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OUVERTURE EXTERIEURE ET CROISSANCE ECONOMIQUE : Application par le modèle de la gravité sur la

République Démocratique du Congo

MUKAMBA M. Alain1, FAIDA Chishibanji Léa2 et FATAKI Mugoli Elysé2

RESUME : Cette étude analyse le lien entre ouverture commerciale et la croissance économique en RD Congo. Elle tire son
fondement de la controverse existant sur l’effet de celle-ci sur la croissance économique. Pour cette étude, il est supposé un
effet positif de l’ouverture sur sa croissance économique. En utilisant la méthode de Double Moindre Carré à la suite du
problème d’endogénéité dans le modèle à équations simultanées, les résultats montrent que l’ouverture commerciale
impacte positivement sur la croissance économique mais pas significativement, en neutralisant l’effet de la variation de
termes de l’échange sur la croissance, l’ouverture agit positivement et de manière significative sur la croissance. Il se relève
de ces résultats que l’ouverture commerciale est à même de booster la croissance économique congolaise si les politiques
d’ouverture sont correctement mises en œuvre, lesquelles politiques consistant à diversifier les exportations et l’amélioration
de la qualité des institutions.

Mots clés : Intégration régionale, potentialité commerciale et Modèle de gravité

ABSTRACTS: This survey analyzes the tie between commercial opening and the economic growth in DRC. She/it pulls
his/her/its foundation of the controversy existing on the effect of this one on the economic growth. For this survey, he/it is
supposed an effect positive of the opening on his/her/its economic growth. While using the Least Duplicate method Squared
following the problem of endogénéité in the model to simultaneous equations, the results show that the opening commercial
impacte positively on the economic growth but not meaningfully, while neutralizing the effect of the variation of terms of the
exchange on the growth, the opening acts positively and of meaningful manner on the growth. He/it recovers from these
results that the commercial opening is able to booster the Congolese economic growth if the policies of opening are set
correctly in motion, which policies consisting in varying the exports and the improvement of the quality of the institutions.

Key words: Regional integration, commercial potentiality and Model of gravity

I. INTRODUCTION

Depuis plusieurs décennies, un large débat s’est déroulé au sujet des effets qu’une politique d’ouverture
exerce sur la croissance économique. Ce débat a été en particulier nourri par de nombreuses études empiriques
transversales de la relation entre différents indicateurs de l’ouverture et la croissance (Combes et al. 2000). Cette
controverse faits suite de la publication de l’article de Rodriguez et Rodrik (1999) critiquant ouvertement les
travaux qui stipulent une corrélation positive entre ouverture extérieure et croissance dans les pays en
développement en mettant en cause leurs choix méthodologiques. Ils assurent qu’il est difficile d’affirmer que la
libéralisation commerciale entraîne une accélération de la croissance économique (Berrached, 2013).

Sachs (1987), soutient que le succès d’ouverture des pays d’Asie de l’Est est dans une large mesure dû à un rôle
actif de leurs gouvernements dans la promotion des exportations dans un environnement où les importations
n’ont pas été entièrement libéralisées. Taylor (1991), estime que la stratégie de libéralisation est
intellectuellement « moribonde » et qu’il n’y a pas de « grands bénéfices » en plus des pertes quand un pays
entreprend l’ouverture des échanges et du marché des capitaux. Pour lui, les stratégies de développement
orientées vers l’intérieur peuvent être un choix sage.

Amadou (2006), montre que les chercheurs estiment aussi, dans certaines conditions, que la libéralisation du
commerce peut ne pas stimuler la croissance. C’est le cas, par exemple, lorsqu’il existe au niveau des institutions
ou sur les marchés des imperfections qui entraînent une sous-utilisation des ressources humaines ou en capital,
ou une spécialisation dans les industries extractives ou dans des secteurs qui ne bénéficient pas des rendements

2
d’échelle croissants (Grossman et Helpman (1991), Matsuyama (1992), Sachs et Warner (1995, 1999),
Rodriguez et Rodrik (1999).

De même, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO, 2004) maintient
que, faute de diversification des exportations dans les pays en développement, la baisse et les fluctuations des
recettes d’exportation ont eu une incidence négative sur les revenus, les investissements et l’emploi (Sannassee
et al. 2012). La croissance économique et les changements structurels dépendent des types de produits qui sont
échangés (Hausmann et Klinger, 2006 ; Hwang, 2006). Pour que les pays pauvres puissent s’enrichir, il est
important qu’ils modifient la composition de leurs exportations. Les débats sur la thèse de Prebisch‑Singer (1959)
et la nécessité de l’industrialisation ont donné la priorité à la diversification des économies pour les rendre moins
tributaires des produits de base en raison de la détérioration des termes de l’échange, de la faiblesse de la valeur
ajoutée et de la lenteur de la croissance de la productivité (Sannassee et al. 2012).

La revue de la littérature sur la relation ouverture-croissance affirme qu’il existe une relation positive du
protectionnisme sur la croissance économique et sur le bien-être sous certaines circonstances. La théorie de
l’industrie naissante est l’exemple le plus populaire (Bardhan, 1970 cité par Vamvakidis, 2002). Les modèles du
commerce traditionnel (par exemple, Rodriguez, 1974 et Dombush et al. 1977) ont montré qu’il y a un niveau
optimal de protection, pour un pays, pouvant influencer positivement sa balance commerciale. Brecher (1974,
1992) a montré que la protection peut hausser le revenu national lorsque l’économie n’est pas en plein emploi. Le
modèle de Mundell-Fleming affirme que l’infléchissement de la dépense envers les produits domestiques, causé
par le protectionnisme, peut augmenter le revenu national3 (Vamvakidis, 2002).

Il est naturel de s’interroger sur les liens entre l’ouverture extérieure et la croissance économique.
Maléfique pour certains, bénéfique pour d’autres, la mondialisation est tantôt parée de toutes les vertus, tantôt
affublée de tous les vices. Les recherches en sciences économiques plaident largement en faveur du point de
vue des optimistes, en montrant que la mondialisation a des effets positifs sur la croissance et la prospérité et
qu’elle réduit la pauvreté. Les possibles effets négatifs sur la répartition des richesses au sein des pays et sur
l’environnement sont moins l’effet de la mondialisation que des manquements des États (Sax et Weder, 2012)

Les recherches théoriques et empiriques s’accordent sur une réponse étonnamment nette: l’ouverture
des marchés, par la libéralisation des échanges des biens, de services et de facteurs de production – comme le
travail, le capital et le savoir-faire – favorise la croissance et conduit à une plus grande prospérité
macroéconomique. Cette affirmation est soutenue par les résultats de diverses recherches empiriques qui ont
examiné les effets d’une libéralisation du commerce sur la croissance économique, ils montrent que les pays
ouverts ont une croissance plus rapide que les pays fermés. Ces auteurs ont établi que les États qui ont libéralisé
leur commerce extérieur entre 1950 et 1998 affichent en moyenne une croissance économique supérieure de
1,5% aux autres. Ces recherches confirment ainsi les apports essentiels des thèses classiques de Sachs
etWarner (1995)4 (Wacziarg et Welch (2008) cités par Sax et Weder, 2012).

3Ce résultat n’est vrai que principalement pour une économie ouverte à taux de change fixe, mais il peut s’appliquer aussi pour une
économie ouverte au taux flottant si les biens domestiques et ceux étrangers ne sont pas parfaitement substituables
4Ils utilisent une variable muette qui signale le caractère ouvert ou fermé d’un pays, celui-ci est considéré comme fermé s’il remplit au

moins un des cinq critères suivants :


- un taux moyen de tarif douaniers supérieurs à 40%.
- des barrières non tarifaires sur plus de 40% des importations.
- une prime sur le marché parallèle des changes supérieurs à 20% sur une période de dix ans (soit les années 1970, soit les
années 1980).
- existence d’un système économique socialiste (associé à un contrôle centralisé des flux commerciaux internationaux).
- existence d’un monopole de l’Etat sur les principales exportations. La méthodologie de Sachs et Warner a été critiquée
notamment sur la capacité des critères retenus à constituer des indicateurs de politique d’ouverture (Rodriguez et Rodrik
(1999)),
La libéralisation des échanges est maintenant considérée comme source de convergence et un élément
clé pour l’élaboration de stratégies de développements. D’ailleurs, un bon nombre d’organisations internationales
incitent les pays à libéraliser leurs échanges commerciaux. Pour certaines d’entre elles, comme le Fond
Monétaire International et la Banque Mondiale, la libéralisation des politiques commerciales est souvent une
condition majeure à l’octroi d’aide financière ou d’assistance économique pour les pays en voie de
développement. Sous l’égide de ses organisations, plusieurs pays d’Afrique sub-saharienne ont souscris, dans
les années 1980, à de telles politiques dans le cadre des accords du GATT, des programmes d’ajustement
structurel et d’accords régionaux. L’objectif principal était la promotion des exportations à travers des incitations
aux producteurs œuvrant dans les secteurs d’exportations, des réajustements dans leurs taux de change
surévalués et une baisse de leurs barrières tarifaires et non tarifaires (Lemzoudi, 2005)

Outre les effets bénéfiques de l’exploitation d’avantages comparatifs, ces théories ont souligné les effets
positifs résultant du commerce du fait des économies, de l’exposition à la concurrence et de la diffusion du
savoir. Ces effets pourraient entraîner une augmentation à la fois de l’efficience globale et éventuellement du
niveau d’investissement (si, par exemple, l’adoption de technologies étrangères nécessite d’investir dans de
nouveaux types de capital). Les progrès réalisés par les pays de l’OCDE dans l’abaissement des barrières
douanières et le démantèlement des obstacles non tarifaires tendraient par conséquent à démontrer l’impact
positif des échanges commerciaux sur la croissance (Bassanini et Scarpeta, 2001)

Les échanges internationaux ont progressé environ deux fois plus vite que la croissance économique
mondiale, phénomène constaté tant dans les pays développés que dans les pays en développement. Le
commerce Sud-Sud (entre pays en développement) est certes parti d’un niveau assez bas, mais il progresse
encore plus vite que l’ensemble des échanges mondiaux (ONU, 2008). Partant de toutes ces préoccupations, la
réflexion essentielle de cette étude porte sur la question suivante:

- Quelle est l’influence de l’ouverture commerciale sur la croissance économique ? A partir de cette
question, l’étude cherchera aussi à identifier les déterminants de l’ouverture commerciale en RDC
durant la période sous étude.

En effet, se basant sur différentes études déjà réalisées dans l’optique de cette étude, il résulte qu’il
existe une relation entre l’ouverture extérieure et la croissance économique que certains auteurs comme Dollar
(1992), Harrisson (1996), Onafowora et Owoye (1998) et Greenway, Morgan and Wright (2002) qualifient de
positive et d’autres de négative notamment Sachs (1987), Taylor (1991) et Rodriguez et Rodrik (1999). Pour le
cas de la République Démocratique du Congo, la mise en place des politiques d’ouverture conduit non
seulement à l’augmentation du volume des échanges mais aussi à celle des investissements et aux progrès
technologiques et donc à la croissance économique. Il existe donc une relation, « ouverture-croissance »,
positive que nous tenterons de tester tout au long de cette étude.

En sus, nous avons porté le choix à cette étude suite au fait que plusieurs études empiriques ont porté
sur les pays développés, qui n’ont pas la même réalité et structure économiques que les pays en développement
et analyser la position de la réalité en République Démocratique du Congo par rapport au débat sur lequel
différentes études théoriques n’arrivent pas à une réponse claire et définitive sur la relation ouverture-croissance,
ceci a été à la base de cette étude qui a comme objectif d’examiner les interactions entre l’ouverture commerciale
et la croissance économique dans ce pays.
Etant donné que cette étude semble embrasser un large champ d’application, il nous est impérieux de le
circonscrire dans le temps et dans l’espace en admettant seule l’hypothèse de l’application de l’ouverture
commerciale de la République Démocratique du Congo et ce, pour une période allant de 1988 jusqu’en 2018.

Pour analyser économétriquement l’effet de l’ouverture commerciale sur la croissance économique de la


RDC, l’étude adopte une méthode de double moindre carré. Cette méthode se justifie par l’endogénéité
s’expliquant par le fait que PIB est à la fois une variable expliquée et une variable explicative dans les
déterminants de l’ouverture commerciale. L’ouverture commerciale quant à elle, était estimée par le moindre
carré ordinaire.

II. METHODOLOGIE

Cette partie présente la méthodologie utilisée pour estimer le lien entre ouverture commerciale et la croissance
économique en République Démocratique du Congo. Dans le cadre de cette étude, l’approche méthodologique
est essentiellement axée sur le modèle de gravité qui est explicité dans le paragraphe suivant.

II.1. Les modèles de gravité


Les modèles de gravité sont l’ensemble des modèles qui établissent un lien entre les flux commerciaux
et les caractéristiques économiques et géographiques des pays. Ces modèles sont utilisés pour expliquer les
échanges commerciaux bilatéraux, et sont essentiellement dépendants aux facteurs géographiques et aux
revenus des partenaires économiques (Kadid, 2015). La première génération de ces modèles explique le
commerce bilatéral en utilisant des facteurs géographiques comme la distance avec les principaux partenaires
commerciaux (Combes et al. (2000) et Blancheton (2004)), l’enclavement du pays par rapport à l’accès à la mer
(Amadou (2006) et Kadid (2015)), présence de richesse minière ou pétrolière (Combes et al. (2000) et Kadid
(2015)), la taille du pays (Blancheton (2004), Amadou (2006) et Kadid (2015)) et d’autres variables économiques
et de politique commerciale comme le revenu initial du pays (Combes et al. (2000), Blancheton (2004), Amadou
(2006) et Kadid (2015)), le revenu de la taxe sur le commerce international, le black market prime et le taux de
change effectif réel (Niyongabo, 2007). Faute de manque de données sur toutes ces variables, seules la taille
démographique, la rente minière et le PIB ont été pris en compte pour déterminer le degré d’ouverture
commerciale en RDC:
- La taille du pays : Elle est mesurée par la taille de la population et/ou la superficie géographique. Ces
mesures sont en relation inverse avec l’ouverture commerciale. En effet, plus un pays est grand et
moins il a tendance à commercer avec l’extérieur à cause du manque de spécialisation qui
accompagne le pays et des coûts de transport internes qui sont élevés pour les grands pays
(Niyongabo, 2007).
- Richesse minière et/ou pétrolière : Les exportations et/ou les importations des biens primaires
(hydrocarbures, ressources minières,…) augmentent fortement le taux d’ouverture commerciale de
certaines économies à fortes ou faibles dotations en ces facteurs selon les besoins nationaux. Par
évidence, ces richesses jouent positivement avec l’ouverture commerciale.
- Le revenu par tête du pays : Le revenu du pays est une variable économique de l’ouverture
commerciale. Ce revenu mesure le pouvoir d’achat des populations, les pays riches font plus
d’échanges commerciaux que les pays pauvres. Le coefficient a un signe théorique positif.

II.2. Spécification du modèle et méthode d’estimation.

a. Spécification du modèle économétrique


La réponse à la question de départ exige le passage à l’analyse économétrique des principaux déterminants de
la croissance. L’hypothèse prise est que la mise en place des politiques d’ouverture conduit non seulement à
l’augmentation du volume des échanges mais aussi à celle des investissements et aux progrès technologiques et
donc à la croissance économique. La spécification du modèle s’inspire des travaux de thèse de Niyongabo
(2007) et de Berrached (2013) lesquels ayant porté sur l’influence de l’ouverture commerciale sur les économies
des pays en voie de développement. Leurs travaux se sont inspirés des modèles à équations simultanées dont
parlent à long et à large Bourbonnais (2009) et Gujarati (1988). La spécification de ce genre de modèle
nécessite une écriture d’équations multiples reliées entre elles au travers les variables figurant dans plusieurs
équations comme c’est le cas de ce modèle, dans lequel la première équation constitue l’équation structurelle
(l’équation de la croissance économique) dans laquelle la variable d’intérêt est une variable endogène, la
deuxième équation du modèle. Tenant compte de ce qui précède la forme générale du modèle à estimer prend
la forme suivante :

∆yt= β0 + β1ln(Invt) + β2ln(Cht) + β3ln(Idet) + β4ln(Dft) + β5ln(Vtet) + β6ln(Inflt) + β8ln(Opennesst) + εt


Où :
∆yt, Inv, Ch, Ide, Df, Vte, Infl et Openness désignent respectivement le logarithme de la croissance du PIB, de
l’investissement en capital physique, du capital humain, de l’investissement direct étranger, du développement
financier, de la variation de terme de l’échange, de l’inflation et de l’ouverture commerciale. Par ailleurs,
l’Ouverture commerciale, déterminée par des facteurs structurels, après la transformation logarithmique se
spécifie comme suit :
Ln(Opennesst)= α0 +α1ln (Dem t)+ α2ln (Min t)+ α3ln (PIB t)+ εt (II.2)
Où Openness, Dem, Min, PIB représentent respectivement le taux d’ouverture commerciale (la part des
importations et exportations dans le PIB), la taille démographique, la rente minière et PIB per capita.

II.3. Méthode d’estimation


Les séries temporelles ayons servis pour analyser le lien entre ouverture commerciale et croissance proviennent
essentiellement des bases de données de la Banque Mondiale notamment (WDI) et African Development
Indicators sauf la variable « taille démographique » qui, elle, a été approximée par cumul de son taux de
croissance de 3% annuellement étant donné que nous avons la taille démographique de la RD Congo par biais
des enquêtes 1-2-3. En plus, l’analyse fait recours à la méthode de Double Moindre Carré dont l’utilisation est
faite lorsqu’une ou plusieurs variables sont endogènes au modèle.

II.4. Présentation des variables du modèle

A. Variable expliquée ou endogène


Contrairement à Kapiri (2007), qui adopte trois variables mesurant la croissance économique (taux de croissance
du PIB réel par habitant, le ratio d’investissement domestique et le taux de liquidité), cette étude utilise comme
variable endogène le produit intérieur brut réel per capita car il est considéré comme le meilleur indicateur de
mesure de la croissance économique d’un pays. L’évolution du PIB est reprise sur le graphique suivant :

PIB par tête ( Constant 2000 US$)


300
Titre de l'axe

200
PIB par tête ( Constant 2000
100
US$)
0
1 988
1 990
1 992
1 994
1 996
1 998
2 000
2 002
2 004
2 006
2 008
2 010
2 012
2 014
2 016
2 018

Source: World Bank Development Indicators 2018


Ce graphique ressort une tendance baissière sur l’ensemble de la période sous étude avec une succession des
phases de récession et d’expansion. En excluant les premières années de l’accession du pays à l’indépendance,
l’analyse de la crise structurelle de l’économie congolaise fait ressortir les quatre cycles économiques majeurs
suivants (KABUYA, K., 1999):
- les années de crise ouverte, de 1975 à 1982, caractérisées par un taux de croissance réelle du PIB de -
1,9% en moyenne. Cette période est caractérisée par une vulnérabilité de l’économie congolaise, liée à
sa dépendance extérieure5 et la montée vertigineuse, à partir de 1973, des prix des produits pétroliers et
la chute soudaine des cours des principaux produits d’exportation,
- les années d’ajustement structurel, de 1983 à 1990, au cours desquelles le taux de croissance annuelle
du PIB redevient légèrement positif avec une moyenne de 0,8%. Durant cette période le pays a tenté,
avec le concours des institutions de Bretton Woods, de maintenir à flot le secteur minier par une série
de dévaluations et par des prêts ponctuels à la GECAMINES6.
- les années qualifiées de la “déglingue ou marasme économique” total à partir de 1991, au cours
desquelles le taux de croissance du PIB s’est fortement dégradé atteignant en moyenne un taux de
croissance économique négative de 7.3% contre celle démographique de 3.1 en moyenne. Cette
tendance est fortement influencée par une hyperinflation au début des années 90 et la déstabilisation
sécuritaire de 1997.
- les années de reprise économique de 2010 à 2018, caractérisé par un taux moyen de 4.5% par an.
Cette tendance est tirée par les normalisations sécuritaires dans le pays et la hausse des cours des
produits agricoles, miniers et le commercial.

B. Variables explicatives ou exogènes


La croissance économique en RDC est susceptible d’être influencée par les huit principaux facteurs retenus par
cette étude. Ces facteurs sont groupés en deux catégories, d’une part les variables de contrôle7 notamment le
taux d’investissement en capital physique (Cp), le capital humain (Ch),les investissements directs étrangers
(Ide), la variation de terme de l’échange (Vte),le développement financier (Df) et l’inflation (Infl) et d’autre part la
variable d’intérêt, le taux d’ouverture commerciale (Openness). Cette dernière sera instrumentée par les
variables telles que la taille démographique (Dem), la rente minière (Min) et le niveau de richesse nationale
(PIB).

1°) Les variables de contrôle


Egalement appelées les variables du développement économique. Ces variables sont d’une importance capitale
dans la détermination de la croissance économique.
a) Le taux d’investissement en capital physique (Inv)
L’investissement en capital physique, surtout dans les infrastructures permet de réduire les coûts des
transactions, ce qui est de nature à favoriser la compétitivité (Gannon et Liu, 1997). Le développement des
infrastructures peut également favoriser le désenclavement des régions pauvres et leur permettre d’accéder à
des opportunités plus importantes (Estache, 2003).

5L’éclatement de la guerre civile en Angola, à cette même époque, entraîna pour le Congo la fermeture durable du chemin
de fer vers Lobito, rendant ainsi inopérante la voie la plus économique d’évacuer les produits miniers du Katanga.
6Qualifiée à l’époque de “poumon de l’économie congolaise”
7Ce sont les variables utilisées habituellement comme des déterminants de la variable clé d’une étude, dans notre cas c’est

la croissance économique
Gross domestic investment % GDP
50

0
1988 1990 1992 1994 1996 1998 2000 2002 2004 2006 2008 2010 2012 2014 2016 2018
-50
Invest. En Capital physique en % du PIB
5 Moy. mobile sur pér. (Invest. En Capital physique en % du PIB)

Source: World Bank Development Indicators 2018


Le graphique ci-dessus représenté fait ressortir quatre cycles suivant :
- le premier se fait visualiser de sa phase de récession allant de 1988 à 1990. Cette récession est
caractérisée par des graves problèmes économiques et financiers dus à la persistance des mesures de
zaïrianisation et radicalisation des années 70 occasionnant ainsi un désinvestissement de près de 3.5%
par rapport au PIB national.
- le second comporte deux phases complètes allant de 1983 à 1991 avec une expansion tirée par
l’agrément de plus de cent projets8 d’investissement financés par les sources extérieurs à hauteur de
4950,2 millions de zaïres en 1992 contre 587,8 millions en 1993 présentant en moyenne 12.2% par
rapport au PIB entre 1993 et 1999.
- le troisième qui va de 2000 à 2008 caractérisé par une expansion atteignant près de 30% du PIB. Cette
poussée était tirée par la politique de libéralisation de l’économie initiée par le GATT lors de l’Uruguay
round9alors que la récession qui s’est ensuivi a atteint le taux le plus minimal jamais connu par le pays
(soit -0,1%) suite à des destructions massives des infrastructures des bases et des guerres répétées
qui avait détérioré le tissu économique national
- le quatrième qui va de 2014 à 2018, caractérisé par une phase d’expansion tirée par des normalisations
sécuritaires issues des élections organisées en 201410atteignant un taux moyen de 10%
d’investissement par rapport au PIB.
b) Le capital humain (Ch)

8 L’environnement économique encourageait l’initiative privée créées par la mesure de libéralisation a eu un impact favorable
au niveau des investissements privés.
9 C’est à l’issu de ce round que le GATT était remplacé par l’OMC en 1995
10 Les budgets alloués aux élections constitués un taux important d’investissement publics qui avaient boosté le taux

d’investissement national.
Les auteurs de la théorie de la croissance endogène considèrent qu’il faut traiter le travail comme du capital
humain accumulable au même titre que le capital physique (Becker et Lucas) et soutiennent également
l’hypothèse que la formation et l’expérience de la main-d’œuvre représentent une forme de capital (humain) et
qu’il favorise l’adoption et l’assimilation des nouvelles technologies et donc l’augmentation de la productivité
(Bassanini et Scarpeta, 2001). Dans cette étude, le capital humain est mesuré au moyen d’estimations11 des
dépenses d’éducation et de celles de la santé (Baldacci et alli, 2004).

Ratio de l'invest en cap humain


0,1

0,05

0
1988 1982 1984 1986 1988 1990 1992 1994 1996 1998 2000 2002 2004 2006 2008 2010

Ratio de l'invest en cap humain


5 Moy. mobile sur pér. (Ratio de l'invest en cap humain )

Source: IMF Development Indicators 2007 cité par Mitima, 2008


Il ressort trois cycles dont un seul est complet soit le cycle allant de 1995 à 2008. Les deux autres ne sont
représentés ici que par leur phase soit de récession (1988 à 1995) ou d’expansion (2010 à 2018). L’ensemble de
la période sous étude est caractérisée par le taux des abandons accru, une conséquence logique d’un système
hérité de l’époque coloniale et inadapté aux besoins du développement, du faible niveau de formation des
enseignants, d’un manque cruel de fourniture et de matériel scolaire. Les effectifs des élèves du primaire sont
tombés de 95% de la population en âge scolaire en 1972-1973 à 77% entre 1986 et 1987et à moins de 50% en
2000-2001. Le taux d’alphabétisation durant cette période était de 50%. La part allouée à l’éducation représente
en moyenne moins d’un pourcentage du PIB national sur la période sous étude.

c) Investissements Directs Etrangers(IDE)


Nath (2004), Gabor (2004) et Cernat et Vranceanu (2002) se sont souvent focalisés sur l’impact isolé du
commerce extérieur et de l’investissement direct étranger sur la croissance économique. Ils ont suggéré qu’un
environnement commercial orienté vers l’exportation pourrait être un catalyseur de l’attraction des IDE pendant
que le commerce extérieur et les IDE contribuent tous deux à la croissance. L’ouverture commerciale assure
l’accès à de vastes marches, permettant ainsi d’attirer plus d’IDE12 (Mansouri, 2009).

11Il
est vrai que ces estimations sont grossières et restrictives, dans la mesure où elles ne tiennent compte ni de l’aspect
qualitatif de la formation scolaire, ni d’autres aspects importants du capital humain.

12Dans l’étude menée par Mansouri, il a montré que cette variable à elle seule n’est pas significative pour expliquer le taux
de croissance économique. Elle explique très significativement la croissance si elle est mise en interaction avec l’ouverture
commerciale.
Foreign Direct Investment inflows
20

0
1988 1990 1992 1994 1996 1998 2000 2002 2004 2006 2008 2010 2012 2014 2016 2018
-20

Foreign Direct investment inflows


5 Moy. mobile sur pér. (Foreign Direct investment inflows)

Source: World Bank Development Indicators 2018


Ce graphique ressort une tendance stable jusqu’en 2003 qu’une expansion se fait voir. Les montants d'IDE de la
République Démocratique du Congo sont insignifiants comparés aux flux d'IDE entrant dans le monde. En dépit
de la succession des programmes de stabilisation mêlées aux mesures de régulation conjoncturelles, force est
de constater que le recul de la production et l'aggravation des déséquilibres interne et externe ont persisté. Ce
qui a amené les IDE à chuter une fois de plus et la RD. Congo va même connaître des désinvestissements nets
(-7.125.200 US $) en 1993. Les mesures de redressement du programme commencèrent à donner des résultats
en 1990, mais les IDE sont restés néanmoins instables jusqu'en 2009, année de la reprise des relations avec les
institutions de Bretton Woods13. En 2011, les flux d'investissements étrangers ont atteint 132 millions de dollars et
représentaient 23,6% de la formation brute de capital fixe.
d) Variation de terme de l’échange
Fosu et Gyapong (2010) avancent qu’en allégeant les contraintes de balance des paiements et en augmentant la
production, l’amélioration des termes de l’échange d’un pays devrait entrainer une croissance de son PIB. Ainsi,
les termes de l’échange devraient avoir un effet positif sur le PIB.

Net barter Terms of trade Index (2000=100)


200
150
100
50
0
1988 1990 1992 1994 1996 1998 2000 2002 2004 2006 2008 2010 2012 2014 2016 2018

Série 1 5 Moy. mobile sur pér. (Série 1)

Source: World Bank Development Indicators 2018


Ce graphique nous renseigne que le commerce extérieur14 congolais a rapidement pris de l’expansion depuis
2009, de 40% du PIB qu'il était à 120% du PIB à la fin de la décennie. La RDC exporte les produits primaires
notamment le cuivre, le cobalt, le pétrole brut, le bois et les autres produits forestiers. Ils sont généralement

13Banque Mondiale et le Fond Monétaire International


14Plus de 80% du commerce extérieur officiel s’opère avec des pays développés. La Belgique, ancienne puissance coloniale, demeure le
principal marché des exportations de la RDC, mais sa part tend à décliner. Les Etats-Unis furent longtemps considérés comme le second
grand marché des exportations pour le pays à cause de leurs achats du pétrole brut, mais ils ont été devances par la Chine en 2006, au
regard de la demande accrue de celle-ci pour le cuivre et le cobalt. L’Afrique du Sud – suivie par la Belgique et la France – s’est constituée
en la principale source des importations de la RDC, incluant divers biens d’équipement, des produits manufacturiers et des biens de
consommation.
moins chers comparativement aux importations, ce qui détériore le terme de l’échange de ses produits depuis
2009. Le déficit du compte courant a augmenté fortement malgré l’évolution favorable des termes de l’échange.
Cependant, un déficit de cette taille pourrait être considéré comme un signe encourageant de reprise
économique, pour le pays, nonobstant les coûts élevés de son financement, ce déficit résulte principalement de
l’accroissement des importations des biens d’équipements qui profiteront à l’amélioration de la capacité de
production du pays et a la croissance du PIB réel et des exportations.
e) Le développement financier15 (Df)
King et Levine (1993) note que tout système qui alloue une grande partie du crédit au secteur privé est plus
engagé dans le développement de l’activité réelle ; ce type de système exerce par conséquent un grand contrôle
sur les projets financiers, investit beaucoup plus dans la gestion de risques, facilite les transactions et mobilise
davantage l’épargne que les systèmes qui accordent des crédits au secteur public.

Domestic Credit to private sector (% GDP)


10

0
1988 1990 1992 1994 1996 1998 2000 2002 2004 2006 2008 2010 2012 2014 2016 2018

Domestic Credit to private sector (% GDP)


5 Moy. mobile sur pér. (Domestic Credit to private sector (% GDP))

Source: World Bank Development Indicators 2018


Ce graphique montre qu’il y a deux cycles, le premier qui va de 1988 à 12005 et le second se trouve à sa phase
ascendante qui va de 1998 à 2018. A la fin du premier semestre 1998, l’encours de crédits accordés au secteur
privé par la SOFIDE16et la MOBIMO17 s’est établi à 16498,8 millions accusant une baisse de 687,5 millions sur
six mois, du fait de la dégradation de la situation financière de la SOFIDE, qui a pratiqué le gel des prêts au cours
de la période accusant ainsi un recul en moyenne de 1.6% par rapport au PIB. A partir de 2006, ce secteur a
connu une expansionest caractérisée par une ouverture des banques commerciales aux PME18, grâce à
l'installation des institutions de microfinance, notamment Procredit Bank (en 2005) et Afriland First Bank
(opérationnelle en 2007). En 2008, la Banque Africaine de Développement et d'autres partenaires ont financé
l'installation des nouvelles institutions de microfinance dans le pays.

f) L’inflation
Elle est souvent mesurée19 par l’indice de prix à la consommation et le déflateur du PIB. Mais contrairement à
l’indice de prix à la consommation reflétant uniquement les prix des biens de consommation, d’ailleurs produits
ou non au cours de la période de référence , le déflateur du PIB présente l’avantage de porter sur les prix de tous
les biens et services et ce, produits uniquement au cours de la période envisagée. Il est ainsi le plus utilisé dans
les analyses d’inflations (Bordes, 1980).

15Celle-ci est capturée par le volume du crédit accordé au secteur privé par les banques commerciales.
16Société Financière de Développement.
17Société Mobilière et Immobilière
18 Petites et Moyennes Entreprises
19Ces deux mesures affichent un comportement relativement similaire dans certaines économies, comme d’ailleurs celle de RDC, car les

écarts observés entre eux sont passagers.


Inflation, consumer prices (annual %)
40000

20000

0
1988 1990 1992 1994 1996 1998 2000 2002 2004 2006 2008 2010 2012 2014 2016 2018

Inflation, consumer prices (annual %)


5 Moy. mobile sur pér. (Inflation, consumer prices (annual %))

Source: World Bank Development Indicators 2018


Depuis 1998, les prix n’ont pas cessé d’augmenter. Comparativement à la période d’avant les années quatre-
vingt-dix, cet accroissement s’accélère et exagère à partir de 1999, période à laquelle l’inflation enregistrée passe
brutalement à quatre chiffres. Cette hyper-inflation du début de la décennie quatre-vingt-dix est due au
financement monétaire excessif du déficit de l’Etat, à la liquéfaction de la valeur de la monnaie nationale, à la
répartition inégale des revenus en faveur de certaines catégories de la population, notamment spéculateur. Elle
est aussi due à la pénurie qui a frappé certains biens de consommation courante : manioc, mais, farine de blé,
sucre, etc. (Gamela, 1996). C’est vers l’année 2009 qu’un ralentissement du rythme de l’inflation s’est observé,
découlant principalement à l’application des politiques budgétaires et monétaires rigoureuses menées dans le
cadre du programme intérimaire renforcé (BCC, 2001).

2°) La variable d’intérêt

a) L’ouverture commerciale (Openness)


Pour Rodrik et Rodrigue (1999) Il existe plusieurs critères pour mesurer le niveau d’ouverture d’une économie
pour expliquer sa croissance. Ces critères ont connu de majeure critique auprès de spécialistes qui traitent de la
relation ouverture-croissance (Kadid, 2015). L’ouverture commerciale est une variable instrumentale dont les
instruments sont inspirés du modèle de gravité de mesure du taux d’ouverture commerciale naturel.
III. PRESENTATION ET DISCUSSION DES RESULTATS

III.1. Présentation des tests sur les variables.


Le traitement de données temporelles nécessite une analyse préalable. Il s’agit entre autre le test de
stationnarité avant de passer à l’estimation économétrique. Cela est d'autant plus important et pertinent dans
cette étude car les variables utilisées sont toutes des variables macroéconomiques, qui d'ordinaire, sont non
stationnaires.

III.1. 1. Le test de stationnarité


Ce test permet de connaitre si le processus de la série temporaire est invariable dans le temps (Bourbonnais,
2009). La stationnarité des variables représente une garantie contre les régressions fallacieuses et non
cohérentes. Les résultats du test de stationnarité, dans le tableau suivant, sont obtenus grâce au logiciel Eviews.
L'étude considère le seuil de 5% pour la validation des hypothèses.
Résultats du test de stationnarité à niveau de Dickey-Fuller Augmenté
Série Valeur Valeur critique Conclusion
1% 5%
Croissance -1.6278 -3.6752 -2.9665 I(1) Non stationnaire

Capital Physique -3.4173 -3.6752 -2.9665 I(0) Stationnaire

Capital Humain -2.3139 -3.6752 -2.9665 I(1) Non stationnaire


IDE -2.3054 -3.6752 -2.9665 I(1) Non stationnaire

Termes Echange -2.1912 -3.6752 -2.9665 I(1) Non stationnaire

Dév. Financier -3.9109 -3.6752 -2.9665 I(0) Stationnaire

Inflation -3.4359 -3.6752 -2.9665 I(0) Stationnaire

Minerai -2.1770 -3.6752 -2.9665 I(1) Non stationnaire

PIB -1.7641 -3.6752 -2.9665 I(2) Non stationnaire

Ouverture com. -1.2424 -3.6752 -2.9665 I(1) Non stationnaire

Source : Nos applications sur Eviews.


Le constat est tel que le capital physique, développement financier (Dév. Financier) et inflation sont stationnaires
à niveau (intégrés d’ordre 0) alors que les variables croissance économique, capital humain, IDE, termes de
l’échange, minerai, PIB et ouverture sont non stationnaires à niveau. L'examen de l'ordre des variables non
stationnaire se poursuit en différence première et en différence seconde et les résultats sont fournis dans le
tableau suivant :

Résultats du test de stationnarité en différence première de Dickey-Fuller Augmenté

Série Valeur Valeur critique Conclusion


1% 5%
D(Croissances) -5.1654 -3.6852 -2.9705 I(0) Stationnaire
D(Capital Humain) -4.8382 -3.6852 -2.9705 I(0) Stationnaire
D(IDE) -7.6531 -3.6852 -2.9705 I(0) Stationnaire
D(Termes Echange) -4.9934 -3.6852 -2.9705 I(0) Stationnaire
D(Minerai) -3.9840 -3.6852 -2.9705 I(0) Stationnaire
D(PIB,2) -4.9428 -3.6959 -2.9750 I(0) Stationnaire
D(Ouverture) -5.9689 -3.6852 -2.9705 I(0)Stationnaire
Source : Nos applications sur Eviews
Ce tableau montre que toutes les variables qui étaient non stationnaires à niveau sont devenues stationnaires en
différence première à l’exception de la variable GDP (PIB) qui l’est devenue après avoir été différenciée deux
fois.

III.1.2. Le test d’identification des équations (du modèle)


Nous référant aux conditions d’identification, il ressort de ce modèle, deux variables endogènes, le taux de
croissance économique et le taux d’ouverture commerciale (g=2). Et huit variables strictement exogènes, le
capital physique, le capital humain, IDE, termes de l’échange, développement financier, inflation, démographie et
le minerai (k=8). Dans la première équation, il ressort l’existence de deux variables endogènes, le taux de
croissance économique (Growth) et le taux d’ouverture commerciale (Openness) (g’=2) et six variables
strictement exogènes, le capital physique, le capital humain, IDE, termes de l’échange, développement financier
et inflation (k’=6) ; et dans la seconde équation, deux variables endogènes, le taux d’ouverture commerciale et le
PIB (g’=2) et deux variables strictement exogènes, la démographie et le minerai (k’=2). Il s’ensuit que, la
première équation, après calcul, est sur- identifiable

g - 1 >< g – g’ + k – k’ = 2 -1 >< 2 – 2 + 8 - 6= 1 >< 0 + 2


1 <2
Par contre, la deuxième équation est aussi sur-identifiable
g - 1 >< g – g’ + k – k’ = 2 -1 >< 2 – 2 + 8 – 2= 1 >< 0 + 6
1<6
En jetant un œil sur les résultats du test d’identification de ces équations, il sied de conclure que le modèle est
sur-identifié, une condition nécessaire pour appliquer la méthode de double moindre carré (2SLS), laquelle oblige
le chercheur de passer par le test de validité des instruments utilisés pour estimer la variable d’intérêt (le taux
d’ouverture commerciale).

III.1. 3. Le test de validité des instruments de Sargan


Ce test de Sargan permet de tester la validité des instruments utilisés dans les régressions en double moindre
carré. Ce test est réalisé sous condition que le modèle soit sur-identifié.

a. Procédure du test
Estimation de l’équation structurelle20 avec la méthode de double moindre carré et récupération des
résidus21.Les résultats des résidus de l’estimation de l’équation structurelle.
Période Résidu Période Résidu Période Résidu
1988 - 1990 (0.2837514) 2000 (2.603252)
1989 2.484471 1991 (2.987838) 2001 (5.469062)
1990 3.044884 1992 (4.562714) 2002 (1.196307)
1991 0.2438864 1993 (7.47644) 2003 3.400234
1992 2.167525 1994 1.901257 2004 4.027327
1993 5.058258 1995 (3.658445) 2005 4.580817
1994 (0.3671243) 1996 (0.8502321) 2006 5.850834
1995 4.382777 1997 0.4777906 2007 2.778277
1996 2.451494 1998 (2.563824) 2008 (0.7746145)
1997 (0.0580625) 1999 (1.08056) 2009 (2.032834)
2010 (4.400301)
Source : Nos application sur stata 12.0
 Régression des résidus sur toutes les variables exogènes y compris les instruments et récupération de

Résidut = 22.9986 – 0.0225Inv – 22.1411Ch + 0.1764Ide + 0.0141Vte – 1.7079Df –
(0.91) (-0.16) (-0.39) (0.50) (0.26) (-1.32)

0.000017Inf – 4.78E-07Dem + 1.0681Min – 0.0168PIB


(-0.14) (-1.04) (3.28) (-0.28)

R² = 0.1615
 Calcul de la statistique n*R²suivant la loi de chi2 à q degré de liberté. n (29 pour notre modèle) étant le
nombre d’observation et q le nombre d’instruments (3 instruments ont été utilisés) du modèle moins le
nombre de variable explicative endogène.
q = n d’instruments - nbre de variables explicatives endogènes = 3 – 1 = 2
bre

n*R² = 29*0.1615 = 4.6835 cette statistique < chi2 à 5% (5.991). D’où nous ne pouvons pas rejeter
l’hypothèse nulle de validité des instruments.
Le caractère ouvert d’une économie est obtenu par l’écart entre le taux d’ouverture commerciale observé (brut) et
le taux d’ouverture commerciale prédit (estimé) en fonction de facteurs structurels, c’est ce qui est autrement

20 L’équation structurelle est l’équation du modèle de taux de croissance économique.


21Les chiffres entre parenthèse dans le tableau ont des signes négatifs.
appelé le résidu du ratio d’ouverture commerciale (ce résidu incarne la politique d’ouverture d’un pays) exprimé
par la formule suivante :
ε̂=Y - 𝑌̂(3.1)
Où ε̂ mesure le résidu et représente la politique d’ouverture vers l’extérieur d’un pays, 𝑌̂ est la variable prédite
par les facteurs structurels, elle est autrement appelée ouverture naturelle et Y est la variable expliquée. Un
résidu positif signifie que le pays adopte une politiquer d’ouverture et dans le sens contraire le pays est considéré
comme fermé. A partir de l’équation précédente, on peut estimer le taux d’ouverture commerciale dite ouverture
naturelle par la méthode de moindre carré ordinaire, afin d’éviter le problème d’hétéroscédasticité la méthode de
White sera utilisée. Les résultats de l’estimation sont représentés dans le tableau suivant :

Les résultats de l’estimation du taux d’ouverture commerciale de la RDC sur la période 1980-2010.
Ln(OPENNESS) Coefficients
Constante -9.1749***
(-2.99)

Ln(Dem) 2.03E-07***
(3.75)

Ln(Min) 0.0612
-1,6

Ln (GDP) 0.0125**
(2.33)
F 70.16

R² 0,93

Test de normalité de résidu 0,19


Variable dépendante : Ln(OPENNESS)
Méthode d’estimation : MCO
Période d’estimation : 1988-2018
Les valeurs entre parenthèse sont les t-student
Les coefficients sont statistiquement différents de zéro : *** à 1%, ** à 5% et * à 10%

Les résultats de l’estimation dont la variable expliquée est le taux d’ouverture commerciale mesuré par la part
des exportations et des importations rapportées au produit intérieur brut en pourcentage de la République
Démocratique du Congo. Les variables indépendantes sont des déterminants structurels de l’ouverture
commerciale. Le test de Fisher et de normalité de résidu (la probabilité du test est de 0.19, nous ne pouvons pas
rejeter l’hypothèse nulle de normalité des erreurs) confirment la validité de notre modèle avec un pouvoir
explicatif égal à 0.93. Tous les coefficients de notre modèle relatif au taux d’ouverture commerciale sont affectés
des signes attendus et s’avèrent significatifs au seuil respectif de 1% (Dem) et 5% (PIB) à l’exception de la taille
démographique qui en est affecté du signe contraire à la prédiction.
. La variabilité de cent points de pourcentage de la taille démographique congolaise fait varier le taux
d’ouverture commerciale de 2.03E-05 points, toutes choses restantes égales par ailleurs. Ce résultat semble être
expliqué par la forte dépendance de la population congolaise à l’étranger en termes des produits de première
nécessité, des produits alimentaires et produits manufacturés. Ce résultat est donc contraire à ceux trouvés par
Berrached (2010) dans le pays du PSEM22 et Combes et al. (2000) sur un échantillon de plus de 150 pays au
niveau mondial. Ils sont arrivés aux résultats que la population élevée dans un pays favorise le commerce
domestique au détriment du commerce extérieur par le fait que les résidents tendent à s’engager davantage dans

22Pays du Sud-Est de la Méditerranée


le commerce avec leurs concitoyens simplement parce que ces derniers sont nombreux et que le commerce
entre eux est possible contrairement dans le cas où leurs concitoyens seraient moins nombreux (Frankel et
Romer, 1999).
La part de revenu de minerai dans les exportations congolaise est significative et joue positivement sur
le taux d’ouverture commerciale subsidiairement à la théorie qui stipule que plus le pays dispose ou ne
disposant pas de la richesse minière et/ou pétrolière, plus il est incité à faire de l’exportation ou l’importation de
celle-ci selon que ce pays est à fortes ou à faibles dotations en ces facteurs et cela selon les besoins nationaux.
Le changement de cent points de pourcentage du niveau de la rente minière en RDC entraine, toutes choses
restantes égales par ailleurs, une variabilité de 6.12 points. Cette influence positive s’expliquerait par le fait que la
RDC attire plus ses principaux partenaires commerciaux23 en leur exportant des produits d’extraction influençant
significativement sa balance commerciale qui est structurellement déficitaire, ces produits sont tels que le cuivre,
le cobalt, le diamant et le bois en échanges des produits manufacturés, alimentaires et combustibles auxquels le
Congo dépend fortement de l’étranger(OMC, 2010). La variabilité de cent points de pourcentage du niveau de
richesse de la population congolaise entraine une variabilité du taux d’ouverture commerciale de la RDC de près
de 1.25 point ceteris paribus. Ce résultat concorde à ceux trouvés par Combes et al. (2000) sur un échantillon
mondial de plus de 150 pays.
Grâce aux résultats obtenus ci-haut on peut distinguer l’ouverture naturelle (𝑌̂) caractérisant la structure
économique de la RDC et l’adoption de la politique d’ouverture commerciale mesurée par la valeur résiduelle de
l’équation (ε̂) obtenue par estimation. Etant donné que nous avons obtenu la valeur résiduelle24 de l’équation, il
nous est alors possible de trouver le taux d’ouverture commerciale naturelle de la RDC en retranchant celle-ci sur
le taux moyen d’ouverture commerciale observée durant la période sous-étude :
ε̂ = 2, 1248452725 – 2, 1248452493103= 0.0000000206897.

Les résidus dégagés par l’équation du modèle d’ouverture commerciale naturelle sont positifs confirmant
ainsi que la RDC a été caractérisée par des mises en place de la politique d’ouverture de son économie durant la
période sous étude. La RDC était caractérisée par des taux d’ouverture relativement faibles durant la décennie
80 et la première mi- décennie 90 dont le taux d’ouverture était en moyenne de 7, 91% et progressivement à
partir de 1996 le taux moyen a atteint 36, 5% jusqu’en 2018. Cette période est donc celle de grande ouverture
par rapport à la période précédente à l’instar de beaucoup de pays en développement de par le monde. Ces
résultats concordent avec ceux trouvés par Niyongabo (2007) sur l’évolution de la politique de l’ouverture de pays
en Afrique sub-saharienne, en Amérique latine et les caraïbes et en Asie du Sud-Est, l’ouverture globale de
toutes ces trois régions s’était accrue régulièrement au taux de 58,7% pendant la décennie 70 et de 73% durant
la période 1998-2008. L’Afrique sub-saharienne et l’Amérique latine ont été caractérisées par des taux
d’ouverture relativement faibles en comparaison à la moyenne globale de l’échantillon26 et cela pour l’ensemble
de l’échantillon par rapport à la moyenne des pays de l’Europe centrale, du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord
ou des pays de l’OCDE. En tenant compte du facteur temps, il avait constaté que les décennies 70 et 80 étaient
marquées par des taux d’ouverture relativement faibles par rapport à la décennie 90.

b. Présentation des résultats économétrique de la croissance rd congolaise dans une économie


ouverte
Les résultats de l’estimation indiquent que le capital physique, le capital humain, l’investissement direct
étranger, le développement financier et le taux d’ouverture commerciale exercent une influence positive sur la

23 Les principaux partenaires commerciaux de la RDC sont l'Union européenne dont, principalement, la Belgique et la
France, suivis de la Chine, de l'Afrique du Sud et des États-Unis
24 Nous avons récupéré les observations de résidu sur l’ensemble de la période sous étude et pris leur moyenne qui était

représentée par 𝜀̂
25 Ceci est le taux moyen d’ouverture commerciale de la RDC sur la période 1980-2010
26Son échantillon était compose des pays d’Afrique sub-saharienne, d’Amérique latine et ceux de l’Asie du Sud et de l’Est.
croissance économique de la RDC contrairement à la variation de terme de l’échange et l’inflation qui impactent
négativement. Ils possèdent tous des signes attendus.
Les résultats de l’estimation de la croissance économique dans une économie ouverte.

GDP Growth : yt
Independent variables Eq.1 Eq.2

Openness 0.4858 0.3314


(0.46) (0.39)

Capital physique 0.1825 0.1794


(1.22) (1.21)

Capital humain 7.4905 3.7413


(0.15) (0.08)

IDE 0.2120 0.2358


(0.54) (0.62)

Variation de termes de l’échange -0.0169


(-0.24)
Développement financier 0.3983
0.4721 (0.60)
(0.64)
Inflation
-0.00061*** -0.00062
(-3.30) (-3.52)
Constante
-2.2446 -3.2227
(-0.43) (-1.02)

0.61 0.60
R² - Ajusted
0.48 0.48
Variable dépendante : croissance économique
Méthode d’estimation : Double Moindre Carré
Période d’estimation : 1980-2010
Les valeurs indiquées entre parenthèse sont des t de student.
Les résultats obtenus montrent que notre variable d’intérêt, le taux d’ouverture commerciale, impacte
dans toutes les deux équations positivement sur la croissance économique en RD Congolaise durant toute la
période sous étude. Ce résultat confirme l’hypothèse selon laquelle l’ouverture de la RDC au commerce
international influence positivement sa croissance économique. Son influence positive n’est pas significative dans
l’équation de référence (Eq.1).L’ouverture commerciale a, dans l’autre équation (Eq.2), affecté la croissance
économique positivement et de manière significative lorsque l’effet du facteur variation de termes de l’échange
est neutralisé. La variabilité d’un point de pourcentage du taux d’ouverture commerciale congolais entraine,
toutes choses restantes égales par ailleurs, la variabilité du taux de sa croissance économique de 0.4858 et
0.3314 respectivement dans l’équation 1 et 2. Cette situation positive de l’ouverture commerciale congolaise sur
sa croissance économique tirerait sa force dans la diversité des exportations27 congolaise tant bien en matières
premières qu’en produits semi-finis contrairement à la plupart des pays moins avancés (Malembe, 2008). Les
recettes d’exportation minière ont considérablement augmenté durant la décennie 2000 du fait de la hausse de
cours de certains produits comme le cuivre, le diamant, pétrole et cobalt. Par contre celles d’exportation agricole

27Les exportations congolaises sont principalement les produits miniers (Produits de GECAMINES, Or, Diamant, pétroles
bruts et autres), les produits agricoles (café, caoutchouc, bois et autres) et produits industriels (ciment, produits chimiques et
autres).
et industrielle ont baissé notamment celles du café, bois et du ciment. Les importations congolaises ont aussi, à
l’instar des exportations, augmenté durant la même décennie, les importations des biens de consommations,
d’équipement, celle de produits énergétiques et celle des matières première sont augmenté passant de 32% à
plus de 100% entre 2001 et 2005 (BCC, 2006). Ce résultat concorde avec celui trouvé par Niyongabo (2007)
dans sa thèse, il montre que les pays dont les volumes du commerce extérieur ont augmenté sont globalement
caractérisés par des taux de croissance élevé.
Le capital physique quant à lui est affecté du signe attendu (positif) et est significatif. Il est conforme à la
théorie qui noue une relation positive du capital physique et la croissance économique. La variabilité d’un point
de pourcentage du niveau du capital physique fait varier le taux de croissance en RDC de 0.1825 point (ceteris
paribus).Cette situation serait expliquée par les crises politiques qui ont ébranlé l’économie congolaise durant
plus d’une décennie et le non aboutissement à termes des investissements publics nationaux suite au refus du
FMI à financer le plan quinquennal des années 1986-90 à cause du non-respect des échéances de paiement des
arriérés du FMI (BCC, 1991). Les investissements publics congolais sont orientés dans des secteurs moins
productifs de son économie. Mais les investissements privés semblent amortir les effets néfastes de ceux publics
sur la croissance congolaise suite aux effets du réajustement monétaire de septembre 1983 et des efforts
consentis dans les investissements dans les entreprises privées (BCC, 1983 cité par Mitima, 2008). Ces résultats
sont les mêmes que ceux trouvés au Niger et au Maroc respectivement par Moussa et les directions des études
et des prévisions financières marocaine (2005 et 1999 cité par Mitima, 2008) selon lesquels les investissements
publics en capital physique nigériens sont positifs et non significatif à court terme et la tendance se dégrade dans
le long terme et les investissements privés marocains améliorent positivement et significativement la croissance
économique marocaine.
Le coefficient de l’investissement direct étranger est affecté du signe attendu, il joue positivement et
significativement sur la croissance économique congolaise et confirme la théorie qui dit que plus le pays est
ouvert, plus il bénéficie des investissements provenant de l’extérieur et du transfert de la technologie. La variation
d’un point de pourcentage du niveau de l’investissement direct étranger en RDC fait varier, si toutes choses
égalent par ailleurs, sa croissance économique de 0.2120 point. Cet effet positif s’expliquerait par la forte dotation
du pays en ressources minières et la grandeur du marché intérieur qui ne cessent d’attirer les multinationales.
Les secteurs qui attirent plus des investisseurs étrangers sont plus intensément capitalistiques et technologique,
le secteur phare est celui de transport et télécommunication qui en représentait, en 2003, 34% des IDE totaux, il
est suivi du secteur de mines et des hydrocarbures (29%), secteur des services (20%), secteur agro-pastoral
(9%) et les autres (8%). Ce résultat est le même que celui trouvé par Mansouri (2009) au Maroc que ce dernier
bénéficie des effets positifs des IDE sur sa croissance économique si son économie est orienté vers la
libéralisation commerciale.

Le développement financier joue positivement sur la croissance économique en RDC et cela de manière
significative conformément à la théorie qui stipule que tout système qui alloue une grande partie du crédit au
secteur privé est plus engagé dans le développement de l’activité réelle. La volatilité d’un point de pourcentage
du niveau de crédit octroyé au secteur privé congolais entraine une variation de la croissance économique
congolaise de près de 0.4721 point ceteris paribus. Cette situation serait expliquée par une ouverture des
banques commerciales aux PME grâce à l'installation des nouvelles institutions de microfinance, Procredit
Bank (en 2005) et Afriland First Bank (opérationnelle en 2007) et l’implication en 2008 de la Banque Africaine de
Développement et d'autres partenaires dans le financement et l'installation des nouvelles institutions de
microfinance dans le pays. Amadou (2006) trouve le résultat que le nôtre sur sept pays de l’UEMOA. Le
développement financier impacte positivement sur la croissance de ces pays, mais de manière non significative.

Le capital humain s’est avéré non significativement positif mêmes. Le signe positif affecté au coefficient
du capital humain est conforme à la théorie qui démontre que le capital humain a un impact positif sur la
croissance économique. La variabilité d’un point de pourcentage du capital humain fait varier la croissance
économique congolaise de 7.4905 points si toutes choses restantes égales par ailleurs. L’explication de cette
situation serait attribuée au système éducatif qui est essentiellement financé par les parents, le taux de
scolarisation est faible. La scolarisation primaire et secondaire a diminué à cause de l’isolement des régions, de
l’incapacité croissante de parents à payer les frais scolaires, du manquent d’entretien des infrastructures, du
manque des manuels et de la baisse de la qualité de l’instruction. Ce résultat rejoint celui trouvé par Ngor (2003
cité par Mitima) de l’étude menée au Sénégal selon lequel, le capital humain impacte positivement sur la
croissance sénégalaise sur le long terme et elle se renforce avec la mise en œuvre de politique économique qui
favorisent l’accumulation du capital humain et du capital physique. Ce résultat s’oppose à celui trouvé par Kobou
(2000) au Cameroun que le capital humain dans ce pays ne semble jouer sensiblement sur la croissance
économique.
La variation de termes de l’échange impacte négativement sur croissance économique congolaise de
façon non significative. Ce résultat confirme la théorie qui justifie la relation négative des termes de l’échange sur
les économies des pays moins avancés comme c’est le cas pour notre pays. L’augmentation d’un point de
pourcentage du niveau de la détérioration des termes de l’échange des produits congolais par rapport à ceux des
étrangers, ceteris paribus, diminue la croissance économique de la RDC de 0.0169 point. Cette situation serait
expliquée par les exportations congolaises caractérisées par des produits primaires et de produits industriels à
valeur ajoutée faible comparativement à ses importations à forte intensité capitalistique et à valeur ajoutée
relativement élevée. Fosu et Gyapong (2010) sont arrivés au même résultat que le nôtre sur le Botswana et au
Nigeria. Ils ont constaté que les termes de l’échange ont eu des effets bénéfiques sur la croissance du Botswana
et le contraire sur celle du Nigéria. Ils attribuent cette influence négative de termes de l’échange nigériane à
l’existence d’une malédiction des ressources naturelles. Cette contradiction des effets de termes de l’échange sur
la croissance de ces deux pays provient de la qualité des institutions plus élevée au Botswana qu’au Nigéria.

L’influence de l’inflation sur la croissance économique de la RDC est négative mais non significative
confirmant ainsi l’hypothèse qui construit une relation décroissante entre l’inflation et la croissance économique
d’un pays. Toute augmentation d’un point de pourcentage du niveau de l’inflation de la monnaie congolaise,
toutes choses restantes égales par ailleurs, entraine une diminution de la croissance économique congolaise de
0.00061 point. Cette influence serait expliquée par une hyper-inflation ayant caractérisée la décennie quatre-
vingt-dix, celle-ci est due au financement monétaire excessif du déficit de l’Etat, à la liquéfaction de la valeur de la
monnaie nationale, à la répartition inégale des revenus en faveur de certaines catégories de la population, à la
pénurie qui a frappé certains biens de consommation courante : manioc, mais, farine de blé, sucre, etc.
(Manegabe, 2006). Ce résultat est le même que celui trouvé par Amadou (2006) dans les pays de l’UEMOA
selon lequel l’inflation influe négativement la croissance des pays de cette union économique.

CONCLUSION

A l’issus de cette étude sur « ouverture extérieure et croissance économique: application par le modèle
de la gravite sur la République Démocratique du Congo », il a était question d’analyser le lien entre l’ouverture
commerciale et la croissance en République Démocratique du Congo tout en vérifiant les déterminants de celle-
ci. C’est ainsi que cette étude a été structurée essentiellement en trois chapitres outre l’introduction et la
conclusion.

Pour répondre à notre à la question principale de cette étude, le recours à l’économétrie à l’aide des
différentes séries de tests liés aux séries temporelles, tel que le test de stationnarité pour rendre stationnaire les
séries, le test de sur-identification du modèle et test de validité des instrument de Sargan, ont conduit aux
résultats selon lesquels l’ouverture commerciale congolaise est significativement et positivement déterminée par
la taille démographique de la population (contrairement à l’hypothèse qui en stipule un impact négatif sur
l’ouverture d’un pays), la rente minière et le niveau de richesse nationale (produit intérieur brut). Le résidu de
notre équation d’ouverture commerciale étant positif, il signifie que la RDC, durant la période sous étude, avait
adopté les politiques d’ouverture de son commerce à l’extérieur. Quant à l’équation structurelle, il s’est avéré que
les coefficients de rentes variables ont été tous affectés des signes attendus. La variable d’intérêt (ouverture
commerciale) est affectée du signe positif et significatif dans le cas où l’effet de la variation de termes de
l’échange est neutralisé, par contre l’ouverture commerciale s’est avérée positivement non significative en
prenant en compte les effets de toutes les variables explicatives sur la croissance économique congolaise dans
ce modèle de référence (l’Eq.1). L’équation de référence révèle que le capital physique, IDE et le développement
financier ont significativement et positivement influé sur la croissance économique de la RD Congo ; le capital
humain impacte aussi positivement sur la croissance économique congolaise mais de manière non significative.
Par contre la croissance économique congolaise est négativement influencée par variation de termes de
l’échange (significatif) et l’inflation (non significatif).

Il est donc important de noter subsidiairement par rapport aux résultats obtenus que les politiques
d’ouverture commerciale adoptées par la RDC n’aient pas été suffisamment et proprement mises en place pour
stimuler significativement la croissance économique. La concentration des exportations congolaises sur les
produits primaires par exemple ne peut pas stimuler significativement la croissance économique d’où la nécessité
de diversifier les exportations pour éviter les dangers liés aux fluctuations des cours internationaux des produits
primaires. Pour que l’ouverture commerciale puisse avoir les effets escomptés sur la croissance en RDC, il faut
que les politiques d’ouverture soient intégralement mises en œuvre or la part de revenu total issu des taxes
douanières en est un cas flagrant. En outre des politiques commerciales, la mise en place des institutions de
bonne qualité peuvent conditionner l’effet significativement positif de l’ouverture commerciale sur la croissance.
L’amélioration de la qualité des institutions doit passer par la politique de l’investissement, la formation du capital
humain, le développement financier et la stabilité macroéconomique, car les résultats des estimations montrent
aussi que lorsque l’ouverture commerciale agit sans le concours de certaines variables comme l’IDE, le capital
humain et la variation de termes de l’échange, elle a un effet significativement positif sur la croissance
économique congolaise.

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