Vous êtes sur la page 1sur 6

Ressources documentaires.

Économie et gestion de l’environnement et des ressources naturelles – Module 2

Module 2 : Outils et méthodes de l’économie de l’environnement


Adama SOW BADJI

Table des matières


Introduction ...................................................................................................................... 2
Séquence 1 : la valorisation économique de l’environnement ............................................. 2
Séquence 2 : les méthodes d’évaluation économique ......................................................... 3
Séquence 3 : les outils de l’économie de l’environnement ................................................... 5
Conclusion ........................................................................................................................ 6
Annexes documentaires .................................................................................................... 6

1
Ressources documentaires. Économie et gestion de l’environnement et des ressources naturelles – Module 2

Introduction
Le calcul économique, pour l’aide à la décision publique ou privée, suppose que l’on puisse
comparer les coûts et les bénéfices, notamment environnementaux, des investissements
envisagés.
La plupart des actifs naturels (un paysage, un lac, une forêt, etc.) entre dans la catégorie des
biens libres. C’est-à-dire qu’ils n’ont pas de prix mais ont une valeur.

Séquence 1 : la valorisation économique de l’environnement


Qu’est ce qui justifie l’évaluation économique ?
La première raison est le fait que la plupart des services et biens environnementaux n’ont pas
de valeur monétaire
Secundo, les activités humaines ont des impacts sur l’environnement qu’il faut prendre en
compte. C’est ce que les économistes appellent internaliser les externalités.
Enfin, nous avons la nécessité de prendre en compte l’environnement dans les programmes et
projets de développement.
On peut citer comme exemple un lac pollué pour lequel les biens et services qui lui sont associés
vont perdre leur valeur.
Le second point de cette séquence est la notion de Dommage comme Perte de Surplus du
Consommateur. Le surplus du consommateur c’est la différence entre le prix effectivement
payé et le prix qu’on était prêt à payer.
Exemple : Une femme en allant au marché était prête à acheter le kilogramme de poisson à
1000 francs. Mais elle a effectivement payé 800 francs pour son poisson. La différence de 200
francs est ce qu’on appelle le surplus du consommateur.
Supposez que le lac d’où provient le poisson soit pollué réduisant la quantité disponible de
poissons sur le marché. Cela occasionne une augmentation du prix poisson qui passe de 800 à
900 francs. Dans ce cas son surplus diminue et passe de 200 à 100 francs. C’est ce qu’on appelle
la variation du surplus du consommateur.
Cette perte de surplus du consommateur représente l’évaluation économique du dommage
causé par la pollution.
La notion de valeurs
Les économistes définissent la valeur à travers deux notions :
• L’utilité : la valeur utilité représente la satisfaction que nous procure la consommation
d’un bien.
• Le travail : la valeur travail représente la quantité de facteurs incorporés dans la
production du bien.
Or, pour les services et biens environnementaux, on ne peut pas déterminer la valeur travail
puisqu’ils sont produits naturellement. C’est pourquoi on les évalue à travers la valeur utilité.
La valorisation des services et biens environnementaux repose sur une typologie de différentes
valeurs économiques regroupées en deux classes :

2
Ressources documentaires. Économie et gestion de l’environnement et des ressources naturelles – Module 2

✓ Les valeurs d’usages (VU)


✓ Les valeurs de non-usage (VNU)

L’ensemble des deux forme la valeur économique totale (VET), comme vous le voyez dans
le schéma suivant :

Les valeurs d’usage se décomposent en valeur d’usage directe et valeur d’usage indirecte, tandis
que les valeurs de non usage comportent des valeurs d’héritage et d’existence. Vous
remarquerez que la valeur d’option est à cheval entre les valeurs d’usage et les valeurs de non
usage. En effet il s’agit d’une valeur d’usage, mais un usage futur.

Séquence 2 : les méthodes d’évaluation économique


La question fondamentale de cette séquence est comment estimer une valeur monétaire des
biens et services environnementaux.
Mais vous pouvez déjà imaginer les difficultés pour faire un tel exercice. Plus la valeur est
tangible, plus il y aura une méthode pour l’évaluer. Moins elle est tangible, moins on trouvera
des méthodes d’évaluation.
En général, les économistes utilisent le marché, s’il existe, pour évaluer la valeur d’un bien ou
d’un service environnemental. Par exemple, la valeur de l’eau est représentée par les avantages
qu’elle procure aux utilisateurs. Mais son prix est celui du marché : les usagers payent, en
réalité, les coûts liés au processus permettant d’obtenir l’eau potable : extraction, collecte,
traitement et distribution… mais aussi, collecte, traitement et rejet des eaux usées.
Mais comment faire lorsqu’il n’existe pas de marché pour faire l’évaluation d’un actif naturel ?
Dans ce cas, il existe deux groupes de méthodes.

3
Ressources documentaires. Économie et gestion de l’environnement et des ressources naturelles – Module 2

1) Le premier groupe concerne les méthodes utilisant des préférences révélées, c’est-à-dire
des préférences déduites des comportements effectifs des agents économiques ou individus
observés sur le marché. On peut citer ici :
o la méthode du coût de transport ou encore coût de trajet : elle est utilisée pour
mesurer la valeur récréative d’un actif naturel. Elle mesure donc le consentement
à payer des individus pour accéder à la ressource.
o La méthode des prix hédonistes : cette méthode repose sur l’idée selon laquelle
la valeur d’un bien immobilier (bâtiment, terrain), par exemple, n’est pas
seulement déterminée par ses caractéristiques matérielles intrinsèques (taille,
matériaux de construction, nombre de pièces, etc.), mais également par une série
de caractéristiques environnementales (ou attributs), telles que l’accessibilité, la
proximité de services, d’un parc naturel ou la pollution.
o La méthode dite des dépenses de protection : il s’agit ici d’évaluer les dépenses
que les individus engagent pour se protéger contre une détérioration de la qualité
de l’environnement. Par exemple, acheter un dispositif anti-bruit, acheter des
filtres pour lutter contre la pollution de l’eau, etc. On peut estimer que les agents
expriment ainsi leur consentement à payer pour une amélioration de leur
environnement.
2) Le 2ème groupe est la méthode des préférences exprimées. La méthode la plus utilisée est
celle de l’évaluation contingente ou méthode des marchés hypothétiques. Il s’agit de faire
révéler directement aux individus, sur la base d’une enquête, leur consentement à payer (CAP)
ou leur consentement à recevoir (CAR) en cas de modification de la qualité de l’environnement.
On simule donc un marché qui n’existe pas, d’où le fait qu’il est hypothétique ou contingent.
Voici deux exemples de questions que l’on peut poser :
- Combien êtes-vous prêt à payer pour éviter ou réduire le bruit de la circulation sous vos
fenêtres ?
- Si l’État décide de déclasser une partie d’une forêt pour en faire un hôtel ; quel montant
accepteriez-vous de recevoir en compensation des biens et services que vous allez
perdre ?
En 1994, Kramer et collaborateurs ont estimé à 108 $ par ménage le CAR pour l’établissement
d’un parc national à Mantadia, à Madagascar. Quant à Yelkouni en 2005, il trouve une valeur
d’usage direct réel de la forêt de Tiogo au Burkina Faso à environ 43 millions de francs CFA
par an, à travers le CAP des riverains. Cette étude se trouve à la suite pour plus d’informations.
L’évaluation contingente est particulièrement utile et adaptée pour l’évaluation des biens et
services intangibles. Mais elle comporte des biais, liés au fait que le marché est fictif et à la
manière de mener les enquêtes
Toutes ces méthodes, appelées aussi méthodes directes, ont leurs limites objectives. Il faut
pouvoir collecter beaucoup d’informations et faire des traitements statistiques poussées, comme
l’économétrie pour mettre en relief les déterminants des consentements à payer ou à recevoir
des individus.
Une autre méthode dite méthode « dose réponse » ou « dose-effet » permet également de faire
une évaluation. Cette approche consiste à procéder d’abord à une mesure physique (non
monétaire) des dommages : par exemple, dans le cas d’une pollution atmosphérique, on peut
mesurer ses effets sur la santé en termes de taux de mortalité et de morbidité, ou sur la

4
Ressources documentaires. Économie et gestion de l’environnement et des ressources naturelles – Module 2

détérioration des récoltes agricoles. Ce n’est qu’après que l’on procède à une évaluation
monétaire. Par exemple, les dommages sur les récoltes peuvent être calculés en multipliant les
pertes par le prix du marché des denrées agricoles. Aux pertes de production, il faut ajouter les
dommages entraînés par la détérioration des fonctions écologiques.
D’une manière générale, les méthodes d’évaluation de l’environnement doivent être
choisies selon le type d’impact à évaluer, les informations et les ressources disponibles. De
plus, l’évaluation monétaire n’est pas une condition sine quo non pour protéger
l’environnement. Les valeurs expliquées dans la séquence 1 peuvent déjà justifier des
investissements pour sa protection.

Séquence 3 : les outils de l’économie de l’environnement


Sous le vocable des outils économiques, on entend en effet des outils et des mécanismes de
nature très différente :
➢ Trois conceptions inspirent l’approche :

• L’utilisation des mécanismes du marché au moyen « des instruments


économiques » (taxes, redevances, permis négociables).
• Les réglementations contraignantes de type administratif, telles que normes,
interdictions
• Les décisions volontaires des parties concernées (négociation directe entre
pollueurs et pollués, fusion des parties…)

1) Les instruments réglementaires


La « voie réglementaire » est utilisée par le législateur pour produire des lois et normes limitant
ou interdisant la dégradation des ressources naturelles et certaines pollutions.
• Les normes d’émissions : consistent en un plafond maximal d’émission qui ne doit pas
être dépassé sous peine de sanctions administratives, pénales ou financières
• Les normes techniques : elles peuvent prendre la forme d’obligation pour l’utilisation
d’une technologie particulière de réduction de la pollution
• Les normes de produits : imposent des niveaux donnés limites à certaines
caractéristiques des produits. Autrement dit ces normes fixent les caractéristiques
auxquelles doivent répondre les produits nuisibles à l’environnement, au niveau de leur
utilisation et/ou de leur rejet en tant que déchet.
• Les procédures d’autorisation : elles peuvent prendre la forme d’autorisation de mise
sur le marché, de système d’homologation ou d’autorisation d’exploitation

2) Les instruments économiques constituent un complément à ceux réglementaires. Ce sont


des mesures institutionnelles visant à modifier l'environnement économique du pollueur (i.e.
les bénéfices et les coûts) via des signaux "prix" pour l'inciter à l'adoption volontaire de
comportements moins polluants.
• Les écotaxes : permettent de rendre la pollution coûteuse pour le pollueur (le principe
pollueur- payeur)
• Les subventions : permettent d’inciter à la dépollution par la rétribution des procédés
moins polluants

5
Ressources documentaires. Économie et gestion de l’environnement et des ressources naturelles – Module 2

• Les systèmes de consigne : consistent à taxer les produits potentiellement polluants


• Les permis d’émissions négociables : cette solution est la mise en place d'un marché de
droits à polluer mais plus explicitement « marché de quotas d'émission négociables ».
• Les règles juridiques de responsabilités permettent de compenser financièrement les
dommages subis.
3) Il existe d’autres instruments qui ne sont ni règlementaires ni économiques. Ce sont les
instruments informationnels, et les accords ou approches volontaires.

Conclusion
L’économie de l’environnement a développé des méthodes spécifiques de valorisation des
effets externes et des actifs naturels qui permettent d’estimer la valeur de l’environnement. La
législation a été pendant longtemps l’outil majeur utilisé en matière de protection de
l’environnement. Cependant de nombreuses interrogations concernant la pertinence
économique et environnementale de l’approche législative ont été soulevées au cours des
dernières années. Depuis la fin des années 80, plusieurs économistes prônent l’utilisation de la
fiscalité et des instruments économiques, en complément des réglementations pour assurer la
protection de l’environnement et le développement durable.
N'oubliez pas de retourner sur la plateforme de formation pour répondre au
questionnaire d’évaluation et valider vos connaissances ! C’est nécessaire si vous
souhaitez obtenir votre attestation en fin de session.

Annexes documentaires
Manuel de la formation (à venir) : Institut de la Francophonie pour le développement durable
et Université Senghor, 2019, Économie et gestion de l’environnement et des ressources
naturelles [Sous la direction de Reveret, J-P. et M. Yelkouni]. IFDD, Québec, Canada, 266 p.

Lien à venir

Atlas complémentaire à la formation : Institut de la Francophonie pour le développement


durable, 2019, Atlas francophone de l'économie de l'environnement [Sous la direction de
Tamanini, J. et E.L. Ngo-Samnick]. IFDD, Québec, Canada, 224 p.

Cliquer ici pour y accéder

Ressources complémentaires (à venir) :


Martin Yelkouni. Evaluation contingente des ressources naturelles : le cas de la forêt de Tiogo
au Burkina Faso. Économie appliquée : archives de l'Institut de science économique appliquée,
Institut des sciences mathématiques et économiques appliquées — ISMEA, 2005, tome LVIII
(n°4), pp.139-160
Cliquer ici pour y accéder

Vous aimerez peut-être aussi