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Sommaire
Introduction 3
Activité autour de la poésie 4
Objectifs 6
Quelques définitions 7
Comptines 8
A.B.C.D... 1.2.3.4... 10
Humour 11
Famille 12
Calendrier 13
Saisons 14
Nature 15
Bestiaire 17
Nourriture 18
Ville 19
Objets 20
Verlaine 21
A propos des fiches séquentielles 22
La ronde des prénoms 23
Des mots qui s’emboîtent 24
Pourquoi…, parce que… 25
Des milliers 26
J’ai geigné la pirafe 27
La cimaise et la fraction 28
Associations fantaisistes 29
Ca n’existe pas 30
Le hareng saur 32
J’aimerais être 34
Si j’étais, si j’avais 35
Imagination 36
Comparaisons 38
Se familiariser avec les rimes 39
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Introduction
Le musicien se sert des sons, le sculpteur de la pierre, du bois
et du fer, le peintre des couleurs et des traits et le poète du langage et
des mots. La poésie est une production artistique qui permet,
à travers un dimension esthétique, de s’exprimer :
exprimer des émotions, des sensations...
L’idée principale de ce livret n’est pas de proposer des « recettes » pour rendre les enfants
poètes mais de les aider à prendre possession, du langage et à développer leur pouvoir de
création.
Ecrire des poésies c’est d’abord jouer, manipuler des mots, des sons, créer des
images exprimer sa personnalité et ses émotions pour découvrir et désacraliser le
pouvoir du langage (pouvoir qui devient accessible). L’enfant agit sur les mots, ils
deviennent outils et non plus contraintes.
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Activités autour de la poésie
Ecouter des poèmes au milieu d’autres poèmes sur les même
Mettre en place un rituel de lecture de thème.
poèmes par l’adulte ou l’enfant, à un
moment précis de la journée (par exemple • Quand la poésie est la même pour tous,
pour terminer la demi-journée) : afin il est possible d’organiser des moments
d’établir un moment de calme (se laisser d’apprentissage collectif grâce à la
porter, bercer...), de s’imprégner de poésies technique de la reconstitution de
de s’ouvrir à d’autres sensibilités, texte : On écrit le texte au tableau, on le
d’illustrer le thème de vie de la classe. lit deux ou trois fois, on efface quelques
mots, on le relit malgré les trous...
Enregistrer des poésies jusqu'à ce qu’il n’y ait plus rien.
Ce travail d’enregistrement (de poésies
d’auteur ou créées par les enfants) vise à :
• travailler la diction, l’articulation, • le moment de récitation peut être
• jouer avec sa voix pour exprimer une envisagé de différentes façons : un
émotion (poème triste, gai, farfelu, enfant vient réciter sa poésie à l’adulte
sonore, comique...) qui évalue la mémorisation et la
• valoriser les créations enfantines, restitution ; un enfant vient réciter la
• stocker les poésies pour les réutiliser poésie devant le « public classe » pour
(notamment lors d’un moment de travailler la prestance et l’aisance ; deux
calme, d’écoute) enfants récitent la poésie en cascade
(exercice à caractère ludique mais
Réaliser l’anthologie de la classe difficile).
Il s’agit de présenter sou forme d’un livre
les poésies (apprises et inventées). Les
poésies seront manuscrites, Poésie et séquences de Français
dactylographiées à l’ordinateur ou à la Certaines poésies ou créations poétiques
machine, calligraphiées, disposées en peuvent servir de pont de départ pour des
calligrammes, décorées... Cette anthologie « leçons » de grammaire, de
peut faire l’objet d’une exposition ou d’un conjugaison, de vocabulaire...
travail individuel à offrir pour la fête des
parents.
• Reconstitution de texte (de poème)
➱ Replacer en ordre les différents vers
Mémoriser pour réciter d’un poème déjà lu.
➱ Redisposer en vers un poème présenté
• Proposer des poèmes les plus variés en texte (grâce aux rimes et groupes de
possibles (structure, époque, longueur, souffle, à la ponctuation, aux mots-clés en
thème, rythme, auteur...) débuts de vers). En composant les
différentes dispositions trouvées par les
Le poème peut-être : apporté par élèves, on s’aperçoit que celles-ci
l’enseignant ou par l’élève. Il peut être conditionnent la façon de lire (aidant la
choisi dans un fichier ou élu par la classe compréhension, modifiant les groupes de
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souffle, permettant d’accentuer certains • Sur les temps libres, illustration de la
mots, créant donc des émotions poésie copiées sur le cahier (petit
différentes). format).
La disposition d’une poésie est • En séquence d’arts plastiques, en grand
signifiante ( dimension spatiale du format (éventuellement accompagné
poème). d’une musique) créer un décor pour la
➱ Supprimer la plupart des fins de vers poésie. A l’aide de peinture, pastels,
d’un poème et les cacher dans une liste collages, encres... réaliser soit un fond
parmi d’autre fins de vers (de sens, de soit une illustration.
rimes, de nombre de syllabes identiques ou • Réécrire le poème à partir de lettres
différents). différentes, découpées dans des
journaux et magazines.
• Manipulation d’images poétiques • Disposer le poème sous forme de
➱ Extraire des images poétiques d’un calligramme. Outre le fait de renforcer
poème pour en chercher une définition la signification du poème, le
ou pour y associer des définitions de sens calligramme a un aspect esthétique,
équivalent (mais moins poétiques). typographique, créatif. Il permet aux
➱ Créer des définitions imagées, enfants, placés en situation de
insolites, pour faire deviner des mots qui recherche, d’exprimer leur sensibilité
seront à placer dans une grille de mots (un poème inspire différents
croisés. calligrammes).
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OBJECTIFS extrait des instructions officielles (1991)
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Quelques définitions poétiques
• quand elle est placée à la fin d’un vers, Tout au long d’une poésie ces rimes
elle n’est pas comptée, c’est donc une alternent et s’appellent suivant leur
syllabe « muette ». disposition :
• quand elle se trouve à l’intérieur d’un • rimes croisées : ABAB
vers, elle n’est comptabilisée que si elle • embrassées : ABBA
est suivie d’une consonne ou d’un « h »
aspiré. Allitération : répétition voulue d’un même
phonème dans un vers.
Selon le nombre de leurs syllabes, les Calligramme : poème dont la disposition
vers peuvent s’appeler : typographique est en rapport avec le thème
• octosyllabe : 8 syllabes du texte. Les calligrammes sont nés avec
• décasyllabe : 10 syllabes Apollinaire.
• alexandrin : 12 syllabes Cadavres exquis : « jeu de papier plié qui
Mais les formes de compositions poétiques consiste à faire composer une phrase ou un
dont la mesure et les rimes sont régulières dessin par plusieurs personnes, sans
appartiennent au répertoire de la poésie qu’aucune d’elle puisse tenir compte de la
« Classique ». collaboration ou des collaborations
La poésie contemporaine avec l’apparition précédentes.
du mouvement Symboliste a opéré un Métaphore, image : rapprochement de
éclatement de ces règles pour donner deux réalités très distinctes entre lesquelles
naissance aux vers blancs (libres) sans on a tissé des liens de comparaison,
régularité de longueur ni de rime. d’équivalence.
La rime
Ce retour du même son à la fin de deux
ou plusieurs vers, obéit également à des
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Comptines
La tradition orale populaire constituait une véritable littérature pour enfant à une
époque où elle n’existait pas dans le domaine de l’Art savant et de l’imprimé et en un temps
où la pédagogie n’avait pas encore reconnu l’enfant comme un public distinct.
Un, deux, trois, quatre, cinq, six,
A l’origine, des formulettes (petites sept, huit,
phrases) ponctuaient le début, la Mademoiselle, retirez-vous.
progression, les péripéties et la fin des
contes. Les comptines au texte altéré par des
Ainsi répond la galette dans l’histoire jeux phonétiques, des allitérations, des
« Roule galette » aux différents animaux mots ou des idiomes empruntés à des
qui veulent la croquer : langues étrangères, pouvant devenir
incompréhensibles. Elles servent à
Je suis la galette, s’approprier le langage, à développer et
je suis faite avec du blé à améliorer l’articulation.
ramassé dans le grenier.
On m’a mise à refroidir
mais j’ai mieux aimé courir. Am stram gram
Attrape-moi si tu peux. Pic et pic et colégram
Bour et bour et ratatam
Ces formulettes servaient de schéma Am stram gram
conducteur pour le scénario ainsi que de Pic dam !
mise en condition de bonne réceptivité de
l’auditoire. Ces comptines sont riches en jeux de mots,
L’ensemble des formulettes enfantines en rimes, en assonances, véritables
accompagne l’enfant tout au long de son fantasmagories de vocables et de sonorités
développement (bercement, premiers étranges.
gestes, jeux de doigts...) et a des rôles
sécurisant, affectif et pédagogique. Ca un, ça deux, ça trois,
Les comptines, simple sous-ensemble des ça quatre, ça six (cassis)
formulettes, étaient à l’origine des petites
chansons enfantines qui servaient à Les comptines narratives
désigner un joueur au hasard en comptant, d’événements historiques ou religieux
prélude rituel pour le jeu. au fil d’une histoire cocasse.
On distingue plusieurs sortes de
comptines : Alexandre le grand,
les comptines numériques (servant à Roi de Macédoine,
concevoir les mots-nombres comme avait un cheval
désignants de quantités) avec souvent Nommé Bucéphale.
une injonction de sortie à la fin, pour
éliminer un joueur. Les comptines anthropomorphistes
mettant en scène des animaux qui
Pique pique la bourrique deviennent fantastiques et qui parlent.
Compte bien s’il y en a huit.
Au clair de la lune
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Trois petits lapins Certaines sont assorties de gestes et
Qui mangeaient des prunes comme les jeux de doigts, elles permettent
Comme trois coquins un affinement des gestes (vers la pince
La pipe à la bouche pouce-index) pour une plus grande
Le verre à la main précision.
Ils disaient : Mesdames Les comptines permettent :
Versez-nous du vin l’acquisition de structures
Jusqu'à demain matin syntaxiques, de vocabulaire (par
imprégnation),
Les mélodies élémentaires (mélopées qui une approche de l’étude des sons
soutiennent les comptines sont facilement grâce aux rimes et aux assonances,
reproductibles par les enfants car elles sont un support « idéal » pour inciter les
adaptées à leur tessiture. enfants à la création puisqu’ils
Les comptines sont souvent rythmées s’approprient facilement le
par une cadence régulière qui conduit mécanisme.
naturellement à les accompagner en tapant
des mains.
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A.B.C.D...1.2.3.4....
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Humour
Les hiboux Tigres Conseils donnés par une sorcière
Ce sont les mères de hiboux Tigre et sa tigresse Retenez-vous de rire
Qui désiraient chercher des poux vont à la kermesse Dans le petit matin !
De leurs enfants, leurs petits choux, danser la jabadao
En les tenant sur leurs genoux avec des gens comme il faut font des N’écoutez pas les arbres
politesses Qui gardent le chemin !
Leurs yeux d’or valent des bijoux Tigre et sa tigresse
Leur bec est dur comme des cailloux, Puis en deux coups de museaux Ne dites votre nom
Ils sont doux comme des joujoux, croquent les gens comme il faut ! A la terre endormie
Mais aux hiboux points de genoux ! J.J. Kérourédan Qu’après minuit sonné !
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Famille
Un enfant Naître Aux feuillantines
Mes deux frères et moi, nous étions tous enfants,
Un enfant Naître, c’est oser, Notre mère disait : Jouez, mais je défends
Est assis sur un banc, c’est prendre le risque, Qu’on marche dans les fleurs et qu’on monte aux échelles.
Des pigeons confiants c’est quitter la terre ferme,
Roucoulent près du banc. c’est ne pas savoir à l’avance Abel était l’aîné, j’étais le plus petit
Nous mangions notre pain de si bon appétit,
L’enfant ce qu’il y a devant, Que les femmes riaient quand nous passions près d’elles.
Aux yeux clairs c’est accepter l’inconnu,
Rêve au milieu d’eux l’inattendu, Nous montions pour jouer au grenier du couvent
Et les pigeons merveilleux l’imprévu, Et là, tout en jouant, nous regardions souvent
Sur le haut d’une armoire un livre inaccessible.
Roucoulent, joyeux. et la rencontre. Nous grimpâmes un jour jusqu'à ce livre noir,
Jeune garçon, Naître, c’est quitter son abri, c’est Je ne sais pas comment nous fîmes pour l’avoir,
Joue avec la vie, essuyer le vent de face Mais je me souviens bien que c’était une Bible.
Jeune garçon, et porter le soleil sur son dos. Ce vieux livre sentait une odeur d’encensoir.
Tu en as envie. Naître, c’est avoir trop froid Nous allâmes ravis dans un coin nous asseoir.
Jeune garçon et trop chaud. Des estampes partout ! Quel bonheur ! Quel délire !
Joue avec le vent, Naître, c’est n’avoir plus
Nous l’ouvrîmes alors tout grand sur nos genoux,
Jeune garçon d’autre maison Et dès le premier mot il nous parut si doux
Il est encore temps. que le paysage. Qu’oubliant de jouer, nous nous mîmes à lire.
S. Ramant J. Debruyne V. Hugo
Grand-mère Noces
La réunion de famille Grand-mère a perdu la tête Pas avant des jours et des jours mais
Ma tante Agathe Elle raconte à ses enfants je te le promets
Vient des Carpates Des histoire pleines de vent je t’épouserai toi
A quatre pattes de garde barrière, de sornettes ta sœur
Et papa n’était pas content. tes trois cousines
Mon oncle André Quand papa était enfant la cuisinière
Vient de Niamey Ensemble, ils faisaient la fête, et la fille du chauffeur
A cloche-pied Ils riaient, cassaient des assiettes de la limousine
Grand-mère a perdu la tête, Pas avant des jours et des jours
Mon frère Tchou Salue la poêle, caresse la banc mais c’est un secret.
Vient de Moscou Chante quand souffle la tempête, J. Zacharezuk
Sur les genoux Dit qu’il faut inventer le temps.
Les enfants sont très contents.
Ma sœur Loulou D. Thivolet Familiale
Vient de Padoue La mère fait du tricot
A pas de loup Le fils fait la guerre
Mon enfant Elle trouve ça tout naturel la mère
Grand-mère Ursule J’aime tes yeux bleus qui s’étonnent, Et le père qu’est-ce qu’il fait le père ?
Vient d’Ashtabule Tes joues rouges comme des pommes Il fait des affaires
Et tes cheveux qui volent, volent Sa femme fait di tricot
Sur les rotules
Au vent d’automne. Son fils fait la guerre
J’aime ton délicieux babil Lui fait des affaires
Grand-père Armand Le chant d’avril Il trouve ça tout naturel le père
Vient de Ceylan De ton rire. Et le fils et le fils
En sautillant O mon enfant Qu’est-ce qu’il trouve le fils ?
J’aime redire Il ne trouve rien absolument rien le fils
Ma nièce Ada Lorsque s’écoule l’or du soir Le fils, sa mère fait du tricot
Vient de Java Le belle histoire Son père fait des affaires lui la guerre
A petits pas qui t’endort. Quand il aura fini la guerre
J’aime à te prendre dans mes bras Il fera des affaires avec son père
Et te bercer d’une voix tendre La guerre continue la mère continue elle tricote
Mon neveu Jean Tout bas, très bas... Le père continue il fait des affaires
Vient d’Abidjan Et quand tes yeux se sont fermés Le fils est tué il ne continue plus
Clopin-clopant Lorsque ton front sur mon épaule Le père et la mère vont au cimetière
A roulé comme une fleur d’or, Ils trouvent ça tout naturel le père et la mère
Oncle Firmin Vient de Pékin J’écoute des voix étranges Et je sens La vie continue la vie avec
Sur les deux mains des ailes d’archanges le tricot la guerre avec les affaires
Mais tante Henriette Qui me frôlent Les affaires la guerre le tricot la guerre
Vient à la fête Lentes, lentes... Les affaires les affaires et les affaires
Tu dors. La vie avec le cimetière.
En bicyclette
R. Richard J. Prévert
J. Charpentreau
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Calendrier
Au pays du lundi Le roi Novembre
Au pays du lundi, on démarre plein d’énergie Le Roi de carreau a dit Quand les fleurs rougiront
Au pays du mardi, on continue comme lundi A la reine de cœur les capuches s’en iront
Au pays du mercredi, on dors jusqu'à midi - Venez danser dans le trèfle capuches et capuchons
Au pays du jeudi, on recommence c’est la vie Le valets de pique vers l’école des garçons.
Au pays du vendredi, on a beaucoup d’amis Feront la haie d’honneur Tombe la pluie de novembre
Au pays du samedi, la semaine est presque finie Et vous ferez mon bonheur les marrons sont sous le cendre.
Au pays du dimanche, on s’embrasse, on C’en est fini de l’été
mange, on rit ! La Reine de cœur a dit L’oiseau est tout étonné
Au roi de carreau Capuchon capuchonné
La nouvelle année Ne dansons pas dans le trèfle On te voit le bout du nez
Nouvelle année, année nouvelle, Les valets de pique Souffle le vent de Novembre
Dis-nous, qu’as-tu sous ton bonnet ? Feraient notre malheur Les averses vont descendre.
J’ai quatre demoiselles Car ce sont des tricheurs Vers l’école des capuchons
La plus jeune est en dentelles, G. Calmy et capuche s’en iront
La seconde en épis, s’en iront tous les garçons
La cadette est en fruits quand les feuilles voleront
Et la dernière est en neige. Les marrons sont sous la cendre.
Voyez le beau cortège ! La source Fouette la pluie de novembre.
Nous chantons, nous dansons Tout au long de l’année B. Clavel
La ronde des saisons. Me parle cette source
L. Paulin En janvier enneigé,
En février gelée, Souhaits
Le roi Carnaval En mars encor’ boueuse, Dans l’ombre de l’hiver glacé,
Le roi Carnaval En avril chuchotante, Un an tout neuf a commencé.
Qui a un faux nez de carton rose En mai garnie de fleurs, Petit Papa, Maman chérie,
Est à cheval En juin toute tiédeur, Je n’ai pas de gerbe fleurie
Sur un bœuf gras couronné de roses. En juillet endormie, A vous offrir en ce beau jour,
En août presque tarie, Mais permettez qu’avec amour,
Il a des grelots argentins En septembre chantante, Au seuil de la nouvelle année,
A son chapeau crevé de papier trop mince En octobre dorée, Comme une offrande enrubannée,
Et porte habit brodé de satin En novembre frileuse, Je vous souhaite de tout cœur
Comme le plus mirobolant des princes. En décembre glacée. Beaucoup de joie et de bonheur !
C’est toi, petite source, R. Richard
Les collets montés et les arlequins Le cœur de la forêt !
Lui font une royale cour L. Guillaume
Et mènent du bout des doigts comme faquins Février
Des fées aux masques de velours. « Moi, je suis le second, le mois
T. Klingsor Du mardi gras » chantonne Février.
Noël « Confettis, mirlitons, masque rose
Le comte de la Mi-Carême Trois petits sapins De chat, nous voici déguisés !
Venant d’Espagne ou de Bohème, se donnaient la main Allons nous amuser ! »
Au trot de son lent cheval blanc, car c’était Noël
Passe dans les villes de Brabant de la terre au ciel.
Le comte de la Mi-Carême. Prirent le chemin Juin
menant au village Dans la meute de foin,
Ceux qui ne l’ont pas aperçu jusqu'à l’étalage S’est caché, aujourd’hui,
Quand vers le soir sonnent les cloches, d’un grand magasin. Le gentil mois de Juin,
C’est qu’ils eurent les yeux en poche. Là ils se couvrirent Il dit à la souris :
Mais tous les enfants, eux, tous l’ont vu. de tout ce qui brille : « C’est l’été, il fait bon,
De sa main gauche, il tient des fouets boules et bougies, Viens rentrer la moisson ! »
Et de sa main droite, un lot de jouets guirlandes pour luire,
En bois léger, en carton, en pierre. et s’en retournèrent
Il en a plein trente paniers. la main dans la main Octobre
Il en a plein vingt sacs de toile, par le beau chemin Je suis le mois des vendanges,
Et l’on prétend qu’en chaque étoile de l’étoile claire Dit Octobre en souriant.
Il en a plein trois cents greniers. jusqu'à la forêt J’ai peut-être l’air étrange Mais avec tous
où minuit sonnait, mes pieds,
Ainsi lesté, ainsi chargé, car c’était Noël J’écrase les raisins
S’en va d’un pas toujours le même, de la terre au ciel. Pour faire du bon vin !
Par les chemins des soirs légers J.L. Vanham Et, pendant ce temps-là,
Le comte de la Mi-Carême. La petite souris
E. Verhaeren Croque une pomme d’api !
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Saisons
Le bel automne est revenu Quand s’annonce l’automne Le printemps
A pas menus, menus, La marmotte marmonne Le Temps a laissé son manteau
Le bel automne est revenu, Rentre dans sa maison De vent, de froidure et de pluie,
Dans le brouillard, sans qu’on s’en doute. Et dit : « C’est la saison Et s’est vêtu de broderie
Il est venu par la grand-route, Où mon lit a du bon De soleil luisant, clair et beau
Habillé d’or et de carmin Dormons ». Il n’y a bête ni oiseau
Et, tout le long de son chemin, Et elle attend le temps Qu’en son jargon ne chante ou crie :
Le vent bondi, les pommes roulent, Du soleil, le printemps, « Le temps a laissé son manteau
Il pleut des noix, les feuilles croulent... En dormant. De vent, de froidure et de pluie. »
Ne l’avez-vous pas reconnu ? G. Jean Rivière, fontaine et ruisseau
Le bel automne est revenu. portent en livrée jolie
R. Richard Gouttes d’argent d’orfèvrerie ;
Hiver Chacun s’habille de nouveau :
Chaleur Hiver, vous n’êtes qu’un vilain ! Le Temps a laissé son manteau.
L’air est pesant comme du plomb. Eté est si plaisant et gentil... C. D’Orléans
Tombant d’aplomb, Eté revêt champs, bois et fleurs
Le soleil grille les feuillages. De sa livrée de verdure
Pas un frisson, Et de maintes autres couleurs...
Pas un nuage.
Les maisons dorment volets clos. Mais vous, hiver, vous êtes plein Météorologie
Les bœufs se couchent dans l’enclos. De neige, vent, pluie et grésil... L’oiseau vêtu de noir et de vert
Signe d’orage : Hiver, vous n’êtes qu’un vilain. m’a apporté un papier vert
Les hirondelles rasent l’eau, C. D’Orléans Qui prévoit le temps qu’il va faire
Les mouches vous piquent la peau... Le printemps a de belles manières.
Ah ! qu’il fait chaud ! L’oiseau vêtu de noir et de blond
R. Richard Oiseaux qui portez les saisons M’a apporté un papier blond
L’oiseau de l’été Qui fait bourdonner les frelons.
Chaleur L’oiseau doré des courses folles, L’été sera brûlant et long.
Tout luit, tout bleuit, tout bruit. d’aventures qui rient L’oiseau vêtu de noir et de jaune
Le jour est brûlant comme un fruit en grappes de raisin... M’a apporté un papier jaune
Que le soleil fendille et cuit. Personne n’aime voir Qui sent bon la forêt d’automne.
Chaque petite feuille est chaude l’oiseau gris de l’automne, L’oiseau vêtu de noir et de blanc
Et miroite dans l’air où rode la lumière cassée, M’a apporté un flocon blanc.
Comme un parfum de reine-claude. les soirées monotones... L’oiseau couleur de temps,
Du soleil comme de l’eau pleut Oiseaux blancs de l’hiver que m’apportera-t-il ?
Sur tout le pays jaune et bleu grands oiseaux éclatants C. Roy
Qui grésille et oscille un peu. faites venir le temps
A. De Noailles des fenêtres qui s’ouvrent,
du soleil qui joue du piano
L’arc en ciel dans les cheveux, sur les rideaux.
De sa cage de nuages et de pluie Faites monter de l’horizon Printemps
Un bel oiseau s’est évadé l’oiseau du printemps, l’oiseau fou L’oiseau vert vient de passer
Pour se poser sur les doigts du soleil pour les premiers bonheurs de l’herbe, vole, vole bel oiseau vole,
Bleu indigo violet pour la joie dorée des coucous, L’oiseau vert vient de passer
Vert jaune orangé rouge pour le grand rire des poumons... Nous irons après l’école
Plus un enfant ne bouge A. Mondo Nous irons en bande folle,
Le bel oiseau a déployé Dans les chemins verts danser
Les plumes sur le ciel Vole, vole bel oiseau vole,
R. Besse Rêve d’hiver Le printemps va commencer.
Sur le prunier blanc X. Privas
Automne le rossignol dort,
Dans le brouillard s’en vont un paysan cagneux transi,
Et son bœuf lentement dans le brouillard d’automne rêvant au printemps
Qui cache le hameaux pauvres et vergogneux et d’un genêt d’or
Et s’en allant là-bas le paysan chantonne
Une chanson d’amour et d’infidélité
fleuri. Quand Automne en saison revient
Qui parle d’une bague et d’un cœur que l’on Tanaka Quand automne en saison revient,
brise La forêt met sa robe rousse
Oh ! l’automne a fait mourir l’été Et les glands tombent sur la mousse
Dans le brouillard s’en vont deux silhouettes Où dansent en rond les lapins.
grises Les souris font de grands festins
G. Apollinaire Pendant que les champignons poussent.
Oh ! Que la vie est douce, douce,
Quand automne en saison revient.
Samivel
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Nature
Dame la pluie Rébus élémentaire Ordre cosmique
Que faites-vous dame la pluie Ma première Le vent s’enroule autour des pins,
Sur mes carreaux frappant ainsi ? C’est la terre Souffle tout au long de la plaine,
Pour la labourer. Sème des fleurs dans le jardin,
Le ciel a donc tant de chagrin
Mon second Joue avec l’eau de la fontaine.
Qu’il pleure depuis ce matin ? L’air profond La terre s’ouvre autour du grain,
Que faites-vous dame la pluie Pour le respirer. Eternelle mère porteuse,
Sur mes carreaux frappant ainsi ? Ma troisième Jamais sollicitée en vain,
Lavez-vous le joli jardin L’eau bohème Elles est nourrice, elle est vieillesse.
La maison, le toit, le chemin ? Pour la savourer. Le soleil jette son reflet
Que faites-vous dame la pluie Mon dernier Sur l’écume de l’onde amère,
Sur mes carreaux frappant ainsi ? Feu sorcier Et va finir son tour complet
Pour nous éclairer. Aux portes de l’autres hémisphère.
B. Lorraine La nuit proche hésite un instant,
Le brouillard
Heure bleue où la mer s’apaise,
Le brouillard a tout mis Devient murmure en chuchotant
Dans son sac de coton ; Il prend une boule de neige
Il prend une boule de neige Berçant le sable et la falaise.
Le brouillard a tout pris Le monde, ici, peut s’endormir,
Autour de ma maison. La serre très fort sur son cœur
Chacun fera ce qu’il doit faire,
Plus de fleurs au jardin, Et fond tout entier avec elle L’aurore va redécouvrir
Plus d’arbres dans l’allée ; Ne laissant ici-bas le Soleil, l’Eau, l’Air et la Terre.
La serre du voisin Qu’une paire de bretelles C. De La Soujeole
Semble s’être envolée. Dans une flaque d’eau.
Et je ne sais vraiment P. Vincensini
La pluie
Où peut s’être posé
La rivière endormie La pluie n’a jamais froid
Le moineau que j’entends Même en automne grise
Dans son sommeil glissant l’eau suscite une songe
Si tristement crier. un chuchotis de joncs de roseaux d’herbes lentes Elle glisse sur le bord du toit
M. Carême et ne sais jamais bien dans son dormant mélange Joue aux balançoires des feuilles
où le bougeant de l’eau cède au calme des plantes Va sur l’étang
Pierres La rivière engourdie par l’odeur de la menthe A petits pas
dans les draps de son lit se retourne et se coule
Le ruisseau use Mêlant ses mortes eaux à sa chanson coulante
La pluie n’a pas peur de nous
Les pierres dures ; elle est celle qu’elle est surprise d’être une autre Elle attend nos yeux jusqu'à l’aube
Les pierres durent, L’eau qui dort se réveille absente de se flot Prend nos vitre pour un miroir
Le ruisseaux ruse. écarte de ses bras les lianes qui la lient Regarde
Et cela dure déjouant la verdure et l’incessant complot Et ne se reconnaît pas
Depuis longtemps. qu’ourdissent dans son flux les algues alanguies G. Bocheleir
Un jour pourtant, C. Roy
Le ruisseau dur
Elle est là dans le verre
Est triomphant : Au vent
Pour se désaltérer.
Les pierres s’usent, Monsieur le vent sauvage
Pour bouillir...
Elles s’amusent, Demande passage. Hou ! Hou !
Au robinet pour se laver...
Avec le temps. Monsieur le vent voyage
Dans l’arrosoir, pour arroser
Les pierres musent, Sans bagages partout.
Dans la rivière, pour rafraîchir
Elles s’amusent, Cher vent, as-tu une bouche ?
Dans le canal
Mais elles s’usent ; Saurais-tu au cours de ta ronde
Dans les nuages
Le temps abuse Porter un message ?
Elle est dans la fontaine
De ses patients. Alors je t’en prie,
pour décorer.
Le ruisseau dur, Dis bonjour et salue
Et dans la citerne pour éteindre le feu.
Avec le temps, Les enfants du monde,
Dans le barrage
Le ruisseau use Mes amis
pour nous donner de la lumière...
Les pierres dures. B. Tanaka
Et dans la mer, pour naviguer
Le ruisseau dure,
Et partout pour vivre !
Les pierres s’usent,
C’est l’eau !
Le temps attend. Des branches Des feuilles
C. Solé Vendrelle
J. Demeuzes Des pétioles Des folioles
Un monde ramifié
Pluie
Soliloque qui bouge, bruit et bondit.
Les doigts
Quand la pluie pique Un royaume de verdure
innombrables
son plic est réciproque : de vertiges et de vent,
de la pluie
un labyrinthe de souffles
le choc s’applique pianotent
et de murmures.
et réplique ploc ! aux fenêtres
Un arbre en somme.
A. Serres du ciel
L. Spède J. Lacarière
15
Nature
Le petit nuage La chanson du brouillard Les étoiles filantes
Minuscule et blanc, un nuage J’ai une gomme dans la main A travers le ciel sonore,
dans le ciel traînait son ennui Et j’efface les canards Tandis que du haut des nuits,
quelle idée aussi à son âge Dans le ciel blanc du matin. Pleuvent, poussière d’aurore,
d’être amoureux fou de la nuit ! Je suis le brou, le brouillard. Les astres épanouis,
Tas de feux tombants qui perce
Elle ne se doutait de rien J’ai une gomme dans la main. Le zénith vaste et bruni
mais voyant toujours son air triste Les forêts au désespoir braise énorme qui disperse
et voulant calmer son chagrin, Ont perdu tous leurs sapins. L’encensoir de l’infini ;
lui dit un soir à l’improviste : Je suis le brou, le brouillard. En bas, parmi la rosée,
« Alors, qu’as-tu bébé nuage, Etalant l’arum, l’oeillet
Tu n’as jamais de compagnon, J’ai une gomme dans la main. La pervenche, la pensée,
Amuse-toi un peu, voyage ! » N’espérez plus vous revoir. Le lys la lueur de juillet,
Encore plus triste il lui dit « non » J’ai brouillé vos deux chemins. De brume à demi noyée,
Je suis le brou, le brouillard. Au centre de la forêt,
« Que voudrais tu que je te donne, La prairie est déployée,
Veux-tu un orage, un grand vent Mais quand le soleil revient Et frissonne, et l’on dirait
avec un ciel tout noir qui tonne Précédé par les fanfares. Que la terre sous les voiles
ou une brise de printemps ? Je lui rends c’que j’ai volé. Des grands bois mouillées de pleurs,
Aimes-tu mieux un alizé ? Je suis le brou, le brouillard. Pour recevoir les étoiles
un aquilon impétueux ? Tend son tablier de fleurs.
Je ne veux rien te refuser ! Je lui rends tous les sapins V. Hugo
La lune avait fermé les yeux. Où se posent les canards.
A l’amour fou ses lendemains.
Le petit nuage, pas bête, Je suis le frou, le froussard.
aussi rouge qu’une cerise, D. Scheinert
répondit en baissant la tête :
« Nuit, je voudrais bien ...une bise ! »
M. Beau
Paysage des Alpes La mer
Sure un des verts plateaux de Savoie, La mer roule indéfiniment
Oasis dont la roche a fermé toute voie, sa vague verte sur le sable de la plage
La nature étendit quelques étroites pentes
La mer murmure indéfiniment
Où le granit retient la terre entre les fentes
Et ne permet qu’à peine à l’arbre d’y germer,
le bruit des sternes et des mouettes
A l’homme de gratter la terre et d’y semer. et des grands oiseaux de l’océan
D’immenses châtaigniers aux branches étendues La mer chante indéfiniment
Y cramponnent leurs pieds dans les roches fendues, la chanson du vent et des coquillages
Et pendent en dehors sur des gouffres obscurs, et celles des pêcheurs ramants vers l’horizon
Comme la giroflée aux parois des vieux murs ; la mer roule indéfiniment
On voit à mille pieds au dessous de leurs branches, sa vague verte sur le sable de la plage.
La grande plaine bleue avec ses routes blanches ; M.F. Delarozière
Les moissons jaunes d’or, les bois comme un point noir,
Et les lacs renvoyant le ciel comme un miroir...
Un n’entend d’autres bruits dans cet isolement, Le silence du soir
Que quelques voix d’enfants ou quelque bêlement Ce silence du soir,
De génisses ou de chèvres au ravin descendues, Ce n’est pas le silence. Ecoute ! Tout est noir,
A. de Lamartine La nuit obscure fait toute chose pareille,
Le ciel verse un repos immense ; pour l’oreille
Le sentier Tout bruit a cessé. L’âme entend en ce moment
Il est un sentier creux dans la vallée étroite, Une foule de voix sortir confusément
Qui ne sait trop s’il marche à gauche ou bien à droite. De cette ombre en disant des choses inconnues.
C’est plaisir d’y passer lorsque Mai sur ses bords, Il semble que les eaux, les plaines et les nues
Comme un jeune prodigue, égrène ses trésors ;
Sont pleines de secrets qu’elles vont révéler,
l’aubépine fleurit ; les frêles pâquerettes,
Pour fêter le printemps, ont mis leurs collerettes. Et dès que tout se tait, tout commence à parler.
La pâle violette, en son réduit obscur, V. Hugo
Timide, essaie au jour son doux regard d’azur,
Le gai bouton d’or, lumineuse parcelle, Voilà
Pique le gazon vert de sa jaune étincelle. Voilà
Le muguet, tout joyeux, agite ses grelots, Les arbres avec du sucre sur le nez
Et les sureaux sont blancs de bouquets frais éclos ; La route toute poudrée
Les fossés ont des fleurs à remplir vingt corbeilles, Le ciel enfariné
A rendre riche en miel tout un peuple d’abeilles...
S. Gautier
La neige a tout changé
A.M. Chapouton
16
Bestiaire
La maison de l’escargot Les larmes de crocodile
Un matin l’escargot gris Un gros père crocodile
Las de traîner son logis pleure dans son grand mouchoir
S’en vas chercher un maçon Dans larmes de crocodile
Pour construire une maison. parce qu’il a mangé hier soir
Il s’en va trouver le pivert trois jolis petits canards.
L’atelier n’est pas ouvert. Mais il a toujours très faim,
Il frappe chez le lièvre il recommencera demain.
Mais celui-ci a de la fièvre. Et tous les jours sur son île
Il sonne chez l’écureuil Le gros père crocodile
Mais celui-ci à mal à l’œil. Pleure dans son grand mouchoir
Il s’en va chez le serpent En plaisant les petits canards.
Celui-là a mal aux dents. R. Lichet
La grenouille
Elle reste si longtemps tranquille,
la grenouille de la marre, Le chat
avec son dos vert qui brille, Le chat qui marche l’air de rien
assise sur son nénuphar... Voudrait se mettre sous la dent
que j’ai cru qu’elle n’était pas vraie L’oiseau qui vit de l’air du temps
et que j’ai lancé dans l’eau sale Oiseau voyou oiseau vaurien
des cailloux pour la faire sauter. Faisant celui qui n’a pas l’air
Elle saute bien mais elle chante mal. Le chat prend l’air indifférent
L’oiseau s’estime bien content
La girafe Et se déguise en courant d’air.
J’ai lavé ma girafe C. Roy
Avec de l’eau de naffe.
Ah ! comme elle sent bon !
Avec ses belles taches Coccinelle
Sur son pelage blond, Une demoiselle
Elle s’admire en long Voulait s’envoler
Dans chaque flaque La fleur était si belle
Et son bonheur est si radieux Et le vent si léger
Que tout à coup, Que sa coccinelle changea d’idée
Elle fait un gros nœud Et rentra ses ailes dorées
Avec son cou. A.M. Chapouton
M. Carême
17
La panthère noire Zoo
Par les entiers perdus aux creux des forêt vierges, A la tombée de la nuit
Où l’herbe épaisse fume au soleil du matin, Quand se sont refermées les grilles
Le long des cours d’eau vive encaissés dans leurs berges L’éléphant rêve à son grand troupeau
Sous de verts arceaux de rotin. Le rhinocéros à des troncs d’arbres
La reine de Java, la noire chasseresse, L’hippopotame à des lacs clairs
Avec l’aube revient au gîte où ses petits, La girafe à des frondaisons de fougères
Parmi les os luisants, miaulent de détresse, Le dromadaire à un oasis tintantes
Les uns sous les autres blottis. Le bison à un océan d’herbes
Inquiète, les yeux aigus comme des flèches, Le lion à des craquements
Elle ondule, épiant l’ombre des rameaux lourds, dans les feuilles
Quelques taches de sang, éparses et toutes fraîches, Le tigre de Sibérie à des traces
Mouillent sa robe de velours. sur la neige
Sous la haute fougère elle glisse en silence, L’ours polaire à des cascades
Parmi les troncs moussus s’enfonce et disparaît, poissonneuses
Les bruits cessent, l’air brûle, et la lumière immense La panthère à des pelages
Endort le ciel et la forêt. passant dans des rayons de lune
Leconte de Lisle Le gorille à des bananiers
croulants de leurs fleurs violettes
L’aigle à des coups de vent
dans des canyons de nuages
Le phoque aux archipels mouvants
de la banquise disloquée
Les enfants des gardiens à la plage
M. Butor
18
Nourriture
Confiture Il était un’dame tartine L’ogre
J’ai trempé mon doigt dans la confiture Il était un’dame Tartine J’ai mangé un œuf
Turelure Dans un beau palais de beurr’frais. Deux langues de bœuf
ça sentait les abeilles La muraille était de farine, Trois rôtis de moutons
ça sentait les groseilles Le parquet était de croquets ; Quatre gros jambons
ça sentait le soleil. La chambre à coucher
J’ai trempé mon doigt dans la confiture
Cinq couples d’oiseaux
De crème et de lait,
Comme on suce les doigts Le lit de biscuits,
Sept immenses tartes
de bonne grand-maman Les rideaux d’anis. Huit filets de carpe
qui n’a plus mal aux dents Elle épousa Monsieur Gimblette, Neuf kilo de pain
et qui parle des fées… Coiffé d’un beau fromage blanc ; Et j’ai encore faim.
Puis je l’ai sucé Son cheval était de galette, Peut-être ce soir
sucé Son habit était d’vol-au-vent Vais-je encore devoir
tellement sucé Culotte en nougat, Manger mes deux mains
que je l’ai avalé. Gilet d’chocolat, Pour avoir enfin
R. de Obaldia Bas de caramel Le ventre bien plein.
Et souliers de miel… N. Carême
Chanson populaire
La prune
Au bout de la branche pend une prune qui
ne veut pas tomber pourtant, gonflée
comme une joue d’enfant boudeur, mûre, Véronique est malade Monsieur Saint Laurent,
pleine d’un jus lourd, elle est continûment Véronique est malade La canne en argent,
attirée vers la terre. Trop de marmelade Le bouton doré,
D’une pointe de feu le soleil lui pique la On lui donnera un melon
peau, lui ronge ses couleurs, lui brûle la Qu’avez-vous mangé ?
Et plusieurs gros citrons - j’ai mangé un œuf
queue tout le jour.
Elle ne se détache pas.
Et aussi de belles noisettes la moitié d’un bœuf,
Le vent l’attaque à son tour, l’enveloppe Et encore des cacahuètes quatre-vingts moutons,
d'abord, la caresse sournoisement de son Peut-être même des airelles autant de chapons ;
haleine, puis, s’acharnant, souffle dessus, Surtout des groseilles j’ai bu la rivière,
d’un brusque effort. Et toujours des oranges et j’ai encore faim !
La prune remue au gré du vent, docile, Pour qu’elle les mange - Monsieur de Saint Laurent,
dorlotée, dormante… Véronique est guéri Vous êtes un gourmand.
J. Renard Elle a même souri Comptine de Gyuenne
Elle jouera à la marelle
En agitant sa crécelle.
P. Soupault
Sonnet du pain
C’est une île dorée au milieu d’une table, L’épi
La joie qui la contourne arrive des lointains
Où la mère traçait dans le bleu des matins Il donne aux chemins
Le gâteau de peau d’âne
La bienheureuse croix d’un amour responsable. des leçons de droiture.
Peau d’âne donc prend sa farine,
Qu’elle fait bluter exprès Il prodigue aux vents
Tout est présent dans cette forme délectable : Pour rendre sa pâte plus fine, des conseils de douceurs.
Mes larmes, mes secrets, mes lèvres et ma faim, Son sel, son beurre et ses œufs frais ;
Ma terre, mon sang, mon village aérien Il tend aux hommes
Et, pour bien faire sa galette, une tige d’espoir.
Baigné par les moissons jusqu’au seuil des étables. S’enferme seule en sa chambrette.
D’abord elle se décrassa Dans l’éclair de la faux,
Mon enfance remonte à se pain de froment, Les mains, les bras et le visage, il entrevoit
Un peu de songe encor’ me garderait l’instant, Et prit un corps d’argent, que vite elle laça
Mais le cœur de ma mère est une rose morte.
la lumière du pain.
Pour dignement faire l’ouvrage,
O princes-laboureurs penchés sur vos sillons, Qu’aussitôt elle commença.
J. Dypreau
Vous dépliez au vent les aubes qui m’apportent C. Perrault
Avec le goût du ciel le goût de vos limons.
D. Vandercammen
19
Ville
Barcarolle dans la ville L’école
Ecoute, écoute la nuit claire Dans notre ville il y a,
Glisse derrière les rideaux, Des tours des maisons par milliers,
Ronflent des autos des velours Du béton, des blocs, des quartiers.
Du coté du périphérique Et puis mon cœur, mon cœur qui bat
Tout bas.
Autour de la poissonnerie Dans mon quartier il y a,
Des chats parlent de colin frais Des boulevards, des avenues,
Personne n’entre au Prisunic Des places, des ronds-points, des rues,
Un caddy dort, seul, sous la lune. Et puis mon cœur, mon cœur qui bat
Tout bas
Personne à l’arrêt de bus car Dans notre rue il y a,
C’est la très fine et tiède nuit Des autos, des gens qui s’affolent,
De caramel et de violette, Un grand magasin, une école
Autour des lampadaires d’or. Et puis mon cœur, mon cœur qui bat
Tout bas
Le H.L.M. se balancent Dans cette école il y a, Macchu Picchu
Dans le brouillard léger, léger, Des oiseaux chantant tous les jours Aigle sidéral, vigne de brume.
Toutes les fenêtres sont noires Dans les marronniers de la cour. Bastion perdu, cimeterre aveugle.
Jusqu’au bout des hautes tours. Mon cœur, mon cœur, mon cœur Ceinture constellée, pain solennel.
Qui bat est là. Echelle torrentielle, immense paupière.
Nuit caramel, nuit violette, J. Charpentreau Tunique triangulaire, pollen de pierre.
Nuit violon, nuit caravane, Lampe de granit, pain de pierre.
Les chalands dorment sur la Seine Serpent minéral, rose de pierre.
Toutes les fenêtres sont noires. Ville Cheval de lune, lumière de pierre.
La pluie s’abat sur la cité Escadre équinoxiale, vapeur de pierre.
Sauf une. Regarde là-haut. et s’attarde dans la rue. Géométrie finale, livre de pierre.
Au coin du vingtième étage, Le crépuscule est dans l’avenue Bloc de glace poli par les rafales.
Une lampe orange qui nage et s’allonge sur le pavé. Madrépore du temps englouti.
Et qui songe au cœur de la nuit. Je vais sur le trottoir mouillé Muraille adoucie par les doigts.
O. Gammara et je me vois marcher à l’envers Toiture combattue par les plumes.
dans ce grand miroir imagé Bouquets de pirogues, appuis de tempête.
où se reflète l’univers Trônes renversés par les lianes.
Le ciel et la ville de la cité retournée. P. Neruda
Le ciel peu à peu se venge Araignée céleste, je cours
De la ville qui le mange. et chat noir ou vautour
Sournois, il attrape un toit, je joue les sphinx des toits.
Le croque comme une noix. S. Ramant
Dans la cheminée qui fume
Il souffle et donne un rhume.
Il écaille les fenêtres. L’arbre
N’en laisse que des arêtes. Perdu au milieu de la ville,
Il coiffe les hautes tours l'arbre tout seul, à quoi sert-il ?
D’un nuage en abat-jour.
Il chasse le long des rues Les parkings c’est pour stationner,
Les squelettes gris des grues. Les camions pour embouteiller,
La nuit, laineuse toison, Les mots pour pétarader,
Il la tend sur les maisons. Les vélos pour se faufiler.
Il joue à colin-maillard
Avec les lunes du brouillard. L’arbre tout seul, à quoi sert-il ?
La ville défend au ciel
De courir dans les tunnels. Les télés c’est pour regarder,
Mais le ciel tout bleu de rage Les transistors pour écouter,
Sort le métro de sa cage. Les murs pour la publicité,
Tâches d’encre, tâches d’huile Les magasins pour acheter.
Sur le ciel crache la ville.
Mais le ciel pour les laver L’arbre tout seul, à quoi sert-il ?
Pleut sans fin sur les pavés.
C. Dobzynski Il suffit de le demander
A l’oiseau qui chante à la cime.
B. Clavel
20
Objets
La frégate « la sérieuse » Girouettes
Qu’elle était belle, ma frégate, Soleil-girouette
Lorsqu’elle voguait dans le vent ! à queue de comète
Elle avait, au soleil levant, dis-moi ce matin Mon doudou
Toutes les couleurs de l’agate ; d’où vient le vent.
Mon doudou
Ses voiles luisaient le matin Vient-il de l’est,
Comme des ballons de satin ; vient-il de l’ouest, sur ma joue
Sa quille mince, longue et plate, soleil-silhouette dans mon cou
Portait deux bandes écarlates. soleil levant ? Mon doudou
Sur vingt-quatre canons cachés ; Coq-tournetête l'est tout mou
Ses mâts, en arrière penchés, aux plumes noires l’est tout doux
Paraissaient à demi couchés. dis-moi ce soir j’l’aime beaucoup
Dix fois plus vive qu’un pirate, d’où vient le vent. tout mou
En cent jours du Havre à Surate Vient-il du sud, beaucoup
Elle nous emporta souvent. vient-il du nord,
mon doudou
Qu’elle était belle ma frégate, coq-tournequeue
Lorsqu’elle voguait dans le vent ! et tourne encore ? Mon doudou
A. de Vigny Tournez girouettes j'l’emmène partout
dans le ciel bleu, l'est pas pour vous
Les machines c’est le joli vent Mon doudou
Les machines avaient commencé qui le veut ! l'est tout mou
Par rire comme des enfants l’est tout doux
Qui semblaient vouloir amuser j’l’aime beaucoup
Les gens de tous les continents Le parapluie Partout
Puis elles avaient tant grandi Noir et poussiéreux,
Qu’elles étaient devenues comme Le brave parapluie
Pas pour vous
Des adolescents, puis des hommes se tient dans son coin j'l’aime beaucoup
Précieusement munis d’outils Comme un vieux monsieur. C’est mon doudou
Enfin se fiant au silence Mais sitôt qu’il pleut, J. Hoestlandt
Et à la morne indifférence Que les gouttières chantent,
De ceux qui en usaient, Le parapluie s’émeut
Elles se mirent lentement Et dehors s’élance !
A devenir ces lourds géants Courant au-dessus des têtes,
Qui nous broient dans leurs rets. Il fait un brin de causette
M. Carême Avec les gouttes de pluie.
Jovial et mutin,
Les portes Tel un gamin, Dans le grenier de ma grand-mère
Les portent grincent dans la maison Jusqu’à ce que le ciel Ma grand-mère a un grenier
L’une dit oui Redevienne clair. plein de toiles d’araignées ;
L’autre dit non Alors le pauvre parapluie, mais dans les coffres de bois
La troisième sort de ses gonds A nouveau oublié, on y trouve des merveilles :
Elle a descendu l’escalier Se tasse dans son coin. des vieux jouets d’autrefois,
Dévoré mon déjeuner K. Mileva des dentelles, des corbeilles, des
Elle a enfilé mes souliers
fourchettes édentées,
S’est sauvée Le moulin à vent
Porte où t’en vas-tu ? C’était avant le temps, des guitares, des poupées,
Porte porte reviendras-tu ? Le temps du pain trop blanc des livres lourds de poussière,
J’ai besoin de voir du pays Un géant de bois brun un berceau, une théière
J’ai besoin de vivre ma vie Haut perché dans les champs, et un très joli pantin
Depuis ce jour nous attendons Un buveur de grand vent au pantalon de satin…
Les portent pleurent dans la maison Toujours gesticulant. Mais moi, ce que je préfère,
L’une dit oui l’autre dit non C’était un vieux moulin c'est la robe de mariée
Chaque jour nous graissons les gonds A l’odeur de nos grains, avec ses fleurs d’oranger
Nous espérons nous espérons Grinçant entre ses dents
toutes jaunies par le temps.
D. Thivolet Parmi sacs et souris,
Faisant du blé d’ici Qu’elle était belle, Grand-mère,
Farine avec le vent quand elle avait dix-huit ans !
R.L. Geeraert C. Clément
21
A propos des fiches séquentielles
La poésie et la création poétique sont des Etapes de création collective
occasions d’allier : Ce moment souvent capital permet :
- une activité orale et une activité écrite - de créer une émulation dans la classe,
(moyen d’expression) chacun ayant envie de « placer sa
- une activité de l’esprit (réflexion, phrase ».
création) - de lever l’inhibition (appréhension)
- une activité ludique (s’amuser avec les d’un travail individuel.
mots) - dans un climat ludique, de produire, de
Les 20 fiches concernent essentiellement donner à chacun la possibilité de
des jeux poétiques, illustrés chaque fois s’exprimer.
par une poésie de départ qui utilise des
techniques simples et des formules Travail en feedback
répétitives. Cela consiste à redire une proposition faite
Ces poésies ne servent pas de modèle pour par un enfant pour :
plagier mais de point d’appui pour - redistribuer à toute la classe la phrase
démarrer une activité de création avec les de l’enfant afin que chacun l’entende,
élèves. - valoriser cette phrase,
Pourquoi des jeux poétiques ? - reformuler si la syntaxe n’était pas
- ils sont un tremplin à l’envie de correcte et ainsi renvoyer à la syntaxe
prendre la parole. souhaitée (pour imprégnation).
- ils permettent de transgresser, de
bouleverser le conventionnel et le Dictée à l’adulte
rationnel, d’exprimer sa personnalité en Elle permet :
libérant l’imaginaire. - de valoriser la production de l’enfant
- ils créent un climat de joie et de plaisir puisqu’elle est écrite,
dans l’appropriation du langage. - d’inciter à la formulation la plus
- ceux qui sont basés sur le hasard, correcte possible (l’adulte écrit et relit
amènent les enfants à vouloir dominer ce qui lui est dicté)
le sens même de ce qu’ils écrivent. - de montrer la permanence de l’écrit (le
message relu est toujours le même)
Organisation des fiches - de faire le lien entre le message oral et
On y trouve : le message écrit (l’écrit étant le codage
- le cycle concerné, du message oral)
- les objectifs spécifiques,
- l’organisation du début de l’activité, Prolongements
- la poésie de départ, Nous ne répétons pas l’utilisation ou les
- un déroulement possible, prolongements donnés aux poésies créées
- des propositions de prolongements et par les enfants.
d’adaptations. En effet, celles-ci peuvent, notamment
Ne pas hésiter à reproposer la même compléter chaque fois l’anthologie de la
technique lors de plusieurs séquences. classe, faire l’objet d’un enregistrement ou
d’une exposition accompagnée par
exemple de création plastiques.
22
La ronde des prénoms
Tous cycles
23
Des mots qui s’emboîtent
Cycle II
24
Pourquoi ? Parce que…
Cycles II et III
25
Des milliers…
Tous cycles
Collectivement et oralement inventer
OBJECTIFS un poème sur le même modèle :
Etre capables de : recherche de tout ce qui peut exister par
- identifier et réinvestir une formule de milliers dans la nature ou dans l’entourage
création poétique, proche des enfants. Les propositions sont
- participer à une création collective toutes prises en note par l’adulte qui
motivée par la fête des mères et des demande à qui elles peuvent être rattachée
pères. (père ou mère).
Par un système de vote, les enfants
ORGANISATION MATERIELLE sélectionnent les propositions qu’ils
Présentation du poème forme d’une affiche préfèrent conserver pour composer le
en remplaçant certains mots par des poème à offrir aux parents.
dessins. Il ne reste plus qu’à les agencer et
Une mère l’adulte peut induire certaines idées quant à
l’ordre.
Des milliers d’✯ dans le ciel, Comme le poème sera offert à
l’occasion de la fête des parents, il sera
Des milliers d’ dans les arbres divisé en deux parties. Dans la première,
seront regroupées les idées concernant le
Des milliers de dans le jardin papa et dans la seconde celles qui évoquent
26
J’ai geigné la pirafe
Cycles II et III
2 Le texte est distribué à chaque enfant
OBJECTIFS qui le lit silencieusement.
Etre capable d’ : 3Réactions plus construites des enfants.
- observer pour dégager la règle d’une Qu’est-ce qui fait rire.
composition poétique,
4 Dégager la structure et la
- appliquer cette règle pour créer des particularité comique du poème
mots nouveaux. collectivement et oralement : suite
Ce jeu permet de démystifier le d’actions écrites au passé composé, dans
vocabulaire. Chacun peut créer des chaque vers, 2 mots (le verbe et le
néologismes… complément) intervertissent leurs initiales.
ORGANISATION MATERIELLE
5 Individuellement, chaque enfant
établit une liste d’actions (environ 10 ou
Travail individuel.
12 vers) avec ou sans suite logique entre
elles. Ces actions sont écrites sur le
DEROULEMENT
modèle : S – V – COD ou S – V – CC de
1 Première lecture à haute voix par lieu ou de temps.
l’enseignant (en exagérant l’articulation
afin de mettre en évidence la particularité
6 Appliquer la technique d’échanges
d’initiales et réécrire des listes d’actions.
comique du poème). Réactions des
Chaque enfant s’entraîne à lire son poème
enfants ➭ demander : « qu’est-ce qui vous
et le présente à la classe (une lecture
fait rire ? »
chaque soir de la semaine).
J’ai geigné la pirafe
L. Bérimont
27
La cimaise et la fraction
Cycles II et III
28
Associations fantaisistes
Fin de cycle II et cycle III
29
Ca n’existe pas
Fin de cycle I à cycle III
30
III une feuille avec deux poésies Les mensonges
construites sur le même modèle : Oh, j’ai vu, j’ai vu
« Chanson de tout cœur » et « Les Compère qu’as-tu vu ?
mensonges » ayant la contrainte J’ai vu une vache
supplémentaire des rimes. Chaque enfant Qui dansait sur la glace
composera alors une poésie de son cru sur A la Saint Jean d’été.
le modèle de son choix. Compère vous mentez !
Oh, j’ai vu, j’ai vu
Compère qu’as-tu vu ?
Chansons de tout cœur J’ai vu une grenouille
Une passerose qui chante et qui cause Qui faisait la patrouille
On a vu ça, on a vu ça Le sabre au coté.
Ou bien on le verra. Compère cous mentez !
Un martin-pêcheur qui rit et qui pleure Oh, j’ai vu, j’ai vu
On a vu ça, on a vu ça Compère qu’as-tu vu ?
Ou bien on le verra. Ah j’ai vu un loup
Un arbre qui danse, un caillou qui pense Qui vendait des choux
On a vu ça, on a vu ça Sur la place labourée.
Ou bien on le verra. Compère vous mentez !
Mais une maman qu’a le cœur méchant Oh, j’ai vu, j’ai vu
Jamais vu ça, jamais vu ça Compère qu’as-tu vu ?
Jamais se verra. J’ai vu une anguille
Qui coiffait une fille
J. Rousselet Pour s’aller marier.
Compère vous mentez !
31
Le hareng saur
Cycle III
32
Composition finale en complétant
chaque vers par un adjectif répété.
Coller le poème de Charles Cros dans
le cahier de poésies et recopier sa propre
production.
Réserver les 10 dernières minutes de la
classe de chaque jour pour une lecture des
poésies inventées.
33
J’aimerais être…
Fin de cycle I à cycle III
Renvoyer la syntaxe désirée (ou la faire
OBJECTIFS trouver) quand la proposition sera prise en
Etre capable de : notes. C’est en la répétant et entendant les
- se projeter dans des situation ou des phrases des autres que l’enfant composera
rôles imaginaires progressivement sa proposition selon la
- exprimer sa personnalité, sa fantaisie structure syntaxique attendue.
- s’approprier un temps de conjugaison Relancer ultérieurement le travail
et une concordance des temps dans une en incitant les enfant à penser à des
phrase complexe « choses extraordinaires ». Eventuellement,
- justifier un souhait par l’intermédiaire pour débuter cette seconde séance de
d’une phrase complexe. travail, dire aux enfants l’un de nos propres
souhaits.
DEROULEMENT Présenter les propositions sur une
Conversation avec les enfants à partir affiche : « j’aimerais être » et « pour »
d’une demande : « si vous n’étiez plus un étants écrits d’une couleur différente du
garçon ou une fille, qu’aimeriez-vous reste du texte afin de mettre en évidence la
être ? » Noter la proposition de chacun en structure de chaque phrase.
lui demandant de justifier son souhait.
Au départ, l’enfant dissociera les 2
phrases : j’aimerais être… pour…
34
Si j’étais… Si j’avais…
Fin de cycle I au cycle III
OBJECTIFS Si j’étais
Etre capable de : Si j’étais doucement de l’herbe
- se projeter dans des situation ou des sur la terre
rôles imaginaires comme un grand pré,
- exprimer sa personnalité, sa fantaisie j’irais
- s’approprier un temps de conjugaison moudre
et une concordance des temps dans une un avion d’or
phrase complexe de fleur en fleur
- justifier un souhait par l’intermédiaire pour m’envoler
d’une phrase complexe près du soleil
- mettre la grammaire au service de et de la pluie,
l’expression et vise versa juste là
où les étoiles fabriquent de la lumière.
DEROULEMENT
Le travail se déroule sur le même principe H. Falaise
que précédemment.
Les propositions de chaque enfant sont Si j’avais une bicyclette
prises en dictée par l’adulte qui cherche à J’irais dès le soleil levant
inciter la production d’une phrase Par les routes blanches et nettes
complexe : « si j’étais… je … » J’irais plus vite que le vent
Deux poésies peuvent servir de point de
départ et de prétexte à cette création. Si j’avais une automobile
Je roulerais au claire matin
Je roulerais de ville en ville
Jusqu’aux murailles de Pékin.
E. Pérochon
35
Imagination
Fin de cycle II et cycle III
OBJECTIFS DEROULEMENT
Etre capable de : Lire la première strophe du poème à
- s’identifier à un « objet » trous écrit au tableau.
- déterminer son caractère spécifique Inviter les enfants à compléter ces
- lui donner vie à travers une trous : « à quoi peut-on jouer si on ne
représentation corporelle
bouge pas ? » ➭ les enfants vont
- composer une poésie à partir des
probablement réfléchir qu’ils connaissent
différents objets personnifiés
des jeux à règles auxquels ils jouent par
exemple dans la cour).
ORGANISATION MATERIELLE
Les deux premières strophes du poème Compléter ces trous en leur
sont écrites au tableau, bien séparées l’aune demandant de réfléchir à des objets :
de l’autre. « sans bouger, nous jouons à imiter quel
Poème pour un enfant lointain objet lorsque l’on mime ? ».
Tu peux jouer au caillou : Noter chaque proposition qui a du
Il te suffit de ne pas bouger, sens sur une bande blanche. La placer sur
Très longtemps, très longtemps. le « trou » et faire lire le texte à un enfant.
Procéder de la même manière pour la
Tu peux jouer à l’hirondelle : seconde strophe. Leur faire compléter le
Il te suffit d’ouvrir les bras texte en découvrant (ou inventant) une
Et de sauter très haut, très haut. manière d’imiter l’hirondelle.
! Expliquer aux enfants que ces deux
Tu peux jouer à l’étoile : extraits forment le début d’un poème dont
Il te suffit de fermer l’œil, le titre est « Poème pour un enfant
Puis de le rouvrir, lointain ».
Beaucoup de fois, beaucoup de fois. Leur demander d’inventer une suite :
inventer d’autres jeux (pour cet enfant
Tu peux jouer à l’arbre : lointain qui n’en possède pas) en pensant à
Il te suffit de porter quelques fleurs des objet, des éléments de la nature, des
Qui sentent bon, qui sentent bon. animaux…
Chaque enfant composera une ou plusieurs
A. Bosquet strophes en s’aidant de la trame distribuée.
Placer quatre bandes de blutack pour Pour aider les enfants, il est possible
masquer certains mots d’avoir pratiqué, dans les jours
Préparer plusieurs bandes blanches de précédents, des séance de mime (ou de jeux
même longueur, qui serviront à noter les des métiers…) dans le cadre d’un cycle
propositions des enfants. d’expression corporelle. Ces séance, pour
Préparer une feuille pour chaque enfant être d’une aide efficace, devront avoir été
avec la trame qui servira à guider la l’occasion d’expression orale sur le thème
création poétique : « Nous n’avons pas deviné ce que nous
Tu peux jouer……………………………... montrait X, qu’aurait-il dû faire ? » ou
Il suffit de ………………………………… encore « Nous avons trouvé ce qu’à fait Y
……………………….., …………………. mais comment aurait-il pu améliorer sa
performance.
36
" Chaque enfant présente sa création :
il lira sa strophe sous forme d’un texte à
trous ; les élèves doivent deviner à quel jeu
il propose de jouer (c’est une manière de
valider la cohérence du texte composé).
« Tu peux jouer… Il suffit de… »
# Les différentes strophes seront dictées à
l’enseignant, rassemblées ainsi dans un
poème. Celui-ci sera distribué, lu et
présenté intégralement aux enfants ainsi
que l’intégralité du poème d’Alain
Bosquet.
37
Comparaisons…
Tous cycles
- comparaisons introduites par
OBJECTIFS « comme »
Etre capable de : & Création d’une poésie sur le même
- comparer deux réalités distinctes modèle.
- utiliser une locution outil pour Aux cycles I et II, la création se fera
comparer collectivement.
- inventer des images : comparaisons Exemple de déroulement possible :
sans locutions outils a) choisir ce que l’on va décrire (prendre
en notes les propositions des enfants ou
ORGANISATION MATERIELLE bien en donner quelques-uns de départ :
Le poème est présenté sur une affiche ma maison, le soleil, la mer, l’automne,
« comme » étant écrit d’une autre couleur le monde, les saisons…)
pour que les enfants établissent des repères b) une fois « l’objet » choisi, trouver les
pour la lecture du texte mais aussi pour que adjectifs s’y rapportant (qu’est-ce qui
son emploi systématique soit mis en caractérise l’objet ?)
évidence. Au cycle III, les enfants peuvent, après
L’été une première phase orale, composer
Le début de l’été est tout vert, individuellement leur poésie. Ils décriront
Vert comme les prairies, le ou les « objets » de leur choix.
Vert comme les crocodiles Une liste « d’objets » au pouvoir évocateur
Vert comme les yeux. pourra aussi être donnée, pour permettre à
certains enfants de démarrer, pour ne pas
Le milieu de l’été est tout jaune, les laisser dans le vide.
Jaune comme les blés, ' Remarque :
Jaune comme les poussins, En fin de cycle II et au cycle III, inciter
Jaune comme le soleil. les enfants à faire une deuxième production
en prenant davantage de liberté dans la
La fin de l’été est tout orange,
conception de la poésie, en se livrant
Orange comme les feuilles,
davantage à des images.
Orange comme l’écureuil,
- modifier la formule de comparaison et
Orange comme la flamme.
la locution outil (tel, aussi…que…)
- utiliser des adjectifs moins réalistes,
Poème d’enfant
moins concrets, plus symboliques
DEROULEMENT
(joyeux, obscure…)
$ Lecture orale du poème par l’adulte. - produire des images (comparaisons
% Oral collectif : dégager la structure sans locution outils). Exemples : la mer
du poème en posant diverses questions si est un dragon furieux, le lac un enfant
les remarques spontanées ne suffisent pas à endormi…
mettre en évidence les trois caractéristiques - utiliser des propositions ou des groupes
du poème : nominaux compléments
- c’est une description par comparaison
- répétition de l’adjectif de fin de vers
(vert, jaune, orange)
38
Se familiariser avec les rimes…
Fin de cycle I et cycle II
39
Cette création collective peut se baser sur
plusieurs autres comptines ou poésies (cf.
pages 10 et 11)
En fin de cycle II, après une étape orale
courte mettant en évidence les mécanisme,
plusieurs poésie pourront être fournies aux
enfants. Chacun créera une poésie
s’inspirant du modèle de son choix.
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Vers le portrait en rimes
Cycle III
E. Guillevic
41
Scénario :
J’ai vu … (qui ou quoi)
… (faire quelque chose)…
Je l’ai vu …
PORTRAIT EN RIMES
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L’acrostiche
Cycle III
un portrait, chaque phrases commençant
OBJECTIFS par une lettre du choisi.
Etre capable d’exploiter une contrainte Pourquoi sautes-tu si haut ?
extérieure, l’initiale de chaque mot ou Un animal te ferait-il peur ?
phrase étant conditionné par le mot choisi. Cache toi bien vite
Une acrostiche est une strophe ou un Et repose-toi.
poème où les premières des vers lus Présenter les productions grand
verticalement forment un nom (souvent format, écrites, calligraphiées sur fond de
celui du dédicataire) ou une phrase. peinture (aquarelle, encre et sel..)
DEROULEMENT
Proposer une liste de mots de
diverses longueurs et sur thèmes variés
(fleur, école, cinéma, crépuscule, maison,
escargot…)
Chaque enfant choisit un nom de la
liste et l’écrit verticalement sur son cahier.
Il recherche d’autres mots ayant pour
initiale chaque lettre du nom choisi.
Puis les mots recherchés le devront avoir
un rapport thématique avec le nom écrit
verticalement.
Couleur Canari
Hotte Hulotte
Animal Anesse
Tapis Tortue
Prolongement pour la fin du cycle
III
Chacun écrit verticalement son prénom ou
le nom d’un animal et écrire un poème ou
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L.N. et K.K.O.
Cycle III
A partir de ces extraits, inventer une suite ou composer une nouvelle poésie en utilisant le
même principe. Le principe est que la consonance d’une lettre forme la syllabe d’un mot.
LN Hélène K K O
CT IR O PI C’était hier au pays Un kangourou
K RV Qu’à Hervé En kimono kaki
L AV Elle avait Faisait du du karaté
OBI. Obéi. Sur un kiosque de kermesse
G ID J’ai idée Avec un koala
K CD Qu’à céder Et un cacatoès
L CT AT. Elle s’était hâtée. (…)
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Des mots inducteurs
Cycle III
Proposer chaque fois les premiers vers de la poésie et inventer les enfants une suite en
respectant la structure donnée par mots inducteurs.
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Idées en plus…
Tu dis
Tu dis sable
Et déjà la mer est à tes pieds
Tu dis forêt
Et déjà le sentier court avec toi vers
le sommet
Tu dis nuages
Et déjà un cumulus t’offre la promesse
du voyage
Tu dis poème
Et déjà les mots volent et dansent
Comme des étincelles dans ta
Cheminée
J.P. Schneider
Chacun sélectionne des mots (soleil, table…) et les complète par une phrase évoquant ces
mots (et déjà…)
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La trompe de l’éléphant
La trompe de l’éléphant,
C’est pour amasser les pistaches :
Pas besoin de se baisser.
Le cou de la girafe,
C’est pour brouter les astres :
Pas besoin de voler.
La peau du caméléon,
Verte, bleue, mauve, blanche,
Selon sa volonté,
C’est pour se cache des animaux
Voraces :
Pas besoin de fuir.
La carapace de la tortue,
C’est pour dormir à l’intérieur,
Même l’hiver :
Pas besoin de maison.
Le poème du poète,
C’est pour dire tout cela
Et mille et mille et mille autre choses :
Pas besoin de comprendre.
A. Bosquet
Proposer les 3 premiers vers aux enfants et les inciter à continuer la poésie en attribuant
des fonctions insolites à différentes parties du corps des animaux..
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Ce qui est comique
M. Carême
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Déménager
G. Pérec
A partir de synonymes bâtir un scénario pour illustrer des mots porteurs : jouer, travailler, voyager,
manger… (cf. aussi « Naître » page 12.
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Autres poèmes
Le givre
Il y a un chevreuil
Qui me connaît déjà ;
Il soulève pour moi
Son front d’entre les feuilles.
Et quand il me regarde,
Ses grands yeux sont si doux
Que je sens mon cœur battre
Et trembler mes genoux.
Laissez-moi, ô décembre !
Ce chevreuil merveilleux.
Je resterai sans feu
Dans ma petite chambre.
Maurice Carême
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