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Protections Électriques Des Alternateurs Et Moteurs
Protections Électriques Des Alternateurs Et Moteurs
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© Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique D 3 775 − 1
PROTECTIONS ÉLECTRIQUES DES ALTERNATEURS ET MOTEURS ________________________________________________________________________________
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Moteurs................................ Minoritaire Majoritaire — la tension en service varie de la basse tension (petite puissance,
jusqu’à quelques centaines de kilowatts) à la moyenne tension – HTA
jusqu’à 15 kV – (grande puissance, jusqu’à 1 MW et plus) ;
■ Machines synchrones — le couplage est le plus souvent en étoile.
L’inducteur, alimenté en courant continu, se trouve généralement ■ Le rotor comprend un arbre, supporté par des paliers et portant
au rotor. Dans ce type de machine, on trouve principalement les alter- un enroulement (ou bobinage) :
nateurs (dénommés aussi générateurs), mais aussi certains moteurs, — soit alimenté en courant continu (alternateurs, moteurs
notamment à vitesse variable (moteurs synchrones autopilotés). synchrones) ;
La terminologie actuelle désigne par turboalternateurs, les alter- — soit constitué par des spires ou des barres mises en court-
nateurs entraînés par turbine à vapeur ou à combustion [5], et par circuit (moteurs asynchrones).
alternateurs hydrauliques, les alternateurs entraînés par turbine
hydraulique. Ces machines, dont la puissance peut aller de quelques
kilovoltampères à plus de 1 000 MVA (1 710 MVA pour les plus
grands turboalternateurs en service sur le réseau EDF) sont en
1.2 Rôle des protections électriques
général reliées à un réseau permettant d’alimenter les utilisateurs
d’énergie électrique. 1.2.1 Prévention des dommages aux machines
Une autre classe de machines synchrones, les compensateurs, a
Les machines électriques tournantes sont dimensionnées et
pour rôle de fournir ou d’absorber de la puissance réactive sur un
conçues pour un service donné et ne peuvent fonctionner au-delà
réseau, en vue de contribuer à sa stabilité (cf. Alternateurs hydrau-
de ce service sans risques de dégradations. Le rôle des protections
liques et compensateurs ) [6].
électriques est de détecter les variations de grandeurs électriques
■ Machines asynchrones entraînant des dépassements des contraintes admissibles pour les
composants, et d’actionner l’organe de coupure isolant la machine
L’inducteur, généralement situé au stator, est alimenté par un
du réseau.
champ tournant créé dans un bobinage traversé par un système de
courants polyphasés. Ces contraintes peuvent être de nature :
Ces machines constituent la majeure partie des moteurs élec- — électrique, liée à la tension de service de l’enroulement ;
triques industriels. La gamme d’utilisation est très large, allant de — thermique, liée à la température maximale supportée par les
quelques kilowatts à plusieurs dizaines de mégawatts. On trouve isolants ;
également des génératrices asynchrones destinées à alimenter des — mécanique, liée à la tenue des conducteurs, des isolants et des
réseaux de faible et moyenne puissance (jusqu’à 5 MW). matériaux divers (arbre, calage) aux efforts auxquels ils sont soumis.
Les relais de protections électriques participent donc à la limi-
tation des dégradations des machines en cas de fonctionnement
La technologie est sensiblement la même pour une machine anormal ou d’avarie. Ils provoquent automatiquement leur sépara-
destinée à fonctionner en générateur ou en moteur, une machine tion du réseau ou actionnent simplement une alarme, si le niveau
électrique étant réversible par principe. Les défauts pouvant de contraintes n’est pas trop élevé, en permettant ainsi à l’opérateur
affecter chaque type de machine sont donc généralement les de prendre à temps les mesures appropriées pour assurer la sauve-
mêmes pour chacune des grandes familles (machines syn- garde du matériel.
chrones ou asynchrones). Il en est de même pour les relais de
protection destinés à détecter ces défauts. La fonction des relais
dépend par contre de l’utilisation préférentielle de la machine 1.2.2 Problématique du fonctionnement
protégée.
du système ou du processus
Les machines électriques tournantes sont toujours intégrées dans
1.1.2 Principes de construction un système électrique, pour ce qui est de la production d’énergie
électrique par les alternateurs, ou dans un processus, pour ce qui
La mise en œuvre des relais de protection des machines tour- est de l’utilisation de cette énergie par les moteurs.
nantes implique non seulement de connaître les données de concep- L’équilibre du système ou le fonctionnement du processus sont
tion de ces relais, mais avant tout d’identifier les défauts électriques perturbés par la mise hors service des moyens de production ou des
qu’ils sont susceptibles de couvrir. Il paraît donc nécessaire, sinon auxiliaires principaux. Le bon fonctionnement de ce système peut
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nécessiter le maintien en service des machines électriques, y compris Une machine synchrone peut également subir une perte d’ali-
dans des situations dégradées, dans des conditions sortant du mentation électrique de l’inducteur.
domaine normal. Inversement, la prévention des dommages aux
machines, exposée au paragraphe 1.2.1, exige qu’elles soient mises
hors service en cas de fonctionnement anormal, en général dans La cinétique de la dégradation de l’isolement (statorique
des délais très courts. Un compromis entre ces deux exigences ou rotorique) dépend évidemment de la cause du défaut, lente
contradictoires est donc à trouver, pour éviter l’écroulement du sys- dans le cas d’une usure ou d’un début de suréchauffement dû à
tème électrique ou l’arrêt du processus (pour le fonctionnement du une pollution, plus ou moins rapide en cas de rupture ou
système électrique, voir l’article Réseaux de transport et d’inter- d’emballement thermique (suréchauffement). En cas de pollu-
connexion de l’énergie électrique. Fonctionnement et réglage [8]. tion de l’enroulement rotorique, on peut ainsi observer une
baisse lente de la résistance d’isolement (depuis environ 100 MΩ
Hormis les cas simples d’avaries brutales tels que les courts-
pour un rotor neuf jusqu’à quelques dizaines de kilohms par
circuits internes nécessitant une mise hors service immédiate de la
exemple, en plusieurs mois ou années).
machine concernée, les relais de protections électriques doivent
donc être réglés à des valeurs (en seuils de réglage et en tempo-
risations) réalisant ce compromis. Ils doivent autoriser le fonction- 2.1.1.2 Moteurs
nement de la machine dans un domaine exceptionnel, notamment
Les avaries affectant l’enroulement statorique des moteurs sont
pour les défauts externes (§ 2.1.2). L’amplitude des grandeurs élec-
de même nature que celles relatives aux alternateurs. Toutefois, il
triques et la durée de ces fonctionnements doivent rester compa-
est probable qu’un court-circuit entre deux phases évolue plus rapi-
tibles avec la tenue admissible des composants de la machine, s’ils
dement en court-circuit avec la masse, du fait des dimensions rela-
sont dimensionnés avec une certaine marge par rapport au service
tivement plus compactes de la carcasse et du circuit magnétique.
normal.
Les défauts d’isolement de l’ enroulement rotorique ne
concernent que les moteurs asynchrones à rotor bobiné ou les
moteurs synchrones, les barres rotoriques des moteurs asynchrones
2. Défauts de fonctionnement à cage n’étant pas isolées de la masse. Les causes de ces défauts
sont de même nature que les alternateurs, bien que la cinétique de
dégradation puisse être plus rapide du fait des dimensions plus
2.1 Origine des défauts (interne, externe) réduites de ces machines.
Les barres rotoriques des moteurs asynchrones à cage peuvent
Nous distinguerons deux types de défauts à détecter par les relais se rompre sous l’effet de contraintes excessives dues à des démar-
de protections, selon leur origine : rages trop nombreux ou trop rapprochés.
— les défauts d’origine interne, dont la source est une avarie d’un Exemple : pour les grands moteurs asynchrones à démarrage
composant de la machine électrique tournante ; direct, (P > 200 kW), la règle admise à EDF est de n’autoriser que trois
— les défauts d’origine externe, dont la source est localisée en démarrages dans l’heure, pour un maximum de 5 000 démarrages en
dehors de la machine électrique, mais dont les conséquences 30 ans.
peuvent entraîner des dégradations dans celle-ci.
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2.1.2.2 Moteurs
Les défauts externes pouvant affecter le fonctionnement des
moteurs sont dus soit aux perturbations de l’alimentation électrique,
soit à l’auxiliaire entraîné.
■ Les perturbations de l’alimentation électrique sont les
suivantes :
● Les tensions déséquilibrées sont dues à la présence de charges
dissymétriques sur le réseau, à l’ouverture d’une phase (fusion de
fusible) ou à des défauts dissymétriques.
● Les baisses de tension peuvent aller de la chute de tension tran-
sitoire (d’amplitude variable entre 0 et 100 %), à la coupure brève
(typiquement de moins de 300 ms), ou longue.
● Les surtensions peuvent être temporaires ou permanentes.
● L’inversion de l’ordre de succession des phases se produit par
exemple à la suite d’une intervention sur le raccordement du câble
d’alimentation au moteur ou au tableau.
■ Les perturbations dues à l’organe entraîné sont les suivantes :
Figure 1 – Schéma de raccordement d’un alternateur au réseau ● Le démarrage trop long ou rampage est produit, soit par l’aug-
mentation du couple résistant de l’auxiliaire entraîné (pompe ou
ventilateur), soit par diminution du couple moteur, due à une baisse
excessive de tension (couramment de 20 à 30 % U n).
en puissance active est, en effet, peu probable, du fait de la limitation
de puissance mécanique de la machine motrice (turbine, moteur Un cas particulier, mais relativement rare, est le blocage du rotor,
diesel, etc.). par exemple par un corps étranger ayant pénétré dans le moteur
ou par immobilisation intempestive de la machine entraînée.
■ Les pertes de synchronisme de l’alternateur raccordé au réseau ● La surcharge est due également à l’augmentation du couple
[8] peuvent provenir de : résistant ou à une baisse de tension (typiquement supérieure
— l’apparition et le maintien d’un court-circuit sur le réseau, à 10 % U n).
proche de l’alternateur ; ● Le désamorçage de la pompe provoque un échauffement
— l’augmentation de l’impédance de liaison (ouverture de lignes rapide de celle-ci.
HT), au-delà de la limite de stabilité ;
— l’augmentation de l’angle interne (diminution du courant ■ De plus, les moteurs synchrones sont sensibles à des pertur-
d’excitation de l’alternateur). bations propres à leur type de fonctionnement :
● La surcharge ou la perte de l’excitation peuvent provoquer une
■ Les courants déséquilibrés peuvent être dus à :
perte de synchronisme par augmentation de l’angle interne.
— une alimentation de charges monophasées ;
● Après une perte d’alimentation, la réapparition brutale de la
— des dissymétries locales de réseau (non-transposition de
tension, sans contrôle de phase, peut entraîner un couplage avec dis-
lignes, ouverture de phase ou courts-circuits bi- ou monophasés).
cordance de phase.
■ Les baisses de tension du réseau peuvent provenir d’une insuf- ● Des surtensions de l’ordre de 20 à 30 % de la tension assignée
fisance de production de l’énergie réactive (tension basse) ou de U n peuvent apparaître si, le moteur étant peu chargé, l’alimentation
courts-circuits (creux de tension). Ces phénomènes entraînent une est déconnectée brusquement et que d’autres moteurs sont
surcharge en courant de l’alternateur, voire une perte de synchro- connectés sur le même jeu de barres.
nisme.
■ Les surtensions sont dues à :
— un défaut de fonctionnement de la régulation de tension de 2.2 Détection des défauts
l’alternateur ;
— une diminution brutale de la puissance fournie par la machine
ou délestage, par ouverture de la ligne de raccordement au réseau ■ La détection des défauts électriques des machines tournantes
par exemple. Ce défaut peut affecter plus particulièrement des obéit à deux grands principes :
groupes hydrauliques, dont la régulation de vitesse est en général — elle doit être la plus simple possible, pour assurer la plus grande
plus lente que celle des turboalternateurs ; fiabilité et la plus grande rapidité ;
— un fonctionnement de groupes hydrauliques en antenne sur — elle doit être sensible, en fonctionnant de manière fiable pour
des lignes peu chargées. la plus petite variation possible des grandeurs caractéristiques du
défaut ;
— elle doit être sélective, c’est-à-dire éliminer le défaut par le (ou
les) organes le(s) plus proche(s) et permettre de discriminer les
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➁ Les deux modes de coupure indiqués ci-dessus ont des caractéristiques différentes. • tout d’abord îlotage du groupe,
Un fusible interrompt le courant de défaut en un temps très faible, en fonction inverse de
la surcharge, alors que l’ouverture d’un disjoncteur sur défaut est généralement temporisée
• si le défaut persiste, après une certaine temporisation, déclen-
d’environ 0,1 s. (cf. § 4.1.1.1). chement du groupe.
➂ Le service attendu des deux types d’organe de coupure n’est pas le même. Un D’autres régimes anormaux, dont les effets sur les alternateurs
contacteur est conçu pour supporter un grand nombre de manœuvres, alors qu’un disjonc-
teur doit manœuvrer moins fréquemment.
ne sont pas immédiats (par exemple surcharge) ne provoquent
qu’une alarme.
Un défaut interne de type court-circuit provoque, soit la fusion d’un
ou plusieurs fusibles dans le premier cas, qui commande ensuite ■ Dans le cas des moteurs, les perturbations de l’alimentation élec-
l’ouverture triphasée du contacteur, soit le déclenchement triphasé trique doivent être éliminées, en respectant le principe de sélectivité,
du disjoncteur. par des actions sur les organes de coupure les plus proches possible
La mise à la masse de l’enroulement inducteur d’un moteur des équipements en défaut. Les relais de protection contre ces types
synchrone est traitée de la même façon que pour les alternateurs : de régime (par exemple tensions déséquilibrées, baisses de tension),
alarme ou déclenchement selon le cas. installés dans la cellule de départ agissent en 2e stade, par déclen-
chement de chaque auxiliaire, après temporisation.
Les perturbations dues à l’organe entraîné (par exemple, démar-
2.3.2 Défauts d’origine externe rage trop long, surcharge) sont évidemment éliminées par l’ouver-
ture du contacteur ou du disjoncteur correspondant, après une
En cas de défauts externes, il est demandé aux machines tour- temporisation.
nantes d’assurer leur service le plus longtemps possible, pour laisser
le temps nécessaire aux relais de protection, extérieurs à l’installa-
tion, pour éliminer ces défauts (§ 1.2.2 Problématique du fonction-
nement du système ou du processus ).
2.4 Conséquences sur les machines
Le fonctionnement des relais de protection contre les défauts
et le système ou processus
externes doit donc assurer la sélectivité des actions, en n’interférant
pas avec les relais de protection du réseau.
Les défauts de fonctionnement, qu’ils soient d’origine interne ou
■ Dans le cas des alternateurs, deux types d’actions sont externe, ont des conséquences sur les machines tournantes, en
commandés par les relais de protection. termes d’effets, et sur le système électrique ou le processus industriel
en termes de fonctionnement, ou d’actions à mener pour rétablir une
— Si la cause du régime anormal est sans ambiguïté (par exemple
situation normale. Ces conséquences sont résumées dans les
régimes déséquilibrés, variations de fréquence, ...) ou, très proba-
tableaux 2 et 3, en indiquant les durées approximatives de régimes
blement, extérieure à l’alternateur, celui-ci est séparé du réseau, soit
anormaux supportables par les machines et les actions commandées
immédiatement, soit après une temporisation destinée à laisser agir
par les relais de protection.
les protections du réseau, par l’ouverture du disjoncteur de ligne
(figure 1). L’alternateur fournit alors uniquement l’énergie électrique (0)
nécessaire aux auxiliaires de l’unité. Cette action est appelée îlotage. (0)
— Si l’origine, interne ou externe, du défaut ne peut pas être dis-
criminée par les variations des grandeurs électriques (par exemple
baisse de tension, rupture de synchronisme...), l’élimination du
défaut se fait en deux temps :
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Court-circuit liaison Efforts sur conducteurs. Quelques Élimination du défaut sur l’ouvrage < 0,1 s à
I quelques E
TP-système (HT) Échauffements secondes concerné secondes
Rétablissement de l’équilibre
Manque Fréquence basse → Quelques production-consommation. quelques
de production Fatigue des ailettes de la turbine secondes I En dernier stade, perte de la fonction minutes (3)
production
Rétablissement de l’équilibre
Surplus Fréquence élevée → Quelques I production-consommation. quelques (4)
de production Fatigue des ailettes de la turbine secondes En dernier stade, perte de la fonction minutes
production
Baisse de tension Échauffement des conducteurs Quelques I Rétablissement de l’équilibre des quelques
secondes charges (puissance réactive) minutes (4)
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Court-circuit entre
phases du stator Fusion des conducteurs < 0,1 s D Perte de la fonction – –
Moteurs
asynchrones :
Rupture barre du Contraintes sur barre rompue. Continuité de la fonction sauf si
rotor Éventuellement dégradation ................ (2) dégradations du stator – –
du stator
Moteurs
synchrones :
masse du rotor 1er défaut : pas de conséquence ................ A Continuité de la fonction – –
2e défaut : fusion des
< 0,1 s D Perte de la fonction – –
conducteurs, fusion du fer
ORIGINE EXTERNE
Déséquilibre Échauffement des conducteurs Quelques D Perte de la fonction – E
de tensions statoriques et du rotor minutes
Baisse de tension
Échauffement des conducteurs Quelques
— peu importante statoriques minutes A Continuité de la fonction – –
Décrochage : Quelques
ralentissement du groupe 10 s D Perte de la fonction – E
Risque de claquage.
Surtension Isolation (voir masse du stator) – – – – –
Démarrage trop long Échauffement des conducteurs Quelques D Perte de la fonction – E (4)
statoriques 10 s
Suréchauffement Quelques
Blocage rotor des conducteurs statoriques 10 s D – – –
et du rotor
Échauffement des conducteurs Quelques
Surcharge statoriques minutes A – – E (4)
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■ Réalisation
● Résistance de la limitation du courant de défaut :
En pratique, le courant minimal détectable, qui n’entraîne pas
de déclenchements intempestifs, est de l’ordre de 5 à 10 % du
La détermination de la résistance R N doit satisfaire deux critères courant maximal de défaut. On peut donc admettre que l’enrou-
opposés : lement statorique est protégé à 95 ou 90 %.
— d’une part, R N doit avoir une valeur suffisamment élevée pour
limiter le courant de défaut à une valeur acceptable pour minimiser
■ Action
les dommages au matériel (typiquement 10 à 30 A), compte tenu de
la valeur maximale de la tension V [cf. formule (2)] ; Déclenchement du groupe, instantané ou légèrement temporisé
— d’autre part, la valeur de R N doit être relativement basse pour (typiquement 0,1 s).
limiter les surtensions, surtout transitoires, provoquées sur les ■ Autres schémas
phases saines par l’apparition du défaut ; pour cela, il faut que la
● Quand l’alternateur fonctionne à neutre isolé (cas de machines
puissance active dissipée dans la résistance de neutre soit au moins
égale à la puissance capacitive du circuit, soit : sur réseau BT), un premier défaut à la masse n’entraîne pas de consé-
quences sur la machine. Le défaut peut être détecté par un contrôleur
2
R N I def 3 C ω V 2 (3) d’isolement placé sur le neutre de l’alternateur. Il revient à l’utilisa-
teur de décider du moment le plus opportun de l’arrêt pour répara-
avec C capacité entre phase et masse de l’alternateur et des cir- tion, dans le respect de la réglementation.
cuits raccordés, ● Si plusieurs machines débitent sur le même jeu de barres (par
exemple, réseau d’usine), celui-ci étant mis à la terre par une bobine
ω pulsation du réseau (ω = 2 πf ).
de point neutre (ou générateur de courant homopolaire), la détection
À partir de la relation (2), la relation (3) s’écrit, avec une tension de défaut sur une machine peut se faire par la mesure du courant
entre phases U = V 3 : homopolaire. Ce courant est mesuré soit au secondaire d’un TC qui
U2 embrasse les trois connexions de phase, soit par un montage
------------ C ω U 2 sommateur de trois TC, à partir des trois courants de phase [10].
3R N
1
soit R N --------------- (4) 3.1.1.2 Défauts entre phases
3Cω
■ Généralités
Exemple numérique : alternateur de puissance assignée ● Dans les encoches du circuit magnétique, un défaut entre phases
S = 1 120 MVA ; U = 24 kV ; C = 1 µF : est toujours accompagné, ou précédé, par un défaut à la masse. Il
1 sera donc détecté par le relais de mise à la masse du stator décrit
R N ---------------------------------------------------------
- précédemment (§ 3.1.1.1).
3 × 1 × 10 –6 × 100 × π
● Dans les têtes de bobines, à l’extérieur du circuit magnétique, on
soit R N 1 060 Ω est fondé à admettre que, le plus souvent, le défaut intéresse très vite
la masse, ne fût-ce que parce que l’arc est soufflé par la ventilation
Pour cette valeur de R N , le courant de défaut Idef est limité à :
interne. Toutefois, cette certitude n’est pas absolue et le délai supplé-
24 × 10 3 mentaire introduit peut entraîner une aggravation des dégâts, et un
I def ------------------------------ ≈ 13 A allongement du temps de réparation, donc du coût d’un incident.
3 × 1 060
Pour les alternateurs de taille moyenne et importante, les fortes
ce qui satisfait à la première condition. puissances en jeu justifient ainsi, pour des raisons économiques,
l’installation d’une protection différentielle longitudinale.
● Transformateur de courant
Le courant de défaut est mesuré par l’intermédiaire d’un TC de ■ Principe de détection
rapport unité (par exemple 5A/5A). En raison du fonctionnement de Le principe utilisé répond au critère de détection directe. Sur
courte durée en cas de défaut, il y a intérêt à surcharger ce TC pour chaque phase, un relais mesure la différence des courants 11 et I2 ,
améliorer la sensibilité de la chaîne de détection. entrant et sortant de cette phase (figure 4).
● Relais de protection à maximum de courant Cette différence, due au courant de défaut, est rapportée au
La détermination de la valeur de réglage vise à obtenir le maximum courant circulant dans la phase.
de sensibilité, en tenant compte du principe de fonctionnement et La protection est donc constituée par un ensemble triphasé de
des effets parasites suivants. relais différentiel à pourcentage.
— Selon le principe de fonctionnement, le courant de défaut est Le courant minimal de défaut définissant le seuil de fonctionne-
proportionnel à la tension simple développée par la machine à ment de la protection est donné par la relation :
l’endroit du défaut. Plus un défaut est proche du point neutre, plus
la tension est faible, et plus le courant à mesurer est faible. α
I def = I 1 – I 2 = ---------- ---------------------
I1 + I2
- (5)
— Les particularités de construction de l’alternateur entraînent la 100 2
présence d’une tension d’harmonique 3 (cf. article Machines syn-
chrones. Dimensionnement électromagnétique [9]), qui fait circuler avec α pourcentage de la protection.
un courant d’harmonique 3 dans la connexion de neutre, par effet
■ Réalisation
capacitif. Le relais doit donc être muni d’un filtre en entrée, éliminant
cet harmonique. ● Transformateurs de courant
— Les défauts à la terre sur le réseau HT de transport peuvent Pour éviter les fonctionnements intempestifs suite à des défauts
faire circuler un courant transitoire dans la connexion de neutre de extérieurs à l’alternateur, les TC doivent se comporter de façon rigou-
l’alternateur, en se bouclant par les capacités entre les enroulements reusement symétrique, surtout du point de vue magnétique, en
primaire et secondaire du transformateur principal (TP). Le phéno- régimes subtransitoire et transitoire et sous l’effet des composantes
mène peut cependant être évité par l’interposition d’écrans mis à apériodiques. L’erreur correspondante doit être très inférieure au
la masse, entre enroulements de chaque colonne du TP. seuil de fonctionnement dans une plage de 0 à 5 fois le courant
assigné.
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Nota : la pratique d’EDF est de ne pas installer de protection de ce type sur ses groupes
de production, qu’ils soient situés dans les centrales thermiques ou hydrauliques.
■ Principes de détection
Figure 4 – Protection contre les défauts entre phases Dans les installations industrielles, on peut utiliser soit une mesure
d’un alternateur. Principe de détection de tension homopolaire, soit, pour les machines dont les enroule-
ments statoriques de phase sont dédoublés, une mesure de courant
différentiel entre chaque demi-phase.
Pour cela, les TC d’une même phase doivent être appairés , Ces principes sont décrits dans l’article référencé [10].
c’est-à-dire avoir des caractéristiques (erreur, courbe de magné-
tisation) identiques ou pour le moins très proches. On utilise, en ■ Action
général, des TC de classe de précision 5 P 10 ou 5 P 15, spécifiés pour Déclenchement du groupe.
protection différentielle, et issus d’un même lot de fabrication. Les
résistances de filerie du câblage secondaire des TC doivent aussi 3.1.1.4 Mise à la masse de l’enroulement rotorique
être égales et aussi faibles que possible.
■ Généralités
■ Relais de protection
L’enroulement rotorique étant à potentiel flottant, le court-circuit
Un relais à maximum de courant à pourcentage est disposé sur à la masse en un point n’a pas de conséquences électriques immé-
chaque phase. La valeur de réglage, exprimée en pourcentage du diates sur le fonctionnement de l’alternateur. Toutefois, en fixant les
courant de phase, est typiquement de 10 à 20 %. potentiels par rapport au fer du rotor, il risque d’affranchir un second
Toutefois, en cas de défaut monophasé extérieur à l’alternateur, défaut latent qui entraînerait alors un court-circuit entre les polarités
le courant différentiel peut atteindre une valeur proche de celle d’un dont les conséquences risqueraient d’être graves (fusion de l’arbre,
défaut entre phases, situé à proximité de la connexion de neutre, vibrations excessives dues au déséquilibre magnétique).
du fait des particularités constructives (erreurs de TC, sensibilité du
relais). Pour éviter les déclenchements intempestifs, le relais doit ■ Principe de détection
donc être désensibilisé et suivre une loi à seuil constant, pour les Le principe de la protection consiste à placer une source de tension
faibles courants de défaut. alternative (sinusoïdale ou à forme d’onde rectangulaire, selon les
La caractéristique de fonctionnement qui en résulte est repré- fournisseurs) à basse fréquence entre le circuit rotorique et la masse,
sentée sur la figure 5. Le seuil d’insensibilité est couramment fixé et à mesurer ainsi la résistance d’isolement (figure 6). Cette dispo-
à 5 à 20 % du courant assigné In . sition assure la séparation galvanique entre la source et l’alimen-
tation en courant continu de l’inducteur et permet de distinguer le
■ Action courant utile de mesure des courants parasites à 50 Hz ou autres
Déclenchement du groupe, instantané. fréquences (ondulations résiduelles, etc.).
■ Réalisation
3.1.1.3 Défauts entre spires d’une même phase Le module d’injection est un générateur de tension dont la fré-
■ Généralités quence est de quelques hertz ou un sous-multiple de la fréquence
du réseau (par exemple : f n /4). La valeur de la résistance d’injection
L’installation d’une protection contre les défauts entre spires d’une
est de quelques centaines d’ohms.
même phase résulte d’une évaluation économique de son intérêt,
car la tension maximale entre conducteurs voisins, beaucoup plus Le module de détection réalise une mesure de tension aux bornes
faible qu’entre conducteurs de phases différentes, rend un tel défaut d’une résistance shunt de quelques kilohms, insérée dans le circuit.
assez peu probable. De plus, ceux-ci sont tous isolés pour supporter La sensibilité du relais est réglée pour détecter une résistance d’iso-
la tension maximale de la machine. lement du rotor inférieure à 1 à 5 kΩ, typiquement.
Si un tel défaut apparaît, il est quasi certain qu’il évoluera très vite Le (ou les) condensateur(s) de couplage , d’une capacité de
en défaut à la masse (§ 3.1.1.1), en particulier s’il est situé dans une quelques microfarads, doit être dimensionné pour la tension maxi-
encoche du circuit magnétique. male susceptible d’apparaître entre rotor et masse, soit quelques
kilovolts, pendant les régimes transitoires de l’alternateur.
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■ Généralités
La protection contre les surintensités dans l’enroulement stato-
rique est destinée à la prévention des surcharges, principalement
en puissance réactive. Elle peut aussi être utilisée en protection de
secours contre les courts-circuits externes qui ne seraient pas éli-
minés par les relais de protection du réseau.
Il est à noter que l’échauffement des conducteurs statoriques est
également surveillé par des sondes thermométriques [six au mini-
mum d’après les normes internationales (CEI 34-1)], ou par image
thermique.
■ Principe. Réalisation
● La protection répond au principe de détection directe.
● Le courant est généralement mesuré sur une seule phase, car la
surcharge est a priori équilibrée. Le système de protection se
compose :
— d’un transformateur de courant, de rapport Ipn /5 A ou Ipn /1 A,
Ipn étant le courant normalisé immédiatement supérieur à la valeur
maximale permanente du courant statorique Ia ; par exemple à la
puissance apparente S = S n : U = 0,95 U n ; Ia = 1,05 In , S n , U n , In
donnant les valeurs assignées de puissance apparente, tension et
Figure 6 – Protection contre les mises à la masse du rotor courant de l’alternateur ;
— d’un relais de protection, à maximum de courant, réglé à une
valeur comprise entre 1,1 et 1,2 I n et temporisé de quelques
secondes (2 à 10 s) ; éventuellement, un deuxième relais, réglé à une
Dans le cas d’une excitation statique [5] [6], la connexion à valeur supérieure (1,2 In ou plus), et temporisé (5 à 10 s), provoque
l’enroulement rotorique se fait par les balais et bagues collectrices le déclenchement du groupe. Un relais à temps dépendant (selon
d’excitation. une caractéristique de la forme I 2t = Cte ) peut également remplir la
Dans le cas d’une excitation tournante [5] [6], deux types de réa- fonction de ces deux relais.
lisation peuvent être envisagés :
■ Action
— adjonction de bagues d’injection de faible section, ce qui pré-
sente des risques de pollution dans l’environnement de l’excitatrice Alarme.
(poussière d’usure des balais) ;
— installation d’un système d’injection et de mesure embarqué 3.1.2.2 Déséquilibres du courant statorique
en rotation, sans contact.
■ Généralités
Nota : un tel appareillage est en cours de développement, pour les grands alternateurs
d’EDF, dont les trois quarts utilisent un système d’excitation à diodes tournantes. Le coût Les alternateurs, ou, plus spécifiquement, les amortisseurs du
de cet équipement est notablement supérieur (d’un facteur de 5 à 10) à celui d’un dispositif rotor, supportent, par conception, un taux de composante inverse :
fixe et ne peut se justifier que pour de grandes machines.
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■ Principe de détection
La détection d’un courant inverse nécessite l’emploi d’un
ensemble de filtres déphaseurs, alimentés par les TC de phase.
(figure 7).
Un circuit sommateur et les filtres déphaseurs réalisent la compo-
sante inverse I 2 ; en effet, celle-ci est donnée par la formule :
1
I 2 = ----- ( I u + a 2 I v + a I w ) (6)
3
2π
où I u , I v , I w représentent les courants de phase et a = exp j -------- .
3
I 2 = ----- ( I u – I v ) + a ( I w – I v )
1
(7)
3
■ Réalisation
Les transformateurs de courant ont un rapport In / 5A ou In /1A.
Le relais de protection, à maximum de composante inverse de
2 Figure 7 – Protection contre les déséquilibres du courant statorique.
courant, est temporisé selon la loi i 2 t = Cte , avec un seuil minimal Principe de détection
réglable en valeurs de i 2 (figure 8).
Le seuil minimal doit correspondre, selon la loi ci-dessus, à un
temps suffisant pour que l’opérateur du réseau ait le temps d’effec-
tuer les manœuvres destinées à rétablir l’équilibre des phases
(typiquement 15 à 20 min).
■ Actions
● Alarme pour un pourcentage de courant inverse i 2 supérieur au
seuil minimal de fonctionnement, temporisé de quelques secondes.
2
● Ilotage de l’unité, si le critère i 2 t dépasse la valeur réglée, avec
inhibition de quelques secondes pour les grandes valeurs de i 2 .
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Nota : la protection étant temporisée, l’intégrateur a pour but d’éviter un fonctionnement ■ Réalisation
trop tardif dû à la remise à zéro de la temporisation à chaque oscillation.
Cet intégrateur, constitué de deux temporisations, l’une à la retombée du relais de Les transformateurs de tension sont constitués de trois éléments
mesure, l’autre à la première montée de ce relais, élimine les temps morts entre deux oscil- Un
monophasés, de rapport typiquement -------- ---------- volts, avec U n
100
lations.
3 3
■ Réalisation
tension assignée au secondaire du transformateur de soutirage (TS).
La classe de précision des transformateurs de mesure est de 0,2
Le relais de protection, à minimum de tension directe, est donc
à 0,5 ;
associé à un filtre déphaseur élaborant cette tension en réalisant la
Le relais de protection, à maximum de puissance active direc- transformation :
tionnelle, est réglé à un seuil de l’ordre de 60 à 80 % de la puissance 1
consommée en moteur. Il doit avoir une précision de l’ordre de V d = ----- ( V 1 + a V 2 + a 2 V 3 ) (8)
3
0,5 % P n , et être temporisé (avec intégrateur éventuel).
avec V d composante directe de la tension et V 1 , V 2 , V 3 ten-
■ Action
sions de phase.
Déclenchement du groupe.
Le seuil de réglage est fixé à une valeur supérieure à la tension
de décrochage des moteurs d’auxiliaires, tout en restant inférieur
3.1.2.4 Surtensions du stator (en valeur relative) à la valeur minimale admissible en permanence
■ Généralités sur le réseau.
Nota : la valeur de 0,7 V dn (tension directe assignée au secondaire du TS) est retenue
Les surtensions aux bornes du stator sont principalement dues dans les centrales EDF. Les spécifications techniques des moteurs de grande puissance ont
à un fonctionnement défectueux de la régulation de tension, éven- été choisies en conséquence.
tuellement concomitant avec des manœuvres sur le réseau (insertion
de condensateurs proches, perte brusque de la charge) et/ou un ■ Action
niveau de tension initial du réseau relativement élevé. L’action du relais est temporisée en deux stades :
— îlotage de l’unité, après un temps de 2 à 3 secondes ;
■ Principe. Réalisation
— déclenchement du groupe, une seconde après le premier stade.
● La protection répond au principe de détection directe.
● Les défauts, dans ce cas, étant a priori équilibrés, la mesure 3.1.2.6 Rupture de synchronisme
peut ne se faire que sur une seule phase, avec :
— un transformateur de mesure, de rapport : ■ Généralités
Le régime de rupture de synchronisme représente un cas typique
U n
---------- volts
100 où le compromis entre les exigences d’une part de protection des
-------
-
3 3 machines, et d’autre part, de sauvegarde du réseau, est le plus dif-
ficile à trouver, tant à cause de la complexité des phénomènes mis
— un relais de protection, à maximum de tension, réglé à un seuil en jeu, que des pratiques d’exploitation différentes, selon les réseaux
compris entre 1,2 et 1,5 U n , en fonction des performances de la régu- considérés.
lation de tension ; un premier seuil réglé entre 1,1 et 1,2 U n peut Nota : le lecteur trouvera un exposé détaillé du phénomène de perte de synchronisme
actionner une alarme. et des moyens d’assurer la stabilité des alternateurs dans l’article référencé [8].
Une perte de synchronisme a pour conséquences des oscillations
■ Action de puissance active (fourniture, absorption) d’amplitude importante,
Alarme au premier seuil, temporisée de quelques secondes, et dont la période est comprise entre quelques secondes et quelques
déclenchement du groupe au deuxième seuil, temporisée de dizaines de secondes. Si l’état du système de production-transport
quelques secondes. est critique, ou, en cas d’excitation insuffisante de l’alternateur,
celui-ci peut décrocher du réseau. Cela entraîne une ou plusieurs
3.1.2.5 Baisses de tension rotations d’angle interne, correspondant à une augmentation
continue de l’angle, au-delà de la limite naturelle de stabilité proche
■ Généralités de 90o (l’alternateur effectue ce que l’on appelle couramment des
Le fonctionnement à basse tension n’a pour conséquence qu’une tours électriques ).
augmentation du courant statorique, à puissance fournie constante. Ces phénomènes ont une importance rapidement croissante avec
Cette surcharge étant couverte par la protection contre les surin- la taille des machines. Des alternateurs de puissance faible ou
tensités au stator (§ 3.1.2.1), la détection des baisses de tension a moyenne (typiquement quelques dizaines de mégavoltampères)
surtout pour but de protéger les auxiliaires de l’unité contre les acceptent un fonctionnement asynchrone (marche couplée en
rampages de moteurs (§ 2.1.2.2). absence d’excitation) de quelques minutes, à puissance réduite, si
Le cas particulier des baisses de tension dues aux courts-circuits le couple mécanique fourni par la turbine est inférieur au couple élec-
du réseau est traité plus loin, dans le paragraphe 3.1.2.6 Rupture de trique asynchrone maximal et si le réseau peut fournir par ailleurs
synchronisme. La protection contre les baisses de tension peut jouer une puissance réactive suffisante. Dans de tels cas, la protection
le rôle de protection de secours vis-à-vis de ce défaut. contre les pertes de synchronisme ou les pertes d’excitation peut
être réalisée selon des principes simples tels que, par exemple :
■ Principe de détection
— mesure de l’impédance du réseau vue des bornes de la machine
La protection utilise le principe de la mesure de la composante (relais à minimum d’impédance capacitive ) ;
directe de la tension, au secondaire du transformateur de soutirage — mesure de la puissance réactive absorbée ;
de l’unité. Cela a pour but de prendre en compte des déséquilibres — relais à minimum de courant d’excitation.
éventuels de la tension, et de ne pas entraîner de déclenchements
inutiles, si la composante directe reste suffisante pour assurer le bon ■ Principe de détection
fonctionnement des auxiliaires. Nota : un principe de détection, habituellement utilisé à EDF pour les groupes de cen-
trales thermiques et nucléaires de puissance supérieure à 600 MW, est décrit ci-après. Ce
type de relais permet de ne provoquer la séparation entre l’unité et le réseau que si la reprise
du synchronisme n’est pas possible.
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Le relais utilise un principe de détection directe ; il détecte et ● Excédent de production → montée de vitesse → hausse de fré-
compte d’une part les tours électriques, et d’autre part les oscillations quence, compensée par la fermeture progressive des vannes
de puissance, sur un intervalle de temps donné : d’admission de vapeur de la turbine.
— la détection des tours électriques est effectuée à partir d’une Nota : si cette action n’est pas suffisante, l’alternateur doit être séparé du réseau
(îlotage ) avant que le groupe ne soit déclenché totalement par l’action des protections
mesure de l’angle interne, par émission d’une impulsion si celui-ci mécaniques de la turbine contre les survitesses.
dépasse une valeur prédéterminée (typiquement 120 à 150o) ;
— une oscillation de puissance correspond à la consommation ■ Principe de détection
momentanée de puissance active, détectée par un relais de retour Le relais utilise un principe de détection semi-direct, par le biais
de puissance, de principe similaire à celui utilisé pour la détection de la mesure de fréquence de la tension aux bornes de l’enroulement
de marche en moteur synchrone (§ 3.1.2.3). statorique de l’alternateur.
Deux compteurs comptabilisent indépendamment les impulsions
émises par chacune des deux voies. En général, on peut établir les ■ Réalisation
relations suivantes : — Les transformateurs de mesure sont de rapport :
— perte d’excitation → tours électriques → déclenchement du
U n
---------- volts
groupe ; 100
-------
-
— perte de synchronisme → oscillations de puissance → îlotage. 3 3
Toutefois, selon l’état du réseau (puissance de court-circuit, réac- — Le relais de mesure est un relais à deux fonctions, maximum
tance de liaison) et de l’excitation du groupe, qui ne sont pas connus et minimum de fréquence ; il est verrouillé sur baisse anormale de
a priori, les deux critères se recoupent partiellement lors d’une rup- la tension surveillée (typiquement 40 % U n).
ture de synchronisme.
Nota : sur le réseau EDF, les seuils de réglage sont 47 Hz ou 47,5 Hz / 53 Hz.
Pour assurer, cependant, la discrimination entre les actions de Le seuil à maximum de fréquence a été supprimé sur les groupes de centrales thermiques
déclenchement et d’îlotage, et laisser au groupe la possibilité de se et nucléaires d’EDF. En effet, le fonctionnement d’une portion de réseau mixte (groupes
resynchroniser naturellement, après le fonctionnement des protec- hydrauliques et groupes thermiques/nucléaires) en surfréquence, par entraînement des
groupes thermiques par les groupes hydrauliques, est jugé très improbable.
tions du réseau, le déclenchement du groupe ne doit être provoqué
Dans certaines technologies de turbines à vapeur, le groupe est déclenché si, à la suite
qu’après détection de quelques tours d’angle interne et non au pre- d’un îlotage, la fréquence reste au-dessous du seuil minimum pendant plus de 3 s.
mier tour. De la même façon, l’îlotage ne doit être provoqué qu’après
plus d’une dizaine d’oscillations de puissance. ■ Action
Nota : dans des compagnies d’électricité étrangères, la politique d’exploitation peut être Îlotage.
plus restrictives [1].
■ Réalisation
● Pour la détection des tours électriques, les capteurs primaires 3.2 Alternateurs hydrauliques
sont :
— un transformateur de tension, sur une phase statorique ;
et compensateurs
— un alternateur auxiliaire à aimants permanents solidaire du
rotor, ou un émetteur d’impulsions de référence fixé sur le rotor ; La constitution des alternateurs entraînés par turbine hydraulique
— un dispositif de mesure de l’angle interne (déphasage entre la et des compensateurs synchrones est principalement la même que
référence rotorique et le passage par zéro de la tension statorique) ; celle des turboalternateurs, à la vitesse de rotation près. Les défauts
— un comparateur qui émet une impulsion quand l’angle interne pouvant survenir à ces deux classes de machines sont donc de même
dépasse la valeur réglée. nature. Seuls diffèrent, en général, les réglages des seuils d’action
● Le relais de retour de puissance est un relais triphasé à maxi- des relais, spécifiques du fonctionnement de la machine sur le
mum de puissance active ; une impulsion est émise quand la puis- réseau. La consistance d’un système de protection peut également
sance dépasse un seuil négatif (typiquement – 5 % P n), puis revient varier suivant la puissance du groupe et son importance vis-à-vis
au-dessus d’un seuil positif (typiquement 5 % P n). du réseau.
● Chaque compteur d’impulsions comptabilise, pour chaque voie,
1 à 20 impulsions ; il déclenche une action si le nombre d’impulsions
préréglé est atteint dans un temps donné, compté à partir de la pre- 3.2.1 Défauts d’origine interne
mière impulsion reçue.
3.2.1.1 Mise à la masse du stator
■ Actions
● L’action du relais par la voie angle interne provoque le déclen- ■ Cette protection fondamentale est généralement installée sur tous
chement du groupe, pour quelques tours électriques (deux à quatre), les types d’alternateurs.
en moins d’une minute ; Le principe habituellement utilisé est, comme pour les turbo-
● L’action du relais par la voie retour de puissance provoque l’îlo- alternateurs, la mesure du courant dans la connexion entre le point
tage pour un nombre d’oscillations de puissance (entre 12 et 20), en neutre et la terre, limité par une résistance (figure 3a ) avec les
moins d’une à cinq minutes. mêmes particularités de construction : courant de défaut admissible,
surcharge des TC, désensibilisation à l’harmonique 3, éventuel-
3.1.2.7 Variations de fréquence lement dû à la capacité des câbles de liaison alternateur-
transformateur.
■ Généralités
Toutefois, la puissance active dissipée dans la résistance de limi-
Les excursions de fréquence en dehors de la valeur normale de tation doit être égale ou supérieure au double de la puissance capa-
50 Hz (à quelques millihertz près) sont le signe d’une adaptation citive du circuit. Cela a pour but d’éviter les risques de ferro-
momentanément incorrecte de la puissance active fournie par le résonance et de limiter les surtensions transitoires à environ deux
groupe à la demande du réseau, selon l’un des deux schémas : fois la tension simple.
● Déficit de production → baisse de vitesse → baisse de
fréquence. ■ Dans le cas où plusieurs alternateurs débitent sur un seul trans-
formateur élévateur (figure 9), la protection peut être réalisée par un
L’alternateur ne doit être séparé du réseau que si les actions auto- dispositif unique, pour des raisons d’économie. La protection est
matiques destinées à rétablir l’équilibre production-consommation alors assurée par un générateur de courant homopolaire, connecté
ont échoué [8]. sur le jeu de barres. Ce générateur est constitué par un ensemble de
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4.1.2.1 Surcharges
■ Une surcharge, quelle que soit son origine (augmentation du
couple résistant, baisse de tension d’alimentation), est normalement
détectée par un relais à maximum de courant. Ce relais est alimenté
par un TC branché sur une phase, si la surcharge est supposée
équilibrée.
Le réglage du relais est effectué à une valeur légèrement supé-
rieure à la valeur maximale du courant d’emploi Ie max (figure 13),
pour la tension d’alimentation la plus basse en régime permanent.
L’action du relais provoque le déclenchement de l’organe de cou-
pure, après une temporisation dépendant de la tenue thermique du
moteur (à titre d’exemple, les réglages de relais, dans les centrales
EDF, sont fixés à 1,3 In et 10 s).
■ Ce type de protection ne tient cependant pas compte de l’état ther-
mique réel du bobinage statorique, qui dépend non seulement du
courant, mais aussi de la température ambiante et de la durée de la
surcharge. C’est pour cela que l’on utilise souvent un relais à image
thermique, qui comporte un dispositif parcouru par une image du
courant principal, et dont la constante de temps thermique est
choisie proche de celle de l’enroulement de la machine.
Figure 12 – Protection des moteurs contre les défauts du stator.
4.1.2.2 Démarrage trop long Relais directionnel de courant homopolaire
Le courant de démarrage d’un moteur asynchrone reste à une
valeur élevée (6 à 10 fois le courant nominal) pendant 80 à 90 % du
temps de démarrage.
La protection contre une durée de démarrage excessive est
généralement assurée par le relais à maximum de courant tempo-
risé, utilisé pour détecter les surcharges (§ 4.1.2.1), avec une tem-
porisation supérieure au temps normal de démarrage.
Dans le cas particulier du blocage de la partie tournante, ou si les
conditions de tension d’alimentation ne permettent pas un démar-
rage normal, le courant reste établi à sa valeur de démarrage. Deux
cas se présentent, selon les valeurs relatives de t RB (t RB étant le
temps admissible de tenue du moteur, rotor bloqué) et de t d (t d Figure 13 – Protection des moteurs contre les surcharges
étant le temps normal de démarrage) :
— si t RB > t d (cas le plus courant), la protection peut être assurée que t RB , provoque le déclenchement si le moteur n’atteint pas sa
par le relais de surcharge temporisé ci-dessus ; vitesse normale dans le temps spécifié.
— si t RB < t d (cas spécifiques d’auxiliaires à très forte inertie), un
Nota : dans la pratique actuelle d’EDF, une telle protection n’est pas utilisée, du fait de la
dispositif tachymétrique, associé à une temporisation plus courte rareté du défaut et de la plus grande complexité du contrôle-commande associé.
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5. Technologie
et mise en œuvre
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Les valeurs de classe et de puissance de précision sont fixées par Les fonctions des relais les plus complexes peuvent être réali-
les performances d’un relais de protection éventuel contre les sées de façon modulaire, comme le montre la figure 17, représen-
baisses de tension au niveau du tableau. tant le schéma de principe d’une réalisation de relais de rupture de
synchronisme.
Ces relais nécessitent une alimentation auxiliaire à basse tension
5.1.3 Relais continue stabilisée (typiquement entre 5 et 125 V), obtenue à partir
d’une batterie centrale ou par redressement à partir du réseau de
5.1.3.1 Relais électromagnétiques distribution. Cette alimentation a également pour rôle de protéger
les composants des relais contre les parasites conduits, surten-
Ce type de relais est constitué fondamentalement d’un électro- sions transitoires, ou coupures brèves de la tension centrale.
aimant qui attire une armature mobile solidaire d’un contact élec-
trique. La figure 16 montre le principe le plus simple d’un relais à
5.1.3.3 Protections numériques
une seule entrée (mesure de courant, tension, etc.). Le réglage de
seuil est effectué par la tension d’un ressort antagoniste. D’autres Le développement des techniques de contrôle-commande numé-
relais utilisent une combinaison d’équipements pour réaliser des riques trouve aussi son application dans le domaine des protections
fonctions plus complexes (mesures de puissance, impédance, direc- de machines tournantes.
tionnelles). Les avantages de cette technologie sur les relais statiques réside
Ces relais sont remplacés depuis une vingtaine d’années par les non pas tant dans la réduction du temps d’action des protections,
relais statiques, ou, plus récemment, par les systèmes de protections que dans les facilités de communication (figure 18). Les autres équi-
numériques. Ils présentent en effet de multiples inconvénients : pements de contrôle-commande sont en effet souvent réalisés à
sensibilité aux vibrations, à l’environnement, non-fidélité du réglage, l’heure actuelle en technique numérique et reliés à l’équipement de
temps d’action relativement importants (quelques dixièmes de protection par une liaison normalisée (type RS 232, par exemple).
seconde). Ils sont cependant moins sensibles aux perturbations élec- Un équipement numérique permet, entre autres :
triques (effet de filtrage) et ne nécessitent pas d’alimentation élec-
trique auxiliaire pour fonctionner. — d’adapter un schéma de protection à tout type de machine ;
— de s’assurer en continu de la disponibilité de la protection
Ce type de relais peut encore trouver un emploi dans les dispositifs (autotests) ;
simples, où l’aspect coût est prépondérant (relais à maximum de cou- — de réaliser un diagnostic rapide en cas de panne ;
rant pour moteurs de faible puissance par exemple). — d’archiver les réglages des relais ;
— d’archiver le fonctionnement des protections (datation) au
5.1.3.2 Relais statiques besoin avec perturbographie (enregistrement des grandeurs élec-
triques avant et après incident) ;
Les relais à base de composants électroniques ou, depuis une — de réduire le volume de l’équipement, ainsi que la filerie
dizaine d’années, de circuits intégrés, communément appelés relais interne.
statiques, remplissent les fonctions de protection demandées avec
une précision et une fidélité accrues par rapport aux relais électro- Les aspects de fiabilité et de disponibilité mentionnés au para-
magnétiques. La rapidité de l’électronique a, également, permis des graphe 5.1.1 doivent cependant être examinés avec davantage
gains importants sur les temps d’action des relais, qui atteignent d’attention, notamment vis-à-vis des défauts de mode commun. Une
des valeurs de quelques dizaines de millisecondes, avec une grande analyse de fiabilité prévisionnelle, selon les techniques de la norme
constance dans le temps. CEI 812, peut notamment être effectuée au stade de la conception,
pour vérifier que les objectifs fixés par le client seront atteints.
La fabrication automatisée de ce type de relais a entraîné une
amélioration de la qualité, ainsi qu’une réduction des coûts. À titre d’exemples de réalisations, on peut citer :
Un avantage non négligeable est, aussi, la réduction de volume, — l’ensemble de protection des moteurs, ou opérateur de protec-
particulièrement dans le cas d’un ensemble de relais montés en tion numérique OPN, M 5000, ainsi que l’ensemble de protection des
armoire. alternateurs IGPG 111, fabriqués par GEC Alsthom ;
— l’ensemble de protections numériques d’alternateurs, moteurs
et transformateurs, type REG 316, fabriqué par ABB.
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5.3 Réalisation Les circuits secondaires des réducteurs de mesure passent géné-
ralement par des prises d’essai, permettant de raccorder un appareil
de mesure extérieur pour l’étalonnage des relais (§ 5.4).
5.3.1 Relais statiques
La protection contre les perturbations rayonnées est assurée par
Dans la pratique courante, chaque fonction de protection est le blindage constitué des parties métalliques latérales et arrière, et,
réalisée par un relais de protection indépendant. Dans le cas des si la face avant est vitrée, par un fin treillage métallique intégré dans
systèmes de protection d’alternateurs montés en armoire, les la vitre.
composants ou circuits intégrés sont montés sur circuits imprimés,
fixés eux-mêmes à l’intérieur de tiroirs extractibles.
Les réglages de seuils et les signalisations de fonctionnement sont
5.3.3 Tableaux
accessibles et visibles en face avant du relais, tandis que la partie
L’installation des relais de protection dans les tableaux d’appa-
arrière comprend la connectique à la filerie interne de l’armoire (ali-
reillage est décrite dans les articles Appareillage électrique à basse
mentation auxiliaire, secondaires des réducteurs de mesure, infor-
tension [13] et Installations électriques à haute tension [14] dans le
mations entrée/sortie).
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(0)
Tableau 5 – Guide de choix des protections de moteurs (d’après documentation GEC Alsthom)
Puissance Organe de coupure Régime du neutre Moteurs asynchrones Moteurs synchrones
à la terre Fusibles/ –
Image thermique (1)
Contacteur isolé Fusibles/
Image thermique (2)/ –
< 500 kW Courant homopolaire directionnel
à la terre Image thermique (3) –
Disjoncteur isolé Image thermique (3)/
Courant homopolaire directionnel –
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Tableau 5 – Guide de choix des protections de moteurs (d’après documentation GEC Alsthom) (suite)
Puissance Organe de coupure Régime du neutre Moteurs asynchrones Moteurs synchrones
à la terre Fusibles/ Fusibles/
Image thermique (1)/ Image thermique (1)/
Surcharge/ Surcharge/
Minimum tension Minimum tension/
Minimum impédance capacitive/
Minimum tension excitation
Contacteur isolé Fusibles/ Fusibles/
Image thermique (2)/ Image thermique (2)/
Surcharge/ Surcharge
Minimum tension/ Minimum tension/
Courant homopolaire directionnel Courant homopolaire directionnel
500 kW Minimum impédance capacitive/
à 3 MW Minimum tension excitation
à la terre Image thermique (3)/ Image thermique (3)/
Surcharge/ Surcharge/
Minimum tension Minimum tension/
Minimum impédance capacitive/
Minimum tension excitation
Disjoncteur isolé Image thermique (3)/ Image thermique (3)/
Surcharge/ Surcharge/
Minimum tension/ Minimum tension/
Courant homopolaire directionnel Courant homopolaire directionnel
Minimum impédance capacitive/
Minimum tension excitation
à la terre Image thermique (3)/ Image thermique (3)/
Surcharge/ Surcharge/
Minimum tension/ Minimum tension/
Différentielle Différentielle
Minimum impédance capacitive/
Minimum tension excitation
> 3 MW Disjoncteur isolé Image thermique (3)/ Image thermique (3)/
Surcharge/ Surcharge/
Minimum tension/ Minimum tension/
Courant homopolaire directionnel Courant homopolaire directionnel
Différentielle Différentielle/
Minimum impédance capacitive/
Minimum tension excitation
(1) maximum d’échauffement, maximum de composantes inverse et homopolaire de courant
(2) maximum d’échauffement, maximum de composante inverse de courant
(3) maximum d’échauffement, de composantes inverse, homopolaire et directe de courant
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© Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique D 3 775 − 27
P
O
U
Protections électriques R
des alternateurs et moteurs
E
N
par Bernard GUIGUES
Ingénieur de l’École supérieure d’électricité
Ingénieur principal Machines électriques Tournantes
S
SEPTEN-Électricité de France (direction de l’Équipement)
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9 - 1996
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68-2-1 1990
255-22-3 1989
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Relais électriques. Essais de susceptibilité 255-22-4 1992
aux perturbations transitoires rapides
I Guide pour la conception et l’utilisation
des composants destinés à être montés sur des cartes 321 1970
L et de leurs effets
Dimensions des structures mécaniques de la série
482,6 mm. 1ère partie : panneaux et bâtis 493 1988