiller >>. lit. bwzdti
cc je m'éreille »: lit. lmdnis signifie éreillé >>; mais le Y. sl.
bùdn1 « vif ,i. tradui.;;ant -::2::0J:J.:;, a pris nn sens déjh plus
éloigné du sens premier: le présent thématique slr. bâdhati
signifie cc il est en éYeil, il fait attention. il remarque»,
com me les correspondants Y. sl. bljudç « j'obserYe, je garde>>
(a,e<.' l mouillée <léYeloppée normalement entre labiale el le
j dc"ju représentant i .-e. *eu) et hom. -::s~0::J.;c: «je m'enquiers»,
aur. gr. s.-::·;0::J:r,·1 (d'o11 .. J·10.:::,::J.;,:i): de rnème le zd bao?.ah-
:-ignifie l< conscience >J; lïrl. buide a déYeloppé le sens particu-
lier de« reconnaissance » ( conscience d"tm bienfait) : dn sens
de « j'obserYe >> on passe ,', celui de « je sens ». ainsi le zd
bao?.,111to) Yast XIX, 69, et, en particulier, « je sens une
odeur»; <l'oi1 zcl baoi:is «odeur»: Yast X.YIJ, 6, lJllbaoi?.ts
bao?.aite 11111iz11J111 « nne bonne odeur embaume la maison »:
d'un autre cùté, avec rnleur facti ti ,·e, on a le sens <le « donner
l'é,-ei l, attirer l'atlention >>, d'où « présenter, offrir, imiter>>
dans Y. isl. bioâa, Y. li. a. biot,111, et. nYec préwrhe, gol.
a,u1-bi11dan, v. 11. a. gi-biotan, «o rdonner)) ' got.faur-biudau
« défcnùre » (ail. 'l'.'r-bittm): c'est de la mèmc valeur factitin•
que Yient le :-en~ « n~prÎ1ll'lncler, punir >> de lit. baud~iù
baüsti.
Le sens le plus concret. et sans doute le plus ancie11, de la
racine *g,eus- parait subsister clan:- le gr. ·;d:;1.;,:: « je go1ite »
d le lat. gustus : mais en inclo-iranien, le ~ens est « prendre'
aYec plaisir, aimer >l, ainsi :-lr. juf!ttc « il prend Yolontiers,
il aime». Y. per~e daustar- « nmi », et de même en albanais
SU\ LE YO C.\Dl"L:\.11\E

0 1'1defo signifie « j 'aimais » : d'autre part c'est le sens de


« choisir » qui s'est déYeloppé dans Y. irl. do-roi-gu « il a
rlwisi » et dans got. kiust111, causatif kausjan « exan,iner.,
d10isir », mais anciennement « goùter )>, sens bien cofüerYé
dans le mot slaYe emprnnté 1•11-kusiti » goùter », tandis qu e
le Yerbc français choifir, aussi emprunté au germanique, re-
produit seulement le nouwan sens.
Les racines ne pc11Yent ètrc définies que par des form11les
Yagucs, mais~ en réalité, cha cune c.l'elles tenait le plus sou -
Yent des emplois fixes et tout particuliers : par ex.crnplc
*prck 1- signifie « demand er, in terrogeL prier », de li1 skr.
P{cchlrti, Y. sl. prositi, lit. pras,{.·ti, got. frai/man, Y. h . a.
{râgën, lat. fosco, arm. harçaneJJJ, tous Ycrbes ~ignifiant « de-
mander. interroger>> d'une manière générale: mais il y aYait
11n crnploi spécial: << dcuiand cr une femme», attesté par lat.
/Jrcms, lit. pirs::.._ti « demander en maringc ». serbe pràsiti
(même sPns), ann. harsn <( fian céP, bru ». - La ra cin e
*wedl:- signifie « conduire » dans zd vâ2ayeiti « il con duit »,
Y. sl. 'ï.:edç, lit. ·1:edli, irl. fediJJ1, mais en particuli er « co ncluin·

la fiancée à la maison » (lat. uxorelll ducerc), d'où skr. i•adht1[1


« hm >l, i•lthate (issu de *·vltdhall', à clisting11rr de i·irhat:
« uehitnr ») (< il épouse», zd -vâ :a yl'iti « il épouse», lit. Vt'd1i
« j"épouse », gall. dr-u•cddio « se marier ». - Ln rncine de gr.
?(;w, lat. fera, etc. signifie (< porter )) , et très souwnt « por-
ter », au sens de « ètre grosse » , ainsi zcl barJf1 ri « femme
enceinte». gr. 9:F:; « enceinte », s1 ::Fj::·r sz~·r,j::·1 chez Hesy-
chim, Y. sl. brèz_da « grossr, enceinte », lat.farda; go t. gt1-
baira11, Y . isl. bt'ra « enfanter >l (nll. gt'biin:n). - Pour arnir
une i<léc exnclc de la Yal e11r d'un e ra cine indo-e11ropécnn e, il
faut co nnaitre ces emploi-. particnliers , de mèmc qn 'on ne
connait naiment un mot d'un e langue qu e si l'on sait ùan-;
fp1ellcs phrases il figure d'o rdinaire.
~IEILLET .
35/4 CHAPITRE YIII

2° Jlols isolés.
)foins intéressants que les racmes au point de vue de la
structure générale de la langue, les mots isolés donnent sur
le rncabulaire des notions plus précises. Si on les utilise avec
la résene qui convient, on en peut tirer quelques indications
sommaires sur l'état social et sur la civilisation des hommes
fJUÎ parlaient l'indo-européen.
A. Termes de parenté.
Il y a une série de termes <le parenté ù sens bien déterminé,
parfois étendu dans certains dialectes :
père: skr. pitltr-) gr. .. 7..:-~p, lat. pater) Y. irl. athir) got.
fadar) arm. hayr.
mère: skr. mâtar-) Y. sl. mater-) gr. dor. [JJ:·r,p, lat. mâ-
ter) Y. irl. mâthir) Y. isl. m6âer) arm. 111ayr.
frère : skr. bhrâtar-) Y. si. bratri't) gr. 9pz:wp~ 9p;.:-~p
(membre d'une 9pi:p[i), lat. friltcr) v. irl. brathir) got. bro-
par) arm. elbayr.
sœur: skr. svlrsar-, lit. seser-, v. sl. sestra) lat. soror) Y.
irl. siur) gol. swistar, arm. khoyr.
fils: skr. SlÏllllb) Y. sl. S)'llll) lit. SlÏlllfS) gol. SÛllliS (all.
solm) ; cf. gr. 'J~i;, 'J:6; ; inconnu à lïtalo-celtique, ainsi que
le suivant.
fille: skr. dulJÏ/ar-J gr. (fr(Y.:·r,p, V. sl. dzzsfer-J lit. dt1/1fer-
arm. dustr) got. dauhtar.
femme du fils: gr. 'l'J:;, arm. 11u (génil. mwy); passé aux
thèmes en -il- dans: skr. s1w.yâ) Y. sl. s1uïcha, Y. angl. snoru;
thème en -u-, lat. 1111r11s.
père du mari : skr. ç1.•açurab) zd x"uas11r6) lit. sz.êsz.uras)
hom. ((F);.z"Jp:;, lat. socer) alb. vjelu.r) Y. h. a. svehur.
mère du mari: skr. çi1açnib) Y. sl. svekry) lat. socrus, Y. h.
a. swigar) et gr. '(F):.z·Jp, arm. skesur; got. swaihro) gal].
chwegr.
frère du mari: skr. devar-, Y. sl. déver1, lit. dëveris, gr.
SLR LE ,oc~BLLAIRE

~i-~p, lat. leuir, Y. angl. tâcur, '"· h. a. z.eihhur, arm. taygr.


sœur du mari: gr. y:D,w;, lat. glas, russe :;,._6lva et serbe
zaova supposant sl. *z.zï lfrva; ( arm. ta l).
femme du frère du mari: skr. yàtar-, Y. sl. ùtry, lit. jmter-,
inter-, hom. sin:ips; (et le datif h:.<:pi sur une inscription <le
basse époque), lat. ianitrïces (et arm. ner).
YeuYe: skr. vidh!rva, zd 1.•i?,ava, v. sl. vzïdova, Y. pruss.
iuidde·wzï, got. ·u,,11auwo, irl. fedb, lat. maua ; inconnu au grec
et à l'arménien.
Tous les degrés de parenté immédiate dans la famille de
l'homme sont clone désignés p~r des termes précis dont les
·principau~ appartiennent à un même type, celui des thèmes
en -r-; le mot qui désigne le «mari» est le même qui signi-
« maître » ( de la maison) :
skr. pati(J, zd paitis, gr. -:::~:;, lit. clial. patis, cf. got.
(brztp )faps << fiancé » ; un féminin <le ce mot désigne la femme
en tant que maitresse <le la maison en sanskrit: patnï, (cf.
fiait gr. -;:;-;·1i:.<), et en lituanien: pati.
Pour la famille de la femme, tout est vague et incertain ;_
les sens diYergent d'une langue à l'autre, et les formes va -
rient : le gr. -;:S'/hp:;, qui désigne le « père de la femme »·,
appartient à la racine de got. bindan « lier», zd bandaiti « il
lie » et signifie par suite « allié », comme lit. beïzdras, dont
le sens actuel est « associé», et skr. bandlm(J « parent du côté
de la femme » (cog11atus an sens le plus général) ; aussi 1::.·1-
02.pb; désigne-t-il tout parent par alliance, et notamment le
<<gendre» et le cc mari de la sœur ». Le cc gendre » s'appelle:
skr. jâmàtar-, zd :;/tmàtar-, - v. sl. Zft1, lit. ~éllfas, lat.
gmta (mot de glossaire), alb. ~w~sr, -lat. gmer, -gr. ~'Y.;J.6p:;
(aussi « beau-père » et « beau-frère»), toutes formes où ron
discerne un certain fond de ressemblance, sans pournir les
ramener à un original commun.
Il n'y a pas de termes précis pour la parenté non imrné-
33G Cll.\PITIIE Y11I

Llialc. Lat. auos ~i/!nifi0 « grand -pt'.rr >) (paternel n11 m:i t<'I'-·
nrl): lat. auo11ml11s « oncle n; gall. c·zuythr « oncl<' >>, ,. h.
a. àheim «frère de la rnè.·rc », gut. a'l.UO c< grancl'm<'.·rc », Y.
prnss. muis et Y. sl. 11;1 cc frhc de la rnèrc >>~ ann. haw « grnnd-
père » . L'indo-iranicn 11!tpat- désigne le descendant cl, en
particulier, Je «petit-fils))' lat. nepos) mptis le c< prtit -fils »,
ln « petite fille », irl. ui(l') md;t le << fils )) , la c1 fille dr la sœm 1),
Y. h. a. 11e1·0 le « ne,en ))' Y. lit. 11epotis le «petit-fils)), le

« newu >), serbe uër'ai? le cc fils de la sœ11r », rlc.


Tout ceci indirp1r 1111 état social où la femme entrait dnns
l.i famille cl11 mari, mais où le mari n 'a,ai t pas awc la famille
de sa fcmnw une parenté définie. Il s'agit dr ces cc grandes
familles » ~l descendance masculine, telles qu'on les obsrne
encore chez les Serbes (zadruga) et chez les Arméniens.
La maison forme un groupe social commandé par 1111
<~ chcl' de maison >>: skr. p!ttir d!tn 011 d!t111pati(\ gr. 2:::;-;:;-
:·~; (de *dems-pot-iï- « chef dr la maison »), lat. do111ill11s.
l'11 lcrme pl11s compréhensif rst celui de << groupe de mai-

sons, tribu >) que présentent, a,ec di,crscs nnanccs de sens,


skr. 7.'ÏÇ-) zcl 'VÏS-) Y. perse 'VÏ') - , Y. si. 'VISZ) FOI. 1.r,1cibs) lat.
uïrns; gr. F:!z:; (ou aussi la fr1rn1eatltématiq11e F:i~'.- dans
F :'.zx-:::) a le sens de « maison », à l'originr la « grande
maison ))' comprenant des constrnctions 11111ltiplrs ü1'1 logent
l<'s di,<·rs mcrnbrrs de la « grande famille », et c'est pour
cela que F :!;,.:; dé~ig-ne aussi l'ensemble des plus 11roclies
parents: le nom de cc cl1rf de ,illage n, skr. 'l.'Ïç-p!ttib, zcl
'l'ïs-paitis) a pris rn baltique lr mème sens gc_~néral q11r celui de
« rl1rl' de maison», 3::J-;::-:·r,;, en grec, et l'on a lit. 'Viisz.pats
« 11ia1trc, seigneur>), Y. prnss. waispa11i11 «maitresse>>. -
Lr « roi n n 1rn nom attrstéseulrmrnt en sansl.rit: raj-, râja11-)
f'l dans lrs dialrcl.es les plus orcidentall\.: lat. rl.x, cPlt. rïg- (le
mot germanique attesté par got. rciks << chef)), etc. est peut-
ètrc c·mprnnté an celtirp1c). - Cn mot dL~signant tout 1111
5t· n LE YO C.-\.Bl. L\.IRE

p euple e5t attesté :-eulem en t dans les dialec tes Llc l' Onc~t.
ju:-:.qn"cn baltiq1H', cl ne se trou,e ni en sla,e, ni en ind u-
iranicn, ni en arm éni en, ni en grec: ,_ prnss. !auto« pays » .
lette fauta<( p eupl e », got. pi11da (d'où pi11da11s cc roi ») . ,.
irl. t1ïath cc p euple » . osq. to11to et o mbr. Iota cc cité ».
li 11 ·y a 1ns de rn ot Llésignant la cc Yi li e » : skr. pâb (gé nit.
p11râl1\ lit. pi lis signifie nt cc li Pu fortifié >>, l'i le mot grcr
corr2spondant -;::i.:; (;n cc nn :-:.uflh.c secondaire) aYait d"abord
cc sens qui transp:i.rait clairement clans :xï.p:.::i,:;.
ll . .\oms d"ani111au'i. e t df• plantes.
D es noms LLrnimau \., les uns : - 'appliqu ent à d e:- ammau \.
d o m es tiques: tcb qu e le mouton on le bœnf, J"autrcs c\ dt·:-
animaux sau,agcs: dans qu el qu es ca s. o n ne saurait faire le
d épart entre Jr.s uns l'i les autres: on se bornera à un e énu -
m ér.1tion d e:- no m:- les mi en\. attestés ( le màlc et la femcll~
n 'unt pas d e noms indo-europée ns distin c ts) :
troupeau: skr. pâçu, pdç11(1, Y. lit. pekus, , . prnss . pcck11,
lat. pe·.:11, pems, g ot. failm, ,. 11. a film .
hœaf cl ,acli(': skr. gâ11l1, zd gâus, arm. kou (,ache), lcttë
glues (,ach e), gr. ;,: 1; , lat. bt5s (mot de p aysa n samni tc , cl
n o n 1ns propre m ent latin), irl. bô, Y. h. a. clmo (,ache), ,.
sl. goï!fdo. Le nom du cc taureau », gr. -::1. '; p:;, lat. ta11r11s,
Y. prnss. tauris, Y. si. !11111, ne se trou,e pas partout. c l no-
tamment pas en inù.o-iranicn : le skr. ukf!tll-, zd uxitlll-, got.
auhsa, ,. h. a..ohso, gall. ych est sans doute une ancie nne épi-
tlt«'·t c (celui qui accroit, qni fait croitre '.l). Le cc jeune bœuf ,,~
la cc g«~nissc 11 ~ont dé::-ign é:; par gr . .::;F:;, Y. h. a.farro (masc .),
m. h . a.1.'ersc(lëminin), et skr. prtlJllka{J, arm. orth, gr.-;::,:-::;,

mouton cl brebis: skr. !rvib, lit. az!is, gr. ;i;. lat. 011is,
irl. o·, ,. h. a. omui : ,. :-l. 07..'lllll cc bélier», O'l'lra cc brebis >J
( == :-kr. avika). L ' cc aën cau ii a d en \. noms, l"un skr. 1irauaf.1,
p chh i mrrak, arn1. gal11, gr. F:1.tr,'1. F.1.F ·1:;. e t l'autre ,. :-1.
358 CHAPITRE Ylll

agmrz) gr. 7.;1:1:.;. lat. agnus, irl . 1ïa11. Ln « laine>> a un nom


bi<'n nlteslé: Y. sl. 'Vliïna (serbe 1.•1ï.11a), lit. 1..'ilnos (pluriel),
,!!ol. wulla, lat. /ana) skr. iÎr1_1[t : irl. ola 1ZJ1, gall. gwla11; aYec
é largissement *-es- gr. ):r,·1:.;, ùor. i.r,:.;, lat. lamrum, lttues-
tris, etuellus: arm.gel111n « toi:-.on ».
cheYal et jument: ~kr. !tç1..'nb, zd aspo, Y. angl. eoh, lnt.
equos) irl. ech) gaulois epo-; le féminin skr. lrç1.•ii, lit. asruà,
lat. equa c< jument» résulte de déYeloppements indépendant;;.
de chaque dialecte, co mme le montre gr. t ::-:::.; , qui désign<'
le « cheYal » et la cc jnmenl ,>.
bouc et chène: skr. ajltb c< bonc »: ajà « chène » : lit
o~ys « bonc », os~à cc chèuc »: un terme cli!Tércn t, mais
Yoisin, est at testé par gr. :,J;, arm. aye « chèn e », zd i;_-aë11a-
« de peau » (étymologiquement « de pea u de chène », cf.
sk r. ajina 111 « peau », en regard de ajlrb, et Y. sl. a;_'ino « cuir »
en rega rd de lit. o:t-js). Zd b1ïza-, v. h. a. bac, Y. isl. boHr,
irl. boff désignent le « bouc >> (mais arm. bue l' «agneau»).
Les dialectes occiclentanxonldes mots particuliers: lat. raper,
grill. raer-, v. isl. hafr, - lat. haedus, got. ga its « chèYre ».
Il n·y a donc pas pour le« bouc» et la « chhre » l'unité de
dén omination obsen-ée pour les animaux. précédents.
porc, sanglier: lat. s1ïs, gr. ~.;. Y. h. a. s1ï, S'i.l'Ïll, gall
hwrh, _v. sl. S'UÎ111ja, zd hû-, skr. soforlrb (sanglier); et un
mot désignant exclusiYement le« porc domestique », mais seu-
lement européen du ~ord et de l'Ouest , non attesté en indo-
iranien, en arménien et en grec: lat. porrns, irl. ore, v. h.
a. farah, lit. parszas, v. sl. prasç.
chien et chienne: skr. çvâ (génit. ç1inafJ), zd spët (génit.
s1ï110), lit. s;_1~ (gén. sz111ïs), gr. :dw·, (gén. i':J·1:;) , irl. cü
(gén. con), got. lm11ds; lal. ranis a une forme peu claire.
loup: skr. 1.,{/wb, zd vJhdo) v. sl. vhki't , lit. 'UÏÎkas, got.
il'llljs { et gr. i.~i'.;;, lat. lupus); un féminin désignant la
« louYe » a été créé, sans dou te dans chaque langue isolé-
St;R LE YOCAilliL.\.IRE 359
ment: skr. vrkib) russe ·voléf-ra) lit. vilkê et ·vilki11i, Y. isl.
ylgr ( de *wzdyï~ ancien *w[kts); gr. ),~i'.Y.t'1::,:, lat. lupa.
ours : skr. fkfab, zd arJsiJ, gr. :xpi'.::i;, lat. 11rs11s, v. irl.
art) arm. a,J et le doublet gr. :xpi'.::;, persan xirs (Y. p. 69
et 223).
souris: skr. 1111Îf1, v. sl. mysr, gr. [J.:'.i;, alb. mï, lat. mzïs)
v. h. a. 11111s; arm. mukn.
cerf: V. sl. jelmz) lit. éhlis, arm. eln, gr. D,:.cr::;, DJ,:;;
l'irl. elit (féminin) signifie « cheneuil ». Le cerf est souvent
désigné par son épithète de « cornu » (si,,:9::; 'l.sp::,::;, Ho-
mère, r 2/4); de là lat. ceruos) v. h. a. hiruz..
oiseau: skr. vi?J) zd vay-) lat. auz\ arm. haw) gr. ::iw·15;
aigle: v. sl. orU,ï)it. arêlis, got. ara, gall. eryr; le gr. cp'I~;
signifie « oiseau >> d'une manière générale.
lit. Jtrêiz.das « griYe », russe drozd (d initial par assimilation),
v. isl. prçstr, lat. turdus) irl. mod. truid.
grue: gr. rifY.'1::;, brittonique garan (et gaul. tri-garanus
« aux trois grues »), v. angl. craTZ) v. h. a. crmrnh) lit.
gérvë, Y. sJ. zerm/i, lat. grtïSJ arm. kf11nk1z.
oie: gr. z-r,·1, z·r.·1:; (dor. ZY-'1, zi·1b;), lit. ttJsis) v. si.
ggsï) v. h. a. gmzs) lat. anser (mot rural, avec chute de h
initiale); le skr. ha1Jzs!tb signifie cc flamant, cygne il, et l'irl.
gëis cc cygne>>.
canard: lat. a1Zas (anitis), v. h. a. anut) lit.. lwt1\ v. sl.
q.,ty, et gr. ·1?.~:rY., dor. ·6:r':ïY.; cf. skr. itti(J « sorte d'oiseau
aquatique >>.
poisson: il y a un mot occidental : lat. piscis) irl. ïasc,
got. fisks; au centre du domaine indo-européen, un autre
mot, gr. [z01;, arm. jukn., lit. zuvis; enfin sl. ryba et skr.
m!tts)'ab) persan miihï sont isolés. Les nôms particuliers de
poissons sont pour la plupart spéciaux à chaque langue,
très peu ont une étymologie, et l'extension de mots qui
semblent attestés est faible, alors que deux nom d'oiseaux.
360 CIJ.\PlTllE nu

stircment anciens se rapportent à des oiseaux. aguatiqnes, et


que ron a aussi dans skr. udrab} zd udn\ y. si. vydra} lit.
ûdra} Y. h. a. ottar un dériYé du nom de l"eau, désignant un
animal aquatique, d"ordinaire la cc loutre » (mais gr. ~=-F=;,
~:Fi« serpent d'eau »), et dam Y. sl. bibrf't 1 bobnï 1 lit. bèbrus}
Y. 11. a. bibar 1 gaul. bibrv-} bcbro- ( dam des noms propres),

lat. fibl'/" 1 feber un déri Yé de l"adjectif « brun » (lit. btras) si-


gniliant cc castor » ( ou un animal analogue dans :-kr. bablm,b
et zd bawris).
serpent: skr. !thib 1 zd atis} gr. =t'..;, ann. iz.. (de *ëg"hi-);
lat. augw\ irl. (esc-)zwg (ang11illc), lit. a11gis 1 polon. W{7{
(rcpré:-cntant *<1z1) : et got. 11adrs} irl. 11athir, lat. 11atrix.
mouche: Y. si. 11rncha ( et 1111Hica cc moucheron »), lit.
11111st\ gr. :J:;°:'~. lat. 11111sca1 arm. m1111 ('". p. 22 '1).
frelon: Y. sl. sn,;enï (serbe sT-slji'11), lit. s:Jrs::•./z (génit.
s::Jrs::._l'lîs) et szirs::/vs (accus. szirszlf), lat. crabrc5 (de *crttsrv),
gall. crcyry11.
guèpc: lit. ';,·apsa} Y. sl. osa (altéré de *r:osa)} Y.11. a. wafsa}
lat. uespa (de *·wopsa).
abeille: le mot i.-c. *111t!dlrn signifie à la fois cc miel » et
cc boi::,son fermentée faite aYcc le miel, hydromel » ( cl par-
fois en,uite, dans les pays 011 la Yigne a été introduite,<< ,in»)
dan::i le, dialectes orientaux: sl.r. 111érdlm 1 zd ma?.11) Y. ~l.
111ed11 1 lit. 111ed1is1 111id11s : le sens de « hydromel l> ( ou « Yin n)
a seul subsisté dans les autres langue:-: gr. :J.trb, Y. li. a.
meto} irl. 111id : un autre mot, d'cxten~ion moindre, désigne
proprement le « miel l> : gr. ;J.ii,i, :J.ii,:::;.;, got. milip, lat.
me!} irl. mi/ 1 arm. 1mlr. Cn nom *bhei- del' cc abeille» se
trouYc aYcc dircrs suffixes secondaires clans: Y. angl. béo, Y.
li. a. bi11i 1 Jit. bitis} Y. pruss. bitte, irl. bech, Y. sl. btèela: on a
cc mouche à miel l> dans gr. :ûi.i;:-:x, alb. mial'tse, arm. mdu.
Ycr: ~kr. lllmib} persan kin11 1 lit. kirn11\ irl. cruim, gall.
p,)f} et lat. lltm1is} Y. 11. a. w11r111} gr. ~::J.:;.
SCR LE VOCAUCLAlRE 3G1

_\ peu d'exceptions près, ces noms sont, comme les noms


de par<'nté, irréductibles à des racines Yerbales.
Les noms Je Yégétaux ont moins souYent une étymologie
que les noms d'ani111111x, et, là mème Ott ils sont indo-euro-
péens, ils se rencontrent d'ordinaire dans un nombre moindre
de dialectes. Il e5t cmieux que la « forèt » n'ait pas de
nom c1ui puisse ètre sùrement tenu pour indo-européen. Les
mols conservés sont ceux qui dé:-ignent les objets dont on
tire parti journellement; il y a donc un nom pour:
bois (matière): skr. dàru « bois n, darvif.1 « cucillcr n:
gr. ~:?'J" bois, bois <le lance, lance », ~fr:;;:·, « arbre n (.nec
redoublement intensif, Y. p. d3 el suiv .), ~,::;; « chène»; Y. 51.
drèvv « bois, arbre >> (pluriel collectif drii'va): lit. dervà
« bois de sapin », gaul. derrn-) brel. dcrv « cl1ène n : got.
triu « arbre n : v. irl. daur « chène » ; etc.
Quelques arbres ont un nom anci<·n, gén~ralement fémi-
nin: entre autres:
hètre: lat. fâgus) Y. isl. bôk) Y. h. a. buohha: le gr. 1·ç.-:;
(dor. ~:i~·:;), lëminin en -o- wmmc le mot latin co rrc~pon-
dant, <lésign<' une sorte de chêne.
bouleau: skr. bh1ïrja(J, lit. bér;;._as et Y. sl.brè'-a (r. berë:;_a),
'"· h. a. birihha, Y. isl. biwk: le mot indo-européen était un
féminin en-a- qui n'est directement attesté nulle part: cf.
lat. fraxinus et fa mus « frènc ».
saule: zd 'uaëitis (pers. bëd), Y. pruss. witwan) gr . .F~-:{:i,
Y. 11. a. wïda: en réalité, il s'agit de la branche flc\.iblc gui
peut ètrc utilisée de toutes sortes de manières, et c'est cc
sens de « branche fle\.ible » gui apparait dans skr. 'l'dt1sâl1
« bambou », Y. sl. véti•Y) i·étvïje, lit. vftis) irl. fëith) etc. ;
le mol appartient à la racine de skr. i·ayati « il tresse, il
en trelace, il tisse n, lit. 'l.Jejll « je tourne » (une corde),
lat. 11ifrt\ uï/1\ etc. Cn nom propre du « saul<' » se rr-
CIT\PTTRE YTII

tronn' dans lat. salix) Y. irl. sail (génit. sailr..:h), v. h. a


salaba ( et gr. &,h.·fi ?).
chène: v. h. a. forba) lat. querms (de *pcrq""us, comme
q11ï11que de *pmq"'e), et v. h. a. eih) v. angl. !r() cf. lat. aes-
mlus (!), gr. ,::·/i.w·~ « sorte de chènc )) (?). Il y a un nom
inrlo-enropécn commun pour « gland lat. gla11s, gr. ~i1,,:-
>) :

·,:;, lit. gill, v. sl. z.tlgdi) arm. lwli11.


L'existence de quelques noms d<' plan tes herbacées semble
garantir la culture de certaines céréales, cc qni s'accorde birn
a.wc l'existence d'une racine signifiant cc labourer>> ( cf. p. 350)
et de quelques autres termes relatifs à l'agriculture: skr.
y!zua{1, zd ya·vo désigne les céréales, et surtout l'orge; de
mème, lit. jm•ai désigne cc les grains », l"hom. ~2:,:: unr.
sorte de graines, irl. corna l'orge; r «orge>> a d'ailleurs son
nom propre dans gr. -,,.F°':, -,,.F~')·f,. v. 11. a. gersta) lat. hordeum,
arm. gari (formes malaisées à ramener à un type commun).
Les mots de cc genre ont cliangé de sens suivant les cultures:
par exemple gr. -::::ip:: et lit. p!Ïrai désignent d11 « fro-
ment )), mais v. sl. pyro traduit ;1:;p,:. -,,Anp:;. On pr11t
conclure de ces rapprochements à l'rxistcnce de céréales
cultivées; mais la linguistique ne permet pas de décider
lesquelles. Il y a aussi 11n mot pour la cc paillr >l : skr. pa lâ-
1.:afJ, v. sl. plèva, Y. prnss. pehuo, lit. pelai) !al. palea. Le nom
<lu« grain >) (v. sl. zn1J10, v. prnss. syrne, got. kaurn, v. irl.
griî11, lat. gril,rnm) n'est attesté qne dans les langurs qui pns
sèdcnl la racine *së- « semer et (v. si. séti, lit. shi, got. saian ;
v. irl. sïl « semence )) , lat. sëmen) et n ·exi~te ni en indo-
iranien, ni en arménien, ni en grec: ces langues sont aussi
les seules où se trouve le nom dr la cc pomme >l et du
{<pommier)): v. si. abli,ko «pomme))' lit. ôb,"tlas «pomme)),
obelis « pommier)), v. h. a. apful « pomme)>, Y. irl. aball
cc polllme )) : et sans cloute .dbella en Campanie (pays de
langue nsq11r) est la « vi1le des pomme::; >J, car Yirgilc la
S~R LE YOCAHCL~lRE

qualifie de malifera; le nom de la cc pomme». propre aux dia


lcctes septentrionaux et occidentaux, a été remplacé en Italie
par le nom dorien :131,:·1 (d'où lnt. 111ftlu111). d'origine incon-
nue, qui désignait une pomme cultiYéc : on observe ici un
effet de la substitution de la ciYilisation méditerranéenne et
hellénique à celle de l'Europe <ln :\ord qui était originaire-
ment celle des Latins et des Osco-Ombricns.
Le« sel ))' qui est surtout nécessaire ponr la nourriture
Yégétalc, a un nom: lat. sitl (salis)} ombr. sa lu « salem >>,
irl. salmrn} got. sait} Y. prnss. sal) lette sâls) arm. al et altkh)
gr. :Ù;: ce nom ne se rctronve pas en indo-iranien, langue
où manquent aussi les racines indo-européennes qui signi-
fient « labomer >> et « moudre » (Y. p. 300).
L'imprécision du sens et le petit nombre des noms de Yégé-
tanx attestés contrastent awc la Yalcur précise et l'abondance
des termes qui désignent des animaux: on est tenté de con-
clure de là que la «chair>> des animaux sanrngcs on domes-
tiques (skr. 111t1111slt111} Y. sl. lll(SO) arm. 111is} got. 111i111s) for-
mait la plus grande part de l'alimentation, aYcc le lait ( dnnt
les noms ont des formes assez divergentes, quoicp1'en partie
au moins apparentées les unes aYcc les autres); lat. Ïlïs} skr.
)'ilb} lit. j1hz..ë) '"· sl. jurha désignent une préparation de la
viande aYcc une sauce. Le mot skr. sarpib « beurre))' alh.
g'alpz} Y. angl. sëalf} Y. h. a. salba} gr. ti:;::;· ~1,:i::·1, j:hp
Hes. (cf. :Î,-::·r, « houleillc à huile ») désignait en indo-euro-
péen une sorte de « hcnrrc » : et zd rao-..-11J111} pers. ro-..,a,1
«beurre», est inséparahle dem. h. a. ro11111 «crème» (all.
rahm)} Y. angl. réa111} Y. isl. riâ111c.
C. :\oms relatifs à la religion.
Si l'on met à part les astres, comme le soleil, la lune, 011
les phénomènes naturels, comme l'aurore, lr tonnerre, le feu,
etc., qui, sous leur nom ordinaire, sont tenus pour di Yi ns
dans l'Inde et la Grèce an tiques, pas un nom de dieu n 'c..,t
3G~ CIi \l'ITIΠ'\Ill

indo-europée11 commun: ,éJ. !11dra{1 n'a pas de corres-


pondant en d<'lior, de l'indo-iranien, gr. '.\:::i,i,w·, n'en a
pn-- en del1ors <lu grec. Qurlq11f's rnpprucl1ement:-- au premier
abord spécic11\, comme celui de ,éd. Ga11dhan.:!t{1, zd Ga11-
dar,1w,J et de gr. l\ir::o,::;, ou de ,éd. Samuyâb et de gr.
'E;:·r~ ;. ne s"étend<'nl pas :111 delà de den\ langues, C<' qui
::-nffit à lr·s rC'nJrc duut•·u\ a priori. et d'ailleurs ne ré::-istc11t
p;1s i.t une critir1ue plionétiq11e un peu e\acte; ain::-i: pour
Ga11dh1rc!t{1 Pt lù-r:.i·J,::;: 1° l:1 pince du ton diffère: 2° indo-
iran. g ne répond pas it gr. z: 3"' le premier a Ùe Gandhar-
ï.0â{1 peut représenter a ou o, mais non e, rar aulr<'mc·nt on
:rnrnità lïnitial(-j,et nong: 'i ::-kr.dhner{,pond pas à gr.:::-,·•
0

5kr. -armb ne répond pas i1 gr. -J.J.:: ; ; si donc il ~ a lieu de


rapprochc·r le 111~ tlie d,·s Gandhanas de celui des C('ntaures,
r,• •1ui n'<'::-l pas {\Ïdent, il n·Pst du mnin:-- pas légitime de
r;1pprodwr les no11t,. - ~\u cun mot indo-curopéeu bien
é·tahli ne dé·signe 11i le sacrifîce. ni aucun rit e : il e::-t a:-scz
:--1\luisant de compar<'r le bralm1â11-, prètrP hindou, au jlët111m
Lttin, mais C<' rapprochement. limité à dem. langues et 0:1
li·~ co,-respondanc('s pli on{tiqu<'s di· l"élément radical sont
tn11t rs a111big11t•::-, est indémontrable. - Toul Cl' qur la lin-
~11i::-tique en::-eignC' sur la n·liginn indo-e11ropPennc. c·•·st
l"•·'\Ï:-lencc <l"une certaine concr·ptiun de la diYinité.
En effet le 110111 indo-c11ropéC'n cl<' (( dieu >> est conservé
d.111.; plusieurs la11g11 cs: s1.r. de,:!tb (zd dal-vJ c< dé111on »): lit.
dh:as, ,. pru:-s. dtÏH'llll (accusai.),,. i:-1. th:ar H les dieux »:
i,!:!UI. dëz.•o-, dï'i..'O-, ,. irl. dïa, l.tt. dt'11s (gén. diuï): <le là c:--1
ùi'·ri\"é 1111 adictif: skr. diiJâl1) gr. ~::; (de *~:Y y:. ;). lat. di11s.
Or, cc mot signifie cc l>rillant ,i et ne saurait ètre séparé du
11u111 du jour, tlu ciel l11111inctl\, très souwnl cli,inisé: s1.r.
,(.â11(.1 « ciel, jour >>, gr. ù~;. 1 :Y:;, lat. luppitcr (== Z~'.i
-:::i.:~,: Hô ciel père>> : le •c pèrr ciel»: ::-kr. pitli dy!tu{,, s·opposc
i1 h <( mère t('rrt », ::-1.r. 11uïltÎ pr1hid, p:tr e\emple ~g,·eda, I,
:,,;1 · n LE YOC.\13UL\TnE

Su, 4 : gr. 11i:1:f.:·r;,: rcnrerme le n1ut « 1w,.re » précédé <.l'un


premier Lerme obscur), ht. louis (génit.) et diës « jour >',
Y. h. a. Zïo, arm. Jiw « jo11 r >>. Les hommes sonl mortels cl
lr1Teslres, lrs dieux sont immortels el célestes: celle oppo-
si lion s'exprime cbns le 110111 des hommes qu'on appelle
lnntùl « mortels»: s1.r. 111!trtab << mortel, homme)>, gr. :1.::; :-
1

-;:;· i·10pw.:::;;, O,rr;:6; (Hesycl1.) et hom. ?p::;:6;, v. perse


martiya cl zd masyà (de *111artya-) cc liomrne », arm. mard
cc homme», tantùt cc terrestres)) O-::iz0:,1i::, Homère, 0 4ï9):
ht. honu\ got. g11ma, lit. ~1110gzis (cf. lit. ~èlllé « tel'l'e », etc.,
Y. p. 2 23); ces expressions se sont si bien répanclues que
l'ancien nom de l'e< homme n (skr. 111/21111(} et 111!11111.ya?J, ,. si.
/1/(ll,}, gol. mm11za [gén. 111a11sJ) a été éliminé dans la plupart
des langues. Les dieux sont riches et distributeurs de richesses
(~::;:r;ps; ÈY.<ù'1): de là sans doute le nom propre du dieu
Yéclique BMgafJ (littéralement « le partageur )) 011 cc le bien
partagé, le riche))) et le nom cornmun v. perse baga<< dieu>>,
v. si. bogiî «dieu>) (cf. v. si. 11-bog11 c< panne», bogatit
cc riche»); l'accord de l'irn11ien el d11 sl:ne ne ~e111hle pas for-
tuit; car d'antres termes relatifs~, la religion sont communs à
ces cle11x langues, notamment zd sp,7!zft] =
v. si. siig/11, lit.
sz.ve,itas « saint », et zd sra'VtJ ~= v. si. slo:•o « parole )) (tandis
que skr. çrâvab et gr. ·ùt(F)::; signifient« gloire», comme Y.
si. slava 1 lit. s;.)01.:e), et, dans ces deux cas au moins, l'h~ -
pothèse cl'1111 emprunt d11 slaœ à l'iranien, qu'on pourrait
soutenir pour si. bogiî, est exclue.
~ulle part en somme les vocah11laires des diYerses langues
indo-européennes ne divergent plus complètement que pour
les termes relatifs à la religion, sans doute parce que chaque
tribu aYait ses ruiles propres : nulle part on ne rencontre
moins de rapprochements certains; el, par suite, la lin-
guistique indo-européenne ne saurait apporter ù la mytho-
logie comparée aucun témoignage solide.
366 CIL\PITHE \ lll

D . Du nom de quelques o1,jets.


L es noms d"objeh sont éminemment sujets à changer.
Aussitùt que le co mmerce ou l'imitation des Yoisins intro-
duit une nouw1le forme ou un nouYeau perfectionnement,
de nouYeaux noms soit étrangers soit indigènes sïntro-
duisent el remplacent les anciefü: el, a,ec ]e temps, ]es
noms d'ubjets analogues el serrnnt aux mèmes usages se
lrouYenl diflërer dans des langues assez pareilles par ailleurs.
Le nom de la « hache >) il1ustrera ]a chose.
La « hache » ~lait sùrement connue; mais ses noms dif-
fèrent presque d'une langue à l'autre. La racine de skr.
takfati « il fabrique, il charpente ,> a fourni Y. sl. tesla)
'"· h. a. dchsala, ,. irl. titi; b. racine de lal. secô, Y. si. sèkq
« je coupe » a fourni lat. secüris el Y. sl. sekyra ; le got.
aqi-;,_i rappelle gr. ~;tn; et lat. ascia) quoique les trois formes
se laissent difficilement ramener à un original commun ;
le skr. S'Vadhitz/1 ressemble de loin à lit. --wdegà, Y. pruss.
H 1edi'go; le rapprochement le plns frappant est celui de skr.
paraçzt{J el de gr. ·.:ii.~;r.:.i; , mais cc mol d'a~pcct si peu indo-
européen, semble un emprunt très ancien: on rapproche
en effet assyrien pilaklm <<hache» ....\ucun des noms de la
« hache>, ne se lrouYe dans plus de deux ou trois langues.
Il suffira dïndiquer ici quelques autres no ms d'objets dont
l'extension sur le domaine indo-rnropéen est p~rticulière-
ment largf'.
L e nom de la << roue » dans les dialectes occidentaux: lat.
rota) Y. irl. roth, Y. h. a. rad) lit. ràtas, n'est conn n ni <lu slave,.
ni de l'arménien, ni du grec; et, en indo-iranien, le mot
correspondant, skr. râtha{1, zd rafJt)) signifie« char>>; les deux.
sens se rattachent indépendamment l'un de l'autre à celui
d'une racine *rcth- «courir» : Y. irl. rethim « je cours)), lit. ritzi
<< je roule». Skr. cakr/2111) zd éaxra-, Y. angl. hweohl) gr. -;,:;;r.-
i.:;, et, aYec la forme non redoublée, v. sl. folo) Y. pruss.
SCR LE YOCABCLAIRE

kelan, Y. isl. hue/ représentent sans doute aussi un nom indo-


européen dialectal de la roue (le nominatif-accusatif pluriel
neutre Y. si. kola signifie<< char >l); le sens premier est celui d'un
objet qui tourne; la racine est la mème que celle de skr.
cârati << il circule >l, cf. bom. -;:sF:-;-:i,:;;1.s'1w·1 et -;:sF~:ùi,::;1.i-lw·1
~'1:x.1:w·1 « aYec le retour des années», :x;1.1{-;:::i,::; « serYiteur »
(litt. « qui circule autour»: cf. Y. lat a11-mlare c( serYir >}
et lat. ancilla ), gr. -;::;1,::; «axe» et lat. co/l{s «quenouille».
Le gr. :r::z:; et l'irl. droch « roue » sont de mème appa-
rentés à gr. :Fszw (( je cours », fut. O?i~:::1.7.:. Les noms de la
cc roue >) sont clone assez diYergents. Au contraire l' cc es-
sieu » est partout désigné au moyen du thème *aks- élargi
par diYers suffixes secondaires : skr. akfa(1; gr. i~w·,, Y. h.
a. ahsa; Y. isl. çxoll; Y. si. os1, lit. as:;Js, gall. echel (de
*aksi-la), lat. axis. L"n même nom sert pour le « nombril »
et pour le cc moyeu » de la roue: skr. nâbhi(; ( et 11!zbhyam), Y.
pruss. nabis, Y. li. a. naba (à cùté de nabalo cc nombrn »). La
racine *u,,1eg 1h- (( aller en char >l a été signalée ci-dessus p. 350.
Le « bateau >> se dit skr. ndub (ace. nâva,n), pers. 11âv
(,·. perse 11aviya cc flottille »), arm. 11aw, gr. ·1;r.=j; (ace. hom.
·r7;?i, ion. ·1si), lat. 11auis (d'après l'ace. 11àuem), irl. 11a11, Y.
isl. 116r. La cc poupe» a aussi un nom: Y. sl. krùma, gr.
-;-:F·J:1:rr,. La racine qui exprime la notion de cc ramer, rameur,
rame » a été signalée ci-dessus p. 350.
La pierre qui sert à écraser, à moudre se nomme: skr.
gra:van-, irl. bro, gall. breua11, lit. ginzos, Y. sl. Z,rtl1l)', got.
-qainzus, arm. erkan.
Il y a un nom de métal bien attesté: skr. !zyab, zd ayo-
«bronze(?), fer », got. aiz., Y. h. a. ër, Y. isl. eir, lat. aes
cc bronze » ; on ne ~aurail dire si c'était le nom du cc cuivre »
ou déjà du cc bronze ». Il faut citer de plus : skr. lohal1
« cuivre, for », persan roi« cuine », v. sl. ruda cc métal »,
et v. isl. rauâi, lat. raudus cc minerai ».
:ms Cil \l'ITfl.E , 111

Les métaux précieux ont clc3 noms chnt la forme diITèrC'


::-cn::-iblcmcnl clans les diwrscs langues: mais Llnnt la pnrcnté
n'est pas douteuse. Pour ]'cc or», got. gulp (Y. h. a. gold),
ldt<' z.elts et Y. si. zlato (russe zôloto} pol. ::._loto) ont rnèm~
rncine avec trois degrés rncaliques différent..;: zéro, e, et o:
~kr. hfrauy1111 = zcl ::._anrni111 a nn autre suffixe et même rncine:
le gr. zfr;:; est emprun té au phénicien: lat. aurnm} Y.
r
prnss. a11si11 ( et lit. !rnlw1s) ne sont pa:- clairs. Pour «argent».
~kr. rajafalll et zcJ ,1,-,1::.._af,JIJl diffèrent p,n le YOCalisme rcl'Jic:1):
lat. argmf 11111} irl. a1gat, cornicp1e argant} d'une part. et arm
arcath, et c1·autre, ont nn mème Yocalisme de la racine atte3-
Léc en inclo-iranicn, et des suffixes cp1i ne conrordent pa;
C\actement: le suffixe de gr. i.,;'{J?:; est plus différent en-
co re; le germanicrue, le baltique et le slaYc ont pour l'(( argent n,
clc tout antres mots, parents entre eux, mais sans cloute p:1.r
suite de très anciens emprunts à on ne sa it quelle langue.
Chacun des noms du cc cuiHe », de l' « or », et cle l' « :n-
gent » se tronYe dans plusieurs langues, ce qui en établit b
caractère indo-européen; mais chacun manque anssi dan,
la plupart des groupes: et rien ne pronYe que les objets Jé~:-
gnés pnr ces mots aient tenu nne grande place dès la périod~
indo-européenne commune. Sans rien Yon loir préciser, il e:;;t
permis de supposer que l"époque « indo-européenne n coïnciLL;
nYec la fin de la période de la pierre polie et le commence-
ment de la périoLle du cninc ou du bronze dans la région
- non exactement déterminée - ot1 se parlait l'indo-211ro-
pécn commun.
Le « fer ii était sùrcmcnt inconnu: les noms diffèrent
d'une lnngne à l'antre: il n'y a pas de mot indo-iranien, en
partie: il c:-1 \Tai, parce qnc sl-. r. aya(.1 cl zd ayc\ qui sont l'nncicn
nom du (( cuinc )) on cl[] cc bronze))' ont été affectés au fer;
le lat. Jcrrnm} le gr. :;::·r,?:; sont isolés: s'il , a un même
mot en germanique: got. cisam} Y. i-,1. isam} \-. h . a. ïsam}
S~R LE VOC~D~LAIRE

d en celtique: v. irl. fant, gall. haiam, c'est que le dévelop-


pement de l'usage du fer a eu lieu à un moment où les po-
pulations de langues celtique et germanique avaient une
mème cirilisation; le slaYe et le baltique ont, sans doute
pour une raison analogue, un mot à peu près identique :
Y. si. z_e/ez_O, lit. gc/e~is, V. pruss. ge/so (le rapprochement
.aYec gr. zû,"1.:; cc bronze » est indémontrable). Le caractère
t·écent du nom du « fer » concorde avec ce que fait attendre
rarchéologie.
E. Parties du corps.
Plusieurs des noms de parties du corps sont de ceux qui
présentent des variations de suffixes à l'intérieur de la flexion,
œ qui entraîne des alternances rncaliques de la présnffixale;
on a vu ci-dessus, p. 278, les noms du cc genou», de
r << oreille » et du << foie» ; le nom du cc sang » rentre dans

Ja même série : skr. !tsrk gén. asn!tb, lat. dial. assir asser,
gr. s:10 hom. dJ:?, lette asius.
11 y a parmi ces noms un grand nombre de thèmes à suf-
fixe zéro. Le nom du cc pied l> a été signalé p. 222, et celui
du << cœur ll p. 223 ( cf. p. 1 fj et suiv.); mais souvent ces
thèmes à suffixe zéro ont été élargis au mo}en de diYers suf-
fixes secondaires; ainsi l'on a skr. h/dayam, zd z,?ri?.aëm à cùté
<.le skr. hld-, zcl z_JrJd-, persan di/ cc cœur >l ; gr. "/.J:p3G, hom.
"1.pJ:~(r, et v. irl. cride à côté de û;p et de lat. cor (nom. ace.
plur. corda), v. prnss. seyr, sïran ; lit. szirdis, v. si. sn1di-ce,
mm. sirt (instrumental srti-w) ont généralisé l'élargissement
par le suffixe *-ei- que présente le nom.-acc. skr. hàrdi du
thème hrd-; le germanique a généralisé nn suffixe *-en-, ainsi
.g ot. hairto (gén. hairtills). Le procé<lé général d'élargisse-
ment dont le principe a été .signalé ci-dessus p. 22/4 a eu
pour conséquence que les noms de parties du corps diffèrent
beaucoup d'une langue à l'autre là même où le nom est au
fond identique; en rnici quelques exemples :
A. MEILLET.
CIL\ PITRE YIII

hom. ---= « yeux » (nom.-acc. <luel neutre) et t)T::l (ace.


masc. sing.), Y. sl. oéi (nom. ace. dnel) = lit. aki « yeux »,
arm. açkh « yenx »; ce nom est le thème à rnffixe zéro
d'une racine attestée aussi par des formes Yerbales: gr. :-;:w-;::l,
:·}::1.:t.:. skr. ikfale cc il regarde ». Sur le duel lit. aki) on a
fait par analogie un singulier akis. Cn élargissement par
*-es- fournit le singulier slaYe : oko (gén. oéese) « œil »,
et le <luel skr. Ms-ï = zd as-i: un élargissement de ce
thème par *-ei- au nominatif-accusatif singulier, par *-m-
aux autres cas) fournit les autres formes sanskrites : aksi,
gén. ak.fult(1; le latin a oc-11/us el le béotien :,.: ùi,::;. - Cn
dériYé de composés aYec forme thématique ou suffixe *-a- se
trouYe dans: skr. lrnïka111) gr. i·1c.,>-::·r, (et s·1<~-::::.c), Y. irl.
e11ech) gall. emp « face » et dans skr. prlttîka/1/, gr. -::r:-
; w-:::·1 (même sens).
zd us-i (nom.-acc. duel neutre)« oreille 1>, Y. sl. us-i = lit.
ausi- (sur lequel a été fait le sing11lier ausis; le lat. auris a
été safü clou te obtenu par un procédé analogue) : élargisse-
ment en *-es- llans gr. :~:;, v. sl. ucho (gén. usese), Y. irl. au)
o (gén. aue); élargissement en *-en- <lans got. auso (gén.
ausins) et hom. :~x:::; .
lat. os (gén. oris), irl. a «bouche», skr. ëtsil(1=zdc11iho
« de la bouche » (gén. sing.); élargissement en *-m- dans
skr. arna(1 (génit.). par*-iyo-dans le nominatif skr. âs(!)yam.
- Le gr. i~i « bord (cl.un Yètement) » = lat. àra « bord (de
reau) » est un clériYé en *-à - : le lit. âstas âsta « bouche
(cl.un cours <l"eau) J> est un <lériYé en *-10-) *-ta -.
hom. "/.7..F « tète >J: la forme à élargissement *-es- est très
répandue et reçoit elle-mème des élargissements; on a ainsi :
skr. çfra(.1 gén. Çit-J-u-a(J) zd sar6} lat. cerebrt1ll1 (*k 1erJ-S-
ro-111), att. dor. z2~i·1:·1 (*l, 1°r3-s-110-111): gr. ,.:r;r, « tempe »
(*l,1orJ-s-a). Y. h. a. binzi (*/, 1erJ-s-1z-iyo-111).
skr. blmi(J (gén. bhrzn:a(1) « sourcil », Y. sl. bri11.·1 (de ace.
SUR LE YOCABULAIRE

*bhruv.,1-tz), Y. angl. brû; ou avec une rnyelle initiale : gr.


è9p~; (gén. è1 p~[.FJ;;), serbe t1brm (passé aux thèmes slaves
en -a-); on a un dérivé en *-a-, avec vocalisme radical ë dans
Y. h. a. brawa, et un dérivé en *-et- dans zd bruat-, irl.
brzïad (gén. <luel), irl. abrait (nom. plur.).
skr. 11àsii == zd w11iha ( nom.-acc. duel) « nez n (gén. duel
skr. 11as6(1), v._p.erse 11aham (ace. sing.), lat. narës, lit. uJsis
(passé aux thèmes en *-ci-), v. h. a. 11asa, v. angl. 1zos1t;
forme thématique dans Y. sl. 1zoszï, lat. 11arns. - Le voca-
lisme radical n'est pas clair.
skr. d!uztam (ace. sing.) dat!z{J (gén. sing.) « dent ll, lat.
dens dentzw1 (gén. plur. chez Yarron), lit. dantz., (gén.
plur.) dantis (passé m1x thèmes en *-ei-), got. tmzpu (ace.
sing., <l'où nom. tzrnpzts), v. h. a. z.and, Y. irl. det; le grec
a une forme à YOJelle initiale : è2;~; (è2~v"t";;).
zd ast- cc os » ; avec <'.·largissements *-ei- et *-en- : skr.
!tsthi (nom.-acc.), astlm!tb (gén.); élargissement *-es-: lat. os
(assis de *asth-s-es) ; élargis~ement *-eu- : arm. oskr ( <le
*asth-w-er i>), cf. lat. oss1w; élargissement *-eyo-: gr. è~îb1.
gr. ~'tJ; (;·r.J'z~;) <c ongle n; lat. unguis; v. irl. ingen; v.
h. a. 11agal; lit. 11iigas; v. sl. nagi'itt; skr. 11akhdb et 11akh!tm
(v. p. 1/45); aucune forme n'en recouYre exactement une
autre.
Il peut arriver que le thème à suffixe zéro ne soit pas direc-
tement attesté et qu'on en possède seulement des dérivés;
ainsi le thème* ôl- clans : skr. !tratni{J « coude n et « aune i>,
zd arJ0na- « coude ii et fraraOnis « aune ii, Y. pruss. woltis
« avant-bras » et 'll..!Oaftis « aune » - gr. WÎ,fr(i, lat. ulna
(aYec syncope <l'une rnyelle brèYe entre l et n), v. irl. 11ile
(gén. uilen), gall. elin, got. ,~leina, Y. h. a. elina - lit. alkzlllé
cc coude ii, âlektis <c aune ii, Y. sl. lakzïtz,_ gr. :zi,.'l; cc avant-
bras >> (glose) et ~).b.pi·1:·1, wih·.pi·1:·1 cc coude », lat. lacer/us.
- Un autre exemple serait fourni par: gr. zcpo·~ « intestin i>
C il.\ PIT HE YI li

(de *gJ1arJ-dft, aYec s11 ffi.'\ e secondaire *-dtï-); lit. ~anza


« intestin >J, Y. isl. g(JrJI (plur. garnar), alb. ::.,vr:.; lat. /.iaru-
(spcx); skr. hirâ « Yeine ».
Quelques noms ont un air de re~se111blanre, mais diffèrent
trop po11r <p1'on pui sse pose r un original 1'0111m1rn. Les noms
de la« langue 1> ont en commun 1111 élém ent intérieur *-gJ1wft-
*-gJJlt- : skr. jilruâ; lat. dingua, li11gua; got. tu::go; "· si.
fr::.._yf.iï, Y. pruss. ÏllSIIWÏS; zcl hiz·vft- e t /:;i::,rï - ; lit. /ézùùis, arm.
lczu (ces deux dern ier:-- influencés par *leigJ1- « léc her il).
Le nom de la cc rate il e~t : skr. plïh!t, lat. lien, zcl spJr:J::.,a,
Y. sl. slë::.,rna, irl. selg, lit. blu~11is, arm. {hayra /11 , gr. -::-;:i:r,·>

( cf. :-;:i,iyz·17.). ,
Certaines parties du corps ont des nom:-- cli Yers suivant les
dialectes: ainsi pour la cc main n, l'indo-iranien a un mot
skr. h!tsta(J, Zll zas/1\ Y. perse dasta, qui rappelle de loin lit.
pa-tastis « aisselle ii (ce qui es t sous le bras) et gr. ~-r:-::::;
« plat de la main ii; en baltique el en sl,we, le terme est
em prnnté à une racine signifiant cc prendre il (lit. renl.zi cc je
ramasse ») : Y. sl. rçrka, lit. rallkt1: la ra cine *gJ1er- de skr.
hltrati « il prend i>, lit. tcriù « j e rnssemble » a fourni gr.
z:.'.~, arm. jdll, alb. dvr2. , lat. (h)ir: nn thème *111°ll-, *mir- se
trouve, aYec diYers élargissements, dan.; lat. manlls, omb.r.
man1n e (loca t.), osq. mm1im, " · h. a. 1111ml.
Il y a des th èmes dissyllabiques, de for me normale, bien
cofü ervés cbns plmi e11rs lan gues, ainsi :
s'kr. â111sa(J cc épaul e >i, arm. w, gr. c:):1.:;, omhr. 011se (lo-
cat if), lat. (h)umerus: on notera la différence entre l'a sanskrit
et l'u) grec, et aussi la forme trisy llabique cln latin.
s'kr. çr6uif1 = zd sraoms cc hanche n: lit. s:;Jaunis, v. isl.
hlaun, lat. rlrïl/Ïs.
gr. ;.i:; = skr. p!tsab; lat. pënis de *pesnis) m. h. a. vise!.
=
skr. l.!il~faf1 zcl lwsv « ais:--elle >i ; lat. cvxa « hanche ii
= Y. irl. coss «pied», v. h. a. hahsa cc articulation du genou
SCR LE VOCABCLAIRE

(chez ]e chern1) », m. h. a. hehse; ]e mot a dù désigner en


g·énéral nne articulation.
gr. ;;pp::;« derrière >>, v. h. a. ars} arm. a,:.
:\ombre de mots sont limités à trois langues contiguës, ou
à deux langues seulement, ain::-i : got. JJlllJZfs « bouche »,
gall. man! « màchoire », lat. ment111n - gr. :;:::1.z, zd sta-
1/JaJlJJJZ (ace. sing.) « bouche>> - arm. beran «bouche»,
lit. bumà - skr. OJ{haf; « lèvre », zd aosta et aostra «lèvres»,
v. sl. usta (nom.-acc. plur. neutre) « bouche » et 11sl1na
<< Iène », v. pruss. austa et austin « bouche » - ]at. labil11n}
Y. angl. lippa « lène » - etc.

F. \"oms de nombre.
Le système de numération normal de lïndo-européen est
le système décimal : il y a d'abord dix noms distincts les uns
des autres pour les dix premiers nombres: nn compte ensuite
par dizaines: deux dizaines, trois dizaines, etc. 1 en remplis-
sant les intervalles par les unités comme dans fr. dix-sept,
7.Jingt-lmit} etc. : enfin il y a un nom pour cc cent >>. - Les
ordinaux sont dérivés des cardinaux par addition de suffixes
secondaires, avec certaines variationsrncaliques(rnir p. 2/41 et
sniv.)

I. Les noms des unités forment trois groupes distincts :


a. « C n », exprimé par divers adjectifs :
Des langues, les unes ont un dérivé de *ai-: skr. éli·ab -
zd aëv,\ Y. perse aiva (cf. gr. ::rf'::; « seul »), - lat. 1ï.1rns}
Y. irl. oen} got. ains} Y. prnss. ace. ainan ( cf. gr. :irr. « as 1>
[ au jeu <le <lés]); a·autres emploient *son-} attesté par skr.
sa-ktt « une fois >; 1at. semel) simplex} etc.; gr. s'.;. p/x (de
1

*smi'p), ~-,; arm. mi. - L·ordinal est un dérivé de la racine


de gr. -::ipi, -::.xp::;, -::p::, etc., c'est-à-dire un mot signifiant
cc ce qui est avant»: skr. pratham!rf; - skr. p1ï.rI'(1)y!rb) v. s1.
pnh•yj1} gr. -::pC::r:::; - lit. pirmas - ]at. prlJJlllS - etc.
Cll.-\.PITRE YilI

b. « D eux », « trois » et « quatre » :


Ces trois noms sont fléchis , d'après le témoignage con-
cordant de l'intlo-iranien, de l'arménien, du baltique, du
slaw, de lïrlandai.:. et du grec. Ils ont des formes particu-
lières pour chacun des genres: masculin, neutre et féminin,
cl ont par suite le caractère d'adjectifs.
Deux: mas c. Yéd. d(u)vâ, d(u)vd11, zd dva, Y. sl. di'n!a,
hom. ~.JW (gr. ~J:), arm. erkll, lat. d!lo, v. irl. dau, da; féminin
skr. d(u)I!é, zd duyë, Y. sl. d(i)vé, lit. d1.'i, lat. duan. irl. dï;
neutre skr. d(ll)vé, v. sl. d(i)vé. La forme employée en compo-
sition est *d;,ui-: skr. d'l!i-pât, gr. 2[--;::;:.i;, lat. bi-pës, Y. angl. til'i-
féte, cf. lit. dvi-kôjis « à deux pieds », arm. crÀ·eam « de deux
an~ >> (crki-am). Il y a de plus un mot signifiant « les deux »
qui est flé chi comme *dm.uô(11), mais dont l'initiale a des formes
très diYergentes sniYant les langues: skr. ubh/111 , ubhé) gàth.
fém . 11bë; Y. sl. oba) obe, lit. abù, abl; gr. i:i, 1t,>, lat. ambo;
got. bai. La forme collectiYc est: skr. dvay/2-, ubhaya-, Y. si.
di'rmji, oboji, lit. d;_·eii, abcji, et lat. bïnî ( cf. lit. di')·n,i « ju-
meaux»), Y. isl. tnennr, got. l'iurilmai. - « Deux fois» se dit:
skr. dvf(_i, zd bis (aYec b représentant*dw comme en latin), gr.
2[;, lat. bis. - Pour l'o rdinal, on rencontre soit un déri\'é <ln
cardinal: skr.. dvitÎya(J «second», zd bit(z)yo, soit la forme du
mot« antre » à suffixe *-tero-, *-tro-: got. anpar, lit. a1Ïtras,
soit d'autres mols.
Trois: rnasc. skr. fraya?\ gr. -:F:X;, Y. sl. tr1jc, arm. crekh,
lat. très, got. (accus.) pri11s, Y. irl. trï, etc.: neutre véd.
trî, Y. sl. tri, gr. -:,:::x., lat tria; le féminin ancien n'es t con-
serYé qu'en indo-i ranien et en celtique: skr. tisrd(.1, zd ti-
Jaro, Y. irl . teoiJ-, m. gall. tcir. La forme collectiYe est: skr.
tray!t-, Y. sl. troji, lit. treji et lat. trïnï, ternï, Y. isl. premzr.
- « Trois fois » se dit: skr. trfb, zd Oris, gr. -Ff;. Zcl
Orit(z)yo, gr. -:/;:;, arm. erir présentent l'i du cardinal ;
mais il y a aussi des ordinaux oi'1 manque cet i: skr. trtiya(.1,
SCR LE YOC~IlCLAIRE

Y. pruss. tzrtzs, lit. trèczias, Y. sl. tretzji; les formes des


autres langues sont plus ou moins ambiguës.
Quatre: masc. skr. catvfïral1, accusat. ratllraZ1; dor. ·:t-::;pe.;,
att. -:i-:-::xpz;, béat. -:i-:-::xpz;; Y. sl. éetyre; arm. forkh; Y. irl.
rethir, gall. pedwar; fémin. skr. c!ttasraZ,, zd éata,irô, Y.
irl. retheora, gall. pedair. La forme collectiYe est: skr.
catvar!zm « place quadrangulaire», Y. sl. éetvori, lit. kei'veri,
et lat. quaternï. - « Quatre fois » se dit skr. ratûZ1, zd
ca0rus, lat. quater. - L'ordinal a des formes assez diYer-
gcntcs; le rncalisme zéro était anciennement celui de
la première syllabe *k''ïur- : skr. turiyal1, zd IIÏiryo (cf. zd
à-xtzïirïm « pour la quatrième fois n), gr. -:1.p-::;- dans -::xp-:·lj-
!J,:;pi:;'J: chez Ilesychius ; l'e a été rétabli presque partout:
skr. cat11rtha[1, gr. -:t-::xp-::;;, Y. sl. éetvriïtiï, lit. ke/1.:irtas.
c. De cc cinq » ù « dix >> :
De « cinq n, qui représente le nombre des doigts d'une
main, à «dix», qui représente le nombre des doigts des deux
mains, il y a une nouYclle série de mots, non déclinés
( ce qui rappelle les premiers termes de composés) et dépourvus
de genre : l'ordinal est en *-o- ou en *-tho-:
5: skr. p!uîca, arm. hing, gr. -::f.·1-:~, lat. quïnque, Y. irl.
coic, got. fi111f. Ordinal: gr. d:1...::;, lat. quï11!11s, Y. h. a
fimfto, lit.perzktas, Y. sl. pçtzï; le rncalisme zéro de Y. h. a.
fzmfto représente sans cloute l'état indo-européen, troublP
ailleurs par l'influence du cardinal.
G: skr. f!tt, zd xs'l.!as, arm. 'Ve(, gr. 'Yi; 0;), lat. sex,
Y. sax. sebs, Y. irl. sè, gall. chwech; ordinal: skr. fafth!tZ1,
gr. b.-::;, lat. sextus, Y. h. a. sehto, lit. s:;_ès:;_tas, Y. sl.
sesilt.
7 : skr. sapt/2, arm. cwtlm, gr. &-::-:i, lat. septem, Y. irl.
secht n-; ordinal: skr. saptamaZ1, lat. septimus, lit. sèkmas et
avec sonore, Y. sl. sed111it, gr. s6~:t1.:;;.
8: véd. aftâ, aft!tu (aYec ft issu de */,11), arm. uth, gr.
Cll.\l'ITRE \ III

è;,.-:li'i, lat. och5., got ahtau, Y. irl. ccht 11-. Ordinal : lat. octii-

11os, gr. ;·;:::.; (les antres formes sont analogiques).


!) : skr. 11ln:a, arm. Ï///1, gr. s·r,i(Y)Y.: lat. 11011em, got.
11i1111., Y. irl. 11ôi11-. Ordinal : lat. 1161111s, ~kr. 1zava111!zb (awc
-m- analogique), gr. ~-,fr;:;. got. 11iunda, Y, prnss. 11t"U.Jïllts.
10: skr. d!zça, arm. tasn, gr. :b.Y., lat. decmz., got. tai-
hzm., v. irl. deich 11-. Ordinal: skr. daça111!zb, lat. dcrinws, eL
gr. Bb.x:-:.;, got. taihz111da, lit. desziiztas, Y. si. dcsrtû.
Ces six noms sont remplacés en slaYe par des abstraits :
P[fz « le groupe de cinq» ( cf. skr. pa11ktl?1 « groupe de cinq>> )r
j'es(i « le groupe de six )) , etc.
De « dix >> à « Yingt >>, on a dans la plupart des langues
des juxtaposés de chacune des unités et de « dix. >>: gr_
'i·1BszY., 2w:Si'.Y., etc.
l [. Les dizaine~.
Les dizaines sont exprimées par des dériYés du mot « dix »
précédés du nom de chacune des unités : ces dériYés, qui
sont de genre neutre, ont le sufiixe *-t- et la forme à Yoca-
lisme zéro de la première syllabe: de là prü\ienl une forme
à initiale compliquée *dk 1,l1t-, *dk 10111t-., qui s'est réduite à
*k 11l1l-, *k olllt- : par suite de cette réduction la combinaison
1

a cessé d'ètre comprise. En germanique, en baltique et en


slaYe, une forme complète du nom <le la dizaine, de genre
masculin, a été rétablie: « trente )> est Y. si. tri desçti
« trois dizaines n., lit. t1}s dèsz..i111tys, got. pri1ls tig1111s (ac-
cus.), v. h. a. drïzug. En arménien , en grec et en latin,
l'initiale I édnite a subsisté, mais la forme de nominatif-accu-
satif nentre a été généralisée, et, sous l'infl11ence <ln carac-
tère non fléchi des noms de nombre précédents, sert pour
tons les cas : « Yingt >> est donc nn ancien n ominatif-accu-
satif duel : arm. khsan (de *gisan ), dor. béot. fli'.r:.:, lat.
11ïgi11tï, zd i·ïsaiti (cf. p. 2ô7:, et 2jG)': les dizaines sniYantes
so nt des nominatifs-accusatifs pluriels : ainsi c< 3o n : arm.
SLR LE \OCAULLAIRE

eres1t11) gr. :F::Î:t.:r:.x, lat. trïgi11ta (rf. p. 2G 1 et p. 2j3).


L'indo-iranirn et le celtique emploient des formes déri,ées~_
fléchies an singulier; ainsi pour 3o: ,. irl. tricha (sui,i du
ün·énitif), zcl Orisat- } skr. trimc!rt-.
~ . \ulle r)art une flexion .
du duel *wï-k,1tzti « 20 » on du pluriel *trï-1,,ômtJ « 3o » ,.
etc. n'apparait.
Dans i.-e. *1.uï-k 1111t1 cc 20 >,, *1.uï doit être un mot signifiant
c< deux ,, ; on notera la longue de i.-e. *penk""ë- dans: skr.
pancâ-ç!tt- « 3o ,,, zcl pa11éâ-sat-) gr. ;: ~:r:·f,-:1.:·r:x, arm. yiszm·
(de *hi11gis11n) <c 5o >>.
A Go, il y a une coupure qui indique l'influence d'un sys-
tème duodécimal. Les dizaines à partir de Go sont expri-
mées en indo-iranien par des abstraits, ainsi skr. .fG.f(f(1·
(identique, pour la forme 1 i1,. si. ses a cc groupe de six. ,, )) zcl
xsvastis « Go ,, , skr. 11avatf(\ zcl 11a1•aitis c< go >> ; en grec,
à partir de jO, les noms de dizaines sont tirés des ordinaux :
s~~::J."f,:1.:·1:x, ~y~:t1.:·1:x ; le latin a de mème 116nagi11M ( et sep-
t11agi11ta :)) ; à jO eommence en germanique un type parti-
culier : got. sib1mteh1md « ,o », ahta11telm11d « 80 », nizm-
telmnd « go», Y. sax. antsiû1111ta « 1o », antahtoda « So ))'
, ni'gonda '< go » : on suppose que le type fr. soixante-dix) quatre-
vingts) quatre-vingt-dix) résulte d'une influence gauloise.
Dans les anciens dialectes germaniques, le représentant du
mol indo-européen signifiant « cent ,, a pris la rnleur de
120, si bien que 1 oo est noté par des précisions spéciales.
indiquant qu'il s'agit du 100 décimal.
« Cent » est exprimé par un dériYé de *dék,111) de genre-
neutre, à suffixe *-to-) régulièrement fléchi: *(d)k 1111t<5-: skr.
çat!tm) zd sa!Jm) Y. sl. s11to) lit. szhïztas (passé au masculin
par suite de la disparition du neutre en lituanien); le lat.
centum est l'ancien nominatif-accusatif singulier de,en1t
forme irn-ariable, comme 11ïgi11tï) trïgi11ta) etc.; de mème gr.
~-:1.'.l::·1 (littéralement « une centaine»), got. !Jlmd) gall. ca11t,
CHAPITRE YIII

Pour cc mille » il n'y a pas de nom indo-européen : le


rapport de skr. sahdsra m, zd haz.a1irJm et de dor. -;:f,i,i:,i, lesb.
yJ.iJ,~:,i, att. zti,i:,i n'est pas clair; celui de got. pzïszmdi, v.
h. a. dzïszmt et de v. sl. tysgsta, v. pruss. tzïsi111to11s, lit.
t11kstantis est plus obscur encore.
CHAPITRE IX

SUR LE DÉYELOPPE~TEXT DES DIALECTES


L\DO-EUROPÉE:\S

Les systèmes de correspondances dont l'ensemble consti-


tue l'indo-européen ne présentent pas toujours un traitement
propre à chacune des langues attestées ; dans un grand
nombre de cas, une série de langues offrent des traitements
concordants qui s'opposent à ceux des autres langues; et,
comme alors ces traitements apparaissent en général clans
des langues qui sont contigui_:s à répoque historique ou dis-
posées de telle sorte que les dialectes d'où elles sont issues
~ient chi être contigui_:s avant la dispersion, on est amené à
reporter une partie des divergences à l'époque de l'unité
indo-européenne'.
Et en effet, quand une langue est parlée sur un domaine
étendu, il existe entre les diverses localités des différences
dialectales. On constate en général que ces différences se
groupent par régions continues, et que, par suite, on peut
tracer des lignes cl'isoglos:'-es. On a signalé ci-dessus, p. ~I,
la ligne d'isoglosse de la prononciation e et de la pronon-
ciation a de l'a latin accentué en Gaule; chacune des lignes
d'isoglosses est indépendante de toutes les autres (v. p. 31 el
380 CIL\PITRE IX

sniYa11lcs ). Les s~-stèmes <le correspondances entre les lan-


gues indn-européennes permettent donc d'entrernir l'exis-
tence <le lignes d'isoglosses à l'intérieur de l'indo-européen.
La plus nette de ces lignes est celle du traitement des
gutturales, où l'nn obserrc deux groupes distincts : run
celui du type cenlurn (groupe occidental : hcllénigue 1 itali-
que, celtique, germanique), ra11tre le groupe satJm (groupe
oriental: indo-iranicn, slaYe, baltique, arménien, albanais)~
v. p. 6:3 et suiY.
Lne autre ligne, très nette aussi, est fournie par le traite-
ment de *ô: lïndo-iranien, le slave, le baltique, l'albanais et
le germanique confondent *it et *6 en nn même traitement a
(le slaYe o étant sans Joute une altération postérieure), tandis
rp1e rarménien, le grec, l'italique et le celtique distinguent a
<le 6; Y. p. G!) et sniY.
La géminée* fi est représentée par ss en italique, celtique
et germanique, par st en grec, baltique, slaYe, iranien (et tt
de *tst en san::,krit); Y. p. 101 et suiY .
.A lïntérienr du mot, entre consonnes, J se maintient en
sanskrit d·une part, en grec, italique, celtique de l'autre,
mais tombe en iranien, slave, baltique, arménien el germa-
nique: Y. p. j2 et suiY.
Les sonores cc aspirées » sont représentées par des sonores
aspirées en sanskrit, par des sourdes en grec et en italique,
par des snnorcs simples partout ailleurs, soit par exemple,
pour la labiale, skr. bh: gr. ?, lat./: autres langues b~
Y. p. Go et suiY.
Apn'.s i) u, r et k) la sifilante s tend à devenir chuintant<:'
en indo-iranien, en slave, en baltique ( cl en quelque mesure
en arménien): s subsiste ailleurs : Y. p. Gj.
L'augment existe en inclo-iranien, en arménien et en grec;
il est inconnu de toutes les autres langues.
Le slaYe, le balti(p1c, le germanique ont ù certains cas,
SCR LE DÉYELOPPE"\lE~T DES 01.\LECTE!:- goo-ECROl'ÉE~S 38 I
notamment au datif-ablatif pluriel, des cas en -m-) en regard
des formes en -bh- des mitres langues. Ces désinences en -bh-
ct en -111-, n'c\..istent guère que sous une seule forme (diffé-
rente d"une langue à l'autre) en grec, italique, celtique et
germanique: elles se présentent sous des formes diYerses
suinrnt les cas et les nombres en indo-iranien, en baltique
d en slave; v. p. 2G3 et sui Y.
Les e\..cmplcs de cc genre pourraient être rnul tipliés ;
ceux qui Yicnnent d'ètre cités, et qui sont parmi les plus
dairs, illustrent i, la fois l'e\..istencc d'isoglosses à l'inté-
rieur de l'indo-européen, et l'indépendnnce de chacune des
lignes par rapport au\. autre": il n'y a pas deux des lignes
citées flui coïncident cl<> tout point. L'indo-européen ne for-
mait donc pas une unité parfaite. Les groupements cnnserYés
par les langues géographiquement les plus rnisincs répon-
dent à la disposition ancienne; il y a eu extension, mais non
dislocation. Et les langues indo-européennes ne représen-
tent pas le parler d'une localité unique comme les langues
romanes, qui toutes sont la transformation du parler de la
Yille de Rome étendu à la banlieue, à l' Italie et à l'empire;
les langues indo -européennes sont la transformation des
parlers déjà différenciés d'une région ayant une certaine
étendue.
D'autre part, il n'y a pas lieu de croire que l'extension
<les langues indo-européennes sur l'aire qu'elles occupent ait
eu lieu par suite d'une séparation brusque et unique. Cer-
tains groupes ont pu se séparer de l'ensemble des 1n pula-
tions de langue indo-européenne, et se scinder ensuite en
{leux groupes distincts. Ces périodes de déYcloppcment
commun se traduisent par des particularités de détail plus
ou moins nombreuses. Le sanskrit et l'iranien se ressem-
blent tellement dans le détail qu'on est obligé_de poser une
période indo-iranicnne dont la durée a dù être assez grande.
Cll.\PITRE IX

Quelques détails caractéristiques, comme le génitif du type


lat. uirï) Y. irl. ogamiquc maqi « du fils » obligent à poser
une période italo-celtique dont la durée a été sans doute
moindre, ou bien où l'union n'a pas été aussi complète.
Dans ces deux groupes sont venus se join<lre des hommes
de régions un peu diverses ; et certaines des lignes d'iso-
glosses indiquées passent entre le sanskrit et l'iranien, entre
le celtique et I1italique. L'existence d'un groupe italo-celtiquc
n'exclut donc pas l'hypothèse (1uc le grec el l'italique repré-
sentent le parler de populations voisines l'une de l'autre
lors de l'unité indo-européenne, ce qui explique certaines
ressemblances remarquables entre le grec et l'italique.

II

Quand des événements dont on ignore tout ont eu brisé


l'unité indo-européenne, et que chacun des groupes a eu son
développement indépcn<lant, des innovations parallèles ont
cependant continué d'arnir lieu. Sans doute, le détail des
changements diffère d'un idiome i1 l'autre. )lais les change-
ments se sont, dans une large mesure, opérés en un même
sens, si bien que, après de longs siècles d'isolement absolu,
les langues de la famille in<lo-europécnnc se trouvent avoir
modifié d'une manière sensiblement pareille le type de la
pério<le d'unité. Les ressemblances de structure générale
qu'on observe entre les langues indo-européennes actuelle-
ment parlées proviennent <l'innovations parallèles et indépen-
dantes bien plutôt que de la consenation du type indo-
curopéen. Il va sans dire que, sauf' accident, ces ressemblances
sont purement générales et ne rnnt pas jusqu'à l'identité
matérielle des moyens d'expression. Ainsi beaucoup de
langues indo-européennes se sont créé un passé composé
SCR LE DÉYELOPPE)lE~T DES DIALECTES 1:rnO-Et:nOPÉDS 383
d 'un participe et d'un auxiliaire; mais le type français j'ai
porté n ·a rien de commun, que le procédé général, avec polo-
nais 11osil-em (rnème sen::}
Les causes de ce parallélisme se laissent en partie déter-
miner.
1° ::\Ialgré <le légères différences attestées par les lignes

d'isoglosses qu'on a signalées, les parlers indo-européens


avaient une mème structure. En tant que le développe-
ment procède de cette unité originelle, il doit donc ètre pa-
reil dans les diverses langues. Et les idiomes qui, comme le
baltique et le slave, sont issus de parlers indo-européens
sensiblement identiques et que ne coupait aucune ligne
d'isoglosses, sont aussi ceux qui offrent le plus remar-
quable parallélisme dans leurs cléYeloppements ultérieurs.
2° Les principes généraux du développement du langage
sont partout les mèmes; partout notamment les chai:ige·
ments morphologiques sont dominés par la tendance à don-
ner à une fonction unique une marque unique, à caractéri -
ser partout d'une mème manière le singulier ou le pluriel,
la 1re, la 2e et la 3c personnes, etc. Il y a donc partout une
tendance à éliminer les formations rnriées et complexes qui
entrainent trop de diversité dans les moyens d'c:\.pression.
Ce principe commande tout le développement de la morpho-
logie et de la syntaxe.
3° A des dates diverses, les populations de langue indo-
europécnne ont changé leurs formes et leur degré de civili-
sation. Or, il semble que certains faits linguistiques soient
en rapport défini avec un certain ni veau de civilisai ion.
Ainsi, le nombre duel qui subsiste d'une mani«'.·re assez
tenace chez les peuples de civilisation peu avancée, ne résiste
guère au progrès de la civilisation. En grec, par exemple,
il disparait des dialectes d'Asie ::\lineure plus tùt que de ceux
de la Grèce continentale; et seules aujourd'hui en Europe,
Cll.-\PlTRE n:

<1uelques population.;; rurales lituaniennes, sloYènes, etc ..


·dont l'état de ci,-ilisation est relatiYemcnt arnere, présen-
tent encore le dur!. On n'a pu encore constater qu'un petit
110mbre de faits de ce genre; mais il est probable qu'un exa-
men attentif en révt'..•lcrait beaucoup d'autres, et de très im-
portants.
4° Les groupes d"l10mmes qui , par conquètc ou par co-
lonisation, ont transporté l'indo-européen dans des régions
nouYelles ont dù, comme il arriYe généralement, se composer
<-le membres de clan~ diYcrs, habitant des localités distinc-
trs, et ayant par suite <les parlers un peu difTérents. Une
pareille situation linguistique entraine l'élimination des me-
nues particularités locales, et a pour conséquence des normali-
sations étendues. La langue <l'un groupe de cc genre réalise
très vite la rég·ularité grammaticale, en éliminant les formes
diflérentes du typè normal et qui ne sont consenées que par
la mémoire. La langue d'un peuple migrateur et conquérant
·comme celui des Gots présente ainsi le maximum d'innoYa-
tions analogiques, rt par suite, en vertu du principe posé
ci-de:-sus, sous 2°, le maximum de régularité grammaticale:
c'est, pour ai11Si dire, du germanique schématisé. Des régu-
larisations analogues, amenant à leur terme les tendances
linguistiqurs de lïmlo-européen , ont dù arnir lieu du fait de
la séparation de chacun des groupes qui ont porté l'indo-
·curopéen sur presque tou le l"Europc et dans une partie de
l'Asie.
5° Les régions où la langue de chacun des groupes de lan-
gues indo-européennes s'est imposée n'ont pas nécessaire-
-ment perdu pour cela leur population ancienne; beaucoup
<lïndiYiJus ont donc changé de langue ; ils ont naturelle-
ment eu peine ù acquérir un usage exact des particularités
les plus originales cl les plus subtiles de l'indo-européen ; et,
·des anciens moyens d'expression, on a tendu à ne laisser
SCR LE DÉYELOPPE:.\IE~T- DES DIALECTES nDO-ECROPÉE~S 38J
subsister que ceux qui étaient les plus conformes aux pro-
cédés ordinaires du langage humain. L'extension d"une
langue à un grand nombre d'incli\·idus nouYeaux en bana-
lise les formes ; les langues dont l'aspect est le plus singu-
lier sont celles des plus petits groupes sociaux.
On ignore pendant combien de temps ces diwrses causes
ont agi. )lais il a fallu un certain nombre de siècles à l'ex-
tension des langues indo-européennes sur le domaine qn 'el-
les occupent au début de l'époque historique, quand elles
commencent à être attestées, c'est-il-dire Yers le ,me siècle
avant Jésus-Christ. Quel qu'en ait été le nombre, ces siècles
ont dù être pour la langue indo-européenne une période de
transformations rapides. Au moment où elles apparaissent,
ces langues sonl très distinctes les unes des autres, et toutes
très éloignées déjà du type indo-européen. Elles présentent
~t des degrés diwrs les mèmes altérations qu'il faut mainte-

nant indiquer. Toutefois les deux langues attestées à la date


la plns ancienne, le grec et l'indo-iranien, n'ont pas encore
réalisé tous les changements et n'en présentent qu'une par-
tie dès leur période archaïque; c'est ce qui fait que ces
langues ont, en grammaire comparée, une importance toute
particulière.

Ill

A Pégard de la prononciation, on constate trois change-


ments essentiels :
1 ° Les finales tendent à s'altérer de plus en plus. Les oc-
clusives finales ne sont maintenues qu'en indo-iranien et en
italique: skr. !r.bharat « il portait », zd barat (mème sen:-),
v. lat. fëced cc il a fait», mais gr. rts~::, v. sl. pade cc il est
tombé ,, . La quantité de la rnyelle de la syllabe finale tend
à se réduire, et le timbre à s'altérer; le latin par exemple a
A. )IE1LLET,
386 CII .\.PlTRE IX

profonùément altéré presque toutrs les voye1les de sy1labes


-am
fllla1es: -us réponrl à gr. -: ; , à gr. -i·,, etc. L'arménien
ancien ne consen-e en général rien de la consonne finale dn
mot et cle la rnyellc qui précède: eher répond à skr. lzbharat,
gr. ~1::?::, et ed « il a posé », 11 skr. adhiit. Comme la syllabe
finale du mot est celle qui renferme la désinence caractéri-
stique <les formes grammaticales, ces altérations ont eu pour
]a grammaire les plus graves consérruences.
2° Le S)·stèmc des sonantes éta it cc qnïl y avait dans la
phonétiqne indo·européenne de plus original el de plus com -
pliqué tout à la fois; le jeu de la triple n1leur: rncalique,
consonan tiqu e et seco nd élément de diphtongue, <le cha-
c une des sonanlcs ne subsiste entiè rement à peu près
nulle p::irt. Les diphtongues tendent de très bonne heure à
se simpli fi er et fournissent des rnyell es unes; les diphton-
gues *ei et *m, *oi et *ou, devem1es ai et au en indo-iranien et
consern~es sous celte forme en vieux perse, sont déjà e el o .
(longs) en sanskrit; seuls, les textes latins les plus archaïqu es
présentent des diphtongues comme ci et 011 : Plaute disait
déjà î rt 1ï. Tandi s que les VO}'elles i et 11 sont mises en pa-
rallèle awc les autres rnyellrs a, e, o) les sonantes rnyelles *t,
*l, *IJ, *111 perdent leur caractère de voyelles simples el brèYes:
*r et *l n'ont plus, à date historique, ce carac tère (p1'en san-
skrit (sous la forme t); *tz et *11i ne l"ont plus nnlle part, el
figurent en inclo-iranien et en grec sous la· forme a: en ger-
manique par exemple, *r, *l, *IJ, *11i sont représentés par des
diphtongues ur, 11!, 1111, um; de mèmc en latin par or) 111)
en, em ; etc. Enfin les formes consona ntiqu es des :-onantes
ou bien deviennent de plus en plus de naies consonnes non
yocali sahlrs, ainsi quand le *w (11 consonne) deYient la spi-
rante labio-dentale v, comme en roman, en allemand, en
slaYe, en sanskrit, on un g (à l'initiale du mot), co mme en
hrittoniq11e, en arménien, en persan (dans certains cas), etc.
SCR LE DÉ\'ELOPPE\IE:'\T DES DI.\LECTES l~DO-ECH(Jl'ÉE~S 387
Tous cc:- clrnngcmcnts onl abouti de bonne heure à rnincr
le système des sonantes, f't, par là m,~mc, .'1 obscurcir les
alternanc0s Yocaliq11es. Dn jour où *e et *o ont cessé d'ètre
clairs dans les diphtongues *ei, *eu, *oi, *on, les alternances YO-
caliques étnient entamées : elles J"étnienl plus enrore quand
*i, *u, *r, *[, *111, *tz, cessant <l'ètr<' parnW.·lcs, n·élaient plus des
formes reconnaissables <ln degré Yocalir1u<' zéro. La rnine
<lu ~ystème des sonantes entrainait donc l'altération et la
rédllction <les alternances rncaliq110s, c'est-à-dire d'un <les
procédés e:-scntiels de la morphologie indo-européenne.
3° Le Lon, qui était une simple élévation de la rnix, dis-
parait purement et simplement, comme en germanique, ou
se charge d'éléments d'intensité, comme en baltique ou en
slaYe. Dans le premier cas, un élément <le la morphologie
est éliminé; clans le second, il est lrnnsforrné. ffautre part,
le r~·thmc cesse:.cr~tre purement quantitatif; la quantité clic-
même s'altère, 011 disparaît tout à fait comme en grer (<lès
le 11e siècle av . .J.-C.) ou en arménien; les groupes tels flue
Ir changent de quantité: skr. pitré, hom. -;-::c:~: onl un<' pre-
mil•re ~yllabe longue: mais att. -;:~::2:, lat. patrï, etc. ont
une première syllabe brève. La structure du mol change
ainsi; l'égalité des diverses parties n·existe plus, un som -
mel d'intensisé se crée, et il en résull~ <les mocl-ifrc:itions
profondes qni, <lu reste, ne commencent gm\re d'apparaître
avant l'époque <le l'ère chrétienne. Le latin est peul-être la
langue 011 un acrenl intense, frappant l'initiale, a le plu~
tôt bouleversé l'économie générale d11 mot indo-européen;
te germaniqne a eu aussi un accent <l'intensité initi:-d qui a
agi plus tar<l, mais qui, à la cliiTérence de celui dn latin, a
persisté. Le déYeloppcment d'un accent d'intensité et la perte
<lu rythme quantitatif ne pouYaient rien laisser s11b:-ister de
la strudllre générale <le la morpl10logie indo-européennP,
comme on l'a vu p. 158.
Cll.-\.PITHE n:

Le système phonétique a donc été transformé partout, et


ces transformations on t eu pour co nséqu ence de hriser le·
système morphologiqu0 et syntnxique. D'antres cl1nnge-
ments, moins généraux que les précédents , ont agi dans le-
mème sens: par exemple l 1 éliminntion absolue de * y
qu'on cons tate en grec a détruit I1unité d11 type du présent
<'Il *-ye- et abouti ù la constitution de types multiples du pré-
sent (et <le YNbes~ en générnl) : t)-pes en -Y.u), -2u), -:w.
-x~w. -::u)~ -2:.H,L etc. Toutes les langues présentent <les faits-
analogues : les changements phonétiques suffü:aient à rendre-
nécessaire une transformation radicale clr la grammaire.

IV

)Ième indépendamment de la phonétique, le système-


morphologique tendait du reste à se transformer à tous.
égards.
Le type de formation nu moyen des racines cesse <l'ètre·
empl oyé, et, sanf dans les périodes anciennes des dialectes
indo-iraniens, n·apparaîl plus nulle part dans les langues
attestées . .\insi , pour le Yerbe, an lieu <les thèmes nrbaux
multiples et indépendants qu'a conserYés si nettement lïndo-
i ranien ~t dont la langne homérique et mème l'attique lais-
sent encore entrernir quek1ue chose, il tend partout il se-
constituer <les coJ!jugaisons comprenant seulement dem: thè-
mes dont les rapports mutuels sont plus ou moins définis.
En grec, la substitu lion de la conjugaison à deux thèmes ,\
la Yariété ancienne des thèmes rattachés indépendamment à
la racine se passe en pleine période historic1ue : de la raciné
i.-c. *mm- « rester », le grec ancien aYait deux. présents:
:1.bu) et :1l:1:1w, un futnr :1.2·1fo) ( att. ;1.2·1w ), un aoriste s:1.2:n,
un parfait :1.2:èrr,;,.;,., soit cinq thèmes distincts ; le grec mo-
svn LE DÉYELOl'l'L\IE:.'\T DES DIALECTES 1:.'\DO-EL"JlOPÉE:XS 38g

,.Jerne n'a plus que deux thèmes, celui de !Û'lu) et celui de


{J.s:·1:x, cl, comme le rapport de :è1w et de ·s:1.s:n n'est pas
dair pom le sujet parlant, snr si1.m:x il a été refait un pré-
sent :1.::i·1w. En latin, I1instilntion de la conjugaison à clem.
thèmes e:-t antérieure aux plus anciens documents : ùe la
même racine, on a, d'une part, un thème de présent nzane,\
m1quel appartiennent, 011tre le présent proprement dit, l'im-
pératif nza11ë) le subjonctif J1Ia11ea111) I1imparfait ma11ëbam) le
-subjonctif imparfait mallërem, le fnlm ma11ëbi\ l'infinitif ma-
nëre) le participe nzalle11s; d'autre part, un thème de prété-
rit, auquel appartiennent le prétérit 1/JallSÏ) le subjonctif
manserinz) le plus-que-parfait nzanseram) le subjonctif plus-
que-parfait ma11sissem 1 le futur antérieur J1Ja11serô) l'infinitif
mansisse, le participe nza11rns) le supin nzanrnm; et encore,
il faut ajouter que maneô est un Yerbc anomal puisque la
forme dn prétérit IlC SC déduit pas imméJiatcrnent Je celle
<lu présent : clans tous les Yerbes réguliers tels que an1iire)
a11dïre) etc., la forme du présent ~uffit ù faire prérnir celle
du prétérit. Cc qui est nai du grec cl Jn latin l'est aussi
plus on moins des autres langues~ el tout exposé bien fait
de la conjugaison des langues indo-européennes à partir d'un
certain moment, Yariablc pour chacune, met en éYidence cc
système, bien caractéristique, de la conjugaison i• lleux. thè-
mes: c'est une phase par oi'i toutes les lang-nes indo-euro-
péennes ont passé; le slave, le baltique, l'arménien en four-
nissent des exemples excellents, mais qui n'ajouteraient rien
ù la netteté <les ras grec:- el latins.
La conj ugnison une fois constituée, cl'ahorJ complexe,
('Otnme en grec ancien, puis plus simple el réduite progres-
~iYemenl à deux thèmes, les noms cessent <le se rattacher
directement aux racines : ils s'isolent entièrement, c01nmc
te lat. lllfllS qui n'a plus rien ù fairè aYec 11w11ëre ni aYec re-
miniscor) comminiscor, ou bien ils sont tirés de certaines for-
3!)0 CHAPITRE lX

mes de la conjugaison : lïndo-européen avait de la racinP


*g 1eus- « gotiter » un abstrait en *-tei-) attesté par skr. j1i1-
(i[J c< satisfaction », got. ([[a-)lwsts « examen »; le grec n'a
plus qu e 1 ::.~1i; qui est refait sur ·rd=:1.:xt. Inversement, le
latin a conservé nn ahslrait en *-teu- de la mèrne racine, gus-
/ us) cf. got. kuslus) mais il a perdu le verbe ancien et em-
ploie un dénominatif gustâre) et de mèmc Je v. h. a. lwston,
ou le v. angl. costian. Ces deux cns, celui de gr. ys~7i; et
celui de lat. gustilre indiquent les deux possibilités: persis-
tance du verbe d'où se tirent des noms, ou persistance du
nom d 1où se tirent des verbes; ce qui ne subsiste pas, c'est
la racine indo-européenne, avec ses formations ~1 la fois ver-
bales el nominales; à cet égard encore, les exemples grecs et
latins représentent cc qui s'est passé sur le domaine indo-
curopéen tout enlier.
La notion de thème, encore npplicablc aux formes ancien-
nes de l'indo-iranien dans une ccrtnine mesure, cesse de
l'être partout ailleurs. En rffet, les désinences s'unissent it
l'élément final de certains thèmes pour former des groupes
finaux où l'on ne reconnait plus ni le thème, ni la dési-
nence. Soit par exemple b désinence -:i d11 datif-locatif-
instrnmcnlal pluriel grec ; elle s' unit à -;.;- des thèmes en
-::.7-, d'où des formes comme ,,{7::.7-:;:; comme -s- intervoca-
lique tornhe en grec: (gén. sing. ·d9::.;.; , d<1l. ,Ji7s~, nom. -acc.
plur. ·,l9::.:.c, gén . pl11r. ·1s9sw·1), on a vn dans -s7:;t une finale
c,\ractéristiqne de ras, et cc -s7:;~ a été emprunté par toutes
sortes de thèmes dans les parlers éoliens, d'où des formes
comme héot. i.'..i?-:-::.'J7t, Q•13~-ë1i;t, ·1:;,.w•1:-s;:;t, ~='..1-S~ijt, lcsb.
)L:a.::.36·1-sij1t, -:::Î,[-;.:;;i, etc. ; en grec du ~ord-Oncst, c'est le
·:tç d11 type ),6 1 :t; qui a été ainsi emprunté, et l'on a: ~-,3p-
=~;, è·r;-::;, ~:-::;, etc. Ailleurs, l'i des thèmes en -i- a été
ainsi généralisé, d'ot1 : homin-i-bus) gener-i-bus) on en slaYe
lmmm-1-111iî « aux pierres», slovcs-1-111i't c< aux paroles», etc.
St.:R LE DÉYELOPPDIE~T DES Dl.\LECTES D"DO-ECROPÉE~S 39 I
Dans tons les cas <le ce genre, il se crée une dé~inence ù ini-
tiale Yocalique comprenant un fragment d'un thème dnenu
méconnaissable et une désinence : l'effet de cette innorntion
est d'é,-iter la rencontre d'une consonne initiale de désinence
awc une consonne finale de thème; mais lïnnovation n'a
pu se produire que si la notion de thème était obscurcie. Au
point de yue latin, on ne peut plus parler de thèmes en -i-,
en -u-, etc. ; dans une flexion comme celle de smiitus, senà-
tum, seniiltïs, la langne nïsolait plus un thL'me et une dési-
nence; dans une flexion comme celle de att. -:::i.:.;, -:::1.sw.;,
moins encore, et ainsi de tons les cas.
Il y avait en indo-européen deux sortes de thèmes : le
type thématique ( en -e / 0 _) et le type athématique. Le type
_ thématique et aussi le t~ pe nominal en -ii-, se terminant par
une Yoyelle, se sont maintenus partout en fondant la Yoyelle
finale du thème et la désinence en une finale une, non ana-
lysée par le sujet parlant. Quant au t)-pe athématique, il a
d'abord perdu toute unité: les thèmes nominaux en -i- et
en -u- ont été rapprochés des thèmes en -o- et en -tÏ-; les
autres ont tendu à s'éliminer; ceux qui ::::e sont maintenus
le plus aisément sont les thèmes en -11- et en -r-, gràce au
caractère spécial de ces sonantes. Dans le verbe, le t~-pe athé-
matique (type dit en *-mi) s'élimine plus complètement en-
core que clans le nom ; une langue aussi ancienne.ment con-
nue que le grec_ n'en a déjà plus guère que les types où le
thème se termine par une vonlle: :~·J:li-·J.: (ion.-att. ?.~·J:rr.,-
., & ~ •

tJ.i) et :d-1:1~-:J.~ ; les langues connues à date plus récente n ·en


ont que des traces isolées, dont la plus durable a été le
wrbe « ètre »: skr. !tsmi, gr. s:.;J.i, Y. si. jes1111, got. im, etc.
L'unité de flexion a aimi tendu à se réali:-er.
Des divers types athématiques, celui dont la disparition
a commencé le plus tàt et a été le plus complète a été
celui des thèmes nominaux ou Yerbanx à suffixe zéro dont
ClL\.Pl TRE IX

gr. s:;i.~ e,t le type pour le Yerbe, et gr. ::: ".J ; . ::: :: ; pour le
nom. Le.; uns ont été ::-implement éliminés: le, autres ont
été tran.;portés par analogie dan, de, catégories de formes qui
sont i,,ue, de types indo-européens à suffi\.e : ainsi le thème
*ped- (pod- pM-) est passé en gotiq11e au type en 11: fotus
1 1

d'apr«\; ru de l'accu,atif fotu, qui repré,ente une nasale


YO)-ellP en fin de mot ; d·autres enfin ont été élargis a11
mo~-en de suffixes diYers : ain:-i un mot *sem- « été: année ».
attesté· en zend (génit. ha111ô1 instr. ha11za) est représenté
par un thème en -â- en sanskrit. sl1111â 1 et en arménien, am
« année >> (de *s 0 mâ-), par un thème en -o- en celtique,
ir1. sa111 1 gal1. hâf, par un thème neutre en - r- (alternant
a,·ec -11-) en germanique. Y. h. a. Sll111ar 1 et en arménien,
a11za1=11 « été ». Là mème où ils subsistent, ces mots s'i!".-olent
de 1a racine à 1aque1le ils appartenaient: ainsi le thème skr.
diç- ~ignifie « région » et se :-épare de 1a racine diç- « mon-
trer » : le correspondant latin n ·existe que dam la locution
toute faite dicis canssa ( ou gratia): le grec a dans ::-:t:r, un
élargissement au moyen d11 suffixe *- â- ) aYec un sens tecl 1-
nique très éloigné de celui de :~{;,:1:i:1.:. La perte du sentimen t
de 1a racine et l'élimination de, tlième'3 à suffixe zéro ont
marché de pair. et chacun de ces changements a facilité
l'autre.
Chacune des partie, du mot indo-européen aYait un degré
d'alternance , oca1iquc qui caract«'·risait 1a forme: le jeu déli-
cat des alternances, troublé par l'altération des sonantes et
des Yoyelles: obscurci par la perte du sentiment des racines
et des th«'.m<'S: se réduit peu à peu et perd une grande pa r-
tie ,le :-a Yaleur grammaticale .. \ În5Î, en µ-rec, &s aYant le,
te\.te.; les plus anciens, l'alternance de:-- timbres e et o da n,
la flexion a cli , paru; et; tandi:- que le lituanien oppo5e enco re
un nominatif akmzi « pierre » (aYec ô) i1 u n génitif almzelÏs
(awc e), le grC'c n'a plus que h;1.w·1~ !ù.;1. :: ·1 ::; . réglan t ams 1
svn LE DÉYELOPPE\IE:\'T DES DI.\LECTES l\'DO - ECROl'ÉE'iS 3g3

fo génitif d'après le nominatif i.1.:J.w·1, l'accusatif ù.;J.:·11., etc.


-Certaines langues, comme le slave ou le baltique, ont con-
serYé des alternances dans quelques cas déterminés. :\fois
aucune des langues indo-européennes attestées, mème à la
date la plus ancienne, n'a conservé le t:pe ancien ot'i cha-
·cun <les trois éléments du mot: racine, sullixe et Jésinence,
aYait dans cliaque forme grammaticale un Yocalisme carac-
téristique. Par là même, les trois éléments perdaient <le leur
autonomie.
Quant am::. déplacements du ton suiYanl la forme, bean-
·COup de langues n'en ont plus trace dès les plus anciens
textes; et celles qui en conscnent quelque chose les ont
restreints d'une manière considérable; le sanskrit n \lllmet
guère d'autre mouYement que celui entre la désinence cl la
~)-llabe prédésinentielle; le grec a limité les mouYemcnts d11
ton par rapport ù la fin du mot; le bal tique et le slaYe con-
-sen-aient peut-ètre plus <le m0tnements à date ancienne;
mais ils sont connus h une époque rclati,ement basse cl lais-
5ent seulement cntre,oir le jeu ancien du ton. On ne peut
donc plus que soupçonner le n'ilc des mon,emcnts du ton en
indo-européen. Cette élimination a contribué aussi à enlner
de leur autonomie aux éléments morphologiques, dont cha-
,cun pournit en indo-européen ètre rele,é par le ton au cours
(le la flexion d'un mèmc mot.
Tous les changements qui , icnncnt d'être indiqués abou-
tissent it transformer en une masse non anahsable les trois
éléments anciennement distincts <lu mot indo-cnropéen dont
l'unité comportait des articulations sensibles. Soit un mot
.indo-européen tcl que le nominatif *p[nos; le skr. p1ïr-u!z-h
« plein >> donne encore nne idée de son articulation, parce
qu'il existe aussi: pi parti<< il emplit», pnzltti) etc. :\lais les
mots isolés got. fulls) ,. sl. plzï.1u1) ,. irl. lau « p1cin »,
apparaissent comme des unités qui ne s'analysent pas; et,
39~ CII .\PITHE IX

au lieu que le Ycrbc signifiant cc emplir » en soit indépen-


dant, got. fullja11 (ail. fzïllen), v. sl. pli'tniti, v. irl. (com-)al-
11aim en apparaissent comme de~ dérivés.

Simultanément, la flexion riche et complexe de l'indo-


curopéen a tendu à se -implifier. On a déjh noté l"élimination
uniYcrselle du duel coïnciJanl avec les progrès de la civilisa-
tion. Dans le Yerbe, les dé~inences moyennes ne sont con-
~enées au complet que par les deux langues attestées à la
date la plus ancienne : le grec et lïndo-iranien ; on les rnit
disparaitre au cours de l"histoire de ces langues : en italique
et en celtique, elles se sont combinées avec la désinence en
-r-) ce qui a fourni le déponent; mais, comme ces formes dé-
ponentes n e coexistent pas dans 11n même Yerbc avec les forma-
tions actives; elles étaient superflues el ont été éliminées; les
langues romanes et le moyen irlandais les ont perdues; le goti-
que a encore une partie des désinences moyennes réduites.à la
seule valeur passi,·e ; les langues germaniques connues à date
plus récente ont perdu mème ce débris. L'optatif et le sub-
jonctif sont consené- dans les formes anciennes du grec et
cle l'i ndo-iranien; rnai -, qu oique connu à date relatiYemenl
ancienne, lïtalique 1ù1. qu'un seul mode distin ct de l'indi-
catif; de même le celtique et le germanique: plus avancé
encore, le slave n'a plus que l'indicatif el n'a ni subjonctif
ni oplatif. Le parfait, qui avait une formation athématique
aYec Yocalisme particulier et un redoublement comportant
sentiment de la ra cine, a disparu partout aYec le temps, soit
<p1'il ait été éliminé simplement cornme dans les dialectes
indo- iranicns moyens, en grec moderne et en arménien, soit
quïl subsiste seulement au participe actif, comme en slave
cl en baltique, soit quïl se soit fondu avec l'aoriste pour
fournir le prétérit, comme en latin, en irlandais et en ger-
manique; en grec cl en indo-iranicn: l'élimination a en lieu
St:R LE DÉYELOl'PDIE\T DES DIALECTES I\DO-Et:ROPÉE\S 3gj
à une date historique; ailleurs, elle est a·ntérieure aux pre-
miers documer1ts.
La simplification de la flexion, qui est commune à toutes
les langues indo-européennes, atteint son terme dans les
langues modernes : toute déclinaison a disparu dans un
grand nombre de langues, notamment en persan et <lans les
principales langues romanes. La flexion Yerbale elle-même
est réduite à très peu de chose en anglais, où le genre n'existe
pas non plus à proprement parler, et où les mots sont ainsi
presque inYariablcs.

Les transformations du type morphologique s'accompa-


gnent de transformations parallèles de la phrase.
La phrase indo-européenne se composait de mots auto-
nomes, dont chacun suffisait à exprimer un sens complet et
la fonction remplie dans la phrase; par la suite, de plus en
plus , le mot perd son autonomie, el la fonction dans la
phrase est indiquée par deux procédés nouYeaux, tous deux
inconnus à l'indo-européen :
1° Cn ordre de mots à rnleur grammaticale. En français
ou en anglais, la place du mot suffit en général ù en indiquer
la fonction : le fere aillle le fils indique par rordre ce que le
latin indiquerait par la flexion : pater jilillm ailla!} filiulll pa-
ter auwt) amat Jiliu111 pater) etc.
2 ° Des mots accessoires. Le français indique par de ce
que le latin indique par les diYerses formes de fle\.ion : patris
dolllliS c< la maison du père », uiri do11rns cc la maison de
llromme », urnlierum dom us « la maison des femmes », etc.
La forme Yerbale est exprimée par des petits mots: je} tu) il
(elle)) nous} 7.!0llS, ils (elles); en français au moins , ces petits
CJL\PITRL n:

·mots n·existent plus d"une façon autonome' el ne se rencon-


trent qu·avec le Yerhe: dans j'aillle ou je jilll\ le français est
donc bien près d·arnir restitué une flexion, mais une flexion
-ù préfixes an lieu de la Jlexion suffixale indo-européenne.
~\in:::,i les mols accessoires joints à ll'autres mols perdent
. four autonomie: de très bonne heme, les préYerbes, encore
-indépendants en indo-européen , ont été joinb soit à un nom
-soit à un Yerhe: ils ont perdu leur existence propre, et ap-
1)araissent comme des sortes de préfixes, chose entièrement
nouYelle en indo-européen: on peut dire en grec classique ~-1::~
~J·1 ~; ::·1 ou ~ >, i:1:rf r~::·1, mais ~;-1 n ·exi~te plus isolément :
o n peut dire en latin ag111ine rotwzt ou rn111 ag111Ï11e eo, mais
flllll ne s·emploie pas seul. Et ainsi de. lo11les les langues,

une foi::- passée la période archaù1ue.


La structure de la phrase a donc entièrement changé. Le
cliangcment a été p111s ou moins complet suiYanl que la
flexion a été plus ou moim simplifiée : mais partout il a eu
lieu dans le mèmc sens, et a abouti à accroitre la fixité de
!'ordre de mols. en lui donnant une Yaleur grammaticale, et
à créer des petits mols spéciaU\:. prépositions, conjonctiofü,
-aU\. i]iaires Yerbaux, dont la fonction c::-t <le marquer le rùlc
des autres dans la pli rase.

\ [

Le rn~:abulnire rnrie profondL~ment d"11ne langne indo-cu-


ïopéen11c à l'anlr<'. comme on ra notè p. :~ ',l..,, c:t le nombre
<les rnoh indo-e urop<'.·cns qui se :-ont consen és dans toutes
les langues de la fo111illc 011, dn mnins, dans la plupart
<l'entre elles est petit. Chaque langue :1 beaucoup de mob
·c1ui n·ont de correspondant dans aucun<> autre: grùce i1 ln
m11ltiplicité des langues indo -cmopée11ncs cl à la rnriété de
SC!l LE DÉ\TI.Ol'l'E~IE\T DES DL\LECTE"' no'.)-ECI\OPÉE\S :~~)',

fours YÔcaJmlaire:-, 011 lronYe SOllYf'nl dans une Jang-ne OU Llans


une autre quelques rapprochements étymologiques dl'fenda -
hles ù la rigueur: mais c'est bien p<'u de chose qu'une 6ty-
mologie qui 11 'est pas éYidenle. ·
On ignore à quelle langue l'indo-européen s'est snhstilul~
dans les pays où il s'est répandu, el l'on ignore aussi qt;el1es
langues parlaient les populations donl la CiYilisation a agi
s1fr celle des peuples de langue indo-européenne. Quand un-
mot d'une langue donnée n ' a pas de correspondant e"acl'
<lans une autre langue de la famille, on n'a pas le Llroit de
chercher à lont pri"" nne étymologie indo-européenne; clrn-.
que vocabulaire comprend nécessairement des cmprnnls à
des langues qu'on ne connait pas, el qui n 'ont peu!-èlre laissé
aucune trare; c'est une des erreurs les plns graves - et les
plus fréquemment commises - que de croire que tout mol
sanskrit, grec, germanique , etc., qui n 'esl pas emprunté à.
nne langue connue, soit indo-européen : personne, à vrai
dire , ne pose explicitement un principe aussi absm<le :
mais, chercher nne explication indo-européenne de Lous les.
mols de chaque langue, c ·esl raisonner comme si cc principe
était nai.
En faisant ces tentatives, on s'autorise parfois Je ce qu'un
mot a l'aspect indo-européen ; mais rien n'est plus trom-
peur; les mots étrangers empruntés par voie orale sont
presque immédiatement ramenés au type général de la langue,
et ne se distinguent guère des anciens mots de la langue par
leur aspect général: rien n'ayertit c1u'un mot français, comme
rail) est un emprunt anglais <le date récente ( abstraction
faite bien entendu de la prononciation pédante rel). Rien
dans la forme n'indique r111e gr. 7:sYn ou a[•.)n, que lat. faill es
ou sitis) que got. hahrns) v. h. a. hmzgar « faim », que v .
sl. alitkati et lit. !rll,ti « aYoir faim » ne soient pas des mols.
indo-européens; mais, comme tons ces mols sont isolés, il
398 CHAPITRE H.

est arbitraire de chercher une origine indo-européenne à


chacun.
Les seules correspondances sûres sont celles qui permet-
tent de poser des mots indo-européens définis, et qui ne se
limitent pas à une Yague communauté de racine. Les corres-
pondances de ce type sont rares : pour tout le détail du YO-
cabulaire, chaque langue a ses termes propres, et l'on ne
~aurait se flatter de comprendre un texte d'une langue indo-
européenne inconnue, indépendante des groupes établis
(germanique, slave, indo-iranien, etc.), à l'aide du Yoca-
bulaire des autres.
CO~CLUSIO:X

Aux dates oi'1 des textes écrits font connaitre les divers
groupes dialectaux indo-européens conservés, chacun d'eux
apparaît très distinct de tons les autres et caractérisé par des
innovations propres aussi importantes que nombreuses. Les
groupes les plus anciennement attestés ont donc, dès le
commencement de leur histoire, un aspect déjà très différent
<le l'indo-européen. Dès avant les premiers textes conservés,
l'indo-iranien a bouleversé le vocalisme indo-européen ; dès
avant Homère, le grec a mutilé et transformé le consonan-
tisme. En somme, dès le début de la tradition, chaque dia-
lecte forme un système original dont l'indo-européen a fourni
les éléments, mais qui est essentiellement autre que le
système indo-européen.
Cette différenciation avait commencé au temps de la vie
commune des dialectes indo-européens, mais c'est sans doute
après la séparation que les différences dialectales anciennes
sont devenues plus profondes. Puis, à l'intérieur de chaque
grand groupe, il y a eu de nouvelles divergences qui ont
abouti à la formation de dialectes dans ce groupe même. Et
les événements historic1ues, en constituant des groupes éten-
CO:\CLl:SIO~

dus de langue plus ou moins sensiblement une, comme l'io-


nien, le<lorien, elc. , ont créé, dans chaque grand groupe, des
groupes distincts et séparés de tous les autres. On désigne
sons le nom de grec commun, de slave commun, de ger-.
manique commun , etc., l'ensemble des particularités réalisées
.mmt l'époque historique , qui sont propres à tous les dia-
lectes grecs, slaves , germaniques, etc., c'est-à-dire à chacun
des groupes en son entier; le grec commun est donc à lïo-
nien, au dorien. à l'éolien, etc., ce que lïndo-européen est
au grec, an sla, e, au germanique, au celtique, etc. Et un
fait grec commun par exemple n'est pas nécessairement anté-
rieur à toute division dialectale ; ainsi le passage de *kw à -;:
est grec commun : néanmoins il est postérieur à l'altération
de */,w <levant s au commencement du mot, fJUi a lieu en
ionien et en dorien, mais non en éolien : le *kw initial du
nom de nombre « quatre » aboutit clone à : dans att.
--:i:-::1.ps;, mais à 7.' clans béot. 7.'b::t.ps;.
On est encore trop peu fixé sur les conditions générales.
dans lesquelles les langues se transforment pour qu ïl soit
licite de rien aflirmer sur les causes des innoYations propres
à chaque groupe dialectal indo -européen. ~Jais ce qu'on sait
conduit à penser que certains traits au moins résultent du
mélange de populations de langue indo-européenne avec des
populations parlant d'autres langues. Si, par exemple, à date
préhistorique, le grec a réduit à cinq les huit cas de la dé-
clinaison indo-européenne, si ni Homère ni aucun dialecte
ne présente un sixième cas, on attribuera cette remarquablc-
innoYation à une influence particulière de la population à
laquelle se sont mêlés les colons de langue indo-européenne
,~tablis sur le sol hellénique: car là où elle a rencontré des.
conditions plus favorable-- i1 sa persistance, la déclinaison
::-'est bien maintenue, et l'anùénien, le lituanien et le slave-
ont aujourd'hui encore une riche déclinaison: le lituanien,
co~cu;swx 401

le polonais, le russe el nussi l'arménien oriental moderne


distinguent sept des huit rns indo-européens.
::\Tais parlout où ils se sont établis, les dialectes indo-euro-
péens ont éliminé les langues pnrlées aupnraYnnt, si bien que
le plus souvent on ne sait rien des idiomes non indo-euro-
péens dont ils ont pris la place. Et là où il a subsisté, dans
le rnisinage des dialectes indo-européens, des langues sans
doule apparentées aux idiomes des anciens occnpanls du
pays, on n'a pas encore étudié l'ensemble des faits, et l'on
n'a guère fait plus que signaler certaines ressemblances,
principalement entre le sanskrit el les langues draYidiennes
de l'Inde, entre l'arménien et les langues du Caucase. -
D'ailleurs le changement de langue n'est ni la seule ni sans
doute la principale des causes qui déterminenl les innorntions
linguistiques: la différence des habitats, des conditions d'exis-
tence (nutrition, etc.), de l'étendue des groupes sociaux, et
des institutions a sans doute largement contribué à provo-
quer des déYeloppements di,-ergenls d\111 seul el mème
idiome; pour ne citer qu'un exemple, on conçoit que l'nppren-
tissage <lu langage par les enfanls, et par suite l'éYolulion de
la langue qui en est la conséquence, ait lieu de manière dif-
férente dans un pelit groupe social, tel qu'une cité grecque
antique, Ol\ les membres du même groupe se marient uni-
quement entre eux, ou dans un groupe très étendu, tel que
l'empire romain, où les femmes peu vent être d'origines
diverses, ou enfin dans des popu lations pratiquant des usages
matrimoniaux compliqués, comme celles de L -\ ustralie. -
En rétat actuel des connaissances, on ne peut donc que dé-
finir les innovations propres à chaque dialecte indo-européen,
sans prétendre à en déterminer les causes d'une manière
précise el détaillée.

A. :\IEILLET,
402 CO~CLl.:SlO~

II

Si le caractère original de chacune des langues dénonce


lïnfluence des populations de langues diYerses auxquelle~
les dialectes indo-européens sont Yen us s ïmposer, en re-
nnche l'unité d'origine se manifeste, on ra Yu au cha-
pitre 1x, par le parallélisme de leur érnlution. Dans le détail,
chacune des langues indo-européennes a son histoire propre.
et, comme on doit l"attendre, toutes les particularités de
phonétique, de morphologie, de Yocabulaire deYiennent plus
différentes de rune à l'autre au fur et à mesure qu'on
s"éloigne de l'ancienne période d"unité. )lais, dans en- r
semble, leur déYeloppement a été parallèle, et par suite les
langues modernes, dont le matériel grammatical est propre
à chacune, ont beaucoup plus de traits généraux en commun
que ne le ferait présumer la parfaite indépendance de leurs
déYeloppemen ts respectifs.
Ce qui fait lïntérèt de la grammaire comparée générale
des langues indo-européennes, c'est que, seule, elle rend pos-
sible l'étude de ces déYeloppemenb indépendants et paral-
lèles. La détermination de la langue commune dont les lan-
gues indo-européenne~ représentent des formes postérieures
n ·a pas pour but de satisfaire la Yaine curiosité de ceux qui
rnudraient connaitre l'aspect de cette langue : un pareil but
ne saurait d'ailleurs ètre atteint. Cette détermination n'est
pas l"objet de la grammaire comparée, ce n'est pour elle
qu'un moyen.
L'histoire des langues indo-européennes forme ainsi un
rnste ensemble: la grammaire comparée générale permet de
décrire, avec une précision souYent très grande, la partie
comprise entre la période d'unité et les plus anciens docu-
CONCLUSlO:X 4o3
ments de chaque groupe; d'autre part, grâce à l'examen dé-
taillé des textes de toutes les dates et de toutes les régions et
en même temps des parlers vivants, on peut suivre jusqu'au-
jourd'hui le développement des grands groupes qui se sont
constitués à une époque préhistorique. La plus grande partie
du travail reste à faire ; néanmoins les principaux traits de
œtte histoire sont dégagés partout, et su.r quelques points
le détail commence à être précisé. Si le groupe indo-européen
est le plus important du monde, c'est aussi celui dont le
développement est le moins mal connu et qui laisse le rniem.
entrevoir dès maintenant les lois générales du développement
des langues.
C'est en effet pour expliquer les faits particuliers observables
à date historique qu'a été constituée la grammaire comparée :
il est, ils so11t est en français une flexion inexplicable; est)
swzt n'est pas plus explicable en latin, mais y trouve déjà
quelqü.es analogues perdus aujourd'hui, comme fer!, fenmt;
ce n'est qu'en indo-européen que la flexion verbale mainte-
nant représentée par le seul il est, ils so1Zt a été normale:
c'est donc en indo-européen seulement que ce verbe français
s'explique, en prenant l'aspect d'une formation normale. Tel
est le premier service rendu par la grammaire comparée:
elle permet de rendre compte des faits historiquement at-
testés.
i\Iais en même temps, par cela même que pour trouver
l'explication des faits linguistiques on en a dù suivre minu-
tieusement l'histoire depuis la période d'ancienne unité jus-
qu'aujourd'hui, il a été réuni un recueil immense d'obser-
vations sur le développement des langues. Et à côté de
l'histoire proprement dite des divers idiomes où il n'y a,
comme dans toute histoire, qu'une succession de faits parti-
wliers, il se forme, à l'aide de ces matériaux, une théorie
générale des conditions dans lesquelles év.oluent les langues,
40!1 CO:\CLLSIO:\

c·est-à-dire que rhistoire <ln groupe indo-européen, mainte-


nant connue en ses grande~ ligne:-: fournit quelques-unes des
meilleures observations qu·elle puisse utifüer à la science du
langage qui commence enfin à se constituer: à· son tour,
cette science, en déterminant ]es lois générales du langage,
p ermettra de remplacer l'empirisme actuel des explications
par des doctrines cohérentes et systématiques. Les faits
qu ·on vient de passer en revue apparaîtront alors sous un
aspect nouveau; mais les résultats acquis par la grammaire
comparée sont, dans leur ensemble, certains ; la science
nouvelle qui se crée les éclairera, elle ne les ébranlera pas.
APPENDICES

}. - APERÇl" Dt · DÉYELOPPDIE:\T DE L.\ GR_DDI.\IHE CO:\IP..\RÉE.

La grammaire comparée a été créée au début du :x:ne siècle


par des saYants allemands et danois.
Les Grecs ont été en rapports étroits aYec une foule de
peuples étrangers dont la langue aYait aYec la leur les ressem-
blances les plus frappantes : ils n'y ont prêté aucune atten-
tion, ou, sïls ont remarqué des coïncidences, ils n'y ont Yu
que de pures curiosités et n'ont tiré de ces obserrntions isolées
aucune doctrine. La perte qui résulte de là est immense et
irréparable: les Grecs auraient pu observer et fixer des lan-
gues qui ont disparu plus tard sans laisser de traces ou qui
se sont graYemcnt altérées par la suite; si l'on aYait des no-
tions précises sur les dialectes iraniens, phrygiens, armé-
niens, thraces, illyriens, itafürues, celtiques du me ou du n·e
siècle ayant J.-C., tels que des interprètes helléniques n'ont
pu manquer de les connaitre, la grammaire comparée des
langues indo-européennes serait tout autrement exacte et
complète qu'elle ne l'est et ne pourra l'ètre jamais. )lais les
Grecs n'ont pas eq l'idée que tous ces idiomes barbares fus-
sent des formes d"une même langue et eussent rien à faire
aYec le leur; ils n'ont jamais imaginé que le seul moyen de
rendre compte des particularités de leur propre langage fùt
de le rapprocher des parlers variés que leurs colons et leurs
marins rencontraient de tous côtés. La seule langue qu'ils
aient étudiée est la leur, et ils y ont assez bien réussi à beau-
coup d'égards: quand ils ont eu à récrire, ils ont su ne pas
.\PPE:'.\DICES

<'mprnntrr tel quel l'alphabet S) llahique sémitique et, en


notan t lPs rnyelles, créer l'écriture alphabétique qui, seule,
conYi<'nt am:. langues indo-européennes: pour apprécier
comme il faut le senice c1u'ils ont ainsi rendu. il suffit de
:-ongcr à ce que répandent d'obscurité snr les textes iraniens
l'écriture araméenne pour le pehhi, l'écriture arabe pour le
persan. Les philosophes grecs ont exactement reconnu les
catégories de la grammaire de leur langue: les grammairiens
ont décrit les particularités dialectales des textes littéraires.
)lais ils ne sont pas allés au delà de la constatation des faits,
et de leurs tentatiYes d'explication, purement a priori, rien
n 'a sub::-isté; car ils n ·ont jamais Yll comment on peul rendre
compte d'un fait linguistiqu<'.
Les Hindous n'ont sans doute guère eu occasion d'étudier
de près d'autre langue indo -e uropéenne que lïranien, lequel
était un clialecte très semblable au leur à tons égards, et, à
l'é poque c.L\lexandre el du royaume de Bactriane, le grec:
ils n'en ont rien tiré. En rernnche, ils ont ohserYé leur propre
idiome aYec une préci5Îon admirable: des détails infiniment
m enus cle l'articulation n'ont pas échappé à l'attention de
leur~ grammairiens; ils ont reconnu tous les traits essentiels
de leur morphologie, si bien que, à beaucoup d'égards, la
grammaire comparée a simplement appliqué à l'indo-européen
les obserYations qu ' ils arnient sn faire sur l<' sanskrit. Comme
les Grecs enfin, ils ont dès le début adapté au caractère de
lenr langue l'alphabet qu'ils empruntaient, et ont noté aYec
soin les rnyelles .
. \ux Hindous rnmme anx Grecs, il a manqué la notion du
développement historique. Au x,nr et au nme siècles, cette
notion était encore aussi complètement ignorée qu'au temps
<l' .-\ ristote ou de rJliu<lou Pëïi:iini ; pour rendre compte
c1·11n fait linguistiqne on ne recomait pas à l'obserYation des
faits antérieurs, mais à des conreptions a priori: la théorie
APPE~DICES 409
de la phrase était une application de la théorie des propo-
sitions et des jngements, la grammaire générale une partie
de la logiqne formelle: la grammaire de Port-Royal et la
grammaire de Condillac en fournissent d'illustres exemples.

Au début dn xn:e siècle, une idée nonYelle apparait de


toutes parts et dans tous les domaines ; on cesse de prendre
des conceptions logiques pour des explications; l'obsenation
et l'étude abstraite des phénomènes mécaniqnes, physiques
et chimiques, déjà instituées par les Grecs et reprises avec
une activité nouvelle depuis le :ne siècle, donnaient des ré-
sultats chaque année plus précis et plus nombreux, et per-
mettaient de prévoir d'une manière toujours plns sùre, d'uti-
liser d'une manière tonjours plus complète l'action des forces
naturelles. Les faits que présentent les ètres organisés et les
sociétés restaient obscurs, parce qu'on prétendait les étudier
en leur appliquant des idées a priori ; on a compris alors
qu'il fallait les obserwr en enx-mèmes, comme on fait ponr
les faits physiques ou chimiques.
)lais les phénomènes que présentent les êtres vivants et
surtont les sociétés sont complexes; ils ' ne se laissent pas,
pour la plupmt, ramener à des formules abstraites comme
nn fait de ph,Ysicp1e. Quand on obserw une institn tion sociale,
. on aperçoit aisément qu'elle est le produit d'une série d'ac-
tions successives; on ne peut donc l'expliquer sans en faire
l'histoire ; cet examen méthodique des antécédents histori-
ques est ce que le siècle dernier a apporté de plus original
et de plus neuf: en mécanique, en physiqne, en chimie, on
a tiré des méthodes d'Archimède, de Galilée, de \ewlon
une infinité de résultats nom·eanx, mais la méthode mème
était déjà panenue à sa perfection, et il n'y a en qu'à l'ap-
pliquer avec riguenr à tons les objets cp1 'elle permet d'étu-
dier; la méthode de l'explication historiqne a été au contraire
.\.PPE:_\DICES

une création du xn:r siècle ( et déjà, en quelque mesure, de la


fin du ::n m''). L"éco rce terrestrè, les êtres organisés, les so-
ciétés et leurs institutions sont apparus comme les produits
de cléYeloppements historiques dont le détail ne pouYait ja-
mais être deYiné a priori, et dont on ne pouYait rendre comp te
qu'en ohserrnnt et en déterminant exactement la mccession
des faits particuliers par lesquels ils se sont réalisés. Et c'est
seulement à l'aide des ohsenations ainsi réunies qu'on com-
mence à poser les théories générales relati,·es au déYeloppe-
ment des ètres organisés et des sociétés.
La grammaire comparée n'est qu·une partie du grand
ensemble des recherches méthodiques que le xne siècle a
instituées sur le dé,·eloppement historique des faits naturels
et sociaux.
Elle s ·est constituée lorsqu'on s'est mis à rapprocher
systématiquement le sanskrit du grec, du latin et du germa-
nique . .\ussitùt que les relations régulières établies entre
rinJ<' et l"Europe ont donné à quelqu<'s Européens l'occasion
d'étudier le san:-krit, on en a reconnu la parenté aYec les
langues européen rH•:,; le fait est indiqué par le jésuite fran -
çais Cœurdoux dan~ une note aclre.:.sée en I jGj à L-\ca-
démie des inscriptions. par L:\nglais \Yilliam Jones dans un
discours à la Société de Calcutta en I ï n6 1 par le jésuite
allemand Paulin cl,, ~aint-Barthélemy Yers le même temps.
Enfin l'attention a rté attirée en Europe sur l'importance du
sanskrit au point d,· HIC linguistique par le line fameux de
Fr. Schlegel: Ut'ber die Sprache und die TVeisheit der Indier
(Heidelberg, 1808).
La connaissance d11 sanskrit a été décisiYe à deux points
de Yue pour la constitution de la grammaire comparée.
Tout d"abord, le sanskrit a consen·é une morphologie ar-
chaïque et un système consonantique qui seuls permetten t
cl<' se faire unr idéi: 11n peu nette de ce qu'a pu être l'indo-
APPENDICES 4I 1
européen et sans lesquels une foule de traits essentiels de
cette langue seraient toujours restés inconnus ou mal connus.
En second lieu, les grammairiens de l'Inde avaient analysé
avec une précision extrèmc jusqu'aux détails les plus menus
de la phonétique et de la grammaire de cet idiome si ar-
chaïque; dès le début du :.nxe siècle, les grammaires de
Colebrookc, de \Vilkins ( 1 SuS), de Carey, de Forster, la
liste des racines de \Vilkins ( 1815), la pnblication de l'Amara-
koça et autres lexiques, provoquée par Colebrooke (Calcutta,
1807), mettaient à la disposition des savants européens les
principaux résultats du travail des grammairiens hindous ;
dans la mesure très large où le sanskrit représente la phoné-
tique et la morphologie indo-européennes, on avait déjà là
une analyse grammaticale de l'indo-européen, indépendante
des théories grecques, qui suffisait à renouveler les notions
linguistiques et qui avait le mérite essentiel de reposer sur
l'observation des faits.
C'est Franz Bopp, né à Mayence en qg 1·, qui a le pre-
mier tiré des rapprochements du sanskrit avec les langues
de l'Europe un ensemble de doctrines. Après un séjour
à Paris, qui était alors le principal centre d'études orien-
tales, et oi'1 il avait appris le sanskrit en grande partie seul
et avec des moyens très insuffisants (le dictionnaire de
\Yilson n'a paru qu'en 1819), Bopp publie en 1816, à
Francfort-snr-le-:Main, son premier ouvrage: Ueber das Co1zju-
gationssyste111 der Sanshitsprache, in Vergleichzmg mit jmem
der griechischell, lateinische,z, persischen 1111d ger111auischm
Spracbe, 1zebst Episode1z des Ra111aja1z und Mahabharat Ïlz ge-
nauen 111etriscbeii Uebersetzungen aus dell! Ongùzaltexte zmd eini-
gm Absclmitten aus dm Veda' s (8°, xxxxn-312 p.). La gram-
maire comparée était créée. « Nous dernns, disait Bopp,.
apprendre à connaître avant tout le système de conjngaison
du vieil indien, parcourir en les comparant les conjugaisons.
.-\.PPE'-DICES

du grec, du latin, du germanique et du persan; ainsi nous


en apercenons lïdentité, en même temps nous reconnaîtrons
la de,truction progressiYe et graduelle de l'organisme lin-
guistique simple el nous obserYerons la tendance à le rem-
placer par des groupements mécaniques, d'où a résulté une
apparence d'organisme nouYeau, lorsqu'on n'a plus reconnu
les éléments de ces groupes ». Dès cc premier ouHage,
!"objet essentiel des recherches de Bopp e::it fixé: il rapproche
les formes grammaticales des di Yerses langues indo-euro-
péennes, en se serYant particulièrement du sanskrit, et sa
justesse de coup d"œil à cet égard est admirable; mais les
rapprochements ne sont pour lui qu'un moyen, et ce qu'il
se propose aYant tout, c'est d'expliquer les formes en en
déterminant l'aspect le plus ancien, le moins mutilé, le plus
primitif quïl e_t po:-sible. Déjà dans ce li He, Bopp explique
le futur en -sya- du sanskrit par l'addition du Yerbe « être >>,
~kr. as-, à la racine Yerbale : c ·est le premier essai de ces
explications par agglutination qui cleYaient tenir tant de plnce
dans l"œuHe ultérieure de Bopp; l"analyse imaginaire, mais
alors usuelle, du Yerbe en copule et prédicnt lui faisait
d'ailleurs paraitre naturelle une cliYision de skr. tap-sya-t1
« il bnilera » en « il sera brùlant >>. La comparaison des
langues attestées donne à ses yeux un moyen de remonter à
11n étal primitif où les formes grammaticales se laissent expli-
quer directement et 011 il e:-t possible de les analyser; en ce
sens, Bopp est encore un homme du xYmr siècle ; il prétend
remonter au commencement mème des choses dont les pro-
grès de la science créée par lni ont foit comprendre à ses
s11ccesscms qu'on pou mit seulement connaître le déYeloppe-
ment historique. La détermination de lïdentité fondamentale
des lang11es indo-emopéennes n'est donc pas pour lui la fin
de la gr:rn1maire compnrée, et il ne Yoit dnns les changements
qui :,;e ~ont produit - depuis l'époque d'unité qu'une déchéance
APPE~DICES

progressive de l'organisme ancien. Bopp a trouYé la


grammaire comparée en cherchant ,\ expliquer l'indo-euro-
péen, à peu près comme Christophe Colomb a découYert
l'Amérique en cherchant la route Lles lnLles.
Appelé à l'Uni,·ersité <le Berlin en 1821 sur la reconrnwn-
dation de Guillaume de Humboldt, Bopp poursuit dès lors
régulièrement ses recherches. li en expose les premiers ré-
sultats dans une série de six mémoires, présentés Lie 1824 à
1833 à l'Académie de Berlin, qui portent en commun le titre
bien caractéristique de : Analyse co111paratÏ1.:c du sanshit et
des langues congéncres. Dès ce temps la publication de gram-
maires lituaniennes et le développement de la philologie slave
lui donnent le moyen de joindre le balto-slave au sanskrit,
au grec, au latin et au germanique; le <léchifirement du zen<l
par les méthodes rigoureuses d'Eugène Bnrnouf permettait
au même moment de remplacer le persan par une langue
iranienne beaucoup plus archaïque, celle de l'Avesta. En
1833 parait la première li \Tai son de la grammaire comparée
Liu sanskrit, du zend, du grec, du latin, <ln lituanien, du
gotique et de l'allemand, qui ne devait être terminée qu'en
1849 ; le vieux slave figure sur le titre à partir du second
volume; le début de la préface de ce livre (cité ici d'après
la belle traduction de l\1. Bréal) donnera des vues de l'au-
teur l'idée la plus précise: cc .Je me propose de donner dans
cet ouvrage une description de l'organisme des différentes
langues qui sont nommées sur le titre, de comparer entre
eux les faits de mèrne nature, d'étudier les lois physiques
et mécaniques qui régissent ces idiomes et de rechercher
l'origine des formes qni expriment les rapports gramma-
ticaux. Il n'y a que le mystère des racines ou, en d'autres
termes, la cause pour laquelle telle conception primitive est
marquée par tel son et non par tel autre, que nous nous
abstienJrons de pénétrer ... A la résene de ce seul point,
.\ PPE:\DICES

nous chercherons à obserYer le langage en q uclquc sortC'


{lans son éclosion et dans son drYcloppcment. .. La significa-
tion primitiYe et par conséquent l'origine des formes gram-
maticales se réYèlcnl la plupnrl <lu temps d'elles-mêmes,
aussitot qu'on étend le cercle <le ses recherches et qn 'on
rapproche les unes des autres les langues issues de la mèu1c
famille, quii malgré une séparation datant <l0 plusie11rs milliers
d'années, porlen t encore la marque irrécusable de l0ur
descendance communr. »
Bopp a créé ainsi de tontes pièces la grammaire comparée
des langues inclo-europécnne_s; il a Yll la plupart clr-.
rapprochements qu'on peut fairr entre les formes grammati-
cales <les <liYerses langues et, à ce point de nie, n'a plus
laissé qn 'à glaner à ses sncces~curs; aucune des langues de
la famille n'a échappé à son attention; il fait figurer l'armé-
nien clans le titre <le la seconde édition de la grammaire
comparéc(18S7-18G1); il a publié sur Ir Yieux prussien cl
sur l'albanais des mémoires particuliers; il n'a pas négligé le
celtic1uc même. -Toutefois si pénétrante qu'ait été son intui-
tion, si large qu'ait été le champ <le ses recherches, il laissait
bcancoup à faire: son mérite essentiel a été de s'en tenir
aux faits positifs en évitant les généralités Yagues; cl c'est
par là qu'il a renouYelé l'étude des langues ; mais, faute
d'idées générales arrètées, il ne semble pas arnir pris nellc-
ment conscience de sa méthode, et il lui est arriYé d'attribuer
à ln famille indo-européenne les langues malµyo-polynésienncs
cl les langues caucasiques d11 Sud qui n'y appartiennent pas.
Tl s'est attaché presque exclnsiYemcnl à la morpliologie cl,
clans la morphologie, à l'analyse de la flexion; mais il a
négligé l'étude <le l'évolution phonétique et les règles précises
qui y président; il n'a examiné ni l'emploi des formes, ni
la structure de la phrase. Après Bopp, il restait à suivre le
développement de clwqnc langue dans le détail, à constituer
APPE~DICES

toute la phonétique, toute la théorie de l'emploi des formes


et de la phrase, à poser des règles rigoureuses et smtout à
éliminer les spéculations Yaines sur les origines, oi1 Bopp
poursuit lies idées anciennes bien plus qu'il n'est naiment
un initiatenr.
Ce grand trarnil a commencé du YiYant mème cln maitre,
et dès le moment où ont été publiés ses premiers traYaux.
En même temps que Bopp. et d'une manière tout à fait
indépendante, le Danois Rask arnit reconnu la parenté des
langues germaniques aYec le grec. le latin et le balto-slaYe,
et exposé cette doctrine clans une étude, intitulée Rffherches
sur le 'l.'Ù'IIX norrois (U11ders6gelse 0111 det ga11zlc .:..Yordiskc), qui
était acheYée dès 18d, mais qui a paru seulement en 1818,
à Copenhague, et dont la seconde partie a été traduite et
a paru en allemand dans les Verglcidm11gstafcln der euro-
piiischm Sta111111sprachm de Yater, sous le titre <le : Uebcr die
thrakischc Sprachclasse (Balle, 1822). Rask a Yis-à-Yis cle
Bopp 1.1 graYC infériorité de ne pas faire interwnir le sans-
krit; mais il démontre l'identité originelle des langues qu'il
rapproche, sans se laisser aller à de vaines tentatiws d'expli-
cation des formes primitiYes; il est satisfait quand il a pu
constater que « chaque terminaison de la langue islandaise
~emble se retrouYer plus ou moins clairement en grec et en
latin )), et, à ce point de nie au moins, son liue produit
une impression plus scientifique. plus rigoureuse, plus mo-
derne que ceux de Bopp.
Tandis que Bopp a toute sa Yie négligé les idées générales
pour s'attacher à la dét ermina tion des détails précis~
Guillaume de Humboldt au contraire n'a guère exposé dans
ses publications que des idées générales ; mais outre l'action
personnelle qu'il a eue en farnrisant de sa puissante influence
le déwloppernent de la grammaire comparée, il a contribué
~1 diriger les recherches ; partant de ridée que la langue est
!nG APPE~DICES

une actiYité, une ~-,iF·tsi:x, et non un ??-::·,, il rn:ait dans


lï<liome de chaque population la manifestation caractéris-
tique de son actiYité intellectuelle: et il estimait par suite
que toute langue dernit ètrc étudiée pour elle-mème. Les
faits que ces obserYations ont mis en b·idence n'ont pas per-
mis de déterminer les caractères propres de l'actiYité psy-
chique de chaque peuple, comme respérait G. de Hum-
boldt; mais l'examen des choses telles qu'elles sont et des
particularités propres de chaque idiome a abouti à la création
d'une science rigoureuse et précise.
Comme il était naturel puisque la transformation de la
linguistique était faite par des savants de langue germanique,
c'est le groupe des langues germaniques qui a été le premier
étudié suivant les nouvelles méthodes. Déjà en 1811, le Da-
nois Hask écrit dans la préface de sa grammaire islandaise:
« Une grammaire n'a pas à ordonner comment on doit
former les mots, mais à décrire comment ils sont formés et
comment ils changent »: et, en rendant compte de ce lin-c
en 1812, Jacob Grimm (né en q8j, mort en 1863) écri-
Yait: « Toute indi,·idualité doit être tenue pour sacrée, mèmc
dans le langage; il est à souhaiter que chaque dialecte, fùt-cc
Ir plus petit, le plus méprisé, soit abandonné à lui-mème,
que toute Yiolence lui soit épargnée, car il a certainement
ses supériorités cachées sur les plus gralllls et les plus esti-
més. » Suivant cc principe il fallait s ·attacher à décrire le
plus précisémrnt possible chacune clrs formes <lu germanique,
et surtout les formes les plus ancif'nnes où, conformément
aux idées de cc temps. on s"attendait à trouwr l'esprit na-
tional dans sa pureté, la langue dans sa perfection natiYe. La
grammaire de Grimm, dont le prrmier Yolume a paru en
181 g (quatorze ans aYant le premier Yolume de la grammaire

comparée de Bopp), a été la première description de tout un


gr,:mpc de dialectes depuis les formes les plus anciennes qui
APPE~D1CES

~oir nt attestées, et a par là serYi de modèle ù toutes les éludes


qu'on a faites Pnsuitc des autrrs groupes de dialectes
.att,~stés par des documrnls anciens ; le~ Ùt~tails les plus déli-
cats y sont rPlcYés awc le soin ou, ponr mieux dire, aYcc la
piété d'un dérnt ; mais le jeu subtil et infiniment complexe
{l'ac tions cl de réactions par lesquelles s'expliquent les faits
linguistiques n'est pas encore mis en lmnièrc; c'est un recueil
d'obsenations plutôt que d'explications. Les lois de la laut-
'Verschiebznzg} en vertu clcsqnclles tout le systt·mc consonan-
tique a été pour ainsi dire transposé d'un degré, gerrn. JJ p} h
répondant à gr. .:, -;, z 011 lat. p} t} li; gcrm. p} t} li à gr.
~' ~, "'{, lat. b} d} g; lit all. d à got. rp} etc., sont reconnuPs
et exposées en 1818 par Rask, en 1822 par .T. Grimm lui-
même: elles donnent le premier exemple el le prrrnier mo-
dèle des lois phonétiques sur la connaissance desquelles
repose au fond Loule la linguistique historique moderne ;
elles ont été le premier fruit de I1obserrntion précise des dia-
lectes et de la recherche des !rails originaux q11i caractérisent
chaque langue.
Pott (1802-1887), de onze ans plus jeune que Ilopp, a
profité des travaux de ses dernnciers, mais il s'est choisi dès
l'abord son domaine propre, l'étymologie, et il y a travaillé
d'une manière inclépenùante, en J apportant une merrnilleuse
érudition. La première édition de ses Etymologische forschzrngen
est de 1833 pour le premier volume , de 1836 pour le second,
con lem porainc par conséq uenl de la première édi lion de la gram-
maire de Ilopp. Sans règles précises de correspondances entre
les langues rapprochées, l'étymologie n'est qu'un pnr jeu
d'esprit et ne comporte pas de démonstrations; Pott l'a bien
vu, et dès 1833, il écrit ces phrases décisives : « la lettre est
un guide plus sùr dans le labyrinthe de l'étymologie que
la signification, souvent sujette aux sauts les plus hardis >> cl:
<< l'exposition qu'a faite Grimm des transformations phoné-
.A. :'.\IE1LLET.
.\.PPE~DICES

tiques dans les langues germaniques a plus de Yaleur à elle


seule que plusieurs philosophies du langage ». Pott a créé
à la fois l"étymologie et la phonétique comparée des langues
indo-européennes; et, ce qui montre les progrès de la mé-
thode linguistique en peu d"années: son œune renferme
tléjà relatiYement moins de parties caduques que celle de
Bopp.
En mème temps que la grammaire comparée était créée,
plusieurs philologies se constituaient : celles du sanskrit, tle
lïranien ancien, du germanique, du slaYe, etc. ; elles ont
profité des nouYelles méthodes linguistiques et ont contribué
chacune pour leur part au rapide progrès de la nomelle
discipline. La philologie classique s'est montrée longtemps
plus rebelle : on n'en doit pas ètre surpris: aujourd'hui
encore, beaucoup de philologues classiques ignorent la
grammaire comparée ou, lorsqu 1 ils essaient de l'apprendre,
en pénètrent médiocrement la méthode. Lorsque la gram-
maire comparée s ·est fondée, la philologie classique était
déjà en plein renouvellement; après ,Yolf ( 1739-182-1) qui
avait commencé à étudier la philologie pour elle-mème
et s·était inscrit à lTniYersité comme studiorns pbilologia1\
des hommes tels que G. Hermann (1772-18/48), chef de
l'école proprement philologique, el"\. l3oed. h (1783-1867),
Yéritable fondateur de récole archéologique et initiateur des
grands recueils dïnscriptiom, ne se sont pas intéressés à la
grammaire comparée ou mème lui ont été hostiles : il leur
était pénible de voir des nouYeaux venus prononcer sur des
questions de grammaire grecque ou latine, à l'aide de langues
mal connues et au nom de méthodes impossibles à contrôler
pour un helléniste ou nn latiniste et d'ailleurs encore peu
définies; les comparatistes inspiraient d'autant moins de
confiance que leurs connaissances en philologie classique
manquaient souvent de précision (Bopp était un médiocre
\PPE:'.DICES

latiniste) et qn ïls négligeaient la syntaxe, si essentielle aux


yeux. d\m philologue. Cette mauvaise humeur, bien expli--
cable, n '~mpèche pas que les travaux de ces saYants et de
leurs disciples n'aient lJeaucoup profité à la grammaire com-
parée. Bultmann a pu ignorer tonjoursquel'i dorien représente
l'état panhellénique et l'·r, ionien une altération récente
dan~ le contraste entre dor. r:--:Y.;i.i et ion. att. f:;:·r,:J.'.; mais
sa grammaire grecque (1re édit. 1810 - 2e édit. 1830) a
été très utile aux comparatistes, de mème que les tra-
rnux de Lobeck, disciple de G. Hermann, et la réédition
du Thesaurus grec d'Henri Etienne par la maison Didot de
Paris (de 1831 à 1863) sous la direction de Hase et avec la
collaboration de quelques autres savants allemands. Pour
n 'arnir pas été inspirés par les méthodes de la grammaire
comparée, ces ouuages qui apportaient de rîches collections
de faits exacts n'en ont pas moins largement contribué à en
déterminer les progrès.
En 1832 a été fondée la Zcitsdmft fzir ·vergleichende
Sprachforschzmg par .\dalbert Kuhn, dont l'actiYité person-
nelle a eu pour principal objet la m;ythologie comparée :
. quand on en parcourt le premier volume, on est frappé de
tout ce que les principes ont encore de flottant et d'incertain
à ce moment. Une nournlle génération de linguistes allait les
préciser et les fixer, et les rnlumes suivants de cet important
périodique révèlent un progrès continu de la méthode lin-
guistique.

A. Schleicher ( 182 1-1868) est animé d'un tout autre


esprit que Bopp. Bopp était un philologue qni rapprochait
les unes des autres les formes grammaticales des anciennes
langues indo-européennes; Schleicher, pénétré des mé-
thodes des sciences naturelles, a été en quelque sorte un
naturaliste qui a systématisé les faits acqui.s et s'est attaché
_\ l'PE:\'DICES

à poser des loi:-: gl~néra]es. Dès ses début'.'-. i] s'appliq11e à la


phonétique , et, dans ses Sprachvergleichmde Untcrsuclmugm
( 1818), il essaie de déterminer les règles <l'érn]ution <les
groupes qui comprenn0nt un y; il vent poser des ]ois Yalah]es
uniYersellement, et non pas propres à telle ou tc1le langue,
tentative alors prématurée, mais qui devait ètre reprise un
jour.
Il ne se horne pas aux langues anciennes : un séjour clans
la Lituanie prussienne lni donne 1c moyen d'étudier la plus
archaïque de toutes lrs 1angu0s indo-européennes actuel1e-
ment parlées, le lituanien, et, en 1856, i] publie à Prague sa
grammaire lituanienne, qui est aujourd'hui encore ]a descrip-
tion la mieux ordonnée de cette langue; la phonétique est
ici étudiée pour e11e-même, au même titre que la formation
des mots et la flexion; le chapitre qui lui est consacré a
79 pages contre 85 accordées à la flexion; et comme elle
repose sur une observation directe de la langue parlée, et
non sur l'examen des ,irnx textes, elle porte, innorntion
déci~ive, sur 1'artirnlation et les clwngements cl'::1rticulation,
non sur lPs lettres et les correspondances de lettres cl'une
Lrngne à l'antre; une syntaxe détai1lée complète cette gram-
maire, naiment admirable, qui a fait prendre au litu:rnien
la plnce qui lui reYienl clans la comparaison des langue, indo-
emopéennes; ]'année suivante, en 1857. Schleirher publie les
matériaux sur 1esqurls reposait la gram maire, son précieux
recueil de contes, cle chansons, cl'énignws rt de proYerhes
lit11a11iens, accompagné d"un glossaire : aux lang11es litté-
rni res étudiées ju:-,qu'alors se joignait enfin une Yraie langue
pnpnlaire. Et par le sujet, et par la manière dont il Pst traité,
le Haudbnch der litauischeu Spracbe marque clans le dévelop-
lH'111ent de la grammairr comparée l'une 1lPs dates les plus
i1nportantes.
Dn fait que le déYeloppement ]inguistiqne était tenu par
..\.PPE~DICES

Sclileicher pour soumis à des règles fixes rl constantes, ré:::ul-


tait la possibilité de remonter des langues historiquement
attestées à une forme plu-; ancienne, la forme commune
supposée par les concordance:- qu'on ~ ohsene : Sclileicl1er
a éLé le premier à te11ter de restituer l'indo-européen et J'en
~uiHr le déYeloppement sur chaque domaine : c'est l'objet
du Compmdiu111 der 'Vtrgleichmdm gra111matil. da i11dogerm,1-
11isrhen sprachen. Eur::,cr abriss t'i11er laut-lllrd formmlehre der
i11dogerma11ischm urspn1rl1e des altindische11 altera11ischm
1 1 1

altgriechisrhm, altitalischm, altkeltischm 1 altslawisrht'l1 1 litau-


isrhm und altdcutsrhen. La 1re édition a paru en 1 SG r -
l'année mème où a été terminée la 2"édition de la grammaire
de Dopp - et l'ouHage répondait si bien à un besoin ur-
gent que, en moins de 13 ans, il en a été publié trois autres
éditions. La phonétique occupe tout un tiers de l'onHage:
les explications de formes indo-européennes, qui étaient pour
J3opp l"essentieL figurent encore, mais ne jouent plu:- qu · un
rolc secondaire. J3opp et Pûtt aYaient posé le:- rapproche-
ments et institué la comparai:-on : Scl1leicher a posé netti;-
ment la langue comnrnne, en a déterminé les traits essen-
tiels et l'érnlution: il a eu le tort de mir dans cette érnln-
tion une pure décadencr, il n'a pas su ètre toujours fidèle
au principe de la régularité quïl adrnettail c1·une manière
générale, mais la méLl10de qu'il a créée a été dès lors celle
de tous les linguistes et a dominé le déYeloppement ulté-
rieur de la science.
Peu d'nnnées après la publication du Compmdiu111 1 en
1Slj8, Jl. Fick offrnit au public la première édition de son
<lictionnaire étymologique de la langue indo-européenne:
chacun des rapprochements indic1ués y élair déjà défini par
un prototype indo-européen : la notion de lïndo-européen
arnit donc pris corps d'une manière définitiw, et pour
ainsi <lire matériellement. Cet ounage a eu depuis trois
..\PPI:'i))JU::--

autres éditions (le 1 cr ,·olunH' ùe la !(, encore inachevée,


est ùaté ùc 189u), que l"autl'ur a tl'nues au courant avec une
singulière jem1esse d'esprit.
Cependant. le matériel de faits sur lequel repose la gram-
maire comp:uéc s 'élargissaiL se complétait cl ~e précisait sur
tou~ les domaines.
C'e,t du san~krit clns:--ique que ron s·était seni d,rns k,
premiers temps de ]a grnmmaire comparé-e: ]es publications
sanskrite:-- de Dopp (grnmmaire, glossaire, textes) portent
uniquement sur la langue clas,ique, et de mème celles de
, \". Schlegel, Lassen, Burnouf. En 18 '18, Benfc: publie son
édition du Sama·z·eda) aYec traduction et glossaire: en 18~9,
:\lax \[üller commence son édition du ~g--.:eda) en 1861-63,
Auf'rPcltt donne une nouYelle édition plus maniable Ju
même texte ; en I S.'19-69, le Çatapatha~riilmwua est édité
par le, soins de.\.. "~eber; en 1836, r.dthan•aveda) par
Hoth et \\ hitney : vers 1860, les principaux textes védiques
étaient publiés. La grammaire complète de Benfey (1832)
tient compte de la langue védique; enfin le monumental
dictionnaire <le Saint-Pétersbourg, par Bühtlingk et Roth,
"mLn1ss" tout le rncabulaire ~anskrit Jepuis les plus ancil'ns
te.\.tes Yédique'-. - L"AYesta était étlité à la même époque
par , \"esll'rgaard ( 1832) et par Spiegd ( 1853-1 SjS), et rn
1 SG', .J usti donnait dans son :\lanuel de la langue zencle
un recueil complet de tous les mots el de toutes les formes
grammaticales de Lhesla. - D"autre part, le déchiffrement
de:- inscriptions achéménides a été acheYé wrs 1 S3o. - Dès
lors tous les plus anciens documents de lïndo-iranien étairnt
à la di:-position <les linguistrs; on pouYait utiliser le~ h)înnes
du ..{?gwda pour lïn<lc et, pour la Perse, la reproduction
immédiate de longs morceaux émanés Je la chancellerie
rnè111r c1" Darius el de ses succes~curs, ainsi que les gàthàs
de Lhesta; cl ces textes d'une authenticité certainr pré-
_\Pl'E~DJCES

sentent les formes grammaticales les plus Yariées et les plus


archaïques. Il sulfo,ait de tirer parti de ces matériaux pour
renouwler presque toutes les questions.
La philologie classique aYait ignoré la grammaire compa-
rée; mais l'étude des dialectes, à laquelle l'impulsion était
donnée par le beau line cl' Ahrens De graerae lingzwe dialectis
( 1839-18!,3) et qu'imposait la découwrte de nombreuses
inscriptions dialectales, mettait en éYidence les inconYénients
de ce parti pris : les formes que présentent l~s diYers parlers
ne s'expliquent pa:- les unes par les autres, tandis qu'on en
rend compte aisément en remontant au grec commun et à
lïndo-européen. C'est Georg Curtius ( 1820-1885) qui a
eu le mérite de faire connaitre la grammaire comparée aux
philologues classiques et d'introduire en linguistique les ré-
sultats bien établis que les hellénistes avaient obtenus. Ses
Gnmdz..iige der griechischen Etymologie (1858-1862) ont été
le premier bon dictionnaire étymologique qu'on eùt d'aucune
lang-ue ancienn<>: les rapprochements y sont mieux contrôlés,
les faits philologiques plus complètement indiqués que dans
le Grierhisches Wurz.ellexiko11) déjà précieux, de Benfey
(paru en 1839-18!12). G. Curtius n'a apporté aucune idée
générale essentiellement nouvelle; mais par ses connaissances
philologiq nes et par son. effort pour expliquer le détail de la
langue grecque au moyen de la grammaire comparée, il a
contribué aux progrès de la science d\me manière éminente
et a accompli une œune qui était nécessaire : le succès de
son dictionnaire étymologique grec, qui a eu cinq éditions
(la dernière en 1879), et la fécondité de son enseignement
att<>stent l'importance du rôle qu'il a joué.
Pour le latin, Corssen a fait, aYec moins de talent, ce que
Curtius a fait pour le grec. La Gra111111atica celtica de Zenss
( 1 ~?>3; rééditée en 1871 par Ebel) a fondé la linguistique

celtique. Enfin les publications de Schleicher et surtout <le


_\PPE~lHCES

)Iiklosich font connaitre le Yieux slaYe : le Lcxicon palaeoslo-


'"i:enico-grat'Co-lathw111 Je "\liklosich a p[tru en 1862-18Gj.
D'autre part les belles recherches de \1. Thomsen sur les
moh gPnnaniques empruntés par le finnois montraient ce
que l"on peut tirer des emprunts püur éclairer !"histoire des
languC's ( 1 S,o ).
De· tous cotés, on le mit. les faits précis aflluaient, et
surtout. au lieu J"emisager des fornws relatiYement récentes
<les lanp-ue:-, on remontait aux plu~ anciens documents de
chacune.
Deux traits principaux résument tout ce déYeloppemeut
<le la grammaire comparée : la constitution de la notion de
l'indo-européen par Schleicher: el un large accroissement du
nombre. dr la préci::,ion et de l'antiquité <les faits comidêré:-.
C"e::,t :-eulernent i1 la fin de cette période que la grammaire
comparée des langues indo-européennes, jusque-là culti,éc
par les seuls saYants allemands ( et par quelques Danois tels
que Rask, )laLhig, )J. Thomsen). a commencé de se répandre
hors de L\llemagne. De 186G à 1872, )1. )Jichel Bréal
traduit en françai:- la grammaire de Bopp, en la fai :-ant
précéder dïntroduction:, lu111inC'uses; et c'est aussi en 1 :SGG
que se co11Stitue définiti,ement la Société de linguistique de
Paris; en 187,"j, )1. Bréal publie une édition, une traduc-
tion et une étude complète des tables eugubines.

Au moment oi'1 la grammaire comparée se répandait


ainsi, allait s·ouuir une nouYelle période de son déwloppe-
ment.
Par le fait qu·on étudiait toute la succession des textes
<lepuis les plus anciens jusqu'aux parlers modernes et quïl
:se constituait <les grammaires comparées des langues néo-
latines (Diez, G. Paris, "\I . Sclrnchardt), des langues slaYes
(J Jiklosicb). des langue::, germaniques. etc.: se perdait peu
s\PPE:\DICES

11 peu ridée que l'explication des formes primiliws serait l'objet


essentiel de:-- recherches linguistiques, et l'on s'attachait
êHmlL lo11l il sui, re l'érnlu lion de cliaque langue. D'antre
p,ut, les procédés de démonstration qu'on emploie pour
établir des faits positifs relati,emenl à l'histoire des langues
ne sauraient ser,ir à prouwr l'exaclilmle des ann1yses de
formes indo-européennes, el, au fur el à mesure que ces
procédés deYCn[lienl plus rigoureux, on pou,ait moins se
dissinrnler l'impossibilité de fournir une preuw en matière
d'explication des formes grammaticales indo -européennes.
,\près 1Sj3, ces explications ne tiennent plus de place dans
le:- publications nou,elles : la :,cission entre lrs conceptions
dn xnn'' siècle el celles de la grnmmaire comparée était
déiinitiw. La grammaire comparée des langues indo -euro-
péennes n'a plus pour ohjet une prétendue période org·m1ique,
une période de formation donl on 11e sait rien; elle pom-
suil :--implement dans un pas:-.é un peu pins reculé\ le:-
recherches des ronrnnisles'. des germanistes, des cellisles.
des sbnisles, <les iranis:mls, elc., Pll oblenanl des résultats
de même ordre cl par les mèmes mélhodrs.
D'autre part, l'élude précise des formes prises par une mème
langue à chaque moment en chaque région montrait que les
changements ne se produisent pas d'une manière sporacliq11e
et arbitrnire, mais qu'ils sont soumis à cles règles.
Les progrèsde la grammaire comparée faisaient apparaitre
une application stricte de lois fixes là oi1 un coup d'œil
superficiel ne laisse voir qu'une anomalie. Dès 1863, dans
le volume XII de la Zeitschnft de Kuhn, le mathématicien
Crassmann avait exposé comment s'explique l'anomalie ap-
parente de la correspondance skr. b, gr ... , got. b dans un
cas lei que skr. bôdhate « il observe >l, 110111 . . . ~~o~:J'.t cc il se
renseigne » , got. -biuda,z ,, ordonner >l; celte explication a été
reproduite ci-dessus p. 2G.
.-\PPE~llICES

Les occlusirns sourdes p, t, k de l'indo-européen sont rc-


présrntL~cs en germanique entre sonores (rnyellcs ou sonanles
proprement dites) tanlùl par/,,}, h, tantôt par b, â, ~, (got.
b, d, g); on s'est longtemps borné à constater cc double
traitement; en I Sj 7, dans le rnlnn1e \. \.lII de la Zeitsrlmft
~le Kuhn, le Danois K. Yerner démontre que la spirante
sourde est consenée si la tranche rncaliquc précédente réponù
à une tranc11c tonique sanskrite (ou grecque), qu'elle devient
sonore si cet te tranche est atone : à sk r. blmîtii cc frère )) , gr.
~21:u)?, le gotique répond par bropar cc frère >J, tandis quïl
a fadar «père)) en regard de skr. pitâ, gr. 7.Y.:·r,p.
Celle découverte qui, en mème temps qu'elle établissait la
persistance du ton indo-européen en germanique commun,
rendait compte de plusieurs séries de faits de la grammaire
germanique, apportait une confirmation éclatante à la doc-
trine q11c .\1. Leskicn :wait formulée l'année précédente dans
son livre sur la déclinaison en balto-slavc (Leipzig, 1876):
cc Dans la recherche, je suis parti du principe que la forme
qui nous est transmise d'un cas ne repose jamais sur une
exception aux lois phonétiques suiYics par ailleurs ... •\clmel-
tre des déYiations arbi traircs, fortuites, impossibles à coor-
donner, c'est dire au fond que l'objet de la recherche, la
langue, est inaccessible à la science. )) Le principe était clans
l'air; il <~tait en effet le terme dernier des tendances de
Schleicl1cr et de Curlius; Scl1crcr l'avait déjà indiqué en 1875;
i\DI. Osthoff et Brngmann lui donnaient la forme la plus
rigoureuse dans la préface du premier volume de leurs J{or-
phologische U11tersuchwigc1L ( t SjS): « Tout changcrncnt pho-
nétÎffUc, en tant qu'il procède mécaniquement, s'accomplit
suirnnl des lois sans exceptions, c'est-à-dire que la direction
<lu cl1angement phonétique e:;t toujours la mème chez tous
les membres d'une mème communauté linguistique, sauf le
-cas de séparation dialectale, et que tous les mols dans les-
_\PPE~DICES

quels figure le son soumis au changement sont atteints sans


exception. » Ce principe a provoqué dès l'abord de YiYes
discussions, et la Yaleur théorique n'en pourra être entière-
ment déterminée que le jour où la nature exacte et les cau-
ses des changements phonétirrucs auront été reconnues. )lais
il était conforme au:x faits obsenés dans le déYeloppemenl
des langues modernes (romanes, germaniques, slaves, etc.)
et notamment des parlers locaux, des patois, Yrai dans l'en-
semble el très propre à serYir de règle de méthode: il a
dominé toutes les recherches faites depuis , et mème ceux
cles linguistes qui, comme )I. Schuchardt~ font des réserYes
sur sa portée théorique l'appliquent en pratique: les travaux
où il n'en est pas constamment tenu compte sont négligeables.
L'attention qu'on s'était mise enfin à accorder aux pro-
cédés physiologiques de l'articulation, et dont les Gnwdziige
der Phomtil, ddI. Sievers (1re édit. 18jG) étaient un brillant
témoignage, conduisait d'aillenrs à traiter la phonétique avec
une rigueur jusqu'alors inconnue.
Le principe de la constance des lois phonétiques a renou-
velé toutes les conceptions sur le système phonétique de
l'indo-eu ropécn.
Après Bopp, Schleichcr arnit admis que l'indo-européen
avait trois rnyclles: a, i, zt, comme le sémitique (à en juger
par l'arabe). Dès 1861, Curtius remarquait que, dans certains
mols tels que laL dere111, 3T. 3fa:t., v. sa:x. tehall, etc., toutes
les langues c1·Europe s'acconlent à présenter e en regard de
l'a de skr. dltça ; mais on se bornait à conclnre de là que les
langues ll'Europe avaient à un moment donné formé une
unité, en un temps où l'indo-iranicn s'était déjà isolé. Dans
son grand ouvrage snr le vocalisme, paru en 1871-18,5,
.Toh. Srl1111idt (1813 -1901), le principal disciple direct df'
Schlcicher, n 'ayait t'.·lucidé que des questions de détail. Y ers
1 Sj '1, on sent Llc tous côtés l'impossibilité d'admettre qu'un
!12 ' APPE::'\DICES

pl10ni.·me unique ::-e scinde en plusieurs autres, dans une


mème situation. De 1 ï -1 à 1 SjG, .\melung et, en 18,G,
Jl. K. Brugmann (né en 1 ~g) reconnaissent que la distinc-
tion de e) o et a) telle qu'elle apparaît en grec s, ;, :(, en
latin e) o) a, en ccltiqne t!) o) a) et, aYec confusion de o et de
a) en germanicp1e et en balto-slaYe, représente l'état indo-
européen; Pin<lo-iranien arnit d"ailleurs, d'après JI. Brng-
mann, une trace de l'existence de i.-e. *o en ceci que c'est ir
et non il qui répond: dans nombre de cas. à gr. ;, lat. o) etc.:
par malheur celte doctrine était incertaine, et le caractère
purement phonétique de cet a indo -iranien ne paraît pas
admissible. C'est une nutre obserrntion qui a fourni la preuYe
décisi,·e du fait q11e ln distinction de e et de o e:,t indo-euro-
péenne: à k, g du lituanien, le safükrit répond tantût par
k, g, gh, ta11tùl par r) j, h, et lïranien tanlÙL par k) g,
lantot paré, j: on s'apen:nil de toutes parts Yers 18ïï que
skr. k) zd k apparaissent <leYant un a indo-iranien qui ré-
pond à a ou o des autres langues, cl slr. r) et zd é dcrnnt un
a indo -iranien qui répond à un e des autres langues; ainsi
~kr. ra cc et » = gr. -:s, lat. que) mais kirb « qui? » = lit.
kas : J'ob:scnation est pnbliéc pour la première fois par
JI. Collitz el par JL F. de Samsure, enseignée par .1.
:Scl1midt, Tegnér ( en ~11è.·de), Yerncr et Jl. Y. Thomsen
(en Danemark-). Du coup, le vocalisme du grec et de l'os-
que se réYélait comme le représentant fidèle du Yocalisme
indo-e11ropéen, et il devenait nécessaire de faire toujours re-
po~0r la grammaire comparé«· sur la comparaison de tontes
Ir-, langues; lïndo-iranien prrdait son importance pn'.·ponclé-
ranlr; en mème Lemps, comme la seule grande particularité
commune à toutes les langues d'Europe el étrangère ù lïndo-
irnnien se tro11Yail ainsi conforme à l'élatindo-européen, il
n'y avait plus lieu d'admettre une période <l'unité européenne
postérieure à la séparation <le lïndo-iranie11. Tou les les spé-
:\Pl'E\DICES

culations :-ur le caractère primitif des trois Yoyelles fonda-


mentales a} i} 11 étaient hartée~. Enfin le principe de la
constance des lois phonétiques était confirmé: a ne s'est pas
scindé arbitrairement en a} e} o dans les langues d'Europe ;
le double traitement k etc de ken in<lo-iranicn a ses condi-
tions définies; <lès lors on a tenu pour Ïn\Taisemblablc a
priori tout scindcmcnt arbitraire.
Lr consonantisme indo-ruropécn se compliquait en même
temps. Scbleicher n'attribuait à l'indo-iranien qu'une srule
série de gutturales. :\lais un éminent linguiste italien ( mort
en 1 goï), Asco] i, a reconnu deux séries de correspondanc~s
distinctes :

skr. k(c)=lit. k =lat. qu=gr. -;-:(-:)


- Ç =- S,Z == - C = - "/.
)1. Fick, M. L. Hawt et J. Schmidt ont amené à la pleine
clarté l'idée que l'inclo-europ2cn avait deux séries de guttu-
rales et qnr ces drnx séries sont des phonèmes distincts
tout autant que lrs labiales et les dentales. Comme ces pho-
nèmes ont des traitements différents en indo-iranirn, en
baltique, en slave, en arménien et en albanais d'une part, en
grec, en latin, en celtique cl en germanique de l'autre, on a
pu entrevoir ainsi une distinction dialectale à l'intérieur de
l'indo-européen.
Dès 18j6, -:\1. Brugmann a montré que des phonèmes indo-
curopéens définis par les correspondances: skr.} a gr.\ :.c lat.
en} got. un} lit. in} et skr. a} gr. :.c, lat. em} got. 1t1/l} lit. im}
ont joué dans les éléments morphologiques qui comprennrnt
1l et m le même rôle que jour skr. t clans les éléments qui
~omprcnncnt r; en d'autres termrs il y a eu *~,et *1t1} c'rsl-
à-<lire Il et m voyelles, rn regard de n et m consonnes. Crtte
constatation a largement contribué au progrès <les notions
't3o .\PPE:\niï.ES

sur le Yocali:-lll<' indo -européen, en établissant combien l'a


du samkrit et l'.1. du gn·c rcnfcrnwnt d'éléments hétérogènes.
Et surtout elle a p<'rmi . . de définir la notion Llcs sona11tes cl
ùe poser la théorie d·eusemblc ,Jn Yocalisme indo-en ropée11.
Ç'a été l"œm r<' J,_. }I. Ferdinand de Satbs11re : son .\Jé-
111oire rnr le systellll' primitif des 'i.:oycllcs da11s les la11gues
i11do-europée1111cs, daté de 187g C'l parn en 1878, a tiré toutes.
les conclusions des décon Ycrtcs des dernières années et posé
d·unc manière définitiYc la théorie du rncalisme indo-européen;
*i et *u cessaient cl"ètr<' conûùérés comme drs Yoyc1le:- rt dcYc-
naicnt simplem ent l<'s formes Yocaliqucs de *y et \t•, cxact<'-
ment comme *r, *l, *u, *1i1 sont les formes Yocaliqucs de *r, *l,
*111) *u: lïndo-europécn n'n propremenl qu·une seule rnyellc
qui apparait aYec les timbres l' et o 011 qui manque; chaque
élément morphologique a un Yocalismc du degré e) du degré
o 011 du degré sans YO~ elle; lïmportancc de ces alternances
Yocaliqucs da11, la morphologie indo-européenne était
cl,~·s lors mise en pleine lumière. De l"obsenation de ces alter-
nances résultait une théorie complète d'un phonème jusque-
là négligé: nu degré :-ans r des ndjcctifs comme skr. çrutâ{>
== gr. ·ùr::; ou slr. tatâb == gr. -::c:; (Llc *ttzlôs), des ra-
cines *l·)m - « entendre » et *tm- " tendre », répond dans
.Ja rncine *sthiï- « :-:c tenir n, ln Yoyclk skr. i ==gr.~== lat.
==
a de sh. sthitab gr. ;::l-::; == lat. status. L<' d,·gré sans t
des racine:- à rnyclle longue csl donc 11n phonème que définit
la correspondance '-kr. i == gr. x (rcsp. z, =)==lat. a., etc.
Or, ce phonème, qu'on a désigné ici par *<7, t1 rexcmple de
:\1. Brngnrnnn, apparait en seconde syllabe de certaines
racines comme slr. jani- == gr. ·:z·,z- « engendrer » : il y a
Jonc des racines dissyllabiques; le YÎcux dogme du mono-
syllabisme des racines indo-européennes était ruiné. En se
combinant aYec une sonnnte précédente, il donne des sonan-
tes rnyelles dites longues ( sur la nature phonétique desqucl-
.\ Pl'E:'iDICES 431
]es JI. F. Saussure n'insistait pas et n'aYait pas ?.t insister,
car elle n'intéresse pas le système): lÏ est u + J : skr. pmftZ,

«purifié» apparait à coté de pd-vitum « purifier », tandis


que l'on a çrutftZ1 « entendu >) à côté de çrotum « entendre »
(skr. O représentant a+ li); on peut donc appeler *v, *t les
groupes n + e, r + ,1 : le sanskrit a ja-tftf1 « né>> == lat. 11ii-
t11s en regard de jâ11i-t111n « naitre », mais ha-t.1Z1 « tué» en
regard de h!tJ1-ft1lll cc tuer». JI. F. de Snussurc établissait
ainsi le système complet du rôle joué par ,1 en indo-européen.
Ses Yucs recevaient à cc mème moment une intéressante
confirmation d'une découverte originale faite par un savant
russe, ~l. FortunatoY : le grammairien lituanien Kurschat
aYait reconnu que les rnyelles longues et les <.liphtongucs du
lituanien sont susceptibles de deux intonations ; )l. Fortn-
natov a constaté que les diphtongues ir, il, in, im ont ]'une
ou l'autre, suivant qu'elles répondent à skr. r, a ou à skr.
ïr (ar), à (lesquels représentent précisément les sonantes
longues de :\1. de Saussure): lit. mirtas répond ù skr. 111rtâb
« mort » mais c'est girtas « ine » qui se trouYe en face de
skr. gïruftb «avalé» (aYec un autre snffixc). La réalité des
sonantes longues étnit donc étnblie par une autre mie que
celle suivie par )I. F. de Saussure. En mèmc temps qu'il ré-
sumnit toutes les découvertes nntérieures sur le vocalisme,
le Jfh11oire apportnit, parnne innovation capitale cl vraiment
<lécisiYe, un SJ:-tèrne cohérent qui embrassait tous les faits,
mettait ?.t leur véritable place les faits connus e l en révélait
une foule de nomeaux. Dès lors il n'était pas permis d'igno-
rer jamais, et à propos d'aucune question, que chaque lan-
gue forme nn système oi1 tout se tient, et a un plan général
d'une merveillruse rigueur. Les travaux publiés depuis sur
le rncalisme, notamment par JI. Ilübschmann et )[. Hirt,
ont précisé beaucoup de détnils, mnis n'ont pu que confirmer
clans l'ensemble ]a doctrine posée par )1. F. de Saussure.
_·\ PPE:\"DlCES

Le principe de la con:c;tance des lois phonétiques n ·a pas


été fécond s1·tilement pour la phonétique mème cl pour la
théorie du Yufalisme. dont les alternances dominent la mor-
phologie indo-européenne; il a déterminé ;\ deux points dr
Yue nn progrès décisif.
Toul d'abord, il a obligé les linguistes ù tenir compte de
lïmportancc de l'analogie: sans doute on reconnaissait d'une
nrnnière générale que lïnnoYation analogiqur joue un cer-
tain role: mais, aussi longtemps que l'on ndrnettait la pos-
sibilité de changements phonétiques :c;poracliqnes, il n ·exis-
tait aucun moyen de déterminer ce qui lui était dù; dujour
où l'on a dù définir quelle forme était attendue phonétique-
ment, il a fallu expliquer le reste, et l'on a YU que la plus
grande partie de cc reste proYenait clïnfluences analogique.;.
Si un ancien k est représenté en sanskrit par k dernnt a i.;sn
de *o el deYient c dcYant a issu de *e) on denait arnir sk.r.
sacate cc il suit» en face de gr. I-::::::x:, mais * sakante en face
de gr. ~-:::r::x:, lat. sequontur: or on a skr. saca11te parc: ce
c est dû à l'analogie de sacate; inYersement le-:: grec de b::-
::.c~ est dù ,\ l'analogie de I-::::1.:.ci, I-:::·1::.c:, etc. Ainsi, la
grande découYerle relatiw au ll et au c du sanskrit impo,nit
l'emploi de l'analogie dans une mesure étendue. En 18So,
Jl. Paul, dans '-es Prinripicn der 5/>rachgeschichte) expose une
théorie psychologique de l'analogie; )DI. Osthoff el Drug-
mann ont donné de i10mbreux exemples d'innoYations dues
.ù l'analogie clans leurs .Jfo,phologisrhe Untersuclm 11gen ( 1878
-et suiY.; rnir aussi le linr de JI . Osthoff sur le parfait, daté
de 188'1), el Y. Ilenry (mort en q)07) a, dès 1883, exposé
l'action de cc facteur dans son Étude rnr l'analogie en glné-
ral et rnr les for11Jatio 11s a11alogiques de la langue grecque.
L'analogie ne rend pas compte de tout ce qui est en con-
'lracliction aYcc les loi.; phonétiques. Brau co up de clitlicul tés
s'expliquent par ceci qu'il ne :-:'agit p:-is de formes indigi_,ne:a-,
APPE~DICES /433
mais de formes empruntées à une langue Yoisine ou à un
autre dialecte ou mème à des textes littéraires. Or, chaque
parler locaL chaque dialecte a son développement autonome;
et l'extension d'un fait donné n'enseigne rien sur l'extension
d\m autre fait, comme l'avait montré Joh. Schmidt (Die
Vcrwa11dtschafts1 erhàltnisse der indogemzmzischen Sprachm,
1

1 Sj2 ). Le principe de la constance des lois phonétiques


obligeait donc il analyser aYec soin toutes les influences histo-
riques dont chaque langue a conservé les traces. On a YU
ainsi par exemple que le latin est plein de mots grecs, le
germanique de mots latins, etc. Le résultat le plus brillant
<le cette série d'obsenations est dù à .\l. llübschmann: en
faisant le départ des mots empruntés à l'iranien, ::\1. Hübsch-
mann a montré, dans le rnlume XXIII de la Zeitschrift de
Kuhn ( celui qui contient aussi l'article de Yerner), que l'ar-
ménien renfermait un élément original irréductible à l'indo-
iranien et par suite formait un groupe à part; il a pu dès lors
poser le5 bases de la grammaire comparée de l'arménien.
L'application des idées relatiYe à la constance des lois
phonétiques, au système rncalique, à l'analogie, aux dia-
lectes et aux emprunts, et les découYertes qui en arnient été
la conséquence obligeaient à reprendre entièrement la gram-
maire comparée de chaque langue et à en reviser tous les
détails. Outre les sayants dont le nom a déjà été indiqué, il
convient de rappeler les noms <le JI:\I. ::\Iahlow pour l'indo-
européen, Bartholomae pour l'indo-iranien, "-ackernagel,
Solmsen, "·· Schulze pour le grec, "·· Stokes, "-indisch,
Thurneysen, Zimmer pour le celtique, Paul, Kluge, SieYers
pour le germanicrue, Bezzenberger pour le baltique, Baudouin
de Courtenay pour le slave, et bien d'autres encore. Le mo-
ment n'est pas Yenu de marquer ce qui revient à chaque lin-
guiste dans les découYertes qui ont été faites alors, bien moins
encore <l'apprécier le rôle de ceux qui sont arriYés immédia-
.A. :\IEILLET.
tement après. comme JDI. Krelschmer, Jleringer, Streitberg,
Hirt, Johans~on. lTjanoY. Pedersen. etc.: les mérites de
Jl. Leskien pour le balto-slaw: de JI. L. llaYet pour le latin
et de JI. Iliib:d1mann pour rarménien, par exemple, n·ont
pu être mis dans le relief conYenable en une esquisse aussi
brhe et Jont \"unique objet e:-t de marquer les moments
essentiels du déYeloppement de la grammaire comparée.
De I Sï j à I S8o~ la transformation a été complète: nnc
'( édition <lu Compmdium de Schleicher parais-.ait encore
utile en 1 S; 'i : en 1 ~So. une réédition des omrages de Bopp
et de ~chleicher n'aurait plu, eu qu'un intérèt l1islorique.
La grammaire grecque de Gu~taY Jleyer, en 18Su: est le
premier manuel nù les nouYelles doctrines sont résumées. En
1 ~SG commence à paraitre le grand Gnmdriss de JI. Brugmann

qui ré:-nme et complète le traYail des dix années précédentes:


!!"l'Ùce aux recherches de G. JleYer et de \I. Il. H iibschmann.
~ ~

l'albanais et l'arménien occupaient pour la première fois la


place exacte qui leur reYient dans un manuel de grammaire
comparée des langues in<lo-européennes. Dans le Grzmdriss,
.\l. Brngmann n ·a traité que la phonétique et la morpho-
logie: mais une partie nouYelle qui manque encore chez Bopp
(·t chez ::3chleicher était devenue néce~saire: nn sentait l'im-
portance des questions de sémantique sur lesquelles .\1. Bréal
en particulier attirait l'attention: ,I. B. Delbrück. qui aYait
posé. dans plusirurs publications. les bases de la syntaxe
comparée. a écrit pour le Gnmdriss de JI. Brugmann une
syntaxe: deYenuc indispefü.able : le dernier Yolume de cette
:-~-nt:ne comparL~c est Jaté <le I voo. Les r1uestiofü de sens
ont ainsi pris enfin la place qui lenr reYient: en mème
temp:- JI. Br~al analysait a,·ec une rare fine:,;se de5 chan-
gements de signification de forme .. grammaticale:- el surtout
dè mot5 Jans une série de notPs et dan:- :-on Essai de sh11tm-
tique ( 1 ~9ï ).
.\ J>PE:'-DICES

II n·., a pa, licu d'examiner ici le travail fait depuis 1 811:


dans le détaiL une infinité de résultats précieux ont été obte-
nus, notamment par Joli. Schmidt, et il a paru des manuels
excellents ::iur cliYers domaines: mais ni les sarnnts qui ont
pri:,:; part aux débuts du grand mou,ement de I8ï5 ni ccm.
qui se sont joints à eux depuis n'ont introduit de principes
nouveaux, et, dans l'ensemble, on a surtout tiré les conclu-
~ions des principes déjà posés.
On di~tingue en Allemagne deux directions principales. A
Leipzig, sous lïnl1uence de Curtius d'abord, de :\I. Brugmann
ensuite; il s·est constitué une tendance à faire de la linguis-
tic1ue pure , en prenant les faits philologiques pour acquis, cl
à composer des exposés systématiques <le chaque question;
c·est à Leipzig que les principes de la rénorntion de 1 Sï 1-
1~80 ont été formulés expressément: c'est de récole de
Leipzig que ~ont sortis la plupart des manuels et des diction-
naires; la rerne Indogennmzischr Forschzmgen,. dirigée par
:\1\1. Brugmann et Streitberg. en est l'organe. A Berlin,
snus l'influence de Bopp, puis de Job. Schmidt, et main-
tenant de :\I. \Y. Schulze, on rencontre un souci plus ,if
d'examiner directement le faits philologiques et nn scrupule
à formuler des systèmes d'ensemble. D'autres linguistes, dont
:\1\1. Fick et Bezzenberger sont les principaux représentants,
se distinguent par une manière indépendante, et parfois
moins rigide, de traiter les faits. La Zcitschrift de I\.ulm, di-
rigt'·e maintenant par '\I\l. A. Bezzenberger, E. Kuhn et
, Y. ~chulze, et la rernc Glotta} récemment fondée par
:\1'I. Kretschmer et Skutsch, représentent le~ tendances
opposée-- à celle de Leipzig. Ces diYerses tendances se com-
plt'..·tent l1curemement les unes les autres. En Jeliors <le
L\llc·magne, on ne peut grn~re citer que deux écolE:s bien
caractérisées : une école rus.;e, qui a subi l'influence de
:\1. Baudouin de Courtenay et smtout de .\I. FortunatoY,
APPE'.'iDICE:::.

et une école françaisr, fondée par \1. Il réal, et qui a reçu sa


marque propre des dix am c1· emeignement <le JI. F. <le Saus-
sure à ]'École des hautes études ( 1881-1891); les .\1émoires
de la Soriélé de linguistique de Paris sont l'organe de récole
française. On ne constate du reste entre ces diYerses écoles
aucune différence es.senlie1le <le principes et de méthodes.

En un sens au moins. il semble qu·on soit parYenu i1 un


terme impossible à dépasser : il n ·y a pas de langue, attestée
à date ancienne ou récente, qui puisse ètre ajoutée au groupe
indo-européen; rien non plus ne fait prérnir la déconwrte
de textes plus anciens des dialectes déjà connus: les inscrip-
tions grecques, indiennes: etc., qu'on découne de temps à
autre trouvent naturellement leur place dans les séries établies
et n'npportent que des nouYeautés de détail; seule, une trou-
mille d'espèce inattendue pourrait apporter des faits qui
renouYelleraient lï<lée qu·on se fait de lïn<lo-européen; il ne
vient plus à la gràrnmaire comparée des langues indo-euro-
péennes de matériaux naiment neufs. En attendant qu'on
réussisse à rapprocher de l'inclo-européen quelque autre
groupe de langues (le sémitique ou le finno-ougrien par
exemple) et à rendre compte ain:-i de l'état indo européen,
ou que la linguistique générale fournisse des points de me
nouYeaux, on ne pourra que préciser le détail <les rés11Itats
acquis; et ceci seul snppose encore un très long traYail; car
il n'e:-t guère de question qui puisse passer pour traitée
complètement
Jlais: si les limites el la slrnclurc de lïndo-curopéen sonl
fixées en l'étal actuel des documents connus, on commence
seulement à suine le <léYeloppemenl de chaque dialecte dans
toute son étendue, à déterminer le détail des influences hi::to-
riqucs, à ramener les faits à leurs principes généraux et à en
déterminer les causes.
Al'PE,nICES

Par cela mt\rne que l'histoire des idiomes indo-européens


n'apparait plus comme une décadence, et que l'importance
des innoYations propres à chaque langue se révèle égale ou
supérieure à celle des pertes, il ne suffit plus de décrire le
système indo-européen et de montrer ce qu'est devenu sur
chaque domaine chacun des éléments de ce système: chacune
des langues présente à chacun des moments lie son histoire
un système original qu'il est nécessaire de décrire et dont il
faut expliquer la formation <lans son ensemble; il appartient
à Ja grammaire comparée de montrer par quelles mies le
système indo-européen s'est transformé rnr chaque domaine
en un système nouveau: et l'on ne peut prendre une idée
de l'originalité de ces systèmes qu'en en suirnnt l'érnlution
depuis le début de l'époque historique, en ohsenant
dans les parlers actuels les particularités subtiles de la
langue vivante et en écJairant. par là les obscurités des faits
qu'attestent les textes écrits du passé. Sans parler des langues
connues seulement à date récente, comme l'albanais, où les
observations personnelles de G. ::\Ieyer et, ensuite, de
\1. Pedersen ont seules permis d'esquisser une histoire, il
faut surtout citer ici les beaux travaux de :\I. F. de Saussure
sur le lituanien : ainsi, clans son article du rnlurne IY des
I11dogem1m1ische Forschzlllgm) .'il. F. de Saussure a montré,
par un exemple, tout ce qu'il faut de critique anrnt cl'affir-
mer une interprétation d'une forme d'un vieux texte; par ses
recherches sur l'intonation lituanienne, il a établi tout à la
fois la nécessité d'observer les parlers actuels et l'impossi-
bilité oi1 l'on est de rien expliquer sans poser une doctrine qui
embrasse tous les faits.
Avec le temps, les langues indo-européennes en sont venues
à se ressembler de moins en moins·; ceci tient en partie à
l'indépendance de leurs développements, mais aussi à la
différence des influences historiques auxquelles elles. ont été
\PPE\DIC:ES

sourn1'-es. Et, d'un antre rùté, comme plusieurs d'entre elles


ont subi des influences communes, celles-ci présentent des
rr:-semblances qui ne s'expliq11enl pas par l'unité du point
de départ : depuis l'e~tension du christianisme el de la civi-
lisation gréco-laLine, toutes les langues de l'Europe ont 1111e
grande qualité de traits com1111ms dans le Yocabulaire et dan:--
le sens des mols : de là Yienl cp1'il est pins facile d'apprendre
une langue européenne occidentale moderne qu'une langue
ancienne ou une langue orientale. On dérnèle peu ~, peu
le:- acti\ms et réactions multiples el complexes qni sont dues
aux éYéncrnents historiques; et l'on Yoil de mieux en mieux
combien on est loin de la réalité quand on cherche à expli-
quer lrs faits d"un parler donné dans l 11~ pothèse que cc
parler résulterait de la transmissio11 ininterrompue de la
langne indo-européenne l, traYers la série des générations
jnsqu'à l 'épocpie historique.
Les changements phonétiques 011 morphologiques qu'on
trouve clans chaque langue ne so11l jamais que des faits
particuliers. bien qu'ils aient lien chez un nombre indé-fini
de personnes. Jlais on a obsen"C~ maintenant un grand nombre
de ces faits particuliers, au cours de lï1isloire déjà longue de:-
<liYers idiomes depuis l'indo-européen j11squ 'à l'époque mo-
derne: à coté de la grammaire comparée de..; langues inclo-
cnropéennes. il s'en est constitué d'autres pour le sémiLiq11e.
le finno-ougrien. le malayn-polynésien, le b0rbère, Ir ban-
tu11, etc. On dispose ainsi d'u11e vaste collection de laits, et
l'on peut étudier les conditions g-l~nérales tle l'érnlutiun d11
langage: le line, si neuf, de Jl. (; ra111111011 t ~ur la Dissi111il11-
tion conso11cmfitJllC dans les langues i11do-cllropéc111zes et dans
les langues romanes ( 1KD;j) a été un pre111ier essai dans cette
direction. En 1Kn 1, dans son É·rnlzztio11 phoultique du laugare
étudiée dans le patois d'une fa111iflc de Cel!tfrouin) ~l. Rousselot
:nait, pour la première fois, exposé, d'après des obserYations
_\l'PE:'.\"DICES 'i3g
précises , comment se produisent les innovations phonétiques.
Gràce à la connaissance de plus en plus certaine de la physio-
logie des mouvements articulatoires, grâce à l'exactitude que
permettent d'atteindre les procédés de la phonétique expéri-
mentale (Rosapelly, Pipping, Rousselot, etc.), une interpré-
tation rigoureuse des faits historiques devient possible. Le
système nencux, sa structure et ses fonctions se révèlent,
la psychologie perd son caractère abstrait et s'attache à éta-
blir des faits positifs, et .:\I. Wundt en a appliqué les résul-
tats à la linguistique; on entrevoit ainsi la possibilité de ne
plus recourir à des faits d'association psychique sans principe
défini. et pour se tirer d'embarras dans les cas désespérés,
comme on l'a fait trop longtemps, et le momcn t n'est sans
doute plus éloigné OLI l'on appliquera aussi en cette matière
des règles définies.
Enfin les conditions d'existence et de déwloppcmcnt des
rnciétés sont l'objet de recherches méthodiques et commen-
cent à être déterminées: or, le langag·c, qui est un fait social
d'une manière éminente, ne saurait ètre compris que si l'on
tient compte de ce caractère. La définition même de la loi
phonétique, on l'a n1, ne se conçoit c1ue si l'on admet des
innorntions communes à tout un groupe social. Les change-
ments de sens résultent pour la plupart du passage de mots
employés par un groupe social d'individus à un autre groupe.
Partie, au commencement du :uxe siècle, de la grammaire
générale, la linguistique revient à poser des principes géné-
raux, qui seuls petIYent en effet ètre objets de science; la
linguistique scientifique s'est longtemps identifiée avec la
linguistique historique: l'histoire des langues est assez faite
maintenant pour faire apparaître à nouveau la nécessité de la
recherche des principes généraux: mais, au lieu que la
grammaire générale ancienne reposait sur la logique et qu'on
s'efforçait d'expliquer a priori les faits primitifs d'une période
Ho _\Pl'E:\DICES

organique imaginaire, 1a ]inguistique actueJle repose sur


J'examen des faits du passé et du présent, et e1le cherche à
déterminer non pas comment le ]angage s'est formé, com-
ment les formes grammatica]es se sont pour la première
fois constituées , mais seulement dans quelles conditions,
sui,·ant quelles lois, les unes ]ocalisées dans ]'espace el dans
le temps, les autres constantes et universellement valables, les
faits observés coexistent et se succèdent.
.\.l'l'E.\DlCES

II. - bo1C .\.TlO.\S muLIOGR .\.PlllQLES.

En indiquant ici les principaux ouvrages auxquels le lecteur


pourra recourir pour compléter et vérifier les notions ensei-
gnées ci-dessus, on a omis à dessein les publications anté-
rieures au dernier quart du :u1e siècle, qui toutes n'ont plus
aujourd'hui qu'un intérêt historique, comme les liues de
rnlgarisation de ::\Iax Jlüller, et naturellement aussi les tra-
vaux, même les plus nouveaux, dont les auteurs n'appliquent
pas une méthode correcte, ceux de JI. P. Hcgnaucl ou de
)1. Trombetti par exemple. Il était impossible d'entrer dans
le détail, et seuls les livres généraux les plus récents, surtout
ceux qui ont paru depuis 1890 environ, ont été signalés; les
noms de savants tels que J[\I. Fortunatov, Baudouin de
Courtenay, L. Havel, Osthoff, Zimmer, Bloomfield, Solmsen,
Zupitza, ne figureront clone pas ici, simplement parce riu'ils
n'ont pas composé de manuels et ne dirigent pas de revues.
Les livres cités contiennent des indications bibliographiques
plus ou moins abondantes; à l'aide de celles-ci il sera aisé de
retrouver les travaux auxquels on doit recourir pour chaque
question. Les ou nages en langue française ont été mentionnés
beaucoup plus largement que les autres, parce qu'ils seront
plus aisément accessibles à plusieurs lecteurs; mais la con-
naissance de l'allemand est nécessaire à qui veut étudier sé-
rieusement la grammaire comparée.
1 ° Généralités.
H. PAUL, Pri11cipien der Sprachgesch:"rhte) 3e édit., Ha1le,
1898 (résumant les idées qui ont dominé le mouvement
linguistique dans le dernier quart cl u xn..e siècle).
\Yu~DT , Volkerpsychologie) 1 cr rnlume (en deux tomes),
Die Sprache) Leipzig, 1vou (2e édit. remaniée, 1go1); avec
\PPl.'.\))Jf'.15

Ja critique de ~I. ÜEL11nïr.h.. Gnmdfrage11 der Sprachfors-


chu11g .. ., ~lrn::--bourg. 1901. et la répofüe de .\]. \\ t-'\oT,
Sprarhgesrhichte und Sprachpsyrhofogie, Leipzig, 1 \IO 1 : Yoir
a11s:-i qur·lcp1es obsf'rY[llions da11-. L41llzéc sociologique de
,r. Durklici111, j" année (Paris. I\)02), p. ;1u3 et suiY., cl
le chapitre de la La11g11e clans les années suiYante.; d11 111ème
recueil.
HotssELOT. Les 111odifiratio11s phonétiques du la11g.ige étudiées
da11s le patois d'wze j~1111i/ft, de Ce!ltyi-oui11, Paris, 1 ~~)2
(important pour J'Ptude des r,ol11tions pl10nétiq11es) .
.J ESPEHSD, Progress in la11g1wge, Londres. 1 8~1 '1.
\. llE::xRY, Â11ti110111ies li11g11istiqut'S, Paris. 18\1G (excel-
lente réfutation de q11clq11c~ gra,es errenrs trnp rél'anducs).
\[. BnÉu. Essai de sémantique, :1e éJit., Paris, I\10'1.
\ \ ErIIS:--LEn, Gicbt es Lautgtset-::.._e ?, Halle, 1 \100~ ex trai L df'
la .f~·stgahe fiir H. Surhicr (le meilleur exposé des q11eslions
qui ,c posent à propos des k,i~ phonétiques; aYcc bibliogra-
phie).
Il. ÜrnTEL, Lectures 011 the stady of la11g1wgc, -"e,,-\ ork et
Londres, qior (superficiel et ~ou,ent contestable).
\\'_ \lnrn-Lïm,r, Ei11f1ïhn111g in das St11di11m der ro111t1-
11ische11 Sprttrlru.:issmsrha{t, Heidelberg: 1 \l( 1 J (lionne~ notinn:-
gL·nérales 11 propo:- de~ faits ron1i111-).
,\lela11gt's li11g11istù111cs offerts a JI. d ..\lei/let pnr B \Rui;-
LE:\ET, Dorrn, (;_\1 n110T. G,n,n10::-.r. L ,no~nE, \1EuE1n1 D~.
, DLJHn.;, Pari:,;, 1 !)02 (recueil cl'arlicle;:; dont plu:-ieur~

to11cl1enl i, de:-: (Jue;-;lion;-; générnle~).


\. D_\l z \T. Essai dl' 111a/1odologfr li11guistiqut1 dans le do11wi11e
des la11gucs et des patois ro111a11s, Pari:-:. 1 \J' ,6 ( clniL mai~ a:-;,ez
::-11perficic·l et :.;on1111aire).
:-;,YEET. History of I.a11g11age, 1 \JOI (rnlgnri~ntion).
Sur ln pho11étiq11e, les li He~ les plu:- propre:,; ù donner rn1c
i<léc de::- diYer~e:- tendance::- ~ont :
.\PPE~DICES

E. S1EYERS, Grundziige der Pho11ctik, ;>'" édit., Leipzig,


1001.
P. PASSY, Étude s11r les rha11gc111mts pho11étiq11es, Paris,
1890.
O. JEsPEllSE~, Lchrburh der Pho11etz}, Leipzig, 19o!i
(abrégé allemand d"un omragc plus étendu en danois) et
Phonetisrhe Gnmdfragen, Leipzig, I!)o'i.
Hol·ssELoT, Principes de pho11étique expérimmtalc, Paris,
189j-I 90 I ( encore inache,é; I1exposé des expériences per-
sonnelles de l'auteur y tient nne grande place).
E. \\-11EELER ~cHIPTurn, The clc111mts of cxpcrime11tal pho-
11etirs, \cw-York et Londres, 1 gu:~ (résumé des connaissances
que doit aYoir un linguiste en physique, anatomie et phy-
siologie).

2° Grammaire comparée générale des langues indo-euro-


péennes.
Il n'y a qu'un seu I f'Xposé qui résume l'état actuel des
connaissances pour l'ensern ble de la grammaire comparée
des langues indo-européennes:
K. BRcG'lu.:u und ll. DELnnïcK, Gnwdriss der ·verglcirhw-
den Gra111111atik der indogermanischm Sprarhm, ~trashourg.
1er rnlume, Einleitu11g lllld Lautlehre, 2e édit., l 8~n; 2e YO-

lume consacré ù la morphologie, 1888-1892 ( 2e édition


transformée et augmentée en cours de publication; 1 rt' partie,
1 !Jüï), par ::\I. Brugrnann. - 3\ !ie et i:/ tomes consacrés
à la syntaxe, 1893-1900, par ~I. DellJriick.
K. l3nt·G'1I.n~, Kurze 1'ergleirhendr Gramlllatik der i11dogcr-
111a11ischm Sprarhm, reposant sur le grand omrage précédent,
mais beaucoup plu:-. courte, et où sont étudiées en détail
seulement les langues les plus connues: sanskrit, grec, la-
tin, germanique et sla,e, Strasbourg, UJ02-I go 1i. Traduction
française, sous le titre d"Abn!gé de gra111maire romptzrée, tra-
\l'PE:\DICES

duit par J. Bloch, · _\. Cun~ et.\. Erno11t, sous 1a direction


de "\. }leillet cl H. Gauthiot, Paris, 1905.
Ces minages renferment une multitude infinie de doc-
trines correctes et de renseignements bien contrôlés.
Les ouHagcs <'-1émentaircs à employer sont:
Y. IIDnY, Précis de gra111111air1· comparée du grec et du latin,
5e édit. (reproduisant la 5e de 189~ presrruc sans change-
111ent), Paris, 1go8 (précis de grammaire comparée générale
appliquée au grec et au latin, le seul bon manne] de gram-
maire comparée générale qui existait en langue française
aYanl la traduction de l' d brégé de }l. Brngmann).
"\Irnr:,c;ER, l11d1;~em1a11isrhe Spradnuissmsrhaji, Leipzig,
collectiou Gi',schcn, 3r édit., 1 go;) (très hrcf, rnlgarisation).
G1LEs, A short 11,a111wl of ro111pamtive philology for rlassiml
st11dmts) Londre:-, 1 ~JOI: traduction allemande, Leipzig.
1SgG.
et GoELzEH, Gm111111aire ro111paréc du grtc tl du
füDI.\.:\:\

lati11, 2 rnlumes. Paris, 18gï-I!)OI (simple grammaire pa-


rallèle du grec el du latin; les notions de grammaire com-
pméc sont de seconde main et so11Yent erronées) .
.los. ~cnntJ:\E:\, Infridi11g toi de studie der 'Vergelijkende i11-
.ioga111a11ischc taalwetmschap, Leidc, 1 !)U~> (peu personnel;
bibliographie abondante) mais p<'tI S) stématique ).
li n'exi:-te q11'1111 dictionnaire' ét,Ymnlogiquc de l'cn~cmlilc
des 1ang11cs indo-c11rop1~enncs:
\. Fic~, Vcrglcichmdes TT''ôrtcrbu:b der i11dogern1t111isrbe11
Sprachc11) 1 rr n,l., 'i'' <'-dit., (; œttingue, 1 S!)O (linc précieux
et original, mais trop s11ccinct cf d"11nc disposition incom-
mode: clnit être 11tilisé aYf."<' critiq11c; car il rcnl'crme no111bre
de foute~ dans les mots cités, cl l'auteur n·a pas toujours
en phonétique une rigueur ~11ffisan Ir).
li i'aut citPr a11ssi:
O. Scun.rnEn, Rmllcxifo11 der i11dogcr111a11isrbm Altcrtums-
APPEXOICES

!wude) Strasbourg, 1901 (résumé commode ùe ce que l'on


sait sm· les noms d'animaux, d'objets, d'institutions, etc. ;
pas toujours slÎr, soit au point <le vue linguistique, soit au
point de me archéologique).
Pour se préparer à comprendre la grammaire comparée,
on pourra consulter:
B. DELntd:cK, Ei11friflt11g Îll das Studium der indogerma-
11ischc11 Sprachell) !te édit., Leipzig, 190'1 (intéressant pour
rhistoire de la grammaire comparée).
Fr. BEcIITEL, Die Hauptproblellle der i11dogerma11isdmz
Lautlehre scit Schlcicher) Gœttingue, 1892 (même obsena-
tion que pour le précédent).
S. HE1x \en, L'origine des Â. ryws) Pari~ , 189:L
Il. o'ARRots DE .Jcn.uw1LLE , Les premiers habitants de
l'Europe) 2e édit. en 2 volumes, Paris. 1889-189'1.
P. KnETsc1n1rn, Ei11lcitwzg in die Gesrhichtc der gril'Chisrhen
Sprache) Gœllingue , 189G (discussion intéressante de nom-
breuses questions générales dans la première partie du livre).
Y. TnomEx, Sprog·cide11slwbms historie) Copenhague~
r 902 ( exposé de toute l'histoire de la linguistique, fait aYec
la largeur de mes et la sûreté qui caractérisent l'auteur).
R.\TZEL, Geographisrhe Pnïfullg der Thatsadmz iiber dm
Urspnuzg der Vo/!œr Europas (Berirhte der slÏrhsisrhm Gese/1-
srhaft der "fVissmsrhaftm) phil.-hist. Cl.) année 1900, p. 23
et suiv.).
::\I. ::\lucn ~ Die Heimath der I11dogennanc11 im Lirhtc der
urgesrhirht/ichen Forschwzg) 2•· édit., Berlin, 190/4.
H. IlrnT, Die lndvgcmiamu) ihn.: Verbreitu11g) ihn: Urlxi-
lllat und ihre Kultur) Stra::-bourg, 1903-1907 (facile à lire,
intéressant et bien informé).
ScHRADER, Sprachverglcichwzg und Urgesrhichte) 3e éllil.

( encore inachevée). Jena, 190G et suiv.


Il comient de citer enfin quelques ounagcs relatifs à des
_\ PPE'iJHCES

c1uestio11s particulière:-., mais qui touchent 11 beaucoup de


questions générales:
Ferdinand DE S, cssrnE, 1\féllloire sur le système prilllitif
des voyelles dans les langues i11do-mropém11cs) Leipzig, 18ï~J:
reprocluction, Paris, 188ï (('~posé des principes fnndamen-
tau~ du Yncalisme inJo-ruropèen: ouvraf!'e capital el encore
e~:-;entiel à méditer malgré ~a date déjà ancienne).
H. llrn:-.cmu:\x, D,u i11dogcmw11isrhe rocalsystelll) ~tras-
hourg, 1 RS:i.
Jnh. ~ c 11\110T, Die Pluralhildu11gm der i11dogen11a11isrhm
"-\'l'lltra, " ~eimar, 188g (personnel el plein de choses).
H. IJ11n, Der indogen11a11isrhe Ak;J'nt, ~trasbourg, 18!13
(des hypotlièses inutiles et indémontrables et des rrrcurs,
mais clair, pl ei n d 1 idées, cl<- rapprocliemenls neufs et dïn -
lhe:-;santes s11ggcstinns, el ,n-ec des idées générales trl'S j11stes
sur le dé,-e loppement linguistique).
II. JlmT, Der i11dogen11a11isrhe Ablaut) Strasbourg, 1900
(mèmes obserrntions).
,1.GRA mrmT, La dissi111ilatio11 Co11so11a11tiq11e dans les
langues indo-mropém11cs et dans les langnes rolllanes) Dijon,
1 Sg3.

DoTTn, Les dési11mres i•er/,ales m r en sanskrit) m italiq11e


et celtique) Hennes, 18!)0.
Cil

_\n,on'ï, De la dérli11aiso11 da11s les langues i11do-c11ropéem1es)


Paris, 1Sn8 .
•\. )IE1LLET, Les dia/crics indô-mroféens (po11r paraitre ï',
P:iris, 1çioS: formera Ir pn•micr volu111c d't111e Collctlio11
li11guistiq11c éJitée p:ir la maison Champion :l.YCC le concours
dP la Soriéll de li11g11istiq11e de Paris).
J>]11:-;ie11rs p1'·rindiq11e-; allerna11ds ~ont :-;pécialemenl cnnsn-
cds à la grnmmaire comp:irt'·c des la11g11es i11do-e11ropéennrs:
Zeitsrlmji fiir i•c1glcirhmde Sprarhforsrlmng auf delll Gcbictc
der i11dogen11a11ischm Sprarhm) 18:->2 el sui,., d'abord Berlin,
.\PPE~DTCES

el ensuite Gütersloh, fondée par _\cl. J{uhn (d'où le nom de


journal de Kulm) J{ulm's Zeitsrlmft) en abrégé K. Z.), puis
dirigée par )1. E. Kuhn et par Job. ~chmidt, et ensuite par
, DI. E. l{nhn et \f. ~clrnlze. Les Beitriige zur K11nde der
i11dogemzanisrhe11 Sprachen) Gœttingue, 18ïï et sui,-.,. fondés
par ,1. zen
Ad. Bezzenberger (cl"où le nom de Bez berger' s
Beitràge) en abrégé B. B.), puis dirigés par )1'I. Bezzenber-
ger et PrelhYitz. onl p:1ru jusqu'au Yolume X.\\., pui, se
sont fondus aYec la précédente publication; les dem,
dirigées par )Dl ..\. Bezzenberger, E. Kullll et \Y. Schulze,
paraissent maintenant à Gœttingue, sous Je titre et aYec la
numérotation de la première(!{. Z.): ml. .\LI en cours de
publication.
lndogamanische Forsdm11gen (en abrégé 1. F.), Zeitschnjt
flir i11dogemza11isrhc Sprarh- 1111d .dltert11111slm11de) fondée et
dirigée par )1\1. K. Brugmann et \Y. ~lreitberg. Strasbourg,
1892 et suiY.: le Yolume \..\JI est en cours de publication.
GLOTn, Zeitsclmft f1ïr gricchische 1111d latei11ische Spracht')
fondée et dirigée par )1.\1. Kretschmer et ~kutsch en 1 goï,
,\ Gœttingue ; ml. I en cours de publication.
Ces importants périodiques renferment quelques ar-
ticles en anglais et en français. La plupart Jes articles fran-
çais sur la grammaire comparée paraissent dans les:
.vféllloires de la Société de linguistique de Paris (tlont le
secrétaire est )J. I3réal) 1 Paris, 1 SGS el sui Y. ( en abrégé
M. S. L.): le Ynlumc .:\ Y est en cours de publication (le
B11lleti11 de la Snciété, publié seulelllent pour les membres
de la Société, renferme des comptes rendus depuis 1 !:)Uï ).
(Juelques trarnux en anglais paraissent dan--: The AlllerÎ-
ra11 journal of Philology) Baltimore. 1880 et suÎY., et dans
Classiral philology) Chicago) 1 goG et sui Y., et des tra, ..rnx
en italien Jans les Supplemmti periodici de l'.drchivio glotfl1lo-
gico fondé par Asco! i.
:\PPE'\l)]CI:S

La bibliograpbic ann11clle des publication~ relatiH's à la


grammaire comparée se trouYe dans :
A11:;._eiger fzïr i11dogen11mzisrhe Sprach-1111d A ltert111nsk1111de}
édité par :\l. ~treitherg, supplément (non Yendu à part)
all\. I11dqger111a11isrhe Forsrhungen} citées ci-dessus (in<licatinn
complète de tous les traYaux parus chac1ue année sur toutes
les anciennes langues indo-européennes: le dernier cahier
donne les publications de 1 go!1 : abrégé en I. F. An:;_.)
Orimtalisrhe Bibliographie} maintenant rédigée par :\1. L.
~cliermann: Berlin, 1888 et s11ÎY. (seulement les traYau\.
relatifs à la grammaire comparée générale et aux groupes
indn-iranicn et arménien, mais toujours au courant).
Les reYucs de comptes rendus, notamment la Revue rri-
!Ïtjlle en France, le Litterarisrhcs Zmtralblatt et la Deutsrlx
Literat11rzeit1111g en .\llemagne, annoncent et discutent f·11
gént'.·ral le::- principaux ounages de grammaire comparée peu
après leur publication.

:{·· G ramrnaire comparée de chacune des langues.


On n'a incliq11é ici que les publications relatiYes d'une
manière spéciale à la grammaire comparée. Les grammaires
p11rement descripti,·es, comme J"admirable grammaire sans-
krit(> de\\ liitnry, ou le liHc, ~i 11tile, du mème auteur Sllr
les racines sanskrites, ou encore la grande grarnnwirc <le~
prâkrits de :\1. Pischel ( dans le Gnmdriss der i11do-arisrhm
Philologie c1ui doit fournir un tableau d'ensemble de toute la
pliilnlogie indienne) ou J"ouuage de ~l. Franke sur le
mo~ en indien (Pàli 1111d Sa11sla-it} Strasbourg, 1902), n'_y
figureront donc pa,.

_\. I ndo-irn11ien.
a. ~n11skrit.
J. \\ \CHil~.\GEL dltindisrhc Gra11111wtilt} I. Lautlt'hre}
APPE:.\DlCES

1896 - lI, 1 Einleitung ::._ur TFortlehre. Nollli1zalko111position,


1905; Gœttingue (liYre excellent, avec une bibliographie
détaillée de chaque question; la fin de la morphologie n'a
malheureusement pas encore paru).
T nmrn, Ha11dbuch des Sanskrit, I, Gra111111atik, Heidelberg,
1 goS.
UHLE"'.\'BECK, Kurzgefasstes etylllologisches TVorterbuch der
alti11dischm Sprache, Amsterdam, 1898 (recommandable;
très bref et sans indications bibliographiques). -De 1'Etymo-
logisches TVorterbuch de E. et J. LEt')LU"'.\' , il n'a paru que les
premières lettres (Leipzig, 1907).
b. Iranien.
Gnzndriss der iranischen Philologie, dirigé par 1Dl. Geiger
et E. Kuhn, Strasbourg, In volume, 1895-1901 (ce pre-
mier volume fournit un exposé complet du déYeloppement
des dialectes iraniens depuis l'indo-européen jusqu 'aujour-
d'hui ; )I. Bartholomae y a déYeloppé aYec une rare compé-
tence toute la grammaire comparée de l'iranien).
BARTHOLO)IAE, A ltiranischcs TVorterbuch, Strasbourg, 1901
( dictionnaire complet des anciens dialectes iraniens, aYec
indication sommaire de l'étymologie; destiné à être le fon-
dernent de toutes les recherches pendant longtemps).
HoR~, Gn111driss der 11eupersische11 Ety111ologie, Strasbourg,
1893, aYec la critique de ) l. Hrnscm1n:\", Persische Studim,
Strasbourg, 1893, où l'on trouvera de plus une excellente
histoire phonétique du persan.

B. Grec.
G. J IErnR, Griechische Gra111111atik, 3e édit., Leipzig, 1896
(phonétique et morphologie seulement; un peu vieillie, mais
des collections de faits toujours précieuses).
K. BRCG)U~:\', Griechische Gra111matik, 3e édit., )lnnich,
1 goo ; fait partie du Ha 11dbuch der klassischeu A ltertu111s-
A. )IEILLET.
'13o .\ PPE~n1c1:s

'ï.l'Ïssmschaft de I. rnn )1 üllcr ( cette 3·· édition, très aug-


mentée: le meilleur exposé, méthodique et complet, qu'on
ait de la grammaire comparée d"une langue indo-euro-
péenne).
H. HmT, Griechische Lau!- 1111d Formmlehre, Heidelberg,
1902 ( clair et intéressant, mais souYcnt discutable).
Kcn~ER, Ausfiihrliche Gra111JJ1atil, der griechischen Sprache)
3e édit., Hanonc, 1re partie, rerne par 13lass, 2 Yol., 1890-
r 892 (bonne description de la morphologie grecque, mais
les notions de grammaire comparée sont dénuées de toute
Yaleur): 2e partie, reYue par Gert li, Ier YOI., I 898, 2", I go1
(syntaxe, nullement comparatiYc).
H0Fn1 \s\, Die griechischen Dialekte, Gœttingue, 3 rnlumes
parus, 1891-1898.
A. Tnnrn, Die griecbische Sprache 1111 Zeitalter des Helle-
11isJJ1us, Strasbourg, 1 go 1.
G. Ccnnus, Gnmdziige der griechischm Etymologie, 3e
édit., Leipzig, 1Sï!) (Yieillis, mais encore utiles).
PnELL"nz, Etymologisches f;Vi5rterbucb der griechischm
Sprache, 2e édit., Gœttingue, 1903 Ut employer aYCC critique;
la 2e édition <>st notablement améliorée).
Lco )lnrn, Handbuchder griechischen Ety1110/agic, Leipzig,
'i rnlumes, 1 go I et sui Y. (manqnt'.·; q11oique récent, repré-
sente rétnt de la science étymologique il y a trente am).
J. Y E~mrrns, Traité d'affmtuat io11 grecque, Paris, 1 go',
(bon fü re élémentaire, awc des indications <le grammaire
comparée).
Ct w, Le nombre dnel t'l1 grec, Paris , 190G (bon exemp le
de mnnogrnphic ~t la foi!- comparatiYe et historique).

C. Ttnliq11 e.
a. Latin.
F. SrnLz, Historische Gram111atilt der lateinischm Sprache)
APPE:\IHCE~ ftjr

J, Einleitung, Lautlehre, Sta111111bildu11gslehre, Leipzig, 189't.


La suite de cette Historische Gra111111atik est confiée à
diYers saYants; volume III , 1, non comparatif, paru en
1903.
F. STOLZ et Scmr.uz, Lateinische Grammatik, 3e édit.,
:\Junich, 1900; fait partie du Ha11db11ch de :\I. I. Yon :\liiller
(les liHes de :\1. Stolz renferment d'abondantes bibliogra-
phies et beaucoup de matériaux: la syntaxe du Handbuch,
rédigée par :\f. Schmalz, n'est pas comparalÎYe).
L1:msn , The lati11 language, Oxford, 189't; en traduction
nllemancle (reYue, corrigée el augmentée), Die lateinische
Sprache, traduit par "\ohl, Leipzig, 1 Sgj (bonne exposition,
faite surtout au point de nie latin, sans syntaxe).
F. SmntER, Ha11dbuch der lateinisrlmz Laut- und Formen-
lchrc, Heidelberg, 1902 (clair et précis, Lien au courant el
en mème temps personnel: sans bibliographie, sans syntaxe).
,r. ~JEDER:..1.n~, Précis de phonétique historique du latin,
Paris, 190G (simple, clair et s1îr) .
.A. " -_\LDE, Lateinisches etynzologisches Wd,-terb11ch, Heidel-
berg, 1906 (riche de faits el de renrnis; au courant).
Thesaurus linguae latinae, Leipzig, 1900 et suiY. (2 ml.
parus: la lettre C est en cours de publication; dictionnaire
monumental de la langue latine, aYec des indications pré-
cises el rigoureuses, mais un peu sommaires, de :\I. T11uR-
:è\'EYSE:\' sur l'étymologie).
L. Jon, Le présent et ses déri·vés dans la conjugaison latine,
Paris, 1893.
J. YE:-.oRrns, Recherches sur l'histoire et les effets de l'intensité
i11itiale en lati11, Paris , 1902 (traite une question particu-
lière, mais qui domine l'histoire du latin).
A. JlETLLET, De quelques imzo'uations de la déclinaison latine,
Paris, 1 goG.
b. Osco-omhrieu.
Al'PE::\DICES

H. YO::\ PLDn, Grammatik der osl,isch-w11brisclm1 Dialekte)


2 rnlumes, Strasbourg, 1892-1 8gï (line fondamental).
R. S. Co.:rn-n, The italic dialcrts) 2 rn1., Cambridge, 1·897
( complète utilement l'ouYrage précédent à plusieurs égards).
C. D. I3ccK, A grammar of Osran and U111bria11) Boston,
190'1 ( existe aussi en édition allemande abrégée, Heidelberg,
1 903) [Iine très commode el clair].

D. Celtique.
, r. STOKES und A. BEzzE::\BERGER, lVortschatz. der keltischm

Ei11heit) Urkeltischer Sprachschatz) Cœttingue, 189', ; forme la


seconde partie de la 4e édition du fTcrgleirhe11des !Vorterbuch
de "\J. Fick, signalé ci-dessus (line essentiel, mais à utiliser
aYec quelque critique).
"\L\cRu::\, An ety1110logiral glossary of the gaelic lmzguage)
lnYerness, 1896.
Y. IIDRY, Lexique étymologique des ter111es les plus usuels
du breton moderne, Rennes, I 900.
1
J1. D .\Rn01S DE J LBALHJLLE, Éléments de la gra111111airc
celtique) dlcli11aiso11) co11j11gaiso11) Paris, 1 903 (simple el
clair).
G. D0n1'.", 1vf.an11el pour servir à FétJlde de l'a11tiq11it/ cel-
tique, Paris, 1906 (v. p. 53-109. ~Ill' la langue g:rnloisr').
Il. PEDERSE~, rrerglcichende Graznznotik der keltisrlmz Spra-
chen) pour paraître en 1 uoS ;i (-;-O'ttingue. - Cnc Grt1111-
maire du 'Vieil irlandais (non comparatiYr) de )1. YE::\DHYES
est sous presse, pour paraître proclwinement ù Paris.
La Revue celtique) dirigér par ~I. 1I. d'Arbois de J ubain-
ville, à Paris, les .d zmales de Rretag11e) de llennes, et la
Zcitsclmft f1ïr altisclx Philologie annoncent cl apprécient les
ouvrages relatifs à la lingui~liq11e celtique et publient des
nrticles: il fout citer de plu~ ln rerne Éri11 ci11i pnraît Z,
D11blin drpuis 190'1.
.\.l'PE:XDICES
~ -
-1,),)
')

E. Germanique.
Gmndriss der germanischen Philologie) dirigée par ~I. H.
Paul, 1er Yolume, 2e édition, Strasbourg, 1897, avec une
remarquable Vorgeschichte der altger111anischen Dialekte de
.:\I. KLUGE et une étude de chacun des dialectes germaniques
par ;\L\I. Kluge, Noreen, Ilehaghel, Te \Yinkel, Siebs.
NoREEX, Abrùs der urgen11anischm Lautlehre) Strasbourg,
1894 (très personnel).
SrnEITBERG, Urger111a1zische Grammatik (2e édit. en pré-
paration, Heidelberg; clair, précis et systématique).
F. DIETER, Laut-1md Fomzenlehre der altgernzanischm Dia-
lekte) Leipzig, 1900.
Y. HEXRY, Précis de grammaire comparée de l'anglais et de
l'allemand) 2e édition, Paris, 1goj.
LonYE, Germanise/Je Sprachwissmschaft, Leipzig, 1 go!i
(petit volume très bref, collection Goschen).
UHLE.\BECK, Kurzxefasstes etymologisches TForterbuch der
gotischm Sprache) 2e édit., Amsterdam, 1900 ( commode et
exact). Une 3e édition, par ~l. Lmb, est en préparation à
Heidelberg.
H. FALK u. A. ToRP, iVortschatz. der gemzanischm Sprach-
einheit, pour paraitre à Gœttingue en 1 908 (formera le
3e volume de la 4e édition de l 'Ety1110logischcs TVorterburh de
M. Fick).
Fr. KLUGE, Etynzologisches TVortcrbuch der deutschm Sprache,
5e édit., Strasbourg, 1899 (livre excellent, mais que l'au-
teur, dans la dernière édition, n'a pu tenir tout à fait au
courant au point de vue linguistique).
]ahresbericht zïber die Erschei111mgm auf dem Gebiete der
gemzanischen Philolrgie) Leipzig, 1880 et sui v. ( compte rendu
annuel très bien fait).
Il convient de signaler ici les deux excellentes collections
de grammaires des anciens dialectes germaniques, l'une di-
\l'l'E~lllCES

ngre par ~l. Braune (clicz l'éditeur \iemeJer, à Halle) cl


l autre par )1. Streitberg ( chez l'éditeur \\Tinter, à Heidel-
1

berg): hicn que la comparaison } tienne peu de place.


Les cli\·ers périodiques de philologie germanique contien-
nent des articles de grammaire comparée du germanique,
principalement les Beitriige zur Gcscbicbte der deutschm Spracbe
1111d Litteratur} fondés à Halle en I Sj 11 par JL\J. Paul et
Braunr et actuellement dirigés par 1I. SieYers (cités en
abrégé PBB. on PBSB.).
F. Baltique.
13ER'-EKm, Die prmssisrhe Sprache} Texte} Grt111n1zatik}
tlvmologisches !Vorttrbuc/J, Strasbourg, 1 96 (à compléter au
moyen de quelques articles, notamment celui de ,r. Dezzen-
berger, K.. Z., XLl, 65-I2j).
\\ IEDE:\I.\ Y\, Ha11dbuch der litauische11 Spmche, Strasbourg,

18~1ï (médiocre, ne dispense jamais de recourir à la Litauische


Gm111111atik, de Schleicher, Prague, 1856, el à la Gralll111atik
der littauischen Sprache de Kur:;chat, Halle, 18j6)
A. LEsK1n; Der Abla111 der iVurzelsilben illl Littnuisrhen,
extrait du rnlumc IX des Abba11dl1111geiz der pbilologiscb-
bistorischm Classe der li·o11. siichsischm .d.cademie der TVisse11-
schaften; et Die Bild1111g der 1Yomina i111 Littauischm} extrait
du Yolumc X.If du même recueil (deux omrage:; excellents.
awc beaucoup d'indications bibliotzraphiques).
B. '1.\ UTlllOT, Le parler de Buiiidze, Pari:;, 1 uo3 (bon
exemple d'étude sur un parler lituanien, aYec d'importantes
obserYations générales).
G. SlaYe.
A. LEsr..rn~,Ha11dlJJ1ch dtr altbu~rarischm Sprache, 'i~ édit.,
,Yeimar, 1 go5 (li He fondamental, mais surtout descriptif:
la ~e édition reproduit, avec peu de changcmenls,_la seconde
Llc 188G).
!j,),)
- -
\PPE~DICES

Yo:\DIÜK, Vi:rgleirhmde slct,:ist"he Gra111111atil,) I . Gœtting-ue,


1906 ( au couran t, mais aYec une méthode linguistique trop
peu sùre ). Le second Yolume es t sous presse.
~hKLOs1cu, Etymologisches 'fVorterb11ch der sla-vischen Spra-
rhm) Yienne, 188G (fait surtout au point de rne slaYe;
Yieilli, mais n on remplacé).
Des com ptes ren<lus des principaux trarnux de linguistique
slarn et des articles o ri ginaux paraissent, notamment dans
l'Archi·v fzïr slaiùche Philologie) dirigé par JI. Jagie', dans
les Listy filologické) de Prague, et clans les lz'vêstija otdêlmja
russkago jaz.ylw i sloves11osti i111p. alwd. 1,a11k) de Pétersbourg.

II. Albanais.
G. ~lErnR , Ety111ologisches IT7orterb11ch der alba11esischm
Sprache) Strasbourg, 1891 (aYec bibliographie étendue).
G-. )lErnR, Alba11esische St11dim) HI. La11tlehre der i11do-
ger111a11isclm1 Besta11dtheile des .d lba11esischm) Yienne, 1892
( extrait des Sit::.._111zgsberichte de l'Académie de Yi enne, phil.-
hist. Cl.) ml. 126). L'Albam:sische Gra111111atik du mème
auteur n'est pas comparatiYe.

1. Arménien.
H. HCBsc1n1Axx, Âmlt'lzische Gra111111atik. I. Theil, Arme-
11ische Ety111ologie) Leipzig, 18a5 ( excellent modèle de dic-
tionnaire étymologique; la suite de la grammaire n'a mal-
h eu reusement pas paru) .
.A. ~1EILLET , Esquisse d'1111e grammaire co111parée de l'ar111é-
11im classique) Yienne (Autriche), 1903 (sommaire).
Pour l'état actuel cle la linguistique arménienne, mir en
ou tre les traYaux pgrus depuis 1 go3, notamment, les ar-
ticles de :M. Pedersen , K . Z. , nxn-::n.x1x, et le livre de
JI. Liclén , Armenische St11dim (Goteborg, 1906)
L\'DEX DES TER~IES DÉFL\IS

Ablatif, 314. Correspondance, 1 5.


Accent, accceutué , 113 . Cornique,
.Accord, 328.
Accusatif, 308. Datif, 313.
_.\ctif, 195, 2 c3. Degrés vocaliques(e, o, e tc.), 127.
Adjectif, 220, 250. Dénominatifs , 183.
Adverbes, 1th. Dentales , 56.
Albanais , 4g. Désinence, 120, 157.
Allcmaud (haut el bas). 43. Déwrbatifs , 184 .
Alternances vocaliques, 126. Dialectes, 4. 32.
Analogie, 13. Diphtongues, 82.
Anaphorique, DissJllabiques (racines), 133.
\nglo-saxon (vieil anglais). Mi. Dorien, 3!J,
.\oriste , 167 , 216. Douces, 55, 36 .
.Arménien. 4o . Duel. 159 .
Aryen, 34. · Duratif, 169.
Aspirées, 56 .
.Athématiq11e , 155.
Elargi5scme11ts, 148 .
.Atone, 114.
Emprunts, 8 .
.Augment, 2 IO, 2 it,.
Enclitiques, 33(,.
Avesta, 38.
Eolien, 4o.
fü·olution lin guistique, 1).
Baltique, 46.
Breton, 43. Explosion, 55, 90·
l3rhe (syllabe), I01.
Brittonique, 43. Famille de langues, 4.
F é mi11in, 161. 249.
Cas (de la décliuaiso11), 160. Fin de mol, 110.
Causatif, 177. Fortes, 55.
Celtique, t,3. Fricatives , 66 .
Changem<'nl de laugue, 10-1.
Commun (grec commun , slave GaLqique, 44.
commu n, etc.), 400. Gallois, 43.
Composés, composition, 254. Gùthàs de l'ahesta, 38 .
Consonnes, 98. Gauloi s, !,3.
Contiuui té, 7. Génitif, 31 c.
l'\DE~ DE" TEH\IES DÉFI~IS

Genre. 160. Occlu~i'"e,, 3:'i.


G<>rmanique, U. Ombrien, b.
(~otique, /4/4. Optatif, 1D3·
Grammair<' comparée, 1, 28. Ordre d<>s mots. 330.
Ï.ro11p<>~ <le co1bonne,, 1 oo. Osque, h.
G11llural<>,. 56.
Palatale~ 011 g11ttmali•s (pr<'·pala-
1mparfait. 2 1ï · la)f',, m<~diopalalal<>s cl postpa-
Tmp?ralif, :w2. latalcs), 56.
1mpf'rso11nd. 21 2. Parenté de la111J11c~, 1.
Tmplo~ion. 11-1. Parfait. 1KS . L

Inaccentué, 1 r '•· Parlicip<'. dio, 2-13.


Indicatif, 101. Parti cules, 16-1. 3 18 .
lnd o-e11ropé<>11. 1n, 53. Parti es du coq,", 3fi!:j.
lnd o-curopfrm (mot")· 3-1 11. Passé. 2 1 1 • 2 1 11.
lndo-iranicn. 3.'1. Pa,sif, 213.
Infinitif, 2/48. Pehhi, 3j.
lnfoation. 12-1. 181. Personne,
Injonctif. 2 1:) . Phras<'. 320.
In~trunwntal. 313. Place d11 Ion. 1 ·1~1.
lnl<'n"if. 1 J2. 1j3. Plus-qn<>-parfail, 1!1• ·
lnt<-rro:!alion. 33::,, Posst>ssifs (compos/.~), 2jti.
l11t o11atio11 (rude 011 ,/1Jur1·). 1 l. Pos~ibilité~ de cl1an!!'<>Ownl. I <.
ï~). Postpalatalcs, jfi. fifl.
Ionien, 3g. Pràkrit~. 3fi.
Islandai~. ~-1- Pr«'·dé-sinen lie!. l j5.
lsogloss,., 3jt-. f'r{>palalale~. 56. lili.
Itératif, lïï· J>rvpositions, ifi3.
Prt>,cnl, 1Gï, 2 10. 21K.
Lahiab. 56. Pn'. sent-aoriste. Jljï·
Labio-n'·lain·s. fi '1. Prl'strflhal, 1 35.
L<'ltc, !tï· Pr«'·wrbes. ifi3, 316.
Lit11 ani<>n, ~n. Primaires(dé~i11c11ce~). If13, 2d.
Loca tif, 3 r!i. Primair0s (suffix<·:,), 1~,f\.
Lois pl1onétiq11c~. , r. Pronuminal«' (11<·,ion), 2\1fi.
Long11c (:-~·llalw). 101.
lbcc, j2,
\l a~c11li11. 161. Hacine, 12n, 123. 1 '1f\.
\l onos~·llabiqucs (raci1l<'~). 1~ï. H<'·alit,~ social<> dn langag<'. fi~.
\l ot, 100. :120. HPdo11hl<>rnent. 1j I.
\l oy<>n. ·1~15. 213. B<'·llt'·rhi (pronom). 30-1.
H<·latÎ\"<'~ (phras<>~). 3 11 1.
\/·galion. 3::1'.J. Hc·~til11tio11. 22.
1G(J.
·\r·11 Ir<', H!!n·da. 35.
\om, 1tio. H~·tl1m". l l j .
\ ombre. 15().
\uminal" (J;lll'a'-<>). 321. ~amkrit. 35.
\"ominatif. 308. ~econdaire!-(dl'!-Î1wncc·~). 1v:l, 2d
~oms dl· nombre, 3j3, ~ccondaires (sulfo,es), 151>.
I:'iDEX DES TER,IES DÉFï~IS

Sitnantes. 66. Ton, tonique , 113.


Singularité des faitsli11guistiq11es, 3.
Slave, 4ï· Yédiqu(•, 35.
Sonantes, jG, Y1·rball', (pliras<!), 32 1.
Sonantes longues, ~,G. Yerb<', 160.
Sonores, 56. \ïeux pt' rs<', 3j.
Sunores aspirées, Gu, lh. \ïenx prussien, 'ifi.
Sourdes, 513. Yicux slaw . !1Ï.
Sourdes aspir._'.es, lh. Yocatif, 308.
~11bjonctif, t~p. Yoix, 2 13.
Subordonnées (phrases), 33j. Yo,Yellcs, \18 .
Substitution, 122. Yrddlii , 22j .
Suffixe, 120. 154.
Syllabe, t01. Zend, XYI.
Zfro (dn/!ré rncaliq1w), t2j,
Thématique, 135. Zéro (snlExe zéro , désinence zéro).
Thènw, 120. 120.
ElUL\T\

P. J 2, 1. 15 , lire: t,) d) ·,', au li eu de b) d) g.

P. 21, 1. 9 du bas, lire: aucune.


P. 26. 1. J J , lire: (resp. ô), au li eu de: (rc~p. b).
P. 38. après la ligne 6 du bas, ajouter l'alinéa suirnnl:
Dans les montagnes du Caucasr, on rencontre un parler
iranien, l'ossètc\ qui semble è tre un reste des dialectes
scythiques; <l'antres restes d e ces dial ec tes se relrouYent
pcut-ètre dans les parlers iraniens du Pamir.
P. 4ï , 1. 14 du bas ~ njoutcr A. devant Groupe 111éridio11al.
P. 48. 1. 4. lire: aucun docume nt ancien.
P. 58, 1. 5. lire: « qui étend la langue n.
P. j5, 1. 15-16 , supprimer les mols: parnllèlcs aux deux.
sortes de *o déjà signalées.
P. 102, L 0 <lu bas, lire: *:E~J::;.
P. I'27, 1. 9-10, lire: employés.
P. 136, 1. 4, supprimer la virgule d eva nt cc S:J.;·:-1:::; n.
P. 152, 1. 1 du bas, lire: ja-glmé.
P. 16j. 1. 15 du bas, lire: Présent-aoriste.
P. 170, l. 6, lire: lit. esJJJi.
P. 180, l. 2 du has, lire: liksme) au li eu de liksJJJe.
P. 191, I. 15 du bas, lire : Thèmes modaux .
P. 220, 1. 5, lire : substantifs.
P. 273, 1. 12 du bas, lire: avec i.-e. * fi.
EIHUT \

P. 2j/4, J. I llU bas. lire: brah-) au lieu de bra- U• la fin de


la ligne).
P. 290, 1. 3 du bas, lire: 11âmâ11i.
P. 299, l. 7 du bas, lire: aùzhâi.
J>. 3o I , 1. 1 du bas , lire : Q'll'rJln, au lieu <l~ (Jz •ç. JJJ.
P. 3oï, 1. 12, lire: et le, au lieu <le: et du (à la fin <le la
ligne).
P. 311. I. 3 <lu bas , lire: :x~:n:;;.
P. 332. 1. 2. lire: les particules et les indéfinis atones ou
toniques ( donc supprimer le mot: atones. après particules;
car il y a tout aussi bien à cette place des particules
toniques. comme ~kr. hf « car »: ou gr. p.€·1, :€).
P. 336, l. 8, lire: barytoné.
P. 3ï /4. l. 9. mettre une Yirgule avant: Y. irl. dï.
P. 37G, 1. !, , lire v. irl. 11oi u-.
1. 9. lire: shr. pa,iktil1.
P. 379, 1. 11 du bas, lire: contigus.
P. 445, entre lïndication du line de ::\l . ::\Juch et <le celui
de :'II. Ilirt, ajouter: E. DE ::\hc1rnus, L'origine degli
lndo-Europei, Turin, 1903.
TABLE DES )IATIÈRES

Pages .
AVANT-P RO POS de la 1re 1'. ditiun .. YU
.AYA:H-:-'ROP.> S de fa 2e éLliti on. XIII

.AbréYiations . XY
Transcri plions. . X\ïl

Cll.\.J>ITRE J. :\I Én1 00E. LA ;,; o n o :-. D E L ,:-; cuEs 1:-..00-n· Ro-
PÉE;-; :-.i;:s ,
l. Principes généraux. 2

IL .\. pplicatio n des principes générau x à la


di'·finition de l'indo-eu ropvf'n 19

CIIAPITRE Il. L ES LA:'iGt:ES I.'iDO-EVROPÉE;-.;:rns.

CIL\.P ITRE HL Pu o;.,f.:nQl:E .


J. Les phonèmes
1. Occlusi,·cs <'l sitllantes . 53
2. YoyPiles proprement dites. Gu
3. Les sonanll's. ,G
II. La S)·llabe . u8
IÏI. Le mot f't la phrase. _\.ccentuati on. IUlJ

CIL\.PITHE IY . PR":-;C[PES DE L.\ :\IORl'HOLOG IE


1. Généralités . 118

Il. .Alternan ces . 12ti


III. De laforme Jeséléments morphologiques. 1!1G
IY . Des Jivcri-es espèces de mols 1 3!)

CIL-\PITIΠY. LE HRB E . 1G5


A.. Gén éralités. 1 G5

Il. Formation el Yalcur des thèmes verbaux. 16j


C. Flexion des verbes. 19!i
't(i', TAfiLE DE:'- ,r \ TIÈRE:'-
CHAPITRE YI. LE :-m1 220

.\. Substantifs et adjectifs 220


a. Formation des thèmes. 221
b. Flexion 2Jï
B. Di:momtratifs. indéfinis. interrof?'atif~. 292
a. ThPme~ . 2~12
b. F!Pxion . 2~jÎ1
C. Pronoms per~onncl:,, 300
D. Emploi de la flP:x.ion nominalP 3oÎl
E. )[ot,imariable~ 31:5

CHAPITRE YI!. L\ PHRASE .

I. La phrase simple. 320


II. Cnion de plmi~urs phra,c·~ 3313

CHAPITRE YIJJ. ~rn LE YOCABlï.AIRE.

CHAPITRE J\.. SrR LE DÉn:LOPPDIE:\'T DE~ DJ.\LF.CTE~ IXDO-

Coxcu:s10x
.-\ PPEXD!t.E~ 4oJ
J. _\ PERÇT.: Dl" DÉYELOPPDIEXT DE LA GR.UDIAIHE CO~IPARYF. ~Oj

JJ. hDIC.\TIOXS EIBLIOGRAPl11Qt::E~. ~~ 1


hDEX Db TER)IES DÉFIXI" ~Jj
ERRATA. . ~G1

CIIAHTHE~ . - Dll'HDIEl:IE DC:HAXD, Rl"E rl LHERT.

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