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Geomorphologie Structurale
Geomorphologie Structurale
INTRODUCTION
Ce cours consiste en une introduction à la Géomorphologie, science qui étudie les formes de relief et les
processus en relation avec ces formes. Elle s’appuie sur trois grands champs d’investigation :
- La Géomorphologie structurale : historiquement, en parallèle de la géologie (étude des structures rocheuses)
et de la lithologie (l’étude des roches), ce fut la première approche des Géomorphologues : tout d’abord
décrire les grands ensembles de reliefs, puis essayer de comprendre leur origine. Certains grands domaines de
reliefs, certains modelés (groupe de formes) et certaines formes dérivent directement de la structure ou du
mode de leur mise en place (volcanisme par exemple) ;
- Plus récente, la Géomorphologie dynamique a cerné après guerre les grands mécanismes d’érosion et de
construction de certains reliefs, là où la structure ne pouvait être invoquée, à l’image du creusement effectué
par un glacier où l’édification d’une dune ;
- Enfin, la Géomorphologie climatique a permis de mettre en valeur plus récemment encore les liens étroits qui
unissent certaines formes de reliefs et les climats qui les abritent. En d’autres termes, certaines formes de relief
à conditions structurales proches ne peuvent apparaître que dans un contexte climatique donné (exemple : tour
karstique (relief calcaire) en Chine, Baie d’Along au Viet Nam…)
Cette année, seul le premier champ sera abordé, même si parfois il n’est pas toujours aisé de séparer les trois
domaines. Il faut donc retenir que contrairement aux géologues qui vont s’intéresser principalement aux roches
et à leurs conditions de mise en place, le Géomorphologue s’attache à décrire et à comprendre la forme
du relief pour en comprendre dans un second temps la genèse, c'est-à-dire la mise en place. On parle à ce titre
de la morphogenèse, c’est-à-dire les grands mécanismes et les principaux facteurs qui expliquent l’origine
d’une forme de relief. On l’aura compris : la Géomorphologie appartient aux géosciences ou sciences de la
Terre et va puiser dans bien des domaines scientifiques les outils dont elle a besoin pour étudier les formes de
relief :
o Géologie
o Lithologie
o Tectonique,
o Hydrologie, etc.
Et la liste est sûrement bien plus longue. En tant qu’universitaire, et a fortiori en première année, on se doit de
lire et d’acquérir rapidement des bases solides dans cette discipline comme dans d’autres. Cela permet de se
constituer rapidement une culture dans chaque grand domaine de la Géographie. Pour se faire, on s’appuiera
sur la bibliographie non exhaustive indiquée ci-dessous. On choisira en premier les ouvrages à consulter en
priorité, avant de compléter le cas échéant, en fonction de la nécessité ou de l’envie, dans ceux présentés en
bibliographie complémentaire.
a conduit à une extension distribuée sur plus d'un millier de kilomètres dans le
Basin and Range (ouest des Etats-Unis).
B) Les chaînes de collision
Plus spectaculaire encore est la ceinture alpino-himalayenne. Elle résulte de
la fermeture de la Téthys, lorsque les plaques issues du morcellement du
supercontinent du Gondwana (Afrique, Arabie, Inde, Australie) ont embouti la plaque
eurasiatique.
Ainsi, le raccourcissement de l'ensemble himalayen est de l'ordre de 2 000
km, et il s'exprime différemment selon les marges septentrionale et méridionale :
a) au nord, la marge asiatique ou tibétaine, « poinçonnée » par le
continent indien, est parcourue de failles décrochantes de
direction E-W, dont celle de l'Altyn Tagh à la limite du plateau du
Tibet et de la dépression du Tarim ;
b) au sud, le raccourcissement est marqué par le débit de la croûte
indienne en lames chevauchantes, et deux cisaillements majeurs
parcourent la chaîne : le « chevauchement central principal »
(MCT), qui a fonctionné entre - 25 et -15 Ma, a été relayé plus avant
par le « chevauchement limite principal » (MBT), encore actif, tous
deux subdivisant le système montagneux himalayen en trois bandes
longitudinales :
le Grand Himalaya à une altitude moyenne de 6 100 m ;
le Moyen Himalaya au sud à des altitudes de 2 600 à 4 600 m ;
les plis préhimalayens des Siwaliks, composés de sédiments
détritiques (molasses) qui résultent de l'érosion de la chaîne et
aux dépens desquels celle-ci progresse vers l'extérieur.
C) Les grands mécanismes de l’orogenèse
1) Le terme « orogenèse » peut être pris en son sens global de formation des
chaînes de montagnes, sans envisager le détail de la formation des
structures, la « tectogenèse ». Les géologues se sont longtemps
intéressés à la tectonique tangentielle, c'es-à-dire aux mouvements
essentiellement horizontaux, et ont négligé les mouvements verticaux de
grande ampleur.
2) Dans toutes les grandes chaînes qui tirent leur origine de leur association
à des lieux de convergence de plaques, le soulèvement peut être attribué à
l'existence d'une « racine crustale», c'est-à-dire à un épaississement de
la croûte continentale sous les chaînes intercontinentales (ou
intercratoniques) et liminaires (ou péricratoniques) : par exemple, 70 km
sous l'ensemble Himalaya-Tibet ou sous la chaîne andine.
3) La morphologie des hautes montagnes est associée à une importante
surrection verticale qui n'est pas encore compensée par l'érosion, et la
survivance de grandes chaînes est étroitement dépendante de la
prolongation de leur soulèvement qui se maintiendra à la faveur de la
migration du Moho vers le haut, à l'image d'un navire dont la ligne de
flottaison s'élève à mesure qu'on le décharge. Le mécanisme très
complexe dans le détail peut être résumé de la façon suivante : la racine,
formée de matériaux légers (granitiques par simplification), d'une densité
moyenne de 2,8 g/cm3, et plongée dans le milieu plus dense du
manteau, d'une densité moyenne de 3,3, est donc soumise à une force
dirigée vers le haut en vertu de l'application du principe simple
d'Archimède, au fur et à mesure que l'érosion diminue la pression verticale
exercée par les reliefs.
4) Si de tels volumes topographiques saillants sont la proie de l'ablation4,
l'élimination d'une tranche de terrain n'abaisse pas d'autant le relief. Si la
dénudation représente, par exemple, une épaisseur d'un kilomètre,
l'altitude ne diminue que de 150 m, une grande partie du relief détruit étant
donc reconstituée par un soulèvement régional. Il ne s'agit évidemment
que d'une tranche moyenne puisque l'évolution morphologique est
essentiellement commandée par l'enfoncement vertical des vallées.
II) LES DOMAINES ANOROGENIQUES
Si l'essentiel de l'énergie interne du globe se dissipe au sein des étroites
ceintures orogéniques, il s'en faut toutefois que la déformation soit négligeable dans
les domaines intraplaques des socles précambriens, calédoniens et hercyniens,
et de leurs couvertures, soumis à des mouvements verticaux, même s'ils ne
s'expriment pas sous une forme aussi spectaculaire. On qualifie d' « épirogéniques »
des déformations à grand rayon de courbure, éventuellement accompagnés de
failles, affectant une croûte d'épaisseur normale (35 km) dont les nombreux modèles
géophysiques n'ont toujours pas élucidé les mécanismes initiateurs.
A) Les socles cristallins
La notion de « socle » s'oppose à celle de couverture. Toutes deux se
définissent fondamentalement par leurs propriétés mécaniques : la tectonique5 de
couverture est caractéristique de sédiments suffisamment plastiques pour pouvoir
se déformer souplement, tandis que la rigidité des socles, constitués de matériaux
indurés, explique leur inaptitude au plissement.
4 Ablation : enlèvement de matériaux par un processus érosif
5 Tectonique : ensemble des déformations qui affectent des terrains géologiques après leur mise en
place.
1) Les socles peuvent être assimilés aux racines d'anciens orogènes
consolidés. La formation d'une chaîne de plissement s'accompagne de
transformations en profondeur puisque le renflement de la croûte
continentale l'amène dans des conditions de pression et de température
telles que le métamorphisme général 6affecte profondément les
sédiments, jusqu'à les rendre totalement méconnaissables, et que le
magmatisme se manifeste par des intrusions granitiques. Cette « soudure
» d'un matériel devenu cristallin permet l'agrandissement du domaine
cratonique, ainsi formé par «l'accrétion» de chaînes de plissement
successives.
2) La prédominance des roches cristallines s'explique par le fait que
l'érosion a pénétré jusqu'aux racines mêmes des orogènes, ce qui n'exclut
pas la survivance de segments plissés qui, des Appalaches de l'est de
l'Amérique du Nord aux monts Aravalli dans le nord-ouest du Deccan,
contribuent à une diversification des formes de relief. La seule exception
au régime d'amples déformations concerne les portions de socle
incorporées à des chaînes de plissement récent, notamment le long de
la grande « diagonale alpine », de la Méditerranée à l'Asie centrale, à
l'exemple de la zone axiale des Pyrénées centrales ou orientales ou des
massifs centraux alpins.
3) Sous l'expression ambiguë de massifs anciens sont désignés des unités
morphostructurales, de 1 000 à 100 000 km2, dont la consolidation,
intervenue à l'ère primaire lors des orogenèses calédonienne et
hercynienne, est certes ancienne, mais qui doivent leur différenciation à
une intervention récente de la tectonique. Les gondolements en massifs et
cuvettes qu'a subi le socle hercynien ouest européen après son
nivellement au Trias attestent que ces bombements se sont créés en toute
indépendance des structures plissées antérieures.
4) Situés aux latitudes moyennes de l'hémisphère boréal, ces massifs, qui
sont certes les héritiers d'un long passé, se rangent dans deux familles
en fonction de la vigueur et du style du rajeunissement tectonique qui
permettent d'introduire une distinction entre les massifs anciens
tabulaires et les massifs anciens montagneux :
a. dans la première famille se rangent, par exemple, le Massif armoricain
(417 m), la Cornouailles (621 m), les Ardennes (694 m), et le Massif
schisteux rhénan (816 m), qui se signalent par un paysage de basplateaux
;
b. à la seconde famille, éventuellement accompagnée d'un volcanisme
actif, appartiennent les massifs écossais et gallois, qui culminent
6 Métamorphisme : Ensemble des phénomènes qui donnent lieu à l'altération des roches
sédimentaires, à leur transformation en roches cristallophylliennes
respectivement à 1 344 m et 1 085 m, le Massif central (1 699 m, hors
manifestation volcanique), les Vosges et la Forêt Noire (1 424 et 1 493
m), et jusqu'aux massifs d'Asie centrale auxquels la tectonique
cassante plio-quaternaire a donné les dimensions de véritables chaînes
intracontinentales : Altaï (4 506 m), Tian Chan (7 439 m), et Kunlun (7
724 m).
5) Les boucliers doivent leur nom à une propriété, à savoir leur tendance à
acquérir une convexité plus marquée que la convexité moyenne de la
surface terrestre. Ces unités, dont la consolidation remonte à l'ère
précambrienne, sont fondamentalement constituées par des roches
plutoniques7 et métamorphiques. Ces vastes unités morphostructurales
forment l'ossature des continents, à la fois aux hautes latitudes
(boucliers canadien, fennoscandien, sibérien...) et basses latitudes
(guyano-brésilien, africain, australien, du Deccan ...).
6) Leur constitution profonde analogue, qui fait leur unité structurale, confère
aux infrastructures cristallines le rôle dominant : le socle précambrien
affleure sous la forme d'immenses étendues de roches de socle, sans
qu'elles excluent des séries plissées, plus ou moins métamorphisées
(schistes ou quartzites), et même des séries de couverture
subhorizontales déposées en discordance sur les structures précédentes.
7) Différentes morphostructures méritent d'être distinguées en fonction des
mouvements tectoniques positifs :
· il s'agit de dorsales (comme celle qui sépare les cuvettes du Moyen
Niger et du Tchad) quand l'aire soulevée est plus longue que large,
· de bombements (à l'exemple du Hoggar) quand l'aire de soulèvement
est aussi large que longue,
· de bourrelets marginaux dissymétriques quand le style de la
déformation se ramène à un vaste mouvement de flexure dont l'axe a
conservé approximativement la même position au cours des âges (cas
de l'Afrique australe, des Ghâts occidentaux ou du Brésil atlantique).
B) Les principales zones de bassin
Trois grandes familles de bassins continentaux peuvent être isolées : les rifts,
les bassins molassiques, et les bassins intracontinentaux.
1) les rifts
- Le mot «rift» désigne des fossés d'effondrement d'échelle continentale, à
l'exemple de « la plus grande cicatrice de la terre » qu'est le rift est-africain, du
rift ouest-européen ou du rift du Baïkal, localisés dans des régions de
divergence intraplaque. L'extension, étroitement localisée, conduit à un
7 Plutonique : Se dit des roches formées par cristallisation lente du magma, à de grandes profondeurs.
étirement de la croûte continentale qui se manifeste essentiellement par le jeu
de failles normales et de décrochements.
- Ainsi, la plaque européenne est sillonnée depuis la mer Méditerranée jusqu'à
la mer du Nord par des fossés d'effondrement en tous points analogues aux
« rift valleys » d'Afrique orientale : l'âge de la distension crustale y est
toutefois plus ancien puisqu'elle s'est principalement manifestée au cours de
l'Oligocène, alors que l'écartement de la plaque africaine a débuté vers 20 Ma
et s'est prolongée jusqu'à l'actuel de manière discontinue, comme le suggère
une activité volcanique qui aurait successivement culminé à la fin du Miocène,
à la fin du Pliocène et au Pléistocène.
- La formation d'un rift est le prélude à l'ouverture océanique, s'il n'avorte
pas, comme en Europe occidentale où la distension crustale n'a pas abouti au
stade « mer Rouge ». On estime que la croûte continentale doit être amincie
dans son ensemble par un rapport de l'épaisseur initiale à l'épaisseur finale de
l'ordre de 3,5 pour que la déformation extensive intracontinentale s'interrompe
et laisse place à l'accrétion océanique.
2) les bassins molassiques
Les bassins molassiques sont des piémonts d'accumulation d'origine
orogénique qui se construisent dans des bassins subsidents séparés de montagnes
en vigoureux soulèvements par une puissante charnière du type faille ou flexure : la
subsidence du fossé crée le volume à combler, tandis que la surrection fournit
le matériel de comblement. Ces bassins sont situés en bordure des chaînes de
montagnes dont ils reçoivent les produits de destruction, connus sous le nom de «
molasses ». Leur poids provoque une subsidence supplémentaire, c'est-à-dire un
mouvement en sens opposé à celui de la chaîne qui continue à se soulever à
mesure qu'elle est érodée. Ainsi, de part et d'autre des Alpes occidentales, la plaine
du Pô, sur l'ancienne plaque africaine chevauchante, et la plaine suisse, sur la
plaque européenne, correspondent respectivement aux bassins molassiques
d'arrière- et d'avant-pays.
3) les bassins intracontinentaux
- Par contraste avec les rifts et les piémonts, caractérisés par une subsidence
localisée, mais puissante, les bassins intracontinentaux résultent d'un
affaissement lent affectant la forme de cuvettes grossièrement circulaires.
C'est le cas du Bassin parisien : la subsidence survenue à partir du Trias a
permis, à la faveur d'un affaissement régional lent et continu, l'individualisation
d'un bassin de 600 km de diamètre dans la partie centrale dans lequel se sont
accumulés quelque 2 350 m de sédiments.
- Selon l'âge des socles sur lesquels ils se localisent, calédono-hercyniens ou
précambriens, les bassins intracontinentaux présentent trois différences
essentielles :
a. leur superficie, une dizaine de milliers de kilomètres carrés aux
latitudes moyennes (Bassin parisien, Bassin aquitain, Bassin
souabe-franconien...), jusqu'à un million aux basses et hautes
latitudes (bassins du Congo ou de l'Amazone, bassin de Sibérie
occidentale...) ;
b. le potentiel lithologique, plus large dans le premier cas, où les
faciès de mers peu profondes multiplient les alternances, plus
étroite dans le second où les séries sédimentaires, généralement
continentales, sont plus uniformes ;
c. la netteté de leurs contours, plus franche dans le monde
calédono-hercynien, où la distinction entre bassins sédimentaires et
massifs anciens est bien établie, que dans les domaines
cratoniques précambriens où les séries sédimentaires ne se
disposent pas en auréoles concentriques, mais en « croissants »,
du fait de la migration des centres de subsidence et de soulèvement
que justifie l'élargissement de l'éventail chronologique.
- Il convient de souligner, au travers des exemples de ces bassins, qu'une «
inversion tectonique», faisant succéder un soulèvement à une période
d'affaissement prolongé, est indispensable pour que les séries
sédimentaires soient exposées à la dissection. A contrario, il existe des
bassins sédimentaires récents pour lesquels la tendance à la subsidence n'a
pas été contrariée : ainsi, la monotone plaine argentine de la Pampa coïncide
avec la surface de remblaiement d'un bassin révélé par des forages, dont
certains ont traversé plus de 3 000 m de dépôts. La condition indispensable
au façonnement de formes de relief réside dans un rajeunissement qui les a
portées au-dessus du « niveau de base général ».
2) L’âge de la faille
L’âge d’une faille se détermine en fonction des couches qu’elle dénivelle.
Toute faille est plus récente que le plus jeune des terrains qu’elle dénivelle et plus
ancienne que le plus jeune des terrains qui la recouvrent. En d’autres termes :
- une faille est postérieure (plus jeune) aux derniers terrains qu’elle affecte de
part et d’autre du plan de faille,
- une faille est antérieure (plus ancienne) aux derniers terrains non déformés
qui la recouvrent.
Dans le cas du schéma présenté, après une faille une couche sédimentaire
(couleur grise) s’est formée dans le fossé et a recouvert le bloc surélevé. Les
couches grise et orange sont donc plus récentes que l’âge de la faille.
II) Les types de faille
La définition structurale des failles dépend de l’inclinaison du plan de faille et
du pendage des couches dans les blocs dénivelés ou de la pente de ces blocs dans
le cas des structures cristallines.
1) Les déplacements horizontaux
Si les deux compartiments ont coulissé horizontalement l’un contre l’autre, on
parle d’un décrochement. On peut distinguer deux cas :
- décrochement dextre : c’est un décrochement vers la droite,
- décrochement sénestre : c’est un décrochement vers la gauche.
Figure 7.5 : les déplacements horizontaux : les décrochements (pour rappel
RHL : rejet horizontal latéral)
2) Les déplacements verticaux
Si les deux compartiments ont coulissé verticalement l’un contre l’autre, on
parle d’une faille. On peut distinguer deux cas :
- faille normale : elle correspond à un mouvement d’extension (détente) dans
l’espace entre les deux blocs et à l’effondrement d’un bloc par rapport à un
autre. Le plan de faille est incliné en descendant vers le bloc affaissé ;
- faille inverse : elle correspond à un mouvement de compression ou de
rapprochement entre deux blocs avec un rejet vertical pour l’un des deux
blocs. Le plan de faille surplombe le compartiment affaissé.
Figure 7.6 : faille normale et faille inverse
Les failles peuvent aussi être classées en fonction de la position du plan de
faille par rapport au pendage. On peut distinguer deux cas également :
- les failles conformes : elles présentent une continuité entre les pendages
des couches géologiques et le plan de faille ;
- les failles contraires : elles présentent une opposition entre le pendage des
strates géologiques et le plan de faille.
Figure 7.7 : les différents de relief de faille
3) Les associations de failles
Lorsqu’un terrain est affecté par plusieurs failles, on parle soit de faisceau de
failles, soit de champs de failles :
- un faisceau de failles est un ensemble de failles ayant la même direction
dans un secteur donné ;
- un champ de failles représente une série de failles dans plusieurs directions
sur un même espace.
Exemple : Sur la bordure orientale des Vosges, un ensemble de horsts et de grabens
qui regardent le fossé rhénan constitue les collines sous vosgiennes dont
l’orientation principale est sud nord.
Figure 7.8 : exemple du système en horst et graben du fossé rhénan ; la ligne en
pointillé représente le modelé actuel, les formes ont été adoucies par le travail de
l’érosion.
On retrouve fréquemment ce type de dispositif en gradin en bordure de rift
océanique ou continental.
Au total, l’analyse fine de la structure permet de reconstituer en plusieurs
étapes l’évolution du relief :
- la mise en place des couches
- leur fracturation
- le travail de l’érosion.
Chapitre 8 : LES STRUCTURES CRISTALLINES
SYNTHESE
Dans les socles cristallins non repris dans les orogènes récents, les traits
majeurs du paysage appartiennent à des plateaux qui ne sont autres que des
vestiges de surfaces d'aplanissement tronquant des matériaux variés
indépendamment de leur lithologie, et éventuellement de leur résistance.
Les matériaux cristallins - plutoniques et métamorphiques - peuvent
donner des reliefs saillants ou des formes en creux, en fonction de facteurs
divers parmi lesquels la priorité paraît devoir être donnée à la composition
minéralogique, à l'arrangement des minéraux, et aux inégales facilités offertes à
la pénétration de l'eau. S'il demeure un certain nombre d'inconnues dans
l'interprétation des causes structurales de l'altérabilité des roches de socle, un large
éventail de formes témoigne d'un comportement très contrasté, les granites, en
particulier, donnant :
- les « aiguilles » corses de Bavella,
- les dépressions du « Morvan troué »,
- les « pains de sucre » de la baie de Rio de Janeiro,
- les collines en « demi-oranges » de Guyane.
Au regard des roches sédimentaires qui, par leur faciès, sont aisément
classables en matériaux durs et tendres, l'inégale résistance des roches cristallines
est beaucoup plus difficile à définir puisqu'il n'y a pas de relation directe entre le type
de roche et sa résistance : la méthode consiste donc à partir du relief pour en
déduire l'échelle de résistance afin d'isoler les facteurs d'altération. Cette ablation
sélective entraîne le déblaiement des terrains tendres, parce que préalablement
ameublis, la mise en relief des terrains résistants, et donc le dégagement de formes
structurales dérivées d'autant plus net que la disposition des différentes roches les
unes par rapport aux autres favorise l'exploitation des contrastes pétrographiques.
C'est le cas des batholites granitiques qui peuvent s'exprimer par des topographies
saillantes (Sidobre castrais) ou déprimées (Veinazès dans la Chataîgneraie
cantalienne), ou à la fois saillantes et déprimées (Quintin en Bretagne centrale),
selon la nature des roches dans lesquelles ces intrusions se sont mises en place
(roches dites « encaissantes »). La morphologie des régions de socle ne se résume
toutefois pas à cette simple opposition entre des reliefs résiduels et des formes en
creux, les alvéoles, en raison de la grande diversité des contacts entre matériaux de
résistance inégale.
La notion d'échelle spatio-temporelle est fondamentale dans toute
approche morphologique. L'exemple des quartzites suffit à le démontrer puisque
ces roches sont à la fois résistantes à l'altération en raison de leur composition
chimique et, à la fois très sensibles à la fragmentation que favorise leur intense
diaclasage 6: leur mise en relief systématique témoigne que leurs abondants tabliers
d'éboulis ne représentent qu'une « livrée » habillant des versants dont le
dégagement s'est opéré sur une durée bien supérieure au Quaternaire froid. On ne
saurait les confondre avec les formes du modelé : alors que la « sculpture des
6 diaclasage : quantité de fissures dans une roche
formes du relief » dépend du jeu antagoniste des facteurs endogènes et des facteurs
exogènes et que l'évolution géologique en fixe les grandes lignes, la « ciselure ou la
gravure du relief des formes » (C. Klein) est sous le contrôle des conditions
climatiques présentes ou des conditions paléoclimatiques qui ont régné dans un
passé proche.
Prenons ici l’exemple du granite, il est :
- dur en climat tempéré, froid et sec (déserts), où les roches forment des reliefs
en pains de sucre ;
Pains de sucre Altérites et colluvions
- tendre en climat tropical humide, où on observe la formation de cuvettes et
alvéoles.
Alvéole Cuvettes
Granite
Granite
Il s’agit ici d’un aperçu très rapide des grandes orientations du
cours de géomorphologie dynamique, cette présentation est là pour
information et ne rentre pas dans le cadre de l’examen de fin
d’année.
DYNAMIQUE DES SYSTEMES MORPHOCLIMATIQUES
Avertissement : ce cours intervenant en deuxième année, il prend la suite du cours de
géomorphologie structurale ; il est considérer comme acquis la bonne maîtrise de cette
partie de la géomorphologie. Le changement de maquette fait disparaître la géomorphologie
dynamique de la deuxième année et il est donc nécessaire de réaliser par vous même ce
travail d’apprentissage par des lectures complémentaires ! Sont présentés ici les pistes
bibliographiques et le plan du cours.
Egalement, on portera une attention toute particulière à ne pas reproduire un défaut
fréquent que l’on rencontre dans la presse et même dans certains ouvrages de cette
bibliographie : il ne faut pas faire preuve d’anthropomorphisme en transposant des
caractéristiques typiquement humaines aux composantes naturelles (milieu, climat) comme
celle de la fragilité, de la sensibilité ou pire celle de l’agressivité. On rencontre cette notion
très fréquemment adossée au climat. Un climat n’est pas agressif car il n’y a pas d’intention
derrière de faire du mal aux hommes ! Il vaut mieux souligner alors l’intensité des
phénomènes, parler de milieu réactif plutôt que fragile, etc.
SYNTHESE
Le but de ce cours est de mettre en exergue les relations fondamentales
entre le climat et les formes du relief terrestre. Dans toutes les zones de cette
planète, on peut identifier des formes de relief dont la mise en place provient de
différents mécanismes naturels dont ceux liés au climat. Ce cours se veut avant tout
être une initiation à l’étude de certaines familles de relief et une introduction à la
science qui les étudie : la géomorphologie, ici approchée dans sa dimension
dynamique, mais également d’y replacer l’homme dans son contexte naturel. Au fil
du temps, il est devenu une composante de plus en plus efficace dans ces
dynamiques morphoclimatiques en favorisant certains processus et en déstabilisant
des équilibres naturels pluri millénaires ;
Ce cours mettra donc l’accent sur plusieurs approches :
- l’aspect dynamique est fondamental : l’étude des processus
dominants dans l’établissement des grandes formes de relief permet de
mettre l’accent sur quelques mécanismes fondamentaux où sont mis en
exergue les principaux agents naturels : l’eau, l’action du froid par le gel,
l’action du chaud, du vent …
- l’aspect systémique est important : en effet, dans la nature, aucun
mécanisme n’agit de façon isolée, mais plutôt en combinaison, en
interaction les uns avec les autres. Les formes de relief découlent
directement de cette interaction dynamique ;
- les grands domaines morphoclimatiques : certaines familles de formes
ne se rencontrent qu’à certaines latitudes ou altitudes et sont issues
directement de certains mécanismes privilégiés. Deux exemples peuvent
être étudiés en priorité pour illustrer cette spécificité liée au déterminisme
naturel : les domaines morphoclimatiques glaciaires et périglaciaires et les
domaines arides chauds.
ATTENTION : compte tenu de la plus ou moins grande rapidité d’avancement du
cours, il est demandé aux étudiants de se renseigner sur les chapitres réellement
traités lors du cours d’amphi, le faible volume horaire ne permettant pas de traiter
l’intégralité des domaines morphoclimatiques et surtout d’aborder le niveau de
détail pourtant si riches d’enseignement. Ce cours n’est qu’une trame générale,
un canevas en quelque sorte pour ouvrir des pistes de réflexion, et qu’il faut
compléter par des lectures et par un travail sur les illustrations. En effet, il est
impossible d’insérer tous les dessins tous les blocs diagrammes nécessaires à
l’illustration de ce cours. Ceci représente le nécessaire travail personnel inhérent
à tout étudiant, notamment quand il aborde des disciplines fondamentales !
Donc, il est demandé aux étudiants de compléter cette approche par des lectures
OBLIGATOIRES ! Voici quelques orientations bibliographiques annotées de
réflexions personnelles :
BIBLIOGRAPHIE
Cette liste bibliographique bien sûr est loin d’être exhaustive :
· AMAT J.P., DORIZE L & LE COEUR Ch. (2002) : « Eléments de Géographie Physique » Ed. Bréal, coll.
Grand Amphi ;
· COQUE R (2000) : « Géomorphologie » Ed. A Colin, coll. U ; surement l’ouvrage le plus récent dans ce
domaine, donc à consulter !
· DEMANGEOT J (1999) : « Les milieux naturels du globe » Ed. A Colin, coll. U ; ouvrage à maîtriser
obligatoirement !
· DERRUAU M (1988) : « Précis de Géomorphologie » Ed. Masson ; c’est pour moi le plus complet et le plus
synthétique !
· DERRUAU M (1996) ouvrage collectif sous la direction de : « Composantes et concepts de la géographie
physique » Ed. A Colin ; ouvrage qui n’est pas toujours adaptée aux premières années de la Géographie mais
qui a le grand mérite de brosser un panorama moderne des différentes approches disciplinaires qui composent
la Géographie Physique !
· GEORGE P (2000) : « Dictionnaire de Géographie » Presses Universitaires de France ;
· GODARD A & ANDRE M.F. (1999) : « Les milieux polaires » Ed. A Colin, coll. U ; pour approfondir les
domaines froids, c’est un ouvrage de référence en la matière
· TRICART J (1981) : « Précis de Géomorphologie » Ed. SEDES, 3 tomes ; pour ceux qui se seraient
découverts une passion pour cette discipline, un ouvrage ancien mais très complet. Attention : de très
nombreux passages
théoriques qui risquent d’être difficiles à assimiler !
· VALADAS B (2004) : « Géomorphologie dynamique » Ed. A Colin, coll. campus; une synthèse plus
actuelle et facile d’accès.
· VEYRET Y & VIGNEAU J.P. (2002) : « Géographie Physique » Ed. A Colin, coll. U ;
· VIERS G (1967) : « Eléments de Géomorphologie » Ed. Nathan, coll. Nathan université ; une synthèse très
facile d’accès, un ouvrage très pédagogique, même s’il est un peu ancien !
BIBLIOGRAPHIE INDICATIVE
1) OUVRAGES A CONSULTER OBLIGATOIREMENT : (soit dans leur
ensemble, soit en fonction des chapitres abordés) :
Cette liste bibliographique bien sûr est loin d’être exhaustive :
· VIERS G. - 2003 – « Eléments de Géomorphologie », 2è éd., Coll.
Universités, Ed. Nathan, 208 p.
· DERRUAU M. -1988 - « Précis de Géomorphologie » Ed. Masson, 7e édition,
533 p.
· COQUE R. – 2000 - « Géomorphologie » Ed. A Colin, coll. U, 503 p.
· DEMANGEOT J. – 2000 - « Les milieux naturels du globe » Ed. A Colin, coll.
U, 364 p.
· AMAT J.P., DORIZE L & LE COEUR Ch. – 2002 - « Eléments de Géographie
Physique » Ed. Bréal, coll. Grand Amphi, 448 p.
· VEYRET Y. & VIGNEAU J.P. – 2002 - « Géographie Physique » Ed. A Colin,
coll. U, 368 p.
· TRICART J. – 1981 - « Précis de Géomorphologie » Ed. SEDES, (un des
rares auteurs à avoir écrit 3 ouvrages concernant les 3 domaines de la
Géomorphologie), 3 tomes et notamment le Tome 1 Géomorphologie
structurale (ouvrage difficile).
o Tome 1 : Géomorphologie structurale, 1968, 322 p.
o Tome 2 : Géomorphologie dynamique générale, 1977, 345 p.
o Tome 3 : Géomorphologie climatique, 1981, 313 p.
2) BIBLIOGRAPHIE COMPLEMENTAIRE
· PEULVAST J.-P., VANNEY J.-R., 2001-2002 – Géomorphologie structurale :
Terre, corps planétaires solides, Coll. GéoSciences, BRGM-SGF, Orléans-
Paris :
o Tome 1 : Relief et structure, 516 p.
o Tome 2 : Relief et géodynamiques, 524 p.
Ces deux ouvrages sont assez ardus et demandent au préalable d’avoir
acquis des connaissances dans les différents domaines de la
Géomorphologie. C’est cependant la synthèse à la fois la plus récente et à la
fois la plus complète dans ce domaine.
· BIROT P. - 1959 – Précis de Géographie Physique Générale, Ed. Armand
Colin, 403 p.
· CHAPUT J.-L. - 2006 – Initiation à la Géomorphologie, 2è éd., Coll.
Universités Géographie, Ellipses, 172 p.
· CAILLEUX A. - 1976 – Géologie générale : Terre, lune, Planètes, Ed.
Masson, 346 p.
· DEBELMAS J., MASCLE G., BASILE Ch. - 2008 – Les grandes structures
géologiques, 5è éd., Coll. Sciences Sup., Dunod, 336 p.
· DELCAILLAU B. - 2004 - Reliefs et Tectonique récente. Nouveau précis de
Géomorphologie, Coll. Vuibert Supérieur, Vuibert, 256 p.
· DERRUAU M. - 2007 – Les formes du relief terrestre. Notions de
géomorphologie, 8e éd., Coll. U, Armand Colin, 119 p.
· ETONGUE MAYER R. - 2003 - Géomorphologie : Principes, méthodes et
pratique, 2e éd., Editions Guérin Canada, Montréal, 512 p.
· FOUCAULT A., RAOULT J.-F. - 2005 – Dictionnaire de Géologie, 6è éd.,
Coll. Universciences, Dunod, 400 p.
· JOLY F. - 1999 - Glossaire de géomorphologie : Base de données
sémiologiques pour la cartographie, Coll. U, Armand Colin, 325 p.
· MOTTET G. - 1999 – Géographie physique de la France, Coll. Premier cycle,
Presses, Universitaires de France, 3e édition, 768 p.
· PECH P., 1999 – Géomorphologie structurale, Coll. Synthèse, Armand Colin,
96 p.
· PECH P., REGNAULD H., SIMON L., TABEAUD M. - 1999 – Lexique de
Géographie Physique, Coll. Synthèse, Armand Colin, 96 p.
· POMEROL Ch. et BLONDEAU A. - 1980 – INITIATION A LA GEOLOGIE :
mémento du Géologue, Paris, 2è éd., Ed. Boubée, 208 p.
· POMEROL Ch., LAGABRIELLE Y., RENARD M., 2005 – Eléments de
Géologie, 13è éd., Coll. Universciences, Dunod, 784 p.
· SAFFACHE P.- 2003 – Glossaire de Géomorphologie, Ed. Ibis Rouge,
Presses Univ. Créoles (Collection Documents Pédagogiques - Géographie),
172 p.
· DE WEVER, JAUPART, GUIRAUD, KOMOROWSKI, SAUTTER, BOUDON,
PARODI, LEYRIT, LENAT et BARDINTZEFF – 2003 - « LE VOLCANISME :
cause de mort et source de vie », Paris, Ed. Vuibert, 328 p.
ENCYCLOPEDIE UNIVERSALIS : articles d’auteurs importants (notamment R.
Coque).
REVUES :
· Géomorphologie : Relief, Processus, Environnement
· Annales de Géographie
· Géologie de la France