Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
GUEYE
1
Géotechnique 1 - Reconnaissance des sols I. GUEYE
La conception d’une fondation, d’un barrage en terre, ou d’un mur de soutènement ne peut
pas être faite d’une manière intelligente et satisfaisante sans pour autant que le concepteur
(designer) ait une idée précise et raisonnable des propriétés physiques du sol. L’ensemble
des investigations au laboratoire et sur le chantier nécessaires pour obtenir cette information
essentielle constitue la reconnaissance des sols.
Il y a quelques dizaine d’année la reconnaissance des sols était presque inadéquate par ce
que les méthodes rationnelles d’essais n’étaient pas très développées. A présent, les
nombres d’essais sur les sols et les raffinement dans les techniques pour la performance
des ces essais sont souvent tout à fait hors de proportion par rapport à la valeur pratique des
résultats. Dans le but d’éviter ces extrêmes, il est nécessaire d’adapter le programme
d’exploration, aux conditions du sol et à la grandeur de l’ouvrage.
Tout constructeur doit, dans son propre intérêt, prendre en compte la nature du sous-sol
pour adapter son projet en conséquence, définir le système de fondation de l’ouvrage avec
le meilleur rapport sécurité/coût et se garantir contre les effets de la réalisation des travaux
sur les constructions voisines. La responsabilité des problèmes liés au sol est transférée à
un spécialiste, le géotechnicien, dont la mission porte sur les points suivants :
Le géotechnicien doit avoir une approche à la fois naturaliste et technique des problèmes.
Pour mener à bien sa mission, sa première tâche, lorsqu’on lui laisse l’initiative, est de définir
le programme de la reconnaissance. Cette dernière devra être complète, bien pensée et
adaptée à la fois au site et à l’ouvrage. Elle doit permettre en particulier de définir :
2
Géotechnique 1 - Reconnaissance des sols I. GUEYE
Les campagnes d’investigations doivent passer par l’ensemble des phases d’un projet
depuis les enquêtes préliminaires en passant par le stade de l’avant-projet sommaire (APS),
stade de l’avant-projet définitif (APD) et du projet.
3
Géotechnique 1 - Reconnaissance des sols I. GUEYE
1.2.1 : Objet
La nature et l’état des formations présentes sur le site, sans oublier l’eau, qui est
généralement à l’origine des problèmes ;
Les difficultés à atteindre le site à cause de la présence de certains éléments sur
le terrain et la manière de les surmonter ;
Eventuellement, les études complémentaires nécessaires pour la poursuite de
l’élaboration du projet ; les chantiers expérimentaux à envisager pour le lever
certaines incertitudes, ou le suivi du chantier à assurer pour adapter les solutions
aux terrains réellement rencontrés ;
Les répercussions d l’ouvrage sur l’écologie du site.
4
Géotechnique 1 - Reconnaissance des sols I. GUEYE
Le niveau régional pour des choix importants : ville nouvelle, base de plein aire,
complexe minier, nouveau port, l’étude est à la base géologie ;
Etude au 1/20 000 ou 1/25 000 : son but est de déterminer un tracé de référence
et les variantes à étudier : Elle doit mettre en évidence les points de passage
obligés et les « points durs » qui mettent en cause l’économie du projet (coût,
délai, qualité).
Etude au 1/5 000 : elle doit permettre de choisir dans chaque cas les meilleurs
variantes ; de fixer le tracé et de chiffrer correctement le coût de l’ouvrage. Elle
comprend une étude géologique précise, faite à partir des levées de terrain, d’une
campagne géophysique et de sondages à la tarière.
Etude au 1/1 000 : elle doit permettre de mettre au point le dossier technique,
donc d’arrêter les caractéristiques de l’ouvrage. Elle comprend souvent une série
d’études spécifiques, qui doivent déterminer : la pente des talus, les systèmes de
drainage, les terrassements, les emprunts de matériaux etc…
5
Géotechnique 1 - Reconnaissance des sols I. GUEYE
Deux études dans les cas simples sinon trois (3) sont nécessaires :
Un certain nombre de principe doit être respecté pour garantir la qualité et la rapidité de
l’étude.
Chaque étape doit être adapté au but qui lui est assignée, et mettre en évidence
le plus rapidement possible toutes les difficultés susceptibles d’être rencontrées.
Ces difficultés nécessitent dans tous les cas, des études plus approfondies, donc
plus longues. Il arrive même qu’elles puissent remettre en cause le projet.
Le coût de la reconnaissance reste toujours faible vis-à-vis du coût des ouvrages : de l’ordre
de 1 à 2% pour les tracés et les bâtiments, 2 à 3% pour les ouvrages d’art.
6
Géotechnique 1 - Reconnaissance des sols I. GUEYE
Même en se limitant à un problème donné, il est difficile de définir une campagne type de
reconnaissance, qui dépend tout d’abord de la difficulté et de l’hétérogéneité du site de la
nature de l’ouvrage et de son importance, de la nature et de la probabilité du risque encouru.
La profondeur doit être telle que toutes les couches qui peuvent être influencées par la mise
en charge des terrains soient atteintes ou puissent être étudiées. En pratique, on descendra
les sondages jusqu’à une profondeur telle que la contrainte résiduelle dans le sol soit
négligeable ou tout au moins faible. Par exemple pour une semelle filante, à une profondeur
égale à six (6) fois la largeur de la semelle, la pression résiduelle représente environ 20 %
de la pression de contact. Pour une semelle isolée, à une profondeur égale à 1,5 fois la
largeur, la pression résiduelle est à peu près égale à 20 % de la pression de contact. Mais il
faut tenir compte également de la proximité des semelles voisines dont les effets peuvent
être cumulatifs.
En résumé, on peut dire qu’il est nécessaire de reconnaître le terrain sur les profondeurs
suivantes :
Pour des fondations isolées : trois fois la largeur de la semelle avec un minimum
de 6m.
Pour un radier on pour ensemble d’ouvrages dont les effets se superposent dans
les couches profondes, une fois et demie la largeur de la construction.
7
Géotechnique 1 - Reconnaissance des sols I. GUEYE
B C B
Terrain naturel
D D
semelle
z
sondage
z = 4.5 B si C < 2B
z = 3.0 B si 2B < C < 4B
z = 1.5 B si C > 4B
Pour une fondation sur groupe de pieux : si D est la profondeur des pieux et B la largeur
totale du groupe de pieux, la profondeur minimale du forage est égale :
2
z= D + 1 .5 .B
3
8
Géotechnique 1 - Reconnaissance des sols I. GUEYE
Les meilleures reconnaissances sont faites avec des puits ou des tranchées. On peut ainsi
voir le terrain, prélever de gros échantillons, ou réaliser des essais in situ. Mais de tels
travaux coûtent chers. Il ne faut pas non plus qu’il y ait beaucoup d’eau dans le terrain.
Si les sondages à réaliser ne sont destinés qu’à définir la limite d’un massif meuble, par
exemple détermination de la forme d’un socle rocheux, il n’est pas indispensable de réaliser
des puits ou des tranchées à travers ce massif, on peut aussi utiliser une méthode
géophysique.
1.3.1 – Géophysique
Ces méthodes consistent à mesurer avec des appareils disposés à la surface du sol et très
exceptionnellement à faible profondeur. La prospection géophysique n’a pour but d’obtenir
une précision comparable à celle fournie par des sondages mécaniques, elle permet par
contre de réaliser des profils continus et donc d’avoir une vue d’ensemble des terrains. Les
caractéristiques mesurées (résistivité, vitesse du son, etc…) reflètent la nature et l’état des
terrains. Dans tous les cas, elle nécessite un étalonnage par sondages. Elle est rapide, donc
peu coûteuse, et resté à ce titre la méthode type de dégrossissage pour les études
préliminaires. En génie civil en particulier dans les travaux publics, on fait simplement appel
à la sismique et à l’électrique car les méthodes magnétiques et gravimétriques ne donnent
des résultats qu’à très grande échelle, donc imprécis.
La Prospection électrique basée sur la résistivité des sols et la sismique réfraction qui
s’appuie sur la variation de la vitesse du son dans certains terrains, celle-ci étant liée aux
caractéristiques mécaniques du sol.
Cette vitesse varie de 300 m/s pour les couches de surface à plus de 6000 m/s dans
certaines formations granitiques. La sismique réfraction a deux intérêts principaux :
9
Géotechnique 1 - Reconnaissance des sols I. GUEYE
On peut citer les méthodes moins utilisées telles que : la méthode magnétique (mesure avec
des magnétomètres du champ magnétique terrestre, perturbé par la présence dans le sous-
sol de roches à susceptibilité magnétiques élevée), les méthodes électriques et telluriques
(les champs telluriques dus à l’activité solaire), etc.
Paramètre physique
Groupes de méthodes Champ mesuré Origine
étudié
Gravimétrie Densité Pesanteur Naturelle
Vitesse et/ou Temps de trajet et
Sismique impédance acoustique amplitude des signaux Provoquée
des ondes mécaniques transmis
Electrique en courant continu Résistivité Différence de potentiel Provoquée
Résistivité et/ou Champ magnétique Naturelle ou
Electromagnétisme
constante diélectrique Champ électrique provoquée
a) – Prospection sismique :
10
Géotechnique 1 - Reconnaissance des sols I. GUEYE
L’ébranlement est provoqué soit par l’explosion d’une charge où soit par un simple coup de
marteau à la surface du sol. Aux points de mesures on dispose des sismographes
enregistreurs (géophones) extrêmement sensibles. L’ébranlement provoque dans le sol des
vibrations longitudinales et transversales. Seules les vibrations longitudinales sont utilisées.
Quand on passe d’un terrain de vitesse V1 à un terrain de vitesse V2, il y a une réfraction des
ondes suivant la loi :
où : i1 = angle d’indice
i2 = angle de refraction
En particulier si V2 est supérieur à V1, il existe un angle limite d’incidence i tel que :
Sin i =V1/v2
Au delà duquel il n’y a plus réfraction : l’onde réfléchit entièrement. Les ondes réfléchies
(donc la sismique réflexion) ne sont pas utilisées en génie civil, car elles ne permettent pas
d’obtenir les données sur les 100 premiers mètres qui intéressent l’ingénieur constructeur.
Emission
Géophone
Terrain naturel
i i
Socle rocheux
11
Géotechnique 1 - Reconnaissance des sols I. GUEYE
E S
Onde directe x V 2 − V1
Sol (V1) z =
2 V 2 + V1
Onde réfractée
A B
12
Géotechnique 1 - Reconnaissance des sols I. GUEYE
Le tableau 1.1 ci-dessus donne une idée des vitesses de propagation dans les sols.
Les limites d’utilisation : la contrainte principale de cette méthode est que les sols
présentent des vitesses sismiques croissantes avec la profondeur. Ainsi une anomalie de
vitesse peu élevée située sous horizon à vitesse sismique élevée ne sera pas détectée. Sauf
lorsque les vides évoluent en fontis vers la surface, la recherche de cavité ne peut pas être
traité par le sismique réfraction conventionnelle.
b) – Prospection électrique
La résistivité des sols varie en fonction de leur teneur en eau, de la minéralisation de l’eau et
de la quantité d’argile. La plage de variation est très large : quelques Ω. Un pour les sables,
quelques dizaines d’Ωm pour les argiles, plusieurs milliers d’Ωm pour les calcaires, grès,
granites.
Pour réaliser ce sondage, on envoie dans le sol, au moyen de deux électrodes A et B (fig.
1.34 ci-dessus) un courant électrique, de préférence continu et d’intensité i, pendant que l’on
mesure la différence de potentiel ∆V existant entre deux autres électrodes C et D.
∆V
B D C A
Terrain naturel
13
Géotechnique 1 - Reconnaissance des sols I. GUEYE
Cette méthode est utilisée pour soit la reconnaissance des tracée, soit la prospection des
matériaux granulaires d’emprunt. On peut aussi utiliser cette méthode pour établir la coupe
géologique d’un déblai.
Les limites d’utilisation : les méthodes électriques peuvent être perturbées par les
courants telluriques et les phénomènes de polarisation spontanée, mais le principale
obstacle à leur utilisation réside dans les courants parasites induits par la présence de lignes
électriques, câbles enterrés, conduites métalliques, etc. Les sites urbains et industriels ne
conviennent généralement pas à leur mise en œuvre.
Les deux termes de sondage et forage, souvent confondus, sont généralement différenciés
par le degré de précision apporté dans la détermination des sols traversés.
La norme XP P94-202 : Prélèvement des sols et des roches précise que le terme sondage
englobe l’investigation, quelque soit son mode, ainsi que l’ensemble des informations
recueillies. Le forage désigne l’exécution du trou proprement dit ou la technique utilisée.
14
Géotechnique 1 - Reconnaissance des sols I. GUEYE
Il est souvent demandé l’exécution d’un ou de deux puits, sur quelques mètres de
profondeur, à la main, à la pelle mécanique ou par tous moyens mécaniques adéquates.
Ces puits permettent de reconnaître visuellement le sol et d’obtenir des échantillons,
remaniés ou non, tant qu’on se trouve au dessus de la nappe phréatique.
Ces reconnaissances très utiles peuvent donner une sécurité trompeuse si elles ne sont pas
descendues à une profondeur suffisante, soit parce que l’on trouve l’eau, soit parce que les
moyens utilisés ne permettent pas de dépasser 4 ou 5 mètres. On ne doit pas alors, se
contenter des indications qu’elles fournissent, mais nécessairement recourir à d’autres
moyens d’investigations tels que les forages profonds.
De très nombreuses techniques ont été mises au point par différents constructeurs en
fonction de la nature et de l’état des sols rencontrés (cohérents ou pulvérulents, roches
tendres ou compactes).
a) - Forage à déplacement
On bat ou on forge dans le sol un échantillonneur de type tube qui permet de récupérer un
échantillon de sol. L’examen des matériaux, une modification du battage ou de l’effort
statique nécessaire indique un changement de terrain. Le tubage du trou n’est généralement
pas nécessaire.
Ce procédé est utilisé dans les sables lâches à moyennement compacts au dessus de l’eau
et dans les sols cohérents. Cette méthode est économique si les parois du trou restent
verticales. Le diamètre du forage varie dans cette méthode entre 5 et 10 cm.
b) - Forage à la tarière
15
Géotechnique 1 - Reconnaissance des sols I. GUEYE
seul retrait. Les changements de la stratigraphie sont indiqués par l’examen des matériaux
retirés. Le tubage n’est généralement pas utilisé.
Tarières manuelles
La tarière mécanique continue est aussi du type hélicoïdal sur toute la longueur et pouvant
aller jusqu’à 10 mètres du fait que le retrait ne pose pas de problème (moteur).
Cette méthode est ordinairement utilisée pour des explorations peu profondes au dessus du
niveau de l’eau dans le cas des sables et des seltz, et dans les sols cohérents. La méthode
devient plus rapide si la tarière est mécanique. L’utilisation d’une tarière de grand diamètre
permet l’examen visuel du puits. A l’aide d’un tubage, on peut descendre jusqu’à une
profondeur maximale de 35 mètres.
c) - Forage à l’eau
Cette méthode utilise la percussion et la rotation d’un léger trépaner pour désagréger le sol.
L’utilisation d’eau sous pression à travers des trous pratiques dans le trépaner permet de
remonter pour lavage des débris des couches traversées. Les changements dans la
stratigraphie sont indiqués par la vitesse de progression, la charge appliquée sur le train de
16
Géotechnique 1 - Reconnaissance des sols I. GUEYE
tiges et l’examen des débris qui remontent à la surface. Le tubage n’est généralement pas
nécessaire sauf près de la surface.
Cette méthode est utilisée dans les sables, seltz et graviers sous blocs et cailloux, et dans
les sols cohérents. C’est la méthode la plus courante utilisée en géotechnique. La
profondeur maximum de forage est de l’ordre de 70 mètres.
d) – Forage au carottier
Cette méthode utilise la puissance de rotation d’un tube carottier « très tranchant », associée
à une circulation d’eau qui entraîne à la surface les débris de coupe. L’eau agit comme
réfrigérant pour le tranchant du carottier. Le forage est généralement tubé jusqu’au rocher.
Elle est utilisée soit seule ou en combinaison avec les autres procédés décrits ci-dessus,
pour forer dans le rocher (sain ou altéré), les formations de cailloux et les gros blocs.
e) – Coupe de sondage
Une coupe de sondage qui récapitule les informations recueillies est établie. Elle comporte
notamment les indications suivantes :
- la profondeur et l’altitude des changements de nature des sols ;
- la description lithologique et la représentation symbolique des sols ;
- l’unité stratigraphique correspondante, si elle est identifiable ;
- le pourcentage de récupération traduisant la qualité du carottage ;
- pour les roches, le R.Q.D. (Rock Qualification Design), donné par la formule, qui
exprime la densité de fracturation ;
- la description de l’équipement piézométrique éventuel : hauteur crépinée,
étanchéité, etc. ;
- les niveaux aquifères relevés avec les dates correspondantes.
17
Géotechnique 1 - Reconnaissance des sols I. GUEYE
Le remaniement après la prise peut être dû à diverses causes telles que le mauvais
scellement des carottiers, les réactions entre le sol et les carottiers, l’apparition de
moisissures, le gel, les cokes, les vibrations.
En général, un échantillon peut être considéré comme « non remanié » lorsque :
Ces conditions peuvent se traduire pratiquement par des critères d’acceptation suivants :
Di − d
i) – coefficient d’entrée : Ce =
d
De − Dt
ii) – Coefficient de fonçage : Cf =
Dt
De 2 − d 2
iii) – Coefficient de paroi : Cp =
d2
∆L d2 1
iv – Indice de carottage : I= = 2 = ≈ 1 − 2Ce
∆H Di (1 + Ce )2
18
Géotechnique 1 - Reconnaissance des sols I. GUEYE
Dt
Echantillonneur
Di
De
Pour qu’un échantillon de sol ne soit pas « remanié », il faut que Ce varie entre 0.5 et 1.5%,
Cp soit inférieur à 0.10 – 0.15 et I soit compris entre 1 et (1 - 2 Ce).
i) – tube fendu
L’échantillonneur de type fendu possède une paroi épaisse et est battu dans le sol. La bille
située dans la tête permet l’évacuation de l’eau lors de la montée de l’échantillon dans le
tube fendu. Le carottier fendu est ouvert sur place pour l’examen de l’échantillon.
L’échantillonneur a un diamètre extérieur de 5 à 11.5 cm et permet d’obtenir des échantillons
de 30 à 60 cm de longueur, et de 3.5 à 10 cm de diamètre.
Cet échantillonneur est utilisé pour obtenir des échantillons remaniés (le coefficient Ce est
plus petit que 0.5 % et peut-être égale à 0 ; le Cp = 11.11) dans pratiquement tous les sols,
sauf pour les gros graviers, les cailloux et les blocs.
19
Géotechnique 1 - Reconnaissance des sols I. GUEYE
Afin de ramener à la surface des échantillons de sols cohérents aussi peu remaniés que
possible, on fait usage de tubes à parois minces (A.P.M.) (avec un coefficient Ce égal
habituellement à 1 et Cp égal à 0.10). Ces tubes sont enfoncés à vitesse constante et ne
sont jamais battus. Le tube à parois minces le plus simple est le tube Shelby (figure 1.7
précédente) où l’échantillon est maintenu grâce à une soupape à bille.
Un appareil qui permet de récupérer des échantillons de sol cohérents et mous de meilleure
qualité est le piston stationnaire (A.P.S.). On procède de la manière suivante :
Le carottier, le piston étant fixé au niveau de la trousse coupante, est descendu dans
le sol, jusqu’à l’horizon où l’on veut prélever l’échantillon.
A ce niveau, le piston étant maintenu fixe par rapport à la surface du sol, le tube à
paroi mince est alors enfoncé.
Après prélèvement de l’échantillon, on supprime le vide existant entre le piston et le
haut de l’échantillon, et l’on peut extraire la carotte de l’appareil.
Avec cette méthode, la prise du forage augmente considérablement et limite le diamètre des
échantillons récupérés.
(a) Appareils à Paroi Mince (A.P.M) (b) Appareils à Piston Stationnaire (A.P.S)
20
Géotechnique 1 - Reconnaissance des sols I. GUEYE
b) - Echantillonnage du roc
Lorsque l’on veut soit prélever des échantillons de roc soit traverser des agglomérations de
bloc ou de cailloux, on utilise des carottiers à parois simples ou doubles (voir figure 1.8 page
suivante).
Dans le cas du carottier simple, l’échantillon de roc est obtenu par la rotation d’une couronne
à diamant ou en acier très dur. Dans le carottier simple, la carotte de roc n’est isolée et est
soumise au frottement du tube qui tourne. Si la roche est molle et fissurée, la récupération
sera très faible et de très mauvaise qualité. Pour isoler la carotte, on utilise les carottiers à
doubles parois. Le tube intérieur protège la carotte au fur et à mesure de l’avancement.
(a) Carottier simple (b) Carottier double (c) Carottier à trousse dépassante
Les divergences entre la théorie et la réalité sont beaucoup plus complexes dans le domaine
de la mécanique des sols appliquée que dans toute autre branche du génie civil : seules
l’observation et les mesures effectuées sur des ouvrages réels permettent de connaître
l’importance des erreurs commises et d’élaborer de nouvelles théories. En général, les
progrès réalisés sont limités par le fait que le coût des mesures in situ doit être justifié par les
besoins immédiats de chaque ouvrage.
21
Géotechnique 1 - Reconnaissance des sols I. GUEYE
Ce paragraphe est une description des instruments et des méthodes utilisés et les
applications pratiques les plus caractéristiques.
a) – Essais de résistance
L’essai de pénétration dynamique le plus ancien et le plus pratiqué est l’essai de pénétration
standard ou essai de pénétration au carottier (norme ASTM D 1586 ou norme NF P 94-116).
Cet essai présente l’avantage de permettre à la fois de prélever des échantillons remaniés
indicatifs des couches traversées et d’avoir une mesure de la résistance du sol.
Cet essai consiste à battre dans le sol, au fond d’un forage, un carottier ou tube fendu ayant
les caractéristiques et les dimensions suivantes :
Il est battu sous énergie constante avec un mouton en chute libre de 635 N et une hauteur
de chute de 75 mm.
22
Géotechnique 1 - Reconnaissance des sols I. GUEYE
Cette façon de procéder, en deux (2) phases, permet une meilleure connaissance du sol. En
effet, on peut avoir : N = 22 avec N1 = 11 et N2 = 11 ou avec N1 = 3 et N2 = 19.
Dans le premier cas on a faire à un terrain homogène et dans le second cas, on se trouve en
présence de deux couches différentes. Lorsque le terrain devient trop résistant et la
pénétration trop difficile, on arrête l’essai pour un nombre déterminé de coups et l’on indique
l’enfoncement correspondant à ce nombre de coups. De plus, on définit le refus comme une
pénétration inférieure à 15 cm pour 50 coups.
Une fois l’essai terminé, le tube de prélèvement est remonté à la surface et ouvert pour
examen (appréciation de la nature du sol testée).
• Interprétation de l’essai
A la suite de nombreuse essai, Terzaghi et Peck ont donné pour sable, un tableau de
correspondance entre N et l’indice de densité relative défini par :
emax − e γ γ − γ min
ID = × 100 = max × × 100
emax − e min γ γ max − γ min
Cette correspondance est donnée par le tableau 1.3 ci-dessous de propriétés des sols
granulaires.
23
Géotechnique 1 - Reconnaissance des sols I. GUEYE
Ces relations, toutes expérimentales et empiriques, ont été mises sous forme de graphique
(figure 1.9 ci-dessous).
50
< 5%
Angle de frottement φ °
40
> 5%
30
20
0 10 20 30 40 50
Ncorr , coups/0,30 m d'enfoncement
Il existe aussi similairement une corrélation du même type pour les sols cohérents. Mais
cette corrélation est beaucoup moins précise (tableau 1.4) de l’avis même des auteurs qui
24
Géotechnique 1 - Reconnaissance des sols I. GUEYE
l’ont établie, PECK, HANSON ET THORNBORN. A titre indicatif on donne les valeurs
approchées (très grossièrement) de la résistance à la compression simple.
• Difficultés et corrections
- Correction de nappe
Il y a lieu de remarquer que dans les sables très fin ou silteuse et les silts situés sous la
nappe (donc saturée), lorsque la valeur de N enregistrée est supérieure à 15, TERZAGHI et
PECK recommandent d’utiliser une valeur corrigée par la relation :
N '−15
N = 15 +
2
- Correction de profondeur
Il semble, par ailleurs, que la valeur de N soit très influencée par les surcharges dues au
poids des terres, au niveau de l’essai. C’est pourquoi certains auteurs conseillent également
d’opérer une correction de profondeur :
N = N x CN
Où : N = valeur mesurée
CN = coefficient correcteur.
N = valeur corrigée.
25
Géotechnique 1 - Reconnaissance des sols I. GUEYE
2000
C N = 0.77 log
γ *D
Dans les couches contenant beaucoup de graviers et de blocs, les résultats peuvent
être inutilisables, à cause de la faible dimension du tube de prélèvement, comparée à
celle des blocs.
Dans les argiles, la relation entre N et la résistance à la compression simple est très
grossière et est très imprécise pour fin de calcul de fondations. Ceci est d’autant plus
vrai pour les argiles, car le carottier remanie et liquéfie le sol lors du battage.
26
Géotechnique 1 - Reconnaissance des sols I. GUEYE
Les pays scandinaves ont mis au point un appareil de cisaillement direct des argiles en
place, le scissomètre.
La norme française NF P94-112 Essai scissométrique en place spécifie entre autres, les
caractéristiques de l’appareillage comprenant :
- un moulinet constitué de pales disposées à angle droit et dont la largeur totale D
est de 70 mm pour une hauteur H de 140 mm ;
- un système de fonçage composé d’un train de tubes permettant d’enfoncer
lentement le moulinet (<2cm/s) dans le sol ;
- des tiges de torsion tournant librement à l’intérieur des tubes précédents et à
l’extérieur desquelles est fixé le moulinet ;
- un couplemètre, placé en surface, permettant de transmettre un moment de
torsion au train de tiges, moment dont la valeur est mesurée à l’aide d’un
dynamomètre. La vitesse de rotation doit être constante et de 18° par minute
environ.
La résistance au cisaillement
est calculée à partir de la valeur
maximale du moment de torsion
exercé sur le scissomètre, de la
façon suivante :
2M
Cu =
D
D 2 H + π
3
Cu = Résist. au cisaillement
M = Moment de torsion
H = hauteur des palettes
D = diamètre des palettes
27
Géotechnique 1 - Reconnaissance des sols I. GUEYE
Le scissomètre est enfoncé dans le sol puis sollicité par torsion jusqu’à ce que le sol se
rompe suivant le cylindre circonscrit.
Ces vitesses sont assez élevées pour permettre aux pressions interstitielles de se dissiper,
l’essai se fait dans des conditions non drainées, et la résistance au cisaillement mesurée est
égale à la cohésion non drainée des argiles. La résistance au cisaillement du sol τ dépend
directement du moment de torsion et s’écrit τ = T/K et K étant un coefficient tenant compte
des caractéristiques géométriques du moulinet.
Si l’on opère à la vitesse constante, et il faut qu’il soit ainsi, l’évolution du moment de torsion,
en fonction du temps ou de la rotation totale des palettes, est donnée à la figure 1.11 ci-
après. C’est une courbe classique de cisaillement.
220
200
Courbe d'étalonnage du couplemètre
Lecture du couplemètre en nombre de divisions
180
160
140
Après 10 tours
120
100
Moment maximum
80
Moment ultime
60
40
20
0
0 50 100 150 200 250 300 350 400 450 500
Temps en secondes
Limitations de l’essai :
- Des précautions doivent être prise pour ne pas remanier le sol avant l’essai.
- La présence de gravier influence les résultats.
28
Géotechnique 1 - Reconnaissance des sols I. GUEYE
L’essai pressiométrique a été mis au point en 1955 par Louis Ménard, c’est actuellement
l’outil de base utilisé pour le dimensionnement des fondations. Cet essai fait l’objet de la
norme NF P94-110 (en révision en 1997). Il est le seul essai fournissant à la fois un critère
de rupture et un critère de déformabilité du sol.
L’essai pressiométrique consiste à effectuer une mise en charge latérale du terrain grâce à
une sonde (figure ci-dessous) descendue dans un avant trou sensiblement de même
diamètre, parfaitement réalisé, car il ne doit pas modifier les propriétés du sol. Cette sonde
est dilatable radicalement par application d’une pression interne croissante. On détermine
les déformations correspondantes en mesurant la variation de volume de la cellule centrale.
La sonde comporte trois cellules. Seule la cellule centrale sert à la mesure. Les deux cellules
de garde ont pour but de créer un champ de contrainte bidimensionnel sur la hauteur de la
cellule de mesure qui est remplie d’eau.
29
Géotechnique 1 - Reconnaissance des sols I. GUEYE
La sonde est descendue dans le forage à une profondeur H, l’essai consiste à appliquer au
sol une pression radiale croissante par paliers successifs. L’incrément de pression entre
deux paliers est adapté à la résistance supposée du sol. La pression dans les cellules de
garde est toujours voisine de celle régnant dans la cellule centrale.
30
Géotechnique 1 - Reconnaissance des sols I. GUEYE
Avant d’introduire la sonde dans le forage, des étalonnages de la sonde, décrits ci-après,
sont effectués.
p = pr – pe + (H + h0) γω
V = Vr – a • pr
31
Géotechnique 1 - Reconnaissance des sols I. GUEYE
Les corrections correspondant à l’application des formules ci-dessus étant faites, deux
courbes sont représentées dans un même diagramme (figure 1.13).
La courbe de fluage traduit les variations de volume mesurées entre 30 et 60 secondes pour
chaque palier de pression. Cette courbe à l’allure indiquée sur la figure 1.13 et permet de
définir la pression de fluage Pf.
∆p
EM = K ⋅
∆V
32
Géotechnique 1 - Reconnaissance des sols I. GUEYE
La rupture se traduit par une asymptotique des courbes brutes ou corrigées. La pression
limite est définie conventionnellement comme étant la pression nécessaire pour doubler le
volume de la cavité.
N.B : Les forages pressiométriques étant généralement du type destructif, la nature des
couches traversées n’est souvent appréciée que par l’examen des sédiments qui remontent
avec le fluide de forage. Ces coupes sont très grossières et risque d’erreurs d’interprétation
assez élevées, surtout lorsque le contexte géologique est mal connu et que des sondages
carottés n’ont pas été faits parallèlement.
La pénétration dynamique (figure 1.14) consiste à enfoncer dans le sol, par battage et de
manière quasi-continue, d’un train de tige muni à son extrémité d’une pointe débordante. Le
nombre de coup correspondant à un enfoncement donné est noté au fur et à mesure de la
pénétration de la pointe dans le sol.
- un mouton de battage,
- une enclume et une tige-guide de battage,
- un train de tiges,
- une pointe (fixe ou perdue), de forme conique, appelé également cône,
- des systèmes annexes de guidage, repérage et comptage.
Le mouton coulisse sur la tige guide et frappe l’enclume, transmettant ainsi l’énergie du
battage au train de tige de la pointe.
33
Géotechnique 1 - Reconnaissance des sols I. GUEYE
Cet essai fournit la résistance dynamique de pointe qd exprimée en pascal par le formule
suivante :
m⋅ g ⋅H m
qd = ⋅
A⋅e m + m'
Les résultats sont présentés sous forme de graphique : la profondeur est positionnée en
ordonnée et les valeurs de qd en abscisse en échelle arithmétique.
34
Géotechnique 1 - Reconnaissance des sols I. GUEYE
Principe de l’essai
35
Géotechnique 1 - Reconnaissance des sols I. GUEYE
4P
qc =
π ⋅B2
L’enfoncement du cône se fait de façon continue par l’intermédiaire d’un train de tiges sur
lequel on exerce l’effort. Il est évident que si le train de tiges a le même diamètre que le cône
et si celui-ci est fixe par rapport au train de tiges, l’enfoncement mesure à le fois la
résistance en pointe et la résistance du frottement latéral. Si l’on veut séparer ces deux (2)
termes, il importe que le cône puisse se déplacer indépendamment des tiges ou qu’un
dispositif approprié permette de mesurer la réaction du sol au niveau du cône.
Le pénétromètre hollandais possède un cône mobile ayant un angle au sommet de 60° dont
la section est de 10 cm2.
Les résultats sont présentés sous forme de graphique en fonction de la profondeur atteinte
par la pointe. Sur le graphique figurent :
- la résistance à la pénétration du cône qc exprimée en MPa (échelle arithmétique),
appelée « résistance ou effort de pointe »,
- le frottement latéral unitaire sur le manchon fs exprimé en kPa,
- le rapport de frottement Rf = fs/qc (exprimé en %)
A partir des valeurs de l’effort de pointe qc mesurées dans un terrain, on peut déduire la
pression admissible des fondations superficielles et des fondations profondes. Mais à côté
de ces évaluations directes de capacité portante, le pénétromètre statique permet aussi une
36
Géotechnique 1 - Reconnaissance des sols I. GUEYE
cu = qc / 10
cu = qc / 15
Dans le cas d’un pénétromètre avec manchon, la détermination de la nature des sols à partir
de Rf et qc peut être facilitée, avec les précautions et rigueur, par l’utilisation d’abaques tel
que SCHMERTMANN 1969 (voir figure 1.15).
37
Géotechnique 1 - Reconnaissance des sols I. GUEYE
Limitations de l’essai
Il faudra se montrer prudent dans les zones où les termes à la pointe ont des valeurs
élevées car lorsqu’on arrive au voisinage de la limite de l’appareil, les mesures risque
de n’avoir plus grande signification.
Piézocône
Cet appareil fait l’objet de la norme NF P94-119 Essai au piézocône. La mesure des
variations de la pression interstitielle provoquées par le fonçage du pénétromètre est réalisée
à l’aide d’un élément filtrant et d’un capteur situés juste au dessus du cône.
Ces mesures permettent de mieux identifier la nature des sols : par exemple, la présence de
formations lenticulaires de sable au sein d’un milieu argileux se traduit par des chutes de
pression interstitielle. En outre, il est possible d’en déduire la perméabilité horizontale et le
coefficient de consolidation. L’étalonnage avec d’autres essais est toujours nécessaires.
Les essais de chargement direct des fondations réelles sont certainement très intéressants,
mais ils sont longs et coûteux et réservés uniquement aux pieux et à quelques remblais de
route expérimentaux.
Ne pouvant pas charger les radier jusqu’à la rupture, on a cherché pour les fondations
superficielles à effectuer des essais comparatifs à la plaque ou à la table. Si ceux-ci peuvent
être intéressants pour déterminer, dans les essais routiers par exemple, le module de
WESTERGAARD ils n’apportent que quelques renseignements qu’il faut considérer avec
circonspection pour les fondations superficielles.
Dès qu’une charge est appliquée sur une certaine surface d’un sol, elle provoque un
tassement. On peut étudier l’importance du tassement final constaté en fonction de l’intensité
de la charge appliquée. Cette relation peut être représentée par une courbe de tassement
(figure 1.16 suivante).
38
Géotechnique 1 - Reconnaissance des sols I. GUEYE
Pression maximale
Déformation ou Tassement
Le chargement est effectué soit de façon directe (figure 1.17 ci-dessous), soit par vérin ou
encore par levier.
39
Géotechnique 1 - Reconnaissance des sols I. GUEYE
Charge
Plateau
Fut
Cornière
Comparateur
Appui des
Comparateurs
Plaque d’essai
Φ = 300 mm
Interprétation de l’essai
Dans les sols cohérents, la capacité portante ou la résistance maximum des fondations est
essentiellement indépendante des dimensions des fondations, et la relation entre la pression
maximale mesurée à la plaque et la capacité portante d’une fondation, peut s’écrire comme
suit :
Toutefois dans les sables et graviers, la capacité portante augmente linéairement avec la
largeur de la fondation, et la relation ci-dessus devient :
40
Géotechnique 1 - Reconnaissance des sols I. GUEYE
Limitation de l’essai
Le plus grave reproche à faire à cet essai est le cas d’un sol composé d’une couche
superficielle compacte suivie d’une couche compressible. En effet, dans le cas de cette bi-
couche les résultats obtenus peuvent être absolument sans signification. Les bulbes de
pressions existantes sous le pied de la table ou sous la semelle n’ont rien de commun et une
couche compressible située à faible profondeur qui n’aura pas été influencée par la table
subira des tassements importants sous l’action de l’ouvrage.
b) Essais d’eau
Etant donné que l’eau des sols affecte le comportement des fondations (conception et
construction), le niveau de la nappe doit être établi avec précision. La façon habituelle de
déterminer ce niveau consiste à mesurer le niveau de l’eau dans un sondage, quelques
temps après l’avoir complété. Généralement une période de 24 heures d’attente est utilisée.
Dans les sols ayant une perméabilité élevée, tels que les sables et graviers, une période
d’attente de quelques heures est suffisante à moins que l’on est utilisé de la boue de
bétonite pour effectuer le sondage. Dans les sols ayant une perméabilité assez faible, tels
que les silts, sables fins et argiles, la période d’attente pourrait varier entre quelques jours à
quelques semaines.
Si des mesures précises des pressions d’eau s’avèrent être nécessaire, il est recommandé
d’utiliser des piézomètres (voir figures 1.18 suivante). Le piézomètre à ciel ouvert est le plus
simple. Le piézomètre est constitué par une crépine, isolée par un bouchon étanche du reste
de la nappe et prolongé par un tube piézométrique ouvert. L’eau se stabilise dans un tube au
niveau qui équilibre la pression. Lorsque la charge ou la pression varie dans le temps, le
niveau d’eau varie après échange d’eau avec le terrain. Si celui-ci est très perméable, (k >
10-5 m/s), ces variations sont ainsi quasi instantanées ; sinon elles nécessitent un certain
temps, dit temps de réponse du piézomètre. On cherche à le diminuer soit en réduisant le
diamètre de tube, soit en utilisant des piézomètres fermés qui sont de deux (2) types :
Les piézomètres hydrauliques (voir figure 1.18 a) dans lesquels la pression est
transmise à l’appareil de mesure (ici, un manomètre par l’intermédiaire d’une
tubulaire remplie d’eau.
Les piézomètres électriques dans lesquels la pression de l’eau provoque la
déformation d’une membrane, déformation que l’on mesure électriquement.
41
Géotechnique 1 - Reconnaissance des sols I. GUEYE
Pour calculer le débit d’assèchement d’une fouille ou celui d’un drain, il est nécessaire de
connaître la valeur du coefficient de perméabilité. Les variations relatives sont aussi
importantes, car elles gouvernent la répartition des pressions dans le sol.
La mesure peut s’effectuer en laboratoire à l’aide d’un perméamètre, mais les résultats
obtenus n’ont généralement pas une grande signification précise du fait du remaniement lors
du prélèvement et de leur faible volume. Il est donc nécessaire de faire la mesure en place.
1. Essai ponctuel
• Type LEFRANC
le principe de l’essai LEFRANC dans les sols meubles consistes à injecter ou à pomper de
l’eau à débit constant Q [m3/s] dans une cavité limitée latéralement et à la partie inférieure
42
Géotechnique 1 - Reconnaissance des sols I. GUEYE
par la paroi du sondage et à la partie supérieur, par un bouchon étanche. On crée aussi une
variation de charge h [m] dans la cavité lorsque le régime d’équilibre est atteint, où à la
relation simple :
Q
K=
c.h
Cet essai est réalisé soit au fur et à mesure de l’avancement du sondage, soit dans les
piézomètres.
• Type LUGEON
Dans les formations rocheuses compactes ou fissurées, l’essai est effectué sous pression
dans une tranche de forage limitée, soit par le fond et un obturateur, soit par deux (2)
obturateurs (voir figure 1.19 ci-dessous).
43
Géotechnique 1 - Reconnaissance des sols I. GUEYE
2. Essai de pompage
On peut déterminer le coefficient de perméabilité moyen et global d’une masse de sol par
pompage de l’eau dans les puits filtrants en procédant à un rabattement de nappe aquifère.
Le puit doit avoir un diamètre suffisant pour descendre une pompe ou une crépine. Des
piézomètres sont disposées autour du puit ; ou pompe à débit constant Q (m3/s) et l’on suit le
rabattement ou abaissement du niveau de la nappe dans le puit et les piézomètres. Dans un
milieu homogène et isotrope, le rabattement ∆ (en m) suit la loi :
Q
∆= ⋅W (u )
4π K e
r2
Où : u =
4KHt
La fonction W(u) est tabulée (courbe de Theis). On obtient ainsi pour la masse de sol
intéressée par le pompage une valeur moyenne de la perméabilité. La précision obtenue est
bonne à environ 10 %. Cependant pour que l’interprétation soit correcte, il est nécessaire de
disposer d’une étude géologique et hydrogéologique détaillée.
44