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Géotechnique 1 - Reconnaissance des sols I.

GUEYE

CHAPITRE I – RECONNAISSANCE DES SOLS

1.1 - Définition de la reconnaissance

1.2 - Principes généraux de la reconnaissance

1.3 - Méthodes de reconnaissance

1.4 – Echantillonnage et Essais in situ

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Géotechnique 1 - Reconnaissance des sols I. GUEYE

1.1 - DEFINITION DE LA RECONNAISSANCE DES SOLS

La conception d’une fondation, d’un barrage en terre, ou d’un mur de soutènement ne peut
pas être faite d’une manière intelligente et satisfaisante sans pour autant que le concepteur
(designer) ait une idée précise et raisonnable des propriétés physiques du sol. L’ensemble
des investigations au laboratoire et sur le chantier nécessaires pour obtenir cette information
essentielle constitue la reconnaissance des sols.

Il y a quelques dizaine d’année la reconnaissance des sols était presque inadéquate par ce
que les méthodes rationnelles d’essais n’étaient pas très développées. A présent, les
nombres d’essais sur les sols et les raffinement dans les techniques pour la performance
des ces essais sont souvent tout à fait hors de proportion par rapport à la valeur pratique des
résultats. Dans le but d’éviter ces extrêmes, il est nécessaire d’adapter le programme
d’exploration, aux conditions du sol et à la grandeur de l’ouvrage.

Tout constructeur doit, dans son propre intérêt, prendre en compte la nature du sous-sol
pour adapter son projet en conséquence, définir le système de fondation de l’ouvrage avec
le meilleur rapport sécurité/coût et se garantir contre les effets de la réalisation des travaux
sur les constructions voisines. La responsabilité des problèmes liés au sol est transférée à
un spécialiste, le géotechnicien, dont la mission porte sur les points suivants :

- les terrassements : faisabilité, réemploi des matériaux, tenue des talus et


parois des fouilles,
- l’hydrogéologie : influence d’une nappe aquifère sur la réalisation des travaux
et sur la conception de l’ouvrage (drainage, cuvelage d’un sous-sol), agressivité
de l’eau vis-à-vis des béton ;
- les fondations : définitions des types de fondations à envisager et contraintes
admissibles à retenir, évaluation des terrassements prévisibles ;
- l’incidence sur l’environnement : stabilité des pentes et des constructions
voisines, nuisances liées aux travaux (compactage dynamique et rabattement
de nappe, injection, etc.) ;
- les risques naturels : détection de cavités naturelles ou anthropiques, stabilité
générales du site, sismicité.

Le géotechnicien doit avoir une approche à la fois naturaliste et technique des problèmes.
Pour mener à bien sa mission, sa première tâche, lorsqu’on lui laisse l’initiative, est de définir
le programme de la reconnaissance. Cette dernière devra être complète, bien pensée et
adaptée à la fois au site et à l’ouvrage. Elle doit permettre en particulier de définir :

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- la géologie locale détaillée,


- Les caractéristiques physiques et mécaniques des sols (voire même chimiques),
- le régime hydrogéologique,
- (ne pas se limiter obligatoirement à l’emprise du projet, mais être éventuellement
étendue à son voisinage, ce que l’on appelle « le site géotechnique » ou
encore le périmètre géotechnique de protection.

Les campagnes d’investigations doivent passer par l’ensemble des phases d’un projet
depuis les enquêtes préliminaires en passant par le stade de l’avant-projet sommaire (APS),
stade de l’avant-projet définitif (APD) et du projet.

a) - Enquêtes préliminaires : elles portent sur :


- la visite des lieux avec examen des ouvrages voisins,
- l’étude des cartes topographiques, géologiques et éventuellement des
photographies aériennes,
- la consultation des documents relatifs aux risques naturels, cartes des carrières,
Plan d’Exposition au Risques naturels, cartes sismiques, etc).
- l’utilisation de banques de données.

b) - Stade de l’avant-projet sommaire (APS) : l’aspect qualitatif de reconnaissance est


privilégié. Des moyens d’investigation peu onéreux sont bien adaptés à l’étude de
l’hétérogénéité du site : géophysique, sondage au pénétromètre dynamique, etc. Les
sondages pour la réalisation d’essais mécaniques sont effectués un nombre réduit et
à ce stade les sondages carottés sont absents. Cette reconnaissance doit :

- conduire au systèmes de choix de fondations, à l’exclusion de tout pré


dimensionnement. La communication des données quantitatives ne peut être
qu’indicative et doit obligatoirement faire l’objet de vérifications ultérieures ;
- mettre en évidence tout les problèmes particuliers que risque de poser la
réalisation du projet ;
- permettre de dresser un programme précis de la reconnaissance définitive.

c) - Stade de l’avant-projet définitif (APD) et du projet : Cette reconnaissance permet


au géotechnicien de répondre à tous les points figurants dans sa mission et son
contenu dépend des résultats de la première étude. Dans la pratique, pour les
ouvrages d’importance modeste et sur des sites homogènes, les deux phases
d’étude sont souvent confondues.

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1.2 – PRINCIPES GENERAUX DE LA RECONNAISSANCE

1.2.1 : Objet

La reconnaissance géologique et géotechnique doit fournir à l’ingénieur toutes les


informations intéressant le site, nécessaires pour l’implantation, le dimensionnement et la
prévision des conditions d’exécution des ouvrages. Elle définira donc :

 La nature et l’état des formations présentes sur le site, sans oublier l’eau, qui est
généralement à l’origine des problèmes ;
 Les difficultés à atteindre le site à cause de la présence de certains éléments sur
le terrain et la manière de les surmonter ;
 Eventuellement, les études complémentaires nécessaires pour la poursuite de
l’élaboration du projet ; les chantiers expérimentaux à envisager pour le lever
certaines incertitudes, ou le suivi du chantier à assurer pour adapter les solutions
aux terrains réellement rencontrés ;
 Les répercussions d l’ouvrage sur l’écologie du site.

1.2.2 : Etapes de l’étude

La reconnaissance s’articulant autour des problèmes à résoudre, il est nécessaire de


distinguer les différents types d’études auxquels elle peut servir de support. Ils sont
essentiellement au nombre de trois (3) :

 Les zones (urbanisme) : en relation avec les problèmes d’urbanisation, il s’agit


de délimiter des secteurs où les caractéristiques des terrains sont homogènes et
de déterminer ensuite ces caractéristiques, pour telle ou telle autre application,
principalement pour les fondations des bâtiments ;

 Les tracés : routes, autoroutes, canaux, voies ferrées. Il s’agit de déterminer le


meilleur tracé en fonction principalement des problèmes suivants : terrassement,
stabilité des pentes naturelles, bancs de matériaux d’emprunt, fondations
d’ouvrages ;

 Les ouvrages d’art ou les bâtiments : la possibilité de jouer sur leur


implantation étant très faible, la reconnaissance doit permettre de déterminer les
fondations, mais aussi de proposer le type de structure le mieux adapté au
terrain.

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Pour répondre aux différents problèmes, la reconnaissance doit se dérouler en plusieurs


phases. Lorsque les données sont peu précises, elles mettra en œuvre des méthodes
rapides, simples et bon marché : géologie, géophysique, sondages à la tarière. Au fur et à
mesure que le projet s’élabore, elle utilise des méthodes plus sophistiquées, donc plus
longues et plus coûteuses : essais en place, sondages carottés, essais de laboratoire.

a) – Etudes d’urbanisme : on distingue trois niveaux d’études :

 Le niveau régional pour des choix importants : ville nouvelle, base de plein aire,
complexe minier, nouveau port, l’étude est à la base géologie ;

 Le niveau de l’agglomération : il s’agit de délimiter des zones pour implanter les


grands équipements, et tenant compte des évaluations économiques assez
précises ; l’étude comprend une étude géologique complétée par des mesures
géophysiques, des sondages, des essais au laboratoire on in situ ; elle conclut
généralement par une carte géotechnique ;

 Le niveau des zones d’aménagement : la vocation de la zone étant connue ; il


s’agit d’obtenir des données géotechniques plus précises pour prévoir
l’implantation des ouvrages.

b) – Etudes des tracés :

Trois étapes sont nécessaires, par référence aux échelles de travail :

 Etude au 1/20 000 ou 1/25 000 : son but est de déterminer un tracé de référence
et les variantes à étudier : Elle doit mettre en évidence les points de passage
obligés et les « points durs » qui mettent en cause l’économie du projet (coût,
délai, qualité).

 Etude au 1/5 000 : elle doit permettre de choisir dans chaque cas les meilleurs
variantes ; de fixer le tracé et de chiffrer correctement le coût de l’ouvrage. Elle
comprend une étude géologique précise, faite à partir des levées de terrain, d’une
campagne géophysique et de sondages à la tarière.

 Etude au 1/1 000 : elle doit permettre de mettre au point le dossier technique,
donc d’arrêter les caractéristiques de l’ouvrage. Elle comprend souvent une série
d’études spécifiques, qui doivent déterminer : la pente des talus, les systèmes de
drainage, les terrassements, les emprunts de matériaux etc…

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c) – Etude des ouvrages d’art :

Deux études dans les cas simples sinon trois (3) sont nécessaires :

 Enquêtes préalable : elle doit conduire à indiquer la nature probable des


fondations, et à en effectuer le prédimensionnement. Elle doit permettre de choisir
le meilleur type d’ouvrage ou de structure. L’étude est faite à partir de documents
géologiques de base.

 Reconnaissance normale permet de définir le type de fondation. Elle est faite


principalement à partir des essais in situ (pressiomètre, pénétromètre,
scissomètre) et des essais de laboratoire (triaxial, compression, consolidation).

 Etude spécifique : la reconnaissance ne permet pas de conclure dans certains


cas : terrain hétérogène, présence d’eau, sols très compressibles, tassement
excessifs.

d) – Relations entre les diverses étapes de l’étude :

Un certain nombre de principe doit être respecté pour garantir la qualité et la rapidité de
l’étude.

 La reconnaissance constitue un ensemble ordonné d’opérations. L’exploitation


des informations apportées à chaque phase doit être complète avant d’entamer la
phase suivante. Elle doit donc se terminer par une synthèse qui dégage les
premières conclusions et qui propose aussi les études futures.

 Chaque étape doit être adapté au but qui lui est assignée, et mettre en évidence
le plus rapidement possible toutes les difficultés susceptibles d’être rencontrées.
Ces difficultés nécessitent dans tous les cas, des études plus approfondies, donc
plus longues. Il arrive même qu’elles puissent remettre en cause le projet.

Malgré le perfectionnement des méthodes de reconnaissance, rien ne remplace la vue des


terrains.

Le coût de la reconnaissance reste toujours faible vis-à-vis du coût des ouvrages : de l’ordre
de 1 à 2% pour les tracés et les bâtiments, 2 à 3% pour les ouvrages d’art.

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1.2.3 – Etendue de la zone à reconnaître

Même en se limitant à un problème donné, il est difficile de définir une campagne type de
reconnaissance, qui dépend tout d’abord de la difficulté et de l’hétérogéneité du site de la
nature de l’ouvrage et de son importance, de la nature et de la probabilité du risque encouru.

a) – Nombre de reconnaissances souhaitables

Distance entre les sondages (m)


Nombre minimum de
Projet Uniforme Moyenne Erratique forages par structure
Edifice plusieurs étages 45 30 15 4
Immeuble 1 ou 2 étages 60 30 15 3
Piliers de pont, culées - - - 1 à 2 par fondation
Autoroutes 250 150 30
Bancs d’emprunt 250 - 150 150 - 60 30 - 15

b) – Profondeur souhaitable pour les sondages

La profondeur doit être telle que toutes les couches qui peuvent être influencées par la mise
en charge des terrains soient atteintes ou puissent être étudiées. En pratique, on descendra
les sondages jusqu’à une profondeur telle que la contrainte résiduelle dans le sol soit
négligeable ou tout au moins faible. Par exemple pour une semelle filante, à une profondeur
égale à six (6) fois la largeur de la semelle, la pression résiduelle représente environ 20 %
de la pression de contact. Pour une semelle isolée, à une profondeur égale à 1,5 fois la
largeur, la pression résiduelle est à peu près égale à 20 % de la pression de contact. Mais il
faut tenir compte également de la proximité des semelles voisines dont les effets peuvent
être cumulatifs.

En résumé, on peut dire qu’il est nécessaire de reconnaître le terrain sur les profondeurs
suivantes :

 Pour des fondations isolées : trois fois la largeur de la semelle avec un minimum
de 6m.

 Pour un radier on pour ensemble d’ouvrages dont les effets se superposent dans
les couches profondes, une fois et demie la largeur de la construction.

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B C B

Terrain naturel

D D

semelle

z
sondage

Fig. 1.1 : Profondeur minimale des forages – semelles

z = 4.5 B si C < 2B
z = 3.0 B si 2B < C < 4B
z = 1.5 B si C > 4B

Pour une fondation sur groupe de pieux : si D est la profondeur des pieux et B la largeur
totale du groupe de pieux, la profondeur minimale du forage est égale :

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z= D + 1 .5 .B
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1.3 – METHODES DE RECONNAISANCE

Les meilleures reconnaissances sont faites avec des puits ou des tranchées. On peut ainsi
voir le terrain, prélever de gros échantillons, ou réaliser des essais in situ. Mais de tels
travaux coûtent chers. Il ne faut pas non plus qu’il y ait beaucoup d’eau dans le terrain.

Si les sondages à réaliser ne sont destinés qu’à définir la limite d’un massif meuble, par
exemple détermination de la forme d’un socle rocheux, il n’est pas indispensable de réaliser
des puits ou des tranchées à travers ce massif, on peut aussi utiliser une méthode
géophysique.

1.3.1 – Géophysique

Les méthodes de reconnaissance géophysiques trouvent leur utilité à différents stades de


l’étude géotechnique. Par exemple, elles permettent d’apprécier l’hétérogénéité d’un site,
d’implanter judicieusement les sondages et de déterminer la nature des couches de sol de
par leurs caractéristiques magnétiques, gravimétriques, sismiques ou électriques.

Ces méthodes consistent à mesurer avec des appareils disposés à la surface du sol et très
exceptionnellement à faible profondeur. La prospection géophysique n’a pour but d’obtenir
une précision comparable à celle fournie par des sondages mécaniques, elle permet par
contre de réaliser des profils continus et donc d’avoir une vue d’ensemble des terrains. Les
caractéristiques mesurées (résistivité, vitesse du son, etc…) reflètent la nature et l’état des
terrains. Dans tous les cas, elle nécessite un étalonnage par sondages. Elle est rapide, donc
peu coûteuse, et resté à ce titre la méthode type de dégrossissage pour les études
préliminaires. En génie civil en particulier dans les travaux publics, on fait simplement appel
à la sismique et à l’électrique car les méthodes magnétiques et gravimétriques ne donnent
des résultats qu’à très grande échelle, donc imprécis.

La Prospection électrique basée sur la résistivité des sols et la sismique réfraction qui
s’appuie sur la variation de la vitesse du son dans certains terrains, celle-ci étant liée aux
caractéristiques mécaniques du sol.

Cette vitesse varie de 300 m/s pour les couches de surface à plus de 6000 m/s dans
certaines formations granitiques. La sismique réfraction a deux intérêts principaux :

 elle permet la localisation d’un substratum rocheux,


 elle donne des indications sur les possibilités de rippabilité de la roche. En effet la
vitesse sismique étant fonction des caractéristiques mécaniques et de fissuration, sa

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valeur peut permettre de prévoir si la roche pourra être extraite au ripper ou à


l’explosif. Ce renseignement est très important pour la marche du chantier. Certains
fabriquant de matériel (CATERPILLAR par exemple) ont dressé des tableaux qui
permettent de connaître les possibilités de rippabilité d’un engin déterminé (tracteur
de 320 chevaux par exemple) compte tenu de la vitesse sismique.
 Diagraphie qui permet de mesurer la radioactivité naturelle et la résistivité

On peut citer les méthodes moins utilisées telles que : la méthode magnétique (mesure avec
des magnétomètres du champ magnétique terrestre, perturbé par la présence dans le sous-
sol de roches à susceptibilité magnétiques élevée), les méthodes électriques et telluriques
(les champs telluriques dus à l’activité solaire), etc.

Les méthodes gravimétriques basée sur l’étude de la pesanteur, résultant de l’importance et


de la nature des masses rocheuses situées dans le sous-sol.

En aucune manière les méthodes géophysiques ne peuvent substituer se substituer aux


investigations par sondages. Dans certains cas, elles permettent cependant une meilleure
approche du programme de reconnaissance par une réduction du nombre de sondages et
une profondeur d’investigation optimisée.

Les principales méthodes utilisées sont récapitulées dans le tableau 1 ci-dessous :

Tableau 1.1 : Méthodes géophysiques

Paramètre physique
Groupes de méthodes Champ mesuré Origine
étudié
Gravimétrie Densité Pesanteur Naturelle
Vitesse et/ou Temps de trajet et
Sismique impédance acoustique amplitude des signaux Provoquée
des ondes mécaniques transmis
Electrique en courant continu Résistivité Différence de potentiel Provoquée
Résistivité et/ou Champ magnétique Naturelle ou
Electromagnétisme
constante diélectrique Champ électrique provoquée

a) – Prospection sismique :

La méthode consiste à provoquer en ébranlement du sol en un point donné et à mesurer


l’époque de la première apparition de ces ébranlements en des points plus ou moins
éloignés. Des calculs basés sur la célérité des ébranlements fournissent la solution.

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L’ébranlement est provoqué soit par l’explosion d’une charge où soit par un simple coup de
marteau à la surface du sol. Aux points de mesures on dispose des sismographes
enregistreurs (géophones) extrêmement sensibles. L’ébranlement provoque dans le sol des
vibrations longitudinales et transversales. Seules les vibrations longitudinales sont utilisées.

La vitesse de propagation est liée aux caractéristiques mécaniques du terrain : module de


YOUNG et coefficient de POISSON. La vitesse de propagation des ondes longitudinales
varie dans une très grande plage : de 300 m/seconde pour les terrains superficiels à plus de
6000 m/seconde pour les terrains les plus compactes (massif de granite par exemple).

Quand on passe d’un terrain de vitesse V1 à un terrain de vitesse V2, il y a une réfraction des
ondes suivant la loi :

Sin i1/V1 = sin i2/v2

où : i1 = angle d’indice
i2 = angle de refraction

En particulier si V2 est supérieur à V1, il existe un angle limite d’incidence i tel que :

Sin i =V1/v2

Au delà duquel il n’y a plus réfraction : l’onde réfléchit entièrement. Les ondes réfléchies
(donc la sismique réflexion) ne sont pas utilisées en génie civil, car elles ne permettent pas
d’obtenir les données sur les 100 premiers mètres qui intéressent l’ingénieur constructeur.

Emission
Géophone
Terrain naturel

i i

Socle rocheux

Fig. 1.2 : Principe de la méthode par sismique réflexion

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Temps d’arrivée des ondes [s]


Onde directe de pente 1/V1

Onde réfractée de pente 1/V2

Onde réfractée de pente 1/V2

x Distance à l’émission [m]

Emission (charge explosive)


géophones
Terrain naturel

E S

Onde directe x V 2 − V1
Sol (V1) z =
2 V 2 + V1
Onde réfractée

A B

Socle rocheux (V2) V2 > V1

Fig. 1.3 : Principe de la méthode par sismique par réfraction

t = f(x) avec : t = instant de l’écho


x = distance à l’émission

La position du point x (intersection des deux droites) permet de calculer l’épaisseur du


premier terrain. La sismique réfraction a trois utilisations principales :
◊ La localisation du substratum rocheuse
◊ L’appréciation de la rippabilité
◊ La détermination des caractéristiques pour les appuis de barrages

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Le tableau 1.1 ci-dessus donne une idée des vitesses de propagation dans les sols.

Tableau 1.2 : Vitesse de propagation des ondes dans les sols

Sol vitesse (m/s) Sol vitesse (m/s)


Sable 200 – 2 000 Calcaire 1 700 – 6 400
Gravier 500 – 2 000 Schiste 2 300 – 4 600
Argile 1 800 – 3 800 Granite 4 000 – 5 700
Grès 1 400 – 4 300 Quartzite 5 000 – 6 100

Les limites d’utilisation : la contrainte principale de cette méthode est que les sols
présentent des vitesses sismiques croissantes avec la profondeur. Ainsi une anomalie de
vitesse peu élevée située sous horizon à vitesse sismique élevée ne sera pas détectée. Sauf
lorsque les vides évoluent en fontis vers la surface, la recherche de cavité ne peut pas être
traité par le sismique réfraction conventionnelle.

b) – Prospection électrique

La résistivité des sols varie en fonction de leur teneur en eau, de la minéralisation de l’eau et
de la quantité d’argile. La plage de variation est très large : quelques Ω. Un pour les sables,
quelques dizaines d’Ωm pour les argiles, plusieurs milliers d’Ωm pour les calcaires, grès,
granites.

Pour réaliser ce sondage, on envoie dans le sol, au moyen de deux électrodes A et B (fig.
1.34 ci-dessus) un courant électrique, de préférence continu et d’intensité i, pendant que l’on
mesure la différence de potentiel ∆V existant entre deux autres électrodes C et D.

∆V

B D C A

Terrain naturel

Fig. 1.4 : Principe de la prospection électrique (dispositif quadripôle)

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La connaissance de i et de V permet de calculer une résistivité. L’expérience montre que


cette résistivité provient principalement d’une couche de terrain ayant comme dimension :
une épaisseur égale au quart de AB, une largeur égale à la moitié de AB et une longueur
égale à une fois et demie AB.

Il suffit donc d’augmenter progressivement la distance AB tout en maintenant le même


rapport entre AB et CD pour mesurer la résistivité de couche de sol de plus en plus
épaisses. L’interprétation est accessible au calcul quand il n’y a que deux ou trois couches
d’épaisseurs uniformes. Si les résistivités des terrains sont bien contrastées, la précision sur
les épaisseurs est de l’ordre de 20 %.

Cette méthode est utilisée pour soit la reconnaissance des tracée, soit la prospection des
matériaux granulaires d’emprunt. On peut aussi utiliser cette méthode pour établir la coupe
géologique d’un déblai.

Les limites d’utilisation : les méthodes électriques peuvent être perturbées par les
courants telluriques et les phénomènes de polarisation spontanée, mais le principale
obstacle à leur utilisation réside dans les courants parasites induits par la présence de lignes
électriques, câbles enterrés, conduites métalliques, etc. Les sites urbains et industriels ne
conviennent généralement pas à leur mise en œuvre.

1.3.2 - Les sondages et forages mécaniques

Les deux termes de sondage et forage, souvent confondus, sont généralement différenciés
par le degré de précision apporté dans la détermination des sols traversés.

La norme XP P94-202 : Prélèvement des sols et des roches précise que le terme sondage
englobe l’investigation, quelque soit son mode, ainsi que l’ensemble des informations
recueillies. Le forage désigne l’exécution du trou proprement dit ou la technique utilisée.

Les buts des sondages peuvent être divers, c'est-à-dire :

- établir une coupe lithologique,


- prélever des échantillons de sol, non remaniés ou remaniés,
- permettre la réalisation d’essais in situ (pressiométrie, essais de perméabilité,
etc.) ou de diagraphie

Les sondages et forages sont habituellement classés en fonction de la qualité des


informations recueillies pour la reconnaissance visuelle des sols.

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Il est souvent demandé l’exécution d’un ou de deux puits, sur quelques mètres de
profondeur, à la main, à la pelle mécanique ou par tous moyens mécaniques adéquates.
Ces puits permettent de reconnaître visuellement le sol et d’obtenir des échantillons,
remaniés ou non, tant qu’on se trouve au dessus de la nappe phréatique.

Ces reconnaissances très utiles peuvent donner une sécurité trompeuse si elles ne sont pas
descendues à une profondeur suffisante, soit parce que l’on trouve l’eau, soit parce que les
moyens utilisés ne permettent pas de dépasser 4 ou 5 mètres. On ne doit pas alors, se
contenter des indications qu’elles fournissent, mais nécessairement recourir à d’autres
moyens d’investigations tels que les forages profonds.

Ceux-ci correspondent à l’exécution de trous généralement verticaux de faible diamètre par


rapport à la profondeur. L’exécution de telles reconnaissances présente trois difficultés :

 La perforation ou la désagrégation du sol,


 La remontée des éléments ou des échantillons remaniés ou non
 La tenue des parois du trou de forage.

De très nombreuses techniques ont été mises au point par différents constructeurs en
fonction de la nature et de l’état des sols rencontrés (cohérents ou pulvérulents, roches
tendres ou compactes).

Les méthodes utilisées en géotechnique sont décrites ci-dessous :

a) - Forage à déplacement

On bat ou on forge dans le sol un échantillonneur de type tube qui permet de récupérer un
échantillon de sol. L’examen des matériaux, une modification du battage ou de l’effort
statique nécessaire indique un changement de terrain. Le tubage du trou n’est généralement
pas nécessaire.

Ce procédé est utilisé dans les sables lâches à moyennement compacts au dessus de l’eau
et dans les sols cohérents. Cette méthode est économique si les parois du trou restent
verticales. Le diamètre du forage varie dans cette méthode entre 5 et 10 cm.

b) - Forage à la tarière

On enfonce manuellement ou mécaniquement une tarière (fig. ci-dessous), avec retrait


périodique des matériaux. Une tarière continue peut-être utilisée ; elle nécessite alors un

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seul retrait. Les changements de la stratigraphie sont indiqués par l’examen des matériaux
retirés. Le tubage n’est généralement pas utilisé.

Tarières manuelles

a) - type poteau à clôture


b) - type hélicoïdal

Fig. 1.5 : Tarières manuelles

La tarière mécanique continue est aussi du type hélicoïdal sur toute la longueur et pouvant
aller jusqu’à 10 mètres du fait que le retrait ne pose pas de problème (moteur).

Cette méthode est ordinairement utilisée pour des explorations peu profondes au dessus du
niveau de l’eau dans le cas des sables et des seltz, et dans les sols cohérents. La méthode
devient plus rapide si la tarière est mécanique. L’utilisation d’une tarière de grand diamètre
permet l’examen visuel du puits. A l’aide d’un tubage, on peut descendre jusqu’à une
profondeur maximale de 35 mètres.

c) - Forage à l’eau

Cette méthode utilise la percussion et la rotation d’un léger trépaner pour désagréger le sol.
L’utilisation d’eau sous pression à travers des trous pratiques dans le trépaner permet de
remonter pour lavage des débris des couches traversées. Les changements dans la
stratigraphie sont indiqués par la vitesse de progression, la charge appliquée sur le train de

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tiges et l’examen des débris qui remontent à la surface. Le tubage n’est généralement pas
nécessaire sauf près de la surface.

Cette méthode est utilisée dans les sables, seltz et graviers sous blocs et cailloux, et dans
les sols cohérents. C’est la méthode la plus courante utilisée en géotechnique. La
profondeur maximum de forage est de l’ordre de 70 mètres.

d) – Forage au carottier

Cette méthode utilise la puissance de rotation d’un tube carottier « très tranchant », associée
à une circulation d’eau qui entraîne à la surface les débris de coupe. L’eau agit comme
réfrigérant pour le tranchant du carottier. Le forage est généralement tubé jusqu’au rocher.

Elle est utilisée soit seule ou en combinaison avec les autres procédés décrits ci-dessus,
pour forer dans le rocher (sain ou altéré), les formations de cailloux et les gros blocs.

e) – Coupe de sondage

Une coupe de sondage qui récapitule les informations recueillies est établie. Elle comporte
notamment les indications suivantes :
- la profondeur et l’altitude des changements de nature des sols ;
- la description lithologique et la représentation symbolique des sols ;
- l’unité stratigraphique correspondante, si elle est identifiable ;
- le pourcentage de récupération traduisant la qualité du carottage ;
- pour les roches, le R.Q.D. (Rock Qualification Design), donné par la formule, qui
exprime la densité de fracturation ;
- la description de l’équipement piézométrique éventuel : hauteur crépinée,
étanchéité, etc. ;
- les niveaux aquifères relevés avec les dates correspondantes.

∑ longueur des carottes > 10 cm


RQD [%] = ⋅ 100
longueur de la passe de carottage

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1.4 – ECHANTILLONNAGE ET ESSAIS IN SITU

1.4.1 – Méthodes d’échantillonnage

Lors du prélèvement d’échantillons de sol ou de roc, la plus grande préoccupation est de


réduire au minimum le remaniement qui est en fait inévitable. Un échantillon de sol peut être
remanié avant, pendant et après sa prise. Le remaniement avant la prise peut-être
provoqué par l’action directe des outils de forage ou par l’enlèvement ou le déplacement du
sol et la variation des contraintes qui en résulte sous le fond du trou.

Le remaniement pendant la prise est principalement dû au déplacement du sol par


frottement de la paroi de l’échantillonneur figure 1.6), à l’adhésion entre celle-ci et le sol et à
la pression hydrostatique agissant au sommet de l’échantillon.

Le remaniement après la prise peut être dû à diverses causes telles que le mauvais
scellement des carottiers, les réactions entre le sol et les carottiers, l’apparition de
moisissures, le gel, les cokes, les vibrations.
En général, un échantillon peut être considéré comme « non remanié » lorsque :

 la structure du sol n’a pas été modifiée,


 il n’y a pas de changement des constituants ou de la composition chimique du sol,
 il n’y a pas de changement de teneur en eau ou de porosité.

Ces conditions peuvent se traduire pratiquement par des critères d’acceptation suivants :

Di − d
i) – coefficient d’entrée : Ce =
d

De − Dt
ii) – Coefficient de fonçage : Cf =
Dt

De 2 − d 2
iii) – Coefficient de paroi : Cp =
d2

∆L d2 1
iv – Indice de carottage : I= = 2 = ≈ 1 − 2Ce
∆H Di (1 + Ce )2

Où : ∆L représente la longueur de carotte correspondant à un enfoncement ∆H du carottier.


Ce = contrôle le frottement de la carotte à l’intérieur de l’appareil,
Cf = le frottement du carottier,
Cp = le rapport du volume de terrain déplacé au volume de l’échantillon,
I = la conservation du volume du terrain introduit dans l’appareil.

18
Géotechnique 1 - Reconnaissance des sols I. GUEYE

Dt

Echantillonneur

Di

Tranchant ou trousse coupante

De

Fig. 1.6 : Schéma d’un échantillonneur

Ce = contrôle le frottement de la carotte à l’intérieur de l’appareil,


Cf = le frottement du carottier,
Cp = le rapport du volume de terrain déplacé au volume de l’échantillon,
I = la conservation du volume du terrain introduit dans l’appareil.

Pour qu’un échantillon de sol ne soit pas « remanié », il faut que Ce varie entre 0.5 et 1.5%,
Cp soit inférieur à 0.10 – 0.15 et I soit compris entre 1 et (1 - 2 Ce).

a) – Echantillonnage des sols

Les appareils couramment utilisés pour le prélèvement d’échantillons de sols sont :

i) – tube fendu

L’échantillonneur de type fendu possède une paroi épaisse et est battu dans le sol. La bille
située dans la tête permet l’évacuation de l’eau lors de la montée de l’échantillon dans le
tube fendu. Le carottier fendu est ouvert sur place pour l’examen de l’échantillon.
L’échantillonneur a un diamètre extérieur de 5 à 11.5 cm et permet d’obtenir des échantillons
de 30 à 60 cm de longueur, et de 3.5 à 10 cm de diamètre.

Cet échantillonneur est utilisé pour obtenir des échantillons remaniés (le coefficient Ce est
plus petit que 0.5 % et peut-être égale à 0 ; le Cp = 11.11) dans pratiquement tous les sols,
sauf pour les gros graviers, les cailloux et les blocs.

19
Géotechnique 1 - Reconnaissance des sols I. GUEYE

ii) – Appareils à Paroi Mince et à Piston Stationnaire (voir figure 1.7)

Afin de ramener à la surface des échantillons de sols cohérents aussi peu remaniés que
possible, on fait usage de tubes à parois minces (A.P.M.) (avec un coefficient Ce égal
habituellement à 1 et Cp égal à 0.10). Ces tubes sont enfoncés à vitesse constante et ne
sont jamais battus. Le tube à parois minces le plus simple est le tube Shelby (figure 1.7
précédente) où l’échantillon est maintenu grâce à une soupape à bille.

Un appareil qui permet de récupérer des échantillons de sol cohérents et mous de meilleure
qualité est le piston stationnaire (A.P.S.). On procède de la manière suivante :

 Le carottier, le piston étant fixé au niveau de la trousse coupante, est descendu dans
le sol, jusqu’à l’horizon où l’on veut prélever l’échantillon.
 A ce niveau, le piston étant maintenu fixe par rapport à la surface du sol, le tube à
paroi mince est alors enfoncé.
 Après prélèvement de l’échantillon, on supprime le vide existant entre le piston et le
haut de l’échantillon, et l’on peut extraire la carotte de l’appareil.

Avec cette méthode, la prise du forage augmente considérablement et limite le diamètre des
échantillons récupérés.

(a) Appareils à Paroi Mince (A.P.M) (b) Appareils à Piston Stationnaire (A.P.S)

Fig. 1.7 : Appareil à paroi mince « SHELBY » et Appareil à piston stationnaire

20
Géotechnique 1 - Reconnaissance des sols I. GUEYE

b) - Echantillonnage du roc

Lorsque l’on veut soit prélever des échantillons de roc soit traverser des agglomérations de
bloc ou de cailloux, on utilise des carottiers à parois simples ou doubles (voir figure 1.8 page
suivante).

Dans le cas du carottier simple, l’échantillon de roc est obtenu par la rotation d’une couronne
à diamant ou en acier très dur. Dans le carottier simple, la carotte de roc n’est isolée et est
soumise au frottement du tube qui tourne. Si la roche est molle et fissurée, la récupération
sera très faible et de très mauvaise qualité. Pour isoler la carotte, on utilise les carottiers à
doubles parois. Le tube intérieur protège la carotte au fur et à mesure de l’avancement.

(a) Carottier simple (b) Carottier double (c) Carottier à trousse dépassante

Fig. 1.8 : Carottiers à parois simples ou doubles

1.4.2 – Essais in situ

Les divergences entre la théorie et la réalité sont beaucoup plus complexes dans le domaine
de la mécanique des sols appliquée que dans toute autre branche du génie civil : seules
l’observation et les mesures effectuées sur des ouvrages réels permettent de connaître
l’importance des erreurs commises et d’élaborer de nouvelles théories. En général, les
progrès réalisés sont limités par le fait que le coût des mesures in situ doit être justifié par les
besoins immédiats de chaque ouvrage.

21
Géotechnique 1 - Reconnaissance des sols I. GUEYE

Outre le rôle essentiel de l’observation des ouvrages terminés, la mesure in situ de la


résistance au cisaillement et de la capacité portante sert de base à l’établissement d’un
projet ou permet d’en vérifier les hypothèses. Les mesures de mouvements des terrains, des
pressions interstitielles et des tassements aident au choix des solutions propres à éviter la
rupture des pentes naturelles et des ouvrages. Elles servent à adapter le programme de
construction à la consolidation, dans le cas de sol de fondation peu consistant.

Ce paragraphe est une description des instruments et des méthodes utilisés et les
applications pratiques les plus caractéristiques.

a) – Essais de résistance

i) L’essai de pénétration standard ou normalisé (SPT)

L’essai de pénétration dynamique le plus ancien et le plus pratiqué est l’essai de pénétration
standard ou essai de pénétration au carottier (norme ASTM D 1586 ou norme NF P 94-116).
Cet essai présente l’avantage de permettre à la fois de prélever des échantillons remaniés
indicatifs des couches traversées et d’avoir une mesure de la résistance du sol.

• Principe et réalisation de l’essai

Cet essai consiste à battre dans le sol, au fond d’un forage, un carottier ou tube fendu ayant
les caractéristiques et les dimensions suivantes :

 Longueur totale : 813 mm


 Longueur de l’échantillon : 457 mm
 Diamètre extérieur : 51 mm
 Diamètre intérieur trousse coupante : 35 mn
 Diamètre intérieur du tube fendu : 38 mm
 Poids total : 70 N

Il est battu sous énergie constante avec un mouton en chute libre de 635 N et une hauteur
de chute de 75 mm.

D’une manière générale, l’essai s’exécute de la façon suivante :

 Après avoir nettoyé très soigneusement le fond du forage, on descend en place le


carottier et on le bat de 15 cm afin d’éliminer la zone superficielle remaniée ;

22
Géotechnique 1 - Reconnaissance des sols I. GUEYE

 On poursuit ensuite le battage en comptant le nombre N1 de coups de mouton pour


enfoncer le carottier de 15 cm, puis le nombre N2 pour enfoncer de 15 autres cm. Le
paramètre mesuré que l’on appelle l’indice de pénétration standard est :

N = N1 + N2 ; coups/0.30 mètres est appelé résistance à la pénétration.

Cette façon de procéder, en deux (2) phases, permet une meilleure connaissance du sol. En
effet, on peut avoir : N = 22 avec N1 = 11 et N2 = 11 ou avec N1 = 3 et N2 = 19.
Dans le premier cas on a faire à un terrain homogène et dans le second cas, on se trouve en
présence de deux couches différentes. Lorsque le terrain devient trop résistant et la
pénétration trop difficile, on arrête l’essai pour un nombre déterminé de coups et l’on indique
l’enfoncement correspondant à ce nombre de coups. De plus, on définit le refus comme une
pénétration inférieure à 15 cm pour 50 coups.

Une fois l’essai terminé, le tube de prélèvement est remonté à la surface et ouvert pour
examen (appréciation de la nature du sol testée).

• Interprétation de l’essai

A la suite de nombreuse essai, Terzaghi et Peck ont donné pour sable, un tableau de
correspondance entre N et l’indice de densité relative défini par :

emax − e γ γ − γ min
ID = × 100 = max × × 100
emax − e min γ γ max − γ min

Où : e = indice des vides


γ = poids volumique du sable

Cette correspondance est donnée par le tableau 1.3 ci-dessous de propriétés des sols
granulaires.

Tableau 1.3 : Correspondance de N avec les propriétés des sols granulaires


0
γ [kN/ m ]
3
Compacité N ID, [%] Ф, [ ]
Très lâche 0à4 0 à 15 < 28 ° 11 à 16
Lâche 4 à 10 15 à 35 28 à 30 14 à 18
Compact 10 à 30 35 à 65 30 à 36 17 à 20
Dense 30 à 50 65 à 85 36 à 41 17 à 22
Très dense > 50 85 à 100 > 41 20 à 23

23
Géotechnique 1 - Reconnaissance des sols I. GUEYE

A titre indicatif, on donne au même tableau les valeurs approchées correspondantes de


l’angle de frottement Ф et du poids volumique γ.

Par ailleurs, MEYERHOF donne deux expressions approchées de l’angle de frottement Ф


en fonction de la capacité relative ID :

 Ф = 25 + 0.15 ID [si le sol contient plus de 5 % de pourcentage passant le tamis #


200 (0. 074 mm)]

 Ф = 30 + 0.15 ID [si le sol contient moins de 5 % de pourcentage passant le tamis #


200 (0.0075)].

Ces relations, toutes expérimentales et empiriques, ont été mises sous forme de graphique
(figure 1.9 ci-dessous).

50

< 5%
Angle de frottement φ °

40
> 5%

30

20
0 10 20 30 40 50
Ncorr , coups/0,30 m d'enfoncement

Fig. 1.9 : Corrélation entre N et φ (MEYERHOF)

Il existe aussi similairement une corrélation du même type pour les sols cohérents. Mais
cette corrélation est beaucoup moins précise (tableau 1.4) de l’avis même des auteurs qui

24
Géotechnique 1 - Reconnaissance des sols I. GUEYE

l’ont établie, PECK, HANSON ET THORNBORN. A titre indicatif on donne les valeurs
approchées (très grossièrement) de la résistance à la compression simple.

Tableau 1.4 : Consistance des argiles (PECK, HANSON ET THORNBORN)

Consistance N Résistance à la Compression simple, [kPa]


Très molle <2 < 25
Molle 2à4 25 à 50
Moyenne 4à8 50 à 100
Raide 8 à 15 100 à 200
Très raide 15 à 30 200 à 400
Dure > 30 > 400

• Difficultés et corrections

- Correction de nappe

Il y a lieu de remarquer que dans les sables très fin ou silteuse et les silts situés sous la
nappe (donc saturée), lorsque la valeur de N enregistrée est supérieure à 15, TERZAGHI et
PECK recommandent d’utiliser une valeur corrigée par la relation :

N '−15
N = 15 +
2

Où : N’ = Valeur mesurée (pour des valeurs de N’ ≥ 15)


N = valeur corrigée

- Correction de profondeur

Il semble, par ailleurs, que la valeur de N soit très influencée par les surcharges dues au
poids des terres, au niveau de l’essai. C’est pourquoi certains auteurs conseillent également
d’opérer une correction de profondeur :

N = N x CN

Où : N = valeur mesurée
CN = coefficient correcteur.
N = valeur corrigée.

Le coefficient correcteur CN peut être exprimée par une expression approchée :

25
Géotechnique 1 - Reconnaissance des sols I. GUEYE

2000
C N = 0.77 log
γ *D

Où D = la profondeur de l’essai exprimée en mètres


γ = poids volumique du sol exprimé en kN/m3 (sous la nappe on prend γ‘)

 Dans les couches contenant beaucoup de graviers et de blocs, les résultats peuvent
être inutilisables, à cause de la faible dimension du tube de prélèvement, comparée à
celle des blocs.

 Dans les argiles, la relation entre N et la résistance à la compression simple est très
grossière et est très imprécise pour fin de calcul de fondations. Ceci est d’autant plus
vrai pour les argiles, car le carottier remanie et liquéfie le sol lors du battage.

26
Géotechnique 1 - Reconnaissance des sols I. GUEYE

ii) – L’essai au scissomètre

Les pays scandinaves ont mis au point un appareil de cisaillement direct des argiles en
place, le scissomètre.

La norme française NF P94-112 Essai scissométrique en place spécifie entre autres, les
caractéristiques de l’appareillage comprenant :
- un moulinet constitué de pales disposées à angle droit et dont la largeur totale D
est de 70 mm pour une hauteur H de 140 mm ;
- un système de fonçage composé d’un train de tubes permettant d’enfoncer
lentement le moulinet (<2cm/s) dans le sol ;
- des tiges de torsion tournant librement à l’intérieur des tubes précédents et à
l’extérieur desquelles est fixé le moulinet ;
- un couplemètre, placé en surface, permettant de transmettre un moment de
torsion au train de tiges, moment dont la valeur est mesurée à l’aide d’un
dynamomètre. La vitesse de rotation doit être constante et de 18° par minute
environ.

La résistance au cisaillement
est calculée à partir de la valeur
maximale du moment de torsion
exercé sur le scissomètre, de la
façon suivante :

2M
Cu =
 D
D 2  H + π
 3

Cu = Résist. au cisaillement
M = Moment de torsion
H = hauteur des palettes
D = diamètre des palettes

Fig. 1.10 Principe de l’essai scissométrique

27
Géotechnique 1 - Reconnaissance des sols I. GUEYE

Le scissomètre est enfoncé dans le sol puis sollicité par torsion jusqu’à ce que le sol se
rompe suivant le cylindre circonscrit.

L’essai de résistance au cisaillement à l’aide du scissomètre est effectué à des vitesses de


rotation comprises dans un intervalle de 1/10 à 3/10 de degré par seconde.

Ces vitesses sont assez élevées pour permettre aux pressions interstitielles de se dissiper,
l’essai se fait dans des conditions non drainées, et la résistance au cisaillement mesurée est
égale à la cohésion non drainée des argiles. La résistance au cisaillement du sol τ dépend
directement du moment de torsion et s’écrit τ = T/K et K étant un coefficient tenant compte
des caractéristiques géométriques du moulinet.

Si l’on opère à la vitesse constante, et il faut qu’il soit ainsi, l’évolution du moment de torsion,
en fonction du temps ou de la rotation totale des palettes, est donnée à la figure 1.11 ci-
après. C’est une courbe classique de cisaillement.

220

200
Courbe d'étalonnage du couplemètre
Lecture du couplemètre en nombre de divisions

180

160

140
Après 10 tours

120

100
Moment maximum
80
Moment ultime
60

40

20

0
0 50 100 150 200 250 300 350 400 450 500

Temps en secondes

Fig. 1.11 : Moment de torsion en fonction du temps

Limitations de l’essai :

- Des précautions doivent être prise pour ne pas remanier le sol avant l’essai.
- La présence de gravier influence les résultats.

28
Géotechnique 1 - Reconnaissance des sols I. GUEYE

- La rupture se fait suivant une direction verticale et ne correspond pas


nécessairement à une rupture oblique sous une fondation ou un remblai de route.

iii) L’essai au Pressiomètre Ménard

L’essai pressiométrique a été mis au point en 1955 par Louis Ménard, c’est actuellement
l’outil de base utilisé pour le dimensionnement des fondations. Cet essai fait l’objet de la
norme NF P94-110 (en révision en 1997). Il est le seul essai fournissant à la fois un critère
de rupture et un critère de déformabilité du sol.

• Principe et réalisation de l’essai

L’essai pressiométrique consiste à effectuer une mise en charge latérale du terrain grâce à
une sonde (figure ci-dessous) descendue dans un avant trou sensiblement de même
diamètre, parfaitement réalisé, car il ne doit pas modifier les propriétés du sol. Cette sonde
est dilatable radicalement par application d’une pression interne croissante. On détermine
les déformations correspondantes en mesurant la variation de volume de la cellule centrale.

Trois caractéristiques du sol sont ainsi déduites :

 le module pressiométrique EM qui définit le comportement pseudo-élastique du sol,


 la pression limite pl qui caractérise la résistance de rupture du sol,
 la pression de fluage pf qui définit la limite entre le comportement pseudo-élastique
et l’état plastique.

La figure ci-dessous présente un schéma de l’appareil.

La sonde comporte trois cellules. Seule la cellule centrale sert à la mesure. Les deux cellules
de garde ont pour but de créer un champ de contrainte bidimensionnel sur la hauteur de la
cellule de mesure qui est remplie d’eau.

Le contrôleur de pression-volume comporte trois manomètres ou capteurs :

 le manomètre n°1 indique la pression à la sortie d e la réserve de gaz,


 le manomètre n°2 indique la pression dans la tubul ure reliée à la sonde de mesure,
 le manomètre n°3 indique la pression dans la tubul ure reliée aux cellules de garde.

29
Géotechnique 1 - Reconnaissance des sols I. GUEYE

Fig. 1.11 : Schéma du pressiomètre MENARD

La sonde est descendue dans le forage à une profondeur H, l’essai consiste à appliquer au
sol une pression radiale croissante par paliers successifs. L’incrément de pression entre
deux paliers est adapté à la résistance supposée du sol. La pression dans les cellules de
garde est toujours voisine de celle régnant dans la cellule centrale.

A chaque palier de chargement, les variations de volumes au bout de 15, 30 et 60 secondes


sont mesurées avant de passer au palier suivant.

30
Géotechnique 1 - Reconnaissance des sols I. GUEYE

La courbe brute est obtenue en reportant les mesures à 60 secondes en fonction de la


pression (figure ci-dessous).

Fig. 1.12 : Résultats bruts des mesures

Avant d’introduire la sonde dans le forage, des étalonnages de la sonde, décrits ci-après,
sont effectués.

 La résistance propre de la sonde (inertie de la sonde) est obtenue en gonflant la


sonde placée à l’air libre à côté du forage.
 La constante de dilatation, a, de l’appareillage et des tubulures, exprimée en
cm3/MPa traduit la déformabilité propre de l’appareillage et des tubulures. Elle est
déterminée en gonflant la sonde sous forte pression après l’avoir placée dans un
tube en acier parfaitement indéformable.

Pour un volume Vr mesuré, la pression réelle appliquée au sol à la profondeur H est :

p = pr – pe + (H + h0) γω

et le volume de la sonde après correction est :

V = Vr – a • pr

Où : pr = pression mesurée au manomètre,


Pe = pression correspondant au volume Vr sur la courbe de résistance propre de
la sonde,
H et h0 = définis sur la figure
P = pression corrigée : c’est la contrainte radiale totale appliquée au sol,
V = volume corrigé.

31
Géotechnique 1 - Reconnaissance des sols I. GUEYE

• Résultats – courbes corrigées

Les corrections correspondant à l’application des formules ci-dessus étant faites, deux
courbes sont représentées dans un même diagramme (figure 1.13).

La courbe de fluage traduit les variations de volume mesurées entre 30 et 60 secondes pour
chaque palier de pression. Cette courbe à l’allure indiquée sur la figure 1.13 et permet de
définir la pression de fluage Pf.

Fig. 1.13 : Correction de la pression


La courbe corrigée donnant V en fonction de p délimite trois domaines.

- le premier correspond à la mise en contact de la sonde sur la paroi du forage.


- Le second correspond au domaine pseudo-élastique. Dans ce domaine la relation
Pression-volume est linéaire. Elle peut être représentée par le module
pressiométrique Ménard EM défini par la formule :

∆p
EM = K ⋅
∆V

K est un coefficient qui dépend du type de sonde utilisée et de la valeur du volume


moyen, Vm de la plage pseudo-élastique

- Le troisième est le domaine plastique qui s’étend de pf à pl.

32
Géotechnique 1 - Reconnaissance des sols I. GUEYE

La rupture se traduit par une asymptotique des courbes brutes ou corrigées. La pression
limite est définie conventionnellement comme étant la pression nécessaire pour doubler le
volume de la cavité.

N.B : Les forages pressiométriques étant généralement du type destructif, la nature des
couches traversées n’est souvent appréciée que par l’examen des sédiments qui remontent
avec le fluide de forage. Ces coupes sont très grossières et risque d’erreurs d’interprétation
assez élevées, surtout lorsque le contexte géologique est mal connu et que des sondages
carottés n’ont pas été faits parallèlement.

iv) L’essai au pénétromètre dynamique

La pénétration dynamique (figure 1.14) consiste à enfoncer dans le sol, par battage et de
manière quasi-continue, d’un train de tige muni à son extrémité d’une pointe débordante. Le
nombre de coup correspondant à un enfoncement donné est noté au fur et à mesure de la
pénétration de la pointe dans le sol.

Un appareil de pénétration dynamique se compose des éléments suivants :

- un mouton de battage,
- une enclume et une tige-guide de battage,
- un train de tiges,
- une pointe (fixe ou perdue), de forme conique, appelé également cône,
- des systèmes annexes de guidage, repérage et comptage.

Le mouton coulisse sur la tige guide et frappe l’enclume, transmettant ainsi l’énergie du
battage au train de tige de la pointe.

La normalisation distingue deux types de matériels : norme NF P 94-114 essai au


pénétromètre dynamique type A et norme NF P 94-115 sondage au pénétromètre
dynamique type B qui est plus rudimentaire que le premier. Les principales caractéristiques
de ces matériels sont données dans le tableau 1.5.

33
Géotechnique 1 - Reconnaissance des sols I. GUEYE

Tableau 1.5 : Caractéristiques de pénétromètres normalisés

Désignation NF P 94-114 NF P 94-115


Type A Type B
Masse du mouton [kg] 32 à 128 64
Hauteur de chute [m] 0,75 0,75
Cadence de battage [coups/min] 15 à 30 15 à 30
Masse enclume + tige-guide [kg] ≤ 25 ≤ 25
Longueur de tige [m] 1à2 1à2
Masse d’une tige [kg/m] 4 ≤ 8,5
Diamètre extérieur de tige [mm] 42,5 34
Angle au sommet du cône [°] 90 90
Section droite A du cône [cm2] 30 20
Diamètre du cône [mm] 62,8 50,5
Plage N de coups/10 cm 2 à 30 -
De coups/20 cm - 1 à 100
Injection de boue oui non

- Interprétation des résultats

Cet essai fournit la résistance dynamique de pointe qd exprimée en pascal par le formule
suivante :

m⋅ g ⋅H m
qd = ⋅
A⋅e m + m'

Où : m = masse du mouton [kg]


g = accélération de la pesanteur [m/s2]
H = hauteur de chute [m]
A = section droite de la pointe [m2]
e = enfoncement moyen sous un coup :
e = 0,1/Nd 10 [m]
m’ = masse frappée comprenant l’enclume, la tige-guide, les tiges et la pointe [kg]

Les résultats sont présentés sous forme de graphique : la profondeur est positionnée en
ordonnée et les valeurs de qd en abscisse en échelle arithmétique.

- Le sondage au pénétromètre dynamique type B est utilisé pour effectuer des


sondages de reconnaissance d’une profondeur inférieure à 10 mètres. Il permet
d’apprécier qualitativement la résistance et la position des couches traversées.

34
Géotechnique 1 - Reconnaissance des sols I. GUEYE

- Nd 20 désigne le nombre de coups pour chaque enfoncement de 20 cm. Les


résultats sont présentés sous forme de graphique. la profondeur est positionnée en
ordonnée. En fonction de celle-ci sont fournis :
 La valeur de Nd 20 (en échelle arithmétique),
 La valeur mesurée tous les mètres, du couple nécessaire pour faire
tourner le train de tiges ; ce couple est une indication sur l’importance
des efforts parasites, il ne doit pas excéder 200 N.m.

Fig. 1.14 : Schéma de principe d’un pénétromètre dynamique

v) L’essai au pénétromètre statique (CPT) et piézocône

Principe de l’essai

Le principe de l’essai consiste à mesurer la réaction qu’oppose le sol à l’enfoncement d’un


cône. Si P est cette réaction et B le diamètre de la base du cône, on définit l’effort de pointe
ou la résistance en pointe statique par la relation :

35
Géotechnique 1 - Reconnaissance des sols I. GUEYE

4P
qc =
π ⋅B2

L’enfoncement du cône se fait de façon continue par l’intermédiaire d’un train de tiges sur
lequel on exerce l’effort. Il est évident que si le train de tiges a le même diamètre que le cône
et si celui-ci est fixe par rapport au train de tiges, l’enfoncement mesure à le fois la
résistance en pointe et la résistance du frottement latéral. Si l’on veut séparer ces deux (2)
termes, il importe que le cône puisse se déplacer indépendamment des tiges ou qu’un
dispositif approprié permette de mesurer la réaction du sol au niveau du cône.

Face à la prolifération d’appareils différents, la norme française NF P94-113 Essai de


pénétration statique définit les caractéristiques d’un pénétromètre de référence ainsi que la
procédure d’essais et les divers contrôles. Parmi les différents types de pénétromètres
existants, le pénétromètre hollandais est le plus utilisé. Il est équipé ou non d’un manchon
pour mesurer le frottement latéral.

Le pénétromètre hollandais possède un cône mobile ayant un angle au sommet de 60° dont
la section est de 10 cm2.

Parmi les caractéristiques du pénétromètre statique, il faut retenir :

- la vitesse de forage : 2 cm/s 0,5,


- le pas de saisie des données : 10 cm au maximum ou mieux mesures en continu,
- l’angle au sommet : 60°,
- la section de la pointe de 10 cm2,
- la surface latérale du manchon de frottement : 10 cm2.

Interprétation des résultats

Les résultats sont présentés sous forme de graphique en fonction de la profondeur atteinte
par la pointe. Sur le graphique figurent :
- la résistance à la pénétration du cône qc exprimée en MPa (échelle arithmétique),
appelée « résistance ou effort de pointe »,
- le frottement latéral unitaire sur le manchon fs exprimé en kPa,
- le rapport de frottement Rf = fs/qc (exprimé en %)

A partir des valeurs de l’effort de pointe qc mesurées dans un terrain, on peut déduire la
pression admissible des fondations superficielles et des fondations profondes. Mais à côté
de ces évaluations directes de capacité portante, le pénétromètre statique permet aussi une

36
Géotechnique 1 - Reconnaissance des sols I. GUEYE

détermination de la cohésion. Pour un pénétromètre dont le cône n’a pas de manchon de


pointe, on peut admettre la relation suivante :

cu = qc / 10

Lorsque le cône comporte un manchon de pointe, la relation à utiliser devient :

cu = qc / 15

Plusieurs auteurs ont cherché à relier l’indice de pénétration standard, N, et l’effort à la


pointe, Qc. Avec un pénétromètre hollandais la relation devient :

qc = 0.4N (avec qd en MPa)

Dans le cas d’un pénétromètre avec manchon, la détermination de la nature des sols à partir
de Rf et qc peut être facilitée, avec les précautions et rigueur, par l’utilisation d’abaques tel
que SCHMERTMANN 1969 (voir figure 1.15).

Fig. 1.15 : Estimation de la nature des sols d’après qc et Rf (SCHMERTMANN 1969)

37
Géotechnique 1 - Reconnaissance des sols I. GUEYE

Limitations de l’essai

 Il faudra se montrer prudent dans les zones où les termes à la pointe ont des valeurs
élevées car lorsqu’on arrive au voisinage de la limite de l’appareil, les mesures risque
de n’avoir plus grande signification.

 Dans le cas d’un refus complet à la pénétration, on pourra toujours craindre la


présence d’un obstacle localisé (gros galets, petits blocs, etc…) où soit un refus dans
un passage résistant suivie d’une couche plus faible.

Piézocône

Cet appareil fait l’objet de la norme NF P94-119 Essai au piézocône. La mesure des
variations de la pression interstitielle provoquées par le fonçage du pénétromètre est réalisée
à l’aide d’un élément filtrant et d’un capteur situés juste au dessus du cône.

Ces mesures permettent de mieux identifier la nature des sols : par exemple, la présence de
formations lenticulaires de sable au sein d’un milieu argileux se traduit par des chutes de
pression interstitielle. En outre, il est possible d’en déduire la perméabilité horizontale et le
coefficient de consolidation. L’étalonnage avec d’autres essais est toujours nécessaires.

vi) – Essai de chargement superficiel

Les essais de chargement direct des fondations réelles sont certainement très intéressants,
mais ils sont longs et coûteux et réservés uniquement aux pieux et à quelques remblais de
route expérimentaux.

Ne pouvant pas charger les radier jusqu’à la rupture, on a cherché pour les fondations
superficielles à effectuer des essais comparatifs à la plaque ou à la table. Si ceux-ci peuvent
être intéressants pour déterminer, dans les essais routiers par exemple, le module de
WESTERGAARD ils n’apportent que quelques renseignements qu’il faut considérer avec
circonspection pour les fondations superficielles.

Dès qu’une charge est appliquée sur une certaine surface d’un sol, elle provoque un
tassement. On peut étudier l’importance du tassement final constaté en fonction de l’intensité
de la charge appliquée. Cette relation peut être représentée par une courbe de tassement
(figure 1.16 suivante).

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Géotechnique 1 - Reconnaissance des sols I. GUEYE

Effort = charge / unité de surface

Pression maximale
Déformation ou Tassement

Fig. 1.16 : Courbe de tassement ou de chargement

Le chargement est effectué soit de façon directe (figure 1.17 ci-dessous), soit par vérin ou
encore par levier.

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Géotechnique 1 - Reconnaissance des sols I. GUEYE

Charge

Plateau

Fut

Cornière

Comparateur
Appui des
Comparateurs

Plaque d’essai

Φ = 300 mm

Fig. 1.17 : Essai à la table - dispositif de chargement direct

Interprétation de l’essai

Dans les sols cohérents, la capacité portante ou la résistance maximum des fondations est
essentiellement indépendante des dimensions des fondations, et la relation entre la pression
maximale mesurée à la plaque et la capacité portante d’une fondation, peut s’écrire comme
suit :

capacité portante d’une Pression maximale d’une



fondation de largeur Bf plaque de largeur Bp

Toutefois dans les sables et graviers, la capacité portante augmente linéairement avec la
largeur de la fondation, et la relation ci-dessus devient :

Capacité portante d’une Pression maximale d’une


= X Bf/Bp
fondation de largeur Bf plaque de largeur Bp

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Géotechnique 1 - Reconnaissance des sols I. GUEYE

Limitation de l’essai

Le plus grave reproche à faire à cet essai est le cas d’un sol composé d’une couche
superficielle compacte suivie d’une couche compressible. En effet, dans le cas de cette bi-
couche les résultats obtenus peuvent être absolument sans signification. Les bulbes de
pressions existantes sous le pied de la table ou sous la semelle n’ont rien de commun et une
couche compressible située à faible profondeur qui n’aura pas été influencée par la table
subira des tassements importants sous l’action de l’ouvrage.

b) Essais d’eau

i) - Localisation de la nappe phréatique

Etant donné que l’eau des sols affecte le comportement des fondations (conception et
construction), le niveau de la nappe doit être établi avec précision. La façon habituelle de
déterminer ce niveau consiste à mesurer le niveau de l’eau dans un sondage, quelques
temps après l’avoir complété. Généralement une période de 24 heures d’attente est utilisée.

Dans les sols ayant une perméabilité élevée, tels que les sables et graviers, une période
d’attente de quelques heures est suffisante à moins que l’on est utilisé de la boue de
bétonite pour effectuer le sondage. Dans les sols ayant une perméabilité assez faible, tels
que les silts, sables fins et argiles, la période d’attente pourrait varier entre quelques jours à
quelques semaines.

Si des mesures précises des pressions d’eau s’avèrent être nécessaire, il est recommandé
d’utiliser des piézomètres (voir figures 1.18 suivante). Le piézomètre à ciel ouvert est le plus
simple. Le piézomètre est constitué par une crépine, isolée par un bouchon étanche du reste
de la nappe et prolongé par un tube piézométrique ouvert. L’eau se stabilise dans un tube au
niveau qui équilibre la pression. Lorsque la charge ou la pression varie dans le temps, le
niveau d’eau varie après échange d’eau avec le terrain. Si celui-ci est très perméable, (k >
10-5 m/s), ces variations sont ainsi quasi instantanées ; sinon elles nécessitent un certain
temps, dit temps de réponse du piézomètre. On cherche à le diminuer soit en réduisant le
diamètre de tube, soit en utilisant des piézomètres fermés qui sont de deux (2) types :

 Les piézomètres hydrauliques (voir figure 1.18 a) dans lesquels la pression est
transmise à l’appareil de mesure (ici, un manomètre par l’intermédiaire d’une
tubulaire remplie d’eau.
 Les piézomètres électriques dans lesquels la pression de l’eau provoque la
déformation d’une membrane, déformation que l’on mesure électriquement.

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Géotechnique 1 - Reconnaissance des sols I. GUEYE

(a) Piézomètre hydraulique b) Principe d’un piézomètre avec dispositif de désaération

Fig. 1.18 : Principe des piézomètres

ii) – Mesure en place du coefficient de perméabilité.

Pour calculer le débit d’assèchement d’une fouille ou celui d’un drain, il est nécessaire de
connaître la valeur du coefficient de perméabilité. Les variations relatives sont aussi
importantes, car elles gouvernent la répartition des pressions dans le sol.

La mesure peut s’effectuer en laboratoire à l’aide d’un perméamètre, mais les résultats
obtenus n’ont généralement pas une grande signification précise du fait du remaniement lors
du prélèvement et de leur faible volume. Il est donc nécessaire de faire la mesure en place.

On distingue deux types d’essais : l’essai ponctuel et l’essai de pompage.

1. Essai ponctuel

• Type LEFRANC

le principe de l’essai LEFRANC dans les sols meubles consistes à injecter ou à pomper de
l’eau à débit constant Q [m3/s] dans une cavité limitée latéralement et à la partie inférieure

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Géotechnique 1 - Reconnaissance des sols I. GUEYE

par la paroi du sondage et à la partie supérieur, par un bouchon étanche. On crée aussi une
variation de charge h [m] dans la cavité lorsque le régime d’équilibre est atteint, où à la
relation simple :
Q
K=
c.h

Où : k [m/s)]= coefficient de perméabilité cherché


c [m] = coefficient qui dépend de la forme de la cavité.

Cet essai est réalisé soit au fur et à mesure de l’avancement du sondage, soit dans les
piézomètres.

• Type LUGEON

Dans les formations rocheuses compactes ou fissurées, l’essai est effectué sous pression
dans une tranche de forage limitée, soit par le fond et un obturateur, soit par deux (2)
obturateurs (voir figure 1.19 ci-dessous).

Fig. 1.19 : Principe de l’essai LUGEON

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Géotechnique 1 - Reconnaissance des sols I. GUEYE

2. Essai de pompage

On peut déterminer le coefficient de perméabilité moyen et global d’une masse de sol par
pompage de l’eau dans les puits filtrants en procédant à un rabattement de nappe aquifère.
Le puit doit avoir un diamètre suffisant pour descendre une pompe ou une crépine. Des
piézomètres sont disposées autour du puit ; ou pompe à débit constant Q (m3/s) et l’on suit le
rabattement ou abaissement du niveau de la nappe dans le puit et les piézomètres. Dans un
milieu homogène et isotrope, le rabattement ∆ (en m) suit la loi :

Q
∆= ⋅W (u )
4π K e

r2
Où : u =
4KHt

k [m/s] = coefficient de perméabilité cherché


r [m] = distance au puits
e [(m] = épaisseur de la nappe
t [s] = temps
s = coefficient d’emmagasinement sans dimension,
il caractérise la quantité d’eau que le terrain peut libérer.

La fonction W(u) est tabulée (courbe de Theis). On obtient ainsi pour la masse de sol
intéressée par le pompage une valeur moyenne de la perméabilité. La précision obtenue est
bonne à environ 10 %. Cependant pour que l’interprétation soit correcte, il est nécessaire de
disposer d’une étude géologique et hydrogéologique détaillée.

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