Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
RESUME : Cette étude analyse le lien entre ouverture commerciale et la croissance économique en RD Congo. Elle tire son
fondement de la controverse existant sur l’effet de celle-ci sur la croissance économique. Pour cette étude, il est supposé un
effet positif de l’ouverture sur sa croissance économique. En utilisant la méthode de Double Moindre Carré à la suite du
problème d’endogénéité dans le modèle à équations simultanées, les résultats montrent que l’ouverture commerciale
impacte positivement sur la croissance économique mais pas significativement, en neutralisant l’effet de la variation de
termes de l’échange sur la croissance, l’ouverture agit positivement et de manière significative sur la croissance. Il se relève
de ces résultats que l’ouverture commerciale est à même de booster la croissance économique congolaise si les politiques
d’ouverture sont correctement mises en œuvre, lesquelles politiques consistant à diversifier les exportations et l’amélioration
de la qualité des institutions.
ABSTRACTS: This survey analyzes the tie between commercial opening and the economic growth in DRC. She/it pulls
his/her/its foundation of the controversy existing on the effect of this one on the economic growth. For this survey, he/it is
supposed an effect positive of the opening on his/her/its economic growth. While using the Least Duplicate method Squared
following the problem of endogénéité in the model to simultaneous equations, the results show that the opening commercial
impacte positively on the economic growth but not meaningfully, while neutralizing the effect of the variation of terms of the
exchange on the growth, the opening acts positively and of meaningful manner on the growth. He/it recovers from these
results that the commercial opening is able to booster the Congolese economic growth if the policies of opening are set
correctly in motion, which policies consisting in varying the exports and the improvement of the quality of the institutions.
I. INTRODUCTION
Depuis plusieurs décennies, un large débat s’est déroulé au sujet des effets qu’une politique d’ouverture
exerce sur la croissance économique. Ce débat a été en particulier nourri par de nombreuses études empiriques
transversales de la relation entre différents indicateurs de l’ouverture et la croissance (Combes et al. 2000). Cette
controverse faits suite de la publication de l’article de Rodriguez et Rodrik (1999) critiquant ouvertement les
travaux qui stipulent une corrélation positive entre ouverture extérieure et croissance dans les pays en
développement en mettant en cause leurs choix méthodologiques. Ils assurent qu’il est difficile d’affirmer que la
libéralisation commerciale entraîne une accélération de la croissance économique (Berrached, 2013).
Sachs (1987), soutient que le succès d’ouverture des pays d’Asie de l’Est est dans une large mesure dû à un rôle
actif de leurs gouvernements dans la promotion des exportations dans un environnement où les importations
n’ont pas été entièrement libéralisées. Taylor (1991), estime que la stratégie de libéralisation est
intellectuellement « moribonde » et qu’il n’y a pas de « grands bénéfices » en plus des pertes quand un pays
entreprend l’ouverture des échanges et du marché des capitaux. Pour lui, les stratégies de développement
orientées vers l’intérieur peuvent être un choix sage.
Amadou (2006), montre que les chercheurs estiment aussi, dans certaines conditions, que la libéralisation du
commerce peut ne pas stimuler la croissance. C’est le cas, par exemple, lorsqu’il existe au niveau des institutions
ou sur les marchés des imperfections qui entraînent une sous-utilisation des ressources humaines ou en capital,
ou une spécialisation dans les industries extractives ou dans des secteurs qui ne bénéficient pas des rendements
2
d’échelle croissants (Grossman et Helpman (1991), Matsuyama (1992), Sachs et Warner (1995, 1999),
Rodriguez et Rodrik (1999).
De même, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO, 2004) maintient
que, faute de diversification des exportations dans les pays en développement, la baisse et les fluctuations des
recettes d’exportation ont eu une incidence négative sur les revenus, les investissements et l’emploi (Sannassee
et al. 2012). La croissance économique et les changements structurels dépendent des types de produits qui sont
échangés (Hausmann et Klinger, 2006 ; Hwang, 2006). Pour que les pays pauvres puissent s’enrichir, il est
important qu’ils modifient la composition de leurs exportations. Les débats sur la thèse de Prebisch‑Singer (1959)
et la nécessité de l’industrialisation ont donné la priorité à la diversification des économies pour les rendre moins
tributaires des produits de base en raison de la détérioration des termes de l’échange, de la faiblesse de la valeur
ajoutée et de la lenteur de la croissance de la productivité (Sannassee et al. 2012).
La revue de la littérature sur la relation ouverture-croissance affirme qu’il existe une relation positive du
protectionnisme sur la croissance économique et sur le bien-être sous certaines circonstances. La théorie de
l’industrie naissante est l’exemple le plus populaire (Bardhan, 1970 cité par Vamvakidis, 2002). Les modèles du
commerce traditionnel (par exemple, Rodriguez, 1974 et Dombush et al. 1977) ont montré qu’il y a un niveau
optimal de protection, pour un pays, pouvant influencer positivement sa balance commerciale. Brecher (1974,
1992) a montré que la protection peut hausser le revenu national lorsque l’économie n’est pas en plein emploi. Le
modèle de Mundell-Fleming affirme que l’infléchissement de la dépense envers les produits domestiques, causé
par le protectionnisme, peut augmenter le revenu national3 (Vamvakidis, 2002).
Il est naturel de s’interroger sur les liens entre l’ouverture extérieure et la croissance économique.
Maléfique pour certains, bénéfique pour d’autres, la mondialisation est tantôt parée de toutes les vertus, tantôt
affublée de tous les vices. Les recherches en sciences économiques plaident largement en faveur du point de
vue des optimistes, en montrant que la mondialisation a des effets positifs sur la croissance et la prospérité et
qu’elle réduit la pauvreté. Les possibles effets négatifs sur la répartition des richesses au sein des pays et sur
l’environnement sont moins l’effet de la mondialisation que des manquements des États (Sax et Weder, 2012)
Les recherches théoriques et empiriques s’accordent sur une réponse étonnamment nette: l’ouverture
des marchés, par la libéralisation des échanges des biens, de services et de facteurs de production – comme le
travail, le capital et le savoir-faire – favorise la croissance et conduit à une plus grande prospérité
macroéconomique. Cette affirmation est soutenue par les résultats de diverses recherches empiriques qui ont
examiné les effets d’une libéralisation du commerce sur la croissance économique, ils montrent que les pays
ouverts ont une croissance plus rapide que les pays fermés. Ces auteurs ont établi que les États qui ont libéralisé
leur commerce extérieur entre 1950 et 1998 affichent en moyenne une croissance économique supérieure de
1,5% aux autres. Ces recherches confirment ainsi les apports essentiels des thèses classiques de Sachs
etWarner (1995)4 (Wacziarg et Welch (2008) cités par Sax et Weder, 2012).
3Ce résultat n’est vrai que principalement pour une économie ouverte à taux de change fixe, mais il peut s’appliquer aussi pour une
économie ouverte au taux flottant si les biens domestiques et ceux étrangers ne sont pas parfaitement substituables
4Ils utilisent une variable muette qui signale le caractère ouvert ou fermé d’un pays, celui-ci est considéré comme fermé s’il remplit au
Outre les effets bénéfiques de l’exploitation d’avantages comparatifs, ces théories ont souligné les effets
positifs résultant du commerce du fait des économies, de l’exposition à la concurrence et de la diffusion du
savoir. Ces effets pourraient entraîner une augmentation à la fois de l’efficience globale et éventuellement du
niveau d’investissement (si, par exemple, l’adoption de technologies étrangères nécessite d’investir dans de
nouveaux types de capital). Les progrès réalisés par les pays de l’OCDE dans l’abaissement des barrières
douanières et le démantèlement des obstacles non tarifaires tendraient par conséquent à démontrer l’impact
positif des échanges commerciaux sur la croissance (Bassanini et Scarpeta, 2001)
Les échanges internationaux ont progressé environ deux fois plus vite que la croissance économique
mondiale, phénomène constaté tant dans les pays développés que dans les pays en développement. Le
commerce Sud-Sud (entre pays en développement) est certes parti d’un niveau assez bas, mais il progresse
encore plus vite que l’ensemble des échanges mondiaux (ONU, 2008). Partant de toutes ces préoccupations, la
réflexion essentielle de cette étude porte sur la question suivante:
- Quelle est l’influence de l’ouverture commerciale sur la croissance économique ? A partir de cette
question, l’étude cherchera aussi à identifier les déterminants de l’ouverture commerciale en RDC
durant la période sous étude.
En effet, se basant sur différentes études déjà réalisées dans l’optique de cette étude, il résulte qu’il
existe une relation entre l’ouverture extérieure et la croissance économique que certains auteurs comme Dollar
(1992), Harrisson (1996), Onafowora et Owoye (1998) et Greenway, Morgan and Wright (2002) qualifient de
positive et d’autres de négative notamment Sachs (1987), Taylor (1991) et Rodriguez et Rodrik (1999). Pour le
cas de la République Démocratique du Congo, la mise en place des politiques d’ouverture conduit non
seulement à l’augmentation du volume des échanges mais aussi à celle des investissements et aux progrès
technologiques et donc à la croissance économique. Il existe donc une relation, « ouverture-croissance »,
positive que nous tenterons de tester tout au long de cette étude.
En sus, nous avons porté le choix à cette étude suite au fait que plusieurs études empiriques ont porté
sur les pays développés, qui n’ont pas la même réalité et structure économiques que les pays en développement
et analyser la position de la réalité en République Démocratique du Congo par rapport au débat sur lequel
différentes études théoriques n’arrivent pas à une réponse claire et définitive sur la relation ouverture-croissance,
ceci a été à la base de cette étude qui a comme objectif d’examiner les interactions entre l’ouverture commerciale
et la croissance économique dans ce pays.
Etant donné que cette étude semble embrasser un large champ d’application, il nous est impérieux de le
circonscrire dans le temps et dans l’espace en admettant seule l’hypothèse de l’application de l’ouverture
commerciale de la République Démocratique du Congo et ce, pour une période allant de 1988 jusqu’en 2018.
II. METHODOLOGIE
Cette partie présente la méthodologie utilisée pour estimer le lien entre ouverture commerciale et la croissance
économique en République Démocratique du Congo. Dans le cadre de cette étude, l’approche méthodologique
est essentiellement axée sur le modèle de gravité qui est explicité dans le paragraphe suivant.
200
PIB par tête ( Constant 2000
100
US$)
0
1 988
1 990
1 992
1 994
1 996
1 998
2 000
2 002
2 004
2 006
2 008
2 010
2 012
2 014
2 016
2 018
5L’éclatement de la guerre civile en Angola, à cette même époque, entraîna pour le Congo la fermeture durable du chemin
de fer vers Lobito, rendant ainsi inopérante la voie la plus économique d’évacuer les produits miniers du Katanga.
6Qualifiée à l’époque de “poumon de l’économie congolaise”
7Ce sont les variables utilisées habituellement comme des déterminants de la variable clé d’une étude, dans notre cas c’est
la croissance économique
Gross domestic investment % GDP
50
0
1988 1990 1992 1994 1996 1998 2000 2002 2004 2006 2008 2010 2012 2014 2016 2018
-50
Invest. En Capital physique en % du PIB
5 Moy. mobile sur pér. (Invest. En Capital physique en % du PIB)
8 L’environnement économique encourageait l’initiative privée créées par la mesure de libéralisation a eu un impact favorable
au niveau des investissements privés.
9 C’est à l’issu de ce round que le GATT était remplacé par l’OMC en 1995
10 Les budgets alloués aux élections constitués un taux important d’investissement publics qui avaient boosté le taux
d’investissement national.
Les auteurs de la théorie de la croissance endogène considèrent qu’il faut traiter le travail comme du capital
humain accumulable au même titre que le capital physique (Becker et Lucas) et soutiennent également
l’hypothèse que la formation et l’expérience de la main-d’œuvre représentent une forme de capital (humain) et
qu’il favorise l’adoption et l’assimilation des nouvelles technologies et donc l’augmentation de la productivité
(Bassanini et Scarpeta, 2001). Dans cette étude, le capital humain est mesuré au moyen d’estimations11 des
dépenses d’éducation et de celles de la santé (Baldacci et alli, 2004).
0,05
0
1988 1982 1984 1986 1988 1990 1992 1994 1996 1998 2000 2002 2004 2006 2008 2010
11Il
est vrai que ces estimations sont grossières et restrictives, dans la mesure où elles ne tiennent compte ni de l’aspect
qualitatif de la formation scolaire, ni d’autres aspects importants du capital humain.
12Dans l’étude menée par Mansouri, il a montré que cette variable à elle seule n’est pas significative pour expliquer le taux
de croissance économique. Elle explique très significativement la croissance si elle est mise en interaction avec l’ouverture
commerciale.
Foreign Direct Investment inflows
20
0
1988 1990 1992 1994 1996 1998 2000 2002 2004 2006 2008 2010 2012 2014 2016 2018
-20
0
1988 1990 1992 1994 1996 1998 2000 2002 2004 2006 2008 2010 2012 2014 2016 2018
f) L’inflation
Elle est souvent mesurée19 par l’indice de prix à la consommation et le déflateur du PIB. Mais contrairement à
l’indice de prix à la consommation reflétant uniquement les prix des biens de consommation, d’ailleurs produits
ou non au cours de la période de référence , le déflateur du PIB présente l’avantage de porter sur les prix de tous
les biens et services et ce, produits uniquement au cours de la période envisagée. Il est ainsi le plus utilisé dans
les analyses d’inflations (Bordes, 1980).
15Celle-ci est capturée par le volume du crédit accordé au secteur privé par les banques commerciales.
16Société Financière de Développement.
17Société Mobilière et Immobilière
18 Petites et Moyennes Entreprises
19Ces deux mesures affichent un comportement relativement similaire dans certaines économies, comme d’ailleurs celle de RDC, car les
20000
0
1988 1990 1992 1994 1996 1998 2000 2002 2004 2006 2008 2010 2012 2014 2016 2018
a. Procédure du test
Estimation de l’équation structurelle20 avec la méthode de double moindre carré et récupération des
résidus21.Les résultats des résidus de l’estimation de l’équation structurelle.
Période Résidu Période Résidu Période Résidu
1988 - 1990 (0.2837514) 2000 (2.603252)
1989 2.484471 1991 (2.987838) 2001 (5.469062)
1990 3.044884 1992 (4.562714) 2002 (1.196307)
1991 0.2438864 1993 (7.47644) 2003 3.400234
1992 2.167525 1994 1.901257 2004 4.027327
1993 5.058258 1995 (3.658445) 2005 4.580817
1994 (0.3671243) 1996 (0.8502321) 2006 5.850834
1995 4.382777 1997 0.4777906 2007 2.778277
1996 2.451494 1998 (2.563824) 2008 (0.7746145)
1997 (0.0580625) 1999 (1.08056) 2009 (2.032834)
2010 (4.400301)
Source : Nos application sur stata 12.0
Régression des résidus sur toutes les variables exogènes y compris les instruments et récupération de
R²
Résidut = 22.9986 – 0.0225Inv – 22.1411Ch + 0.1764Ide + 0.0141Vte – 1.7079Df –
(0.91) (-0.16) (-0.39) (0.50) (0.26) (-1.32)
R² = 0.1615
Calcul de la statistique n*R²suivant la loi de chi2 à q degré de liberté. n (29 pour notre modèle) étant le
nombre d’observation et q le nombre d’instruments (3 instruments ont été utilisés) du modèle moins le
nombre de variable explicative endogène.
q = n d’instruments - nbre de variables explicatives endogènes = 3 – 1 = 2
bre
n*R² = 29*0.1615 = 4.6835 cette statistique < chi2 à 5% (5.991). D’où nous ne pouvons pas rejeter
l’hypothèse nulle de validité des instruments.
Le caractère ouvert d’une économie est obtenu par l’écart entre le taux d’ouverture commerciale observé (brut) et
le taux d’ouverture commerciale prédit (estimé) en fonction de facteurs structurels, c’est ce qui est autrement
Les résultats de l’estimation du taux d’ouverture commerciale de la RDC sur la période 1980-2010.
Ln(OPENNESS) Coefficients
Constante -9.1749***
(-2.99)
Ln(Dem) 2.03E-07***
(3.75)
Ln(Min) 0.0612
-1,6
Ln (GDP) 0.0125**
(2.33)
F 70.16
R² 0,93
Les résultats de l’estimation dont la variable expliquée est le taux d’ouverture commerciale mesuré par la part
des exportations et des importations rapportées au produit intérieur brut en pourcentage de la République
Démocratique du Congo. Les variables indépendantes sont des déterminants structurels de l’ouverture
commerciale. Le test de Fisher et de normalité de résidu (la probabilité du test est de 0.19, nous ne pouvons pas
rejeter l’hypothèse nulle de normalité des erreurs) confirment la validité de notre modèle avec un pouvoir
explicatif égal à 0.93. Tous les coefficients de notre modèle relatif au taux d’ouverture commerciale sont affectés
des signes attendus et s’avèrent significatifs au seuil respectif de 1% (Dem) et 5% (PIB) à l’exception de la taille
démographique qui en est affecté du signe contraire à la prédiction.
. La variabilité de cent points de pourcentage de la taille démographique congolaise fait varier le taux
d’ouverture commerciale de 2.03E-05 points, toutes choses restantes égales par ailleurs. Ce résultat semble être
expliqué par la forte dépendance de la population congolaise à l’étranger en termes des produits de première
nécessité, des produits alimentaires et produits manufacturés. Ce résultat est donc contraire à ceux trouvés par
Berrached (2010) dans le pays du PSEM22 et Combes et al. (2000) sur un échantillon de plus de 150 pays au
niveau mondial. Ils sont arrivés aux résultats que la population élevée dans un pays favorise le commerce
domestique au détriment du commerce extérieur par le fait que les résidents tendent à s’engager davantage dans
Les résidus dégagés par l’équation du modèle d’ouverture commerciale naturelle sont positifs confirmant
ainsi que la RDC a été caractérisée par des mises en place de la politique d’ouverture de son économie durant la
période sous étude. La RDC était caractérisée par des taux d’ouverture relativement faibles durant la décennie
80 et la première mi- décennie 90 dont le taux d’ouverture était en moyenne de 7, 91% et progressivement à
partir de 1996 le taux moyen a atteint 36, 5% jusqu’en 2018. Cette période est donc celle de grande ouverture
par rapport à la période précédente à l’instar de beaucoup de pays en développement de par le monde. Ces
résultats concordent avec ceux trouvés par Niyongabo (2007) sur l’évolution de la politique de l’ouverture de pays
en Afrique sub-saharienne, en Amérique latine et les caraïbes et en Asie du Sud-Est, l’ouverture globale de
toutes ces trois régions s’était accrue régulièrement au taux de 58,7% pendant la décennie 70 et de 73% durant
la période 1998-2008. L’Afrique sub-saharienne et l’Amérique latine ont été caractérisées par des taux
d’ouverture relativement faibles en comparaison à la moyenne globale de l’échantillon26 et cela pour l’ensemble
de l’échantillon par rapport à la moyenne des pays de l’Europe centrale, du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord
ou des pays de l’OCDE. En tenant compte du facteur temps, il avait constaté que les décennies 70 et 80 étaient
marquées par des taux d’ouverture relativement faibles par rapport à la décennie 90.
23 Les principaux partenaires commerciaux de la RDC sont l'Union européenne dont, principalement, la Belgique et la
France, suivis de la Chine, de l'Afrique du Sud et des États-Unis
24 Nous avons récupéré les observations de résidu sur l’ensemble de la période sous étude et pris leur moyenne qui était
représentée par 𝜀̂
25 Ceci est le taux moyen d’ouverture commerciale de la RDC sur la période 1980-2010
26Son échantillon était compose des pays d’Afrique sub-saharienne, d’Amérique latine et ceux de l’Asie du Sud et de l’Est.
croissance économique de la RDC contrairement à la variation de terme de l’échange et l’inflation qui impactent
négativement. Ils possèdent tous des signes attendus.
Les résultats de l’estimation de la croissance économique dans une économie ouverte.
GDP Growth : yt
Independent variables Eq.1 Eq.2
27Les exportations congolaises sont principalement les produits miniers (Produits de GECAMINES, Or, Diamant, pétroles
bruts et autres), les produits agricoles (café, caoutchouc, bois et autres) et produits industriels (ciment, produits chimiques et
autres).
et industrielle ont baissé notamment celles du café, bois et du ciment. Les importations congolaises ont aussi, à
l’instar des exportations, augmenté durant la même décennie, les importations des biens de consommations,
d’équipement, celle de produits énergétiques et celle des matières première sont augmenté passant de 32% à
plus de 100% entre 2001 et 2005 (BCC, 2006). Ce résultat concorde avec celui trouvé par Niyongabo (2007)
dans sa thèse, il montre que les pays dont les volumes du commerce extérieur ont augmenté sont globalement
caractérisés par des taux de croissance élevé.
Le capital physique quant à lui est affecté du signe attendu (positif) et est significatif. Il est conforme à la
théorie qui noue une relation positive du capital physique et la croissance économique. La variabilité d’un point
de pourcentage du niveau du capital physique fait varier le taux de croissance en RDC de 0.1825 point (ceteris
paribus).Cette situation serait expliquée par les crises politiques qui ont ébranlé l’économie congolaise durant
plus d’une décennie et le non aboutissement à termes des investissements publics nationaux suite au refus du
FMI à financer le plan quinquennal des années 1986-90 à cause du non-respect des échéances de paiement des
arriérés du FMI (BCC, 1991). Les investissements publics congolais sont orientés dans des secteurs moins
productifs de son économie. Mais les investissements privés semblent amortir les effets néfastes de ceux publics
sur la croissance congolaise suite aux effets du réajustement monétaire de septembre 1983 et des efforts
consentis dans les investissements dans les entreprises privées (BCC, 1983 cité par Mitima, 2008). Ces résultats
sont les mêmes que ceux trouvés au Niger et au Maroc respectivement par Moussa et les directions des études
et des prévisions financières marocaine (2005 et 1999 cité par Mitima, 2008) selon lesquels les investissements
publics en capital physique nigériens sont positifs et non significatif à court terme et la tendance se dégrade dans
le long terme et les investissements privés marocains améliorent positivement et significativement la croissance
économique marocaine.
Le coefficient de l’investissement direct étranger est affecté du signe attendu, il joue positivement et
significativement sur la croissance économique congolaise et confirme la théorie qui dit que plus le pays est
ouvert, plus il bénéficie des investissements provenant de l’extérieur et du transfert de la technologie. La variation
d’un point de pourcentage du niveau de l’investissement direct étranger en RDC fait varier, si toutes choses
égalent par ailleurs, sa croissance économique de 0.2120 point. Cet effet positif s’expliquerait par la forte dotation
du pays en ressources minières et la grandeur du marché intérieur qui ne cessent d’attirer les multinationales.
Les secteurs qui attirent plus des investisseurs étrangers sont plus intensément capitalistiques et technologique,
le secteur phare est celui de transport et télécommunication qui en représentait, en 2003, 34% des IDE totaux, il
est suivi du secteur de mines et des hydrocarbures (29%), secteur des services (20%), secteur agro-pastoral
(9%) et les autres (8%). Ce résultat est le même que celui trouvé par Mansouri (2009) au Maroc que ce dernier
bénéficie des effets positifs des IDE sur sa croissance économique si son économie est orienté vers la
libéralisation commerciale.
Le développement financier joue positivement sur la croissance économique en RDC et cela de manière
significative conformément à la théorie qui stipule que tout système qui alloue une grande partie du crédit au
secteur privé est plus engagé dans le développement de l’activité réelle. La volatilité d’un point de pourcentage
du niveau de crédit octroyé au secteur privé congolais entraine une variation de la croissance économique
congolaise de près de 0.4721 point ceteris paribus. Cette situation serait expliquée par une ouverture des
banques commerciales aux PME grâce à l'installation des nouvelles institutions de microfinance, Procredit
Bank (en 2005) et Afriland First Bank (opérationnelle en 2007) et l’implication en 2008 de la Banque Africaine de
Développement et d'autres partenaires dans le financement et l'installation des nouvelles institutions de
microfinance dans le pays. Amadou (2006) trouve le résultat que le nôtre sur sept pays de l’UEMOA. Le
développement financier impacte positivement sur la croissance de ces pays, mais de manière non significative.
Le capital humain s’est avéré non significativement positif mêmes. Le signe positif affecté au coefficient
du capital humain est conforme à la théorie qui démontre que le capital humain a un impact positif sur la
croissance économique. La variabilité d’un point de pourcentage du capital humain fait varier la croissance
économique congolaise de 7.4905 points si toutes choses restantes égales par ailleurs. L’explication de cette
situation serait attribuée au système éducatif qui est essentiellement financé par les parents, le taux de
scolarisation est faible. La scolarisation primaire et secondaire a diminué à cause de l’isolement des régions, de
l’incapacité croissante de parents à payer les frais scolaires, du manquent d’entretien des infrastructures, du
manque des manuels et de la baisse de la qualité de l’instruction. Ce résultat rejoint celui trouvé par Ngor (2003
cité par Mitima) de l’étude menée au Sénégal selon lequel, le capital humain impacte positivement sur la
croissance sénégalaise sur le long terme et elle se renforce avec la mise en œuvre de politique économique qui
favorisent l’accumulation du capital humain et du capital physique. Ce résultat s’oppose à celui trouvé par Kobou
(2000) au Cameroun que le capital humain dans ce pays ne semble jouer sensiblement sur la croissance
économique.
La variation de termes de l’échange impacte négativement sur croissance économique congolaise de
façon non significative. Ce résultat confirme la théorie qui justifie la relation négative des termes de l’échange sur
les économies des pays moins avancés comme c’est le cas pour notre pays. L’augmentation d’un point de
pourcentage du niveau de la détérioration des termes de l’échange des produits congolais par rapport à ceux des
étrangers, ceteris paribus, diminue la croissance économique de la RDC de 0.0169 point. Cette situation serait
expliquée par les exportations congolaises caractérisées par des produits primaires et de produits industriels à
valeur ajoutée faible comparativement à ses importations à forte intensité capitalistique et à valeur ajoutée
relativement élevée. Fosu et Gyapong (2010) sont arrivés au même résultat que le nôtre sur le Botswana et au
Nigeria. Ils ont constaté que les termes de l’échange ont eu des effets bénéfiques sur la croissance du Botswana
et le contraire sur celle du Nigéria. Ils attribuent cette influence négative de termes de l’échange nigériane à
l’existence d’une malédiction des ressources naturelles. Cette contradiction des effets de termes de l’échange sur
la croissance de ces deux pays provient de la qualité des institutions plus élevée au Botswana qu’au Nigéria.
L’influence de l’inflation sur la croissance économique de la RDC est négative mais non significative
confirmant ainsi l’hypothèse qui construit une relation décroissante entre l’inflation et la croissance économique
d’un pays. Toute augmentation d’un point de pourcentage du niveau de l’inflation de la monnaie congolaise,
toutes choses restantes égales par ailleurs, entraine une diminution de la croissance économique congolaise de
0.00061 point. Cette influence serait expliquée par une hyper-inflation ayant caractérisée la décennie quatre-
vingt-dix, celle-ci est due au financement monétaire excessif du déficit de l’Etat, à la liquéfaction de la valeur de la
monnaie nationale, à la répartition inégale des revenus en faveur de certaines catégories de la population, à la
pénurie qui a frappé certains biens de consommation courante : manioc, mais, farine de blé, sucre, etc.
(Manegabe, 2006). Ce résultat est le même que celui trouvé par Amadou (2006) dans les pays de l’UEMOA
selon lequel l’inflation influe négativement la croissance des pays de cette union économique.
CONCLUSION
A l’issus de cette étude sur « ouverture extérieure et croissance économique: application par le modèle
de la gravite sur la République Démocratique du Congo », il a était question d’analyser le lien entre l’ouverture
commerciale et la croissance en République Démocratique du Congo tout en vérifiant les déterminants de celle-
ci. C’est ainsi que cette étude a été structurée essentiellement en trois chapitres outre l’introduction et la
conclusion.
Pour répondre à notre à la question principale de cette étude, le recours à l’économétrie à l’aide des
différentes séries de tests liés aux séries temporelles, tel que le test de stationnarité pour rendre stationnaire les
séries, le test de sur-identification du modèle et test de validité des instrument de Sargan, ont conduit aux
résultats selon lesquels l’ouverture commerciale congolaise est significativement et positivement déterminée par
la taille démographique de la population (contrairement à l’hypothèse qui en stipule un impact négatif sur
l’ouverture d’un pays), la rente minière et le niveau de richesse nationale (produit intérieur brut). Le résidu de
notre équation d’ouverture commerciale étant positif, il signifie que la RDC, durant la période sous étude, avait
adopté les politiques d’ouverture de son commerce à l’extérieur. Quant à l’équation structurelle, il s’est avéré que
les coefficients de rentes variables ont été tous affectés des signes attendus. La variable d’intérêt (ouverture
commerciale) est affectée du signe positif et significatif dans le cas où l’effet de la variation de termes de
l’échange est neutralisé, par contre l’ouverture commerciale s’est avérée positivement non significative en
prenant en compte les effets de toutes les variables explicatives sur la croissance économique congolaise dans
ce modèle de référence (l’Eq.1). L’équation de référence révèle que le capital physique, IDE et le développement
financier ont significativement et positivement influé sur la croissance économique de la RD Congo ; le capital
humain impacte aussi positivement sur la croissance économique congolaise mais de manière non significative.
Par contre la croissance économique congolaise est négativement influencée par variation de termes de
l’échange (significatif) et l’inflation (non significatif).
Il est donc important de noter subsidiairement par rapport aux résultats obtenus que les politiques
d’ouverture commerciale adoptées par la RDC n’aient pas été suffisamment et proprement mises en place pour
stimuler significativement la croissance économique. La concentration des exportations congolaises sur les
produits primaires par exemple ne peut pas stimuler significativement la croissance économique d’où la nécessité
de diversifier les exportations pour éviter les dangers liés aux fluctuations des cours internationaux des produits
primaires. Pour que l’ouverture commerciale puisse avoir les effets escomptés sur la croissance en RDC, il faut
que les politiques d’ouverture soient intégralement mises en œuvre or la part de revenu total issu des taxes
douanières en est un cas flagrant. En outre des politiques commerciales, la mise en place des institutions de
bonne qualité peuvent conditionner l’effet significativement positif de l’ouverture commerciale sur la croissance.
L’amélioration de la qualité des institutions doit passer par la politique de l’investissement, la formation du capital
humain, le développement financier et la stabilité macroéconomique, car les résultats des estimations montrent
aussi que lorsque l’ouverture commerciale agit sans le concours de certaines variables comme l’IDE, le capital
humain et la variation de termes de l’échange, elle a un effet significativement positif sur la croissance
économique congolaise.
BIBLIOGRAPHIE
Combes J.-L. et al.,( 2000), Ouverture sur l'extérieur et instabilité des taux de croissance In Revue française
d'économie. Volume 15 N°1.
Bassanini A. et Scarpeta.( 2001),Les moteurs de la croissance dans les pays de l’OCDE : Analyse empirique sur
les données de panel in Revue économique de l’OCDE n° 33.
Bils, M.et Klenow, P. J. (2000), does schooling cause growth? In American Economic Review.
Rodriguez, F. et Rodrik, D., Trade Policy and Economic Growth: A Skeptic’s guide to the Crsoss-National
Evidence, in B. Bernanke et K. Rogoff, (2000), Macroeconomics Annual 2000,MIT Press, Boston.
Frankel, J. et Romer, D., Does Trade Cause Growth? (1999), in American Economic Review, vol. 89.
Sachs, JD. et Warner, A., (1995), Economic Reform and the of Global Integration, Brookings, Papers on
Economic Activities, vol. 1, , 1-118.
Kadid A., (2015), New Approach to Measure The Opening in Business Models of Gravity in Revue des
étudeshumaines et sociales -A/ Sciences economies et droit. N° 13, Janvier.
Love, Patrick et Ralph Lattimore, (2009), Le commerce et la croissance in commerce international : Libre,
équitable et ouvert ?, Éditions OCDE.
Kalala F., et Mbiye T., (2001), l’économie congolaise en 2000-2001 : contraction, fractionnement, et enlisement in
l’Afrique des grands lacs, annuaire.
Johannes H. et al, (2012), Résilience d’un Géant Africain : Accélérer la Croissance et Promouvoir l’emploi en
République Démocratique du Congo, Volume I Synthèse, contexte historique et macroéconomique,
MEDIASPAUL, Kinshasa, pages 1-91.
Caselli, F. et al., (1996), Reopening the convergence debate: a new look at cross-country growth empirics in
Journal of Economic growth 1.
Love P et Ralph L., (2009), Le commerce et la croissance in commerce international : Libre, équitable et ouvert ?,
Éditions OCDE.
Sannassee et al.,(2012),Diversification des exportations et croissance économique : le cas de Maurice,
workingpaper.
Sax C et Weder R., (2012), La mondialisation, source de croissance économique in Revue de politique
économique.
OMC, Examen des politiques commerciales rapport de la République Démocratique du Congo, 2010
Amadou A,( 2006), libéralisation commerciale et croissance économique dans les pays de l’Union Economique
et Monétaire Ouest Africaine, thèse, université de Lome.
Berrached A, (2013), Ouverture commerciale et croissance économique dans les pays du sud et de l’est de la
méditerranée, mémoire de magister, Université d’Oran.
Niyongabo G., (2007), Politiques d'ouverture commerciale et développement économique, Domain other,
Université d'Auvergne - Clermont-Ferrand I.