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chimique de formule H2SO4. C'est un acide minéral dont la force (pKa = –3,0) est
seulement dépassée par quelques superacides. Il est miscible à l'eau en toutes
proportions, où il se dissocie en libérant des cations hydronium :
Sa grande corrosivité et les dangers qu'il représente ne sont pas tant dus à sa
nature d'acide fort qu'à son avidité pour l'eau qui en fait un agent utilisé en
dessication, capable de brûler gravement les tissus organiques et notoirement
utilisé pour des vengeances ou des crimes d'honneur en défigurant la victime. C'est
la raison pour laquelle, au même titre que la soude caustique, il est beaucoup plus
dangereux que l'acide chlorhydrique qui est pourtant également un acide fort.
Sommaire
1 Propriétés et réactions
1.1 Propriétés physiques
1.1.1 Acide concentré et acide dilué
1.1.2 Oléum et acide disulfurique
1.1.3 Acidité
1.1.4 Autoprotolyse
1.2 Réactions chimiques
1.2.1 Réaction avec l'eau
1.2.2 Autres réactions
2 Occurrence naturelle
2.1 Sur Terre
2.2 Sur Vénus
2.3 Sur Mars
2.4 Sur Europe
3 Production
3.1 Hydratation du trioxyde de soufre
3.2 Procédé de contact
3.3 Procédé des chambres de plomb
3.4 Préparation en laboratoire
4 Sécurité
5 Utilisations
6 Historique
7 Vitriol et alchimie
8 Notes et références
9 Voir aussi
9.1 Articles connexes
9.2 Liens externes
Propriétés physiques
Acide concentré et acide dilué
L'acide sulfurique pur est un liquide visqueux, incolore et inodore. Diverses
impuretés le colorent souvent en jaune brun. Sa concentration est encore parfois
exprimée en degrés Baumé (symbole « °Bé »), qui mesurent la densité du liquide,
laquelle varie sensiblement en fonction de la teneur en acide sulfurique (voir
tableau déroulant ci-dessous).
2 SO3 → O2 + 2 SO2.
C'est à la concentration de l'azéotrope qu'il est le plus stable, et c'est entre 95
et 98 % (soit [H2SO4] ≈ 18 mol/l) que l'acide sulfurique dit « concentré » est
distribué commercialement, avec une masse volumique de l'ordre de 1 830 kg/m3, soit
66 °Bé.
Lorsqu'il est destiné à être employé comme électrolyte pour batterie au plomb,
l'acide est dilué à une concentration de 29 à 32 % (soit [H2SO4] ≈ 4,2 à 5 mol/l),
avec une masse volumique de 1 250 à 1 280 kg/m3, soit environ 30 °Bé.
Acidité
L'acide sulfurique est un diacide, dont la première fonction acide est forte :
Les sels de l'acide sulfurique sont des hydrogénosulfates tels que KHSO4 et NaHSO4,
et des sulfates tels que CuSO4 et (NH4)2SO4.
Autoprotolyse
L'acide sulfurique anhydre est un liquide très polaire avec une permittivité de
l'ordre de 100. Il est très conducteur en raison de sa forte ionisation par
autoprotolyse :
Réactions chimiques
Réaction avec l'eau
L'hydratation de l'acide sulfurique est très exothermique. On procède en versant
l'acide dans l'eau, et non l'inverse, afin de contrôler la protonation de l'eau en
utilisant l'acide comme facteur limitant :
(C6H10O5)n → 6n C + 5n H2O.
L'eau libérée par cette réaction est absorbée par l'acide sulfurique, et il ne
reste qu'un résidu carboné. La cellulose du papier, lorsqu'elle est attaquée par de
l'acide sulfurique, prend un aspect carbonisé sous l'effet d'une réaction
similaire. Sur du coton, l'acide sulfurique, même dilué, a un effet moins
spectaculaire mais qui conduit malgré tout à la destruction du tissu.
Autres réactions
Comme tous les acides forts, l'acide sulfurique réagit vivement avec de nombreux
produits organiques, les métaux en poudre, les carbures, les chlorates, les
chromates, les nitrates, les permanganates, les fulminates, le fluosilicium et le
bronze en poudre de façon très exothermique. La réaction peut être explosive.
Avec le benzène
Attaqué par l'acide sulfurique, le benzène subit une substitution nucléophile
aromatique conduisant à un acide sulfonique11 :
BenzeneSulfonation.png
Occurrence naturelle
Sur Terre
L'acide sulfurique n'existe pas sur Terre à l'état pur en raison de sa très forte
hygroscopie. On le trouve cependant dans les pluies acides, où il résulte de
l'oxydation de l'acide sulfureux H2SO3 issu de la dissolution du dioxyde de soufre
SO2 dans les nuages, le dioxyde de soufre étant produit par les combustibles
fossiles soufrés.
Il se forme également par oxydation de minéraux sulfurés, tels que la pyrite FeS2,
et peut acidifier l'eau de ruissellement au point de former un drainage minier
acide (DMA) riche en acide sulfurique :
4 FeS2 (s) + 15 O2 (g) + 30 H2O(l) → 4 Fe(OH)3 (s) + 8 (2 H3O+(aq) + SO42–(aq)).
Sur Vénus
Le dioxyde de soufre SO2 libéré notamment par le volcanisme de la planète Vénus est
oxydé en trioxyde de soufre SO3 par les radicaux oxygène libérés par
photodissociation du dioxyde de carbone CO2 sous l'effet du rayonnement ultraviolet
de longueur d'onde inférieur à 169 nm ; ce trioxyde de soufre réagit ensuite avec
les rares traces de vapeur d'eau présentes dans l'atmosphère de Vénus pour former
des gouttelettes d'acide sulfurique à ~ 75 %, principalement dans les couches
nuageuses s'étageant entre 52 et 58 km d'altitude, là où la pression et la
température sont relativement proches de celles de la surface de la Terre :
CO2 + hν → CO + O,
SO2 + O → SO3,
SO3 + H2O → H2SO4.
Ces nuages produisent des virgae, c'est-à-dire des précipitations qui se vaporisent
sous l'effet de la chaleur croissante à mesure qu'on se rapproche du sol,
typiquement à une altitude d'une trentaine de kilomètres, lorsque la température
dépasse 300 °C. L'acide sulfurique se décompose en eau et trioxyde de soufre sous
l'effet de la chaleur, puis le trioxyde de soufre se décompose à son tour en
dioxyde de soufre et oxygène atomique à température encore plus élevée, l'oxygène
atomique tendant alors à oxyder le monoxyde de carbone CO en dioxyde de carbone
CO2.
Sur Mars
Si l'acide sulfurique est aujourd'hui a priori absent de la surface martienne, il
aurait peut-être été abondant dans les étendues d'eau liquide existant encore sur
la planète Mars il y a près de 4 milliards d'années, à l'Hespérien, époque marquée
par un intense volcanisme à l'origine de terrains géologiques aujourd'hui riches en
sulfates hydratés, notamment kiesérite MgSO4·H2O12 et gypse CaSO4·2H2O13,
correspondant à l'éon stratigraphique appelé Theiikien.
La voie humide met en œuvre cette réaction en deux étapes. D'abord, de l'acide
sulfurique est produit à l'état gazeux par hydratation du trioxyde de soufre :
Introduit par John Roebuck en 1746, ce procédé fournit un acide sulfurique moins
concentré et contenant plus d'impuretés, plutôt destiné à la fabrication des
superphosphates.
Préparation en laboratoire
L'acide sulfurique peut être préparé en petite quantité en faisant brûler du soufre
élémentaire pour produire du dioxyde de soufre SO2, qu'on dissout ensuite dans du
peroxyde d'hydrogène H2O2 :
L'inhalation de fumées et brouillards d'acide peut causer des lésions à long terme.
La réglementation américaine et française limite à 1 mg·m-3 la concentration
moyenne admissible pendant un poste de travail.
Les épandages d'acide sulfurique peuvent être dilués avec une grande quantité
d'eau, tandis que ceux d'oléum seront de préférence traités par un absorbant solide
(argile).
Utilisations
Appareil de Nordhausen.
Chambre de plomb.
Cette technique plus ou moins secrète sera révélée à la Renaissance avec l’arrivée
de l’imprimerie. Conrad Gesner donne la description dans Trésor des remèdes
secrets24 (1552) p. 331-332 de la distillation du vitriol romain pour faire l’«
huyle de vitriol ». Un siècle plus tard, Nicolas Lémery dans son Cours de chymie25,
ouvrage de synthèse des connaissances empiriques de chimie du siècle, décrira les
différentes étapes de la distillation du vitriol, permettant d’obtenir
successivement l’esprit sulfureux du vitriol (SO2), l’esprit acide de vitriol
(solution de acide sulfurique H2SO4) et ce qui reste dans la cucurbite, l'huile de
vitriol (acide sulfurique concentré).
Au xixe siècle, Justus von Liebig découvrit que l'acide sulfurique répandu dans le
sol augmentait la quantité de phosphore disponible pour les plantes.
Berkeley Pit est une fosse massive remplie d'eau chargée d'acide sulfurique et de
métaux lourds à des taux très dangereux, à cause d'une ancienne mine fermée en
1982. En 1995, on y trouva 342 oies mortes après leur atterrissage sur l'eau
toxique.
Vitriol et alchimie
Selon Eugène Canseliet, le vitriol a pour synonymes le « lion vert » (chez Ripley),
« l'émeraude des sages ».
« Le Vitriol est un notable et important minéral auquel nul autre, dans la nature,
ne saurait être comparé, et cela parce que le Vitriol se familiarise avec tous les
métaux plus que toutes les autres choses ; il leur est très prochainement allié,
puisque, de tous les métaux, l’on peut faire un vitriol ou cristal ; car le vitriol
et le cristal ne sont reconnus que pour une seule et même chose… Car, bien que tous
les métaux et minéraux soient doués de grandes vertus, celui-ci néanmoins, savoir
le Vitriol, est seul suffisant pour en tirer et faire la bénite pierre
[philosophale], ce que nul autre au monde ne pourrait accomplir seul à son
imitation. »
Notes et références
ACIDE SULFURIQUE [archive], fiche(s) de sécurité du Programme International sur la
Sécurité des Substances Chimiques [archive], consultée(s) le 9 mai 2009
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Sons, 1999, 239 p. (ISBN 0-471-98369-1)
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sur www.chem.qmul.ac.uk.
« Sulfuric Acid » [archive], sur Hazardous Substances Data Bank (consulté le 27
novembre 2009)
Numéro index 016-020-00-8 dans le tableau 3.1 de l'annexe VI du règlement CE N°
1272/2008 [archive] (16 décembre 2008)
Entrée « Sulfuric acid solution » dans la base de données de produits chimiques
GESTIS de la IFA (organisme allemand responsable de la sécurité et de la santé au
travail) (allemand, anglais), accès le 12 juin 2011 (JavaScript nécessaire)
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en ligne [archive])
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La mafia extrapole les effets de l’acide pour dissoudre un cadavre. [archive]
Aroukh, à propos de ""קלקלנתום.
Tossefot " "קנקנתום חרתא דאושכפיsur Talmud de Babylone, traité Guitine 19a.
Tossefot " "קנקנתוםsur Talmud de Babylone, traité Erouvin 13a.
Conrad Gesner, Tresor des remedes secretz par Euonyme Philiatre. Livre physic,
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vins de diverses saveurs, Chez la veuve Balthazar Arnoullet, 1557 (lire en ligne
[archive])
Jean-Dominique Bourzat, Lecture contemporaine du 'Cours de Chymie' de Nicolas
Lémery, éditions du Cosmogone, 2005
James Glaisher, Wilfrid de Fonvielle, Camille Flammarion, Gaston Tissandier en
1870. Voyages Aériens. 1870 (Google Livres [archive])
Eugène Canseliet, L'alchime expliquée sur ses textes classiques, Jean-Jacques
Pauvert, 1972, p. 180
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la toyson d'or de Salomon Trismosin [archive]
Voir aussi
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