Optimiser
la désinfection
A près les phases de nettoyage et de rinçage, l’ensemble des surfaces fait l’objet
d’une désinfection soignée qui permet d’éliminer les germes encore en pré-
sence. Cette première désinfection est généralement une désinfection de surface.
Dans certains élevages, cette désinfection est parfois complétée par une deuxième
désinfection, qui fait suite à un vide sanitaire et précède de 24 à 48 heures l’arri-
vée des nouveaux animaux.
Des essais ont été consacrés à ces deux désin-
fections.
• Le premier essai, qui concerne la première
désinfection, a consisté à comparer deux
techniques d’application du désinfectant :
application par pulvérisation et par lance
mousse.
• Le second s’intéresse à l’intérêt de réaliser
une deuxième désinfection, selon deux tech-
niques : la lance mousse ou la thermonébu-
lisation.
Comparaison de deux
techniques d’application du
désinfectant : pulvérisation
ou lance mousse
Lors de la désinfection de surface, la solution
désinfectante peut être appliquée de diverses
façons : asperseurs de différents types (pulvé-
risateurs, pompe à haute pression,…), canon
à mousse ou lance mousse. Néanmoins, cer-
taines études (GDS avicole Bretagne, 1999)
rapportent une meilleure décontamination des
locaux lorsque le désinfectant est appliqué sous
forme de mousse, en comparaison à son l’ap-
plication par pulvérisation.
L’essai présenté ici compare deux techniques
d’application du désinfectant : l’utilisation
d’une lance mousse, adaptée sur la lance de
la pompe à haute pression, et l’utilisation d’un
pulvérisateur à dos d’une capacité de 20 litres.
La solution désinfectante (solution à 4 % à base
d’ammoniums quaternaires et d’aldéhydes) est
Vol. 25, NO6 - 2002
Résumé
Au cours de cet essai, les deux
techniques d’application du
désinfectant (pulvérisation et
lance mousse) ont présenté des
résultats équivalents en terme
de décontamination.
Néanmoins, au regard des
appliquée pour les deux techniques à raison de temps de travaux et de la péni-
0,3 litre par mètre carré. Ces deux techniques bilité, l’application sous forme
de mousse semble la plus inté-
d’application ont été comparées dans des
ressante. La réalisation d’une
locaux de maternité, de post-sevrage et d’en-
deuxième désinfection permet
graissement.
d’améliorer de façon significati-
ve la décontamination des
Décontamination : des résultats locaux. De plus, la thermoné-
équivalents entre la mousse et la bulisation permet d’atteindre
pulvérisation des sites difficiles d’accès et est
apparue plus économique que
Les essais n’ont pas permis de mettre en évi- la lance mousse.
dence de niveau de contamination différent
entre les deux techniques.
Les seuls résultats significatifs en flore totale
sont apparus en maternité. Cependant il y avait
aussi une différence significative des niveaux
d’ATP, et donc des irrégularités de nettoyage
entre les demi-salles comparées : celles où la
solution était appliquée au pulvérisateur pré-
sentaient une qualité de lavage supérieure.
Etant donné l’influence du lavage sur la quali-
té de la désinfection, ces irrégularités ont pu
masquer d’éventuelles différences de contami-
nation résiduelle (bactérienne et fongique).
Ainsi, il semble qu’en terme de décontamina- pulvérisateur à dos 20 l
tion, ces deux techniques d’application soient
similaires.
L’application à la lance mousse
permet un gain de temps
Les relevés de temps de travaux, effectués lors Isabelle CORREGE
de chaque essai, indiquent que le temps Cécile CORNOU
Brève M 19
TV
 Tableau 1 : Temps et coût d’application du désinfectant
(en heures par an pour 100 truies)
Mousse
Surface totale Temps
à désinfecter (m2) (heures)
Maternité 1370 2,7
Post-sevrage 1028 2,3
Engraissement 2023 4,7
Total 4421 9,7
consacré à la désinfection varie
Le gain de temps
considérablement en fonction de
associé à l’emploi la technique d’application : l’em-
d’une lance mousse
ploi d’un pulvérisateur à dos
est considérable. implique un temps de travail sup-
plémentaire d’en moyenne deux
heures pour 100 m2 de surface au
sol (tableau 1). Ce temps est à
associer au respect des quan-
tités théoriques préconisées, de
0,3 litre de solution au mètre car-
ré, qui conduisent à un volume
de solution important : 120 litres
de solution pour une salle de
100 m2 au sol.
Le gain de temps associé à l’em-
ploi d’une lance mousse est consi-
dérable : en effet, le remplissage
Optimiser l’efficacité du réservoir du pulvérisateur
implique de nombreux arrêts lors
de la désinfection de l’application du désinfectant.
repose sur trois fac-
teurs : la qualité du L’application par pulvérisation
lavage, l’application engendre alors un surcoût lié aux
temps de travaux, estimé aux envi-
sur des surfaces res-
rons de 960 € pour 100 truies par
suyées et le respect an (en considérant un coût de
des dosages. main d’œuvre horaire de 12,2 €).
Si tant est que l’on respecte les
recommandations, l’utilisation d’un
Tableau 2 : Moyennes (et écart-types) des colonies en flore totale avant
et après la deuxième désinfection
Efficacité de la désinfection
Flore totale (en nombre de colonies)
Avant Après
Lance mousse
(maternité, post-sevrage 61 (± 135) 28 (± 66)
et engraissement)
Thermonébulisation
27 (± 87) 10 (± 27)
(maternité et post-sevrage)
20 Brève VM
T
Pulvérisation
Coût Temps Coût
(€) (heures) (€)
32,9 27,4 334,3
28,1 20,6 251,3
57,3 40,5 494,1
118,3 88,5 1079,7
pulvérisateur permet de respecter
la quantité et la concentration de
solution à appliquer. Au contraire,
l’utilisation d’une lance mousse
peut être à l’origine de variations
de quantité d’eau parfois impor-
tantes (le réglage du débit étant une
opération sensible) dont la consé-
quence peut être l’application
d’une solution sous-concentrée.
Cependant, l’utilisation de la lance
mousse présente de nombreux
avantages. Pour un investissement
moyen de 110 €, elle permet,
outre le gain de temps considé-
rable, de visualiser l’application du
produit et d’améliorer de ce fait sa
précision.
En conclusion
Au cours de cet essai, les deux
techniques d’application du désin-
fectant ont présenté des résultats
équivalents en terme de déconta-
mination. Néanmoins, au regard
des temps de travaux et de la péni-
bilité, l’application sous forme de
mousse semble la plus intéressante.
Enfin, quelle que soit la technique
d’application employée, optimiser
Analyse Nombre de
de la variance prélèvements
** 158
* 136
Vol. 25, NO6 - 2002
l’efficacité de la désinfection repo-
se avant tout sur trois facteurs de
réussite : la qualité du lavage qui
la précède, l’application sur
des surfaces ressuyées (encore
humides mais sans ruissellement)
et surtout, le respect des dosages
préconisés (quantité de solution et
concentration).
Intérêt
d’une deuxième
désinfection
Une deuxième désinfection per-
met de parfaire la décontamina-
tion des locaux et représente une
précaution supplémentaire. Elle
peut être réalisée soit à la lance
mousse (désinfection dite « de sur-
face ») ou encore par émission
dans l’air d’une formulation liqui-
de sous forme d’aérosol (désinfec-
tion dite « de volume »).
Cet essai a consisté à étudier l’in-
térêt d’une deuxième désinfection
selon deux procédés :
• La deuxième désinfection à la
lance mousse a été réalisée en
maternité, en post-sevrage et en
engraissement, de façon stricte-
ment identique à la première :
même dosage, même produit.
• La thermonébulisation a été
effectuée en maternité et en post-
sevrage. Le produit employé, à
base d’acide péracétique, à raison
de 2 ml par mètre cube de volume
à traiter, est émis dans les salles à
l’aide d’un thermonébulisateur
IGEBA®.
La deuxième désinfection
améliore la décontamina-
tion des locaux
Nous avons observé l’évolution de
la contamination des salles en réa-
lisant deux séries de mesures, l’une
avant et l’autre après la double
désinfection. La contamination rési-
 Tableau 3 : Coût de revient d’une deuxième désinfection par lance mousse ou par thermonébulisation pour 100 truies
Thermonébulisation Lance mousse
Surface Volume Quantité Main Coût Quantité Quantité Main Coût
au sol à traiter de produit d'œuvre de revient d'eau de produit d'œuvre de revient
(m2) (m3) (litres) (heures) (€) (m3) (litres) (heures) (€)
Maternité 1367 6015 12,0 3,1 133,5 1,9 35,7 2,7 305,9
Post-sevrage 1029 4526 9,1 3,2 111,0 1,8 27,9 2,2 240,3
Engraissement 2023 8901 17,8 3,1 179,3 3,2 50,0 4,7 439,9
Total 4419 19442 38,9 9,4 423,8 6,9 113,6 9,6 986,1

duelle (par boîte contact) de l’en-
semble des salles est significative-
ment réduite après la deuxième
désinfection, et cela pour les deux
techniques employées (tableau 2).
Concernant la deuxième désin-
fection à la lance mousse, les tests
du Chi-deux (p=5 %) effectués sur
les résultats de flore totale mis en
classe ont montré une relation
significative avec la double désin-
fection : le nombre de prélève-
ments présentant moins de 10
colonies a progressé d’environ
20 % sur l’ensemble des résultats
(158 prélèvements).
La réalisation d’une thermonébu-
Le coût de revient d’une
deuxième désinfection
La thermonébulisation est une opé-
ration peu coûteuse en temps (envi-
ron 15 minutes par salle) et en eau
(utilisée comme vecteur du produit,
elle ne représente que 5 % de la
solution utilisée). Son coût de
revient réside donc essentiellement
dans le coût d’achat du produit
(environ 80 % du total, en considé-
rant un coût du litre de désinfec-
tant d’environ 8 €). Le coût de
revient annuel de l’application du
produit est estimé aux environs de
4,3 € par truie.
La deuxième désinfection par lance
mousse nécessite une quantité plus
Toutefois, la thermonébulisation,
deux fois moins chère que la deuxiè- Figure 1 : Répartition par
me désinfection par lance mousse classe des mesures de flore
apparaît un facteur potentiel d’opti- totale avant et après
la réalisation d’une
misation du coût de revient.
deuxième désinfection
Cependant, à celui-ci, doit être ajou-
té celui de l’amortissement de l’achat Thermonébulisation
de l’appareil : le thermonébulisateur 100%
utilisé lors de cet essai coûte 1 300 €
(contre 110 € environ pour l’acqui- 80%
sition d’une lance mousse).
60%
En conclusion
40%
La réalisation d’une deuxième
désinfection permet d’améliorer 20%
de façon significative la déconta-
mination des locaux. De plus, la 0%
thermonébulisation permet d’at- Avant Après

lisation, a également pour consé-
quence une augmentation, d’en-
viron 15 %, du nombre de
prélèvements situés dans la classe
« très propre » (classe 0), comme
le montre la figure 1.
Par ailleurs, lors de la thermoné-
bulisation, nous avons constaté
une action au niveau de sites peu
accessibles à la désinfection, tels
que les préfosses. En effet, après
thermonébulisation des salles où
les préfosses étaient uniquement
lavées, les niveaux de flore totale
relevés à l’intérieur des préfosses
rejoignent ceux relevés à l’intérieur
de préfosses préalablement désin-
fectées à la lance mousse.
Contact :
isabelle.correge@itp.asso.fr
importante de produit désinfectant
et d’eau, et demande sensiblement
plus de temps de travail (le temps
passé à appliquer le produit dépend
dans ce cas de la surface des salles).
Le coût de revient de ce type de
désinfection avoisine 10 € par truie
et par an.
Le tableau 3 présente les surfaces
et volumes à traiter en fonction des
types de salles, ainsi que les quan-
tités de consommables1 pour cha-
cune des deux techniques.
Ces coûts de revient sont à considé-
rer comme des niveaux indicatifs,
compte tenu des variations de prix
de produit d’un distributeur à l’autre.
teindre des sites difficiles d’accès, Nombre de colonies
> 300 ]50-300[
telles que les préfosses, et est
]10-50[ ]0-10[ 0
apparue plus économique que la
lance mousse (hors coût d’achat
de l’appareil).
Cependant, l’impact de cette amé- 1 Le coût des consommables
est présenté dans l’article
lioration de la décontamination sur « Estimation du coût de
le statut sanitaire et les perfor- revient du nettoyage-désinfec-
mances techniques de l’élevage tion des locaux d’élevage »,
Techni-Porc N°5
n’est pas connu. Néanmoins, cet-
te deuxième désinfection peut être
préconisée soit dans des élevages à
haut statut sanitaire (sélectionneurs
ou multiplicateurs), et afin de sécu-
Une deuxième
riser ce statut, ou au contraire, désinfection peut être
dans des élevages présentant des préconisée dans des
charges microbiennes encore trop élevages à haut statut
importantes après une désinfec-
sanitaire ou à charges
tion « classique ». ■
microbiennes trop
importantes.

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