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Productions Méthodologiques et Thématiques en Education – N° 7 – Juin 2011

1 . L’école, lieu de violence :


mythe ou réalité ?

Département STAPS de Tarbes


Université de Pau et des Pays de l’Adour

L’Etat français a fait construire des Play-grounds au bas des immeubles des cités, afin
de canaliser la violence des lieux par le biais du sport. « Ce n’est pas l’EPS qui protégera les
collèges et les lycées de la violence, pas plus que le sport ne sauvera les cités » comme le dis
Annick Davisse dans le dossier EPS n°42 dans « La violence, l’école et l’EPS ». Ainsi, nous
sommes en droit de nous demander d’après cette citation vis-à-vis de la situation de la
banlieue, si l’EPS a pour vocation première de lutter contre la violence, de façon
prédominante par rapport aux autres disciplines.
Nous désignons par violence, la contrainte exercée sur une personne par la force, la
parole ou l’intimidation, portant atteinte à l’intégrité physique et psychique de la personne.
Nous retrouvons cette violence dans le cadre de l’institution scolaire qui est une structure
sociale et politique destinée à l’éducation des enfants de l’état. Elle regroupe donc les lieux de
décision et d’application de l’enseignement. L’Education Physique et Sportive (EPS) est une
discipline propre au domaine scolaire, qui met en action le corps des élèves par l’activité
motrice. L’EPS enseigne des compétences propres, méthodologiques et sociales comme il est
précisé dans les Textes programmes collèges 20081 et lycées 20102 ainsi que le respect des
autres, la tolérance,….
D’après un récent sondage3 effectué par HARRIS interactive pour RTL, 90% des
français disent que la violence à augmenter à l’école, comme en dehors. L’institution scolaire
semble ainsi de plus en plus dangereuse. Ce sondage révèle également que 60% des parents et
grands-parents se disent inquiets quand leurs enfants et petits enfants vont à l’école. L’état a
recensé environs 44.100 incidents en 2009 soit 11,6 accidents pour 1000 élèves. Précisons
tout de même que sont comptabilisés comme accidents les faits qui sont pénalement
sanctionnables, ayant fait preuve de soins médicaux, d’actes de violence raciste, xénophobe,
sexiste,…
Notre société actuelle n’accentuent-elles pas les effets de la violence ? D’après une
enquête du ministère de l’intérieur, la violence aux personnes a augmenté de 2.8% en 2009 et
de 2.5% en 2010 encore. Cette montée de la violence dans notre société, se transpose-t-elle
jusqu’à l’intérieur de nos écoles ? Nous constatons une montée de la violence des élèves sur

1
Bulletin officiel spécial n° 6 du 28 août 2008
2
Bulletin officiel spécial n° 4 du 29 avril 201
3
http://tempsreel.nouvelobs.com
Productions Méthodologiques et Thématiques en Education – N° 7 – Juin 2011

l’institution comme ce fut le cas par exemple4 au collège Lionel-Terray à Aumetz où un élève
de 14 ans à porter un coup de couteau à son professeur, mais l’inverse est-il possible? La
violence scolaire vient-elle d’un rapport conflictuel entre les élèves et les enseignants ? ou
provient-t-elle des changements fait par l’institution ? Nous finirons par nous questionner sur
l’existence d’une violence spécifique à l’EPS ?
Si nous suivons les premières statistiques relatives à la violence en France depuis les
années 1990, nous constatons une apparente montée de cette violence dans le domaine
scolaire. Néanmoins, nous tenterons de démontrer que nous sommes confrontés à différentes
formes de violences et qu’à ce titre, l’EPS par sa spécificité peut servir à canaliser
l’agressivité des élèves.
Dans un premier temps, nous étudierons les différentes formes de violence aux seins de
l’école, avant de nous attacher, dans un second temps, à la violence propre à l’EPS. Enfin,
dans un troisième et dernier temps, nous verrons que l’EPS peut être une solution de
diminution de la violence.

La violence à l’école est un mot que nous qualifierons de ‘polysémique’. Nous


entendons par polysémique, le faite qu’il règne à l’école 2 types de violences clairement
identifiables, la plus connue est ce que nous nommerons la violence à l’école, qui recense les
actes de malveillance entre les élèves et des élèves sur l’institution ou ces représentants. La
seconde violence dans cette institution, bien moins connue du grand public, est la violence
scolaire, que pourtant chaque élève subi le plus souvent sans en prendre conscience, c’est
celle qui est faite par l’institution et la société sur les élèves.
Nous allons donc, dans ce premier temps, vous parler de la violence à l’école. Tout le
monde a déjà vécu, subit ou observé dans sa scolarité un acte de violence au sein de l’école,
soit physique ou morale. Pour exemple, Le Figaro magazine dans son journal du 24/03/10, à
publié son journal avec en titre « Cinq agressions dans des lycées du Val-de-Marne en trois
mois », avec une agression entre élèves avec des coups de poings et de pieds, 15jours avant
un lycéen passé à tabac par sept camarades, une agression au couteau et un autre retrouvé
mort poignardé début janvier 2009,… Le figaro nous dit également qu’il a recensé pas moins
d’une douzaine d’agressions sur les professeurs depuis le début de l’année 2009. Il n’est donc
pas rare de voir quotidiennement aux informations (télé, journaux, radio et maintenant le net)
des faits d’actes de violence à l’école. D’après une étude du gouvernement, grâce au système
de recensement SIVIS5, nous montrent que les actes de violences sont a 69% d’ordre oral
(moquerie 24%, menace 19%, rumeur 17%, insulte 9%) et à 15% sous la forme d’actes
physiques (vol 7%, vandalisme, coup11%, drogue, arme 0,2%, racket). L’école est ainsi tout
d’abord un lieu de petite violence quotidienne répétée. Les violences morale et verbale sont
les plus fréquentes dans le milieu scolaire, environ 10% des élèves disent subir ces types de
violences d’après l’enquête faite en 2010 par l’UNICEF sur la violence au primaire.
Paradoxalement, par rapport à une agression physique, cette violence parait bénigne, mais
c’est sans doute celle qui peut faire le plus de dégâts sur le plan psychologique. En effet, ce
rapport vient en parallèle du fait que nous nous intéressons beaucoup plus de nos jours à
l’élève et son enseignement sur les plans pédagogiques, sociales et surtout psychologiques.
C’est sans doute à cause de ce dernier terme que l’institution commence à prendre conscience
des incidences de cette violence sur les enfants et surtout sur leur état mental. Pourtant cette
violence existe depuis tout temps mais actuellement, la société s’y intéresse de plus en plus.
En effet un enfant victime de brimades, surnom rabaissant, moqueries,…tout cela à répétition,
peut avoir comme conséquence proche ou futur de provoquer chez lui des troubles, de la
dépression, du stress, du mal-être, un dégout de l’école avec le refus d’y aller, une baisse
4
Camier G. la dépêche.fr 2010
5
Système d'Information et de Vigilance sur la Sécurité Scolaire
Productions Méthodologiques et Thématiques en Education – N° 7 – Juin 2011

marquante des résultats scolaires, ils sont désignés comme élèves « bouc émissaire ». Tous
ces signes doivent être vites remarqués pour remédier au plus vite pour limiter les séquelles.
Cependant, il y a une répartition de la violence dans différents établissements et sur des
zones géographiques. Tout d’abord, cette étude issue du rapport SIVIS, nous montre
également qu’il y a beaucoup plus de violences dans les EREA6 (12,9%) et les LEP7 (3,5%)
que dans les collèges (3%) et les lycées généraux (1%) et une violence quasiment nul dans les
facultés. Ces chiffres montrent qu’il y a une relation de cause à effet entre violence et niveaux
d’études, certainement lié à la charge de travail qui est plus importante dans la durée donc
moins de temps pour avoir des actes de violences physiques et donc beaucoup plus de
violences orale lorsque les élèves montent dans les études. Toujours, selon le système SIVIS,
il nous est possible de mettre en avant que 50% des actes de violence ont lieu dans seulement
10% des établissements et que 40% des établissements n’ont pas d’actes de violence. Dans
ces 10%, nous ne retrouvons que des établissements classés en ZEP8 ou en REP9, qui
représente un établissement sur 6. Les actes de grandes violences sont donc concentrés dans
ces établissements, souvent des établissements de banlieue de grandes villes de la métropole,
avec déjà une violence extérieure très présente. Ce qui nous amène à nous demander si la
violence dans ces établissements n’est pas liée à des causes extérieures à l’école, dans ce cas
l’école aurait comme seule relation avec ces conflits que d’être qu’un lieu. Effectivement, ces
jeunes en conflits à l‘extérieure, doivent forcément se retrouver à l’école car ce sont des
jeunes scolarisés, car en France la scolarité est obligatoire jusqu’à 16ans.
Mais le fait que l’école se voit perçue comme de plus en plus violente est un mythe, créé
par la médiatisation de tous ces actes. Il ressort de l’enquête tirée du rapport SIVIS que nous
avons 10,5 accidents pour 1000 élèves en 2009, contre 11,6 en 2008, ce qui nous permet de
montrer que la violence diminue à l’école, contrairement au monde extérieur où elle ne cesse
de progresser. Certes avant ces cas de violences étaient réglés en interne dans l’établissement
et par conséquent n’étaient pas médiatisés au rang national. Ce sont les faits les plus graves
mais aussi les moins nombreux qui sont affichés et mis en avant car de nos jours, les
violences les plus importantes dans les milieux scolaires sont principalement d’ordre verbales.
Cette médiatisation entache la vision sécuritaire de l’école, certes dans certains établissements
elle existe, mais elle est moindre que dans le monde extérieur qui l’entoure. Mais dans le
monde scolaire, il n’existe pas juste que cette forme de violence, une autre forme de violence
si exerce, la violence institutionnelle.
Cette violence institutionnelle est une violence que chacun peut subir à son insu, sans
s’en rendre compte. Il s’agit de la violence exercée par l’institution ; violence aperçue et
considérable sur plusieurs plans. En effet, il existe au sein même de l’école des formes de
discriminations entraînant des interdictions, des révocations, des exclusions. De fait, des
élèves se voient souffrir de cette forme de violence, en commençant lors de l’inscription, où
certaines écoles sélectionnent ces derniers sur des critères monétaires ou sur dossiers.
Mais le constat de cette véritable violence ne s’arrête pas là ; elle se retrouvera
également à l’intérieur même des établissements, où les professeurs, enseignants, instituteurs
utilisent une notation pour l’évaluation des compétences. André Antibi10 dénonce ainsi « le
poids excessif de la note et la systématisation des mauvaises notes dans le système éducatif
français qui sélectionnent par l’échec » et qui, de fait, favorise le découragement et
l’exclusion de certains élèves. En effet, la « constante macabre » est un terme inventé par
André Antibi qui laisse comprendre que le professorat se doit de mettre un pourcentage de

6
Établissements régionaux d'enseignement adapté
7
Lycée d’éducation professionnel
8
Zone d’Education Prioritaire
9
Région d’Education Prioritaire
10
Antibi A. La constante macabre.2003
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mauvaises notes, tout en omettant de donner des zéros ou des vingt. Il s’agit bien sûr d’une
forme virulente de violence institutionnelle qu’il est convenable de bannir et d’exclure pour
tout enseignant qui se respectent. En effet, ces notes, qui ne sont pas forcément la révélation
d’un niveau de compétence, amènent une classification déroutante pour l’élève et fâcheuse
pour les parents. « La note est un message qui ne dit pas à l’élève ce qu’il sait ; mais ce qui
risque de lui arriver. »11. Cette notation est vécue comme une sanction pour l’élève et cela « se
transforme très rapidement en mise en l’index devant l’ensemble de la classe »12 où les moins
performants sont montrés du doigt.
De plus, les punitions, utilisées également par le professorat exacerbent ce sentiment de
rejet et de dévalorisation propre à la violence institutionnelle. En effet, l’élève subit la
sanction sous les yeux de ses camarades, en souffre intérieurement et n’aboutit pas à une
réconciliation de l’élève avec le professeur et la matière enseignée ; au contraire, elle est mal
perçue et accentue le sentiment d’ostracisme, de rejet et de découragement. Enfin, les
orientations, proposées aux élèves lorsque ces derniers ne rentrent pas dans les critères de
réussite, font également partie des violences institutionnelles et sont très pénalisantes pour le
devenir de l’enfant. Les voies générales ont la part belle alors que les voies technologiques
souffrent d’appréciations dévalorisantes, telles des « voies de garages » pour ne citer que cet
exemple… Là aussi, il s’agit d’une belle preuve de violence institutionnelle au sein même
d’un système éducatif français injuste et mal organisé.
Nous proposons, d’après la réflexion portée sur cette partie, des solutions qui seront
peut-être à court ou moyen terme appliquées, déjà en tests dans certains établissements. Tout
d’abord, nous proposons une formation obligatoire de tout le corps enseignants et des équipes
pédagogiques, avec des réunions et des rappels tous les ans, pour leurs permettre de déceler et
de régler au plus vite ces problèmes. De même nous allons mettre en place des temps de
parole, de remédiation, d’aide personnalisée comme cela se fait dans certaines écoles avec les
2 heures hebdomadaires obligatoires d’accompagnement personnalisé appliqués par la
réforme des lycées de 2010-2011. Nous pourrions également créer des moments faits pour
créer, parler et mettre en place la vie au sein de l’établissement comme l’avait fait NEILL
dans « les libres enfants de Summerhill » et comme il se fait en actuellement dans les lycées
avec les CVL13. Ici les élèves sont élus par leur compères et participent au conseil
d’administration afin de donner leurs avis, sur l’ensemble des actions, l’internat, la
restauration, la maison du lycéen, les orientations, l’aide personnalisé…. .
Une commission nationale travaillera jusqu’au printemps 2011 sur les rythmes scolaires,
avec comme modèles et pour résultats les différents tests évoqués.

Ainsi, après avoir démontré les formes de violences présentes dans le système éducatif
français, il s’agit dorénavant de les comprendre et de les analyser à l’intérieur des matières
enseignées et plus précisément au sein même des cours d’EPS. En effet, si cette discipline
n’est pas épargnée par les problèmes de violences, ces dernières y semblent toutefois moins
prégnantes que dans les autres disciplines. Comme nous l’expliquent Bodin D. Robène L.
Héas S. et Blaya C dans « Déviance et Société. n°1 », la question des violences à l’école est
fréquemment abordée à partir trois grands thèmes :
 la construction sociale de la violence 14 ;
 la résultante des problèmes sociaux dus à la destruction de la société
industrielle ;

11
Perrenoud P. L’évaluation des élèves. De la fabrication de l’excellence à la régulation des apprentissages.
Entre deux logiques.1998
12
Tabory M. Notation – sanction, le bas blesse. 2006
13
Conseil de Vie du Lycée
14
Debarbieux E. la violence en milieu scolaire : état des lieux, 1996.
Productions Méthodologiques et Thématiques en Education – N° 7 – Juin 2011

 la crise des institutions dont celle de l’institution scolaire15.


Parmi les enquêtes sur les actes de violences, le plus grand nombre s’intéressent en
premier lieu aux élèves, car c’est entre eux que les violences sont les plus virulentes, que se
soit en nombre « d’incidents », en fréquence d’apparition ou en dureté des événements. A
l’inverse, peu d’études concernent les violences exercées sur le corps enseignant.
Dans le cas de l’EPS, cela se passe de la même façon. Les études sur les violences entre
élèves sont plus fréquentes que celles faites sur les enseignants. Bien que cela ne soit pas
vérifiable, notre première pensée aurait été de dire que l’EPS est le lieu où les violences
scolaires sont les plus nombreuses. En effet, l’EPS, comme l’ensemble des disciplines
scolaires est, en France, confrontée au problème des violences (incivilités, violences
symboliques, violences physiques etc.…), mais elles semblent moins flagrantes et moins
prégnantes que dans d’autres disciplines.
Malgré tout, les violences sont quand même présentes en EPS et elles sont similaires à
celles que nous retrouvons dans d’autres matières ou dans la cour de récréation au sein de
l’établissement. Nous retrouvons toutes sortes de violences (physique, verbale…). Les
violences en EPS sont multiple : violence sur soi, violence faite aux autres, violences subies
des autres, tout autant que les contraintes que la discipline impose. En EPS les élèves sont
plus influencés à pratiquer toutes formes de violences car les élèves se confrontent les uns les
autres pour être le meilleur. Les pratiques sportives de type affrontements, duels, nécessitant
de la force comme le judo ou le rugby, sont plus à même de provoquer des violences. Certes
cela est vrai. Les violences ne sont pas absentes du champ EPS. Mais comme nous l’avons
signalé plus haut les violences sont moins nombreuses (mais cela ne veut pas dire moins
graves) en EPS que dans les autres disciplines. Quelles peuvent en être les causes ? Dans le
rapport à la violence que peuvent entretenir et tolérer des enseignants aussi différents qu’un
professeur d’EPS ou de Mathématique ?
Les enseignants d’EPS disent que leur établissement connait moins de violence que si
c’est un enseignant d’une autre discipline que l’EPS. « Nous remarquons que si 67 pour cents
des enseignants, toutes discipline enseignés confondus, répondent que leur établissement
connaît peu ou pas du tout de violences, ce taux passe à 88.24 pour cents parmi les
enseignants d’EPS16. Nous pouvons donc penser que la violence concerne moins les
enseignants d’EPS que les autres enseignants. Mais cela ne nous explique pas pourquoi. La
violence fait partie intégrante de l’EPS (défis, affrontements, opposition..). Elle fait partie de
notre enseignement : il faut savoir vaincre ses appréhensions, savoir limiter les risques,
adopter une certaine forme d’agressivité dans la pratique sportive, savoir accepter la douleur
ou avoir la volonté d’aller plus loin, accepter les autres et coopérer avec eux, se montrer aux
autres, devant les autres, connaitre et respecter un règlement. Finalement tout n’est que
violence car faire de l’EPS c’est accepter de produire des efforts très particuliers, c’est
contraindre son corps, c’est accepter d’avoir mal ou de se faire mal. En ce sens, nous pouvons
dire que faire de l’EPS c’est être capable a un certain niveau de se faire violence. Et bien que
cela n’est jamais été démontré, nous pouvons donc penser que la violence est tout à la fois une
partie intégrante de l’EPS, une des modalités d’enseignement, mais aussi et surtout un
élément accepter par l’enseignent car faisant partie de l’activité.
De plus les violences sont prises en considération dans les textes officiels et les
programmes nationaux d’EPS17. Inscrit dans ces derniers, le rôle socialisant et préventif des
APS devient une des priorités que les enseignants d’EPS doivent prendre en compte.

15
Dubet F. Le déclin de l’Institution, 2002.
16
Bodin D. Robène L. Héas S. et Blaya C. Déviance et Société. n°1 2006.
17
Programme primaire: juin 2008, programme collège: août 2008, programme lycée: juillet 2000 (seconde) et
juillet 2001 (1er et terminale).
Productions Méthodologiques et Thématiques en Education – N° 7 – Juin 2011

Une des autres raisons que l’EPS est semble-t-il moins victime des violences scolaire
c’est que les violences trouvent leur origine dans le rejet de l’autre jugé comme différent et
l’EPS oblige au dépassement des différences entre élèves. L’EPS positionnerait les élèves sur
un même niveau. L’élève est plus facilement en réussite et valorisé en EPS. L’éducation
physique entretient ainsi un rapport ambigu avec les violences dont elle est à la fois une
source potentielle et un moyen privilégié de remédiation.

L’Education Physique18 et Sportive participe à résoudre les problèmes relatif à la


violences en étant un moyen d’action, d’exploration, d’expression et de communication
privilégié pour permettre un développement moteur, affectif et intellectuel . La pratique de
l’EPS à l’école permet un apprentissage du contrôle de ses pulsions en offrant un espace
toléré de débridement des pulsions. C’est le cas notamment des sports de combats qui donne
la possibilité aux élèves de se défouler dans une enceinte réglementé comme le sont les dojos
en judo par exemple. Nous y apprenons à « entraîner le corps et préparer l'esprit à utiliser
l'énergie de façon efficace dans les compétitions ou la vie de tous les jours afin d'arriver à un
épanouissement physique, psychologique et moral 19». Par ailleurs, nous pouvons constater
que l’un des éléments responsable de la violence à l’école se situe dans le manque de
confiance des individus. En effet, l’accumulation de mauvais résultat scolaire20 engendre de la
démotivation, de la dévalorisation et de l’agressivité. L’activité physique et sportive, encadrée
dans des cours d’EPS et dans le sport scolaire par des personnels qualifiés, peut représenter un
des éléments de la reprise de la confiance en soi 21et dans le système scolaire pour des jeunes
en rupture avec celui-ci.
L’acquisition des compétences sociales et civiques, constitue l’un des piliers du Socle
commun de connaissances et de compétences défini dans le décret du 11 juillet 2006. Ainsi
par l’institution de rôles socio-participatif (arbitrage, juge, aide, etc…), l’EPS va permettre
aux élèves de développer des valeurs d’autonomie, de cohésion et de vie en communauté a
travers leur apprentissage moteur et corporelle de l’activité. Nous favoriserons le
développement d’attitudes et de comportements responsables vis-à-vis de soi mais également
des autres. Ils vont permettre aux élèves de se préparer à la vie en société. Ces rôles
participeront à instituer une ébauche d’un cadre de règles et de ce fait permettront de lutter
contre la violence. Les nouveaux programmes LP22 en sont la confirmation : « A partir de la
pratique physique et de la tenue des rôles sociaux, l’EPS s’attache… à faire construire les
attitudes et comportements permettant la vie en société : connaître les règles et en comprendre
le sens, les respecter, les construire ensemble, pour agir en responsabilité ». Autrement dit
l’EPS « peut aider à faire vivre la règle : apprendre aux élèves à savoir perdre ; aider les
élèves violents à se sentir mieux dans l’école 23 ».
L’EPS va favoriser la formation d’un élève citoyen. Confronter aux regards des autres, à
l’obligation de jouer avec les autres, de s’entendre avec les autres et de communiquer avec ses
camarades pour mieux jouer, les élèves seront amenés à « apprendre à vivre ensemble dans
l’école 24».

18
Mialaret. L’éducation physique se définit comme une « discipline incluse dans les programmes
d’enseignement, grâce à laquelle l’élève entretient, développe particulièrement ses qualités motrices et
corporelles ». 1979
19
http://www.thecanadianencyclopedia.com
20
http://www.cogitoz.com
21
http://www.redpsy.com/infopsy/confiance.html
22
BO spéciale n°2 2009.
23
Davisse A. Rôle de l’Eps dans la prévention de la violence ? Point de vue. 1999. Document issue de
violences et éducation citoyenne en EPS (Magendie E. CAPEPS interne 2009-2010).
24
Initiatives citoyennes : pour apprendre à vivre ensemble. BO du 15 avril 1998
Productions Méthodologiques et Thématiques en Education – N° 7 – Juin 2011

Des auteurs comme Clément et Lorca ont remarqué dans une enquête25 effectué dans
une ZEP (zone d’éducation prioritaire) dit donc difficile que l'utilisation trop fréquente de
situations globalisantes, la focalisation sur la seule mise en activité des élèves, l'organisation
approximative du cours, la rareté des interventions verbales, l'absence d'exigence vis-à-vis des
règles de civilité attisent les comportements agressifs. Le rôle de l’enseignement sera alors de
proposé des tâches cadrées et codifiées, ayant du sens et clairement explicitées au moyen de
divers supports (langage, tableau, démonstration visuelle) permettant aux élèves de
comprendre ce que nous leur demandons aisément. Face au déficit global de sens, l’élève ne
veut pas apprendre en EPS. Le rôle du professeur sera alors de réussir à faire intégrer à l’élève
les règles de sécurité, les règles institutionnelles, les règles groupales et les règles
d’apprentissages. En modifiant le rapport de l’élève à une famille de règle, c’est l’attitude
globale de celui-ci qui va s’en retrouver transformée. L’appropriation des règles et des savoirs
va ainsi permettre à l’élève de s’investir dans une activité signifiante pour celui-ci. Nous
favoriserons ainsi l’élaboration d’une conduite non violente par la mise en situation de l’élève
dans le cadre du sport. Prenons le cas d’un placage dit cathédrale26 en rugby, l’assimilation
des règles du jeu clairement explicité par l’enseignant dès le début de la pratique va permettre
aux élèves d’assimiler ces règles afin de ne pas mettre en périls l’intégrité physique d’un élève
par la mise en action d’un tel geste considéré comme illicite et dangereux.
En outre l’EPS est un moyen privilégié pour conserver un contact de qualité avec des
élèves en opposition avec le système scolaire. Nous pourrons prendre en exemple la discipline
athlétisme27 comme modèle à ceci. En effet il s’agit d’une activité adaptée aux élèves en
difficulté où nous y apprenons à se dépasser, à faire des efforts, à respecter les règles et avoir
de la volonté. L’athlétisme apparaît comme un vecteur d’intégration et il a été démontré qu’il
joue un rôle dans la réussite scolaire. Or nous savons que l’échec scolaire28 est souvent
responsable des comportements déviants et notamment en terme de violence. Favoriser la
mise en pratique de ces élèves peut ainsi être un moyen de la réduire en les éduquant par cette
mise en valeur de leur être social.
D’autre part, en favorisant la négociation29 entre élève-professeur nous pourrons limiter
la mise en conflit avec l’élève en se montrant conciliant avec eux. Nous pourrons prendre en
exemple la simple constitution d’un règlement interne à l’activité EPS encadré par un
professeur X. En énonçant clairement dès son 1er cour ce qu’il tolère de ce qu’il n’accepte pas
pendant son cours et ce avec l’approbation concerté avec ses élèves, le professeur va
permettre aux élèves de comprendre ce qu’ils peuvent faire de ce qu’ils ne peuvent pas faire.
De sorte il va se prémunir des comportements déviants.
Enfin, l’intégration de la discipline va permettre aux élèves de se respecter
mutuellement par la mise en place de règle commune de vie à respecter, à l’opposé du
comportement violent de certains élèves enclin au respect de toute discipline. Il s’agira par
exemple de respecter la parole de ses camarades quand l’un d’entre eux parle en ne lui
coupant pas la parole et en l’écoutant sans parler dans son coin. Il pourra également s’agir de
ranger le matériel quand le professeur le demandera ou bien encore d’arriver tout simplement
de se ranger en ligne les uns derrière les autres lors d’une sortie sportive se déroulant en
dehors des installations sportives de son école.

25
Clément M. - Lorca P. Violence scolaire et enseignement : l'EPS a-t-elle un rôle à jouer ? Revue EPS n° 267
1997
26
Il s’agit de prendre son adversaire par les jambes et de le faire passer cul par-dessus la tête. Le joueur plaqué
se retrouve ainsi les pieds en l’air et la tête en bas jusqu’à ce qu’il retombe de tout son poids sur les
cervicales. « http://www.lerugbynistere.fr ».
27
Kolasniewski L. - Kolasniewski D. Section sportive : ZEP et athlétisme. Revue EPS n° 263 1997
28
http://www.cogitoz.com
29
Delivré Le pouvoir de négocier. 1999
Productions Méthodologiques et Thématiques en Education – N° 7 – Juin 2011

Comme nous l’avons expliqué, nous pensons qu’il faudrait augmenter les heures d’EPS
dans ces 10% d’établissements où la violence est fortement présente. Nous pourrions ainsi
nous inspirer de ce qui se fait déjà dans les classes de réinsertions scolaires, où l’après-midi
est consacrée à des activités scolaires, comme au lycée de Bagnères de Luchon proche de
chez nous, ou le lycée de Craon en Mayenne qui a tant fait parler de lui en 2010, avec un
grand nombre d’incidents. Ainsi, nous pourrions diminuer les actes de violences grâce à une
canalisation de la violence et des esprits, pour redonner un climat propice à l’apprentissage.
Cette année, 124 collèges et lycées testeront la formule « Cours le matin, Activités
sportives ou culturelles l’après-midi »à l’exemple du lycée Jean-Vilar de Meaux de Seine-et-
Marne

En somme, l’EPS apparaît comme un moyen de canalisation de la violence par son rôle
de socialisation, la mise en place d’un respect mutuel, de rôles socio-participatifs, de tâche
ayant du sens, du développement de la confiance en soi et de la citoyenneté, du contrôle de
ses pulsions, de la discipline ainsi que de l’institution de règle de vie à respecter. Enfin il
apparaît clairement que la mise en valeur des qualités sportives des élèves en échecs scolaires
permet aux élèves violents de se sentir enfin valorisé au sein de l’institution scolaire et de ne
plus se sentir à la marge. Ceci peut ainsi engendrer une diminution de la violence de ces
individus à la fois dans le cadre de l’école et en dehors de l’école.

Nous avons démontré au travers de cette étude, qu’il règne bel et bien de la violence
dans le milieu scolaire, à l’image de la vie quotidienne. Cependant, il s’agit d’une violence
qui lui est propre comme la violence institutionnelle, ce que nous avons expliqué
précédemment dans nos réflexions. C’est là qu’il est compliqué de définir les violences à
l’école car chaque matière scolaire possède ses violences propres. De même, nous avons
démontré qu’il existe une violence propre à l’EPS. Cependant, cette violence est moins
imprégnée que dans une autre discipline. Dans un troisième et dernier temps nous avons vu
que l’EPS est avant tout un outil permettant plus que toute autre matière, la diminution de la
violence.
Il sera remis, à Luc CHATEL ministre de l’éducation nationale, le 12 avril 2011 un
rapport sur la violence à l’école, avec pour vocation d’établir un véritable plan d’action
national en mettant l’accent sur la violence verbale, souvent le départ d’acte physique violent.
Ce plan d’action sortira d’une commission de réflexion faite par des scientifiques pour
proposer des solutions et des remédiations aux violences et harcèlements. Ils existent déjà des
campagnes locales de sensibilisations à ces problèmes, souvent à l’initiative des directeurs
d’établissements ou des membres pédagogiques, mais ce n’est pas encore réglementé ni
encadré.

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